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Full text of "Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources a consulter;"

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in  2010  with  funding  from 

Boston  Public  Library 


http://www.archive.org/details/nouvellebiograph08hoef 


NOUVELLE 

BIOGRAPHIE  UNIVERSELLE 

DEPUIS 

LES  TEMPS  LES  PLUS  RECULÉS 

JUSQU'A  NOS  JOURS. 


TOME   HUITIÈME. 


Cabacius.  —  Caselles. 


^^^HjjAi.  "^prgift.y    .^ 


XY.  l  J^"^^^  0.  § 


PARIS  —  tyi'(»(;rapjiif.  r)K  fiumin  niDOT  ri(i;iu;s,  iuik  jax'.oh,  hfi. 


NOUVELLE 

BIOGRAPHIE  UNIVERSELLE 

LES   TEMPS  LES   PLUS  RECULÉS 

JUSQU'A  NOS  JOURS, 

AVEC  LES  RENSEIGNEMENTS  BIBLIOGRAPHIQUES 

KT    l'indication    DES    SODHCKS    A    CONSrLÏEB; 


Pli  «LIEE    PAR 

/ 


1 1  I  ( 


Mil.  FIBliM  DIDOT  FRERES, 


sous    LA    OIllKCTION 


Di:  M.  LK   D'  HOKFKR 


^omc  i^wi^i^"^'^- 


PARIS, 


FIKMIIN    DIDOT  FRERES,  ÉDITEURS, 

IM  PRIAI KIIRS-LIOHAUIES   DK    l'iNSTITUT    DK    KHANCK, 

HUE  JACOB,  y(i. 

1854. 


NOUVELLE 

BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 

mus  m  TEMPS  LES  Plus  RËOIliS  JUSQU'A  «os  JOURS. 

Les  articles  précédés  d'un  astérisque  [*]  ne  se  trouvent  pas  dans  la  dernière  édition 

de  la  Biographie  Universelle,  et  sont  aussi  omis  dans  le  Supplément. 
Les  articles  précédés  de  deux  astérisques  [*]  concernent  les  hommes  encore  vivants. 


G 


CAAB.  Voy.  Kaab. 

*  cABACi vs  KALLUs  (  ManiUîis  ) ,  poëte  la- 
tin moderne,  né  à  Sparte,  d'une  famille  noble  qui 
se  distingua  par  une  longue  résistance  contre 
l'oppression  des  Turcs,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  se  réfugia,  avec  ses 
parents,  en  Italie,  où  il  eut  pour  protecteur  le 
cardinal  Jules  de  Médicis.  Il  était  déjà  avancé  en 
ûge  lorsqu'il  publia  Juvéniles  ingenii  lusus; 
Naples,  1520,  in-4°. 
Catalogue  de  la  Bibl.  imp. 

CABADES  ou  KAVADÈS  OU   KOBAD,  roi  de 

Perse,  vivaitdans  la  seconde  moitié  du  cinquième 
siècle.  Il  succéda  à  son  oncle  en  l'an  485,  sou- 
mit les  Ephthalites  qui  avaient  envahi  la  Perse , 
changea  la  constitution  du  royaume  au  point 
qu'il  permit,  dit-on,  la  communauté  des  fem- 
mes, ce  qui  n'était  pour  lui  qu'un  prétexte  d'as- 
souvir toutes  ses  passions;  enfin,  il  abolit  les 
prérogatives  de  la  noblesse.  Celle-ci  se  révolta. 
Après  onze  ans  de  règne,  Cabadès  fut  jeté  dans 
une -tour,  et  Zamasphès,  frère  de  Pérozès,  fut 
élu  à  sa  place.  Comme  on  délibérait  en  pré- 
sence du  nouveau  roi  sur  le  traitement  que  l'on 
réserverait  à  Cabadès,  et  que  les  membres  de  l'as- 
semblée répugnaient  à  ôter  la  vie  à  leur  ancien 
souverain,  un  grand  seigneur  appelé  Gusanas- 
tadès,  qui  était  chamarange  ou  général  des 
troupes  placées  sur  la  frontière  des  Ephthalites, 
prit  un  de  ces  couteaux  dont  les  Perses  se  ser- 
vent' pour  rogner  leurs  ongles,  et  dit  :  «  Ce  cou- 
teau suffirait  pour  arranger  l'affaire  sur  laquelle 
nous  délibérons  ;  mais,  si  vous  différez,  vingt  mille 
hommes  parfaitement  armés  ne  pouiTont  pas 
en  venir  à  bout.  »  Ce  conseil  homicide  ne  pré- 
valut point.  On  décida  que  Cabadès  serait  incar- 
céré dans  le  château  de  l'Oubli,  ainsi  appelé 
parce  que  tout  s'y  devait  oublier,  jusqu'au  nom 

VOV\.   BIOQR.   UNIVERS.   —  T.   VIII. 


du  prisonnier.  Pendant  que  le  successeur  de  Ca- 
badès s'occupait  à  réparer  les  fautes  de  son  pré- 
décesseur, celui-ci  parvint  à  3'évader.  Ayant 
appris  que  sa  femme  avait  inspiré  une  violente 
passion  au  commandant  du  château  de  l'Ou- 
bli, il  permit  qu'elle  se  prêtât  à  ses  amours. 
Et  comme  elle  obtint  de  la  sorte  d'entrer  dans 
la  prison  et  d'en  sortir  à  son  gré,  Cabadès  pro- 
fita une  nuit  de  cette  facilité  pour  revêtir  les 
habits  de  sa  femme,  et  passer  sans  être  reconnu 
au  milieu  des  gardes  trompés  par  ce  déguise- 
ment. Arrivé  chez  les  Ephthalites  avec  Séosès,  qui 
lui  était  resté  fidèle,  il  épousa  la  fille  du  roi  de  ce 
pays ,  rentra  en  Perse  à  la  tête  d'une  armée  con- 
sidérable, se  rendit  maître  de  Zamasphès  qui  oc- 
cupait son  trône,  lui  fit  crever  les  yeux,  le  jeta  en 
prison,  et  condamna  au  dernier  supplice  Gusanas- 
tadès,  ce  conseiller  sévère  et  coupable.  Menacé  par 
les  Ephthalites,  devenus  ses  créanciers,  etquivou- 
laient  être  remboursés ,  il  s'adressa  à  l'empereur 
Anastase  pour  obtenir  de  lui  un  prêt.  Sur  le  refus 
de  l'empereur,  qui  le  trouvait  déjà  trop  puissant^ 
Cabadès  irrité  pénètre,  sans  déclaration  préa- 
lable ,  sur  les  terres  des  Arméniens,  sujets  des 
Romains,  s'avance  en  Mésopotamie  jusqu'à  la  ville 
d'Amide,  qu'il  assiège  le  5  octobre  502.  Après 
une  assez  longue  résistance,  il  allait  lever  le  siège 
lorsque  les  Anùdéniens  se  mirent  à  le  railler  du 
haut  de  leurs  murailles  :  des  femmes  de  mauvaise 
vie  allèrent  jusqu'à  se  montrer  aux  assiégeants 
dans  un  état  contraire  à  la  pudeur.  Les  mages 
conseillèrent  alors  à  Cabadès  de  renoncer  à  lever 
le  siège,  persuadés  qu'ils  étaient,  par  la  conduite 
de  ces  femmes,  que  les  assiégés  montreraient 
bientôt  aux  Perses  ce  qu'ils  avaient  le  plus  caché. 
Cette  prédiction  se  réalisa,  et  la  place  fut  prise 
après  une  dernière  attaque  généraJe.  Les  repré- 
sailles furent  d'abord  terribles  ;  il  y  eut  pillage  et 

1 


CABADÈS  —  CABAKDJ 


massacre.  Mais  l'intercession  d'un  prêtre  véné- 
rable arrêta  l'ardeur  homicide  de  Cabadès.  Les 
habitants  furent  vendus,  et  Cabadès  mit  garnison 
dans  la  ville.  Informé  du  siège  d'Amide,  l'em- 
pereur Anastase  avait  fait  partir  de  Constaiitino- 
ple  une  armée  de  cinquante-deux  miRô  hommes. 
Cabadès,  campé  près  de  Nïsibe,  rencontra  et  dé- 
truisit presque  entièrement  une  des  divisions  im- 
périales. Une  irruption  des  Huns  dans  ses  États 
l'obligea  de  se  porter  au  secours  des  provinces 
envahies.  Ce  fut  alors  au  tour  des  Romains  d'as- 
siéger Amide;  ils  attirèrent  hors  de  la  ville  le 
commandant  et  une  partie  de  la  garnison  perse, 
et  les  massacrèrent;  le  fiils  du  commandant  ne 
se  retira  de  la  ville  qn'après  avoir  obtenu  des 
conditions  honorables.  Une  trêve  de  sept  ans  mit 
fin  à  la  guerre.  Cabadès  eût  voulu  dès  lors  assu- 
rer la  couronne  après  lui  à  Chosroès,  l'un  de  ses 
trois  fils  légitimes,  et  faire  sanctionner  ce  choix 
par  les  Romains;  mais  ceux-ci  n'eurent  garde 
d'y  souscrire.  La  faute  en  retomba  sur  Séosès, 
chargé  de  la  négociafon  par  Cabadès,  Celui-ci 
oublia  les  senrices  passés  de  ce  seigneur  ;  et,  fei- 
gnant d'obéir  à  la  loi  du  pays,  il  sacrifia  Séosès  à  la 
haine  de  ses  ennemis,  qui  l'avaient  fait  condamner 
à  mort  pour  avoir  fait  enterrer  sa  femme ,  con- 
trairement à  la  défense  portée  par  la  religion  mage. 
De  nouvelles  guerres  éclatèrent  alors  entre  les 
Romains  et  les  Perses ,  La  première  fut  amenée  par 
la  destruction  que  les  Perses  avaient  faite  des 
fortifications  romaines  élevées  autour  de  la  ville 
de  Mindone  lors  de  l'avènement  de  Justinien.  Les 
Perses  furent  d'abord  battus  par  Bélisaire  ;  plus 
tard,  ils  réparèrent  ce  premier  échec,  les  soldats 
de  Bélisaire  ayant  été  obligés  de  Uvrer  bataille 
prématurément.  Cependant  Azaréthès,  qui  com- 
mandait l'armée  de  Cabadès,  ne  sut  pas  profiter 
de  la  victoire  ;  il  avait  d'ailleurs  perdu  beaucoup 
d'hommes,  comme  cela  résultait  du  dénombre- 
ment des  flèches  restées  dans  le  panier  rempli 
au  départ  par  les  soldats,  et  dont  une  grande 
partie  ne  fut  pas  retirée ,  comme  c'était  l'usage , 
par  les  guerriers  revenus  sains  et  saufs  du  combat. 
Pendant  que  Sittas,  qui  succéda  à  Bélisaire,  né- 
gociait un  traité  avec  Mermeroès,  autre  général 
«le  Cabadès,  celui-ci  mourut,  après  avoir  désigné 
Chosroès  pour  son  successeiu-. 

Agathias.  —  Procope.  —  Gibbon,  Décline,  etc.  —  Du- 
lieux,  la  Perse,  t.  II,  dans  l'Univers  pittoresque. 

CABAK.D  ji  OU  KABARDJi-OGLOC,  fameux  re- 
belle turc,  mort  en  juillet  1808.  Officier  dans  le 
corps  des  yamaks  en  1807,  il  fut  choisi  par  eux 
pour  les  corrimander  contra  les  nizam-djedid, 
leurs  rivaux,  et  plus  favorables  qu'eux  aux  inno- 
•vations  militaires  introduites  par  sultan  Sélim,  Ka- 
Lakdji  marcha  à  la  tête  des  yamaks^  au  nombre 
de  600,  sur  Constantinople ,  et  il  y  massacra  le 
defterdar,  le  zarau  Khané-Emini,  et  d'autres 
hauts  personnages.  Ses  forces  s'etant  accrues, 
et  les  nizam-djedid  ayant  été  consignés  dans 
leurs  casernes ,  il  s'étalalit  sur  la  place  de  l'At- 
ineidan,  fit  apporter  les  marmites  des  ortas, 


et  s'adressant  aux  rebelles  il  les  poussa  à  dé- 
truire les  corps  des  nizam-djedid,  à  défendre  les 
règlements  établis  par  Hadji-Bektach,  et  à  châtier 
les  ministresqui  les  avaient  foulés  aux  pieds.  Ex- 
cités par  cette  allocution ,  les  yamaks  massacrè- 
rent les  individus  portés  sur  la  liste  des  pros- 
crits, dressée  par   le  kaïm-mekam.    Le  bos- 
tandji-bachi,  également  désigné  à  leur  fureur, 
s'était  retiré  au  sérail.  Rassemblés  devant  la 
porte  impériale,  les  soldats  mutinés  demandèrent 
à  grands  cris  la  tête  de  ce  fonctionnaire.  Sultan 
Sélim  repoussa  les  instances  de  ses  ministres, 
qui  le  conjuraient  de  sacrifier  cette  victime  au 
rétablissement  de  la  paix  publique  ;  et  le  bostandji 
lui-même  offrit  généreusement  sa  vie.  «  Puis- 
que tu  consens  à  ce  douloureux  sacrifice,  meurs, 
ô  mon  fils,  dit  alors  le  sultan ,  et  que  la  béné- 
diction d'Allah  t'accompagne  !  »  A  peine  ces  mots 
étaient-ils  prononcés,  que  la  tête  du  bostandji- 
bachi  roulait  sous  le  sabre  de  l'exécuteur  ;  et,  jetée 
par  les  créneaux,  elle  était  saisie  par  les  yamaks, 
qui  allèrent  la  hisser  parmi  les  dix-sept  têtes 
des  principaux  dignitaires,  rangées  sur  une  ligne 
parallèle  à  celle  des  kazani.  Après  deux  jours 
de  massacres,  Sélim  supprima  les  nizam-djedid. 
Mais  les  chefs  cachés  des  conjurés  voulaient  un 
sacrifice  plus  éclatant;  il  leur  fallait  la  déchéance 
ou  la  mort  du  sultan  lui-même.  Cabakdji-Oglou 
se  chargea  de  ce  nouveau  crime.  Après  avoir 
peint,  dans  une  harangue,  sultan  Sélim  comme 
l'ennemi  des  janissaires,  il  proposa  à  ses  sol- 
dats de  poser  au  mufti  la  question  suivante  :  «  Le 
padichâh  qui  par  sa  conduite  et  ses  règlements 
combat  les  principes  religieux  consacrés  par  le 
Koran,  est-il  digne  de  rester  sur  le  trône  ?  »  Le 
mufti  joua  d'abord  la  douleur  et  l'abattement, 
plaignit  son  souverain,  égaré,  disait-il,  par  de  mau- 
vais conseils  ;  puis  il  répondit  :  Olmaz  (  Cela  ne 
se  peut  pas),  en  ajoutant  les  termes  consacrés 
We  allahou  allem  (  Mais  Dieu  fait  ce  qui  vaut 
le  mieux).  On  voit  que  le  tartuffe  est  de  tous  les 
pays.  Cabakdji  n'eut  garde  d'interpréter  cet  oracle 
dans  un  sens  favorable  au  sultan  :  il  le  déclara 
décha  du  pouvoir,  et  proclama  à  sa  place  sultan 
Moustapha,  fds  d'Abdoul-Hamid.  Le  mufti  se 
chargea  de  porter  cet  arrêta  Séhm.  Le  sultan  était 
assis  sur  un  sopha  dans  la  grande  salle  du  palais. 
Autour  de  lui  se  trouvaient  réunis  ses  officiers 
et  domestiques.  Se  prosternant  alors  aux  genoux 
de  son  maître,  le  cheik-ul-islam  lui  déclara,  avec 
tous  les  dehors  de  la  plus  profonde  aftliction,  la 
volonté  du  peuple.  A  ce  discours  hypocrite  le 
sultan  se  leva,  jeta  un  regard  ému  sur  les  assis- 
tants, et  s'alla  retirer  dans  le  Kafess.  Il  rencon- 
tra et  embrassa  le  sultan  Moustapha,  qui  en  sor- 
tait ;  puis  il  lui  recommanda  de  se  consacrer  au 
bonheur  du   peuple.  Les  nizam-djedid  furent 
supprimés  par  le  nouveau  sultan,  et  leurs  casernes 
furent  pillées  par  les  soldats  de  Cabakdji-Oglou. 
Cette  révolution  opérée  par  leurs  armes,  et 
leur  gratification  une  fois  touchée,  les  yamaks  re- 
tournèrent aux  châteaux  du  Bosphore ,  dont  le 


5  CABAKDJ  - 

cuinmandement  fut  frémis  à  leur  chef.  La  mé- 
sintelligence ayant  éclaté  entre  MoustaiJia-Paclia 
et  le  mufti,  Cabakdji  prit  le  parti  du  derniei-,  ei 
contribua  à  la  cliute  du  kaim-mékam,  qui  fut 
exilé.  Taiar-Pacha  lui  succéda ,  mais  fut  égale- 
ment destitué  par  l'influence  de  Cabakdji  et 
du  iimllti.  Il  se  retira  à  Routschouk  auprès  de 
Moustapha-Bairakdar,  resté  fidèle  à  Sélim,  qu'il 
résolut  de  rétablir.  Pour  y  pan'enir,  il  fallait 
renverser  les  yamaks.  Un  homme  audacieux, 
Hadj-Ali,  muni  d'un  firman  du  grand  vizir, 
que  Baïrakdar  avait  su  gagner  à  ses  projets, 
vint,  à  la  tête  d'un  régiment  de  cavalerie,  sur- 
prendre Cabakdji  à  Fanaraki,  sur  le  Bosphore, 
011  il  résidait.  Arrivé  dans  la  nuit,  il  cerna  la 
maison,  et,  accompagné  de  quatre  honunes  ar- 
més, il  prétexta  une  dépêche  de  la  part  du  caïra- 
mekam.  A  peine  introduit,  il  fait  garrotter  les 
serviteurs  de  Cabakdji,  pénètre  dans  le  harem, 
oii  celui-ci  se  trouvait  couché,  et  le  saisit  en  che- 
mise au  milieu  de  ses  femmes  glacées  d'effroi  : 
«  Que  voulez- vous  de  moi?  s'écrie  Cabakdji; 
qu'ai-je  fait,  et  par  quel  ordre  venez-vous  ra'ar- 
racher  de  ma  demeure  et  à  ma  famille?  Lais- 
sez-moi au  moins  un  moment  pour  faire  ma 
prière.  —  H  n'est  plus  temps  de  prier  ;  meurs, 
scélérat,  »  répond  l'émissaire,  en  même  temps 
qu'il  lui  plonge  un  poignard  dans  le  sein. 
Jouannin,  Turquie,  dans  l'Univers  pittoresque. 

*CA.BAL  (Pierre),  chirurgien  français,  vivait 
à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Ad  Joh.  Riolani,  pro  me- 
dicis  apologïamparum  philosoplmampro  chi- 
rurgis  responsio;  Paris,  1577,  in-S". 

Cairère,  Bibliothèque  de  la  médecine. 

CABALLERO  OU  CAVALLERO  OU  CABEL- 

LERO ,  famille  d'origiiie  napolitaine ,  au  service 
de  l'Espagne  dans  le  dernier  siècle,  et  dont  les 
membres  les  plus  célèbres  furent  les  suivants  : 

CABALLERO  (D.  Juan),  guerrier,  né  dans  le 
royaume  de  Naples  en  1712 ,  mort  à  Valence  le 
28  novembre  1791.  De  1739  à  1740,  il  fitla  guerre 
sous  don  Carlos,  qu'il  accompagna  en  1759, 
Iorsque.ce. prince  monta  sur  le  trône.  En  1774, 
il  défendit  Melilla  contre  le  roi  de  Maroc,  et  en 
1779  il  se  trouva  au  blocus  de  Gibraltar.  Il  fut 
ensuite  chargé  de  fortifier  les  principales  places 
du  royamue  des  Deux-Siciles.  A  son  retour  en  Es- 
pagne, il  remplit  plusieurs  fonctions  importantes. 

Depping ,  Hist.  d'Espagne. 

CABALLERO  (Jérôme),  frère  du  précédent, 
général  espagnol,  mort  en  1807.  Ayant  sauvé 
don  Carlos  à  l'affaire  de  Velletri,  en  1744,  il  ob- 
tint dès  lors  vm  avancement  rapide.  En  1787,  il 
fut  appelé  au  ministère  de  la  guerre,  et  devint 
lieutenant  général  en  1789.  11  perdit  son  porte- 
feuille en  avi'il  1790;  mais  il  continua  de  présider 
le  conseil  de  la  guerre.  Lors  de  l'aiTivée  de  Go- 
doï  aux  affaires,  il  fut  nommé  conseiller  d'État. 
Toutes  ces  fonctions,  dues  à  la  faveur,  ne  l'empê- 
chaient ipas  d'être  un  personnage  assez  médiocre. 

Mémoires  du  prince  de  la  Paix. 


CABALLEPuO  G 

CABALLERO  (Jo.^epli  -  Anfoine ,  marquis 
de),  homme  d'État  espagnol,  neveu  du  précé- 
dent, né  à  Saragosse  vers  1700,  mort  à  Salaman- 
que  en  1821.  Après  avoir  achevé  son  cours  de 
droit,  il  fut  nommé  alcaïde  de  Corte  et  audi- 
teur à  Séville.  Son  mariage  avec  une  femme  de 
chambre  de  la  reine  servit  son  ambition.  De- 
venu fiscal  du  conseil  suprême  de  la  guerre  en 
1794,  il  fut  nommé  ministre  de  grâce  et  justice 
eu  1798.  En  1808,  à  la  suite  de  la  révolution 
d'Aranjuez,  il  perdit  le  ministère,  mais  garda  le 
titre  de  conseiller  d'État,  et  fut  chargé  de  gou- 
verner le  conseil  des  finances.  Membre  de  la 
junte  qui  choisit  Murât  pour  président,  il  fut 
un  des  signataires  do  l'adresse  qui  demandait  à 
l'empereur  des  Français  un  souverain  de  sa  fa- 
mille. Il  entra  au  conseil  du  roi  Joseph,  et  de- 
vint président  de  la  section  de  justice  des  af- 
faires ecclésiastiques.  En  1814,  lors  de  la  dé- 
chéance du  roi  Joseph,  il  le  suivit  en  France ,  et 
se  fixa  à  Bordeaux.  II  ne  rentra  en  Espagne 
qu'après  la  révolution  de  1820. 

Biog.  étrangère. 

CABALLERO  (Eaymond  Biosada),  théolo- 
gien espagnol,  de  l'ordre  des  Jésuites,  né  à 
Palma  dans  l'île  de  Majorque  en  1740,  mort  en 
1820.  ÉleA^é  à  Madrid,  il  se  réfugia  à  Rome  lors 
de  la  suppression  de  son  ordre,  et  s'adonna  à  la 
culture  des  lettres.  Presque  tous  ses  ouvrages 
ont  été  pubhés  sous  le  pseudonyme  de  Filibero 
de  Parripalma.  On  a  de  lui  :  De  prima  typo- 
graiihiai  hispanicae  œtate  spécimen;  Rome, 
1793,  in-8°  :  l'auteur  montre,  entre  autres,  qu'il 
y  avait  dès  1474  une  imprimerie  à  Valence;  — 
Osservazioni  sulla  patria  del  pittore  Giu- 
seppe  de  Rivera,  detto  lo  Spagnoletto ,  dans 
V Anthologie  romaine,  1796,  et  dans  le  Journal 
littéraire  de  Naples,  t.  L;  —  Commentariola 
critica  :  primum,  de  disciplina  arcani;  se- 
cundum,  de  lingiia  evangelica;  Rome,  1798, 
in-S";  —  Ricerche  appartenenti  alV  Accade- 
mia  del  Pontano;  ibid. ,  1798,  in-S";  —  Av- 
vertimenti  amichevoU  aW  erudito  traduttore 
romano délia Geografiadi  W.  Guthrie ;l!ià^les, 
1799;  —  l'Eroismo  de  Ferdinando  Cortese, 
confermato  contro  le  cemiirc  nemiche;  Rome, 
1806,  in-8°;  —  Bibliothecas  scriptorum  sa- 
eietatis  Jesu  supplementa  duo;  ibid.,  1814- 
1816,  in-4''. 

Rose,  Néw  Biographical  Dictionary. 

*  CABALLERO  (Firmin-Agosto),  homme  po- 
litique espagnol,  né  le  7  juillet  1800  à  Barajas 
de  Melo  (Cuenza).  Il  exerça  en  Estramadure 
la  profession  d'avocat,  et  vint  se  fixer  à  Madrid  à 
la  mort  du  roi  Ferdinand  vn.  Il  fonda  en  1833 
le  Bolatin  del  Comercio,  organe  du  parti  exalté, 
qui,  ayant  été  poursuivi  et  supprimé  en  1834,  de- 
vint el  Eco  del  Comercio.  Nommé  en  même 
temps  aux  cortès  par  Madrid  et  Cuenza,  il  opta 
pour  cette  dernière  province,  et  vota  avec 
l'opposition,  dans  l'espérance  d'arriver  à  ren- 
i  verser  le  ministère  Martiuez  de  la  Rosa.  Ses 

1. 


CABALLERO  —  CABANES 


attaques  contre  le  pouvoir  lui  valurent  des  pour- 
suites en  1835,  époque  à  laquelle  le  ministre 
Toreno,  suivant  l'exemple  donné  par  le  cabinet 
français,  apporta  des  entraves  à  la  liberté  de  la 
presse.  Caballero,  lié  d'amitié  avec  Mendizabal , 
adopta  doublement  les  réformes  libérales  de  ce 
ministre,  et  se  distingua  particulièrement  dans  la 
discussion  sur  la  suppression  des  couvents  ;  mais 
il  s'en  sépara  cependant  dans  diverses  circons- 
tances. Lors  de  la  discussion  relative  au  projet 
de  constitution  de  1837,  il  entraîna  l'abstention 
de  tous  ses  amis,  et  introduisit  ainsi  dans  les 
habitudes  parlementaires  de  la  Péninsule  une 
forme  d'opposition  non  encore  pratiquée,  et  dont 
on  a  tant  abusé  depuis.  Ses  ouvrages  sont  : 
Msonomia  natural  y  politica  de  los  diputa- 
dos  a  las  cortes  de  1834,  1835, 1836;  Madrid, 
1836,  in-8°;  —  el  Gbierno  y  las  Cortes  del 
Estatuto,  materiales  para  su  historia;  Ma- 
drid, 1837,  in-S";  —  Manual  geografico- 
administrafivo  de  la  monarquia  espanola; 
Madrid,  1844,  in-8°.  T.-Albert  B. 

Conversations-Lexicon. 

*CABALLiNus  (Jean-Baptiste),  juriscon- 
sulte italien,  né  dans  le  pays  de  Navarre,  vi- 
vait j  vers  la  fin  du  seizième  siècle  à  Milan,  oti 
il  exerçait  la  profession  d'avocat.  Il  était  en 
même  temps  un  excellent  latiniste.  On  a  de 
lui  :  Actuarium  Practicee  civiZis  ;  Milan,  1585 
et  1587,  in-8°,  avec  des  additions  et  des  notes 
de  Jules-César  Glussiano  ;  ibid.,  1616  ;  —  Actua- 
rium practicse  criminalis;  Milan,  1587,  in-8°; 
—  De  Sequestris  ;  Milan,  1598,  in-S";  —  For- 
mularium  et  Solemnitates  Instrumentorum  ; 
Milan,  1581  et  1598,  in-8'>;  —  Oratio  ad  Cle- 
mentem  VIII;  Ferrare,  1598,  in-4°. 

Argellati,  Sibl.  Mediol. 

*CABAiiLis  {Charles,  comte  be),  médecin 
italien,  issu  d'une  famille  noble  de  Vérone ,  vi- 
vait dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siè- 
cle, n  fut  médecin  particulier  du  prince  de  Cas- 
tiglione.  On  a  de  lui  :  Phsenomena  medica  sin- 
gulari  intuitu  recewsi^a;  Venise,  1686,  in-12; 
c'est  un  recueil  d'observations  médicales,  tirées 
des  écrits  d'anciens  praticiens. 

Carrère,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

CA.Bâ.Li.0  {Emmanuel  ),  héros  génois,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  En 
1513,  lors  du  siège  de  Gênes  par  les  Français,  et 
lorsque  la  ville  était  réduite  à  l'extrémité,  il  se 
dévoua  avec  quelques  jeunes  gens  :  sous  le  feu 
de  l'ennemi,  il  parvint  à  introduire  dans  sa 
ville  un  vaisseau  chargé  de  vivres.  Les  Génois 
proclamèrent  à  juste  titre  Caballo  leur  libé- 
rateur. 

Foglieta,  Elogia  clar.  viror. 

CABAL.LO  OU  CABA1.LUS  { Frauçois) ,  mé- 
decin  italien,  natif  de  Bresse,  dans  les  États  de 
Venise,  mourut  en  1540.  Il  fit  à  Padoue,  jus- 
qu'à un  âge  avancé ,  des  cours  très-suivis.  On 
a  de  lui  :  Libellus  de  animali  pastillos 
theriacos  et  theriacam  ingrediente ;  Venise, 
1497,  in-fol.,  avec  les  Opéra  medica  de  Monta- 


gnana;  et  Venise,  1503,  avec  les  consultations 
d'Antoine  Cermisoni. 

Éloy,  Dictionnaire  de  la  Médecine. 

CABANE  (  Philippine  ) ,  surnommée  la  Cator 
noise,  morte  en  1345.  D'abord  simple  blanchis- 
seuse ,  elle  fut  choisie  pour  être  la  nourrice  du 
prince  Louis  de  Calabre.  Elle  s'acquit  un  grand 
crédit,  et,  d'abord  femme  d'un  simple  pêcheur,  elle 
devint  l'épouse  de  Baimond  Cabane,  dont  la  viene 
fut  pas  moins  aventureuse,  et  qui  devint  sénéchal 
du  royaume  de  Naples.  Philippine  Cabane,  at- 
tachée en  qualité  de  dame  d'honneur  à  la  per- 
sonne de  Catherine  d'Autriche,  nouvelle  duchesse 
de  Calabre,  dont  elle  favorisa  le  penchant  pour 
les  plaisirs,  se  conduisit  de  la  même  manière 
vis-à-vis  de  Jeanne  F",  fille  de  cette  princesse. 
EUe  fit  plus  :  elle  se  rendit  complice  des  crimes 
de  Jeanne,  et  la  poussa  au  meurtre  d'André  de 
Hongrie,  qui  eut  lieu  le  18  septembre  1345. 
Elle  mourut  à  son  tour  dans  les  douleurs  de  la 
torture  que  lui  infligea  Bertrand  de  Bayx,  chargé 
par  le  pape  de  rechercher  les  auteurs  de  ce 
mem'tre. 

CABANE  (  Robert  ),  fils  de  la  précédente,  mort 
en  1345.  Compris  dans  l'accusation  dirigée  contre 
sa  mère  au  sujet  du  meurtre  d'André  de  Hon- 
grie, il  fut  tenaiUé  pendant  que  sa  mère  expirait 
dans  les  douleurs  de  la  torture. 

D'Égly,  Hist.  des  rois  des  Deux-Siciles  de  la  maison  de 
France.  —  Lenglet-Dufresnoy,  la  Catanoise;  Paris,  1731. 

*CABA]VEL  {Alexandre),  peintre  français, 
né  à  Montpellier  le  28  septembre  1823.  Il  a  ob- 
tenu en  1845  le  deuxième  grand  prix  de  Borne. 
Une  décision  ministérielle,  sollicitée  par  l'Acadé- 
mie des  beaux-arts,  lui  accorda  la  pension  et  les 
avantages  réservés  aux  premiers  prix.  Le  sujet 
du  concours  était  :  Jésus  dans  le  prétoire.  Il 
a  expasé  aux  salons  de  1844,  Agonie  du  Christ 
au  Jardin  des  Oliviers;  —  de  1850,  Saint 
Jean;  —  de  1852,  la  Mort  de  Moïse;  —  Vel- 
léda.  Cabanel  a  peint  en  outre ,  dans  une  des 
salles  de  l'hôtel  de  ville  de  Paris,  douze  médail- 
lons représentant  les  douze  mois  de  l'année. 

P.  Ch. 

*  CABANES  (  Guigne  ou  Guîgo  de),  trouba- 
dour provençal  du  treizième  siècle ,  connu  par 
quatre  tensons  qu'il  composa ,  le  premier  avec 
un  nommé  Isauris,  le  deuxième  avec  Esquiletta, 
peut-être  Esquilha,  et  les  deux  derniers  avec 
Allamanon  le  Jeune.  La  rencontre  du  nom  de  ce- 
lui-ci fait  supposer  que  Cabanes  fut  contempo- 
rain de  Baymond  Bérenger  IV  et  de  Charles 
d'Anjou.  Le  tenson  fait  avec  Esquiletta  roule 
sur  l'art  de  donner  :  «  Un  homme  i-iche,  dit  Es- 
quiletta, ne  sait  pas  toujours  donner  avec  une 
générosité  noble,  de  manière  à  s'honorer  lui- 
même  en  donnant,  et  à  honorer  la  personne  qui 
reçoit  ses  dons.  Un  bienfait  mal  placé  perd  de 
son  prix.  Il  y  a  autant  de  honte  à  donner  folle- 
ment, que  de  mérite  à  se  montrer  généreux  à 
propos  :  » 

Qu'autretan  faill  qui  dona  foilamen 
C'otn  a  bon  pretz  qui  dona  d'avinen. 


CABAJNES  —  CABANIS 


.10 


Dans  un  des  tensons  Cabanes  reproche  à  Alla- 
inanon  de  n'avoir  ni  bravoure  ni  honneur  :  «  Je 
vous  vois  perpétuellement,  lui  dit-fl,  sans  dignité 
à  la  suite  de  la  cour  de  Provence ,  bien  que  ni  les 
repas  ni  les  festins  ne  soient  faits  pour  vous.  De 
mots  bouffons  et  ennuyeux,  nul  moins  que  vous 
ne  sait  faire  étalage;  du  reste,  à  cause  de  moi, 
ne  changez  pas  vos  habitudes.  » 

Hist.  littéraire  de  la  France,  XIX,  603.  —  Raynouard, 
Choix  de  poésies  des  Troubadours,  V,  176. 

CABANIS  (Jean-Baptiste  de  Salagnac), 
jurisconsulte  et  agronome  français,  né  à  Yssou- 
dun  en  1723,  mort  en  1786.  Après  avoir  étudié 
chez  les  jésuites  de  Tulle,  il  alla  à  Toulouse  pour 
y  suivre  les  cours  de  droit.  Un  riche  mariage 
qu'il  fit  à  son  retour  le  détermina  à  laisser  la 
jurisprudence  pour  la  culture  de  ses  domaines. 
Il  s«  mit  en  relation  avec  Turgot,  alors  inten- 
dant de  Limoges ,  dont  il  partagea  le  zèle  pour 
l'introduction  des  mérinos;  et  c'est  aux  soins 
de  cet  illustre  économiste  que  fut  due  la  publica- 
tion des  observations  et  expériences  de  Cabanis 
sur  l'art  de  la  greffe.  On  a  de  lui  :  Essai  sur 
la  greffe;  Paris,  1764,  1781  et  1B03,  ouvrage 
qui  obtint  le  prix  proposé  pour  ce  sujet  par  l'A- 
cadémie de  Bordeaux. 

feller.  Dictionnaire  historique.— (iuéniA,  la  France 
littéraire.  — Chaudon  et  Delandine,  JN'ouveauJHct.  hist. 

CABAKis  {Pierre-Jean-George),  célèbre  mé- 
decin et  philosophe  français,  né  à  Cosnac,  bourg 
de  la  Charente-Inférieure,  le  5  juin  1757  ;  mort  à 
Rueil,  près  de  Paris,  le  5  mai  1808.  Fils  d'un 
avocat  devenu  habile  agriculteur  (  voy.  l'article 
précédent),  le  Jeune  Cabanis  n'avait  fait  au  col- 
lège de  Brives  que  des  études  incomplètes,  lors- 
que son  père  le  conduisit  à  l'âge  de  quatorze 
ans  à  Paris,  où  il  le  laissa  deux  ans  livré  à  lui- 
même,  essayant  ce  moyen  extrême  de  dompter 
son  caractère  indocile.  L'essai  périlleux  réus- 
sit :  le  jeune  homme  employa  les  deux  années 
à  refaire  son  éducation,  et  lut  avec  avidité  les 
auteurs  les  plus  divers,  depuis  les  philosophes 
anciens  et  les  Pères  de  l'Éghse  jusqu'à  Rousseau 
«t  Voltaire  ;  Locke  surtout  fut  l'objet  de  sa  prédi- 
lection. Son  père  le  rappelait  auprès  de  lui,  lors- 
que le  prince-évêque  de  Wilna ,  Massaki ,  venu 
à  Paris  pour  consulter  les  philosophes  sur  la  lé- 
gislation propre  à  régénérer  sa  patrie,  lui  pro- 
posa de  l'accompagner  à  Varsovie  comme  secré- 
taire. C'était  en  1773;  Cabanis  avait  seize  ans.  II 
céda  au  désir  de  connaître  un  pays  nouveau  et 
aux  promesses  d'un  brillant  avenir.  Il  vit  de  près 
les  désordres  et  les  intrigues  qui  amenèrent  le 
premier  démembrement  de  la  Pologne.  Après  un 
séjom^  de  deux  années  et  bien  des  espérances 
déçues,  il  revint  à  Paris,  où  Turgot,  contrôleur 
général  du  jeune  I-ouis  XVI,  préparait  les  utiles 
réformes  qui  auraient  pu  prévenir  une  révoluti'on. 
Mais  bientôt  les  privilèges  menacés  se  liguèrent 
contre  le  ministre  courageux,  contraint  de  céder 
à  l'orage  en  se  voyant  abandonné  du  roi,  qui  lui 
avait  promis  son  appui.  Cabanis  était  lié  avec 
Boucher,  auteur  du  poëme  des  Noirs  :  il  se  pas- 


sionnait pour  la  littérature,  et  s'occupait  déjà 
de  traduire  Homère  en  vers.  Introduit  par  Tur- 
got auprès  de  M""'  Helvétius ,  il  devint  un  des 
familiers  de  cette  brillante  société  d'Auteuil,  où 
il  connut  d'Alembert,  Diderot,  Condillac,  le  ba- 
ron d'Holbach,  Franklin,  Jefferson. 

Cependant  il  n'avait  pas  encore  d'état,  et  son 
père  le  pressait  d'en  prendre  on.  Sa  santé  déli- 
cate fut  un  des  motifs  qui  le  décidèrent  à  choisir 
la  profession  de  médecin.  Cabanis  devint  élève 
de  Dubreuil;  il  se  Uvra  avec  ardeur  à  ses  nou- 
velles études,  et  se  plut  à  lire  Hippocrate  dans 
sa  langue  même.  Il  fut  reçu  docteur  en  sep- 
tembre 1783. 

Dès  les  premiers  symptômes  de  la  révolution, 
U  en  embrassa  vivement  la  cause;  distingué  par 
ftlirabeau,  il  devint  son  médecin  et  son  ami. 
Ce  fut  lui  qui  soigna  le  grand  orateur  dans  sa 
dernière  maladie;  et,  cette  même  année  1791,  il 
publia  le  Journal  de  la  maladie  et  de  la  mort 
de  Mirabeau.  Il  avait  composé  pour  lui  un  Tra- 
vail sur  Véducation,  qui  fut  trouvé  dans  ses 
papiers ,  et  imprimé  alors.  Plus  tard,  dans  les 
sanglants  débats  de  la  convention ,  Condorc«t , 
dont  il  avait  obtenu  l'amitié,  lui  demanda  le 
poison  qui  devait  le  soustraire  à  l'échafaud ,  et 
le  chargea  de  recueillir  ses  derniers  écrits.  Ca- 
banis épousa  sa  belle-sœur,  Charlotte  de  Grou- 
chy,  sœur  du  maréchal.  Nonuné,  en  l'an  ni, 
professeur  d'hygiène  à  l'École  centrale,  et  de 
clinique  à  l'École  de  médecine,  il  prit  part  à  la 
réorganisation  de  l'enseignement  médical  dans 
les  écoles  de  Paris,  Montpellier  et  Strasbourg; 
il  avait  pubUé  des  Observations  sur  les  hôpi- 
taux (1789),  et  il  fit  paraître  successivement  son 
Rapport  au  conseil  des  Cinq-Cents  sur  VOr- 
ganisation  des  écoles  de  médecine;  un  écrit 
sur  le  degré  decertitude  de  la  médecine  (1797), 
et  un  autre  sur  les  Révolutions  de  la  méde- 
cine. On  y  trouve  le  germe  des  idées  qu'il  dé- 
veloppa plus  tard  dans  son  grand  ouvrage.  «  Le 
principe  moteur  des  corps  animés ,  dit  Ccibanis, 
que  Stahl  appelle  âme,  est  un;  mais  il  agit  di- 
versement dans  les  organes,  selon  leur  structure 
et  leur  destination.  Il  digère  dans  l'estomac, 
respire  dans  les  poumons ,  filtre  la  bile  dans  le 
foie,  pense  dans  la  tête.  »  Vanimisme  de  Stahl, 
adopté  sous  le  nom  A&  principe  vital  par  l'école 
de  Montpellier,  devint  la  doctrine  de  Cabanis 
comme  médecin,  et  ne  fut  pas  sans  influence  sui' 
sa  théorie  comme  philosophe.  On  peut  déjà  en- 
trevoir son  système  dans  ces  paroles  :  «  La  mé- 
decine et  la  morale  reposent  sur  une  base  com- 
mune ,  sur  une  conncdasance  physique  de  la  na- 
ture humaine.  C'est  dans  la  physiologie  qu'elles 
doivent  cherclier  la  solution  de  tous  les  problè- 
mes, le  point  d'appui  de  toutes  leurs  vérités  :  de 
la  sensibilité  physique  découlent  les  idées ,  les 
sentiments,  les  passions,  les  vertus,  les  biens. 
La  source  de  la  morale  est  dans  l'organisation 
humame,  dont  dépendent,  et  notre  faculté  et  notre 
manière  de  sentir .  » 


11 


CABANIS 


12 


Ami  de  Sieyes  et  distingué  par  le  général  Bo- 
naparte à  son  retour  d'Egypte,  Cabanis,  le  len- 
demain du  18  brumaire,  rédigea,  au  nom  du  corps 
législatif,  la  proclamation  qui  recommandait  au 
peuple  français  la  révolution  qu'on  venait  d'ac- 
complir. Partisan  de  la  constitution  consulaire , 
il  fut  nommé  sénateur.  Mais  bientôt  désabusé 
lorsqu'il  vit  retirer  à  la  nation  les  droits  politi- 
ques conquis  par  la  révolution,  il  se  réfugia  dans 
la  science.  Déjà,  dans  la  cinquième  classe  de 
l'Institut,  dont  il  était  membre,  il  avait  lu  les 
six  mémoires  qui  forment  la  première  partie 
de  son  livre  sur  les  Rapports  du  physique  et 
du  moral  de  l'homme.  L'ouvrage  complet  pa- 
rut en  1802  (2  vol.  in-8°  ),  et  obtint  un  brillant 
succès,  qui  classe  l'auteur  comme  écrivain  et 
comme  philosophe. 

Condillac  avait  expliqué  tous  les  faits  de  l'âme 
par  la  sensation  :  Cabanis  voulut  le  compléter 
en  recherchant  l'origine  et  la  nature  de  la  sen- 
sation. Voici  quelle  fut  sa  doctrine.  C'est  dans 
les  nerfs  que  réside  la  sensibilité,  et  par  suite 
toutes  les  facultés  intellectuelles  et  toutes  les 
affections  morales.  Dans  la  manière  dont  la  sen- 
sibilité se  développe,  on  peut  reconnaître  deux 
modes  :  1°  elle  va  de  la  circonférence  au  centre  de 
l'organe;  T  elle  revient  du  centre  à  la  circonfé- 
rence. Pour  ceux  qui  voient  dans  la  simplicité  le 
mérite  d'un  système,  la  théorie  est  séduisante. 
Une  impression  reçue ,  l'action  et  la  réaction  des 
nerfs ,  et  le  sentiment  qui  en  résulte  tout  comme 
la  sensation  résulte  de  la  réaction  du  nerf  sur 
lui-même ,  la  volonté  est  produite  par  la  réac- 
tion des  nerfs  sur  les  muscles.  La  distinction  du 
moral  et  du  physique  est  donc  vaine;  les  facultés 
morales  naissent  des  facultés  physiques.  Sans 
doute  l'action  régulière  des  nerfs  est  un«  condi- 
tion nécessaire  de  tout  sentiment,  de  toute  percep- 
tion ;  les  nerfs  sont  les  organes  de  toute  sensa- 
tion ;  mais  il  y  a  aussi  un  principe  sûr  et  simple 
qui  reçoit  l'impression,  et  qui  pi  end  connais- 
sance. Ce  que  l'auteur  appelle  réaction,  cette 
action  qui  va  du  centre  à  la  circonférence,  ne  peut 
partir  que  d'un  principe  intérieur,  essentiellement 
actif,  du  moi.  Si  au  moi  vous  substituez  les  nerfs, 
l'unité  et  la  simplicité ,  les  caractères  essentiels 
de  la  conscience  disparaissent. 

Cabanis  ajoute  :  «  Si  Condillac eùtmieux  connu 
l'économie  animale,  il  aurait  senti  que  l'âme  est 
une  faculté,  et  non  pas  un  être.  »  On  voit  qu'il 
va  au  dçih  de  Condillac,  et  il  aboutit  à  cette  con- 
clusion, que  c'est  le  cerveau  qui  produit  la  pensée. 
Voici,  à  cet  égard,  des  passages  formels  :  «  Pour 
«  se  faire  une  idée  juste  des  op<5rations  d'où  ré- 
«  suite  la  pensée,  il  faut  considérer  le  cerveau 
«  comme  un  organe  particulier,  destiné  spécia- 
«  lemcntà  la  produire,  de  même  que  l'estomac 
«  et  les  intestins  à  opérer  la  digestion....  Les 
«  impressions  sont  des  aliments  pour  le  cerveau  ; 
«  ils  cheminent  vers  cet  organe,  de  même  que 
«  les  aliments  cheminent  vers  l'estomac...  Les 
n  impressions  arrivent  au  cerveau,  le  font  entrer 


«  en  activité,  comme  les  aliments,  en  tombant 
<c  dans  l'estornac,  l'excitent  à  la  sécrétion.  Nous 
«  voyons  les  aliments  tomber  dans  l'estomac 
«  avec  les  qualités  qui  leur  sont  propres  ;  nous 
«  les  en  voyons  sortir  avec  des  qualités  nouvel- 
le les,  et  nous  en  concluons  qu'il  leur  a  fait  subir 
«  cette  altération  :  nous  voyons  également  les 
«  impressions  arriver  au  cerveau,  isolées,  sans 
«  cohérence  ;  mais  le  cerveau  entre  en  action , 
«  il  réagit  sur  elles,  et  bientôt  il  les  renvoie  mé- 
«  tamorphosées  en  idées.  Donc  nous  concluons 
«  avec  certitude  que  le  cerveau  digère  les  im- 
«  pressions  ,  et  qu'il  fait  organiquement  la 
«  sécrétion  de  la  pensée.  )i 

A  côté  de  cette  grossière  théorie  de  la  forma- 
tion des  idées,  on  rencontre  une  foule  d'observa- 
tions précieuses  pour  la  science,  de  faits  intéres- 
sants sur  l'influence  de  l'âge,  du  tempérament, 
des  sexes,  du  climat,  du  régime;  sur  les  idées 
et  les  affections  morales.  Le  mérite  réel  de  ce 
livre  est  dans  le  tableau  frappant  de  tous  les 
genres  d'action  que  la  nature  extérieure  et  les 
organes  exercent  sur  le  moral.  Un  remarquable 
talent  d'exposition,  un  style  clair  et  élégant  en 
firent  le  succès  en  France.  Mais  cette  tentative 
hardie  de  fonder  la  philosophie  sur  la  physiologie, 
qui  faisait  de  l'âme  un  résultat  du  système  ner- 
veux ,  et  dont  la  pensée  dominante  était  de  ra- 
mener tout  le  moral  de  l'homme  au  physique, 
n'en  était  pas  moins  erronée  dans  son  brutal 
sensualisme,  et  dangereuse  par  ses  conséquen- 
ces morales.  Heureusement  ce  n'était  pas  là  le 
dernier  mot  de  Cabanis. 

Vers  1805,  vint  se  réunir  à  la  société  d'Auteuil 
un  homme  jeune  encore,  mais  déjà  occupé  d'é- 
tudes sérieuses,  et  à  qui  toutes  les  questions  de 
la  philologie,  de  la  littérature  et  de  la  philoso- 
phie étaient  familières.  C'était  Fauriel ,  ami  de 
M"^^  de  Condorcet,  qui  préparait  une  histoire  de 
la  philosophie  stoïcienne.  Des  liens  d'estime  et 
d'affection  mutuelles  s'établirent  bientôt  entre  lui 
et  Cabanis.  Sans  doute  de  longues  discussions 
durent  s'engager  entre  les  deux  amis  sur  les 
graves  problèmes  qui  les  occupaient  l'un  et  l'au- 
tre. Le  nouveau  venu,  nourri  des  suMimes  leçons 
du  Portique,  ne  manqua  pas  de  remontrer  à  l'au- 
teur des  Rapports  du  physique  et  du  moral 
l'insuffisance  de  la  doctrine  toute  physiologique, 
greffée  sur  la  philosophie  de  Condillac.  Cabanis, 
esprit  ouvert  aux  lumières  nouvelles,  et  cher- 
chant la  vérité  de  bonne  foi,  modifia  insensible- 
ment ses  idées.  Sur  ce  travail  intérieur  d'une 
belle  intelligence  il  nous  reste  un  témoignage  bien 
digne  d'intérêt  ;  c'est  la  Lettre  à  M.  F***  sur  les 
causes  premières,  publiée  pour  la  première  fois 
en  1824  par  M.  Bérard ,  de  Montpellier,  seize 
ans  après  la  mort  de  l'auteur.  On  ne  peut  trop 
admirer  la  sincérité  d'esprit  avec  laquelle  Caba- 
nis y  expose  ses  doutes ,  passe  naturellement  de 
la  physiologie  à  la  psychologie,  et  se  rapproche 
de  la  vérité.  Ce  qu'il  appelle  les  causes  premiè- 
res n'est  autre  chose  que  Dieu  :  plus  d'un  pas- 


13 


CABANIS  —  CABARRUS 


14 


sage  l'atteste.  Ainsi,  p.  11  (t)  :  «Il  y  a  un  point 
«  de  vue  sous  lequel  il  est  incontestable  que  la 
«  pratique  de  la  vertu  nous  est  ordonnée  par  les 
«  causes  premières....  Les  lois  qui  régissent 
«  l'homme,  et  desquelles  doivent  découler  celles 
«  de  la  morale,  sont  l'ouvrage  de  ces  causes,  dont 
«  on  peut  dire  par  conséquent  qic'elles  expri- 
«  metit  la  volonté.  »  P.  44  :  après  avoir  établi 
l'existence,  l'intelligence  et  la  volonté  d'unecause 
première  et  universelle,  il  dit,  à  propos  des  mer- 
veilles du  monde  :  «  L'esprit  de  l'homme  n'est 
«  pas  fait  pour  comprendre  que  tout  cela  s'opère 
«  sans  prévoyance  et  sans  but,  sans  intelligence 
«  et  sans  volonté.  Aucune  analogie,  aucune  vrai- 
«  semblance  ne  peut  le  conduire  à  un  semblable 
«  résultat  ;  toutes,  au  contraire,  le  portent  à  re- 
«  garder  les  ouvrages  de  la  nature  comme  pro- 
«  duits  par  des  opérations  comparables  à  celles 
«  de  son  propre  esprit,  dans  la  production  des 
«  ouvrages  les  plus  savamment  combinés,  les- 
«  quelles  n'en  diffèrent  que  par  un  degré  de  per- 
«  fection  mille  fois  plus  grand  :  d'où  résulte  pour 
«■  lui  l'idée  d'une  sagesse  qui  les  a  conçus  et 
«  d'une  volonté  qui  les  a  mis  à  exécution,  mais 
«  de  la  plus  haute  sagesse,  de  la  volonté  la  plus 
«  attentive  à  tous  les  détoils,  exerçant  le  pou- 
«  voirie  plus  étendu  avec  la  plus  minutieuse  pré- 
«  cision.  »  — P.  46  :  «  Il  est  très-évident,  en  outre, 
«  que  le  principe  de  l'intelligence  est  répandu 
«  partout ,  puisque  partout  la  matière  tend  sans 
«  cesse  à  s'organiser  en  êtres  sensibles.  »  — 
P,  48  :  «  Enfin  ces  forces  font  éclore,  développent 
«  et  conduisent  au  terme  de  leur  perfection  des 
«  êtres  sensibles,  et  par  suite  intelligents.  Or,  je 
«  l'avoue,  il  me  semble  que  l'imagination  se  re- 
«  fuse  à  concevoir  comment  une  cause  ou  des 
«  causes  dépourvues  d'intelligence  peuvent  en 
«  donner  à  leurs  produits....  Cette  suite  de  rai- 
«  sonnements  me  paraît  nous  conduire  à  ce  ré- 
«  sultat,  que  l'esprit  de  l'homme,  d'après  sa 
«  manière  de  sentir  et  de  concevoir,  ne  peut 
«  éviter  de  reconnaître  dans  les  forces  actives 
«  de  Vonivers  intelligence  et  volonté.  » 

Enfin,  p.  78,  il  reconnaît  la  force  de  la  preuve 
morale  de  la  persistance  du  moi  après  la  mort; 
eu  d'autres  termes,  de  l'immortalité  de  l'âme. 

Dans  cette  bonne  foi  du  célèbre  écrivain, 
conversant  avec  un  ami,  et  rendant  hommage  à 
des  croyances  qui  n'avaient  pas  toujours  été 
les  siennes,  on  est  heureux  de  reconnaître  la 
noblesse  du  caractère  alliée  à  une  belle  intelli- 
gence. Artaud. 

Mignet,  Éloge  de  Cabanis.  —  Notice  de  M.  Peisse,  en 
tête  de  son  édit.Ides  OEuvres  de  Cabanis. 

CABANis-JONYAL  {Pierre  ),  littérateui-  fran- 
çais, né  à  Alais  vers  1725,  mort  à  Bruxelles  en 
1780.  Après  avoir  rédigé  la  Feuille  nécessaire, 
journal  fondé  depuis  1759  et  devenu  depuis 
l'Avant-Coureur,  il  parcourut,  à  la  suite  d'Hel- 

(1)  Tome  V  de  l'édition  des  OEuvres  complètes  de  Ca- 
banis, donnée  par  M.  Tburot  ;  Paris,  11813-1825.  (  Firmin 
Dldot.) 


vétius,  la  France  et  l'étranger,  pour  arrêter  la 
circulation  du  livre  de  l'Esprit,  à  la  suite  du 
scandale  causé  par  cette  publication.  Le  reste  de 
la  vie  de  Cabanis  se  passa  en  voyages.  On  a  de 
lui  :  les  Erreurs  instructives,  ou  Mémoires  du 
comte  de...,  3  parties  in-12  (Paris,  1765),  pu- 
bliées sous  le  voile  de  l'anonyme. 

Biographie  universelle  (édit.  belge) 

CABARRUS  {François,  comte  de),  célèbre 
fmancier,  néen  1752,  mortle27  avril  1810.  Il  était 
fils  d'un  négociant  de  Bayonne,  qui  faisait  beau- 
coup d'affaires  avec  l'Espagne.  Dans  sa  jeunesse, 
il  fut  envoyé  chez  un  nommé  Galabert,  correspon- 
dant de  son  père  à  Saragosse.  H  plut  à  la  fille  de 
ce  négociant,  et,  quoique  âgé  à  peine  de  vingt 
ans,  il  l'épousa.  Pour  l'établir,  son  beau-père  lui 
donna,  aux  environs  de  Madrid ,  une  fabrique  de 
savon  à  diriger.  Le  jeune  Cabarrus,  non  content 
de  cette  occupation ,  porta  son  attention  sur  les 
finances  de  l'État,  et  déploya  devant  les  savants 
de  la  capitale  des  vues  alors  encore  nouvelles  en  ' 
Espagne.  Bientôt  il  se  trouva  lié  avec  tous  les 
hommes  éclairés  qui,  sous  le  règne  de  Charles  in, 
cherchaient  à  tirer  l'Espagne  de  la  routine  où  elle 
croupissait.  On  le  jugea  bon  financier,  et  on' mit 
à  exécution  son  plan  d'une  émission  de  valès 
ou  bons  royaux;  ce  fut  la  cause  de  son  éléva- 
tion. En  1782  on  lui  confia  la  direction  d'une 
banque  dont  il  avait  également  conçu  le  plan ,  et 
qui  prit  le  nom  de  banque  de  Saint-Charles. 
Cette  banque  eut  d'abord  un  grand  succès,  et 
son  auteur  était  en  quelque  sorte  appelé  à  jouer 
le  rôle  que  Law  avait  autrefois  joué  en  France. 
Trois  ans  après,  Cabarrus  fit  instituer  la  com- 
pagnie pour  le  commerce  des  Philippines.  Il  y 
eut  beaucoup  d'engouement,  même  en  France , 
pour  les  actions  des  deux  entreprises  ;  et  c'est 
ce  qui  détermina  Mirabeau  à  éclairer  le  public 
sur  leur  valeur.  Le  pamphlet  de  l'orateur  finan- 
çais porta  un  coup  sensible  au  crédit  des  deux 
institutions  dues  à  Cabarrus.  Ayant  été  appelé 
dans  le  conseil  des  finances ,  celui-ci  aurait  pro- 
bablement provoqué  d'importantes  réformes 
dans  les  finances  de  l'Espagne ,  au  moins  à  en 
juger  par  les  écrits  qu'il  publia  sur  cet  objet; 
mais  Charles  111,  dont  le  règne  avait  été  signalé 
par  tant  de  mesures  utiles  pour  l'État,  vint  à 
mourir.  Cabarrus  prononça  son  éloge  dans  la 
Société  économique  de  |Madrid,  et  signala  dans 
ce  discours  toutes  les  réformes  dues  au  feu]roi , 
l'établissement  de  la  liberté  du  commerce  des 
grains,  les  fondations  des  sociétés  économiques, 
l'abolition  des  jésuites,  enfin  les  améliorations 
financières.  Malheureusement  le  successeur  de 
Charles  DI  retomba  sous  l'influence  de  l'obscu- 
rantisme; les  hommes  qui  avaient  eu  du  pouvoir 
sous  le  règne  précédent  encoururent. sa  disgrâce, 
et  devinrent  même  suspects.  Cabarrus  n'échappa 
point  à  cette  persécution.  Accusé  de  malversa- 
tions, il  fut,  en  1790,  jeté  en  prison,  et  resta  en- 
fermé pendant  deux  ans.  Pour  se  justifier,  il 
adressa  au  prince  de  la  Paix  plusieurs  lettres 


CABARRUS  —  CABASSUT 


16 


(ju'il  a  rendues  publiques  dans  la  suite.  On  sentit 
enfin,  peut-être  parce  qu'on  avait  besoin  de  lui , 
le  tort  qu'on  avait  eu  à  son  égard.  Le  roi  fit  dé- 
clarer son  innocence  par  un  jugement,  lui  pro- 
mit une  indemnité  de  six  millions  de  réaux,  le 
créa  comte,  et  l'employa  à  diverses  missions, 
principalement  au  congrès  de  Rastadt.  On  vou- 
lut l'accréditer  aussi  en  qualité  d'ambassadeur 
auprès  du  Directoire  de  la  république  française  ; 
mais  il  ne  fut  pas  reconnu ,  attendu  que  le  Di- 
rectoire déclara  ne  pouvoir  admettre  im  Fran- 
çais de  naissance  pour  représentant  d'une  puis- 
sance étrangère.  Il  fut  envoyé  alors  en  Hol- 
lande. Il  ne  figura  point  dans  la  révolution  qui 
fit  tomber  Charles  rV  du  trône;  mais  lorsque 
Napoléon  eut  fait  installer  son  frère  Joseph  sm' 
ce  trône,  le  comte  de  Cabarrus,  recommandé  à 
la  fois  par  sa  qualité  de  Français  et  par  ses  gran- 
des connaissances  relativement  à  la  situation  de 
l'Espagne,  fut  appelé  au  ministère  des  finances. 
Ce  n'était  pas  un  temps  favorable  pour  mettre 
au  grand  jour  les  talents  d'un  homme  d'État. 
Cabarrus  ne  put  que  recourir  aux  expédients 
pour  soutenir  le  trésor  d'un  roi  chancelant.  Sa 
santé  se  dérangea,  et  il  mourut  en  1810,  peu  de 
temps  avant  l'expulsion  de  la  nouvelle  dynastie. 
Pendant  qu'il  était  en  grand  crédit  à  la  cour  de 
Charles  ni,  il  avait  marié  sa  fille  à  M.  de  Fonte- 
uey,  conseiller  au  parlement ,  quoiqu'elle  eût  été 
demandée  par  le  prince  de  Listenay.  Elle  est  de- 
venue célèbre,  dans  la  suite,  sous  le  nom  de  ma- 
dame Tallien.  [  M.  Depping,  dans  ÏEnc.  des  g. 
du  m.  ] 

Arnault,  Jay  ,  etc..  Biographie  nouvelle  des  Contem- 
porains,— Galerie  historique  des  Contemporains. 

CABASILAS  {Neil  ou  Nicolas) ,  théologien 
grec,  vivait  dans  la  première  moitié  du  quator- 
zième siècle.  Adversaire  déclaré  des  doctrines  de 
l'Église  latine,  dont  les  écrivains  l'ont  vivement 
critiqué  pendant  que  ceux  de  l'Église  grecque  et 
même  les  protestants  luiontdonné  de  grands  élo- 
ges, il  fut  archevêque  de  Thessalonique.  On  a  de 
lui  :  llepl  Twv  aîxttov  Tyjç  èY.y.'kr\c:ia.(ni%ri<;  ôtafffà- 
«jecùç  ;  Londres,  sans  date;  —  Hepl  t^ç  àpx%  toO 
TKXTta,  publié  pour  la  première  fois  avec  la  tra- 
duction latine  de  Flaccus  à  Francfort,  1555, 
in-8°,  et  Hanovre,  1608,  in-8°,  avec  les  œuvres 
de  Barlaain.  Fabricius  donne  la  liste  des  oeuvres 
inédites  de  Neil  Cabasilas. 

Fabricius,  Bibl,  grxc.  —  Wharton,  append.  à  VHist. 
litt.  de  Cave. 

CABASILAS  (Nicolas),  archevêque  de  Thes- 
salonique, neveu  et  successeur  du  précédent, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quatorzième 
siècle.  Après  avoir  débuté  par  de  hautes  fonc- 
tions à  la  cour  de  Constantinople ,  il  fut  envoyé 
en  1346,  par  Jean,  patriarche  de  Constantinople, 
vers  l'empereur  Cantacuzène,  pour  l'engager  à 
résigner  le  pouvoir  impérial.  L'année  suivante,  il 
fut  député  par  Cantacuzène  lui-même  vers 
l'impératrice  Anne,  pour  lui  faire  savoir  dans 
(|uels  termes  il  entendait  conclure  la  paix  avec 


elle.  On  a  de  ce  prélat;  'Epixïiveta  xeç^Xeitioviç , 
publié  pour  la  première  fois  en  latin  par  G.  Her- 
vet  à  Venise,  1548,  in-8°,  et  à  Paris,  1560, 
par  J.-S.  André  et  F.-C.  de  Sainctes.  L'original 
grec  a  été  publié  en  1624,  dans  le  supplément 
à  la  Bibliothèque  des  Pères.  L'édition  latine 
de  Pontanus,  Ingolstadt,  1604,  in-4°,  contient 
d'autres  œuvres  de  Nicolas  Cabasilas,  entre  autres 
un  sermon  contre  l'usure.  L'original  grec  de  ce 
sermon  a  été  publié  par  Hœschel  en  1595,  et  en 
1604,  in-4''.  Les  autres  ouvrages  de  Nicolas  Ca- 
basilas se  trouvent  énumérés  dans  Fabricius. 

Fabricius,  Bihl.  Grœca.  —  Bibliotheca  Patrum, 
tome  XXVI.  —  Wharton,  Append.  à  Cave,  Histoire  litt. 

*  CABASSi  (Jérôme),  littérateur  italien,  né  à 
Carpi,  vivait  vers  le  commencement  du 'dix-hui- 
tième siècle.  On  a  de  lui  :  la  Troade  di  Se- 
neca,  fradoita  in  versi  sciolti;  Carpi,  1707, 
in-8°. 

Paitoni,  Bibl.  degli  Autori  vulgari.  '. 

*  CABASSI  (Margherita),  peintre,  née  à  Carpi, 
dans  le  duché  de  Modène,  en  1663;  morte  enl734. 
Elle  excella  dans  le  genre  comique. 

E.  B— N. 
Tiraboschi,  P'ite  degli  Arteflci  Modenesi.  —  Lanzi 
Storia  pittorica. 

CABAssoi^E  '(Philippe  de),  prélat  français, 
chanceher  de  Sicile,  patriarche  de  Constanti- 
nople, cardinal  et  légat,  né  à  Cavaillon,  comtat 
Venaissin,  en  1305;  mortàPérouse  en  1371.  Ce 
savant  et  habile  pi-élat  remplit  avec  sagesse  plu- 
sieurs missions  importantes  en  Italie  et  en  Alle- 
magne. Il  était  fort  lié  avec  Pétrarque.  Ce  fut  Ca- 
bassole  qui,  en  1353,  dans  son  château  de  Vau- 
cluse,  recueillit  la  bibliothèque  laissée  par  le  poète 
dans  sa  maison  pendant  un  de  ses  voyages  en 
Italie.  Ce  fut  à  lui  que  Péti'arque  envoya  et  dédia, 
en  1366,  son  Traité  de  la  vie  solitaire,  résumé 
de  leurs  entretiens  à  Vaucluse.  Enfin,  l'illustre 
poète  a  fait  lui-même  l'éloge  de  son  ami  en  ces 
mots  :  «  C'était,  dit-il,  un  grand  homme,  à  qui 
«  l'on  a  doimé  un  petit  évêché.  ■»  Le  corps  de 
Cabassole,  transporté  en  France,  fut  enterré 
dans  l'égUse  de  la  Chartreuse  de  Bonpas ,  où 
son  mausolée  se  voyait  encore  en  1791. 

Moréri,  Dict.  hisC.  —  Pétrarque,  liv.  II,  6p.  1  et  2. 

CABASSUT  (Jean),  oratorien  et  historien 
français,  né  à  Aix  en  1604,  mort  en  1685.  Il  suivit 
à  Rome,  en  1660,  le  cardinal  de  Grimaldi,  ar- 
chevêque d'Aix.  Pendant  les  dix-huit  mois  qu'il 
y  demeura,  il  recueillit  les  matériaux  des  ouvrages 
suivants  :  Notitia  conciliorum  ;  1685,  in-fol.  : 
c'est  un  abrégé  de  la  collection  des  conciles  ;  — 
Juris  canonici  theoria  et  praxis  ;  Lyoa,  1675, 
in-4°;  Poitiers,  1738,  in-fol.  ;  Venise,  1757,  in-fol.  ; 

—  Horœ  suhsïcivse,  résolvant  diverses  ques- 
tions ecclésiastiques.  Cabassut  a  laissé  (  partie 
en  manuscrit)  :  un  traité  de  Nugis  curialium; 

—  des  sermons;  —  la  Vie  de  sainte  Marie- 
Madeleine,  2.  vol.  ;  —  un  traité  sur  V  Usure. 

Sainte-Marthe,  Gall.  Christian.  —  Trlzon,  Gall.  pur- 
pur.  —  Balu7.c,  Vitœ  pap.  Aven.,  1. 1.  —  Dupin,  BibL  ceci 
du  dix-septième  siècle,  partie  3*. 


17 


CABAT  —  CABESTAING 


18 


*CABiii'  (Jjmis- Nicolas) y  paysagiste  fran- 
çais, né  à  Paris  le  24  décembre  1812.  Il  eut  pour 
maitre  M.  Fiers.  Il  exposa  aux  salons  de  1833, 
1834  et  1835,  divers  paysages,  dont  plusieurs  fu- 
rent acquis  par  le  roi  Louis-Philippe  et  par  le 
duc  d'Orléans.  En  1840,  il  produisit  quatre  œu- 
vres, dont  trois  vraiment  importantes  :  le  Sa- 
maritain, paysage  historique  de  grande  dimen- 
sion et  d'un  talent  de  premier  ordre  ;  le  Jeune 
Tobie  présenté  par  l'ange  à  Raguel;  une  Vue 
dît  lac  Némi  (environs  de  Rome),  appartenant 
l'un  et  l'autre  au  duc  d'Orléans  ;  et  une  Vue 
de  forêt.  En  1841,  il  n'exposa  que  deux  petits 
paysages,  et  son  nom  ne  reparut  au  livret  du 
salon  qu'en  1846,  pour  deux  petites  vues  prises 
l'une  sur  les  bords  d'un  fleuve  (  le  Repos  ) ,  et 
l'autre  près  d'un  ruisseau  dans  la  haute  Vienne. 
En  1852,  il  n'avait  qu'une  petite  toile,  un  Soir 
d'Automne;  mais  en  1853,  il  a  usé  de  tousses 
droits  en  exposant  trois  œuvres  :  Bords  de  la 
rivière  d'Argas  (Normandie),  Chasse  au  san- 
glier, et  Soleil  couchant.  Sa  première  manière, 
exaltée  par  les  uns  et  vivement  critiquée  par 
les  autres,  a  fait  école  paimi  les  jeunes  artistes; 
cependant  il  l'a  modifiée  depuis,  et  de  réaliste 
qu'il  était  il  s'est  fait  imitateur,  au  détriment  de 
la  réputation  acquise  par  son  début. 

J.-F.  D. 

*CABEDO  {Antoine),  ecclésiastique  portugais 
et  en  même  temps  poète  latin,  issu  d'une  bonne 
famille  de  Sétubal,  vivait  dans  le  seizième  siècle. 
Il  fut  reçu  à  Coimbre  docteur  du  droit  canon; 
mais  il  mourut  bientôt  après,  à  peine  âgé  de 
vingt-cinq  ans.  On  a  de  lui  des  poèmes,  dont 
quelques-uns  furent  publiés  à  Rome,  1587,,in-8<' 
(avec  les  Antiquit.  Lusit.  d'André  Resende). 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

CABBEDO  ou  CABEDO  D£  Yasconcellos  (Mi- 
chel), poète  et  jurisconsulte  portugais,  né  à  Sé- 
tubal en  1525,  mort  à  Lisbonne  en  avril  1577. 
Il  étudia  à  Toulouse,  à  Bordeaux  et  à  Coïmbre  ;  et, 
après  s'être  appliqué  à  la  jurisprudence,  il  rem- 
plit de  hautes  fonctions  à  Lisbonne.  On  a  de  lui 
des  poésies  héroïques  ;  une  traduction  latine  du 
Plutus  d'Aristophane;  Paris,  Vascosan,  1547. 

Antonio,  Biblioth.  Hispananova. 

GÂBBEDO  ou  CABEDO  (Georgc),  fils  du  pré- 
cédent, jurisconsulte  portugais,  né  en  1559,  mort 
le4  mars  1604.  Déjà  chanceUer  du  royaume  avant 
la  réunion  des  deux  couronnes  d'Espagne  et  de 
Portugal,  il  devint  alors  membre  du  conseil  d'État 
deMadrid  pour  le  royaume  de  Portugal.  On  a  de 
lui  :  Decisiones  Lusitanias  senatus,  repartie; 
Lisbonne,  1 602,  in-fol.,  et  Francfort,  1646  ;  2®  par- 
tie, 1604;  Francfort,  1646.  Cette  collection,  en- 
treprise par  ordre  de  Philippe  H,  était  destinée  à 
appuyer  les  prétentions  du  roi  d'Espagne  à  la  sou- 
veraineté du  Portugal  après  la  mort  du  cardinal 
Henri  ;  —  De  Patronatibus  ecclesiarum  regiae 
coronec  Lusitaniae;  1603,  in-4''. 

Moréri ,  Dictionnaire  historique. 

CABELiAN  {Abraham),  négociant  suédois. 


d'origine  hollandaise,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Venu  en  Suède  sous 
le  règne  de  Charles  IX,  il  fonda  avec  plusieurs  de 
ses  compatriotes  le  commerce  de  la  nouvelle 
ville  de  Gothembourg  :  Gustave-Adolphe  lui  confia 
la  direction  des  pêcheries  et  des  compagnies 
commerciales.  Cabelian  se  montra  reconnaissant 
des  bienfaits  de  sa  nouvelle  patrie  ;  et,  lorsque  la 
Suède  allait  être  envahie  par  le  roi  de  Danemark 
Christian  IV,  il  défendit  les  côtes  avec  une  es- 
cadre équipée  à  ses  frais,  de  môme  qu'il  arma  et 
fit  venir  à  Stockholm  un  corps  d'armée.  Sa  fille, 
Marguerite  Cabelian,  eut  de  Gustave-Adolphe  un 
fils  qui  porta  le  nom  de  comte  de  Vasaborg. 
Gtyn.Hist.  de  Suède. 

*cABERO  {François-Garcia),  médecin  et 
littérateur  espagnol,  vivait  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  quelques 
écrits  polémiques  (en  espagnol),  touchant  le 
Théâtre  critique  de  Feijoo  ;  —  Institutio 
nés  di  Albeiteria  y  examen  de  Practicantcs  ; 
Madrid,  1728,  1748,  1750,  1756  (toutes  ces  édi- 
tions in-4°). 
Carrère,  Bibl.  de  la  Médec. 

CABESTAING  OU  :  CABESTAN  {Guillaume 
he)  ,  troubadour  provençal,  selon  Papon  et  Nos- 
tradamus  ;  roussillonnais,  s'il  en  faut  croire  Mil- 
lot.  H  vivait  vers  la  fin  du  douzième  siècle.  Gen- 
tilhomme sans  fortune,  il  fut  agréé,  tout  jeune 
encore,  pour  varlet  par  Raymond  de  Castel- 
Roussillon,  qui  en  fit  ensuite  le  donzel  { écuyer) 
de  madame  Marguerite,  sa  femme.  Spirituel,  en- 
joué, d'une  figure  agréable,  il  fut  bientôt  l'objet 
de  l'amour  de  la  noble  et  jeune  châtelaine,  qui 
fut  parfaitement  payée  de  retour.  Cabestaing 
chanta  sa  passion  ;  mais  il  est  moins  connu  par  ses 
poésies,  empreintes  cependant  de  grâce  et  de 
naiveté,  que  par  la  tragique  aventure  qui  mit  fin 
à  ses  jours.  A  en  juger  par  le  couplet  suivant, 
dont  nous  reproduisons  la  traduction ,  la  dame 
de  Castel-Roussillon  méritait  bien  tous  les  hom- 
mages du  poète  : 

«  Depuis  qu'Adam  cueiUit  sur  l'arbre  fatal  la 
pomme  qui  causa  les  malheurs  du  genre  humain, 
le  souffle  de  Dieu  n'a  point  animé  une  aussi 
parfaite  créature  :  toutes  les  formes  de  son  corps 
sont  d'une  proportion  et  d'une  élégance  ravis- 
santes ;  il  offre  une  blancheur,  une  délicatesse, 
un  éclat  qui  le  disputent  à  l'améthyste.  La  beauté 
de  ma  dame  est  si  grande  que  je  m'en  attriste, 
pensant  que  je  ne  mérite  point  qu'elle  s'occupe 
de  mes  hommages.  « 

Cette  fervente  expression  d'amour  frappa  sans 
doute  le  seigneur  de  Castel-Roussillon.  Averti  de 
ce  qui  se  narrait  dans  le  voisinage,  Raymond  eut 
des  soupçons;  il  alla  trouver  Cabestaing  un  jour 
que  le  jeune  écuyer  était  à  la  chasse  à  l'épervier, 
et  lui  demanda  le  nom  de  sa  dame.  Avouer  le 
fait  était  impossible  :  le  tioubadour  crut  tout 
sauver  en  compliquant  l'intrigue.  C'est  la  belle 
Agnès,  la  sœur  de  madame  Marguerite,  qu'il  aime, 
dit-il;  et  Raymond  se  trouve  rassuré,  heureux 


19 


GABESTAING  —  CABET 


20 


qu'il  est  du  malheur  d'autrui,  puisque  madame 
Agnès  est  la  femme  de  Robert  de  Tarascon.  La 
généreuse  dame,  toute  dévouée  à  sa  sœur,  se 
garde  de  détromper  le  jaloux  châtelain,  qui  lui 
fait  visite;  elle  multiplie  les  apparences  qui 
peuvent  le  confirmer  dans  sa  sécurité.  Elle  va 
plus  loin  :  elle  fait  entrer  Robert  de  Tarascon, 
son  mari,  dans  ce  complot  du  dévouement.  Mal- 
heureusement elle  n'a  pas  calculé  avec  la  passion 
de  sa  sœur.  Instruite  par  Raymiond  du  prétendu 
amour  de  Cabestaing  pour  Agnès,  madame 
Marguerite  a  uue  violente  explication  avec  son 
amant.  Aveuglée  par  la  jalousie,  elle  exige  que, 
dans  une  chanson ,  il  déclare  qu'il  n'aime  et  n'a 
jamais  aimé  qu'elle  seule.  Le  pauvre  trouoadour 
n'ose  se  refuser  au  désir  de  sa  maîtresse.  Il  com- 
pose donc  et ,  selon  l'usage  des  troubadours , 
adresse  au  mari  lui-même  ce  chant  accusateur. 
Cette  fois  le  doute  n'est  plus  possible,  et  Raymond 
ne  songe  plus  qu'à  la  vengeance.  Il  emmène  Ca- 
bestaing loin  du  château,  le  poignarde,  lui 
coupe  la  tête  et  lui  arrache  le  cœur.  Au  retour, 
il  remet  ce  cœur  à  son  cuisinier,  lui  ordonne  de 
l'accommoder  en  manière  de  venaison  ;  puis  il  le 
fait  servir  à  sa  femme,  qui  lu«  avoue  que  .)nques 
elle  ne  mangea  de  mets  plus  délicat.  Présentant 
alors  la  tête  sanglante  de  Cabestaing  à  daine 
Marguerite,  le  terrible  châtelain  lui  apprend  quel 
horrible  repas  elle  vient  de  faire.  Elle  s'évanouit 
de  désespoir;  puis,  reprenant  ses  sens,  elle  s'écrie  : 
«  Oui,  sans  doute,  j'ai  trouvé  ce  mets  si  délicieux 
que  je  n'en  mangerai  jamais  d'autres,  pour  n'en 
pas  perdre  le  goût.  »  Cette  fois  la  fureur  de  Ray- 
mond ne  connaît  plus  de  bornes.  Il  court  à  Mar- 
guerite l'épée  à  la  main  :  elle  fuit,  se  précipite 
d'un  l)alcon,  et  se  tue. 

Le  bruit  de  ce  drame  tragique  se  répandit  dans 
les  pays  voisins  ;  et  quoique,  il  faut  bien  le  dire, 
la  jalousie  de  Raymond  fût  assez  naturelle,  les 
mœurs  chevaleresques,  indignées  d'un  dénoûment 
si  féroce,  se  prononcèrent  contre  lui.  Les  seigneurs 
du  Roussillon  et  de  la  Cerdagne,  unis  aux  parents 
des  deux  victimes,  se  liguèrent,  et  ravagèrent  les 
terres.de  Raymond.  Il  fut  arrêté  dans  son  château 
par  le  roi  Alphonse,  son  suzerain,  qui  le  dé- 
pouilla de  ses  biens,  l'emmena  prisonnier,  et  fit 
faire  de  magnifiques  funérailles  à  Cabestaing  et  à 
sa  dame.  Ils  furent  mis  dans  uu  même  tombeau 
devant  une  éghse  de  Perpignan.  On  y  grava 
leur  histoire,  et,  longtemps  encore  après,  les  che- 
valiers et  les  dames  du  pays  venaient  annuelle- 
ment à  Perpignan  assister  au  service  solennel 
en  l'honneur  des  deux  infortunés  amants.  C'est 
sans  doute  à  cette  fin  déplorable  de  Cabestaing 
que  l'auteur  du  roman  de  la  Dame  du  Fayel  a 
emprunté  son  livre,  écrit  vers  1228.  On  répugne 
à  croire,  disent  fort  justement  les  auteurs  de 
YHistoire  littéraire,  qu'un  pareil  trait  de  féro- 
cité ait  pu,  même  dans  ces  siècles  barbares, 
être  répété  deux  fois,  et  à  si  peu  d'intervalle. 
On  se  rappelle  que  Boccace  raconte  l'aventure 
de  Cabestaing  dans  sa  Quatrième  journée.  Les 


poésies  de  ce  troubadour  se  trouvent  au  nombre 
de  sept  à  la  Bibliothèqueimpériale,  sous  le  n"  7698  : 
cinq  d'entre  elles  ont  été  imprimées  dans  le  re- 
cueil de  M.  Raynouard. 

V.   ROSENWALD. 

Raynouard,  Choix  de  Poésies  orig.  des  Troubadours, 
t.  II.  —  La  Curne  Sainte«Palaye.  —  Millot,  Hist.  litt.  des 
Troubadours.  —  Uist.  litt.  de  la  Pr.,  XIV. 

*  CABET  (^^ieHwe),  chef  de  communistes,  né  à 
Dijon  le  2  janvier  1788.  Si  son  père,  tonnelier  de 
profession,  ne  lui  laissa  pas  de  patrimoine,  il  par- 
vint cependant  à  lui  procurer  le  bienfait  d'une 
éducation  libérale  ;  et  son  fils  put  s'inscrire  au  bar- 
reau de  sa  ville  natale ,  mais  sans  y  trouver  la 
fortune  qui  lui  manquait.  Le  19  août  1816,  il 
figura  comme  avocat  dans  le  procès  politique 
qui  fut  fait  au  général  Veaux  et  à  d'autres  ci- 
toyens de  ce  pays,  sous  prétexte  de  conspira- 
tion contre  la  dynastie  restaurée  des  Bourbons. 
Le  général  fut  acquitté  avec  les  autres,  et  se  sui- 
cida l'année  d'après  (1817),  à  cinquante-trois  ans. 
M.  Cabet  s'était  signalé  par  une  ardeur  un  peu 
âpie  dans  la  défense,  et  se  crut  obligé  de  quitter 
le  barreau  de  Dijon.  Il  vint  à  Paris  à  trente  ans, 
mais  ne  put  se  faire  un  nom  parmi  les  avo- 
cats delà  capitale.  Il  dirigea  quelques  années Tad- 
ministration  du  Journal  de  Jurisprudence  de 
M.  Dalloz,  et  essaya  ensuite ,  mais  sans  succès , 
d'organiser  une  agence  d'affaires.  A  l'époque  de 
la  révolution  de  1 830 ,  il  ne  comptait  que  dans 
les  rangs  secondaires  de  l'opposition  libérale.  1! 
se  vantait  d'avoir  été  un  membre  actif  de  la  so- 
ciété des  carbonari.  Son  austérité  et  sa  persé- 
vérance l'avaient  fait  remarquer.  Le  premier  mi- 
nistre de  la  justice  de  cette  époque,  M.  Dupont 
de  l'Eure,  eut  assez  de  confiance  dans  son  passé 
et  dans  le  témoignage  de  ses  amis  pour  l'éievcr 
subitement  au  rang  de  procureur  général.  La 
Corse  était  sa  destination.  M.  Cabet  ne  croyait  pas 
que  la  révolution  de  cette  époque  eût  assez  fait 
en  donnant  à  la  France  une  charte  plu.s  libérale 
que  celle  octroyée  par  Louis  XVIII,  et  pour  roi 
un  prince  éclairé,  né  près  du  trône,  et  résolu  à 
faire  prévaloir  les  institutions  monarchiques 
contre  la  république,  dont  le  nouveau  procu- 
reur général,  malgré  ses  serments ,  se  préoccu- 
pait déjà,  ainsi  qu'une  minorité  peu  nombreuse. 
Il  hésita  même  à  se  rendre  à  son  poste,  quelque 
avantageux  qu'il  fût  à  son  obscurité ,  sous  pré- 
texte qu'on  verrait  bientôt  une  révolution  plus 
complète.  On  avait  déjà  accusé  son  absence  à 
la  tribune  parlementaire ,  à  cause  des  troubles 
survenus  en  Corse  :  il  fallut  qu'il  quittât  le  petit 
cercle  qu'il  ameutait  contre  le  gouvernement.  A 
peine  arrivé  à  Bastia,  M.  Cabet  prononça  un  dis- 
cours officiel,  dans  lequel  il  reprochait  à  la  charte 
la  forme  dans  laquelle  elle  avait  été  votée  par 
les  chambres,  et  ses  lacunes  prétendues.  Un 
tel  langage  ne  pouvait  être  toléré  dans  la  bouche 
d'un  des  principaux  organes  du  gouvernement» 
Le  nouveau  ministre  de  la  justice,  M.  Bartlie, 
fit   prononcer  sa  révocation  le  31  mai  1831, 


21 


CABET 


22 


M.  Cabet  se  mit  aussitôt  sur  les  rangs  pour  la  Ré- 
putation dans  son  pays  natal;  il  fut  élu,  le  6  juil- 
let, par  le  deuxième  collège  électoral  de  l'arron- 
dissement de  Dijon,  par  préférence  au  marquis 
de  Chauvelin ,  qui  cependant  avait  été  l'un  des 
principaux  champions  de  l'opposition  sous  le 
gouvernement  déchu;  tant  les  majorités  sont 
changeantes  au  souffle  des  révolutions  ! 

Dans  la  chambre  des  députés ,  où  il  fut  reçu 
le  25  juillet ,  sans  justification  de  la  propriété 
qui  seulepouvaitlerendreéliglble,M.  Cabet  con- 
sulta plus  son  ardeur  que  ses  forces  oratoires,  et 
se  montra  aussi  hostile  qu'il  le  put  au  pouvoir 
(jui  l'avait  disgracié  :  il  ne  se  contenta  pas  de 
parler  à  la  tribune  ;  il  publia  une  multitude  de 
pamphlets  aujourd'hui  oubliés,  une  Histoire 
(prétendue)  de  la  Révolu  tion  de  1 830,  et  un  jour- 
nal ultra-démocratique  appelé  le  Populaire,  il 
fut  poursuivi ,  avec  l'autorisation  de  la  chambrCj 
pour  offense  envers  le  roi,  déclaré  coupable 
par  le  jury,  et  condamné,  le  13  février  1834,  à 
deux  ans  de  prison  et  à  une  forte  amende.  11 
ne  voulut  pas  exécuter  l'arrêt  de  la  justice,  et 
préféra  s'exiler  pendant  cinq  ans  pour  prescrire 
sa  peine.  II  se  retira  en  AngleteiTe,  où,  dans  son 
dénûment,  il  fut  soutenu  quelque  temps  par  les 
souscriptions  de  ses  anciens  collègues.  C'est  là 
qu'il  eut  connaissance  d'une  utopie  socialiste 
renfermée  dans  le  voyage  simulé  d'un  lord  W.  Ca- 
risdall  en  Icarie,  qui  a  été  plus  tard  (11  janvier 
1840)  publié  (1)  à  Paris,  avec  une  traduction 
par  Fr.  Adams.  M.  Cabet  en  fit  un  extrait  à  sa 
façon  pour  l'approprier  aux  goûts  des  ouvriers 
français,  pour  lesquels  il  avait  une  sympathie  na- 
turelle, et  le  publia  en  mars  1842  sous  le  titre 
de  Voyage  en  Icarie,  roman  philosophique  et 
social  (2).  D  lui  donna  alors  le  titre  de  2^  édi- 
tion avec  assez  de  raison;  car  précédemment 
(1841)  il  avait  publié  douze  lettres  d'un  commu- 
niste à  un  réformiste. 

Cette  époque  est  celle  où  il  se  montra  le  plus 
fécond;  il  avait  profité  de  l'amnistie  de  1839 
pour  rentrer  en  France;  bientôt  (1840)  il  publia 
4  vol.  d'une  Histoire  de  la  Révolution  de  1789, 
aussi  mal  écrite  qu'exagérée  dans  ses  jugements. 
11  était  si  exalté  dans  son  républicanisme, 
qu'il  ouvrit  une  attaque  vive  et  longtemps  pro- 
longée contre  les  écrivains  du  journal  le  Na- 
tional, qu'il  accusait  d'égarer  les  patriotes.  Il 
était  alors  très-discrédité  parmi  les  hommes  po- 
litiques, même  dans  son  parti;  mais  il  obtenait 
obscurément^quelques  succès  dans  les  bas-fonds 
de  la  société. 

Le  censeur  le  plus  modéré  des  réformateurs 
contemporains, M.  Reybaud  (3),  dit,  en  parlant  du 
Voyage  en  Icarie  de  Cabet  :  «  C'est  un  Anglais 
qui  a  découvert  ce  continent  merveilleux.  Il  est 
le<  héros  d'un  récit  dans  lequel  Buonarotti  et  Mo- 
rus ,  Fénelon  etCampanella  se  donnent  la  main. 

(1)  2  vol.  in-8«. 

(ïj  Un.  petit  vol.  de  t7  à  18  feuilles. 

(3)  lS48j  S«  édition,  tom.  II,  p.  128. 


L'îcarie  doit  sou  bonheur  au  pontife  Icar,  qui 
a  un  faux  air  de  famille  avec.  l'Ulopiis  du  clian- 
celier  d'Angleterre  ;  il  est  mort  quand  lord  Ca- 
risdall  arrive  à  Icara.  200  guinées  sutïisent  pour 
défrayer  le  voyageur  pendant  son  séjour,  le  gou- 
vernement lui  devant  nourriture,  logement,  et 
les  raffinements  de  la  vie  locale.  On  le  transporte 
dans  des  voitures  à  deux  étages  ;  on  le  promène 
en  ballon.  Il  n'y  a  ni  boue  ni  poussière  dans  les 
rues  d'Icara,  qui  sont  sillonnées  de  chemins  de 
fer.  Tout  le  monde  a  droit  au  transport  en  com- 
mun. Les  piétons  cheminent  sous  des  arcades.  Lf»s 
chiens  sont  bridés  et  muselés ,  et  rempliasent 
d'ailleurs  tous  leurs  devoirs  envers  l'homme.  Le 
pavé  n'appartient  ni  aux  ivrognes  n\  aux  courti- 
sanes. On  n'y  connaît  pas  la  débauche;  mais  on 
y  trouve  des  indispensables  pour  les  femmes  et 
pour  les  hommes,  où  la  pudeur  cent  entrer  sins 
rien  craindre  ni  pour  elle-mêm.e  ni  pour  la  dé- 
cence publique.  C'est  l'État  qui  fait  tout.  Il  est 
imprimeur,  boulanger,  boucher,  restaurateur  ;  il 
possède  des  ateliers  en  tout  genre.  Les  aliments 
sont  réglés  par  la  loi ,  l'ordinaire  voté  par  les 
chambres.  Il  y  a  des  cnisiniers  nationaux.  L'î- 
carie admet  les  femmes  à  l'exercice  de  la  chirur- 
gie et  de  la  médecine.  Les  malades  sont  soigné.-, 
dans  les  hôpitaux.  Il  n'y  a  pas  d'inlirir.es,  tant  on 
a  soin  de  croiser  lec  races.  La  brune  est  unie  à 
un  blond ,  le  blond  à  une  brune  ;  le  montagnard 
épouse  la  fille  des  plaines,  l'homme  du  nord  la 
vierge  du  midi.  La  loi  a  tout  prévu,  jusqu'au  le- 
ver et  au  coucher.  Dinaros,  un  sage  d'icarie, 
donne  ses  leçons  sur  les  bords  du  fleuve  Tayr, 
et  enrôle  tous  les  hommes  célèbres  anciens  etcon- 
temporaùis  parmi  les  Icaiiens  de  conviction.  » 

Ce  livre  est  d'ailleurs  très-mal  écrit;  ce  qui 
ne  l'a  pas  empêché  d'avoir  cinq  éditions  de  1842 
à  1848.  Depuis  1844,  M.  Cabet  y  a  joint  chaque 
année  l'almanach  Icarien,  pom*  y  enregistrer  les 
progrès  de  sa  secte. 

En  1847,  ses  partisans  le  pressèrent  de  réali- 
ser son  utopie.  Il  se  i-endit  à  Londres,  où  il 
s'aboucha  avec  un  certain  Peters,  concession- 
naire d'im  immense  territoire  en  fiùche  sur 
les  bords  de  la  rivière  Rouge,  dans  les  vastes 
solitudes  du  Texas.  Il  parait  qu'il  s'assura  de  la 
rétrocession  à  bas  prix  d'un  million  d'hecta- 
res, si  au  l^""  juillet  1848  les  colons  avaient  rem- 
pli les  conditions  imposées  par  le  gouvernement. 
M.  Cabet  annonça  cette  concession  dans  son  jour- 
nal le  Populaire  les  7  et  9  janvier  1848.  Mais, 
dès  le  17  octobre  précédent ,  il  avait  réuni  150 
Icariens  sous  les  liens  d'un  traité  qui  lui  conférait 
l'autorité  absolue,  et  le  rendait  dépositaire  de  tous 
les  fonds  et  ordonnateur  de  toutes  les  dépenses. 
La  condition  fondamentale  était  que  les  asso- 
ciés se  dépouilleraient  au  profit  de  la  commu- 
nauté de  tout  leur  avoir;  et  quand  plus  tard,  au 
milieu  de  ses  démêlés  judiciaires,  il  fut  établi 
que  les  plaignants  avaient  sauvé  quelque  chose 
de  leur  naufrage,  ou  dissunulé  quelque  somme, 
M.  Cabet  s'en  plaignit  très-vivement,  même  à  la 


23 


CABET 


24 


justice.  Le  premier  départ  d'Icariens  eut  lieu  le  2 
février  1848,  avant  qu'on  eût  pu  encore  déter- 
miner le  point  précis  de  l'établissement,  et  s'être 
assuré  que  la  rivière  Rouge ,  dont  le  cours  est 
immense ,  fût  jusque-là  navigable.  Les  malheu- 
reux s'égarèrent,  et  épuisèrent  leurs  ressour- 
ces. Ils  firent  retentir  le  nouveau  monde  et  leur 
ancienne  patrie  du  récit  de  leurs  souffrances  et 
des  accents  de  leur  désespoir.  M.  Cabet  avait 
été  arrêté  en  janvier  1848,  pour  suspicion  d'es- 
croquerie, mais  remis  en  liberté.  Sur  ces  plaintes, 
un  nouveau  procès  lui  fut  suscité  à  Saint-Quen- 
tin ;  mais  une  ordonnance  de  justice  déclara  qu'il 
n'y  avait  lieu  à  suivre.  Cependant  la  révolution 
de  1848  avait  éclaté.  M.  Cabet,  qui  n'était  pas 
un  républicain  de  la  veille,  semblait  devoir  y 
jouer  un  assez  grand  rôle  ;  mais  il  n'en  fut  rien. 
On  lui  doit  cette  justice  qu'il  s'opposa  constam- 
ment aux  hommes  de  violence,  et  ne  participa 
en  rien  aux  joiu-nées  d'avril,  de  mai  ni  de  juin, 
et  qu'il  rendit  service  au  gouvernement  pro- 
visoire. Il  crut  même  sa  vie  menacée,  et  publia, 
le  22  avril  1848,  une  lettre  courageuse  à  l'adresse 
de  ceux  qui  le  menaçaient  de  mort. 

Cependant  ses  adeptes ,  parmi  lesquels  im 
second  départ  avait  eu  lieu,  le  réclamaient.  Il  fal- 
lut partir.  On  le  trouve,  le  6  janvier  1849,  écri- 
vant de  New-York  à  ses  amis  pour  les  rassurer. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  cité  en  justice  avec  son 
associé  Krolikowski ;  celui-ci  fut  acquitté,  mais 
Cabet  fut  condamné,  le  30  septembre  1849,  à  deux 
ans  de  prison,  pour  escroquerie  :  c'était  par  dé- 
faut, A  son  arrivée  au  Texas,  il  trouva  sa  com- 
munauté divisée  en  deux  camps  :  les  uns  voulaient 
la  dissoudre ,  les  autres  la  continuer,  mais  sur 
un  site  mieux  déterminé.  La  minorité  se  dispersa, 
et  avec  elle  un  médecin ,  l'homme  le  plus  capa- 
ble, qui  exerce  aujourd'hui  sa  professioaà  la  Nou- 
velle-Orléans. On  avait  appris  que  les  Mormons, 
établis  à  Nauvoo ,  sur  le  Mississipi ,  dans  l'illi- 
nois,  en  avaient  été  expulsés  en  1847,  et  que 
leur  ville  avec  son  temple  étaient  restés  déserts  : 
la  majorité  résolut  de  s'y  transporter,  et  s'y  éta- 
blit en  effet  en  mai  1850.  Cependant  la  nouvelle 
de  la  condamnation  de  M.  Cabet  avait  été  portée 
par  les  feuilles  publiques  au  sein  des  Icariens.  On 
le  voit,  dès  le  10  novembre  1849,  publier  un  mé- 
moire volumineux  pour  sa  défense  (1).  Il  ne  suf- 
fisait pas  de  se  justifier  de  loin.  La  dictature  dont 
M.  Cabet  avait  été  investi  le  2  avril  ne  le  lavait 
de  rien  :  le  l^^'mars  1850,  seize  personnes  avaient 
d'aUleurs  protesté  contre  cette  autorité  ;  on  pré- 
tendait qu'il  en  abusait  pour  supprimer  la  corres- 
pondance et  pour  imposer  silence  à  ses  adver- 
saires. Le  i"  juin  1850 ,  l'assemblée  de  Nauvoo 
protesta  à  son  tour  en  faveur  de  M.  Cabet,  et 
prétendit  que  la  dictature  résultait  des  statuts 
[irimitifs  de  la  société,  que  tous  avaient  signés  : 
on  donna  en  même  temps  au  dictateur  les  meil- 
leurs certificats  sur  l'emploi  des  fonds  qu'il  çiyait 
reçus ,  et  sur  sa  probité. 
(1)  10  feuilles  in-8°. 


M.  Cabet  se  retrouvait  à  Paris  à  la  fin  de  cette 
année,  et  publiait  sa  justification  anticipée  devant 
la  justice  (11  décembre)  (1).  Il  avait  repris  de 
la  popularité  parmi  les  démocrates  :  le  3  avril  1 850, 
il  avait  été  choisi  par  les  230  délégués  du  con- 
clave de  Paris  pour  son  premier  candidat  à  la  dé- 
putation;  mais  il  ne  fut  pas  élu  représentant. 
Cependant  le  jour  de  sa  justification  judiciaire 
était  arrivé;  la  justice  avait  dû  lui  accorder  de 
longs  délais  pour  purger  sa  contumace  involon- 
taire de  1849.  Les  charges  étaient  graves  ;  le  rap- 
port d'un  expert  qui  avait  examiné  ses  écri- 
tures étabUssait  qu'il  était  en  déficit  de  24,000 
francs  avec  son  journal;  qu'il  avait  reçu  des  Ica- 
riens plus  de  200,000  francs,  et  qu'il  ne  justi- 
fiait pas  de  ses  dépenses  pour  moitié.  Les  plaintes 
étaient  nombreuses  et  vives;  les  préventions 
étaient  immenses.  M.  Cabet  comparut  devant  la 
cour  d'appel  de  Paris  le  23  juillet  1851.  Après 
les  préliminaires  du  débat ,  il  obtint  lui-même  la 
parole ,  et  ne  parla  pas  moins  de  quatre  heures. 
Il  expliqua  combien  sa  vie  avait  été  pénible  et 
laborieuse  :  «  il  aurait  pu,  s'il  avait  été  ambi- 
tieux et  cupide ,  se  servir  de  ses  amitiés  et  des 
révolutions  auxquelles  il  avait  assisté,  pour  s'é- 
lever et  édifier  sa  fortune  ;  mais  il  avait  marié 
sa  fille  à  un  ouvrier  (il  est  vrai  qu'il  était  lui- 
même  fils  d'un  tonnelier)  ;  il  avait  mis  dans  la 
société  icarienne  tout  son  avoir  et  trois  hôtels 
à  Paris  (  s'il  a  possédé  ces  hôtels ,  il  n'en  était 
propriétaire  que  de  nom  ;  car  il  est  avéré  qu'il 
n'avait  aucune  fortune  réelle  ).  Il  soutenait  avec 
émotion  qu'il  vivait  de  privations  ;  sa  réputa- 
tion de  probité  était  son  seul  bien ,  et  il  avait 
fait  3,000  lieues  pour  reconquérir  celle  qu'on 
voulait  lui  enlever,  soutenu  des  vœux  de  toute 
sa  communauté.  Si  des  malheurs  étaient  arrivés 
aux  premiers  émigrants,  il  avait  cherché  à  re- 
tenir les  premiers  départs;  et  d'ailleurs  ces 
pertes  et  ces  souffrances  étaient  l'accompagne- 
ment obligé  de  toutes  les  colonisations.  Quant  à 
lui ,  loin  d'abuser  de  sa  dictature  nécessaire ,  il 
prenait  ses  repas  en  commun  avec  ses  associés, 
ne  buvait  que  de  l'eau,  et  s'interdisait  les  soulage- 
ments que  son  âge  sollicitait.  Il  s'était  deux  fois 
démis  de  son  pouvoir  ;  mais  les  Icariens  avaient 
voulu  l'ymaintenir,  de  peur  que  leur  communau- 
té ne  tombât  en  dissolution.  En  définitive ,  en 
dépit  de  ses  envieux  et  de  ses  ennemis ,  son 
nom  livrait  dans  l'histoire.  «  En  prononçant  ses 
paroles ,  il  fondit  en  larmes.  Le  26  juillet ,  après 
trois  jours  de  débats  solennels,  M.  Cabet  fut  ac- 
quitté par  un  arrêt  souverain ,  motivé  «  sur  ce 
qu'il  n'y  avait  pas  eu  fausse  entreprise,  mais 
concessiQn;  que  les  versements  de  fonds  n'a- 
vaient pas  été  déterminés  par  la  promesse  for- 
melle de  terres;  et  qu'il  n'y  avait  pas  eu  ma- 
nœuvres frauduleuses,  ni  détournementdefonds.» 
Cet  arrêt  met  donc  la  probité  du  réformateur  à 
l'abri  de  tout  reproche  légitime. 
Avant  de  retourner  parmi  ses  Icariens,  il 
(1)  Brocli.  de  3  feuilles  1/2. 


1 


25 


CABET  —  CABIEN 


26 


publia,  le  i"  novembre  1851 ,  une  lettre  à  l'ar- 
chevêque de  Paris  :  on  apréteudu  que  les  amis  du 
clergé  lui  avaient  fait  des  offres  d'appui  pécu- 

■  biaire  et  moral  pour  son  journal ,  s'il  avait  voulu 
travailler  à  la  propagation  du  catholicisme; 
mais  M.  Cabet  n'a  jamais  voulu  se  semr  de 
l'instrument  religieux  pour   sa  propagande,  et 

,  c'est  ce  qui  le  distingue  de  la  plupart  des  réfor- 
mateurs, et  notamment  du  chef  des  Mormons, 
dont  il  occupe  aujourd'hui  l'une  des  villes. 

C'est,  en  effet,  un  problème  curieux  à  étudier 
que  l'empire  obtenu  sur  un  millier  de  person- 
nes par  cet  homme  simple,  sans  extérieur, 
sans  éloquence  ni  talent  d'écrire,  déjà  avancé 
en  âge,  qui  a  transplanté  si  loin  de  leur  patrie 
des  ouvriers  parisiens  non  dépourvus  d'intelli- 
gence, et  les  maintient  en  état  de  société  par  les 
seuls  liens  de  l'autorité  civile  et  politique.  Il  est 
vrai  que  sa  persévérance  est  rare,  et  que  le 
pays  où  il  est  parvenu  est  fertile  ;  qu'il  y  a  trouvé 
une  ville  toute  bâtie,  et  les  restes  d'im  vaste 
temple  pour  le  culte  de  la  Divinité,  quoiqu'on 
ne  sache  pas  quel  est  celui  de  M.  Cabet.  Les  tra- 
vaux auxquels  se  livreront  les  Icariens  ne  se- 
ront pas  sans  récompense,  s'ils  persévèrent; 
mais  parviendront-ils  à  conserver,  même  sur  une 
petite  échelle  (ils  sont  réduits  à  300  environ), le 
principe  de  la  communauté  des  biens  ?  M.  Cabet 
les  maintiendra  pi obablement  jusqu'à  sa  mort; 
mais  sa  famille  n  a  pas  cru  en  lui  :  elle  est  restée 
à  Paris.  Alf.  Isambert. 

Gazette  des  tribunaux,  183*,  1849-1851.  —Journal  de  la 
librairie.  —  Archiv.  de  la  chambre  des  députés  ;  1831. 
—  Dictionnaire  de  la  conversation  (nouvelle  édition  ). 
CABEZA.  DE  VACA  {Alvar-Nuïiez)  surnommé 
Adelantado,  administrateur  et  voyageur  espa- 
gnol ,  vivait  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  En  1539,  il  fut  chargé  par  le  gouverne- 
ment espagnol,  qui  lui  conféra  en  même  temps 
le  titre  d'adelantado  (chef  supérieur),  de  pour- 
suivre l'exploration  des  rives  delà  Plata;  et,  le  9 
novembre  1540,  ilmit  à  la  voile  de  San-Luca  avec 
quatre  bâtiments  et  environ  cinq  cents  soldats.  Il 
prit  d'abord  possession  de  Cananca ,  relâcha  à 
Santa-Catalina ,  d'où  il  put  faire  diverses  recon- 
naissances. La  perte  de  deux  navires  le  décida 
à  pousser  vers  le  Paraguay.  En  novembre  1541, 
il  pénétra  dans  des  chaînes  de  montagnes  abso- 
lument désertes;  et,  après  dix-neuf  jours  de 
marche ,  il  se  trouva  dans  des  plaines  haliitées 
par  des  Indiens-Guaranis.  Selon  l'hivariable  cou- 
tume des  navigateurs  d'alors,  il  prit  possession 
de  ce  pays  au  nom  de  son  roi ,  et  l'appela  Véra , 
parce  que  son  père  et  son  aïeul  avaient  été  ainsi 
nommés.  Poursuivant  alors  sa  marche  par  la 
voie  déterre,  il  arriva,  le  11  mars  1542,  à  l'As- 
somption, dont  il  prit  le  gouvernement,  malgré 
l'opposition  des  colons  espagnols.  Ayant  le  des- 
sein de  s'ouvrir  une  route  vers  le  Pérou,  il  se  mit 
en  voyage  de  ce  côté  ;  mais  l'insuccès  le  ramena 
à  l'Assomption.  Il  s'y  trouva  aux  prises  avec  le 
soulèvement  des  mécontents ,  auxquels  s'étaient 
jointes  les  troupes ,  fatiguées  de  sa  tyrannie,  et 


qui,  le  20  avril  1544,  instituèrent  un  nouveau 
gouvernement.  On  le  garrotta  lui  et  son  secré- 
taire Pedro  Fernandez,  et  on  les  embarqua  pour 
l'Espagne.  A  leur  arrivée ,  ils  furent  condarhnés 
par  le  conseil  des  Indes  à  être  déportés  en  Afri- 
que. Pendant  qu'on  instruisait  leur  procès ,  ils 
publièrent,  en  deux  parties  et  en  forme  de  mé- 
moire justificatif,  le  premier  ouvrage  qui  ait 
paru  sur  le  Paraguay  et  la  Plata.  La  première 
partie,  qui  est  l'œuvre  de  Cabeza,  est  intitulée 
Naufragios  de  Alvar  Nunez  Cabeza  de  Vaca; 
la  seconde  partie,  rédigée  par  Pedro  Fernandez, 
a  pour  titre  :  Commentarios  de  Alvar  Nunez 
Adelantado  y  gobernador  de  la  provincia 
del  Rio  de  la  Plata.  L'ouvrage,  imprimé  in-4°  à 
Valladolid  en  1544,  se  trouve  aussi  dans  les 
Historiadores  primitivos  de  las  Indlas  occid. 
de  Barca.  V.  R. 

Barca,  Historiadores  primitivos  de  las  Indias  occid.; 
IMadrid,  1749.  —  Spreiigel,  Geschichte  der  geog.  Endec- 
kungen. 

cABEZAiiERO  (Jean-Martin  ),  peintre  espa- 
gnol, né  à  Almaden  en  1633,  mort  en  1673. 
Élève  de  Careno  de  Madrid,  il  était,  comme  son 
maître,  également  coloriste.  Cabezalero  ne  peignit 
guère  que  des  sujets  pieux.  On  voit  de  ses  ta- 
bleaux dans  plusieurs  églises  de  Madrid  ,  et  le 
musée  de  cette  ville  en  possède  quatre  autres. 

QuilUet,  Dictionn.  des  Peintres  espagnols.  —  Nagler, 
Nenes  Allgemeines  Kilnstler  Lexicon. 

CABiAC  {Claude  HE  Bane,  seigneur  oe),  théo- 
logien français,  né  à  Nîmes  en  1578,  mort  dans 
la  même  ville  vers  1658.  Il  était  de  la  famille 
des  barons  d'Avejan,  et  pratiqua  d'abord  le  cal- 
vinisme, qui  était  la  communion  de  ses  parents; 
mais  ayant  étudié  chez  les  jésuites  de  Tournon, 
il  devint  catholique  zélé.  En  1620,  il  fut  nommé 
consulte  au  présidial  de  Nîmes.  On  a  de  lui  : 
l'Écriture  abandonnée  par  les  ministres  de 
la  religion  réformée,  1658.  Cet  ouvrage  fit  du 
bruit,  et,  dit-on ,  des  prosélytes. 

Nicolas,  Biographie  du  dép.  du  Gard. 

CABiANCA.  Voy.  Vmso  (Francesco). 

*CABiATi  (Joseph) ,  médecin  italien,  né  à 
Milan ,  mort  à  Sideriano  le  8juillet  1714.  Il  étudia 
à  Pavie,  où  il  fut  reçu  docteur,  et  exerça  en- 
suite sa  profession  dans  plusieurs  villes  du  Mi- 
lanais, surtout  à  Busto.  A  la  fin,  il  se  retira  à 
Sideriano,  où  il  mourut.  On  a  de  lui  :  Quando 
di  straordinario  e  curioso  è  seguito  net  in- 
verno  dell'  anno  1709  in  alcune  parti  délia 
Lombardia;  Milan,  1709,  in-4°. 

Argellati,  Bibl.  Mediol.  —  Corte,  Medici  Milan. 

*  CABIEN  (...),  marin  français,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Devenu 
contrefait  à  la  suite  d'une  chute,  il  fut  réformé  du 
service  actif,  et  nommé  garde-côte  en  Normandie 
près  de  Samt-Valery.  Il  était  en  sentinelle  isolée, 
lorsqu'en  1761,  par  une  nuit  très-obscure,  les  An- 
glais tentèrent  une  descente,  croyant  la  côte  sans 
défenseurs.  Cabien,  ayant  reconnu  leur  approche, 
appela  aux  armes,  prit  un  tambour,  battit  la  géné- 
rale ,  puis  parcourut  les  diverses  batteries  et  re- 


31 


CABOT 


32 


l'est)  et  Drogéo.  Le  nom  de  la  première  désigne 
Lien  Terre-Neuve,  qui  est  à  l'est  de  l'Amérique; 
la  seconde,  par  sa  position  et  les  mœurs  de  ses 
habitants,  représentei-ait  la  Nouvelle- Angleterre. 
Au  surplus,  les  marins  du  Nord  n'étaient  pas  les 
seuls  qui  connussent  l'Amérique  septentrionale  ; 
les  Basques,  qui  se  livi'aient  avec  ardeur  à  la 
pêche  de  la  baleine  dès  le  quatorzième  siècle, 
poursuivaient  ce  cétacé  jusque  dans  le  Groen- 
land, dans  les  parages  du  Canada;  ils  parlaient 
même  d'un  pays  plus  au  sud-ouest,  dont  les  peu- 
ples connaissaient  l'usage  des  métaux  précieux, 
bâtissaient  des  villes  et  des  temples ,  mais  of- 
fraient cependant  des  sacrifices  humains  à  leurs 
idoles.  N'est-ce  pas  désigner  les  Mexicains,  ou 
quelque  ancien  peuple  de  la  Floride  ou  delà  Loui- 
siane ? 

Cefutsur  ces  données,  plus  ou  moins  vagues , 
que  Cabot  présenta  à  Henri  vn  un  mémoire 
motivé  pour  lui  demander  l'autorisation  d'ar- 
mer une  expédition  ,  afin  de  mettre  la  Grande- 
Bretagne  en  relation  directe  avec  le  Cathay. 
Henri ,  repentant  d'avoir  accueilli  trop  froide- 
ment les  offres  de  Colomb,  n'eut  garde  de  lais- 
ser échapper-  cette  nouvelle  occasion  de  pros- 
périté, n  donna  donc,  le  5  mars  1495,  à  Cabot 
et  à  ses  fils  une  permission  «  de  naviguer  avec 
«  cinq  vaisseaux  choisis  dans  ses  ports,  dans 
«  tous  les  pays  de  l'orient,  de  l'occident  et  du 
«  nord ,  à  la  recherche  des  terres  inconnues.  » 
Jean  ne  partit  pourtant  de  Bristol  qu'au  com- 
mencement de  1497,  accompagné  de  trois  de  ses 
fils,  Louis,  Sébastien  et  Sanche,  qui  comman- 
daient sous  ses  ordres.  L'escadre  reconnut,  le 
24  juin,  l'ile  de  Baccalaos  (1)  et  une  terre  voisine 
à  laquelle  Cabot  donna  le  nom  de  Saint-John 
(c'était  la  côte  sud-ouest  de  Terre-Neuve).  Il  en 
prit  possession  au  nom  de  l'Angleterre,  et,  après 
en  avoir  relevé'la  position  aussi  exactement  que 
les  moyens  d'alors  le  permettaient,  il  se  dirigea 
vers  le  nord-ouest,  croyant  ne  rencontrer  aucun 
obstacle  pour  arriver  au  Cathay.  Voyant,  contre 
son  attente ,  que  la  terre  se  prolongeait  au  nord , 
il  remonta  jusqu'au  60°  de  latit.  (côtes  du  La- 
brador). Mais  comme  à  cette  hauteur  elle  incli- 
nait à  l'est,  il  redescendit  vers  l'équateur,  et 
parvint  jusqu'au  cap  Floride,  qu'il  signala  par 
28°  environ  de  lat.  nord.  Avec  un  peu  de  per- 
sévérance. Cabot  découvrit  les  Lucayes;  mais 
craignant  de  manquer  de  vivres ,  il  fit  voile  pour 
l'Angleterre ,  où  il  était  de  retour  dès  le  mois 
d'août  1497.  On  l'y  reçut  avec  distinction,  comme 
étant  le  premier  navigateur  qui  eût  découvert  le 
continent  américain. 

La  route  tracée  par  Cabot  fut  plus  tard  reprise 
par  d'autres  navigateurs  tout  aussi  hardis. 
Alfred  «e  Lacaze. 
•  Richard  Hackluyt,  the  Principal  navigations  and  dis- 

(11  L'île  de  Baccalaos  (île  de  la  Morue)  avait  été  re- 
connue longtemps  avant  Jean  Cabot  par  le  Portugais 
Jean  Cortereal.  Ses  compatriotes  exploitaient  déjà  les 
pêcheries  de  cette  île. 


coveries  of  the English  nation.-  Gomara,  Uistoria  ncn. 
de  las  Indias.  —  Auguste  fiuponchel,  Introduction  aux 
voyages  autour  du  monde.  —  Penny  Cyclopxdia. 

CABOT  (Sébastien),  navigateur  anglais, 
deuxième  fils  du  précédent,  né  à  Bristol  en  1477, 
mort  à  Londres  en  1557.  11  suivit  son  père  dans 
plusieurs  voyages,  et  commandait  sous  hiiun  i)A- 
timent  lors  de  l'expédition  du  Labrador  à  la 
Floride  (1497).  Les  dispositions  de  Sébastien  se 
développèrent  ainsi,  et  bientôt  la  réputation 
du  fils  fit  oublier  celle  du  père,  à  ce  point  que 
l'on  a  souvent  attribué  à  Sébastien  seul  les 
travaux  de  toute  sa  famille.  Après  l'exploration 
de  1497,  on  ne  retrouve  pourtant  ce  marin  qu'en 
1517,  sous  Henri  \TI1  d'Angleterre.  Il  s'était  at- 
taché à  sir  Thomas  Perth,  vice-amiral,  par  le 
crédit  duquel  il  avait  obtenu  l'exécution  du 
traité  passé  avec  les  Cabot.  Il  put  donc  pour- 
suivre ses  voyages  transatlantiques.  Il  lui  fal- 
lut d'abord ,  quoique  convaincu  de  l'existence 
du  passage  par  le  nord,  pénétrer  aux  Indes  par 
le  sud.  A  cet  effet,  il  se  rendit  au  Brésil  ;  mais, 
sans  cesse  contrarié  dans  ses  desseins  par  son 
protecteur,  il  dirigea  sa  course  sur  Hispaniola 
et  Porto-Ricco,  puis  revint  en  Angleterre.  Cette 
expédition  fut  plutôt  un  voyage  de  reconnais- 
sances que  de  découvertes;  ou  du  moins  ces 
dernières,  faites  dans  la  merdes  Antilles  et  sur 
les  côtes  de  la  Guyane,  furent-elles  insignifiantes. 
Resté  oubfié  en  Angleterre,  Sébastien  passa  en 
Espagne,  où  il  n'eut  pas  de  peine  à  obtenir,  en 
qualité  de  grand  pilote  de  Castille,  une  flottille  do 
cinq  vaisseaux.  Il  mit  à  la  voile  en  avril  1526, 
dans  le  but  iie  traverser  le  détroit  de  Magellan, 
et  de  là  atteindre  les  Moluques  ;  mais  le  défaut  de 
provisions  le  força  de  modifier  son  plan  de 
campagne.  Il  jugea  convenable  de  rester  dans  l'o- 
céan Atlantique  et  d'explorer  les  côtes  du  Bré- 
sil, n  trouva  une  vive  résistance  à  ce  projet  dans 
son  commandant  en  second,  le  vice-amiral  Mar- 
tinez-Mundez,  et  dans  les  capitaines  Francisco  et 
Miguel  de  Rozas,  qui  entraînèrent  dans  leur  parti 
un  grand  nombre  de  matelots.  A  force  d'éner- 
gie. Cabot  dompta  la  révolte  ;  et  s'étant  emparé 
des  principaux  chefs,  il  les  abandonna  dans  une 
île  déserte,  puis  entra  dans  Rio  de  la  Plata  (  ri- 
vièredel'Argent),  qu'il  remonta  jusqu'au  confluent 
du  Paraguay  et  du  Parana.  Il  découvrit  dans  ce 
ti'ajet  une  île  qu'il  nomma  François  Gabriel  (  au- 
jourd'hui la  coloniede  San-Sacramento),  et  y  cons- 
truisit le  fort  San-Salvador.  Il  tira  beaucoup  d'cr 
et  d'argent  des  Indiens  qui  habitaient  les  rives 
du  fleuve.  Les  Portugais,  de  leur  côté,  avaient 
déjà  tenté  de  pénétrer  dans  le  Pérou  en  traver- 
sant le  Paraguay.  Cabot,  ayant  rencontré  un  offi- 
cier de  cette  nation  venu  pour  reconnaître  le 
pays,  crut  que  sa  présence  y  était  nécessaire 
pour  en  assurer  la  possession  à  l'Espagne.  Il  dé- 
pêcha en  conséquence  un  de  ses  vaisseaux, 
pour  rendre  compte  à  Charles-Quint  des  raisons 
qui  l'avaient  déterminé  à  ne  pas  suivre  sa  pre-, 
mière  mission,  et  demander  un  prompt  secours* 


33 


CABOT 


34 


Laissant  alors  son  escadre  au  confluent  des  trois 
rivières,  il  s'engagea,  trente  lieues  plus  haut,  dans 
la  grande  rivière  du  Paraguay.  Il  y  e»it  à  soute- 
nir un  combat  contre  les  indigènes,  qui  lui  tuèrent 
vingt-cinq  hommes  et  lui  firent  trois  prisonniers. 
Malgrécette  perte,Cabot  n'en  construisit  pas  moins 
un  fort,  sous  le  nom  de  Santo-Spirito,  au  confluent 
d'une  rivière  qu'il  nomma  Rio-Tercero.  Pendant 
cinq  ans  ayant  attendu  en  vain  des  provisions  et 
des  renforts,  il  repassa  en  Espagne  en  1531  avec 
son  escadre,  laissant  cent  vingt  hommes  pour  gar- 
der son  fort.  Une  grande  partie  de  cette  garnison 
périt  victime  de  l'amour  dont  un  cacique  voisin 
fut  enflammé  pour  la  femme  d'un  des  principaux 
officiers  espagnols  ;  et  le  reste,  trop  faible  pour  se 
soutenir  dans  le  pays,  abandonna  Santo-Spirito  et 
se  réfugia  snr  les  côtes  du  Brésil,  d'où  bientôt  il 
fut  chassé  par  les  Portugais.  Dégoûté  du  service 
de  l'Espagne,  Sébastien  rev  int  en  AngleteiTe  vers 
la  fin  de  1546.  A  cette  époque  Terre-Neuve  était 
devenue  pour  les  Anglais  une  riche  possession, 
à  cause  de  la  pêche  qu'ils  y  faisaient  ;  les  avanta- 
ges qu'ils  en  retiraient  stimulèrent  leur  recon- 
naissance pour  Cabot  :  le  roi  Edouard  VI  lui  ac- 
corda une  pension  viagère  de  4,000  francs. 
Toujours  pénétré  de  l'idée  du  passage  à  la  Chine 
par  le  nord ,  Cabot  proposa  au  monarque  anglais 
d'envoyer  encore  une  expédition  à  la  recherche 
de  cette  voie.  Edouard  y  consentit,  fit  équiper 
trois  navires,  et  laissa  à  Cabot  le  choix  du  per- 
sonnel qui  devait  les  monter.  Cabot,  ne  pou- 
vant faire  partie  de  la  petite  flotte,  désigna  pour  le 
remplacer  sir  Hugh  Willughby  {voy.  ce  nom) 
en  qualité  d'amiral  ;  Richard  Chancelor  fut  choisi 
comme  second  chef  {voy.  ce  nom).  Un  conseil 
de  douze  membres,  composé  de  l'amiral,  des 
commandants  et  premiers  officiers  des  navires , 
fut  institué  pour  déterminer  la  route  à  suivre  dans 
les  circonstances  critiques.  Ces  sages  précautions 
n'empêchèrent  pas  le  navire  de  sir  Willughby 
d'être  jeté  sur  les  côtes  de  la  Laponie,  où  tous 
ceux  qui  le  montaient  périrent  misérablement. 
Chancelor  maintint  sa  course  aunord,  et  pénétra 
dans  une  vaste  baie  (la  mer  Blanche),  où  il  ap- 
prit que  le  pays  faisait  partie  de  la  Russie.  Il 
n'hésita  pas  à  se  rendre  à  Moscou ,  résidence  de 
Jean  Vasilowitz,  qui  gouvernait  alors,  quoiqu'il 
en  fût  éloigné  de  1500  milles.  Bien  reçu  par  ce 
prince,  il  établit  la  base  des  rapports  commer- 
ciaux qui  depuis  cette  époque  ont  subsisté  entre 
les  deux  nations.  Il  revint  en  Angleterre  le  prin- 
temps suivant.  Cabot  eut  l'honneur  et  le  profit 
de'cette  exploration  ;  car,  en  1535,  il  fut  nommé 
gouvernem-  à  vie  de  la  compagnie  formée  pour 
le  commerce  aveclaRussie  et  les  nouvelles  terres 
découvertes  {Campany  ofmerchantadventîc- 
rers). 

Sébastien  Cabot  a  laissé  :  une  grande  carte 
géographique,  gravée  par  Charles  Adam  ;  le  pre- 
mier exemplaire  en  est  suspendu  dans  le  palais 
de  Whitehall;  —  Navigazione  nelle  parte  set- 
tentrionali  ;  Venise  ,1583,  in-fol.;  —  Instruc- 

WOUV.  BIOGR.   UNIVERS.  —  T.   VIII. 


lions  pour  diverses  expéditions  maritimes  et 
surtout  pour  un  Voyage  au  Cathay,  recueillies 
par  James  Hackluit  dans  the  Principal  Navi- 
gations and  Dicoveries  of  the  English  na- 
tion ;  —  des  mémoii-es  qui  ont  été  publiés  sous 
le  titre  :  Memoirs  o/Sebast.  Cabot,  with  a  re- 
view  of  the  history  of  maritime  discovery  ; 
Londres,  1831.  Alfred  de  Lac \z% 

William  Smith,  yoyages  autour  du  monde.—  Parchas, 
Pilgrimage.  —  Andersen,  Hist.  of  Commerce.  , 

CABOT  (  Vincent  ),  publiciste  et  jurisconsulte 
français ,  né  à  Toulouse  vers  la  moitié  du  sei- 
zième siècle,  et  mort  dans  la  même  ville  en 
1621  (1).  11  eut,  de  son  temps,  une  grande  répu- 
tation dans  l'enseignement  du  droit.  Dès  l'âge 
de  vingt-quatre  ans,  il  concourut  à  Paris  pour 
obtenir  une  chaire  de  droit  canon;  un  plus  ha- 
bile lui  fut  préféré:  mais  le  savoir  dont  il  avait 
fait  preuve  détermina  l'université  d'Orléans,  qui 
ne  manquait  pas  de  sujets  capables,  à  l'appeler 
pour  professer  le  droit  civil  et  le  droit  canon. 
Après  quatorze  années  d'exercice,  il  céda  au  vœii 
exprimé  par  le  premier  président  du  parlement 
de  Toulouse  (DuFaur  de  Saint-Jorry),  qui,  in- 
formé de  son  mérite,  le  fit  rappeler  dans  sa  pa- 
trie. Il  y  remplit  pendant  vingt-deux  ans ,  avec 
un  succès  soutenu,  les  fonctions  de  professeur 
en  l'un  et  l'autre  droit.  Lors  de  son  séjour  à 
Orléans ,  il  avait  publié  l'éloge  funèbre  de  Mi- 
chel Violée,  jurisconsulte  (Laudatio  funebris 
£>.  Michel  Violsei,  1592,  in-4°),  dont  la  men- 
tion est  omise  dans  la  Bibliothèque  historique 
de  la  France,  et  un  recueil  de  dissertations  sur 
différentes  difficultés  de  droit  public  et  privé 
(  Varktrxim  juris  publici  et  privati  Disserta- 
tiomim  libri  duo;  Paris',  1598,  ln-4'').  Jean 
Doujat  fit  imprimer,  parmi  les  œuvres  canoniques 
de  Jean  Dartis,  dont  il  fut  l'éditeur  en  1656, 
in-fol.,  un  traité  des  bénéfices,  qu'il  a  déclaré  de- 
puis être  l'œuvre  de  Cabot.  Depuis  longtemps 
le  jurisconsulte  toulousain  avait  amassé  les  ma- 
tériaux d'un  grand  ouvrage  sur  la  politique,  qu'il 
n'a  pas  eu  le  loisir  de  terminer.  Léonard  Cam- 
pistron,  son  ami,  auquel  il  avait  légué  ses  ma- 
nuscrits, se  chargea  de  ce  soin,  et  publia  le  plaa 
général  de  l'ouvrage.  Il  fit  exprès  le  voyage  de 
Paris ,  pour  le  présenter  aux  principaux  mem- 
bres du  parlement  et  à  l'université.  Les  en- 
couragements qu'il  reçut  le  déterminèrent  à 
mettre  en  ordre  et  à  faire  imprimer  le  travail 
de  Cabot.  Le  premier  volume  seulement  fut 
mis  au  jour,  sous  ce  titre  :  les  Politiques  de 
Vincent  Cabot,  Tolosain,  publiées  par  Léonard 
Campistron  ;  Toulouse,  Pierre  Base,  1630,  in-8°. 
L'ouvrage,  dédié  au  cardinal  de  Richelieu ,  de- 
vait former  cinq  tomes,  d'après  le  plan  que  l'é- 
diteur fit  réimprimer  à  la  tête  de  ce  volume ,  et 
qui  comprend  le  sommaire  de  28  livres,  dont  il 
n'a  paru  que  six.  L'auteur  n'a  pas  suivi  la  voie 

(I)  La  Biographie  Toulousaine,  publiée  en  I8î3  (  ou- 
vrage à  refaire },  ne  fait  connaître  ni  la  date  de  la  uals- 
sance  de  Cabot,  ni  celle  de  sa  mort. 


35 


CABOT  --  GABRAL 


3G 


ouverte  par  Bodin;  ils  a'ont  d'autres  points  de. 
ressemblance  que  l'abus  de  l'érudition.  Le  dé- 
faut d'encliaînement  des  matières,  le  peu  d'ordre 
qui  règne  dans  leur  disposition,  et  l'absence  de 
Tues  élevées,  placent  les  Politiques  à  une  dis- 
tance immense  de  la  République. 

J.  Lamoureux. 

Moréri,  Dictionnaire  hist.  —  Dictionnaire  universel 
,des  sciences  morales  et  politiques ,  t.  X. 

GABOVS  (Schenu-el-Maali),  quatrième  prince 
zayaride,  mort  en  1012-1013.  FUs  de  Vachme- 
ghir,  il  occupa  le  trône  après  son  frère  Bistoun 
(976-977  de  J.-C.  )  Trois  ans  plus  tard,  Fakhir 
Eddaulah,  prince  bouïde ,  ayant  été  détrôné  par 
ses  frères,  vint  se  réfugier  auprès  de  Cabous,  qui 
refusa  de  livrer  ce  prince  à  ceux  qui  le  poursui- 
vaient. Il  paya  de  sa  couronne  ce  respect  de 
l'hospitalité.  Vaincu  aux  environs  d'Asterabad  en 
371  de  l'hégire,  il  se  réfugia  dans  le  Khorasan 
avec  le  prince  qu'il  avait  recueilli ,  et  qui  le  paya 
d'ingratitude.  Rentré  dans  ses  États  après  la 
mort  de  son  frère,  loin  de  rétablir  Cabous  dans 
les  siens,  il  s'en  empara.  A  la  mort  de  l'usurpa- 
teur, Cabous  fut  enfin  reconnu  par  les  peuples  du 
Djordjan  et  de  Mazanderan.  Au  mois  de  chaban 
S88  (  août  988  ),  il  vint  reprendre  possession  de 
ses  États,  et  les  accrut  du  Ghilan  et  du  Thaba- 
ristan.  La  vie  de  ce  prince  devait  être  troublée 
jusqu'à  la  fm.  Impitoyable  pour  les  rebelles,  il 
fut  de  leur  part  l'objet  d'une  conspiration  pen- 
dant qu'il  se  reposait  dans  un  château  dont  les 
conjurés  s'emparèrent.  Ils  firent  venir  son  fils 
Menoutcliehr,  et  lui  offrirent  la  couronne,  à  la 
condition  de  déporter  Cabous.  Menoutchelu'  ne 
fit  que  semblant  d'accepter;  il  vint  alors  se  jeter 
aux  genoux  de  son  père  et  protester  de  son  dé- 
vouement. Cabous,  satisfait  de  la  conduite  de  son 
fils,  lui  dit  :  «  J'ai  fixé  ici  le  terme  de  mes  actions 
et  de  ma  vie ,  et  je  vous  remets  toute  mon  au- 
torité entre  les  mains.  "  Cette  résignation  ne 
contenta  point  ses  ennemis  ;  ils  le  firent  empoi- 
sonner. Cabous  était  un  prince  lettré,  et  qui  savait 
apprécier  le  talent.  Il  fit  des  présents  à  Avicenne, 
qui  avait  guéri  son  neveu  d'une  grave  maladie. 

D'Herbelot,  Bibliothèque  orientale. 

CABRAI,  ou  CAPRALis  (i^rawçois),  mission- 
naire portiigais  ,  né  en  1528  à  Covilhâo,  mort 
à  Goa  le  16  avril  1609.  A  Goa,  où  il  était  à  l'âge 
de  vingt-six  ans,  il  entra  chez  les  jésuites;  mis- 
sionnaire infatigable,  il  parcourut  en  grande  par- 
tie l'Inde  et  l'Asie.  Après  avoir  enseigné  la  phi- 
losophie et  la  théologie  à  Goa  et  avoir  dirigé 
plusieurs  maisons  de  jésuites  dans  l'Indoustan, 
il  devint  vice-provincial  au  Japon,  où  il  fit  de 
nombreuses  conversions,  parmi  lesquelles  celle 
du  roi  d'Omura  et  de  sa  famille,  et,  en  1575, 
celle  du  roi  de  Bungo.  Revenu  à  Macao,  il  eut  la 
direction  des  missions  destinées  à  aller  en  Chine, 
et  prit  activement  part  aux  travaux  et  au  dévoue- 
ment des  missionnaires.  Il  fut  ensuite  rappelé  à 
Goa,  dont  il  gouverna  pendant  trente-huit  ans  la 
maison  professe.  En  1606  il  assista,  avec  les  pou- 


voirs de  l'évoque  du  Japon,  au  concile  tenu 
cette  année  par  tout  l'épiscopat.  On  a  de  lui  : 
des  lettres,  dans  les  Litteree  annusc,  écrites 
du  Japon  de  1571  à  1584,  ainsi  que  dans  les  Lit- 
terse  annuee,  écrites  de  la  Chine  de  1583  à  1584; 
enfin,  dans  celles  qui  ont  été  imprimées  à  Évora 
en  1608. 

Aleganibe,  Mbliotheca  ScriptorumSocietatis  Jesu. 

CABRAL,  (Pedro-Alvarez)  (1),  célèbre  navi- 
gateur portugais,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
quinzième  siècle,  mort  vers  l'année  1526.  Il  ap- 
partenait à  l'une  des  meilleures  familles  du  Por- 
tugal; son  père.  Fernando  Cabrai,  était  seigneur 
de  Zurara  da  Beira ,  et  remplissait  l'office  d'al- 
caïde  môr  de  Belmonte,  charge  héréditaire  dans 
sa  maison  (2).  Tous  les  historiens  se  taisent  sur  le 
lieu  de  naissance  de  Cabrai  et  sur  ses  premières 
années:  malgré  les  recherches  de  l'infatigable 
Barbosa,  les  circonstances  les  plus  simples  de 
sa  vie  privée  nous  seraient  encore  inconnues,  si 
des  documents  positifs,  découverts  il  y  a  une 
douzaine  d'années  seulement,  ne  nous  avaient  ré- 
vélé quelques  faits  propres  à  éclaircir  sa  bio- 
graphie. On  sait  qu'il  s'était  allié  à  l'une  des  pins 
nobles  familles  du  royaume,  et  qu'il  avait  épousé 
dona  Isabel  de  Castro ,  première  dame  de  l'in- 
fante dona  Maria,  fille  de  Jean  III;  il  en  eut  de 
nombreux  enfants. 

Sept  ans  s'étaient  à  peine  écoulés  depuis  que 
Colomb  avait  accompli  sa  mémorable  découverte; 
et  il  n'y  en  avait  pas  encore  trois  que  Gama  avait 
visité  pour  la  première  fois  les  plages  de  l'Inde, 
lorsque  Emmanuel  résolut  de  tenter  une  nouvelle 
expédition  pour  Calicut ,  dont  le  radjah  ne  s'é- 
tait point  montré  hostile,  et  qui  promettait  de 
nombreux  débouchés  au  commerce  des  chré- 
tiens. La  flotte  qui  fut  équipée  alors  était  des- 
tinée à  une  entreprise  essentiellement  commer- 
ciale ;  mais  elle  fut  confiée  aux  hommes  de  mer 
les  plus  expérimentés  et  les  plus  braves  de  l'é- 
poque, et  Cabrai  en  eut  le  commandement;  deux 
administrateurs  intelligents,  chargés  de  fonder 
une  factorerie  sur  la  côte  du  Malabar,  lui  furent 
adjoints  pour  traiter  des  affaires  commerciales. 
Us  se  nommaient  Ayres  Barbosa  et  Pero  Vaz  de 
Caminha.  On  ignore  complètement  quels  étaient 
les  antécédents  de  Cabrai,  et  quels  droits  il 
pouvait  avoir  par  ses  travaux  à  une  telle  mis- 
sion; mais  on  sait  qu'il  s'était  acquis  l'estime 
de  Vasco  de  Gama,  et  que  ce  fut  sur  la  re- 
commandation de  l'amiral  des  Indes  qu'il  fut 
chargé  de  diriger  une  expédition  destinée  à 
recueillir  les  fruits  de  son  mémorable  voyage. 
Rien  ne  fut  négligé  pour  la  réussite  de  cette 
vaste  entreprise,  et  la  flotte  se  composait  primiti- 

(1)  On  prononce  et  môme  on  écrit  communément  Pe- 
dro Alvarès  ou  Pedr'Jlves.  Earros  se  sert  toujours  de  là 
première  de  ces  dénominations.  Dans  la  vieille  collection 
française  de  Temporal,  le  premier  explorateur  du  Brésil 
s'appelle  simplement  Pedro  Aliares.  Le  nom  de  famille 
est  omis. 

(2)  A  l'alcaïde  môr  appartenait  spécialement  la  dé- 
fense de  la  forteresse. 


37 


CABRAL 


m 


vement  de  treize  navires  richement  chargés.  Sur 
le  bâtiment  portant  le  pavillon  du  capitâo  môr, 
venaient  les  somptueux  présents  destinés  à  faire 
oublier  par  leur  magnificence  ceux  que  Vasco  de 
Gama  s'était  vu  contraint  d'offrir  naguère  au 
radjah  du  Calicut,  et  dont  la  mesquine  pauvreté 
avait  failli  compromettre  la  première  expédition 
des  Portugais.  Des  marins  dont  le  nom  avait 
déjà  acquis  de  la  célébrité,  et  dont  plusieurs  eus- 
sent été  dignes  de  commander  en  chef,  servaient 
sous  Cabrai  :  c'étaient  Sancho  de  Thovar,  cet  Es- 
pagnol intrépide  jusqu'à  la  témérité,  qui  devait 
se  perdre  au  retour,  mais  qu'on  nommait  le  pre- 
mier dans  les  actions  difficiles  ;  Nicolas  Coelho , 
dont  le  mérite  avait  été  hautement  reconnu  par 
l'amiral  lors  du  premier  voyage;  puis  Barthé- 
lémy Dias,  celui  qui,  en  doublant  le  premier  le 
cap  des  Tourmentes ,  avait  provoqué  le  mot  fa- 
meux de  Jean  II,  et  ouvert  la  voie  à  tant  d'auda- 
cieuses espérances. 

Dès  le  8  mars  tous  les  préparatifs  étant  ter- 
minés, la  soirée  du  9  fut  assignée  comme  moment 
du  départ.  La  flotte  était  mouillée  au  Rastello , 
devant  la  plage  où  l'on  creusait  les  fondations 
du  somptueux  couvent  de  Bclem.  Pendant  la 
messe  célébrée  pour  appeler  la  faveur  divine 
sur  la  nouvelle  expédition ,  Cabrai  se  tint  tou- 
jours auprès  du  roi;  et,  malgré  le  concours  des 
populations,  Emmanuel  voulut  l'accompagner 
au  lieu  même  de  son  embarquement.  Au  bout 
de  treize  jours,  la  flotte,  qui  venait  de  passer  de- 
vant les  Canaries,  se  trouvait  un  peu  au  delà 
des  îles  du  cap  Vert,  lorsqu'on  s'aperçut  qu'un 
<les  navires ,  celui  que  commandait  Vasco  d'A- 
thayde,  ne  marchait  plus  de  conserve  avec  les 
autres  voiles  ;  on  ne  l'attendit  qije  peu  de  temps , 
et  les  douze  autres  navh-es  continuèrent  leur 
navigation  en  s'éloignant  quelque  peu  des  côtes 
de  l'Afrique,  et  en  se  dirigeant  de  plus  en  plus 
vers  l'ouest.  C'est  sans  fondement  que  l'on  a 
représenté  Cabrai  comme  ayant  été  dans  ces  pa- 
rages le  jouet  des  tempêtes,  et  comme  se  voyant 
contraint  à  suivre  malgré  lui  la  direction  dans 
laquelle  il  avançait.  L'opinion  émise  par  Barros 
est  plus  probable;  et  le  désh-  fort  rationnel  d'é- 
viter les  calmes  de  la  côte  de  Guinée  serait 
ce  qui  aurait  valu  au  successeur  de  Gama  la 
gloire  d'ouvrir  le  seizième  siècle  par  une  de  ces 
découvertes  qui  ont  changé  l'aspect  du  monde. 
Pour  ôter  au  simple  hasard  la  part  infiniment 
trop  belle  qui  lui  a  été  faite  en  cette  occasion 
par  divers  écrivains ,  il  suffit  d'ailleurs  d'avoir 
présente  au  souvenir  l'activité  des  études  géo- 
graphiques en  Portugal.  On  connaissait  à  la  cour 
d'Emmanuel  toutes  les  découvertes  accomplies 
par  Colomb;  et  en  l'année  môme  où  Cabrai 
s'embarquait  pour  les  Indes,  un  habitant  des 
Açores,  Gaspard  de  Corte-Real,  avait  si  bien  le 
sentiment  des  vastes  explorations  que  l'on  pou- 
vait entreprendi'e  dans  les  régions  visitées  na- 
guère par  le  Génois,  qu'il  sollicitait  la  donation 
des  îles  ou  même  de  la  terre  ferme  qu'il  pourrait  i 


découvrir  dans  ces  parages.  Une  concession  en 
date  du  12  mai  de  l'année  1500  lui  est  faite  par 
la  couronne.  On  peut  donc  supposer  chez  Ca- 
brai une  louable  curiosité  ou  une  légitime  espé- 
rance, lorsqu'il  se  dirigeait  invariablement  au 
sud-ouest  (1). 

Qu'il  ait  été  entraîné  par  les  vents ,  ou  qu'il 
ait  suivi  volontairement  cette  route,  elle  con- 
duisit l'heureux  navigateur  dans  une  région 
dont  la  merveilleuse  fertilité  frappa  de  surprise 
ceux  qui  n'avaient  vu  que  les  plages  de  l'Afrique 
ou  même  les  terres  basses  de  la  côte  du  Mala- 
bar, Le  22  avril,  un  mercredi  de  l'octave  de  Pâ- 
ques, Cabrai  aperçut  le  sommet  d'une  montagne 
de  forme  arrondie ,  qui  fait  partie  de  la  chaîne 
des  Aymorès,  et  à  laquelle  il  imposa  le  nom  de 
monte  Pascoal.  La  côte  reçut  bientôt  celui  de 
Vera-Cruz ,  qu'elle  conserva  pendant  quelques 
années  avec  une  légère  modification.  Au  temps 
de  Camoëns ,  le  Brésil  s'appelait  encore  la  terre 
de  Santa-Cruz.  La  dénomination  qui  a  prévalu, 
et  qui ,  en  rappelant  la  teinture  éclatante  de  Vibi- 
rapitanga,  signalait  un  genre  de  commerce  au- 
quel devaient  prendre  part  tous  les  peuples  com- 
merçants de  l'Europe,  le  nom  du  Brésil,  en  un 
mot,  remontait  dans  l'ancien  monde  à  bien  des 
années,  et  s'appliquait  déjà  à  des  bois  venus  de 
l'Afrique  ou  de  l'Orient,  mais  que  l'on  n'acqué- 
rait qu'à  grand  prix  (2)  .11  désigna,concun'emment 
avec  la  dénomination  officielle ,  les  terres  nou- 
vellement découvertes,  et  que  Cabrai  lui-même 
considéra  d'abord  comme  une  île. 

La  terre  avait  été  aperçue;  on  l'aborda  le  23, 
et  ce  fut  l'habile  Nicolas  Coelho  qui  fut  chargé 
d'aller  explorer  la  côte.  Dès  ce  premier  examen 
les  Portugais  purent  acquérir  quelques  notions 
sur  le  caractère  vraiment  sociaWe  des  habitants. 
Un  indigène  monta  de  son  plein  gré  à  bord  du 
navire,  et  s'y  conduisit  de  la  façon  la  plus  paci- 
fique et  sans  le  moindre  indice  de  terreur.  Le  24, 
la  flotte  se  dnigea  au  nord ,  à  la  recherche  d'un 

(1)  Les  marins  les  plus  iatelligents  et  les  plus  intrépi- 
des de  la  Péninsule  étaient  attirés  naturellement  vers 
ces  parages.  11  est  hors  de  doute  aujourd'hui  que  deux 
navigateurs  espagnols  avaient  déjà  visité  depuis  quel- 
ques mois  les  terres  qui  allaient  se  déToller  à  l'amiral 
portugais;  mais,  ainsi  que  le  fait  observer  M.  de  Hum- 
boldt  il  résulte  de  l'ensemble  de  ces  considérations 
«  qu'une  côte  de  cent  soixante-dix  lieues  sépare  les  dé- 
«  couvertes  de  Pinzon  et  de  Diego  de  Lepe  de  celles  de 
«Cabrai;  que  les  premières  ont  été  faites  à!»  lin  de 
«  janvier  et  au  commencement  de  mars,  et  les  secondes 
<c  postérieurement  au  22  avril  de  la  même  année.  »  (Voy. 
la  savante  discussion  contenue  dans  la  section  deuxième 
de  ['Histoire  de  la  Géographie  du  Nouveau  Continent, 
t.V.  p.  61). 

(2)  Voyez  ce  qui  résulte  à  ce  sujet  d'un  lumineux  exposé 
de  Humboldt  :  «  Trois  siècles  avant  l'expédition  de  Gama, 
lorsque  le  commerce  de  l'Inde  se  faisait  par  la  vole  de 
terre,  un  bois  rouge,  propre  à  la  teinture  des  laines  et  dH 
coton,  était  connu  en  Espagne  sous  les  dénominations  de 
bresill,  breasilly,  bresilji,  braxilis,  Brasile.  Muratorl  a 
prouvé  ce  fait  par  les  taili  c  la  douane  deFerrare  de 
119Ï,  comme  par  les  tarifs  de  Modène  de  1306.  Des  docu- 
ments publiés  par  M.  Capmany  sur  l'ancien  commerce 
des  Catalans  ne  laissent  pas  de  doute  sur  l'introductioa 
du  bois  de  teinture  ou  btj.si\  de  1S21  à  1243.  »  Hist.  de  la 
Géogr.  du  Nouveau  Continent,  t.  Il,  p.  217. 

2. 


39 


CABRAL 


40 


abri  qui  lui  offrît  quelque  sécurité  :  elle  le  trouva 
par  16°  30'  de  lat.  aust.  ;  et  ce  lieu  prit  plus  tard 
le  nom  de  Porto-Seguro.  Le  26  avril,  dimanche 
de  Pâques,  on  célébra  solennellement  la  messe 
dans  un  îlot  de  l'anse,  qu'on  désigna  alors  sous 
le  nom  de  Coroa  Vermelha,  et  que  l'on  a  pro- 
posé d'appeler  Bahia  Cabralia.  Un  religieux 
qui  occupa  plus  tard  le  siège  épiscopal  de  Ceuta, 
Fr.  Henrique,  prêcha  devant  les  Portugais  et  de- 
vant les  Indiens,  dont  l'attitude  vraiment  res- 
pectueuse charma  et  surprit  à  la  fois  le  religieux 
navigateur.  Le  l'""  mai  avait  été  désigné  pour 
prendre  solennellement  possession  de  ce  beau 
pays.  Une  grande  croix  s'éleva  sur  la  côte  en 
souvenir  de  cet  événement  mémorable;  et  des 
croix  d'étain  furent  distribuées  aux  indigènes 
qui  entouraient  les  chrétiens.  Dès  ce  joiu-  ou 
bien  le  3  mai,  comme  le  veulent  quelques  his- 
toriens, Cabrai  put  annoncer  à  son  souverain 
qu'il  venait  de  conquérir  pacifiquement  et  d'ad- 
joindre à  son  pays  une  des  plus  riches  contrées 
du  globe;  il  ignorait  complètement  les  décou- 
vertes accomplies  précédemment  par  les  Espa- 
gnols ,  et  la  sienne  fut  par  la  suite  si  bien  accep- 
tée, que  nulle  contestation  ne  s'éleva  à  son  sujet  ; 
la  science  seule  en  a  fait  un  point  de  vive  dis- 
cussion, qui  a  ti'ouvé  de  nos  jours  sa  solution 
pacifique.  Cabrai,  il  faut  le  dire,  se  distingua 
dans  cette  circonstance  par  une  conduite  pleine 
d'humanité,  et  l'on  peut  l'affirmer  aussi  par  des 
mesures  remplies  de  prudence.  Son  premier 
soin  fut  d'expédier  pour  le  Portugal  Gaspard  de 
Lemos  avec  la  nouvelle  de  la  grande  découverte; 
et  si  celui-ci  se  présenta  devant  Emmanuel  avec 
deux  indigènes,  il  dut  les  ravir  à  une  autre  par- 
tie de  la  côte.  Lemos  était  porteur  de  deux  do- 
cuments dont  la  valeur  toute  scientifique  forme 
un  contraste  étrange  avec  les  présents  dont  on 
croyait  devoir  charger  alors  les  messagers  qu'on 
expédiait  aux  rois:  l'un  était  une  longue  épître, 
vTai  chef-d'œuvre  de  narration,  écrite  par  Pedro 
Vaz  de  Caminha,  second  secrétaire  de  la  facto- 
rerie de  CaUcut;  l'autre,  un  document  astrono- 
mique fourni  par  maître  loâo,  le  physicien 
d'Emmanuel,  et,  si  on  l'aime  mieux,  le  médecin 
de  l'expédition.  Dès  les  premiers  jours  de  la  dé- 
couverte, llmmense  empire  du  Brésil  eut  donc, 
grâce  à  ces  deux  hommes ,  un  historien  dont  on 
ne  se  lasse  point  d'admirer  la  naïve  sagacité,  et 
un  astronome  qui  éveille  encore  la  curiosité  des 
savants. 

Cabrai  avait  trouvé  sur  ces  plages  un  peuple 
peu  différent  par  ses  traits  généraux  des  nations 
visitées  naguère  par  le  grand  navigateur  génois  ; 
il  était  nu,  vivait  réuni  en  peuplades  dans  des 
villages  composés  ordinairement  de  quatre  vastes 
tonnelles  de  verdure  formant  au  centre  une 
place  carrée  ;  il  se  servait  avec  dextérité  de  l'arc, 
et,  grâce  à  la  chasse ,  vivait  dans  l'abondance. 
Une  étrange  parure  toutefois  le  défigurait;  la  lèvre 
des  hommes  était  perforée  et  recevait  comme  or- 
nement une  cheville  de  bois  ou  bien  une  pierre 


de  jade,  que  la  lèvre  inférieure  enchâssait  eir- 
cuiairement.  Cette  étrange  coutume  n'était  déjà 
plus  inconnue  aux  curieux  de  l'Europe;  les  Ca- 
l'aïbes  des  îles  en  avaient  offert  les  plus  bizarres 
échantillons.  Les  Tupiniquins  (  c'était  le  nom 
de  la  nation  qui  avait  accueilli  Cabrai  )  vivaient  au 
pied  du  mont  Pascoal;  ils  faisaient  partie  de  la 
race  vaillante  des  Tupis,  répandue  depuis  le  Rio 
de  la  Plata  jusqu'au  fleuve  des  Amazones.  Les 
Tupis  étaient  eux-mêmes  une  subdivision  des 
Guaranis ,  dont  ils  parlaient  la  langue  en  lui  fe- 
sant  subir  toutefois  de  légères  modifications.  Cet 
idiome  reçut  plus  tard,  en  raison  de  son  univer- 
salité dans  ces  parages,  le  nom  de  lingoa  gérai. 

Ce  peuple  ne  possédait  en  apparence  aucune 
richessfi,  et  semblait  même  n'avoir  aucun  objet 
d'échange.  Dans  les  premières  relations  qu'il  avait 
eues  avec  les  Européens ,  une  circonstance  toute- 
fois avait  frappé  Cabrai  et  les  chefs  qui  venaient 
à  sa  suite.  L'un  des  Indiens  accueillis  à  bord  de 
l'amiral  avait  paru  surpris  de  l'éclat  d'un  flam- 
beau de  cuivre  bruni ,  et  avait  désigné  la  terre 
comme  renfermant  un  métal  analogue.  Cabrai 
était  doué  d'une  intelligence  trop  étendue  pour 
négliger  de  pareils  indices.  Avant  de  poursuiAre 
sa  mission ,  il  voulut  que  ces  plages  fertiles  ne 
restassent  pas  inconnues  aux  Portugais.  Deux 
jeunes  gens  bannis  pour  leurs  crimes ,  et  choi- 
sis parmi  ceux  que  l'on  désignait  alors  sous  le 
nom  de  Degradados,  furent  laissés  dans  le  pays 
de  Vera-Cruz  avec  la  mission  d'en  constater  les 
ressources  naturelles  et  d'en  observer  les  usages. 
De  leur  zèle  et  en  même  temps  de  leur  exacti- 
tude devait  dépendre  leur  sort.  Plus  tard ,  l'un 
des  deux  bannis,  réconcilié  avec  la  société,  grâce 
aux  services  qu'il  lui  avait  rendus,  devint  un  agent 
intelligent  de  la  colonisation.  Cabrai  n'apparaît 
qu'un  moment  dans  l'histoire ,  et  son  nom  n'est 
prononcé  qu'à  propos  d'une  découverte  maritime 
fort  mémorable  sans  doute,  mais  presque  for- 
tuite ;  il  importe  donc  de  constater  que  tout  ce 
qui  pouvait  être  fait  par  un  chef  d'expédition  peur 
rendre  cette  découverte  utile  à  son  pays,  il  le  sut 
faire  sans  omettre  aucune  précaution.  Le  22  mai, 
au  moment  du  départ  delà  flotte,  non-seulement 
Emmanuel  était  averti  de  l'accroissement  im- 
mense que  venait  de  recevoir  son  royaume, 
mais  l'exploration  de  la  nouvelle  conquête  com- 
mençait. 

Un  indice,  terrible  dans  ces  temps  de  supers- 
tition, semblait  lui  présager  d'horribles  dangers  : 
une  comète  immense  se  dessina  dans  les  cieux 
peu  de  jours  après  qu'il  se  fut  éloigné  de  la  terre. 
Bientôt  un  typhon  effroyable  réalisa  les  craintes 
que  le  phénomène  céleste  avait  fait  naître  ;  quatre 
navires  furent  engloutis,  et  avec  eux  périt  Bar- 
thélémy Dias,  l'intrépide  navigateur  qui  avait 
baptisé  le  cap  des  Tempêtes.  Cette  lutte  confie 
les  éléments  n'empêcha  point  Cabrai  d'aborder 
la  côte  de  Mozambique,  de  tenter  une  alliance 
avec  le  souverain  de  Quiloa,  dont  il  déjoua  l'as- 
tuce, et  de  renouveler  avec  le  souverain  de  Mé- 


41 


CABRAL 


42 


linde  une  alliance  basée  sur  de  bons  procédés 
antérieurs.  Grâce  aux  secours  qu'il  s'était  ména- 
gés dans  ces  parages,  les  sept  cents  lieues  qu'il 
lui  restait  à  faire  jusqu'à  Angedive  s'effectuè- 
rent sans  difficultés.  Bientôt  la  flotte  portugaise 
mouilla  devant  Calicut. 

Cabrai  se  présentait  devant  le  souverain  de 
cette  cité  indienne  avec  un  rare  avantage  sur  le 
hardi  marin  qui  l'avait  précédé  :  celui-là  n'avait 
que  son  courage  pour  se  faire  respecter,  et  ses 
présents  avaient  fait  sourire  dédaigneusement 
ceux  auxquels  ils  étaient  destinés;  son  successeur 
se  présentait  devant  le  Samori  (1)  avec  une  ai-- 
tillerie  formidable  et  des  cadeaux  éblouissants. 
Dans  l'entrevue  solennelle  qui  eut  lieu  entre  le 
souverain  malabar  et  le  chef  de  l'expédition,  ce- 
lui-ci expliqua  nettement  au  radjah  ce  qui  l'a- 
menait devant  sa  capitale  ;  et,  grâce  à  Gasparo 
da  India,  l'intelligent  interprète,  il  put  lui  faire 
comprendre  nettement  le  but  de  sa  mission.  Em- 
manuel ,  son  souverain ,  l'envoyait  dans  un  dou- 
ble but  :  les  forces  militaires  qu'il  conduisait ,  il 
les  mettait  à  la  disposition  du  nouvel  allié  des 
Portugais ,  si  celui-ci  se  trouvait  en  guerre  avec 
ses  voisins  ;  les  navires  qu'il  avait  amenés  de- 
vaient recevoir  une  cargaison  complète  d'épices, 
en  échange  de  numéraire.  La  première  de  ces 
propositions  devenant  inutile,  Cabrai  devait  faire 
accepter  la  seconde  :  c'était  de  là  que  devait  sur- 
gir la  guerre,  d'abord  cachée,  bientôt  formidable, 
que  les  musulmans,  désignés  improprement  sous 
le  nom  de  Maures,  allaient  faire  désormais  aux 
chrétiens.  Les  conditions  de  ce  nouveau  com- 
merce ,  qui  allait  changer  la  face  de  l'Europe, 
furent  jurées  solennellement;  et  une  factorerie , 
dirigée  par  Ayres  Correa,  s'établit  d'abord  pa- 
cifiquement dans  Calicut.  Quelques  jours  après, 
grâce  aux  menées  astucieuses  des  Maures ,  les 
chrétiens  étaient  massacrés  ;  et  Cabrai ,  jugeant 
avec  raison  les  traités  conune  rompus,  allait  de- 
mander asile  au  roi  de  Cochin,  l'ennemi  du  Sa- 
ïnori,  qui  commandait  à  Calicut.  Dans  ces  actes 
si  compliqués  et  si  divers,  Cabrai  déploya  de  la 
sagacité  et  du  sang-froid;  peut-être  poussa-t-il 
trop  loin  la  prudence,  lorsqu'il  évita  le  combat 
en  présence  des  quatre-vingt-cinq  voiles  envoyées 
par  le  Samori  contre  sa  flotte  dans  les  eaux  de 
Cochin  ;  pour  la  première  fois  aussi,  il  manqua 
d'humanité  en  emmenant  en  Europe  les  otages 
d'un  roi  hindou  ;  mais  il  avait  hâte  d'aller  ter- 
miner son  chargement  à  Cananor  ;  et,  pour  le 
juger  sans  prévention,  il  faut  se  rappeler  que  le 
grand  but  de  l'expédition  était  de  nouer  avec 
linde  des  relations  commerciales  qui  détournas- 
sent au  profit  du  Portugal  les  richesses  que  Ve- 
nise allait  chercher  dans  une  autre  partie  de  l'O- 
rient. H  ramena  glorieusement  en  Europe  les 

(1)  M. -deHumboIdt  donne  à  cette  dénomination  déjà  al- 
térée, et  dont  les  historiens  français  ont  fait  le  mot  Za- 
morin,  une  origine  sanscrite.  Samudrya  Radja  signifie 
proprement  le  roi  du  littoral  (de  Samudra,  la,  me";  Scfr 
WMdr^a,  maritime). 


navires  que  lui  avait  laissés  la  tempête;  et  sans 
l'imprudence  de  Sancho  de  Thovar,  qui  alla  briser 
son  bâtiment  richement  chargé  d'épices  contre 
un  écueil ,  il  n'eût  eu  à  déplorer  aucun  accident 
vraiment  regrettaLle,  en  exceptant  toutefois  la 
catastrophe  de  Calicut.  Dans  les  mers  d'Afrique, 
à  Bézénègue ,  non  lom  du  cap  Vert,  il  rencontra 
môme  une  flottille  dont  la  vue  lui  prouva  qu'on 
se  hâtait  de  mettre  à  profit  l'avis  qu'il  avait 
donné  avec  tant  de  prévoyance,  et  qui  faisait  tom- 
ber au  pouvoir  du  Portugal  l'une  des  plus  riches 
portions  de  ce  nouveau  monde,  que  Colomb  était 
allé  proposer  vainement  à  Jean  D.  L'heureux  Em- 
manuel recevait  ainsi  d'un  heureux  concours  de 
circonstances  ce  qu'avait  refusé  le  génie  le  plus 
pénétrant. 

Le  23  juillet  1501,  Cabrai  était  de  retour  à 
Lisbonne,  et  il  avait  la  satisfaction  d'y  retrouver 
deux  navires  qu'il  croyait  perdus.  Sans  aucun 
doute  la  mémorable  expédition  qu'il  venait  d'ac- 
complir lui  valut  un  accueil  égal  à  l'importance 
des  résultats;  ce  qui  peut  le  faire  supposer  du 
moins,  ce  sont  les  récompenses  accordées  ulté- 
rieurement à  sa  famille  :  quoi  qu'il  en  soit,  après 
avoir  raconté  longuement  ses  combats  maritimes 
le  long  des  côtes  de  l'Inde,  les  historiens  de  la  pé- 
ninsule le  laissent  dans  une  complète  obscurité. 
Des  recherches  soigneuses,  faites  parmi  les  do- 
cuments portugais  si  peu  explorés  de  la  Biblio- 
thèque impériale ,  nous  font  supposer  que  l'heu- 
reux explorateur  du  Brésil  prolongea  son  exis- 
tence au  delà  de  1526.  La  tombe  de  Cabrai, 
longtemps  ignorée,  a  été  découverte  récemment 
par  un  des  investigateurs  les  plus  zélés  des  an- 
tiquités brésiliennes  ;  elle  est  dans  la  sacristie  du 
couvent  da  Graça  à  Santarem,  où  M.  Adolfu  de 
Vamhagen  l'a  vue  en  1838  :  c'est  une  sùnple 
pierre  de  treize  palmes  de  long,  sur  laquelle  on 
Ut  en  lettres  gothiques  l'épitaphe  suivante  : 

Aquy  Jaz  Pedralvarez  Cabrai  e  dona  Isabel  de  Castro 
sua  moilier,  cuja  be  esta  capelia  be  (sic)  de  todcs  seus 
Erdeyros  aquall,  depois  da  morte  de  seu  marydo,  foicama- 
relra  môr  da  infante  dona  Marya,  fyiha  de  el  rey  dO  Joao, 
nosso  sfior,  bu  (sic)  tercelro  deste  nome. 

Ce  qu'il  y  a  surtout  de  remarquable  dans  cette 
épitaphe,  c'est  qu'elle  ne  mentionne  Cabrai  que 
pour  mettre  en  évidence  les  titres  honorifiques  de 
sa  femme.  Cela  s'explique  par  l'espèce  d'abandon 
dans  lequel  le  Brésil  fut  laissé  au  début  de  la 
conquête;  ce  vaste  territoire  ne  fut  réparti  en 
capitaineries  qu'en  1531. 

De  son  mariage  avec  dona  Isabel  de  Castro, 
Cabrai  eut  deux  fils ,  qui  ne  moururent  pas  sans 
postérité,  coimne  on  l'a  affirmé  trop  légèrement. 
Des  pièces  judiciaires  inédites  consultées  par 
nous,  il  résulte  que  Fernando  Cabrai  hérita  des 
seigneuries  de  Zurara,  Itfanteiga,  Moimenta  et 
Tavares,  possédées  par  son  père,  mais  qu'il  re- 
çut plusieurs  bienfaits  de  la  couronne.  Le  même 
document  donne  au  fils  de  l'explorateur  du  Brésil 
la  qualification  de  dovi,  qui  lui  avait  été  accor- 
dée ,  comme  à  Ganja ,  en  rémunération  de  ses 


43 


CABRAL  -^  CABRERA 


44 


services.  Le  second  fils  de  Pedr'alvares  porte  le 
nomd'Antonio  Cabrai, et  participe  eal534ai]x  fa- 
veurs royales;  Le  dernier  héritier  mâle  de  cette  fa- 
mille dont  il  soit  fait  mention  est  Joam  Roïz  Ca- 
brai, qui  en  1536  réunit  sur  sa  tête  les  biens  de  la 
maison  :  en  lui  s'éteignit  probablement  la  descen- 
dance directe  du  navigateiu".        Ferd.  Denis. 

Cada-Mosto ,  Novus  orbis  regionum  ac  insularum 
(  dans  Simon  Gryuée  ;  Bâle,  1555  ).  —  Rarausio,  délie  Na- 
virjazioni  e  viaggi,  etc.;  Venezia,  Glunti,  1861.  —  Jean 
Temporal,  De  l'Jfriqîie  contenant  les  navigations  des 
capitaines  portugalois  et  autres,  faites  audit  pays  jus- 
qu'aux Indes;  Lyon,  i556.  —  J.  de  Barros,  Decada  pri- 
meira  da  India,  liv.  I*'',  chap.  30.  —  Maftei,  Historia 
Indica,  llb.  2.— Faria,  Asia  Portugueza,t.  I;  chap.  S.  — 
F.  Giov.  Guiusepe  di  Santa-Theresa,  Istoria  del  Brazile, 
liv.  I,  chap.  2.  —  Bocha  Pitta,  America  Portugueza.  — 
Solorîano,  De  jure  Indiarum,  t.  I,  ch.  S,  no  31,  32,  33. 

—  F.  de  Santa-Maria,  Diario  Portuguez,  t.  I.  —  F.  Ant. 
de  S.-Roman,  Historiade  la  India  oriental,  liv.  Il,  ch.  3. 

—  Vasconcellos,  Noticia  do  Brazil.  —  Lafîleau,  Con- 
questes  des  Portugais.  —  Ayres  de  Casai,  Corografta 
Brasilica.—O  Panorama,jornal  Uterario,  8  vol.  g.  in-S". 

CABRERA  {Bernard  de),  homme  d'État  es- 
pagnol, mort  le  26  juillet  1364.  Ministre  de 
Pierre  IV,  roi  d'Aragon ,  auquel  il  sut  se  rendre 
utile ,  il  fut  par  cela  même  en  butte  à  la  haine 
des  courtisans.  Il  se  retira  alors  dans  un  mo- 
nastère ;  mais  le  roi ,  qui  regrettait  les  services 
de  son  ancien  ministre,  le  vint  tirer  lui-même  de 
la  solitude  en  1349.  L'envie  n'abandonna  pas 
sa  proie  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  honteux  pour  la 
mémoire  du  roi  d'Aragon,  c'est  qu'il  sacrifia  son 
ministre ,  se  laissa  persuader  que  Cabrera  était 
coupable,  et  lui  fit  trancher  la  tête.  Le  monarque 
trompé  s'aperçut  trop  tard  de  son  injustice  ;  il 
reconnut  dans  son  testament  l'innocence  de  Ca- 
brera ,  sur  le  petit-fils  duquel  il  reporta  toute 
sa  faveur. 

Mariana,  Hist.  d'Espagne. 

CABRERA  {Bernard  de),  seigneur  italien, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  quinzième  siè- 
cle. Favori  de  Martin,  roi  de  Sicile ,  il  tenta  de 
succédera  ce  prince  en  1410,  et  fit  la  guerre  à 
Blanche,  veuve  de  Martin,  qui  refusait  de  le  choi- 
sir pour  époux.  Pris  et  jeté  dans  une  citerne, 
puis  dans  une  tour,  il  voulut  s'évader,  mais  tomba 
dans  un  fossé.  Il  obtint  cependant  sa  grâce  de 
Ferdinand,  successeur  de  Martin,  qui  lui  imposa 
seulement  la  condition  de  quitter  la  Sicile.  Il 
mourut  peu  de  temps  après. 
,   Léo  et  Botta,  Hist.  de  l'Italie. 

CABRERA  {Pierre  de),  théologien  espagnol, 
de  l'ordre  de  Saint-Jérôme  de  Cordoue,  vivait  au 
dix-septième  siècle.  Il  était  frère  du  dominicain 
Alfonse,  et  professa  d'abord  la  philosophie,  puis 
la  théologie,  à  Cordoue  et  dans  d'autres  localités. 
On  a  de  lui  :  un  Commentaire  sur  la  3^  partie 
de  la  Somme  de  saint  Thomas  ;  Cordoue ,  1602, 

2  vol.  in-S". 
Antonio,  Bibliotheca  Jiispana  nova. 

CABRERA  (D.  Juan-Thomas  Henriquez  de), 
duc  de  Médina  del  Rio-Sccco ,  amiral  et  homme 
d'État  espagnol,  mort  à  Lisbonne  le  23  juin  1705. 
Il  descendait  d' Alfonse  XI,  roi  de  Castille.  Ap- 
pelé d'abord  le  comte  de  Melgar,  il  devint,  après 


avoir  été  gouverneur  de  Milan,  premier  ministre 
de  Charles  n  en  1693.  La  faveur,  dont  il  jouis- 
sait auprès  de  la  reine,  seconde  femme  de  Char- 
les II,  fit  de  lui  le  plus  puissant  personnage  du 
royaume.  Il  se  servit  de  cette  influence  pour  ap- 
puyer les  protestations  de  la  maison  d'Autriche 
à  la  succession  d'Espagne.  Mais  l'animadversion 
publique  etla  haine  du  cardinal  Porto-Cavrero, 
qui  parvint  à  le  rendre  suspect  au  roi ,  l'obli- 
gèrent de  résigner  le  pouvoir  et  de  se  retirer  de 
la  cour.  Cependant  tel  était  encore  le  prestige 
qu'il  exerçait,  qu'il  fut  nommé  ambassadeur  à  la 
cour  de  France,  à  l'avènement  de  Philippe  V. 
I!  n'accepta  pas  ces  fonctions,  qui  ne  faisaient  que 
dissimuler  sa  disgrâce  ;  et  il  se  rendit  à  Lisbonne, 
où  il  parvint  à  déterminer  le  roi  de  Portugal  à 
se  liguer  contre  Philippe  V.  En  même  temps  il 
attaqua  devant  le  pape  le  testament  de  Charles  II. 
Cette  conduite  lui  valut,  de  la  part  du  conseil  de 
Castille ,  la  confiscation  de  ses  biens  et  une  con- 
damnation capitale.  Il  eut  cependant  peu  de  cré- 
dit sur  l'esprit  des  généraux  coalisés,  et  le  clia 
grin  qu'il  en  ressentit  fut  tel  qu'il  descendit  bien- 
tôt au  tombeau. 

Mémoires  et  négociations  secrètes,  par  de  la  Torrc.  — 
Laraberty,  Mém.  pour  servir  à  l'histoire  du  dix-hui- 
tiéme  siècle.  —  Antonio,  Bibl.  hisp.  nova.  —Clément, 
Bibliothèque  curieuse.  11. 

CABRERA  {Louis  de),  historien  espagnol, 
mort  vers  1655.  Comme  son  aïeul  et  son  père, 
il  se  distingua  dans  la  carrière  militaire,  et  pu- 
blia un  ouvrage,  parfois  partial,  mais  riche  de  dé- 
tails ,  sous  le  titre  de  Historia  del  rey  D.  Phe- 
lipe  II;  Madrid,  1619,  iu-fol.  On  a  en  outre  de 
lui  :  Tratado  de  Historia  para  entenderla 
y  escrivirla;  Ibid.,  1611. 

Antonio,  Bibl.  hisp.  nov.  —Clément,  Bibliothèque  cu- 
rieuse. 

il^ CABRERA  {Ramon  iV....), général  espagnol, 
né  à  Tortose  le  31  août  1810.  Ses  parents,  pau- 
vres et  pieux,  le  firent  entrer  au  séminaire  de 
Cervera,  avec  le  désir  de  lui  voir  embrasser  l'état 
ecclésiastique.  Le  jeune  Ramon  obtint  bientôt,  par 
le  crédit  de  protecteurs  puissants,  la  place  de  cha- 
pelain de  N.-S.  del  Carmino,  ermitage  voisin  de 
Tortose.  Il  l'eçut  en  conséquence  les  ordres  mi- 
neurs ;  mais  il  se  vit  ensuite,  dit-on,  refuser  la 
prêtrise,  vu  l'énormité  de  ses  peccadilles  de  jeu- 
nesse. 

Ferdinand  Vil  mourut  en  1833,  léguant  à  son 
pays  la  guerre  civile.  Deux  partis  divisaient 
l'Espagne,  les  libéraux  et  les  absolutistes;  les 
uns  représentés  par  don  Carlos  de  Bourbon , 
frère  du  feu  roi,  dépossédé  de  la  couronne  par 
la  pragmatique  sanction  de  1830  ;  les  autres,  qui 
tournaient  leurs  espérances  vers  la  jeune  Isa- 
belle II,  dont  la  mère,  nièce  du  roi  des  Français, 
proclamée  reine- régente ,  semblait  animée  des 
idées  de  réforme  qui  alors  soufflaient  sur  l'Eu- 
rope. Don  Ramon  Cabrera,  fanatisé  par  l'exemple 
de  prêtres  nombreux  qui  avaient  marché  à  la 
tête  des  sojitiens  du  trône  et  de  l'autel  dans 
des  circonstances  encore  toutes  récentes,  jeta  1  ■ 


45 


CABRERA  —  CACAPISTI 


46 


froc,  et  se  fit  chef  de  bandes.  La  férocité  qu'on 
a  reprocliée  avec  juste  raison  à  Cabrera  a  sa 
source,  il  faut  le  dire,  dans  l'exaspération  où  le 
jeta  le  massacre  de  sa  mère  et  de  ses  trois  soeurs, 
que  Mina  ordonna  sans  nécessité.  De  là  naqui- 
rent, des  deux  côtés,  de  tristes  représailles. 

Après  avoir  désolé  les  provinces  d'Aragon, 
de  Valence  et  d'Andalousie,  Cabrera,  blessé  et 
traqué  comme  une  bète  fauve,  fut  i'orcé  de  cher- 
cher jusqu'à  sa  guérison  un  asile  chez  le  curé  du 
village  d'Almagou.  11  parvint  bientôt  à  réunir 
de  nouvelles  troupes,  et  remporta  plusieurs  vic- 
toires sur  les  christinos  à  Bunal,  à  Burjasotc, 
et  prit  un  grand  nombre  de  villes  et  de  châteaux. 
A  Îorre-Blanca  cependant  les  chasseurs  d'Oporto 
l'écrasèrent,  et,  blessé  grièvement,  il  dut  prendre 
la  fuite,  pour  se  relever  encore  et  s'empaier  de 
Morella.  La  prise  de  Morella  fut  un  grave  évé- 
nement pour  la  Péninsule  :  don  Carlos  était  aux 
portes  de  Madrid  ;  mais  heureusement  pour  le 
parti  libéral  le  générai  Moroto  fit  volte-face ,  et 
ruina  les  espérances  de  celui  que  ses  partisans 
appelaient  Charles  V.  Cabrera  fut  créé  en  1838 
comte  de  Morella  et  lieutenant  général  par  don 
Carlos,  c[ui  prenait  ainsi  la  responsabilité  des  atro- 
cités dont  son  lieutenant  s'était  rendu  coupable. 
Bien  que  don  Carlos  se  fût  retiré  en  France,  Ca- 
brera continua  la  guerre,  et  lutta  jusqu'en  1840, 
où  il  fut  complètement  écrasé ,  dans  les  monta- 
gnes de  la  Catalogne,  par  les  efforts  d'Espartero, 
général  plus  heureux  sur  le  champ  de  bataille 
qu'au  cabinet ,  et  qui  eut  la  gloire  de  terminer 
cette  guerre  civile,  qui  mettaiten  présence  depuis 
près  de  dix  ans  les  citoyens  de  la  même  patrie. 
Le  roi  Louis-Philippe  fit  enfermer  Cabrera  au 
château  de  Ham,  et  luirendit  peu  après  la  liberté. 
En  1845,  don  Carlos  ayant  abdiqué  en  faveur 
du  comte  de  Montemolm,  son  fils,  Cabrera  se  dé- 
clara d'abord  contre  cet  acte  de  l'infant;  mais  il  se 
rapprocha  bientôt  du  nouveau  roi  Charles  VI, 
et,  d'accord  avec  lui,  tenta,  à  la  suite  de  la  révo- 
lution de  Février,  une  descente  en  Espagne  qui 
échoua  à  Pasteral  le  27  janvier  1849.  Blessé  en- 
core une  fois,  Cabrera  s'est  retiré  à  Londres,  où, 
déjà  possesseur  d'une  fortune  énorme,  il  a  épousé 
une  riche  Anglaise.        T.-Albert  Bl/usquet. 

Moniteur  universel,  —  Joseph  LavaUée,  Histoire  d'Es- 
pagne. —  Rosenwald  et  Després,  Annuaire  historique 
detesur. 

'^'CABRiÈRE  (Giraud  de),  troubadour  du  trei- 
zième siècle.  On  n'a  de  ce  poète  que  de  longs  frag- 
ments d'une  pièce  inachevée  ;  quant  à  sa  personne, 
on  n'en  sait  que  ce  qu'il  raconte  lui-même.  Il  nous 
apprend  qu'Ù  est  venu  après  Ébles  d'Uissel,  Ru- 
del  et  Marcabrus.  Dans  un  morceau  adressé  à 
un  jongleur  du  nom  de  Cabra,  il  fait  à  celui-ci 
de  nombreux  reproches  :  «  Tu  joues  mal  de  la 
vielle,  tu  chantes  plus  mal  encore  ;  tu  ne  sais  pas 
finir  comme  font  les  Bretons.  Mal  t'a  instruit  celui 
qui  t'a  montré  à  conduire  les  doigts  et  l'archet. 
Tu  ne  sais  ni  danser  (non  sapsbalar),  ni  escamo- 
ter (trasgitar  )  comme  fait  tout  jongleur  gascon.  » 

Histoirt  littéraire  de  la  France,  XX,  SS4, 525.  —  Ray- 


nouard,  Choix  do  poàiet  originalet  det  troubadours, 
t.  V  et  II. 

"^CABRiLLO  {Joâo  OU  Juau-Rodriguez),  na- 
vigateur portugais ,  né  vers  la  fin  du  quinzième 
siècle  ,  mort  le  3  janvier  1543.  Ce  marin,  peu 
connu  aujourd'hui,  jouissait  d'une  grande  célé- 
brité dans  la  Péninsule  durant  la  première  moitié 
du  seizième  siècle  ;  comme  Magellan,  ce  fut  pour 
le  compte  de  l'Espagne  qu'il  navigua.  Il  se  ren- 
dit, le  27  juillet  1542,  du  port  de  Navidad  dans 
les  mers  de  la  Californie,  et  explora  ces  régions 
avec  beaucoup  plus  de  soin  qu'on  ne  l'avait  fait 
avant  lui.  En  l'année  que  nous  venons  de  si- 
gnaler, il  découvrit  successivement  quatre  îles  ■• 
Santo-Tomas  ou  Encapa,  Santa-Gruz ,  San- 
Migiiel  appelée  aussi  Santa-Kosa,  et  San- 
Bernardo.  Épuisé  de  fatigues  et  de  privations, 
il  mourut  dans  cette  dernière  île.  On  met  Ca- 
brillo  fréquemment  au  rang  des  navigateurs 
espagnols.  F.  D. 

Duflot  de  Mofras,  Exploration  du  territoire  de  l'O- 
régon,  etc.  —  Documents  inédits. 

CABRissEAC  (Nicolas),  théologien  français, 
né  à  Rethel  le  1*''  octobre  1680,  mort  à  Tours  le 
20  octobre  1750.  Estimé  de  le  Tellier,  archevê- 
que de  Reims,  il  fut  persécuté  sous  le  successeur 
de  ce  prélat  comme  réfractaire  à  l'autorité  épis- 
copale.  En  1722,  il  fut  exilé  à  trente  lieues  de  la 
ville  archiépiscopale ,  employé  à  Paris  par  le  car- 
dinal de  Noailles,  persécuté  de  nouveau  et  empri- 
sonné à  Vincennes  sous  Vintimille,  privé  de  sa 
théologale  et  envoyé  en  exil  à  Tours,  où  il  mourut. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Instructions 
courtes  et  familières  s%ir  le  Symbole;  Paris, 
1728  et  1742,  2  vol.  Jn-12;  —  Discours  sur  les 
vies  des  saints  de  l'Ancien  Testament ;PSiTh, 
1732,  6  vol.  in-12  ;  —  Réflexions  morales  sur 
le  livre  de  Tobie;  Paris,  1736,  in-12. 

Quérard ,  la  France  littéraire. 

CABROL  (Barthélémy),  chirurgien  français, 
né  à  Gaillac  (Languedoc)  vers  1535,  mort  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  11  fit  ses 
études  à  Montpellier,  sous  Laurent  Joubert.  En 
1570,  Cabrol  fut  nommé  professeur  d'anatomie 
à  Montpellier  par  Henri  IV,  qui  créa  pour  lui 
la  charge  de  dissecteur  royal.  On  a  de  ce  savant 
un  Alphabet  ajiatomique  ;  Tournon,  1594, 
in-4''  ;le  même  ouvrage  traduit  en  latin,  Genève, 
1602,  1604,1624,  in-4°  ;  Montpellier,  1603,  in-4°, 
et  1606;  Lyon,  1614  et  1624  ;  Amsterdam,  par 
Plemprius,  en  hollandais,  1648,  in-fol.  ;  enfin 
sous  le  titre  de  Collegmm  anatomicum  cla- 
rissimorum  trium  viroruvi  Jacobini,  Severini, 
Cabi-olii;  Uàaau,  1654,  et  Francfort,  1668,  in-4°. 

Éloy,  Diet.  hist.  de  la  Médecine. 

*  CACAPISTI  (Gérard),  célèbre  jurisconsulte 
itahen,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  douzième 
siècle.  Othon  de  Freysing  l'appelle  Gerhard 
de  Wigrès.  Podestat  ou  bourgmestre  de  Milan, 
il  fut  un  de  ceux  qui  tâchaient  de  définir  les 
droits  des  empereurs  dans  les  villes  lombardes. 
Il  fut  aussi  en  1177  délégué  parla  ville  de  Mi- 
lan pour  négocier  la  paix  entre  l'empereur  Fré- 


47 


CACAPISTI  —  CACCIA 


48 


déric  et  te  pape  Alexandre  III.  On  a  de  lui  :  De 
Fendis,  en  trois  livres,  dont  il  rédigeale  premier, 
tandis  qne  les  deux  autres  ont  pour  auteur  pré- 
sumé son  collègue  Obertus  ab  Orto  ,  auquel 
on  attribue  quelquefois  tous  les  trois;  —  Con- 
silium  pro  controversiis  quibusdam  Ecclesiss 
Veronensis  (dans  Ughelli,  Italia  sacra,  t.  V). 
Il  rédigea  cet  ouvrage  avec  le  concours  des  au- 
tres juges  milanais,  Oberto  abOrto,  Stephinardo, 
Ottobonno  de  Concovenzo,  etc.;  —  Oratio 
pro  parte  Lombardorum  habita  an.  1177  Ve- 
netiis  coram  Alexandre  III,  dum  ageretur  de 
statuenda  pace  Lombardorum  (  dans  Chro- 
nicon  Romualdi  Saler nitani,  dans  Scriptor. 
rerumltal.,t.  Vil,  etdansBaronius,  j4nwaZ.  ad 
ann.  1 177  )  ;  —Responsa  (  cet  ouvi-age  n'est  cité 
que  par  Merula). 

Argellati,  Bibl.  Mediol. 
'  *CACATE  {Léonard),  général  français,  né  à 
Limoges  le  27  novembre  1760.  Après  avoir  fait 
plusieurs  campagnes  sur  mer,  de  1779  à  1780, 
il  fut  désigné  (1793)  pour  être  aide  de  camp  du 
général  Jourdan.  Adjudant  général,  chef  de  bri- 
gade, il  se  trouva  au  passage  du  Rhin,  à  la  prise 
du  fort  de  Tlial-Ehrenbreistein  (1801),  au  combat 
d'Hornburg,  et  se  distingua  à  la  prise  de  Bam- 
berg.  Appelé  au  commandement  du  e''  régiment 
de  cavalerie,  il  fit  les  guerres  de  l'anVn  à  l'an  XI, 
d'Italie  et  de  la  grande  armée,  qu'il  quitta  pour 
prendre  (2  novembre  1806)  le  commandement 
de  Cosenza.  Étant  passé  au  service  de  Naples 
en  qualité  de  chef  d'état-major  (  16  septembre 
1807  ),  il  quitta  ce  pays  (  29  juillet  1808  ),  et  ob- 
tint (19  mars  1809)  le  commandement  de  Ma- 
drid. Ayant  reçu  du  roi  Joseph  le  grade  de  ma- 
réchal de  camp,  il  fut  rappelé  en  France  par  dé- 
cret du  8  janvier  1813.  A.  S. 

Archives  de  la  çiuerre.  —  Moniteur,  an  IV,  p.  327.  — 
Vict.  etConq.,  t.  iv. 

CACAULT  (François),  diplomate  français, 
né  à  Nantes  en  1742,  mort  à  Chsson  le  1"  oc- 
tobre 1805.  Au  sortir  de  ses  études,  il  vint  à 
Paris,  et  fut  nommé  à  vingt-deux  ans  professeur 
à  l'École  militaire.  Ayant  tué  en  duel  un  adver- 
saire, il  fut  obligé  de  sortir  de  France  en  1769. 
Jl  se  rendit  en  ItaUe ,  et  arriva  à  Rome  dans  la 
plus  extrême  misère.  En  1775  il  revint  en  France, 
fut  secrétaire  particulier  du  maréchal  d'Aube- 
terre,  qu'il  suivit  en  Italie  et  qui  le  fit  nommer 
secrétairedel'ambassade  de  Naples,  où,  en  1791, 
il  remplaça  le  baron  de  Talleyrand.  Revenu  à 
Paris,  il  reçut  l'ordre  de  retourner  à  Rome,  après 
le  meurtre  de  Basseville.  Arrêté  dans  sa  marche 
par  les  troupes  ennemies,  il  ne  parvint  pas  à  sa 
destination.  Il  resta  alors  en  Toscane,  et  y  déter- 
mina le  grand-duc  à  abandonner  la  coalition.  Mi- 
nistre à  Gênes  ,  il  signa,  avec  l'autorisation  du 
général  Bonaparte,  le  traité  de  Tolentino.  Chargé 
d'en  assurer  l'exécution,  il  se  rendit  à  Rome  et  à 
Florence  ;  puis  il  fut  rappelé  à  Paris,  où  il  vécut 
d'abord  dans  la  pauvreté,  parce  qu'il  avait  été  in- 
tègre. Au  conseil  des  cinq-cents, où  ilfutappeléen 


1796,  il  présenta,  le  15  août,  un  mode  de  reddition 
de  compte  auquel  seraient  soumis  les  ministres. 
Membre  du  corps  législatif  après  le  18  bru- 
maire, il  retourna  l'année  suivante  à  Rome,  et  y 
fut  ambassadeur  jusqu'en  1803,  époque  à  laquelle 
il  fut  remplacé  par  le  cardinal  Fesch.  Il  se  ren- 
dit alors  aux  eaux  de  Lucques,  qui  ne  rétablirent 
pas  sa  santé  délabrée  ;  cependant,  le  6  avi'il  1804, 
il  fut  appelé  au  sénat  conservateur.  On  a  de  lui  : 
Poésies  lyriques,  traduites  de  l'allemand  de  Ra- 
mier; Berlin,  1777,  in-i2;  —  Dramaturgie,  ou 
Observations  critiques  sur  plusieurs  pièces 
de  théâtre,  traduites  de  V allemand  de  Les- 
sing  par  un  Français,  et  publiées  par  M.  J.  ; 
Paris,  1785,  2  vol.  in-12; —  des  rapports  au 
conseil  des  cinq-cents. 

Moniteur  univ.  —  Galerie  hist.  des  Contemporains. 
—  Quérardj  la  France  littérare. 

*CACACL.T  (Jean-Baptiste,  baron),  général 
français,  né  à  Surgères  (  Charente-Inférieure  )  le 
2  septembre  1766,  mort  le  30  septembre  1813. 
Entré  soldat  au  18"  régiment  d'infanterie  le  22 
avril  1784,  il  fit  partie  de  l'expédition  de  la  Mar- 
tinique de  1790  à  1791.  Il  servit  ensuite  dans 
les  armées  du  Nord,  de  Sambre-et-Meuse  et  des 
Ardennes,  où  il  obtint  (27  janvier  1794)  le  grade 
d'adjudant  général  chef  de  bataillon,  pour  le 
courage  qu'il  déploya  dans  le  combat  du  26 
avril.  Il  se  distingua  plus  tard  dans  les  campa- 
gnes de  l'Allemagne ,  et  fut  blessé  au  bras  droit 
à  la  bataille  de  Fiiterbock  le  6  septembre;  il 
mourut  à  Torgau  à  l'âge  de  quarante-sept  ans. 
Le  nom  de  ce  général  est  inscrit  sur  les  tables 
de  bronze  du  Palais  de  Versailles.        A.  S. 

Archives  de  la  guerre.  —  F'ict.  et  conq.,  t.  VI. 

*CACCAVEH,o  (Annibale),  sculpteur  na- 
politain, florissait  en  1560.  H  fut  élève  de  Gio- 
vanni Marliano  de  Nola  et  l'un  des  artistes  qui 
contribuèrent  le  plus  à  la  décoration  des  églises 
de  Naples.  Ses  ouvrages  attestent  un  talent  réel, 
mais  cependant  inférieur  à  celui  des  grands 
maîtres  de  son  époque. 

Dominici,  P^ite  de'  Pittori,  Scultori  et  Architetti  Na- 
politani.  —  Cicognara ,  Storia  délia  Scoltura. 

CACCIA  (Francisca),  peintre  de  l'école  pié- 
montaise,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle ,  et  mourut  à  l'âge  de  cin- 
quante-sept ans.  Elle  fut  élève  et  imitatrice  de 
son  père ,  Guglielmo  Caccia,  dit  le  Moncalvo, 
Pour  distinguer  ses  ouvrages  de  ceux  de  sa 
sœur  Orsola-Maddalena,  elle  avait  adopté  pour 
emblème  un  oiseau  qu'elle  plaçait  dans  tous  ses 
tableaux.  Elle  avait,  ainsi  que  ses  quatre  sœurs, 
fait  profession  dans  le  couvent  d'ursulines  fondé 
par  son  père  à  Moncalvo,  dans  le  Montferrat. 

E.  B— N» 

Ticozz.i,  Disionario,—  Lanzi,  Storia pittorica. 

CACCÏA  (Ferdinand),  littérateur  italien,  né 
à  Bergame  le  31  décembre  1689,  mort  le  8  jan- 
vier 1778.  Il  s'appliqua  de  bonne  heure  à  la 
philologie  et  surtout  à  la  langue  latine,  dont  il 
s'efforça  de  rendre  l'étude  plus  facile.  11  ne  se  fit 
pas  moins  remarquer  dans  un  autre  genre  de 


49 


CACCIA 


50 


connaissances,  l'architecture.  On  lui  doit  la  cons- 
truction de  plusieurs  monuments.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  De  Cognitionibus  ;  Bergame, 
1719 ,  in-4°;  —  Metodo  di  Grammatica  assai 
brève  e  facile  per  imparare  con  prestezza 
e  fondamento  la  lingua  latina;  ibid.,  1726, 
in-S"  ;  —  Totius  Regulx  latinae  sciendi  Summa , 
ibid.,  1728;  —  lo  Stato  présente  délia  lingua 
latina;  ibid.,  1762;  —  Ortografia  e  prosodia; 
ibid.,  1764;  —  Antiqua  regola  délie  sïllabe 
lungke  e  brevi;  ibid.,  1764; — Citadinanza 
di  £ergamo;  ibid.,  17«6;  —  Vita  di  S.  Giro- 
latno  Miani;  Rome,  1768;  —  Vocabolario 
senza  Sinonimi;  ibid.,  1776  ;  —  Trattato  lé- 
gale; ibid.,  1772;  —  Elementi  e  regole  fon- 
damentale délia  lingua  latina;  Florence, 
1777;  —  des  ouvrages  inédits  sur  l'Architec- 
ture, sur  les  Fortifications,  et  une  Histoire 
des  médecins  de  la  ville  de  Bergame. 

Krscflj  et  Grliber,  Allgemeine  Encyclopxdie.  —  Cliau- 
don  et  Delandinc ,  Nouveau  Dict  historique. 

*  CACCIA  (Frédéric),  jurisconsulte  italien, 
né  à  Milan  le  10  juin  1635,  mort  dans  la  même 
ville  le  14  janvier  1699.  Il  étudia  d'abord  à  Paris, 
où  il  fut  reçu  docteur  ;  exerça  ensuite  à  Milan 
la  profession  d'avocat  avec  im  tel  succès,  que  le 
pape  Clément  X  le  nomma  avocat  consistorial. 
Plus  tard  il  devint  auditeur  de  la  rota,  en  1692 
archevêque  de  Laodicée  et  nonce  apostolique 
à  la  cour  d'Espagne,  et  en  1693  archevêque  de 
Milan.  Enfin,  en  1695,  il  fut  élevé  à  la  dignité  de 
cardinal.  On  a  de  lui  :  Decisiones  XIII  (dans 
Ramonius ,  0pp.;  Bologne ,  1689,  tom.  second)  ; 
—  Decisiones  VIII,  IX,  XX,  XXIII  (dans 
Albicius,  De  Inconstantia  injudiciis);  —  quel- 
ques autres  Décisions  (dans  Corpus  magnum 
Kecentiorum,  tom.  XXe  et  suiv.  ) 

.\rgellaU,  Biblioth.  Mediol. 

CACCIA  (  Gv-glielmo),  peintre  de  l'école  pié- 
rnontaise,  né  en  1568  à  Montabone,  dans  leMont- 
ferrat,  de  parents  originaires  de  Novare;  mort 
en  1625.  Il  est  connu  sous  le  nom  de  Moncalvo, 
emprunté  à  un  autre  lieu  du  Montferrat  où  il 
fut  élevé,  et  pour  lequel  il  conserva  toute  sa  vie 
une  prédilection  toute  particulière.  On  croit  qu'il 
fut'  élève  de  Giorgio  Soleri,  habile  peintre  mila- 
nais ;  mais,  malgré  les  leçons  de  ce  maître,  mal- 
gré l'étude  qu'il  fit  de  Raphaël,  d'Andréa  del 
Sarto,  et  des  autres  grands  artistes  des  diverses 
écoles,  il  ne  sut  pas  se  préserver  entièrement  du 
mauvais  goût  qui  envaliissait  l'Italie.  Quoi  qu'il 
eu  soit,  on  trouve  dans  ses  ou^Tages  une  fécon- 
dité d'invention,  une  habileté  de  main,  un  colo- 
ris encore  brillant  comme  au  premier  jom',  une 
touche  fine  et  délicate,  qui  font  pardonner  ce  que 
son  dessin  peut  avoir  d'incorrect,  et  ses  ajus- 
tements peu  conformes  à  la  vérité.  Peut-être 
aussi  ces  défauts  doivent-ils  être  attribués  par- 
fois aux  élèves  qu'il  employait  comme  aides, 
sans  s'inquiéter  assez  de  leur  capacité.  Le  Mon- 
calvo peignit  surtout  à  fresque,  et  c'est  dans  ce 
genre  qu'il  excella.  Ses  ouvrages  sont  nombreux 


à  Milan,  à  Pavie,  à  Novare,  à  Verceil,  à  Casale,  à 
Alexandrie ,  et  dans  les  châteaux  du  Montferrat. 
Lanzi  cite  avec  éloge  Saint  Antoine  abbé  et 
Saint  Paul  à  Saint-Antoine  de  Milan ,  et  une 
charmante  Gloire  d'Anges  à  la  coupole  de  Saint- 
Paul  de  Novare.  Ses  tableaux  à  l'huile  ont,  en 
général,  un  coloris  moins  vigoureux;  on  doit  ce- 
pendant faire  exception  en  faveur  du  Saint  Pierre 
et  de  la  Sainte  Thérèse  en  extase,  deSanta-Croce 
de  Turin,  et  surtout  de  la  Déposition  de  Croix, 
de  San-Gaudenzio  de  Novare,  qui  passe  pour 
le  chef-d'œuvre  du  Moncalvo.  Homme  d'mie  pro- 
fonde piété,  il  ne  traita  jamais  de  sujets  profa- 
nes ;  il  fonda  à  Moncalvo  un  monastère  d'ursu- 
lines,  où  cinq  de  ses  filles  prirent  le  voile.  Deux 
d'entre  elles,  Orsola  Maddalena  et  Francesca, 
s'occupèrent  depeinture.  Oncite  aussi,  parmi  les 
élèves  du  Moncalvo,  Giorgio  Aiberino.  E.  B — n. 
Lauzl ,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

CACCIA  (  Jean- Augustin  ),  poëte  et  littérateu  r 
espagnol ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  était  d'une  noble  famille  de  No- 
vare. Après  avoir  étudié  la  philosophie,  il  entra 
dans  les  armées  de  Charles-Quint,  et  consacra 
ses  loisirs  à  la  poésie.  Il  composa  des  capitoli 
dans  le  genre  satirique,  d'autres  dans  le  genre 
piacevole,  et  des  poésies  sacrées.  La  pensée  et 
l'expression  sont  également  remarquables  chez 
ce  poëte.  On  a  de  lui  :  Rime,  2  vol.;  le  pre- 
mier, dédié  à  Catherine  deMédicis  (1)  ;  l'autre,  au 
cardinal  Granvelle. 

Ghillnl,  Teatro  d' Uominilillustri.  —  Menckc,  Biblioth. 
virorum  milit.  et  script,  claror. 

*CACCIA  {Michel-Ange),  jurisconsulte  ita- 
lien, né  à  Aréna  dans  le  Milanais,  mort  à  Milan 
en  1630.  Après  avoir  étudié  à  Pavie,  il  fut  avo- 
cat à  Milan,  où  il  devint  sénateur  en  1624  ;  mais 
la  peste  l'emporta  avec  toute  sa  famille  en  1630. 
On  a  de  lui  :  Consilia  et  Besponsa  (dans 
Gattici,  Catena  aurea)  ;  Vinc.  Fusari,  Consilia 
et  Ruginelli,  De  Arboribus  ;  —  Pro  Episcopo 
Novariœ  contra  Regium  Fiscum  in  materia 
Jurisdictionis  temporalis  Ripariee;  Milan, 
1613. 

Argeilati,  Biblioth.  Mediol. 

*  CACCIA  (Orsola-Maddalena) ,  peintre  de 
l'école  piémontaise,  née  à  la  fin  du  seizième  siè- 
cle, morte  très-âgée  en  1678.  Elle  fut  élève  de 
son  père  le  Moncalvo,  et  arriva  à  l'imiter  avec 
im  tel  bonheur,  que  ce  n'est  que  par  un  coloris 
un  peu  moins  vigoureux  et  une  expression 
moins  vive  qu'on  peut  distinguer  ses  ouvrages 
lorsqu'ils  ne  portent  pas  la  fleur  qu'elle  avait 
adoplée  pour  emblème.  Elle  peignit  non-seule- 
ment des  tableaux  de  galerie ,  mais  encore  de^ 
tableaux  d'autel  très-nombreux  et  de  grande  di- 
mension. On  en  voit  plusieurs  au  monastère  de 
Moncalvo,  fondé  par  son  père,  et  où  elle  avait 
pris  le  voile.  E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionar-io. 

(1)  La  Biographie  Universelle  dit  Marie  de  Médicis  ; 
c'est  une  erreur,  f'oir  Ghillnl. 


SI 


CACCIAGUERRA  —  CACGIATORE 


52 


*  CACCIAGUERRA  (Buonsignore,  selon  d'au- 
tres Jérôme),  moine  et  prêtre  italien,  né  à 
Sienne,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  était  ami  et  compagnon  insépa- 
rable de  saint  Philippe  de  Néri.  On  a  de  lui  ; 
Lettere  spirituali ;^oa\e,  1575,  in-8°  ;  Venise, 
1584,  in-8°;  —  Lettera  sopra  la  frequenzia 
délia  santissima  Communione,  trad.  en  latin; 
Cologne,  1586  et  1591,  in- 12  (avec  Louis  de 
Grenade,  Defreqnenti  Commuîiione), &ten  fran- 
çais par  François  de  Belleforest;  —  Trattato 
sulle  tribulazioni  :  la  dernière  édition  est  de 
Padoue,  1769,  in-8°  ;  traduit  en  espagnol  par 
Pierre  Vasquez  Belluza;  —  Meditazioni  ;  Rome, 
1583,in-8°  ;  —  Catéchisme  de  lavie spirituelle  ; 
Lyon,  1599,  in-12  (n'est  que  la  traduction  d'un 
ouvrage  publié  en  italien). 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  AUgemeines  GelehrU- 
Lexicon. 

*CACCiANEMici(Fincenso),  peintre,  né,  vers 
la  fin  du  quinzième  siècle,  d'une  famille  noble 
de  Bologne,  vivait  en  1530.  Élève  et  imitateur 
du  Parraigianino,  il  peignit  pour  Saint-Pétrone, 
dans  la  chapelle  Fantuzzi,  une  Décollation  de 
saint  Jean- Baptiste,  tableau  assez  bien  dessiné, 
mais  brillant  surtout  par  le  coloris.  II  a  gravé 
aussi  quelques  estampes,  dont  la  plus  remar- 
quable est  une  Chasse  de  Diane,  dans  le  goût  du 
Parmigianino. 

Vasari,  Vite.  —  hdsizx ,  Storia  pUtorica.  —  Malvasia, 
Felsina  pittrice. 

*CACCiANEMlci  (ii'rancesco ),^peintre,  né  à 
Bologne,  d'une  famille  noble,  au  commencement 
du  seizième  siècle;  mort  en  1542.  Il  fut  un  des 
nombreux  élèves  du  Primatice,  que  ce  maître 
emmena  avec  lui  en  France  pour  l'aider  dans  les 
travaux  qui  lui  étaient  confiés  par  François  V. 
Plus  tard,  le  Primatice  ayant  été  envoyé  à  Rome 
par  le  roi  pour  y  copier  le  Laocoon,  Cacciane- 
mici  resta  en  France  et  s'attacha  au  Rosso.  Il 
n'abandonna  pas  pour  cela  le  style  de  son  pre- 
mier maître,  ainsi  que  le  prouve  la  Décollation 
de  saint  Jean- Baptiste,  qu'il  peignit  pour  la 
chai)eUe  Machiavelli  à  Saint-Etienne  de  Bologne. 
On  a  attribué  à  tort  ce  tableau  à  un  autre  pein- 
tre de  la  même  famille,  Vincenzo  Caccianemici, 
qui  a  traité  le  même  sujet  dans  "  l'église  Saint- 
Pétrone.  E.  B— N. 

Malvasia,  Felsina  pittrice.  —  Tlcozzi,  Dizionario. 

CACCiANiGA  (Francesco),  peintre,  né  à  Mi- 
lan en  1700,  mort  à  Rome  en  1781.  Il  avait  été 
élève  à  Bologne  de  Marc- Antoine  Franceschini  ; 
mais  après  la  mort  de  son  maître,  en  1729,  il 
alla  se  fixer  à  Rome;  et  comme  ce  fut  dans  cette 
ville  qu'il  passa  le  reste  de  sa  longue  carrière, 
et  ([u'il  se  perfectionna  dans  son  art,  il  est  re- 
gardé comme  appartenant  à  l'école  romaine.  Il 
fut  chargé  de  travaux  nombreux  et  importants 
tant 'à  l'huile  qu'à  fresque,  et  il  déploya  dans 
leur  exécution  de  brillantes  qualités,  un  peu  ter- 
nies cependant. par  le  manque  de  cette  har- 
diesse, de  cette  énergie  que  l'étude  "ne  peut  don- 
ner. Une  de  ses  plus  belles  fresques  se  voit  à 


Rome  au  palais  Gavotti  ;  plusieurs  autres  exis- 
tent au  palais  et  à  la  villa  du  prmce  Marc-An- 
toine Borghèse,  dont  les  bienfaits  assurèrent 
l'existence  de  Caccianiga  lorsque,  dans  sa  vieil- 
lesse, il  se  trouva  sans  fortune  et  accablé  d'in- 
firmités. Cet  artiste  joignit  à  l'étude  de  la  pein- 
ture celle  de  la  gravure,  et  il  reproduisit  à  l'eau- 
forte  ses  meilleurs  ouvrages,  parmi  lesquels  on 
distingue  les  quatre  tableaux  d'autel  qu'il  avait 
peints  pour  Ancône.  L'Eucharistie  et  le  Mariage 
de  la  Vierge  brillent  surtout  par  un  coloris  plein 
de  fraîcheur  et  d'harmonie.  Le  portrait  de  Cac- 
cianiga peint  par  lui-même  fait  partie  de  la  collec- 
tion iconographique  de  Florence.     E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

CACCIARI  {Pierre-Thomas),  théologien  ita- 
lien, de  l'ordre  des  Carmes ,  vivait  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  fut  doc- 
teur en  théologie,  examinateur  apostolique,  et 
lecteur  de  controverse  à  la  Propagan4e  de  Rome. 
On  a  de  lui  :  Exercitationes  in  universa  sancti 
Leonis  Magni  opéra,  pertinentes  ad  historias 
heeresium  Manichseorum,  Priscillianistorum, 
Pelagianortim,  atque  Eutychianorum,  quas 
summo  studio  et  labore  sanctus  ponfifex  evei-- 
tit  atque  damnavit,  insex  libros  distinctx, 
et  dicatas  S.  Patri  Benedicto  XIV,  P.  M.  ; 
Rome,  1751,  2  vol.  in-fol. 

Richard  et  Giraud ,  Bibliothèque  sacrée. 

*CACciATORE  (Carlo),  sculpteur  génois  du 
dix-septième  siècle.  Élève  du  Schiaffino,  il  tia- 
vailla  avec  son  maître  aux  neuf  beaux  bas-reliefs 
de  marbre  qui  décorent  l'église  délie  Scuole  pie 
à  Gênes,  oii  ils  sont  retournés  après  avoir  été  ju- 
gés dignes  de  figurer  dans  le  musée  Napoléon. 

E.  B— N. 

Valéry,  foyages  historiques  et  littéraires  en  Italie. 

*CACciATORE  (Niccolo),  astronomc  italien, 
né  à  Casteltermini,  en  Sicile,  le  26  janvier  1780. 
Il  fut  professeur  de  langue  grecque  à  Girgenti 
en  1796,  et  de  géographie  ancienne  comparée 
à  Palerme  on  1797.  En  1798,  il  s'appliqua  à  l'as- 
tronomie. Après  la  publication  du  catalogue  as- 
tronomique de  1803,  il  refit  ce  travail,  et  porta  à 
220  le  nombre  des  étoiles  principales,  qui  n'é- 
tait-que  de  34,  d'après  Mosckelyne.  11  est  cité 
avec  honneur  dans  le  catalogue  de  Piazzi,  achevé 
en  1813  et  couronné  par  l'Institut  de  France. 
La  direction  de  l'observatoire  de  Palerme  lui 
fut  confiée  en  1817.  Ses  prmcipaux  ouvrages 
sont  :  Délia  Cometa  apparuta  in  settembre 
1807;  Palerme,  1808,  in- 8°;  —  Su  ifilidfar- 
gento  per  uso  de'  telescopi;  1817,  in-8°;  — 
Délia  cometa  apparsa  in  settembre  1819; 
Palerme,  1819,  in-8";  —  Descrizione  d'un 
nuovo  cerchio  di  riflessione  di  M.  Simono/f; 
ibid.,  1824; —  Descrizione  délia  meridiana 
del  duomo  di  Palermo;  ibid.,  1824, in-12;  — 
Sulle  Osservazioni  meteorologiche ;  ibid.,  1825, 
in-12;  —  Origine  del  Sistema  solare,;  ibid., 
1825,  in-8°;  —  i  Bagni  minerait  di  Sclajani; 
ibid.,  1828. 

Muzzarelii,  Biog.  contemp,  (ouvrage  inédit). 


43  CACGINI 

'  CACCINI  (Giovanni),  sculpteur  et  archi- 
tecte, né  à  Florence  en  1562,  mort  en  1612.  Ses 
plus  importants  travaux  en  architecture  sont  le 
portique  corinthien  qu'il  éleva  devant  l'église  de 
Y.inminsiata  aux  frais  de  la  famille,  Pucci,  le 
bel  oratoire  de  cette  même  famille  et  le  maître- 
autel  de  l'église  Santo-Spirito.  Outre  celles 
qui  décorent  ces  monuments ,  on  voit  de  nom- 
breuses sculptures  de  Caccini  dans  d'autres 
églises  de  Florence  ;  elles  sont  empreintes  du 
mauvais  goût  qui  commençait  à  envahir  l'Italie. 

Ticozzi,  Dizionario,  —  Baldinucci,  Notizie.  —  Fan- 
tozzl,  Nuova  Guida  di  Firenze. 

*CACciOM  (Giovanni-Battista) ,  peintre  de 
l'école  bolonaise,  né  à  Budrio  en  1628  selon 
Lanzi,  en  1636  suivant  Ticozzi  ;  mort  en  1676.  II 
fut  élève  de  Dominico-Maria  Canuti,  bon  disciple 
du  Guide;  mais  il  s'appliqua  surtout  à  imiter 
Carlo  Cignani.  Il  travailla  beaucoup  à  l'huile  et  à 
fresque  à  Bologne,  à  Modène,  à  Parme  et  à 
Mantoue,  où  il  peignit  les  figures  dans  les  pers- 
pectives de  Bald.  Blanchi  et  de  G.-G.  Monti. 
il  fit  aussi  des  tableaux  de  chevalet,  dont  les 
plus  estimés  sont  des  têtes  de  vieillards.  Mal- 
heureusement Caccioli  fut  enlevé  aux  arts  dans 
toute  la  force  de  l'âge  et  du  talent.  Il  laissa  un 

1!  fil^  en  bas-âge,  qui  suivit  la  carrière  de  son  père. 

l  E.  B— N. 

Lanzi,  Storta  pittorica.   —   Ticozzi,  Dizionario.  — 

'  Mfalvasia,  PitUire  di  Bologna. 

*  CACCIOLI  (Giuseppe  Antonio),  peintre  de 
l'école  bolonaise,  né  vers  1670,  mort  en  1740. 
Enfant,  il  perdit  son  père,  Giovanni-Battista  ;  dès 
qu'il  fut  en  âge,  il  entra  dans  l'atelier  de  Giuseppe 
Roli  ;  mais,  après  plusieurs  années,  il  en  sortit 
ayant  fait  peu  de  progrès.  Ce  ne  fut  qu'en  voyant 
travailler  les  plus  habiles  peintres  de  son  temps 
qu'il  parvint  à  acquérir  quelque  talent.  Il  s'asso- 
cia à  Pietro  Farina  en  qualité  de  peintre  d'orne- 
:  ments  et  d'architecture,  et  passa  avec  lui  en  Al- 
lemagne, oîi  ils  exécutèrent  de  nombreux  travaux. 
Après  une  longue  absence,  il  revint  mourir  dans 
sa  patrie.  E.  B— n. 

Malvazia,  Pitture  di  Bologna.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

CACHEDENIER  (Daniel),  grammairien  lor- 
rain, natif  de  Bar-le-Duc,  mort  à  Paris  en  1612.  Il 
était  seigneur  de  Nicey,  fils  d'un  officier  au  régi- 
ment de  Florainville,  et  étudia  le  droit  à  Altorf. 
On  a  de  lui  :  Introchictio  ad  linguam  galli- 
cam;  Francfort,  1601,  in-S";  ouvrage  écrit  en 
Allemagne,  où  l'auteur  avait  épousé  une  fille  noble 
de  la  famille  d'Etzdorlî. 

D.  Calmet,  Bibl.  de  Lorraine.  —  Chevrier,  Mém.  pour 
servir  à  l'hist.  des  liommes  illustres  de  lorraine. 

CACHET  (C^m^qpAe),  médecin  suisse,  né  à 
Neufchâtel  le  26  novembre  1572,  mort  à  Nancy 
le  30  septembre  1624.  Après  avoir  étudié  la  mé- 
decine à  Padoue,  et  séjourné  quelque  temps  à 
Rome,  il  étudia  le  droit  à  Fribourg.  Mais  il  re- 
vint à  la  médecine,  dans  laquelle  il  acquit 
beaucoup  de  réputation.  Nommé  médecin  ordi- 
naire du  duc  de  Lorraine ,  il  mourut  à  Nancy, 
âgé  de  cinquante-deux  ans.  Pendant  toute  sa  vie 


CACHIN 


54 


il  s'était  attaché  à  détruire  les  préjugés  répandus 
par  les  alchimistes  et  philosophes  hermétiques. 
On  a  de  lui  :  Controvcrsix  theorico-practicx 
in  primam  Aphorismorum  Ilippocralis  sec- 
tionem,  pars  Ij  Toul,  1612,  in-12,  et  1618, 
in-8<>  (  la  2"  partie  n'a  pas  paru  ),;  —  Pandora 
bacchica  parens  medicisarmis  oppugnata.  Hic 
temulantix  ortus  etprogressus  ex  antiquo- 
rum monuinentis  investigatur ,  etc.;  Toul, 
1614,  in-12;  —  Apologiapoeticain  Hermetici 
cujusdam  anonymi  scriptum  de  Curatione 
calculi;Ton\,iQ>il,  in-12;  — Vrai  et  assuré 
préservatif  de  petite  vérole  et  rougeole; 
Toul,  1617,  m-8°;  et  Nancy,  1623,  in-8°;  — 
Exercitationes  équestres  in  Epigrammatum 
centurias  VI  districtas;  Nancy,  1622  (Cachet 
appelait  ses  épigrammes  Exercitationes  éques- 
tres, parce  qu'il  les  avait  faites  en  voyageant  à 
cheval). 

Calmet,  Bibl.  Lorr.  — Chevrier,  Hommes  illustr.  de 
Lorr.  —  Éloy,  Dict.  hist.  de  la  Méd.  —  Catrère,  BibUoth. 
litt.  de  la  med. 

*  CACHET  (dom  Pa«Z),frèrede  Christophe,  re- 
ligieux lorrain  de  la  congrégation  des  Bénédictins 
de  Saint- Vannes,  né  à  Neufchâteau  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  mort  à  Saint -Mansui-lez-Toul  le 
17  septembre  1652.  Il  fit  profession  dans  l'ab- 
baye de  Moyenmoutier  le  lOjuillet  1605;  et,api'ès 
avoir  rempli  avec  honneur  plusieurs  emplois  dans 
la  congrégation,  il  fut  enfin  élu  abbé  de  Saint- 
Mihiel  le  18  février  1634.  Mais  cette  élection  ne 
fut  pas  ratifiée.  On  a  de  lui  :  De  Vétat  et 
qualité  de  l'abbaye  de  Saint-Milùel  (publié 
entre  1634  et  1638). 

Dom  Calmet,  Bibliotli.  Lorr. 

CACHET  (Jean),  biographe  ascétique,  natif  de 
Neufchâteau,  mort  à  Pont-à-Mousson  le  22  dé- 
cembre 1633.  Il  entra  dans  la  société  de  Jésus, 
à  Nancy,  le  8  janvier  1617.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  une  traduction  de  la  Vie  de  Jean 
Brachman,  par  le  P.  Virgilio  Cepari;  Paris, 
1630,  in-8";  —  la  Vie  de  saint  François  de 
Borgia;  Pont-à-Mousson,  in-12;  —  une  traduc- 
tion de  la  Vie  de  saint  Isidore,  patron  des  la- 
boureurs, et  de  la  bienheureuse  Marie  délia 
Cabeça,  sa  femme,  par  Quintana  ;  Verdun,  1 63 1  ; 
—  Vie  de  saint  Joseph ,  prémontré;  Pont-à- 
Mousson,  1632. 

Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée,  —  Le  P.  Oudin, 
jésuite,  Mém.  manuscrits.  —  Moréri,  Dict. 

CACHIN  (Joseph-Marie- François,  baron), 
ingénieur  français,  né  à  Castres  (Tarn)  le  2  oc- 
tobre 1757,  mort  à  Paris  le  20  février  1825.  Il 
fit  ses  études  à  Sorrèze,  et  suivit  les  cours  d'ar- 
chitecture et  de  mathématiques  à  Toulouse.  Reçu 
ingénieur  en  1776,  il  visita  l'Angleterre,  et  revint 
en  France,  vers  1789,  préparer  le  travail  d'un 
canal  latéral  à  la  Seine  entre  Quillebœuf  et  Hon- 
fleur  :  les  événements  politiques  suspendirent 
l'exécution  de  ce  canal  ;  et  Cachin,  envoyé  dans  le 
Calvados,  s'occupa  de  l'endiguement  de  l'Orne 
entre  Caenetla  mer,  ainsi  que  d'un  établissement 
militaire  près  de  CoUeville.  En  1802,  legouver- 


55 


CACHIN  —  CADA-MOSTO 


nement  le  nomma  inspecteur  général  des  poats  et 
chaussées  et  directeur  de  la  partie  militaire  des 
ports.  Cachin  dirigea  en  cette  qualité,  pendant 
vingt  années,  les  travaux  de  la  digue  et  des  for- 
tifications destinées  à  améliorer  et  défendre  ce 
port.  On  a  de  lui  :  Mémoire  sur  la  navigation 
de  l'Orne  inférieure  ;  Paris,  an  vu,  in-4°  ;  — 
Mémoire  sur  la  digue  de  Cherbourg  comparée 
au  Breahwater  de  Plymouth;  Paris,  F.  Didot, 
1820,  in-4°,  5  planches.  —  L'auteur  y  réfute  les 
publicistes  anglais  qui  mettaient  la  jetée  de  Ply- 
mouth bien  au-dessus  de  celle  de  Cherbourg. 

Quérard,  la  France  'littéraire.  —  Annales  maritimes 
et  coloniales,  avril  1826. 

CADAHALSO  OU  CADALSO  {Jose  DE),  poëte 

espagnol,  né  à  Cadix  en  1741,  mort  à  Gibraltar 
le  27  février  1782.  Descendant  d'une  ancienne 
famille  du  nord  de  l'Espagne,  il  fut  élevé  à 
Paris.  Il  n'avait  pas  encore  vingt  ans  lorsqu'il 
visita  l'Italie,  l'Allemagne,  l'Angleterre  et  le  Por- 
tugal. Il  étudia  la  littérature  de  chacun  de  ces 
pays,  surtout  celle  de  l'Angleterre.  A  son  retour 
en  Espagne,  il  entra  dans  l'armée,  et  i>arvint  ra- 
pidement au  grade  de  colonel.  Mais,  tout  en  s'ac- 
quittant  de  ses  devoirs  militaires,  il  ne  négli- 
geait point  la  culture  des  lettres,  en  même  temps 
qu'il  se  liait  avec  les  esprits  les  plus  distingués 
de  son  époque,  les  Moratin,  les  Yriarte,  les  Jo- 
vellanos  ,  et  surtout  le  jeune  Melendez  Valdes. 
La  mort  ne  lui  permit  pas  de  réaliser  tout  ce 
qu'il  faisfiit  espérer  ;  il  fut  frappé  d'une  bombe  au 
siège  de  Gibraltar.  On  a  de  lui  :  Eruditos  a  la 
Violeta,  1772,  sous  le  nom  de  Jose  Vasquez  :  c'est 
une  satire  dirigée  contre  les  érudits  superficiels  ; 
—  Ocios  de  mi  juventud;  Madrid,  1772  et  1773, 
j  in-4*';  sous  le  même  pseudonyme;  —  las  Car- 
^  ■  tas  marruças, souvent  réimprimées,ouvrage  pos- 
thiune,  dans  le  genre  des  Lettres  persanes  de 
Montesquieu,  et  plus  encore  dans  celui  du  Ci- 
tojjen  du  monde  de  Goldsmith.  Les  œuvres  com- 
plètes de  Cadahalso  ont  été  publiées  à  Madrid  en 
1818,  en  3  vol.  in-12,  sous  le  titre  Collecion  de 
obras  en  prosa  y  en  verso  de  don  Jose  Cadalso, 
avec  une  excellente  notice  biographique  par  l'é- 
diteur Navarrete.  Un  choix  des  mêmes  œuvres  se 
trouve  dans  le  Floresta  de  rimas  modernas 
castellanas  de  Wolf.  V.  R. 

Sempere,  Bibliotheca.  —  Ticknor,  History  of  Spanish 
literature.  —  Conversations- Lexicon. 

CADALOUS  {Pierre) on  honoriusii  Voy. 
Alexandre  II ,  pape. 

CADA-MOSTO  (Alvtse  OU  Louis  da),  célèbre 
voyageur  itahcn,  né  à  Venise  en  1432,  mort  vers 
1480.  On  ne  sait  de  sa  vie  que  ce  qu'il  a  bien  voulu 
nous  en  apprendre  dans  ses  mémoires,  qui  ne 
commencent  qu'à  ses  navigations  sur  la  côte  d'A- 
frique. Ces  mémoiresportent  cependant  qu'il  était 
patricien ,  qu'il  avait  reçu  une  éducation  distin- 
guée, et  qu'il  avait  très-activement  navigué  sur 
la  Méditerranéejusqu'à  l'âge  de  vingt-deux  ans. 
A  cet  âge  le  gortt  des  voyages  était  devenu  chez 
lui  une  véritable  passion  :  les  noms  de  Colomb, 
de  Vespucci  et  de  Verazzani  n'avaient  pas  encore 


illustré  l'Italie,  et  il  aspirait  àpartager  lagloire  dt 
marins  français,  portugais ,  catalans  ,  et,  comm 
il  le  dit,  à  parvenir  a  qualche  perfezione  à 
onore.  Le  cavalier  Marco  Zen,  de  Venise 
mettait  à  la  voile  pour  la  Flandre  :  Cada-Most 
prit  avec  lui  quelque  argent,  et  s'embarqua  sou 
ce  capitaine  expérimenté.  A  la  sortie  delà  Médi 
terranée,  les  vents  contraires  retinrent  nos  voy  a 
geurs  en  vue  des  Algarves ,  et  il  fallut  relâche 
au  cap  Saint- Vincent.  —  On  sait  que  ce  fameu: 
cap  Saint- Vincent  était  le  principal  centre  de  tou 
ce  mouvement  de  découvertes  et  d'entreprise: 
maritimes  qui  ont  tant  illustré  le  Portugal  au  quin 
zième  siècle.  Le  grand  infant  don  Henri  se  tenai 
à  peu  de  distance  du  promontoire,  dans  sa  vill< 
de  Reposera ,  toujours  occupé  de  ses  projets  sui 
l'exploration  des  côtes  africaines.  Ayant  appri; 
l'arrivée  de  nos  Vénitiens,  il  leur  envoya  un  d( 
leurs  compatriotes ,  consul  de  la  république  ci 
Portugal,  en  le  chargeant  d'offres  brillantes  l 
leur  intention.  Ces  offres  étaient  accompagnées 
d'échantillons  de  sang-de-dragon,  de  sucre  df 
Madère  et  d'autres  denrées  exotiques  :  l'infanl 
proposait  aux  Vénitiens  d'entrer  sous  son  pa- 
villon, à  condition  de  fournir  et  d'équiper  eiiN^  '. 
mêmes  leurs  navires ,  ou  du  moins  d'en  faire 
la  cargaison,  attendu  que  les  caravelles  ne  lui 
manquaient  pas.  Dans  le  premier  cas ,  l'infanl 
avait  droit  au  quart  des  cargaisons  ;  dans  le  se- 
cond, à  la  moitié  ;  en  cas  de  non-réusite,  il  s'en- 
gageait à  supporter  tous  les  frais.  Il  ajoutait  que 
cette  dernière  charge  était  à  peu  près  improba- 
ble, et  que  le  succès  était  certain;  que  l'on  ga- 
gnait le  plus  souvent  jusqu'à  mille  pour  cent,  cU  - 
Ce  qui  séduisait  le  plus  Cada-Mosto,  ce  n'était  j 
pas  le  lucre,  mais  l'appât  des  découvertes  ;  il  resta 
donc  à  Reposera  avec  quelques  compagnons ,  et 
Zen  partit  sans  eux.  L'infant  donna  à  nos  Italiens 
une  caravelle  de  90  tonneaux,  sous  la  conduite 
du  capitaine  D.  Vincent  Diaz  ;  mais  le  vrai  con^ 
ducteur  de  l'entreprise  était  Cada-Mosto.  Il  partit 
de  Saint-Vincent  le  22  mars  1455,  après  six  mois 
environ  passés  en  Portugal  il  atteignit  Porto- 
Santo,  pids  Madère.  Il  y  avait  quatre  grands 
quartiers  habités,  unegai-nison  et  une  milice,  for- 
mant un  total  de  1,900  hommes.  Puis  il  aborda 
aux  Canaries,  que  se  disputaient  les  païens 
(Guanches)  elles  Espagnols  :  Cada-Mosto  ne  vit 
pomtles  indigènes;  mais  on  lui  raconta  beaucoup 
de  choses  plus  ou  moins  véridiques,  et  toutes  mer- 
veilleuses ,  sur  leurs  habitudes  et  leurs  mœurs. 
Il  se  rapprocha  ensuite  de  la  côte,  souvent  basse 
et  facile  à  perdre  de  vue  ;  doubla  la  Forma  à'Ar- 
guin ,  et  reconnut  les  trois  petites  îles  Blanca , 
de  Garzas  (Aigrettes)  et  Guori,  toutes  trois  bas- 
ses et  insignifiantes,  et  celle  A'Arguin,  qui  avait 
de  bonne  eau.  Il  doubla  ensuite  le  cap  Blanc,  et 
longea  le  pays  des  Azanaghes  (Amazighs),  les 
proches  voisins  des  Nègres ,  dont  ils  sont  séparés 
par  le  Sénégal.  Dans  ce  pays,  à  dix  journées  à 
l'intérieur  en  partant  du  cap  Blanc ,  était  la  ville 
de  Hoden,  cité  importante ,  oii  venaient  les  ca- 


CADA-MOSÏO 


58 


ravanes  de  Tombuto  (Tombouctou) ,  et  d'où  l'on 
gagnait,  outre  cette  dernière  ville,  lo  pays  encore 
plus  oriental  de  Melii.  Viennent  ensuite,  dans  la 
relation  du  Vénitien ,  de  longs  détails  sur  tous 
ces  pays  qu'il  n'a  pas  vus,  et  pour  lesquels  il 
a  dû  se  référer  aux.  relations  très-mêlées  de  fa- 
bles .des  noirs  sénégalais,  toujours  portés  aux 
Actions  emphatiques  ou  perfides.  Ajoutons  seu- 
lement que  les  caravanes  du  centre  de  l'Afrique, 
partant  de  Melli,  se  dirigeaient,  suivant  Cada- 
Mosto,  par  Cochia  sur  les  pays  du  Nil,  par  Toëû 
sur  l'Atlas  et  la  Berberie ,  par  Hoden  sur  les  cô- 
tes occidentales,  enfin  vers  Tombouctou.  Selon 
lui ,  cette  dernière  ville  était  à  cinquante-deux 
jours  de  marche  du  cap  Blanc,  distance  ainsi  ré- 
partie :  du  cap  à  Hoden,  6  journées;  de  là  à  Ta- 
gazîe,  6  journées  ;  de  ce  point  à  Atembuto  (Tom- 
bouctou), 40. 

Revenons  au  voyage  le  long  de  lacôtequeCada- 
Mosto  appelle i4w#eroto  jusqu'au  Sannaga  ou  Sé- 
négal. Le  nom  d'Anterota  nous  est  inconnu  ;  c'est 
peut-être  la  côte  des  Trartsas  actuels.  Le  Sénégal 
est  un  beau  fleuve  dont  Cada-Mosto  admire  les 
deux  bouches,  bordées  de  barres  et  de  bancs  de 
sable  :  il  avait  été  découvert  peu  auparavant  par 
les  Portugais.  Cada-Mosto  n'y  entra  pas ,  et  con- 
tinua à  longer  le  rivage,  habité  par  les  Gilofes 
(lolofs),  noirs,  mais  convertis  à  l'islamisme  par  les 
Arabes,  nation  à  laquelle  appartenaient  les  mara- 
bouts du  pays.  Il  s'aboucha  avec  le  Budomel 
(Darael)  ou  roi  du  Cajor,  après  avoir  touché  à 
Palma  de  Budomel,  à  50  milles  du  Sénégal,  et 
n'eut  qu'à  se  louer  de  ses  procédés.  Les  connais- 
sances du  voyageur  sur  les  noirs  sont  générale- 
ment très-exactes  et,  même  aujourd'hui,  pré- 
cieuses. En  quittant  le  Damel,  Cada-Mosto  doubla 
le  cap  Vert,  découvert  depuis  près  de  dix  ans,  re- 
connut le  goife  voisin  (Corée)  et  les  deux  tribus 
noires  riveraines,  qu'il  appelle  les  Barbasins  et  les 
Serières.  A  60  milles  du  cap  Vert,  il  vit  une  rivière 
qu'il  appela  Barbasini  :  mais  ce  fiit  avec  vme 
véritable  admiration  qu'il  reconnut  la  Gambra 
(Gambie),  où  il  entra,  dans  l'intention  de  com- 
mercer et  de  s'aboucher  avec  les  noirs.  Il  était 
accompagné,  depuis  le  cap  Vert,  par  deux  navi- 
res commandés  par  un  autre  Italien  fameux 
dans  l'histoire  maritime  du  temps,  Antoniotto 
Uso  di  Mare.  Les  trois  navires  furent  assaillis  par 
trois  ahuadies  (pirogues  ),  pleines  de  noirs  bel- 
liqueux :  la  victoire  fut  facile ,  et  l'humanité  de 
Cada-Mosto  la  rendit  aussi  peu  sanglante  que 
possible.  Mais  ses  hommes,  dégoûtés  de  cette  vie 
laborieuse,  le  forcèrent  à  retourner  sur  ses  pas, 
et  il  revint  (juin  1455)  vers  les  postes  portugais, 
d'où  il  gagna  les  Algarves.  —  Le  prince  Henri, 
ravi  des  résultats  de  ce  voyage,  le  renvoya  l'an- 
née suivante  dans  la  même  direction  avec  trois 
caravelles,  et  Uso  di  Mare  pour  associé.  Cada- 
Mosto  revit  le  cap  Blanc,  quitta  les  côtes  et  cingla 
vers  les  îles  du  cap  Vert ,  qu'il  découvrit.  H  ap- 
pela l'une .BMOwrt-FJsff/,  et  une  à\x\xeSant-Yago; 
puis  il  revint  au  littoral ,  où  il  reconnut  succes- 


sivement la  pointe  des  Deux-Palmes  (cap  Lof) 
et  l'entrée  de  la  Gambie.  Il  ne  pénétra  pas  pro- 
fondément dans  ce  lleuve,  à  cause  des  fièvres 
qui  décimaient  son  équipage;  cependant  il  visita 
le  royaume  de  Batti-Mansa  ou  le  roi  Batti,  dont 
les  sujets  étaient  idolâti'es  :  les  missionnaires  de 
l'islam  n'avaient  pas  pénétré  par  là,  bien  qu'il 
s'y  trouvât  des  marchands  arabes.  Plus  loin , 
Cada-Mosto  entra  dans  une  belle  rivière,  dont 
les  deux  rives  étaient  ombragées  de  hautes  et 
épaisses  forêts  :  il  l'appela  la  Cazamansa  (nom 
qu'elle  a  gardé  depuis  ),  ou  la  rivière  (mansa)  du 
roi  Caza,  qu'il  ne  put  voir  parce  qu'il  campait  à 
30  milles  de  là,  et  qu'il  était  en  expédition  guer- 
rière. Jusqu'à  la  Cazamansa,  Cada-Mosto  marche 
plus  ou  moins  sur  les  brisées  portugaises  ;  mais  à 
paitir  de  ce  point,  il  fait  des  découvertes  réelles. 
Sa  relation  est  claire,  précise,  ses  distances  exac- 
tes ,  sa  route  facile  à  suivre  sur  les  cartes  mo- 
dernes. A  partir  du  fleuve  indiqué,  il  longe  la  côte 
pendant  20  milles ,  et  double  un  cap  auquel  sa 
couleur  fait  donner  le  nom  de  cap  Rouge  {Rosso)  ; 
c'est  le  cap  Roxo  actuel.  Viennent  plus  loin  deux 
fleuves,  dont  le  premier,  lai^  d'un  jet  d'arbalète, 
s'appelle  le  fleuve  Sam^e-^wne;  l'autre,  le  Saint- 
Dominique.  Ce  dernier  est  à  55  ou  60  milles  en- 
viron du  cap  i?o5so.  Cette  distance  nous  reporte 
au  rio  Sancta^Catarina  des  cartes  modernes  : 
le  Sainte-Anne  est  h;  rio  Cachen,  qui  a  un  éta- 
blissement portugais  assez  important.  Plus  loin 
se  présente  un  fleuve  à  si  large  ouverture,  que 
Cada-Mosto  le  prend  d'abord  pour  un  golfe  :  il 
ne  lui  donne  aucun  nom  ;  mais  c'est  le  rio  Grande 
(ou  Jeba)  moderne,  terme  du  voyage  de  notre 
Vénitien.  En  partant  il  reconnaît  l'archipel  des 
Bissagos ,  «  à  30  milles  de  terre  :  il  se  compose 
de  deux  grandes  îles  (  Formosa  et  Carashé,  à  ce 
que  nous  croyons),  plates,  mais  couvertes  d'ar- 
bres ,  et  de  plusieurs  autres  plus  petites.  L'ar- 
chipel est  peupl6  de  noirs  :  nous  essayâmes  en 
vain  de  nous  entendre  avec  eux...  » 

On  ne  sait  rien  de  plus  sur  Cada-Mosto  :  il  rédi- 
gea, après  1463,  le  journal  de  son  voyage,  docu- 
ment importaat  qui  a  eu  plusieurs  éditions.  La 
plus  connue  est  celle  de  Ramusio,  qui  est  la  re- 
production de  l'œuvre  de  Cada-Mosto,  intitulée 
la  Prima  navigazione  per  l'Oceano  aile  terre 
de' negri  délia  Bassa  Etiopia ,  di  Luigi  Ca- 
da-Mosto;  Vicence,  1507,  iu-4''.  Celivrc  a  été 
réédité  en  1519,  à  Milan.  H  existe  encore  deux  tra- 
ductions de  l'œuvre  de  Cada-Mosto,  une  en  latin, 
dans  le  Novus  Or  bis  de  Grynaeus  :  elle  contient 
une  date  fautive  pour  le  premier  voyage,  celle  de 
1504,  faute  aisée  à  rectifier,  et  qui  n'est  qu'une 
erreur  typographique.  La  seconde  est  de  Redouet, 
auteur  français  de  la  collection  le  Nouveau 
Monde  ;'Pa.Tis,  1517.  Je  ne  cite  que  pour  mémoire 
la  mauvaise  traduction  française  de  J.  Temporal, 
à  la  suite  de  sa  Description  historiale  de  l'A- 
frique (1558).  Enfin,  Cada-Mosto  avait  ajouté  à 
son  voyage  la  rédaction  de  celui  du  P.  de  Cintra 
{voy.  ce  nom),  qui  avait  reconnu  divers  points 


S9 


CADA-MOSTO  —  CADAVAL 


6r 


de  la  côte  enke  le  Bissagos  et  le  Mesurado.  Un 
de  ses  compagnons  qui  avait  servi  de  secrétaire  à 
Cada-Mosto  avait  raconté  à  celui-ci  les  détails  du 
voyage  de  Cintra ,  voyage  qui  fut  très-court ,  et 
se  termina  avant  le  départ  de  Cada-Mosto  pour 
Venise  (I*""  février  1463).  Eniîn,  un  point  très-im- 
portant, c'est  que  Cada-Mosto  avait  publié  une 
carte  des  pays  explorés  par  lui,  ainsi  qu'il  nous 
l'apprend  en  nous  y  renvoyant  dans  sa  relation. 
Il  serait  bien  à  désirer  que  l'on  pût  trouver  trace 
de  ce  précieux  document  dans  les  dépôts  scien- 
tifiques de  la  Vénétie.  G.  Lejean. 

Zurla,  Dei  fiaggi  e  délie  Scoperte  Africane  di  Cada- 
Mosto  ;\emM,i8io,  ln-80.  —  Kiilb,  Ceschichte  der  Ent- 
dekungsreisen  ;  Mayence,1841,  t.  I.  —  la  Prima Naviga- 
zione,  etc.,  di  Cadâ-Mosto  (Ramiislo,  I).  —  Walckenaer, 
Histoire  des  voyages  en  Afrique,  t.  1.  —  Sprengel ,  Ces- 
chichte der  zoichtigsten  EntdecJcungoi. 

CADA-MOSTO  {Marco)  DA  LoDi,  poète  et  con- 
teur italien  du  seizième  siècle.  On  possède  fort 
peu  de  renseignements  sur  son  compte  ;  il  se  trou- 
vait à  Rome  lors  du  sac  de  cette  ville  en  1527. 
11  perdit  dans  cette  catastrophe  le  manuscrit  de 
plasieurs  nouvelles  qu'il  avait  composées,  et  dont 
six  autres  furent  imprimées  avec  des  sonnets, 
des  capitolï ,  à^?,  stanze,  à  Rome  en  1544;  ce 
volume  est  devenu  très-rare.  Mais  les  nouvelles 
ont  été  réimprimées  à  Milan  en  1819  (sous  la  fausse 
date  de  1799),  et  il  n'a  été  tiré  que  85  exemplaires 
de  cette  réimpression,  L'auteur  annonce  que  ses 
récits  font  connaître  des  événements  très-réels  ; 
l'idée  et  quelques  détails  du  Légataire  univer- 
sel de  Regnard  se  retrouvent  dans  la  sixième 
nouvelle.  On  peut  reprocher  à  ces  contes  de 
blesser  les  lois  de  la  décence  ;  mais  ce  tort  est 
commun  à  tous  les  vieux  novellieri  italiens, 
et  il  serait  injuste  de  les  juger  avec  les  idées  ac- 
tuelles en  fait  de  bienséance.  Un  volume  publié 
en  1545,  in-8",  par  Nicolo  Libumio,  Sentenze  e 
aurei  defti,  renferme  Alctini  arguti  motti  cW 
mïgliori  autori,  traduits  avec  succès  par  Cada- 
Mosto. 

Borromeo  ,  Notizia  de'  novellieri  italiani,  p.  18.  — 
Gingiiené,  Histoire  litt.  de  l'Italie. 

CADA-MOSTO  {Marc- Antoine),  astronome  et 
mathématicien  italien,  natif  de  Lodi,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle.  Issu  d'une 
illustre  famille  de  Lodi,  il  acquit  plusieurs  titres  à 
la  considération  publique.  La  médecine  et  laju- 
risprudence,  les  matliématiques  et  surtout  l'as- 
tronomie, l'occupèrent  tour  à  tour.  On  a  de  lui  : 
Compendium  in  usum  et  operationes  astrola- 
bii  Messahalœ,  cum  declarationibus  et  addi- 
tionibus;  Milan,  1507,in-4°.  C'est  le  seul  de  ses 
ouvrages  qui  ait  été  imprimé.  On  en  trouve  un 
exemplaire  en  vélin  à  la  Bibliothèque  impériale. 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  Impériale. 

*  CADA-MOSTO  {Paul- Emile),  poète  italien, 
vivait  dans  le  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  : 
un  livre  de  madrigaux  ;  une  traduction  italienne 
des  Emblemata  d'Alciat;  une  collection 
d'inscriptions  grecques  ;  et  deux  lettres  en  ita- 
lien qui  se  trouvent  dans  le  Recueil  des  let- 
tres des  hommes  célèbres  de  son  époque-. 


Journal  des  Sav.,  de  1749.  —  Adelung,  supplém.  à  Jô 
cher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*  CADANA  (  Salvatore  ),  moine  italien,  né  ; 
Turin,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siè- 
cle. On  a  de  lui  :  Ottava  saeramentale;  Venise 
1645,  in-fol.;  —  il  Principe  régnante;  Turin 
1649,  in-40. 

Adelung,  suppl.  à  Jôchef,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon 

*  CADARTZ  (Odihn  oa  Ozilz  ve)  ,  twxihd 
dour  du  treizième  siècle.  On  connaît  de  lui  le; 
conseils  donnés  aux  amoureux,  sur  la  manié k 
dont  ils  doivent  se  conduire.  En  voici  un  échan 
tillon  : 

«  Vous  amants  qui  semblezbien  épris,  soyez  do 
ciles,  justes  etdévoués;  je  vous  le  conseille,  biei 
que  cet  avis  ne  m'ait  point  profité  à  moi-même 
Toutefois  ma  plainte  ne  doit  pas  vous  effrayer 
vous  y  gagnerez  à  la  longue,  si  vous  me  croyez 
le  nombre  est  grand  de  ceux  qui  échouent  faut: 
de  prudence.  "  A  ces  conseils  il  en  ajoute  d'autre 
suivant  la  couleur  de  la  chevelure  des  dames. 

Histoire  littéraire,  XX,  600. 

*cadavâl  {Nunho-Caëfano-A  Ivarès-Pereln 
DE  Mello,  duc  de),  homme  d'État  portugais,  n< 
le  9  avril  1798,  mort  en  février  1838.  Descendan 
d'une  branche  cadette  de  la  maison  de  Bragance  e 
né  tout  près  du  trône,  il  devint  membre  du  conseï 
de  régence  créé  par  Jean  VI,  appelé  à  gouveiiie 
pour  dona  Maria,  fille  de  don  Pedro,  empereur  di 
Brésil,  qui  avait  abdiqué  la  couronne  de  Portugal 
et  il  prêta  serment  entre  les  mains  de  la  régenti 
provisoire  Isabelle-Marie,  qui  le  ngmma  conseille 
d'État  à  vie.  Le  duc  de  Cadaval  devint  alors  li 
pivot  autour  duquel  gravitèrent  toutes  les  am 
bitions  et  toutes  les  intrigues.  La  haute  noblesse 
désireuse  de  voir  revivre  le  principe  de  l'absciu 
tisme ,  le  berçait  de  l'espérance  de  le  faire  procla 
mer  roi  de  Portugal  par  les  cortès  assemblées 
dans  le  but  de  le  ûiire  rompre  tout  à  fait  avec  1; 
régente;  mais  l'hésitation  était  le  fond  de  soi 
caractère,  et  lorsque  don  Miguel  vint  prend le 
en  1828,  possession  de  la  régence,  Cadaval  si 
trouva  compromis  par  le  parti  absolutiste,  et  pai 
conséquent  tout  préparé  à  seconder  les  vues  di 
régent,  qui  le  nomma  président  du  conseil  (ie.\ 
ministres.  Cependant  don  Miguel  songeait  l, 
déshériter  sa  nièce  dona  Maria,  et  à  s'emparer  di 
trône  :  il  n'eut  pas  de  peine  à  obtenir  du  du( 
de  Cadaval  une  déclaration  de  déchéance,  et  l'as 
surance  d'arriver  promi)tcment  à  renverser  1; 
constitution  du  23  avril  1 826,  qui  élevait  une  bar  ! 
rière  trop  solide  contre  ses  prétentions,  kiàé.  di 
l'abbé  Macedo,  le  duc  réunit  les  états  généraux. 
([ui  proclamèrent  don  Miguel  roi  de  Portugal,  el 
l'investissaient  lui-même  de  la  charge  de  granci 
connétable.  Mais  son  irrésolution  naturelle  vinl 
entraver  la  marche  de  l'usurpateur,  qui  l'éloign.' 
de  ses  conseils  jusqu'à  ce  que,  la  guerre  ayani 
éclaté  entre  les  deux  frères,  don  Miguel  jupe; 
nécessaire  de  se  rattacher  le  duc,  autour  duquel 
se  groupait  la  haute  noblesse. 
Cadaval,  sans  se  laisser  abattre  par  l'insurrcc-  J 


ai 


CADAVAL  —  CADECOMBE 


62 


tion  de  Porto,  organisa  la  résistance,  et  les  trou- 
pes miguélistes  écrasèrent  les  troupes  constitu- 
tionnelles. Après  la  journée  d'Almoster,  où  le 
maréchal  Saldanha  battit  à  son  tour  les  derniers 
partisans  de  don  Miguel,  celui-ci  ftit  près  de  re- 
connaître sa  nièce.  Le  duc  de  Cadaval,  abandonné 
alors  par  celui  qui  l'eût  dû  protéger,  repoussé 
même  de  ses  plus  chauds  pailisans ,  s'enftiit  de 
Lisbonne  et  se  réfugia  à  Paris,  où  il  mourut. 
T.-Al.  Blanquet. 
Le  Moniteur.  —  Btst.  de  Portugal,  par  Ferdln.  Denis 
(dans  {'Univers  pittoresque  ). 

CADE  (  Jeaji  ),  appelé  aussi  Mortimer,  et 
dans  Shakspeare  Jack  Cade,  révolutionnaire 
irlandais,  mort  le  II  juillet  1450.  Il  prit  le  nom 
de  Mortimer,  cousin  du  duc  d'York,  et  déploya, 
le  8  mai  1540,  l'étendard  de  la  révolte.  Ayant 
réuni  20,000  hommes,  il  marcha,  le  17  juin, 
vers  Blackheath.  On  lisait  sur  les  drapeaux  des 
insurgés  cette  inscription,  qui  résumait  leur  pen- 
sée, et  donnait  à  leur  expédition  quelque  res- 
semblance ,  quant  au  but,  à  la  fameuse  guerre 
des  paysans  d'Allemagne  : 

.-    When  Adam  delv'd  and  Eve  span 
Who  Was  tlien  a  gentleman. 

Le  roi  Henri  VI  se  trouvait  alors  à  Leicester 
avec  le  parlement,  qu'il  renvoya  immédiatement; 
puis,  ayant  réuni  ses  forces,  il  s'avança  sur 
Londres.  Des  notes  furent  échangées  entre  le  roi  et 
le  faux  Mortimer,  qui  fit  connaître  à  Henri  les 
griefs  de  ses  compagnons  dans  deux  écrits,  l'un 
intitulé  the  Complaint  of  the  commons  oj 
Kent;  l'autre,  émané  directement  de  lui-même, 
avait  pour  titre  :  the  Request  ày  the  Captain 
of  the  great  assembhj  in  Kent.  Dans  le  pre- 
mier de  ces  écrits ,  on  se  plaignait  entre  autres 
choses  de  ce  que  le  roi  dissipait  les  revenus  de  la 
couronne  ;  de  ce  qu'il  disposait,  pour  entretenir 
sa  maison,  des  biens  du  peuple  ;  de  ce  qu'il  écar- 
tait de  son  conseil  les  princes  de  sa  famille,  pour 
y  appeler  des  hommes  d'un  rang  inférieur  ;  de 
ce  que  les  shérifs  et  collecteurs  des  taxes  com- 
mettaient de  nombreuses  exactions  ;  de  ce  que 
l'on  entravait  par  des  délais  dilatoires  l'adminis- 
tration de  la  justice.  Dans  le  second  mémoire,  on 
demandait  le  bannissement  du  duc  de  Suffolk,  le 
châtiment  des  auteurs  des  meurtres  du  duc  de 
Glocester,  du  ducd'Exeter,  du  duc  de  Warwick, 
et  de  la  perte  de  la  Guienne,  de  la  Normandie,  de 
l'Anjou  et  du  Maine. 

Après  avoir  feint  de  se  retirer  devant  les  trou- 
pes royales,  Cade  revint  sur  elles,  les  mit  en 
fuite,  tua  le  commandant,  et  revêtit  l'armure  de 
chevalier.  Cet  échec  tempéra  la  poUtique  du  roi 
et  des  lords  :  à  la  soUicitation  de  ces  derniers, 
Henri  VI  envoya  à  la  Tour  son  chambellan,  lord 
Say,  le  ministre  le  plus  détesté;  licencia  les  sol- 
dats de  son  armée,  et  se  retira  au  château  de  Knil- 
worth.Lord  Scales,  avec  1000  hommes,  défendit 
la  Tour,  et  deux  jours  plus  tard  (1'=''  juillet)  Cade 
s'empara  de  Southwark.  Le  3  juillet,  dans  un  con- 
seil général  convoqué  par  le  maire,  il  fut  résolu 


qu'on  n'opposerait  aux  insurgés  aucune  résis- 
tance.Pendant  qu'on  délibérait,Cade  fit  son  entrée, 
et,  en  passant,  coupa  les  cordes  du  pont-levis. 
n  fit,  pendant  les  deux  jours  suivants,  observer 
à  son  armée  la  plus  rigoureuse  discipline;  seule- 
ment il  exigea  que  le  maire  et  les  juges  siégeassent 
à  Guildhall.  Il  s'empara  alors  de  la  personne  de 
lord  Say,  et  l'accusa  devant  eux,  lui  et  quelques 
autres,  qui  heureusement  étaient  absents.  En  vain 
lord  Say  réclama-t-il  le  privilège  de  la  pairie;  il 
fut  conduit  à  Standard,  dans  Cheapside,  et  déca- 
pité. Cramer,  son  beau-fils,  eut  le  môme  sort. 
Le  troisième  jour,  quelques  malsons  ayant  été 
pillées,  les  habitants,  lord  Scales  en  tête,  résolu- 
rent de  chasser  les  insurgés.  Un  engagement 
eut  lieu  la  nuit  du  5  juillet,  et  cette  fois  Cade 
eut  le  dessous.  Une  trêve,  qui  fut  conclue ,  ne 
fit  que  hâter  le  dénoûment  habituel  dans  ces 
sortes  d'aventures.  L'armée  de  Cade  se  dispersa 
sur  une  promesse  d'amnistie,  faite  par  l'évêque 
de  Winchester.  Deux  jours  plus  tard  (le  8  juillet), 
Cade  voulut  rallier  quelques  hommes  ;  il  y  réus- 
sit, traversa  avec  eux  la  ville  de  Deptfort;  mais 
les  voyant  se  diviser  à  propos  du  partage  du  bu- 
tin ,  il  comprit  que  son  rôle  était  fini,  monta  à 
cheval,  et  s'enfuit  vers  Lewes  en  Sussex  (11  juil- 
let). Poursuivi  par  Iden ,  shérif  de  Kent,  il  fut 
pris  et  décapité  dans  un  jardin,  et  le  meurtrier 
eut  la  récompense  promise  :  1,000  marcs.  Les 
principaux  complices  de  Cade  furent  exécutés,  et 
quelques-uns  d'entre  eux  confessèrent,  avant  de 
mourir ,  que  leur  intention  était  de  décerner  la 
couronne  au  duc  d'York.  La  tête  de  Cade  fut 
exposée  à  Londres.  Ce  dénoûment  était  infail- 
lible. C'est  là,  quel  que  soit  le  fond  du  droit,  le 
sort  ordinaire  de  la  force  irrégulière  contre  la 
force  réguhère  :  l'histoire,  à  cet  égard,  présente 
de  rares  exceptions.  V.  R. 

John  Lingard,  Hist.  of  England. 

*  CADEAC  (Pierre  ) ,  compositeur  français,  vi- 
vait dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Moteta  quatuor,  quinque  et  sex 
vocum,  lib.  I ;  Paris,  1555,  in-4°;  —  une  Messe 
à  quatre  voix,  dans  la  collection  de  Cardane; 
—  des  Motets  à  cinq  voix;  Paris,  1544,  dans 
la  bibliothèque  de  l'abbé  Sanlîni. 

A.  Cardane,  XII  Missse  cumvoc.  a  celeberrimis  auc- 
toribus  conditse,  etc.  ;  Paris,  1544.  —  Fétis,  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

*cADiec  (D.-F.-C),  prédicateur  breton, 
connu  seulement  par  :  Tragédie  sacrée,  ou 
Méditations  sur  chaque  mystère  de  la  Passion 
de  J.-C,  composée  en  rime  bretonne;  Brest, 

in-8°  (sans  date). 

Catal.  de  la  Bibl.  imper.  —  Adelang,  snpplément  à 
JOcher,  AUgemeines  Gelehrten-Lexicon. 

*  CADECOMBE  (Paul  de),  juriconsultc  avi- 
gnonnais,  vivait,  vers  le  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  à  Avignon ,  où  il  était  commis- 
saire général  des  impôts.  On  a  de  lui  :  Nova 
Disqtiisitio  legalis  deFructibus  in  hijpotheca- 
ria,  aut  Salviano  restituendis  ad  legem,  etc.j 
Avignon,  vers  1701,  in- fol. 


63 


CilDECOMBE  —  CADENET 


64 


Journal  des  Savants,  1702.  —  Adelung,  supplément  à 
Jôclier,  Allgemeines  Gelehrten-Lexieon. 

*  CADEMANN  (  Adam  -  Théodule  ou  Got- 
thelf),  prédicateur  luthérien  allemand,  né  en 
1677  à  Haynichen,  près  de  Freiberg,  dans  la 
Saxe-Royale  ;  mort  à  Kemberg  le  16  février  1746. 
n  étudia  d'abord  à  l'école  secondaire  de  Géra , 
ensuite  aux  universités  de  Leipzig  et  de  Wit- 
temberg,  où  il  prit  ses  grades.  En  1707,  il  devint 
vicaire  à  Sitzenroda ,  village  près  de  Torgau,  en 
1713;  pasteur  à  Suptiz;et  enfin  en  1727  archi- 
diacre à  Kemberg,  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort. 
On  n'a  de  lui  qu'un  sermon  :  Sur  la  Difficulté 
de   convertir  le  cœtir  de  Za/emme;  Leipzig, 

1742,  in-8". 

Adelung,  supplément  à  1  ôcher,  Mlgemeines  Gelehr- 
ten-Lexieon. 

*CADEMANN  (  Jean-Geovge),  théologien  lu- 
thérien allemand,  né  à  Oschatz  (Saxe-Royale), 
mort  à  Wurzen  le  28  décembre  1687.  11  étudia 
d'abord  à  léna ,  ensuite  à  Wittemberg ,  où  il 
prit  ses  grades  en  1654.  En  1656  il  devint  pas- 
teur à  Dahlen,  eten  1676  archidiacre  à  Wur- 
zen, où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  : 
Dlsputatio  de  Causa  instrumenfali  justifxa- 
tionis;  léna,  1650,  in-4°;  — Disput.  de  Prin- 
cipiis  humanarum  actionum;  "Wittemberg, 
1654, in-4";  —  Disput,  de  Justifia  distributiva; 
ibid.,  1654,  in-4''; —  Disput.  dejustitia  com- 
mutativa-jMA.,  1654,  in-4°;  —  Disput.  de 
Majestate;  M(i.,  1654,  in-4°. 

Schôttgen,  Histoire  de  Tf'urzen.  —  Adelung,  supplém. 
à  Jocber,  Allgemeines  Gelehrten-Lexieon. 

*CADEMANiv  (Jean-Rodolphe),  théologien 
luthérien  allemand,  fils  du  précédent,  mort  à 
Pegau (en  Saxe)  après  1720.  Il  étudia  à  Leipzig, 
où  il  prit  en  1699  ses  grade»  en  théologie.  Après 
avoir  fait  des  cours  publics  avec  succès ,  il  fut 
nommé  en  1708  diacre  à  Naumbourg,  et  en  1717 
surintendant  à  Pegau,  où  il  resta  jusqu'à  sa 
mort.  On  a  de  lui  :  Disput.  de  Schola  libertino- 
rum,  ex  Act.  Ap.  VI,  9;  Leipzig,  1704,  in-4''; 
et  plusieurs  sermons  funèbres. 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  JUgeni.  Gelehrloi- 
Lbxicon. 

CADENET  (Elias),  troubadour  provençal, 
né  vers  11  56,  mort  en  1280.  Après  la  mort  de  son 
père,  que  l'on  suppose  avoir  été  tué  lors  de  la  prise 
du  bourg  de  Cadenet,  en  1166,  par  les  Toulou- 
sains et  les  Provençaux  réunis ,  il  fut  recueilli 
par  un  seigneur  appelé  Hunand  de  Lantur,  qui 
le  fit  élever  avec  soin  à  Toulouse.  Il  reçut  toute 
l'éducation  d'un  fils  de  chevalier,  apprit  à  chan- 
ter, à  faire  des  vers,  à  jouer  de  divers  instru- 
ments; puis  il  se  fit  jongleur,  visita  les  cours  de 
l'Albigeois ,  de  l'Auvergne,  et  les  contrées  voi- 
sines. Longtemps  il  vécut  sans  trouver  la  dame 
de  ses  pensées ,  ou  au  moins  un  baron  qui  se 
chargeât  de  son  équipement.  Cependant  il  était 
gi-and  et  beau ,  dit  son  historien,  et  avait  une 
belle  voix.  Il  voyageait  pédestrement,  sous  le 
surnom  de  Bagas  (garçon  adulte).  On  a  voulu 
lui  faire  de  cette  dénomination  un  sujet  de 
reproche;  mais  i1en  ne  prouve  qu'il  ait  eu  de 


mauvaises  mœurs;  seulement  l'accepiion  primi- 
tive du  mot  bagas  a  varié  et  s'est  altérée,  comme 
celle  de  beaucoup  de  vocables  du  même  genre. 
Cadenet  ne  se  contentait  pas  de  répéter  les  vers 
d'autrui,  il  composait  lui-même  des  C0MpZe<.s, 
des  pastorelles,  des  sirventes.  De  retour  dans 
son  pays  natal,  il  n'y  fut  reconnu  de  personne. 
Il  eut  alors  l'idée  de  se  faire  appeler  Cadenet; 
puis  il  se  rendit  à  Riez,  où,  à  ce  qu'il  paraît,  il 
soupira  vainement  pour  dame  Marguerite,  femme 
du  seigneur  de  l'endroit.  Venu  à  la  cour  du  trou- 
badour et  seigneur  Blacas  d'Aulps,  il  y  fut  ac- 
cueilli, équipé ,  hébergé  ;  et  la  sœur  de  Blacas 
reçut  avec  bienveillance  l'hommage  des  vers  de 
Cadenet.  Notre  troubadour  se  rendit  ensuite  suc- 
cessivement chez  Raymond  Laugier,  seigneur 
des  Deux-Frères,  dans  l'évêché  de  Nice  ;  chez  le 
marquis  de  Montferrat,  et  chez  Aimond  d'Agoult, 
seigneur  de  Sault;  et  partout  même  accueil  hos- 
pitalier et  empressé.  Entraîné  par  sa  passion 
pour  l'inhumaine  Marguerite,  il  retourna  à  Riez, 
et  n'y  fut  pas  plus  heureux  que  la  première  fois. 
Erreur  de  poète  :  l'amour  ne  s'obtient  pas  par 
la  persuasion.  Au  rapport  de  Nostradamus,  Ca- 
denet, ayant  aimé  une  religieuse  novice,  l'au- 
rait enlevéedu  couvent,  épousée,  et  rendue  mère 
d'un  fils  appelé  Robert;  puis  il  se  serait  rendu 
en  Palestine,  et  y  serait  mort  vers  1280,  en  com- 
battant contre  les  infidèles.  Il  aurait  vécu,  à  ce 
compte,  environ  cent  vingt-cinq  ans.  Ce  récit 
n'est  donc  guère  vraisemblable.  Ce  qui  est  bien 
plus  authentique,  c'est  que  Cadenet  vint  de  la 
Provence  à  Toulouse,  où  il  chanta  la  comtesse 
Éléonore,  femme  de  Raymond  VI,  depuis  1204. 
Une  version  également  probable,  c'estque  Cadenet 
se  retira  du  monde  vers  la  fin  de  sa  vie,  pour 
aller  vivre  chez  les  hospitaliers  de  Saint-Jean, 
peut-être  aussi  à  Saint-Gilles,  chez  les  templiers. 
On  ignore  l'époque  précise  de  sa  mort.  Ses  poé- 
sies roulèrent  au  début  sur  le  sujet  habituel  aux 
troubadours  ;  plus  tard,  elles  portèrent  sur  des  su- 
jets pieux.  On  y  trouve  de  la  précision ,  de  la 
facilité,  et  souvent  de  l'esprit.  Voici,  par  exemple, 
comme  il  apostrophe  l'amour  : 

«  Amour ,  Amour,  je  crois  qu'on  peut  échapper  à 
tout  autre  ennemi  que  toi  ;  on  le  combat  avec  le 
glaive  ;  on  s'en  préserve  du  moins  en  opposant 
le  bouclier  ;  on  s'écarte  de  son  passage  ;  on  se 
cache  dans  un  lieu  ignoré  ;  enfin  on  implore  uti- 
lement ou  la  force  ou  l'adresse  par  la  franche  at- 
taque ou  la  ruse  ;  on  a  recours  à  un  château,  à 
une  forteresse  ;  on  appelle  des  amis,  des  auxi- 
liaires. Mais  celui  que  tu  poursuis,  plus  il  essaye 
de  t'opposer  des  obstacles,  moins  il  réussit  à  te 
résister. 

«  n  est  certain  qu'en  pareille  occurrence  tous 
les  châteaux,  retraites  et  auxiliaires  n'y  change- 
raient rien.  » 

Millot  cite  cette  autre  strophe,  qui  est  plutôt  un 
tour  de  force  : 

Trois  lettres  de  l'ABC 

Apprenez  :  plus  ne  tous  demande 


C5 


CADENET  —  CADET 


66 


A,  M, T,  car  autant 

Elles  veulent  dire  que  AMTE. 

Et  cette  unique  science  sufflra  pour  vous  et  pour  mol. 

Cependant  un  peu  plus  Je  voudrols 

O  et  C  quelquefois  ; 
Puis,  si  je  vous  demandois. 
Dites,  daine,  m'assisteriez-vous  ? 
Je  croisque  vous  seriez 
A  dire  de  disposée. 

Le  morceau  suivant  est  une  spii'ituelle  épi- 
gramme  que  des  modernes  pourraient  envier: 

Pâtre,  médisants  jaloux 
M'iionorent  ctiaque  Jour  , 
Us  me  disent  ticureux 
Des  faveurs  d'amour 
Dont  me  vient  lionneur. 
Et  je  n'ai  d'autre  bonheur; 

Mais  la  peur 
Qu'ils  eft  ont  seroit 
Vérité,  si  je  pouvols. 

Dans  une  aubade  en  cinq  sh'oplies,  publiée  par 
M.  Raynouard  ,  on  voit  figurer  trois  interlocu- 
teurs :  une  dame  qui  a  passé  la  nuit  avec  son 
amant ,  une  femme  qui  annonce  l'aube  du  jour, 
et  l'amant  qui ,  entendant  l'alouette,  veut  se  re- 
tirer. Cette  expression  Valba  (l'aube)  termine 
chaque  strophe.  Nous  citerons  plusieurs  de  ces 
strophes  ;  elles  forment  un  petit  drame  que  l'on 
dirait  écrit  d'hier  : 

LA.   DARIE. 

Si  je  fus  jadis  belle  et  admirée. 
Je  suis  maintenant  bien  bas  tombée, 
Qu'à  vilain  suis  donnée 
Pour  sa  richesse  uniquement , 

Et  mourrois 
Si  bon  ami  je  n'avois 
A  qui  je  dis  ma  peine; 
Et  complaisante  sentinelle 
Qui  me  chante  l'aube. 

Et  la  complaisante  sentinelle  de  répondre 
(nous  citons  apiès  VHistoire  littéraire  et  l'ou- 
VTage  de  M.  Raynouard)  : 

Je  suis  cette  affectionnée  sentinelle, 
Qui  ne  veut  que  soit  troublée 
Union  sincère,  à  bon  droit  formée. 
C'est  pourquoi  je  quitte  le  jour 
S'il  paroist. 

Les  sirventes  de  Cadenet  ne  sont  pas  non 
plus  dépourvus  de  mérite;  ils  se  font  surtout 
remarquer  par  le  ton  moral  qui  y  règne  :  c'est 
ainsi  que  le  poète  s'y  attaque  aux  barons  qui  mè- 
nent une  vie  de  brigandage ,  au  lieu  d'employer 
leur  temps  à  faire  le  bien.  V.  R. 

Histoire  litt.  de  la  France,  XVI,  196  ;  XVII,  472-480.  — 
Miilot,  Hist.  litt.  des  Troubadours.—  Raynouard,  Clioix 
de  poésies  orig.  des  Troubadours. 

CADENET  (Antoinette),  femme  poète,  dame 
de  Lambesc,  vivait  au  treizième  siècle,  et  se  ren- 
dit célèbre  autant  par  ses  relations  avec  les 
troubadours  que  par  ses  propres  compositions. 

MiUot,  Hist.  litt.  des  Troubadours. 

CADENET.  Foy. LtmiES  (de) 

CADERou  KAOER.BiLLAH,khalife  abbasside, 
petit-fils  de  Moctader,  mort  en  1031  II  succéda, 
en  991  de  J.-C.  et  par  la  volonté  de  Bahr-Eddau- 
lah ,  au  khalife  Tay ,  déposé  par  ce  sultan.  Le 
nouveau  khalife  était  moins  fait  pour  le  gouver- 
nement, que  pour  l'étude, à  laquelle  Q  se  livrait 

NOCV.  BIOGR.   UNITERS.  —  T.  TlII. 


avec  ardeur,  consentant  à  tout  ce  que  pouvaient 
exiger  les  sultans,  et  se  bornant  à  une  autorité 
purement  spirituelle.  C'est  ainsi  qu'il  régna  qua- 
rante-un ans.  Les  Bouides,  menacés  eux-mêmes 
dans  leur  existence,  le  laissèrent  dans  cette  quié- 
tude. Cader-Billah  avait  écrit  un  traité  tendant 
à  prouver  que  le  Koran  n'est  pas  l'oeuvre  d'un 
homme. 
Nom  des  Vergers,  Arabie,  dans  VUnivers  pitt. 

*  CADES  (Giuseppe),  peintre,  né  h  Rome  aprè.s 
la  moitié  du  dix-huitième  siècle,  mourut  au 
commencement  de  celui-ci,  à  l'âge  de  quarante- 
neuf  ans.  Il  fut  quelque  temps  élève  de  Dome- 
nico  Corbi  ;  mais  il  se  forma  surtout  par  l'étude 
approfondie  des  maîtres,  dont  il  parvint  à  imiter 
les  différentes  manières  au  point  de  tromper  les 
plus  habiles  connaisseurs.  Un  seul  fait  suffira 
pour  prouver  à  quel  point  il  poussait  ce  talent 
d'imitation.  Le  directeur  du  cabinet  de  Dresde  se 
vantait  à  Rome  d'avoir  ime  si  profonde  connais- 
sance du  style  de  Rapbaèl,  qu'il  distinguait  à  la 
première  vue  les  dessins  de  ce  maître,  de  ceux 
de  ses  iroitateurs  et  même  de  ses  meilleurs 
élevés.  Cades,  voulant  lui  donner  une  leçon,  fit 
un  grand  dessin  à  la  manière  de  Raphaël  sur  du 
papier  du  temps ,  et  le  fit  arriver  dans  les  mains 
du  trop  confiant  directeur,  qui  l'acheta  avec  em- 
pressement au  prix  de  500  sequins.  Content  de 
sa  réussite ,  Cades  déclara  la  vérité,  et  voulut 
restituer  la  somme;  mais  le  directeur  persista 
dans  son  dire,  et  se  refusa  à  rendre  le  dessin, 
croyant  qu'on  voulait  le  reprendre  parce  qu'on 
en  aîvait  trouvé  un  prix  supérieur.  Cades  alors 
lui  renvoya  400  sequins ,  et  lui  laissa  le  dessin, 
qui  fut  emporté  à  Dresde,  où  on  l'a  montré 
longtemps  comme  un  des  chefs-d'œuvre  du  'San- 
zio.  Ce  talent  d'imitation  fut  plus  nuisible  qu'u- 
tile à  Cades  ;  il  ne  put  parvenir  à  se  faire  un 
style  original,  et  ses  tableaux  sont  toujours  des 
espèces  de  centons  composés  de  parties  parfois 
disparates  que  chaque  grand  maître  pourrait 
réclamer.  Par  compensation,  Cades  a  laissé 
d'excellentes  copies  de  leurs  meilleurs  ouvrages. 

E.  B— N. 
Ticozzi,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  ptttorica. 

*  CADESREUTER  (  Christophe  ),  prédicateur 

et  pédagogue  luthérien  allemand ,  vivait  dans  la 

seconde  moitié  du  seizième  siècle,  dans  le  diocèse 

de  Hof  (Bavière).  On  a  de  lui  :    Grammatica 

grasca;  Leipzig,  1599,  in-8°. 

AdeluBg,  svx'Qf\émtnlkS6ciier,AllgemeinesG(i.ehrten- 
Lexicon. 

CAD-ABD-ERRAHMAN.  Voy.  Kaw-PaCHA. 

*  CADET  (M™®),  peintre  française  en  minia- 
ture et  en  émail,  vivait  à  Paris  au  dix-huitième 
siècle,  et  mourut  en  1801.  Elle  reçut,  en  1787,  le 
brevet  de  peintre  de  la  reine.  Elle  a  exposé  au 
salon  de  1791  un  portrait  de  Necker  et  plu- 
sieurs autres  émaux.  P.  Ch. 

Dussieux,  la  Peinture  sur  émail.    ' 

*  CADET  (Claude),  médecin  français,  né  en 
1695  à  Regnost,  hameau  de  la  paroisse  de  Fré- 


67 


CADET  —  CADET-DE-VAUX 


68 


roy,  à  trois  lieues  de  Troyes;  mort  à  Paris  le  10 
février  1745.  ArrièrencTeu  de  Vallot,  premier 
médecin  de  Louis  XIV,  il  s'appliqua  de  bonne 
heure  à  la  chirurgie,  et  vint  à  Paris,  où  il  fut  reçu, 
eu  1716,  au  nombre  des  chirurgiens  de  l'Hôtel- 
Dieu.  Les  progrès  qu'il  fit  dans  son  art  lui 
méritèrent  la  maîtrise  dans  la  communauté 
de  Saint-Côme  en  1724,  et  depuis  il  exerça  sa 
profession  avec  succès.  11  s'est  principalement 
reudu  célèbre  par  son  remède  contre  le  scorbut, 
espèce  de  vin  antiscorbutique,  dont  il  faisait  un 
secret  (comme  son  prédécesseur  dans  cette 
méthode,  nommé  Desmourette),  mais  qui  n'en 
est  plus  un  depuis  longtemps.  On  a  de  lui,  tou- 
chant cette  question:  Dissertations  et  observa- 
tions sur  les  maladies  scorbutiques  ;  Paris, 
1742,  in-12;  reproduites ,  avec  des  additions, 
dans  la  Dissertation  sur  le  scorbut,  avec  des 
observations  ;  Paris,  1744,  in-12. 

Éloy,  Dict.  hlst.  de  la  M  éd.  —  Carrière,  Biblioth'.de 
la  Méd. 

*  CADET  (  Louis),  littérateur  français,  vivait 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  n'a  de 
lui  que  :  Oromaze ,  prince  de  Perse ,  tragédie  ; 
Paris,  1651,  in-4°. 

Bibliothèque  du  Théâlre,  tom.  III,  p.  38. 

CADET-GASSîcouRT  {Louis-Claude),  phar- 
macien françai3,né  àParisenl731, mort  en  1799, 
fut  successivement  pharmacien-major  à  l'hôtel 
des  Invalides,  pharmacien  en  chef  des  armées 
d'Allemagne  et  de  Portugal,  membre  du  collège 
de  pharmacie  de  Paris  (1759).  Il  fut  admis,  en 
17G6,  à  l'Académie  des  sciences.  On  doit  à  Cadet- 
Gassicourt  plusieurs  moyens  économiques  pour 
préparer  certains  sels  alcalins.  Il  a  également 
trouvé  une  méthode  de  préparer  l'éther  sulfu- 
rique  à  peu  de  frais,  et  l'a  exploitée  pour  le  débit 
des  gouttes  anodines  d'Hoffman.  A  ses  con- 
naissances chimiques  il  joignait  un  désintéresse- 
ment remarquable  :  nous  ne  citerons  qu'un  fait. 
Nommé  directeur  des  travaux  chimiques  de  la 
manufacture  de  Sèvres,  il  n'accepta  cette  place 
qu'en  refusant  le  traitement  qui  y  était  attaché,  et 
en  demandant  qu'il  fût  donné  à  un  savant  esti- 
mable et  pauvi'e  dont  il  désirait  faire  son  ad- 
joint. Les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
et  d'autres  recueils  scientifiques  contiennent  de 
lui  de  nombreux  mémoires  sur  la  chimie.  Il  a 
rédigé  les  articles  Bile  et  Borax  dans  Y  Ency- 
clopédie. Enfin,  on  a  de  lui  :  Analyse  chi- 
mique des  eaux  minérales  de  Passy  ;  Paris, 
1755,  in-8°;  —  Mémoire  sur  la  terre  foliée  de 
tartre;  Paris,  1764,  in-S";  —  Catalogue  des 
remèdes  de  Cadet,  apothicaire  ;  Paris,;  1765, 
in-8°,  ouvrage  qui  a  servi  de  base  au  Formu- 
laire magistral,  publié  par  son  fils  ;  —  Obser- 
vations en  réponse  à  Beaumé  sur  la  prépa- 
ration de  l'éther,  sur  le  mercure,  sur  le  pré- 
cipité per  se ,  et  sur  la  réduction  des  chaux 
métalliques;  Paris,  1775,  in-4'';  —  Expé- 
riences et  Observations  chimiques  sur  le  dia- 
mant .ses  collaborateurs  pour  ce  dernier  tra- 


vail furent  Macquer,   Darcet  et  l'illustre  La- 

voisier. 

Eusèbc  Salvertc,  Notice  mr  la  Fie  et  les  ouvrages  de 
L-C.  Cadet;  Taris,  an  viir,  in-8o.  —  P.-F.-G.  Boulay, 
Notice  historique  sur  les  ouvrages  de  L.-C.  Cadet.  — 
Le  Bns,  Dict.  enc.  de  la  France. 

CADET-DE-VAUX  (  Antoine- Alexïs-  Fran- 
çois ) ,  célèbre  chimiste  et  pharmacien  français , 
frère  de  Louis-Claude,  né  à  Paris  le  13  jan- 
vier 1743,  mort  le  29  juin  1828.  Dépourva  de 
fortune,  il  fut  élevé  par  les  soins  de  M.  Saint- 
Laurent,  receveur  général,  qui  le  fit  enti'er  à 
l'école  de  pharmacie.  Ses  études  achevées,  il 
parvint  en  peu  de  temps  à  s'établir  ;  mais  les 
soins  qu'il  devait  à  son  officine  l'entravant 
dans  ses  expériences,  il  la  céda  pour  satisfaire 
son  goût  pour  la  chimie  appliquée  aux  besoins 
ruraux  et  domestiques.  D'après  les  conseils  de 
Duhamel  et  de  Parmentier,  il  créa,  en  1777, 
le  Journal  de  Paris,  dans  lequel  il  s'adjoi- 
gnit, comme  rédacteurs,  Suard,  d'Ussieiix,  Co- 
rancez,  etc.  Cette  publication  eut  tout  le  succès 
que  l'on  devait  attendre  d'un  concours  de  pareils 
écrivains.  Cadet  ne  discontinua  pas  néanmoins 
ses  recherches,  et  indiqua  des  moyens  efficaces 
pour  neutraliser  le  gaz  méphitique  qui  s'élève 
des  fosses  d'aisance.  Il  signala  ensuite  les  incon- 
vénients qui  résultaient  de  l'emploi  du  cuivre 
pour  les  mesures  et  les  comptoirs  de  divers  dé- 
bitants. C'est  à  lui  qu'est  due  aussi  la  suppres- 
sion du  cimetière  des  Innocents,  à  Paris.  11  diri- 
gea ensuite  son  attention  sur  le  perfectionnement 
de  la  panification.  Cadet  et  Parmentier  établirent 
ensemble  une  école  de  boulangerie,  et  professè- 
rent publiquement  sur  cette  partie  si  importante 
de  l'alimentation  ;  ils  formèrent  de  tiès-bons 
élèves,  qui  se  placèrent  facilement  dans  les  éta- 
blissements nationaux.  Cadet-de-Vaux  ne  s'en 
tint  pas  là  :  jaloux  ôfè  tout  ce  qui  pouvait  amé- 
liorer le  sort  de  ses  concitoyens  ,  il  importa  en 
France  les  comices  agricoles ,  en  modifiant  leur 
oi"ganisation  selon  les  besoins  de  l'industrie.  H 
s'occupa  surtout  d'œnologie,  et  donna  d'excel- 
lents conseils  aux  viticulteurs.  Dans  un  but  de 
philanthropie ,  il  chercha  et  composa  une  subs- 
tance gélatineuse  par  la  réduction  des  os,  et  la 
proposa  comme  substance  alimentaire.  Cepen- 
dant les  résultats  obtenus  ne  répondirent  pas 
complètement  aux  espérances  de  l'inventeur,  et 
l'usage  de  la  gélatine  fut  peu  à  peu  abandonné. 
Il  ne  restait  plus  à  Cadet-de-Vaux  qu'une  bran- 
che encore  inexploitée,  c'était  l'arboriculture;  il 
crut  avoir  observé  que  les  rameaux  pendants 
produisaient  plus  que  les  branches  dressées,  et  il 
fonda  là-dessus  toute  une  méthode  nouvelle  :  mal- 
heureusement l'expérience  ne  fut  pas  favorable  à 
cette  méthode,  qui,  essayée  sous  le  nom  à\ir- 
cure  dans  plusieurs  pépinières  de  Franconville 
et  de  Vitry,  n'eut  pas  de  succès.  Cadet  était  d'un 
désintéressement  et  d'une  probité  extrêmes  ;  son 
honorable  pauvreté  le  prouve  :  qu'il  nous  soit 
permis  de  citer  ici  un  fait  qui  justifiera  notre  as- 
sertion. Désigné  par  le  gouvernement  pour  ex- 


69 


CADET-DE- VAUX  —  CADET-GASSICOURT 


70 


pertiser  une  importation  considérable  de  tabacs, 
Cadet  les  reconnut  avariés.  La  compagnie  chargée 
de  cette  fourniture ,  connaissant  les  conclusions 
de  son  expertise,  lui  fit  proposer  cent  mille  francs 
s'il  voulait  modifier  son  rapport  :  pour  toute  ré- 
ponse ,  Cadet  fit  jeter  les  tabacs  à  la  mer.  De- 
venu octogénaire  et  manquant  du  nécessaire,  il 
termina  ses  jours  chez  son  fils,  manufacturier 
à  Nogent-les-Vierges. 

Voici  les  écrits  de  Cadet-de-Vaux  :  Instituts 
de  chimie  deSpielman,  traduits  du  latin,  2  vol.  ; 
1 770  ;  —  Observations  sur  les  Fosses  d^aisance, 
et  moyens  de  prévenir  les  inconvénients  de 
leur  vidange;  Paris,  1778,  in-8°;  —  Avis  sur 
les  Blés  germes;  Paris,  1782  ,  in-8°;  —  l'Art 
défaire  le  vin,  d'après  la  méthode  de  Chaptal; 
Paris,  1801,  in-S";  —  Moyens  de  prévenir  et 
de  détruire  le phtjtisme  des  murs  ;  Paris,  1801, 
in-S"  ;  —  Recueil  des  Rapports  et  Expériences 
sur  les  soupes  économiques  et  les  fourneaux 
à  la  Rumford;  Paris,  1801,  in-S";  —  Instruc- 
tion sîir  les  moyens  de  prévenir  l'insalubrité 
des  habitations  qui  ont  été  submergées  ;  Paris, 
1802,  in-8°  ;— Mémoire  sur  la  peinture  au  lait, 
suivi  d'Observations ,  par  d'Arcet  et  Taillepied; 
Paris,  1802,  in-S";  —  Mémoire  sur  la  Gélatine 
des  os ,  et  son  application  à  l'économie  ali- 
mentaire, privée  et  publique  ;  Paris ,  1803, 
in-8°;  —  De  la  Taupe,  de  ses  mœurs,  et  des 
moyens  de  la  détruire;  Paris,  1803, in-12;  — 
Traité  du  Blanchissage  domestique  à  la  va- 
peur; Paris,  1805,  in-8°;  —  Dissertation  sur 
le  Café;  son  historique;  Paris,  1806,in-12;  — 
De  la  restauration  et  du  gouvernement  des 
Arbres  à  fruit;  Paris,  1806,  in-8°  ;  —  Essai  sur 
la  Culture  de  la  vigne  sans  le  secours  de  l'é- 
chalas;  Fans,  1807,  in-8°;  — Mémoire  sur  la 
matière  sucrée  de  la  pomme;  Paris,  1808, 
10-8°  ;  —  Méritoire  sur  quelques  inconvénients 
de  la  taille  des  arbres  à  fruit;  Paris,  1809, 
in-8",  avec  planches;  —  Traité  de  la  Culture 
du  tabac;  Paris,  1810,  in-12;  —  le  Ménage,  ou 
l'emploi  des  fruits  dans  ^économie  domesti- 
que; Paris,  1810,  in-12;  — Aperçus  économi- 
ques et  chimiques  sur  l'extraction  du  sucre 
de  betterave;  Paris,  1812,  in-12;  —  Instruction 
sur  la  préparation  des  tiges  et  raci'^iies  de  ta- 
bac; Paris,  1812,  in-12  ;  —  Moyens  de  prévenir 
le  retour  des  disettes ;Par\s,  1812, in-8"; — Des 
Bases  alimentaires  et  de  la  Pomme  de  terre  ; 
Paris,  in-S";  — De  l'Économie  alimentaire  du 
peuple  et  du  soldat,  ou  Moyen  de  parer  les 
disettes  et  d'en  prévenir  à  jamais  le  retour; 
1814,  in-8'';  —  Nouveau  Procédé  de  Peinture 
applicable  à  l'Intérieur  et  à  l'extérieur  des 
maisons,  lettre  à  M.  Bélanger,  architecte;  Paris, 
1814,  in-8°;  —  l'Ami  de  l'Économie  aux  amis 
de  l'humanité,  sur  les  points  divers  dans  la 
composition  desquels  entre  la  pomme  de  terre; 
Paris,  1816,  in-8°;  —  Instruction  sur  le  meil- 
leur emploi  de  la  pomme  de  terre  dans  sa  co- 
pnnification  avec  les  farines  de  céréales  ;  Pa- 


ris, 1817,  in-S";  —  Plantation  des  germes  de. 
la  pomme  de  terre,  ou  Instruction  sur  la  pré- 
férence à  donner  à  la  plantation  des  germes 
ou  yeux  de  la  pomme  de  terre,  comme  moyen 
le  pliis  économique;  Paris,  1817,  in-S";  —  De 
la  Gélatine  des  os  et  de  son  bouillon;  Paris, 
1818,  in-12  ;  —  Pains  divers  obtenus  par  l'as- 
sociation des  nouveaux  produits  de  la  pomme 
de  terre  avec  toute  espèce  de  farines  de  cé- 
réales, même  les  plus  inférieures  ;  Paris,  1818, 
in-8''  ;  —  Conservation  du  Moût  soustrait  à  la 
Jermentation  spiritueuse ,  ou  Moyens  desousa 
traire,  dans  lès  années  abondantes,  le  Moût 
de  la  fermentation  spiritueuse,  pour  ne  la 
reproduire  qu'à  des  époques  plus  éloignées  ; 
Paris,  1819,  in-12;  —  Traités  divers  d'Écono- 
mie rtir aie, alimentaire  et  domestique;  Paris, 
1821 ,  in-S"  :  plusieurs  de  ces  traites  ont  paru 
dans  le  Journal  de  Paris,  de  1803  à  1820;  — 
l'Art  œnologique  réduit  à  la  simplicité  de  la 
nature  par  la  science  et  V expérience,  siiivi 
d'observations  critiques  sur  Vappareil  Ger- 
vais;  Paris,  1823,  in-12;  —  De  la  goutte  et  du 
rhumatisme  ;  précis  d'expériences  et  de  faits 
relatifs  au  traitement  de  ces  maladies  ;  Paris, 
1824,  in-12. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CADET-GASSICOURT  (Charles-Louis), litté- 
rateur et  pharmacien  français,  fils  unique  de 
Louis-Claude  et  neveu  de  Cadet-de-Vaux,  né  à 
Paris  le  23  janvier  1769,  mort  le  21  novembre 
1821.  Il  fit  de  bonnes  études  aux  collèges  de  Na- 
varre et  Mazarin,  se  fit  recevoir  avocat  en  1787, 
et  embrassa  avec  conviction  les  idées  républi- 
caines modérées.  En  1789,  il  se  retira  du  barreau, 
et  déploya  une  louable  énergie  dans  la  répression 
des  pillages  et  des  massacres  qui  déshonorèrent 
Paris.  A  la  tête  de  son  bataillon,  il  repoussa  les 
pûlards  qui  dévastaient  Saint-Lazare,  et  réussit, 
aux  journées  de  septembre,  à  sauver  son  oncle 
Cadet  de  Chambine,  alors  détenu  pour  cause 
politique.  Le  13  vendémiaire,  commandant  la 
section  du  Mont-Blanc ,  il  marcha  contre  la  con- 
vention; le  17  du  même  mois,  il  fut  condamné 
à  mort  par  un  conseil  militaire,  et  dut  se  réfugier 
dans  une  usine  du  Berri.  Quelque  temps  après, 
il  obtint  la  révision  de  son  procès,  et  fut  absous 
par  le  jury  criminel  de  la  Seine.  Mêlant  la  vie 
publique  à  des  soucis  plus  profitables,  il  rouvrit 
en  1801  la  pharmacie  de  son  père,  et  fut,  en  180C, 
nommé  secrétaire  général  du  conseil  de  salubrité. 
Il  fit,  en  1809,  la  campagne  d'Autriche,  comme 
premier  pharmacien  de  l'empereur.  Sous  la  res- 
tauration, il  fut  compromis  dans  plusieurs  procès 
politiques ,  et  l'opposition  se  servit  plus  d'une 
fois  de  son  influence  pour  obtenir  des  succès  dan.'ç 
les  élections  parisiennes.  Ses  principaux  écrits 
sont  :  Observations  sur  les  Peines  infamantes; 
Paiis,  1789,  in-8";  —  l'Anti  -  Novateur  ; 
Paris,  1794,  in-S";  —  Observations  sur  les 
Dangers  de  la  Saignée  dans  le  traitement  de 
l'asphyxie;  1796,  dans  le  Journal  des  Mines, 

3. 


7ï 


CADET-GASSIGOITRT  —  CADION 


72 


t.  Ill;  —  le  Tombeau,  ou  Histoire  secrète  et 
abrégée  des  initiés  anciens  et  modernes,  des 
Temp tiers,  des  Francs-Maçons,  des  Illuminés  ; 
Paris,  1797,  in-18;  —  le  Souper  de  Molière, 
comédie-vaudeville  en  un  acte;  Paris,  1798, 
in-8"  ;  —  la  Visite  de  Racan,  comédie-vaudeville, 
en  un  acte;  Paris,  1798,  in-8°  ;  —  Mon  Voyage, 
ou  Lettres  sur  la  Normandie,  suivies  de  quel- 
ques Poésies  fugitives;  Paris,  1799,  in-8°;  — 
le  Poète  et  le  Savant,  ou  Dialogues  sur  la 
nécessité ,  pour  les  gens  de  lettres,  d'étudier 
la  théorie  des  sciences;  Paris,  1799,  in-8'';  — 
Cahier  de  Réforme,  ou  Vœux  d'un  ami  de 
l'ordre ;T?a.Yis,  an  viii,  in-8°;  —  la  Chimie  do- 
mestique, ou  Introduction  à  l'étude  de  cette 
science,  mise  à  la  portée  de  tout  le  monde; 
Paris,  1801,  3  vol.  in-12;  —  Esprit  des  Sots 
passés, pj'ésents  et  à  venir;  Paris,  1801,  in-18; 
—  Dictionnaire  de  Chimie,  contenant  la  théo- 
rie et  la  pratique  de  cette  science,  son  appli- 
cation à  l'histoii'e  naturelle;  Paris,  1803, 
4  vol.  in-8°,  avec  fig.  ;  —  Éloge  de  Beaumé; 
Bruxelles,  1805,  in-8°;  — Saint-Géran,  ou  la 
noicvelle  langue  française ,  anecdote  récente; 
Paris,  1807,  in-12;  —  le  Thé  est-il  plus  nui- 
sible qu'utile?  Paris,  1808,  in-8°;  —  Suite  de 
Saint-Gé?'an,  oa  Itinéraire  de  Lutèce  auMont- 
Valérien,  suivant  le  fleuve  Séquanien  et  re- 
venant par  le  mont  des  Martyrs  ;  Pdiris ,  1811, 
in-12  et  in-18;  Bruxelles,  1812,  ln-18  :  c'estune 
parodie  du  style  de  Chateaubriand  et  de  M""^  de 
Staël;  —  Formulaire  magistral  et  Mémorial 
jjharmaceutique  ;  Paris ,  1812 ,  in-8°  ;  annoté  par 
Pariset;  Paris,  1818,-in-4%  revu  et  augmenté  par 
V.  Bailly;  Paris,  1823,  in-S";  —  Éloge  de  A.-A^ 
Parmentier;  Paris,  1813,  in-8°;  —  Pharmacie 
domestique  d^urgence  et  de  charité;  Paris, 
1815,  in-18;  — Dissertation  sur  le  Jalap; Pa- 
ris, 1817,  in-4°;  —  Mémoire  sur  les  Teintures 
pharmaceutiques ,  avec  J.  Deslauriers  ;  Paris , 
1817,in-8°;  — Confidences  de  l'hôtel  Bazan- 
court;  Paris,  1818,  in-8'';  —  les  Quatre  Ages 
de  la  garde  nationale,  ou  Précis  historique 
de  cette  institution  militaire  depuis  son  ori- 
gine jusqu'en  1818;  Paris,  1818,  in-8°  ;  — 
Voyage  en  Autriche,  en  Moravie  et  en  Bavière, 
fait  à  la  suite  de  l'armée  française  en  1809;  Pa- 
ris, 1818,  in-8°,  avec  carte  et  plan. 

MahuI,  Ann.nécrol.,  1821.  —  Quérard,  la  France  litté- 
raire. 

CADET-DE-METZ  {Jean-Mai'cel  ),  minéra- 
logiste français,  né  à  Metz  le  4  septembre  1751, 
mort  à  Strasbourg  en  septembre  1835.  Il  était  sub- 
délégué général  et  inspecteur  des  mines  en  Corse 
au  commencement  de  la  révolution  ;  il  fut  ensuite 
directeur  des  contributions  du  Bas-Rhin  (1800). 
Ses  principaux  écrits  sont  :  Observations  sur 
la  nécessité  de  régler  l'abattage  des  arbres 
d'après  la  latitude  et  l'élévation  du  sol;  1728, 
in-12  :  cet  ouvrage  avait  pour  but  d'attirer  l'at- 
tention du  gouvernement  sur  les  coupes  irrégu- 
lières faites  en  Corse;  «—  Tarif  des  centimes 


et  francs;  1801;  —  Copie  figurée  d'un  rou- 
leau de  papyrus  trouvé  à  Thèbes;  Strasbourg, 
1805,  in-fol.  :  calque  d'un  bel  original  d'écriture 
hiéroglyphique  ;  —  Précis  des  voyages  entrepris 
pour  se  rendre  par  le  nord  aux  Indes;  1818, 
in-8°  ;  —  Traité  de  la  lenteur  que  mettent  les 
substances  aériformes  liquides  et  solides  à 
suivre  les  mouvements  de  la  terre,  et  des 
effets  de  cette  lenteur  sur  la  salubrité,  les 
débordements,  les  allumons; — De  l'Air  et  de 
la  Fièvre,  insalubres  en  Espagne;  1822,  in-S"; 
—  Corse,  restauration  de  cette  île  ;  1824,  in-8°, 
"  Quérard,  la  France  littéraire. 

CADHERD  ou  CAROUT-BEY,  prince  de  Kit 
mann,  vivait  dans  la  première  moitié  du  on- 
zième siècle.  Il  était  arrière-petit-fils  de  Seîdjouc, 
et  fut  appelé  en  l'an  1041  (de  l'hégire  433  )  au 
gouvernement  de  Thogrul-Bey,  H  fut  le  pre- 
mier Seljoucide  qui  administra  cette  province. 
Simple  gouverneur,  il  se  rendit  ensuite  indépeu; 
dant,  et  se  créa  bientôt  un  État  puissant.  On 
connaît  peu  l'histoire  des  princes  de  cette  dy- 
nastie. Mohammed- Shah,  le  dernier, fut  détrôné 
par  Malek-Dynar  en  l'an  1187-1188  de  J.-C. 

D'Herbelot,  Bibliothèque  orientale. 

CADHOGAN  OU  CADOGAW  (  Guillaume, 
comte  DE  ) ,  général  anglais ,  mort  à  Londres  le 
26  juillet  1726.  Au  siège  de  Menin,  en  1706,  il 
se  dévoua  pour  le  duc  de  Marlborough,  qui 
serait  tombé  aux  mains  de  l'ennemi,  si  Ca- 
dhogan  ne  lui  eût  donné  son  cheval.  Il  fut  pris 
lui-même,  mais  renvoyé  sur  parole  à  là' de- 
mande du  duc,  dont  il  suivit  ensuite  la  fortune. 
Al'avénement  de  George I*'',  Cadhogan  fut  nommé 
colonel  et  envoyé  en  ambassade  en  Hollande ,  et 
plus  tard  aux  conférences  d'Anvers.  En  1715,  il 
demanda  aux  états  généraux  de  s'opposer  au 
passage  de  Jacques  IH.  En  1716,  il  fut  chargé 
de  commander  les  six  mille  Hollandais  envoyés 
au  secours  du  roi  George.  En  1717,  il  négocia 
en  Hollande  une  alliance  entre  cette  puissance 
et  la  France  et  l'Angleterre;  puis  il  revint  re- 
présenter son  pays  auprès  des  états  généraux. 
En  1722,  il  remplaça  le  duc  de  Marlborough  dans 
la  grande  maîtrise  de  l'artillerie,  et  dans  le  grade 
de  colonel  du  premier  régiment  des  gardes. 

Rose,  New  Biographical  Dictionary. 

CADIÈRE  (la.).  Voy.  GreARD. 

CADIOLI  (  Giovanni  ) ,  peintre  de  l'école  de 
Mantoue,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  der- 
nier siècle.  Bon  paysagiste,  il  a  bien  mérité  de 
l'art  en  fondant  dans  sa  patrie  une  académie  do 
dessin,  dont  il  fut  le  premier  directeur,  et  en  pu- 
bliant une  excellente  description  des  peintures 
conservées  dans  cette  ville.  E.  B — is. 

Ticozzi,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  pittorica. 

*  CADION  (  Jean-Baptiste  ),  théologien  fran- 
çais, mort  à  Autun  vers  l'an  1660.  Après  avoir 
été  curé  à  Alise  en  Bourgogne ,  il  devint  chanoine 
à  Autun,  où  il  résida  jusqu'à  sa  mort.  On  n'a  de 
lui  qu'un  seul  livre,  écrit  pour  ses  paroissiens  d'A- 
lise :  la  Vie  de  sainte  Reine;  Alise,  1648,  in-12* 

Papillon,  Bibliothèque  des  auteurs  de  Bourgogne, 


73 


CADMUS  —  CADORNEGA 


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CADMUS  (du  phénicien  Kedem,  Orient),  co- 
lonisateur phénicien  et  fondateur  de  ïhèbes ,  vi- 
vait environ  1500  ans  avant  J.-C.  On  attribue 
à  Cadmus  l'introduction  des  lettres  de  l'alphabet 
«u  de  l'écriture  en  Grèce,  et  l'on  assure  qu'il 
était  frère  d'Europe  et  fils  d'Agénor,  roi  de  la 
Phénicie.  Mais  rien  de  tout  cela  n'est  certain;  il 
règne  une  confusion  extrême  dans  tout  ce  que 
les  anciens  rappellent  sur  Cadmus  et  sa  famille, 
et  leurs  récits  sont  contradictoires  tout  aussi 
bien  pour  le  père  que  pour  le  fils.  Homère  ne 
connaît  pas  Cadmus,  et  Euripide  (  Phœn.,  835, 
cf.  681  )  donne  pour  aïeule  aux  rois  de  Thèbes 
non  pas  la  femme  ou  la  mère  de  Cadmus,  mais 
lo,  qui  était  née  à  Argos.  Hérodote  (  V,  57  )  rap- 
porte que  Cadmus  et  les  Phéniciens  arrivèrent 
en  Grèce  par  mer,  et  qu'ils  passèrent  à  Érétiie 
d'Eubée.  Ce  témoignage  appartient  à  une  époque 
peu  ancienne  relativement  au  fait  qu'il  cherche  à 
établir ,  et  il  est  infirmé  en  partie  par  les  pas- 
sages de  Pline  et  de  Strabon,  suivant  lesquels 
Cadmus,  avant  d'arriver  en  Béotie ,  aurait  déjà 
séjourné-  près  du  mont  Pangée  en  Thrace ,  et  en 
aurait  exploité  les  mines.  La  même  incertitude 
règne  à  l'égard  des  autres  faits  de  l'histoire  de 
Cadmus. 

Hérodote.  —  DIodore  de  Sicile.  —  F.  Hœfer,  la  Phéni- 
cie (dans  l'Univers,  pitt.).  —  Welker,  Uber  eine  Rre- 
tische  Colonie;  Bonn,  18î*. 

GADMVS,  de  Milet,  fils  de  Pandion,  historien 
et  logographe  grec,  vivait  probablement  vers 
l'an  540  avant  J.-C.  Il  est  rangé  par  Strabon 
parmi  les  trois  premiers  prosateurs  grecs.  Cad- 
mus a  dû  être  le  plus  ancien  des  ti'ois,  qui  sont, 
avec  lui,  Phérécyde  et  Hécate.  Pline  l'appelle  en 
effet  le  premier  écrivain  en  prose.  Cependant, 
dans  un  autre  passage,  il  se  contente  de  l'appeler 
le  plus  ancien  historien ,  et  qualifie  Phérécyde 
de  premier  prosateur.  Cadmus  écrivit  un  ounage 
aujourd'hui  perdu,  et  intitulé  Kriffiç  MtX^tou 
xal  T^ç  ôXy);  'Iwviaç  (Fondation  de  Milet  et  de 
toute  l'Ionie  ),  que  Denys  d'Halicarnasse  regarde 
comme  apocryphe.  En  parlant  d'un  Cadmus  de 
Milet  qui  aurait  introduit  en  Grèce  l'alphabet 
inventé  par  les  Phéniciens,  Suidas  et  d'autres 
ont  évidemment  confondu  les  deux  Cadmus, 
celui  de  la  mythologie  et  celui  dont  il  est  ici 
question. 

Oenys  d'Halicarnasse,  JSekker,  Anecdotes,  p.  781.  — 
Clinton,  FasteslHellénigues. 

CADMUS,  fils  de  Scythes,  négociateur  grec. 
D'après  Hérodote,  il  était  de  l'île  de  Cos,  qu'il 
gouverna  après  son  père,  et  qu'il  rendit  sponta- 
nément à  la  liberté.  Il  se  retira  ensuite  en  SicUe, 
où  il  fonda,  avec  quelques  Samiens ,  la  ville  de 
Zancle,  depuis  Messane  (Messine).  Ce  fut  ce  Cad- 
mus que  Gélon  envoya  avec  des  trésors  à  Del- 
phes, en  l'an  480  avant  J.-C,  pour  y  attendre 
l'issue  de  la  lutte  entre  les  Grecs  et  les  Perses. 
Cadmus  avait  ordre  d'offrir  ces  trésors  à  Xerxès 
vainqueur  et  de  les  reporter  en  Sicile  si  lç§  Grec§ 
-étaient  victorieux,  et  c'est  ce  qu'il  fit. 

Hérodote,  VII,  163, 16». 


CADOC  (saint),  fils  de  Contrée,  prince  des 
Bretons  du  sud  ,  mort  à  Bénévcnt  en  550.  Son 
père  s'était  retiré  du  monde  lorsque;  Cadoc  était 
encore  enfant.  Celui-ci  fut  confié  par  Caradoc, 
prince  du  pays,  aux  soins  d'un  homme  pieux, 
appelé  Tathaï.  Plus  tard,  il  fonda  le  monastère 
Llancarvan,  dans  le  Glamorganshire.  Au  rap- 
port de  Fuilcr,  il  aurait  gardé  la  possession 
d'une  portion  du  domaine  paternel ,  pour  en 
affecter  les  revenus  à  l'entretien  de  trois  cents 
veuves  pauvres,  aux  membres  du  clergé,  et  aux 
pèlerins.  H  ne  se  distingua  pas  moins  par  l'ordre 
parfait- qu'il  introduisit  dans  ses  États. 

Dssénius,  Antiquités.  —  Rose,  New  Biographicat 
Dictionary. 

cADONici  (Jean),  théologien  italien,  né  à 
Venise  en  1705,  mort  le  27  février  1786.  Il  écri- 
vit beaucoup  contre  la  cour  de  Rome  et  les  nio- 
linistes.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Senti- 
ments de  saint  Augustin;  1763;  —  De  Ani- 
mabus  justorum  insimiAbrahee  ante  Christi 
mortem ,  expertibus  beati  Visionis  Dei,  libri 
duo;  Rome,  1766,  2  vol.  in-4°;  —  Exj)licatïon 
du  passage  de  saint  Augustin  :  «  l'Eglise  de 
Jésus-Christ  sera  dans  la  servitude  sous  les 
princes  séculiers  ;i>  Paris,  1784,  m-4°,avec  une 
intéressante  préface  de  M.  Zola. 

Richard  eLGirand,  Bibl.  sacrée.  —  Moréri,  Dictionnaire 
historique. 

"^CADORNEGA  (Antouio  de  ùliveira),  voya- 
geur portugais,  né  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle,  mort  vers  1690.  Villa-Viçosa, 
ancienne  résidence  des  ducs  de  Bragance,  fut  sa 
ville  natale,  et  la  maison  dont  il  soi-tait  trouva  des 
protecteurs  naturels  dans  les  seigneurs  de  la  cité. 
Quoique  gentilhomme ,  il  ne  refusa  point  d'ac- 
compagner en  qualité  de  simple  soldat  Pedro  Cé- 
sar de  Menezès,  à  l'époque  où  ce  personnage  fut 
choisi  pour  être  gouverneur  d'Angola.  Cador- 
nega  arava  de  cette  partie  de  l'Afrique  en  1639. 
Nommé  al/ere  (porte-drapeau),  il  se  fit  bientôt 
remarquer  par  la  bravoure  la  plus  brillante ,  et 
fut  récompensé  de  sa  belle  conduite  par  le  grade 
de  capitaine.  Pendant  l'espace  de  trente  ans, 
non-seulement  il  servit  le  Portugal  dans  cette 
région  peu  connue,  mais  il  étudia  le  pays  avec 
une  rare  sagacité.  Après  avoir  contiibuc  à  chas- 
ser les  Hollandais  de  l'Afrique,  il  établit  son  sé- 
jour à  Loanda,  capitale  du  royaume  d'Angola,  où 
il  vécut  en  qualité  de  capitaine  réformé  jusque 
vers  la  fin  du  dix-septième  siècle;  nous  ignorons 
s'il  revit  jamais  son  pays. 

Cadomega  est  auteur  d'un  immense  travail  ma- 
nuscrit conservé  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris,  et  dont  on  a  songé  plus  d'une  fois  à  faire 
la  publication  :  ce  livre,  ignoré  de  Barbosa  Ma- 
chado  lui-même,  porte  le  titre  suivant  :  Histo- 
ria  das  Guerras  angolanas,  1680,  2  vol.  grand 
in-fol.  ;  l'auteur  l'a  dédié  au  prince  D.  Pedro. 
C'est  un  livre  d'un  haut  intérêt ,  entaché  cepen- 
dant, quant  au  style,  des  défauts  reprochés  aux 
écrivains  de  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  con- 


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CADORNEGA  —  CADOUDAL 


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tient  l'histoire  des  guerres  entreprises  par  les 
lagos ,  peuples  nombreux  qui  avaient  envahi  le 
royaume  d'Angola,  et  contre  lesquels  le  roi 
africain  de  cette  contrée  avait  invoqué  le  se- 
cours des  Portugais.  Outre  cet  ouvrage ,  on  a 
deCadornega:  Gompendio  clos  expugnaçào  do 
reino  de  Bengelae  das  terras  adjacentes,  in- 
fol.  Ce  qui  ferait  supposer  que  l'auteur  revint 
en  Europe  à  une  certaine  époque',  c'est  qu'il 
composa  également  une  topographie  spéciale,  in- 
titulée Descripçào  de  Villa-Viçosa  acabada  ne 
anno  1683.  Ces  manuscrits  étaient  conservés 
jadis  dans  la  bibliothèque  du  comte  d'Ericeira. 
Ferdinand  Denis. 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana.  —  Ferdinand 
Denis,  Résumt!  de  l'histoire  littéraire  du  Portugal  et 
du  Brésil. 

CADOT  (....), fameux  plagiaire,  mort  en  1757. 
Le  P.  Janvier,  chanoine  de  Saint-Symphorien 
d'Autun,  avait  publié  un  Poëme  sur  la  Conver- 
sation ;  Autun,  1742  ;  cet  ouvrage,  imitation  d'un 
poëme  îatin  du  P.  Tarillon,  était  passé  complè- 
tement inaperçu,  lorsque  Cadot ,  le  croyant  ou- 
blié, s'avisa,  quinze  ans  après,  d'y  changer  une 
vingtaine  de  vers ,  et  de  le  reproduire  sous  son 
nom,  avec  ce  titre  :  l'Art  de  Converser,  poëme; 
Paris,  1757,in-8°.  Ce  ne  fut  que  bien  plus  tard, 
dans  un  article  de  la  Décade  (11  avril  1807),  que 
ce  plagiat  fut  dévoilé. 
Oelille,  Poëme  de  la  Conversation,  1812,  in-S",  p.  173, 
*  CADOT  (  Thibauld),  conseiller  de  monnaie 
français,  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  siè- 
cle. On  a  de  lui  :  le  Blason  de  France,  ou 
Notes  curieuses  sur  l'édit  concernant  la  po- 
lice des  armoiries ,  avec  un  Dictionnaire  des 
termes  du  Blason;  Paris,  1697,  in-8°. 

Lelong,  Bibliothèque  historique  de  la  France,  édition 
Fontette.  —  Adelung,  suppl.  à  Jocher,  Allgem.  Gelehr- 
tnn-Lexicon. 

CÂOOUDAL  {George),  célèbre  chef  de  la 
chouannerie  bretonne,  né  le  1*"  janvier  1771  (1) 
à  Kerléano,  village  situé  en  la  paroisse  de  Brech, 
près  d'Auray ,  dans  la  basse  Bretagne  ;  mort  à 
Paris  le  25  juin  1804.  Son  père  était,  non  point 
un  meunier,  comme  presque  tous  les  biographes 
l'ont  prétendu,  mais  un  laboureur  cultivant  ses 
))ropres  terres.  George  achevait  sa  philosophie 
au  collège  de  Vannes  quand  éclata,  en  1789,  le 
mouvement  i-évolutiomiaire.  Comme  tous  ses 
compatriotes,  il  en  subit  les  prenliers  entraîne- 
ments, et  partagea  tout  d'abord  les  espérances 
réformatrices  de  l'époque.  Los  premiei's  atten- 
tats de  l'assemiilée  constituante  contre  les  droits 
et  la  liberté  de  l'Église  vinrent  seuls  modifier 
ces  dispositions,  et  précipiter,  dans  des  voies  hos- 
tiles aux  idées  de  89,  des  populations  qui  les 

(l)Jusqu'ici  toutes  les  biographies  ont  fait  naitre  George 
Cadoudal  en  1709,  sans  en  excepter  la  notice  publiée 
par  son  frère,  le  géoéral  Joseph  Cadoudal.  Cette  erreur 
a  sans  doute  été  accréditée  par  George  lui-même,  qui 
en  1804,  dans  les  interrogatoires  de  son  procès,  se  donnait 
trente-cinq  ans.  La  date  du  l""^  janvier  1771  est  pourtant 
la  seule  véritable.  Elle  a  été  recueillie  par  l'auteur  de 
cette  notice  au  greffe  du  tribunal  de  Lorient,  sur  les 
refflsUes  de  l'état  civil  de  la  paroisse  de  Brech, 


eussent  acceptées  avec  entraînement,  si  l'assem- 
blée constituante  n'avait  pas  commencé  par 
méconnaître  et  froisser  leurs  sentiments  reli- 
gieux. Aussitôt  qu'il  apprit  qu'une  résistance 
sérieuse  était  organisée  en  Vendée,  George 
passa  la  Vilaine  (juin  1793)  à  la  tête  d'une 
cinquantaine  de  ses  plus  intrépides  amis,  pour 
rejoindre  l'armée  vendéenne ,  occupée  à  s'empa- 
rer des  grandes  villes  de  la  basse  Loire.  Nommé 
capitaine  de  cavalerie  dans  le  corps  de  Stofllet,  il 
partagea  les  succès  et  les  revers  de  la  grande  ar- 
mée jusqu'au  moment  de  sa  dispersion  sur  les  pla- 
teaux de  Savenay.  George  revint  alors  dans  le 
Morbihan,  bien  résolu  de  mettre  à  profit,  dans 
l'intérêt  de  la  cause  qu'il  avait  embrassée ,  les  le- 
çons qu'il  rapportait  de  cette  courte  campagne. 
Un  volontaire  vendéen,  avec  lequel  il  s'était  lié 
d'une  étroite  amitié,  l'accompagnait,  et  devait  dé- 
sormais être  associé  à  toutes  ses  entreprises.  C'é- 
tait Mercier,  dit  la  Vendée,  fils  d'un  maître 
d'hôtel  du  Lion  d'Angers.  Déjà  George,  encou- 
ragé par  les  conseils  de  l'abbé  Philippe,  rec- 
teur de  Locmariaker,  et  secondé  par  son  fidèle 
lieutenant,  avait  organisé  une  partie  du  Mor- 
bihan; son  impulsion  se  propageait  dans  les 
campagnes  avec  la  rapidité  d'un  incendie,  quand, 
une  nuit,  la  force  armée  vint  le  surprendre  à 
Kerléano,  dans  la  maison  paternelle,  oii  il 
avait  établi  le  centre  de  ses  opérations.  Il  fut 
saisi  avec  Mercier,  ainsi  que  son  père.  On  les 
dirigea  sur  Brest,  où  il  fut- jeté  en  prison  en 
attendant  l'échafaud.  George  y  fit  la  connais- 
sance d'un  gentilhomme  provençal,  d'Allègre  de 
Saint-Tronc ,  qui  profita  des  loisirs  foixés  de  la 
prison  pour  compléter  l'éducation  militaire  de 
son  jeune  compagnon  de  captivité,  en  lui  don- 
nant des  leçons  théoriques  d'une  science  qu'il 
ne  connaissait  encore  que  par  la  pratique  des 
champs  de  bataille  de  la  Vendée.  Après  quel- 
ques mois  de  captivité,  George,  d'Allègre  et 
Mercier  parvinrent  à  tromper  la  vigilance  de 
leurs  gardiens  et  à  rompre  leurs  fers.  Revêtus 
de  costumes  de  matelots ,  ils  s'évadèrent  une 
nuit,  et,  à  travers  mille  périls,  parvinrent  à  re- 
gagner le  Morbihan.  Pendaut  sa  captivité,  le  père 
de  George  lui  avait  indiqué  un  endroit  secret 
oii  il  avait  enfoui  une  somme  de  9,000  francs, 
fruit  de  ses  économies,  George  employa  sur- 
le-champ  cette  ressoui'ce  à  continuer  l'œuvre 
qu'il  avait  entreprise,  mais  qu'il  trouva  déjà  fort 
avancée,  grâce  aux  soins  de  MM.  deSilz,  de 
Francheville ,  de  Labourdonnaye-Coatcandec, 
Guillemot,  et  Jean-Jean.  George  prit  part  à  cette 
première  campagne  de  la  chouannerie  morbihan- 
naise  en  qualité  de  chef  de  la  division  d'Auray. 
Au  mois  d'avril  1795  il  assista,  ainsi  que  les  au- 
tres chefs  de  l'insurrection,  aux  conférences  de 
la  Mabilais  ;  et  il  se  prononça  avec  énergie  contre 
la  pacification  qui  fut  signée,  sous  l'influence  <le 
Comatin,  par  vingt-deux  officiers  seulement; 
ce  qui  fit  dire  à  Hoche  :  <i  La  convention  vient  de 
«  traiter  avec  quelques  individus,  et  non  avec 


77 


CADOUDAL 


t» 


«  les  véritables  chefs  du  parti.  »  Après  la  reprise 
(les  liostilités  on  retrouve  Cadoudal  à  Grand- 
Champ,  on  fut  tué  le  comte  de  Silz,  et  où  George 
parvint  à  rallier  les  fuyards  en  prenant  le  com- 
mandement. 

On  préparait  à  cette  époque  la  fameuse  expé- 
dition de  Quiberon.  George  et  l'élite  de  ses 
chouans  furent  incorpores  dans  une  divisiofi  forte 
de  3,500  hommes,  placée  sous  le  commandement 
de  Tinteniac,  et  chargée  d'opérer  une  diversion 
à  l'intérieur.  On  sait  que  cette  expédition  échoua 
complètement. 

George  devint  alors  le  chef  de  la  chouanne- 
rie bretonne.  Il  organisa  le  Morbihan  sur  un 
pied  de  guerre  régulier,  et  réellement  redoutable. 
En  moins  de  quinze  jours,  et  privé  de  toutes  res- 
sources, il  parvint  à  léaliser  ce  que  Puisayc,  sou- 
tenu par  le  conseil  des  princes  et  par  l'or  de 
l'Angleterre,  n'avait  pu  obtenir  depuis  deux  an- 
nées :  il  réunit  sous  son  commandement  toutes 
les  bandes  éparses  qui  sillonnaient  le  Morbihan. 

Alors  commença  contre  les  troupes  de  la  répu- 
blique cette  terrible  guerre  de  surprises,  connue 
sous  le  nom  de  chouannerie.  Des  engagements 
eurent  lieu  simultanément  sur  une  multitude  de 
points,  à  Elven,  à  Grand-Champ,  à  Pluvigner,  à 
Sarzeau.  Georges  se  multipliait  pour  ainsi  dire, 
afin  de  donner  son  impulsion  à  tous  ces  mou- 
vements. Mais,  serré  de  toutes  parts  par  les  trou- 
pes de  Hoche,  il  feignit  d'accepter,  au  mois  de 
mai  1796,  la  pacification  que  lui  offrait  ce  géné- 
ral. On  était  au  mois  de  janvier  1799,  et  Cadou- 
dal ,  en  présence  des  bruits  de  conflagration  eu- 
ropéenne, attendait  avec  impatience  l'arrivée  d'un 
prince  français  sur  le  territoire  breton.  Fatigué 
des  retards  qu'on  lui  fait  subir,  il  députe  son 
fidèle  Mercier  au  comte  d'ArtoiSjqui  lui  répond  par 
les  lignes  suivantes  :  «  J'ai  voulu  que  le  brave  et 
«  loyal  George  n'apprit  que  par  moi  ce  dont  son 

«  âme  jouira  autant  que  la  mienne A  vous 

«  revoir  bientôt ,  mon  cher  George.  »  Fort  d'une 
telle  promesse,  le  chef  morbihannais  n'hésite 
plus  ;  il  saisit  l'iiistant  où  la  coalition  se  formait 
conti'e  le  Directoire,  pour  adresser  à  ses  compa- 
triotes un  chaleureux  appel. 

Son  plan  était  de  s'emparer  des  villes  les  plus 
importantes  et  d'étendre  l'insurrection  du  côté 
de  Paiis,  pour  attaquer  la  révolution  au  cœur. 
George  se  reposait  avec  une  entière  confiance 
sur  la  parole  du  comte  d'Artois,  quand  un  nou- 
veau message  vint  lui  apprendre  que  «  les  jours 
«  de  S.  A.  R.  étaient  trop  précieux  pour  êti-e 
«  exposés.  »  Refoulant  son  indignation  au  fond 
de  son  âme,  il  donne  le  signal  des  hostilités  en 
attaquant  Vannes.  Le  30  octobre  (1799),  il  péné- 
trait dans  Sarzeau,  où  les  bleus  s'étaient  réfugiés 
avec  un  parc  d'artillerie  ;  et  presque  au  même  ins- 
tant il  surprenait  Port-Navalo ,  Muzillac,  Landé- 
vant,  etc.  L'insurrection  triomphante  s'étendait 
de  Guérande  à  Saint -Brieuc.  Mais  la  journée  du 
18  brumaire  avait  rendu  le  général  Bonaparte 
maître  de  la  situation;  sa  puissante  initiative 


avait  remplacé  un  pouvoir  déconsidéré.  Son 
premier  soin  fut  de  pacifier  l'Ouest,  et,  dans  ce 
but  il  employa  d'abord  la  voie  des  négocia- 
tions. Des  conférences  s'ouvrirent  à  Pouancé, 
dans  le  haut  Anjou,  pour  traiter  de  la  paix.  Mais 
l'influence  de  George  empêcha  qu'elles  fussent 
suivies  d'aucun  résultat.  Cependant  Brune,  com- 
mandant de  l'armée  de  Hollande,  arrivait  à  mar- 
ches forcées  dans  l'Ouest,  avec  l'ordre  d'écraser 
à  tout  prix  la  résistance  royaliste.  Le  général 
Harty  lui  préparait  les  voies  dans  le  Morbihan. 
Sorti  de  Vannes  le  25  janvier  1800,  à  la  tête  de 
10,000  hommes,  ce  général  fut  rencontré  par 
les  troupes  de  George,  le  26  janvier  1800.  à 
Pont-de-Loch,  entre  Locminé  et  Grand-Champ.'La 
bataille  fut  longue  et  acharnée;  elle  dura  huit 
heures.  Ce  fut  le  dernier  engagement  sérieux  de 
la  chouannerie.  George  comprit  bientôt  qu'il 
ne  pouvait  prolonger  une  lutte  inégale  sans  atti- 
rer sur  son  pays  les  plus  grands  désastres,  et  il 
se  décida  à  traiter  de  la  paix.  Le  2  février,  il  eut 
avec  Brune  une  entrevue,  à  la  suite  de  laquelle 
il  signa  une  convention  pour  les  trois  départe- 
ments (Morbihan,  Côtes-du-Nord,  Finistère)  pla- 
cés sous  son  commandement.  A  peine  avait-il  ac- 
cepté la  pacification,  qu'il  apprit  que  des  vais- 
seaux anglais,  mouillés  dans  la  rade  de  Quiberon, 
lui  apportaient  des  fonds  considérables  :  «  Dites 
à  l'amiral .  répondit-il ,  que  je  viens  de  conclure 
la  paix,  et  que  je  ne  puis  recevoir  des  fonds  des- 
tinés à  continuer  la  guerre.  «  Brune  eut  ordre 
d'exiger  que  George  se  rendît  à  Paris,  où  sa  pré- 
sence était  nécessaire,  disait-il ,  à  la  consolida- 
tion de  la  paix.  En  réalité  le  premier  consul,  qui 
se  connaissait  en  hommes,  et  auquel  un  coup  d'oeil 
avait  suffi  pour  apprécier  la  forte  trempe  du  chef 
breton,  voulait  l'attacher  à  sa  fortune.  Après 
avoir  eu  plusieurs  conférences  avec  le  général 
Clarke,  qui  tenait  le  portefeuille  de  la  guerre , 
George  fut  reçu  par  Bonaparte.  Bourrienne,  qui 
assistait  à  cette  entrevue,  en  a  consigné  les  dé- 
tails dans  ses  Mémoires.  Pendant  une  conversa- 
tion de  plus  de  deux  heures,  le  premier  consul 
fit  tous  ses  efforts  pour  vaincre  l'obstination  de 
l'mdomptable  Breton  ;  il  fit  retentir  à  ses  oreilles 
les  mots  de  gloire,  de  patrie,  de  fortune  mili- 
taire ;  il  épuisa  la  série  des  offres  les  plus  sédui- 
santes, lui  donna  à  choisir  entre  le  grade  de  gé- 
néral de  division  dans  l'armée  d'ItaUe,  ou  cent 
mUle  francs  de  pension,  à  la  seule  condition  de 
s'abstenir  de  politique.  George  fut  inébranlable; 
et  cette  entrevue ,  qui  causa  une  irritation  pro- 
fonde au  premier  consul,  peu  habitué  à  rencon- 
trer de  telles  résistances ,  ne  fut  suivie  d'aucun 
résultat.  Averti  qu'on  allait  le  faire  arrêter,  il 
partit  secrètement  pour  l'Angleterre,  en  compa- 
gnie de  M.  Hyde  de  Neuville.  Il  fut  accueilli 
avec  beaucoup  de  distinction  par  le  gouverne- 
ment anglais,  et  reçut  de  Louis  XVin,  par  l'in- 
termédiaire du  comte  d'Artois ,  le  grade  de  lieu- 
tenant général,  le  grand  cordon  de  Saint-Louis, 
et  une  lettre  de  félicitations  sur  sa  conduite. 


79 


CADOUDAL 


80 


A  peine  débarqué    en  Angleterre,   George 
médita  de  nouveaux  plans  de  résistance.  Il  réso- 
lut de  repasser  dans  le  Morbihan  pour  les  exé- 
cuter, quand  la  victoire  de  Marengo  vint,  en  af- 
fermissant  la  puissance   de  Bonaparte,    foire 
avorter  tous  ses  projets.  Il  comprit  qu'en  res- 
tant plus  longtemps  en  France  il  compromettrait 
inutilement  les  campagnes  du  Morbihan,  épuisées 
par  six  années  de  luttes.  Il  songea  dès  lors  à 
transporter  à  Paris  le  drapeau  de  l'insurrection; 
et  dans  ce  but  il  chargea  Saint-Régent,  Limoë- 
lan,  la   Haie  Saint-Hilaire  et  quelques  autres 
officiers  de  se  rendre  dans  cette  ville.  On  sait 
comment  l'explosion  de  la  machine  infernale  vint 
encore  une  fois  déjouer  ses   espérances.   Quel- 
ques historiens  ont  voulu  faire  remonter  jusqu'à 
George  Cadoudal  la  responsabilité  de  cet  odieux 
attentat,  œuvre  isolée  de   Saint-Régent.  La  vé- 
rité sur  ce  fait,  longtemps  controuvée,  est  conte- 
nue tout  entière  dans  cette  réponse  de  George 
à  l'époque  de  son  procès  :  «  Saint-Régent  était 
«  à  Paris  d'après  mes  ordres;  mais  jamais  je  ne 
«  lui  ai  enjoint  d'exécuter  l'attentat  du  3  nivôse.  » 
Nous  avons  sous  les  yeux  les  Mémoires  encore 
inédits,  mais   parfaitement    authentiques,  d'un 
homme  qui  a  joué  dans  les  fastes  de  la  chouan- 
nerie im  rôle  d'une  certaine  importance,  Rohu, 
ancien   chef  de  division,  sous  les  ordres  de 
George.  Voici  comment  il  s'exprime  sur  cette 
déplorable  affaire  :  «  Vers  le  milieu  de  l'année 
«  1800,  le  général  nous  convoqua  au  nombre  de 
«  quatre,  savoir  :  Delear,  Robinot  de  Saint- Ré- 
«  gent,  le  chevalier  de  Trécesson,  et  moi.  Il  nous 
«  exposa  qu'il  avait  besoin  d'un  de  nous  pour 
«  une  mission  à  Paris.  Saint-Régent,  comme  le 
«  plus  ancien  des  officiers  présents,  prétendit 
<c  avoh-  droit  d'obtenir  la  préférence.  Le  général, 
«  acceptant  la  proposition,  lui  dit  :  «  Je  vous 
«  donnerai  les  ;moyens  d'arriver  jusqu'à  la  ca- 
«  pitale  ;  et  là  vous  vous  mettrez  en  relation  avec 
a  les  personnes  que  je  vous  indiquerai,  et  avec 
«  lesquelles  vous  vous  entendrez  pour  l'achat  du 
<c  nombre  de  chevaux,  d'habits  et  d'armes  que 
a  je  vous  désignerai,  et  dont  je  viendrai  me  ser- 
«  vir  plus  tard.»  Saint-Régent  partit.  Quand  nous 
<c  apprîmes  que  les  tuiles  des  toits  avaient  tombé 
(c  sur  la  voiture  du  premier  consul,  par  suite  de 
<c  l'explosion  de  la  machine  infernale,  George 
<(  entra  dans  une  violente  colère,  et  il  nous  dit  ; 
(c  Je  parierais  que  c'est  un  coup  de  tête  de  ce  b... 
<c  de  Saint-Régent.  Il  aura  voulu  venii-  près  de 
<c  nous  se  vanter  de  nous  avoir,  à  lui  seul,  débar- 
a  rassés  de  Bonaparte  :  il  a  dérangé  tous  mes 
«  plans.  D'ailleurs  nous  ne  sommes  pas  en  me- 
«  sure  d'agir.  » 

L'odieuse  tentative  de  la  rue  Saint-Nicaise,  que 
Saint-Régent  et  son  complice  Carbon  expièrent 
sur  l'échafaud,  vint  aggraver  encore  la  situation 
des  insurgés  morbihannais.  Plus  de  cinquante 
officiers  royalistes,  au  nombre  desquels  se  trou- 
vaient Julien  Cadoudal,  un  des  frères  de  Geoi'ge, 
et  Mercier  la  Vendée,  son  lieutenant  et  ami, 


périrent  violemment,  de  1800  à  1802.  La  police 
redoubla  d'efforts  pour  s'emparer  de  l'indompta- 
ble chef.  Trois  colonnes  mobiles,  dirigées  par 
Bernadotte,  parcoururent  le  pays.  George  partit 
de  nouveau  pour  l'Angleterre,  accompagné  de  ses 
officiers  les  plus  intrépides  et  les  plus  compro- 
mis. Ce  fut  à  dater  de  cette  époque  ([u'il  ariêla, 
avec  le  comte  d'Artois  et  le  général  Pichegru , 
le  plan  de  la  vaste  conspiration  dont  il  devait 
être  la  victime.  Débarqué  le  21  août  1803  sur 
la  falaise  de  Béville  en  Normandie,  avec  une 
partie  de  ses  compagnons ,  George  ne  tarda  i)as 
à  s'apercevoir  qu'on  l'avait  trompé  sur  la  véri- 
table situation  de  l'esprit  J public;  que  le  i)re- 
mier  consul,  bien  loin  d'êti'e  dépopularisé  comme 
l'affirmaient  de  fausses,  correspondances,  se  pré- 
parait au  contraire  à  ceindre  le  bandeau  impé- 
rial, aux  applaudissements  de  la  nation.  D'un 
autre  côté,  dans  les  entretiens  qu'il  eut  avec  Mo- 
reau,  il  trouva  ce  général,  qu'il  croyait  décidé  à 
agir  pour  les  Bourbons,  plein  d'irrésolution,  de 
faiblesse,  et  d'ambition  personnelle.  George  était 
depuis  sept  mois  à  Paris,  mécontent  de  la  tour- 
nure des  événements  ;  et  il  se  disposait  à  repasser 
en  Angleterre  quand,  le  9  mars  1804,  vers  sept 
heures  du  soir,  venant  en  cabriolet  de  la  monta- 
gne Sainte-Geneviève,  il  fut  poursuivi  par  plu- 
sieurs agents  de  pohce,  qui  l'atteignirent  près  du 
carrefour  de  l'Odéon.  L'un  d'eux,  Buffet,  se  pré- 
cipita à  la  tête  de  son  cheval.  D'un  coup  de  pis- 
tolet,  George  lui  brûla  la  cervelle.  Mais,  en- 
touré par  la  foule  et  assailli  par  le  nombre,  il  fut 
pris,  garrotté,  et  conduit  à  la  préfecture  de  police, 
d'où  on  le  transféra  au  Temple.  Pendant  son  pro- 
cès il  fit  preuve  de  beaucoup  de  courage  et  de 
sang-froid;  déclara  hautement  qu'il  était  venu 
pour  changer  la  forme  du  gouvernement  en  France 
et  mettre  Louis  XVUI  sur  le  trône  ;  qu'un  prince 
français  devait  diriger  l'attaque  ;  qu'il  n'avait  pas 
de  complices.  Toutes  les  fois  qu'il  parla  du  pre- 
mier consul,  ce  fut  avec  beaucoup  de  modération 
et  de  dignité;  et  celui-ci  lui  fit  témoigner,  par 
l'intermédiaire  de  Murât,  combien  il  était  touché 
de  cette  retenue.  L'officier  supérieur  chargé  de 
ce  message  ajouta  que  cette  conduite  avait  ins- 
piré tant  d'estime  à  celui  qui  venait  d'être  élevé 
à  l'empire,  qu'il  ne  doutait  pas  qu'il  n'accordât  la 
grâce  de  George,  s'il  la  sollicitait.  Ce  dernier  s'y 
refusa  positivement  ;  et  le  25  juin  1804,  assisté 
de  l'abbé  de  Ker&venant,  tairé  de  Saint- Germain- 
des  Prés,  il  porta  satêîe  sur  l'échafaud.  Onze  de 
ses  compagnons  périrent  avec  lui.  Un  grand  nom- 
bre d'auti'es ,  parmi  lesquels  les  deux  frères  de 
Polignac,  le  duc  de  Rivière ,  Raoul  et  Armand 
Gaillard,  Chai'les  d'Hozier,  eurent  leur  peine  com- 
muée en  quelques  années  de  détention.    G.  C. 

Crétineau-Joly,  Histoire  de  la  Vendée  militaire.  — 
Th.  Muret,  Histoire  des  guerres  de  l'Ouest.  —  M.  Le- 
gean.dans  la  Biographie  Bretonne.  —  Mémoires  (inédits) 
de  Rohu, ancien  chef  de  division.  --  Mémoires  de  Bour- 
rienn'e.  —  Emile  Marco  Saint-Hilairc,  /Jc7ix  Conspira- 
tions sous  l'Empire.  —  Procès  Je  George,  Moreau,  et  Pi- 
cheijru,  8 vol.  ia-8°'  Paris,  iWt.  — Documents  inédits. 


81 


CADOUDAL  —  CADROY 


82 


*  CADOUDAL  (Joseph),  général  français,  frère 
du  précédent,  né  à  Kerléano,  près  d'Auray,  le  25 
janvier  J784,  mort  au  même  lieu  le  29  juin  1852. 
Il  était  à  l'école  d'Angers  en  1804,  lors  de  la 
découverte  de  la  conspiration'  de  George,  et 
il  en  sortit  après  l'exécution  de  celui-ci,  sur  l'as- 
surance qu'on  lui  donna  qu'il  devait  lui-même 
être  arrêté.  A  peine  était-il  rentré  à  la  maison 
paternelle,  qu'il  fut  mandé  à  Vannes,  où  le  préfet 
du  Morbihan  lui  ordonna  de  partir  immédiate- 
Kicnt  pour  Tours,  où  il  devait  continuer  ses  études 
aux  frais  du  gouvernement.  L'empereur,  après 
avoir  vainement  cherché  à  s'attacher  l'indomp- 
table Breton ,  voulait  que  le  frère  de  George  fût 
élevé  dans  une  de  ces  écoles  où  la  jeunesse  fran- 
çaise était  formée  militairement  pour  le  culte 
de  la  gloire.  Le  jeune  Cadoudal  feignit  de  se 
soumettre  ;  mais,  le  soir  même,  il  s'embarquait 
pour  l'Angleterre.  Il  y  passa  dix  années,  qu'il 
consacra,  sous  la  direction  de  MS''  Amelot,  an- 
cien évêque  de  Vannes,  à  continuer  ses  études, 
brusquement  interrompues.  En  1814,  le  duc  de 
Berry  lui  confia  une  mission  pour  le  Morbihan  : 
accompagné  d'im  frère  plus  jeune  que  lui  et  d'un 
ancien  officier  de  George,  M.  Hermely,  Joseph 
Cadoudal  descendit  en  Bretagne.  Mais  quand  il 
y  arriva,  les  événements  politiques  avaient  rendu 
sa  mission  sans  objet. 

En  1815  il  fut  nommé,  par  ordonnance  du  25 
octobre  1815,  colonel  de  la  légion  du  Morbihan, 
qui  devint  plus  tard  le  26®  régiment  de  ligne.  Ce 
fut  en  cette  qualité  qu'il  fit,  en  1823,1a  campa- 
gne d'Espagne.  Promu  au  grade  de  maréchal-de- 
camp  le  22  mai  1825,  à  l'occasion  du  sacre  de 
Charles  X,  il  fut  chargé  de  plusieurs  inspections 
d'infanterie  et  de  divers  commandements. 

Après  la  révolution  de  1830,  il  fut  mis  à  la  ré- 
forme. En  1832,  madamela  duchesse  de  Berry  lui 
confia  le  commandement  et  l'organisation  de  la 
partie  de  la  Bretagne  placée  autrefois  sous  les 
ordres  de  George.  Mais  il  comprit  bientôt  que 
les  circonstances  étaient  changées,  et  qu'il  y  au- 
rait folie  à  engager  une  lutte  inégale.  Grâce  à 
son  esprit  de  modération  et  à  sa  haute  prudence, 
la  Bretagne  fut  préservée  du  fléau  de  la  guerre 
civile.  Depuis  cette  époque,  il  vécut  dans  une 
retraite  absolue. 

Biographie  des  Hommes  vivants.  —  La  Petite  cliouan- 
>ie)-ic,par  M.  Rio.  —Archivesdu  ministère  delaguerre. 
—  Documents  inédits. 

cADOVius,  OU  t^utôt  MÙLLER  {Jean),  théo- 
Iqgien,  littérateur  etm^iecin  frison,  né  en  1650, 
mort  à  Stadesdorf  en  1725.  Son  père,  Mathias 
Cadovius ,  surintendant  de  la  Frise  orientale , 
voulant  cacher  sa  paternité ,  cm*  il  s'était  marié 
étant  encore  élève  du  gymnase  académique  de 
Hambourg,  fit  étudier  son  fils  Jean  sous  le  nom 
de  Mûller.  Ce  dernier  garda  ce  nom  pendant  de 
longues  années ,  remphssant  différents  emplois , 
d'abord  en  1670  celui  de  rectem-  de  l'école  latine 
d'Esens,  et  en  1675  celui  de  prédicateur  au  vil- 
lage de  Stadesdorf.  Mais  en  1679,  son  père  étant 


mort,  Jean  dut  prouver  contre  ses  autres  frères 
la  légitimité  de  sa  naissance,  pour  i)ouvoir  entrer 
dans  sa  part  d'héritage.  Non-seulement  il  y  réussit, 
mais  il  prit  dès  lors  le  nom  de  son  père ,  auquel 
il  succéda  en  môme  temps  comme  surintendant 
de  la  Frise  orientale.  Il  consacra  le  reste  de  sa 
vie,  tout  en  remplissant  ses  fonctions  ecclésias- 
tiques, à  ses  études  variées,  surtout  littéraires, 
et  même  à  l'exercice  de  la  médecine.  Il  a  le  pre- 
mier popularisé  l'étude  de  l'ancien  dialecte  frison 
dans  un  ouvrage  qui  forme  le  fond  de  tout  ce 
qui  a  été  écrit  plus  tard  sur  le  même  sujet.  Cet 
ouvrage,  intitulé  Memoriale  linguee  jrlsicse  an- 
tiquas,  est  une  espèce  de  grammaire  et  vocabu- 
laire frison ,  renfermant,  entre  autres ,  les  cinq 
parties  principales  du  catéchisme  de  Luther, 
avec  les  symboles  de  Nicée  et  de  saint  Atlianase  ; 
cet  ouvrage,  écrit  en  1671,  se  conserve  en  ma- 
nuscrit dans  la  bibhothèque  d'Emden.  On  a  en 
outre  de  lui  :  excellent  échange  de  l'incrédu- 
lité musulmane  contre  le  véritable  christia- 
nisme,  en  manuscrit,  et  composé  à  l'occasion 
du  changement  de  religion  de  deux  jeunes  Otto- 
mans. 

Bertram,'  Parera  Ostfris.,  p.  m.  —  Meier  de  Brème, 
Lettre  à  Leibnitz  de  Indic.  Frisise,  Ms.  dans  les  Col- 
lect.  etymologica.  —  Wiarda,  Dictionnaire  de  la  langue 
des  anciens  Frisons.  —  Ersch  et  Gruber,  Mlgemetne  En- 
cyclopsedie. 

*  CADOVIUS  {  Antoine-Gunther  ) ,  théolo- 
gien allemand,  né  le  16  août  1654à  Oldenbouig, 
mort  le  3  avril  1681  à  Esens.  Après  avoir  étudié 
à  Leipzig,  léna  et  Wittemberg,  et  avoir  pris 
ses  grades  dans  cette  dernière  ville,  il  fit  un 
voyage  scientifique.  De  retour  à  Aurich ,  où  son 
père  était  alors  surintendant  général  ecclésias- 
tique, la  duchesse  Christine-Charlotte  le  nomma 
son  prédicateur,  qui  devait  l'accompagner  aux 
eaux  de  Pyrmont.  Plus  tard,  il  devint  second 
pasteur,  et  en  1678  premier  pasteur  à  Esens 
(dans  la  Frise  orientale),  où  il  resta  jusqu'à  sa 
mort.  Ott'ade  lui  :  Disput.  de  itinere  sabbati; 
wittemberg,  1673,  in-4°;  —  Disput.  de  tem- 
pore;  Mû.,  1674,  in-4<';  —  Disput.  de  justifia 
univer sali ;ihid.,  1674,  in-4°. 

Reershani ,  Souvenirs  du  clergé  de  la  Frise  orient. 
(en  allemand]. 

CADROY  (Pierre),  conventionnel  français, 
mort  à  Saint-Sever  en  1813.  Député  des  Landes 
à  la  convention,  il  y  vota  la  réclusion  de 
Louis  XVI,  puis  le  sur  sis  à  l'exécution.  En  1794, 
il  se  prononça  énergiquement  contre  les  doctri  ■ 
nés  des  jacobins.  Il  fut  ensuite  envoyé  à  Mar- 
seille pour  s'y  opposer  aux  terroristes,  et  fut 
chargé  d'approvisionner  l'armée  des  Alpes.  De- 
venu membre  du  conseil  des  cinq-cents,  il  fut 
déporté  le  18  fructidor  (4  septembre  1797). 
Rentré  en  France  après  le  18  brumaire,  il  devint 
maire  de  Saint-Sever,  et  reprit  en  même  temps 
sa  profession  d'avocat.  On  a  de  lui  :  Cadroy ,  ' 
membre  du  conseil  des  cinq-cents,  à  ses  col- 
lègues, sur  le  Mémoire  de  Fréron;  1797, 

Moniteur  universel.—  Petite  biographie  conv.,  1815. 
—  Le  Cas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France, 


Ik 


83 


CADRY  —  C^POLLIINUS 


84 


CADRY  (  Jean-Baptiste  ),  plus  connu  sous  l'a- 
nagramme de  Darctj,  chanoine  et  théologien  fran- 
çais, né  à  Ti-ez  (  Provence)  en  1680,  mort  à  Sa- 
rigny-sur-Orge  le  25  novembre  1756.  Il  fit  ses 
premières  études  sous  les  soins  de  son  oncle, 
supérieur  du  collège  Grimaldi,  et  les  termina  à 
Paris  (1710),  où,  étant  entré  dans  les  ordres,  il 
obtint  le  vicariat  de  Saint-ÉJ(ienne-du-Mont,  puis 
celui  de  Saint-Paul  (1716).  En  1718,  M.  de 
Clermont  le  fit  nommer  chanoine  à  Laon ,  et  le 
choisit  pour  son  théologal;  mais  l'opposition 
constante  de  Cadry  à  la  bulle  Vnigenitus  le  fit 
destituer.  Il  se  retira  alors  à  Palaiseau,  où  il  de- 
meura, publiant  ses  nombreux  ouvrages,  jusqu'en 
1748.  Caylus,  évêque  d'Auxerre,  le  prit  près  de 
lui,  et  ne  s'en  sépara  que  par  la  mort.  Les  prin- 
cipau.'i  ouvrages  du  P.  Cadry  sont  :  Prônes  sur 
l'appel,  etc.;  1718,  in-l2;  —  Relation  de  ce 
qui  s'est  passé  dans  l'assemblée  générale 
de  la  Congrégation  de  la  Mission  tenue  à 
Saint-Lazare  le  i"  août  1724;  Paris,  in-4°; 
—  Apologie  pour  les  Chartreux ,  que  la  per- 
sécution excitée  contre  eux  au  sujet  de  la 
bulle  Vnigenitus  avait  obligés  de  sortir  de 
leurs  monastères  ;\hiA.,  1725,  in-4°;  —  Preu- 
ves de  la  liberté  de  l'Église  de  France  dans 
l'acceptation  de  la  constitution  Unigenitus, 
ou  Recueil  d'ordres  émanés  de  la  cour  ;  1726, 
in-4°;  —  Histoire  de  la  condamnation  de 
M.  l'évéque  de  Senez,  par  les  prélats  as- 
semblés à  Embrun  ;  1728,  in-4°  ;  —  Réflexions 
abrégées  sur  l'ordonnance  de  M.  Varchevéque 
de  Paris  (de  Vintimille)  du  29  septembre  1729, 
au  sujet  de  la  constitiction  Unigenitus  ;  1729, 
3  vol.  in-8°;  —  Observations  théologiques  et 
morales  contre  le  P.  Berruyer;  3  vol.  in-12. 

Mnréri,  Dictionnaire  historique. 

CADWALAiiYR,  roi  des  Bretons,  mort  à  Rome 
en  703.  Les  Saxons  envahirent  ses  États  et  l'en 
dépouillèrent.  Il  fut  le  dernier  roi  des  Bretons, 
et  l'un  des  trois  princes  qui  traitèrent  avec  bien- 
veillance les  clirétiens. 

hohiae&a,  Hist.  de  la  Bretagne.  —  Dam,  Histoire  de 
Bretagne. 

CADWALADYR  et  CELAit, ,  nom  de  deux 
Jjardes  gallois  qui  vécurent  au  seizième  siècle. 
Leurs  poésies  sont  restées  manuscrites. 

l\osc ,  New  Biographical  Dictionary. 
CADWALLON,  fils  de  Cadwan  et  père  de  Cad- 
waladyr,  prince  de  Galles,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  septième  siècle.  Défait  en  622  par  Ed- 
win  d'Angleterre,  il  se  réfugia  en  Irlande.  A  son 
retour,  il  guerroya  sans  cesse  contre  les  Saxons. 
Les  bardes,  qu'il  protégeait,  composèrent  des 
chants  en  son  homieur. 

Rose,   New  Biographical- Dictionary . 

CADWGAN,  fils  de  Bleddyn,  prince  gallois, 
mort  en  1110.  Il  régna  à  partir  de  1107.  Son  fils 
Owen  ayant  enlevé  la  femme  de  Gérald ,  autre 
prince  gallois,  Cadwgan  fut  obligé  de  se  réfugier 
en  Irlande  avec  le  ravisseur.  A  son  retour,  il  fut 
assassiné  par  son  neveu. 

Rose,  Neiv  Biographical- Dictionary. 


c^DiTius.  Votj.  Calpurnius  Flamma. 

*c.^DMON  OU  CEDaiON,  bénédictin  et  poëte 
anglo-saxon,  né  dans  le  Northumberland,  mort  à 
Whitby  en  676  ou  680.  D'après  Bède  {Hist. 
eccL,  TV,  ch.  24),  il  gardait  les  troupeaux ,  lors- 
qu'un soir,  appelé  à  chanter  dans  les  veillées 
des  bergers ,  il  se  déclara  inspiré.  Étant  tombé 
dans  un  profond  sommeû,  un  étranger  lui  appa- 
rut en  songe,  et  lui  fit  chanter  la  Création ,  sur 
laquelle  Caedmon  improvisa  le  commencement 
d'un  poème  admirable.  Le  lendemain  il  continua 
le  poëme ,  et  se  fit  installer  par  l'abbesse  Hilda 
dans  le  couvent  de  Whitby,  qu'elle  dirigeait  ;  il 
y  resta  jusqu'à  sa  mort,  qui,  d'après  Bède,  fut  ac- 
compagnée également  de  circonstances  miracu- 
leuses. On  a  sous  le  nom  de  Caedmon  une  Para- 
j)hrase  anglo-saxonne,  en  vers,  de  la  Genèse, 
dont  le  poëme  cité  plus  haut  forme  l'exorde, 
avec  les  Principales  histoires  de  l'Ancien  et 
du  Nouveau  Testament.  L'unique  manuscrit  de 
l'original ,  longtemps  laissé  dans  l'oubli ,  tomba 
entre  les  mains  du  célèbre  antiquaire  l'arche- 
vêque Usher  de  Dublin,  qui  le  communiqua  à 
Junius ,  premier  éditeur  de  ces  poèmes,  et  passa 
de  là  à  la  bibliothèque  Bodleyenne  d'Oxford,  où 
il  se  conserve  encore.  Les  principales  éditions 
sont  :  Cxdmonis  monachi  Paruphrasis  poe- 
tica  Genesios  ac  prsecipuarum  sacrée  paginas 
historiarum,  ab  hinc  annos  M.  LXX,  anglo- 
saxonice  conscripta  et  nunc  primum  édita  a 
Francisco  Junio;  Amsterdam,  F  F.  Smalt, 
^1-4";  1655,  édition  très-incorrecte;  —  Cxdi- 
mon's  Metrical  Paraphrase  of  Parts  of  tlie 
Holy  Scriptures,  in  anglo-saxon;  with  an 
English  Translation ,  Notes ,  and  a  Verbal 
Index,  by  Benjamin  Thorpe;  Londres,  1832, 
in-8°. 

Aiielungj  supplément  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten- 
Lexicon.  —  Thomas  Wright,  Biographia  Britannica 
literaria,  1842. 

C^LICS-AURELIANUS.  Voy.  COELIIJS-Au- 
REUANUS. 

c^Lius  SABINUS.  Voy.  Sabinus. 

*c^Lics  {Antoine),  médecin  italien,  né  à 
Messine,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Tract,  de  Pulsi- 
bus,  et  Commenta  inl  libr.  Aphorismor.  Hip- 
pocratis  ;  Messme,  1618,  in-4°  (catal.  Bibl. 
Bodley.);  —  Introductio  universalis  admedi- 
cam  Facultatem,  ac  brevis  methodus  curandi 
par  ticular  es  prêter  naturam  corporis  humani 
affectus;necnon  de  Pulsibus  Tractatio.  Qui- 
bus  additur  Commentarius  in  primum  librum 
Aphorismorum  Hippocratis;  Messine,  1618, 
in-4°. 

Carrère ,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

*caEPOLLiNUS  {JacquesrPhilippe),  liisto- 
rien  italien ,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Chronicon  sa- 
crum, divrarbore  Genealogise  patriarcharum 
veteris  Testamenti,  regum  atque  principum 
et  ex  vis  j/rogenitorum  Jesu  Christi  Not.itia  ; 
Rome,  1739,  in-foU 


(LfiPOLLINire  —  CvËSARE 


86 


Adclungy.supplément  à  JOcher,  Mlgemeines  GeWirten- 
"  Lexicon. 

*  C7ERDEN  (Paul  Van),  voyageur  hollandais, 
vivait  à  la  fin  du  seizième  et  au  commencement 
du  dix-septième  siècle.  Il  fit  un  voyage  aux  In- 
des orientales,  de  1599  à  1601.  On  en  a  le 
compte-rendu  dans  le  Recueil  de  Voyages  de 
la  Compagnie  des  Indes  orient.,  t.  ET. 

Adeluug,  supplément  à  JOcber,  Allgetn.  Gelherten- 
Lexicon. 

CISALPIN.  Voy.  CÉSALPIN. 
CASAR.  Voy.  CÉSAR. 

c^SAR  {Âqîtilinus-Julius),  historien  alle- 
mand, né  à  Gratz  le  l^'  novembre  1720,  mort 
le  2  juin  1792.  On  a  de  lui  :  Annales  ducatus 
Styriap  ;  \ieune,  1768-1769-1779,  3  vol.  in-fol.; 
—  Description  de  la  Styrie  (en  allemand); 
1773 , 2  vol.  in-S";  —  Histoire  politique  et  ec- 
clésiastique de  la  Styrie;  1785-1788,  7  vol.;  — 
Droit  canoniqîie national  de  l'Autriche  ;  1788- 
1790,  6  vol.  in-8°,  etc.;  —  plusieurs  autres  ou- 
vrages restés  manuscrits.  Tous  ces  écrits  abon- 
dent en  détails  intéressants. 

Fellcr,  Dictionnaire  historique. 

* ciESA.K[{Camille),  théologien  et  juriscon- 
sulte français ,  vivait  à  Paris  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Phil.  Roverii  Tract,  de  Missionibus,  ace.  Apo- 
logiojsjusdemTractatus,  per  Cani.  Cassarem; 
Paris,  1625,  in-8°,  trad.  eafrauçais  par  C.-M. 
P.  ;ibid,  1827,  in-8^ 

Cat.  Bibl.  itnp.  Par. 

*CiESAR  {Christophe),  philologue  allemand, 
né  le  24  avril  1540  à  Iglau  en  Prusse,  mort  le 
16  août  1604  à  Halle.  11  suivit  les  classes  du 
gymnase  de  sa  ville  natale,  et  étudia  ensuite  à 
Witteraberg,  où  il  prit  ses  grades.  En  1572  il 
devint  second  directeur,  et  en  1583  directeur 
en  chef  du  gymnase  de  Halle,  où  il  resta  jus- 
qu'à sa  mort.  On  a  de  lui  :  Institutiones  gram- 
maticce  latinœ  in  usum  scholse  Hal.  ;  Halle, 
1592,  in-8°;  —  Elegia  in  effigiem  Ad.  Siberi  ; 
Witteraberg,  1594,  in-4°;  —  Salagustiana,  poe- 
matadiversis  temporum  occasionibus  scripta; 
Halle,  1598;  —  Elegia  de  Cruce,  quas  perpe- 
tuumEcclesise  Jesu  Christi  DpoaxeifAevov  ;  ibid, 
1598,  in-4°. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allg.  Cel.-Lexicon.  —  Dun- 
kel,  Nachrichten,  1. 1,  p.  410. 

^  CiESAR  ( Dominique),  bénédictin  allemand, 
vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il 
enseignait,  en  1652,1a  logique  à Salzbourg,  et  de- 
vint bientôt  après  abbé  d'Oberaltach.  On  a  de 
lui  :  Ai-iadne  Logica,  1653. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher. 

*CiESAR  (Jean-Baptiste),  iariscoT^alte  alle- 
mand, vivait  à  Francfort-sur-le-Mein  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  11  fut  syndic  dans 
cette  ville ,  et  l'un  des  violents  adversaires  des 
Juifs.  «  Tous  les  Juifs,  disait-il,  qui  se  trouvent 
dans  le  monde  ne  méritent  pas  que  poui*  eux  un 
seul  chi'étien  soit  décollé,  mis  en  jugement, 
ou  chassé  dre  son  pays.  »  —  On  a  de  lui,  sous 


le  pseudonyme  de  Vespasianus  Recktanus ,  lit- 
denspiegel  et  ludenbadstube,  dans  Die  drey 
fâche  Gleichheit  (la Triple  Égalité)  ;  1616,  in-4°; 

—  Consilia  variorum  autorum;  Francfort, 
1618,  3  vol. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Lexicon. 

*c^SAR  (Jean-George),  jurisconsulte  alle- 
mand, vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Instrumenta  pacis  Cœsareo-Gal- 
licce  et  Ceesareo-SueciC3B  inita  monasterii  et 
Osnabrugis;  Nuremberg,  1690,  in- 12. 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allgem.   Gelhr.-Ijex. 

*  CESAR  (Jean-  Melchior),  musicien  alle- 
mand, né  à  Saverne  en  Alsace,  mort  à  Augsbourg 
après  1692.  Il  fut,  vers  1683,  premier  maître  de 
chapelle  de  Pierre-Philippe,  évêque  de  Bamberg. 
On  a  de  lui  :  Trisagion  musicum,  complectens 
omnia  Offertoria  de  Communi  Sanctorum  et 
Sanctarum,  de  Maria  Virgine  et  Dedicatione 
Ecclesise  per  annum,  secundum  textum  Mis- 
salis  Romani,  etc.;  Wurzbourg,  1683,  in-fol  ; 

—  Lustige  Tafelmusik  (  Morceaux  de  musique 
de  table  )  ;  ibid.,  1684,  gr.  in-4°;  — ■  Missee  brè- 
ves VIII;  ibid.,  1687,  in-4°;  —  Psalmi  vesper- 
triii  dominicales  et  festivi  per  annum,  cum 
Magnificat  Psalmisque  alternationis  duplici 
modo;  ibid.,  1691,  in-4°  ;  —  Hymnl  de  Domini- 
cis  et  Tempore,  de  Proprio  et  Communi  Sanc- 
torum,  aliis  universorum  Religiosorum  Ordi- 
num  principationibus  per  totius  anni  de- 
cursum  in  officio  vespertino  decantari  soliti  ; 
ibid.,  1692,  in-4°. 

Adelnng  ,  supplément  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehr.-J.ex. 

*c.*;sAR  {Longinus),  probablement  pseudo- 
nyme d'un  naturahste  allemand,  dont  on  a  :  Tri- 
num  magicum,  sive  secretorum  naturalium, 
cœlestium,  infernaliuni\;  Francfort,  1690, 
in-4'';  on  y  trouve  des  extraits  de  Marc- Antoine 
Zimara,  d'Alexandre  d'Aphrodisias ,  d'Albert  le 
Grand,  d'Aristote  et  d'Averroès;  —  Trinum 
magicum,  sive  secretorum  magicorum  opus  ; 
Uffenbach,  1611,in-12  ;  ibid.,  1614,  in-12  ;  Franc- 
fort, 1630,  in-12;  Lbidl,  1673,  in-12. 

Carrère  ,  Bibtwfh.  de  la  Med. 

*  c^SAR  (  Théophile  ),  médecin  chimiste  alle- 
mand, vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Alchymie-Spiegel,  oder 
Marieni  Bericht  vom  ersten  Ursprunge  und 

'  rechten  Grund  der  Alchymie,  aus  dem  Latein 
verdetitschet  (iMiroir  de  l'Alchimie ,  ou  Rapport 
de  Morienus  sur  l'origine  et  le  vrai  fond  de  l'Al- 
chimie, trad.  du  latin)  ;  Francfort-sur-le-Meim, 
1597,  in-8°;  —Roberti  Castrensis  Alchymie- 
Spiegel,  oder  Practik  der  ganzen  chymischen 
Kunst,  aus  dem. Latein  ûbersetzt  (Miroir  de 
l'Alchimie  de  Robert  Castrensis ,  ou  Pratique  de 
tout  l'art  delà  chimie,  etc.);  Darmstadt,1613,in-8°. 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt  -Lex. 

*ciESARE  {Jacob  a),  théologien  catholique 
français,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Doctrina  de  Sa- 
crificio  missae;  Douay,  1669,  in-8°. 

Catal.  bibl.  Dubois. 


87 


C^SARE  — 


*c^SARE  {Raphaël  de),  théologien  italien, 
né  à  Naples,  vivait  vers  la  fin  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Consolaiio  Animarum,  sive 
summa  casuurn  conscientiee  ex  manuali  Na- 
varri  excerpta;  Venise,  1589,  in-4°  ;  ibid.,  1599, 
in-4°. 

Caial.  Bibl.  imp.  Paris.  —  Catal.  bibl.  Bodley. 

*CiESARiANUS  (César),  architecte  italien, 
né  à  Milan,  mort  en  1542.  II  fut  nommé  en  1528 
architecte  du  duc  de  ^Klan,  et  séjourna  aussi 
pendant  quelque  temps  à  Côme.  On  a  de  lui  : 
Libri  dieci  di  L.  Vitruvio  delV  Architettura , 
tradotti  dal  latino  in  volgare,  afjigurati, 
co7mnentati;  Côme,  1521,  in-fol.  ;  Venise,  1524, 
in-fol.  ;  ouvrage  fait  en  collaboration  avec  Aloy- 
sio  Piravano,  Augustinus  Gallay  et  Bened.  Fo- 
vius;  —  Opus  de  Templo  niaximo  Mediola- 
nensi  (peut-être  resté  en  manuscrit). 

Argellati,  Bibl.  Mediol.,  p.  255  et  963.  -  Paitoni,  Bibl. 
degli  Jut.  volgarizz.,  IV,  225. 

csESARics  ( ),  théologien  allemand,  vivait 

dans  la  première  moitié  du'  treizième  siècle.  Il 
était  de  la  noble  famille  de  Milendimk,  dans  le 
pays  de  Neussef  ;  fut  abbé  du  couvent  de  Prum, 
appartenant  à  l'ordre  des  Bénédictins.  Après 
quatre  années  d'abbatiat,  il  abdiqua  sa  dignité,  et 
se  retira  au  couvent  de  Herslerbacb,  dépendant 
de  l'ordre  de  Cîteaux.  Il  y  écrivit,  en  1222  :  Ex- 
plicatio  rerum  et  verborum ,  qui  se  trouve  dans 
son  Registrum  bonorum  Ecclesias  Prumiensis, 
inséré,  d'après  une  copie  d'Eccard,  dans  les  Col- 
lectanea  etymologica  de  Leibniz,  et  dans  YHis- 
tor.  Trevir.  diplomatie,  de  Hontheim,  d'après 
une  autre  copie. 

Leibniz,  Collectan.  etymolog.  —  Hontheim,  Uistor. 
Trevir.  diplom.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgeni.  Encycl. 

c^SARivs  (Jean),  philosophe  et  médecin 
allemand,  né  à  Juliers  en  14C0 ,  mort  à  Cologne 
en  1551.  Il  étudia  à  Paris  et  professa  à  Cologne, 
d'où  ses  opinions  luthériennes  le  firent  exiler, 
n  se  retira  alors  chez  le  comte  de  Nuvenars  et 
de  Meiu-s.  Plus  tard  il  retourna  à  Cologne,  où  il 
mourut  après  être  revenu  au  catholicisme.  Son 
zèle  pour  la  science  lui  avait  fait  négliger  ses 
intérêts  à  tel  point  que,  sans  le  secours  de  ses 
amis,  il  serait  mort  de  faim.  Il  mit  en  ordre  et 
corrigea  le  Traité  de  Médecine  pratique  de 
Nicolas  Bertrutius.  On  a  en  outre  de  lui  :  un 
Traité  de  Rhétorique  et  de  Dialectique  ;  —  une 
édition  de  V Histoire  Naturelle  de  Pline;  — 
Castigationes  in  Cornelium  Celsum,  de  Re 
medica;  Haguenau,  1528,  in-S". 

Éloy,  Dict.  de  Méd.  —  Biog.  médlc. 

ciESARiiTs,  surnommé  Heisterbacensis , 
théologien  allemand,  contemporain  du  précédent, 
natif  de  Cologne,  mourut  vers  l'an  1320.  Il  fut 
prieur  de  Heisterbach,  et  laissa  de  nombreux  ou- 
vrages, dont  les  principaux  sont  :  Vita  B.  Elisa- 
beth. Landgraviâs  ,  ad  petitionem,  fratrum 
domus  tcutonicx  de  Marburg;  —  Nomina  et 
Actus  ponlificum  Coloniensium  quse  Ghronica 
nominatur  a  S.  Metaro  ad  Henricum  a  Mole- 


CAFFARELLI  88 

narck,  arch.  Coloniens.  producta.  Ses  autres 
écrits  sont  énumérés  dans  Harzheim. 

Harzheim ,  Bibl.  Coloniensis. 

CiESARIUS.  Voy.  CÉSAIRE. 

CaESIUS  BASSUS.  Voy.  BaSSUS   CiESlCS. 

cjESius  (Bernard),  minéralogiste  italien,  de 
Mantoue,  né  vers  1581,  mort  le  4  septembre 
1630.  Il  appartenait  à  la  compagnie  de  Jésus,  et 
professa  à  Modène  et  à  Parme.  On  a  de  lu*  : 
Mineralogia  sive  naturalis  philosophiee  The- 
sauri  in  quibus  metallicsc  concretionis ,  me- 
dieamentorumque  fossilium  mineralla  con- 
tinentur;  Lyon,  1636,  in-fol. 

Alegambe ,  biblioth.  scriptor.  societ.  Jesu. 

*c.ESARO  (Gilles  a)',  moine  franciscain  ita- 
lien ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  a  de  lui  :  Controversise  Marc. 
Ephesistarum  (orientalium) ,  hsereticorum 
cu7n  Ecclesia  orthodoxa,  ac  nonnullarum  do~ 
mesticorum  cum  apostolica  missione;  tom.  I, 
Messine,  1664,  in-4°. 
Catal.  Bibl.  imp.  Paris. 

CAFFA  (Melchiore),  dit  le  Maltais,  sculpteur 
de  l'école  romaine,  né  à  Malte  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  étudia  à  Rome 
sous  Ercole  Ferrata;  et  tout  promettait  en  lui 
un  artiste  d'un  talent  hors  hgne,  quand  il  périt 
écrasé  par  la  chute  d'un  modèle  auquel  il  tra- 
vaillait dans  la  fonderie  du  Belvédère.  Ses  ou- 
vrages sont  peu  nombreux,  et  la  plupart  sont 
restés  à  l'état  d'ébauche,  ou  ont  été  terminés  par 
d'autres  artistes.  Son  chef-d'œuvre  est  une  statue 
de  sainte  Rose,  qui  fut  envoyée  à  Lima.  Son 
style,  comme  celui  de  son  maître,  tient  à  la  fois 
de  la  manière  du  Bernin  et  de  celle  de  l'Al- 
garde.  E.  B— -n. 

Cicognara,  Storia  délia  Scoltura.  —  Ticozzi^  Dizio- 
nario.  —  Baldinucci,  Notizie. 

CAFFARELLi.  Cette  famille,  originau-e  d'Ita- 
lie,ise  divise  en  deux  branches,  dont  l'une  existe 
encore  à  Rome,  et  dont  l'autre  s'est  fixée  en 
France  dès  le  règne  de  Louis  XHI.  Les  cinq 
membres  suivants,  tous  frères,  se  sont  acquis 
une  réputation  légitime. 

CAFFARELLi  DU  FM.GX(Loiiis-Marie-Jo- 
seph-Maximilien  ),  général  français,  naquit  au 
château  du  Falga,  dans  le  haut  Languedoc,  le 
13  février  1756,  et  mourut  en  Egypte  le  27  aviil 
1799.  Envoyé  de  bonne  heure  au  collège  de  Sor- 
rèze,  il  y  fit  d'excellentes  études,  surtout  en  | 
mathématiques,  et  en  sortit  pour  entrer  dans  le 
génie.  Il  était  l'aîné  de  dix  enfants  devenus  or- 
phelins, et  auxquels  il  tint  lieu  de  protecteur  et 
de  père  ;  il  fit  même  en  leur  faveur  une  si  hono- 
rable abnégation  de  ses  propres  intérêts,  qu'il 
voulut  partager  également  avec  eux  une  bril- 
lante fortune  dont  les  lois  lui  assuraient  la  moi- 
tié. Un  avancement  rapide  fut  la  récompense  de 
ses  heureux  débuts  à  l'armée  du  Rhin;  mais 
smvint  un  événement  qui  faillit  tout  à  coup  lui 
fermer  la  carrière  des  armes.  La  révolution  ve- 
nait d'éclater,  et  Caffarelli  en  avait  d'abord  adopté 
les  principes  avec  enthousiasme,  lorsqu'après  le 


89 


CAFFARELLI 


90 


10  aoiU  l'arrêt  de  déchéance  prononcé  contre 
Louis  XVI  fut  signifié  à  l'armée.  Une  énergique 
protestation  fut  signée  par  Caftarelli,  et  suivie  de 
sa  destitution  immédiate.  Il  se  retira  dans  ses 
foyers,  et  subit  même  une  détention  qui  dura  qua- 
torze mois.  Mais,  après  avoir  obtenu  du  service 
lans  les  bureaux  du  comité  militaire,  il  ne  tarda 
)as  à  être  renvoyé  aux  armées,  et  assista,  sous 
es  ordres  de  Kléber,  au  passage  du  Rhin  qui  eut 
ieu  près  de  Dusseldorf  en  septembre  1795,  lors 
le  la  retraite  de  l'armée  de  Sambre-et-Meuse. 
Quelque  temps  après  il  combattait  près  de  Mar- 
■eau,  sur  les  bords  de  laNahe,  lorsqu'il  futat- 
«int  d'un  boulet  qui  nécessita  l'amputation  de 
a  jambe  gauche.  Il  supporta  l'opération  avec  un 
•ouiage  tout  à faitstoïque,  et  revint  à  Paris,  où  il 
écut  quelque  temps  dans  la  retraite.  L'Institut  le 
lomma  l'un  de  ses  membres  associés;  d'excel- 
ents  mémoires  sur  l'instruction  publique  et  sur 
liverses  branches  de  l'administration  justifiaient 
nffisamment  ce  choix.  Quand  Bonaparte  s'occupa 
le  la  formation  de  l'armée  destinée  à  l'accom- 
•agner  en  Egypte,  il  jeta  les  yeux  sur  Caffarelli, 
•t  l'attacha  à  l'expédition  en  qualité  de  général 
le  brigade,  chef  de  l'arme  du  génie  (  septem- 
tre  1798).  Dès  le  commencementde  la  campagne 
i  nouveau  général  contribua  puissamment  aux 
ésultats  obtenus  par  les  Français;  le  débarque- 
nent  s'effectua  par  ses  soins,  et  dès  lors  il  prit 
me  part  très-active  à  tous  les  succès  scientifi- 
lues  ou  militaires  qui  immortaUsèrent  l'expédi- 
ion  d'Egypte.  L'armée  le  chérissait,  et  les  sol- 
iats  connaissaient  si  bien  la  Jambe  de  bois 
les  Arabes  l'appelaient  Abou-Khachab,  le  Père 
le  la  béquille  ),  qu'au  milieu  de  leurs  fréquents 
iccès  de  découragement  ils  se  le  montraient  en 
lisant  :  c  II  se  moque  de  çà ,  il  a  toujours  un 
lied  en  France!  »  et  cette  saillie  leur    endait 
'énergie  avec  la  gaieté.  Bonaparte,  ayant  voulu 
isiter  un  jour  les  sources  de  Moïse,  fut  surpris 
ivec  Caffarelli  par  la  marée  sur  une  grève  que 
nenaçaieut  déjà  les  flots  de  la  mer  Rouge.  Un 
;uide  courut  vers  le  général  en  chef,  et  voulut 
'emporter  dans  ses  bras  :  «  Allez  à  Caffarelli, 
ria  Bonaparte  ;  avec  sa  jambe  il  en  a  plus  be- 
oin  que  moi.  »  Le  siège  de  Saint-Jean-d'Acre 
'tait  déjà  commencé  depuis  quelque  temps,  et  le 
;énéral  du  génie  poussait  activement  les  tra- 
aux,  lorsqu'une  balle  vint  l'atteindre  au  bras 
çauche,  le  9  avril  1799.  L'amputation  parut  ùi- 
lispensable  :  Caffarelli  s'y  soumit  avec  courage; 
oais  la  fièvre  qui  suivit  l'opération  l'emporta  au 
»out  de  dix- huit  jours  de  souffrances.  Les  regrets 
le  toute  l'armée  l'accompagnèrent  dans  la  tombe, 
■i  Bonaparte  publia  cet  ordre  du  jour  :  «  L'ar- 
née  vient  de  perdre  un  de  ses  plus  braves  chefs, 
'Egypte  un  de  ses  législateurs,  la  France  un  de 
les  meilleurs  citoyens ,  les  sciences  un  homme 
lui  y  remplissait  un  rôle  célèbre.  «  Cet  éloge, 
iorti  de  la  bouche  du  grand  homme,  dispense 
le  tout  commentaire.  Un  tombeau  fut  élevé  à 
"!aflarelli  tout  auprès  de  Saint-Jean-d'Acre;  et 


tel  est  le  souvenir  que  ses  vertus  et  ses  talents 
ont  laissé  parmi  les  habitants  eux-mêmes,  que  la 
pierre  qui  recouvre  sa  dépouille  mortelle  est  en- 
core aujourd'hui  respectée  par  les  Arabes.  Son 
nom  est  inscrit  sur  les  tables  de  bronze  du  palais 
de  Versailles.  {Enc.  des  g.  du  m.  ] 

Fict.  et  Conquêtes.  —  Uegerando,   fie  du  général 
Caffarelli  du  Falga. 

*  CAFFARELLI  (  François-lUarie-Augustc  ), 
général  français,  né  au  Falga  le  7  octobre  1766, 
mort  le  23  janvier  1849.  Il  servait  dans  les  trou- 
pes sardes  lorsque  la  révolution  arriva;  et  il 
les  quitta  pour  entrer,  comme  simple  dragon, 
dans  l'un  des  régiments  envoyés  en  1791  pour 
combattre  les  Espagnols  qui  envahissaient  le 
Roussillon.  Au  18  brumaire,  Bonaparte,  en  mé- 
moire de  son  frère  mort  à  Saint-Jean-d'Acre, 
le  nomma  colonel  et  chef  d'état-major  de  la  garde 
des  consuls;  un  an  après,  il  le  fit  son  aide  de 
camp,  etibientôt  après  l'éleva  au  grade  dégénérai 
de  brigade.  En  1804,  il  fut  chargé  de  se  rendre 
à  Rome  pour  décider  le  pape  à  venir  sacrer 
l'empereur  ;  et  cette  mission,  dont  il  s'acquitta 
heureusement,  lui  valut,  peu  de  temps  après,  le 
poste  de  gouverneur  des  Tuileries  et  le  grade  de 
général  de  division.  La  part  qu'il  prit  à<la  jour- 
née d'Austerlitz  lui  fit  obtenir  le  titre  de  grand 
officîer  de  la  Légion  d'honneur,  et  peu  de  jours 
après  l'empereur  lui  donna  le  grand  cordon.  En 
mars  1806,  il  fut  nommé  ministre  de  la  guerre  et 
de  la  marine  du  royaume  d'Italie,  et  y  resta  jus- 
qu'en 1810.  Il  fut  alors  envoyé  dans  le  nord  de 
l'Espagne,  où  il  fit  échouer  une  tentative  de  dé- 
barquement faite  par  les  Anglais  à  Santonia,  sur 
la  côte  de  Santander.  Il  se  distingua  plus  d'une 
fois  encore  pendant  cette  guerre  meurtrière, 
battit  Mina,  prit  Bllbao,  et  contribua  à  faire  le- 
ver le     ''ze  de  Burgos  aux  Anglais  ;  il  fut  rap- 
pelé en  1813.  L'année  suivante  lui  fournit  l'oc- 
casion de  donner  une  preuve  éclatante  de  son 
dévouement  .    ■  famille  impériale,  en  accom- 
pagnant jusqu'à   Vienne  l'impératrice  et    son 
fils ,  que  Napoléon  avait  vus  pour  la  dernière 
fois.  Rentré  en  France,  il  venait  d'être  nommé, 
parle  gouvernement  de  Louis  XVm,  commandant 
de  la  ti'eizièrae  division  militaire,  dont  le  siège 
était  à  Rennes,  lorsque  Napoléon  débarqua  à 
Fréjus.  Caffarelli,  appelé  à  Angers  par  le  duc 
de  Bourbon,  s'y  rendit;  et,  deux  jours,  après  il 
reçut   l'ordre  de  retourner  à  son   poste  et  d'y 
faire  tout  le  bien  qu'il  pourrait.  Pendant  son 
absence.  Napoléon  avait  été  reconnu  à  Rennes. 
Vers  la  fin  des  Cent-Jours,  le  général  Caffarelli 
fut  envoyé  à  Metz  en  qualité  de  commandant 
de  la  3®  division  militaire,  et  y  fut  presque  aus- 
sitôt bloqué  par  les  Russes.  En  1831,  il  fut  nom- 
mé pair  de  France.  Son  nom  est  inscrit  sur 
l'arc  de  triomphe  de   la  barrière  de  l'Étoile. 
[  Enc.  des  g.  du  m.  ] 

Trélat,  Notice  hist.  svr  le  général  Auguste  Caffarelli, 
dans  le  Moniteur  du  4  décembre  1849. 

*  CAFFARELLI  (  Louts-Marie-Joseph,  comte 
de),  magistrat  français,  né  le  22  mars   1760, 


91 


mort  le  14  août  1845.  Il  commença  par  la  ma- 
rine, et  était  lieutenant  de  vaisseau  à  l'époque  de 
la  révolution.  Forcé  de  quitter  ce  service,  qui  le 
fatiguait  beaucoup,  il  entra  dans  l'armée  de  terre, 
et  y  resta  jusqu'à  la  création  du  conseil  d'État, 
cil  il  fut  admis  comme  membre  de  la  section  de 
la  marine.  En  1800,  il  fut  nommé  préfet  mari- 
time à  Brest,  où  il  a  laissé  des  souvenirs  hono- 
rables. En  1814,  il  fut  nommé  conseiller  d'État 
honoraire,  et  après  1830,  pair  de  France.  [  £'nc. 
des  g.  du  m.\ 

Biographie  des  Contemporains. 
CAFFAîiELU  { Charles- Ambroisc  be),  éco- 
nomiste français,  frère  du  précédent,  né  au  châ- 
teau du  Falga  le  15  janvier  1758,  mort  le  6  no- 
vembre 18'2C.  Chanoine  de  Toulen  1789,  il  prêta 
le  serment  constitutionnel,  et  fut  nommé,  en  1792, 


CAFFARELLI  —  CAFFi 

qucs  manuscrits.  Le  1*"'  août  de  l'an  1100,  il  se! 
barqua  de  Gênes  pour  la  teri'e  sainte,  sur  la  flott( 
envoyée  par  les  Génois  au'secours  de  Godefroi  d( 
Bouillon.  Il  combattit  à  Césarée,  et  un  an  plus  tard, 
à  son  retour  enitalie,  il  commença,  par  ordre  de  k 
république,  la  Chronique  de  Gênes.  «  C'est,  dii 
M.  Ginguené,  le  premier  exemple  d'une  histoiri 
écrite  par  décret  public.  On  doit  penser  qu'ur 
corps  d'histoire  écrit  ainsi  par  des  personnage 
graves  et  contemporains,  approuvé  par  l'autorih 
publique  dans  un  pays  libre,  mérite  une  considc 
ration  particulière.  »  Consul  en  1122,  mêlé  au5 
affaires  de  l'État,  Caffaro  était  parfaitement 
même  de  raconter  les  faits  dontil  avait  été  témoin 
Ces  annales,  qu'il  fit  remonter  à  la  première  an 
née  du  siècle,  furent  lues  en  plein  conseil  ci 
1151  par  les  consuls  en  exercice,  approuvées 


administrateur  du  district  de  Revel.  Emprisonné  j  et  déposées  aux  archives  de  la  chancellerie.  Oi 


en  1793,  il  ne  recouvra  la  hberté  qu'à  l'époque 
du  18  brumaire.  Tour  à  tour  préfet  de  l'Ardèche 
(3  mars  1800),  du- Calvados  (2  novembre  1801), 
de  l'Aube  le  12  février  1810,  il  fut  destitué  en 
1814,  sous  le  prétexte  qu'il  avait  montré  peu 
d'enthousiasme  pour  le  retour  du  gouvernement 
impérial,  en  ne  reprenant  pas  sa  préfecture  dès 
l'évacuation  de  la  ville  par  les  armées  alliées. 
Rentré  dans  les  ordres,  Charles  de  Caffarelli  fut 
nommé  en  1815  membre  du  conseil  général  du 
département  de  la  Haute-Garonne.  Au  nombre 
des  ouvrages  qu'il  publia  sur  les  finances,  l'éco- 
nomie politique  et  l'agriculture,  on  remarque 
V Abrégé  des  Géoponiques,  extrait  d'un  ou- 
vrage grec  fait  sur  l'édition  donnée  par  J.-N. 
Niclas  à  Leipzig  en  1781;  Paris,  1812,  in-8°; 
on  le  trouve  dans  le  tome  XIII  des  Mémoires  de 
la  Société  d'agriculture  du  département  de  la 
Seine.  Collaborateur  du  Théâtre  d'agriculture 
et  ménage  des  champs ,  il  publia  encore  un 
Mémoire  sur  les  perceptions  à  vie,  publié  à 
Paris  en  1800. 

Moniteur,  1826,  p.  1S60. 

CAFFARELLï  {Jean-Baptiste) ,  évêque  de 
Saint-Brieuc,  né  le  l*"''  avril  1763,  mort  à  Saint- 
Brieuc  le  11  janvier  1815.  Obligé  de  fuir  en  Es- 
pagne en  1799,  il  rentra  en  France  en  1802,  et 
fut  pourvu  de  l'évôché  de  Saint-Brieuc,  qu'il  oc- 
cupa jusqu'à  sa  mort.  Président  du  collège  élec- 
toral du  département  du  Nord,  il  vint  à  Paris,  et 
fit  partie  du  concile  qui  s'y  tient. 

Hioriraphie  des  Contemporains. 

*  CAFFARELLI  (  Charles  ),  littérateur  italien, 
gentilhomme  romain ,  né  à  Gubbio,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a 
de  lui  -.Insalata  Mescolanza,  che  contiene  Fa- 
vole,  Esempi ,  Facezie  e  Motti,  cavati  da  di- 
versi  autorï.,  e  ridotti  in  ottava  rima;  Brac- 
ciano,  1621,  in-4". 

l'aitoni,  Hibl.  degli  Aiit.  volgarizz. 

CAFFA  RO,appelé  aussi  TASCHIFELLONE,  his- 
torien génois,  né  vers  1080,  mort  en  1164.  Il  des- 
cendait probablement  de  la  famille  allemande  de 
'Tnschenfeld,  dont  on  trouve  le  nom  dans  quel- 


ordonna  qu'elles  seraient  continuées  d'année  ci 
année;  et  Caffaro  les  poussa  en  effet  jusqu'ei 
1163.  Elles  furent  continuées  jusqu'en  1294  parle; 
magisti'ats  qui  succédèrent  à  Caffaro.  I<c  styli 
en  est  grossier  sans  doute;  c'est  un  latin  c|u 
est  loin  d'être  celui  du  siècle  d'Auguste  ;  mais 
on  y  trouve  des  sentiments  de  loyauté  vraie.  «  Oi 
ne  trouve  pas  ici,  ajoute  l'auteur  de  l'Histoire  lit- 
téraire, des  vieilles  fables  populaires  dont  les  bis 
toires  de  ce  temps-là  sont  communément  rem- 
plies ;  les  faits  y  sont  racontés  dans  un  style  qu 
n'est  certainement  pas  élégant,  mais  simple  e 
naturel,  et  dont  la  simplicité  même  est  un  ga 
rant  de  plus  de  la  vérité  des  faits.  »  L'ouvrag( 
de  Caffaro  a  été  publié  pour  la  première  foi: 
dans  les  Rerum  Italicarum  Scriptores  prœ 
cipui  de  Muratori,  1755. 

Muratori,  Rer.  Italie.  Script,  prascipui,  t.  VF.  —  Gjn 
guené,  Hist.  litt.ide  l'Italie,  t.  1,  p.  172  et  390. 

*  CAFFARO  {François),  moine  théatin  ita 
lien,  vivait  vei^s  la  fin  du  dix-septième  siècle.  Oi 
a  de  lui  :  Lettre  d'un  théologien  illustre,  pou\ 
sçavoirsi  lacomédiepeut  estre permise  ou  doi 
être  absolument  défendues  ;  in-l  2  (  sans  date  n 
lieu  )  ;  —  Lettre  à  M^'^  l'archevêque  de  Paris 
contenant  la  rétractation  de  ses  sentiments  su 
les  spectacles;  1694,  in-4°  et  iu-12  :  Caffaro 
désavoue  la  lettre  précédente. 

Journal  des  Savants  de  1S94. 

CAFFÉ  (  Pierre  ) ,  médecin  français ,  né 
Saumur  en  1778,  mort  en  novembre  1821 
Après  avoir  été  chirurgien  major,  il  fut  tradui 
devant  la  cour  de  Poitiers,  sur  la  prévention  d 
complicité  de  complot  dans  l'affaire  Berton.  Con 
damné  à  mort,  il  s'ouvrit  l'artère  crurale.  Le  gé 
néral  Berton  fiit  seul  exécuté. 

Journaux  du  temps.  —  Moniteur  universel.  —  Le 
sur,  Ann.  hist. 

*  CAFFI  {Margarita),  peintre  de  Crémone 
florissait  dans  cette  ville  vers  1680.  Elle  acqui 
la  réputation  d'habile  peintre  de  fleurs  sur  soie 
sur  toile,  sur  papier,  et  surtout  sur  vélin. 

E.  B— N. 
Zaist,  Notizie  storiche  de'  Pittori,  Scnltori  e  Ar 
chitelti  Cremoncsi. 


93 


CAFFIAUX  —  CAGLIOSTRO 


94 


CAFFIAUX  {Philippe-Joseph,  dom  ) ,  savant 
béûédicliu  français,  né  ;\  Valencienncs  en  1712, 
mort  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-dcs-Prés  le 
20  décembre  1777.  Après  la  mort  de  dom  Mongé, 
il  lut  cbargé  avec  dom  Grenier  de  continuer  l'ZTw- 
toïre  générale  de  Picardie.  On  a  de  lui  :  Avis 
au  sujet  de  l'histoire  de  Picardie,  in-4°  de  8 
pages;  —  Défense  du  beau  sexe,  ou  Mémoires 
historiques,  philosophiques  et  critiques  pour 
servir  d'apologie  aux  femmes  ;  Amsterdam  (Pa- 
ris), 1753,  in-4°;  —  Essai  d'ttne  histoire  de  la 
Musique;  1757,  in-4'';  —  Trésor  généalogiqiie, 
ou  Extrait  des  titres  anciens  qui  concernent 
les  maisons  et  familles  de  France,  1. 1;  Paris, 
1777,  in-4». 

Quérard,  la  France  littéraire. 
CAFFiERi,  famille  de  sculpteurs  et  ingénieurs 
d'origine  italienne ,  dont  les  principaux  sont  : 

CAFFIERI  (  Philippe),  sculpteur,  né  à  Rome 
en  1634,  mort  en  France  en  1716.  Ses  ancêtres, 
originaires  de  Napies  et  alliés  aux  meilleures 
maisons  d'Italie,  avaient  brillé  dans  la  carrière 
militaire  sous  Charles-Quint  et  Philippe  H.  Le 
père  de  Philippe  était  ingénieur  au  service 
d'Urbain  VIII,  et  fut  tué  au  siège  d'une  ville  en 
1640,  à  l'âge  de  trente-six  ans.  Appelé  en  France 
par  le  cardinal  Mazarin,  Caffieri  arriva  à  Paris 
en  1G60.  Colbert  lui  assigna  un  logement  aux 
Gobelins ,  et  le  chargea  de  divers  travaux  pour 
les  résidences  royales.  Dans  la  suite,  M.  de 
Seignelai  le  fit  nommer  sculpteur,  ingénieur,  des- 
sinateur des  vaisseaux  du  roi ,  et  inspecteur  de 
la  marine  à  Duiikerque,  charges  qu'en  1695  il 
transmit  à  François-Charles,  un  de  ses  fils. 
Ayant  épousé  une  cousine  du  peintre  Lebrun,  il 
eut  d'elle  quatre  fils  et  trois  filles.  L'un  d'eux, 
Jacques,  fut  également  hcibile  sculpteur. 

E.  B— N. 

Fontenay,  Dictionnaire  des  artistes. 

CAFFIERI  (Jean- Jacques),  sculpteur,néà  Pa- 
ris en  1723,mortdanslamêmevillele2l  juin  1792, 
est  celui  qui  a  fait  la  i-enomraée  de  la  famille.  II 
fut  reçu  académicien  le  28  avril  1759,  et  nommé 
professeur  le  27  février  1773.  Diderot  le  loue 
fort  peu  dans  ses  Salo7is  de  1761  et  de  1765; 
mais  en  1769  il  revient  sur  le  premier  juge- 
ment, et  lui  accorde  des  éloges  mérités.  Le  foyer 
du  Théâtre-Français  possède  de  Caffieri  les  bus- 
tes de  Rotroii,  des  deux  Corneille,  de  Piron,  de 
la  Fontaine ,  de  Lachaussée,  de  J.-B.  Rous- 
seau, etc.  Les  trois  premiers  sont  particulière- 
ment remarquables.  Le  musée  de  sculpture 
française,  au  Louvre ,  ne  contient  de  lui  qu'un 
Fleuve,  son  morceau  de  réception  à  l'Acadé- 
mie. Il  a  exposé  en  1757  une  Sainte  Triiiité  qui 
est  à  Rome ,  dans  l'église  de  Saint-Louis-des- 
Français.  P.  Ch. 

Fontenay,  Diction,  des  artistes.  —  Diderot,  Salons  de 
1701.  17G5.  1767  et  1769. 

*CAFUR-AL,-AKHSCHIDI    OU    CAFOCR-AL- 

IKSCHID,  surnommé  l'Eunuque,  souverain  d'E- 
gypte, mourut  en  968.  C'était  un  esclave  noir, 
acheté  dix-huit  deniers  par  Ikhschid,  qui  le 


prit  en  affection  et  lui  confia  la  tutelle  de  ses  en- 
fants. Mais  l'eunuque  trahit  cette  confiance.  En  945 
il  s'empara  du  pouvoir,  qui  ne  retourna  qu'après 
sa  mort  aux  héritiers  naturels.  Cafour  aimait  et 
protégeait  les  belles-lettres  ;  le  poète  Motanabbi 
l'a  beaucoup  loué. 

D'Herbclot,  Bibl.  orient.  —  Journal  Asiatique.  —  Mé- 
moire de  M.  Quatrcmère-dc-QuIocy.  —  Noiil  Des  Ver- 
gers, Arabie  (  Univ.  pitt.  ) 

*CAGLlERi  (Liborio),  orfèvre  italien,  vécut 
à  Rome  au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Compendio  délie  Vite  de'  Sanli 
oreftci  ed  argentieri,  2'  édit.  ;  Venise,  1728, 
in-8°. 

Cinelli,  Bibl. 

CAGLIOSTRO  {Alexandre,  comte  nr),  célè- 
bre imposteur,  né  probablement  à  Palerme  vers 
1745,  mort  en  1795.11  commença,  comme  d'au- 
ti'es  imposteurs  fameux  ,  par  envelopper  de 
ténèbres  son  origine  et  ses  premières  aventu- 
res. Son  véritable  nom  était  Joseph  Balsamo. 
Contraint  de  quitter  son  pays  parles  poursuites 
de  la  justice,  après  une  escroquerie  grave 
commise  au  préjudice  d'un  orfèvre  son  compa- 
triote, l'argent  qu'elle  lui  avait  procuré  lui  ser- 
vit à  entreprendre  des  voyages  de  long  cours, 
où  il  jeta  les  bases  de  sa  renommée  et  de  sa  for- 
tune, également  singulières.  Adoptant  dans  cha- 
que contrée  un  nom  et  des  tih'es  différents ,  il 
visita  tour  à  tour  la  Grèce,  l'Egypte,  Malte,  la 
Turquie,  l'Arabie.  Dans  ces  deux  derniers  pays 
surtout,  quelques  connaissances  en  médecine  le 
mirent  aisément  en  crédit  au  milieu  de  popula- 
tions ignorantes ,  et  le  firent  même  appeler  dans 
les  harems  et,  les  palais.  Le  chérif  de  la  Mecque  lui 
accorda  une  haute  protection,  et  un  muphti  s'ho- 
nora, dit-on,  de  l'avoir  pour  hôte  pendant  son  sé- 
jour à  Médine.  Revenu  en  Europe  avec  de  grandes 
richesses  en  1773,  l'adroit  aventurier,  qui  avait 
définitivement  adopté  le  nom  de  comte  de  Ca- 
gliostro,  se  procura,  par  son  mariage  avec  une 
femme  aussi  intrigante  que  jolie,les  moyens  d'aug- 
menter encore  sa  fortune.  Ce  fut  à  Napies ,  sui- 
vant les  uns,  à  Rome  selon  d'autres,  qu'il  épousa 
Lorenza  Feliciani,  fille  d'un  fondeur  en  cuivre. 
Reprenant  avec  elle  le  cours  de  ses  voyages, 
il  se  rendit  d'abord  en  Holstein,  pour  avoir  avec 
le  fameux  comte  de  Saint-Gennain  une  entrevue 
dans  laquelle  ces  deux  grands  pontifes  de  la  char- 
latanerie  devaient  bien  rire  aux  dépens  du  pau- 
vre genre  humain.  Cagliostro  parcourut  ensuite 
la  Russie,  la  Pologne,  l'Allemagne.  Enfin  il  ar- 
riva à  Strasbourg  en  1780.  Là,  quelques  cures 
heureuses  opérées  sous  les  yeux  du  cardinal 
de  Rohan,  évêque  de  cette  ville,  et  que  la  re- 
nommée qualifia  bientôt  de  prodigieuses,  quel- 
ques actes  de  bienfaisance  pompeusement  mis 
en  relief,,  firent  bientôt  parvenir  le  nom  de  Ca- 
gjiostro  dans  la  capitale,  où,  après  y  avoir  fait 
d'abord  un  séjour  de  quelques  mois  pour  son- 
der et  préparer  le  terrain,  il  vint  s'établir  au 
commencement  de  l'année  1785. 

L'habile  charlatan  avait  jugé  qu'il  fallait  à  «no 


95 


CAGLIOSTRO 


haute  société,  plus  avide  encore  de  merveilleux 
que  le  peuple,  d'autres  miracles  que  ceux  de  sa 
niédecine  ;  il  s'adressa  à  la  fois  à  la  curiosité,  à 
l'amour  de  la  vie  et  à  celui  de  l'or.  Dans  le 
domicile  qu'il  avait  choisi,  rue  Saint-Claude,  au 
Marais,  employant  avec  art  les  prestiges  de  la 
fantasmagoi'ie ,  il  fit,  dit-on,  apparaître  des 
ombres;  il  procura  même,  moyennant  un  bon 
prix ,  à  de  riches  amateurs,  des  entretiens  avec 
des  morts  célèbres.  Là  fut  fondée  aussi  la  loge 
de  la  Maçonnerie  égyptienne,  où,  après  quel- 
ques cérémonies'mystiques,  un  enfant  dans  l'état 
d'innocence,  désigné  aux  adeptes  sous  le  nom 
de  colombe,  lisait,  dans  une  carafe  pleine  d'eau, 
l'histoire  de  l'avenir.  Le  grand  cophte  (  c'était 
le  titre  substitué  dans  cette  loge  à  celui  de 
vénérable,  dont  les  fonctions  étaient  remplies 
par  Cagliostro  )  devait  aussi ,  par  le  moyen  d'un 
élixir,  assurer  l'immortaUté  à  ses  disciples,  et, 
par  un  autre,  leur  donner  le  pouvoir  de  faire 
de  l'or.  Ce  métal  se  trouvait  du  moins  entre 
leurs  mains  ;  car  il  entrait,  avec  divers  aromates 
et  principalement  l'aloès,  dans  la  composition 
des  deux  merveilleuses  liqueurs. 

Réputé  sorcier  par  de  grands  seigneurs  et  en 
plein  dix-huitième  siècle,  dans  ce  siècle  du  doute, 
Cagliostro  trouva  surtout  chez  le  cardinal  de  Ro- 
han  une  foi  robuste  à  ses  prodiges  :  aussi  fut-il 
compi'omis  dans  le  fameux  procès  du  collier, 
sur  lequel  il  publia  plusieurs  mémoires;  il  par- 
tagea la  prison ,  puis  l'acquittement  et  l'exil  de 
ce  prélat.  Il  passa  deux  ans  en  Angleterre; 
ensuite  le  goût  des  voyages  le  reprit  :  il  visita 
la  Suisse,  la  Savoie,  le  Piémont  ;  mais  il  eut  la 
malencontreuse  idée  de  se  rendre  de  nouveau 
dans  la  capitale  du  monde  chrétien,  et  c'est  là 
que  l'attendait  le  dénoûment  funeste  de  sa  car- 
rière aventureuse.  Un  homme  qui  s'était  vanté 
d'être  un  magicien ,  et  le  fondateur  en  Europe 
d'une  nouvelle  maçornierie,  ne  pouvait  échapper 
aux  rigueurs  de  l'inquisition.  Condamné  à  mort 
par  le  tribunal  du  saint  office,  la  clémence  ponti- 
ficale commua  cette  peine  en  une  prison  per- 
pétuelle. Cagliostro  mourut-au  château  de  Saint- 
Léon,  dans  le  duché  d'Urbin.  Sa  femme,  enfer- 
mée dans  un  couvent,  lui  survécut  quelques  an- 
nées. Les  grands  événements  qui  survinrent 
firent  bientôt  oubHer  les  aventures  du  fameux 
thaumaturge,  et  sa  mort  passa  presque  inaper- 
çue, [^wc.  des  g. du  m.] 

Lettres  du  comte  de  Mirabeau  sur  Cagliostro  et  Lava- 
ter,  1786.  —  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  du 
comte  de  Cagliostro;  1785,  in-S".  —  Compendio  délia 
vita  e  de'  gesti  di  dus.  Balsamo ,  denominato  il 
conte  Cagliostro  ;  1790.  —  A.  Dumas,  Mémoires  d'un  Mé- 
decin. 

CAGNACCi  {Guido  Canlassi,  dit),  peintre 
de  l'école  bolonaise,  né  en  1601  à  Castel  Sant' 
Arcangelo,  près  de  Rimini  ;  mort  à  Vienne  en  1 C8 1 . 
lldJità  sa  difformité  le  surnom  de  Cagnacci,  sous 
lequel  seul  il  est  connu.  Élève  du  Guide,  il  imita 
la  seconde  manière  de  son  maître,  en  y  ajoutant 
une  certaine  originalité  dans  la  beauté  des  têtes 


—  CAGNATI  96 

et  dans  l'effet  du  clair-obscur.  Il  réussit  moins 
bien  lorsqu'il  voulut  se  faire  un  style  plus  vigou- 
reux ;  mais  il  est  généralement  sage,  con-ect  et 
délicat.  H  aimait  à  peindredes  Madeleines,  et  on 
n'en  compte  pas  moins  de  cinq  réparties  dans 
les  seuls  musées  de  Munich,  de  Dresde,  de  Ma- 
drid et  de  Vienne.  Ses  ouvrages  sont  peu  nom- 
breux en  Italie,  parce  qu'il  passa  la  plus  grande 
paitie  de  sa  vie  en  Allemagne,  à  la  cour  de  Léo- 
pold  l".  On  voit  cependant  de  lui  dans  la  galerie 
publique  de  Florence,  une  tête  et  un  Ganymède. 
La  Mort  de  Cléopâtre  à  Vienne  et  la  Mater 
dolorosa  de  Munich,  sont  au  nombre  de  ses  bons 
ouvrages,  ainsi  que  le  saint  Jean-Baptiste  que 
possède  le  Musée  du  Louvre.         E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Orlandi,  Abbecedario.  — 
Ticozzi,  Dizionario. 

^-  GAGNACCi  {Alphonse),  antiquaire  italien, 
connu  par  son  ouvrage  intitulé  les  Antiquités  de 
Ferrare;  Venise,  1676,  et  par  le  Thésaurus 
Antiquitatum  grxcarum  et  romanarum  de 
Grsevius.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  latin  par 
Bernard  Moretto. 
Sax,  Onomastic.  Hterar.,  V,  233. 
CAGNATI  (Gilbert),  botaniste  italien,  natii 
de  Nocera,  dans  le  royaume  de  Naples,  vivait 
vers  la  seconde  moitié  dn  seizième  siècle.  On  a 
de  lui  :  De  hortorum  Laudibus ,  Bâle,  1546, 
in-4°;  réimpr.  dans  le  recueil  de  Joachim  Came- 
rarus,  de  Re'/rustica. 

Biographie  médicale. 

Biographie  médicale.  —  Éloy,  Dict.de  Médecine. 
CAGNATI  (Marcel),  savant  médecin  italien, 
natif  de  Padoue,mort  vers  1610.  Il  étudia  dans  sa 
ville  natale  sous  Zabarella,  et  s'acquit  bientôt  une 
réputation  méritée.  Il  professa  et  résida  à  Rome 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  H  était  doué,  dit-on, 
d'une  facilité  oratoire  qui  s'élevait  parfois-jusqu'à 
l'éloquence.  Ses  contemporains  le  dépeignent 
comme  d'un  caractère  sombre  et  mélancolique. 
On  a  de  lui  :  Variarum  lectionum  libri  II,  cum 
disputatione  de  ordine  in  cibis  servando; 
Rouen,  1581, 1587,  et  Francfort,  1604,  in-8°.  L'é- 
dition de  1587,  dont  la  troisième  n'est  que  la  réim- 
pression ,  contient  de  nombreuses  additions  :  elle 
est  intitulée  Farianmi  observationum  libri  IV; 
elle  a  été  réimprimée  dans  le  Thésaurus  criti- 
cus  de  Gruter.  C'est  un  recueil  d'observations, 
la  ijlupart  sur  la  botanique;  on  y  trouve  des 
recherches  sur  les  plantes  mentionnées  par  Hip- 
pocrate  et  Théophraste,  et  des  remarques  sur  le 
traité  de  Re  rustica  de  Caton  ;  —  De  Sanitate 
tuenda  libri  II ;  Rome,  1591,in-4°,et  Padoue, 
1605,  in-4''  ;  —  In  Hippocratis  Aphorismorum 
secimdas  sectionis  XXTV  Commentarius  ; 
Rome,  1591,  in-4'';  —  De  Epidemia  romana 
annorum  1591  et  1593;  Rome,  1599,  in-4°;  — 
De  ligno  Sancto  disputationes  binx  ;  Rome, 
1602,  et  1643,  in-4''  ;  —De  Morte  causa  partus  ; 
Rome,  1602,  in-4'';  —  In  Aphorismorum 
Hippocratis  sectionis  primœ  XXII  expositio; 
Rome ,  1649  ,  ln-8". 


07 


CAGNAZZO  —  CAGNOLl 


98 


cAGiVAZZO,  en  latm  cognatics  ou  ga- 

CNATics  (Jean),  surnommé  aussi Tabiensis, 
théologien  de  l'ordre  de  Saint  Dominique,  natif 
de  Tabie,  mort  à  Bologne  en  t621.  Il  fut  inquisi- 
teur à  Bologne,  et  reçut  la  mission  d'aller  opérer  à 
Rome  la  conversion  des  hérétiques.  On  a  de  lui  : 
Summa  Tabiena ,  ou  Summa  Stimmarum,  ap- 
pelée depuis  la  Somme  des  Sommes;  Venise, 
1602. 
ÉcUarifScriptores  ordinis  PraeUcalorum,  11,47. 
*CAGNEi.  (François),  grammairien  français, 
né  à  Metz  en  1686, mort  à  Cassel  le  23  décem- 
bre 1762.  nfut  nommé  en  1707  maître  de  langue 
française  auprès  des  pages  du  landgrave  de  Hesse- 
Cassel ,  et  il  resta  à  Cassel  jusqu'à  sa  mort.  On 
a  de  lui  :  Grammaire  et  syntaxe  française; 
Cassel,  1714,  in-8°;  —  la  Soixante-quatrième 
année ,  ou  Grâce  toute  particulière  de  la  Pro- 
vidence, en  versfrançois  acrostiches,  pour  l'an- 
niversaire de  la  naissance  de  Charles  I"; 
Cassel,  1728,  ^-4°;  —  Sur  la  reconnoissance 
\  à  la  gloire  et  au  bonheur  de  toute  la  Hesse 
j  dans  lapersonne  de  Charles  I",  en  vers  fran- 
çois;  ibid.,  1729,  ^-4°;  —  Description  de  la 
cour;  ibid.,  1729,  in-12. 
Strieder,  Hessische  Gelefirten  Geschichte. 
CAGNOALU  (saint),  OU  CAGNON  OU  CHAI- 

NorLD.  Voy.  Chainocld. 

CAGNOLA  (Luigi,  marquis),  architecte,  né 
à  Milan  en  1762,  mort  le  14  août  1833.  A  Rome, 
où  il  était  allé  faire  ses  études  au  collège  Clé- 
mentin,  il  reçut  de  Tarquiai  quelques  leçons 
d'architecture  qui,  jointes  à  l'enthousiasme  que 
lui  inspirèrent  les  monuments  que  renferme  la 
ville  éternelle ,  décidèrent  sa  vocation.  De  retour 
dans  sa  patrie,  il  fit  une  étude  spéciale  des  chefs- 
d'œuvre  dont  Palladio  avait  enrichi  Vicence  et 
Venise;  et  dès  lors  il  prit  parmi  les  architectes 
une  place  aussi  distinguée  que  celle  que  sa  nais- 
sance lui  assurait  dans  la  société.  Bonaparte,  di- 
gne appréciateur  de  son  mérite,  le  nomma  membre 
|3a  conseil  des  anciens  de  la  répubUqne  cisalpine, 
it  chevalier  de  la  Couronne  de  fer  ;  il  le  chargea 
pn  1802  de  la  construction  delà  porte  triomphale 
jlu  Tésin  ou  de  Marengo,  et  en  1804  de  celle 
|le  l'arc  du  Simplon,  le  plus  bel  arc  de  triomphe 
ilevé  par  les  modernes.  Cagnola  a  concouru  cn- 
ore  à  l'érection  ou  à  la  restauration  de  plusieurs 
utres  monuments.  A  Milan,  il  décora  le  Casino 
es  nobles,  palais  bâti  par  le  Bramante,  et  donna 
jîs  dessins  de  l'élégante  et  majestueuse  chapelle 
llarceline  à  l'éghse  Saint- Ambroise ;   enfin,  il 
jonstruisit  le  beau  clocher  d'Urgano  dans  le  Ber- 
amasque.  Cagnola  publia  en  1802  les  mauso- 
es  desVisconti,  Gamboni  et  Anguizzola,  in-fol. 
mourut, président  de  l'Académie  des  sciences 
arts  de  »Milan ,  et  chambellan  de  l'empereur 
Autriche.  E.  B— n. 

Valéry,  F^oyages  historiques  et  littéraires  en  Italie. 
Pirovano,  Guida  di  Milano. 

CAGNGLi  (Antoine),  astronome  d'origine  ita- 
înne,  né  à  Zante  en  1743,  mort  à  Vérone  le  C 

NOUT.   BIOGR.   UNIVERS.   —  T.   V.'U. 


août  1816  (1).  Son  père  remplissait  à  Zante  les 
fonctions  de  chancelier  de  la  république  de  Ve- 
nise. Au  mois  d'octobre  1772,  le  jeune  Cagnoli 
accompagna  Marco  Zéno  à  Madrid  en  qualité  de 
secrétaire  de  légation,  et  en  1776  il  vint  à  Paris. 
On  raconte  qu'étant  allé  un  jour  à  l'Observatoire 
de  cette  ville  pour  voir  l'anneau  de  Saturne, 
il  en  fut  si  frappé  qu'il  résolut  de  se  consacrer 
à  l'étude  de  l'astronomie  (1780).  Il  acquit  en 
même  temps  toutes  les  connaissances  mathéma- 
tiques nécessaires  à  cette  étude,  et  se  procura  les 
instruments  spéciaux  qu'il  lui  fallait.  Il  les  em- 
porta à  Vérone  en  1782  ,  et  sa  maison  devint 
bientôt  une  sorte  d'observatoire.  La  prise  de 
cette  ville  par  les  Français ,  en  1797,  le  dé- 
termina à  vendre  tous  ses  instruments  ;  ils  fu- 
rent transportés  à  Bresa,  dans  le  Milanais,  et 
Cagnoli,  leur  ancien  possesseur,  les  y  suivit.  Il 
se  rendit  ensuite  à  Modène,  pour  y  professer  les 
mathématiques  à  l'école  militaire  ;  puis  il  revint 
finir  ses  joiu-s  à  Vérone.  Cagnoli  était  membre 
de  presque  toutes  les  académies  de  l'Europe. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Méthode  pour 
trouver  la  situation  de  Véquateicr  d'une  pla- 
nète ,  mémoire  inséré  dans  le  tome.  X  des  Sa- 
vants étrangers  de  l'Académie  des  sciences  de 
Paris;  1785;  —  Trigonometria  piana  e  sfe- 
rica;  Paris,  1786  et  1804;  traduit  en  français  par 
Chompré  sous  ce  titre  :  Traité  de  Trigonométrie 
rectiligne  et  sphérique;  Paris,  1786  et  1808; 
—  Degli  inconvenienti  che  nascono  del  rego- 
lare  gli  orologj  al  tramontar  del  sole,  o  corne 
anche  dicesi  ail'  italiana,  Dissertazione ; 
Venise,  1787,  in-8°;  —  Méthode  pour  calculer 
les  longitudes  géographiques  d'après  l'oost,, 
vation  d'éclipsés  de  soleil  ou  d'occultations 
d'étoiles,  mémoire  couronné  par  l'Académie  des 
sciences  de  Copenhague  ;  Vérone,  1789,  in-8°;  — 
Almanacco  con  diversenotizie  astronomiche, 
adattate  alV  uso  comune;  1787-1801,  1805- 
1806; —  Osservazioni  meteorologiche  ;  1788- 
1796,  in-8°; —  Notizie  astronomiche ,  adattate 
alV  uso  comune;  1799-1802,  2  vol.;—  Sezioni 
coniche;  Modène,  1801;  —  Catalogue  de  501 
étoiles ,  suivi  des  tables  relatives  d'observa- 
tion et  de  mutation;  Modène,  1807;  —  Conv- 
pendio  délia  Trigonometria  piana,  ad  uso  de- 
gli aspiranti  alla  scuola  militare  in  Mo- 
dena;  1807  ;  — de  nombreux  mémoires  insérés 
dans  les  Transactions  de  la  Société  italienne; 
parmi  ces  mémoires  on  remarque  :  Nuovo  e 
sicuro  mezzo  per  riconoscere  la  figura  délia 
terra ,  dans  le  t.  VI  des  Transactions.  Ce 
mémoire,  d'abord  peu  remarqué,  fut  réimprimé 
à  Londres  par  les  soins  de  Baily  ;  il  est  signalé 
à  l'attention  des  savants  dans  le  Philosophical 
Magazine  (mai  1822),  et  dans  \à  Bibliothèque 
universelle  de  Genève; — Degli  elementi  spet- 
tanti  alla  teoria  délia  rotazione  solare  e  lu- 
nare;  ibid.,  t.  VDI  ;  —  Problema  SîiW  equa- 

(1)  Et  non  I8i8,  comme  quelques  biographes  l'ont  ré- 
pété, f  oy.  Tipaldo,  Ersch  et  Grutier. 


99 


CAGNOLI  —  CAHER-BILLAH 


100 


zione  deW  orbita  e  sulla  eccentricità  de'pia- 
ne«,v  Bologne,  1806. 

Tlpaldo,  Biografta  degli  liai,  illustri,  VII.  —  Labres, 
f^ie  de  Cagnoli.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgemeine  Ency- 
elopœdie.  —  Bibliotheoa  italiana ,  ii°  38. 

GAGNOLi  (Belmont),  appelé  aussi  l'abbé  Ca- 
gnoli, poëte  italien,  vivait  au  dix-septième  siècle. 
On  a  peu  de  détails  sur  sa  vie.  Seulement  on 
rapporte  que  sa  chasteté  était  telle,  qu'il  de- 
meura sourd  aux  avances  d'une  dame  italienne 
qui  allait  jusqu'à  lui  offrir  3,000  couronnes  d'or 
pour  être  aimée  de  lui.  Parmi  ses  œuvi'es  poéti- 
ques on  distingue  :  l'Aquilea  distrutta,  libri  20  ; 
Venise,  1725,  in-18,  ouvrage  dédié  à  la  républi- 
que de  Venise. 

Jôcher,  Allgemeines  Gelehrten-Lexicon. 

*CAGNOLO  (Antoine),  médecin  italien,  né  à 
Fossano  en  Piémont,  vivait  vers  la  fin  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Tractatus  de  Remediis  prse- 
servativis  et  curativis  pesais  ;  j  Montereggio, 
1598. 
Carrère,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

CAGNOLO  {Jérôme),  jurisconsulte  italien,  né 
à  Verceil  en  1492,  mort  àPadoue  en  février  1551. 
Il  étudia  à  l'université  de  Turin,  séjourna  quel- 
que temps  à  la  cour  de  Savoie  ,  et  professa  le 
droit  à  Padoue.  Il  laissa  la  réputation  d'un  habile 
commentateur.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
I)e  vita  et  Reglmine  boni  principis,  adressé  à 
Emmanuel  Philibert  de  Savoie  ;  —  Èxereitatio- 
nes  in  constitutïones  et  leges  primi,  secundi 
et  duodecimi  Pandectar.,  etc.;  Venise,  1549; 
—  Commentaria  in  tittchcm  Digesti  de  Regu- 
ïis  juris;  Venise,  1546;  T  éd.,  Lyon,  1559;  — 
Commentaria  in  Codicem  de  Pactis  ;  Venise, 
1567  ;  —  De  recta  principis  institutione  libri 
VIII ;  Cologne,  1568; —  Oratio habita Patavii 
in  initio  studiorum; — Commentaria  in  quos- 
dam  titulos  Institutionum  Justiniani.  Ses 
œuvres  complètes  ont  été  réunies  en  trois  vol. 
in-fol.;  Lyon,  1579. 

Ghilini,  Teatro  d'Uomini  letterati.  —  Simon,  Bibl. 
hist.  des  auteurs  du  droit. 

CAHAIGNËS     ou     CAHAGNES     (Jacques) , 

médecin  français,  né  à  Caen  en  1548,  mort 
en  1612.  Comme  son  père,  il  étudia  à  l'uni- 
versité de  sa  ville  natale,  s'y  fit  recevoir  doc- 
teur, et  y  obtint  ime  chaire  qu'il  abandonna 
vers  la  fin  de  sa  carrière,  pour  se  consacrer  ex- 
clusivement aux  travaux  de  cabinet.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  De  Academiarum  Insti- 
tutione; 1584,  inré  ;  —  De  morte  N.  Michae- 
lis;  1597,  in-40; —  Elogium  civium  Cadomen- 
sium ,  centuria  prima  ;  Caen,  1609,  in-4'';  — 
Praelectio  de  Aquafontis  Hebecrevoni  ;  Caen, 
1614;  —  Répartie  en  faveur  du  livre  des' 
Eaux  d'Hébécrevon;  Caen,  1614,  in-fol.;  — 
Responsio  censori  de  Aquafontis  Hebecrevoni  ; 
1614,  in-12;  —  Brevis  facilisque  Methodus 
curandarum  febrium;  Caen ,  1616,  in-18;  — 
Brevis  facilisque  Methodus  curandorum  ca- 
pitis  affectuum;  1618;  —  une  traduction  de 


l'ouvrage  de  Julien  le  Paulmier,  intitulé  De  Mor- 
bis  contagiosis  et  de  vino  pomaceo. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  médecine. 

*eAHEN  (Samuel),  hébraïsant  et  publici.ste 
français,  né  à  Metz  le  4  août  1796.  H  reçut  une 
bonne  instruction,  qu'il  développa  par  de  persé- 
vérants efforts.  Destiné  par  ses  parents  au  rab- 
binat ,  il  fut  envoyé  à  l'âge  de  quatorze  ans  à 
Mayence ,  pour  s'y  préparer  sous  la  direction 
du  grand  rabbin  de  cette  ville.  Après  avoir  dé- 
buté en  Allemagne  par  l'enseignement  privé, 
M.  Cahen  revint  en  France ,  professa  en  pro- 
vince, et,  revenu  à  Paris  en  1822 ,  il  dirigea  de 
1823  à  1836  l'école  consistoriale  de  cette  ville, 
publia  plusieurs  ouvrages,  et  commença  (1841) 
la  traduction,  terminée  en  1851,  de  la  Bible  et 
des  monuments  qui  la  complètent  ;  Paris ,  20 
volumes  in-8°.  Depuis  février  1840,  M.  Cahen 
publie  les  Archives  Israélites,  recueil  mensuel. 
Outre  la  traduction  de  la  Bible ,  on  a  de  M.  Ca- 
hen :  Coui's  de  lecture  hébraïque,  ou  Mé- 
thode facile  pour  apprendre  seul  et  enpeu  de 
temps  à  lire  l'hébreu,  pour,  etc.  ;  Paris,  1824, 
1842;  —  Manuel  d'histoire  universelle  ;¥arh. 
1836; — Exercices  élémentaires  sur  la  langue 
hébraïque;  Metz,  1842;  —  une  traduction  de 
l'Ange  protecteur  de  la  Jeunesse,  par  Salz- 
mann  ;  —  une  traduction  de  Joseph,  ou  le  Man- 
teau noir,  du  même  auteur.  Ces  traductions  et 
quelques  autres  ont  été  publiées  en  1824  et  1825. 

V.  R. 
BégiD,  Biogr.  de  la  Moselle.  —  Saint-Edme  et  Sarrut, 
Biogr.  des  hommes  du  jour.  — Quôrard,to  France  litté- 
raire. —  Bouchot,  Journal  de  la  Librairie. 

CAHER-BILLAH    (Mohammed),    dix-neu- 
vième khalife  abbasside,  mort  le  18   octobre 
950.  Le  27  février  929,  à  la  suite  d'une  révolu- 
tion qui  renversa  son  frère  Moctader,  il  monta 
sur  le  trône  de  Bagdad.  Mais  il  fut  presque  im- 
médiatement renversé,  sur  son  reins   défaire 
disti'ibuer  à  l'armée  la  gratification  d'usage  ' 
chaque  avènement.  Moctader  fut  ainsi  replac» 
sur  le  trône  de  Mahomet  trois  jours  après  soi 
expulsion.  Le  l*'  novembre  932,  une  seconde  sédi 
tion  mit  fin  à  la  vie  de  Moctader,  et  Caher  fut  rap 
pelé.  Celui-ci  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  d( 
tenter  de  se  soustraire  à  la  tutelle  des  auteur* 
de  cette  révolution.  Il  fitempiisonner  son  nevei 
Abou'l  Abbas  pour  se  délivrer  d'un  prétendant,  e 
fit  mourir  sa  propre  mère,  qu'il  accusait  de  cache 
im  trésor.  Troublés  par  ces  deux  crimes,  voyan 
surtout  leur  influence  menacée,  les  émirs  firen 
encore  descendre  Caher  du  trône.  Pour  qu'il  qi 
lui  fût  plus  possible  d'y  remonter,  on  lui  creva  le 
yeux.  D'après  un  chroniqueur,  il  sortit  deux  ani 
plus  tard  d'une  prison  où  il  aurait  été  enferrai 
Réduit  alors  à  mendier,  il  se  tenait  à  la  porte 
mosquées,  et  disait  aux  fidèles  :  «  Ayez  pitil 
d'un  pauvre  vieillard,  autrefois  votre  khalife,  m 
;  jourd'hui  réduit  à  solliciter  votre  aumône.  »  Cl 
récit,  qui  paraît  contiouvé,  rappelle  l'histoire  d 
Bélisaire.  On  ajoute  que  le  khalife  déchu  ( 


101 


CAHER-BILLAH  —  CAIGNET 


102 


mendiant  vécut  quelques  années  dans  cette  misère. 

Jrabie,  par  M.  des  Vergers,  dansl't/niv.  pitt.  —  D'Her- 
bclot,  Bibl.  orient. 

c  A  B  PS AC  (  Xou J5  oe)  ,  auteur  dramatique,  né  à 
Montauban,  d'une  famille  noble  (aucune  source 
n'indique  en  quelle  année),  fut  successivement 
secrétaire  de  l'intendance  do  Montauban  et  se- 
crétaire des  commandements  du  comte  de  Cler- 
mont;  il  mourut  à  Paris  le  22  juin  1759.  Il  a 
donné  les  pièces  suivantes  :  au  Théâtre-Français  : 
Pharamond,  1736,  et  le  Comte  de  Warwick, 
1742,  tragédies;  les  comédies  de  Zénéide,eii  un 
acte,  en  vers  libres,  1742,  et  de  P Algérien,  en 
trois  actes,  avec  un  prologue,  1744;  —  à  l'Opéra  : 
les  Fêtes  de  Polymnie,  1745;  Zaïs,  1748;  les 
Fêtes  de  l'Hymen,  1748;  iYcï5, 1749;  Zoroas- 
tre,  1749;  Anacréon,  1754;  la  Naissance  d'O- 
siris,  1754,  à  l'occasion  de  la  naissance  du  duc 
de  Berry.  La  petite  comédie  de  Zénéide  est  res- 
tée longtemps  au  répertoire.  Tous  les  poèmes 
d'opéra  de  Cahusac ,  parmi  lesquels  Zoroastre 
fut  le  plus  connu  dans  son  temps,  eurent  le  bon- 
heur d'être  mis  en  musique  par  Rameau,  et  leur 
auteur  se  trouva  ainsi  associé  aux  succès  de  ce 
compositeur  célèbre.  Il  est  juste,  d'ailleurs,  de 
lui  reconnaître  l'entente  du  genre  et  de  la  coupe 
lyrique.  On  a  encore  de  Cahusac  :  Épître  sur 
les  dangers  de  la  Poésie;  1739  ;  —  Grigri,  ro- 
man, supposé  traduit  du  japonnais;  1749,  in-12; 
—  la  Danse  ancienne  et  moderne ,  ou  Traité 
historique  de  la  Danse;  la  Haye  (Paris),  1754, 
3  vol.  in-1 2  :  cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  par- 
ties, l'une  traitant  de  la  danse  chez  les  anciens , 
l'autre  des  ballets  et  delà  danse  théâtrale  chez  les 
modernes.  Cahusac  a  fourni  à  V Encyclopédie  les 
articles  relatifs  aux  grands  spectacles  de  l'Europe, 
notamment  aux  théâtres  d'opéra.  Il  était  membre 
de  l'Académie  des  sciences  et  belles-lettres  de 
Berlin.  Th.  Mdret. 

Dictionnaire  des  Théâtres.— Qaéiari,  la  France  lit- 
téraire, etc. 

*  CAïAzzo  (....,  comte  de)  ,'  diplomate  ita- 
lien, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle.  Fils  aîné  de  Robert  de  San-Severino,  il  fut 
envoyé  à  Paris,  en  1493,  par  Ludovic  Sforza, 
pour  inviter  Charles  YHI  à  venir  prendre  la  cou- 
ronne de  Naples,  à  profiter  des  bonnes  dispositions 
des  seigneurs,  et  h  tirer  parti  des  ressentiments  du 
souverain  pontife  contre  Ferdinand  d'Aragon. 
«  Caiazzo,  dit  Comines ,  trouva  à  Paris  le  prince 
de  Salerne,  dont  il  estait  cousin;  car  celui-là 
estoit  chef  de  la  maison  de  Saint-Severin,  et  es- 
toit  en  France ,  chassé  du  roy  Ferrand ,  comme 
avez  entendu  paravant,  et  pourchassoit  ladicte 
entreprise  de  Naples.  Avec  ledit  comte  de  Ca- 
jazze  estoient  le  comte  Charles  de  BeHe-Joyeuse 
(Belgiojoso)  et  messireGaleas,  vicomte  duMilan- 
nois:  tous  deux  estoient  fort  bien  accoustrez  et 
accompagnez.  Leurs  paroles  en  public  n'estoient 
que  visitations  et  paroles  assez  générales,  et  es- 
toit  la  première  ambassade  grande  qu'il  eust  en- 
voyée devers  ledict  seigneur.  «  Plus  loin,  le  ju- 
dicieux chroniqueur  rend  compte  des  efforts 


des  envoyés  italiens,  et  souvent  il  peint  d'un  trait 
ce  que  les  historiens  postérieurs  ont  délayé  on 
de  longues  pages.  «Estant  à  Paris,  ditCominei , 
les  ambassadeurs  dont  j'ay  parlé  en  ce  chapi- 
tre, et  ayant  parlé  en  gênerai,  parla  à  part  avec 
le  roy  ledict  comte  de  Cajazze,  qui  estoit  en 
grand  crédit  à  Milan,  et  encore  plus  son  frère 
messire  Galeas  de  Saint-Severin,  et  par  especial 
sur  le  faict  des  gens-d'armes,  et  commença  à  of- 
frir au  roy  grands  services  et  aides  tant  de  gens 
que  d'argent  ;  car  jàpouvoitsonmaistre  disposer 
de  l'Estal  de  Milan  comme  s'il  en  eust  esté  rien, 
et  faisoit  la  chose  aisée  à  conduire.  Et  peu  de 
jours  après  prit  congé  du  roy  et  messire  Galeas, 
vicomte,  et  s'en  allèrent;  et  le  comte  Charles  de 
Belle-Joyeuse  demeura  pour  avancer  l'œuvre; 
lequel  incontinent  se  vestità  la  mode  françoise ,  ■ 
et  fit  de  très-grandes  diligences;  et  commencè- 
rent plusiem-s  à  entendre  à  cette  matière.  » 

Cette  négociation,  continuée  activement,  aboutit 
à  une  convention  de  la  cour  de  France  avec 
Louis  le  Maure.  L'iiistoire  fait  connaître  la  suite 
des  événements.  Il  suffisait  de  rapporter  la  part 
prise  par  Caiazzo  à  la  conduite  de  l'ambassade. 

V.  R. 

Comines,  Mémoires,  liv.  VU,  ch.  8.  —  Sismondi,  Hist. 
des  Répub.  ital.,  XII. 

CAI-CAYCS.  Foy.  Kai-Kaous. 

CAiET,  Voy.  Cayet* 

CAICNART  DE  MAiLiiT  (....),  révolutioDûaire 
et  jurisconsulte  français,  né  à  Mailly  vers  1750, 
mort  le  2  janvier  1823.  Il  étudia  à  Laon,  fut  reçu 
avocat,  et  embrassa  avec  ardeur  les  idées  ré- 
volutionnaires, n  était  à  Paris  au  10  août  1792. 
Quelques  jours  plus  tard,  il  obtint  de  l'assemiblée 
législative  qu'aucune  indemnité  ne  serait  accor- 
dée pour  les  concessions  de  fonds,  jugés  féo- 
daux par  rassemblée  constituante,  n  fut  ensuite 
nommé  administrateur  du  département  de  l'Aisne. 
Après  le  9  thermidor,  il  devint  chef  du  bureau 
des  éuiigrés  au  ministère  de  la  palice.  Dès  lors 
il  manifesta  une  telle  exaltation  démocratique, 
qu'il  fut  destitué  après  le  18  brumaire.  A  partir 
de  ce  moment,  il  reprit  sa  profession  de  juris- 
consulte. Cagnart  de  Mailly  travailla  au  journal 
l'Ami  de  la  patrie,  et,  d'après  Barbier,  il  écri- 
vit les  t.  16  et  17  de  V Histoire  de  la  Révolu- 
tion ,  par  deux  amis  de  la  liberté.  On  a  en 
outre  de  lui  :  Histoire  d'une  famille,  par  d' Or- 
son,  mise  au  jour  par  C;  1798,  in-S";;  —  les 
Annales  maçonniques ,  dédiées  à  S.  À.  S.  le 
prince  Cambacérès;  1807,  1810,  8  vol.  in-8°. 
Cailleau  en  fut  l'éditeur,  et  non  l'auteur,  comme 
on  l'avait  cru. 

Galerie  historique  des  Contempor.—  Quérard,  laFr. 
litt.  —Barbier,  Dict.  des  ouvr.  anon. 

*  CAIGNET  (Antoine),  théologien  et  prédi- 
cateur français  ,  mourut  en  1669.  Il  a  été  suc- 
cessivement chanoine,  chancelier  théologal  et 
grand-vicaire  à  Meaux.  On  a  de  lui  :  les  Véri- 
tez  et  les  vertus  chrestiennes ,  ou  Médita- 
tions affectives  sur  les  mystères  de  N.-S.  et 
sur  ses  vertus;  Paris,  1624,  4  vol.  in-12,  et 

4. 


103  CAIGNET  - 

1648  ,  in-12;  —  Oraison  funèbre  pour  mad. 
Remye  Bazin,  abbesse  de  Nostre-Dame  de 
Meaux;  Paris,  1661,  in-4°;  —  V Année  pas- 
torale, contenant  des  Sermons  familiers  ou 
Prônes  sur  les  Épîtres  et  Évangiles  des  di- 
manches de  l'année,  etc.;  ibid.,  1662  et  suiv., 
1  vol.  in-4°;  —  la  Morale  religieuse,  con- 
tenant ses  entretiens  spirituels  sur  la  vo- 
cation, les  vœux  et  les  vertus  des  personnes 
religieuses;  ibid.,  1672,  in-4°;  —  le  Domini- 
cal des  Pasteurs,  ou  le  Triple  emploi  des  cu- 
rés, contenant  les  Prônes,  les  Recommanda- 
tions ou  Annonces  des  Fêtes,  et  Catéchismes 
paroissiaux  pour  totis  les  dimanches  de  l'an- 
née, 2^  édit.;  Paris,  1675,  in-4%  et  1686,  in-4°; 
—  Catechismus  pastoralis ;  Anvers,  1682, 
4  vol.  in-12  (n'est  peut-être  qu'une  traduction 
du  Dominical  des  Pasteurs). 

Catal.  de  la  Bibl.  imp.  de  Paris. 

CAïGNiEZ  {Louis-Charles) ,  auteur  drama- 
tique français,  né  à  Arras  le  13  avril  1762, 
mort,  le  19  février  1842,  à  Belleville,  banlieue 
de  Paris.  H  appartenait  à  des  parents  aisés ,  qui 
le  mirent  de  bonne  heure  au  collège  de  sa 
ville  natale,  où  il  fit  des  études  distinguées. 
Lorsqu'elles  furent  terminées  ,  on  l'envoya  à 
Douay  pour  y  faire  son  droit,  à  l'issue  duquel 
il  fut  reçu  avocat  aux  conseûs  d'Artois.  Les 
événements  de  la  révolution,  survenus  sur  ces 
entrefaites,  ayant  ruiné  sa  famille  et  porté  at- 
teinte à  sa  position,  il  partit  pour  la  capitale  en 
1798;  et  dès  l'année  suivante,  Caigniez,  qui  sem- 
blait avoir,  comme  on  dit,  jeté  aux  orties  sa 
toge  d'avocat,  faisait  représenter  son  premier  ou- 
vrage dramatique,  intitulé  le  Dîner  des  Bos- 
sus. Le  théâtre  de  la  Gaieté  joua,  peu  de  temps 
après,  la  Forêt  enchantée,  ou  la  Belle  au  bois 
dormant ,  pièce  qui  obtint ,  selon  les  journaux 
de  l'époque,  une  vogue  longue  et  méritée.  Stimulé 
par  les  succès  de  son  début  dans  cette  carrière, 
toute  nouvelle  pour  lui ,  Caigniez  s'y  voua  en- 
tièrement. Il  composa  un  grand  nombre  de  mélo- 
drames, et,  dans  la  période  de  1803  à  1812,  il 
devint  un  des  pourvoyeurs  les  plus  féconds  des 
deux  ou  trois  scènes  du  boulevard  consacrées 
au  culte  de  cette  muse  bâtarde.  Guilbert  de  Pixé- 
récomi;  (voir  ce  nom  ),  qui  était  alors  dems  tout 
l'éclat  de  sa  renommée ,  rencontra  dans  Caigniez 
un  concurrent  redoutable,  que  beaucoup  d'a- 
mateurs lui  préféraient  même.  Possédant  autant 
que  son  rival  l'entente  de  la  scène,  il  avait  sur  lui 
l'avantage  d'un  style  moins  ampoulé  ;  on  se  sou- 
vient encore  des  sobriquets  de  Corneille  et  de 
Racine  des  boulevards,  dont  le  public  contem- 
porain avait  baptisé  l'un  et  l'autre  de  ces  mélo- 
dramaturges.  Peut-être  est -il  regrettable  que 
Caigniez  se  soit ,  pour  ainsi  dire,  volontairement 
renfermé  dans  le  cercle  étroit  de  cette  sorte  de 
pièces;  car  il  a  prouvé  par  le  Volage,  joué  avec 
succès  en  1807  au  théâtre  Louvois,  par  le  Sou- 
venir des  premières  amours,  par  les  Méprises 
en  diligence ,  ouvrage  rempli  d'originalité  et  de 


CAILHAVA 


104 


situations  comiques,  qu'il  pouvait  s'élever  jus- 
qu'à la  bonne  comédie. 

Parmi  ses  nombreuses  productions  dramati- 
ques nous  ne  citerons  que  le  Jugement  de 
Salomon,  en  1802,  et  la  Pie  voleuse,  en  1815 , 
qui  obtinrent  la  plus  grande  vogue  :  ces  deux 
pièces  ont  été  traduites  en  plusieurs  langues,  et 
représentées  dans  les  principales  villes  de  l'Eu- 
rope. Malgré  les  sommes  énormes  que  devaient 
lui  produire  les  représentations  de  ses  ouvrages, 
Caigniez  est  mort  dans  un  état  voisin  de  la  mi- 
sère. Ed.  de  Manne. 

Quérard ,  la  France  littéraire. 

CAILHAVA  D'ESTANDonx  {Jean- François), 
auteur  dramatique  français ,  né  au  village  d'Es- 
tandoux,  près  de  Toulouse,  le  28  avril  1731, 
mort  le  20  juin  1813.  Jeime  encore,  et  abandonné 
aux  plaisirs  de  son  âge,  il  dirigeait  cependant 
avec  ardeur  ses  études  vers  le  théâtre,  pour  le- 
quel il  avait  un  penchant  décidé.  L' Allégresse 
champêtre,  mêlée  de  danses  et  de  chants,  et  re- 
présentée à  Toulouse  en  1757,  fut  son  début.  C'é- 
tait une  pièce  de  circonstance,  inspirée  au  poète 
par  l'attentat  de  Damien  à  la  vie  de  Louis  XV. 
Encouragé  par  ce  succès ,  car  c'en  était  un ,  il 
vint  à  Paris,  ayant  pour  toute  fortune,  comme  il 
arrive  à  tant  d'autres  de  ses  compatriotes ,  son 
portefeuille  garni  de  poésies,  et  ses  espérances.  Il 
ne  put  faire  recevoir  une  première  pièce  desti- 
née à  la  Comédie  française,  et  intitulée  Crispin 
gouvernante.  Il  n'en  fut  pas  de  même  du  Jeune 
Présomptueux  et  du  Nouveau  Débarqué  :  les 
comédiens  les  reçurent;  mais  le  public  fut  plus 
sévère.  Un  autre  se  serait  senti  découragé; 
mais  Cailhava  était  opiniâtre  :  il  persista,  et  fit 
bien. 

La  Maison  à  deux  portes,  ou  le  Tuteur 
dupé,  pièce  dont  le  sujet  était  tiré  de  Plante, 
représentée  au  Théâtre-Français  le  30  septem- 
bre 1765,  obtint  plus  qu'un  succès  d'estime  : 
Cailhava  eut  l'honneur  d'être  présenté  au  public 
satisfait.  Deux  ans  plus  tard  (1767),  il  écrivit 
les  Étrennes  de  V Amour,  comédie-ballet  en 
un  acte  et  en  vers,  également  imitée  de  Plante. 
D'autres  pièces  suivirent  avec  des  succès  divers, 
mais  toutes  témoignent  de  la  verve  et  de  la 
facilité  de  Cailhava.  Dans  le  nombre  se  trouvent 
le  Mariage  impromptu ,  en  vers  et  en  trois 
actes  (1769) ,  et  deux  pièces  tirées  des  Mille  et 
une  Nuits  ,  et  jouées  avec  beaucoup  de  succès 
à  la  Comédie  italienne.  Un  opéra-comique,  com- 
posé en  1771,  ne  réussit  pas.  La  Bonne  Fille, 
imitée  de  Goldoni ,  fut  plus  heureuse.  La  pièce 
capitale  de  Cailhava ,  sa  pièce  à  caractère,  VÉ- 
goïsme,  comédie  en  cinq  actes  et  en  vers,  jouée 
par  les  comédiens  français  le  19  juin  1777,  fut 
diversement  jugée.  Peut-être  le  sujet  ne  s'y 
trouve-t-il  pas  assez  approfondi.  Cependant  on 
y  reconnaît  l'écrivain  imbu  des  bonnes  ti'aditions 
dramatiques  ,  et  l'on  y  voit  poindre  l'admirateur 
enthousiaste  deMolière.  Un  autre  auteur,  Barthe, 
tenta  de  s'emparer  du  sujet  traité  par  Cailhava; 


105 


CAILHÀVA  —  GAILLARD 


106 


mais  son  Homme  personnel  ne  fut  pas  supé- 
rieur à  VÉgoïsme.  Les  caractères  généreux  sont 
toujours  plus  difficiles  à  traiter  que  les  sujets 
spéciaux,  où  le  côté  ridicule  frappe  d'abord  le 
regard.  Les  pères  de  la  comédie,  Molière,  Re- 
gnard,  le  Sage,  fournissent  eux-mêmes  les  preu- 
ves de  cette  vérité. 

Ici  commence  une  autre  phase  de  la  vie  dra- 
matique de  Cailhava.  Elle  montre  la  place  que 
tiennent  parfois  dans  la  vie  du  littérateur  les 
obstacles  suscités  par  des  causes  personnelles , 
telles  que  l'amour-propre  ou  la  vanité.  Une 
brouille  avec  l'acteur  MoIé  ferma  à  Cailhava  les 
portes  de  la  Comédie  française;  mais  l'homme 
de  talent  sut  se  faire  jour  par  une  autre  voie. 
Après  avoir  débuté  par  l'exemple,  il  enseigna  le 
précepte.  De  là  son  ouvrage  intitulé  l'Art  de  la 
Comédie,  qui  eut  deux  éditions,  la  première  pu- 
bliée en  1772,  4  volumes  in-8°;  l'autre  en  1786, 
2  volumes  même  format.  C'est  une  œuvre  di- 
dactique, qui  brille  moins  par  le  style  que  par  les 
l'emarques  judicieuses  qui  s'y  rencontrent.  C'est 
à  cet  exil  de  Cailhava  du  Théâtre-Français  qu'est 
dû  encore  l'ouvrage  intitulé  les  Causes  de  la 
décadence  du  Théâtre  et  les  moyens  de  le 
faire  refleurir,  augmenté  d'un  Plan  pour  l'é- 
tablissement d'un  second  Théâtre-Français  et 
de  réforme  des  autres  spectacles;  Paris,  1789, 
in-S".  Cailhava  eut  un  autre  adversaire,  la  Harpe, 
qui  ne  lui  ménageait  pas  dans  le  Mercure  la 
critique  et  les  sarcasmes.  Cailhava  y  répondit  par 
sa  pièce  intitulée  le  Journaliste  anglais ,  oii 
la  Harpe  joue  un  rôle  odieux.  Plus  tard,  un  troi- 
sième adversaire,  Palissot,  se  mit  de  la  partie;  et 
on  attribue  cet  autre  courroux  littéraire  au  dé- 
pit que  causa  à  l'auteur  des  Philosophes  la  no- 
mination de  Cailhava  à  l'Académie  française  en 
1797.  Celui-ci  avait  entrepris  dans  l'intervalle  la 
publication  des  Annales  dramatiques,  rétabli  en 
cinq  actes  le  Dépit  amoureux  de  Molière,  ten- 
tative qui  souleva  un  orage  d'opposition,  et  fait 
représenter  Athènes  pacifiée,  comédie  en  trois 
actes  et  en  prose  (1797).  Dans  les  premiers  temps 
de  la  révolution,  dont  Cailhava  accueillit  les  pro- 
messes ,  il  joua  un  instant  un  rôle  politique ,  et 
s'employa  à  procurer  des  subistances  à  la  ville  de 
Paris  en  allant'hâter  l'arrivée  des-grains  que  l'on 
attendait.  Mais  il  s'effaça  bientôt  de  la  scène  poli- 
tique, pour  laquelle  il  ne  se  sentait  pas  fait,  et  re- 
vint à  la  première,  à  celle  qui  convenait  à  sa 
nature.  En  1797,  il  fit  jouer  un  petit  acte  vif  et 
gai,  intitulé  le  Zist  et  le  Zest.  En  1802  pa- 
rurent ses  Études  sur  Molière,  et  en  1803  son 
Hommage  à  Molière.  On  voit  comi)ien  était 
profond  son  culte  pour  l'immortel  auteur  du 
Misanthrope;  il  était  porté  à  un  tel  degré,  qu'il 
avait,  dit-on,  fait  enchâsser,  en  manière  de  reli- 
que, une  dent  de  Molière.  Dans  sa  vieillesse, 
Cailhava  fut  l'objet  des  bienfaits  de  Napoléon  et 
du  dévouement  exemplairement  filial  de  sa  fille, 
qui  ne  se  maria  point  pour  se  consacrer  unique- 
ment aux  soins  qu'exigeait  la  vieillesse  de  son 


père.  Il  mourut  à  Sceaux,  où  sa  tombe  touche  à 
celle  de  Florian.  Son  éloge  funèbre  fut  prononcé 
par  Picard,  qui  dit  avec  raison  que  Cailhava,  «  à 
une  époque  où  la  comédie  était  dénaturée  par  le 
jargon  et  l'enluminure  et  le  faux  bel-esprit,  eut 
le  courage  (car  il  en  fallait  alors)  de  vouloir  com- 
poser des  ouvrages  dans  le  goût  de  Molière.  » 
Mais  c'est  en  composant  certaines  poésies  licen- 
cieuses qu'il  sacrifia  aux  habitudes  de  son  temps. 
Outre  les  œuvres  déjà  mentionnées,  on  a  de  lui  ; 
le  Remède  contre  l'amour,  poëme  en  quati'e 
chants;  Paris,  1762  ; — le  Cabrioletvolantîon  Ar- 
lequin-Mahomet ,  drame  philosophi-comi-tragi- 
extravagcuit  en  quatre  actes;  Paris  1770,  in-8''  ; 
—  Arlequin  cru  fou,  Sultane  et  Mahomet,  ou 
suite  du  Cabriolet  volant,  drame  en  trois  actes; 
Paris,  1771,  in-8°;  —  Discours  prononcé  par 
Molière  le  Jour  de  sa  réception  posthume  à 
l'Académie  française ,  avec  la  réponse;  Paris, 
1779,  in-8";  —  le  Nouveau  Marié,  ou  les  Im- 
portuns, opéra- comique  en  un  acte;  1770, 
Sn-8°;  —  le  Pucelage  nageur,  conte  en  vers; 
1766;  —  la  Présomption  à  la  mode,  comédie 
en  cinq  actes  et  en  vers;  Paris,  1766;  —  les 
Ménechmes  grecs,  comédie  en  quatre  actes,  pré- 
cédée d'un  prologue!;  Paris,  1791  ;  —  les  Contes 
en  vers  et  en  prose  de  feu  l'abbé  de  Colibri, 
ou  le  Soupe;  Paris,  1797,  2  vol.  in-8°  :  cet  ou- 
vrage est  peut-être  le  même  que  celui  que  l'au- 
teur du  Dictionnaire  des  ouvrages  anonymes 
attribue  à  Cailhava  sous  le  titre  du  Soupir,  sans 
doute  pour  souper  ;  Londres  et  Paris,  1772;  — 
Œuvres  badines;  Paris,  1798,  in-12;  —  l'Enlè- 
vement de  Ragotin  et  de  madame  Bouvillon, 
ou  le  Roman  comique  dénoué,  comédie  en  deux 
actes  et  en  prose;  Paris,  1799;  —  Essai  sur  la 
tradition  théâtrale;  Paris,  1798;  —  la  Fille 
supposée,  comédie  en  trois  actes  et  en  vers.  Le 
théâtre  complet  de  Cailhava,  avec  des  mémoires 
historiques  et  les  réflexions  sur  les  causes  de  la 
décadence  du  théâtre  et  les  moyens  de  le  faire 
refleurir,  a  été  publié  en  6  vol.  ;  Paris,  1781  et 
1782.  V.  R. 

Biographie  Toulousaine.  —  Quérard,  la  France  litté- 
raire. —  Des  Essarts,  les  Trois  Siècles  littéraires. 

*CA.i'Li.x  (Albert),  troubadour  albigeois  du 
treizième  siècle.  H  n'est  connu  que  par  une  Sa- 
tire contre  les  femmes.  Cette  pièce  est  conçue 
eu  termes  grossiers  et  obscènes.  Pour  s'attaquer 
à  un  sujet  aussi  délicat,  il  faut  du  génie,  ou  au 
moins  le  talent  d'un  Boileau. 

Chaudon  et  Delandine ,  Nouveau  Dictionnaire  histo- 
rique. —  Hist.  littéraire  de  la  France. 

GAILLARD  {Abraham-Jacqucs) ,  juriscon- 
sulte français,  mort  1©3  octobre  1777.  Élève  et 
ami  de  Pothier,  il  devint  à  son  tour  un  juriscon- 
sulte et  surtout  un  avocat  distingué.  Présence 
d'esprit,  facilité  et  élégance  d'élocution,  il  avait 
tout  ce  qui  fait  réussir  au  barreau ,  et  son  suc- 
cès fut  complet.  Ses  ouvrages  sont  restés  manus- 
crits, et  renfermés  dans  quatre-vingts  cartons  lais- 
sés à  son  fils. 

Chaudon  et  Delandine,  Nouveau  Dict.  hist. 


107 


GAILLARD 


108 


CAILLARD  {Antoine-Bernard),  diplomate 
firançais,  naquit  à  Aignan  (Bourgogne)  en  1737, 
et  mourut  à  Paris  le  6  mai  1807.  Ses  parents 
l'envoyèrent  à  Paris  pour  terminer  ses  études , 
dans  un  des  séminaires  renommés  de  la  capitale. 
H  eut  le  bonheur  de  s'y  rencontrer  avec  Turgot, 
qui,  comme  lui,  semblait  destiné  à  l'état  ecclé- 
siastique, qu'ils  n'embrassèrent  ni  l'un  ni  l'autre. 
n  trouva  dans  l'intimité  qui  s'établit  entre  eux 
la  source  de  sa  fortune.  Lorsque  Turgot  fut 
nommé  intendant  de  Limoges  en  1761,  il  fit  ve- 
nir près  de  lui  son  ancien  condisciple,  qui  se 
forma  aux  affaires  sous  la  direction  d'un  aussi 
habile  maître.  Leur  amitié,  cimentée  par  une  es- 
time mutuelle,  ne  fit  que  s'accroître.  Turgot,  pré- 
férant l'avancement  de  son  ami  à  la  satisfaction 
de  le  conserver  dans  son  intendance,  obtint  pour 
lui  le  poste  de  secrétaire  de  la  légation  de  Parme, 
à  laquelle  le  comte  de  Boisgelin  venait  d'être 
appelé.  Pendamt  son  séjour  à  Limoges,  Gaillard 
avait  contracté  quelques  dettes,  que  l'état  de  ses 
finances  ne  lui  permettait  pas  d'acquitter.  Tur- 
got se  chargea  de  ce  soin,  et  fit  de  nouvelles  dé- 
marches pour  procurer  à  son  ami  une  position 
plus  avantageuse.  EUe  s'offrit  d'elle-même  lors- 
que le  marquis  de  Yérac  fut  nomme  minisire 
plénipotentiaire  près  le  landgrave  de  Hesse.  Il 
avait  besoin  d'un  homme  capable  et  intelligent  ;  il 
le  trouva  dans  la  personne  de  Gaillard ,  qui  le 
suivit  en  qualité  de  secrétaire  de  légation  à 
Cassel,  à  Gopenhague  et  à  Pétersbourg,  où  le 
marquis  fut  successivement  envoyé  en  1774, 
en  1779  et  en  1784.  Pendant  plus  d'une  absence 
de  l'ambassadeur,  il  remplit  les  fonctions  de 
chargé  d'affaires  près  de  chacune  de  ces  cours  ; 
et  la  manière  dont  il  s'en  acquitta  lui  valut  à  la 
fois  la  bienveillance  du  ministre  français  et  la 
considération  des  gouvernements  étrangers.  En 
1785,  il  reçut  une  mission  secrète  pour  la  Hol- 
lande, et  l'année  suivante  le  titre  de  chargé 
d'affaires  à  là  Haye,  où  il  résida  en  1786  et 
1787  ;  il  fut  nommé  ministre  plénipotentiaire  près 
des  états  généraux  on  1792,  et  bientôt  après  à 
la  dièîe  générale  de  l'Ernpirc  :  la  guerre  de  la 
première  coalition  vint  le  rendre  momentané- 
ment à  la  vie  privée.  Lorsqu'un  ordre  de  choses 
plus  régulier  eut  succétié  au  gouvernement  ré- 
Yolntionaalre,  le  Directoire  exécutif  jeta  les  yeux 
sur  lui  pour  remplir  le  poste  important  de  mi- 
nistre plénipotentiaire  à  la  cour  de  Berlin.  Selon 
un  témoignage  non  suspect,  «  le  nouveau  mi- 
«  nistre  de  France  était  recommandé  par  sa  pru- 
«  dence  et  sa  modération ,  qualités  nécessaires 
«  pour  rendre  le  calme  à  l'Europe  ébranlée...  Il 
«  eut  sa  première  audience  du  roi  le  26  octobre 
«  (179.5),  et  fut  accueilli  avec  beaucoup  de  dis- 
«  tinction.  »  Il  ne  faut  donc  admettre  qu'avec 
les  restrictions  convenables  l'anecdote  rapportée 
par  le  Moniteur  de  l'an  vi,  relative  au  refus 
qu'aurait  fait  le  comte  de  Gôrtz  de  jouer  au 
cercle  du  roi  à  la  même  table  que  Gaillard, 
«  parce  qu'il  était  roturier.  »  On  trouve,  dans  les 


Mémoires  tirés  des  papiers  d'un  homme 
d'État  (tome  'ni,passim),  des  renseignements 
curieux  sur  la  suite  des  négociations  du  ministre 
français.  Le  résultat  principal  qu'il  obtint  par 
un  traité'secret  fut  le  consentement  du  roi  de 
Prusse  à  reconnaître  la  rive  gauche  du  Rhin 
pour  lùnite  de  la  répubUque.  Mais  la  Russie 
agissant  par  ses  envoyés  secrets  et  par  ses  am- 
bassadeurs en  titre  pour  détacher  le  roi  du  sys- 
tème de  neutralité  qu'il  avait  embrassé,  le  gou- 
vernement directorial  crut  devoir  accréditer  près 
de  la  cour  de  Berlin  un  négociateur  dont  le  nom 
et  le  titre  devaient  paraître  plus  imposants,  et  il 
nomma  Sieyes.  Jamais  choix  ne  fut  plus  malheu- 
reux :  le  nom  seul  d'un  tel  ambassadeur  était 
une  espèce  de  défi  jeté  à  l'Europe  monarchique. 
Aussi  la  cour  de  Berlin  reçut  ce  nouvel  envoyé 
avec  une  répulsion  qu'elle  ne  prit  pas  même  le 
soin  de  cacher.  EUe  ne  voulut  d'abord  pas  l'ad- 
mettre comme  ambassadeur,  sous  prétexte  que 
les  usages  de  la  chancellerie  prussienne  s'y  op- 
posaient. Gaillard,  avant  de  quitter  Berlin,  eut 
la  générosité  de  chercher  à  disposer  les  esprits 
en  faveur  de  son  successeur.  Nous  apprenons 
par  les  Mémoires  de  l'abbé  Morellet,  qui  avait 
beaucoup  connu  Gaillard,  que  celui-ci,  ayant  en- 
gagé un  ministre  du  roi  de  Prusse  à  montrer 
quelques  attentions  pour  Sieyes,  en  reçut  pour 
réponse  :  Non,  sans  phrase.  Parodie  cruelle , 
ajouteMorellet,  du  vote  de  Sieyes  dans  le  procès  de 
Louis  'SXl.  Mais  il  est  reconnu  aujourd'hui  que 
le  vote  n'a  pas  été  prononcé  en  ces  termes ,  et 
que  les  deux  seuls  mots  La  mortl  sont  sortis 
de  la  bouche  de  Sieyes.  Les  services  de  Gail- 
lard, déj?i  anciens  dans  la  diplomatie  active,  eu- 
rent enfin  ieur  récompense;  il  fut  appelé  au 
poste  important  de  chef  des  archives  des  rela- 
tions extérieures.  Un  arrêté  des  consuls  du  9 
messidor  an  ix  (28  juillet  1801)  lui  confia  par 
intérim,  le  portefeuille  du  département  des  af- 
faires étrangères,  en  l'absence  de  M.  de  Talley- 
rand.  Aux  talents  du  diplomate.  Gaillard  unissait 
beaucoup  de  savoir  dans  la  littérature  ancienne 
et  moderne.  Les  langues  grecque  et  latine  et 
celles  du  nord  de  l'Europe  lui  étaient  familières. 
Il  fut  un  des  traducteurs  des  Essais  sur  lapliy- 
siognomonie  de  Lavater;  la  Haye,  1781-1803, 
in-4'' ,  ouvrage  toujours  recherché.  On  lui  doit 
un  Mémoire  sur  la  révolution  de  Hollande 
en  1787,  inséré  par  M.  de  Ségur  à  la  suite  de 
V  Histoire  des  principaux  événements  du  règne 
de  Frédéric-Guillaume  II,  roi  de  Prusse,  dont 
il  forme  le  troisième  volume.  Dans  son  Tableau 
historique  de  l'état  et  des  progrès  de  la  litté- 
rature Jrançaise  depuis  1789  (p.  206  et  207), 
Ghénier  a  parlé  avec  de  grands  éloges  de  ce  mor- 
ceau liistorique.  Après  en  avoir  donné  une  analyse 
sommaire ,  il  ajoute  «  que  cet  excellent  travail 
«  honorera  toujours  l'homme  habile  à  qui  on  le 
«  doit.  »  Gaillard  a  fourni  quelques  articles  au 
Magasin  encyclopédique  publié  par  Millin.  D 
avait  formé  à  grands  frais  une  bibliothèque  ma- 


109 


GAILLARD  —  CAILLÉ 


110 


gnifiqne,  dont  il  publia  lui-même  le  catalogue 
(Paris,  Crapelet,  1805,  gr.  in-S"),  tiré  seule- 
ment à  25  exemplaires  sur  papier  de  Hollande. 
Après  sa  mort,  il  fut  réimprimé,  pour  servir  à  la 
vente  de  ses  livres,  qui  eut  lieu  à  la  fin  de  1810. 
On  regrette  de  n'y  trouver  qu'à  de  courts  inter- 
valles des  notes  bibliographiques  que,  plus  qu'un 
autre,  Gaillard  était  en  étatde  rendre  intéressantes 
ou  instructives.  J.  Lamodreux. 

Lettres  inédites  autographes  deTurgot.-^  Magasin  en- 
cyclopédique, notice  sur  Gaillard,  1807,  tom.  III.  —  Mé- 
moires tirés  des  papiers  d'un  homme  d'État,  1831-1838, 
tom.  III.  —  Mémoires  de  l'abbé  Morellet,  t.  II.  —  Ta- 
bleau  historique  dé  la  littérature  française  depuis  1789, 
par  Chénier. 

GAiLLAV  {Jean-Marie),  médecin  français, 
né  à  Gaillac  le  4  octobre  1765,  mort  le-  8  fé- 
vrier 1820.  Il  étudia  à  Albi  et  à  Toulouse,  entra 
chez  les  frères  de  la  Doctrine  chrétienne  ,  et, 
après  avoir  professé  avec  succès  dans  plusieurs 
collèges  jusqu'en  1787,  il  quitta  la  congrégation 
et  s'établit  à  Bordeaux,  où  il  entreprit  l'éduca- 
tion de  plusieurs  jeunes  gens.  En  1789  il  étudia 
la  médecine,  et  fut  employé  en  1794  et  1795,  en 
qualité  de  médecin  à  l'armée  des  Pyrénées  oc- 
cidentales ,  dans  les  hôpitaux  de  Bayonne  et  de 
Saint-Jean-de-Luz.  En  1796,  il  retourna  à  Bor- 
deaux, se  rendit  à  Paris  en  1803,  et  s'y  fit  rece- 
voir docteur  en  médecine.  En  1804,  il  vint  se  li- 
vrer à  la  pratique  à  Bordeaux,  et  y  professa 
comme  il  avait  déjà  fait  en  1800.  Vice-directeur 
de  l'école  de  médecine  en  1815,  il  en  fut  nommé 
directeur  en  1819.  Ses  principaux  écrits  sont  : 
3Iémoire  stir  la  gale,  suivi  de  cas  de  prati- 
que de  cette  maladie;  Bayonne,  1795,  în-8°; 

—  Mémoire  sur  l'asphyxie  par  submersion; 
Bordeaux,  1799,  in-8";  —  Notice  sur  la  vie  et 
les  écrits  de  P.  Desault;  Bordeaux,  1800, 
in-8°;  —  Éloge  de  J.-C.  Grossard;  Bordeaux, 
1801  ; — Mémoiressurla  Dentition ;Jiorâea\Jx, 
1801-1802,  in-S"; — Medicinas  infantilis brevis 
Delineatio,  cui  subjungunttcr  considerafiones 
qusedam  de  Infantia  et  morbis  infantilibus  ; 
Paris,  1803,  in-8°  ;  —  Notice  sur  l'emploi  mé- 
dical de  Vécorce  du  pin  contre  les  fièvres  in- 
termittentes; Bordeaux,  1805,  in-S"  ;  — £ssai 
sur  l'endurcissement  du  tissu  cellulaire  chez 
les  enfants  nouveau-nés;  Bordeaux,  1805, 
in-8";  —  Mémoires  sur  les  époques  de  la  mé- 
decine; Bordeaux,  1806,  in-8°;  —  Manuel  sur 
les  eaux  minérales  factices  ;  Bordeaux,  1810, 
in-8";  —  Tableau  de  la  médecine  hippocrati- 
que;  1806,  1811,  10-8";  —  Mémoire  sur  le 
cro«;p;  Bordeaux,  1812,  in-8'';  —Notice  sur 
les  glandes  sun^énales  ;  Bordeaux,  1819, in-8'; 

—  Plaintes  de  la  fièvre  puerpérale  contre  les 
nosologistes  modernes;  Montpellier,  1819, 
in-S";  —Notice  sur  Gabriel  Tarragua ;  Bor- 
deaux, 1819,  in-8''. 

Biographie  médicale.  —  Quérard,  la  France  litt. 
CAiLLAVET  (iV...,),  sieur  de  Montplaisir, 
poêle  français,  natif  de  Condom,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle.  Après  avoir 


fait  les  campagnes  d'Italie,  il  étadia  le  droit,  et 
à  partir  de  1630  il  exerça  avec  succès  la  profes- 
sion d'avocat.  L'amour  fit  de  lui  un  poète.  C'est 
à  l'objet  de  cette  passion  que  Caillavet  adresse 
ses  vers.  Ses  oeuvres  ont  paru  pour  la  seconde 
fois  à  Paris  en  1634,  in-4°. 

Ce  Caillavet  ne  doit  pas  être  confondu  avec 
un  autre  poète,  le  comte  de  Montplaisir,  qui  vé- 
cut près  d'un  siècle  plus  tard. 

Conjet,  Sibl,  franc.  —  Chaudon  et  Delandine,  Nouveau 
Diclionnaire  historique. 

*  CAILLE  {André),  médecin  français ,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  -.Jacobi  Sylvii  Pharmacopœa,  trad. 
du  français;  Paris,  1625,  in-12. 

Carrère,  Bibl.  de  la  médecine. 

*  cmvIjE. {André),  théologien  français,  vivait 
à  la  fin  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Apologie 
contre  Pierre  Lotton,  de  Sacriflcio  Christi 
semel  peracto  ;  1603,  in-S"  (sans  lieu). 

Adelung ,  suppl.  à  Jôcher,  Àllgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CAILLE  {Jean  de  la),  libraire  et  littérateur 
français,  né  à  Paris,  où  il  exerçait  le  métier  d'im- 
primeur depuis  1664,  mounat  dans  un  âge  très- 
avancé,  en  1720.  On  a  de  lui  :  Description  de 
la  ville  et  des  faubourgs  de  Paris  en  vingt- 
quatre  planches,  dont  chacune  représente  un 
des  vingt-quatre  quartiers  suivant  les  divi- 
sions faites  en  1702  ,  avec  un  détail  exact  de 
toutes  les  abbayes ,  églises ,  etc.  ;  donnée  par 
ordre  de  M.d'Argenson,  lieutenant  de  police 
de  laville  de  Paris  ;Vans,  1714,in-fol.  (les  plan- 
ches ont  été  gravées  avec  soin  par  Scotin  le 
jeune);—  Histoire  de  l'Imprimei'ie  et  de  la  Li- 
brairie; Paris ,  1689 ,  in-4°,  ouvrage  peu  exact, 
et  presque  oublié  aujourd'hui.  L'auteur  avait 
projeté  une  nouvelle  édition  qui  n'a  jamais  paru, 
mais  pour  laquelle  il  avait  réuni  beaucoup  de 
notes.  Il  les  joignit  alors  après  1694,  sous  forme 
de  cartons,  aux  exemplaires  qui  lui  restaient; 
on  les  distribua  à  quelques  personnes  qui  avaient 
auparavant  acheté  son  ouvrage.  Ces  additions 
sont  ce  qu'il  y  a  de  mieux  de  tout  l'ouvrage, 
car  l'auteur  avait  mis  à  profit  l'excellent  travail 
de  Chevillier,  bibliothécaire  de  la  Sorbonne,  qui 
avait  paru  en  1694. 

telong ,  Bibliothèque  historique  de  la  France ,  éd\t. 
Fontette,  IV,  n"  47957.  —  Jugler,  Bibî.  Mst.  littér.,  t.  XIl, 

p.  2099. 

CAILLE  (de  la).   Voy.  LA  CaILLE. 

CAILLÉ  ou  CAILLIÉ  (  René),  célèbre  voya- 
geur français,  né  le  19  septembre  1799  à  Mauzé 
(Deux-Sèvres),  mort  le  17  mai  1838.  Il  perdit  de 
bonne  heure  ses  parents,  et  fut  élevé  par  un  oncle 
qui  fut  son  tuteur.  Lire  et  écrire  formaient  tout 
le  programme  de  l'école  gratuite  où  fut  admis  le 
jeune  orphelin;  mais  lire  et  écrire  ne  sont-ils 
pas  la  clef  de  toutes  les  études?  Le  roman  de  Da- 
niel de  Foë,  ce  Robinson  Crusoé,  lecture  favo- 
rite et  chérie  de  tous  les  enfants ,  alluma  dans 
la  jeune  imagination  de  René  Caillé  la  première 
étincelle  de  la  passion  des  voyages,  passion  ar- 
dente qui  devait  faire  son  destin  et  sa  renommée. 


111 


CAILLÉ 


112 


Les  immenses  lacunes  que  présentaient  les  cartes 
d'Afrique  lui  indiquaient  un  but  d'explorations; 
et  à  seize  ans ,  riche  de  60  francs  et  de  la  pers- 
pective d'une  vie  aventureuse ,  il  partit  pour  Ro- 
chefort.  11  y  obtint  un  passage  sur  la  gabarre  la 
Loire,  qui  fit  voile  pour  le  Sénégal,  de  conserve 
avec  la  Méduse ,  mais  qui  ne  partagea  point  le 
célèbre  naufrage  de  cette  malheureuse  frégate. 
Un  autre  jeune  Français,  dont  un  voyage  de  dé- 
couvertes en  Afrique  a  aussi  illustré  le  nom, 
Gaspard  MoUien,  était,  comme  l'on  sait,  un  des 
passagers  de  celle-ci.  Caillé  eut  d'abord  le  projet 
de  se  joindre  à  l'expédition  anglaise  de  Gray  ; 
mais  une  marche  forcée  de  Saint-Louis  au  cap 
Vert ,  et  des  conseils  d'ami  qu'il  reçut  à  Gorée, 
l'en  détournèrent  pour  quelque  temps.  La  lec- 
ture de  Mungo-Park  alluma  son  ardeur  :  de  la 
Guadeloupe,  où  il  avait  passé,  il  revint  en  1818 
à  Saint-Louis,  et  trouva  le  moyen  de  s'associer, 
comme  volontaire,  à  la  caravane  qu'Adrien  Par- 
tarrieu  conduisit  à  travers  les  pays  de  Gjolof 
et  de  Foutah  dans  celui  de  Bondou,  oîi  le  major 
Gray  se  trouvait  perfidement  retenu.  Tout  le 
monde  sait  quelle  fut  l'issue  de  cette  expédition 
manquée,  qui,  avec  celle  de  Tuckey,  a,  dit-on, 
coûté  à  l'Angleterre  18  millions  de  francs.  Caillé 
revint  momentanément  en  France,  pour  se  gué- 
rir de  la  fièvre  et  se  reposer  de  ses  fatigues. 
En  1824,  il  était  de  retour  au  Sénégal,  où  com- 
mandait alors  le  baron  Roger,  grand  promoteur 
de  découvertes  géographiques  :  il  s'adressa  à  lui, 
et,  après  quelques  difficultés ,  obtint  de  cet  ad- 
ministrateur une  petite  quantité  de  marchandises, 
pour  aller,  chez  les  Maures  de  la  tribu  de  Berâ- 
kerah,  apprendre  la  langue  arabe  et  les  prati- 
ques du  culte  islamique,  afin  de  parvenir  plus 
tard  à  pénétrer  plus  facilement  dans  l'intérieur. 
Après  un  noviciat  de  huit  mois,  pendant  le- 
quel il  erra,  avec  les  Maures  du  désert,  de  cam- 
pement en  campement,  jusqu'à  environ  140 
milles  dans  le  nord-est  de  Podos ,  il  revint  à 
Saint-Louis  solliciter  des  marchandises  pour  un 
voyage  à  Tembouktou  ;  mais  il  essuya  un  refus. 
Caillé  ne  fut  point  abattu.  On  lui  refusait  un 
passe-port  pour  se  rendre  aux  établissements  an- 
glais de  la  Gambie  :  il  prit  à  pied  la  route  de 
terre,  parvint  à  Gorée  et  passa  de  là  à  Sierra- 
Leone,  pour  faire  au  gouverneur  de  Free-Town 
l'offre  de  ce  zèle  tenace  que  l'administration 
française  avait  dédaigné;  mais  il  ne  fut  pas 
plus  heureux  qu'à  Saint-Louis.  Alors  il  se  fit  in- 
digotier; et  à  peine  eut-il  économisé  une  somme 
de  2,000  fr.,  qu'il  convertit  cet  argent  en  mar- 
chandises, et  se  rendit  à  Kakoudy,  où  il  reprit 
le  costume  arabe,  se  donnant  pour  un  jeune 
Égyptien  d'Alexandrie,  enlevé  dans  son  enfance 
par  l'armée  française,  conduit  ensuite  au  Séné- 
gal pour  y  faire  les  affaires  commerciales  de  son 
maître,  puis  affranchi,  et  voulant  maintenant 
regagner  l'Egypte  sa  patrie,  et  reprendre  le 
culte  de  ses  pères. 
C'est  au  moyen  de  cette  fable,  quelquefois  ac- 


cueillie avec  défiance,  que  Caillé  a  accompli, 
sans  appui,  sans  ressources  étrangères,  une  ex- 
pédition à  travers  l'Afrique ,  à  travers  cette  fa- 
meuse Tembouktou  à  laquelle  tant  d'hommes 
recommandables  envoyés  par  des  gouvernements 
puissants  et  riches  n'avaient  pu  arriver.  Parti  de 
Kakoudy  le  19  avril  1827,  il  traversa,  en  mar- 
chant au  sud-est,  les  pays  d'Inanké,  de  Fou- 
tah-Gjalo,  de  Baleya,  d'Amana;  franchit  pour 
la  première  fois  le  Niger  le  13  juin,  passa  en- 
suite à  Kankan,  à  Sambatikila,  et  atteignit  Timé 
le  3  août,  après  une  route  dans  des  contrées 
complètement  inconnues  jusqu'alors.  H  espérait 
se  joindre  à  une  caravane  de  marchands  qui 
allait  partir  pour  Gjény,  sur  le  Djcliba,  oii  il  se 
serait  embarqué  pour  Tembouktou;  mais  de 
cruelles  épreuves  lui  étaient  réservées.  Une  large 
plaie  au  pied  le  retint  d'abord  forcément  en  ce 
lieu,  où  bientôt  un  logement  humide,  enfumé,  et 
une  nourriture  malsaine,  développèrent  dans 
sa  bouche  l'affreuse  maladie  du  scorbut,  qu'ac- 
compagnait une  fièvre  destructive.  Ce  ne  fut 
qu'au  bout  de  cinq  mois  de  souffrances,  après 
avoir  perdu  une  partie  des  os  du  palais,  que, 
grâce  aux  soins  d'une  vieille  négresse,  il  re- 
couvra assez  de  santé  et  de  forces  pour  quitter 
ce  village,  qui  avait  failli  devenir  son  tombeau. 
Reparti  de  Timé  le  9  janvier  1828,  il  fit  en- 
core ,  au  nord-nord-est,  une  longue  route  com- 
plètement neuve  pour  la  géographie,  jusqu'à  la 
ville  de  Gjény,  qu'il  atteignit  le  11  mars.  Là  il 
s'embarqua  sur  le  Niger,  et,  après  un  mois  de  * 
navigation,  il  parvit  enfin  à  Tembouktou.  Il  n'y 
séjourna  que  quatorze  jours,  pressé  qu'il  était 
de  profiter  du  retour  d'une  caravane  qui  se  ren- 
dait dans  les  États  de  Maroc.  On  mit  près  de 
deux  mois  à  traverser  le  désert  :  pauvre  men- 
diant ,  Caillé  était  dédaigné ,  raillé ,  maltraité  ; 
mais  il  supportait  tout  avec  com'age.  Après 
quelques  jours  de  repos ,  il  se  remit  en  loutc 
avec  la  portion  de  caravane  qui  se  rendait  à 
Fez,  et  il  y  arriva  le  12  août;  il  gagna  de  là  Ra- 
bath,  puis  Thangen,  d'où  il  retourna  en  Fi;ance. 
Ce  fut  pour  le  monde  savant  une  grande  hout- 
velle,  bien  inattendue,  que  celle  du  débarque- 
ment à  Toulon  d'un  Français  qui  revenait  de 
Tembouktou  :  un  pauvre  jeune  homme  avait  obs- 
curément accompli ,  avec  le  seul  appui  de  son 
courage  et  de  la  Providence,  cette  entreprise  oi'i 
la  mort  semblait  inévitable,  tant  elle  avait  frappe 
de  victimes  depuis  un  demi-siècle.  La  Société  de 
géographie  de  Paris  le  reçut  à  bras  ouverts,  lui 
envoya  des  secours,  lui  décerna  un  prix  spécial 
de  10,000  fr.  promis  au  voyageur  qui  aurait  vi- 
sité Tembouktou ,  et  le  couronna  une  seconde 
fois  en  lui  adjugeant  le  prix  de  1,000  fr.  destiné 
annuellement  à  la  découverte  la  plus  importante. 
Le  ministre  de  la  marine  obtint  du  roi,  pour  le 
modeste  voyageur,  la  décoration  de  la  Légion 
d'honneur,  et  un  traitement  attaché  à  un  titre 
d'emploi  dans  l'administration  du  Sénégal.  Le 
garde  des  sceaux  autorisa  l'impression  gratuite 


I 


113 


CAILLE  —  CAILLET 


(14 


à  riniprimerie  impériale  de  sa  relation  (  Journal 
'l'un  voyage  à  Tembouktou  et  Jenné,  dans 
'Afrique  centrale,  etc.),  à  laquelle  M.  Jomard, 
le  l'Institut,  ajouta  des  remarques  géographi- 
[ues  ;  elle  parut  au  commencement  de  1830,  en 
i  vol.  in-8°.  Le  ministre  de  l'intérieur  lui  pro- 
cura, de  son  côté,  une  pension  annuelle  sur  les 
onds  réservés  aux  savants  et  aux  hommes  de 
ettres.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Bulletin  de  la  Soc.  do  géographie  de  Pai'is.  —  Biogr. 
aintongeaise. 

CAiLLEAU  {André-Charles),  imprimeur  et 
ittérateur  français,  né  le  17  juin  1731,  mort  à 
'aris  le  19  juin  1798.  «  H  a  plus  travaillé,  dit 
évèrement  l'auteur  des  Trois  Siècles  littérai- 
es,  à  remplir  sa  boutique  qu'à  se  procurer  du 
ébit.  On  a  de  lui  un  millier  d'ouvrages,  et  leur 
itre  seul  dépose  contre  eux,  »  D  fit  aussi  jouer 
iir  les  petits  théâtres  des  pièces  qui  eurent  quel- 
ue  succès.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  l'Art 
e  deviner,  ou  la  Curiosité  satisfaite  ;  Paris, 
753,  in-12;  — Poissardiana,  ou  les  Amours 
e  Royal-Vilain  et  de  mademoiselle  Javotte, 
édié  à  monseigneur  le  Mardi- Gras;  Paris, 
756,  in-12;  —  les  Philosophes  manques,  co- 
lédieen  un  acte  et  en  prose;  1760;  —  les  Ori- 
inaux,  oa  les  Fourbes  punis,  3  actes  ;  1760;— 
s  Tragédies  de  Voltaire,  comédie  en  un  acte 
t  en  prose;  1766; —  Osaureus,  ou  le  Nouvel 
bailard,  comédie  en  un  acte  et  en  prose ,  trad. 
eRabener;  1761;  — Za  Bonne  Fille,  oa  le  Mort 
ivant;  1163; —  Calendrier  des  lois  de  la 
"rance;  Paris,  1763,  in-18;  — Spectacle  his- 
jrique,  ou  Manuel  des  principaux  événe- 
lents  tirés  de  l'Histoire  universelle  ;  Paris, 
!  vol.  in-12  ;  —  l'Espièglerie  amoureuse,  ou  VA- 
mur  matois ,  opéra  tragi-comico-poissard  un 
cte;  1764;  —  les  Soirées  de  la  campagne, 
u  Choix  de  Chansons  grivoises,  bouffonnes 
t  poissardes  ;  Paris,  1766,  in-12  ;  —  le  Waux- 
all  populaire,  poëme  grivois  en  5  chants; 
769,  in-12;  —  la  Muse  errante  au  Salon, 
u  Apologie  critique  des  peintures  ;  Paris,  1771, 
1-12;  —  Étrennes  historiques  ;  Paris,  1774  et 
775,  2  vol.  in-12  ;  —  Lettres  et  Épltres  amou- 
euses  d'Héloïse  et  d'Abailard;  Paris,  1781, 
vol.  in-12;  ibid.,  1796,  3  vol.  in-8°;  —  Auto- 
latie  des  animaux,  suivie  de  quelqties  Ré- 
'.exions  sur  l'agriculture  et  le  mahométisme, 
ar  un  partisan  de  Descartes;  Paris,  1785, 
1-12;  —  Dictionnaire  bibliographique,  histo- 
ique  et  critique  des  livres  rares;  Paris, 
790,  3  vol.  in-8°,  ouvrage  dont  Duclos  avait 
)urni  la  matière;  Brunet  en  adonné  en  1802 
n  supplément  ;  —  Chefs-d'œuvre  de  poésies 
hilosophiques  et  descrip'tives  des  auteurs 
)Ui  se  sont  distingués  dans  le  dix-huitième 
%ècle;  Paris,  1801 ,  3  vol.  in-16,  ouvrage  pos- 
ùume; — le  Veuvage  de  Figaro ,  coiûsAk  en 
actes  et  en  prose  ;  1785. 

iïj  Quérard,  la  France    littéraire..  —  Pigault-Lebrun, 

j  t  Enfant  du  Carnaval. 

CAïLiiEAU  (  Gilles-Jean),  théologien  français, 


de  l'ordre  des  Frères  Mineurs,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Recueil  de  toutes  les  veufves  femmes ,  tant 
du  Viel  que  du  Nouveau  Testament ,  les- 
quelles ont  vécu  sous  la  règle  de  saint  Paul; 
—  une  traduction  française  de  quelques  lettres 
de  saint  Basile  et  de  saint  Jérôme. 

Le  P.  Jean  de  Saint-Antoine,  Biblioth.  franciscana. 

CAILLET  (Quillaume),  sarnommé  Jacques 
Bonhomme,  paysan  français,  chef  de  révolution- 
naires, né  àMello  en  Beauvoisin,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  quatorzième  siècle.  Il  fut  le 
chef  des  Jacques  qui  en  1358  se  soulevèrent  dans 
la  France  septentrionale,  particulièrement  contre 
les  nobles  chevaliers  et  écuyers.  Pour  bien  se 
rendre  compte  de  ce  grand  mouvement  popu- 
laire, il  importe  de  remonter  à  la  cause,  c'est- 
à-dire  à  létat  de  la  France,  telle  que  la  faisaient 
les  dévastations  des  nobles  et  des  bandes  pillar- 
des qui  la  désolaient.  «  Les  paysans  ne  dormaient 
plus,  a  dit  un  historien  moderne  (M.  Michelet); 
ceux  des  bords  de  la  Loire  passaient  les  nuits 
dans  les  îles  ou  dans  des  bateaux  arrêtés  au 
milieu  du  fleuve;  en  Picardie,  les  populations 
creusaient  la  terre  et  s'y  renfermaient;....  les 
familles  s'y  entassaient  à  l'approche  de  l'ennenù , 
les  femmes,  les  enfants  y  pourrissant  des  se- 
maines, des  mois,  pendant  que  les  hommes  al- 
laient timidement,  au  clocher,  voir  si  les  gens  de 
guerre  s'éloignaient  de  la  campagne.  »  La  faim 
et  toutes  les  tortures  qui  l'accompagnaient,  tel 
était  donc  l'état  normal  des  villes  et  des  campa- 
gnes. Froissart  lui-même  en  convient  :  «  Mou- 
roient  les  petites  gens  de  faim ,  et  c'estoit  grand' 
pitié  ;  et  dura  cette  dureté  et  ce  cher  temps  plus 
de  quatre  ans.  »  Il  n'y  avait  en  effet  à  manger 
que  dans  les  châteaux  ;  le  peuple  courut  donc  aux 
châteaux,  et  Froissart,  dans  son  chapitre  Com- 
ment les  communes  du  Beauvoisin  et  en  plu- 
sieurs autres  parties  de  France  mettoient  à 
mort  tous  gentilshommes  et  femmes  qu'ils 
trouvoient ,  ajoute  :  «  Ainsi  firent-ils  en  plu- 
sieurs chasteaux,  et  multiplièrent  tant  qu'ils  fu- 
rent bien  six  mille;  et  partout  là  où  ils  venoient, 
leur  nombre  croissoit;  car  chacim  de  leur  sem- 
blance  les  suivoit.  Si  que  chacun  chevalier; 
dames  et  escuyers,  leurs  femmes  et  leurs  enfants, 
les  fuyoient  ;  et  emportoient  les  dames  et  les  de- 
moiselles leurs  enfants  six  ou  vingt  lieues  de  où 
ils  se  pouvoient  garantir,  et  laissoient  leurs 
maisons  toutes  vagues  et  leur  avoir  dedans  ;  et 
ces  meschants  gens,  assemblés  sans  chef  et  sans 
armures,  roboient  et  ardoient  tout ,  et  tuoient  et 
efforçoient  et  violoient  toutes  dames  et  pucelles, 
sans  pitié  et  sans  mercy,  ainsi  comme  chiens 
enragés.  ■»  Du  Beauvoisin,  l'insurrection  s'éten- 
dit à  l'Amiénois,  au  Ponthieu,  au  Noyonnais, 
au  Soissonnais,  à  la  Brie,  enfin  à  l'Ile  de  France. 
Elle  dévasta  tout,  depuis  l'embouchure  de  la 
Somme  et  les  rives  de  l'Yonne.  Plus  de  soixante 
forteresses  furent  détruites  dans  le  Beauvoisin 
et  l'Amiénois ,  plus  de  cent  dans  le  Valois  et  les 


115 


CAILLET  —  CAILLEUX 


IIQ 


diocèses  deLaonet  de  Soissons.  Les  châteaux  de 
la  maison  de  Montmorency  eurent  le  même  sort. 
La  duchesse  d'Orléans  se  réfugia  de  Beaumont- 
sur-Oise  à  Meaux,  où  se  trouvaient  déjà  la  du- 
chesse de  Normandie  et  plus  de  trois  cents  no- 
bles dames  et  demoiselles,  qui  s'y  étaient  reti- 
rées, «  de  peur  d'être  violées  et  par  après  meur- 
tries par  ces  méchantes  gens.  » 

Leurs  appréhensions  n'étaient  que  trop  fon- 
dées. C'était  une  guerre  de  représailles  autant 
que  de  désespoir.  «  On  tuoit  jusqu'aux  petits 
enl'ants  qui  n'avoient  point  encore  fait  de  mal,  » 
dit  le  continuateur  de  Nangis.  Les  nobles  n'es- 
sayèrent pas  d'abord  de  se  défendre;  mais  bien- 
tôt ils  reprirent  l'offensive.  Les  Jacques  et  les 
Parisiens  venus  à  leur  secours  ayant  attaqué  la 
marche  de  Meaux ,  ils  furent  défaits  par  le  captel 
de  Buch  et  Qaston  Phœbus,  comte  de  Foix;  et 
dès  lors  la  fortune  se  déclara  contre  eux.  <c  Les 
vilains,  qui  estoient,  dit  Froissart,  noirs  et  petits, 
et  très-mal  armés,  "  ne  purent  lutter  contre  ces 
chevaliers  bardés  de  fer.  La  réaction  fut  terrible  : 
«  Les  gens  d'armes  les  abattoient  à  grands  mon- 
ceaux; ils  en  tuèrent  tant,  qu'ils  en  estoient 
tout  lassez ,  et  les  firent  saillir  en  la  rivière  de 
Marne  ;  ils  en  mirent  à  fin  plus  de  sept  mUle.  » 
Le  roi  de  Navarre  Charles  le  Mauvais,  dont 
quelques  gentilshommes  avaient  été  massacrés 
par  les  insurgés ,  en  tua  plus  de  trois  mille. 
Leur  chef,  Guillaume  Caillet,  et  quelques  autres 
étant  entrés  dans  le  camp  du  roi  pour  solliciter 
son  amitié,  il  répondit  à  leur  avance  en  les  l'ai- 
sant  pendre.  Ainsi  finit  cette  levée  de  boucliers 
(Jacquerie),  qui  rappelle  la  guerre  des  paysans  en 
Allemagne.  V.  R. 

Froissart,  Chronique.  —  Michelet,  Hist.  de  France.  ]— 
Henri  Martin,  Hist.  de  France.  —  Sismondi,  Hist.  des 
Français. 

CAILLET  {Bénigne),  littérateur  français,  né 
à  Dijon  vers  1644,  mort  à  Paris  en  1714.  11  pro- 
fessa au  collège  de  Navarre.  Il  a  laissé  des  Poésies 
latines  et  françaises  imprimées,  et  plusieurs 
ouvi'ages  restés  manuscrits,  que  l'on  conserve,  en 

2  vol.  in-8°,  dans  la  Bibliothèque  impériale.  On  y 
remarque  :  les  Saints  Amants ,  ou  le  Martyre 
de  sainte  Justine  et  de  saint  Cyprien,ttagé- 
die  ;  —  le  Mariage  de  Bacchus,  opéra  en  5  actes  ; 
—  Saint  Bénigne;— la  Pastorale,  comédie  en 

3  actes;  —  les  Mariages  inopinés,  comédie  en 
5  actes  ;  —  la  Loterie,  comédie  en  un  acte  ;  — 
les  Vacances  des  Écoliers,  comédie  en  3  actes. 

Maupoint,  Bibl.  des  Théâtres.  —  Papillon,  Bibl.  des 
Auteurs  de  Bourgogne. 

*  CAILLET  {Nicolas),  jurisconsulte  français  , 
vivait  au  seizième  siècle.  Il  étudia  le  droit  sous  le 
célèbre  Cujas,  et  profita  des  leçons  d'un  si  habile 
maître.  ÉtabhàGuéretcorame  avocat,  il  publia  en 
1573  un  commentaire  sur  les  lois  municipales,  ou 
sur  les  coutumes  du  pays  et  comté  de  la  Marche, 
sous  le  titre  de  Commentarii  in  leges  Marchiœ 
[municipales ;Vax\i,  l'Huillier,  in-4".  ColUn  {Le- 
mov.  mult.  erud.  illustres  )  assure  que  cet  ou- 
Wrage  est  fort  savant.  Coutiunier  de  Fournoue, 


compatriote  de  Caillet  et  très-bon  juge  en  cette 
matière,  prétend  auj  contraire  {Coutume  de  la 
Marche)  que  le  ti'avail  de  Caillet  est  quelquefois 
défectueux. 

Biogr.  des  hommes  illustres  du  Limousin.  ^  LclOQg, 
Bibl.  hist.  de  la  France, 

CAILLET  {Paul),  écrivain  provençal  de  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  pos- 
sède peu  de  renseignements  sur  lui  :  il  fit  impri- 
mer à  Orange ,  en  1635  ,  un  volume  intitulé  le 
Tableau  du  Mariage,  représenté  au  naturel^ 
enrichi  de  rares  curiosités,  figures  et  emblè- 
mes. Ce  livre,  auquel  son  titre  procura  l'honneui 
d'être  foit  recherché  des  bibliophiles,  n'est  poini 
un  ouvi'age  de  médecine,  comme  ledit  \à Biogra- 
phie universelle ,  ni  un  écrit  facétieux,  comm( 
l'ont  cru  quelques  faiseurs  de  catalogues  qui  n( 
l'avaient  pas  ouvert  :  c'est  un  traité  fort  sérieu) 
de  morale  et  de  jurisprudence.  L'auteur,  après 
avoir  recherché  quelles  sont  les  fins  du  mariage 
et  exposé  les  raisons  qui  pouri-ûient  empêcher  d( 
contracter  cette  union,  conclut  qu  'il  convient  d'ob 
tempérer  à  la  volonté  de  l'instituteur  du  ma- 
riage, et  à  l'ordre  établi  par  la  nature  pour  li 
conservation  de  l'espèce  humaine. 

Dufour,  Qttestions  illustres,  ou  Bibliothègue  des  livre 
singuliers  en  droit,  1813,  p.  173. 

CAILLETTE  (....),  fou  de  cour  français,  vi 
vait  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle 
Il  occupait,  dans  l'histoire  des  fous  de  cour,  um 
place  à  part,  en  ce  qu'il  cumulait  la  folie  et  l'i 
diotisme.  Triboulet,  qui,  comme  lui,  fut  le  fou  d 
François  F",  se  posait  parfois  en  homme  politi 
que,;  Caillette,  lui,  ne  visait  pas  si  haut  ;  il  se  bor 
nait  à  l'emploi  de  souffre-douleur.  Des  page: 
lui  ayant  un  jour  cloué  l'oreille  à  un  poteau,  i 
se  crut  condamné  à  garder  cette  position  jus 
qu'à  la  fin  de  ses  jours.  Interrogé  sur  les  auteur 
du  méfait ,  il  répond  qu'il  ne  les  connaî  t  pas 
puis  on  lui  amène  les  pages,  et  on  les  confront 
avec  lui  :  «  Je  n'y  étais  pas,  »  dit  chacun  d'eux 
et  Caillette  de  répondre  à  son  tour  :  «  Je  n'; 
étais  pas  non  plus.  »  Il  est  question  de  lui  dan 
les  contes  de  Bonaventure  des  Perriers.  La.  Ne 
desfolz,  en  vers  français  (1497),  le  fait  vivre  e 
1494,  ce  qui  a  pu  faire  croire  à  le  Duchat  qu' 
y  eut  deux  Caillette.  On  trouve  aussi  la  mentio 
de  Caillette  dans  Érasme  et  Rabelais.  Dreuv  d' 
Radier  le  compte  parmi  les  fous  en  titre;  et,  d 
nos  jours,  un  ingénieux  écrivain  le  l'ait  figure 
dans  un  de  ses  romans. 

Bonaventure  tles  Perriers,  Nouvelles  récréations  < 
Joyeux  devis.  —  Le  Duchat,  OEuvres.  —  Ureux  du  Ha 
dier,  Bibl.  hist.  du  Poitou.  —  Le  bibliophile  Jacob,  It 
Deux  Fous.  —  La  fia  et  Trépasscment  de  Caillette,  ic 
8°,  gothique;  Paris,  1833. 

CAILLEUX  {  François -Marie),  marchani 
rubaniei',  né  en  1761,  se  fit  affilier  aux  jacobins 
devint  bientôt  après  officier  municipal,  et  fu 
chargé  en  cette  qiialité  de  veiller  sui'  les  prison 
niers  du  Temple.  Ilfut  ensuite  envoyé  dans  le  d<i 
parlement  de  l'Eure,  signala  son  zèle  contre  le' 
fédéralistes,  revint  à  Paris,  et  fut  nommé  à  l'ad' 
rainistration  de  la  police,  où  il  siégea  jusqu'aprè 


117  CAILLEUX 

!e  9  thermidor.  A  cette  époque  il  fut  emprisonné, 
oui»  relâché  au  bout  de  quelques  mois  ;  mais  il 
^'associa  à  toutes  les  tentatives  du  parti  monta- 
gnard, fut  Impliqué  dans  la  conspiration  du  camp 
le  Grenelle,  et  condamné  à  mort  le  19  septem- 
)re  1796.  Il  était  alors  âgé  de  trente-cinq  ans. 

Lo  Bas,  Dict.  eneyc.  de  la  France. 

*CAiLLiAVD  {Frédéric),  célèbre  voyageur 
rançais,  est  né  à  Nantes  en  1 787,  et  vint  en  1 809  à 
'aris,  pour  y  étudier  la  géologie  et  la  minéralogie, 
^oulantisatisfaire  son  goût  pour  les  voyages,  il  vi- 
itâ  différents  pays,  la  Hollande,  l'Italie  et  la  Si- 
ile,  une  partie  de  la  Grèce,  la  Turquie  d'Europe 
t  d'Asie,  et  se  rendit,  au  mois  de  mai  1815,  en 
■,gypte,  où  il  fut  bien  accueilli  par  Méhémet  ou 
lohamraed-Ali,  et  bientôt  chargé  par  lui  de  faire 
es  voyages  de  découvertes  le  long  du  Nil  et 
ans  les  déserts  qui  l'avoisinent.  M.  Cailliaud  pé- 
étra  dans  la  Nubie,  et  explora  les  monuments 
\  u'on  y  trouve  entre  les  deux  dernières  catarac- 
îs.  Puis,  «  avant  de  pénétrer  dans  les  déserts  de 
ouest,  dit  M.  Jomard  dans  l'avant-propos  du 
"oyage  à  l'oasis  de  Thèbes,  M.  Cailliaud,  favo- 
isé  par  un  hasard  heureux,  avait  découvert,  au 
lontZabarah,  les  fameuses  mmes  d'émeraude 
ul  n'étaient  connues  que  par  les  passages  des 
uteurs  et  par  les  récits  des  Arabes.  Presque  en- 
èrement  oubliées  depuis  un  grand  laps  d'an- 
ées,  elles  restaient  stériles  pour  les  gouverne- 
;ients  du  pays.  Le  voyageur  les  retrouve  presque 
ans  l'état  où  les  avaient  laissées  les  ingénieurs 
,  es  rois  Ptolémées  ;  il  pénètre  dans  une  multi- 
ude  d'excavations  et  de  canaux  souterrains  pra- 
liqués  jusqu'à  une  grande  profondeur,  où  quatre 
|ents  hommes  ont  pu  travailler  à  la  fois  ;  il  re- 
lonnaît  des  chaussées  et  de  grands  travaux  ;  il 
loit,  dans  les  mines,  des  cordages,  des  paniers 
intiques,  des  leviers,  des  outils,  des  meules,  des 
lases,  des  lampes  abandonnées;  il  observe  les 
Tocédép  de  l'exploitation  des  anciens,  procédés 
lès-peu  connus  jusqu'à  présent;  enfin  il  conti- 
|ue  lui-raéme  l'exploitation,  et  rapporte  à  Moham- 
lied-AH-Pacha  jusqu'à  dix  livres  d'émeraude. 
['uis  il  trouve  tout  près  de  là  les  ruines  d'une  pè- 
te ville  habitée  jadis  probablement  par  les  mi- 
eurs,  et,  au  miheu  de  la  ville,  des  temples  gréco- 
gyptiens,  avec  des  inscriptions  fort  anciennes.  » 
I.  Cailliaud  fit  ensuite  la  découverte  d'une  des 
nciennes  routes  de  commerce  de  l'Inde  par  l'É- 
ypte  ;  il  apprit  des  Arabes  de  la  tribu  des  Abad- 
eh,  et  de  la  tribu  des  Bicharyeh,  qu'elle  se  ren- 
aît à  une  ville  très-étendue,  bâtie  sur  les  bords 
e  la  mer  Rouge  et  aujourd'hui  ruinée  (Béré- 
ice?),  environ  sous  le  24®  degré  de  lat.,  auprès 
e  la  montagne  d'Elbé.  M.  Cailliaud  passa  neuf 
ois  à  Thèbes,  et  se  procura  beaucoup  d'objets 
ares,  conservés  dans  les  hypogées  de  cette  grande 
ille.  Il  a  mis  toujours  un  grand  soin  à  observer 
îs  montagnes,  l'état  du  sol  en  général,  les  eaux 
herraales,  etc.  ;  il  a  décrit  avec  exactitude  les 
aofHirs  et  les  costumes  des  habitants,  dressé  un 
itinéraire  soigné,  dessiné  les  monuments  et  copié 


CAILLIAUD 


118 


les  inscriptions,  entre  autres  une  de  soixante-six 
lignes,  plus  étendue  que  l'inscription  de  Rosette, 
mais  d'une  époque  plus  récente. 

Vers  la  fin  de  février  1819,  M.  Cailliaud  fut  de 
retour  à  Paris  avec  sa  collection  d'antiquités,  un 
riche  portefeuille,  des  plans,  des  inscriptions,  et 
son  journal.  Le  ministre  de  l'intérieur,  sur  le 
rapport  d'une  commission ,  fit  acheter  le  porte- 
feuille et  la  collection  d'antiquités,  et  confia  tous 
ces  matériaux  à  M.  Jomard,  pour  les  rédiger  et 
les  publier  sous  une  forme  qui  pût  faire  de  cette 
relation  une  digne  continuation  du  grand  ouvrage 
sur  l'expédition  d'Egypte.  Le  Voyage  à  l'oasis 
de  Thèbes  et  dans  les  déserts  situés  à  l'orient 
et  à  V occident  de  la  Thébaïde,  fait  pendant 
les  années  1815,  1816,  1817  et  1818,  parut  en 

1821,  en  2  vol.  grand  in-fol.,dont  l'un  de  texte  et 
l'autre  de  planches;  Paris,  Treuttel  et  Wiirtz. 
M.  Cailliaud  était  retourné  en  Egypte  dès  l'an- 
née 1819  pour  faire  de  nouvelles  découvertes,  et 
avec  une  mission  du  gouvernement.  Accompagné 
de  M.  Letorzec,  il  parvint,  le  10  décembre  1819, 
à  la  ville  de  Syouah ,  après  une  marche  pénible 
de  dix-huit  jours  à  travers  les  déserts  situés  à 
l'occident  de  l'Egypte.  Un  habitant  de  la  ville, 
qu'il  avait  rencontré  dans  la  province  de  Fayoum, 
lui  servit  de  guide  et  d'interprète,  et  un  firman 
du  pacha  lui  prépara  les  voies.  Le  Voyage  à 
Voasis  de  Syotiah,  formant  1  vol.  in-fol.  avec 
beaucoup  de  planches,  a  été  de  même  rédigé  et 
publié  par  M.  Jomard  (Paris,  1823,  chez  Treuttel 
et  Wiirtz  ),  avec  les  matériaux  que  lui  commu- 
niqua le  voyageur  lorsqu'il  revint  en  France  en 

1822.  Mais  laissons-le  parler  lui-même,  pour  con- 
naître les  travaux  qu'il  entreprit  après  celui  dont 
il  vient  d'être  question  :  «  En  mars  1820,  dit-il, 
je  revenais  de  visiter  les  oasis  et  les  restes  du 
célèbre  temple  d'Ammon  ;  j'avais  parcouru  du- 
rant quatre  mois  ces  vastes  déserts,  que  l'on 
peut  regarder  coniTne  deg  mers  de  sable,  au  mi- 
lieu desquelles  s'élèvent  des  îles  tapissées  de 
verdure,  lorsque  les  bruits  d'une  expédition  que 
le  pacha  préparait  pour  la  haute  Nubie  parvinrent 
jusqu'à  moi.  Dès  ce  morhent  tous  les  vœux  que 
je  formai  tendirent  à  faire  ce  voyage;  le  souve- 
nir de  la  fameuse  Méroé  vint  électriser  mes  sens  ; 
je  quittai  tout  pour  me  rendi'e  au  Caire  :  là  j'ob- 
tins de  Mohammed- Ali-Pacha  la  faveur  d'accom- 
pagner son  fils  Israayl  dans  cette  expédition.  » 
Il  dépassa  de  plus  de  cent  lieues  l'emplacement 
où  gisent  les  débris  de  l'antique  splendeur  de 
Méroé,  et  arriva  presque  au  10®  degré  de  lati- 
tude :  ce  fut  le  terme  des  rapides  conquêtes  du 
jeune  pacha,  qui,  peu  de  temps  après,  -périt  à 
Méroé.  M.  Cailliaud  publia  lui-même  les  résultats 
de  son  exploration  sous  ce  titre  :  Voyage  à  Mé- 
roé, au  fleuve  Blanc,  au  delà  deFazoql,  dans 
le  midi  du  royaume  de  Sennâr,  à  Symiah  et 
dans  les  cinq  autres  oasis,  fait  dans  les  an- 
nées 1819,  1820,  1821  et  1822;  Paris,  1826  et 
1827,  4  vol.  in-8° ,  avec  cartes  et  planches  in-fol. 
De  son  dernier  voyage,  M.  Cailliaud  rapporta  en 


Ï19 


CAILLIAUD  —  CÀILLOUETÉ 


125 


France  une  momie  qu  servit  très-utilement  aux 
savantes  recherches  de  Charapollion  jeune.  Enfin, 
le  dernier  ouvrage  de  M.  Cailliaud ,  ouvrage  de 
luxe,  dédié  au  roi,  et  accompagné  d'une  multi- 
tude de  planches  coloriées  représentant  surtout 
des  objets  d'art  et  des  ouvriers  exerçant  leur 
profession,  parut  en  1831,  sous  le  titre  suivant  : 
Recherches  sur  les  arts  et  métiers,  les  usages 
de  la  vie  civile  et  domestique  des  anciens  peu- 
ples de  l'Egypte,  de  la  Nubie  et  de  V Ethiopie, 
suivies  de  détails  sur  les  mœurs  et  coutumes 
des  peuples  modernes  des  mêmes  contrées; 
Paris,  Treuttel  et  Wùrtz,  petit  in-fol.  M.  Cail- 
laud  vit  depuis  longtemps  retiré  à  Nantes,  sa 
ville  natale.  \_Enc.  d.  g.  du  m.] 

Rabbe,  Boisjolin  et  Sainte-Preuve,  Biographie  des  Con- 
lemy.  —  Quérard ,  suppl.  à  la  France  littéraire. 

CAILMÉ.  Vay.  Caillé. 

CAiLLiÈRES.  Voy.  Callières. 

CAILLOT  {Antoine),  littérateur  français, 
né  vers  1757,  mort  vers  1830.  Obligé  de  sor- 
tir de  France  en  1791,  il  n'y  revint  que  pour  y 
être  arrêté  en  1794,  Compris,  cinq  jours  avant  la 
chute  de  Robespierre,  parmi  les  condamnés  à  la 
peine  capitale,  il  ne  fut  sauvé  que  parce  que  le 
guichetier  désigna  et  fit  transporter  à  sa  place 
un  autre  prêtre.  Après  le  9  thermidor,  il  se  fit 
successivement"  maître  de  langues,  libraire  et 
auteur.  Parmi  ses  écrits,  dont  la  liste  est  longue, 
nous  ne  citerons  que  :  le  Metour  de  la  Paix, 
poëme  en  forme  de  dialogue;  Paris,  1801,  in-8°; 
—  Étrennes  à  la  grande-armée,  ou  Recueil  des 
traits  les  plus  intéressants  des  défenseurs  de 
la  patrie;  1807,  in-8'';  —Histoire  d'un  Pen- 
sionnat de  jeunes  demoiselles,  ou  Tableau  des 
7'ésultals  d'une  simple  éducation;  1808,  2  vol. 
in-12;  —  le  Rousseau  de  la  Jeunesse;  1808, 
in-12;  —  le  Voltaire  de  la  Jeunesse;  même 
année,  in-12;  —  Voyage  autour  de  ma  biblio- 
thèque; 1809,  3vol.  in-12; —  le  Rollin  delà 
Jeunesse,  1809, 2  vol.  in-12,  et  1816  ;  —  Diction- 
naire portatif  de  la  littérature  française; 
1810,  in-8°;  —  Précis  de  l'Histoire  de  France, 
depuis  1789  jusqu'en  1812;  1812,  in-i2;  —  le 
Crévier  de  la  Jeunesse,  ou  Choix  des  traits 
les  plus  intéressants  de  l'Histoire  des  empe- 
reurs romains;  1813,  in-12  ;  —  Précis  de  l'His- 
toire de  Russie;  1813,  in-12;  —  Abrégé  du 
Voyage  du  jeune  Anacharsis  en  Grèce,  de  l'abbé 
Barthélémy;  1819,  2  vol.  in-12;  —  Beautés  na- 
turelles et  historiques  des  îles,  des  montagnes 
et  des  volcans,  avec  une  introduction  ;  1822, 
in-12  ;  —  Beautés  de  la  Marine ,  ou  Recueil 
des  traits  les  plus  curieux  concernant  les 
marins  voyageurs  et  les  marins  militaires  des 
temps  modernes];  1823,  2  vol.  in-12;  —Beautés 
des  trois  règnes  de  la  nature,  recueillies  des 
écrits  des  naturalistes  modernes;  1823,  2  vol. 
in-12, 

Beuchot,  Journal  de  la  Librairie,  table  de  1814.  — 
Quérard ,  la  France  littéraire. 

CAILLOT  (Joseph),  célèbre  acteur  de  l'an- 


cien Opéra-Comique,  né  à  Paris  en  1732,  ma 
le  30  septembre  1816.  Fils  d'un  orfèvre  qui  fi 
arrêté  pour  dettes,  il  fut,  à  l'âge  de  cinq  ans 
recueilli  par  des  porteurs  d'eau ,  qui  le  nourri 
rent  jusqu'à  ce  que  son  père  fût  sorti  de  prisoin 
Celui-ci,  ayant  obtenu  une  place  subalterne  danr 
la  maison  du  roi,  le  suivit  en  Flandre  et  y  men  i 
son  fils,  dont  l'esprit,  la  gentillesse  et  la  job 
figure  intéressaient  tous  les  officiers  générau) 
Le  duc  de  Villeroi  le  prit  en  affection,  et  le  pw 
senta  à  Louis  XV:  «  Comment  t'appelles-tu?  »  h 
dit  ce  prince.  —  «  Sire,  je  suis  le  protecteur  d 
duc  de  Villeroi,  »  répondit  l'enfant,  en  voular 
dire  tout  le  contraire.  Le  roi  rit  de  cette  naïvet( 
et  attaclia  le  petit  Caillot  au  spectacle  des  petit 
appartements,  pour  jouer  les  Amours  et  les  jeune 
pâtres.  La  voix  de  Caillot  ayant  mué ,  il  perdi 
sa  place  ;  et,  après  avoir  joué  en  divers  endroit 
l'opéra-comique,  il  débuta,  le  26  juillet  1760, 
la  Comédie  italienne,  et  y  fut  reçu  la  mèm 
année.  Une  figure  expressive,  une  taille  avanta 
geuse,  un  débit  gracieux  et  simple,  un  jeu  plei 
d'enjouement  et.  de  vérité,  une  voix  de  basse 
taille  ronde  et  forte,  mais  en  même  temps  s 
étendue  et  si  flexible  qu'il  chantait  sans  effor 
la  haute-contre,  telles  furent  les  qualités  qui  mé 
ritèrent  à  Caillot  la  faveur  constante  du  public 
«  Caillot,  dit  le  baron  de  Grimm,  était  sublimi 
«  sans  effort  ;  et  son  talent,  qu'il  gouvernait  i 
«  son  gré,  était,  sans  qu'U  s'en  doutât,  plus  ran 
«  peut-être  que  celui  de  Lekain.  Ce  fut  Gar 
«  rick  qui  lui  apprit  qu'il  serait  acteur  quand  i 
«  voudrait.  »  Ses  succès  dans  le  genre  pathéti- 
que furent  aussi  étonnants  que  rapides,  et  i 
porta  depuis  dans  plusieurs  rôles  cette  profond» 
sensibilité  dont  il  était  pénétré.  Il  créa  ceu3 
du  Sorcier,  de  Mathurin,  dans  Rose  et  Colas. 
du  Déserteur,  du  Huron,  du  Sylvain,  etc.  Mais 
il  était  surtout  inimitable  dans  les  rôles  de  Lu- 
bin,  dans  Annette  et  Lubin;  de  Biaise,  dans 
Lucile;  et  de  Richard,  dans  le  Roi  et  le  Fer- 
mier. 11  quitta  le  théâtre  en  1772,  et  se  retira 
ensuite  à  Saint-Germain  en  Laye.  En  1800,  l'Ins- 
titut de  France  l'admit  au  nombre  de  ses  cor- 
respondants pour  la  classe  des  beaux-arts.  Son 
fils,  major  d'un  régiment,  périt  à  vingt-huit  ans 
dans  la  campagne  de  Moscou,  en  1812.  La  dou- 
leur de  cette  perte  causa  au  vieillard  une  attaque 
de  paralysie  qui  le  força  de  revenir  à  Paris,  où 
il  mourut  dans  sa  quatre-vingt-quatrième  année. 

Le  Bas  ,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France.  — 
Correspondance  de  Grimm.  —  Annales  du  Thecitre- 
Italien. 

*CAiLLOUETÉ  {  Louis-Dcnis  ) ,  sculptemii 
français  contemporain,  né  en  1791.  Élève  de  Car- 
tellier,  il  a  exposé,  en  1822  :  un  Buste  de  RtiiS' 
daël;  les  3lathématiques,  bas-relief  pour  le  mo- 
nument de  la  Bastille,  commandés  tous  deux  par 
le  gouvernement;  —  en  1824,  la  Vierge,  Psy- 
ché abandonnée  ;  —  en  1827  ,  l'Architecture, 
bas-relief  en  marbre  qui  décore  le  grand  esca- 
lier du  Louvre;  —  en  1840,  sainte  Elisabeth- 


21 


CAILLOUETÉ  —  GAIN 


[:s  bustes  du  marquis  de  la  Galissonnière  et 

Il  marquis  de  Toiras;  —  en  1847,  la  Vierge 

;  l'Enfant  Jésus  ;  —  Eucharis  ;  —  Marie  de 

lédicis,  statue  en  marbre  placée  dans  le  jardin 

(^[ii  Luxembourg;  —  buste  de  Cortot,  et  trois 

II]  lires  bustes.  P.  Cn. 

f\,  Gabet,  Dictionnaire  des  artistes.  —  Livrets  des  Salons. 

|![  CAiLLT  (Charles),  né  en  1752  à  Vire,  dé- 

j  irtemeut  du  Calvados;  mort  on  J821.  Il  fut 

I  )mmé  en  ,1790,  après  avoir  rempli  honora- 


ement  quelcpies  fonctions  administratives,  com- 
issaire  du  directoire  près  les  tribunaux  de 
len.  Destitué  après  le  18  fructidor  an  v,  il  fut 
)mmé,  l'amiée  suivante,  député  du  départe- 
ent  du  Calvados  au  conseil  des  anciens,  dont 
devint  un  des  secrétaires  quelques  mois  plus 
rd  ;  il  y  fit  un  rapport  sur  le  notariat,  et  appuya 

I  >  droits  de  la  république  sur  les  successions 
s  émigrés.  Cailly  n'exerça  plus  ensuite  que 
s  fonctions  judiciaires;  le  24  avril  1800,  il  fut 
pelé  à  la  présidence  de  la  cour  de  Caen.  Il  y 
t,  sous  l'empire,  un  des  présidents  de  chambre, 
iiclions  qu'il  conserva  sous  le  gouvernement 
yal  jusqu'en  1819.  Son  principal  ouvrage  est 

Dissertation  sur  le  préjugé  qui  attribue 
IX  Égyptiens  Vhonneur  des  premières  dé- 
uvertes  dans  les  sciences  et  les  arts  ;  lue 
ins  une  séance  publique  de  l'Académie  de  Caen , 
:1e  fut  imprimée  en  1802,  in-8°. 
|Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France.  — 
lihui,  JVécrol.  —  Quérard,  la  France  littéraire. 
'CAILLT  (Jacques  ue),  seigneur  de  Ruilly, 
lus  connu  sous  le  nom  de  d'Aceilly,  anagramme 

II  sien,  né  à  Orléans  en  1604,  mort  en  1673. 
lentilbomine  ordinaire  du  roi,  il  fut  admis  dans 
brdrede  Saint-Michel  le  8  mars  1656,  et  fut 
\i  nombre  des  cent  chevaliers  que  Louis  XTV 
|»nfirma  par  son  ordonnance  du  12  janvier  1665. 

a  publié,  sous  le  titre  de  Diverses  petites  poé- 
es  du  chevalier  d'Aceilly,  Paris,  1667,  in-12, 
1  recueil  qui  eut  beaucoup  de  succès,  et  dont  le 
.  Bouhours  parle  avec  éloge  dans  la  Manière 
3  bien  penser  dans  les  ouvrages  d''esprit,  où 
cite  cette  épigrarame  faite,  dit-on,  contre  Mé- 
pge: 

Alfana  vient  A'equus,  sans  doute  ; 
Mats  il  faut  convenir  aussi 
Qu'en  venant  de  là  Jusqu'ici, 
11  a  bien  changé  sur  la  route. 

De  Cailly  se  disait  allié  de  la  famille  de«eanne 
Arc.  Ses  poésies  ont  été  plusieurs  fois  réimpri- 
lées,  notamment  avec  le  Voyage  de  Chapelle; 
msterdam,  1708,  in-8°  ;  et  dans  le  Recueil  de 
ïèces  choisies,  tant  en  prose  qii'en  vers  (par 

Monnoye);la  Haye,  1714,  2  vol.  in-12.  Un 
loix  de  ces  poésies  est  inséré  dans  la  jolie  Col- 
'ction  de  petits  classiques  français,  pubUée 
àr  Charles  Nodier;  Paris,  1825-1827,  8  vol. 
:t-16.  E.  Regnard. 

(Goojet,  Bibl.  franc.  —  Charles  Nodier,  Avant-propos 
>  tête  des  diverses  petites  poésies  du  chevalier  d'A- 
îllly.  —  Erunet,  Manuel  du  Libraire. 

*CA1LLY  (Pierre),  littérateur  français.  On 
Mt  seulement  qu'il  était  professeur  d'éloquence 


122 

et  de  philosophie  à  Caen.  On  a  de  lui  :  Du- 
rand commenté,  ou  V Accord  de  la  philosophie 
avec  la  théologie,  touchant  la  transsubstan- 
tiation (  condamné  par  l'évêque  de  Bayeux); 
—  Différents  écrits  contre  les  jésuites.  Ces 
deux  écrits  sont  sans  date  ni  lieu. 

Histoire  de  la  ville  de  Rouen,  tome  II,  p.  251. 

CAÏM-BiAiHZiLLAH  (Ahmed),  vingt-sixième 
khalife  abbasside,  fils  de  Cadir-Billah ,  mort  le 
30  mars  1075  de  J.-C.  (  10  de  chaaban  467  de 
l'hégire).  Il  succéda  à  Cader-Billah.  Ce  fut  sous 
son  règne  qu'eut  lieu  la  révolution  qui  devait 
élever  les  Seldjoukides  au  khalifal  de  Bagdad. 
Le  véritable  fondateur  de  cette  dynastie,  Thogrul- 
Beg,  venait  de  conquérir  la  Perse.  Caim  im- 
plora son  appui  contre  l'émir  Elamrola,  révolté. 
Thogrul  entra  dans  Bagdad  en  1055  malgré  les 
habitants,  et  s'empara  de  la  personne  et  de  l'em- 
ploi de  l'émir  rebelle.  Bientôt  les  Seldjoukides 
devinrent  si  puissants  qu'en  455  Thogrul  épousa 
la  fille  du  khalife.  A  sa  mort,  son  neveu  Alp- 
Arslan  prit  le  titre  de  sultan.  Quant  à  Caïm ,  il 
régna  paisiblement  sous  la  tutelle  de  Alp-Ars- 
lan  et  de  Melek-Schah  jusqu'à  sa  mort. 

.•«.Naei  des  Vergers,  Arabie  (dans  VUniv.  pitt.). 

*CAiMO  (if'rançoîs  ),httérateui' italien,  né  à 
Milan  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle  ;  mort  après  1544.  Issu  d'une  famille  noble, 
il  entra  dans  l'ordre  des  chevaliers  de  Saint- Jean, 
et  fut  plus  tard  chambellan  du  pape  Adrien  VI. 
On  a  de  lui  de  Vita  solitaria;  Milan,  1498 ,  in- 
fol.,  avec  préface  en  forme  de  lettre;  et  une  édi- 
tion de  Pétrarque. 

Siii.Hist.  Tijpogr.  Mediol.,  p.  £22.  —  Argellati,  Bibl. 
Mediol.,  p.  1855. 

*CAi3io  (/^rdme),  jurisconsulte  italien,  né  à 
Milan  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
mort  à  Madrid  en  1627.  Issu  de  la  même  fa- 
mille que  le  précédent ,  il  fut  reçu ,  en  1582,  au 
nombre  des  jurisconsultes  de  sa  ville  natale, 
et  parvint  successivement  aux  dignités  les  plus 
élevées  de  la  magistrature.  Il  fut  à  la  fin  délégué 
par  la  ville  de  Milan  près  du  roi  d'Espagne  à 
Madrid,  où  il  mourut.  On  a  de  lui  :  Tractatus  de 
regia  Visitatione,  ad  usum  Régis  Catholici  (in- 
séré A?lxï¥,  Franc.  Maredei  Observation,  pract.; 
Naples,  1705,  in-fol.);  —  Allegationes  et  Con- 
silia  (en  manuscrit). 

ArgeUati,  Bibl.  Mediol. 

CAÏN  OU  RAÏS,  fils  aîné  d'Adam,  ou  second 
homme  de  la  création,  selon  la  Genèse.  L'histo- 
rien Josèphe,  qui  paraît  avoir  puisé  à  des  tradi- 
tions antiques  distinctes ,  dit  que  ce  mot  signifie 
Possession  ou  propriété,  et  celui  d'Abel  Deuil, 
sans  doute  d'après  sa  fin  malheureuse.  Les  mo- 
dernes (1)  veulent,  au  contraire,  que  le  premier 
nom  signifie  batteur  ouforgeuràe  fers,  elle  se- 
cond, souffle  ou  ombre.  Caïn  fut  le  premier  culti- 
vateur, parce  qu'il  était  méchant,  ajoute  Josèphe, 
et  n'avait  en  vue  que  le  lucre  ;  tandis  qu'Abel  était 

(1).  Voy.  Résumé  de  leurs  recherches,  par  J.-J.-W.  Jer- 
vis;  Londr.,1852,  in-S»,  p.  98. 


123  GAIN 

pasteur.  Les  Arabes  préfèrent  sans  doute  la  vie     cateur  des  instruments 

pastorale  à  la  vie  agricole;  mais  la  Genèse  ne 


condamne  pas  celle-ci.  Il  est  vrai  que  l'offrande 
faite  par  Caïn  au  Seigneur  en  fruits  du  sol  fut 
repoussée,  tandis  que  celle  d'Abel,  qui  consistait 
dans  les  premiers-nés  de  ses  troupeaux  et  dans 
leur  graisse,  fiit  accueillie.  Josèphe  attribue  la 
préférencedu  Seigneurà  cette  raison,  que  les  dons 
d'Abel  étaient  naturels,  tandis  que  ceux  de 
Caïn  venaient  de  l'industrie  de  l'homme,  et  de 
la  violence  faite  à  la  terre  par  son  avarice.  Saint 
Paul,  dans  l'épître  aux  Hébreux,  si  toutefois  elle 
est  de  cet  apôtre,  en  donne  une  raison  plus  mo- 
rale :  c'est  que  l'offrande  d'Abel  était  dictée  par 
la  foi,  et  celle  de  Caïn  par  la  coutume  seule- 
ment. Cet  usage  fut  dès  lors  introduit  chez  la 
race  humaine  pour  le  culte  dû  au  Créateur.  La 
jalousie  fit  de  Caïn  le  meurtrier  d'Abel,  quoique 
Jéhovah  eût  voulu  l'apaiser,  en  lui  disant  que, 
s'il  se  conduisait  bien,  il  aurait  la  prééminence, 
et  en  le  menaçant ,  s'il  faisait  le  contraire ,  de  le 
punir  de  son  crime.  Caïn  est  le  premier  fratricide 
connu.  Jévohah,  même  en  dehors  du  paradis,  d'où 
il  avait  expulsé  Adam  et  sa  famUle,  conversait 
encore  en  personne  avec  les  hommes.  Il  demanda 
à  Caïn  ce  qu'il  avait  fait  d'Abel  ;  et  sur  sa  ré- 
ponse évasive  il  lui  reprocha  son  crime,  et  ce- 
pendant ne  le  punit  pas  de  mort  :  au  contraire, 
eur  la  crainte  manifestée  par  Caïn,  que  désor- 
mais il  ne  fût  tué  par  les  bêtes  féroces,  puisqu'A- 
bel  paraît  être  mort  sans  postérité  (1),  Jéhovah  lui 
garantit  la  vie  sauve ,  au  moyen  du  signe  de  ma- 
lédiction qu'il  imprima  sur  son  front.  Cette  ma- 
lédiction, il  la  prononça  en  ajoutant  que  la  terre , 
qui  avait  reçu  le  sang  et  le  corps  d'Abel ,  ne  lui 
donnerait  plus  ses  fruits.  De  plus,  selon  Josèphe, 
sa  postérité  fut  maudite  jusqu'à  la  septième  gé- 
nération ;  mais,  selon  la  Genèse ,  c'est  le  meur- 
trier de  Caïn  qui  dut  être  puni  au  sextuple. 

Alors  Caïn  fut  chassé  (  avec  sa  femme,  selon 
Josèphe,  qu'il  avait  sans  doute  épousée  dans 
une  autre  race  que  celle  d'Adam,  auquel  la  Ge- 
nèse ne  donne  pas  de  filles)  de  la  présence  de  Jé- 
hovah, et  relégué  dans  la  terre  de  Noh,  dans 
l'est  d'Éden.  Josèphe  ajoute  qu'il  y  construisit 
Naïd,  et  en  fit  la  résidence  de  sa  famille.  La  Ge- 
jîèse  donne  à  la  ville  qu'il  bâtit  le  nom  de  Kha- 
iioch  ou  Anoch,  qui  était  celui  de  son  fils.  La  Ge- 
nèse ne  parle  que  de  la  descendance  de  celui-ci, 
quoique  Josèphe  donne  à  Caïn  plusieurs  fils,  et 
suppose  qu'il  a  été  en  contact  avec  une  autre 
population  qu'il  opprima ,  et  aux  dépens  de  la- 
quelle il  s'enrichit  beaucoup  par  la  violence,  la 
rapine  et  les  brigandages.  Dérogeant  à  la  simpli- 
cité de  la  vie  primitive,  il  inventa  les  poids  et 
mesures,  divisa  les  propriétés,  et  força  ses  servi- 
teurs à  construire  les  murailles  d'une  ville.  La 
Genèse  n'entre  pas  dans  ces  détails,  et  se  borne 
à  déûnir  la  postérité  d' Anoch. 
Lamech,  l'un  d'eux,  engonriraTubalcaïn,  fabri- 

(1)  La  Genèse  dit  par  le  premier  venu,  ce  qui  semble- 
rail  Indiquer  qu'il  y  avait  alors  d'autres  hommes. 


134 

d'airain  et  de  fer,  et 
Noëma ,  sa  sœur.  Lamech  dit  à  ses  femmes  : 
«  Comme  j'ai  tué  un  homme  par  le  fer  et  un  jeune 
homme  par  les  coups,  je  subirai  soixante-dix 
fois  le  châtiment  que  Caïn  a  encouru  sept  fois.  » 

L'historien  Josèphe  transforme  cette  malédic- 
tion en  une  postérité  de  soixante-dix  enfants, 
dont  l'un,  Thobel,  est  le  même  que  Tubalcaïn. 
Celui-ci,  dit-il,  surpassait  tous  les  autres  par  sa 
force  corporelle,  et  réussit  dans  la  guerre;  il 
convertit  le  gain  qu'il  en  retira  en  instruments 
de  cuivre.  Après  la  naissance  de  Noëma,  qui  lut 
habile  dans  la  connaissance  des  choses  divines, 
Lamech  rapporta  à  ses  femmes  la  malédiction 
dont  il  était  frappé,  par  suite  du  fratricide  tlt 
Caïn. 

Comment,  dans  les  premiers  siècles  de  notre 
ère,  s'est-il  formé  parmi  les  chrétiens  une  secte 
de  Cmnites  (1)  ?  Il  faut  l'attribuer  d'abord  aux 
aberrations  si  fréquentes  de  l'esprit  religieux.  SainI 
Irénée,  le  premier  Père  latin,  attribue  la  for- 
mation de  la  secte  des  Cainites  à  Marcion ,  à  Cer 
don  ou  autres  disciples  de  Valentin,  sans  tou- 
tefois s'expliquer  avec  la  précision  désirable  ; 
«  D'autres,  dit-il,  attribuent  à  Caïn  la  princi- 
<c  pauté  supérieure  ;  ils  avouent  Ésaii,.  Coré,  les 
«  Sodomites  et  gens  de  cette  espèce.  Ils  y  ajou- 
te tent  Judas  le  traître,  qui  aui'ait  connu  la  vé- 
«  rite  par-dessus  les  autres,  et  aurait  accompi 
«  le  mystère  de  la  traliison.  Ils  appellent  celî 
".  l'Évangile  de  Judas  (2).  » 

Ailleurs  (3),  selon  lui,  Marcion  prétendait  qu( 
Caïn  et  ses  semblables  avaient  été  sauvés  par  h 
Seigneur,  et  admis  dans  son  royaume  lors  de  se 
descente  aux  enfers,  pour  l'avoir  reconnu  commt 
Dieu,  tandis  qu'Abel,  Enoch,  Noë  et  autres  pa- 
triarches en  auraient  été  exclus  pour  avoir  tentt 
Dieu. 

Saint  Hippolyte,  dans  les  Philosophumena,  i 
dit  aussi  un  mot  des  Caïnites ,  en  même  tempt 
que  des  Ophites,  des  Nochaïtes,  comme  liéi'c 
siarques  contemporains.  Ces  deux  écrivains  s'ac 
cordent  à  dire  que  les  Caïnites  devaient  leur  non 
à  la  croyance  qu'ils  professaient,  d'après  laquelU 
Caïn  avait  été  délivré  par  une  puissance  supé- 
rieure, et  par  la'  volonté  d'en  haut,  de  la  malé 
diction  qui  pesait  sur  sa  mémoire.  Le  plus  récen 
des  défenseurs  de  la  vieille  chronologie,  M.  Grès 
well,  vient,  avec  un  grand  appareil  de  calculs 
d'essayer  d'établir  :  1°  que  Caïn  et  Abel  naqui 
rent  l'an  65  d'Adam,  à  l'époque  de  sa  chute  el 
de  son  expulsion  d'Éden;  2°  qu'ils  devinicn 
hommes  l'an  82-83,  quoiqu'ils  n'eussent  aloi; 
que  dix-sept  à  dix-huit  ans ,  et  que  la  Genèst 
les  déclare  en  possession  déjà,  l'un  d'exploitation! 
rurales ,  l'autre  de  troupeaux  ;  3°  que  le  sacrificf 
par  eux  offert  à  la  Divinité  eutlieuprécisémcn 

(1)  Saint  Iréntfc,  Baires.,  liv.  F'',  éd.  Stieren  ;  Leipsik 
1833.  -Uippolytiis,  Philos.,  VIII,  19,  p.  277,  éd.  Miller 
voyez  aussi  Développements  de  Bunsen.  —  Épiphanes 
Uxres.,  30,  etc. 

(2)  Liv.  l",  cil.  31,  p.  274,  texte  latin, 
'8)  Ch.  27,  p.  257,  texte  latin, 


1S5  GAIN  — 

le  6  avril,  premier  jour  de  thoth,  selon  le  calen- 
drier solaire,  alors  seul  en  usage  jusqu'à  la  sortie 
d'Egypte  ;  4"  que  le  sacrifice  fut  institué  dès  l'é- 
poque de  la  ehute  d'Adam ,  mais  célébré  pour 
la  première  l'ois,  selon  la  foi,  par  A  bel,  tandis 
que  celuideCaïa  n'eut  lieu  que  pourobéir  à  la  cou- 
tume établie  depuis  dix-sept  ou  dix-huit  ans,  et 
ne  lut  pas  observé  par  Adam  ;  5"  que  Dieu,  depuis 
cette  chute,  ne  communiqua  plus  avec  les  hommes 
que  dans  ou  à  l'occasion  du  sacrifice  annuel. 
Ces  calculs,  fondés  sur^de  pures  suppositions, 
dont  la  plupart  sont  en  opposition;  môme  avec 
le  texte  biblique,  sont  réellwnent  chimériques  ; 
la  Genèse,  de  l'aveu  de  [ce  savant,  ne  contient, 
avant  l'Exode,  aucune  expression  qui  indique  la 
mesure  précise  du  temps  ;  on  y  confond  l'année 
avec  la  fin  des  jours.  Le  passage  de  la  Genèse 
qui  dit  que  le  sacrifice  eut  lieu  après  cette  fm, 
signifie  si  peu  la  fin  de  l'année,  que  saint  Jérôme, 
dans  la  Vulgate,  le  traduit  par  j30s^  multos  dies. 
Leclimatdela  Judée,  où  l'on  croit  que  le  sacrifice 
eut  lieu,  n'est  pas  tellement  précoce  qu'on  y  re- 
cueille les  prémices  de  la  moisson  dix-neuf  jours 
avant  l'éqninoxe  du  printemps.  Enfin,  puisqu'A- 
dam  se  rapprocha  d'Eve  pour  donner  le  jour  à 
Seth  l'an  130  de  son  âge,  afin  de  se  consoler  de 
la  perte  d'Abel,  il  est  plus  vraisemblable  que 
c'est  vers  cette  seconde  époque  qu'eut  lieu  le 
sacrifice  ? 

11  est  puéril  de  rechercher  le  jour  de  tels  évé- 
nements; et  quant  à  la  durée  de  l'année  à  cette 
époque,  comment  a-t-on  pu  la  fixera  365  jours 
5  heures  48  min.,  quand  le  texte  n'eu  dit  rien, 
quand  il  ne  parle  pas  même  des  mois  ? 

ISAMBERT. 
Genèse  et  Josèphe.  —  Irénée  et  Hippolyte,  Histoires 
des  Sectes.  —  Greswell,  Fasti  catkoUci,  ouvrage  publié 
aux  frais  de  l'université  tfOxlord,  au  nom  de  la  foi  aa- 
glicane,  S  vol,  in-8»  avec  atlas,  1832. 

CAÏNAN  r''  OU  RENANE ,  le  4°  des  dix  pa- 
triarches hébreux  antédiluviens,  arriè»e-petit-fils 
d'Adam ,  ou  le  Roux.  La  tradition  ne  rapporte 
rien  de  sa  vie,  sinon  qu'il. est  devenu  père  de 
Malaléel  à  l'âge  de  cent  soixante-dix  ans ,  et 
qu'il  en  a  vécu  neuf  cent  soixante-dix ,  ce  qui 
fait  naître  la  question  de  savoir  quelle  était,  à 
cette  époque  reculée,  la  composition  de  ce  qu'on 
appelle  une  année.  Était-elle,  selon  les  calculs 
des  astronomes,  de  365  jours  et  un  quart, 
d'après  la  révolution  delà  terre  autour  du  soleil; 
ou  bien  les  hommes,  qui  n'avaient  alors  aucun 
moyen  de  faire  des  calculs  si  compliqués,  n'ont- 
Hs  pas  pris  pour  l'année  la  révolution  que  la  lune, 
dans  ses  phases  si  apparentes  aux  yeux  de  tous, 
accomplit  en  29  jours  et  demi.  VArt  de  vérifier  les 
dates ,  aatorité  si  grave  en  chronologie  et  si 
orthodoxe,  rédigée  qu'elle  a  été  par  les  savants 
religieux  bénédictins,  remarque  (1)  que  la  Ge- 
nèse ne  parle  pas  de  la  distmctton  des  mois 
avant  la  sortie  d'Egypte.  En  1617,  le  professeur 
hébraisant  J.  Motther  a  soutenu  qu'avant  le  dé- 

(I)  Préface  dutom.  I»',  ayant  J.-C. 


CAINAN 


126 


luge  il  est  impossible  de  déterminer  la  forme  de 
l'année  ;  et  c'est  l'opinion  adoptée  par  l'illustre 
auteur  du  Traité  sur  la  critique  historique , 
Daunou,  dans  son  Cours  d'histoire  (1),  surtout 
dans  sa  Chronologie  biblique,  encore  inédite. 

Comme  il  n'existe,  selon  Cuvier  (2),  sur  notre 
globe,  aucune  trace  d'hommes  antérieurs  au 
dernier  cataclysme,  etque  les  efforts  qu'on  a  faits 
pour  contredire  les  preuves  résultant,  selon  le 
célèbre  naturaliste,  des  nombreux  débris  enfouis 
dans  le  sein  de  la  terre ,  ont  été  stériles ,  ainsi 
que  l'a  dernièrement  constaté  M.  Flourens,  se- 
crétaire perpétuel  de  la  môme  Académie  (3),  on 
est  obHgé,  par  les  règles  ordinaires  de  la  critique, 
de  conclure  que  les  âges  des  patriarches  antédi- 
luviens ne  reposent  que  sur  des  traditions  va- 
gues, communes  aux  Hébreux  (Genèse) ,  aux  Chal- 
déens  (Bérose),aux  Égyptiens  (Manéthon).  Selon 
Letronne  (4),  exact  et  rigoureux  critique ,  les 
Égyptiens  avaient  découvert,  dès  l'an  3105  avant 
notre  ère,  l'année  solaire  de  365  jours  ;  mais 
cette  date  ne  s'applique  qu'aux  temps  d'Abraham. 
Sous  Auguste,  Diodore  de  Sicile  dit  (5)  qu'avant 
le  calcul  du  mouvement  des  astres,  on  mesurait 
le  temps  selon  la  révolution  de  la  lune  :  c'est 
pourquoi  les  années  étant  de  30  jours  (tûv  ètwv 
Tptaxovi;rip.Épwv  ôvtwv),  il  n'était  pas  impossible 
de  donner  à  quelques-uns  des  vies  de  douze 
cents  ans.  Si  on  calcule  aujourd'Sui  ces  années 
par  douze  (lunaisons),  on  ne  trouve  guère,  dit 
cet  historien  dégagé  de  préjugés,  qu'ils  aient  plus 
de  cent  ans.  Il  faut  en  dire  autant  des  règnes  de 
300  ans  ;  car  à  ces  époques  les  années  étaient 
de  4  mois,  selon  les  saisons,  qui  étaient  le  prin- 
temps ,  l'été  et  l'hiver.  Ce  calcul  s'applique  aux 
patriarches  post  diluviens.  Pline  le  Naturaliste, 
sous  Vespasien,  se  moque  des  longévités  de  plus 
de  cent  ans.  «  Les  uns,  dit-il  (6),  comptent  un 
an  par  été,  et  un  an  par  hiver;  d'autres,  comme, 
par  exemple,  les  Arcadiens,  se  servent  des  saisons 
en  guise  d'années ,  au  nombre  de  4,  et  ont  ainsi 
l'an  trimestriel  :  quelques-uns  se  servent  des  pha- 
ses de  la  lune,  comme  les  Égyptiens  ;  c'est  pour- 
quoi on  trouve  chez  ces  peuples  des  personnages 
qui  auraient  vécu  un  millier  d'années.  »Plutarque, 
sous  les  Antonins,  affirme  aussi  i^7)  «  que  quelques- 
uns  des  Barbares  se  servent  d'années  de  trois 
mois;;les' Arcadiens,  de  quatre;  les  Acamaniens,  de 
six  ;  mais  pour  lesj  Égyptiens,  l'année  était  d'un 
mois,  comme  la  lune,  et  ensuite  de  4  mois  :  c'est 
pourquoi,  dit  cet  écrivain,  les  généalogies  dif- 

Cl)  Publié  par  Dldot,  20  vol.  in-8'.  • 

(s;  Discours  sur  les  révolutlo7is  du  globe,  publié  fn  1812, 
et  dans  les  conclusions  duquel  le  savant  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  sciences  a  persisté  jusqu'à  sa 
mort,  en  183S;  nouvelle  édition,  publiée  par  M.  Hœfer. 

(S)  V.  Journal  des  Savants,  1850,  etsurtout  18S1,  p.  273- 
Ï84. 

{i)  Cours  d'archéol.  au  collégede  France,  analysé  par 
M.  Brunet  de  Presle ,  académicien  (Dvnasties  égyp- 
tiennes); 1830,  p.  183. 

(3)  23-3-4,  éd.  Didot. 
;  (6)  Hist.  Nat.,  VII,  49. 

(7)  ne  de  Niimâ,  i  19,  éd.  DldioC 


127 


CAINAN 


128 


fêrent  tant,  Til  qu'Uy  a  des  mois  qui  sont  comp- 
tés pour  des  années.  »  Enfin  Censorin ,  qui  vi- 
vait un  siècle  après,  et  qui  est  spécial  pour  la 
chronologie,  déclare  (1)  qu'en  Egypte,  dans  la 
plus  haute  antiquité ,  on  se  servait  d'une  année 
de  2  mois,  ensuite  4  mois,  sous  le  roiIson,tet  en 
dernier  lieu  de  13  mois  et  5  jours,  sous  Arma- 
don.  Ce  n'est  donc  pas  une  opinion  nouvelle 
que  celle  qui,  pour  obtenir  le  nombre  des  années 
des  personnages  contemporains  du  déluge,  écarte 
l'année  solaire,  et. lui  préfère  les  ans  lunaires,  de 
29à  30  jours.  Cette  année  primitive  des  Hébreux, 
quandleurs  livres  sacrés  ne  parlent  pas  encore  du 
mois,  fut  sans  doute  doublée,  triplée,  quadruplée 
et  sextuplée,  avant  qu'on  adoptât  une  année  de 
12  lunaisons  de  354  jours.  Bérose  le  Chal- 
déen,  qui  vivait  vers  l'an  268  avant  l'ère  chré- 
tienne, c'est-à-dire  à  l'époque  de  Manéthon,  et 
grand  prêtre  comme  lui  du  dieu  de  sa  nation, 
a  compté  dix  personnages  primitifs  ayant  vécu 
ensemble  120  sares,  depuis  Alorus  jusqu'à  Xi- 
suthrus ,  contemporain  du  déluge. 

Bérose,  selon  Censorin  (2),  ne  comptait  que 
116  ans  pour  le  maximum  de  la  durée  de  la 
vie  humaine;  et  Épigène(3),  que  112.  Nous  ne 
parlons  pas  des  personnages  antédiluviens  que 
Cumberland  a  cru  découvrir  dans  les  fragments 
du  faux  Sanchoniaton,  publié,  dans  le  deuxième 
siècle  de  notre  ère,  par  l'imposteur  Philon  de 
Byblos  (4),  parce  que  ces  fragments,  recueillis 
par  Eusèbe,  n'ont  rien  d'explicite ,  et  ne  contien- 
nent pas  de  chiffres. 

Chez  les  Juifs ,  il  y  a  une  autorité  plus  grave  ; 
c'est  celle  de  Moïse  lui-même.  Dans  le  psaume 
89,  conservé  par  le  roi  David ,  la  durée  de  cette 
vie  est  en  moyenne  de  70  ans  ;  «  mais,  ajoute  le 
texte,  les  forts  vont  jusqu'à  80  ;  au  delà,  il  n'y 
a  plus  dans  la  vie  que  labor  et  dolor.  »  Jamais 
parole  plus  vraie  et  mieux  sentie  n'a  été  pronon- 
cée. Les  Hébreux,  sortis  de  l'Egypte,  où  ils  ont 
été  confondus  pendant  des  siècles  avec  les  indi- 
gènes, ont  dû  pour  les  temps  antiques  adopter 
l'année  lunaire  de  29  à  30  jours  ;  et  si  l'historien 
Josèphe,  en  parlant  du  déluge,  compte  183  jours 
pour  6  mois,  et  range  ainsi  cette  année  parmi  les 
années  solaires  bissextiles,  c'est  par  un  calcul  ré- 
troactif, semblable  à  celui  qu'a  fait  Scaliger,  en 
créant  pour  la  chronologie  la  période  Julienne. 
Si,  pour  les  années  antérieures  au  déluge,  il  ne 
s'était  pas  agi  de  périodeslunairesde29à30  jours, 
qui  donc  aurait  pensé  que  les  patriarches  avaient 
engendré  à  64,  65  ou  70  ans,  et  quelques-uns  à 


_  (1)  Dédie  natali,  ch.  17. 

'  «  Le  sare  était,  dit  Eusèbe,  de  3,600  ans;  mais  Alexan- 
dre l'olyhlstor  ne  comptait  spour  9  sares  que  934  ans 
( c'est-à-dire, dW  par  sare)  pour  les  66  rois  chaldéens 
et  modes  qui  ont  régné  depuis  Xisutlirus  ;  ce  qui  donne- 
rait ù  chacun  des  10  patriarches  chaldéens  1236  ans, 
ou  103  ans  lunaires.  Ce  chiffre  ne  dépasse  pas  la  durée 
ordinaire  de  la  vie. 

(2)  IbiU. 

(8)  Chron.,  éd.  Mal,  p.  8. 

(4)  j^pud  Syncell.,  p,  44. 


230,  comme  Adam,  ou  même  à  500,  comme'Noë.' 
La  moyenne  de  la  durée  de  la  vie  des  dix  patriar- 
ches antédiluviens  est  de  857  ans,  chiffre  qui,  di- 
visé par  1 2,  donne  71  ans,  c'est-à-dire  précisément 
la  vie  moyenne  déclarée  par  Moïse  lul-mêmedans 
lepsaume89.  Mattusala,  qui  a  vécu  le  plus  long- 
temps (969  ans),  n'am'ait  réellement  atteint  que 
80  à  81  années  lunaires  de  354  jours.  La  moyenne 
de  l'âge  auquel  les  patriarches  ont  engendré 
place  l'âge  nubile  de  ces  9  patriarches  entre  15  et 
16  ans.  Noë  ne  serait  devenu  père  qu'à  41  ans  : 
tout  cela  rentre  dans  l'ordre  de  la  nature* 

Josèphe  a  prétendu  (1)  que  Dieu  avait  pro- 
longé la  vie  des  prenniers  patriarches,  d'abord 
pour  récompenser  leur  vertu ,  et  ensuite  pour 
qu'ils  eussent  le  temps ,  dans  une  vie  prolongée 
au  delà  de  six  cents  ans,  période  qu'il  appelle  la 
grande  année ,  de  recueillir  plus  de  tiaditions. 
Mais  qu'importe,  puisqu'à  l'époque  du  déluge  tous 
ces  souvenirs  se  sont  concentrés  dans  lapersonnc 
de  Noë  et  de  son  fils.?  Aussi,  pénétré  de  la  diffi- 
culté d'expUquer  la  chronologie  antérieure  à 
Moïse,  cet  historien  a-t-il  terminé  son  récit  en 
disant  :  Que  chacun  en  pense  ce  qu'il  voudra  (2)  ! 
Le  chronologiste  d'Oxford,  M.  Greswell  (3), 
dans  ses  longs  Commentaires  sur  la  Bible ,  a 
glissé  sur  l'âge  des  patriarches  et  leur  pœdo- 
gonie  (4)  ;  il  est  forcé  de  reconnaître  que  rien  dans 
la  Genèse  n'indique  la  durée  du  ssin ,  et  que  les 
moisne  datent  que  de  l'époque  del'Exode;  mais  il 
n'en  établit  pas  moins  ses  calculs  sur  des  années 
entières  de  365  jours  5  heures  48  min., et  s'aven- 
ture jusqu'à  fixer  le  jour  de  notre  calendrier  répon- 
dant au  commencement  de  chacune  des  années 
de  la  paedogonie  des  patriarches ,  sans  se  livrer 
à  la  discussion  d'aucime  objection.  —  Il  adopte 
d'ailleurs  pour  l'âge  des  patriarches  les  chiffres 
de  la  Vulgate,  sans  égard  aux  textes  samaritain, 
hébreu  et  grec ,  ni  à  l'historien  Josèphe ,  qui  a  ■ 
pourtant  son  autorité,  vu  l'impartialité  évidente 
de  sa  position,  et  l'avantage  qu'il  avait  de  pou- 
voir choisir  entre  les  traditions  et  les  versions 
écrites.  Il  est  vrai  que  M.  Greswell  professe  un 
grand  dédain  pour  les  savants  et  les  critiques , 
qi/t>iqu'il  ait  donné  à  son  ouwage  un  grand  appa- 
reil scientifique. 

ISAMBERT. 

CAÏNAN  II.  La  vie  de  ce  personnage  post- 
diluvien  est  plus  controversée  encore.  Selon  la 
version  des  Septante,  Sem,   fils  de  Noë ,  laissa 

(1)  ArcMol.,  1.  s,  9  [ 

(2)  Ibid. 

(3)  Fasti  cathoUci;  Oxford,  1852,  5  vol.  in-S",  avec  un 
atlas.  L'auteur,  malgré  son  titre,  soutient  les  doctrines  de 
l'Église  anglicane.  P^oy.  t.  II,  p.  248. 

(4)  D'après  son  système,  l'année  primitive  était  de  trois 
cent  soixante-ciuq  jours  et  un  quart:  seule  elle  aurait 
été  pratiquée  jusqu'à  l'Exode  en  1361,  quoiqu'on  n'y  soit 
arrivé  qu'après  de  longues  observaUons  astronomiques, 
car  les  HébreuX/  comme  les  autres  peuples,  n'ont  eu  pour 
mesurer  le  temps  que  le  .mouvement  diurne,  la  révolu- 
tion lunaire  apparente,  et  le  retour  des  saisons  Ce  sa- 
vant adopte  comme  année  solaire  le  ssin,  dont  les  Hé- 
breux se  servaient  d'abord,  en  place  de  nos  mois. 


129 


GAIN  AN  —  CAIPHE 


130 


six  enfants  ,  dont  le  dernier  est  appelé  Caïnan; 
mais  le  môme  texte  ajoute  que  celui-ci  était  fils 
d'Arphaxad ,  issu  lui-même  de  Sem  ;  en  sorte 
<(ue,  pour  détruire  cette  contradiction,  saint  Jé- 
rflme,  dans  la  Vulgate,  a  rayé  le  sixième  des  en- 
fants de  Sem.  Il  aurait  d'ailleurs  été  autorisé  à 
cette  suppression  par  un  autre  chapitre  de  la  Ge- 
nèse (1)  et  par  l'évangile  de  saint  Luc,  qui  dans  la 
généalogie  de  Joseph,  père  putatif  de  Jésus-Christ, 
nomme  Caïnan  comme  fils  unique  d'Arphaxad  (2). 
Mais  ici  les  textes  de  l'Ancien  Testament  diffèrent 
de  l'Évangile  (3).  Ces  variantes,  sur  lesquelles  un 
historien  comme  Flavien  Josèphe  avait  le  devoir 
de  nous  éclairer,  l'ont  troublé  lui-même,  au  point 
qu'il  n'a  pas  parlé  de  Caïnan  II.  Il  ne  donne  que 
cinq  fils  à  Sem  (4),  et  Salé  pour  fils  d'Arphaxad, 
et  se  tait  sur  les  générations  des  neuf  ou  dix  pa- 
triarches qui  se  sont  succédé  de  Sem  à  Abraham. 
Les  Septante  comptent  1270  ans  pour  dix 
générations  ;  ce  qui  fixe  la  durée  de  leur  vie  en 
moyenne  à  127  ans  (alors  les  années  pouvaient 
être  de  deux  lunaisons ,  comme  l'indiquent  les 
témoignages  que  nous  avons  cités),  et  leur  âge 
nubile  à  21  ans.  Le  texte  hébreu  et  la  Vulgate  ne 
comptent  pour  neuf  générations  (  ils  suppriment 
Cainan  II)  que  390  ans,  ce  qui  pour  chacun  donne 
43  ans ,  et  suppose  l'année  de  6  mois  lunaires, 
ou  semestrielle,  suivant  les  mêmes  témoignages  : 
on  y  retrouve  l'âge  nubile  de  21  à  22  ans.  Quant 
aux  chiffres  relatifs  à  la  durée  de  la  vie  des 
deux  patriarches  Arphaxad  et  Caïnan  ou  Salé , 
ils  sont  d'environ  450  ans,  ce  qui  suppose  l'em- 
ploi de  l'année  de  2  mois  lunaires ,  et  donne 
à  chacun  d'eux  environ  70  à  71  ans  d'exis- 
tence ,  juste  l'âge  de  la  vie  moyenne  proclamé 
par  Moïse  (5). 

(1)  X,  22. 

(2)111,36. 

(3)  La  Vulgate,  à  la  place  de  Caïnan,  donne  Salé  pour 
fils  d'Arphaxad,  tandis  que  les  Septante  indiquent  Cainan 
comme  père  de  Salé.  Les  interprètes  de  l'antique  Genèse, 
dont  le  texte  primitif  a  disparu,  attribuent  à  Arphaxad 
135  ans  d'âge  quand  il  eut  Caïnan,  et  ajoutent  qu'il  vécut 
^encore  après  303,  de  sorte  que  sa  vie  entière  aurait  été 
!de  438  années  ;  la  Vulgate  réduit  le  chiffre  135  de  cent 
ans.  Selon  les  Septante,  Caïnan  lui-même  engendra  à 
130  ans,  et  vécut  encore  330  ;  total,  460.  Selon  la  Vulgate, 
Salé,  qui  prend  sa  place,  aurait  engendré  dès  l'âge  de 
30  ans,  ce  qui  est  excessivement  Jeune  pour  un  patriar- 
iche,  et  aurait  encore  vécu  403  ans  ;  total,  48S. 

(4)  Ant.,  I,  6,  4. 

(5)  Un  biographe,  M.  Villenave,  a  cru  que  Caïnan  II 
avait  été  confondu  par  Josèphe  avec  Jared  :  ce  n'est  pas 
dans  la  liste  des  dix  patriarches  postérieurs  au  déluge, 
^Dlsqu'il  ne  la  donne  pas,  et  ne  nomme  pas  Caïnan. 
juant  à  celle  des  patriarches  antédiluviens,  il  est  vrai 
ijue  cet  historien  (*)  les  énumère  deux  fois ,  d'abord  en 
•emontant  de  Noé  à  Adam,  et  ensuite  en  descendant  d'A- 
iam  àNoë;  mais  cette  nomenclature  est  identique,  et 

ne  contraire  ne  peut  être  soutenu  que  par  une  fausse 
1  nlerprétaUon  du  premier  de  ces  textes.  Caïnan  est 
uommé  dans  l'un  et  dans  l'autre,  et  par  conséquent 
I  osèphe  n'a  nullement  confondu  Cainan  avec  Jared.  Les 
ircmiers  Pères  de  l'Éghse  admettent  Caïnan  (**)  entre 
irphaxad  et  Salé. 

i'\  Arch.,  I,  2.  2;  et  3.  4. 

('*)  Hyppolyte ,  évèque  de  Porto,  au  commencement  du 
oisième  siècle,  Fhilotopk.  X,  3o,  p.  332  ;  éi.  de  Miller,  i832 
UDsen,  i852. 

NOUV,   BIOGR.   UNIVERS.  —  T.   Vllt. 


Le  docteur  J.-J.-W.  Jervis ,  dans  sa  tra- 
duction et  ses  notes  sur  la  Genèse  (1),  préfère 
également  la  version  des  Septante  au  texte  hé- 
breu et  à  la  Vulgate.  Il  rapporte,  d'après  d'Her- 
belot  (2),  que  Cainan  U  passe  chez  les  Orientaux 
pour  l'inventeur  de  l'astronomie  et  le  fondateur 
de  la  ville  de  Hauran,  en  Mésopotamie.  La  Ge- 
nèse (3)  dit  que  la  vie  des  hommes  fut  réduite 
à  120  ans,  à  cause  de  la  perversité  de  la  race 
d'Adam,  et  Greswell  suppose  que  cette  sentence 
fut  prononcée  120  ans  avant  le  déluge  (4)  :  cepen- 
dant on  a  vu  que  les  patriarches  postdiluviens 
ont  tous  vécu  bien  plus  longtemps.  Au  surplus, 
120  années  limaires  ne  représentent  guère  que 
110  ans  solaires;  mais  on  doit  toujours  préférer 
l'évaluation  moyenne  de  la  vie  à  70  ans ,  donnée 
par  Moïse.  Isambert. 

CAio.  Voy.  Cayot. 

CAÏPHE  ou  CA.ÏAPHAS ,  grand  prêtre  des 
Juifs,  célèbre  par  la  part  qu'il  aurait  prise  à  la 
condamnation  et  à  la  mort  de  Jésus-Christ.  D'a- 
près la  tradition  évangéliquela  plus  abrégée,  celle 
de  saint  Marc,  le  conseil  des  Juifs  à  Jérusalem, 
composé  des  chefs  des  prêtres,  des  lettrés  (  scri- 
bes) et  des  anciens,  se  réunit  chez  le  grand  prêtrei 
(qu'il  ne  nomme  pas)  (5)  pour  juger  Jésus,  qui  leur 
avait  été  livré  par  Judas,  l'un  des  douze  disciples. 
Ce  grand  prêtre  interrogea  Jésus  sur  les  témoi- 
gnages portés  contre  lui  à  raison  de  ses  prédica- 
tions, notamment  sur  la  destruction  prochaine 
du  temple  ;  mais  ces  témoignages  paraissant  sus- 
pects, le  pontife  lui  demanda  s'il  n'était  pas  le 
Christ,  fils  de  Dieu  ?  Jésus  répondit  affirmative- 
ment ,  ajoutant  qu'il  viendrait  assis  sur  les  nua- 
ges du  ciel,  à  la  droite  de  Dieu.  Sur  cette  parole, 
le  président  du  sanhédrin  déchira  ses  vêtements , 
et  déclara  que  ce  blasphème  suffisait,  sans  qu'il 
fût  besoin  de  témoignages.  Aussitôt  le  conseil,  à 
l'unanimité,  le  condamna  à  mort.  Cependant  la 
sentence  ne  pouvait  s'exécuter  sans  la  sanction 
du  préfet  romain ,  Pilate  ;  et  pour  l'obtenir  il 
fallait  alléguer  un  motif  politique.  Il  paraît ,  par 
l'interrogatoire ,  que  ce  représentant  de  l'empe- 
reur avait  à  statuer  sur  l'accusation  motivée  non 
sur  le  blasphème,  qui  importait  peu  à  un  empire 
où  le  polythéisme  admettait  toutes  les  croyances 
religieuses ,  mais  sur  la  royauté  des  Juifs  que 
Jésus  se  serait  attribuée,  ce  qui  était  un  atten- 
tat à  la  souveraineté  romaine.  Pilate  ne  croyait 
pas  à  la  sincérité  de  cette  accusation,  et  vou- 
lut sauverj  Jésus  par  voie  de  grâce;  mais  la 
populace  insista  pour  que  celui-ci  subît  le  ter- 
rible supplice  de  la  croix;  et  le  préfet  eut  la 
lâcheté  d'y  consentir,  et  de  livrer  Jésus  aux 
exécuteurs. 

L'évangéliste  saint  Matthieu,  qui  a  développé 

(1)  Londres,  1852,  in-8°,  p.  216,  notes  2-S. 
(2)5t6i.wtenf.,Voy.  ausslHotting,,p.  11,  sect.  Smegm, 
Orient,  VIII,  16. 

(3)  VI,  2. 

(4)  Greswell,  t.  II,  163  et  suiv.  des  Fasti  cathoUci, 

(5)  Marc,  XIV,  S3. 


131 


CAIPHE 


132 


cette  tradition  (1),  nomme  Caïphe  comme  étant  le 
pontife,  chef  des  prêtres,  chez  lequel  se  réuni- 
rent les  principaux  du  sacerdoce  et  des  anciens. 
Le  troisième  évangéliste,  saint  Luc,  qui,  postérieur 
aux  précédents,  a  recueilli  ce  que  ceux-ci  avaient 
pu  négliger,  dit  que,  l'an  15  de  Tibère,  au  mo- 
ment où  Jean-Baptiste  commença  à  prêcher  le 
baptême ,  Anne  et  Ccuphe  étaient  grands  prê- 
tres (2)  en  même  temps  qu'Hérode  (Antipas) 
était  tétrarque  de  Galilée.  Il  ne  donne  pas  les 
mêmes  détails  sur  la  condamnation  de  Jésus  ; 
mais  il  dit  que  le  prisonnier  fut  conduit  chez  le 
grand  prêtre  (3),  sans  indiquer  devant  lequel, 
soit  Anne,  soit  Caïphe.  Quoique  les  membres  du 
sanhédrin  l'aient  interrogé,  et,  à  ce  qu'il  parait, 
condamné  sur  des  questions  religieuses,  ils  ne 
l'accusèrent  devant  Pilate  que  de  sédition,  en  lui 
attribuant  la  qualité  de  roi  des  Juifs.  Cette  accu- 
sation fut  repoussée  par  Pilate,  qui,  apprenantjque 
Jésus  était  de  la  Galilée,  le  renvoya  au  tétrarque 
Hérode ,  alors  à  Jérusalem.  Héïode ,  ne  jugeant 
point  son  autorité  compromise ,  déclina  sa  com- 
pétence. Pilate  alors  persiste  à  le  déclarer  inno- 
cent de  tout  attentat  politique  :  puis  il  finit  par 
céder  aux  clameurs  des  accusateurs.  Caïphe  n'est 
pas  nommé  dans  ce  récit ,  ni  aucun  autre  des 
pontifes  qui,  d'après  l'histoire,  ont  présidé  le 
sanhédrin  du  temps  de  Pilate.  Le  quatrième 
évangéliste  redevient  accusateur  contre  Anne  et 
Caïphe  tout  à  la  fois.  Jésus,  arrêté  par  la  tra- 
hison de  Judas,  est  amené,  non  plus  chez  Caï- 
phe, mais  chez  Anne,  son  beau-père.  Caïphe  (4), 
ajoute-t-il ,  était  le  pontife  de  cette  année ,  et 
c'est  lui  qui  avait  donné  le  conseil  de  sacrifier 
Jésus  à  la  haine  des  Juifs,  parce  qu'il  importait 
d'arrêter  par  cet  exemple  le  danger  que  courait 
la  religion  par  l'invasion  de  nouvelles  doctrines 
religieuses.  Tel  est  évidemment  le  sens  du  passage. 
Anne  interroge  Jésus  en  qualité  de  pontife ,  et, 
sur  son  refus  de  répondre ,  le  prisonnier  reçoit 
un  soufflet  d'un  assistant,  pour  manque  de  respect 
envers  la  dignité  pontificale.  Alors  Anne  le  ren- 
voie à  Caïphe.  Les  Juifs  qui  l'assistaient  condui- 
sirent Jésus  du  palais  de  Caïphe  au  prétoire 
de  Pilate.  Ce  préfet  leur  demande  quelle  est  l'ac- 
cusation, et  leur  dit  que  c'est  au  sanhédrin  à 
la  juger  selon  leur  loi.  Mais,  répondent  les  accu- 
sateurs, nous  n'avons  pas  droit  de  prononcer  une 
sentence  de  mort.  Pilate,  après  quelque  résis- 
tance, condamne  Jésus  comme  roi  des  Juifs, 
et  le  livre  aux  exécuteurs.  Dans  les  Actes  des 
Apôtres,  on  attribue  au  pontife  des  Juifs,  qu'on 
ne  nomme  pas,  mais  qui  serait  encore  Caïphe,  la 
fustigation  des  apôtres  saint  Pierre  et  autres  (5),  et 
le  meurtre  du  diacre  Etienne  (6).  Cette  incrimi- 
nation nouvelle  contre  Caïphe  résulte  de  ce  rap- 
prochement Idstorique ,  que  ce  pontife  n'aurait 

(1)  XXVI,  3,  67. 

(2)  III,  1. 

(3)  XXII,  54. 

Cf)  Jean,  XVIII,  13. 

(8)  yiCles,  V.  )7,  40. 
(6)  VI,  12;  vil,  60,57. 


été  révoqué  de  ses  fonctions  que  l'an  37  de  notre 
ère,  par  Vitellius,  successeur  de  Pilate  en  Judée, 
et  sur  ce  que  les  événements  apostoliques  dont 
il  s'agit  ne  sont  pas  postérieurs  de  sept  ans  à  la 
mort  de  Jésus-Christ.  Ainsi  l'on  reconnaît  la 
nécessité  de  compléter  les  traditions  évangéli- 
ques  par  l'histoire.  Saint  Jean  l'évangéliste  a  sup- 
posé (1)  que  Jésus  avait  vécu  plus  de  cinquante 
ans  ;  et  frénée  (2),  dans  un  passage  non  mutilé  de 
son  livi'e ,  écrit  vers  la  fin  du  deuxième  siècle , 
atteste  qu'il  a  appris  des  disciples  de  Jean ,  qu'il 
a  connus  en  Asie,  qu'en  effet  Jésus  avait  enseigné 
la  religion  plus  d'un  an ,  et  qu'il  avait  prolongé  sa 
vie  au  moins  pendant  un  demi-siècle.  Quoiqu'il  en 
soit,  nous  avons  sur  la  succession  des  grands 
prêtres  juifs  au  commencement  de  notre  ère ,  et 
jusqu'à  la  prise  de  Jérusalem  par  Titus,  des  ren- 
seignements authentiques  dans  l'histoire  détaillée 
qu'a  donnée  de  cette  époque  Flavien  Josèphe, 
écrivain  contemporain  ,  appartenant  à  l'une  des 
premières  familles  sacerdotales  de  Jérusalem. 
A  l'époque  de  la  réunion  de  la  Judée  à  l'empire , 
les  préfets  de  la  Judée  ont  nommé  grands  pon- 
tifes (3)  :  1"  Joazar,  fils  de  Boëthus,  l'année 
même  du  recensement ,  en  l'an  8  de  notre  ère  ; 
2°  Ananus ,  fils  de  Seth ,  probablement  l'année 
suivante,  en  l'an  9  :  ce  pontif<j  conserva  sa  di- 
gnité jusqu'à  l'année  de  la  mort  d'Auguste, 
an  14,  et  fut  ainsi  grand  prêtre  de  cinq  à  six 
ans;  3°  Ismaël,  fils  de  Phabus;  4°  Éléazar,  fils 
d'Ananus  ;  5°  Simon ,  fils  de  Caraith  ;  6"  Joseph, 
le  même  que  Caïphe ,  ou  surnommé  ainsi ,  fut 
nommé  par  Valérius  Gratus  en  l'an  19;  7°  Jo- 
nathan, autre  fils  d'Ananus,  fut  nommé  par 
Vitellius  l'année  même  du  renvoi  de  Pilate  à 
Rome,  an  37;  et  successivement  jusqu'au  17% 
qui  fut  Ananus  II,  fils  d'Ananus  Y",  choisi  par 
Agrippa  II ,  an  60  :  c'est  ce  pontife ,  pris  parmi 
les  Sadducéens,  qui,  selon  l'historien  Josèphe, 
osa  traduire  devant  le  sanhédrin  un  homme' 
vertueux ,  très-considéré  à  Jérusalem,  Jacques , 
frère  de  Jésus,  le  fit  condamner  à  mort  et  exé- 
cuter en  l'absence  du  préfet  romain,  évidem- 
ment pour  dissidence  religieuse.  Le  préfet  fut' 
indigné  de  cette  usurpation  de  pouvoir,  et  le  roi 
Agrippa  se  hâta  de  le  remplacer,  dans  le  sixième 
mois  de  son  pontificat ,  par  Jésus ,  fils  de  Dam-  j 
née  (4).  j 

Le  blâme  jeté  par  Josèphe  sur  un  pontife 
de  sa  nation  et  sur  le  sanhédrin  prouve  que 
cet  historien  était  tolérant  en  matière  religieuse, 
quoiqu'il  ne  fût  pas  chiétien. 

Il  est  visible  que  cet  historien  a  connu  et  décril 
le  berceau  du  christianisme  dans  les  mouvements 
religieux  qu'il  raconte ,  et  qui  déterminèrent  k 
population  juive  à  en  suivre  les  chefs ,  soit  sur  li 
mont  des  Oliviers,  soit  sur  les  rives  et  au  delà  di 
Jourdain.  11  nomme  d'ailleurs  Jean-Baptiste,  e 

(1)  VIII,  57. 

(2)  III,  21. 

(3)  Josèphe,  Ant.,  XVIII,  I.  1  et  suiv. 

(4)  Ant.,  XX,  9, 1. 


133 


CAIPHE  —  CAIRO 


134 


assigne  une  cause  très-vraiscinblable  au  meurtre 
coinnus  sur  sa  personne  par  Ilérode  Antipas.  Le 
pontife  Ananus  paraît  bien  être  l'Anne  de  l'Évan- 
gile, et  Jacques,  frère  de  Jésus,  pourrait  bien 
être  Jésus  lui-même,  s'il  a  vécu  cinquante  ans. 
Mais  quant  au  pontife  Caïphe ,  qui  ne  s'étonne- 
rait de  ne  pas  le  retrouver  dans  la  liste  oflicielle 
des  grands  prêtres?  On  veut  que  ce  soit  Joseph, 
le  sixième  du  tableau  ci-dessus,  dont  le  père,  par 
une  exception  unique,  n'est  pas  nommé,  et  se 
trouve  remplacé  par  le  nom  de  Caïphe.  Haver- 
camp  a  vu  dans  ce  mot  une  interpolation  faite 
dans  la  vue  de  faire  accorder  l'histoire  avec  la 
tradition  évangélique.  Le  nom  du  père  de  ce 
pontife  était  si  nécessaire  pour  le  distinguer  des 
autres  grands  prêtres  du  même  nom  !  L'indica- 
tion de  cette  filiation  était  indispensable  chez  les 
Juifs,  qui  n'avaient  pas,  comme  nous,  la  ressource 
des  prénoms  distinctifs.  Le  savant  orientaliste 
Michaëlis  a  prouvé,  dans  son  Introduction  au 
Nouveau  Testament,  que  la  partie  chronologique 
n'est  pas  inspirée  comme  la  sainte  doctrine  de 
l'Évangile,  et  qu'il  y  a  beaucoup  d'anachronisraes. 
Le  pouvoir  des  pontifes  juifs  n'était  pas  partagé  ; 
et,  quoique  privé  de  son  inamovibilité  antique, 
sous  Hérode  et  ses  successeurs,  comme  sous 
les  gouverneurs  romains ,  il  n'était  pas  annal. 
Joseph ,  le  prétendu  Caïphe ,  est  celui  qui  a  le 
plus  longtemps  conservé  cette  dignité  à  l'époque 
dont  il  s'agit,  puisqu'il  est  resté  au  pouvoir  de 
l'an  19  à  l'an  37,  c'est-à-dire  dix-huit  ans  :  com- 
ment un  pontife  si  prudent  aurait-il  commis  le 
crime  si  vivement  et  si  justement  reproché  par 
l'histoire  à  Ananus  II?  Alf.  I. 

Josèphe,  jititiq.  Jud. 

CAiRELS  (  Elias  ),  orfèvre,  puis  jongleur  et 
troubadour  périgourdin,  natif  de  Sarlat,  mort 
vers  1260.  H  faisait  des  ouvrages  d'or  et  d'argent 
et  dessinait  des  armoiries ,  lorsque  le  démon  de 
la  poésie  le  vint  visiter  dans  son  laboratoire,  et 
lui  fit  déserter  son  atelier  pour  se  faire  jongleur, 
puis  troubadour.  Quoiqu'il  ne  fût  pas  précisé- 
ment courtisan,  il  parcourait  les  résidences  roya- 
les et  princières.  Une  de  ses  pièces ,  à  l'adresse 
du  roi  de  Léon,  dit  de  ce  prince  «  qu'il  est  plein 
de  mérite,  puisqu'il  protège  les  troubadours.  »  En 
1220,  Cairels  était  dans  le  MUanais  à  la  suite  de 
i'empereur  Frédéric  H,  qui  aimait  les  poètes  pro- 
vençaux, mais  les  payait  mal,  et  les  fatiguait  à  le 
suivre  dans  ses  expéditions.  Le  troubadour  assure 
que  depuis  qu'il  est  de  la  suite  de  l'empereur  il  a 
tant  jeûné,  que  la  lime  ne  trouverait  plus  à  mordre 
sur  sa  maigre  personne  : 

«  Qu'el  ten  ma  persona  inagra. 
Si  que  non  pot  mordre  lima.  >> 

«  Va ,  mon  vers,  ajoute-t-il  en  quittant  l'em- 
pereur, va-t'en  vite,  et  en  courant,  je  ne  sais  où  ; 
je  ne  tarderai  pas  à  t'y  suivre.  » 

D  se  rendit  vers  la  même  époque  chez  Guil- 
laume TV,  marquis  de  Montferrat.  Dans  un  sir- 
vente  sur  la  croisade  il  excite  le  zèle  du  marquis, 
et  en  même  temps  il  gourmande  les  princes 


chrétiens  :  «  Qu'attendent-ils  ?  tandis  qu'ils  se 
font  la  guerre  les  uns  aux  autres ,  les  Turcs ,  les 
Sarrasins,  les  Arabes  auront  bientôt  tout  en- 
vahi... Marquis  Guillaume,  que  les  plaisirs  du 
Montferrat  ne  vous  enchaînent  point;  vous  ar- 
riverez trop  tard  pour  venger  votre  père.  » 

Une  autre  pièce  sur  le  même  sujet  est  plus 
vive  et  plus  Incisive  :  «  Marquis,  ose-t-il  dire  au 
prince,  je  veux  que  les  moines  de  Cluny  fassent 
de  vous  leur  capitaine,  ou  que  vous  soyez  abbé 
de  Cîteaux ,  puisque  vous  avez  le  cœur  assez 
pauvre  (  jms  lo  cor  avez  tant  mendie  )  pour 
aimer  mieux  une  charrue  et  deux  bœufs  à  Mont- 
ferrat, qu'un  royaume  dans  un  autre  pays.  On 
peut  dire  que  jamais  fils  de  léopard  ne  dégénéra 
jusqu'à  se  tapir  dans  un  terrier,  à  la  manière  des 
renards.  »  Cairels  fit  d'ailleurs  ce  qu'il  conseillait  : 
il  se  rendit  en  Syrie,  et  son  voyage  fut  long.  Un 
biographe  dit  qu'il  visita  la  plus  grande  partie 
des  terres  habitées.  Lors  de  son  séjour  à  Mont- 
ferrat, Cairels  y  devint  amoureux  d'une  dame  Isa- 
belle qui  faisait  aussi  des  vers.  Le  portrait  qu'il 
en  fait  donne  de  l'objet  de  son  choix  une  haute 
idée  :  «  De  son  beau  corps  souple  et  délié,,  blanc, 
potelé,  suave  et  frais,  je  voudrais  tracer  use 
image  ;  mais  je  craindrais  d'être  au-dessous  de  la 
vérité.  Quand  je  contemple  tant  de  beautés,  ob- 
jet de  mes  désirs,  sa  chevelure  plus  blonde  qu'or 
émaillé,  son  blanc  front,  ses  sourcils  arqués  et 
fins,  ses  yeux,  son  nez,  sa  bouche  riante  :  ah  ! 
peu  s'en  faut  que  je  ne  la  saisisse  devant  tout  le 
monde.  « 

Cette  dame  s'étant  rendue  en  Grèce,  Cairels  lui 
adressa  une  pièce  de  vers  qu'il  voulait  qu'elle  en- 
tendît sur  cette  terre  classique.  Il  reste  quinze 
pièces  de  ce  troubadour.  On  lui  a  reproché  les 
termes  d'une  tenson  entre  la  dame  Isabelle  et  lui  j 
tout  prouve  que  c'était  une  pièce  joglaresque. 
Votj.  Isabelle. 

Hist.  littéraire  de  la  Praruoe,  XIX-  —  Raynouard, 
Choix  de  poésies  des  Troubadours,  Ut  et  IV. 

*  CAIRO  (Ferdinando),  peintre  de  l'école 
piémontaise,  né  à  Casal-Monferrato  en  1656,, 
mort  à  Brescia  en  1730.  Il  reçut  les  premières 
leçons  de  son  père,  peintre  médiocre,  qui  se 
nommait  également  Ferdinando  ;  puis  il  alla  étu- 
dier à  Bologne  sous  Marc-Antoine  Franceschini, 
auprès  duquel  il  resta  pendant  douze  ans ,  l'ai- 
dant dans  les  travaux  qu'il  exécuta  dans  les  dif- 
férentes villes  d'Italie.  Lorsqu'il  le  quitta,  il  vint 
se  fixer  à  Brescia,  où  il  se  maria,  et  fut  chargé 
jusqu'à  sa  mort  de  commandes  importantes. 
C'est  dans  cette  ville  qu'il  faut  chercher  ses 
meUleuTS  ouvrages.  E.  B — n. 

Lanzl ,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario,  —  Or- 
landi,  Abbecedario. 

*  CAIRO  (le  chevalier  Francesco),  peintre  de 
l'école  milanaise,  né  dans  le  territoire  de  Varèse 
en  1598,  mort  à  Milan  en  1674,  Il  fut  l'élève  fa- 
vori du  Morazzone,  qui  avait;su  l'apprécier  ;  il  ne 
trompa  pas  les  espérances  de  son  maître;  car,  s'il 
ne  parvint  pas  à  l'égaler  par  la  force  du  dessin 
et  la  vigueur  du  coloris,  il  le  surpassa  par  la  dé- 

5. 


nt 


CAIRO  —  CAIUS 


13G 


licatesse  de  la  touche,  l'élégance  des  formes  et 
la  grâce  de  l'expression.  Victor-Araédée,  duc  de 
Savoie,  qui  l'avait  attiré  à  sa  cour,  le  maria,  lui 
assura  une  pension,  et  le  nomma  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Maurice.  Ayant  terminé  les  tra- 
"  vaux  que  ce  prince  lui  avait  conlîés ,  Cairo  alla 
étudier  à  Rome  les  chefs-d'œuvre  des  grands 
maîtres,  et  son  talent  s'en  ressentit;  il  s'éloigna 
davantage  du  style  du  Morazzone,  adopta  un 
dessin  plus  simple  et  plus  châtié,  renonçant  à 
l'abus  des  raccourcis  et  des  détails  anatomiques, 
qui  distinguait  ses  premiers  ouvrages.  Il  dut 
beaucoup  aussi  pour  le  coloris  aux  maîtres  véni- 
tiens, et  quelques-ims  de  ses  portraits  semble- 
raient être  l'ouvrage  du  Titien.  Il  prolongea  sa 
carrière  jusqu'à  l'âge  de  soixante-seize  ans,  me- 
nant une  vie  large  et  splendide,  et  fut  enseveli 
en  grande  pompe  dans  l'église  des  Scalzi  de  Milan. 
Au  nombre  de  ses  bons  ouvrages,  on  cite  dans 
cette  ville  les  quatre  saints  fondateurs  de  l'é- 
glise Saint- Victor  ;  \&  Martyre  de  saint  Etienne, 
à  San-Stefano  Maggiore;  et  celui  de  saint 
Jean-Baptiste,  à  San- Giovanni  DecoUato. 
Son  portrait,  peint  par  lui-même,  fait  partie  de  la 
collection  iconographique  de  Florence.  Le  musée 
de  Dresde  possède  de  ce  maître  une  Vénus  sur 
un  lit,  tenant  une  flèche.  E.  B — w. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  Ticozzl,  Dizionario.  — 
Winckelmann,  Neues  Mahlerlexicon.  —  Pirovano, 
Guida  di  Milano. 

*  CAIRO  (  Guglielmo),  peintre  de  l'école  pié- 
montaise,né  à  Casal-Monferrato;en  1652,  mort  en 
1672.  Fils  d'un  peintre  médiocre,  nommé  Ferdi- 
nand Cairo,  il  donnait  de  brillantes  espérances  ; 
I  mais  il  mourut  à  l'âge  de  ;  vingt  ans,  laissant 
quelques  beaux  portraits  et  un  tableau  d'his- 
toire inachevé.  E.  B — n. 
,  Ticozzi,  Dizionario. 

CAiROTTE  (Paul-Maurice\),  prélat  italien, 
né  à  Turin  en  1726,  mort  en  1786.  En  1761,  il  fut 
appelé,  presque  contre  son  gré,  au  siège  épisco- 
pal  d'Asti.  II  réforma  les  mœurs  du  cleigé,  et 
laissa  une  Instruction  à  la  jeunesse  ecclésias- 
tique; 1775. 

Tipaldo,  Biograf.  degli  Ital. 

*CAISSA]V  (Jacques),  médecin  français,  natif 
de  la  Provence,  vivait  probablement  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Discours  des  Remèdes  pour  la  guérison  des 
morsures  de  rage;  Aix,  1609,  in-S"  ;  —  Recette 
très-véritable  pour  la  guérison  des  personnes 
et  animaux  mordus  des  chiens  et  loups  en- 
ragés; Paris,  1615,  in-8". 

Carrère,  Bibl.  de  la  Méd. 

CAiT-BEV,  ,26"  sultan  des  Mameluks  circas- 
sifens,  mort  le  7  août  1496(901  de  l'hégire). 
D'abord  esclave  en  Circassie,  il  fut  conduit  en 
Egypte,  et  affranchi  par  Malek-al-Daher-Giac- 
inak.  Il  régna  à  partir  du  31  janvier  1468,  après 
le  renversement  de  Timur-Bogha,  et  se  maintint 
sur  le  trône  pendant  vingt-neuf  années.  Il  vain- 
quit Bajazet  II  et  les  esclaves  éthiopiens  insur- 
gés. Ce  fut  un  prince  bienfaisant  et  éclairé.  Les 


\  écrivains  arabes  ses  contemporains  sont  una- 
nimes dans  les  éloges  qu'ils  lui  décernent. 
D'Herbelot,  Bibliothèque  orientale. 
CAIUMABAT.  Voy.  CayOUMARATH. 

CAIUS,  guerrier  romain,  fils  d' Agrippa  et  de 
Julie,  fille  d'Auguste,  vivait  au  premier  siècle 
avant  l'ère  chrétienne.  Il  fut  adopté  par  Au- 
guste, et  .à  l'âge  de  quatorze  ou  quinze  ans  il 
fut  nommé  consul.  Caius  fit  la  guerre  de  Ger- 
manie avec  Tibère,  et  fut  envoyé  avec  le  titre 
de  proconsul  contre  les  Arabes,  les  Arméniens 
et  les  Parthes.  11  s'acquitta  de  cette  mission  avec 
habileté,  réduisit  l'Arménie,  défit  Tigrane,  et 
conclut  un  traité  avec  Phraatace,  et  non  Phraate, 
comme  le  prouve  un  fragment  de  Dion  Cassius 
découvert  par  l'abbé  Morelli.  Blessé  près  de  la 
ville  d'Artageras  par  Addon,  gouverneur  de 
cette  place,  qui  lui  avait  demandé  un  entretien, 
il  mourut  bientôt  après,  des  suites  de  cette  bles- 
sure, à  LymireenLycie.  On  a  trouvé  des  médailles 
grecques-romaines  et  des  colonies  à  l'effigie  de 
Caius  et  de  Lucius  ;  quelques-unes  ne  portent 
que  la  tête  de  Caius. 

Suétone.  —  Tacite. 

CAïusjMUTics,  architecte  romain,  vivait  au 
premier  siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Il  fit,  par 
ordre  de  Marius,  quelques  ouvrages  d'architec- 
ture dans  le  temple  de  l'Honneur  et  de  la  Vei'tu , 
dont  on  voit  encore  quelques  ruines  près  de  l'é- 
glise SaintrEusèbe,  à  Rome. 

Félibien,  Recueil  hist.  de  la  vie  et  des  ouvrages  des 
plus  célèbres  architectes. 

CAIUS  VALGius,  médecin  romain,  vivait  au 
premier  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il  fut  médecin 
de  l'empereur  Auguste,  et  insistait  beaucoup 
sur  l'usage  des  bains  froids.  Son  ouvrage  Sur  les 
propriétés  et  l'usage  des  plantes  en  médecine 
est  mentionné  par  Pline  le  Naturaliste  ;  mais  il  ne 
nous  est  point  parvenu. 

Pline ,  Hist.  nat. 

CAIUS.  Voy.  GAIUS.i 

CAIUS  POSTHUMius,  architecte  romain, 
vivait  au  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne.  C'é- 
tait un  affranchi,  qui  fut  chai'gé  avec  son  élève, 
L.  Cocceius  Auctus,  également  affranchi,  de  di- 
riger diverses  constructions  qu'Agrippa  fit  faire 
aux  environs  de  Naples;  il  exécuta  des  pas- 
sages souterrains ,  la  plupart  pratiqués  dans  les 
rochers  qui  partent  de  cette  ville  jusqu'à  Pouz- 
zole  ou  Puteole,  et  depuis  le  lac  du  même  nom, 
appelé  Arverne  par  les  anciens,  jusqu'à  Cu- 
mes.  Il  n'est  pas  bien  certain  que  ces  deux  ar- 
tistes aient  percé  la  grande  voie  romaine  appelée 
aujourd'hui  la  grotte  de  Pausilippe,  antérieure 
au  siècle  d'Auguste;  elle  fut  creusée,  d'après 
quel((ues  écrivains,  par  les  habitants  de  Curnes. 

Recueil  historique  de  la  vie  et  des  ouvrages  des  plus 
célèbres  architectes. 

CAIUS  ou  GAïus  (saint),  disciple  de  saint 

Paul,  natif  de  Macédoine,  vivait  au  premier  siècle 

de  l'ère  chrétienne.  Il  était  établi  à  Corlnthe  lors 

de  l'arrivée  de  saint  Paul  dans  cette  ville ,  où  le 

*  grand  apôtre  alla  se  loger  chez  Caius,  le  con- 


137 


CAIUS  — 


vertit ,  et  l'associa  à  ses  voyages  comme  à  ses 
dangers.  Lors  de  la  sédition  des  orfèvres  de  la 
ville  d'Éphèse,  Caius  fut  entraîné  au  théâtre  par 
la  populace,  et  relâché  après  que  le  calme  se  fut 
rétabli.  On  ignore  ce  qu'il  devint  ensuite.  Origène 
faitdelui  un  évêque  deThessalonique.  Voy.  Gaïds. 

.Jetés  des  apôtres.  —  S.  Paul,  tp.  aux  Romains  et 
aux  Corinthiens.  —  TlUemont,  f'ie  de  saint  Paul. 

CAIUS  (....),  théologien  et  prélat  chrétien, 
d'origine  incertaine ,  vivait  au  troisième  siècle. 
On  conjecture  qu'ayant  été  disciple  de  saint 
Irénée,  il  était  né  dans  la  Gaule.  H  est  certain 
qu'il  puisa  sa  doctrine  dans  l'Église  de  Lyon.  On 
ignore  les  causes  qui  le  portèrent  à  se  séparer 
de  saint  Irénée.  A  Rome,  où  il  séjourna  quelque 
temps,  il  se  fit  remarquer  par  son  zèle  pour  la 
foi  et  par  son  éloquence  :  une  conférence  qu'il 
eut  avec  Procule  ou  Procle,  l'un  des  chefs  mon- 
tanistes,  contribua  beaucoup  à  étendre  sa  renom- 
mée. Au  rapport  de  Photius ,  il  fut  admis  dans 
le  clergé  romain;  et  en  210  il  fut  nommé  évê- 
que  des  nations,  et,  comme  tel,  chargé  de  por- 
ter la  foi  dans  les  pays  non  chrétiens.  Ses  ou- 
vrages ne  sont  connus  que  par  ce  qu'en  rappor- 
tent Photius,  Eusèbe,  saint  Jérôme  et  Théodoret. 
La  Conférence  avec  Procle,  écrite  en  grec  par 
Caius,  a  été  mentionnée  dans  son  Éloge  par  saint 
Jérôme  ;  Eusèbe  en  cite  des  fragments.  Caius  y 
regardait  comme  apocryphe  l'Épitre  de  saint  Paul 
aux  Hébreux.  Au  rapport  de  Théodoret,  Caius 
aurait  fait  aussi  un  livre  contre  Cérinthe.  Il  au- 
rait ainsi,  le  premier,  écrit  contre  les  millénaires. 
Le  troisième  de  ses  ouvrages,  d'après  le  même 
Théodoret,  qui  l'appelle  le  petit  Labyrinthe, 
aurait  été  un  livre  dirigé  contre  Artémon  et  Théo- 
dote,  qui  soutenaient  que  Jésus-Christ  n'était 
qu'un  homme.  Photius  et  Eusèbe  mentionnent 
également  un  taô^nn^Ae;  seulement,  le  premier 
donne  ce  nom  à  une  autre  œuvre  que  celle  qui 
réfute  Artémon.  Il  n'est  pas  bien  certain  qu'un 
Traité  de  V  Univers  ou  de  la  cause  de  V  Univers, 
cité  par  Photius,  soit  de  Caius  :  il  a  été  attribué 
aussi  à  Josèphe  Voy.  Hippolyte  (saint). 

Hist.  litt.  de  la  France,  I,  356  et  suiv.  —  Cave,  Hist. 
litt.,  I,  65.  —  Fàbrlcius,  Bibl.  grœca,  X,  693. 

CAIUS  (saint),  pape,  mort  le  21  avril  296. 
11  était  d'origine  dalmate,  et  neveu  de  Dioclétien. 
11  fut  créé  pontife  le  16  décembre  283,  et  suc- 
céda à  saint  Eutichien.  Il  est  le  22"  dans  le  ca- 
lendrier de  Libère.  Lors  de  la  première  persécu- 
tion des  chrétiens,  sous  Dioclétien ,  Caius,  obligé 
de  s'enfuir  de  Rome,  ne  cessa,  du  fond  de  l'asile 
qui  le  cachait,  à  exhorter  les  confesseurs  et  les 
martyrs. 

Parmi  les  actes  qu'on  attribue  à"ce  pontife,  on 
cite  la  confirmation  qu'il  aurait  faîte  de  l'usage 
de  n'élever  à  l'épiscopat  que  les  clercs  qui  au- 
raient passé  par  les  sept  ordres  inférieurs  de 
l'Église.  Il  créa  cinq  évéques,  vingt-cinq  prêtres 
et  huit  diacres.  C'était,  selon  quelques  histo- 
riens, un  homme  d'une  rare  prudence  et  d'une 
vertu  courageuse. 

Artaud,  Histoire  des  Souverains  Pontifes  romains. 


CAJADO  138 

CKïVS  (Bernardin),  médecin  italien  du  dix- 
septième  siècle.  11  était  natif  de  Venise.  On  a  de 
lui  :  Devesicantium  l/5«  ;  Venise,  1606,  ouvrage 
dirigé  contre  l'usage  des  vésicatoires  ;  —  De 
sanguinis  Effusione;  Venise,  1607,  in-4'';  — 
De  Alimentis  quœ  cuique naturx  conveniunt  ; 
ibid.,  1608-1610,  in-4". 
Éloy,  Dictionnaire  de  la  Médecine. 

CAIUS  (Jean),  poète  et  traducteur  anglais, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle. 
11  fut  poète  lauréat  d'Edouard  IV,  voyagea  en 
Italie,  et  traduisitl'ffis^oire  du  siège  de  Rhodes. 

Lcmprière,  Vniversal  Biography.  —  Rose,  Neio  Bio- 
graphical  Dictionary. 

CAIUS  OU  RAYE  OU  KEY  (Jean),  médecin 
anglais,  né  à  Norwich  en  1510,  mort  en  1573. 
Il  fut  reçu  docteur  en  médecine  à  Cambridge; 
puis  il  alla  à  Padoue,  où  il  étudia  sous  Montanus. 
Trois  ans  après ,  il  retourna  en  Angleterre ,  et 
devint  successivement  médecin  du  roi  Edouard  VI 
et  des  reines  Marie  et  Elisabeth.  Protégeant  les 
lettres,  il  fit  reconstruire  à  ses  frais  l'ancien 
collège  de  Gonvil,  à  Cambridge,  et  y  créa  vingt- 
trois  bourses.  11  ne  se  contenta  pas  de  favoriser 
les  travaux  d'autrui;  il  écrivit  lui-même  de 
nombreux  ouvrages.  On  lit  sur  sa  tombe  cette 
ambitieuse  inscription,  composée  par  lui-même  : 
Fui  Caius,  qui  rappelle  celle  de  Dante  :  Bantes 
hic  sto.  On  a  de  lui  :  Hippocrates  de  Medica- 
mentis,  dont  Caius  découvrit  le  manuscrit;  — 
De  medendi  Metbodo,  ex  Cl.  Galeni  Perga- 
meni  et  Joannis-Baptistae  Montani  Veronensis 
principiorum  medicorum  sententia  libri  duo; 
Bâle,  1544 ,1558,  in-8°  ;  —  CL  Galeni  Perga- 
meni  librl  aliquot  grœci,  partira  hactenus 
non  visi,  partim  a  mendis\repurgati,  annota- 
tionibusqueillustrati;  Bâle,  1544  et  1574,in-8°  ; 
— De  Ratione  victus  secunduniHippocratem.  in 
morbis acutis ;  ibid.,  1550,  in-S"  ;  —  De  Placitis 
Hippocratis  et  Platonis;  Louvain,  1556,  in-8°; 

—  De  Antîquitate  Cantabrigiensis  Academise 
libri  duo;  Londres,  1568,  in-8°,  1574,  in-4°;  — 
De  Canibus  britannicis  liber  unus;  —  De 
rariorum  animalium  et  stirpium  historia 
liber  Mn«s ;  Loudres,  1570,  in-S". 

Élol,  Dict.  hist.  de  Médecine.  —  Waten,  Dict.  —  Lem- 
prière,  Vniversal  Biogr.  —  D.  Clément,  Bibl.  curieuse. 

—  Chaufepié,  Dict.  —  Nicéron,  Mémoires,  XI  et  XII. 

CAIUS  (Thomas),  théologien  anglais,  mort 
en  1572.  Il  étudia  à  Oxford,  et  remplit,  à  partir 
de  1551,  les  fonctions  de  principal  du  collège  de 
l'université.  On  a  de  lui  :  la  traduction  anglaise 
de  la  Paraphrase  sur  saint  Marc  par  Érasme, 
traduction  entreprise  sur  la  demande  de  Cathe- 
rine Parr  ;  —  Assertio  antiquitatis  Oxoniensis 
Academise;  1560,  ouvrage  auquel  répondit 
Caius  de  Cambridge  ;  —  une  traduction  du  livre 
d'Aristote  :  De  Mirabilibtcs  mundi  ;  —  une  tra- 
duction d'Euripide  et  du  Nicoclès  d'Isocrate  ; 

—  ime  traduction  latine  des  Sermons  anglais 
de  Longland. 

tempriôre,  Univ.  Biog. 

CAJADO  (  Henri^),  poète  portugais,  mort  eiî 


139  CaJAUU  — 

1508.  Il  étudia  le  droit,  et  cultiva  en  même  temps 
les  lettres.  Eu  Italie,  où  il  séjourna  longtemps,  il 
connut  Béroalde  et  d'autres  savants  contempo- 
rains. Il  composa  des  poésies  latines,  citées  avec 
éloge  par  Érasme  et  Béroalde.  On  a  de  lui  : 
Sclogse  et  Silvse  et  Epigrammata ;  Bologne, 
1501 ,  in-4°,  et  1745,  dans  le  Corpus  Poetarum 
Lusitanorum. 

Antonio ,  Bibliotheca  hispana  nova. 

CAJANI  {Angelo),  mathématicien  italien, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  seizième  siè- 
cle. On  a  de  lui  :  /  Quindici  libri  degli  Ele- 
menti  di  EucMe,  di  greco  tradotti  in  Imgua 
toscana;  Rome,  1545,  in-8°.  L'auteur  ne  se 
fait  connaître  que  dans  la  préface,  où  se  trouve 
la  date  de  l'impression  de  1545,  plus  exacte  que 
celle  de  1535,  donnée  sur  le  titre. 
Paitoni,  Bibl.  degli  f^olgarizz.,  t.  II,  p.  42. 

CAJtETAM  (Benoit).  Voy.  Boniface viii. 

CAJETAN  ou  CAJETANUS,  cardinal  de  Plai- 
sance et  légat  du  pape  en  France,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de 
lui  :  Lettre  aux  archevêques,  évêques  et  abbés 
de i^Vance; Paris,  1 590, in-8°;  et  en  latin,  ibid., 
1590,  in-8°  ;  —  Lettre  à  la  noblesse  de  France  ; 
ibid.,  1598,  in-8°  ;  —  Missive  du  cardinal  Cajé- 
tan,  envoyée  à  la  Faculté  de  théologie  de 
Paris;  ibid,,  1593,  in-S";  —  Exhortatio  ad 
Catholicos  qui  in  regno  Francise  ab  hseretici 
partibus  stant;  ibid.,  1593,  in-8°  ;  —  Litteree 
ad  universos  regni  Franciae  catholicos,  super 
conventu  quorumdam  ecclesiasticorum  ab 
Henrico  Borbonico  ad  oppidum  S.  IHonysii 
indicto;Mà.,  1593,  in-8°. 

Leiong,  Bibliothèque  Mst.  de  la  France,  édit.  Fontette. 
CAJËTAi\  (Alphonse),  biographe  de  l'ordre 
de  Jésus,  connu  par  une  Vie  de  François  Caje- 
tan,  de  la  même  société. 

Ughelli,  Italia  sacra. 

CAJETAN  (Constantin),  savant  italien,  né  à 
Syracuse  en  1560,  mort  le  17  septembre  1650. 
Fils  du  prince  de  Cassano,  il  entra,  en  1586, 
dans  l'ordre  de  Saint-Benoît,  à  Catane.  Un  zèle 
excessif  pour  la  gloire  de  son  ordre  le  porta  à 
ranger  parmi  les  bénédictins  beaucoup  de  per- 
sonnages qui  n'en  avaient  point  fait  partie,  par 
exemple,  saint  Ignace  de  Loyola;  ce  qui  fit  dire 
au  cardinal  Scipion  Cabillucci  qu'il  craignait 
que  Cajetanne  transformât  saint  Pierre  lui-même 
en  bénédictin.  Les  moines  du  mont  Cassin  désa- 
vouèrent ce  zèle  peu  intelligent.  Cajetan  attribuait 
aussi  Vlmitation  de  Jésus-Christ  à  un  moine  du 
nom  de  Gessen.  Il  devint  cependant  successive- 
ment abbé  de  Saint-Baronte,  secrétaire  de  Paul  V 
pour  les  lettres  sacrées,  et  bibliothécaire  du  Va- 
tican sous  Clément  VIII.  Baronius  lui  dut  beau- 
coup de  matériaux  pour  ses  Annales.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  :  P.  Damiani  opéra  ; 
Rome,  1606-1608-1640,4vol.  in-fol.; — Amalarii 
Fortunati  Vita;  Rome,  1615,  in-4'';  —  Lsidori 
Hispalensis ,  Ildefonsi  Toletani  et  Gregorii 
card.    Ostiensis   Vitse ,  scholiis   illustratx, 


GAJi.TAJN 


140 


ibid.,  16l6,in-4''  ; —  De  ErectioneeollegiiGre- 
goriani;  Rome,  1622,  in-4°  ;  —  Vita  Erasmi 
Gaetœ,  urbis patroni ;\b\à.,  1638, in-4°;—  Ge- 
lasiipapee  II  Vita,  a  Pandulpho  Pisano  con- 
scripta,  commentariis  illiistrata  a  Const. 
Gaetano;  ibid.,  1638,  in-4°; —  De  singulari 
Primatu  Sancti  Pétri  solius,  item  de  romano 
ejusdem  domicilio  et  pontificatu,  dans  le  t.  F' 
de  la  Bibliotheca  pontificia  de  Roccaberti. 

Dupin,  Biblioth.,  dix-septième  siècle.  —  Thèopliile 
Rainaud,  De  bonis  et  malis  libris ,  n°  230.  —  Allatius, 
jipes  urbanœ. 

*  CAJETAN  ou  CAJETANUS  (François), 
philosophe  scolastique  français,  vivait  probable- 
ment dans  la  première  moitié  du  seizième  siè- 
cle. On  a  de  lui  :  Libri  IX  de  Institutione  Re- 
publicx,  cum  annotationibus  Jo.  Savignei; 
Paris,  1520,  in-fol. 

Adelung,  suppl.  à  Jocher,  Mlgetn.  Gelehrten-Lexicon. 
CAJETAN  ( Sébastien),  théologien,  de  l'ordre 
des  Mineurs  Observantins,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut  pro- 
vincial de  son  ordre,  et  laissa  un  commentaire 
en  latin  des  Décrets  à.e  la  Congrégation  des  Rites 
sur  la  célébration  de  la  messe. 

Allatius,  Apes  urbanse. 

CAJETAN  OU  CAËTAN  (Henri),  frère  du 
duc  de  Sermanetta,  Itfilien,  mais  sujet  du  roi 
d'Espagne,  mourut  en  1599.  Il  fut  élu  cardinal 
en  1585.  Ce  personnage  n'est  guèi-e  connu  que 
par  le  rôle  qu'il  joua  momentanément  à  Pai'is  dans 
les  temps  de  la  Ligue.  Henri  IV  avait  envoyé  au- 
près de  Sixte-Quint  le  duc  de  Luxembourg,  pour 
lui  faire  connaître  le  véritable  état  des  affaires 
en  France.  Le  pape,  qui,  d'après  les  lettres  et  les 
ambassadeurs  de  la  Ligue,  croyait  que  le  Béar- 
nais (commel'appelaient  les  ligueurs)  était  si  res- 
serré qu'il  ne  pouvait  échapper  sans  tomber 
mort  ou  vif  dans  les  mains  de  ses  ennemis,  avait 
chargé  Caëtan  d'aller  travailler  à  la  délivrance 
du  cardinal  de  Bourbon,  retenu  prisonnier  par 
les  royalistes,  et  de  le  reconnaître  pour  roi.  Mais 
Luxembourg  étant  parvenu  à  donner  au  pape 
une  juste  idée  de  la  situation  des  choses,  Sixte- 
Quint  changea  tout  à  coup  les  instructions  du 
légat,  qui  n'était  pas  encore  parti,  et  lui  re- 
commanda seulement  de  faire  en  sorte  que 
le  trône  fût  occupé  par  un  prince  catholique. 
Le  cardinal,  vendu  à  l'Espagne,  se  mit  en 
route  (1590)  avec  la  résolution  d'agir  selon  les 
intentions  des  ligueurs.  Le  roi,  instruit  de  ses 
dispositions,  avait  donné  l'ordre  de  l'enlever  à 
son  passage  en  Bourgogne;  mais  cet  ordre 
n'ayant  pu  être  exécuté,  Caëtan  arriva  à  Paris 
sous  une  nombretise  escorte  de  ligueurs.  Il  y  fut 
reçu  avec  tous  les  honneurs  dus  au  légat  du 
saint-siége,  et  il  alla  au  parlement,  où  il  s'en  fal- 
lut peu  qu'il  n'occupât  le  trône  destiné  au  roi. 
n  fit  une  longue  harangue  en  latin  sur  la  puis- 
sance et  la  grandeur  du  pape,  sur  l'amour  qu'i 
avait  pour  le  royaume  de  France,  et  sur  le  zèle 
auquel  il  s'attendait  de  la  part  des  Français  pour 
conserver  la  religion  catholique,  apostolique  et 


141  caj?:ïan 

romaine.  Caëtan  s'empressa  de  confirmer  un  dé- 
cret que  les  Seize  venaient  d'arracher  à  la  Sor- 
bonne,  lequel  défendait  de  négocier  avec  un  roi 
liérétique  et  relaps.  Mais  la  nouvelle  de  la  vic- 
toire d'Ivry,  et  de  la  reddition  de  Vernon  et  de 
Mantes,  rappelèrent  au  légat  que  le  pape  lui  avait 
recommandé  d'arranger  les  affaires  de  France 
plutôt  que  de  les  aigrir  :  il  proposa  une  entrevue 
avec  le  cardinal  de  Gondi,  évêquede  Paris,  dans 
la  maison  du  maréchal  (le  Biron ,  à  Noisy.  La 
conférence  eut  lieu,  mais  elle  ne  produisit  rien. 
Le  légat  avait  auparavant  fait  faire  une  proces- 
sion solennelle  dans  l'église  des  Augustins,  où 
avaient  assisté  plusieurs  évêques  et  prélats,  le 
prévôt  des  marchands,  les  échevins,  les  colonels 
et  capitaines  de  quartier,  et  à  la  fin  de  laquelle 
le  serment  de  l'union  avait  été  renouvelé  entre 
ses  mains.  Pendant  que  Henri  IV  assiégeait  Pa- 
ris, l'ambassadeur  d'Espagne  donna  120  écus  par 
jour  pour  acheter  du  pain  aux  pauvres  ;  le  légat 
en  donna  50,000  pour  le  même  objet,  et  vendit  ou 
engagea  son  argenterie.  Mais  Caëtan ,  jugeant 
enfin  les  affaires  des  ligueurs  désespérées,  com- 
mença à  sereiâcher.  11  proposa  anx  théologiens  et 
aux  prélats  de  Paris  assemblés  la  question  de  sa- 
voir si,  forcé  par  la  nécessité  de  se  rendre  à  un 
roi  hérétique,  on  encourrait  les  censures  delà 
bulie  du  pape?  Les  docteurs  et  prélats  répondi- 
rent négativement.  Le  6  août  1590,  le  légat  per- 
mit donc  aux  députés  de  Paris  d'aller  trouver  le 
roi  à  Saint-Antoine-des-Champs,  et  leur  donna 
sa  bénédiction.  La  mort  du  pape  Sixte  V  et  l'é- 
lection d'un  nouveau  pontife  lui  offrirent  un  pré- 
texte pour  quitter  la  France ,  et  il  retourna  en 
Italie.  Dans  la  suite,  il  fut  envoyé  encore  en  Po- 
logne pour  engager  le  roi  Sigismond  dans  une 
allianceavecTempereur  contre  les  Turcs.  [M.  Del- 
BARE ,  dans  ÏJEnc.  des  g.  du  m.  ]. 

Sismondi,  Hist.  des  Français. 

*  CÂJETAN  ou  CAJETANCS  (Marie  ),  capu- 
cin et  écrivain  ascétique  italien,  natif  de  Ber- 
game,  mort  dans  un  âge  très-avancé  vers  1746. 
On  a  de  lui  :  il  Capuccino  ritirato  per  dieci 
giorni  in  se  stesso,  o  sieno  Esercizj  spirituali  ; 
Milan,  1719  et  1722,  in-12  ;  Venise,  1730,  in-12  ; 
Bologne,  1737,  in-12;  —  Esame sopra  il  vizio 
dell'  osteria;  Bergame,  in-12  (1"  édition  sans 
date)  ;  1725 et  1728, ibid.  —  le  Ore  divotamente 
impiegate  davanti  alss.  Sacramento  ;  ^ome, 
Bergame  et  Brescia,  1724,  in- 24;  —  il  Miserere 
esposto  in  pensieri  ed  affetti  di  penitenza  ; 
Bergame,  in-12  (  sans  date);  ibid.,  1726,  1732, 
1740;  —  la  Divozione  o  sia  noveyia  di  Sauta- 
Anna;  Bergame,  1726 et  1740,  in-12;  —  l'Uomo 
apostolico  istruito  nella  sua  vocazione  al 
con/essionario  ;  Bergame,  1726,  in-4°;  Brescia, 
avec  des  additions,  1736,  in-4°;  Trente,  1736, 
in-4°;  Bergame,  1704,  in-4'';—  la  Fraterna 
Carità  ideata  in  riflessioni  sacre  e  morali; 
Bergame,  1728,  in-12,  et  ailleurs ;— T f/owio 
apostolico  istruito  nella,sua  vocazione  alpul- 
pito;  Venise,  1729,  in-k"  ;  —  Istruzione  sopra 


142 


i  contratti  e  le  mure;  Bergame,  1730,  in-12; 
ajouté  plus  tard  aux  éditions  nouvelles  de  l' Uomo 
apostol.  al  coi\fess.  ;  —  Pensieri  ed  affetti 
sopra  laPassiune  di  Gesu  Cristo  per  ciascun 
giorno  dell'anno,  cavati  dalle  divine  Scritture 
e  da'  Santi  Padri;  Bergame,  1733, 2  vol.  in-8°; 
Brescia,  1739,  in-8°  ;  —  Novena  ad  onore 
del  B.  Giuseppe  da  Leonessa,  capuccino; 
Rome,  1736,  in-12;  —  Riflessioni  sopra  l'o- 
pinione  probabile,  opéra  teologico-ascetica  ; 
1739,  2  tom.  in-4°;  —  l'Umiltà  del  cuore 
ideata  in  pensieri  ed  affetti  ad  eccitarne  la 
pratica  ;  Bergame,  1739,  iQ-12;  Brescia,  1740, 
in-12;  Venise,  1740,  in-12;  Bergame,  1743, 
in-12  ;  —  Tre  Sermoni  sopra  alcuni  peccati 
occulti  dello  stato  nobile  ne'  tre  giorni  di' 
apparecchio  alla  nascita  del  Salvatore;  Ber- 
game, 1740,  in-8°;  —  Pensieri  ed  affetti  so- 
pra le  Solennité  occorrenti  fra  l'anno;  ibid., 
1741,  in-8»;  —  la  Morale  evangelica  predi- 
cata  ed  esposta  con  le  sentenze  délia  divina 
Scrittura,  de  sacri  Concili  e  de'  Santi  Padri; 
Padoue,  1743 ,  Jn-4''  ;  —  Spiegazione  délie  Preci 
e  Cerimonie  délia  messa;  Bergame,  1745 
in-8°;  —la  VirtU  délia  Fede  praticata  dalla 
Beatissima  Vergine,  e  proposta  alV  imita- 
zione  de'  suoi  divoti;  Bergame,  1745,  in-S". 

Bern.  a  Bononia,  Bibl.  Capuccin. 

*  CAJTETAN  ou  CAJETAMUS  {Mcolas),  ju- 
risconsulte italien,  vivait  à  Naples  probablement 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui:  De  Feudis;  Naples,  1670,  2  vol. 
in-fol.;  —  Annotationes  pro  Régis  eerario,  ad- 
ditis  XI  gusestionibus  ;  Naples,  1692 ,  2  vol. 
in-fol. 

Catal.  Bibl.  Dubois. 

CAJETAM  (Octave ),  hagiographe  italien,  né  à 
Syracuse  le  22  août  1566,  mort  le  8  mars  1620. 
]1  appartenait  à  l'ordre  des  Jésuites.  On  a  de  lui  : 
Remarques  sur  les  lettres  du  moine  Théodose 
au  sujet  du  siège  de  Syracuse,  dans  Muratori, 
l,  2^  partie;  —  Vitas  Sanctorum  Siculorum; 
Palerme,  1652,  in-fol.;  —  Isagoge  ad  histo- 
riam  sacram  Siculam;  Palerme,  1707,  in4°- 
ouvrage  posthume  comme  le  précédent ,  et  im- 
primé dans  Graevius. 

Graevius,  Thésaurus  Antiquitatum.  —  Alegambe,  Bi- 
bliotheca  Scriptorum  Societatis  Jesu. 

CAjETAN  OU  CAJETAN  (Palma).  Voy. 
Cayet. 

CAJETAN  (Thomas  de  Vio),  prélat  et  théo- 
logien italien,  né  à  Cajette  ou  Caïette  Je  25  juil- 
let 1470,  mort  en  août  ou  sepfembic  1534.  A 
seize  ans  il  entra  dans  l'ordre  des  Frères  Prê- 
cheurs. II  étudia  la  philosophie  à  Naples,  et  la 
théologie  à  Bologne;  à  vingt-six  ans  il  fut  reçu 
docteur  dans  l'assemblée  générale  de  son  ordre 
et  vint  professer  à  Rome.  En  1508,  illut  élu 
général  de  son  ordre,  à  la  recommandation 
du  pape  Jules  H.  Lorsque  ce  pape  fut  cité 
à  comparaître  devant  les  cardinaux  réunis  en 
concile  à  Pise,  puis  à  Milan,  Cajetan  prit  sa 


143 


CAJETAN 


défense,  et  soutint  que  le  pape  seul  pouvait  as- 
sembler un  concile.  Il  fut  nommé  cardinal  par 
Léon  X  le  1^"  juillet  1517,  et  envoyé  en  qualité  de 
légat  en  Allemagne  pour  associer  à  la  ligue  con- 
tre les  Turcs  l'empereur  Maximilien  et  le  roi  de 
Danemark.  Il  était  à  Augsbourg  lorsque,  sur 
un  bref  du  pape,  il  cita  à  son  tribunal  Luther; 
celui-ci  s'y  rendit,  et  parut  faire  des  concessions, 
qu'il  rétracta  publiquement  dès  le  lendemain. 
En  1519,  Cajetan  assista,  encore  comme  lé- 
gat, à  l'assemblée  des  princes  électeurs  de  l'Em- 
pire ,  à  Francfort,  et  porta  Charles-Quint  pour 
candidat  de  la  cour  de  Rome.  Puis  il  retoiu'na 
dans  la  ville  pontificale ,  d'où  il  se  rendit ,  sous 
Adrien  VI  et  par  son  ordre,  en  Hongrie,  pour  y 
soutenir  la  guerre  contre  les  Ottomans.  Rappelé 
à  Rome,  en  1524,  par  Clément  Vil,  il  fut  fait  pri- 
sonnier lors  de  la  prise  de  Rome  en  1527,  et 
ne  recouvra  sa  Uberté  que  moyennant  une  ran- 
çon de  cinq  mille  écus  d'or,  qu'il  emprunta  à  ses 
amis.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Commen- 
taires sur  la  Somme  de  saint  Thomas;  1507, 
1511, 1517,etLyon,  1540, 1541;  — des  Opuscu- 
les, à  la  fin  de  la  Somme  de  saint  Thomas  ;  Lyon, 
1581  ;  on  y  remarque  le  livie  intitulé  de  l'Auto- 
rité du  Pape; —  un  Commentaire  sur  la  Bible; 
Lyon,  1639,  5  vol.  in-fol.  ;  ouvrage  qui  fut  attaqué 
pai"  Catharin ,  et  censuré  par  la  faculté  de  théolo- 
gie de  Paris;  —  Tractatu^  de  Comparatione 
Papse  et  conciZii  ;  Venise,  1531  et  1562;  — des 
Commentaires  sur  la  Philosophie  d'Aristote. 

Écliard,  Script,  ord.  Prxdicat.  —  Touron,  Hommes 
illustres  de  l'ordre  de  Saint-Dominique. 

CA.JOT  {dom  Jean-Joseph),  bénédictin  de  la 
congrégation  de  Saint- Vannes ,  archéologue  et 
critique,  naquit  à  Verdun-sur-Meuse  en  1726, 
et  mourut  dans  la  même  ville  le  7  juillet  1779. 
Il  fit  profession  dans  l'abbaye  de  Hautvilliers  en 
1743,  et  contracta  de  bonne  heure  le  goût  de 
l'étude,  si  répandu  parmi  les  membres  du  sa- 
vant ordre  religieux  dont  il  faisait  partie.  Il  pro- 
fita particuUèrement  de  son  séjour  dans  la  célè- 
bre abbaye  de  Saint- Arnould  de  Metz ,  pour  se 
livrer  à  des  recherches  sur  les  antiquités  du 
pays  et  sur  les  premiers  temps  de  son  histoire. 
Il  en  publia  le  résultat  dans  un  livre  encore  re- 
cherché :  les  Antiquités  de  Metz,  ou  Recher- 
ches sur  l'origine  des  Médiomatriciens,  leur 
premier  établissement  dans  les  Gaules,  leurs 
mœws,  leur  religion;  Metz,  Collignon,  1760, 
in-8°.  Une  saine  critique  sert  de  guide  à  l'éru- 
dition de  l'auteur  :  s'il  se  livre  quelquefois  à  des 
conjectures  qui  paraissent  hasardées,  on  ne  peut, 
tout  en  leur  refusant  une  adhésion  entière,  mé- 
connaître le  savoir  et  la  sagacité  de  l'auteur.  Il 
fit  paraître  ensuite  V Histoire  critique  des  Co- 
queluchons  ;  Cologne  (  Metz  ),  1762,  petit  in-12. 
Ce  n'est  ni  un  fibelle  ni  un  pamphlet,  ainsi  que 
les  ennemis  de  dom  Cajot  ont  voulu  le  faire 
croire.  11  cherche  à  prouver  dans  cet  écrit  que 
la  grande  diversité  d'habits  qui  distinguent  les 
hommes  religieux  n'est  conforme  nia  la  raison, 


-  CAJOT  144 

ni  au  statut  primitif  de  chaque  établissement 
monastique.  Cette  thèse,  toute  nouvelle,  souleva 
bien  des  ressentiments  contre  un  faux  frère  qui 
avait,  par  exemple,  le  mauvais  goût  de  trouver 
le  costume  des  capucins  indécent  et  malpropre. 
Il  se  réhabilita  dans  l'esprit  des  révérends  pères 
de  toutes  les  couleurs  par  la  publication  des 
Plagiats  de  M.  J.-J.  R.  de  Genève  sur  l'édu- 
cation ;  Paiis ,  1766,  in-12.  Selon  le  critique, 
YÉmile  n'est  qu'une  compilation  de  passages 
pillés  dans  les  auteurs  anciens  et  modernes, 
que  le  citoyen  de  Genève  a  seulement  pris  soin 
de  lier  entre  eux.  Parmi  les  anciens,  il  cite  Aris- 
tote,  Platon,  Plutarque,  Sénèque,  Quintilien,  et 
même  Galien.  Quant  aux  modernes,  il  signale 
Montaigne,  Charron,  Sainte-Marthe,  Malebran- 
che,  Fénelon,  Crouzas  et  jusqu'au  médecin  Deses- 
sarts,  comme  ayant  été  mis  à  contribution  par 
Jean-Jacques  Rousseau.  Il  y  a  des  rapprochements 
curieux  dans  ce  relevé,  qui  a  exigé  de  longues 
et  savantes  recherches;  mais  une  certaine  simi- 
litude ou  communauté  d'idées  ejitre  des  philo- 
sophes de  tous  les  siècles  ne  peut  constituer  ce 
qu'on  appelle  proprement  un  plagiat.  Le  censeur 
a  d'ailleurs  eu  le  tort  de  prodiguer  contre  le  pré- 
tendu plagiaire  «  les  railleries  amères ,  les  e\- 
«  pressions  aigres  et  les  termes  offensants,  "  re- 
proche que  les  rédacteurs  des  Mémoires  de  Tré' 
voiix  eux-mêmes  lui  ont  adressé.  Dom  Cajot  se 
proposait  de  justifier  la  même  accusation  de  pla- 
giat à  l'égard  de  plusieurs  autres  ouvrages  de 
J.-J.  Rousseau,  tels  que  les  discours  sur  les 
sciences,  sur  l'inégalité  des  conditions,  le  Con- 
trat social,  et  la  lettre  contre  la  musique  fran- 
çaise ;  mais  il  n'a  pas  donné  suite  à  ce  projet. 
Un  dernier  ouvi-age  qui  a  provoqué  contre  dom 
Cajot  de  fâcheuses  représailles ,  est  son  Examen 
philosophique  de  la  règle  de  Saint-Benoît  ; 
Avignon,  1768,  in-8°.  Quoique  le  ton  en  soit  plus 
mesuré  que  celui  des  écrits  précédents ,  <c  on  y 
«  reconnaît  les  errements  d'un  esprit  inquiet,  et 
«  plongé  dans  un  abîme  de  mécontentements,  » 
ainsi  que  l'observe,  en  fort  mauvais  stjle,  le 
critique  dont  nous  allons  parler. 

L'orage  soulevé  contre  ;dom  Cajot  au  sein 
de  la  congrégation  de  Saint-Vannes  lui  suscita 
de  nouvelles  persécutions.  Dom  Grappin  se 
chargea  de  réfuter  l'ouvi-age  de  son  confrère,  et 
fit  paraître  une  Lettre  à  l'auteur  de  l'Examen 
philosophique  de  la  règle  de  Saint-Benoit,  ou 
Examen  religieux  de  l'Examen  philosophi- 
que en  France,  1768,in-8°.  Cette  critique,  qui  est 
loin  de  résoudre  toutes  les  objections  du  censeur 
confie  la  règlede  Saint-Benoît,  estd'ailleurs  rem- 
pUe  d'injures  et  de  personnalités.  Il  fautremonter 
jusqu'au  P.  Garasse  pour  en  trouver  un  pareil 
exemple.  Nous  devons  observer  néanmoins  que 
nous  avons  sous  les  yeux  un  exemplaire  de  cette 
lettre,  accompagnée  d'une  espèce  d'amende  ho- 
norable ,  autographe ,  signée  par  dom  Grappin  : 
il  regrette  de  s  être  permis  des  vivacités,  tout 
en  persistant  dans  ses  observations.  En  1775, 


145  CAJOT  • 

(loin  Cajot  fit  paraître  xmAtmanach  historique 
(le  Verdun-sur-Meuse,  in-12,qui  n'a  pas  de 
(oiitinuation.  On  lui  attribue  riï/o|7e  de  l'Asne, 
par  un  docteur  de  Montmartre  ;  Londres  et 
Paris,  1769,  petit  in-12,  qui  parait  avoir  été 
n'imprimé,  en  1782,  sous  le  pseudonyme  de 
Chiistophc  Philonagre.  J.  Lamoureux. 

Documents  manuscrits  inédits.  —  France  littéraire 
de  M.  Quërard. 

CAJOT  (dora  Charles  ),  frère  de  Jean  Joseph, 
théologien  de  l'ordre  de  Saint-Benoit,  naquit  à 
Verdun  le  17  août  1731,  et  mouiut  le  6  décembre 
1807.  11  entra  chez  les  bénédictins  de  Saint- Van- 
nes, professa  la  philosophie  et  la  théologie  dans 
cette  abbaye,  ainsi  que  dans  celle  de  SaintrAr- 
nould  de  Metz.  On  a  de  lui  :  Recherches  histo- 
riques sur  Vesprit  primitif  et  les  anciens  col- 
lèges de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  d'où  résul- 
tent les  droits  de  la  société  sur  les  biens 
qu'il  possède;  Paris,  1787,  2  vol.  in-8°. 

Richard  et  Giraud ,  Bibliothèque  sacrée. 

CALA  (Fernand  ),  surnommé  le  Stocco,  his- 
torien italien,  natif  de  Cosenza  en  Calabre.  On 
a  de  lui  :  Istoria  de'  Suevi  nel  conquisto  de' 
regni  di  Napoli  e  di  Sicilia  per  l'imperadore 
Enrico  VI,conla  vita  del B.  Gio.  Cala;  Naples, 
1660,  in-fol.  Il  païaît  que  ce  saint  Jean  de  Cala 
était  un  personnage  purement  imaginaire  ;  l'his- 
torien donna,  pour  les  reliques  du  saint,  les  osse- 
<ments  d'un  âne.  L'inquisition  de  Rome  s'en  ém.ut, 
!fit  brûler  ces  reliques,  et  supprimer  l'ouvrage  de 
l'écrivain  imposteur. 

Adelung,  supplément  à  Jochev,  yàllgemeines  Gelehr- 
ten-Lexicon: 

CALABER.   Voy.  QUINTUS. 

CALABaE  {Edme) ,  né  à  Troyes,  mort  à 
iSoissons  le  13  juin  1710.  Il  fut  membre  de  la 
1  congrégation  de  l'Oratoire,  et  professa  avec  suc- 
cès les  humanités.  Devenu  ensuite  directeur  du 
séminaire  de  Soissons,  il  s'y  fit  remarquer  par 
son  zèle  et  ses  lumières.  On  a  de  lui  :  des  Pa- 
raphrases des  psaumes  50,   102  et  103  ;  1748 
|; et  autres  dates; —  des  sermons  et  des  confé- 
rences (écrits  inédits). 
Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 
CALABRESE.  Voy.  Preti  Mattia  ,  Greco,  et 

Go^ZALVE. 

*CALABR1A  (Pieifro),  peintre  napolitain ,  vi- 
vait à  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-huitième.  Il  fut  un  des  meil- 
leurs élèves  et  des  plus  fidèles  imitateurs  de 
Luca  Giordano ,  qu'il  accompagna  en  Espagne. 
En  1712,  il  était  à  Madrid,  et  fut  nommé  peintre 
du  roi  Pliilippe  V  et  un  de  ses  appréciateurs 
de  tableaux.  Il  était  encoi'e  dans  cette  ville  en 
1725,  et  il  est  problable  qu'il  y  mourut. 

E.  B— N. 

Ticozzi,  Dizionario. 

j     CALACES  OU  CALADEs,  peintre  athénien,  vi- 
[  Tait  dans  le  quatrième  siècle  avant  J.-C.  Au 
I  rapîport  de  Pline,  il  réussissait  à  peindre  des  su- 
jets comiques  sur  des  tableaux  de  petite  dimen- 
sion: in  comicis  tabelUs.  On  a  peu  de  détails 


CALAIS 


146 


sur  la  vie  de  cet  artiste,  et  l'on  ne  saurait  affir- 
mer que  ce  fut  en  son  honneur  que  les  Athéniens 
élevèrent  une  statue  dans  le  Céramique,  près 
du  temple  de  Mars.  11  est  plus  probable  que  c'est 
Calliades,  un  archonte,  qu'on  aura  voulu  hono- 
rer de  cette  manière. 
Pline,  OEuvres.  —  Hérodote,  llist. 
*CALADO  (le  P.  Manoël) ,  historien  por- 
tugais, ne  vers  1584,  mort  en  1654.  Villa-Viciosà 
était  le  lieu  de  sa  naissance  :  il  cmbi'assa  la  vie 
religieuse,  puis  entra  dans  un  couvent  situé  au 
milieu  des  montagnes  de  Ossa,  et  qui  portait  le  nom 
d'Institut  de  Saint-Paul.  De  là  probablement  il 
passa  au  Brésil,  où  il  demeura  près  de  trente  ans, 
et  fut  témoin  oculaire  des  principaux  événe- 
ments amenés  par  l'invasion  hollandaise.  Il  pu- 
blia sur  les  exploits  de  Fernandez  Vieira  un  livre 
devenu  rarissime,  et  aujourd'hui  fort  recherdié  ;  il 
est  intitulé  0  valoroso  lucideno,  e  triumphoda 
liberdade ,  parte  prima  ;  Lisboa,  Paulo  Craes- 
beecsk,  1648,  in- fol.  Ce  volume  fut  prohibé,  et 
parut  après  une  vingtaine  d'années  à  Lisbonne 
en  1668,  chez  Domingos  Carneiro,  sans  qu'on  en 
ait  fait  une  seconde  édition.  Une  note  dont  M.  Fi- 
gannière  donne  la  teneur,  et  que  ne  rapporte  au- 
cim  bibliographe,  lève  la  prjubibition  du  saint 
office.  F.  D. 

Barbosa  Maehado ,  BibUatheca  Lusitana.  —  César  de 
Flgannlère,  Biblioçraphia  historica. 

CALAGES  (  Marie  Pech  de  ) ,  femme  auteur 
française,  native  de  Toulouse,  vivait  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle.  Elle  rem- 
porta plusieurs  prix  aux  Jeux  Floraux.  Mais  elle 
est  surtout  connue  par  sonpoëme  de  Judith,  ou 
la  Délivrance  de  Béthulie,  en  huit  livres,  dédiée 
à  Marie-Thérèse  d'Autriche,  reine  de  France. 
Cette  œuvre  est  supérieure  à  la  plupart  des  piè- 
ces contemporaines  :  on  y  trouve  une  simplicité, 
une  facilité  et  surtout  une  con-ection  assez  rares 
avant  les  Corneille  et  les  Racine.  Jttdith ,  pu- 
bliée à  Toulouse  en  1660,  après  la  mort  de  M""  de 
Calages,  fut  cependant  écrite  avant  l'apparition 
du  Cid.  On  a  remarqué  avec  raison  que  certains 
vers  de  Racine  rapijellent  ceux  du  poëme  de  Ju- 
dith, que  Racine  a  pu  connaître,  et  dont  il  a  pu 
s'inspirer  sans  les  copier.  On  trouve,  par  exem- 
ple, dans  Judith,  ce  vers  : 

Qu'un  soin  bien  différent  l'agite  et  la  dévore  ! 
Et  Phèdre  (acte  n,  scène  v)  s'exprime  ainsi  : 

Qu'un  soin  bien  différent  me  trouble  et  me  dévore  ! 

On  a  cité,  d'après  Sauvigny  (le  Parnasse  des 
Dames),  d'autres  passages  de  Judith.  Mais  l'au- 
teur de  ce  recueil  déclare,  dit  Barbier,  que,  pour 
faire  goûter  notre  ancienne  poésie,  il  a  changé 
des  vers ,  des  expressions,  et  quelquefois  même 
des  tours  de  phrase. 

Biog.  Toulousaine.  —  Sauvigny,  le  Parnasse  des  Da- 
mes.  —  Barbier,  Examen  critique  des  Dict.  histor. 

CALAIS  {saint).  Voy.  Calis. 

*  CALAIS  OU  CARELEFUS  (saini),  né  en  Au- 
vergne dans  la  seconde  moitié  du  cinquième 
siècle,  mort  en  541,  fondateur  de  l'abbaye  d'Ani- 


147 


CALAIS  —  CALANCHA 


148 


sole  ou  Anille,  qui  donna  naissance  à  la  ville  de 
Saint-Calais  (Sarthe),  avait  été  auparavant  le 
compagnon  de  saint  A\'itaux  monastères  de  Me- 
nât et  de  Micy,  près  d'Orléans.  On  rapporte  de 
lui  ce  trait  de  fermeté  religieuse  :  il  refusa  à  la 
reine  Ultrogothe ,  femme  de  Childebert,  l'entrée 
de  son  monastère,  intei'dite  aux  femmes.  Il  mou- 
rut et  fut  enterré  dans  son  monastère.  Ses  reli- 
ques ,  transportées  ensuite  à  Blois ,  ont  été  ren- 
dues aux  habitants  de  Saint-Calais. 

N.  M— Y. 

Vétnn,'  Dictionnaire  hagiographique.  —  Uist.  litt.  de 
la  France,  III. 

*CALAME  (Bomain),  chronologiste  français, 
de  la  congrégation  de  Saint-Vannes,  natif  de  Mor- 
teau  en  Franche-Comté ,  mort  à  Fontaines,  près 
de  Luxeuil  en  Lorraine,  le  4  septembre  1707.  II 
fit  profession  en  l'abbaye  de  Saint-Évre-lez-TouI 
le  3  juin  1644,  et  enseigna  dans  différents  cou- 
vents les  belles-lettres,  ainsi  que  la  philosophie  et 
la  théologie.  On  attribue  sa  mort  à  des  excès  de 
travail.  On  a  de  lui:  Opuscula  chronologica 
tria; —  De Natali  Christi;  —  De  die  Passio- 
nis  Christi  ; —  Dedieobitus  sancti  Benedicti 
(en  manuscrit)  ;  1695  ;  —  Summa  temporum  ab 
orbe  condito  ad  Christi  in  cœlos  Ascensionem 
deducta,  et  inpartes  très  distributa  :  methodi- 
cam,  demonstrativam ,  et  historicam  (en ma- 
nuscrit) 1698;  —  Stiidiorum  cursus,  in  sep- 
tem  tomos  distributus,  quibus  grammatica, 
rhetorica,  philosophia  et  utraque  theologia, 
scolastica  iiimirum  et  thetica,  breviter  et 
perspicue  traduntur  (  en  manuscrit)  ;  —  beau- 
coup d'autres  ouvrages,  surtout  sur  l'archéologie 
hébraïque,  restés  manuscrits. 

Dom  Calmet,  Biblioth.  de  Lorraine.  —  Adelung,  supplé  : 
ment  à  JOcher,  .4llgem.  Gelehr.-Lex. 

*  CÂ-LAMECH  (  Lazzaro),  peintre  et  sculpteur, 
né  à  Carrare  vers  1530,  vivait  encore  en  1570. 
11  fut  élève  de  son  oncle  Andréa,  et  sans  doute 
aussi  de  Michel-Ange.  11  fit  pour  les  funérailles 
de  ce  grand  artiste  deux  statues,  dont  Vasari  fait 
un  grand  éloge.  E.  B — n. 

Vasari,  l^ite.  —Ticozzi,  Dizionario. 

CAXAMiNUSou  RoaicH  {George),  savant  al- 
lemand, né  le  28  août  1547,  mort  le  l'^'"  décem- 
bre 1595.  Il  changea  en  Calaminus  son  nom 
de  famille  Rorich  (  en  allemand  de  roseau  ),  et 
étudia  à  Breslau,  à  Heidelberg  et  à  Strasbourg.  Il 
fut  gouverneur  du  comté  d'Andelot,  et  chargé  en 
1578  de  professer  le  grée  à  Lintz  en  Autriche.  On 
a  de  lui  :  une  traduction  des  Phéniciennes  d'Eu- 
ripide ;  Strasbourg,  1577,  et  d'autres  tragédies 
grecques. 

Adam,  l^itse  eruditorum. 

CALAMis  (  KàXa(j,ii;  ),  sculpteur  et  ciseleur 
grec.  On  ignore  l'époque  précise  où  il  vécut;  on 
conjecture  qu'il  fut  contemporain  de  Phidias; 
ce  qui  le  placerait  au  cinquième  siècle  avant 
J.-C.  Ce  fut  un  artiste  très-remarquable:  il  tra- 
vaillait également  l'or,  l'argent,  l'ivoireet  le  bronze. 
Il  excellait  surtout  à  représenter  les  chevaux. 
Parmi  les  œuvres  de  ce  genre,  on  cite  le  char 


commandé  par  Dinomène,  fils  d'Hiéron  ;  il  exé- 
cuta aussi  un  Apollon  de  trente  coudées  de  hau- 
teur, transporté  d'Apollonie  à  Rome  par  Lucul- 
lus;  une  Victoire;  un  Jupiter  Ammon;  un 
Bacchus  ;  nne;  Aphrodite,  uae  Alc?nène,  etc.  Ci- 
céron,  qui  le  compare  avec  Canachus,  s'exprime 
ainsi  au  sujet  de  Calamis  :  Quis  enim  eorum, 
quiheec  minora  advertunt,non  intelligit  Ca- 
nachi  signa  rigidiora  esse  quani  ut  imiten- 
tur  veritatem?  Calamidis  dura  illa  quidem; 
sed  tamen  molliora  quant  Canachi,  nondum 
Myronis  satis  ad  veritatem  adducta. 

Cicéron,  Brutus.  —  Quintilien,  XII,  10.  —  Pline,  Hist. 
natur.,  XXIII,  XXVI.  —  Émeric  David ,  Essai  sur  les 
classements  ehronologiques  des  sculpteurs  grecs  les 
plus  célèbres. 

CALAMY  (Edmond) ,  théologien  anglais,  né 
à  Londres  en  1600,  mort  le  29  octobre  1666.  Il 
étudia  à  Cambridge  avec  une  ardeur  qui  lui  mé- 
rita la  protection  de  Selton,  évêque  d'Ély.  Après 
avoir  rempli  des  fonctions  ecclésiastiques  dans 
diverses  localités,  il  vint  àLondres,  où  il  se  trouva 
mêlé  aux  controverses  religieuses,  et  se  posa 
comme  un  des  plus  ardents  non-conformistes.  Il 
fut  un  des  auteurs  duifameux  traité  intitulé  Smec 
tijmnws,  Londres,  1641,  titre  formé  des  initiales 
des  dix  écrivains  qui  avaient  concouru  à  sa 
rédaction.  Il  fut  membre  de  l'assemblée  des  mi- 
nistres ou  théologiens  de  Westminster,  et  prêche 
souvent  dans  la  chambre  des  communes.  Il  s'op- 
posa à  la  condamnation  et  à  la  mort  de  Char- 
les P"',  et  combattit  l'avènement  de  Cromwell  ; 
aussi  prit-il  une  part  active  à  la  restauration.: 
Il  devint  alors  chapelain  de  Charles  H.  On  lu. 
offrit,  mais  il  refusa,  l'évêché  de  Lichfield.  Lt 
haut  clergé  ayant  triomphé  de  ses  adversaires, 
en  1662,  par  l'acte  d'uniformité,  Calaniy  résign. 
ses  fonctions  ecclésiastiques.  Il  mourut  à  la  suit* 
du  saisissement  que  lui  avait  fait  éprouver  lin  i 
cendie  de  Londres.  On  a  de  lui  :  the  Godl^ 
man's  Ark,  or  a  city  of  Refuge  in  the  Dag  oj 
hi^  distress;  Londres,  1683,  in-12,  8"  édition 
Biog.  Britannica.  —  Gorton,  Générai  Biog.  Diction.  - 
Rose,  Neiv  Biog.  Dict. 

CAh&MY  (Benjamin),  fils  d'Edmond,  théolo- 
gien anglais,  mort  en  1686.  Il  commença  ses  étu 
des  à  Oxford,  et  les  acheva  à  Cambridge.  En  167! 
il  fut  appelé  au  ministère  sacré  de  Sahîte-Mari( 
Aldermanburg  et  aux  fonctions  de  chapelain  du  roi 
En  1683  il  fit  un  sermon  intitulé  A  Biscoursi 
about  ascrupulous  conscience,  qui  fit  gi'andi 
sensation,  et  valut  à  un  nommé  Tliomas  Delaure 
opposé  aux  doctrines  émises  dans  ce  sermon, 
d'être  incarcéré  à  Newgate  avec  sa  femme  et  s© 
enfants.  Mais  Calamy  fut  l'occasion  plutôt  qu« 
la  cause  de  ces  exécutions  religieuses.  Les  ri- 
gueurs du  gouvernement  vis-à-vis  de  plusieurii 
de  ses  amis  hâtèrent  même ,  dit-on,  la  mort  dd 
Calamy. 

Leraprière,  Univ.  biog.  —  Rose,  New  Biog.  Dict. 

*  CALANCHA  { Frcy  Antonio  m:  la.),  écri-i 
vain  péruvien,  né  à  Chuquisaca  vers  la  fin  di 
seizième  siècle,  mort  dans  le  dix-septième.  Il  em 


149 


CALAJNCHA  —  CALANDËR 


150 


liiassa  la  vie  religieuse  et  entra  dans  un  couvent 
il  niif^ustins  à  Lima,  ce  qui  neTempôclia  pas  de 
|)iircourir  les  régions  péruviennes  dans  toute 
Ici  II  étrndue,  de  visiter  les  ruines  qui  n'existent 
pins  aujourd'hui,  et  de  recueillir  les  traditions 
|iii  avaient  cours  dans  le  royaume  de  Quito  et 
tans  l'ancien  empire  des  Incas.  En  1619,  nous 
i  o\  ons  déjà  Calancha  prieur  d'un  couvent  de  son 
)n]re  dans  la  ville  de  Truxillo.  La  cité  où  il  ré- 
itlail  alors  fut  ruinée  par  un  épouvantable  trem- 
ilement  de  terre  qui  dura  plusieurs  jours.  Cette 
•atastrophe  commença  le  14  février,  A'ers  11  h.  1 2 
Ui  matin,  par  le  temps  le  plus  calme,  et  en  quinze 
minutes  ses  ravages  s'étendirent  à  plus  de  cinq 
•onts  lieues  du  nord  au  sud.  Calancha,  à  la  tête 
les  moines  de  son  couvent,  rendit  alors  les  ser- 
I  i(  os  les  plus  signalés.  Le  âilmeune  fois  rétabli, 
l  se  livra  exclusivement  à  des  travaux  littéraires. 
in  1629,  la  grande  chronique  de  l'ordre  qu'on 
'avait  chaîné  d'écrire  était  terminée  ;  mais  on  se 
oyait  dans  l'impossibilité  de  la  publier  au  Pérou , 
t  elle  ne  put  être  imprimée  à  Barcelone  qu'en 
639.  Elle  parut  alors  sous  le  titre  de  Cronica 
mralizada  del  orden  de  San  Augustin  en  el 
Hru;  Barcelona  fl),  in-fol.  Calancha  ne  vint 
epcndant  jamais  en  Europe,  et  mena  toujours 
lans  son  pays  une  vie  assez  modeste.  II  est  au- 
ourd'hui  en  grand  crédit  chez  ceux  des  Hispano- 
iméncains  qui  s'occupent  de  l'ancienne  littéra- 
ure  de  leur  pays.  Quoique  la  première  partie 
lie  son  œuvre  ait  seule  paru ,  on  eût  évité  un 
;rand  nombre  d'erreurs ,  si  on  l'eût  consultée 
Mus  fréquemment.  Son  style  est  diffus,  et  les  ren- 
leignements  qtfil  coutient  sont  mêlés  à  beau- 
l'^up  de  détails  oiseux  ;  mais  ils  ont  le  caractère 
ile  la  vérité,  et  renferment  de  précieuses  origines. 
Jalancha,  presque  entièrement  inconnu  parmi 
lous,  a  eu  cependant,  dès  le  dix-septième  siècle, 
es  honneurs  de  la  traduction  ;  on  l'a  seulement 
nfiniment  trop  abrégé  dans  la  version  française  ; 
lie  est  intitulée  beaucoup  plus  emphatiquement 
[ue  l'original  :  Histoire  de  l'Église  du  Pérou 
mx  antipodes,  et  un  grand  progrès  de  l'Église 
!»  lu  conversion  des  gentils  par  la  prédica- 
ion  des  religieux  ermites  de  l'ordre  de 
^int- Augustin,  recueillie,  par  tm  Père  de  la 
^ovince  de  Tolose,  de  lachronique  du  R.  P.  A. 
ie  la  Calanche;  Toulouse,  chez  F.  Boude,  1653, 
0-4°.  Ce  n'est  pas  dans  ce  livre  qu'il  faut  pren- 
Ireconnaissancede  l'auteur  péruvien,  et  s'initier 
m  mx  mystères  archéologiques  qu'il  dévoile  ;  c'est 
)ii  Jans  le  livre  original.  Nul  ne  connaissait  mieux 
8  ^e  lui,  on  peut  le  dire,  une  foule  de  monuments 
qi  jpiî  ont  disparu,  puisque,  à  partir  de  1615,  il  avait 
I  ifisité  à  deux  reprises  différentes  ces  ruines  mer- 
111  ireilleuses  de  Tibuanaco,  dont  il  est  si  souvent 
i*  tpiestion  dans  les  voyageurs  modernes.  Calancha 
lonne  approximativement  une  idée  de  l'étendue 

i  i  Le  livre  de  B.  de  Torrès  complète  en  quelque  sorte 
I  i;c!,  ouvrage  ;  il  est  intitulé  Cronica  de  la  Provincia  Pe- 
'  '-auna  del  orden  de  les  Ermitanos  de  S ant- Augustin  ; 
tV  Lima ,  16S7,  In-iol. 


prodigieuse  du  temple  de  Pachacaniac  et  des 
constructions  hiératiquesqui  l'entouraient.  Le  tout 
pouvait  avoir,  disait-il ,  un  demi-quart  de  lieue 
de  tour;  et  ce  temple  imposant  est  comparé  par 
lui  au  temple  de  Salomon.  A  l'époque  où  écrivait 
l'auteur  de  la  Cronica  moralisada,  on  voyait 
encore  un  grand  nombre  de  bas-reliefs  parmi  les 
ruines.  Pachacamac,  l'àme  vivifiante  de  l'uni- 
vers, ne  pouvait  être  manifesté  aux  hommes 
par  une  statue  :  l'idée  imposante  qu'on  se  fai- 
sait de  ce  dieu  puissant  ne  permettait  pas  de  le 
représenter  sous  un  symbole.  Comme  le  nom  re- 
douté de  Jéhovah,  le  nom  de  Pachacamac  n'était 
prononcé  par  les  Péruviens  qu'avec  toutes  les 
marques  de  la  terreur  et  du  respect.  On  envoyait 
au  dieu  de  saints  baisers  dans  la  position  la  plus 
humble.  Calancha  prend  soin  de  décrire  minu- 
tieusement les  formes  d'adorations  prescrites  par 
le  rituel,  et  il  donne  l'oraison  qui  servait  à  im- 
plorer les  dieux  suprêmes  des  Péruviens. 

Ferdin.  Denis. 

Prcscott,  Hist.  du  Péroii. 

*CALANDAR  (Choiraf-Bou-AU),  illuminému- 
sulman,  natif  de  Panipat,  vivait  au  treizième  siè- 
cle de  J.-C.  A  l'âge dequarante  ans,  Calandarvin* 
à  Dehli,  et  eut  l'avantage  d'être  introduit  auprès 
du  Khadja-Coutb-Ouddin  ;  mais  il  ne  s'occupa 
pendant  vingt  ans  que  de  sciences  extérieures. 
Enfin  la  lumière  divine  (pour  me  servir  de  ses 
propres  expressions  )  vint  éclairer  le  miroir  de 
son  cœur  ;  il  jeta  tous  ses  livres  dans  le  fleuve 
Jemna,  et  se  mit  à  voyager  pour  achever  son  ins- 
truction religieuse.  Arrivé  dans  l'Asie  Mineure, 
il  y  retira  de  grands  avantages  de  la  société  de 
Chams-Tabriz,  célèbre  poète  persan,  et  de  Mau^ 
lavi-Roum,  phiîxjsophe  spiritualiste  musulman, 
fondateur  de  l'ordre  des  Maulavî,  et  auteur  d'un 
poëme  très- renommé ,  connu  sous  le  titre  de 
Masnavi  Calandar  revint  ensuite  dans  sa  patrie, 
et  vécut  constamment  dans  îa  retraite,  jusqu'au 
moment  où  Dieu  l'appela  à  lui.  "Un  grand  nom- 
bre de  gens  prétendirent  avoir  été  ks  témoins 
oculaires  de  ses  miracles ,  et  de  nos  jours  en- 
core son  tombeau  est  un  lieu  de  pèlerinage  très- 
fréquenté.  Ce  personnage,  le  plus  célèbre  de 
l'Inde  musulmane ,  mourut,  s'il  faut  en  croire 
M.  W.  Hamilton  {lEast  India  Gazetteer,  t.  Il, 
p.  367),  l'an  724  de  l'hégire  (1323-1324  de  l'ère 
chrétienne  )  ;  mais  si  à  l'âge  de  quarante  ans  il 
fut  effectivement  en  relation  avec  Coutb-Ouddin, 
qui  mourut  en  630  (  1232-1233),  la  date  donnée 
par  M.  Hamilton  ne  doit  pas  être  exacte  ;  car 
elle  supposerait  que  Calandar  avait  plus  de  cent 
trente  ans  lorsqu'il  cessa  de  vivre. 

On  trouve  le  Fatiha  (  éloge  avec  invocation  ) 
de  ce  saint  dans  l'Eucologe  musulman,  imprimé 
à  Calcutta  (Hidayat-al-Islam,  p.  269).  [M.  de 
RiENzi ,  dans  VEnc.  des  g.  du  m.  ] 

Hamilton,  East  India  Gazetteer. 

*CAL,A]VDER  {Etienne),  médecin  italien,  na- 
tif du  Piémont,  vivait  dans  le  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Brevissima  chirurgicas 


151 


CALANDER  —  CALANDRUCCÏ 


152 


facultatis  compendiaria  ;  Paviglione,  1623, 
iii.l2  ;  —  la  FeVre  deW  l' anima  ;  Turin,  1647, 
in- 12  (sur  les  Passions  de  l'âme). 

Carrère,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

CALANDRA  (Jeaii-Bapttste),  peintre  mo- 
sfute,  né  à  Verceil  en  1568,  mort  en  1644  ou 
1648.  11  fit  faire  des  progrès  à  son  art.  On  voit  à 
Saint-Pierre  de  Rome  plusieurs  peintures  de 
cet  artiste,  entre  autres  un  Saint  Michel  d'après 
le  chevalier  d'Arpino.  On  lui  doit  d'autres  ouvra- 
ges non  moins  remarquables  ;  mais  ne  recevant 
du  gouvernement  qu'un  salaire  insuffisant,  il  tra- 
vailla pour  les  particuliers.  Pascoli  vante  une  Ma- 
done de  Calandra  d'après  Raphaël,  qui  fit  partie 
autrefois  de  la  galerie  de  la  reine  de  Suède. 

Nagler,  Neues  Allgemeines  Kûnstler-Lexicon.  — 
Lanzi,  Storia  pittorica. 

CAiANDRËLLi  (Joseph),  astronome  italien, 
né  à  Zagarola  en  1749,  mort  à  Rome  le  27  dé- 
cembre 1827.  Il  abandonna  l'étude  de  la  juris- 
prudence, qu'il  ti-ouvait  trop  aride,  pour  s'appli- 
quer aux  sciences  physiques  et  naturelles,  tout 
en  professant  la  philosophie  au  séminaire  de 
Magliano.  En  1774,  il  fut  appelé  à  suppléer,  puis 
à  remplacer,  à  Rome,  le  célèbre  Jacquier  dans 
la  chaire  de  mathématiques.  C'est  alors  qu'il  fit 
paraître  ses  ouvrages  les  plus  importants.  En 
même  temps  û  s'occupa  d'expériences  physi- 
ques, et  dirigea  l'observatoire  fondé  par  le  car- 
dinal Zélada  ;  le  premier,  il  fit^élever  des  para- 
tonnerres au  sommet  du  palais  pontifical.  Il  fut 
un  de  ceux  que  le  pape  Pie  VII  chargea  de 
faire  des  observations  astronomiques  dans  le 
genre  de  celles  auxquelles  se  livraient  les  sa- 
vants français.  En  1824,  il  dut  abandonner  aux 
jésuites  le  collège  romain,  et  se  retirer  avec  ses 
collègues  au  collège  de  Saint-ApoUinaire.  On  a 
de  lui  :  Saggio  analitico  sulla  riduzione  degli 
Archi  circolari  a  logaritrai  hmmaginarï;  — 
Sulla  fallacia  délia  dimosti'azione  di  Galileo 
del  moto  accelerato  in  regione  degli  spazii; 

—  la  JDimostrazione  sulV  equilibrio  ;  —  Del 
moto  e  délia  forza  che  sollecita  i  corpi  pen- 
duli  da  una  funeper  piani  inclinati;  1778; 

—  Opuscoli  astronomici ,  en  collaboration  avec 
Conti;  Rome,  1812,  in-fol. ,  et  1824,  8  vol.  :  on 
trouve  dans  ce  recueil  les  mémoires  suivants  de 
Calandrelli  :  Sulla  latitudine  délia  specola  e 
sulla  elevazione  del  suo  piano ,  e  délie  prin- 
cipali  colline  romane  sul  livello  del  mare  ;  — 
i  Lavori  sulla  parallasse  annua  délia  lira 
colla  soluzione  del problema  délie  altezzecor- 
rispondenti ,  supponendo  la  differenza  di  de- 
cliîiazioue  e  refrazione  quantitàfinite; — Sulle 
duc  comète  apparse  negli  annl  1807  e  181 1  ;  — 
Sulla  luce  crepuscolare  ;  —  la  Dimostrazione 
délie  diverse  formate  da  usarsi  net  calan- 
dario  Giuliano  e  Gregoriano;  1819,  in-8°;  — 
lo  Schéma  di  un'  antica  eclissi  solare  ve- 
duta  nelU  anno  359  daÀla  fundazione  pdi 
Jioma^. 

Tlpaldo,  Biog.  degl.  Ital.  illuftri,  lu,  243. 


CALANDRiNi  (/eftw-ZoMw) ,  botaniste  et  ma- 
thématicien suisse,  né  à  Genève  en  1703,  mort 
le  30  décembre  1758.  Il  étudia  à  Lausanne  et  à 
Londres,  fut  professeur  de  mathématiques  en 
1724,  professeur  de  philosophe  en  1734,  et  con- 
seillerd'État  en  1750.  C'était  un  savant  distingué. 
On  a  de  lui  :  Thesis  de  Coloribus  ;  Genève, 
1722; —  An  solse  propositiones  mathematicx 
sint  jure  certae;  ibid.,  1728;  —  De  Infinito; 
1730; —  De  actione  solis  et  lunx  ;  ibid., 
1732;  —  De  veritatis  inquisitione  ;  ibid., 
1734;  —  De  attentione,  memoria  et  imagina- 
tione;  ibid.,  1734;  —  De  vegetatione  et  gene- 
ratione plantarum ;  ibid.,  1734;  —  des  Mémoi- 
res et  Observations  dans  divers  recueils,  notam- 
ment les  Philosophical  Transactions,  dans  le 
Journal  littéraire^et  la  Bibliothèque  Itali- 
que;—  un  traité  De  sectionibus  conicis,  et  une 
Nota  de  calculo  sequationum  planetarum, 
dans  l'édition  des  Principia  mathematica  phi- 
losophise  naturalis  Isaaci  Newtonis,  par  Le- 
sueur  et  Jaquier;  Genève,  1739-1742;  3  vol 
in-4°.  Calandrini  coopéra  par  ses  soins  et  ses 
conseils  à  cette  édition. 

Journal  Helvétique,  1759,  janvier.  —  Senebler,  Hist. 
litt.  de  Genève,  III.  —  Efsch  et  Gruber,  AUgemeim 
Encycl. 

CALANDRINI  OU  CALENDRINI,  poète  SUisse 

vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-septiènw 
siècle.  Il  est  connu  par  un  poème  latin ,  où  il  dé- 
crit un  orage  extraordinaire  qui  éclata  à  Genève 
le  19  janvier  1645.  Ce  poème  se  trouve  dans  le: 
œuvres  du  baron  de  Ziilichen.  (  Voy.  ce  nom.  ) 

Senebier,  Hist.  litt.  de  Genève,  XI,  219. 
CALANDRINO  OU   CALANDRtTCCIO   (TVOSSC 

di  Pierino,  dit),  peintre,  né  à  Florence  à  k 
fin  du  treizième  siècle,  fut  élève  d' Andréa 
Tafi.  Il  travaillait  en  compagnie  ou  plutôt  soui 
la  direction  de  Buffalmacco  et  de  Nello  di  Dino 
qui,  profitant  de  sa  simphcité,  le  prenaient  pou 
but  des  plus  plaisantes  mystifications.  Ce  son: 
ses  mésaventures  mêmes,  racontées  par  Boccaci 
dans  le  Décaméron,  qui  ont  sauvé  son  nom  d 
l'oubli.  E.  B— N, 

Boccace,  Décaméron.  —  Ticozzi,  Dizionario.  —  Op 
landl,  Jbbecedario. 

*CALAiVDRrcci  (Domenico),  peintre  de  l'é 
cole  romaine ,  né  à  Palerme  vers  la  moitié  di 
dix-septième  siècle.  Frère  et  élève  de  Giacinto 
U  reçut  aussi  les  leçons  de  Carlo  Maratta. 

Lanzl,  Storia  pittorica.  —  Pascoli,  P'ite  de'  pitt,  et( 

CALANDRUcci  (Giocinto),  peintre  de  l'é 
cole  romaine,  né  à  Palerme  en  1646,  mort  ei 
1707.  Il  étudia  à  Rome  sous  Carlo  Maratta,  e 
peignit  pour  Saint>-Antoine  des  Portugais  Sai 
Paolino  delta  Regola,  et,  pour  d'autres  égli 
ses,  des  tableaux  qui  ne  parurent  pas  inférieur 
à  ceux  de  son  maître.  Rappelé  dans  sa  patrie 
il  peignit  pour  Saint-Sauveur  de  Palerme  ui 
grand  tableau  de  la  Vierge  entourée  de  sain 
Bazile  et  de  plusieurs  autres  saints.  La  mor 
le  frappa  au  moment  où  il  venait  d'y  mettre  1: 
dernière  main. 


|S3  CALANDRUCCI 

*CA.hX'SDKVCCl  (Gian-Battista),  peintre  de 
école  romaine,  neveu  et  élevé  du  précédent. 

E.  B— N. 

Pasnoll,  f^ite  de'  Pittori,  ScuUori  e  Architetti  tno- 
erni.  —  lMm\,Storia  pittorica.  —  Tlcozzl,  Dizionario. 
-  Orlandi,  Abbecedario. 

*CALANi  {Carlo),  peintre  et  sculpteur,  né  à 
arme  avant  la  moitié  du  dernier  siècle,  mort  en 
812.  Il  fut  un  des  artistes  qui,  à  cette  époque  de 
écadence,  s'efforcèrent  de  ramener  le  bon  goût 
ar  l'étude  de  l'antique.  Le  tableau  du  maître- 
Jtel  de  Colorno,  les  statues  de  Saint- Antoine 
3  Padoue,  et  les  quarante  cariatides  de  la 
•ande  salle  du  palais  royal  de  Milan ,  sont  ses 
rincipaux.  ouvrages.  Il  mourut  très-âgé,  sans 
/oir  pu  se  consoler  de  la  perte  de  sa  fille,  morte 
«t  années  avant  lui.  E.  B — n. 

Ticozzl ,  Dizionario.  —  Piroyano,  Guida  di  Milano. 

*CAi.ANi  (Maria),  peintre  de  l'école  de 
arme,  née  en  1781,  morte  en  1804.  Élève  de 
tn  père  Carlo,  elle  remporta  le  second  prix  au 
and  concours  de  peinture  ouvert  à  Milan  en 
iOl.  Un  Baptême  du  Christ,  plusieurs  por- 
aits ,  et  une  Hébé ,  son  dernier  ouvrage ,  font 
vement  regretter  qu'une  mort  prématurée  l'ait 
ilevée  aux  arts  à  l'âge  de  vingt-trois  ans. 
E.  B— N. 
Ticozzl,  Dizionario. 

CALANNA  (Pierre),  franciscain  et  philosophe 
ilien,  né  en  1531  à  Termine  dans  l'île  de  Sicile, 
»ort  dans  la  même  ville  le  19  janvier  1606.  A 
ae  époque  où  il  était  dangereux  de  combattre 

philosophie  d'Aristote ,  à  juger  parla  mort  de 
.  Ramée,  il  se  déclara  pour  la  philosophie  de 
laton.  Cependant  Seelen  va  trop  loin  en  le 
ammant  un  platonicien  à  brûler;  car  il  est 
lutôt  syncrétiste  que  platonicien  déterminé.  On 

de  lui  :  PMlosophia  seniorum  sacerdotia 
t  platonica,  a  junioribus  et  laids  neglecta; 
>hilosophia  de  mundo  animarum  et  corpo- 
um;  Palerme,  1599,  in-4°,  ouvrage  devenu 
ès-rare  dès  le  commencement  du  dix-huitième 
ècle  ;  —  Orazioni  ambi  funebri  nella  morte 
\el  re  Filippo  ///Palerme,  1599,  in-4°. 

De  Seelen,  Select,  litterar.,  p.  693,  et  Miscellun.,  t.  I, 
;  9,  et  tom.  III,  préf.  —  Vogt,  Catal.  libr.  rar.,  p.  162. 
\-  Mongitore,  Bibl.  Sicula.  —  David  Clément,  Bibl.  cu- 

*cALANO  (Maurice),  philosophe  et  médecin 
1  alien,  né  et  mort  à  Ferrare,  vivait  dans  le  dix- 
leptième  siècle.  La  renommée  de  ses  vastes  con- 
iaissances  le  fit  nommer  très-jeune  à  ime  chaire 
-e  professeur  ordinaire  à  l'université  de  sa  ville 
atale.  Bientôt  après  il  succéda  à  Galeotto  Bec- 
a])o  dans  la  première  chaire  de  philosophie,  et 
evint  enfin  professeur  d'anatomie.  On  dit  qu'il 

beaucoup  écrit  ;  mais  il  n'a  fait  imprimer  que  le 
raité  De  Proprietatibus  individualibus ;  Fer- 
jare,  1645. 
I  Èloy,  Dict.  de  la  Méd.  —  Carrière,  Bibl.  de  la  Méd. 

I  *CALAso  (P?'osper),  médecin  italien,  natif 
e  Sarzane  (États  Génois),  vivait  dans  le  milieu 
lu  seizième  siècle,  n  professa  à  Rome  et  à  Bolo- 


—  CALANSON  154 

gne.  On  a  de  lui  :  une  paraphrase  latine  du  livre 
de  Galicn  De  inxquali  temperie  ;  Lyon,  1 538, 
in-8°.  Un  autre  de  ses  ouvrages  n'est  connu  que 
par  une  traduction  française,  sous  le  titre  :  Traité 
de  Ventretènement  de  la  santé;  Paris,  1550, 
in-l  2. 

Éloy,  Dict.  de  la  Méd. 

CALANSON  (  GiRAUD  de),  jougleur  et  trouba- 
dour gascon,  mort  vers  1226.  Ses  poésies  font 
presque  entièrement  connaître  sa  vie.  C'est  à 
tort,  il  semble,  qu'on  prétend  qu'il  eut  peu  de 
succès  à  la  cour  des  princes.  On  le  voit,  au  con- 
traire, bien  accueilli  chez  le  roi  de  Castille,  chez 
le  roi  d'Aragon,  chez  le  vicomte  de  Montpellier,  et 
surtout  chez  Marie  de  Ventadour.  Ce  qui  reste  de 
ses  poésies  justifie  cette  appréciation  que  fait  de 
lui  Y  Histoire  littéraire  :  «  Il  a  de  la  verve,  du 
goût,  de  la  fmesse  dans  l'esprit,  une  oreille  déli- 
cate, et  il  paraît  avoir  joint  à  son  talent  toute 
l'instruction  répandue  parmi  les  poètes  de  son 
siècle.  »  Parmi  les  pièces  publiées  par  M.  Ray- 
nouard,  on  remarque  celle  où  le  poëte  fait  un 
élégant  éloge  de  sa  dame.  Chaque  strophe  com- 
prend quatorze  vers  :  douze  de  six  syllabes,  le 
treizième  de  quatre,  et  le  quatorzième  de  onze.  Les 
treize  premiers  sont  masculins;  le  quatorzième 
seulement  est  Ctoiinin,  et  la  pénultième  syllabe 
est  longue.  Dans  un  autre  poème,  Calanson  invite 
un  jongleur  à  cultiver  les  exeroices  habituels 
aux  gens  de  sa  profession.  Les  phrases  y  sont 
coupées,  et  la  rime  disposée  de  telle  façon  que 
le  poëte  a  l'air  de  danser  d'un  bout  à  l'autre,  et 
d'imiter  amsi  les  mouvements  du  jongleur. 

Les  strophes  suivantes  donnent  une  idée  de  ce 
genre  : 

Fartet  joglar, 

Co  potz  pensar.... 

C'ades  te  do 

Sirventes  bo 
Coin  no  lo  puesea  desraenlir  ? 

Sapchas  trobar 

Egen  tombar 
E  ben  parlar,  e  jocx  partir, 

Taboreiar 

E  tauleiar 
E  far  la  slrnptionia  brugir  ; 

E  paucx  pomels, 

Ab  dos  cotels 
Sapchas  gitar  e  retenir.... 

E  sistolar 

E  mandurcar, 
E  par  catre  cercles  salir. . 

Sapchas  arpar 

E  ben  temprar 
La  gigua,  e'I  sons  esclarzir  ; 

.(ogiar  ieri 

Del  salteri  ; 
Paras  X  cordas  estrangir 

IX  esturmens. 

Si  be  l'apprens, 
NI  poteza  tos  ops  retenir... 

Puyes  apenras 

De  Pelias 
Com  el  fetz  Troya  destrair  (1). 

(1)  Niais  jongleur, 
PeUx-tu  penser 
Que  maintenant  je  te  donne 
Bofl  strvente 
Qu'on  ne  puisse  démentir  ? 
Sache  trouver 


155 


CALANSON  —  CALAS 


15 


Le  poëte  énumère  ensuite  plus  de  cent  ro- 
mans ou  histoires  qu'il  convient  à  un  parfait  jon- 
gleur de  savoir  conter.  On  y  remarque  des  noms 
assez  étonnés  de  se  trouver  ensemble  :  Amier, 
fils  de  Rainier;  Amon,  fils  de  Doon;  Clodomir, 
Pépin,  Virgile.  Un  autre  mérite  de  ce  poëme,  qui 
porte  réellement  l'empreinte  d'une  jeune  et  vive 
inspiration,  c'est  qu'il  fait  assez  bien  connaître  le 
caractère  mi-poétique  et  mi-saltimbanque  des 
troubadours.  V.  R. 

Raynouard,  Choix  de  poésies  des  troubadours,  II  et 
Jll.  -  Hist.  litt.  de  la  Fr.,  XVII. 

*  CALANUS  (Juvencus  Côlius),  prélat  et 
historien  hongrois ,  natif  delà  Dalmatie,  vivait  à 
la  fin  du  douzième  siècle.  On  sait  seulement  qu'en 
1197  il  fut  évêque  de  Cinq-Églises.  On  a  de  lui  : 
Attila,  rex  Himorum,  imprimé  à  Venise,  1502, 
in-fol.,  et  ajouté  aux  Vies  de  Plutarque  dans 
l'édit.  de  Geronimo  Squarciajki ,  et  plus  tard 
à  l'ouvrage  de  Petr.  Canisius,  Apparatus  ec- 
clesiasticus  ;  Ingolstadt,  1608.  La  meilleure 
reproduction  en  a  été  faite  dans  Mathieu  Bel , 
Apparatus  ad  Hist.  Hiingar.  dec,  I,  avec  les 
notes  de  Jean  Tomkae,  directeur  du  gymnase  de 
Presbourg. 

Horanyl,  Memor.  IHungar.  —  Hanor,  De  Scriptoribus 
Hung.,  p.  18. 

CALANUS  (KdcXavoç),  gymnosophiste  indien , 
vivait  dans  la  première  moitié  du  quatrième  siè- 
cle avant  J.-C.  Il  suivit  Alexandre  le  Grand,  et  en 
fut  bien  traité.  Mais  arrivé  à  un  âge  très-avancé, 
et  étant  tombé  malade  ,  il  résolut  de  mettre  fin 
à  ses  jours  :  il  se  fit  porter,  suivant  l'usage  de 
son  pays,  sur  un  bûcher  où  il  expira  tranquille- 
ment, et  sans  donner  le  moindre  signe  de  souf- 
france. L'armée  d'Alexandre  assistait  à  ce  sacri- 
fice. On  ajoute  que  Calanus  avait  refusé  de  faire 
ses  adieux  au  conquérant,  en  disant  qu'ils  se  re- 
verraient l'un  et  l'autre  à  Babylone. 

Arrien,  Anabase,  VII,  2,  —  Plutarque,  Alexandre.  — 
Diodore.XVII,  107.—  Athénée,  X,  437.  —  Cicéron,  Quœst. 
Tusculan.,  II,  22  ;  de  Divinatione,  I,  22  ,  30.  —  Valère 
Maxime,  I,  8. 

*CALAORAT  OU  CALAHORRAT  (Jean),  his- 
torien ecclésiastique  espagnol,  de  l'ordre  des 
Franciscains,  vivait  dans  le  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  une  histoire  de  l'ordre  des  Francis- 
cains en  Syrie  et  en  terre  sainte,  dont  on  n'a 

Et  agréablement  rimer 
Et  bien  parler,  et  proposer  jeux  partis, 

Tambouriner 

Et  Jouer  des  cliclettes. 
Et  faire  la  symphonie  bruire  ; 

Et  petites  pommes 

sur  deux  couteaux 
Sache  jeter  et  retenir, 

Puis  sistoler 

Et  jouer  de  la  mandolc. 
Sauter  à  travers  quatre  cercles. 

.Sache  encor  pincer  de  la  harpe  , 

Et  tempérer 
La  gigue,  puis  faire  briller  ta  voix  ; 

Joue  gaiement 

nu  psaltérlon; 
Fais  dix  cordes  résonner 

De  neuf  instruments. 

Si  bien  tu  apprends 
'l'u  peux  te  servir  a  Ion  gré; 

l'uis  tu  apprendras 

De  l'élias  (du  fils) 
Comment  il  fit  Troie  tomber. 


qu'une  traduction  italienne,  sous  le  titi'e'-.  Istori 
cronologica  delta  Siria  e  Terra  Santa,  dei  Pf 
gressi  délia  Religions  Serafica,  trad.  dm 
spagmiolo,  per  il  P.  Angelii  Milanese  ;  \ 
nise,  1694,  in-4''. 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelekrten-Lexico. 

CALAOUN.  Voy.  Kelaoun. 

CALAS  (Jean),  victime  du  fanatisme  rm 
gieux  et  de  la  législation  vicieuse  du  demie 
siècle ,  était  né  en  1 698 ,  d'une  famille  prote> 
tante,  à  la  Caparède,  en  Languedoc.  Il  avai 
épousé  une  Anglaise  dont  la  famille  était  d'ori 
gine  française,  et  il  exerçait  à  Toulouse  l'éta 
de  négociant.  Au  mois  d'octobre  1761,  après  1 
souper  de  la  famille,  son  fils  aîné,  Marc-Antoint 
jeune  homme  adonné  au  jeu  et  doué  d'un  carac 
tère  sombre  et  mélancolique,  fut  trouvé  pendu 
la  porte  du  magasin.  Un  jeune  homme  de  Bor 
deaux, nommé  Lavaysse,  avait  assisté  ausoupei 
Aux  cris  de  la  famille,  le  peuple  s'attroupa  ;  1 
bruit  courut  que  le  fils  aîné  avait  voulu  se  fair 
catholique.  On  accusa  la  famille  d'avoir  préven 
l'exécution  de  ce  dessein  en  étranglant  ce  jeun 
homme.  On  alla  jusqu'à  accuser  Lavaysse  d'à 
voir  été  envoyé  par  les  protestants  de  la  Guyenn 
pour  prendre  part  à  ce  meurtre.  Les  pénitent 
blancs  de  Toulouse  firent  des  funérailles  splen 
dides  à  Marc- Antoine  Calas,  et  les  dominicain 
érigèrent  un  catafalque,  au-dessus  duquel  ils  pif 
cèrent  un  squelette  tenant  une  palme  de  marty 
d'une  main,  et  un  acte  d'abjuration  de  l'autre 
Toute  la  famille  Calas  fut  arrêtée ,  et,  cédant 
la  clameur  publique ,  le  capitoul  David  fit  ins 
truire  un  procès  criminel.  Lavaysse  et  une  sei 
vante  cathoUque  qui  avait  élevé  les  enfants  d 
Calas  furent  impliqués  dans  ce  procès.  Ni  1 
probité  connue  du  vieux  Calas,  ni  le  bon  accori 
qui  avait  toujours  régné  dans  cette  famille,  €i 
qui  n'avait  point  été  troublé  par  la  démarch: 
d'un  des  fils,  qui  avait  quitté  la  religion  protes 
tante  pour  la  catholique ,  ne  furent  capables  d  I 
détruire  la  prévention  des  juges,  fortifiée  pa 
les  cris  du  peuple.  Huit  juges  contre  cinq  conn 
damnèrent  Calas  au  supplice  de  la  roue  ;  et  c 
père  innocent,  et  toujours  ferme  dans  ses  décla 
rations,  subit  cette  sentence  affreuse  le  9  man 
1762,  en  protestant  de  son  innocence.  Son  plui 
jeune  fils  fut  condamné  au  bannissement;  mai 
les  moines  s'emparèrent  de  lui  et  l'enfermèrem 
dans  un  couvent,  pour  lui  faire  abjurer  le  calvi 
nisme.  On  jeta  aussi  dans  un  couvent  les  fille 
de  Calas.  Le  jeune  Lavaysse,  enveloppé  par  1 
hasard  dans  les  malheurs  de  cette  famille,  e 
fidèle  à  la  vérité  jusqu'au  dernier  moment ,  fu 
renvoyé  absous.  Lé^  veuve,  se  réfugiant  en  Suisse 
fut  assez  heureuse  pour  intéresser  à  son  sot 
Voltaire,  alors  retiré  à  Ferney.  Le  philosophe  em 
ploya  son  esprit  et  son  activité  à  vouer  à  l'oppro 
bre  l'assassinat  juridique  commis  à  Toulouse 
L'appel  en  justice  qu'il  fit  de  cet  arrêt  engage 
Élie  de  Beaumont  et  d'autres  avocats  à  plaide 
avec  éloquence  la  cause  de  l'innocence,  oppri 


Il  57  CALAS  — 

mie  par  le  fanatisme  des  Toulousains  ;  le  pro- 
1 1  ^  (ut  revu  à  Paris,  et  les  Calas  furent  déclarés 
luiiocents.  Louis  XV  leur  accorda  une  somme 
le  :!0,000  liv.  ;  mais  leurs  persécuteurs  ne  furent 
point  punis.  Cependant  le  jugement  de  Calas  pesa 
uuigtemps  sur  le  parlement  de  Toulouse  :  celui-ci 
■iivoya  une  députation  à  Versailles,  mais  ses  ex- 
usos  furent  mal  accueillies  par  le  roi.  Il  n'en 
si  pas  moins  vrai  que,  sans  le  courage  infatiga- 
ik'  (le  Voltaire,  jamais  peut-être  justice  n'eût 
■te  rendue  à  cette  famille  malheureuse.  [M.  Dep- 
l'iNG,  dans  Y  Une.  des  g.  du  m.] 

[    Voltaire,  OEuvres, 

CALASio  {Mario  de),  hébraisant  et  lexico- 
çraphe  italien,  né  vers  1550  dans  le  royaume  de 
Vaples,  mort  en  1620.  Issu  d'une  famille  peu 
lisée,  il  entra  dans  l'ordre  de  Saint-François,  et 
icfjirit  une  telle  connaissance  de  la  langue  hé- 
)raïqne,  qu'il  fut  chargé  delà  professer.  En  même 
emps  il  obtint  du  pape  Paul  V  toutes  les  facili- 
i  es  nécessaires  aux  travaux  qu'il  préparait  sur 
es  saintes  Écritures.  11  mourut  en  chantant  en 
lébreu  les  psaumes  de  David .  On  a  de  lui  :  «ne 
Irammaire  hébraïque; —  Canones  générales 
ingux sanctx ;  Rome, in-4'';  —Dictionnaire 
hébraïque  ;  MA.,  1617, in-4»;  —  Concordantix 
!acrorum  bïbliorum  hebraicee, cumconvenien- 
iis  linguas  arabicse  et  stjriacx;  1621,  4  vol. 
n-fol.;  ouvrage  posthume ,  publié  aux  frais  de 
?aul  V  et  de  Grégoire  XV ,  par  les  soins  de 
Wichel-Ange  de  Saint-Romule ,  collègue  de  Ca- 
lasio.  La  seconde  édition,  revue  par  Guillaume 
Somain,  parut  à  Londres  en  1747,  4  vol.  in-fol. 

Wolf,  Bibl.  —  Richard  Simon,  Biblioth.  choisie. 

;   *CALATHiNO  {Despote),  médecin  italien, 
jrivait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On 
|i  de  lui  :  Discorso  délie  stufe  da'  Bagni  di 
fiomaesuoi  monumenti;  Rome,  1646,  in-4°. 
j  Carrère,  Dibl.  de  la  méd. 

,  *CALATRAVA  {Jose-Moria) ,  homme  d'État 
espagnol,  né  à  Mérida  (Estramadure)  le  26  fé- 
|mer  1781,  mort  le  24  janvier  1846.  Avocat  dis- 
;:ingué  à  Badajoz,  il  fut  élu  membre  de  la  junte 
populaire  d'Estramadure,  puis  député  aux  certes 
^e  Léon  et  de  Cadix,  où,  prenant  en  main  la  dé- 
l'ense  de  la  liberté,  il  se  posa  comme  orateur  éner- 
gique et  jurisconsulte  savant.  Ses  succès  de  tri- 
pune  lui  valurent  la  proscription  en  1814;  mais 
a  constitution  de  1820  lui  rendit  sa  patrie,  et 
'Estramadure  l'envoya  aux  certes  de  Madrid, 
pu,  au  miheu  des  discours  les  plus  brillants  sur 
iles  questions  de  législation,  il  trouvait  toujours 
moyen  d'attaquer  M.  Martinez  de  la  Rosa.  Pen- 
iant  la  guerre  de  1823,  il  remplissait  à  Séville 
îtè  Cadix,  sous  les  ordres  des  cortès  révoltées, 
[CS fonctions  de  ministre  delà  justice;  mais  il  fut 
jorcé  d'abandonner  ce  portefeuille  éphémère  dès 
jue  le  duc  d'Angoulême  eut  rétabli  Ferdinand  vn. 
Il  se  réfugia  alors  en  Angleterre  jusqu'en  1830, 
i^poque  où  il  devint  membre  de  la  junte  direc- 
[rice  de  Rayonne,  protestation  vaine  du  parti 
jiatioaal ,  lequel  ne  se  releva  qu'à  la  mort  du 


CALCAGNl  158 

roi,  en  1834.  Calatrava  provoqua  alors  l'établis- 
sement des  juntes  qui,  à  Badajoz,  Saragosse, 
Tolède  et  Madrid ,  proclamèrent  la  constitution 
de  1812  :  la  reine-régente  Marie-Christine,  for- 
cée de  l'accepter,  demanda  aux  cortès  la  révi- 
sion de  cette  charte;  et,  le  18  juin  1837,  une  cons- 
titution, mieux  appropriée  aux  besoins  du  pays, 
fut  promulguée.  Calatrava  se  fit  remarquer  dans 
la  discussion  qui  précéda  ce  grand  acte ,  et  ob- 
tint pendant  quelques  mois  le  portefeuille  de  la 
justice;  mais  son  esprit  remuant  ne  put  se  con- 
cilier une  notable  partie  des  conservateurs,  et 
d'ailleurs  sa  vieille  haine  pour  M.  Martinez  de  la 
Rosa  l'éloignait  des  principes  d'un  gouverne- 
ment modéré.  Il  donna  sa  démission.  En  1841, 
il  travailla  encore,  et  réussit  à  organiser  des  jun 
tes  centrales  à  Valence ,  à  Barcelone  et  à  Sara- 
gosse, afin  de  renverser  l'autorité  du  général  Es- 
partero ,  qui  en  effet  fut  dépouillé  de  la  régence 
par  les  cortès,  assemblées  le  16  août  1843.  Ces 
cortès  proclamèrent  alors  Isabelle  n  majeure, 
malgré  les  termes  formels  de  la  constitution .  Ayant 
été  plus  de  trois  fois  élu  député  aux  cortès, 
Calatrava  réunissait  les  conditions  d'enti'ée  au 
sénat;  il  fut  donc  désigné  par  plusieurs  provin- 
ces pour  cette  haute  dignité,  à  laquelle  l'appela 
la  reine.  T.  Albert  Blanquet. 

Martinez  Marina,  flistoire  des  grandes  assemblées  na- 
tionales de  VEspagne. 

CALAU  {Benjamin),  peintre  allemand,  né  à 
Friedrichstadt,  dans  le  Holstein,  en  1724;  mort 
à  Berlin  le  27  janvier  1785.11  exerça  son  art  à 
Leipzig,  peignit  particulièrement  le  portrait,  et 
devint  peintre  en  titre  de  la  cour  de  Saxe.  Il  est 
surtout  connu  pour  avoir  retrouvé  la  cire  puni- 
que ou  éléodorique,  connue  des  anciens  et  men- 
tionnée par  Pline.  En  1771  il  vint  à  Berlin,  et  y 
obtint  du  roi  un  privilège  pour  son  procédé,  que 
Calau  a  expliqué  lui-même  dans  la  Gazette  de 
Halle. 

Gazette  littéraire  de  Halle,  1768.—  Riem,  De  la  pein- 
ture des  anciens.  —  Nagler,  Neues  Allgem.  KiXnstl. 
Lex.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgemeine  Encyclopsedie. 

cALAvics  PAcuvics.  Voy.  Pacuvius. 

*CALBETUS  (£.  Porcius)  ,  controversiste 
italien ,  de  l'ordre  des  Jésuites ,  natif  de  Mes- 
sine, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  a  de  lui  :  (tuXaxTvjpiov  adversus 
Mamertinee  immunitatis  calumniatores  ;  Ve- 
nise, 1623,  in-4°;  —  Apologelica  expostulatio 
pro  S.  P.  Q.  Mamertino;  Venise,  1823,  in-4o. 

Cat.  Bibl.  Bodleia. 

*  CALCAGNl  {Antonio),  sculpteur  et  fondeur, 
né  à  Recanati  en  1536,  mort  en  1593.  Élève  de 
Girolamo  Lombardo,  il  est  auteur  des  douze  apô- 
tres d'argent  de  la  Sajita  Casa  de  Lorette.  Il 
modela  etfondit  pour  la  place  de  cette  ville  la  belle 
statue  en  bronze  de  Sixte-Quint,  et  fit  encore  pour 
la  Marche  d'Ancône  plusieurs  autres  statues  de 
pontifes,  ouvrages  qui  le  placent  au  rang  des 
bons  sculpteurs  de  son  temps.  E.  B— n. 

Cicognara,  Storia  delta  scoUura.  -  Tlcozzl,  Diiiona* 
rto.  —  BaMinucci,  Notiiie. 


159  CALCAGNl  - 

*CAi.cAGNi  (Diego),  historien  italien,  natif 
probablement  de  Recanati,  vivait  dans  le  com- 
mencement du  di\-huitième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Menioi'ie  istoriche  délia  città  di  Recanati; 
Messine,  1711,in-fol.;  on  y  trouve  aussi  les  Me- 
mo7'ie  degli  uomini  illustri  délia  stessa 
città. 

Adelung,  suppléra.  à  Jôcher,  AUgemeines  Gelehrten- 
Lexicon. 

CALCAGNi  OU  CALCAGNINCS  (iJog'er),  théo- 
logien italien,  de  l'ordre  des  Dominicains ,  natif 
de  Florence,  mort  à  Arezzo  en  1290.  Il  se  dis- 
tingua comme  prédicateur.  Nommé  évêque  de 
Castro  en  1240,  et  inquisiteur  de  la  foi  dans  la 
Toscane,  il  se  fit  remarquer  par  son  zèle  contre 
les  hérétiques.  Après  avoir  assisté  au  concile  de 
Lyon,  sous  Innocent  IV,  en  1245,  il  se  trouva 
au  second  concile  tenu  dans  la  même  ville  en 
1274,  et,  après  trente-quatre  ans  d'épiscopat,  il 
se  retira  au  couvent  d'Arezzo,  où  il  mourut.  Le 
livre  des  Vertus  et  des  Vices ,  que  Possevin  et 
d'autres  lui  attribuent,  n'a  été ,  à  ce  qu'il  paraît, 
que  traduit  par  lui  en  italien  du  français  du 
P.  Laurent,  confesseur  de  Philippe  DI,  roi  de 
France.  Cette  traduction  est  de  l'an  1279,  et 
l'on  en  trouve  une  copie  manuscrite  à  la  Biblio- 
tlièque  impériale  de  Paris. 

Échard,  Script,  ord.  priedicat,  —  Le  P.  Touron,  Hist. 
des  hommes  illustres  de  l'ordre  de  Saint-Dominique. 

CALCAGNi  (Tiberio),  sculpteur,  né  à  Flo- 
rence, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  suffit,  pour  sa  gloire,  de  dire  qu'il  fut 
choisi  par  Michel-Ange  pour  achever  plusieurs 
de  ses  derniers  ouvrages,  lorsque  ce  grand  maî- 
tre, accablé  par  les  ans,  fut  devenu  incapable  de 
manier  le  ciseau  avec  assez  de  fermeté. 

E.  B— N. 

Fontenay,  Dictionnaire  des  artistes. 

CALCAGNiivi  (Celio),  philosophe,  poète  et 
astronome  italien,  né  à  Ferrare  le  17  septembre 
1479,  mort  dans  la  même  ville  le  27  août  1541. 
Au  rapport  de  Ginguené ,  il  était  fils  naturel  de 
Calcagnini ,  protonotaire  apostolique,  et  fut  en- 
suite reconnu  par  sa  famille.  Mais  il  règne  en- 
core quelque  obscurité  sur  cette  question  de  filia- 
tion. Il  n'étudia  pas  seulement  les  belles-lettres 
et  l'antiquité,  il  s'appliqua  aussi  aux.  sciences,  et 
particulièrement  à  l'astronomie.  Il  servit  pendant 
quelques  années  dans  les  armées  de  l'empereur 
Maximilien  et  du  pape  Jules  II  ;  et ,  après  avoir 
été  envoyé  en  mission  à  Rome  par  Alfonse I"', 
duc  de  Ferrare,  il  accompagna  en  Hongrie,  dans 
les  années  1518  et  1519,  le  cardinal  Hippolyte 
d'Esté  ;  à  son  retour,  il  fut  nommé  chanoine  de 
la  cathédrale,  et  professeur  de  belles-lettres  à  l'u- 
niversité de  Ferrare.  A  part  un  voyage  qu'il  fit 
à  Rome,  sur  l'invitation  du  duc  Hercule  IH,  qui 
l'envoya  vers  le  pape  Paul  IH ,  il  ne  s'absenta 
plus  de  sa  ville  natale ,  où  il  vécut  jusqu'à  la 
fin  de  ses  jours,  uniquement  occupé  des  sciences 
et  des  lettres.  11  laissa  aux  dominicains  sa  riche 
bibliotlièquc,  au  duc  de  Ferrare  ses  manuscrits,  et 
sa  vieille  mule  {mulam  senior em),  la  monture  qui 


CALCAGNmi 


160 


le  portait  dans  ses  voyages ,  à  son  élève  Monfer- 
rati,  à  charge  d'en  avoir  le  soin  que  méritait  un 
si  fidèle  animal  (ut  mulam  talem  decet).  Sa 
renommée  eut  pourtant  deux  contradicteurs  in- 
fluents :  Paul  Jove  et  Masoraggio,  qui  combatti- 
rent surtout  ses  opinions  sur  Cicéron,  tandis  qu'il 
eut  pour  amis  et  correspondants  les  Brassavola, 
les  Leonicero,  les  Manardo,  les  Pic  de  la  Miran- 
dole,  les  Scaliger  et  les  Alciat.  On  a  de  Cal- 
cagnini :  Qucestionum  epistolicarum  libri  III, 
Amberg,  1608,  in-8°  :  sous  forme  de  réponses 
aux  questions  posées  par  son  neveu,  il  examint 
et  discute  dans  ce  recueil  la  plupart  des  grandes 
questions  philosophiques  et  scientifiques  qui  s( 
sont  agitées  dans  le  monde.  Avec  cette  netteté  dt 
coup  d'œil  qui  le  caractérise ,  l'auteur  de  V His- 
toire littéraire  d'Italie  analyse  rapidement  k 
plupart  des  dissertations  du  savant  italien-.  «  Sm 
commentaire  SMr  les  Antiquités  égyptiennes  (1) 
dit-il,  où  il  traite  principalement  de  l'usage  de.- 
hiéroglyphes  et  de  leur  signification,  est  pei 
considérable,  et  ne  remplit  qu'une  vingtaine  d( 
pages  dans  le  volume  de  ses  œuvres,  recueillies  e 
publiées  après  sa  mort  (2).  La  plupart  des  Qties 
lions  épistolaires  qui  le  précèdent  ont  rappor 
à  d'autres  sujets  d'antiquité.  Plusieurs  des  nom 
breux  opuscules  qui  remplissent  le  reste  du  vo 
lume  appartiennent  à  la  philosophie,  à  la  poli- 
tique, à  la  morale,  quelques-uns  à  l'astronomie 
et  dans  ce  nombre  il  y  en  a  un  très-remarqua- 
ble (3),  où  il  soutient  que  c'est  la  terre  qui  touriK 
autour  du  soleil  (4).  On  y  trouve  de  petits  trai 
tés  purement  littéraires,  des  discours  oratoires 
des  panégyriques,  des  oraisons  funèbres,  des 
recherches  mêlées  d'observations  critiques  sui 
le  ti-aité  de  Cicéron  de  Officiis  (5),  qui  eut  d( 
violents  défenseurs.  Enfin  quelques  dissertations 
sur  les  jeux  de  dés  des  anciens  (6),  sur  leur  ma- 
rine (7),  sur  leurs  cérémonies,  sur  leur  légis- 
lation (8),  sur  leurs  mois  (9).  Calcagnini  fut  aussi 
poète  ;  il  y  a  même  plus  d'élégance  dans  ses  vers 
latins  que  dans  sa  prose;  et  l'on  en  trouve  dans 
les  recueils  faits  avec  le  plus  de  choix  » 

Il  est  encore  d'autres  matières  sur  lesquelles  sf 
porta  la  méditation  du  savant  ferrarais,  et  don1 
l'auteur  des  Mémoires  pour  servir  à  l'histoin 
des  Hommes  illustres  donne  exactement  tous 
les  titres,  parmi  lesquels  sont  les  suivants  :  De 

(1)  De  Rébus  jEgijptiacis  Cmnmentarius. 

(2)  Cœlii  Calcai/nini  Ferrarensis  opéra  aliquot;  Bàle, 
1544,  iu-fol.,  édité  par  Brassavola. 

(3)  Quomodo  cœlum  stet,  terra  moveatur ,  vei  de  pe- 
renni  motu  terrœ  commentatin, 

(4)  On  sait  que  Galilée  naquit  en  1664,  c'est-à-dire  plus 
de  vingt  ans  après  la  mort  de  Calcagnini.  Cette  seule  cir 
constance  assurait  à  ce  dernier  une  place  importaiili 
dans  l'Iilstoire  des  sciences. 

(5)  Disquisitiones  aliquot  in  libros  Offlciorum  Cice 
ronis. 

(6)  De  talorum,  tesserarum  ac  calculorum  ludis  w 
more  veterum. 

(1)  De  re  nautica. 

(8)  CoUectanea  vetustatis  ex  antiquis  ritibus,  ex  Xll 
tabviis;  ex  tabulis  censoriis,  ex  legibus  Numx,  ex  Jtirt 
pontiflcio'et  augurali,  et  aliis. 

(9)  De  JMensibus  dialogus. 


161 


CALCAGNINI  —  CALCHI 


162 


libero  animi  motu  ex  sententia  veterum  phi- 
losophorum  ;  —  De  patientia,  seu  vita  aulica 
commentatio;  —  De  salut e  ac  recta  valetu- 
dine  commentatio  ;  —  Paraphrasis  trium  li- 
brorum  meteorortim  Aristotelis,  dédié  au  car- 
dinal Hippolyte  d'Esté,  avec  lequel  Calcagnini 
s'était  souvent  entretenu  sur  ces  intéressantes 
matières;  —  Anteros,  sive  de  mutuo  Amore; 

—  Rhetoricse  compendlum;  —  Paraphrasis  in 
primum  librum  Ethicorum  Aristotelis;  — 
In  Politica  Aristotelis  paraphrasis;  —  In  Aris- 
totelis commentationem  de  Sensu  et  Sensibili 
paraphrasis  ;  —  De  Cïtrio  Cedro,  et  Citro 
commentatio.  Ces  écrits  ne  prouvent  pas  seu- 
lement la  fécondité,  souvent  exubérante,  de  Ca- 
lcagnini; ils  donnent  aussi  une  idée  du  mou- 
vement intellectuel  du  seizième  siècle.  Quant  aux 
poésies  de  Calcagnini,  elles  ont  été  publiées  sous 
le  titre  :  Carminum  libri  très  ;  Venise,  1533, 
in-8'',  avec  les  poésies  latines  de  J.-B.  Pigna  et 
de  l'Arioste,  et  dans  les  Deliciee  poetarum  ita- 
lo7-um  de  Gruter,  t.  I.  V.  R. 

Zenoni ,  Storia  délia  letteratura  italiana  compen- 
diata;  Venise,  1801.  —  T.-G.  Calcagnini,  Délia  f^ita  e 
degli  Seritti  di  Celio  Calcagnini,  protonotario  aposto- 
lico.  —  Ginguené,  hist.  Utt.  de  ritalie,  IV,  VI  et  VU.  - 
PaulJove,  Éloges.  —  Nicéron,  Mémoires,  t.  XXVII.  — 
Teisier,  Jdditinns  ceux  éloges  de  M.  de  Tfiou.  —  Bor- 
setli,  Hist.  de  l'université  de  Ferrure. 

CALCAGNO  ou  CALCANEUS  { Laurent  ) , 
Ihistorien,  théologien  et  jurisconsulte  italien,  natif 
Ide  Brescia,  mort  en  1478.  Ce  fut  surtout  comme 
jurisconsulte  qu'il  se  distingua.  On  a  de  de  lui  : 
De  commendatione  studiorum  ;  —  Concilia; 

—  De  Conceptione  sanctae  Marias  ;  —  De  sep- 
tem  peccatis. 

Trllhèrae,  De  Script,  eccles.  —  Fabricius,  Biblioth. 
med.  et  inf.  ast. 

CALCAB  (jEferari).  Foy.  Kalcur. 

CALCAR  {johan-Stephan  Von),  peintre  de 
l'école  vénitienne ,  né  à  Calcar,  dans  le  duché  de 
Clèves,  en  1499;  mort  à  Naples  en  1546.  Va- 
Hisari,  qui  parle  de  cet  artiste  avec  éloge,  le  nomme 
tantôt  Giovanni  Fiamingo ,  tantôt  Giovanni  di 
Calcare.  Après  avoir  appris  dans  son  pays  les 
principes  de  l'art,  Calcar  vint  à  Venise  étudier 
sous  le  Titien  en  1537.  Au  commencement  de 
(  1 539,  il  alla  à  Naples,  où  il  peignit  plusieurs  por- 
jtraits  que  les  plus  habiles  connaisseurs  attribuè- 
rent au  Titien;  et  il  ne  réussit  pas  moins  bien  à 
'  imiter  à  Rome  le  style  de  Raphaël.  Il  revint  en- 
j  suite  à  Naples,  où  il  mourut  à  l'âge  de  quarante- 
sept  ans.  Il  avait  dessiné  à  Padoue,  en  1537,  les 
î  belles  figures  anatomiques  gravées  sur  bois  qui 
iparurent  dans  la  première  édition  du  traité  d'a- 
natomie  d'André  Vesale,  imprimé  à  Bâle  en 
1542,  figures  que  l'on  crut  longtemps  être  l'ou- 
jvrage  du  Titien.  Le  musée  du  Louvre  possède 
!de  Calcar  un  beau  portrait  d'homme  à  barbe 
rousse ,  portant  la  date  de  1540.        E.  B — n. 

Vasari,  nte.  —  Sandrart,  y^cademia  artis  pictoriex. 

—  Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Villot ,  Musée  du  Louvre. 

*CALCEATi  {Jean),  poëte latin,  vivait  pro- 
bablement dans  la  première  moitié  du  seizième 

NOUV.    BIOGR.    UNIVERS.    —   T.   VIII. 


siècle.  Uappartenait  à  l'ordre  de  Saint-Benoît.  On 
a  de  lui  :  Historiade  Passione  Ghristi,  carminé 
heroico  ;  Paris,  1531,in-8°,et  Lyoo,  1538,in-8''. 

ZiebellaueFi  Hist.  Utt.  ord.  Bened. 

CALCEOLARi  OU  CALCEOLARius  {Fran- 
çois), naturaliste  italien,  vivait  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle.  Il  était  pharmacien  à  Vérone, 
et  un  des  élèves  les  plus  distingués  de  L.  Giiini. 
Son  goût  pour  l'histoire  naturelle  le  mit  en  rela- 
tion intime  avec  Mathiole  et  Aldrovande.  Ce  fut 
avec  ce  dernier  qu'il  entreprit,  en  1554,  un 
voyage  au  mont  Baldo ,  situé  aux  bords  du  lac 
de  Garda,  et  très-fertile  en  espèces  végétales  (1). 
n  répéta  plusieurs  fois  ce  voyage  avec  An- 
guillara,  Jean  et  Gaspard  Bauhin,  et  communi- 
qua les  résultats  de  ses  observations  à  Jean- 
Baptiste  OUva,  qui  les  publia  d'abord  en  italien; 
Venise,  1566,  in-4"  (très-rare);  puis  en  latin, 
sous  le  nom  de  Iter  Baldi  Montis;  Venise, 
1671,  1584,10-4°.  Cet  opuscule  se  trouve  re- 
produit par  Seguier  dans  s*s  Plantée  Veronen- 
ses,  t.  II,  p.  445,  et  à  la  suife  de  VEpitome  Ma- 
thioli  de  Camerarius  ;  Francf.,  1586,  in-4<'.  On 
cite  encore  de  Calceolari  :  P.  And.  Matheoli 
compendium  de  plantis;Yemse,  1571,  1584, 
in-4°;  Francf.,  1586,  in-4°.  La  description  de  son 
cabinet  d'histoire  naturelle,  complété  après  sa 
mort,  fut  publiée  par  Benoît  Ceruti  et  achevée 
par  A.  Cliiocco,  sous  le  titre  de  Musaeum  Vero- 
nense;  Vérone,  1622,  in-fol. 

C'est  en  honneur  de  Calceolari  que  le  P.  Feuil- 
lée  a  donné  le  nom  de  Calceolaria  à  un  genre  de 
scrophulariacées  originaire  du  Pérou,  et  dont 
les  nombreuses  espèces  et  variétés  font  l'orne- 
ment de  nos  expositions  horticoles.      F.  H. 

Maffei ,  Ferona  illustrata.  —  Éloy,  Dict.  hist.  de  la 
Médecine. 

CALCHI  (Triston),  historien  italien,  né  à  Mi- 
lan vers  1462,  mort  vers  1507  ou  1516.  En  1494, 
à  la  mort  de  George  Merula,  dont  il  fut  l'élève, 
il  fut  chargé  de  continuer  l'œuvre  de  son  maître, 
y  Histoire  des  Visconti.  Grâce  au  concours  de 
Barthélémy  Calchi,  son  parent,  qui  mit  à  sa  dis- 
position les  documents  de  la  bibliothèque  de 
Pavie,  il  s'acquitta  de  sa  tâche  avec  Italent  et 
activité.  En  examinant  attentivement  l'ouvrage 
de  Mérula,  il  y  découvrit  des  erreurs  qu'il  es- 
saya d'abord  de  corriger;  mais,  irrité  par  le 
nombre  et  la  gravité  des  rectifications  à  opérer, 
il  écrivit  un  nouvel  ouvrage,  fit  remonter  son 
liistoire  à  la  fondation  de  Milan,  et  la  mena  jus- 
qu'en 1323.  «  C'est,  dit  Ginguené,  une  des 
meilleures  traductions  de  ce  temps.  La  critique 
y  est  beaucoup  plus  exacte  ;  le  style  a  l'élégance 
et  la  gravité  convenables.  »  Cependant  cet  ou- 
vi'age  ne  fut  mis  au  jour  que  plus  de  cent  ans 
après  la  mort  de  l'auteur,  et  à  deux  intervalles 
différents;  la  première  partie  est  intitulée  Cal- 
chi Historiée  patrise  libri  XX  adann.  1313; 
MUan ,  1628,  in-fol.;  la  seconde  partie  a  pour 

(1)  Pona,  pharmacien  à  Vérone,  visita,  quelques  années 
après,  le  mont  Baldo,  et  en  fit  la  description. 


163  CALCHI  — 

titre  :  CalcM  residua,  videlicet  Historiée  li- 
bri  XXI,  anno  1314-1322;  Milan,  1644,  in-fol. 
L'éditeur  Puricelli  prétend  (détail curieux)  que 
Calchi  fut,  en  dernier  lieu ,  secrétaire  du  roi  de 
France  Louis  Xn. 

Argelati,  Script.  Mediol.  —  Tiraboschi,  Storia  délia 
Letter.  —  Ginguené,  Hist.  litt.  de  l'Italie. 

*CAi,ci  {Giovanni  Battista),  peintre  gé- 
nois, florissait  vers  1760.  Il  peignit  des  tableaux 
d'histoire  recommandables  par  la  beauté  du  co- 
loris et  l'ajustement  des  draperies.      E.  B — n 

Winckelmann,  JVeues  Mahlerlexikon. 

*  C4LCIA  (Giuseppe),  ait  le  Génois,  peintre  du 
<lix-huitième  siècle.  Il  travailla  beaucoup  à 
Alexandrie  et  dans  d'autres  villes  des  États  sar- 
des, et  il  est  regardé,  bien  que  né  à  Gênes, 
comme  appartenant  à  l'école  piéraontaise.  Il 
eut  de  la  grâce  et  un  coloris  plein  de  fraîcheur, 
mais  ne  sut  pas  se  défendre  du  style  maniéré,  qui 
était  à  la  mode  de  son  temps.  E.  B — k. 

Lami,  storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*  CALCiATî  (Dominique  ou  Domitiiis),  sa- 
vant italien  et  poète  latin,  natif  de  Novare,  vivait 
probablement  dans  le  quinzième  siècle.  On  a  de 
lui  :  Frogmentum  poeticiim  de  bellogallico  in 
Insubribus  gesto,  publié  à  Milan,  1700,  in-4<>, 
avec  des  notes  par  Lazare  Augustin  Cotta. 

Adelung,  Supplément  à  Jôcher,  Allg.  Gelehr.  Lex.  — 
Catal.  de  la  Bibl.  impér. 

CALCONDYLE.  Voy.  ChALCONDYLË. 

*CALDANA  {Antonio),  peintre  de  l'école 
romaine,  né  à  Ancône  dans  la  première  moitié 
du  siècle  dernier.  11  fit  à  Rome,  pour  l'église  St.- 
Nicolas  de  Tolentino ,  mi  grand  tableau  représen- 
tant un  trait  de  la  vie  du  saint.  E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica. 

CALDANi  {Léopold'Mûrc- Antoine),  anato- 
miste  italien,  né  à  Bologne  le  21  novembre  1725, 
mort  à  Padoue  le  30  décetnbre  1813.  Destiné  à 
la  profession  d'avocat  par  ses  parents,  il  préféra 
la  carrière  médicale.  Il  s'appliqua  surtout  à  la 
nosologie  et  à  l'ahatomie.  Membre  de  l'Institut 
de  Bologne,  il  fut  appelé  quelques  années  à  pro- 
fesser l'anatomie  à  l'université  de  cette  ville.  Il  fit 
alors  un  grand  nombre  d'expériences  (quatre- 
vingt-trois)  pour  démontrer  sans  réplique  l'in- 
sensibilité des  tendons.  Cependant  il  s'attira  de 
telles  contradictions ,  qu'il  quitta  Bologne  pour 
Padoue,  où,  en  1771,  il  remplaça  Morgagni.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Lettera  sulla  insen- 
sibililà  ed  irrilabilità  di  alcune  parti  degli 
animali;  Bologne ,  1757, in-4° ;  —  Lettera  terza 
sopra  l'irritabilità  ed  insensibilitàHalleriana; 
Bologne,  1759,  in-8°;  —  Lettera  siilV  uso  del 
muschio  nelV  idrofobia;  Venise,  1761;  — 
Storia  delta  malattia  che  trasse  di  vîta  la 
nobilesignora  C.B. P. G.  lYeaise,  1766,  in-8°; 
-  Rijlessioni  fisiologiche  sopra  due  disser- 
tazioni  del  signor  Claudio- Nicola  le  Cat;  Ve- 
nise, 1763,  in-S"  ;  —  Innestofelice  del  vajuolo  ; 
Padoue,  1767,  in-B";  —  E  saine  del  capitolo 
setlimo  ,  contenuto  nella  duodecima  parte 
deW  ultima  opéra  del  chiarissimo  sig,  An- 


CALDARA  164 

tonio  di  Haen;  Padoue,  1770,  in-S";  —  Let- 
tera al  signor  di  Haller,  su  i  fenomeni  che 
accadano  di  muscoli  di  alcuni  animali  di 
sanguefreddo  tagliati  attraverso,  irritando 
in  appresso  la  medolla  spinale ,  in-8°  ;  —  1ns- 
titutiones  pathologicx ;  Padoue,  1772;  Naples, 
1787,  in-8°;  —  Institutiones  fisiologlcx; 
Padoue,  1773,  in-8°;  Naples,  1787;  —  Dialo- 
ghi  difisiologia  e  di  patologia;  Padoue;  1778,- 
in-8°,  et  1793;  —  Institutiones  anatomicss; 
Venise,  1787,  4  vol.  in-4°;  —  Institutiones  se- 
meiotices;  Padoue,  1808,  in-8°;  —  Memorie 
lette  nelV  Academia  di  Padova;  Padoue, 
1804;  in-4°;  —  Icônes  anatomicx;  Venise, 
1801-1814,4  vol.  in-foL 

Memorie  intorno  alla  vita  eâ  aile  opère  di  L.-M.-A. 
Caldani;  Modène,  1822.  —  Tipaldo,  Biog.  degli  Jtal.  il- 
lustri,  V,  332. 

CALDANI  {Pétrone-Marie),  mathématicien 
italien,  frère  du  précédent,  né  à  Padoue;  en 
1735,  mort  en  1808.  Il  étudia  dans  sa  ville  na- 
tale, et  eut  pour  maître  le  célèbre  P.  Riccati. 
Les  connaissances  qu'il  déploya  dans  un  con- 
cours qui  eut  lieu  au  mois  de  décembre  1763 
lui  valurent  une  chaire  de  mathématiques  à  l'u- 
niversité de  Bologne.  Il  fut  ensuite  chargé  d'ac- 
compagner le  cardinal  Conti ,  qui  avait  reçu 
la  mission  de  visiter  les  eaux  de  la  Bomague  et 
du  Bolonais.  Devenu  secrétaire  de  la  légation 
de  Bologne  à  Rome ,  il  représenta  la  ville  natale 
pendant  la  maladie  de  l'ambassadeur  Gozzadini, 
de  1795  à  1799.  Il  prit  alors  sa  retraite,  et  vint 
finir  ses  jours  à  Padoue.  On  a  de  lui  :  Délia 
proporzione  Bernoiilliana  fra  il  diametro 
e  la  circonferenza  del  circolo;  Bologne,  1782, 
in-8°;  ouvrage  qui  fit  dire  à  d'Alembert  que 
Caldani  était  le  premier  géomètre  et  algébriste 
de  l'Italie  ;  —  Rijlessioni  sopra  un  opuscolo 
del  Padre  Franceschini  Barnabita,  dei  lo- 
garitmi  de'  numeri  negativi;  Modène,  1791; 
—  I7i  morte  delV  eccellente  donzella  RuJJina' 
Batto7ii ,  etc.,  iîime;  Bologne,  1786  et  1794, 
in-8"  ;  —  des  articles  dans  VAntologia  romana , 
et,  en  manuscrit,  Elementi  di  algebra. 

Tipaldo,  Biogr.  deyli  liai,  illustri. 

CALDAKA  (4?i/o?.we),  compositeur  italien, 
à  Venise  en  1678,  mort  dans  la  même  ville  le  28 
août  1763.  Il  eut  pour  maître  d'accompagne- 
ment et  de  contre-point  son  compatriote  Le- 
grenzi.  A  dix-huit  ans,  il  fit  jouer  son  premier 
opéra.  De  1714  à  1718,  il  remplit,  à  la  cour  de 
Mantoue,  les  fonctions  de  maître  de  chapelle; 
il  vint  ensuite  s'établir  à  Vienne,  où  l'empereui 
Charles  VI  voulut  être  son  élève  pour  la  com- 
position. En  1723,  Caldara  dirigea  à  Prague  l'exc 
cution  en  plein  air  de  l'opéra  composé  par  Fuchs 
pour  le  couronnement  du  roi  de  Bohême.  Li 
peu  de  succès  qu'eut  son  Thémistocle,  joué  à 
Vienne  le  4  novembre  1736,  le  fit  renoncer  au 
théâtre.  Vers  la  fin  de  1738  il  revint  à  Venise, 
où  il  vécut  relire  jusqu'à  sa  mort.  Il  fit  h 
musique  de  plusieurs  opéras  d'Apostolo  ZeiiO; 
de  huit  opéras  de  Métastase,  et  de  quelques  ora- 


165 


CALDARA  -^ 


torio  de  ce  dernier.  La  musique  sacrée  de  Cal- 
dara  est  jugée  meilleure  que  ses  productions 
profanes. 

Fétis,  Biog.  univertelle  des  Musiciens, 

CALDARA  (Polidore).  Voy.  Caravage  (Poli- 
dore  de). 

CALDARONE  OU  CALDERONE    (Jean-Jac- 

ques),  médecin  etcliimiste  italien,  néàPalerme 
le  l"  janvier  1651,  mort  en  1731.  Il  étudia 
les  sciences  naturelles  et  surtout  la  botanique 
avec  un  tel  succès,  qu'il  fut  chargé  par  Joseph 
Valguarnera,  proto-médecin  de  la  Sicile,  de  l'ins- 
pection des  pharmacies  du  royaume  et  des  îles 
adjacentes.  On  a  de  lui  :  Pretia  simpHcium  ac 
compositorum  medicaminum  ab  omnibus  ob- 
servanda;  Palerme,  1697,  in-4°;  —  des  lettres 
sur  la  botanique,  dans  les  Bizarrie  botaniche 
di  alcuni  simplicisti  di  Sicilia;  Palerme, 
1673,  etNapIes,  1674. 

Éloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine.  —  Biographie  mé- 
dicale. 

*CALDAS  (Francisco  José  de),  naturaliste 
américain ,  né  à  Popayan,  dans  une  petite  ville 
de  la  Nouvelle-Grenade,  vers  1770;  mort  le  30 
octobre  181  G.  Sans  maîtres,  sans  livres ,  sans 
aide  en  un  mot ,  il  parvint  à  devenir  botaniste, 
physicien  et  astronome  distingué.  Au  milieu  de 
ces  régions  à  peine  connues  de  l'Europe,  car 
Humboldt  et  Bonpiand  ne  les  avaient  pas  en- 
core parcourues,  il  avait  construit  lui-même  un 
baromètre  et  un  sextant ,  afin  de  pouvoir  entre- 
prendre des  travaux  de  nivellement.  Ignorant 
encore  les  expériences  de  Deluc  sur  la  corres- 
pondance du  point  thermométrique  de  l'eau  bouil- 
lante et  de  l'élévation  de  la  colonne  de  mercure, 
il  n'en  fit  pas  moins  un  mémoire  sur  la  méthode 
de  mesurer  la  hauteur  des  montagnes,  sans  autres 
instruments  que  ceuv  fabriqués  par  lui-même. 
A  l'époque  où  le  célèbre  J.-C.  Mutis  fut  chargé 
d'explorer  scientifiquement  le  royaume  de  la 
Nouvelle-Grenade  et  une  partie  du  Pérou,  il  se 
trouva  heureux  de  s'adjoindre  un  homme  tel 
que  Caldas;  mais,  à  en  juger  par  les  écrits 
de. ce  dernier,  il  n'eut  pas  à  se  louer  beau- 
coup de  la  communauté  de  travaux  qui  s'établit 
entre  lui  et  le  savant  espagnol ,  et  il  se  plaint 
avec  amertume  du  déni  de  justice  qui  plaça  le 
neveu  de  Mutis  à  la  tête  de  l'expédition  après 
la  mort  de  son  oncle.  Caldas  n'en  accomplit  pas 
«ftoins  des  voyages  de  la  plus  haute  importance 
au  sein  des  Andes  et  sur  les  bords  de  la  Mag- 
dalena,  qu'il  avait  visités  dès  l'année  1797.  Ce  fut 
en  1804  qu'il  mesura  le  Chimborazo  et  le  Tun- 
gueragua.  Caldas  finit  par  être  chargé  de  la  di- 
rection de  l'observatoire  établi ,  au  commence- 
ment du  siècle,  à  Santa-Fé  de  Bogota.  A  la  fin 
de  l'année  1807,  parut  le  premier  numéro  du 
Semenario  de  la  Nueva  Granada,  qui  devait 
bientôt  former  deux  vol.  petit  in-4°,  et  dans  le- 
quel Caldas  devait  déposer  ses  précieuses  obser- 
vations. Une  mort  déplorable  allait  bientôt  les  ar- 
rêter :  l'habile  professeur  avait  embrassé  avec 


CALDELARI  160 

clialeur  la  cause  de  l'indépendance  ;  un  ordre  bar- 
bare de  Morillo  le  condamna  à  mort  le  30  octobre 
1816.  Un  exemplaire  du. Seme/îrtrio  avait  été  rap- 
porté par  l'illustre  Humboldt,  et  déposé  à  la  biblio- 
thèque de  l'Institut  de  France  :  c'est  cet  exem- 
plaire d'un  recueil  devenu  rarissime  qui  a  servi  à 
la  réimpression  d'un  beau  volume  dû  aux  soins 
de  M.  A.  Lasserre ,  dont  voici  le  titre  :  Seme- 
nario de  la  Nueva  Granada ,  miscelanea  de 
ciencias,  literatura,  artes  e  industrla,  pub. 
porunasocledaddepatriotasGranadinos,bajo 
la  direccion  de  F.-J.  de  Caldas  ;  nueva  edicion, 
corregida,  aumentada  con  varios  opusculos 
ineditos  de  F.-J.  de  Caldas,  anotada  y  ador- 
nada,  etc.  ;  Paris,  1849,  gr.  in-8".    F.  Denis. 

Jozé  Acosta,  Brève  noticia  sobre  Francisco  de  Caldas. 
—  Jozé  Caldas,  en  tête  du  Semenario, 

CALDAS  DE  PEREiRA  (/ean  ),  jurisconsulte 
espagnol,  natif  de  Thiu,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  étudia  à  Sala- 
manque,  puis  il  professa  et  pratiqua  à  Coïmbre. 
On  a  de  lui  :  Questiones  forenses  et  controver' 
sise  civiles;  SynCagma  de  universo  jure  em- 
phyteutico;  Francfort,  1612,  4  vol.  in-fol. 

N.  Antonio,  Bibliotheca  fiispana  nova. 

*  CALDAS  PEREIRA  DE  SOUZA  {AntOUio), 

poète  brésilien ,  né  à  Rio  de  Janeiro  le  23  no- 
vembre 1762,  mort  le  2  mars  1814.  11  fut  en- 
voyé dès  l'âge  de  huit  ans  en  Portugal,  et  fit  ses 
études  à  Coïmbre;  poursuivi  par  le  saint  office 
étant  encore  à  l'université,  il  fut  transféré  au 
couvent  de  Rilhafoles.  Là,  un  changement  com- 
plet s'opéra  en  lui,  et  il  prit  du  goût  pour  la  vie 
ecclésiastique,  qu'il  embrassa  depuis.  Ce  fut  à 
Rome,  et  après  avoir  fait  un  voyage  en  France, 
qu'il  entra  dans  les  ordres  ;  bientôt  il  retourna 
au  Brésil,  puis  il  revint  encore  à  Lisbonne,  et  il  se 
trouvait  dans  cette  capitale  lors  de  l'entrée  des 
Français.  Vers  1808  il  rentra  dans  son  pays,  pour 
n'en  plus  sortir.  Il  se  hvra  à  un  travail  assidu,  et 
comme  il  était  d'une  constitution  faible,  il  suc- 
comba aux  excès  de  l'application.  On  a  publié  de 
lui  à  Paris,  en  1821,  un  recueil  intitulé  Poesias 
sagradas  e  profanas,  avec  des  commentaires  du 
général  Stockler.  Ce  volume  renferme  des  mor- 
ceaux du  caractère  le  plus  élevé,  parmi  lesquels 
on  remarque  Vode  sur  l'homme  sauvage.  Il  a 
paru  en  1836,  à  Coïmbre,  deux  petits  volumes 
qui  reproduisent  les  vers  du  poète  brésilien, 
moins  les  traductions.  Caldas  avait  un  frère, 
qui  a  acquis  de  la  réputation  dans  l'étude  de  la 
jurisprudence.  H  y  eut  encore  au  Brésil  un  poète 
populaire  fort  goûté,  nommé  Doraingos  Caldas 
Barbosa,  homme  de  couleur,  né  en  mer,  et  qui 
est  mort  en  1800.  Ferd.  Denis. 

F.-A.  de  Varahagen,  Florilegio  da  poesia  Brasileira; 
Lisboa,  1850,  2  vol.  in-18.  —  Revista  Trimensal.  —  Ferdi- 
nand Denis,  Résumé  de  l'Hist.  litt.du  Port,  et  du  Brésil. 

*  CALDELARI  ( ...),  sculptcur,  vivait  à  Paris 
au  commencement  du  siècle.  Il  avait  exposé 
en  1810  :  Buste  de  l'Empereur;  Buste  de 
Boizot ,  sculpteur;  —  Buste  du  général 
Becler,  tué  à  Eylau;  —  en  1817  :  Androclès, 

6. 


167 


CALDELARI  ~ 


ou  le  Lion  reconnaissant;  —  V Architecture, 
bas-relief  en  plâtre ,  destiné  à  la  fontaine  de  la 
Bastille  ;  —  en  1819  :  Statue  du  général  Mo- 
reau,  commandée  par  le  ministère  de  l'inté- 
rieur et  qui  devait  être  exécutée  en  marbre 
dans  la  proportion  de  1 1  pieds.  Le  musée  du 
Louvre  possède  de  lui  :  un  Narcisse,  statue 
en  marbre,  exposée  en  1814.  P.  Ch. 

Livrets  des  Salons. 

CALDENBACH  OU  RALTENBACH  (Chris- 
tophe), poète  et  humaniste  allemand,  né  à 
Schwibus,  dans  la  basse  Silésie,  le  11  août  1613; 
mort  le  16  juillet  1698.  Il  étudia  à  Francfort-sur- 
roder  etàKœnigsberg.  On  a  de  lui:  Anaîysis  et 
notée  in  Horatium;  —  Collegium  epistolicum, 
oratorium,  analyticum,poeticum,  mixtuni,  in 
Ciceronem,  Ovidium  etalios;  —  Compendium 
rhetorices  pro  scholis  Wurtembergicis  :  ce 
manuel  a  été  longtemps  en  usage  dans  les  écoles 
du  Wurtemberg;  —  Commentarius  rhetori- 
cus;  —  Deolea;  Tublngue,  1679;  —  De  vite; 
1685,  ia-i". 

Jôcher,  Allgemeines  Gelehrten-Lexicon. 

CAi^OER  {Robert),  amiral  anglais,  né  à  Elgin 
le  2  juillet  1745,  mort  à  Holt  le  31  août  1818. 
D'abord  élevé  en  Ecosse,  il  entra  ensuite  comme 
midshipman  (aspirant)  dans  la  marine  royale. 
Parvenu  au  grade  de  capitaine ,  il  contribua  au 
gain  de  la  bataille  navale  qui  eut  lieu,  en  février 
1797 ,  àla  hauteurdu  cap  Saint- Vincent,  sous  les 
ordres  de  sir  John  Hervis.  Nommé  contre-amiral 
ea  1799,  il  fut  chargé  en  1801  de  poursuivre  avec 
son  escadre  l'amiral  Gantheaurae,  envoyé  en 
Egypte  par  le  gouvernement  français,  pour  y  ap- 
provisionner l'armée.  En  1805,  il  reçut  de  l'ami- 
ral Cornwallis  l'ordre  de  bloquer  les  ports  de  la 
Corogne  et  du  Ferrol.  Il  sut  se  maintenir  dans 
cette  station,  d'où  il  ne  se  retira  que  pour  aller 
attaquer,  le  25  juillet,  les  flottes  combinées  de 
France  et  d'Espagne,  aux  ordres  des  amiraux  de 
Villeneuve,  Gravina  et  Dumanoir.  Sa  flotte  souf- 
frit beaucoup  dans  l'action;  mais  il  s'empara  de 
deux  vaisseaux  espagnols.  Calder  n'opéra  sa  re- 
traite qu'à  la  nuit.  11  comptait  recommencer  l'at- 
taque dès  le  lendemain;  mais  la  direction  du 
vent  permit  à  de  Villeneuve  de  s'éloigner  dès 
le  point  du  jour.  La  conduite  de  Calder  n'eut 
pas  l'approbation  des  lords  de  l'amirauté.  A  son 
retour  en  Angleterre,  il  fut  traduit  devant  un 
conseil  de  guerre  à  Portsmouth,  qui  décida  que 
sa  conduite  n'était  pas  le  résultat  de  la  lâcheté, 
mais  d'une  erreur  de  jugement;  et  il  fut  con- 
damné à  être  sévèrement  réprimandé  (to  be 
severely  reprimanded).  En  1810,  Calder  fut 
appelé  aux  fonctions  d'amiral  de  port  à  Ports- 
mouth. 

,  Annual  Begister.  —  Rose,  Neio  Biog.  Dict.  —  Galerie 
hist-  des  Contemp. 

CALDERA  (Edouard),  jurisconsulte  portu- 
gais, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 
tième sièfle.  n  étudia  sous  la  direction  de  Co- 
varruvias  et  de  Costa.  On  a  de  lui  :  De  Errori- 


CALDERARI  168 

J)us  pragmaticorum  lïbri  IV,  totidem  varia- 
rum  lectionum,  et  autres  écrits  rapportés  par 
Meerman  ;  Anvers,  1612,  in-fol. 

Meerraan,  Conspectus  novi  Thesauri  juris  civilis  et 
canonici.  —  N.  Antonio  ,  Bibl.  fiisp.  nova. 

CALDERA  DE  HEREDiA  ( Gaspard), médecin 
espagnol,  d'origine  portugaise,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  étudia 
à  Séville,  y  devint  docteur,  et  y  acquit  un  grand 
renom.  Antonio,  son  ami,  fait  de  ce  médecin  le 
plus  grand  éloge.  On  a  de  Caldera  de  Heredia  : 
Tribunal  magicum,  medicum  et  politicum, 
pars  prima;  Leyde,  Elzevir,  1638,  in-fol.;  — 
Tribunalis  medici  illustrationes  practicds 
pars  secunda;  Anvers,  1663. 

Antonio,  Bihl.  hisp.  nov.  —  Éloy,  Dict.  de  la  méd. 
—  Van  der  Linden,  De  script,  medicis. 

*CALDERARi  (César),  écrivain  ascétique  et 
moine  italien,  natif  de  Vicence,  vivait  à  la  lin  du 
seizième  et  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Concetti  scritturali  in- 
torno  al  Mserere;  Venise,  1589,  in-12,  et  1592, 
in-12;  trad.  en  franc,  sous  le  titre  :  Conceptions 
de  V Écriture  sainte  sur  le  psaume  Miserere 
mei;  Rouen,  1607,  in-12;  —  il  Trofeo  delta 
croce  di  G.  C,  con  varj  coThcetti  adornato; 
Florence,  1598,  in-8°;  —  Concetti  scritturali 
sopra  il  Magnificat  di  Maria  Vergine  ;  Venise, 
1601,  in-8°;  trad.  en  espagnol,  Madrid,  1604, 
in-8°;  et  en  latin,  Munich,  1627,  in-8». 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allg.  Gelehrt.-Lex. 

*CALDERARï  (Giovauni-Maria),  peintre  de 
l'école  vénitienne,  naquit  dans  le  seizième  siècle 
à  Pordenone,  bourg  du  Frioul,  qui  eut  la  gloire 
de  donner  son  nom  à  un  des  plus  illustres  peintres 
de  l'école  vénitienne,  dont  Calderari  fut  élève. 
Celui-ci  ne  travailla  guère  hors  de  sa  patrie  ;  aussi 
ne  doit-on  pas  s'étonner  que,  malgré  son  talent,ili 
soit  généralement  peu  connu.  Un  de  ses  meilleurs 
ouvrages  à  Pordenone  porte  cette  inscription  : 
Johannes  Maria  Portuensis  MDLXIV.  Ses  fres- 
ques d  e  la  cathédrale  ont  longtemps  passé  pour  être 
de  l'Amalteo.  A  l'église  paroissiale  de  Montereale, 
il  avait  peint  également  à  fresque  plusieurs  su- 
jets du  Nouveau  Testament,  attribués  générale- 
ment au  Pordenone,  jusqu'au  jour  où  des  preu- 
ves écrites  les  ont  fait  restituer  à  leur  véritable 
auteur.  E.  B — n. 

Renaldis,  Délia  pittura  Friulana.  —  Lanzi,  Storia 
pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*  CALDERARI  (Jean- Baptiste),  traducteur 
italien,  de  l'ordre  des  chevaliers  de  Malte,  natif 
de  Vicence,  vivait  dans  la  dernière  moitié  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  la  Nuova  comedia 
di  Terenzio  tradotta  ;  Yiceace,  1588. 

Paitoni,  Bibl.  degli  P'olgarizz. 

CALDERARI  (Oftone),  architecte,  né  à  Vi- 
cence, d'une  famille  noble,  en  1730,  mort  vers 
1800.  Dès  son  enfance,  un  goût  prononcé  pour 
l'architecture  le  porta  à  étudier  les  ouvrages  qiii 
traitaient  de  cet  art,  et  les  monuments  élevés 
dans  sa  patrie  par  l'immortel  Palladio.  Aussi 
dIus  tard  son  style  fut-il  d'un  meilleur  goût  que 


169  CALDERARI  —  CALDERON 

celui  de  la  plupart  de  ses  contemporains.  Les 
principaux  édifices  construits  par  Calderari  sont, 
à  Vicence,  les  palais  Antisola,  Bonini  et  Cardel- 
lina.  Le  dernier,  qui  malheureusement  est  resté 
inachevé,  n'eût  point  été  indigne,  par  sa  magnifi- 
cence, du  voisinage  des  chefs-d'œuvre  de  Pal- 
ladio. E.  B — N. 

Tlcozzl,  Dizionario.  —  Bennassutl;  Guida  di  Ferona. 
—  Valéry,  Foyages  en  Italie. 

CALDERiA  ou  CALDIERA  (/eon),  médecin  et 
écrivain  mystique  italien ,  né  à  Venise ,  et  mort 
dans  la  même  ville  en  1474.  Issu  d'une  ancienne 
famille ,  il  obtint,  après  de  longues  études,  une 
chaire  de  médecine  à  l'université  de  Padoue; 
mais  plus  tard  il  se  retira  dans  sa  ville  natale, 
où  il  mourut  dans  im  âge  fort  avancé.  On  a  de 
lui  :  Concordantiœ  poetarum,  philosophorum 
et  theologorum,  J.  Calderia  physico  authore, 
opus  vere  aureum,  quod  nunc  primum  in  lu- 
cem  prodiit  ex  antiquo  exemplari  authoris  ; 
Venise,  1547,  iu-8°,  publié  par  les  soins  de  Mi- 
chel-Ange Biondo,  docteur  en  médecine.  L'auteur 
l'avait  composé  pour  sa  fille,  qui  l'avait  conservé 
en  manuscrit  :  c'est  un  traité  de  théologie  mys- 
tique ,  qui  substitue  à  tous  les  héros  des  fables 
gi'ecques  et  romaines  les  idées  et  les  mystères 
<le  la  religion  cb  retienne ,.  Ce  livre  devint  bientôt 
très-iare. 

Ciement,  Bibl.  curieuse,  tom.  II.  —  Adelung,  suppl. 
à  Jôcher,  Allgeni.  Gelehrten-Lexicon. 

CALDERIA  (Catherine  oaCattaruzza),  fille 
•de  Jean  Calderia,  hagiographe  italienne,  née  pro- 
l»alilement  à  Padoue,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  On  a  d'elle  :  De  lau- 
dibus  Sanctorum;  ouvrage  inédit. 
Antoine  Vinciguerra ,  Satire  III. 

*  CALDERiNi  (  Apollinaire  de  ),  jurisconsulte 
italien,  natif  de  Ravenne,  vivait  vers  la  fin  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Discorsi  sopra  la 
ragion  di  Stato  di  Giov.  Botero;  Milan,  1597, 
in-8°,  et  1609,  in-8°  ;  ouvrage  attribué  par  quel- 
ques auteurs  à  Jean  Calderino. 

Catal.  Bibl.  impér.  de  Paris.  —  Adelung,  suppl.  à  Jô- 
clier,  Allgem.  Gelehrten-Lexieon. 

CALDERINO  OU    CALDERINUS  (  Domizio  )  , 

savant  itaUen,  né  à  Torri,  près  de  Calderio,  vers 
l'an  1447  ;  mort  en  1478.  Il  eut  pour  maître  de 
grec  et  de  latin  Antoine  Broianico  ;  et  tels  furent 
ses  progrès,  qu'à  peine  âgé  de  vingt-quatre  ans 
iil  fut  appelé  à  Rome  par  le  pape  Paul  H  pour  y 
(professer  les  belles- lettres;  il  devint  en  outie 
secrétaire  apostolique  de  Sixte  IV,  qui  le  chargea 
Id'aller  avec  le  cardmal  de  la  Rovère  apaiser  les 
jtroubles  qui  avaient  éclaté  à  Avignon.  Il  mourut 
ijeune,  de  la  peste,  selon  les  uns;  des  suites  d'un 
rtravail  excessif,  d'après  d'antres.  L'Académie  de 
Rome  lui  fit  des  funérailles  pompeuses,  aux- 
I  quelles  les  étudiants  assistèrent  en  habits  de 
I  deuil.  Il  partagea  avec  Valla  et  Politien  l'hon- 
Ineur  d'avoir,  par  la  publication  de  bonnes  édi- 
tions d'auteurs  classiques,  contribué  aux  pro-^rès 
des  lettres  depuis  la  renaissance.  On  lui  a  repro-  I 
ehé  de  la  présomption  et  de  la  dureté  eavers  ses  « 


170 


adversaires.  On  a  de  lui  :  M.  Valerii  Martialis 
epigrammata,  cum  Domitii  Calderini  com- 
mentariis ;  Yenise,  1474,  in-fol.,  et  1480;  — 
Commentarius  in  Statii  Sylvas,  additis  notis 
in  Saphonis,  Ovidii  et  Propertii  loca  obscu- 
riora;  Rome,  1475,  in-fol.;  Brescia,  1476;  — 
Commentarius  in  Ibim  Ovidii  ;  Venise,  in-fol., 
sans  date;  —  Juvenalis  Satyree,  cum  commenta- 
riis  Antonii  Mancinelli,  Domitii  Calderini, 
Georgii  Merulse,  et  Georgïi  Vallx ;  Venise, 
1591,  in-fol.;  —  Annotationes  in  Virgllium, 
dans  diverses  éditions  de  ce  poète  ;  —  Pausaniee 
historici  commentariorum  Grseciam  descri- 
bentium,  Attica  et  Corinthiaca,  ex  interpreta- 
tione  Domitii  Calderini  a  Joanne  Oporino 
emendata;  Bâle,  1541. 

Paul  Jove,  Éloges.  —  Bayle,  Dict.  —  Nicéron,  Mém., 
XX.X.  —  Scipion  Maftei,  Ferona  illustrata.  —  Sax, 
Onomast.,  II. 

CALDERINO  (/eaw  ),  jurisconsulte  italien, 
natif  de  Bologne,  mort  le  13  juillet  1348.  Il 
épousa  la  savante  Novella,  fille  du  célèbre  ju- 
risconsulte Jean -André,  laquelle  lui  donna  un 
fils,  Gaspard  Calderino,  auteur  d'un  commen- 
taire in  Decretales,  et  du  traité  De  Interdicto 
ecclesiastico.  Calderino  a  laissé  im  commen- 
taire inLibros  Decretales ,  et  des  Consilia. 

Bayle,  Dict.  —  Panziroli,  De  Claris  legum  interpreti- 
bus. 

CALDERINO  (Jean),  théologien  du  seizième 
siècle,  connu  par  un  ouvrage  intitulé  de  Haere- 
ticis,  publié  en  1671,  et  relatif  aux  devoirs  d'un 
inquisiteur. 

Le  Mire,  De  Script.  XFIssec. 

CALDERON  (doD  Pedro  Calderon  de  la 
Barca  Henaoy  Riano),  célèbre  poète  espagnol, 
né  à , Madrid  le  l*' janvier  1601,  mort  le  25  mai 
1687,  Il  fut  élevé  par  les  jésuites,  et  dès  l'âge  de 
quatorze  ans  il  composa  une  pièce  de  théâtre 
(  el  Carro  del  cielo  ).  Après  avoir  napidement 
achevé  ses  études,  il  vécut  pendant  quelque  temps 
à  la  cour,  attaché  à  de  puissants  protecteurs. 
Bientôt  lassé  de  cette  existence  dépendante,  il 
s'engagea,  en  1625,  comme  simple  soldat,  et  fit 
quelques  campagnes  en  Flandre  et  en  Italie.  Le 
tumulte  des  armes  ne  l'empêchait  pas  de  se  li- 
vrer à  son  goût  pour  la  poésie  dramatique  ;  ses 
succès  dans  ce  genre  devinrent  assez  brillants 
pour  attirer  les  regards  de  Philippe  IV,  qui  lui- 
même,  passionnément  épris  du  théâtre,  avait 
composé  quelques  comédies  sous  le  nom  d' Un 
bel  esprit  de  la  cour  (  Un  ingenio  de  esta 
corte  ).  Ce  monarque  appela  Calderon  près  de 
lui  en  1636,  le  fit  chevalier  de  Saint-Jacques,  le 
combla  de  distinctions ,  et  accorda  les  sommes 
nécessaires  pour  représenter  ses  pièces  dans 
toute  leur  pompe.  En!1625,  Calderon  entra  dans 
les  ordres ,  et  à  dater  de  ce  moment  il  composa 
peu  de  pièces  profanes.  Son  imagination,  bien 
loin  encore  d'être  épuisée,  se  déploya  plus  bi- 
zarre et  plus  hardie  que  jamais  dans  les  Autos 
sacr amentales.  Il  parvint  à  une  vieillesse  très- 
fivancée,  R'étant  mort  qu'en  li^87,  et  ayant  été 


171 

jusqu'à  ce  dernier  moment  l'objet  des  faveurs  de 
la  cour  et  de  l'admiration  de  ses  compatriotes. 
On  prétend  qu'il  composa  plus  de  quinze  cents 
drames  :  un  pareil  nombre  semble  exagéré;  il 
est  pourtant  au-dessous  de  celui  des  pièces  de 
Lope  de  Vega,  qui  en  composa,  dit-on ,  deux 
mille  deux  cents.  La  facilité  avec  laquelle  la  lan- 
gue esgagnole  se  prête  à  la  versification ,  l'incor- 
rection de  ces  pièces ,  jets  brillants  et  rapides  de 
la  fantaisie,  expliquent  cette  fécondité,  inconce- 
vable au  premier  abord.  Sous  un  titre  toujours 
semblable,  celui  de  comedias,  Calderon  a  traité 
tous  les  genres  ;  mais  aussi  doit-on  ajouter  qu'il 
a  donné  à  tous  à  peu  près  la  même  physiono- 
mie. Qu'il  choisisse  un  sujet  national ,  comme 
dans  le  Prince  constants;  qu'il  emprunte  ses 
personnages  à  l'antiquité ,  comme  dans  les  Ar- 
mes de  la  beauté  ;  ou  bien  que  le  sujet  soit  de 
pure  invention,  comme  dans  le  Secret  à  haute 
voix;  ou  enfin  qu'il  redescende  tout  à  fait  à  la 
vie  privée  dans  ces  comédies  que  les  Espagnols 
appellent  de  cape  et  d'épée,  c'est  toujours  le 
môme  langage  brillant  de  poésie ,  c'est  la  même 
exaltation  dans  les  caractères ,  le  même  imbro- 
glio dans  l'intrigue.  Toutes  ces  pièces  se  divi- 
sent en  trois  journées  ou  actes  ;  les  unités  n'y 
sont  point  observées  ;  le  plaisant  s'y  montre  à 
côté  du  sérieux  ;  il  y  a  même  d'ordinaire,  dans 
les  œuvres  les  plus  graves  et  les  plus  touciiantes, 
un  bouffon  (gracioso)  chargé  de  divertir  par  ses 
grotesques  plaisanteries  le  spectateur  trop  ému. 
Les  pièces  historiques  offrent  la  plus  étrange 
confusion  de  temps  et  de  lieu.  Du  reste,  il  est 
très-difficile  à  des  étrangers  de  juger  Calderon  : 
les  Allemands ,  dont  le  génie  est  si  romantique, 
l'ont  loué  jusqu'à  l'exagération;  quelques-uns 
sont  allés  jusqu'à  lui  assigner  la  première  place 
parmi  les  dramatiques  modernes.  Mais,  pour  ne 
pas  tomber  dans  l'extrême  opposé,  il  faut  bien  se 
garder  de  lire  Calderon  l'esprit  préoccupé  des  rè- 
gles sévères  de  l'école  classique  ou  de  nos  mœurs, 
si  différentes  des  mœurs  espagnoles.  Quiconque 
ne  ferait  pas  une  large  part  à  cet  éblouissant  re- 
âet  oriental,  trace  dernière  et  ineffaçable  du  sé- 
jour des  Maures  dans  la  Péninsule,  courrait  ris- 
que d'être  injuste  envers  lui  :  il  faut,  si  l'on  veut 
comprendre  et  apprécier  son  génie,  se  faire  son 
compatriote  et  son  contemporain.  Si  l'on  peut 
se  placer  à  ce  point  de  vue,  et  sentir  son  imagi- 
nation exaltée  et  brûlante  comme  elle  peut  l'être 
dans  les  pays  du  Midi ,  on  lui  pardonnera  ses 
métaphores  trop  hardies  et  ses  concetti,  en  fa- 
veur de  cette  couleur  éclatante,  de  ce  luxe 
d'ornements ,  de  ces  trésors  dé  poésie  qu'il  ré- 
pand avec  tant  de  prodigalité  sur  tout  ce  qu'il 
touche.  Le  blâme  que  pourrait  mériter  le  manque 
de  naturel  dans  les  caractères  se  taira  devant 
l'admiration  inspirée  par  la  manière  grandiose 
dont  ces  caractères  sont  tracés  ;  les  événements 
paraîtront  pa:lois  invraisemblables,  mais  l'ai- 
sance avec  laquelle  ils  se  déroulent  et  s'enchaî- 
ïient,  mais  ces  intrigues  si  vives,  vingt  fois  dé- 


CAÏ.DERON  172 

nouées  et  renouées ,  entretiendront  une  curiosité 
sans  cesse  renaissante,  et  jetteront  souvent  le  lec- 
teur dans  l'étonnement.  Malgré  ce  caractère  na- 
tional, tellement  prononcé  qu'il  rend  Calderon 
inappréciable  pour  qui  n'est  pas  Espagnol  ou  n'a 
pas  l'imagination  assez  mobile  pour  le  devenir i 
momentanément,  plusieurs  de  ses  pièces  onti 
étendu  leur  renommée  au  delà  de  leur  patrie  : 
VHéraclius  est  depuis  longtemps  célèbre  en 
France  ;  et  Corneille,  dans  sa  tragédie  du  même 
nom ,  a,  dit-on,  emprunté  quelques  traits  à  l'au- 
teur espagnol.  Quelques  auteurs  prétendent,  aui 
contraire,  que  c'est  Calderon  qui  fut  dans  som 
drame  l'imitateur  de  Corneille.  Le  Paysan  ma- 
gistrat, que  le  fameux  Collot-d'Herbois  fit  jouer 
avec  assez  de  succès  en  1789,  est  pris  d'un  des 
meilleurs  ouvrages  de  Calderon.  V Alcade  de 
Zalamea,  le  Prince  constant ,  ({nt  l'on  regarde 
comme  son  chef-d'œuvre,  traduit  en  allemand 
par  M.  Schlegel  et  plus  récemment  par  le  pro- 
fesseur Pertz,  furent  longtemps  joués  sur  tous 
les  théâtres  de  l'Allemagne.  Le  Médecin  de  son 
honneur  (  el  Medico  de  sa  honra  )  est  moins 
connu  :  c'est  cependant  une  des  pièces  où  le  gé- 
nie de  Calderon  brille  le  plus ,  et  où  le  caractère 
espagnol  ressort  de  la  manière  la  plus  frappante. 
Ceux  qui  ne  savent  pas  la  langue  de  Calderon 
peuvent  s'en  convaincre  en  lisant  l'analyse  dé- 
taillée et  très-exacte  que  M.  de  Sismondi  a  don- 
née de  cette  comédie  dans  son  Histoire  de  la 
littérature  du  Midi.  Quant  aux  pièces  dites 
religieuses,  telles  que  le  Purgatoire  de  saint 
Patrice,  la  Dévotion  de  la  Croix,  nous  les  ad- 
mirons beaucoup  moins  :  outre  que  l'imbroglio 
y  est  trop  invraisemblable  et  trop  chargé  d'évé- 
nements, la  religion  y  est  défigurée  d'une  manière 
déplorable.  Il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les 
autos,  qui  offrent  un  tout  autre  genre  de  com- 
position. On  pourrait  comparer  ceux-ci  à  nos 
anciens  mystères,  à  cette  différence  près  que  le 
style  de  Calderon  est  d'une  grande  pureté,  et  que 
l'expression  poétique  est  peut-être  encore  plus 
brillante  dans  les  autos  que  dans  ses  autres  ou- 
vrages. Du  reste,  ce  sont  de  très-étranges  et  très- 
froides  allégories;  on  y  voit  un  pêle-mêle  d'ê- 
tres réels  et  d'êtres  de  raison.  Dans  les  Ordres 
militaires.  Moïse  et  David  se  rencontrent  avec 
la  Nature  et  le  Péché  ;  dans  d'autres,  la  Théologie 
soutient  des  combats  à  outrance  contre  la  Philo- 
sophie. La  Pensée  y  joue  d'ordinaire  un  rôle  très- 
comique  :  elle  est  représentée  comme  un  être 
indocile  et  mutin  ;  aux  propos  qu'elle  tient  on 
pourrait  la  croire  chargée  de  remplir  dans  ces 
poèmes  la  place  que  le  gracioso  tient  dans  les 
comédies. 

Juan  de  Vera  Tassis,  ami  de  Calderon,  donna 
en  1685  une  édition  complète  de  ses  œuvres  en 
15  vol.  in-8^;  elle  comprend  127  comédies  et 
95  autos.  Mais  il  est  reconnu  aujourd'hui  que 
toutes  ces  pièces  ne  sont  pas  de  Calderon  ;  lui- 
même  ,  dans  une  lettre  au  duc  de  Veragua ,  ne 
fait  monter  le  nonobre  de  ses  autos  qu'à  68.  On 


in 


CALDERON  —  CALDERWOOD 


174 


voit,  par  d'autres  lettres  conservées  manuscrites 
dans  les  archives  de  sa  maison,  que,  de  son  vi- 
vant même ,  ses  pièces  étaient  quelquefois  telie- 
mcntdéiiguréesqu'ilnelesreconnaissaitque  parle 
titre.  Ses  œuvres  ont  été  réimprimées  à  Madrid, 
1726  et  1760,  10  vol.  in-4°.  Un  recueil  de  ses 
cmtos  a  été  publié  dans  la  même  ville  en  1759, 
5  vol.  in-4".  Calderon  avait  aussi  fait  des  ro- 
mances, des  sonnets  et  d'autres  poésies  fugi- 
tives, et  ces  productions  d'un  genre  moins  élevé 
a'ont  pas  eu  moins  de  succès  que  les  drames  du 
poète  auprès  de  ses  contemporains.  Ainsi  qu'il  a 
été  dit  plus  haut,  les  Allemands  ont  d'abord 
rendu  justice  à  son  génie  :  Gcethe  et  Schlegel  ont 
porté  sur  lui  l'attention  publique  ;  plusieurs  édi- 
tions critiques  et  autres  des  comedias  ont  été 
entreprises ,  et  d'excellentes  traductions  ont  été 
faites  par  MM.  Gries  et  de  Malsbourg.  On  trouve 
dans  les  Chefs-d'œuvre  des  théâtres  étrangers, 
1  volumes  contenant  la  traduction  française  par 
MM.  Esménard  et  Labaumelle,  les  pièces  sui- 
vantes de  Caldei'on,  précédées  d'une  vie  de  l'au- 
teur :  Gardez-vous  de  Veau  qui  dort;  —  le 
Peintre  de  son  déshonneur;  —  le  dernier  Duel 
en  Espagne;  — l'Alcade  de  Zalamea; —  le 
Prince  comtant  ;  —  Louis  Perez  de  Galice;  — 
//  ne  faut  pas  toujours  caver  au  pire  ;  —  le 
Siège  de  rAlpîijarra.[Enc.  des  g.  dum.] 

Biieua,  Hijos  de  Madrid,  t.  IV,  p.  228.  —  F.-A.  de  Qui- 
busque,  fiist.  comparée  des  Uttér.  espagn.  et  franc.; 
18W,  t.  II,  p.  128-iS4.  —  Ticfcnor,  History  of  spanish 
Htérature,  t.  II,  p.  883-402.  —  Schack,  Gescliiclite  der 
dramat.  literat.  in  Spanien,  t.  III,  p.  38-294.  —  Charles, 
Études  sur  l'Espagne  ;  Paris,  1847,  p.  21.  —  Une  notice 
dans  le  Foreigbn  Quarterly  Revieiv,-n°  62.  —  Schmidt, 
mémoire  sur  Calderon,  inséré  dans  les  Annales  littéraires 
deFienne,{en  allemand),  t.  XVll,  XVIII  el  XIX  (  très- 
bon  travail).  —  Raynouard,  Journal  des  Savants,  juillet 
1819.  —  M.  H.  Fortoul,  sur  le  J'romét/tée  de  Calderon, 
dans  la  Revue  de  Paris.  —  Blakwood' s  uagasine,  octobre 

1826,  p.    5o9-5"2. 

CALOBRON  (  D.  Rodrigue  ),  aventurier  espa- 
gnol, mort  le  21  octobre  1621.  11  naquit  à  An- 
vers, d'un  pauvre  soldat  de  Valladolid  et  d'une 
•Flamande  appelée  Maro  Sandelen.  Avant  et  pen- 
dant le  ministère  du  duc  de  Lerme,  il  fut  le  favori 
;  de  ce  seigneur,  qui  laissa  ensuite  porter  à  Calde- 
ron tout  le  poids  de  l'administration.  Lefavor 
sut  tirer  parti  de  sa  position  ;  il  obtint  les  titres  de 
marquis  de  Siete-Iglésias,  de  comte  de  la01iva,et 
il  acquit  de  grandes  richesses.  Puis,  abusant  de  sa 
fortune,  il  se  montra  altier,  et  s'attira  la  liaine  uni- 
î  verselle.  Entraîné  dans  la  chute  du  duc  de  Lerme 
en  1618,  il  fut  emprisonné,  apphqué  à  la  torture, 
i  et  condamné  à  mort.  Mais  la  sentence ,  rendue 
après  deux  années  de  procédure,  ne  futexécu- 
itée  que  sous  Philippe  IV.  Calderon  fut  décapité 
\par  devant  (  more  kispanico  );  c'est-à-dh"e  qu'il 
ine  fut  pa"s  décapité  comme  les  traîtres,  mais 
comme  coupable  d'avoir  fait  mourir  deux  gen- 
tilshommes. Ce  qu'on  voulait  de  lui,  c'était  moins 
sa  vie  que  ses  immenses  richesses.  11  ne  man- 
qua pas  de  courage  à  son  dernier  moment. 

Paquis  et  Oochez,  Hist.  de  l'Espagne.  —  Lavallée  et 
Cueroult,  Espagne,  dans  l'Univ, pitt. 


ICA.L.DEROS  (Serafin),  poëte  espagnol  con- 
temporain, né  à  Malaga  en  1801,  Professeur  de 
rhétorique  et  de  poésie  à  Grenade,  il  publia  d'a- 
bord divers  poëmes  qui  attirèrent  l'attention  sur 
lui;  puis  il  donna  sa  démission,  se  fit  recevoir 
avocat,  et  vint  plaider  à  Malaxa.  Mais  la  poésie  le 
détourna  de  cette  profession,  et,  après  avoir  publié 
las  Poesias  del  Solilario  en  1833,  il  devint 
collaborateur  du  journal  littéraire  Carias  Espa- 
nolas.  Ses  études  approfondies  sur  la  langue 
arabe  lui  firent  entreprendi-e  :  Cristianos  y  Mo- 
riscos ,  roman  ingénieux ,  plein  de  vigueur  et 
d'originalité  (1838).  II  écrivit  en  outre,  par 
ordre  du  gouvernement,  un  livre  d'économie  po- 
litique :  Principios  de  administracion ,  ou- 
vrage très-remarquable ,  consulté  avec  fruit ,  et 
qui  a  eu  de  nombreuses  éditions.  Il  a  jeté  en 
outre  les  premières  bases  d'un  grand  travail  cri- 
tique sur  les  romanceros.  Le  gouvernement  es- 
pagnol, appréciant  son  mérite,  le  nomma  en  1834 
auditeur  général  à  l'armée  du  Nord;  en  1836, 
gouverneur  civil  de  Logrono;  et  en  1838,  chef 
politique  de  Séville.  Mais  ayant  vu  ses  jours 
menacés  dans  une  insurrection,  il  est  rentré 
dans  la  vie  littéraire,  et  a  publié  entre  autres 
ouvrages  curieux  :  Literatura  de  los  Moriscos. 
Les  Escenas  andaluzas,  publiées  en  1847, sont 
un  livre  charmant ,  et  plein  de  ce  salera  dont 
l'Andalousie  a  seule  le  pittoresque  privilège,  et 
qui  sert  de  texte  à  toute  conversation  bouffonne. 
T.  Albert  Blanqcet. 

Conversations- Lexicon. 

CALUEBOiv.  Voy.  Calléja. 

CALDERON  DE  LA  BARCA  (Vincent),  pein- 
tre et  paysagiste  espagnol ,  natif  de  Guada- 
laxara,  mort  en  1794.  Il  fut  élève  de  Goya.  Ses 
portraits  et  ses  paysages ,  empremts  de  grâce 
et  de  vérité ,  le  faisaient  remarquer,  lorsque  la 
mort  vint  arrêter  le  cours  de  ses  succès.  On  voit, 
chez  les  prémontrés  d'Avila,  une  Naissance  de 
saint  Robert  àas  au  pinceau  de  Calderon. 

Quilhot,  Dictiounai7-e  des  Peintres  espagnols,  —  Na- 
gler,  Neues  AUgemeines  Kûnstler- Lexicon. 

CALDERON!  [Matteo) ,  sculpteur  vénitien, 
du  commencement  du  siècle  dernier.  Il  fut  un 
des  auteurs  des  statues  placées  \^  1728  à  la 
façade  de  l'église  des  Jésuites  de  Venise,  statues 
qui  témoignent  de  l'état  de  décadence  de  l'art  à 
cette  éi^que.  E.  B — n. 

Cicognara,  StoHa  délia  Scoltura.  —  Ticozzl,  Diziona- 
rio. 

CALDERWOOD    OU    CALDWOOD   (David) , 

théologien  écossais,  mort  en  1651.  Après  avoir 
étudié  avec  succès  la  théologie,  il  devint  minis- 
tre de  la  paroisse  de  Crealing  en  1604,  et  se  fit 
remarquer  par  son  opposition  à  l'épiscopat; 
il  alla  si  loin,  qu'en  1617  il  fut  traduit  devant 
une  commission  royale  à  Saint-André ,  présidée 
par  le  roi  en  personne.  Ne  voulant  ni  se  soumettre 
ni  se  reconnaître  coupable,  il  fut  incacéré  ,  puis 
banni  du  royaume.  11  se  rendit  alors  en  Hol- 
lande, où  il  fit  paraître,  sous  le  nom  A^Edwardus 
Didoctavius,  son  fameux  ouvrage  intitulé  Al- 


175  CALDERWOOD 

tare  Damascenum,  1623,  iii-4°  ;  réimprimé  en 
1708,  sous  ce  titre  :  Altare  Damascenum,  seu 
Ecclesix  Anglicanœ politia  Ecclesiae  scoticanee 
obtusa ,  et  formalista  quodam  deltneata,  il- 
lustrata,  et  examinata  sub  nomine  olim  Ed- 
wardi  Didoctavii,  studio  et  opéra  Davidis  Cal- 
derwood.  Revenu'  secrètement  en  Ecosse,  Cal- 
derwood  contribua  à  établir  le  presbytérianisme 
dans  ce  pays ,  et  devint  ministre  de  la  paroisse 
de  Pencaitland ,  dans  le  voisinage  d'Edimbourg  ; 
il  rassembla  alors  les  matériaux  de  son  Histoire 
de  V Église  d'Ecosse,  ouvrage  resté  manuscrit, 
que  l'on  conserve  en  six  volumes  in-fol.  dans  la 
bibliothèque  de  l'université  de  Glasgow.  Il  en  a 
paru  un  abrégé  en  1678. 

Biographia  Britannica. 

caluësi  {\Jean- Baptiste) ,  médecin  italien, 
natif  d'Arezzo,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Osservazioni 
anatomiche  intorno  aile  tartarughe  mari- 
time, d' acqua  dolce  e  ^erresM;  Florence,  1687, 
in-4°. 

Carrère,  Bibl.  de  la  Méd. 

*CALDIERA  (1)  {Jean),  écrivain  politique 
italien,  natif  de  Venise,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle.  On  a  de  lui  plusieurs 
ouvrages  manuscrits ,  contenant  des  discours 
politiques,  traités  d'astrologie,  de  morale,  etc., 
conservés  dans  plusieurs  bibliothèques  de  Venise, 
notamment  dans  celles  de  Sagi'edo  et  d'Apostolo 
Zeno.  Le  plus  important  et  le  plus  estimé  se 
trouve  dans  la  bibliothèque  Bodleyenne  d'Ox- 
ford, et  a  pour  titre  :  De  prsestantia  venetse 
politiee  et  artibus  in  eadem  excultis,  tam 
mechanicis  quam  liberalibus,  et  de  virtutibus 
quas  maxime  reipublicse  Venetse  debentur. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

•  CALDiERA  (Jean).  Voy.  Calderia. 

CALDORA  (/ac(2'Me5),  condottiere  italien,  mort 
le  15  octobre  1439.  11  était  natif  du  royaume  de 
Naples,  et  se  fit  remarquer  sous  Ladislas.  Op- 
posé à  Braccio  de  Montone  parla  reine  Jeanne  U, 
il  remporta  sur  ce  général,  le  2  juin  1424,  la 
victoire  d'Aquila.  Braccio  fut  tué  dans  l'action. 
Caldora,  élevé  aux  plus  grands  honneurs,  devint, 
après  la  mort  de  Jeanne ,  connétable  du  roi 
René  d'Anjou,  à  la  cause  duquel  il  s'était  rallié. 
Son  fils  Antoine  passa  au  service  d'Alphonse 
avec  toute  l'armée  qu'il  commandait. 

Sisraondi,  Histoire  des  républiques  italiennes. 
CALDWALL  OU  CHALDWELL  (  Richard) , 
médecin  anglais ,  né  dans  le  Staffordshire  vers 
1513,  mort  en  1585.  Il  étudia  à  Oxford,  fut  cen- 
seur, puis  président  du  collège  des  médecins  de 
Londres,  et  fonda,  dans  cet  établissement,  une 
chaire  de  chirurgie,  à  laquelle  il  attacha  un  trai- 

(1)  La  Biographie  de  Michaud  a  confondu  ce  personnage 
en  un  seul  avec  Jean  Calderia,  auteur  des  Concordantiie 
Poetarum,  etc.;  les  sources  que  nous  indiquons  inon- 
trctit  (-videinment  qu'il  s'agit  de  deux  personnages  bieji 
distincts.  On  Ignore  toutefois  lequel  des  deux  est  celui 
que  Philippe  de  Rimini  fait  figurer  dans  son  Banquet  de  la 
Pauvreté. 


—  CALEGARI 


176 


tement  de  quarante  livres  sterling.  Outre  plu- 
sieurs écrits  sur  la  médecine,  restés  manuscrits, 
on  a  de  lui  une  traduction  des  Tables  de  chirur- 
gie de  H.  More  de  Florence;  Londres,  1583. 

Wood ,   Athenx  Oxonien.  —   Lerapricre,    Biographie 
universelle. 

CALEB ,  fils  de  Jéphoné  et  lieutenant  de  Jo- 
sué,  vivait  vers  l'an  1500  avant  J.-C.  Député  avec 
Josué  et  les  autres  délégués  des  tribus  pour  re- 
connaître la  terre  de  Chanaan,  il  rassura  les  Is- 
raélites effrayés  par  de  faux  rapports.  On  sait 
que  Dieu  l'excepta  avec  Josué  de  la  proscrip- 
tion prononcée  contre  ceux  qui  avaient  égaré  le 
peuple.  Il  eut  en  partage  la  ville  d'Hébron,  d'où 
il  chassa  les  géants  d'Enaam.  Il  donna  sa  fille 
Axa  en  mariage  à  son  neveu  Othoniel,  qui  se 
rendit  maître  de  la  ville  de  Debir,  que  lui-même 
n'avait  pu  prendre. 
Paralipoménes,  I-  —  Le  livre  de  Josué. 

CALECA  OU  CALECAS  {Manuel),  moine  et 
théologien  grec,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
quatorzième  siècle.  Mêlé  aux  controverses  reli- 
gieuses qui  agitaient  alors  les  Églises  latine  et 
grecque ,  il  fut  du  parti  qui  voulait  la  réunion. 
Parmi  les  questions  vivement  débattues  se  trou- 
vait celle  de  la  procession  du  Saint-Esprit  : 
Caleca  adopta  sur  cette  matière  l'opinion  de 
l'Église  latine.  Ses  principaux  ouvrages  de  con- 
troverse sont  :  lÀbri  IV  adversus  errores 
Graecorum  de  processions  Spiritus  Sancti; 
traduit  du  grec  en  latin,  sm-  l'ordre  du  pape 
Martin  V,  par  Ambroise  le  Camaldule,  et  publié 
avec  un  commentaii-e  du  P.  Stenart  ;  Ingols- 
tadt,  1616;  —  Ilepl  oùaîaç  %aX  iveçytiaç ,  tra- 
duit en  latin  et  annoté  par  Combefise,  sous 
.  ce  tire  :  De  essentia  et  operatione  Dei;  Paris, 
1672,  in-fol;  —  Ilepl  TiiaTeco;  xai  Tiepl  twv  àp- 
Xwv  Tvîç  xaôoXtxrjç  Ttîcrrewç,  publié  en  latin  avec 
des  notes,  et  sous  ce  titre  :  Defide  dequeprin- 
cipiis  catholicis  fidei ,  par  Combefis,  dans  son 
Auctarium  ,  t.  II,  p.  174-285. 

Wharton,  supplément  à  VHist.  litt.  de  Cave.  —  Fabri- 
cius,  Bibl.  grœc.,  XI,  p.  433.—  Bibl.  des  Pères.—  Echard, 
script,  ord.  Prxdic—  Le  P.  Touron,  les  Hommes  illus- 
tres de  L'ordre  de  Saint  Dominique. 
CALED.    VoiJ.  Khaled. 

CALET  (Robert),  négociant  et  théologien 
américain,  mort  à  Boston  en  1720.  On  a  de  lui  : 
les  Merveilles  encore  plus  étonnantes  du 
monde  invisible,  en  réponse  à  un  ouvrage  de 
Cotton  pubUé  sous  le  même  titre  à  Londres,  en 
1700. 

Allen,  Americ.  Biograph. 

*CALEFATi  (Pïerre  ),  jurisconsulte  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Enarrationes  in  aliquot  leges 
Digestorum;  Florence,  1564;  —  Consilium 
matrimoniale  ;  —  Tractatus  aureus  et  quo- 
tidie  practicabilis  equestris  dignifatis  et  de 
principibus ;  Milan,  1581,in-4°;  Venise,  1584, 
in-4°. 

Catal.  Bibl.  impér.  de  Paris.  —  Catal.  Bodley. 

*CALEGARi  (Alessandro),  sculpteur,  né  à 
Brescia  vers  le  commencement  du  dix-huitième 


177  CALEGARI  ^  CALENDRE 

siècle.  Il  était  fils  de  Santi-Calegari  l'Ancien,  et 
frère  d'Antonio.  11  a  beaucoup  travaillé  dans  sa 
patrie,  et  a  laissé  plusieurs  fils  qui  ont  suivi  avec 
quelque  honneur  la  carrière  de  leur  père. 

E.  B— N. 
OrlandI,  Àbbecedario. 

*  CALEGARI  {Antonio),  sculpteur,  né  à 
Brescia  en  1699  ,  mort  en  1777.  Il  était  fils  d'un 
sculpteur  nommé  Santi  Calegari  V Ancien,  pour 
le  distinguer  du  fils  d'Antonio,  qui  porta  le  môme 
prénom.  Jeime  encore,  Antonio  perdit  son  père  ; 
mais  il  n'en  continua  pas  avec  moins  d'ardeur 
les  études  qu'il  avait  commencées  sous  sa  di- 
rection ,  et  devint  sinon  un  artiste  de  premier 
ordre,  au  moins  un  sculpteur  exact  et  conscien- 
cieux. Ses  principaux  ouvrages  sont  les  statues 
de  saint  Gaudence  et  saint  Octavien ,  dans  le 
chœur  de  la  nouvelle  cathédrale  de  Brescia  ;  la 
statue  allégorique  de  cette  ville,  sur  la  fontaine 
de  la  place  de  l'ancienne  cathédrale  ;  enfin  plu- 
sieurs autres  statues  aux  éghses  Saint-Philippe, 
Saint-Nazaire  et  Saint- Celse,  Saint-Clément, 
Saint-Cosme  et  Saint-Damien ,  etc.  Calegari  a 
travaillé  aussi  pour  plusieurs  églises  de  Bologne. 

E.  B— N. 
Malvasia  ,  Pitture,  Scolture  e  Architetture  di  Bolo- 
gna.  —  Orlandi,  Abbecedario. 

*  CALEGARI  (  Giovanni),  sculpteur  bolonais, 
de  la  fin  du  dernier  siècle.  Disciple  d«  Mauro 
JTesi  et  de  Cai'lo  Bianconi ,  il  s'attacha  à  l'étude 
de  l'antique ,  et  se  forma  un  style  assez  pur 
pour  son  époque. 

Malvasia,  Pitture,  Scolture  e  ^architetture  di'Bologna. 

*  CALEGARI  (Santi)  ,  sculpteur,  né  à  Brescia, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  siècle  dernier. 
Il  était  fils  et  élève  d'Antonio  Calegari  ;  il  a  sculpté 
pour  la  nouvelle  cathédrale  de  Brescia  les  sta- 
jtues  de  saint  Jean,  évangeliste,  et  de  saint  Luc. 

E.  B— N. 

Orlandi,  Abbecedario. 

*CALELLUS  (Bernard),  philosophe  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siè- 
cle. On  a  de  lui  :  De  creatione  mundi  jiixta 
sententiam  Aristotelis ;  Padoue,  1585. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Celehrten-Lexicon. 
CALEMARD     DE     LAFAYETTE  ,     magistrat 

français,  mort  le  3  mai  1829.  Il  fut  président 
de  chambre  à  la  cour  de  Lyon,  et,  devenu  dé- 
jputéde  la  Haute-Loire,  il  vota  avec  la  majorité 
royaliste  dans  la  chambre  septennale.  Frappé 
d'un  coup  de  pistolet ,  le  2  mai  1829,  par  un 
individu  nommé  Gineste  Pagniol,  avec  lequel  il 
avait  eu  des  discussions  sur  des  questions  d'inté- 
rêt ,  il  mourut  le  lendemain. 

Moniteur  universel.  —  Gazette  des  tribunaux. 

*  CALEN  (Schotto),  théologien  allemand,  né 
àRiga,  mort  dans  la  même  ville  le  10  juillet  1G57. 
Il  étudia  à  Giessen  ,  où  il  prit  ses  grades,  et  de- 
vint ensuite  pasteur  luthérien  de  l'éghse  Saint- 
Pierre  dans  sa  vUle  [natale ,  où  il  resta  jusqu'à 
sa  mort.  On  a  de  lui  :  Disp.  varia  theoremata 
philosophica  continens  ;  Giessen,  1615  ,  in-4°; 


178 


—  Belicix  paschales,  ou  deux  Sermonsde  Pâ- 
ques (en  allemand)  ;  Riga,  1042,  in-4". 

Gadebosch,  Lie/ldndische  liibliotliek. 

CALEMDARio  (FiHppo),  scuJpteur  et  arclii- 
tecte  vénitien,  travaillait  vers  la  moitié  du  qua- 
torzième siècle.  C'est  par  erreur  que  la  Biogra- 
phie Michaud  lui  attribue  les  galeries  de  la 
place  Saint-Marc,  qui  ne  furent  commencées  que 
cent  ans  après  sa  mort.  Calendario  fut  chargé 
par  le  doge  Marino  Faliero  de  la  construction 
du  palais  ducal.  Les  galeries  qu'il  construisit 
furent  le  portique  de  ce  palais  sur  le  quai  des 
Esclavons,  et  les  six  premières  arcades  en  retour 
sur  la  Piazzetta.  Il  sculpta  aussi ,  ou  fit  exécu- 
ter par  ses  élèves,  ces  figures  allégoriques,  d'un 
goût  à  la  fois  si  hardi  et  si  pur,  qui  décorent  les 
chapiteaux  du  premier  ordre  ,  et  dont  plusieurs 
ont  été  publiées  par  Cicognara  ('t.  I,  pi.  28, 
29  et  30).  Ces  travaux  acquirent  à  l'artiste  mie 
si  grande  réputation,  que  le  doge  lui-même  n'hé- 
sita pas  à  contracter  avec  lui  une  alliance  de 
famille.  Calendario  paya  cher  cet  honneur  :  en 
1355,  il  périt  sur  l'échafaud,  pour  avoir  trempé 
dans  la  conspiration  de  Marino  Faliero.  E.  B — n. 
Cicognara,  Storia  délia  Scoltura.—  Tioozzi,  Vizioria- 
rio.  —  A.  Quadri,  Otto  Giorni  in  f^enezia. 

*  CALENDRE  OU  QUALANDRE,  poctc  français, 

vivait  dans  la  première  moitié  du  treizième  siè- 
c5«.  On  a  de  lui  :  une  Histoire  des  empereurs 
romains,  eu  vers  français,  entreprise  sur  l'in- 
vitation de  Ferri  I",  duc  de  Lorraine,  protecteur 
de  Calendre,  comme  on  le  voit  par  les  vers  sui- 
vants : 

En  l'enor  del  bon  duc  FerrI, 
Qui  tant  dolcement  me  norri. 
Vuel  un  roman  en  comancier, 
Et  del  latin  en  romancier. 

Le  poète  ne  fut  pas  aussi  bien  traité  par  Ferri  II  ; 
aussi  s'en  plaint-il  amèrement. 

Il  rend  lui-même  compte  de  la  manière  dont  il 
composa  son  poëme,  qu'il  donna,  selon  la  mode 
du  temps  et  pour  lui  imprimer  plus  de  valeur, 
comme  une  simple  traduction  : 

Qualandre,  qui  cest  livre  fis, 
Et  de  latin  en  romans  uiist, 
N'an  puct  or  plus  rimer  ne  faire, 
Car  il  n'a  mes  de  l'essanplaire  ; 
Et  ce  qu'il  en  a  translaté 
Doit  estre  en  tel  autorité 
Nel  doit  avoir  sor/.  ne  muiax  (1). 
Li  eropereres  Manniax  (2), 
Qui  cest  livre  ot  en  compaignie 
La  queronique  reongnle  (3), 
Clamoit  cest  livre,  et  disoit  tant 
Nel  doit  avoir  qui  ne  l'autanl. 

Le  poëme  de  Calendre  contient  l'histoire  abregoe 
de  Rome  depuis  sa  fondation,  jusqu'à  la  prise  de 
cette  ville  par  Alaric.  Ce  n'est ,  à  vrai  dire , 
ajoutent  les  auteurs  de  Y  Histoire  littéraire, 
qu'une  chronique  ;  mais  on  y  rencontre  des  pas- 
sages empreints  de  quelque  génie  poétique.  Le 
style  ne  manque  ni  de  clarté  ni  de  concision , 

(1)  Sourd  ni  muet. 

(2)  Peut-être  Manuel. 

(3)  I.a  chronique  abrégée  (rognée) 


179  CALENDRE 

et  cependant  l'auteur  est  resté  inconnu  jusqu'au 
jour  où  V Histoire  littéraire  lui  a  consacre  un 
article  d'après  le  manuscrit  de  son  poëme,  qui  se 
trouve  à  la  Bibliothèque  impériale  (fonds  de 
Cangé,  n°  31  ). 

Hist.  littéraire,XVlll,'Jli. 

CALENSON  (GirautDE).  Voy.  Caianson. 

CALENTius  ou  CALENZio  (  Elysius  ) ,  littéra- 
teur italien,  né  à  Amphratta  dans  la  Fouille.  Il 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siè- 
cle, et  il  fut  l'ami  de  Sannazar  et  de  Pontanus, 
ainsi  que  le  précepteur  du  roi  de  Naples  Frédé- 
ric. Il  mourut  en  1503 ,  laissant  des  élégies,  des 
épîtres,  des  épigrammes,  des  satires,  des  fables  ; 
le  tout  fut  réuni,  sous  le  titre  à'Opuscula,  en  un 
volume  publié  à  Rome  en  1503,  (jhez  Jean  de 
Beinken,  in-folio.  La  licence  qui  règne  dans  quel- 
ques-unes de  ces  pièces ,  et  surtout  dans  certai- 
nes épigrammes,  fit  mettre  à  l'index  ce  recueil, 
dont  l'impression  dans  la  ville  de  Rome  est  un 
fait  assez  curieux.  Devenu  rare,  ce  livre  est  re- 
cherché des  bibhophiles.  Calentius  composa  une 
imitation  en  paraphrase  de  la  Batrachomyoma- 
chie  d'Homère,  qui  fut  fort  bien  accueillie  ;  elle 
a  pour  titre  :  de  Bello  ranariim  et  murium 
lihri  III;  mise  en  français  par  un  traducteur 
qui  prend  le  nom  d'Antoine  Milésius ,  elle  parut 
en  1534,  comme  étant  le  récit  des  fantastiques 
batailles  des  grands  rois  Rodilar dus  et  Croa- 
cus.  Le  Manuel  du  Libraire  en  indique  cinq 
réimpressions,  et  nous  en  connaissons  une  sixiè- 
me; Rouen,  1603.  Les  autres  écrits  de  Calentius 
ont  pour  titre  ;  Elegiarum  ad  Angelum  Golo- 
tium  libri  IV;  —  Epigramma  libellum  ;  —  De 
Hectoris  horrenda  apparitione  lib.  I;  —  Sa- 
tyra  contra  poetas;  —  Satyra  ad  Longum, 
quod  non  sit  locus  amicitiee  ;  —  Carmen  nup- 
tiale et  nova  fabula.  Tous  ces  écrits  furent  im- 
primés à  Rome  en  1503.  G.  B. 

Toppi ,  Bibl.  Napolet.  —  Paul  Jove  ,  Éloges.  —  Tafuri; 
Scritt.  del  regno  diiNapoU,  t.  II,  p.  396;  t.  VII,  p.  343, 
— Tiraboschi,  Stor  litter.  d'It.  t.  XVII,  p.  230.  —  Grasse, 
Lehrbuch  einer  Utterargesch.,  t.  11,3°  partie,  p.  734.  — 
Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allegemeines  Gelchrten- 
Lexicon. 

CALENTTJf  (Pierre),  théologien  flamand, 
mort  vers  1563.  On  a  de  lui  :  Via  crucis  a  domo 
Pilati  usque  ad  inontem  Calvarix;  Louvain, 
1568;  —  les  Sept  Heures  de  la  sagesse  éter- 
nelle, composées,  il  y  a  plus  de  deux  cents 
ans,  par  Henri  Suzo,  nouvellement  traduites 
en  Jlamand  ;  Louvàm,  1572,  in-12  :  c'est  une 
traduction  flamande  de  l'ouvrage  de  Paschasius; 
—  Méthode  pour  faire  un  pèlerinage  spirituel 
dans  la  terre  sainte ,  avec  une  indication 
exacte  de  la  situation  des  lieux  saints  ;  Lou- 
vain, 1663,  in-8°. 
Biographie  universelleliéàxt.,  belge). 

CALENUS  {Quintus  Fusius),  général  et  per- 
sonnage consulaire  romain,  mort  en  l'an  4 1  avant 
J.-C.  Devenu  tribun  du  peuple  en  l'an  61,  il  pro- 
tégea Clodius,  qu'il  tenta  de  soustraire  aux  suites 
de  la  condamnation  pour  avoir  violé  les  mystères 


—  CALEPINO 


î&(. 


de  la  Bonne  Déesse.  11  proposa  donc  et  fit  adoi*. 
ter  une  loi  qui  renvoyait  la  cause  devant  le; 
juges  ordinaires  ;  mais  il  n'était  pas  possible  qiit 
Clodius  fût  acquitté.  Élu  préteur  en  l'an  59,  gràc( 
à  l'influence  de  César,  Calenus  se  montra  dès  lors, 
en  toute  occasion,  attaché  à  la  cause  de  ce  graïui  i 
homme.  Ce  fut  lui  encore  qui  proposa  une  loi  ten- 
dant à  ce  que  les  trois  ordres  des  juges  sénateurs, 
chevaliers  et  tribuns ,  votassent  séparément,  d( 
manière  à  ce  qu'on  pût  connaître  dans  quel  sens 
chacun  d'eux  voterait.  En  l'an  52,  on  le  vit  fignrei 
parmi  les  vengeurs  de  Clodius  lorsque  cclui-ci 
eut  été  tué  par  Milon;  et,  l'année  suivante,  il  fuli 
lieutenant  de  César  dans  la  Gaule.  Il  suivit  et 
conquérant  en  Espagne  ;  et  lorsque  César  se  ren- 
dit en  Épire,  Calenus  fut  chargé  d'aller  cherchei 
les  troupes  qui  restaient  en  Italie.  Mais  pendant 
qu'il  revenait  de  l'Épire  avec  ses  galères  videSj 
celles-ci  furent  capturées  en  partie  par  Bi- 
bulus.  Calenus  n'eut  que  le  temps  de  se  sauvei 
sur  la  côte  d'Italie,  puis  il  retourna  en  Épire  avec 
Antoine.  Envoyé  en  Achaïe  par  César  avant  ki 
bataille  de  Pbarsale,  il  prit  Delphes,  Thèbes,  Or- 
chomène,  Athènes,  Mégare  et  Patras.  En  l'an  47 
il  fut  élevé  au  consulat,  appuyé  qu'il  était  en  cette 
occasion  par  César.  A  la  mort  de  ce  dictateur, 
en  l'an  44,  il  pritla  défense  d'Antoine  contre  Ci- 
céron.  Après  la  guerre  contre  Brutus  et  Cassius, 
Calenus  devint  lieutenantd' Antoine,  et  commanda 
les  légions  de  ce  général  dans  l'Italie  septentrio- 
Dcde.  En  l'an  41  avant»  J.-C,  Calenus  stationnait 
au  pied  des  Alpes.  La  mort  vint  l'arrêter  au  mo- 
ment où  il  allait  marcher  contre  Octave.  Son 
fils  se  rendit,  sans  coup  férir,  au  fils  adoptif  de 
César. 

Cicéron,  ad  Familiares ;  ad  Atticum;  Philippicœ ;  — 
César,  De  Bello  Callico.  —  B\on  Cassius,  XXXVIII ,  8, 
XLIIl;  XLVIII.  -  Appien,  Bell.  civ. 

CALENUS.  Voy.  ïCahle. 

CALENZIO  (Elisée),  en  latin Elyshjs  Calen- 
tius. Voy.  Calentius. 

CALEPiMO  (Ambroise),  lexicographe  italien , 
né  àBergamele  6  juin  1435.  Il  entra  dans  l'ordre  ■ 
des  Augustins,  et  mourut  le  30  novembre  1511; 
il  était  devenu  aveugle  vers  la  fin  de  sa  vie.  Son  i 
existence  tout  entière  fut  consacrée  à  la  rédac- 
tion d'un  Dictionarium  qui  parut  pour  la  pre- 
mière fois  à  Reggio  en  1502.  Pendant  le  seizième 
siècle ,  ce  fut  le  dictionnaire  usité  dans  le  monde 
savant  ;  aussi  les  éditions  s'en  multiplièrent  avec 
une  extrême  rapidité.  Les  AldeManuce  réimpri- 
mèrent dix-huit  fois,  de  1542  à  1592,  ce  livre, 
qui  servait  à  tous  et  partout.  On  y  fit  des  addi- 
tions nombreuses  ;  on  joignit  au  latin  des  éditions 
primitives  les  mots  de  l'italien,  du  grec ,  de  l'al- 
lemand, etc.  ;  on  arriva  à  en  donner  uneédilion  en 
dix  langues  (Lyon,  1586),  2  vol.  in-fol.  L'édilion 
deBâle,  1590enl627,  est  en  onze  langues,  y  com- 
pris le  hongrois  et  le  polonais.  Le  savant  Fac- 
ciolati  réduisit  à  sept  idiomes  différents  ce  lexique 
polyglotte,  le  revit,  le  perfectionna,  et  son  travail 
parut  à  Padoue  en  1718.  Il  eut  depuis  les  hon- 
neurs d'autres  réimpressions,  moins  nombreuses 


181 


CALEPINO  —  CALHANA 


182 


cependant  que  quelques  bibliographes  ne  les  ont 
indiquées,  car  ou  a  rajeuni  plusieurs  fois  les  fron- 
tispices. Aujourd'hui  ce  dictionnaire  est  délaissé  : 
de  meilleurs  ouvrages  l'ont  relégué  dans  la  caté- 
gorie déjà  si  nombreuse  des  livres  presque  inu- 
tiles. Mais  il  est  juste  de  rendre  hommage  au 
zèle  et  aux  connaissances  de  Calepino  ;  le  grec 
et  f  hébreu  lui  étaient  très-familiers.  Le  nom  seul 
de  son  vocabulaire  est  resté  pour  désigner  un 
gros  volume,  un  recueil  d'extraits  et  de  notes, 
et  ce  mot  de  Calepin  est  employé  par  des  gens 
qui  probablement  ne  savent  pas  toujours  si  c'est 
le  nom  d'un  homme,  d'un  livre,  ou  d'un  agenda. 
G.  Brunet. 

Adelung,  supplément  à  Jôcber,  Allgemeines  Gelehr- 
ten-Lexicou. 

*  CALERT  (7tf»c/jei),  théologien  luthérien  alle- 
mand, né  à  Zeitz  le  19  septembre  1603,  mort  à 
Weissenfels  le  10  mai  1655.  Fils  de  Laurent 
Calert,  chambellan  du  conseil  à  Zeitz,  il  étudia 
la  philosopliie  à  Leipzig,  et  devint,  en  1632,  ba- 
chelier en  théologie.  Appelé  en  1633  à  Misnie 
i;omme  directeur  du  gymnase,  il  fut,eo  1635,  pas- 
teur et  surintendant  ecclésiastique  à  Bischofs- 
werda,  et  passa  ensuite  en  1645,  dans  la  même 
qualité,  à  Weissenfels,  où  il  termina  ses  jours, 
après  avoir  encore  reçu  en  1651  le  diplôme  de 
Jocteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Leipzig. 
On  a  de  lui  :  Thusculum  jnetricum  publico 
theatro  in  odorato  gratœ  mentis  thuribulo  a 
Tîialia  ECxopiÇofiév/)  humiliter  oblatum,  cum 
sibi  et  selecto  24  aliorum  vii'orum  juvenum 
manipula  brabeum  magisteriale  conferre- 
tur;  —  Oratio  de  jejunio  in  consessu  Patrum 
academico  Lipsiemium/requenti  in  œde  Pau- 
lina habita; — BpovToaxoTti'a,  seudisp.  physica 
de  tonitru  ad  amussim  doctrinec  analyticse 
revoluta,  inqite  formam  ihesium  reducta; 
—  IlpoÔEwpia  contemplatiomim  physïcarum, 
\seu  collegii  acroamatici  disp.  I  de  defini- 
'^ione,  divisione,  ordine  et  methodo  physicœ; 
I—  'TTroTUTttoctç  'ApxTjXoyîaç ,  collegii  acroama- 
tm  disp.  Il  de  principiis  rerum  naturalium 
%ntrinsecis;  —  'A7iO(7ri[A£iwaiç  AiTtoXoyt'a^,  5.  coll. 
acroam,  Disp.  III de  natura  et  causis  ;  —  'E?a- 
nXbxïii;  cuvexeuXoytaç  generalis,s.  coll.  acroam. 
[Disp.  IV  de  quantitate  continens;  —  '£?£- 
FTaffi;  xivYiCTEuXoyta;  generahs,  s.  coll.  acroam. 
\Disp.  V  de  motu  in  génère;  —  AriKéaiç,  xtvv]- 
((revjXoyîa;  specialis,  s.  coll.  acroam.  Disp.  VI 
\de  motus  speciebus  ;  —  AiégoSoç  tonoloyiaç, 
\s.  coll.  acroam.  Disp.  VII  de  loco  ■  —  'ETtaûXiov 
lAcroaseos  Àristotelicx,  s.  coll.  acroam. 
I  Disp.  VIII  et  ultime  de  tempore  infinifo  et 
vacito  (ces  8  disputations  furent  plus  tard  réu- 
Inies  en  un  seul  volume,  sous  le  titre  commun  de 
lOyÔûà;;  contemplatiomim  physicarum);  — 
[  'E^riYi'l'îK-  (i-ETsiopoXoYia;  secunda,  s.  coUegiiphy- 
Uico-speculis  Disp.  VI  de  meteoris  aqueis  et 
\aUis  hue  pertinentibus  ;  —  Annilustrium 
\philosophiciim,  h.  e.  Anniversarium  Mne- 
•rtiosynes  et  Musarum  labentium  tripudium 


sacrum  honori  juvenum,  XX,  cum  ils  insignia 
magisterialia  conferrentur  ;  —  Disp.  theol. 
de  discrimine  legis  et  evangeiii  opposila  Pon- 
tificiorum  de  hoc  ai'ticulo  senlentix,  quant 
Bellarminus  L.  IV  de  Justif.,  c.  1  et  2,  con- 
tranos  tuetur  pro  licent.;  Leipzig,  1634,  in-4''; 
—  Gloire  des  justes,  d'après  la  Sapiencc,  V, 
16,  17  (Sermon  funèbre  en  allemand);  — Ser- 
mon sur  la  paix,  à  l'occasion  de  la  conclusion 
de  la  paix  de  Westphalie  (en  allemand);  Leip- 
zig, 1650,  in-4°;  —  Dissertationum  cateche- 
ticarum  II  de  Decalogi  pneceptis  prioribus 
duobus;  Leipzig,  1651,  in-4";  —  Dissertatio- 
num catecheticarum  III,  s.  Decalogi  preccep- 
tum  tertium  per  thèses  expositum;  ibid., 
1652,  in-4°;  ^  Aphorismi  theologici  de  con- 
duis oppositi  assertionibus ,  quas  Bellarm. 
in  II  libr.  de  conciliis  passim  habet  et  tuetur 
praecipuis;  ibid.,  1656,  in-4°. 

Jean-Christian  Stern,  Fies  des  pasteurs  et  surinten- 
dants ecclésiastiques  de  la  ville  et  du  diocèse  de  lt(s- 
chofsciverda,  p.  80  (  en  allemand).  —  Dietmann,  Clergé 
de  la  Saxe  électorale  (en  allemand),  t.  III,  p.  993. 

CALES  (Jeanne-Marie),  conventionnel  et  ju- 
risconsulte ,  natif  de  Toulouse,  mort  à  Liège  en 
avril  1834.  Il  représenta  le  département  de  la 
Haute-Garonne  à  l'assemblée  législative  et  à  la 
convention,  où  il  vota  la  mort  de  Louis  XVI  sans 
appel  ni  sursis,  en  ajoutant  que  son  seul  regret 
était  de  n'avoir  pas  à  prononcer  sur  tous  les  ty- 
rans. En  1793,  il  fut  envoyé  auprès  de  l'armée 
des  Ardennes.  Membre  du  conseil  des  cinq-cents 
jusqu'en  1798,  il  fut  envoyé  à  la  chambre  des 
représentants  en  1815.  Son  vote  le  fit  exiler  en 
1816,  comme  régicide  relaps. 

Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France.  — 
Monit.  univ.  —  Petite  Biog.  conv. 

*CALETTï  (Griuseppe),  Ait  le  Cre)nonese, 
peintre,  né  à  Ferrare  en  1600,  mort  vers  1660. 
Il  apprit  la  peinture  à  Ferrare  et  à  Veqise.  De 
retour  dans  sa  patrie ,  il  se  fit  connaître  par  de 
nombreux  tableaux  dans  le  style  du  Titien. 
Malheureusement  ses  chairs  sont  aujourd'hui  un 
peu  bronzées,  ses  lumières  hardies  empruntent 
parfois  leur  force  à  une  opposition  d'ombres  trop 
chargées,  et  les  accessoires  sont  souvent  né- 
gligés. Caletti  peignit  beaucoup  pour  les  galeries, 
tantôt  des  demi-figures ,  tantôt  des  bacchanales 
ou  de  petits  sujets  d'histoire,  dans  lesquels  la  vé- 
rité des  détails  n'est  pas  toujours  respectée.  Il  a 
laissé  aussi  quelques  tableaux  d'église,  dont  les 
meilleurs  sont  à  Saint-Benoît  ;  quatre  Saints 
docteurs,  et  surtout  un  admirable  Saint  Marc, 
figure  correcte,  grandiose,  et  pleine  d'expression. 

E.  B— N. 

LanM,  itorja  pittorica.  —  Baruffaldi,  nte  de'  più  in- 
sirini  pittori  e  scultori  Ferraresi.—  Citadella,  Catalogo 
istorico  de'  Pittori  e  Scultori  Ferraresi. 

*  CALHANA,  savant  indien,  qui  a  composé  en 
vers  sanscrits  la  première  partie  de  Thistoire  du 
Cachemire,  connue  sous  le  nom  de  Râdjataran- 
ginî.  Cette  première  partie  est  composée  de  huit 
livres ,  et  l'on  doit  supposer  que  l'auteur  vivait 
dans  le  douzième  siècle  de  notre  ère.  Cet  ou- 


183  CALHANA  —  CALHOUN 

vrage,  imprimé  d'abord  à  Calcutta,  a  été  re- 
produit et  traduit  en  français  par  le  capitaine 
Troyer  (Paris,  1840).  L. 

Bâdjataranginî,  traduction  de  M.  Troyer,  t.  I,  préface. 

*CALHOCiv  (John-Caldwell),  politique  cé- 
lèbre de  l'Union  américaine,  naquit  le  18  mars 
1782,  dans  la  Caroline  du  sud,  district  d'Abbe- 
ville,  on  était  venue  se  réfugier  sa  famille,  chas- 
sée d'Irlande  par  des  revers  de  fortune,  et  mou- 
rut le  5  mai  1850.  Livré  à  lui-même  jusqu'à 
l'âge  de  treize  ans,  il  commença  ses  études  dans 
une  école  de  Géorgie  ;  mais  bientôt  la  mort  de  son 
père  le  rappela  dans  son  pays  natal ,  où  il  vécut 
pendant  quatre  ans  de  l'état  de  planteur.  Ce- 
pendant un  frère  plus  âgé  que  lui,  et  qui  avait  su 
deviner  son  génie  précoce,  acheva  son  éduca- 
tion, et  l'envoya  étudier  le  droit  à  Lichtfield.  Ses 
études  terminées,  John  se  mit  d'abord  en  stage 
à  Charlestown,  chez  le  chancelier  de  Saussure, 
puis  chez  un  procureur  d'Abbeville.  Jusque-là 
l'occasion  ne  s'était  pas  encore  offerte  à  lui  de 
parler  en  public  ;  mais  elle  ne  se  fit  pas  longtemps 
attendre.  La  guerre  venait  d'être  déclarée  entre  la 
Grande-Bretagne  et  les  États-Unis ,  et  Calhoun 
fut  chargé  de  haranguer  le  peuple  dans  une  as- 
semblée de  son  distiict.  Sa  persuasive  éloquence 
le  fit  nommer  aussitôt  à  la  représentation  de  la 
Caroline  du  sud  ;  et,  deux  ans  après,  sa  réputation 
d'homme  d'État  consommé  lui  ouvrit,  en  1810, 
les  portes  du  congrès,  et  bientôt  après  celles  du  co- 
mité des  affaires-extérieures,  dont  il  devint,  après 
laretraite  d'un  de  ses  collègues  (lecélèbre  Porter), 
et  malgré  sa  jeunesse,  le  membre  le  plus  influent. 
Lorsqu'il  fit  son  entrée  à  l'assemblée  des  États, 
il  trouva  le  parti  de  la  guerre,  quoique  soutenu 
par  le  président  Madison,  presque  défaillant. 
Animé  par  les  plus  nobles  sentiments,  il  résolut 
de  lui  rendre  toute  son  ancienne  vigueur,  et  il 
prononça  à  cet  effet  un  discours  remarquable, 
qui  fut  applaudi  à  l'unanimité,  et  plaça  l'orateur 
à  la  tête  du  parti.  Dès  ce  moment,  Calhoun  était 
devenu  assez  populaire  pour  pouvoir  faire  oppo- 
sition ouverte  au  gouvernement.  La  guerre  ache- 
vée, il  s'éleva  contre  l'émission  du  papier-mon- 
naie, vota  pour  l'établissement  d'une  banque  na- 
tionale, et  s'occupa  depuis  lors  de  toutes  les  ques- 
tions d'intérêt  général.  Le  tarif  de  1816,  qui 
sauvegardait  si  bien  les  droits  des  provinces  du 
sud  et  ceux  de  la  Caroline  en  particulier,  fut  son 
œuvre  à  lui  seul.  Après  la  fondation  de  la  ban- 
que de  l'Union,  il  devint  le  créateur  du  système 
des  fonds  nationaux.  Son  éloquence  et  son  patrio- 
tisme ne  se  démentirent  pas  plus  pendant  la  paix 
(juc  pendant  la  guerre.  Nommé,  en  1817,  ministre 
de  la  guerre,  sous  la  présidence  de  Monroe,  il 
trouva  ce  département  dans  le  plus  grand  dé- 
sordre. Il  y  remédia  ;  et ,  pendant  les  sept  ans 
que  dura  sa  gestion,  il  établit  l'oidre  dans  tou- 
tes les  branclies  de  l'administration,  et  fit  des- 
cendre presque  à  trois  millions  les  quarante  mil- 
lions de  dollars  de  dettes  arriérées,  qui  dataient 
encore  des  premiers  temps  de  l'Union.  Sans 


se  montrer  trop  parcimonieux ,  il  put  réduir 
la  paye  de  chaque  soldat  à  287  doll.,  de  45 
qu'elle  était  auparavant.  11  épargna  ainsi  par  ai 
au  trésor  1,300,000  doll.  Sur  la  fin  de  la  deuxièm 
année  de  la  présidence  de  Monroe,  il  songeait 
lui  succéder  ;  mais  la  Pensylvanie  et  même  se 
propres  partisans  s'étant  déclarés  pour  le  géé 
néral  Jakson,  il  raya  son  nom  de  la  liste  des  cann 
didats.  Adams  ayant  été  élevé  à  la  présidence 
Colhoun  devint,  lui,  vice-président,  charge  qu'i 
continua  aussi  à  remplir  avec  honneur  et  dignitl 
sous  Jackson. 

Jusqu'ici  Calhoun  était  resté  intègre  et  pat 
triote  ;  personne  ne  le  surpassait  en  talents 
en  activité.  Mais  plus  tard,  poursuivi  par  un» 
idée  fixe  dont  il  ne  put  plus  se  défaire ,  il  s 
laissa  entraîner  dans  une  voie  funeste  qui  devai 
amoindrir  sa  gloire.  Le  tarif  et  la  banque  avaien 
subi  un  revirement  général  lors  de  son  passag 
aux  affaires.  Une  nouvelle  loi  fut  promulguée  en 
1828;  cette  loi  portait  atteinte  aux  intérêts  dili 
sud  :  toutefois  Calhoun  resta  encore  attaché  ai 
gouvernement,  dans  l'espoir  que  Jackson  la  fe 
rait  rejeter.  Mais,  trompé  dans  son  attente,  i 
partit  pour  la  Caroline  du  sud,  et  y  semaiwrtou 
des  proclamations  qui  autorisaient  chaque  Éta 
à  annuler  tout  acte  arbitraire  de  la  fédération 
Ces  proclamations  passèrent,  en  février  1829 
dans  la  législation  de  cette  province,  à  laquelL 
adhérèrent  bientôt  la  Virginie,  la  Géorgie,  et  Ala 
bama.  La  guerre  civile  était  donc  inévitable 
mais  elle  fut  arrêtée  par  la  fermeté  de  Jackson  i 
qui ,  tout  en  envoyant  des  troupes  dans  le  sud 
fulmina  une  adresse  sévère  contre  le  droit  d'ani 
nulation,  et  menaça  le  perturbateur  de  la  peinm 
capitale.  Adversaire  de  l'Union  et  défenseur  dei 
droits  de  l'esclavage,   Calhoun  avait  dès   Ion 
perdu  pour  jamais  la  perspective  d'arriver  aii 
faîte  du  pouvoir.  11  avait  abandonné  la  vice-pré  ■ 
sidence  lors  des  troubles  ;  mais  il  rentra  peu  d<1i 
temps  après  au  sénat,  etprêta  de  nouveau  sermenti 
à  la  constitution  de  l'Union.  On  croyait  générale- 
ment que  le  président  Jackson  le  ferait  arrêter 
avant  son  arrivée  :  le  moment  était  propice  ;  eau 
Calhoun  était  déclaré  partout  traître  à  la  patrie. 
Mais  Jakson  n'en  fit  rien.  L'anxiété  était  grande,  et 
la  salle  était  comble ,  lorsque  Callioun  ,  le  fronl 
calme  et  la  démarche  fièi*e,  se  leva  ponr  défendre 
sa  doctiine  du  droit  d'annulation.  Il  s'ensuivit  un 
débat  sans  pareil  dans  les  annales  législatives. 
L'éloquence  de  l'orateur  dans  cette  circonstance 
rappelait  celle  des  orateurs  de  l'antiquité.  Néan- 
moins le  gouvernement  eut  gain  de  cause  dans 
cette  affaire,  et  une  réconciliation  fut  jugée  né- 
cessaire pour  conjurer  momentanément  le  danger. 
Calhoun  l'accepta ,  mais  en  s'éloignant  de  chaque 
parti,  et  ne  se  rapprochant,  dans  la  suite,  de  l'un 
ou  de  l'autre  que  pour  défendre  les  intérêts  du 
sud.  Les  débats  politiques  l'avaient  tellement 
aigri,  qu'il  rompit  de  lui-même  toute  relation 
avec  Jackson,  avec  Benton,  et  un  grand  nombre 
de  ses  anciens  amis.  Il  cessa  ainsi  de  servir  les 


185 


î  iitiitHs  (le  tous  ceux  qui  l'avaient  connu  aupa- 

;i\  imt,  et  qui  s'éloignèrent  peu  à  peu  de  lui.-  Les 

iiarlisans  du  droit  d'annulation  n'en  persistèrent 

1  i;is  moins  dans  leurs  projets.  Plus  tard,  la  pré- 

:  I  ulencede  Buren  rallia Calhoun au  gouvernement, 

«^levenu  plus  libéral;  et  il  prononça,  en  1838,  un 

liscours  remaïquable  sur  la  question  d'abolition 

le  l'esclavage.  Ù  avait  eu  durant  toute  cette  pé- 

iode,  pour  adversaire  le  plus  acharné,  Benton, 

lu  Missouri,  le  chef  de  l'extrême  gauche.  Sous 

yler,  il  rentra  dans  les  affaires,  et  fut  nommé 

liiiistre  de  l'intérieur.  Il  revint  un  instant,  en 

s  i  :>,  sur  sa  doctrine  du  droit  d'annulation  ;  mais 

■  lut  pour  fort  peu  de  temps,  et  il  reprit  bien- 

i  sa  place  accoutumée  au  sénat,  où  il  défendit 

'ujours  avec  acharnement  les  intérêts  du  sud. 

os  Etats-Unis,  par  suite  d'un  traité  depaix  avec 

'  Mexique,  venaient  d'agrandir  de  nouveau  leur 

1 1  itoire,  et  la  question  de  l'esclavage  fut  plus 

i  \  iinent  débattue  que  jamais.  Calhoun,  tout  ma- 

uif  et  infirme  qu'il  était ,  rassembla  le  reste  de 

s  forces,  et,  dans  un  discours  prononcé  au  sé- 

at,  il  demanda  avec  instance  l'émancipation  des 

rtninces  du  sud.  Un  autre  discours  suivit  bien- 

it  le  premier;  mais,  trop  faible  pour  lecommu- 

iquer  lui-même  à  l'assemblée  des  États,  il  le  fit 

le  par  un  de  ses  amis.  11  mourut  peu  de  temps 

lires.  Ses  plaidoyers,  de  1811  à  1843,  parurent 

Il  1844.  H  a  donné   son  autobiograghie  dans 

ouvrage  intitulé  la  Science  du  gotcvernement, 

t  qui  a  été  publié  à  New- York  en  1851. 

M. 

Conversations-Lexicon. 

c&LiARi  {Gabrïele)  l'Ancien ,  sculpteur  mé- 
iocre,  né  à  Vérone  dans  le  quinzième  siècle.  Il 
aérite  d'être  cité  comme  père  de  Paul  Véronèse 
t  deBenedetto  Caliari.  E.  B — n. 

Orlandi,  Abbccedario. 

CALIARI  {Benedet(o),  peintre  de  l'école 
énitienne ,  né  en  1538,  mort  en  1598.  Frère  et 
lève  de  Paul  Véronèse,  Benedetto  employa  son 
[aient  à  peindre  les  ornements  et  l'architecture 
[les  tableaux  de  son  frère.  Après  la  mort  de  Paul, 
fl  peignit  seul  des  compositions  où  l'on  reconnaît 
iiien  l'influence  du  style,  mais  non  la  vie  et  le  feu 
|lu  grand  maître  vénitien.  Benedetto  vécut  jus- 
[u'au  dernier  moment  dans  la  plus  parfaite  con- 
orde  avec  ses  neveux,  qu'il  aidait  de  ses  con- 
eils,  et  avec  lesquels  il  peignit  plusieurs  tableaux 
ignés  :  Hœî'edes  Pauli  Caliari  Veronensis  fe- 
•erunt.  Le  meilleur  ouvrage  de  Benedetto  est  la 
iainte  Agathe  en  prison,  visitée  par  saint 
^Pierre ,  qui  se  voit  dans  l'église  Saint-Pierre  et 
;iaint-Paul,  dans  l'île  de  Murano.      E.  B— is. 

'\\coizi,Dizionario.  —  Orlandi,  ^abbccedario.  —  Lanzi, 
Storia  pittorica. 

c.VLiARi  (Carlo),  dit  Carletto,  peintre  de 
'école  vénitienne,  né  en  1570,  mort  en  1596. 
Son  père,  Paul  Véronèse,  craignant  qu'en  res- 
tant près  de  lui  il  ne  de\"int  qu'un  simple  imita- 
i'-eur,  le  confia  à  Giacorao  da  Ponte ,  afin  qu'il 
puisât  dans  son  atelier  une  vigueur  de  style  qu'il 
m  se  croyait  pas  capable  de  lui  inspirer,  et  qu'il 


CALHOUN  —  CALIDASÂ  186 

acquît  ainsi  une  manière  originale,  unissant  à  l'é- 
clat et  au  charme  du  coloris  la  force  du  Bassan. 
A  dix-sept  ans  Carletto  était  déjà  un  peintre 
de  talent;  resté  orphelin  à  dix-huit,  il  fut  en  état 
de  terminer  avec  son  oncle  et  son  frère  les  ou- 
vrages laissés  inachevés  par  son  père,  peignant 
de  préférence  les  parties  les  plus  difficiles,  les 
têtes  et  les  nus.  Carletto  a  laissé  quelques  ta- 
bleaux qui  faisaient  présager  en  lui  le  digne  suc- 
cesseur de  Paul  Véronèse  ;  malheureusement  il 
fut  enlevé  aux  arts  à  l'âge  de  vingt- six  ans. 

E.  B— N. 
Rldolfi,i/^tte  de'  pittori  P'eneti.  —  Lanzi,  Storia  pitto- 
rica. —  Ticozzl,  Dizionario. 

CALIARI  (  Gabriele),  peintre  de  l'école  véni- 
tienne, né  en  1568,  mort  en  1631.  Il  était  fils  aîné 
et  élève  de  Paul  Véronèse,  après  la  mort  duquel 
il  termina,  avec  l'aide  de  son  oncle  et  de  son  frère,, 
plusieurs  de  ses  tableaux  restés  inachevés.  La 
plus  importante  composition  qui  lui  soit  propre, 
est  un  Trait  de  la  vie  d' Alexandre  III,  dans 
la  salle  du  grand  conseil  à  Venise.  Ayant  suivécu 
à  toute  sa  famille,  Gabriel  abandonna  la  pein- 
ture pour  vivre  dans  le  repos  que  lui  assurait 
une  brillante  fortune  ;  mais  il  mourut  à  l'âge  de 
soixante-trois  ans,  victime  de  son  dévouement 
dans  la  peste  qui  désola  Venise  en  1631. 

E.  B— N. 
Lauzi,  Storia  pittorica.—  Ridolfi,  Fite  de' pittori  Ve- 
neti. 

CALIARI  (Paolo).  Voy.  Véronèse  [Paul). 

*'CALici  (Achille),  peintre  bolonais,  né  vers 
la  moitié  du  seizième  siècle.  Il  étudiait  sous  Pros- 
pero  Fontana,  quand  le  hasard  fit  tomber  sous 
ses  yeux  un  tableau  de  Louis  Carrache.  Dès  cet 
instant  il  quitta  Fontana  pour  s'attacher  au 
Carrache,  entraînant  avec  lui  presque  tout  l'ate- 
lier. Malgré  son  admiration  pour  son  nouveau 
maître  et  ses  efforts  pour  l'imiter,  il  ne  s'éleva 
guère  au-dessus  de  la  médiocrité.         E.  B — n. 

Orlandi,  Abbccedario.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

*CALici  (Jean-Baptiste),  théologien  italien, 
vivait  à  Florence  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  Il  était  prêtre  sécuher.  On  a  de  lui  : 
Discorso  apologetico ,  ovvero  risposta  ad  un 
consulto  d'un  avvocato  che  ha  preteso  di 
provare  che  sia  invalida  il  battesimo  data 
contra  la  volontà  de'  genitori  infedeli  ai  bam- 
bini  mancanti  delV  usa  di  ragione,  etc.  ;  Luc- 
ques,  1697,  in-4°. 
Cinelii  Calvoli,  Bibl.  vol. 

cÂlÎdÂsa,  poète  indien  très-renommé,  qui 
vivait  du  temps  du  roi  Vicramâditya,  c'est-à-dire 
un  demi-siècle  avant  notre  ère.  On  lui  attribue 
un  grand  nombre  d'ouvrages  d'un  goût  si  diffé- 
rent et  d'un  mérite  tellement  inégal,  que  l'on 
peut  douter  qu'ils  appartieiment  au  même  auteur, 
et  admettre  l'existence  d'un  autre  Câlîdàsa  con- 
temporain du  roi  Bhodja,  vers  le  onzième  siècle 
de  notre  ère.  La  réputation  de  Câlîdàsa  était  assez 
grande  pour  que  son  nom  ait  été,  à  ce  qu'il  pa- 
rait, usurpé  par  plusieurs  poètes,  qui  s'en  déco- 
raient comme  d'un  titre  d'honneur.  On  possède 


187  CALIDASA  — 

encore  sous  le  nom  de  Câlîdâsa  trois  drames 
estimés,   plusieurs  poèmes  épiques,  quelques 
œuvres  légères,  et  un  traité  en  vers  sur  l'art 
poétique,  qu'il  pratiquait  si  bien.  Voicila  liste  de 
ces  ouvrages  :  Sacountala,  drame  en  7  actes, 
traduit  en  anglais  par  W.  Jones;  Calcutta,  1789  ; 
reproduit  en  fraaçais  dans  la  version  élégante  et 
gi'acieuse  de  Chézy,  avecle  texte;  Paris,  1830, 
texte  publié  à  Calcutta  vers  1840  par  Premat- 
chandra;  traduction  allemande  avec  le  texte, 
donnée  à  Bonn,  1846,  par  M.  Bochtlingk;  tra- 
duction allejnande  en  vers  par  M.  Hirzel  ;  Zurich, 
1833;—  Ourvasî,  drame  en  5  actes,  traduit  en 
anglais  dans  la  collection  du  Théâtre  Indien  par 
m.  Wilson;  texte  publié  à  Calcutta,    1830;  à 
Berlin,  1833,  par  M.  Lentz,  avec  traduction  latine; 
à  Saint-Pétersbourg,    1846,  par  M.  BoUensen, 
avec  traduction  allemande;— il ôrnimi^m  etMâ- 
lavîca,   comédie  en  cinq   actes,  analysée  par 
M.  Wilson  dans  son  Théâtre  Indien,  et  publiée 
à- Bonn,  1840,  avec  traduction  latine  par  M.  Tull- 
berg;  —  Raghouvansa,  poème  en  19  chants, 
publié  à  Calcutta;  reproduit  à  Londres,  1832, 
avec  traduction  latine,  par  M.  Stenzler;—  Cou- 
inâra  sambhava,  poème  incomplet,  publié  à 
Berlin,  1838,  par  M.  Stenzler,  avec  traduction 
latine;  —  Nalodaya,  poème  en  4  chants,  com- 
position bizarre,  qui  semble  n'avoir  été  que  le 
produit  d'un  pari  littéraire,  publié  avec  traduction 
latine  à  Berlin,  1830,  par  M.  Bénary ,  et  à  Cal- 
cutta, 1844,  par  Yates,avec  une  traduction  en  vers 
■  anglais  ;—  Mécjhadoûta,  ou  le  Nuage  messager, 
petit  poème  publié  à  Calcutta,  1813,  avec  une 
traduction  en  vers  anglais  par  M.  Wilson  ;  tra- 
duit en  allemand  par  M.  Hirzel,  à  Zurich,  1846, 
et  par  Max  MiJller,  à  Kœnisbei-g,  1847;  le  texte 
a  été  reproduit  à  Bonn,  1841,  par  M.  Gildemeis- 
ter;  —  Ritou-Samhâra ,  petit  poème  sur  les 
saisons,  publié  dans  l'Inde  en  1792  par  W.  Jones, 
et  à  Leipsick,  1840,  par  M.  de  Bohlen,  avec  tra- 
duction latine  et  allemande  ; — Prasnottara  Mâla 
et  le  Sringâratilaca,  petits  poèmes  erotiques , 
dont  le  second  a  été  publié  à  Bonn,  1841,  par 
Gildemeister  ;  —  Hâsyârnara,  comédie  en  deux 
actes,   analysée  dans  son  Théâtre  Indien  par 
M.  Wilson ,  qui  l'attribue  à  Djaggaddîsa  ;  — 
Sroutabodha,  petit  traité  en  vers  sur  les  mètres 
poétiques ,  publié  par  M.  Herm.  Brokhaus.  Sui- 
vant une  tradition,  Câlîdâsa  aurait  aussi  travaillé 
au  grand  drame  d'Hanouman,  appelé  Mahânâ- 
iaca.  Lajnglois. 

De  Chézv,  Journal  des  Savants,  février  1817.  —  Ray- 
nouard,  mêraeiounial,  mai  1832.  —  Abei  Rémusat,  même 
journal,  avril  1830.  -  Bolilen,  Alt.  Indien,  t.  II.  -  Heeren, 
Ideen  uber  die  PoUtilc,  t.  I.  —  Chefs-d'œuvre  du  Théâ- 
tre Indien,  traduits  en  vers  anglais  par  H. -H.  Wilson; 
Calcutta,  1827,  8  voi.  In  8°  ;  en  français,  par  A.  Lanslols, 
Paris,  1828,  2  vol.  in-8°;  en  allemand^  par  VVolf,  Weiniar, 
1828-1831,  2  vol.  in-8°. 

*  cALiGARiNo  sm'uommé  Calzolagio  {Ga- 
briele  Capellini,  dit  Ze),  peintre  ferrarois,  floris- 
sait  en  1520. 1 1  dut  son  surnom  à  sa  première  pro- 
fession, celle  de  cordonnier.  Il  paraît  avoir  été 
élève  des  Dossi.  Son  meilleur  ouvrage  est  une 


CALIGNON  18 

Vierge  avec  plusieurs  saints,  à  San-Giovanniri 
deFerrare.  On  vante  aussi  une  belle  Cène,  à  Sain 
Alexandre  in  Colonna  de  Bergame.    E.  B— a 

I,anzi,  Storia  pittorica.  —  Valéry,  Voyages  en  Italu 
—  Baruffaldi,  Fite  de'  pittori  e  scuUori  Ferraresi. 

CALIGNON  (Soffrey  de),  poète  français,  né 
Saint-Jean  de  Voiron  en  1550,  mort  à  Paris  e  : 
1606.  Après  avoir  été  secrétaire  de  Lesdiguières  t 
il  fut  nommé  chancelier  de  Navarre  sous  Henri  I^' 
qui  l'investit  de  sa  confiance  et  l'employa  à  di 
verses  négociations.  11  concourut  aussi,  avec  Jat 
ques-Auguste  de  Thou,  à  la  rédaction  de  l'éditd 
Nantes.  Le  P.  Lelong  lui  a  attribué,  mais  probs 
blement  à  tort,  un  ouvrage  intitulé  l'Eistoir 
des  choses  remarquables  et  admirables  adve 
nues  en  ce  royaume  de  France  es  années  dei 
nières  1587,  1588  et  1589,  par  S.  C;  1590,  in-4' 
Il  n'est  pas  probable  que,  zélé  protestant  comm 
il  l'était,  Calignonait  écrit  cette  pièce,  où  la  caus 
des  Guises  est  défendue  avec  une  ardeur  ex 
trême.  On  a  de  lui  :  Journal  des  guerres /m 
tes  par  François  de  Bonne,  duc  de  Lesd; 
guières,  depuis  l'an  iàSb  jusqu'en  1597,  ms 
in-fol.  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale  ;- 
un  quatrain  inséré  dans  les  Mélanges  historiquee 
de  Colonnes;  — ie  Mépris  des  Dames,  satire  dow 
nous  reproduisons  quelques  extraits,  qui  doDi 
neront  une  idée  de  l'état  des  lettres  à  l'époqu 
où  Malherbe  apparut.  Le  passage  suivant  est  I 
récit  d'une  de  ces  mésaventures  qu'on  pei 
voir  de  tout  temps,  et  que  les  poètes  ont  soi 
vent  exploitées: 

Aussitôt  que  l'avril  de  ma  Jeune  saison 

La  joue  me  frisa  d'une  blonde  toison, 

Quelque  dame  conçut  une  secrète  envie 

Dessus  la  liberté,  maitresse  de  ma  vie; 

IW'assujettit  aux  raiz  de  ses  perfections, 

Et  déroba  la  clef  de  mes  affections. 

J'avois  pour  concurrent  un  vieillard  froid  et   pâle, 

Qui  jà  tenoit  le  pié  dans  la  barque  fatale. 

De  son  œil  catharreux  distilloit  un  ruisseau  ; 

La  roupie  coulant  lui  glaçoit  le  cerveau. 

Son  corps  étoit  semblable  à  une  anatoinie  ; 

Son  visage,  au  tableau  d'une  cosmographie  (1), 

De  rides  sillonné,  et  sembloit,  ainsi  beau. 

Un  fantastic  esprit  écliappé  du  tombeau, 

Un  songe  frénétic,  une  ombre  salutaire. 

Et  le  modèle  vrai  d'une  affreuse  chimère.. 

Voyant  devant  mes  yeux  cette  idole  de  mort. 

Et  moi,  d'autre  côté,  jeune,  gaillard  et  fort. 

Qui  avois  t'avantage,  et  qui,  soit  en  adresse, 

Soit  en  dextérité  ou  force  de  jeunesse, 

ilubile  en  ce  métier,  en  tout  le  surpassois. 

Sinon  qu'il  avoit  plus  d'écus  que  je  n'avois; 

Je  pris  opinion  de  voir  favorisée 

Mon  amitié  Cdelle  et  la  sienne  manquée. 

Mais,  las  !  tout  au  rebours,  je  me  vi.s  méprisé, 

Et  ce  lit'l  Adonis  en  mon  lieu  caressé. 

Il  y  a  dans  ces  vers  une  facilité  et  une  verve  qui 
font  songer  à  Régnier.  Les  suivants  ne  manquen 
assurément  ni  de  grâce  ni  de  délicatesse.  1 
s'agit  de  la  mobilité  féminine  : 

Autant  que  le  miroir,  dans  sa  glace  polie, 
Reçoit  d'impression  que  notre  fantaisie 
(1)  Ces  vers  ne  sont  sans  doute  pas  de  bon  goût  ;  mai 
un  poète  dont  on  ne  conteste   point  le  génie  a  dit,d 
notre  temps,  en  parlant  d'une  vieille  : 

Affreuse  compagnonne 
Dont  le  menton  fleurit  et  dont  le  nez  trognonne. 


189 


CALIGNON  —  CALIGNY 


190 


Fait  urrer  ci  et  là,  et  nous  montre  au  dedans 
I  L'objet  qui  n'y  est  pas,  et  trompe  notre  sens, 
Autant  de  leurs  esprits  ces  cervelles  volages 
Forgent  d'affections  et  figurent  d'images 
Qui  naissent  et  s'en  vont,  et  renaissent  ainsi 
Que  l'ombre  dans  le  vain  d'un  miroir  éclatrci. 
1  Tautôt  vous  les  verrez  de  vous  ue  /aire  compte, 
Tantôt  se  repentir;  tantôt  l'ire  les  dompte. 
'  '  SI  de  vos  passions  elles  prennent  pitié, 
La  moindre  occasion  trouble  cette  amitié. 
Comme  le  papillon  aux  ailes  étollées 
Caché  de  sous  les  robes,  aux  lys  émaillées, 
Du  Jeune  chasserot  va  décevant  les  pas 
Qui  pense  les  tenir  et  si  ne  les  lient  pas, 
L,e  délicat  enfant,  d'une  démarche  folle, 
S'approche,  et  cependant  le  papillon  s'envole. 

Mi'e  n'est  pas  encore  la  langue  de  Boileau;  mais 
j  n  peut  déjà  mesurer  toute  l'étendue  du  progrès 
9  ccompli.  V.  R. 

I    La  Croix  du  Maine  et  du  Verdier,  Bibl.  franc.  —  Le- 
jng,  Diblioth.  hisl.  de  la  France,  édit.   Konlette.  — 
"  ^otirnal  de  Henri  IV ,  t.  HI. 

"*  CALiGivoN  {  Pierre -Antoine  D'Ambesieux 
!'  E  ) ,  prédicateur  et  théologien  français ,  na- 
*  iiil  à  Greenwicli  eu  1729,  et  mourut  le  25  dé- 
einbre  1795.  Sa  famille  était  protestante,  et  fut 
"  liligée  de  fuir  la  France  après  la  révocation  de 
■  édittle  Nantes;  et  lui-même  descendait,  par  les 
mmes,  deSofTrey  Calignon.  Rentré  en  France 
n  1735,  il  fut  nommé  aumônier  du  roi  à  Ge- 
ève,  où  il  officiait  pour  les  catlioliques,  chez  le 
ésidcnt  de  France.  Puis  il  fut  professeur  de 
'hétorique  à  Lyon,  et  chanoine  de  Crépy  en  Va- 
ois.  A  l'époque  de  la  révolution,  il  se  retira  et 
écut  ignoré  à  Ponthierry,  dans  le  voisinage  de 
lelun.  D'après  la  Biographie  universelle ,  Ca- 
ignon  fut  im  prédicateur  distingué;  mais  l'au- 
eur  de  la  Critique  des  Dictionnaires  histori- 
>ues  conteste  en  termes  très-^ifs  cette  asser- 
ion,  aussi  bien  que  celles  du  même  livre  où  Ca- 
ignon  est  représenté  comme  un  poëte,  et  comme 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  dont  on  donne  la 
iste. 

Richard  et  Giraud,  BibU  sacrée.  —  Barbier,  Examen 
)ïitigue  des  Dict.  hist.  —  Quérard,  la  France  littér. 

CAUGNY  (Hue  de),  famille  française  qui 
i  fourni  des  ingénieurs  distingués,  dont  voici  les 
loms  : 

CALiGNT  { Jean-Anténor  Hue  de),  appelé 
lùssi  de  Ltic.  Directeur  du  corps  du  génie  en 
1685,  il  exécuta  des  travaux  projetés  par  Vauban. 

CALiGNV  {Jean-Anténor  Hue  de),  fils  du 
arécédent,  né  en  1657,  mort  en  1731.  En  1677, 
il  assista  aux  sièges  de  Valenciennes  et  de  Fri- 
30urg,  et  en  1680  il  entra  dans  le  corps  du  génie. 
En  1683,  il  se  trouva  au  siège  de  Courtrai.  Dis- 
tingué par  Yauban,  il  fut  nommé  ingénieur  en 
chef  à  Ypres  et  à  la  Knoke.  D  consacra  dès 
lors  tous  ses  soins  à  l'édification  des  travaux 
"i'Ypres ,  si  admirés  par  Bélidor.  Placé  sous  les 
jordres  de  Boufllers  en  1692,  il  critiqua  certains 
louvrages  commandés  par  ce  général,  et  déclara 
^a  directeur  général  des  fortifications  qu'il  se 
Iferait  plutôt  emprisonner  que  de  les  exécuter. 
JMais,  quelque  honorables  que  fussent  ses  scru- 
pules, il  reçut  l'ordre  d'obéir.  «  Lorsque  sa  ma- 


jesté envoie  des  officiers  généraux  pourcomman- 
der  dans  un  pays,  lui  répondit  Lepelletier  de 
Souzy,  il  est  juste  qu'ils  aient  l'autorité  d'y  faire 
faire  les  ouvrages  qu'ils  jugent  indispensable- 
ment  nécessaires.  Mais  après  qu'un  ingénieur 
leur  a  dit  ses  raisons,  s'ils  ne  veulent  pas  s'y 
rendre,  il  faut  que  l'ingénieur  exécute  leurs  or- 
dres ;  et  il  peut  et  doit  en  rendre  compte  en  même 
temps  à  ses  supérieurs,  afin  qu'ils  puissent  faire 
savoir  les  intentions  du  roi  à  MM.  les  officiers 
généraux.  »  En  1693,  Caligny  assista  au  siège  de 
Fumes.  Au  mois  de  novembre  de  la  même  an- 
née, il  eut  dans  sa  direction  Calais,  Gravelines, 
Dunkerque,  Bergues  et  Furnes.  En  1695,  il  fit 
le  siège  de  Dixmude.  En  1696 ,  lors  du  second 
bombardement  de  Calais  par  les  Anglais,  Cali- 
gny, qui,  dès  1694,  avait  jeté,  à  l'extrémité  de  la 
jetée  du  chenal,  le  fort  Rouge,  fit  construire  le  fort 
Vert  à  l'autre  extrémité  de  la  jetée  orientale.  Vers 
la  même  époque ,  il  mena  à  fin  l'ouvrage  à  corne 
du  fort  Nicolaï.  Par  ses  soins,  les  jetées  de  l'est, 
à  Dunkerque ,  furent  prolongées.  On  lui  dut  en- 
core la  construction  de  la  grande  écluse  sur  l'Aa , 
à  Gravelines,  et  les  huit  forts  bastionnés  de  Fur- 
nes. En  1706,  après  la  bataille  de  Ramillies,  et 
quoiqu'il  eût  des  terres  dans  le  voisinage,  il  con- 
seilla l'inondation  des  deux  bords  du  canal  de 
Leffinghes  et  du  canal  de  Bruges,  pour  empêcher 
l'entrée  de  Marlborough  dans  la  Camerline-Am- 
bach,  qui  s'étend  depuis  le  chenal  de  Nieuport 
jusqu'au  canal  de  Bruges.  Devenu  directeur  des 
fortifications  de  Bourgogne,  il  s'occupa  du  canal 
de  ce  nom.  Ami  de  Vauban,  il  écrivit,  d'après 
les  conseils  de  ce  grand  homme,  une  Histoire  des 
guerres  causées  par  le  partage  de  la  monar- 
chie et  par  les  princes  du  sang,  tant  légitimes 
quci  naturels,  jusqu'en  1703;  ouvrage  resté 
manuscrit.  On  a,  en  outre,  delui,  unil!fewioî?-e  sur 
la  Flandre  flaming hante  (ms.  n°  2,241  de  la 
Bibl.  impér.) 

CALIGNY  (Hercule  Hue  de),  frère  du  pré- 
cédent, appelé  aussi  Langrune,né  en  1665,  mort 
à  Valognes  en  1725.  D'abord  ingénieur  en  chef 
à  Grenoble,  à  Thionville  et  Huningue,  il  fut,  en 
1705,  appelé  à  dii'iger  les  fortifications  de  la  haute 
Provence,  et  en  1710  les  places  et  ports  de  la 
Normandie,  où  il  s'appliqua  à  mettre  en  sûreté 
la  Hogue  et  l'île  Ratebon.  Il  se  distingua  aussi 
à  plusieurs  sièges,  notamment,  en  1702,  lors 
de  la  défense  de  Rhemberg. 

CALIGNI'  (  Aîitoine  Hue  de  ) ,  chevaUer  de 
Luc,  frère  des  précédents,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  En  1693  il  fut 
blessé  au  siège  de  Namur,  et  en  1 704  il  fut  lieu- 
tenant des  maréchaux  de  France  en  Touraine. 

CALIGNT  (Louis-Rolland  Hue  de),  appelé 
le  chevalier  deCaligny,  frère  des  précédents,  né 
en  1677,  mort  à  Valognes  en  1748.  Après  avoir 
assisté  à  la  défense  de  Haguenauen  1705,  au  siège 
de  Kehl  en  1733,  et  à  celui  de  Philipsbourg  en 
1734,  il  fut  appelé  à  commander  les  ingénieurs 
faisant  partie  du  corps  d'armée  sur  la  Meuse  en 


191 


CALIGNY 


1741-1742,  et  eu  Bavière  en  1743.  Ingénieur 
en  chef  à  Landau  de  1716  à  1723,  il  écrivit  sur 
la  défense  de  cette  place.  Devenu  directeur  des 
places  de  Normandie  après  la  mort  de  son  frère 
Hercule  (1728),  il  fit  faire  d'utiles  travaux  dans 
les  ports  de  Dieppe,  de  Ronfleur  et  du  Havre, 
et  construire  à  CherlDourg  un  bassin  à  flot  de  la 
capacité  des  plus  grands  bâtiments.  Ces  travaux 
du  port  de  Cherbourg,  décrits  par  Bélidor,  fu- 
rent détruits  par  les  Anglais  en  1758. 

CALiGNY  (Hue  de  Crdyningham),  fils  du 
précédent,  mourut  en  1772.  Il  fut  ingénieur  à  la 
Hogue,  et  fit  des  mémoires  sur  cette  station  et 
sur  Jersey,  Guernesey  et  Aurigny.  Deux  de  ses 
petits-fils  sont  morts  durant  les  guerres  de  l'em- 
pire. 

Augoyat,  dans  le  Spectateur  militaire  ;  Paris,  1839, 
in-S".  —  liélidor,  Architecture  hydraulique,  IV,  252. 

CALIGULA.  (  Caius-Julius-Cxsar-Germani- 
CM5) ,  troisième  empereur  romain,  fils  de  Germa- 
nicus  et  d'Agrippine,  et  par  adoption  petit-fils 
de  Tibère,  auquel  il  succéda  l'an  de  Rome  788 
(37  de  J.-C.  ),  naquit,  l'an  13  de  notre  ère,  dans 
les  camps  romains  et  probablement  en  Germanie, 
et  mourut  le  24  janvier  de  l'an  41  de  J.-C.  Élevé 
au  milieu  des  soldats,  il  reçut  de  ces  derniers  le 
sobriquet  de  C'aligula,  d'un  genre  de  chaussure 
qu'il  portait  {culigœ,  bottines). 

Heureux  d'être  délivrés  de  l'odieuse  tyrannie 
de  Tibère ,  dont  ils  vouèrent  la  mémoire  à  l'exé- 
cftition,  les  Romains  s'abandonnèrent  à  une  joie 
d'autant  plus  vive  quand  le  fils  de  Germanicus 
parvint  à  l'empire,  que  les  commencements  de 
son  règne  étaient  bien  loin  de  faire  pressentir 
toutes  les  cruautés  dont  bientôt  après  il  se  ren- 
dit coupable.  Pour  flatter  le  sénat,  il  promit  de 
partager  avec  lui  la  souveraine  autorité,  et  de  le 
consulter  sur  tout  ce  qu'il  voudrait  entrepren- 
dre ;  et  afin  de  gagner  le  peuple,  il  mit  les  prison- 
niers en  liberté,  rappela  les  exilés,  et  fit  la  remise 
de  tous  les  impôts  qui  restaient  dus.  Ces  pre- 
miers actes  promettaient  aux  Romains  des  jours 
fortunés;  mais  à  peine  huit  mois  s'étaient-ils 
écoulés,  que  Caligula  donna  l'essor  à  son  carac- 
tère féroce  et  sanguinaire.  Ce  changement  dans 
la  conduite  du  prince  ayant  eu  lieu  après  une 
forte  maladie  qui  avait  mis  ses  jours  en  danger, 
quelques  auteurs  ont  avancé  qu'il  provenait  du 
désordre  de  son  esprit  et  de  l'affaiblissement  de 
sa  raison.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  raffinement  de  ses 
cruautés  prouve  qu'il  était  digne  en  tout  de  suc- 
céder à  Tibère. 

Parmi  les  nombreuses  extravagances  de  Cali- 
gula, il  en  est  quelques-unes  qui  démontrent 
surtout  un  orgueil  des  plus  insensés.  Ainsi,  par 
exemple ,  non  content  de  se  dire  le  maître  de 
tous  les  rois,  et  de  considérer  comme  de  vils  es- 
claves les  princes  les  plus  puissants ,  il  voulut 
être  adoré  comme  un  dieu.  A  cet  effet  il  se  bâtit 
un  temple,  se  nomma  des  prêtres,  se  fit  offrir  des 
sacrifices,  et  poussa  l'égarement  jusqu'à  associer 
sa  femme  et  son  cheval  au  collège  sacerdotal 


GA.LIGULA.  19; 

chargé  de  son  propre  culte.  Ne  voulant  pas ,  ai 
reste ,  qu'on  pût  douter  de  sa  prétendue  divi 
nité ,  il  se  montrait  en  public  avec  les  attribut; 
de  Mercure,  d'Apollon,  de  Mars,  etc.;  et  aprèi 
avoir  fait  enlever  la  tête  des  statues  de  divers 
dieux,  il  y  fit  placer  la  sienne.  De  plus,  afin  dt 
mieux  ressembler  à  Jupiter,  il  alla,  dans  sa  dé 
mence,  jusqu'à  vouloir  imiter  le  tonnerre  ;  et,  dan. 
ce  but,  il  fit  consti'uire  une  machine  à  l'aide  de 
laquelle  il  produisait  un  bruit  assez  semblable  i 
celui  de  la  foudre.  Pendant  ses  orgies  il  faisai 
mettre  à  mort  les  citoyens  les  plus  honoi'ables 
Dans  la  nuit  qui  suivit  le  jour  où  il  avait  inau 
guré  en  personne  le  magnifique  pont  qu'il  aval 
fait  construire  entre  Baies  et  Pouzzoles,  il  fi 
jeter  dans  la  mer,  du  haut  de  ce  pont,  une  mul 
titude  d'hommes  et  de  femmes  ,  sans  distinctioi 
d'âge  et  de  rang.  Néanmoins  ses  extravagance: 
rencontrèrent  quelquefois  des  obstacles  :  s'étan 
obstiné,  malgré  toutes  les  représentations,  ; 
faire  placer  sa  statue  dans  le  temple  de  Jupiter 
et  à  forcer  les  Juifs  à  l'adorer,  cet  acte  d'impiét 
produisit  une  sédition  qui  devint  la  cause  d'un^ 
guerre  cruelle  en  Judée.  Mais  ce  n'était  poin 
seulement  la  religion  que  Caligula  profanait  :  ei 
même  temps  qu'il  outrageait  ainsi  les  divinités 
il  scandalisait  les  Romains  par  des  désordres  d 
tous  genres.  Non  content  de  porter  le  déshon 
neur  dans  le  sein  des  familles ,  il  établit  des  lieu: 
de  débauche  jusque  dans  son  propre  palais,  e 
donna  l'exemple  des  plus  honteuses  dépravation 
en  entretenant  un  commerce  incestueux  avec  se 
trois  sœurs  et  principalement  avec  Drusilla,  qii 
vivait  publiquement  avec  lui,  et  qu'il  déifia  aprè 
sa  mort.  Il  fit  mourir  de  chagrin,  sinon  par  1 
poison,  son  aïeule  Antonia,  fille  de  Marc-Autoin 
et  d'Octavie;  et  il  n'hésitait  pas  à  dire  qu'Agrip 
pine,  sa  mère,  était  le  fruit  de  l'inceste  d'August 
avec  sa  propre  fille.  On  ne  peut  s'empêcher  d 
faire  ici  une  remarque  qui  prouve  à  quel  degp 
d'abaissement  le  premier  peuple  du  monde  étai 
descendu  alors  ;  car,  encore  bien  que  les  famille 
les  plus  illustres  fussent  particulièrement  l'obje 
des  outrages  de  Caligula,  on  ne  vit  aucune  femm 
se  soustraire  à  l'infamie,  soit  par  une  mort  glo 
rieuse ,  soit  même  par  une  fuite  que  la  prudenc 
seule  commandait. 

Enfin,  et  pour  ne  pas  citer  tous  les  excès  qu 
ont  rendu  odieuse  la  mémoire  de  cet  empereur 
nous  nous  bornerons  à  ajouter  qu'il  voulut  êtr 
appelé  le  mari  de  la  lune,  et  qu'il  fit  construir 
une  maison  superbe  à  Incitatus,  son  cheval 
qu'il  invitait  à  sa  table  comme  un  grand  seigneur 
et  auquel  il  présentait  de  l'orge  doré,  et  faisai 
boire  du  vin  dans  une  coupe  d'or  où  il  avait  bi 
le  premier.  L'écurie  de  ce  cheval  était  tout  ei 
marbre ,  avec  une  auge  d'ivoire  ;  et  Caligula  si 
proposait  même  de  le  nommer  consul,  lorsque 
la  mort  de  cet  animal  vint  mettre  un  terme  au' 
folies  dont  il  était  l'objet  de  la  part  de  son  maître 

Quant  aux  cruautés  de  Caligula,  nous  citeron: 
encore  les  faits  suivants.  Afin  de  pouvoir  sub 


1Ô3  CALIGTJLA  - 

venir  à  ses  prodigalités ,  il  faisait  mettre  à  mort 
les  plus  riches  particuliers,  dans  le  seul  but  de 
s'approprier  leur  fortune.  C'est  par  suite  de  ce 
désir  eflréné  des  richesses  que,  se  plaignant  un 
jour  de  ce  que  de  grandes  calamités  ne  venaient 
point  enlever  plusieurs  milliers  d'hommes  à  la 
fois,  il  prononça  ces  paroles  atroces  :  «  Plût 
aux  dieux  que  le  peuple  romain  n'eût  qu'une 
seule  tête,  afin  de  pouvoir  l'abattre  d'un  seul 
coup  !  »  Caligula  trouvait  une  sorte  de  volupté 
à  voir  couler  le  sang,  et,  sans  aucun  autre  motif, 
il  faisait  donner  la  question  à  des  malheureux, 
ou  les  faisait  mourir  dans  des  supplices  horri- 
bles. Ayant  désiré  de  voir  mettre  en  pièces  un 
sénateur  tout  vivant ,  il  ne  fut  satisfait  qu'après 
avoir  vu  les  entrailles  de  la  victime  traînées  dans 
les  rues ,  et  rassemblées  ensuite  sous  ses  yeux. 
Ces  horreurs  remplissent  sa  courte  histoire  ;  il 
se  préparait  à  une  campagne  dans  la  Germanie , 
et  il  avait  même  passé  le  Rhin  avec  une  armée  de 
plus  de  200,000  hommes  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à 
renoncer  à  cette  entreprise  pour  revenir  à  Rome. 
Plusieurs  attentats  contre  sa  personne  étaient 
restés  sans  succès ,  quand  enfin  l'empire  romain 
fut  délivré  de  ce  monstre  par  Cassius  Chéréas , 
tribun  des  troupes  prétoriennes ,  qui  était  par- 
venu à  faire  entrer  dans  la  conspiration  Cor- 
nélius Sabinus,  et  un  grand  nombre  de  sénateurs 
et  de  chevaliers.  Caligula  fut  tué  au  milieu  d'une 
fête,  l'an  41  de  l'ère  chrétienne,  à  l'âge  de  vingt- 
neuf  ans  ;  il  tomba  frappé  de  ti'ente  coups  de  poi- 
gnard. Ses  sœurs  ne  purent  brûler  entièrement 
son  cadavre,  et  se  hâtèrent  de  le  soustraire  aux 
outrages  delà  multitude.  Toutefois,  comme  par 
ses  largesses  il  s'était  fait  un  parti  parmi  les 
troupes,  Chéréas  fut  victime  de  son  dévouement  ; 
les  prétoriens  exaspérés  regorgèrent  à  l'instant 
même.  On  a  dit  que  Caligula  avait  écrit  sur  la 
rhétorique  ;  mais  il  est  permis  d'en  douter,  car 
les  ordres  qu'il  réitéra  de  faire  anéantir  les  œu- 
vres d'Homère  et  de  Virgile  donnent  lieu  de 
croire  qu'il  était  loin  d'avoir  de  l'amour  pour  les 
lettres.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Suétone ,  Caligula.  —  Tacite ,  Annales,  VI.  —  Dion 
Cassius.  —  Joséphe.^ntig.—  Aurélius  Victor.  —  Zonaras. 

*CALIMAS  (...),  historien  français,  mort  en 
'1756oul757à  Courthomer  (près  de  Séez,  départe- 
ment de  l'Orne).  Il  était  curé  de  cette  commune,  et 
mourut  au  moment  où  l'ouvrage  que  nous  allons 
citer,  muni  déjà  de  l'approbation  épiscopale,  allait 
être  mis  sous  presse  :  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  ecclésiastique  et  civile  du  diocèse 
de  Séez,  2  vol.  in-4°  (manuscrit). 

Lelong ,  Biblioth.  àist.  de  la  France,  édit.  Fontette. 

*CALiMiNi  {Simon),  rabbin  à  Venise,  cultiva 
la  poésie,  et  publia  ea  1751  une  traduction  de 
l'Ancien  Testament,  ainsi  qu'uni  petit  traité 
délia  poesia. 

Rossi,  Dizion.  degli  ant.  Ebrei. 
*c*UNO  (César),  théologien  et  chronolo- 
giste  italien ,  de  l'ordre  des  Jésuites ,  né  à  Bres- 
Cia  vers  1669,  mort  le  19  août  1749.  On  a  de 

NOUV.  BIOGR.   UNIVERS.  —  T.  VUI. 


CALIXTUS 


194 


lui  :  ridea  d'un  governare  paterno  proposta 
a  principe  nella  esposizione  délia  parabola 
del  Figliuolo  prodigo,  discorso;  Bologne, 
1711,  in-12;  —  Discorsi  scritturali  e  morali 
ad  utile  tratlenimento  délie  monache  e  délie 
sacre  vergine  che  si  retlran  del  secolo ,  1717, 
4  vol.  in-12;  —  Traltenimenlo  istorico  e  cro- 
nologico,  con  che  si  moslra  essere  la  storia  di 
Gioseiio  fulsa  e  discordante  dalla  S.  S.,  1726  : 
ce  livre  engagea  l'auteur  dans  une  querelle  litté- 
raire avec  François  Marie  Biacca  ;  —  Compen- 
dio  dette  cita,  morte  e  miracoli  di  B.  Giov» 
Nepomuceno ;  Venise,  1733,  in-12. 
Cinelli,  Bibl.  —  Adelung,  suppl.  à  Jôcher. 

*cALiNO  (Mutins),  prélat  et  théologien 
italien,  né  à  Brescia,  mort  à  Terni  le  6  avril 
1570.  Il  fut  archevêque  de  Zara,  et  assista  en 
cette  qualité  au  célèbre  concile  de  Trente,  aux 
travaux  duquel  il  prit  une  part  très-active,  à  en 
juger  d'après  la  correspondance  qu'il  entretenait 
avec  la  cour  de  Rome,  du  3  octobre  1561  au  6 
décembre  1563.  On  a  de  lui  :  deux  discours  te- 
nus au  concile  de  Trente,  et  insérés  dans  Do- 
minico  Tarri  :  Oratt.  responsa,  litterœ  ac  man- 
data ex  actis  Conc.  Trid.  collecta  ;  Venise , 
1567  ;  —  Lettre  à  Paul  Manuce,  dans  Lit  ter œ 
clarorum  Virorum  ;  Venise ,  1 568  ;  —  Consti- 
tutiones  synodales  S.  Ecclesise  Interamnot- 
tis  editse  in  Synodo  diœcesana  habita  1567; 
—  en  manuscrit  :  une  collection  de  deux  cent 
trente -trois  lettres  adressées  de  Trente  à  la 
cour  de  Rome,  du  3  octobre  1561  au  6  décembre 
1563.  Ce  manuscrit  se  trouva  en  1762  entre  les 
mains  de  son  descendant,  Louis  Calino,  patriar- 
che d'Antioche. 

Annal,  letter.  d'italia,  1. 1,  p.  177. 

CAL.IPPE.  Voy.  Callipe. 

*CALiSTO  DI  PAOLO,  sculpteur  siennois, 
florissait  de  1484  à  1504.  Sous  la  direction  de 
Baldassare  Peruzzi,  il  a  concouru  à  la  décoration 
de  la  belle  chapelle  Saint-Jean  dans  la  cathé- 
drale de  Sieime.  E.  B — n. 

Romagnoli,  Cenni  storico-artistici  di  Siena.', 

CALiXTE.  Voy.  Calliste. 

CALIXTE.  Voy.  Alexandre  m. 

CALiXTUS  (George),  dont  le  véritable  nom 
était  Callisen ,  fut  peut-être  le  théologien  le  plus 
savant  et  le  plus  éclairé  de  l'Église  protestante  au 
dix-septième  siècle.  Né  en  1586  àMeelby,  dans  le 
Holstein,  il  mourut  le  19  mars  1656.  Il  fit  ses  étu- 
des à  Flensbourg  et  à  Helmstœdt,  et  reçut  en  1605 
l'autorisation  de  faire  un  cours  de  philosophie  à 
Helmstaedt.  En  1607,  il  aborda  l'étude  de  la  théo- 
logie; puis  il  visita  en  1609  les  universités  du 
midi  de  l'Allemagne,  et  il  débuta  en  1611  dans 
la  carrière  théologique ,  à  Helmstaedt ,  par  des 
discussions  dogmatiques  qui  le  firent  connaître 
comme  un  esprit  original,  et  comme  un  ennemi 
acharné  des  préjugés  alors  dominants.  Il  entre- 
prit avec  un  riche  Hollandais  un  voyage  en  Aile- 


195  CALIXTUS 

magne,  en  ITollancle,  en  Angleterre  et  en  France, 
dans  le  but  d'apprendre  à  mieux  connaître  les 
différentes  sectes  religieuses  et  les  plus  grands 
savants  de  son  époque.  De  retour  à  Helmstaedt 
en  1613,  il  y  fonda  sa  renommée  comme  théo- 
logien par  la  victoire  qu'il  remporta  en  1614  sur 
le  jésuite  Turrianus,  dans  une  controverse  reli- 
gieuse qu'il  soutint  contre  lui.  Il  devint  professeur 
de  théologie,  puis  abbé  de  Kœnigslutter  et  con- 
seiller ecclésiastique,  et  fut  jusqu'à  sa  mort ,  qui 
eut  lieu  en  1656,  le  plus  actif  et  le  plus  estimé  de 
tous  les  professeurs  de  Helmstaedt.  L'obhgation 
imposée  sous  serment  a  tous  les  docteurs  en 
théologie  de  cette  université  de  travailler  à  éta- 
blir la  paix  de  l'Église,  fut  pour  Calixtus  un  pre- 
mier motif  qui  le  poussa  à  rallier  tous  les  par- 
tis. Cependant  son  génie,  la  profondeur  de  ses 
connaissances,  et  le  haut  point  de  vue  d'où  il 
avait  appris  dans  ses  voyages  à  envisager  le 
monde  et  les  hommes,  l'amenèrent  encore  na- 
turellement à  des  recherches  plus  hardies,  à  des 
idées  plus  claires,  et  à  plus  de  modération  et 
d'équiié  envers  ceux  qui  n'étaient  point  de  son 
opinion,  qu'on  ne  pouvait  en  attendre  de  l'esprit 
étroit  et  borné  des  théologiens  de  son  temps. 
Ses  traités  sur  l'autorité  de  l'Écriture  sainte, 
sur  la  transsubstaatiation,  sur  le  mariage  des 
prêtres,  la  suprématie  du  pape,  la  communion 
sous  une  seule  espèce,  etc.,  sont,  de  l'aveu  des 
savants  catholiques,  ce  que  les  protestants  ont 
écrit  de  mieux  et  de  plus  profond  contre  les 
doctrines  du  catholicisme.  Son  im[)artiaUté  lui  at- 
tira mêmeen  1639  l'accusation  de  crypto-papisme. 
Buscher,  alors  prédicateur  à  Hanovre,  lança  con- 
tre lui  un  pamphlet  dans  ce  sens.  De  leur  côté, 
les  sectateurs  de  sa  formule  de  concorde  l'ac- 
cusèrent d'hérésie,  parce  que,  dans  sa  morale 
théologiqiie  et  dans  un  ouvrage  sur  la  tolérance, 
il  se  rapprochait,  sur  quelques  points,  des  doc- 
trines de  l'Église  réformée.  En  vain  Calixtus 
s'efforça  de  prouver  à  ses  accusateurs  que  les 
plus  anciennes  confessions  de  foi  chrétienne 
avaient  été  communes  à  tous  les  partis;  et  lors- 
qu'il eut  enfin  osé  avouer,  dans  une  discussion 
publique,  qu'il  trouvait  la  doctrine  de  la  Trinité 
moins  claire  dans  l'Ancien  que  dans  le  Nouveau 
Testament,  et  qu'il  croyait  à  la  nécessité  des 
hounes  œuvres  pour  le  salut;  loisqu'en  1646, 
dans  une  dispute  religieuse  à  Thorn,  où  il  avait 
été  envoyé  comme  médiateur  par  l'électeur  pro- 
testant de  Brandebourg,  on  l'eut  vu  vivre  dans 
une  plus  grande  intimité  avec  les  théologiens 
calvinistes  qu'avec  les  luthériens,  alors  la  haine 
et  les  soupçons  de  ces  derniers  éclatèrent  en 
querelles  qui,  à  cause  de  l'incertitude  avec  la- 
quelle on  prétendait  que  Calixtus  flottait  entre  les 
différents  partis  religieux,  s'appelèrent  les  que- 
relles syncrétistiques.  Cependant  les  plus  achar- 
nés de  ses  adversaires  ne  se  contentèrent  pas  de 
lui  attribuer  les  plus  énormes  hérésies  :  ils  enga- 
geaient aussi  l'électeur  Jean-George  1^''  de  Saxe 
à  faire  auprès  du  duc  de  Brunswick  des  démar- 


CALKAR 


196 


ches  hostiles  contre  les  théologiens  de  Helmstaedt. 
Mais  le  duc  le  protégea,  au  contraire,  lors  de  la 
diète  de  Ratisbonne  en  1653,  et  les  princes  de 
l'Empire  décidèrent  Jean-George  à  imposer  si- 
lence aux  théologiens  de  son  électorat.  Alors  Ca- 
lixtus ne  fut  plus  inquiété  jusqu'à  sa  mort. 

Les  querelles  où  il  fut  entraîné  l'empêchèrent 
d'exposer  ses  idées  avec  plus  de  profondeur. 
Ses  nombreux  ouvrages  sont  la  plupart  écrits  à 
la  hâte,  et  ils  ont  été  en  partie  publiés  sans  son 
consentement.  Mais  par  son  enseignement  o»al 
Calixtus  a  formé  beaucoup  d'excellents  théolo- 
giens qui  ont  continué  à  travailler  dans  son  es- 
prit, et  ont  plaidé  sa  cause  avec  chaleur  dans 
les  querelles  syncrétistiques;  ces  querelles  ont 
été  continuées  par  son  fils  Frédéric-Ulric,  né 
en  1622  et  mort  en  1701,  abbé  de  Kœnigslutter, 
et  professeur  de  théologie  à  Helmstaedt.  Calixtus, 
le  père,  dut  à  ses  recherches  historiques  et  à  son 
exégèse ,  où  il  semble  avoir  merveilleusement 
saisi  l'esprit  de  l'Écriture  sainte ,  des  résultats 
qu;  répandirent  de  nouvelles  lumières  sur  la 
dogmatique,  lui  donnèrent  une  forme  plus  scien- 
tifique, en  séparèrent  la  morale  chrétienne  pour 
en  faire  mie  science  particulière,  réveillèrent 
l'étude  des  Pères  de  l'Église  et  de  l'histoire  ec- 
clésiastique ,  et  frayèrent  en  général  la  route  au 
progrès  qui,  à  l'aide  de  Spener,  de  Thomasius 
et  de  Semler,  devait  amener  une  révolution 
complète  dans  les  sciences  théologiques  et  les 
idées  religieuses.  [Enc.  des  g.  du  m.]. 

Sax,  Onomastic.  Ulterar.  —  Freber,  T/ieatrtim  viro- 
rum  eruditione  clarorum. 

CALKARouCALRER  {Jean  de) ,  peintre  néer- 
landais, de  l'école  de  Jean  de  Bruges,  naquit  en 
1500  à  Calkar,  dans  la  principauté  de  Cièves.  11 
se  forma  le  goût  en  Italie,  d'après  les  chefs-d'œu- 
vre du  Titien,  et  en  suivant  les  exemples  et  les  le- 
çons de  son  maître.  Jamais ,  dans  ses  créations 
pleines  de  génie,  il  ne  s'éloigna  de  la  nature.  L'œil  l 
le  plus  exercé  distingue  avec  peine  les  tableaux  . 
du  Titien  de  ceux  de  Calkar.  Dans  la  coUec-  • 
tion  de  Boisserée  se  trouve  un  tableau  remar-  . 
quable  de  ce  peintre  :  c'est  une  Mater  dolo- 
rosa,  qui  paraît  avoir  eu  pour  pendant  un  Ecce  • 
Homo.  Rubens  admirait  à  un  tel  point  les  ta- 
bleaux de  Calkar,  que  dans  tous  ses  voyages  il 
portait  sur  lui  une  miniature  de  ce  grand  maître, 
représentant  les  pâtres  au  moment  où  Joseph  i 
les  accueillit  auprès  de   la  crèche  du  Christ. 
Conune  dans  la  Nuit  de  Correggio ,  la  lumière  < 
émane  de  l'enfant.  Ce  tableau,  trouvé  dans  la  ; 
succession  de  Rubens,  tomba  entre  les  mains  de  < 
Sandraot,  et  depuis  entre  celles  de  l'empereur  ii 
Ferdinand  HL  II  est  déposé  aujourd'hui  dans  la  < 
galerie  du  Belvédère,  à  Vienne.  Les  dessins  de  > 
Calkar,  faits  à  la  plume  et  au  crayon,  ne  sont i 
pas  inférieurs,  sous  le  rapport  de  l'art,  à  ses  ta-' 
bleaux.  Presque  tous  les  portraits  qui  se  trou- 
vent dans  la  Biographie  des  peintres,  par  Va- 
sari,  et  dans  les  Instïtutiones  Academicse  dèl 
Vesalius,  sont  de  Jean  de  Calkar.  B  quitta  VC'^  ' 


197 


CALKAR  —  CALLARD 


198 


nise  pour  aller  habiter  Naplcs,  où  il  mourut  en 
1540.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

NagliT,  Neues  AUgem.  Kxlnulcr-t.exicon. 

CALKOËN  {Jean-Frédéric  Van  Beek),  le 
plus  distingué  des  astronomes  néerlandais,  na- 
quit à  Groëningue  en  1772.  Après  avoir  fait  ses 
études  préparatoires  à  Amsterdam,  où  son  père, 
pasteur  réformé  très-distingué,  avait  été  appelé, 
il  se  rendit  à  Utrecht  pour  faire  sa  théologie, 
étude  qu'il  abandonna  plus  tard  pour  se  consa- 
crer entièrement  aux  mathématiques  et  à  l'as- 
tronomie. Plus  tard  il  visita  les  universités  de 
Goëftingue,  de  Leipzig,  d'Iéna,  et  les  observa- 
toires de  Gotha  et  de  Berlin,  et  il  forma  des 
liaisons  intimes  avec  plusieurs  savants  alle- 
mands, particulièrement  avec  le  baron  de  Zach, 
avec  lequel  il  entretint  plus  tard  une  longue 
correspondance.  Calkoën  fut  nommé,  en  1799, 
professeui'  suppléant  d'astronomie  et  de  mathé- 
matiques à  Leyde,  et  en  1804  professeur  titu- 
laire de  ces  sciences,  qu'il  alla  enseigner  l'an- 
née suivante  à  Utrecht.  Il  avait  fait  preuve  de 
tant  d'activité  quand  il  était  chargé  du  règle- 
ment des  poids  et  mesures,  que  le  roi  Lonis-]\a- 
poléon  lui  témoigna  publiquement  sa  satisfac- 
tion et  sa  reconnaissance  de  -cette  opération. 
Lors  de  la  fondation  de  l'Institut  national  hol- 
Vmdais,  il  fut  élu  membre  de  cette  compagnie. 
Calkoën  mourut  en  1811.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  Euryolus,  over  het  schone  ;  Har- 
lem, 1802  ;  —  une  dissertation  écrite  en  langue 
latine  sur  les  horloges  des  anciens,  et  une  réfuta- 
tion de  l'Origine  de  lous  les  cultes,  de  Dupuis, 
publiée  sous  ce  titre  :  Naarden  Oorsprong  van 
den  Mozaischen  en  Christclijken  Godsdlenst, 
ouvrage  qui  a  été  couronné.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

biographie  Néerlandaise. 

CALL  ou  CALLics  (Jean  Van),  dessinateur 
hollandais,  né  à  Nimègue  en  1655,  mort  à  la 
Haye  en  1703.  Fils  d'un  horloger  habile,  il  pré- 
féra le  dessin  à  l'horlogerie  et  à  la  mécanique. 
n  copia  d'abord  les  paysages  de  Breughel,  de 
Paul  Pril  et  de  Nieulant;  puis,  voulant  étudier  la 
nature  par  lui-même,  il  visita  les  environs  de 
Kimègue  et  les  bords  du  Rhin.  Les  dessins  qu'il 
fit  durant  ces  premiers  voyages  furent  recher- 
chés des  connaisseurs.  Il  parcourut  ensuite  la 
Suisse,  l'Italie,  et  recueillit  à  Rome  des  Ames  nom- 
breuses. Il  revint  ensuite  par  l'Allemagne  et 
d'autres  pays  à  la  Haye,  où  il  fit  des  gravures  qui 
ornèrent  ses  recueils,  et  furent  également  achetées 
avec  empressement  par  les  amateurs.  Il  peignit 
aussi  en  miniature.  Une  des  œuvres  les  plus  re- 
marquables pubUée  par  Schenck  représente,  en 
72  feuilles,  les  vues  les  plus  curieuses  du  cours 
du  Rhin,  depuis  Schaffhouse  jusqu'à  Scheve- 
lingen. 

Descamps;  f'ies  des  Peintres  fiamands,t.  III.  — Nagler, 
■itUgemeines  Kûntler-Lexicon. 

CALL  {Pierre  Vajs),  fils  de  Jean  IVan  Call , 
paysagiste  hollandais,  mort  en  1737.  Comme 
son  père  U  cultiva  le  paysage,  et  acquit  une  ré-  ' 


putation  méritée.  Tl  n'était  pas  moins  habile  ar- 
chitecte, et  il  fut  chargé  par  le  roi  de  Prusse  de 
dessiner  à  l'aquarelle  les  forteresses  et  les 
champs  de  bataille  de  la  guerre  de  Flandre  sons 
le  roi  Louis  XV. 
Naglcr,  Neues  ÀUgemeines  KUnttler-Lexicon- 

CALLAMARD  {Charles- Antoine) ,  statuaire 
français,  né  en  1776,  mort  à  Paris  en  1821.  Cal- 
lamard  avait  obtenu  en  1797  le  grand  prix  de 
sculpture.  Le  musée  du  Louvre  possède  de  liti 
V Innocence  réchauffant  un  serpent  (salon de 
1810)  et  Hyacinthe  blessé  {  salon  de  1812), 
commandés  par  le  gouvernement  impérial.  Il  a 
produit  en  outre  plusieurs  bustes  et  bas-reliefs  es- 
timés, quoique,  en  générai ,  ses  œuvres  soient 
empreintes  d'une  régularité  un  peu  fioide.  H 
s'occupait,  à  sa  mort,  d'une  statue  du  bailli  de 
Suffren.  P.  Ch. 

Gahtt,  Dictionnaire  des  Artistes.—  Livrets  des  salons. 

CALLABD    DE    LA    DUQVERIE  {Jean-BUp- 

tïstc),  médecin  et  botaniste  français,  né  en 
1630,  mort  à  Caen  en  1746  (d'après  Lelong  et 
Fontette,  selon  lesquels  il  aurait  atteint  l'âge  de 
cent  seize  ans),  ou  en  1718  (d'après  Quérard 
et  autres).  Après  avoir  étudié  la  médecine  à  Pa- 
ns pendant  huit  an,i,il  se  rendit  à  l'université  de 
Caen,  où  il  finit  par  se  faire  recevoir  docteur 
en  médecine  en  lfi62.  Il  pratiqua  ensuite  son 
art  à  Caen  jusqu'en  1671 ,  où  il  fut  nommé  ;\ 
une  chaire  de  professeur  à  l'université  de  cette 
ville,  qu'il  ne  quitta  plus.  Doyen  de  la  Faculté  et 
membre  de  l'Académie  de  Caen,  il  marque  dans 
l'histoire  de  cette  ville  comme  fondateur  du  Jar- 
din de  botanique.  On  a  de  lui  :  Lexicon  me- 
dicum  îiniversale,  sive  tria  etymologiarum 
millia,  quas  in  scholis  publiais  alumnos  ita 
postulantes  edocuit  auctor;  Caen,  1673,  in- 12 
(c'est  une  explication  de  termes  grecs  usités 
en  médecine);  2"  édit.,  Caen,  1692,  m-12,  et  Pa- 
ris, I693,in-12  (édit.  augmentée  d£S  termes  de 
chirurgie,  chimie  et  pharmacie);  —  Lexicon  me- 
dicumuniversale  etymologicum,  in  quo  unde- 
cies  millia  vocabula  rarioris  usus  ab  auctori- 
busgrsects,  latïnïs  et  gallicis  qui  de  medicina, 
chirurgia,  pharmacia ,  botanica ,  chymia  et 
physica  hactenus  scripsere  usurpata  enu- 
cleantur,  eorumque  notïones  et  origines  rete- 
guntur;  Caen,  1715,  in-fol.  :  ce  n'est  qu'une  nou- 
velle édit.  de  l'ouvrage  précédent,  presque  porté 
au  quadruple  de  l'étendue  ;  —  Ager  medicus 
Cadomensis,  sive  hortus  plantarum  quae  in 
locispaludosis,pratensil)US,  maritimis,  areno- 
sis  et  sylvestribus  prope  Cadomum  in  Nor- 
mannia  sponle  nascuntur;  Caen,  1715,  ma- 
nuscrit. Cet  ouvrage,  qu'on  disait  avoir  été  im- 
primé à  Paris  en  1714,  in-fol.,  n'était  pas  encore 
imprùiiéen  1778,  du  temps  de  Fontette.  En  tout 
cas,  le  manuscrit  laissé  par  Callard  enti"e  les 
mains  de  M.  Desmousseaux,  son  collègue  à  la 
Faculté,  était  très-informe  et  tronqué.  C'est  la 
Flore  de  la  basse  Normandie. 
Journal  des  Savants,  1715.  —  LeloDg,   Bibliothèque 

7, 


199 


CALLARD 


historique  de  la  France.  —  Carrère,  Bibl.  de  la  Méd. 

Éloy,  Dictionnaire  de  la  Médecine. 

CÂLLÉJA  OU  CALLÉJAS  (don  FéUx    DEL 

Rev),  comte  de  Caldéron,  général  espagnol,  né 
en  Espagne  en  1750,  mort  après  1820.  Après 
avoir  été  fiscal  du  conseil  des  Indes  en  Améri- 
que, il  commandait  en  1810  la  garnison  de  Saint- 
Louis  du  Potose  dans  le  Mexique,  lorsque  le  fa- 
meux Hidalgo,  curé  de  Dolorès,  fit  soulever  ces 
contrées.  A  la  tête  de  quatre-vingt  mille  hom- 
mes créoles  indiens,  et  de  quelques  troupes  régu- 
lières, ce  chef  avait  pu  déjà  prendre  Toluca;  et 
il  marchait  sur  Mexico,  lorsque  Calléja  reçut  du 
vice-roi  Vénégas  l'ordre  de  se  mettre  à  la  pour- 
suite des  insurgés.  Quoiqu'il  n'eût  cpie  sept  mille 
hommes,  il  mit  en  fuite  l'ennemi,  lui  tua  un 
nombre  considérable  d'hommes,  le  poursuivit, 
s'empara  d'un  défilé  fortifié,  et  lui  pri  yingt-cinq 
pièces  de  canon.  Puis  il  l'attaqua  dans  Gua- 
naxoato,  et  emporta  cette  place  d'assaut.  Mais 
dès  lors  il  ternit  ses  succès  par  les  atrocités  dont 
il  les  accompagnait.  C'est  ainsi  qu'il  permit  le 
pillage  pendant  deux  heures  et  qu'il  fit  fusiller 
plusieurs  prisonniers  et  citoyens,  parmi  lesquels 
le  minéralogiste  Chovel.  Il  décréta  la  peine  de 
mort  contre  toute  réunion  de  plus  de  trois  per- 
sonnes, et  contre  ceux  qui  ne  rendraient  pas  leurs 
armes  dans  les  vingt-quatre  heures.  Le  parti  ré- 
publicain n'en  devint  que  plus  fort.  Hidalgo, 
ayant  rallié  son  armée,  se  retira  sur  Guada- 
laxara.  Plusieurs  provinces  se  soulevèrent  à  leur 
tour.  Dirigé  sur  Zamora  par  Calléja,  le  général 
Crux  battit  un  corps  d'insurgés  et  s'empara  de 
Valladolid,  où,  à  l'exemple  de  son  chef,  il  exerça 
d'affreuses  cruautés.  Quant  à  Calléja,  il  se  porta 
sur  Guadalaxara,  où  Hidalgo  s'était  posté  sur  un 
plateau  avec  cent  trente  pièces  de  canon  :  à  la 
tête  de  sa  cavalerie,  il  se  précipita  sur  les  batte- 
ries ennemies,  et  les  enleva  à  l'arme  blanche.  Hi- 
dalgo reçut  le  coup  mortel  dans  une  charge  com- 
mandée par  lui-même.  Son  armée  fut  entièrement 
défaite  ;  mais  le  vainqueur  déshonora  encore  sa 
victoire  par  ses  cruautés  :  il  est  vrai  de  dire  que 
les  deux  partis  rivalisaient  de  représailles.  La 
prise  de  la  forteresse  de  Zitacquaro  (2  janvier 
1812)  fut  le  résultat  de  cette  victoire,  et  les  ha- 
bitants furent  passés  au  fil  de  l'épée.  Calléja 
alla  ensuite  attaquer  Cuautla-Amilpas.  Il  en 
fut  d'abord  repoussé  par  le  prêtre  Morelos,  qui 
avait  été  placé  à  la  tête  du  pouvoir  exécutif;  et 
i!  ne  vint  à  bout  de  la  place  et  de  ses  habitants 
que  par  la  famine.  Cuautla  fut  abandonné  dans 
la  nuit  du  2  mai.  Cette  retraite  s'accomplit  dans 
un  si  profond  silence,  que  les  colonnes  passè- 
rent sous  les  batteries  de  l'ennemi  sans  que  celui-ci 
s'aperçût  de  rien  ;  elles  gagnèrent  Izucar,  n'ayant 
éprouvé  qu'une  perte  à  peine  sensible ,  si  l'on 
n'eût  eu  à  regretter  Léonardo  Bravo,  qui  tomba 
aux  mains  des  Espagnols.  Entré  dans  la  ville, 
Calléja  se  porta  sur  les  habitants  à  d'horribles 
cruautés.  Ces  actes  mêmes  contribuèrent  à  dé- 
velopper l'insurrection.  A  son  tour  Morelos  eut  I 


CALLENBERG  200 

des  succès,  et  la  guerre  continua  delà  sorte  en 
balançant  les  chances  entre  les  deux  partis.  La 
situation  de  la  Nouvelle-Espagne  était  vraiment 
déplorable.  «  Le  commerce  était  nul,  dit  M.  la 
Renaudière;  personne  n'osait  s'aventurer  au  mi- 
lieu des  bandes  armées,  sans  discipline  et  sans 
pitié.  Les  mines  étaient  désertes;  les  ouvriers 
les  avaient  quittées  ou  pour  aller  combattre,  ou 
parce  qu'ils  n'étaient  pas  payés,  et  les  eaux  s'é- 
levaient en  toute  liberté  sur  les  filons  métalli- 
ques. Les  terres  restaient  en  friche  dans  une 
partie  du  pays;  le  blé  devenait  rare  et  cher;  les 
maladies  plus  nombreuses  augmentaient  de  ma- 
lignité dans  les  terres  chaudes,  et  faisaient  inva- 
sion sur  les  plateaux  où  elles  étaient  ordinaire- 
ment inconnues.  C'était  un  triste  spectacle  que 
le  Mexique  en  travail  de  son  indépendance.  » 
Cependant  Calléja  fut  élevé  à  la  vice-royauté  du 
Mexique,  en  remplacement  de  Vénégas;  il  dé- 
ploya dans  l'exercice  de  ses  fonctions  le  dévoue- 
ment dont  il  avait  fait  preuve  jusqu'alors.  En 
même  temps  il  continua  le  système  de  rigueurs, 
qui,  loin  de  favoriser  les  intérêts  de  la  métropole, 
détachait  d'elle  les  populations.  Ce  que  l'histoire 
ne  saurait  surtout  absoudre,  c'est  l'exécution 
de  Morelos,  devenu  prisonnier  d'une  division 
espagnole ,  et  qui  fut  fusillé  par  ordre  de  Cal- 
léja le  22  décembre  1815.  Calléja  publia,  il  est 
vrai,  une  amnistie;  mais  la  guerre  continua,  et 
il  fut  remplacé  dans  sa  vice-royauté  par  don 
Juan  d'Apodaca  en  1817.  A  son  retour  en  Es- 
pagne, il  fut  nommé  comte  de  Caldéron.  En  1819, 
quoiqu'il  fût  déjà  septuagénaire,  il  fut  appelé  à 
commander  les  troupes  rassemblées  à  Cadix  et 
dans  l'île  de  Léon,  pour  aller  combattre  les  in- 
dépendants du  Paraguay;  et  déjà  il  avait  com- 
mencé d'accomplir  sa  mission  lorsqu'il  fut  fait 
prisonnier  par  Riégo  et  conduit  à  l'ile  de  Léon, 
où  il  resta  jusqu'à  ce  que  Ferdinand  VU  eût 
triomphé  de  l'insurrection. 

Arnault,  Jouy,  etc.,  Biog.  des  Contemp.  —  La  Renau» 
dière,  le  Mexique,  dans  l' Univ.  pitt. 

*CALLEMARD  {  Marc-Antoiïie) ,  historien 

français,  de  l'ordre  des  Jésuites,  vivait  dans  la 

seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de 

lui  :  Histoire  de  la  vie  de  Jacques  de  Cordon 

d'Évieu,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Jean 

de  Jérusalem;  Lyon,  1665,  in-4°. 

Lclong,  Bibliothèque  historique  de  la  France,  <idit. 
Fontctte. 

CALLENBERG  (Gaspard),  canoTihte  et  his- 
torien allemand  ,  de  l'ordre  des  Jésuites ,  né  eu 
1678  à  Castrup  (comté  de  la  Marche  en  Wcst- 
phalie),  mort  le  11  octobre  1742  à  Coësfeld. 
Il  enseigna  la  philosophie  à  Munster,  et  la  théo- 
logie à  Paderborn,  Munster,  Trêves  et  Aix-la- 
Chapelle.  On  a  de  lui  :  Templum  Honoris  in 
laudem  Francisa  Arnoldi,  episc.  Monast.  et 
Paderborn;  Cologne,  1710,  in-4°;  —  Démons- 
trationes  chronologico-historico-juridico-ca- 
nonicx  in  C.  de  indemnit.  de  electione  in  VI 
quod  Abbatissse  Canonissarum  sxcularium 


301 

separatim  habitantium  debeant  esse  tricena- 
rix  (anonyme);  Cologne,  1734,  ui-i°;  —  Apo- 
logiapro  suprême  Âom.pontif.  auctoritate,  et 
pro  immunitate  ecclesiastica  pariterque  pro 
jure  D.  Georgii  de  Cazemajor,  canon,  et  vi- 
carii  circa  Vicariam  S.  Joannis  et  Pauli  in 
Cathedrali  Monasteriensi;  Paderbom,  1734, 
in-4°  (anonyme). 
fiarzheirD ,  Bibl.  Colon. 

CALLENBERG  (  George  -Alexandre  -  Henri  - 
Mermann,  comte  de  ),  voyageur  et  littérateur 
allemand,  né  à  Muskau  le  8  février  1744,  mort 
Ïe4  mai  1795.  Après  avoir  reçu  sa  première  édu- 
cation dans  la  maison  paternelle ,  il  alla  à  Ge- 
nève, d'où  il  se  rendit  successivement  en  Italie, 
en  France,  où  il  se  maria,  en  Suède,  en  Angle- 
terre. A  son  retour  dans  ses  domaines,  il  partagea 
son  temps  entre  les  travaux  d'économie  rurale 
et  les  travaux  littéraires,  notamment  des  traduc- 
tions, parmi  lesquelles  la  Ligue  des  Princes,  de 
J.  de  Millier,  qu'il  mit  en  français. 
Biog.  unir.  (  éd.  belge  ). 

CALLENBERG  (Gérard),  amiral  hollandais, 
ïié  à  Willemstadt  en  1642,  mort  en  1722.  Il  était 
capitaine  à  bord  du  vaisseau  que  montait  Ruy- 
ter  dans  la  journée  où  ce  grand  amiral  fut  mor- 
tellement blessé.  Resté  seul  chef  de  la  flotte 
lorsque  de  Haan,  qui  avait  succédé  dans  le  con>- 
mandement  à  Ruyter,  fut  devenu  prisonnier  des 
Français,  Callenberg  réussit  à  faire  prendre  le 
large  aux  Français.  Nommé  vice-amiral,  il  se  dis- 
tingua sur  les  côtes  de  Normandie  en  1690 ,  et 
«n  1694  il  débloqua  le  port  de  Barcelone.  En  1696 
il  bombarda  Saint-Martin  dans  l'île  de  Ré,  et  en 
1697  il  commanda  en  chef  et  se  signala  au  com- 
bat de  Vigo.  H  était  à  la  tête  de  la  flotte  hollan- 
daise qui ,  avec  celle  des  Anglais ,  attaqua  et 
prit  Gibraltar.  L'engagement  contre  les  Français 
dans  la  baie  de  Cadix  fut  le  dernier  où  Callen- 
berg put  se  signaler.  Revenu  en  Hollande,  il 
exerça  les  modestes  fonctions  de  bourgmestre  à 
"Vlaerdingen,  où  il  finit  ses  jours. 

Chaiidon  et  Delandine,  ;V0Mî;(5aMi)jcf.   hist.  —  CLal- 
inot,  Biogr.  T^oordenb. 

CALLENBERG  (Jean- Henri),  orientaliste 
allemand  et  théologien  luthérien,  né  le  12  jan- 
vier 1694  dans  le  pays  de  Saxe-Gotha,  mort  à 
HaUe  le  16  juillet  1760.  Après  avoir  fait  ses  étu- 
des à  l'université  de  Halle ,  il  fut  nommé  à  la 
même  université,  en  1727,  professeur  suppléant; 
en  1735,  professeur  titulaire  de  philosophie;  et 
enfin  en  1739,  professeur  de  théologie.  Il  donna 
une  forte  impulsion  aux  missions  protestantes 
en  Onent,  surtout  à  celles  qui  avaient  poiu-  but 
la  conversion  des  juifs  et  des  mahométans.  Il 
publia  a  cet  effet  de  nombreux  ouvrages,  soit 
en  arabe  et  en  hébreu ,  à  l'usage  des  convertis 
soit  en  allemand,  pour  intéresser  ses  coreligion- 
naires à  cette  œuvre  pie;  mais  il  paya  en  outi-e 
de  sa  fortune,  car  il  fit  les  premiers  frais  néces- 
saires pour  monter  chez  lui  une  imprimerie  arabe 
et  hébraïque,  et  établir  une  institution  de  mis. 


CALLENBERG  202 

sionnaires.  Cette  institution,  qui  porte  le  nom  de 
Callenberg,  eut  une  certaine  influence  sur  l'é- 
tude des  langues  orientales;   mais  elle  tomba 
en  1791.  Les  nombreux  ouvrages  qu'on  a  de 
Callenberg  sont,  dans  l'ordre  chronologique,  les 
suivants    :    Scriptorum    historiée    litterarise 
recensio    tabularis  (anonyme);  Halle,   1724, 
in-8»;  —  Pr.  de  christiano  professoris  philoso- 
phise  officio;  Halle,  1727,  in-8°,  —  Berichte 
von  einem  Versuch  das  Jûdische  VoIk  zur  Er- 
kenntniss  der  christlichen  anzuleiten,  nebst 
16  Fortsetzungen  (  Relation  d'une  tentative  pour 
amener  le  peuple  juif  aux  vérités  du  christia- 
nisme )  ;  Halle,  1 728-1 736, 3  vol.  in-8°  ;  —  Prima 
rudimenta  linguae  araôica? ;  HaUe,  1729,  in-8<'; 
—  Colloquia  arabica  idiomatis  vulgaris,  sub 
ductu  B.  Sal.  Negri  olim  composuit;  HaUe, 
1729,  in-8°;  —  Catechismus  Lutheri  minor 
arabice;  HaUe,  1729,  'm-i2  ;—  Commentutio  de 
scepticismo  exegetico;  Halle,  1730,  in-8°;  — 
Oratio  de  Ernesti  Pii,princ.  sax.,  consiliis  et 
conatibus  in  munienda  via  doctrinas  evange- 
licse  inter  exteras  gentes  vulgandas;  Halle, 
1731,  in-8°;  —  Comm.  de  causis  quibus  im- 
pellamur  ad  conservandam  doctrinœ  evan- 
gelicx  puritatem  ;Y[s\\e,  1731,  in-8°;  —Comm. 
de  modo  prœsidiisque  conservandi  doctrinx 
evangelicx  puritatem;  Halle,  1731,  in-8°;  — 
Comm.  de  aperiendis  inter  barbaras  gentes 
scholis;  Halle,  1731,  in-8»;  —  Von  dem  Zus- 
tande   Surinam  (De  l'état  de  la   colonie  de 
Surinam)  ;  Halle,  1731 ,  in-S"  ;  —  De  conversione 
Muhammedanorum  ad  Christum  expetïta  ten- 
tataque;  Halle,  1733,  in-12;  —  Pr.  de  studio 
historiée  litterariee  academico;  Halle,   1733, 
in-4°;  —  Symbolum  Muhammedicum  exAlco- 
rano  concinnatum ;  HaUe,  1733,  in-8°;  —  No- 
vum  Testamentum  arabice; Balle,  1733-1734, 
in-12;   —  Entwurf  eines  collegii  iiber  die 
Historié  der  Gelahrtheit  (Esquisse  d'un  cours 
sur  l'histoire  de  l'érudition);  HaUe,   1733;  — 
Kurze  Anleitung  zur  Jùdïsch-teutschen  Spra- 
che  (Manuel  de  grammaire  allemande  et  juive); 
HaUe,  1733,  in-8°;  — Scriptores  de  religione 
muhammedica ;  Halle,  i734,  in-8°;  —  Vita 
Joh.-Dan.   Herrnschmidii ;  Halle,'  1735;  — 
Historia  Adami  muhammedica  ;  Halle,  1735, 
in-8°  ;  —  Spécimen  indicis  rerum  ad    liltera- 
turam  arabicam  pertinentium  ;  HaUe,  1735, 
in-8°  ;  —  traduction  en  arabe  des  livres  5  et  6 
du  traité  de  Grotius,  De  veritate  religionis 
christiame;  HaUe,  1735,  in-12;  —  Linguarum 
exoticarum  usus  et  prœsidia;  HaUe,  1736, 
in-S";  —  Historia  Jesu  Chrlstimuhammedica; 
HaUe,  1736,   in-8'';  —  Spécimen  bibliothecse 
arabicœ;  Halle,  1736,  in-8°;  —  Ecclesiarum 
exoticarum  monumenta historica  ;  HaUe,  1736, 
in-8°;  —   Jiidisch-teutsch    Wôrterbuchlein 
(Dictionnaire  de  la  langue  des  Juifs  aUemands); 
Halle,   1736,  in-8°;   —  Juris  judaici  circa 
stuprum  respowsio;  Halle,  1736,  in-8%^  --  Ob- 
servatimes  variœ;  Md,,  1736,  in-8'';;  t?: 


203 


CALLENBERG  —  CALLET 


204 


Mon  von  einer  weitern  Bemûhung,  Jesum 
Christum  dem  Jûdischen  Volke  bekannt  zu 
machen  (Relation  d'une  nouvelle  tentative  de  faire 
connaître  Jésus-Christ  aux  Juifs);  1738  et  suiv., 
iji-go  ■^—  jnitia  sacrijiciorum  ;\hid.,  1738,  in-8"; 

—  Vitce  Vocfrerodti  illustramenta  qusedam; 
ibid.,  1738,  in-S";  —  Repertorium  muhamme- 
dicum;  ibid.,  1738,  ia-8°;  —  Séria  mortuorum 
contemplatio ;  ibid.,  1738,  in-8°;  —  traduc- 
tion en  arabe  de  Y  Imitation  de  Jésus-Christ; 
1738-1739,  in-8°  :  ce  n'est  qu'une  reproduction 
tronquée  de  la  traduction  publiée  en  1663  par  le 
P.  Célestin  de  Saint  Ziduine  ;  —  Nachricht  von 
einem  Versuche  die  verlassene  Muhammeda- 
ner  zur  heilsamen  Erkenntniss  Christi  anzu- 
leiten  (  Relation  d'une  tentative  d'amener  à  J.-C. 
les  matiométans  abandonnés);  Halle,  1739  et 
suiv.,  in-S"  ;  —  Bistories  ecclesiasticas  capita 
laetiora;  ibid.,  1739,  in-8°;  —  Pr.  deprofesso- 
ris  theologix  officiis,  sub  exemplo  antecesso- 
rum ;Md.,  1739,  in-8°;  —  Juris  judaici  circa 
motum  terminum  responsio ;\hid.,  1739,in-8°  ; 

—  Repertorium  litterarium  topicum;  ibid., 
1740,  in-8°;  —  Loci  codicum  arabicorum  de 
jure  circa  christianos  muhammedico  ;  ibid., 
1740,  in-8°  ;  —  Sammlung  einiger  Betrachtun- 
gen  und  Nachrichten  (  Recueil  de  réflexions 
et  de  nouvelles  );  ibid.,  1 740,  in-8°  ;  —  Me.  Cle- 
nardi  circa  Mukammedanoriim  ad  Christum 
conversionem  conatns  ;  ibid.,  1742,  in-8»;  — 
Sylloge  variorum  scriptorum  locos  de  Muham- 
medanorum  ad  Christum  conversione  expe- 
tita,  sperata,  tentUaqv^  exhibens;  ibid., 
1743,  in-8";  —  Untr.r^cMedene  Ueberbleibsel 
(Diélanges);ibid.,  1743,  iii-8°;  —  Blumenlese 
aus  der  Kirchenhis/orie  (Anthologie  de  l'hist. 
ecclés.);ibid.,  1744,  m-^,"  ;  —  Exercitationes  in 
rébus  muhammedicis  occupatx;  ibid.,  1745, 
in-8''  ;  —  Grammaiicn  lingual  grxcx  vulga- 
ris;  ibid.,  1747,  in-S";  —  Paradigmata  lin- 
gux  grxcx  vulgaris;  ibid.,  1747,  in-8";  — 
Erlàuterung  der  Eislebischen  Kirchenges- 
chichte  von  1608-lGll,  da  Johann  Arnd  da- 
selbst  gestanden,  etc.  (Document  pour  servir  à 
l'Histoire  ecclésiastique  d'Eisleben,  pendant  la  su- 
rintendance du  célèbre  écrivain  ascétique  Jean 
Arnd,  de  1608-1611);  Halle,  1748,  in-8°;  — 
Fortwàhrende  Bemûhung  um  das  Heil  des 
Jûdischen  Volkes  (  Suîte  des  efforts  pour  con- 
vertir le  peuple  juif),  ibid.,  1752,  in-8°;  — 
Christliche  Rereisung  der  Judenôrter  (  Pèleri- 
Bages  chrétiens  aux  Lieux  Saints);  ibid.,  1745 
etfiuiv.,  in-8°;  —  Reisegeschichte  zum  Besten 
deraUen  Orientalischen  Christenheit  (récit  de 
voyages  entrepris  dans  l'intérêt  de  l'ancienne 
Église  chrétienne  en  Orient)  ;  ibid.,  1757 , 
in-8"  ;  etc. 

AdRluiig,  supplément  à  Jôchcr,  Allgem.  Gelehrten- 
Lexlcon.  —  Meusel,  Lexicon  der  von  1750-1761  vers- 
torbenen  teutsclien  Schriftsteller.  —  Ersch  et  Gruber, 
4llgrm.  Encyr.lopxdle. 

*CAL,L.ES  i^Sigismond),  hï&tor'ien  allemand, 
de  l'ordre  des  Jésuites,  mort  entre  1758  et  1767. 


On  a  de  lui  :  Annales  Austrix;  Vienne,  1750, 
2  vol.  in-fol.  ;  —  Séries  Misnensium  episcopo- 
rum ,  cum  ex  aliis documentis  tum prxserlim 
ex  litterarum,  contractuum  ac  donationum 
Misnensium  Ecclesix  breviariomsto.  restituta 
et  illustrata;  Ratisbonne,  1752,  in-4°  ; — An- 
nules ecclesiastici  Germaniœ;  4  vol.  (  le  dernier 
volume  a  paru  en  1758). 

Gôttinger  Ânzeigen,  ann.  1751,  1733, 17S7  et  1758. 

CALLESCHROS    OU    CALL^ESCHROS    (  Ka).- 

Xaiffypoç),  arcliitecte  grec,  vivait  à  Athènes 
dans  la  seconde  moitié  du  sixième  siècle  avant 
J.-C.  Il  fut,  avec  Antistate,  Antimachides  et  Po- 
rinos,  chargé  par  Pisistrate  de  jeter  les  fonde- 
ments du  temple  de  Jupiter  Olympien,  continué 
par  Antiochus  et  achevé  sous  l'empereur  Adrien. 

Vitruve,  De  architectura,  VII,  préf.,  §  13.  —  Tauly, 
Real-Encyclop.  —  Félibien,  Recueil  hist.  de  la  vie 
et  des  ouvr.  des  plus  cèlébr.  arcliit. 

CALLET  (Antoine- François),  peintre  fran- 
çais, né  à  Paris  en  1741 ,  mort  en  1823.  Il  fut 
reçu  à  l'Académie  en  1780.  Dans  l'iiistoire  delà 
peinture  française  il  se  place  à  côté  de  Suvée,  de 
Brenet,  de  Lebarbier,  de  Vincent  et  de  Peyron, 
c'est-à-dire  parmi  les  artistes  de  cette  école  dont 
Vien  est  le  représentant  le  plus  célèbre,  et  qui, 
en  retirant  l'art  de  la  fausse  voie  où  Boucher 
l'entraînait,  préparèrent  l'époque  de  David.  Oallet 
dessinait  assez  correctement,  mais  composait 
lourdement  :  son  coloris  n'est  pas  faux,  mais  il 
n'a  aucune  qualité  supérieure.  Tels  sont,  au 
reste,  les  caractères  de  l'école  à  laquelle  il  ap- 
partenait. Cependant,  quelque  faibles  que  soient 
les  œuvres  de  ces  artistes  comparées  à  cellos  de 
David,  de  Gros  et  de  Gérard,  on  les  trouvera  re- 
marquables à  côté  de  celles  de  Lancret,  de  Wat- 
teau  et  de  Loutherbourg.  C'est  en  effet  une  gloire 
pour  Callet  et  ceux  que  nous  avons  cités  avec  lui,' 
d'avoir  vu  le  mal  et  essayé  de  bien  faire.  Les 
principales  productions  de  Callet  sont  :  Curtîu^i. 
se  dévouant  pour  sa  patrie;  —  Vénus  blessée 
par  Diomède;  —  V Automne  et  les  Satur- 
nales;—  Achille  traînant  le  corps  d'Hector 
autour  de  Troie;  —  la  France  sauvée,  allé- 
gorie sur  le  vaisseau  de  l'État  sauvé,  suivanl 
Callet,  au  18  brumaire;  —  la  Bataille  de  Ma- 
rengo  ;  —  l'Entrée  du  premier  consul  à  Lyon  ; 

—  le  Mariage  de  Napoléon  et  de  Marie-Louise . 

—  le  Traité  de  Presbourg  ;  —  Érigone;  —  ur 
Ganymède; —  une  allégorie  sur  la  Naissance  di 
roi  de  Rome;  —  la  Reddition  dWlm  (1812) 
à  Versailles;  —  l'Entrée  de  Napoléon  à  Varso 
vie;  —  Achille  à  la  cour  deNicomède;  - 
les  portraits  de  Louis  XVIII  et  du  comte  cVAr 
fois. 

Le  Bas,  Dctionnaire  encyclopédique  de  la  France.  - 
Gabel,  Dictionnaire  des  Artistes. 

c.\  LLET  (  Jean  -  François  ),  mathématicioi 
français,  né  à  Versailles  le  25  octobre  1744,  inor 
le  14  novembre  1798.  Venu  à  Paris  en  1768,  il  ; 
approfondit  les  mathématiques,  pour  lesquelles  i 
avait  manifesté  de  bonne  heure  un  vif  penchani 
En  1774  il  prépara  avec  succès  les  élèves  q/' 


2nr,  CALLET  —  CALLTAS 

d(\ nient  entrer  à  l'école  du  génie;  en  1779  il 
rcmpoita  le  prix  proposé  par  la  Société  des  arts 
(ii-  Genève  pour  le  meilieiu-  mémoire  sur  les 
ciliapperaents,  et  en  1788  il  fut  chargé  de  pro- 
lisser  l'hydrographie  à  Vannes  et  à  Dunkerque. 
A  son  retour  à  Paris  en  1792,  il  fut,  pendant 
[iliisieurs   années,  professeur  des  ingénieurs- 
i/cographes.  Après  la  suppression  de  cet  ernpioi, 
il  professa  avec  succès  les  mathématiques.  Plus 
fai'd,  en  1797,  il  adressa  à  l'Institut  le  plan  d'une 
langue  télégraphique,  applicable  à  douze  mille 
mots  français  dont  il,  proposait  de  faire  le  dic- 
TiDnnaire.  Dans  les  intervalles  de  ses  fonctions, 
il  écrivit  d'autres  ouvrages ,  dont  les  principaux 
sont  :  Supplément  à  la  trigonométrie  sphé- 
r'i'jue  et   à  la  navigation   de  £ezout,   ou 
Recherches  sur  les  meilleures  manières  de 
ihterminer  les  longitudes  à  la  mer,  soU  par 
des  méthodes  de  calcul ,  soit  par  des  cons- 
tructions géographiques ,  soit  avec  le  secours 
d'un  instrument  ;  Paris,  Didot,    1798,  in-4''; 
—  une  édition  des  Tables  de  Gardiner,  1783  et 
1795,  in-8".Ontrouve  dans  cette  dernière  édition 
les  logarithmes  des  nombres  jusqu'à  108,000, 
des  sinus  et  tangentes  de  seconde  en  seconde 
pour  les  cinq  premiers  degrés,  et  de  dix  en  dix 
secondes  pour  tous  les  degrés,  avec  la  division 
«entésiraale,  etc.  ;  elles  sont  à  sept  figures.  C'est 
[pour  obtenir  une  correction  rigoureuse,  et  on 
fcpeut  même  dire  infaillible,  que  M.  Firmin  Didot 
inventa  son  premier  procédé  de  stéréotypage,  qui 
permet  de  corriger  les  erreurs  que  l'expérience 
ipeut  faire  décou\Tir  au  milieu  de  cette  multitude 
Ide  chiffres,  sans  être  exposé  à  commettre  de  nou- 
velles fautes  en  recomposant  le  tout,  comme  on  le 
[faisait  précédemment  à  chaque  nouvelle  édition. 
L'édition  de  1783  ne  donne  les  logarithmes  que 
jusqu'à  102,950. 

Quérard,  la  Fr.  litt.  —  Arnauld,  Biog.  nouv.  des  Con- 
ftemp.  —  Brunet,  Manuel  du  libraire. 

CALLET  (  Nicolas  ) ,  jurisconsulte  français 
idtt  seizième  siècle.  Avocat  à  Guéret,  il  écrivit  un 
ouvrage  intitulé  Callseus  in  leges  Marchise 
municipales  ;  Paris,  1573,  in-4°. 

*CALLETOT  {Guillaume),  chantre  de  la 
chapelle  de  Charles  V  vers  1364.  «  Ce  chantre, 
(lit  M.  Fétis,  était  vm  de  ceux  qui,  dans  la  cha- 
pelle du  roi,  improvisaient  l'espèce  de  contre- 
point simple  qu'on  appelait  chayit  sur  le  livre  : 
c'estce  qu'indique  son  titre  de  c^nfre  à  déchant. 
Les  appointements  de  Calletot,  ainsi  que  ceux  de 
ses  collègues,  étaient  de  quatre  sous  par  jour.  » 

Fétis,  Biogr.  univ.  des  musiciens. 

GALLiACHi  (Nicolas),  savant  italien,  né  à 
Candie  en  1645,  mort  le  8  mai  1707.  Il  étudia  à 
Rome,  et  y  fut  reçu  docteur  en  philosophie  et  en 
j,  théologie.  Puis  il  alla  professer  à  Venise  les 
langues  grecque  et  latine.  En  1678  il  remplaça 
Negroni,  enseigna  la  logique,  commenta  Aristote, 
et,  après  la  mort  de  Ferrarius,  il  fit  des  cours 
d'éloquence  et  d'hiunanités.  On  a  de  lui  :  Syn- 
^agma  de  ludis  scenicis  mimjorum  et  panta- 


206 


mimortim,  edente  M.-A.  Madero;  Padoue, 
1713,  in-4°,  et  dans  le  t.  II  du  Thésaurus  anti- 
quitatum  romanarum  de  Sallengre;  —  De 
supvliciis  servorum;  —  De  gladiatoribus  ;  — 
De  Osiride  ;  —  De  sacris  Eleusiniis  eorumque 
mysleriis.  Ces  derniers  traités  se  trouvent  aussi 
dans  le  tome  III  des  Utriusque  thesauri  anti- 
quitatum  romanarum  grœcarumque  nova 
supplementa. 

Jôch'T,  Allgemeines  Gelekrt- Lexic. 

CALLiAS  (KaXX(aç),  poëte  comique  grec,.fils  de 
Lysimaque  et  surnommé  Schœnion,  parce  que 
sou  père  était  cordier  (cyyoïvoTcXôxo;).  Il  rivalisa 
de  talent  avec  Cratinus.  C'est  à  peine  s'il  reste 
quelques  fragments  de  ses  œuvres.  Suidas  nous 
en  a  conservé  les  titres,  qui  sont  :  AlyûnTioç  (l'É- 
gyptien); —  'AtaXàvTT, ;  —  lleS-^xai  (les  Escla- 
ves) ;  —  Bâ-rpaxoi  (les  Grenouilles);  —  I-xolâ.^o'v'zei 
(les  Désœuvrés);  —  KOxXwueç  (les  Cyclopes). 
Ce  Caillas  est  peut-être  le  même  que  celui  au- 
quel Athénée  attribue  une  Ypa(j.[xaTiKri  tpaYOùSia. 

Suidas,  Athénée,  IV,  VII,  XII.  —  Clémeot  d'Alexandrie, 
Stromates.  —  Fabricius,  Bibl.  yrsec. 

CALLIAS,  historien  grec,  originaire  de  Syra- 
cuse, vivait  vers  l'an  316  avant  J.-C.  Il  fUt  con- 
temporain d'Agathocle,  qu'il  vanta  outre  mesure 
et  qui  le  combla  de  bienfaits.  Diodore  lui  repro- 
che cette  partialité  pour  un  tyran  qui  viola  les 
lois  divines  et  humaines.  L'œuvre  de  Callias  était 
intitulée  Ta  nepl  'AyaOoxXia  (  Histoire  du  règne 
d'Agathocle)  ;  elle  embrassait  l'histoire  de  la  Si- 
cile depuis  l'an  317  jusqu'à  l'an  289  avant  l'ère 
chrétienne,  et  se  composait  de 22  livres,  il  nous 
en  reste  si  peu  de  fragments,  qu'il  n'ust  guère 
possible  de  se  faire  une  idée  du  caractère  de 
l'historien. 

Suidas,  aa  mot  KaXXta;.  —  Diodore,  XXI,  et  Frag- 
ments. 

CALLIAS  (KaXXiaç),nom  de  plusieurs  person- 
nages qui  figurent  dans  l'histoire  de  l'ancienne 
Grèce.  Les  principaux  sont  les  suivants  : 

I.  CALLL\s,  athlète  grec,  fils  de  Phcnipne,  vi- 
vait dans  la  première  moitié  du  sixième  siècle 
avant  J.-C.  Il  obtint  à  Olympie  (54®  olympiade, 
564  avant  J.-C.  )  le  prix  de  la  course  des  che- 
vaux, et  le  second  prix  de  la  course  des  chars* 
Aux  jeux  pythiques  il  se  fit  remarquer  par  ses 
libéralités.  Il  avait  trois  filles,  qu'il  dota  ric'iement, 
et  permit  à  chacune  de  se  marier  avec  tel  Athé- 
nien qui  leur  plairait.  Il  avait  toujorn-s  été  op- 
posé à  Pisistrate  ;  et  lorsque  les  bienc  de  ce  tyran 
furent  mis  à  l'enchère,  il  se  présenta  seul  pour 
les  acheter. 

Hérodote,  VI,  121,  182. 

II.  CALLIAS,  surnommé  le  Mauvais  riche, 
petit-fils  du  précédent  et  fils  d'Hipj ioniens,  porte- 
flambeau  aux  mystères  d'Eleusis,  \ivait  dans  la 
première  moitié  du  quatrième  siècle  avant  l'ère 
chrétienne.  Après  la  bataille  de  Marathon,  il  fut 
rencontré  par  un  barbare  qui,  le  prenant  à  ses 
longs  cheveux  et  à  son  bandeau  pour  un  roi,  se 
jeta  à  ses  genoux  en  lui  demandant  la  vie,  et  lui 
découvrit  un  trésor  enfoui  dans  un  puits.  Callias 


207  CALLIAS  —  CALLICRATES 

prit  l'argent,  et  tua  le  soldat;  de  là  lui  vint  le 
surnom  de  KaxoTrXouxoç  (le  Mauvais  riche).  En- 
voyé à  Suse  en  469  avant  J.-C,  il  conclut  avec 
Artaxerce  le  traité  par  lequel  ce  prince  s'enga- 
geait à  laisser  la  liberté  aux  villes  grecques  de 
l'Asie,  à  tenir  ses  troupes  à  une  journée  des 
côtes,  et  à  ne  pas  envoyer  ses  vaisseaux  dans  les 
mers  depuis  les  roches  Cyanées  jusqu'aux  îles 
Chélidoniennes.  A  son  retour,  Callias,  accusé  de 
s'être  laissé  corrompre,  fut  absous,  mais  con- 
damné à  cinquante  talents  d'amende. 

Pausanias,  I,  8.  —  Diodore,  XIl,  4.  —  Bnedh,'' Écono- 
mie polit,  des  Ath.,  III,  ch.  12,  et  ï\,  ch.  3.  —  Mitford, 
Hist.  of  Greece,  ch.  11,  sect.  3.  —  Thirlwall,  Greece. 

III.  CALLIAS  ,  fils  d'Hipponicus ,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  quatrième  siècle  avant 
J.-C.  Il  se  fit  remarquer  par  ses  folles  prodiga- 
lités, et  Plutarque  l'appelle  Callias  le  riche.  Aris- 
tophane le  représente  comme  rm  oiseau  plumé 
à  la  fois  par  deux  classes  de  spoliateurs,  les 
femmes  et  les  sophistes.  Ceux-ci  trouvaient 
chez  lui  maison  ouverte  ,  et  il  leur  donna ,  à  lui 
seul ,  plus  d'argent  que  tous  les  Athéniens  en- 
semble. Cette  dissipation  de  son  patrimoine  fut 
portée  si  loin,  qu'on  le  surnomma  le  Mauvais  gé- 
nie (àXt-nipio;)  de  sa  famille  :  dadouque  comme 
l'avaient  été  ses  ancêtres ,  il  commanda  les  ho- 
plites athéniens  à  Corinthe,  lors  de  la  défaite 
des  Spartiates  par  Iphicrate  en  392  avant  J.-C. 
En  1771  il  fut  à  la  tête  de  l'ambassade  chargée 
de  traiter  de  la  paix  avec  Sparte.  H  mourut 
dans  un  état  voisin  du  dénûment.  C'est  lui, 
dit-on ,  qui  trouva  le  moyen  d'extraire  le  cina- 
hre  des  mines  d'argent.  Au  rapport  d'Élien,  il  se 
serait  suicidé;  mais  rien  n'établit  l'authenticité 
du  fait. 

Plutarque,  Périclès.  —  Xénophon,  Sellenica,  IV  et 
VI.  —  Aristophane,  les  Grenouilles.  —  Élien,  Hist. 

lY.  CALLIAS,  architecte  grec,  natif  de  l'île  d'A- 
rados,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  quatrième 
siècle  avant  J.-C.  Il  s'acquit  la  considération  des 
Rhodiens  par  Ihabile  emploi  qu'il  sut  faire  d'une 
machine  avec  laquelle  il  élevait  au-dessus  des 
murailles  l'hélépoie,  ou  tour  roulante  à  l'usage 
des  assiégeants.  Mais  cette  machine  se  trouva  in- 
férieure à  celle  d'Épimachus,  chargé  par  Démé- 
trius  Poliorcète  d'en  détruire  l'effet.  Cette  cir- 
constance eût  été  fatale  aux  Rhodiens ,  si  Dio- 
gnète,  qu'ils  avaient  privé  de  sa  pension  pour  la 
doimer  à  Callias,  ne  se  fût  laissé  fléchir  par  les 
jeunes  filles  et  les  pontifes.  Il  neutralisa  l'elYet 
de  l'hélépoie  d'Épimachus,  en  dirigeant  les 
égouls  de  la  ville  vers  le  terrain  où  elle  devait 
être  portée;  ou,  d'après  Végèce,  en  affaiblissant 
le  sol  au  moyen  d'une  fosse  souterraine;  et  Dé- 
métrius  fut  obligé  de  lever  le  siège. 

Vitruve,  De  archilectura.  —  Félibien,  Recueil  hist.  de 
la  vie  et  des  œuvres  des  plus  célèbres  architectes. 

CALLiBirs(KaAXigio;),  harmoste  Spartiate, 
vivait  en  l'an  404  avant  J.-C.  Il  commandait  la 
garnison  envoyée  par  les  Spartiates ,  sur  la  de- 
mande des  trente  frians,  pour  occuper  Athènes. 
Blâmé  par  Ly sandre  pour  avoir  levé  le  bâton 


208 
sur  l'athlète  Autolycus  qui,  plus  adroit  que  lui, 
le  souleva  par  les  jambes  et  le  jeta  contre  le 
sol,  il  obtint  cependant  des  tjrans,  pour  prix 
de  l'approbation  qu'il  donnait  à  tous  leurs  ac- 
tes, la  mort  d'Autoiycus. 

Xénophon,  Hellênica,  II.  3  ,  §  13  et  14.  —  Diodore, 
XIV  ,  4.  —  Plutarque,  Lysandre. 

CALLiCLÈs  (KaXXixXrji;),  peintre  grec,  vivait 
probablement  vers  l'an  320  avant  J.-C.  On  a  peu 
de  détails  sur  cet  artiste,  qui  fut  le  même  sans 
doute  que  celui  que  Varron  met  sur  le  même  rang 
qu'Euphranor.  Il  ne  peignit  que  des  tableaux  de 
petite  dimension,  de  trois  pouces  de  circonfé- 
rence au  plus. 

Varron,  Fragments.  —  Pline,  Ilist.  nat. 

CALLICLÈS,  fils  de  Théoscome,  sculpteur 
grec,  natif  de  Mégare,  vivait  vers  l'an  400 
avant  J.-C.  Il  représenta  surtout  les  vainqueurs 
aux  jeux  olympiques,  et  Pausanias  vante  son 
talent. 

Pausanias,  VI,  T,  §§  l,  3.—  Pline,  Hist.  nat.,  XXXIV. 

*  CALLICLÈS  {Nicolas),  médecin  et  poète 
grec,  vivait  dans  la  première  moitié  du  quator- 
zième siècle.  Montfaucon  (Bibiioth.  mss.) 
l'appelle  par  erreur  CalUdes.  On  a  de  lui 
quelques  épigrammes  impr.  avec  les  poésies  de 
Théodorus  Prodromus,  etc.;  Bâle,  1536,  in-S"; 
—  "laixSoi  sTt'.TUfjLoîot ,  sur  la  moit  d'Andronic 
Paléologue  l'ainé,  imprimés  dans  Bandini,  Lat, 
Codd.  Grœc,  tom.  Il,  p.  193  ;  —  Mélanges  poé- 
tiques, en  manuscrit  dans  la  bibiioth.  de  Saint- 
Marc,  à  Venise. 

Zanetti,  Cat.  Bibl.  S.  Marc.  Fenet, 

CALLiCRATE.  Voy.  Callippus. 

CALLICRATE      (  Ka),Xîxpai:y)Ç  )    ,      SCUlptCUF' 

grec.  On  ignore  le  temps  où  il  vécut.  Il  réussit! 
à  faire  des  ou^Tages  d'ivoire  d'une  dimension* 
presque  imperceptible.  >Iais  est-il  bien  certain^ 
qu'il  ait  pu  graver  des  vers  d'Homère  sur  des'i 
grains  de  millet  (1)?  On  peut  croire  cependant  qu'ili 
put  réduire  un  char  et  ses  quatre  chevaux  à  uni 
tel  degré  de  petitesse  que  tout  l'attelage  tenaiti 
sous  l'aile  d'une  mouche,  ei  qu'il  tailla ,  toiijoursi 
dans  les  mêmes  proportions,  des  fourmis  dont  oni 
pouvait  compter  les  membres.  Pour  faire  res^ 
sortir  ces  petits  objets,  l'artiste  les  exposait  suri 
de  la  soie  noire.  Le  temps  n'a  pas  respecte  les- 
ouvrages  de  Callicrate. 

Pline.  —  Athénce,  IX,  p.  V82.  —  Élien, //irf. 

CALLICRATE,  architecte  grec ,  vivait  en  l'a 
444  avant   J.-C.   Sur    l'ordre    de  Périclès,  il 
commença  avec  Ictinus,  dans  l'acropole  d'Alliè 
nés ,  le  Parthénon ,  dont  Phidias  exécuta  le» 
sculptures  et  les  autres  ornements.  On  sait  que 
cet  édifice   admirable    subsista  jusqu'au    siège 
d'Athènes  par  les  Vénitiens  en  1676,  époque  o\\\ 
une  bombe,  mettant  le  feu  aux  poudi-es  des  as- 
siégés ,  qui  y  étaient  renfermées,  le  réduisit  ea\ 
cendres.  Au  rapport   de  Plutarque,   Callicratel 
entreprit  la  longue  muraille  projetée  par  Périclès,i( 
et  dont  Socrate  parle  dans  le  Gorgias. 

(1)  La  chose  n'étaitpas  impossible,  enadrscttant  que  le| 
millet  des  anciens  ctail  une  espèce  de  kohms.  (II.) 


209 


CALLICRATE  —  CALLICRÉTÉ 


210 


!  Pliitarque  ,  Përielis.  —  Vltruve  ,  De  ArchUectura.  — 
I  Kellbleii.  Recueil  historique  de  la  vie  et  des  ouvrages 
I     des  plus  célétnres  architectes, 

[  1      CALLICRATE ,  général  achéen ,  natif  de  Léon- 
i:  tium  en   Achaïe,  mort  à  Rhodes  en  l'an  149 
i    avant  J.-C.  Il  passa  sa  vie  à  trahir  les  intérêts 
i    de  ses  concitoyens.  Envoyé  à  Rome  en  l'an  179,  - 
\    à  l'occasion  des  lettres  écrites  de  cette  ville  au 
i    sujet  de  ceux  qui  avaient  été  bannis  de  Lacédé- 
I    mone,  il  prononça  au  sein  du  sénat  un  discours 
;  où  il  conseillait  d'exiger  le  rappel  des  exilés.  Le 
I    sénat  entra  dans  les  vues  de  ce  mauvais  citoyen; 
1    et,  sur  la  recommandation  de  cette  assemblée 
puissante,  Callicrate  fut  nommé  général  de  la 
ligue  achéenne,  et  dès  lors  il  fit  tous  ses  efforts 
pour  le  triomphe  de  la  cause  des  Romains.  En 
l'an  174  avant  J.-C,  il  réussit  à  faire  repousser 
un  projet  d'alliance  avec  Persée  ,  mis  en  avant 
par  Xénarque,  alors  général  de  la  ligue.  Lors  de 
la  conquête  de  la  Macédoine  par  les  Romains,  en 
l'an  168  avant  l'ère  chrétienne,  il  dénonça  plus  de 
mille  de  ses  concitoyens  ayant  été  favorables 
i  Persée,  et  il  fut  cause  qu'ils  furent  conduits  à 
Rome  pour  y  être  jugés.  Parmi  ces  prisonniers 
■;c  trouvait  l'historien  Polybe,  qui  fut  un  de  ceux 
:iui,  après  dix-sept  années  de  captivité,  purent 
retourner  dans  leur  patrie.  En  l'an  153  avant 
J.-C,  le  traître  Callicrate  dissuada  la  ligue  de 
(jrendre  part  à  la  guerre  de  Rhodes  contre  les 
Cretois ,  attendu  que  l'Achaïe  ne  devait  entrer 
dans  aucune  entreprise  sans  le  consentement 
des  Romains.  Trois  ans  plus  tard  ,  en  l'an  150 
avant  J.-C. ,  un  procès  scandaleux  fit  encore  ressor- 
tir la  vénalité  de  Callicrate.  Seulement  cette  fois 
il  eut  »m  émule  digne  de  lui.  C'était  Ménalcidas, 
général  de  la  ligue  achéenne ,  auquel  il  récla- 
mait cinq  talents  que  le  premier  lui  avait  promis 
;  sur  dix,  offerts  par  les  Oropiens  qui  sollicitaient 
Ménalcidas  de  leur  faire  obtenir  le  secours  de 
FAchaïe  contre  Athènes.  Ménalcidas,  n'ayant  rien 
voulu  payer  ,  fut  poursuivi  criminellement  par 
Callicrate  pour  avoir  accepté  une  députation  à 
Rome  contre  les  intérêts  des  Achéens  et  fourni 
aux  Spartiates  les  moyens  de  ne  plus  dépendre 
de  l'Achaïe.  L'accusé  parvint  à  se  soustraire  aux 
suites  de  telle  accusation  en  gagnant  Diœus, 
nouveau  général  de  la  ligue.  En  l'an  149  avant 
J.-C,  Callicrate  fut  envoyé  en  ambassade  à  Rome 
.  avec  le  même  Diœus  pour  s'opposer  aux  Spar- 
,  tiates  que  celui-ci  avait  fait  bannir  et  qui  espé- 
raient être  rappelés  par  le  sénat.  11  mourut  à 
Rhodes,  et  sa  mort  fut,  dit  Pausanias,  un  bon- 
heur pour  la  Grèce  entière. 

Polybe,  Hist ,  XXV,  XXIX,  XXX,  XXXII,  XXXIII.  - 
Tile-Live,  XLI,  XLV.  —  Pausanias,  VU,  2.  12. 

CALLICRATIDAS    (  KaXXtxpaiîôaç  )  ,  philoso- 
,  phe  grec,  disciple  de  Pythagore  ,  vivait  au  cin- 
quième siècle  avant  J.-C.  Il  n'est  connu  que  par 
I  des  Fragments  sur  le  mariage  et  le  bonheur  do- 
mestique, qui  nous  ont  été  conservés  par  Stobée. 

Stobée,  Eclog.,  LXX,  LXXV,  76-18. 

CALLICRATIDAS  ,    général    lacédémonien , 
mort  en  406  avant  J.-C  II  fut  envoyé  à  Éphèse, 


dans  la  même  année  pour  prendre  le  comman- 
dement de  la  flotte  à  la  place  de  Lysandre.  Aussi 
courageux  que  celui-ci,  il  se  faisait  remarquer  par 
une  plus  grande  sévérité  de  mœurs  ;  et  on  re- 
trouvait chez  lui  les  vertus  et  le  patriotisme  des 
anciens"Spartiates.  Lysandre  sevengea  en  susci- 
tant à  Callicratidas  toutes  sortes  d'obstacles. 
C'est  ainsi  que,  pour  priver  d'argent  son  succes- 
seur, il  renvoya  à  Cyrus  ce  qui  restait  des  dix 
mille  dariques  affectées  par  ce  prince  à  l'aug- 
mentation de  la  paye  des  matelots.  Callicratidas 
ne  pouvait  se  résoudre  à  demander  de  l'argent 
aux  villes  déjà  accablées  d'impôt.  Il  ne  voulut  pas 
non  plus  cinquante  talents  que  lui  offrait  un  parti- 
culier pour  obtenir  de  lui  une  grâce  injuste.  «Je 
les  prendrais  bien,  lui  dit  Cléandre,  un  de  ses  offi- 
ciers, si  j'étais  à  votre  place.»  —  «Et moi  aussi,  si 
j'étais  à  la  vôtre,  »  répondit  Callicratidas.  Dans 
cette  extrémité ,  il  dut  se  rendre  en  Lydie  pour 
voir  Cyrus.  Un  garde  lui  ayant  dit  au  moment 
où  il  pénétrait  dans  le  palais  :  «  Étranger,  Cyrus 
n'a  pas  présentement  le  temps  ;  car  il  est  occupé 
à  boire.  »  —  «  J'attendrai  qu'il  ait  bu,  »  répondit 
le  général  Lacédémonien.  Il  attendit  en  vain.  Une 
seconde  visite  ne  fut  pas  plus  heureuse.  Il  s'en 
retourna  à  Éphèse,  maudissant  ceux  qui  avaient 
mis  la  Grèce  dans  la  dépendance  des  barbares  et 
se  promettant  de  réconcilier  Athènes  avec  Lacé- 
démone.  Revenu  à  Milet,  dont  les  habitants  pour- 
vurent aux  besoins  de  sa  flotte,  il  profita  de  cette 
circonstance  pour  ouvrir  des  opérations  contite 
l'eniiemi.  Et  d'abord  il  s'empara  de  Delphinium, 
dans  l'île  de  Chios ,  ravagear  Téos  et  conquit 
Méthymne.  Cependant  il  n'en  voulut  pas  vendre 
les  habitants.  «  ADieune  plaise,  dit-il,  que  durant 
mon  commandement  un  seul  Grec  devienne 
esclave  par  mon  fait.  »  Puis  il  poursuivit,  défit 
et  assiégea  Conon  dans  Mitylène.  Athènes  envoya 
à  son  général  un  secours  de  cent  cinquante  vais- 
seaux. Quoiqueles  fbrces  de  Callicratidas  setrni*- 
vassent  alors  inférieures  à  celles  del'enncmi,  il  alla 
à  sa  rencontre.  En  vain  Hermon,  son  piloteet,  d'a- 
près Plutarque  et  Diodore,  son  devin,  essayèrent- 
ils  de  le  dissuader,  le  premier  en  lui  remontrant 
le  danger  d'une  bataille  navale  dans  les  circons- 
tances présentes,  l'autre  en  lui  prédisant  la  mort; 
il  persista  et  répondit  même  que  le  sort  de  Sparte 
ne  dépendait  pas  d'un  seul  homme  :  Mr)  nap'  êva 
elvac  xàv  Suâpxav  ;  réponse  critiquée  avec  rai- 
son par  Plutarque  et  Cicéron;  car  il  est  des  cir- 
constances où  le  salut  de  l'État  dépend,  en  effet, 
d'un  homme.  Seulement  elle  prouve  que  les 
sentiments  de  Callicratidas  étaient  supérieurs  à 
son  génie  politique.  Le  vaisseau  qu'il  montait 
ayant  été  coulé  à  fond,  son  escadre  fut  battue  et 
les  Athéniens  remportèrent  la  victoire. 

Xénophon,  les  Helléniques.— Diodore,  XIII,  76-79;  97-99 
—  Plutarque,  Lysandre.  —  Ciceron,  De  Officiis.  —  Mit- 
ford,  Hist.  of  Greece. 

CALLICRÉTÉ  ,  femme  savante  grecque,  pro- 
bablement courtisane,  mentionnée  par  Anacréon 
et  Platon.  Le  poëte  parle,  dans  une  de  ses  chaii- 


211 


CALLICRÉTÉ 


sons,  de  l'art  avec  lequel  elle  se  rendait  maîtresse 
des  cœurs;  et  c'est  à  cette  chanson  que  le  philo- 
sophe fait  allusion  dans  Théagès. 

Anacréon,  Fragments.—  Platon,  OEuvres. 
CALLIOICS.  Voy.  Loos. 
CALLIER    OU    CAILLIKR   (  Raoul)  ,    poëtc 

français,  natif  de  Poitiers,  vivait  dans  la  dernière 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  était  neveu,  d'autres 
disent  beau-frère  deNicolas  Rapin;  et,  commelui, 
il  fit  des  poésies  françaises  mesurées,  imprimées  à 
la  suite  du  Rapin  qu'il  édita.  L'abbé  Goujet  et  La 
Croix  du  Maine  lui  attribuent,  le  premier,  les  In- 
fidèles fidèles,  fable  boscagère  de  l'invention  du 
pasteur  Calianthe,  imprimée  en  1603,  pièce  que 
Beauchamps  désigne  sous  les  initiales  F.  Q.  D. 
B.,  ou  le  pasteur  Calianthe.  Mais  ces  initiales 
ne  peuvent  s'appliquer  à  Raoul  Cailler,  et  La  Croix 
du  Maine  met  à  son  compte  un  Discours  du 
rien  en  prose;  des  vers  français  à  propos  de  la  puce 
trouvée  sur  l'épaule  de  madame  Desroches  de 
Poitiei's;  Paris  1582;  un  Discours  de  l'ombre; 
un  autre  du  Quatre;  un  autre  de  V Amour  de  soi- 
même,  également  en  prose  ;  un  poëme  intitulé 
le  Char;  un  autre,  le  Passereau,  et  un  troisième, 
les  Abeilles.  Ces  derniers  écrits  n'ont  pas  été 
imprimés.  On  trouve  encore  des  vers  de  Cailler 
dans  les  Délices  de  la  Poésie  française. 

La  Croix  du  Maine.  —  Goujet,  Bibl.  franc. 

CAlriiïER,  {Suzanne),  parente  ou  fiUe  du  pré- 
cédent, femme  poète  française.  Elle  composa  des 
poésies  en  vers  mesurés  que  l'on  trouve  dans  les 
œuvi'es  deNicolas  Rapin. 

Goujet.  Bibliothèque  française,  T.  XIV,  —La  Croix  du 
Maine  et  du  Verdier,  Biblioth.  françaises. 

CALtiiKR  {Claude-Ignace),  poète  français, 
né  en  Franche-Comté  le  6  août  1738  ,  mort  le 
28  décembre  1816.  On  a  de  lui  :  Dota  a  Condœo 
obsessa,anno  1636;  Carmen  {cwn  .ver sione 
galMca,  opus  posthumum) ;  Dole,  1823.  L'édi- 
teur a  ajouté  quatre-vingt-dix  vers  à  cette  édi- 
tion. La  traduction  est  en  vers  français. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

cAt,!LîÈRKS  (François  de),  diplomate  et 
écrivain  français,  né  à  Thorigny,  en  Basse-Nor- 
mandie, le  14  mai  1645,  mort  à  Paris  le  5  mai 
1717.  Il  était  fils  de  Jacques  deCallières,  qui  pre- 
nait le  titre  de  maréciial  de  bataille  des  armées 
du  roi,  fut  gouverneur  de  Cherbourg,  et  composa 
divers  ouvrages  historiques  (1).  L'un  et  l'autre 
furent  attachés  aux  maisons  de  Matignon  et  de 
Longueville.  Envoyé  en  Pologne,  en  1672,  pour 
faire  valoir  les  prétentions  du  duc  de  Longue- 
ville  au  trône,  il  ne  put  achever  cette  négocia- 
tion, interrompue  par  la  mort  du  Prince,  tué  au 
passage  du  Rhin.  Il  reçut  ensuite  une  mission  se- 
crète pour  la  Hollande,  afin  de  préparer  les  voies 
à  un  accommodement  avec  les  états  généraux. 
Cette  mission ,  qui  dura  cinq  ans ,  servit  à  apla- 
nir bien  des  difficultés,  et  valut  au  négociateur  le 
titre  ostensible  de  plénipotentiaire  etd'ambassa- 

(1)  Histoire  du  maréchal  dé  Matignon.  —  Le  courti- 
san prédestiné,  ou  le  Duc  de  Joyeuse  Capucin.  —Lettre 
sur  te  retour  de  M.  le  Prince. 


—  CALLIÈRES  21  : 

deur  extraordinaine  de  France  au  congrès  di 
Ryswick,  qui  se  termina  par  la  paix  conclue,  li 
20  septembre  1697,  entre  les  puissances  belli 
gérantes.  Il  avait  obtenu  précédemment  le  titn 
de  secrétaire  du  cabinet,  et  à  son  i-etour  li 
roi  le  récompensa  par  des  grâces  pécuniaire: 
considérables.  Dès  l'année  1689,  Callières  avai 
été  reçu  membre  de  l'Académie  française ,  ci 
remplacement  de  Guinault,  pour  un  Panégyrï 
que  historique  du  roi  Louis  XIV,  in-4",  qu'i 
venait  de  publier,  et  rempli,  selon  Thabitudc,  <ii 
flagorneries  outrées  en  l'honneur  du  monarqtic 
ce  qui  a  fait  dire  à  d'Alembert,  sans  doute  dan 
une  intention  épigrammatique ,  «  qu'il  avait  forc^ 
la  porte  de  l'Académie.  »  Dans  son  discours  d 
réception,  prononcé  le  7  février  1689,  il  célèbre 
selon  l'usage,  le  génie  du  cardinal  de  Richelieu  e 
du  chancelier  Séguier,  et  il  ne  consacre  que  qiia 
tre  lignes  à  la  mémoire  de  son  prédécesseur 
dont  le  nom  pour  lui  n'était  pas  aussi  imposant 
Callières  employa  les  loisirs  que  lui  laissa  la  re 
traite  des  affaires  à  composer  des  ouvrages  don 
le  plus  important  est  intitulé  :  De  la  manière 
de  négocier  avec  les  souverains,  de  l'utHur 
des  négociations,  du  choix  des  ambassadeur 
et  des  envoyés,  et  des  qualités  nécessaires  pou. 
réussir  dans  ces  emplois  ;  Paris,  Brunet,  1716 
in-12;  réimprimé  la  même  année  à  Amsterdam 
et  traduit  en  anglais,  en  italien  et  en  allemand 
Il  en  parut  une  nouvelle  édition,  annoncée  commi 
considérablement  augmentée; Londres  ,  Nourst 
(Paris),  1756,  2  vol. in-t2.  Mais  l'éditeur,  rest 
anonyme,  a  seulement  ajouté  à  l'ouvrage  un 
seconde  partie.  Callières  avait  traité  son  suje 
avec  l'autorité  que  lui  donnaient  à  la  fois  sa  pro 
pre  expérience  et  l'étude  particulière  qu'il  a\  ;i 
faite  de  la  matière  ;  son  continuateur  n'en  a  ■ 
même  l'intelligence,  et  n'a  produit  qu'une  ce 
pilation  sans  ordre  et  sans  mérite. 

Peu  après  son  admission  à  l'Académie,  Calli<;!'e 
justifia  le  choix  de  cette  compagnie  par  la  puh'i 
cation  de  plusieurs  ouvrages  qui  rentraient  ji!:! 
spécialement  dans  l'objet  de  ses  travaux.  Il  fi 
paraître  successivement  :  Des  mots  à  la  mode  e 
des  nouvelles  façons  déparier  ;  Paris,  Barhin 
1690  et  1693,  in-12.  «  Le  succès  qu'a  eu  cet  ou 
«  vrage,  dit  le  fameux  libraire  Barbin ,  dont  j's 
«  débité  deux  éditions  en  très-peu  de  temps ,  c 
«  l'applaudissement  qu'il  a  reçu  de  la  cour  et  de  I 
«  ville  m'obligent  d'en  donner  une  tioisième  édi 
«  tion,  plus  correcte  et  plus  ample  que  les  précij 
n  dentés.  »  Ce  livre  contribua  à  faire  tomber  ei 
désuétude  un  assez  grand  nombre  d'expression 
et  de  formules  impropres,  alors  reçues.  L'auteu 
en  fit  paraître  la  suite,  sous  le  titre:  Du  bon  e 
du  mauvais  usage  dans  les  manières  de  s' ex 
primer;  des  façons  déparier  bourgeoises  ;  e> 
quoi  elles  sont  différentes  de  celles  de  la  cour 
Paris,  Barbin,  1693,  in-12.  Presque  toutes  le: 
observations  de  l'homme  de  cour  devenu  grain 
mairien  ont  été  consacrées  par  l'usage.  Il  es 
cependant  une  expression  qu'il  proscrit  et  qui  ; 


313  CALLIÈRES  - 

provalu  ;  c'est  celle  de  congres,  pour  significiMne 
conférence  rfemiwts/res,  et  voici  la  raison  qu'il 
cndonne:  «  C'est  qu'il  fautêtre  barbaredans  son 
«  propre  pays  pour  se  servir  de  ce  sale  mot.  » 
Quel  singulier  scrupule  de  la  part  d'un  diplo- 
mate !  On  recherche  encore  ces  deux  derniers 
ouNTages,  parce  qu'indt'pcndamment  des  remar- 
ques judicieuses  qu'ils  renferment  on  y  trouve 
quelques  notions  curieuses  sur  les  mœurs  et  les 
habitudes  du  temps.  Les  autres  écrits  de  Calliè- 
res  qui  méritent  d'être  mentionnés  sont  :  Des 
bons  mots  et  des  bons  contes;  de  leur  usage; 
ie  la  raillerie  des  anciens  ;  de  la  raillerie  et 
ies  railleurs  de  notre  temps  ;  Paris ,  Barhin, 
1692,  in-12;  —  Du  bel  esprit  ou  des  sentiments 
ju'ona  dans  le  monde  ;  Paris,  Anisson,  1695, 
n-12  ;  —  De  la  science  du  monde  et  des  con- 
laissances  utiles  à  la  conduite  de  la  vie  ; 
'aris,  1717,  in-12,  et  réimprimé  à  Bruxelles  en 
719.  On  lui  attribue  V Histoire  poétique  de  la 
luerre  nouvellement  déclarée entre\les  anciens 
•t  les  modernes;  Paris,  1688,  in-12.  On  trouve 
lans  quelques-uns  de  ses  ouvrages  en  prose  plu- 
ieurs  pièces  de  vers  qui  ne  s'élèvent  pas  au- 
lessus  du  médiocre.  J.  Lamoureux. 

Histoire  des  membres  de  l' Académie  française,  par 
.'Alembert,  tome.  III.  —  Dictionnaire  de  Moréri,  édi- 
ion  de  17S9. 

*  CALLIÈRE  (Jacques  de),  général  français, 
nort  en  1697.  Il  fut  maréchal  de  camp  et  com- 
oiandant  de  Cherbourg  sous  Louis  XIV,  et  père 
lie  François  de  Callières,  littérateur  estimé.  On 
ide  lui  :  Lettre  héroique  sur  le  retour  de  M.  le 
'Prince  ,  à  la  duchesse  de  Longueville  ;  Saint- 
iiô,  1660,  in-4°  ;  —  le  Courtisan  prédestiné, 
m  le  duc  de  Joyeuse  Capucin;  Paris,  1661, 
1672  et  1682,  in-8°  ;  avec  des  additions  et  cor- 
l-ections;  Paris,  1728,  in-12;  —  Histoire  de 
\Tacques  de  Matignon,  maréchal  de  France,  et 
\ie  ce  qui  s''est  passé  depuis  iàil  jusqu'à  1597  ; 
ÎParis,  1661,in-fol. 

Lelong  Hibl.  kist.  de  la  France,  édit.  Fonlette; 

CALLIÈltES   DE    L'ÉTANG  (  P.  /.  G.  ),    con 

jfentionnel,  mort  en  1 795.  Il  était  avocat  au  parle- 
[ment  à  l'époque  de  la  révolution,  et,  quoique  âgé 
fie  soixante-six  ans,  il  en  on\brassa  la  cause  avec 
|toute  la  chaleur  d'un  jeune  homme.  «  Il  donna, 
fîjoute  la  Biographie  moderne  (copiée  ici  par  la 
[Biographie  universelle),  l'idée  d'un  bataillon 
|3e  vieillards ,  dont  le  plus  jeune  devait  avoir 
Iplus  de  soixante  ans ,  et  il  en  fut  le  premier  com- 
Imandant.  Dans  la  séance  du  1 0  juillet  1792,  il  de- 
jmanda  à  la  barre  de  l'assemblée  législative  au  nom 
i;1e  son  bataillon  et  de  40,000  patriotes  la  réinté- 
'?rationdePétion,  la  destitution  du  département  de 
[Paris  et  le  décret  d'accusation  contre  Lafayette. 
*11  fut  aussi  l'un  des  jurés  du  tribunal  révolution- 
[oairedu  10  août  1792.  L'année  suivante,  il  fut  en- 
{foyé  dans  la  Vendée  en  qualité  de  commissaire 
|[le  la  commune,  et  tomba  pendant  quelque*  jours 
:au  pouvoir  des  royalistes.  De  retour  à  Paris,  il 
■  vint  à  la  Convention  déplorer  la  mort  de  Marat.  » 
Bio^rap/iie  moderne,- Paris,  1806. 


CALLliVIACIlUS  214 

CALLIERGCS,  CAIXIERGI  OU  CALLOBRGl 

(  Zacharic),  savant  philologue  grec,  né  dans  l'Ile 
de  Crète  à  la  fin  du  quinzième  siècle,  mort  pro- 
bablement à  Rome  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  Il  fit  de  bonne  lieure  ses  études 
à  Venise,  où  il  se  trouvait  avec  son  frère  An- 
toine et  le  savant  Musurus ,  qui  l'aidèrent  dans 
ses  premiers  travaux.  Plus  tard  il  fut  appelé  à 
Rome  et  mis  à  la  tête  de  l'imprimerie  grecque, 
établie  par  Augustin  Chigi.  Les  éditions  des  au- 
teurs grecs  qu'il  y  imprima  surpassèrent  toutes 
les  précédentes  par  la  correction,  la  beauté  de 
l'impression,  par  un  texte  plus  complet  et  los 
scolies  qui  se  trouvent  à  la  suite.  On  a  de  lui  la 
première  édition  de  VEtymologicon  magnum, 
Dictionnaire  étymologique  de  la  langue  grecque  )  ; 
Venise,  1499,  in-fol.  ;  publié  par  les  conseils  et 
avecl'encouragement  de  Nicolas  Blastos  et  d'Anne, 
fille  de  Luc  Notaras,  grand  duc  de  Constantinople  ; 
—  une  édition  grecque  de  Pindare,  entreprise 
avec  l'appui  de  Cornelio  Beguigno  de  Viterbe; 
Rome,  1495,  petit  m-^°.  Il  a  aussi  imprimé  à 
Rome,  en  1509,  in-8°,  un  ouvrage  intitulé  Ixeôr) 
pacriXtxri,  contenant  des  conseils  sur  les  devoirs 
d'un  prince  chrétien  ;  —  une  édition  grecque  de 
Théocrite,  1495  ;  révisée  et  augmentée  de  six  idyl- 
les, ainsi  que  de  quelques  poèmes  de  Moschus,  des 
scolies  de  différents  auteurs,  et  des  sommaires 
des  dix -huit  premières  idylles  de  Théocrite; 
Rome,  1516,  in-8",  reproduite  à  Bâle,  1530, 
in-S",  et  1541,  in-S";  à  Venise,  1539,  in-S»,  et  à 
Francfort,  1545,  itt-8". 

Adcliing  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelekrten-Lexi  con. 
CALLiEïTE  (L.-P.),  théologien  français,  vi- 
vait dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siè- 
cle. Jl  fut  curé  de  Grécourt,  près  de  Hani,  dépar- 
tement de  la  Somme.  On  a  de  lui  :  Histoire  de 
la  vie,  du  martyre  et  des  miracles  de  saint 
Quentin;  Saint-Quentin,  1767,  in-12;  —  Mé- 
moires pmir  servir  à  l'histoire  ecclésiastique, 
civile  et  militaire  de  la  province  de  Verman- 
dois;  Cambrai,  1771-72,3  vol.  in-4°. 

Le  Bas,  Dict.  encyelopéd.  de  la  France. 

CALLiGÈKE,  médecin  macédonien.  Attaché 
d'abord  àPhili{)peV,roi  de  Macédoine,  il  fut  en- 
suite dévoué  à  Persée,  fils  de  ce  prince,  en  fuite 
depuis  le  raeui'tre  de  Démétrius,  qu'il  avait  tué, 
Lorsque,  enl'aii^l  79  avant  J.-C,  Philippe  fut  at- 
teint de  la  maladie  qui  le  conduisit  au  tombeau, 
Calligène  n'attendit  iuême  pas  que  le  roi  eût 
rendu  le  dernier  soupir  pour  faire  prévenir  Per- 
sée; il  cacha  à  tout  le  monde  la  mort  de  Philippe; 
ce  qui  donna  ie  temps  à  Persée  de  venir  pren- 
dre possession  d'un  trône  dont  le  fratricide  lui 
avait  frayé  le  chemin. 

Tite-ljve,  IX,  36. 
CALLIMACHVSOUCALLIMACOEXPERIEKS 

(Philippe),  historien  itahen,  né  dans  les  États 
de  Florence,  mort  à  Cracovie  le  1^"^  novembre 
1496.  11  appartenait  à  la  famille  des  Buonacorsi, 
dont  il  changea  le  nom  en  celui  de  Callimaco, 
lorsqu'étant  allé  à  Rome,  sous  le  pape  Pie  U,  il 


215 


CALLIMACHUS 


institua  avec  Pomponius  Lsetus,  une  académie 
dont  tous  les  membres  adoptèrent  des  dénomi- 
nations grecques  ou  latines.  Ce  qu'il  y  a  de  cu- 
rieux c'est  que  les  nouveaux  académiciens ,  to- 
lérés et  protégés  par  Pie  II ,  donnèrent  de  l'om- 
brage à  son  successeur  Paul  II,  qui  les  traita 
comme  des  conjurés ,  et  en  fit  arrêter  plusieurs, 
qui  furent  appliqués  à  la  question.  Callimaco  n'eut 
que  le  temps  de  fuir  et  d'atteindre  la  Pologne, 
après  avoir  parcouru  la  Grèce,  Chypre,  Rhodes, 
l'Egypte,  les  îles  de  la  mer  Egée ,  la  Thrace  et 
une  partie  de  la  Macédoine.  D'abord  accueilli 
par  l'archevêque  de  Léopold  ou  Lemberg,  il 
mérita  ensuite  l'estime  du  roi  Casimir  III,  qui  fit 
de  lui  le  précepteur  de  ses  enfants.  Plus  tard  il 
devint  secrétaire  du  roi  comme  il  le  fut  ensuite 
de  Jean-Albert,  fils  de  Casimir.  Il  remplit  aussi 
diverses  missions  diplomatiques.  En  1475  ou 
1476,  il  fut  envoyé  à  Constantinople  pour  dis- 
suader les  Turcs  de  leur  projet  d'attaquer  la 
Valachie.  En  1486,  il  fut  député  vers  l'empereur 
Frédéric  ni  et  ensuite  à  Venise  pour  décider  les 
Vénitiens  à  se  liguer  contre  les  Turcs.  Puis  il 
se  rendit  à  Rome  dans  le  même  but.  Mais  ces  né- 
gociations eurent  peu  de  succès  ;  il  revint  alors  en 
Pologne,  d'où  il  se  rendit  de  nouveau  à  Cons- 
tantinople,•  il  y  conclut  une  trêve  de  deux  an- 
nées avec  le  sultan.  Cest  à  cette  époque  que  se 
place  un  événement  grave  dans  la  vie  d'im  sa- 
Tant  tel  que  Callimaco,  et  surtout  à  une  époque 
où  un  livre  précieux  se  remplaçait  difficilement  : 
sa  bibliothèque  fut  brûlée  avec  ses  écrits,  sa 
maison  et  ses  meubles.  A  cette  époque  aussi 
(1492)  mourut  le  roi  Casùnir,  son  protecteur. 
Mais  sa  faveur  continua  sous  Jean-Albert,  suc- 
cesseur de  ce  prince,  dont  il  devint  le  conseiller 
le  plus  influent.  Le  crédit  dont  il  jouit  se  main- 
tint jusqu'à  sa  mort.  Ce  que  raconte  Paul  Jove 
de  la  prétendue  disgrâce  à  la  suite  d'une  dé- 
faite des  Polonais  dans  la  Moldavie  est  absolu- 
ment controuvé.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
Attila  ou  de  Gestis  Attilœ,  sans  indication  de 
date  et  de  lieu  d'impression,  et  probablement  à 
Trevise  en  1489  ;  puis,  imprimé  à  Haguenau  en 
■ii)'i\ , ai  Asas,\Qs,  Décades  rerum  himgarlcarum 
de  Bonfini  ;  —  Hisioria  de  rege  Uladislao  seu 
clade  Varnensi;  Augsbourg,  1519,  édition  in- 
connue à  Bruto,  qui  publia  la  sienne  à  Cracovie 
en  1 582,  in-4°  ;  —  Historia  de  Us  quœ  a  Venetis 
tentata  sunt,  Persis  ac  Tartaris  contra  Tur- 
cos  movendis;  Haguenau,  1533;  —  Ad  Inyio- 
centium  VIII  P.  M.  de  bello  Turcis  infercndo 
tratio;  Haguenau,  1533,  in-4°.  Cet  ouvrage,  qui 
donne  un  état  exact  des  forces  de  l'empire  turc^ 
l'ait  suite  au  précédent  ;  —  de  Clade  Varnensi 
epistola,  dans  le  tome  H  du  Chronicon  twci- 
cum  de  Lonicer  ;  —  des  ouvrages  manuscrits 
contenant  :  Historia peregr in ationum  suarum; 
—  de  Regibus  Pannonix,  poëme,  et  d'autres 
écrits  sur  des  sujets  divers. 

Paul  Jove,  Éloges.  —  Bayle,  Dictionn.  ~  Nlcéron,  Mé- 
moires, VI. 


—  CALLIMAQUE  21 

CALLiiMAQVE  (KaXXi(iaxo;),  architecte,  sculf 
teur  et  peintre  grec,  natif  de  Corinthe ,  vivait  prc 
bablement  vers  l'an  540  avant  J.-C.  Il  fut  sui 
nommé  KaxiÇoTexvo;  (  mécontent  de  lui-même  ) 
parce  qu'il  retouchait  sans  cesse  ses  ouvrages 
Au  rapport  de  Vitruve,  il  inventa  le  chapitea 
d'ordre  corinthien  dans  des  circonstances  asse 
curieuses  et  qui  n'ont  rien  d'invraisemblable.  Un 
jeune  Corinthienne  étant  morte,  sa  nourrice  plaç 
sur  le  tombeau,  dans  un  panier,  de  petits  vase 
que  la  défunte  aimait  beaucoup  ;  puis  ellerecouvri 
le  tout  d'une  tuile.  Les  feuilles  d'un  acanthe,  qt 
croissait  à  cette  place,  étant  venues  à  grandi  r  au  tou 
de  la  tuile,  se  replièrent  en  volutes.  Callimaque,  qu 
vit  cet  effet  du  hasard,  le  reproduisit  sur  les  cha 
piteaux  des  colonnes  qu'il  éleva  depuis  à  Corinthe 

Cet  artiste,  qui  est  sans  doute  le  môme  que  I 
peintre  de  ce  nom  dont  parle  Pline,  invent; 
encore,  s'il  en  faut  croire  Pausanias,  une  lam[ai 
d'or  dont  la  mèche  tirée  d'une  espèce  d'amiant 
brûlait  toute  une  année.  On  reproche  à  Cal 
limaque  d'avoir  trop  corrigé  ses  œuvres ,  ai 
point  de  tomber  dans  le  maniéré  ;  et  Pline  citi 
comme  méritant  ce  reproche  des  Lacédémo- 
niennes  dansant,  d'où  le  travail  avait  fait  dis 
paraître  le  naturel. 

Vitruve,  de  Architectura.  —  Pline,  Hist.  naturelle 
X-XIV.  —  Pausanias,  I,  Î6,  §  î.  —  Fclibien,  Recueil  hist 
de  la  vie  et  des  œuvres  des  plus  célèbres  arcfiit. 

CALLIMAQUE,  magistrat  et  guerrier  athénien, 
vivait  en  l'an  490  avant  J.-C.  Il  était  polémar- 
que  lors  de  la  bataille  de  Marathon,  où  il  péril 
en  commandant  l'aile  droite  des  Athéniens.  On' 
rapporte  que,  les  généraux  se  trouvant  divisés 
sur  la  question  de  savoir  si  on  livi-erait  bataille, 
il  s'était  rendu  à  l'avis  de  Miltiade,  en  votani 
pour  l'affirmative.  Dans  le  tableau  de  Polignotc 
représentant,  dans  la  a-zoà  7totx.îVo,  cette  jour- 
née mémorable,  on  voyait  Callimaque  dans  l'at- 
titude qui  témoignait,  selon  Pausanias,  qu'il  était 
un  de  ceux  qui  surpassaient  en  valeur  tous  les 
autres.  La  tradition  ajoute  qu'il  fut  percé  de 
tant  de  flèches  qu'on  le  trouva  debout  soutenu 
par  elles  quoique  privé  de  vie. 

Hérodote,  VI,  109-114.  —  Plutarque,  Aristide  et  Caton 
l'Ancien.  —  Pausanias,  I,  IS. 

CALLIMAQUE,  grammairien  grec,  natif  de 
Cyrène,  en  Libye,  mort  vers  l'an  270  avant 
J.-C.  11  était  fils  de  Battus  et  de  Mésatmé,  et  ap- 
partenait à  la  famille  royale  par  qui  Cyrène  fut 
fondée.  Le  grammairien  Hermocrate  d'iassus  le 
compta  au  nombre  de  ses  disciples,  et  il  épousa  la 
fille  duSyracusainEuphrate.  Callimaque  le  jeune, 
auteur  de  quelques  ouvrages  sur  les  îles,  était 
le  fils  de  sa  sœur.  Il  se  livra  d'abord  à  l'ensei- 
gnement dans  le  bourg  d'Eleusis,  près  d'Alexan- 
drie. Ptolémée  Philadelphe  le  combla  de  bien- 
faits, et  voulut  qu'il  quittât  son  école  pour  oc- 
cuper une  place  dans  le  Musée  qu'A  avait  fondé. 
Callimaque  poursuivit  néanmoins  la  carrière  qu'il 
avait  d'abord  embrassée  et  plusieurs  hommes 
illustres  se  formèrent  à  ses  leçons  ;  parmi  eux 
on  cite  le^célèbre  Apollonius  de  Rhodes,  qui  ne  lui 


I?17 

nissa  que  d'amers  souvenirs  par  l'ingratitude 
ip,  ers  son  maître.  Plus  tard,  Ptolémée  Évergète 
le  tut  pas  moins  bienveillant  envers  Callimaque 
liR'  ne  l'avait  été  son  prédécesseur,  et  jusqu'à 
;i  mort  il  jouit  des  bienfaits  de  ce  prince.  Ses 
Il V rages  sont  au  nombre  de  plus  de  huit  cents; 
1111  d'eux,  qu'il  composa  contre  Apollonius  de 

i  ;lu)iles,  était  un  poëme  élégiaque  intitulé  Ibis  ; 
(lit  imité  par  Ovide.  V Arrivée  (TIo  en  Egypte, 

\  émélé,  les  Colonies  Argoliques,  Glaucus,  les 

\  'spérances  furent  tour  à  tour  chantés  par  Cal- 

'maque;  il  composa  sur  la  chevelure  de  Béré- 
icc  un  poëme  que  Catulle  fit  passer  dans  la  lan- 
10  latine  ;  Galaté  et  Hécate,  poèmes  épiques  ; 
lis  des  drames  satiriques,  des  ti-agédies,  des 

i  iineilfes  et  des  élégies,  enfin  des  hymnes  et  des 
)i^rammes,  qui  seuls  nous  sont  parvenus.  Les 

;  les  des  productions  de  Callimaque  qui  ne  sont 
lint  arrivées  jusqu'à  nous  nous  ont  été  fidèle- 
ent  conservés  par  Athénée,  Strabon,  Etienne  de 

1  yzance,  Élienet  Suidas.  Il  avait,  en  outre,  com- 
isé  un  poëme  en  quatre  livres,  intitulé  les  Cau- 
s,  qui  fut  imité  par  M.  Varron  ;  puis  un  recueil, 
31  usée,  tableaux  en  cent  vingt  livres,  dans 
quel,  tout  en  mentionnant  les  auteurs  connus  à 
tfe  époque  et  qui  avaient  excellé  en  quelque 
nre  que  ce  fût,  il  donnait  une  appréciation  de 
us  ouvrages.  Cette  œuvre  remarquable  a  subi 
même  sort  que  tant  d'autres  productions  de 
illimaque,  et  son  titre  seul  nous  est  connu.  La 
nation  des  îles,  les  fleuves,  les  vents,  les  pois- 
ns  et  les  oiseaux  furent  aussi  l'objet  de  ses 
u<les,  et  on  ne  sait  si  ce  célèbre  grammairien 
t  l'auteur  d'un  traité  sur  les  bouquets  et  les 
uronnes,  attribué  par  Pline  à  un  médecin  du 

i  !  ême  nom.  Si  l'on  envisage  Callimaque  au  point 

il  vue  littéraire,  il  suffira  de  rappeler  que  plu- 
iurs  de  ses  ouvrages  furent  imités  par  les  poë- 
s  latins,  que  le  nom  de  Callimaque  romain  fut 
ul  ambitionné  par  Properce,  et  qu'aux  yeux 
;  Quintilien  le  poëte  Cyrénaïque  l'emportait. 
r  tous  les  élégiaqnes  grecs.  Quant  aux  hymnes 
Callimaque,  les  seules  de  ses  productions  ca- 
tales  que  nous  possédions  encore,  elles  sont 
irtout  remarquables  en  ce  qu'elles  nous  mon- 
3nt,  bien  mieux  que  tous  les  autres  monuments 
téraires  de  la  même  époque ,  l'action  que  la 
iéthode  éclectique  exerça  sur  les  croyances  rê- 
veuses de  la  Grèce,  transportées  sur  les  bords 
■I  Nil.  On  y  voit  la  raison  humaine  s'emparer 
la  théologie  antique  et  la  transformer  en  plii- 
îophie,  afin  d'en  mettre  d'accord  les  contra- 
ctions traditionnelles  et  d'en  pacifier  les  oppo- 
ions.  Quiconque,  en  effet,  étudiera  sérieuse- 
ment notre  poëte  ne  tardera  pas  à  s'apercevoir 
[il  s'applique  presque  constamment  à  ramener 
unité  la  multiplicité  des  types  mythologiques, 
la  variété  des  légendes  hostiles  à  la  concor- 
[  nce  la  plus  parfaite.  Ce  qui  nous  reste  de 

■  [illimaque  a  eu  un  assez  grand  nombre  d'édi- 
iis;  les  plus  remarquables  sont  celles  que 
nnèrent  :  J.  Lascaris,  à  Florence,  vers  1494, 


CALLTMAQUE  —  CALLINICUS 


218 

in-4°;  M""  Dacier,  à  Paris,  1675,  in-4'';  Grae- 
vius,  à  Utrecht,  1697,  2  vol.  in-8";  J.  A.  Er- 
nesti,  à  Leyde,  1761,  2  vol.  in-S»;  Lœsner,  à 
Leipzig,  1774,  in-8°;  Bodoni,  à  Parme,  1792, 
in-fol.  et  in-4°;  Bomllied,  à  Londres,  1815,  in-S"; 
Volzer,  à  Leipzig,  1817.  Le  texte  donné  par 
M.  Boissonade  dans  ses  collections  des  classiques 
grecs ,  1 824  ,  in-4'',  est  remarquable  par  sa  corec- 
tion.  On  compte  plusieurs  traductionsou  imitations 
des  hymnes  et  des  épigrammes  de  Callimaque, 
entre  autres  la  traduction  en  vers  italiens  de 
Sdlvini;  Florence,  1763,  in-8°,  réimprimée  à 
Vérone  en  1799;  la  traduction  en  prose  fran- 
çaise de  La  Porte  du  Theil ;  Paris ,  1775,in-8°; 
une  imitation  en  vers  français  de  trois  hymnes 
de  Callimaque  par  Poullin  de  Toleins;  Paris, 
1776,  in-8°;  explication  des  Elegiarum  frag- 
menta ,  Valckenaër  ;  Leyde,  1799,  in-8°;  traduc- 
tion de  CaUimaque  en  vers  latins  par  le  docteur 
Petit-Radel,  1808;  traduction  en  vers  français 
par  M.  de  Wailly;  Paris,  1843,  in-12. 

Fresse-Montval. 
M"*  Dacier,  Préf.  à  l'éd.  de  Callimaque.  —  Vossius, 
De  poet.  Gr.  —  Taneguy  Lefèvre,  f^ie  des  poètes  grecs. 

—  Baillet,  Jugement  des  Savants  sur  les  poètes  grecs., 
t.  V,  p.  251.  —  Smith,  Dict.  of  Greek  and  Roman.  Biogr. 

—  SctUEll,  Histoire  de  la  littérature  grecque,  t.  III,  p, 
107.  —  Hecker,  Commuiationes  Callimach.s  Groniugue, 
«842,  in-S". 

CALLIMÉDON  (  KaXXi>ri8cov  ),  orateur  athé- 
nien ,  surnommé  6  Kâpccêoi;  à  cause  de  son  goût 
pour  les  crabes,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
quatrième  siècle  avant  J.-C.  Il  se  montra  parti- 
san de  la  cause  macédonienne,  et  il  alla  se  réfu- 
gier à  la  cour  d'Antipater  à  la  mort  d'Alexandre 
le  Grand,  en  l'an  323  avant  l'ère  chrétienne.  Il 
revint  à  Athènes  lors  du  rétablissement  de  la 
puissance  macédonienne  dans  cette  ville ,  et  il 
dut  la  quitter  de  nouveau  à  l'époque  de  l'accu- 
sation mtentée  à  Phocion,  en  317  avant  J.-C. 
Comme  ce  Grec  célèbre,  Callimédon  fut  con- 
damné à  mort  ;  mais  il  sut  se  soustraire  par  la 
fuite  à  cette  condamnation  capitale. 

Plutarque,  Phocion,  Démosthéne.  —  Athénée,  III, 
100,  104;  VIII,  XIV. 

CALLINICUS  (KaXXîfAaxoç),  piince  de  Coma- 
gène  et  de  Jotapé,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  premier  siècle.  Lorsque  son  père  Antiochus 
se  retira  devant  l'armée  de  Pœtus,  qui  venait 
d'envahir  la  Comagène,  il,  s'unit  à  son  frère 
Épiphane ,  et  combattit  tout  un  joui*  contre  les 
troupes  romaines.  Mais  Antiochus,  résigné  au 
joug  des  Romains,  entraîna  les  soldats,  qui  se 
rendirent.  Les  deux  frères  allèrent  trouver  alors 
Vologèse,  roi  des  Parthes,  qui  intercéda  pour  eux 
auprès  de  Vespasien.  Cet  empereur  ordonna  à 
Pœtus,  qui  conduisait  à  Rome  Antiochus  enchaîné, 
de  rendre  la  liberté  à  ce  prince,  auquel  il  permit 
de  vivre  paisiblement  à  Lacédémone,  puis  à 
Rome.  Ce  fut  là  que  Callinicus  vint  le  rejoindre 
avec  les  autres  membres  de  sa  famille  et  cessa 
d'êtreho.stileauxRomains,  en  faveur  desquels  son 
frère  Épiphane  combattit  en  maintes  occasions. 
Joseph,  Hist, 


219 


CALLINICUS  —  CALLIPPE 


CALLiNiccs,  sophiste  et  rhéteur  syrien  ou 
arabe,  surnommé  Siitorius,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  troisième  siècle.  Il  enseignal'éloquence 
à  Athènes  (1)  sous  l'empereur  Galien,  de  l'an  259 
ài'an  268  de  J.-C,  et  fut  opposé  au  rhéteur  Gene- 
tlius.  Suidas  et  Fabricius  cite  les  œuvres  aujour- 
d'hui perdues  de  ce  Callinique,  sauf  un  fragment 
que  l'on  trouve  dans  les  Excerpta  d'Allatius  et 
qui  est  consacré  à  faire  l'éloge  de  Rome.  Il  avait 
composé  aussi  une  Histoire  d'Alexandrie,  en 
dix  livres,  mentionnée  par  saint  Jérôme  dans  sa 
préface  de  Daniel. 

Suidas,  aux  mots  KaXXlVtXOi;  et  revl6).tOÇ  —  Fabri- 
cius, Bibl.  gr.  —  Allatius,  Excerpta  Rhetorum  et  So- 
phistarum,  p.  256  238. 

cALiLisJcus  ou  CALLINIQUE ,  architecte 
égyptien,  natif  d'Héliopolis,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  passe  pour  l'in- 
venteur du  feu  grégeois,  dont  l'empereur  Cons- 
tantin Pogonat,  fils  et  successeur  de  Constance, 
fit  la  première  épreuve  contre  la  flotte  avec  la- 
quelle le  klialife  Moaviah  menaçait  Constanîi- 
nople  et  qu'il  détruisit  entièrement. 

Féiibien,  Recueil  hisior.  de  la  vie  et,  des  ouvrages 
des  plus  célèbres  archit.  —  Art   de  vérifier  les  dates. 

CALLiscs,  (KaXXïvo;),  orateur  et  poète  grec, 
natif  d'Éphèse,  vivait  probablement  au  septième 
siècle  avant  J.-C.  Il  ne  nous  reste  de  ce  poète  que 
des  fragments  d'élégies  guerrières;  il  y  excite 
l'ardeur  de  ses  compatriotes  contre  leurs  enne- 
mis, les  Cimmériens  ou  les  Magnésiens.  Ces 
fragments,  les  plus  anciens  que  nous  ayons  dans 
ce  genre,  sont  d'une  grande  beauté.  On  les  trouve 
dans  les  collections  des  Poetee  grseci  minores, 
dans  les  Poetêe  Lyrici  grseci  de  Bergk  et  dans  les 
Gallini,  Tyrtsei,  sic,  fragmenta  de  Jîach  ;  Leip- 
zig, 1831.  Ils  ont  été  traduits  en  vers  français 
par  M.  Firmin  Didot.  Strabon  attribue  à  Calli- 
nus  une  histoire  d'Apollon  Sminthien. 

Stobée,  Eclog.  Il,  19.  —  Bade,  Geschichte  der  Lijris- 
cken  Dichtkunst  —  Brunck,  Analecta,  I,  49. 

^CALLioPitrs  SCHOLAST5CSJS,  auteur  cri- 
tique dont  on  ignore  l'origine,  vivait  à  la  fin  du 
huitième  siècle.  Les  seuls  détails  que  l'on  ait  sur 
lui  c'est  que  sous  Charleraagne  il  corrigea  les 
copies  de  différents  auteurs  classiques. 

On  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Vatican  un 
manuscrit  de  Térence  copié  du  temps  de  Char- 
lernagne  par  un  certain  Strodogarius.  Cette  copie 
fut  corrigée  par  Calliopius,  comme  le  prouve  sa 
signature  apposée  au  bas  de  différents  manus- 
crits. Dans  un  manuscrit  de  Saint- Willibrod,  il  est 
nommé  «  Dominus  Atbinus  Magister  Optimus 
Calliopicus ,  »  ce  qui  a  fait  supposer  à  Gasp. 
BarLli  et  à  Eust.  Swartius  que  ce  n'était  autre 
qu'Alcuin.  Mais  Ziegelbauer  repousse  cette  sup- 
position par  la  raison  qu'Alcuin  fut  ennemi  de 
tous  les  auteurs  païens. 

Fabricius,  Bibl.  Latin.,  t.  III,  p.  65  et  646  (édit,  d'Er- 
nesti,  I,  p.  82  ). 

(1)  A  Rome  d'après  la  Biog.  univ.  Mais  c'est  une  erreur 
que  l'on  rectifiera  facilement  en  consultant  les  sources 
indiquées. 


*CALLiopOLiTA  (Maximus),  traducteu 
grec,  vivait  dans  la  pi'emière  moitié  du  dix-sej 
tième  siècle.  On  a  de  lui  :  Novum  testamentiu 
neo-grœcum  et  grseco-barbarum,  ex  version 
Max.  Calliopolitœ,  cum  ejus  Prsef.  et  aller 
Cyrilli  Lascar is  ;  Genève,  1638,  in-4°. 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Gelehrten-Lexicon. 

CALLaPATiRE  (KaXXiTcaTstpa),  appelée  aus: 
Aristopatira  et  Phérénice  ou  Bérénice,  viva 
dans  la  première  moitié  du  cinquième  sièc 
avant  J.-C.  Mariée  à  Callianax  de  Rliodes ,  cl 
eut  deux  fils  :  Euclès,  qui  fut  vainqueur  aux  jeu 
olympiques,  et  Pisirrhodus,  qui  était  encore  ei 
fant  à  la  mort  de  son  père,  et  qu'elle  forma 
conduisit  elle-même  aux  jeux  en  l'an  482.  \êîi 
en  maître  d'exercice,  elle  attendit  dans  l'encein 
réservée  aux  athlètes  le  résultat  de  l'éducati( 
qu'elle  avait  donnée  à  Pisirrhodus.  La  joie  qii'el 
ressentit  en  le  voyant  rempoiter  le  prix  lui 
oublier  son  rôle;  elle  franchit  la  barrière,  et  S( 
sexe  fut  reconnu.  D'après  la  loi  qui  régissait  i 
jeux,  elle  devait  être  condamnée  à  mourir.  jMa 
les  hellanodices  lui  firent  grâce,  parce  qu'cl 
était  fille,  mère  et  sœur  de  plusieurs  athlètes  co 
ronnés.  Seulement,  pom*  qu'un  scandale  de  cei 
nature  ne  pût  désormais  se  reproduire,  il  1 
décidé  que  les  maîtres  d'exercice  n'assisteraie 
que  tout  nus  aux  jeux. 
Pausanias. 
CALLIPIDE   ou    CALLIPIDAS   (KaW.t7tl5-/i: 

acteur  tragique  d'Athènes,  vivait  dans  la  secon 
moitié  du  cinquième  siècle  avant  J.-C.  Il  repr 
duisait  exactement  les  ridicules  qui  abonde 
dans  la  vie  réelle,  et  poussait  l'imitation  ass 
loin  pour  qu'on  lui  donnât  le  surnom  de  Uîôri/ 
{le  singe).  Il  se  croyait  un  personnage,  et  il  I 
arriva  un  jour  de  demander  à  Agésilas,  qui  ne 
regardait  pas,  s'il  ne  le  connaissait  pas.  —  Ci 
répondit  Agésilas,  n'es-tu  pas  Callipide  l'histrioi 
11  revint  avec  Alcibiade  à  Athènes,  et  par  l'ord 
de  cet  Athénien  célèbi'e  il  donnait ,  revêtu  d 
liabits  de  sa  profession,  des  ordres  auxrameui  : 
On  ne  doit  pas  confondre  ce  Callipide  avec  1 1  j.| 
bouffon  du  même  nom,  qui  prétendait  courir  sa 
changer  de  place. 

Apostolius,  Proverbe,  XV,  39.  —  Plutarque,  Alcibiai 
Agésilas.  —  Cicéron,  ad  Atticum,  XIII,  12. 

CALLIPPE     ou    CALÏPPE     (  KàXXlTlTTO;      < 

KâXiTïTtoç),  astronome  grec,  né  à  Cyzique,  viv; 
vers  330  avant  J.-C.  Disciple  d'un  ami  d'E 
doxe,  il  suivit  son  maître  à  Athènes,  se  lia  av 
Aristote,  et  l'aida  à  rectifier  et  à  compléter  les  c 
couvertes  du  célèbre  astronome  de  Cnide.  Cr 
lippe  avait  déjà  fait  dans  sa  patrie  denombreuf 
observations  rapportées  par  Geminns  et  par  PI 
lémée  dans  leurs  calendriers  météorologiques  (  71 
pa7i:yiy[j,aTa),  qui,  affichés  sur  les  places  publiqu( 
indiquaint  le  lever  et  le  coucher  des  étoiles  An 
et  les  pronostics  (â7ttc7iri[j.a(jtai)deschangemei 
de  temps ,  changements  qu'on  croyait  déterr 
nés  par  le  mouvement  des  astres.  Callippe  i 
venta  lapériode  de  soixante-seize  ans,  qui  s'app( 


221 


CALLIPPE  — 


de  son  nom  Callippique.  Déjà  plusieurs  tentatives 
ayaient  été  faites  pour  trouver  des  périodes  de 
temps  qu'on  pût  exprimer  en  nombres  entiers  au 
moyen  de  cliacune  des  trois  unités  naturelles 
de  temps,  l'année  solaire,  le  mois  luniiire  et  le 
jour  solaire.  Un  siècle  auparavant,  Méton  avait 
découvert  que  dix-neuf  ans  correspondaient  à 
235moisou6,940jours.  D'après  ce  calcul,  l'année 
était  de  3G5  jours  -^.  Callippe,  ayant  observé  que 
la  différence  entre  l'année  de  Méton  et  Tannée  plus 
exacte  de  365  jours  \  était  de  (  î|-i)  y'-,,  proposa 
dequadrupler  le  cycle  de  Méton,  et  de  retrancher 
i  un  jour  tous  les  soixante-seize  ans.  Ce  nouveau 
cycle  contient  940  mois  et  27,759  jours.  D'après 
les  calculs  modernes,  l'année  est  =  365  jouis, 
2422414;  le  mois  =  29  jours,  5305887215; 
5oixante-seize  ans  =  27,758  jours,  9>',  50™.  54s; 
m  mois  =  27,758  jours,  18i',4'",  54'.  Le  cycle 
le  Callippique  fut  généralement  adopté  par  les 
istronomes.  Ptolémée,  qui  en  profita,  rapporte 
ine  observation  faite,  pendant  \o  solstice  d'été,  à 
a  fin  de  la  cinquantième  année  de  la  première 
)ériode.  D'autres  indications  du  même  auteur, 
■approchées  et  comparées  par  Ideler,  ont  permis 
le  fixer  le  commencement  du  cycle  Callippique 
u  28  juin  330  avant  J.-C.  On  ignore  à  quelle  épo- 
[ue  il  devint  d'usage  public  ;  il  servit  d'abord  non 
remplacer,  mais  à  rectifier  celui  de  Méton.  L'i- 
lexactitude  du  cycle  inventé  par  ce  dernier  astro- 
lome  devint  tout-à-fait  sensible  en  330  ;  mais  on 
l'avait  pas  dû  attendre  jusque-là  pour  le  corriger. 

Ideler,  Hist.  Untersuch.  ûber  âié  Astron.  Beobacà- 
Wngert  der  .Jlten;  Berlin,  1806.  —  Handbuch  der  Terh- 
'lÀSchen  Chronologie  ;  Ferlin,  18-23.  —  l'étau,  Doctrin. 
'emp.  —  ScMger,  De  Emendat  temporum  —  Delara- 
re,  Histoire  de  V Àstronom.  ancienne,  vol.  I. 

CALLippus.  Voy.  Cauppus  ou  Calippe. 
CALUPPUS(KaXXin:iroç),  d'Athènes,  tyran  de 
ftyracuse,  mort  l'an  351  avant  J.-C.  Il  fut  d'abord 

fmide  Dion  de  Syracuse,  disciple  comme  lui  de 
'laton.  Lorsque  Dion  retourna  à  Syracuse,  Caliip- 
|)ns  le  suivit,  et  récompensa  par  la  trahison  l'ac- 
peil  qu'il  en  reçut.  Le  complot  fut   découvert 
ar  la  sœur  de  Dion,  et  Callippus  jurad'abord  que 
les  intentions  n'avaient  rien  de  malveillant.  L'é- 
•énement  fit  bientôt  connaître  ce  que  valait  ce 
Tinent  :  Callippus  assassina  Dion  un  jour  de 
ète  de  l'an  353  avant  Jésus- Christ,  et  s'empara 
lu  gouvernement  de  Syracuse.  Il  ne  jouit  pas 
iil^mps  des  fruits  de  son  crime.  Après  une  pre- 
e  et  inutile  tentative  des  amis  de  Dion,  Cal- 
ç,  battu  par  Hipparenus,  frère  de  Denys 
|î  Jeune,  fut  obligé  de  fuir.  Il  erra  de  ville  en 
llp,  à  la  tête  d'une  bande  de  mercenaires  parmi 
iiSfjuels  était  Leptines,  avec  lequel  il  vint  assié- 
(KT  et  prendre  Rhégium,  dans  la  haute  Italie.  Mais 
Ift'y  trouvèrent  que  la  famine.  La  mutinerie  se 
'l    tit^tors  dans  les  troupes,  et  Callippus  périt  delà 
,^l    lalo  ^  Leptines  et  de  Polyperchon,  ses  amis,  et 
a^pé  du  même  glaive  dont  il  s'était  servi  pour 
^Jssassiner  Dion. 

«Plutarque,  Dion.  —  Diodore,  XVI,  31,  36,  45.  -  Athé- 
te,  XI,  !i08. 


CALLISEN  222 

CALLIPPUS ,  fils  de  Mœroclès,  général  athé- 
nien, vivait  dans  la  première  moitié  du  troisième 
siècle  avant  J.-C.  Il  commanda  les  Athéniens 
lors  de  l'invasion  des  Gaulois  en  l'an  279  avant 
J.-C,  et  fut  préposé  à  la  garde  du  passage  des 
Thermopyles.  Il  s'acquitta  avec  succès  de  cette 
mission  ;  et  ce  fut  sur  les  vaisseaux  qu'il  avait 
placés  près  de  la  côte  que  les  Athéniens  s'em- 
barquèrent, lorsque  les  Gaulois,  ayant  découvert 
le  passage  traversé  autrefois  par  Xerxès  et  son 
armée,  menaçaient  de  les  prendre  à  dos. 

Pausanias,  I,  III,  §4,-X,  20 858. 

CALUSEN  (  Henri  ),  médecin  et  chirurgien 
nois,  né  dans  le  Holsteinen  1740,  mort  à  Copenha- 
gue en  1824.  Agé  de  quinze  ans,  il  se  rendit  à  Co- 
penhague pour  étudier  la  chirurgie.  En  1761-1762, 
il  remplit  les  fonctions  de  chirurgieu-major  à  bord 
d'une  frégate.  Après  avoir  voyagé  en  Hollande, 
en  France  et  en  Angleterre,  il  fut  nommé  à  son 
retour  chirurgien  en  chef  delà  marine.  En  1772, 
il  fonda  la  société  médicale  de  Copenhague.  En 
1773,  il  fut  nommé  professeur  à  l'université,  et  en 
1794  directeur  général  de  l'Académie  de  Chirur- 
gie. M.  Callisen  était  conseiller  de  conférences 
et  commandeur  de  l'ordre  de  Dannebrog.  — 
Outre  un  grand  nombre  de  dissertations, 
écrites  en  latin,  en  danois  et  en  allemand,  il  est 
auteur  de  l'ouvrage  c\à?.û(\\x&:InstUutiones  Chi- 
rtirgiae  hodiernx;  Hafn.  1777;  dont  il  pubha  en- 
suite des  éditions  augmentées  sous  les  titres  de  : 
Principia  systematis  Chirurgise  hodiernas; 
Hafn.  1788,  et  de:  Systema  chirurgise  ho- 
diernœ;  Hafn.  1798-1800,  etl815-1817,  et  qu'il 
traduisit  en  allemand,  Slesvic,  1822-1824.  Cet  ou- 
vrage a  été  traduit  en  français ,  en  espagnol  et 
en  russe.  —  Physiske-medicinske  Betragtnin- 
ger  over  Kiôbenhavn  (Considérations  physico- 
médicales sur  la  ville  de  Copenhague);  1807- 
1809.  Abrahams. 

Erslew,  Almindeligt  Forfatter-Lexicon.  —  Conver- 
sations-Lexikon. 

CALLISEN  {  Charles-Adolphe-Pierre) ,  ne- 
veu d'Henri  Callisen,  médecin  danois,  né  à 
Gluckstadt  le  8  août  1786.  Il  étudia  dans  sa  ville 
natale,  puis  à  Kiel  et  à  Copenhague,  où  il  se  fit 
recevoir  médecin.  En  1808,  il  devint  chirurgien 
militaire,  et  parcourut  ensuite  diverses  parties  de 
l'Europe  :  la  Suisse,  l'Italie,  la  France  et  la  Hol- 
lande. A  son  retour,  en  1812 ,  il  fut  attaché  à 
l'hôpital  de  Frédéric,  et  devint  chirurgien  de  régi- 
ment en  1813,  professeur  agrégé  en  ISIG  et  pro- 
fesseur titulaire  en  1829.  Conseiller  d'Etat  en 
1839,  il  renonça  à  toutes  fonctions  à  partir  de 
1842  pour  seUvrer  à  la  pratique  de  l'art  médi- 
cal à  Altona.  On  a  de  lui  :  Medicinische 
Schrïftsteller  Lexikon  der  sezt  lebenden 
Aerzie,  Wundaerzte,  Geburtshelfer  Apotheker 
rind  Natur  forscher  allerGebildeten  Voelker 
(Dictionnaire  des  écrivains  médicaux  actuelle- 
ment vivants,  comprenant  les  médecms,  chirur- 
giens accoucheurs,  pharmaciens  et  naturalistes 
.  de  tous  les  pays  civilisés)  Copenhague  1829-1837, 


1 


223 


vingt-cinq  volumes,  et  Copenhague,  1738-1845, 

tomes  26-33. 

,    Conversations-Lexikoii. 

CALLisTE  OU  CALiXTE,  nom  de  trois  papes. 
CALLISTE  1"'"  OU  CALIXTE,  pontife  romain, 
au  troisième  siècle  de  notre  ère,  naquit  dans 
l'esclavage,  à  Rome,  vers  le  milieu  du  deuxième 
siècle,  et  mourut  le  12  octobre  222.  Un  saint 
évêque,  son  contemporain,  dont  l'ouvrage  vient 
d'être  publié  pour  la  première  fois  (1),  a  donné 
sur  sa  vie  des  renseignements  importants  que 
rien  ne  contredit,  et  qui  doivent  désormais  figu- 
rer dans  l'histoire.  Voici  ce  document. 

«  Cet  esclave  (2)  appartenait  à  un  officier  de  la 
maison  impériale,  nommé  Carpophore,  qui  pro- 
fessait secrètement  le  christianisme  et  qui  parait 
avoir  fait  instruire  le  jeune  homme  dans  cette 
religion.  Carpophore  employait  ses  capitaux  à 
des  opérations  de  change,  et  en  confia  la  direc- 
tion à  CaUiste ,  qui  tenait  à  cet  effet  un  bureau 
dans  la  Piscina  publica,  quartier  de  Rome.  Ce- 
lui-ci gagna  la  confiance  des  veuves,   et  des 
frères  (  chrétiens  convertis  ),  qui  avec  le  temps 
lui  confièrent  des  sommes  importantes  ;  puis  il 
les  détourna  toutes,  et  se  trouva  sans  ressource. 
Carpophore  averti  refusa  de  lui  demander  des 
explications.  Mais  CaUiste,  soupçonnant  le  danger 
qu'il  courait,  se  déroba  secrètement,  et  se  rendit 
à  Porto  pour  s'embarquer.  Cette  fuite  ne  fut  pas 
ignorée  de  son  maître ,  qui  s'y  transporta,  et  se 
mit  en  mesure  de  passer  sur  le  navire  qui  était 
au  milieu  du  port.  CaUiste  qui  l'aperçut ,  vou- 
lut mourir,  et  se  précipita  dans  la  mer  ;  mais  les 
matelots  l'en  retirèrent,  et  il  fut  remis  à  Carpo- 
phore, qui  le  ramena  à  Rome,  et  le  fit  jeter  dans 
la  Pistrine  (lieu  où  les  esclaves  tournaient  la 
meule)  ;  mais  son  maître,  cédant  aux  soUicitations 
des  chrétiens,  qui  prétendaient  que  CaUiste  avait 
un  trésor  caché,  consentit  à  faire  cesser  ce  châ- 
timent, non  en  vue  de  son  intérêt   particulier, 
mais  pour  donner  au  coupable  les  moyens  de 
satisfaire  aux  réclamations  des  déposants,  qui 
voulaient  le  rendre  lui-même  responsable  de  son 
agent.  Mais  CaUiste  ne  rendit  rien  ;  et,  comme  il 
était  surveillé  et  ne  pouvait  plus  s'enfuir,   il 
voulut  de  nouveau  mourir.  11  se  rendit  un  jour 
de  sabbat  à  la  Synagogue ,  et  y  chercha  querelle 
aux  Juifs,  qui  le  chargèrent  de  coups,  et  le  tra- 
duisirent devant  Fuscien,  préteur  de  Rome,  pour 
outrage  envers  un  culte  que  les  Romains  avaient 
expressément    autorisé.  Us  l'accusaient  d'être 
chrétien.  Carpophore,  averti,  se  rendit  en  hâte 
au  prétoire ,  assura  le  magistrat  que  CaUiste  n'é- 
tait pas  chrétien,  mais  qu'il  voulait  se  faire  con- 
damner à  mort  pour  échapper  au  châtiment  qu'il 
(1)  Philosophumena,o\3  Réfutation  de  toutes  les  hérésies 
en  grec,  attribué  d'abord  par  M.  Emm.  Miller,  dans  l'édi- 
tion princeps  d'Oxford,  18Si,  in-8",  à  Origène  ;  par  Ja- 
cobi.  Bunsen,  Londres,  1852   et  par  Tabbé  E.  Freppel, 
1833,  à  saint  Hippolyte,  évéque  de  Porto  ;  par  M.  Lenor- 
luant,  broch.,  in-8»,  18B3,  à  Origène  ;  par  Wordswortli,  à 
saint  Hippoiyte;par  l'abbé  Cruice,  Études,  etc.,  Paris  et 
Lyon  8  sept.  1853,  à  Tcrtulllen,  ou  à  Caius. 
(2)  OîxeTïlî,  Philos.,  IX,  12. 


CALLÏSEN  —  CALLISTE  22 

avait  encouru  pour  ses  infidélités  envers  son  mai 
tre.  Sur  l'insistance  des  Juifs ,  Fuscien  ordonn 
que  le  coupable  fi'it  frappé  de  verges,  et  relégu 
dans  les  mines  de  Sardaigne.  Postérieuremei 
Marcia,  concubine  de  Commode,  mais  aimar 
Dieu  (1),  sollicita  la  grâce  d'autres  martyrs  d( 
tenus  en  cette  Ue,  et  demanda  à  l'évêqiie  d 
l'égUse  de  Rome,  Victor,  la  Uste  de  ces  mai 
tyrs.  Celui-ci  la  donna  intégralement,  mais  n' 
comprit  pas  CaUiste,  dont  il  connaissait  les  me 
faits.  L'agent  de  Marcia,   porteur  de  la  grâci 
arriva  donc  en  Sardaigne  sans  ordre  de  dél 
vrance  pour  CaUiste;  mais  celui-ci  le  toucha  [);i 
ses  suppUcations,  et,  ayant  obtenu  qu'il  se  po 
tât  son  garant,  il  fut  libéré  avec  les  autres.  A  so 
retour  à  Rome,  Victor  en  fut  fâché;  cepenilan 
comme  il  en  avait  pitié ,  il  garda  le  silence.  Ma 
voulant  évUer  le  scandale,  car   ses  attenta 
n'étaient  pas  encore  couverts  par  le  laps   ( 
temps,?et  pour  répondre  d'ailleurs  aux  réciain; 
lions  de  Carpophore,  U  lui  assigna  pour  rcs 
dence  Antium,  où  il  lui  fit  toucher  un  secoii 
mensuel  pour  sa  subsistance.  CaUiste  y  demeu^ 
jusqu'à  la  mort  de  Victor.  Zéphyrin,  son  succe 
seur,  le  rappela  d' Antium.  C'était  un  idiot,  et  \ 
avare,  un  iUettré,  et  uri,  ignorant  (2).  Pour  s( 
malheur,  il  le  chargea  sous  ses  ordres  de  la  ( 
rection  du  clergé,  et  lui  confia  l'administratic 
du  lieu  de  repos  (le  cimetière  ).  CaUiste  accon 
gnait  sans  cesse  Zéphyrin,  le  Uattait  d'une  m 
nière  hypocrite,    et  effaçait   complètement 
pontife,  incapable  de  juger  de  ses  doctrines, 
de  soupçonner  ses  secrets  desseins.  Zéphyrin  1 
accordait  tout  ce  qu'il  désirait.  Après  sa  me 
CaUiste,  arrivé  au  poste  qu'il  ambitionnait,  i 
poussa  Sabellius,  comme  hétérodoxe,  afin  • 
prévenir  l'accusation   qu'on  aurait  pu  porl 
contre  lui  devant  les  Églises  comme  hérétiqu 
Par  son  charlatanisme  il  parvint  à  séduire  to 
le  monde ,  quoique  son  cœur  fût  empoisonné 
qu'U  n'eût  rien  de  régulier  dans  sa  croyance  ;  m< 
il  affectait  un  langage  zélé  pour  la  vérité,  n  ace 
sait  l'évêque  de  Porto  et  autres  de  professer 
dualisme,  en  séparant  le  Père  du  Fils,  tandis  qii 
confondait  en  une  seule  personne  le  Logos, 
Père,  et  l'Esprit.  Indépendamment  de  ce  blc 
phème ,  il  favorisa  les  penchants  des  homni  ; 
pour  les  plaisirs ,  en  assurant  qu'il  pouvait  le , 
remettre  leurs  fautes.  Aussi  beaucoup  de  chi! 
tiens,  dont  la  conscience  n'était  pas  tranquill  ; 
ceux   même  qui  étaient  tombés  plusieurs  f(| 
dans  l'hérésie,  ou  qui    après  examen  avait 
été  retranchés  de  l'Église,  y  rentraient,  en  i 
courant  à  son  école.  Il  érigea  en  principe  q 
l'évêque,  eùt-il  dévié  de  la  foi  ou  eût-U  mér 
la  mort,  ne  pouvait  être  déposé.  Dcpui.s  cet 
époque,  les  évêques ,  les  prêtres  et  les  diaci 
furent  admis  dans  le  sacerdoce ,  même  quai 
ils  étaient  trigames  (ou  maris  de  trois  fernme; 
Si  même  un  membre  du  sacerdoce  venait  à 

(1)  IX,  Ibld.  (Nqus  traduisons  toujours.  ) 
(ï).lX,  Ibid. 


225 


CALLISTE 


226 


marier,  ce  n'était  pas  un  titre  d'exclusion.  L'É- 
glise devait  recevoir  les  purs  et  les  impurs, 
comme  l'arche  de  Noé.  Aussi  la  foule  amie  des 
plaisirs  s'empressait  autour  fie  lui ,  se  persua- 
dant qu'il  avait  le  pouvoir  de  remettre  les  pé- 
chés de  ceux  qui  pensaient  comme  lui.  Bien 
plus,  il  autorisa  les  femmes|  sans  maris,  qui, 
dans  leur  jeunesse,  ne  voulaient  pas  sacrifier  à 
leurs  feux  par  des  alliances  inférieures  à  leur 
dignité,  à  se  choisir  légitimement  un  amant 
parmi  les  esclaves  ou  les  hommes  libres,  quoi- 
que cette  union  ne  fût  pas  légale.  Aussi  des 
femmes  qu'on  appellait  des  fidèles  s'abandonnè- 
rent-elles à  des  pratiques  et  à  des  remèdes  pro- 
pres à  se  rendre  stériles ,  ou  à  se  délivrer  de 
leurs  fruits ,  afin  de  n'avoir  pas  d'enfants  d'un 
esclave  ou  d'une  personne  inférieure  à  leur 
naissance  et  au  rang  de  leur  maison.  Voilà  à 
quel  degré  d'impiété  et  d'illégalité  cet  homme 
enseigna  l'adultère  et  le  meurtre.  C'est  encore 
sous  Calliste  qu'on  introduisit  la  pratique  d'un 
second  baptême;  et  ses  partisans  ont  mérité 
qu'on  les  distinguât  par  le  titre  de  Callistianins. 
,  Cette  doctrine  s'est  répandue  dans  tout  l'univers, 
et  a  eu  pour  fauteur  un  homme  rusé  et  plein 
d'impudence,  Alcibiade  d'Apamée  en  Syrie,  qui 
renchérit  sur  Calliste  en  apportant  à  Rome  un 
livre  qu'il  disait  tenir  d'un  homme  vertueux 
nommé  Elchasaï,  qui  l'avait  apporté  lui-même  des 
Sères  de  la  Parthie.  Cet  Eléhasaï  l'avait  reçu  d'un 
certain  Sobiaï,  et  lui-même  le  tenait  d'un  ange 
géant.  Elchasaï  avait  enseigné  la  rémission  des 
péchés  par  le  baptême,  la  troisième  année  du  règne 
de  Trajan.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  évêques  et  prê- 
îltres  contemporains  de  Calliste  se  réunirent  pour 
arrêter  la  propagation  de  ces  énormités  » . 
_  L'écrit  que  nous  venons  d'analyser  ajoute  qu'ils 
(démontrèrent  que  c'était  l'œuvre  de  l'esprit  des 
ténèbres. 

Ce  document  inattendu,  qui  détruit  les  tradi- 
'tions  des  anciens  pontificaux,  a  jeté  un  jour  si 
nouveau  sur  CaUiste  et  sur  l'état  de  la  papauté 
au   commencement  du   troisième  siècle  qu'on 
a  voulu  en  ôter  la  rédaction  à  un  évêque  con- 
temporain ,  quoique  l'auteur  se  donne  ce  titre. 
On  voudrait  attribuer  cet  écrit  à  Origène ,  con- 
!  damné  au  sixième  siècle  comme  hérétique;  mais 
[l'auteur  du  traité  contre  Celse,  chrétien  dévoué, 
i  n'eût  pas  voulu  lui  simple  prêtre  calomnier  un 
iévêque  de  Rome.  Si  l'accusation  contre  CaUiste 
!  est  écrite  en  termes  véhéments  et  amers  (  pro- 
bablement exagérés),  par  un  évêque  chrétien, 
d'une  foi  plus  rigoureuse ,  cela  prouve  qu'alors 
.l'Église  de  Rome,  afin  de  se  propager  parmi  les 
■païens ,  réprouvait  l'austérité  de  l'école  d'Hippo- 
lyte  ou  de  Caius,  et  se  faisait  toute  à  tous,  comme 
saint-Paul.  Calliste  avait  sans  doute  expié  par  de 
'grands  services  rendus  à  cette  Église  les  torts 
jgraves  de  sa  vie  antérieure,  pour  que  les  chré- 
tiens de  Rome  l'aient  choisi  pour  leur  évêque  à 
a  mort  de  Zéphyrin.  Seulement  il  n'a  pas  manqué, 
ie  contradicteurs  haut  placés,  usant  de  la  li- 

^0UV.  BIOGR.   UNIVERS.  —  T.   VUI. 


berté  du  christianisme  primitif.  Il  n'avait  pas, 
comme  les  papes  du  moyen  ûge  qui  ont  occupé 
son  siège ,  l'autorité  qui  leur  eût  fermé  la  bou- 
che. On  lui  donne  le  titre  de  saint;  mais  ce  titre, 
accordé  par  saint  Paul  à  tous  les  initiés  ses 
frères ,  est  commun  aux  quarante-neuf  premier» 
évêques  de  Rome,  quoiqu'ils  n'aient  pas  été  spé- 
cialement canonisés,  et  c'est  un  fait  qu'on  oublie 
trop  souvent.  Il  aurait  au  reste  bien  mérité  de 
l'être  s'il  avait  été  marlyi-  des  empereurs  et  mis 
à  mort  en  222  pour  sa  foi  ;  mais  on  voit  que, 
depuis  le  pape  Victor,  les  Césars  ménageaient 
les  chrétiens,  qui  s'étaient  multipliés,  et  que  les 
empereurs  permettaient  aux  diverses  commu- 
nautés, érigées  en  églises,  de  se  choisir  des  chefs 
sous  le  nom  d'évêques.  Lampride,  dans  la  Vie 
d'Alexandre-Sévère  (1),  dit  que  ce  prince  se  pro- 
posait d'élever  un  autel  au  Christ,  qu'il  honorait 
comme  un  Dieu  ;  nous  ne  voyons  pas  dans  la  vie 
de  cet  empereur  tolérant,  mais  sévère  et  ami  des 
citoyens  vertueux,  qu'il  ait  été  comme  on  le  pré- 
tend lié  avec  CaUiste,  ni  surtout  qu'il  l'ait  pro- 
posé pour  modèle  au  peuple  et  à  ses  officiers. 
On  a  sans  doute  confondu  CaUiste  avec  Callis- 
trate,  qui  était  un  professeur  de  droit,  disciple  de 
Papiiiien  (2)  ;  les  anciens  pontificaux,  dont  il  faut 
se  défier  en  l'absence  des  actes  officiels ,  parce 
qu'ils  sont  d'auteurs  inconnus  et  n'ont  été  écrits 
que  bien  des  siècles  après  Constantin ,  attribuent 
à  CaUiste  l'institution  du  jeûne  des  quatre  temps: 
et  c'est  sans  doute  un  des  moyens  dont  son  bio- 
graphe ci-dessus  l'accuse  de  s'être  servi,  pour 
promettre  aux  convertis  le  pardon  de  leurs 
fautes  passées  :  mais  ce  qui  parait  plus  certain , 
puisque  le  même  écrit  en  parle ,  c'est  qu'il  fut  le 
fondateur  ou  le  restaurateur  du  cimetière  chré- 
tien, placé  sur  le  chemin  de  Rome  à  Ardée,  qui 
s'étend  jusqu'à  la  voie  Appienne,  et  qui  porta  soh 
nom  dans  le  siècle  suivant;  il  reçut  le  nom  de 
Catacombes,  et  onl'appeUe  aujourd'hui  cimetière 
de  Saint-Sébastien.  On  a  inscrit  sur  sa  porte  qu'il 
renferme  les  dépouUles  de  174,000  martyrs,  avec 
quarante-six  évêques  illustres,  que  des  zélateurs 
changent  en  papes.  Quoiqu'U  y  ait  eu  des  empe- 
reurs et  bien  des  magistrats  romains  persécu- 
teurs des  chrétiens,  l'histoire  se  refuse  à  recon- 
naître un  si  grand  nombre  de  victimes  de  la  per- 
sécution païenne.  Il  y  a  eu  bien  du  sang  répandu 
pour  cause  d'opinions  religieuses,  mais  il  est  de- 
puis longtemps  reconnu  que  le  nombre  des  mar- 
tyrs a  été  partout  exagéré.  Le  cimetière  de  Cal- 
liste ou  de  Saint-Sébastien  n'en  a  pas  reçu  à  lui 
seul  plus  que  l'historien  Eusèbe  n'en  compte 
lui-même  pour  le  monde  romain  tout  entier  au 
quatrième  siècle. 

Calliste,  élu  le  2  août  217  ou  218,  ne  gou- 
verna l'église  de  Rome  que  quatre  ou  cinq  ans 

(1)  Ch.  29  et  43. 

(2)  Voy.  ch.  68  de  Lampride;  —  l'erreur  vient  de  Vll- 
lenave.  Biographie  universelle  de  18V3;  elie  est  d'autant 
plus  étonnante,  qu'Alexandre-Sévère  ne  monta  sur  le 
trône  impérial  que  l'année  de  la  mort  de  Calliste. 

8 


227 


CALLîSTE  —  CALLISTHÉWE 


ans  et  deux  mois.  On  ignore  quelle  fut  l'origine 
de  l'émeute  dans  laquelle  on  prétend  qu'il  périt 
en  222.  Le  premier  historien  de  l'Église,  Eusèbe, 
ne  parle  de  Calliste  comme  successeur  de  Zé- 
phyrin  que  pour  dire  (1)  qu'il  a  tenu  dans  ses 
mains  l'épiscopat,  ou  la  surveillance  de  l'Église , 
pendant  cinq  ans ,  et  qu'il  laissa  le  gouverne- 
ment de  cette  Église  à  Urbain.  Son  silence  est  un 
indice  que  ce  pontife  mourut  tranquillement  en 
possession  de  son  siège  l'an  premier  d'Alexan- 
dre-Sévère. ISAMBERT. 

Recherches  critiques  sur  saint  Calliste  et  sa  Basilique 
transtévérienne,  par  P.  Moretio,  ,2  vol.  in-fol.;  Rome. 
—  Bunsen  et  Cruice,  sur  les  Philosoph.. 

CALLISTE  II  (Gui  DE  BOURGOGNE),  d'abord 
archevêque  de  Vienne ,  succéda  à  Gélase  II  l'an 
1119.  Il  tint  à  Reims,  sur  la  fin  de  l'année,  un 
concile  où  l'on  condamna  les  simoniaques ,  les 
prêtres  concubinaires,  ceux  qui  exigeaient  une 
rétribution  pour  les  baptêmes  et  les  sépultures. 
3Ln  1122  il  conclut  avec  l'empereur  Henri  V  un 
traité  par  lequel  celui-ci  conserva  le  droit  de 
faire  faire  les  élections  en  sa  présence  et  d'in- 
vestir des  régales  par  le  sceptre ,  tandis  que  le 
pape  se  réservait  l'investiture  par  la  crosse  et 
l'anneau.  En  1123,  il  célébra  le  premier  concile 
gériéral  de  Latran  ;  il  mourut -en  1124.  Ce  pape 
agit  comme  médiateur  entre  Louis  le  Gros  et 
Henri,  roi  d'Angleterre,  au  sujet  de  la  Nor- 
mandie ;  il  donna  à  Guillaume  l'investiture  de  la 
Fouille  et  de  la  Calabre  ;  il  paya  la  rançon  de 
Baudouin  II,  roi  de  Jérusalem,  et  fit  une  par- 
tie des  frais  pour  l'équipement  de  la  flotte  que 
les  Vénitiens  armèrent  pour  la  défense  de  ce 
prince;  il  seconrot  Alplionse  VI,  roi  d'Espagne, 
contre  les  Maures  ;  il  fit  la  guerre  à  Roger,  roi 
de  Sicile ,  le  vainquit ,  le  fit  prisonnier  et  quel- 
que temps  après  lui  rendit  la  liberté  ;  il  rétablit 
la  paix  dans  l'Église,  que  l'antipape  Bourdin 
avait  troublée  ;  il  réprima  les  entreprises  des  pe- 
tits tyrans  qui  désolaient  l'Italie  ;  il  pacifia,  orna 
et  embellit  la  ville  de  Rome  et  ses  principales 
éghses.  On  a  plusieurs  écrits  de.  Calliste  II  dans 
différents  recueils,  ou  imprimés  séparément. 
Muratori  a  donné  la  Vie  de  ce  pape  par  Pandul- 
phe  Alatrin  et  par  Nicolas  de  Rosellis.  {Enc. 
des  g.  du  m.] 

CALLISTE  m  {Alphonse  Borgia),  Espagnol, 
monta  sur  le  saint-siége  en  1455,  et  mourut  en 
1458;  il  fit  réviser  le  procès  de  Jeanne  d'Arc 
en  1456,  et  autorisa  les  expiations  qui  eurent 
lieu  à  Rouen  sur  le  tombeau  de  cette  héroïne.  On 
lui  reproche  d'avoir  appelé  auprès  de  lui  son  ne- 
veu, Roderic  Lenzuoli,  depuis  pape  sous  le  nom 
d'Alexandre  VI,  et  d'avoir  laissé  à  sa  mort 
50,000  écus  d'or.  On  lui  attribue  YO/fice  de  la 
Transfiguration  et  quelques  lettres  recueillies 
par  d'Achéry  ,  Labbe,  Ughelli  et  Leibniz.  {Enc. 
des  g.  du  m.].  J.  L. 

Artaud  de  Montor,  Histoire  des  souverains  Pontifes 
romains.  —  f/ist.  littéraire  de  la  France,  X. 

CALLISTHÈNE  (KaXXtcr6£vriO.  Ce  nom,  qui, 
(1)  nist.  (le  l'Église  chrétienne,  VI,  2i. 


T2F, 

par  son  étymologie  grecque,  répond  au  nom  fran- 
çais Beaufort,  a  été  porté  par  plusieurs  person- 
nages de  l'antiquité.  Le  plus  célèbre  était  d'Oh  n- 
the  et  petit-neveu  d'Aristote  ;  car  sa  mère  Héro 
était  la  nièce  de  ce  grand  philosopiic  qui  donna 
Callisthèneà  Alexandre  pour  représenter  auprès 
de  lui  la  science  et  la  philosophie,  pendant  le 
cours  de  ses  expéditions  lointaines.  Aristote  re- 
commanda à  Callisthène  une  grande  souplesse 
d'esprit  auprès  d'un  roi  entouré  de  courtisans  et 
peu  habitué  à  la  contradiction.  Mais  l'esprit  tiev 
et  élevé  dujeune  philosophe  ne  put  mettre  à  profit 
ces  prudents  conseils.  Dans  plusieurs  occasions, 
où  il  ne  cacha  pas  à  Alexandre  sa  désapproba- 
tion, il  aigrit  ce  prince  contre  lui.  Enfin,  lorsfin. 
le  faste  et  l'humiliant  cérémonial  de  la  cour  di 
Perse  eurent  remplacé  chez  le  conquérant  i; 
simplicité  des  rois  de  Macédoine,  Callistliènc  n< 
put  se  résoudre  à  voir  dans  ce  changement  ui 
acte  de  politique  pour  imposer  à  de  nouveau) 
sujets,  et  il  n'hésista  pas  à  se  faire ,  avec  iuk 
téméraire  franchise,  l'interprète  desMacédonien: 
indignés.  Alexandre,  moins  habitué  que  jamai: 
à  un  tel  langage,  ne  put  en  supporter  l'atistévité 
il  se  livra  envers  Callisthène  à  une  de  ces  vio 
lences  cruelles  qui  ont  déshonoré  sa  brilla;' 
carrière.  Les  historiens  varient  sur  le  supplie^ 
de  Callisthène,  mais  ils  s'accordent  à  le  repré  ji 
senter  comme  affreux.  |j 

Sans  doute  ce  philosophe  puisait  le  courag 
nécessaire  à  ses  remontrances  non-seiilemem 
dans  sa  fierté  naturelle,  mais  aussi  dans  la  cont 
cience  de  son  dévouement  au  roi  ;  car  le  dési 
de  chanter  la  gloire  d'Alexandre  était,  selo 
quelques  historiens,  le  but  principal  de  ses  oii 
vrages.  Ils  ne  nous  sont  point  parvenus  ;  mais  It 
principaux  étaient  des  mémoires  sur  Alexandre 
faisant  suite  aux  Helléniques,  ('E),),riviy.à  )  hiii 
toire  de  la  Grèce  pendant  un  espace  de  trente  anji 
depuis  la  paix  d'Antalcidas  jusqu'à  la  prise  d. 
temple  de  Delphes  ;  ce  qui  coïncide  justement  av( 
la  naissance  d 'Alexand  re.  Il  avait  com  posé,  comrr 
pendant  de  cetouvrage,  les  Per signes  {UEpaixà 
On  trouve  encore  mentionnée  son  Histoire  de 
guerre  de  Troie.  Les  anciens  le  plaçaient  parmil|i 
premiers  historiens  de  la  Grèce,  et  il  était  égalai 
ment  versé  dans  les  sciences  positives,  comm 
le  prouvaient  plusieurs  traités  sur  l'astronomie 
les  sciences  naturelles,  qui  paraissent  avoi  r  éi 
des  matériaux  recueillis  pour  son  oncle  Aristoti 

Callisthène,  premier  historien  d'Alexandre,, 
eu  le  singuher  privilège  de  donner  son  nomi 
une  histoire  fabuleuse  de  ce  prince,  un  des  on 
vrages  les  plus  répandus  pendant  le  moyen-àge  < 
Occident  et  en  Orient,  où  sa  vogue  dure  encoji 
Ce  roman  a  été  un  des  premiers  livres  muitipljJ 
par  l'imprimerie  dans  toutes  les  langues  deTEil 
rope,  sous  différents  noms.  M.  Fabbé  Mai j 
a  publié,  sous  celui  de  Julius  Valerius,} 
texte  latin  (Milan,  1818,  in-8°).  Toutes  ces  difli 
rentes  versions  peuvent  être  désignées  sous  le  noi 
générique  de  Pseudo-CalUsthène ,  comme  i 


229 

rapportant  au  texte  grec,  qui ,  tl'après  âca  re- 
cherches récentes,  remonte  jusqu'aux  traditions 
populaires  contemporaines  d'Alexandre.  Le  texte 
grec  coilationné  sur  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris,  a  été  public  pour  la 
première  fois  en  1846  par  M.  Ch.  Millier,  avec 
un  commentaire  critique  et  la  traduction  latine, 
dans  la  Bibliothèque  des  auteurs  grecs ,  publiée 
par  M.  Firmin  Eiidot.  [Enc.  des  g.  du  m.  avec 
addit.  ]. 

Arrien  ,  Anabas ,  10-4.  —  Plutarqiic,  Alexandre.  — 
Q.Curce,  Vlll,B-8.  —  Justin,  XII  et  XV.  —  Diog.  Laërce, 
V,  45,39.  —  Ch.  Millier,  Arrian.  et  Script,  de  Rébus 
Alexandri;  éd.  Didot,  1846.  —  Sevin,  Recherches  sur  la 
Vie  et  les  ouvrapes  de  Callisthène  (  dans  les  Mé- 
moires de  l' Académie  des  Inscriptions,  t.  VllI.  p.  Iî6  ). 
Sainte-Croix,  Examen  critique  des  anciens  historiens 
d'Alexandre,  1804,  p.  34.  -  Larcher,  Mémoire  sur  les 
observations  astronomiques  envoyées  à  Aristote  par 
Callist/iéne  (  dans  les  Mémoires  de  l'Institut,  t  IV,  p. 
488  ),  —  Berger  de  Xivrey,  Notice  sur  l'histoire  fabuleuse 
d'Alexandre  le  Grand,  connue  sous  le  nom  de  Pseudo- 
Callisthène,dans  les  Notices  des  extraits  des  manuscrits, 
t.  XIII,  2«  partie,  p.  162-306.  -  Smith,  Dictionury  of  Ro- 
man and  Greek  Diography. 

CALLISTHÈNE,  général  athénien,  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  quatrième  siècle  avant 
J.-C.  Après  avoir  vaincu  Perdiccas  et  conclu  la 
paiK  avec  lui,  il  fut  condamné  à  mort  par  les 
Athéniens,  qui,  selon  leur  habitude,  regrettèrent 
le  lendemain  la  sentence  rendue  la  veille. 

Aristote,  Rhétorique. 

CALLiSTHÈXE,  orateur  athénien,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  quatrième  siècle  avant  J.-C. 
En  335  avant  l'ère  chrétienne,  et  après  la  prise 
de  Thèbes,  il  fut  un  des  huit  citoyens  d'Athènes 
qu'Alexandre  voulait  qu'on  lui  livrât,  ce  qui  fit 
dire  à  Démosthène  que  c'était  le  loup  demandant 
aux  brebis  la  remise  des  chiens  qui  les  avaient 
gardées.  Cependant  Callisthène  fut  sauvé  grâce 
à  l'intervention  bienveillante,  mais  intéressée,  de 
Démades. 
Plutarque,  Démosthène,  .Alexandre.  —  Diodore,  XVI!, 
I  IS.  —  Arrien,  Auabase. 

CALLiSTRATE,  général  athénien,  fils  d'Em- 
pédus,  mort  en  413  avant  J.-C.  Au  rapport  de 
Pausanias ,  il  commanda  un  corps  de  cavalerie 
expédié  au  temps  de  Nicias;  et,  lorsque  ses 
!  compatriotes  furent  défaits  sur  les  rives  de  l'As- 
(  sinarus,  en  l'an  414,  il  parvint  à  se  frayer  un 
chemin  à  travers  l'ennemi  et  à  conduire  ses  trou- 
pes à  Catane.  Revenu  de  là  à  Syracuse,  il  surprit 
ceux  qui  pillaient  son  camp ,  et  périt  après  avoir 
fait  chèrement  payer  à  l'ennemi  sa  victoire. 

Thucydide,  Vil,  84,  85.  —  Pausanias,  VII,  16. 

CALLiSTRATE,  oratcur  athénien,  vivait  vers 
350  avant  J.-C.  Ce  fut  lui  qui  enflamma  Dé- 
mosthène au  point  qu'après  l'avoir  entendu  il 
voulut  devenir  orateur.  Callistrate,  rival  de  Cha- 
brias  et  de  Timothée,  commanda  les  Athéniens 
dans  la  guerre  qui  éclata  après  la  rupture  de  la 
paix d'Antalcidas  (Voy.  ce  nom).  Il  fut  envoyé, 
l'an  372  avant  J.-C,  pour  conclure  la  paix  avec 
Sparte.  Plus  tard  il  fut  exilé  ;  et,  comme  il  rompit 
son  ban,  le  peuple  d'Athènes  le  mit  à  mort. 
\  Enc.  des  g.  dît  m.] 


CALLISTHÈNE  —  CALLOIGNË 


230 


Démo.sthènc  passim.  —  DiodnrC,  XV,  29.  —  Boeckh, 
rÉcon.  polit,  des  Athén.—  Thlrlwall, «<«t.  delà  Grèce. 
CALLISTRATE,  sophistc  grcc,  Vivait  proba- 
blement dans  la  seconde  moitié  du  second  siècle 
de  l'ère  chrétienne.  Il  fit  une  Description  de 
seize  statues,  reproduite  dans  toutes  les  éditions 
de  Philostrate  et  traduite  en  français  par  Biaise 
de  Vigenère.  Elle  se  trouvait  à  la  suite  de  Philo.s- 
trate  dans  l'édition  donnée  par  M.  VVestermann, 
dans  la  Bibliothèque  des  auteurs  grecs  ubiiée 
par  M.  A.  F.  Didot. 

Heyne,  Opuscula  academica. 
CALLISTRATE,  jurisconsulte  romain,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  troisième  siècle.  Au 
rapport  de  Lampridius,  dont  le  témoignage  est 
parfois  suspect ,  quoique  vraisemblable  en  cette 
occasion,  Callistrate  fut  disciple  de  Papinien  et 
l'un  des  conseillers  d'Alexandre -Sévère.  On 
trouve,  dans  le  Digeste,  de  nombreux  fragments 
émanés  de  Callistrate. 

Digeste ,  passim.  —  Lampridius,  Alexandre-Sévère. 
—  Haubold,  de  Edictis  monitoriis  ac  brevibus;  Leipzig, 
1804  —  Hommel,  Palingenesia  Pandectarum. 

CALLISTITS,CALLISTEouCALLIXTE(C./«- 

Uus),  affranchi  romain,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  premier  siècle.  H  fut  en  gi-ande  faveur 
sous  l'empereur  Caligula,  à  la  mort  duquel  il 
contribua,  dit-on.  Il  n'eut  pas  moins  d'influence 
sous  l'empereur  Claude,  auquel  il  tenta,  mais  en 
vain,  de  faire  épouser  Lollia  PauHna. 

Tacite,  Annales,  XI,  29,  38,  XII.  —  Dion  Cassius,  LIX, 
19.  —  Sénèque,  Epist.  47.  —  Josèphe,  Antiq  jud. 

CALLixTE.  Voy.  Calliste. 

c  ALLO  ET  (Gabriel  Qderbrat),  agronome 
français ,  natif  de  Lannion ,  vivait  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  Après  avoir 
été  avocat  général  à  la  chambre  des  comptes  de 
Nantes  en  1642,  il  devint  conseiller  d'État.  Il  re- 
chercha et  décrivit  les  moyens  .d'améhoration 
des  différentes  espèces  d'animaux  domestiques. 
On  a  de  lui  :  Pour  tirer  des  brebis  et  des  che- 
vaux plus  de  profit  qu'on  en  tire;  Paris,  sans 
date  ;  —  Beaux  chevaux  qu'on  peut  avoir  en 
Fra/KC  aussi  bien  qu'en  Espagne,  Angleter- 
re, etc.  ;  ibid.,  sans  date;  —  Advis  :  on  peut  en 
France  élever  des  chevaux  aussi  grands  et 
aussi  bons  qu'en  Allemagne  et  pays  voisins  ; 
Paris ,  1666,  in-4°  de  16  feuilles  avec  2  pi.  :  on 
trouve  un  bel  exemplaire  sur  véUn  èe  cet  ou- 
vrage à  la  bibliothèque  impéiiale;  —  Moyen 
pour  augmenter  les  revenus  du  royaume  de 
plusieurs  millions;...  on  peut  faire  que  le  bes- 
tial produise  deux  fois  plus  qu'il  ne  fait;  ibid, , 
1666,  in-4°,  avec  planches;  ouvrage  dédié  à  Col- 
bert. 

Van  Praet,  Catalogue,  III,  57.  —  Lelong,  Bibl.  hist. 
de  la  France  éd.  Fontette. 

*CALLOiGNE  { Jean- Robert ) ,  sculpteur  fla- 
mand, né  à  Bruges  le  31  mai  1775,  mort  à  An- 
vers le  26  août  1830.  Il  était  fils  d'un  maître 
charpentier.  Placé  chez  un  potier  en  qualité 
d'apprenti,  il  ne  tarda  pas  à  comprendre  que 
le  hasard,  en  le  dirigeant  dans  cette  humble  pro- 
fession, lui  avait  révélé  sa  vocation.  L'argile  prit 

8. 


231 


CALLOIGNE  —  CALLOT 


232 


bientôt  dans  ses  mains  des  formes  variées  et  gra- 
cieuses, et  son  maître,  auquel  les  succès  inatten- 
dus de  son  apprenti  inspirèrent  de  la  jalousie,  le 
congédia.  Revenu  chez  lui,  Calloigne  continua 
le  travail  auquel  il  avait  pris  goût,  et  modela,  in- 
dépendamment de  l'argile,  le  bois  et  la  pierre. 
Afin  de  cultiver  les  heureuses  dispositions  de 
son  fils ,  le  maître  charijentier  l'envoya  à  l'Aca- 
démie. Le  15  -juin  1802,  Calloigne  y  obtint  un 
premier  prix.  Quelques  mois  après  il  était  reçu 
en  triomphe  à  Bruges,  à  son  retour  de  Gand,  où 
il  avait  obtenu  une  médaille  dans  le  concours 
pour  le  plus  beau  buste  de  Van-Eyck,  inventeur 
de  la  peinture  à  l'huile.  Calloigne  vint  ensuite  à 
Paris,  et  y  mérita  en  1805  le  deuxième  grand 
prix  de  sculpture.  Ce  triomphe  lui  assurait  la 
pension  à  l'Académie  française  de  Rome.  Les 
œuvres  qu'il  exécuta  dans  cette  ville  accrurent 
sa  réputation.  Il  revint  ensuite  à  Bruges.  A  l'é- 
poque de  sa  mort  il  était  membre  de  l'Listitut 
des  Pays-Bas  et  chevalier  de  l'ordre  du  Lion 
de  Belgique.  Le  Musée  de  Bruges  a  de  lui  une 
belle  statue  de  Van-Eyck  en  marbre  blanc. 

Biographie  de  la  Flandre  occidentale.  —  Annales  de 
la  ville  de  Bruges. 

CALLON,  sculpteur  grec,  natif  de  l'île  d'Égine, 
vivait  vers  l'an  516  avant  J.-C.  Il  fut  disciple  de 
Tectée  et  d'Angélion.  On  voyait  de  lui  dans  l'A 
cropole  de  Corinthe  une  statue  en  bois  re- 
présentant Minerve  Sténiade  ;  et  la  ville  d'Amy- 
clée  possédait  un  trépied  de  bronze  également 
exécuté  par  Gallon.  Quintilien  caractérise  ainsi 
les  œuvres  de  cet  artiste  :  Duriora  atque  Tus- 
canicis  proxima. 

Pausanias,  11,32,  Vil,  i8.  —  Quintilien,  XII,  10. 

GALLON,  statuaire,  natif  d'Élis,  vivait  proba- 
blement vers  l'an  436  avant  J.-C.  Il  fit  un  Mer- 
cure au  caducée,  qui  se  voyait  à  Élis,  et  il  exé- 
cuta en  bronze  les  statues  des  trente  jeunes  Si- 
ciliens qui  périrent  en  traversant  le.  détroit  de 
Messine. 

Pausanias,  V,  23-27,  §  I. 

GALLON  (Jacques),  théologien  français,  né  à 
Reims  en  1626,  mort  le  2  juin  1714.  Il  dirigea  le 
séminaire  de  Reims,  et  laissa  plusieurs  écrits 
inédits. 

CA1.LON  DE  SAIMT-REMV,  neveu  du  précé- 
dent romancier  français,  né  à  Reims  en  1712, 
mort  à  Paris  le  10  septembre  1756.  Il  fut  secré- 
taire de  l'ambassade  de  France  à  Turin.  On  a  de 
lui  :  Angelina  ou  Histoire  de  Don  Mattheo; 
Paris,  1752,  2  vol.  in-8°. 

Biog.  univ.  (éd.  belge). 

CALLOT  {Jacques),  peintre,  dessinateur  et 
graveur  en  taille-douce  et  à  l'eau-forte,  naquit  à 
Nancy  en  1592 ,  et  mourut  en  1635  dans  la 
même  ville.  Callot  fut  l'un  de  ces  hommes 
qu'une  vocation  fatale  et  invincible  entraîne  dès 
leurs  plus  tendres  années,  et  sa  première  jeu- 
nesse ne  fut  qu'un  long  et  pénible  combat  entre 
les  résistances  de  sa  famille  et  le  génie  qui  l'em- 
portait vers  les  arts  du  dessin.  Fils  d'un  gentil- 
homme héraut  d'armes  du  duché  de  Lorraine,  sa 


naissance  et  surtout  les  vœux  de  son  père  sem- 
blaient lui  ouvrir  une  carrière  bien  différente  de 
celle  de  la  gravure.  Mais  sa  vocation  avait  parlé, 
et  dès  l'âge  de  douze  ans  il  s'était  échappé  fur- 
tivement de  la  maison  paternelle  pour  se  rendie 
en  Italie  et  s'y  livrer  en  hberté  à  ses  goùls  pré 
destinés.  Sans  argent,  il  fut  contraint,  poui-  faire 
sa  route,  de  s'adjoindre  à  une  troupe  de  Bohé- 
miens, et,  dans  cette  compagnie,  il  arriva  à  Flo- 
rence. Là  un  des  officiers  du  grand-duc,  l'ayant 
pris  sous  sa  protection,  le  plaça  chez  Remigio 
Canta-Gallina,  peintre  et  graveur.  Tel  fut  son  clé- 
but  dans  les  arts.  De  celte  école,  ou  l'étude  et  la 
copie  des  grands  maîtres  avaient  développé  ses 
heureuses  dispositions,  il  passa  à  Rome;  mais  il 
n'avait  pas  encore  eu  le  temps  d'y  prendre  des 
mesures  pour  suivre  le  cours  de  ses  études,  quand 
des  marchands  lorrains  le  reconnurent  et  le  re- 
conduisirent à  ses  parents.  Il  s'échappa  de  nou- 
veau, et  l'Italie  le  revit  encore  ;  mais,  ramené  une 
seconde  fois  naalgré  lui  sous  le  toit  paternel  par 
un  frère  aîné  qui  l'avait  rencontré  à  Turin,  il  eut 
enfin  le  bonheur  de  voir  les  répugnances  de  son  i 
père  céder  devant  tant  de  constance,  et  d  obte- 
nir la  liberté  de  retourner  en  Italie.  Callot  fit  ce 
troisième  voyage  à  la  suite  d'un  gentilhomme  que 
le  duc  de  Lorraine  envoyait  au  pape.  Ai'rivé  à 
Romej  il  entra  d'abord  chez  Julio  Parigi  pour  se 
perfectionner  dans  le  dessin  ;  puis  il  passa  à  l'é- 
cole de  Philippe  Thomassin,  et  y  apprit  l»a  gra- 
vure en  taille-douce.  Les  grâces  de  sa  figure  eti 
celles  de  son  esprit  lui  attirèrent  l'attention  de  la 
femme  de  ce  dernier  maître,  qui,  venant  à  soup- 
çonner leur  liaison ,  le  chassa  de  son  atelier. 
Ce  fut  alors  qu'il  retourna  à  Florence,  et  que, 
dégoûté  de  la  giavure  au  burin,  dans  laquelle  il 
n'avait  fait  que  de  médiocres  pi'ogrès,  il  changea 
de  style,  renonça  aux  grandes  figures  lentement 
travaillées,  se  mit  à  composer  en  petit,  et  adopta 
le  genre  de  l'eau-forte,  procédé  plus  pittoresque,' 
plus  expéditif,  moins  rebelle  à  la  fougue  d'un  gé- 
nie si  impatient  de  produire.  Ce  fut  alors  éga-i 
lement  qu'il  se  fit  goûter  du  grand  duc  Côine  II,f 
et  que  ce  prince  le  fixa  piès  de  sa  personne.  Après 
la  mort  de  ce  protecteur  éclairé  des  arts,  il  re- 
tourna dans  sa  patrie,  où  le  prince  Henri,  duo 
de  Lof  rame  et  de  Bar,  l'accueillit  avec  non  moins 
de  faveur,  et  le  retint  par  une  pension.  Établi  dé- 
sormais à  Nancy,  il  y  épousa  une  jeune  personne 
d'une  famille  ancienne,  mais  n'en  eut  point  d'em 
fants.  Cependant  sa  réputation  croissait  de  jouii 
en  jour  :  la  gouvernante  des  Pays-Bas,  Élisabeth-li 
Claire-Eugénie,  l'appela  à  Bruxelles  pour  dessiii 
ner  et  graver  le  siège  et  la  prise  de  Bréda  par  Id 
marquis  de  Spinola.  En  1628,  il  fut  mandé  pa-ii 
reillcment  à  Paris  par  le  roi  Louis  XIII,  qui  lui 
fit  exécuter  les  grandes  planches  des  sièges  de  Lî, 
Rochelle  et  de  l'Ile  de  Rhé.  Mais  quand  lest 
troubles  dont  la  Lorraine  futagitée  en  1631  eurenli 
été  suivis  du  siège  et  de  la  prise  de  Nancy  pan 
les  armées  royales,  et  que  Louis  XIII  envoyj) 
chercher  Callot  et  lui  commanda  de  perpétuel! 


233 


CALLOT 


234 


Ceci  s'entend,  il  est  vrai,  de  ses  fantaisies  pu- 
ernent  grotesques  qui  s'adressent  plutôt  à  l'ima- 
pnation  qu'au  jugement,  qui  s'en  prennent  aux 
i)imes,  aux  défauts  extérieurs  plutôt  qu'aux  tra- 
ers,  aux  passions  de  l'humanité.  Mais  enfin, 
)armi  ces  compositions  même  qui  se  rapprochent 
e  plus  du  style  de  la  caricature,  s'il  en  est  qui 
(lient  des  débauches,  ce  sont  du  moins  les  dé- 
lauchesd'un  talent  supérieur,  toujours  original, 
joujours  plein  de  vigueur  et  de  verve.  Mais,  hâ- 
|3ns-nous  de  le  dire,  il  eut  un  autre  génie  que 
î  génie  vulgaire  d'exciter  le  rire,  et  ce  n'est  point 
!  ar  le  beau  côté  de  son  talent  qu'il  s'est  acquis 
|i  popularité.  Comme  aujourd'hui  Charlet,  en 
'ui  l'ignorance  du  grand  nombre  s'obstine  sou- 

ent  à  ne  voir  qu'un  caricaturiste,  Callot  fut  un 
'rand  peintre  de  mœurs;  et  telles  de  ses  com- 
positions,  qui  passent  inaperçues,  ont  défrayé 

'idées  plus  d'un  peintre  et  plus  d'un  auteur. 

ul,  dans  ces  compositions  si  vastes  sur  si  petite 

belle,  ne  lui  a  été  supérieur,  ni  pour  l'abon- 


par  la  gravui'e  le  souvenir  de  cette  nouvelle  con-  j 
quête,  Callot  osa  supplier  le  roi  de  dispenser  un  1 
Lorrain  de  peindre  les  malheurs  de  sa  patrie.  ! 
Et;comme  un  courtisan  (quelques-uns  pensent 
que  c'était  le  cardinal  de  Richelieu  )  disait  avec 
colère  :  «  On  saura  bien  vous  y  contraindre  !  » 
«  Plutôt  me  couper  le  pouce  avec  les  dents,  ré- 
pondit Callot,  que  de  faire  quelque  chose  contre 
mon  honneur  et  mon  pays.,  »  Cet  honorable  et 
courageux  caractère  plut  à  Louis  XIII,  qui  n'in- 
sista plus  que  faiblement,  agréa  l'excuse,  et  alla 
môme  jusqu'à  offrir  au  noble  artiste  une  pension 
de  3,000  livres  pour  l'attacher  à  son  service. 
Callot,  qui  était  peu  sensible  à  la  fortune,  et  qui 
d'ailleurs,  depuis  les  revers  de  sa  patrie,  nour- 
rissait le  projet  de  se  retirer  à  Florence  avec  sa 
femme,  n'accepta  point.  Le  délabrement  de  sa 
santé,  épuisée  par  les  travaux,  le  retint  plusieurs 
années  encore  à  Nancy,  et  la  mort  vint  l'empor- 
ter a  l'âge  de  quarante-^eux  ans,  quand  son  pro- 
jet allait  enfin  s'accomplir. 

Les  traditions  s'accordent  à  représenter  Jac- 
ques Callot  comme  un  homme  d'un  esprit  doux, 
fumable  et  enjoué  dans  les  habitudes  de  lai  ^ie 
jrdinaire.  Supérieur  à  tout  sentiment  d'aigreur 
ïu  de  jalousie,  il  prenait  sa  revanche  d'un  mau- 
vais procédé  en  se  montrant  généreux. 

L'œuvre  de  ce  maître  ne  s'élève  pas  à  moins 
ie  1 ,600  pièces.  Il  n'est  aucune  personne,  même 
oaffmi  celles  qui  n'accordent  nulle  attention  à  l'é- 
lude des  objets  d'art,  qui  n'en  connaisse,au  moins 
quelques-unes.  Chacun  sait  aussi  que  le  nom  de 
Callot  est  devenu  comme  le  prototype  d'un  style 
oarticulier  ;  et  cette  expression,  figure  à  la  Cal- 
lot, est  désormais  une  expression  proverbiale  et 
fMjpulaire. 

A  livre  ouvert,  le  ctiapier  en  lunettes 
Vient  entonner  :  un  groupe  de  raazettcs 
Très  gravement  poursuit  ce  chant  fallot, 
Concert  grotesque  et  digne  de  Callot. 

Gresset,  Lutrin  vivant. 


dance  de  la  pensée,  ni  pour  l'expression  des 
figures,  ni  pour  la  facilité,  le  feu,  l'esprit  et  la 
fécondité  de  l'exécution.  Il  semble  que  sa  pointe 
inspirée  soit  inépuisable  dans  son  essor.  L'œuvre 
de  Callot  contient  un  cei-tain  nombre  de  pièces 
exécutées  au  burin,  et  principalement  des  por- 
traits ;  mais  toutes  ces  pièces  sont  de  beaucoup 
inférieures  aux  gravures  à  l'eau-forte  qui  ont 
rendu  sa  réputation  universelle  :  les  Foires,  les 
Supplices  ;  les  Misères  de  la  guerre  ;  la  grande 
et  la  petite  Passion  ;  les  deux  Tentations  de 
saint  Antoine;  les  Gueux  contrefaits  ;  les  Ba- 
tailles et  les  Sièges  et  ?une  foule  de  vues  ani- 
mées par  une  multitude  de  scèaes  et  d'épisodes, 
voilà  des  ouvrages  qui  dans  tous  les  temps  seront 
recherchés  par  les  gens  de  goût.  Tous  ces  mor- 
ceaux ont  été  souvent,  mais  toujours  médiocre- 
ment copiés.  Les  originaux  ne  sont  cependant 
point  très-rares  :  il  n'y  a  de  rares  que  les  bonnes 
épreuves.  Callot  paraît  être  le  premier  qui  ait 
employé  pour  la  gravure  à  l'eau-forte  le  vernis 
dur  des  luthiers  au  lieu  du  vernis  mou  ;  mais, 
surtout  depuis  Etienne  de  La  Belle,  il  a  trouvé 
peu  d'imitateurs.  Si  par  ce  procédé  les  traits  de 
sa  pointe  gagnaient  plus  de  couleur  et  de  fermeté, 
ils  perdaient,  en  retour,  cette  légèreté,  cette  ri- 
chesse, ce  flou,  comme  disent  les  peintres,  qui 
font  la  séduction  des  œuvres  de  La  Belle.  Le 
nombre  immense  des  productions  gravées  de 
Callot  aura  droit  de  surprendre  si  l'on  a  égard 
surtout  au  peu  de  temps  qu'il  a  vécu  ;  et  cepen- 
dant il  savait  trouver  encore  le  loisir  de  produire 
de  nombreux  dessins  où  quelques  amateurs 
voient  plus  d'esprit  que  dans  ses  planches.  Ses 
tableaux,  dont  il  paraît  d'ailleurs  qu'il  n'a  pro- 
duit qu'un  petit  nombre,  sont  aujourd'hui  de  la 
plus  grande  rareté.  La  galerie  du  palais  Corsini  à 
Rome  en  possède  une  suite  de  12,  qui  représentent 
la  Vie  du  soldat  ou  les  Misères  de  la  guerre, 
sujets  reproduits  dans  les  eaux-fortes  du  même 
maître.  Le  cabinet  de  M.  Julienne  en  possédait 
également  un  où  le  peintre  avait  représenté 
les  Géants  foudroijés  par  Jupiter.  On  cite  en- 
core de  lui  un  Couronnement  d'épines,  tableau 
composé  de  20  figures  principales  et  quelques 
autres  accessoires  plus  petites.  Tous  ces  tableaux 
sont  peints  sur  cuivre,  d'une  dimension  qui  ne 
dépasse  pas  12  à  13  pouces  :  la  touche  en  est 
él^ante  et  légère  et  le  ton  général  un  peu  faible, 
mais  constamment  fin  et  délicat.  Le  portrait  de 
Callot  a  été  peint  par  Vandyck  et  gravé  par 
Vp^stermann  et  par  Boulonaii.  [M.  Feuillet  de 
CoNCHES,  dans  VEnc.  des  g.  du  m.  ] 

Mariette,  Abéccdaire.  —  Footenay,  Dict.  des  Artistes. 

—  Maume,  Recherches  sur  la  vie  et  les  ouvr.  de  J.  Callot. 

—  Éloge  de  Callot  par  le  P.  Husson;  'Bruxelles,  1766, 
ln-4°.  -  Grecn  (G.  H.),  Description  of  the  icorks  of 
Callot;  London,  1814  ,  in-12.  —  Notice  de  M.  Arsène 
HousSaye  dans  la  Revuedes  Deux  JH ondes,  t.  111,  de  1842, 
et  dans  l'Artiste  5'^,  série,  t.  III,  p.  36  (1849).  —  Notice  de 
M.  Bourgoin  d'Orli,  AansVJrtiste,  année,  1832.— M.  Léon 
Gozlan,  ibid.,  année  1839.  —  De  Haldat,  ]\otice  sur  Callot 
comsidérê  comme  peintre,  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Nancy,  1339.  Noël,  —  Catalogue  raisonné  dç 
collections  lorraines,  p.  642-674. 


l 


235 


CALLOT 


*CAt,LO'ff  (Dominique),  écrivain  héraldique 
(it  chimiste  lorrain,  né  à  Nancy,  mort  à  l'Étanche 
le  28  novembre  1684.  Neveu  du  fameux  Jacques 
Callot,  graveur,  et  frère  puîné  du  dernier  Caîlot, 
héraut  d'armes  de  Lorraine,  il  fut  baptisé  sous  le 
nom  de  Jacques,  le  11  juillet  1642;  il  prit  l'habit 
de  prémontré  à  Saint-Paul  de  Verdun.  Plus  tard 
il  devint  abbé  du  couvent  de  l'Etanche  près  de 
Saint-Mihiel,  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui  :  le  Héraut  d'armes  de  Lwraine  et  de  Bar 
(en  manuscrit  autrefois  chez  les  pères  prémon- 
trés de  Nancy,  enrichi  des  armoiries  des  princi- 
pales maisons  par  Callot,  habile  dessinateur  lui- 
même.  Dom  Calmet  en  fait  grand  cas  )  ;  —  un  as- 
sez gros  volume  sur  la  chimie  (çn  manus- 
crit dans  l'abbaye  de  l'Étanche). 

Dom  Calmet,';W6i.  de  Lorraine. 

CALLOT  {François-Joseph),  médecin  et 
poète  lorrain,  né  le  13  mai  1690  à  Nancy,  mort 
le  7  novembre  1773  dans  la  même  ville.  Arrière- 
petit-fils  du  célèbre  graveur,  il  étudia  à  Montpel- 
lier, où  il  fut  reçu  docteur.  En  1720,  il  fut  nommé 
professeur  agrégé  de  médecine  à  l'université  de 
Pont-à-Moussou ,  et  en  1723  médecin  ordinaire 
du  duc  Léopold.  Ce  dernier  l'étabUt  ensuite  mé- 
decin salarié  à  Rosières-aux-Salines,  et  l'envoya 
en  1726  dans  le  pays  de  Saint-Dié,  ravagé  par 
use  épidémie  mahgne,  qui  fut  corn  battue  heureu- 
sement par  Callot.  En  1729,  il  fut  nommé  méde- 
çiffli  en  second  par  le  duc  François  ;  mais  ce  n'est 
qu'en  1 737  qu'il  revint  à  Nancy,  sa  ville  natale, 
séjour  de  ses  ancêtres,  où  il  resta  Jusqu'à  sa  mort. 
Ou  a  de  lui  :  Dissertatio  de  Diabète;  Pont-à- 
Mousson,  1715  (très-estimée);  —  Dissertatio 
de  J/ea'icMxa;  Pont-à-Mouss.,  1715  ;  —  Discours 
aux  ouverkires  des  Assemblées  des  Directeurs 
du  Bureau  des  pauvres  à  Rozières  ;  imprimées 
en  1724,  1727  et  1729;  —  Stances  à  monsei- 
gneur le  Prince  Charles;  1732  (dans  la  Clef 
du  cabinet;  1732,  mars,  p.  169);  —  l'Idée  et 
le  Triomphe  de  la  vraie  médecine,  en  forme 
d'apologie;  Commercy,  1742,  10-8°;  —  Apo- 
théose de  la  maison  de  Lorraine,  précédée  de 
la  Noce  champêtre,  en  forme  de  ballet  de  petit 
opéra,  pour  le  jour  du  mariage  du  prince  Charles 
de  Lorraine  avec  l'archiduchesse  Marie -Anne 
d'Auti'iche;  Commercy,  1744,  in-4°  (attribué 
faussement  par  Lelong  et  Fontette  à  Jean  Cal- 
lot, héraut  d'armes  de  Lorraine).  —  Dom  Cal- 
met parle  encore  d'un  traité  d'hygiène  que  Callot 
aurait  écrit  en  1750. 

Caiinel,  Bibl.  de  Lorr.  —  Éloy,  Dict.  de  la  mcd.  —  ChO- 
vricr,  Mcm. 

CALLY  (Pierre),  théologien  français,  natif 
du  Mesnil-'Hubert,  près  d'Argentan,  au  diocèse  de 
Séez,  mort  le  31  décembre  1709.  Après  avoir 
étudié  à  Caen,  il  y  devint  professeur  d'éloquence 
et  de  philosophie  en  1 660,  et  principal  du  collège 
des  arts  de  cette  ville  en  1675.  En  1684  il  fut 
appelé  à  la  cure  de  la  paioisse  de  Saint-Martin. 
Le  premier,  il  professa  en  France  la  philosophie 
cartésienne.  De  1686  à  1688  il  fut  exilé  à  Moulins. 


CALMELS  Sifi 

Il  se  fit  encore  connaître  par  les  efforts  qu'il  fit 
pour  convertir  les  protestants.  On  a  de  lui  :  Doc- 
trine hérétique  et  schismatique  touchant  la 
primauté  du  pape,  enseignée  par  les  jésuites 
dans  leur  collège  de  Caen;  1644; —  Institu- 
tio  philosophiœ  ;  1674,  in-4°;  —  Universge  phi- 
losophise  Institutio;  Caen,  1695,  4  vol.  in-4'', 
dédié  à  Bossuet  et  développant  les  doctrines 
contenues  dans  l'ouvrage  précédent;  —  une  édi- 
tion ad  usum  Delphini  du  traité  de  Consola- 
tione  philosophias  de  Boèce;  1680,  in-4°;  — 
Durand  commenté ,  ou  V Accord  de  la  philo- 
sophie avec  la  théologie  touchant  la  transsubs- 
tantiation de  l'eucharistie;  Caen,  1700,  in-12; 
cet  ouvrage  fut  condamné  le  30  mars  1701  par 
l'évêquede  Bayeux  et  suivi  d'une  rétractation  de 
l'auteur;  —  Discours  enjorme  d'homélies  sur 
les  mijstères,  sur  les  miracles  et  sur  les  paro- 
les de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui  sont 
dans  l'Évangile  ;  Caen,  1703,  2  vol.  in-8". 

Basnage  de  Eeaaval,  Hist.  desouvr.  don  savants,  XVH. 
—  Hist.  ecclés.  de  Bayeux. 

*  c&LMEiL  (  Juste-Louis  ) ,  médecin  fran- 
çais, né  à  Poitiers  en  1798.  Après  avoir  été  élève 
d'Esquirol  à  la  Salpétrière ,  il  devint  premier 
interne  de  l'hospice  de  Charenton  à  l'époque  où 
M.  Royer-CoUard  en  était  le  médecin  en  chef  ;  plus 
tard  il  devint  médecin-adjoint  de  cet  établisse- 
ment. Outre  de  norabreux  mémoires  et  articles 
sur  la  physiologie,  sur  l'anatomie  et  !e  ramollisse- 
ment de  la  moelle  épinière,  publiés  dans  plusieurs 
recueils, notamment  ôamles Archives  générales 
de  Médecine,  le  Journal  universel  et  hebdoma- 
daire, etc.,  on  a  de  lui  :  De  la  Paralysie  consi- 
dérée chez  les  aliénés  ;  1826,  1  a'oî.  in-8°.  Ce 
ouvi-age  a  fait  la  réputation  du  docteur  Calmei 
comme  médecin  spécial  des  aliénés. 

Qiiérard,  la  Francs  littéraire.  —  Les  Médecins  é 
Paris.  —  Beuchot,  Journal  de  la  Librairie, 

CALMELET    (Michcl-François) ,    ingénieu- 
français,  né  à  Langres  en  1782,  mort  à  Pis» 
le  22  janvier  1817.  On  a  de  lui  de  norabreu: 
Mémoires  publiés  dans  le  Journal  des  Mines 
et  parmi  lesquels  on  remarque  :  Mémoire  sta 
tistique  sur  les  richesses  minérales  du  dt 
portement  de  Rhin  -et-  Moselle  ;  —  Notic 
sur  les  travaux  relatifs  aux  houilUères  di  l 
département    de    la    Sarre,    exécutés  pa 
MM.  Beaunier  et  Calmelet  (t.  XXVI,  1809  )  ;  - 
Description  géologique,  miner alogique  etstc 
tistique  des  minerais  de  V  arrondissement  à 
Prûm  (Sarre)  (t.  XXXII,  isn);  — Descriptio 
géologique,  miner  alogique  et  statistique  de 
mines  de  fer  de  Commesdorf,  arrondissemen 
de  Pmm(Sarre)(ibid.);  — Description  desm 
ciennes  mines  de  plomb  de  Rescheid  (Sarrt 
(ibid).;  — Essai  sur  les  roches   CornéentUi 
(t.  XXXV,  1814);  —  Description  de  la  mine  6 
lignite  vitriolique  alumineux  dumont  Basv\ 
berg  et  de  Vusine  de  vitriol  et  d'alun  de  Boum 
willer  (Bas-Rhin)  (t.  XXXVIÎ,  1815). 
Journal  des  Mines.  —  Quérard ,  la  France  littér^ifi 

*  CALMELS   (Anatole-Célestin) ,  sculpteil 


237 


CALMELS  —  CALMET 


238 


IVançuis  contemporain,  né  à  Paris,  élève  de  Bo- 
sio,  l'radier  et  Blondel.  Ses  principales  œuvres 
sont  :  une  Sainte  Famille,  exposée  en  1843  ; 

—  îine  Statue  de  Guttemberg,  les  Bustes  de 
Ballanche,  du  D^  Moulin,  du  comédien  Tis- 
serant,  en  1848  ;  —  le  Buste  de  Géricault,  en 
1849;  —  la  Statue  de  Denis  Papin,  en  1850; 

—  la  Naissance  de  la  Vierge,  bas-relief,  en 
1852.  P.  Ch. 

Livret  des  Salons. 

CALMET  (Dom  Augustin  ),  savant  théologien 
et  historien  lorrain  de  la  congrégation  de  Saint-Van- 
nes, né  à  Mcsnil-La-Horgne,  près  de  Comraercy, 
le  26  février  1672,  mort  à  Paris  le  20  octobre 
1757.  Baptisé  sous  le  nom  d'Antoine,  il  fit  ses 
premières  études  au  prieuré  de  Breuil  (près  de 
Commercy),  ensuite  il  alla  étudier  à  l'université 
de  Pont-à-Mousson,  où  il  fit  sa  rhétorique  sous 
le  P.  Ignace  l'Aubrussel,  de  l'ordre  des  jésuites. 
Au  sortir  de  là ,  il  prit  l'habit  de  Saint-Benoît, 
le  17  octobre  1688,  dans  l'abbaye  de  Saint-Man- 
suy  à  Toul ,  où  il  fit  profession  le  23  octobre 
1689.  II  fit  sa  philosophie  sous  Dom  Ambroise 
Borain,  d'abord  dans  l'abbaye  de  Saint-Sore  et 
ensuite  dans  celle  de  Munster,  au  Val-de-Saint- 
Grégoire,  où  il  commença  la  théologie  sous  Dom 
Émilien  Maugras.  Dans  l'abbaye  de  Munster  il 
ti'ouva  par  hasard  une  petite  grammaire  hébraï- 
que de  Buxtorff  et  quelques  livres  hébreux.  Ce 
fut  avec  ce  secours  et  à  l'aide  de  quelques  leçons, 
qu'on  lui  permit  de  prendre  chez  le  pasteur  pro- 
testant de  Munster,  nommé  Faber,  qu'il  parvint 
à  expliquer  le  texte  hébreu  de  l'Ancien  Tes- 
tament. Après  avoir  reçu  les  ordres  sacrés  à  Ha- 
lesheim,  où  résidait  le  chapitre  de  l'église  cathé- 
drale de  Bâle,  il  fut  envoyé,  en  1696,  à  l'abbaye 
de  Moyen-Moutier  où  il  étudia  les  saintes  Écritu- 
'  res  sous  dom  Hyacinthe  EUiot.  En  1697,  l'évê- 
que  de  Toul  l'appela  auprès  de  lui  avec  quelques 
autres  pour  interpréter  en  commun  la  Bible; 
mais  ce  projet  d'étude  ayant  échoué,  Calmet  re- 
tourna en  1698  à  Moyen-Moutier,  à  la  charge 
d'enseigner  la  philosophie  et  la  théologie  aux 
jeunes  religieux.  Pendant  ce  nouveau  séjour,  qui 
dura  jusqu'à  1704,  il  pubUa  ses  commentaires 
sur  presque  tout  l'Ancien  Testament.  En  1 704, 
il  fut  de  nouveau  envoyé,  en  qualité  de  sous- 
prieur,  dans  l'abbaye  de  Munster,  où  il  fut  chef 
d'une  Académie  composée  d'une  dizaine  de  reli- 
gieux. Incertain  si  tous  ses  ouvrages  composés  sur 
l'Écriture  méritaient  d'être'publiés,  il  demanda  et 
obtint  en  1706,  la  permission  du  chapitre  général 
d'aller  à  Paris,  pour  y  consulter  les  savants  sur 
son  dessein.  11  fut  encouragé  par  Dom  Mabillon  et 
l'abbé  Duguet,  qui  le  déterminèrent  à  publier  ses 
commentaires  en  français.  Après  avoir  mis  en 
train  cette  publication,  il  revint  en  1709  à  l'ab- 
baye de  Saiut-Mihiel,  dont  il  était  religieux.  Pen- 
'  dant  le  séjour  qu'il  y  fit,  il  eut  à  subir,  à  propos 
j  de  ses  commentaires,  plusieurs  attaques  ;  l'une 
d'elles  vint  de  Fourmont,  qui  se  posait  en  dé- 
Ifeuseur  des  rabbins,  attaqués  par  Calmet;  mais 


le  roi  Louis  XIV  et  le  cardinal  de  Noailles,  ar- 
chevêque de  Paris,  lui  imposèrent  silence.  L'au- 
tre adversaire  de  Calmet  fut  le  fameux  Brochard 
Simon  ,  autrefois  prêtre  de  l'Oratoire  et  auteur 
des  Histoires  critiques  de  l'Ancien  et  du  Nou- 
veau Testament.  Il  passa  de  nouveau  plusieurs 
années  à  Paris  pour  l'impression  de  ses  com- 
mentaires sur  la  Bible ,  et  pour  la  rédaction  dp 
son  Histoire  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Tes- 
tament, qui  devait  couronner  l'œuvre.  Mais 
ayant  été  élu,  en  1715,  prieur  de  Lay  ('près  de 
Nancy),  il  retourna  en  juin  1716  dans  son  pays 
natal,  où  il  se  fixa  de  nouveau  à  Moyen-Moutier. 
II  était  prêt  à  revenir  une  troisième  fois  à  Pari? 
lorsqu'il  futnommé,  enl718,  par  le  chapitre  gé- 
néral, abbé  de  Saint-Léopold  à  Nancy.  En  1719; 
il  fut  élevé  à  la  dignité  de  visiteur  de  sa  con- 
grégation, et  obtint  en  1728  l'abbaye  de  Séno- 
nes  en  Lorraine.  Le  collège  des  cardinaux  l'avait 
proposé  à  peu  près  à  la  même  époque  pour  le  titre 
d'un  évêché  ijipartibus,  avec  pouvoir  d'exercer 
les  fonctions  épiscopales  dans  tous  les  lieux 
de  sa  province ,  qui  étaient  exempts  de  la  juri- 
diction de  l'ordinaire;  mais  dom  Calmet  refusa 
afin  de  pouvoir  mieux  vaquer  à  ses  travaux  lit- 
téraires. Il  avait  pourtant  pris  la  résolution  d'al- 
ler à  Rome  en  1730,  afin  d'obtenir  du  pape  Be- 
noît XHI,  son  protecteur,  un  induit  pour  l'élec- 
tion à  perpétuité  à  l'abbaye  de  Moyen-Moutier  ; 
mais  la  mort  du  pape  dérangea  ce  projet,  et  de- 
puis ce  temps  dom  Calmet  dirigea  son  abbaye 
de  Sénones,  tout  en  poursuivant  ses  travaux, 
soit  à  Sénones,  soit  à  Paris.  II  exerça  deux  fois 
les  fonctions  de  président  général  de  sa  congré- 
gation. 

Parmi  ses  nombreux  ouvi'ages,  dont  nous  don- 
nerons ci-après  la  liste  complète ,  nous  signale- 
rons comme  les  plus  importants,  ses  Commen- 
taires sur  tous  les  livres  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament.  On  trouve  dans  cet  ou- 
vrage de  savantes  dissertations  sur  les  antiquités 
bibliques ,  mais  le  manque  de  connaissance  des 
langues  orientales  s'y  fait  souvent  sentir.  On  lui 
a  reproché  avec  raison  d'avoir  trop  négligé  les 
sources  rabbiniques.  Son  Dictionnaire  histori- 
que ei^'critique  de  la  Bible,  travail  très-estùna- 
ble  pour  le  temps ,  a  été  traduit  en  anglais,  alle- 
mand, italien  et  hollandais.  Ces  deux  ouvrages 
de  Calmet  ont  été  plusieurs  fois  réimprimés  ;  les 
protestants  comme  les  catholiques  les  ont  mis  à 
contribution.  Son  Histoire  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament  et  du  peuple  juif,  et  son 
Histoire  universelle  sacrée  et  profane  sont 
moins  estimées;  car  elles  ont  été  effacées  par 
des  ouvrages  analogues ,  publiés  plus  tard.  Mais 
son  Histoire  ecclésiastique  et  civile  de  la 
Lorraine  est  l'ouvrage  d'un  véritable  savant  et 
le  premier  qui  ait  été  fait  avec  méthode  sur  l'His- 
toire de  la  Lorraine.  Dom  Calmet  s'y  montre 
exact  et  narrateur  fidèle  ;  seulement  il  est  quel- 
quefois diffus  outre  mesure.  Le  pendant  à  cet 
ouvrage  est  la  Bibliothèque    lorraine,  tra- 


239  CALMET 

travail  moins  bien  soif^né  que  le  précédent.  Il  est 
à  regretter  qu'on  n'ait  pas  publié  les  manuscrits 
de  Calmet  sur  l'Histoire  spéciale  des  villes  et 
abbayes  de  Lorraine.  Voici  les  titres  de  ses 
travaux  imprimés  :  Dissertation  sur  les  an- 
ciens chiffres  (  dans  les  journaux  et  les  Mémoi- 
res de  Tfévoux  )  ;  —  Dissertation  sur  la  na- 
ture des  perles;  —  Dissertation  sur  quel- 
ques jambes  d'airain  trouvées  à  Léomont 
(dans  le  Journal  de  Trévoux,  février  1 709  )  ;  — 
Commentaire  littéral  sur  tous  les  livres  de 
V Ancien  et  du  Nouveau  Testament ,  53  vol. 
«-4°,  et  G  vol.  in-fol.;  Paris,  1707-1716;  se- 
conde édit. ,  P.,  1714-1720,  9.6  vol.  in-4°;  troi- 
sième édit..  P.,  1724,  y  vol.  in-fol.  ;  quatrième  édit. 
P. ,  1729,  9  vol.  in-fol.  et  20  vol  in-4''.  11  en  parut 
une  traduction  latine  à  Venise,  17.30,0  vol.  in-fol., 
reproduiteàFrancfort-sur-le-Mein,  0  vol.,  in-fol.  ; 
et  une  autre  par  .Ican  Dominique  Mansi,  à  Luc- 
ques,  17:50- 17.38, in-fol.,  8  vol.  en  9  tomes,  repro- 
duite sous  le  titre  :  Comment,  lit.  in  omnes  li- 
bros  Vet.  et  N.  Test.;  Augsbourg,  1756,  8  vol. 
in-fol.,  et  Wurzbourg,  1789- 1793,  19  vol.  in-4''. 

11  en  parut  plusieurs  extraits  en  français ,  dont 
l'un  est  connu  sous  le  titre  ::  la  Bible  de  l'abbé 
de  Vente  (parce  que  ce  dernier  y  a  ajouté  une 
Dissertation);  P.,  1748-1750,  14  vol.  in-4'';  édi- 
tion augmentée;  Avignon,  17  vol.  in-4'',  appelée 
la  Bible  d'A  vignon  ;  —  Réponse  à  la  critique  que 
M.  Fourmont  a  faite  de  son  commentaire; 
Paris,  1710,  in-8''  ;  —  Dissertations  qui  peu- 
vent servir  de  prolégomènes  de  l'Écriture 
sf/m^e;  Avignon,  1715,  in-S",  2°  édit.;  Paris, 
1720,  3  vol.  in-4";  3"  édit.  augmentée  sous  ce 
titre  :  Trésor  d'antiquités  sacrées  et  profanes  ; 
Paris,  1722,  3  vol.  in-4'',  et  Amsterdam,   1722, 

12  vol.  in-12.  Cet  ouvrage,  qui  n'est  qu'une  re- 
production des  dissertations  insérées  dans  le 
grand  commentaire,  a  été  traduit  en  anglais 
par  Samuel  Parker;  Oxford,  1726,10-4";  en  bol- 
landais;  Rotterdam,  1728-1733,  in-4'';  en  latin, 
par  .1.  D.  Mansi;  Lucques,  1729,  in-fol.;  et 
en  allemand ,  sous  le  titre  Biblische  Untersu- 
chunqen ,  avec  les  excellentes  notes  et  préface 
de  Mosbeim;  lirème,  1738;  2'' édit.,  1744;  3°, 
1747,  6,  vol.  in-8o;  —  Discours  et  disserta- 
tions sur  tous  les  livres  de  l'A.  T.;  Parisj, 
1715,  6  vol.  in-S"; — Histoire  sainte  de  l'An- 
cien et  du  Nouveau  Testament  et  des  Juifs, 
pour  servir  d'introduction  à,  l'Histoire  ecclé- 
siastique de  Vabbé  Fleur }j  (va  jusqu'à  la  des- 
truction de  .Jérusalem);  Paris,  1718,2  vol.  in-4"; 
ibid.,  1725,  7  vol.  in-12;  1729,  4  vol.  in-4"; 
1737,  4  vol.  in-4'';  1770,  5  vol.  in-4'',  traduit  en 
anglais  avec  des  additions  par  'J'b.  Stadebonse, 
Londres,  1740,  2  vol.  in-fol.];  en  allemand,  Augs- 
bourg,  1759,  in-fol.,  et  en  latin,  Angsbourg, 
1788,  5  vol.  in-S";  —  Histoire  de  la  vie  et  des 
miracles  de  Jésus- Christ;  Paris  1720,  in-12, 
et  réim[)rimé<!  depuis  h  Nancy ,  en  Hollande  et 
en  Flandre;  —  Dictionnaire  historique,  cri- 
tique, chronologique,  géographique  et  littéral 


2t0 
de  la  Bible;  Pari.s,  1720, 2  vol.  in-fol.  avec  gra- 
vures; le  même  avec  supplément,  P.,  1722,4  vol. 
in-fol;  P.,  1728,4  vol.  avec  gravures;  1730,  3  vol 
in-fol., avec  gravures; Genève,  17.30,4  vol.  in-fol., 
sans  gravures;  Toulouse,  1783,  6  vol.  in-fol.; 
trad.  en  latin,  par  Mansi;  Lucques,  172.^-17.31, 
4   vol.  in-fol.  sans  gravures;  Venise,  1726  avec 
gravures;  AugsbourgetGraetz,1729,4  vol.  in-fol. 
avec  grav.  ;  en  allemand  par  H.  G.   Glocknei; 
Leipzig,  1747,  in-4'',  et  en  extrait,  Lemgo,  1779, 
in-8";  en  anglais  par  Jolm  Cobon,  Cambridge, 
1745,   3  vol.  in-fol.;  —  Dissertation  sur  tes 
grands  chemins  de  Lorraine;  Nancy,  1727, 
in-4'' ,  réimprimée  dansT/Zùtoire  ecclésiastique 
et  civile  de  Lorraine  ;  Nancy,  1728,4  vol.  in-fol.  ; 
nouvelle  édit.  très-augmentéc ,   Nancy,    174:)- 
1757,  6  vol.  in-fol.  ;  —  Dissertation  sur  quel- 
ques monuments  d'antiquités,  dans  le  Mercure 
de  France,  décembre    1728;  — Abrégé  c/iro- 
nologique  de  l'Histoire  sacrée  et  profane  de- 
puis le  commencement  du  monde  jusqu'à  nos 
;'r)T«ns; Nancy,  1729,  in-8";  traduit  en  latin,  i))iii., 
1733,  in-8";  —  Traité  de  la  confession  géné- 
rale; Nancy,  1731,  in-12;   ibid.,  1753,  in-l'^  : 
il  en  existe  une  traduction  allemande;  —  Coni- 
mentaire  littéral,  historique  et  moral  sur  la 
Règle  de  Saint- Benoit  ;  Paris,    1733,  2  vol. 
in-4"  (les  ligures,  dont  il  devait  être  orné  et  qui 
devaient  représenter  les  costumes  des  anciens 
moines  d'Occident,  ne  furent  point  gravées),  ti;i- 
duit  en  latin  par  quelques  bénédictins  de  Stami- 
nés; Augsbourg,  1748;  —  L'Histoire  de  Lor- 
raine abrégée,   à  l'usage  de  messeigneuis   les 
■princes;  Nancy,  1734,  in-8";  —  Histoire  uni 
verselle  sacrée  et  profane ,  depuis  le  commru- 
ccmentdu  monde  jusqu'à  nos  jours  (va  jusqu'à 
1720);  Strasbourg  et  Nancy,  1735-1771,  17  vol. 
in-4";  traduite  en  italien;  Venise,  1742  et  sui\. 
in-4'';  en  allemand  par  R.  Kleinsorg  ;  Augsbouii', 
1776-1797,  12  vol.    in-8"  :  il  en  existe  aussi  une 
trad.  latine  et  imc  autre  en  grec  vulgaire,  mais 
qui  ne  comprend  que  les  6  premiers  volumes  ;  -- 
Dissertation  historique  et  chronologique  sur 
la  suite  des  médailles  des  ducs  et  duchrsso; 
de  Lorraine,  gravées  par  Ferd.  Saint- Ur- 
bain ;Yïcnne,  1736,  in-4"; —  JJlstoire  généal" 
glque  de  la  maison  du  Chàtelet,  branche  puî- 
née de  la  maison  de  Lorraine;  Nancy ,  17''i  i , 
in-fol.  ;  —  Dissertation  sur  les  apparitions 
des  anges,  etc.,  et  sîcr  les  revenants,  les  vam- 
pires; Paris,  1746,  in-12;  nouvelle  édit.  reviu 
et  augmentée,  Einsiedeln  ou  N.-D.-Des-Ermitcs. 
1749, 2  vol.  in-12;  réimprimée  sous  le  titre  :  7'/Y«/'r 
sur  les  apparitions  des  esprits    et  sur  les 
vampires  ou  revenants  de  Hongrie,  etc.,  Paris , 
1751,  2  vol.  in-12;  Sénones,  1759,  2  vol.  in-8"; 
traduit  en  italien  ,  Vcni,se ,  1756,  in-4"  ;  et  en  al- 
lemand ;  cet  ouvrage,  qui  fit  encourir  à  dom  Cal- 
met le  reprocbe  d'un  bomme  par  trop  crédule  e( 
dépourvu  de  .sens  critique,  a  provo([iié  de  noN 
jours  une  réfutation  s«us  ce  titre  :  Histoire  tics 
vampires  et  des  spectres  malfaisants,  avec  un 


241  CALMET 

examen  du  vampirisme;  Paris,  1820,  2  vol. 
in-12;  —  la  Bible  en  latin  et  en  français 
(texte  de  Sacy),  avec  des  préfaces,  dissertations 
et  notes  littéraires ,  critiques  et  historiques  ti- 
rées de  son  commentaire  et  de  ses  dissertations  ; 
Paris,  1748  et  suiv.,  12-14  vol.  in-4"  ;  —  Traité 
historique  sur  les  eaux  de  Plombières,  de  Bour- 
bonne,  Luxeuil,  etc.;  Nancy,  1748,  in-S»  (ou- 
vrage du  P.  Durand,  mais  augmenté  et  annoté 
par  D.  Calmet);  —  Sur  les  Di'agons  volants, 
dans  le  Journal  de  Verdun,  1755;  —  Biblio- 
thèque lorraine,  on  Histoire  des  hommes  il- 
ftistres  qui  se  sont  distingués  dans  la  Lor- 
'■(line  et  dans  les  Trois  Évéchés  dans  les 
'sciences,  dans  la  piété  et  dans  les  beaux- 
irts;  Nancy,  1751 ,  in-fol  :  elle  forme  aussi  le 
iol.  4  de  la  2e  édit.  de  Y  Histoire  de  Lorraine; 
"raiiçois  Ant.  de  Chévrier  en  a  donné  un  ex- 
I  ait  dans  ses  Mémoires  pour  servir  à  l'Hi^- 
niye  des  hommes  illustres  de  Lorraine; 
îruxelles,  1754,  2  vol.  grand  in-12;  —  Notice 
'('  la  Lorraine ,  qui  comprend  les  duchés  de 
'Sur,  Vélectorat  de  Trêves,  les  villes princi- 
Hilrs  et  autres  lieux  les  plus  célèbres,  rangés 
>ar  ordre  alphabétique;  Nancy,  1756-1762, 
\ol.  in-fol.  (ouvrage  très-rare,  publié  et  aug- 
leiité  par  son  neveu  D.  Fange)  ;  —  Stir  la  Terre 
'('  Gessen  et  sur  le  royaume  de  Tanis  en 
'.(jlipte,  dans  le  Mercure  de  France,  décembre 
7:jG  et  janvier  1757.. 

Parmi  les  ouvrages  inédits  de  dom  Calmet  on 
itc  :  Histoire  de  l'abbaye  de  Saint-Léopold 
'c  Nancy  ;  —  Histoire  de  l'abbaye  de  Senones  ; 

-  Histoire  du  prieuré  de  Lay  ; — Notice  histo- 
ique  des  villes  et  principaux  bourgs  et  vil- 
iifjes  de  la  Lorraine;  in-fol.  ;  —  Sur  l'origine 
'il.  jeu  de  cartes;  —  Sur  la  cérémonie  dti 
in-boit  ou  roi  de  la  fève  ;  —  Sur  les  divinités 
aïennes  autrefois  adorées  dans  la  Lorraine; 

-  Sur  quelques  coutumes  et  usages  prati- 
\u('s  en  Lorraine;  —  Sur  la  question  de  sa- 

oir  si  le  monde  est  tiré  du  néant  ou  d'une 
Hidère préexistante  et  éternelle;  —  Diction- 
aire  des  mots  lorrains  et  autres  vieux  mots; 

f  -  Histoire  de  l'abbaye  de  Munster  en  Al- 

i  ace,  dont  une  partie  a  été  imprimée  dans  la 
'ontinuatio  Spicilegii  ecclesiastici  de  Lùnig; 
l'ipzig,  1720,  in-fol. 

Les  ouvrages  faussement  attribués  à  dom  Cal- 
lot  sont  :  Histoire  de  la  maison  de  Salles, 
riginaire  de  Béarn  (faite  par  Hugos,  abbé  d'Eti- 
tl); Nancy  1716,  in-fol.;  —  Historia  mediani 
lonasterii;  Strasbourg,  1724,  in-4°  (par  dom 

!,  iclhomme) ;  —  Dissertation  sur  la  sueur  de 
■otre-Seigneur  Jésus-Christ  au  jardin  des 

,  Twiers;  Paris,  1740,  in-12  (par  un  auteur  in- 
)nnu);  —  Refutatio,  systematis  generalogici 
R.  Pâtre  Marqicardo  Hergote,  benedictino 
rofesso  ad  sanctum  Blasium  in  Nigra  Silva, 
'idemque  magno  Cellerario  compositi,  e  gal- 
'0  in  Ihtinum  translata ,  T  édit.;  Venise, 
740,10-4°  (dom  Calmet  décline  lui-même  la 


CALMO 


242 


paternité  de  cet  ouvrage,  qu'on  lui  avait  envoyé 
par  la  poste).  —  Voltaire  a  souvent  profité  des 
travaux  de  dom  Calmet  pour  son  Histoire  gé- , 
nérale  et  son  Essai  sur  les  mœurs  des  na- 
tions; et  Frédéric  le  Grand  a  publié  sous  le  nom 
de  Calmet  une  facétie  intitulée  :  Commentaire 
théologique  sur  la  Barbe-Bleue. 

Dora  Fangiï,  neveu  et  successeur  de  C,  fie  de  dom 
Calmet,  1763,  In-S".  —  Doiu  C.ilmct,  Autobioijraphie , 
dans  la  Bibl.  Lorr.  ■—  Rathie,  Geachichte  der  Celehrten, 
I,  et  Beytràrje  zur  Historié  der  Celehrten,  V.  —  Baucii- 
gârten,  Naclirtchtcn,  etc.,  II,  «04.  —  Ersch  et  Gruber, 
jilloem.  Bncyclop. 

CALMETTE  {François),Tnéde.cm  français,  ne 
à  Rodez  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  mort  dans  la  première  moitié  du  dix-hui 
tième.  Il  étudia  à  Montpellier,  où  il  prit  le  grade 
de  docteur  en  1684,  et  fit  pendant  quelque 
temps,  à  la  faculté  de  cette  ville,  des  cours  qui 
eurent  beaucoup  de  succès.  On  a  de  lui  :  Rive- 
rius  reformatas,  sive  praxis  medica  methodo 
Riverianx  non  absimilis,  juxta  recentiorum 
tum  m,edicorum  tum  philosophorumprincipia 
conscripta;  Genève,  1677  ,  in-8°;  ibid.,  1687, 
n-8°;ibid.,  1706,  1718,  in-8'';Lyon,  1690,in-8". 
C'est  un  abrégé  de  médecine  pratique. 

Carrère,  Bibliothèque  de  la  Médecine.  —  Éloy,  Dict. 
de  la  Médecine. 

CALMETTE  ( Louis-Castor-Mutthieu  de  La). 
Voyez  L\  Câlmette. 

CALMO  (.4?îrfr^,  auteur  dramatique  vénitien, 
né  vers  1510;  il  mourut  le23février  1571.  C'était 
le  fils  d'un  gondolier  et  uu  des  premiers  et  des 
plus  habiles  écrivains  qui  eussent  fait  usage  du 
dialecte  spirituel  et  efféminé  des  lagunes  de  Ve- 
nise. Il  a  laissé  des  comédies,  des  églogues,  des 
lettres.  Ses  comédies  ont  pour  titre  ;  Il  Trava- 
glio,  la  Pozione,  la  Spagnola,  la  Saltuzza,  la 
Fiorina,  imprimées  de  1549  à  1561  ;  elles  ont 
obtenu  l'honneur  d'éditions  nombreuses.  Suivant 
l'usage  répandu  à  cette  époque,  les  personnages 
y  parlent  divers  patois,  ou  s'expriment  en  véni- 
tien, en  bolonais,  en  bergamasque,  en  mauvais 
allemand,  en  grec  italianisé;  des  pédants  débi- 
tent un  latin  qui  ne  ressemble  nullement  à  celui 
de  Cicéron  ;  la  scène  est  encombrée  de  spadas- 
sins ,  d'entremetteuses ,  de  courtisanes.  La  fer- 
tilité des  plans,  la  complication  des  imbroglios, 
la  vivacité  des  saillies  expliquent  le  succès  de 
ces  comédies  ;  l'abus  des  travestissements ,  des 
surprises ,  des  reconnaissances  ne  choquait  pas 
alors,  et  quant  aux  situations  licencieuses, 
aux  expressions  cyniques,  nul  comique  italien  du 
seizième  siècle  n'en  est  exempt.  «  Lorsqu'on 
'<  jouait  les  pièces  de  Calmo,  la  salle  de  specta- 
«  cle  était  assiégée  par  le  peuple;  on  tâchait  d'y 
«  pénétrer  par  les  fenêtres  ;  on  traversait  les  toits 
«  des  maisons;  on  marchait  sur  les  gouttières; 
«  on  risquait  sa  vie  pour  lorgner  un  fragment  de 
«  la  représentation.  »  Il  est  peu  d'auteurs  de  no- 
tre siècle  dont  on  puisse  dire  autant.  Les  egloghe 
sont  au  nombre  de  quatre  ;  elles  n'ont  de  pasto- 
ral que  le  nom  ;  c'est  la  vie  de  Venise  qui  les 
anime  ;  les  quolibets  des  gondoliers  y  remplacent 


243  CALMO  — 

les  entretiens  des  bergers.  Quant  aux  Lettere, 
publiées  en  1572,  elles  sont  adressées  aux  pro- 
,  tecteurs  de  Calmo  et  à  des  artistes  célèbres  ; 
elles  ne  présentent  guère  que  des  compliments 
ampoulés,  des  flatteries  étalées  en  de  longues 
phrases  dont  les  replis  sinueux  se  déroulent  à 
travers  une  foule  de  métaphores ,  d'épithètes  et 
d'adjectifs  accumulés  ;  elles  s'adressent  à  Michel- 
Ange,  à  l'Arétin,  au  Tintoret,  etc.  A  vrai  dire, 
quoique  l'auteur  prétende  qu'on  y  trouve  Jan- 
tastiche,fantasie,filosofiche,  elles  offrent  peu 
d'intérêt.  Calmo  fut  tout  aussi  célèbre  comme 
comédien  que  comme  auteur  comique.  Il  jouait 
le  rôle  de  Pantalon  avec  une  verve  qui  provo- 
quait toujours  les  applaudissements  les  plus  cha- 
leureux. G.  B. 

Ferrari,  De  la  littérature  ■populaire  en  Italie  (  dans  la 
Bévue  des  Deux-Mondes,  juin  1839.  —  Gamba,  Série  de- 
gli  scritti  impressi  m  dialetto  veinziano,  1832,  in-12, 
p.  45. 

*CALO  (Jean- Adam),  théologien  luthérien 
allemand,  né  à  Belgem  (en  Saxe),  mort  à  Schô- 
newalde  en  1742.  Il  étudia  à  Wittemberg,  où, 
ayant  pris  ses  grades  en  1705 ,  il  devint  en  1707 
professeur.  En  1716,  il  fut  nommé  diacre  à  Schlie- 
ben,  et  en  1733  à  Schônewalde,  où  il  resta  jusqu'à 
sa  mort.  On  a  de  lui  :  Bisp.  de  Chlodovœo  M. 
primo  inter  Francos  rege  christiano;  Wit- 
temberg, 1704,  in-4'';  —  Disp.  de  eo  quod  ho- 
inini  convenu  cïrca  bruta;  Wittemb.,  1706, 
in-4°  ;  —  Historia  Jac.  Bohemi  sutoris  Gorli- 
censis  ;  Wittemb.,  1707,  in-4°,  et  1715,  in-4''  ;  — 
Pisp.  de  Pseudo-Apostolis  veteri  et  recentlori 
ecclesicB  infensis;  Wittemb.,  1708,  in-4'';  — 
Disp.  quod  Clmstiis  formaliter  et  stjllogistice 
disputaverit  ;  ibid,  ;  —  Renovatus  Theologo- 
l'um  Wltembergensium  conspectus ;  Wittem- 
berg, 1713,  in-4». 

Dietmann,  Chiirsdchsische  Priester-Geschichte  (His- 
toire du  Clergé  de  la  Saxe  électorale),  t.  III,  p.  398,  t.  IV, 
p.  486. 

CALOGERA  OU  CALOGBERA  (Ange),  littéra- 
teur et  théologien  italien,  de  l'ordre  des  Camal- 
dules,  né  le  7  septembre  1699  à  Padoue,  mort 
le  29  septembre  1768,  dans  le  couvent  de  Saint- 
Michel  (  dans  une  île  des  lagunes  de  Venise). 
Issu  d'une  famille  grecque  de  l'île  de  Corfou, 
mais  qui  suivait  le  rite  latin ,  il  fit  ses  études 
sous  les  jésuites.  En  1716,  il  enti-a  dans  le  mo- 
nastère de  Saint-Michel  de  l'ordre  des  Camal- 
dules.  Envoyé  à  Ravenne  en  1721  pour  y  faire 
son  cours  de  théologie ,  il  trouva  à  sa  dispo- 
sition dans  cette  ville  une  riche  bibliothèque 
et  se  lia  avec  quelques  savants  estimables,  entre 
autres  le  cardinal  Quirini,  son  concitoyen,  ce  qui 
décida  de  sa  vocation  pour  les  lettres.  Après  quel- 
ques années  de  séjour  à  Ravenne,  à  Venise  et  à 
Vicence,  il  retourna  dans  son  couvent  de  Saint- 
Michel,  où  il  devint  en  1729  lecteur  de  philoso- 
phie. En  1730  il  fut  nommé  censeur  des  livres 
imprimés  à  Padoue,  et  en  1756  abbé  de  son  cou- 
vent, où  il  s'était  fixé  depuis  trente  ans,  et  où  il 
mourut.  On  a  de  lui  :  Storia  letteraria  d'Eu- 


CALOMARDE 


244 


ropa,  tradotta  dalla  lingua  /rancese;\e- 
nise,  1726  et  1727,  2  vol.  in-12;  —  Raccolk 
d'opuscoli  scientifici  et  filoîogici  ;  faite  avec 
le  concours  de  Pierre- Catherine  Zeno,  Vallis 
nieri ,  Facciolati ,  Mansi ,  Muratori,  etc.  ;  Venise 
1728-1754,  51  vol.  in-12; —  Nuova  raccoîtc 
d'opuscoliscientificiet  filoîogici  ;Ynms,e,  1755- 
1778,  24  vol.  in-12,  continué,  après  la  mort  d( 
Calogera,  à  partir  du  vol.  15,  par  son  frère  ei 
religion  Fortuné  MandeUi  :  ces  deux  dernier; 
recueils  sont  des  collections  des  Actes  de  plu 
sieurs  Académies  italiennes ,  où  l'on  trouve  ui 
grand  nombre  de   morceaux   pi'écieux,   qu'oi 
chercherait  vainement  ailleurs  ;  —  Novelle  dalU 
Republica  délie  Lettere;  Venise,  1729-1732 
in-4°;  —  Il  nuovo  Gulliver,  o  sia  viaggio  d 
Giov.  Gulliver,  tradotto  dal  inglese  ;  Yem&ti 
1731,   in-S";  —  Biblioteca  volante  di  Gioi 
Cinelli  Calvoli,  edit.  II,  in  migliorjorma  ri 
dottaper  Albrizzie  Calogera  ;  Yenise ,  173  i 
1747,  4  vol.  in- 4°;  —  Biecimeditazioni  sopr 
alcune  délie  principali  uzioni  di  S.  Beiu 
detto  ;  Yenise ,    1734,  in-12;  édit.  augmentât 
Venise,  1745,  in-12,  et  1750,in-4°;  trad.  en  ail' 
mand;  Vienne,  1756,  et  en  latin;  Prague,  175C 
—  Le  Avventuredi  Telemaco  tradotte  ;  Venisi 
1744,  in-4°  ;  —  Le  Virtù  di  S.  Romualdo ,  Pi  [ 
drede'  Monaci;  Venise,    1745,  in-12,  et  175i 
in-12  ;  —  Apparecchio  spirituelle  aile  J'este  (  1 
S.  Parisïo;  Venise,  1745,  in-12;  —  Raggucl 
glio  délia  vita  e  délia  morte  di  Giust.  Ma; 
zoni  ;  Venise,  1746,  in-8°  ;  —  Memorie  per  se 
vire  alla  storia  letteraria ;Yemse,  1753-175 
12  vol.  in-S";  —  Nuove  memorie  per  serv\ 
re,  etc.;  Venise,  1759-1761  ,  6  vol.  in-8°  ;  -| 
La  Vita  délia  B.  Giovanna  Francesca  Freim 
di  Chantai,  composta  da  Carlo  Ant.  Saccil 
relu  ;  Venise,  1753,  in-8°  ;  —  Memorie  inton  \ 
alla  vita  di  Mons.  Luca  de  Renaldis,  Vesco, 
di  Trieste ;  Venise,  1753,  in-S"; —  Compendi 
délia  vita  dis.  Teobaldo,  Monaco  edEremil 
ComaW.,  1762,  in-12  ;  — La  Minerva,  o  s\ 
nuovo  Giornale  de'  Letterati  d'Italia,  avec  i 
concours  d'Apostolo  Zeno,  etc.;  Venise,  176j 
1765,  in-4°;  —  Une  correspondance  littéraire 
60  volumes  (manuscrit). 

Nuova  raccolta  d'opusc.  scient,  et  filol.,  t.  28,  p.  1. 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gclelirten-Lexicvl 

CAI.051AR1ÏE,    OU  plutôt  CALOS5ARDA  (dj 

Françoïs-Thadée) ,  célèbre  homme  d'État  (I 
pagnol,  né  à  Villèle  à  Aragon  en  1775,  morti 
Toulouse  en  1842.  Cet  homme  d'État,  l'âme  dei| 
politique  espagnole  après  le  rétablissement 
l'absolutisme,  fut  le  seul,  avec  le  ministre  cl 
finances  Bailesteros,  qui,  au  travers  des  noiij 
breuses  mutations  qu'ont  éprouvées  les  diviij 
départements  ministériels  en  Espagne,  sut 
maintenir  en  crédit  depuis  le  commencement 
l'année  1 S24  jusqu'en  1 832.  Avant  d'être  sécrétai! 
au  conseil  de  Castille,il  avait  rempli  les  fonctioi 
de  premier  secrétaire  du  favori  Lardizabai,  qJ 
son  retour  de  France  le  roi  Ferdinand  Vil  »*« 


r345 


CALOMARDE 


246 


loiiinié  aw  ministère  des  Indes.  Don  Calom^rde 
Icvint  l'ami  de  son  chef,  et  lorsque  celui-ci  fut 
;xilë  en  Biscaye,  il  le  suivit  à  Pampelune.  Le 
iiai-quis  de  Casa  Irujo  étant  mort  le  18  janvier 
1824 ,  son  portefeuille  fut  donné  à  don  Hérédia, 
]ui  fut  remplacé  au  ministère  de  la  justice  par 
Ion  Calomarde.  La  connaissance  des  affaires, 
ju'il  avait  acquise  comme  secrétaire  au  conseil 
f  le  Castillc ,  lui  assura  une  influence  marquée  ; 
élé  abolutiste,  il  se  trouva,  lors  de  la  discussion 
ur  l'amnistie,  en  opposition  avec  le  comte  d'O- 
iàlia,  dont  les  principes  étaient  modérés.  Bien- 
'  ôt  don  Antonio  Ugarte,  qui  d'abord  s'était  joint 
lui  contre  M.  d'Ofaiia,  mais  dont  il  voyait 
'accroître  la  faveur  auprès  du  roi,  excita  sa 
alousie.  Il  en  prit  occasion  pour  se  tourner  du 
ôté  du  parti  apostolique,  auquel  appartenaient 
ilusieurs  des  membres  les  plus  influents  du  con- 
eil  de  Castille,  sans  néanmoins  appuyer  les  per- 
I  licieux  desseins  de  la  junte  apostolique.  Dès  ce 
(loment  on  vit  régner  dans  l'administration  une 
Lustice  sévère,  maintenue  avec  toute  l'inflexibi- 
|té  du  caractère  national.  Calomarde  parvint 
Mentôt  à  se  rendre  l'âme  du  parti  qui  agissait 
ontre  le  premier  ministre.  Ugarte ,  de  son  côté , 
loursiiivait ,  à  la  tête  de  la  camarilla ,  le  même 
lut.  Enfin  parut  le  décret  d'amnistie ,  rendu 
i  r*"  mai  1824  à  Aranjuez,  où,  de  tous  les  mi- 
nistres, MM.  d'Ofaiia  et  Calomarde  avaient  seuls 
Sccompagné  le  roi.  Le  décret,  proposé  et  apptiyé 
ar  le  premier,  porta  un  coup  sensible  au  parti 
laodéré.  Sa  publication  et  sa  mise  en  pratique 
ilonnèrent  lieu  à  de  longs  débats,  et  amenèrent 
a  chute  du  crédit  dont  avait  joui  le  comte  d'O- 
slia  îtuprèr.  du  roi  ;  de  telle  sorte  que,  lorsque  ce- 
lui-ci partit  en  juillet  pour  les  eaux  de  Sacédon, 
!l  ne  se  fit  accompagner  qtje  de  Calomarde,  lais- 
(îant  le  comte  à  Madrid.  Le  5  juillet  parut  un 
ilécret  royal,  signé  par  Calomarde,  portant  que 
fes  procès  intentés  à  ceux  qui  s'étaient  permis 
fies  actes  de  violence  contre  les  membres  du 
m-disant   gouvernement   constitutionnel   de- 
*?aient  être  supprimés,  que  les  détenus  devaient 
fttre  remis  en  liberté,  et  qu'on  eût  à  lever  le  se 
questre  mis  sur  les  biens.  Bientôt  après  (11  juil- 
et),  le  comte  d'Ofaiia  perdit  la  place  de  ministre 
î'État,  disgrâce  que  l'on  attribua  moins  à  Calo- 
marde qu'à  Ugarte.  Par  l'influence  de  celui-ci 
son  département  fut  confié  à  M.  Zéa,  alors  mi- 
nistre d'Espagne  à  Londres,  qui  entra  en  fonc- 
tions au  mois  de  septembre.  Mais  les  carlistes, 
a  camarilla  et  Calomarde  lui  étaient  contraires, 
:t  plus  tard  même  Ugarte,  qui  s'était  de  nouveau 
l'approché  du  dernier.  M.  Zéa  passait  aux  yeux 
le^  absolutistes  pour  engagé  dans  le  parti  mo- 
iléré.  Les  divers  portefeuilles  changèrent  plu- 
sieurs fois  de  main,  mais  sans  nuire  au  crédit 
(de  don  Calomarde,  qui  sut  se  maintenir  dans  la 
ponfiance  du  roi ,  en  ayant  soin  de  ne  jamais  se 
I  mettre  en  évidence  ;  appuyé  par  les  apostoliques 
;t  la  camarilla,  il  était  sûr  de  conserver  sa  su- 
i-rématie  contre  les  carlistes.  Après  la  mort  du 


ministre  Salmon,  Calomarde  dirigea  quelque 
temps  les  affaires  étrangères  ;  mais,  trop  peu  fa- 
milier avec  la  langue  française  pour  conférei 
avec  le  corps  diplomatique,  il  céda  ce  poste  au 
comte  Alcudia  (13  février  1831),  et  rentra  dans 
son  ministère  de  la  justice.  11  serait  inexact  de 
dire  que  le  système  de  Calomarde  était  dans 
le  sens  des  apostoliques,  quoiqu'il  fût  dans 
celui  de  la  monarchie  absolue.  Il  a  contenu  les 
passions  du  parti  anti-constitutionnel,  comme  le 
prouvent  deux  circulaires  du  9,6  septembre  1825, 
émanées  de  lui.  Dans  l'une  il  recommande  aux 
prélats  et  aux  prêtres  de  faire  descendre  de  la 
chaire  des  paroles  de  paix  et  de  réconciliation 
plutôt  que  de  propager  la  discorde.  La  seconde 
prescrivit  aux  tribunaux  de  surseoir  à  tous  pro- 
cès pour  délit  politique  et  de  mettre  en  liberté 
les  détenus.  En  même  temps  on  vit  s'introduire 
un  usage  tout  nouveau  :  d'importants  décrets, 
dont  la  connaissance  appartenait  naturellement 
au  ministère  de  la  justice  quand  ils  lésaient  les 
intérêts  d'un  certain  nombre  d'ayants  droit,  fu- 
rent préalablement  soumis  à  la  révision  du  con- 
seil d'État,  d'oii  ils  passaient  au  roi,  qui  leur  don- 
nait sa  sanction  en  plein  conseil.  Tel  fut,  par 
exemple,  le  décret  du  16  janvier  1826,  en  vertu 
duquel  tous  les  rachats  de  redevances  dues  aux 
ordres  réguliers,  rachats  effectués  au  temps  de 
la  constitution,  furent  déclarés  nuls,  et  tous  les 
redevanciers  condamnés  à  payer  le  cens,  soit  échu, 
soit  arriéré.  Toutes  les  plaintes  des  propriétaires 
d'immeubles  furent  alors  dirigées  non  contre  le 
ministre,  mais  contre  le  conseil  d'État  ;  il  n'y  eut 
que  les  apostoliques  qui  s'attaquèrent  directement 
au  favori.  Ils  prétendaient  qu'il  était  partisan 
des  anciennes  sociétés  secrètes  ;  mais  le  motif  de 
leur  haine  était  la  fermeté  avec  laquelle  il  dé- 
jouait leurs  menées  en  faveur  du  carlisme.  Ils 
parvinrent  néanmoins  à  obtenir  sa  destitution, 
qui  fût  signée  le  10  septembre  1827.  Mais  cette 
disgrâce  ne  dura  que  quelques  heures  ;  car  le 
même  jour  le  roi,  sur  l'intercession  de  don 
Carlos,  de  son  épouse,  de  la  princesse  de  Beïra 
et  de  son  confesseur,  retira  le  décret  de  des- 
titution. Bientôt  après  les  troubles  survenus 
en  Catalogne,  où  les  carlistes  (  surnommés  agra- 
viados)  avaient  fondé  à  Manrésa  une  «  ré- 
gence romano-centrale,  »  ayant  porté  le  roi  à  se 
rendre  en  personne  dans  cette  province,  don 
Calomarde  fut  le  seul  des  ministres  dont  il  se  fit 
accompagner,  et  les  autres  eurent  ordre  de  lui 
adresser  leurs  rapports.  On  sait  que  la  procla- 
mation donnée  par  le  roi  à  Tarragone  (  28  sep- 
tembre 1827)  et  contre-signée  par  Calomarde, 
jointe  aux  mesures  vigoureuses  prises  par  le 
général  comte  Espana,  contribua  puissamment  à 
réprimer  l'insurrection.  Calomarde  eut  ordre  de 
faire  chanter,  à  cette  occasion,  le  Te  Deum 
dans  toutes  les  églises  du  royaume.  Depuis  il  se 
maintint  constamment  dans  la  confiance  du 
roi.  Cependant  la  conjuration  des  agraviados 
avait  des  filiations  si  nombreuses  que  Caiojçaarde 


247 


CALOMARDE  —  GALONNE 


24 


conseilla  lui-même ,  contrairement  à  ses  précé- 
dentes opinions ,  la  publication  d'une  amnistie 
générale.  D'un  autre  côté,  le  mécontentement 
des  absolutistes  ne  cessait  d'éclater  dans  les  pro- 
vinces. Le  roi,  à  son  retour  de  Barcelone  (avril 
1828),  fut  froidement  reçu  par  le  peuple  de  Sa- 
ragosse,  et  Calomarde  fut  sifflé.  La  populace, 
excitée  par  les  moines ,  ne  pouvait  lui  pardonner 
d'avoir  refusé  aux  insurgés  le  rétablissement  de 
l'inquisition.  Le  pouvoir  absolu  trouvait  auprès 
du  peuple  un  puissant  appui  dans  les  volontaires 
j-oyaux  ;  mais  ceux-ci,  abusant  des  faveurs  qu'ils 
avaient  obtenues,  se  permirent  toutes  sortes 
d'excès,  et,  comme  ils  coûtaient  deux  fois  autant 
que  le  reste  de  l'armée,  le  ministre  de  la  guerre 
demanda  leur  licenciement.  Cela  donna  lieu  à  de 
nombreux  dissentiments  au  sein  du  conseil  des 
ministres  ;  Calomarde,  qui  croyait  les  volontaires 
indispensables,  fit  prendre  une  décision  en  leur 
faveur. 

Cependant  il  s'occupa  de  plusieurs  réformes 
devenues  urgentes ,  particulièrement  parmi  les 
employés  des  administrations, où  s'étaient  intro- 
duits des  désordres  de  toute  espèce,  et  dans  l'or- 
ganisation des  cours  de  justice.  Une  commission 
fut  chargée  de  rédiger  un  nouveau  code  pénal , 
et  un  nouveau  code  de  commerce  fut  achevé  en 
1829.  Mais  la  justice  criminelle  resta  toujours 
un  objet  de  terreur,  nommément  dans  les  pro- 
vinces, où  le  pouvoir  militaire  évoquait  à  lui  les 
délits  politiques ,  et  Calomarde  ne  fit  rien  pour 
empêcher  qu'en  Catalogne  le  général  Espana 
ne  proscrivit  arbitrairement  les  constitutionnels 
(joséphinos,  franc-maçons,  negros),  qu'il  n'in- 
carcérât les  libéraux  et  ne  cherchât  à  faire  ren- 
trer par  la  ruse  ceux  qui  avaient  trouvé  un  re- 
fuge eu  France,  afin  de  les  traduire  devant  des 
commissions,  comme  cela  arriva  au  général  Mi- 
lans. C'est  ainsi  que  le  terrorisme  devint  la 
sauvegarde  du  roi  catholique.  Mais,  quant  aux 
brigands  qui  infestaient  les  grandes  routes  et  h 
l'audace  des  voleurs  dans  Madrid,  il  n'y  eut  au- 
cun moyen  d'en  préserver  le  pays;  celui  qu'on 
employa  parla  disposition  prisele  2 1  janvier  1 830, 
qui  promettait  aux  volontaires  royaux,  milice  ef- 
frénée et  licencieuse,  une  prime  d'une  once  d'or 
pour  cliaque  criminel  qu'ils  livreraient  à  lajustice, 
était  de  tous  le  moins  propre  à  y  parvenir. 

Don  Calomarde  fut  pour  beaucoup  dans  le  dé- 
cret qui  prononça  l'abolition  de  la  loi  saliqne  en 
Espagne  :  aussi  cette  mesure  fit-elle  revivre 
contre  lui  l'animosité  des  apostoliques.  Néan- 
moins, comme  il  n'était  que  l'organe  des  volon- 
tés du  monarque,  et  que  son  influence  sur  les 
conclusions  du  conseil  d'État,  quoique  réelle,  ne 
ressortait  pas  d'une  manière  évidente,  on  ne  put 
le  rendre  directement  et  personnellement  res- 
ponsable. Mais  les  troubles  continuels  excités  à 
l'intérieur  par  les  factions  et  les  brigands  et  la 
sûreté  de  l'État  menacée  au  dehors  par  les  dé- 
barquements des  constitutionnels  rendaient  im- 
possible toute  bonne  organisation  de  la  justice  ;  en 


sorte  que  l'amnistie  fut  différée  d'un  jour 
l'autre ,  et,  en  attendant,  le  pouvoir  militaire  ei 
travait  la  marche  de  la  police. 

Lors  de  la  maladie  de  Ferdinand  VII ,  don  C; 
lomarde  changea  de  système  quant  à  la  succc 
sion,  et  favorisa  le  parti  de  don  Carlos.  On  a 
sure  même  qu'il  fit  signer  au  roi,  pendant  qu 
était  privé  de  connaissance,  un  décret  qui  ra[ 
portait  la  pragmatique  sanction  du  29  mars  183i 
Mais  la  reine  ayant  été  chargée  de  la  régence, 
ne  put  se  maintenir  à  son  poste  ;  le  ministère  fi 
dissous,  et  don  Calomarde  quitta  l'Espagne  à 
hâte  pour  se  rendre  en  France,  où  il  vécut  ju 
qu'à  sa  mort  dans  une  retraite  profonde.  [£}h 
des  rj.  du  m.] 

Lesur,  Ann.  hist.  univ.  —  Comte  de  Toreno,  Histoi 
du  soulèvement,  de  la  guerre  et  de  la  révolution  d'E 
pagne.  —  ha.ya\lée,  Espagne  depuis  l'expulsion  des  31  a 
res  jusqu'en  1847. 

*CALOMATO  {Bartolommeo),  peintre  vén 
tien  du  dix-septième  siècle.  Son  style  offre  pc 
de  vigueur  et  peu  de  fini ,  mais  il  a  de  la  grâ( 
et  de  la  vivacité.  Ses  tableaux,  généralement  c 
petite  dimension,  représentent  des  vues  champi 
très  avec  de  petites  ligures  bien  agencées  > 
dont  les  mouvements  sont  gracieux. 

E.  B— N. 

Lanzi,  Storia  pittorica. 

*CALON  (  Edme),  littérateur  et  jurisconsull 
français,  vivait  au  commencement  du  dix-se] 
tième  siècle.  Il  était  avocat  au  parlement  de  D 
jon.  On  a  de  lui  :  Avis  à  la  France;  Dijoi 
1610,  in-8°  (à  propos  de  la  triste  mort  c 
Henri  IV). 
Papillon,  Bibl.  des  auteurs  de  Bourgogne. 

*CALONA  (Thomas),  théologien  italien,  c 
l'ordre  des  capucins,  né  à  Palerme  en  159Ï 
mort  dans  la  même  ville  en  1644.  On  a  de  lui 
Sacra  aristocratlci  principaius  idxa,  sii 
Samuel  expositus  in  libris  historialibus  Jvi 
dicum  ;  —  Coninnentaria  moralia  super  XI 
Prophetas  minores;  Palerme,  1644,  in-fol. 

Walch,  Bibl.  theol. 

CALONNE  {Charles-Alexandre  de),  célèbii 
homme  d'État  français,  naquit  à  Douai  en  1 734 
d'une  famille  distinguée  dans  la  magistrature,  < 
mourut  le  30  octobre  1802.  Une  grande  vivacil 
d'esprit,  jointe  à  beaucoup  d'ambition,  des  ma 
nières  élégantes,  le  goût  du  luxe,  une  moralil 
plus  que  douteuse,  une  imagination  fertile  en  ir 
trigues  et  en  ressources  de  tout  genre,  tels  sor 
les  principaux  traits  du  caractère  de  cet  homme 
dont  le  passage  au  ministère  a  si  gravement  com 
promis  la  royauté.  Ayant  embrassé  la  carrier 
du  barreau,  il  fut  d'abord  avocat  général  au  cou 
seil  principal  d'Artois,  ensuite  procureur  gêné 
rai  au  parlement  de  Douay,  et  ne  tarda  pas  à  df 
venir  maître  des  requêtes,  ce  qui  lui  donna  entré' 
au  conseil.  Il  débuta  d'une  manière  peu  honora 
ble  dans  la  carrière  de  l'administration.  Les  que 
relies  entre  les  parlements  et  le  clergé  avaiem 
été,  en  Bretagne,  plus  vives  que  partout  ailleuri 
Les  jésuites,  soutenus  par  le  gouverneur  de  cetfc 


tï 


249  CALONNË 

tii(>\ince,  le  duc  d'Aiguillon,  avaient  conjuré  la 
K  rie  du  procureur  général  La  Chalotais.  Ils  l'ac- 
Msètent  de  vouloir  détruire  les  antiques  bases 
Ir  la  monarchie  pour  y  substituer  la  démocratie. 
)cs  lettres  anonymes,  injurieuses  à  la  majesté 
lii  trône,  tombèrent  entre  les  mains  du  roi,  qui 
hargea  La  Vrillière  de  prendre  des  informations 
iir  ces  lettres.  Ce  secrétaire  d'État,  qui  était 
aront  du  duc  d'Aiguillon ,  les  ayant  montrées 
oiiime  par  hasard  à  Calonne,  celui-ci  s'écria 
ussitôt  :  «  Voici  l'écriture  de  M.  de  La  Chalo- 
lis.  )>  Cette  scène,  concertée  entre  eux,  eut  pour 
■sultat  l'arrestation  de  La  Chalotais;  mais  le 
tniplot  tourna  à  la  confusion  de  ses  auteurs  : 
très  bien  des  efforts  pour  réunir  les  éléments 
une  accusation  positive  contre  cet  estimable 
agistrat,  on  fut  obligé  de  le  remettre  en  liberté, 
,  Calonne  n'y  gagna  que  la  réputation  d'un  au- 
icieux  intrigant. 

m  montant  sur  le  trône,  Louis  XVI  avait 
(lisi  Turgot  et  Necker  pour  ministres  ;  mais  les 
mtisans,  alarmés  des  projets  de  réforme  que 
(■paraient  ces  deux  hommes  d'État,  les  obligè- 
J  ut,  par  leurs  cabales,  à  donner  leur  démission. 
is  lors  tout  fut  perdu,  et  la  révolution  devint 
minente.  MM.  Joly  de  Fleury  et  d'Ormesson, 
i  leur  succédèrent ,  ne  purent  rétablir  l'ordre 
fis  les  finances.  Calonne,  protégé  par  le  comte 
'*•'  àrtois  et  M.  de  Vergennes,  ministre  des  affaires 
'S  j'angères,   fut  nommé,  en  1783,  au  contrôle 
«éral.  Si  les  courtisans  avaient  eu  à  redou- 
la  sévère  économie  de  Turgot  et  de  Necker, 
n'eurent  qu'à  se  louer  de  la  facile  complai- 
ace  du  nouveau  contrôleur  général.  Calonne 
s'étudia  qu'à  plaire  à  la  cour,  et  il  y  réussit , 
moins  pendant  quelquetemps.  Il  donnait  des 
payait  les  dettes  du  comte  d'Artois ,  pro- 
it  l'argent  à  la  reine,  donnait  des  pensions 
!s  gratifications  à  ses  protégés,  soldait  l'ar- 
iré,  acquittait  toutes  les  dettes,  achetait  Saint- 
fpud  et  Rambouillet.  Lorsque  le  roi  Tinterro- 
fdt  sur  les  ressources  du  trésor,  le  ministre  lui 
itle  tableau  le  plus  séduisant  de  la  situation 
France.  Il  ajoutait  qu'il  avait  des  plans 
îprèts,  qu'il  mettrait  au  jour  quand  il  serait 
ips,  et  dont  l'effet  serait  d'effacer  jusqu'aux 
imdres  traces  du  déficit.  Les  moyens  qu'ém- 
it Calonne  pour  faire  face  à  tant  de  profu- 
étaient  simples  :  il  empruntait,  anticipait , 
it  des  édits  bursaux,  prolongeait  les  vingtiè- 
imposait  des  sous  additionnels  avec  une  fa- 
que  n'avait  jamais  montrée  aucun  de  ses 
isseurs.  Le  parlement  avait  beau  faire  des 
itrances  toutes  les  fois  qu'on  lui  présentait 
its;  le  roi  ordonnnait  d'enregister,  et  on 
"  contraint  d'obéir.  La  détresse  du  peuple 
nt  à  un  point  qui  ne  permit  plus  de  lever 
nouveaux  impôts  ;  et  quant  au  crédit,  les 
•reux  emprunts  du  ministre  Savaient  épuisé. 
s  cette  situation  critique,  il  ne  se  laissa  point 
(ourager,  et  trouva  de  l'argent  pour  maintenir 
luxe  et  ses  énormes  dépenses.  Enfin,  en 


250 

1786,  il  se  prépara  à  mettre  à  exécution  la 
grande  mesure  qu'il  gardait  depuis  si  longtemps 
en  réserve  :  il  convoqua  une  assemblée  des  no- 
tables. Son  intention  était  de  demander  à  cette 
assemblée  l'égale  répartition  des  impôts,  l'anéan- 
tissement des  privilèges  d'État,  IVibolition  des 
corvées  et  de  la  gabelle.  Celte  mesure  ne  satisfit 
aucun  parti.  La  nation,  éclairée  sur  ses  propres 
intérêts,  demandait  la  cx)nvocation  des  états  gé- 
néraux ;  et  quant  à  la  noblesse,  outre  que  Calonne 
comptait  parmi  elle  beaucoup  d'ennemis  qui  con- 
juraient sa  ruiue  avec  les  parlements,  elle  était 
trop  prévenue  contre  ses  premières  opérations 
pour  lui  accorder  les  sacrifices  qu'il  réclamait 
d'elle.  Ce  qui  nuisit  surtout  au  projet  de  Calonne, 
ce  fut  la  mort  de  Vergennes,  arrivée  quelques 
jours  avant  la  convocation  des  notables.  Néan- 
moins, il  se  présenta  avec  assurance  devant  l'as- 
semblée, dont  l'ouverture  eut  Heu  le  2  février 

1787.  n  y  prononça  un  discours  non  moins  bril- 
lant qu'habile,  dans  lequel  il  fit  le  tableau  le 
plus  flatteur  de  l'état  de  l'industrie  et  du  com- 
merce; cependant  il  fut  forcé  de  convenir  d'un 
déficit  énorme  de  cent  douze  millions.  Loin  d'ac- 
cueillir les  moyens  qu'il  proposait  pour  rétablir 
les  finances ,  les  notables  lui  demandèrent  des 
comptes.  Obligé  de  se  défendre,  mais  fort  em-  f 
barrasse  de  le  faire ,  Calonne  déclare  que  l'ar- 
riéré remontait  au  ministère  de  l'abbé  Terray  ; 
qu'il  était  alors  de  quarante  miUions  ;  que  l'admi- 
nistration de  Necker  l'avait  augmenté  de  quarante 
autres,  et  qu'il  n'avait  pu  lui-même  éviter  une 
surcharge  de  trente-cinq  rnillions.  Necker  répon- 
dit en  souteîTâht ,  comme  il  f 'avait  fait  dans  son 
Compte  rendu,  que  pendant  sa  gestion  les  re- 
cettes excédaient  les  dépenses  de  dix  millions. 
Dès  lors  les  notables,  heureux  d'avoir  un  pré- 
texte pour  se  venger  des  inquiétudes  qu'il  leur 
avait  inspirées  sur  leurs  privilèges,  ne  gardèrent 
plus  de  mesure  contre  lui.  La  cour,  voyant  bien 
qu'il  ne  pourrait  plus  fournir  à  ses  prodigalités, 
s'unit  aux  parlements.  La  reine  et  le  comte  d'Ar- 
tois, auparavant  ses  soutiens  chaleureux,  entraî- 
nés par  l'archevêque  de  Toulouse,  qui  briguait 
la  place  de  contrôleur  général ,  l'abandonnèrent 
aussi.  Néanmoins,  Calonne  résista  encore  quel- 
que temps.  Il  réussit  même  à  faire  disgracier  un 
de  ses  plus  grands  ennemis,  le  garde  des  sceaux 
Miromesnil;  mais  le  lendemain  même  du  jour 
où  il  obtint  cet  avantage,  le  roi,  pressé  par  les 
représentations  des  notables,  envoya  M.  de  Bre- 
teuil  lui  demander  sa  démission.  La  haine  de  ses 
ennemis  ne  s'en  tint  pas  là.  Louis  XVI  fut  con- 
ti'aint  de  lui  retirer  le  cordon  du  Saint-Esprit  et 
de  l'exiler  en  Lorraine. 

Quelque  temps  après,  Calonne  passa  en  An- 
gletterre ,  et  engagea  de  là  avec  Necker  et  les 
parlements  une  polémique  dans  laquelle  il  mit 
beaucoup  d'esprit  et  de  grâce  ;  mais  il  ne  put  ja- 
mais, malgré  tous  ses  efforts,  convaincre  per- 
sonne de  l'intégrité  de  son  administration.  Il 
épousa  à  Londres  la  veuve  de  M.  d'Harveleyj 


251 


GALONNE  —  CALPHURNIUS 


25! 


qui  lui  apporta  en  dot  une  grande  fortune.  Lors- 
qu'en  1789  les  états  généraux  s'assemblèrent, 
Calonne  se  rendit  en  Flandre  dans  le  dessein  de 
s'y  faire  élire  ;  mais  les  esprits  étaient  alors  trop 
excités  pour  faire  un  pareil  choix.  Le  refus  qu'il 
avait  éprouvé  l'engagea  à  écrire  contre  la  ré- 
volution. Il  devint  l'agent  du  parti  de  Coblentz, 
qu'il  servit  avec  beaucoup  d'activité,  et  auquel  il 
sacrifia  toute  sa  fortune.  Après  que  les  événements 
de  la  guerre  eurent  ôté  aux  Bourbons  tout  espoir 
de  rentrer  en  France,  il  retourna  à  Londres,  où 
il  composa  quelques  ouvrages  politiques.  Calonne, 
ayant  à  se  plaindre  du  parti  qu'il  avait  servi  avec 
tant  de  zèle  et  dont  il  s'était  attiré  la  défaveur 
par  la  publication  de  son  Tableau  de  V Europe 
en  novembre  179.5,  sollicita,  en  1802,1a  permis- 
sion de  revenir  dans  sa  patrie.  Napoléon  la  lui 
accorda.  Calonne  mourut  un  mois  après  son  ar- 
rivée, laissant  la  réputation  d'un  homme  de  ta- 
lent, mais  sans  conviction  et  sans  caractère. 
Naturellement  léger,  il  voyait  difficilement  le 
côté  profond  des  choses  ;  aussi  sembla-t-il  se 
jouer  des  graves  difficultés  contre  lesquelles  la 
royauté  eut  à  lutter  avant  l'explosion  de  la  révo- 
lution. Sa  trop  grande  confiance  dans  son  habi- 
leté pour  les  tours  d'adresse  lui  fit  croire  qu'il 
suffisait  de  louvoyer  pour  échapper  à  tous  les 
écueils  ;  mais,  ayant  voulu  ti'omper  tout  le  monde, 
il  tomba  devant  le  mécontentement  général. 

Calonne  a  publié  plusieurs  mémoires  sur  les 
finances  et  sur  diverses  questions  politiques,  qui 
sont  écrits  avec  beaucoup  d'élégance,  mais  dans 
lesquels  se  retrouvent  tous  les  défauts  de  son  ca- 
ractère. On  a  en  outre  de  lui  :  Correspondance 
deNecher  et  de  Calonne;  \1%1 ,  in-4";  —  Ré- 
ponse de  Calonne  à  l'écrit  de  Necker  ;  Londres, 
1788,  in-4°-,  —  Note  sur  le  mémoire  remis 
par  Necker  au  comité  de  subsistances  ;  Lon- 
dres, 1789  ;  —  De  l'état  de  la  France  tel  qu'il 
peut  et  tel  qu'il  doit  être;  Londres,  1790;  — 
Observations  sur  les  finances  ;  Londres,  1790, 
in-4°  ;  —  Lettres  d'un  publiciste  de  France  à 
un  publiciste  de  l'Allemagne;  1791  ;  —  Es- 
quisse de  Vétat  de  la  France;  1791,  in-8°;  — 
Tableati  de  l'Europe  en  novembre  1795  ;  Lon- 
dres, in-8°;  — Des  finances  publiques  delà 
France;  1797, in-8"; —  Lettres  à  l'auteur  des 
Considérations  sur  les  affaires  publiques; 
1798,  in-8''.  On  lui  attribue  aussi  un  Traité  de 
la  police  pour  V  Angleterre  ;  une  Réponse  à 
Montyon  ;  et  enfin  des  Remarques  sur  l'his- 
toire de  la  révolution  de  Russie  par  Rulhière. 

Moniteur.  —  Thiers,  Hist.  de  la  révolutton  française. 
—  Bûchez  et  Roux,  Hist.  parlement.  —  Le  Bas,  Dict. 
Enc.  de  la  France. 

CALONNE  (  abbé  de  ) ,  frère  de  l'ancien  mi- 
nistre, publiciste  français ,  mort  en  1822.  Lors- 
que la  première  révolution  éclata,  il  travailla  à 
Londres  au  journal  le  Courrier  de  l'Europe; 
pivis  il  fonda  au  Canada  une  colonie  dont  il  fut 
le  curé.  Il  séjourna  en  Angleterre  en  1807,  et  re- 
yint  au  Canada,  où  il  mourut. 

Galerie  historique  des  Contemporains. 


CALONNE  (  Claude  -  François  ) ,  agronom 
français ,  de  la  famille  des  précédents.  On  a  d 
lui  :  Souhaits  d'une  hexireuse  année  suivie  d 
plusieurs  autres,  adressés  à  M.  de.,  à  Abbevilh 
en  réponse  au  nouveau  projet  d'un  canal  dan 
la  Picardie  et  d'un  port  à  Amiens,  qui  er. 
traîneraient  la  destruction  d'Abbeville  et  a 
Saint-Valenj ;  Paris,  1765,  in-S";  —  Es.%c 
d'agriculture  en  forme  d'' entretien  stir  h 
pépinières  des  arbres  étrangers  et  fruitien 
Paris,  1779,  in-12. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

*CALOPiiiESE  (  Gr^gfoJre  ),  littérateur  italie    ' 
natif  probablement  de  Naples,  vivait  à  la  fin 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui^  :  Letture  soy. 
la  Concione  di  Marfisa  a  Carlo  Magno,  coi    1 
tenuta  nel  Furioso  al  canto  trentesim'  ottai  \ 
fatte  da  Gregorio  Caloprese,  nelV  Academ 
degl'  Infuriati  di  Napoli,  nelV  anno   169( 
nelle  quale  oltre  l'artificio  adoperato  da 
Ariosto  in  detta  concione,  etc.;  Naples,  16Î 
in-4°;  —  Rime  di  Giov.  délia  Casa  spostej. 
Anr.  Severino,  con  la  giunta  délie  sposizic 
di  Sert.  Arathromani  e  di  Greg.  Caloprei 
Naples,  1694,  in-4°  ; —  Lettera  delV  Invenzio 
délia  f avala  rappresentativa ,    dans  Anto! 
Bulifoni,  Lettere, 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem  Gelehrten-Lexit 

*CALORi  (Raffaello),  peintre  modenais,  1 
rissait  de  1452  à  1473.  On  connaît  de  lui  « 
Vierge  d'un  très- bon  style  à  l'église  des  Ca]i| 
cins  de  Sassuolo.  E.  B — n. 

Tiraboschi,  Notizie  degli  arteflci  Modenesi. 

CALOV OU  CALOvins  {Abraham),  théolog 
allemand,  né  à  Mohrungen  en  1612,  mort  le 
février  1686.  Il  étudia  à  Kônigsberg  et  à  R 
tock,  professa  et  prêcha  dans  la  première  de 
deux  villes,  et  mourut  à  Wittemberg,  où  il  fai 
des  cours  de  théologie  après  avoir  rempli 
fonctions  de  recteur  à  Dantzig.  Il  fut  eng. 
dans  de  nombreuses  et  violentes  controverses 
principaux  ouvrages  sont  :  Tractatus  de  1 
thodo  dicendi  et  disputandi  ;  Rostock,  U 
in-8°;  — Considerationes  Arminianismi  ; 
Biblia  lllustrata,  où  il  attaqua  les  Gonuri 
taires  de  Grotius  ;  —  Des  écrits  sur  les  socinidj 

Witte,  Diarium  biograpfiicum. 

CALPHURNIUS  {Jean),  critique  italien,  i 
de  Brescia,  vivait  au  commencement  du 
zième  siècle.  Il  professa  à  Venise,  ensuite  à 
doue  de  1478  à  1502.  On  a  de  lui  :  VHeauh 
timorumenos  de  Térence,  avec  un  commenta 
Trévise,  1474,  in-fol.;  réimprimé  plusieurs 
avec  les  commentaires  de  Donat  sur  le  mi 
poète;  —  une  édition  d'Ovide;  1474;  — 
édition  de  Catulle,  Tibulle,  Properce  et 
Sylves  deStace;  Vicence,  1481,  in-fol.,  i 
des  poèmes  latins  de  sa  façon  ;  —  des  Satii 
—  un  Dialogus  habitus  inter  suam  et  i 
mam  Lucii  Calpurnii  Pisonis  romani  e. 
nologici. 

Papadopoli,  Hist.  gymnasii  patavini.  —  Quirtal,>i| 
teratura  Brixiana, 


'SI, 


CALPURNIA  —  CALPtJRNIUS 


254 


*  CALPrnNiA, fille  de  Calpurnus  Beslia, morte 
Il  l'ail  82  avant  J.-C.  Femme  d'Antistius,  elle 
-  donna  la  mort,  lors  du  meurtre  de  son  mari 
lai  ordre  du  jeune  Marius. 

^(lleius  Pateroiilus,  II,  26. 

CALPURNIA,  femme  de  César,  vivait  dans  la 
nemière  moitié  du  premier  siècle  avant  J.-O. 
:llo  épousa  le  dictateur  en  l'an  59  avant  J.-C, 
t  se  môla  peu  des  questions  touchant  au  gou- 
01  ncment  de  la  république  ;  elle  supporta  même 
iscz  philosophiquement  la  faveur  dont  Cléopâ- 
e  Alt  l'objet  de  la  part  de  César  lorsqu'elle  vint 
Rome  en  l'an  46  avant  l'ère  chrétienne.  On 
lit  combien  furent  vives  les  appréhensions  de 
al]iurnia  et  les  songes  effrayants  qui  la  firent 
nplier  César  de  ne  pas  sortir  aux  ides  de  mars 
'  l'an  44  avant  J.-C. 

Appien,  Guerre'Civ.,  II,  IIS.  —  Dion  Cassius,  XUV,  17. 

VcUeius  Paterculus,  II,  57.  —  Suétone,  César,  81.  — 
Liiarqiie,  César. 

tALPURNiA,  femme  de  Pline  le  Jeime,  vivait 
1  premier  siècle.  Pline  le  Jeune ,  son  mari ,  a 

présenté  l'espritdélicat  et  l'ingénieuse  tendresse 
'  cette  femme  :  elle  cultive  les  lettres  pour  lui 
aire;  elle  apprend  par  cœur  ses  ouvrages; 
I  le  est  toujours  la  première  informée  des  ap- 
audissements  que  lui  valent  ses  plaidoyers; 
le  chante  ses  vers  en  s'accompagnant  de  sa  lyre, 

lorsqu'il  fait  une  lecture  publique  elle  se  ca- 
le  derrière  un  rideau  pour  l'entendre.  [JSnc. 
?s  g.  du  m.] 
Pline  le  Jeune,  Fragments. 

CALPCRNiiTS  FLAMMA,  guerrier  romain, 
I  vait  au  cinquième  siècle  avant  J.-C.  Pendant 

première  guerre  punique,  il  sauva  par  son 
jvofuement  et  avec  300  hommes  seulement  le 
«insul  Atilius  et  son  armée  enveloppés  par 
larraée  carthaginoise  dans  le  pays  inconnu  ofi 
î>  se  trouvaient  engagés  par  l'imprudence  du 
||>nsul.  Caipurnius  s'élança  sur  une  hauteur  oîi 
knnemi  se  trouvait  campé,  et  donna  ainsi  le 
limps  à  Atilius  de  sortir  du  défilé.  Lui-même 
lit  trouvé  parmi  les  morts,  mais  donnant  en- 
we  signe  de  vie.  Des  soins  venus  à  temps  le 
liuvèrent,  et  il  put  encore  combattre  pour  son 
lîys.  M.  Caton  attribue  ce  fait  d'héroïsme  à  un 
.  Cœdicius. 

Icaton  dans  Aula -Celle,  III,  7.  —  Sénèque,  Epist.,  82. 
j  T.  Live,  XVII,  XXII.  —  Pline,  Hist.  nat.,  XXII  6.  -  Au- 
I  liiis  Victor,  De  P'iris  itlust. 

CALPURNius  FLACCUS,rhéteur  latin,  adonné 
)ii  nom  à  un  de  ces  recueils  de  Déclamations 
1  d'exercices  de  rhétorique  qui  devaient  être 
rt  nombreux  dans  l'antiquité  latine  et  dont  les 
irincipaux  nous  sont  parvenus  sous  le  nom  de 
i5nèque  le  père  et  de  Quintilien.  On  croit,  d'a- 
l'ès  quelques  textes  du  Digeste,  que  ce  Calpur- 
us  vivait  sous  Adrien  et  sous  Antonin  le  Pieux  ; 
i  ais  cette  conjecture  est  loin  d'être  certaine. 
:  m  recueil  (  Calpurnii  Flacci  excerptse  de- 
")ii  rhetorum  minonim  declamationes),  pu- 
|ié  en  1580  par  Pierre  Pithou,  contient  beau- 
>up  de  matières  de  discours  sur  des  événements 


compliqués  et  romanesques ,  sur  des  fils  déshé- 
rités ,  sur  des  rapts,  des  adultères,  des  empoi- 
sonnements ,  des  parricides ,  des  tyrannicides  ; 
quelques  sujets  même  sont  absolument  sem- 
blables, comme  celui  de  la  déclamation  désignée 
dans  les  écoles  romaines  par  le  titre  de  Miles 
Marianns,  cependant  les  exemples  de  déve- 
loppements déjà  moins  heureusement  choisis  et 
plus  timides,  les  phrases  moins  originales  et 
moins  vives.  Il  y  a  surtout  une  observation  im- 
portante à  faire  :  on  s'étonne ,  en  parcourant  les 
51  déclamations  de  Caipurnius,  combien  le  cer- 
cle de  ces  fictions  oratoires  se  restreint.  Sénèque 
le  rhéteur,  qui  vivait  sous  Auguste  et  sous  Ti- 
bère ,  mais  qui  se  souvenait  des  temps  de  liberté, 
puisqu'il  aurait  pu,  dit-il,  voir  Cicéron  si  les 
guerres  civiles  ne  l'avaient  point  retenu  dans 
Cordoue,  sa  patrie,  osait  encore  proposer  à  ses 
élèves  des  délibérations  politiques  qui  rappelaient 
même  quelquefois  les  dernières  révolutions  de 
Rome.  Dans  les  déclamations  attribuées  à  Quin- 
tilin  il  n'y  a  déjà  plus  de  ces  questions  qui  au- 
raient trop  agité  les  esprits  :  l'empereur  Domi- 
tien,  sous  les  auspices  duquel  il  professa,  ne  les 
aurait  point  permises ,  ou  du  moins  la  prudence 
des  rhéteurs  leur|interdisait  alors  de  tels  dangers; 
mais  Quintilien  avait  trop  de  goût  pour  exclure 
entièrement  de  son  étole  les  sujets  historiques 
les  plus  convenables  ,  les  plus  vrais ,  et,  s'il  ne 
touche  pas  à  l'histoire  nationale,  il  ne  croit  pas 
qu'il  lui  soit  défendu  de  faire  parler  Iphicrate  ou 
Démosthène.  Dans  Caipurnius  le  genre  délibé- 
ratif  a  tout  à  fait  disparu  :  vous  n'y  trouverez 
plus  que  des  controverses  ou  discours  judi- 
ciaires ;  le  style  s'altère  et  s'affaiblit  comme  la 
pensée,  comme  tout  le  reste.  Les  fragments  con- 
servés par  Sénèque  ont  souvent  une  énergie,  une 
verve  qui  semblent  nous  dire  qu'on  n'était  pas 
encore  loin  des  temps  où  le  forum  et  le  sénat 
luttaient  avec  l'arme  de  la  parole.  Les  discours 
sortis  de  l'école  de  Quintilien ,  qu'il  faut  distin- 
guer de  quelques  autres  plus  modernes  joints 
au  même  recueil ,  continuent  d'offrir  dans  plu- 
sieurs pages  une  étude  savante  du  style  oratoire. 
Ici ,  au  contraire ,  la  puérilité  des  sujets  enti'atne 
l'élocution  dans  les  plus  étranges  défauts;  le 
rhéteur,  condamné  à  une  fastidieuse  uniformité 
d'idées,  et  d'idées  mesquines  ou  bizarres,  essaie 
de  les  varier  par  des  expressions  fausses ,  qu'il 
croit  piquantes  et  neuves.  Rien  de  clair,  de  franc, 
de  simple  ;  la  délicatesse  perpétuelle  de  la  phrase 
dégénère  en  finesse  et  en  subtilité.  [M.  Victor 
Leclerc,  dans  VEnc.  des  g.  du  m.] 

Schœll,  Hist.  abrég.  de  la  litt.  rotn.  —  Fabricîas , 
Bibl.  grecque. 

cALPîTRivitrs  (Titus), çoëte  bucolique  latin,né 
en  Sicile,  paraît  avoir  écrit  vers  la  fin  du  troisième 
siècle.  Presque  tout  est  conjectural  et  dans  ce 
que  l'on  raconte  de  sa  vie  et  même  dans  le  nom- 
bre et  le  titre  de  ses  ouvrages.  Ceux  qui  ont 
prétendu  écrire  la  vie  de  Caipurnius ,  nommé 
aussi  par  quelques-uns  Titîis  Julius  ou  Junitis, 


m 


255  CALPURNIUS 

ont  supposé  qu'il  s'est  désigné  dans  ses  églogues , 
comme  Virgile  dans  les  siennes,  sous  le  nom  pas- 
toral de  Tityre  et  de  Coridon;  ils  ont  donc  re- 
trouvé son  histoire  dans  celle  de  Corydon  et  de 
Tityre.  Le  poète  parle  d'un  protecteur  qu'il  avait 
à  Rome,  et  qui  dans  sa  détresse,  au  moment  où 
il  allait  partir  pour  chercher  fortune  en  Espagne, 
lui  attira  la  faveur  des  princes.  On  a  cru,  dans 
ce  protecteur,  reconnaître  Némésien,  le  poëte  de 
Carthage ,  contemporain  et  rival  de  Calpurnius. 
D'autres  y  ont  vu  de  préférence  Junius  Tibéria- 
nus ,  ce  préfet  de  Rome  qui  fut  aussi  l'ami  de 
l'historien  Vopiscus,  autre  Sicilien.  Les  critiques, 
Wernsdorff  surtout,  ont  rempli  de  nombreuses 
pages  de  ces  discussions  épineuses.  Il  y  a  cer- 
tainement des  questions,  et  même  des  questions 
plus  graves ,  où  il  faut  que  l'érudition  se  résigne 
à  chercher  toujours  la  vérité.  Mais  ce  n'est  pas 
une  raison  pour  retrancher  tout  à  fait  Calpur- 
nius de  l'histoire  littéraire  et  pour  lui  substituer 
un  certain  Serranus,  poëte  contemporain  de  Né- 
ron et  dont  Ju vénal  a  parlé  {Sat.  VII,  80  )  ;  pa- 
radoxe d'un  savant  allemand  (Sarpe,  Quscst. 
philolog.,  Rostock,  1819),  qui  a  moins  réussi 
que  tant  d'autres  paradoxes. 

Les  églogues  même  qui  portent  le  nom  de  Cal- 
purnius ont  donné  lieu  à  d'autres  incertitudes. 
En  avait-il  composé  sept  ou  onze?  faut-il,  comme 
Ange  Ugoletti ,  en  réserver  quatre  à  Némésien , 
qui  ne  passait  jusqu'alors  que  pour  l'auteur  des 
Cynégétiques  ?  ou  bien  n'est-il  pas  vraisembla- 
ble que  la  neuvième,  Donace ,  faible  essai  d'un 
plagiaire,  n'est  en  effet  ni  de  l'un  ni  de  l'autre, 
et  qu'il  y  avait  dix  églogues  de  Calpnrnius»comme 
ily  en  a  dix  de  Virgile.  Nous  avouons  que  nous 
pencherions  assez  pour  cette  opinion  ;  car,  outre 
les  preuves  de  goût,  nous  voyons  que,  dans  les 
temps  de  décadence,  on  recherche  fort  cette  res- 
semblance matérielle,  et  que  Symmaque  et  Sidoine 
ApoUinaire,  par  exemple,  ont  absolument  calqué 
leur  recueil  de  Lettres  sur  celui  de  Pline  le  Jeune. 
Calpurnius  a  dû  faire  dix  églogues  comme  Virgile. 
Ces  églogues  enfin,  quels  que  puissent  être  soi  i 
l'auteur  ou  les  auteurs  qu'on  leur  assigne ,  soit 
leurs  différents  titres,  dont  plusieurs  sans  doute, 
JDelos,  Templum,  Epïphunus,  furent  altérés 
par  les  copistes ,  ont-elles  une  véritable  valeur 
littéraire?  Oui,  si  l'on  compare  avec  les  écrivains 
du  même  temps ,  avec  les  misérables  auteurs  de 
V Histoire  Auguste,  ou  avec  les  vers  qu'ils  ad- 
mirent ,  non  les  adulations  banales  ou  les  des- 
criptions ampoulées  du  poëte  qui  se  laisse  trop 
aisément  distraire  de  ses  champs  et  de  sa  libre 
indépendance ,  mais  la  onzième  églogue,  Eros , 
dont  le  tour  symétrique  est  assez  élégant,  et  que 
l'on  a  regardée  comme  la  quatrième  de  Némé- 
sien ;  la  huitième  ou  l'éloge  funèbre  du  vieux  Mé- 
libée,  que  l'on  croit  être  Tibérianus,  le  préfet  de 
Rome;  la  dixième,  ou  l'hymne  en  l'honneur  de 
Bacchus;  la  troisième,  où,  parmi  trop  de  preuves 
de  grossièreté  et  de  mauvais  style ,  l'amour  fait 
entendre  quelques  plaintes  vives  et  touchantes. 


—  CALVART 


2.56 


Un  des  principaux  avantages  de  ces  pasto- 
rales ,  qui  ne  méritaient  cependant  pas  d'être 
proposées  pour  modèles  aux  étudiants,  comme 
on  le  faisait  encore  au  quatorzième  siècle,  c'est 
de  fournir  à  l'histoire  des  arts  et  des  mœurs  plu- 
sieurs détails  instructifs.  On  y  trouve  quelques 
tableaux  poétiques,  empruntés  de  bas-reliefs  ou 
de  pierres  gravées  que  nous  possédons  encore. 
Des  allusions,  ou  même  des  témoignages  assez  peu 
douteux  sur  l'empereur  Carus  et  ses  deux  fils  ne 
seront  pas  inutiles  à  ceux  qui  voudront  connaîtrf 
le  siècle  de  Dioclétien.  La  septième  églogue,  oî: 
un  berger  revenu  de  Rome  fait  à  un  autre  bergci 
la  description  des  jeux  donnés  en  284  par  l'em- 
pereur Carin  dans  l'amphithéâtre  de  Titus,  nous 
en  apprend  plus  sur  ce  point  d'antiquités  qu< 
bien  des  interprètes  et  des  critiques  ;  la  magni 
ficence  gigantesque  de  ces  spectacles,  les  animauj 
les  plus  rares  des  contrées  les  plus  lointaines 
la  multitude  protégée  contre  les  bêtes  féroce: 
par  des  colonnes  d'ivoire  et  par  des  lacs  de  fi 
d'or  ;  les  sangliers,  les  tigres ,  les  élans,  les  bi 
sons  égorgés  dans  l'arène ,  et  une  forêt  d'arbre 
d'or  s'éievant  quelquefois  pour  servir  dethéàtr 
a  ces  chasses  ;  toutes  ces  incroyables  folies  revi 
vent  dans  le  récit  d'un  témoin  oculaire.  Gibbon 
pour  cette  partie  de  son  grand  ouvrage,  s'est  ser\ 
du  poëte  comme  d'un  historien.  Voilà  le  vérita 
ble  prix  de  ce  recueil  ;  voilà  ce  qu'il  faut  y  chei 
cher  bien  plus  que  des  exemples  du  genre  pas 
toral  ou  des  modèles  de  goût  et  de  style.  N'a  . 
Ions  pas,  sous  l'empire  des  deux  fils  de  Carus 
demander  à  un  imitateur  tardif  de  l'ancienn 
poésie  les  inspirations  de  la  muse  de  Sicile ,  o 
même  du  berger  de  Mantoue.  Poëte  sicilien,  Ca 
purnius  aurait  droit,  par  sa  patrie,  au  surnoi 
de  Théocrite  latin,  si  un  autre  ne  l'avait  mérii 
par  son  génie;  ou,  pour  mieux  dire,  malgré  l'ac 
miration  quelquefois  maligne  deFontenelie,  onr 
peut,  ni  pour  le  choix  des  pensées  et  des  image 
ni  pour  l'élégance  de  l'expression,  admettre  ai 
cun  parallèle  entre  Virgile  et  Calpurnius.  [M.  Vi 
TOR  Leclerc,  dans  VEnc.  des  g.  du  m.]. 

Smith,  Dict.  of  Greek  and  Hom.  Biography . 

*  CALPURNIUS,  guerrier  romain,  vivait  < 
l'an  14  de  l'ère  chrétienne.  Porte-drapeau  de 
première  légion  de  Germanie,  il  contint  les  s( 
dats  révoltés,  lors  de  l'arrivée  de  Munatius  Pla 
eus,  envoyé  par  le  sénat  et  qui  eût  été  massac 
sans  l'intervention  de  Calpurnius. 

Tacite,  Annales,  1,  38. 

*CALUNDANUS  {Jean  Petraei),  philolog 
danois,  né  en  1605,  mort  à  Roesvield  le  5  av 
1671.  Il  était  directeur  de  l'école  latine  de  cel 
ville.  On  a  de  lui  :  Descriptio  vitx  et  mon 
Nie.  Kaasii;  1637;  —  Organici  collegii  di 
putationcs  quinque  ;  —  des  grammaires  gre 
ques  et  latines. 

Bartholin,  De  script.  Danor.,  p.  68.  —  Moller,  Ciinbi 
litterata,  p.  263. 

CALVART  (Bénis  ),  peintre  flamand,  le  ma! 
du  Guide,  de  l'Albane  et  du  Dominiquin,  naq 


257 


CALVART  —  CALVENZANUS 


258 


à  Anvers  en  1555,  et  mourut  à  Bologne  en  1619. 
II  est  moins  connu  par  le  mérite  de  ses  propres 
ouvrages  que  par  la  célébrité  de  ses  élèves. 
Comme  il  avait  reçu  dans  sa  ville  natale  les  pre- 
miers éléments  de  la  peinture,  c'est  parmi  les 
maîtres  de  l'École  flamande  que  le  classent  géné- 
ralement les  nomenclateurs;  et  l'Italie,  qui  fut 
sa  patrie  adoptive,  l'Italie  où  il  passa  la  plus 
grande  partie  de  son  existence,  où  il  fonda  ime 
école  et  laissa  presque  tous  ses  ouvrages,  lui  a 
conservé  le  nom  de  Denis  le  Flamand.  Cepen- 
dant, quand  il  abandonna  Anvers  pour  aller  à 
Bologne  étudier  le  genre  de  l'histoire,  il  était  fort 
jeune  encore,  et  ses  études  pratiques  s'étaient 
bornées  à  celles  du  paysage,  dont  il  était  bien 
loin  de  posséder  toutes  les  ressources,  et  qu'il  ne 
savait  pas  accompagner  de  figures.  Mais  il  paraît 
qu'il  avait  apporté  de  la  Flandre  ce  sentiment  de 
couleur  qu'il  chercha  plus  tard  à  inspirer  à  ses 
élèves,  et  qui  le  fit  regarder  comme  l'un  des  res- 
taurateurs de  l'école  bolonaise  depuis  quelque 
temps  dégénérée  sous  ce  rapport.  Quand  d'An- 
vers il  vint  à  Bologne,  l'atelier  qui  le  reçut  fut 
celui  de  Prosper  Fontana ,  peintre  habile  et  qui 
compta  aussi  parmi  ses  élèves  Loius ,  l'aîné  des 
Darraches.  Alors  son  ardeur  pour  l'étude  ne  con- 
lut  plus  de  relâche  ;  et  quand  la  copie  des  pein- 
ItTires  du  Corrége,  du  Parmesan  et  du  Tibaldi  eût 
fécondé  son  talent,  il  se  rendit  à  Rome  pour  se 
i)erfectionner,  devint  l'élève  et  l'auxiliaire  de  Lau- 
■ent  Sabbatini,  que  le  papeemployait  aux  travaux 
lu  Vatican,  et  ne  se  lassa  point  d'admirer  les 
Conceptions  de  Raphaël. 

\  Ses  études  terminées,  il  revint  à  Bologne  où 
I  ouvrit  une  école  de  laquelle  sont  sortis  137 
naîtres  dont  nous  avons  nommé  plus  haut  les 
rois  plus  illustres.  Lanzi  rapporte  qu'il  instrui- 
ait  ses  élèves  avec  patience.  On  sait  cependant 
luil  maltraita  violemment  le  Dominiquin,  pour 
avoir  surpris  un  jour  à  copier  l'un  des  dessins 
bscènes  d'Augustin  Carrache.  Par  suite  de  cette 
cène,  Zarapieri  le  quitta  et  se  mit  sous  la  direc- 
ion  des  trois  Carraches  ;  ainsi  firent  également 
|t  le  Guide  et  l'Albane.  Le  premier  avait  acquis 
|lors  dans  l'école  de  Calvart  une  telle  habileté, 
|u'il  faisait  des  copies  des  tableaux  de  ce  maître, 
lue  Calvart,  après  de  fort  légères  retouches,  n'a- 
lait  nulle  peine  à  faire  passer  pour  des  œuvres 
je  sa  propre  main. 

i  Calvart  avait  fait  une  étude  particulière  de  l'a- 

itomie  et  des  perspectives  linéaire  et  aérienne; 

uchitecture  l'avait  également  occupé,  et  dans 

s  ouvrages,  qu'on  ne  retrouve  guère  qu'à  Bo- 

[gae,  on  voit  qu'il. a  su  tirer  un  bon  parti  denses 

pnnaissances  variées.  Presque  toutes  ses  com- 

|i)sitions  sont  empruntées  aux  livres  saints.  On 

i  de  lui  de  nombreux  tableaux  sur  cuiwe  de 

tite  dimension,  sujets  du  Vieux  Testament  et 

.  stinés  à  la  décoration  des  oratoires  de  couvents. 

s  meilleurs  ouvrages  sont  un  Saint-Michel  et 

À  Purgatoire  conservés  encore  dans   deux 

lises  de  Bologne  pour  lesquelles  il  les  a  peints. 

WOUV.   BIOGR.    UNIVERS.    —  T.   VIII. 


S'il  a  été  vaincu  dans  son  art  par  ses  meilleurs 
élèves;  si  on  lui  a  reproché  parfois,  à  juste  titre, 
de  la  manière  et  de  l'affectation,  il  n'en  doit  pas 
moins  compter  parmi  les  artistes  les  plus  distin- 
gués de  son  époque.  La  grâce  animait  générale- 
ment ses  figures;  son  pinceau  était  suave  et 
moelleux,  sa  couleur  pleine  d'harmonie  etdedou- 
ceur;  et  l'on  a  observé  avec  raison  que  peut-être 
il  ne  fut  pas  un  émule  inutile  pour  les  succès  de 
Louis  Carrache. 

Calvart  mourut  à  Bologne  en  1619.  "Wierx  a 
gravé  d'après  lui  le  Mariage  de  sainte  Cathe- 
rine, et  noml)re  d'autres  ouvrages  de  ce  maître 
ont  été  reproduits  à  l'eau-forte  par  Augustia  Car- 
rache et  par  Sadeler.  [M.  Fbuuxet  de  Congres 
dans  YEncy.  des  g.  du  m.  ] 

Lanzl,  Storia  Pitt,—  PlUcinglon,  \Dietionary  of  Poin- 
ters. —  Nagler,  Neues  Allgem.  liûnst.-Lexic. 

CALVEL  (Etienne),  agronome  français,  mort 
vers  1830.  Il  publia  d'abord  un  roman;  puis  se 
livra  à  des  travaux  relatifs  à  l'agriculture.  En 
1804,  il  présenta  au  pape  Pie  VU  ses  principaux 
ouvrages  sur  cette  matière.  On  a  de  Calvel  : 
Belise,  ou  les  Deux  Cousines;  Paris,  1759, 
2  vol.  in-12;  —  l'Encyclopédie  littéraire,  oit 
Dictionnaire  d''éloquence  et  de  poésie  ;  Paris, 
1777,  3  vol.  in-8'';  —  V Éloge  de  Gui  du 
Faux  de  Pibrac;  Paris,  1778,  in-8°;  —  Dis- 
cours à  Voccasion  du  prix  de  vertu  que  l'ad- 
ministration de  Toulouse  fait  distribuer  cha- 
que année  aux  pauvres  industrieux  et  les 
plus  sages;  Toulouse,  1787,  in-8°;  —  Des 
arbres  à  jruit  pyramidaux,  vulgairement 
appelés  quenouilles,  ou  la  Manière  d'élever 
sous  cette  forme  tous  les  arbres  à  fruit  ;  Pa- 
ris, 1803,  et  Paris,  1804,  avec  un  catalogue  d'ar- 
bres ;  —  Considération  sur  le  glanage;  Paris, 
1804,  in-8°;  —  Manuel  pratique  des  planta- 
tions; Paris,  1804,  in-12,  et  1824,  in-12;  — 
Notice  historique  sur  la  pépinière  nationale 
des  Chartreux  au  Luxembourg  ;  Paiis,  1804, 
in-12;  —  Du  Melon  et  de  sa  culture  sotis 
châssis,  sur  couche  et  en  pleine  terre;  Paris, 
1805, in-12,  et  3'  édition,  1828,  in-12;  —  Mé- 
moire sur  l'orme,  sur  sa  diminution  et  sur  les 
moyens  d'y  remédier;  1807,  in-8°;  —  Mémoire 
sur  l'ajonc  ou   genêt  épineux;  Paris,    1808; 

—  De  la  betterave  et  de  sa  culture;  Paris, 
1808,  in-12;  1811,  in-8»;  —  Principes  prati- 
ques sur  la  plantation  et  la  culture  du  chas- 
selas et  autres  vignes  précoces;  Paris,  1811; 

—  Recherches  et  Expériences  sur  l'éducation 
et  la  culture  du  mûrier  blanc;  Paris,  1812, 
in-8°  ;  —  Réponse  à  la  lettre  de  M.  Bosc  in- 
sérée dans  le  Moniteur  du  25  décembre  ;  1812  ; 
Paris,  1813,  in-S".  ;; 

Quérard,  ;/«,Fra7icc  littéraire.  —  Galerie  hist.  des 
Contempor. 

*  cALVENZAJîrs  (Jean  Antoine),  écrivain 
ascétique  suisse,  mort  en  1630  à  Besaccio  dans 
le  bailliage  de  Lavis.  Il  était  curé  catholique  de 
plusieurs  communes  des  ligues  grisonnes,  d'abord 
à  Inverunum,  et  ensuite  à  Besaccio  (  Besatum, 

9 


259 


GALVENZANUS  —  CALVI 


260 


en  latin  ),  où  il  mourut  de  la  peste.  C'est  sous 
l'administration  du  cardinal  Frédéric  Borromée 
qu'il  montra  le  plus  grand  zèle  à  ramener  dans 
le  sein  de  l'Église  catholique  les  communes  schis- 
matiques  de  la  Suisse  et  des  Grisons  limitrophes 
du  diocèse  de  Milan.  Il  s'est  servi  de  l'idiome 
roman  pour  la  rédaction  de  ses  écrits.  On 
a  de  lui  :  Curt  mossament  et  introvidament 
de  guellas  causas,  las  qualas  scadin  ftdevel 
Christian  è  culpant  da  saver,  soventer  che 
mossa  la  Santa-Baselga  eatholica  romana  ; 
Milan,  1611,  in-8"  ;  —  Bref  apologetica  enten 
la  quai  Vauctur  renda  la  raschun  perçhei  ha- 
vend  bandunau  la  doctrina  di  Calvin,  haigi 
ratscherd  la  credientscha  eatholica;  Milan, 
1 6 1 2,  in- 1 2;  —  Biffer  en  ts  écrits  ascétiques ,  etc. 

Argellati,  Bibl.  Mediol. 

CALVERT  (^Jacques),  théologien  anglais, 
mort  en  1698.  Il  fut  élevé  à  Cambridge.  De  là 
il  vint  à  Topeliff,  où,  après  quelques  années  de 
résidence,  il  fut  atteint  par  l'acte  d'uniformité. 
11  rentra  alors  dans  la  vie  privée,  et  alla  demeurer 
successivement  à  York  ,  à  Hull  et  dans  le  Nor- 
thumberland.  On  a  de  lui  :  Naphthali,  seu  Col- 
luctatto  theologica  de  reditu  decem  J'ribuum  ; 
Londres,  1672,  in-4''. 

Lemprière,  Univ.  Biog.  —  Rose,  Neues  Biographie 
Dictionary. 

*  CALVERT  (/eon),  biographe  anglais,  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Life  of  the  cardinal  Ma^arini; 
London,  1670,  2  vol.  in-12. 

Adelung,  suppl.  à  locher,  ^Ugem.  Gelehrten  Lexicon. 

CALVERT  (George).  Voy.  Baltimore. 

*  CALVETON  (  Urbain  ) ,  médecin  et  traduc- 
teur genevois,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  Il  avait  étudié  aussi  la  théologie 
à  Genève  sous  Théodore  de  Bèze.  On  a  de  lui  : 
Novse  novi  orbis  historiée,  i.  e.  rerum  ab 
Hispanis  in  India  occidentali  hactenus  gesta- 
rum,  libri  III,  ex  Italicis  Hier.  Benzonis 
latini  facti,  ac  perpetuis  notis  illustrati; 
Genève,  1578,  in-8";  1581  et  1586,  in-S" ; l^yon, 
1600,  in-S". 

Atlelund,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*  CALVI  (  Gian  Donato) ,  architecte  crémo- 
nais,  travaillait  à  la  fin  du  quinzième  siècle,  fin 
1496,  il  commença  à  Sainte-Agathe,  le  palais  Trec- 
chi  rendu  célèbre  par  le  séjour  qu'y  firent  l'empe- 
reur Charles-Quint,  et  plus  tard  Henri  lïl,  roi  de 
Fi'ance.  Calvi  n'eut  pas  le  courage  d'abandonner 
entièrement  le  style  gothique,  mais  il  sut  le  mo- 
difier avec  goût,  et  surtout  approprier  les  dis- 
tributions intérieures  aux  usages  de  son  temps. 

Ticozzi,  Dizionario. 

CALVI  (  Agostino) ,  peintre  génois,  vivait  en 
1528.  Cet  artiste  ne  manquait  pas  détalent,  et 
futl'un  des  premiers  à  Gênes  qui  remplacèrent  les 
fonds  dorés  par  des  fonds  coloriés.  11  est  le  chef 
de  la  nombreuse  famille  de  peintres  du  nom  de 
Calvi ,  ayant  été  père  de  Lazzaro  et  de  Panta- 
leone.  E.  B— n, 

Sopraal,  Fite  d^'  pittori  Genovesi. 


CALVI  (Donat),  biographe  italien, de  l'ordre 
des  Augustins,  né  à  Bergame,  vivait  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  était  vi- 
caire général  de  son  ordre  pour  la  Lombavdie. 
mais  il  s'occupait  surtout  de  travaux  biographi- 
ques. On  a  de  lui  :  Scena  letteraria  degl, 
scrittori  Bergamaschi;  Bergame,  1664,  2  vol 
in-4°.  Le  l^""  vol.  comprend  les  vies  de  30{ 
savants  de  Bergame,  avec  63  portraits  ;  le  seconi 
celles  de  37  savants  de  l'Académie  de^Zi  Excitati 
avec  7  portraits.  Calvi  y  a  en  outre  ajouté  soi 
autobiographie  et  la  liste  raisonnée  de  tous  se 
ouvrages. 

Dav.  Clément,  Biblioth.  curieuse,t.  II.  p.  63.  —  iMôli 
sen,  Bildnisse  der  Aerzte,  1. 11,  p.  177. 

*  CALVI  (i?'iaTOi«io) ,  littérateur  italien,  v 
vait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On 
At\\À:  Ilconquisto  di  Granata,  poema  heroit 
di  Girol.  Qratiano,  con  gli  argomentidi  Flan 
Calvi;  Modène,  1650,  în-4°. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexico: 

*  CALVI  (Jacopo  Alessandro),  peùitre,  né 
Bologne  en  1740,  vivait  en  1782.  Élève  de  Gii 
seppe  Varotti,  et  de  Pietro  Zanotti,  il  se  livi 
avec  un  égal  succès  à  la  peinture  et  à  la  poési 
Il  a  beaucoup  ti'availlé  à  Bologne ,  et  on  trou" 
aussi  plusieurs  de  ses  ouvrages  à  Sienne. 

E.  B— N. 
Malvasia,  Pitture  di  Bologna,  —  fiomagnoll,  Cenni 
Siena. 

CALVI  {Jean),  médecin  italien,  né  à  Crém 
ne,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècl 
Après  avoir  exercé  la  médecine  à  l'hôpital 
Sainte-Marie-la-Neuve,  à  Florence,  il  devint  mei 
bre  de  l'académie  de  cette  ville,  et  passa  ensuifa 
Milan,  où  il  fut  médecin  salarié  de  la  ville.  Enfin 
1763  il  obtint  une  chaire  de  médecine  à  l'univt 
site  de  Pise,  où  il  semble  avoir  terminé  sa  ci 
rière.  On  a  de  lui:  De  hodierna  etrusca  clin, 
commentarius  ;¥\orence,  1748  :  mémoire estim 
dont  l'auteur  avait  promis  la  suite  sur  l'état 
la  médecine  en  Toscane  ;  —  Lettera  sopra  t 
so  medieo  interno  delmercurio  sublimato  ci 
rosivo,  e  sopra  ilmorbovenereo;  Crémone,  17( 
in-8''  :  letti'e  adressée  à  Martin  Ghisi ,  médei 
de  Crémone,  pour  recommander  le  sublimé  c( 
rosif;  —  Discorso  délia  morte  di  Socrai 
Pise,  1763,  in-S";  —  De  medicamentis prono 
comiorum  levantine  moderandis  ;  Pise,  17i 
in-8°  :  l'auteur  cherche  à  prouver  que  plus  de 
gime  dans  les  hôpitaux  et  moins  de  drogues  v.» 
drait  mieux  pour  les  malades  ainsi  que  pour!' 
ministration  des  hôpitaux. 

Cairère,  Bibl.  de  la  Méd.  —  Éloy,  Dict.de^  la  Méé 
Adelung,  suppl.   à  Jocber,  Allgem.  Gelehrten- Lexitfi 

*  CALVI  (Jean-Baptiste),  théologien  1 
italien ,  né  à  Milan,  vivait  dans  la  seconde  moi 
du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui:  Vert' 
Romanse  Ecclesiee  quam  brcvissime  demoi 
trata  Catholicis  in  conspectu  religionis  Pi 
testojntium  ;  Milsa,  1758,  in-8°. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexiu 

*  CALVI  (Jules),  dit  le  Coronaro,  peu» 


261  CALVI  — 

crémonais,  mort  en  1596.  Il  fut  élève  du  Ma- 
losso ,  et  laissa  à  Crémone  et  à  Soncino  des  ta- 
bleaux qui  ne  sont  pas  sans  mérite. 

.  E.  B— N. 

Zalst,  Notiiie  de'  Pittori  Cremonesi. 
c^Lvi  (Jjtt^zaro),  peintre  génois,  né  en 
1502,  mort  en  1007.  Il  était  filsd'AgostinoCalvi, 
dont  il  reçut  les  premières  leçons  ;  il  avait  vingt- 
six  ans,  quand  Pierino  de!  Vaga  étant  venu  à 
Gènes,  il  s'attacha  à  lui,  et  fit  à  son  école  de 
rapides  progrès.  Ou  dit  que  Lazzaro  dut  ses  pre- 
miers succès  à  des  compositions  dont  Pierino 
lui  avait  fourni  les  cartons.  Pendant  sa  longue 
carrière,  et  avec  l'aide  de  son  frère  Pantaleone, 
Calvi  exécuta  de  nombreux  travaux  dans  sa  pa- 
trie, ainsi  qu'à  Naples  et  à  Monaco,  où  il  fut  ap- 
pelé. Quelques-uns  de  ces  ouvrages  sont  d'une 
beauté  remarquable  ;  on  cite  surtout  à  Gênes  la 
façade  du  palais  Spinola,  où  sont  représentés  des 
prisonniers  dans  diverses  attitudes,  et  la  conti- 
nence deScipion  au  palais  Pallavicini.  Envieux, 
laloux,  enflé  de  son  mérite,  Lazzaro,  croyant  en- 
trevoir un  rival  redoutable  dans  le  jeune  Gia- 
;onioBargone,  lui  versa  un  breuvage  empoisonné 
ijui  lui  fit  perdre  à  jamais  la  raison.  Il  s'entou- 
•ait  d'un  cortège  de  créatures  gagées  qui  éle- 
raient  ses  ouvrages  jusqu'aux  nues  en  dépréciant 
jes  rivaux.  Ses  intrigues  n'ayant  pu  empêcher  le 
'grince  Doria  de  lui  préférer  Luca  Cambiaso 
pour  un  travail  important  à  Saint-Mathias,  Calvi 
en  conçut  un  tel  dépit  qu'il  resta  vingt  ans  sans 
toucher  à  sa  palette,  ne  s'occupant  plus  que 
d'escrime  et  de  marine.  Lorsqu'il  reprit  ses  pin- 
iceaux,  il  ne  cessa  plus  de  travailler  jusqu'à  l'âge 
^c  quatre-vingt-cinq  ans,  vers  lequel  il  peignit  la 
coupole  de  Samte-Catherine,  ouvrage  froid,  pé- 
iniblement  exécuté ,  et  qui  se  ressent  de  la  vieU- 
Hesse  de  l'auteur.  Il  vécut  jusqu'à  l'âge  de  cent 
'cinq  ans.  E.  B — n. 

;  Soprani,  f^ite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Lanzi,  Storia 
vW,oricu.  —  Orlantli,  Abbecedario. 

*  CALVI  OU  DE  CALViS  (  Louis  ),  jurisconsulte 
Set  antiquaire  italien ,  né  à  Bologne ,  vivait  dans 
ila  seconde  moitié  du  dix  septième  siècle.  On  a 
Ide  lui  :  Resolutio  legalis  labyrinthi  moneta- 
rum,  pondenim  et  aliorum  antiquorum;  Bo- 
logne, 1683,  in-12. 

t    Cinelli,  Bibl.  volgar. 

*  CALVI  {Maximilien),  poète  espagnol,  mais 
d'origine  italienne,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Tractado  de 
la  hermosiira  y  del  amor  ;  Milan,  1576,  in-fol. 

Catal.  Bibl.  impér.  de  Paris. 
^  CALVI  (  Pantaleone  ) ,  peintre  génois ,  mort 
jen  1595.  Il  fut  élève  de  Piermo  del  Vaga ,  et 
[frère  de  Lazzaro  Calvi  qu'il  aida  dans  la  pla- 
l^part  de  ses  travaux.  Il  laissa  quatre  fils,  Marc- 
[Antonio,  Benedetto  et  Felice,  qui  fur^it  peintres 
[médiocres ,  et  Aurelio,  qui  se  livra  avec  quelque 
i  succès  à  la  culture  de  la  poésie.        E.  B — n. 

Sopraui,  yne  de"  Piitori  Genovesi. 

CALVI  {Philipp&Simon),  poète  frajiçais,  né  * 


CALVIN 


262 


à  Sémur-en-Auxoi».  On  a  de  lui  :  VÉducation, 
poëme  en  quatre  discours;  1757,  in-8"  (attri- 
bué à  tort  au  chevalier  Cogolin  par  la  France 
littéraire  de  1769). 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CMjXmRE  {Charles-François,  marquis  de), 
littérateur  français ,  né  à  Avignon ,  le  22  avril 
1693,  mort  à  Ve?enobre  le  16  novembre  1777. 
Il  entra  dans  la  carrière  mUitaire,  et  parvint  au 
grade  de  lieutenant  général  ;  il  se  retira  en  1755, 
après  quarante-quatre  ans  de  service,  dans  son 
château  de  Vezenobre,  près  d'AlaiS,  où  il  mou- 
rut en  1777.  Il  avait  été  reçu,  en  1747,  membre 
honoraire  de  l'Académie  royale  de  peinture,  Il 
a  laissé  en  manuscrits  plusieurs  mémoires  sur 
les  antiquités  d'Arles,  de  Nhnes  et  d'Orange. 
On  a  publié  de  lui,  après  sa  mort,  un  Recueil  de 
fables  diverses  ;  1792,  in-18. 
Le  Bas,  Dict,  encycl.  de  la  France. 

C4LVi]voucAuviN(/eaw),run  des  fondateurs 
du  protestantisme,  né  à  Noyon  près  de  Paris,  le 
10  juillet  1509,  mort  à  Genève  le  27  mai  1564.  Son 
père  Gérard  Cauvin,  notaire  apostolique,  procu- 
reur fiscal  du  comté,  scribe  ep  cour  d'Église,  et 
promoteur  du  chapitre,  fut  assez  riche  pour  faire 
donner  à  son  fils  une  brillante  éducation.  Celui- 
ci,  déjà  pourvu  à  l'âge  de  douze  ans  d'un  béné- 
fice dans  la  cathédrale  de  Noyon ,  fut  nommé 
en  1525  curé  de  Marteville  ,  et  deux  ans  après, 
par  permutation,  de  Pont-l'Évêque ,  pendant  qu'il 
achevait  à  Paris,  au  collège  de  la  Marche ,  puis 
au  collège  Montaigu  des  études  commencées  dans 
sa  ville  natale.  Ces  faveurs  ne  l'attachèrent  pas 
à  l'église  romaine.  Le  souffle  de  la  réforme  pé- 
nétrait en  France  et  s'insinuait  surtout  dans  les 
classes  lettrées.  Robert  Olivetan,  parent  de  Cal- 
vin, lui  fit  lire  la  Bible,  et  lui  montra  des  contra- 
dictions entre  les  saintes  écritures  et  la  théologie 
telle  qu'on  l'enseignait  dans  les  collèges.  Renon- 
çant à  une  science  incertaine,  Calvin  alla  étudier 
le  droit  à  Orléans  sous  Pierre  l'Étoile,  puis  à 
Bourges  sous  Alciat.  Ce  fut  dans  cette  dernière 
ville  qu'il  connut  Melchior  Wolmar,  meilleur 
helléniste  que  catholique,  qui  lui  enseigna  le 
grec,  et  le  fortifia  dans  ses  idées  de  réforme.  Le 
jeune  étudiant  montrait  déjà  cette  intelligence 
qui  saisit  promptement  ce  qui  est  à  sa  por- 
tée, cette  vigueur  de  volonté  qui  s'approprie 
si  fortement  les  connaissances  acquises  qu'elles 
semblent  moins  une  conquête  récente  qu'une  fa- 
culté innée,  et  il  complétait  souvent  devant  ses 
condisciples  les  leçons  qu'ils  venaient  d'entendi'e. 
Élève,  il  avait  l'autorité  d'un  maître. 

En  quittant  l'école  de  droit ,  Calvin  se  rendit 
à  Paris,  et  pubUa  un  commentaire  sur  le  traité 
de  la  Clémence  de  Sénèque  (  L.  Annasi  Se- 
necse ,  senatoris  ac  philosophi  clarissimi,  Li- 
bri  duo  de  clementia  ad  Neromem  Cœsarem, 
Johannis  Calvini  Noviodunaei  commentariis 
illustrati;  Paris,  1532,  in-4'').  Le  jeune  érudit 
n'avait  pas  été  conduit  par  le  hasard  seul  vers 
le  livre  du  philosophe  païen.  Les  conseils  adres^ 

9. 


â6â  CAI 

ses  par  Sénèque  à  Néron  étaient  un  appel  indi- 
rect à  la  clémence  de  François  l^'  en  faveur  des 
protestants. 

Maintenant  Calvin  se  croyait  assez  fort  pour 
aborder  les  difficultés  de  la  théologie  catholique, 
et  il  s'engagea  résolument  dans  une  série  de 
controverses.  S'établissant  au  collège  de  Fortet, 
à  portée  de  la  Sorbonne,  il  composa  ou  du 
moins  inspira  le  discours  prononcé  le  jour  de  la 
Toussaint  1533,  par  son  ami  Michel  Cop,  reeteiir 
de  l'université  de  Paris.  Pour  la  première  fois 
les  idées  luthériennes  se  produisaient  sur  les 
bancs  de  la  Sorbonne.  Le  scandale  fut  grand.  Ni- 
colas Cop  et  son  ami  furent  obligés  de  prendre 
la  fuite.  Heureusement  Marguerite  de  Valois  s'in- 
terposa :  elle  fit  cesser  les  poursuites  à  Paris,  et 
offrit  aux  exilés  un  asile  à  sa  cour  de  Nérac. 

Calvin  profita  de  son  voyage  pour  répandre 
les  idées  de  la  réforme.  Il  se  retira  d'abord  en 
Saintonge  auprès  de  Louis  du  Tillet,  chanoine 
d'Angoulôme  et  curé  de  Claix.  D  méditait  déjà 
son  Institution  chrétienne,  et  se  préparait  à 
l'apologie  de  la  réforme,  en  composant  des  exhor- 
tations chrétiennes,  qu'on  lisait  au  prône.  Un 
court  voyage  qu'il  fit  à  Paris  n'offre  qu'un  seul 
incident  remarquable.  Le  jeune  réformateur  avait 
pris  rendez-vous  avec  un  médecin  espagnol, 
philosophe  hardi,  pour  une  joute  théologique. 
Ce  médecin,  qui  s'appelait  Servet,  fit  défaut,  et 
le  duel  ne  s'engagea  que  dix-neuf  ans  plus  tard 
à  Genève. 

Calvin,  ne  trouvant  pas  de  sûreté  en  France , 
(juitta  sa  patrie  après  avoir  publié  sa  Psycho- 
pannychie  contre  l'opinion  de  certains  anabap- 
tistes, qui  prétendaient  que  les  âmes  des  morts 
dorment  jusqu'au  jugement  dernier  {Psycho- 
pannychia ,  qua  refellitur  eorum  error  qui 
animas  post  mortem  usque  ad  ultimum  ju- 
dicium  dormire  putant  ;  Paris,  1534).  Calvin 
se  rendit  à  Bàle ,  s'y  lia  étroitement  avec  Capi- 
ton et  Gryneus,  apprit  l'hébreu  et  publia  son 
Institution  chrétienne  en  1535.  On  a  contesté 
cette  date.  Le  plus  ancien  exemplaire  connu  de 
V Institution  chrétienne  se  trouve  à  la  biblio- 
thèque de  Genève  ;  les  42  premières  pages  man- 
quent, et  il  est  daté  de  1536,  avec  le  titre  ; 
Christianas  religionis  Institutio,  totam  fere 
pietatis  summam,  et  quidquid  est  in  doc- 
trina  salutis  cognitu  necessarium  complec- 
tens,  omnibus  pietatis  studiosis,  lectu  di- 
gnissimumopus,  ac  recens  editum  ;  prœfatio 
ad  christianissimum  regem  Francix  ,qua  hic 
ei  liber  pro  con/essione  fidei  offertus  Johanne 
Calvino ,  autore  ;  Basilese,  1536,  vx-^" ,  per 
Thomam  Plattnerum.  Il  est  fort  douteux  que 
cet  exemplaire  appartienne  à  la  première  édition; 
i'Épître  dédicatoire  à  François  P''  est  datée  du 
t^'  août  1535.  Ce  n'était  que  la  première  ébauche 
en  latin  de  l'ouvrage  tel  que  nous'  le  possédons 
aujourd'hui.  Amélioré,  complété  dans  les  éditions 
successives  de  Strasbourg  1539,  1543,  1544, 
jn-fol.,  de,  Genève,  1 550  in-fol.,  traduit  en  français 


,VIN 


264 


par  l'auteur  lui-même  en  1541,  il  reçut  sa  forme  : 
définitive  tant  pour  le  texte  latin  que  pour  latra-  ' 
duction  française,  en  1558.  ^Institution  chré- 
tienne fut  alors  donnée  en  4  livres,  formant  80 
chapitres.  Le  premier  livre  traite  de  la  connais- 
sance de  Dieu  et  de  celle  de  l'homme;  le  second, 
du  Christ  considéré  comme  rédempteurdu  genre 
humain;  le  troisième,  des  moyens  d'acquérir  [ 
grâce  du  Christ  et  des  fruits  qu'elle  produit  ;  le 
quatrième ,  des  institutions  que  Dieu  a  établies 
pour  mettre  l'homme  en  société  avec  le  Christ 
et  l'y  retenir.  L'ouvrage  commence  par  iiiif 
préface  en  forme  de  dédicace  à  François  T'  ; 
c'est  un  éloquent  ploidoyer  en  faveur  des  réfor^ 
mes. 

Comme  toutes  les  doctrines  nouvelles,  la  ré- 
forme avait  porté  en  naissant  le  trouble  dans  1( 
monde  ;  les  puissances  temporelles  et  spirituelles 
furent  ébranlées  jusque  dans  les  fondements,  e 
la  discorde  établit  partout  son  règne.  Les  adhé 
rents  demandèrent  un  livre  qui  fût  une  professioi 
de  foi  et  un  formulaire,  une  apologie  et  une  dis 
cipline.  C'est  ce  que  fit  Calvin.  François  P"",  qu 
persécutait  alors  les  protestants  en  France,  recher 
chait  l'alliance  des  princes  luthériens  d'Allemagne 
Pour  se  justifier  de  ses  rigueurs ,  il  déclarait  n^ 
poursuivre  que  des  perturbateurs  dans  le  geni  i 
des  anabaptistes.  C'est  contre  cette  conduite  qm    i 
réclame  Calvin.  Par  un  moyen  oratoire  plein  d'ha    j 
bileté  et  de  force ,  il  s'empare  des  assertions  à>    \ 
François  F',  pour  prouver  «  que  ce  prince  n'es 
contraire  aux  protestants  que  parce  qu'il  ignoi 
la  vérité.  Cette  vérité,  il  va  la  lui  faire  con 
naître,  en  lui  exposant  les  principes  de  la  rc 
forme.  » 

Le  protestantisme  n'est  ni  une  phUosophie,  n    I 
une  religion,  c'est,  dans  la  pensée  des  réforma 
leurs,  un  retour  au  christianisme,  c'est-à-dire 
la  parole  de  Dieu  consignée  dans  la  Bible.  «  C'est    | 
disaient-ils,  à  cette  parole  obscurcie  d'abord  pa 
les  commentaires  des  Pères  de  l'Église,  puis  pa 
les  papes  et  les  docteurs  de  l'Église  catholique  qii'i 
faut  revenir,  en  écartant  les  intermédiaires  lui 
mains  qui  s'interposent  entre  Dieu  et  l'homme 
c'est  la  religion  déformée  par  des  siècles  de  su 
perstition  qu'il  faut  réformer.  De  sorte  que  cett 
religion  réformée,  bien  loin  d'être  nouvelle,  e.' 
plus  ancienne  que  le  catholicisme.  » 

«  En  ce  qu'ils  l'appellent  nouvelle,  ajoute  Calvi 
en  repoussant  le  reproche  de  nouveauté,  ils  foi 
moult  grande  injure  à  Dieu,  duquel  la  saine  p; 
rôle  ne  méritoit  point  d'être  notée  de  nouvellet( 
Certes,  je  ne  doute  point  que,  touchant  d'eux 
elle  ne  leur  soit  nouvelle,  veu  que  Christ  môm 
et  son  Évangile  leur  sont  nouveaux.  Mais  ccli 
qui  sait  que  cette  prédication  de  saint  Paul  c; 
ancienne,  c'est  que  Jésus-Christ  est  mort  pou 
nos  péchés  et  ressuscité  pour  notre  justificatioi 
il  ne  tiouvera  rien  de  nouveau  entre  nous.  C 
qu'elle  a  été  longtemps  cachée  et  inconnue ,  1 
crime  en  est  à  imputer  à  l'iropiété  des  homme; 
Maintenant,  quand  elle  nous  est  rendue  par 


266 

bonté  de  Dieu,  pour  le  moins  elle  devoitétrc  re- 
çue en  son  autorité  ancienne.  » 

Appuyé  sur  cet  Évangile  «  que  les  miracles  du 
Clirist  et  des  saints  ont  établi  et  continué  «  il  re- 
pousse toutes  les  attaques  dirigées  contre  les  pro- 
testants ,  d'être  contraire  à  la  tradition,  d'établir 
un  schisme  dans  l'église ,  de  causer  la  guerre 
dans  l'État  et  la  licence  dans  la  société.  Sur  ce 
dernier  point  Calvin  répondit,  comme  l'ont  fait 
tous  les  réformateurs,  que  ce  ne  sont  pas  les  ré- 
formes, mais  la  résistance  qu'elles  éprouvent, 
qui  troublent  le  monde. 

«  Combien  grande  perversité,  dit-il,  est-ce  de 
charger  la  parole  de  Dieu  de  la  haine  ou  des  sé- 
ditions qu'élèvent  à  rencontre  d'icelle  les  fols  et 
escervelés,  ou  des  sectes  que  sèment  les  abuseurs  ? 
On  demandoit  à  Hélie  s'il  n'étoit  pas  celui  qui 
troubloit  Israël.  Christ  étoit  estimé  séditieux  des 
Juifs.  On  accusoit  les  apôtres  comme  s'ils  eus- 
sent ému  le  populaire  à  tumulte.  Que  font  au- 
jourd'hui autre  chose  ceux  qui  nous  imputent  les 
troubles,  tumultes  et  contentions  qui  s'élèvent 
encontre  nous  ?  Or,  Hélie  nous  a  enseigné  quelle 
réponse  il  leur  faut  rendre.  C'est  que  ce  ne  som- 
mes nous  pas  qui  sermons  les  erreurs  ou  émou- 
vons les  troubles ,  mais  eux-mêmes  qui  veulent 
résister  à  la  vertu  de  Dieu.  »  On  peut  contester 
la  valeur,  mais  non  l'éloquence  de  cet  argument. 
Cette  éloquence  redouble  à  la  tin.  Le  grave  en- 
tliousiasme,  d'abord  contenu,  du  réformateur, 
s'élève  peu  à  peu,  et  finit  par  déborder  dans  cette 
apostrophe  finale  où  l'humilité  est  si  fière,  où  la 
menace  gronde  sous  la  soumission.  «  Vous  ne 
vous  devez,  sire,  émouvoir  de  ces  faux  rapports 
par  lesquels  nos  adversaires  s'efforcent  de  vous 
jeter  en  quelque  crainte  et  terrreur.  Car  Dieu 
n'est  point  Dieu  de  division ,  mais  de  paix  ;  le 
lils  de  Dieu  n'est  poùit  ministre  de  péché,  qui 
est  venu  pour  rompre  et  détruire  les  armes  du 
diable.  Quant  à  nous,  nous  sommes  injustement 
accusés  de  telles  entreprises,  desquelles  nous  ne 
donnâmes  jamais  le  moindre  soupçon  du  monde.- 
Est-il  bien  vraisemblable  que  nous,  desquels  ja- 
mais n'a  été  ouïe  une  seule  parole  séditieuse,  et 
desquels  la  vie  a  toujours  été  connue  simple  et 
paisible,  quand  nous  vivions  sous  vous,  sire, 
machinions  de  renverser  les  royaumes.'  Qui  plus 
est,  maintenant  étant  chassés  de  nos  maisons,  nous 
ne  laissons  point  de  prier  Dieu  pour  votre  pros- 
périté et  celle  de  votre  règne.  Grâce  à  Dieu,  nous 
n'avons  point  si  mal  profité  en  l'Évangile  que 
notre  vie  ne  puisse  être  à  ces  détracteurs  exem- 
ple de  chasteté,  libéralité ,  miséricorde ,  tempé- 
rance ,  patience,  modestie  et  toutes  autres  ver- 
tus. Vous  avez ,  sire,  la  venimeuse  iniquité  de 
nos  calomniateurs  exposée  par  assez  de  paroles. 
J'ai  prétendu  seulement  adoucir  votre  cœur  pour 
donner  audience  à  notre  cause  ;  lequel,  combien 
(pi'il  soit  à  présent  détourné  et  aliéné  de  nous, 
j'ajoute  même  enflambé,  toutes  fois,  j'espère 
que  nous  pourrons  regagner  sa  grâce,  s'il  vous 
plaît  une  fois  hors  d'indignation  etsourroux-  lire 


CALVIN  266 

cette  notre  confession,  laquelle  nous  voulons  être 
pour  défense  envers  Votre  Majesté.  Mais  si ,  au 
contraire,  les  détractions  des  malveillants  empes- 
chent  tellement  vos  oreilles  que  les  accusés  n'aient 
aucun  lieu  de  se  défendre  ;  d'autre  part,  si  ces 
impétueuses  furies,  sans  que  vous  y  mettiez 
ordre ,  exercent  toujours  cruautés  par  prison , 
fouets,  géhennes,  coppures,  brûlures,  nous  certes, 
comme  brebis  dévouées  à  la  boucherie,  serons 
jetés  en  toute  extrémité,  tellement  néanmoins 
que  en  notre  patience  nous  posséderons  nos  âmes 
et  attendrons  la  main  forte  du  Seigneur  :  laquelle 
sans  doute  se  montrera  en  sa  saison  et  apparaîtra 
armée,  tant  pour  délivrer  les  pauvres  de  leur  af- 
fliction que  pour  punir  les  contempteurs  qui  s'es- 
gayent  si  hardiment  à  cette  heure.  » 

Si  on  oublie  le  fond  du  procès,  pour  ne  songer 
qu'à  la  forme  du  plaidoyer  ;  si  on  voit  dans  les 
fragments  que  nous  venons  de  citer,  non  les  pre- 
mières assises  d'une  hérésie,  mais  un  des  premiers 
monuments  de  la  langue  de  la  France ,  on  admi- 
rera combien  cette  langue  a  gagné  au  service  de 
Calvin.  Prodigieusement  riche ,  chez  Rabelais , 
mais  exhubérante  et  enchevêtrée,  elle  se  re- 
trempe, sous  la  main  du  réformateur,  aux  sources 
du  latin ,  se  purifie  de  toute  la  poussière  du 
moyen  âge,  locutions  surannées,  incidences  obs- 
cures, conjonctions  disgracieuses ,  et  court  sans 
embarras  au  but  vers  lequel  la  pousse  une  vo- 
lonté impérieuse. 

Au  moment  où  il  publiait  la  première  édition, 
ou  plutôt  la  première  ébauche  de  son  Institu- 
tion chrétienne ,  Calvin  n'était  pas  encore  tout 
entier  lui-même,  et  plusieurs  années  lui  étaient 
nécessaires  .pour  arriver  à  la  plénitude  de  son 
génie  et  de  son  autorité.  Apprenant  que  les  idées 
nouvelles  s'introduisaient  en  Italie,  il  se  rendit 
à  la  cour  de  la  duchesse  de  Ferrare,  Renée  de 
France,  fille  de  Louis  XII,  fut  parfaitement  ac- 
cueilli par  cette  princesse,  mais  ne  put  faire  un 
long  séjour  en  pays  catholique,  et  si  près  de  la 
cour  de  Rome.  Il  reprit  le  chemin  des  Alpes.  En 
passant,  il  voulut  prêcher  dans  la  ville  d'Aoste. 
Les  habitants  le  chassèrent.  Cette  expulsion  fut 
célébrée  par  une  petite  colonne  élevée  en  1S41 , 
bien  que  l'événement  se  fût  passé  sur  la  fin  de 
1535  ou  au  commencement  de  1536.  Calvin,  re- 
venu en  France,  se  hâta  de  mettre  ordre  à  ses 
affaires,  et  repartit  pour  l'Allemagne.  Ne  pouvant 
traverser  la  Lorraine  et  la  Flandre,  à  cause  de  la 
guerre,  ilrésolut  de  passer  par  Genève,  et  arriva 
dans  cette  ville  au  mois  d'août  1536.  Farel,  Viret 
et  Coraut  y  avaient  établi  la  réforme  en  1535, 
et  elle  avait  été  adoptée  par  le  conseil  général 
le  21  mai  1536.  Il  restait  à  défendre  les  doctrines 
nouvelles  contre  les  attaques  intérieures  et  celles 
du  dehors;  il  fallait  encore,  et  c'était  le  plus 
difficile,  faire  coïncider  la  réforme  des  mœurs 
avec  la  réforme  religieuse.  Farel  connaissait  Cal- 
vin de  réputation;  il  le  jugea  l'homme  le  plus 
capable  de  remplir  une  pareille  tâche,  et  le  retint 
presque  malgré  lui,  en  le  menaçant  de  la  maié- 


267 


CALVIN 


26r 


diction  divine  s'il  rrfusait  de  s'associer  aux  tra- 
vaux des  ministres.  L'auteur  de  l'Institution 
chrétienne  céda  ;  il  accepta  la  place  de  ministre 
de  la  parole  de  Dieu,  et  de  professeur  de  théo- 
logie. Pour  bien  apprécier  l'œuvre  qu'il  accom- 
plit, et  les  difficultés  qu'il  eut  à  surmonter,  il 
faut  se  représenter  ce  qu'était  Genève  en  1536. 
Nous  empruntons  à  M.  Guizot,  un  éloquent  ta- 
bleau de  la  situation  de  cette  ville  à  l'époque 
où  Calvin  s'y  arrêta. 

«  La  réforme  avait  été  précédée  à  Genève  de 
longues  agitations  politiques;  et  depuis  plusieurs 
années  les  partis,  livrés  à  eux-mêmes,  en  proie 
aux  alternatives  d'une  lutte  violente,  avaient  pour 
ainsi  dire  désappris  la  discipline  et  l'obéissance 
aux  lois.  Le  parti  des  ducs  de  Savoie  et  de  l'é- 
vêque,  pour  retenir  le  pouvoir  qui  lui  échappait, 
avait,  dans  ses  moments  de  triomphe,  eu  recours 
à  cette  politique  infâme  qui  permet  aux  peuples 
la  licence  et  la  débauche,  dans  l'espoir  de  les 
conduire  à  la  serviUté  par  la  corruption.  Le 
parti  patriote,  souvent  opprimé,  s'était  nourri 
de  passions  haineuses ,  et  n'avait  pu  même  dans 
im  si  petit  État  échapper  à  la  contagion  des 
mœurs.  La  victoire  lui  demeura  enfin  ;  mais  la 
victoire  après  le  désordre  traîne  à  sa  suite  des 
corruptions  nouvelles.  Introduite  à  Genève  au 
milieu  de  cette  situation,  la  réforme ,  vivement 
et  sincèrement  embrassée  par  le  peuple,  ne  fut 
d'abord  adoptée  par  les  chefs  de  l'État  et  les 
hommes  de  parti  que  dans  des  vues  politiques, 
pour  conserver  l'alliance  de  Berne  et  élever  entre 
la  république  et  les  anciens  maîtres  une  barrière 
insurmontable.  Ce  but  fut  atteint;  mais  la  ré- 
forme voulut  l'amendement  des  mœurs  publi- 
ques, l'établissement  d'un  ordre  régulier,  le 
respect  des  magistrats  et  des  lois.  Dès  lors  les 
obstacles  se  rencontrèrent  en  foule  :  la  licence 
régnait  dans  les  mœurs  ;  les  lieux  de  débauches 
étaient  non-seulement  tolérés,  mais  convertis  en 
institutions  ;  le  relâchement  avait  pénétré  dans 
l'intérieur  des  familles  et  secoloraitdemaximes  in- 
senséeSà  D'autre  part,  la  longue  duréedes  factions 
avait  accoutumé  le  peuple  à  l'insubordination, 
aux  émeutes,  et  les  principaux  citoyens  y  avaient 
contracté  ce  goût  de  l'arbitraire,  ces  habitudes 
d'irresponsabilité  et  de  despotisme  qui  dans  un 
petit  État  rendent  l'autorité  si  difficile  quand  elle 
veut  rem^ilir  s<m  devoir  en  s'exerçant  également 
sur  tous.  Aussi,  dans  le  sein  de  Genève  réfor- 
mée, et  après  l'expulsion  du  parti  étranger,  s'é- 
leva bientôt  un  parti  nouveau  qui ,  sous  le  nom 
de  libertins,  prétendait  se  conduire  selon  son 
caiM-ice,  gouverner  l'État  à  sa  guise,  sans  se 
laisser  gouverner  lui-même  par  aucune  autorité 
ni  aucune  règle  ;  parti  factieux  et  dissolu ,  se  re- 
fusant à  la  réforme  des  mœurs,  résistant  au  pou- 
voir des  ma^strats,  et  conduit  par   quelques 
hommes  jadis  patriotes,  qui  s'indignaient  qu'on 
n'eût  conquis  l'indépendance  nationale  et  chassé 
le  eathoUcisme  que  pour  tomber  sous  le  joug 
de  la  morale  et  des  lois:  » 


C'était  au  milieu  de  cette  dissolution  turbu- 
lente qu'il  fallait  organiser  la  réforme.  Calvin  i  (î 
digea  avec  Farel  un  formulaire  de  profession  f!( 
foi  et  un  plan  de  discipUne  ecclésiastique.  Ce; 
deux  actes,  lus  devant  le  conseil  des  deux  cents 
au  mois  de  novembre  1536,  furent  sanctionné 
par  le  peuple  assemblé  en  conseil  général  ' 
29  juillet  1537:  ce  n'était  qu'un  premier  pa 
Après  avoir  réglé  par  le  formulaire  la  licence  (\i 
la  pensée,  il  restait  à  réprimer  la  liberté  de 
mœurs.  Farel,  Calvin  et  Coraut  prêchèrent  coc 
tre  les  désordres,  et  en  demandèrent  la  répres 
sion.  Cet  excès  de  zèle  souleva  un  mécontente 
ment  presque  général.  Coraut  fut  emprisonne. 
Quant  aux  deux  auti*es,  on  employa  pour  les  at- 
teindre un  moyen  indirect.  Les  Bernois  invitè- 
rent les  Genevois  à  recevoir  les  décisions  du  sy- 
node de  Lausanne  sur  le  pain  azyme  dans  la  com- 
munion, sur  la  célébration  du  baptême  avec  les 
fonts  baptismaux,  sur  les  fêtes  de  Noël,  de  l'As- 
cension, delà  Pentecôte,  et  de  Notre-Dame.  On  sa- 
vait que  ces  décisions  étaient  blâmées  par  Calvin 
et  ses  amis  ;  ce  fut  assez  pour  que  le  conseil  les 
adoptât  et  ordonnât  aux  ministres  de  s'y  sou- 
mettre. Ceux-ci  résistèrent ,  refusèrent,  le  jour 
de  Pâques  1538,  de  célébrer  la  cène  de  la  ma- 
nière prescrite  par  le  conseil,  et  furent  exilés  de 
Genève.  Malgré  les  soUicitations  amicales  des 
synodes  de  Berne  et  de  Zurich,  l'arrêt  de  baii- 
nissement,  rendu  à  la  fin  d'avril,  fut  confirmé  k 
26  mai  par  le  conseil  général. 

Calvin  se  retira  à  Strasbourg.  Bucer,  Capi- 
ton et  Hédion  ie  reçurent  comme  un  dec  chefs 
de  leur  parti  et  le  firent  nommer  professeur  de 
théologie  et  pasteur  de  l'église  française.  Cet  ac- 
cueil flatteur  ne  lui  fit  point  oublier  les  Genevois  ; 
il  se  rappela  à  leur  souvenir  en  réfutant  la  lettrt 
que  le  cardinal  Sadolet,  évêque  de  Carpentras, 
venait  d'adresser  au  sénat  et  au  peuple  de  Ge- 
nève  :  J.  Sadoleti  Epistota  ad  S.  P.  Q.  Gène- 
vensem  et  ad  eum  J.  Calvini  Responsio. 
1539;  traduite  en  français  en  1541. 

Les  troubles  qui  agitaient  Genève  faisaient  vive 
ment  regretter  l'absence  du  réformateur.  En  1 540 
on  lui  offrit  de  venir  reprendi-e  sa  place.  Amie( 
Perrin,  sonami,  fut  député  à  Strasbourg  poui 
vaincre  ses  hésitations.  Zurich,  Bâle  et  Bernf: 
joignirent  leurs  instances  à  celles  du  capitaine- 
général.  Calvin  rentra  en  maître  à  Genève  ai 
mois  de  septembre  1541.  Ne  perdant  pas  d* 
temps  pour  affermir  dans  ses  mains  le  pouvoi! 
qui  venait  de  lui  être  rendu,  il  proposa  au  con 
seil  des  deux  cents  un  projet  de  vaste  polic( 
ecclésiastique  qui  fut  sanctionné  en  conseil  gêné 
rai,  le  20  novembre  1541.  «  Calvin,  dit  M.  Ge 
rusez,  forma  un  tribunal  composé  d'ecclésiasti 
ques  et  de  laïques ,  investi  d'une  surveillanci 
permanente  sur  les  opinions ,  sur  les  actions 
sur  les  discours.  Toutes  les  erreurs  en  matièr 
de  doctrine,  tous  les  vices,  tous  les  désordre 
étaient  de  son  ressort.  Lorsque  le  châtiment  al 
lait  au  delà  des  peines  canoniques,  le  tribuna 


269 


CALVIN 


270 


déférait  le  coupable  aux  magistrats  civils.  Pla- 
giaire de  Rome  et  de  Madrid,  Calvin  établissait 
ainsi,  sous  le  nom  de  consistoire,  une  inquisition 
nouvelle  avec  une  juridiction  plus  étendue  que 
celle  de  l'inquisition  catholique.  » 

«  A  dater  de  1541  jusqu'à  sa  mort,  continue  le 
môme  historien,  Calvin  régna  sur  Genève.  Toute- 
fois, son  règne,  sa  supériorité  n'étaient  pas  incon^ 
testes  :  il  avait  à  lutter.  Il  était  le  chef  du  parti  do- 
minant, il  est  vrai,  mais  le  chef  d'un  parti;  et 
lorsque  l'autorité  est  ainsi  menacée,  il  faut  cons- 
taniment  être  en  éveil ,  en  guerre  pour  la  conserver, 
la  défendre  et  la  fortifier.  Ainsi  le  pouvoir  de 
Calvin,  quoique  très-grand,  ne  fut  maintenu  que 
par  un  combat  continuel  ;  sa  vie  fut  une  lutte  et 
une  lutte  incessante.  C'est  pendanrt  ces  années 
(ju'il  faut  voir  et  admirei"  l'activité  de  son  esprit, 
l'ascendant  et  la  puissance  de  son  caractère 
dans  toutes  les  circonstances  critiques.  Toutes 
les  fois  que  son  autorité  fut  menacée,  il  payait 
de  sa  personne  pour  entretenir  la  ferveur  de  ses 
adeptes  :  pour  se  maintenir  dans  la  haute  posi- 
tion qu'il  s'était  faite,  il  était  obligé  d'être  cons- 
tamment en  scène ,  de  parler  au  peuple ,  d'aller 
sur  la  place  publique,  de  braver  ceux  qui  vou- 
laient attenter  à  son  pouvoir.  On  a  peine  à  com- 
[)rendre  comment  il  pouvait  suffire  à  tant  de 
travaux:  prédications  de  cliaque  jour;  discus- 
sions théologiques  improvisées  ;  entretiens  par- 
ticuliers accordés  à  tous  ceux  qui  voulaient  être 
éclairés  sur  les  matières  de  la  foi;  active  cor- 
respondance entretenue  avec  tous  les  dissidents 
de  l'Europe,  tout  cela  marchait  de  front  avec 
l'administration  de  l'Église,  la  surveillance  de 
l'État  et  la  composition  de  ses  grands  ouvrages. 
Ce  qu'il  a  produit,  ce  qu'il  a  écrit  et  dit  est  in- 
calculable. Si  on  réunissait  toutes  ses  lettres,  sa 
correspondance  ne  remplirait  pas  moins  de  ti-ente 
volumes- in-fol  (1).  H  existe  à  Genève  deux  mille 
sermons  (2)  qu'il  a  prononcés,  et  qui  sont  demeu- 
rés manuscrits.  Ainsi,  ce  que  nous  avons  dit  de 
lui,  cette  masse  prodigieuse  d'écrits  déjà  impri- 
més ne  donne  qu'une  faible  idée  de  ce  qu'il  a  com- 
posé pendant  une  carrière  que  la  mort  ferma  pré- 
Unaturément. 

«  11  faut  songer  en  outre,  et  ceci  augmente  d'a- 


(1)  Il  a  été  fait  plusieurs  recueils  des  lettres  de  Calvin  : 
Epistolx  Calvini  et  responsa,  cum  vita  Galvini,  a  Théo- 
iloro  Beza;Geaève,  1586,  infol.  —  L'édition  de  Lausan- 
ne, chez  le  Preux,  in-8°  ,  a  seize  lettres  de  plus;  elle  est 
très  rare.  On  trouve  des  lettres  de  Calvin  dans  les  ^ni- 
\  madversionet  philologicse  ie  Crenius;  dans  les  Mélrin- 
\'jes  de  littérature  par  d'Artigny,  vol.  II  et  Ilf,  dans  la 
fPseudonymia  Calvini  de  Liebe,  dans  le  Vïll«  vol.  des 
[Œuvres  de  Caitin,  imprimées  à  Amsterdam.  Teissier  a 
publié  en  français  les  Lettres  eàoisies  de  Calvin  en  1702. 
'On  a  publié  aussi  les  Lettres  de  Calvin  à  Jacques  de 
[Bourgogne;  Amsterdam,  1744,  in-S». 
,  î*)  Ou  plus  exactement  deux  mille  vingt-cinq.  Denys 
jl^aguenier  les  écrivait  à  l'église  pendant  que  Calvin  pré* 
ichait.  Jean  Budé  et  Charles  de  Joinvillers  écrivaient  les 
leçons  de  théologie.  Nicolas  des  Gallers,  François  Bour- 
.goinget  Jean  Cousin  avaient  de  même  écrit  plusieurs 
leçons  et  sermons  du  réformateur.  André  Splsame  écrivit 
ses  sermons  sur  l'Êpître  aux  Galates. 


bord  l'étonnement,  que  cet  homme,  si  actif  d'in- 
telligence, était  faible  de  corps ,  qu'il  était  en 
proie  aux  maladies  les  plus  cruelles,  et  que  la 
plupart  de  ses  écrits ,  il  les  a  dictés  dans  son 
lit,  aux  prises  avec  la  douleur.  Ainsi  il  y  avait 
en  lui  le  contraste  d'une  intelligence  forte  et 
active  et  d'un  corps  faible  et  misérable.  Cepen- 
dant on  peut  penser  que  cette  faiblesse  de  corps, 
que  cette  maladie  constante  qui  ne  lui  permet- 
tait la  jouissance  d'aucun  des  plaisirs  mondains, 
contribuait  à  donner  à  son  esprit  une  plus  grande 
activité,  une  énergie  nouvelle  ;  on  ne  peut  expli- 
quer cette  ardeur  fiévreuse  que  par  la  nécessité  de 
se  distraire,  par  d'autres  occupations,  de  l'impos- 
sibilité de  goûter  à  ces  plaisirs  qui  adoucissent 
l'âme  et  relâchent  l'intelligence.  Ainsi  son  esprit 
devenait  plus  actif,  et  son  caractère  plus  violent, 
plus  emporté,  plus  amer.Ce  sont  là,  il  fautl'avouer, 
de  terribles  organisations.  On  est  comme  saisi 
d'effroi  en  présence  de  cette  activité  de  l'esprit, 
que  l'ambition  emporte  sans  relâche  vers  un  but 
unique ,  dans  une  direction  constante  que  rien 
ne  détourne ,  avec  un  mouvement  que  rien  ne 
ralentit.  La  conquête  du  pouvoir  est  souvent 
au  prix  de  cette  persévérance  ;  mais  le  pouvoir 
aux  mains  de  ces  hommes  ardents ,  maladifs , 
ambitieux ,  devient  une  insupportable  tyran- 
nie. » 

Toute  tyrannie  provoque  l'opposition.  Calvin 
eut  à  lutter  en  politique  et  en  religion  contre  de 
redoutables  adversaires.  Un  des  premiers  fut 
Castalion,  excellent  latiniste,  mais  théologien 
trop  hardi  au  gré  du  strict  réformateur.  Après 
avoir  traduit  la  Bible  en  style  cicéronien,  et  l'a- 
voir commentée  en  philosophe,  il  osa  demander 
au  conseil  la  permission  de  disputer  publique- 
ment contre  Calvin  sur  la  descente  de  Jésus- 
Christ  aux  enfers.  Pour  toute  réponse  il  fut  des- 
titué de  sa  place  de  professeur  d'humanités  en 
1543.  Forcé  de  quittet  Genève,  il  alla  mourir  de 
misère  à  Bâle. 

Ce  fut  aussi  au  bannissement  que  fut  condamné 
.Térôme  Bolsec,  moine  défroqué,  mauvais  méde- 
cin et  théologien  brouillon.  Il  avait  adopté  les 
idées  de  Pelage  sur  la  liberté  métaphysique,  et 
crut  pouvoir  les  publier  à  Genève.  Il  en  fut  quitte 
pour  une  réfutation  de  Calvin,  trois  mois  de  pri- 
son et  l'exil  en  1552.  11  se  vengea  de  son  adver- 
saire mtolérant  en  écrivant  contre  lui,  après  sa 
mort,  un  libelle  plein  des  plus  violentes  invec- 
tives. De  tous  les  adversaires  de  Calvin ,  Jérôme 
Bolsec  est  sans  contredit  le  moins  intéressant; 
mais  le  livre  de  PrsedesUnatione,  suscité  par 
cette  polémique,  mérite  de  fixer  l'attention,  car 
on  peut  le  regarder  comme  le  complément  de 
l'Institution  chrétienne. 

Dans  son  travail  de  réforme ,  Calvin ,  nous 
l'avons  vu ,  procède  par  voie  d'élimination.  H 
commence  par  écarter  les  intermédiaires  qui  se 
placent  entre  Dieu  et  l'homme  :  le  pape,  la  hié- 
rarcliie  ecclésiastique,  les  pères  de  l'Église ,  les 
saints,  la  sainte  Vierge  ;  mais  il  est  d'autres  in- 


271 

terrnédiaires  que  nous  trouvons  en  nous-mêmes: 
ce  sont  nos  bonnes  œuvres,  qui,  selon  les  dogmes 
catholiques,  intercèdent  pour  nous  auprès  de 
Dieu.  L'efficacité  même  des  bonnes  œuvres  ne 
trouve  pas  grâce  devant  Calvin.  Il  ne  veut  pas 
que  l'homme  puisse  avoir  d'autre  mérite  que 
celui  qui  lui  vient  de  Dieu.  L'homme  fait-il  de 
bomies  œuvres,  «  c'est  un  effet  de  la  grâce  di- 
vine, c'est  un  don  du  Rédempteur,  ce  n'est  pas 
un  mérite  propre  à  la  créature  déchue ,  et  qui 
puisse  en  rien  concourir  à  son  salut.  En  un  mot 
la  justification  de  l'homme  est  toute  en  Jésus- 
Christ.  » 

Comme  dans  une  matière  aussi  délicate  nous 
craindrions  de  ne  pas  rendre  exactement  la  pen- 
sée de  Calvin,  nous  le  laisserons  parler  lui- 
même. 

«  La  prédication  du  libre  arbitre,  tel  qu'on 
l'entendait  avant  Luther  et  ses  disciples,  que 
pouvait-elle,  sinon  gonfler  leshommesde  la  vaine 
opinion  de  leur  propre  vertu,  de  manière  à  ne 
plus  donner  place  à  la  grâce  du  Saint-Esprit  et  à 
ses  secours?  Le  débat  le  plus  vif,  la  plus  opi- 
niâtre réclamation  de  nos  adversaires  porte  sur 
la  justification  ;  l'obtient-on  par  la  foi  ou  par  les 
œuvres?  Us  ne  souffrent  pas  que  l'honneur  de 
notre  justice  revienne  tout  entier  à  Christ  ;  ils 
en  reportent  une  part  aux  mérites  de  nos  œuvres. 
Nous  ne  disputons  pas  ici  sur  les  bonnes  œu- 
vres ,  nous  n'examinons  pas  si  elles  sont  agréa- 
bles à  Dieu,  si  elles  recevront  de  lui  une  ré- 
compense, mais  si  elles  sont  dignes  de  nous  con- 
cilier Dieu,  si  on  acquiert  au  prix  d'elles  la  vie 
étemelle,  si  elles  sont  des  compensations  que 
Dieu  reçoive  en  payement  des  péchés ,  si  enfin 
on  doit  placer  en  elles  la  confiance  du  salut. 
Nous  repoussons  ces  erreurs,  parce  qu'elles  por- 
tent les  hommes  à  considérer  leurs  œuvres  plu- 
tôt que  Christ,  pour  se  rendre  Dieu  propice, 
pour  attirer  sa  grâce ,  pour  acquérir  l'héritage 
de  la  vie  étemelle,  enfin  pour  être  justes  devant 
Dieu.  C'est  ainsi  qu'ils  s'enorgueillissent  de  leurs 
œuvres,  comme  si  par  là  ils  tenaient  Dieu  en- 
chaîné. Or,  qu'est-ce  que  cette  superbe,  sinon 
une  ivresse  mortelle  de  l'âme?  En  effet,  ils  s'a- 
dorent à  la  place  de  Christ;  et,  plongés  dans  le 
gouffre  profond  de  la  mort,  ils  rêvent  qu'ils  pos- 
sèdent la  vie.  On  me  reprochera  de  m'étendre 
trop  longuement  sur  ce  sujet,  mais  ne  publie-t- 
on pas  dans  toutes  les  écoles,  dans  tous  les  tem- 
ples ,  cette  doctrine  :  qu'il  faut  mériter  la  grâce 
de  Dieu  par  les  œuvres  ;  que  par  les  œuvres  il 
faut  acquérir  la  vie  étemelle;  que  la  confiance 
au  salut  est  présomptueuse  sans  l'appui  des  œu- 
vres ;  que  nous  sommes  réconciliés  à  Dieu  par 
la  satisfaction  des  bonnes  œ.uvres,  et  non  par 
la  rémission  gratuite  des  péchés ,  que  les  bonnes 
œuvres  méritent  le  salut  éternel  ;  non  qu'elles 
nous  soient  imputées  gratuitement  à  justice  par 
le  mérite  de  Christ,  mais  par  la  force  de  la  loi  ; 
que  les  hommes  sont  réconciUés  à  Dieu,  non 
par  le  pardon  gratuit  des  péchés ,  mais  par  des 


CALVIN  272 

œuvres  de  satisfaction,  comme  il  les  appellent  ; 
qu'à  ces  satisfactions  s'ajoutent  les  mérites  de 
Christ  et  des  martyrs,  seulement  lorsque  le  pé- 
cheur a  mérité  ce  secours.  Il  est  certain  que  ces 
opinions  impies  ont  fasciné  la  chrétienté  avant 
que  Luther  se  fît  connaître  au  monde.  » 

Moins  heureux  que  Sébastien  Castalion  et  Jé- 
rôme Bolsec,  Jacques  Gruet  et  Michel  Servet 
payèrent  de  leur  vie  leur  résistance  à  Calvin. 
Gruet  appartenait  au  parti  des  libertins.  Il  fut 
arrêté  pour  avoir  affiché  sur  la  chaire  de  la  ca- 
thédrale un  placard  contre  les  Genevois  réfor- 
més et  leurs  ministres.  On  trouva  dans  ses  pa- 
piers des  écrits  violents  contre  Calvin ,  une  re- 
quête qu'il  voulait  présenter  au  conseil  général 
contre  la  discipline  ecclésiastique ,  et  un  traité 
dans  lequel  étaient  mis  en  doute  la  divinité  des 
livres  saints ,  la  spiritualité  et  l'immortalité  de 
l'âme,  le  jugement  dernier.  Jacques  Gruet  fut 
condamné  à  mort  pour  avoir  parlé  avec  mépris 
de  la  religion,  pour  avoir  travaillé  à  ébranler 
l'autorité  du  consistoire,  pour  avoir  mal  parlé 
des  ministres  et  surtout  de  Calvin ,  pour  avoir 
écrit  des  lettres  propres  à  irriter  la  cour  de 
France  contre  Calvin.  Il  eut  la  tête  tranchée 
le  26  juillet  1547.  On  peut  discuter  sur  la  part 
que  Calvin  prit  à  ce  jugement,  ou  peut  même 
approuver  la  sentence ,  mais  l'inquisition  n'au- 
rait pas  été  plus  sévère.  Servet  était  un  es- 
prit vaste ,  déréglé ,  et  trop  amoureux  du  bruit. 
Médecin  savant,  s'il  eût  su  se  renfermer  dans  la 
physiologie,  il  aurait  conquis  une  gloire  durable, 
car  il  avait  découvert  la  circulation  du  sang,  et 
cette  découverte  pouvait  le  conduire  à  d'autres. 
Il  s'aventura  dans  la  métaphysique,  et  s'y  per- 
dit. Dépassant  les  négations  timides  du  protes- 
tantisme, il  s'élança  jusqu'aux  systèmes  les 
plus  audacieux  de  la  philosophie  antique.  Pro- 
menant en  Europe  ses  idées  proscrites ,  et  bra- 
vant les  persécuteurs  par  orgueil  ou  par  convic- 
tion, 0  eut  l'imprudence  de  se  rappeler  au  sou- 
venir de  Calvin.  Il  lui  écrivit  plusieurs  fois,  et 
lui  envoya  même  le  livre  où  étaient  consignées 
ses  pensées  les  plus  téméraires,  sa  Restitution 
du  christianisme  (Restitutio  cliristianismi). 
Calvin  fut  d'autant  plus  irrité  contre  cette  œuvre, 
qu'ellen'était,  après  tout,  que  la  conséquence  du 
principe  posé  par  le  protestantisme  lui-même, 
l'interprétation  individuelle  de  la  Bible.  Dans 
sonindignation  il  écrivit,  au  mois  de  février  154G, 
à  Viret  et  à  Farel  qu'il  agirait  de  manière  que 
si  Servet  venait  à  Genève,  il  n'en  sortît  pas  vi- 
vant. (Si  venerit,  modo  valent  mea  auctori- 
tas,  vivum  exire  nnm^uam  patiar).  11  tint  ' 
parole  ;  mais  ce  ne  fut  pas  la  faute  des  magis- 
trats devienne,  qui,  devançant  les  juges  catho- 
liques, condamnèrent  Servet  au  bûcher  au  mois 
de  juin  1553.  Quelle  part  eut  Calvin  à  la  sen- 
tence rendue  par  le  parlement  du  Dauphiné  ?  On 
prétend  qu'il  dénonça  Servet;  il  est  5ûr  du 
moins  qu'il  envoya  aux  juges  ses  lettres  et  la 
Restitution  du  christianisme.  Servet  parvint  > 


73 


CALVIN 


274 


s'évader,  et  ne  fut  brûlé  qu'en  effigie.  Chose 
raille!  il  se  réfugia  à  Genève  ,  dans  la  ville 
u^iiit'  où  régnait  son  mortel  ennemi.  Cette  ré- 
ilntioa  qui  paraît  presque  insensée  s'expliqiie 
Il  deux  motifs  :  le  malheureux  condamné  n'a- 
lil  a  attendre  que  le  bûcher  dans  les  pays  ca- 
oliiiues,  et  il  crut  trouver  plus  de  tolérance 
ms  une  ville  protestante  :  l'autorité  de  Calvin 
ait  sérieusement  menacée  par  ses  anciens  amis, 
i\-inômes  fatigués  de  sa  tyrannie;  oserait-ii 
miiir  par  le  procès  du  [médecin  hérétique  un 
liiil  de  ralliement  à  ses  nombreux  ennemis?  Il 
sa.  Servet,  arrivé  à  Genève  dans  les  premiers 
lis  (le  juillet,  fut  arrêté  le  13  août.  La  loi  de 
■nève  ordonnait  que  l'accusateur  et  l'accusé 
fiassent  ensemble  en  prison.  Calvin  fit  inten- 
te procès  par  Nicolas  de  la  Fontaine,  son  se- 
■laiie,  étudiant  en  théologie.  De  la  Fontaine 
constitua  prisonnier  en  requérant  la  détention 
Seivet ,  et  il  produisit  quarante  articles  sur 
quels  il  demanda  que  l'accusé  fût  examiné. 
lui -ci  fut  reconnu  coupable.   Le  lieutenant- 
minel  se  saisit  de  la  procédure.  Les  princi- 
es  accusations  dirigées  contre  Servet  étaient  : 
voir  écrit  dans  son  Ptolémée  que  c'était  à 
t  que  la  Bible  célèbre  la  fertilité  de  la  terre 
Canaan,  qui  était  inculte  et  stérile  ;  —  d'avoir 
)eie  la  Trinité  un  cerbère,  un  monstre  à  trois 
es  ;  —  d'avoir  écrit  que  Dieu  était  tout,  et  que 
it  était  Dieu.  La  procédure  dura  plus  de  deux 
lis,  et  la  sentence  fut  longtemps  douteuse.  Les 
igistrats   Genevois   consultèrent  les  cantons 
sses,  qui  se  prononcèrent  unanimement  pour 
peine  capitale.  Ce  fnt  aussi  l'avis  de  tous  les 
inds  docteurs  du  protestantisme,  Bucer,  Me- 
ichton,  Farel,  Théodore  de  Bèze.  Servet,  jugé 
r  des  extraits  authentiques  de  ses  ouvrages, 
onnu  coupable  des  opinions  hérétiques  qui 
étaient  imputées,  et  ayant  refusé  de  se  ré- 
I  cter,  fut  condamné  à  être  brûlé  vif.  La  sen- 
ice  fut  exécutée  le  27  octobre.  Une  seule  voix 
leva  contre  cette  barbare  manière  de  combat- 
Terreur  :  ce  fut  celle  de  Castalion.  Pour  im- 
ser  silence  à  cette  noble  protestation  de  l'hu- 
laité  contre  un  sectaire  impitoyable,  Calvin 
i\  it  un  long  traité  sur  le  droit  et  la  nécessité 
punir  les  hérétiques ,  non-seulement  par  des 
ines  canoniques    comme  dans   la   primitive 
lise,  mais  par  le  glaive.  «  Quiconque ,  dit-il , 
iétendra  que  c'est  injustement  qu'on  châtie  les 
'rétiques  et  les  blasphémateurs ,  celui-là  de- 
ndra  sciemment  et  volontairement  leur  com- 
ce.  On  nous  oppose  ici  l'autorité  des  hommes; 
jiis  nous  avons  par  devers  nous  la  parole  de 
eu,  et  nous  comprenons  clairement  les  com- 
Imdements  qui  doivent  régir  son  Église  à  per- 
ituité.  Ce  n'est  pas  en  vain  qu'il  chasse  toutes 
u  affections  humaines  qui  tendent  à  amollir  ks 
[îurs;  qu'il  bannit  l'amour  paternel  et  la  ten- 
'lesse  qui  miit   les  frères,  les  procbes  et  les 
[lis;  qu'il  arrache  les  époux  aux  délices  du  Ut 
injugai,  et  qu'il  dépouille  en  quelque  sorte  les 


hommes  de  leur  propre  nature  pour  que  rien  ne 
fasse  obstacle  à  la  sainteté  de  leur  zèle.  Pour- 
quoi cette  sévérité,  si  ce  n'est  pour  nous  appren- 
dre que  nous  ne  rendons  à  Dieu  l'honneur  qui 
lui  est  dû  qu'à  la  condition  de  préférer  son  ser- 
vice à  tous  les  devoirs  humains,  et  que,  toutes 
les  fois  que  sa  gloire  est  en  cause,  nous  devons 
effacer  de  notre  mémoire  tous  les  attachements 
des  hommes  entre  eux Qu'ils  voient,  ces  mi- 
séricordieux que  charment  tant  la  licence  et 
l'impunité  des  hérésies,  combien  ils  sont  peu 
d'accord  avec  les  ordres  de  Dieu.  De  peur  qu'une 
rigueur  excessive  ne  diffame  l'Église  de  Dieu, 
ils  voudraient,  par  égard  pour  un  seul  homme , 
que  l'erreur  et  l'impiété  pussent  s'avancer  im- 
punément ;  et  Dieu  n'épargne  pas  même  des  peu- 
ples entiers  :  il  commande  que  leurs  villes  soient 
détruites  de  fond  en  comble,  que  leur  mémoire 
soit  abolie,  que  des  trophées  soient  dressés  en 
signe  d'exécration,  de  peur  que  la  contagion 
n'envahisse  la  terre  entière,  et  qu'en  dissimulant 
le  crime  on  ne  paraisse  s'y  associer.  »  A  ces 
terribles  arguments,  qui  peuvent  tous  se  ramener 
à  celui-ci  :  quiconque  en  matière  de  religion  pos- 
sède la  vérité  peut  l'imposer  par  le  glaive  et  pu- 
nir de  mort  les  dissidents,  nous  n'opposerons 
qu'im  seul  fait  :  la  saint  Barthélémy  est  la  con- 
séquence rigoureuse  des  prémisses  posées  par 
Calvin. 

La  condamnation  de  Michel  Servet  ne  fut  pas 
la  seule  qui  attestât  l 'intolérance  du  protestan- 
tisme naissant.  Gentili  de  Cosenza,  Napolitain 
réfugié  à  Genève,  soutint  sur  la  Trinité  des  doc- 
trines assez  semblables  à  celles  du  médecin  es- 
pagnol; condamné  au  feu  comme  lui,  en  1556, 
mais  moins  opiniâtre  ou  moins  convaincu,  il  se 
rétracta,  et  eut  la  vie  sauve. 

Calvin  ne  fut  pas  plus  indulgent  pour  l'oppo- 
sition politique ,  que  pour  l'hérésie.  Il  porta  un 
dernier  coup  au  parti  des  libertins  en  frappant 
Amied  Perrin.  Le  capitaine  général  avait  cepen- 
dant provoqué  le  rappel  du  réformateur  banni  ; 
mais  la  reconnaissance  n'est  pas  la  vertu  des 
chefs  d'État. 

Le  théologien  impérieux,  fatigué  de  la  rivalité 
du  vaillant  soldat  qui  avait  rendu  de  grands  ser- 
vices à  la  république,  le  rendit  suspect  au  peu- 
ple. Amied  Perrin  n'échappa  à  la  peine  capitale 
qu'en  s'enfuyant  à  Berne.  Cette  fuite,  bientôt  sui- 
vie du  supplice  de  François  Daniel  Berthclier, 
assura  la  domination  de  Calvin  pendant  les  huit 
années  qu'il  lui  restait  à  vivre. 

Tout  en  constituant  par  des  moyens  trop 
souvent  tyranniques  la  réforme  à  Genève,  Cal- 
vin n'oublia  rien  pour  assurer  le  triomphe  du 
protestantisme  dans  le  reste  de  l'Europe.  En 
1540,  il  assista  aux  diètes  de  "Worms^et  de  Ra- 
tisboime,  où  il  connut  Melanchton  et  Cruciger. 
A  la  diète  de  Spire,  en  1544 ,  on  peut  dire  que 
quoique  absent,  il  occupa  la  première  place,  car 
il  fut  représenté  dans  cette  assemblée  par  tleux 
de  ses  plus  éloquents  ouvrages,  la  Supplique  à 


275 


CALVIN 


27 


Charles-Quint ,  et  le  traité  Sur  la  nécessité 
de  réformer  VÈglise  (  Johannis  Calvini  sup- 
plex  exhortatio  ad  invïctum  Cœsarem  Ca- 
rolum  Quintum,  et  illustrissimos  principes 
aliosque  ordines  Spirx  mine  imperii  conven- 
tum  agentes,  ut  restituertdœ  Ecclesiee  curam 
serio  suscipere  velint;  1543,  inV  ;  —  De  ne- 
cessitate  reformandse  Ecclesiee,  1544).  Calvin 
s'adresseà  Cliaries-Quint  comme  dix  ans  plus  tôt 
il  s'adressait  à  François  I*"^  ;  mais  son  langage  a 
changé  comme  sa  situation.  Il  parle  «  au  nom  de 
plusieurs  princes  de  haute  dignité ,  de  beaucoup 
d'illustres  républiques,  »  et  sa  prière  ressemble  à 
un  commandement.  Quelle  fierté  dans  tonte  sa 
requête  !  Quelle  audace  dans  cette  conclusion 
qui,  montrant  à  Charles-Quint  la  ruine  de  l'em- 
pire comme  imminente ,  place  le  monarque  entre 
la  réforme  ou  la  déchéance  !  «  Ainsi  donc,  à  l'a- 
venir, toutes  les  fois  qu'on  répétera  à  vos  oreil- 
les qu'il  faut  différer  l'œuvre  de  la  réforme ,  et 
qu'il  sera  toujours  temps  de  s'y  apphquer  lors- 
qu'on aura  mis  ordre  au  reste  des  affaires  ,  invin- 
cible César,  et  vous  prince  très-illustre,  souvenez- 
vous  que  vous  avez  à  décider  si  vous  voulez  ou 
non  laisser  quelque  pouvoir  à  vos  descendants. 
£h  !  que  parlé-je  de  vos  descendants  !  Déjà,  sous 
nos  yeux  mêmes,  l'empire,  à  demi  écroulé,  s'in- 
cline pour  une  chute  dont  il  ne  se  relèvera  ja- 
mais. Pour  nous,  quelle  que  soit il'issue  de  ces 
choses,  nous  serons  soutenus  devant  Dieu  par  la 
conscience  d'avoir  voulu  servir  sa  gloire,  servir 
son  Église,  d'avoir  donné  nos  soins  à  cette  œu- 
vre ,  et  de  l'avoir  avancée  autant  qu'il  était  en 
nous.  Car  nous  savons  de  reste  que  tous  nos 
efforts ,  que  tous  nos  désirs  n'ont  pas  eu  d'autre 
but,  et  nous  avons  pris  soin  de  laisser  derrière 
nous  d'éclatants  témoignages  de  notre  dévoue- 
ment. Et  certes,  lorsqu'il  est  clair  pour  nous  que 
nous  avons  pris  en  main  et  défendu  la  cause  de 
Dieu  ,  nous  avons  la  confiance  que  Dieu  ne  fera 
pas  défaut  à  son  œuvre.  Au  reste,  quoi  qu'il  ar- 
rive ,  nous  n'aurons  jamais  regret  ni  d'avoir 
commencé ,  ni  de  nous  être  avancés  jusqu'ici. 
L'Esprit  saint  nous  est  un  témoin  fidèle  et  as- 
suré de  notre  doctrine  :  nous  savons,  dis-je,  que 
nous  publions  l'éternelle  vérité  de  Dieu.  Que 
notre  ministère  procure  le  salut  du  monde,  nous 
devons  le  désirer  ;  mais  l'événement  est  aux 
mains  de  Dieu,  et  non  dans  les  nôtres.  Si  donc, 
parmi  ceux  que  nous  voulons  servir,  l'obstina- 
tion des  uns,  l'ingratitude  des  autres  amènent  la 
ruine  de  tous  et  de  toutes  choses,  je  répondrai 
en  digne  chrétien  ,  et  tous  ceux  qui  voudront 
mériter  ce  nom  glorieux  souscriront  à  ma  réponse: 
Nous  mourrons.  —  Mais  dans  la  mort  même 
nous  serons  victorieux;  non-seulement  parce- 
que  la  mort  sera  pour  nous  un  passage  à  une 
vie  meilleure ,  mais  parce  que  nous  savons  que 
notre  sang  sera  comme  ime  semence  qui  pro- 
pagera la  vérité  de  Dieu,  qu'on  repousse  aujou- 
d'hui.  » 
La  fierté  de  ce  langage  montre  assez  quelles 


étaient  les  espérances  des  protestants,  qui  s 
croyaient  déjà  sûrs  du  triomphe;  quelle  élu; 
aussi  l'autorité  de  celui  qui  parlait  en  leur  noîr 
Calvin  était  à  la  tête  de  tous  les  réformés  d 
l'Europe.  Content  d'un  médiocre  salaire  et  d 
seul  titre  de  ministre  évangélique,  il  ne  profit 
point  de  son  autorité  pour  acquérir  des  dignit(: 
et  des  richesses.  Débile  et  maladif  ,  plus  pori 
aux  jouissances  de  l'esprit  que  vers  les  plaisii 
des  sens,  il  ne  se  maria  que  par  convenance,  e 
1540.  Il  eut  de  sa  femme  Idelette  de  IJurcs 
veuve  d'un  anabaptiste  converti ,  un  fils  qi 
vécut  peu.  Idelette  même  mourut  après  nei 
ans  de  mariage,  et  Calvin  ne  se  remaria  pa 
Les  historiens  nous  le  représentent  avec  r 
visage  pâle  et  décharné,  un  teint  sombre,  et  ui 
barbe  longue  terminée  en  pointe. 

Il  était  sujet  à  la  migraine ,  à  la  fièvre  quart 
à  la  goutte.  A  tous  ces  maux  se  joignit,  vers 
fin  de  sa  vie,  la  gravelle.  Supérieur  à  ses  do 
leurs,  il  ne  cessa  jusqu'au  dernier  moment  d' 
difier  l'église  de  Genève  par  ses  sermons ,  d' 
clah'er  les  réformés  de  l'Europe  par  des  ouvrag 
lumineux.  Général  des  protestants,  on  peut  àm 
la  letti'e  qu'il  mourut  sur  la  brèche.  «  Le  je 
qu'il  trépassa ,  dit  Théodore  de  Bèze ,  il  seml 
qu'il  parloit  plus  fort  et  plus  à  son  aise  ;  m? 
c'étoit  un  dernier  effort  de  nature ,  car  sur 
soir,  environ  huit  heures ,  tout  soudain  les  sign 
de  la  mort  toute  présente  apparurent  ;  ce  q 
m'étant  soudain  signifié ,  d'autant  qu'un  peu  a 
paravant  j'en  étois  parti,  étant  accouru  av 
quelques  autres  de  mes  frères,  je  trouvai  qi 
avait  déjà  rendu  l'esprit  si  paisiblement  qu 
jamais  n'ayant  râlé ,  ayant  pu  parler  intellii 
blement  jusqu'à  l'article  de  la  mort,  en  pk 
sens  et  jugement,  sans  avoir  remué  pied 
main ,  il  sembloit  plutôt   endormi  que  mo 
Voilà  comme  en  un  même  instant,  ce  jour  là, 
soleil  se  coucha   et  la  plus  grande  lumière  c 
fût  en  ce  moiide  pour  l'adresse  de  l'Église  et 
Dieu  fut  retirée  au  ciel.  » 

Les  œuvres  complètes  de  Calvin  furent  i 
bliées  a  Genève ,  en  12  vol.  in-fol.,  et  rci 
primées  en  1617.  Schepfer  en  donna  une  nouve 
édition;  Amsterdam,  1667,  9  vol.  in-fol.  Comi 
réformateur  religieux,  Calvin  peut  être  jn 
très-sévèrement.  Comme  législateur,  il  introd 
sit  de  grandes  améliorations  à  Genève;  comi 
écrivain  littérateur,  il  contribua  puissammen 
la  formation  de  la  langue  fiançaise ;  comi 
homme  enfin,  il  eut  le  génie  de  l'opiniâtreté,  qi 
selon  les  circonstances,  peut  faire  indilféremm( 
le  mal  et  le  bien.  Léo  JouiiKin . 

Théodore  de  Bèze ,  HUt.  de  la  vie  de  Jean  C/dvi 
Genève,  1564,  in-40.  —  Jcrôrae  BoUec,  f-'ie  de  Jean  C 
vin.  —  Charles  de  Relincourt ,  Défense  de  Jean  cale 
—  Malmbourg,  Histoire  du  calvinisme.  —  Bayle,  D 
tionnaire  historique.  —  ,Séncbier,  Histoire  littéra 
de  Genève.  —  Guizot,  Musée  des  protestants  célèbres. 
Aiulln,  Histoire  de  la  vie,  des  ouvrages  et  des  doct 
nés  de  Jean  Calvin.  —  Eugène  Géruscz,  Essais  d'Ii 
toire  littéraire.  —  RtUictde  Candolle,  Relation  dup 
ces  criminel  intenté  à  Genève,  en  15s3,  contre  Mie 


1177 


CALVm  —  CALVO 


578 


ervct,  dans  les  Mémoires  et  documents  publiés  pat 
;  t  Société  d'Mttoire  et  d'archéologie  de  Genève  ;  184*., 
I  III,  p.  1-160.  —  Sayons,  Ettiden  littéraires  sur  lesécri- 
'  (lins  français  de  la  reformation. 

*  CALVIN  l^André  Carvin,  dit),  général  de 
rigade  français,  né  à  Marseille  (Bouclies-du- 
luine)  le  19  février  1767,  mort  le  25  décembre 
siX).  Après  avoir  servi  dans  le  83®  régiment  d'in- 
interie,  et  dans  les  chasseurs  de  Champagne, 
n  :? 8  décembre  1783  au  25  mai  1792,  Calvin 
issa  chef  en  second  au  1"  bataillon  de  Marseille 

("'juillet  suivant.  Chef  delà  103° demi-brigade 
15  février  1796),  il  fut  fait  général  de  brigade 
ir  le  champ  de  bataille  par  le  général  Cham- 
orinet,  et  il  reçut  le  commandement  en  chef 
^  l'armée  de  Naples  le  20  janvier  1799.  Blessé 
(utellement  au  passage  du  Mincio  à  Pozzolo 
décembre  1800)  en  chargeant  à  la  tète  du 
le  ligne,  il  mourut  le  lendemaiu  à  l'âge  de 

iiie-trois  ans.  Le  nom  de  ce  général  est  inscrit 
Il  les  tables  de  bronze  du  palais  de  Versailles. 

Archiiies  de  la  guerre.  —  Moniteur,  XXIX,  384,  877, 
T    -  Victoires  et  conquêtes. 

*calvijVI  {Chrysostome),  prélat  et  théolo- 
(11  italien,  de  l'ordre  des  Bénédictins  de  la  règle 
1  -Mont-Cassin ,  né  dans  la  Calabre ,  devint  ar- 
icvôque  deRaguse,  où  il  mourut  en  1574.  De 
s  nombreuses  traductions  des  auteurs  grecs  en 
lin,  la  principale  est  :  Sermones  XXI  S.  I)oro- 
,;c/;  Venise,  1574. 
Ziegelbaucr,^tst.  litter.  ord.  Sancti  Bened.,  t.  iv,  p.  loi 

(îiU. 

CALVJNO  {Joseph-Marc),  poète  italien,  né  à. 
rapani  en  1785,  mort  le  22  avril  1833.  11  fit 
-esquft'  sans  maître  de  bonnes  études ,  et  dé- 
oya  de  bonne  heure  un  grand  talent  poétique. 
ais  une  mort  prématurée  l'arrêta  dans  sa  car- 
'le.  On  a  de  lui  :  Poésie  lirïche;  2  volumes; 

-  Industria  Trapanese;  1825;  —  Batraco- 
liomachia  rf'Omero,  traduite  en  patois  sicilien; 

i"^^";  —  Dio  nella  natura,  poème  dans  le 
■me  de  Dante;  —  lUgenia  in  Atilide,  opéra; 
519;  — Il  Calzolaso  d'Allessandria  délia 
'nglia,  comédie  dans  le  genre  de  Goldoni. 

;  l'ip.ildo,  Bioç,  degli  ital.  illvstri,  IV,  i44. 

CALTiNus  {Jean),  appelé  aussi  rahl,  ju- 
risconsulte allemand,  vivait  dans  la  première 
jioitié  dn  dix-septième  siècle.  Il  professa  le  droit 
I  Heidelberg.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
fxicon  juridicum ;'PrsLadovi,  1609  et  Genève, 
"34,  1759  ;  2  vol.  in-fol.  ;  ouvrage  estimé  et  por- 
'int  sur  toutes  les  parties  de  la  jurisprudence; 

-  Themis  hebrseo-romana;  id  est  jurispru- 
_  cnlia Mosaïca et Romafia ;  Hanau,  1 595, in-8* ; 
i-  Jurisprudentia  feudalis  libri  VI,  et  autres 
j  uvrages  sur  des  matières  analogues. 

1  Jôcher,  Âllgem.  Gelehrten-Lexicon 

j  *CALViivts  GEMMETic^aics  {Antoine), 
jOëte  latin ,  d'origine  incertaine,  vivait  proba- 
filement  dans  le  milieu  du  seizième  siècle.  On 
I  de  lui  ;  Dialogus  heroico  carminé  perstrictus 
'c  Christi  acerbissima  mords  perpessione 
'aiis,  1559,  in-4®. 
Catal.de  la  Bibl.  impér.  de  Paris, 


*CALViNus  {Omobonus),  juriconsultc  ita- 
lien, né  probablement  à  Milan ,  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de 
lui  :  De  jEquitate  liber  primus  et  secundus 
auct.  Jub.  Cxs.  Calvino  (probablement  son 
père),  et  lertius  ab  Omobono  Calvino  editus ; 
Milan,  1076,  in-fol. 
Catal.  de  la  Bibl.  Impér.  de  Paris. 

cALVisius  {Seth),  astronome,  musicien  et 
poète  allemand,  né  à  Gorschleben  le  20  février 
1566,  mort  le  24  novembre  1615.  Fils  d'un 
pauvre  journalier,  il  trouva  assez  de  ressources 
dans  la  musique,  qu'il  apprit  de  bonne  heure, 
pour  aller  étudier  à  Frankenhausen ,  à  Magde  - 
bourg,  puis  à  l'université  de  Helmstadt,  et  enfin, 
en  1582,  il  fut  chargé  de  diriger  1  école  de  mu- 
sique de  Pforta.  II  mit  à  profit  la  bibliothèque 
de  cette  ville  pour  se  livrer  aux  études  his- 
toriques. La  lecture  des  œuvres  de  Scaliger  le 
porta  à  s'occuper  de  calculs  chronologiques. 
Au  mois  de  mai  1594,  il  devint  directeur  de  l'É- 
cole de  musique  de  Leipzig,  et  écrivit  des  ouvra- 
ges de  musique  et  de  philologie.  Une  chute  qu'il 
fit  quelques  années  avant  sa  mort  le  rendit  en- 
core plus  sédentaire  et  plus  studieux.  L'astrolo- 
gie fut  une  de  ses  études  de  prédilection.  On  a 
de  lui  :  Opus  chronologicum  ex  auctoritate 
potissimum  S.  Scripturee  et  historicornm  fide 
dignissimorum,  ad  Motum  luminarium  cœ- 
lestium  tempora  et  annos  distinguentium ; 
Leipzig,  1606,  in-4°;  —  Enodatio  dtiorum 
queestionum  circa  annum  nativitatis  et  tem- 
pus  ministerii  Christi; Erfurt,  1610  ;  —  Exer- 
ci^a^io  mMsicœ  ;  Leipzig ,  1611;  —  Elenchus 
Calendarii  Gregoriani  et  duplex  calendarii 
Melioris  formula;  Francfort,  1615,  in-4°;  — 
Formula  calendarii  novi,  calendario  Grego- 
riano  expeditior,  melior  et  certior  ;  Heidel- 
berg, 1613,  in-4°.  Cet  ouvrage  valut  àCalvisius 
d'occuper  une  place  dans  V Index  librorumpro- 
hibitorum  de  1667. 

Vossius,  de  Scientiis  mathematicis.  —  Delambre,  Hist. 
de  l'Astronomie, 

CALVisirs  {Seth),  petit-fils  du  précédent, 
théologien  allemand,  né  à  Quedlinbourg  le  11 
juin  1639,  mort  le  22  avril  1698.  Après  avoir 
étudié  à  Leipzig,  il  remplit  diverses  fonctions 
ecclésiastiques.  On  a  de  lui  des  Sermons,  des 
Commentaires  sur  les  psaumes. 

CALVISIUS  {Seth-Benri),  arrière-petit-fils 
de  l'astronome,  théologien  allemand,  vivait  dans 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  11  lut  pas- 
teur à  Magdebourg,  et  laissa  également  des  ou- 
vrages ecclésiastiques. 

Leporlâ,  in  Memoriis  Antistitum  QuedHnburgensiutn. 

CALVISIUS  SABiNUS.  Voy.  Sabinus. 

CALVO  {Antoine),  natif  de  Rome,  mort  le 
2  octobre  1421.  Il  fut  élevé  au  cardinalat  sous 
Innocent  VU,  dont  il  se  montra  jusqu'à  la  fin 
le  partisan  zélé. 

kMbévy ,  Histoire  générale  des  cardinaux. 

*  CALVO  {Boniface),  troubadour  provençal, 
mais  natif  de  Gênes ,  vivait  dans  le  milieu  du 


279  CALVÔ  — 

treizième  siècle.  Issu  d'une  famille  noble  il  se 
vit  forcé  par  les  troubles  civils  de  sa  Tille  natale, 
à  se  réfugier  à  la  cour  d'Alphonse  X,  roi  de  Cas- 
tille,  où  il  se  rendit  célèbre  par  ses  poèmes  pro- 
vençaux ;  mais,  courtisan  ti'op  rampant,  il  se  fit 
mépriser,  d'un  autre  côté,  par  ses  mœurs  corrom- 
pues. On  a  de  lui  :  plusieurs  poèmes  en  pro- 
vençal (en  en-trait  dans  V Histoire  des  Trouba- 
dours, t.  n,  p.  344-376). 

Adelung,  suppément  à  Jôcher,  Allgemeines  Gelehvten- 
Lexicon. 

CALVO  ou  CALVUS  {FéUx),  chirurgien  ita- 
lien, natif  de  Bergame,  mort  le  21  juin  1661. 
Reçu  chirurgien  à  Padoue ,  il  exerça  avec  succès 
son  art  à  Milan  et  dans  sa  ville  natale.  On  a  de 
lui  des  ouvrages  sur  diverses  maladies,  l'ané- 
vrisme,  les  uldères  cancéreux,  les  plaies  de  tète 

et  le  squirre. 

Éloy,  Dict.  de  la  Médecine. 

CALVO  {Marco- Fàbio),  médecin  italien,  na- 
tif de  Ravennes,  mort  à  Rome  en  1527.  On  lui 
doit  une  des  premières  traductions  latines  d'Hip- 
pocrate  ,qu'il  entreprit  par  ordre  de  Clément  VIT 
et  sur  un  manuscrit  grec  du  Vatican;  Rome, 
1525,  in  fol.  On  a  en  outre  de  lui  :  Antiquas 
urbis  Romae  cum  regionibus  simulachrum  ; 
Bâle,  1558,  in-fol. 

Kloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine. 

*  CALVO  ou  CALvrs  A  sALONiA  {Michel), 
médecin  et  philosophe  espagnol,  né  à  Avila  dans 
la  Vieille-Castille,  mort  dans  la  même  ville  en 
1579.  Le  magnifique  monument  funéraire  en 
marbre  qui  lui  fut  consacré  dans  l'église  de  l'Ob- 
servance de  Saint-François,  où  il  est  enterré, 
fut  renversé,  en  1693,  par  un  tremblement  de 
terre.  On  a  de  lui  :  Dispute  sur  la  fièvre  tierce 
(  en  manuscrit)  ;  —  Super  Porphyrii  ad  prsedi- 
camenta  Aristotelis  introductione  conclusio- 
nes.  Addita  est  de  libre  prsedicamentorûm 
pro  omnibus  Aristotelis  expositi  omnibus 
adversus  Hieronymum  Balduinum  apolo- 
gia;  Venise,  1575,  in-8°. 

Carrèrc,  Bibl  de  la  Médecine. 

*  CALVO  {Paul-Bernard) ,  chirurgien  ita- 
lien, natif  du  Piémont ,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Traité  de  Chirurgie  (en  italien),  en  2  vol.; 

Turin,  1711. 
Carrcre,  Bibl.  de  la  Médecine. 

CALVO  OU  CALVi  {Jean),  médecin  espa- 
gnol, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  s'efforça  de  faire  entrer  les  écoles  de 
médecine  du  royaume  dans  la  voie  du  progrès, 
et  y  contribua  par  ses  écrits.  On  a  de  lui  :  Pri- 
mera y  segunda  parte  de  la  chirurgia  uni- 
versal  y  particular  del  cuerpo  humano  ;  Se- 
ville,  1580,  in-4°  ,  et  Madrid,  1626,  in-fol.  ;  — 
Libro  de  Medicina  y  Chirurgia;  Barcelone, 
1592  ;  —  une  traduction  en  espagnol  de  la  Chi- 
rurgie française  de  Gui  de  Cauliac  ;  Valence, 
1596,  in-fol. 

Antonio,  Biblioth.  hisp.  nova. 

ÇALYO  ou  GUALBE  {Jean-S<Mveur  DE),sur- 


CALYOR  28 

nommé  le  brave,   général  français,   d'origir 
catalane,  né  à  Barcelone  en  1625,  mort  à  Dein< 
le  29  mai  1690.  Lorsque  la  Catalogue  se  soum 
à  la  France,  il  passa  au  service  de  cette  dernièi 
puissance  en  1641,  et  fit  toutes  les  campagnes  c 
Catalogne  jusqu'en  1655.11  prit  part,  en  1668, 
la  conquête  de  la  Franche-Comté,  et  en  1671 
assista  à  tous  les  sièges  faits  par  Louis  XIV.  î 
1673,il  se  trouva  à  la  bataille  de  Senef.  Le  7  jui 
let  1676,  il  fut  appelé  au  commandement  ( 
Maëstricht,  et  déclara  aux  ingénieurs  que ,  s 
n'entendait  rien  au  siège  d'une  place,  il  savait. 
moins  qu'il  ne  se  rendrait  pas  ;  et,  en  effet,  il  ti 
pendant  cinquante  jours,  jusqu'à  l'arrivée  < 
Schomberg.  Le  siège  fut  alors  levé  par  le  priu 
d'Orange.  Calvo  fut  nommé  lieutenant  généi;i 
et  resta  commandant  de  Maëstricht  jasqu'i 
1679.  Après  avoir  surpris  Leave,  et  s'être  er 
paré,  en  1679,  de  Clèves  et  du  pays  de  ce  noi 
il  se  rendit  à  l'armée  du  Riiin.  Puis,  il  prit  pt 
et  contribua  en  Catalogne,  en  1684,  aux  suce 
remportés  alors  sur   l'ennemi.  Il  se  disting 
encore  en  Flandre  en  1689,  et  mourut  au  re 
ment  où  il  allait  avoir  le  commandement  d' 
corps  d'armée  sous  les  ordres^du  maréchal 
Luxembourg. 
Chaudon  et  Dclandlne,  Nouveau  Dict.  hist. 
*  CALVOR  (  Gaspard),  théologien  et  histori 
allemand  ,  né  à  Hildesheim  le  8  novembre  1 6; 
mortàClausthal  le  11  mai  1725.  Après  avoir  étiK 
à  léna  et  à  Helmstœdt,  il  fut  nommé  en  1 67  7  dia( 
et  en  1 684  surintendant  ecclésiastique  à  Zellerle 
et  enfin  en  1 7 1 0  surintendant  général  ecclésiastiq 
de  la  principauté  de  Gruberhagen  à  Clausth 
où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  Élève  de  Calixte 
était  du  petit  nombre  des  théologiens  conciliai 
de  cette  époque,  et  prêchait  la  tolérance  surt( 
dans  les  querelles  contre  les  piétistes.  Les  pr 
cipaux  de  ses  ouvTages  sont  :  Fissura:  Sion 
L.  E.  de  schismatibus  ac  controversiïs  ,  ç 
Ecclesiam  Domini  ab  ascensu  ejus  ad  deci 
sum  sccculi  XVII  usque  agitarunt,  tractai 
theol.  historicus;  Leipzig,  1700,  in-4'';  — 
Musica,  ac  sigillatim  de  Ecclesiastica  eoq 
speciantibus  organis ;  Leipzig,  1702,  in-12, 
Rituale  ecclesiasticmn,  origines  ac  causas 
tmim,  quos  Ecclesia  evangelica  frequenti 
evolvens,  subnexo  usu  et  abusu;  léna,  I7i 
2  vol.  in-4°  (c'est  une  2*  édit.  augmentée  de  W 
vrage  précédent)  avec  beaucoup  de  gravun 
_  De  Pace  ecclesiastica  inter  Protestan 
ineunda  consultatio ,  occasione  quacstioni 
numschisma  inter  protestantes  Ecclesias 
legitimum,  etc.,  Ad  Carol.  XIL  reg.  Suea 
Leipzig  et  Goslar,  1708,  in-4»  ;  —  Saxonia 
ferior  antiqua   gentilis    et   christiana, 
primo    Millenario   post   Christum    natu 
Goslar,  1714,  in-fol.  (son  meilleur  ouyiag 

J.  J.  Fahsius,  nta  G.  Calvœrii;  Goslar,  1727,  in-S» 
Schlcgel,  Kirchcngeschichte  des  18.  Jahrhunderts,  t, 

p.  257. 

*  CALVOR  (ffenning'  oa  Henri),  fils  du  [ 
cèdent,  historien  et  économiste  allemand,  »é  i 


281  CAUVOR 

1686,  mort  le  10  juillet  1766  à  Attenau  (dans  le 
4artz).  Il  succéda,  en  1726,  à  son  jjère  dans  les 
lirections  de  l'École  latine  de  Clausthal,  et  plus 
ard  fut  pasteur  à  Attenau,  où  il  resta  jusqu'à  sa 
nort.  On  a  de  lui  :  Pr.  de  Historia  recentiori 
fercyniw  superioris  mechanica;  Clausthal, 
72C,  in-4°  ;  —  Pr  ■  de  domo  Brunsvic.  Lu- 
<.eb.  antiquissima  nobditate  nec  non  claritate 
t  potentia  ex  infelicï  lapsu  restitzita ;  Chm- 
lial,  1727,  in-4";  —  Acta  historico-chronolo- 
ico-mechanica  ctrca  metallurgiam  in  Her- 
ynia  superiori,  oder  Historisch-chronolo- 
<ische  nachricht  und  theoretische  und  prak- 
ische  Beschreibimg  des  Maschinenwesens 
nd  der  Hiilfsmittel  bei  dem  Bergbau  auf 
I  em  Oberharze;  Brunsvick,  1763,  2  vol.  in-fol. 
vec  48  grav.  (n'est  que  la  suite  de  l'ouvrage  de 
chluter  sur  le  même  sujet  )  ;  —  Historische 
'achricht  von  den  Oberharzischen  Ber- 
werken ,  etc.  (Notice  historique  sur  les  Mines 
11  Hartz  supérieur);  Brunsvick,  1765,  in-fol. 
tVdelung,  suppl.  à  Jôcher,  Mlgem.  Gclehrten-Lexicon. 
i' CALVY  DE  LA  FONTAINE  {François),  hu- 
lianiste  et  poète  français,  natif  de  Paris,  vi- 
iût  au  seizième  siècle.  Il  était  lié  avec  Charles 
lontaine,  avec  lequel  il  a  pu  ôfre  confondu,  et 
jfâ  lui  adressa  un  quatrain  au  sujet  de  la  confor- 

Bité  de  leurs  noms.  On  a  de  lui  une  traduc- 
m  de  la  Manière  de  bien  et  heureusement 
}nstituer  et   composer  sa  vie  et  forme  de 

Blitfre,  contenant  soixante-dix-huit  enseigne- 
ments envoyés  par  Isocrate  à  Bemonicus; 
ans,  1543,  in-18;  —  une  traduction  du  Traité 
e  la  Félicité  humaine  de  Philippe  Béroalde; 
fans,  1543;  —  Trois  déclamations  èsquelles 
\Yvrogne,  le  Putier  et  le  Joueur  dedez, 
^ères,  débatent  lequel  d'eux  trois  (  comme  le 
\lus  vicieux),  sera  privé  de  la  succession  de 
'^eur  père,  suivant  son  Testament.  Invention 
\atine  de  Philippe  Béroalde,  poursuivie  et 
\mplifiée  par  le  dit  traducteur,  avec  un  dia- 
logue de  Lucain,  intitulé  Mercure  et  Vertu  ; 
l'aris,  1556;  —  une  traduction  en  vers  de  VÈlé- 
f  ie  d'Ovide  sur  la  complainte  du  noyer  ;  Pa- 
!is,  l'Angelier,  sans  date  in-16;  —  Églogue  sur 
[e  retour  de  Bacchus,  en  laqiielle  sont  intro- 
iluits  assavoir  Callinot  de  Beauîne  et  Jacqui- 
hot  d'Orléans;  in-8°,  gothique,  8  feuillets. 
l  La  Croix  du  Maine  et  du  Verdler  Bibl.  françaises,  — 
jloujel,  Bibl.  franc. 

!  *CALZA  (Antonio),  peintre  de  l'école  véni- 
tienne, né  à  Vérone  en  1653,  mort  à  Bologne 
ers  1714.  a  étudia  le  dessin  à  Bologne  sous 
parlo  Cignani.  De  retour  dans  sa  patrie ,  ayant 
j  u  quelques  tableaux  de  bataille  du  Bourguignon, 
[I  partit  pour  Rome,  et  parvint  à  se  faire  ad- 
pûettre  parmi  ses  élèves.  Il  fit  quelques  progrès 
[lans  ce  genre,;  mais,  désespérant  d'atteindre  à  la 
vérité  et  à  la  force  de  son  maître,  il  se  mit  à 
leindre  dans  le  genre  du  Poussin  des  paysag<^s 
jui  lui  firent  le  plus  grand  honneur.  E.  B — n. 

Lanzl,  Storia    piltorica.  —    W mcKelmann,    Neues 
Hahhrlexicon. 


—  CAM  282 

*  CALZARO,  sculpteur  véronaîs  très-ancien, 

travaillait  dans  sa  patrie  vers  le  trezième  siècle. 

Maffel,  f^erona  illustrata.  —  CIcagnara,  Storia  délia 
scoltura. 

*;cALZOLAi  ou  cALZOLARi  (  Pierre),  histo- 
rien ecclésiastique  italien,  de  l'ordre  des' Bénédic- 
tins du  Mont-Cassin,  né  à  Buggiano  en  Toscane, 
vers  1500,  mort  à  Rome  le  11  mai  1580.  Il  fut 
aussi  appelé  Petrus  Ricordatus,  ou  Petrus  Flo- 
rentinus,  ou,  de  son  lieu  de  naissance,  Pierre  de 
Buggiano.  Ces  différents  noms  ont  semblé  à  quel- 
ques auteurs  les  noms  d'autant  de  personnes  dif- 
férentes. Il  vivait  d'abord  dans  le  couvent  de 
Sainte-Marie  à  Florence,  et  devint  ensuite  prieur 
du  couvent  de  Saint-Paul  à  Rome  (extra  mu- 
ros  ),  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  : 
Historia  monastica,  overo  Trattati  per  modo 
di  Dialogo  ;  Florence,  1561 ,  in-4°,  2"  édit.;  Rome, 
1575,  in-4''.  Une  3®  édition  de  cette  histoire  très- 
estimée  encore  aujourd'hui,  devait  paraître  au 
moment  de  la  mort  de  l'auteur. 

Fiegelbauer,  Hist.  litter.  ord.  S.,  Bened.  —  Clément, 
Bibl.  curieuse,  t.  U,  p.  103.  —  Negri,  Scrilt.  Fior. 

CAM  (Diogo),  navigateur  portugais,  né  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  mort  à  la 
fin  ou  au  commencement  du  seizième.  Ce  voya- 
geur, dont  nous  restituons  ici  le  nom  altéré  dans 
presque  toutes  les  biographies,  était  chevalier  et 
attaché  à  la  maison  du  roi.  En  1484,  lorsque 
Alfonse  V  songea  à  poursuivre  les  découvertes 
d»  l'infant  D.  Henrique,  le  long  des  côtes  de 
l'Afrique,  il  l'expédia  avec  la  mission  d'aller 
planter  sur  ces  rives  encore  peu  explorées  un  de 
ces  piliers  de  pierre  qui  avaient  à  peu  près  dix 
pieds  de  haut  et  que  l'on  désignait  sous  le  nom 
de  padrao.  Ces  bornes  destinées  à  marquer  les 
découvertes  maritimes  de  certains  empires,  mar- 
quaient aussi  les  progrès  qu'espérait  faii'e  le 
christianisme  :  non-seulement  elles  portaient  gra- 
vées à  leur  sommet  les  armouries  des  c(mqué- 
rants  ;  mais  une  croix  de  fer,  soudée  dans  du 
plomb,  attestait  le  but  qu'ils  se  proposaient  en 
étendant  leurs  explorations.  Le  padrao,  qu'em- 
portait avec  lui  Diogo  Cam  portait  en  outre  deux 
inscriptions ,  l'une  en  latin  et  l'autre  en  portu- 
gais, et  devait  servir  à  attester  les  travaux  com- 
mencés depuis  près  d'un  demi-siècle.  Diogo  Cam, 
franchissant  ie  cap  de  Lopo  Gonçalvez  et  celui 
de  Catharina,  où  s'arrêtaient  les  dernières  dé- 
couvertes accomplies  sous  Alphonse,  alla  le  plan- 
ter sur  la  rive  sud  d'un  grand  fleuve.  Ce  fut  alors 
que  le  Zaïre  put  être  marqué  sur  les  cartes  et 
que  le  Congo  offrit  ses  vastes  campagnes  à  de 
nouvelles  explorations.  Diogo  Cam  n'hésita  pas 
à  remonter  le  vaste  cours  d'eau  qu'il  venait  d'at- 
temdre,  et  dès  le  début  de  son  exploration  il  put 
se  convaincre  qu'une  nombreuse  population,  ayant 
tous  les  caractères  de  la  race  africaine  co\ivrait 
ses  rives.  Ces  populations  l'accueillirent  d'une 
façon  toute  pacifique  ;  et  il  résolut  bientôt  de  trans- 
porter sans  violence  en  Portugal ,  quelques-uns 
de  ces  noirs  auxquels  il  destinait  plus  tard  l'em- 


283 


CAM  —  CAMARA 


ploi  d'interprètes;  U  le  fit  avec  d'autant  plus  de 
facilité,  qu'il  laissait  comme  otages  plusieurs 
Portugais  envoyés  en  mission  vers  le  roi  du 
Congo,  n  est  une  circonstance,  qui  n'a  peut-être 
pas  été  assez  remarquée,  c'est  que  l'unique 
voyage  fait  par  le  célèbre  Martin  Behaim,  au 
service  du  Portugal,  fut  exécuté  alors.  Behaim 
accompagnait  Diego  Cam  en  qualité  d'astronome 
et  de  cosmograpbe  (1),  dans  le  but  de  déterminer 
les  longitudes  et  les  latitudes  en  pleine  mer. 

Diogo  Cam  fut  reçu  avec  joie  par  Jean  n,  et  il 
eut  la  prudence  de  ne  point  derneurer  en  Europe 
au  delà  du  terme  de  quinze  lunes,  que  lui-même 
il  avait  fixé.  Au  retour,  les  habitants  du  Zaïre  lui 
firent  le  meilleur  accueil  ;  et  bientôt,  poursuivant 
ses  découvertes,  il  put  aller  bien  au  delà  du 
fleuve,  par  les  13°  S.,  où  il  planta  un  second 
padrao;  il  s'avança  même  jusqu'au  22™<=  degré. 
Il  avait  ainsi  parcouru  plus  de  deux  cents  lieues 
au  delà  du  Zaïre,  en  explorant  de  temps  à  autre 
la  terre,  ainsi  que  le  lui  prescrivaient  ses  instruc- 
tions. Au  retour,  et  lorsqu'il  fut  rentré  dans  les 
domaines  du  souverain  noir  avec  lequel  il  avait 
déjà  lié  des  relations,  il  en  fut  accueilli  avec  des 
démonstrations  d'affection  qui  portèrent  bientôt 
leurs  fruits.  Non-seulement  le  roi  du  Congo  de- 
manda des  prêtres  pour  instruire  ses  sujets  dans 
la  foi  chrétienne,  mais  il  expédia  à  Jean  II  un  de 
ses  sujets,  qui  se  nommait  Caçuta,  et  qui,  après 
avoir  offert  des  présents  consistant  en  ivoire  et 
toiles,  devait  recevoir  solennellement  le  baptême. 
Caçuta  eut  pour  parrain  et  marraine  Jean  II  et 
la  reine.  Il  prit  dès  lors  le  nom  de  D.  Joao,  en  y 
joignant  celui  de  Syl^a,  qui  appartenait  à  son  se- 
cond parrain,  le  grand  chambellan.  Les  hommes 
de  sa  suite  adoptèrent  également  le  christianisme 
avant  de  retourner  en  Afrique  ;  et  l'on  peut  dire  que 
de  cette  époque  datent  les  grandes  missions  afri- 
caines, qui  ne  cessèrent  de  se  multiplier  durant 
le  seizième  siècle,  et  qui  adoucirent  ces  tribus  à 
demi  sauvages,  au  point  de  leur  faire  adopter  les 
principes  de  hiérarchie  sociale  qui  régissaient  les 
États  de  la  péninsule.  Quelque  temps  après  la 
venue  de  Caçuta  à  Lisbonne,  le  roi  de  Benim 
imita  son  voisin,  et  demanda  des  missionnaires 
au  Portugal,  dans  un  but  peut  être  moins  désin- 
téressé; plus  tard  encore,  Lisbonne  eut  les  so- 
lennités qui  accompagnèrent,  sous  le  règne  de 
Jean  II,  la  conversion  du  prince  Bemohi.  Tout 
cela  était  dû  à  la  conduite  prudente  et  intelli- 
gente à  la  fois  d'un  navigateur  auquel  on  devait 
l'exploration  de  360  lieues  de  côte,  et  dont  les 
travaux  ne  furent  surpassés  que  par  ceux  de 
Barthélémy  Dias,  qui  lui  succéda;  il  y  a  donc 
lieu  de  s'étonner  qu'il  soit  tombé  dans  un  oubli 
complet.  Les  meilleurs  historiens  se  taisent  et 
sur  les  récompenses  que  durent  lui  acquérir  ses 
travaux,  et  sur  l'époque  précise  de  sa  mort. 

Il  y  a  eu  un  Gaspard  Cam  ou  Cao,  qui,  en 

(1)  f^oy.  il  ce  sujet  une  (U^serlation  peu  connue  de 
Srib.  Irancisco  Mendo  Trigoso  dans  le  recueil  intitulé 
JUemorias  de  Litteratura. 


1539,  remplaça  Alvario  Pires,   comme  pein 
de  Jean  ni.  Ferdin\nd  Dems. 

Joâo  de  Barros,  Jsia  etc.  —  F  Francisco  de  S.  I. 
cardinal  Saraïva,  Indice  chronoloyio)  das  navegaçi 
viagents,  Descobrimentos  dos  Portiiguezes,  réimp, 
1849,  clans  l'ouvrage  intitulé  Os,  Portuguezes  etn  JJrk 
Asia,  America,  Oceania,   8"  vol. 

*  CAMA  (  Giovanni- Bernarclo),  peintre  nap 
litain,  florissait  en  1550.  Il  peignit  quelques  t 
bleaux  d'histoire;  mais  il  excella  surtout  dans 
portrait.  Il  fit  aussi  quelques  travaux  en  stuc. 

Sarnclli,  Guida  de'  Forestieri  per  la  città  di  Napi 
—  Orlandi,  Jbbecedario, 

*  CAMAFFi  (  Luc-Antoine  ),  médecin  italif 
vivait  au  commencement  du  dix-septième  sièc 
On  a  de  lui  :  Reggimento  per  viver  scmo  r 
tempi  caldi;  Perugia,  1610,  in-S». 

Carrière,  Bibl.  de  la  Méd. 

*  CAMACÉE  {André),  peintre  italien. 
Camassei. 

camanusalï,  alcama,  ce5îamcsau  i 
MOSALi ,  médecin  arménien,  vivait  à  Bagdad 
1258,  lors  de  la  prise  de  cette  ville  par  les  Ta 
tares.  On  n'a  aucuns  détails  biographiques  sui' 
vie  de  ce  savant.  On  sait  seulement  qu'il  s'oct 
pait  spécialement  des  affections  oculaires,  et  qw 
avait  étudié  tout  ce  que  les  médecins  arabe» 
chakléens,  indiens  et  juifs  ont  écrit  sur  ce  s 
jet.  Son  ouvrage  a  été  traduit  en  latin  sous> 
titre  :  de  Passionnibus  oculorum  Liber,  aveci 
chirurgie  de  Guy  de  Chauliac;  Venise,  1499,' 
l'année  suivante  avec  la  chirurgie  d'Albuti 
sis.  Il  existe  aussi  deux  autres  éditions  de  15 
et  1513,  in-fol. 

Freind,  Hist,  de  la  Médec.  l"'^  Partie.  —  Guy  de  Chu 
liac,  Invontorium,  sive  Collectorium  ■partis  chiriin 
calis  médicinœ. 

*  CAMARA,  famille  noble  du  Portugal,  et  di\ 
les  membres  ont  joué  un  rôle  remarquable  dïl 
les  événements  importants  de  leur  patrie.  Nci 
nous  bornerons  à  les  citer  par  ordre  généalogiql 
en  donnant  succinctement  Içs principaux  traitsi 
leur  histoire. 

Zarco  (Jean-Gonçalvez  I),  né  à  Thomar  (1 
tramadure),  fut  le  fondateur  de  cette  famillèl 
se  distingua  à  la  prise  de  Ceuta  (1420),  et  ! 
le  premier  gouverneur  de  Funchal  (  Madère  ) 

Camara  de  Lobos  {.Tean-Gonçalvès  IL) , 
aussi  gouverneur  héréditaire  de  Madère,  et-pri* 
premier  le  nom  de  Camara  de  Lobos  (  chan\li 
des  Loups),  à  cause  d'un  aventure  qui  lui  arri 
dans  une  grotte  qui  servait  de  gîte  à  des  lo*i 
marins. 

Simon  Gonçalvez  I,  troisième  gouverneur 
Madère. 

Jean-Gonçalvez  ILI ,  quatrième  gouverna 
de  Madère. 

Simon-Gonçalvez  II,  cinquième  gouvernema 
Madère.  Il  fut  fait  grand  de  Portugal  et  comtel 
Calheta  parle  roi  Sébastien  (1578). 

Jean-Gonçalvez  LV,  sixième  gouverneur,» 
Madère  et  comte  de  Calheta. 

Simon-Gonçalvez  LLL,  septième   gouvePD 
de  Madère  et  comte  de  Calheta. 


285 


CAMARA  —  CAMARGO 


286 


Jéan-Gonçalvez  V,  huitième  gouverneur  de 
Madère  et  comte  de  Calheta.  Il  mourut  sans  en- 
fants en  1660,  et,  sa  femme  s'étant  retirée  dans 
un  couvent,  le  comté  de  Calheta  et  la  capitaine- 
rie de  Madère  devinrent  la  propriété  de  donna 
Marie-Anne  de  Lancastre  de  Camara,  qui  les  ap- 
porta en  dot  à  Jean  Kodrigues  de  Vasconcellos , 
comte  de  Castelmelhor. 

Les  autres  branches  de  cette  puissante  mai- 
son se  divisent  ainsi  : 

La  branche  des  Ataïdes,  comtes  d'Atouquia  ; 
id.       des  seigneurs  de  rile-Déserte  ; 
id.        des  Almataces   maures ,  grands 
ipannetiers  de  Portugal. 

La  branche  des  comtes  de  VjUa-Franca  y  Ri- 
beii'a-grande. 

Braodam,  Monarch.  Lusit.  t.  6,  et  n,  c.  Il,  p.  S  ,■  — 
(Gaspard  Fructuoso,  Histoire  des  Iles  ;  —  Emmanuel 
fliomasi,  Insulana. 

CABiARA  (  Lucius  ),  antiquaire  italien,  vivait 
dans  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  II  a  fait 
paraître  une  histoire  de  Teate(Chieti  moderne), 
tans  le  royaume  de  Naples  ;  elle  est  intitulée  : 
,0e  Teate  antiquo  Marrucinorum  in  Italia 
netropoli,IIIlib.;  Rome,  1651,  iin-4°,  réimpri- 
."née  depuis  dans  le  Thésaurus  Antiquitatum 
italix  de  Burmann,  t.  IX. 
Toppi,  Bibl.  Napolet.  —  Sax,  Onomast.  liter.,  III. 

CAMARA  y  IHURGA  {Christophe  de  la), 
îvêque  et  théologien  espagnol ,  né  à  Arciniega 
yers  la  fin  du  seizième  siècle,  mort  à  Salamanque 
iéa  1641.  Il  professa  d'abord  l'Écriture  sainte  à 
ïolède,  puis  fut  nommé  successivement  évoque 
des  îles  Canaries,  puis  de  Salamanque.  Ha  pu- 
Jblié  le  premier  ouvrage  sur  les  Canaries  sous  ce 
titre  :  Constitutions  sinodales  del  obispado  de 
iCanaria,  su  primiera  fundacion  y  transla- 
fÀon,  aidas  de  sus  Obijspos  y  brève  relacion 
de  las  islas;  Madrid,  1634,  in-4°. 
Nie.  Antonio,  Biblioth.  Hisp.  Nova. 

*CAMARAO  (I>oTO  Antonio-Filippe) ,  chei  in- 
dien célèbre,  né  dans  les  montagnes  d'Hybiapaba 
vers  la  fin  du  seizième  siècle,  niort  en  1648.  Ce 
iguerrier  éminent,  que  l'on  place  à  la  tête  de  tous 
[ceux  de  sa  race  au  Brésil,  était  chef  d'une  tribu 
iconnue  sous  le  nom  de  Pytiguaras  (  littérale- 
ment les  buveurs  de  tabac).  Selon  la  coutume 
indienne,  il  avait  reçu  un  nom  significatif  et  s'ap- 
i  pelait  la  Chevrette  Pot  y  (en  portugais  Cama- 
iTâo.  )  Au  baptême  on  lui  avait  imposé  celui  d'An- 
ftçinio-Filippe.  Camarâo  figure  dans  l'iiistoire  du 
'Brésil  dès  l'année  1613,  à  l'époque  où  M.  de  la 
i  Ravardière  fut  obligé  de  quitter  le  Ikésil  devant 
I  les  forces  de  Geronimo  d'Albuquerque.  Sa  bra- 
ivoure  peu  commune  et  son  esprit  de  conduite 
ilui  avaient  déjà  mérité  le  titre  de  gouverneur 
fdes  Indiens  et  l'avaient  fait  créer  chevalier  de 
> l'ordre  du  Christ,  lorsqu'en  1644  Fernandez 
Vieira  l'engagea  à  quitter  la  province  de  Sere- 
j  gippe  del  Rey  pour  s'unir  à  Henrique  Dias,  le 
I  chef  des  noirs,  et  à  lui-même,  afin  de  chasser  les 
^Hollandais.  Il  donna  des  preuves  de  haute  ca- 
!  pacité,  et  si  dans  cette  guerre,  juste  entre  toutes 


les  guerres,  les  trois  races  dominantes  du  Brésil 
se  trouvèrent  représentées  par  trois  hommes 
éminents,la  postérité  arxorde  à  Camaâo  le  se- 
cond rang  dans  l'accomplissement  de  l'œuvre  im- 
mense à  laquelle  il  s'était  voué  avec  un  si  grand 
dévouement.  Il  contribua  puissamment  à  réta- 
blir l'indépendance  du  Brésil,  et  mourut  dans 
un  âge  avancé.  La  femme  de  Camarâo,  qui  était 
Indienne  comme  lui,  se  distingua  dans  plusieurs 
batailles  par  son  admirable  courage. 

Ferdinand  Denis. 
Sontliey,.  History  ofBrasil.—fierTe(io,yinnaest  do  Ma- 
ham. 

CAMARELLI  {François),  jurisconsulte  ita- 
lien, né  à  Vicence,  vivait  en  1640.  11  était  juste- 
ment apprécié  pour  ses  connaissances  en  droit,  et 
se  faisait  surtout  remarquer  par  l'éloquence  qu'il 
déployait  dans  ses  cours  publics.  Il  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  remarquables  traitant  tous  de 
jurisprudence. 

Joanncs  Imnerialis,  Musxum  kistoricum. 

Ca:>sargo  {Alphonse  de)  ,  amiral  espagnol, 
vivait  dans  la  première  partie  du  seizième  siècle. 
Au  mois  d'août  1 539,  l'évéque  de  Placentia  lui  con- 
fia le  commandement  d'une  flottille  de  trois  vais- 
seaux destinée  à  l'exploration  du  détroit  de  Ma- 
gellan ,  encore  bien  peu  connu  à  cette  époque , 
puisque  nul  marin  n'avait  pu  le  francliir  depuis 
sa  découverte.  Camargo  mouilla  le  20  janvier 
1540,  à  douze  lieues  de  l'embouchure  du  canal, 
près  lé  cap  des  Vierges.  Quelques  jours  après  il 
franchit  le  premier  goulet,  et  y  reconnut  les  indi- 
ces laissés  par  Magellan.  Mais  à  peine  arrivait-il 
au  port  Famine ,  que  le  plus  grand  de  ses  navi- 
res fit  côte  et  fut  brisé  par  une  des  tempêtes  ordi- 
naires à  ces  parages.  L'équipage  put  gagner  la 
terre  ;  mais  oh  n'a  jamais  eu  de  ses  nouvelles. 
On  a  supposé  que  les  passagers  et  marins  qui  le 
composaient  se  sont  établis  dans  l'intérieur  des 
terres  qui  séparent  la  Patagonie  de  la  partie  ha- 
bitée du  Chili.  Rien  jusqu'ici  n'est  venu  confir- 
mer cette  croyance.  Quant  à  Camargo,  il  conti- 
nua sa  route ,  et  réussit  à  traverser  le  détroit 
après  mille  dangers,  mille  fatigues.  Il  eut  beau- 
coup de  peine  à  atteindre  Aréquipa  (Pérou) où 
il  arriva  dans  le  plus  fâcheux  état. 

Histoire  des  Foyagas  aux  terres  Australes. 

*  CAMARGO  {Ignace  de  ),  théologien  espa- 
gnol, de  l'ordre  des  Jésuites,  vivait  au  commen- 
cement du  dix-huitième  siècle.  Il  était  profes- 
seur de  théologie  à  l'université  de  Salamanque. 
Gna  de  lui  :  Régula  honestatis  nioraUs,  S.  trac- 
tatus  théologiens  tripartitus  de  Régula  mora- 
liter  agendi  ;  N3L]}]es,  1720,  in-fol.  (l'auteur  y 
combat  la  doctrine  un  peu  élastique  de  la  pro- 
babilité). 

Journal  des  Savants. 

CAMARGO  {Marie-Anne  Cuppi),  célèbre 
danseuse ,  née  à  Bruxelles  le  15  avril  1710, 
morte  à  Paris  le  20  avTil  1770.  Son  père  Ferdi- 
nand-Joseph de  Cuppi ,  écuyer,  seigneur  de  Re- 
noussard,  comme  il  se  désigne  lui-même  dans 
une  requête  au  cardinal  de  Fleury  dont  nous 


S87 

allons  avoir  à  parler,  était  issu  d'une  ancienne 
famille  de  Rome  qui  a  donné  à  l'église  un  arche- 
vêque de  France,  un  évêque  d'Ostie  et  un  cardi- 
nal du  titre  de  Saint-Jean,  doyen  du  sacré  col- 
lège en  l'an  1517,  sous  le  pontificat  deLéonX  (1). 
Le  nom  de  Camargo ,  qu'il  joignait  au  sien  était 
celui  de  sa  mère,  une  Espagnole  sortie  de  cette 
illustre  maison.  Par  malheur,  Cuppi  se  trouvait 
sans  moyens  de  soutenir  son  rang  et  à  la  tête 
d'une  famille  qui  ne  comptait  pas  moins  de  sept 
rejetons.  Il  était  à  la  fois  maître  de  danse  et  de 
musique  ;  faute  de  mieux,  il  donna  des  talents  à 
ses  enfants:  l'un  étudia  la  peinture,  l'autre  la  mu- 
sique et  devint  plus  tard  violon  à  l'opéra  ;  l'aî- 
née de  ses  filles ,  Marie-Anne  annonçait  des  dis- 
positions telles  pour  la  danse,  qu'il  se  détermina 
à  faire  le  voyage  de  Paris  et  à  la  présenter  à  ma- 
demoiselle Prévost,  dont  elle  prit  durant  trois 
mois  des  leçons.  Elle  revint  ensuite  à  Bruxelles, 
où  elle  émerveilla  la  ville  par  son  agilité,  sa 
gi'âce,  le  charme  de  sa  personne.  Quelque  temps 
après  elle  allait  à  Rouen,  qu'elle  devait  bientôt 
quitter  pour  faire  ses  débuts  à  l'Opéra.  Son  appa- 
rition eut  lieu,  en  1726,  par  un  pas  dans  les  Ca- 
ractères de  la  Danse.àe  fut  tout  un  événement. 
Mademoiselle  Prévost  s'en  inquiéta  au  point  d'en- 
traver la  carrière  de  son  élève.  La  mode  l'avait, 
consacrée  ;  sa  beauté  venant  en  aide  à  son  talent, 
elle  devait  triompher  de  tous  les  obstacles.  Il  y 
avait  deux  ans  (et  non  trois,  comme  le  dit  son 
père  dans  sa  lettre  au  cardinal)  qu'elle  faisait  mer- 
veille à  l'Opéra,  quand  le  comte  deMelun,  usant 
d'adresse  et  de  violence,  l'enleva,  elle  et  sa  sœur 
Sophie,  à  peine  âgée  de  treize  ans,  et  les  tint  ren- 
fermées dans  son  hôtel  de  la  rue  Culture-Saint- 
Gervais.  Le  père  adressa  aussitôt  au  cardinal- 
ministre  une  requête  dans  laquelle  il  demandait 
qu'il  fût  ordonné  au  ravisseur  d'épouser  la  fille 
aînée  et  de  doter  la  cadette.  Mais  il  ne  paraît 
pas  qu'on  ait  pris  en  considération  sérieuse  cette 
supplique  de  Camargo. 

Comme  on  le  pense  bien,  cette  fugue  ne  fut 
pas  éternelle,  la  célèbre  danseuse  reparut  sur  la 
scène,  qu'elle  quitta  en  1734,  mais  pour  y  ren- 
trer en  1740.  Elle  se  retirait  définitivement  en 
1751  avec  une  pension  de  1500  livres.  Mademoi- 
selle de  Camargo  est  une  date  dans  l'histoire  de 
la  danse.  C'est  Camargo  qui  osa  la  première 
faire  raccourcir  ses  jupons.  Au  reste,  sa  danse 
était  pleine  de  noblesse  et  même  de  retenue. 
«  Mademoiselle  Camargo,  dit  Grimm  ,  ne  faisait 
jamais  la  gargouillade,  que  mademoiselle  Allard 
fait  aujourd'hui  trois  fois  de  suite  avec  tant  de 
dextérité,  et  que  mademoiselle  Lyonnois  a  sans 
doute  établie  parmi  les  danseuses  ;  mademoiselle 
Camargo  ne  la  trouvait  pas  décente.  C'était  à 
peine  si  on  lui  voyait  le  bas  de  la  jambe.  »  —  Une 
gageure  s'établit  un  jour  sur  la  question  de  sa- 
voir si  elle  portait  ou  non  des  caleçons.  «  On 
s'adressa  à  elle  pour  savoir  la  vérité  du  fait , 

(1)  Requête  de  M.  de  Camargo,  à  l'occasion  de  l'enlè- 
vcraent  de  ses  filles,  mal  1728. 


CAMARGO  —  CAMASSEI  28 

ajoute  Grimm ,  qui  fut  un  des  témoins  du  par 
elle  attesta  que,  non-seulement  elle  avait  toi 
jours  porté  des  caleçons  ;  mais  que  leur  établi? 
sèment  au  théâtre  tient  à  l'époque  de  ses  bri 
lants  succès  ».  Peu  d'artistes  ont  fourni  uc 
carrière  aussi  tieureuse  et  joui  d'une  vogue  aus 
universelle.  Voltaire ,  qui  était  un  peu  le  court 
San  de  toutes  les  gloires,  l'a  immortalisée  dans  si 
vers  d'éloges  qu'elle  avait  à  partager,  il  es^t  vra 
avec  mademoiselle  Salle  : 

Ah  !  Camargo,  que  vous  êtes  brillante  ! 

Mais  que  Salle,  grands  dieux,  est  ravissante  ! 

Que  vos  pas  sont  légers,  et  que  les  siens  sont  dou 

Elle  est  Inimitable,  et  vous  toujours  nouvelle  ; 
Les  Nymplies  sautent  comme  vous. 
Et  les  Grâces  dansent  comme  clic. 

La  Camargo  survécut  dix-neuf  ans  à  ses  trior 
plies  ;  elle  passa  ses  dernières  années  dans  ui 
paisible  retraite,  comme  le  vieux  Crébillon,  av 
une  demi-douzaine  de  chiens,  et  un  ami  qui  1 
était  resté  de  ses  mille  et  un  amants,  et  à  q 
elle  a  légué  ses  chiens.  Celui-ci  lui  fit  faire  i 
enterrement  magnifique.  «  Tout  le  monde  adri 
rait,  ajoute  l'auteur  de  la  Correspondance,  cet 
tenture  en  blanc,  symbole  de  virginité,  dont  l 
personnes  non  mariées  sont  en  droit  de  se  ser\ 
dans  leurs  cérémonies  funèbres.  »  —  Quant 
Sophie  de  Camargo,  son  nom  ne  serait  pas  pa 
venu  jusqu'à  nous  sans  les  succès  de  sa  sœur 
l'éclat  scandaleux  du  comte  de  Melun. 

Gustave  Desnoiresterres. 
Annales  dramatiques,  t.  H.  —  Nécrologie  des  ho: 
mes  célèbres  de  France,  177!.  —  Correspondance 
Grimm,i.  VI,  VII.  —  Galerie  du  dix-huitième  siée 
par  Arsène  Houssaie,  t.  !..  —  C«marso{ anonyme),  .1 
niteur  dramatique,  25  avril  184C. 

CAMARiOTA  {Matthieu),  rhéteur  grec,  m 
Thessalonique ,  vivait  dans  le  milieu  du  qu 
zième  siècle.  Il  enseignait  avec  succès  la  philos 
phie  à  Constantinople  lors  de  la  prise  de  ce 
ville  par  Mahomet  II  (1453).  11  écrivit  la  relati 
de  cet  événement  ;  elle  fut  publiée  dans  le  reçu 
grec-latin  de  Crusius,  Turco-grcecia.  On  a  au 
de  lui  deux  discours  sur  le  traité  de  Gemist 
Pletho,  de  Fato  ;  Leyde,  1722,  in-8°,  avec  noi 
de  Reimar  et  préface  de  J.  AlbinusFabricius; 
Compendium  Rhetoricx  et  Synopsis  Herm 
genis;  Augsbourg,  1595  en  grec.  Ces  deux  c 
vrages  ont  été  traduits  en  latin  par  Jean  Sch 
fer,  avec  annotations,  dans  son  Lectioni 
Academicarum  Liber;  Hamboui'g,  1675,  in- 
—  Camariotà  a  laissé  en  manuscrit  un  Co) 
mentaire  sur  les  lettres  de  Synésius. 
Sax,  Onomast.  litt. 

*  TAMAssEï  (  Andréa  ),  peintre  et  grave 
de  l'école  romaine,  né  à  Bevagna  prèsFoligno 
1601,  mort  en  1648.  Après  avoir  appris  à  I 
rouse,  les  principes  de  l'art,  il  devint  à  Roi 
élève  du  Dominiquin  et  d'Andréa  Sacchi,  !: 
principaux  ouvrages  se  voient  dans  cette  villi 
Saint-André  délia  valle,  au  Panthéon,  à  l'égl  ; 
des  Capucins,  et  au  baptistère  de  Saint-Jean  ' 
Latran.  Dans  tous  on  trouve  de  la  noblesse, 
la  grâce  et  du  naturel,  unis  à  un  bon  coloris, 


289 


CAMASSEI  —  CAMBACÉRES 


Camassei  a  manié  le  burin  avec  un  égal  suc- 
cès, et  on  admire  avec  raison  sa  belle  estampe  de 
la  Sainte  Famille.  E.  B    n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Tlcozzi,  Dizionario. 
■  CAMBACÉRES-  (Jean-Jacqucs-Régis  de), 
homme  d'État  français,  naquit  à  Montpellier  le  18 
octobre  1753,  et  mourut  à  Paris  en  juin  1824, 
d'une  ancienne  famille  de  robe  qui  avait  produit 
encore  quelques  hommes  dignes  d'ajouter  à  son  il- 
lustration parlementaire  (  notamment  un  docteur 
deSorbonne,morten  1758,  membre  de  l'Académie 
de  Béziers  ;  l'abbé  de  Cambacérès,  mort  en  1 802, 
archidiacre  de  Montpellier,  qui,  chargé  de  prê- 
cher le  carême  de  1757  devant  Louis  XV  et  sa 
cour,  s'honora  autant  par  le  courage  et  la  fer- 
meté dont  U  fit  preuve,  que  par  le  talent  qu'il  dé- 
ploya comme  prédicateur;  enfin  le  cardinal-ar- 
chevêque de  Rouen,  Etienne  Hubert  de  Cam- 
bacérès, sénateur,  puis  pair  de  France,  mort  en 
1818,  et  le  général  de  Cambacérès,  l'un  et  l'autre 
frères  de  l'archichancelier).  Destiné  à  la  car- 
rière de  la  magistrature,  à  laquelle  il  était  d'u- 
sage autrefois  de  se  préparer  dès  l'enfance  par 
«ne  éducation  pour  ainsi  dire  spéciale,  le  jeune 
Cambacérès,  lors  de  la  suppression  momentanée 
des  parlements  en  1771 ,  aima  mieux  renon- 
cer aux  avantages  de  l'état  qu'il  allait  embras- 
ser, que  de  siéger  à  l'un  des  tribunaux  érigés 
illégalement  par  le  chanceUer  Maupeou.  En  at- 
tendant le  rétablissement  de  l'ancienne  magis- 
trature, il  continua  de  se  livrer  à  l'élude  des 
lois  ;  et  la  connaissance  profonde  qu'il  acquit  dans 
cette  étude  a  été  la  source  de  sa  haute  fortune. 
11  avait  succédé,  en  1771,  à  son  père  dans  la 
charge  de  conseiller  en  la  cour  des  comptes, 
aides  et  finances  de  Montpellier.  Aux  approches 
de  la  révolution  de  1789,  dont  il  partageait  les 
principes,  il  fut  choisi  par  l'ordre  de  la  noblesse 
pour  rédiger  ses  cahiers  ;  et  la  sénéchaussée  de 
Montpellier  porta  son  vote  sur  lui  pour  remplir 
une  seconde  place  de  député  de  cet  ordre,  qu'elle 
se  croyait  en  droit  d'envoyer  aux  états  géné- 
raux. Ce  mandat  se  trouva  annulé,  parce  que  la 
prétention  de  la  sénéchaussée  ne  fut  point  ad- 
mise ;  mais,  élu  d'abord  à  quelques  fonctions  ad- 
ministratives,  puis  à  la  présidence  du  tribunal 
criminel  de  l'Hérault,  Cambacérès  fut  élu  député 
à  la  convention  par  ce  département  au  mois  de 
septembre  1792. 

Pendant  la  durée  de  cette  législature ,  dont  il 
avait  pressenti  la  violence  et  les  écarts,  Camba- 
cérès chercha  à  se  retrancher  dans  la  spécialité 
du  jurisconsulte.  Porté  au  comité  de  législation, 
il  y  resta  pendant  deux  ans,  principalement  oc- 
]cupé  d'affaires  contentieuses,  de  questions  juri- 
idiques,  et  de  rapports  dont  le  sujet  n'était  pas 
de  nature  à  attirer  sur  lui  l'attention  du  pubUc. 
Cette  circonspection  était  d'autant  plus  sage  qu'il 
appartenait  à  une  classe  privilégiée.  Mais  les 
événements  déconcertèrent  sa  prudence  :  homme 
consciencieux  avant  tout,  U  se  trouva  forcé  d'ac- 
cepter le  rôle  important  qui  lui  échut  lors  du 

NOUV.   BIOGR.    UNIVERS.    —  T.    VIII. 


290 

procès  de  Louis  XVT.  L'opinion  qu'il  émit  la  pre- 
mière fois  qu'il  fut  appelé  à  se  prononcer  ne  se- 
rait pas  désavouée  aujourd'hui  par  beaucoup 
d'hommes  graves  et  du  caractère  le  plus  droit  : 
«  Le  peuple  vous  a  créés  législateurs,  dit-il, 
mais  il  ne  vous  a  pas  institués  juges;  il  vous  a 
chargés  d'établir  sa  félicité  sur  des  bases  immua- 
bles, mais  il  ne  vous  a  pas  chargés  de  prononcer 
vous-mêmes  la  condamnation  de  l'auteur  de  ses 
infortunes.  »  11  y  avait  du  courage  à  émettre  une 
telle  opinion  ;  Cambacérès  n'en  montra  pas  un 
moins  grand  lorsque ,  nommé  l'un  des  commis- 
saires chargés  de  retirer  du  greffe  du  tribunal 
criminel  les  pièces  produites  contre  le  roi,  et  de 
lui  notifier  le  décret  qui  lui  accordait  un  conseil, 
il  insista  pour  que  la  plus  grande  latitude  fût 
laissée  à  la  défense  et  aux  communications  de 
l'illustre  accusé  avec  ses  défenseurs.  S'il  souleva 
par  sa  première  déclaration  l'animosité  des  dé- 
magogues, qui,  à  toute  force,  voulaient  le  sup- 
plice de  Louis  XVI,  Cambacérès  ne  devait  pas 
échapper  non  plus  à  la  rancune  des  royalistes  de 
Coblentz;  car  il  se  prononça,  ainsi  que  tous  ses 
collègues  de  la  convention ,  pour  l'affirmative 
sur  la  question  de  la  culpabilité.  Quant  à  celle  de 
la  peine,  voici  comment  il  s'exprima  :  «  J'estime 
que  la  convention  nationale  doit  décréter  que 
Louis  a  encouru  les  peines  établies  contre  les 
conspirateurs  par  le  code  pénal;  qu'elle  doit 
suspendre  l'exécution  du  décret  jusqu'à  la  cessa- 
tion des  hostilités,  époque  à  laquelle  il  sera  dé- 
finitivement prononcé  par  la  convention  ou  par 
le  corps  législatif  sur  le  sort  de  Louis,  qui  de- 
meurera jusqu'alors  en  état  de  détention;  et 
néanmoins,  en  cas  d'invasion  du  territoire  fran- 
çais par  les  ennemis  de  la  république,  le  décret 
sera  mis  à  exécution.  «  Ce  vote  conditionnel  fut 
compté  avec  les  334  votes  d'absolution.  Enfin 
Cambacérès  se  prononça  pour  le  sursis  à  l'exé- 
cution. Il  est  vrai  qu'après  que  le  décret  fut 
porté,  il  s'y  soumit  et  le  fit  entendre  par  pré- 
caution oratoire,  lorsqu'il  réclama  pour  le  roi  la 
liberté  de  voir  une  dernière  fois  sa  famille  et  ses 
conseils,  ainsi  que  la  faculté  de  choisir  un  con- 
fesseur à  son  gré  ;  mais  il  est  étrange  que  l'es- 
prit de  parti  ait  pu  à  ce  point  dénaturer  l'inten- 
tion et  les  faits,  que,  vingt-quatre  ans  plus  tard, 
l'archichancelier  se  soit  vu  dénoncer  au  parti 
réactionnaire  et  exiler  comme  régicide. 

«  Après  le  jugement  de  Louis  XVI  (dit  un  bio- 
graphe plus  équitable  en  ce  point  et  mieux  in- 
formé que  \ai Biographie  des  hommes  vivants), 
Cambacérès  chercha  à  calmer  les  impressions 
que  les  meneurs  de  la  Montagne  avaient  paru 
prendre  de  lui;  il  ménagea  assez  évidemment  les 
factions  opposées  pour  qu'on  soit  autorisé  à 
croire  que  ses  principes  étaient  de  souffrir  ce 
qu'il  ne  pouvait  empêcher,  pour  avoir  occasion 
de.4e  modifier.  »  Devenu  membre  du  comité  de 
défense  générale ,  il  présenta  en  son  nom ,  à  la 
séance  du  26  mars  1793,  un  rapport  sur  la  dé- 
fection de  Dumouriez.  Lié  jusqu'alors  avec  ce 

10 


291 


CAMBACÉRÈS 


292 


général,  il  l'avait  défendu  peu  de  temps  aupa- 
ravant avec  chaleur,  quand  il  était  pur  encore 
des  accusations  dirigées  contre  lui;  mais  Cam- 
bacérès  ne  déclina  pas  son  devoir  de  rapporteur 
dans  un  moment  où  son  silence  l'aurait  infailli- 
blement compromis.  A  la  séance  de  la  conven- 
tion du  10  août  1793,  Cambacérès  lut  un  travail 
étendu  sur  la  classification  des  lois  civiles  et 
leur  rédaction  en  un  seul  code,  travail  dont  il 
avait  été  chargé  par  décret  de  l'assemblée ,  con- 
jointement avec  Merlin  (de  Douai  ).  Une  adresse 
aux  Français  ayant  été  décrétée  le  5  novembre 
1794,  Cambacérès,  alors  président  de  l'assem- 
blée, fut  chargé  de  sa  rédaction  :  c'était  le  pro- 
gramme de  la  nouvelle  direction  que  l'événe- 
ment du  9  thermidor  permettait  de  donner  au 
gouvernement.  Le  rédacteur  y  annonce  que  la 
convention  maintiendra  le  régime  qui  a  sauvé 
l'État,  mais  qu'elle  le  maintiendra  en  lerégula- 
risant,  en  \^  dégageant  des  vexations,  des  me- 
sures cruelles,  des  inquiétudes  dont  il  a  été 
le  prétexte.  La  réintégration  des  soixante-treize 
députés  illégalement  exclus  le  31  mai  précédent, 
lui  fournit  une  occasion  favorable  pour  faire  la 
motion  d'une  amnistie  pleine  et  entière  à  l'égard 
de  faits  révolutionnaires  non  qualifiés  expressé- 
ment par  le  code  pénal.  A  l'expiration  de  sa  pré- 
sidence, il  était  passé  au  comité  de  salut  public; 
ses  collègues  l'élurent  président  de  ce  comité,  et 
jusqu'à  la  fin  de  la  législature  il  y  resta  chargé 
de  la  direction  des  relations  extérieures.  On  lui 
fut  redevable  de  la  paix  conclue  avec  la  Rus- 
sie et  avec  l'Espagne.  Cambacérès  donna  une 
grande  importance  à  ses  fonctions  de  président 
du  comité  de  salut  public  :  tout  arrêté  des  diver- 
ses commissions  du  gouvernement  n'étant  expé- 
dié que  sous  sa  signature,  il  exerçait  par  là  sur 
l'ensemble  de  l'administration  une  sorte  de  sur- 
veillance qui  pouvait  le  faire  considérer  comme 
le  chef  du  gouvernement.  Le  caractère  même  de 
son  influence  souleva  contre  lui  les  mauvaises 
passions  ;  plus  il  apportait  de  prudence  et  de  mo- 
dération dans  la  direction  des  affaires  de  la  répu- 
blique, plus  il  devenait  odieux  aux  ennemis  du 
gouvernement;  et  les  intrigues  ourdies  à  Co- 
blentz  trouvèrent  à  la  convention  des  patriotes 
tout  disposés  à  leur  servir  d'instruments.  Ils 
accusèrent  Cambacéiès  d'entretenir  des  intelli- 
gences avec  l'émigration.  On  citait  quelques 
mots  d'une  lettre  du  marquis  d'Entraigues,  agent 
avoué  des  princes  auprès  des  cours  les  plus 
hostiles  à  la  France.  Cambacérès  se  lava  sans 
peine  d'une  pareille  inculpation;  mais  on  réussit 
néanmoins  à  l'écarter  du  Directoire ,  sous  pré- 
texte qu'il  n'était  pas  assez  compromis  dans  la 
cause  de  la  révolution ,  ayant  refusé  de  voter 
la  mort  du  tyran  1  Lors  de  la  nouvelle  législa- 
ture, il  fut  porté  au  conseil  des  cinq-cents  :  la 
précision  de  ses  idées,  sa  pénétration  rapide  et 
sûre,  un  imperturbable  sang-froid,  et  sa  grande 
facilité  d'élocution,  lui  firent  encore  déférer  la 
présidence.  Un  homme  politique  qui  possède  ces 


qualités  à  un  haut  degré,  M.  Dupin  aîné,  rend  à 
larchichancelier  ce  témoignage,  qu'il  fut  un  des 
plus  sages  conseillers  et  des  plus  fidèles  servi- 
teurs de  la  couronne  impériale.  «  Il  avait,  ajoute- 
t-il,  l'esprit  juste  et  lumineux,  le  discours  laco 
nique,  et  la  tenue  grave.  »  A  la  formation  d( 
l'Institut  national ,  il  en  fit  partie  commf 
membre  de  la  classe  des  sciences  morales  e1 
politiques.  Il  entra  depuis  à  l'Académie  fran- 
çaise, et  il  n'a  cessé  d'en  faire  partie  qu'au  31 
mars  1816,  date  de  l'ordonnance  qui  prononçi 
sa  radiation.  Suspecté  de  royalisme  par  le  part 
républicain  exalté,  il  fut  regardé  comme  un  chej 
d'opposition  et  écarté  par  le  Directoire  lors 
qu'il  sortit  du  conseil  des  cinq-cents  avec  li 
second  tiers  conventionnel,  au  bout  de  quelque 
mois  de  session  de  cette  législature.  Cambacé 
rès,  rendu  ainsi  à  la  vie  privée,  reprit  les  travair 
du  jurisconsulte. 

Le  revirement  du  30  plairial  an  vn  ayant  ap 
pelé  de  nouveaux  hommes  à  la  tête  du  gouvei 
nement,  Cambacérès  accepta,  un  mois  après,  1 
portefeuille  de  la  justice,  que  lui  offrait  Sieyes 
il  le  conserva  après  le  18  brumaire,  quoiqu'i 
n'eût  pris  aucune  part  à  cette  révolution.  Telli 
fut  même  la  confiance  qu'il  inspira  à  Bonapart' 
dès  que  le  général  fut  à  même  d'apprécier  soi 
caractère  et  ses  talents,  que  celui-ci  le  chois 
pour  être  après  lui  le  premier  fonctionnaire  d 
l'État  en  qualité  de  second  consul,  plaçant  ains 
comme  on  Ta  judicieusement  observé ,  la  mai 
de  justice  à  coté  de  l'épée. 

A  dater  de  cette  période  de  la  vie  publique  d 
Cambacérès,  il  devient  impossible  d'embrassf 
le  détail  de  ses  actes  dans  les  limites  d'une  notict 
Sans  doute  il  n'avait  dans  la  direction  des  affai 
res  de  l'État  qu'un  rôle  subordonné  à  la  voloni 
du  maître  que  la  nouvelle  constitution  venait  d 
donner  à  la  république  ;  mais  ce  second  rôle  d( 
mandait  encore  toute  la  capacité  dont  fit  preu\ 
celui  que  le  premier  consul  en  avait  chargé.  S 
participation  à  la  rédaction  du  code  civil  coi: 
tribua  beaucoup  à  sa  gloire.  S'il  y  a  lieu  de  li 
reprocher  une  tendance  trop  prononcée  vers  d< 
préjugés  aristocratiques,  tels  que  ceux  de  la  casi 
parlementaire,  ces  préjugés  du  moins  n'étaiei 
pas  hostiles  à  tout  progrès  calculé  sur  l'intell 
gence  des  masses  :  défenseur  de  la  liberté  légah 
il  lui  donnait  pour  garantie  l'indépendance  de  I 
magistrature  et  du  barreau.  L'on  sait  quels  ei 
forts  Cambacérès  a  tentés  pour  relever  la  dignil 
de  la  profession  d'avocat,  et  lui  rendre  l'électio 
de  ses  bâtonniers.  Assurément  le  désir  de  r( 
constituer  Vordre  des  avocats  n'avait  rien  c 
commun  avec  le  retour  des  maîtrises,  des  ji 
randes  et  des  corporations  -.il  peut  donc  paraiti 
surprenant  que  le  rédacteur  du  Mémorial  n 
Sainte-Hélène  représente  Cambacérès  (tout  e 
rendant  justice  d'ailleurs  à  sa  sagesse,  sa  modi 
ration  et  sa  capacité)  comme  «  l'avocat  d( 
abus,  des  préjugés,  des  anciennes  institution; 
du  retour  des  honneurs,  des  distinctions,  etc. 


1298 


[  Quand  Napoléon  prit  le  titre  d'empereur ,  celui 

lie  tous  les  consuls  disparut;  mais  il  n'y  eut  que 

cela  de  changé  dans  la  position  de  Cambacérès, 

lui  devint  arckicfiancelier, àyànilà  présidence 

ijerpétuelle  du  sénat.   L'empereur  le  fit  encore 

\  prince ,  duc  de  Parme,  et  le  décora  successive- 

I  lient  de  tous  les  ordres  dont  il  disposa.  Toutes 

pes  faveurs   excitèrent  contre  lui  la  jalousie; 

\  nais  la  malignité  et  l'envie  même  furent  obligées 

i  le  convenir  qu'il  porta  la  prospérité  avec  tant 

le  calme  et  la  grandeur  avec  tant  de  facilité, 

I  {u'on  eût  dit  qu'il  était  né  et  qu'il  avait  tou- 

\  ours  vécu  dans  ce^^epos/Yion, à  laquelle  il  était 

i  jarvenu  par  son  mérite  et  ses  talents.  La  con- 

)  iance  de  Napoléon  dans  le  premier  dignitaire 

I  le  son  empire  n'a  jamais  éprouvé  la  plus  légère 

I  itteiote  :  de  près  comme  de  loin,  il  était  tranquille 

ur  l'opportunité  et  l'à-propos  de  ses  mesures,  et 

ur  la  sûreté  de  la  direction  qu'il  aurait  don- 

i  lée  aux  plus  importantes  affaires  de  l'État.  On 

j  (eut  regretter  que  plusieurs  des  conseils  de  l'ar- 

I  hichancelier  n'aient  pas  été  suivis  :  jamais  l'em- 

■ereur  ne  suspecta  leur  sincérité.  C'est  ainsi 

!ue,  dans  le  conseil,  le  duc  de  Cambacérès  avait 
ijtté  fréquemment  contre  la  passion  qui  poussait 
Napoléon  aux  combats.  Il  fit  tous  ses  efforts  pour 
1^  mpêcher  l'illégal  et  impolitique  supplice  du  duc 
i  'Enghien,  et  il  eftt  voulu  détourner  aussi  l'em- 
^  ereur  d'entreprendre  la  campagne  de  Russie  et 
e  tenter  les  chances  de  celle  de  1813.  Malgré 
I  opposition  formelle  et  motivée  qu'il  avait  émise 
arsque  le  projet  d'alliance  de  Napoléon  avec 
Autriche  fut,  pour  la  forme,  soumis  au  con- 
eil,  l'archicliancelier,  qui  aurait  voulu  quel'em- 
)ereur  épousât  une  princesse  russe,  n'en  obtint 
\  )as  moins  à  un  haut  degré  la  confiance  de  l'impé- 
i  atrice  Marie-Louise  :  celle  ci,  lorsqu'elle  fut  dé- 
clarée régente,  l'appela  à  présider  son  conseil. 
Ua  détermination  de  quitter  Paris  pour  se  porter 
lu  delà  de  la  Loire,  à  l'approche  de  l'ennemi,  a 
; 'té  jugée  comme  fuueste  à  la  dynastie  de  Napo- 
I  éon,  et  l'on  a  voulu  en  faire  peser  la  responsa- 
S)ilité  sur  l'archichancelier.  Ce  reproche  est  non- 
ieulement  dépourvu  de  fondement,  puisque  les 
)rdres  de  l'empereur  étaient  formels  ;  mais  Cam- 
jîacérès  se  serait  rendu  coupable  de  trahison  si, 
»ans  autre  garantie  de  succès  qu'une  éventualité 
llouteuse,  il  eût  désobéi  à  ces  ordres  et  résisté  à 
, 'avis  de  la  presque  unanimité  du  conseil,  par- 
;  âgé  d'ailleurs  par  Joseph,  lieutenant  général  de 
l'empire.  C'est  deBlois,  où  il  avait  accompagné 
tWarie-Louise,  et  après  l'avoir  remise  aux  mains 
lies  commissaires  que  son  père  avait  délégués 
jpour  l'accompagner  en  Autriche,  que  le  duc  de 
Cambacérès  envoya,  les  7  et  9  avril  1814,  son 
îïdhésion  aux  actes  du  sénat.  Il  revint  à  Paris  et 
irentra  dans  la  vie  privée,  dont  le  retour  de  Na- 
ipoléon  le  tira  malgré  lui  :  un  ordre  de  l'empereur 
•'e  décida  à  reprendre  les  fonctions  d'arcliichan- 
«ielier,  et  à  se  charger,  par  intérim ,  du  porte- 
lifeuille  de  la  justice.  En  1814,  la  calomnie  avait 
[pris  à  tâche  de  ruiner  le  crédit  que  pouvait  con- 


CAMBACÉRÈS  294 

server  près  du  roi  l'archichancelier  de  l'empire  ; 
après  les  Ccnt-Jours,  on  ne  se  borna  plus  à  atta- 
quer sa  réputation  d'homme  privé;  il  fut  qualifié 
de  régicide,  et  sous  ce  prétexte  compris  dans 
la  liste  de  proscription  qui  dispersa  à  l'étran- 
ger, en  Belgique  surtout ,  les  débris  d'un  parti 
vaincu  par  les  ans,  et  dont  il  avait  été  autre- 
fois l'adversaire.  Associé  à  ses  infortunes,  il  se 
félicita  de  pouvoir  en  alléger  quelques-unes. 
Enfin  une  ordonnance  du  13  mai  1818  rétablit 
l'exilé  dans  tous  ses  droits  civils  et  politiques.  De 
retour  à  Paris,  le  duc  de  Cambacérès  y  mourut, 
dans  sa  soixante-onzième  année.  Il  y  avait 
donc  près  de  dix  ans  qu'il  vivait  comme  simple 
particulier  :  cependant,  quinze  jours  après  sa 
mort,  une  ordonnance  royale  fut  rendue,  qui 
enjoignit  à  ses  héritiers  de  remettre  à  un  com- 
missaire délégué  par  le  garde-d es-sceaux,  et 
sans  inventaire,  les  papiers  de  l'archichancelier, 
lesquels  étaient  encore  sous  le  scellé.  Sur  le  refus 
de  l'héritier  du  duc  de  Cambacérès,  une  instance 
s'engagea  entre  ce  dernier  et  le  ministre  de  la 
justice  au  nom  de  l'État,  instance  dans  laquelle 
on  voulut  soulever  un  conflit  pour  ravir  aux 
magistrats  la  connHÎssance  de  l'affaire.  M.  Dupin 
aîné,  chargé  de  la  défense,  publia  à  cette  occa- 
sion un  mémoire  remarquable.  «  Quelles  sont 
donc  ces  lettres.!"  s'écriait-il;  leur  contenu  inté- 
resse donc  des  hommes  bien  puissants,  puisqu'il 
ne  faut  pas  même  qu'elles  soient  lues  ni  entre- 
vues par  l'héritier,  par  le  possesseur,  même  sous 
le  contrôle  d'un  maître  des  requêtes  it  en  pré- 
sence d'un  juge  de  paix  !  »  [  Enc,  des  g.  .du  m.  ] 

Moniteur  universel.  —  Thiers,  Histoire  du  Consulat 
et  de  l'Empire.  —  Thibaudeau,  le  Consulat  et  l'Empire. 

—  NorviDs,  Hiftoire  de  Napoléon.  —  Bûchez  et  Aoax, 
Histoire  parlementaire  de  la  révolution  française. — 
Mignel,  Atyrégé  de  l'Hist.  de  la  révolution  française. 

—  Aubriet,  Fie  de  Cambacérès,  2^  éd.,  1825,  in-18. 

CAMBACÉRÈS  {Etienne- Hubert  de),  car- 
dinal français,  frère  de  l'archichancelier,  né  à 
Montpellier  le  11  septembre  1766,  moii  le  25 
octobre  1828.  Il  embrassa  la  carrière  ecclésiasti- 
que, et  ne  prit  aucune  part  à  la  révolution;  mais 
l'élévation  de  son  frère  aux  premières  charges  de 
l'État,  après  les  événements  du  1 8  brumaire ,  le 
fit  monter  rapidement  aux  degrés  les  plus  émi- 
nents  de  la  hiéi'archie  religieuse.  Nommé  archevê- 
que de  Rouen  le  11  avril  1802,  il  fut  pourvu,  l'an- 
née suivante,  du  chapeau  de  cardinal,  et  reçut 
ensuite  le  cordon  de  grand  officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Le  département  de  l'Hérault  l'ayant 
élu  candidat  au  sénat  conservateur,  il  y  fut  ap- 
pelé le  1^""  février  1805,  et  ne  s'y  montra  pas  le 
moins  adulateur.  La  bataille  d'Austerlitz  lui  of- 
frit l'occasion  de  manifester,  dans  un  mandement 
qui  se  fit  remarquer,  toute  sa  reconnaissance 
et  toute  son  admiration  pour  le  prince  qui  lui 
avait  donné  de  si  grandes  marques  de  sa  laveur. 
Mais  les  désastres  de  1813  et  1814  ébranlèrent 
le  dévouement  du  prélat  courtisan,  aussi  bien 
que  celui  de  tant  d'autres.  11  adhéra,  le  8  avril, 
aux  résolutions  du  sénat  relativement  à  la  dé- 


10. 


â9S  GAMBACÉRÈS  - 

chéance  de  l'empereur.  En  1815,  Napoléon,  fer- 
mant les  yeux  sur  le  passé,  comprit  l'archevô- 
que  de  Rouen,  le  2  juin,  dans  la  composition  de 
sa  chambre  des  pairs.  La  rentrée  de  Louis  XVIII 
força  le  cardinal  Cambacérès  à  s'éloigner  de  la 
scène  politique,  et  à  retournerj  àses  fonctions 
épiscopales. 

Biographie  des  Contemporains.  —  Le  Bas,  Dict.  en- 
cyclop.  de  la  France.  —Biogr.  nouv.  des  Contemp. 

CAMBACÉRÈS  (le  baron),  général  français, 
neveu  des  précédents,  né  le  13  novembre  1778, 
mort  en  1826.  Il  embrassa  en  1793  la  carrière 
militaire,  et  (it  les  campagnes  d'Espagne  et  du 
Rhin.  Il  se  battit  aussi  dans  la  Vendée,  assista 
aux  batailles  d'Austerlitz  et  d'Iéna,  fut  fait  gé- 
néral de  brigade  le  10  juillet  1806,  prit  part  à  la 
guerre  d'Espagne,  reçut  le  commandement  du 
département  du  Mont-Tonnerre,  reparut  à  la 
grande  armée  en  1814,  combattit  vaillamment 
aux  journées  de  Lutzen,  Bautzen  et  Dresde,  et 
commanda  le  département  d'Indre-et-Loire  en 
1814.  La  restauration  le  mit  successivement  en 
disponibilité  et  en  retraite.  La  fierté  de  caractère 
du  général  Cambacérès  l'empêcha,  malgré  son 
nom ,  d'avancer  rapidement. 

CAMBACÉRÈS  (l'abbé  de),  oncle  des  précé- 
dents, prêtre  français,  né  à  Montpellier  en  1721, 
mort  le  6  novembre  1802.  Il  était  fils  d'un  con- 
seiller à  la  cour  des  comptes  du  Languedoc.  Il 
montra  de  bonne  heure  un  goût  décidé  pour  l'é- 
tude des  auteurs  sacrés  ;  et,  après  s'être  bien  pé- 
nétré de  la  lecture  de  Bossuet  et  surtout  de 
Bourdaloue,  il  se  destina  à  la  chaire.  Ses  succès 
furent  brillants  ;  et,  quoiqu'on  fût  dans  une  église, 
des  applaudissements  universels  se  firent  enten- 
dre lorsqu'il  prononça  son  panégyrique  de  saint 
Louis,  en  1768.  Il  fut  nommé  archidiacre  dans 
sa  ville  natale.  Lié  avec  les  httérateurs  les  plus 
distingués  de  son  temps,  il  vécut  toujours  d'une 
manière  modeste.  On  a  de  lui  :  Panégyrique  de 
saint  Louis;  1768,  in-4'';  —  Sermons;  1781, 
3  vol.  in-12;  deuxième  édition,  1788,  3  vol. 
in-12,  avec  un  discours  préliminaire. 

*  CAMBACÉRÈS  {Marie-Jean-PierreHtibert, 
duc  de),  sénateur,  neveu  de  l'archichancelier  de 
l'empire,  naquit,  le  20  septembre  1798,à  Solingen 
(grand-duché  de  Berg).  Il  fut  admis  en  1812  au 
nombre  des  pages  de  l'empereur,  suivit  en  cette 
qualité  l'impératrice  Marie-Louise  lors  de  sa  re- 
traite sur  Blois,  et  fit  le  dernier  le  service  auprès 
du  roi  de  Rome,  en  escortant  ce  prince  de  Blois  à 
Orléans.  Licencié  sous  la  première  restauration, 
il  fut  nommé  en  1814  sous-lieutenant  dans  un 
régiment  de  chasseurs  à  cheval,  reprit  ses  an- 
ciennes fonctions  pendant  les  Cent-.lours,  et  fut 
nommé  premier  page  de  l'empereur,  qu'il  suivit 
pendant  la  campagne  de  Belgique.  Chargé,  dans 
la  journée  du  16  juin,  d'une  mission  auprès  du 
maréchal  Ney ,  il  tomba  dans  une  embuscade  et 
l'ut  fait  prisonnier  de  guerre,  ajjrès  s'être  dé- 
fendu vaillamment  et  avoir  eu  un  cheval  tué  sous 
lui.  Rentré  en  France,  il  y  apprit  la  proscription 


■  CAMTBERLTN  29( 

de  son  plus  proche  parent,  renonça  à  la  carrièn 
militaire,  donna  sa  démission,  se  livra  à  l'étudi 
du  droit,  et  se  fit  inscrire  en  1823  au  tableai 
de  l'ordre  des  avocats  à  la  cour  royale  de  Pa 
ris.  Après  la  mort  de  son  oncle  (1824) ,  il  s'op 
posa  énergiquement  à  la  remise  des  papiers  di 
défunt,  que  le  gouvernement  voulait  s'appro 
prier.  Cette  affaire,  qui  eut  un  grand  retentisse 
ment  à  cette  époque,  dura  fort  longtemps  ;  ce  m 
fut  qu'à  la  fin  de  1828  qu'elle  eut  une  solutioi 
favorable  devant  les  tribunaux,  grâce  à  l'habilt 
défense  de  M.  Dupin  aîné.  M.  de  Cambacérès  s( 
trouvait  en  Suisse  lorsque  la  révolution  de  juil 
let  éclata  :  il  revint  à  Paris,  et  se  rallia  à  la  dynastii 
nouvelle.  Placé  quatre  fois  à  la  tête  d'une  com 
pagnie  de  la  garde  nationale  de  la  10''  légion,  i 
obtint  de  ses  concitoyens  un  sabre  d'honneui 
en  témoignage  de  leur  estime ,  et  fut  nommé 
en  1834,  membre  du  conseil  général  de  la  Seine 
Une  ordonnance  du  11  septembre  1835  l'ap 
pela  à  siéger  dans  la  chambre  des  pairs.  Élu 
la  même  année,  l'un  des  secrétaires  de  cett( 
chambre,  il  conserva  ses  fonctions  jusqu'à  la  ré 
volution  de  février.  La  confiance  du  chef  de  l'É 
tat  l'éleva  à  la  dignité  de  sénateur  par  décret  di 
26  janvier  1852.11  est  aujourd'hui  grand  maîtn 
des  cérémonies,  et  l'un  des  secrétaires  du  sénat 

SiCARD. 

CAMBASSi.  Voy.  GoNELLi  (/gaw),  sculpteui 
italien. 

*CAMBAtFi.ES(de  camb,  force,  et  baol,  des 
truction  ),  chef  gaulois  à  la  solde  des  rois  de  Ma  ', 
cédoine,  entra  pour  son  propre  compte  dans  1; 
Thrace ,  en  ravagea  les  frontières ,  comme  li 
firent  ensuite  Cérétrius,  Léonor,  Luthar,  Comon 
tor.  Il  rapporta  de  cette  expédition  au  milieu  de: 
Galls  du  Danube  un  butin  considérable,  dont  1; 
vue  décida  ses  compatriotes  à  tenter  contre  L 
Grèce  cette  invasion  qui  vint,  en  279,  échouer  ; 
Delphes  et  aux  Thermopyles. 

Pausanias,  X,  19,  §  4.  —  Ph.  Le  Bas,  Dictionn.  ency 
clopéd.  de  la  France. 

CAMBDEK  (Guillmtme),  antiquaire  anglais 
Voy.  Camden  (Williams). 

CAMBERLYN  D'AMOUGIES  (Jean-Boptiste 
Guillaume,  chevalier),  poète  belge,  né  à  Gam 
en  1760,  mort  dans  la  même  ville  le  15  avri| 
1833.  Il  était  de  famille  noble,  fit  de  bonnes  étu 
des  à  Louvain;  il  devint  juge  au  tribunal  civil  d( 
Gand.  Il  s'adonna  alors  à  la  versification  latine 
et  adressa  des  pièces  de  vers  à  Louis  XVIII,  ai 
roi  et  à  la  reine  des  Pays-Bas,  au  prince  et  ; 
la  princesse  d'Orange,  auxrois  de  Prusse  et  d'An' 
gleterre,  au  pape  Léon  XII,  aux  princes  de  Saxe- 
Weimar ,  de  Hohenlohe ,  au  grand  maître  d( 
Malte.  Sa  vanité  ne  fut  qu'à  moitié  satisfaite  ;  cai 
ces  nombreuses  adulations  ne  lui  valurent  qui 
les  ordres  de  la  Légion  d'honneur,  du  LionNéer 
landais ,  du  Phénix ,  et  du  Faucon-Blanc.  Outri 
ces  poésies,  on  a  de  lui:  In  csedetn  Egmondi;- 
Ars  Costeriana,  sur  l'origine  de  l'imprimerie 
que  l'auteur  fait  naître  à  Harlem  ;  —  Eyckii  im 


297  CAMBERLYN 

mortali  genio;  apologie  des  frères  Eyck  ;  —  Bii- 
h'isii  genio,  sur  l'art  d'encaquer  les  harengs 
d'après  la  méthode  de  Buckels.  Tous  ces  mor- 
ceaux ont  été  réunis  sous  le  titre  :  Miscellanea  ; 
Gand,  1828,  in-8°,  flg. 
Biographie  générale  des  Belges. 

CAMBERT  (Robert),  musicien,  né  à  Paris  vers 
1628,  et  mort  à  Londres  en  1677. 11  ftjt  d'abord 
organiste  de  l'église  St.-Honoré,  et  devint  ensuite 
surintendant  de  la  musique  delà  reine  Anne  d'Au- 
triche, mère  de  Louis  XIV.  Il  fut  le  premier  mu- 
sicien français  qui  composa  un  opéra ,  et  voici 
comment  il  y  fut  amené.  L'abbé  Perrin,  maître 
des  cérémonies  de  Gaston,  duc  d'Orléans,  ayant 
conçu  l'idée  de  créer  un  nouveau  genre  de  spec- 
tacle à  l'instar  d'Orfeo  e  Euridice,  que  le  cardi- 
nal Mazarin  avait  fait  jouer  en  1647  par  une 
troupe  italienne ,  écrivit  une  pastorale  en  5  ac- 
tes, et  chargea  Cambert  de  la  mettre  en  musi- 
que :  ('«tte  pièce,  représentée  au  château  d'Issy 
en  1 659,  et  ensuite  à  Vincennes  en  présence  du 
roi,  obtint  un  grand  succès.  Encouragés  par  Ma- 
zarin, les  auteurs  composèrent  un  nouvel  opéra 
intitulé  Ariane,  ou  les  Amours  de  Bacchus,  qui 
fut  répété  à  Issy  en  1666,  mais  dont  la  repré- 
sentation fut  empêchée  par  la  mort  du  cardinal. 
Diverses  circonstances  s'opposèrent  aussi  à  la 
représentation  d'un  autre  opéra,  Adonis ,  dont 
Cambert  avait  fait  la  musique  en  1662.  Perrin 
n'en  poursuivit  pas  moins  la  réalisation  de  son 
projet  :  le  28  juin  1669,  il  obtint  des  lettres  pa- 
tentes portant  «  permission  d'établir  dans  la  ville 
de  Paris,  et  autres  du  royaume,  des  académies 
de  musique  pour  chanter  en  public  des  pièces 
de  théâtre.  »  11  s'associa  Cambert  pour  la  mu- 
sique, et  le  marquis  de  Sourdéac  pour  les  machi- 
nes ;  et  au  mois  de  mars  1671  il  ouvrit  son  théâ- 
tre dans  le  jeu  de  paume  de  là  Bouteille,  rue 
Mazarine,  en  face  de  celle  Guénégaud,  par  la  pièce 
de  Pomone,  que  l'on  peut  considérer  comme  le 
premier  opéra  français  régulier.  Pomone,  applau- 
die pendant  huit  mois,  fut  suivie  d'une  autre  pas- 
torale en  5  actes ,  les  Peines  et  les  Plaisirs  de 
V Amour.  Mais  bientôt  la  division  s'étant  mise 
parmi  les  associés,  Lulli,  qui  était  devenu  su- 
rinteudant  de  la  musique  du  roi,  profita  de  cette 
mésintelhgence  pour  leur  enlever  leur  privilège. 
Cambert,  profondément  blessé  d'une  telle  injus- 
tice, quitta  la  France  en  1673,  passa  en  Angle- 
terre ,  où  il  fut  nommé  maître  de  la  musique  de 
Charles  II,  et  mourut  de  chagrin  peu  de  temps 
après.  La  partition  d'Adonis  a  été  perdue; 
Ch.  Ballard  a  publié  des  fragments  de  l'opéra 
de  Pomone  ;  celui  des  Peines  et  des  Plaisirs 
de  l'Amour  existe  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
impériale.  Dieudonné  Denne-B\ron. 

Félls,  Biographie  universelle  des  musiciens.  — Patrial, 
Histoire  de  l'Art  musical  en  France. 

*CAMBERY  {Jean  de),  écrivain  héraldique 
français,  vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  :  le  Miroir  royal  blasonnant  les 
armoiries   de  France  et  le    nom   du    roi 


—  CAMBIATORE 


298 


(Henri  II),  avec  une  lettre  à  la  reine  Cathe- 
rine de  Médias; Paris,  1549,  in-8°. 

Lelong  et  FonteUe,  Bibt.  histor.  de  la  France. 

CAMBI4G1  (Joachim),  historien  toscan,  né 
en  1740,  mort  vers  1801.  11  se  destinait  d'abord 
à  l'état  ecclésiastiqtie;  mais,  ayant  trouvé  l'occa- 
sion de  contracter  un  brillant  mariage,  il  se  con- 
sacra aux  lettres  et  s'associa  à  un  de  ses  parents, 
Gaëtano  Carabiagi,  qui  possédait  à  Florence  une 
imprimerie  de  premier  ordre.  Les  relations  de 
Joachim  avec  Paoli  et  les  autres  chefs  de  l'in- 
surrection corse  l'engagèrent  à  écrire  V[storia 
del  regno  di  Corsica;  Livourne,  1770  à  1774, 
4  vol.  in-4°  ;  on  y  trouve  un  grand  nombre  de 
documents  naïfs  et  intéressants.  Il  commençait 
une  Histoire  de  Sardaigne  lorsqu'il  mourut. 
On  n'a  que  le  1*''  vol.  de  cette  histoire;  Florence, 
1775,  in-4-'. 
Tipaldo,  Biogr.  Ital. 

CAMBiASO  (  Luca),  dit  Luchetto de  Gênes, 
peintre,  né  à  Gênes  en  1527,  mortà  Madrid  en  1585. 
Fils  de  Giovanni  Cambiaso,  peintre  médiocre,  il 
reçut  de  lui  les  premières  leçons ,  et  acheva  de 
perfectionner  son  talent  par  l'étude  des  dessins 
du  Mantegna  et  des  tableaux  du  Pordenone  exis- 
tant à  Gênes  ;  car,  quoi  qu'en  ait  dit  Ticozzi,  il  iic 
paraît  pas  être  allé  à  Rome.  Dès  l'âge  de  vingt- 
cinq  ans,  il  était  compté  au  nombre  des  pre- 
miers peintres  de  l'Italie  :  sa  réputation  étant  par- 
venue en  Espagne,  Philippe  U  l'appela  à  sa  cour 
pour  concourir  à  la  décoration  de  l'Escurial. 
C'est  là,  entre  autres  peintures,  qu'à  la  voûte  de 
l'église  il  exécuta  ce  prodigieux  Paradis  tant 
vanté  par  Lomazzo.  Cambiaso  étonna  tous  les 
peintres  espagnols  par  sa  facilité,  la  beauté  ^de 
son  coloris,  la  pureté  de  son  dessin  et  la  har- 
diesse de  ses  raccourcis.  Ses  succès  lui  valurent 
les  bonnes  grâces  du  roi.  Malheureusement 
itant  devenu  amoureux  de  la  sœur  d'une  femme 
qu'il  avait  pei-due,  et  ayant  vainement  sollicité 
du  pape  la  dispense  nécessaire  pour  ce  nouveau 
mariage,  il  eut  la  pensée  d'avoir  recours  à  l'inter- 
vention du  roi  d'Espagne  ;  mais  un  courtisan  lui 
conseilla  de  n'en  point  parler,  s'il  voulait  con- 
server la  faveur  du  monarque.  Luca  prit  cette 
contrariété  tellement  à  cœur,  qu'il  en  tomba  ma- 
lade, et  mourut  en  peu  de  jours,  à  l'âge  de  cin- 
quante-huit ans.  Il  laissa  un  fils  nommé  Orazio, 
qui  suivit  la  carrière  de  son  père,  mais  avec  un 
moindre  succès.  E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Orlandi,  Abbecedario.  - 
Winckelman,  Neues  Mahler-Lexikon. 

CAMBIATORE  (  Thomas  ),  écrivain  italien, 
né  à  Reggio  (Lombardie),  vivait  dans  le  quin- 
zième siècle.  II  était  à  la  fois  légiste  et  poète  : 
l'empereur  Sigismond  lui  décerna  la  couronne 
poétique  à  Parme  le  6  mai  1432.  On  a  de  lui  : 
Ballades,  imprimées  dans  un  recueil  de  vers 
publié  à  Venise,  1518;  —  la  traduction  de  YÉ- 
néide  en  terza  rima,  revue  et  corrigée  par  Jean 
Paul  Vasio;  Venise,  1532  et  1538  ;  —  de  Judicio 
libero  et  non  libero,  dédié  au  marquis  Léonel 


299  CAMBIAÏORE 

d'Esté,  manuscrit  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque 
de  Modène. 

Ciomale  de'  Littei-ati,  t.  XÏU,— Supplément  françaii 
de  Bàle,  t.  II,  p.  38. 

*CASiESLHOM  {Jean),  théologien  polémiste 
allemand,  vivait  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle.  11  était  membre  de  la  congrégation 
des  Jésuites  à  Gratz,  en  Styrie;  mais  bientôt  il  en 
sortit  pour  la  combattre  avec  acharnement.  On 
a  de  lui,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  Relatio  de 
studiis  Jesuitarumabstrusioribus  ;  1608,in-8°, 
insérée  aussi  dans  Lucius,  HïstoriaJesuitanim, 
15.  169,  et  trad.  en  allemand  à  la  suite  du  Reis- 
sende  Jesuiter  Pro//;1610,  in  4".  Une  réplique 
fut  publiée  par  Jacques  Gretser,  sous  le  titre  : 
Relatio  de  J esuïtarum  studiis  abstrusioribus, 
contra  Joh.  Cambilhom;  1609,  in-8°;  —  Von 
demjesuiten  Gott,  etc.  (sur  le  Dieu  des  jésuites)  ; 
Géra,  1611,  in-4°  (c'est  la  trad.  allemande  d'un 
original  latin,  resté  inconnu).  Dans  là  Fortge- 
setzte  Sammluny  von  alten  und  neuen  theo- 
logischen  Sachen,  1738,  p.  625,  on  suppose 
que  Cambilhom  s'est  déguisé  sous  le  nom  du 
licencié  Wallpurger,  et  que  tout  a  été  pris 
dans  El.  Hasenmuller,  Historia  Jesuitarum 
ordinis  ;  —  i\ova  novorum  Jesuitica,  trad. 
en  allemand  par  Jean  Pfeiiïer;  1610,  in-4''. 

Ounkel.  Nachrichten,  t.  i,  p.  629  et  suiv. 

*CAMBiivi  (André),  historien  et  traducteur 
italien,  natif  de  Florence,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle.  Il  était  disciple  de 
Christophe  Landini,  et  très-versé.dans  l'histoire 
des  peuples  étrangers.  On  a  de  lui  :  Istorla  delV 
origine  ed  imprese  de''  Turchi;  Florence, 
1538,  in-8°;  Venise,  in-8°;  — Storia  délia  Fran- 
cia,  en  manuscrit,  dans  la  bibliothèque  Médicis 
de  Florence;  —  il  Lelio,  dialogo  di  Cicérone 
delV  Amicizia;  en  manuscrit;  —  Tredici  lïbri 
di  Biondo  Flavio  in  italiana  favella,  «'  quali 
aggiunseun  libro,  en  manuscrit. 

Negri,  Scrit.tori  Florent.  —  PaHoni,Bibl.deglivolga- 
rizs,  l.  I,  p.  2S9.  —  Bibl.  di  Tarsetti,  t.  I,  p.  i56.  —  Ban- 
diai.  Spécimen  Ulterut.  Florent.,  1. 1,  p.  ^01.  —  Lelong  et 
Fontetle,  Bibl.  hist.  de  Iv'^France. 

CAMBiNi  (Joseph),  compositeur  de  musique 
italien,  né  à  Livourne  le  13  février  1746,  mort 
à  Bicêtre  vers  1832.  Il  se  livra  dès  son  enfance 
à  l'étude  du  violon,  sous  la  direction  d'un  maître 
obscur  nommé  PoUi  ;  son  talent  précoce  se  dé- 
veloppa par  les  conseils  et  l'érudition  de  Man- 
fredi  et  de  Nardini,  A  dix-sept  ans,  il  se  rendit 
à  Bologne  pour  y  suivre  le  contre-point,  sous  le 
P.  Martini.  Il  resta  trois  ans  près  de  ce  maes- 
tro, puis  partit  jour  Naples,  où  il  devint  amou- 
reux d'une  de  ses  compatriotes,  et  s'embarqua 
avec   elle  pour  s'unir  dans    leur  ville  natale. 
Grimm  raconte  ainsi  l'événement  qui  sépara  les 
deux  amants  :  «  Ce  pauvre  M.  Cambini  n'est 
«  pas  né  sous  une  étoile  heureuse.  Il  a  éprouvé, 
«  avant  d'arriver  dans  ce  pays-ci,  des  infortunes 
«  pins  fâcheuses  qu'une  chute  à  l'Opéra.  S'étant 
a.  embarqué  à  iNaples  avec  une  jeune  personne 
«  dont  il  était  éperdument  amoureux,  et  qu'il  al- 


—  CAMBINI  300 

«  lait  épouser,  il  fut  pris  par  des  corsaires  et 
«  mené  captif  en  Barbarie  :  ce  n'est  pas  encore  le 
«  plus  cruel  de  ses  malheurs.  Attaché  au  mât  du 
«  vaisseau,  il  vit  cette  maîtresse,  qu'il  avait  res- 
«  pectée  jusqu'alors  avec  une  timidité  digne  de 
«  l'amant  de  Sophronie,  il  la  vit  violer  en  sa  pré- 
«  sence  par  ces  brigands,  et  en  fut  le  triste  témoin.  > 
Un  négociant  vénitien,  nommé  Zamboni,  eut  pi 
tié  du  pauvre  artiste;  il  le  racheta  d'un  renéga 
espagnol,  et  le  mit  en  liberté.  Cambini  parcouru 
alors  l'Italie  et  l'Allemagne,  où  il  reçut  les  leçon: 
d'Haydn,  sur  lequel  il  fit  ce  distique  : 

Il  marche  toujours  seul;  sa  muse  a  su  tout  peindre. 
N'imitez  pas,  créez,  vous  qui  voulez  l'atteindre! 

Avec  la  protection  de  l'ambassadeur  de  Naples 
il  vint  à  Paris  en  1770.  Le  prince  de  Conti  l'ac 
cueillit  et  le  mit  en  rapport  avec  Gossec,  qui  diri 
rige^it  le  Concert  des  amateurs.  Cambini  eut  aloi 
l'occasion  de  se  faire  connaître,  en  faisant  exécu 
ter  des  morceaux  de  sa  composition  qui  eurer 
du  succès.  Cambini  abusait  tellement  de  sa  ft 
condité,  qu'en  quelques  années  il  produisit  plu 
de  soixante  symphonies,  et  un  nombre  immens 
d'autres  ouvrages  de  musique  instrumentale,  coi 
certos,  oratorios,  motets,  etc.,  etc.  La  facture  c 
était  assez  pure  et  les  idées  gracieuses  ;  mais  il 
manquait  du  génie.  Ses  quatuors  pour  violon  soi 
plus  remarquables;  on  y  ti'ouve  de  la  mélodie 
de  la  correction.  Cambini  aurait  certainement  p 
s'élever  plus  haut  ;  mais,  toujours  en  proie  au  b( 
soin,  suite  inévitable  de  son  intempérance, 
était  obligé  de  travailler  très-vite,  et  de  pr( 
duire  ses  idées  sans  les  épurer.  Infatigable,  ( 
reste ,  le  peu  de  temps  qu'il  ne  passait  pas  i 
cabaret  il  le  consacrait  encore  à  des  leçons  ( 
chant,  de  violon,  de  composition.  Dans  les  de 
nières  années  de  sa  vie,  cet  artiste  était  ai 
gages  des  éditeurs  de  musique,  et  faisait  pour  ei 
des  arrangements  sur  des  motifs  pris  dans  1 
œuvres  des  compositeurs  célèbres.  Ces  travau 
fort  bien  exploités,  mais  peu  rétribués,  ne  faisaie 
que  prolonger  la  misère  piofonde  qu'il  partage; 
avec  une  femme  beaucoup  plus  jeune  que  h 
On  a  prétendu  qu'il  était  parti  en  1812  pour 
Hollande,  et  qu'il  s'y  était  suicidé  ;  il  n'en  est  riei 
il  fut  reçu  parmi  les  pauvres  de  Bicêtre,  et  mo 
rut  dans  cet  hospice. 

Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  :  le  Sacrifia 
d'Abraham,  oratorio;  1774;  —  Joad,  oratori 
1775;— Mserere avec  chœurs,  1775;  —  les  h 
mans,  ballet  en  trois  actes,  intitulés  la  Berger  i 
la  Chevalerie,  la  Féerie,  qui  n'eut  à  l'Opéra  qu( 
représentations;  juillet  1776  (  la  chorograpl 
était  de  Bonneval);  —  Rose  d'amour  et  Cari 
man,  paroles  de  Dubreuil,  drame  lyrique  [er 
actes,  resté  sans  succès  au  Théâtre-Italien  ;  177 

—  quelques  entrées  dans  le  ballet  les  Fêtes  : 
ciliennes;  1782;  —  la  Croisée,  2  actes;  178 

—  les  Fourberies  de  Mathurin ,  1  acte  ;  178 

—  Gara,  ou  la  Prêtresse  du  Soleil,  paroles 
Gabiot,  3  actes,  1787  ;  reprise,  très-bien  accut 
lie  en  1798;  —  divers  solfèges  d'une  difficu 


301  CAMBINI  - 

graduelle  pour  l'exercice  du  phrasé,  du  style 

et  de  Vexpression,  avec  des  remarques  et  une 

basse  pour  accompagnement  ;  Paris,  Leduc, 

'  1788  ;  —  Alcmëon,  Âlcide,  pièces  non  reçues  à 

i  l'Opéra;  1789;  —  Edtvin  et  Adèle,  3  actes,  au 

'théâtre  Beaujolais  ;  1789;  —  les  Deux  Frères, 

3U  la  Revanche,  paroles  de  Dubuisson,  3  actes, 

1  Beaujolais;  1790;  —  Nanthilde  et  Dagobert, 

laroles  de  Piis,  3  actes,  au  théâtre  Louvois;  1791; 

i  jet  opéra  eut  une  grande  réussite  ;  —  Armide , 

[non  reçue  à  l'Opéra;  1793;  —  les  Trois  Gas- 

vns,  1  acte;  Louvois,    1793;  — Préludes  et 

Points  d' argiles  dans  tous  les  tons,  mêlés 

l'airs  variés,  et  terminés  par  l'Art  de  moduler 

iur  le  violon;  Paris,  1796;  Offenbach,  1797; 

—  Méthode  pour  flûte ,  suivie  de  20  petits  airs 
■t  de  six  duos;  Paris,  Gaveaux,  1799,  —  le 
'ompositeur,  scène  comique;  Paris,  Imbault, 
800;  —  Quintetti  et  quators  sur  des  motijs 
le  Boccherini;  Paris,  Pleyel,  1800-1803;  — 
Oe  la  musique  instrumentale  en  quatuor; 
>ipzig,  Gazette  musicale,  1804; —  Vers  à 
Lesueur  sur  son  Ossian;  Paris,  Almanach 
les  Muses ,  1806  ; —  Tablettes  de  Pohjmnie,  re- 
né critique,  en  collaboration  de  M.  de  Garaudé  ; 
^aris,  1810-1811;  —  60  symphonies  pour  or- 
hestres  ;  —  un  Traité  de  composition .,  resté 
manuscrit. 

Grinim ,  Correspondance  littéraire,  août  1776,  — 
Schilling:,    Nouveau   Lexique   universel  de    musique. 

-  Biographie  portative  des  Contemporains.  —  Fétis, 
liographie  universelle  des  Musiciens. 

*CAMBio  (  Pemsowe ),  compositeur  italien, 

,  ivait  dans  le  seizième  siècle.  On  connaît  de  lui  : 

i  Madrigali  a  quattro  voci,  cou  alcuni  di  Ci- 

I  oriano  Rose  ;  Venise,  1547  ;  —  Ganzone  villa- 

nesche  alla  Napoletana ;\eïâse,  1551.  Le  doc- 

our  Burney  a  extrait  de  ce  recueil  une  villote  à 

liiatre  voix,  qu'il  a  insérée  dans  son  Histoire  de 

'.a  Musique,  t.  in,  p.  215. 

Fétis,  Biographie  des  Musiciens. 

*  cAMBis  {Richard-Joseph  de  ),  sire  de  Far- 
çues,  hagiographe  et  historien  avignonnais,  vi- 
vait à  Avignon  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
'  tième  siècle.  On  a  de  lui  :  Vie  de  saint  Bénézet 
(sous  le  nom  anagrammatique  de  Dissambec) ; 
,A\ignon,  1670,  in-12  ;  —  Recueil  des  saints 

qui  sont  honorés  dans  Avignon;  in-12 On 

fini  attribue  aussi  des  Mémoires  sur  les  trou- 
'*Mes  et  séditions  arrivées  dans  Avignon  deptiis 
■1661  jusques  et  incluse  l'année  1666,  in-fol. 
(manuscrit). 

Lelong  et  Fontette,  Bibl.hist.  de  la  France. 
I  CA.Miiis  {[Marguerite  de),  traductrice  fran- 
i  çaise,  née  en  Languedoc,  vivait  dans  la  seconde 
[moitié  du  seizième  siècle.  Fille  de  Louis,  baron 
i  d'Alais,  elle  épousa  d'abord  Pons  d'Aleirao,  ba- 
I  ron  d'Aigremont,  et,  après  la  mort  de  celui-ci, 
I  Jacques  de  Rochemaure.  On  a  d'elle  :  Epitre  du 
[  seignev.rJ.-G.  Tryssin,  de  la  Vie  que  doit  tenir 
I  unedame  veuve;  Lyon,  1554,in-16,  trad.  de  l'ita- 
lien ;  —  Épitre  eonsolatoire  de  l'exil^  envoyée 


CAMBOIRE  302 

par  Jean  Boccace  au  seigneur  Pino  de  Eoasi; 
Lyon,  1556,  in- 16,  trad.  de  l'italien. 

Menard,  Histoire  de  Nîmes,  t.  IV,  p.  887.  —  Histoire 
litt.  des  Femmes  savantes,  t.  1,  p.  180. 

cAMBis-vELLEROK  {Joseph- Louîs- Domi- 
nique, marquis  de),  liistorien  français,  né  à 
Avignon  en  1706,  mort  dans  la  même  ville  en 
1772.  Il  était  d'une  très-ancienne  famille  du  Ve- 
naissin,  alors  sous  la  domination  papale,  prit  du 
service  dans  son  pays  comme  capitaine  de  dra- 
gons, et  devint  lieutenant  général  de  l'infanterie 
du  saint-siége.  Ami  des  lettres,  de  Cambis  n'a- 
vait jamais  cessé,  dans  ses  loisirs,  de  rassembler 
tous  les  manuscrits  intéressants  et  les  livres 
rares  qu'il  avait  pu  rencontrer  ;  aussi  en  com- 
posa-t-il  une  bibliothèque  fort  curieuse,  dont  il  a 
publié  le  Catalogue  raisonné;  Avignon,  1770, 
in-4°.  On  a  de  lui  :  Relation  d'une  grâce 
singulière  et  miraculeuse  opérée  à  Rome  en 
1742,  par  l'intercession  de  saint  François- 
Xavier ,  trad.  de  l'italien;  Paris,  1744,  in-18;  — 
Réflexions  critiques  et  historiques  sur  le  pa- 
négyrique de  saint  Agricole  (du  P.  Eusèbe 
Didier);  1755,  in-4°;  —  Supplément  à  ces  ré- 
flexions, servant  de  réplique  à  la  réponse  du 
P.  Didier;  1755,  in-4°;  —  Additions  au 
Mémoire  histoiique  et  critique  de  la  vie  de 
Roger  de  Saint-Lary  de  Bellegarde  (  par  Se- 
cousse); Paris,  1767,  in-12.  —  En  manuscrits  : 
Vie  de  M"^"  de  Chantai  ;  —  de  saint  Fran- 
çois de  Sales;  —  de  l'ermite  Gens;  —  Annales 
du  comtat  Venaissin ,  5  vol.  in-fol,;  —  Histoire 
d'Avignon,  in-fol. 

L'abbé  Rive,  la  Chasse  aux  Biographes';  Londres, 
«788.  —  Quérard,  la  France  littéraire. 

CAMBLiTJË,  CAMBLETE  OU  CAMBÈTE  (en  la- 
tin Cambusius) ,  roi  de  Lydie,  vivait  environ 
1400  av.-J.-C.  Il  était  fils  et  successeur  d'Alcyme. 
Les  auteurs  grecs  rapportent  que  ce  monarque, 
ayant  offensé  les  dieux,  avait  été  affligé  d'une  faim 
que  rien  ne  pouvait  calmer  :  sa  femme  en  fut 
même  victime;  car  une  nuit,  en  dormant,  Cam- 
blite  se  Jeta  sur  elle  et  la  dévora  tout  entière, 
moins  un  bras.  Le  matin,  à  son  réveil,  désespéré 
à  la  vue  de  ce  triste  vestige  de  celle  qu'il  aimait, 
il  courut  au  temple,  et,  après  avoir  maudit  les 
dieux,  se  passa  son  glaive  dans  le  corps.  Les 
historiens  nous  dépeignent  Camblite  comme  un 
prince  fort  débauché,  qui,  dans  un  accès  d'ivresse, 
aurait  massacré  sa  femme  et,  qui  se  tua  ensuite. 

Élien,  Hist,  variée  —  L'abbé  Sevin,  Recherches  sur 
les  rois  de  Lydie  (  Mémoires  de  l'Académie  des 
inscr,  et  belles- lettres,  t.  V,  p.  244).  —  L'Art  de  vé- 
rifier les  dates,  t.  III,  p.  66. 

*  CAMBOIRE  (...),  conventionnel  finançais,  vi- 
vait dans  la  secondemoitié  du  dix-huitième  siècle. 
Il  était  administrateur  du  district  de  Périgueux 
lorsque  la  révolution  commença.  Envoyé,  en  sep- 
tembre 1792,  à  la  convention  nationale  par  le  dé- 
partement de  la  Dordogne,  il  vota  la  mort  de 
Louis  XVI;  et,  n'ayant  pas  été  appelé  aux  assem- 
blées qui  suivirent,  il  fut  nommé  commissaire  du 
Directoire  dans  son  département. 


303 


CAMBOIRE  —  CAMBON 


30^ 


Aroault,  Jouy,  etc.,  Biog.  nouv.  des  Contemp.  — 
Biog.  mod. 

CAMBOLAS  (François  de),  prêtre  français, 
né  en  1600,  mort  le  4  mai  1668. 11  était  chanoine 
de  Saint-Saturnin  de  Toulouse  :  on  y  voit  encore 
son  épitaphe.  Cambolas  fut  le  fondateur  des  re- 
ligieuses de  Notre-Dame  de  Toulouse  :  sa  charité, 
sa  modestie,  la  pureté  de  ses  mœurs,  lui  acquirent 
le  respect  de  tous  ses  concitoyens,  qui  hono- 
raient sa  mémoire  comme  celle  d'un  saint. 
Boulanger  et  Valet  ont  gravé  son  portrait,  in-8° 
et  in-4°. 

Biographie  Toulousaine. 

CAsiBOLAS  [Jean  de),  jurisconsulte  français, 
né  à  Toulouse,  et  mort  dans  cette  ville  en  1670. 
Ses  talents  le  firent tnommer  président  du  parle- 
ment de  Toulouse.  On  a  de  lui  :  Décisions  no- 
tables du  parlement  de  Toulouse;  1671  et 
1681.  Ce  recueil  était  très-estimé  dans  l'ancien 
barreau. 

Biographie  Toulousaine.  —  Le  Bas,  Dict.  encyolop. 
de  la  France. 

CAAiBOLOMAR,  roi  des  Tectosages  qui  se 
rendirent  en  Asie  et  se  retranchèrent  sur  le  mont 
Mugaba  lorsque  le  consul  C.-N.  Manlius  vint  les 
attaquer. 

Tite-Live,  lib.  XXXIX. 

CAMBON  (...DE),chirurgien  français,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a 
de  lui  :  Lettre  à  Bambilla  sur  trois  opérations 
delasymphyse  ;  1780,in-8°  ; — Éloge  historique 
de  J.  Baseilhac,  frère  Cosme,  feuillant,  avec 
des  détails  sur  les  instruments  qu'il  a  inventés 
ou  perfectionnés;  1781,in-8°. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CAMBON  (  Jean-Louis-Auguste-Emmanuel, 
marquis  de),  jurisconsulte  français,  né  à  Tou- 
louse en  1737,  mort  dans  la  même  ville  en  sep- 
tembre 1807. 11  suivit  les  traces  de  ses  parents, 
et,  comme  eux,  se  voua  à  la  magistrature.  Après 
avoir  terminé  ses  études  en  droit,  il  fut  reçu 
conseiller  au  parlement  de  Toulouse  en  1758. 
En  1761  il  était  avocat  général,  et  remplit  ces 
fonctions  avec  autant  de  talent  que  d'impartia- 
lité; il  signala  sa  tolérance  dans  l'affaired'Étienne 
Sales,  auquel  des  catholiques  contestaient  la  va- 
lidité du  mariage  de  son  père.  Cambon  prit  la 
parole,  et  développa  d'une  manière  lumineuse  les 
principes  des  lois  naîurelles  et  civiles, dépouil- 
iant  les  arrêts  et  édits  de  l'interprétation  pas- 
sionnée de  l'esprit  de  parti.  «  U  ne  faut  pas  se  de- 
«  mander ,  dit-il ,  si  l'on  est  persuadé  de  l'exis- 
«  tence  du  mariage  contesté,  mais  il  faut  se  de- 
«  mander  si  l'intérêt  public  n'est  pas  qu'on  le 
«  présume;  et,  puisque  le  contraire  n'est  pas  ju- 
«  ridiquement  prouvé,  la  justice  et  l'équité  veu- 
"  lent  qu'on  suppose  tout  ce  qui  est  naturelle- 
«  ment  possible,  plutôt  que  de  faire  perdre  à  un 
«  enfant  l'état  dont  il  a  légitimement  joui.  «  Les 
conclusions  de  Cambon  furent  adoptées ,  et  on 
déclara  la  validité  des  mariages  protestants.  Ce 
jugement  servit  de  précédent,  et  le  sort  de  400,000 
familles  protestantes  se  trouva  fixé.  L'Académie 


des  Jeux  Floraux  l'admit  dans  son  sein  comnif 
mainteneur,  et  il  fut  chargé  de  la  semonce.  Soi 
discours  dépassa  tout  ce  que  son  talent  faisar 
espérer.  En  1779,  Cambon  acheta  une  charg( 
de  président  à  mortier,  et  devint  en  1786  procu 
reur  général.  Louis  XVI  ayant  convoqué  en  178: 
l'assemblée  des  notables,  Cambon  y  fut  appe- 
lé ;  et  le  roi,  appréciant  sa  sagesse  et  sa  fermeté 
le  nomma  premier  président.  11  fit  égalemen 
partie  de  la  seconde  assemblée,  réunie  en  1788 
Après  l'abolition  des  parlements,  il  vint  à  Paris 
mais,  il  y  fut  bientôt  poursuivi  ;  et,  pour  évitei 
la  mort,  il  dut  se  soustraire  par  la  fuite  aux  re- 
cherches des  comités.  Un  plus  grand  malheui 
vint  le  frapper  :  M""'  Cambon,  qui  avait  cru  pou 
voir  rester  dans  son  domicile,  ne  prévoyant  pas  qu( 
les  proscriptions  politiques  pouvaient  atteiudri 
les  femmes,  fut  arrêtée,  et  sa  tête  roula  sur  l'é 
chafaud  le  8  thermidor.  Elle  fut  du  nombre  dei 
dernières  victimes  du  régime  sanglant  qui  aval 
désolé  la  France.  Le  lendemain,  Robespierre  e 
Saint-Just  étaient  à  leur  tour  accusés,  et,  le  sur 
lendemain,  offerts  en  holocauste  à  la  terribh 
déesse  dont  ils  s'étaient  faits  les  grands  prêtres 
La  terreur  passée,  Cambon  reparut,  rentra  dan; 
sa  fortune,  et  termina  paisiblement  au  sein  de  s; 
famille  le  reste  de  sa  vie. 
Moniteur.  —  Biographie  des  Contemporains. 
CAMBON  (Joseph),  homme  d'État  français 
né  à  Montpellier  le  17  juin  1754,  mort  à  Bruxelle; 
le  15  février  1820.  11  était  d'une  famille  de  négo 
ciants,  gérait,  avec  ses  frères,  là  maison  de  com 
merce  de  son  père,  lorsque  la  révolution  pénétr, 
dans  son  pays.  Cambon  en  accueillit  les  principe; 
avec  enthousiasme.  Aussitôt  après  la  fuite  du  roi 
au  mois  de  février  1791,  il  fit  proclamer  la  ré 
publique  au  milieu  de  ses  compatriotes.  Nommi 
par  eux  à  l'assemblée  législative  en  septembn 
de  la  même  année,  il  y  professa  avec  chaleu 
les  doctrines  démocratiques.  Cependant  il  s'oc 
cupa  d'une  manière  spéciale  de  l'administratioi 
des  finances  ;  et  il  est  peu  d'actes  dans  sa  carrièri 
législative  qui  n'aient  eu  pour  objet,  au  moim 
indirect,  cette  partie  importante  des  intérêts  pu 
blics.  IJ  demanda,  contre  l'opinion  des  giron 
dins ,  que  les  prêtres  fussent  assimilés  au  rest( 
des  fonctionnaires  publics ,  et  que  leurs  traite- 
ments pussent  être  suspendus  en  cas  d'infidélit( 
ou  de  désobéissance  aux  lois  de  l'État  ;  il  éten 
dit  cette  mesure  aux  généraux  d'armée  et  au) 
ministres;  et  lorsqu'en  1792  Bazire  eut  propost 
la  confiscation  des  biens  des  émigrés,  il  fit  rendn 
la  loi  qui  déclarait  ces  biens  en  état  de  séquestre 
«  afin,  disait-il,  de  priver  les  ennemis  de  la  pa 
«■  trie  des  moyens  de  lui  faire  la  guerre,  et  d'à 
«  voir,  dans  la  jouissance  de  leurs  biens,  l'indem 
«  nité  des  dommages  qu'ils  pourraient  causer  ; 
«  l'État,  w  Cependant  il  parut  se  rapprocher  ur 
moment  du  parti  constitutionnel,  lorsqu'en  aoû 
1792  la  section  Mauconseil  vint  déclarer  à  1; 
barre  qu'elle  ne  reconnaissait  plus  Louis  XV 
pour  roi  ;  il  s'éleva  avec  force  contre  cette  décla 


05 
ation. 


CAMBON 


306 


Mais,  après  le  10  août,  ce  fut  lui  qui 
t  à  la  convention  un  rapport  sur  les  pièces 
4]i  établissaient  la  culpabilité  de  Louis  XVI  ;  et, 
eu  de  jours  après,  il  fit  décréter  d'accusation 
18  ex-ministres  Narbonne,  Lajard,et  de  Grave, 
peine  descendu  du  fauteuil  de  président  de 
[assemblée  législative,  Cambon  vint  siéger  sur 
s  bancs  de  la  convention.  Il  s'empressa  d'y 
lënoDcer  la  feuille  de  Marat  et  la  commune  de 
kris  ;  il  provoqua  même  la  mise  en  accusation 
l'ex-ministre  Lacoste  et  des  ordonnateurs 
(alus,  Servan,  d'Espagnac,  pour  Hes  marchés 
l'i'ils  avaient  consentis  ou  contractés  ;  il  fit  dé- 
i+éter  le  remplacement  du  commissaire  liquida- 
!ur  Dufréne-Saint-Léon,  et  nommer  des  com- 
sissaires  spéciaux,  chargés  de  vérifier  le  ser- 
(ce  de  la  comptabilité  de  Dumouriez;  il  accusa 
'éme  ce  général  au  sujet  de  sa  lettre  à  la  Con- 
«ntion,  et  obtint  l'établissement  d'une  adminis- 
ation  provisoire  pour  les  pays  conquis.  Dans 
!  procès  de  Louis  XVI,  il  vota  la  mort  sans  ap- 
il  et  sans  sursis;  combattit  avec  énergie,  le 
>  mars  1793,  l'établissement  du  tribunal  révo- 
|tionnaire;  soutint  que  le  mode  d'organisation 
loposé  par  Robert  Lindet  était  attentatoire  à  la 
|)erté  des  citoyens,  et  demanda  que  les  juge- 
ments fussent  rendus  parjurés.  Déjà  membre  du 
mité  des  finances,  il  fut,  le  7  avril,  appelé  à 
lui  de  salut  public ,  où  il  se  montra  plus  que 
mais  opposé  à  la  commune  de  Paris.  Au  2  juin, 
rsquc'  la  convention,  voulant  faire  preuve  de 
l)erté,  sortit  en  corps  dans  le  jardin  des  Tuile- 
es,  il  alla  se  placer  au  milieu  des  membres  du 
iirH  girondin,  dont  les  jacobins  demandaient  la 
ite;  et,  n'ayant  pu  empêcher  le  décret  d'arresta- 
lon  qui  fut  porté  le  jour  même  contre  ces  dépu- 
te, il  déchira,  de  dépit,  sa  carte  de  député.  Ce- 
lendant,  peu  de  temps  après,  Cambon  se  rappro- 
ha  encore  de  la  Montagne  et  de  la  commune.  En 
;  lillet  1793,  il  fut  chargé  d'un  rapport  sur  la  situa- 
jon  del'État,  surles  opérationsdu  comitédesalut 
ablic,  et  sur  la  correspondance  qu'on  avait  cru 
i  lister  entre  laconduitedes  puissances  étrangères 
t  les  projets  des  ennemis  de  l'intérieur.  Trois  mois 
près,  il  fit  ordonner  la  clôture  des  barrières  de 
I  aris,  et  décréter  l'arrestation  de  ceux  qui  cher- 
jliaient  à  se  soustraire  au  service  militaire. 
I  fut  élu  président  de  l'assemblée  en  août  1793, 
t  prit,  en  mars  1794,  la  parole  pour  attester  la 
îulpabilité  de  Fabre  d'Églantine,  accusé  d'avoir 
'  ilsifié  le  décret  relatif  à  la  compagnie  des  Indes. 
e  fut  la  même  année  qu'il  fit  à  l'assemblée  son 
t'Ièbre  rapport  sur  l'administration  des  finances, 
rt  donna  à  la  France  le  premier  modèle  de  grand 
[ivre  de  la  dette  publique.  Dans  la  lutte  qui  amena 
te  9  thermidor,  Cambon  prit  parti  contre  les 
jhefs  de  la  Montagne.  Ce  fut  même  lui  qui,  le 
premier,  porta  contre  eux  la  parole,  et  se  pré- 
•  enta  comme  l'un  des  accusateurs^de  Robespierre. 
j»Iais  à  peine  les  thermidoriens  eurent-ils  triom- 
phé qu'ils  se  tournèrent  contre  lui.  Accusé  comme 
;x)mplice  des  tyrans  par  Bourdon  (de  l'Oise), 


IVovère,  André  Dumont  et  Tallien,  il  n'échappa 
au  décret  d'arrestation  lancé  contre  lui  que  par 
la  fuite.  Caché  dans  un  grenier  de  la  rue  Saint- 
Honoré,  il  sut  se  soustraire  à  toutes  les  recher- 
ches qu'André  Dumont  et  Tallien  firent  faire 
pour  se  saisir  de  sa  personne.  Cependant,  après 
l'amnistie  du  4  brumaire  an  iv,  il  sortit  de  sa 
retraite,  et  se  rendit  dans  une  campagne  près  de 
Montpellier,  où  il  se  consacra  tout  entier  à  l'a- 
griculture et  aux  jouissances  de  la  vie  privée. 
Nommé  en  1815  membre  de  la  chambre  des 
représentants,  il  montra  beaucoup  de  modération 
dans  cette  assemblée,  et  ne  prit  part  qu'aux  dis- 
cussions relatives  aux  réquisitions  de  guerre  et 
au  budget.  Sa  carrière  politique  se  termina  avec 
la  session  de  cette  assemblée.  Non  compris  dans 
la  loi  d'amnistie  en  1816,  il  se  rendit  à  Bruxelles. 
Voici  les  titres  de  quelques-uns  de  ses  écrits  : 
Rapport  et  projet  de  décret  sur  la  conduite 
des  généraux  français  dans  les  pays  occupés 
par  les  armées  de  la  république  (  13  décem- 
bre 1792)  ;  —  Rapport  et  projet  de  décret  sur 
la  conduite  à  tenir  et  les  pouvoirs  à  donner 
aux  généraux  français  chargés  de  l'expédi- 
tion de  la  Hollande  (2  mars  1793);  —  Rap- 
port sur  Vétat  de  la  république  à.  V époque  de 
la  création  du  comité  de  salut  public  (  Il  juil- 
let 1793);  —  Opinion  sur  l'organisation  des 
comités  et  sur  les  pouvoirs  qui  doivent  leur 
être  attribués;  —  Discours  dans  la  séance  du 
l*""  brumaire  an  m  (sur  le  règne  de  la  terreur); 
—  Rapport  et  projet  de  décret  sur  les  taxes 
révolutionnaires  (26  novembre  1794);  — Let- 
tre sur  les  finances;  Paris,  1795,  in-8°. 

Moniteur  universel.  —  Bûchez  tt  Roux,  Hist.  parlem. 
de  la  Rév.  frane.  —  Thiers,  Hist.  de  la  Rëv.  franc.  — 
Mignet,  Abrégé  de  l'Histoire  dé  la  Rév.  franc.  —  ne 
Barante,  Hist.  de  la  Conv.  nat. 

CAMBON  {Auguste,  marquis  de),  homme 
politique  français,  fils  de  Jean-Louis-Auguste- 
Emmanuel,  mort  en  décembre  1835.  Élu  dé- 
puté de  la  Haute-Garonne  en  1824  et  réélu  en 
1827 ,  il  s'est  fait  connaître  sous  la  restauration 
comme  un  des  membres  les  plus  influents  de  la 
contre-opposition  à  la  chambre  des  députés.  On 
ne  le  voyait  pourtant  monter  à  la  tribune  que 
dans  les  grandes  occasions,  et  il  s'y  prononçait 
souvent  contre  le  ministère.  On  a  conservé  le 
souvenir  de  sim  improvisation  dans  la  discussion 
du  budget  de  1823,  et  de  quelques  autres  dans  la 
session  de  1826.  Avant  1830,  il  était  vice-prési- 
dent de  la  chambre  et  conseiller  d'État.  Depuis 
cette  révolution,  M.  le  marquis  de  Cambon  resta 
complètement  à  l'écart,  quoique  le  département 
de  la  Haute-Garonne  l'eût  compris  dans  les  réé- 
lections de  1830.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Monit.  vniv.—  Arnault,  Jouy,  etc.,  8iog.  nouvelle  des 
Contemporains. 

*CAMBON  (Char  les- Antoine),  peintre  de  dé- 
cors français,  né  à  Paris  en  1802,  élève  de 
M.  Ciceri.  Toutes  les  pièces  célèbres  par  leurs 
décorations,  représentées  depuis  vingt  ans  à  Pa- 
ris,  renferment    quelques    chefs-d'œuvre    de 


307 


CAMBON  -  CAMBRAY 


30 


M.  Camboa ,  chefs-d'œuvre  qui,  malheureuse- 
ment, ne  survivent  pas  toujours  à  l'occasion  qui 
les  fait  naître.  Il  a  répété,  pour  plusieurs  théâtres 
de  province,  ses  principaux  décors.      P.  Ch. 

Gabet,  Dictionnaire  des  artistes. 

*CAMBOîJLAS  (Simon),  homme  politique 
français,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  était  négociant  lorsque  la  ré- 
volution éclata.  Élu  aux  fonctions  municipales, 
il  fut  ensuite  envoyé  à  la  convention  (1792) 
par  le  département  de  l'Aveyron.  Lors  du  juge- 
ment de  Louis  XVI,  il  répondit  :  La  mort!  Au 
31  mai,  il  embrassa  chaleureusement  la  cause 
des  proscrits,  et  excita  l'admiration  par  la  coura- 
geuse éloquence  qu'il  déploya  contre  les  terribles 
proscripteurs  de  cette  journée.  Le  2  juin ,  il  fit 
décréter  d'accusation  ceux  qui  avaient  donné 
l'ordre  de  sonner  le  tocsin  et  de  fermer  les  bar- 
rières; et  le  6  du  même  mois,  plus  énergique 
que  jamais,  il  reprocha  au  comité  révolution- 
naire ses  arrestations  illégales.  Les  événements 
se  précipitaient,  et  Camboulas  put  échapper  aux 
haines  implacables  qu'il  avait  si  généreusement 
provoquées;  il  devint  ensuite  membre  du  con- 
seil des  cinq-cents,  qu'il  quitta  en  1797,  dé- 
goûté de  la  vie  pohtique. 

Moniteur  univ.  —  Biographie  conventionnelle.  — 
Biogr.  mod. 

*CAMBOUNET   DE  LA  BIOTHE  (Jeanne  HE; 

en  religion,  de  Sainte-Ursule) ,  biographe  fran- 
çaise, de  l'ordre  des  Ursulines,  vivait  à  Bourg  en 
Bresse  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  On  a  d'elle  :  Journal  des  illustres  reli- 
gieuses de  Vordre  de  Sainte-Ursule,  tiré  des 
chroniques  de  l'ordre  et  autres  mémoires  de 
leur  vie;  Bourg,  1684,  4  vol.  in-4''. 
Lelong  et  Fontette,  Bibliothéqve  hist.  de  la  France. 

*  CAMBOVT  av.  punt-chate^v  (Sébastien- 
Joseph  DU  ),  théologien  français ,  vivait  Jans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut  abbé 
du  couvent  de  Pont-Château.  On  a  de  lui  :  Ré- 
ponse à  un  écrit  publié  sur  le  sujet  des  mira- 
cles qu'il  a  plu  à  Dieu  de /aire  à  Port- Royal; 
Paris,  165C,  in-4°  :  cet  écrit  lui  a  été  attribué; 
—  Lettre  à  M.  l'archevêque  de  Paris,  pour 
lui  demander  la  liberté  de  M.  de  Sacy  et  des 
religieuses  de  Port-  Royal,  dans  les  Divers  ac- 
tes. Lettres,  etc.,  de  Port-Boyal;  1723. 

Lelong  et  Fontette  ,   Biblioth.  hist.  de  la  France, 

*  CAMBRAY  (de),  ingénieur  français,  vivait 
dans  la  seconde  moite  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Véritable  manière  de  bien  for- 
tifier, de  M.  de  Vauban  ;  le  tout  mis  en  ordre 
par  M.  l'abbé  du  Fay  et  le  chevalier  de  Camr 
bray;  nouvelle  édit.,  corrigée  et  augmentée  de 
la  moitié;  Paris,  1694,  2  vol.  in-8°. 

Adelunu,  supplément  à  Jôcher,  Jllgemeines-Gelehr- 
ten-Lexicon. 

*  CAMBRAY  (Baptiste).  C'est  le  nom  trop  peu 
.  connu  d'un  simple  paysan,  inventeur  d'une  sorte 

de  toile  connue  encore  aujourd'hui  sous  la  dé- 
nomination de  batiste,  ou  de  Cambray  (  Canv- 
hryk).  On  ne  sait  absolument  rien  de  cet  indus- 


triel, qui  a  enrichi,  par  sa  découverte  ou  procéc 
de  fabrication,  la  petite  province  où  il  est  né.  (] 
tient  seulement  qu'il  vivait  au  treizième  siècl 
et  habitait  le  village  de  Cantany  en  Cambrési 
où  se  trouvent  encore  quelques-uns  de  ses  de 
cendants.  Le  commerce  des  toiles  de  batiste,  qi 
l'on  appelle  toilettes  dans  le  pays,  a  beaucoup  d( 
chu  depuisquel'on  d  essayé  d'en  fabriquer  à  l'ak 
de  métiers  mécaniques.  Il  était  au  seizième  si 
de  si  important,  qu'on  en  évaluait  le  prodi 
annuel  à  plus  de  deux  millions. 

J.  Paul  Faber. 
Mémoires  de  la  Société  d'Émulation  de  Cambra 
année  1818.  —  Carpentier,  Hist.  de  Cambray. 

*  CAMBRAY  (Alexis-Anne-Pierre),  génér 
français,  né  à  Douay  le  8  avril  1763,  mort 
Plaisance  le  3  juillet  1799.  Il  servit  success 
vement  aux  armées  des  Pyrénées  oriental 
(23  mai),  des  côtes  de  Brest  (24  septembre),  i 
l'Ouest  (  6  novembre  )  et  des  côtes  de  l'Océan 
1'"'  janvier  1796.  Commandant  la  22*  division  i 
remplacement  du  général  Quesnel  (28  avril  179: 
il  fut  réformé  le  30  mars  1798;  mais  bientôt  i 
mis  en  activité  (4  mai),  il  passa  à  l'armée  d'Itali 
où  il  fut  placé  sous  les  ordres  de  Macdonal 
Blessé  mortellement  à  la  bataille  de  la  Trét 
le  20  juin  1799,  il  mourut  à  l'âge  de  trcnte-s 
ans.  Le  nom  de  ce  général  est  inscrit  sur  1 
tables  de  bronze  du  palais  de  Versailles. 

A.  Sauzay. 
Archives  de  la  Guerre.  —Vict.  et  Conq.,  t.  X.—Mo) 
teur,  XXVI.  149  ;  XXVIII,  714;  XXIX,  238,  239,  734. 

*  CAMBRA  Y-DiGNY  (Louis- Guillaume  m 
savant  physicien  français,  naturalisé  à  Florem 
naquit  en  1723  dans  la  ci-devant  province 
Picardie,  et  mourut  à  Florence  à  la  fin  du  di 
huitième  siècle.  A  l'âge  de  sept  ans,  il  qui! 
sou  pays  natal  avec  ses  parents,  qui  vinre 
s'établir  à  Paris ,  et  fit  d'excellentes  études  ch 
les  jésuites.  Quoiqu'il  fit  de  rapides  progr 
dans  la  connaissance  les  langues  et  de  la  litl 
rature,  il  se  sentit  entraîné,  comme  par  une  ( 
pèce  de  vocation,  vers  la  culture  des  scienc 
physico-mathématiques.  Il  n'avait  que  vinj 
deux  ans  lorsqu'il  suivit  à  Florence  une  espè 
de  colonie  de  Français,  appelée  en  Toscane  po 
y  organiser  les  finances,  sous  le  titre  de  comp 
gnie  Okelly,  à  qui  le  grand  duc  avait  concé 
la  ferme  générale  des  sels ,  tabacs ,  douanes 
droits  domaniaux.  Le  jeune  Digny  se  fit  bieni 
remarquer  par  son  mérite  et  son  assiduité  i 
ti-avail  ;  il  obtint  un  avancement  successif  dai 
l'administration  des  finances,  et  finit  par  et 
chargé  de  la  direction  de  l'épargne  du  grai 
duc  Pierre  Léopold  ;  il  conserva  cet  emploi  soi 
son  successeur  Ferdinand ,  et  ne  cessa  de  l'o 
cuper  jusqu'à  son  extrême  vieillesse.  Il  eut 
bonheur,  pendant  sa  gestion,  de  travailler  soi| 
la  direction  du  célèbre  ministre  Angelo  Tavanl 
qui  est  considéré  comme  le  Sully  et  le  Colbe 
de  la  Toscane;  mais  il  ne  put  consacrer  ai 
sciences  et  aux  lettres  que  de  courts  moments  < 
loisir.  Quoique  les  Français  employés  dans  les 


09 

aiices  ne  fussent  pas  vus  de  bon  œil,  Lalande, 
;ins  son  voyage  en  Italie,  a  recueilli  sur  les  lieux 
it^incs  l'opinion  du  pays:  «  Un  de  ceux  qui  fait  le 
plus  d'honneur  à  la  France  est  M.  de  Carabray- 
Digny,  directeur  des  comptes  ;  il  a  effacé,  par 
les  services  rendus  à  la  Toscane,  le  vernis 
défavorable  que  peut  avoir  un  étranger  dans 
les  finances  d'un  pays.  »  L'Italie  dut  à  Cam- 
ray-Digny  le  plan  et  la  construction  de  la  pre- 
ière  machine  à  feu  qui  ait  été  exécutée  au  delà 
'S  monts.  Elle  fut  destinée  à  amener  les  eaux 
^  la  mer  dans  les  salines  de  Castiglione,  malgré 
lévation  des  dunes  qui  séparent  les  salines  du 
vage.  «  Ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  à  voir  à 
Castiglione,  dit  le  même  Lalande,  est  une 
niachme  à  feu  dans  le  goût  de  celles  de  Lon- 
dres et  de  Flandre,  et  que  M.  Dîgny  a  perfec- 
tionnée et  a  fait  construire  il  y  a  quelques 
années.  C'est  depuis  ce  temps-là  que  MM.  Pe- 
rler ont  fait  exécuter  la  belle  machine  de  Chail- 
lot.  »  M.  Cambray-Digny  rendit  compte  de  ses 
les  et  des  travaux  entrepris  sous  sa  direction 
ins  la  Description,  qu'il  publia,  d'une  machine 
feu  construite  pour  les  salines  de  Casli- 
ione,  avec  des  détails  sur  les  machines  de 
(te  espèce  les  plus  connues,  et  sur  quelques 
(très  machines  hydrauliques  ;  suivie  d'un 
émoire  sur  la  construction  des  salines  et 
qualité  des  sels;  Parme,  1766,  in-4<',  avec 
anches  et  tableaux.  Les  Français  qui  visitaient 
orence  trouvaient  toujours  dans  M.  Digny  un 
niable  et  savant  compatriote ,  toujours  disposé 
leur  rendre  les  services  qui  dépendaient  de  lui. 
éjà  avancé  en  âge ,  il  se  lia  avec  la  marquise  de 
;  léon  ,  connue  par  des  romans ,  des  comédies 
[  des  succès  dans  le  grand  monde ,  et  que  les 
I  énements  de  la  révolution  avaient  contrainte 
i  !  chercher  un  refuge  en  Italie.  Il  rend  compte, 
ms  une  lettre  que  nous  avons  sous  les  yeux , 
ec  une  bonhomie  piquante,  de    sa    liaison 
ec  elle  :  «  Nous  avons  été  quelque  temps  sur 
le  qui-vive;  mais,  depuis  un  jour  qu'elle 
m'appela  mauvaise  tête,  je  n'eus  pas  de  peine 
i  à  lui  démontrer  que  c'était  une  déclaration 
j  d'amitié,  et  depuis  lors  nous  sommes  deve- 
r  nus  très-bons  amis.  »  Cambray-Digny  fournit 
issi  quelques  articles  aux  Nouvelles  Littéraires 
au  Journal   de  Littérature  {Novelle  litte- 
■  irie  et  Giornale  di  Letteratura)  qui  s'impri- 
liiaient  à  Florence.  L'habitude  de  parler  et  d'é- 
l'ire  en  italien  pendant  im  si  grand  nombre 
[années  ne  lui  avait  pas  fait  perdre  l'usage  de 
ji  langue  maternelle.  Il  sacrifiait  quelquefois  aux 
ituses,  tout  en  réprouvant  cette  malheureuse  faci- 
Ué  italienne  qui  portait  les  beaux-esprits  floren- 
(Us  à  composer  des  vers  français,  où  ils  faisaient, 
ans  une  cantate  destinée  à  célébrer  le  mariage 
'une  archiduchesse,  rimer,  par  exemple,  amour 
vec  ardewr  (  qu'ils  prononçaient  aràoî<r).  Plu- 
eurs  académies  d'ItaUe  et  de  France  avaient 
dmis  Cambray-Digny  comme  membre  titulaire 
orrespondant.  Nous  retrouvons,  de  nos  jours, 


CAMBRAY  —  CAMBRIDGE 


310 


un  héritier  digne  de  son  nom  dans  la  personne 
de  M,  le  comte  de  Cambray-Digny  que  l'Institut 
(  Académie  des  beaux-arts  )  compta  au  nombre 
de  ses  associés  étrangers.  J.  L amoureux. 

Documents  inédits.  —  Correspondance  autographe 
de  Cambray-Digny.— Lalande,  Voyage  en  Italie,  t.  III. 

*CAMBRiANO  (Guillaume  DE),  jurisconsulte 
italien,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dou- 
zième siècle;  il  appartenait  à  une  famille  noble 
de  Brescia,  et  il  professa ,  non  sans  réputation,  à 
l'université  de  Bologne;  il  avait  écrit  une  Somme 
du  Digeste  nowweaw,  qui  est  perdue;  mais  il  reste 
des  fragments  de  sa  glose  sur  l'In/ortiat  et  le 
Codex. 

Sarti,  De  Claris  archigymnasli  Bononiensis  professa- 
ribus,  1769,  I,  es.  —  Savigny,  GeschicMe  des  rômischen 
Redits,  IV,  207. 

*  CAMBRIDGE  (Adolphe-Frédéric,  duc  de), 
prince  anglais,  comte  de  Tipperai7,  baron  de  Cul- 
loden,  vice-roi  de  Hanovre,  chancelier  de  l'u- 
niversité de  Saint-Andrews  et  feld-maréchal,  né 
le  24  février  1774,  mort  le  8  juillet  1850.  Il  fut 
le  septième  fils  de  George  III.  A  l'âge  de  seize 
ans  il  entra  comme  enseigne  dans  l'armée,  et  fré- 
quenta bientôt  après  l'université  de  Goettlngae. 
Après  avoir  passé  un  hiver  à  la  cour  de  Frédé- 
ric-Guillaume U,  il  revint  à  Londres ,  prit  part 
à  la  campagne  des  Pays-Bas,  et  fut  fait  prison- 
nier à  la  bataille  de  Hondscoote  le  8  septembre. 
Cependant  il  fut  de  suite  échangé  et  élargi.  Lors 
de  sa  majorité  en  1794,  il  fut  nommé  colonel  et 
duc  de  Cambridge,  et  entra  dans  la  chambre  des 
pairs,  où  il  se  rangea,  du  moins  pour  la  forme, 
du  côté  de  l'opposition  de  Fox,  jusqu'à  la  disso- 
lution de  ce  parti,  devenu  suspect  par  ses  idées 
révolutionnaires.  Il  passa  alors  du  côté  de  lord 
Grenville,  l'adversaire  de  Pitt.  En  1803,  il  fut 
envoyé  sans  armée  sur  le  continent  pour  y  diri- 
ger la  défense  du  Hanovre,  dont  il  remit,  peu  de 
temps  après,  kv  commandement  en  chef  au  gé- 
néral Wallmoden,  et  s'en  retourna  en  Angleterre. 
De  tout  temps  ennemi  acharné  de  Napoléon,  il 
balançait  entre  les  partis  de  lord  Sidmouth,  de 
Grenville  et  de  l'opposition.  Après  que  les  An- 
glais eurent  reconquis  le  Hanovre,  il  fut  nommé, 
le  24  octobre  1816,  gouverneur  général,  et  le  22 
février  1831,  après  les  troubles  de  Goettingue, 
vice-roi  de  cet  État  allemand.  Son  séjour  sur  le 
continent  fut  surtout  très-avantageux  à  la  ville 
de  Hanovre,  tant  par  la  cour  qu'il  y  entretenait, 
que  par  le  zèle  avec  lequel  il  protégeait  les  beaux- 
arts,  et  notamment  la  musique  et  le  théâtre.  Il 
épousa,  le  7  mai  18i8,  la  princesse  Auguste,  fille 
de  l'électeur  de  Hesse-Cassel,  née  en  1797.  Trois 
enfants  sont  nés  de  cette  union  :  un  fils,  nommé 
George,  le  26  mars  1810,  et  deux  filles,  Au- 
guste, née  en  juillet  1822,  et  Marie,  née  en  1833. 
[Enc.des  g.  dit  m.] 

Annual  Register.  —  Galerie  hist.  des  Contempor,  — 
Biographie  moderne. 

^CAMBRIDGE  (  Richard-Owen  ) ,  hydrauli- 
cien  et  auteur  anglais,  né  à  Londres  le  14  fé- 
vrier 1717,  mort  en  1802.  n  fit  ses  premières 


311  CAMBRIDGE  - 

études  au  collège  d'Éton,  et  les  termina  à  Oxford 
et  à  Londres.  Il  avait  beaucoup  de  goût  pour  la 
physique  appliquée  à  la  navigation,  et  fit  exécuter 
un  bateau  formé  de  deux  carènes,  chacune  de 
50  pieds  de  long  sur  48  pouces  de  large,  réunies 
parallèlement  par  un  pont  de  12  pieds.  Ce  bâti- 
ment fut  essayé,  et  on  constata  qu'il  marchait 
très- vite,  qu'il  était  capable  d'un  tonnage  supérieur 
à  deux  autres  bateaux  séparés ,  et  surtout  im- 
niersible  ;  l'emploi  n'en  fut  pourtant  pas  adopté. 
Cambridge  a  laissé  :  the  Dialogue  between  a 
member  of  Parliament  and  his  servant,  1752  ; 

—  the  Intruder,  1754;  —  the  Fakeer,  1756; 

—  ffistory  of  the  war  upon  the  coast  of  Co- 
romandel,  1761  ;  —  de  nombreux  et  utiles  ar- 
ticles dans  le  recueil  périodique   the  World. 

Gentlemans'  Magazine. 

*CAMBRIEL  (L.-P.  François),  philosophe 
hermétique  français,  né  à  la  Tour-de-France 
(Pyrénées-Orientales)  le 8  novembre  1774,  mort 
vers  1850.  Il  exerça  d'abord  la  profession  de  fa- 
bricant de  draps  à  Limoux  ;  et ,  après  avoir  fait 
quelques  économies,  il  vint  à  Paris,  où  il  composa 
et  publia  un  cours  de  philosophie  hermétique. 
II  paraît  avoir  reçu  peu  d'instruction  :  c'est,  du 
moins,  co  qu'il  fait  comprendre  au  début  de 
son  ou'^Tage;  car,  ignorant  tout  procédé  chimi- 
que, il  lui  eût  été  impossible,  dit-il,  de  travailler 
au  grand  œuvre,  si  Dieu  ne  l'eût  inspiré  en  trois 
occasions  différentes.  La  première  fois,  se  trou- 
vant embarrassé  pour  continuer  son  ouvrage ,  il 
réussit,  nous  assure-t-il,  grâce  aux  conseils  d'une 
voix  mystérieuse.  La  seconde  fois,  Cambriel  se 
rendait  de  Lyon  à  Paris  lorsque  Dieu  l'inspira 
de  nouveau  ;  et,  quatre  ans  après,  suivant  son  té- 
moignage, une  vision  le  convainquit  que  la  pre- 
mière partie  de  son  œuvre  alchimique  était  par- 
faite. Son  livi-e,  d'où  nous  extrayons  ces  rensei- 
gnements, est  intitulé  :  Cours  de  Philosophie 
hermétique  ou  d'Alchimie,  en  dix-neuf  le- 
çons, etc.;  Paris,  1843,  in-12.  Cet  ouvrage,  fort 
singulier  eu  égard  à  l'époque  où  il  a  paru,  a 
donné  lieu  à  la  publication  d'une  série  d'articles, 
composés  par  M.  Chevreul,  sur  les  sciences  her- 
métiques, et  publiés  dans  le  Journal  des  Sa- 
vants en  1851.  Cambriel  donne,  dans  son 
ouvrage,  une  explication  hermétique  des  sculp- 
tures qui  décorent  le  portail  central  de  l'église 
Notre-Dame  de  Paris,  et  il  fait  connaître  succes- 
sivement, et  dans  le  plus  grand  détail,  les  opéra- 
tions indispensables  à  l'élaboration  du  grand 
œuvre.  11  y  a  joint  une  explication  des  cinq  pre- 
miers chapitres  de  la  Genèse  au  point  de  vue 
hermétique ,  et  trois  additions  dont  le  but  est  de 
prouver  qu'il  y  a  trois  existences  dans  l'homme. 
B.  Fresse-Montval. 

Cambriel,  Cours  de  Philosophie  hermétique  ou  d'Al- 
chimie. 

CAMBiiONNE  {Pierre- Jacques-Étienue,  ba- 
ron DE  ) ,  généra!  français,  né  à  Nantes  en  1770, 
mort  en  cette  ville  le  8  janvier  1842.  Le  sou- 
venir de  cet  officier  se  rattache  d'une  manière 


CAMBRONNE  31 

presque  exclusive  à  un  fait  devenu  célèbre  dan 
l'histoire  des  derniers  désastres  de  l'empire,  ( 
qui  a  doté  son  nom  de  la  même  immortalit 
que  certains  noms  de  la  Grèce  et  de  Rome.  C 
que  fut  le  général  Cambronne  avant  et  après  Wc 
terloo  n'ajoute  ni  n'enlève  rien  à  la  gloii-e  dot 
il  s'est  couvert  dans  cette  mémorable  journée. 
Cambronne  débuta  dans  la  carrière  des  ai 
mes  à  l'époque  de  la  révolution  :  il  fit  partie  d 
la  légion  nantaise  envoyée  contre  les  armée 
vendéennes,  et  combattit  sous  les  ordres  de  H( 
che.  En  1799  il  fut  envoyé  en  Suisse,  à  rarnu* 
de  Masséna ,  et  se  distingua  à  la  bataille  de  Zi 
rich.  11  était  capitaine  de  la  compagnie  dar 
laquelle  servait  le  brave  la  Tour-d'Auvergn( 
lorsque  le  premier  grenadier  de  la  républiqh 
fut  tué  à  ses  côtés  :  Cambronne  refusa  la  sui 
vivance  de  ce  beau  titre,  qui  lui  fut  offert.  Ci 
lonel  à  léna,  et  major  commandant  du  troisièii 
régiment  des  voltigeurs  de  la  garde ,  il  se  di 
tingua  dans  les  campagnes  de  1812-1813,  etsui 
tout  pendant  la  retraite  qui  suivit  la  batail 
de  Leipzig.  Lorsque  l'empereur  partit  pour  l'i 
d'Elbe,  Cambronne  obtint  la  faveur  de  l'accon 
pagner,  et  reçut  le  commandement  de  Poiti 
Ferrajo.  En  récompense  de  son  dévouement 
de  la  hardiesse  qu'il  montra  lors  du  retour  < 
mars  1815,  Napoléon  le  nomina,  en  arrivant 
Paris,  grand-croix  de  la  Légion  d'honneur 
lieutenant  général ,  puis  bientôt  après  menib 
de  la  chambre  des  pairs.  Il  commandait  à  W 
terloo  une  des  divisions  de  l'armée,  et  se  troi 
vait  de  toutes  parts  entouré  par  des  mass( 
d'ennemis  ;  on  le  somma  de  se  rendre  :  La  gan 
meurt,  et  ne  se  rend  pas  !  telle  fut  la  fameu 
réponse  qu'on  lui  prête  ,  réponse  dont  il  a  in 
même  décliné  l'honneur  en  plusieurs  occasion 
Elle  appartenait  réellement  à  un  major  de 
garde,  resté  seul  officier  monté  au  milieu  d 
carrés  foudroyés.  Quant  à  la  réponse  de  Can 
bronne,  elle  fut  plus  brève,  plus  en  rapport  av 
les  circonstances,  et  non  moins  énergique.  Qu 
qu'il  en  soit ,  Cambronne  refusa  de  dépos 
les  armes,  et  fut  laissé  pour  mort  sur  le  chan 
de  bataille  ;  on  le  trouva  palpitant  encore  au  m 
lieu  des  cadavres  de  ses  soldats ,  couverts  i 
sang  et  de  blessures.  Transporté  à  Bruxelles 
de  là  en  Angleterre ,  Cambronne  apprit  que  s( 
nom  figurait  sur  une  liste  de  proscription, 
qu'on  l'accusait  d'avoir  attaqué  la  France  et 
gouvernement  royal  à  main  armée.  Il  n'hési 
pas  :  le  25  septembre  1815,  il  débarqua  à  Calai 
fut  arrêté ,  conduit  à  Paris  et  écroué,  immédi 
tement  à  l'Abbaye.  Six  mois  après,  il  parvint 
passer  devant  un  conseil  de  guerre,  qui  le  lei 
voya  absous.  Depuis,  il  fut  nommé  commanda 
à  Lille.  Admis  ensuite  à  la  retraite,  Cambroiii 
se  retira  dans  une  commune  des  environs  ( 
Nantes,  où  la  révolution  de  1830  vint  le  pi'C 
dre  pour  le  réintégrer  dans  les  rangs  de  l'armé 
Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-douze  ans.  [£» 
des  g.  du  m.  ) 


13 


CAMBRONNE  —  CAMBYSE 


314 


Moniteur  universel.—  fictoires  et  Conquêtes.  —  Nor- 
iiis,  JJist.  de  Napoléon. 

(:\MBRY  (Jacques),  savant  français,  né  à 
oiiiMit  en"  1749,  mort  le  31  décembre  1807,  fut 
K  lot  de  l'Oise,  et  remplit  successivement  diffé- 
iift's  fonctions  administratives  jusqu'en  1803, 
ii)c|iie  où  il  se  retira  des  affaires  pour  se  vouer 
lut  entier  à  l'étude.  Il  fut  l'un  des  fondateurs 
•  l'Académie  celtique ,  qui  le  choisit  pour  son 
ivinier  président.  Onadelui  :  Essai  sur  la  vie 
les  tableaux  du  Poussin,!!  83,  in-8"; — Notice 
ir  les  troubadours  ;  Leipzig,  1791,  in-8°  ;  — 
ttiilogue  des  objets  échappés  au  vandalisme 
VIS  le  Finistère  ;  Quimper,  1795,  in-4°;  — 
ujage  dans  le  Finistère,  ou  État  de  ce  dé- 
niement  en  1794  et  1795  ;  Paris,  1799,  3  vol. 
-8",  avec  figures  ;  —  Descriptiondu  départ  e- 
çnt  de  l'Oise,  1803,  2  vol.  in-8°,  avec  un  atlas 

planches in-fol.;  — Monuments  celtiques,  ou 
'cherches  sur  le  culte  des  pierres,  précédés 
une  notice  sur  les  Celtes  et  sur  les  Brui- 
's,  et  sîiivis  d'étymologies  celtiques ,  1805, 
-8°  avec  ligures  ;  —  Notice  sur  l'agriculture 
'S  Celtes  et  des  Gaulois;  Paris,  1806,  in-S". 

,e  Ras,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France.  — 
énird,  la  France  littéraire. 

*CAMBRY  {Jeanne  de),  connue  sous  le  nom 
'  sœur  Jeanne-Marie  de  la  Présentation, 
ligiouse  belge ,  né  à  Tournay,  morte  à  Lille 
19  juillet  1629.  Quoique  douée  de  tous  les 
antages  qui  plaisent  dans  le  monde,  et  qu'elle 
ignit  à  une  grande  fortune  les  agréments  du 
rps  et  de  l'esprit,  elle  renonça  à  tout  pour  se 

'  usacrer  à  Dieu,  et  prit  le  voile  dans  un  couvent 
augustines.  Après  s'être  dévouée  plusieurs 
inées  au  service  des  malades  dans  l'hôpital  du 
aine,  elle  se  fit  recluse  à  Lille  en  1625.  Elle  a 

:  issé  entre  autres  ouvrages  mystiques  :  la  Ruine 

,  3  r amour-propre,  et  le  Bâtiment  de  l'amour 
'Vin. 

Louis  Jacob,  Bibliothèque  des  femmes  illustres. 
CAMBCSIUS ,  roi  de  Lydie.   Voy.  Camblite. 
CAMBYSE  ,   seigneur  perse ,  vivait  environ 

^0  ans  avant  J.-C.  Il  était  tributaire  d'Astya- 
's,  roi  des  Mèdes,  lorsque  celui-ci  lui  fit  épou- 
;r  sa  fille  Mandane,  croyant  éviter,  par  ce  ma- 
age  disproportionné,  les  suites  d'un  songe  qu'il 

Uaitfait,  et  qui  lui  prédisait  sa  ruine  :  il  avait 
u  sortir  du  sein  de  la  princesse  une  vigne  dont 
s  rameaux  couvraient  toute  la  terre  ;  sur  quoi 
s  devins  lui  avaient  annoncé  que  le  fils  qui 
îîtrait  de  Mandane  le  détrônerait.  En   effet, 

farabyse  eut  pour  fils  Cyrus,  qui  détrôna  son 

iieul. 

t  Hérodote,  lib.  III  cl  IV.  —  Justin,  lib.  I.—  Xénophon, 

lyropédie. 

1  CAMBYSE  II ,  roi  de  Perse ,  vivait  529  ans 
[vaut  J.-C.  Il  succéda  à  son  père  Cyrus.  Il 
occupa,  dès  le  commencement  de  son  règne,  à 
jOlicer  ses  peuples  et  à  réformer  les  abus.  Il  y 
>it  une  telle  énergie,  qu'un  juge  ayant  été  con- 
aincu  de  prévarication,  il  le  fit  écorcher  vif,  et  fit 
îcouvrir  de  sa  peau  le  siège  sur  lequel  le  ma- 


gistrat rendait  les  arrêts,  afin  que  ses  successeurs 
eussent  à  se  souvenir  de  cet  exemple  terrible,  et 
ne  balançassent  plus  entre  l'équité  et  l'intérêt. 
Deux  ans  après  son  avènement  (527),  Cambyse 
ayant  demandé  à  Amasis,  roi  d'Egypte,  une  de  ses 
filles  en  mariage,  celui-ci  lui  envoya  Nitétis ,  fille 
d'Apriès,  son  prédécesseur.  Le  roi  de  Perse,  ayant 
appris  qu'Amasis  avait  abusé  de  cette  princesse 
après  la  mort  d'Apriès,  voulut  se  venger  d'un 
pareil  affront,  et  déclara  la  guerre  à  l'Egypte. 
Psamménite  venait  de  succéder  à  son  père  Ama- 
sis ;  il  rassembla  des  troupes  et  courut  vers  Pé- 
luse  défendre  l'entrée  de  son  royaume  ;  mais,  dé- 
fait dans  une  grande  bataille  ,  il  chercha  en  vain 
un  refuge  dans  Memphis,  et  y  fut  fait  prisonnier 
après  une  courte  résistance.  Cambyse ,  en  six 
mois,  acheva  la  conquête  de  l'Egypte.  Il  voulut 
ensuite  attaquer  Carthage  par  mer,  tandis  qu'une 
armée  suivrait  la  voie  de  terre,  et  subjuguerait 
en  passant  les  Ammonites,  les  Éthiopiens,  et  les 
autres  peuples  qui  séparaient  l'Egypte  des  pro- 
vinces carthaginoises.  Ces  divers  projets  échouè- 
rent :  le  premier,  parce  que  les  Phéniciens,  qui 
formaient  la  principale  marine  de  Cambyse, 
refusèrent  de  combattre  contre  Carthage,  qui 
était  une  de  leurs  colonies  ;  le  blocus  par  mer 
fut  donc  impossible.  L'armée,  envoyée  pour  s'em- 
parer du  temple  de  Jupiter- Ammon ,  périt  tout 
entière  dans  les  sables;  les  ennemis  n'eurent 
que  la  peine  d'en  sauver  les  débris  :  quant  aux 
troupes  que  Cambyse  conduisait  lui-même  contre 
les  Éthiopiens,  la  faim,  la  soif  et  la  chaleur  les 
diminuèrent  tellement,  que  l'expédition  dut  re- 
tourner sur  ses  pas  sans  avoir  même  atteint  les 
limites  du  désert.  Tant  de  fatigues,  de  privations, 
de  .désastres,  influèrent  d'une  façon  sensible  sur 
les  organes  du  roi  de  Perse  ;  il  revint  en  Egypte 
presque  privé  de  raison.  Arrivé  à  Memphis ,  il 
trouva  les  Égyptiens  célébrant  la  fête  de  leur 
dieu  Apis  ;  il  crut  qu'ils  se  réjouissaient  de  ses 
défaites  :  furieux,  il  perça  de  son  glaive  la  cuisse 
dekprétendue  divinité,  dontilfit  flageller  les  prê- 
tres. L'ivrognerie  vint  encore  ajouter  à  ses  fu- 
reurs ;  il  fit  périr  son  frère  Smerdis,  à  la  suite 
d'un  rêve.  Atosse,  leur  sœur  et  sa  femme,  ayant 
manifesté  la  douleur  que  lui  causait  cette  mort, 
Cambyse,  sans  respecter  son  état  de  grossesse  et 
la  légitimité  de  ses  regrets,  la  tua,  dit-on,  d'un 
coup  de  pied  au  ventre.  Dans  une  de  ses  orgies, 
un  de  ses  officiers,  Prexaspe ,  osa  lui  faire  quel- 
ques remontrances  sur  son  goût  déréglé  pour  le 
vin  :  Cambyse,  pour  le  convaincre  du  contraire, 
fit  amener  le  fils  de  Prexaspe,  et  lui  perça  le 
cœur  d'une  flèche,  afin  de  prouver  ainsi  que  sa 
main  et  son  œil  étaient  fermes.  Crésus,  qui 
était  alors  son  captif,  fut  aussi  l'objet  de  ses  fu- 
reurs. Cambyse  ordonna  sa  mort  ;  mais  aussitôt 
qu'elle  lui  fut  annoncée,  il  se  mit  à  sangloter;  les 
officiers  qu'il  avait  chargés  de  cette  exécution 
lui  déclarèrent  alors  qu'ils  avaient  cru  devoir  la 
différer.  Cambyse  se  fit  amener  Crésus,  et  l'em- 
brassa tendrement  ;  mais  il  fit  mettre  à  mort 


315 


CAMBYSE 


ceu\  qui  l'avaient  préservé,  les  accusant  de 
désobéissance.  Tant  d'actes  de  féroce  démence 
soulevèrent  enfin  une  partie  des  satrapes  et  de 
la  population.  Us  firent  surgir  comme  prétendant 
à  la  couronne  un  mage  qui  avait  une  grande  res- 
semblance avec  Smerdis,  affirmant  que  ce  prince 
avait  été,  comme  Crésus,  dérobé  à  la  haine  de 
son  frère.  Le  nouveau  monarque  fut  reconnu 
à  Suse.  Cambyse  rassembla  une  armée  pour 
aller  combattre  cet  importeur;  mais  s'étant  blessé 
à  la  cuisse  avec  son  cimeterre ,  il  mourut  de  sa 
blessure.  Les  prêtres  ne  manquèrent  pas  de 
faire  observer  que  c'était  à  la  même  partie  du 
corps  qu'il  avait  frappé  le  bœuf  Apis. 

Hérodote,  lib.  111.  —  Justin,  lib.  1  c.  9.  —  Diodore,  lib. 
II.— Valère  Maxime,  lib.  II.,  c.  3.— Grèce,  t.  I,  p.  Si;  M.Du- 
beux,  Perse,  p.  88-92;  p.  463-466  (dans  l'Univers  pitt). 

CAMDEM  (  Guillmimej,  G PMBDEîi  et  Campden, 
antiquaire  anglais,  né  à  Londres  le  2  mai  1551, 
mort  dans  la  même  ville  le  9  novembre  1623.  Il 
avait  à  peine  douze  ans  lorsqu'il  fut  attaqué  de  la 
peste,  et  tiansporté  à  l'hôpital  d'Islington  près  de 
Londres.  Il  fut  longtemps  convalescent,  et  ne 
put  commencer  ses  études  qu'en  1565,  au  collège 
de  Saint-Paul  de  Londres.  Ses  progrès  rapides 
le  firent  remarquer  du  docteur  Thornton,  chanoine 
et  professeur  au  collège  du  Christ  à  Oxford,  qui 
le  fit  entrer  dans  le  collège  et  le  logea  gratuite- 
ment. Après  avoir  passé  cinq  ans  dans  l'univer- 
sité ,  Camden  fut  obligé  de  retourner  à  Londres 
pour  y  terminer  quelques  affaires  de  famille.  îl 
parcourut  ensuite  l'Angleterre,  s'appliqiiantàla  re- 
cherche des  antiquités,  étude  pour  laquelle  il  avait 
montré  de  bonne  heure  une  forte  inclination. 
Gabriel  et  Geoffroy  Goodman,  docteurs  en  théo- 
logie, le  secoururent  plusieurs  fois  de  leur  bourse 
et  de  leur  bibliothèque,  pour  le  mettre  en  état  de 
suivre  son  goût  d'une  manière  utile.  Ils  le  firent 
même  recevoir  comme  second  régent  du  collège 
de  Westminster.  Camden  avait  déjà  recueilli 
beaucoup  de  matériaux  sur  les  antiquités  de  la 
Grande-Bretagne  lorsqu'excité  par  Ortelius,  il 
consacra  tous  les  instants  de  loisir  que  lui  lais- 
saient ses  fonctions  à  compléter  son  œuvre ,  à 
perfectionner  ses  recueils,  à  les  mettre  en  ordre. 
A  cet  effet,  il  lui  fallut  apprendre  les  langues  cel- 
tique, gaélique,  danoise  et  saxonne,  afin  de 
pouvoir  puiser  aux  sources  mêmes  des  ren- 
seignements positifs  sur  les  mœurs,  les  usages, 
les  arts  et  l'industrie  de  chacun  de  ces  peuples, 
qui  avaient  occupé  en  tout  ou  partie  le  sol  bre- 
ton. Ses  premières  publications  furent  reçues 
avec  de  grands  applaudissements.  Il  résolut  d'y 
donner  plus  d'extension ,  et  dans  ce  but  il  fit  un 
voyage  à  Salisbury,  à  Welsetà  Carlisle,  accom- 
pagné de  sir  Robert  Cotton  ,  le  savant  biblio- 
thécaire. Il  fut  obligé  d'interrompre  ses  investi- 
gations et  de  revenir  au  collège  de  Westminster, 
dont  il  venait  d'être  nommé  premier  régent 
(  1593).  La  reine  Elisabeth  le  nomma  d'office, 
en  1597,  roi  d'armes  de  Clarence  :  cette  place 
lui  donnant  une  entière  liberté  d'action ,  il  put 


—  CÀMEEN  316 

I  mettre  la  dernière  main  à  ses  travaux.  Voici  la 
j  liste  de  ses  ouvrages  :  Britannia,  sive  Jloren- 
tissimorum  regnorum  Angliœ,  Scotiœ,  Hiber- 
nix,  insularum  adjacentium  ex  intima  antï- 
qiiitate  chorographica  descriptio  ;  Londres, 
1586  et  1607,  traduit  en  anglais  par  Philémor 
Holland  en  1637,  et  par  Edmond  Gibson  en  1732 
Cet  ouvrage  valutà  Camden  les  surnoms  de  Var 
ron  ,  de  Strabon ,  de  Pausanias  anglais.  Néan 
moins  son  travail  sur  l'Angleterre  fut  jugé  supé 
rieur  à  celui  sur  l'Ecosse  et  celui-ci  fut  pré 
féré  à  la  partie  concernant  l'Irlande;  ce  qu 
donna  lieu  au  distique  suivant  ; 

Perlustras  Anglos  ociilis,  Caradene,  duobus; 
Uno  oculo  Scolos,  caecus  nibcrnigenas. 

—  Grammatices  grxcx  fnstitutio  compendia 
na;  Londres,  1597,  in-S" ;  —  Reges,  Reginx 
Mobiles  et  alii,  in  ecclesia  collegiata  beati  Pe 
tri  Westmonasterii  sepulti,una  cum  ejusden 
ecclesiae  fundatione  praefixa;  Londres,  160 
et  1606,  avec  additions;  —  Anglica,  Norman 
nica,  Hibernica,  Cambrica  a  veteribus  des 
cripta,  ex  quibus  Asser  Menevensis ,  anonij 
mus  de  Vita  Gulielmi  Conquestoris,  Thoma 
Walsingham,  Thomas  de  la  More,  GuUelmu 
Cemelicensis ,  Giraldus  Cambresis ,  pluriqv 
nunc  in  lucem  editi  ex  bibliotheca  Gulielm 
Camdcrti  ;  Francfort,  1603,  m-ioX.  ;  — ReliquU 
Britannicse  ;  Londres,  1604,  réimprimé  ave 
addition  de  Jean  Philpot,  héraut  de  Sommerscl 
Londres,  1647,  ui-4°  ;  —  Actio  in  Henricui 
Gametum,  societatis  Jesuiticx  in  Anglia  si 
periorem ;  Londres,  1607,  in-4°;  —  Annak 
rerum  Anglicanariim  et  Hibernicarum,  re§ 
nante  Elisabetha;  Londres,  1615,  avec  ac 
ditions;  Londres,  1627,  in-fol. ,  et  Oxforc 
1717,  3  vol.  in-8°;  traduites  en  français  p< 
Paul  de  Belligent,  Paris,  1627,  in-4°;—  Gulielm 
Camdeni  et  illustrium  virorum  ad  Camdenm 
epistolœ  ;  Londres,  1691,  in-4°.  A  la  fin  de  c 
ouvrage,  qui  contient  beaucoup  de  documen 
intéressants  sur  l'auteur  et  les  savants  av( 
lesquels  il  était  en  relation,  on  trouve  dev 
pièces  de  vers  latins  :  In  doctissimi  viri  Ri 
geri  Aschami  laudem  Sylva  et  Hibemia , 
un  recueil    (ïépitaphes. 

Mémoires  littéraires  de  la  Grande-Bretagne,  t.  î 
art.  9.  —  Thomas  Smith,  Vie  de  Camden.—  Townicy 
D.  Whear,  Camdeni  Insignia,  1624.  —  Bayle ,  Dictio 
naire  historique  et  critique. 

*  CASîEEN  (  Suen  ) ,  historien  et  jurisconsul 
suédois,  natif  de  Wermeland ,  mort  le  22  ju 
1708  dans  l'île  d'Œsel.  Il  fut  nommé  en  ic; 
professeur  d'histoire  à  l'université  de  Dorpat, 
bientôt  après,  dans  la  même  qualité,  à  la  nouvel 
université  de  Pernau  ;  et  enfin  en  1701,  tout  ( 
conservant  sa  place  de  professeur  juge  cantona 
dans  l'île  d'Œsel ,  où  il  resta  jusqu'à  la  fin  < 
sa  vie,  après  avoir  été  anobli  sous  le  nom*. 
Cameenhjelm.  On  a  de  lui  :   Disp.  de  Speà 
tris:  Dorpat,  1693,  in-4°;  —  Disp.  de  Conveti 
satione;  Dorpat,  1693,  m-4°;—  Disi>.  de  PrA 
miis  et  Pœnis ;  Dorpat,  1693,  in-4'';  —Dm 


Î17  CAMEEN  - 

Je  Usu  et  Natura  colorum  ;  Dorpat,  1694;  — 
\')isp.  de  prudente  Peregrinatore ;  Pernau , 
699 ,  iii-4"  ;  —  Âctus  inauguralis  Academix 
\  iustavo-CarolinsË  habitus  Pernaviœ,  de  28 
\'ug.  1699. 

Gadcbusch,  UeflAndischc  Bibl. 

cA.MELi  (François),  numismate  italien,  vi- 
ait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siè- 
le.  Il  fut  chanoine  de  Rome,  antiquaire  de  la 
,  eiue  Christine  de  Suède ,  et  intendant  de  son 
i  abinet  de  monnaies  et  médailles.  On  a  de  lui  : 
'  hrmml  antiqui  latlni,  grœci ,  consulum, 
ucjustorum,  regum  et  iirblum,  in  thesauro 
hristinse  reginae  asservati;  Rome,  1690,  in-4°; 
lurage  très-rare,  mais,  d'après  Havercamp, 
une  valeur  très-douteuse ,  vu  que  Cameli  ne 
ivait  composé  que  pour  son  propre  usage.  Il 
■inble  cependant  qu'il  complète  très-bien  l'ou- 
i  âge  de  Havercamp  sur  la  même  matière ,  in- 
implet  sur  d'autres  parties. 
Llc'ment,  liiblioth.  curieuse.  —  Foy- Vaillant,  Epist.ad 
lius  Evropx  antiquarios. 

C.1MELIVS.    Voy.  Brutds    {Decimus   Ju- 

nis). 

C4MELLI  ou  KAMEL  (George-Joseph) ,  né 
Briinn  (Moravie)  vers  la  fin  du  dix-septième 
k'ie.  Il  entra  dans  la  société  de  Jésus,  qui  le 
partir  pour  les  îles  Philippines.  Camelli  y  fit 
s  observations  importantes  sur  les  diverses  pro- 
ictions  des  trois  régnés;  mais  il  s'étendit  sur- 
ut  sur  les  plantes,  décrivit  leurs  diverses  qua- 
és,  et  fit  connaître  leurs  noms  asiatiques.  Lin- 
:  lui  dédia  un  genre  d'arbustes  du  Japon,  le 
lire  Camellia ,  qui  compte  un  grand  nombre 
espèces  et  de  variétés.  Les  mémoires  de  Ca- 
elli  adressés  à  la  Société  royale  de  Londres 
it  été  recueillis  et  annotés  par  Petirer;  on 
s  trouve  dans  \es  Transactions  philosophi- 
ues,  t.  XXI  à  XXVn.  Son  traité  des  plantes  a 
é  publié  par  Ray  dans  le  3'^  vol.  de  son  His- 
ire  universelle  des  plantes,  sous  ce  titré  : 
[crbarum  aliarumque  stirpium  in  insula 
azoni  Philippinarum  primaria  nascentiiim 
i  Alabiis.  L'auteur  avait  joint  à  son  manus- 
)  I  i.t  une  suite  de  dessins,  mais  qui  n'ont  pas  été 
'  'avés. 

Kay,  Hisl.  univ.  des  Plantes,  lU.  — Philos.  Transact., 
UXXVII. 

1  *CAMENZ  { Erdmann-Godefroy  ) ,  archéolo- 
ic  et  théologien  allemand,  né  en  1692  à  Gros- 
,   inhagen  (Saxe  électorale),  mort  en  1743  à 
phlieben.  Il  étudia  à  Wittemberg,  où  il  prit  ses 
sades  en  1714,  et  fut  en  1715  agrégé  de  la  fa- 
illie de  philosophie  de  cette  université.  En  1718 
s  fut  nommé  pasteur  à  Schônevfalde,  et  enfin,  en 
i '34,  prévôt  et    surintendant    ecclésiastique  à 
lîhlieben,  oii  il  resta  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  On 
lie  lui  :  Disput.  de  navi  Tyria,  ducta  Ezech. 
',  3, 5,  6  ;  Wittemberg,  1714,  in-4°  ;  —  Disput. 
' aquxductuHiskiie ;  ibid.,  1714,  in-4°;— DJs- 
U.  de  Historia  Scholiastarum ;  ibid.,  1715, 
-i°;  —  Disp.  de  historia  nationum  ;  ihid., 
16,  in-4°;  —  Disp.  de  suspecta  Maimonidis 


CAMERANI 


318 


in  antiquitatibus  judaicis  fidé;  ibid.,  171C, 
in-4"  (insérée  aussi  dans  Wolf,  Dibliothecn  he- 
braica)  ; — Disp.  theologica  deprudentia  circa 
controversias  tkeologicas ;  ibid.,  1717,  in-4°. 

Adcliin;;,  siippl.;t  Jôclier,  /illçiemeines  CetehrtenLexi- 
con.  —  Rathlcf,  Gcschichte,  t.  VIII,  p.  488.  —  Dietmann, 
CImrsâchsische  l'riestersc/iaft  (sur  le  clergé  de  la  Saxe 
électorale),  t.  IV,  p.  684. 

*  CAMERANI  {  Bar thélemtj- André),  célèbre 
acteur,  mort  à  Paris  le  22  avril  1816,  était  né  à 
Venise  vers  1735.  Il  avait  débuté  à  la  Comédie 
italienne  le  8  mai  1767,  dans  le  Maître  supposé, 
pièce  nouvelle  qui  n'obtint  pas  de  succès,  malgré 
tous  les  efforts  de  Camerani,  qui,  si  l'on  s'en 
rapportait  au  témoignage  de  l'auteur  des^n«a- 
les  du  Théâtre-Italien,  montra,  dans  son  rôle 
d'amoureux,  de  la  noblesse,  de  Yaisance  et  de 
la  grâce.  Cet  éloge  a  dû  surprendre  les  vieux 
amateurs  qui  ont  vu  Camerani  sur  la  scène,  et 
qui  prétendent  que  cet  acteur  ne  fut  jamais 
qu'un  très-médiocre  comédien. 

En  1769,  il  prit  les  rôles  de  Scapin  ;  et  c'est  à 
cette  époque  qu'il  fut  nommé  semainier  perpé- 
tuel, titre  qu'il  conserva  et  dont  il  remplit  la 
charge  jusqu'à  sa  mort.  Camerani  n'eut  jamais 
de  réputation  dans  le  monde  dramatique,  où  ce- 
pendant son  nom  se  trouve  mêlé  à  beaucoup 
d'anecdotes;  et  nous  n'aurions  pas  parlé  de  lui 
si  une  sorte  de  célébrité  étrangère  au  théâtre  ne 
s'était  attachée  à  sa  personne.  Il  avait  acquis  la 
renommée  d'un  fin  gourmet ,  à  laquelle  Grimod 
de  la  Reynière  avait  sans  doute  pu  contribuer, 
en  lui  dédiant  le  2^  volume  de  son  Almanach 
des  Gourmands  ,  recueil  mensuel  fort  répandu 
il  y  a  une  cinquantaine  d'années ,  et  en  l'appelant 
à  faire  partie  des  membres  du  jury  dégustateur 
qu'il  avait  institué.  La  mission  de  ce  jury  consis- 
tait à  prononcer,  après  expertise,  sur  le  mérite 
des  produits  culinaires  et  gastronomiques  de 
toute  sorte  que  les  marchands  de  comestibles , 
tributaires  intéressés ,  adressaient  comme  hom- 
mage-lige au  comité,  afin  d'obtenir  une  mention 
honorable  dans  le  fameux  almanach.  Il  paraît 
que,  pour  justifier  la  distinction  dont  il  avait  été 
l'objet,  Camerani  inventa  un  petit  potage  auquel 
on  donne  son  nom,  et  dont  la  composition,  di- 
rigée avec  la  plus  stricte  économie,  revenait  en- 
core à  plus  de  120  fr.  ;  aussi  s'explique-t-on 
fort  bien  que  cette  combinaison  gastronomique 
ne  soit  pas  devenue  populaire.  Camerani,  depuis 
dix  ans,  ne  vivait  plus  que  d'indigestions  ;  ce  qui 
ne  l'empêchait  pas  de  faire  partie  de  la  commis- 
sion d'examen  des  pièces  de  théâtre,  et  de  donner 
ses  observations,  toujours  en  italien.  Lorsqu'il  y 
avait  dans  une  pièce  un  rôle  de  père,  il  ne  man- 
quait jamais  d'engager  l'auteur  à  en  faire  une 
soubrette.  Il  blâmait  le  genre  moderne,  et  il 
n'aimait  que  les  auteurs  morts  depuis  longtemps  ; 
moins  toutefois  pour  eux-mêmes,  que  parce 
qu'en  jouant  leurs  ouvi'ages  il  n'y  avait  pas  de 
droits  à  payer.  Rien  ne  le  mettait  au  désespoir 
comme  les  jours  de  fêtes  officielles,  où  la  foule, 
dédaignant  les  jeux  du  théâtre,  se  portait  de 


I 


319 


CAMERANI  — 


préférence  vers  le  spectacle  de  la  place  publique; 
et  rien  n'était  alors  plus  plaisant  à  entendre  que 
les  plaintes  et  les  exclamations  de  Camerani,  for- 
mulées dans  un  jargon  italien-français  et  débitées 
avec  son  accent  vénitien,  qu'il  n'avait  jamais 
perdu.  Un  biographe  a  prétendu  que  le  célèbre 
acteur  Elleviou  était  son  élève.  Il  a  pu  lui  donner 
quelques  conseils,  fruits  de  sa  vieille  expérience; 
mais  nous  doutons  que  jamais  Camerani  ait  été, 
à  proprement  parler,  le  professeur  de  personne. 
Edm.  de  Manne. 
Annales  du  Théâtre-Italien.  —  Dictionnaire  de  ia 
Conversation.  —  Annuaire  dramatique. 

*CAMERANO  {François),  littérateur  italien, 
natif  de  Ravenne,  vivait  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  De  theolo- 
gica  poesi  et  recta  in  Deum  scansione  libri  VI, 
ejusdem  accessere  miscellanea ,  parerga,  pa- 
thetica,  protreptica,  problematica,  hierogly- 
phica,  nuptialia,  etc.;  Venise,  1603, in-8°. 

Catal.  Bibl.  impér.  Paris. 

CAMERARius  (Barthélémy),  théologien  na- 
politain, né  à  Bénévent,  mort  à  Naples  en  1564. 
Il  commença  à  professer  le  droit  canonique  à 
Naples  en  1504,  et  fut  nommé  président  de  la 
chambre  royale  en  1529.  Mécontent  du  vice-roi 
Pierre  de  Tolède,  il  vmt  en  France  et  s'attacha  à 
François  I""^,  qui  le  fit  conseiller  d'État.  Les  Espa- 
gnols le  déclarèrent  alors  rebelle,  et  confisquèrent 
ses  biens.  En  1557,  le  pape  Paul  IV  le  nomma 
commissaire  général  de  son  armée.  Cependant 
Camerarius  résigna  ces  distinctions  au  retour  de 
la  paix,  et  vint  mourir  dans  sa  patrie.  Il  a  donné 
plusieurs  ouvrages  :  de  Matrimonio,  1552;  — 
de  Prsedestinatione,  de  Gratia  et  Libero  Arbï- 
trio;  Paris,  1556  :  il  réfute  Calvin  dans  ce 
traité,  en  s'appuyant  sur  les  préceptes  de  saint 
Augustin;  —  de  Prasdicatione ;  Pise,  1556, 
in-4°  ;  —  de  Jejunio,  de  Oratione  et  Eleemo- 
syna  ;  Paris,  1556,  in-4''  :  ce  livre,  divisé  en  trois 
dialogues,  est  dédié  à  Diane  de  Valentinois  ;  — 
de  purgatorio  Igné  ;  Rome,  1557; —  Traité  sur 
les  7natières  féodales;  Y euise,  1576. 

Toppi,  Bibl.  Napolet. 

CAMERARIUS  (Joachim),  en  allemand  cam- 
MER-MEiSTER  OU  LiEBHARD,  célèbre  huma- 
niste allemand,  né  à  Bamberg  le  12  avril  1500, 
mort  à  Leipzig  le  17  avril  1574.  Il  échangea  son 
nom  de  Leibhard  contre  celui  de  Camerarius, 
parce  que  ses  prédécesseurs  avaient  été  camé- 
riers  à  la  cour  de  l'évêque  de  Bamberg.  Il  fut  un 
des  célèbres  érudits  de  l'Allemagne,  et  rendit  de 
grands  services  aux  lettres  tant  par  ses  propres 
travaux  que  par  la  réorganisation  de  l'université 
de  Leipzig,  de  celle  de  Tubingue,  et  du  gymnase 
de  Nuremberg.  Il  prit  aussi  une  grande  part  à 
la  réforme  de  Luther.  Son  père  l'envoya  dès  1515 
à  Leipzig,  où  il  étudia  les  langues  et  les  littéra- 
tures anciennes.  En  1518  il  se  rendit  à  Erfurt,  et 
en  1521  il  visita  Wittemberg,  où  Mélanchthon  l'ho- 
norade  son  amitié.  Après  un  voyage  fait  en  Prusse, 
il  fut  noornié  en  1526  professeur  des  langues 


CAMERARIUS  3î 

grecque  et  latine  à  Nuremberg.  Le  sénat  de  cet 
ville  l'envoya  en  1530,  comme  député,  à  la  diè 
d'Augsbourg.  Il  prit  avec  Mélanchthon  la  pli 
vive  part  aux  discussions  qui  s'y  élevèrent, 
publia  bientôt  après,  avant  son  savant  ami , 
document  célèbre  connu  sous  le  nom  de  Confe 
sien  d'Augsbourg.  Le  sénat  de  Nuremberg  l'aya 
choisi  pour  son  secrétaire,  il  n'accepta  pas  cel 
place  honorable  mais  appelé  en  1535,  par 
duc  Ulric  de  Wurtemberg  à  l'université  de  T 
bingue ,  il  s'y  rendit,  et  c'est  là  qu'il  écrivit 
langue  allemande  ses  Éléments  de  rhétoriqu 
En  1541,  Henri  et  Maurice  de  Saxe  le  char^ 
rent  de  la  réorganisation  de  l'université  de  Lei 
zig  ;  il  en  rédigea  les  statuts  de  concert  avec  G; 
pard  Bœrner,  et  la  dirigea  longtemps  en  quai 
de  recteur  et  de  doyen.  En  1555,  Camerarius  I 
de  nouveau  nommé  député  à  la  diète  d'Aug 
bourg.  De  là  il  se  rendit  avec  Mélanchthon 
Nuremberg  pour  y  discuter  diverses  questio 
religieuses,  et  il  assista  en  1556  à  la  diète 
Ratisbonne.  Il  mourut  à  Leipzig.  Quelque  tera 
avant  d'expirer,  il  composa  ces  vers  : 

Morte  nihil  tempestiva  esse  optatius  aiunt  ; 

Sed  lempestivara  qiiis  putat  esse  suam? 
Qui  putat,  ille  sapit  :  namque  ut  falalia  vita;. 

Sic  et  quisque  suse  tenapora  mortis  habet. 

Camerarius  était  grave  et  réservé ,  même  e 
vers  ses  enfants.  Il  ne  haïssait  rien  tant  que 
mensonge,  et  ne  le  tolérait  pas  même  dans  la  pi 
sauterie.  L'étendue  de  ses  connaissances,  la  \ 
reté  de  sa  morale,  l'énergie  de  son  caractèi 
sa  douce  et  persuasive  éloquence,  lui  valur( 
l'estime  de  tous  ceux  qui  le  connaissaient. 

Ses  ouvrages ,  qui ,  pour  la  plupart ,  sont  c 
éditions  de  classiques  grecs  ou  latins,  des  tradi 
lions  et  des  commentaires  ,  sont  très-nonilirei 
Après  les  biographies  d'Eobanus  Hessus  et  du  d 
Georged'Anhalt,  ses  meilleurs  écrits  sont  :  sab 
graphie  de  Mélanchthon  :  DePhilippi  Melanc 
thonis  ortu,  totius  vitse  curriculo  et  movi 
implïcata  rerum  memorabiUum  tempo, 
illius  hominumquementione,narratio ;  Le 
zig,  1566,  in-S",  édition  de  Strobel;  Halle,  17! 
qui  contient  toute  l'histoire  de  la  réformatic 
et  sa  collection  des  lettres  de  Mélanchthon  (  Le 
zig,  1569),  qui  nous  donne  les  meilleurs  rens 
gnements  sur  l'époque  de  cette  révolution  : 
ligieuse.  Ses  Commentarii  Ungux  greecx 
latinae  (Bàle,  1551,  in-fol.)  sont  de  nos  jours  i 
core  très-dignes  d'estime  ;  —  ses  Epistolsefan 
liares  (3  vol. ;  Francfort,  1583-1595),  pleii 
d'intéressants  éclaircissements  sur  l'histoire 
son  temps ,  ne  parurent  qu'après  sa  mort. 

C.  Gessner,  Biblioth.  —  Sax,  Onomast.  —  Jôclier,  / 
gemeines  Gelehrten-Lexicon. 

CAMERARIUS  (.ToacMm) ,  médecin  et  bo 
niste  allemand ,  fils  du  précédent ,  né  à  Nure 
berg  le  6  novembre  1534,  mort  dans  la  mêi 
ville  le  11  octobre  1598.  Il  étudia  sous  les  m( 
leurs  professeurs  d'Allemagne  et  d'Italie,  et  se 
recevoir  docteur  à  Bologne  en  1562é  II  avait 


321 


disciple  de  Mélanchfhon  pour  la  philosophie  reli- 
gieuse, de  Jean  Craton  pour  la  médecine;  il  était 
ami  de  Fallope,  d'Aquapendente,  de  Capiraccio , 
d'Aldrovandes,  de  Vincent  Pineili,  enfin  de  ce  que 
l'Europe  renfermait  alors  de  savants  illustres.  De 
retour  à  Nuremberg,  il  se  livra  avec  succès  à  la 
pratique  de  la  médecine.  Dans  ses  traitements  il 
appliquait  de  préférence  les  végétaux.  Sa  réputa- 
tion le  fit  souhaiter  par  plusieurs  princes,  mais  son 
amour  pour  les  sciences  l'empêcha  d'accepter  les 
brillantes  propositions  qui  lui  furent  faites.  Il 
donnait  pour  réponse  : 

Alterius  non  sit  qui  suns  esse  potest. 

n  décida  les  magistrats  de  Nuremberg  (  1 592)  à  fon- 
der une  Académie  de  médecine,  dont  il  fut  le  doyen 
,  jusqu'à  sa  mort.  Sans  négliger  l'étude  de  la  chi- 
mie, il  se  créa  un  jardin  de  botanique  où  l'on  trou- 
vait les  plantes  alors  les  plus  rares.  Joseph  Casa- 
bona,  Cortosus,  Prosper  Alpin,  Dalechamp,  Clu- 
sius,  l'aidèrent  dans  cette  entreprise  en  lui  expé- 
Jiant  tous  les  sujets  curieux  qu'ils  pouvaient  dé- 
couvrir. Il  se  rendit  aussi  acquéreur  de  la  biblio- 
lièque  botanique  de  Gesner,  ainsi  que  de  1,500 
gravures  sur  bois  qui  la  complétaient.  Quelque 
erme  que  fût  la  résolution  de  Camerariusde  s'é- 
oigner  des  grands,  il  ne  put  se  dérober  à  ceux 
lui  venaient  le  consulter.  Il  soigna  doncles  élec- 
euis  de  Saxe  Christian  et  Auguste  ;  il  guérit  même 
•e  dernier  d'une  affection  qui  pouvait  être  mor- 
cUe;  mais  la  fatigue  que  lui  causa  cette  cure  lui 
•oùta  la  vie ,  car,  de  retour  chez  lui  de  la  cour  de 
>a\e,  il  garda  le  lit  pour  ne  plus  se  relever.  Ca- 
nerarius  s'était  marié  trois  fois,  et  avait  eu  un 
ils  de  chacune  de  ses  femmes.  Il  partagea  entre 
UK  les  documents  qu'il  avait  réunis;  mais  ces 
nanuscrits  ne  virent  le  jour  que  tardivement, 
^î'iumier  a  dédié  à  ce  savant  un  genre  des  apocy- 
'  lées,  sous  le  nom  de  Cameraria. 

On  a  de  Camerarius  :  Epitome  uHHssima  Pétri 

indrese  Mathioli,  novis  iconibus,  descriptioni- 

>us  phirimis  dilig enter  aucta,  accessit  iter 

nantis  Baldi,  Francisci  Calceolari;  Franc- 

ort,  1586,  in-4»  :  c'est  un  abrégé   des  com- 

p.entaires  de   Mathiole,  dans  lequel  Camera- 

ius  a  fait  entrer  une  série  de  planches  sur  bois 

irées  de  la  collection  de  Gesner,  et  s'élevant  à  un 

inillier;  — Hortus  medicns ;  Francfort,  1588, 

n-S"  :  c'est  un  catalogue  des  plantes  de  son 

'  ardin  ;  on  y  remarque  deux  descriptions  inté- 

jessantes  du  dattier  et  de  l'aloès;  —  Symbolo- 

\um  etemblemalum centuriée  très,  quibus  ra- 

[iores  stirpium,  animalium  et  insectorumpro- 

metatescomplexus  est,  etc. -f^nreTahQTg,  1590- 

597,  in-4°,  avec  planches  :  cet  ourrage,  qui  n'est 

(u'une  suite  d'anecdotes  sur  l'histoire  naturelle, 

,  st  divisé  en  trois  parties ,  consacrées  aux  végé- 

aux,  auxquadrupèdes,  aux  oiseaux  ;  — Planta- 

um  tam  indigenarum  quam  ezoticarum  ico- 

les;  Anvers,  1591  ; — Eclecta  géorgien,  sivede 

c  rustica;  Nuremberg,  1577,  10-4°  '.  c'est  un  re- 

ueil  d'opuscules  sur  la  botanique  et  l'agriculture, 

vecla  nomenclature  des  savants  anciens  et  mo- 


CAMERARIUS  322 

demes  qui  ont  écrit  sur  ces  sciences  ;  —  De  mo- 
nocerote  etiam,  sive  unicornu,  1580;  —  Sy- 
nopsis quorumdam  brevïwn  sed  perutilium 
commentariorum  de  peste  clarissimorum  vi- 
rorum  Donzelli  Ingrassise,  Rincii,  avec  un 
appendice  de  bolo  Armeniae  et  terra  Lemnia 
observationes  ;  Nuremberg,  1583,  in-8°;  —  De 
recta  et  necessariarationeprsesei'vandi  apes- 
tis  coMtegio, augmenté  de  Constiltitiones,  le- 
ges  et  edicta  temporepestis  ;  Nuremberg,  1583, 
in-s°. 


t 


NOUV.  BIOGR.  UNIVERS.  —  T.  TIII. 


Melchior  Adam,  yitx  medicorum  germanicorum.  — 
Van  der  Linden,  Do  scriptor.  medicis.  —Jean-Michel  Bru- 
tus,  Epist.,  LIV.p.  176.  —  De  Thou,  Mémoiies  histori- 
ques. —  Tournefort,  Isagoge.  —  Heister,  Préface  de  la 
Lettre  de  BurcKhard  à  Leibnitz, 

CAMERARIUS  (Philippe),  jurisconsulte  alle- 
mand, troisième  fils  de  Joachim,  né  à  Nurem- 
berg en  1537,  mort  dans  la  même  ville  le  22  juin 
1624.  Il  étudia  le  droit  à  Strasbourg  sous  Jean 
Sturm  et  François  Hotman.  11  acheva  ses  cours 
à  Padoue  (1563),  d'où  il  passa  à  Ferrare  (1564). 
Il  séjourna  ensuite  quelques  mois  à  Bologne  et 
arriva  à  Rome  en  1 565 ,  où  il  suivit  les  cours  du 
professeur  Muret.  Il  se  disposait  à  retournera 
Ferrare  avec  le  chevalier  de  Cornbourg,  soa 
cousin  et  son  compagnon  de  voyage,  lorsqu'ils 
furent  arrêtés  et  incarcérés  dans  les  prisons  de 
l'inquisition  ;  mais,  n'ayant  pas  été  trouvés  coupa- 
bles, ils  furent  remis  en  liberté.  On  les  engagea  à 
abjurer  les  erreurs,  et  à  embrasser  la  religion  ca- 
tholique ;  mais,  comme  on  ne  put  leur  faire  aban- 
donner la  confession  d'Augsbourg,  on  les  retint 
encore  deux  mois.  L'empereur  Maximilien  n  et 
le  duc  de  Bavière  Albert  III  le  Magnanime  ayant 
alors  réclamé  vivement  les  prisonniers,  on  les  re- 
mit en  liberté.  Ils  arrivèrent  à  Nuremberg  le 
16  janvier  1566.  Camerarius  en  repartit  aussitôt 
pour  Bâle,  où  il  se  fit  recevoir  docteur  en  1573; 
la  république  de  Nuremberg  lui  donna  le  titre  de 
conseiller,  et  peu  après  le  landgrave  de  Hesse 
lui  accorda  la  même  charge.  En  1581  il  fut  élu 
vice-chancelier  de  l'université  d'Altorf.  On  a  de 
lui:  Horée  sM&cisiva?; Francfort,  1624,3  vol. 
in-4°;  traduit  en  anglais  par  John  Molle,  Lon- 
dres, 1621  ;  traduit  en  français  par  Gk)ulard  et  de 
Rossel ,  Paris,  1608,  3  vol,  in-8°;  —  une  qua- 
trième centurie  est  restée  manuscrite. 

J.-G.  Sclielhorn,  f^ie  de  Philippe  Camerarius;  Nurem- 
berg, 1740.  —  Freher,  Theutrum  eruditorum. 

*CAMERARics  (Geoffroy),  écrivain  alle- 
mand, cinquième  fils  de  Joachim  I*'  (Camera- 
rius). On  a  de  ce  savant  la  traduction  du  grec 
en  latin  de  Démosthène,  Xénophon ,  Homère, 
Lucien,  Galien,  Dion  Chrysostome,  Aristide, 
saint  Grégoire  de  Nysse;  —  Vie  de  Philippe 
Mélanchthon  et  d'Éoban  de  Hesse; —  Catalor- 
gue  des  évêques  de  diverses  églises;  — Lettres 
grecques;  Poésies. 

Paul  Jove,  Éloges.  —  Vossius,  De  Scient.  Mathem,  — 
Melchior  Adam,  f^itx  philosoph.  germanic. 

*CAAiERARics  (Louis),  homme  d'État  alle- 
mand   fils  de  Joachim  II  (Camerarius) ,  né  à 

11 


323 


CAMERARIUS 


324 


Nuremberg  le  22  janvier  1573,  mort'àHeidel- 

berg  le  4  octobre  1651.  Il  s'appliqua,  comme  ses 
parents,  à  la  jurisprudence,  et  fut  reçu  docteur  en 
droit  à  Bâle  en  1597.  En  1598,  Frédéric  FV,  élec- 
teur palatin, le  nomma  son  conseiller.  En  1600, 
Camerarius  assista  comme  envoyé  plénipoten- 
tiaire à  la  diète  de  Ratisbonne  ;  et  Jean,  comte  de 
Deux-Ponts,  l'envoya  plusieurs  fois  auprès  des 
empereurs  Rodolphe  II  et  Matliias,  au  nom  des 
princes  de  l'Empire,  pour  des  négociations  impor- 
tantes, dont  il  s'acquitta  toujours  bien.  En  1613, 
on  lui  donna  la  prélature  de  Reichenbach  (  Pala- 
tinat).  En  1620,  il  fut  chancelier  des  princes  et 
États  de  Silésie ,  et  chargé  de  plusieurs  missions 
diplomatiques.  Gustave-Adolphe,  roi  de  Suède, 
l'attira  à  lui,  et  l'envoya  comme  ambassadeur  ex- 
traordinaire près  les  états  généraux,  Camera- 
rius resta  dix-sept  ans  à  la  Haye.  H  donna  sa 
démission  à  la  mort  de  Gustave-Adolphe,  et  se  re- 
tira à  Leyde  (1638).  En  1642,  il  vint  habiter  à 
Groningue,  qu'il  ne  quitta  qu'en  1651,  pour  venir 
mourir  à  Heidelberg.  Il  a  publié  quelques  écrits 
sur  les  ti'oubles  de  la  Bohême  it  dij  Palatinat, 
entre  autres  Considerationes  ad  cancellarium 
hispanicum  adjectse;  —  Epïstolss  seleeise, 
etc.,  etc. 

Marquard-Freher,  Originum  palatinorum  Comment. 
—  Puffendorf,  Eris  seandica. 

CAMERARivs  (Louis- Joachim),  médecin  al- 
lemand ,  Bis  de  Joachira  II  (  Camerarius  ) ,  né  à 
Nuremberg  le  15  janvier  1566,  mort  le  13  janvier 
1642.  Il  étudia  comme  ses  ancêtres  les  sciences  et 
la  médecine,  où  il  fit  de  rapides  progrès.  De  retour 
en  Allemagne  après  avoir  visité  l'Angleterre,  la 
Hollande  et  l'Italie,  il  fut  appelé  par  Christian, 
prince  d'Anhalt  ;  mais,  préférant  l'indépendance, 
il  revint  à  Nuremberg  exercer  les  fonctions  de 
doyen  de  l'Académie  de  médecine,  qu'il  remplit 
jusqu'à  sa  mort. 
Freher,  Theatr.  erudit. 

*  CAMERARIUS  (Jeon-Rodolphe),  médecin 
allemand,  vivait  dans  le  dix-septième  siècle.  On 
a  de  lui:  Horss  natales,  deux  centuries;  Franc- 
fort, 1607-1610,  in-4°;  —  Disputationum  me- 
dicarum  in  illustri  AcademiaTubingensi,etc., 
decas;  Tubingen,  1611,  in-8°;  —Sylloge  me- 
morabilium  medicinss,  centurie  XII ;  Tubin- 
gen, 1683,  in-8°. 

Éloy,  Dict.  hist.  de  la  Médecine. 

CAMERARIUS    OU    CAMERMEJSTBR    (ÉUe- 

Rodolphe),  médecin  allemand,  fils  de  Jean-Ro- 
dolphe, né  à  Tubingen  (  Souabe)  le  7  mai  1641 , 
mort  le  7  juin  1695.  Il  étudia  la  médecine  dans 
sa  patrie,  où  il  obtint  la  chaire  de  professeur  pri- 
maire de  l'université;  il  fut  ensuite  conseiller  et 
premier  médecin  du  duc  de  Wurtemberg,  et  mem- 
bre de  l'Académie  des  curieux  delà  nature  (1669). 
On  a  de  lui  plusieurs  dissertations  académiques 
fort  intéressantes  :  De  Palpitatione  cor  dis; 
Tubingen,  1681,  in-4";  —  De  Clijsmatibus ;\à., 
1688,  in-4"'; —  Bistoria  pleuritidis;ià.,  1699, 


in-4°  ; — De  Fractura  cranii  cum  vulnere;  id., 
1693,  in-4'';  —  Observatio  de  ischuria  ad  22 
dies  nonlethali. 

Manget,  Bibliotfi.  Script.  medic,^  1.  III.  —  Éloy,  Dict. 

hist.  de  médecine. 

CAMERARIUS  {Rodolphe- Jacques),  méde- 
cin et  botaniste  allemand  ,  fils  d'Élie-Rodolphe, 
né  à  Tubingen  le  17  février  1665  ,  mort  le  11 
septembre  1721.  Il  étudia  la  philosophie  et  les 
sciences,  naturelles  dans  sa  ville  natale.   Plus 
tard,  pour  se  perfectionner  dans  ses  études ,  il 
résolut  de  voyager.  A  cet   effet,  il   parcourut 
l'Allemagne  en  consultant  les  médecins  les  plus 
célèbres  (1685).  Il  passa  ensuite  en  Hollande,  et 
s'arrêta  à  Leyde,  où  il  fut  très-assidu  aux  dé- 
m.onstrations   des   professeurs  de  l'université. 
De  là,  il  s'embarqua  pour  l'Angleterre,  où  sa  ré- 
putation lui  donna  un  accès  facile  chez  les  sa- 
vants de  ce  royaume.  Puis  il   vint  à  Paris,  et 
demeura  cinq  mois  chez  Marcschal,  chirurgien 
de  l'hôpital  de  la  Charité,  qu;  lui  procura  d'utiles 
connaissances.  En  quittant  la  France,  il  visita  Is 
Savoie,  passa  en  Italie;  et,  après  avoir  examina 
ce  que  Venise,  Rome  et  les  villes  principales  cl( 
ce  pays  ont  de  plus  curieux,  i!  revint  à  Tubingei 
par  la  Suisse.  Il  reçut  le  bonnet  de  docteur  ei 
médecine  des  mains  de  son  père  (1687) ,  et,  pei 
de  temps  après  (1688),  fut  nommé  professeu 
suppléant,  et  inspecteur  du  jardin  botanique.  I 
fut  aussi  agrégé  au  collège  des  Curieux  de  la  Na 
ture.  Pour  mettre  ses  talents  à  profit,   on  lu 
donna  (1689)  la  chaire  de  physique,  qu'il  occup 
jusqu'en  1695,  époque  à  laquelle  il  succéda  à  soi 
père  comme  premier  professeur.  —  Rodolphe 
Jacques  Camerarius  fut  atteint  d'un  crachemec 
de  sang  qui  le  conduisit  en  deux  ans  au  demie 
degré  de  la  phthisie  pulmonaire,  dont  il  mourui 
Il  avait  dix  enfants,  dont  deux  surtout,  Alexandi 
et  Henri,  se  faisaient  remarquer  dans  les  sciences 

On  a  de  lui  :  De  Sexu  plantarum  epistola 
Tubingen,  1694,   in-4°,  insérée  dans  les  Mis 
eeUmiea  Nat.  Cur.,  decas  III,  ann.  2,  appei 
dix; réimprimée  eu  1749,  in-8°:cet  ouvrage  ei 
piein  d'érudition  ;  l'élégance  du  style  en  relè^ 
même  considérablement  le  mérite  ;  l'auteur  y  fa 
voir  que  les  graines  sont  rarement  propres  à  n 
produire  les  plantes,  lorsqu'elles   viennent  c 
fleurs  qui  ont  été  dépouillées  de  leurs  étamines 
il  y  montre  encore  qu'il  est  important  de  fixi 
la  classification  des  plantes,  qu'il  distribue  lu 
même  de  façon  à  faire  supposer  qu'il  ajetéli 
fondements  du  système  adopté  par  Linné  ;  - 
De  Convenientia plantarum  in  Jriictificatio} 
et  viribus;  Tubingen,  1699,  in-8''  :  Camerarii 
y  indique  les  rapports  existant  entre  la  forn 
des  plante»  et  leurs  propriétés,  rapports  appr 
ciables  par  la  similitude  des  parties  servant  à 
fructification;  —  De  Acidulis  Niderborensibu 
Tubingen,    1710,  in-4'';  —  Spécimen  expei 
mentorum  circa  generationem  hominis  et  ai 
malium;  Tubingen,  1715,   in-4";—  De  Co 
silio  Anglicani  ad  podagram  internam;  T 


82£ 


CAMERARIUS  —  CAMERATA 


326 


iiiiif^en,  1716,  in-4°;  —  De  Blasiano  balneo; 

iLid.,  1718. 
;        M. Il  1er,  llibliotheca  botanica.  —  Valentin,   de  Poly- 
1    cl/resta  exotica.  —  Moeser,  le  irurtcmbenj  éclairé  (en 

ail.,  Erlàutertes  ff^urtemberg  )  —  liloy,  Oicl.  hist.  de 

ta  médecine. 

CAMERARIUS  (ÉUc) ,  médecin  allemand, 
second  fils  d'Élie-Rodolphe,  et  frère  de  Ro- 
dolphe-Jacques ,  né  à  ïubingen  le  17  février 
U.7j,  mort  dans  la  même  ville  le  8  février  1734. 
Jl  (ut  reçu  docteur  en  médecine  à  Tubingen,  et 
;  obtint  une  chaire  de  médecine,  qu'il  remplit  avec 

I  succès.  L'Académie  des  curieux  de  la  nature 
!  l'adopta  sous  le  nom  d'Hector  III.  Le  duc  de 

Wurtemberg  le  nomma  conseiller,  et  son  pre- 
mier médecin.  Camerarius  méritait  ces  diverses 

;  marques  de  distinction  ;  mais  l'étrangeté  de  ses 
idées  nuisit  beaucoup  à  sa  réputation,  et  lui  sus- 
cita   bon    nombre  de   réfutations.    Voici    ses 

•  principaux   écrits   :  De  Spiritibus    animali- 

;  bus;  —  De  Spiritu  fumante  Boyleano ;  — 
De  Potu  thé  et  caffée  :  ces  trois  dissertations 
sur  l'abus  du  thé  et  du  café  sont  réunies  en  un 
seul  volume,  Tubingen,  in-S°; l'auteur,  en  y  trai- 

(  tant  des  esprits  animaux,  leur    reconnaît   une 

II  telle  ^élasticité,  qu'il  ne  balance  pas  à  conclure 
':  qu'ils  sont  de  la  nature  de  l'air;  —  Disseria- 

tiones  Taurinenses  epistolicse  medico-phy- 
sicae  ad  illustres  Italiœ  ac  Germaniœ quosdam 
medicos  scriptse;  Tubingen,  1712,  in-8°  :  c'est 
un  recueil  de  vingt  lettres  écrites  pendant  le 
voyage  que  Camerarius  fit  en  Italie  avec  le  prince 
de  Wurtemberg,  qu'il  accompagnait  comme  pre- 
mier médecin.  Haller  reproche  à  l'auteur  un  pyr- 
rhonisrae  outré  ;  il  le  blâme  surtout  de  n'avoir 
pas  voulu  admettre  l'autorité  des  savants  qui 
l'avaient  précédé,  et  d'avoir  fait  ressorth-  ce 
[qu'il  y  a  de  merveilleux  dans  certaines  maladies, 
[pour  avoir  l'occasion  de  combattre  ses  adver- 
|saires;—  Kurtze  Anmerkungen  bey  Gelegen- 
\heit  der Krankheit  à  la  mode,- Tubingen,  1713, 
[in-8»  :  ce  traité  contient  l'histoire  de  la  fièvre  ca- 
^tharrale  épidémique  nommée  grippe;  — Speci- 
\mina  qucedam  medicinas  eclecticse;  Franc- 
îfort,  1714,  in-4°  :  l'auteur  y  combat  la  théorie 
des  fièvres  de  Morton,  la  doctrine  de  Vieussens 
sur  le  délire  et  la  mélancolie,  le  système  de 
*Baglivi  sur  la  fibre  motrice,  celui  de  la  Peyronie 
!  sur  le  siège  de  l'âme,  et  les  sentiments  de  Leeu- 
jwenhoeck  sur  les  écailles  de  la  capsule  et  les 
^fibres  du  cristallin  ;  —  Medicinee  conciliatricis 
fconamina;  Francfort,  1714,  in-4°  :  Camerarius 
j  se  récrie  conti-e  Tschirnhausen,  dont  le  plan  de 
médecine  lui  paraît  trop  simple,  et  propose  un 
'système  de  physiologie  dans  lequel  il  tâche  de 
iconcilier  les  doctrines  des  anciens  avec  celles 
i-des  modernes  ;  —  Systema  Cautelarum  Medi- 
\carum  eirea  prsecognita  partesque  singulas 
\artis  saluberrimee,  discentium  commodo^  me- 
\thodo  eclectica  concinnatum  ;  Francfort-sur- 
le-Mein,  1721,  in-4'':  c'est  un  abrégé  de  toutes 
les  parties  de  la  médecine;  —  De  Gemursa  Pli- 
niuna;  1722;  —  Magici  morbi  historia  ai- 


i 


tentius  perpensa,  1724;  — De  Calculis  in  ve- 
sica  fellea  repertis,  1724;  —  De  Efficacia 
animi  patkcmutum  in  negotio  sanitatis  et 
morborum,  1725;  —  Dissertatio  de  Betula; 
Tubingen,  1727,in-4°;  —  De  mixtione  pultacea , 
1728;—  De  Fenems;  Tubingen,  1728,in-4°; 
—  Temerarii  circa  magicie  judicii  exempluni 
mortiii  amico  apparentis.  Dans  tous  ces  trai- 
tés ,  Camerarius  admet  tout  ce  qui  a  rapport  à 
la  magie. 
lÉloy,  Dictionnaire  historique  de  la  médecine. 
CAMERARIUS  (Alexandre),  médecin  alle- 
mand, fils  de  Rodolphe-Jacques,  né  à  Tubingen 
en  1695,  mort  dans  la  même  ville  le  11  novem- 
bre 1736,  fut  reçu  docteur  en  médecine  à  Tubin- 
gen, puis  membre  de  l'Académie  des  curieux  de 
la  nature  sous  le  nom  d'Hector  IV  ;  adjoint  plus 
tard  à  son  père  dans  les  deux  fonctions  de  pro- 
fesseur et  de  directeur  du  jardin  de  botanique, 
il  lui  succéda,  et  mourut  encore  jeune,  laissant- 
De  Botanica;  Tubingen,  1717,  in-4°  :  c'est 
une  classification  de  la  botanique,  indiquant 
les  différences  essentielles  des  genres  et  des  es- 
pèces; —  De  motu  elastico  staminum  am~ 
berboi  ;  mémoire  relatif  à  l'élasticité  des  étami- 
nes  de  certaines  plantes,  principalement  de  la 
centaurée  musquée. 

Ephem.  natur.  curios.,  S.  IX,  n»  86.  —  Eloy,  Diction- 
naire historique  de  la  médecine. 

c\yi¥.K\R\\JS  [Guillaume),  philosophe  écos- 
sais. Voy.  Chalmers. 

CAMERATA  {André),  architecte  italien,  né  à 
Venise  en  1714,  mort  en  1793.  Quoique  fils 
d'un  simple  teinturier,  il  reçut  une  éducation  soi- 
gnée, et  étudia  l'architecture  à  Rome.  A  son  re- 
tour dans  sa  patrie,  il  construisit  avec  un  talent 
remarquable  plusieurs  édifices.  Il  est  cité  avec 
éloge  par  le  comte  Fabio  di  Maniago  dans  le 
Guida  di  Udine,  à  l'occasion  de  la  Madonna 
délie  Grazie,  à  laquelle  travailla,  dit-il,  Andréa 
Camerata,  architetto  molto  noto  in  Venezia. 
On  a  de  lui  :  Studio  sopra  gli  ordini  delV  ar- 
chitettura  di  Vitruvio,  Vignola,  Palladio  e 
Scamozzi,  1730,  L'auteur  n'avait  alors  que 
seize  ans. 
Tipaido,  Biografla  degli  Italiani  illmtri,  9, 160. 

CAMERATA  (Giuseppe) ,  peintre  et  graveur, 
né  à  Venise  en  1668,  mort  à  Dresde  en  1761. 
Élève  de  Grcgorio  Lazzarini,  il  termina  un  ta- 
bleau que  ce  maître  avait  laissé  inachevé  à  sa 
mort,  et  se  montra  toujours  imitateur  de  son 
style.  Dans  la  force  de  l'âge  et  du  talent,  il  aban- 
donna presque  entièrement  la  peinture  pour  la 
gravure.  11  était  déjà  octogénaire  quand  il  fut 
appelé  à  la  cour  de  l'électeur  de  Saxe  pour  coo- 
pérer à  la  publication  de  sa  galerie.  Les  princi- 
pales planches  qu'il  exécuta  pour  ce  grand  ouvrage 
furent  :  la  Parabole  de  la  drayme  perdue,  d'a- 
près dora  Feti;  la  Sainte  Famille,  d'après 
J.-C.  Procaccini;  l'Assomption,  d'après  Camille 
Procaccini;  et  la  Chasteté  de  Joseph,  d'après 

11. 


327  CAMERATA 

Contarini.  Il  poussa  sa  carrière  jusqu'à  quatre- 
vingt-quatorze  ans,  et  travailla  presque  jusqu'au 
dernier  moment.  E-  B— n. 

Lanzi ,  Storia  pittorica.  -  Orlandi,  Abbecedario.  — 
Ticozzi,  Dizionario. 

CAMERER  {Jean-Frédéric) ,  homme  d'État 
et  historien  danois,  né  à  Ettingen  en  1720,  mort 
à  Wodder  le  6  novembre  1792.  Il  était  audi- 
teur, et  devint  conseiller  de  guerre  du  royaume 
de  Danemark.  Outre  quelques  mémoires  sur 
l'ambre  jaune  qui  se  recueillait  sur  les  côtes  de  la 
Baltique,  on  a  de  lui  :  six  Lettres  sur  quelques 
curiosités  du  Holstein;  Leipzig,  1756,  in-4°;  — 
Mélanges  de  renseignements  historiques  et 
politiques  sur  le  Schleswig  et  le  Holstein  ; 
Flensbourg,  1758,  et  Leipzig,  1762,  in-S". 

Ersch  et  Grubcr,  Allgem.  Enr.yc. 

'    CAMERm©  (  François  de  ),  missionnaire  ita- 
lien, vivait  dans  la  première  partie  du  quator- 
zième siècle.  Il  était  frère  prêcheur,  et  fut  envoyé 
en  Asie  Mineure.  De  retour  de  sa  mission  et  ac- 
compagné de  Richard,  moine  anglais ,  il  vint  à 
Avignon,  où  résidait  alors  le  pape  Jean  XXII 
(1333)  ;  il  lui  fit  part  du  peu  d'éloignement  qu'a- 
vait l'empereur  grec  Andronic  ITI  le  jeune  pour 
opérer  une  réunion  définitive  entre  les  deux 
Églises.   Le  pape  entra  dans  cette  idée  de  con- 
ciliation, et  écrivit  lui-même  ses  conditions.  Il  les 
adressa  à  Andronic  et  à  l'impératrice  Jeanne  de 
Savoie,  qui  était  catholique  et  sur  l'influence  de 
laquelle  il  comptait,  par  l'entremise  de  Carae- 
rino,  qu'il  venait  de  créer  archevêque  de  Vospro. 
Le  patriarche  de  Constantinople,  craignant  de 
voir  diminuer  son  influence  par  cette  fusion, 
traîna  les  conférences  en  longueur;  l'historien 
Nicéphore  Grégoras  lui  conseilla  de  ne  pas  en- 
trer en  discussions  pubhques  avec  les  légats  de 
Jean  XXH.  Le  pape  mourut  sur  ces  entrefaites, 
et  le  schisme  se  perpétua.  Camerino  revint  en 
Italie  ;  on   ignore  s'il  fit  partie  de  l'ambassade 
envoyée  en  Grèce  par  Benoît  XII.  La  fin  de  sa 
vie  est  inconnue. 

AH  de  vérifier  les  dates.  -  Sismondi,  Hist.  des  ré- 
publiques italiennes.  -  Muratori,  AnnaU  d'Itaha. 

CAMERiNUS,  poëte  latin,  vivait  quelques  an. 
nées  avant  J.-C.  Il  composa  un  poëme  sur  Troie. 
Ovide  le  cite  comme  son  contemporain  : 
.  Quique  canit  domitara  Camerinus  ab  Hectore  Trojam. 
Ovide,  tte  Ponto,  1.  IV,  ep.  16.-  Smith,  Dict.  of 
Greek  and  Rom.  Bio'jraphy. 

CAMÉRON  (Jean),  célèbre  théologien  pro- 
testant, né  à  Glascow  vers  1580,  et  mort  à  Mon- 
tanban  à  la  fin  de  1625  ou  au  commencement 
de  1626.  Il  vint  en  France  en  1600.  Après  avoir 
enseigné  le  grec  et  le  latin  dans  le  collège  pro- 
testant de  Bergerac,  il  occupa  pendant  quelque 
temps  une  chaire  de  philosophie  à  l'Académie 
de  Sedan.  Il  étudia  ensuite  la  théologie  à  Genève 
et  à  Hcidôlberg,  et  en  1608  il  fut  nommé  pas- 
teur à  Bordeaux.  Dix  ans  après,  il  succéda  à 
■Gomar  dans  la  chaire  de  théologie  de  l'Acadé- 


^  GAMÉRON  328 

mie  de  Saumur.  Quand  le  gouvernement  de  cette 
ville  fut  enlevé  à  Duplessis-Mornay,  J.  Camé- 
ron,  se  souciant  peu  de  rester  dans  une  acadé- 
mie que  la  perte  de  son  protecteur  devait  faire 
tomber  en  décadence,  repassa  en  Angleterre,  où 
ses  sentiments  favorables  au  système  épiscopal 
lui  gagnèrent  la  bienveillance  du  roi  Jacques,  qui 
désirait  introduire  l'épiscopat  en  Ecosse,  et  qui 
le  nomma  directeur  du   collège  de  Glascow. 
Mais,  vu  avec  défiance  par  les  Écossais,  violents 
adversaires  de  la  hiérarchie  épiscopale,  il  se 
trouva  étranger  au  sein  de  sa  patrie,  et,  avant  la 
fin  de  l'année,  il  prit  le  parti  de  retourner  en 
France.  A  Saumur,  où  il  se  rendit,  il  donna  des 
leçons  particulières  de  théologie,  le  gouverne- 
ment lui  ayant  interdit  l'enseignement  public; 
mais  le  vingt-quatrième  synode  national  tenu  à 
Charenton  lui  alloua  une  pension  de  1000  livres, 
jusqu'à  ce  qu'il  pût  être  employé  comme  pas- 
teur ou  comme  professeur.  L'interdiction  ayant 
été  levée  en  1624,  il  fut  appelé  à  la  chaire  de 
théologie  de  l'Académie,  de  Montauban.  Là  il  se 
trouva  en  opposition  avec  le  parti  protestant 
exalté,  qui  dominait  dans  cette  ville,  et  qui  ne 
voyait  de  salut  que  dans  une  résistance  conti- 
nuelle et  à  main  armée  aux  mesures  du  gou- 
vernement. Peu  de  temps  après,  dans  un  mou- 
vement populaire,  il  fut  si  grièvement  maltraité 
par  une  foule  en  fureur,  qu'il  mourut  quelques 
mois  après,  des  suites  de  ses  blessures. 

Jean  Caméron  était  un  homme  doué  de  gran- 
des facultés,  d'un  esprit  actif,  large,  compréhen- 
sif,  grand  partisan  de  la  Uberté  d'examen,  et 
peu  satisfait  des  systèmes  des  théologiens  pro- 
testants de  son  temps,  qu'il  accusait  de  despo- 
tisme et  d'intolérance.  11  pensait  que  la  réforme 
avait  grand  besoin  d'une  nouvelle  réformation, 
et  il  ne  cachait  à  ses  amis  et  à  ses  disciples  ni 
ses  vues  ni  ses  désirs.  Mais  il  connaissait  assez- 
son  époque  pour  ne  pas  croire  possible  encore 
les  changements  qu'il  réclamait;  il  en  remettait 
la  réalisation  aux  âges  suivants.  En  attendant,  il 
préparait  les  esprits  en  combattant  les  doctrines 
calvinistes,  entre  autres  celle  de  la  prédestina- 
tion, à  laquelle  les  théologiens  réformés  de  la 
Suisse  et  de  la  Hollande,  et  la  plupart  de  ceux 
de  la  France,  attachaient  une  grande  importance. 
a  soutenait  que  Dieu,  loin  d'avoir  destine  par 
un  décret  absolu  et  éternel  les  uns  à  la  félicité 
céleste,  et  les  autres  à  la  damnation,  offrait  ses 
grâces  et  le  salut  à  quiconque  voulait  persévérer 
dans  la  foi  chrétienne.  C'est  le  système  qu'on 
appelapeu  après  Vuniversalisme  hijpothétigue, 
et  qui  fut  défendu  entre  autres  par  deux  de  ses 
disciples.  Moïse  Amyraut  et  Louis  Cappel. 

Cameron  a  laissé  les  ouvrages  suivants  -.San- 
tangelus,  sive  stelitenticus  in  Eliam  Santan- 
gelum  Causidicum;  Rupell,  1616,  in-12:  il  s'a- 
git, dans  ce  petit  écrit,  d'une  affaire  concernant  le 
consistoire  et  les  protestants  de  Bordeaux  ;  — 
Constance, foy  et  résolution  à  la  mort  des 
capitaines  Blanquet  et  Gaillard;  Bordeaux, 


82-.) 

ICI 7  :  c'est  une  lettre  à  Palmier,  ministre  à 
Mornac,  dans  laquelle  il  raconte  la  mort  da  o 
deux  personnages;  elle  fut  brûlée  par  arrtf .  du 
parlement  de  Bordeaux  ;  —  Thèses  de  gratta  et 
libero  arbitrio  disputatx  14  august.  1018,  i(7ia 
ctim  duabus prxlectionïbus  habitée  a  J.  Caine- 
ron;  Saumur,  1618,  in-8°:ce  sont  les  pièces  du 
concours  à  la  suite  duquel  il  fut  nommé  professeur 
à  Saumur;  —  Traité  dans  lequel  sont  exami- 
nés les  préjugés  de  ceux  de  l'Église  romaine 
contre  la  religion  réformée;  la  Rochelle,  1618, 
in-S",  traduit  et  publié  en  anglais  ;  Oxford,  1024, 
ia-i°  ;  —  Thèses  XLII  theologiee  denecessitate 
satisfactionis  Christi  pro  peccatis;  Saumur, 
1620,  in-fol.  ;  —  Arnica  Collatio  de  gr alise  et 
voluntatis  humanse  concursu  invocatione  et 
quibusdam  annexis ;~lM%à\a\.  Batav. ,'  1622, 
in-4°,  relation  d'une  conférence  qu'il  eut  avec 
Telenus,  théologien  calviniste;  —  Sept  sermons 
sur  Jean  VI;  Saumur,  1624;  —  Defensio  sen- 
tentise  de  gratia  et  libero  arbitrio;  Saumur, 
1624,  in-S"  ;  —  Preelectiones  theologicas  in  se- 
lectïora  quxdam  loca  N.  T.,  una  cum  trac- 
tatu  de  Ecclesia  et  nonmdlis  miscellaneis 
opusculis;  Sàamm ,  1626-1628,  3  vol.  in-4", 
réimprimé  sous  le  titre  de  Myrotheciuvi  evan- 
gelicum  ;  Genève,  1632,  in-4°;  Saumur,  1677, 
ra-4°,  et  dans  les  Critici  sacri;  Londres,  1660, 
in-fol.  Michel  Nicolas. 

Baylc,    Dictionnaire  hist.  critique.  —  MIH.  Haag,  la 
France  protest. 

CAMÉRON  {Richard),  prédicateur  écossais , 
natif  de  Falkland,  dans  le  comté  de  Fife,  tué  le 
20  juillet  1680.  Filsd'im  petit  commerçant,  il  re- 
çut la  modeste  instruction  que  pouvait  fournir 
une  école  de  paroisse  ;  puis  il  s'enrôla  parmi  les 
prédicateurs  de  campagne,  et  se  montra  d'abord 
un  chaud  partisan  des  doctrines  presbytériennes. 
Plus  tard  il  devint  maître  d'école  de  village, 
et,  circonstance  curieuse,  il  entra  en  qualité  de 
précepteur  ou  de  chapelain  dans  la  famille  qui 
devait  compter  parmi  ses  membres  sirW.  Scott. 
C'était  l'époque  où  Charles  H,  devenu  roi,  avait 
i  juré  protection    au    traité    qui    proclamait  le 
-  presbytérianisme.  Plus  tard,  revenant  sur  cette 
!  promesse,  le  roi  publia  l'édit  de  suprématie,  qui, 
I  tout  en  admettant  la  liberté  religieuse,  réta- 
[  blissait  l'épiscopat,  et  restreignait  au  profit  des 
catholiques  les  privilèges  accordés  aux  protes- 
tants, dont  le  culte  n'était  plus  que  toléré.  A  l'i- 
f  mitation  de  Louis  XFV ,  Charles  II  ne  négligea 
ji  rien  pour  détruire  les  germes  du  protestantisme  ; 
l  des  poursuites  sévères  furent  ordonnées  contre 
I  les  pasteurs  non-conformistes.  Un  mécontente- 
j  ment  violent  agita  plusieurs  provinces  d'Ecosse, 
I  principalement  les  comtés  de  Lanark,  d'Ayr,  de 
\  Galloway  et  de  Dumfries.  Caméren,  par  sa  fou- 
(  gueuse  éloquence,  poussa  un  nombre  considé- 
ji  rable  de  ses  concitoyens  à  protester  contre  le 
!  nouvel  édit.  Ses  sectaires  se  séparèrent  de  la 
\  communion  des  presbytériens,  dont  les  ministres 
assermentés,  ayant  accepté  la  liberté  de  conscience 


CAMERON  330 

accordée  par  le  joi ,  continuaient  à  exercer  les 
fonctions  pastorales.  Les  caméroniens  soute- 
naient que  Charles  ne  pouvait  accorder  un  droit 
inhérent  à  la  faculté  de  penser,  et  que  se  sou- 
mettre au  droit  de  suprématie  qu'il  prétendait 
avoir  sur  l'Église,  c'était  professer  l'éralianisnie. 
La  chaleur  et  l'aigreur  augmentant  de  part  et 
d'autre,  le  gouvernement  crut  devoir  intervenir, 
et  défendit  aux  caméroniens  de  se  réunir  :  ceux- 
ci,  excités  par  leur  apôtre,  le  suivirent  dans  les 
assemblées  religieuses  qu'il  tenait  en  plein  air, 
dans  les  lieux  les  plus  déserts,  sous  le  nom  de 
eonventicules ,  ei  ^nreni  \ft,  nom  de  HiU-men 
(hommes  de  la  colline),  par  allusion  aux  en- 
droits élevés  où  ils  se  réunissaient.Malgré  les  pré- 
cautions dont  ils  s'entouraient  pour  se  livrer  à 
leurs  pratiques,  les  prédicateurs  furent  surpris  et 
pendus  ;  quant  aux  auditeurs,  ils  furent  déportés 
ou  emprisonnés.  Poussés  à  la  révolte  gar  la  persé- 
cution ,  ils  prirent  les  armes ,  déclarèrent  Char- 
les Il  déchu  de  ses  droits  à  la  couronne  et  à  la 
société  de  l'ÉgHse  sainte,  comme  ayant  violé  la 
ligue  solennelle  et  la  convention  passée  en  1640 
entre  lord  Rippin  et  Charles  V ,  convention 
sous  laquelle  seulement  il  avait  reçu  la  couronne. 
Ils  proclamèrent,  en  conséquence,  le  gouverne- 
ment républicain  de  1648.  Leur  premier  acte 
d'hostilité  ouverte  fut  le  meurtre  de  James 
Sharpe,  archevêque  de  Saint- André  et  primat 
d'Ecosse,  assassiné,  le  5  mai  1679,  dans  la 
plaine  de  Magus-Moor  par  Haxton  de  Rathillet, 
John  Balfour  de  Busley,  et  plusieurs  autres  chefs 
presbytériens.  L'esprit  de  vengeance  et  le  fana- 
tisme remplaçant  chez  les  caméroniens  les 
moyens  de  guerre  qui  leur  manquaient,  ils  rem- 
pertèrent  àLondon-Hill  un  premier  succès  sur  les 
troupes  royales  commandées  par  le  fameux  John 
Graham,  ditClaverhouse.  Cet  avantage  inattendu 
attira  dans  leurs  rangs  beaucoup  d'adhérents,  et 
bientôt  leur  armée  s'éleva  à  six  mille  hommes; 
mais  la  division  se  mit  parmi  les  chefs,  qui,  au 
lieu  d'agir,  perdirent  un  temps  précieux  dans  de 
violentes  controverses  théologales.  Les  soldats  se 
divisèrent  également  en  autant  de  sectes  qu'il  y 
avait  de  prédicateurs.  Aussi,  attaqués  à  Bothwell- 
Bridge  par  le  duc  de  Montmouth,  ces  malheu- 
reux furent  presque  tous  massacrés  sans  combat. 
Vers  le  même  temps,  Caméron  fut  tué  dans  une 
escarmouche  à  Au-s-Moss.  Au  moment  même  où 
la  mort  l'allait  frapper,  il  dit  à  son  frère  :  Corne 
let  usfight  out  to  the  last;for  this  is  the  day 
that  I  havelonged,  and  the  day  that  I  hâve 
poragedfor,  to  diefighting  against  the  Lord's 
avowed  eneniies  ;  this  is  the  day  that  we  shall 
get  our  crown  (Viens,  combattons  une  fois  en- 
core ;  ce  jour  est  celui  que  j'attendais,  celui  que 
mes  prières  demandaient  :  mourir  en  combat- 
tant contre  les  ennemis  déclarés  du  Seigneur; 
c'est  aujourd'hui  que  nous  conquerrons  notre 
couronne).  Caméron  se  comporta,  en  effet,  avec 
valeur.  La  tête  de  Caméron  fut  exposée  à  Edim- 
bourg au  bout  d'une  hallebarde,  entre  sçs  de^x 


331  CAMÉRON 

mains  placées  par  dérision  dans  l'attitude  de  la 
prière. 

Bossuet,  Histoire  des  f^ aviations. —  Herman,  Histoire 
des  hérésies,  II,  83.  —  Dictionnaire  de  Trévoux,  1721.  — 
Rose,  New  Biogr.  Dictionary—  James  Rusael,  Appen- 
dice à  l'histoire  de  l'Église  d'Ecosse  de  Kierlcton. — 
Walter  Scott,  tei  Puritains  d'Ecosse  et  la  Prison  d'E- 
dimbourg. 

CAMERS  (Jean),  théologien  italien  et  un  des 
restaurateurs  des  lettres,  né  à  Camerino  en  1468, 
mort  à  Vienne  en  Autriche  en  1546  (selon  Jaco- 
biïli)  ou  en  1556  (selon  d'autres).  Son  véritahle 
nom  était  Jean  Ricuzzi  Vellini,  mais  il  préféra 
lui-même  celui  de  Camers ,  qui  désigne  son  lieu 
de  naissance,  Camerino.  Il  entra  dans  l'ordre 
mineur  de  Saint-François,  ou  ordre  des  Corde- 
îiers,  dont  il  devint  bientôt  provincial  pour  le 
Picénum,  et  enseigna  la  philosophie  à  Padoue. 
Il  fut  appelé  ensuite  en  1499  à  l'université  de 
Vienne,  où  il  professa  pendant  vingt-quatre  ans 
les  belles-lettres,  la  philosophie  et  la  théologie. 
On  dit  que  c'est  lui  qui  introduisit  dans  cette 
université  le  système  de  Duns  Scot;  mais  d'autres 
soutiennent  qu'avant  1433,  c'est-à-dire  soixante- 
dix  ans  avant  Jean  Camers ,  on  l'avait  enseigné  à 
Vienne.  Après  avoir  été  huit  fois  doyen  de  la  fa- 
culté de  théologie,  il  devint  enfin  en  1528  régent 
de  la  maison  conventuelle  de  son  ordre  dans 
cette  ville.  Il  possédait  si  bien  le  grec,  qu'il  cor- 
respondait dans  cette  langue  avec  un  des  plus 
célèbres  hellénistes  de  son  époque,  Marc  Musu- 
ms,  archevêque  de  Malvasie  en  Morée.  On  a  de 
Camers  :  Cl.  ClaudianuscumcommentarusCa- 
mertis  ;  n'a  pas  de  notes,  malgré  la  promesse  le 
Fauteur  ;  Vienne,  1510,  in-4°;  — Annotatïoniim 
in  Lucium  Florvm  Ube/lus;  Vienne,  1511, 
in-4°  (ces  notes  ont  été  reproduites  par  presque 
tous  les  éditeurs  postérieurs  )  ;  —  Index  in  Pom- 
ponium  Melam  (  à  la  suite  du  Pompon.  Mêla 
CMmcas^iga^.  de  Herniol.Barbari);  Vienne,  1512, 
în-4°  ;  —  Dlonysii  Aphri  Geographia  carminé 
latlno  expressa  ab  Prisciano  S.  Jannio  Rhe- 
nio,  cum  comment.  Camertis  ;  Vienne,  1512  , 
in-4°  ;  —  Index  in  C-  Plinii  Historiam  natu- 
ralem  in  duos  partes  distinctus;  Vienne,  1514, 
!n-4°  :  cet  index,  destiné  pour  l'édition  du  Pline 
de  Venise,  1497,  in-fol.,  eut  un  tel  succès  qu'il 
fut  reproduit  dans  toutes  les  éditions  subsé- 
quentes, jusqu'à  ce  que  Hardouin  en  rédigeât  un 
autre  ;  —  Lucius  Floriis,  cum  indice  copiosis- 
simo  ;  Sextus  Ru/us  suo  tandem  nitori  quam 
opiime  reslilutus  ;  Vienne,  1518,  in-4°;  les 
notes  de  Camers  sur  Florus  ont  été  reproluites 
par  Blancard  dans  son  Florus  Varïorum;  1690, 
in-4°  ;  —  C.  Julius  Solinus ,  cum  enarrationi- 
bus  et  indice  Camertis  ;  Vienne,  1520,  in-fol.  : 
quelques  auteurs  regardent  l'édition  de  Bàle  de 
1538,  in-fol.,  comme  une  reproduction  de 
celle  de  Vienne  ;  mais  les  notes  de  celle  de 
Bàle  sont  de  Sébastien  Munster,  qui  se  nomme 
lui-môme, p.  40  et  ailleurs;  l'édition  de  Camers 
renferme  une  argumentation  en  faveur  de  Solin 
contre  Joachira  Vadianus ,  qui  avait  attaqué  la 


~  GAMILLA  332 

véracité  de  Solin  dans  son  édition  de  Mêla, 
Vienne,  1518,  in-fol.;  la  réponse  de  Vadianus 
se  trouve  dans  :  Loca  aliquot  Pompon ianis 
(Melœ)  commentariis  i-epetita  indicataque.f 
in  quitus  censendis  et  sestitnandis  Jo.  Ca- 
merti  suis  in  SoUnum  enarrationibus  cum, 
Joach.  Vadiano  non  ad  modum  convenu  ;  Bàle, 
1522,  petit  in-fol.;  —  Antilogia,  i.  e.  loco- 
rum  quorundam  apud  J.  Solïnum  ab  Joacki 
Vadiano  Helvetio  confutatorum  amica  de- 
fensto;  Vienne,  1522,  in-4°; — L.  Fenestella 
de  Rom.  Magistratibus  nitori  tandem  native 
restitutus  cumAlhrici deimaginibus  Deonim, 
avec  les  notes  de  Camers;  Vienne,  1523,  in-4"; 
—  Theologicx  Facultatis  universalis  studio 
Viennensis  doctorum  in  Paulum,  non  Apos- 
totum,elG.;  Vienne,  1524,  in-8°:  c'est  un  écrit 
polémique  contre  les  protestants,  où  Camers 
pariait  comme  doyen  de  la  Faculté  )  ;  —  Hemis- 
tichiorum  partim  moralium,  partïm  prover- 
bialium  libriVI ;  ibid.,  1527,  in-S";  —  Com- 
mentariolus  in  tabulam  Cebetis ,  publié  par 
Jean  Hérold  avec  Solin ,  Florus  et  Mêla,  d'a- 
près les  travaux  de  Camers;  Bàle,  1557,  1  vol. 
in-fol.;  —  Commentarius  in  Lucanum,  cité 
par  Hérold  dans  la  préface  à  l'ouvrage  nommé 
tout  à  l'heure  ;  —  Justinus,  curante  Camerte, 
que  Thomas  Hearne  assure  avoir  vu  (dans  son 
édit.de  Justin;  Oxford,  1705, in-S"). 

MitterdorfJer,  Histor  univ.  f^ienn.  —  Khautz,  Ges- 
chichte  Oesterreichischer  Oelehrten.  —  Locher,  Spec. 
Acad.  f^ienn.  —  .lacobilli,  Bibl,  Umbriœ.  —  Rampach, 
EvangeUsches  Cesterreich.  —  Freytag,  Apparatus,  t.  !, 
p.  !18.  t.  m,  p.  649.  —  Fabrlcius,  Bibl.  Latin,  —  Clé- 
ment, Biblioth,  curieuse,  vi,  |46. 

CAMERS  {Guarinus  ),  grammairien  grec, 
d'origine  douteuse,  a  vécu,  si  toutefois  l'authen- 
ticité de  ce  personnage  peut  se  confirmer,  dans  I 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle  ;  car  soni 
existence  se  trouve  sur  le  seul  titre  de  son  ou-i| 
vrage ,  fait  en  collaboration  avec  d'autres  :  The^ 
sauriis  cornu copicc  et  horti  Adonidis  ,s.  cor-< 
piis  Grammaticorum  greccorum,  grscce,  studiiij^ 
G^mrint  Camertis  et  Caroii  Antenorei,  com 
silio  Angeli  Politiani ,  omnia  ex  recognitlom 
Aid.  Manutii,  adjuvante  Urbano  Bolzariof 
Venise,  1490,  in-fol. 

Catal.  Bibl.  impér.  Paris. 

CASl-îH.   Voy.  Kang-ih. 

*  CAMii>LA  ,  dame  italienne.  Elle  était  femmrj 
d'un  habitant  des  Glottes  (Marche  d'Ancône)] 
Après  que  son  frère  Félix  Peretti,  cardinal  d 
Montalte ,  eut  été  élu  pape  sous  le  nom  di 
Sixte  V  (  1585  ),  elle  fut  mandée  à  Rome,  et  y  vin 
à  pied,  accompagnée  de  ses  petits  enfants.  Le 
cardinaux  de  Médicis,  d'Esté  et  d'Alexandri 
vinrent  au-devant  d'elle,  et  la  conduisirent  dau 
un  palais ,  où  ils  la  firent  habiller  en  princesse 
croyant  faire  ainsi  la  cour  au  nouveau  pontife 
qu'ils  savaient  aimer  cette  sœur  avec  tendresse 
Ces  cardinaux  la  conduisirent  ensuite  chez  1 
pape,  et  la  lui  présentèrent  ;  mais  Sixte  V,  I 
voyant  avec  des  habits  si  magnifiques ,  fit  seir 


333 


CAMILLA  —  CAMILLE 


834 


blaiit  de  ne  pas  la  connaître,  et,  sans  lui  adresser 
la  parole,  se  retira  dans  une  autre  salle.  Carailla 
"Hiipritlaleçon,  et  retourna  le  lendemainau  Vati- 
I  ,\vec  ses  habits  ordinaires.  Le  pape  la  fit  en- 
i  I  aussitôt,  et  l'embrassant  devant  tous  lui  dit  : 
-  Vous  êtes  à  présent  ma  sœur,  et  je  ne  pré- 
(  tends  pas  qu'un  autre  que  moi  tous  donne 
.  la  qualité  de  princesse.  »  Il  la  logea  dans  le 
)alaisde  Sainte-Marie-Majeure,  et  lui  assigna  une 
jcnsion  convenable;  mais  il  la  pria  formelle- 
nent  de  n'intervenir  dans  aucune  affaire  et  de 
le  lui  demander  aucune  grâce.  Elle  y  obéit  si 
lonctuellement,  qu'elle  se  contenta  d'obtenir  des 
lululgences  pour  une  confrérie  établie  dans  l'é- 
lise du  Refuge,  à  Naples. 
Gregorio  Letl,  Histoire  du  pape  Sixte  V. 

cxMiiji,A  (Giacoma-Anionia) ,  artiste  dra- 
iiatique  française,  d'origine  italienne,   née  à 

euise  en  1735 ,  morte  à  Paris  en  1768.  Son 
iom  de  famille  était  Véronèse.  Elle  débuta  à 
'ans  en  1744  ,  âgée  seulement  de  neuf  ans.  La 
lonpe  italienne  dans  laquelle  Véronèse  rem- 
ii^sait  le  rôle  de  Pantalon  dut  longtemps  ses 
accès  à  la  jeune  Camilla,  qui  était  aussi  gra- 
ieuse  dans  la  danse  que  dans  la  comédie.  Ses 
riiicipales  créations  sont  dans  les  Deux  Sœurs 
rivales;  l'Enfant  d'Arlequin  perdu  et  re- 
rouvé;  les  Tableaux,  comédie  de  Panard, 
te,  etc. 

Chaudon  et  Delandiné,  Nouveau  Dictionnaire  histo- 
iirae. 

*  CAMILLE,  jeune  Romaine,  vivait  en  667 

rant  J.-C.  Les  Romains  et  les  Albains,  étant  en 
rosence,  firent  un  traité  par  lequel  ils  convinrent 
e  remettre  leurs  différends  au  sort  d'un  com- 
)at  singulier  de  trois  guerriers  choisis  par  cha- 
[ue  nation  :  la  ville  dont  les  champions  succom- 
beraient deviendrait  tributaire  de  l'antre.  Les 
\omains  élurent  les  trois  frères  Horaces,  les 
AJbaias  désignèrent  les  trois  frères  Curiaces. 
;^ar  un  hasard  malheureux,  ces  familles  étaient 
liées  parle  mariage  de  l'aîné  des  Horaces  avec 
iîabine,  sœur  des  Curiaces,  et  l'un  de  ceux-ci 
[';tait  fiancé  avec  Camille,  sœur  des  Horaces. 
■Vlalgré  ces  alliances,  le  combat  eut  lieu,  et  seul 
'aîné  des  Horaces  en  revint.  Lorsqu'il  rentra  dans 
nome,  Camille  fit  entendre  les  éclats  de  sa  dou- 
î  eur,  et  maudit  une  victoire  qui  la  privait  de  son 
[imant.  Horace,  cédant  à  une  colère  que  les  dan- 
gers qu'il  venait  de  courir  avaient  surexcitée, 
ui  plongea  son  épée  dans  le  sein,  en  s'écriant  : 
(  Va  le  rejoindre  ,  puisqu'il  te  fait  oublier  tes 
«  frères  morts  ,  celui  qui  vit,  et  la  patrie  elle- 
I"  même  !  Qu'ainsi  périsse  toute  Romaine  qui 
i«  pleurera  un  ennemi  !  »  Ce  fratricide  ne  pou- 
Ivait  rester  impuni.  Tullus  Hostilius,  roi  de  Rome, 
:  nomma  aussitôt  des  décemvirs  pour  juger  Ho- 
irace;  il  fut  condamné  à  mort  :  déjà  les  licteurs 
i  lui  liaient  les  mains,  lorsque  son  père  en  appela 
[au  peuple.  On  lui  fit  grâce  de  la  vie,  mais  il  fut 
î  condamné  à  une  grosse  amende,  et  une  poutre 
Icoramémorative  fut  élevée  devant  sa  porte,  afin 


que  le  meurtrier  fût  forcé,  chaqne  fois  qu'il  sor- 
tait ou  rentrait,  de  se  souvenir  de  son  crime. 
Corneille  a  fait  de  ces  événements  dramatiques 
le  sujet  d'un  de  ses  chefs-d'œuvre,  sous  le  titre 
d'Horace. 

Tlte-LIve.— Denys  d'HalIcarnasse.  —  Nlebuhfi  Histoire 
romaine.  —  y4rt  de  vérifier  les  dates. 

CAMILLE  OU  CAMILLCS  {Marcus  Furtus), 
général  romain,  mort  365  ans  avant  J.-C.  11  était 
issu  de  la  famille  patricienne f^/ia  ,  et  se  rendit 
célèbre  par  le  nombre  de  ses  dictatures  et  la 
gloire  qu'il  sut  acquérir  en  combattant  les  enne- 
mis de  sa  patrie.  L'an  401  avant  J.-C,  il  fut  éhi 
tribun  militaire.  Depuis  dix  ans  (  404-395  )  les 
Romains  assiégeaient  sans  succès  la  ville  de 
Véies,  l'une  des  plus  importantes  de  l'Étrurie,  et 
qui  ne  le  cédait  pas  même  à  Rome  pour  sa  ri- 
chesse et  pour  la  valeur  de  ses  habitants ,  lors- 
que Camille  fut  nommé  dictateur.  Désespérant 
de  s'emparer  de  cette  place  par  la  force ,  il  fit 
creuser  un  souterrain  par  lequel  ses  troupes 
arrivèrent  jusque  dans  la  citadelle  et  d'où  elles 
se  répandirent  dans  la  ville,  qui  fut  livrée  au 
pillage.  Les  prisonniers  furent  vendus  à  l'encan, 
et  le  produit  de  cette  vente  fut  versé  dans  les 
trésors  de  la  république.  Les  Véiens  ayant  été 
secourus  par  les  Falisques,  Camille  marcha  con- 
tre ces  derniers.  Les  enfants  des  familles  les 
plus  illustres  de  la  ville  étaient  sous  la  conduite 
d'un  maître  d'école;  celui-ci  vint  offrir  à  Camillede 
les  lui  livrer;  mais  le  dictateur,  justement  indigné 
de  cette  proposition ,  fit  attacher  les  mains  du 
traître,  et  ordonna  aux  élèves  de  le  ramener  dans 
la  ville  à  coups  de  verge.  Les  Falisques,  touchés 
de  cette  action  généreuse ,  se  rendirent  aux  Ro- 
mains. Camille  fut  payéd'ingratitude  par  ses  conci- 
toyens ,  qu'il  avait  blessés  par  la  magnificence 
inusitée  de  son  triomphe,  et  qu'il  avait  ensuite 
lésés  dans  leurs  intérêts  en  exigeant  la  restitu- 
tion de  la  dixième  partie  du  butin  pour  la  con- 
sacrer aux  dieux ,  et  en  s'opposant  à  ce  que  la 
moitié  des  habitants  de  Rome  allât  s'établir  à 
Véies.  Il  fut  accusé  de  s'être  approprié  une  par- 
tie du  butin  de  la  ville  conquise.  Dédaignant  de 
répondre  à  cette  accusation ,  il  s'exila  volontai- 
rement; et  lorsqu'il  apprit  qu'il  avait  été  condamné 
à  payer  une  amende,  il  demanda  aux  dieux  ,  en 
quittant  sa  patrie,  que  les  Romains  fussent 
forcés  de  le  regretter.  Son  vœu  ne  tarda  pas  à 
se  réaliser.  Les  Gaulois  ,  sous  la  conduite  de 
Brennus,  s'étant  emparés  de  Rome  l'an  365  <lela 
ville,  le  sénat  rappela  Camille,  qui  fut  honoré 
une  seconde  fois  de  la  dictature.  Ayant  ramené 
avec  lui  les  Romains  échappés  au  fer  des  Gau- 
lois, Camille  rompit  le  traité  par  lequel  Rome 
avait  consenti  à  donner  mille  livres  pesant  d'or 
pour  obtenir  la  paix,  ajoutant  que  ce  n'était  pas 
avec  de  l'or,  mais  avec  du  fer,  que  les  Romains 
se  rachetaient.  Bientôt,  en  effet ,  vainqueur,  il  re- 
çut, avec  les  honneurs  du  triomphe,  le  surnom 
de  Romulus  et  de  second  fondateur  de  Rome. 

Camille,  profitant  de  ce  que  le  sénat  lui  av.;<it 


335 


prorogé  ses  fonctions,  calma  les  séditions  que  les 
tribuns  excitaient  parmi  le  peuple,  et  détourna 
les  habitants  de  s'établir  à  Véies,  comme  ils  le  de- 
mandaient impérieusement  depuis  que  Rome  était 
devenue  un  monceau  de  cendres.  Nommé  dicta- 
teur pour  la  quatrième  fois  l'an  de  Rome  366 , 
ce  grand  citoyen  battit  les  Volsques,  les  Èques, 
les  Étrusques  ,  etc.,  et  obtint  pour  la  troisième 
fois  les  honneurs  du  triomphe.  L'an  372,  les 
Volsques  ayant  encore  déclaré  la  guerre  aux 
Romains,  Camille,  qui  commandait  en  qualité  de 
tribun  militaire,  les  soumit  de  nouveau  ,  après 
avoir  remporté  sur  eux  plusieurs  victoires  écla- 
tantes. L'an  387,  les  Gaulois  ayant  tenté  de 
nouvelles  invasions ,  Camille,  nommé  dictateur 
pour  la  cinquième  fois,  marcha  contre  eux  mal- 
gré son  grand  âge ,  et  délivra  sa  patrie  de  ces 
ennemis  redoutables,  après  les  avoir  complète- 
ment battus  sur  les  bords  de  l'Anio.  Cet  homme 
illustre,  cette  même  année,  se  rendit  maîti-e  de 
Vélitre,  ville  du  Latium. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  sur  les  champs 
de  bataille  que  l'autorité  de  Camille  était  res- 
pectée :  souvent,  et  toujours  avec  succès ,  il 
intervint  entre  le  sénat  et  le  peuple  pour  faire 
valoir  les  droits  de  chacun,  ou  pour  calmer  l'ef- 
fervescence de  l'un  et  de  l'autre;  c'est  sous  sa 
médiation  qu'une  loi  déclara,  l'an  de  Rome  388, 
qu'à  l'avenir  un  des  deux  consuls  serait  plébéien. 
L'année  suivante  ,  Camille  mourut  d'une  peste 
violente  qui  enleva  un  grand  nombre  de  citoyens 
distingués.  Les  Romains,  pour  éterniser  la  mé- 
moire de  Camille,  lui  élevèrent  une  statue  dans 
le  forum.  [Enc  des  g.  du  m.  ] 

Polybe,  t.  U,  p.  18.  —  Plutarque  ,  rie  de  Camille.  — 
Tite-Live  ,  1.  V.  —  Suétone.  —  Aurélius  Victor,  c.  22.  — 
Florus.'l.  I.  —  Diodore.  —  Orose. 

CAMILLE  OU  CAMILLtIS  (LUCiUS  FUTIUS)  , 

dictateur  romain,  fils  du  précédent.  L'an  350 
avant  J.-C,  les  Gaulois,  ayant  fait  une  nouvelle 
incursion  sur  les  terres,  étaient  même  parvenus 
à  occuper  la  citadelle  d'Albe,  malgré  l'échec 
que  leur  avait  fait  éprouver  le  consul  plébéien 
M.  Popilius  Laenas.  Le  sénat  résolut  de  nom- 
mer un  dictateur,  les  deux  consuls  étant,  l'un 
blessé,  l'autre  malade.  Cette  mesure  n'était  pas 
tant  pour  sauvegarder  la  chose  publique,  qu'afin 
de  tenir  les  comices  consulaires  en  l'absence  de 
Popilius  et  de  faire  rétablir  les  patriciens  dans 
le  consulat.  Les  sénateurs  élurent  dictateur  L.  Fu- 
rius  Camillus,  qui  choisit  pour  maître  de  la  ca- 
valerie P.  CornéUus  Scipion,  et  réussit,  suivant 
les  vues  des  pères  conscrits,  à  faire  élire  con- 
suls deux  patriciens,  qui  furent  lui-même  et 
Appins  aaudius  Crassus.  Après  la  mort  de  Cras- 
sus,  Camille  fut  encore  obligé  de  s'opposer 
aux  Gaulois,  et  il  parvint  aies  vaincre.  Ce  fut 
dans  ce  combat  que  le  tribun  M.  Valerius,  ayant 
accepté  le  défi  d'un  Gaulois  gigantesque,  de- 
vint, dit-on,  vainqueur  par  l'aide  d'un  cor- 
beau qui  ne  cessait  de  harceler  le  Gaulois  (  405  de 
Rome,  349  avant  J.-C.  ).  Camille  fut  nommé  de 


CAMILLE  —  CAMILLO  336 

nouveau  consul  avec  C.  Mœnius  Népos  (417  de 
Rome,  337  avant  J.-C).  Les  deux  consuls 
défirent  entièrement  les  Latins,  et  furent  honorés 
de  statues  équestres.  Camillo  prit  aussi  Antiurn, 
et  s'étant  emparé  de  toutes  les  galères  qui  se 
trouvaient  dans  le  port,  il  en  fit  détacher  les 
becs  ou  proues  d'airain,  qu'il  fit  placer  autour 
de  la  tribune  aux  harangues  ,  qu'on  appela  de- 
puis Rostra,  l'an  430  de  Rome,  324  avant  J.-C. 
Camille  fut  encore  consul  avec  Décius  Julius 
Brutus  Scœva,  et  marcha  contre  les  Samnites]; 
mais  il  mourut  en  route  ,  laissant  ses  troupes  à 
L.  Papirius  Cursor. 

Tite-Live,  I.  Vil  et  VIII  -Pline,  1.  XXXIV,  c.  S  — Flnrus. 
—Aurélius  Victor,  c.  29.  —  Aulu-Gelle,  Noct.  att.,  1.  IX,  I. 

CAMILLE  ( fMmw ),  proconsul  romain,  vi- 
vait dans  la  première  moitié  du  deuxième  siècle 
de  J.-C.  Favori  de  Tibère  et  n'ayant  jusqu'alois 
donné  aucune  preuve  de  son  habileté ,  on  fut 
surpris  de  lui  voir  conférer  le  proconsulat 
d'Afrique,  l'un  des  plus  importants  et  des  plus 
difficiles  de  l'empire.  Tacfarinas,  chef  numide, 
déserteur  des  Romains ,  allié  avec  le  chef  des 
Maures  Cyninthiens ,  ayant  attaqué  les  posses- 
sions romaines,  Camille  marcha  contre  eux  avec 
une  seule  légion  et  quelque  cavalerie  étrangère, 
et  les  défit,  malgré  la  supériorité  de  leurs  foi- 
ces.  Le  sénat,  sur  la  proposition  de  Tibère,  lui 
décerna  le  triomphe  l'an  de  Rome  770  (17  de 
l'ère  chrétienne). 

Tacite,  Annal.,  1.  II  et  iv.  ^ 

CAMILLE  ou  CAMILLUS  DE  LELLIS.  VoiJ. 
Lellis. 

CAMILLI  (  Camillo),  littérateur  et  poète  ita- 
lien, natif  de  Sienne ,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Medi- 
tazioni  molto  dévote  sopra  alcuni  passi  délia 
vitadi G.-C,  tradotte dalla  lingua spagnuola, 
Venise,  1580,  in-4°;  —  Cinque  canti  aggmnti 
al  Gqffredo di  Tasso ^Yenise,  1 583, in-4°; chants 
ajoutés  aux  éditions  de  la  Jérusalem  délivrée, 
du  Tasse;  Ferrare,  1585,  in-12;  Venise,  1599, 
in-12;Ferrare,  1652,in-24;  —  un  recueil  d'épi- 
thètes  dans  l'édition  de  YOrlando  furioso; 
Venise,  1584,  in-4°;  —  Impresse  illustrï  d'i 
dlversï,  cd'  discorsi  di  Cam.  Camïlli;  Venise. 
1586,  2  tom.  in-4°,  avec  figures  dessinées  pat 
Porro  ;  —  V  Epïstole  d''  Ovidio ,  tradotte  in 
terza  rima;  Venise,  1587,  in-12;  —  Vocahi- 
lario  de  las  dos  lenguas  toscana  y  castel- 
lana,  de  Christor.  de  Las  Casas,  accresciutc 
da  Cam.  Camilli  ;  Yenise,  1591,  in-8°. 

Catal.  Bibl.  impér.  Paris.—  Paitoni,  Bibl.  degli  art 
volgarizz,  III.  77. 

CAMILLO  (Jules),  surnommé  Delminio. 
de  Delminium  (ville  de  Dalmatie,  dont  sa  fa- 
mille tirait  son  origine),  né  à  Forli  en  1479, 
mort  en  1550.  Aussitôt  ses  études  terminées. 
il  fut  reçu  professeur  à  Bologne.  Il  était  très- 
versé  dans  la  cabale  et  la  philosophie  des  Égyp- 
tiens. Voulant  fournir  des  matériaux  et  des 
idées  à  ceux  qui  désiraient  se  perfectionner  dans  j 
les  règles  du  langage ,  il  tira  des  exemples  des 


37 


CAMILLO  —  CAMINATZIN 


338 


us  (éloquents  maitres,  et  il  les  disposa  dans  un 
liai»  nombre  de  tiroirs  étiquetés;  puis,  les 
araiit  dans  une  grande  machine  de  bois  ayant 

tonne  d'amphithéâtre,  il  la  présenta  à  Fran- 
is  I""",  qui  loua  son  intention,  et  lui  donna 
()  ducats  pour  la  perfectionner.  Mais  il  mou- 
t  sans  avoir  pu  rendre  ce  projet  applicable,  bien 
l'il  y  eût  travaillé  quarante  années  et  dépensé 
00  ducats.  On  a  de  Camillo  :  Délie  materie 
c  possono  venir  sotto  lo  stile  deW  elo- 
lenfe  ;  —  Bella  imitazione  :  ces  deu\  trai- 
;  sont  réunis  en  un  seul  vol.;  Venise,  1544, 
4'.  ;  — le  Idée  ovvero  forme  délia  orazione 

Ermogene,  considerate  e  ridotte  in  lingua 
iliana;  Venise,  1594,  in-4°  ;  —  Artificio 
lia  scrivere  e  giudicare  le  ben  scritte  ora- 
mi;  Venise,  1602,  in-4'';  —  Modo  di  ben 
are,edel  compor  le  orazioni;  Venise,  1608, 
4";  —  Idea  del  teatro ;  Florence,  1550, 
k";  —  un  poëme  latin  adressé  à  Bembo.  Ses 
ésies  latines  se  trouvent  dans  les  Deliciee  Poe- 
■um  Italorum. 

U\\\m  ,\  Teatro  d' uoniiniletterati.  —  Gabbius,  de 
iptoribus  non  eceles.  —  Cresclmbeni ,  Istoria  délia 
jar  poesia. 

:4MiLLO.  Voy.  Imcontri. 

:àmillo  (François),  peintre    espagnol, 

rigine  florentine,  né   à  Madrid    en    1610, 

rien  1671.  Son  père  Dominique  étant  mort, 

mère  épousa  en  secondes  noces  Pedro  de  las 

evas,  peintre  estimé,  qui  éleva  Camillo  avec 

ite    la  tendresse  d'un    père.    Il  en   fit  en 

'  Mques  années  un  élève  si  distingué,  qu'on  le 

(  )isit  à  dix-huit  ans  pour  exécuter-  le  maître- 

.  ei  des  Jésuites  de  Madrid.  Camillo  y  représenta 

■  ni  François  de  Borgia,  un  saint  sacrement 

.  a  main,  ayant  à  ses  pieds  une  immense  quan- 

'  de  fidèles.  Cette  production  fit  beaucoup 

uonneur  au  jecne  artiste,  qui  travailla  avec 

lit  de  zèle,  que  le  comte-duc  d'Olivarès  le 

«iigna  pour  peindre  les  rois  d'Espagne  dans 

halle  de  spectacle  du  Buen-Retiro.  Ce  fut  encore 

(tnillo  qui  fut  choisi  pour  exécuter,  dans  le 

ime   palais,   quatorze  fresques  représentant 

itant  de  sujets  tirés  des  Métamorphoses  d'O- 

lie.  Infatigable,  il  faisait  en  outre  beaucoup 

itableaux  pour  des  amateurs.  Ses  compositions, 

lin  coloris  frais  et  suave,  étaient  toujours  d'un 

tisin  correct  ;  mais  il  sacrifiait  un  peu  trop  au 

i\i  de  son  temps,  qui  déjà  s'éloignait  des  belles 

imes  antiques.  Tolède,  Madrid,  Alcala,  Balle- 

^  i ,  le  Pardo,  le  Paular,  Ségovie ,  Salamanque, 

ni  décorés  de  ses  œuvres.  On  y  remarque 

Hout  :  deux  traits  de  sainte  Léocadie,  à  To- 

|ie;  —  la  Vierge  de  Belem,  à  Madrid;  — 

iànti  Marie  Égyptienne  et  la  Communion 

I  Sozime,  à  Alcala; —  la  Descente  de  Croix, 

i  iégovie  ;  —  et  surtout  Saint  Charles  Borro- 

j;e,  à  Salamanque. 

j'iuilUei,  nietionnaire  des  Peintres  espagnols. 
JCAMILLITS  SCRIBONIANVS.     Voy.    SCRIBO- 

j<rs. 


XcAMiNADE  (Alexandre-François  ),  peintre 


français  d'histoire  et  de  portraits ,  né  à  Paris  en 
1783,  élève  de  David  et  de  Mérimée.  Les  églises 
de  Saint-Nicolas-des-Champs,  de  Saint-Étienne- 
du-Mont,  de  Saint-Médard ,  renferment  des  ta- 
bleaux de  M.  Caminade.  Le  musée  de  Versailles 
contient  de  lui  plusieurs  batailles,  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  l'Entrée  de  l'armée  fran- 
çaise dans  la  ville  d'Anvers  le  17  juillet  1794, 
exposée  en  1838.  Il  a  peint,  pour  la  troisième 
chambre  de  l'ancien  conseil  d'État,  quatre  dessus 
de  porte  représentant  les  Génies  de  Numa, 
de  Moïse,  de  Justinien,  et  de  Charlemagne.  Il 
a,  en  outre,  exposé  un  très-grand  nombre  de 
portraits. 

M.  Caminade  a  obtenu,  aux  concours  de 
l'École  des  beaux-arts,  une  médaille  d'or  en 
1806,  le  deuxième  grand  prix  en  1807  ,  et  une 
médaille  à  la  suite  du  salon  de  1812,  où  il  a  ex- 
posé six  portraits.  P.  Ch. 

Gabet,  Dictionnaire  des  Artistes.  —  Livrets  des  Sa- 
lons. 

CAMINATZIN  OU  CACUMAZiN,  roi  mexicain, 
tué  à  Mexico  en  1521.  Il  était  neveu  de  Monte- 
zuma,  empereur  du  Mexique,  et  régnait  a  Texcuco, 
seconde  ville  principale  de  l'Anabuac.  Les  nobles 
et  les  prêtres  mexicains,  meilleurs  citoyens  que 
leur  monarque,  voyaient  avec  indignation  l'avi*- 
lissement  dans  lequel  les  Espagnols  plongeaient 
leur  pays;  ils  brûlaient  de  secouer  le  joug  d'une 
poignée  d'aventuriers.  Caminatzin,  jugeant  le 
moment  favorable  pour  réveiller  le  courage  na- 
tional, proposa  à  ses  vassaux  de  déclarer  la  guerre 
aux  étrangers.  La  proposition  fut  accueillie  avec 
enthousiasme.  Cortès  fut  vivement  inquiété  de 
cette  insurrection ,  qui  menaçait  de  s'étendre 
dans  les  provinces  voisines  de  Mexico,  lesquelles, 
à  cause  de  leur  proximité ,  avaient  eu  plus  à 
souffrir  de  l'orgueil  des  vainqueurs,  encouragés 
par  les  condescendances  de  Montézuma.  Cami- 
natzin, loin  de  suivre  l'exemple  et  les  conseils 
de  son  oncle,  somma  les  Espagnols  d'évacuer 
sur-le-champ  le  pays,  s'ils  ne  voulaient  se  voir 
tra:ités  en  ennemis  et  repoussés  par  tous  les 
moyens  qu'autorisent  l'amour  de  l'indépendance 
et  la  conviction  du  bon  droit.  A  ce  langage  d'un 
homme  de  cœur,  Cortès,  en  guerrier  courageux, 
ne  répondit  qu'en  se  préparant  à  marcher  contre 
le  prince  qui  osait  se  déclarer  si  ouvertement 
son  ennemi.  Mais  Montézuma,  plus  soigneux  des 
intérêts  des  Espagnols  que  de  ceux  de  ses  sujets, 
représenta  au  général  espagnol  qu'il  n'était  pas  pru- 
dent d'aller  attaquer  une  ville  aussi  forte  que  Tex- 
cuco (1),  au  milieu  d'un  pays  très-peuplé  et  pré- 
paré à  une  défense  sans  merci.  Cortès  renonça 
donc  à  l'emploi  de  la  force,  pour  recouru*  à  la 
trahison.  Montézuma  invita  son  neveu  à  se  ren- 
dre près  de  lui,  afin  de  se  réconcilier  avec  les  Es- 
pagnols. Le  piège  était  trop  grossier  pour  que 
Caminatzin  s'y  laissât  prendre  :  il  répondit  qu'il 
ne  voulait  rentrer  à  Mexico  que  pour  anéantir  les 

(1)  Elle  comptait  quarante  mille  maisons,  au  dire  4e 
Bernai  Diaz. 


339 


CAMINATZIN  —  CAMINHA 


34 


tyrans  de  sa  patrie.  Blessé  des  reproches  que 
lui  adressait  son  neveu  sur  sa  pusillanimité, 
Montézuma  dépêcha  secrètement  des  émissaires 
à  Texcuco,  avec  ordre  de  s'emparer  du  jeune 
prince  par  tous  les  moyens  possibles.  Vendu  par 
ses  frères  et  ses  principaux  officiers,  il  fut  saisi 
et  livré  à  Cortès,  qui  le  fit  mettre  en  prison,  et  le 
fit  remplacer  sur  le  trône  par  son  frère  Cuit- 
cuitzcatzin.  Délivré  probablement  par  les  Mexi- 
cains après  l'expulsion  des  Espagnols,  on  le  sup- 
pose mort  dans  le  terrible  siège  de  Mexico,  qui 
dura  depuis  le  30  mai  jusqu'au  13  août,  et  pendant 
lequel  environ  cent  cinquante  mille  Atzèques  pé- 
rirent par  le  fer  et  la  famine. 

Bernai  Diaz,  Histoire  de  la  conquête  du  Mexique.  — 
Lopez  de  Gomera,  Histoire  générale  des  Indes.  —Cor- 
tès, Lettres.  —  Antonio  de  Herrera,  Histoire  générale 
des  gestes  des  Castillans  dans  les  lies  et  terres  de  la 
mer  Océane.  —De  la  Renaudière,  Mexique,  dans  l'U- 
nivers pitt.  —  W.  Prescott,  Histoire  de  la  conquête  du 
Mexique. 

CAMiNEB  (Dominique),  historien  et  littéra- 
teur italien,  né  à  Venise  en  1731,  mort  à  Angui- 
colo  le  3  novembre  1796.  Après  avoir  travaillé 
au  Nuovo  Postiglione  de  Zanetti,  il  publia  VEu- 
ropa  letteraria,  1768-1774,  en  cinquante-huit 
volumes,  et  donna  à  ce  recueil  périodique  le  titre 
de  Giornale  enciclopedico.  En  1777  il  interrom- 
pit le  Giornale,  que  devait  continuer  sa  fille  Eli- 
sabeth, pour  la  Storia  deW  anno,  dont  il  publia 
plus  de  30  vol.  in-8°.  Il  écrivit  aussi  une  conti- 
nuation du  Tableau  de  la  révolution  des  colo- 
nies anglaises  de  P Amérique  septentrionale , 
de  Raynai.  On  a  en  outre  de  lui  :  Storia  délia 
guerra  per  la  successione  degli  Stati  di  Ba- 
viera;  —  Storia  del  regno  di  Corslca;  — Sto- 
ria délia  guerra  tra  la  Prussia  e  la  Porta 
Ottomana  ;  —  Vita  di  Frederico  II,  5  volumes. 

Moschini,  Letteratura  P'eneziana,  IV,  121. 

CAMiNER-TURBA  [Elisabeth),  femme-au- 
teur italienne,  fille  du  précédent,  née  à  Venise 
en  1751,  morte  en  1796.  Une  éducation  soignée, 
secondée  d'ailleurs  par  ses  facultés  naturelles,  la 
mit  en  état  de  se  faire  connaître  dès  l'âge  de  dix- 
huit  ans  parla  traduction  du  drame  de  l'Honnête 
Criminel  de  Fenouillot  de  Falbaire,  qui  fut  joué 
ensuite  sur  toutes  les  scènes  italiennes,  sous  le 
titre  de  YOnesto  Colpevole.  Elle  continua  ainsi 
de  traduire  les  ouvrages  les  plus  remarquables 
des  théâtres  étrangers.  En  1771,  elle  épousa  le 
docteur  Antonio  Turra,  de  Vicence;  puis  elle  con- 
tinua du  vivant  même  de  son  père ,  empêché  par 
l'état  de  sa  santé,  le  Giornale  enciclopedico, 
qu'elle  mena  du  &T  au  233^  vol.  Elle  y  écrivit  de 
nombreux  et  souvent  remarquables  articles.  Elle 
eut  des  relations  d'amitié  et  de  correspondan- 
ces avec  les  célébrités  italiennes  de  l'époque. 
D'après  le  biographe  Tipaldo,  elle  mourut  d'une 
maladie  ordinaire,  et  non  à  la  suite  d'un  coup  de 
poing  lancé  par  un  soldat  ivre.  Outre  les  ou- 
vrages déjà  mentionnés,  on  a  d'elle  :  Composi- 
zioniteatrali;Y(iais.e,i712-l77i-i77G,  20 volu- 
mes in-S»  ;  — Per  leNozze  Uisconzi  Ceroni,ot- 


tave  ;  1785 ,  in-8°.  Caminer-Turra  a  aussi  tri 
duit  des  écrits  de  Berquin  et  de  Gessner. 

Tipaldo,  Biog.  degli  Ital.  illustri,  V. 

*  CAMINHA  (  Pedro  Vaz  de  ) ,  voyageur  pa 
tugais,  vivait  à  la  fin  du  quinzième  et  au  comme 
cément  du  seizième  siècle.  En  1500,  il  s'embarqi 
pour  les  Indes  avec  l'expédition  de  Cabrai  < 
qualité  d'écrivain  de  l'Almoxarife,  ou  receveur 
l'impôt  royal,  qui  devait  administrer  la  factorei 
de  Calicut.  Dans  l'emploi  qu'il  remplissait ,  il  avi 
pour  (îoUègue  un  certain  Gonçalo  Gil  Barbes 
Parvenu  déjà  à  un  âge  mûr  lorsqu'il  s'embarq 
pour  la  mémorable  expédition  qui  eut  lieu  apr 
celle  de  Gama,  il  avait  unepartiede  sa  famille  é1 
blic  à  Saint-Thomas.  Grâce  au  rare  talent  d'o 
servation  dont  Caminha  était  doué,  grâce  surto 
à  la  facile  naïveté  de  son  style,  le  Brésil  eut 
historien  le  jour  même  de  sa  découverte.  Da 
une  lettre  étendue,  écrite  à  Emmanuel  et  dal 
du  l^''mai  1500,  Caminha  décrit  admirablemc 
les  sites  qu'il  a  sous  les  yeux  et  les  traits  saillai 
de  la  nation  des  Tupiniquins,  que  les  Poitug; 
trouvèrent  en  possession  de  cette  belle  contrée, 
lettre  de  Caminha  a  acquis  une  certaine  célébri 
Renfermée  dans  les  archives  de  la  Torre 
Totnbo,  à  Lisbonne,  elle  ne  fut  mise  en  évidèr 
qu'un  peu  avant  l'année  1790,  par  Muiioz,  l'I) 
toriographe  en  titre  du  nouveau  monde.  En  18. 
le  P.  Manoel  Ayres  de  Cazal  la  publia  intégi'a 
ment,  mais  avec  cnielques  erreurs  (1),  dans 
premier  vol.  de  la  Corografia  Brasllica;  l'i 
teur  de  cet  article  en  donna  une  traduction  vi 
1821.  Elle  fut  reproduite  dans  le  Journal  c 
voyages  de  Verneur.  M.  d'Olfers  !'a  traduite 
allemand  dans  Feldnefs  Reisen  chirch  Bra 
lien,  1828,  t.  n,  p.  159. 

L'Institut  historique  et  géographique  de  Rio 
Janeiro  veut  en  donner,  dit-on,  une  édition,  i 
périeure  aux  précédentes,  dans  la  Revïsla  trinu 
sal,  d'après  une  copie  exacte  qui  lui  a  été  reixl: 
par  M.  Adoifo  de  Varnhagen.  M.  de  Hurabold' 
soumis  la  lettre  de  Caminha  à  une  critique 
mineuse,  et  il  en  a  fait  ressortir  l'incontestai 
valeur.  On  suppose  que  son  auteur  périt  dans; 
déplorable  échauffourée  qui  eut  lieu  à  Calic 
sous  l'influence  des  commerçants  mahométi 
établis  à  Calicut,  et  dans  laquelle  l'AIrnoxai 
Correa  montra  tant  de  résolution,  sans  pouvi 
sauver  les  membres  de  la  factorerie.  Ce  fa 
événement  eut  lieu  le  16  décembre  1500.  L'o 
nion  qui  place  Caminha  au  nombre  des  victin 
n'est  basée,  du  reste,  que  sur  une  suppositij 
Aucun  document  ne  fait  mention  de  lui  api 
l'expédition  de  Cabrai.       FE^!DINA^D  Djînis. 

Alex,  de  Humboldt,  Histoire  de  la  Gc.O(iriip!iie  duik 
veau  Continent.  —  Cazal ,  Corngraflu  Brasilicai 
Fcrd.  Denis,  Brésil  (dyns  la  colleetion  do  l'Univers). 

CAMINHA  (  Ped7'o  DE  Ar<DRADE  ) ,  poëtc  p< 
tugais,  né  à  Porto,  mort  en  1594.  Lié  avec  t( 

(1)  Elle  a  été  insérée  aussi  dans  tm  recueil  publié  | 
l'Acndémie  des  Sciences  de  Lisbonne,  sous  le  titre  del 
leccâo  de  noticia  para  la  historia  e  geografta  des  h 
ôes  çuttramarinas,  livre  trop  peu  consulté  en  Fraff 


(t  CAMINHA 

■;  poëtes  éminents  de  la  seconde  moitié  du  sei- 
•inr  siècle,  il  resta  étranger  comme  eux  aux 
>tiiiées  dcCamoëns.  C'est  un  poëte  correct, qui 
distingue  surtout  par  son  élégance  :  il  a  même 
^'  rangé  parmi  les  classiques  ;  mais  il  manque 
i  général  de  mouvement.  Poëte  de  cour,  il  n'a- 
it pas  laissé  de  souvenirs  bien  profonds  dans 
I  siècle,  et  il  était  resté  inédit  jusqu'à  la  fin 
(]i\-liuitième,  lorsqu'en  1791  deux  membres 
l'Académie  trouvèrent  le  recueil  de  ses  poé- 
I  s  parmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  da 
laça.  F.  Joaquim  Forjaz  et  Correa  de  Serra 
1  irent  imprimer  en  1791,  sous  le  simple  titre  de 
poeticasde  Pedro  de  Andrade  Caminha, 
icadas  de  ordem  da  Academia,  etc., in-8°. 
(  en  a  réimprimé  des  fragments  dans  plusieurs 
1  noils.  Doua  Paschoela  Coutinho,  épouse  de 
♦  iiiiiha,  a  laissé  un  recueil  de  maximes  qui 
(  t  jadis  conservé  dans  la  bibliothèque  de  Ma- 
\  1  Severira  de  Faria.        Ferdinand  Denis. 

ttalogo  dos  Mit07-es,  dans  le  grand  Dictionnaire  del'A- 
(j  ■mie.  — Adamson,  Lusilania  illustrata;  Newcastle, 
i  ,  pot.  ln-80.  —  ParnassojLusitano.  —  Fard.  Denis, 
i  ///,'(•  de  l'histoire  littéraire  de  Portugal. 

lA.MiNO  {Biaquïn  de),  seigneur  de  Trévise, 
•^  lit  au  commencement  du  treizième  siècle.  Il 
tita,  comme  beaucoup  d'autres  seigneurs  ita- 
s,  des  querelles  incessantes  des  empereurs  et 
papes  pour  se  rendre  indépendant,  et  em- 
ssa  le  parti  guelfe.  Il  rendit  sa  cour,  en  peu 
eiïips,  une  des  plus  brillantes  de  l'Italie,  et  le 
dez-vous  des  troubadours  de  l'époque.  Mais 
.'était  fait  un  puissant  ennemi  dans  Ezze- 
I  ITI  da  Romano,  autre  chef  de  condottieri, 
,  s'étant  déclaré  pour  Frédéric  II,  fit  bannir 
Camino  de  Trévise  en  1238,  et  mettre  à  leur 
;e  son  frère  Albéric  da  Romano. 

;rard   Maiirisius,    t'icentini  Historia,  t.  VIII,  p.  37. 

[•^iitonio  Godi,  Chronica  ncentini,  t  VIII,  p.  80.  —  Ri- 
•di,  comitis  Sancti  Boni/acii  f^ita,  t.  VIII,  p,  123, 
-  Monachus  Patavinns,  Chrnnica,  t.  VIII,  p.674.— Sis- 

Hiidi,  Histoire  des  Republiques  italiennes,  t.  II,  p.  462, 

»U72;  t.  111,  p '31. 

.  j;AMiNO(GMrardDE),  seigneur  de  Trévise, 
^ait  au  treizième  siècle.  Il  fut  choisi  par  le 
ijrquis  Azzo  d'Esté,  en  1294,  comme  le  doyen 
eie  plus  distingué  des  guerriers  de  son  parti, 
Pli'  recevoir  l'ordre  de  la  chevalerie.  (  Voy. 
Ielino  Albéric). 

onaclius  Patavinus,  Chronic,  t  III,p.  722.  —  Sismondi, 
l'oire  des  Republiques  italiennes. 

i:\.MiNO  {Richard  de),  seigneur  italien,  tué 
«11312.  Il  se  distingua  peu  dans  les  guerres  in- 
tiines  qui  désolaient  alors  l'Italie;  cependant 
i|éunit  sous  sa  domination  Bellune,  Feltre  et 
ï  vise,  qu'il  conserva  contre  les  enti'eprises  de 
Ijamille  Ezzelino.  Il  fut  tué  à  coups  de  serpe 
P  un  paysan  :  l'assassin  ayant  été  massacré  aus- 
s  t,  le  motif  de  ce  meurtre  resta  ignoré. 

^raondi,  Histoire  des  Républiques  italiennes  du 
il'ien  âge. 

:ami\o   {Giucellom.),  prince  de  Trévise, 

^e  de  Richard,  auquel  il  succéda.  Dépossédé  de 
Ijtre  en  1328  par  Cane  délia  Scala,  seigneur  de 
>one,  il  se  vit  aussi  chassé  de  la  Marche  Tré- 


CAMMAS 


342 


visane  en  1329.  Le  18  juillet  de  cette  année,  Tré- 
vise fut  livrée  à  Cane  par  capitulation,  et  la  fa- 
mille souveraine  des  Camini  s'éteigniten  Giucello. 

Sismondi ,  Histoire  des  Républiques  italiennes.  — 
Muratori,  Annali  d'Italia. 

CAMMA,  femme galatc,  dont  Plutarqiie  et  Po- 
lyen  se  sont  plu  à  raconter  la  chasteté  et  la  mort 
malheureuse.  Le  prince  tétrarque  Sinorix ,  égaré 
par  son  amour  pour  la  jeune  et  belle  prêtresse 
de  Diane,  avait  tué  par  trahison  le  tétrarque  Si- 
nat,  son  mari,  et,  fort  de  ses  richesses  et  de  sa 
puissance,  avait  renouvelé  près  d'elle  les  pour- 
suites qui,  du  vivant  de  Sinat,  n'avaient  obtenu 
aucun  succès.  Pressée  par  sa  famille,  Camma 
feint  de  céder,  le  conduit  avec  calme  au  sanc- 
tuaire, et  partage  avec  lui  la  coupe  d'or;  mais  le 
vin  était  empoisonné...  Quelques  heures  après, 
tous  deux  avaient  expiré,  Sinorix  dans  sa  litière, 
Camma  au  pied  des  autels.  Th.  Corneille  a  fait 
de  cette  histoire  le  sujet  d'une  tragédie. 

Plutarque.  —  Polybe. 

*  CAMMARATA  (  PMZippc),  jurisconsulte  sici- 
lien, né  à  Palerme  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle ,  mort  dans  la  même  ville  le  4 
décembre  1675.  Il  fut  d'al)ord  juge  criminel  et 
conseiller  à  la  cour  des  appels,ensuit«  juge  à  la  cour 
suprême;  enfin, à  la  suite  d'une  insurrection  il  fut 
investi  de  tous  les  pouvoirs  civils  et  militaires  de 
Sicile.  Ces  emplois  ne  l'empêchèrent  pas  ie  com- 
poser les  ouvrages  suivants  :  Juridicum  Dis- 
crimen  inter  episcopos ,  àbbates  et  regulares, 
novissime  discussum  in  causa  Mac.  D.  Dio- 
nysii  Magno,  ordinis  Mngni  Basilii,  abbatis 
ecclesiae  divi  Christophori  felicis  urbis  Pa- 
normi  ; — Patrocinium,,  D.  Berardi  FenoXIX, 
contra  D.  Jacob  Sieri;  —  Propugnaculum 
veritatis  contra  monasteriorum  succtssionem 
in  primogeniis,  alHsque  bonis  fideicommisso 
subjectis;  —  Allegationes  in  causa  manuten- 
tionis  possessionis  principatiis  Buterœ  et  Pe- 
trœ  Portiee,  cum  dignitate  magnatis  Hispa- 
niariim,  et  marchionatus  Militelli  aliorum- 
que  oppidorum;  —  Responsa  (sur  le  sujet 
précédent),  2  vol.; — Allegationes  pro  sorore 
Anna-Maria  de  jovino  nominibus  contra  ve- 
nerabilem  conventionem  Sanctse  Mariœ  Mon- 
tis-Carmeli  civitatis  Suterœ. 

Mongitore,  Bibliotheca  sicula. 

*CAM.MAS  {Lambert-  François-  Thérèse), 
peintre  et  architecte  français,  né  à  Toulouse 
en  1743,  mort  en  1804.  Son  père,  architecte  es- 
timé, dirigea  ses  premiers  pas  dans  la  carrière  des 
beaux-arts.  Cammas  alla  ensuite  à  Rome.  De 
retour  en  France ,  il  fut  chargé  de  l'embellisse- 
ment de  plusieurs  églises,  entre  autres  de  celle 
des  Chartreux  de  Toulon.  Il  fut  nommé  profes- 
seur d'architecture  à  Toulouse,  et  y  construisit  la 
façade  de  l'hôtel  de  ville.  Dans  ses  restaurations 
d'églises  gothiques,  il  mélangea  l'architecture  ita- 
lienne et  l'architecture  arabe.  Comme  pemtre, 
on  lui  doit,  entre  autres  compositions,  l'Appa- 
rition de  la  Vierge  à  saint  Bruno,  et  une  al- 


343 


CAMMAS  —  CAMOENS 


légorje  représentant  le  Rappel  des  parlements 
sous  Louis  XVI.  Ce  dernier  ouvi-age  fut  cou' 
ronné  par  l'Académie  de  peinture  de  Toulouse. 

Biographie  Toulousaine, 

*CAMMELLi  (Antoine),  auteur  dramatique 
italien,  natif  de  Pistoie,  mort  à  Ferrare  en  1504, 
plus  connu  sous  le  nom  d'Antoine  de  Pistoie. 
n  était  tiès-aimé,  à  cause  de  ses  poésies  plaisan- 
tes, à  la  cour  du  duc  Hercule  d'Esté.  On  a  de  lui  : 
Filostroto  e  Panfila,  due  amanti ,  tragedia; 
Venise,  1508  et  1518;  —  Demetrio,  rè  di  Tebe, 
tragedia;  Venise,  1508  et  1518. 

AdeluRg,  suppUà  JOcher,  Mlgem.  Celehrt,  Lexic. 

*CAM»iEi,Li  (M arc- Antoine),  fils  du  précé- 
dent, poëte  italien.  Quelques-imes  de  ses  poésies 
se  trouvent  dans  Collectanee  grece,  latine  e 
volgari  per  diversi  autori  moderni;  Bologne, 
1504. 

Adelung,  supp!.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt.  Lexic. 

*CAMMERHOF  (Jean),  théologien  luthérien 
et  philologue  allemand,  né  à  Brunswick,  mort  à 
Colberg  en  Poraéranie,  vivait  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle.  Nommé  en  1652  sous-direc- 
t«Hr  du  gymnase  de  Halle,  il  passa  dans  la 
même  qualité  en  1658  à  celui  de  Magdebourg, 
où  il  remplissait  en  outre,  de  1667  à  1668,  les 
fonctions  de  second  pasteur  de  l'église  Saint- 
Jean.  Après  avoir  «ncore,  de  1670  à  1673,  dirigé 
l'école  htine  d'Eisleben,  il  devint  enfin  aumônier 
de  la  garnison  de  Colberg,  où  il  resta  jusqu'à  la 
fin  de  is.  vie.  On  a  de  lui  :  Bisp.  de  subjecto  et 
fine  rhetoricx;  Halle,  1664,  in-4°;  —  Logica 
practica,  h.  e.  Introductio  in  Logicam  Aristo- 
telis;  Quedlimburg,  1666,  in-4'';  —  Hundert- 
jâhrige  Freude,  als  ein  heilig  Dom-capite, etc. 
(poëme  allemand  sur  le  premier  jubilé  de  la 
réforme ,  célébré  solennellement  à  l'église  pro- 
testante de  Magdebourg)  ;  Magdebourg,  1667;  — 
Orthotomia  theologica,  sive  idea  systematis 
theol.;  Wittemberg,  1669,in-4°;  —  Catechismus 
prac jictts  ;  Eisleben,  1669,  in-4°;  —  Encyclo- 
psedia  isagogica;  i.  e.  Introductio  in  Fncij- 
clopsediam;  Eisleben,  1673. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt.  Lexic. 
CAMMERMEÏSTER.  Voy.  CAMEÎIAR.IÏJS. 

CASIO  (Pierre),  marchand  et  troubadour 
toulousain,  vivait  dans  la  première  moitié  du  qua- 
torzième siècle.  Il  fut  un  des  sept  trobadors  de 
Tolosa,  comme  ils  se  faisaient  appeler  eux- 
mêmes,  qui,  lors  de  l'entrée  de  Charles  IV  et 
de  sa  femme  à  Toulouse,  en  février  1324,  an- 
noncèrent, pour  le  1^"  mai  suivant,  un  concours 
pour  les  meilleures  pièces  de  vers.  Le  prix  devait 
être  une  violette  d'or,  et  le  titre  de  docteur  de 
la  gaie  science.  La  lettre  circulaire  s'exprimait 
ainsi  qu'il  suit  : 

«  La  très-gaie  compagnie  des  sept  poètes  de 
Toulouse  aux  honorables  seigneurs,  amis  et 
compagnons  qui  possèdent  la  science  d'où  naît 
la  joie ,  le  plaisir,  le  bon  sens ,  le  mérite  et  la 
politesse,  salut  et  vie  joyeuse.  —  Nos  désirs 
les  plus  ardents  sont  de  nous  réjouir  en  réci- 


tant nos  chants  poétiques...  Puisque  vous  a 
le  savoir  en  partage,  et  que  vous  possédez  1 
de  la  gaie  science,  venez  nous  faire  conna 
vos  talents...  Nous  sept,  qui  avons  succédé 
corps  des  poètes  qui  sont  passés ,  nous  av 
à  notre  disposition  un  jardin  merveilleux 
beau,  où  nous  allons  tous  les  dimanclies  ; 
des  ouvrages  nouveaux,  et,  en  nous  comm 
quant  nos  lumières  mutuelles,  nous  en  co 
geons  les  défauts. 

«  Pour  accélérer  les  progrès  de  la  scie:  , 
nous  vous  annonçons  que,  le  premier  jour  ; 
mai  prochain,  nous  nous  assemblerons  dant  > 
charmant  verger.  Rien  n'égalera  notre  joie  i 
vous  vous  y  rendez  aussi.  Ceux  qui  nous  rei  • 
trontdes  ouvrages  seront  honorablement  acci  • 
lis,  et  l'auteur  du  meilleur  poème  recevra  cr  • 
gne  d'honneur  une  violette  d'or  fin. 

Dlzera  que.  per  dreyt  jutjaraen, 
A  cel  que  la  tara  pius  netta, 
Donarem  una  violetta 
De  fin  aur,  en  scnhai  d'onor. 

«  Nous  vous  lirons ,  de  notre  côté ,  des  pi  s 
de  poésie  que  nous  soumettrons  à  votre  C]iti(  ; 
car  nous  nous  faisons  gloire  de  nous  rendre  i 
raison...  Nous  vous  requérons  et  supplion  ^ 
venir  au  jour  assigné,  si  bien  fournis  de  vers 
monieux  que  le  siècle  en  devienne  plus  gai. 
lettres  ont  été  données  au  faubourg  des  Au 
tines,  dans  notre  verger,  au  pied  d'un  laii 
le  mardi  après  la  fête  de  la  Toussaint,  l'an 
l'incarnation  1323. 

Donadas  coron  al  vergier 
Del  dit  loc,  al  pe  d'un  laurier, 
Al  barry  de  las  August'.nas 
De  Toloza,  nostras  vezinas, 

Dimars, 

Aprop  la  fesla  de  Tots  Sans, 
En  l'an  de  rencarnacio 
M  e  ccc  e  xx  e  très. 

«  Et  afin  que  vous  ajoutiez  une  foi  entière  à 
promesses,  nous  avons  mis  notre  sceau  à 
présentes ,  en  témoignage  de  vérité.  » 

E  per  que  no  dubtessetz  ges 
Que  nous  tenguessen  covenens, 
En  aquestas  lettras  presens 
Havem  noslre  sagel  pausat, 
En  testlmont  de  vcrtad. 

Camo  lui-même  fui;  auteur  d'une  chansoi' 

Sismondi,  Hist.  des  Uttér.  du  midi.  —  Biog.  tO' 

saine. 

CAMOËNS  (Zwis  nE),  sumommé  leprinci 
poètes  des  Espagnes, né  vers  1524,  mort  en  1 
ïl  tirait  son  origine  d'une  famille  illustre  d 
Galice.  A  l'époque  de  la  grande  lutte  qui  eut)^ 
enti'e  D.  Henrique  second  et  D.  Fernando,  li  |8  '■ 
de  Pierre  le  Justicier,  un  membre  de  la  fai  p 
de  Camoëns  passa  vers    1370  en  Portugal  il 
s'appelait  Vasco  Pérez  de  Camoëns ,  et  fut  n  • 
mé  par  la  reine  dona  Lianor  Tellez  gouvevi  i 
(ayo)  de  son  cousin  D.  Joâo,  comte  de  Bai  ■ 
los  (1).  La  concession  de  terres  considérable  e 

(0  H  y  a  dans  le  Cancionero  do  Baena  quatre  more  » 
qui  portent  le  nom  de  Camoëns,  et  que  l'on  peut  atlrl  |f 
à  ce  personnage.  Le  marquis  de  Santillane  parle  égale  |' 
d'un  Vasco  Guraoz  de  Camoëns,  \ 


CAMOENS 


346 


ji)it  (le  seigneurie  dans  plusieurs  bourgades,  et 
I  itrée  au  conseil,  furent  la  récompense  des 
■vices  de  oet  aïeul  du  poète  ;  mais  cette  pros- 
ilt'  ne  fut  pas  durable,  et  Vasco  Pérez  ayant 
s  jKirti  pour  l'Espagne  contre  le  Mestre  d'A- 
,  a  la  journée  d'AIjubarotta,  la  plupart  de  ses 
as  turent  confisqués  :  il  ne  put  donc  trans- 
tire à  ses  descendants  que  des  terres  peu 
.  isidérables    dans   la   province  d'Alem-Tejo. 
i  n'empêcha  pas  qu'un  de  ses  petits-fils,  Joam 
>  de  Camoëns,  ne  se  distinguât  sous  le  règne 
1  H'onsc  V,  surnommé  le  roi  chevalier.  Simon 
^  (le  Camoëns,  père  du  poète,  vivait  donc  à 
bunne  dans  une  médiocrité  de  fortune  qui  ne 
ait  pas  empêché  de  contracter  une  alliance 
1  loiable.  Revêtu  d'un  grade  dans  la  marine 
(  miiianuel,  il  avait  épousé  dona  Anna  de  Sa  e 
î  edo ,  et  il  en  avait  eu  ce  fils  qui  devait  ac- 
(  rir  une  si  haute  renommée.  Luiz  de  Camoëns 
(  t  né  à  Lisbonne  en  l'année  même  où  Vasco 
(  Gania,  quittant  pour  la  troisième  fois  le  Por- 
1  il,  àe  rendait  comme  vice-roi  aux.  Indes,  où 
i  e\  ait  mourir  quelques  jours  après  son  arrivée, 
1  )  décembre  1524.  Si  ce  simple  rapprochement 
(  lates  eût  été  présent  au  souvenir  de  Voltaire, 
(  li-ci,  à  coup  sûr,  n'eût  pas  fait  partir  le  chantre 
c  Lusiades  avec  le  grand  navigateur  dont  il 
£  it  immortaliser  les  exploits.  —  Les  biographes 
c  teraporains  ne  contiennent  pour  ainsi  dire 
«  uns  renseignements  sur  l'enfance  de  Camoëns; 
^  lement  on  suppose  qu'il  habitait  avec  ses  pa- 
ts le  quartier  de  la  Mouraria,  sur  la  paroisse 
Saint-Sébastien.  Dans  un  état  bien  voisin  de 
;ène,  son  père  s'imposa  des  privations,  afin  de 
elopper  par  de  fortes  études  une  intelligence 
it  le  premier  sans  doute  il  avait  su  pressentir 
candeur. 
ij  jC  jeune  Luiz  alla  étudier  à  Coïmbre,  et  demeura 
lis  cette  université  savante  durant  plusieurs  an- 
s.  Alla-t-il  dans  cette  ville  dès  1 537,  au  moment 
(Ile  siège  de  l'université  venait  d'y  êtretrans- 
ï  'té?  ne  s'y  rendit-il  que  vers  l'année  1 539,comme 
^suppose  un  savant  critique  portugais.'  c'est  ce 
«I  il  est  sans  importance  d'établir  et  ce  tpie  l'on 
il  peut  plus  décider.  Ce  qu'il  y  a  de  positif,  c'est 
<,il  dut  trouver  à  Coïmbre,  dès  son  arrivée,  les 
ins  les  plus  zélés  pour  son  instruction;  et  en 
ime  temps  les  professeurs  les  plus  habiles, 
ïrmi  ces  hommes  éminents,  Diogo  de  Gouvea, 
hcien  recteur  de  l'université  de  Paris,  occupait 
J  premier  rang,  et  avait  été  appelé  dès  1539  à  la 
jection  des  études  ;  Vincent  Fabricius,  le  pro- 
i  seur  de  grec  dont  l'Allemagne  s'honorait  alors, 
Ique  Clénard  vantait  avec  tant  d'enthousiasme, 
faisait  admirer  les  beautés  d'Homère;  il  nese- 
it  point  exact  de  joindre,  comme  on  l'a  fait,  à 
ii  deux  noms  celui  de  Buchanan  :  le  célèbre 
Jmaniste  écossais  ne  vint  en  Portugal  avec 
]ogo  deTeive  que  quelques  années  plus  tard, 
jn'en  est  pas  de  même  à  l'égard  du  fameux 
I  dro  Nunez ,  le  plus  habile  cosmographe  de 
*:îe  époque:  dès  le  temps  où  étudiait  Camoëns, 


il  enseignait  les  mathématiques  à  l'université,  et 
il  se  préparait  peut-être  à  ce  voyage  des  Indes 
qu'on  ignorait  jusqu'à  ce  jour,  mais  dont  un  cri- 
tique habile  a  dérx)uvert  récemment  les  preu- 
ves (1).  Quant  à  l'histoire  naturelle  et  à  la  méde- 
cine telle  qu'on  l'entendait  en  ce  temps,  les  maî- 
tres ne  manquaient  pas  :  outre  les  disciples  de 
l'habile  Garcia  de  Orta,qui  poursuivaient,  comme 
on  nous  l'apprend,  leurs  enseignements  dans  la 
Péninsule ,  et  dont  le  plus  grand  nombre  s'était 
fixé  en  Portugal,  un  professeur  de  la  vieille  uni- 
versité de  Paris,  Brissot,  était  venu  combattre 
à  Coïmbre  les  partisans  exclusifs  de  la  science 
arabe ,  et  il  essayait  même  de  remettre  en  hon- 
neur les  sages  principes  d'Hippocrate.  Ce  n'est 
pas  sans  intention  que  nous  citons  ici  les  noms 
de  ces  professeurs,  célèbres  alors,  oubliés  au- 
jourd'hui :  le  poète  puisa  dans  leur  enseignement 
cette  variété  de  doctrine  qui  est  un  de  ses  ca- 
ractères, et  cette  connaissance  du  monde  physi- 
que, dont  il  voila  les  détails  sous  le  plus  sublime 
langage. 

Ses  études  une  fois  terminées,  Luiz  de  Ca- 
moëns revint  à  Lisbonne  ;  il  avait  alors  dix-huit 
ou  vingt  ans.  Admis  dans  une  société  d'élite,  si 
la  médiocrité  de  sa  fortune  ne  l\ù  permit  pas  de 
se  rendre  fréquemment  à  la  cour,  il  contracta  à 
son  entrée  dans  la  vie  d'honorables  amitiés.  Ce 
fut  alors  qu'il  connut  ce  D.  Constantin  de  Bra- 
gance  qui,  plus  tard  et  loin  de  son  pays,  lui  prêta 
une  main  secourable;  puis  cet  Emmanuel  de 
Portugal,  jeune  alors  comme  lui ,  et  auquel  il 
adressa  de  si  beaux  vers.  D.  Antonio  de  No- 
ronha,  brisé  en  sa  fleur,  comme  il  nous  le  dit, 
eut  sans  doute  la  meilleure  part  dans  ses  affec- 
tions ;  mais  une  étude  scrupuleuse  de  cette  pre- 
mière époque  de  la  vie  de  Camoëns  nous  a  fait 
acquérir  la  certitude  qu'il  était  alors  inconnu  aux 
autres  poètes  que  le  Portugal  admirait  alors. 

Cette  âme  ardente,  déjà  accessible  à  tant  de 
nobles  sympathies,  conçut  alors  une  passion  vio- 
lente pour  une  dame  de  la  cour  ;  et  la  tradition 
veut  que  ce  soit  Catherine  d'Atayde,  sœur  de 
D.  Antonio  d'Atayde,  favori  de  Jean  ni,  qu'il  ait 
aimée.  Une  découverte  précieuse  pour  le  monde 
littéraire  prouve,  dit-on,  que  cette  tradition  ne 
saurait  être  mise  en  doute  aujourd'hui.  Des  révé- 
lations nous  sont  promises  à  ce  sujet  par  le  vi- 
comte de  Jerumenha.  L'austère  prélat  auquel  on 
doit  la  biographie  portugaise  la  plus  étendue 
qui  ait  été  publiée  sur  Camoëns  semble  mettre 
cette  passion  célèbre  au  rang  des  amours  pres- 
que imaginaires  dont  les  admirateur  d'un  grand 
poète  aiment  à  s'exagérer  l'influence.  H  avoue 
cependant  que  Camoëns  aima  une  grande  dame, 
et  que  cet  amour  causa  son  exil  au  Ribatejo  : 
cet  événement,  qui  commence  un  long  enchaî- 
nement de  malheurs,  dut  avoir  lieu  entre  les 
années  1545  et  1550.  Un  historien  qui  a  com- 
menté le  poëte  avec  l'admiration  la  plus  pas- 

(1)  M.  Adoifo  de  Varnhagen. 


347 

sionnée,  Faria  y  Souza,  semble  persuadé  qu'un 
mariage  avait  été  arrêté  entre  les  deux  amants , 
et  que  l'infidélité  seule  de  Catherine  d'Atayde 
avait  récompensé  l'amour  du  poète  ;  il  allègue 
même,  comme  preuve  de  ce  qu'il  avance,  trois 
vers  dont  le  sens  est  assez  significatif  pour 
donner  quelque  force  à  son  opinion  : 

Quaado  esses  olhos  teus  n'outro  puzeste 
Como  te  nao  iembrou  que  me  juraste 
Por  toda  a  sua  luz  que  eras  so  minba  ? 

(F'oy.  Faria  y  Souza,  Commentarios,  etc.,  p.  64. 

Cette  grande  déception  explique  la  résolution 
prise  dès  lors  par  le  poète  de  s'expatrier,  et  de  se 
rendre  aux  Indes.  Ses  persécuteurs  tenaient  plus 
ou  moins  à  cette  puissante  famille  des  Atayde, 
dont  sa  passion  avait  vivement  choqué  les  or- 
gueilleuses prétentions;  et  ce  fut  sans  doute 
à  l'influence  du  favori  de  Jean  III  qu'il  dut  la 
prolongation  de  son  exil.  Revenu  à  Lisbonne  en 
1550,  ce  ne  fut  pas  pour  les  Indes  qu'il  s'embar- 
qua, comme  il  en  avait  eu  d'abord  le  désir  ;  mais 
il  passa  en  Afrique  avec  D.  Alfonse  de  Noronha, 
et  se  rendit  à  Ceuta. 

Dans  une  pièce  pleine  d'intérêt,  que  reproduit 
le  Cancioneiro  de  Resende,  un  poète  bien  an- 
térieur à  Camoënsnenous  fait  pas  un  tableau  flatté 
de  la  manière  dont  les  Portugais  vivaient  dans 
cette  ville,  et  surtout  de  la  moralité  qui  y  régnait. 
Quoi  qu'il  en  soit,  cette  résidence  était  regardée 
comme  une  sorte  d'école  où  les  jeunes  gens  qui 
se  destinaient  à  la  carrière  des  armes  trouvaient 
d'excellents  enseignements,  surtout  mille  occa- 
sions de  se  distinguer.  «  Camoèns  était  brave,  dit 
«  un  savant  qu'on  ne  saurait  accuser  de  lui  être 
te  trop  favorable  :  la  trempe  de  son'esprit,  les  évé- 
«  nements  que  l'on  rencontre  dans  son  histoire, 
«  en  sont  la  preuve;  le  courage  était  d'ailleurs 
«  une  qualité  inhérente  à  la  nation...  «  En  Afri- 
que ,  il  courut  de  nombreux  dangers  ;  et  c'est 
à  cette  époque  de  sa  vie  qu'il  faut  rapporter 
les  vers  de  la  cançâo  où  il  dit  que  Mars  lui 
fit  goûter  ses  fruits  amers.  Il  perdit  l'œil  droit 
dans  une  affaire  contre  les  Maures.  Ce  combat 
eut  lieu  devant  Ceuta,  et  quelques  écrivains  ont 
pensé  que  le  jeune  poète  était  alors  sur  un  na- 
vire commandé  par  son  père. 

Dès  l'année  1552,  Camoèns  revint  à  Lisbonne. 
La  fortune  ne  lui  fut  pas  plus  favorable  qu'elle 
ne  l'avait  été  jusqu'alors;  ses  services  furent  mé- 
connus ;  ses  talents  furent  probablement  distin- 
gués ,  mais  ils  ne  reçurent  aucune  récompense  : 
il  restait  inconnu  parmi  les  hommes  éminents 
qui  illustraient  vers  cette  époque  le  Portugal,  et 
dont  les  œuvres  circulaient  en  manuscrit.  Sa  de 
Miranda,  Gil  Vicente,  Barros,  Ferreira,  sem- 
blent lui  être  restés  complètement  étrangers  dans 
cette  première  période  de  sa  vie ,  comme  ils  le 
furent  plus  tard.  Personne  nel'avaitdeviné  encore; 
et  en  1553,  lorsqu'il  réalise  enfin  son  projet  de 
passer  aux  Indes  orientales,  c'est  sous  le  simple 
titre  d'écuyer  (scudeiro)  qu'il  est  admis  sur  la 
flotte  de  Fernâo  Alvarez  Cabrai ,  en  remplace- 


CAMOENS      ■  3. 

ment  d'un  autre  jeune  homme  qui  n'avait  p 
pu  s'embarquer.  Quelques  écrivains  prétende 
qu'il  emporta  dès  lors  ce  sentiment  de  doute 
amère  dont  ses  vers  élégiaques  renferment  d 
preuves  si  nombreuses;  et  l'on  suppose  que  C 
therine  d'Atayde,  célébrée  sous  le  nom  de  Nat( 
cia,  n'existait  déjà  plus.ill  est  impossible  d'éclai 
cir  aujourd'hui  ce  point  de  la  biographie  de  C  i 
moëns  ;  mais  la  nécessité  de  quitter  son  pay 
l'isolement  dans  lequel  il  se  trouvait,  le  sen 
ment  des  grandes  choses  qu'il  pouvait  accoi 
plir,  et  qui  jamais  peut-être  ne  se  réaliseraiei 
tout  cela  suffisait  sans  doute  pour  imprimer 
ses  adieux  ce  caractère  d'amertume  profon 
qui  paraît  dans  une  des  lettres  que  l'on  nous 
conservées.  Comme  le  Romain,  il  s'écria  :  Ingra 
patria,  non possidebis ossa  mea. Mais  selon! 
expressionséloqueutes  d'un  exilé  qui  puise  sa  s( 
sibilité  dansles  nobles  souvenirs, le  ventquichi 
sait  devant  lui  les  voiles  emporta  les  impréc 
lions  du  poète  ;  et  quelques  heures  s'étaient 
peine  écoulées  depuis  la  sortie  de  la  flotte,  q 
déjà  ses  yeux  cherchaient  à  l'horizon  les  orabi 
fugitives  des  montagnes  de  la  patrie  et  des  fr 
ches  collines  de  Cintra  (1). 

Camoèns  s'est  toujours  montré  le  peintre 
plus  fidèle  et  le  plus  enthousiaste  des  imposai 
phénomènes  qu'on^  observe  en  mer.  Dès  le  dél 
de  son  voyage  il  faillit  être  victime  d'une  tempi 
effroyable  qui  assaillit  l'escadre,  et  qui  la  d 
persa;  le  San-Bemto,  le  bâtiment  sur  leque 
était  monté ,  fut  même  le  seul  qui  parvint  a 
Indes  durant  cette  année.  Quelques  mois  de  pli 
et  il  devait  aller  périr  sur  les  côtes  de  la  C 
frerie  avec  le  noble  Fernand  Alvarez  Cabr 
qui  avait  amené  le  poète  dans  la  capitale  ( 
Indes  dès  le  mois  de  septembre  1553.  Après 
tempêtes  et  les  fatigues  de  la, mer,  viennent 
combats.  D.  Alfonse  de  Noronlia  est  vice-roi  ( 
Indes;  sous  lui,  jamais  les  alliés  des  Portug 
n'ont  été  insultés.  A  peu  de  distance  du  cap  ( 
morin  est  une  terre  verdoyante ,  que  les  Indi( 
nomment  l'île  de  Chembé,  et  les  Portugais  1 
de  Pimenta  ;  le  radjah  de  ce  petit  État  avait 
quiété  les  princes  de  Cochin  et  de  Porca.  De 
mois  après  son  arrivée,  le  navire  de  Camoèns  i 
partie  de  la  flotte  commandée  par  Alfonse  de! 
ronha  ;  quelques  nobles  paroles  qui  nous  ont 
transmises  par  Camoèns  lui-même  laissent  co 
prendre,  dans  leur  simplicité,  la  part  que  pril 
poète  à  cette  aventureuse  expédition. 

Camoèns  revint  à  Goa  avec  le  vice-roi ,  pro! 
blement  vers  le  commencement  de  l'année  155  ; 
c'est  de  cette  époque  que  date  sa  première  é  j 
gie,  dans  laquelle  il  a  fait  connaître  les  évéi  i 
ments  qui  signalèrent  son  arrivée  aux  Ind; 
Le  séjour  du  poète  dans  Goa  ne  fut  pas  del(i 
gue  durée.  Don  Pedro  de  Mascarenhas  avait  re 
placé  dès  le  mois  de  septembre  l'illustre  I 
ronha.  Celui-ci  arma  trois  navires  de  haut  l)0 

(1)  Voy.  le  Mémoire  de  l'évéque  deViseu,  dans  i'Acadé 
des  sciences  de  Lisbonne, 


49 


ixquels  se  joignirent  cinq  bâtiments  d'un  port 
loins  considérable,  et  Camoëns  fit  encore  par- 
;  de  cette  expédition,  qui  devait  aller  châtier 
sque  dans  la  mer  Rouge  un  redoutable  cor- 
ire  nommé  Safar.  Emmanuel  de  Vasconcellos 
t  le  commandement  de  cette  flottille,  et  partit  au 
ois  de  février  1555  pour  croiser  devant  le  mont 
;lix,  au  nord  du  cap  de  Guardafu.  De  ce  point 
sole  il  alla  hiverner  à  Mascate  ,  à  l'enti'ée  du 
Ife  Persique,  afin  d'escorter  les  navires  qui 
'  riaient  d'Ormuz  et  qui  se  rendaient  à  Goa;  mais 
corsaire  ne  parut  point,  et  les  soldats  de  Vas- 
i  icellos  restèrent  dans  l'inaction.  Camoëns  a 
ni  avec  énergie  cette  époque  de   son  exis- 
[ce  errante,  et  il  a  animé  de  toute  l'ardeur  de 
[lassion,  de  toute  la  magnificence  de  son  gé- 
,  los  souvenirs  de  ce  temps  qui  s'écoulait  d'une 
nière  si  monotone,  et  qui,  sous  un  ciel  d'airain, 
■  [iMe  avoir  été  pour  lui  le  moment  des  plus 
es  impressions,  et  l'on  pourrait  dire  des  plus 
îles  espérances. 

^oisque  le  poète  revint  à  Goa,  Mascarenhas 
lit  succombé,  et  au  mois  de  juin  1555  Fran- 
:u  Barreto  lui  avait  succédé ,  avec  le  titre  de 
n  erneur.  Cet  homme,  auquel  on  ne  saurait 
iser  de  hautes  qualités,  avait  un  orgueil  égal 
on  courage  :  ce  fut  lui  qui,  blessé  d'une  satire 
>  lemente  du  poëte,  le  condamna  à  l'exil,  et  se 
I  idarana  lui-même  à  ime  funeste  célébrité; 
j  is  clans  ce  morceau,  qui  nous  a  été  transmis 
I  !ï  le  titre  de  Disparates  na  India,  Camoëns 
.  lissait  bien  plutôt  ce  mélange  de  vénalité  et 
t  rgueil,  de  ruse  et  de  bassesse  qu'on  remar- 
uit  dans  l'opulente  population  de  Goa,  qu'il 
)  s'attaquait  aux  prétentions  d'un  chef  brave 
j  qu'à  la  témérité,  et  dont  le  désintéressement 
i  pas  été  mis  en  doute.  Francisco  Barreto  y 
toutefois  des  allusions  blessantes  pour  lui, 
il  plutôt  il  obéit  aux  instances  passionnées  de 
talques    personnages  influents,   plus  claire- 
i  at  désignés  que  lui  dans  les  Disparates  ;  et  le 
lîte  reçut  l'ordre  de  quitter  la  capitale  des  In- 
r,  portugaises  pour  se   rendre  à   l'établisse- 
nt de  Macao,  tout  récemment  fondé  sur  les 
tes  de  la  Cliine,  et  qui  n'était  alors  qu'une 
fte  de  factorerie  bien  peu  importante,  puisque 
idate  de  son  érection  comme  ville  coloniale 
t  remonte  qu'à  1583. 

^Certains  critiques  ont  tenté,  dans  les  derniers 

tops,  d'atténuer  ce  qu'il  y  avait  d'odieusement 

ioureux  dans  la  conduite  de  Francisco  Bar- 

0,  en  prétendant  que  la  place  de  curateur 

>  s  successions  fut  accordée  par  le  gouverneur 

■exilé  au  moment  du  départ;  mais  il  paraît 

e  ce  dédommagement  ne  vint  porter  quelque 

ioucisseraent  à   sa  position  que  bien  posté- 

Vurement.  Camoëns  dut  quitter  Goa  en  1555 

•  ec  un  sentiment  de  profonde  amertume.  Avant 

gagner  la  résidence  qui  lui  était  désignée,  il 

ra  toutefois  dans  les  mers  de  l'Inde;  il  alla 

iser  de  nouvelles  inspirations  dans  ces  régions 

ehantées,  auxquelles  l'Europe  faisait  à  peine 


CAMOËNS  350 

alors  sentir  son  joug:  il  reste  incertain  cepen- 
dant qu'il  ait  visité  les  Moluques  et  qu'il  se 
soit  arrêté  à  ïemate.  L')m  de  ses  biographes 
les  plus  attentifs,  l'évêque  de  Viseu ,  semble 
persuadé  qu'il  faut  attribuer  à  Goa  tout  ce  que 
le  poëte  dit ,  dans  la  cançdo  IV,  d'une  île  «  que 
brûle  la  lumière  éternelle,  et  dont  les  Portugais 
se  sont  emparés  en  de  sanglants  combats  ;  »  et  il 
faut  avouer  qu'il  donne  de  solides  raisons  pour 
faire  admettre  une  opinion  qui  avant  lui  n'avait 
pas  été  émise. 

Nous  ne  partageons  pas  l'avis  du  savant  prélat 
lorsqu'il  présente  Macao,  où  Camoëns  allait  pas- 
ser trois  années  d'exil,  comme  une  cité  d'une 
certaine  importance  :  les  dates  prouvent,  au  con- 
traire, qu'elle  devait  être  alors  d'une  bien  mé- 
diocre étendue.  Le  commerce  toutefois  y  accu- 
mulait déjà  des  richesses  considérables,  et  le  mér 
lange  des  peuples  de  l'extrême  Orient  y  pré- 
sentait un  curieux  spectacle,  qu'on  ne  pouvait 
guère  avoir  alors  que  dans  cette  partie  de  l'Asie. 
Camoëns  paraît  avoir  mené  dans  cette  ville  nais- 
sante une  existence  solitaire,  et  néanmoins  plus 
calme  que  celle  qu'il  avait  eue  jusqu  alors.  La 
tradition  nous  le  montre  gravissant  chaque 
jour  les  rochers  de  granit  qui  sont  à  quelque 
distance  de  la  ville,  et  se  réfugiant  dans  la  grotte 
de  Patane  (1)  ;  de  là  il  aimait  à  contempler  l'O- 
céan, et  il  pouvait  recueillir  pieusement  ses 
grands  souvenirs. 

Les  trois  années  pendant  lesquelles  le  poëte 
séjourna  en  Chine  semblent  avoir  été  les  années 
les  plus  fécondes  de  sa  vie;  et  si ,  comme  le  sup- 
pose Faria  y  Souza ,  les  Lusiades  étaient  com- 
mencées dès  1547,  on  peut  croire  que  ce  fut  dans 
la  grotte  de  Patane  qu'il  traça  les  derniers  traits 
de  cette  grande  composition.  Mais  l'œuvre  une  fois 
achevée,  l'exil  devint  amer  au  cœur  du  Portugais. 
Il  se  sentit  fatigué  du  séjour  de  Macao.  Ou  l'a 
fait  observer  judicieusement  :  l'emploi  qu'il  oc- 
cupait dans  cette  ville  cadrait  mal  avec  ses  ha- 
bitudes guerrières  et  avec  son  ardent  amour  de 
la  gloire,  et  il  dut  faire  un  effort  sur  lui-même 
pour  l'office  lucratif  dont  nous  le  voyons  l'evêta 
dès  l'année  1559.  C'était  néanmoins  pour  lui  un 
moyen  de  sortir  de  cette  misère  contre  laquelle 
il  luttait  depuis  si  longtemps  ;  et  ses  divers  bio- 
graphes considèrent,  comme  chose  certaine,  qu'il 
amassa  dans  l'exercice  de  cette  charge  des  bénéfi- 
ces assez  considérables  pour  vivi'e désormais  àl'a- 
bri  du  besoin  :  il  songea  dès  lors  à  retourner  à  Gtoa. 


(1)  Cet  endroit  est  désiffné  à  Macao  sous  le  nom  de 
Casa  da  horta.  Le  magnifique  emplacement  où  se  trouve 
située  la  grotte  de  CjmoBns  appartient  aujourd'hui  à 
M.  Marque?,,  chef  d'une  nombreuse  fjmille.  Nous  savons 
d'une  manière  positive  que  cet  honorable  citoyen,  fier 
des  souvenirs  patriotiques  qui  amènent  à  Patane,  a  songé, 
dans  ces  derniers  temps,  à  remplacer  le  buste  grossier 
que  renferme  sa  grotte,  par  le  beau  buste  en  bronze  qu'on 
doit  à  l'artiste  distingué  qui  a  donné  naguère  celui  de 
l'infant  D.  Henrique.  M.  F.  Leâo  Cabrera  a  donné  une 
description  minutieuse  delà  grotte  et  de  ses  alentours; 
elle  a  été  insérée  par  Feliciano  de  Castilles  dans  soa 
Étude  sur  CamoSns,  1830,  in-S". 


351 


GAMOENS 


Le  vice-roi  qui  y  résidait  alors  depuis  la  iia  de 
1558  était  ce  noble  Constantin  de  Bragance 
qu'il  avait  connu  au  début  de  sa  carrière,  et  dont 
l'appui  lui  était  acquis  :  il  quitta  donc  le  lieu 
de  son  exil  avec  joie,  et  s'embarqua  de  Macao 
pour  les  ludes  avec  tout  ce  qu'il  possédait,  et 
même,  si  l'on  en  croit  Pedro  de  Mariz,  chargé  de 
quelque  argent  déposé  entre  ses  mains  par  la 
compagnie  des  marchands.  On  peut  supposer  que 
ce  fut  de  tous  ses  voyages  celui  qu'il  entreprit 
avec  le  plus  de  joie  :  il  allait  revoir  ses  frères 
d'armes,  il  allait  jouir  au  milieu  de  ses  amis 
d'une  fortune  laborieusement  acquise;  tout  cela 
ne  fut  qu'un  rêve.  Les  terres  de  la  Cochinchine 
étaient  déjà  dépassées  ;  on  allait  entrer  dans  le 
golfe  de  Siam,  lorsqu'une  effroyable  tempête  en- 
traîna son  navire  à  la  côte,  et  le  brisa.  Camoëns 
se  sauva  à  la  nage  cependant,  et  sauva  les  Lu- 
siades.  Il  a  dit  avec  une  simplicité  admirable  cet 
épisode  de  son  voyage  ;  et  quand  il  eut  acquis  la 
certitude  qu'il  n'y  aurait  pour  lui  ni  repos  ni 
fortune,  mais  que  ce  poërae  si  courageusement 
sauvé  lui  vaudrait  une  renommée  durable,  il 
adressa,  au  beau  fleuve  dont  les  rives  l'avaient 
reçu  quelques  vers  charmants,  où  il  dit  sa  gloire 
tardive  et  sa  reconnaissance.  Un  voyageur  qui  a 
parcouru  ces  contrées  quelques  années  après 
l'événement  qui  faillit  être  si  funeste  au  poète, 
fait  admirablement  comprendre  comment  le  nau- 
fragé, chargé  de  son  précieux  fardeau,  put  se 
sauver  dès  qu'il  eut  atteint  le  cours  lent  et  pai- 
sible du  Mécon.  Ce  vaste  fleuve  en  effet,  qui 
prend  naissance  aux  confins  de  la  Chine  et  ar- 
rose le  royaume  de  Cambodge,  a  des  crues  comme 
le  Nil,  et  est  sensible  aux  marées  jusqu'à  une  dis- 
tance considérable  ;  à  la  marée  basse,  les  navires 
échouent  fréquemment,  et  son  embouchure  peut 
être  passée  à  gué.  En  remontant  à  quelques 
lieues,  Camoëns  eût  pu  visiter  les  merveilles  de 
la  ville  d'Angor,  et  trouver  l'hospitalité  dans  une 
des  plus  riches  cités  de  l'Orient. 

Nous  ignorons  quel  fut  l'accueil  qu'il  reçut 
dans  ces  parages  ;  mais  il  y  séjourna  plusieurs 
mois,  et  nous  ne  le  retrouvons  dans  la  capi- 
tale des  Indes  qu'en  l'année  1561.  Fixé  de 
nouveau  à  Goa ,  il  y  soutint  dignement  sa  mau- 
vaise fortune  ;  et  s'il  y  demanda  l'appui  du  vice- 
roi,  il  le  fit  en  des  termes  qui  honorent  au- 
jourd'hui le  poète,  et  qui  grandissent  celui  qui 
le  protégea.  Mais  ce  soutien  lui  manqua  bientôt; 
et  dès  la  fin  de  l'année  D.  Constantin  fut  rem- 
placé par  D.  Francisco  Coutinho,  comte  de  Re- 
dondo.  La  réputation  de  Camoëns  avait  grandi; 
le  nouveau  vice-roi  estimait,  dit-on,  son  talent; 
il  était  sans  haine  contre  sa  personne ,  et  cepen- 
dant ses  ennemis  comprirent  que,  s'ils  osaient 
l'attaquer,  une  main  puissante  ne  le  défendrait 
plus.  Non-seulement  le  langage  de  Camoëns 
continuait  à  être  ce  qu'il  avait  toujours  été,  hardi 
avec  les  seigneurs,  railleur  avec  les  lâches ,  im- 
placable avec  les  fripons  ;  mais  plus  d'un  per- 
sonnage désigné  cinq  ans  auparavant  dans  les 


Disparates  vivait  encore,  et  sans  doute  n'av 
pas  perdu  tout  espoir  de  vengeance.  Sur-u 
accusation  banale,  le  poète  fut  jeté  en  prise 
Les  commentateurs  du  seizième  siècle  qui  se  se 
le  plus  occupés  de  sa  vie  n'ont  jamais  pu  état 
d'une  manière  positive  ce  qu'il  y  avait  de  g( 
pable  dans  l'acte  qu'on  lui  reprochait  ;  Faria 
Souza  fait  seul  supposer  qu'on  accusait  le  poi 
de  malversation  dans  l'office  qui  lui  avait  ( 
confié  naguère  à  Macao  :  cette  odieuse  calomu 
si  on  osa  toutefois  la  répandre,  fut  bientôt  éo 
tée.  Justifié  de  l'accusation  portée  contre  1 
Camoëns  n'en  demeura  pas  moins  captif.  Un  c 
tain  Miguel  Rodriguez  Coutinho,  surnommé  F 
seccos  {Fils  secs),  fit  valoir  ses  droits  comi 
créancier,  et  le  retint  en  prison.  Était-ce  d; 
une  de  ces  effroyables  masmoras  de  Goa,  di 
les  voyageurs  contemporains  nous  ont  laissé 
si  douloureuses  descriptions? Toujours  si  mod 
lorsqu'il  peint  ses  souffrances,  le  poète  a  cac 
ces  détails  ;  mais  nous  les  devinons  dans  des 
cits  qui  ne  sont  q^ae  trop  fidèles.  Une  supplie 
favorablement  accueillie  du  vice-roi,  au  raoni 
où  il  prenait  le  commandement  d'une  expéditi 
rendit  Camoëns  à  la  libeité.  Dans  sa  triste 
traite  le  poète  était  devenu  pour  quelques  r 
ments  un  impitoyable  railleur,  et  il  paya  si  1 
gcment  sa  dette  à  Rodriguez  Coutinho,  que 
dénomination  moqueuse  dont  on  se  servai 
Goa  pour  désigner  le  vaniteux  gentilhorann 
demeura  longtemps  comme  le  stigmate  d'un  r 
cule  ineffaçable. 

Devenu  libre,  Camoëns  ne  demeura  pas  ci 
mais  un  examen  attentif  des  écrivains  conte 
porains  qui  ont  pu  le  connaître  aux  Indes  n 
fait  supposer  qu'il  se  livra  bien  plutôt  à  l'ét 
qu'à  la  vie  des  camps.  Les  Lusiades  furent  c 
tainement  perfectionnées;  les  élégies,  les  s 
fines,  quelques  sonnets,  reçurent  alors  ce  cai 
tèi'e  d'exquise  pureté  qui  en  fait  des  mod( 
accomplis  du  genre;  et  le  poëte  s'occupa  s 
doute  alors  d'un  ouvrage  demeuré  toujours 
connu,  dont  une  tradition  aussi  vague  qu'elle 
incertaine  trouve  des  vestiges  dans  l'œu 
d'Alvarez  do  Oriente.  L'évêque  de  Yiseu 
observer  avec  quelque  raison  que ,  si  Camo 
avait  pris  part  vers  ce  temps  à  de  grandes  ex 
ditions  militaires ,  Diogo  de  Couto ,  qui  se 
honneur  de  son  intimité  avec  le  poëte  et  qui 
vante  d'avoir  été  son  compagnon,  en  eût  fait 
moins  mention.  11  se  tait  sur  ce  point,  lui 
signale  les  moindres  événements,  et  il  ne  nom 
Camoëns  qu'à  propos  d'une  nouvelle  infortune 
Un  parent  de  ce  Barreto  qui  avait  été  déj; 
funeste  au  poëte,  Pedro  Barreto  Rolim,  vei 
d'être  désigné  pour  administrer  la  capitaim 
deMozambique;  il  aimait  lasociétéde  Camoëns  | 
lui  proposa  de  le  suivre  sur  les  côtes  de  l'Afrit 
orientale.  Camoëns,  croyant  à  la  sincérité  des  f 
messes  du  nouveau  gouverneur,  s'embarqua  a 
lui  pour  Sofala  vers  la  fin  de  1567.  Une  fois  arr 
dans  cette  ville,  on  ne  sait  pas  bien  nettement 


âââ 


CAMOENS 


364 


qui  se  passa  entre  ces  deux  hommes  naguère 
étroitement  unis  :  soit  pure  inconstance  de  Pe- 
dro BarretOjSoit  noble  fierté  de  la  part  de  Ca- 
moéns^  qui  ne  put  se  décider,  dit-on,  à  subir  cer- 
taines exigences  humiliantes,  une  rupture  com- 
I  plète  n'en  eut  pas  moins  lieu  entre  le  poète  et 
son  prétendu  protecteur.  Il  suffit  de  jeter  un 
coup  d'œil  sur  quelques  relations  contemporai- 
nes, et  de  se  figurer  l'état  réel  de  Sofala  au  sei- 
zième siècle,  pour  s'imaginer  ce  que  dut  être 
alors  la  position  de  Caraoëns.  Au  besoin ,  une 
seule  phrase  de  Diogo  de  Couto  suffirait  pour  le 
l'aire  comprendre  :  «  il  le  vit,  dit-il,  se  nourrir  de 
i  a  pitié  de  ses  amis.  » 

II  avait  alors  autour  de  lui  des  hommes  vrai- 

i  nentdévoués:  Hector  daSylveira,  Antonio  Cabrai, 

'  Miz  de  Veiga,  Duarte  de  Abreu,  Antonio  Fer- 

I  ao,  unis  à  quelques  compagnons  généreux  dont 

\e.s  noms  ne  nous  sont  pas  parvenus,  tirèrent 

'auteur  des  Lusiades  de  la  situation  déplorable 

lù  il  était  tombé.  Venus  du  port  de  Goa,  ils  lui 

1  tlVirent  le  passage  sur  le  bâtiment  qui  les  ra- 

lenait  à  Lisbonne  :  il  fallut  que  l'ancien  compa- 

uon  de  Camoëns ,  que  son  matelot  (  il  aime  à 

icndre  ce  titre)  allât  quêter  dans  la  ville  le  linge 

rcessaire  pour  une  si  longue  traversée;  Diogo 

e  Couto  en  fait  naïvement  l'aveu.  Ce  qu'il  n'a 

1  as  dit,  mais  ce  que  Faria  y  Souza,  dans  sa  géné- 

Hise  indignation, "n'a  pas  oublié,  c'est  qu'il  fallut 

ayer  au  gouverneur  de  Mozambique  une  dette 

iiisérable,  contractée  envers  lui  par  l'homme 

e  génie  qu'il  avait  engagé  à  le  suivre,  et  qu'il 

i  vrait  alors  à  l'anxiété  la  plus  cruelle  ;  elle  se 

I  louta  à  une  centaine  de  francs ,  que  dut  ac- 

juitter  Hector  de  Sylveira:  «Ainsi,  dit  l'historien, 

jnent  achetés  la  liberté  de,  Camoëns  et  l'hon- 

eur  de  Pedro  Barreto.  » 

Camoëns  s'embcfrqua  avec  ses  généreux  libé- 
iateurs  sur  le  Santa-Fé,  au  mois  de  novembre 
|569.  La  traversée  fut  heureuse;  mais  un  évé- 
iement  bien  douloureux  au  cœur  du  poète  si- 
inala  la  vue  de  cette  terre  si  ardemment  dési- 
lée:  Hector  de  Sylveira  succomba  en  mer  au 
poment  où  les  hauteurs  de  Cintra  se  dessinaient 
^  l'horizon  ;  c'était  son  meilleur  ami  ;  avec  lui 
féteignirent  les  dernières  espérances  d'un  meil- 
pnr  avenir.  Camoëns  revenait  d'ailleurs  au  mo- 
lent  où  une  affreuse  calamité  désolait  son  pays  ; 
était  à  la  fin  de  1569,  à  l'époque  où  une  peste  ef- 
ioyable,  qui  avait  enlevé  jusqu'à  six  cents  person- 
es  par  jour,  continuait  à  sévir.  L'embouchure  du 
âge  était  fermée  rigoureusement;  et  pour  en 
btenir  l'entrée  il  fallut  que  Diogo  de  Couto,  qui 
enait  sur  un  autre  navire,  se  rendît  à  Cascaès, 
t  de  là  à  Almeirim,  où  s'était  réfugiée  la  cour  : 
ior&  seulement  il  put  obtenir  un  ordre  permet- 
îint  aux  bâtiments  qui  se  trouvaient  en  vue  des 
ptes,  de  jeter  l'ancre  dans  le  port.  Camoëns  ne 
nitra  dans  Lisbonne  qu'au  mois  de  juin  1570. 

Après  dix-sept  ans  d'absence,  le  poëte  trouva 

étranges  changements  dans  Lisbonne.  Jean  III 
wait  succombé  dès  l'année  1557,  et  avec  lui  avait 

NOUV.   BIOGR.   UNIVERS.   —  T.   TIII. 


disparu  la  tranquillité  intérieure.  Une  régence 
laborieuse,  agitée  de  prétentions  contraires,  lui 
avait  succédé  :  on  ignore  comment  s'écoulè- 
rent les  premières  années  que  passa  le  poëte  au 
milieu  de  ces  fluctuations  politiques  :  c'est  le 
début  de  cette  phase  si  obscure  de  sa  vie  que 
doivent  éclaircir  sans  doute  les  précieux  docu- 
ments découverts  récemment  en  Portugal,  grâce 
aux  investigations  du  vicomte  de  Jerumenha. 
Les  Lusiades  parurent  en  1572,  et  furent  impri- 
mées deux  fois  dans  la  même  année,  ce  qui 
prouve  l'immense  succès  qu'obtint  le  poème  de 
Camoëns  dès  son  apparition.  Ainsi  que  le  chef- 
d'œuvre  du  Dante,  il  devint  aussitôt  populaire  : 
Camoëns  était  suivi  dans  les  rues  dès  qu'il  y 
paraissait,  et  il  y  était  salué  du  nom  de  poëte. 
Eslacio  de  Faria ,  qui  avait  transmis  ces  glo- 
rieux souvenirs  à  son  petit-fils,  s'est  montré 
beaucoup  plus  discret  sur  la  vie  intime  de  son 
ami  ;  et  cependant  c'est  à  lui  sans  doute  que  sont 
dus  les  détails  navrants  qui  nous  montrent  Ca- 
moëns en  proie  à  une  effroyable  misère,  et  vi- 
vant des  aumônes  recueillies  par  son  esclave.  Si 
nous  nous  en  rapportons  aux  conamunications 
récentes  qui  nous  viennent  de  Lisbonne,  ce  fait, 
admis  par  tous  les  biographes ,  devrait  être  dé- 
sormais relégué  parmi  une  foule  de  traits  apo- 
cryphes dont  le  caractère  exagéré  repose,  comme 
toutes  les  légendes,  sur  une  vérité  première,  mais 
que  le  cours  des  ans  a  singulièrement  altérée. 
L'histoire  d'Antonio  le  Javanais,  dont  le  dévoue- 
ment a  défrayé  tant  de  récits,  ne  serait  plus 
qu'un  mythe  touchant  ;  il  en  serait  de  même  de 
cette  misérable  pension  de  quinze  mille  réis  qui, 
en  représentant  une  centaine  de  fVancs,  eût  mis  en 
effet  le  poëte  dans  l'absolue  nécessité  de  recou- 
rir, pour  vivre,  à  la  charité  discrète  de  l'esclave 
dévoué.  Des  pièces  authentiques  prouvent,  af- 
firme-t-on,  jusqu'à  l'évidence  que,  dans  ce  qui  a 
été  dit  touchant  la  mesquinerie  de  la  rémunéra- 
tion royale,  il  y  a  eu  singulière  exagération.  Tous 
ces  faits,  d'un  intérêt  incontestable,  seront  bientôt 
livrés  à  la  publicité;  ils  modifieront  le  récit  de 
cette  vie  douloureuse,  mais  ne  le  changeront 
point,  et  n'étoufferont  pas  le  cri  d'angoisse  que 
le  poëte  a  poussé  sur  son  lit  de  douleur,  dans  sa 
pauvre  habitation  de  la  rue  Santa-Anna.  L'his- 
toire des  quatre  moedas  déniées  au  serviteur 
fidèle  qui  les  demande  pour  avoir  du  charbon, 
et  auquel  son  maître  les  refuse,  parce  qu'il  ne 
les  possède  point,  n'a  pas  été  réfutée  que  nous 
sachions;  on  lira  toujours  dans  ime  des  lettres 
de  Camoëns  cette  phrase  navrante  :  «  Qui  jamais 
a  ouï  dire  que,  sur  un  si  petit  théâtre  que  ce 
pauvre  grabat,  le  sort  eût  pu  donner  le  spectacle 
de  si  grandes  infortunes  ?  Et  moi,  comme  si  elles 
ne  suffisaient  pas,  je  me  mets  encore  de  leur  côté  ; 
car  chercher  à  résister  à  tant  de  misère,  ce  se- 
rait orgueil.  » 

Tous  les  maux  politiques  soufferts  par  le  Por- 
tugal depuis  la  mort  de  Jean  III  se  résument  à 
cette  époque  par  la  journée  d'Alcaçar-Kebir,  à 

12, 


855 


CAMOENS 


3S( 


la  suite  de  laquelle  succomûa  la  monarchie. 
Toutes  les  souffrances  du  poëte  aboutissent  à  ce 
mot  sublime,  prononcé  le  jour  où  on  lui  annonce 
la  ruine  de  la  patrie  :  «  Au  moins  je  meurs  avec 
elle!  M  Camoëns  s'éteignit  vers  la  fin  de  1579, 
â  l'âge  de  cinquante-cinq  ans. 

Il  y  a  plus  d'une  trentaine  d'années  que 
M.  Alexandre  Lobo  avait  déjà  élevé  des  doutes 
relativement  au  lieu  dans  lequel  la  tradition 
place  les  derniers  moments  du  poëte;  et,  pour  ne 
point  accepter  l'opinion  commune,  il  se  fondait 
sur  le  silence  d'Emmanuel  Correa,  l'un  des  pre- 
miers commentateurs  des  Lusiades  et  l'ami  de 
Camoëns.  Les  renseignements  nouvellement  exhu- 
més sont,  dit-on,  complètement  favorables  à  ceux 
des  critiques  qui  ont  nié  que  la  mort  du  poëte  ait 
eu  lieu  dans  un  hôpital.  Il  faut  bien  l'avouer  :  la 
note  nécrologique  de  Frey  Jozé  Indio,  vue  jadis 
par  M.  de  Souza,  et  inscrite  sur  la  marge  d'un 
exemplaire  des  Lusiades  possédé  par  lord  Hoî- 
land,  est  ainsi  mise  à  néant.  Ceci  ne  modifie  que 
bien  peu  la  désolante  vérité  ;  car  si  le  moine  a 
fait  erreur  sur  le  lieu,  il  n'est  que  tiop  dariô  le 
vrai  quand  il  affirme  que  Luiz  de  Camoëns  n'a- 
vait pas,  à  l'instant  suprême,  de  couverture  pour 
se  défendre  de  l'injure  du  temps.  On  sait  positi- 
vement que  le  suaire  dont  on  l'enveloppa  fut 
emprunté  à  la  maison  de  Vimioso.  L'inhumation 
eut  lieu  dans  l'église  de  Santa-Anna;  et  ce  fut 
seulement  au  bout  de  seize  ans  que,  grâce  au 
goût  sévère  de  D.  Gonçalo  Coutinho,  on  plaça 
au-dessus  de  la  tombe  cette  simple  inscription  : 

CI-GIT  LOUIS   DE  CAMOENS, 

PRINCE 

DES  POETES   DE  SON  TEMPS. 

Ili  VÉCUT   PAUVRE  ET   MISERABLEMENT, 

IL   MOURUT  DE   MEME. 

Plus  tard,  Gonçalvez  da  Caméra  fit  composer  par 
un  humaniste  célèbre,  Matteus  Cardoso,  une  épi- 
laphe  latine  d'un  tout  autre  style,  et  que  l'on  peut 
lire  dans  Barbosa.  Le  terrible  tremblement  de 
terre  de  1765  avait  fait  disparaître,  à  ce  que  l'on 
suppose,  les  deux  inscriptions  ;  car  il  n'en  restait 
point  de  traces  après  la  réédification  de  l'église 
de  Santa-Anna.  On  avait  donc  perdu,  dans  ces 
derniers  temps,  le  souvenir  de  l'emplacement  oc- 
cupé par  la  tombe.  En  1836,  plusieurs  membres 
de  la  Société  de&  amis  des  lettres,  qui  a  son 
siège  à  Lisbonne,  se  firent  autoriser  par  l'auto- 
rité ecclésiastique,  et,  munis  d'une  permission  du 
patriarche,  commencèrent  des  perquisitions  pour 
découvrir  la  sépulture  de  Camoëns.  Grâce  à  eux, 
on  a  trouvé  dans  le  chœur  réservé  aux  reli- 
gieuses une  tombe  sans  épitaphe,  que  l'on  croit 
être  celle  qui  fut  posée  en  1579,  sans  que  l'on 
puisse  toutefois  rien  affirmer  de  positif  sur  ce 
point. 

Depuis  Voltaire  jusqu'à  notre  époque,  les  lon- 
gues dissertations  sur  les  Lusiades  n'ont  pas 
manqué.  Ce  poëme  a  été  exalté  et  déprécié  outre 
mesure  ;  et,  si  l'on  a  épuisé  à  son  égard  les  for- 
mules de  l'admiration,  on  a  dit  bien  sévèrement 


tout  ce  qu'il  y  avait  à  dire  sur  quelques  tache 
faciles  à  remarquer  dans  l'ensemble  de  cett 
vaste  composition,  et  surtout  sur  le  genre  d 
merveilleux  dont  le  poëte  a  fait  usage.  Rappe 
1er  ici  ce  qui  a  été  répété  tant  de  fois  sur  l'em 
ploi  des  divinités  de  l'Olympe  dans  un  sujt 
essentiellement  chrétien,  ce  serait  tomber  dan 
un  lieu  commun  que  nous  voulons  éviter.  Pou 
juger  le  poëte  portugais,  la  critique  du  demie 
siècle  ne  s'est  enquise  chez  nous  ni  des  temp 
ni  des  lieux  :  elle  a  oublié  qu'il  y  avait,  dar 
la  poésie  comme  dans  la  peinture,  une  époqu 
de  renaissance  qui,  pour  avoir  convié  tous  k 
dieux  aux  triomphes  de  la  foi  chrétienne,  n'c 
était  pas  moins  une  grande  époque.  Le  pei 
pie  intelligent  pour  lequel  les  Lusiades  avaiei 
été  composées  ne  s'est  pas  préoccupé  un  se: 
instant  de  cette  étrange  alliance;  il  n'a  pas  hési 
dans  son  admiration  :  avec  les  nobles  réci 
qu'on  lui  adressait,  il  a  accepté  le  langage  d 
faux  dieux  que  l'on  faisait  parler.  Les  hommi 
lettrés  de  tous  les  pays  ont  pu  balancer  daj 
le  jugement  qu'ils  avaient  à  prononcer  sur  l 
Lusiades  ;  lui,  il  ne  s'est  pas  mépris  un  momen 
il  a  reconnu  Camoëns  à  sa  voix  divine;  il  a  i 
qu'un  grand  poëte  lui  était  né,  et  durant  sa  v 
il  l'a  salué  avec  amour. 

Mais  pour  exciter  cette  ardente  syrapathi» 
voyez  ce  qu'avait  fait  Camoëns;  consultez  su 
tout  un  vieil  écrivain  qui  lui  a  consacré  vin^ 
cinq  ans  d'étude.  Il  n'y  avait  pas  plus  (  | 
soixante-douze  ans  que  Vasco  de  Gama  avf 
accompli  son  étonnante  entreprise,  nous  dit  F  | 
ria  y  Souza  ;  la  tradition  n'avait  pour  ainsi  di  j 
rien  conservé  chez  le  peuple  de  ce  qui  avait  c  j 
accompli  si  miraculeusement  ;  ni  Jean  de  Barr 
avec  le  prestige  de  son  style,  ni  Fernand  Lopj 
avec  son  enthousiasme,  n'avaient  suffi  pour  p  | 
pulariser  le  souvenir  de  ces  victoires.  «  Les  Z  ', 
«  siades  parurent,  et  le  bruit  de  ces  actions  pril 
«  digieuses  remplit  le  monde  ;  ces  palmes  pre'j 
«  que  desséchées  reverdirent.  » 

Quatre-vingts  ans  plus  tard,  au  dernier  siégei' 
Colombo,  au  temps  où  les  Portugais  ne  vivaieul 
déjà  plus  dans  l'Inde  que  par  ces  grands  souvj 
nirs,  les  soldats  chantaient,  dit-on,  sur  labrècM] 
les  belles  octaves  des  Lusiades.  Selon  nous, 
sont  de  tels  faits  qui  disent  ce  que  vaut  1 1 
poëme. 

La  bibliographie  des  X«5mc/e.s  et  des  œuvres»! 
Camoëns  nécessiterait  pour  ainsi  dire  un  Vif 
lume  à  part  :  nous  citerons  ici  les  éditions  les  pliij 
importantes;  Os  Lusiadas  de  Luis  de  CanùH 
com privilegio  real,  4",  impressos  em  Lisii^ 
com  licença  da  saneta  inquisiçûo  do  ordinà 
rio,  emcasa  de  Antonio  Goçaluez,  impressmk 
1572,  réimprimé  dans  la  même  année.  Ce  so<| 
ces  deux  éditions  qui,  ayant  été  soumises  àBJ 
examen  plein  de  sagacité,  ont  donné  lieu  il 
beau  travail  de  M.  Mablin  sur  le  texte  des  Ll 
stades,  en  1 82G.  Ce  poëme  a  été  réimprimé  «j 
seizième  siècle  en  1584,  et  eu  1597.  Les  poésiif 


357 


CAMOENS  —  CAMOSIO 


358 


diverses  paraissent  dans  l'intervalle,  sous  le  titre 
suivant  :  Rythmas  de  Luis  de  Camûes,  divi- 
didas  em  cinco  partes,  dirigidas  ao  muito  il- 
lustre senhor  D.  Gonçalo  Coutinho,  impres- 
sas com  licença  do  suprcmo  conselko  da  gé- 
rai inqtiistçâo  eordinaria,  im  Lisboa,par  Ma- 
noel  de  Lyra,  anno  1595.  Dans  cette  édition 
priuceps  des  rimes,  sont  de  nombreuses  interpola- 
tions contre  lesquelles  la  critique  doit  se  tenir  en 
garde.  L'édition  si  précieuse  donnée  par  Faria 
y  Souza  a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Rimas 
varias  de  Luis  de  Camoens,  principe  de  los 
poêlas  heroycos  y  lyrlcos  de  Espana,  etc.; 
Lisbonne,  1685  et  1689,  4  vol.  en  2  tom.  in-fol. 
M.  John  Adanson  fait  observer  que  le  privi- 
lège avait  été  accordé  pour  8  vol.  Les  Lusia- 
des  avec  les  fameux  commentaires  de  Faria 
y  Souza  paraissent  dès  1639,  en  2  vol.  in-fol., 
après  trente-cinq  ans  de  travail.  La  première 
édit.  réellement  complète  du  poète  est  celle  qui 
est  intitulée  Obras  do  Grande  Luis  de  Ca- 
moes,  principe  dos  poetas  heroycos  e  lyricos 
de  Hespanha,  novamente  dada  a  Luz  com  os- 
seîcs  Lusiadas,  commentadas  pelo  licenciado 
Manoel  Correa;  Lisboa  occidental,  in-fol.  Non- 
seulement  on  tronve  dans  cette  édition  les  pièces 
dramatiques,  mais  on  y  a  introduit  le  poème 
de  la  Création  de  l'homme,  qu'il  faut  écarter 
définitivement  des  œuvres  du  poète,  et  que  Faria 
y  Souza  rejetait  avec  la  plus  grande  énergie  dès 
le  dix-septième  siècle.  Selon  un  Portugais  ins- 
truit, la  collection  la  plus  complète  des  œuvres 
de  Camoèns,  et  sous  bien  des  rapports  la  plus 
correcte,  serait  celle  du  P.  Thomas  Jozé  de 
Aquino,  publiée  en  1779  et  1780,  en  4  vol.  in-8°, 
et  réimprimée  de  1782  à  1783  en  5  vol.  in-8°. 
L'édition  la  plus  magnifique  sans  contredit  des 
Lusiades,  celle  que  l'on  refgarde  avec  juste  rai- 
son comme  un  des  plus  beaux  monuments  de 
la  typographie  moderne,  est  sortie  des  presses 
de  Firmin  Didot;  elle  a  pour  titre  :  Os  Lusia- 
das, poema  epico  de  Luiz  de  Camôes ,  ediçâo 
dada  a  luz  por  dom  Jozé- Maria  de  Souza 
Botelho,  morgado  de  Matteus;  Paris,  1817, 
grand  in-4<'.  Les  nombreuses  gravures  qui  or- 
nent ce  splendide  volume  ont  été  dessinées  par 
Gérard,  y  compris  le  portrait,  dont  l'ornementa- 
tion est  due  à  Percier;  les  planches  ont  été 
exécutées  par  les  plus  habiles  graveurs  du  temps, 
Richomme,  Forster,  Toscîhi.  Ce  livre,  réservé 
pour  faire  des  présents,  n'a  été  tiré,  selonM.  Beu- 
chot,  qu'à  deux  cents  exemplaires;  on  pense 
qu'il  en  existe  un  sur  peau  de  vélin.  L'édition  de 
1819,  publiée  également  chez  F.  Didot,  et  à  la- 
quelle Lecussan-Verdier  a  donné  ses  soins ,  est 
fort  recherchée  de  nos  jours;  et, en  adoptant 
fréquemment  les  corrections  admises  par  Ma- 
blin,  M.  Francisco  Freyre  de  Carvalho  a  fait 
imprimer  à  Lisbonne,  en  1843,  une  édition  que 
l'on  peut  prendre  désormais  pour  modèle. 
M.  John  Adanson  a  donné  une  bibliographie  fort 
judicieuse  et  fort  complète  du  poète  et  de  ses  tra- 

/ 


ducteurs  ,  à  laquelle  il  faut  ajouter  les  deux  ver- 
sions que  Ton  recherche  aujourd'hui  en  France: 
celle  de  M.  Millié,  revue  par  M.  Dubeux,  en  tête 
de  laquelle  se  trouve  un  remarquable  travail  dû 
à  M.  Ch.  Magnin  ;  et  la  plus  littérale  de  toutes, 
celle  de  MM-.  Dessaules  et  0.  Fournier. 

FcRDiNAND  Denis. 

Pedro  de  Mariz,  Dialoçox  de  varia  historia,  1618.  — 
Manoel  Severlm  de  Faria,  Piscursos  varias  e  politicos 
em  Evora  ,  1624,  in-4"  (  le  4"  paraRraplie  renferme  la  vie 
de  CaiiioL'ns  ).  —  Manoel  de  Faria  y  Sou/.a ,  hnHadas  de 
Luis  de  Camoens  commentadas,  contienen  lo  mas  de  lo 
principal  de  laliistoria  i georjrapliia  del  mondo,  y  sin- 
gulamente  de  Espatia,    etc.;  Madrid,  1639,  2  vol   In-fol. 

—  Souza  Botelho,  f^ida  de  Luiz  Camoens,  en  lête  de  la 
grande  édition  imprimée  en  1817  chez  Flrmln  Didot.  —John 
Adanson,  Memoirs  of  the  U/e  and  writings  of  Luis  de 
Camoens;  London,  1820,2  vol.  in-R°,  fig  --  Charles  Ma- 
gnin, Luiz  de  Camoens,  article  insère  dans  la  lievue  des 
Deux  mondes,  et  réimprimé  avec  des  additions  en  tête 
de  la  2«  édit.  de  la  Irad.  de  Millié.  —  J.-V.  Barreto  Feio, 
rida  de  C'imoens  dana  l'édit  publiée  à  Hambourg,  3  voL 
in-8°.  —  Memorias  de  Academia  real  dus  Sciencias 
de  f.isboa  Voy.  I).  Franc. -Alexandre  Lobo,  êvêquc  da 
Viseu,   Memoria  sobre  Luiz  de  Camoens,    t.  VI  (1821)» 

—  Le  comte  de  (Jrcouit,  P'ie  de  Camoens,  Insérée  dans 
la  Revue  de  f^ersailles.  —  Ferdinand  Denis,  Camoens  et 
ses  contemporains,  notice  insérée  en  tête  de  la  trad.  de 
Camoë  ns  par  Ortaire  Fournier  et  Dessaules,  petit 
in-80. 

*CAMOR  (Pierre),  troubadour  français,  vi- 
vait dans  le  treizième  siècle.  On  ignore  les  par- 
ticularités de  sa  vie ,  et  on  a  de  lui  une  seule  pièce 
de  vers  en  sept  strophes,  contenant  chacune  l'in- 
terrogation :  Eh  !  pourquoi  ?  Cette  pièce  com- 
mence ainsi  : 

Iratz  chant  chantar  mi  rais. 
Le  poète  s'y  plaint  des  rigueurs  de  sa  dame,  qui, 
après  deux  ans  de  servage,  ne  lui  a  pas  encore 
accordé  le  don  d'amoureux  merci.  «  Eh  !  pour- 
quoi, s'écrie-t-il,  ai-je  attendu  sijongtemps .'  Dieu 
ne  donne-t-il  pas  en  un  clin  d'œil  de  grands 
biens  ?  » 

Moût  si  attendut  e  per  que? 

Dieus  dona  en  pauc  dora  gran  be. 
Bibliothèque  impériale,  nianuBcrits,  n"  722S  et  "22S,fùl. 
111  et  370.  —  Bastero ,  Crusca  provenzule.  —  Crescem- 
b-ini,  fstoria  délia  volçiar  poesia,  t.  H,  p.  204.  —  MH- 
lot.  Histoire  littéraire  des  Troubadours,  t.  Ill,  p.  425. — 
Raynouard,  Choix  des  Poésies  orf^inates  des  Trouba- 
dours—Histoire littéraire  de  la  France,  t.  XX,  p.  89S. 

*CAMOS  {Marc-Antoine),  archevêque  et 
théologien  espagnol ,  né  à  Barcelone  en  1553, 
moi't  à  Naples  en  1606.  Il  prit  d'abord  la  car- 
rière des  armes  et  la  suivit  avec  éclat  jusqu'en 
1591,  où  la  douleur  d'avoir  perdu  sa  femme  le 
décida  à  se  faire  augustin,  quoique  dans  un  âge 
assez  avancé  ;  il  étudia  la  théologie  et  la  philo- 
sophie, et  y  fit  de  grands  progrès.  11  fut  nommé  eu 
1605  archevêque  de  Trani  (terre  de  Bari)  ;  mais 
il  mourut  avant  d'avoir  reçu  les  bulles  de  sanc- 
tion. On  a  de  lui  :  Microscomo  y  Gobicino 
universal  del  hombre  christiano. 

N.  Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova. 

CAMOSIO  ou  CAMOTi  (  Jean-Baptiste  de), 
helléniste  italien,  né  à  Afolo  (Trévisan)  en 
1515,  mort  à  Rome  en  1591.  Il  était  très-vers(i 
dans  les  langues  grecque  et  orientale,  ainsi  que 
dans  les  sciences  naturelles.   11  enseigna  d'à- 

12. 


359 


CAMOSIO  —  CAMPAIGNAG 


360 


bord  la  philosophie  à  Bologne  dans  le  collège 
d'Espagne  (1550)  ,  puis  à  Macerata  (  1555).  Ap- 
pelé à  Rome  par  Pie  IV  en  1558,  il  y  fut  oc- 
cupé à  la  traduction  et  à  l'interprétation  des 
Pères  grecs.  On  a  de  lui  :  In  primum  Meta- 
physices  Theophrasti,  etc.;  Venise,  1551,in-fol.; 
—  une  version  latine  sur  la  Physique  d'Aristote, 
d'après  Michel  Psellus;  Venise,  1554,  in-fol.; 
et  quelques  manuscrits. 

De  Thou,  Mémoires  historiques.  —  Joslas  Simler, 
tlist. 

CAMOUX  (Annibal),  guerrier  cité  comme 
un  exemple  de  longévité,  naquit  à  Nice  le  20  mai 
1638,  et  mourut  à  Marseille  le  18  août  1759,  âgé 
de  cent  vingt  et  un  an  et  trois  mois.  Il  avait  servi 
sur  les  galères  comme  simple  soldat  ;  il  dut  à  la 
sobriété  et  à  la  frugalité  l'inaltérable  santé  dont 
il  jouit  jusqu'à  cent  ans.  Louis  XV  lui  accorda, 
vers  cette  époque,  une  pension  de  trois  cents 
francs.  Visité,  sur  son  lit  de  mort  par  le  cardi- 
nal de  Belloy,  évêque  de  Marseille ,  Annibal  lui 
dit  :  <c  Monseigneur,  je  vous  lègue  mon  grand 
âge.  «  L'évêque,  mort  presque  centenaire,  disait 
en  riant,  à  la  fin  de  sa  carrière,  qu'il  avait  ac- 
cepté le  legs  d'Annibal.  Le  portrait  de  ce  dernier 
a  été  peint  par  Vernet  dans  une  vue  du  port  de 
Marseille,  puis  par  Viali,  et  gravé  par  Lucas.  On 
a  publié  la  vie  de  Camoux  en  1760,  in-12. 
Le  Bas ,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France. 

*CAMP  (^Abraham),  prédicateur  allemand, 
de  l'ordre  des  Jésuites,  natif  de  Cologne,  mort  à 
Dusseldorfle  26  février  1696.  Étant  entré  dans 
la  congrégation  des  Jésuites  en  1688,  il  étudia 
les  belles-lettres  à  Aix-la-Chapelle,  et  la  théo- 
logie à  Trêves.  Après  avoir  px'êché  pendant 
quelque  temps  à  Dusseldorf  avec  beaucoup  de 
succès,  il  fut  mis  à  la  tête  des  missions  nouvel- 
lement établies  dans  les  duchés  de  Juliers  et  de 
Berg,  qu'il  dirigea  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  : 
Aqulla  grandis  magnarum  alarum  ;  Ezech. 
xvu,  3,  hoc  est  :  Lessus  oratorhis  et  poeticus 
funebris  serenissimse  Marias- Annx-J osephœ 
Austriacse,    cor^igis   serenissimi  Johannis- 

Wilhelmi,   electoris  Palatini;    Dusseldorf, 

1689,  in-fol. 
Harzheitu,  Bibl.  Colon. 

CAMP  D'AVENWE  {Hugues) ,  comïQ  de  Saint- 
Paul.  Voy.  Saint-Paol. 

*CAMPAGNA  (Girolamo),  sculpteur,  né  à 
Vérone  en  1552,  vivait  encore  en  1623.  Élève  de 
Danese  Cattaneo,  il  l'aida  dans  beaucoup  de  ses 
travaux;  dans  le  cours  de  sa  longue  et  labo- 
rieuse carrière,  il  orna  de  beaux  et  nombreux 
ouvrages  Venise,  Padoue,  Vérone,  et  quelques 
autres  villes.  Les  principaux  à  Venise  sont  les 
superbes  autels  de  Saint-Jean  et  Paul,  de  Saint- 
Laurent,  et  de  Saint-George-Majeur;  saint 
François  et  saint  Marc ,  à  la  façade  de  l'église 
du  Rédempteur;  saint  Pierre  et  saint  Thomas, 
au  maître-autel  de  Saint-Thomas  ;  la  statue  en 
bronze  de  saint  Antoine,  abbé,  à  Saint-Jacques 
deRialto;  un  Hercule,  klà  Zecca,  et  une sai7ite 


Justine,  sur  la  porte  de  l'arsenal  ;  à  Padoue , 
dans  la  chapelle  Saint-Antoine,  un  bas-relief  du 
saint  ressuscitant  un  enfant  à  Lisbonne  ;  kYé- 
Tone,ane  Annonciation,  sur  la  façade  du  palais 
del  Consiglio  ;  enfin  à  Urbin,  la  belle  statue  du 
duc  Frédéric,  sur  l'escalier  du  palais  des  ducs. 

E.  B— N. 
Cicognara,  Storia  délia  scoltura.  —  Ticozii,  Diziona- 
rio.  —  Quadri,  Otto  giorni  in  f^enezia. 

CAMPAtiNOLA  (Domenico),  peintre  et  graveur 
vénitien,  né  vers  1482.  H  reçut  les  leçons  de  son 
père  Giulio  Campagnola,  mais  devint  élève  ou 
au  moins  imitateur  du  Titien.  Il  a  laissé  à  Venise 
et  à  Padoue  un  grand  nombre  d'ouvrages  tant  à 
l'huile  qu'à  fresque ,  remarquables  surtout  par 
la  beauté  et  la  vigueur  du  coloris.  Campagnola 
tient  aussi  une  place  distinguée  parmi  les  gra- 
veurs italiens  du  seizième  siècle.  Ses  principales 
eaux-fortes  sont  Y  Adoration  des  Mages,  la  Ma- 
deleine aux  pieds  du  Saiiveur,  une  Sainte  Fa- 
mille et  une  Vénus.  Il  a  gravé  sur  bois  la  Vierge 
allaitant  l'Enfant,  le  Massacre  des  Inno- 
cents, et  quelques  autres  pièces.     E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pit.torica.  —  Ticozzi,  Dizionario.  — 
Quadri,  Otto  giorni  in  Fenezia. 

*  CAMPAGNOLA  (fiirolamo),  peintre  de  l'é- 
cole vénitienne,  né  selon  les  uns  à  Padoue,  selon 
d'autres  dans  le  territoire  de  Trévise,  vivait  vers 
1490.  Vasari  dit  qu'il  fut  élève  du  Squarcione. 
Son  fils  Giulio  fut  également  peintre,  ainsi  que 
son  petit-fils  Domenico.  E.  B — n. 

Vasari,  Fite.  —    Lanzi,   Storia  pittorica. 

*  CAMPAGNOLA  (  Barthélemij),  jurisconsulte 
italien,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huilième  siècle.  Il  était  chancelier  du  chapitre 
diocésain  de  Vérone.  On  a  de  lui  :  Liber  civilis 
urbis  Veronse,  ex  bibliothecse  capitularis 
ejusdem  civitatis  autographo  codice,  quem 
Willelmiis  Calvus  notarius  anno  Domini 
MCCXXl'III  scripsit ,  nunc  primum  editus,  , 
eut  nonnulla  vetera  documenta  eidem  argu- 
menta lumen  afferentiapreemittuntur,  addito 
inftneopuscido  deVitaet  Translationesancti 
Metronis  et  duabus  Epistolis  Ratherii,  epis- 
copi  Veî'onensis  ;  Yérone,  1728,  in-4°. 

Adelung,  supplément  à  Jôclier,  AUgemeines  Gelehrten- 
Lexicon. 

*  CAMPAiGJîAC  (AntoiKe-jBer/?ard),ingénieur 
français,  né  le  9  novembre  1792  à  Montgeara 
(Haute-Garonne),  après  avoir  servi  pendant 
près  de  trente-deux  ans  dans  la  marine ,  a  été 
admis  à  la  retraite,  et  nommé,  le  30  juin  1843, 
directeur  de  l'École  des  arts  et  métiers  d'Aix. 
On  a  de  lui  :  Notice  à  joindre  au  rapport  de 
M.  Hubert  sur  les  détails  de  construction  des 
machines  du  Sphinx,  et  Instruction  sur  la 
conduite,  la  manœuvre  et  l'entretien  des  ma- 
chines à  bord  des  bâtiments  à  vapeur,  an- 
nexé au  Rapport,  eic,  de  M.  Hubert;  Toulon, 
1836,  in-fol.;  de  93  p.  ;  —  Atlas  du  Génie  ma- 
ritime, rédigé  par  les  officiers  de  ce  corps  et 
mis  en  ordre  par  M.  Campaignac,  etc.  ;  Toulon, 
2 1.  en  un  vol.  in-foL  ;  —  De  l'état  actuel  de  Içi 


361  CAMPAIGNAC 

navigation  par  la  vapeur,  et  des  améliora- 
tions dont  les  navires  et  appareils  à  vapeur 
marins  sont  susceptibles  ;  suivi  de  notes  expli- 
catives, projets ,  tableaux,  etc.  ;  Paris,  L.  Ma- 
thias,  1842,  in-4°. 

Qiiéranl ,  la  France  littéraire. 

*CAMPAILLA  (  r/jomfls),  philosophe,  natu- 
raliste et  prêtre  italien",  né  à  Modica,  dans  l'île 
de  Sicile,  le  7  avril  1668,  mort  probablement  à 
Palerme  le  7  février  1740.  Issu  d'une  famille 
noble,  il  étudia  pendant  quelque  temps  à  Catane 
le  droit,  pour  lequel  il  avait  peu  de  goût.  Il 
l'abandonna  après  la  mort  de  son  père  pour  des 
études  variées  et  même  oiseuses,  telles  que  l'as- 
trologie ,  jusqu'à  ce  qu'enfin  la  poésie  l'attira 
tout  entier  pendant  quelque  temps.  Après  avoir 
adopté  le  système  cartésien ,  il  se  voua  à  l'étude 
des  sciences  naturelles  et  de  la  médecine,  dans  la- 
quelle il  acquit  de  grandes  connaissances.  Mais 
sa  manière  de  vivre  fut  le  contrepied  des  règles 
(ie  l'hygiène;  car  il  portait  dans  la  saison  la  plus 
chaude  des  vêtements  doublés  de  soie,  tandis 
(ju'en  hiver  il  ne  sortait  jamais  de  chez  lui,  et 
tâchait  de  garantir  son  appartement  contre  tout 
accès  de  l'air  extérieur.  On  raconte  aussi  qu'il 
a^  ait  l'habitude ,  chaque  matin ,  quand  il  se  sen- 
tait quelques  crudités  dans  l'estomac,  de  les 
rendre  en  provoquant  le  vomissement.  —  On 
a  de  lui  :  l'Adamo,  ovvero  il  mondo  creato, 
poema  filosofico,  parte  I  ;  Catane,  1709,  in-8°; 
Messine,  1728,  in-fol.  ;  Rome  (ou  plutôt  Pa- 
lerme), 1737,  in-fol.  ;  Milan,  1750,  in-8°,  et  1757, 
"}.  vol.  in-8°  :  c'est  son  principal  ouvrage,  dont 
la  3^  édit.  contient  en  outre  les  objections  du 
directeur  don  Antoine  Grana,  avec  la  réponse  de 
Campailla  ;  —  Discorso  in  cîii  risponde  alV  op- 
\postzionefattagUdal  sig.dott.  Giust.  Monca- 
\ dasopra la  suasentenza délia fermentazione ; 
Palerme,  1709,  in-8°  ;  Milan,  1750,  in-8"  ; — 
i  Discorso  del  moto  degli  animait,  parte  T, 
î  def  movimenti  ïnterni;  Palerme,  1710,  in-12; 
Milan,  1 750,  in-8°  ;  —  Problemi  naturali  ;  Pa- 
lerme, 1727,  in-4°  ;  Milan,  1750,  in-8'';  —  Cor- 
nelio  Nipote,  tradotto,  etc.;  Vérone,  1732, 
in-4°  —  Opuscoli  filosofici,  che  contengono 
due  discorsi,  uno  delV  incendio  del  monte 
Etna,  e  l'altro  corne  la  mente  umana  é  de- 
lusa  a  sentire,  discorrere  e  giudicare  pari- 
\  mente,  e  le  Considerazioni  sopra  la  Fisica 
\del  sig.  J.  Newton;  Palerme,  1738,  in-4°;  Mi- 
i  lan,  1750,  in-8°;  —  Apocalisse  del  apostolo 
San  Giovanni,  poema  sacro  in  ottava  rima; 
Rome  (Palerme),  1738,  in-8°  (poëme  mystique, 
mais  incomplet,  sur  la  Grâce)  ;  —  quelques  dra- 
mes et -opéras  (  essais  de  jeunesse). 

Mongitore,  Bibl.  Sic.  —  Nuova  Raccolta  d'  Opuscoli 
scientif.  fllolog  ,  X,  p.  52  et  suiv.  —  Tipaldo ,  Biografla 
degli  Italiani  illustri,  t.  X. 

CA.MPAN  (  Jeanyie-Louise-flenrietteGETHEs-i, 
madame),  célèbre  institutrice,  néeà  Paris  en  1752, 
morte  à  Mantes  en  1822.  Son  père  était  premier 
commis  aux  affaires  étrangères;  il  cultivait  les 
lettres  et  recevait  chez  lui  les  littérateurs  distingués 


—  CAMPAN 


362 


del'époque,  tels  que  Dnclos,  Marmontel,  Thomas. 
Cette  société  contribua  à  développer  l'esprit  d'Hen- 
riette Genest,  dont  l'éducation  fut  d'ailleurs  très- 
soignée.  Dès  l'âge  de  quinze,  ans  elle  entra  à  Ver- 
sailles avec  le  titre  de  lectrice  de  Mesdames.  Ce 
fut  d'abord  une  vive  joie  pour  elle  :  il  faut  Hre 
dans  ses  Mémoires  l'effet  magique  de  ce  palais 
et  de  cette  cour  sur  ces  regards  naïfs  ;  mais  le 
désenchantement  suivit  de  près,  quoiqu'elle  fût 
dans  une  heureuse  position.  Mesdames  la  ma- 
rièrent à  M.  Campan,  dont  le  père  était  secré- 
taire du  cabinet  de  la  reine  :  Louis  XV  la  dota 
de  5,000  hvres  de  rente  ;  elle  fut  attachée  à  la 
dauphine  Marie-Antoinette  en  qualité  de  première 
femme  de  chambre.  On  sait  qu'elle  continua  ses 
fonctions  auprès  de  l'auguste  princesse  jusqu'au 
moment  où  l'horrible  catastrophe  du  10  août  les 
sépara  pour  jamais  :  elle  vit  le  fer  des  Marseillais 
levé  sur  sa  tête  quand  les  Tuileries,  après  le 
départ  de  Louis  XVI  et  de  sa  famille,  furent  li- 
vrées au  pillage.  Lorsque  la  reine  fut  transférée 
au  Temple,  M"^  Campan  fit  de  vaines  tentatives 
auprès  de  Pétion  pour  obtenir  de  l'y  suivre  ;  bien- 
tôt même  il  lui  fallut  quitter  Paris,  où  elle  deve- 
nait l'objet  des  soupçons  et  des  poursuites  spé- 
ciales de  Robespierre.  Combertin,  dans  la  vallée 
de  Chevreuse,  fut  son  asile.  Là,  elle  ne  tarda  pas 
à  apprendre  que  sa  sœur,  M"^  Auguié,  s'était 
donné  la  mort  au  moment  même  de  son  arres- 
tation. Les  malheurs  et  les  chagrins  se  succédè- 
rent rapidement.  Son  mari  tomba  malade;  il  avait 
auparavant  contracté  pour  30,000  francs  de  det- 
tes ;  son  fils,  âgé  de  neuf  ans,  loin  de  pouvoir 
lui  être  d'aucun  secours,  réclamait  ses  soins  ;  en- 
fin, elle  se  trouva  réduite  à  un  assignat  de  500 
francs.  Dans  cet  état  de  dénûment,  l'idée  lui 
vint  de  fonder  un  pensionnat.  Le  goût  de  l'ensei- 
gnement était  inné  chez  elle,  et  il  s'était  surtout 
développé  depuis  qu'elle  élevait  les  filles  de  sa 
sœur,  retirées  avec  elle  à  Combertin.  Elle  s'as- 
socia une  rehgieuse,  et  s'établit  à  Saint-Germain  ; 
elle  écrivit  de  sa  main  100  prospectus,  parce 
que  l'argent  lui  manquait  pour  les  faire  impri- 
mer: au  bout  d'un  an,  elle  avait  soixante  élèves. 
Napoléon,  six  mois  avant  son  mariage  avec 
M""'  de  Beauharnais,  vint  lui  confier  sa  fille  Hor- 
tense  ;  et  après  la  guerre  d'Italie,  le  héros  de 
cette  guerre  vint  assister  chez  M""^  Campan  à 
deux  représentations  d'Esther.  L'ordre  et  l'élé- 
gance qui  régnaient  dans  cette  maison  lui  firent 
une  impression  qui  ne  s'effaça  pas  ;  et  après  la 
bataille  d'Austerlitz,  M""^  Campan  fut  nommée 
surintendante  de  la  maison  impériale  d'Écouen. 
Elle  remplissait  dignement  cette  charge,  lors- 
que arrivèrent  les  événements  qui  mirent  fin  à 
l'empire  et  à  ses  gloires.  Le  retour  des  Bourbons 
ne  fut  pas  favorable  à  l'ancienne  femme  de  cham- 
bre de  Marie- Ant oinette  ;  des  voix  accusatrices 
s'élevèrent  contre  elle,  et  la  chargèrent  d'impu- 
tations que  l'opinion  jugea  Ccilomniduses.  Le  plus 
grand  de  ses  torts  fut  sûrement  de  n'avoir  pas 
hésité  à  se  dévouer  à  une  nouvelle  famille  ré- 


863  CAMPAN  — 

gnante,  après  avoir  été  attachée  de  si  près  à 
l'ancienne.  Elle  n'essaya  pas  longtemps  de  lutter 
contre  le  torrent,  et  se  retira  à  Mantes.  Là,  le 
dernier  et  le  plus  poignant  de  ses  chagrins  vint 
l'atteindre  :  elle  perdit  son  fils,  et,  malgré  les 
consolations  qui  lui  furent  prodiguées  par  f'ami- 
îié,  par  la  reconnaissance  de  ses  élèves,  entre 
lesquelles  se  distingua  M""^  la  maréchale  Ney , 
elle  ne  se  releva  point  de  ce  coup.  Bientôt  atta- 
quée d'un  cancer  au  sein  et  contrainte  de  subir 
nae  opération  cruelle,  dévorée  d'une  maladie  de 
poitrine,  elle  offrit  à  ses  amis  le  triste  spectacle 
d'un  dépérissement  sans  remède,  et  mourut  après 
avoir  montré  jusqu'à  la  fin  beaucoup  de  patience 
et  de  courage. 

Outre  les  Mémoires  sur  la  vie  privée  de 
Marie-Antoinette,  sîiivis  de  souvenirs  et  anec- 
todes  historiques  sur  les  règnes  de  Louis  XIV 
et  de  Louis  XV ,  première  édition,  Paris,  1823, 
3  vol.  in-8°.  M""®  Campan  a  laissé  :  les  Lettres 
de  deuxjexmes  amies,  les  Conversations  d'une 
mère  avec  ses  filles,  des  nouvelles  et  des  comé- 
dies à  l'usage  de  la  jeunesse,  et  im  ouvrage  in- 
titulé De  l'Éducation  des  femmes.  Tout  le 
monde  a  lu  ses  Mémoires  :  outre  le  vif  intérêt 
qu'inspirent  les  événements  et  les  personnages 
dont  ils  parlent,  ils  ont  le  mérite  d'être  écrits 
d'un  style  clair,  naturel  et  élégant.  Quant  aux 
autres  ouvrages,  ils  ne  s'élèvent  pas  au-dessus 
du  médiocre.  M.  Maigne  a  publié  en  1824  un 
Journal  anecdotique  de  ^i'"*  Campan,  ou  Sou- 
venirs recueillis  dans  ses  entretiens,  etc.  On 
a  aussi  publié  la  Correspondance  inédite  de 
M^^  Campan  avec  la  reine  Hortense,  2^  édit.  ; 
Paris,  1835,  2  vol.  in-8°. 

Le  véritable  nom  des  Campan  était  Berthol- 
let;  l'autre  leur  venait  de  la  vallée  dont  ils  étaient 
originaires.  Le  célèbre cliimiste  était  leur  parent. 
[Enc.  des  g.  du  m.} 

Galerie  historique  des  Contemporains.  —  ArnauU, 
Jouy,  etc..  Biographie  nouvelle  des  Contemporains. 

CAMPANA  (Albert),  dominicain  et  théologien 
florentin,  mort  à  Padoue  le  24  septembre  1630. 
Il  professa  d'abord  la  philosophie  à  Pise,  puis  la 
théologie  à  Padoue,  où  il  mourut  d'apoplexie. 
On  a  de  lui  une  traduction  de  la  Pliarsale  en 
vers  libres  italiens,  Venise,  1640,  in-12  ;  et  quel- 
ques manuscrits. 

Thomasini,  ntse  lUustrorum   Virorum. 

*CAîttPANA(yln^ome-/'rançoJs),  médecin  ita- 
lien, né  à  Ferrare  le  3  avril  1751,  mort  le  2  mai 
1832.  Après  avoir  étudié  chez  les  jésuites  de 
Ferrare,  il  se  mit  à  étudier  la  médecine,  et 
se  livra  ensuite  à  la  pratique  dans  l'hôpital 
de  Sainte-Marie,  à  Florence.  Puis  il  s'appliqua 
à  la  physique,  et  profita  de  sa  liaison  avec  lord 
Cooper,  amateur  lui-même  des  sciences  natu- 
relles, et  dont  le  cabinet  lui  était  ouvert,  pour 
se  livrer  à  de  nombreuses  expériences.  Ap- 
pelé à  remplir  une  chaire  de  physique  à  Fer- 
rare,  il  s'acquitta  de  ces  fonctions  avec  éclat. 
Sa  carrière,  d'abord  interrompue  par  les  évé- 


GAMPANA  364 

nements  de  la  révolution,  reprit  son  activité 
lorsque  les  orages  politiques  se  furent  calmés. 
Il  recommença  ses  cours  de  physique,  et  pro- 
fessa la  botanique,  la  chimie  et  l'agriculture. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Farmacopea 
Ferrarese;  Ferrare,  1799;  —  Catalogus  Plau- 
tarum  horti  botanici  Ferrariensis;  Farrare, 
1812  et  1824;  —  Suite  cause  délie  febbri  in- 
termittenti  che  si  attribuiscono  alV  aria  cat- 
tiva;  1824;  —  Sulla  insalubrità  dèl  barbio 
ne'  mesi  in  cui  ha  leova,  dans  le  Giornale  Fer- 
rarese, février  1811  ;  —  plusieurs  ouvrages  ma- 
nuscrits. 
Tipaldo,  Biograf.  degli  Ital.  illustr.,  I,  50. 

CAMPA!<iA  (César  de),  historien  napolitain, 
né  à  Aquila  vers  1540,  mort  en  1606.  Sa  vie 
a  été  remplie  par  ses  travaux.  Il  a  laissé  les 
ouvrages  suivants  :  Alberi  dette  Jamiglie 
che  hanno  signoreggiato  in  Manlova  ;  Man- 
toue,  1590,  in-4°;  —  Istoria  del  mondo, 
dal    1570   al    1596;   Venise,    1591    et    1607, 

2  vol.  in-4'';  —  Délie  f ami  g  lie  di  Baviera,  e 
dette  reali  di  Spagna;  Vérone,  1592,  in-4''; 
—  Assedio  e  ricaquisto  di  AnversanelV  anno 
1584;  Vicence,  1595;  —  Compendïo  istorico 
dette  guerre  succès  se  tra  christiani  e  Turchi 
e  Persiani,  sin''  ail'  annq  1597;  Venise,  1597, 
in-4°  ;  —  Storia  délie  guerre  di  Flandria,  dal 
1559  al   1600;  Vicence,  1602  et   1622,  in-4% 

3  parties  ;  —  Vita  del  re  Filippo  II,  avec  sîip- 
plémcnt  d'Auguste  deCampana,  fils  de  l'auteur; 
Vicence,  1608,  1609,  in-4'',  5  parties. 

Toppi,  Bibliotà.  JVapolet, 

*CAMPANA  OU  CAMPANUS  ( i^'ranf 0(5 ),  hu- 
maniste italien,  né  à  Colle  en  toscane,  vivail 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  l. 
fut  premier  secrétaire  des  ducs  Alexandre  el 
Cosme  de  Médicis,  et  connaissait  surtout  l'an- 
cienne littérature  classique.  On  a  de  lui  :  Ào 
AdhanumVr,pont.  max.,  oratio  panegijrtca 
Pavie,  1523,  in-4°  ;  —Quxstïo  Virgiliana,  pei 
quam  absolvitur  Virgilius  negligentlx  quov 
Yarus  (  Varro)  et  Tiicca  ac  cœteri  hactenu: 
objecerunt;  Bologne,  1526,  in-4°;  Milan,  1540 
in-4°  ;  Paris,  1541,  in-8°,  et  1573,  in-8",  et  à  1; 
suite  de  Janus  Parrhasius;  —  Liber  de  rébus  pe\ 
epistolam  quxsitis  ,-  Paris,  1567,  in-S",  et  dan: 
l'édit.  de  Virgile;  Venise,  1544,  in-fol.  Campan; 
y  reproche  à  Vams  et  à  Tucca  d'avoir  supprinn 
vingt -deux  vers  du  IF  livre  de  V  Enéide,  de  sorti 
que  le  contexte  devient  plus  ou  moins  inin  j 
telligihie. 

Clément,  etôî.  curieuse,  VI,  176.  —  Negri,  Scritt.  Fier 
-  CiriL-lli,  Btbt. 

''CAMPAJJA  (François-Frédéric) ,  généra 
fran(ais,  né  à  Turin  le  5  février  1771,  tué  à  1 
bataille  d'Ostrolenka  le  16  février  1807.  Sorti  d 
l'école  militaire  de  Turin,  il  entra  lieutenant  ad 
joint  à  l'état-major  de  l'armée  d'Italie  le  30  mar 
1794.  Capitaine  au  corps  franc  étranger  ( 2  ne 
vembre  1795),  il  devint  aide  de  camp  du  génc 
rai  Victor  le  23  du  même  mois,  et  fut  blessé  d'u 


(55  CAMPANA  — 

>ii|i  (\e  feu  à  la  bataille  de  Loano.  Employé  plus 
il  il  à  la  grande-armée  (2'' division,  5''  corps),  il 
i  les  campagnes  d'Allemagne,  de  Prusse  et  de 
.'\n'^ne,  où  il  fut  tué  à  l'âge  de  trente-six  ans. 
(•  nom  de  ce  général  est  inscrit  sur  les  tables 
('  bronze  du  palais  de  Versailles.      A.  S. 

■irchives  de  la  guerre.  —  Vict.  et  Conq.,  t.  XVII. 

^CAMPANA  (Pierre),  graveur  italien,  né  à 
oria  ou  à  Rome  en  1727,  mort  en  1765.  Il  était 
è\e  de  Rocco  Pozzi,  et  vécut  tantôt  à  Rome, 
intôt  à  Naples.  Il  grava  plusieurs  portraits 
3ur  le  Musée  florentin,  travailla  à  l'ouvrage 
ûihûé  Série  de'  ritratti  de' celebri  pittori; 
loreiice,  1764-1766,  dans  e  Recueil  d'estampes 
'après  les  plus  célèbres  tableaux  de  la  gale- 
'('  de  Dresde,  1753-1757,  et  dans  la  Raccolta 
die  pitture  d'Ercolano,  1767-1762.  On  cite 
irini  ses  gravures  les  plus  estimées  :  la  Déli- 
'■(luce  de  saint  Pierre,  d'après  Préti  (galerie 
K  Dresde);  —  Pierre  de  Cortone  (musée  de 
lorence);  —  Saint  François  de  Paule,  à' après 
.  Conca. 

Ticozzi,  Diiionario.',—  Nagler,  Neiies  Mlgem,  Kûnst- 
r-Lexicon. 

cAMPANAio  (Lorenzo  di  Lodovico),  sur- 
ommé  Lorenzetto,  sculpteur  et  architecte  flo- 
fentin,  né  en  1494,  mort  en  1541.  Le  premier 
[uvrage  sérieux  de  Campanaio  fut  l'achèvement 
u  tombeau  du  cardinal  Porto  Guerri  dans  l'é- 
lise de  Saint-Jacques ,  à  Pistoie  :  la  mort  était 
enue  surprendre  Andréas  del  Verrochio  avant 
l'avoir  eu  le  temps  de  terminer  ce  monument. 
Oampanaio  réussit  parfaitement  à  compléter  l'œu- 
rre  du  maître,  et  se  distingua  surtout  dans  une 
Hatue  de  la  Charité,  qu'on  y  admire  encore. 
lome  apfielait  le  jeune  artiste  ;  il  eut  le  bonheur 
l'y  gagner  l'amitié  de  Raphaël,  qui  lui  fit  donner 
les  travaux  dignes  de  son  talent.  Il  construisit 
je  palais  Caffarelli,  ainsi  que  plusieurs  magnifi- 
joes  villas.   H  travaillait  en  même  temps  au 

!  orabeau  du  cardinal  Chigi,  dans  l'église  Santa- 
Maria  del  Popolo,  et   sculpta  les   deux  beaux 

finorceaux  représentant   les  prophètes  Élie  et 

\Jonas.  Plus  tard,  il  érigea  le  palais  du  cardinal 
'iélla  Yalle,  en  dessina  les  vastes  jardins,  les  orna 
lie  nombreuses  statues ,  et  de  deux  admirables 
'^as- reliefs  d'après  l'antique.  Le  pape  Clément 
lui  fit  exécuter,  en  1530,  un  saint  Pierre,  deé- 
îiné  au  pont  Saint- Ange;  et  San-Gallo,  archi- 

l'tecte  de  Paul  III,   le  prit  en  1536  pour  le  se- 

kconder  dans  les  travaux  nécessaires  à  l'achève- 

[ment  de  Saint-Pierre  de  Rome. 

j    Cicognara,  Storia  délia  scultura.  —  Nagler,  Nettes 

\,  Mlg.  Kûnstler-Lex. 

j  GAMPANELLA  (Thomas),  naquit  en  1568  à 
il  Stilo,  petit  village  de  Calabre,  et  mourut  à  Paris 
!' en  1639.  Dès  l'âge  de  quatorze  ans  il  prit  l'ha- 
(  Wt  de  Saint-Dominique.  Dévoré  d'un  immense 
[  désir  de  savoir,  il  eut  bientôt  lu  les  livres  de 
■  saint  Thomas  et  d'Albert  le  Grand,  et  épuisé  tout 
f  ce  qu'on  enseignait  dans  les  écoles.  Dans  des 
controverses  publiques  qui  eurent  lieu  à  Co- 


CAMPANELLA 


366 


senza ,  il  fit  voir  qu'il  était  rompu  à  toutes  les 
subtilités  de  la  8Colasli(jue.  Mais  la  science 
de  l'école  n'était  pas  faite  pour  plaire  à  une 
imagination  aussi  exaltée,  à  un  esprit  aussi 
hardi  et  aussi  indépendant.  Il  lut  les  livres  de 
Télésio,  et  y  trouva  cet  esprit  de  liberté  et  de 
hardiesse  qu'il  sentait  fermenter  en  lui ,  et  en 
même  temps  cette  tendance  alors  nouvelle  à 
chercher  la  vérité  dans  l'observation  de  la  na- 
ture plus  que  dans  les  livres  des  savants,  ten- 
dance féconde  que  Bacon  devait  régler.  Deux 
ans  après  la  mort  de  Télésio,  Campanella 
défendait  publiquement  ses  doctrines  à  Naples. 
Les  nouveautés  qu'il  enseignait,  et  les  vives  at- 
taques qu'il  dirigeait  contre  la  phi!o.sophie  d'A- 
ristote,  lui  firent  des  ennemis  jusque  parmi  les 
moines  de  son  ordre,  jaloux  de  ses  succès.  L'en- 
vie s'accrut,  les  calomnies  s'en  mêlèrent,  et  Cam- 
panella fut  obligé  de  quitter  Naples.  Pendant  dix 
ans  environ  nous  le  voyons  courir  l'Italie,  bat- 
tant partout  en  brèche  l'autorité  d'Aristote,  en 
appelant  de  la  parole  des  maîtres  à  la  raison  et 
à  l'expérience,  «  et  reformant,  comme  il  dit, 
«  toutes  les  sciences  suivant  la  nature  et  les 
«  livres  de  Dieu  (1).  »  Après  avoir  promené 
par  toutes  les  villes  d'Italie  son  activité  inquiète  ; 
après  avoir  conversé  avec  Sarpi  à  Venise,  avec 
Galilée  à  Florence;  après  avoir  refusé  de  se  fixer 
à  Pise,  où  l'appelait  le  duc  de  Toscane  Ferdi- 
nand I*"",  il  rentra  à  Stilo. 

C'est  à  cette  époque  qu'éclata  en  Calabre  une 
conspiration  de  moines  et  de  gentilshommes.  Il 
ne  s'agissait  de  rien  moins  que  de  chasser  les 
Espagnols  du  royaume  de  Naples.  Quelle  part 
Campanella  eut-il  dans  cette  conspiration  ?  Vou- 
lait-il, comme  on  l'a  cru ,  établir  dans  sa  patrie 
une  nouvelle  organisation  politique  et  religieuse.? 
pensait-il  déjà  à  sa  Cité  du  soleil,  et  aspirait-il  à 
la  gloire  de  législateur?  C'est  un  point  qui  n'est 
pas  encore  éclairci.  Toujours  est-il  qu'il  semble 
avoir  été  l'âme  de  cette  entreprise.  Trahi,  livré, 
Campanella  fut  conduit  à  Naples,  et,  malgré  l'in- 
tervention du  nonce  du  pape,  qui  réclamait  les 
droits  de  juridiction  du  saint-siége ,  il  fut  incar- 
céré. Aux  griefs  politiques  se  mêlèrent  des  haines 
et  des  vengeances  religieuses.  On  lui  reprocha 
des  livres  qu'il  n'avait  pas  écrits,  et  des  opinions 
qui  n'étaient  pas  les  siennes  ;  sept  fois  il  fut  ap- 
pliqué à  la  question,  et  subit  les  plus  atroces  tor- 
tures avec  une  fermeté  d'àme  inébranlable.  En 
vain  le  pape  Paul  V  sollicita  sa  grâce  auprès  de 
la  courd'Espagne  :  Campenella  ne  sortit  de  prison 
qu'à  la  mort  de  Philippe  III ,  après  y  avoir  passé 
vingt-sept  ans.  Dans  cet  intervalle  il  composa  la 
plus  grande  partie  de  ses  ouvrages  :  VAtheismus 
triumphatus,  le  De  Monarchia  Hispanica,  les 
Eealis phi losophiss  partes  quatuor  (dont  la  Cité 
du  soleil  est  une  partie),  YApologiapro  Galilxo. 
Chose  digne  de  remarque!  pendant  que  Descar- 
tes, libre,  en  France  jetait  au  feu  son  livre  Du 

(1)  Lettre  de  Campanella  au  grana-dac  Ferdinand  IIJ 
L.  Colet,  p.  879. 


367 


CAMPANELLA 


361 


monde  en  apprenant  que  Galilée  était  inquiété 
pour  sa  démonstration  du  mouvement  de  la  terre, 
Cainpanella  en  prison  écrivait  et  publiait  un  livre 
pour  la  défendre.  En  même  temps  il  composait 
des  poésies  pleines  de  larmes  et  d'une  sombre 
tristesse;  il  recevait  les  visites  de  ses  amis,  qui 
répandaient  ses  ouvrages  en  France  et  en  Alle- 
magne. Enfin,  après  de  longues  négociations  dans 
lesquelles  il  ne  paraît  pas  que  le  père  général  de 
l'ordre  de  Campanella  mit  beaucoup  de  zèle  à 
lui  venir  en  aide,  il  sortit  de  prison.  Le  pape 
Urbain  VIII  l'accueillit  à  Rome  avec  affection. 
Bientôt  Campanella  eut  à  subir  de  nouvelles  at- 
taques, à  répondre  à  de  nouvelles  accusations  : 
il  rentra  dans  l'arène,  réfuta  ses  adversaires,  et 
fut  couvert  de  l'autorité  du  pape.  Dès  ce  mo- 
ment il  put  jouir  d'une  liberté  complète  ;  mais  sa 
tranquillité  dura  peu.  Ses  ennemis  en  appelèrent 
de  la  décision  du  pape  aux  violences  populaires, 
et  Campanella  se  vit  obligé  de  fuir  de  Rome 
sous  un  déguisement,  pour  échapper  aux  furieux 
ameutés  contre  lui.  Le  comte  de  Noailles,  am- 
bassadeur de  Louis  XIII  près  du  saint-siége,  fa- 
cilita son  passage  en  France.  Campanella  vit  à 
Aix  Gassendi,  avec  lequel  il  avait  déjà  entretenu 
des  relations  à  Paris  ;  Richelieu  le  prit  sous  sa 
protection,  et  le  présenta  au  roi,  qui  l'accueillit 
avec  une  faveur  singulière  et  lui  fit  une  pension 
de  trois  mille  livres.  Campanella  soumit  ses  œu- 
vres à  la  censure  de  la  Sorbonne,  qui  les  approuva. 
En  1639,  de  retour  à  Paris  après  un  court  voyage 
en  Hollande,  où  il  vit  Descartes,  Campanella 
mourut  au  couvent  des  dominicains  à  l'âge  de 
soixante  et  onze  ans. 

Campanella  a^composé  un  fort  grand  nombre 
d'ouvrages.  Il  avait  embrassé  le  domaine  entier 
des  connaissances  humaines.  II  était  même  sin- 
gulièrement épris  des  sciences  occultes,  et  croyait 
à  l'astrologie.  Il  serait  beaucoup  trop  long  de 
donner  ici  une  analyse  de  ses  ouvrages,  et  d'ail- 
leurs on  n'y  trouve  pas  cette  unité  de  vue  et  cet 
esprit  de  suite  qui  permettent  de  rendre  facile- 
ment compte  des  idées  d'un  écrivain.  Campa- 
nella a  donné  une  classification  des  sciences,  et 
tracé  des  règles  pour  pénétrer  dans  la  connais- 
sance de  la  nature  ;  mais  il  est  loin  d'avoir  tou- 
jours été  fidèle  à  ces  règles,  et  s'est  plus  d'une 
fois  laissé  entraîner  par  son  imagination  à  des 
hypothèses  qui  n'ont  nul  fondement  dans  l'ex- 
périence. Il  a  passé  sa  vie  à  combattre  Aristote, 
et  pourtant  il  incline  comme  Aristote  vers  l'em- 
pirisme; seulement  cet  empirisme  est  tempéré 
par  un  mélange  de  mysticisme,  fruit  d'une  ima- 
gination exaltée  jusqu'à  l'enthousiasme.  On 
trouve  dans  plusieurs  de  ses  ouvrages,  et  no- 
tamment dans  son  De  sensu  rerum,  plus  d'une 
analogie  secrète  avec  quelques  théories  de  Pla- 
ton. Comme  Platon,  Campanella  a  composé  une 
république  idéale ,  et  il  y  a  entre  la  Cité  du  so- 
leil et  la  Métaphysique  de  Campanella  ce  rap- 
port étroit  qui  existe  aussi  entre  la  Politiqice  et 
]&  Métaphysique  de  Platon.  Cette  Cité  du  soleil 


est  la  description  d'une  société  prétendue  par 
faite,  organisée  à  la  manière  d'un  couvent,  e 
établie  sur  un  communisme  théocratique.  Carn 
panella  a  tous  les  défauts  de  son  siècle  :  c'es 
incontestablement  le  premier  de  ces  génies  ar 
dents  et  audacieux  de  la  renaissance  qui  lutten 
à  force  ouverte  contre  la  routine  et  l'esprit  tra 
ditionnel  des  écoles  ;  génies  pleins  de  fougue 
plus  exaltés  que  maîtres  d'eux-mêmes,  plus  in 
génieux  que  solides,  véritables  agitateurs  d'es 
prits,  merveilleusement  propres  à  la  lutte,  mai 
incapables  de  rien  fonder. 

Trois  ans  avant  la  mort  de  Campanella,  Des 
cartes  donnait  son  Discours  de  la  méthode,  e 
consommait  par  là  cette  émancipation  des  intel 
ligences  pour  laquelle  Giordano  Bruno  et  Vanin 
avaient  donné  leur  sang  et  à  laquelle  Campanelli 
avait  dévoué  toute  sa  vie.  C'est  là  l'œuvre  di 
Campanella,  et  il  ne  faut  pas  en  aller  cherche 
d'autre.  Ses  ouvrages  sont  morts,  et  ne  peuven 
témoigner  que  des  écarts  où  une  imaginatioi 
mal  réglée  et  le  défaut  de  méthode  entraînen 
quelquefois  un  esprit  doué  d'ailleurs  des  plui 
éminentes  facultés. 

Ouvrages  de  Campanella  :  Philosophia  sen 
sibus  demonstrata,  et  in  octo  disputatione: 
distincta...i.  cum  vera  defensione Bernardin 
TeZe^ii  ;  Naples,  1591,  in-4";  — De  rerum  na- 
tura  juxta  propria  principia  libri  IX;  Na 
pies,  1587,  in-folio,;  —  Prodromus  philoso- 
phiee  instaurandas  ;  Francfort,  1617  ,  avec  unf 
préface  de  Tobie  Adami  ;  —  De  sensu  rerum.  et 
magia  mirabili  occulta  philosophise  libri  IV , 
Francfort,  1620,  in-4°;  •=■  Apologia  pro  Ga- 
lilseo,  viathematico  Florentino  ;  Francfort , 
1622,  in-4°;  —  Bealis  philosophise  epilogis- 
ticee  partes  quatuor ,  hoc  est  de  rerum  nattira, 
hominummoi'ibus,  politica,  cui  Ctvitas  solh 
adjuncta  est,  et  Œconomicc;  Francfort,  1623, 
in-4°;  —  Atheismus  trlumphatus ;  Rome. 
1631,  in-fol.  ;  —  De  Gentilismo  non  retinendc 
quscstio  tirrica;  Paris,  1636,  in-4";  —  Depra:- 
destinatione,  electione,  reprobatione  et  auxï- 
lUs  divinse  gratise  contra  thomisticos  ;  Paris, 
1636,in-4°;  — Astrologicorum  libri  VI ;  Lyon, 
1629,  in  4°;  —  Medicinalicum  juxta  j)ro- 
pria  principia  libri  VII  ;  Lyon,  1636,  in-4°; 
—  Philosophix  rationalis  partes  quinque 
juxta  propria  principia  ;  Paris,  1638,  in-4°;  — 
Disputationum  in  quatuor  partes  philoso- 
phie realis  libri  IV ;  Paris,  1637,  in-fol.  ;  — 
Universalis  philosophise  seu  metaphysica- 
rum  rertim  juxta  propria  dogmata,  partes 
très,  libri  XVIII  ;  Paris,  1637,  in-fol.  ;  —  De 
monarchia  hispanica  discursus  ;  Amsterdam  , 
1640,  in-24;  —  Ecloga  in  portent  osa  nati- 
vitate  Delphini  GaÛise;  Paris,  1679,  in-4", 
poème  de  249  vers;  —  De  libris  propriis  et 
recta  ratione  studendi  Syntagma  ;  Paris,  1688, 
in-8".  B.  AuBÉ. 

Descartes,  Correspondance,  éd.  Cou.sin,  t.  VII,  p.  417 
t,  VUI,  p.  18.  —  Cyriani  vita  et  philosophia    Thow. 


^69 


CAMPANELLA  —  CAMPANl 


370 


iampanella;  Amsterdam,  170S,'1d-8«.  —  Recueil  de  Fûl- 
['horu,  6«  cahier,  p.  U*.  —  Tenneman,  Histoire  de  la 
hilosophie.  -  Schroeckh,  Notices  biographiques,  t.  I, 
281.  —  t'ita  e  fllosofta  di  Tommaso  Cmnpanella,  da 
Mcliaele  Baldacchini,  2  v.  In  8°  ;  Naplcs,  l84o.  —  Tho- 
\as  Itlorus  et  Campanella,  thèse  prOsenlée  à  la  Faculté 
1-  Paris  par  M.C.  Dareste,  1843.  —  Adeliins,  Histoire  de 
Il  Folie  humaine  (en  allemand),  t.  IV,  p.  181.  —  LibrI, 
iistoire  des  sciences  mathématiques  en  Italie,  t.  IV, 
1  149,  4S6.  —  Carrière,  Die  philosophische  ff^eltans- 
[tauung  der  Reformationizeit;  .Stuttgart,  1847,  in-S", 
'  642-608  —  l'ierre  Leroux,  article  dans  V Encyclopédie 
\iuvelle.  —  Dictionnaire  des   sciences  philosophiques, 

I,  p.  421-424.  —  Biihie,  Histoire  de  la  Philosophie  mo- 
Vme,  traduit  par  Jourdan,  t.  Il,  p.  749.  —  M™«  Louise 
jillet.  TVoeice  insérée  dans  la  Revue  de  Paris,  4«  série, 

II,  p.  124  et  184,  et  reproduite  en  tète  des  OEuvres 
oisies  de  Campanella;  Paris,  1844,  in  18.  —  M.  Marsa- 
1,  i  Manoscritti  italiani  délia  reqia  biblioteca  puri- 
fia, 1 ,  892  (  l'auteur  décrit  trois  volumes  d'ouvrages 
louscrlts  de  Campanella  sur  divers  sujets  ). 

iCAMPANi  { Jean- Antoine) ,   évêque  italien, 

!•  à  Carelli  (Terre  de  Labour)  en  1427,  mort 

Sienne  le  15  juillet  1477.  Il  était  fils  d'un  pau- 

,  .e  paysan,  et  sa  mère  le  mit  au  monde  sous  un 

1  .irier,près du  château  deGaluzzo. Dès  sonjeune 

e  il  fut  employé  à  la  garde  des  troupeaux; 

lis  bientôt  le  curé  d'un  village  voisin  le  prit 

5on  service,  et  lui  enseigna  le  latin.  Ses  pa- 

its  ne  lui  avaient  pas  même  laissé  un  nom  ; 

r  celui  de  Campani  lui  fut  donné  à  cause  de 

province  dans  laquelle  il  était  né.  Son  bien- 

Jeur,  satisfait  de  ses  progrès,  lui  procura  les 

;   lyens  de    visiter  Naples,   Sienne  et  Pérouse, 

les  dans  lesquelles  il  perfectionna  ses  connais- 

Jiices  dans  les  sciences  exactes  et  les  belles-let- 

{m%.  S'étant  lié  avec  JacopoPiccolomini,  celui-ci 

jfnprésenta  à  Calixte  ni,  qui  le  prit  pour  secré- 

f  ire  (1558).  Après  la  mort  de  cepape,  Campani 

!.  i  ttacha  à  Pie  II,  qui  le  plaça  chez  son  premier 

jnistre,  le  cardinsd  de  Sassoferrato ,  en  qualité 

1  I  majordome.  Quelque  temps  après ,  Campani 

t  nomnié  évêque  de  Crotone,  et  ensuite  de 

ramo  (Abruzze  ultérieure)  ;  Paul  EL  lui  donna  en 

fre  l'archiprètré  de  Saint-Eustache,  qui  était  un 

:)s  bénéfiee.  En  1471,  ce  pape  l'envoya  à  Ratis- 

nne  avec  François  Picolomini ,  alors  légat  et 

;    iidinal   de   Sienne,  pour  y  décider  la  guerre 

I .  Intre  les  Turcs.  Campani  fit  de  son  mieux  pour 

(icquitter  de  la  mission  dont  le  saint-père  l'avait 

large  ;  mais,  ne  sachant  pas  la  langue  allemande, 

'    ichoua  dans  ses  négociations.  Ne  pouvant  vivre 

jiilleurs  dans  les  mêmes  conditions  de  luxe  et  de 

'    jîn-être  qu'en  Italie,  il  conçut  un  profond  dégoût 

ur  l'Allemagne  et  les  Allemands,  dégoût  qu'il 

noigna  à  son  retour  en  Italie.  Parvenu  au  haut 

^  Alpes,  il  abaissa  ses  chausses,  et,  tournant  le 

s  vers  le  nord,  il  s'écria  : 

Aspice  nudatas,  barbara  terra,  nates. 

I     Paul  n  mourut  avant  l'arrivée  de  Campani,  et 

|t  pour  successeur  Sixte  IV.  Ce  nouveau  pon- 

■    \i  avait  étudié  la  philosophie  avec  Campani  au 

^^    jUége  de  Pérouse  ;  il  accueillit  très-bien  son  an- 

"^  pn  condisciple,  et  lui  donna  le  gouvernement  de 

!>di(on  Taderti),  qui  clans  ce  moment  était  enré- 

Ite.  Campani  fit  tous  ses  efforts  pour  y  ramener 

calme,  mais  ilne  put  réussir.  Envoyé  siiccessi- 


vent  à  Foligno  et  à  Città  di  Castello  avec  la  même 
mission,  il  ne  fut  pas  plus  heureux.  Le  pape, 
voyant  que  la  persuasion  et  la  douceur  ne  pro- 
duisaient aucun  résultat,  se  décida  à  employer  la 
force  :  mais  les  troupes  qu'il  envoya  pour  arrêter 
le  désordre  commirent  de  tels  excès  dans  Todi 
et  dans  Spolette,  que  les  habitants  de  Città  di 
Castello  leur  fermèrent  leurs  portes,  déclarant 
qu'ils  étaient  prêts  à  faire  tout  ce  que  le  pape 
commanderait,  pourvu  qu'on  ne  les  obligeât  pas 
à  recevoir  des  soldats.  Sixte  IV  donna  l'ordre  de 
forcer  la  ville,  qui  se  prépara  à  soutenir  im  siège. 
Campani  en  était  alors  gouverneur  :  il  prit  la  dé- 
fense de  ses  administrés,  et,  renouvelant  les  offres 
de  soumission  des  habitants,  il  ajoutait  dans  sa 
lettre  à  Sixte  IV  :  «  Si  votre  sainteté  n'y  met 
«  point  d'autre  ordre,  qu'est-ce  que  tout  ceci,  si- 
te non  une  cruauté  digne  des  Turcs,  et  non  pas  une 
«  conduite  chrétienne,  sacerdotale,  ou  qui  res- 
«  semble  à  celle  du  Sauveur  ?  »  Sixte  IV  n'eut  pas 
plutôt  lu  cette  missive,  que,  cédant  à  la  colère,  il 
dépouilla  Campani  de  son  gouvernement,  et  le 
bannit  de  ses  États.  Celui-ci  employa  en  vain 
ses  amis  pour  supplier  le  pape  de  lui  pardonner; 
ils  le  trouvèrent  inflexible.  Le  prélat  exilé  se  re- 
tira à  Naples,  d'où,  ayant  eu  à  souffrir  de  la  ja- 
lousie des  courtisans,  il  se  rendit  à  Teramo  et  de 
là  à  Sienne,  où  il  mourut.  Campani  aimait  le  faste 
et  la  dépense  ;  il  était  laid  et  contrefait ,  mais  son 
esprit  faisait  aisément  oublier  ses  défauts  physi- 
ques. Ses  ouvrages  sont  écrits  avec  une  certaine 
liberté,  mais  qui  n'exclut  pas  la  politesse.  Le  style 
n'en  estpas  égal,ilest  vrai  ;  mais  le  lecteurpeutse 
l'expliquer  par  la  rapidité  du  travail.  Campani  a 
suivi  très-heureusement,  quand  il  semble  l'avoir 
voulu,  les  traces  des  maîtres  antiques,  et  cela 
sans  qu'il  y  ait  rien  dans  ses  compositions  qui 
paraisse  forcé  ou  cherché. 

«  L'évêque  de  Teramo ,  le  savant  Campanus, 
dit  M.  A.-F.  Didot,  se  dévoua  à  l'imprimerie 
d'Ulrich  Gallus  avec  non  moins  de  zèle  qu'en  ap- 
portait l'évêque  d'Aléria  (André)  aux  impres- 
sions de  Sweynheira  et  Pannartz.  L'ardeur  de 
Campanus  à  remplir  les  fonctions  de  correcteur 
était  telle,  dit  Zetner  cité  par  Maittaire,  qu'il 
ne  consentait  à  prendre,  la  nuit,  que  trois  heu- 
res de  sommeil.  On  trouve,  à  la  fin  de  plusieurs 
livres  imprimés  par  Ulrich  Gallus,  ces  vers  com- 
posés par  Campanus  : 

AnserTarpeii  eustos  Jovls,  unde  quodalis 
Obstrcperes  ,  Gallus  decidit.  Ultor  adest 
TJIrichiis  gallus;  o€  tjûeni  poscautur  in  usum, 
.  Edocuit  potrals  nU  opus  esse  tuis.  » 

Ses  écrits  ont  été  réunis  en  un  volume  in-fol., 
publié  par  Femoà  Rome,  1495,  in-fol.,  Venise, 
1502,  in-fol.  On  a  publié  séparément  :  Episfolx 
et  Poemata,  una  cum  vita  auctoris;  Leipzig, 
Monckenius,  1707,  in-8°  ;  —  Titi  Livii  Décades 
ex  editione  Campani;  Rome,  1471  et  1472, 
in-fol;  — Andrese  Bracchi  Vita;  Bâle,  1545, 
in-S",  éloge  traduit  en  itahen  par  Pompée  Pellini  ; 
Venise,  1572,  in-4°. 


371  CAMPANI  — 

I  Toppi  et  Nicodemo,  Biblioteca  Napoletana.  —  Nicé- 
ron,  Mémoires,  t.  III,  et  X.  —  Bayle,  Dict.  —  A.  Flrmia 
Dldot,  Essai  sur  la  Typographie,  col.  6S2. 

CAMPANi  {Joseph),  astronome  italien,  vi- 
vait à  Rome  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  se  rendit  célèbre  par  quatre  inven- 
tions, et  la  confection  de  longs  télescopes  à  l'aide 
desquels  il  découviit  les  taches  de  Jupiter.  Cette 
dernière  observation  l'engagea  dans  une  polémi- 
que avec  Divini,  qui  réclama  pour  lui-même  le 
bénéfice  de  la  découverte.  On  a  de  Campani  : 
Ragguaglio  di  due  nuove  osservazioni ,  una 
céleste  in  ordine  alla  Stella  di  Saturno,  e 
terrestre  Valtra  in  ordine  agliinstramenti; 
Rome,  t654  ,  in-8"  (  Voij.  à  ce  sujet  une  lettre 
d'Auzout  à  l'abbé  Charles,  Paris,  l665,in-4°,  et 
une  autre  de  Hook  à  Auzout,  trad.  de  i'angl.  ; 
Paris,  in-4°,  p.  3G);  —  Lettera  di  Giuseppe 
Campani  al  sig.  Giov.-Domen.  Cassini,intorno 
aile  ombre  délie  stelle  Medicee  nel  volto  di 
Giove,  ed  altri  nuovl  fenomeni  celesti,  sco- 
perti  cd'  suoi  occhiali  ;  Rome,  1666,  in-fol. 

Adelung,  siippl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelefirten-Lexicon. 

campAjVI  (Nicolas),  surnommé  il  Strascino, 
auteur  comique  italien,  mort  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle.  Il  n'est  guère  connu  quepar  ses 
oeuvres  ;  on  sait  seulement  qu'il  était  d'un  carac- 
tère porté  à  la  gaieté  et  même  à  la  licence.  Il  fut 
membre  de  l'Académie  des  Rozzi  (  Rustiques  ), 
fondée  vers  la  fin  du  quinzième  siècle  par  des 
jeunes  gens  de  Sienne.  On  a  de  lui  les  comédies 
suivantes  :  il  Coltellino  ;  —  il  Magrino;  —  il 
Berna;  —  il  Strascino  ;  Sienne,  1519;  Venise, 
1592,  in-8°;  le  titre  de  cet  ouvrage  est  devenu 
le  surnom  de  l'auteur  :  la  comédie  du  Stras- 
cino, ainsi  que  les  deux  premières  pièces,  sont 
mentionnées  dans  la  Di-ammaturgiaCi  AWsicd  ;  la 
quatrième  ne  se  trouve  citée  que  dans  Pinelli  ; 
—  Lamento  di  quel  tribulato  di  Strascino 
sopra  il  maie  incognito,  che  traita  délia  pa- 
zienza  ed  impazienza  ;  Venise,  1523,  in- 8°;  — 
des  CapitoU,  dans  les  Rime  de  Berai  et  dans 
d'autres  recueils. 

Riccoboni,  Histoire  du  théâtre  italien.  —  Pinelli,  Ca- 
talogue. 

CAaiPANï-ALïMENSS  (  Matthieu  ) ,  physi- 
cien italien ,  né  près  de  Spolette ,  vivait  dans 
le  dix-septième  siècle.  Il  était  curé  à  Rome  en 
1661  ;  mais  on  ignore  les  particularités  de  sa  vie, 
qui  paraît  avoir  été  complètement  partagée  enti-e 
les  devoirs  de  son  ministère  et  l'amour  de  la 
science.  Il  aida  beaucoup  à  la  confection  d'une 
horloge  destinée  à  marquer  les  heures  de  nuit 
au  moyen  d'un  cadran  transparent  éclairé  par 
derrière.  C'était  une  invention  curieuse  pour  l'é- 
poque ;  on  l'a  appliquée  depuis  dans  la  lanterne 
magique.  Canq)ani  exécuta,  en  1 668,  un  autre  ap- 
paieil  horaire  dont  les  mouvements  sont  produits 
par  trois  poids;  deux  d'entre  eux  forment  leviers 
peq>étuels,  et  impriment  un  balancement  au  tioi- 
sième.  Les  deux  leviers  sont  appuyés  sur  la  roue 
de  l'axe,  et  cet  axe,  par  une  seule  aiguille,  mar- 
que les  secondes,  les  minutes,  et  l'heure  entière. 


CAMPANILE 


37 


Le  temps  marqué  par  cette  horloge  n'est  pas  1 
résultat  d'un  mouvement  i)endulaire,  mais  il  e; 
fourni  par  un  système  particulier  qui  peut  s 
mouvoir  dans  toutes  les  situations  perpendicc 
laires ,  horizontales  ou  obliques ,  bien  que  sf 
mouvements  soient  égaux  et  réglés.  Ces  hoi 
loges  étaient  nommées  muettes,  parce  que  lei 
mouvement  ne  faisait  aucun  bruit.  Campani  pn 
posait ,  en  outre ,  un  moyen  qu'il  croyait  s( 
de  remédier  à  l'irrégularité  provenant  des  alt( 
rations  de  l'air  dans  lequel  s'opèrent  les  vibr, 
tions  du  pendule ,  vibrations  qui  empêchent 
précision  des  horloges  ;  il  obviait  aussi  à  Fin 
galité  de  ces  vibrations  plus  ou  moins  courte 
produites  par  les  impulsions  inégales  qu'elles  r 
çoivent  de  diverses  causes,  surtout  du  ressort. 
Campani  se  fit  connaître  encore  par  sa  m 
nière  de  tailler  les  verres  lenticulaires  pour  1 
lunettes  astronomiques.  C'est  avec  un  télesco 
construit  par  ce  savant  que  Cassini  put  déco 
vi'ir  les  deux  satellites  les  plus  proches  de  S 
turne.  Campani  a  donné  la  théorie  de  ses  divers 
découvertes  dans  un  ouvrage  intitulé  Horol 
gium  solo  natures  motu  atque  ingenio  din 
tiens  et  numerans  momenta  temporis  cor 
tantissime  œqualia  ;  accedit  circinus  sphcCi 
eus  pro  lentibus  telescopiorum  tornandis 
poliendis;  Rome,  1678, 10-4". 

C.   Huyghens ,  Horologium  oscillatorium.  —  Le 
Poisson  ,  Relations  des  savants  d'Italie.  —  Bibllothi 
italiana,  t.  Vlll,  p.  83.  —  Libri,   Hist.  des  sciences  ' 
Italie. 

*  CAMPANILE  (....  ),  missionnaire  aposloliqi 
né  à  Saint- Antoine ,  près  de  Naples,  en  17£ 
mort  à  Naples  le  2  mars  1835.  L'ordre  de  Sai 
Dominique  le  reçut  dans  son  sein.  Tout  jei 
encore  il  y  prit  l'habit,  et,  après  avoir  étécon; 
cré  prêtre,  on  le  chargea  des  fonctions  de  \\ 
seignement,  dont  il  s'acquitta  à  la  satisfaction 
ses  chefs.  Sentant  en  lui  la  passion  de  l'apostol 
il  s'attacha  au  collège  de  la  Propagande,  à  Ron 
Sa  connaissance  de  la  langue  arabe  le  fit  envo; 
en  1802  dans  l'Orient  en  qualité  de  préfet  ( 
missions  de  la  Mésopotamie  et  du  Kurdistan, 
zèle  dont  il  était  animé  lui  fit  rendre  à  l'Égl 
des  services  importants.  Dix  villages  de  ceso 
trées  furent  acquis  à  la  catholicité;  et  les  é 
ques  chaldéens  résidant  à  Alkuse ,  à  la  sollici 
tion  du  P.  Campanile ,  renoncèrent  à  1  usi 
qu'ils  avaient  de  nommer  leurs  successeurs 
dehors  du  saint-siége.  Revenu  à  Naples  ap 
treize  années  de  travaux  apostoliques  couronj    i 
de  succès,  Campanile  devint  d'abord  prédi;  j 
leur  ;  mais  bientôt  on  le  nomma  professeur  si 
pléant  d'arabe  à  l'université  de  Naples.  On  a 
lui  une  Histoire  du  Kurdistan  et  des  sec , 
religieuses  qui  s'tj  trouvent.  A.  R.i 

VJmi  de  la  Religion. 

*  CAMPANILE    {Giuseppe),  satirique 
lien,  né   à  Naples  en  1630,  mort  le  24  a^ 
1674.  Incarcéré  parce  qu'il  avait  nui  par 
écrits  à  des  familles  considérées,  il  mourut  J 
prison.  On  a  de  lui  :  Prose  varie;  —  Letti 


j  CAMPANILE 

irlcciose;  —  Dïaloghi  morali;  —  le  No- 
e  di  nobiltà. 

jppl,  Bibliot.  Napolet. 

CAMPANILE  (Philibert), écr'wdxa  héraldique, 
^)olitain,  né  vers  la  fin  du  seizième  siècle.  On 
sait  aucun  détail  sur  sa  vie,  mais  on  a  de  lui  : 
te  e  vere  forme  cl'eloquenza,  seconda  la 
trina  di  Ermogene  e  di  altri  retori  an- 
tii/NapIes,  1606,  in-4'';  —  Istoria  délia  fa- 
illiadi  Sangro;  Naples,  1615,  in-iol.;  —  Armi 
ero  insegni  de'  nobili ;  Naples,  1615  et 
1 ,  in-fol. 

Ippi,  Biblioteca  Napoletana. 

lAMPANiLE  (  Jean-Jérôme) ,  évêque  napo- 
n ,  mort  à  Iscenia  en  1626.  Il  était  de  la 
ille  du  précédent.  D'abord  docteur  en  droit,  il 
lût  l'évéché  de  Lacerdone,  puis  celui  d'Iscenia 
1625.  On  a  de  lui  :  Diversorium  Juris  ca- 
ici ,  Naples,  1620,  in-foL,  et  quelques  autres 
ts. 

ippi,  Bibliot.  Napolet.  —  Dictionnaire  universel. 
lAMPANlUS  (  Thomas  ) ,  géographe  suédois, 
|ùt  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
(e.  On  a  de  lui  une  Description  de  la  Nou- 
\e-Suède,  ou  de  la  Pensylvanie  actuelle 

suédois);  Stockholm,  1702,  in-4''. 
iclung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 
JAMPANDS     (François).     Voy.    GimpiUA 
\ançois). 

lAMVANVS  ou   CAMPAU  {Jean),  de  No- 

|8,  mathématicien  italien,  mort  vers  1300.  Il 

lonna  avec  ardeur  à  l'étude  des  sciences  au 

eu  d'une  époque,  d'ignorance  et  il  fut  re- 

ié  comme  une  autorité  du  premier  ordie.  Il 

pposa  dix  ou  douze  ouvrages  d'astronomie  et  - 

géomëlric;  il  en  est  qui  ,  de  1495  à  1540  , 

obtenu  plus  de  dix  éditions.   Aujourd'hui 

sonne  ne  les  lit  ;  les  progrès  de  la  science  les 

itdeiit  complètement  inutiles,  et   ils  ne  peu- 

Tfit  intéresser  que  l'histoire  des  mathématiques. 

luteur  cependant  est  digne  d'éloges;  il  fut 

d  petit  nombre  des  honmies  studieux  qui  se 

■fièrent  avec  zèle   aux  sciences  positives ,  et 

i;r;ontribna  de  son  mieux  à  les  propager.  Il 

t'.luisit  Euclide,  et  y  joignit  un  commentaire  qui 

il  longtemps  regardé  comme  ce  qu'il  y  avait  de 

»iux  en  ce  genre. 

frosper  Marchand,  Dictionnaire  hislorigtte.  —  La- 
iMe,  Biographie  astronomique.  —  Histoire  littéraire 
cta  France,  XXI,  248-231.  —  Libri,  Hist.  des  sciences 
it/iematiqucs  en  Italie,  II,  48.  —  Chasles,  Histoire  de 
iiieometrie. 

pAMPANUS  (Jean),  théologien  allemand, 
l'dans  le  duché  de  Juliers,  vivait  dans  la  pré- 
fère partie  du  seizième  siècle.  Il  suivit  Luther 
j;  qu'en  1530.  Mais  à  cette  époque  il  se  sépara 
i  nplétement  de  ce  réformateur,  et  s'établit  à 
liltemberg  pour  y  créer  une  secte  à  part,  dite 
«b  Campaniles.  Il  enseignait  une  opinion  sur  la 
«jie  non-seulement  contraire  à  Luther,  mais  tout 
«Tait  différente  de  celle  des  autres  sacramen- 
jres.  H  professait  aussi  que  le  Fils  et  le  Saint- 
3  prit  n'étaient'  pas  deux  personnes  différentes 


-  CAMPBELL  374 

de  celle  du  Père.  Ses  hérésies  lui  attirèrent 
l'animadversion  des  catholiques  et  des  protes- 
tants. On  a  de  lui  une  dissertation  de  Antitri- 
nitario ,  dans  les  Amœnitates  litterarix  de 
Schelhorn,  t.  XI,  p.  1. 

Prateolc  ,  f'ita  Campani.  —  Florimond  de  'Rcmond, 
Origine  des  Hérésies.  —  Sponde,  ^innal.  ecclesiastici. 

CAMPASPE  ou  PANCASTE,  courtisane  asia- 
tique ,  vivait  environ  330  ans  avant  J.-C.  Elle 
était  une  des  plus  belles  femmes  de  son  temps, 
et  maîtresse  d'Alexandre  le  Grand.  Ce  monarque, 
qui  l'aimait  beaucoup,  voulant  avoir  constam- 
ment son  images  ous  les  yeux,  la  fit  peindre  nue 
par  Apelle.  L'artiste  ne  put  résister  aux  charmes 
de  son  modèle ,  et  tomba  malade  d'amour.  In- 
formé de  cela,  Alexandre  n'hésita  pas  à  faire 
le  sacrifice  de  ses  affections  pour  sauver  les 
jours  de  son  peintre  favori.  Il  céda  Campaspe  à 
Apelle,  qui  l'épousa.  Ce  trait  a  fait  le  sujet  d'un 
opéra. 

Pline,  I.  XXXV,  c.  10.  -  Élien,  I.  XXX.  -  Lucien. 

*  CAMPBELL  (Archibald) ,  évêque  écos- 
sais, mort  à  Londres  en  1744  (?).I1  descendait  de 
la  famille  des  Argyles.  Il  fut  nommé  évêque  en 
1711,  et  en  1721  il  fut  appelé  à  remplir  les 
fonctions  épiscopaies  à  Aberdeen;  mais  des  dis- 
sentiments assez  sérieux  sur  des  points  de 
doctrine  lui  firent  bientôt  abandonner  ce  siège. 
n  retourna  alors  à  Londres,  et  se  trouva  mêlé 
aux  controverses  animées  qui  marquèrent  cette 
période.  Il  prit  part  aussi  aux  négociations  en- 
tamées alors  entre  les  évêques  non  conformistes 
d'Angleterre  et  d'Ecosse  et  la  Russie,  pour  réunir 
les  églises  grecques  et  les  dissidents  de  la  Grande- 
Bretagne.  Archibald  Campbell  écrivit  un  Traité 
sur  l'état  des  âmes  après  la  mort. 

Keith,  Catalogue  of  Scottish  bishops. 

CAMPBELL  (  clan  et  famille  des  ).  La  tribu 
gaélique  des  Campbell  appartient  aux  montagnes 
de  l'Ecosse,  où  elle  fut  nombreuse  et  joua  un 
grand  rôle  à  diverses  époques  de  l'histoire  de  ce 
royaume.  Ses  traditions  la  font  remonter  aux 
temps  les  plus  anciens ,  mais  elle  ne  commença 
à  se  distinguer  que  vers  la  fin  du  treizième  siècle. 
Elle  se  nommait  primitivement  O'Dubin.  Diar- 
mid  O'Dubin,  vaillant  guerrier,  eut  pour  fils 
Paul  O'Dubin,  laird  de  Lochow,  dont  la  fille  Eve 
épousa  Gilespick  ;  celui-ci  prit  le  premier  le  nom 
de  Campbell,  pour  immortaliser  un  service  qu'il 
avait  rendu  à  la  France  sous  le  règne  de  Mal- 
colm-Can-More,  dans  le  neuvième  siècle.  Cepen- 
dant le  clan  Campbell  se  quahfiait  toujours,  dans 
ses  chants,  d'enfants  de  Diarmid.  Un  de  ses 
chefs,  appelé  Callum  ,  fut  surnommé  More  ou 
le  Grand,  nom  qui  sei-vit  dans  la  suite  à  désigner 
le  chef  du  clan.  Le  clan  était  établi  dans  l'Argylls- 
hire,  et  les  comtes  d'Argyll  ou  Argyle  en  étaient 
les  chefs  ;  ils  s'attachèrent  à  la  fortune  de  Wil- 
liam Wallace  et  de  Robert  Bruce,  et  furent  en- 
richis des  dépouilles  du  clan  de  Dougals  ;  aussi 
purent-ils  rivaliser  avec  les  Mac-Donald  des 
îles.  Mais,  sous  les  Stuarts,  la  famille  Camp- 


375 


CAMPBELL 


bell ,  qui  avait  combattu  Montrose  et  amené  sa 
perte,  eut  beaucoup  à  souffrir.  Deux  marquis 
d'Argyle  eurent  la  tête  tranchée  après  la  restau- 
ration de  cette  dynastie.  Le  clan  fut  décimé  et 
en  partie  détruit;  mais  Use  releva  après  la  révo- 
lution de  1688,  et  John  Campbell  fut  créé  duc 
d'Argyle  en  1701.  Depuis  que  les  clans  ont  été 
détruits  en  Ecosse,  surtout  à  la  suite  de  la  ba- 
taille de  Culloden,  où  cependant  celui  des  Camp- 
bell figurait  dans  les  rangs  opposés  aux  Stuarts, 
beaucoup  de  Campbell  ont  quitté  les  montagnes 
de  l'Argyllshire  pour  chercher  fortune  ailleurs. 
On  en  trouve  dans  toutes  les  parties  du  monde, 
et  il  est  peu  de  noms  aussi  répandus  dans  tous 
les  pays  que  celui  des  Campbell.  Le  clan  de 
Campbell  joue  un  rôle  important  dans  plusieurs 
romans  de  Walter  Scott.  [£nc.  des  g.  du  m.] 

Voici  les  principaux  membres  de  cette  illustre 
famille  : 

Colin-More  I"'  Campbell  Mac-Calltjm-More 
avait  pris  parti  pour  Robert  Bruce  contre  Jean 
Bailleul.  H  accompagna  Robert  à  Berwick,  lors- 
que Edouard  F',  roi  d'Angleterre,  s'y  transporta 
pour  terminer  le  différend  entre  les  deux  pré- 
tendants à  la  couronne  d'Ecosse.  Colin-More 
épousa  une  demoiselle  de  la  maison  Sainclair;  il 
en  eut  deux  fils  :  Niel,  qui  lui  succéda,  et  Duncan, 
laird  de  Red-Castle  ,  chef  des  comtes  de  Lou- 
don. 

Niel  ,  mort  en  1316,  assista  en  1306  au  cou- 
ronnement de  Robert  I^"",  et  il  fut  uu  des  barons 
qui  adjugèrent,  l'an  1315,  la  couronne  à  ce  mo- 
narque et  à  ses  descendants  d'une  manière  héré- 
ditaire. Il  avait  épousé  Marguerite  ,  fille  du  roi 
Bruce.  On  peut  juger  par  cette  alliance  de  l'im- 
portance qu'avaient  déjà  les  Campbell.  Niel  laissa 
deux  fils,  Colin  et  Jean. 

Colin  II,  mort  en  1340,  succéda  à  son  père, 
et  rendit  de  grands  services  à  Edouard  Bruce, 
roi  d'Irlande,  ainsi  qu'à  Daniel  Bruce,  roi  d'Ecosse. 
Il  reprit  aux  Anglais  la  forteresse  de  Duncan , 
devint  gouverneur  héréditaire  de  cette  place, 
et  transmit  le  titre  de  Duncan  à  ses  descendants. 
Il  avait  épousé  une  Lennox  ,  dont  il  eut  un  fils. 

Archibald  P""  demeura  toujours  fidèle  à  David 
Bruce,  même  après  que  ce  prince  eut  été  fait  pri- 
sonnier par  les  Anglais  (1346);  il  l'aida  énergi- 
quement  à  reprendre  sa  couronne,  et  fut  géné- 
reusementrécompensé  de  son  dévouement(1358). 

Colin  III  repoussa  les  Écossais  septentrio- 
naux en  1398,  et  fit  cesser  leurs  déprédations. 

CoLiH  IV  épousa  Marguerite ,  fille  du  duc 
d'Albany,  régent  du  royaume  :  Jacques  l"  le  fit 
grand  justicier  ,  conseiller  intime,  et  lieutenant 
gouverneur  de  l'Argyllshire.  Jacques  II  l'éleva  à 
la  dignité  de  lord  grand  chancelier,  et  en  1445  il 
entra  au  parlement  comme  seigneur  d'Argyle.  Son 
second  fils.  Colin ,  comte  de  Breadalbane,  est  le 
chef  de  cette  troisième  branche  des  Campbell. 

Colin  V,  mort  en  1557,  est  le  premier  qui 
prit  le  titre  de  comte  d'Argyle.  Il  fut  aussi  lord 
^and  chancelier,  et  gouverna  réellement  l'Ecosse. 


Il  avait  épousé  Isabelle  Stuart ,  princesse 
sang  royal,  dont  il  eut  deux  fils  et  cinq  fille 

Archibald  II,  tué   le  9  septembre   1513,  f 
créé  par  Jacques  IV  grand  chancelier  d'Eco 
chambellan  et  maitre  d'hôtel  du  roi.  11  p 
ainsi    que  Jacques  IV  et  la  plus  grande  p; 
de  la  noblesse  écossaise,  à  la  désastreuse   ■ 
tailledeFlodden-Field,  livrée  contre  lesAnglai  |  i 
avait  épousé  Elisabeth  de  Lennox,  dont  il  a  f 
huit  enfants. 

Colin  VI  était  conseiller  intimé  de  Jacque 
qui  le  fit  son  maître  d'hôtel  héréditaire,  e  ; 
nomma  shérif  du  comté  d'Argyle.  Il  avait  éjn 
Jeanne  Gordon,  dont  il  eut  un  fils  et  une  li 

Archibald  III  moui'ut  en  1558.  Il  embr  ^ 
la  religion  protestante ,   ce  qui  ne  l'empi 
pas  d'être  grand  chancelier.  Il  avait  épousé 
lène  Hamilton,  dont  il  eut  deux  fils,  Archibal 
Colin. 

Archibald  IV,  mort  en  1575,  était  aussi  gi 
chancelier  d'Ecosse.  Étant  mort  sans  enfant, 
frère  lui  succéda. 

Colin  VII,  mort  en  1584,  fut  grand  cha 
lier  intime  de  Jacques  VI.  Il  avait  épousé  Aj 
Keith,  comtesse  de  Marishall,  dont  il  r 
qu'un  fils. 

Archibald  V.  Les  services  qu'il  rendit  lui 
lurent  en  1617  la  baronnie  de  Kyntire.  Il  a 
épousé  d'abord  Marguerite  de  Douglas  ,  c( 
tesse  de  Morton,  dont  il  eut  Archibald,  qui 
succéda,  et  quatre  filles;  de  sa  seconde femr 
eut  Jacques,  comte  d'Iroine  et  baron  de  E 
tire. 

Archibald  VI,  marquis  d'Argyle,  né  en  li 
décapité  en  1661.  11  reçut  une  éducation  coi 
nable  à  sa  naissance  et  au  rang  qu'il  devait 
cuper.  Charles  P''  le  créa  marquis  eu  1( 
bien  qu'il  eût  montré  beaucoup  d'oppositior 
désir  qu'avait  ce  monarque  de  réunir  les  égL 
d'Angleterre  et  d'Ecosse.  Ce  fut  Archibald 
détermina  Charles  II  à  passer  en  Ecosse,  et  ; 
faire  couronner  à  Stone  en  1651.  Campbell 
fait  prisonnier  à  la  défaite  décisive  de  "Wori 
ter  (13  septembre  1651),  et  envoyé  à  Édimboi 
Voyant  le  parti  royal  anéanti,  il  fit  sa  soumisi 
à  Crom-well,  et  revint  dans  son  marquisat,  i 
restauration,  Cliarles  H,  oubliant  les  prem 
services  d'Archibald,  lui  fit  un  crime  d'a^ 
reconnu  le  gouvernement  républicain ,  et 
retint  prisonnier  durant  cinq  mois  à  la  Toui 
Londres  ;  on  le  transféra  ensuite  en  Ecosse , 
bien  que  son  changement  de  parti  eût  été 
conséquence  forcée  du  désastre  de  Worces 
on  l'accusa  de  trahison.  Il  fut  condamné  à  nt 
et  exécuté. 

Archibald  VII ,  comte  d'Argyle ,  fils  du  j 
cèdent,  décapité  aussi  à  Edimbourg  le  30  j 
1685,  avait  suivi  son  père  dans  toutes  les  gi 
res  contre  les  puritains.  Il  s'était  surtout  disi 
gué  à  Dunbar  (13  septembre  1650).  AW 
Cromwell,  bien  qu'il  eût  accepté  un  arrangem 
avec  le  père,  excepta  .formellement  le  fils 


CAMPBELL 


378 


liile  amnistie.  Archil)ald  dut  donc  rester  fugitif 
((u'au  retour  de  Ctiarles  II;  son  attachement 
ariable  à  la  cause  royaliste,  ses  exploits  et  les 
sécutions  qu'il  avait  éprouvées  étaient  au- 
t  de  titres  à  la  reconnaissance  royale  ;  il  n'en 
rien.  Les  ennemis  des  Campbell,  qui  avaient 
duit  son  père  à  l'ochafaud,  n'avaient  pas 
is6  leur  haine  :  tout- puissants  auprès  de 
Trat  et  faible  Charles  II,  ils  résolurent  d'ar- 
ler  à  ce  monarque  la  condamnation  d'un 
ses  plus  loyaux  serviteurs.  A  cet  effet,  ils 
rceptèrent  une  lettre  dans  laquelle  il  expri- 
t  son  juste  mécontentement  de  la  conduite 
a  cour  à  son  égard.  Sur  cette  seule  pièce, 
li  procès  fut  instruit  devant  le  parlement  d'É- 
e  comme  criminel  de  lèse-majesté,  ayant 
iché  à  soulever  des  dissensions  entre  le  roi 
;s  sujets.  Quelque  fausse  que  fût  cette  in- 
ation,  le  comte  n'en  fut  pas  moins  condamné 
)ir  la  tête  tranchée.  Parmi  les  conseillers  du 
1  se  trouva  pourtant  un  homme  de  cœur: 
rd  comte  de  Clarendon  déclara  fermement 
arles  que,  s'il  ratifiait  un  aussi  injuste  arrêt , 

tBxpatriait  aussitôt  et  renonçait  à  son  titre 
glais,  ne  voulant  plus  être  citoyen  d'un  pays 
aonneur,  la  fidélité,  la  bravoure  étaient  au- 
de  titres  de  proscription.  Le  roi,  sensible  à 
éhémentes  remontrances,  différa  l'exécution 
iigement.  Campbell  fut  mis  en  liberté  quel- 
jîmps  après,  et,  rentré  en  grâce,  il  devint  con- 
fc  privé  et  lord  de  la  trésorerie.  Lorsque  le 
S'York  passa  en  Hollande,  Archibald  refusa 
irêter  des  serments  contradictoires.  Ses  en- 
s  l'accusèrent  de  nouveau  de  ti'ahison ,  et 
sentence  plus  odieuse  que  la  première  vint 
fe  frapper  le   comte.  Il  s'échappa  et  se 
;ia  en  Hollande.  Lors  de  la  prise  d'armes 
lue  de   Montmouth,  Archibald  revint  en 
(Se  avec  plusieurs  seigneurs  mécontents, 
kercha  à  faire  révolter  les  montagnards  ; 
,  avant  d'avoir  pu  réunir  des  forces  assez 
preuses  pour  joindre  Montmouth,  il  fut  arrêté, 
uità  Edimbourg,  et  décapité.  Il  avait  épousé 
e  Stuart,  fille  du  comte  de  Murray,  dont  il 
(uatre  fils  et  deux  filles. 
iiCraBA.LU  Vm,  mort  en  1703,  duc  d'Arg^yle, 
livesti  des  titres  et  biens  de  son  père,  même 
itsa  condamnation.  Il  fut  un  des  pairs  d'É- 
p  qui  passèrent  en  1688  avec  le  prince  d'O- 
b  de  Hollande  en  Angleterre,  en  compagnie 
1(  icques  de  Montgomery  et  de  Jean  Dalrymphe. 
JE 689, il  offrit,  au  nom  des  états  d'Ecosse,  la 
t  oi)nne  de  ce  royaume  à  Guillaume  de  Hano- 
,  Ti;t  à  son  épouse.  Le  nouveau  roi  le  fit  con- 
ei  r  intime  et  colonel  de  la  garde  écossaise  à 
;h  al.  Ses  titres,  qui  appartiennent  encore  au- 
oiil'hui  à  ses  descendants,  sont  ceux-ci  :  duc 
l'j|;jyle,  marquis  de  Kinstyre  et  de  Lorn ,  comte 
l^jletampbell  et  de  Cowal,  vicomte  de  Lochow 
[*|i  Glenyla,  lord  de  Mull ,  d'Ynnerara,  de 
IJ<i'en,  etc.  Il  avait  épousé  Elisabeth  Tahnash 
fejlelmingham,-  dont  il  eut  trois  enfants. 


Archibald  IX,  mort  en  1723,  fut  fait  lord 
grand  trésorier  d'Ecosse  à  vingt  et  un  ans.  Aux 
nombreux  titres  et  domaines  dont  il  hérita  de  sou 
père,  la  reine  Anne  ajouta  encore ,  fe  29  octobre 
1706,  ceux  de  comte  d'Ylay ,  vicomte  d'Orsay, 
lord  de  Duncan  et  d'Arosse.  Elle  le  fit ,  de  plus, 
conseiller  intime  en  1711.  George  le  confirma 
dans  son  immense  fortune  ,  et  même  le  créa,  de 
plus  grand  garde  des  sceaux  d'Ecosse. 

John,  ducd'Argyle,  etc.,etc.,  néen  1678,  mort 
en  1743,  succéda  à  son  frère,  mort  sans  enfants.  Il 
fut  nommé  commissaire  de  la  reine  Anne  près  le 
parlement  d'Ecosse,  et  contribua  beaucoup  à 
faire  conclure  l'acte  d'union  (1705).  Pourvu  en- 
suite d'un  régiment  d'infanterie,  il  se  distingua 
dans  la  guerre  de  la  succession  d'abord  à  Rami- 
lles (1706)  comme  colonel,  ensuite  à  Oudenarde 
comme  général ,  puis  aux  sièges  de  Lille ,  de 
Gand;  enfin  à  Malplaquet  en  1710.  En  1711,  il 
fut  envoyé  eu  Espagne  comme  ambassadeur 
extraordinaire  ;  mais  une  sérieuse  maladie  le 
força  à  revenir  en  Angleterre,  où  il  fut  élevé  au 
commandement  générai  de  l'armée  d'Ecosse 
(1712).  Son  opposition  contre  le  ministère  ne 
tarda  pas  à  lui  faire  retirer  ses  fonctions.  Ce- 
pendant, en  1715,  il  fut  chargé  de  repousser  les 
tentatives  du  prétendant.  Dans  une  première  ba- 
taille à  Dumblain,  il  arrêta  la  marche  du  comte 
de  Marr;  puis,  ayant  reçu  quelques  renforts, 
bien  qu'inférieur  en  nombre ,  il  battit  définitive- 
ment ce  général,  et  obligea  le  prétendant  à  se 
rembarquer.  Ses  services  lui  valurent  l'ordre  de 
la  Jarretière ,  les  titres  de  pair  d'Angleterre  et 
duc  de  Greenwich,  les  charges  d'amiral  hérédi- 
taire des  îles  d'Ecosse,  de  conseiller  général 
d'artillerie,  etc.,  etc.  11  contribua  puissamment  à 
la  chute  de  lord  Robert.  Walpole;  mais  il  fut 
frappé  de  paralysie  peu  de  temps  après.  Il  est 
enterré  dans  l'abbaye  royale  de  Westminster. 
Il  avait  épousé  Jeanne  de  Warburton,  dame 
d'honneur  de  la  reine,  qui  lui  donna  quatre  filles. 
En  lui  s'éteignit  la  branche  aînée  masculine  des 
Campbell.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Macpherson  ,  History  of  England.\  —  Walter  Seolt, 
Rob  Roy,  passim. 

C.4.MPBELL  (Colin),  architecte  anglais,  né 
dans  le  nord  de  l'Angleterre,  mort  en  1734,  Tl 
fut  inspecteur  des  bâtiments  de  l'hôpital  de  Green- 
wich, et  construisit  dans  le  comté  de  Kent  des 
édifices  remarquables,  parmi  lesquels  une  mai- 
son à  Mereworth  sur  le  plan  de  la  villa  Capri , 
dans  le  voisinage  de  Vicence.  On  a  de  lui  :  Vitru- 
vius  britannicus  ,  1715-1725,  3  vol.,  ouvrage 
continué  par  Woolfe  et  Gandon,  1767  et  1771. 

Crésy,  Milizia.  —  Lempriere,  Univ.  Biog.  —  Dallaway, 
Observations  on  English  architecture. 

CAMPBELL  (  George  ) ,  théologien  écossais, 
né  à  Aberdeen  en  1696,  mort  en  1757.  Après 
avoir  été  élevé  à  l' université  de  Saint- André,  il 
devint  en  1728  professeur  d'histoire  ecclésiasti- 
que. On  a  de  lui  :  A  Discourse  on  the  Miracles  ; 
traduit  en  français  par  J.  de  Castillan ,  Utrecht, 


379 


CAMPBELL 


1765,  in-12;  —  Vindicatio  chrlstianse  reli- 
gionis;  1736,  in-S";  —  un  Traité  sur  lavertu 
morale. 

Lempriere,  Univ.  biog,  —  Walkins,  New  historic. 
Dictionary. 

*  CAMPBELL  (George),  théologien  écossais, 
né  en  1719  à  Aberdeen,  mort  dans  la  même  ville 
le  6  avril  1796.  Il  étudia  la  théologie  au  Mares- 
chal-coUege,  et  fut  pasteur  à  Banchory-Ternan. 
Il  obtint  en  1759  la  place  de  principal  de  Ma- 
reschal-college,  et  en  1771  il  y  occupa  la  chaire 
de  théologie.  Son  savoir,  sa  tolérance,  le  nouvel 
ordre  qu'il  mit  dans  ses  leçons,  lui  attirèrent  un 
grand  nombre  d'auditeurs.  Quoique  très-modéré 
dans  ses  principes ,  il  professait  une  manière 
de  penser  très-libre  pour  son  temps.  Oa  a  de 
lui  :  Dissertation  on  Miracles,  1763,  ouvrage 
qui  fit  beaucoup  de  bruit  lors  de  sa  publication  ; 
c'était  une  réponse  à  VEssais  on  Miracles  de 
Hume; — Philosophy  o/Rhetoric;  —  Tr-mis- 
leiion  ofthe  Gospel  wilh  preliminary  Dis- 
sertations and  notes,  2  vol,  ax-fi"  ;  —  Lectures 
on  ecclesiastical  àlstûry,  œuvre  posthume, 
2  vol.  in-S». 

Keith,  Life  of  Campbell.  —  Gorton,  General  biog. 
dictionary. 

CAMPBELL  (John),  historien  écossais,  né  à 
Edimbourg  en  1708,  mort  le  29  décembre  1775. 
Amené  jeune  en  Angleterre  par  sa  mère  et  des- 
tiné au  barreau,  il  préféra  la  culture  des  lettres. 
Il  écrivit  alors  sur  diverses  matières  d'intérêt  gé- 
néral, et  travailla  à  plusieurs  recueils,  tels  que  la 
Grande  histoire  universelle,  la  Biographia 
Britannica  (1745  ).  Il  avait  peu  dégoût  pour  le 
monde,  et,  tuât  entier  à  l'étude,  il  ne  se  prome- 
nait guère  que  dans  sa  chambre  ou  son  jar(î1n.. 
Ea  1765,11  fut  appelé  à  l'emploi  d'agent  royal 
pour  l'Amérique  septentrionale ,  emploi  qu'il 
garda  jusqu'à  sa  mort.  Ses  principaux,  ouvrages 
sont  :  t/ie  Lives  of  ihe  Admirais  and  other 
^ritish  seamens  (  les  Vies  des  Amiraux  et  au- 
tres gens  de  guerre  anglais);  1742-1744,  4  vol. 
ïn-8» ,  ouvrage  devenu  populaire  en  Angle- 
terre; —  Hermïppus  redivivus,  or  the  sage''s 
triumph  over  old  Age  and  the  Grave  (  Her- 
mippe  rajeuni,  ou  le  Triomphe  du  Sage  sur  la 
vieillesse  et  la  mort)  ;  1743,  in-8°:  l'auteur  indi- 
que dans  ce  li^Te  les  moyens  de  prolonger  la 
vie;  — Voijages  and  Travels  ;  1744,  in-8°  ;  — 
Présent  State  of  Europe;  1750,  in-8";  —  A  po- 
litical  surveîj  of  Britannia  ;  \llii,1  vol.  in-4°. 
Cet  ouvrage  est  le  titre  le  plus  sérieux  de  Camp- 
bell à  l'estime  publique. 

Aikin,  General  biog.  —  Lempriere,  Universal  biogra- 
phy.  —  Rose,  New  biog   dict. 

CAMPBELL  (sir  Nicl),  officier  anglais,  né 
vers  1770,  mort  le  14  août  1827.  Après  avoir  servi 
de  1797  à  1800  dans  les  Indes  occidentales,  il 
revint  en  Angleterre,  où  il  parcourut  tous  les  gra- 
des jusqu'à  celui  de  major  dans  le  54^  régiment, 
avec  lequel  il  alla  en  Jamaïque.  11  resta  deux 
ans  dans  cetteconlrée.  A  son  retour  dans  la  mère- 
patrie,  en  1808,  il  fut  chargé  de  commander  les 


forces  anglaises  placées  sur  les  îles  du  Yen  t 
sous  le  Vent.  Devenu  lieutenant-colonel  le  ,  ' 
août  de  la  même  année,  il  se  distingua  dani  \ 
campagne  de  janvier  1809,  dont  l'issue  fui  n 
prise  de  la  Martinique.  Au  mois  d'avril  suivi , 
il  accompagna  le  major  général  Maitland  d  ; 
l'expédition  contre  les  Saintes ,  près  de  la  G 
deloupe,  et  contribua  à  leur  conquête.  Au  n  ; 
de  janvier  1810,  il  prit  part  à  celle  de  la  G  ■ 
deloupe  elle-même.  Les  Français  ayant  été  • 
finitivement  obligés  d'abandonner  ces  paraç , 
il  revint  en  Angleterre  à  la  fin  de  la  même 
née,  et  se  rendit  bientôt  après  en  Espagne  e  i 
Portugal.  En  avril  1811  il  fut  nommé  colone  i 
16*"  régiment  d'infanterie  portugais,  avec  lei  1 
il  prit  part  au  blocus  d'Alméida,  puis  aux  si(  i 
deCiudad-Rodrigo,  de  Badajoz.  de  Burgos,  et  i 
bataille  de  Salamanque.  Deux  de  ces  affaires  lu  - 
lurent  les  éloges  du  duc  de  Wellington.  En  jan  f 
1813,  l'armée  s'étant  retirée  de  Burgos  et  de  ■ 
drid  pour  aller  hiverner  vers  la  frontière  du  1  - 
tugal,  le  colonel  CanipIîeU,  alors  malade,  rc  t 
en  Angleterre.  Au  mois  de  février  iJ  alla  en  Su  , 
peut-être  pour  s'entendre  avec  Bernadotte  au  i  l 
de  la  Pologne  ;  puis  il  se  rendit  au  quartiei  ^ 
néral  de  l'empereur  Alexandre.  Il  y  trouva  il 
Cathcart,  qui  le  chargea ,  ainsi  que  sir  R(  t 
Wilson  et  le  colonel  Lowe,  d'étudier  les  fc  s 
et  les  opérations  des  corps  d'armée  russes  « 
colonel  Campbell  fit  même  partie  alors  du  (  fS 
d'armée  de  Wittgenstein.  Il  assista  au  siéj  & 
Dantzig  aux  mois  d'août,  septembre  et  ocl  t 
1813.  Le  24  mars  1814,  il  fut  grièvement  b  itl 
en  chargeant  les  Français  à  la  Fère-Champen  k 
Un  corps  de  Cosaques,  venu  peur  l'appi ', 
avait  pris  pour  des  Français  les  troupes  |il 
commandait,  et  l'un  d'eus  l'avait  atteint  u 
mois  d'avril  1814,  il  fut  chargé  d'accomp;  n 
Napoléon  de  Fontainebleau  à  l'île  d'Elbe. 

Après  avoir  rempli  sa  mission,  le  colonel  C  > 
bell  vint  résider  dans  l'île,  comme  pour  e  c 
cher  toute  attaque  venant  du  dehors.  En  r  le 
temps  on  répandit  le  bruit  que  Campbell  o> 
longeait  ainsi  son  séjour,  parce  que  Napi  tn 
lui-même  le  désirait.  Campbell  était  abseï  ie 
l'île  d'Elbe  lorsque  la  fuite  de  l'ex-empercu  ut 
lieu  le  26  février  1815.  Le  27,  il  put  apcrc  lir 
les  bâtiments  qui  se  rendaient  à  Cannes.  Il  o- 
rait  ou  était  censé  ignorer  tout,  et  il  fut  ji  '"S 
parsongouvernement  lui-même.  Au  mois  de  fs 
1815  il  négocia  avec  le  prince  Cariati,  en  ?"! 
par  la  reine  de  Naples,  femme  de  Murât,  a- 
pitulation  en  vertu  de  laquelle  les  troupe  n- 
glo-siciliennes  occupèrent  Naples.  On  remi  "' 
tre  ses  mains  l'arsenal  et  les  bâtiments  (  se 
trouvaient  dans  le  port  ;  et  à  la  fin  du  même  "' 
il  conclut  la  convention  aux  term.es  de  la(  l'^ 
la  princesse  devait  rentrer  en  France.  Mais  iJ* 
Exmoutli  considéra  cet  arrangement  comni  ^lit 
en  dehors  des  pouvoirs  déférés  au  colonel  C  ip- 
bell  ;  et  la  reine  dut  se  placer  sous  l'égid  d6 
l'Autriche.  Sir  Campbell  se  rendit  alors  er  J'" 


U  CAMPBELL 

que,  où  il  prit  d'assaut  la  porte  de  Valencicnnes, 
c  ambray.  Il  fut  chargé  ensuite  par  le  duc  de 
riliii;ji;ton  de  commander  les  troupes  auxiliaires 
liMaiiques.  A  la  fm  de  l'année  1825,  il  reçut  la 
w-ion  d'explorer  les  sources  duNil,  et  de  conti- 
i<  1  les  découvertes  de  Mungo  Park  ;  et  en  1820, 
la  mort  du  major  général  sir  Charles  Turner,  il 
t  envoyé  à  Sierra-Leone,  dont  le  climat  causa 
mort. 
i'.iise,  Netp  biog.  dict. 

t.AMPBELL  {Thomas),  un  des  poètes  anglais 

Is  plus  distingués  du  dix-neu\ième  siècle,  né  à 

lascow  le  27  juillet  1777,  mort  à  Boulogne  le 

I  juin  1844,  descendait  des  anciens  chefs  du 

1 111  (les  Campbell.  11  fit  d'excellentes  études,  et 

ianifesta  un   goût  précoce  pour  la  poésie,  en 

!  ôme  temps  qu'il  se  liait  avec  le  représentant 

plus  élevé  de  la  philosophie  écossaise,  Reid, 

■lit  la  sagesse  tempéra  ce  qu'il  y  avait  d'exces- 

(lans  les  opinions  républicaines  du  poète  de 
v-sept  ans.  Il  fut  précepteur  dans  une  des 
brides,  à  l'île  de  Mull,  après  avoir  songé  tour 
tour  à  être  médecin,  commerçant,  homrne  de 
■  ,  chimiste.  Tout  en  faisant  quelques  travaux 
téraires  et  en  donnant  des  leçons  pour  vivre, 
;oniposales  Plaisirs  de  V Espérance  {the  Pleu- 
res qf  Hope),  qui,  publiés  en  1779,  lui  furent 
yés  50 1.  (1,250  f.),  et  obtinrent  un  immensesuc- 
.  C'était  un  de  ces  poèmes  descriptifs  comme 
,'en  faisait  tant  alors  en  France  et  en  Angie- 

e;  mais  Campbell  avait  rajeuni  ce  genre  usé 
it  l'élégance  souvent  très-poétique  du  style  et 

la  délicatesse  des  sentiments  ;  il  marquait  la 

sition  entre  l'école  descriptive  de  Thomson 
U'école  des  lakistes.  Avec  le  produit  de  son 
^me  il  visita  l'Allemagne,  où  le  général  Moreau 
lisait  son  immortelle  campagne  de  1800.  Son 
\iesur  la  bataille  de  Hohenlinden  est  un  sou- 
fenir  de  ce  voyage.  A  son  retour,  il  s'établit  à 
pndres,  et  épousa  sa  cousine  Matlùlde  Saint- 
lair.  Son  mariage  et  la  nécessité  d'entretenir  sa 
[mille  lui  causèrent  d'assez  graves  embarras 
ficumaires,  dont  il  sortit  par  une  édition  nou- 
■Uc  de  son  poème,  laquelle  lui  rapporta  1,000  1. 
13,000 f.  ),  par  une  pension  de  200  1.  (  5,000  f.) 
le  ses  amis  wighs  lui  firent  obtenir,  et  par  unhé- 
^a!;edel25,000f.Son  second  poème,  Gertruda 
■'  Wijoming,  1809,  roman  gracieux  et  pathétique, 
;'.it  avec  une  élégance  admirable,  obtint  encore 
i^aucoup  de  succès,  bien  qu'on  y  sentît  un  peu 
I  op  d'art  et  d'apprêt.  «  Le  métal,  disait  le  grand 
jitique  Thomas  Jeffreys,  a  été  battu  par  endroits 
isqu'à  perdre  sa  ductilité.  »  Il  aurait  pu  ajouter 
ue  ce  métal,  à  force  d'être  poli,  était  devenu  assez 
liince.  Théodoric  (1824),  conte  domestiquQ  à  la 
lanière  de  Wordsworth,  etlePè^erm  de  Glencoe 
'ihe  Pilgrim  of  Glencoe,  1842)  n'ajoutèrent 
en  à  la  gloire  de  Campbell,  qui  reste  pour  la 
ostérité  l'auteur  des  Plaisirs  del' Espérance  et 
e  Gertrude  de  Wyoming.  Ses  écrits  en  prose, 
fuoique  moins  connus  que  ses  poésies,  doivent 
'tie mentionnés  j  ce  sont  :  Annales  de  la  Grande- 


CAMPE 


382 


Bretagne  depuis  l'avènement  de  George  III 
jusqu'à  la  paix  d'Amiens  ;  1808,  3  vol.  in-8"; 
—  Beautés  des  poètes  anglais,  avec  des  notices 
biographiques  et  un  essai  étendu  sur  la  poésie 
{Spécimens  of  the  british  poets);  1818,  7  vol. 
in-8°  ;  —  des  leçons  sur  la  littérature,  insérées 
dans  le  New  Monthly  Magazine. 

Campbell  garda  toujours  ses  opinions  libéra- 
les, et  se  fit  remarquer  par  sou  zèle  pour  les  op- 
primés. Après  avoir  été  un  philhellène  ardent, 
il  se  passionna  pour  les  Polonais  lors  de  leur  in- 
surrection, et  après  leur  désastre  il  fonda  une  as- 
sociation {polish-  literary-association  )  pour 
soulager  la  misère  des  émigrés.  Son  poème  des 
Plaisirs  de  V Espérance  a  été  traduit  en  vers 
français  par  M.  Albert  de  Montémont;  Paris, 
1824,  in-8°.  LÉO  Joubert. 

Life  and  letters  of  Thomas  Campbell,  edited  by  Wm 
Beattie,  2^  édit.  ;  1830,  3  vol.  in-8°.  —  Milsanct,  dans  la 
Revue  des  Deux  Mondes,  1^''  septembre  ISoO. 

*  CAMPBELL,  capitaine  de  marine  anglais.  Il 
était  mouillé,  en  octobre  1809,  avec  la  baleinière 
la  Favorite,  dans  la  baie  du  Bois  de  Sandal 
(Vouia),  de  l'île  Vaoua-Lerou,  dans  l'archipel 
Viti(Océanie),  lorsque  plusieurs  discussions,  qui 
dégénérèrent  en  rixes,  s'élevèrent  entre  quel- 
ques hommes  de  son  équigage  et  les  naturels. 
Campbell,  après  avoir  mis  à  la  voile,  vit  son  bâ- 
timent tout  à  coup  investi  par  le  chef  Boul- 
landam  ,  commandant  une  flottille  de  140  piro- 
gues. Les  Anglais  se  préparèrent  à  une  éner- 
gique résistance  ;  mais  Boullandam,  lançant  sur 
la  baleinière  la  plus  forte  de  ses  pirogues,  la 
coupa  en  deux.  L'équipagi  fut  fait  prisonnier; 
mais  il  fut  rendu  plus  tard  à  la  liberté,  sans  qu'on 
lui  eût  infligé  d'autre  punition  qu'un  jeûne  de 
neuf  jours. 

Turnbuli,  P'oyage  autour  du  monde.  —  Rienzi,  Ocea- 
nie,  dans  l'Univers pitt. 

CAMPE  {Joachim-Henri  ),  écrivain  pédagogi- 
que allemand,  naquit  en  1746  à  Deensen  (Bruns- 
wick), et  mourut  en  1818.  Il  reçut  sa  première 
éducation  à  Holzminden,  et  étudia  ensuite  la  théo- 
logie à  Helmstaedt  et  à  Halle.  En  1773,  il  fut 
nommé  aumônier  dans  le  régiment  du  prince 
Frédéric-Guillaume  de  Prusse;  mais  son  cœur, 
vivement  ému  de  la  misère  humaine,  le  porta 
à  s'occuper  d'éducation,  avec  l'espoir  de  soula- 
ger cette  misère  dans  sa  source  par  l'amélioration 
de  la  jeunesse.  Après  la  mort  de  Basedow,  il  fut 
quelque  temps  directeur  de  l'établissement  de 
Dessau,  ait  Philaiithropimcm  ;  mais  il  résigna 
bientôt  ces  fonctions,  et  établit  une  institution 
privée  à  Hambourg.  L'affaiblissement  de  sa 
santé  le  força  à  l'abandonner  en  1783  au  profes- 
seur Tropp,  et  il  vécut  alors  retiré  à  Hambourg.  En 
1787  il  tut  nommé  conseiller  des  écoles  du  du- 
ché de  Brunswick,  et  devint  propriétaire  d'une 
librairie  qui  jusque-là  avait  dépendu  de  l'hospice 
des  orphelins  de  la  ville  de  Brunswick,  librairie 
qui,  soaslenomde Schulbuchhàndlung,  devint 
l'une   des  plus  considérables  de  l'Allemagne^ 


âSâ  CAMPE  — 

Campe  abandonna  plus  tard  cet  établissement 
à  son  gendre  Vieweg,  qui  joignit  à  l'imprimerie 
une  fonderie  et  une  fabrique  de  papier.  En  1805, 
Campe  devint  doyen  de  l'ordre  de  Saint-Cyriaci  ; 
en  1809,  la  faculté  de  théologie  de  Helmstœdtlui 
accorda  le  diplôme  de  docteur  en  théologie.  Les 
chagrins  profonds  que  lui  donnèrent  les  maux 
de  sa  patrie,  et  une  vieillesse  anticipée  par  suite 
de  ses  travaux-^  avaient  affaibli  son  esprit  ;  il 
passa  dans  le  repos  ses  dernières  années. 

Une  philanthropie  sincère  et  le  patriotisme  le 
plus  noble  sont  le  caractère  empreint  dans  tous 
les  ouvrages  philosophiques  et  pédagogiques  de 
Campe.  L'amélioration  des  mœurs,  la  réforme 
totale  de  l'éducation  de  la  jeunesse,  tel  fut  le 
but  constant  de  ses  efforts  actifs  et  éclairés.  Ses 
écrits  trouvent  toujours  des  lecteurs,  et  jouissent 
d'une  estime  méritée.  Son  style  est  pur  et  cou- 
lant, à  la  fois  vif  et  doux,  simple  et  dégagé. 
Dans  le  genre  familier,  là  où  la  sensibilité  se  fait 
jour,  il  peut  même  servir  de  modèle.  Campe  a 
su  surtout  se  mettre  à  la  portée  de  la  jeunesse, 
et  choisir  les  formes  les  plus  propres  à  l'inté- 
resser. Comme  philosophe ,  il  passe  facilement 
des  spéculations  les  plus  abstraites  à  une  morale 
douce,  et  du  sérieux  le  plus  grave  à  l'enjouement 
le  plus  aimable.  On  a  37  petits  volumes,  ornés 
de  gravures ,  de  ses  Œuvres  complètes  à  l'u- 
sage des  enfants  et  de  la  jeunesse  (4^édit., 
Brunsvf.,  1829-1832)';  son  Robinson  le  Jeune 
a  été  traduit  dans  toutes  les  langues  de  l'Europe, 
et  même  en  grec  moderne.  Son  Théophron,  ou 
le  Sage  conseiller  de  la  jeunesse  inexpéri- 
mentée, a  eu  le  même  honneur.  Son  Diction- 
naire de  la  langue  allemande  (  Brunswick, 
1807-1811  ),  5  vol.  in-4° ,  est  également  très-es- 
timé;  toutefois  on  y  trouve  quelquefois  un  pu- 
risme un  peu  bizarre.  Il  faut  y  joindre  le  Diction- 
naire des  mots  étrangers  qui  se  sont  impo- 
sés à  la  langue  allemande  (  Brunswick,  1801  ; 
2^  éd.,  1813,  in-4'').  S^étant  trouvé  à  Paris  en 
1789,  il  laissa  un  libre  cours  à  son  enthousiasme 
pour  la  révolution  française,  dans  les  lettres  qu'il 
lit  d'abord  paraître  dans  les  journaux  de  Bruns- 
wick, et  qui  furent  réunies  en  1  vol.,  1790.  Ces 
lettres  ont  excité  la  plus  grande  sensation,  et  ont 
attiré  des  attaques  nombreuses  à  leur  auteur.  Le 
style  en  est  animé,  mais  on  lui  a  reproché  quel- 
que affectation;  toutefois  ce  défaut,  qui  n'est  pas 
ordinaire  chez  Campe,  est  racheté  par  un  mérite 
incontestable  qui  se  retrouve  dans  tous  ses  ou- 
vrages. [Enc.  des  g.  du  m.} 

Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyclopsedie.  —  Conver- 
sations-J^exicon. 

CAMPEGGi  ou  CAMPÈGE,  famille  très-an- 
cienne et  fort  considérée  d'Italie.  Elle  était  ori- 
ginaire du  Dauphiné  par  Chrétien  Campège,  qui 
eut  douze  enfants,  dont  deux  suivirent  Charles, 
duc  d'Anjou,  frère  de  Louis  IX,  lorsque  ce  prince 
fit  en  1264  la  conquête  du  royaume  de  Naples. 
Barthélémy ,  l'aîné  des  deux  irères  Campège, 
s'établit  à  Tortose,  et  forma  la  branche  des  Cam- 


CAMPEGGI  3 

peggi  de  Pavie  ;  et  son  frère  Jean,  qui  mouru 
Bologne,  fit  donner  le  nom  de  cette  ville  à  s 
descendants. 

CAAi PEGGI  (Vgolin)  fut  élu  pour  capital 
général  par  les  Pisans  en  1284,  pendant 
guerres  des  intronisations.  Sa  famille  continu 
être  la  plus  influente  dans  Pise,  et  se  montra  < 
vouée  en  toutes  circonstances  au  parti  gibel 
L'arrivée  en  Italie  des  Campège  à  la  suite 
Charles  de  France ,  appelé  par  le  pape,  eût 
les  retenir  dans  le  parti  guelfe.  L'histoire  n'( 
plique  pas  les  motifs  qui  ont  pu  déterminer  li 
changement  de  drapeaux,  non  plus  que  leur  é 
blissement  dans  l'Italie  septentrionale. 

Syraphorien  Clmmpier,  Monarchia  Gallorum.  — 
mondi,  Histoire  des  Républiques  italiennes. 

CAMPEGGI  {Barthélémy),  jurisconsulte  i 
lien,  descendant  d'Ugolin,  né  à  Bologne,  vi^ 
dans  le  quinzième  siècle.  Il  était  connu  pour  i 
gibelin  attaché  au  parti  des  Canetuli ,  qui  al 
faisait  la  guerre  à  la  famille  des    Bentivo| 
combattant  pour  le  pape.  Les  empereurs  et 
souverains  pontifes  perpétuaient  ces  sanglar. 
dissensions  en  excitant  de  part  et  d'autre  l'amo 
propre  et  l'intérêt ,  les  deux  seuls  mobiles 
hommes.  Campeggi  prenait  peu  de  part  à 
luttes  ;  aussi  était-il  estimé  des  deux  partis,  ( 
sous  un  prétexte  de  religion,  se  disputaient 
pouvoir.  Annibal  Bentivoglio  ayant  été  tué  : 
les  Canetuli,  les  Bentivogli  vengèrent  la  mort  j 
leur  chef  en  massacrant  Baptiste  Canetulo,  el  j 
brûlant  plus  de  soixante  maisons  appartenai 
sa  faction.  Amvé  à  celle  de  Barthélémy  C; 
peggi,  qui  était  alors  absent,  celui  qui  condui  : 
la  bande  la  désignait  pour   le  pillage  ;  mais 
troupe  s'arrêta ,  et  ceux  qui  la  composaient 
crièrent  d'une  commune  voix  :  «■  Tout  beau  i 
maître  de  cette  maison  est  un  homme  de  bi 
il  n'a  jamais  offensé  personne  :  laissons  celii 
là;  passons  à  d'autres.  »  Cette  exception,  f  : 
dans  un  pareil  moment,  suffit  pour  faire  coni 
tre  le  respect  qu'inspirait  le  mérite  particu  ■ 
de  Barthélémy.  Cependant,  ne  voulant  pas  tr  • 
siger  avec  sa  foi  politique,  il  refusa  toutes  . 
offres  des  chefs  du  parti  triomphant  qui  le  pi  • 
salent  de  se  joindre  à  eux,  et  il  s'exila  volontai  ■■ 
ment.  Retiré  à  Padoue,  il  s'y  livra  à  l'étude  i 
droit  civil  et  canonique  ,  et  y  fit  de  rapides  p 
grès.  Louis,  marquis  de  Mantoue,  l'appela  près 
lui,  le  fit  membre  de  son  conseil  secret.  Philip 
Marie,  duc  de  Milan,  appréciant  aussi  le  mé  i 
de  Campeggi,  lui  fit  une  pension  de  trois  ce  > 
écus  d'or. 
Taisand,  Fies  des  Jurisconsultes,  p.  103, 
CAMPEGGI  (Jean),  jurisconsulte  italien,  fils 
Barthélémy,  né  en  1438,  mort  à  Mautoueeu  15 
Il  eut  son   père  pour  premier  maître  dans 
droit  civil   et  canonique  ;  il  devint  bientôt  p 
versé  que  lui  dans  cette  science,  qu'il  enseii 
avec  beaucoup  de  réputation  à  Padoue  et  d 
d'autres  villes.  Il  a  laissé  plusieurs  ouvrag 
entie  autres  :  Concilia;  —  Tractatus  deS 


385 


CAMPEGGI 


386 


tuHs;  —  Le  Immunitate;  —  De  Dote,  etc. 

Pangirnii,  De  Claris  Icgum  intcrprelibus.  —  Forstcr, 
tlistoria  jwis  civilis,  I.  III,  c.  36,  n°  S.  —  Talsand,  f  te 
eteê  jurisconsultes,  p.  io3. 

>  CAMPEGGI  (Laurent),  cardinal  italien,  fils 
aîné  du  précédent,  né  à  Bologne  en  1474,  mort 

;  à  Rome  le  19  juillet  1539.  Élevé  par  son  père, 
il  fut  bientôt  en  état  de  professer  lui-môme  le 

>  droit  avec  distinction.  Il  épousa  fort  jeune  Fran- 
î  çoise  Guastavilain,  dont  il  eut  trois  fils  et  deux 
;  filles.  Sa  femme  étant  morte,  il  se  fit  ordonner 

I  prêtre,  et  parvint  aux  plus  hautes  dignités.  Il 
f  contribua  beaucoup  à  la  réduction  de  Bologne, 
j  qui  expulsa  Giovanni  Bentivoglio  et  ouvrit  ses 
portes  au  pape  Jules  II  le  10  novembre  1506. 
1  Celui-ci,  reconnaissant  de  ses  services,  le  fit  au- 
j  diteur  de  rote ,  le  nomma  évêque  de  Feitre ,  puis 
'  l'envoya  nonce  en  Allemagne  et  à  Milan.  Léon  X 
[  lui  confia  le  gouvernement  de  Parme,  et  le  ren- 
i  voya  en  Allemagne  pour  combattre  les  progrès 
f  de  Luther.  A  son  retour ,  Campeggi   reçut  la 
'  pourpre  le  l*""  juillet  1517,  sous  le  titre  de  car- 
\  dinal  de  Saint-Thomas,  titre  qu'il  échangea  en- 
!  suite  contre  celui  de  Sainte-Marie  {extra  urbem). 
I  En  1519,  Léon  X  le  chargea,  en  qualité  de  légat, 
de  lever  en  Angleterre  le  décime  contre  les  infi- 
'  dèles.  Cette  mission  ne  réussit  pas  ;  mais  Cam- 
I  peggi  obtint  de  Henri  VIII,  en  1624,  l'évêchéde 
'Salisbury,  qu'il  conserva  jusqu'en   1528.   Plus 
Itard,  le  nouveau  pontife  Clément  VII  le  fit 
(  évêque  de  Bologne ,  et  l'accrédita  comme  légat 
!  plénipotentiaire  auprès  de  la  diète  convoquée 
fà  Nuremberg.  Campeggi  échoua  encore  devant 
(cette  assemblée,  et  ne  put  faire  condamner  Lu- 
l^ther  ;  il  se  borna  à  publier  plusieurs  ordonnan- 
I  ces  concernant  les  mœurs  du  bas  clergé.  En  1528 
!  il  retourna  en  Angleterre,  comme  adjoint  au  car- 
[dinal  de  Wolsey  dans  le  procès  en  divorce  inten- 
jté  par  Henri  VUI  contre  Catherine  d'Aragon. 
^N'ayant  pu  rien  obtenir  de  Henri,  U  essaya  de 
îpersuader  à  la  reine  de  se  laisser  séparer  d'un 
jépoux  dont  elle  n'avait  plus  le  cœur,  et  de  sa- 
crifier son  amour-propre  au  repos  de  l'Europe. 
rRepoussé  des  deux  côtés,  et  voyant  tout  moyen 
ide  conciliation  impossible,  il  recula  devant  une 
'sentence  de  divorce,  et  remit  ses  pouvoirs  entre 
les  mains  de  Clément  Vil.  Campeggi  assista  en- 
jSCHte  à  Bologne  au  couronnement  de  Charles- 
I  Quint,  puis  vint  siéger  à  la  diète  d'Augsbourg.  Clé- 
Iraent  étant  mort  en  1554,  Campeggi  accoumt  au 
Sconclave,  et  réussità  faire  élire  AlexandreFarnèse, 
|qui  prit  le  nom  de  Paul  UI.  H  termina  enfin  une 
■rie  si  active  au  moment  où  il  partait  encore 
comme  légat  pour  le  concile  de  Vicence.  — 
I  Campeggi  a  composé  plusieurs  ouvrages  de  droit 
|qui  n'ont  pas  été  publiés.  On  a  plusieurs  lettres 
Ide  lui  qui  renferment  des  documents  fort  inté- 
iressants  sur  l'histoire  de  son  temps.   Elles  ss 
îtronvent  dans  le  recueil  intitulé  Epistolarum 
iniscclianeamm  singularium  personarum; 
Râle,  1550,in-fol. 

Machiavel^  OorrespoYtdance.  —  Sigonias,  D*  Episeo- 
oisBononiensibus.  —  Onuphre,  Chronicon  ecclesiasti- 

NOUV,   B40GR.   UMVBRS,   —  T.   VIII. 


oum.  —  Sander,  .De  Origine  et  Progressa  sehitmatis 
anglicani.  —  Surlus,  Commentarlus  brevis  rerum  in 
orbe  gestarum  ab  anno  IKOO.  —  U^hcllÉ,  Italia  sacra.  — 
Sponde,  Jnnales  ecclesiast.  —  Aubcrl,  Histoire  des  Car- 
divuux.  —  numaldi,  Viblintheca  Uonon.—  Arlaai  de 
Monter,  Histoire  des  souveraitis  pontifes  romains. 

CAMPEGGI  {Alexandre),  cardinal  italien,  fils 
dn  cardinal  Laurent,  né  à  Bologne  le  2  avril  1504, 
mort  le  22  septembre  1554.  Il  eut  pour  maîtres 
les  hommes  les  plus  savants  de  l'Italie,  tels  que 
Lazare  Bonamici,  Pierre  Borrhano,  Antoine  Ber- 
nard!. Le  pape  Paul  III  l'éleva  au  siège  épiscopal 
âe  Bologne  en  1541 .  Le  concile  de  Trente,  pour  se 
soustraire  à  une  maladie  pestilentielle,  s'était 
transféré  à  Bologne  le  1 1  mars  1546.  On  remarqua 
dans  l'assemblée  cinq  prélats  de  la  famille  des 
Campeggi  :  Thomas,  évêque  de  Feitre,  et  Marc- 
Antoine,  évêque  de  Grossetto,  l'un  et  l'autre  frères 
du  cardinal  Laurent  ;  Jean,  évêque  de  Parento , 
son  neveu  ;  Jean-Baptiste,  évêque  de  Majorque,  et 
Alexandre  Campeggi,  alors  évoque  de  Bologne. 
Ce  dernier  fut,  quelque  temps  après,  nommé  vice- 
légat  à  Avignon.  U  défendit  cette  ville  et  son  terri- 
tOjire  contre  la  propagande  et  les  armes  des  hu- 
guenots. 

Labbe,  Concilia.  —  Art  de  vérifier  les  dates  —  Sponde 
Annal,  eccles. 

CAMPEGGI  {Jean- Baptiste),  évêque  italien,, 
frère  du  précédent.  Il  dut  à  ses  talents,  plus 
qu'à  la  protection  des  divers  membres  de  sa  fa- 
mille, l'épiscopat  de  Majorque  ;  ce  fut  lui  qui  ou- 
vrit le  concile  de  Trente,  le  13  décembre  1545, 
par  une  harangue  :  De  tuenda  Religione,  im- 
primée à  Venise,  1561,  in-4°. 

Labbe,  Concilia.  —  Jrt  de  vérifier  les  dates. 

CAMPEGGI  {Thomas),  évoque  italien,  né  en 
1500,^  mort  à  Rome  le  11  janvier  1564.  Il  était 
neveu  du  cardinal  Laurent,  et  accompagna  ce 
prélat  dans  la  plupart  de  ses  missions.  Il  lui  suc- 
céda dans  le  siège  épiscopal  de  Feitre,  et  fut  en- 
voyé par  Paul  IH,  en  qualité  de  nonce,  à  la  con- 
férence de  Worms  (1540).  H  fut  un  des  trois 
évêques  qui  se  trouvèrent  à  l'ouverture  du  con- 
cile de  Trente  en  1545,  et  y  assista  aux  sessions 
tenues  sous  le  pontificat  de  Paul  DI.  On  a  de 
lui  plusieurs  traités  sur  divers  points  de  la  disci- 
pline ecclésiastique  ;  ses  plus  considérables  sont  : 
De  Auctoritate  sanctorum  Con<:iUorum,  dédié 
au  pape  Pie  IV,  Venise,  1561  :  dans  ce  traité 
Campeggi  reconnaît  la  supériorité  des  papes  sur 
les  conciles ,  mais  n'admet  l'infaillibilité  absolue 
ni  des  uns  ni  des  auti'es;  —  Sur  le  Célibat  des 
Prêtres;  Venise,  1554;  —  De  Auctoritate  Pon- 
tifiais romani ,  etc.;  1555.  Ses  autres  ^rits,  tels 
que  Devoirs  des  Princes  chrétiens ,  des  Biens 
temporels  ecclésiastiques,  de  la  Pluralité  des 
Bénéfices,  de  la  Simonie,  des  Annotes,  des  Ré- 
serves, des  Pensions  sur  les  bénéfices,  d*s  Cas 
réservés,  des  Exemptions,  de  P  Observation 
des  fêtes ,  de  la  Consécration  des  évêques  par 
les  schismatiques,  du  Mariage,  ont  été  impri- 
més à  Venise  de  1550  à  1555.  L'auteur  ymontre 
un  jugement  assez  sain,  et  moins  de  prévention 
que  la  plupart  des  canonistes  ultramontains. 

13 


M 


S87 


CAMPEGGI 


Dupia,  Bibliothèque  des  auteurs  ecclésiastiques,  sei- 
zième siècle. 

CAMPEGGI  (Benoît),  poëte  italien,  né  à  Bo- 
logne, mort  le  13  janvier  1566.  Il  était  de  la 
même  famille  que  les  précédents.  Il  se  fit  rece- 
voir docteur  en  philosophie  et  en  médecine  dans 
sa  ville  natale,  et  y  professa  les  sciences  pendant 
plus  de  quarante  années.  On  a  de  lui  :  Italidis 
libri  X,  laiino  carminé  conscripti  ;  Bologne, 
1553,  in-fol.  Dans  ce  poëme,  Campeggi  raconte 
les  principaux  événements  de  son  temps  avec 
beaucoup  d'exactitude. 

Tirabosctii,  Storia  delta  lett.  ital. 

CAMPELLO  (  Beryiardino  de'  Conti),  littéra- 
teur italien,  né  à  Spolète  le  28  mars  1595, 
mort  dans  la  même  ville  le  24  mars  1676.  Sa  fa- 
mille était  originaire  de  Bourgogne,  mais  s'était 
fixée  à  Spolète  depuis  le  dixième  siècle.  Bemai-- 
dino  fit  ses  études  dans  sa  ville  natale,  puis  se 
rendit  à  Rome  en  1 623.  Ses  succès  dans  les  belles- 
lettres  lui  attirèrent  une  grande  considération,  et 
le  firent  nommer  par  les  papes  Grégoire  XV  et 
Urbain  VÎII  auditeur  du  saint-siége  à  Turin, 
Madrid,  Florence  et  Urbin.  Campello  se  mit  en 
relation  avec  les  hommes  les  plus  remarquables 
do  son  siècle,  et  ses  diverses  missions  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  cultiver  la  poésie,  et  de  s'oppo- 
ser de  toutes  ses  forces  au  fanatisme  littéraire  de 
certains  novateurs,  qui,  par  leur  style  affecté, 
amenèrent  la  décadence  du  goût  et  des  lettres 
en  Italie.  Il  les  attaqua  surtout  dans  son  Esame 
deir  apere  del  cavalière  Marini,  qui  le  pre- 
mier avait  mis  à  la  mode  ce  genre  outré.  On 
doit  encore  à  Campello  beaucoup  d'ouvrages 
écrits  soit  ea  latin,  soit  en  italien,  en  prose  et  en 
vers.  Parmi  ceux  qui  furent  livrés  à  la  publicité 
on  distingue  ;  délia  Storia  di  Spoleti  e  suo  dtc- 
cato,  en  deux  voluînes,  dont  un  seul  a  été  im- 
primé; Spolète,  1672,  in-4''  :  cet  ouvrage  est 
divisé  en  vingt  livres,  et  s'arrête  à  910;  —  la 
Teodora,  leScozzesi,  la  Gerusalemme  cattiva, 
VAlbeslnda,  et  quelques  autres  tragédies  ;  —  Dis- 
corsi  sacri. 

Macerata,  1680  —  Jacobilii,  Bibl.  Umbriae.  —  La  Ci-oix 
dn  Maine,  Ëliil.  franc. 

CA.WPELL®  (  Paul  be'  Conti  ),  savant  italien, 
fils  du  précédent,  né  à  Spolète  le  19  août  1643, 
mort  dans  la  même  ville  le  14  janvier  1713.  Son 
père  l'envoya  à  Florence,  où  il  étudia  la  philoso- 
phie, les  mathématiques  et  les  belles-lettres; 
mais  il  s'adonna  particulièrement  à  la  poésie, 
dans  laquelle  il  fit  de  rapides  progrès  sous  les 
meilleurs  maîtres.  En  1663  il  entra,  à  Pise,  dans 
l'ordre  religieux  et  militaire  de  Saint-Étiemie , 
et  se  fit  si  bien  remarquer  qu'il  fut  nommé  com- 
mandant des  troupes  de  son  ordre  dans  la  ligue 
de  l'empereur  d'Allemagne,  du  roi  de  Pologne  et 
des  Vénitiens  contre  les  Turcs  en  1684.  Sous  les 
ordres  de  François  Morosini,  amiral  vénitien, 
Campello  concourut  à  la  prise  de  Sainte-Maure 
(6  août  1684)  et  à  la  conquête  de  la  province 
de  Carnia  et  du  château  de  Prévésa,  sur  la 
côte  d'Albanie.   Eu  1685,  il  prit  part  à    la  ba- 


—  CAMPEN  388 

taille  gagnée  sur  les  Turcs,  et  à  la  suite  de  la- 
quelle Modon,  la  plus  forte  des  places  de  la 
Morée,  fut  enlevée  d'assaut.  La  bravoure  et  les 
talents  militaires  qu'il  déploya  dans  ces  deux  cam- 
pagnes le  firent  élever  au  rang  de  grand  prieur 
et  de  chevalier  du  conseil  de  l'ordre.  11  jouissait 
de  la  faveur  des  grands-ducs  de  Toscane  Fer- 
dinand II,  Cosme  U  et  Cosme  m,  qui  le  chargè- 
rent de  missions  importantes  auprès  de  diffé- 
rents souverains.  Il  savait  l'espagnol,  le  français, 
le  grec,  l'italien  et  le  latin,  et  avait  voyagé  en 
Espagne,  en  France,  en  Grèce,  en  Italie,  e» 
Afrique  et  en  Asie.  Il  se  retira  dans  sa  patrie,  ci 
il  poursuivit  avec  ardeur  ses  travaux  littéraires. 
Tous  ses  ouvrages  sont  restés  en  mamisciit; 
les  plus  remarquables  sont  :  Trattato  sopra  il 
corso  del  lever  e; — Drammi  diversi;  —  Coni- 
medie  in  prosa;  —  Sonnetti  e  Canzone;  — 
Discorst  academici. 

CAMPELLO  (  François-Marie ),  littérateur  ita 
lien ,  de  la  famille  des  précédents ,  né  à  Spolèt. 
en  1665,  mort  en  1759.  U  se  destina  au  barreau 
et  s'y  distingua  par  ses  vastes  comiaissances 
son  éloquence,  et  surtout  sa  loyauté.  Le  temp: 
qu'exigeait  sa  profession  ne  l'empêchait  pas  d 
cultiver  la  littérature.  L'Académie  Arcadienn 
le  compta  au  nombre  de  ses  membres,  sous  I 
nom  de  Legisto  Nemeo. 

Mémoires  hisloriques  de  l'àcad,  Arcad.,  £/oge  dtfF.'ii. 
Campello.  —  f^ite  degll  Arcadi  Ulustri. 

CAMPELLO  ou  CASiPELLUS  (Jean),  poët 
vénitien,  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  sièclt 
Il  a  composé  un  certain  nombre  de  poésies  Is 
tines  assez  estimées.  Le  principal  de  ses  poème 
est  :  Ibex,  seu  de  capra  montana,  cannen  vt 
naticum;  Venise,  1697  et  1736,  in-8". 
Adelung,  suppl.  à  Jôchcr,  Allgem.  Gelehrten-UxUo) 
CAMPEK  ou  KAMPEN  {Jean  de),  plus  coon 
sous  lenomde  Van  den  Campew,  philologue  ho! 
landais,  né  à  Campen  (Over-Yssel)  en  1490,  moi 
à  Fribourg  (Brisgau)  le  7  septembre  1538.  Ilétu^ 
dia,  et  fit  de  grands  progrès  dûns  les  langues  gre(  : 
que,  latine  et  hébraïque.  Il  se  perfectionna  tUui  | 
cette  dernière  en  suivant  les  leçons  de  Rcuchlii  j 
et  fut  bientôt  en  état  de  la  professer  lui-même 
Louvain.  En  1531,  il  quitta  sa  chaire  pour  voya 
ger  en  Allemagne,  en  Pologne  et  en  Italie.  11  r 
négligeait  aucune  occasion  d'étendre  ses  connai;: 
sances,  en  cultivant  de  préférence  les  savau!  ^ 
versés  dans  les  langues  orientales.  Il  s'arrêta  | 
Venise  pour  y  conférer  avec  quelques  rabbir 
érudits  ;  puis  alla  à  Rome,  oîi  le  pape  Léon  X  li 
donna  un  canonicat.  Il  revenait  dans  sa  patri 
lorsqu'il  fut  atteint  de  la  peste  à  Fribourg  e 
Brisgau,  et  y  mourut.  On  a  de  Campen  :  de  Ni 
tura  litterarum  et  punctorum  hebraicorun 
ex  variis    Elix  Levitx  opuscuUs    libellui 
Paris ,  1520 ,  in-12,  et  Louvain,  1528  :  c'est  un 
grammaire  hébraïque  assez  bien  faite;  elle  n'ei 
point  surchargée  de  ces  minuties  oiseuses  qi) 
l'on  rencontre  dans  la  plupart  de  celles  qi 
ont  été  publiées  depuis;  —  Psalmorum  om 


389 


CAMPEN  -  CAMPENOIN 


390 


niumjuxtn  hebraicam  veritatem  parapfiras- 
tica  interpretatio  ;  1532,  in-16  :  elle  a  eu  plu- 
sieurs traductions  sous  divers  titres  en  allemand, 
en  anfçlais,  en  flamand  et  en  français;  cette  der- 
nière est  d'Etienne  Dolet,  sous  le  titre  :  Para- 
phrase, c'est-à-dire  claire  translatixm  faicte 
jouxte  la  sentencfi,  non  pas  jouxte  la  lettre, 
s«r  tous  les  Psaumes;  Paris,  1534  et  1542, 
in-16;  Anvers,  1544.  Dans  cette  paraphrase, 
I  Carapcn  a  bien  saisi  le  sens  littéral  de  la  plus 
i  ^ande  partie  des  Psaumes,  et  résout  assez  heu- 
I  "euseraent  les  difficultés  qui  s'y  trouvent  ;  —  Pa- 
I  -aphrasis  in  Salomonis  Ecclesiasten,  que  l'on 
t  Touve  réunie  à  la  précédente,  Paris,  1532  ;  sépa- 
j  -ée,  Lyon,  1546  ;  —  CommentarioH  in  Epistolas 
\pauli  ad  Romanos  et  Galatas;  Venise,  1534. 
1    Chalmot,  Biograph.  Jf^oodenb. 

CAMPEN  {Jean  ),  théolc^en  hollandais,  vivait 
m  1404.  Il  entra  dans  l'ordre  des  Carmes,  et 
|»mposa  quelques  commentaires  sur  les  Sen- 
ti ences  -,  Qtiodlibetorum  opus  ;  summuUe  ar- 
ium ,  etc.,  ^. 

Trltheim ,  De   scriptoribus  ectlesiastieis.   —  Valère 
imdré,  Bibliotheca  Belgica. 

CAMPEN  (Jacques  Van),  sire  de  Rambrock, 
ifchitecte  hollandais,  né  à  Harlem,  mort  à  Ams- 
l«rdam  en  1638.  Il  fit  un  voyage  en  Italie,  afin 
l'étudier  l'art  à  sa  source  mêîne.  De  retour  dans 
i\  patrie,  il  bâtit  le  palais  du  prince  Maurice,  à 
T  1  Haye.  L'hôtel  de  ville  d'Amsterdam  ayant  été 
i  jnsumé  par  un  incendie,  les  magistrats  de  cette 
ille  en  confièrent  la  reconstruction  à  Van  Cam- 
jn.  Cet  édifice,  un  des  plus  beaux  de  l'Europe 
,  1  ce  genre,  coûta,  dit-on,  39  millions  de  florins. 
I  an  Campen  a  fait  élever  sur  ses  dessins  plu- 
i  eurs  autres  monuments  publics  et  palais  par- 
•  culiers.  Sa  fortune  lui  permettait  d'exécuter 
i-atuitement  de  magnifiques  travaux,  et  jamais 
n'a  tiré  parti  d'un  seul  de  ses  tableaux. 
Nagler,  Nettes  Allgem.  Kûnstler-Lexicon. 
:  CAMPEN  (Heimeric  de),  théologien  hollan- 
iis,  plus  connu  sous  le  nom  d'' Heimerictis  de 
lampo,   né  à   Campen  (Over-Yssel),  mort  à 
louvain  en  1460.   Il  enseigna  d'abord  la  philo- 
'  iphie  à  Cologne.  S'étant  rendu  à  Bâle  lors  du 
)ncile  général  de  1431,  il  fut  pris  en  affection 
jjrle  cardinal  Nicolas  de  Cusa,  dont  il  ne  quitta 
'  service  que  pour  passer  à  celui  d'Eugène  IV  en 
ji38,  c'est-à-dire  au  moment  où  ce  pontife  avait 
■lutter  contre  ses  ennemis.  En  1445,  Campen  l'é- 
tat dans  sa  patrie  professer  la  théologie  à  Lou- 
i  i'iin.  On  a  de  lui  :  <^  Auctontate  concilii,  traité 
fit  à  l'instigation  du  cardinal  de  Cusa  ;  c'est  une 
liiologie  de  son  attachement  pour  Eugène  rV;  — 
\ompendium  quéestionum  ;  —  Super  senten- 
as,  libri  IV;— De  Esse;  —  De  Essentia;  — 
ompendium  Divinorum;  —  Queestiones  va- 
cT,  etc. 

Valère  André,  Bibliotheca  Belgica.  —  Art  de  vérifier 
•dates.  —  Artaad  de  Monter,  .Histoire  des  souverains 
ntifes  romains. 

CAMPEN  OU  KAMPEN  {Ja£ob  DE),  chef  ana- 
aptiste.  Voy.  Kampkn. 


*CAMPENHAUSEN  {Jean-Michel  de),  his- 
torien et  écrivain  militaire  livonien,  mort  à  Per- 
nau  vers  1747.  Issu  d'une  famille  noble,  et  frère 
du  lieutenant  général  Balthasar  de  Campenhau- 
sen,  il  alla  en  Pologne;  et  y  ayant  embrassé  la 
religion  catholique,  il  fut  nommé  général  de  Per- 
nau,  oui  il  resta  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  On  a  de 
lui  :  De  l'utilité  et  des  qualités  distinctivea 
de  la  nourriture  (en  polonais);  Kalisch, 
1737,  in-8°;  —  Vie  d'Auguste  II,  roi  de  Po- 
logne et  électeur  de  Sa,xe.  Il  a  laissé  en  manus- 
crit :  De  Vart  militaire  de  notre  époque;  — 
De  la  discipline  militaire.  Ces  deux  ouvrages 
se  trouvaient  dans  la  bibliothèque  de  Zaluski , 
mais  sans  qu'on  eût  su  s'ils  étaient  écrits  en  al- 
lemand ou  en  polonais. 
Gadebusch,  Bibliothèque livonienne  (en  allemand). 

CAMPENON  (Vincent),  poète  français,  né  à 
la  Guadeloupe  le  29  mars  1772  (1),  mort  à  Ville- 
neuve-sur-Corbeil,  près  de  Paris,  lé  24  novembre 
1843.  Amené  de  tonne  heure  en  France,  il  y  fit, 
à  Sens  et  à  Paris,  de  brillantes  études,  qui  furent 
terminées  dès  l'âge  dfe  quinze  ans.  Les  succès 
que  son  oncle  Léonard  avait  eus  comme  poëte 
lui  firent  de  bonne  heure  cultiver  la  poésie.  Mais 
son  début  faillit  lui  être  fatal.  Il  existait  une 
feuille  satirique  qui  essayait  d'arrêter  la  marche 
révolutionnaire  par  des  cliansons  et  des  épigram- 
mes  :  Campenon  y  fit  insérer  une  romance  en  fa- 
veur de  Marie- Antoinette,  et  bientôt  il  ftit  obligé 
d'aller  chercher  un  asile  en  Suisse.  H  y  écrivit, 
en  vers  et  en  prose ,  la  relation  d'une  partie  de 
son  voyage,  qu'û  publia  en  1 795  sous  le  titre  de 
Voyage  de  Grenoble  à  Chambéry.  De  retour 
en  France ,  il  exerça  sa  plume  dans  un  journal , 
et  donna  des  vers  à  VAlmanach  des  Muses.  Ceux 
qu'il  fit  sur  Paul  et  Virginie  lui  attirèrent  l'ami- 
tié de  Bernardin  de  Saint-Pierre.  En  1802,  il  fit 
connaissance  avec  Diicis  chez  madame  Paillière, 
et  mérita  l'affection  intime  de  ce  poëte  tragique. 
Campenon  tra\^llait  à  un  poëme  didactique  in- 
titulé la  Maison  des  Champs,  lorsque  parut  ce- 
lui des  Trois  règnes  de  la  Nature,  par  Delille  : 
il  ne  voulut  point  se  mettre  en  concurrence  avec 
ce  poëte,  et  se  décida  à  retrancher  une  grande  par- 
tie de  son  travail.  La  facilité,  Télégance  des  vers, 
l'heureuse  expression  des  pensées  et  des  senti- 
ments, firent  regretter  que  son  poëme  n'eût  point 
été  publié  entièrement.  Deux  ans  après,  un  autre 
poëme,  VErifant  prodigue,  parut  avec  le  môme 
succès.  A  la  mort  de  Delille,  on  jeta  les  yeux 
sur  son  imitateur  pour  le  remplacer  à  l'Institut. 
U  y  fut  nommé  en  1813  ;  mais  sa  r^ption  n'eut 
lieu  qu'en  novembre  1814,  sous  Louis  XVllI. 
Campenon  n'avait  pas  cru  devoir,  comme  De- 
lille, refus€r  ses  hommages  poétiques  au  héros 
qui  régnait  sur  la  France;  il  avait  été  un  des 
nombreux  poètes  qui  célébrèrent  le  mariage  de 
Tempereur,  et  la  Requête  des  Rosières  de  Sa- 
leney  se  trouve  dans  le  recueil  de  1811  (l'Hy' 

(1)  C'est  par  erreur  que  qaelqaes  biograpties  le  (ont 
oattre  à  Sens  ou  à  Grenoble  en  ITTS  oa  ITTS. 

13, 


Mi  '  CAMPENON 

men  et  la  Naissmice).  Néanmoins,  dans  son  dis- 
cours de  réception,  il  n'hésita  point  à  représen- 
ter Delille  résistant  à  toutes  les  séductions,  et 
restant  ^è^  à  Vinjlexibilité  de  Vhonneur, 
sans  que  rien  pût  interrompre  son  silence  cou- 
ra^ux  ;  «  silence,  ajouta-t-il,  que  les  plus  beaux 
vers  n'eussent  pu  égaler.  »  Si  Campenon  n'imita 
point  Delille  dans  ce  silence  courageux,  il  ne 
suivit  pas  davantage  l'exemple  de  son  maître 
Dncis ,  qui  refusa  obstinément  toutes  les  faveurs 
de  l'empereur.  Campenon  cumulait  les  emplois  de 
chef-adjoînt  de  la  1"^^  division  de  l'université  et 
de  commissaire  impérial  près  l'Opéra-Comique. 
Sons  la  restauration,  ce  dernier  emploi  fut  rem- 
placé par  celui  de  censeur,  avec  la  décoration 
de  la  Légion  d'honneur.  En  1815,  la  protection 
du  duc  de  Duras  l'avait  fait  nommer  secrétaire 
au  cabinet  du  roi  et  aux  Menus-Plaisirs.  Il  ne 
conserva  pas  cet  emploi.  Il  fut  compris  dans  la 
nouvelle  organisation  de  l'Académie  française  et 
nommé  oflicier  de  la  Légion  d'honneur  en  1816. 
En  1 823,  sa  santé  s'étant  affaiblie,  il  quitta  ses  fonc- 
tions administratives,  et  vécut  dans  la  retraite.  Ce 
poète  aimable,  et  dont  les  vers  ont  du  charme, 
est  mort  dans  sa  quatre-vingt-unième  année.  Voici 
les  titres  de  ses  ouvrages  :  Voyage  de  Grenoble 
à  Chambéry;  1795;  une  3"  éd.  parut  en  1798; 

—  Œuvrer  de  Léonard;  1798,  3  vol.  in-4°;  — 
Épître  aux  Femmes;  1800  ;  —la  Maison  des 
Champs  ;  3^  éd.  enl816  ;  —  Œuvres  choisies  de 
Cl.Marot;  1809,  in-8°;—  l' EnJ an t  prodigue; 
1811,  in-18;  1812,  in-8°;  —  Requête  des  Rosiè- 
res de  Salency  à  S.  M.  l'Impératrice;  1811; 

—  Histoire  d'Ecosse  depuis  Marie  Stuart,  etc., 
trad.  de  l'anglais  de  W.  Robertson;  1820,  3  vol. 
in-S";  —  Essai  sur  la  Vie  et  les  Écnts  de 
David  Hume  (dans  l'édition  de  son  Histoire 
d'Angleterre)  ;  —  Œuvres  d'Horace ,  trad.  en 
prose  (avec  J.-D.  Després);  1821,  2  vol.  in-S"; 

—  Essai  de  Mémoires,  ou  Lettres  sur  la  vie , 
le  caractère  et  les  écHts  de  J.-F.  Ducis;  1824, 
in-8°.  —  Sous  le  titre  de  Poésies  et  Opuscules, 
1823,  2  vol.  in-18,  il  a  réuni  ses  divers  morceaux 
de  prose  et  de  poésie.  Il  a  donné  aussi  des  notices 
sur  Gresset,  sur  Ducis,  sur  Tressan,  dans  les  édi- 
tions de  leurs  œuvres.  Guyot  de  Fère. 

Salnt-fttarc  Glrard'n,  rtiscours  de  réception  à  l'Acad. 
fr.—  Guyot  de  Fère,  StMlstiqtmdes  gens  d^  lettres. 

CAMPER  (  Pierre  ),  célèbre  médecin  et  ana- 
tomiste  hollandais,  né  à  Leyde  le  11  mai  1722, 
mort  à  la  Haye  le  7  avril  1789.  Il  appartenait 
à  une  famille  qui  avait  acquis  dans  le  commerce 
une  fortune  considérable.  Son  père,  Florens  Cam- 
per, ancien  ministre  à  Batavia,  avait  un  esprit 
distingué,  et  sa  maison  servait  de  rendez-vous 
aux  savants  les  plus  distingués  de  son  époque, 
tels  que  Boerhaave,  s'Gravesande ,  Muschem- 
broeck,  et  Moor.  Le  jeune  Camper,  dont  l'intelli- 
gence profitait  de  la  fréquentation  journalière  de 
ces  savants,  montra  de  bonne  heure  cette  curio- 
sité ardente  qui  l'entraînait  vers  tous  les  genres 
d'études,  littéraires  et  scientifiques.  En  même 


CAMPER 


392 


temps  il  se  livrait  avec  succès  à  l'étude  des  arts , 
et  avant  d'avoir  atteint  sa  vingtième  année  il  était 
devenu  d'une  grande  habileté  dans  le  dessin  à  la 
plume,  le  modelage,  la  gravure  à  la  manière  noire, 
et  la  peinture  à  l'huile.  A  vingt-quatre  ans,  il  se 
fit  recevoir  docteur  en  médecine;  et  les  disser- 
tations qu'il  composa  pour  obtenir  ses  grades 
eurent  l'honneur  d'être  reproduites  par  Haller, 
Deux  ans  plus  tard ,  ayant  perdu  ses  parents,  i 
parcourut  l'Angleterre,  la  France  et  la  Suisse, 
visitant  partout  les  établissements  scientifiques 
et  les  collections  d'objets  d'art,  se  hant  ave< 
tous  les  hommes  notables,  et  disputant  les  pri? 
proposés  par  les  académies.  Pendant  son  voyage 
il  fut  nommé  professeur  de  philosophie,  de  mé 
decine  et  de  chirurgie  à  Franeker  en  1749.  Qua 
tre  ans  après,  en  1753,  on  le  nomma  professeu 
de  chirurgie  et  d'anatomie  à  l'Athénée  d'Amster 
dam.  En  1758,  il  devint  professeur  de  médecin 
dans  le  même  établissement.  Il  se  démit  de  ce 
fonctions  en  1761  pour  habiter  la  maison  d 
Klein-Lankum,  près  de  Franeker,  et  il  fut  noram 
député  aux  états  de  Frise.  Deux  ans  après, 
rentra  dans  le  professorat,  et  fut  chargé  d'enseï 
gner  la  médecine,  la  chirurgie,  l'anatomie  et  I 
botanique  à  l'imiversité  de  Groningue,  qu'il  quitt 
en  1773.  Plus  tard,  il  devint  conseiller  d'État 
et  il  remplissait  ces  fonctions  à  l'époque  des  év^ 
nements  de  1786.  Il  resta  attaché  au  parti  A 
stathouder  ;  mais  les  mesures  politiques  qui  fi 
rent  prises  alors  par  le  parti  victorieux  n'ayar 
point  son  assentiment,  lui  inspirèrent  une  tris 
tesse  profonde  qui  exerça  une  funeste  iniluenc 
sur  sa  santé.  Il  mourut  d'une  pleurésie  en  178! 
Malgré  les  occupations  nombreuses  qui  résu 
tèrentpour  Camper  de  ses  fonctions  comme  pn 
fesseur,  comme  député  et  comme  conseiller  d'J 
tat,  il  est  ti-ès-remarquable  qu'il  ait  pu  trouvi 
le  temps  nécessaire  pour  écrire  avec  une  supéri 
rite  incontestable  de  nombreux  mémoires  sur  L 
sujets  les  plus  variés,  la  philosophie,  les  arts, 
toutes  les  branches  de  la  médecine  et  de  l'an; 
tomie.  Ses  travaux  en  anatomie  comparée,  éta; 
les  plus  importants  de  tous  ceux  qu'il  a  publié 
méritent  une  attention  toute  spéciale. 

C'est  Camper  qui  a  découvert  en  1761  leso 
ganes  auditifs  des  poissons ,  déjà  indiqués,  ma 
d'une  manière  très-inexacte  et  seulement  ch' 
quelques  espèces,  par  Geoffroy.  Gabbé  avait  dd 
obsei-vé  que  les  os  des  oiseaux  ne  contienne 
point  de  moelle  ;  et  il  avait  fait  remarquer  qi 
cette  disposition  est  pour  ces  organes  une  co 
ditiondestabihté.  Camper  reconnut,  en  1771,  q 
cette  particularité  était  en  rapport  avec  l'appar 
respiratoù'e  des  oiseaux,  et  que  l'air  introdi 
dans  le  poumon  pénèti'e  dans  les  cavités  q 
présentent  les  os  des  oiseaux.  Cette  observât) 
fut  répétée  en  1774  par  John  Hunter,  qui  s' 
attribua  l'honneur,  et  qui  est  encore  aujoi 
d'hui  considéré,  par  beaucoup  d'anatomistc 
comme  l'auteur  de  cette  découverte  :  elle  app; 
tient  incontestablement  à  Camper.  : 


393 


CAMPER 


394 


Les  relations  des  Hollandais  avec  différentes 
parties  du  globe,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amé- 
rique, permirent  à  Camper  d'observer  et  de 
disséquer  un  certain  nombrtî  d'animaux  fort 
rares,  et  dont  l'histoire  étiit  alors  à  peine  con- 
nue. Il  est  le  premier  anatomiste  qui  ait  disséqué 
l'orang-outang.  Le  mémoire  qu'il  consacre  à  cet 
animal  est  important  sous  plusieurs  rapports. 
On  se  demandait  alors  sérieusement  si  l'orang- 
outang  ne  serait  point  un  homme  dégénéré ,  et 
si  la  race  nègre  ne  proviendrait  point  d'un  mé- 
lange de  l'espèce  humaine  avec  les  grandes  es- 
pèces de  singes.  Camper  démontra  qu'entre 
l'homme  et  l'orang-outang  il  y  a  des  différences 
organiques  très-marquées  ;  que ,  par  exemple  , 
dans  cet  animal  la  colonne  vertébrale  est  droite  ; 
q  !i  oUe  ne  présente  point  les  diverses  courbures  qui 
la  caractérisent  chez  l'homme,  et  qui  jouent  un  si 
fiiand  rôle  dans  le  mécanisme  de  la  station  bipède. 
Le  larynx  de  l'orang-outang  a  présenté  à  Cam- 
per une  disposition  toute  spéciale,  et  qui,  chose 
remarquable,  se  trouve  dans  la  description  ana- 
tomique  que  Galien  a  donnée  du  larynx.  Comme 
cette  disposition  ne  se  retrouve  point  chez  les 
autres  singes.  Camper  en  conclut  que  la  descrip- 
tion du  larynx,  dans  Galien ,  a  été  faite  d'après 
l'orang-outang,  ou  quelque  autre  espèce  de  singe 
encore  inconnue  de  l'intérieur  de  l'Afrique.  Les 
anciens ,  dit-il ,  ont  bien  pu  connaître  l'orang- 
outang,  puisqu'ils  connaissaient  incontestable- 
ment des  animaux  qui  habitent  les  mêmes  con- 
trées. Ainsi  Plutarque  a  parlé  d'une  espèce  de 
dideiphe.  Du  reste.  Camper  n'a  point  dit,  comme 
on  le  répète  partout ,  que  Galien  ait  fait  toutes 
ses  descriptions  anatomiques  d'après  l'orang-ou- 
tang; ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'il  fait  remar- 
quer que  Galien  ne  connaissait  point  l'appendice 
verniiculaire  du  caecum,  organe  qui  existe  chez 
l'orang-outang. 

C'est  encore  à  Camper  que  l'on  doit  les  pre- 
mières notions  précises  sur  l'ostéologie  du  rhi- 
nocéros à  deux  cornes ,  sur  la  distinction  du 
dugong,  qui  était  alors  confondu  avec  le  morse  ; 
sur  l'oryctérope,  qu'il  désigne  sous  le  nom  de 
fourmilier  d'Afrique  ;  sur  le  mode  de  gésier  du 
pipa;  sur  le  larynx  du  renne.  Il  a  fait  paie- 
ment avec  soin  l'anatomie  de  l'éléphant  ;  mais 
ici  il  avait  été  précédé  par  des  anatomiste  fran- 
çais, Claude  Perrault  et  Duverney. 

L'histoire  naturelle  de  l'homme,  qui  venait 
d'être  créée  par  Buffon,  a  fourni  à  Camper  le 
sujet  de  deux  mémoires,  tous  deux  d'une  très- 
grande  importance,  bien  qu'ils  n'aient  pas  eu  la 
même  fortune.  Dans  le  premier,  qui  est  presque 
entièrement  oublié ,  Camper  recherche  la  cause 
de  la  couleur  des  nègres  ;  il  montre  que  la  couche 
'  de  la  peau  qui  est  chez  le  nègre  le  siège  de  la 
couleur  noire  existe  aussi  dans  la  race  blanche  ; 
et  que  cette  couche,  ordinairement  incolore, 
peut  quelquefois  acquérir,  sur  certains  points 
du  corps,  une  coloration  noire  très -intense. 
Le  second  mémoire  est  intitulé  Dissertation 


physique  sur  les  différences  réelles  que  pré- 
sentent les  traits  du  visage  chez  les  hommes 
de  différents  pays  et  de  différents  âges  ;  sur  le 
beau  qui  caractérise  les  statues  antiques  et  les 
pièces  gravées  ;  suivie  de  la  proposition  d'une 
nouvelle  méthode  pour  dessiner  toutes  sortes 
de  têtes  humaines  avec  la  plus  grande  sûreté. 

Dans  son  Histoire  naturelle  de  l'homme,  Buf- 
fon s'était  borné  à  décrire  les  caractères  exté- 
rieurs des  diverses  races  d'lH>mn)es.  Campei 
essaye  d'aller  plus  loin,  en  trouvant  dans  l'orga- 
nisation intérieure  la  raison  des  caractères  exté- 
rieurs. Le  mémoire  de  Camper  a  pour  but  d'expli- 
quer anatomiquement  les  variétés  caractéristiques 
du  visage  dans  l'espèce  humaine.  Ces  variétés 
tiennent  à  l'allongement  plus  ou  moins  grand  des 
mâchoires ,  ce  que  les  anthropologistes  actuels 
appellent  le  prognathisme  de  la  face.  Camper 
fait  connaître  d'une  manière  très-exacte  les  dif- 
férentes modifications  que  les  os  des  mâchoires 
éprouvent  dans  les  divei*S€s  races  et  aux  dif- 
férents âges  de  la  vie,  et  il  montre  comment  ces 
modifications  sont  en  rapport  avec  les  variétés 
de  la  face.  La  distinction  des  trois  races,  toutes 
caractérisées  par  la  forme  du  visage ,  se  trouve 
très-explicitement  indiquée  dans  ce  travail. 

Camper,  aussi  habile  dessinateur  qu'exact 
anatoDoiste ,  reconnut  que  plusieurs  de  ces  diffé- 
férences  pouvaient  s'exprimer  par  l'intersection 
de  deux  lignes  :  l'une  horizontale,  allant  de  la 
mâchoire  supérieure  au  trou  de  l'oreille  ;  l'autre 
plus  ou  moins  rapprochée  de  la  verticale ,  et  se 
dirigeant  depuis  la  saillie  du  front  jusqu'à  la  mâ- 
choire supérieure.  L'angle  que  forment  ces  Jeux 
lignes  est  célèbre  dans  la  science  sous  lenorad'an- 
gle  facial.  On  a  souvent  parlé  de  l'angle  facial,  et 
on  a  presque  toujours  attribué  à  Camper  ies  idées 
qu'il  n'avait  point.  L'angle  facial  n'était  point 
pour  Camper  une  mesure  de  l'intelligence  j  ce 
n'était  qu'un  moyen  d'exprimer  les  différences 
caractéristiques  des  races  humaines  ;  et  le  plus 
grand  degré  d'ouverture  de  cet  angle  était  seule- 
ment pour  lui  l'expression  d'une  beauté  physi- 
que supérieure ,  beauté  qu'il  voyait  réalisée  dans 
les  chefs-d'œuvre  de  la  statuaire  antique. 

Il  faut  encore  mentionner  ici  un  mémoire  fort 
curieux  d'anatomie  comparée ,  et  qui  s'adresse 
également  aux  savants  et  aux  artistes.  Ce  mé- 
moire ,  dans  lequel  Camper  développe  les  idées 
déjà  émises  par  Buffon  et  par  Belon,  a  un  dou- 
ble objet  :  de  montrer  aux  anatomistes  l'éton- 
nante analogie  qui  existe  entre  la  structure 
du  corps  humain  et  celle  des  quadrupèdes, 
des  oiseaux  et  des  poissons  ;  et  aux  dessina- 
teurs, le  moyen  de  représenter  facilement  toutes 
les  espèces  animales  à  l'aide  d'un  dessin  pri- 
mitif, de  métamorphoser,  comme  il  le  dit  lui- 
même  ,  une  vache  en  oiseau,  un  quadrupède 
e«  homme. 

Camper  s'est  occupé  également  de  l'étude  des 
ossements  fossiles.  Il  a  reconnu,  l'un  des  premiers, 
dans  ceâ  débris  des  traces  de  l'existenœ  d'es- 


S95 


pèces  détruites ,  et  il  a  prédit  les  grands  résultats 
que  la  science  obtiendrait  de  ces  sortes  de  recher- 
dies.  En  médecine,  les  travaux  de  Camper 
sont  très-variés;  ils  concernent  toutes  les  bran- 
ches des  sciences  médicales  :  médecine,  hygiène 
publique  et  privée,  ànatomie  des  peintres,  mé- 
decine légale,  artvétérinaire,  mais  surtout  la  chi- 
3urgie.  Ces  travaux,  quelle  que  soit  leur  valeur, 
îi'ont  point  cependant  l'importance  des  travaux 
d'anatomie  comparée  ;  aussi  me  bornerai-je  à  men- 
tionner que  Camper  est  le  premier  qui  ait  pra- 
tiqué sur  un  animal  vivant  la  section  de  la  sym- 
physe du  pubis,  opération  que  Sigaud  avait  pro- 
posée dans  certains  accouchements  laborieux.  Je 
citerai  encore  un  grand  mémoire  qu'il  adressa 
•  à  l'Académie  de  Rotterdam,  en  réponse  à  cette 
question  :  «Exposer  les  raisons  physiques  qui  ren- 
flent l'homme  sujet  à  plus  de  maladies  que  les 
antres  animaux,  et  les  moyens  de  rétablir  la 
santé,  qu'on  peut  tirer  des  observations  formées 
{>ar  l'anatomie  comparée.  »  C«  mémoire,  quoique 
imparfait  à  beaucoup  d'égards,  est  intéressant  en 
ce  qu'on  y  trouve,  comme  un  programme  d'une 
science  encore  presque  entièrement  à  faire ,  la 
patfjologie  comparée. 

L'épizootie  qui  fit  de  si  grandsravagesen  France 
<!e  1774  à  1778,  donna  à  Camper  l'occasion  de 
constater  un  fait  d'une  grande  importance,  et  qui 
a  t'Sé  presque  entièresnent  oublié  depuis.  Dès  le 
début  de  l'épidémie,  Camper,  qui  avait  été  l'un 
des  promoteurs  de  l'inoculation  de  la  petite  vé- 
role dans  la  Frise,  s'unit  avec  un  de  ses  collègues, 
le  pmfesseur  Van  Dœveren,  pour  essayer  sur 
le  bétai!  malade  des  expériences  d'inoculation. 
Ils  éprouvèrent  d'abord  de  très-grandes  difficul- 
tés, car  leurs  expériences  furent  souvent  inter- 
ixjmpues  par  le  mauvais  vouloir  des  paysans; 
■  enfin,  après  beaucoup  d'essais  infructueux.  Cam- 
per reconnut,  d'après  une  indication  qui  lui  fut 
donnée  par  un  cultivateur  nommé  Painders,  que 
l'inoculation  pouvait  être  prorogée  sans  danger 
sur  les  veaux  nés  de  vaches  guéries  de  l'épizootie. 
Par  ce  procédé.  Camper  arriva  à  n'avoir  qu'une 
mortalité  de  3  pour  100 ,  tandis  qu'auparavant  la 
mortalité  était  des  dieux  tiers. 

Camper  a  laissé  également  divers  travaux  pu- 
i-ement  philosophiques  ou  artistiques.  On  y 
remarque ,  entre  autres ,  un  mémoire  sur  le 
beau  physique.  Lorsqu'il  était  député  aux  états 
de  Frise ,  il  s'occupa  de  l'étude  des  meilleurs 
procédés  de  construction  des  digues,  qui  étaient 
alors  menacées  de  ruptures.  Enfin  Camper  porta 
pour  ainsi  dire  le  coup  d'oeil  du  génie  sur  une 
foule  d'objets  intéressants  ;  mais  presque  tous 
ses  travaux  ne  furent  que  des  ébauches. 

Yoici  la  liste  des  principaux  écrits  de  Cam- 
per :  Dissertatio  de  visu;  Leyde,  1746,  in-4''; 
_  Dissertatio  de  quiJrusdam  oculi  partibus; 
ibid.,  et  Amsterdam,  1759,  in-4°;  —  Oratio  de 
anatomes  in  omnibus  scientiis  usu  ;  Amster- 
dam, 1755, 10-4°  ;  —  Oratio  de  certo  in  medir 
cina:'û»d.,  1758,  in-4'';  —  Demonstrationes 


CAMPER  -   CAMPESTER  396 

anatomico-patkx)loqu^x ;  la  Haye,  part,  r^, 
1760;  part.  11%  1762,  in-fol.;  —  Oratio  de  ad- 
mirabili  analogia  inter  stïrpes  et  anlmalia; 
Groningue,  1764,  in-4'';  —  Dissertatio  de  clau- 
dicatione;  Groningue,  1763,  in-4";  —  Oratio 
de  pulchro  physico  ;  ibid.  ;  —  Dissertatio  de 
callo  ossium;  ibid.,  1765,  10-4";  —  Epistola 
ad  anatomicorum  principem  magnum  Albi- 
num;  Groningue,  1767,  in-4''; — Dissertatio 
de  fractura  patellse  et  olecrani;  la  Haye, 
1789,  ïQ-i°  ;  —  Dissertationes  X,  quibus  ab  il- 
lustrissimis  Europx,  prsecipue  Gallue,  acade- 
mi'is  palma  adjudicata  fuit;  Lingen,  1798- 
1800,2  vol.  in-S".  Quelques-uns  de  ces  mémoires 
ont  été  traduits  en  français  et  publiés  sous  le  titre  : 
Œuvres  qui  ont  pour  objet  Vhistoire  natu- 
relle, la  physiologie  et  l'anatomie  comparée  ; 
Paris,  1803,  in-S".  Dakeste. 

Biographie  médicale  —  Vioti-d' Azyr,  Éloge  de  Camper 
—  Condorcet.  Éloge  de  Camper.  —  Cuvier,  Diacotirs  fur 
les  prmrès  des  scieiices,  etc.  —  Adrien-Gilles  Camper, 
Notice  s«r  jP.  Camper,- Louvain,  1791,  ln-8°.— J.  iMul- 
der,  Éloge  de  P.  Camper;  Aasierard,  1809. 

CAsiPHSAKJ  {Benvenuto  de),  poète  italien 
né  à  Vicence  en  1260,  mort  en  1324.  11  avait  df 
telles  dispositions  pom-  la  poésie,  qu'à  peine  àg( 


de  vingt  ans,  sa  réputation  était  déjà  établie.  1 
est  regrettable  qu'aucun  de  ses  ouvrages  ne  soi 
arrivé  complet  jusqu'à  nous.  Campesani  aval 
composé  en  l'honneur  de  l'empereur  Henri  VU 
un  poème  héroïque  en  vers  pentamètres,  an  su-  ^ 
jet  de  l'affranchissement  de  Vicence  de  la  domi-  ] 
nation  de  Padoue;  mais  le  manuscrit  de  cetti 
pièce  est  i>erdu  :  on  n'en  a  que  quelques  frag 
ments,  rapportés  par  Pagliarini  dans  sa  Chroni 
que  de  Vicence. 

Ferreto,  In  excessum  Eénveimti  de  Campesanis.  - 
Murnlorl,  Scriptores  rerum  Ualicarum.  —  Pagliarini 
JJistoria  yicentise. 

CAMPESANO  {Alexandre),  poète  latin  e 
italien,  né  à  Bassano  le  9  avril  1521,  mort  dan 
la  môme  ville  le  12  juin  1572.  Après  avoir  étu  : 
dié  le  droit  à  Padoue  sous  Lazare  Buonamico 
et  à  Bologne  sous  André  Alciat ,  il  fut  norami  ; 
eu  1542,  âgé  de  vingt  et  un  ans,  professeur  sup 
pléant  de  droit  à  Padoue  ;  mais  cette  chair 
ayant  été  bientôt  après  supprimée  par  le  séna 
de  Venise ,  Campesano  retourna  dans  sa  vill  j 
natale,  où  il  occupa  depuis  des  places  dans  l'ad  i 
ministration,  tout  en  se  vouant  au  culte  des  let  ! 
très.  On  a  de  lui  :  Rime,  insérées  dans  les  Rim 
scelle  de'  poeti  Bassanesi;  Venise,  1576,  iu^" 
et  1769,  in-S";  —  Carmina  latina,  dont  quel 
ques-uns  dans  Ruscelli,  Recueil  de  vers  latin 
faits  à  la  louange  de  Jeanne  d'Aragon  ;  - 
Lcttere  diverse,  insérées  dans  différents  re 
cueils  ;  —  Testament  de  Campesano ,  dan 
OpuscoU  scientif.  et  filolog.,  t.  XXII,  p.  267 

RaccoUa  d'  Opuscoli  scient.,  t.  XVIII.  -  Jfuova  rail 
colta  d  Opusc,  etc.,  t.  XX 111,  p.  U  et  suiv.;  et  t.  XXX 

*  CAMPESTEB  (  Lambert),  dominicain  saxon  j 
vivait  dans  la  première  partie  du  seizième  sièck' 
Ses  contemporains  lui  reprochèrent  les  mœur 


!39T  CAMPESTER  - 

i  lesplus  déréglées,  et  le  traitèrent  d'impudent  pla- 
!  giaire.  Ayant  été  témoin  de  l'immense  succès  qu'eut 
ien  1522  la  première  édition  des  Cofloquia  d'É- 
'rasme,  il  en  fit  imprimer  une  contrefaçon,  sous  le 
inom  de  cet  érudit  célèbre,  mais  après  avoir  eu 
^  5oin  d'en  retrancher  tout  ce  qui  avait  déplu  à  ses 
«nfrères,  c'est-à-dire  ce  qui  concernait  les  cou- 
*ents,  les  vœux,  les  pèlerinages,  les  indulgen- 
ts, etc.  Son  plagiat  fut  dévoilé  ;  Campester  chan- 
;ra  alors  de  religion,  et,  de  moine  fanatique,  il 
ii'vint  ministre  protestant.  On  ignore  l'époque  de 
u  mort  de  Campester. 

Bnrlgny,  f  <e  d'Érasme,  t.I,  p.  68*. 

*CAMPETTi   { Pierre-Calixte) ,    théologien 

lançais,  de  l'ordre  des  Capucins,  mort  à  Bor- 

!eaux  en  1670.  Il  appartenait  à  une  noble  fa- 

1  mille  de  Saint-Sever,  en  Guyenne.  On  a  de  lui  : 

j  Pastor  catholicus ,  de  Theologia  pastoraUs 

l 'ti  très  partes  dïstributa  :  scilicet  in  cate- 

j  histicam,  moralem  et  sacramentalem ,  in 

)  uilnis  rudimenta  Jidei  et  ea  quse  ad  bonos 

[  nores  pertinent  plenius  explicantur  ;  Lyon , 

;  668,  in-fol.  ;  —  De  Prœceptis  Decalogi  et  Ec- 

I  teia';  Lyon,  1669,  in-8°; —  De  peccatis  sep- 

emmortalibus  et  censuris  ecclesiasticis ;  Lyon, 

M  669,  in-S". 

Bernard  de  Bologne,  Bibl.  Oapucein- 

CAiHPHARi  {Jacques },  théologien  génois,  né 
Gênes  en  1440.  Il  se  fit  recevoir  dans  l'ordre 
e  Saint-Dominique,  et  alla  en  Angleterre  terrai- 
er  ses  études  au  collège  d'Oxford,  où  il  se  fit 
revoir  licencié  en  philosophie.  De  retour  en 
;alie,  il  publia  :  De  immortalUate  animae,  opus- 
ulum  in  modum  dialogi  (ce  traité  est  en  ita- 
:en,  quoique  le  titre  soit  en  latin)  ;  Rorue,  J.-P.  Li- 
namine,  1472,  in-f  ;  Milan,  1475  ;  Vienne,  1477  ; 
osenza,  1478.  Ces  quatre  dernières  éditions  sont 
11-4°. 
!   Échard,  Script,  ord.  Prœdicat. 

\  *CAMPHAUSEiv  {MatMas),  théologien  ca- 
tholique, de  l'ordre  des  Jésuites,  né  à  Dusseldorf 
îe  16  aoOt  1636,  mort  dans  la  même  ville  le 
\.%  septembre  1703.  Il  entra  dans  la  congréga- 
lion  à  Cologne  en  1655,  et  se  fit  remarquer 
.'omme  prédicateur  dans  plusieurs  endroits  de 
KVestphalie,  notamment  dans  sa  ville  natale,  où 
[  !  était  retourné  vers  la  fin  de  sa  vie.  On  a  de 
'-'ui  :  Passio  Dom.  Nostri  J.-C.  adumbrata  in 
^^guris  et  Prophetis  antiquse  legis,  etc.  ;  Co- 
logne, 1704,  2  vol.  in-4°. 
j   Har^eim,  Bibl.  Colon. 

\  ^CAMPHAUSBN  {Ludol/J,  homme  d'État 
iiimssien,  né  à  Hiinshoven  le  3  janvier  1803. 
j'!".n  1825,  il  fonda  à  Cologne,  en  société  avec  son 
l'irère  aîné,  une  maison  de  banque.  11  devint  alors 
«membre  ''e  la  plupart  des  réunions  d  intérêt  gé- 
jiiéral,  et  fut  un  des  premiers  qui  entreprirent  de 
hJoter  l'Allemagne  d'un  réseau  de  chemins  de 
fer.  Il  publia  à  cet  effet  plusieurs  écrits  qui  té- 
jtnoignent  beaucoup  de  connaissances  pratiques. 
jEn  même  temps  il  défendit  la  liberté  a>mmer- 
leiale  contre  l'exagération  du  système  protecteur. 


CAMPHAUSEN  398 

De  1839  à  1848,  il  ftit  président  de  la  chambre 
de  commerce  de  Cologne.  En  1841,  il  fonda  la 
société  des  remorqueurs  à  vapeur  du  Rhin,  et 
en  1842  il  entra  dans  la  carrière  politi({ue  par 
son  élection  de  représentantde  Cologne  à  la  diète 
provinciale  rhénane.  Jl  se  lit  remarquer  dans 
cette  assemblée  par  l'importance  des  motions 
qu'il  y  faisait  adopter.  En  février  1848,  il  siégea 
au  comité  des  états  à  Berlin  ;  le  29  mars,  il  fut 
nommé  président  du  conseil  des  ministres.  Placé 
entre  les  exigences  de  la  démocratie,  qu'il  vou- 
lait maintenir  dans  les  limites  de  la  mcdération, 
et  celles  de  la  cour,  qui  lui  demandait  de  revenir 
sur  les  progrès  accomplis,  il  ne  put  rien  réalisef 
d'important.  U  voulut  alors  convoquer  la  diète 
réunie,  et  il  soumit  à  l'assemblée  nationale,  con- 
voquée à  la  suite  des  anciens  états,  le  projetée 
constitution  préparé  par  M.  Hansernann.  Calqué 
sur  la  constitution  belge,  ce  projet  maintenait  le 
cens  électoral,  et  omettait  certaines  dispositions 
libérales  consacrées  par  la  constitution  pnse 
pour  modèle.   En  présence  d'un  tel   résultat, 
M.  Camphausen  donna  sa  démission  le  30  juin. 
Au  mois  de  juillet,  il  refUsa  le  portefeuille  des 
affaires  étrangères,  que  lui  offrait  le  vicaire  de 
l'Empire ,  de  même  qu'il  avait  refusé  la  prési- 
dence de  l'assemblée  nationale.  Déjà  opposé  aux 
prétentions  de  souveraineté  élevées  par  le  par- 
lement de  Francfort,  il  se  montra  aussi  l'adver- 
saire de  toutes  les  mesures  de  nature  à  amoin- 
drir l'inlluence  de  la  Prusse.  Vers  la   fin  de 
juillet,  il  fut  nommé  ministre  d'État  et  ministre 
plénipotentiaire  auprès  du  pouvoir  central.  Dans 
cette  position,  il   se  montra  opposé  en  même 
temps  au  rétablissement  de  l'Empire  et  à  la 
constitution  proposée,  comme  étant  trop  démo- 
cratique. Il  provoqua  une  déclaration  analogue 
de  la  part  de  trente  et  un  gouvernements.  C'eit 
encore  lui  qui  fut  l'inspirateur  de  la  circulaire  en 
date  du  23  janvier  1849,  dans  laquelle,  pour  la 
première  fois,  apparaissait  l'idée  d'une  confédé- 
ration allemande,  sous  la  direction  de  la  Prusse. 
Depuis,  M.  Camphausen  fit  partie  des  diverses 
assemblées  prussiennes  qui  se  succédèrent,  de 
même  qu'il  siégea  au  parlement  d'union  à  Er- 
furt.  Durant  la  session  de  1849  à  1830,  il  mit  de 
nouveau  en  avant  sa  politique  de  conciliation. 
En  1850,  il  défendit  la  constitution  qui  fut  le  ré- 
sultât des  délibérations  entamées  sur  cette  ma- 
tièreà  l'hôtel  de  ville d'Erfurt.  Il  rentra  dans  l'op- 
position lorsqu'il  vit  la  politique  se  jeter  dans  la 
voie  ouverte  par  les  conférences  d'Olmiitz  et  de 
Varsovie ,  et  à  partir  de  ce  moment  il  reprit  sa 
position  d'associé  gérant  de  la  maison  de  ban- 
que de  son  nom. 

Convers.-Lexik.  —  Gazette  d' Âiigsbourg.  —  Gazette 
de  Leipzig. 

*CAMPHArsEiv  {Otto),  frère  du  précédent, 
économiste  allemand,  né  à  Hiinshoven  le  21  oc- 
tobre 1812.  Il  étudia  à  Bonn,  à  Heidelberg,  à 
Munich  et  à  Berlin  ;  puis  il  vint  participer  aux 
entreprises  commerciales  etindustrielles  de  son 


399 


CAMPHAUSEN  —  CAMPI 


40( 


frère  Ludolf,  tout  en  remplissant,  de  1 834  à  1 844, 
des  fonctions  administratives.  En  1847,  il  rédigea 
le  projet  d'impôt  sur  le  revenu  présenté  à  cette 
époque  aux  états.  Il  fit  ensuite  partie  des  diver- 
ses assemblées  qui  siégèrent  de  1849  à  1850. 
Gomme  son  frère  Ludolf,  il  se  fit  constamment 
remarquer  par  un  libéralisme  modéré. 
Cojwersations-Lexihon. 

CAMPHUTS  {Jean),  en  latin  Cam/phlus, 
homme  d'État  hollandais,  né  à  Harlem  en  1634, 
mort  à  Batavia  en  1695.  Il  était  compagnon  or- 
fèvre lorsqu'à  vingt  ans  il  s'engagea  au  service 
■de  la  compagnie  hollandaise  des  Indes.  Il  par- 
courut tous  les  établissements  néerlandais  de 
l'Asie  et  de  rOcéanie ,  et  de  grade  en  grade  ar- 
riva, en  1684,  au  poste  suprême  de  gouverneur 
général.  Cette  éminente  position  ne  l'enfla  pas 
d'orgueil  ;  et ,  se  souvenant  toujours  de  son 
extraction,  il  prit  un  marteau  pour  armoiries. 
Son  administration  fut  aussi  brillante  qu'ho- 
norable. En  1691,  Camphuys  donna  sa  démis- 
sion, et  se  retira  dans  une  superbe  habitation 
qu'il  s'était  fait  construire  près  de  Batavia.  Il 
s'était  plu  à  l'enrichir  d'un  jardin  botanique, 
où  se  trouvait  une  collection  aussi  riche  que  va- 
riée des  plantes  australes.  Rumphius  en  a  fait  la 
description  sous  le  litre  de  Herbarium  Amboi- 
nense.  On  a  de  Camphuys  une  Histoire  de  la 
fondation  de  Batama,  ouvrage  très-estimé  des 
géographes  et  des  savants.  Il  avait  en  outi-e  ras- 
semblé tous  les  matériaux  propres  à  une  his- 
toire du  Japon,  et  il  les  donna  au  célèbre  Ksemp- 
fer.  Ce  dernier  les  a  employés  dans  la  relation 
de  ses  voyages ,  mais  il  a  omis  le  nom  de  celui 
dont  il  les  tenait. 
Cbalraot,  Biogr.  TFoodenb. 
CAMPHITYSEN    OU     RAMPHOTZEIii     (  Tîhéo- 

dore-Raphaël) ,  peintre,  théologien  et  poète 
hollandais,  né  àGorcum  en  1580,  mort  àEtokkum 
(Frise)  en  1626.  A  huit  ans,  il  eut  le  malheur 
de  perdre  sa  mère  ;  et  son  père,  qui  passait  pour 
un  des  meilleurs  chirurgiens  de  l'époque,  mourut 
peu  de  temps  après.  Le  sort  de  Raphaël  Cam- 
phuysen,  resté  orphelin,  dépendit  alors  de  son 
frère  aîné,  aussi  chirurgien.  Celui-ci,  ayant  re- 
marqué dans  Raphaël  quelques  dispositions  pour 
la  peinture,  le  fit  entrer  dans  les  ateliers  de 
Thiery  Goretz,  bon  peintre,  que  l'élève  égala 
et  surpassa  en  peu  de  temps.  Le  talent  de  Cam- 
phuysen  consistait  dans  la  composition  de  pe- 
tits paysages,  qu'il  animait  de  masures,  d'écu- 
ries, de  bestiaux,  de  personnages  exécutés  avec 
une  intelligence  et  un  fini  d'exécution  dont  au- 
cun peintre  hollandais  ne  s'était  encore  douté.  II 
excellait  surtout  à  représenter  les  soleils  cou- 
chants et  les  effets  de  neige.  On  peut  dire  qu'il 
fut  le  premier  de  sa  nation  qui  sut  employer  la 
lumière  et  éclairer  une  toile.  Ses  tableaux  sont 
très-recherchés  et  très-rares  ;  car  à  dix-huit  ans 
Camphuysen,  mal  conseillé,  abandonna  tout  à 
coup  la  peinture  pour  se  livrer  à  la  théologie 
Emporté  par  la  passion  dominante  de  l'époque, 


il  suivit  les  conférences  de  l'Académie  de  Leyde 
et  embrassa  les  doetiines  d'Arminius  avec  tout 
la  ferveur  que  peuvent  donner  la  conviction  e 
la  véritable  piété  dans  une  âme  honnête.  Ce  zèl 
sincère  fit  le  tounnent  de  ses  jours,  en  l'expo 
sant  à  des  persécutions  sans  cesse  renaissante 
de  la  part  des  partisans  des  autres  sectes.  L 
patience  et  la  charité  caractérisèrent  éminem 
ment  Camphuysen  ;  mais  ses  qualités  ne  l'eni 
péchèrent  pas  d'être  expulsé  de  la  cure  de  Vieu 
ten,  qu'il  avait  précédemment  obtenue.  Réduit 
errer  en  fugitif  de  bourgade  en  bourgade,  ei 
proie  à  toutes  les  souffrances,  à  toutes  les  pri 
vations  de  la  misère,  Camphuysen  dut  souver 
regretter  sa  palette  et  ses  pinceaux,  qui  luiavaien 
ouvert  une  si  belle  carrière  ;  la  poésie,  il  est  vra 
lui  servit  de  soulagement  et  de  consolation.  Il 
laissé  les  ouvrages  suivants  :  Valemundo;  165( 
in-4°  ;  —  Theologische  Werclte  (Œuvres  théc 
logiques);  Amsterdam,  1657,  in-8%  1672,  in-4' 
—  Paraphrase  des  Psaumes,  en  rimes  flamai 
des;  in-12; — Deauctoritate  sanctee  Scriptur 
et  Lectiones  sacrée,  version  flamande  d'apr* 
Fauste  Socin,  avec  notes  ;  1666,  in-4°;  —  Car 
tilenee  sacrœ;  Amsterdam,  1680,  in-12,  musiqi 
de  Bathlerus  ;  —  De  statu  Animarum,  précéc 
d'un  Compendium  doctrinœ  Socinianorim 
Ces  écrits  témoignent  de  convictions  honnêtes 
mais  on  peut  reprocher  à  Camphuysen  de  s'éti 
ti-op  abandonné  à  sa  facilité. 

Descamps,    Fies  des  peintres  flamands'.  —  Nagle 
Neues  Allgemeines  Eûnstler-Lexicon. 

*  CAMPI  (  Galeazzo  ) ,  peintre ,  né  à  Crémoi 
en  1475,  mort  en  1536.  On  croit  qu'il  fut  élè' 
de  Boccaccino  l'ancien.  Bien  que  tous  les  bii 
graphes  s'accordent  à  dire  qu'il  exécuta  un  grai 
nombre  d'ouvrages,  on  n'en  connaît  que  tic 
dans  les  églises  de  Crémone,  et  aucun  ailleur 
Le  premier  est  une  Vierge  avec  saint  Séba 
tien  et  saint  Rock,  à  l'église  Saint-Fabien 
Saint-Sébastien,  portant  l'épigraphe  :  Galeatit 
de  Campofaciebaf  MDXVIII;  le  second,  qui 
trouve  dans  l'église  Saint-Luc,  est  une  Madm 
avec  saint  Joseph  et  la  Madeleine;  le  tn 
sième  enfin,  et  le  mieux  conservé,  est  enco 
uue  Vierge  avec  saint  Jean-Baptiste ,  saii 
Christophe  et  sainte  Catherine  de  Sienne,  pla 
au-dessus  de  la  porte  de  la  sacristie  de  Sair 
Dominique.  Quelques  tableaux  de  chevalet  so 
conservés  dans  des  galeries  particulières  de  Cr 
mone;  l'un  d'eux  est  signé  :  Galeaz  de  Cami 
pinxit  MDXIX,  die  14  augusto  (sic).  Dans  c 
tableaux  Galeazzo  ne  paraît  qu'un  faible  imit 
leur  du  style  du  Pérugin  la  couleur  est  franc: 
et  naturelle,  mais  le  clair-obscur  est  sans  ^ 
gueur,  le  dessin  maigre,  et  l'expression  null 
En  somme,  ce  peint'e  est  surtout  connu  poi 
avoir  été  le  chef  de  cette  famille  d'artistes  q 
illustra  l'école  de  Crémone.  11  laissa  trois  fils 
un  frère  nommé  Sébastien,  qui  l'avait  aidé  da 
ses  travaux,  et  dont  on  ne  connaît  pas  de  pei 
tures  qui  lui  soient  propres.    ,,.  ,    E.  B — k. 


101 


CAMPI 


402 


I   zalst,  ffotisie  storichndef  pittoriXremoneii.  "  Lanzi, 

[toria  pittorica.—  TIcoïzt,  Dizionario. 

I    *  CAMPI  (  Giulio  ),  peintre,  né  à  Crémone  vers 

l  502,  mort  en  1572.  Il  est,  comme  Louis  Car- 

i  ache,  (le  l'école  de  Crémone.  Fils  aîné  de  Ga- 

!  eaizo,  il  forma  le  dessein  de  se  composer  un' 

;  tyle  propre,  réunissant  les  perfections  des  pein- 

t  -es  les  plus  célèbres.  Son  père,  qui  fut  son  pre- 

lier  maître,  l'envoya  à  l'école  de  Jules  Romain, 

1  ui  alors  était  à  Mantoue  ;  et,  sous  la  direction  de 

>  grand  maître,  Giulio  étudia  à  la  fois  la  pein- 

irn  et  les  principes  de  l'architecture  et  de  la 

orspective.  Le  plus  ancien  ouvrage  connu  de 

Miilio  porte  la  date  de  1530;  le  dernier,  celle 

'  1366.  Pendant  cette  période,  il  ne  cessa  de 

raJiiire,  L'église  Sainte  Marguerite  de  Crémone 

it  entièrement  ornée  par  lui  seul,  et  dans  celle 

•  Saint- Sigismond  on  voit  des  chapeUes  qui 

I  ent  son  ouvrage  et  celui  de  ses  élèves  ;  enfin, 

a  laissé  deux  Vierges  à  Saint  Na/aire,  où  est 

Lsevelie  la  famille  des  Campi.  A  Milan ,  nous 

)uvons  de  lui,  à  Saint-Paul,  plusieurs  fresques 

une  Sainte  Famille  ;  à  Santa- Maria  délia 

issione,  une  Flagellation  ;  à  Brescia,  au  palais 

;  la  Loggia,  huit  fresques  représentant  toutes 

s  exemples  de  bonne  et  sévère  justice.  On 

lit  aussi  quelques  tableaux  de  ce  maître  dans 

5  galeries.  D'après  les  principes  puisés  à  l'école 

Jules  Romain,  Giulio  fixa  pour  l'école  de  Cré- 

une  les  bases  du  bon  goût  ;  il  emprunta  à  son 

aître  le  haut  style  du  dessin,  l'intelligence  du 

1,  la  richesse  et  la  variété  des  idées,  la  magni- 

ence  de  l'architecture,  enfin  une  habileté  uni- 

rselle  à  traiter  tous  les  sujets.  Ayant  fait  aussi 

le  étude  particulière  des  ouvrages  du  Titien,  du 

jrrége  et  de  Raphaël,  il  acquit  une  couleur  et 

le  grâce  qu'on  chercherait  en  vain  chez  le  chef 

',  l'école  de  Mantoue.  Giulio  surpassa  ses  frères 

11'  l'élévation  du  style  et  la  science  anatomi- 

16,  et  ne  le  céda  qu'à  Bemardino  pour  la  pu- 

rté  du  dessin.  E.  Breton. 

ZaUt,  Notiiie  storiche  d^ pittori  Cremonesi.  —  Lanzi, 

oria  pittorica   —   Baldinucci,   Hotizie.   —  Pîravano, 

;  uida  di  Milano, 

CAMPI  {Antonio,  le  chevalier) ,  peintre,  ar- 
litecte  et  historien,  né  avant  1536  ,  vivait  en- 
ne  en  1591.  Il  était  second  fils  de  Galeazzo,  et 
1ère  cadet  de  Giulio,  qui  lui  apprit  la  peinture  et 
-    architecture  ;  il  s'exerça  beaucoup  plus  que  lui 
ms  la  dernière  de  ces  professions  :  ses  connais- 
'inces  en  cet  art  lui  permirent  d'embellir  ses 
impositions  d'architectures  très-remarquables, 
î  abile  perspecteur,  il  déploya  une  grande  science 
'S  effets  d'optique  de  bas  en  haut,  du  sotto  in  sit, 
imrae  disent  les  Italiens.  Son  modèle  favori  fut 
Corrége,  dont  il  réussit  parfois  à  imiter  la  grâce; 
ais  souvent  aussi  il  tomba  dans  le  maniéré, 
1  voulant  faire  briller  mal  à  propos  la  science 
^  raccourcis.  Souvent  il  règne  dans  ses  compo- 
tions  une  certaine  confusion.  Si  Antonio  eût  su 
t'ttre  on  frein  à  son  imagination  vive,  brillante, 
ais  emportée,  il  eût  acquis  une  sagesse  et  une 
ireté  de  dessin  qui  lui  manquent  trop  souvent. 


Ses  principaux  ouvrages  sont  la  Décollation  de 
saint  Jean,  à  Saint-Sigismond  de  Crémone  ;  et  à 
Saint-Paul  de  Milan,  le  Martyre  de  saint  Lau- 
rent, la  Décollation  de  saint  Jean,  la  Conver- 
sion, le  Baptême  et  la  Mort  de  saint  Paul, 
un  MirQcle  et  une  Nativité.  Campi  a  laissé  dans 
la  même  ville,  à  Santa-Maria  délia  Passione, 
les  Saintes  femmes  au  tombeau  ;  à  Saint-Bar- 
nabe, Sainte  Catherine  et  Sainte  Agnès;  à 
Santa-Maria  di  S.  Celso,  une  Résurrection 
de  J.-C.  ;  enfin  à  Saint-Maurice,  une  Adoration 
des  Mages. 

Antonio  modelait  avec  talent  ;  il  a  gravé  sur 
cuivre  plusieurs  planches  justement  estimées  ; 
enfin,  il  fut  l'historien  de  sa  patrie,  dont  il  publia 
en  1585  la  chronique,  enrichie  de  nombreuses^ 
planches.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Cremona, 
Hdelissima  città  e  nobilissima  colonia  de' 
Romani,  rappresentata  in  disegno  col  suo 
contado,  e  illustrata  d' una  brève  istoria  délie 
case  più  notabili  appartenenti  ad  essa ,  e  di 
ritratti  naiurali  de'  duchi  e  duchesse  di  Mi- 
lano, e  compendio  délie  loro  vite,  in-fol. 

Antonio  Campi  avait  reçu  de  Grégoire  XIII  la 
décoration  de  l'ordre  du  Christ. 

E.  Breton. 

Zaist,  Notizie  de'pittori  Cremonesi.  —  LoDoazzo,  Idea 
del  tempio  dellapiûura.  —  Lanzi,  Storia  pittorica.  — 
Pirovano,  Guida  di  Milano.  —  Valéry,  Fogages  en 
Italie. 

*  CAMPI  (  Vincenzo),  peintre,  né  à  Crémone 
avant  1532,  mort  en  1591.  Il  était  le  plus  jeune 
des  fils  de  Galeazzo,  et  fut  élève  de  son  frère 
Giulio.  Il  se  montra  digne  de  sa  famille  :  s'il  fut 
inférieur  pour  le  dessin  à  ses  frères,  fl  les  égala 
par  le  coloris.  D  excella  dans  les  portraits  et  les 
tableaux  de  fruits.  Quant  aux  sujets  religieux, 
il  n'en  traita  qu'un  petit  nombre.  On  trouve  ce- 
pendant de  lui  quatre  Descentes  de  croix  dans 
les  églises  de  Crémone  :  celle  de  la  cathédrale 
est  la  plus  estimée.  A  Milan ,  U  a  travaillé  avec 
ses  frères  à  la  décoration  de  l'église  Saint-Paul; 
on  y  remarque  Saint  Pierre  recevant  les  clefs 
des  mains  du  Rédempteur.         E.  B — n. 

Zaist,  Notizie  dé"  pittori  Cremonesi.  —  Laazi,  Storkl, 
pittorica,  — 'Winckelinatm,  tieues  Mailler- Lexicon, 

CAMPI  {Bemardino),  peintre,  né  à  Crémone 
en  1525,  vivait  encore  en  1590.  On  ne  sait  pas 
quelle  était  sa  parenté  avec  les  fils  de  Galeazzo, 
ni  même  s'il  ap[iartenait  à  la  même  famille.  Il 
avait  d'abord  embrassé  la  profession  d'orfèvre, 
qu'exerçait  son  père  Pietro  Campi  ;  mais  la  vue 
de  deux  tapisseries  de  Raphaël  lui  révéla  sa  vé- 
ritable vocation.  II  entra  d'abord  dans  l'atelier 
de  Giulio  Campi,  puis  il  alla  travailler  à  Mantoue 
sous  Ippolito  Costa  ;  toutefois  l'exemple  de  Ra- 
phaël fut  toujours  présent  à  sa  pensée ,  et  ne 
cessa  d'exercer  sur  son  style  la  plus  heureuse  in- 
fluence, n  étudia  aussi  à  Mantoue  les  onze  Cé- 
sars du  Titien,  et,  après  les  avoir  copiés,  en 
ajouta  un  douzième, qu'il  était  impossible  de  dis- 
tinguer des  autres.  Enfin,  il  mit  aussi  à  profit 
les  chefs-d'œuvre  du  Con-ége  à  Modène  à  Reg- 


I 


408 


CAMPI  —  CAMPIAN 


4( 


gio  et  à  Parme.  Ce  fut  de  ces  éléments  divers 
qu'il  se  foraia  une  manière  propre  et  originale, 
et  qui  ne  permet  jamais  d'apercevoir  l'imitation. 
Bernardino  est  plus  timide,  mais  plus  correct 
que  les  autres  Campi  :  il  n'est  point  aussi  gran- 
diose que  Giulio ,  mais  il  comprend  mieux  le 
beau  idéal;  il  parle  davantage  au  cœur.  Ses 
principaux  ouvrages  dans  sa  patrie  sont  la 
Sainte  Cécile  jouant  de  l'orgue,  la  Sainte  Ca- 
therine, le  Chœur  d?  Anges,  et  les  Prophètes  de 
Saint-Sigismond,  et  surtout  V Ascension  qu'il  pei- 
gnit en  1568  à  Saint-Dominique,  laquelle  est  re- 
gardée comme  la  plus  parfaite  de  ses  peintures. 
A  Milan,  nous  citerons,  à  Saint- Paul,  le  Sauveur 
donnant  les  clefs  à  saint  Pierre;  à  Saint-Antoine 
abbé,  la  Vierge,  l' Enfant,  sainte  Catherine  et 
saint  Paul;  à  Saint-Fidèle,  une  Transfigura- 
tion. A  Pavie,  on  conserve  dans  la  Chartreuse 
une  Assomption  dont  la  partie  supérieure  est  du 
Gobbo,et  un  Saint  Matthieu  dans  l'église  Saint- 
François.  Le  musée  du  Louvre  possède  de  ce 
maître  une  Vierge  pleurant  sur  le  corps  du 
Sauveur. 

Bernardino  a  laissé  aussi  quelques  bonnes  gra- 
vures, parmi  lesquelles  la  Résurrection  de  La- 
zare, d'après  un  tableau  de  la  cathédrale  de 
Crémone  ;  cette  estampe  est  signée  BerHar- 
dinus  Campus  Crenwuensis.  Jl  publia  en  1584 
un  livre  intitulé  Parer  sulla  pittura. 

Ses  principaux  élèves  furent  :  Coriolano  Mal- 
gavazzo,  Cristoforo  Magnani,  le  Chiaveghino,  et 
surtout  Sofonisba  Anguissola  et  Giovanni-Bat- 
tista  Anguissola,  dit  le  Malosso. 

E.  Breton. 

Zaist,  Notizie  de'  pittori  Cremonesi.  —  Lanzi,  Storia 
pittorica.  —  Orlandi,  Jbbecedario.  —  Tlco7.zi,  IHzio- 
nario. 

*  CAMPI  (  Bartolommeo) ,  architecte  et  ingé- 
nieur militaire  crémonais,  vivait  en  1560.  Il  ser- 
vit longtemps  en  cette  qualité  dans  les  armées 
de  Charles  IX,  roi  de  France,  et  jouit  de  la  plus 
grande  faveur  à  la  cour  de  ce  monarque. 
E.  B-n. 

Tlcozzi,  Dizionario. 

*CAMPï  {François),  médecin  italien,  natif  de 
Lucques,vivaitdans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  :  De  morbo  ariefis  libellus, 
Lucques,  1586,  in-8"  :  c'est  la  description  d'une 
épizootie  qui  régnait  vers  cette  éiwque  en  Italie 
et  en  Espagne,  et  que  Gaspard  Fiorella  a  décrite 
BOUS  le  nom  de  JEgritudo  ovina  ;  —  De  morbo 
gallico ,  etc. 

Carrière,  Bibl.de  la  Méd.  —  Cinelli,  Biblioth. 

CAMPI  {Michel  et  Balthazar),  frères,  tous 
deux  botanistes,  natifs  de  Lucques,  vivaient  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle.  Après 
avoir  étudié  les  écrits  des  Arabes  et  ceux  des 
anciens  ,  surtout  Dioscoride ,  qu'il  est  si  dif- 
ficile de  débrouiller  sous  le  rapport  botanique , 
ils  eurent  recours  au  grand  livre  de  la  nature,  et 
firent  en  commun  des  voyages  tant  aux  Apennins 
qu'aux  Alpes,  pour  recueillir  des  plantes  incon- 
nues. Les  résultats  de  leur  travail  commun  sont 


les  ouvrages  suivants  ;  Nuovo  discorso,  n 
quale  si  dimostra  quai  sia  il  vero  mittrida 
contra  Vopinione  di  tutti  gli  scrittori  ed  ar 
matarj,  con  un  brève  capitolo  del  vero  asp 
lati;  Lucques,  1623,  in-4°;  —  Parère  sopra 
balsamo;  Lucques,  1639,  in-4°;  —  Rispos> 
ad  alcune  oggezioni  fatte  al  libro  suo  d 
balsamo;  Lucques,  1639,  in-4%  et  1649,  in-4 

—  Dllucidazione  e  confirmazione  maggiore 
alcune  cose  state  da  noi  rlsposte  al  sign 
Gaspari,  1641,  in-4''.  On  a  de  Michel  se 
(après  la  mort  de  Balthasar)  :  Spicilegio  bot 
nico  sopra  il  cinnamono  degli  antichi ,  do 
si  mette  in  chiaro  altri  simplici  di  oscura  n 
tizia  ;  Lucques,  1 654,  in-4*',  et  1 669,  in-4°  :  l'aute 
cherche  à  prouver  que  la  cannelle  des  modère 
est  différente  du  cinnamomum  des  anciens. 

Biographie  Médicale.  —  Éloy,  Dict.  de  la  Méd. 

CAMPI  ou  CAMPO  {Pierre- Marie),  pré 
et  historien  italien,  vivait  vers  le  milieu  du  d 
septième  siècle.  11  fut  nommé  chanoine  dans 
ville  natale,  et  y  a  laissé  une  réputation  d'exc 
lent  liistorien.  On  a  de  lui  :  Dell'  historia  ecc 
sïastica  di  Piacenza;  Plaisance,  1661-1662, 
vol.  in-fol.;  ouvrage  estimé;  —  Vie  du  po 
Grégoire  X  (en  latin)  ;  Rome,  1655,  in-4°. 
Jôcher,  Allyemeines  Gelehrten-Lexicon. 

CAMPS  {Paul-Émlle  de),  auteur  dramati( 
italien,  néàModène  en  1740,  mort  en  1796.  Il 
se  livra  que  tard  à  la  poésie  dramatique  ;  mais 
succès  furent  brillants,  bien  que  sa  versification 
soit  pas  exempte  de  reproche.  11  était  en  corr 
pondance  très-suivie  avec  Voltaire, qui  faisait 
de  lui  et  qui  le  cite  plusieurs  fois  dans  ses  lettr 
On  a  de  Campi  :  Biblis,  tragédie  représentée  ; 
les  premières  scènes  d'Italie ,  1 774  ;  —  Pégase 
le  Vieillard,  dialogue  dédié  à  Voltaire,  17^ 

—  Wladlmir,  ou  la  Conversion  de  la  Rus.î 
tragédie,  1777. 

Tiraboschi,  Biblioteca  Modenese.  —  Voltaire,  d 
respondance,  1771. 

CAMP!Aiv  (  Edmond) ,  jésuite  et  savant , 
glais,  né  à  Londres  en  1540,  mort  dans  cf 
ville  le  28  novembre  1581.  Il  commença  ses  é 
des  à  Oxford,  où  il  fit  de  grands  progrès  d; 
les  belles-lettres ,  et  fut  reçu  diacre  dans  1 
glise  anglicane.  Quelque  temps  après,  il  fit  a!: 
ration,  et  vint  à  Douai  dans  un  séminaire  angla 
de  là  il  passa  à  Rome,  et  y  prononça  ses  va 
dans  la  compagnie  de  Jésus  en  1573.  Il  s'yi 
bientôt  remarquer  par  sa  piété  et  son  sav(  ' 
Après  son  noviciat,  il  se  rendit  à  Vienne  e 
Prague.  De  retour  à  Rome,  Grégoire  XIII  l'i 
voya  en  Angleterre,  afin  d'y  propager  la  foi 
tholique  romaine.  Campian  y  débarqua  en  1 6 
et  commença  aussitôt  ses  prédications.  Elles 
rent  suivies  d'un  si  grand  nombre  de  conversi< 
que  le  gouvernement  d'Elisabeth  s'en  inquiéta 
que  sur  l'ordre  de  cette  reine,  excitée  par  j 
ministre  lord  Walsingham,  Campian  fut  arrA! 
Lyford  (Bercksliire),  ainsi  que  son  collègue  F 
sons  et  deux  autres  missionnaires.   Ils  fur 


106 


CAMPL\]N  —  CAMPIGÎSEULLES 


406 


i;j  menés  à  Lonitres  au  milieu  des  insultes  des 
opulations  fanatisées,  et  leur  procès  s'instruisit 
la  Tour.  On  les  accusait  d'avoir  comploté  con- 
;«  re  la  reine,  excité  le  peuple  à  la  rébellion  ;  enfin 
I  le  correspondre  avec  le  pape  et  le  roi  d'Espa- 
^j>  jit),  alors  en  guerre  avec  l'Angleterre.  La  torture 
'i\  \e  leur  arracha  aucun  aveu  ;  ils  protestèrent  au 
:\  ontraire  sans  cesse  de  leur  respect  pour  la  reine. 
De  quelle  reine  entendez-vous  parler.'  »  leur 
emanda  lord  Howard.  —  «  D'Elisabeth,  votre 
reine  et  la  mienne,  »  réjrfiqua  Campian.  Néan- 
loins  ils  furent  condamnés  à  mort,  comme  es- 
ions  et  agents  secrets  des  puissances  catholi- 
ues.  On  leur  offrit  plusieurs  fois  leur  grâce,  s'ils 
i  onlaient  reconnaître  la  suprématie  de  la  religion 
ifiglicane  ;  ils  préférèrent  la  mort,  et  furent  pendus 
Tyburn.  Après  leur  exécution,  on  leur  coupa 
I  tète  et  les  membres  ;  puis  on  envoya  un  de  ces 

»gments  humains  dans  chacune  des  principales 
h»,  pour  y  demeurer  exposé.  Campian  a  lais- 
:  :  Nectar  et  Ambroisie,  pièce  représentée  à 
Ijienne  en  1575  avec  beaucoup  de  succès;  — 
)absaceo  Roinamis,  seu  decem  rationes  oblati 
fftaminisin  causa  ficlei  redditse  Acp.detnicis 
\  'iglise  ;  écrit  publié  aussitôt  après  l'arrivée  de 
Étiapian  en  Angleterre,  afin  d'engager  une  polé- 
fque  avec  les  théologiens  anglais  sur  les  dix 
(tetipaux  points  qui  forment  la  différence  des 
lox  croyances  :  cet  ouvrage  a  été  traduit  en 
jlnçais  par  le  P.  Brignon,  jésuite,  sous  ce  ti- 
;:  Dix  preuves  de  la  vérité  de  la  religion 
^retienne  pivposées  aux  universités  d'Angle- 
fre;  Paris,  J.  Boudot,  1701,  in-12;  —  Neuf 
iticles  adressés  aux  lords  du  conseil  privé  ; 
Mres,  1581  ;  —  Conférences  à  la  Tour,  en 
Igîais ,  publiées  par  les  adversaires  mêmes  de 
Iwnpian;  Londres,  1583,  in-4°;  —  Narratio  de 
f.vortio  Henrici  VlIIab  uxore  Catharlna,  édi- 
îpar Richard  Gibbons, jésuite; Douai,  1622,in- 
i.,  et  Anvers,  1631  ; — Epïstolœ  variée  ad  Mer- 
rianum,  generalem  Societatis  Jesu  ;  Anvers, 
131;  —  Orationes  latinee;  Anvers,  1631  ;  — 
\i  Imitatione  rhetorica;  Anvers,  1631;  — 
istoire  d' Irlande,  ea  anglais;  Dublin,  Jacques 
l'are,  1633,  in-fol.  ;  —  Chronologia  universa- 
•.  Les  Orationes,  Epistolse,  et  de  Imita- 
t>n6,  ont  été  réunies  en  1  vol.  in-S",  et  publiées 
ilngolstadt,  1602. 

SA  p.  Paul  Boœhino,  FUa  et  mttrtgriwn  Edmundi 
VMfiiani,  martyris  Angli,  é  Societate  Jestt.  —  Hume, 
itory  of  England.   —  Camden,  Jnnales   rerum  An- 
"S'I  canarum  et  Hibernicarum,  régnante  Elizabetha.  — 
ï    Hnûf,  Annales    ecclesiastici.    —  Pitseus,  Relationes 
pi    {■■toricœ.  —  Riccioll,  Chronologia  reformata.  —  Riba- 
r  \eira,  Catalogus  Scriptorum  Societatis  Jesu. 

1    i*CAMPiANi  (Augustin),  caiiouiste  italien, 

iif  de  Privemo,  vivait  dans  la  première  moi- 

du  dix-huitième  siècle.  Il  fut  professeur  du 

oit  canon  à  Turin.  On  a  de  lui  :  Libri  II  de 

I  '  licio  et  potestate  magistratuum  romano- 
in  et  jurisdictione ;  Genève,  1725,  in-4°;  — 
irmularwm  et  Orationum  liber  singularis; 
rin,  1728,  in-8°. 


Adelung,  supplément  à  Jdcher,  AUg.  G«lehrten-Uxi- 
eon. 

CAMPiGLiA  (Alexandre),  historien  italien, 
vivait  à  la  fin  du  seizième  et  au  commencement 
du  dix-septième  siècle.  Ou  a  de  lui  :  Délie  tur- 
bulenze  délia  Francia  in  vUa  del  re  Henrico 
il  Grande,  llb.  X,  ne'  quali  non  sol  si  narra 
la  nascita,  V edu^azione, luragglone di  succe- 
dere  alla  corona,  i  travagli,  le  grandi  im- 
prese  di  quel  re,  le  guerre,  le  leghe,  le  divi- 
sioni  del  regno,  la  pace  e  /-a  libertà  donata, 
ma  si  trattano  politicamente  gl'  interessi  ed 
i  fini  particolari  ch'  ebbero  a  quel  tempo  i 
principi  delV  Europa,  dalV  anno  1553  alV 
anno  1594;  Venise,  1614  et  1617,  in-4°;  Augs- 
bourg,  1616,  in-4''.  C'est  l'histoire  de  la  vie  et 
d'une  partie  du  règne  de  Henri  IV,  avec  une  ép!- 
tre  dédicatoire  adressée  à  Louis  XTTT ,  où  il 
peint  l'impression  douloureuse  produite  en  ItaUe 
par  la  nouvelle  de  l'assassinat  de  Henri  IV. 
Sauf  son  point  de  vue  exclusivement  italien,  qui 
place  le  princi|:>al  mérite  de  Henri  IV  dans  sa 
réconciliation  avec  le  saint-siége  en  1595,  et  qui 
l'cuipêche  de  blâmer  la  Saint-Barthélémy,  cet 
ouvrage  est  un  beau  panégyrique  de  ce  roi. 

Lcloiig  et  Pontette,  Bihliotli.  hist.  de  la  France. 

CAMPIGLIA  (  Giovanni- Domenico),  peintre 
et  graveur  de  l'école  florentine,  né  à  Lucques  en 
1692,  mort  après  1762.  Il  apprit  les  principes  du 
dessin  et  de  la  peinture  à  l'école  de  Tommaso 
Rodi  et  de  Lorenzo  del  Moro  ;  il  passa  ensuite  à 
Bologne  dans  l'atelier  de  Giuseppe  del  Sole.  Il 
habita  longtemps  Rome,  où  il  acquit  plus  de  ré- 
putation comme  dessinateur  que  comme  peintre. 
Il  exécuta  les  dessins  de  l'ouvrage  intitulé  Scol- 
tura  del  Campidoglio,  dont  la  publication  com- 
mença en  1741.  Il  dessina  aussi  la  plupart  des 
statues  et  des  bustes  de  la  Galerie  de  Florence, 
et  grava  à  l'eau-forte  un  grand  nombre  de  plan- 
ches. Son  portrait,  peint  par  lui-même  en  1742, 
fait  partie  de  la  collection  iconographique  de 
Florence.  On  voif  aussi  de  lui,  dans  cette  ville, 
quelques  tableaux,  dont  le  meilleur  est  un  Saint 
Nicolas  de  Bari,  à  l'église  de  San-Giovan- 
nino.  E.  B— s. 

Ticozzi,  Dizionario.  —  LanA,  Storia  pittorica.  —  Fan- 
tozzi,  Nuova  Guida  di  Firenze. 

CAMPiGNEULLES  (  Char  les -Claude- Flo- 
rent Thobel  de  ) ,  financier  et  littérateur  fran- 
çais, né  à  Moiitreiiil-sur-Mer  le  3  octobre  1737, 
mort  en  1809.  Il  se  livra  aux  belles-lettres  dès 
l'âge  de  dix-neuf  ans,  et  les  cultiva  jusqu'à  sa 
mort,  mais  sans  grand  succès.  Il  était  membre 
des  Académies  d'Angers ,  de  Caen ,  de  Lyon , 
de  Villefranche,  et  des  Arcadiens  de  Rome. 
Ses  travaux  littéraires  ne  l'empêchèrent  pas 
de  remplir  exactement  ses  fonctions  de  tréso- 
rier de  France  à  la  généralité  de  Lyon.  On  a 
de  CampigneuUes  :  le  Temps  perdu,  ou  his- 
toire de  M.  de  C***;  1756,  in-12  :  on  a  dit  de 
ce  roman  que  sa  lecture  légitimait  son  titre;  — 
Cléon,  ou  le  Petit-Maître  esprit  fort  ;  1757, 
in-12  ;  —  Anecdotes  morales  de  la  fatuité. 


M 


407  CAMPIGNEULLES 

suivies  de  recherches  et  de  réflexions  sur  les 
petits-maîtres;  1760,  in-12  ;  —  le  Nouvel  Abah- 
lard ,  ou  Lettres  d'un  singe  au  doetewr  Aba- 
dolf;  1763,  in-8°;  —  Nouveaux  Essais  sur 
différents  sujets  de  littérature  ;  1765,  in-12; 

—  Dialogues  moraux,  1768,  in-12;  — Suite 
de  Candide;  1769,  in-12. 

Campigneulles  a  fait  paraître  aussi  xmJorwmal 
des  Dames,  de  janvier  1759  jusqu'en  avril  1761. 

Siècles  lut.  —  Quérard,  la  France  littéraire. 

cAMPiGNY  (  Charles-Benoit  de  ),  religieux 
célestin,  puis  bénédictin,  né  à  Orléans,  obtint  en 
1588  un  canonicat  à  la  cathédrale  de  Bourges,  et 
abandonna  bientôt  ce  bénéfice  pour  faire  profes- 
sion dans  l'ordre  des  Célestins.  Il  devint  supé- 
rieur de  là  maison  de  Lyon,  puis  fut  envoyé  à 
Rome  en  qualité  de  provincial  pour  s'opposer 
aux  célestins  d'Italie,  qui  voulaient  soumettre  les 
célestins  de  France  à  leur  Juridiction.  Il  réussit 
d'abord  ;  mais  la  lutte  ayant  continué  au  sujet 
de  cette  double  obédience ,  Benoît  de  Campi- 
gny  fut  déposé  juridiquement  en  1618,  et  enfermé 
dans  un  couvent  de  chartreux.  D  n'en  sortit 
qu'à  la  condition  d'entrer  dans  la  congrégation 
des  Bénédictins  de  Saint-Maur  :  il  mourut  à  Pa- 
ris en  1634,  au  monastère  des  Blancs-Manteaux. 
On  a  de  lui  :  le  Guidon  de  la  vie  spirituelle, 
qu'il  eut  la  modestie  de  ne  pas  signer  ;  et  l'Ana- 
tophile  bénédictin  aux  pieds  du  roi,  pour  la 
réforme  de  l'ordre  de  Saint-Benoît  ;  Paris, 
1613. 

D.  Seroa,  Bibiioth.  du  diocèse  ff  Orléans,  ras. 

CAïupiLLO  (don  Joseph  del),  ministre  es- 
pagnol, né  vers  le  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  Il  était  ministre  de  Philippe  V,  et  a 
composé  en  1742  deux  ouvrages  politiques  re- 
marquables :  Ce  qu'il  y  a  de  trop  et  de  trop 
peu  en  Espagne,  etc.;  —  r Espagne  réveillée. 

San  Felipe,  Comentarios  de  la  guerra  de  Espafia  e 
historia  de  su  rey  Felipe  V,  etc. 

CAMPION  {Alexandre  vi^),  littérateur  fran- 
çais ,  l'aîné  de  trois  frères  distingués  dans  les 
lettres,  né  en  1610,  mort  en  1670.  On  a  de  lui  : 
Vie  de  plusieurs  hommes  illustres,  tant  fran- 
çais qu'étrangers  ;  Paris,  1637,  in-8*;  —  Re- 
cueil de  lettres  qui  pourront  servir  à  Vhis- 
toire  des  années  1631-1636;  Paris,  1647,  in-8°; 

—  Diverses  poésies  ;  Rouen,  1657,  in-S"  (dé- 
diées à  une  dame  de  ses  amies ,  mais  aujour- 
d'hui assez  rares  ). 

^  Lelong  et  Fontette,  Bibliot.  historique  de  la  France. 

CAMPioN  {Henri  de  ),  frère  du  précédent, 
né  le  9  février  1613,  mort  le  11  mai  1663.  Il 
avait  embrassé  d'abord  la  carrière  militaire; 
mais  il  fut  obligé  de  l'abandonner,  ayant  été  at- 
taqué d'une  maladie  de  langueur  qui  le  condui- 
sit au  tombeau.  Il  a  laissé  des  Mémoires,  anno- 
tés par  le  général  de  Grimoard  ;  Paris,  1806, 
in-8°.  Cet  ouvrage,  écrit  très-purement,  renferme 
des  faits  importants  et  ignora. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CAiviPiON  (  Nicolas  de),  frère  des  deux  pré- 
cédents, né  le  6  mars  1616,  mort  vers  1703.  H 


CAMPIONE  40 

embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  a  laissé  :  Entrt 
tiens  sur  divers  sujets  d'histoire,  de  politiqi 
et  de  morale,  dédiés  au  cardinal  de  Polignac,  i 
publiés  par  Garambourg,  chanoine  d'Évreux 
Paris,  1704,  in-12.  L'épître  dédicatoire  renfera 
quelques  détails  intéressants  sur  les  personnag* 
qui  figurent  dans  les  entretiens  ;  quant  à  ses  ai 
très  ouvrages,  la  rareté  en  fait  seule  le  mérite. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

*CAMPiON  {François) ,  théorbiste  françai 
vivait  en  1738.  D  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéi 
de  Paris  en  1703,  et  prit  sa  retraite  en  171 
On  a  de  lui  :  Nouvelles  découvertes  sur  la  gv 
tare,  contenant  plusieurs  suites  de  pièces  si 
huit  manières  différentes  d'accorder;  Pari 
1705  :  cet  ouvrage  curieux  enseigne  l'art  de  tir 
de  la  guitare  des  effets  qu'on  a  présentés  comr 
des  découvertes  modernes  ;  —  Traité  d'accoi 
pagnement  pour  le  théorbe;  Paris  et  Amst< 
dam,  1710,  in-8°;  —  Traité  de  compositi* 
selon  les  règles  des  octaves  de  musique;  I 
ris,  1716. 

Fétis,  Bibliographie  universelle  des  Musiciens. 

*  CAMPiON  (  Hyacinthe),  philosophe  et  th( 
logien  hongrois,  de  l'ordre  des  Franciscains , 
à  Bude  en  1725,  mort  le  7  août  1767  à  Eszek 
Esclavonie.  Il  fut  d'abord  professeur  de  phi 
Sophie  et  de  théologie,  et  ensuite  commissa 
provincial  de  l'Esclavonie.  On  a  de  lui  :  A 
madversiones  physico-historico  -  morales 
Baptismo  non  natis,  abortivis  et  projec 
conferendo;  Bude,  1761,  in-8'';  —  Vindii 
pro  suo  ordine  adversus  quosdam  scriptor 
novissime  opellam  posthumam  Guilieh 
Friderici  Damiani,  sacerdotis  Petrini,  e1 
ibid.,  1766,  in-8"';  —  Vindiciae  denuo  vin 
catse  adversus  Apologiam  Josephi-Anto 
Transylvani,  etc.  ;  ibid.,  1766. 

Horannyl ,  Memor.  Hungar. 

CAMPSON  {Thomas),  médecin,  poète  eti 
sicographe  anglais,  vivait  dans  la  première  n 
tié  du  dix-septième  siècle.  Dans  un  de  ses  éc: 
(  le  Traité  du  contre-point  ) ,  il  s'appuie 
l'exemple  de  Galien  pour  s'excuser  d'avoir  éi 
un  traité  de  musique.  H  composa  aussi 
vers;  ou  en  trouve  de  sa  façon  dans  l'édii 
des  airs  de  Ferabosco;  Londres,  1609.  On  a 
lui  :  A  new  way  of  makirig  four  parts 
contrepoint,  by  a  most  familiar  and  infui 
ble  rule  (Nouveau  moyen  pour  composer  à  q 
tre  parties  en  contre-point,  par  une  règle  très 
cile  et  sûre);  Londres,  in-8",  sans  date;  etL 
dres,  1660  et  1672.  Cette  dernière  édition  a  p 
titre  :  the  Art  of  discant  with  annotation 
par  Sympsons,  petit  in-8°.  On  trouve  encore 
ouvrage  dans  Playfort. 

Playf'ort  ,  Introd.   à  la  connaissance  de  la  musiç 
Londres,  1CT4,  in-8°.  —  Wood,  Athenœ  Oxon. 
CAMPION    DE  TERSAN.    Voy.   TeRSAN. 

*  CAMPIONE  (  Marco  da  ),  architecte  du  q 
torziènie  siècle.  Quelques  auteurs  lui  attribu 
le  dessin  primitif  de  la  cathédrale  de  Milan. 

E.  B— N. 


09 


CAMPIONE  —  GAMPISTRON 


410 


ctcognara ,  Storia  délia  Seoltura.  —  Ticoz/,!,  Dizio- 
ario.  —  IMrovano,  Guida  di  Milano. 


{  *  CAMPIONE  { François-Marie  },  théolo^ea 
[  alien,  de  l'ordre  des  Trinitaircs,  vivait  au  com- 
[  lencement  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  : 
>istruzione  per  gli  ordinandi;  Rome,  1702, 
1-8";    Venise,  1703,   in-12;  —  Instruzione 
el  clero  per  ogni  esame  da  subire  delV  ordi- 
ario;  Rome,  1710,  in-8°;  —  Instructio  pro 
■  comparantibiis  ad  audiendas  confessiones, 
édit.;  Rome,  1711,  2  vol.  in-8". 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  AUgem.  Celehrten-Lexieon. 
CAMPiONi  { Char  les- Antoine  ) ,  compositeur 
\  musique  toscan,  né  à  Livourne  en  1720.  Il  se 
ra  de  bonne  heure  à  l'étude  du  violon  et  de 
composition,  et  ses  ouvrages  furent  bien  ac- 
eillis  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Hol- 
nde.  En  1764,  il  fut  appelé  à  Florence  en  qua- 
é  de  maître  de  chapelle  de  François  n  de  Lor- 
ine,  grand  duc  de  Toscane  ;  il  se  livra  alors  à 
composition  pour  l'Église,  et  fit  exécuter  en 
67  un  Te  Deum  par  deux  cents  musiciens, 
impioni  possédait  la  collection  la  plus  com- 
pte des  madrigaux  des  compositeurs  des  sei- 
;me  et  dix-septième  siècles  ;  il  a  laissé  sept 
ivres  de  trios  pour  violon,  et  trois  œuvres  de 
ws  pour  violon  et  violoncelle. 
'é'.is,  Biographie  universelle  des  Mitsiciens. 
*  CAMPisi  (  Dominique  ) ,  dominicain,  prédi- 
teiir,  théologien  et   musicien  sicilien,  né   à 
iialbuto,  vivait  en   1630.  II   était  de  l'ordre 
s  Prédicateurs,  et  fut  nommé  professeur  de 
éologie  en  1629.  Campisi  était  en  même  temps 
1  savant  compositeur  de  musique.  On  a  de 
i  :  Motetti  a  due,  tre  et  quattro  voà,  con 
ta  compie^o, -Palerme,  1615-1618,  2  vol.in-4°; 
Floritus  concentus  binis,  ternis ,  quaier- 
s   et  quinis   vocibus  modulandus  ;  Rome, 
i22,  in-4'';  —  Lilia  campi,  binis,   ternis, 
j  laternis  et  quintis  vocibus,  modulanda  cum 
I  mpletorio  et  Litaniis  beatas  Virginis  Mariée; 
'3me,  1623,  in-4°;  —  Lilia  campi,  1-6  voci- 
is  modulanda;  Rome,  1627,  in-4<'. 
Mongitore,  Bibl.  Sicala. 

CAMPissANO  {Frédéric),  jurisconsulte  si- 
lien,  né  à  Catane,  mort  en  1583.  Il  possédait 
i  le  grande  réputation  de  science  et  de  sagesse, 
a  laissé  :  Consilia  tria,  insérés  dans  le  Re- 
leil  de  Pierre  de  Lune,  ad  hullam  apostoli- 
\iTa  Nicolai  V  et  regix  pragmaticae  Alph.  de 
I  ewsi&Ms,*  —  Sermones  et  JHssertationes. 

l'Mongltor,  Bibl.  Sicula. 

j,  CAMPisTRON  (  Jean  Galbbrt  de  ),  auteur 
[ramatique,  né  à  Toulouse  en  1656,  mort  le  11 
>ai  1713.  Un  duel  dans  lequel  il  fut  blessé  l'ayant 
j  ircé  de  quitter  sa  ville  natale,  il  vint  fort  jeune 
'  Paris;  il  cultiva  la  poésie,  fit  la  connaissance 
I  u  comédien  Raisin,  reçut  des  conseils  de  Ra- 
■ine,  et  commença,  en  1683,  à  travailler  pour 
I  j!  théâtre.  Virginie  fut  sa  première  pièce.  Son 
ipéra  A'Acis  et  Galatée,  représenté  dans  une 
îrande  fête  que  le  duc  de  Vendôme  donnait  au 


Dauphin  dans  son  château  d'Anet,  (ht  la  source 
de  sa  fortune.  Le  duc  fut  si  content  de  cet  ou- 
vrage, qu'il  prit  Campistron  pour  secrétaire  de 
ses  commandements.  11  le  fit,  de  plus,  nommer 
secrétaire  général  des  galères ,  et  l'honora  d'une 
constante  amitié.  Campistron  l'accompagna  dans 
ses  campagnes,  jusque  sur  les  champs  de  ba- 
taille. A  Steinkerque,  le  duc,  le  voyant  s'exposer 
à  ses  côtes,  lui  dit  :  «  Que  faites- vous  ici ,  Cam- 
pistron? —  Monseigneur,  répondit  le  poète, 
voulex-vous  vous  en  aller?  »  H  montra  le  même 
courage  à  Lnzzara,  et  obtint  à  cette  occasion, 
de  Philippe  V,  l'ordre  de  Saint-Jacques  de  l'Épée 
et  la  commanderie  de  Ximenès.  Enfin,  il  fut 
créé,  par  le  duc  de  Mantoue,  marquis  de  Pe- 
nango,  dans  le  Montferrat.  Eln  1701,  Campistron 
ftit  reçu  à  l'Académie  française.  D  était  aussi 
membre  de  celle  des  Jeux  Floraux  de  Toulouse. 
Il  s'était  retiré  dans  cette  ville,  où  il  épousa 
M"*  de  Maniban  de  Cazaubon,  sœur  de  l'archevê- 
que de  Bordeaux,  dont  il  eut  six  enfants.  —  Cîun- 
pistron  a  donné  au  Théâtre-Français  les  tragédies 
suivantes  :  Virginie,  1683;  —  Arminius,  1684; 
—  Andronic,  1685;  —  Alcibiade,  1685;  — 
Phraarte,  1686;  —-  Phocion,  1688 ;  —  Adrien, 
1690;  —  Tiridate,  i&^i;  —  Aétius,  1693.  A  ces 
pièces  il  faut  ajouter  une  autre  tragédie,  Pom^- 
péia,  non  représentee,  et  imprimée  en  1750  dans 
les  œuvres  de  l'auteur.  En  outre,  Campistron  a 
fait  jouer  deux  comédies ,  l'Amante  amant,  en 
cinq  actes  et  en  prose,  1684,  et  le  Jaloux  de- 
satmsé,  en  cinq  actes  et  en  vers,  1709.  A  l'O- 
péra, il  a  donné  Acis  et  Galatée,  1686; 
Achille  et  Polixène,  1687;  et  Alcide,  1693. 
Campistron  fut  l'auteur  le  plus  heureux  de  son 
temps,  par  sa  position  dans  le  monde.  Quel- 
ques-uns de  ses  ouvrages  obtinrent  une  bril- 
lante fortune,  notamment  Andronie  et  Tiridate. 
Dans  Andronic,  Campistron  a  traité  le  beau  su- 
jet de  don  Ceurlos  et  de  Philippe  H,  qu'il  a  bien 
décoloré.  Timide  imitateur  de  Racine,  il  ne  con- 
çoit pas  mal  son  plan;  mais  l'exécution  et  la 
couleur  lui  font  défaut.  Le  talent  de  Baron  ser- 
vit puissamment  ces  faibles  tragédies.  La  co- 
médie du  Jaloux  désabusé  leur  est  fort  supé- 
rieure; elle  s'est  maintenue  longtemps  an  théâ- 
tre, et  passera  toujours  pour  un  ouvrage  esti- 
mable. Les  œuvres  de  Campistron  ont  été  pu- 
bliées en  1715,  en  2  vol.  in-12;  Paris,  chez  Ri- 
bou,  1732;  en  1739,  aussi  2  vol.  in-12;  en  1750, 
par  la  compagnie  des  libraires  associés ,  3  vol. 
in-12;  édition  revue  et  augmentée,  publiée  par 
Gourdon  de  Bacq,  parent  de  l'auteur,  et  de  Bonne  - 
val;  —  Chefs-d'œuvre  dramatiques  de  Cam- 
pistron;  Paris,  1791,  2  vol.  in-18,  portrait;  — 
Œuvres  choisies,  avec  notice  par  Auger,  1810, 
in-18;  —  Chefs-d'œuvre  dramatiqîies  de  Cam- 
pistron, avec  remarques  par  Lepan,  1819, 
in-12  et  in-8°.  On  trouve  quelques  pièces  de 
vers  de  Campistron  dans  le  recueil  de  l'Acadé- 
mie des  Jeux  Floraux.  Th.  Muret. 
Diet.  des  théâtres.— QixérsiTà.  la  Fraiwe  littéraire,  etc. 


411  CAMPISTRON  - 

-  Des  Essarts.  les  Siècles  lUt.  -  Chaufepié,  Suppl.  au 
Dict.  de  Bayle. 

CAMPisTROK  {Louis),  frère  du  précédent, 
prédicateur  et  poète  français,  de  l'ordre  des  Jé- 
suites, né  en  1660  à  Toulouse  (ou,  selon  Quérard, 
en  1666),  mort  dans  la  même  ville  en  mars 
1737  (ou  1733,  selon  Quérard).  Après  avoir  suivi 
comme  aumônier  l'armée  du  duc  de  Vendôme 
en  Italie,  il  devint  professeur  de  rhétorique.  Plus 
tard,  il  se  rendit  célèbre  à  la  cour  par  les  sermons 
funèbres  qu'il  prononça  successivement  en  l'hon- 
neur des  deux  dauphins,  fils  et  petit-fils  de 
Louis  Xrv,  et  finalement  de  Louis  XIV  lui-même. 
Vers  la  fin  de  ses  Jours,  il  se  retira  dans  la  maison 
professe  de  son  ordre  à  Toulouse,  où  il  mourut. 
Quant  à  la  tournure  de  son  esprit  et  se.s  qualités 
poétiques,  il  rappelle  bien  son  frère,  l'auteur  dra- 
matique. On  a  de  lui  :  Quatre  stances  sur  la  Symr 
pathie;  —  Ode  sur  le  Jugement  dernier  (faus- 
sement attribuée  à  Mi'e  Chéron  )  ;  —  Idylle  sur 
la  mer;  —  l'Éloge  de  V  amitié;  —  Portrait  du 
Sage  (toutes  ces  poésies  se  trouvent  dans  le 
Recueil  de  V Académie  des  Jeux  Floraux,  et 
dans  la  Biblioth.  poétique,  t.  IV,  p.  342);  —  [ 
Oraisons  funèbres  des  deux  Dauphins  et  de 
Ixmis  XIV;  Toulouse,  1711,  1712  et  1715, 
in-4°.  —  Une  tragédie  intitulée  Absalon,  et  des 
Pensées  de  Sénèque  mises  en  vers  par  lui,  sont 
perdues. 

Bibl.  poét.  —  Nonv.  Dict.  hist.  —  Quérard,  la  France 
littéraire. 

CAMPO  (flennericush^).Voy.  Campen. 

cxyiPO  (Antonio).  Voy.  Campi  {Antonio). 

CA»iPO  {Benoit  de), médecin  espagnol,  vivait 
en  1.544.  n  pratiquait  avec  réputation  lamédecine 
à  Alcala-la-Reale  (Andalousie).  On  a  de  lui  : 
Commentariolus  de  lumine  et  specie  ex  phi- 
losophiae  adytis  excerptus,  nec  non  sttper 
Adiante  observatio  grœca  pariter  et  latina, 
pharmacopolis  etmedicis  admodumproficua; 
Grenade,  1544,  in-8°. 

Nicolas  Antonio,  Bibl.  hisp.  nova.  -  Éloy,  Diction- 
naire historique  de  la  Médecine. 

CAMPO-BASSO  {Nicolas,  comte  de),  fameux 
condottiere  napolitain,  vivait  en  1477.  11  avait 
d'abord  soutenu  les  intéiêts  de  la  maison  d'Anjou 
dans  le  royaume  de  Naples;  mais  le  sort  des 
armes  ayant  été  contraiie  au  roi  René  et  â  ses 
héritiers ,  il  suivit  leur  fortune  et  se  retira  en 
France,  où  Charles  le  Téméraire,  duc  de  Bour- 
gogne, compétiteur  de  la  maison  d'Anjou,  l'attira 
à  son  service,  et  le  chargea  de  lever  pour  son 
compte  des  troupes  mercenaires  italiennes.  Campo- 
Basso  s'en  acquitta,  en  lui  amenant  la  soldatesque 
de  l'Italie  et  de  la  Dalmatie.  Il  réussit  si  bien  par 
ses  flatteries  à  s'emparer  de  l'esprit  de  Charles, 
que  ce  prince  n'agissait  que  par  ses  conseils.  Le 
comte  de  Campo-Basso  se  servait  de  c^tte  con- 
fiance aveugle  pour  le  vendre  à  ses  ennemis,  et  de 
trahison  entraliisonil  conduisit  le  duc  à  sa  ruine. 
Il  ne  fut  même  pas  étranger  à  la  mort  de  son  bien- 
faiteur ;  car  on  trouva  autour  du  corps  de  ce  mal- 
heureux prince  plusieurs  cadavres  des  soldats 


CAMPO-BASSO  4î 

stradiotes  de  Campo-Basso,  qui  avait  déser 

l'armée  bourguignonne  quelques  jours  avan 

Voici  ce   que  Comines   rapporte  au  sujet  ( 

Campo-Basso  :  «  Ledictduc  de  Bourgongne  auo 

la  plus  belle  armée  qu'il  eut  iamais,  et  spécial!. 

met  pour  gens  de  cheual  :  car  pour  aucunes  fii 

qu'il  prét«ndoit  es  Italies,  il  auoit  retiré  quelqi 

mille  hommes  d'armes  italiens ,  que  bons  qi 

mauuais.  Il  auoit  pour  chef  d'entre  eutx  vn  aj 

pelé  leconteiCampobache,  duroyaulmede  Naple 

partisan  de  la  maison  d'Auiou ,  homme  de  tre 

mauuaise  foy  et  très  périlleux.  Le  conte  allegi 

de  Campobache  estoit  sans  terre  ;  car  à  cause  d 

guerres  que  la  maison  d'Aniou  avoit  mené  en 

royaulrae  de  Naples,  de  laquelle  il  estoit  servi  teti 

il  en  estoit  bany  et  avoit  perdu  sa  terre, 

tousiours  s'estoittenuenProuence  ou  enLorrai 

anec  le  roy  René  de  Cecille,  avei-,  le  duc  Nicol;; 

filz  du  duc  Jehan  de  Calabre,  et  après  la  hk 

duquel  le  duc  de  Bourgongne  avoit  recueilly  pi 

sieurs  de  ses  serviteurs,  et  par  especial  tous  1 

Italiens.  Ce  dict  conte  de  Campobache,  de  k 

qu'il  alla  faire  ses  guerres  en  Italie ,  receut  i 

dict  duc  quarante  mille  ducatz  d'impretance  po 

mettre  sus  sa  compagnie.  En  passant  par  Lyo 

s'accointa  d'un  médecin  appelé  maistre  Sim 

de  Pauye,  par  lequel  il  feist  sçavoir  au  r 

(Louis  XI  de  France)  que  s'il  lui  vouloit  fai 

certaines  choses  qu'il  demandoit,  il  offroit  à  s 

retour  luy  bailler  le  duc  de  Bourgongne  entre  s 

mains.  Autant  en  dist  à  monseigneur  de  Saii 

Pray ,  estant  lors  en  Piedmont  ambassadeur  poui 

roy.  Après  qu'il  fiit  retourné,  et  ses  gens  d'ara 

logez  en  la  comté  de  Marie ,  il  offroit  encore 

roy  que,  des  ce  qu'il  seroit  en  champ  ave«  s 

maistre,  qu'il  ne  fauldroit  point  de  le  tuer  ou 

mener  prisonnier;  et  disoit  la  manière  :  c'est 

que  le  dict  duc  alloit  souvent  à  l'entour  de  s 

ost  sur  vn  petit  cheual  avec  peu  de  gens  (et  ( 

soit  vi-ay),  et  que  là  ne  fauldroit  point  de  le  U 

ou  prendre.  Ou  si  le  roy  et  le  dict  duc  se  i 

noient  à  trouver  au  champ  de  bataille  l'un  devt 

l'autre,  qu'il  se  tourneroit  de  son  party  avec  j 

gens  d'armes  ;  et  demandoit,  pour  ce  faire  le  pa; 

met  de  ces  quatre  cens  lances,  vingt  mille  esc 

content,  et  vne  bonne  conté.  Le  roy  eut  la  mauu 

seté  de  cest  homme  en  grand  mespris,  et  voui 

monstrer  au  dict  duc  de  Bourgongne  de  grand 

franchises,  et  luy  faLst  sçauoir  tout  cecy  par 

seigneur  de  Contay.  Mais  ledict  duc  n'y  adiou. 

point  de  foy,  mais  estimoit  que  le  roy  le  fai& 

à  autres  fins,  et  en  ayma  beaucoup  mieux  le  d 

cxtnte.  Vous  voyez  que  Dieu  lui  troubla  le  se 

en  cet  endroict,  aux  clers  enseignements  que 

roy  lui  mandoit.    Et  de  nouveau  voyant  s 

maistre  bas,  Campobache  commença  à  practiqu 

tant  auec  monseigneur  de  Lorraine  qu'auec  cei 

de  Nancy,  et  promettoit  tenir  la  main  que 

siège  ne  s'avanceroit  point,  et  qu'il  feroit  trouv 

des  deffaulx  es  choses  plus  nécessaires  pour 

siège  et  pour  la  baterie.  Il  le  ponuoit  bien  faii 

car  il  estoit  pour  lorsle^plus  grand  de  l'année, 


CAMPO-BASSO  —  CAMPOLA 


414 


uioit  la  principalle  charge  et  l'autorité  auec 

(lictilucde  Bourgogne.  Durant  qu'il  conduisoit 

,  marchez,  vindrêtaucunsgentilzliomniesdu  du- 

■  (le  Lorraine,  pour  entrer  en  la  place.  Aucuns 

I  entrcrêt,  autres  furent  prins  :  dont  l'un  fut  un 

(  itilhomrae  de  Provence  appelé  Cifron ,  lequel 

i  iuisoit  tous  les  marchez  dudict  conte  avec 

iit  duc  de  Lorraine.  Le  duc  de  Bourgongne 

[  iida  que  le  dict  Cifron  fust  incontinent  pendu; 

}  uel,  quand  il  veit  qu'en  son  faict  n'y  avoit  nul 

'  aède,  il  mahda  au  duc  de  Bourgongne  qu'il 

[ilcust  l'ouïr,  et  qu'il  luy  diroit  chose  qui 

(  hoit  à  sa  personne.  Aucuns  geutiizhommes, 

jiii  il  dist  ses  parolles,  le  vindrent  dire  au 

.  Et  d'adventure  le  conte  de  Campobache  se 

ii\  a  deuant,  ou  que,  sachant  la  prinse  dudict 

I  ou,  il  si  vouloit  bien  trouuer,  doubtant  qu'il  ne 

I   (le  luy  ce  qu'il  sçauoit  touchant  le  demeslé  du 

(    (ôte,  tant  d'vn  costé  que  d'aultre  :  car  tout 

!  toit  communiqué  et  estoit  ce  qu'il  vouloit  dire. 

]  ict  duc  respondit  qu'il  ne  le  faisoit  que  pour 

i  >  T sa  vie;  le  dict  conte  conforta  parolle,  et  de 

li  ut  commanda  le  dict  duc  qu'on  le  menast  pen- 

c  E  l  en  le  menant  ledict  Cifron  requist  à  plusieurs 

(  i/  priassent  à  leur  maistre  pour  luy,  qu'il  luy 

c  it  chose  qu'il  ne  vouldroit  pour  une  duché 

i  I  ne  le  sceust.  Plusieurs  vindrêt  faire  à  leur 

1 1  itre  cette  requette  ;  mais  ce  mauvais  conte 

e  if  à  l'huys  de  la  châbre  de  bois,  en  quoi  lo- 

^  t  ledict  duc,  et  gardoit  que  nul  n'enstrast,  et  ref- 

■$t  l'huys  à  ceulx-là,  disant  :  Monseigneur  veult 

Sa  s'auance  de  le  pendre;  et  par  messagiers 
oit  le  prevost.  Et  finablemet  le  dict  Cifron 
t|  jendu,  qui  fut  au  grand  preiudice  du  duc  de 
rgongne.  Le  premier  de  janvier  quatre  cens 
V.YI,  le  duc  de  Lorraine,  et  les  AUemans 
i  estoient  dans  sa  compagnie,  deslogerent  de 
ict  Nicolas  pour  aller  combattre  le  dict  duc  de 
rgongne;  et  ce  propre  jour  vint  au  devant 
Ix  le  conte  de  Campobache  achever  son  entre- 
se,  et  se  rendit  des  leurs,  avec  huict  vingtz 
imes  d'armes,  et  luy  desplaisoit  bien  que  pis 
B'oit  peu  faire  à  son  maistre.  Ceulx  de  àe- 
Pis  Nancy  estoient  bien  advertis  des  traictez 
A  ict  conte,  qui  leur  aidoit  bien  à  donner  cueur 
«lenir;  car  autremet  estoient  sur  le  poinct  de 
s(  endre  ;  et  si  n'eust  esté  la  dissimulation  dudict 
c  e,  ilz  n'eussent  poinct  tenu  jusques  lors.  A 
1'  i\  6e  du  conte  de  Campobache  vers  le  dnc 
dijorraine,  les  Allemans  lui  feirent  dire  qu'ilz 
sietirast,  et  qu'ilz  ne  vouloiet  nulz  traictre 
à  ;  eulx  :  et  ainsi  se  retira  à  Condé,  un  chasteau 
Cl  a  passage  près  de  là,  qu'il  repara  de  char- 
ries et  aultres  choses  le  mieulx  qu'il  peut,  es- 
Pjint  que,  fuyant  le  duc  de  Bourgongne  et  ses 
g  i,  il  en  tomberoit  en  sa  part,  comme  il  feit 
"  "ï.  Il  asseuroit  bien  que  si  le  duc  de  Bour- 
gs ^ne  fuyoit,  qu'il  n'en  eschapperoit  jamais  vif, 
*(  u'il  l'asseuroit  treize  ou  quatorze  personnes 
<l|  lui  seroient  seurs,  les  uns  pour  commencer 
l8  lyte  dès  ce  qu'ilz  verroient  marcher  les  AUe- 
Bj  is,  les  autres  qui  auroient  l'œil  sur  le  dict  duc 


s'il  fuyoit,  pour  le  tuer  en  fuyant;  et  en  cela  n'y 
avoit  point  de  doubte  et  faulte.  Et  en  ay  congneu 
deux  ou  trois  de  ceulx  qui  demeurèrent  pour 
tuer  le  dict  duc.  »  Voilà  ce  que  raconte  Comines. 

Après  l'accomplissement  de  ce  grand  drame, 
les  chroniqueurs  ne  parlent  plusdeCampo-Basso. 

l'bilippe  de  Cornlncs,  Chroniqun  du  rey  Loys  unzie- 
me.  —  Mézeray,  Histoire  de  France,  rérjne  U^eLouii  XI. 
—  Baraate,  Histoire  des  ducs  de  Bourgogne.  —  Wallcr 
ScoilfAnne  de  Geierstein. 

CAAipo-BASSO  (Alexandre-Vincent),  com- 
positeur napolitain,  né  à  Naples  en  1760.  Il  a 
donné  à  Milan,  en  1789,  un  opéra  séria  intitulé 
Antigona. 

Fétis,  Biographie  universelle  des  musiciens. 

*CAMPO-BELLO  (Louis  de),  capitaine  de 
vaisseau  espagnol,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  découvrit  une  île  voi- 
sine des  Caraïbes,  dont  il  donna  une  description. 
On  n'a  de  cet  ouvrage  que  la  traduction  italienne, 
sous  le  titre  :  Retazione  di  una  nuova  isola, 
scoperta  net  nitovo  mundo,  sopra  le  coste  delV 
isole  Caribdi  in  Amei-ica,  tradotta  dallo  spa- 
gnuolo;  Venise,  1739  ou  1740. 

Journal  des  Savants,  année  1740. 

;^CAMPO-CHiARO  (le  duc  de),  homme  d'État 
napolitain,  issu  d'une  ancienne  famille  espagnole 
qui  s'établit  dans  le  royaume  de  Naples  au  der- 
nier siècle.  Il  était  attaché  en  1805  à  la  garde  du 
roi  Ferdinand  Y%  en  qualité  de  capitaine  des  Li- 
pariotes  (cavalerie  des  chasses).  Lorsque  le  roi 
se  vit  forcé  par  l'invasion  française  de  se  retirer 
en  Sicile,  le  duc  de  Campo-Chiaro  resta  à  Naples, 
et  se  soumit  au  nouvel  ordre  de  choses.  Appelé, 
en  1806,  par  le  roi  Joseph  au  conseil  d'État,  il 
ne  tarda  pas  à  devenir  ministre  de  la  maison 
royale.  Joachim  Murât,  à  son  avènement  au 
trône,  le  fit  grand  dignitaire  de  l'ordre  des  Deux- 
Siciles,  et  lui  donna  le  ministère  de  la  police,  oiï 
il  sut  se  maintenir  pendant  quelque  temps,  en  y 
faisant  preuve  d'habileté  et  de  douceur.  Plusieurs 
missions  diplomatiques  lui  furent  ensuite  con- 
fiées :  il  fut  envoyé  en  qualité  d'ambassadeur 
auprès  de  Napoléon  ;  et  en  1815  il  assista  au  con- 
grès de  Vienne,  comme  ministre  du  roi  Murât. 
Mais,  grâce  aux  imprudences  de  ce  malheureux 
prince,  qui  alla  plus  tard  chercher  une  fin  si 
déplorable  sur  les  côtes  de  la  Calabre,  ses  dé- 
marches n'obtinrent  aucun  succès.  La  révolution 
de  1820  le  rappela  aux  honneurs  :  nommé  mi- 
nistre des  affaires  étrangères,  U  ne  conserva  pas 
longtemps  ce  poste,  et  fut  destitué  pour  avoir 
contresigné  une  circulaire  adressée  aux  pro- 
vinces par  le  ministre  de  l'intérieur,  à  l'occasion 
du  départ  de  Ferdinand  pour  le  congrès  de  Lay- 
bach;  il  fut  même  cité  devant  le  parlement  na- 
politain; mais  cette  affaire  n'eut  pas  de  suites. 
Depuis  cette  époque,  le  duc  de  Campo-Chiaro  a 
tout  à  fait  disparu  de  la  scène  politique.  [Enc, 
des  g.  du  m.} 

*camp6la    (César),  poète  italien,   vivait 
dans  la  seconde  moite  du  seizième  siècle  Ou  n 


.115  CAMPOLA  — 

de  lai  :  Rime  di  M.  Cesare  Campda,  detto  il 
O^intpico ;  Viceuce,  1577,  in-4°. 
Catalogue  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris. 

*CAMPOLiNi  {Jacques),  mathématicien  ita- 
lien, vivait  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Proposizioni  aritmetice , 
Venise,  1703,  m-4°. 

Adelung ,  suppl.  à  JOcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*c\MPO-L,ONGO  (Antonio),  peintre  napoli- 
tain, vivait  vers  1480.  Ou  a  de  lui  :  la  Con- 
ception, qu'il  fit  avec  Jean-Bernard  de  Lama, 
son  maître.  Ce  tableau  se  voit  encore  dans  le  cou- 
vent de  San-Diego,  detto  l' Ospidal  etto  ;  un  autre 
tableau  existe  dans  l'église  de  Sainte-Catherine. 

Cbaadon  et  Delandine,  Nouv.  DicL  univ. 
GAMPOLO    OU  CAMPCLO.    Voy.    LÉON  III. 

CAMPOLONGO  (Emmanuel  )  (1  ),  poète  italien, 
né  à  Naples  le  30  décembre  1732,  mort  en  mars 
1801.  Après  de  bonnes  études,  il  suivit  des  cours 
de  droit  et  de  médecine.  Plus  tard,  il  ne  s'oc- 
cupa que  de  la  culture  des  lettres,  et  de  la  poésie 
en  particulier.  En  1765  il  fut  chargé  de  professer 
les  humanités  à  Naples  ,  et  entretenait  des  cor- 
respondances avec  les  principaux  littérateurs  de 
sou  temps.  On  a  de  lui  :  la  Polifemeide ,  so- 
netti  ;  Naples,  1759,  in-8°,  et  1763  ;  —  la  Mer- 
gellina,  opéra pescatoria;Md.,  1761,  in-8°;  — 
la  Galleide;  ibid.,  1766,  in-8";  —  il  Proteo  ; 
ibid.,  1768,  in-S",  et  1819,  in-8'',  avec  la  biogra- 
phie latine  de  l'auteur  par  Roberti  ;  —  la  Volca- 
neide;  ibid.,  1776,  in-8°;  —  le  Smanie  di 
Pluto  ;  ibid . ,  1776,  in-S"  ; — PoUfemo  ubbriaca, 
dittirambo ;MA.,  1778,  în-4'';  —  il  Peccatore 
convinto:,  quaresïmule  ;  ibid.,  1778,  3  vol. 
in-12;  —  Cursus  philologicus ;  ibid.,  1778, 
4  vol.  in-12  ;  —  Sepulcretum  amicabile  ;  1781, 
2  vol.  in-4"';  —  Litholexicon  intentaium; 
ibid.,  1782,  in-4°;  — Sereno  serenato,  osiaidea 
scoperta  di  Quinto  Samx)nico;  ibid.,  1786. 

Michel  Robert!,  Biog.  de  Campolongo.  —  Tipaldo, 
Biog.  degV  ital.  iUvstr.,  III.  —  Lalande,  f^oyage  en  Ita- 
lie, 1790. 

CAMPO-LONGO  (Emilio),  médecin  italien, 
né  à  Padoue  en  1550,  mort  dans  la  même  ville 
en  octobre  1604.  Il  cultivait  avec  un  égal  succès 
la  médecine,  la  philosophie  et  la  littérature.  Ses 
talents  le  firent  nommer  en  1578  professeur  de 
médecine  dans  sa  vDle  natale,  place  qu'il  conserva 
jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  :  Theoremata  de 
humana  perfectione;  Padoue,  1573,  in-4°;  — 
De  Arthridide;  Venise,  1586,  in-4°,  et  Spire, 
1592,  in-8";  —  Methodi  Médicinales  duee,  in 
quibus  légitima  medendi  ratio  traditur,  pro- 
positx  in  Academia  Patavina;  Francfort, 
1595,  in-8°;  —  De  vanolis;  Venise,  1596, 
in-4°;  —  Nova  cognoscendi  mx>rbos  metho- 
dus;  "Wittemberg,  1601,  in-8°;  —  De  Lue 
venerea  libellus ,  avec  un  discours  de  Paul 
B«niu8;  Venise,  1625,  in-fol.;  —  De  vermib'as, 
de  uteri  affectibus,  deque  morbis  cutaneis 
tractaius  prsestantissimi ,  avec  la  Medicina 

(1)  Et  non  ÉmUe,  coimae  on  l'a  écrit  alHeurs, 


CAMPOMANÈS 


41 


practica  de  Fabrice  d'Aquapendente  ;  Pari 
1634,  in-4°. 

Marget,  Bibliotheca  scriptorum  medicorum.  —  Tt 
luaslni,  Prodromus  Athenarum  Patavinarum.  —  Éli 
Dictionnaire  Mstoriqtie  de  la  médecine. 

cAMPOitiANÈs  (don  Pedro  Rodriguez,cow 
DE  ) ,  diplomate ,  littérateur  et  économiste  esj 
gnol,  né  dans  les  Asturies  en  1723,  et  mort 
1802.  Il  a  été  sans  contredit  l'un  des  homm 
les  plus  remarquables  de  son  époque  en  Es{ 
gne,  tant  par  son  instruction  variée  que  par 
haute  portée  de  son  esprit.  L'amour  du  trav 
et  une  application  constante  à  l'étude  dévelopj 
rent  en  lui ,  dès  ses  jeunes  années ,  des  taki 
supérieurs  qui  relevèrent  aux  plus  hautes  digi 
tés  du  royaume,  et  an  premier  rang  panni 
écrivains  espagnols.  11  devint  successivement  i 
cal  du  conseil  royal  et  suprême  de  CastiUe,  p 
sident  des  cortès,  directeur  de  l'Académie  roy 
d'histoire,  grand-croix  de  l'ordre  de  Chi 
les  in,  et  ministre  d'État.  Ses  connaissani 
httéraires  étaient  très  -  variées  ;  il  savait  1 
rabe  et  la  plupart  des  langues  de  l'Euro] 
mais  il  se  distingua  surtout  par  ses  ouvrai 
d'économie  politique,  dans  lesquels  on  troi 
toujours  les  pensées  les  plus  larges,  alliées  s 
vues  les  plus  utiles. 

Tjmdis  qu'Adam  Smith  en  Angleterre,  Quesi 
et  Turgot  en  France,  consacraient  toutes 
ressources  de  leur  esprit  à  rechercher  quel 
sont  les  véritables  causes  de  la  richesse  et 
la  puissance  des  nations  modernes,  Campoma! 
se  livrait  en  Espagne  à  la  même  étude  avec  i 
moins  d'ardeur.  Placé  au-dessus  des  préju 
si  communs  alors  et  si  profondément  enracin 
en  Espagne  surtout,  il  condamna  les  abus,  cl 
cha  à  instruire  le  peuple,  et  à  l'éclairer  sur 
puissance  productive  ;  mais  il  était  trop  en  av 
de  son  époque  :  ses  ouvrages  ne  furent  pas  ce 
pris.  Déjà,  malgré  la  sage  administration 
Charles  m,  il  pressentit  le  funeste  résultat  qu' 
rait  la  confiance  trop  aveugle  de  l'Espagne  d. 
ses  mines  du  Mexique  et  du  Pérou.  Aussi,  d, 
son  Discurso  sobre  el  fomento  de  la  iné 
tria  popular,  et  dans  cehii  qui  a  pour  titi' 
Discurso  sobre  la  educacion  de  los  artisani 
su  fomento ,  qui  sont  sans  contredit  les  ouvra 
les  plus  remarquables  de  Campomanès,  s'attac 
t-ii  à  démontrer  que  ce  n'était  pas  en  Amérii 
que  résidait  la  véritable  puissance  de  l'Espag 
mais  bien  en  Europe,  au  sein  même  de  la 
ninsule.  Lever  les  enb-aves  qui  pesaient  sur  1 
dustrie,  assemr  le  commerce  intérieur  et  ex 
rieur  sur  des  bases  larges  et  libérales ,  affr 
chir  l'agriculture  des  impôts  odieux  auxqu 
elle  était  soumise,  telles  étaient  les  vues 
Campomanès.  Enlisant  ses  ouvrages,  ons'étoi 
de  voir  que  cet  homme,  entouré  d'une  soci 
peu  éclairée ,  ait  si  bien  compris  les  questi' 
d'économie  politique  les  plus  ardues,  et  qu'il 
su  en  prévoir  les  conséquences  avec  justesse. 
n'est  pas  toujours  une  rédaction  lucide  qui  c 


417  CAMPOMANÈS 

tingue  ses  écrits  ;  l'erreur  s'y  trouve  souvent  à 

crtté  de  la  vérité ,  mais  on  ne  peut  s'empêcher 

,iie  reconnaître  que  l'auteur  était  ])arvenu  déjà  à 

soulever  un  coin  du  voile  qui  enveloppait  encore 

les  divers  phénomènes  de  l'économie   sociale. 

[Il  écrivit  avec  chaleur  et  conviction  contre  les 

f  ibus  de  la  mcsta ,  et  démontra  comhien  était 

[  jréjudiciable  à  l'État,  ei  à  chaque  propriétaire  en 

I  larticulier,  cet  antique  usage  de  faire  voyager 

[  leux  fois  par  an  les  bêtes  à  laine.  11  ne  craignit 

■  las  d'attaquer  le  clergé,  si  puissant  en  Espagne; 

i  s'olcva  avec  force  contre  les  aliénations  illi- 

!  nitëes  faites  en  faveur  des  établissements  reli- 

;ieu\,  et  mit  à  nu  les  dangers  et  les  pertes  qui 

\  ésultaient  pour  l'État  de  cette  accumulation 

;  uccessive  d'immeubles  dans  des  mains-mortes, 

I  ccumulation  dont  la  masse  représente  encore 

ujourd'hui  une. valeur  de  près  de  six  milliards 

^  e  francs.  Il  s'occupa  de  faire  établir  la  liberté 

u  commerce  des  grains,  et  il  eut  même  le  projet 

3  détruire  la  mendicité  en  employant  utilement 

s  vagabonds  et  les  gens  sans  aveu  dans  les 

iTérentes  branches  de  l'industrie.  On  le  voit  : 

f  jeune  des  grandes  questions  qui  préoccupent 

\  icore  notre  époque  n'avait  échappé  aux  inves- 

'  cations  de  cette  intelligence  supérieure. 

11  nous  serait  impossible  de  faire  connaître 

i  tous  les  ouvrages  utiles  sortis  de  la  plume 

>  Campomanès  ;  nous  nous  contenterons  d'in- 
f  quer  les  plus  importants.  U  commença  par  un 
j  ssai  historique  sur  l'ordre  des  chevaliers  du 
''  vnple;  il  publia  ensuite  xme  Notice  géographi- 

le  du  royaume  et  des  routes  du  Portugal,  un 

Inéraire  des  routes  de  l'Espagne  et  de  plu- 

!  3urs  autres  contrées  de  l'Europe.  D  fit  un  ouvrage 

i  timé  sur  le  mécanisme  des  langues  ;  dans  un 

lire,  il  revendiqua  les  droits  de  l'infante  Marie 

de  Charles  III  à  la  couronne  de  Portugal  ;  il  pu- 

ia  un  Discours  sur  la  chronologie  des  Goths, 

îie  Dissertation  sur  rétablissement  des  lois, 

bsieurs  traductions  d'ouvrages  arabes,  grecs 

■J  latins,  et  termina  sa  carrière  par  une  His- 

ire  générale  de  lu  marine  espagnole,  que  la 

oit  ne  lui  permit  pas  de  livrer  à  l'impression. 

jrès  avoir  passé  par  toutes  les  phases  des 

'  andeurs  et  du  pouvoir,  Campomanès  fut  disgra- 

\i  lorsque  le  comte  de  Florida-Blanca  devint  le 

.  wori  du  roi.  Telle  a  été  la  vie,  telles  ont  été  les 

iincipales  productions  de  cet  homme  d'État, 

[li,  comme  Turgot  en  France,  consacra  toute  sa 

je  à  éclairer  la  marche  des  administrations  pu- 

iques,  et  qui,  comme  lui,  dota  son  pays  d'une 

[oie  d'économistes  pratiques,  dont  Jovellanos 

['  le  comte  de  Cabarrus  ont  été  la  plus  éloquente 

l'pression.  [L.  Galibert,  dans  YEnc.  des   g. 

%  m.  ] 

Cavanilles,    Observatiom  sur  VartMe  Espagne   de 

►  încyc/opédie;  Paris,  1783.  —  Robcrtson,  History  of 
imerica.  —  Dictionnaire  de  l'Économie  politique.  — 
f  sch  el  Gniber,  Allgemeines,  Encycl.—Conversations- 
\xicon. 

•  jcAMPRA  (André),  musicien,  né  à  Aix  en 
ovence,  le  4  décembre  1660,  et  mort  à  Ver- 

NOCV.    BIOGR.   UNIVERS.   —   T.   VIII, 


—  CAMPREDON 


418 


sailles  le  29  juillet  1744.  Après  avoir  été  maître 
de  chapelle  à  Toulon,  à  Arles  et  à  Toulouse, 
Campra  vint  en  1694  à  Paris,  où  il  obtint  la  place 
de  maître  de  musique  à  l'église  collégiale  des 
Jésuites;  il  passa  ensuite  en  la  môme  qualité  à 
Notre-Dame.  La  position  qu'il  occupait  à  la  mé- 
tropole le  contraignit  d'écrire ,  sous  le  nom  de 
son  frère ,  les  deux  premiers  opéras  qu'il  fit  re- 
présenter; mais  il  donna  bientôt  sa  démission, 
afin  de  pouvoir  travailler  hbrement  pour  le  théâ- 
tre. De  tous  les  successeurs  de  Lulli  jusqu'à 
Rameau,  Campra  est  le  seul  compositeur  dra- 
matique dont  les  ouvrages  se  soient  soutenus  à 
côté  de  ceux  de  Lulli  ;  il  entendait  bien  la  scène, 
et  l'on  remarque  dans  sa  musique  une  certaine 
vivacité  de  rhythme ,  peu  commune  alors  chez 
les  compositeurs  français.  Il  a  joui  de  son  temps 
d'une  grande  réputation,  qui  lui  valut  en  1722  la 
place  de  maître  de  chapelle  du  roi ,  et  celle  de 
directeur  de  la  musique  du  prince  de  Conti.  Il  a 
donné,  l'Ettrope  galante  {iù97);  —  le  Carnaval 
de  Venise  (1699);  —  Hésione  (1700);  —  Are 
thuse  (1701);  — des  fragments  de  Lulli  (1702); 

—  Taïicrède  (1702);  —  les  Muses  (1783);  — 
Iphigénie  en  Tauride,  avec  Desmarets  (1704); 
Télémaque  (1704)  ;— Aline  (\1  Oh)  ;  —le  Triom- 
phe de  l'Amour  (1705)  ;  —  Hippodamie  (1708)  ; 

—  plusieurs  airs  dans  les  opéras  de  TMtis  c4 
Pelée  (1708)  et  A' Hésione  (1709);  —  les  Fêtes 
vénitiennes  (1710); —  l'acte  de  Laure  et  Pé- 
trarque (1711);  —  Idoménée  (1712);  —  les 
Amours  de  Mars  et  Vénus  (1712);  —  Télèphe 
(1713);—  Camille  (1717)  ;  —  les  Ages,  ballet- 
opéra  (1718);  —  Achille  et  Déidamie  (1735); 

—  l'acte  de  Silène  et  Bacchus  (1722).  Ce  com- 
positeur a  écrit  en  outre  pour  la  cour  :  Vénus 
(1698)  ;  —  le  Destin  du  nouveau  siècle  (1700); 

—  les  Fêtes  de  Corinthe  (1717);  —  la  Fête 
de  ri  le- A  dam  (1722);  —  les  Muses  rassem- 
blées par  l'Amour  (1723)  ;  —  le  Génie  de  la 
£ou7'gogne (1732)  ;  —  les  Noces  de  Vénus{i7^0). 
On  a  de  lui  trois  livres  de  cantates  et  cinq  livi'es 
de  motets,  publiés  par  Ballard.  Campra  est  l'au- 
teur de  l'air  de  la  Fivrstemberg ,  dont  la  vogue 
fut  longtemps  populaire. 

DlEUDONNÉ  DENNE-BARON. 

Fétis,  Biographie  universelle  des  musiciens.  —  l.a 
Borde,  Essai  sur  la  musique. 

*CAMPREDON  (Jacques-David,  baron  de), 
général  français,  né  à  Montpellier  le  13  janvier 
1761,  mort  le  11  avril  1837.  Commandant  du 
génie  à  l'armée  d'Italie,  il  se  distingua  au  siège 
de  Gaëte(1806),  et  eut  une  large  part  dans  les 
succès  que  Masséna  remporta  pendant  cette  cam- 
pagne. Étant  passé  au  service  de  Joseph,  devenu 
roi  de  Naples,  il  fut  nommé  (1809)  ministre  de 
la  guerre,  et  ne  quitta  ce  poste  que  pour  prendre 
le  commandement  de  l'armée  napolitaine  pen- 
dant la  campagne  de  Russie,  où  il  fut  fait  prison- 
nier. Rendu  à  la  liberté,  après  avoir  fait  (4  juin 
1814)  adhésion  à  l'acte  par  lequel  le  sénat  pro- 
nonçait (2  avril)  la  déchéance  de  Napoléon,  il 

U 


419  CAMPREDOIV  —  CAMUCCINI 

reçut  la  confirmation  (  24  septembre  )  de  son  titre 
de  baron,  que  lui  avait  donné  Bonaparte,  et  fut 
ai>pelé  à  faire  partie  de  la  chambre  des  pairs. 
Son  nom  est  gravé  sur  l'arc  de  triomphe  de  l'É- 
toile, côté  sud.  A.  S. 


420 


P'ict.  et  Conquêtes,  t.  V!II,  XII,  XVI.—  Victoires  des 
FrançaiSy  t.  V.  —  Archives  delà  guerre. 

*CAMPRONT  {Jacques  de),  curé  d'Avran- 
ches,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  11  est  auteur  d'un  ouvrage  singulier,  in- 
titulé Psalterium  justo  litigantium;  Paris, 
1597.  Ce  volume,  dédié  au  parlement  de  Rouen 
et  devenu  rare,  contient  pour  chaque  jour  de  la 
semaine  un  cantique  de  la  façon  de  l'auteur,  et 
quatre  psaumes  arrangés  par  lui  :  «  l'honnête 
plaideur  doit  réciter  le  tout  fort  exactement,  et 
il  est  alors  certain  de  gagner  sa  cause.  »  Deux 
gravures  assez  jolies  accompagnent  ce  bizarre 
recueil,  formé  de  tous  les  passages  de  l'Écriture 
qui  ont  paru  susceptibles  d'entrer  dans  un  psau- 
tier semblable. 

Dnpin,  additions  à  la  Bibliothèque  choisie  des  livres  de 
droit,  par  Camus,  t.  II,  p.  ^91.  — Revue  française,  t.  XI, 
(1839)  p.  264. 

CAMPS  (François  de),  prêtre  et  antiquaire, 
né  à  Amiens  en  1643,  s'appliqua  aux  études 
historiques  sous  la  direction  de  Bouteroue,  de 
Du  Cange,  du  P.  .e  Cointe  et  de  dora  Mabillon , 
et  se  Hvra  ensuite  à  l'étude  des  médailles  ;  il  en 
forma  une  très-belle  collection,  qui  est  passée 
depuis  au  cabinet  des  antiques  de  la  bibliothèque 
impériale.  On  a  de  lui  ,  dans  le  Mercure  du 
temps  ,  un  grand  nombre  de  dissertations  sur 
l'histoire  de  France.  Le  P.  Daire  en  a  donné  la 
liste  complète  dans  son  Histoire  littéraire  d'A- 
miens. De  Camps  mourut  en  1723. 


Le  Bas,  Diction .  encycl.  de  la  France, 
litt.  d'Amiens. 


Daire,  Hist. 


CAMPS  (des).  Voy.  Descamps. 

CA.MtrccîNi  {Vincenzo) ,  peintre  d'histoire, 
né  à  Rome  vers  1775,  mort  dans  la  même  ville 
le  2  septembre  1844.  Son  père,  qui  exerçait  dans 
cette  ville  la  profession  de  batteur  d'or,  le  laissa 
très-jeune  orphelin  et  sans  fortune.  Vincenzo 
avait  un  frère  aîné,  Pietro  Camuccini,  restau- 
rateur de  tableaux,  qui,  avec  Pietro  Bombelli, 
graveur  romain  assez  médiocre,  se  chargea  de 
l'éducation  du  jeune  homme.  Sous  la  direction 
de  Bombelli,  Vincenzo  reçut  les  premiers  élé- 
ments du  dessin ,  et,  sous  le  patronage  de  son 
frère,  il  se  livra  à  l'étude  des  grands  maîtres  de 
l'Italie.  Jusqu'à  l'âge  de  trente  ans,  sa  vie  labo- 
rieuse se  passa  à  copier  leurs  ouvrages.  Il  étudia 
surtout  Raphaël ,  le  Dominiquin  et  André  del 
Sarto,  peintre  salarié,  attaché  à  l'église  Saint- 
Pierre  <le  Rome;  et  ce  fut  alors  seulement  que 
Pietro  Camuccini  le  laissa  voler  de  ses  propres 
ailes,  et  l'encouragea  à  produire  les  compositions 
qu'il  avait  essayées.  David  était  à  Rome  :  l'Italie 
attentive  le  suivait  de  ses  applaudissements  dans 
la  voie  des  réformes  que  sa  forte  imagination 
venait  d'ouvrir  à  la  peinture.  Les  succès  de  ce 


grand  ai-tiste  ne  furent  pas  sans  influence  sur  la 
direction  du  talent  de  Camuccini,  qui  chercha 
dès  lors  les  siens  dans  le  genre  antique. 

Ce  fut  à  cette  époque  qu'il  peignit  une  suite  dt 
tableaux  dont  les  sujets  sont  empruntés  à  l'his 
toire  de  l'ancienne  Rome  :  Horatius  Codés 
un  de  ses  chefs-d'œuvre,  et  Romulus  et  Rémw. 
enfants  (aujourd'hui  dans  la  collection  du  comti 
de  Sehonborn,  à  Reicharthausen  ;  )  —  le  Dépar 
de  Régulus  pour  Carthage  ;  —  la  Mort  de  Vir 
ginie;  —  le  Dévouement  des  dames  romaines 

—  la  Continence  de  Scipion  ;  —  la  Mort  d 
César,  et  nombre  d'autres  compositions  qui  jouis 
sent  en  Italie  d'une  grande  célébrité.  La  Mort  d 
César  et  la  Mort  de  Virginie  se  trouvent  dans  I 
collection  du  château  royal  de  Naples.  Camuccit 
peignit  également  quelques  portraits ,  dont  nou 
indiquerons  plus  bas  les  principaux.  Outre  k 
tableaux  que  nous  avons  nommés ,  Camuccini 
laissé  :  l'incrédule  Thomas,  très-beau  tableai 
admirablement  exécuté  en  mosaïque  peinte  poii 
l'église  Saint-Pierre  à  Rome;  —  la  Présentatio 
de  Jésus-Christ  au  temple,  dans  l'église  Sai 
Giovanni  à  Plaisance  (c'est  l'ouvrage  dont  s( 
compatriotes  font  le  plus  de  cas);  —  Mort  a 
Marie -Madeleine;  —  la  Mise  au  tombeau  ù 
Jésus-Christ ,  pour  le  roi  Charles  IV  d'Espi 
gne;  —  V Apparition  de  Jésus-Christ  dai 
les  limbes  de  V enfer,  commandé  en  1829  p; 
l'association  des  Amis  patriotiques  de  l'art 
Prague;  —  l'Envoi  des  Bénédictins  en  Angl 
terre  ,  pour  annoncer  la  foi  véritable],  1832 

—  la  Conversion  de  Saul ,  peinture  colossa 
exécutée  en  1834  pour  l'église  des  Apôtres 
Rome;  —  les  Fiançailles  de  Psyché;  —  I 
fresques  du  plafond  du  palais  Torlonia,  exée 
tées  avec  Landi. 

Pour  les  cartons  et  pour  les  petites  scènes,  ( 
l'a  comparé  aux  grands  maîtres  de  l'art;  ma 
on  regrette  que  l'exécution,  quant  à  la  couleu 
laisse  tant  à  désirer.  Parmi  ses  meilleurs  po 
traits  on  cite  celui  du  pape  Pie  VII  (aujou 
d'hui  dans  la  galerie  de  Vienne),  et  celui  < 
duc  de  Blacas,  ambassadeur  de  France  à  Rom^ 
les  portraits  du  7-oi  et  de  la  reine  de  Ni 
pies ,  Je  portrait  en  pied  de  la  comtesse  Choi 
valoff,  et  enfin  celui  de  la  comtesse  de  Di 
trichstein,  en  1829.  On  lui  doit  encore  la  co 
tinuationj  du  Museo  Capitolino ,  et  la  resta 
ration  de  beaucoup  d'anciens  tableaux.  Beaucoi 
de  ses  ouvrages  ont  été  gravés  par  Betellii 
Un  certain  nombre  ont  été  lithographies  p 
Scudellari,  sous  le  titre  :  i  Fasti  principe 
délia  vita  di  Gesù-Cristo  ;Y^wa&,  1829,  av 
le  texte  en  français  et  en  italien;  2  vol.  in-fol. 

On  ne  peut  refuser  à  tous  ces  ouvrages  i 
certain  mérite  ;  mais,  dépourvus  de  nature 
de  vérité,  ils  attestent  plutôt  l'adresse  et  l'indi 
trie. d'un  arrangeur  habile,  que  l'inspiration  d'i 
véritable  artiste.  Si  le  noble  caractère  des  gran 
maîtres  italiens  et  des  monuments  plastiques 
l'antiquité  semble  se  manifester  au  premier  co 


431 


CAMUCCINI  —  CAMUS 


422 


[l'œil  dans  les  compositions  de  Camuccini,  l'exa- 

[Tien  en  a  bientôt  détruit  l'effet  factice  et  em- 

iirunté.  Tl  n'était  pas  pourvu  d'un  génie  assez 

j  énergique  pour  ravir  leurs  secrets  aux  grands 

'  naltres ,  s'approprier  leurs  beautés ,  et  rester 

I  )riginal  tout  en  se  portant  leur  imitateur  :  aussi 

[  este-t-il  toujours  conventionnel  dans  sa  compo- 

fiitîon,  dans  ses  lignes,  dans  sa  couleur;  toujours 

I  voit  l'art  à  travers  le  prisme  des  bas-reliefs 

le  l'antiquité;  toujours  un  perfide  souvenir  de  la 

f  tatiiaire  vient  s'interposer  entre  ses  yeux  et  la 

'  lature.  En  un  mot,  tous  les  ouvrages  de  Camuc- 

'  ini  prouvent  la  justesse  de  ce  jugement  pro- 

loncé  sur  lui  par  notre  célèbre  Pierre  Guérin  : 

11  s'est  nourri  des  anciens  et  de  Raphaël,  mais 

n'a  pu  les  digérer.  » 

11  fut  nommé  inspecteur  général  des  musées 

u  pape  et  de  la  fabrique  de  mosaïqijes  à  Rome, 

t  directeur  de  l'Académie  napolitaine  dans  la 

lème  ville.  Il  fut  en  outre  membre  de   l'Ins- 

tut  de  France,  et  pendant  quelque  temps  prési- 

'  ent  de  l'Académie  de  San-Luca.  Pie  VII  le  créa 

:  iron  au  titre  héréditaire,  et  l'empereur  d'Au- 

iche  François  ï"  lui  conféra  l'ordre  de  la  Cou- 

'  inne  de  fer. 

L'un  des  plus  beaux  hommes  de  son  temps, 

filein  d'élégance  dans  les  manières,  Camuccini 

otiiit  dans  le  monde  d'éclatants  succès,  tlat- 

urs  pour  son  amour-propre  et  profitables  à  sa 

irtune.  Il  possédait  un  riche  cabinet  de  tableaux 

!  nciens,  de  dessins  remarquables  et  de  gravures 

'récieuses.  Pendant  longtemps  il  a  rempli  les 

mettions  de  directeur  de  l'Académie  de  Saint- 

lic  et  celles  de  conservateur  des  collections  du 

atican.  [Feuillet  de  Conches,  dans  l'Enc.  des 

.  du  m.] 

Nasler,  Neues  Mlgemeines  Kûnstler-Lexicon.  —  Gô- 
le,  IFincHelmann,  p.  325.  —  Aug.-Guill.  Schlegel  ,  Lel- 
yes  à  Cot/ie.  —  Nagler,  Neues  Allgemeines  Kûnstler- 
exic07i. 

j  *  CAMUEL ,  patriarche  hébreu,  vivait  en  1605 
vant  J.-C.  ;  il  était  fils  de  Seppthan  de  la  tribu 
i'Éphraim,  et  fut  le  représentant  de  cette  tribu 
iarmi  les  chefs  chargés  de  faire  au  peuple  is- 
lélile  le  partage  de  la  terre  promise. 

Nombres,  ch.  XXXVI,  24. 

CAMVLOGÈNE,  chef  gaulois,  dont  César  parle 
ans  ses  Commentaires.  Il  commandait  les 
'arisii  et  les  confédérés  des  cités  voisines,  lors- 
:  ue  Labienus  marcha  sur  Lutèce.  Camulogène, 
'lors  chargé  d'années,  mais  doué  d'une  grande 
xpérience  de  l'art  militaire,  disputa  au  général 
'omain  l'approche  de  la  Seine  en  se  couvrant 
f  'un  grand  marais  que  formait  sur  la  rive  gauche 
!  u',fleuvela  rivière  deBièvre.  Labienus,  contramt 
'  e  se  retirer,  alla  surprendre  Melodunum  (Me- 
:Jn),ypassa  la  Seine,  et  remonta  vers  Lutèce.  Ca- 
|nulogène,  craignant  que  l'ennemi  ne  s'en  rendît 
fiaître  et  ne  s'y  fortifiât,  mit  le  feu  à  Lutèce,  coupa 
j  îs  ponts,  et,  protégé  par  le  marais,  revint  camper 
tir  la  rive  gauche.  Cependant  Labienus  opéra 
ou  passage  à  quati'e  milles  plus  bas,  et  les  deux 
I  inées  en  vinrent  aux  mains  dans  une  plaine 


qui,  selon  quelques  archéologues,  serait  celle 
d'Issy  et  de  Vaugirard.  L'action  fut  longue  et 
opiniâtre;  enfin  les  Gaulois  furent  enveloppés 
et  taillés  en  pièces.  Camulogène,  qui  avait  tou- 
jours animé  les  siens  par  son  exemple,  ne  sur- 
vécut pas  à  sa  défaite,  et  se  fit  tuer  les  armes  à 
la  main. 

César,  de  Bell.  GalL,  lib.  VII,  cap.  87. 

*CAMUS  (....) ,  compositeur  de  musique, 
né  à  Paris  en  1731,  mort  en  1777.  II  fut  d'abord 
page  de  Louis  XV.  Étant  entré  dans  la  musi- 
que du  roi,  il  eut  l'abbé  Madin  pour  maître.  En 
1746,  il  fit  exécuter  devant  la  cour  le  psaume  Qui 
confidunt  in  Domino,  qui  fut  très-applaudi  ; 
Camus  n'avait  alors  que  quinze  ans.  Depuis  lors 
il  écrivit  plusieurs  morceaux  de  musique  d'église. 
La  beauté  de  sa  voix  le  fit  admettre  comme  ténor 
à  la  chapelle  royale. 

Féiis,  Bjop.  universelle  des  Musiciens. 

CAMUS  (Armand-Gaston), député  aox états 
généraux  et  à  la  convention  nationale ,  membre 
du  conseil  des  cinq-cents  et  de  l'Institut,  né  à 
Paris  le  2  avril  1740,  mort  le  2  novembre  1804. 
n  étudia  le  droit,et  acquit  surtout  une  connaissance 
parfaite  du  droit  canonique,  ce  qui  lui  valut  la  place 
d'avocat  du  clergé  de  France.  Il  accueillit  avec 
transport  les  premiers  événements  de  1 789,  et  ne 
dissimula  point  la  part  qu'il  se  proposait  de  pren- 
dre à  la  révolution.  Nommé  député  du  tiers  état 
de  Paris  aux  états  généraux ,  il  de\int  l'un  des 
secrétaires  provisoires  de  la  chambre  des  com- 
munes, combattit  Mirabeau,  qui  voulait  qu'on 
obtînt  la  sanction  du  roi  pour  se  réunir  en  sec- 
tions, et  déclara  s'opposer  à  tout  projet  d'em- 
prunt jusqu'à  ce  que  l'assemblée  fût  légalement 
reconnue.  Il  joua  un  rôle  important  à  la  journée 
du  jeu  de  paume,  et  ce  fut  lui  qui  alla  chercher 
les  papiers  de  l'assemblée  dans  la  salle  fermée 
pour  les  préparatifs  de  la  séance  royale.  Quand 
la  résistance  de  la  cour  eut  été  vaincue,  et  que 
les  députés  purent  accomplir  leur  importante 
mission,  il  obtint  la  suppression  des  annates 
payées  jusqu'alors  à  la  cour  de  Rome,  et  fut 
nommé  arcliiviste  de  l'assemblée.  Depuis  cette 
époque,  il  s'occupa  presque  exclusivement  de 
matières  de  finances  et  des  biens  nationaux. 
Dans  la  séance  du  4  août,  pendant  qu'on  discu- 
tait des  droits  de  l'homme ,  Camus  demanda 
qu'on  fit  aussi  mention  des  devoirs.  L'ordre  de 
Malte  ayant,  le  30  novembre,  fait  des  réclama- 
tions contre  la  suppression  de  la  dîme,  il  s'écria  : 
«  Je  demande,  pour  répondre  aux  pétitionnaires, 
«  que  les  établissements  de  l'ordre  de  Malte 
«  soient  supprimés.  »  Il  fit  tous  ses  efforts  pour 
que  le  livre  rouge,  qui  contenait  l'état  des  dé- 
penses royales  et  des  pensions  secrètes  du  gou- 
vernement, fût  donné  en  communication  à  l'as- 
semblée, et  il  le  fit  imprimer,  stigmatisant  ainsi  la 
cupidité  des  courtisans.  En  juin,  il  attaqua  les 
fermiers  généraux ,  et  obtint  la  suppression  de 
toutes  les  croupes.  Dans  la  discussion  sur  les  det- 
tes du  comte  d'Artois,  il  demanda  à  l'assemblée 

14. 


m 


49.B 


CAMUS 


42' 


«  poin'quoi  l'on  voudi^it  faire  payer  à  la  France  les 
dettes  (l'un  particulier,»  et  fut  vivement  applaudi. 
Il  fit,  dans  la  séance  du  13  août,  réduire  à  un 
million  le  traitement  des  princes  français,  et  fit 
supprimer  leur  maison  militaire.  La  constitution 
civile  du  clergé  fut  presque  exclusivement  son 
ouvrage.  Ce  fut  lui  également  qui  provoqua  le 
serment  civique  de  la  part  de  tous  les  ministres 
du  culte.  Après  la  fuite  de  Louis  XVT,  il  accusa 
Montmorin,  la  Fayette ,  Bailly  et  Louis  XVI  lui- 
même,  les  qualifiant  de  conspirateurs  et  de  traî- 
tres ;  il  demanda,  le  3  juillet,  la  suppression  de 
tous  les  ordres  de  chevalerie  et  de  toutes  les 
corporations  fondées  sur  des  distinctions  de  nais- 
sance. Nommé  conservateur  des  archives  natio- 
nales, il  rendit  un  immense  service  en  prévenant 
la  destruction  des  titres  et  papiers  des  diverses 
corporations  supprimées.  Camus  prit  part  aux 
discussions  relatives  aux  attributions  des  minis- 
tres et  à  leur  présence  à  l'assemblée  législative  , 
et  provoqua  le  décret  qui  convoquait  la  conven- 
tion nationale,  à  laquelle  il  fut  envoyé  par  le  dé- 
partement de  la  Haute-Loire.  Devenu  secrétaire 
de  la  convention  dès  sa  première  séance ,  il  y 
demanda,  le  22  octobre,  la  vente  immédiate  du 
mobilier  des  émigrés  et  des  maisons  religieuses. 
Au  mois  de  décembre  1792,  il  fut  chargé  par  la 
convention  d'aller  vérifier,  en  Belgique,  les  dé- 
nonciations qui  étaient  adr&ssécs  par  le  général 
Dumouriez  contre  le  ministre  de  la  guerre;  et, 
après  avoir  rempli  sa  mission,  il  revint  à  Paris, 
rendit  compte  à  l'assemblée  de  la  situation  de 
l'armée  française  en  Belgique,  et  insista  sur  le 
danger  de  ne  pas  laisser  aux  généraux  les  moyens 
de  mettre  à  exécution  leurs  plans  de  campagne. 
Envoyé  de  nouveau  dans  ce  pays  en  qualité  de 
convmissaire  de  la  convention  pour  surveiller 
les  opérations  de  l'armée,  il  se  trouvait  absent 
de  Paris  lorsque  l'on  condamna  Louis  XVI  ;  il 
envoya  cependant  son  vote  pour  la  mort  sans 
appel  et  sans  sursis,  dans  une  lettre  du  23  jan- 
vier. A  son  retour,  il  fut  nommé  membre  du  co- 
mité de  salut  public.  Le  30  mars,  il  fut  chargé 
de  demander,  au  nom  du  comité,  que  le  général 
Dumouriez  fût  mandé  à  la  barre,  et  que  quatre 
commissaires  pris  dans  le  sein  de  la  convention, 
accompagnés  du  ministre  de  la  guerre  Beurnon- 
ville,  partissent  sur-le-champ  pour  la  Belgique, 
avec  pouvoir  de  faire  arrêter  tous  les  généraux 
et  officiers  de  l'armée  qui  leur  paraîtraient  sus- 
pects. Camus  fit  partie  de  cette  commission.  Ce 
fut  lui  qui  signifia  à  Dumouriez  le  décret  de  la 
convention.  On  sait  comment  Dumouriez  répon- 
<^lit  à  cet  ordre  :  il  fit  airêter  par  des  hussards 
les  commissaires  et  le  ministre  de  la  guerre,  et 
les  livra  aux  Autrichiens  le  3  avril  1793.  Suc- 
cessivement détenu  à  Maestricht,  à  Coblentz,  à 
Kœnigingratz  et  à  Olmutz,  Camus,  après  trente- 
trois  mois  de  captivité,  fut  enfin  échangé  à  Bâle 
contre  la  fille  de  Louis  XVI.  Bevenu  en  France, 
il  siéga  au  conseil  des  cinq-cents,  dont  un  dé- 
cret de  la  convention  l'avait  déclaré  membre  de 


droit,  ainsi  que  ses  compagnons  de  captivité.  1 
y  fit  le  récit  de  leur  longue  et  douloureuse  dé 
tention,  et  obtint  la  présidence  du  conseil  li 
23  janvier  1796.  Peu  de  jours  après,  il  fut  nomnn 
par  le  Directoire  ministre  des  finances  ;  mais  i 
refusa  cette  place,  et  resta  attaché  au  conseil 
Ses  travaux  furent  tous  consacrés  à  l'adm-inis 
tration  et  aux  finances.  En  1795 ,  il  présenta  ui 
projet  d'amnistie  qui  fut  adopté  peu  après.  ] 
sortit  du  conseil  le  20  mai  1797. 

Camus,  qui  déjà  avait  été  nommé  membre  d 
l'Institut,  reprit  alors  ses  travaux  littéraires,  e 
s'y  livra  sans  interruption.  Fidèle  à  la  cause  di 
la  révolution,  Camus  osa,  au  10  juillet  1802,s'ins 
crire  pour  la  négative  sur  le  registre  des  vote 
pour  le  consulat  à  vie.  Napoléon ,  devenu  empe 
reur,  lui  conserva  sa  place  aux  archives  et  à  l'Ins 
titut.  Camus  préparait  des  matériaux  précieu 
pour  l'histoire  des  départements  réunis  à  1 
France ,  lorsqu'il  mourut  à  l'âge  de  soixante 
quatre  ans.  Ses  principaux  ouvrages  sont 
Lettre  sur  la  profession  d'avocat,  et  Biblic 
thèque  choisie  des  livres  de  droit,  \111  i 
1777, 2  vol.  in-12  ;— Histoire  des  Animaux  d'à 
ristote,  avec  le  texte  en  regard,  2  vol.  in-4";- 
Code  judiciaire,  ou  Recueil  des  décrets  a 
V Assemblée  nationale  et  constituante  su 
l'ordre  judiciaire,  1792;  —  Manuel  d'Épic 
tète,  et  Tableau  de  Cébès,  1796  et  1803  ;  —  Mi 
moire  sur  la  collection  des  grands  et  pi 
tits  voyages,  1802,  in-4°;  —  Histoire  et  pn 
cédés  du  polytypage  et  du  stéréotypage,  1803 
—  Notice  sur  un  livre  imprimé  à  Bamberg  i 
1462  :  il  y  traite  l'une  des  questions  les  ph 
intéressantes  :  de  l'origine  de  l'imprimerie  ; - 
Voyage  dans  les  départements  nouvelleme) , 
réunis.  Camus  a  fourni  aussi  un  grand  nombi 
d'articles  au  Journal  des  Savants ,  à  la  Biblii 
thèque  historique  de  France,  et  à  d'autres  r 
cueils. 

Tonlongeon,  Élo'je  historique  de  A,-G.  Camus.  —  M 
niteur  universel,  années  1790  et  suiv.  —  Thiers,  ftl 
gnct ,  etc.  Hist.  de  la  révolution.  —  Le  Bas,  Dict.  e 
cycl.  de  la  France.  —  Biographie  des  Contemporaini 

*  CAMUS  (Bonaventure  ) ,  théologien  lorraii 
vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
était  gardien  des  franciscains  à  Toul.  On  a  ( 
lui  :  EucJim'istix  sacramentitm  explicatm 
Toul,  1656. 

Calmet,  Bibliothèque  de  Lorr. 

*CAMiTS  {Charles),  jurisconsulte  françai: 
natif  de  Dijon  ,  vivait  vers  le  milieu  du  seizièn 
siècle.  Il  passe  pour  avoir  écrit  un  grand  nor 
bre  de  commentaires  sur  le  droit  civil.  Mais  ( 
n'a  plus  de  lui  que  :  Caroli  Camusii  Divinijur 
studiosi,  de  his  quse  ad  tutorum  excusatiori' 
pertinent,  ad  Herennium  Modestinum  libt 
lus  ex  suo  centonum  juris  libro;  Paris,  155 
in-4°  (  publié  par  son  ami  Jacques  Bionaeus  ). 

Pap\\\oa,Bibl.  des  auteurs  de  Bourg. 

CAMUS  (  Charles-Étienne-Louis) ,  math' 
maticien  et  astronome  français,  né  à  Cressy  < 
Brie  le  25  août  1699 ,  mort  à  Paris  le  2  févrie 


42S 

ou,  selon  d'autres,  le  4  mai  1768.  Après  avoir 
,  étudié  le»  mathématiques  à  Paris,  il  se  signala 
pour  la  première  fois  en  1777  dans  le  concours 
pour  un  prix  proposé  par  l'Académie  des  scien- 
ces; il  ne  gagna  pas,  il  est  vrai,  le  prix;  mais  son 
mémoire  fut  trouvé  si  remarquable,  qu'il  lui  fit 
{ouvrir  les  portes  de  l'Académie.  En  1736  il  fut 
t  envoyé,  avec  Maupertuis  ,  Clairaut ,  Monnier  et 
! iiutres,  enNorwége,  pour  déterminer  l'aplatisse- 
ment des  pôles.  Quelque  temps  après  il  reçut , 
1  ivec  Bouguer,  Cassini  et  Pingre,  une  autre mis- 
i  iion  semblable,  savoir  :  de  déterminer  la  différence 
1  lu  méridien  entre  Paris  et  Amiens.  Après  de  nom- 
[  )reux  travaux  U  reçut  enfin  la  place  d'examina- 
;  eur  des  écoles  du  génie  et  de  l'artillerie,  et  plus 
ard  celle  de  professeur  de  géométrie.  Il  était 
Il  même  temps  depuis  1760  secrétaire  perpé- 
uel  de  l'Académie  d'architecture,  et  depuis  1765 
aerabre  de  la  Société  royale  de  Londres.  On  a 
c  lui  :  Mémoire  sur  lamanière  la  plus  avan- 
ageuse  de  mater  les  vaisseaux  (pour  le  con- 
<  ours  de  1727  ;  Paris,  1727,  in-4°);  —  Sur  les 
l'oixes  vives  des  corps  en  mouvement  ;  Pasis , 
|728,in-4°;  — Solution  d'un  problème  de 
éométrie,  proposée  par  M.  Cramer;  Paris , 
173i,  in-4°;  —  Sur  la  figure  des  dents  des 
oues  et  les  ailes  des  pignons,  pour  rendre  les 
orloges  plus  parfaites  ;  Paris,   1733,  in^"; 
I  -  Sur  V action  d'une  balle  de  mousquet;  — 
'roblème  de  statique  qui  a  rapport  au  mou- 
ement  perpétuel  ;  — Sur  la  meilleure  mat- 
ière de  se  servir  des  seaux  pour  élever  Veau; 
:  -  Sur  la  meilleure  manière  des  pompes  :  ces 
rois  mémoires   sont   insérés  dans  le  Recueil 
'c  l'Académie  des  sciences  ;  —  Figure  de  la 
erre  déterminée  par  les   observations  de 
IM.  de  Maupertuis,  Clairaut,  Camus,  etc.; 
msterdam,  1738,    in-12;  Paris,   1739,in-8°; 

-  Traité  sur  l'hydraulique;  Paris,  1739, 
1-8°  ;  —  Cours  de  mathématiques  à  l'usage 
l'es  écoles  du  génie  et  de  l'artillerie  ;  Paris , 

749,  4,  vol.  in-S"  ;  la  meilleure  édit.,  Paris, 
|766 ,  4  vol.  in-8"  ;  —  Éléments  de  mécanique 
•tatique ;  Paris,  1751,in-8°  (n'est  qu'un  tirage 
:  part  d'une  partie  de  l'ouvrage  précédent  )  ; 

-  Opérations  faites  pour  mesurer  le  degré 
e  méridienne  entre  Paris  et  Amiens  ;  Paris , 

|757,  in-8''. 
■  I  Grandjean   de  Fouchy,  Éloge  de  Ch.-E.-L.  Camus, 
lans  les  Mémoires  de  l'Àcad.  des  tciences,  an.  1768. 

:  1  CAMUS  (  François-Joseph  de  ou  des  ) ,  mé- 
,anicien  lorrain,  né  le  14  septembre  1672  à 
I  lichôme  près  de  Saint-Mihiel,  mort  en  Angleterre 
iprès  1732.  C'est  encore  un  des  martyrs  de  la 
.cience  à  ajouter  à  la  liste  à  laquelle  chaque 
liècle  fournit  son  contingent.  Issu  d'une  famille 
[oble,  qui  possédait  elle-même  le  fief  de  Ri- 
hôme,  U  reçut  une  éducation  soignée,  d'abord 
in  Lorraine,  dans  les  institutions  de  plusieurs 
iongrégations ,  et  ensuite  à  Paris  au  collège 
e  la  Marche.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  fut 
lis  au  séminaire  de  Verdun,  où  il  étudia  la 


CAMUS  426 

théologie  pendant  un  an.  Dans  ses  moraeuts  de 
loisir  il  s'occupait  de  mécanique ,  et  il  inventa 
même  un  carrosse  automate,  qui  ne  réussit  pas, 
parce  que  des  ouvriers  inhabiles  avaient  été 
chargés  de  sa  construction.  Dans  le  même  temps 
il  fit  une  pendule  que  l'on  [conserva  longtemps 
dans  sa  famille.  En  1710  il  construisit  un  pont 
flottant,  composé  de  plusieurs  pièces  ;  ce  pont  se 
plaçait  de  lui-même  de  l'autre  côté  d'une  rivière, 
quelque  large  qu'elle  fût,  sans  que  l'on  fût  obligé 
d'y  employer  personne.  Il  avait  aussi  entrepris, 
par  ordre  de  Louis  XIV,  une  compagnie  de  sol- 
dats de  joujoux,  qui  devaient,  par  le  moyen  de 
certains  ressorts,  se  mouvoir  et  défiler  devant  le 
Dauphin.  Mais  cet  ouvrage  ne  fut  pas  achevé,  à 
cause  de  la  mort  de  Louis  XIV. 

Le  3  janvier  1716,  Camus  fut  admis  dans  l'A- 
cadémie des  sciences  comme  membre  adjoint.  La 
même  année,  il  montra  à  l'Académie  un  carrosse 
d'une  suspension  nouvelle ,  plus  aisé  à  mouvoir 
parce  que  les  trains  étaient  parallèles  au  terrain, 
et  qu'ils  ne  faisaient  que  tirer  un  poids  sans  l'é- 
lever; les  cahots  s'y  faisaient  moins  sentir,  parce 
que  les  roues  de  devant  étaient  aussi  gi-andes  que 
celles  de  derrière;  enfin  il  devait  être  moins  sujet 
à  verser.  L'Académie,  devant  laquelle  il  fit  ma- 
nœuvrer ce  carrosse,  en  fut  satisfaite.  En  1722,  il 
publia  son  principal  ouvrage,  le  Traité  des  forces 
mouvantes ,  avec  la  description  de  23  machi- 
nes nouvelles  de  son  invention.  L'auteur  y 
donne  beaucoup  d'indications  sur  les  moyens  de 
perfectionner  les  cabestans ,  ainsi  que  sur  une 
meilleure  trempe  des  métaux  ;  et  il  tire  de  ses 
théories  plusieurs  conséquences  utiles  pour  la 
construction  des  mousquets,  des  gros  canons,  des 
machines  de  toute  sorte.  On  trouve  dans  le  même 
traité  les  descriptions  de  plusieurs  mécanismes 
ingénieux.  Le  premier  est  une  espèce  de  tamis; 
le  deuxième,  une  grue  basse  à  bec,  pour  creuser 
uncanalou  élever  une  chaussée;  le  troisième,  une 
machine  à  battre  les  gros  pilots  par  un  treuil 
en  forme  de  cabestan  :  ces  trois  appareils  sont 
construits  dans  le  but  d'économiser  le  temps  et 
les  bras.  Le  quatrième  est  un  genouil ,  ou  ma- 
chine parallactique  mouvant,  à  vis,  avec  deux 
portions  de  cercle,  propre  à  observer  les  astres, 
particulièrement  dans  les  éclipses  ,  en  ce  qu'on 
peut  toujours  tenir  l'objet  au  centre  de  la  lu- 
nette, quand  même  il  disi)araîtrdit  par  intervalles. 
On  y  remarque  aussi  la  description  d'une  pendule 
à  poids  et  à  secondes ,  de  sept  pieds  et  demi  de 
haut,  qui  allait  un  an  sans  être  remontée,  et 
qui  sonnait  pendant  ce  temps  les  quarts  et  les 
heures  avec  la  répétition.  Quelques  améliora- 
tions utiles,  surtout  une  notable  économie  de 
temps  et  de  main-d'œuvre,  avaient  été  apportées 
à  différentes  sortes  de  brouettes ,  de  brancards, 
de  chars,  etc.  Parmi  les  autres  constructions 
imaginées  par  Camus ,  on  remarquait  un  petit 
carrosse  automate,  occupé  par  des  personnes 
avec  leurs  laquais,  mis  en  mouvement  à  l'aide 
de  certains  ressorts ,  et   une  échelle  qui   se 


m 


427 


CAMUS 


428 


pliait  et  se  rangeait  d'elle-même  par  un  méca- 
nisme particulier,  et  qui  était  facilement  appli- 
cable partout.  Sans  une  querelle  littéraire  sou- 
levée par  le  marquis  de  Serbois  dans  le  Journal 
des  savants,  cette  invention  aurait  passé  ina- 
perçue. 

L'Académie  des  sciences  exclut  de  son  sein 
Camus  le  4  décembre  1723,  pour  cause  d'ab- 
sence. Cette  décision  sévère  décida  du  sort  de 
l'habile  ingénieur.  Camus  avait  dessiné  et  dé- 
crit une  machine  pour  le  soulagement  des  ra- 
meurs :  c'était  une  rame  composée  de  deux 
pièces  mobiles ,  que  l'on  pouvait  poser  perpen- 
diculairement au  dehors  de  la  sainte-barbe, 
pour  faire  voguer  les  plus  gros  vaisseaux  en 
temps  de  calme  ;  deux  de  ces  rames  y  suffi- 
saient. Il  en  fit  l'épreuve  à  Toulon,  sur  un  vais- 
seau de  60  pièces  de  canon.  D  essaya  de  tirer 
parti  de  son  invention,  pour  se  créer  des  res- 
sources. A  cet  effet  il  se  rendit  d'abord  en  Hol- 
lande, puis  en  Angleterre,  où  il  mourut  dans  la 
misère. 

Outre  le  Traité  des  forces  mouvantes  pour 
la  pratique  des  arts  et  métiers,  avec  une  ex- 
plication de  vingt-trois  machines  nouvelles 
et  utiles ,  Paris,  1722,  in-S»,  on  a  de  Camus  : 
Lettre  écrite  aux  auteurs  du  Journal  des  sa- 
vants ;  Paris,  juillet  1724  {en  réponse  à  la 
lettre  écrite  par  M.  le  marquis  de  Serbois  aux 
mêmes,  le  1  février  1723)  ;  —  Mécanique  de 
Varignon,  nouvelle  édition;  Paris,  1725,  2  vol. 
m-4°; —  Traité  du  moitvement  accéléré  par 
des  ressorts  et  des  forces  qui  résident  dans  les 
corps  en  mouvement ,  à&as,  les  Mémoires  de 
l'Académie  des  sciences ,  1728. 

Calmet,  Bibl.  de  Lorraine. 

CAMUS  {Jean- Pierre) ,  surnommé  Pont- 
Carré,  évêque  de  Belley,  né  à  Paris  en  1582, 
mort  le  26  avril  1653.  Il  se  rendit  célèbre  par 
la  guerre  acharnée  qu'il  fit  durant  toute  sa  vie 
aux  moines  mendiants ,  dont  la  fainéantise  et 
les  mauvaises  mœurs  avaient  excité  son  indigna- 
tion, et  vivement  contrarié  son  zèle  pour  le  bien 
de  ia  religion.  Dans  ses  écrits  ,  dans  îa  société, 
du  haut  de  la  chaire  ,  partout  il  les  poursuivait 
impitoyablement.  Il  les  comparait  à  des  cruches 
qui  se  baissent  pour  mieux  se  remplir.  «.  Jésus- 
«  Christ,  »  ajoutait-ii ,  «  avec  cinq  pains  et  trois 
«  poissons,  ne  nourrit  que  trois  mille  personnes, 
«  et  qu'une  fois  en  sa  vie  ;  saint  François,  avec 
"  quelques  aunes  de  bure ,  nourrit  tous  les 
«  jours,  par  un  miracle  perpétuel,  quarante  mille 
«  fainéants.  »  On  autre  fois,  prêchant  sur  la  pi'ise 
d'habit  d'une  jeune  novice,  il  commença  ainsi 
son  sermon  :  «  Messieurs ,  on  recommande  à 
«  vos  charités  une  jeune  demoiselle  qui  n'a  pas 
<(  assez  de  bien  pour  faire  vœu  de  pauvreté.  » 
A  ces  sarcasmes  les  moines  répondaient  par  des 
injures;  si  bien  que,  pour  faire  cesser  la  lutte, 
il  fallut  recourir  à  l'intervention  du  cardinal  de 
Richelieu.  ><  Je  ne  vous  connais  ,  lui  dit  le  pre- 
«  mier  ministre  ,  d'autre  défaut  que  cet  achar- 


«  nemeni  contre  les  moines  ;  et  sans  cela  je  vous 
«  canoniserais.  —  Plût  à  Dieu  !   lui  répondil 
«  avec  vivacité  Camus;  nous  aurions  l'un  et 
«  l'autre  ce  que  nous  soutiaitons  ;  vous  série? 
«  pape,  et  moi  saint.  »  Cette  réponse  suffit  poui 
faire  connaître  le  caractère  du  pieux  évêque 
qu'on  peut  juger  encore  par  les  titres  de  quel- 
ques-uns de  ses  écrits  polémiques  :  c'étaient  U 
Directeur  désintéressé;  —  la  Désappropria 
tion  claustrale  ;  —  le  Rabat-Joie  du  triom 
phe  monacal  ;  —  les  deux  Ermites  ;  —  le  Re 
dus  et  l'Instable;  —  l'Antimoine  bien  pré 
paré,  1632,  in-S"  rare,  etc.  Cet  infatigable  pré 
lat  a  laissé  deux  cents  volumes  écrits  avec  un 
singulière  facilité,  mais  d'un  style  moitié  moral 
moitié  bouffon,  semé  de  métaphores  et  d'ima 
ges  bizarres.  N'oublions  pas  de  dire  que  Carnu 
fut  surnommé  le  Lucien   de  l'épiscopat  pou 
les  romans  pieux  qu'il  avait  imaginé  de  compo 
ser  comme  contre-poison  des  romans  profanes 
Quelques-uns    d'entre    eux,  sans  doute  pou 
mieux  soutenir  la  concurrence  avec  YAstrée 
la  délie  ,  le  Cyrus,  de  volumineuse  mémoire 
forment  six  gros  in-8°  ;  ils  sont  intitulés  :  Dort 
tkée,  Alcime,  Spiridion ,  Daphnide,  Alexis,  et 
On  avait  proposé  à  Camus  plusieurs  évêclu 
considérables,  qu'il  refusa  constamment.  Apri 
vingt  ans  de  travaux ,  il  se  démit  de  son  év 
ché ,  et  se  retira  à  l'hôtel  des  Incurables  à  Pari 
pour  y  consaci'er  le  reste  de  sa  vie  au  servi( 
des  pauvres,  et  y  mourut  à  l'âge  de  soixan 
et  dix  ans.  A  la  longue  liste  de  ses  ouvrages 
faut  ajouter  encore  :  les  Moyen?,  de  réunir  h 
protestants   avec    l'Église  romaine;  Pari; 
1703  :  c'est  ce  que  Camus  a  écrit  de  mieux;  - 
l'Esprit  de  saint  François  de  Sales  { ami  < 
l'auteur  );  Paris ,  1641;  —Discours  pronoi 
ces  devant  les  états  généraux  de  1614;  Pari 
1515,  in-S». 

Nicéron,  Mémoires,  t.  XXXVI,  p.  92.— Perrnult,  Hoi 
mes  illustres  de  France,  t.  I,  p.  9.  —  Bibliothèque  c 
romans,  janvier  et  mars  1766. 

CAMUS  ( Nicolas ),  humaniste  et  jurisconsul 
français,  natif  de  Troyes,  vivait  dans  la  secon^ 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  était  professe 
de  droit  à  l'université  de  Paris.  Ou  a  de  lu 
Academiae  Parisiensis  pro  assertione  jw 
sui  adversus  quamdam  mancipum  factione 
postulatio ,  ad  Pompon.  Bellevreeum  eju. 
dem  res  gestas  carminé  panegijri  exponen. 
1658,  in-4°;  —  Terentii  comœdice  VI  intt 
pretatione  et  notis  illustratse,  in  usum  Ser 
niss.  Delphini;  Paris,  1675,in-4°;  Londre: 
1688  ,  1709  ,  in-S"  ;  —  ad  Jos.-Bapt.  Colbe . 
Elegia  ;  Paris,  in-fol. 
Adelung,  suppl.  k 3ôcYier.  Allegem.  Gelehrten-LexiCiÀ 

*  CAMUS  {Paul-Hippolyte)  ,  compositelj 
français,  né  à  Paris  le  6  pluviôse  an  iv  (ja| 
vier  1796).  Il  fut  admis  au  Conservatoire 
mois  de  juillet  1806,  comme  élève  de  WavJ 
derlich.  En  1819,  il  entra  à  la  Porte  Saint-Mal 
tin  en  qualité  de  première  flrtte ,  emploi  quj 
remplit  ensuite  au  Gymnase  ,  d'où  il  passa» 


|t29  CAMUS  —  CAMUT 

j 'Odéon  lorsque  ce  théâtre  représenta  des  opéras 
}  taliens  et  allemands.  Camus  était  en  1835  à  l'O- 
)  >éra  italien.  On  a  de  lui  1 1  duos  pour  flûtes  ;  — 
l>  fantaisies  sur  des  motifs  de  la  Neige  y  llùte 
I  it  piano ,  —  24  sérénades  composées  sur  des 
lira  nationaux;  —  6  airs  variés  sur  divers 
!  hèmes ,  etc. 

Fttls,  Biographie  universelle  des  Mtisiciens. 

CAMUS  D'HOCLOUVE  (  Bertrand-Louis  ) , 
!  iirisconsulte français,  vivait  dans  le  dix-huitième 
!  iècle.  On  a  de  lui  :   Traité  des  intérêts  des 
réances,  1774  ,  in-4°;  —  Coutumes  du  Bou- 
mais  conférées  avec  les  coutumes  de  Paris, 
Artois,  de  Ponthieu,  d'Amiens  et  de  Mon- 
'■eitil,  lin,  2  vol.  in-4"*. 
Feller,  Biographie  universelle. 
CAMUS  (Philippe). 
CAMUS  (le).  Voy.  LE  Camus. 
CAMUSAT  (  Denis -François  ),  historien  IVan- 
lis,  né  à  Besançon  en  1695,  mort  à  Amster- 
am  le  28  octobre  1732.  Il  se  fit  connaître  de 
;  jnne  heure  par  une  Histoire  des  journaux 
Inprimés  en  France,  publiée  en  1716.  Retiré 
us  tard  en  Hollande ,  U  y  passa  le  reste  de  sa 
e  à  écrire  des  ouvrages  qui  se  ressentent,  il 
>t  vrai,  de  l'inconstance  et  de  la  précipitation 
iturelles  à  l'auteur,  mais  qui  décèlent  toujours 
lorame^d'esprit,  et  renferment  une  foule  de  re- 
lerches  curieuses.  Sans  compter  ses  éditions 
;is  Mémoires  pour   servir  à   l'histoire  de 
I  ouis  XIV par  l'abbé  de  Choisy,  des  Mémoires 
l  istoriques  de  Mézeray  (qui  furent  proscrits  en 
ràiice), et  des  Poésies  de  Chaulieu  et  de  la  Fare, 
ditions  publiées  en  Hollande  de  1726  à  1731,  on 
li  doit  encore  une  Bibliothèque  française,  ou 
fistoire  littéraire  de  la  France;  Amsterdam, 
723  et  suiv.,  3  vol.  in-12;  —  des  Mémoires 
istoriques  et  critiques;   Amsterdam,   1722, 
vol.  in-12;  —  des  Mélanges  de  littérature, 
irés  des  lettres  manuscrites  de   Chapelain; 
'ans,  1726,  in-12;  —  la  Bibliothèque  de  Ciac- 
'onius,  avec  des  noto;  Paris,  1731,  in-fol.;  — 
\  Histoire  critique  des  journaux,  1734,  2  vol. 
|ii-12,  publiés  par  Bernard. 
^  Le  Bas,  Dict.  encyc.  de  la  France. 
j  CAMUSAT  {Jean  ),  imprimeur-libraire  à  Pa- 
lis, mort  en  1639.  Il  se  fit,  au  commencement 
jlu  dix-septième  siècle ,  une  réputation  par  son 
;  avoir  et  le  choix  des  ouvrages  sortis  de  ses 
Ivresses.  L'Académie  française ,  à  sa  création,  le 
l  hoisit  pour  son  imprimeur,  et  le  chargea  plu- 
ieurs  fois  de  répondre  pour  elle  aux  lettres  qui 
:  ui  étaient  adressées.  Il  assistait  aux  séances  de 
;ette  assemblée ,  et  y  remplissait  les  fonctions 
il'huissier.  Souvent  même  les  académiciens  se 
séunirent   chez   lui  avant  leur  installation  au 
-■ouvre.  A  la  mort  de  Camusat ,  l'Académie  lui 
[Ht^ébrer  un  service  funèbre,  et  lui  donna  pour 
S  successeur  sa  veuve,  malgré  la  demande  faite 
'r)ar  RicheUeu  en  faveur  de  l'imprimeur  Cramoisy. 
tlîette  dame  fut  représentée  par  son  parent,  le 


430 

médecin  Duchesne,  qui  prêta  serment  pour  elle, 
«  et  fut  exhorté,  dit  Pellisson,  d'imiter  la  dis- 
«  crétion,  les  soins  et  la  diligence  du  défunt.  » 
Le  recueil  intitulé  Négociations  et  traités  de 
paix  de  Cateau-Cambresis  a  été  publié  par 
Camusat. 
Morérl,  Dictionnaire  historique. 

CAMUSAT  (  Nicolas  ) ,  chanoine  et  historien 
français,  né  à  Troyes  en  1575 ,  mort  en  1655.  Il 
était  chanoine  de  la  cathédrale  de  sa  ville  na- 
tale, et  a  laissé  les  ouvrages  suivants  :  Promp- 
tuarium  sacrarum  antiquitatum  Tricassinx 
diœcesis ;  Troyes,  1610,  in-S";  —  une  édition 
de  VHistoria  Albigensium  de  P.  des  Vaux  de 
Cernay,  1615,  in-8°; — Mélanges  historiques, 
ou  Recueil  de  plusieurs  actes,  traités,  let- 
tres, etc.,  depuis  i 390  jusqu'en  1580;  Troyes, 
1619,  in-S"  ; — une  édition  des  Mémoires  divers 
touchant  les  différends  entre  les  maisons  de 
Montmorency  et  de  Châtillon ,  écrits  par  Chr. 
Richer,  ambassadeur  de  François  I"  et  de 
Henri  H  en  Suède  et  en  Danemark;  Troyes, 
1625,  in-8°.  Tous  les  ouvrages  de  Camusat,  ces 
deux  derniers  surtout,  sont  extrêmement  cu- 
rieux et  recherchés. 

Richard  et  Giraud ,  Bibliothèque  sacrée. 

CAMUSET  ou  CAMUZET  (  l'abbé  ) ,  théologien 
français,  né  à  Châlons-sur-Marne  en  1746.  U  fut 
d'abord  sous-maître  au  collège  Mazarin,  puis  pro- 
fesseur. Ses  ouvrages  ont  été  estimés  même  par 
ses  adversaires.  Ou  a  de  lui  :  Pensées  anti-phi- 
losophiques ;  Paris,  1770,  in-12  :  c'est  une  ré- 
futation des  pensées  philosophiques  de  Dide- 
rot; —  Saint  Augustin  vengé  des  Jansénis- 
tes; Paris,  1771,  in-12;  —  Principes  contre 
l'incrédulité  ;  Paris,  1771,  in-12;  —  de  l'Ar- 
chitecture des  corps  humains;  Paris,  1782, 
in-12;  —  une  traduction  de  V Esprit  de  la  con- 
grégation de  Notre-Dame,  d'après Tournier  de 
Mataincourt;  —  Pensées  sur  le  théisme;  Pa- 
ris, 1785,  în-12.  C'est  une  défense  ironique  des 
principes  émis  par  Anacliarsis  Cloots. 

Quérard ,  la  France  littéraire. 

*  CAMUT,  noble  vandale,  mort  à  la  fin  du 
cinquième  siècle  de  notre  ère.  Frère  du  chance- 
lier du  royaume  des  Vandales,  il  avait  contri- 
bué avec  celui-ci  à  la  fortune  de  Genséric  ; 
mais  il  vit  son  frère  et  sa  belle-sœur  mis  à  mort 
lâchement  par  le  féroce  successeur  de  Genséric, 
Hunéric,  qui,  voulant  changer  la  loi  de  succes- 
sion établie  par  son  frère,  se  fit  le  persécuteur 
de  tous  les  autres  membres  de  sa  famille  et  des 
amis  de  son  père.  Camut  lui-même  parvint  à  se 
soustraire  au  dernier  supplice  en  se  réfugiant 
dans  un  temple.  Il  fut  arrêté  néanmoins ,  et  il  ne 
put  échapper  à  la  torture  :  on  le  jeta  d'abord 
dans  une  fosse  immonde,  d'où  il  ne  fut  tiré  que 
pour  travailler  la  terre  comme  esclave.  La  co- 
lère du  roi  ne  fut  pas  encore  apaisée  par  tant 
de  rigoureuses  persécutions  ;  chaque  mois ,  Ca- 
mut était  frappé  de  verges  :  on  mesurait  l'eau 
qu'il  buvait ,  et  le  pain  qu'on  lui  donnait  était  à 


43i 


CAMUT  —  CANACHUS 


43: 


peine  suffisant  pour  prolonger  son  existence  ;  il 
dut  succomber  sous  tant  de  maux. 

L.  Marcus,  Hist.  des  /Vandales.  —  Yanoski,  Hist.  de 
l'jfrique  sous  les  Fandales  {iiXisV Univers  pittores- 
que). 

CAMUZ  ou  CAMUS  (Philippe),  romancier, 
vivait  en  Espagne  dans  le  seizième  siècle.  Il  est 
connu  par  ses  traductions  françaises  d'anciens 
romans,  dont  les  principaux  sont  :  le  Roman 
de  Clamades  et  de  la  belle  Claremonde,  li- 
vre excellent  et  piteux,  translaté  de  rijme  du 
roi  Àdenez  ;  Lyon  (  Jean  de  la  Fontaine  ) , 
1488,  in-4°  gothique,  réimprimé  avec  quelques 
changements  à  Paris  et  à  Troyes ,  in-4°  (  sans 
date),  et  à  Lyon,  1620,  in-8°  ;  il  en  existe  une 
autre  traduction  par  le  Gendre  de  Richebourg, 
sous  le  titre  A' Aventures  de  Clamades  et  de 
Claremonde,  tirées  de  l'espagnol;  Paris,  1533, 
in-12  (rare),  et  1587,  in-4";  —V Histoire  d'O- 
livier de  Castille  et  Artus  d'Algarbe,  son 
loyal  compagnon,  et  de  Héleine,  fille  du  roi 
d'Angleterre,  et  de  Henri,  fils  dudit  Olimer, 
qui  grands  faits  d'armes  firent  en  leurs  temps, 
translaté  du  latin,  in-fol.  gothique;  —  la  His- 
toria  de  la  linda  Magalona,  y  el  esforzado 
cavallero;  Pierro  Baëca,  1628,  in-fol.  ;  —  Libro 
del  esforzado  cavallero  don  Tristan  de  Leo- 
nesy,  de  su  grandes  hechos  in  armas;  Sevilla, 
1528,  in-fol.;  —  la  Coronica  de  los  notables  ca- 
valleros  tablante  de  Ricamonte  y  Jojce  hijo 
del  conde  de  Nazon,  sacadas  de  las  coronicas 
francesas;  Séville,  1629,  in-fol.  ;  —  la  Vida  de 
Jioberto  el  Diablo,  despues  de  su  conversion , 
clamado  hombre  de  Bios  ;  Séville,  1629,  in-fol., 
imprimé  en  lettres  gothiques  ;  Paris  (sans  date); 
Lyon,  1496,  in-4°  :  ce  roman  fait  maintenant 
partie  de  la  Bibliothèque  bleue. 

On  mentionne  aussi  parmi  les  œuvres  de  Ca- 
ïiiuz  une  Histoire  de  Marie,  reine  d'Ecosse, 
traduite  deBuchanan,  Edimbourg,  1572,  in-12, 
par  Philippe  Camiîz ,  Poitevin.  Mais  il  n'est  pas 
certain  que  ce  soit  le  même  auteur. 
Antonio  ,  liibliotheca  liispanica  nova. 

CAM0ZIO  ou  CAMUTïUS  {André),  méde- 
cin italien,  né  entre  1510  et  1520  à  Lugaro  (can- 
ton du  Tésin  ),  mort  à  Vienne  en  Autriche  en 
1578.  Il  fit  ses  études  à  Pavie,  professa  pen- 
dant quelque  temps  la  médecine  et  la  physique 
<ians  cette  université,  et  pratiqua  l'art  de  gué- 
rir à  Milan.  En  1564,  il  fut  appelé  à  Vienne 
liour  remplir  les  fonctions  de  médecin  ordinaire 
de  l'empereur  Maxirnilien  II  ;  il  resta  dans  cette 
ville  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  On  a  de  lui  :  Dis- 
jmtationes  quibus  Hieromjmi  Cardani  con- 
clusiones  infirmantur,  Galenus  ab  ejusdem 
injuriis  vindicatur,  Hippocratis  prxterea 
aliquot  loca  diligentius  multo  qiiam  nun- 
quam  alias  explicantur  ;  Pavie,  1563,  in-8"  ; 
—  De  humano  intellectu  libri  IV;  Pavie, 
1664,  in-S"  ;  —  De  amore  et  felicitate;  Vienne, 
1574,  in-fol.;  —  Excussio  brevis  prxcipui 
morbi,  nempe  cordis  palpitationis  Maximi- 
liani  II  Civsaris  invictissimi  simul  ac  aliç- 


rum  virorum  illustrium  praster  naturan 
affectuum  ;¥\orenc&,  1578  et  1580,  in-8°  ;  - 
De  nobilitate  libri  VII  hactenus  in  lucen 
nusquam  editi;  Milan,  1640,  in-8°. 

Éloy,  Dict.  de  la  Méd.  —  Adelung,  suppl.  à  Jôclicr 
AUgeni.  Geleherten-Lexicon.  . 

*  CANAAN  (  de  y23,  être  bas),  patriarche  hé 
breu,  deuxième  fils  de  Cham.  Il  était  né  avant  l'en 
tréede  Noé  dans  l'arche; maisl'époque  de  sa  moi 
n'est  pas  indiquée  dans  l'Écriture.  Selon  quelque 
interprètes,  ce  fut  lui  qui  vit  un  jour  son  grand 
père  Noé  couché  sous  sa  tente,  dans  un  état  coni 
plet  d'ivresse  et  de  nudité ,  et  courut  en  averti  ' 
son  père  Cham ,  qui  tourna  en  dérision  l'état  d 
Noé.  Celui-ci,  revenu  à  la  raison,  fut  informé  d 
la  conduite  de  ses  enfants  :  il  blâma  sévèremei 
Cham,  et,  considérant  que  l'indiscrétion  de  son  pi 
tit-fils  était  la  cause  première  de  ce  scandale, 
dit  :  (c  Que  Canaan  soit  maudit  ;  qu'il  soit  à  l'égar 
«  de  ses  frères  l'esclave  des  esclaves  !  »  Canaa 
donna  son  nom  au  pays  que  les  Hébreux  désigm 
rent  sous  le  nom  de  Terre  promise ,  et  dont  i 
s'emparèrent  sous  la  conduite  de  Josué,  quaran 
ans  après  leur  sortie  d'Egypte.  Dans  les  langiK 
sémétiques,  le  root  ca«aan  signifiait  pays  bas,  i 
s'accordait  bien  avec  la  topographie  de  cette  coi 
trée.  Les  Grecs  la  connaissaient,  et  en  appelaiei 
les  habitants  Phéniciens,  de  çoîvil,  dattier,  doi 
les  fruits  formaient  une  des  principales  branclu 
du  commerce  du  pays.  Peu  à  peu  ce  mot  d 
vint  synonyme  de  marchand,  à  cause  de  l'ir 
mense  trafic  qui  se  faisait  par  l'intermédiai 
des  Phéniciens.  Le  pays  de  Canaan  (aujou 
d'hui  Palestine  )  était  borné  au  nord  par  le  L 
ban ,  à  l'ouest  par  la  Méditerranée,  à  l'est  p. 
l'Euphrate,  au  sud  par  la  mer  Morte ,  l'IduuK 
et  l'Arabie  Pétrée ,  jusqu'au  torrent  d'Égyp 
(Wadi-el-Arioch). 

Canaan  fut  père  de  onze  fils,  qui  s'appelaiei 
Sidon,  Heth,  Yebousi ,  Esnori ,  Hiwi ,  Guirgaz 
Arki,  Smi,  Arwadi ,  Semari ,  Hamathi  ;  chaci 
d'eux  devint  chef  d'un  peuple  qui  prit  son  nor 
Ces  premières  souches  se  divisèrent  en  de  nor 
breuses  peuplades,  puisque  le  nombre  seul  d' 
rois  vaincus  par  Josué  s'éleva  à  trente  et  u 
sans  compter  quelques  républiques,  telles  qi 
Sichem,  Gabaon,  etc.  La  plupart  des  Cananéei 
périrent  dans  les  guerres  contre  les  Juifs; 
reste  s'expatria  et  se  répandit  sur  tout  le  littor 
de  l'Afrique,  où  on  en  rencontre  encore  des  ve 
tiges.  Il  ne  faut  pas  confondre  la  terre  de  Cana; 
avec  la  Phénicie  proprement  dite,  qui,  située  pli 
au  nord,  ne  subit  jamais  le  joug  des  Hébreux. 

La  Cenèse.  —  Joséphe,  De  bello  judaico.  —  Tliéod 
rPt,  Quœsliones  in  Gènes.  —  Gèagraptiic  (J'Kdrisi. 
Bohien  ,  Die  Genesis.  —  S.  MunU  ,  Palestine  (dans  l'ih 
vers).  —  V.  Hœfer,  Phénicie  (  dans  l'Univers  ). 

CANACHCS,  sculpteur  grec,  natif  de  Sicyon 
vivait  au  cinquième  siècle  avant  l'ère  chrétieun 
Il  était  frère  d'Aristoclès ,  artiste  renommé, 
élève  de  Polyclète  d'Argos.  Outre  plusieurs  o'i 
vres  remarquables,  il  fit  pour  la  ville  de  Mil 
un  Apollon  Philesius,  transporté  à  Ecbatanc  p , 


33 


CANACHUS  —  CANALE 


4U 


:er\ès,  de  retour  de  l'expédition  en  Grèce.  Il 
ota  la  ville  de  Thèbcs  d'un  Apollon  Isménien, 
t  sa  ville  natale  d'une  Vénus  assise,  en  or  et 
Il  ivoire,  couronnée  d'un  diadème  terminé  en 
ointe,  pour  figurer  le  pôle.  Cicéron  parle  de 
aiiachus,  dont  il  compare  les  œuvres  avec  celles 
('  Calamis. 

Un  autre  Canachus,  probablement  le  petit- 
es du  précédent,  fit,  avec  Patrocle,  les  statues 
'  deux  Spartiates  qui  combattirent  à  ^Egos- 
Dtamos  en  405  avant  J.-C. 

Pausanias,  VII  et  X.  —  Cicéron,  Brutus.  —  Millier, 
iinstblatt,  1821,  n°  16. 

*  CANADA ,  philosophe  indien,  chef  de  la  secte 
li  porte  le  nom  de  Vêséchice.  Sa  doctrine 
.lit ,  dit-on,  la  même  que  celle  des  atomes  de 
vthagore  ;  il  s'occupa  principalement  des  objets 
lisibles.  Cette  philosophie  semble  être  le  sup- 
ément  de  celle  de  Gotama,  ou  du  Nyâya,  qui 

'  lite  des  objets  métaphysiques  et  de  la  logique, 
ouvrage  de  Canada  se  compose  de  550  soûtées 
dix  lectures.  L. 

•  lolebrook.  Transactions  de  la  Société  royale  asiati- 
',  t.  I.  — Ward,  Aviewofttte  history,  Uterature  and 
thology  of  the  Indus. 

*CANADELLE  (Moïse),  chirurgien  alkniand, 
rait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
cle.  Il  exerçait  son  art  à  Hanau  et  à  Nurim- 
ig.  On  a  de  lui  :  Petit  traité  familier  de  la 
ste;  Genève,  1615,  in-8°. 

:arrére,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

CANAL  (Antonio  ),  dit  Canaletto,  peintre,  né 
Venise  le  18  octobre  1697,  mort  dans  cette 
le  le  20  août  1768.  Fils  et  élève  de  Bernardo 
mal,  peintre  de  décorations  théâtrales,  il  suivit 
ibord  la  carrière  de  son  père  ;  mais,  s'étant 
adu  à  Rome  en  1719,  il  se  mit  à  peindre  d'a- 
ès  nature,  et  acquit  la  réputation  d'habile 
ysagiste.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  prit 
lur  modèles  les  palais ,  les  églises,  les  canaux 
f  pittoresques  de  Venise,  et  les  reproduisit  sous 
I  utes  les  faces  avec  une  inimitable  perfection.  Il 
-ssa  ponr  a^oir  le  premier  employé  la  chambre 
iscure,  pour  obtenir  rapidement  une  perspec- 
e  exacte.  Souvent  le  Tiepolo  enrichit  ses  ta- 
eaux  de  figures  spirituellement  touchées,  qui 
1  augmentent  encore  le  prix.  Les  ouvrages  de 
'analetto  sont  presque  innombrables ,  on  en  voit 
lins  toutes  les  galeries  de  l'Europe;  mais  le  plus 
jécieux  de  tous  est  la  Vue  du  grand  canal, 
fie  possède  le  musée  du  Louvre.  Parmi  les  élè- 
H  d'Antonio  Canal,  le  plus  habile  fut  Ber- 
^irdo  Bellûtto,  surnommé,  comme  lui,  Cana- 
tto.  E.  B— N. 

i'i-auzl,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi ,  Dizionario.—  VU- 
\t,  Musée  du  Louvre.  —  Catalogues  des  galeries  de 
f aise ,  Rome,  Florence,  Londres,  Dresde,  Munich,  etc. 

!  *CANAL  OU  CANALETTO  (Bemardo  Bel- 
fJTro,  dit  ),  peintre  vénitien,  neveu  d'Antonio  Ca- 
[  il,  né  à  Venise  en  1724,  mort  à  Varsovie  en  1780. 
î  fut  élève  de  son  oncle,  et  excella  comme  lui 
iins  la  peinture  et  la  gravure;  mais,  différent 
I  Antonio ,  après  avoir  fait  quelques  tableaux 
1  )iir  sa  ville  natale,  il  s'en  éloigna,  et  voyagea  à  , 


'  Rome,  à  Vérone,  à  Brescia,  à  Milan,  cnlin  à 
Dresde,  où  il  fut  reçu  en  1764  membre  de  l'A- 
cadémie. Il  représenta  les  environs  si  remar- 
quables de  cette  capitale,  et  surtout  la  jolie 
ville  de  Pirna.  De  là,  Canaletto  se  rendit  à  Lon- 
dres, où  sa  réputation  l'avait  précédé  ;  il  y  ga- 
gna des  sommes  considérables.  Horace  Wal- 
pole  possédait  de  lui  une  vue  admirable  (|e 
Vintérieur  de  King's  collège  Chapel.  On  volt 
encore  d'autres  grandes  toiles  de  cet  artiste  à 
Queen's  House.  Le  musée  du  Louvre  possède  du 
Canaletto  deux  vues  de  Venise  faites  lors  de  ses 
débuts  en  peinture.  Ses  eaux -fortes  sont  deve- 
nues d'une  rareté  extrême  ;  on  cite  surtout  ; 
quinze  vues  de  Dresde,  des  vues  de  Kœnigsteîn, 
de  Pirna  et  de  Varsovie,  œuvres  pleines  d'effet, 
traitées  avec  un  goût  extrême.  Bernardo  se  rap- 
prochait tellement  du  style  de  son  oncle,  que  les 
ouvrages  de  l'un  se  distinguent  à  peine  de  ceux 
de  l'autre.  Les  principales  qualités  de  Bernardo 
sont  une  grande  justesse  de  perspective,  et  une 
remarquable  vigueur  dans  la  manière  de  rendre 
les  effets  de  lumière.  On  lui  reproche  quelquefois 
des  lourdeurs  dans  les  parties  ombrées  ;  mais 
il  faut  attribuer  ce  défaut  à  l'emploi  que  cet  ar- 
tiste faisait  de  la  chambre  obscui'fi,  emploi  qu'il 
tenait  de  son  oncle. 

Laiizi,  Storia  pittorica. 

*  CANAL  (Pierre),  grammairien  genevois, 
exécuté  en  1609.  Il  était  maître  de  langues  et 
sautier  du  petit-conseil.  Ayant  été  convaincu 
d'instruire  Charles-Emmanuel  I^"",  dit  le  Grand, 
duc  de  Savoie,  des  mesures  de  défense  prises 
par  les  conseils  de  Genève  contre  les  surprises 
à  main  armée  tentées  par  ce  prince ,  Canal  fut 
arrêté,  et  condamné  à  la  potence.  On  a  de  lui  un 
Dictionnaire  français  et  italien;  Genève, 
1598. 

Spon,  Histoire  de  Genève.  —  Sénebier,  Hist.  litt.  de 
Genève. 

*  CANALE  (Annibal),  Iiistovien italien,  né  dans 
la  Pouille  vers  le  milieu  du  quinzième  siècle.  11 
entra  de  bonne  heure  chez  les  jésuites,  et  y  ac- 
quit bientôt  une  telle  réputation,  qu'il  fut  nommé 
recteur  du  collège  des  Maronites  à  Rome,  et  en- 
suite de  celai  d'Aquilée.  On  a  de  lui  ;  le  Vite 
de'  Patriarchi,  ovvero  degli  institutori  degli 
ordini;  Rome  (sans  date),  1  vol.  in-fol. 

Alegambe,  Bibl.  script,  societ.  Jesu.  —  Toppi,  Bibl. 
Napolet. 

CANALE  (Nicolas),  amiral  vénitien,  vivait 
vers  la  fin  du  quinzième  siècle.  Il  succéda,  en 
1469,  à  Jacques Loredano  dans  le  commandement 
des  troupes  Vénitieimes  en  Grèce  ;  rassembla  une 
flotte  de  vingt-six  galères  à  Négrepont,  avec  la- 
quelle il  menaça  plusieurs  îles  delà  mer  Egée; 
et  finit  par  s'emparer  d'Éno,  sur  le  golfe  Sa- 
ronique.  C'était  une  ville  commerçante,  assez 
riche,  habitée  uniquement  par  des  Grecs  :  les 
Turcs  n'y  avaient  pas  même  de  garnison  ;  néan- 
moins ,  elle  fut  réduite  en  cendres,  après  avoir 
éprouvé  toutes  les  horreurs  du  pillage.  Les  lieux 
saints  ne  furent  pas  même  épargnés  ;  les  religieu- 


435 


CANALE 


4S 


ses,  dont  les  Turcs  avaient  respecté  les  couvents, 
en  furent  arrachées  et  abandonnées  à  la  bruta- 
lité des  soldats,  qui  s'enrichirent  d'un  butin 
considérable ,  et  emmenèrent  à  Négrepont  deuv 
mille  captifs.  Cet  affreux  et  facile  triomphe  avait 
anéanti  une  ville  chrétienne  :  cependant,  la  nou- 
velle du  sac  d'Éno  étant  arrivée  à  Rome  en 
même  temps  que  celle  d'un  avantage  remporté 
sur  les  hérétiques  de  Bohême ,  le  pape  Paul  U 
ordonna  des  actions  de  grâces  pour  ces  heureux 
succès.  Quoique  les  pirateries  des  Vénitiens  ne  por- 
tassent surtout  préj  udice  qu'aux  sujets  chrétiens  de 
Mahomet  U,  ce  monarque  résolut  de  ne  pas  souf- 
frir davantage  de  pareilles  attaques.  Il  fit  prêcher 
la  guerre  sainte,  et  réunit  à  Constantinople  une  ar- 
mée et  une  flotte  formidables.  Ces  forces  se  mi- 
rent en  mouvement  le  31  mai  1470.  Canale  était 
à  Négrepont  avec  trente-cinq  galères,  quand  on 
l'informa  que  la  flotte  turque  avait  paru  près 
de  Ténédos.  Il  s'avança  par  le  canal  qui  sépare 
Lemnos  et  Imbros,  et  bientôt  aperçut  la  flotte 
ennemie  couvrant  la  mer  de  ses  navires.  Les  Vé- 
nitiens prirent  la  fuite,  et,  profilant  de  lanuit,  se 
mirent  à  couvert  derrière  Scyros,  que  les  Turcs 
ravagèrent  et  brûlèrent  sous  leurs  yeux.  Canale 
se  pressa  de  ravitailler  Chalcis,  et  attendit  des  ren- 
forts, qui  ne  tardèrent  pas  à  lui  arriver,  avec  ordre 
de  tout  hasarder  pour  débloquer  Négrepont,  ville 
que  Mahomet  assiégeait  avec  cent  vingt  mille  hom- 
mes, et  à  laquelle  il  avait  déjà  livré  trois  assauts 
très-meurtriers.  L'amiral  vénitien,  profitant  des 
courants  et  d'un  vent  favorable,  laissa  arriver 
sur  les  chaînes  tendues  par  les  Turcs  pour  lui 
fermer  l'Euripe,  les  rompit,  et  parut,  le  1 1  juillet 
1470,  en  vue  de  la  ville,  qui  se  crut  délivrée.  Ma- 
homet, craignant  d'être  coupé  du  reste  de  son  ar- 
mée, allait  se  rembarquer;  mais  Canale  s'aper- 
çut qu'il  n'avait  été  suivi  que  par  douze  galères 
et  deux  vaisseaux  :  la  peur  ou  un  malentendu 
avait  retenu  les  autres  en  dehors  de  l'Euripe. 

Cependant  Candiano,  son  pilote,  les  frères 
Pizzamani,  capitaines  des  vaisseaux,  l'exhortaient 
à  venu-  donner  sur  le  pont  de  bateaux  que  les 
Turcs  avaient  construit  pour  unir  l'Eubéeavec  la 
Béotie,  et  couper  ainsi  leurs  communications  avec 
la  terre  ferme.  En  vain  lui  démontraient-ils 
qu'aidés  par  lèvent  et  les  courants,  ils  redoutaient 
peu  la  flotte  ottomane,  entassée  derrière  le  pont 
dans  un  espace  où  elle  ne  pouvait  manœuvrer,  et 
où  le  grand  nombre  de  ses  bâtiments  devenait  plus 
nuisible  qu'utile  ;  Canale  manqua  de  résolution  : 
il  défendit  à  son  pilote  de  passer  outre  jusqu'à  l'ar- 
rivée du  reste  de  la  flotte,  dont  il  pressait  lamarche 
messager  par  messager.  Pendant  qu'il  attendait, 
les  assiégés,  toujours  les  yeux  fixés  sur  les  vais- 
seaux vénitiens,  dont  l'immobilité  les  désespérait, 
eurent  un  quatrième  assaut  à  repousser  sur  mer 
et  sur  terre.  Leur  faible  garnison,  commandée 
par  Luigi  Calvo,  fit  des  prodiges  de  valeur,  et, 
quoique  accablée  de  fatigue,  tint  ferme  toute  la 
journée  et  toute  la  nuit  du  11  juillet;  mais  le 
12  au  matin,  le  combat  ayant  recommencé  plus 


furieux  que  jamais,  ils  furent  enfin  précipités  di 
murailles,  et  se  firent  tuer  dans  les  rues  jusqu'j 
dernier.  Leurs  cadavres,  entassés  sur  la  plai 
Saint-François,  furent  ensuite  jetés  à  la  mer.  Pa 
Erizzo ,  provéditeur,  s'était  enfermé  dans  la  c 
tadelle  ;  hors  d'état  de  la  défendre,  il  la  rendit 
Mahomet,  sous  condition  d'avoir  la  tête  sauv 
Celui-ci  ordonna  qu'il  fût  scié  en  deux,  déclara 
qu'il  n'avait  garanti  que  sa  tète,  et  qu'il  la  I 
laissait.  Cette  boucherie  durait  encore  quand 
reste  des  navires  vénitiens  rallia  Canale  ;  il  et 
trop  tard  pour  sauver  Chalcis  ;  mais  on  pouva 
en  attaquant  les  musulmans  dans  le  désordre 
leur  triomphe,  leur  faire  subir  un  grave  éch« 
Canale,  résistant  encore  à  ses  soldats,  qui  d 
mandaient  le  combat  les  larmes  aux  yeux,  pi 
fera  se  retirer  en  hâte  de  l'Euripe.  La  doule 
que  causa  la  perte  de  Négrepont  à  Venise  1 
accompagnée  de  la  plus  violente  indignation  ce 
tre  Canale.  Son  courage  n'avait  jusqu'alors  jara; 
paru  douteux  ;  mais  on  prétendit  que,  dans  ce 
occasion,  la  présence  de  son  fils  sur  sa  flotte 
avait  inspiré  UHe  crainte  inaccoutumée.  Ou  d 
attribuer  sa  mollesse  à  une  autre  cause ,   c 
après  la  chute  de  Chalcis  il  ne  fit  rien  pour  re 
ver  l'affront  que  l'étendard  de  Saint-Marc  ven 
de  recevoir  :  pourtant  Girolamo  Molini ,  duc 
Candie,  et  Giacomo  Veniero,  lui  avaient  âme 
de  puissants  renforts  qui  mirent  sous  ses 
dres  cent  galères,  armement  plus  que  suffis; 
pour  détruire  la  marine  turque,  mal  aguerrie  ( 
core.  Aussi  Mahomet ,  sentant  son    inférioii 
fit-il  retirer  sa  flotte  dans  les  Dardanelles.  Nico 
Canale  la  suivit  jusqu'à  Scio  :  là  il  assembla 
conseil  de  guerre,  et,  sur  l'avis  de  ses  capitain 
il  s'abstint  d'attaquer  les   musulmans,    qui 
croyaient  perdus.   Il  revint  à  Négrepont,   qi 
tenta  de  reprendre;  mais,  ayant  mal  combiné  t 
attaque,  il  fut  repoussé  avec  perte.  Durant  \ 
tiou,  Pietro  Mocenigo  arriva,  avec  ordre 
remplacer  l'inhabile  Canale  :  cependant  il  décl. 
que,  pour  ne  pas  déranger  des  plans  combii 
d'avance,  il  était  prêt  à  combattre  sous  lesord 
de  Canale,  si  celui-ci  voulait  renouveler  l'attaq 
Canale  refusa.   Tous  deux  semblaient  i-edou 
la  fortune  et  décliner  toute  responsabilité.  B 
cenigo,  ayant  vamemeut  offert  à  sou  prédécessi 
une  occasion  de  se  réhabiliter,  prit  le  commani 
ment  de  la  flotte,  montra  l'ordre  dont  il  et 
chargé  par  le  conseil  des  Dix,  fit  arrêter  Canak 
l'envoya  chargé  de  fers  à  Venise,  où  il  fut  i 
en  jugement  (1470). 

Le  pape  Paul  II  intervint  vivement  en  faveur 
l'amiral  vénitien.  François  Philelphe,  Httérati 
et  jurisconsulte  distingué,  écrivit  une  apologie  ( 
eut  pour  résultat  que  Canale  ne  fut  pas  condan 
à  mort;  mais  le  sénat  le  rélégua  à  Porto-Grue 
où  il  finit  ses  jours. 

Raynaldl,  ^nftaZes  ecclesiastici.  -Jacob,  cardinal 
plens,  Commentarii.  —  M. -A.  Sabellico,  Historia  I 
netee.  —  And.  Navagiero,  Storia  Feneziana.  —  Kr; 
clscoPbilelphi,  Epistolse  ad  Bernardum  Justinianun 
odFredericum  Vrbaniticomitem.—  Antonio  de  Ripa 


«7 


CANALE 


4nnal0t  ftacentiae.  ~<^orlolanus  Ccpio,  De  rébus  f^ene- 
is,  —  Marlno  Sanulo,  fite  de'  duchi  di  yenezia.  — 
[)eiuetrlus  Canteoilr,  Histoire  de  l'Empire  ottoman.  — 
Leunclarius,  y/nnales  Turcici.—  SisiuonUI,  Histoire  des 
l  iépubtiques  italiennes,  —  Uaru,  Histoire  de  la  repu- 
'  'ligue  de  Denise 

*  CANALE  (Barthélémy).  Voy.  Caxalis. 

*  CANALE  DELLA  GAVA  (Gtovanni  ),  juriscou- 
j  ulte  et  poëte  italien,  vivait  dans  le  dix-septième 
liècle.  Il  avait  une  grande  connaissance  du 
[iroit,  et  était  très-estiraé  dans  le  barreau.  Il  cul- 

ivait  aussi  avec  succès  la  poésie,  dont  il  a  laissé 
ilusieurs  fragments.  Ou  a  aussi  de  lui  :  l'  An7io 
!  'î'estivo,  ou  i  Fasti  sacri. 

Toppi,  Bibl.  JVapolet. 

1  *  CANALES  (Jean  ) ,  théobgien  italien,  né  à 
I  orrare,  vivait  vers  la  fin  du  quinzième  siècle.  11 
I  (lira  dans  l'ordre  des  Cordeliers,  et  composa 
i  lusicurs  traités  concernant  les  matières  religieu- 

,'s  ;  les  principaux  ont  pour  titre  :  de  la  Vie 
I  ileste;  —  de  la  Nature  de  l'âme  et  de  son 
I  timortalité  ;  —  du  Paradis  et  de  la  Félicité 
i  e  Vâme  ;  —  de  V Enfer  et  de  ses  tourments  ; 

)us  imprimés  à  Venise  en  1494. 

,  riupln,  Bibliothèqtie  des  auteurs  ecclésiastiques  du 
;  iinzième  siècle.  —  Wadding,  Annales  Minorum.  —  Jo- 
'  iiT,  Ji/gi^meiTieiCeicArfen-iesicoR,  avec  le  supplément 
'  Adeiuiig. 

\    CANALETTO.  Foy,  CanAL. 

*CANALi  (Luigi),  savant  italien,  né  en  1759 
i  Pérouse,  mort  le  8  décembre  1841.  II  s'appliqua 
'abord  aux  mathématiques  et  à  l'astronomie.  En 
781,  il  fut  agrégé  au  collège  des  Philosophes,  et 
onsacra  toute  sa  vie  aux  sciences  naturelles.  On  a 
e  lui  :  l'Amer  chimico  (poëme  )  ;  Pérouse,  1797  ; 

-  Analisi  ed  osservazioni  in  materiefisiche, 
,  grarie,  miner alogiche,  litologiche  e  filolngi- 
.  lie,  dans  des  recueils  publiés  à  Milan  et  à  Turin  ; 

-  Intorno  aile  Plante  fossili;  Rome,  1828; 

-  Suite  Originalità  di  Dante,  dans  l'Accad. 
ialiana,  1810;  —  Orazioni  funebri  ;^éTo\xs,t, 

i  81 1-1822.  — Ouvrages  inédits  :  Lezioni  di  Me- 
\afisica;  —  Cosmologia;  — LezionisullaStoria 
îella  terra. 

DiAMILLA  M. 

Muzzarclli,  Recueil  f  m«<litl  de  biographies  des  plus 
'.êlèbres  Italiens  contemporains, 

)  *CANALis  ou  CANALE  (Barthélémy),  théo- 
jogien  italien,  néàMonza  (MUanais)  en  1605, 
lûort  dans  la  même  ville  le  23  janvier  1G84.  Il 
I  ntra  en  1627  dans  la  congrégation  des  Clercs 
I  éguliers  bamabites,  et  s'y  distingua  par  sa  piété 
itson  amour  pour  l'étude.  Il  a  laissé  deux  ou- 
|,'rages  imprimés  après  sa  mort  :  la  Verità  sco- 
\-jerta  al  Cristiano;  Milan,  1694,  et  Venise, 
1  745, 3  vol.  in-8°;  —  Diario  spiritnale,  ovvero 
meditazioni  per  tutti  i  giomi  delV  anno  ;  Mi- 
(■an,  1714,  3  vol.  iu- 12. 

;  Argelati,  Bibliotheca  scriptorum  Mediolanensium.  — 
''ocher,  Mlgemeines  Gelehrten-Lexicon,  avec  le  supplé- 
!  lient  d'Adelung. 

f  *CAMALis  (Florent),  compositeur  belge, 
[ivait  sur  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  est  connu 


—  CANAJNi  438 

par  un  recueil  de  Messes,  Introït  et  Motets  à 
quatre  parties  ;  Brescia,  1588. 
Fétis,  Biotjraphic  universelle  des  Musiciens. 

CANALS  Y  lUAaTi  (/«aw-PaôZo),  écouomiste 
espagnol,  né  à  Barcelone,  vivait  à  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  fut  élevé  pour  le  commerce 
par  son  père,  manufacturier  en  tissus  de  coton  ; 
mais  il  comprit  que  la  science  commerciale  ne 
consistait  pas  simplement  dans  la  bonne  gestion 
et  la  surveillance  d'une  usine.  Aussi,  jaloux 
d'étendre  la  sphère  de  ses  connaissances  indus- 
trielles, Canals  parcourut  les  divers  pays  com- 
merçants du  globe,  afin  de  bien  en  apprécier  les 
produits.  De  retour  dans  sa  patrie,  U  appliqua 
ses  études  à  ressusciter  ou  à  impijrter  la  culture 
de  plusieurs  plantes  usuelles,  principalement 
celle  de  la  garance.  Il  fit  adopter  ses  idées  par 
Chaiies  III,  qui  le  nomma  directeur  général  des 
teintureries  royales,  et  lui  accorda  tous  les  moyens 
nécessaires  pour  encourager  la  production  et  la 
consommation  de  la  garance.  Canals  a  publié 
sur  ce  sujet  :  Coleccion  de  lo  perteneciente  al 
Ramo  de  la  rubia  e  granza  en  Espana;  Ma- 
drid, in-4°. 
Dict.  du  Commerce  et  des  Manwfactares. 

*  CANANI,  famille  de  Ferrare.  Elle  a  produit 
plusieurs  médecins  célèbres ,  parmi  lesquels  on 
remarque  les  suivants  : 

Canani  (Antoine- Marie  ) ,  a  écrit  des  Com- 
mentaires  sur  les  Aphorismes  d'Hippocrate  et 
sur  quelques  livres  de  Galien. 

Canani  (Jean-Baptiste) ,  vivait  en  1498,  et 
fut  médecin  de  Matliias  Corvin  et  du  pape 
Alexandre  VI. 

Canani  (François-Marie),  anatomiste  dis- 
tingué, qui  donna  les  premiers  enseignements  à 
Jean  -Baptiste  Canani,  dont  la  biograpiiie  suit. 

Éloi,  Dict.  de  la  Médecine.  —  Kestner,  Mcdiciniscfies 
Gelelirten-Lexicon. 

Canani  (Jean-Baptiste  ),  dit  le  Jeune,  anato- 
miste italien,  né  à  Ferrare  en  1515,  mort  dans 
la  même  ville  le  29  janvier  1579.  Il  étudia  avec 
beaucoup  de  succès  toutes  les  parties  de  la  mé- 
decine; mais  il  se  distingua  [)ius  particulièrement 
dans  l'anatomie.  Il  eut  pour  maître  en  cette 
science  Giraldi  Cinthio,  AntdneMusaBrassavola, 
Marie  Canani,  son  parent  ;  François  Vesale,  Jean 
Rodi'iguez,  dit  Amatus  Lusitanus;  Archangelo 
Piccolomini,  Hippolyte  Boschi,  Jacob-iUitoine 
Boni,  etc.  Canani  découvrit  dans  la  palme  de 
la  main  le  muscle  nommé  cotirt  palmaire ,  et 
le  premier  il  signala  le  rôle  que  jouent  les  val- 
vules des  veines  dans  la  circulation  du  sang.  La 
démonstration  qu'il  en  fit  devant  Amatus  sur  la 
veine  azygos,  en  1547,  émerveilla  tellement  ce 
dernier,  qu'il  ne  balança  pas  à  comparer  Canani 
à  Vesale.  Canani  inventa  aussi  plusieurs  instru- 
ments chirurgicaux  pour  faciliter  les  opérations 
déUcates.  Il  avait  imaginé  un  instrument  appelé 
rochetta  (petite  quenouille),  pour  débarrasser 
l'estomac  des  crudités  qui  s'y  rencontrent  quel- 
quefois. Jules  m  s'attacha  Canani  en  quaUté  de 


439 


CANANI —  CANARD 


premier  médecin,  et  le  nomma  en  1559  archiprê- 
tre  de  Ficarolo;  mais  ce  pontife  étant  mort,  Ca- 
nani  revint  finir  ses  jours  dans  sa  patrie,  dont  ii 
était  proto-médecin.  Il  fit  lui-même  son  épitaphe, 
ainsi  conçue  : 

JO.   BiTISTA   CANNANUS, 

jnLII  III,  rONT  MAX. 

MEDICUS  OLIM    ACCEPTISSIMUS, 

NHNC  AUTEM  TOTIUS   DITIONIS 

ALPHONSI  II,   FERRARLE  DUCIS   SERENIS, 

SUIS  MERITIS  PROTO-MEDICDS. 

HOC  SIBI    MONUMENTUM   VIVENS  P.  C. 

ANN.  M.  D.  LXXIX,  KAL.   JAN. 

^TATIS   VERO  SVM  LXIII. 

On  a  de  ce  médecin  :  Disse  ctio  picturata 
musculorumcorporis  Awmani;  Ferrare,  1572, 
in-4''  avec  27  planches.  Les  muscles  des  extré- 
mités supérieures  y  sont  représentés  avec  beau- 
coup d'exactitude  ;  —  Anatomia;  Turin ,  1574 , 
2  vol.  in-8". 

Kestner,  Medicinisches  Gelehrten-Lexicon. 

CANAPE  (Jean),  médecin  français,  vivait 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  fut  d'abord 
lecteur  public  de  chirurgie  à  Lyon,  et,  à  par- 
tir de  1542,  médecin  ordinaire  de  François  I". 
Son  seul  mérite  est  d'avoir,  le  premier ,  fait  des 
cours  en  langue  française  sur  la  chirurgie  ,  et 
d'avoir  traduit  dans  le  même  idiome  plusieurs 
ouvrages  que  les  élèves  n'avaient  pu  jusqu'a- 
lors lire  qu'en  latin.  On  lui  attribue  aussi  des 
ouvrages  latins,  mais  les  bibliographes  n'en  ci- 
tent que  de  français  ;  tels  sont  :  le  Guidon  pour 
les  Barbiers  et  les  Chirurgiens  ;  Lyon,  1538, 
in-12;Paris,  1563,  in-8%  et  1571,  in-12;—  1'^- 
natomie  des  os  du  corps  humain,  et  les  deux 
livres  du  Mouvement  et  des  Muscles  de  Ga- 
lien;  Lyon,  1541,  in -4° et  1583,in-8'';—  Com- 
mentaires et  Annotations  sur  le  prologue  et 
chapitre  singulier  de  Guidon  de  Chanliac; 
Lyon,  1542,  in-12;  —  Opuscules  de  divers  au- 
teurs médecins;  Lyon,  1552,  in-12;—  Deux 
livres  des  Simples  de  Galïen ,  savoir,  le  cin- 
quième et  le  neuvième  ;  Paris,  1555,  in-16. 

La  Croix  du  Maine,  Bibliothèque  française.  —  Bio- 
graphie médicale. 

CANAPLEs  (sire de),  capitaine  français ,  se 
distingua  d'abord  sous  les  ordres  de  Louis  II, 
prince  .de  la  Trémouille,  qui  défendait  la  Picar- 
die, en  1522  et  1523,  contre  les  armées  com- 
binées de  Henri  Vm,  roi  d'Angleterre,  et  de 
l'empereur  Charles-Quint.  Dans  cette  campa- 
gne, Canaples  se  dévoua  pour  sauver  son  oncle 
le  sire  de  Créqui,  surpris  par  les  ennemis  près 
de  Corbie.  Après  l'avoir  dégagé,  et  pour  lui  don- 
ner le  temps  de  gagner  Amiens,  il  arrêta  long- 
temps ,  dans  un  défilé ,  deux  mille  cinq  cents 
hommes  avec  vingt  cavaliers  seulement.  Lors- 
que, accablé  par  le  nombre,  il  fut  enfin  forcé  de  se 
rendre,  il  ne  lui  restait  plus  que  sept  soldats. 
En  1526,  au  siège  de  Hesdin,  il  fut  grièvement 
blessé  à  la  figure  par  une  fusée,  qui  tua  le  sire  de 
Créqui  à  son  côté.  La  défense  de  Montreuil  fut 
confiée  à  Canaples  en  1535  :  cette  ville  venait 
d'être  dégarnie  de  toutes  ses  provisions  de  guerre, 


et  la  garnison  n'était  que  de  douze  cents  ir 
liciens  du  ban  de  Normandie,  lorsqu'elle  f 
assaillie  par  Floris  d'Egmond,  comte  de  Bure; 
général  anglais,  qui  venait  de  prendre  Saint-P( 
dont  il  avait  fait  massacrer  les  défenseurs.  M 
nacé  d'un  semblable  destin,  Canaples  refuse  < 
capituler,  jusqu'à  ce  que,  les  murs  de  la  ville  aya 
été  abattus  par  l'artillerie  ennemie,  il  consea 
à  évacuer  les  décombres  qu'il  avait  si  vaillai 
ment  défendus,  mais  moyennant  des  conditioi 
honorables,  qui  lui  furent  accordées.  Ce  bra- 
capitaine  se  distingua  encore  en  1552,  sous  1 
ordres  de  François,  duc  de  Guise,  lors  de  l'h 
roïque  défense  de  Metz  contre  Charles-Quin 
qui  y  perdit  son  armée. 

Martin  du  Bellay,  Mémoires.  \—  De  Thou,  Mémoir. 
-  Rabutin,  Mémoires— Sleidan,  Commentarii  de  Sta 
religionis  et  reipublicse  Carolo,  guiiUo  reg.  —  Bertra 
de  Salignac,  Relation  du  siégé  de  Metz.  -  VieUeville,  lU 
moires.  —  Sismondi,  Histoire  de  France. 

CANAPLES  (....),  général  français.  Il  était  col 
nel  du  régiment  des  Gardes  au  siège  de  la  Rochel 
en  1627.  Le  duc  de  Buckingham,  généralissir 
des  Anglais,  ayant  débarqué  dans  l'île  de  Ré  av 
3,500  hommes,  Canaples,  qui  n'avait  que  1,2^ 
soldats  d'élite,  n'hésita  pas  à  l'attaquer  le  30oct 
bre.  Il  le  fit  avec  tant  de  vigueur  que  l'ennemi  i 
obligé  de  se  rembarquer,  laissant  le  rivage  jo 
ché  de  morts;  et  5  canons,  34  drapeaux,  i 
nombie  considérable  de  prisonniers,  furent  1 
fruits  de  ce  combat.  Le  cardinal  de  Richelie 
appréciant  ce  hardi  fait  d'armes,  nomma  aussil 
Canaples  mestrede  camp. 

Bassomplerre,  Mémoires.  —  Capefigue,  Lettres  de  1 
chelieu.  —  Rohan,  Mémoires.  —  Le  Vassor,  Histoire, 
Louis  XI II.  —  Sismondi.  Histoire  de  France. 

CANARD  (Nicolas-François  ),  mathématici 
et  publiciste  français ,  naquit  à  Moulins  vers 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  mourut  dans 
même  ville  en  1833.  Doué  d'un  esprit  dont 
rectitude  était  le  caractère  dominant,  il  s'attacl 
de  préférence  à  l'étude  des  sciences  exactes, 
s'y  rendit  tellement  habile  que ,  lors  de  la  fc  ■ 
mation  des  écoles  centrales  créées  par  la  loi  <  | 
7  ventôse  an  m  (25  mars  1795  ),  il  fut  nomri 
professeur  de   mathématiques  à  l'école  du  d 
parlement  de  l'Allier;  il  remplit  ces  fonctio 
avec  beaucoup  de  zèle,  jusqu'à  la  suppressù 
d'un  système  d'enseignement  qui,  pendant  to 
le  temps  qu'il  fut  en  vigueur,  produisit  les  pi 
heureux  résultats.  Le  mérite  et  les  services  i 
Canard  le  désignaient  naturellement  au  choix  ( 
gouvernement  pour  occuper  la  chaire  de  ni 
thématiques  transcendantes  et  des  sciences  ph; 
siques  au  lycée  de  Moulins.  Les  loisirs  que  l 
laissait  cet  enseignement  furent  employés  à  | 
composition  de  plusieurs  ouvrages  importanti, 
parmi  lesquels  il  faut  compter,  en  premier  ordr  j 
quelques  mémoires  sur  des  questions  proposé  | 
par  la  classe  des  sciences  morales  et  politique 
de  l'Institut  national.  La  première  question  qu , 
traita  était  relative  à  la  circulation  de  l'impôi 
c'est-à-dire,  d'après  les  termes  posés  par  l'inj 
titut,  S'il  était  vrai  qtie,_dans  xm  pays  agr 


jl41  CANARD 

■oie,  toute  espèce  de  contHbutionretombât sxir 
>  s  propriétaires  fonciers?  Ce  mémoire,  accru 
1'  plus  du  double,  fut  publié  sous  le  titre  de 
'iincipcs d'Économie  politique,  ouvrage  cou- 
onné  par  l'Institut  national  dans  la  séance 

.'u  1,'i  nivôsean  ix;  Paris,  Buisson,  an  x,  in-8°. 
anard  obtint  une  nouvelle  palme ,  l'année  sui- 
aiile,  par  son  Mémoire  sur  le  perfectionnement 
a  Junj.  Il  partagea  ce  prix  avec  M .  Bou  rguignon  ; 

,  uiis  s'il  n'avait  pas,  comme  son  concurrent,  le 
iiids  d'instruction  judiciaire  qui  paraissait  indis- 
iMisable  pour  traiter  e.« /J7'o/e.MO  un  pareil  sujet, 
y  suppléa  par  la  force  de  son  esprit,  qui  lui 
Diina  les  moyens  d'arriver  au  but,  sans  la  con- 
acssance  pratique  de  son  sujet.  Il  y  considère 
iistitution  du  jury  dans  ses  rapports  avec  une 
icoiie  lumineuse  de  la  certitude  morale  et  des 
obabilités  ;  toutefois  on  peut  lui  reprocher  d'a- 
lir  trop  cédé  au  penchant  du  mathématicien, 
li  le  porta  à  chercher  la  solution  de  toutes  les 
riicultés  dans  des  formules  algébriques.  Il  re- 

j 'vient  plus  positif  lorsque ,  dans  une  seconde 

;  irtie,  il  traite  des  défauts  du  jury,  tel  qu'il  est 
•ganisé;  il  s'élève  surtout  contre  le  jury  d'ac- 

;  isation ,  qui  a  été  justement  supprimé  par  le 
ide  de  1810.  C'est  surtout  dans  la  troisième 

.  irtie,  contenant  unprojet  d'organisation  de  la 
•océdure  criminelle ,  que  se  trahit  le  défaut 
•  connaissances  pratiques  qui  étaient  nécessai- 

I  s  pour  la  bien  traiter.  Cette  partie  a  été  publiée  à 
lit  (  1 803,  in- 1 2  )  ;  mais  les  vues  de  l'auteur  eu- 

;  nt  peu  de  succès.  Les  autres  ouvrages  publiés 
11'  Canard  dans  sa  longue  carrière  sont  :  Traité 
cmentaire  des  Équations  ;  Paris,  1808,  in-12  ; 
Éléments  de  Météorologie,  on  Explication 
'S  cours  et  des  effets  de  la  gelée,  de  la  neige, 
;  lapluie,  des  vents,  des  trombes,  etc.;  Paris, 
124,  in-12  ;  —  Mémoire  sur  les  causes  guipre- 

■  lisent  la  stagnation  et  le  décroissement  du 
mmerce  en  France;  1826,  in-8°.  —  Madame 

j  isabeth  Celnart,  fille  de  l'auteur,  connue  par 

(1  grand  nombre  d'ouvrages  utiles  ou  agréables, 

hvait  publier  divers  écrits  posthumes  de  son 
re;  mais  ce  projet  paraît  avoir  été  abandonné. 

J.  Lamoureux. 
nuérard,  la  Vrance  littcraire.  —  Décade  de  Philoso- 

l'ic,  an  X.  et  an  xi. 

CANARIS.  Voy.  Kanaris. 
'*CANAVAs  ou  cANAVAsso  {Alexandre  et 
o&eph),  compositeurs  italiens,  vivaient  en  1753  ; 
i  étaient  frères,  et  vinrent  se  fixer  à  Paris  en 
56.  L'aîné,  Alexandre,  était  excellent  professeur 
;  violoncelle,  et  a  publié  un  recueil  de  sonates 
')ur  cet  instrument;  le  plus  jeune  avait  du  ta- 
nt sur  le  violon.  On  a  de  lui  deux  volumes 
;;  sonates  pour  violon,  et  le  Songe,  cantatille. 

jFétis,  Biographie  universelle  des  musiciens. 

[  CASAVERi  (Jean-Baptiste),  évoque  et  théo- 
!  gien  piémontais,  né  à  Borgomaro  le  25  sep- 
imbre  1753,  mort  à  Verceil  le  13  janvier  1811. 
I  était  fils  d'un  magistrat  très-distingué,  et  fut 
fj^çu  docteur  en  droit  à  Turin  en  1721,  c'est-à- 


—  CAIVAYE 


442 


dire  à  peine  âgé  de  dix-huit  ans.  Il  entra  alors 
chez  les  oratoriens  de  cette  ville,  et  s'y  fit  remar- 
quer bientôt  par  son  talent  pour  la  prédication. 
Son  éloquence,  son  zèle  et  sa  piété  lui  acquirent 
une  considération  universelle.  Il  se  servit  de  l'as- 
cendant que  lui  donnaient  ses  vertus,  pour  fon- 
der à  Turin  une  maison  de  retraite  pour  les 
dames  nobles,  sous  le  patronage  de  la  princesse 
Victoire,  sœur  du  roi.  U  en  fit  lui-même  les 
règlements,  et  s'occupa  ensuite  de  plusieurs  au- 
tres établissements  aussi  utiles.  Le  15juilletl797, 
il  fut  sacré  évêque  de  Bielle  ;  il  occupa  ce  siège 
jusqu'en  1804,  époque  à  laquelle  il  donna  sa  dé- 
mission, qui  ne  fut  acceptée  que  pour  le  renommer 
le  l^""  février  1808  à  Verceil,  avec  adjonction  de 
l'épiscopat  de  Bielle.  Il  fut  choisi  quelque  temps 
après  pour  premier  aumônier  de  M"""^  Letitia, 
mère  de  l'empereur  Napoléon,  et  devint  membre 
de  la  grande  aumônerie.  On  a  de  lui  :  plusieurs 
panégyriques,  entre  autres  ceux  de  saint  Joseph 
et  de  saint  Eusèbe;  —  Lettres  pastorales  en 
latin  et  en  italien  ;  une  d'entre  elles  a  pour  titre  : 
De  l'Obéissance  due  au  souverain;  —  Notizia 
compendioza  dei  monasterii  délia  Trappa , 
fondait  dopo  la  rivoluzione  di  Francia  ;  Turin, 
1794,  in-S".  Toutes  ces  productions  sont  recom- 
mandables  sous  le  rapport  du  style  et  des  idées. 

Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée.  —  Biographie 
nouvelle  des  Contemporains. 

CANAYE  (  Philippe  DE  la),  sieur  de  Fresne , 
jurisconsulte  et  homme  d'État  français,  né  à  Pa- 
ris en  1551,  mort  le  27  février  1610.  Il  était  fils 
de  Jacques  Canaye,  avocat  distingué ,  qui  le  fit 
élever  avec  beaucoup  de  soin,  et  le  laissa  choisir 
la  religion  réformée.  A  quinze  ans  Philippe  voya- 
gea en  Allemagne,  en  Italie,  et  visita  Constanti- 
nople.  A  son  retour,  il  prit  la  carrière  de  son 
père,  et  se  distingua  dans  le  barreau  du  parle- 
ment de  Paris.  Il  acheta  une  charge  de  conseiller 
d'État  sous  Henri  III.  Henri  IV  l'envoya  comme 
ambassadeur  en  Angleterre,  puis  en  Allemagne  ; 
enfin  il  le  fit,  en  1 594,  président  de  la  chambre  mi- 
partie  de  Castres.  Canaye  exerça  cette  fonction 
avec  beaucoup  d'intégrité,  de  sagesse  et  de  désin- 
téressement. En  1 600,  il  fut  désigné  comme  arbitre 
par  Henri  TV  dans  les  conférences  de  Fontaine- 
bleau entre  les  catholiques ,  représentés  par  le 
cardinal  du  Perron,  évêque  d'Évreux,  et  les  pro- 
lestants, qui  avaient  choisi  du  Plessis-Mornay 
pour  avocat.  Il  sentit  peu  à  peu  sa  conviction  tel- 
lement ébranlée,  qu'il  abjura  le  calvinisme  pour 
rentrer  dans  le  giron  de  l'Église.  Le  pape  Clé- 
ment Vni  lui  en  témoigna  sa  joie  par  une 
lettre  bienveillante.  L'année  suivante  (1601), 
il  fut  envoyé  en  ambassade  à  Venise,  et  eut 
l'adresse  de  terminer  les  différends  de  cette  l'é- 
publique  avec  le  pape  Paul  V,  qui  lui  en  marqua 
sa  reconnaissance.  Canaye  termina  sa  vie  en 
France,  laissant  la  répiitation  d'un  homme  de 
bien.  On  a  de  lui  :  ses  Ambassades  ;  Paris,  1635, 
3  vol.  in-fol.,  avec  sa  vie  en  tête  par  le  P.  Ro- 
bert (Regnault)  :  le  premier  volume  contient  les 


443 


CANAYE  —  CANCELLIERÏ 


44 


pièces  relatives  au  procès  du  maréchal  de  Birou, 
et  le  troisième  est  l'histoire  du  pape  Paul  V  et 
des  Vénitiens  ;  —  Éphémérides,  relation.de  son 
séjour  à  Constantinople,  imprimées  avec  les  pré- 
cédentes ;  —  Traduction  française  de  la  Logi- 
que d'Aristote  (sans  date). 

Moréri,  Dict.  kist.  —  Leiong,  BibUotk.  hist.  de  la 
France,  édit.  Fontette. 

GANATE  {Jean  de),  jésuite  et  littérateur  fran- 
çais, né  à  Paris  en  1594,  mort  à  Rouen  le  26  fé- 
vrier 1670.  n  acheva  ses  études  au  collège  de 
Clermont  (Paris),  entra  dans  la  compagnie  de  Jé- 
sus en  1611,  et  y  fit,  dans  la  suite,  la  profession 
des  quatre  vœux.  Envoyé  comme  auteur  au  col- 
lège de  Moulins,  puis  de  Blois,  il  parvint  à  se 
faire  nommer  missionnaire  supérieur  des  hôpi- 
taux de  l'ai-mée  de  Flandre.  On  a  de  lui  :  Ludo- 
vici  XIII  triumphus  de  Rupella  capta  ;  Pa- 
ris, 1628,  in-fol.  ;  —  Recueil  de  lettres  des  plus 
saints  et  meilleurs  esprits  de  l'antiquité,  tou- 
chant la  vanité  du  monde ;Vains,  1629,  in-8°; 
— quelques  autres  poésies  françaises  et  latines  sur 
le  même  sujet.  Ce  qui  a  contribué  surtout  à  la 
réputation  de  Canaye,  c'est  un  opuscule  intitulé 
Conversation  du  maréchal  d'Hocquincourt 
et  du  P.  Canaye  ;  petit  chef-d'œuvre  d'esprit 
et  de  style,  qui  met  en  opposition  la  bonne  foi 
un  peu  soldatesque  du  vieux  gouverneur  de  Pé- 
ronne  av€c  la  subtile  doctrine  du  missionnaire 
général  des  armées.  On  attribue  ce  dialogue  cu- 
rieux à  Charleval.  Il  est  à  remarquer  que  Saint- 
Évremond ,  qui  l'a  publié  dans  ses  œuvres ,  avait 
liij  même  étudié  sous  le  P.  de  Canaye. 

Richard  et  Glraud,  Bibliothèque  sacrée.  —  Chaudon  et 
Delandinc,  Dict.  hist. 

CANAYE  (\Étienne,  abhé  de),  oratorien  et 
historien  français,  de  la  famille  des  précédents, 
né  à  Paris  le  7  septembre  1694,  mort  dans  la 
même  ville  le  12  mars  1782.  Il  entra  à  l'Oratoire 
en  171G,  et  se  fit  remarquer  au  collège  de  Juilly 
par  son  cours  de  philosophie.  Cédant  aux  vœux 
de  sa  famille,  il  entra  dans  le  monde  en  1728; 
mais  il  refusa  de  suivre  la  carrière  de  la  magis- 
trature, que  ses  parents  lui  destinaient.  Reçu  â 
l'Académie  des  inscriptions,  il  se  lia  d'affection 
avec  d'Alembert  et  Foncemagne,  qui  lui  repro- 
chaient souvent  de  ne  pas  écrire  davantage  :  «  En 
littérature  comme  au  théâtre,  répondait  Canaye, 
le  plaisir  est  rarement  pour  les  auteurs.  »  Aussi 
n'a-t-il  laissé  après  sa  longue  vie  que  trois  mé- 
moires :  sur  V Aréopage,  sur  Thaïes,  sur  Anajci- 
mandre ,  publiés  dans  le  recueil  de  l'Académie 
des  belles  lettres.  Les  deux  derniers  traitent  prin- 
cipalement de  la  naissance  et  des  progrès  de  la 
philosophie  ancienne;  il  faut  y  joindre  quelques 
Dissertations  sur  plusieurs  livres  anciens  et 
modernes.  Les  hvres  de  sa  bibliothèque  étaient 
surchargés  de  notes. 

Cliaudon  et  Delandlne,  Dictionnaire  hist. 

CANCELLIERÏ  {François-Jérôme),  archéolo- 
gue italien,  né  à  Rome  le  lOoctobre  1751, mort  le 

29  décembre  1826.  Après  de  bonnes  études,  il  de- 
vint secrétaire  du  P.  Cordara.  En  1770,  il  fut  in- 


troduit dans  la  famille  des  Albani  de  Sienne.  Di 
venu  prêtre,  il  obtint  des  bénéfices  et  fut  nomme  b 
bliothécairedu  cardinal  Léon  Antonelli.  Dans  l'ir 
tervalle ,  il  publia,  à  la  prière  de  Giovenazzi ,  qi 
l'avait  découvertdans  la  bibliothèque  du  Vatic; 
et  annoté,  un  fragment  du  41*^  livre  de  Tite-Liv 
avec  une  préface;  1773  ,  in-4°.  Après  s'être rcti 
quelque  temps  dans  la  vie  privée,  lors  des  év 
nements  de  1798  et  de  l'entrée  des  Français 
Rome,  il  ne  rentra  dans  la  vie  active  qu'en  180 
pour  prendre  la  direction  de  l'imprimerie  ( 
la  Propagande.  En  1804  il  suivit  le  cardinal  A 
tonelli  à  Paris,  et  assista  au  sacre  de  Napoléoi 
il  entra  en  relations  avec  les  savants  frança 
de  l'époque.  A  son  retour  en  Italie,  il  reprit  s 
nombreux  travaux  d'érudition.  Par  une  exce 
tion  qui  prouve  la  considération  dont  il  jouissa 
il  fut  enterré  dans  l'église  Saint-Jean-de-Latra 
lieu  de  sépulture  réservé  aux  cardinaux.  Ses  coi 
patriotes  le  surnommèrent  le  Nouveau  Varro 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  De  Stanislao 
Polonix  rege,  Elegia;  Rome,  1770  ;  —  Desa 
zione  délia  sagristia  Vaticanaerettada  Pic  \ 
Rome,  1784,  in-8°;  —  Supplica  presentata 
Pio  VI  a  nome  degli  obelischi  Compense,  A 
gusteo ,  Sallustiano  e  Barberino,  etc.  ;  —  - 
Seci'etariis  basilicse  Vaticanx;  Rome,  178 
4  vol.  ;  —  Descrizione  délia  basilica  Vai 
cana;  Rome,  1788,  in-12  ;  —  Descrizione 
pontïficali  che  si  celebrano  nella  basilica  p 
lefeste  di  Natale,  di  Pasqua  e  di  San  Pietr 
Rome,  1788,  in-12;  —  Notizie  délie  due  J 
mose  statue  dette  di  Pasquino  e  di  Marfori 
1789,  in-8°;  —  Storia  de'  solenni  possessi  ( 
sommi  Pontefici,  da  Leone  III  a  Pio  VI 
Rome,  1802,  in-4°;  — Descrizione  délie  fu\ 
zioni  che  si  celebrano  nella  cappella  pont[ 
cia  per  la  settimana  santa  ;  Rome,  1789,  in-S 
1818  ;  — RaggionamentodelCan.\Filippo  Wc 
quier  de  la  Barthe,  sopra  le  cagioni  délia-  i 
feriorità  del  teatro  latino  del  qreco;  Ron" 
1809,  in-8°  ;  —  le  Due  miove  Campanedel  Cm 
pidoglio  descritic ;Viome,  1806,  in-8";  —  IJ^ 
sertazioniepislolari diC-B.  ViscontieFilip 
Wacquier  de  la  Barthe,  sopra  la  statua  del  D 
cobolo;  Rome,  1806,  in-8°;  —  Lettcra  al  si  g 
Girolamo  Barufaldi,  sopra  la  vita  di  Lod 
vico  Ariosto,  da  lui  publicata  in  Ferrara  n 

1807,  dans  le  tome  III  des  Memorie  del  Guc 
tani  ;  —  Lettera  sopra  la  origine  délie  parc 
Domimis  e  Domnus  e  del  titolo  diDon;  Ron 

1808,  in-8";  —  Dissertazioni  epistolari  sop 
Cristoforo  Colombo  e  Giovanni  Gersen  ;  Roir 
1809, in-8°  ;  —  il  Mercato,  il  lago  del  V  Acqi 
Vergine,  il  palazzo  Panfiliano  nel  circo  Ag 
nale;  Rome,  1811  ;  — Memorie  di  S.  Medk 
martire,  con  le  notizie  de''  Medici  e  délie  il 
dichesse  illustri  per  santità;  Rome,  181 
in-8°;  —  Lettera  sopra  la  voce  sparsa  de 
improvvisa  sua  morte  agli  11  gennajo  181 
in-12,  et  1812, publiéeaus.çi  dans  Millin(jlffl|7ff'' 
encyclopédique);  —  Biblioteca  Fompejon 


CANCELLIERI  —  CANCLAUX 

me,  1813,  in-S";  —  le  Sette  cosefatali  di 


446 


maantica;  Rome,  1812,  in-S";  —  Descri- 

Die  dellelcarte  Cinesi  che  adornano  il  pa- 

:.-()  délia  villa  Valenti,  poi  Sciarra;  Rome, 

13,   in-S";  —   Osservazioni   intorno    alla 

rsfione  promossa  intorno  la  origlnalità 

'la  Divina  Commedia  di   Dante;  Rome, 

l'i,  in-8°;   —  Dissertazione  intorno   agit 

mini   dotati  di  gran  memoria  e  a  quelli 

"cnuti  memorati;  Rome,  1815,  in-S";  — 

'tera  al  professore  Sttpi,  sulla  sua  ver- 

ncdellibro  délia  Consolazione  délia  fi  lo- 

'(i  del  Boezio;  Pérouse,  1816;  —  Disscrta- 

iic  di  D.  Benedetto  Rocco,  Napolitano,  sul 

tdco  degliScacchi;  Pérouse,  1817;  —  Elen- 

I  ts  librorum  qui  omnigenis  formis  impressi 

;  dierunt  e  Propaganda;  ibid.,  1817,  m-12; 

Dissertazione  sopra  due  iscrizioni,  etc.; 

1  ne,  1819,  in-12  ;  —  Nolizie  délia  venuta 

t  Roma  di  Canuto  II,  di   Cristino  I,   re 

(  Danimarca;  ibid.,  1820,  in-8'';  —  Notizie 

i  triche  délie  stagioni  e  de'  siti  diversi  in 

(  sono  stati  tenuti  i  conclavi  nella  città  di 

1  au;  ibid.,  1823  ;  —  Notizia  sopra  V  origine 

t    uso  delV  anello  piscatoris  ;  ibid.,  1823, 

i  ';  —  Notizie  istoriche  délie  chiese  di  Santa 

!  ''ia  in  Jîilia,  diSan  Giovanni  Calibita  e  di 

.'    Tommaso  degli  Spanuoli;  Bologne,  1823, 

i  "  ;  —  Lettera  sopra  la  statua  di  Mose  del 

i  marotti,  con  la  biblioteca  Mosaica ;'Rome , 

1  j  ;  —  Memorie  délia  vit  a  ed  opère  delpit- 

;  errante;  Rome,  1824 ,  in-8°  ;  —  Lettera  al 

te  Morosini,  sulla  cifra  delV  Accademia 

lincei  ;  Venise,  1829,  in-8°. 

ipaido,  Biog.  degli  Ital.  illustri,  VI,  409. 

lANCER  (Jarae),  jurisconsulte  espagnol,  né 

"bastro  (Aragon)  vers  I520,  mort  vers  1592. 

'était  fixé  à  Barcelone ,  et  y  exerçait  avanta- 

sement  la  profession  d'avocat.  On  a  de  lui  : 

«a?  Eesohitiones  juris  Csesarei  Pontifiais 

ninicipalis  principatus  Catalaunix;  1590, 

ol.  in-fol.  Cet  ouvrage  est  encore  très-estimé 

•«Espagne. 

I  A  ntonio,  Bibliotheca  hispana  nova.  —  Fontanella  , 

lisions  de  Mantoue.—  &A\\{et,  Jugements  des  savants. 

ANCER  (  Geronimo  ),  poète  espagnol,  vivait 
slix-septièrae  siècle.  H  occupa  une  place  dis- 
I  ^iiée  à  la  cour  de  Philippe  IV,  et  il  ne  saurait 
(  '  oublié  dans  une  histoire  de  la  littérature  cas- 
t  ne,  bien  qu'il  faille  ranger,  dans  la  catégorie 
<  livres  presque  oubliés,  ses  Obros,  publiés  à 
Mrid  en  1651,  réimprimés  à  Lisbonne  en  1657. 
(|  écrivain  donna  au  théâtre  espagnol  une  direc- 
^i  nouvelle,  et  se  fit  un  genre  à  part,  dans  le- 
<)!l  il  trouva  peu  d'imitateurs.  Les  poètes  s'é- 
tj  nt  attaché  s  à  mettre  sur  la  scène  d  es  faits  héroï- 
<^'S,  qu'ils  traitaient  avec  la  pompe  du  génie  cas- 
tjin  en  même  temps  qu'avec  une  exagération 
^'phatique,  excusable  chez  les  professeurs  du 
■yte  empire  de  Charles-Quint.  Cancer  voulut 
^yer  cet  imposant  répertoire.  Les  JV/ocerfaa'es 
(i  Cid  et  la  Muerte  de  Baldovinos  montrent 


sous  un  aspect  comique  les  héros  les  plus  illustres 
de  l'histoire  castillane  et  de  la  chevalerie  errante. 
Des  incidents  burlesques,  des  expressions  emprun- 
tées au  bas  langage  montrent  sous  un  jour  étrange 
des  personnages  et  des  événements  qu'on  avait 
jusqu'alors  entourés  de  respect  et  de  toute  la  re- 
dondance du  langage.  Ce  sont  des  parodies,  mais 
elles  sont  amusantes  et  écrites  avec  verve.  Cancer 
s'essaya  aussi  dans  le  genre  sérieux  ;  une  de  ses 
coniedias,  intitulée  Dineros  son  calidad  (l'Ar- 
gent fait  la  noblesse),  est  loin  de  manquer  de 
mérite;  elle  a  eu  l'honneur  d'être  attribuée  à 
Lopès  de  Vega.  11  prit  part  au  système  de  colla- 
boration, déjà  en  pleine  vigueur  au  delà  des  Py- 
rénées il  y  a  deux  siècles  et  demi  ;  il  s'associa 
avec  deux  auteurs  en  renom,  Moreto  et  Matas 
Fragoso,  pour  la  confection  de  deux  pièces  promp- 
tement  oubliées  :  l'une  d'elles,  El  Bruto  de  Ba- 
bilonia,  roule  sur  la  métamorphose  du  roi  Nabu- 
chodonosor  ;  il  était  difficile  de  faire  un  chef- 
d'œuvre  avec  pareille  donnée.      C.  Brunet. 

Autonio,  Bibl.  hisp.  nova. 

CANCiANi  {Paul),  savant  italien,  né  à  Udine  en 
1725,  mort  en  1810.11  appartenait  à  l'ordre  des 
Servîtes,  et  se  fit  surtoutconnaître  par  son  ouvrage 
intitulé  Barbarorum  leges  antiques,  cum  no- 
tis  et  glossariis  ;  Venise,  1781-1782,  5  vol.  in- 
fol.  C'est  un  recueil  qui  ne  se  fait  remarquer  ni 
par  l'ordre  ni  par  le  plan  ;  mais  on  y  trouve  de 
précieux  documents  historiques. 

Tipaldo,  Biog.  degli  Italiani  illustri,  I,  300. 

CANCï.AUX  {Jean-Baptiste-Camille,  comte), 
général  français,  né  à  Paris  le  2  août  1740,  mort 
le  30  décembre  1817.  Ses  parents  appartenaient 
à  la  magistrature;  mais  ses  gortts  militaires  le 
déterminèrent  à  entrer  à  l'école  d'équitation  de 
Besançon,  d'où  il  sortit  à  seize  ans  pour  faire  la 
guerre  de  Hanovre.  H  était  major  aux  dragons  de 
Conti  en  1789.  L'émigration  d'un  grand  nombre 
d'officiers  fut  favorable  à  son  avancement,  et 
il  devint  successivement  colonel,  maréchal  de 
camp  en  1791,  et  lieutenant  général  le  7  septem- 
bre 1792.  En  avril  1793,  il  fut  chargé  du  com- 
mandement en  chef  de  l'armée  républicaine,  dont 
le  quartier  général  était  à  Nantes.  Il  y  fut  bientôt 
assiégé  par  70,000  Vendéens,  qu'il  repoussa  le  29 
juin,  après  dix-huit  heures  de  combat.  Après  avoir 
discipliné  des  troupes,  et  reçu  quelques  renforts 
de  la  garnison  de  Mayence,  qui  durant  une  an- 
née, aux  termes  de  sa  capitulation,  ne  pouvait 
servir  que  dans  l'intérieur  de  la  France ,  Can- 
claux  reprit  l'offensive,  et  battit  sérieusement 
les  Vendéens  à  Saint-Symphorien  le  6  octobre 
1793.  Sur  la  dénonciation  de  Ronsin,  général  de 
l'armée  révolutionnaire,  Bouchotte,  alors  minis- 
tre de  la  guerre,  destitua  Canclaux,  et  le  fit  rem- 
placer par  Léchelle  (30  septembre  1793)  et  par 
Rossignol,  généraux  dont  l'incapacité  fut  depuis 
notoire.  Après  la  chute  de  Robespierre,  Can- 
claux fut  nommé  de  nouveau  général  en  chef  de 
l'armée  de  l'Ouest.  Il  organisa  la  légion  nantaise, 
rpii   hâta ,  par  sa  bravoiu-e  et  ses  services,  U 


447 


CANCLAUX  —  CANCRIN 


pacification  de  là  Vendée.  Canclaux  eut  la  gloire 
d'enposerles  préliminaires  avec  Charette  en  1795. 
En  1796,  il  fut  chargé  de  se  rendre  dans  le  Midi, 
pour  y  réunir  les  premiers  éléments  de  cette  in- 
vincible armée  d'Italie,  à  laquelle  Bonaparte  doit 
en  grande  partie  sa  haute  fortune.  Nommé  en  1797 
à  l'ambassade  d'Espagne,  il  occupa  ce  poste  jus- 
qu'en 1798,  époque  où  ilfutenvoyé  àNaples  rem- 
plir les  mêmes  fonctions.  A  son  retour  en  Franc*, 
Canclaux  lit  partie  do  bureau  militaire  institué 
par  le  Directoire.  Après  le  18  brumaire,  Bona- 
parte le  nomma  inspecteur  général  de  cavale- 
rie et  commandant  de  la  14'^  division  militaire, 
dont  le  siège  était  à  Caen.  Il  fut  ensuite  admis 
au  sénat  en  1804,  et  nommé  grand  aigle  de  la 
Légion  d'honneur.  En  1813,  chargé  de  prendre 
les  mesures  nécessaires  pour  la  défense  des  fron- 
tières, il  s'acquitta  de  cette  mission  avec  autant 
de  zèle  que  d'intelligence.  Le  4  juin  1814, 
Louis  XVIII  le  nomma  pair  de  France,  et  Napo- 
léon, à  son  retour  de  l'île  d'Elbe,  le  maintint  sur 
cette  liste.  Il  en  fut  rayé  par  l'ordonnance  royale 
du  24  juillet  1815;  mais,  comme  il  n'avait  pas 
siégé  pendant  les  Cent-Jours ,  il  fut  peu  après 
réintégré  dans  ses  fonctions. 

Comte  de  Muy,  Éloge  du  comte  Canclaux.  —  Biogra- 
phie (tes  Contemporains. 

CANCRiN  ou  cANCRiNus  {Fi'ançots-Louis 
DE),  minéralogiste  allemand,  né  le  21  février 
Î738  à  Breitenbach  (Hesse-Darmstadt),  mort 
en  1796.  Il  fut  successivement  contrôleur  de 
la  monnaie  et  des  bâtiments  civils  à  Hanau, 
professeur  à  l'École  militaire  de  Hesse,  et  con- 
seiller principal  de  la  chambre  de  la  même  ville. 
Il  quitta  ces  fonctions  en  1782  pour  celles  de 
commissaire  du  gouvernement  à  Altenkirchen 
(comté  de  Sayn).  En  1783,  l'impératrice  Cathe- 
rine II  le  nomma  directeur  des  mines  de  sel  de 
Stararia-Roussa,  et  conseiller  du  collège  impé- 
rial. En  1786,  il  se  retira  àGiessen  (Hesse),  où 
il  resta  occupé  de  travaux  scientifiques  jusqu'en 
1793,  époque  à  laquelle  il  retourna  en  Russie 
comme  conseiller  d'État.  Il  apublié  en  allemand, 
sur  l'administration  publique,  la  minéralogie,  la 
métallurgie,  des  ouvrages  dont  les  titres  suiventj: 
Praktische  Ahhandlung  iiber  die  Ausbeutung 
nnd  Verarbeitung  des  Kup/ers  (Dissertation 
pratique  sui  l'exploitation  et  la  préparation  du 
cuivre);  Francfort,  1766,  in-8°;  —  Beschrei- 
bung  der  hauptsàchlichsten  in  IJessen,  in 
Waldeckischen ,  im  Harzgebirge,  in  den 
Sistricten  von  Mansfeld,  und  in  Saclfeld 
und  in  Sachsen  befindlichen  Bergwerke {Des- 
cription des  principales  mines  situées  dans  la 
Hesse,  dans  le  pays  de  Waldeck,  dans  le  Harz, 
dans  les  districts  de  Mansfeld  et  de  Saaifeld , 
et  en  Saxe)  ;  Francfort ,  1767,  in-4°;  —Grund- 
ziige  der  Berg-und  Salzwerkskunde  (Prin- 
cipes élémentaires  de  la  science  des  mines  et 
des  salines);  Francfort,  1773-1791,  13  vol. 
in-8°,  avec  beaucoup  de  planches  :  cet  ouvrage, 
le  meilleur  de  Cancrin  et  le  plus  complet  sur 


cette  matière,  a  été  traduit  en  extrait  parBlav 
sous  le  titre  :  Jurisprudence  générale  des  min 
en  Allemagne,  traduite  avec  des  avnotatio 
relatives  à  la  même  matière  dans  les  pri 
cipaux  États  de  l'Europe,  et  notamment 
France;  Paris,  1825,  3  vol.  in-8°;  —  Einl 
tung  in  die  Probirkunst  und  Hûttenkun 
(  Introduction  à  la  docimasie  et  à  la  métalii 
gie);  Francfort,  1784,   in-8'' ,  avec  figures; 
Vermisckte  Schri/ten  uber  Land-und  Staa 
wirthschajt  (Divers écrits  sur  l'économie)  ;  Ri 
178C-1787 ,  in-4°,  avec  planches;  —  Geschiscl 
und  systematische  Bcschreibung  der  in  i 
Grafschaft  Hanau  -  Mûnzenberg    gelegen 
Bergwerke  { Histoire  et  description  système 
que  des  mines  situées  dans  le  comté  de  Han 
Munzemberg)  ;  Leipzig,  1787,  in-S";  —  Kle 
technologische  Schri/ten  (  Opuscules  teclmc 
giques)  ;  Giessen,  1788-1790,  6  vol.  in-8°,  a 
planches;  —  Abhandlurgen  ûber  das   VFi 
serbau-und  Seerecht  (  Dissertations  sur  le  di 
hydraulique  et  maritime)  ;  Halle ,  1789-1800 
vol.  in-8",  avec  planches;  —  Abhandlung  û 
die  Landbauten  (Dissertations  sur  les  constr 
lions  rurales)  ;  Francfort,  1791-  1792,  in-S",  a 
gravures;  —   Grundsàtze  der  burgerlicl 
Baukunde,   in    Uebereinstimmung   mit  < 
Théorie  und  Praxis  (Principes  de  l'architect 
civile,  conformément  à  la  théorie  et  à  la  pr 
que);  Gotha,  1792,  01-4°,  avec  30  planches; 
Vollstàndige  Abhandlung  ûber  die  im  R 
sischen  Reiche  gebràuchliche  Oe/en  and  . 
mine,  und  iibereine  bessere  Einrichtung  c  ■ 
selben  (Dissertation  complète  sur  les  poêle 
cheminées  en  usage  dans  l'empire  russe,  et 
l'amélioration  de  leur  construction)  ;  Marboii 
1807,  8  vol.  in-8°,  avec  10  planches. 

Meuseï,  Lexicon  der  jetztlebenden  deutschen  Sch  t 
flsteller  (Dictionnaire  des  auteurs  allemands  vivaotslj 
Strieder,  Hessische  gelehrten  Gesc/iischte,  tom.  II. 

*  CANCRIN  (George,  comte),  fils  du  préeéd 
célèbre  financier  et  homme  d'État  au  service 
la  Russie,  né  à  Hanau  en  1773,  mort  à  Sainte 
tersbourg  le  22  septembre  1845.  Il  fit  ses  prer 
res  études  au  gymnase  de  sa  ville  natale,  et  I 
quent^  ensuite  (1790)  l'université  de  Giessen,  o 
se  livra  à  l'étude  du  droit  et  de  l'économie  p 
tique,  qu'il  continua  plus  tard  à  runiversitéi 
Marbourg.  En  1794,  il  obtint  le  grade  de  licei 
en  droit;  mais  son  esprit  vaste  et  avide  dec 
naissances  l'entraîna  vers  d'autres  études, 
tamment  vers  la  science  administrative  et  la 
térature. 

On  lui  attribue  un  roman  allemand  qui  pa 
en  1797  à  Altona,  sous  ce  titre  :  Dagobe 
histoire  relative  à  la  giierre  actuelle  de 
liberté.  Dans  cet  ouvrage,  Cancrin  plaidait  a 
chaleur  pour  les  idées  nouvelles,  et  se  mont 
très-favorable  à  la  révolution  française.  Bel 
coup  d'esprits  supérieurs,  qui  depuis  ont  al 
donné  cette  cause,  partageaient  alors  l'opini 
de  Cancrin. 


449  CANCRIN  — 

Mais  dès  l'année  1796,  trompé  dans  son  espé- 
rance d'obtenir  une    place  du  gouvernement 
hessois,  il  était  parti  pour  la  Russie,  où  il  devait 
rejoindre  son  père.  Là,  s'ouvrit  pour  lui  une  car- 
rière des  plus  brillantes  et  des  plus  utiles  à  sa 
nouvelle  patrie.  11  entra  dans  l'administration  mi- 
litaire, et  obtint  un  avancement  rapide  ;  en  1812 
il  devint  intendant    général  de    l'armée,  qu'il 
suivit  dans  sa  marche  à  travers  l'Allemagne.  Il 
!-evit  alors  Hanau  et  ses  amis  d'enfance,  et  peu 
iprès  il  fut  nommé  lieutenant  général.  Ses  vastes 
talents,  sa  probité,  son  amour  du  travail  lui 
valurent  la  confiance  de  l'empereur  Alexandre , 
\m  le  nomma  en  1823  ministre  des  finances.  Le 
iremier  il  reconnut  et  utilisa  le  génie  industriel  de 
anation  russe  ;  il  donna  à  ses  subordonnés  l'exem- 
ile  d'une  infatigable  application  aux  affaires  et 
'un  rare  désintéressement.  Des  économies  con- 
idérables,  introduites  dans  toutes  les  branches 
e  l'administration,  lui  ont  fourni  les  moyens  de 
onder  un  grand  nombre  d'établissements  utiles, 
coles  de  commerce  et  de  navigation,  instituts 
)restiers,  teclmologiques  et  autres.  Il  a  suivi 
p?ec  une  vive  sollicitude  les  progrès  des  sciences 
idustrielles  et  économiques  dans  tous  les  pays, 
*%  il  entretenait  à  Paris,  à  Londres  et  en  Allema- 
le  des  agents  spéciaux,  chargés  de  lui  rendre 
)mpte  de  tous  les  procédés  nouveaux  et  de  tous 

ffS  perfectionnements.  Il  a  augmenté  le  revenu 
b  l'État  par  une  administration  habile  du  mo- 
ppole  de  l'eau-de-vie  et  des  douanes,  et  par  la 
érection  qu'il  a  imprimée  à  l'exploitation  des 
ines.  Enfin  sa  gestion  sage  et  éclairée  du  tré- 
W  de  l'empire,  dont  il  faisait  connaître  la  situa- 
on  chaque  année  par  un  rapport  public,  a  élevé 
(crédit  de  la  Russie,  et  rétabli  l'ordre  le  plus 
goureux  dans  le  département  des  finances.  Peu 
hommes  ont  pu  rendre  à  un  pays  des  services 
lasi  éclatants  et  aussi  durables.  Il  n'a  eu  pour 
ipui  dans  sa  carrière  que  son  mérite,  et  par  de 
ids  talents  a  su  honorer  la  position  éminente  à 
[uelle  il  s'est  élevé.  Outre  le  roman  dont  nous 
ons  fait  mention,  Cancrin  a  publié  plusieurs 
ivrages  sur  l'économie  politique  et  l'administra- 
on  estime  son  traité  Sur  la  Richesse  du 
e  (  Weltreichthum  ) ,  et  il  a  donné  le  ré- 
d'une  longue  expérience  dans  son  Écono- 
\e  militaire  pendant  la  paix  et  pendant  la 
erre,  et  de  son  influence  sur  les  opérations 
~  \rmées ,  3  vol.  in-8'' ,  ouvrage  écrit  en  alle- 
(Saint-Pétersb.,  1822  et  1823).  [Eue.  des 
m.] 
ionnuire  de  la  Conversation. 

NDA  {Charles  du  ),  historien  ecclésiasti- 

ançais,  né  à  Saint-Omer,  vivait  en  1615. 

a  dans  l'ordre  des  Prémontrés,  et  fut  d'a- 

chanoine,  puis  prieur  de  l'abbaye  de  Dam- 

II  a  laissé  :  la  Vie ,  la  Sainteté,  les 

IrcKles  et  les  Actes  de  la  Canonisation  de 

nt  Charles  BoiTomée ,  archevêque  de  Mi- 

;  Saint'Omer,  1614,  in-8°  ;  traduit  del'italien  ; 

'o  Vie  de  saint  Thomas,  archevêque  de  Can 

NOUV.  BIOGR.   CNIVERS.  —  T.  VIII. 


CANDACE 


450 


torbéry,  avec  les  constitutions  royales  qui  ont 
causé  son  exil  et  son  martyre,  et  les  miracles 
advenus  par  son  intercession  dans  l'abbaye 
de  Dammartin;  Saint-Omer,  1615,  in-4";  — 
la  Vie  de  sainte  Françoise,  veuve  romaine, 
traduite  de  l'italien  (sans  date). 

Valère  André,  liibliotheca  llelçiica. 

CANDACE,  nom  qui  paraît  avoir  appartenu  à 
toutes  les  reines  d'Ethiopie.  Au  rapport  de  divers 
écrivains  anciens,  c'était  la  coutume  des  Ethio- 
piens d'être  gouvernés  pardes  femmes.Ce  fait  sem- 
ble vraisemblable,  si  l'on  considère  que  les  rois  de 
ce  pays  étant  toujours  enfermés  dans  leur  palais, 
où  ils  étaient  révérés  comme  des  dieux ,  lais- 
saient la  plus  grande  partie  de  l'administration 
publique  à  leurs  femmes,  qui  commandaient  même 
les  armées.  Aussi  parle-t-on  plutôt  des  reines 
d'Ethiopie  que  des  rois,  dont  la  vie  se  passait  dans 
une  fastueuse  indolence. 

L'histoire  nous  a  transmis  le  souvenir  de  trois 
femmes  qui  portèrent  ce  nom.  La  première, 
appelée  aussi  McauUs  ou  Makeda,  fit  en  grande 
pompe  le  voyage  de  Jérusalem  pour  y  contem- 
pler Salomon  dans  sa  gloire  et  puiser  la  sagesse 
à  sa  véritable  source.  Elle  en  rapporta  un  fils, 
Menihelech,  qu'elle  envoya  passer  sa  jeunesse 
à  la  cour  de  Salomon,  son  père  ,  afin  d'y  ap- 
prendre la  loi  de  Moïse.  Ce  fils,  qui  lui  succéda, 
répandit,  dit-on,  le  judaïsme  dans  son  royaume, 
et  fut  le  chef  de  cette  longue  dynastie  qui  se 
faisait  gloire  de  sortir  du  sang  de  David. 

Quant  aux  deux  autres,  l'une  d'elles  s'est  il- 
lustrée par  son  courage  et  son  opiniâtre  résis- 
tance aux  Romains.  Pétronius,  qui  commandait 
en  Egypte  pour  Auguste,  voulant  venger  les 
Romains  d'une  défaite  que  Candace  leur  avait 
fait  éprouver  sur  un  autre  po"nt  et  s'emparer 
de  ses  États,  s'avança  en  Ethiopie  à  la  tête 
d'une  forte  armée,  et  pénétra  jusqu'à  Napata, 
la  capitale ,  qu'il  fit  saccager,  ainsi  que  plusieurs 
autres  villes;  mais  il  ne  put  se  rendre  maître  de 
la  reine,  dont  l'habileté  déjoua  toutes  ses  pour- 
suites. Bientôt  les  déserts,  la  chaleur  et  les  ma- 
ladies le  forcèrent  de  ramener  ses  troupes  en 
Egypte.  Fatigué  d'une  guerre  infructueuse,  et  dé- 
sespérant de  soumettre  jamais,  d'une  manière 
durable,  l'Ethiopie  au  joug  des  Romains,  Pétro- 
nius suggéra  lui-même  à  Candace  la  résolution 
de  demander  la  paix,  qu'Auguste  lui  accorda 
plus  tard. 

L'autre  Candace  eut  la  gloire  d'introduire  le 
christianisme  dans  ses  États ,  et  voici  à  quelle 
occasion.  Quelque  temps  après  la  mort  du 
Christ,  l'eunuque  Juda,  grand  trésorier  de  la 
reine  d'Ethiopie,  s'était  rendu,  dans  un  appa- 
reil somptueux,  au  temple  de  Jérusalem  pour  y 
faire  des  offrandes  ;  à  son  retour,  comme  il  lisait 
sur  son  char  un  passage  prophétique  d'isaïe, 
qu'il  ne  pouvait  comprendre,  il  rencontre  l'a- 
pôtre Philippe,  poussé  près  de  lui ,  dit  l'Écriture, 
par  l'esprit  de  Dieu.  Il  l'engage  à  monter  à  ses 
côtés,  et  lui  demande  l'explication  des  paroles 

15 


451 


CANDACE  —  CANDAMO 


45i 


du  prophète.  Philippe  lui  fait  entendre  que  la 
prophétie  s'applique  au  Christ,  et  qu'elle  a  été 
accomplie  dans  sa  personne  ;  puis  il  prêche  avec 
tant  de  chaleur  et  de  persuasion  la  religion  nou- 
velle ,  que  l'eunuque  croit,  reçoit  le  baptême  sur 
le  chemin  même  ,  et  arrive  en  Ethiopie  plein 
d'un  ardent  désir  de  prosélytisme.  Candace  fut 
la  première  à  embrasser  la  foi  prêchée  par  son 
ministre,  et  bientôt  l'exemple  de  la  reine  en- 
traîna plusieurs  grands  de  la  cour  et  une  partie 
du  peuple.  C'est  donc  à  deux  femmes  que  l'E- 
thiopie paraît  être  redevable  d'avoir  changé  ses 
vieilles  croyances  contre  une  religion  nouvelle  et 
plus  parfaite  :  Nicaulis,  qui  visita  Salomon,  au- 
rait jeté  les  premiers  fondements  du  judaïsme 
dans  ses  États,  et  Candace  ceux  du  christianisme. 
Pourtant  cette  dernière  religion  ne  fut  univer- 
sellement admise  en  Ethiopie  que  deux  siècles 
plus  tard,  lorsque  Frumentius,  envoyé  par  Atha- 
nase  d'Alexandrie  ,  alla  l'y  répandre  par  la  pré- 
dication. Elle  ne  put  s'y  conserver  longtemps 
pure  ;  grossiers,  superstitieux ,  éloignés  du  cen- 
tre des  lumières  chrétiennes,  les  Éthiopiens  de- 
vinrent bientôt  la  proie  des  imposteurs  qui  ont 
défiguré  et  morcelé  leur  foi  primitive.  [Enc. 
des  g.  du  m.] 

Jetés  des  Apôtres.  —  Dorothée  ,  Synopsis  de  vita  et 
morte  apostolorum.  —  Saint  Irénée,  De  Hseresibus.  — 
Saint  Jérôme,  m  Isaïam.—  Saint  Cyrille,  Cathes).  —  %u- 
sèbe.  —  Strabon.  —  Pline,  Hist.  nat. 

*CANDALE  OU  CANDELLA  {François  Hus- 
SATES  ou  DE  Foix,  comtc  de),  prélat  et  mathé- 
maticien français,  né  en  1 502,  mort  le  5  février 
1594.  H  fut  évêque  d'Aire  en  Gascogne,  et  com- 
mandeur des  ordres  royaux.  Amateur  passionné 
des  sciences  mathématiques,  il  en  créa  une  chaire 
à  l'université  de  Bordeaux.  On  a  de  lui  :  Tra- 
duction du  Poëmandre  d'Hermès  Trismégiste 
en  français;  —  Traduction  des  œuvres  d'JSu- 
clide  en  français. 

La  Croix  du  Maine,  Bibl.  franc  —  Sainte-Marthe, 
Gallia  christiana.  —  Tetssier,  Éloges  des  savants.  — 
Verriier,  Bibl.  française. 

CANDALLEOUCA]VS>ALE(FeHn  DE  NOGARET 

d'Épernon,  duc  de),  général  français,né  en  1591, 
mort  le  11  féviMer  1639.  D'abord  comte  de  Can- 
dalle,  il  obtint  le  17  septembre  1596,  en  survi- 
vance de  son  père,  les  charges  de  gouverneur  et  de 
lieutenant  général  en  Angoumois,  Saintonge  et 
Aunis.  Séduit  par  de  mauvais  conseils,  il  s'éloigna 
du  duc  d'Épernon  (Jean-Louis  de  Nogaret),  son 
père,  et  passa  au  service  du  grand-duc  de  Tos- 
cane, qui  armait  contre  les  Turcs.  S'étant  em- 
barqué sur  la  flotte  année  à  Civita-Vecchia,  il 
s'empara  d'Agliment,  où  il  entra  le  premier.  De 
retour  en  France  (1614),  il  fut  nommé  preiïiier 
gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  Louis  XIII; 
mais  s'étant,  quelqiies  mois  après,  brouillé  avec 
la  cour,  il  suivit  le  parti  des  mécontents,  pa- 
rut embrasser  le  calvinisme,  et  fut  déclaré 
généra!  des  Cévennes  dans  l'assemblée  que 
les  calvinistes  tinrent  à  Nîmes  en  1615.  Rendu 
bientôt  après  à  lui-même ,  à  sa  religion,  à  son 


père  et  à  son  roi,  il  obtint  (1621)  des  lettres 
patentes  qui  le  créèrent  tout  à  la  fois  duc  dt 
Candalle  et  pair  de  France.  Ayant  pris  du  servie* 
sous  le  prince  d'Orange ,  comme  colonel  d'ui 
régiment  d'infanterie  ,  il  se  jeta  dans  la  ville  d( 
Bergues,  qu'assiégeait  le  marquis  de  Spinola.  S'é 
tant  démis  de  son  gouvernement  d'Angoumois 
de  Saintonge  et  d'Aunis,  il  prit  (1624)  le  com 
mandement  des  troupes  de  la  république  d 
Venise  dans  la  ValteUne ,  et  fut  nommé  (  1630 
général  de  l'infanterie  vénitienne.  Chevalier  de 
ordres  du  roi  (  14  mai  1633),  et  aigri  contre  1 
cardinal  de  Richelieu,  auquel  il  attribuait  de  n'a 
voir  pas  obtenu  le  bâton  de  maréchal  de  France 
il  quitta  de  nouveau  la  France,  et  se  rendit 
Venise,  qui  l'élut  généralissime  de  ses  armées 
Le  cardinal  Louis  de  Lavalette,  son  frère,  ayar 
ménagé  son  raccommodement  avec  le  cardin; 
de  Richelieu,  le  duc  de  Candalle  revint  à  la  cou 
de  Louis  XFII,  qui  le  nomma  snccessivemer 
général  commandant  des  armées  de  Guyenii 
(1636),  de  Picardie(1637)et  d'Italie,  sous  le  cai 
dinal  son  frère.  Il  mourut  à  Casai  à  l'âge  è 
quarante-huit  ans.  A.  S 

Pinard,  Chronol.  milit.,  t.  I,  p.  476. 

CAMDALLE  {Louis-Charles-GastoH  de  N^ 
CAR  ET  de  Forx,  duc  de),  général  français 
né  à  Metz  le  14  avril  1627,  mort  le  28  janvit 
1658.  Marquis  de  Lavalette  jusqu'en  1639,  épi 
que  où  mourut  son  oncle  Henri,  duc  de  Caii 
dalle,  il  prit  alors  le  titre  de  duc;  et,  aprt 
avoir  levé  deux  régiments  d'infanterie  de  s( 
nom,  il  reçut  le  commandement  des  troupes  < 
Guyenne ,  sous  le  duc  d'Épernon  son  père  _. 
contribua  à  la  défense  de  cette  province.  Devei 
colonel  du  régiment  des  Yaisseaux-Mazarin 
sur  la  démission  du  cardinal  Mazarin  (1650), 
conserva  jusqu'à  sa  mort  ce  régiment,  qui  p\ 
le  nom  de  Candalle.  Ayant  été  désigné  (165! 
pour  succéder  au  maréchal  d'Harcourt  dans 
commandement  de  l'armée  de  Guyenne,  il  pas 
(1654)  en  qualité  de  lieutenant  général  de  l'a] 
mée  de  Catalogne,  sous  le  prince  de  Conti  et 
maréchal  d'Hocquincourt,  et  se  trouva  à  la  prî 
de  Villefranche ,  au  ravitaillement  de  Roses, 
contribua,  l'année  suivante,  à  la  prise  du  cap 
Quiers,  et  au  siège  et  à  la  reddition  de  Castillii 
et  de  Cadagues.  Ayant  commandé  en  chef  apti 
le  départ  du  prince  de  Conti ,  il  s'empara 
bourg  de  Lingoustre.  Étant  tombé  malade 
Lyon  en  janvier,  il  y  mourut  à  l'âge  de  trente 
un  ans.  A.  Sauzay, 

Pinard,  Chron.  milit.,  1. 1,  p.  528. 

CANDAïuo  {Francisco Bances),  "po'éie  esp 
gnol,  né  à  Sabugo  dans  les  Asturies  en  1662,  m» 
en  1 709,  termine  non  sans  quelque  éclat  la  pério 
brillante  du  théâtre  espagnol.  Imitateur  de  Cal( 
ron,  il  n'en  possède  pas  le  génie  ;  mais  il  choi 
des  sujets  heureux,  et  il  les  traite  d'une  façon  l 
bile  et  originale.  Ses  Poesias  comicas ,  publia 
à  Madrid  après  sa  mort  (  2  vol.  in-4'',  1722),  r( 
ferment  seize  pièces  diverses;  il  n'en  estaucui 


*î 


458  CANDAMO  - 

qui  n'offre  quelque  mérite.  On  doit  distinguer 
surtout  Par  sti  rey  y  por  su  dama,  dont  le 
sujet  est  emprunté  à  i'Iiistoire  contemporaine  : 
ii  s'agit  de  la  prise  d'Amiens;  l'auteur  suppose 
que  le  brave  Porto-Carrero,  épris  de  la  tille  du 
■  maire  de  cette  ville,  et  voulant  montrer  que  rien 
n'est  impossible  à  l'amour,  se  jette  dans  les  en- 
treprises les  plus  désespérées,  et  met  aux  pieds 
le  son  monarque  et  de  sa  maîtresse  les  plus 
glorieux  tropliées.  Dans  El  dueio  contra  su 
iamq,  nous  trouvons  une  inti'igue  romaiiesque 
t  assez  bien  ourdie,  qui  aboutit  à  une  lutte  en 
■hamp  clos  entre  un  chevalier  et  sa  belle  dégiii- 
ée  en  guerrier;  ce  combat  se  termine  par  un 
iiariage.  El  Esclavo  en  grillos  de  oro  est  re- 
;aiYlé  comme  le  chef-d'œuvre  de  Candamo;  in- 
iiquons  en  quelques  mots  le  sujet  de  cette  pièce, 
ont  personne  en  France  n'a  sans  doute  entendu 
aller.  Un  Romain,  nommé  Camille,  a  conspiré 
outre  Trajan.  11  est  arrêté,  traduit  devant  le  sé- 
at  et  condamné  à  mort,  comme  bien  l'on  peut 
roire.  L'empereur,  au  lieu  de  ratifier  la  sen- 
i<oce,  la  commue  d'une  manière  qu'on  ne  pré- 
oyait pas  :  il  donne  au  conspirateur  une  part  au 
ouvoir  suprême;  il  le  met  à  la  tête  du  gouver- 
i«ment.  Camille,  livré  jusqu'alors  aux.  charmes 
'une  vie  indépendante  et  douce,  mêlant  l'étude 
iax  plaisirs,  se  trouve  accablé  de  soucis  ;  pas 
'41  instant  de  repos,  pas  un  moment  de  sommeil  ; 
les  préoccupations  dévorantes  et  continuelles.  Il 
ttpplie  l'empereur  de  le  délivrer  d'un  pareil  es- 
iiavage;  et  Trajan,  le  jugeant  assez  puni,  lui 
tend  la  liberté-  Remarquons  d'ailleurs  que,  selon 
«sage  de  ses  contemporains,  Candamo  trans- 
bi1«  dans  la  Rome  des  empereurs  les  mœurs 
bpagnoles  du  dix-septième  siècle.  Adrien  va  sou- 
llrer  la  nuit  sous  le  balcon  de  sa  maîtresse;  il 
i  rencontre  un  rival  ;  on  met  l'épée  à  la  main,  et 
Ifeut  que  Trajan  vienne  séparer  les  deux  adver- 
idres.  C.  Brunet. 

fr Ticknor,! /fiiC  of  Span.  lit—  A.-F.  Von  Schack,  His- 
I  "ire  de  l'art  et  de  la  littérature  dramatique  en  Es- 
igne;  Berlin,  1846,  t.  III,  p.  482. 

CANDEiLLE   (  Amélie  -  Julie) ,   comédienne 
ançaise,  née  à  Paris  le  31  juillet  1767,  morte  le 
'<•  février  1834.  Elle  débuta,  en  1782,  à  l'Opéra, 
ms  le  rôle  d'Iphigénie  en  Aulide  de  Gliick,  et 
t  immédiatement  reçue;   mais    bientôt  elle 
litta  le  théâtre,  et  ne  reparut  qu'en  1785  à  la 
3médie  française,  où  elle  n'obtint  que  des  suc- 
•s  médiocres.  Aussi,  en  1790,  Monvel  n'eut-il 
is  de  peine  à  la  déterminer  à  le  suivre  aux  Va- 
étés  du  Palais-Royal;  là  elle  se  trouva  avec 
.  Iiilma,  Dugazon,  etc.  En  1792,  elle  fit  représen- 
•  '^r,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  Catherine,  oa 
"-'  ■'■  Belle  Fermière,  comédie  en  trois  actes  et  en 
*"ose,  qui  eut  une  vogue  prodigieuse,  malgré  les 
i-  '^tracteurs  de  mademoiselle  Candeille.  En  1794, 
I    le  épousa  civilement  un  jeune  médecin,  avec 
quel  elle  divorça  en  1797.  Elle  fit  représenter, 
1 1794,  le  Commissionnaire ,  comédie  en  deux 
'tes,  et,  l'année  suivante,  la  Bayadère,  comé- 


CANDEILLE 


454 


die  en  cinq  actes  et  en  vers;  mais  la  première 
de  ces  pièces  obtint  seule  quelque  succès.  Ce 
dernier  échec  la  fit  renoncer  au  théâtre;  (et  en 
1798  elle  épousa  le  chef  d'une  célèbre  fabrique 
de  voitures  à  Bruxelles,  Jean  Simons,  dont  elle 
se  sépara  eu  1802.  Elle  fit  encore  représenter 
deux  pièces  de  théâtre  ;  la  dernière  échoua  dès 
la  première  représentation.  —  Madame  Can- 
deille se  remaria  en  1821  à  H.  Périé.  Elle  avait 
publié ,  depuis  1 809 ,  différents  morceaux  de 
musique  et  plusieurs  romans  oubliés  aujour- 
d'hui, entre  autres  :  Lydie;  Paris,  1809,  2  vol. 
in-12;  Geneviève,  ou  le  Hameau;  Paris,  1822, 
in-12.  Elle  avait,  par  une  Réponse  à  un  article 
de  biographie,  Paris,  1817,  in-4%  vivement 
réclamé  contre  l'imputation  d'avoir  figuré  les 
déesses  de  la  Raison  et  de  la  Liberté  dans  les 
fêtes  républicaines. 

Biographie  des  Contemporains.—  h'élis,  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

c\yDEiL,i.K(  Pierre-Joseph),  compositeur  de 
musique  français,  né  à  Estaire  (Flandre)  le  8  dé- 
cembre 1744,  mort  à  Chantilly  le  24  mai  1827. 
Il  vint  jeune  à  Paris,  et  fut  engagé  à  l'Académie 
royale  de  musique  en  1767,  pour  chanter  la 
basse-taille  dans  les  chœurs  et  dans  les  cory- 
phées. Il  se  retira  en  1784,  pour  s'occuper  uni- 
quement de  la  composition,  et  commença  à  se 
faire  connaître  en  composant  des  motets  exécutés 
au  Concert  spirituel.  11  fit  ensuite  la  musique  de 
plusieurs  divertissements  pour  les  fêtes  du  roi 
(  1778).  En  1785,  il  donna  Pizarre,  ou  la  Con- 
quête du  Pérou,  opéra  en  cinq  actes  (paroles  de 
Duplessis),  qui  n'eut  que  neuf  représentations. 
Cette  pièce,  bien  que  réduite  en  quatre  actes, 
fut  mise  au  répertoire  en  1791;  mais  elle  n'a 
plus  reparu  sur  la  scène.  Candeille  fat  plus  heu- 
reux dans  le  choix  qu'il  fit  de  l'opéra  de  Castor 
et  Pollux,  dont  les  paroles  étaient  de  Gentil 
Bernard.  Il  y  adapta  une  musique  nouvelle,  et 
ne  conserva  que  trois  morceaux  de  Rameau, 
l'air  Tristes  apprêts,  le  chœur  du  second  acte 
et  celui  des  démons,  au  quatrième  acte.  Cet 
opéra,  joué  le  14  juin  1791,  eut  un  grand  succès, 
et  fut  joué  cent  trente  fois  jusqu'en  1799  :  il  ob- 
tint encore  vingt  représentations  depuis  sa  re- 
prise, le  28  décembre  1814,  jusqu'en  1817.  Can- 
deille a  donné  aussi  un  opéra  de  circonstance  ; 
la  Mort  de  Beaurepaire ,  ou  la  Patrie  recon~ 
naissante,  qui  ne  fut  joué  que  trois  fois  en  1793. 
Il  a  composé  quatorze  opéras  qui  n'ont  pas  été 
représentés.  Candeille  fut  l'un  des  professeurs  da 
l'école  de  chant  jusqu'au  15  mai  1805.  Dans  tous 
ses  ouvrages,  Candeille  ne  se  montre  pas  un 
compositeur  de  génie;  il  n'y  a  pas  de  création 
véritable  dans  sa  musique;  mais  on  y  trouve  un 
sentiment  juste  de  la  scène,  de  la  force  drama- 
tique et,  de  beaux  effets  de  masses.  Ces  qualités 
suffisent  pour  lui  assurer  un  rang  honorable 
parmi  les  musiciens  français  du  dix-huitième 
siècle. 

Fétis,  Biographie  universelle  des  tnusiciens. 
15. 


ii! 


Ï55 


CANDELAÏRE  —  CANDIANO 


456 


*canoejl,aire  (Jean-Baptiste),  juriscon- 
sulte français^  vivait  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  H  était  conseiller  du  roi.  On  a  de 
lui  :  De  vetusta  Northmanniee  urbisque  Ro- 
thomaffensis  nuncupatione ;  1528  (en  manus- 
crit dans  la  bibliothèque  du  cardinal  Ottoboni  )  ; 
—  Virorum  omnium  consularium  ab  instituto 
Rothomagensi  senatu  hactenus  ordine  pro- 
motorum  libri  IV  (en  manuscrit  dans  la  bi- 
bliothèque de  M.  de  Pontcarré). 

Lelong  et  Fontette,  BiM.  histor.  de  la  France 

*  CANDËLARius  (  Godefroy  ),  carme  et  théolo- 
gien allemand,  mort  en  1499.  Il  était  prieur  du 
couvent  des  Carmes  à  Aix-la-Chapelle.  Il  a 
laissé  :  Sermones  de  tempore  et  sanctis;  — 
Orationes  ad  clerum  ;  —  Oratio  pro  Corona- 
tione  régime;  —  de  Conceptione  beatissimx 
Virginis;  —  kpistolx  variée  ad  Trithemium  et 
alios. 

Trithème,  De  scriptoribus  ecclesiasticis.  —  Va  1ère  An- 
dré, Bibliotheca  betgica.  —  Sweert,  Athense  belgicœ. 

*CA!SDEi.is  ou  CANDEL  {Jean  de),  théolo- 
gien français,  mort  vers  1 220.  Il  remplit  en  1 209 
les  fonctions  de  chanceher  de  l'Église  de  Paris. 
Le  chancelier  de  la  cathédrale  exerçait  depuis 
longtemps  sur  les  écoles  une  juridiction  qui  s'éten- 
dait de  plein  droit  sur  les  étudiants  et  les  pro- 
fesseurs de  l'université  parisienne.  C'était  ce  di- 
gnitaire qui  accordait  la  licence  d'enseigner  dans 
l'étendue  du  diocèse.  Jean  de  Candelis  porta  ses 
prétentions  beaucoup  plus  loin  ;  il  se  fit  payer  ces 
licences,  malgré  les  décrets  des  papes  et  des  con- 
ciles. Il  voulut  forcer  les  professeurs  à  hii  obéir, 
s'arrogeant  même  le  droit  de  lancer  sur  eux  des 
sentences  d'excommunication  ;  il  exigeait  de  ceux 
qui  voulaient  en  être  relevés  des  amendes  à  son 
profit.  Enfui  il  résolut  d'interdire  à  l'université 
l'enseignement  de  la  théologie  et  du  droit  cano- 
nique, et  de  le  renfermer  dans  les  écoles  épisco- 
pales  et  claustrales,  placées  dans  l'île  Notre- 
Dame  sous  sa  surveillance  directe.  L'université 
eut  recours  au  saint-siége,  alors  très-enclin  à  la 
protéger.  Le  pape  Innocent  IQ  nomma  l'évêque 
et  le  doyen  de  Troyes  pour  examiner  les  préten- 
tions des  deux  parties.  Le  rapport  qu'ils  rédigè- 
rent se  retrouve  dans  le  statut  que  le  prélat  Ro- 
bert de  Courçon  publia  en  1215.  L'évêque  de 
Paris,  Pierre  de  Nemours  et  Pierre  de  Candelis, 
son  chancelier,  s'y  soumirent.  L'université  fut 
maintenue  en  pleine  possession  de  ses  immunités, 
sauf  l'obligation  d'obtenir  une  licence,  mais  gra- 
tuitement. 

Histoire  littéraire  de  la  France.  —  Crévier,  Histoire 
de  l'univemité  de  Paris. 

.  GANDiAC  (Jean-Louis- Philippe-Elisabeth 
MoNTCALM  de),  eufant-piodige,  né  au  château 
de  Candiac  (Gard)  le  7  novembre  1719,  mort  à 
Paris  le  8  octobre  1726.  Il  était  frère  du  marquis 
de  Montcalm.  On  a  parlé  avec  quelque  exagé- 
ration des  connaissances  précoces  de  cet  enfant, 
dont  le  talent  consistait  principalement  dans  une 
mémoire  extraordinaire  et  dans  une  certaine 


classification  méthodique.  Dès  que  l'interlocu- 
teur s'écartait  de  cet  ordre,  Candiac  cessait  de 
répondre  d'une  manière  satisfaisante.  On  assure 
qu'il  lisait  parfaitement  le  français  et  le  latin  à 
trois  ans,  le  grec  et  l'hébreu  à  six  ans.  Il  faisait 
des  versions  latines,  possédait  l'arithmétique,  le 
blason,  la  géograpliie,  et  avait  acquis  des  notions 
très-étendues  sur  l'histoire  ancienne  et  moderne, 
lorsqu'il  mourut  d'une  hydropisie  du  cen'eau  à 
l'âge  de  sept  ans. 
Feller,  Biograp/iAe  universelle. 

cANDiAi^'o  i*""  (Pierre),  doge  de  Venise,  mort 
en  septembre  887.  Il  fut  élu,  le  17  avril  de  cette 
même  année,  en  remplacement  de  Jean  Parti- 
ciaco  II.  C'était  un  homme  d'un  grand  sens  et 
d'une  valeur  remarquable.  Il  fut  tué  dans  un 
combat  naval  livré  contre  les  Esclavons. 

Art  de  vérifier  les  dates.  —  Sisraondl,  Hist.  des  Rep. 
ital.  —  Daru,  Hist.  de  f^enise. 

CANDTANO  II  (Pierre),  doge  de  Venise,  fils 
du  précédent,  mort  en  939.  Il  fut  élu  en  932,  et 
envoya  aussitôt  son  fils  Pierre  à  la  cour  de 
Constantinople,  où  l'empei-eur  Romain  Lécapène 
lui  conléra  le  titre  de  protospathaire.  L'Etat  de 
Venise  s'étendit  beaucoup  par  les  conquêtes  que 
ce  doge  fit  sur  les  Esclavons,  les  Dalmates  et  les 
Narentins.  Caudiano  contracta  aussi  des  alliances 
fort  avantageuses  pour  la  république.  L'an  935, 
les  habitants  de  Comacchio  ayant  mis  en  prison 
quelques  Vénitiens,  le  doge  envoya  contre  eux  une 
armée  qui  prit  leur  ville,  l'incendia,  massacra 
plusieurs  citoyens  et  emmena  prisonnieis  les 
autres,  qui  n'obtinrent  leur  liberté  qu'en  pro- 
mettant d'être  désormais  soumis  à  la  seigneurie 
de  Venise. 

Art  de  vérifter  les  dates.  —  Chronologie  historique 
des  doges  de  fenise.  —  Daru.  Hist.  de  f^enise. 

CAKDIANO  III  (Pierre),  fils  du  précédent, 
doge  de  Venise.  Il  fut  élu  en  942  par  les  suffra- 
ges du  peuple.  En  955,  il  se  fit  associer  son 
fils  Pierre,  qui,  peu  reconnaissant  de  cette  dis- 
tinction ,  intrigua  sourdement  contre  son  père, 
et,  se  croyant  assez  puissant,  osa  se  révolter 
contre  lui.  Les  deux  factions  se  livrèrent  un  com- 
bat sur  la  place  du  Rialto  ;  Candiano  III,  vain- 
queur, eut  beaucoup  de  peine  à  obtenir  la  grâce 
de  son  fils,  qu'il  dut  néanmoins,  pour  satisfaire 
au  vopu  public,  envoyer  en  exil.  Tous  les  ordres 
de  l'État  firent  alors  un  décret  par  lequel  ils  s'en- 
gagèrent avec  serment  à  ne  jamais  l'admettre 
pour  doge. 

C'est  sous  le  gouvemement  de  Candiano  III 
que  les  pirates  osèrent,  par  une  enti-eprise  aussi 
hardie  qu'odieuse,  provoquer  le  courroux  de  la 
république  vénitienne,  qui  avait  trop  longtemps 
abandonné  ses  propres  intérêts  pour  s'occuper 
des  brigues  des  diverses  familles  patriciennes. 
D'après  un  usage  antique,  les  mariages  des  prin- 
cipaux citoyens  se  célébraient  à  Venise  le  môme 
jour  et  dans  la  même  église.  C'était  le  1*""  février  de 
chaque  année,  et  dans  l'ile  de  Castello.  Les  pa- 
rents, les  amis  les  suivaient  en  habits  de  fête  et 
sans  armes.  Les  pirates  de  l'Istrie,  instruits  de 


j  457  CANDI ANO 

i  cette  coutume,  eurent  l'audace  de  dresser  aux 
I  époux  des  embûches  dans  la  ville  même  :  ils 
s'embusquèrent  de   nuit  dans   le   quartier  de 
j  l'Arsenal,  traversèrent  au  matin  le  canal  d'O- 
1  livolo,    envaiiirent  l'église  de  jCastello,  entraî- 
i  nèrent  les  fiancées,  enlevèrent  tout  ce  qu'ils  pu- 
I  rent  piller,  et  forcèrent  de  rames  pour  atteindre 
la  terre  ferme.  Candiano  III  était  présent  à  la  cé- 
rémonie :  profitant  de  l'émotion    des    fiancés, 
il  fait  succéder  la  fureur  aux  pleurs  ;  il  les  en- 
traîne au  rivage  de  Santa -Maria  Formosa.  On 
j  saute  dans  les  vaisseaux  que  l'on  y  rencontre, 
et  on  fait  une  arme  de  tout  ce  qui  tombe  sous  la 
nain.   Les  voiles  font  plier  les  mâts   sous  un 
rent  favorable,  les  pirates  sont  découverts,  et 
oints  dans  les  lagunes  de  Caorlo.  Le  combat  fut 
ouït,  mais  pas  un  des  ravisseurs  n'échappa  à  la 
engeance  des  époux  et  des  frères  irrités.  Les 
aptives  furent  reconduites  en  triomphe  aux  au- 
els  (i'où  elles  avaient  été  arrachées.  Depuis  cette 
•poque,  une  procession  déjeunes  filles  et  le  doge 
liaient  faire  une  ^^site,  la  veille  de  la  Chandeleur 
leglise  Santa-Maria  Formosa,  pour  y  solenniser 
et  événement. 

Marin  Sanuto,  Storia  de'  Duchi  di  f^enezia.  —  Art  de 
-rirter  les  dates.  —  Sismondi.  Histoire  des  républiques 
tatiennes.  —  Daru,  Hist.  de  la  rép.  de  f^enise. 

CANDIANO  IV  {Pierre),  fils  du  précédent, 
oge  de  Venise,  massacré  en  976.  Après  son  ex- 
lusion  du  gouvernement  vénitien  et  la  grâce 
lue  son  père  avait  obtenue  pour  lui,  il  s'était  re- 
I  ré  à  Ravenne,  d'où,  aussi  mauvais  citoyen  que 
lauvais  fils ,  il  n'avait  cessé  de  faire  la  course 
:»ntre  les  vaisseaux  de  ses  compatriotes.  Les 
>r^ices  de  ses  aïeux  effacèrent  ses  crimes  ;  et  le 
?iiple,  le  clergé,  la  noblesse  vénitienne  lui  dé- 
1  Relièrent  en  959  trois  cents  barques,  pour  le  ra- 
mener en  pompe  et  le  réintégrer  dans  la  dignité 
'  iloge,  qu'il  avait  partagée  déjà  avec  son  père, 
urant  quelques  années,  il  remplit  cette  charçe 
lyec  honneur,  et  força  les  pirates  de  Capo  d'Is- 
iia  et  de  Narenta  à  payer  un  tribut  à  la  répu- 
1  ique.  S'étant  dégoûté  de  sa  femme,  il  la  fit 
(Oîtrer,  et  épousa  Qualdrade,  fille  de  Hu- 
jjes,  marquis  de  Toscane.  Celle-ci  lui  apporta 
sîs  biens  considérables,  situés  en  dehors  de  l'É- 
jt  vénitien.  Candiano  IV  se  fit  alors  une  garde 
sioisie  parmi  ses  nouveaux  sujets,  et,  son  au- 
|ice  croissant  avec  son  opulence,  il  traita  les 
^énitiens  avec  une  rigueur  tyrannique.  Les  sen- 
,nents  changèrent  à  son  égard,  et,  malgré  tou- 
j>  les  précautions  que  la  défiance  inspire  aux 
ioliateurs  des  libertés  publiques,  une  insurrec- 
im  éclata  en  976.  Les  Vénitiens  assiégèrent  le 
liais  ducal,  mais  ils  ne  purent  le  forcer,  à  cause 

la  vigoureuse  résistance  des  troupes  étrangè- 
3  ou  mercenaires  que  Candiano  tenait  à  sa 
;lde.  Désespérant  de  briser  par  le  fer  une  aussi 
jCrgique  défense,  sur  le  conseil  de  Pierre  Or- 
plo,  ils  eurent  recours  au  feu.  Les  flammes  con- 
itnèrent  le  palais  ducal ,  l'église  de  Saint-Marc, 

isi  que  deux  autres  édifices  religieux  et  plus  de 


—  CANDIDE  4Ô8 

trois  cents  maisons.  Candiano  fut  pris  en  fuyant, 
et  mis  à  mort  avec  son  fils  du  second  lit,  encore 
enfant.  Il  avait  eu  un  fils  de  sa  première  femme, 
mais  il  l'avait  forcé  à  embrasser  les  ordres  ;  ce  fils 
se  nommait  Vital,  et  était  patriarche  de  Grado. 

Art  de  rertfier  les  dates.  —  Laurier,  Histoire  def^e- 
nise.  —  Sismondi, //<5(.  des  rép  ital.  —  Daru, //lit.  de  la 
rep.  de  Denise. 

CANDIANO  V  (  Vital),  doge  de  Venise  et  frère? 
du  précédent,  mort  en  979.  Il  ne  gouverna  que 
quatorze  mois,  durant  lesquels  ilfut  constamment 
valétudinaire.  Il  fit  la  paix  avec  l'empereur 
Othon  n.  Se  sentant  près  de  mourir,  il  se  retira 
dans  le  monastère  de  Saint-Hilaire,  où  il  expira 
quatre  jours  après. 

^rt  de  vérifier  les  dates.  —  Chronologie  des  doges  de 
fenise.  —  l)aru,  Hist.  de  la  rép.  de  Denise. 

*  CANDIANO  (^njre),  médecin  italien,  né  à 
Milan  en  1484,  mort  en  1560  dans  la  même  ville. 
Après  avoir  pris  ses  grades  en  médecine  dans 
l'université  de  sa  ville  natale  en  1512,  le  duc 
François  Sforce  II  l'attacha  à  sa  personne ,  et 
lui  donna  le  titre  de  conseiller.  Ayant  été  ap- 
pelé auprès  de  Marie ,  reine  de  Hongrie  et  gou- 
vernante des  Pays-Bas,  il  guérit  cette  princesse 
d'une  maladie  dangereuse.  Il  en  fut  largement 
récompensé  et  comblé  d'honneurs  tant  par  la 
reine  que  par  son  frère,  l'empereur  Charles- 
Quint,  qui,  par  un  diplôme  délivré  à  Nice  le  21 
mai  1528,  le  créa  comte-palatin,  et  lui  assigna 
une  magnifique  rente  sur  les  revenus  de  son 
duché  de  Milan.  Il  retourna  enfin  dans  sa  pa- 
trie, où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  Il  y  fut  en- 
terré dans  l'église  Sainte-Marie ,  où  son  fils  lui 
fit  ériger  un  magnifique  mausolée  avec  une  ins- 
cription élogieuse.  On  a  de  lui  :  Opéra  medici- 
nalia  ;  —  De  Astrologia  (  on  ne  sait  pas  s'ils 
sont  restés  manuscrits). 

Corte,  Uledic  Milan  ,  p.  63.  —  ArgellaU,  Bibl.  Milan. 
—  Carrère,  Bibl.  de  la  Médec.  —  Adelung,  suppi,,  à  Jô- 
cher,  Allgem.  Gele/irten-Lexiron. 

*CANDiUE  (sflîH^) ,  soldat  romain,  martyr 
de  la  légion  Thébéenne.  Il  est  honoré  surtout  â 
l'abbaye  des  bénédictins  de  Wazor  (Liège),  où 
son  corps  a  été  transporté  avec  celui  de  saint 
Victor,  de  la  même  légion.  On  le  fête  le  16  jan- 
vier. 

Baillet,  f^ies  des  Saints.  —  Girand,  Bibl.  sacrée. 

*  CANDIDE,  écrivain  ecclésiastique  du  second 
ou  du  troisième  siècle.  Saint  Jérôme  et  Eusèbe 
nous  apprennent  qu'il  avait  composé  un  Traité 
sur  la  création,  loué  aussi  par  Nicéphore;  mais 
cet  écrit  est  perdu. 

Dom  Ceillier,  Hist.  gén.  des  aut.  sacrés,  t.  II,  p.  S06. 

CANDIDE,  prêtre  romain  en  595.  Il  fut  en- 
voyé dans  la  Gaule  par  Grégoire  le  Grand,  pour 
y  administrer  le  patrimoine  de  Saint-Pierre. 
Candide  était  chargé  de  remettre  au  roi  Childe- 
bert  des  lettres  du  pape,  avec  de  la  limaiUe  des 
chaînes  de  saint  Pierre,  qu'on  recommandait  au 
prince  de  porter  à  son  cou  comme  une  précieuse 
relique.  Candide  employa  les  revenus  du  patri- 
moine de  Saint-Pierre  en  œuvres  de  charité,  e^ 


459  CANDIDE  — 

spécialement  à  instruire  des  Bretons  idolâtres , 
qui  devaient  ensuite  aller  prêcher  le  christia- 
nisme en  Angleten-e. 

Saint  Grégoire,  Opéra. 

CANDIDE  DE  FULDE,  vivait  au  neuvième 
siècle.  Il  fut  surnommé  Wizon  ou  Witzon,  et 
suivit  en  Angleterre  et  en  France  son  maître 
Alcuin,  dans  les  écrits  duquel  il  est  mentionné.  Il 
fut  fréquemment  employé  par  Charlemagne ,  et 
n'a  point  laissé  d'écrits  ;  ce  qui  le  distingue  de 
Candide ,  surnommé  Bruun,  avec  lequel  il  a  été 
confondu.  On  a  conjecturé  aussi  qu'il  avait  été 
archevêque  de  Trêves  sous  le  nom  de  Vason.  Ce 
qui  rend  cette  conjecture  improbable,  c'est  que 
Candide  se  retira  en  Angleterre,  et  l'on  ignore  s'il 
abandonna  ce  pays. 

Hist.  litt.  de  la  France,  V.  -  D.  Calmet,  Hist.  de 
Lorraine. 

CANDIDE,  surnommé  brcïTN.  Voy.  Bruun. 

CANDIDE  CHAMPPE  (le  P.),  récollet  et 
écrivain  ecclésiastique  français.  Voy.  Chalippe. 

*CANDiDo  (Zowis),  compositeur  vénitien,  vi- 
vait au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
Il  excellait  sur  le  violon,  et  a  laissé  :  Sonate  per 
caméra,  a  violino  solo  con  violoncello  ;  Ve- 
nise, 1712. 

Fétis,  Biographie  vnivertelle  des  musiciens. 

CANDiDO,  et  non  CANDITO  (Pierre),  peintre, 
statuaire  et  architecte  belge.  Son  nom  flamand 
était  Pierre  de  Wîtte.  Il  naquit  vers  l'an  1541  à 
Bruges,  et  mourut  à  Munich  en  1628.  Dans  cette 
dernière  ville  on  ne  le  connaisait  que  sous  le  nom 
de  Pœter  Weisse.  Candido  visita  l'Italie  de  bonne 
heure,  et  fit  un  long  séjour  à  Florence.  Il  y  tra- 
vailla à  la  décoration  de  la  coupole  de  Santa- 
Maria  del  Fiore.  Il  fit  ensuite  plusieurs  cartons 
de  tapisseries  pour  le  grand-duc  de  Toscane. 
C'est  à  cette  époque  qu'il  prit  ce  nom  italien  de 
Candido,  dont  presque  toutes  ses  œuvres  sont 
signées  ;  son  but  en  cela  était  sans  doute  de  s'at- 
tirer les  bonnes  grâces  des  princes  italiens,  dont 
il  pensait  ainsi  flatter  le   sentiment  national. 
Candido  laissa  encore  de  ses  œuvres  à  Rome. 
Il  peignait  mieux  à  la  fresque  qu'à  l'huile;  ce- 
pendant on  connaît  de  lui  des  paysages  agréa- 
blement composés,  bien  coloriés,  et  touchés  avec 
goût.  Pendant  ses  voyages  en  Italie  il  fit  rencon- 
tre de  Maximilien,  qui,  à  la  mort  de  son  père , 
devint  électeur  de  Bavière.  Ce  prince,  qui  aimait 
les  beaux-arts  et  avait  pu  apprécier  le  mérite  de 
Candido,  se  souvint  de  lui  après  être  parvenu  à 
l'électoral,  et  l'appela  à  Munich.  C'est  dans  cette 
ville  que,  sous  la  protection  toute  bienveillante 
de  Maximilien,  Candido  accomplit  ses  plus  nom- 
breux et  plus  importants  travaux.  Le  palais  cons- 
truit à  cette  époque,  et  qu'on  appelle  encore  au- 
jourd'hui palais  de  l'électeur  Maximilien,  a  été 
élevé,  dit-on,  sur  les  plans  de  Candido  :  ce  qu'il 
y  a  de  certain,  c'est  qu'il  en  peignit  les  décora- 
tions, et  l'escalier,  chef-d'œuvre  d'architecture 
et  de  sculpture,  porte  son  nom.  Une  fontaine 
monumentale  élevée  dans  une  cour  du  palais,  et 


CANDIDUS  ^CO 

supportant  la  statue  du  chef  de  la  maison  ac- 
tuelle de  Bavière,  Othon  de  Wittelsbach,  est  en- 
core de  lui.  La  cathédrale  de  Munich  renferme 
un  magnifique  tombeau  en  marbre  noir  de  l'em- 
pereur Louis  rv,  et  qui  est  également  dû  à  la  con- 
ception et  au  ciseau  de  Candido.  Cet  artiste  dis- 
tingué, très-populaire  en  Bavière,  est  à  peine 
connu  dans  sa  véritable  patrie. 

Biographie  de  la  Flandre  occidentale.  —  MilliD,  Dic- 
tionnaire des  Beaux-Arts 

*  CANDIDO  (  Vincent- Mar ius  )  ,  théologien 
sicihen,  né  à  Syracuse  le  2  février  1573,  mort  à 
Rome  le  6  novembre  1&54.  Il  prit  l'habit  de  do- 
minicain au  couvent  de  la  Minerve  à  Rome,  el 
fut  reçu  docteur  en  théologie  à  dix-neuf  ans.  Il  se 
distingua  par  sa  science  et  sa  piété  ;  aussi  devint-il 
pénitentier  de  Sainte-Marie  Mineure  dès  1507;  il 
exerça  cet  emploi  quatorze  ans,  fut  ensuite  prieui 
de  la  Minerve,  enfin  provincial  et  vicaire  généra 
des  dominicains.  Innocent  X,  avec  lequel  il  avai 
été  élevé,  le  nomma  maître  du  sacré  palais  ei 
1645,  et  l'employa  dans  des  négociations  impor 
tantes.  On  lui  reprochait  d'être  relâché  dans  se: 
opinions,  et  Thomas.Turcus,  général  des  domini 
cains ,  ne  voulait  pas  qu'on  lût  les  ouvrages  di 
Candido  dans  le  réfectoire.  On  a  de  Candido 
Illustriores  Disquisitiones  morales,  quibu 
omnes  conscientiee  casiis  maxime  practicabile 
explicantur  ;  Rome,  1637, 2  vol.  in-fol.  Il  alaiss 
en  manuscrit  :  de  Primatu  Pétri;—  Sermon 
pour  le  Carême;  et  des  panégyriques. 

Vincenl  Baron,  Apoloaet.  -  Fontana.  Theat.  Dominii 

—  ,Le   P.    Ectiard,  5cHp(ores  ordirîîs    PrsediUitonm 

—  le  P  Touron  ,  Hommes  illustres  de  l'ordre  de  Sain\ 
Dominique. 

CANDIDO  DECEMBRIO.   Voy.  DeCEMBRIO. 

*  CANDI  DUS,  historien  grec,  néen  Isaurie,  vi 
vait  vers  l'an  490.  Il  était  chrétien,  et  compos 
une  histoire  de  l'empire  d'Orient  qui  commença 
au  règne  de  liéon  et  s'arrêtait  à  celui  de  Zénoi 
c'est-à-dire  de  l'an  457  à  l'an  491.  L'auteur  y  d« 
fendait  le  concile  de  Chalcédoine  comme  orthd 
doxe.  Photius,  qui  rapporte  quelques  passages  r 
Candidus,  blâme  sou  style  comme  trop  poétiqu 
On  trouve  aussi  quelques  extraits  de  Candidt 
dans  les  Excerptu  de  Legationibus;  Paris,  164 
in-fol. 

Photius,   BibHotJiec,  LXXIX.  -  Vossius,    deU%!\ 

—  Paiily,  Enctjcl.  der  Alterthumsroissenschaft. 

CANDIDUS  {Gerhard),  historien  belge.  H  { 
laissé:  De  Rébus  belgicis ;Vvsadori,  1680.  Cetj 
histoire  a  été  réimprimée  en  1 583,  par  Arnold  Fre 
tag,  dans  ses  Scriptores  très  de  Rébus  belgici 

Valcre  André,  BibL  Be.lg. 

*  CANDIDUS  {Mathieu),  historien  sicilieij 
né  à  Léontini,  vivait  dans  la  seconde  moitié  ( 
quinzième  siècle.  Il  était  de  noble  famille,  et  f 
estimé  de  tous  les  savants  de  son  temps  pour  s 
connaissances  historiques.  Il  a  laissé  :  Histor 
de  Rehus  Siculis  ;  1435-1445. 

Mongilor,  Bibliotheca  Sicida.  -  Fabriclus,  B%hl%o\ 
med.  et  inf.  œtat. 

CANDIDUS  (  Jean  ),  Jurisconsulte  italien,  ■< 
vait  au  commencement  du  seizième  siècle.  B 


461 


CANDIDUS  '—  CANDOLLE 


462 


aissé,  sous  le  titre  de  Origine  regum  Gallix, 

me  histoire  des  rois  de  France  jusqu'en  1461; 

.  e  manuscrit  en  était  déposé  dans  la  bibliothèque 

!  ;  les  Minimes  de  Paris.  On  a  en  outre  de  Can- 

iidus  :    Commentariomm  Aquiteiensium  li- 

'';>ri  VIII;  Venise,  1521,  in-foi.;  cet  ouvrage 

1 1  été  inséré  par  Grœvius  dans  le  t.  IV  de  son 

r^résor  des  Antiquités,  et  traduit  en  italien; 
I    'enise,  1544,  in-8". 
I  '  Bnrmann,  Prsefat.  ad  thesauri  Italise.  tom.  VI.  —  I). 

I  i  léinent,  Bibl.  curieuse.  —  Sax,  Onomast.  liter.,  III. 

i\  CANDIDCS  (Pantaléon),\ùstoT\en  allemand, 
■  jiéen  Autriche  le  7  octobre  1540,  mort  le  3  fé- 
n  rier  1608.  Son  nom  de  famille  était  Weiss,  qu'U 
-  I  hangea,  à  l'exemple  de  Mélanchthon,  en  celui  de 
'andidus.  D  fut  pasteur  protestant  à  Deux.- 
'onts,  et  publia  :  Bohemiades,  sivede  Ducibus 

I I  lohemias  libri  III,  et  de  Regibus  libri  V,  car- 
;  1  i»iec(w?i/?/ea;i;  Strasbourg,  1590,  in-4''; — Goti- 
,  '  eris,  hoc  est  de  GotfiicisperHispaniam  regibus 

1  teutoniea  gente  oriundis ,  libri  VI;  Deux- 
onts,  1597,  in-4'';  —  Epigrammata  et  ora- 
•ones  funèbres  ;  1600,  in-8°; —  Annales  seu 
obulse  chronologicas  ad  annum  1602;  Stras- 
ourg,  1602,  in-8o; —  Belgicarum  Rerum  Epi- 
nne  db  anno  1^1  ad  annum  1605;  Francfort , 
ti06,  in-4°  ; — Or  ationes funèbres,  ex  Mose  con- 
hinatee  ;  Deux-Ponts,  1606 ,  in-8°  ;  —  Or  ationes 

,  unebres,  ex  libris  Samuelis ,  Regum,  etc., 
oncinnatx;  Bàle,  1608,  in-8°. 

Melcliior  Adam,  f^itae  Theologorum  germanorum.  — 
ai,  OnoirmsX.  liter.,  Ili. 

*CAxniDrs    BLANCRART     (Alexandre), 

arme  et  théologien  belge ,  né  à  Gand,  vivait  en 

551.  Il  entra  de  bonne  heure  dans  les  ordres, 

t  se  fit  recevoir  licencié  en  théologie  à  Cologne. 

1  devint  ensuite  aumônier  de  George  d'Egraont, 

;  vêqued'Utrecht,  auquel  il  dédia  une  version  fla- 

^uandedela  Bible  ;  Cologne,  1547.  Cette  version 

;  ;  st  très-estimée  pour  sa  correction.  On  a  encore 

[le  Candidus  :  Judicium  Joannis  Calvini  de 

V>anctorum  Reliquiis,  collatum  cum  ortho- 

^  loxorum  Ecclesiee  catholicse  Patrum  senten- 

\ia; —  Oratio  de  Retributione  justorum sta- 

"im  amorte;  1551,  in-8°. 

■  Valère  André,  Bibliotkeca  Belgica. 

CANDiSH  (Thomas),  marin  anglais.  Voy.  Ca- 

I  ENDISH. 

CANDITO.  Voy.  CANDIDO. 

!  CANDOLLE  (Augustin  Pyramus  de  ),  célèbre 
i)otaniste,  né  à  Genève  le  4  février  1778,  mort 
:ians  la  même  ville  le  9  septembre  1-841.  Il  était 
>riginaire  d'une  des  plus  anciennes  maisons 
lobles  de  Provence,  qui  s'expatria  pendant  les 
lîuerres  de  religion,  pour  fuir  les  persécutions 
auxquelles  les  protestants  étaient  en  butte.  Dès 
(C  seizième  siècle,  cette  famille  comptait  déjà 
I  >armi  ses  membres  plusieurs  hommes  illustres. 
[Bertrand  de  CandoUe,  de  Marseille,  se  distingua 
j'n  1524,  pendant  le  siège  de  cette  ville  par 
j 'armée  impériale,  sous  les  ordres  du  connétable 
j  le  Bourbon  et  du  marquis  de  Pescaire.  L'JEilné  des 
île  CandoUe  de  Provence  qui  allèrent  s'établir  à 


Genève,  Pyramus,est  cité  parmi  les  savants  ty- 
pographes de  son  temps.  Il  fut  le  fondateur  de 
l'imprimerie  Caldorienne  ;  on  lui  doit  la  pre- 
mière impression  des  traductions  françaises  de 
Tacite,  de  Théophraste  et  deXénophon,  ainsi  que 
celle  de  plusieurs  autres  ouvrages  utiles.  A  l'épo- 
que de  la  réformation  ,  il  se  rangea  sous  les  ban- 
nières de  la  république,  où  dominait  l'esprit  de 
Calvin,  et  combattit,  pour  l'indépendance  et  la 
lii)erté  d'opinion,  contre  les  troupes  du  duc  de 
Savoie.  Sa  patrie  adoptive  lui  accorda  le  droit 
de  bourgeoisie,  et  le  nomma  membre  du  grand 
conseil.  Cependant  Pyranius  quitta  Genève  en 
1617,  et  établit  son  imprimerie  à  Yverdun,  où  il 
créa  aussi  un  collège  et  une  forge:  l'orthographe 
de  son  nom  était  alors  de  Candaule  (  Senebier, 
t.  II,  p.  229).  — De  CandoUe,  le  père  du  botaniste, 
s'était  acquis  par  le  commerce  une  fortune  indé- 
pendante; il  remplit  pendant  vingt  ans  les  fonc- 
tions de  membre  du  gouvernement  genevois,  et 
fut  promu  deux  fois  au  rang  de  syndic  de  la  ré- 
publique. Augustin  Pyramus, son  fils  (celui  qui 
fait  l'objet  de  cet  article),  développa  de  bonne 
heure  un  goût  passionné  pour  la  littérature; 
sa  disposition  précoce  pour  la  versification  attira 
l'attention  de  Florian,  qui  fréquentait  la  mai- 
son de  son  père,  et  piédisait  pour  le  jeune  poète 
une  carrière  d'autenr  dramatique.  A  l'âge  de  sept 
ans,  une  hydrocéphalite  failUt  l'enlever  à  sa  fa- 
mille éplorée.  Après  une  guérison  peut-êti'e  sans 
exemple,  puisque  aucune  de  ses  facultés  intellec- 
tuelles n'en  resta  affectée  ,  il  fit  ses  premières 
classes  au  collège  de  Genève,  et  s'y  fit  remarquer 
par  une  mémoire  étonnante,  qui  a  singulièrement 
favorisé  ses  travauxscientifiques.  A  l'âge  de  seize 
ans  il  abandonna  la  poésie,  et  suivit,  à  la  faculté 
de  philosophie,  les  cours  du  célèbre  de  Saus- 
sure. Plusieurs  hommes  recommandables  dans 
l'histoire  des  sciences,  Charles  Bonnet,  Sene- 
bier, Sage,  etc.,  encouragèrent  cette  ardeur  qui 
portait  le  jeune  de  CandoUe  vers  l'étude  de  l'his- 
toire naturelle  ;  Vaucher  lui  donna  les  premières 
leçons  de  botanique,  et  détermina  son  penchant 
pour  la  science  à  laquelle  il  a  consacré  depuis  sa 
vie  entière. 

De  CandoUe  vint  à  Paris  en  1796  ;  accueiUi  avec 
bonté  par  le  savant  Doloniieu ,  il  fréquenta  as- 
sidûment les  cours  des  sciences  physiques  et 
médicales,  et  se  perfectionna  promptement  dans 
l'étude  de  la  botanique.  Le  botaniste  Desfontaines, 
dont  il  se  glorifiait  d'avoir  été  l'élève  et  qu'il  aima 
toujours  comme  un  second  père,  le  distingua 
parmi  la  foule  des  étudiants  qu'on  voyait  alors 
au  Jardin  des  Plantes  ;  il  lui  témoigna  une  bien- 
veillance particulière,  et  l'encouragea  dans  ses 
débuts.  Cette  distinction  flatteuse  redoubla  son 
application,  et  ses  premiei-s  essais  le  signalèrent 
aux  yeuxdu  monde  savant  comme  un  boîaniste 
distingué.  Nous  citerons  particulièrement  son 
Histoire  des  plantes  grasses,  4  vol.  in-4°, 
qu'il  fit  paraître  de  1799  à  1803  ;  son  Astragalo- 
gie  (iSOl),  et  divers  mémoires  sur  la  physique 


463 


CANDOLLE 


46"; 


végétale,  que  l'Institut  fit  insérer  dans  le  Recueil 
des  savants  étrangers.  Déjà,  à  cette  époque,  de 
Candolle  était  lié  avec  des  hommes  quf  se  sont 
rendus  célèbres,  Cuvier,  A.  de  Hunioldt,  La- 
marck,  Biot,  Brongniart,  Duméril,  etc.  Devenu 
membre  de  la  Société  philomathique  et  de  cette 
savante  société  d'Arcueil  que  BerthoUet  réunis- 
sait chez  lui,  et  dont  les  mémoires  sont  si  recher- 
chés, il  publia  plusieurs  écrits  importants  sur  la 
physiologie  et  la  géographie  botaniques.  Ces 
premiers  succès  fixèrent  l'attention  de  ses  com- 
patriotes, qui  lui  déférèrent  le  titre  de  professeur 
honoraired'histoire  naturelle  à  l'académie  de  Ge- 
nève, tandis  qu'il  suppléait  à  cette  époque  (1802) 
la  chaire  de  Cuvier  au  collège  de  France.  En 
1804  il  reçut  le  grade  de  docteur  à  la  faculté  de 
médecine  de  Paris,  et  présenta  pour  thèse  son 
£ssai  sur  les  pTûpriétésmédicmales  des  plan- 
tes, qu'Haran  a  traduit  en  allemand. 

En  1803,  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Belgique 
et  en  Hollande,  il  parcourut  les  bords  de  la  mer 
depuis  Dunkerque  jusqu'à  l'île  du  Texel  ;  et,  fixant 
ses  observations  sur  les  envahissements  des  sa- 
bles, il  publia  peu  après  un  mémoire  intéressant 
sur  la  Fertilisation  des  Dunes,  dans  les  Anna- 
les de  V  agriculture  française,  t.  XIII. 

Ce  fut  à  peu  près  à  la  même  époque  que,  des 
études  spéciales  sur  les  animaux  invertébrés 
ayant  détourné  Lamarck  de  la  phytographie ,  ce 
savant  célèbre  sut  apprécier  toute  la  portée  du 
savoir  de  Candolle,  en  lui  confiant  la  rédaction 
de  l'édition  nouvelle  de  la  Flore  française. 
Le  jeune  botaniste  réalisa  les  espérances  de 
succès  qu'on  avait  conçues  pour  cette  utile 
entreprise  :  la  Flore  franmise,  reformée  en 
grande  partie,  apparut  considérablement  aug- 
mentée, enrichie  de  6,000  espèces  ,  de  descrip- 
tions neuves ,  d'une  exacte  synonymie,  d'une 
carte  botanique  ingénieusement  conçue,  et  de 
toutes  les  additions  que  réclamaient  les  change- 
ments qu'avaient  subis  l'anatomie  et  la  physiolo- 
gie végétales.  Cet  ouvrage  ne  fut  achevé  qu'en 
1815(1);  mais  dès  les  premiers  volumes  son  au- 
teur s'était  acquis  une  réputation  européenne  et 
de  justes  droits  à  la  reconnaissance  nationale. 

Chargé  en  1806,  parle  duc  de  Cadore,  minis- 
tie  de  l'intérieur,  de  parcourir  tout  le  territoire 
de  l'empire  français,  accru  de  la  Belgique,  de  l'I- 
talie septentrionale  et  des  pays  des  bords  du 
Rhin,  pour  y  observer  l'état  de  l'agriculture, 
Candolle  consacra  six  années  à  rempUr  cette  i 
portante  mission,  et  répondit  par  sou  zèle  à  la 
confiance  du  gouvernement.  Les  six  rapports  sur 
ses  Voyages  agronomiques  et  botaniques  ont 
été  consignés  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
d'agriculture  du  département  de  la  Seine,  et 
réunissent  une  masse  d'observations  qu'on  lit 
avec  le  plus  gi-and  intérêt.  Les  vues  d'amélioration 
qu'il  a  développées  dans  ces  écrits  s'y  montrent 
dégagées  de  ces  théories  hasardées  et  de  cette 

(1)  Quatre  mille  exemplaires  de  cette  3»  édition,  en  6  vol. 
1(1-*°,  furent  épuisés  en  peu  d'années. 


manie  d'innovation  qui  ont  si  souvent  entraînt 
les  agriculteurs  dans  des  expériences  ruineuses 
En  1808,  s'étant  présenté  au  concours  pour  l; 
chaire  de  botanique  à  la  faculté  de  médecine  di 
Montpellier,  il  éloigna  tous  ses  compétiteurs,  e 
remporta  cette  place ,  avec  la  direction  du  jar 
din  botanique,  en  remplacement  de  Brousso 
net,  dont  il  fit  VÉloge  historique.  Il  joigni 
bientôt  à  cet  emploi  celui  de  professeur  à  la  Fa 
culte  des  sciences  de  la  même  académie.  Sou 
son  administration,  l'ancien  jardin  de  Richer  d 
Belleval  s'éleva  à  un  haut  degré  de  prospérité 
le  catalogue  des  végétaux  cultivés  en  1813,  et  le 
beaux  dessins  de  plantes  rares  qu'il  fit  exécute 
par  M.  Node  Véran ,  pour  être  publiés  plus  tard 
sont  une  preuve  de  sa  constante  sollicitude  pou 
l'établissement  qu'il  diiigea. 

C'est  aussi  en  1813  qu'il  fit  paraître  la  prc 
mière  édition  de  sa  Théorie  élémentaire  de  l 
botanique,  ouvrage  de  haute  portée,  et  no 
moins  recommandable  par  la  profondeur  de 
vues  que  par  son  esprit  de  méthode.  Nous  n 
discuterons  pas  ici  les  objections  des  phytolo 
gués  qui  se  sont  montrés  contraires  à  quelques 
unes  des  opinions  émises  dans  cette  théorie,  ca 
elles  influent  peu  sur  les  principes  généraux 
mais  nous  dirons,  sans  crainte  d'être  démenti; 
que,  par  une  marche  régulière  et  soutenue,  d 
Candolle  a  réalisé  le  but  qu'il  s'était  propos  ' 
lui-même,  celui  de  conduire  à  la  connaissant  ! 
des  rapports  naturels  et  à  l'analyse  de  Un 
valeur.  La  Théorie  élémentaire  de  la  hotmii 
que,  quelques  progrès  que  fasse  la  science,  re; 
tera  longtemps  le  meilleur  des  livres  classique 
et  sera  toujours  considérée  comme  le  chef-d'œi 
vre  de  son  auteur.  Il  existe  plusieurs  traductioi 
de  cet  ouvrage  :  d'abord  une  en  allemand,  p; 
Brenner  (1814-1815),  une  autre  en  anglais,  - 
une  troisième  en  espagnol,  par  don  Mariano  L; 
gasca.  Après  la  deuxième  édition  de  la  Théor 
élémentaire,  on  publia  en  Allemagne  les  Bc 
ses  de  la  botanique  scientifique  (Leipzig 
1820),  par  de  Candolle  et  Sprengel,  ouvrage  ai 
quel  le  professeur  de  Genève  ne  prit  ancui 
part,  et  qu'il  a  désapprouvé  comme  eouteoanî  di 
princi[>es  qui  n'étaient  pas  les  siens. 

En  1815,  pendant  les  Cent-Jours,  de  Candol 
fut  nommé  recteur  de  l'université  de  Montpeliiei 
les  élus  de  la  restauration  lui  firent  un  crime  d'; 
voiraccepté  cette  charge  ;  on  le  signalaitaux  roy; 
listes  exaltés  comme  le  partisan  du  gouvernemei 
impérial,  sous  lequel  il  avait  obtenu  ses  emplois  ;  : 
qualité  de  protestant  était  aussi  un  tort  aux  yen 
des  fanatiques.  Ainsi,  le  professeur  qui  ense 
gnait  la  plus  pacifique  des  sciences  et  que  la  eu 
ture  des  fleurs  rendait  étranger  à  toute  querei 
politique,  le  philosophe  qui  déplorait  la  violeui 
des  partis  et  se  croyait  à  l'abri  de  leur  malvei 
lance,  se  vit  tout  à  coup  en  butte  à  leurs  intr 
gués.  Ami  de  l'ordre  et  d'une  liberté  content 
dans  de  justes  bornes,  de  Candolle  ne  put  su| 
porter  longtemps   sa  situation  dans  un  pa; 


CANDOLLE 


466 


l'agitaient  les  passions  les  plus  outrées.  Dé- 
lité des  tracasseries  auxquelles  il  était  en 
tte,  il  implorait  de  tous  ses  vœux  celte  tran- 
illité  inséparable  de  l'étude  ;  et,  tournant  ses 
;ards  vers  sa  ville  natale ,  il  se  décida  à  don- 
r  sa  démission.  Cette  résolution  le  ramenait 
rs  son  premier  penchant  :  la  petite  république 
Genève  venait  d'être  rétablie,  et  agrégée  à 
Suisse  comme  canton  :  tant  qu'elle  avait  fait 
-tie  de  la  France,  de  Candolle  s'était  regardé 
nme  Français;  mais  son  pays  recouvrant  son 
làenne  indépendance,  l'amour  de  la  patrie  re- 
t  tous  ses  droits,  et  le  professeur  redevint 
oyen ,  pour  consacrer  ses  talents  et  son  zèle 
ir  le  bien  public.  Ses  compatriotes  le  reçu- 
t  avec  empressement,  et  créèrent  en  sa  fa- 
ir,  en  1817,  une  chaire  d'histoire  naturelle  et 
ijardin  botanique,  qu'il  dirigea  conjointement 
BC  son  fils. 

ii)ans  sa  nouvelle  position,  son  ardeur  scien- 
l'^ue  ne  se  ralentit  pas  :  dès  l'année  t818,  il 
limença  son  Système  (  Regni  vegetabilis  sys- 
kanaturale,  in-8'',  t.  I,  1818;  t.  H,  1821; 
fis),  ouvrage  conçu  sur  le  plan  le  plus  vaste, 
ue  lui  seul  pouvait  oser  entreprendre.  Il  s'a- 
it de  réunir  sous  un  même  système  de  no- 
dature  la  description  de  toutes  les  plantes 
nues ,  avec  leurs  variétés ,  la  synonymie  des 
s ,  les  citations  iconographiques ,  l'indica- 
des  localités ,  etc.  ;  mais  le  chiffre  auquel 
découvertes  de  ces  derniers  temps  ont  porté 
plantes  connues  dépasse  70,000,  et  cenom- 
,  que  de  Candolle  ne  croit  être  que  la  moi- 
ides  espèces  existantes  sur  la  surface  du  globe, 
8  igmente  avec  rapidité  par  les  récoltes  jour- 
:<ières  des  botanistes  voyageurs.  Or,  la  vie 
I  l'homme  le  plus  actif,  quelle  que  puisse  être 
i  durée,  ne  saurait  suffire  pour  achever  une 
!  iblahie  entreprise  :  aussi  de  Candolle  s'est-il . 
i'  forcé  d'y  renoncer,  après  la  publication  du 
fixième  volume.  Cependant  il  n'avait  pas  en- 
vement  abandonné  cette  grande  pensée,  et  sou 
,  idrome  {Prodromus  systematis  regni  vege- 
lilis,  seu  enumeratio  methodica  ordinum, 
•:>enan,  specierumque ,  etc. ;  Paris  1824  et 
lées  suivantes ,  in-8°  )  n'est  qu'une  modifica- 
a  de  son  premier  plan.  Ce  dernier  ouvrage , 
iiense  répertoire  du  règne  végétal,  a  été  con- 
ué ,  après  la  mort  de  l'auteur,  par  son  fils , 
c  le  concours  des  botanistes  les  plus  mar- 
mts  de  notre  époque. 

)e  Candolle  ne  s'en  est  pas  tenu  à  ces  seules 
;  ïlications  :  des  ouvrages  de  divers  genres  sont 
[lus  successivement  accroître  ses  titres  à  la 
:  onnaissance  du  monde  savant.  Forcés  de  nous 
itreindre,  nous  citerons,  parmi  les  plus  im- 
l'iants,  sa  Collection  de  mémoires  pour  ser- 
y  à  l'histoire  du  règne  végétal  (182S),  sou 
'^janographie  végétale,  IvoX.  in-8°,  1827,  et 
'i  Physiologie,  3  vol.  in-8°,  1832.  Ces  deux 
y  niers  ouvrages  font  partie  du  cours  complet 
i  Ixttanique  qu'il  s'était  proposé  de  publier  par 


traités  séparés.  Dans  l'organographie ,  qu'il  con- 
sidère avec  raison  comme  la  base  de  la  science, 
il  fait  connaître  d'abord  les  parties  élémentaires 
qui  composent  les  tissus  intimes  des  végétaux, 
et  décrit  ensuite  les  organes  fondamentaux  avec 
tous  leurs  détails  anatomiques  et  leurs  rapports. 
Dans  la  physiologie ,  la  plupart  des  faits ,  des 
observations  et  des  expériences  relatives  à  la  vie 
des  plantes,  sont  coordonnés  avec  cette  préci- 
sion méthodique  qui  l'a  guidé  dans  tous  ses  écrits. 
Membre  du  conseil  représentatif  du  canton  de 
Genève,  de  Candolle  fut  député  à  la  diète  helvé- 
tique, et  s'acquitta  avec  honneur  des  commissions 
délicates  dont  il  avait  été  chargé.  Son  Rapport 
sur  les  magasins  de  subsistances  contient  des 
idées  lumineuses  sur  l'économie  politique.  Cor- 
respondant de  l'Académie  des  sciences  de  Paris, 
il  fut  élu  en  1828  un  des  huit  associés  étrangers, 
titre  qui  n'avait  été  déféré  à  aucun  botaniste 
depuis  Linné. 

Par  ses  travaux  scientifiques,  de  Candolle  doit 
être  mis  au  rang  des  naturalistes  les  plus  distin- 
gués de  son  siècle.  Dans  le  nombre  des  bota- 
nistes qui  ont  su  faire  adopter  leurs  théories 
nouvelles,  il  n'en  est  aucun  dont  les  ouvrages 
aient  influé  autant  que  les  siens  sur  la  marche 
de  la  science,  en  déterminant  cette  tendance 
philosophique  vers  laquelle  tous  les  esprits  ont 
été  entraînés.  Les  leçons  du  professeur  de  Ge- 
nève ont  pénétré  dans  toutes  les  écoles;  elles 
ont  guidé  les  maîtres  et  formé  les  élèves.  En  pré- 
sentant en  corps  de  doctrine  et  sous  une  forme 
claire  et  concise  la  méthode  naturelle  fondée  par 
Bernard  de  Jussieu,  il  l'a  fait  triompher  des  faus- 
ses préventions  de  ses  détracteurs,  et  les  plus 
zélés  partisans  du  système  sexuel  sont  rentrés 
dans  les  vrais  principes.  On  lui  reproche  pour- 
tant de  n'avoir  pas  rendu  assez  de  justice  aux 
travaux  de  Linné  ;  mais,  si  l'on  parcourt  ses  écrits, 
il  est  facile  de  se  convaincre  qu'il  a  su  apprécier 
toute  la  profondeur  du  jugement  du  célèbre  natu- 
raliste suédois  ;  ce  sont  ses  disciples  qu'il  a  atta- 
qués, c'est  le  système  dont  le  professeur  d'Upsal 
avait  lui-même  senti  l'insaffisance  qu'il  a  com- 
battu. Ainsi,  à  la  renaissance  des  lettres ,  on 
n'attaquait  pas  Aristote  et  les  grandes  vérités 
qu'il  avait  proclamées,  mais  les  sophistes  qui 
abusaient  de  ses  principes  et  de  son  nom.  L'A- 
cadémie des  curieux  de  la  nature,  la  plus  an- 
cienne société  savante  de  l'Europe,  et  qui  est 
dans  l'usage  de  donner  à  ses  membres  des  noms 
en  rapport  avec  leur  réputation,  a  rendu  justice 
aux  travaux  de  de  Candolle  en  le  surnommant 
Linnxus.  La  liste  de  tous  les  ouvrages  publiés  par 
cet  écrivain  est  insérée  dans  une  brochure  intitulée 
Histoire  de  la  botanique  genevoise,  D.  C;  Ge- 
nève 1833.  On  y  trouvera  l'indication  de  tous  les 
mémoires  omis  dans  cet  article  ;  ceux  que  nous 
avons  cités  suffisent  sans  doute  pour  le  recom- 
mander à  la  gratitude  de  ses  contemporains,  et  pour 
lui  assurer  un  nom  dans  la  postérité.  [M.  Bois- 
sAiu),  dansl'jB'wc.  d.  g,  du  m.] 


I 


467 


CANDOLLE 


Bibl.  universelle  de  Genève  :  Notice  sur  de  CandoUe, 
t.  LIV.  —  Journal  des  Savants  ,  février  1829.  —  Biot , 
ibid.,  avril  1833.  —  Flourens,  Élo^e  historique  de  Pyra- 
mus  de  CandoUe ,  dans  les  Mémoires  de  l'Acad.  des 
sciences  ,  19  déc.  1842. 

CANDORiER  OU  CAïJDOURiER  (/ean),  maire 
de  la  Rochelle,  lequel  chassa  les  Anglais  de  la 
citadelle ,  sous  Charles  V.  Voici  la  relation  de 
Froissart  :  «  A  ce  temps  avoit,  en  la  ville  de  la 
«  Rochelle,  un  maieur  durement  aigu  et  soubtil 
«  en  toutes  ses  choses ,  et  bon  François  de  cou- 

«  rage,  si  comme  il  le  montra Bien  savoit  le 

«  dit  maieur,  qui  s'appelloit  sire  Jean  Caudou- 
«  rier,  que  cil  Philippot ,  qui  estoit  gardien  du 
«  chastel,n'estoitmi&  soucieux  ni  percevant,  sans 
«  nulle  mauvaise  malice.  Si  le  pria  un  jour  au 
'(  disner  de-lez  lui,  et  aucuns  bourgeois  de  la 
«  ville.  Cil  Philippot,  qui  n'y  pensoit  que  tout 
«  bien,  lui  accorda  et  y  vint.  Ainçois  que  on  s'as- 
«  sit  au  disner,  sire  Jean  Caudourier,  qui  estoit 
«  tout  pourvu  de  son  faict,  et  qui  informé  en 
«  avoit  les  compagnons,  dit  à  Philippot  :  J'ai 
«  reçu  depuis  hier,  de  par  nostre  cher  seigneur 
«  le  roi  d'Angleterre,  des  nouvelles  qui  bon 
«  vous  touchent.  —  Et  quelles  sont-elles?  res- 
«  pondit  Philippot.  —  Dit  le  maieur  :  Je  les  vous 
«  montrerai,  et  ferai  lire  en  votre  présence  ;  car 
«  c'est  bien  raison.  Adonc  alla-t-il  en  un  coffre, 
«  et  prit  une  lettre  toute  ouverte,  anciennement 
«  faite  et  scellée  du  grand  scel  du  roi  Edouard 
«  d'Angleterre,  qui  de  rien  ne  touchoità  son  faict; 
«  mais  il  l'y  fit  toucher  par  grand  sens ,  et  dit  à 
«  Philippot  :  Veles-ci.  Lors  lui  montra,  auquel  il 
«  s'apaisa  assez  ;  car  moult  bien  le  reconnut  ; 
«  mais  il  ne  savoit  lire  :  pourtant  fut-il  déçu. 
«  Sire  Jean  Caudourier  appella  un  clerc  que  il 
«  avoit  tout  po>arvu  et  avisé  de  son  fait,  et  lui 
«  dit  :  Lisez- nous  cette  lettre.  —  Le  clerc  la 
«  prit,  et  lisit  ce  que  point  n'estoit  en  la  lettre  : 
«  et  parloit,  en  lisant  que  le  roi  d'Angleterre 
«  commandoit  au  maieur  de  la  Rochelle  que  U 
«  fesist  faire  leur  montre  de  tous  hommes  d'ar- 
«  mes  demeurant  en  la  Rochelle  ;  et  l'en  rescrip- 
«  sit  le  nombre  par  le  porteur  de  ces  lettres ,  car 
«  il  le  vouloit  savoir;  et  aussi  de  ceux  du  chas- 

fr-tel.  » 

Philippot  fut  dupe  de  ce  stratagème  :  il  fut 
convenu  que  le  lendemain  il  amènerait  les  gens 
sur  la  place,  devant  le  château,  pour  que  le 
maieur  pût  les  passer  en  revue.  Mais  Candou- 
rier  fit  le  soir  même  placer  dans  de  vieilles  mai- 
sons inhabitées ,  situées  auprès  du  château ,  qua- 
tre cents  hommes  d'armes  d'élite,  et  il  leur  com- 
manda que,  <c  quand  cils  du  chastel  seroient  hors 
«  issus,  ils  se  mettroient  entre  le  chastel  et  eux, 
«  et  les  encloroient.  »  Ce  qui  fut  exécuté  le  len- 
demain, 8  septembre  1372.  «  Quand  les  soudoyers 
«  virent  ce,  si  connurent  bien  que  ils  estoient 
«  trahis  et  desçus.  Si  furent  bien  ébahis  età  bonne 
«  cause.  Les  Rocheilois  les  firent  là  un  et  un  ds- 
«  sarmer  sur  la  place,  et  les  menèrent  en  prison 
«  en  la  ville  en  divers  lieux  ,  où  plus  n'estoient 
"  que  eux  deux  ensemble.  Assez  tost  après  ce, 


-  CANEWSIUS  4 

«  vint  le  maieur  tout  armé  sur  la  place,  et  pi 
«  de  mille  hommes  en  sa  compagnie.  Si  se  tr 
«  incontinent  devers  le  chastel,  qui  eu  l'heure 
«  fut  rendu.  «  Ensuite  les  Rochelois  firent  à 
au  duc  de  Berry  de  venir  prendre  possessi 
de  la  ville  au  nom  du  roi  de  France.  Le  prii 
y  envoya  Bertrand  du  Guesclin.  <c  Lors  chev; 
«  cha  tant  le  dit  connestatle ,  qu'il  vint  en 
«  ville  de  la  Rochelle,  où  il  fut  reçu  à  grande  je 
«  et  si  prit  la  foi  et  l'hommage  des  hommes 
«  la  ville,  et  y  séjourna  trois  jours.  » 
Froissart,  Chronique. 

CANE  {Jean-Jacques).  Voy.  Cani  {Gian 
copo  degli). 

CANE  FACINO.   Voy.  FaCINO  CaNE. 
CANE  DELLA  SCALA.  Voy.  SCALA  (délia) 
* CANELLA  {Joseph-Marie ),  médecin  itali 
né  dans  la  province  de  Trente  le  5  août  1 7 
mort  le  29  décembre  1829. 11  fit  ses  premiè 
études  à  Inspruck ,  les  compléta  à  l'univer 
de  Landshut  depuis  1806,  et  fut  reçu  médeci 
Padoue  le  16  juin  1811.  Il  se  livra  ensuite  i 
pratique,  et  s'y  acquit  une  grande  réputation. 
1816àl818,  il  entreprit,  dans  l'intérêt  de  la  scie  i 
médicale,  plusieurs  voyages,  et  en  1824  il 
nommé  chirurgien  opérateur  à  l'hôpital  de  S 
Chiara  de  Trente.  Ce  fut  pour  lui  une  occaf  i 
de  déployer  tous  ses  talents.  De  1826  à  182!  I 
fit  de  nouveaux  voyages  en  Italie,  en  Allema^ , 
en  France,  en  Angleterre,  en  Hollande.  Ses  p 
cipaux  ouvrages  sont  :  Storia  d' una  Jratti  ; 
del  collo  delfemore,  erroneamente  dichiar  ' 
lussazione;  Brescia,  1815;  —  Appendice  o- 
logetica  alla  storia  délia  frattura  del  ci  > 
difemore  di  Marianna  Dallago,  erroneame  '■ 
dicMarata  lussa:>ione ;  Vérone,  1816 ;  —  h- 
ria  e  rijlessioni  stilla  febbre  che  domina  > 
commune   di  Riva  e  sue  adiacente;  Véic, 
1817;  —  Rijlessioni  critiche  ed  esperic} 
sul  modo  di  operare  la  cateratta  col  me) 
délia    cheratonissi  ;  Milàâ,  1819;  —  Ce  i 
sulla  estirpazione  délia  bocca  edel  callo  d  ' 
utero,  nei  casi  di  scirro  o  cancro,  o  altre  • 
crescen^e  morbose  di  queste  parti ,  e  dem  ■ 
zione  del  metrotome  ;  Milan ,  1721  ;  —  la  ■ 
taie  estirpazione  d^ll'  utero  carcinomato , 
recata  dalV  idioma  tedesco  nelV  italianc  ' 
corredata  di  giunte  e  varie  annotattom; 
lan,  1823;  —  Giornale  di  Chirurgia  pratif 
Trente,  1825-1829,  5  vol.  ;  —  Nuova  e  sM 
maniera  di  ciirare  la  Sijilide  in  tutte  le  ' 
forme,  del  dottore  Carlo-Enrico  Dzondi,  t  ■ 
dotta  dal  tedesco  neW  idioma  italiano,  e  c  ■ 
redata  di  un  appendice; Naples,  1827 ;  —  l- 
corso  suit'  attuale  colturamedlco-chirurgi , 
e  siigli  ostacoli  che  si  frappongono  alla  P 
pagazione  délie  scoperte;  inscrito  nel  Mer 
giere  tirolese  del  giorno  b  febbraio  1828.  j 
Tipaldo,  Biogr.deyli  liai,  illustri,  t.  V,  p.  103-301 1 
*CANENSiiTS  {Michel),  théologien  et  huij- 
niste  italien,  vivait  dans  le  quinzième  siècle  J 
porta  d'abord  le  titre  àeprior  gradiilarum  jt 


0  CA.NENSIUS 
vint  évêque  de  Castro.  On  a  de  lui  :  Ora- 

1  de  Lmidibns  Grammaticx,  Poesis,  Rheto- 
,(■  et  Dialecticx  artis  (  en  manuscrit  )  ;  — 
la  Pauli  Veneti  Pontificis  II,  dans  Mura- 
•i  Script.  Italix,  t.  II,  et  publié  à  part  d'a- 
^s  un  excellent  manuscrit  par  le  cardinal  Que- 
i;Rome,  1740,  in-4°. 

dcinng,  suppl.  àJôcher,  Allgem.  Celehrten-Lexicon. 

GANEPARi  (jPJen'e-^/ar-/e),  médecin  italien, 
à  Crémone,  vivait  en  1619.  Il  vint  exercer 
/^enise,  où  il  se  fit  une  grande  réputation  par 
;  connaissances  en  chimie.  On  a  de  lui  :  De 
'■miientis  cvjuscumque  yeneris  in  sex  des- 
ptiones  divisum;  Venise,  1619,  in-S",  et 
iidres,  1660,  in-4''. 

IX,  Onomast.  liter.,  IV.  —  ATh\,Cremona  literata.— 
Inci-,  Medicinisches  Gelehrten-Lexicon. 

;aïves  ou  cannes  (  Francisco),  cordelier  et 
iitaliste  espagnol,  né  à  Valence  en  1730,  mort 
fadrid  en  1795.  Il  se  fit  recevoir  missionnaire 
l'ordre  des  Franciscains,  et  fut  envoyé  à  Da- 
> ,  où  il  s'appliqua  pendant  seize  années  à 
ide  des  langues  orientales.  De  retour  dans 
patrie,  il  fut  admis  à  l'Académie  royale  d'his- 
e.  Il  a  laissé  :  Grammatica  arabigo-espa- 
a,  etc.;  Madrid,  1774,  in-4°;  —  Diccionario 
a7/ol-latino-arabigo  ;Maàrid,  1787,  3  vol. 
ol. 
itnnio  ,  Bibliotlieca  kispana  Nova. 

;anetta  (  don  André  Hcrtado  de  Men- 
A,  marquis  de),  homme  d'État  espagnol,  mort 
.ima  en  1560.  Il  était  gouverneur  de  Cuença 
1555.  Charles-Quint,  en  juillet  1557,  l'en- 
a  au  Pérou  en  qualité  de  vice-roi.  Canetfa  y 
ihlit,  par  sa  fermeté,  le  calme  qu'avaient  trou- 
Ics  factions  des  Pizarre  et  des  Almagros; 
■prima  les  révoltes  de  Sébastien  de  Castille, 
Godinez  et  de  Giron.  Il  sut  ensuite  détruire 
s'attacher  les  débris  des  incas,  et  attira  à 
?co  le  dernier  de  ces  princes,  Saïri-Tiipac, 
il  lit  baptiser  sous  le  nom  de  Diego.  Voyant 
Pérou  à  peu  près  tranquille,  Canetta  reprit 
Tojet  de  faire  explorer  les  immenses  régions 
versées  par  le  fleuve  des  Amazones,  et  char- 
en  1560  Pedro  de  Ursoa,  gentilhomme  d'un 
rite  reconnu,  de  cette  mission,  déjà  tentée  vai- 
llent par  Orellana  en  1541.  Ursoa  partit  à  la 
'.  de  500  hommes,  avec  la  mission  de  chercher 
lac  d'or  de  Parime  et  la  ville  d'El-Dorado. 
\pédition  s'embarqua  sur  le  Guallago,  et 
cendit  dans  le  Maragnon;  mais  Ursoa  étant 
ibé  sous  le  poignard  de  Fernand  de  Guzman  et 
Lope  d'Aguine,  ses  lieutenants,  l'expédition 
loua  malheureusement.  L'excessive  sévérité 
i  Canetta  avait  déployée  contre  ses  compatrio- 
insoumis  lui  avait  suscité  beaucoup  d'enne- 
>  à  la  cour  d'Espagne.  Philippe  II,  sans  égard 
ir  des  services  réels,  lui  retira  son  gouverne- 
nt :  Canetta  en  mourut  de  chagrin. 

rfidéric  Lacroix ,  Péro m  et  Bolivie,  dans  lUniv.  pitt. 

'CANETTI  (François),  compositeur  italien, 
à  Crème,  vivait  en  1812.  Il  a  été  maître  de 
jpelle  de  la  cathédrale  de  Brescia,  et  membre 


—  CANFELD  47e 

de  la  section  de  musique  de  llnstitut  du  royaume 
d'Italie.  On  a  de  lui  :  V Imaginario,  opéra  bufTa; 
Brescia,  1784  ;  et  une  messe  à  huit  parties,  dans 
le  style  du  contre-point  fugué.  Cette  production 
passe  pour  un  chef-d'œuvre. 

Fétis,  Biographie  vniverselle  des  Musiciens. 

CANETARi  (  Demetrio),  médecin  génois,  né 
à  Gênes  en  1559,  mort  à  Rome  en  1625.  Il  fit 
ses  études  à  Rome,  et  s'y  distingua  dans  les  lan- 
gues, les  belles-leltres  et  la  médecine.  Sa  répu- 
tation de  littérateur  égalait  celle  de  savant.  Le 
pape  Urbain  VII  le  prit  pour  son  médecin,  et  en 
peu  de  temps  Canevari  réalisa  une  fortune  con- 
sidérable, que  son  avarice  augmentait  sans  cesse. 
Ou  fait  beaucoup  de  cas  de  ses  ouvrages,  dont  voici 
les  titres  :  de  Ligno  sancto  Commentarins  ; 
Rome ,  1602,  in-S"  ;  —  Morborum  omnium  qui 
corpus  humanum  afjligunt  ut  decet  et  ex 
arte  curandorum  accurata  et  plenissima  me- 
thodus  ;  Yenise,  1605,  in-S";  —  Ars  medica; 
Gênes,  1626,  in-fol.  ;  —  de  Primis  naturafac- 
torum  Principiis  Commentarius,  m  quo  quee- 
cumque  ad  corporum  naturam,  ortus  et  in- 
teritus  cognitionem  desiderari  possunt,  accu- 
rate,  sed  breviter  explicantur ;  ibid. ,  1626, 
in-8°;  —  Commentarius  de  Hominis  Procrea- 
tione ,  cité  par  Haller. 

Éloi,  Dict.  hist.  de  Médecine.  —  Nici.ns  Erythrajus, 
De  Script,  medicis.  —  Soprani  et  Juniani ,  Scrittori 
délia  Liguria.  —  Manget,  Bibliotheca  scriptomm  medi- 
corum. 

*  CANEVESi  (  Timothée  ),  prédicateur  et  écri- 
vain ascétique  italien,  de  l'ordre  des  Frères  Mi- 
neurs ,  natif  de  Milan ,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  II  était  issu  d'une 
ancienne  famille,  et  se  distingua  pendant  quelque 
temps  comme  prédicateur  dans  plusieurs  viLes 
de  l'Italie,  surtout  dans  sa  ville  natale.  Apres 
avoir  séjourné  quelques  années  à  Constantinople 
comme  missionnaire ,  il  retourna  à  Milan,  où 
il  passa  le  reste  de  sa  vie.  On  a  de  lui  :  Due 
Sermoni  del  sagro  Chiodo ;M\]àn,  1652,  in-4°; 

—  Lezioni  scritturali  spiegate  nel  duomo  di 
Milano,  soprai  Viaggide'  patriarchi  Abramo, 
Isacca  e  Giacobbe;  Milan,  1654,  in-4°;  —  Des- 
crizionï  del  S.  Monte  délia  Vernia;  Milan, 
1672,  in-fol.  avec  gravures;  —  Expositio  ré- 
gula: S.  Franciscï;  Milan,  in-4'';  —  Compen- 
dium  Turani  de  Privilegiis  Regularium  ;  in-4''  ; 

—  quelques  livres  de  dévotion,  et  des  sermons 
détachés. 

Argellati,  Bibl.  Mediol. 

*  CANFELD  (^enoî^  de),  capucin  et  théologien 
anglais  ,  né  à  Canfeld  (Essex)  en  1564,  mort 
en  1610.  Il  était  de  famille  noble;  et  son  véritable 
nom  était  Guillaume  de  Filoh.  Jusqu'à  l'âge  de 
vingt-quatre  ans,  il  suivit  la  secte  des  puritains. 
A  cette  époque,  il  abjura  tout  à  coup,  vendit  ses 
biens,  en  distribua  le  prix  aux  pauvres,  et  passa 
en  France,  où  il  entra  aux  Capucins  de  Meudon. 
C'est  alors  qu'il  changea  de  nom,  et  étudia  la 
philosophie  et  la  théologie  avec  succès.  Lors- 
qu'il se  sentit  assez  instruit ,  il  partit  pour  l'An- 


471  CANFELD  — 

gleterre  avec  le  P.  Jean-Chrysostome  d'Ecosse. 
Arrêtés  quelque  temps  après  leur  arrivée  en 
1599,  ils  demeurèrent  en  prison  jusqu'en  1602, 
où  la  reine  Elisabeth  consentit  à  les  rendre  à 
la  liberté,  sur  la  prière  de  Henri  IV.  Revenu  en 
France ,  Canfeld  gouverna  avez  zèle  et  sagesse 
plusieurs  couvents  de  son  ordre.  On  a  de  lui  : 
Soliloque;  Paris,  1608,  inl2;  —  Exercices 
spirituels,  1608;  —  le  Chevalier  chrétien; 
Paris,  1609,  in- 12;  —  Règle  de  perfection, 
composée  en  anglais,  traduite  en  flamand,  puis  en 
français,  sous  le  titre  de  Abrégé  de  toute  la  vie 
spirittielle,  réduite  à  ce  seul  point  de  la  vo- 
lonté de  Diew, -Paris,  1696,  in-12,  avec  la  Vie  de 
l'auteur. 

Witte,  Diarium  biographie.  —  Richard  et  Giraud,  Bi- 

bliothèque  sacrée. 

CANGA-ARGUELLES  (don  Jose),  homme  d'É- 
tat espagnol,  né  dans  les  Asturies  en  1770, 
mort  en  1843.  Il  cultiva  la  poésie  dans  sa  jeu- 
nesse, et  fit  une  traduction  versifiée  des  Odes 
de  Sapho.  Plus  tard ,  il  prit  une  part  active  à 
l'insurrection  espagnole  comme  publiciste  et  ad- 
ministrateur, et  se  distingua  comme  député  de 
Valence,  parmi  les  cortès  de  1812,  par  son  talent 
et  par  un  zèle  ardent  pour  les  principes  consti- 
tutionnels. Lorsque  Ferdinand  Vil  remonta  sur 
son  trône  en  1814,  Canga-Arguelles  fut  exilé  dans 
la  province  de  Valence;  mais  le  roi, en  1816,  le 
rappela,  et  lui  donna  un  emploi  à  Valence.  Après 
la  restauration  delà  constitution  de  1812,  en 
1820,  Canga  fut  nommé  ministre  des  finances. 
En  cette  qualité  il  présenta  aux  cortès  un  état  de 
toutes  les  propriétés  publiques  et  ecclésiastiques, 
d'où  il  résultait  que  ces  dernières  surpassaient 
les  autres  d'un  tiers.  Il  publia  à  cette  occasion 
son  fameux  mémoire  sur  l'état  des  finances  de 
l'Espagne  ,  intitulé  Memoria  sobre  el  crédita 
publieo,  Madrid,  1820, dans  lequel  il  fit  connaî- 
ti'e  quelle  était  la  situation  du  Trésor  public  au 
moment  où  le  roi  jura  de  maintenir  la  constitu- 
tion. Canga-Arguelles  y  rend  en  même  temps 
compte  des  mesures  employées  depuis  le  9  mars 
1802,  par  son  département,  pour  relever  les 
finances.  Il  en  résultait  que  les  recettes  de  l'Es- 
pagne n'étaient  alors  que  de  320,066,000  réaux 
(  80,016,500  fr.),  tandis  que  les  dépenses  se  mon- 
taient à  660,116,231  réaux (165,029,057  fr.),  et 
que  le  déficit  annuel  était  conséquemment  plus 
considérable  que  le  total  des  recettes.  Le  mi- 
nistre proposa  aux  cortès ,  entre  autres  remè- 
des, de  voter  un  impôt  direct  de  140  millions, 
d'aliéner  la  septième  partie  des  biens  de  l'Église 
et  des  couvents,  de  vendre  les  petites  posses- 
sions sur  la  côte  septentrionale  d'Afrique,  et 
d'ouvrir  un  emprunt  de  200  millions.  Il  démon- 
tra en  outre  comment  il  serait  possible  de  dimi- 
nuer le  grand  nombre  d'employés  et  de  privilè- 
ges ;  mais  ses  propositions  ne  purent  être  exé- 
cutées qu'en  partie. 

Lorsqu'en  mars  1821  tous  les  ministres  don- 
nèrent leur  démission  ,  à  l'occasion  du  discours 


CAWGIAMILA  4 

prononcé  à  l'ouverture  des  cortès  le  1*'  mai 
discours  dans  lequel   Ferdinand  \TÏ  se  pi; 
gnait  de  la  faiblesse  du  pouvoir  exécutif,  Can^ 
Arguelles  suivit  ses  collègues.  Comme  meml 
des  cortès  qui  ouvrirent  leurs  séances  le  l^'"nu 
1822,  il  fit  partie  des  libéraux  modérés,  et  pi 
posa  plusieurs  mesures  pour  affermir  la  consi 
tution  et  améliorer  l'état  des  finances.  Après  ' 
renversement  de  la  constitution  en  1823  ,  il  se 
forcéd'émigrer  en  Angleterre,  d'où  il  lut  rappelé 
1829.  C'est  à  Londres  qu'il  avait  publié  :  Dicc 
nario  de  Hacienda,  para  el  ùsu  de  la  suprei 
direccion  de  ella  (  Dictionnaire  des  finances, 
l'usagedeceux  qui  sontchai'gés  deleurdirectio 
ouvrage  très-volumineux ,  à  la  fois  théorique 
pratique.  Les  critiques  auxquelles  il  a  donné  11 
portent  particulièrement  sur  les  détails  stati; 
ques  relatifs  aux  Étals  étrangers,  détails  pris  df 
des  matériaux  trop  anciens.  Même  relativeim 
à  l'Espagne,  l'auteur  ne  poursuit  presque  jam 
ses  recherches  au  delà  de  la  fin   du  dix-li 
tième  siècle  ;  et  ce  n'est  plus  par  le  témoigni  - 
irrécusable  des  faits  et  des  chiflres,  mais  |  • 
des  mémoires  et  des  plans  de  réforme,  qu'il  I 
connaître  l'Espagne  moderne.  Cet  ouvrage,  j 
blié  en  1827  et  1828,  forme  5  vol.  in-8°.  Can 
Arguelles  donna  encore,  dans  l'exil,  ses  Eleni 
tos  de  la  ciencia  de  Hacienda  (Éléments    ■ 
la  science  des  finances)  ;  Londres,  1825,  402 
in-8° .  Sous  le  modeste  titre  de  Observacioi 
sobre  la  guerra  de  la  Peninsula,  il  réfuta  at 
les  assertions  absurdes  et  mensongères  des  li 
toires  de  la  guerre  de  l'indépendance  espagnc 
des  Southey,  Napier  et  Londonderry,  qui 
attribuaient  tout  le  succès  aux  armes  anglaisi 
et  ne  laissaient  aucun  mérite  aux  Espagnols.  ( 
ouvrage,  où  se  trouvent  des  faits  peu  conn 
révèle  tous  les  sacrifices  que  s'imposa  l'Espa; 
à  cette  époque  mémorable.  Il  a  été  traduit 
anglais.  Canga,  de  retour  dans  sa  patrie, 
nommé  archiviste  de  Simancas,  et  prépara  t 
Histoire   générale  de  l'Espagne    dej)uis 
temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours.  [E) 
des  g.  du  m.} 

Conversations  Lexicon. 
CANGE  (du).   Voy.  DCCANCE. 

CANGiAGE.  Voy.  Cambiaso. 

CANGIAA1ILA  (François-EmmanAiel),  c( 
troversiste  italien,  né  à  Palerme  le  1'^'"  jan\ 
1702,  mort  le  7  janvier  1763  dans  la  même  vi 
Il  devint  successivement  docteur  en  théoloj: 
chanoine  de  la  métropole  de  Palerme,  et  inq 
siteur  provincial  du  royaume  de  Sicile.  On  a 
lui  :  Embriologia  sagra,  ovvero  trattato  dt 
ufficj,  etc.  ;  Milan,  1751,  in-4°;  Palerme,  17; 
in-fol. ,  traduite  plusieurs  fois  en  latin  sous 
titre  :  Embryologia  sacra,  sive  de  officiis 
cerdotum,  medicorum  et  aliorzim  circa  xt 
nam  parvulorum  in  îitero  existentium  sa 
tem;  Palerme,  1761,in-fol.;  Vienne,  1765,  in- 
Venise, 1769,  in-fol.:  l'abbé  Dinouart  et  le  1 
decin  Roux  l'ont  traduite  en  français,  en  y  aj 


rs 


CANGIAMTLA  —  CANINI 


474 


int  les  décrets  des  assemblées  du  clergé ,  des 
,nodes  et  des  conciles;  Paris,  17G2  et  1766, 
-12.  Cet  ouvrage,  qui  a  été  traduit  encore  dans 
autres  langues ,  notamment  en  grec  moderne, 
ir  le  jésuite  Vélastie,  esta  la  fois  un  traité  de 
lafession,  d'hygiène  privée  et  de  médecine  lé- 
if  le  relativement  aux  femmes  enceintes. 

Biographie  médicale.  —  Adeluiig,  supplein.  à  JOcher, 

Igemeines-Gelehrten- Lexicoii. 
i|*CANi  ouCAMS  (  Gian-Jacobo  DEGLi),juris- 
Insulte  italien,  né  à  Padoueen  1450,  mort  en 

93.  n  professa  avec  distinction  les  droits  cano- 

jue  et  civil  dans  sa  patrie.  U  jouissait  aussi 

me  grande  réputation  comme  orateur  et  comme 
L^te  ;  il  a  laissé  :  Carmen  heroicum  de  Ludis 
uustribus ;  Venise,  1474,  in-4°,  rare;  —  de 
)do  Studendi  in  jure;  1476,  in-S"  ;  —  de  Lau- 
nis  Pétri  Bqrocii,  antistitis  Patavini,jus 
lonicum  et  civile  carminibus  comprehen- 
n;  Padoue,  1485,  in-4o.  L'archiprêtre  Baruf- 
li  cite  encore  deux  dialogues  manuscrits  de 
•à  :  de  Constantini  Donatione  et  de  Ar- 

\  rio. 
;ardeon,  De  Claris  Patavinis. 
CANICHCA,  roi  de  Cachemire,  d'origine  tar- 
i,  vécut  trois  cents  ou  quatre  cents  ans  après 
iiort  de  Bouddha  ;  il  fut  le  chef  du  troi- 
ï\e  et  dernier  concile,  qui  s'occupa  de  régler 
écritures  bouddhiques.  On  rapporte  à  ce 
ice  les  médailles  qui  portent  le  nom  de  Ca- 

1  kès ,  et  on  le  fait  vivre  un  siècle  ou  deux 
nt  notre  ère.  L. 

I  Idjatariaginî,  traduction  de  M.  Troyes  ,  t.  II.  —  Bur- 
\.  f,  Introduction  à  l'histoire  du  Buddhisme. 

:anier  (Pierre).  Voy.  Camor  [Pierre). 
CANIGIÂNI  (Bernard),  littérateur  italien, 
ait  en  1582.  Il  fut  un  des  cinq  premiers  fon- 
i  eurs  de  l'Académie  délia  Crusca,  conjointe- 
\  at  avec  Jean-Baptiste  Dati,  Antoine-François 
If  izzini,  Bernard  Zanchi  et  Bastien  de  Rossi  ; 
^;lque  temps  après,  Salviati,  qui  y  fut  reçu  en 
i  ème,  donna  à  cette  société  son  organisation  et 
I  règlements. 

nguené,  Uist.  litt.  de  Vit.,  VU. 

CANiLLAC  (Raimond  de),  cardinal  fran- 
I  i,  né  à  Canillac  (Gévaudan),  mort  à  Av^non 
1  !0  juin  1373.  Il  était  chanoine  régulier  de 
1  Qt- Augustin  à  Maguelonne,  et  devint  prévôt  de 
•|  te  église.  Il  se  fit  remarquer  par  une  grande 
(uiaissance  du  droit  civil  et  ecclésiastique;  le 
l  »e  Clément  VI ,  appréciant  les  talents  de  Ca- 
{ ac,  le  nomma  archevêque  d  e  Toulouse  en  1 345, 
1  s  cardinal  du  titre  de  Sainte-Croix  de  Jéru- 
\ixa  en  1350.  Innocent  VI  lui  donna  l'évèché 
*  Palestrine.  A  la  mort  de  ce  pontife,  Canillac 
<  int  onze  voix  pour  le  remplacer.  On  a  de  lui  : 
\:ollectorum.  liber. 

j  uehène,  Histoire  des  cardinaux  français.  —  Fri- 
s,  Callia  purpurata.  —  Auberi,  Histoire  des  cardi- 
'  T.  —Sainte-Marthe,  Gallia  christiana.  —  Baluze, 
■,  ;^"  Paparum. 

^ANiNi  (Ange),  grammairien  italien,  né  à 
>,hiari  (Toscane)  en  1521,  mort  à  Paris  en 

7.  Il  était  très-versé  en  philologie,  et  donna 


successivement  des  leçons  à  Venise,  à  Padoue, 
à  Bologne  et  à  Rome.  Il  fut  appelé  eu  France  par 
François  !*■",  qui  le  nomma  professeur  au  collège 
d'Italie  à  Paris.  Il  s'attacha  ensuite  à  Guillaume 
Duprat,  évoque  de  Clermont.  On  a  de  Canini  : 
Grammatica  grxca  ;  Paris ,  in-4"  ;  —  Version 
latine  du  Commentaire  de  Simplicius  sur 
Éplctète;  Venise,  1546  et  1569,  in-fol.  ;  —  Ins- 
tituliones  linguarum  syriacas,  assyriacx  et 
thnlmudicœ,  una  cum  xthiopicœ  et  arabicx 
collatione,  quibus  addita  est  ad  calcem  N.  T. 
multorum  locorum  historica  enarratio  ;  Paris, 
Charles  Estienne,  1554,  in^";  —  de  Helle- 
nismo;  Paris,  1555,  in-4",  réimprimé  à  Amster- 
dam en  1700,  in-8° ,  avec  un  index  très-com- 
mode;  —  de  Locis  S.  Scripturœ  hebraicis 
Commentaria,  imprimé  avec  les  Quinquagenx 
d'Antoine  de  Lebrija;  Anvers,  leOO,  in-8°. 

Bayle,  Dict.  —  Teissier,  Éloges  des  savants. 

CANINI  (Giovanni-Angelo) ,  peintre,  né  à 
Rome  en  1621,  mort  en  1666.  Il  fut  élève,  dans 
cette  ville,  du  Dominiquin  et  de  Barbalanga. 
Nommé  peintre  de  Christine,  reine  de  Suède,  il 
n'exécuta  pour  cette  princesse  qu'un  petit  nom- 
bre de  travaux ,  employant  presque  tout  son 
temps  à  dessiner  des  monuments  antiques  et  des 
médailles.  Quand  il  se  décidait  à  prendre  le  pin- 
ceau, il  cherchait  les  procédés  les  plus  expédi- 
tifs,  négligeant  les  détails,  et  se  contentant  de 
l'unité  et  de  l'harmonie  de  l'ensemble.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  plaît  par  sa  force  et  par  son  énergie 
dans  les  sujets  qui  exigent  la  réunion  de  ces 
qualités,  comme  son  Martyre  de  saint  Etienne, 
à  Santo-Martino  ai  Monti.  Étant  allé  en  Franec 
à  la  suite  du  cardinal  Chigi  ,  il  présenta  à 
Louis  XIV  un  volume  dans  lequel  il  avait  réuni 
des  têtes  d'hommes  illustres  et  de  divinités 
païennes,  dessinées  d'après  des  pierres  gravées 
et  des  marbres  :  le  prince  le  récompensa  par  le 
don  d'im  collier  d'or.  De  retour  dans  sa  patrie, 
Canini  avait  entrepris  d'écrire  en  vers  les  louan- 
ges de  sa  protectrice  la  reine  Christine .  et  en 
prose  la  continuation  d'un  recueil  de  vies  des 
peintres,  lorsque  la  mort  le  surprit  à  l'âge  de 
quarante-cinq  ans.  Bellori  et  Passeri,  loBS  deux 
ses  amis,  paraissent  avoir  rais  à  profit  ses  notices 
historiques.  E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario. 

CANINI  (Jérôme),  littérateur  italien,  neveu 
du  précédent,  né  à  Anghiari  (Toscane),  mort  en 
1626.  On  a  de  lui  :  I storia  délia  elezione  e 
coronazione  del  rede'  Romani;  Venise,  1612, 
in-4°;  —  Aphorismes  politiques  sur  Tacite, 
traduit  de  l'espagnol  d'Alamo  Varienti  ;  Venise, 
1618 ,  in-4°,  réimprimé  avec  les  œuvres  de  Ta- 
cite, par  Adrien  Politi;  Venise,  1620,  in-4'';  — * 
de  la  Cour,  traduit  de  Denis  du  Refuge  ;  Venise, 
1621,  in-12,  avec  notes;  — A/orismi  politici  ca- 
vati  dalV  Istoria  di  Fr.  Guicciardino  ;  Ve- 
nise, 1625,  in-12; —  Histoire  de  Louis  XI, 
traduite  du  P.  Matthieu,  avec  Giudizio  politico 
sopra  la  Vita  di  esso;  Venise,  1628,  in-4'';  — • 


475  CANINI  - 

Lettres  du  cardinal  d'Ossat  (trad.);  Venise, 
1629,  in-4'';  —  Généalogie  de  la  maison  de 
Bourbon  (trad.);  Venise,  1638,  in-4». 

Jocher,  Allgem.  Gelehrt.-Lexicon. 

CANINI  { Marc- Antoine) ,  sculpteur  italien, 
frère  du  précédent,  né  à  Rome,  vivait  en  1669. 
Il  avait  beaucoup  de  talent,  et  acheva  le  grand 
ouvrage  que  Jean- Ange  laissait  imparfait,  et  le 
publia  sous  le  titre  d'Iconographia;  Rome,  1666, 
in-fol.,  avec  116  planches  gravées  par  Etienne  Pi- 
card le  Romain  et  Guillaume  Valet.  Ces  figures  sont 
accompagnées  d'explications  curieuses,  qui  prou- 
vent que  les  frères  Canini  connaissaient  parfai- 
tement l'histoire  et  la  mythologie.  M.  de  Che- 
vrières  a  fait  la  traduction  française  de  ce  re- 
cueil sous  le  titre  :  Images  des  héros  et  des 
grands  hommes  de  V Antiquité,  dessinées  sur 
les  médailles,  les  pierres  antiques,  et  les  au- 
tres anciens  mowwmew^s;  Amsterdam,  1741, 
io-4°,  avec  117  planches  représentant  500  figures, 
accompagnées  de  remarques  et  du  texte  italien. 

Le  Nouvelliste  du  Parnasse.  —  Abbecedario  pittorico. 
—  L'abbé  Titi,  Tabula. 

* CAMiNius  ( Rebelius),  consul  romain,  vivait 
en  709  de  Rome,  45  ans  avant  J.-C.  Il  succéda 
à  Trebonius,  et  ne  fut  en  charge  que  sept  heures. 
Cicéron  a  dit  de  lui  «  que  la  ville  devait  être 
«  obligée  envers  ce  vigilant  magistrat,  qui  n'avait 
«  pas  dormi  tant  qu'il  avait  été  consul.  » 
Salluste,  Cat. 

CANINO  (princes  de).  Voy.  Napoléon  (fa- 
mille). 

*  CAMs  (  Corneille),  compositeur  belge,  mort 
vers  1556.  Les  compositions  de  Canis  sont  ré- 
pandues dans  les  collections  publiées  à  Louvain 
et  à  Anvers  dans  le  cours  du  seizième  siècle. 
On  trouve  de  lui  des  canons  très-bien  faits 
dans  un  livre  de  chansons  de  divers  auteurs  ; 
Louvain,  1544.  On  a  aussi  de  ce  compositeur  : 
Boe  chanson  française  commençant  par  ces  mots  : 
La  bonne  grâce  et  maintien  gracieux;  elle  se 
trouve  dans  le  3"  vol.  de  Burney,  Histoire  de 
la  Musique;  —  Cantiones sacrée,  seu  mottetti 
quinque  vociim ;  Louvain,  1544,  in-4°. 

Fétis,  Biographie  nouvelle  des  musiciens. 

*CANisio  (Egidio),  poète  itahen,  né  à  Vi- 
terbe,  vivait  dans  le  quinzième  siècle.  Il  a  tra- 
duit en  vers  latins  la  chanson  de  Pétrarque, 
Vergine  bella.  On  le  croit  aussi  auteur  de  52  stan- 
ces intitulées  Faccia  d'Amore,  et  insérées  par 
homsDolcedaQsson  Recueil  des  Poètes  illustres 
et  réimprimées  séparément  à  Venise,  1572,  in-1 2. 

Crasto,  Eloçij  d'Uomini  letter. 

CANisivs  [Jacques),  jésuite  et  théologien 
hollandais,  neveu  de  Henri ,  né  à  Calcar  (duché 
de  Clèves) ,  mort  à  Ingolstadt  le  27  mai  1647. 
Il  prit  les  ordres  de  bonne  heure  dans  la  com- 
pagnie de  Jésus,  et  y  enseigna  la  philosophie  et 
les  langues  modernes.  On  a  de  lui  :  Fons  salutis, 
seu  primum  omnium  sacramentorum  Baptis- 
mus  ;  Cologne,  1626,  in-8°  ;  —  Meditationes  sa- 
crx  de  Christo  et  beatissima  Virgine;  Munster, 


CANISIUS  r, 

1628,  in-8">;  —  Ars  Artium,  seu  de  bono  mi 
tis,  sous  le  pseudonyme  de  Christianus  Tanas 
phistus;  1630,  in-12;  —  Vitœ  Sanctorum,  tr 
duit  de  l'espagnol  du  P.  Ribadeneira,  avec  a( 
jonction  des  Vies  de  quelques  jésuites,  et  celli 
de  saint  Charles  Borromée,  de  saint  Ph 
lippe  de  Neri;  1630,  in-fol.  ;  —  Sermons  dupé) 
Mastrille,  traduits  de  l'italien  en  latin;  163' 
in-fol.;  —  Hyperdulia  Mariana,  a  Joant 
Berchmanno  exercita;  Munster,  1636,  in-16 

Valère  André,  Bibliotheca  belgica.  —  Alegambe,  BU 
script,  societ.  Jesu. 

c&wssïus  (Pierre),  jésuite  et  théologien  hc 
landais,  né  à  Nimègue  en  1520,  mort  à  Fi 
bourg  le  21  décembre  1597.  Son  vi'ai  nom  et; 
deEondt  (le  Chien),  qu'il  latinisa,  suivant  l'usa 
de  l'époque.  Il  se  fit  remarquer  par  son  savoi 
son  zèle  et  sa  piété  :  aussi  fut-il  le  premier  pr 
vincial  de  la  compagnie  de  Jésus  en  AUemagc 
Il  fonda  le  collège  de  Fribourg  (Suisse),  et  bri 
au  concile  de  Trente  en  1545.  L'empereur  F( 
dtaand  F''  le  choisit  pour  son  prédicateur,  et  i 
haut  de  la  chaire  Canisius  ne  cessa  de  foudro) 
les  hérétiques,  qui  l'appelaient,  à  cause  de  s 
nom,  le  Chien  d'Autriche.  On  a  de  lui 
Summa  Doctrinx  christianx ;  Paris  (par  \ 
soins  du  P.  Busée),  1485,  in-fol.;  il  en  exi 
un  abrégé  par  le  P.  Windehofer;  Augsboui 
1762  :  l'ouvrage  a  été  traduit  en  illyrien,  14f 
en  grec,  par  le  P.  Mayr;  Prague,  1612,  in-i 
en  grec  et  latin ,  Augsbourg ,  1612,  in-8°; 
Instit'Utiones  Christianse  pietatis  (sans  dati 

—  De  Beatissima  Virgine  Maria  (  sans  dat( 

—  Sermons  et  homélies  de  saint  Léon  ;  L( 
vain,  1566,  in-12;  —  Commentaria  de  Ve 
divini  Corruptelis ;  Ingolstadt,  1583,  2  ^ 
in-fol.  La  liste  complète  de  ses  écrits  se  troi 
dans  Paquot.  La  vie  de  Canisius  a  été  publiée 
latin  par  les  pères  Mathieu  Raderus  et  Fi 
çois  Sachini;  Munich,  1623,  in-8°;  en  franc; 
par  le  P.  Dorigny  ;  Paris,  1708,  in-12  ;  en  itali 
par  le  P.  Langore  et  le  P.  Foligatti  :  cette  f 
nière  est  la  plus  estimée. 

Lemire,  Élog.  Belg.—  Guillaume  Eisengrein,  Catak  • 
test,  veritatis.  —  Alegambe  et  Ribadeneira,  Biblioth  ; 
scriptorum  societatis  Jesu.  —  André  Valère,  Bibliotl  i 
belgica. 

CAHisiîJS   {Henri),  théologien   hollauda 
neveu  du  P.  Pierre,  né  à  Nimègue,    moi 
Ingolstadt  en  1610.  Il  fit  ses  études  à  Louv;  • 
et  son  mérite  lui  valut  d'être  appelé  à  Ingi 
t,adt  en  qualité  de  professeur  de  droit  canon.» 
vaste  érudition  était  accompagnée  de  beauop 
de  modestie  et  de  piété  véritable.  On  a  de  1  ) 
Chronica    Victoris   Tununensis ;   Ingolstai 
1600,  in-4°;  —  Antiquse  Lectiones;  Ingolsti» 
1601-1608 ,  7  vol.  in-4°,   réimprimées  et  m 
en  ordre  par  Jacques  Basnage ,  sous  le  titre 
Thésaurus  monumentorum  ecclesiasticoru 
Amsterdam  (Anvers),  1725,  7vol.  in-fol.,  a 
notes   et    préfaces  de  l'éditeur;  —   Histc 
miscella,  d'après  Paul  Diacre;  Ingolstadt,  1< 
in-12.  On  trouve  le  catalogue  complet  de  ses 


CANISIUS  — 
^8  dans  les  Mémoires  pour  servir  à  l'His- 
re  littéraire  des  Pays-Bas ,  de  Paquot ,  et 
is  Moréri ,  grand  Dictionnaire  historique^ 
4i(m  de  1759. 

odré,  Bibl.  belg.  — Swcrt,  Âthenœ  belg. 
CANisivs  (Henri),  théologien  hollandais,  né 
lois-le-Duc  en  1594,  mort  le  4  mars  1689.  Il 
;  l'habit  religieux  dans  l'ordre  des  Ermites  de 
*it  Augustin,  et  fut  successivement  prieur  des 
".▼ents  de  Tenremonde,  de  Tirlemont,  puis  de 
'estrlcht.  Il  a  laissé  :  Carminum  fascicxi- 
;  —  Manipulus  sacrarum  ordinationum  ; 
ivain,  1661 ,  in-I2;  —  Pax  et  una  Chari- 
,  per  easque  chara  imitas  ;  Anvers,  1685, 
<A. 

idré,  Bihl.  Belg.  —  Swert,  Annal.  Belg. 

> CANISIUS  OU  CANNius  (Nicolas),  philolo- 
hoilandais ,  né  à  Amsterdam  ,  mort  à  Spar- 

|(de  en  1555.  II  était  secrétaire  d'Érasme,  qui 

iployait  principalement  dans  ses  traductions 

■ec,  langue  dans  laquelle  Canisius  était  très- 

ilé.  Érasme  l'aimait  beaucoup,  et  lui  écrivait 

de  Bàle  en  1527  :  «  Semper  enim,  ut  nosti, 

loco  te  magis  habut  quamfamuli.  »  Ca- 

is  retouchait  les  Colloques  d'Érasme  à  la 

de  celui-ci,  en  1536.  II  entra  au  couvent  de 

it-Visule  à  Amsterdam ,  et  fut  ensuite  curé 

tamonde.  On  a  de  lui  :  Vie  de  Cornélius  Gro- 

;  —  quelques  Colloques  et  des  poésies  grec- 

>s  et  latines. 

'agenaar.   Histoire  d'Amsterdam  —  Valère  André, 
\toth.  Belgica. 

JUNITZ  {Frédéric-Rodolphe- Louis,  baron 

poète  allemand ,  né  à  Berlin   en  1 654  , 

H  dans  la  même  ville  le  11  août  1699.  Il 

{pt  dans  la  maison  paternelle  une  éducation 

inguée,  étudia  ensuite  le  droit  à  Leyde  et 

ipzig,  et  fit  plus  tard  un  voyage  en  Italie  et 

'rance.  De  retour  dans  son  pays,  il  devint, 

1677,  gentilhomme  de  la  chambre  de  Frédé- 

■Guillaume  l"  et  conseiller  de  légation.  C'est 

'  cette  qualité  qu'il  fut   chargé  de  plusieurs 

lisions.  Après  la  mort  du  grand  électeur,  le 

ï  Frédéric  F"",  qui  lui  succéda,  nomma  d'abord 

'  litz  conseiller  d'État  titulaire,  et ,  après  quel- 

'  'S  missions  diplomatiques  ,  conseiller  d'État. 

mpereur  Léopold  l'éleva  alors  à  la  dignité  de 

oa  de  l'empire.  En  qualité  de  ministre  plé- 

'  \  otentiaire  de  Prusse ,  il  prit  part  aux  négo- 

ftious  ouvertes  à  la  Haye  au  sujet  de  la  suc- 

,  fsion  d'Espagne;  mais,  en  1699,  le  mauvais 

H  de  sa  santé  lui  fit  abandonner  ce  poste.  De 

il  à  1695,  il  avait  vécu  dans  la  plus  heureuse 

,  on  avec  M""   Dorothée   (  Doris  )  d'Arnimb , 

fit  les  qualités  et  les  vertus  ont  été  célébrées 

jbord  par  son  mari,   ensuite  par  François 

frn  et  Varnhagen  d'Ense. 

;Les  poésies  de  Canitz  n'ont  paru  qu'après  sa 

i'rt,  sous  le  titre  de  Nebenstunden  unter- 

\iiedener  Gedichte  (Berlin,  1700,  14^  édit., 

1 55).  Canitz  n'y  apparaît  pas,  à  la  vérité,  comme 

F  génie  poétique  du  premier  ordre ,  mais  la 


CANIZARÈS  478 

pureté ,  la  clarté  et  la  facilité  de  ses  vers  forment 
un  agréable  contraste  avec  l'enflure  et  la  préten- 
tion de  l'école  de  Lohenstein,  qui  dominait  alors. 
[Enc.  des  g.  du  m.] 

Conversatious-Lexicon.  —  Ersch  et  Gruber',  Allgem. 
Encyc.  —  Jôclier,   Allgem.   Geleh.-Lexicon. 

*CANiTZ-DALLWiTZ  (baron  de),  homme 
d'État  prussien ,  neveu  du  précédent,  mort  à 
Berlin  le  25  avril  1850.  Entré  au  service  en 
1806,  il  fit  toutes  les  campagnes  de  la  Prusse 
contre  la  France,  et  fut  nommé  professeur  à 
l'école  militaire  de  Berlin.  De  1827  à  1829',  il 
fut  ministre  plénipotentiaire  près  la  Porte. 
Nommé  colonel  en  1829,  il  fut  chargé  en  1831  de 
suivre  les  opérations  de  l'armée  russe  comman- 
dée par  Diebitsch ,  et  assista  aux  campagnes  de 
Pologne.  A  son  retour  à  Berlin ,  il  fut  nommé 
général,  et  envoyé  en  mission  extraordinaire  à  la 
cour  de  Hanovre,  puis  à  celle  de  Vienne ,  d'où  il 
fut  rappelé  pour  prendre  le  portefeuille  des  af- 
faires étrangères.  Il  s'est  toujours  montré  très- 
partisan  du  piétisme.  On  a  de  lui  un  ouvrage  stir 
la  cavalerie  (Berlin,  1823),  justement  estimé 
des  officiers  supérieurs. 

Conversations-Lexicon. 

*CANics  (Ru/us),  poète  latin,  né  à  Cadix, 
vivait  en  88.  Il  était  ami  de  Martial,  qui  dit  de 
lui  : 

Vis  scire  quid  agatCanius  tiius?  ridet. 

Die,  Musa,  quid  agatCanius  meus  Rufus? 
Utrumne  chartis  tradit  ille  vlcturis 
Legenda  lemporum  acta  Claudianorum? 
An  quae  Neroni  falsus  adstruit  scriptor  ? 
An  semulatur  improlji  jocos  Phajdri  ? 

Canins  épousa  deux  femmes,  qu'il  répudia  : 
Théophila,  savante,  mais  trop  libre;  Sapho, 
moins  éclairée ,  mais  trop  retenue.  II  a  composé 
en  vers  une  Histoire  des  Daces,  dont  Pline  le 
Jeune  fait  mention,  Epist.,  lib.  I  et  VHI). 

Martial,  Epigrammata,  III.  —  Vossius,  De  poetis  lati- 
nis. 

CANIZARÈS  ou  CAANIZARES  (Joseph),  au- 
teur dramatique  espagnol ,  né  à  Madrid  en  1676 , 
mort  en  1750.  Il  écrivit  pour  le  théâtre  dès  l'âge 
de  quatorze  ans,  et  fut  en  possession  de  la  faveur 
du  public  pendant  plus  de  quarante  ans.  Ses  piè- 
ces sont  conçues  dans  l'ancienne  forme.  Celles  qui 
portent  sur  des  sujets  historiques  ne  sont  pas  dé- 
pourvues d'intérêt  ;  telles  sont  notamment  :  les 
Récits  du  grand  Capitaine;  —  Charles-Quint 
à  Tunis  ;  —  el  Picarillo  en  Espana.  Il  s'agit 
dans  cette  dernière  pièce  d'un  aventurier  qui , 
sous  le  règne  de  Jean  H,  découvrit  les  Canaries 
et  s'y  établit  avec  toute  l'autorité  d'un  roi.  Cani- 
zarès  réussit  mieux  encore  dans  les  pièces  à 
caractère,  que  Moreto  et  Roxas  avaient  déjà  mises 
à  la  mode  et  que  l'on  appelait  comedias  de 
flguron.  Les  meilleures  dans  ce  genre,  et  dues 
à  sa  plume,  sont  :  les  Jeunes  cuisinières ,  em- 
pruntées à  Cervantes;  les  Montagnards  à  la 
cour,  et  Domine  Lucas.  Cette  dernière  pièce 
s'attaquait  particulièrement  à  cette  noblesse  in- 
digente, présomptueuse  et  dégénérée,  qui  des- 


479  CANïZARÈS  - 

honorait  alors  la.  cour  de  Madrid.  Les  situations 
et  les  ressorts  dramatiques  de  Canizarès  rap- 
pellent Lope,  Caldérou,  Moreto,  et  Matos  Fra- 
goso.  Il  composa  aussi  un  Sacrifice  d'Iphigé- 
nie  à  la  manière  de  Racine,  comme  il  le  dit  lui- 
même.  Ses  œuvres  ont  été  publiées  en  trois 
volumes. 

Huerta,  Teatro.  K«  partie,  t.  II,  p.  847.  —  Tlcknor  , 
Hlst.  of  Spanish  literat,  II  et  III. 

CÂ31LASSI.  Voy.  Cagnacci. 

*CANN  {Jean  ).  Voy.  Canne. 

*CANNABicH  {Chrétien),  compositeur  bava- 
rois, né  à  Manheim  en  1731,  mort  à  Francfort  en 
1798.  II  reçut  les  premiers  éléments  de  musique 
de  Mathias ,  son  père ,  flûtiste  de  la  cour  de 
l'électeur  de  Bavière,  qui  le  mit  ensuite  sous  la 
direction  de  Jean  Stamitz.  Lorsqu'il  eut  acquis 
un  certain  talent  sur  le  violon,  le  prince  Charles- 
Théodore  de  Bavière  l'envoya  en  1760,  à  ses 
frais,  en  Italie,  pour  y  apprendre  la  composition 
sous  JomeUi.  En  1763,  Cannabich  revint  à  Man- 
heim ;  en  1773,  il  fut  nommé  chef  d'orchestre 
de  l'Opéra,  italien  à  Munich,  et  fit  représenter  un 
grand  nombre  de  ballets  qui  eurent  du  succès. 
Mozart  faisait  beaucoup  de  cas  des  ouvrages  de  ce 
compositeur,  qui  nous  a  laissé  :  Six  Quatuors 
pour  violon,  Jlûte,  alto  et  basse;  la  Haye, 
in-fol.;  —  Trois  Symphonies  à  grand  orches- 
tre;—  Six  Trios  pour  violon  et  violoncelle; 
Manheim  ;  —  Six  Duos  pour  flûte  et  violon  ; 
Manheim ,  1767  ;  —  Six  Quatuors  pour  violon, 
alto  et  ôasse;  Manheim;  —  Trois  Concerti 
pour  trois  violons,  alto  et  basse;  —  Six  Sym- 
phonies pour  deux  flûtes ,  deux  violons,  alto 
et  basse  ;FsiTis,  1769  ;  —  Recueil  d'airs  pour 
deux  violons  et  clavecin;  Manheim,  1775;  — 
Azacaja,  opéra;  Manheim;  1778;  — la  Des- 
cente d'Hercule  aux  enfers ,  ballet  représenté 
avec  succès  à  Cassel. 

Fétis,  Biographie  nouvelle  des  Musiciens. 

*  CANNABICH  (C/iorZes  ) ,  compositeur  bava- 
rois, fils  du  précédent,  né  à  Manheim  en  1764, 
mort  dans  la  même  ville  le  1'='^  mars  1806.  Il 
commença  l'étude  du  violon  et  du  clavecin  dès 
quatre  ans  ;  à  neuf  ans  ,  il  prit  des  leçons  de  Eck , 
premier  violon  de  la  cour,  et  apprit  la  composi- 
tion sous  Graitz.  Il  voyagea  ensuite  en  Alle- 
magne avec  Auguste  Lebreun ,  excellent  haut- 
bois, et  ils  donnèrent  ensemble  des  concerts  très- 
fructueux.  En  1784,  Camiabich  revint  à  Munich, 
et  entra  dans  l'orchestre  de  l'électeur  Charles- 
Théodore.  En  1785,  il  fit  un  voyage  en  Italie 
pour  y  compléter  ses  connaissances,  et  prit  en- 
core à  Munich  des  leçons  de  composition  de 
P.  Winter.  En  1796,  il  fut  appelé  comme  direc- 
teur de  musique  à  Francfort-sur-le-Mein,  et  y 
épousa  en  1 798  Joséphine  Woraleck,  cantatrice 
distinguée.  En  1800 ,  le  roi  Maximilien- Joseph  le 
rappela  pour  lui  donner  la  place  de  directeur  des 
concerts  de  la  cour,  laissée  vacante  par  la  mort 
de  Christian  Cannabich.  Charles  fit  représenter 
alors  plusieurs  opéras  ou  ballets  avec  succès. 


CANNAMARÈS  ^  \ 

En  1805,  il  fut  envoyé  à  Paris  pour  y  étuc  ^ 
au  Conservatoire  impérial.  Sa  santé  l'obligea  \ 
retourner  dans  sa  patrie ,  où  il  mourut  biei  ■ 
après.  On  a  de  lui  plusieurs  Variations  pom  ; 
clavecin;  Munich,  1798  ;  —  Six  Trios  pour  t  ■ 
Ions  et  violoncelle;  —  Six  Duos  pour  flût(  ; 
violon  ;  —  Canzonnette  a  3  et  i  voci ,  (  ( 
cembalo;  Munich,  1801;  —  Orphée,  opéra;- 
Palmer  et  Amalie,  opéra;  —  Axur,  bail; 
Munich  ,  1802  ;  —  Grande  Symphonie;  L( 
zig,  1803  ;  —  Concert  pour  violon;  — Six  Ci 
zonette  à  3  voix  ;  Munich,  1803. 

Fétis,  Bioqraphie  universelle  d€s  Musiciens. 

CANNABICH   { Jean-Godejroi-Frédéri  \ 
géographe  .illernand,  né  à  Sondershausen  en  17  ^ 
Son  père,   Gottfried-Christian ,  né  en  1745  1 
mort  en  1830,  exerçait  les  fonctions  de  surini  ■ 
dant  ecclésiastique  et  de  conseiller  de  con  • 
toire.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  le  je  ; 
Cannabich  étudia  la  théologie ,  et   fut  non  i 
recteur  du  collège  de  Greussen  (pays  de  Schw;  - 
bourg-Sondershausen  ).  Il  fut  ensuite  ministi  !i 
Niederbœsa  (même  principauté),  et  composa  a  ; 
C.-G.-D.  Stein  un  Manuel  de  géographie  se  j 
les  nouveaux  traités  de  paix;  1816,  in-8",  - 
vrage  qui  eut  en  peu  de  temps  douze  éditi(  j. 
Ce  livre  mit  Cannabich  en  rapport   avec  s 
géographes  les  plus  instruits  de  l'époque,  et  b 
concert  avec  Gaspari ,  Gutsmuths ,   liasse  ï 
Ukert ,  il  publia  le  grand  Manuel  complet  ï 
Géographie,  ouvrage  fondamental,  encore  c  - 
suite  par  les  géographes  modernes.  Afin  de  i  - 
tre  ses  recherches  à  la  portée  de  toutes  les  [- 
telligences ,  Cannabich  écrivit   sa  Géograi  le 
portative  à  l'usage  des  écoles  ;  Sonderst  |' 
sen,  1818,  10*"  édit.,  1831.  Ses  autres  ouvra  |, 
en  allemand,  sont:  Description  stat.  et  gé( 
du  royaume  de  Prusse;  Dresde,  1827,  6 
in-8°  ;  —  Description   stat.  du  royaume 
Wurtemberg;  Dresde,  1828,  2  vol.  in-8°  ;  — 
bleaude  la  France  ;  1831,  2  vol.;  —  Tabl 
delà  Russie  d'Europe  et  dit  royaume  de 
locjne ,  1. 1,  1833,  etc.  Depuis  1821,  il  a  puH, 
conjointement  avec  le  major  Streit,  l'écrit  pé 
dique  sur  la  géographie,  intitulé  le  Globe , 
raissant  à  Erfurt.  [Enc.  des  g.  du  m.] 
Conversations-Lexicon. 

*CANNAERT  {  Joscph- Bernard),  jurisi - 
suite  belge,  né  à  Gand  en  1 768.  Il  fut  conseillei 
cour  supérieure  de  Bruxelles,  et  a  publié  :  Rec. 
ches  sur  l'ancien  droit  j)énal  en  France,  i 
dant  les  quatorzième ,  quinzième  et  seizi  'e 
siècles;  Gand,  1835,  in-8°. 

Biographie  générale  des  Belges.  ; 

cANNAMARÈs  {Giovanni) ,  régicide  cata 
étranglé  en  1492.  Il  était  d'une  pauvre  famill 
laboureurs  des  environs  de  Barcelone.  F( 
nand  V  le  Catholique  venait  d'enlever  Grei 
aux  Maures.  Après  avoir  fait  une  entrée  tri 
phale  dans  Barcelone ,  il  se  rendait  à  la  ca 
drale,  suivi  d'un  nombreux  cortège,  lorsque  < 
narnarès,  s'élançant  de  derrière  une  porte,  bo 


481 


CAWNAMARÈS  —  CANINEGIETKR 


482 


jusqu'à  lui,  et  le  frappa  d'un  poignard  au  bas  du 
cou.  Le  coup  était  terrible  ;  il  eût  été  mortel,  si 
le  roi  n'eût  porté  une  forte  chaîne  d'or  dont  les 
anneaux  arrêtèrent  le  fer.  Ferdinand  défendit  de 
tuer  l'assassin  :  il  ordonna  seulement  de  l'inter- 
roger, pour  connaître  les  motifs  qui  l'avaient 
poussé  à  ce  crime  et  savoir  s'il  n'avait  pas  de 
complices.  On  reconnut  aisément  que  Cannama- 
'  es  était  privé  de  raison.  Il  prétendît  être  le  vrai 

ci  d'Aragon,  et  n'avoir  frappé  Ferdinand  que 
!  )arce  que  celui-ci  détenait  la  couronne  à  son 
i  )réjudice.  Le  roi ,  dont  la  blessure  était  légère , 
j  oulait  faire  grâce  à  ce  fou  ;  mais  le  cardinal  Xi- 
I  nénès  fit  appliquer  la  loi  dans  toute  sa  rigueur  ;  et 
;  îannamarès  fut  condamné  à  avoir  la  main  droite 
j  ûupée ,  à  être  tenaillé  avec  des  pinces  ardentes, 
\  iris  écartelé  par  quatre  chevaux  ;  seulement , 

ar  une  faveur  particulière,  le  cardinal  consen- 

t  à  ce  que  le  malheureux  insensé  fût  étranglé 
;  vant  de  subir  le  supplice  public. 

Chaudon  et  Delandine,  Nouveau  Dictionnaire  histo- 
'  qtm. 

*CAN3VART(/ean),  philologue  français,  vi- 
I  lit  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 

n  a  de  lui  :  Elementa  grammaticee  grxcee; 
f  uis,  1570,  m-k"; —  Compendium  rhetoricœ; 

iris,  1783,  in-4°. 
;  Cat.  Bibl.  delDouay.  —  Cat.  Bibl.  imper,  de  Paris. 

*  CANNE  OU  CANN  (  John),  théologien  anglais, 

vait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 

icle.  On  a  peu  de  détails  sur  lui;  seulement  on 

it  qu'il  devint  le  chef  de  la  secte  des  Brow- 

istes  ou  Indépendants  d'Amsterdam,  lorsqu'il 

i  réfugia  dans  cette  ville  par  suite  de  la  restaii- 

!  f  tion  de  Charles  H.  Pendant  qu'il  habitait  en- 

t  \  re  l'Angleterre,  il  était  occupé  de  la  publication 

ï  \-s,  Nouvelles  hebdomadaires.  On  a  de  lui  une 

i  iitiondela  Bible,  accompagnée  de  notes  ;Ams- 

i  (rdam,  1664,in-8°,  et  Edimbourg,  1727,  in-S". 

-,  }  iose,  Neio  Biographical  Dictionary.  —  Gorton,  Biog. 

,1  [Ct.  —  Lemprière,  Vniv.  Biog. 

,   !*CANNEGIESSER    OU    CANUIESSER    (Léo- 

'rd-Henri-Louis-George  de  ),  homme  d'État  et 

risconsulte  allemand,  né  le  22  mai  1716  àKitz- 

',  mort  le  29  mai  1772  à  Cassel.  Après  avoir 

idié  à  Marbourg  et  à  Halle,  où  il  avait  été 

mmensal  du  célèbre  philosophe  Wolf ,  il  fut 

|mmé,  en  1738,  assesseur,  puis  conseiller  de 

[^ence  du  cercle  de  Giessen.  Il  se  distingua 

les  litiges  survenus  à  cette  époque  entre 

ax  lignes  de  Darmstadt  et  de  Cassel ,  et  le 

jave  Guillaume  VIII  l'attira  auprès  de  Ini, 

BO,  comme  conseiller  de  sa  haute  cour  d'ap- 

Nommé,  en  1753,  assesseur  au  conseil  privé, 

iievint  en  1760  conseiller  intime,  et  en  1761 

;  nistre  d'État  et  président  de  la  haute  cour  d'ap- 

;  enfin  en  1770,  chancelier  et  chevalier  de  l'or- 

'  '  (  récemment  créé)  du  Lion  d'or.  On  a  de  lui  : 

'i/uhrliche   Erôrterung  der  dem    Hause 

ssen-Darmstadt'jilberden  Flecken  Freyens- 

•'«    zustehende     Erbschuzrechte ,     wider 

<[ms-Lanbach  (Recherches  détaillées  sur  le 

fit   de  pati'onage  héréditaire    du  bourg  de 

PIOUY.   BIOGR.    UNIVERS.    —  T.   VUI. 


Freyenschen,  appartenant  ci  la  maison.de  Hesse- 
Darmstadt,  contre  les  princes  de  Salms-Lan- 
bach);  Giessen,  1750,  in-fol. ;  — Historische 
Nachricht  von  dem  IJrsprunge  und  Wachs- 
thum  des  Teutschen  Ordens,  etc.  (  Notice  his- 
torique sur  l'origine  et  le  développement  de  la 
commanderie  de  l'ordre  Teutoniqùe,  etc.  ;  Cas- 
sel, 1751,  in-fol.;  —  Collectio  notabiliorum  de- 
cisionum  supremis  tribunaUs  appellationum 
Hasso-Casselani ,  inde  ab  ejus  consfitutione 
ernanatarum  ;  Cassel,  1768  et  1771,2  vol.^  in-fol. 

Strieder ,  Hessische  Gelehrten-Geschichte  (  Histoire 
des  Savants  Hessols  ). 

*  CANNEGIESSER  OU  CANGIESSER  (  Théo- 
phile), ^\x\\Q\o%\xe  allemand  et  poète  grée,  natif 
de  Halle  en  Saxe,  vivait  vers  la  fin  dn  seizième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Joh.  Posseli  Evangelia 
et  Epistolse  graecis  versibus  reddita,  oum  in- 
terpret.  latina,  etc.;  Leipzig,  1585,  in-8°,  et 
1591,  in-8'';  —  Ejusdem  CXXX  Reç^dm  vitss 
grœcis  versibus  expositse,  cuni  interprefa- 
ifiowe  to^.;  Leipzig,  1599,  in-8°;  léna,  1649, 
in-8°;  —  Scolia  ad  primos  X  libros  Historia- 
rum  Justini;  Strasb.,  1637,  in-S". 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelekrien-Lexieon. 

CANNEGiETER  (  Henri),  antiquaire  et  histo- 
rien, né  en  1691  à  Steinfurt  en  Westphalie,  mort 
en  1770,  fut  recteur  du  gymnase  d'Arnheim  et 
historiographe  des  États  de  Gueldre.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages  sur  les  antiquités  romaines 
et  hollandaises,  dont  les  principaux  sont  :  Dis- 
sertatio  de  Brittenburgo ,  matribus  brittis  , 
britannica  herba,  brittia  Procopio  memorata 
Britannorumque  antiquissimis  per  Galliam 
et  Germaniam  sedibus  ;  —  Nota  et  observa- 
tiones  ad  ,Abrahami  Muntingii  dissertatio- 
nem  historico-medicam  de  vera  antiquorum 
Herba  britannica  ;  —  Ad  Gerardum  Van  Loon 
historicum  :  ces  trois  écrits  sont  réunis  en  un 
vol.  in-4°;  la  Haye,  1734;  —  JDe  mutata  Ro- 
manorum  nominum  sub  principibus  ratione 
liber  singularis  ;  —  Posthumus  Batavia  ad- 
sertor.  Hercules  Magusanus,  et  Deusoniensls 
aggerum  Batavia  auctores,  ex  nummis  atque 
et  inscriptionibus  démonstratif —  Trebel^ini 
Pollionis  negligentia  castigata;  —  Monumen- 
tum  Dodenwerdense  expositum  :  ces  quatre 
dissertations  ont  été  réunies  et  imprimées  à 
Utrecht,  1758,  in-4°;  —  De  Gemma  Bentinc- 
Ttiana,  item  de  Iside  ad  Turnacum  inventa, 
nec  non  de  dea  Burorina  aliisque  numinibus 
ignotis  inscriptionibusque ;  Utrecht,  1764, 
in-S";  —  E'pistola  de  ara  ad  Nomomagum  re- 
perta, etc.;  Arnheim,  1766, in-8°.  Cannegietera 
publié  aussi  une  édition  des  FI.  Aviani  Fabulse; 
Amsterdam,  1731,  in-S";  et  une  édition  des  Tristes 
de  Henri  Harius  ;  Arnheim,  1766,  in-4°.  Enfin,  il 
a  laissé  en  manuscrit  les  Monuments  de  la  Ba- 
tavie  romaine ,  les  Antiquités  de  Dombourg^ 
et  wie  édition  de  Festus.  E.  Regnard. 

Brun  et,  Manuel  dti  libraire.  —  Catalogue  de  la  Bi- 
bliothèque impériale. 

CANNEGIETER  {Hcrmann),  filsdupi-écédentj 

16 


'482. 


CANNEGÏETER  ~  CANNîNG 


48' 


jurisconsulte,  né  à  Arnheim  en  1725,  mort  le  8 
septembre  1804.  Après  avoir  étudié  le  droit  à 
l'université  de  Leyde,  il  obtint  en  1744  le  grade 
de  docteur,  exerça  la  profession  d'avocat  près 
la  cour  supérieure  de  la  Gueldre,  et  fut  ap- 
pelé, en  1750,  à  la  chaire  de  droit  vacante  à 
Franeker  par  la  mort  de  Dominique  Balck. 
Outre  diverses  dissertations,  il  a  laissé  deux 
ouvrages  justement  estimés  :  Observationes  ad 
collationem  legum  Mosaïcarum  et  Romana- 
rem;Franeker,  1760,  in-4'';  2^  édit.,  ibid.,  1765, 
in-4°  ; — Observationes  jiiris  romani  ;  Franeker, 
1768,  in-4°;  2*^  éd. ,  Leyde,  1772,  in-4°.  On  le 
croit  auteur  des  notes  de  l'édition  des  Antiquités 
d'Heineccius,  donnée  àLeuwarden  et  à  Franeker; 
1777,  in-S".  E.  Regnard. 

Brunet,  Manuel  du  Libraire. 

CANMEGïETER  (Jean) ,  frère  de  Hermann , 
jurisconsulte,  mort  à  Groningue  vers  1815,  était 
depuis  1770  professeur  à  l'Académie  de  cette 
ville.  On  distingue  parmi  ses  ouvrages  :  Ad  dif- 
ficiliora  queedam  juris  capita  Animadversio- 
nes;  Franeker,  1754,  in-4°; —  Bomitii  VI- 
pianifragmenta  libri  singularis  Regularum, 
et  incerti  auctoris  collatio  legxim  mosaïca- 
rum et  romanarum,  cum  notis  ;  Utrecht,  1768, 
in-4°  ;  2''  éd.,  Leyde,  1774,  in-4<'.      E.  Regnard. 

Bibliographie  universelle. 

CANNERS  (Anselmo),  peintre  italien,  natif 
de  Vérone,  vivait  en  1576.  Il  fut  un  des  meil- 
leurs élèves  de  Paul  Véronèse,  et  travailla  sou- 
vent aux  œuvres  de  ce  maître. 

Lanzi,  Storia  pittorica. 

CÂWNES.  Voy.   Canes. 

*CANMETï  (François),  médecin  et  poète 
italien,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  la  Machina  umana; 
Vérone,  1737,  in-S".  C'est  une  physiologie  en 
vers,  assez  estimée  dans  son  temps. 

Carrère,  Bibliothèque  de  la  Médecine. 

*CANNETTi  (dom  Pierre),  camaldule  et  poète 
italien,  né  à  Crémone  en  1660,  mort  en  1730. 
Il  passa  par  les  divers  grades  de  son  ordre,  et 
en  devint  général.  Il  se  faisait  remarquer  par 
ses  connaissances  en  littérature,  et  a  laissé  une 
Dissertation  sur  les  quatre  Règnes,  poème 
de  Frédéric  Frezzi ,  évêque  de  Foligno. 

Giornale  de  Letterati  d'Italia.—  Jôcher,  Allgemeines 
Celehrten-Lexicon. 

*CAI«N1CCIARI  ou  CANNICCIAKS  (D.-Pom- 

peo),  compositeur  italien,  mort  le  29  décembre 
1744.  n  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  l'église 
Sainte-Marie-Majeure  en  mars  1709,  et  a  com- 
posé :  une  Messe  à  seize  voix  en  quatre  chœurs 
(1697)  ;  —  deux  Messes  à  quatre  voix;  —  Ave, 
Regina  cœli,  à  quatre  voiix  ;  —  deux  Messes  à 
cinq  voix  ;  —  Beus  firmavit,  à  trois  voix  ;  — 
Salva  nos,  àtrois  voix  ;  —  Intonuit,  à  cinq  voix  ; 

—  cinq  Messes  à  huit  voix;  —  une  Messe  pas- 
torale à  huit  voix  ;  —  une  Messe  à  neuf  voix  ; 

—  Terra  tremuit  ;  —  Benedictm  Dominm,  à 
huit  voix. 


Gerber,  Neues  Lexiconder  Tonkûnstler.—  Fétis,  Die 
graphie  universelle  des  Musiciens. 

CANNING  (  George  ),  homme  d'État  anglais 
né  à  Londres  le  11  avril  1770,  mort  à  Chiswi 
le  8  août  1827.  Le  père  de  Canning  s'étant  brouill 
avec  ses  parents  à  la  suite  d'un  mariage  impru 
dent  qu'il  avait  contracté ,  fut  obligé  de  quitt( 
l'Irlande,  sa  patrie,  et  de  chercher  fortune  à  Loi 
dres  :  il  y  mourut  de  chagrin,  un  an  après 
naissance  de  son  fils.  Sa  veuve,  privée  de  toi 
moyen  de  subsistance ,    se  voua  au  théâtre 
convola  en  secondes  et  en  troisièmes  noces, 
vécut  assez  longtemps  pour  jouir  de  l'illustr; 
tion  de  son  fils,  qui  ne  cessa  de  lui  prodigU' 
les  témoignages  de  la  plus  tendre  affection.  1 
jeune   Canning,   grâce  à  la  libéralité  d'un  ( 
ses  oncles,  fut  élevé  à  Eton.  Dès  l'âge  de  sei 
ans  il  se  fit  l'éditeur  d'un  journal  littéraire, 
Microcosme ,  soutenu  par  ses  camarades  de  ce 
lége.  Les  morceaux  dont  il  enrichit  ce  recui 
se  distinguent  par  le  bon  goût,  l'élégance,  et  u 
fine  raillerie  qui  plus  tard  est  devenue  une  d 
armes  les  plus  formidables  de  l'orateur;  Ca 
ning   les  publia  sous  le  monogramme  B,  et  '. 
dédia  au  docteur  Dario,    son  ancien  maître, 
cette  époque  de  sa  vie  appartient  aussi  un  poei 
intitulé  l'Esclavage  de  la  Grèce,  où  se  rem; 
q  uent  une  imagination  brillante  et  un  ardent  amc 
de  la  liberté. 

En  1787,  George  Canning  passa  à  l'univerj 
d'Oxford,  où  il  se  lia  d'amitié  avec  Charles  J( 
kinson;  puis  il  se  voua  à  l'étude  du  droit.  Éi 
nemment  sociable  et  spirituel ,  il  se  vit  bien 
entouré  de  nombreux  amis.  Dans  les  clubs  pi 
tiques,  qu'il  commençait  à  fréquenter,  il  ) 
souvent  la  parole,  se  préparant  ainsi  à  parai  ; 
sur  un  théâtre  plus  vaste ,  à  lutter  avec  des 
versaires  plus  puissants.  Entretenant  des  r 
ports  presque  journaliers  avec  Sheridan ,  Fi , 
Burke,  Grey,  il  professait  à  cette  époque  ; 
opinions  libérales:  ses  amis  whigs  comptait 
ti-ouver  en  lui  un  excellent  champion  de  1  f 
cause  ;  ils  le  décidèrent  à  abandonner  le  barrt . 
Mais  à  peine  Canning  fut-il  entré  au  parlerai ,, 
qu'il  s'opéra  dans  sa  foi  politique  une  met 
phose  complète  :  après  une  explication  fra 
et  amicale  avec  Sheridan,  il  entra  en  pourpard 
avec  Pitt,  et  prit  rang  dans  la  phalange  mina 
rielle;  c'était  en  1793.  Il  est  difficile  de  dev:i 
les  motifs  qui  amenèrent  ce  changement  :  pil 
êti'e  le  jeune  député  sentait-il  que  son  talent  ni 
riverait  point  à  se  développer  aussi  largenij 
sur  les  bancs  de  l'opposition  ;  peut-être  espéij 
il  mieux  servir  les  intérêts  de  son  pays  en  faii 
adopter  aux  tories,  ses  nouveaux  associés ,  [ 
partie  des  convictions  libérales  qu'il  avait 
fessées  jusqu'à  ce  jour.  Ce  fut  à  l'occasion  j 
subsides  que  le  ministère  voulait  accorder  av  j 
de  Sardaigne  que  Canning  prit  la  parole  pou 
première  fois.  S'il  déploya  beaucoup  de  fa* 
d'adresse  dans  son  argumentation ,  il  fut  bl 
du  ton  léger  et  railleur  avec  lequel  il  traita  l 


485 

la  partie  sage  du  public  en  voulut  même  à  Pitt, 
de  ce  qu'il  avait  laissé  son  illustre  rival  en  butte 
aux  attaques  d'un  jeune  homme  arrogant. 

Peu  d'années  suffirent  à  Canning  pour  s'élever 
au  premier  rang  parmi  ses  nouveaux  alliés.  En 
1796  on  le  voit  déjà  sous-secrétaire  d'État,  et  il 
s'acquitte  de  ses  fonctions  avec  un  zèle  et  un  ta- 
lent remarquables.  Les  annales  parlementaires 
ont  gardé  le  souvenir  de  son  éloquent  discours  sur 
la  motion  de  Tiemey,  concernant  la  paix  avec  la 
république  française  en  1798:  le  jeune  orateur 
éleclrisa  l'assemblée  tout  entière,  et  sut  pleine- 
ment justifier  les  prévisions  et  la  partialité  de 
son  protecteur  ministériel.  Dans  la  même  session 
il  avait  fait  une  profession  de  foi  généreuse  pour 
l'abolition  de  l'esclavage.  Son  influence  parle- 
mentaire et  son  indépendance  civile  se  consoli- 
dèrent et  s'étendirent  cette  même  année,  par  son 
mariage  avec  la  fille  du  général  Scott.  En  1800 
,  1  discute,  toujours  comme  partisan  zélé  du 
,  iremier  ministre,  les  propositions  de  paix  faites 
I  Mir  le  gouvernement  consulaire,  les  subsides  à 
:  oumir  à  l'empereur  d'Allemagne,  la  suppression 
i  le  Yhabeas  corpus.  En  dehors  du  parlement,  il 
!  léfend  sa  thèse  et  son  parti  dans  Y  Antijacobin 
i  ixaminer,  feuille  périodique  qu'il  publie  avec 

I  es  amis.  MM.  Frère  et  Êllis,  et  qu'il  assaisonne 
!e  son  esprit  mordant  et  satirique.  Bon  nombre 
le  ses  poésies  fugitives  ont  été  pubhées  dans  ce 

i  ecueil.  Lorsqu'on  1801  Pitt  quitta  le  ministère, 

"auning  se  trouva  jeté  dans  l'opposition  jusqu'en 

804,  où  il  rentra  au  pouvoir,  avec  son  patron , 

i  onime  trésorier  de  la  marine.  A  la  mort  de 

'lit  (1806),  il  sortit  de  nouveau  du  ministère, 

I I  se  montra  plus  indifférent  pour  la  question 
!c  la  traite  des  noirs,  contre  laquelle  il  s'é- 
lit  élevé  autrefois  avec  tant  de  chaleur  et  de 
éhémence.  L'abolition  de  cet  odieux  commerce 
tait  enfin  proposée,  mais  par  les  whigs  ;  et  Can- 
ing  ne  put  s'empêcher  de  mêler  à  une  question 

toute  morale  des  expressions  hostiles  contre  le 
larti  dominant.  Celui-ci  ayant  été  expulsé  par 
PS  tories,  l'élève  de  Pitt  reçut  le  portefeuille  des 
i  lïaires  étrangères  (1807).  Ce  poste,  au  début  du 
'ministère  Portland,  n'était  rien  moins  que  dési- 
rable. Qu'on  se  rappelle  un  moment  l'état  de 
1  Angleterre,  engagée  depuis  quinze  ans,  si  l'on 
In  excepte  le  court  intervalle  après  la  paix  d'A- 
I  liens,  dans  une  guerre   ruineuse  :  la  plupart 
es  puissances  continentales ,  tout  à  l'heure  en- 
ore  alliées  de  la  Grande-Bretagne ,  étaient  ou 
iguées  contre  elle,  ou  condamnées  à  une  hon- 
lîuse  neutralité.  La  nation,  qui  partageait  na- 
luère  ses  affections  politiques  entre  deux  grands 
Ihefs,  cherchait  en  vain  une  tête  assez  haute  et 
issez  forte  pour  lui  imposer  le  respect  et  la  con- 
kance:  Pitt  et  Fox,  en  mourant,  semblaient  avoir 
S  mporté  chacun  le  manteau  du  prophète.  Can- 
!  ing  était  loin  d'avoir  atteint  au  faite  de  sa  re- 
ommée  :  le  pays  le  traitait  plutôt  d'escarmou- 
lieur  habile  que  de  guerrier  cuirassé  à  toute 
preuve.  Le  cabinet  whig  congédié  formait  une 


I 


CANNING  486 

opposition  formidable,  et  bon  nombre  de  ses 
membres  étaient  les  ennemis  personnels  de  Can- 
ning, qui  les  avait  irrités  par  ses  railleries  dans 
le  parlementet  bafoués  dans  ses  journaux.  Telles 
étaient  les  difficultés  nombreuses  qui  allaient 
assaillir  le  nouveau  cabinet.  Sa  force  fut  pour  la 
première  fois  mise  à  l'épreuve  lorsque  le  duc  de 
Portland  interpella  les  ministres  au  sujet  de 
l'expédition  contre  Copenhague ,  qui  ne  pouvait 
en  éJTet  se  justifier.  Canning  descenditbardiment 
dans  l'arène,  et  défendit  avec  une  rare  habileté  la 
conduite  du  cabinet  dont  il  faisait  partie.  Amis 
et  ennemis  l'admirèrent  également  :  les  uns  se 
félicitèrent  de  compter  dans  leurs  rangs  un  si 
vigoureux  athlète;  les  autres  mesuraient  avec 
étonnement  l'immense  talent  qu'Us  allaient  avoir 
à  combattre.  A  partir  de  là,  l'importance  parle- 
mentaire et  la  renommée  politique  de  Canning 
allaient  toujours  croissant,  lorsqu'on  1809  un 
démêlé  avec  son  collègue  lord  Castlereagh  amena 
entre  eux  un  duel,  à  la  suite  duquel  les  deux 
secrétaires  d^at  donnèrent  leur  démission.  Cet 
incident  imprévu  fut  cause  de  la  dis.solution  du 
cabinet  tout  entier  :  Canning  en  avait  été  le  dé- 
fenseur le  plus  capable  et  le  plus  énergique. 

Pendant  les  deux  années  suivantes,  il  se  mêla 
rarement  aux  débats.  Au  commencement  de  1812, 
il  se  fit  dans  le  parlement  l'avocat  des  catholi- 
ques, qui  réclamaient  la  participation  aux  fono- 
tions  civiles.  En  toute  occasion  il  défendit  cette 
thèse,  non  pas  comme  une  question  abstraite  de 
droit,  mais  comme  une  mesure  d'utilité.  Après 
l'assassinat  de  Perceval,  on  lui  proposa  de  ren- 
trer aux  affaires  ;  mais,  ne  pouvant  s'entendre 
avec  les  ministres  sur  l'émancipation  catholique, 
il  dut  refiiser.  Depuis  1814  jusqu'en  1816  il  rem- 
plit les  hautes  fonctions  d'ambassadeur  à  Lis- 
bonne. De  grands  événements,  on  le  sait,  ve- 
naient de  s'accomplir  dans  la  Péuinsule,  et  Can- 
ning, pour  sa  part,  y  avait  puissamment  contri- 
bué. «  n  y  a  dans  ma  carrière  politique,  a-t-il 
«  dit  lui-même,  un  point  dont  je  puis  me  vanter  ; 
«  c'est  d'avoir  maintenu  l'alliance  de  l'Angle- 
«  terre  avec  l'Espagne  en  dépit  de  toutes  les  dif- 
«  ficultés,  du  découragement  général,  et  des  pré- 
«  dictions  de  mauvais  augure.  »  Dans  une  autre 
occasion,  il  s'écria  :  «  Ne  retirons  jamais  notre 
«  main  protectrice  à  la  Péninsule  1  Le  souve- 
«  rain  de  la  France  ne  vise  qu'à  un  seul  but,  à 
«  un  but  avec  lequel  son  existence  même  est 
«  liée  :  c'est  d'établir  sa  domination  en  Espagne. 
«  Qu'il  ne  réussisse  point,  et  sa  chute  est  cer- 
«  taine.  »  L'événement  proclama  la  justesse  de 
cette  prédiction.  Comme  membre  du  cabinet 
depuis  1816  jusqu'en  1820,  Canning  défendit  vi- 
goureusement les  mesures  politiques  qui  n'étaient 
pas  toujours  accueillies  avec  faveur  par  le  par- 
lement. 

Nous  n'essayerons  point  de  justifier  la  légèreté 
avec  laquelle  il  traita  l'affaire  d'Ogden,  em- 
prisonné,  pour  cause  de  sédition,  sous  le  règnô 
de  la  loi  exceptionnelle  qui  suspendait  Yhabeas 

16. 


487 


CANNING 


488 


corpus;  quelques  membres  de  l'opposition 
taxèrent  même  de  crime  la  froide  insouciance 
que  le  ministre  afficha  dans  cette  occasion. 

A  la  mort  de  George  ni,  en  1820,  le  parle- 
ment fut  dissous  ;  dans  les  nouvelles  élections , 
Canning  fut  nommé  pour  la  quatrième  fois  par 
Liverpool.  Il  avait  adressé  aux  électeurs  un  dis- 
cours remarquable  par  ses  arguments  en  fa- 
veur du  ministère,  et  par  sa  profession  de  foi 
sur  la  réforme  parlementaire ,  dont  il  se  décla- 
rait l'ennemi  irréconciliable.  Plus  tard,  en  1822, 
il  répéta  cette  déclaration  de  principes  au  sein 
du  parlement,  dans  un  de  ses  discours  les  plus 
saillants. 

Lorsque  la  reine  Caroline  aborda  en  Angle- 
terre pour  réclamer  sa  place  sur  le  trône  de  son 
royal  époux ,  Canning ,  auti'efois  intimement  lié 
avec  elle,  jugea  convenable  de  voyager  sur  le 
continent  aussi  longtemps  que  dura  ce  scanda- 
leux procès.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  se  dé- 
mit de  la  place  qu'il  occupait  dans  le  cabinet. 
Les  regrets  les  plus  flatteurs^  exprimés  par  les 
directeurs  de  la  compagnie  des  Indes,  accom- 
pagnèrent sa  retraite  :  et  telle  était  la  haute  opi- 
nion que  les  membres  de  cette  puissante  corpo- 
ration avaient  conçue  du  caractère  et  des  talents 
de  Canning,  qu'ils  n'hésitèrent  point  à  lui  offrii- 
le  poste  le  plus  éminent  dont  ils  pouvaient  dis- 
poser, celui  de  gouverneur  général  des  Indes. 
Le  ministre  démissionnaire  avait  accepté  cette 
nouvelle  charge  et  allait  s'embarquer  (1822), 
lorsque  le  marquis  de  Londonderry  mourut 
subitement.  Alors  le  roi  invita  Canning  à  re- 
prendre le  portefeuille  des  affaires  étrangères. 
La  tentation  était  forte  des  deux  côtés  ;  mais  le 
sol  natal  l'emporta.  Canning  ne  partit  point  ;  et 
quoiqu'il  n'occupât  officiellement  que  le  second 
rang  dans  le  conseil,  de  fait,  et  dans  l'opinion 
publique ,  il  en  était  le  président. 

Le  reste  de  la  carrière  de  Canning  se  trouve 
étroitement  lié  à  l'idstoif  e  générale  de  son  pays. 
Des  mesures  libérales ,  telles  que  depuis  long- 
temps aucun  ministère  n'avait  eu  ni  la  volonté 
ni  le  courage  d'en  proposer,  signalèrent  sa  nou- 
velle administration.  Tous  les  efforts  de  Can- 
ning tendaient  à  rompre  le  charme  de  la  sainte- 
alliance,  sans  détruire  l'accord  de  l'Angle- 
terre avec  les  puissances  du  continent.  Il  visait 
à  placer  son  pays  dans  une  position  neutre,  où 
il  pût  avoir  ses  coudées  franches,  et  procla- 
mer librement  sa  volonté;  il  voulait  que  la 
Grande-Bretagne  jouât  le  beau  rôle  de  média- 
teur soit  entre  des  États  ennemis,  soit  entre 
les  factions  en  lutte  sur  le  sol  d'une  seule  et 
même  patrie.  Il  soutenait  avec  énergie  toutes 
les  améliorations  que  la  force  des  choses  et  les 
progrès  de  la  science  commandaient  d'intro- 
duire dans  le  commerce,  les  manufactures,  la 
marine.  Au  mois  de  juin  1824,  le  cabinet  réso- 
lut de  reconnaître  l'indépendance  du  Mexique, 
de  la  Colombie  et  de  Buenos-Ayrcs  ;  cette  me- 
sure fut  due  à  Canning,  qui  en  revendiqua  lui- 


même  formellement  le  mérite  et  l'honneur.  Au 
reproche  qu'on  adressait  à  son  ministère  d'a- 
voir permis  l'occupation  de  l'Espagne  par  la 
France,  et  d'avoir  sanctionné ,  par  cette  condes- 
cendance, l'attaque  de  l'Espagne  contre  le  Por- 
tugal, il  répondit  :  «  Y  avait-il  nécessité  pour 
«  nous  de  bloquer  Cadix .?  Non  !  J'avisai  à  une 
«  autre  mesure  :  je  résolus  de  faire  en  sorte  que 
«  la  France,  si  elle  devait  avoir  l'Espagne ,  eûl 
«  l'Espagne  moins  les  Indes.  J'appelai  le  nou- 
«  veau  monde  à  la  vie,  pour  maintenir  l'équi- 
«  libre  dans  l'ancien  continent.  »  Pendant  l'au- 
tomne de  1826  il  vint  à  Paris,  où  il  fut  reçu  ave( 
la  plus  grande  distinction.  Le  ti'aité  de  l'Angle 
terre  avec  la  France  et  la  Russie,  et  la  batàîllf 
de  Navarin  qui  s'ensuivit ,  jettent  quelque  lu 
mière  sur  l'objet  et  le  but  de  son  voyage.  Lor 
de  l'agression  de  l'Espagne  contre  le  Portugal 
il  mit  en  jeu  toute  son  habileté  et  son  énergi 
pour  soutenir  la  nécessité  de  l'intervention  an 
glaise;  une  démonstration  vigoureuse  suffit  pou 
amener  le  résultat  voulu.  I»a  reconnaissance  de 
républiques  américaines,  la  bataille  navale  d 
Navarin,  le  Portugal  arraché  à  l'intervention  d 
l'Espagne,  tels  sont  les  faits  sur  lesquels  s'a[: 
puie  la  gloire  du  ministère  libéral  de  Canning. 

Au  commencement  de  1j827,  il  fut  saisi  par  ) 
froid  pendant  les  funérailles  du  duc  d'York,  ( 
dès  lors  il  ne  recouvra  jamais  complètement  s 
santé.  Peu  de  temps  après,  le  comte  de  Livei , 
pool ,  qui  se  trouvait  à  la  tête  du  cabinet ,  fi 
frappé  d'un  coup  d'apoplexie;  et,  quoiqu'il  se  n 
mît  plus  tard,  il  demeura  politiquement  mor 
Canning  fut  bientôt  nommé  au  poste  de  prerai* 
lord  de  la  trésorerie ,  nomination  qui  provoqn 
la  reti'aite  de  six  ministres.  Le  nouveau  prés 
dent  du  conseil  ne  se  laissa  point  abattre  p; 
cette  opposition  inattendue,  et  remplit  sans  ta 
der  les  places  vacantes  dans  le  cabinet;  mais 
lutte  acharnée  qu'il  lui  fallut  soutenir  affecta 
visiblement  sa  santé,  déjà  chancelante.  A  la  i 
de  juillet  1827,  le  duc  de  Devonshire  l'engagea 
se  retirer  chez  lui,  à  Chiswik,  dans  l'espéran 
que  le  changement  d'air  produirait  un  effet  s 
lutaire  sur  sa  constitution  affaiblie  :  il  reprit  a 
sez  de  lorce  pour  se  hvrer  un  moment  enco 
aux  travaux  de  son  ministère  ;  mais  le  mal  r 
vint  plus  intense.  Il  mourut  âgé  de  cinquant( 
sept  ans.  Ses  restes  furent  dé^josés  à  Westmin 
ter,  auprès  de  son  illusti'e  protecteur  et  deva 
cier  Pitt. 

La  mort  de  Canning  dut  avoir,  pour  foui 
les  nations  civilisées,  un  immense  retentis; 
ment.  L'homme  d'État  anglais  ne  s'était-il  p 
identifié  avec  les  progrès  de  leur  indépendanc 
Les  deux  mondes  avaient  ressenti  les  bienf 
sants  effets  de  sa  généreuse  parole  ;  et  lorsqi 
succomba  sous  le  poids  de  sa  tâche,  la  doule 
des  esprits  libéraux  dans  sa  patrie  trouva 
l'écho  en  Grèce  et  en  Amérique.  Malheureu; 
ment  il  fut  enlevé  à  son  pays  et  à  la  poiitiq 
avant  que  ses  vastes  entreprises  fussent  ré? 


489  CANNING 

sées ,  avant  que  ses  nobles  plans  eussent  été  ac- 
complis. Son  système  et  par  conséquent  une 
bonne  part  de  sa  renommée  restèrent  à  la  merci 
de  ses  successeurs,  et  sa  popularité  a  même  été 
momentanément  éclipsée  par  les  événements 
qui  depuis  sa  mort  ont  changé  la  face  politique 
de  l'Europe. 

Canning  était  beau  de  figure  ;  ses  traits  étaient 
expressifs ,  sa  taille  majestueuse.  Sa  voix  avait 
des  intonations  riches  et  sonores;  ses  gestes 
étaient  à  la  fois  énergiques  et  élégants.  Il  y  avait 
quelque  chose  de  viril  dans  son  attitude  ;  il  se 
possédait  toujours  parfaitement.  Ces  rares  qua- 
lités mettaient  d'autant  plus  en  relief  les  dons  de 
l'intelligence  et  de  l'esprit,  dont  il  était  si  riche- 
ment pourvu.  Sa  diction  était  brillante,  son  ar- 
gumentation d'une  finesse  remarquable.  Il  com- 
mandait à  sa  langue  en  souverain  ;  des  flots  purs 
d'une  éloquence  classique  échappaient  sans  ef- 
fort à  ses  lèvres.  Son  style ,  à  vrai  dire,  n'avait  ' 
point  d'éclat  ;  mais  il  assaisonnait  ses  discours  j 
d'un  genre  d'esprit  piquant,  animé,  qui  semblait  j 
lui  appartenir  en  propre.  Il  maniait  avec  grâce  i 
les  armes  du  ridicule;  il  effleurait  ses  adver-  \ 
saires  plutôt  qu'il  ne  les  déchirait.  En  un  mot, 
Canning  possédait  au  suprême  degré  toutes  les 
qualités  de  l'orateur.  Sans  lui  refuser  le  talent  poé- 
tique ,  on  ne  peut  nier  cependant  que  ses  vers  ne 
soient  bien  au-dessous  des  discours  de  l'homme 
d'État;  l'invective  et  la  plaisanterie  triviale  défi- 
gurent, en  général,  les  œuvres  du  littérateur.  Sir 
James  Mac-Intosh  a  laissé  un  portrait  brillant  de 
Canning  :  «  C'était,  dit-il,  un  homme  de  génie, 
«  un  homme  d'esprit  et  de  cœur  ;  il  était  capa- 
1  «  ble  à  la  fois  de  pensées  hautes  et  généreuses , 
«  d'affection  et  de  dévouement;  unbomme  d'État 
«  qui  dans  sa  patrie  sut  transformer  beaucoup 
«  de  ses  adversaires  en  partisans  dévoués,  et 
1  qui  était  devenu  à  l'étranger  le  point  de  ral- 
«  liement,  la  seule  espérance  de  tous  les  nobles 

<  esprits,  avides  d'ordre  et  de  Uberté  légale. 
1  Arrêté  au  milieu  de  sa  carrière,  il  laissa  à  moi- 

,<  tié  achevés  des  plans  d'une  étonnante  har- 
'  diesse ,  qui  promettaient  de  placer  son  nom  au 

<  premier  rang  des  bienfaiteurs  du  genre  hu- 
•  main,  enti'e  ces  nobles  génies  qui  ont  poussé 

<  leurs  contemporains  dans  la  route  du  progrès, 
'  ou  qui  ont  su  les  doter  de  longues  années  de 

<  paix  et  de  prospérité.  » 

3 .  Quincy- Adams  a  proclamé  Caiming  «  l'homme 
i  d'État  le  plus  complètement  anglais  et  le  plus 
patriote  qu'ait  produit  l'Angleterre.  «  [Enc. 
tes  g.  du  m.] 

Jnnuai  Register.  —  Rose,  New  Biogr.  Dict.  —  Mar- 
Mlus,  Mémoires.  —  Penny-  Cyclop.\ 

*  CANNING  (S^rait/ortZ,  sir),  diplomate  an- 
,lais  contemporain ,  parent  de  George  Canning, 
jiuilui  facilita  l'accès  de  la  diplomatie.  En  1824, 
il  fut  envoyé  en  qualité  d'ambassadeur  extraoi'- 
' inaire  à  Saint-Pétersbourg;  puis  il  fut  chargé 

e  négociations  relatives  à  la  question  grecque. 

^^sita  à  cet  effet  Vienne  et  Berlin  en  mai  1825; 


—  CANO 


490 


il  révint  à  Londres,  et  remplaça  ensuite  lord 
Strangford  à  l'ambassade  de  Constantinople,  où 
il  arriva  au  mois  de  février.  Il  s'employa  avec 
activité  à  amener  les  conférences  d'Akerman  ; 
puis,  à  partir  de  février  1827,  il  continua,  avec 
MM.  de  Ribeaupierrc  et  Guillerninot,  les  pourpar- 
lers au  sujet  des  affaires  de  la  Grèce.  La  résis- 
tance que  la  Porte  mit  à  faire  la  paix  après 
la  bataille  de  Navarin  le  détermina  à  se  retirer 
à'Corfou  en  décembre  1827.  Quelque  temps  après 
il  vint  à  Ancône  et  à  Paris,  et  de  là  à  Londres. 
Lorsque  les  relations  diplomatiques  avec  Cons- 
tantinople eurent  repris  leur  cours,  il  eut  pour 
successeur  dans  l'ambassade  de  Turquie  sir 
Robert  Gordon ,  frère  de  lord  Aberdecn.  Remis 
en  activité  sous  le  ministère  de  lord  Grey,  il 
fut  chargé  alors  de  régler  la  question  de  la  déli- 
mitation du  royaume  de  Grèce.  Il  prit  encore 
part  à  la  conclusion  du  traité  du  21  juillet  1832, 
qui  réglait  définitivement  les  intérêts  grecs.  Au 
mois  d'août  de  la  même  année,  il  revint  à  Lon- 
dres, où  il  fut  désigné  pour  l'ambassade  de  Saint- 
Pétersbourg  en  remplacement  de  lord  Heytes- 
bury.  Mais  n'ayant  pas  été  agréé  par  l'empereur 
Nicolas,  il  résigna  ses  fonctions,  et  vint  siéger  à 
la  chambre  des  communes,  où  en  1836  il  se  pro- 
nonça contre  l'occupation  de  Cracovie  par  les 
Autrichiens.  Il  appuya  de  même  en  1837  la  mo- 
tion de  lord  Hardinge  contre  l'intervention  en 
Espagne.  En  1842,  sous  le  ministère  Peel,  il  fut 
chargé  de  nouveau  de  l'ambassade  de  Constan- 
tinople. Lors  de  l'arrivée  de  lord  Russell  aux  af- 
faires, sir  Stratford-Canning  revint  en  congé  en 
Angleterre,  et  fut  envoyé  à  Paris  en  1847,  pour 
s'y  entendre  avec  M.  Guizot  et  les  représentants 
des  autres  puissances  sur  les  affaires  de  la  Suisse. 
En  1848,  il  retourna  à  Constantinople,  et  appuya 
la  Porte  dans  son  refus  de  livrer  les  réfugiés  hon- 
grois ;  il  fit  entrer  dans  les  Dardanelles,  pour  la 
protéger,  les  vaisseaux  commandés  par  l'amiral 
Parker.  On  sait  que  l'incident  fut  terminé  par 
l'embarquement  de  Kossuth  et  des  autres  réfu- 
giés à  bord  du  Mississipi,  en  septembre  1851, 

Conversations-Lexicon. 

CANNIZARES.   Voy.  CaNIZARES. 

*  CANNiZARio  (Pietro),  historien  sicilien, 
né  à  Palerme,  mort  en  1640.  11  était  ecclé- 
siastique, et  avait  des  connaissances  très-éten- 
dues en  droit  civil  et  canon,  en  philosophie  et  en 
théologie.  Il  a  laissé  :  Religionis  christianx  Pa- 
normi,  scilicet  omnium  ecclesiarum  funda- 
tiones  et  eoriim  origines,  sanctorum,  beato- 
rum  ac  virorum/ama  sanctitatis  illustrium 
Panormitanorum,  ac  qui  laudis  nomine  ab 
hac  vita  discesserunt ,  et  urbis  ejusdem  ar- 
chiepiscoporum  vitœ  (sans date). 

JVIongitore,  Biblioth.  Sicula. 

CANO  {Jacques  ou  Biogo  ).  Voy.  Cam 
(Diogo). 

CANO  {Juan-Sébastian  del),  navigateur  es- 
pagnol, né  à  Guetaria  dans  la  deuxième  moitié 
du  quinzième  siècle,  mort  le  4  aortt  1526.  Issu 


I 


491 


CANO 


492 


d'une  faraOledu  Guipuscoa,  il  embrassa  de  bonne 
heure  l'état  de  marin,  et  commença  sa  carrière 
en  commandant  un  navire  de  deux  cents  ton- 
neaux, sur  lequel  il  alla  au  Levant  et  en  Afrique. 
Bientôt  il  fut  nommé  capitaine  du  navire  la  Con- 
ception, l'un  des  cinq  bâtiments  destinés  à  faire 
le  tour  du  monde  sous  le  commandement  de 
Magellan  (  voir  ce  mot)j  à  partir  du  27  avi-il  1521. 
Le  jour  où  périt  Magellan,  l'équipage  du  vaisseau 
amiral  élut  pour  chef  Juan-Lopez  de  Carabello  ; 
mais  bientôt  son  incapacité  le  fit  déposer  par  ceux 
mêmes  qui  lui  avaient  offert  le  commandement, 
et  Cano  fut  choisi  pour  occuper  sa  place.  Investi 
du  commandement,  il  se  dirigea  vers  les  Molu- 
ques,  et  se  rendit  à  Tidore,  où  il  sut  se  concilier 
l'affection  du  souverain.  Après  avoir  chargé  d'é- 
pices  les  deux  seuls  bâtiments  qui  lui  restaient , 
et  dont  l'un  {la  Trinidad)  se  trouva  dans  l'impos- 
sibilité de  le  suivre,  il  partit  pour  l'Europe  le  21 
avril  1522.  Ayant  doublé  heureusement  le  cap  de 
Bonne-Espérance,  il  parvint  au  port  de  San-Lu- 
car  le  8  septembre;  il  ne  lui  restait  plus  que 
dix-sept  hommes  d'équipage.  Ainsi  s'accomplit 
au  bout  de  trois  ans  moins  dix -huit  jours  le  mé- 
morable voyage  auquel  se  rattache  désormais 
le  nom  de  Magellan,  celui  de  Cano  ayant  été 
omis  par  Pigafetta  lui-même.  Arrivé  à  Séville, 
l'heureux  navigateur  se  rendit  immédiatement 
à  Valladolid,  où  était  alors  la  cour.  Charles- 
Quint  l'accueillit  avec  une  haute  distinction, 
lui  accorda  une  pension  de  cinq  cents  ducats, 
combla  ses  compagnons  de  récompenses,  et  lui 
concéda  des  armoiries  où  figurait  le  globe  de  la 
terre  avec  cette  glorieuse  devise  :  Primuscïrcum- 
dedisti  me.  Les  Indiens  que  Cano  avait  présen- 
tés à  l'empereur,  et  les  objets  précieux  qu'il  lui 
avait  offerts,  donnèrent  une  si  haute  idée  des  avan- 
tages commerciaux  que  l'on  pouvait  obtenir  de 
relations  continues  avec  les  Moluques,  qu'une  nou- 
velle expédition  vers  ces  contrées  lointaines  fut 
bientôt  résolue.  Le  compagnon  de  Magellan  en 
eut  le  commandement  en  second,  sous  la  direc- 
tion immédiate  du  commandeur  F.-D.  Garcia  de 
Loaisa.  Après  avoir  revu  le  lieu  de  sa  naissance, 
il  se  rendit  à  la  Corogne,  emmenant  avec  lui  ses 
deux  frères  et  un  grand  nombre  de  marins  bas- 
ques, qui  devaient  entreprendre  de  nouveau  le 
voyage  autour  du  monde.  L'expédition,  pour  la- 
quelle on  avait  fait  de  si  grands  préparatifs,  prit 
la  mer  le  25  juillet  1525.  Elle  se  composait  de 
cinq  navires  ;  mais  les  tempêtes  horribles  qui 
l'accueillirent  sur  les  côtes  du  Brésil  la  dimi- 
nuèrent bientôt  de  deux  bâtiments,  qui  se  sépa- 
rèrent de  l'escadre.  Ce  n'était  que  le  début  de 
nouveaux  désastres  :  le  navire  que  montait  Gano 
périt  au  milieu  des  tourmentes,  non  loin  du  cap 
des  Vierges  ;  et  ce  fut  sur  un  autre  bâtiment  que 
Cano,  après  d'innombrables  vicissitudes,  fran- 
chit, le  26  mai  1526,  le  détroit  qui  portait  déjà  le 
nom  de  Magellan.  La  mer  Pacifique  préparaitde 
nouveaux  malheurs  à  l'escadre  :  les  tempêtes,  les 
maladies  firent  périr  une  partie  des  équipages,  et 


le  commandeur  Loaisa  lui-même  mourut  le  30 
juillet  1526.  Cano  prit  alors  le  commandement 
en  chef  ;  mais  il  succomba  cinq  jours  après,  et 
l'expédition  fut  contrainte  de  poursuivre  son 
voyage  au  milieu  de  la  désolation  que  causait  la 
perte  de  ce  chef  expérhnenté,  regardé  avec  juste 
raison  comme  l'un  des  premiers  navigateurs  de 
son  époque.  Quelques  jours  avant  qu'il  prît  le 
commandement  de  la  flotte,  et  du  vivant  même 
de  Loaisa,  Cano,  se  sentant  atteint  par  la  cruelle 
maladie  qui  décimait  ses  compagnons,  fit  un  tes- 
tament qu'il  dicta  au  tabelUon  royal,  embarqué 
avec  l'expédition.  Ce  document  nous  est  par- 
venu, et  répand  plus  de  jour  sur  la  vie  du  cé- 
lèbre navigateur,  récompensé  largement  par  Char- 
les-Quint. Cano  possédait  une  fortune  assez  con- 
sidérable, qu'il  laissa  à  son  fils  naturel  Domingos  ; 
Cano,  réversible  sur  la  tête  de  sa  propre  mère,  • 
sainte  femme  dont  il  ne  prononce  le  nom  qu'avec  \ 
respect.  Ce  testament  offre  la  preuve  des  agita-  ; 
tions  qui  troublèrent  la  vie  du  compagnon  de  ' 
Magellan;  aussi,  pour  tranquilliser  sa  conscience,  j 
dote-t-il  largement  une  jeune  fille  qu'il  eut  aussi  \ 
hors  du  mariage,  et  qu'il  veut  faire  élever  dans  sa  j 
propre  famille  et  sous  les  yeux  de  ses  parents.  |i 
En  lisant  les  noms  des  deuxjeunes  femmes  dont  ;: 
il  reconnaît  publiquement  la  conduite  vertueuse,  j; 
malgi'é  leur  liaison  illégitime,  on  devine  pourquoi 
une  cédule  royale  lui  concéda  le  droit  de  marcher 
toujours  armé  et  même  de  se  faire  accompagner 
par  quelques  soldats  pour  se  défendre  contre  ses 
ennemis. 

Vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  un  compa- 
triote de  Cano ,  D.  Pedro  de  Echave  y  Asu,  fit 
élever  un  tombeau  magnifique  à  ce  grand  na- 
vigateur, si  peu  connu  hors  de  son  pays  ;  et  en 
l'année  1800,  D.  Manuel  de  Agote,  né  lui-même 
à  Guetaria,  lui  a  fait  dresser  une  statue  qui  s'é- 
lève sur  la  place  de  la  bourgade  où  il  naquit.  Ce 
beau  monument  est  dû  à  D.  Alfonso  Bergaz.i 
sculpteur  du  roi  d'Espagne.  A  sa  base ,  on  li 
en  latin,  en  basque  et  en  castillan,  plusieurs  ins- 
criptions en  l'honneur  de  Cano.  j 
P  «DiNAND  Denis. 

Ramusio,  Colezione,  etc.,  t.  12  de  la  quatrième  édition   ii 
—  Fernandez  de  Navarrete,  Relaciones  de  nages,  etc.. 
t.  IV  et  V.  —  Colieccion  de  documentas  ineditos  para  \  \ 
la  historia  de  Espana,  t.  1. 

CAMO  (Alonzo),  surnommé  el  Racionero 
peintre,  sculj^eur  et  architecte  espagnol,  né  i 
Grenade  le  19  mars  1601,  mort  le  5  octobn 
1665.  Ses  compatriotes  l'ont  comparé  à  Michel 
Ange,  avec  le  génie  et  le  caractère  duquel  il  eu 
plus  d'un  point  de  ressemblance.  Cano  appartien 
à  cette  époque  fameuse  pour  les  arts ,  où  brillé 
rent  Velasquez ,  Zurbaran  ,  Moyna ,  Espinosa 
Murillo,  et  autres  peintres  qui  illustrèrent  le  rè 
gne  de  Philippe  IV.  L'architectm-e  lui  fut  ensei 
gnée  par  son  père,  qui  exerçait  cet  art  avec  dis  j 
tinction  ;  la  sculpture, par Jean-Martinez  Montai 
gnoz,  chez  lequel  il  puisa  ce  style  élevé,  cett 
simplicité  antique,  cette  grâce,  ce  bon  goût  d 
draperie  qui  distinguent  ses  statues  de  Vierges 


498 


CANO 


494 


mais,  entraîné  par  son  goût  dominant  pour  la 
peinture,  il  se  mit  sous  la  direction  de  Fr.  Pa- 
checo,  et  alla  se  perfectionner  dans  cet  art  à  l'é- 
cole de  Jean  del  Castillo,  d'autres  disent  de  Her- 
I  rera  le  Vieux.  Au  sortir  de   la  tutelle  de  ces 
'  maîtres  célèbres,  le  coup  d'essai  de  Cano  fut  un 
I  chef-d'œuvre.  En  1630,  son  père  étant  mort 
!  sans  avoir  pn   tenniner  le  retable  de  l'autel 
:  principal  de  l'église  de  Lebrija,  il  l'acheva,  et 
I  l'orna  de  peintures  et  de  sculptures  qiji  excitè- 
I  rent  une  telle  admiration,  que  de  toutes  parts  les 
1  artistes  affluaient  pour  les  contempler.  Palomino 
j  Velasco  et  les  autres  historiens  de  l'art  en  Es- 
j  pagne  font  un  éloge  pompeux  du  groiipe  de  la 
j  Vierge  et  de  l'enfant  Jésus,  sculpté  de  gran- 
{ leur  naturelle ,  ainsi  que  des  statues  de  saint 
!  'ierre  et  de  saint  Paul,  qui  accompagnent  la 
t  nère  du  Christ.  La  réputation  de  Cano  s'étant 
1  tendue  dans  toute  la  Péninsule,  il  n'est  pas  une 
j  glise ,  un  monastère  de  Madrid ,  de  Grenade , 
1  ie  Séville,  qui  ne  possède  plusieurs  chefs-d'œu- 
i  re  de  lui.  Son  tableau  capital  est  celui  de  la 
I  Conception,  dans  l'église  de  ce  nom,  à  Grenade. 
!  In  admire  de  lui  à  Madrid ,  dans  l'église  de 
ainte-Marie ,  un  Miracle  del  Poso  de  san  Isi- 
orc  ;  et  dans  l'église  Saint-Gilles,  un  Christ  sur 
^  Calvaire ,  qui  est  dans  le  goût  du  Corrége. 
Séville,  on  cite  cinq  maître-autels  dont  l'ar- 
;  hitecture,  la  sculpture  et  la  peinture  sont  de 
!ano. 

Alonzo  Cano  a  mérité  sa  grande  renommée  par 
étendue  de  son  génie  et  de  son  érudition ,  par 
i  i  pureté  et  la  noblesse  de  son  dessin,  la  richesse 
i  e  ses  compositions,  la  beauté  de  son  coloris, 
1  )ujours  franc  et  bien  fondu.  Ses  dessins,  géné- 
iilement  estimés,  sont  fort  nombreux.  Ce  qui 
tonne  chez  lui,  c'est  qu'ayant  atteint  souvent 
ans  ses  sculptures  la  vigueur  de  Michel-Ange, 
ait  pu  donner  à  quelques-uns  de  ses  tableaux 
1  douceur  de  l'Albane  et  la  grâce  du  Corrége. 
1  Cano  se  créa  plus  d'un  embarras  par  la  pé- 
lilance  de  son  caractère.  Un  duel  où  il  blessa 
rièvement  son  adversaire  l'obligea,  en  1637,  de 
;  Jrtir  de  Grenade  et  de  se  réfugier  à  Madrid.  Là 
!  obtint  la  protection  du  comte  d'Olivarès,  qui  le 
t  nommer  grand  maître  des  œuvres  royales  et 
eintre  de  la  chambre.  Six  ans  plus  tard,  il  fut 
liupçonné  d'avoir  assassiné  sa  femme;  mais  il 
|)rlit  absous  du  tribunal,  devant  lequel  il  pro- 
listade  son  innocence.  Nommé,  en  1747,  ma- 
jirdome  de  la  confrérie  de  Notre-Dame  des 
fept-Douleurs,  il  fut  ordonné,  en  1653,  sous- 
acre  au  chapitre  de  Grenade.  H  a  laissé  une 
tule  d'élèves.  [Snc.  des  g.  du  m.] 

QoUllet,  Diet.  âes  Peintres  espagnols. 

[  *CANo  DE  ARETA1.0  (Jean),  peintre  es- 
lignol,  né  à  Valdemoro  en  1656,  assassiné  à 
jladrid  en  1696.  Il  était  élève  de  François  Ca- 
iiilo.  Il  s'adonna  entièrement  à  la  miniature  et  à 
I  décoration  des  éventails  ;ce  genre  lui  procura 
'aelque  fortune,  et  la  reine  le  uorama  son 
!  iintre.  Une  autre  passion  le  dominait  :  c'était 


celle  des  armes;  elle  lui  attira  plusieurs  duels. 
Dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Andalousie,  il  reçut 
un  cartel  dans  un  combat  de  taureaux  :  arrivé 
sur  le  terrain,  Arevalo  se  battit  en  brave  ;  mais 
deux  assassins,  témoins  de  son  adversaire,  se 
jetèrent  sur  lui  et  le  blessèrent  si  grièvement 
qu'il  mourut  peu  après.  On  n'a  de  ce  peintre 
qu'un  seul  ouvrage  important  ;  c'est  la  décoration 
de  la  chapelle  du  Rosaire,  à  Valdemoro. 

Qiitlliet,  ûict.  des  Peintres  espagnols. 
*CANO  (  Joachim- Joseph  ),  peintre  espagnol, 
né  à  Séville,  mort  dans  la  même  ville  en  178'i. 
Il  était  élève  de  Dominique  Martinez,  et  fut 
nommé  secrétaire  de  l'école  de  dessin  de  Séville. 
Il  excellait  dans  l'art  de  copier  les  maîtres  ;  il  a 
si  adroitement  imité  les  Vierges  de  Murillo, 
qu'elles  peuvent  être  confondues  avec  les  origi- 
naux. 

QuUIiet,  Dict.  des  Peintres  espagnols. 

CANO  OU  CANCS  (MelcMor),  évêque  et 
théologien  espagnol,  né  en  1523  à  Tarançon 
(  Nouvelle-Castille  ),  mort  à  Tolède  le  30  sep- 
tembre 1560.  Il  prit  très-jeune  l'habit  de  l'ordre 
de  Saint-Dominique  à  Salamanque,  et  étudia  la 
théologie  sous  Francisco  da  Victoria.  Il  s'ap- 
pliqua paiement  à  la  philosoptiie,  à  l'histoire  et 
aux  lettres,  et  fut  envoyé  pour  perfectionner  son 
éducation  à  Saint-Grégoire  de  Valladolid,  où  pro- 
fessait Diego  d'Astudilla  et  Bartolomeo  de  Car- 
ranza.  Cano  y  fut  nommié  professeur  en  second  ; 
et  la  première  chaire  d'Alcala  étant  devenue 
vacante  par  la  mort  d'André  de  Tudèle,  Cano  y 
fut  nommé,  après  un  brillant  concours,  en  1542. 
Il  eut  le  même  avantage  en  1546  à  Salamanque, 
où  il  remplaça  son  ancien  maître  Victoria.  Sa 
réputation  s'étendit  alors  dans  toute  l'Espagne. 
Cependant  il  avait  un  rival  redoutable  dans  Bar- 
tolomeo de  Carranza ,  également  dominicain,  et 
nom  moins  remarquable  par  son  érudition  ;  mais 
leurs  caractères  différaient  :  Can-anza  était  doux, 
modeste,  poli  ;  Cano,  au  contraire,  était  fier,  vé- 
hément et  ambitieux.  L'université  espagnole  se 
divisa  en  carranziotes  et  en  canistes.  Les  deux 
émules  furent  envoyés  en  décembre  1545,  par 
Charles-Quint,  au  concile  de  Trente  ;  ils  y  brillè- 
rent tous  deux.  A  son  retour  en  Espagne,  Cano 
s'éleva  énergiquement  contre  les  jésuites,  qu'il 
appelait  les  précurseurs  de  V Antéchrist  ;  il 
réussit  à  les  faire  bannir  de  l'université  de  Sa- 
lamanque. Cano  fut  nommé  évéque  des  Cana- 
ries, et  sut  se  concilier  l'esprit  de  Philippe  n, 
dont  il  flatta  toutes  les  passions ,  jjisqu'à  lui  af- 
firmer qu'il  pouvait  faire  la  guerre  à  quelque 
prince  que  ce  fftt,  lorsque  son  peuple  y  devait 
trouver  avantage.  La  cour  de  Rome  désap- 
prouva une  semblable  maxime,  et  l'université  de 
Salamanque  la  condamna  sévèrement.  Cano, 
voyant  son  crédit  ébranlé,  donna  sa  démissioa 
pour  rentrer  à  la  cour,  et  en  1 554  se  fit  nommer 
provincial  delaCastille.  H  fit,  dans  un  but  ignoré, 
un  voyage  en  Italie  auprès  du  pape  Paul  TV, 
et  mourut  à  son  retour.  Ce  prélat  a  laissé  i 


495  CANO  -* 

— ^Prselectiones  de  Pœnitentia  ;  —  De  Scucror 
men  tis  ;  —  Locorum  theologicorum  libri  XII  ; 
Salanianque,  1562,  in-fol.,  et  Vienne,  1754,  2 
vol.  in-4''.  C'est  l'indication  des  sources  où  les 
théologiens  doivent  puiserpour  établir  leurs  sen- 
timents et  réfuter  ceux  des  autres.  Les  règles  qu'il 
y  donne  sont  excellentes;  mais  l'application  qu'il 
en  fait  n'est  pas  toujours  juste  ni  vraie.  Il  fatigue 
le  lecteur  par  de  longues  digressions,  et  par  Ile 
grand  nombre  de  questions  étrangères  qu'il  fait 
entrer  dans  son  sujet.  L'art,  dans  ce  livre,  rem- 
place trop  la  conviction.  Les  œuvres  complètes 
de  Cano  ont  été  imprimées  à  Cologne,  1605-1678, 
in-S";  et  à  Lyon,  1704,  in-4''. 

sixte  de  Sienne,  Bibliotheca  sacra.  —  Jacques  Gakli, 
De  Scriptoribus  non  ecclesiasticis.  —  Possevin ,  Jppa- 
ratus  sacer.  —  Nlcolas^Antonio,  Bibliotheca  hisp.  nova. 
—  Razzl,  Illustres  scriptores  Dominici.— Gabriel  Naudé, 
Bibliotheca  politica.  —  Andréas  Scbot ,  Hispania 
illustrata.  —  Échard,  Scriptores  ordinis  Prœdicato- 
rum.  —  Duptn,  Biblioth.  des  auteurs  ecclésiastiques  du 
seizième  siècle. 

*CANOBio  OU  CANOBius  (  Alexandre  ), 
historien  italien,  natif  probablement  de  Vérone, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Tavola  di  quanto  è  stato  roc- 
colto  intorno  la  nobiltà,  antichità  e  fatti  di 
Verona;  Vérone,  1587,  in-4°;  —  Brève  com- 
pendio  cavato  dalla  sua  storia  di  Verona; 
Vérone,  1598,  in-4°. 

Adelungi  supplément  à  Jôcher,  Allgemeines  Gelekr 
ten-Lexicon. 

*CANOBio  ( Évangéliste) ,  théologien  italien, 
né  à  Milan,  mort  à  Pérouse  en  1595.  Il  prit  de 
bonne  heure  l'habit  de  capucin ,  et,  s'étant  appli- 
qué à  l'étude  du  droit,  il  devint  un  des  plus  ha- 
biles canonistes  de  son  temps.  Son  mérite  et  ses 
talents  le  firent  élever  en  1564  à  la  charge  de 
général  de  son  ordre.  Il  assista  avec  distinction 
au  concile  de  Trente  de  1542.  On  a  de  lui  :  Con- 
sulta varia  in  jure  canonico;  Milan,  1591  ; 
— Annotationes  in  libros  decretalium,  etc.,  etc. 

Argelati,  Bibliotheca  Scriptorum  Mediolanensium. 

*CAKOFiLO  ou  CANOPHYLïTS  {Antoine), 
•théologien  italien,  né  à  Sulmone,  vivait  vers 
1650,  U  était  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs,  et  a 
laissé  :  Discorsi  paradossici  per  tutti  i  giorni 
di  quaresima,  et  T^Xxiûdnv?,  panégyriques . 

Toppi,  Bibl.  Napolet. 

*cArïOFïi.o  ou  CANOPHYLUS  {Benoît), 
théologien  et  jurisconsulte  italien,  natif  de  Ve- 
nise, vivait  vers  1587.  Il  a  écrit  sur  plusieurs 
questions  de  droit  civil  et  canonique,  applicables 
aux  moines  et  à  leurs  règles.  En  voici  les  titres 
principaux  :  Commentarium  juris  civilis  et 
canonici; —  Commentarium  in  cap.  :  Omni 
eremitse,  deflde  instrumentorum,  etin  cap.  : 
Sicautio,  etc. 

JOcher,  Ailgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*CAivoLLÉ  {André-Joseph),  écrivain  fran- 
çais, vivait  en  1798.  II  était  membre  du  Lycée 
des  arts  et  sciences  de  Poitiers.  Il  a  laissé  :  Dé- 
lices de  la  solitude,  puisées  dans  l'étude  et  la 
contemplation  de  la  naticre ;  Foitievs ,  1795, 


CANONIERt 


496 


in-12;  et  Paris,  1799,  2  vol.  in-1 2;— Des  Scien- 
ces positives,  et  de  leur  application  à  Vindus- 
trie  ;  1798,  in-8°; — Vues  générales  sur  les 
moyens  d'utiliser  les  défenseurs  de  la  patrie 
invalides;  1798,  in-8°. 

Desessarts,  .  les  Siècles  littér.  —  Quérard,  la  France 
littéraire. 

CANON  (  Pierre  ),  jurisconsulte  français,  vi- 
vait en  1634.  Il  avait  été  anobli  en  1626  par 
Charles  IV,  duc  de  Lorraine.  Il  a  publié  :  Com- 
mentaire sur  les  coustumes  de  Lorraine,  au- 
quel sont  rapportées  plusieurs  ordonnances 
de  Son  Altesse  et  des  ducs  ses  devanciers; 
Épinal,  1634,  in-4°. 

D.  Calmet,  Bibl.  Lorraine.    ' 

CANON  (  Claude-François),  diplomate  fran- 
çais, fils  du  précédent,  né  à  Mirecourt  en  1638, 
mort  en  1698.  H  fut  envoyé  par  le  duc  de  Lor- 
raine, Léopold,  comme  ministre  plénipoten- 
tiaire au  congrès  de  Ryswick,  où  il  déploya  une 
grande  habileté.  On  lui  attribue  :  la  Médaille, 
ou  Expression  de  la  vie  de  Charles  IV,  duc 
de  Lorraine,  par  un  de  ses  principaux  offi- 
ciers; ouvrage  manuscrit,  conservé  dans  la  bi- 
bliothèque de  Nancy. 

D.  Calmet,  Bibl.  Lorraine. 

CANONERics.  Voy.  Canonieri 

CANONiCA  {Luigi  della),  architecte  italien 
né  à  Milan  en  1742,  mort  en  février  1834.  Il  fil 
construire  à  Milan  le  théâtre  Carcano  et  l'am 
phithéâtre  della  porta  Vercellïna.  L'exécutioi 
de  ces  deux  magnifiques  monuments  le  fit  nom- 
mer président  du  conseil  des  bâtiments  de  Lom 
hardie.  En  mourant ,  il  laissa  une  fortune  di 
3,500,000  francs,  sur  laquelle  il  fit  les  dons  sui 
vants  :  17,000  fr.  à  l'Académie  de  Milan,  à  1; 
charge  par  elle  d'en  consacrer  les  intérêts  ai 
secours  d'un  jeune  artiste  pauvre,  etc.;  e 
174,000  fr.  à  l'extension  et  à  l'entretien  des  éco 
les  primaires  lombardes. 

Nagler,  JVeues  AUgem.  KUnstler-Lexicon. 

*CANONicïis  {Joachim),  philosophe  scolas 
tique  italien ,  vivait  dans  la  première  moitié  di 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Commentariu. 
super  libi-os  VIII  Aristotelis  Physïcorum 
Venise,  1516,  in-fol. 

Catal.  de  la  Bibl.  Donay.  —  Atlelung,  suppl.  à  Jocher 
AUgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CANOKIERI  ,  CANONERIïIS   OU  CAMOKHE 

KJiTs  {Pierre-André),  médecin, jurisconsulte  e 
militaire  génois,  né  à  Gènes,  vivait  en  1614.  1 
s'appliqua  d'abord  à  l'étude  de  la  médecine  sou 
la  direction  de  son  père,  qui  pratiquait  cette  scienc 
avec  réputation;  mais,  entraîné  par  son  caractèr 
versatile,  il  se  rendit  à  Parme,  où  il  suivit  les  cour 
de  droit.  Puis  il  cpiitta  le  droit  pour  prendre  di 
service  dans  les  troupes  espagnoles,  mais  ne  fu 
pas  plus  constant  dans  cette  carrière  que  dans  le 
autres.  Quoique  son  avancement  eût  été  rapide  (i 
mérité,  il  posa  l'épée ,  et  alla  à  Anvers  revôti 
la  robe  d'avocat,  qu'il  abandonna  de  nouveai 
pour  exercer  enfin  sa  première  professiou 
celle  de  médecin.  On  a  de  Canonieri  :  Episto 


107  CANONIERI 

;i m  Laconicafum  libri  IV;  Tlorcnce,  1607, 
;  ;  —  le  Lodi  e  i  Biasimi  del  vino;  Viterbe, 
[  t)08,in-12  ; — délie  Cause  deW  infelicità  e  dis- 
\irazie  degli  tiomini  letterati  e  gtierricri; 
Unvers,  1612,  in-8";  —  In  Aphorismorum 
1  lippocratis  libros  medicx  politlcx  morales 
\  <c  theolotjicoi  Interpi-etationes  ;  Anvers,  1618, 
}  vol.  in-4''  ;  — de  Admiratidis  Vint  Virtutibus; 
\  ,nvers,  1627,  in-S"  ;  —  Flores  illustrmm  epi- 
laphiorum;  Anvers,  1627,  in-8°. 
I  itloy,  Dict.  Mst.:  de  la  Médecine. 

*  CANOT  (Pierre-Charles),  graveurfrançais, 

atifde  Paris,  mort  à  Kentishtown,  enAngle- 

•ne,  en  1777.  Il  résida  presque  continuellement 

1  Angleterre ,  où  il  a  gravé  beaucoup  de  Fay- 

(  iges,  Vues  et  Marines  ,  d'après  difîérents  maî- 

1  es.  Parmi  ses  œuvres lesplus  remarquables,  on 

I  te  :  un  Coïicker  de  Soleil,   d'après  Claude 

[orrain;  —  la   Tempête,    sujet  emprunté  à 

int  Luc,  ch.  8,  verset  24,  d'après  Vlieger;  — 

'jrame  et  Thisbé;  —  le  Retour  de  la  Foire, 

après  Bergheim  ;  —  l'Amoureux  buveur,  et 

s  Fumeurs  hollandais ,  d'après  Teniers  ;  — 

i  Paysage,  d'après  Poussin  ;  —  la  Chasse  ati 

nard,  d'après  Vooton;  —  quatre  gravures, 

après  Pillement  :  la  Chaumière  hollandaise; 

Petite  Famille;  les  Douceurs  de  l'Au- 

\  mne  ;  les  Plaisirs  de  V Hiver. 

Sa{;\eT,Mlgem.  Kûnstler-Lexicon. 

*CANOTIO    OU  CANOZIO   DE    LENDINARA 

Cojcnso),  peintre  italien,  né  à  Padoue,  mort 
ns  la  même  ville  le  28  mars  1470.  Il  était  con- 
rrent  d'Andréa  Montegna,  et  a  travaillé  à  la 
coration  de  divers  monuments  de  Padoue  ;  il 
na  de  marqueteries  le  chœur  de  la  basilique 
Saint- Antoine  ;  il  y  avait  représenté  des  figures  ; 
ais  ce  chœur  ayant  été  incendié,  il  n'en  reste 
ijourd'hui  que  l'épitaphe  de  l'artiste. 

^'asari,  yite.  —    Lanzi ,  Storia  pittorica. 

CANOVA  {Antoine),  célèbre  statuaire  italien, 
\  '-  le  1*''  novembre  1757  à  Possagno  (province  de 
î'évise),  mort  à  Venise  le  12  octobre  1822.  Sa 
'  mille,  ancienne  dans  la  contrée,  se  livrait  à  l'ex- 
oitation  d'une  espèce  de  pierre  qui  y  abonde,  et 
'  int  l'application  à  divers  genres  de  travaux  en- 
hit  les  habitants.  Son  père  étant  mort  jeune, 
première  éducation  de  Canova  fut  confiée  à  son 
êu!,  qui  lui  mit  entre  les  mains  le  marteau  et 
ciseau  pour  travailler  la  pierre  du  pays.  Son 
ititude  à  ces  pratiques  manuelles ,  son  assiduité 
i  travail,  une  intelligence  précoce  et  une  sa- 
sse  soutenue,  intéressèrent  en  sa  faveur  le  sé- 
iteur  vénitien  Jean  Falieri,  propriétaire  d'une 
:rre  dans  le  voisinage  de  Possagno.   Celui-ci 
I  aça  son  protégé,  âgé  de  quatorze  ans,  chez  un 
ulpteur  de  Bassano,  nommé  Torretti,  qui,  deux 
ris  après,  transporta  son  atelier  à  Venise.  Cette 
j  rconstance  fut  pour  Canova  une  bonne  fortune  : 
de  lui  permit  d'étudier  quelquefois  d'après  la 
liitare  vivante,  et  il  remporta  plusieurs  prix  à 
|icadémie.  En  même  temps  la  vue  des  monu- 
•ents  lui  procurait,  dans  un  âge  encore  tendre, 


—  CANOVA 


498 


ces  inspirations  qui  font  souvent  éclore  le  goût 
des  arts  et  qui  le  développent  toujours.  Après 
deux  ans  passés  à  Venise,  Torretti  mourut  ;  un 
certain  Ferrari,  son  neveu,  continua  pendant  une 
année  les  leçons  de  l'oncle  ;  mais  à  l'école  de  ces 
deux  praticiens  Canova  n'avait  guère  appris  qu'à 
travailler  le  marbre;  dans  l'art  proprement  dit, 
il  ne  fut  élève  que  de  lui-même. 

La  reconnaissance  lui  fit  entreprendre  son 
premier  ouvrage  de  sculpture.  A  17  ans,  il  fit  les 
statues  d'Orphée  et  d'Furydice,  pour  les  offrir  à 
son  protecteur.  I!  était  si  dépounu  de  ressources 
pour  l'étude  (tant  Venise  était  elle-même  dé- 
chue de  son  ancienne  splendeur),  qu'afln  d'avoir 
sous  les  yeux  la  nature  vivante,  il  se  plaçait  de- 
vant un  miroir,  et  se  servait  à  lui-même  de  mo- 
dèle. Ce  groupe  obtint  l'approbation  du  sénateur 
Falieri,  qui  le  lui  fit  exécuter  dans  la  belle  p^er^e 
de  Possagno.  Ce  résultat,  tout  imparfait  qu'il 
était,  produisit  ime  vive  sensation  :  plusieurs 
commandes  en  furent  la  suite;  les  groupes  d'A- 
pollon  et  Daphné,  de  Céphale  et  Procris,  de  Dé- 
dale et  Icare  furent  demandés  à  l'auteur.  Le  der- 
nier groupe,  esquisse  de  grandeur  naturelle ,  peut 
être  regardé  comme  le  point  de  départ  du  talent 
de  Canova.  Le  procédé  de  mettre  au  point  étant 
inconnu  dans  la  ville  qu'il  habitait,  l'artiste  ne 
parvint  qu'à  force  de  tâtonnements  à  traduire 
son  plâtre  en  marbre.  Il  fit  encore  à  Venise  la 
statue  dePoleni,  destinéepour  Padoue,  distinc- 
tion que  les  Padouans  avaient  décernée  au  sa- 
vant qui  répandit  tant  d'éclat  sur  leur  ville,  et 
qui  rendit  tant  de  services  à  toute  la  contrée. 
Ces  travaux  ayant  fourni  quelques  ressources 
d'argent  au  jeune  statuaire,  il  partit  pour  Rome 
au  mois  d'octobre  1779.  Falieri  lui  fit  obtenir  du 
gouvernement  vénitien  une  pension  annuelle  de 
cent  ducats  pour  trois  années,  et  une  recomman- 
dation officielle  au  chevalier  Zulian,  alors  am- 
bassadeur de  la  république  de  Venise  auprès  du 
saint-siége.  Peu  de  temps  après  son  arrivée,  il 
fit  le  voyage  de  Naples,  et  visita  Herculanuin 
et  Pompéi.  L'étude  de  la  peinture  et  delà  sculp- 
ture grecques,  et  la  conversation  des  gens  ins- 
truits, l'initièrent  dans  la  connaissance  de  l'an- 
tiquité. 

Le  premier  ouvrage  qu'il  exécuta  en  marbre 
fut  une  statue  d'Apollon  posant  une  couronne 
sur  sa  tête;  il  en  fit  don  au  sénateur  vénitien 
Rezzonico,  qui  avait  été  aussi  un  de  ses  premiers 
protecteurs.  Cette  figure  a  peu  de  caractère; 
mais  elle  est  remarquable  comme  transition  entre 
l'imitation  de  la  natui-e  commune  et  ce  qu'on  ap- 
pelé le  beau  idéal.  Le  groupe  de  Thésée  vain- 
queur du  Minotaure  annonça  une  marche  bien 
prise  dans  cette  dernière  voie,  et  obtint  la  faveur 
publique.  Cette  vogue  s'accrut  par  le  portrait  du 
jerme  prince  Czartoryski  sous  les  traits  de  l'A- 
mour, par  une  Psyché  saisissant  de  la  main 
droite  un  papillon  posé  sur  la  gauche,  et  par  le 
groupe  de  V Amour  et  Psyché  couchés.  Quoique 
l'œil  rencontre  trop  de  vides  dans  ce  dernier 


499 


CAJ^OVA 


500 


morceau,  et  qu'il  soit  difficile  de  trouver  un  point 
de  vue  qui  permette  d'en  saisir  la  masse,  ou 
plutôt  quoiqu'il  manque  de  masse,  les  différen- 
tes parties  ont  du  charme.  Il  ne  faut  pas  oublier 
à  quel  point  la  pureté  du  contour  statuaire  s'é- 
tait jusqu'alors  altérée  sous  l'influence  du  Bernin 
et  de  ses  imitateurs  ;  le  retour  à  une  forme  élé- 
gante et  correcte  était  le  premier  besoin  de  l'é- 
poque :  Canova  y  satisfit,  et  sous  ce  rapport  on 
peut  dire  qu'il  régénéra  la  sculpture.  Des  com- 
mandes plus  considérables  furent  l'effet  de  la  ré- 
compense de  cette  heureuse  révolution.  Canova 
fut  chargé  du  mausolée  de  Clément  XIV ,  que 
Carlo  Giorgi  reconnaissant  faisait  élever  à  ses 
frais  dans  l'église  des  Saints-Apôtres.  L'artiste 
mit  à  cet  ouvrage  tant  de  zèle  et  de  persévérance, 
qu'il  contracta,  par  le  maniement  prolongé  du 
trépan,  le  principe  de  la  maladie  dont  il  mourut. 
Le  succès  de  ce  monument  valut  à  son  auteur 
l'exécution  du  mausolée  de  Clément  XIII ,  des- 
tiné à  l'église  de  Saint-Pierre  ;  commande  plus 
importante,  et  pour  laquelle  il  fut  utilement  servi 
par  l'amitié  du  sénateur  Rezzonico,  neveu  de  ce 
pape.  Plus  tard,  il  exécuta  pour  le  tombeau  de 
Pie  VI,  dans  la  même  église,  la  statue  de  ce  pon- 
tife. Il  attacha  ainsi  son  nom  aux  monuments  de 
trois  papes  qui  occupèrent  successivement  le 
trône  pontifical.  Un  prélat  amateur  des  arts  et 
qui  faisait  cas  du  jeune  artiste,  voyant  avec  plai- 
sir que  le  talent  de  Canova  n'était  pas  restreint 
dans  le  cercle  de  la  mythologie,  M  demanda  un 
ouvrage  de  son  choix,  pourvu  que  le  sujet  en  fût 
religieux;  l'artiste  fit  la  Madeleine  pénitente. Il 
n'avait  guère  plus  de  vingt-cinq  ans ,  et  déjà  il 
s'était  exercé  dans  tous  les  styles  qu'il  traita 
depuis;  mais  son  instinct  le  portait  de  préférence 
vers  le  genre  gracieux. 

Pour  se  reposer  des  fatigues  qui  furent  la  suite 
de  tant  de  travaux,  il  fit  avec  Rezzonico  un 
voyage  en  Allemagne  :  il  visita  Munich,  Vienne, 
Dresde  et  Berlin  ;  il  fiit  reçu  partout  avec  la  dis- 
tinction due  à  une  célébrité  qui  s'étendait  déjà 
dans  toute  l'Europe,  Le  duc  Albert  de  Saxe- 
Teschen  le  chargea  d'élever  un  tombeau  somp- 
tueux à  l'archiduchesse  Marie-Christine  d'Au- 
triche, son  épouse,  dans  l'église  des  Augustins,  à 
Vienne.  A  son  retour  en  Italie,  les  commandes 
lui  arrivant  de  toutes  parts  exigèrent  à  la  fois 
un  développement  d'ateliers  qui  s'étendait  sur 
toute  la  surface  d'un  îlot  (1),  et  une  distribution 
de  temps  qui  ne  lui  laissait  pas  un  seul  moment 
inoccupé.  Pendant  son  travail  même,  quand  ce 
travail  n'exigeait  pas  une  extrême  contention, 
Canova  se  faisait  lire  à  haute  voix  les  ouvrages 
des  anciens,  poésie  ou  histoire;  il  fixait  par 
des  notes  rapides  les  passages  qui  le  frappaient , 
et  leur  donnait  ensuite  une  existence  plastique 
dans  des  bas-reliefs  improvisés  en  terre,  qu'il  U- 

(1)  Toutes  les  rues  avolslnant  cet  Slot  de  maisons 
étalent  barriies,  pour  empfeher  les  voitures  d'ébranler 
le  sol,  et  de  déranger  la  mise  au  point  des  nombreuses 
statues  que  les  praticiens  y  exécutaient. 


vrait  au  moulage.  Parmi  ces  bas-reliefs,  aux- 
quels il  recourait  comme  à  des  extraits  de  ses 
lectures,  on  distingue  quelques  morceaux  pluf 
étudiés ,  notamment  plusieurs  scènes  de  la  vi< 
de  Socrate. 

Les  productions  de  Canova  sont  nombreuses 
et  la  France  en  possède  peu  :  nous  en  avons  vi 
quelques-unes  dans  nos  expositions  publiques 
mais  elles  ne  reparaissent  aujourd'hui  sous  nos 
yeux  qu'à  l'aide  de  la  gravure,  et  nous  ne  con 
naissons  les  autres  que  par  cet  art,  qui  ne  donn 
qu'une  idée  très-imparfaite  de  la  sculpture.  San 
vouloir  porter  un  jugement  précis  sur  chaqu 
ouvrage  de  ce  grand  statuaiî-e,  nous  nous  boi 
nerons  à  retracer  sommairement ,  et  sans  non 
astreindre  à  l'ordre  chronologique,  la  nomei 
clature  de  ses  œuvres,  en  les  rapportant  à  cin 
classes  :  sujets  mythologiques  dans  le  genre  gr; 
cieux,  mêmes  sujets  dansie  genre  héroïque,  si  ^ 
jets  allégoriques,  mausolées,  "sujets  religieux, 
statues-portraits. 

Sujets  mythologigues ,  dans  le  genre  griA 
cieux.  Une  charmante  statue  à'Hébé,  qui  tietij 
d'une  main  une  coupe,  et  de  l'autre  un  vase  d'c  j 
elle  verse  le  nectar;  le  groupe  de  l'Âmmir  • 
Psyché  debout  ;  un  autre  groupe  de  VAmouj' 
Psyché;  celui  de  Vénus  et  Adonis,  exécuté  poi'j 
le  "marquis  Salsa  deBerio,  et  dont  l'arrivée  à  MJ 
pies  fut  l'objet  d'une  fête;  la  muse  Terpsichori 
deux  Nymphes  couchées ,  et  deux  Danseusii 
variées  dépose  et  de  caractère;  une  iVmatJ 
s' éveillant  au  son  de  la  lyre  de  V Amour  ;  1 
trois  Grâces;  une  Vénus  sortant  du  haii\ 
Endymion  endormi. 

Tous  ces  morceaux  se  font  remarquer  pj 
l'élégance  et  la  grâce;  le  charme  de  la  morl'j 
desse  y  captive  les  sens ,  mais  la  forme  y  e  I 
indécise  et  vaporeuse,  comme  dans  la  peintwl 
de  Prud'hon,  avec  qui  il  était  lié.  On  dirait  qf 
Canova  cherche  à  peindre  avec  le  marbre;  caiij 
était  aussi  peintre,  et,  cîwse  extraordinaire ,  pW 
coloriste  que  dessinateur.  Un  portrait  de  Giorgici| 
peint  par  lui,  fut  pris  pour  celui  que  l'histoire  * 
tribue  à  Giorgion  lui-même.  De  là  probableme 
la  recherche  de  certains  effets  pittoresques,  l'ei] 
ploi  des  dorures  et  des  mordants  colorés,  pra  j 
que  dont  les  anciens  avaient  aussi  fait  usag 
mais  dans  un  système  plus  étendu,  et  qui, 
pliquée  chez  eux  à  un  modelé  plus  sévèiJ 
devenait  un  complément  réel  pour  la  sciij 
ture. 

Sujets  mythologiques,  dans  le  genre  hér\ 
que.  Canova  mettait  beaucoup  d'importance 
succès  de  ce  genre  de  compositions  :  il  voulait  ' 
pondre  ainsi  à  ses  adversaires,  qui  lui  reconnâj 
saient  bien  le  talent  de  traiter  la  grâce,  la  jeunes! 
et  la  beauté  féminine,  mais  qui  lui  contestaienif 
puissance  de  s'élever  au  style  héroïque.  Il  n 
treprit  la  composition  colossale  A' Hercule  p\ 
cipitant  Lycas,  groupe  où  la  figure  très-orij 
nale  du  jeune  homme  est  un  modèle  d'énerg  I 
de  mouvement  et  d'expression.  Ce  morces] 


CANOVA 


502 


(  tiné  à  un  seigneur  napolitain,  fut  acquis  par 
1  iiarquis  Torlonia,  avec  promesse  qu'il  n'en 
j  erait  jamais  la  ville  de  Rome.  Dans  les  sta- 
î'  i  en  regard  des  deux  pugilateurs  Creugas  et 
j  moxène,  Canova  se  proposa  dé  mettre  en 
(  traste  une  nature  athlétique  avec  une  nature 
f  I',  mais  svelte.  Une  métope  du  Parthénon  lui 
j  lira  vraisemblablement  le  Thésée  vainqueur 
i  Centaure,  un  de  ses  meilleurs  ouvrages  en 
(  tyle  ;  il  est  à  Vienne,  dans  un  édifice  construit 
(  lès  pour  le  recevoir,  et  qui  orne  une  pro- 
I  lade  publique.  Ces  diverses  œuvres,  une  statue 
(  Palnmède  qui  fut,  comme  le  persennage 
I  ne,  victime  d'accidents  graves;  »me  figure  de 
j  7s'  destinée  à  la  Malmaison,  chef-d'œuvre  de 
1  isle  en  ce  genre;  un  Ajax  et  un  Hector  s'ap- 
I  ant  à  en  venir  aux  mains,  montrèrent  de  plus 
(  iliis  dans  leur  auteur,  mais  non  pas  toujours 
8  le  même  succès,  le  désir  de  reproduire  les 
f  s  tarées,  et  lui  firent  donner  par  ses  admi- 
r  urs  le  surnom  de  Contimiateur  de  Vanti- 
ç .  Un  certain  nombre  de  ses  ouvrages  étaient 
1<  de  justifier  cet  éloge.  Une  statue  de  Persée, 
à  ]uelle  il  avait  donné  les  proportions  de  l'A- 
f  )!i  du  Belvédère  et  quelque  chose  de  son 
r  \  ernent,  occupa  la  place  du  marbre  antique 
c  ;  la  niche  laissée  vide  par  la  spoliation  de 
1  lie,  et  parut  consoler  les  Romains.  Pareil 
b  leur  fut  décerné,  dans  la  ville  de  Florence,  à 
8  'énus,  qui,  sous  le  nom  de  Venere  italiana, 
s 'va  sur  le  piédestal  de  la  Vénus  de  Médicis 
a  ute.  C'est  à  l'occasion  du  Persée  que  le  pape 
r  blit  en  faveur  de  Canova  la  charge  d'inspec- 
ti  général  des  arts  et  de  conservateur  des  an- 
ti  ites  dans  les  États  romains,  créée  par  Léon  X 
p  Raphaël.  Tout  en  rendant  justice  au  soin 
p  évérant  que  l'artiste  mit  à  la  recherche  du 
b  1  antique ,  nous  devons  ajouter  que  dans 
8'  i?ii\Tes  le  beau  n'est  pas  toujours  fondé  sur 
I(  rai  comme  dans  celles  des  anciens,  et  répé- 
ti  ^ue  la  forme  y  est  plus  ondoyante  que  sou- 
p  le  principe  de  la  souplesse  véritable  étant 
d  ;  la  force  intéTieore.  Son  imitation  des  Grecs 
s*  «me  en  général  à  des  parties  isolées,  et  s'é- 
t(!  rarement  à  l'ensemble.  Aussi,  quoiqu'on 
a  lit  de  lui  qu'il  faisait  vivre  le  marbre,  ce  fut 
p  ot  d'une  apparence  de  vie  que  d'une  ^^e  réelle  ; 
il  y  a  pas  toujours  unité  individuelle,  unité  vi- 
V  e,  et  si  l'imitateur  n'eût  pas  trouvé  dans  les 
ft  rages  des  anciens  une  si  grande  variété,  il 
a  lit  pu  tomber  dans  le  maniérisme.  La  nou- 
T  s  direction  qu'il  voulut  prendre  dans  ses  der- 
W  s  travaux  prouve  qu'il  avait  reconnu  ce  qui 
W manquait  à  cet  égard. 
'iijets  allégoriques.  L'allégorie  est  souvent 
ebloyée  par  Canova  dans  ses  compositions  et 
<îs  ses  statues-portraits  ;  mais  la  seule  statue 
aj  gorique  qu'il  ait  faite  spécialement  est  celle 
<fla  Paix,  dans  des  proportions  colossales; 
Ifiiles  qu'il  a  données  à  cette  divinité  semblent 
^  une  allusion  à  l'état  politique  de  l'Europe 
s  5  l'empire.  Il  a  aussi  symbolisé  la  paix  et  la 


guerre  dans  un  groupe  de  Vénus  et  Mars,  qui 
appartient  au  roi  d'Angleterre. 

Mausolées.  Nous  avons  \)&\\é  de  ceux  des  trois 
papes,  immenses  et  magnifiques  travaux  exécutés 
avec  une  faciliUi  prodigieuse,  et  dont  nous  ne  cite- 
rons ici,  comme nw)dèle de  vérité  imitative,  que  les 
deux  lions  couchés  qui  représentent  la  ville  de  Ve- 
nise, où  Rezzonico  avait  pris  naissance.  L'ouvrage 
le  plus  vaste  que  Canova  ait  exécuté  en  ce  genre 
est  le  tombeau  de  l'archiduchesse  Christine 
d'AVttriche  :  c'est  une  réminisceùce  de  celui  qu'il 
avait  conçu  pour  le  Titien  ;  il  est  onié  d'un  grand 
nombre  de  figures,  enti'e  lesquelles  se  fait  remar- 
quer celle  du  vieillard  dans  le  groupe  de  la  Bien- 
faisance. Le  mausolée  de  l'amiral  Nelson  devait 
avoir  un  développement  encore  plus  étendu; 
mais  le  projet  en  est  resté  sans  exécution.  En 
somme,  ces  masses  pyramidales  ou  circulaires, 
plus  gigantesques  que  grandes,  et  où  le  recueil- 
lement est  en  partie  sacrifié  à  l'effet,  font  regret- 
ter la  forme  plus  sévère  et  mieux  appropriée 
des  tombeaux  en  usage  aux  quinzième  et  sei- 
zième siècles.  Les  monuments  de  l'amiral  Emo, 
de  Gavino  Hamilton,  le  plus  intime  ami  de  l'ar- 
tiste, du  poëte  Alfieri,  où  l'on  admire  la  figure 
de  l'Italie  qui  pleure,  du  graveur  Volpato,  des 
Stuarts,  etc.,  composés  plus  simplement,  ont  dû 
faire  couler  plus  de  larmes. 

Sujets  religieux.  Nous  avons  mentionné  la 
Madeleine  pénitente,  ainsi  que  les  emblèmes 
des  monuments  funèbres.  Les  autres  composi- 
tions dont  l'artiste  a  puisé  directement  les  raO' 
tifs  dans  les  sources  saintes,  sont  une  statué  co- 
lossale de  la  Religion  victorieuse,  qui  devait 
être  élevée  à  Rome  en  mémoire  des  événements 
de  1814  ;  une  petite  figure  de  saint  Jean-Bap- 
tiste enfant  et  une  Descente  de  croix. 

Statues-portraits.  C'est  ici  surtout  que  les 
idées  de  l'époque  favorisèrent,  au  profit  de  l'art, 
l'application  du  système  grec  relativement  au 
costume  des  personnages,  et  que  Canova  put 
mériter  le  titre  de  continuateur  de  l'antique.  La 
statue  colossale  du  roi  de  Naples  Ferdinand  IV, 
heureusement  composée  dans  le  style  des  an- 
ciens, avait  réuni  tous  les  suffrages;  le  plâtre 
fut  menacé  de  destruction  dans  l'atelier  par  le 
vandalisme  révolutionnaire,  mais  lei  autres  fi- 
gures qui  peuplaient  l'enceinte  obtinrent  grâce 
pour  l'effigie  royale.  L'artiste  fut  appelé  par  Na- 
poléon pour  faire  son  portrait  eu  pied.  Il  se 
rendit  à  Paris,  et  fut  sur  le  point  d'être  arrêté 
par  la  gendarmerie,  parce  que  son  passeport 
n'était  pas  en  règle  :  le  Bernin,  mandé  par 
Louis  XIV,  était  arrivé  à  Versailles  dans  les  voi- 
tures de  la  cour.  Canova  mit  tous  ses  soins  à 
modeler  cette  tête  héroïque,  où,  de  son  aveu,  il 
trouvâtes  formes  les  plus  avantageuses  à  la  sculp- 
ture. On  remarqua  dans  les  traits  quelque  res- 
semblance avec  le  sculpteur.  Le  corps  du  héros 
est  représenté  avec  une  simple  draperie  descen- 
dant du  bras  gauche ,  la  main  gauche  tenant  un 
long  sceptre,  et  l'autre  main  suppoitaut  une 


503 


CANOVA 


petite  figure  de  Victoire  :  cette  partie  de  la  statue 
est  restée  loin  de  la  perfection  de  la  tête.  L'A- 
grippine  du  Capitole  fournit  à  l'artiste  le  motif 
de  la  statue  assise  de  Mme  Letitia  Bonaparte, 
mère  de  Napoléon.  La  princesse  Pauline ,  sœur 
de  l'empereur,  parut  sous  l'emblème  de  Vénus 
victorieuse.  Quand  la  statue  fut  placée  dans  le 
palais  Borghèse  à  Rome,  le  jour  ne  suffisant  pas 
à  l'empressement  des  spectateurs,  le  public  fut 
admis  à  la  contempler  au\  flambeaux.  La  prin- 
cesse Élisa,  autre  sœur  de  l'empereur,  mais  dont 
la  tête  seule  fut;  achevée,  devait  figurer  dans  le 
costume  et  avec  les  attributs  de  la  muse  Polym- 
nie.  Déjà  Canova  s'était  applaudi  d'avoir  repré- 
senté en  muse  la  princesse  Léopoldine  Esterhazy, 
qui  excellait  dans  tous  les  arts;  et  les  Américains 
lui  avaient  su  gré  d'avoir  vêtu  en  général  ro- 
main leur  Washington,  pour  exprimer  à  la  fois 
le  guerrier  et  le  législateur. 

Pendant  son  premier  séjour  à  Paris,  Canova 
reçut  des  artistes  l'accueil  le  plus  distingué.  Le 
peintre  Gérard  fit  son  portrait.  L'Académie  des 
beaux-arts  se  l'associa,  et  il  assista  à  plusieurs 
séances  de  l'Institut  comme  un  de  ses  membres. 
Rappelé  en  France,  quelques  années  après,  pour 
faire  la  statue-portrait  de  l'impératrice  Marie- 
Louise,  il  en  plaça  la  tête  sur  une  figure  de  la 
Concorde.  Dans  les  séances  qu'il  obtint  pour  les 
portraits  de  l'empereur  et  de  l'impératrice ,  il  ne 
dissimula  aucune  des  vérités  qu'il  lui  apparte- 
nait de  faire  entendre.  Il  protesta  contre  la  spo- 
liation de  l'Italie  et  le  déplacement  des  chefs- 
d'œuvre  ;  il  s'éleva  aussi  contre  la  représentation 
si  stérile  et  si  prodiguée  alors  de  l'uniforme  mi- 
litaire moderne.  Ces  observations  ne  déplai- 
saient pas  à  l'empereur,  qui  voulait  au  contraire 
le  retenir  en  France,  et  le  charger  de  présider  à 
toutes  les  entreprises  relatives  aux  arts.  Ca- 
nova refusa;  mais  il  accepta  la  direction  des 
musées  à  Rome,  où  il  remplissait  depuis  long- 
temps des  fonctions  semblables.  Quelquefois, 
dans  ces  entretiens.  Napoléon  se  laissait  aller 
aune  sorte d'épanchement.  Unjour  il  lui  échappa 
de  dire  :  «  A  la  bataille  de  Wagram ,  j'ai  tiré 
cent  mille  coups  de  canon  ;  et  cette  dame  que  vous 
voyez  là  (en  montrant  Marie-Louise)  souhai- 
tait ma  mort.  —  C'est  bien  vrai,  »  répondit-elle 
a\ec  une  franchise  qui  fit  beaucoup  rire  l'empe- 
reur. 

La  statue  de  Napoléon  ne  fut  pas  vue  du  pu- 
blic. C'était  en  1812;  l'étoile  du  guerrier  com- 
mençant à  pâlir,  l'image  fut  soustraite  aux  re- 
gards derrière  une  cloison  en  planches,  dans  une 
salle  basse  du  Louvre  :  par  un  jeu  bizarre  de  la 
fortune,  elle  passa  dans  les  mains  du, duc  de 
Wellmgton,  qui  la  fit  transporter  à  Londres. 

L'énumération  des  statues-portraits  et  des 
bustes-portraits  exécutés  par  Canova  serait  trop 
longue.  Citons  seulement  la  statue  équestre  de 
Napoléon  pour  la  ville  de  Naples,  dont  le  cheval 
fut  seul  exécuté  en  bronze  pour  recevoir  un  au- 
tre cavalier;  le  buste  de  l'empereur  François  II, 


pour  la  bibliothèque  oe  Venise;  le  buste  i, 
Pie  VII,  dont  l'artiste  fit  présent  à  ce  pont  ; 
son  propre  buste,  de  proportion  colossale. 

Après  le  désastre  de  Waterloo,  les  diffén  ; 
États  de  l'Em'ope,  spoliés  de  leurs  richesses  • 
tistiques  par  l'abus  de  la  conquête ,  les  revei  - 
quèrent.  Canova  fit  le  voyage  de  Paris  unel  ^ 
sième  fois ,  muni  des  pouvoirs  du  pape  i  [ 
reprendre  les  dépouilles  de  Rome.  Quoique  i 
réclamation  fût  juste  et  que  le  commissaire  t 
rempli  sa  tâche  avec  modération,  laissant  i 
France,  entre  autres  morceaux  capitaux,  la  st  5 
colossale  du  Tibre,  la  superbe  Pallas  de  '  - 
letri,  et  les  Noces  de  Cana,  une  des  merve  $ 
de  la  peinture,  il  fut  mal  accueilli  ;  et,  comn  1 
présida  lui-même  à  l'encaissement  des  ol  g 
repris,  il  ne]  put  échapper  au  surnom  d'emi  - 
letir  du  Musée.  L  quitta  Paris  dès  qu'il  le  , 
et  se  rendit  à  Londres.  Les  artistes  anglais  e 
célèbre  Flaxman  à  leur  tête ,  lui  firent  la  s 
brillante  réception ,  et  l'invitèrent  à  un  banq  , 
qui  eut  lieu  dans  la  salle  même  du  conseil  ac  >■ 
mique.  Il  avait  été  appelé  dans  la  capitale  de  1  - 
gleterre  pour  prononcer  sur  le  mérite  des  1  '- 
bres  du  Parthénon,  que  lord  Elgin  avait  appo  s 
d'Athènes,  Il  déclara  que  c'était  la  plus  e>  - 
lente  sculpture  existante,  puisqu'à  la  beaut  e 
la  forme  elle  réunissait  la  souplesse  de  la  c  Jr 
et  l'apparence  animée  de  la  vie.  Il  en  cor  It 
que  la  plupart  des  antiques  connus  n'ét;  ^t 
que  des  copies.  Ce  qui  prouve  au  surplus  la  i- 
nitude  de  sa  conviction  à  cet  égard,  c'est  >  |1 
essaya  d'achever  le  groupe  de  Mars  et  Vénv  ît 
d'exécuter  la  statue  d'Endyniion,  sous  l'ert  ^e 
de  cette  donnée  ;  mais  il  n'était  plus  assez  ji  e 
pour  y  réussir. 

Lorsque  Canova  rentra  dans  Rome,  rame  it 
avec  lui  les  chefs-d'œuvre,  son  arrivée  fu  jn 
véritable  triomphe.  Le  pape,  satisfait  de  la  - 
nière  dont  l'artiste  avait  accompli  sa  missio  le 
nomma  marquis  d'Ischia  par  lettre  autogra  fe, 
«  comme  ayant  bien  mérité  de  la  vil  le  de  Ron  !» 
et  par  l'inscription  de  son  nom  dans  le  livre  \v. 
au  Capitole.  Lui-même  traça  le  dessin  de  b 
armoiries  :  c'étaient  une  lyre  et  un  serpent,  )• 
nogramme  d'Orphée  et  Eurydice,  son  pre  ir 
ouvrage. 

Les  travaux  immenses  et  continuels  de  Cai  [a 
furent  pour  lui  très-lucratifs.  L'argent  qu'il  J- 
gnait  lui  permit ,  dès  le  principe ,  de  forme  e 
nouvelles  entreprises,  et  dans  la  suite  de  fo  ir 
d'utiles  établissements.  La  bienfaisance  fut  iz 
lui  une  vertu  pratique.  Quand  l'Italie  fut  1 
vahie  par  l'armée  française,  la  capitale  du  m( 
chrétien  étant  menacée ,  les  cardinaux,  le  cl 
et  tous  les  grands  propriétaires  de  Rome  ( 
tèrent  cette  ville  ;  la  détresse  y  fut  extrême, 
nova  employa  toutes  ses  ressources  à  secc 
les  indigents.  Ses  libéralités,  dans  une  seul 
ces  années  calaraiteuses ,   s'élevèrent  à  140 
francs.  Un  sculptem-  espagnol  pauvre,  mais 
bile,  ayant  besoin  de  sa  recommandation  | 


'i 


CAWOVA 


Ô06 


odre  quelques  morceaux  de  sculpture  :  «  Les 

I  vrages  d'Alvarès,  dit  Canava ,  restent  inven- 

s  dans  son  atelier,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  dans 

. [mien.  >'  Aimable, doux,  complaisant,  modeste, 

îie  connut  ni  morgue  ni  jalousie.  Son  carac- 

(>  (^tait  si  parfait ,  que ,  môme  parmi  les  en- 

u\  de  sa  renommée  comme  artiste ,  il  n'y 

jamais  qu'une  voix  sur  ses  qualités  comme 

lime. 

,a  réputation  de  Canova  était  tellement  ré- 
nliie  en  Europe,  que  tous  les  gouvernements 
liaient  avoir  quelque  production  de  son  ci- 
;  u.  D'abord  il  refusa  plusieurs  commandes , 
j  ce  qu'il  n'y  pouvait  pas  suffire  ;  mais  lorsqu'il 
I,  lit  engagé  dans  la  construction  d'une  église, 
1  aiment  dont  il  ne  pouvait  prévoir  la  dépense, 
)  s  accepta  toutes,  faisant  même',  pour  y  sa- 
1  lire,  des  répétitions  de  ses  propres  ouvrages, 
i  (|uels  son  extrême  facilité  lui  permettait  d'in- 
1  luire  certains  changements  qui  donnaient  à 
(  copies  le  mérite  et  l'atti'ait  d'un  original. 

aiiova  avait  conçu  le  projet  d'édifier  à  Pos- 
<  10,  sa  patrie,  un  temple  dont  il  voulut  être 
1  uème  l'architecte  ;  mais,  dans  son  architec- 
t  comme  dans  sa  sculptui*e,  plus  imitateur 
(  larties  isolées  que  créateur  d'un  tout ,  il  en 
I  les  principaux  motifs  dans  deux  monuments 
d,  antiquité,  le  Parthénon  d'Athènes  et  lePan- 
ti  n  (le  Rome.  Un  portique  à  deux  rangs  de 
h  colonnes  chacun ,  d'ordre  dorique ,  donne 
i  ée  à  une  rotonde.   L'artiste   se  proposant 
d  ei'  finir  ses  jours  au  village  où  il  était  né,  la 
d  iration  de  son  édifice  lui  préparait  des  occu- 
p  ons  selon  son  goût,  pour  le  temps  d'ime  re- 
fce  après  laquelle  il  soupirait.  La  première 
pie  fut  posée  le  11  juillet  1819.  Cette  inau- 
jition  fut  une  fête;  et  il  venait  lui-même  cha- 
lannée  en  célébrer  l'anniversaire.  Déjà  il  avait 
iposé  les  bas-reliefs  des  métopes  ;  il  ternii- 
PQur  l'intérieui  un  grand  tableau  d'autel,  le 
ist  déposé  de  la  croix,  qu'il  avait  com- 
|icé  vingt  ans  auparavant  ;  mais  la  maladie 
f  avait  contractée  dans  son  assiduité  au  tra- 
)du  trépan  faisait  des  progrès.  La  pression 
'.  et  continue  exercée  par  l'outii  sur  la  poi- 
|J  ayant  affaissé  la  cavité  thoracique  et  dé- 
aé  les  côtes,  les  organes  digestifs  furent  al- 
3.  On  crut  que  le  voyage  de  Naples  serait 
laelque  efficacité,  et  le  malade  se  rendit 
l>  cette  ville.  Il  avait  aussi  l'intention  d'y  sur- 
fer la  fonte  du  cavalier  pour  le  cheval  du  mo- 
ieat  équestre  primitivement  destiné  à  Napo- 
I.  Le  changement  de  lieu  fut  sans  résultat. 
pva  revint  à  Rome,  et  de  Rome  alla  à  Pos- 
iio,  espérant  de  l'air  natal  quelque  améliora- 
(;P|.  Ces  lueurs  s'étant  bientôt  évanouies,  il  se 
;:  fit  ouduire  à  Venise  pour  y  avoir  les  secours 
,;<i'' biles  médecins;  mais  l'affection  était  arrivée 
:  àiu  dernier  période. 

j  I  ;  ie  magnifique  cérémonie  funèbre  eut  lieu  en 
j  s<l  honneur  :  le  corps  fut  transporté  dans  la 
i,  &  de  salle  de  l'Académie  des  beaux-arts.  Le 


I  comte  Cicognara,  qui  en  était  président,  impro- 
visa un  éloge  de  l'artiste  dont  il  avait  été  l'ami, 
et  proposa  de  lui  élever  un  tombeau  par  une 
souscription  européenne.  L'Europe  et  l'Amérique 
y  concoururent.  Le  monument  a  été  érigé  dans 
l'église  de'  Frati,  à  Venise. 

Le  cercueil  fut  accompagné  processionnel  le- 
mentl  jusqu'au  bord  de  la  mer,  où  il  fut  remis  à 
l'archiprêtre  de  Possagno.  Toute  la  population 
se  porta  au-devant  du  cortège  avec  les  démons- 
trations de  la  plus  profonde  douleur  ;  et  l'enceinte 
de  l'église  où  il  s'arrêta  ne  pouvant  contenir  la 
foule,  l'oraison  funèbre  fut  prononcée  sur  la 
place  publique.  Rome  participa  à  cette  douleur 
et  à  ces  hommages.  La  métropole  des  arts  fit 
célébrer  des  pompes  funéraires  pour  honorer 
l'artiste  dont  elle  était  en  deuil.  Les  diverses 
académies  romaines  lui  décernèrent  des  éloges 
solennels,  et  deux  statues  lui  furent  élevées,  l'une 
dans  la  salle  des  séances  de  l'Académie  de  Saint- 
Luc,  dont  il  avait  obtenu  le  rétablissement;  l'au- 
tre dans  le  musée  du  Capitole. 

En  résumant  cette  brillante  carrière  d'artiste, 
on  y  observe  trois  phases  distinctes.  Canova 
commença  par  copier  ime  nature  sans  choix,  et 
ses  premières  imitations  furent  communes,  n 
voulut  ensuite  les  ennoblir  par  une  prétendue 
généraUsation  de  la  forme  individuelle;  et  il  se 
jeta  dans  l'idéal,  théorie  qui,  reposant  sur  un 
mensonge,  conduit  involontairement  à  chercher 
le  beau  hors  du  vrai.  Aussi  a-t-on  dit  que  beau- 
coup de  ses  figures  avaient  l'apparence  d'être 
nées  plutôt  que  faites  ;  expression  dont  le  vague 
ou  même  le  vide  semble  indiquer  une  tendance 
fausse  ou  affectée. 

Enfin ,  la  vue  des  marbres  du  Parthénon  lui 
fit  reconnaître  une  autre  voie,  et  prononcer  que 
le  beau  n'est  que  dans  le  vrai ,  c'est-à-dire  dans 
la  reproduction  exacte  de  la  nature  choisie.  Ce 
jugement,  qu'il  prononça  M-même,  et  qui  don- 
nait une  sorte  de  démenti  à  la  plus  grande  partie 
de  sa  propre  sculpture,  caractériserait  seul  un 
génie  supérieur.  Personne,  au  reste,  n'était  plus 
capable  que  Canova  de  se  mettre  ea  présence 
de  la  nature;  malheureusement,  il  ne  s'y  mit  pas 
assez  :  aussi  plusieurs  de  ses  ouvrages,  privés  de 
la  magie  du  marbre  par  le  moulage  en  plâtre, 
perdent  beaucoup  de  leur  effet.  Il  n'en  a  pas 
moins  illusti-é  son  art  non-seulement  par  le  nom- 
bre, la  grandeur  et  la  variété  de  ses  productions, 
mais  aussi  comme  chef  d'école.  Moins  sévère  que 
David  son  contemporam ,  qui  régénéra  la  pein- 
ture, Canova  peut  néanmoins  êtie  regardé  comme 
le  régénérateur  de  l'art  statuaire  ;  il  fut  un  des 
artistes  les  plus  féconds  qui  aient  existé,  et  le 
plus  grand  statuaire  de  son  époque. 

L'Œuvre  de  Canerva,  précédé  d'un  essai 
sur  sa  vie  et  ses  ouvrages ,  a  été  publié  par 
MM.  Réveil  et  H.  deLatouche  (Paris,  1825,  gr. 
in-8°).  Le  texte  est  de  ce  dernier  :  nous  en  don- 
nerons un  échantillon,  pour  monti'er  ce  que  les 
.  beaux-arts  gagnent  à  faire  alliance  avec  le  jour- 


I 


507 


nalisme,  et  à  lui  emprunter  sa  politique.  Tout  le 
monde  connaît  le  nom  de  l'un  des  plus  géné- 
reux protecteurs  des  arts  et  des  sciences  en 
Russie,  le  comte  Romantzof,  chancelier  de 
l'empire.  Or,  voici  en  quels  termes  M.  H.  de 
Latouche  en  parle  à  l'occasion  de  la  statue  de 
la  Paix:  «  C'est  un  courtisan  tartare,  dit-il, 
un  chancelier  du  nom  de  Romantzof,  qui  com- 
manda au  simulacre  de  cette  divinité  de  naître, 
parce  qu'il  avait,  vers  l'an  de  grâce  1808,  arra- 
ché la  Finlande  suédoise  à  ses  lois  naturelles , 
et  réuni  violemment  les  hommes  qui  la  culti- 
vaient aux  innombrables  troupeaux  de  son 
timitre.  ■»  C'est  en  général  dans  le  même  goût 
que  le  texte  est  rédigé.  On  consultera  avec  plus 
de  profit  l'ouvrage  savant  et  remarquable,  quoi- 
qu'un peu  louangeur,  de  M.  Quatremère  de 
Quincy  :  Canova  et  ses  ouvrages,  ou  Mémoi- 
res historiques  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
ce  célèbre  artiste  (Paris,  1834,  gr.  in-8°); 
Memorie  per  servire  alla  vita  del  march. 
Canova  (Venise,  1823);  la  biographie  alle- 
mande de  M.  Hase,  dans  les  Zeitgenossen; 
la  Vie  de  Canova,  parMissirini  (Prato,  1824)  ; 
et  the  Works  of  Canova  (son  œuvre  gravée  au 
trait),  par  Moses  (Londres,  1828,  3  vol.)  et  Ci- 
cognara.  Dans  la  plupart  de  ces  livres,  on  trouve 
la  liste  chronologique  des  ouvrages  de  Canova,  et 
l'indication  des  lieux  où  on  les  conserve.  Parmi 
ceux  qui  sont  à  Paris,  nous  citerons  la  Made- 
leine, qui  fut  achetée,  sous  l'empire,  par  le  mar- 
quis de  Sommariva.  Nous  avons  vu  en  Russie 
le  groupe  de  YAmotir  et  Psyché  couchés,  acheté 
en  1796  par  le  prince  loussoupof;  le  groupe  des 
mêmes  personnages  mythologiques,  mais  debout, 
et  dans  lequel  Psyché  pose  sur  la  main  de  l'A- 
mour un  papillon  (fait  pour  la  Malœaison,  1800, 
et  transporté  de  là  à  l'Ermitage  de  Saint-Péters- 
bourg) ;  une  Eébé  de  la  Malmaison;  la  statue  de 
la  Paix,  etc.  L'œuvre  de  Canova  a  été  gravée 
avec  soin  à  la  Chalcographie  romaine.  [M.  Miel, 
dans  VEnc.  des  g.  du  m.  ] 

Cicognara,  f^ita  di  Canova.  —  Edinburgh-Review, 
février  1826.  —  Missirini,  Fita  di  Canova.  —  Quatre- 
mère de  Quincy.  —  archives  littéraires,  1804.  —  Artaud, 
Italie,  âans  l'Univers  pittoresque.  —  TipaWo,  Biografta 
degli  Italiani  illustri.  —  Henri  de  Latouche,  OEuvre  de 
Canova. 

CANOVAÏ  (Stanislas),  historiographe  floren- 
tin, né  à  Florence  le  27  mars  1740,  mort  dans 
la  même  ville  le  17  novembre  1811.  H  prit  l'ha- 
bit ecclésiastique  de  bonne  heure ,  et  fit  ses  étu- 
des à  l'université  de  Pise;  il  s'adonna  surtout 
aux  mathématiques ,  dont  il  devint  professeur  à 
Cortone  en  môme  temps  que  membre  de  l'A- 
cadémie des  antiquités  étrusques.  Il  fut  appelé 
ensuite  à  remplir  la  chaire  de  mathématiques  du 
collège  de  Parme.  Le  comte  de  Durfort,  ambas- 
sadeirr  de  France  en  Toscane,  avait  fondé  un 
prix  pour  l'éloge  d'Améric  Vespuce  :  Canovaï 
concourut  pour  ce  prix  ,  et ,  s'appuyant  sur  de 
certaines  preuves,  osa  s'élever  contre  l'opinion 
générale  qui  proclame  Christophe  Colomb  comme 


CANOVA  —  CANPENDU  ] 

ayant  abordé  le  premier  en  Amérique.  Acct  ^ 
pagnant  son  assertion  de  différentes  pièces,  i. 
novaï  affirmait  qu'Améric  Vespuce  avait  fait  i 
fois  la  découverte  du  continent  auquel  on  a  c  - 
né  son  nom  et  celle  du  Brésil ,  Christophe  - 
lomb  n'ayant  abordé  en  Amérique  qu'une  ai  e 
après.  Le  P.  Canovaï  trouva  un  contra  - 
teur  dans  le  comte  Jean  Galeani  Napione,  li 
publia  à  ce  sujet  une  dissertation  sous  le  e 
à' Examen  critique  du  premier  voyage  d'A  l' 
rie  Vespuce  au  nouveau  monde  :  Canov  y 
répondit,  et  remporta  le  prix  proposé.  Cel  i- 
rateur  distingué  était  en  même  temps  un  e  \, 
siastique  d'une  piété  et  d'une  vertu  exemple  ; 
ce  fut  lui  qui  assista  Alfieri  mourant.  Il  a  lai  : 
Componimento  drammatico  da  cantarsi  n  a 
nobile  Accademia  Etrusca;  Florence,  177f  i- 
8°  ;  —  Riflessioni  intorno  aile  publichescu  ■; 
Florence,  1775,  in-8°; —  Orazionefunebrt  H 
marchese  cavalière  Giuseppe  Benvemitc  '• 
neti  di  Cortona;  Florence,  1780,  in-4°  - 
Concetto  in  cui  tennero  gli  anticM  il  teo  i, 
imprimé  dans  les  Libri  poetici  délia  Bii  i, 
tradottida Saverio  Mattei;  Naples,  1781 , i  '•• 

—  Leçons  élémentaires  de  Mathématiq  ; 
traduites,  avec  le  P.  Gaétan  del  Ricco,  du  i- 
çais  de  la  Caille;  Pavie  et  Modène,  1781  ;  -  s- 
bles  logarithmiques ,  traduites,  avec  le  m  e, 
de  Gardiner;  Florence,  1782  ;  —  Dissertai  je 
sîiW  anno  magno,  secondo  Plutarco  e  Si  p, 
appresso  gli  antichi  Toscani ,  imprimée  psi 
le  recueil  de  l'Académie  étruscpie  de  ^- 
tone;  Florence,  1783;  —  Monumenti  rel  1À 
al  giudizio  pronunziato  dalV  Accadi  fff 
Etrusca  di  Cortona  di  un  elogio  d'Am  bo 
FespMm  ;  Florence,  1787,  in-8°;  —  Eleinti 
di  Fisica  matematica;  Florence,  1788  lu- 
bliés  en  collaboration  du  P.  Ricco  ;  —  E  fio 
d'Amerigo  Vespucci,  che  ha  riportato  il 
mio  dalla  nobile  Accademia  Etrusca  di  i- 
tona,  con  una  dissertazione  giustificaih  di 
guesto  célèbre  navigatore;  Florence,  17  et 
1798,  avec  porti-ait;  —  Riflessioni  sulmMi 
di  risolvere  Vequazioni  numeriche  pro  \ie 
dal  signore  de  Lagrange ,  imprimées  dar  es 
Atti  de'  Fïsiocritici  di  Siena;  Sienne,    m; 

—  Dissertazione  sop-a  il  primo  viaggic  U- 
merigo  Vespucci  aile  Indie  occidentali ;ïo' 
rence,  1809,  in-8°;  —  Esame  critico  delp  no 
viaggio  d'Amerigo  Vespucci  al  nuovo  mu  o; 
Florence,  1811.  j 

Biographie  des  Contemporains.  —  Pozzetti,  Elo  m 
Stanislao  Canovaï;  Bologne,  1812.  —  Erscli  et  G  «^ 
Allgem.  Encyclop. 

*CAisozio  (Lorenzo).  Voy.  Canotio. 

*CANPENDtr  (Bernard  n^)  (de  Cane 
penso),  évêque  français ,  mort  en  janvier  '^ 
Il  fut  élu  évêque  de  Carcassonne  en  12fi,fi 
s'occupa  durant  son  épiscopat  à  léglernente pn 
diocèse,  et  séparer  les  intérêts  ecclésiastique  ks 
intérêts  temporels.  Il  n'a  laissé  que  des  sti  its 
synodaux.  | 

Sainte-Marthe,  Gallia  Ckristiana  nova,  t.  VI,    ^ 


509 

—  Histoire  du  Languedoc,{l.  III,  p.  «88.  —  Histoire  lit- 
téraire de  la  France,  t.  XIX,  p.  *8«. 

«CAMSON  (Barthélémy  de),  célèbre  fabri- 
cant de  papier,  né  en  1773  à  Davezieu,  près  An- 
nonay.  Fils  d'un  officier  aux  années  du  roi,  il  fut 
;^levé  chez  les  oratoriens ,  fit  les  campagnes  de 
a  république  en  qualité  d'ingénieur,  et  épousa 
me  des  filles  d'Etienne  Montgolfier,',  inventeur 
les  aérostats  et  fabricant  de  papier  à  Annonay. 
Vprès  la  mort  de  son  beau-père,  il  devint  pro- 
jriétaire  de  l'usine  déjà  célèbre  par  les  perfec- 
ionnements  que  les  deux   frères    Joseph   et 
Etienne  Montgolfier  avaient  apportés  à  l'industrie 
tu  papier.  On  doit  à  sa  fermeté  la  destruction 
u  compagnonnage,  qui  était  un  obstacle  aux 
rogrès  de  cette  industrie,  à  laquelle  il  a  ajouté 
e  nouveaux  perfectionnements.  Ses  produits  lui 
nt  mérité  les  distinctions  les  plus  honorables  à 
)Utes  les  expositions.  On  lui  doit  la  mise  en  acti- 
ité  en  France  des  premières  machines  à  fabri- 
quer le  papier,  d'après  le  système  de  Didot  Saint- 
éger;  le  collage  à  la  cuve,  mis  en  pratique  d'une 
anière  efficace  et  complète;  l'emploi  des  pompes 
leumatiques  appliquées  à  la  fabrication  du  pa- 
ir, etc.  11  fut  nommé  pair  de  France  en  1831. 
Ses  fils,  qui  sont  aujourd'hui  à  la  tête  de  ses 
aux  établissements,  soutiennent  une  réputa- 
y,  )}i  justement  acquise. 

il(G4NS0UH-GAVRT.  Voy.  CAMPSON-GàURY. 

'  *  CANSTATT  (  CharUs-Fi'édéric),  médecin  al- 
tnand,  né  à  Ratisbonne  le  U  juillet  1807,  mort 
10  mars  1850.  Fils  d'un  médecin  qui  se  livrait 
Ida  pratique,  il  embrassa  la  profession  pater- 
après  avoir  fait  ses  premières  études  à 
;h ,  et  ses  études  médicales  à  Vienne  et  à 
bourg;  puis  il  vint  s'établir  en  1831  dans 
natale.  En  1832  il  fit  un  voyage  à  Paris, 
y  étudier  le  choléra  ;  de  là  il  se  rendit  en 
et  à  Bruxelles,  où  il  fut  chargé  par  le 
nement  belge,inl'ormé  de  ses  connaissances 
les  en  cette  matière ,  de  diriger  un  hôpital 
lériques.  Après  avoir  pratiqué  à  Bruxelles 
if  cinq  ans,  et  séjourné  de  nouveau  à  Pa- 
1837,  il  revint  à  Wiirzbourg,  où  il  fut 
médecin  expert;  et  en  1843  il  succéda 
ike  dans  la  chaire  de  clinique  et  dans  la 
ion  de  l'hôpital  d'Erlangen.  11  mourut  dans 
ville ,  après  un  voyage  en  Italie.  On  a  de 
arstellung  und  Kritische  Beleuchtung 
esens  und  der  bis  jezt  aufgefundenen 
ndlungs-  Weise  der  Ostindischen  Brech- 
(Exposé  et  explication  critique  de  la  na- 
'e  du  choléra  asiatique,  et  du  traitement  adopté 
qu'à  ce  jour  pour  cette  maladie)  ;  Ratisbonne, 
"1  ;  —  Die  Krankheiten  des  hoehern  Alters 
Jffire  Heilung  (Des  maladies  de  la  vieillesse, 
leur  traitement);  Erlangen,  1839,  2  vol.; 
specielle  Pathologie  und  Thérapie  vom 
isehem  Standpunkte  aus  bearbeitet  (la 
ilogie  spéciale  et  la  thérapeutique  démon- 
[BS  du  point  de  vue  de  la  clinique)  ;  Erlangen, 
1-1842,  4  vol.  ;  —  de  Morbo  Brightii;  Er- 


CANPENDU  —  CANT 


510 


langen,  1844;  —  KUnische  Rûckblicke  (Études 
rétrospectives  de  clinique);  Tnbingue,  1850- 
1851,  2  volumes. 

Conversations-  l^xicon. 

CANSTBIN  (C harles-IJildebrand,  baron  de), 
philanthrope  allemand,  né  à  Lindenberg  le  1 5  août 
1667,  mort  à  Halle  le  19  août  1719.  II  fit  ses 
études  à  Francfort-sur-l'Oder,  devint  page  de 
l'électeur  de  Brandebourg  et  servit  plus  tard 
comme  volontaire  dans  les  Pays-Bas,  où  une 
grave  et  dangereuse  maladie  le  contraignit  à 
quitter  le  service  militaire.  Retiré,  par  suite  de 
cette  maladie,  à  Halle,  il  se  lia  d'amitié  avec  le 
célèbre  prédicateur  Spener,  et  se  voua  à  des  œu- 
vres de  piété.  Le  désir  de  répandre  les  senti- 
ments religieux  dont  il  était  animé  lui-même 
parmi  ses  contemporains,  et  surtout  parmi  les 
classes  peu  aisées,  lui  inspira  l'idée  de  faire  im- 
primer la  Bible  en  caractères  stables.  Il  ouvrit 
à  cet  effet  une  souscription ,  et  y  consacra  une 
grande  partie  de  ses  propres  fonds.  Son  entre- 
prise (1712),  connue  sous  le  nom  d'Institution 
biblique  de  Canstein,  eut  un  succès  prodigieux. 
Des  millions  de  Bibles  et  de  Nouveaux  Testa- 
ments furent  successivement  imprimés  dans  di- 
vers formats,  et  vendus  à  des  prix  très-modé- 
rés; le  produit  des  ventes  était  exclusivement 
employé  à  la  réimpression  de  l'Écriture ,  ce  qui 
assura  la  durée  de  l'institution,  qui  s'est  con- 
servée jusqu'à  ce  jour.  Canstein  a  écrit  une 
Harmonie  des  quatre  évangélistes  ;  Halle, 
1718,  in-fol.;  et  la  Vie  de  Spener,  Halle,  1729. 
Il  légua  à  la  maison  des  orphelins  de  Halle  sa 
bibliothèque  et  une  partie  de  sa  fortune. 

Conversations-Lexicon. 

CANSTEIN  (Raban  de),  administrateur  et 
homme  d'État  prussien,  né  le  19  août  1617, 
mort  le  22  mars  1680  à  Lindenberg.  Après  avoir 
étudié  à  Wittenberg,  il  s'éleva  successivement 
jusqu'à  là  charge  de  grand  maréchal  de  cour 
et  président  de  chambre.  Il  devint  l'ami  in- 
time du  grand  électeur  Frédéric-Guillaume,  qu'il 
accompagna  dans  tous  ses  voyages ,  et  qui  le 
chargea  des  négociations  les  plus  difficiles.  Étant 
rentié  plus  tard  dans  la  vie  privée,  il  passa  le 
reste  de  sa  vie  à  son  château  de  Lindenberg, 
où  il  mourut. 
Ersch  et  Gruber,  Allgemeine  Encyclopàdie, 

CANT.  Voy.  Kant. 

*  CANT  (Arend),  anatomiste  et  médecin  hol- 
landais, mort  très-jeune  à  Dordrecht  en  1723. 
Il  fit  de  rapides  progrès  à  l'école  de  Ruysch, 
qui  se  servit  de  lui  dans  sa  vieillesse  pour  se 
faire  aider  dans  les  dissections.  En  outre,  il  des- 
sinait et  gravait  lui-même  habilement  les  figures 
anatomiques ,  et  il  augmenta  la  valeur  de  ses 
ouvrages  en  y  joignant  des  planches  dessinées 
à  la  façon  d'Eustachi.  On  a  de  lui  :  Disputatio 
inauguralis  de  receptaculo  et  duc  tu  chyli; 
Leyde,  1721,  in-4"*;  —  Impetus  primi  anato- 
mici,  ex  lustratis  cadaveribus  nati,  quos  pro- 
pria manu  consignavit  auctor;  Leyde,  1721, 


511 


CAWT  —  CANTACUZÈNE 


grand  in-f.,  avec  planches  gravées  par  lui-même. 

Éloy,  Dict.  de  la  médecine-  —  Carrère,  Bibliothèque 
de  la  Médec.  —  Mohsen,  Bildnisse  berûhtnter  Aertzte, 
p.  121. 

CAMTACITZÈKE  {Jean  V,  'IwàvvYjç  6  Kavra- 
otouî^ifivoç  ),  empereur  de  Constantinople,  né  vers 
1292,  mort  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle.  Il 
appartenait  à  une  famille  qui  marque  dans  l'his- 
toire byzantine  à  partir  du  douzième  siècle.  Le 
premier  Cantacuzène  connu  commandait  la  flotte 
grecque  sous  Alexis  Comnène,  et  fut  vainqueur 
en  Dalmatie  dans  la  guerre  contre  Bohémond, 
en  1107.  Jean  Cantacuzène,  fils  ou  petit-fils  du 
précédent,  épousa  Marie  Comnène,  nièce  de  l'em- 
pereur Manuel,  et  fut  tué  dans  la  guerre  contre 
les  Turks  Sedjoukides  vers  1174.  Deux  membres 
de  la  même  famille,  Manuel  et  Jean,  furent  aveu- 
glés par  l'ordre  des  empereurs  Manuel  et  Andro- 
nic  Comnène.  Jean,  quoique  aveugle,  fut  nommé 
César  par  Isaac  l'Ange,  dont  il  avait  épousé  la 
sœur  Irène ,  et  périt  dans  la  guerre  eonti'e  les 
Bulgares  après  1193.  Un  autre  Manuel  Canta- 
cuzène ,  général  de  Jean  Vatace ,  empereur  de 
Nice ,  mourut  dans  la  seconde  moitié  du  trei- 
zième siècle.  Le  fils  de  Manuel,  Jean,  préfet  du 
Péloponèse,  mort  dans  son  gouvernement  à  l'âge 
de  trente  ans,  laissa  de  sa  femme  ïhéodora  Pa- 
léologine  deux  fiJs  et  une  fille  ;  l'aîné  de  ces  en- 
fants, Jean- Ange  Comnène  Paléologue  Canta- 
cuzène, parvint  à  l'empire  sous  le  nom  de 
Jean  V  ou  Jean  VI.  Porté  par  sa  naissance  aux 
plus  hautes  dignités,  et  paracémomène  au  com- 
mencement de  la  lutte  entre  Andronic  le  Vieux 
et  son  petit-fils,  il  se  déclara  pour  Andronic  le 
Jeune,  qui  lui  donna,  avec  le  titre  de  grand  do- 
mestique, l'autorité  deipremier  ministre.  Ce  fut 
aux  talents  militaires  et  politiques  de  son  habile 
conseiller  que  le  jeune  prince  dut,  en  1328,  après 
sept  ans  de  guerre  civile ,  la  possession  incon- 
testée de  la  couronne  impériale.  Brave,  spirituel 
et  aimable ,  mais  insouciant  et  adonné  aux  plai- 
sirs, il  laissa  le  pouvoir  au  grand  domestique, 
qui  en  usa  avec  modération  et  fermeté,  ramena 
à  l'obéissance  l'Étolie  et  Lesbos,  qui  s'étaient  sé- 
parées de  l'empire,  et  resta  pur  de  malversations 
et  de  violences  dans  un  siècle  de  crimes  et  de 
corruption.  Andronic,  trop  faible  pour  gouverner 
par  lui-même  et  trop  intelligent  pour  ne  pas 
apprécier  son  ministre,«voulut  l'associer  à  l'em- 
pire dès  1329.  Cantacuzène  refusa  un  titre  qui 
n'aurait  rien  ajouté  à  sa  puissance.  En  1341,  il 
reçut  de  l'empereur  mourant  la  garde  de  son  fils 
encore  enfant,  et  la  mission  de  gouverner  l'em- 
pire sous  la  régence  de  l'impératrice  mère  Anne 
de  Savoie.  Il  se  trouva  en  butte,  presque  aussitôt 
après  la  mort  d' Andronic,  aux  attaques  d'abord 
cachées,  puis  manifestes,  de  l'amiral  Apocauque 
et  de  Jean  d'Apri,  patriarche  de  Constantinople. 
Ces  deux  ambitieux,  qui  lui  devaient  tout,  s'em- 
paièrent  de  l'esprit  de  l'impératrice ,  ruinèrent 
le  crédit  du  grand  domestique,  et  trouvèrent  de 
nombreux  adhérents  dans  cette  foule  d'envieux 


51 

qu'excite  toujours  une  grande  fortune,  mêmejui 
tifiée  par  des  services  éclatants.  Cantacuzènt 
absent  de  Constantinople,  fut  accusé  de  haul 
trahison,  jugé  par  ses  ennemis,  déclaré  coupabl 
condamné  à  la  peine  capitale,  et  se  trouva  plac 
entre  la  mort  ou  la  révolte.  Poussé  par  ses  pa 
tisans  encore  nombreux ,  et  les  soldats  qui  1 
restaient  fidèles,  il  se  décida  à  défendre  sa  vi 
et  prit  les  armes  non  contre  Jean  Paléologu 
mais  contre  ses  perfides  conseillers.  Il  se  fit  coi  ] 
ronner  empereur  à  Didymotique  le  21  octob 
1341.  Quelques  bons  motifs  que  donne  Cantac 
zène  pour  justifier  sa  conduite,  fort  simple  clii 
un  homme  d'État  ambitieux ,  elle  ne  s'accor 
guère  avec  les  principes  de  loyauté  qu'il  affich; 
sans  cesse.  Son  couroimement  était  une  usur[ 
lion,  que  le  succès  seul  pouvait  absoudre. 

Les  premiers  événements  ne  répondirent  pa 
l'attente  du  nouvel  empereur.  Apocauque,  qui  i 
nait  de  se  faire  nommer  grand  duc,  était  un  scé 
rat  qui  n'avait  pas  les  mêmes  scrupules  que  Ca 
tacuzène,  et  disposé  à  employer  tous  lesmoyei 
Il  souleva  la  populace  par  l'appât  du  pillaj 
contint  les  grands  par  la  terreur,  jeta  dans 
cachot,  où  elle  mourut  bientôt,  la  vieille  mère 
Cantacuzène,  livra  au  pillage  les  biens  du 
belle  et  de  ses  amis,  lui  enleva  à  prix  d'argi 
ses  principaux  partisans,  Monomaque,  Synadè 
Gui  d'Arménie,  une  partie  de  ses  soldats,  ba 
le  reste  à  Gynecocastre,  et  le  força  lui-mêm 
se  sauver  auprès  de  Douchan,'  kral  de  Ser^ 
au  mois  de  juillet  1342.  Il  ne  restait  plus  à  I 
surpateur  que  Didymotique,  défendue   par 
femme  Irène.  Pour  se  rouvrir  le  chemin  de  et 
ville,  il  essaya  dès  le  mois  de  septembre  d'^ 
lever^Phères  avec  quelques  troupes  serves. 
poussé  avec  perte ,  et  averti  que  Douchan  6  . 
prêt  à  traiter  avec  Apocauque,  il  s'adressa 
prince  turc  d'Aïdin,  c'est-à-dire  de  la  Lydie  etd  i 
Carie.  Oumour-Bey  accourut  avec  vingt-huit  re  i 
hommes.  Quoique  forcé  à  une  prompte  refr  ! 
par  un  hiver  précoce,  il  eut  le  temps  de  dél  • 
quer  Didymotique,  et  fomnit  à  Irène  les  moy  ; 
de  prolonger  son  opiniâtre  résistance.  De  souci , 
Cantacuzène  s'empara  de  Berrée,  et  ne  se  tro  % 
plus  à  la  merci  de  Douchan.  Au  mois  de  septem  pi 
1343,  Oumour  revint  d'Asie,  et  réjoignit  son  ail  ^ 
Berrée.  Tous  deux,  après  une  tentative  ini  ; 
contre  Thessalonique,  où  dominaient  les  zé  , 
démagogues  sanguinaires,  mais  énergiques,  n  • 
chèrent  sur  la  Thrace,  et  arrivèrent  enfin  à  - 
dymotique.  Au  commencement  de  1344,  Oum  i 
fut  rappelé  en  Asie  par  la  nécessité  de  défer 
Smyrne  contre  les  Génois  et  les  chevaliers 
Rhodes;  mais  Cantacuzène  trouva  un  allié  a  fi' 
puissant ,  quoique  moins  dévoué,  dans  Orkl  , 
sultan  des  Turks  Osmanlis,  et  il  fut  délivré  (  - 
pocauque  par  un  hasard  heureux.  Le  grand  '^ 
fut  tué  en  visitant  les  prisons  de  Constantic  ;, 
le  11  juillet  1345.  Dès  lors  la  victoire  de  l'u; 
pateur  fut  assurée.  Il  se  fit  sacrer  une  sect 
fois  à  Didymotique  parle  palriarchede  Jérusal  i 


513 


CANÏACUZEINE 


il4 


i  et  refusa,  pour  ne  pas  fermer  la  porte  aux  né- 
gociations, de  désigner  son  fils    MaHhicu  pour 
son  successeur,  au  détriment  de  Jean  Paléologue. 
En  même  temps  il  s'unit  plus  étroitement  avec 
lOrkhan,  en  lui  donnant    en  mariage  sa  fille 
!  riiéodora.  Le  parti  des  Paléologue  s'alïaiblissait 
•liaque  jour.  Les  passions  populaires,  si  habile- 
nent  dirigées  par  Apocauque,  s'épuisaient  main- 
enant  dans  une  agitation  sans  but.  Jean  d'Apri 
e  rapprochait  sensiblement  de  son  ancien  bien- 
'iiteur.  Aune  de  Savoie,  qui,  elle  aussi,  sentait 
i  nécessité  de  traiter,  commença  par  punir  l'am- 
itieux  patriarche  ;  elle  le  fit  déposer  par  un  con- 
ile  où  dominaient  les  palamites,  partisans  de 
usurpateur,  longtemps   persécutés   par  Jean 
Apri.  La  séance  du  concile  n'était  pas  encore 
rniinée  lorsque,  dans  la  nuit  du   11    février 
347,  Cantacuzène  s'empara  de  Constantinople, 
!i'  personne  ne  défendait,  et  dont  l'officier  génois 
Acciolati  lui  livra  les  portes. 
Le  vainqueur  résista  loyalement  à  Orkhan,  qui 
i  conseillait  de  se  défaire  du  fils  d'Andronic, 
à  ses  soldats,  qui  le  pressaient  de  régner  seul  ; 
partagea  le  trône  avec  le  vaincu.  Les  deux 
iipereurs  furent  coirromiésle  13  mai  par  Isidore, 
ccesseur  de  Jean  d'Apri  ;  et  le  mariage  de  Jean 
liéologue  et  d'Héléna  Cantacuzène  sembla  con- 
ndre  les  intérêts  des  deux  familles.  Ces  deux 
rémonies  furent  attristées  par  les   troubles 
s  provinces,  la  misère  publique  et  la  pénurie 
1  trésor,  qui,  selon  la  singulière  expression  de 
céphore  Grégoras,  ne  contenait  que  les  atomes 
Épicure.  L'usurpateur  triomphant  eut  à  lutter 
'  ntre  des  difficultés  que  tout  le  génie  d'un  grand 
mme  n'aurait  pu  surmonter.  En  1347,  la  peste 
ire,  qui  enleva  le  plus  jeune  fils  de  Cantacu- 
ne;  deux  guerres  malheureuses  contre  les  Ge- 
ls en  1348  et  en  1350  ;  des  négociations  inutiles 
ec  le  saint-siége  pour  la  réunion  des  deux 
lises;  la  place  de  patriarche  de  Constantinople 
innée  en  1350  à  Calliste,  palamite  féroce ,  qui 
iileva  le  clergé  ;  le  triomphe  odieux  et  ridicule 
s  ompkalopsiques  obtenant  la  proscription  de 
rlaam,  et  l'emprisonnement  de  Nie.  Grégoras  : 
s  sont  les  principaux  événements  qui  séparent 
victoire  de   Cantacuzène  du  renouvellement 
la  guerre  civile.  Jean  Paléologue,  retiré  à 
•"ssalonique ,  et  impatient  de  ressaisir  tout 
tritage  de  son  père,  s'allia  avec  Douchan  en 
i  1351.  Cette  velléité  de  révolte  fut  apaisée 
riiiterveiition  d'Anne  de  Savoie  ;  mais  la  paix 
iclue  entre  les  deux  empereurs  ne  fut  qu'un 
'  lit  répit.  Le  jeune  prince  se  mit  en  guerre 
Mt>rteavec  son  collègue  en  septembre  1352. 
tu  par  les  forces  réunies  de  son  beau-père 
'  rOrkhan,  il  se  réfugia  à  Ténédos.  Cantacu- 
■  ie   se  décida  alors,  non   sans  de  longues 
(citations,  à  l'exclure  du  trône  pour  y  faire 
ifnter   son  propre  fils    Matthieu.  Cette  nou- 
''le  usurpation  dura  peu;  Matthieu  fut  cou- 
'  né  au  printemps  de  1354;  et,  moins  d'un 
•  après,  Jean  Paléologue,  aidé  du  noble  gé- 

NOUV.    EIOGR.    UNIVERS.    —   T.    VIII. 


nois  Gastcluzzi ,  se  présenta  devant  le  port  de 
Constantinople.  Cantacuzène  n'osa  pas  leur  en 
interdire  l'entrée,  et  le  jeune  Paléologue  se 
trouva  ainsi  placé  à  la  tête  de  tous  les  mécon- 
tents de  la  capitale.  Cantacuzène  n'était  plus 
maître  des  événements.  Bien  qu'il  eflt  entre  les 
mains  les  plus  fortes  positions  de  Constantino- 
ple, qu'il  fût  défendu  par  les  Catalans,  aventu- 
riers braves  et  dévoués ,  il  ne  voulut  pas  con- 
server au  prix  d'une  effusion  de  sang  une  sou- 
veraineté précaire  ,  ill(5gitime;  et,  cédant  plus 
encore  à  ses  scrupules  qu'au  soulèvement  po- 
pulaire, il  abdiqua  vers  la  (in  de  décembre  i'-KA, 
et  se  retira  dans  le  monastère  de  Mangane,  sous 
le  nom  de  Joasaph(  Joseph),  pendant  que  sa  femme 
prenait  le  voile  et  le  nom  d'Eugénie  dans  le  cou- 
vent de  Sainte-Marthe.  En  abandonnant  la 
partie  lorsqu'elle  était  encore  loin  d'être  perdue, 
Cantacuzène  se  fit  accuser  de  faiblesse  par  ses 
contemporains  et  même  par  sa  famille  ;  et  Irène, 
en  partant  pour  le  cloître,  put  dire  à  l' ex-empe- 
reur :  «Si  j'avais  gardé  Didymotique  comme  vous 
Constantinople,  il  y  a  douze  ans  que  nous  fe- 
rions notre  salut.  » 

Le  monarque  déchu  vécut  dè.s  lors  dans  la 
retraite,  et  remplit  ses  loisirs  par  «les  exercices 
de  piété  et  des  compositions  littéraires.  L'époque 
de  sa  mort  est  douteuse;  il  vivait  encore  en 
1375,  puisque  le  pape  Grégoire  XI  lui  écrivit  à 
cette  date  ;  mais  il  est  peu  croyable  qu'il  ait , 
comme  le  prétendent  Lambèce  et  Ducange,  pro- 
longé sa  vie  jusqu'en  1411,  c'est-à-dire  jusqu'à 
plus  de  cent  dix  ans. 

On  a  de  Cantacuzène  Quatre  livres  de  Mé- 
moires (  'I(TTopiwv  fiiêXia  ô'  ) ,  qui  contiennent 
l'histoire  de  l'empire  grec  depuis  1320  jusqu'en 
1360.  Cet  ouvrage,  qui  n'est  pas  la  confession 
sincère  d'un  pénitent,  mais  l'apologie  d'un  homniB 
d'État  ambitieux,  présente,  si  on  le  contrôle  par 
les  récits  passionnés,  dans  un  autre  sens,  de 
Nicéphore  Grégoras ,  un  tableau  exact  et  inté- 
ressant d'une  longue  période  de  la  décadence 
byzantine.  Au  point  de  vue  littéraire ,  ces  mé- 
moires, écrits  d'un  style  correct  et  même  élé- 
gant, quoiqu'un  peu  terne  et  languissant,  offrent 
une  imitation  habile  de  Thucydide.  On  regrette 
qu'ils  soient  surchargés  de  discours  souvent  plus 
dignes  d'un  ihéteur  que  d'un  homme  d'État. 
Jacob  Ponlanus  traduisit ,  d'après  un  manus- 
crit de  la  bibliothèque  de  Munich,  les  Mémoires 
de  Cantacuzène,  et  ajouta  des  notes  et  la  vie  de 
l'auteur  à  cette  traduction,  éditée  par  Gretser, 
Ingolstadt,  1603,  in-fol.,  et  réimprimée  avec  lo 
texte  grec,  publié  pour  la  première  fois  d'après 
un  manuscrit  du  chancelier  Séguier;  Paris, 
1645,  3  vol.  in-fol.  La  magnifique  édition  prin- 
ceps  de  Paris,  réimprimée  assez  médiocrement 
dans  la  collection  des  auteurs  byzantins  de  Ve- 
nise en  1729,  a  été  reproduite  avec  beaucoup  de 
soins  par  M.  Louis  Schopen,  pour  la  collection 
byzantine  de  Bonn,  1828-1832,  3  vol.  in-8°.  Les 
Mémoires  de  Cantacuzène  ont  été  traduits  €f\ 

17 


515  CANÏACUZÈNE 

français  par  le  président  Cousin  dans  scm  Jïis- 
toire  de  Constantinople  depuis  le  règne  de 
l'ancien  Justin  jusqu'à  la  fin  de  Vempire; 
Paris,  1672-1674,  8  vol.  in-4'';  —  KaTà  i:yi^  twv 
Zapotxrjvwv  àtpéaewç  àTto).OYÎai  A  ;  Katà  tôv 
Mtôajj.eô  Xôyoi  A.  Ces  apologies  du  christianisme 
contre  la  religion  de  Mahomet  prouvent  que  Can- 
tacuzène  connaissait  bien  les  croyances  qu'il  at- 
taquait, quoiqu'il  mêle  trop  de  fables  et  de  lé- 
gendes à  ses  arguments  ;  elles  furent  traduites  et 
publiées  par  RudolpheGualter;Bàle,  1543,  in-fol.; 
la  traduction  seule  fut  réimprimée  dans  la  même 
ville  en  1550,  sous  le  titre  de  Asserilo  contra 
fidem  mohammeiicam  ;  —  une  paraphrase 
inédite  des  Btltiques  d'Aristote;  —  six  EpUres 
existant  à  Oxford. 

Cantacuzène  (  Matthieu  MaTÔaîoç  ô  Kavra- 
xoyî^TTvoç  ),  fiJs  auié  du  précédent,  né  vers  1325, 
mort  vers  la  fin  du  quatorzième  siècle.  Associé  à 
l'empire  en  1353,  il  continua  la  guerre  civile 
même  après  l'abdication  de  son  père.  Fait  pri- 
sonnier par  les  Serves,  livré  à  Jean  Paléologue, 
placé  par  celui-ci  dans  l'alternative  d'une  renon- 
ciation au  trône  ou  d'une  prison  perpétuelle, 
il  consentit  à  quitter  le  titre  d'empereur,  et  se 
retira  dans  un  cloître.  Dans  sa  retraite  forcée,  il 
composa  plusieurs  commentaires  sur  les  saintes 
Écritures.  Un  seula  été  publiéavec  une  traduction 
par  Vincent  Richard  :  Commentarii  in  Cantica 
Canticorum ;  Rome,  1624,  in-fol.  Un  des  fils  de 
Matthieu,  George  Suchelai,  fut  grand  général  et 
amiral.  Manuel,  fils  do  Suchetai,  devint  prince 
de  Messène,  se  soumit  au  sultan  Mahomet  II  en 
1460,  et  alla  mourir  en  Hoiigric.  C'est  le  der- 
nier membre  connu  de  la  famille  das  Cantacu- 
zène.  LÉO  Jolbert. 

Cantacuzène,  Mémoires.  -—  Nicéphore  Grégoras,  His- 
toire Byzantine.  —  Ducas.  —  Phranza,  I,,  1-14.  —  .lac. 
Pontanus,  f^itu  Joannis  Cantacnzeni.  —  Fabricius,  Bi- 
bliotkeca  Grœca,  vol.  VII,  p.  787.  —  Hankins,  De  By- 
zant.  reTiim  script,  grwc,  p.  602.— Ducanfjc,  Familles 
byiantiiLes.—  Val.  Parisot,  Cantacuzène,  homme  d'État 
et  historien. 


5!( 


CANTACUZÈNE  (Ser&an//),vayvodevaîaque, 
né  vers  1640,  mort  en  1688.  Il  appartenait  à  une 
famille  grecque  établie  en  Moldavie  et  en  Vala- 
chie  depuis  le  quinzième  siècle,  et  prétendait  des- 
cendre de  la  famille  impériale  des  Cantacuzène 
par  Manuel,  petit-fils  de  Jean  Cantacuzène.  Son 
père  Constantin  avait  épousé  la  fille  de  SerbanF"", 
et,  après  avoir  occupé  de  hautes  dignités,  il 
avait  été  assassiné  par  l'ordre  du  vay vode  Gré- 
goire Ghica.  La  mort  de  Constantin  n'amena 
pas  la  ruine  de  sa  famille;  car  Grégoire,  pour- 
suivi par  l'indignation  publique  et  les  menaces 
des  Turcs,  s'enfuit  en  Allemagne;  et  le  vayvode 
Antoine,  qui  lui  succéda,  éleva  Serban  à  la  dignité 
de  spatar  en  1669.  La  déposition  d'Antoine  et  le 
retour  de  Grégoire  forcèrent  Serban  à  s'enfuir  à 
Andrinople,  pendant  que  ses  frères  étaient  ar- 
rêtés,  envoyés  aux  mines  de  sel,  et  torturés  hor- 
riblement. Au  bout  de  quelques  années,  Ghica 
fut  déposé  pour  s'être  uni  aux  Polonais;  et  sous 


son  successeur  Ducas  les  Cantacuzène  euren 
des  alternatives  de  faveur  et  de  disgrâce,  au  mi 
lieu  desquelles  Serban  obtint  la  place  de  gram 
logothète  ou  premier  ministre,  et   fut  appel 
par  le  divan  à  remplacer  le  vayvode  Ducas  a 
moment  où  celui-ci,  dit-on,  allait  le  faire  périr 
Serban  II  prit  possession  de  la  principauté  1 
6  janvier  1679.  Il  était  animé  d'excellentes  in 
tentions,  rendues  inutiles  par  les  Turcs,  qui  épii 
saient  le  pays  d'argent  et  de  provisions,  et  foi 
çaient  les  habitants  à  les  suivre  dans  leurs  e^ 
péditions  contre  les  chrétiens.  Ce  fut  ainsi  qi; 
Serban  II  dut  marcher  contre  Vienne  à  la  suil 
de  Kara-Mustapha.  La  tranchée  fut  ouverte 
14  juillet  1683.  Les  Moldo-Valaques  chargés  c 
la  construction  et  de  la  garde  des    ponts  li 
laissèrent  détruire  deux  fois  (  15  juillet  et  6  août 
et  Serban  informait  les  assiégés  de  tout  ce  qui  : 
passait  au  camp.  Un  petit  bois  situé  près  daSchœ 
brun  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Mo 
davar  Holzel,  bois  Moldave.  Vienne  ayant  é 
délivrée  par  Sobieski  le  12  septembre,  le  d 
sastre  des  Turcs  excita  Serban  II  à  se  déclar 
indépendant.  Il  entretint  des  relations  avec  Tet 
pereur  d'Allemagne  et  les  czars  de  Russie  Je; 
et  Pierre,  et  forma  en  secret  une  armée  de  pr 
de  30,000  hommes.  Léopold  lui  donna  le  titre 
comte  de  l'Empire,  et  lui  fit  entrevoir  le  trô 
de  Constantinople  ;  mais  les  boyards,  décourag 
par  tant  d'insurrections  malheureuses,  refusère 
de  suivre  Serban  dans  cette  entreprise ,  et  li 
même  mourut  au  moment  d'exécuter  ses  proji 
(19  octobre  1688).  On  prétend  qu'il  fut  emp. 
sonné  par  son  frère  Constantin  et  par  son  nev 
Constantin  lîrancovaa  Bessaraba  (voy.  cenoBj 
qui  lui  succéda. 

CAWTAC5TZÈKE  {Démétrius),  frère  du  pré 
dent,  fut  deux  fois  vayvode  de  Moldavie.  Il 
fit  détester  de  ses  sujets,  sans  pouvoir  gagnai 
faveur  des  Turcs.  Forcé  de  se  réfugier  en  Pi 
gne  en  1679,  il  ne  fut  replacé  à  la  tête  d^ 
principauté  que  pour  être  bientôt  destitué  pai 
grand  vizir  Ibrahim-Pacha,  en  1685.  Il  fut  réi 
placé  par  Constantin  Cantemir. 

*  cANTACïizÈiVE  [Etienne  III),  fils  de  Ce 
tantin  Cantacuzène,  succéda  à  son  cousin  Co 
tantin  Brancovan  en  1714;  mais  les  Turcs; 
l'avaient  nommé  que  pour  renverser  plus  f^çi 
ment  Brancovan  :  aussitôt  qu'ils  se  furent  il 
barrasses  de  celui-ci ,  ils  songèrent  à  se  défsj 
d'Etienne,  qui  ne  put  prévenir  sa  chute  pan 
soumission  envers  le  divan,  et  qui  la  hâta 
ses  intrigues  avec  la  cour  de  Vienne.  Il  fut  i 
posé(janviei"  1716),  arrêté,  et  conduit  avec 
père  à  Consttuitinople,  où  ils  furent  exécuté 
7  juin  1716.  «  Avec  Cantacuzène,  dit  un  histor< 
moldave  contemporain,  mourut  le  dernier  pri 
indigène  ;  avec  lui  s'éteignit  la  dernière  étinc 
de  la  liberté  et  de  l'indépendance  valaque.  w  1 
successeur  Nicolas  Maurocordato  fut  le  pren 
prince  fanariote,  c'est-à-dire  pris  parmi  les 
milles  princières  des  Grecs  établis  dans  unqi 


turj 


r,(7  CANTACUZÈNE 

tier  <le  Constantinople  désigné  sous  le  nom  de 
fanar.  Léo  Joubert. 

Kojfatuitcha»,  Hist.  de  laFaluchie.—  CanieraXr,  Hist. 

(le  l'Empire  ottoman. 

cANTACUZÈNE  (Constantin).  Voy.  Bessa- 

li.VIîA. 

CANTA-GALLINA  {Rcmi),  graveur  italien, 
mort  à  Florence  vers  1 630.  Il  apprit  le  dessin  à 
l'école  des  Carrache,  mais  se  fit  peu  remarquer 
laus  la  peinture.  Il  exécuta  un  grand  nombre  de 
vues  et  principalement  des  décorations  de  fêtes, 

I  après  ses  propres  dessins  ou  ceux  du  Parigi.  11 
i  peignait  en  outre  très-bien,  et  dessinait  correcte- 

iient  à  la  plume.  Au  rapport  de  Gori,  Canta-Gal- 
iiia  fut  le  maître  du  célèbre  Callot. 
Xagler,  Neiies  JUgemeines  Kiiustler-Lexicon.  —  Gori, 
)Euvres. 

*  CAJitAi.vvo  (  Angelo  di  Costanzo).  Voy. 
!  JosT\Nzo  (Angelodi). 

CANTALVCICS  OU  CANTALICIO,  dit  ValeN- 

iMO  (Jean-Baptiste),  cardinal  et  poëte  ita- 
ieii,  né  à  Cantalice  (Abruzzes),  mort  en  1514, 
,  1  prit  son  nom  de  sa  ville  natale,  et  son  surnom 
e  celui  de  César  Borgia,  évêque  de  Valence, 
ont  Cantalycius  éleva  le  parent,  Louis  Borgia. 
'ar  la  protection  de  cette  puissante  famille,  Can- 
ilycius  obtint  en  1503  l'évéché  de  Penna  et 
Altri ,  et  assista  au  concile  général  de  Latran 
;i  1512.  On  a  de  ce  prélat  :  Epigrammata ; 
enlse,  1493,  in-4°  :  cet  ouvrage  contient  douze 
vres  d'épigrammes  et  deux  de  distiques  ;  à  la 

II  du  volume  on  trouve  quelques  pièces  des 
isciples  de  l'auteur;  —  De   Parthcnope  bis 

'  'ipta,  Gonsalvia  duce,  en  quatre  livres  ;  Na- 
les,  1506,  in-fol.,  et  Strasbourg,  1513,  in-4'';  — 
onones  grammatices  et  metrices;  Rome, 
509,  in-4''. 

la  Monnoye,  Remarques  sur  les  jugements  des  su- 
vth.  —  Toppi,  Bibl.  Napolet. 

\  CANTANius.  Voy.  Odon  DE  Kent. 
*CANTARINI  (  Ange),  chirurgien  italien,  vi- 
ait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
ècle.  On  a  de  lui  :  Chirurgia  prattica,  ac- 
^mimodata  al  uso  scolaresco;  Padoue,  1715, 
1-4°. 
Carrère.  Bibl.  de  la  Médecine. 

*  CANTARiNi  (  Fr.  ),  poëte  italien,  vivait  àla 
\'.i  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  :   la  Fida 

"m/a,  favola  pastorale  ;  Y enise,  1598,  in-8°. 

;  Catal.  Bibl.  Doiiay.  —Adelung,  supplément  à  Jôcher, 
'  H'jemeines  Gelehrten-Lexicon. 

'  *  cantarini  (Simone  ),  dit  Simone  da  Pe- 

>R0,  peintre  de  l'école  bolonaise,  né  à  Oropezza 

es  de  Pesaro  en  1612,  mort  à  Vérone  en  1648. 

lut  successivement  élève  de  Giacomo  Pandol- 

li  et  de  Claudio  Ridolfi;  mais  il  devint  sur- 

'  ut  habile  dessinateur  en  étudiant  les  estampes 

Augustin  Carrache,  et  coloriste  en  copiant  les 

eilleurs  ouvrages  du  Baroccio  et  des  maîtres 

'  l'école  vénitienne.  Il  avait  déjà  commencé  à 

j  oduire  en  public  quelques  ouvrages,  quand  on 

bporta  à  Pesaro ,  et  dans  la  ville  voisine  de 

}ano,  trois  excellents  tableaux  du  Guide.  Leur 


—  CANÏARINI 


518 


I 


vue  enflamma  Cantarini  d'une  vive  émulation, 
et  de  ce  jour  il  n'eut  plus  qu'un  but,  d'imiter  le 
style  du  Guide,  et  s'eflbrça  de  l'égaler.  Le  suc- 
cès couronna  son  audace,  et  bientôt  un  de  ses 
tableaux,  placé  auprès  d'un  saint  Thomas  du 
Guide,  ne  parat  pas  indigne  de  ce  grand  maître 
par  la  beauté  et  la  variété  des  tètes,  l'iiatjile 
distribution  de  la  lumière  et  des  ombres.  Non 
content  de  ce  premier  essai ,  Cantarini  partit 
pour  Bologne,  et,  dissimulant  le  talent  qu'il  avait 
déjà  acquis,  entra  dans  l'atelier  du  Guide  lui- 
même,  qui  ne  pouvait  assez  s'étonner  de  la  rapi- 
dité de  ses  progrès.  Malheureusement  pour  lui, 
Cantarini  n'avait  pas  un  caractère  à  se  plier 
longtemps  à  cet  état  de  dépendance  ;  il  commença 
à  se  permettre  de  critiquer  l'Albane,  le  Domi- 
niquin,  et  son  maître  lui-même.  Tant  de  pré- 
somption, jointe  à  la  négligence  qu'il  apportait  à 
l'exécution  des  travaux  qui  lui  étaient  confiés, 
lui  fit  perdre  la  faveur  du  public.  Il  fut  obligé  de 
quitter  Bologne,  et  se  rendit  à  Rome,  où  l'étude 
de  l'antique  et  des  chefs-d'œuvre  de  Raphaël 
changea  presque  entièrement  sa  manière.  Lors- 
qu'il se  vit  appelé  au  service  du  duc  de  Man- 
toue,  son  orgueil  naturel  ne  connut  plus  de  bor- 
nes; il  ne  cessait  de  se  louer  lui-même  outre 
mesure,  dépréciant  tous  les  autres  artistes,  et 
Jules  Romain  lui-même.  Ayant  eu  le  malheur 
de  manquer  un  portrait  du  duc  de  Mantoue,  et 
ayant  encouru  la  disgrâce  de  ce  prince  par  ses 
manières  désagréables  et  la  causticité  de  son  es- 
prit, il  se  retira  à  Vérone,  où  il  mourut  à  l'âge 
de  trente-six  ans.  On  soupçonna  quelqu'un  des 
nombreux  ennemis  qu'il  s'était  faits  de  lui  avoir 
versé  du  poison. 

Cantarini,  fut  sous  beaucoup  de  rapports,  un 
peintre  habile,  et  digne  d'entrer  en  parallèle 
avec  le  Guide.  Sans  avoir  autant  d'élévation  ni 
de  science,  il  eut  quelquefois  plus  de  grâce ,  mais 
un  peu  plus  recherchée  ;  il  excella  surtout  dans 
l'exécution  des  pieds  et  des  mains,  qu'il  étudiait 
sans  cesse  dans  les  ouvrages  de  Louis  Carrache. 
Il  imita  aussi  ce  maître  pour  les  draperies;  mais 
il  ne  parvint  jamais  à  égaler  en  ce  genre  ni  le 
Guide  ni  le  Tiarini.  Son  coloris  est  vrai,  mais 
toujours  un  peu  gris  ;  ce  qui  lui  avait  fait  donner 
par  l'Albane  le  surnom  de  peintre  cendré. 

On  cite,  parmi  ses  meilleurs  ouvrages,  \&  Saint 
Jacques  de  l'église  de  ce  saint ,  à  Rimini  ;  le 
Miracle  de  saint  Pierre,  à  Fano  ;  la  Madeleine, 
à  Saint-Philippe  de  Pesaro;  la  Transfiguration, 
du  musée  de  Milan;  et  le  Saint  Romuald  qui 
se  trouve  dans  cette  ville  au  palais  Paolucci.  On 
voit  de  ce  maître,  à  la  Pinacothèque  de  Munich, 
le  Christ  apparaissant  à  la  Madeleine,  Vin- 
crédulité  de  saint  Thomas,  et  une  Sainte  Cé- 
cile; au  musée  de  Dresde,  la  Chasteté  de  Jo- 
seph; au  Louvre,  trois  Saintes  Familles;  enfin 
au  musée  de  Nantes,  un  Fcce  homo. 

Cantarini  a  gravé  aussi  un  assez  grand  nom- 
bre d'eaux-fortes ,  parmi  lesquelles  :  Adam  et. 
Eve  mangeant  le  fruit  défendu;  —  deux  Re 

17. 


519  CANTARINI 

pos  en  Egypte;  — ànq  Saintes  Familles;  — 
Saint  Jean  dans  le  désert;  ~  l' Enlèvement 
d'Europe;  Mercure  et  Argus; —  Vénus  et  Ado- 
nis; —  la  Fortune,  etc.  E.  Breton. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Orlandi,  Abbecedario.  — 
Ticozzi,  Dizionario.  —  Baldinucci,  Notizie.—  Winckel- 
mam,  JVeues  31a/iler-LexiKon.—yii\ot,  Musée  du  Louvre. 

*  CANTE     DEL      GABRIELLI     D'AGOBBIO  , 

podestat  de  Florence,  vivait  en  1302.  Il  était  chef 
de  condottieri  en  Roraagne,  et  vint  en  1301  se 
joindre  à  Charles  de  Valois.  Il  aida  à  faire  triom- 
pher dans  Florence  le  parti  guelfe,  dit  des  Noirs. 
et  pendant  six  jours  prit  une  part  active  an  mas- 
sacre des  Blancs,  ainsi  qu'au  pillage  et  à  l'incen- 
die de  leurs  palais.  Un  tiers  de  la  ville  fut  brûlé 
dans  cette  sédition,  à  laquelle  Charles  assista 
de  sang-froid.  Après  le  rétablissement  de  l'ordre, 
Cante  d'Agobbio  fut  noimné  podestat  le  1 1  no- 
vembre 1301.  «  Ce  nouveau  juge  fut  encouragé 
à  la  cruauté  non-seulement  par  la  violence  du 
parti  de  qui  il  tenait  sa  charge,  mais  plus  en- 
core par  l'avarice  de  Charles  de  Valois,  qui  par- 
tageait avec  lui  le  produit  des  amendes.  Pen- 
dant cinq  mois  que  Charles  passa  à  Florence, 
Cante  condamna  six  cents  citoyens  à  l'exil; 
il  les  soumit  en  même  temps  à  des  amendes 
de  six  et  huit  mille  florins,  avec  menace  de 
couliscation  des  biens  s'ils  ne  payaient  pas.  Plu- 
sieurs héritières  furent  enlevées  des  mains  de 
leur  famille ,  et  mariées  par  force.  Dante  Ali- 
ghieri„  et  Petraccio,  père  du  poète  Pétrarque, 
furent  compris  dans  cette  proscription.  »  (Sis- 
mondi.)  En  1306,  Cante  d'Agobbio  fut  nommé 
capitaine  des  Florentins  noirs  faisant  le  siège  de 
Pistoie,  et  se  souilla  encore  par  les  atrocités  qu'il 
laissa  exercer  sur  les  assiégés  après  et  malgré 
leur  capitulation.  En  1313,  les  Florentins  ayant 
donné  à  Robert,  roi  de  Naples ,  la  seigneurie  de 
leur  ville,  Cante  fut  déchu  de  sa  charge. 

Sismondi,  Histoire  des  Républiques  iialennes. 

CANTECLAIR  (  Charles  ).  Voy.  Menandre- 
Protector. 

CANTEL  (  Pierre-Josepk  ),  jésuite  fran- 
çais, né  aux  Ils  (Normandie)  le  16  novembre 
1645 ,  mort  à  Paris  le  6  décembre  1684.  Il  a 
écrit  un  abrégé  des  Antiquités  romaines, 
sous  ce  titre  :  De  romana  Republica,  sive  de 
Re  milit.  et  civil,  roman.  ;  Paris,  1684,  in-12. 
On  lui  doit  \q  Justin .  Paris,  1677,  et  le  Va- 
lère-Maxime,  ibid.,  1679,  de  la  collection  des 
classiques  ad  usum  Belphini.  11  avait  com- 
mencé un  grand  ouvrage  sur  l'Histoire  civile 
et  ecclésiastique  des  villes  métropolitaines 
(  en  latin),  dont  il  parut  un  premier  volume  en 
1684,  in-4°,  et  que  sa  mort  prématurée  l'empê- 
cha de  continuer. 

Guilbert,  Mémoires  biographiques  de  la  Seine-Infé- 
rieure. —  Lenglct ,  Méthode  pour  étudier  l'histoire, 
III,  174.—  Des  Essarts,  Siècles  litt. 

*  CANTELEC  (dom  Nicolas) ,  liagiographe 
français,  de  l'ordre  des  Bénédictins,  né  à  Saint- 
Valery-sur-Sommc  (Picardie),  mort  le  29  juin 
1662,  dans  l'abbaye  deSaint-Germaiu-des-Prés  à 


^  GANTEMIR  520 

Paris.  Étant  entré  dans  l'ordre  des  Bénédictins  à 
Vendôme  en  1649,  il  fut  envoyé  plus  tard  à  l'ab- 
baye de  Saint-Germain-des-Prés,  où  il  devint 
sacristain.  Il  s'y  distingua  par  sa  piété,  et  mou- 
rut après  avoir  indiqué  d'avance  la  semaine  de 
sa  mort.  On  a  de  lui  :  Insinuationes  divinx 
pietatis,  seu  vita  et  revelationes  S.  Gertrudis, 
vïrginis  et  abbatissse  ord.  S.-Bened.;  Paris, 
1662,  in-S"  (ouvrage  posthume). 

lîouillart,  Hist.  de  l'Abbaye  4^  Saini'G frmain-dcs- 
Prés,  p.  238. 

CANTELLi  (Jacques  ),  géographe  italien,  mort 
en  1695.  En  1663,  il  alla  faire  ses  études  à  Bo- 
logne, et  y  demeura  jusqu'en  1669,  époque  à  la- 
quelle François  II,  duc  de  Modène,  le  nomma 
son  bibliothécaire.  Cantelli  construisit  pour  ce 
prince  deux  magnifiques  globes  qui  sont  encore 
admirés  dans  la  bibliothèque  ducale  ,  et  dressait 
une  carte  particulière  des  États  de  Modène 
lorsque  la  mort  vint  le  frapper.  On  doit  à  ce  sa- 
vant la  publication  de  trois  dialogues  latins  de 
l'abbé  Bacchini ,  enrichis  d'une ^^re/ace;  Modène. 
1692,  et  Parme,  1740,  in-12. 

Lelong,5i6L  hist.  de/a/ï'rance(éd.Fonteltc),  letiv. 

*  c&NTELLOPS  {José),  peintre  espagnol,  ne 
à  Palma  (  Majorque  ),  mort  en  1785.  Il  était  mem- 
bre de  l'Académie  de  dom  Fernand,  et  a  laissé 
dans  sa  patrie  un  grand  nombre  de  tableaux  assez 
estimés. 

Quilliet,  Dictionnaire  des  Peintres  espagnols. 

*  CAKTEL9II,  maison  illustre  du  royaume  <!( 
Naples.  Charles  II,  roi  d'Angleterre,  reconnul 
en  1683,  par  acte  solennel,  que  cette  maison  des 
cendait  des  rois  d'Ecosse,  et  avouait  pour  ses  pa 
rents  ceux  qui  en  portaient  le  nom.  Voici  com 
ment  s'explique  cette  origine  : 

Éverard,  surnommé  Cantdm  ou  Kanclam  (i 
cause  de  son  esprit),  dernier  lils  de  Duncan  F"' 
roi  d'Ecosse ,  fut  obligé,  après  la  mort  de  son  père 
assassiné  en  1040  par  Macbeth,  de  se  retirer  er 
Angleterre  auprès  du  roi  saint  Edouard,  et  de  1; 
s'établit  en  Normandie,  où  il  avait  des  parents.  Soi 
fils,  Alphonse  d'Ecosse,  devint  seigneur  de  Lui 
et  de  Trilli  ;  et  son  petit-fils  Rostaing,  possesseu  ' 
de  grands  biens  en  Provence,  prit  le  surnom  di 
Cantebn  (en italien  Cantelmi).Les  enfants  d< 
Rostaing  suivirent  Charles,  duc  d'Anjou ,  lors  di 
la  conquête  de  Naples  en  1265,  et  eurent  en  fie 
la  terre  de  Popoli  ;  Jacques  F''  en  fut  le  premie 
seigneur. 

Rostaing  F"",  seigneur  de  Popoli ,  mort  en  1310 
succéda  à  son  père.  Il  se  signala  contre  les  Sar 
rasins,  fut  nommé  sénateur  romain,  capitaine  de 
Naples,  et  régent  de  la  cour  vicariale. 

Lellis ,  Famiglie  di  Napoli. 

CANTEMiR  {Constantin),  yaiyxoA&  de  Mol- 
davie vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  mort  li 
23  mars  1693.  Il  appartenait  à  une  famille  lartar 
d'origine,  etqui  parait  remonter  jusqu'à  Temoui 
ienk  (Tamerlan)  ;  du  moins  c'est  ce  que  préten< 
If^  prince  Démétiius  CaïUerair  (dans  son  His 
taire  de  l'empire  ottoman),  mais  sans  appor 


521 


CANTEMIR 


522 


ter  d'autre  preuve  à  l'appui  de  cette  généalogie 
que  la  ressemblance  des  noms  Khan-Temour  et 
Temour.  Selon  lui,  un  des  descendants  du  con- 
quérant tartare  parvint  à  se  soustraire  à  l'auto- 
rité des  Tartares  et  des  Turcs,  et  fonda  à  Bender 
une  principauté  qui  n'eut  qu'une  courte  durée  ; 
car  il  fut  mis  à  mort  par  les  Turcs,  et  sa  famille 
dispersée.  Un  des  membres  de  cette  famille  se 
réfugia  vers  1540  en  Moldavie,  où  il  embrassa 
la  religion  chrétienne.  C'est  de  lui  que  descendait 
Constantin,  qui,  après  la  mort  de  son  père  Théo- 
dore, tué  par  des  Tartares,  passa  en  Pologne,  où 
il  servit  pendant  dix-sept  ans  dans  les  armées  des 
roisLadislas  et  Casimir:  ce  dernier  le  fit  colonel. 
Puis  il  entra  successivement  au  service  de  George 
Ghica,  vayvode  de  Valachie,  etde  Dabiza,  vay  vode 
de  Moldavie,  et  fut  nommé  commandant  des 
forces  de  cette  principauté.  En  cette  qualité,  il 
rendit  des  services  signalés  aux  Turcs  dans  leur 
lutte  contre  les  Polonais.  IJ  futfait  vayvode  de  Mol- 
davie en  1684.  Les  Turcs  étaient  alors  en  guerre 
avec  les  Polonais,  commandés  par  Sobieski. 
Constantin  Cantemir,  placé  entre  ses  affections 
de  chrétien  et  ses  devoirs  de  vassal,  se  tira  avec 
habileté  de  cette  position  dangereuse.  Pressé  par 
Sobieski,  qui  envahit  la  Moldavie  en  1685  et  1686, 
de  se  déclarer  pour  lui ,  il  s'y  refusa  ;  mais  quand 
ce  prince  fut  forcé  à  la  retraite ,  il  le  secouiut en 
secret ,  et  empêcha  les  Turcs  de  l'accabler.  Cette 
I  politique  habile,  que  Constantin  renouvela  plu- 
sieurs fois  sans  que  le  divan  pût  l'accuser  ou 
même  le  soupçonner  de  trahison,  lui  valut  l'hon- 
.  neur  peu  commun  dans  ce  pays  de  mourir  sur 
le  trône.  Près  de  sa  fin ,  il  exprima  le  vœu  que 
son  fils  Démétrius  fût  élu  vayvode  à  sa  place  ;  et 
les  boyards  moldaves  se  hâtèrent  de  satisfaire  ce 
désir  du  mourant. 

CANTEMIR  (  Démétrius),  vayvode  de  Molda- 
vie ,  ne  le  26  octobre  1673,  mort  le  23  août  1723. 
Son  père  l'envoya  en  otage  à  Constantinople  en 
!l687,  à  la  place  de  son  frère  Antiochus.  11  pro- 
fita de  son  séjour  à  Constantinople  pour  apprendre 
i très-bien  le  turc,  le  persan,  l'arabe,  en  même 
^temps  qu'il  sut  habilement  résister  aux  intrigues 
3c  Constantin  Brancovan  Bessaraba  {votj.  ce 
lom),  ennemi  déclaré  de  sa  famille.   Une  fois 
rnènie  il  fut  sérieusement  menacé;  mais  il  se  ré- 
'ugia  à  l'hôtel  du  comte  de  Ferriol,  ambassadeur 
|lu  roi  de  France,  et  ne  tarda  pas  à  rentrer  en 
hrâce  auprès  du  divan.  En  1691,  son  père  le  rap- 
pela; et  deux  ans  plus  tard,  à  son  lit  de  mort,  il 
-ibtintdes  boyards  qu'ils  l'élussent  pour  vayvode. 
;Vlais  la  Porte,  très-opposée  à  la  transmission  hé- 
!  éditaire  du  pouvoir  en  Moldavie,  ne  confirma  pas 
l'élection,  et  Démétrius  retourna  encore  à  Cons- 
{antinople.  Il  y  étendit  son  instruction,  déjà  fort 
aste ,  ajouta  à  la  connaissance  des  langues  orien- 
ales  celle  de  la  plupart  des  langues  européennes, 
i ,  par  ses  recherches  sur  les  annales  des  Otto- 
mans ,  se  prépara  à  écrire  l'histoire  de  ce  peuple. 
I  suivit  les  Turcs  dans  plusieurs  de  leurs  expé- 
itions,  et  assista  aux  désastreuses  campagnes 


de  Hongrie,  qui ,  dans  les  dernières  années  du 
dix-septième  siècle,  amenèrent  la  décadence  de 
l'empire  ottoman.  Son  savoir  et  l'attachement 
(ju'il  montrait  pour  la  cause  des  Turcs  lui  valu- 
rent l'amitié  du  divan,  qui  lui  offrit  plusieurs  fois 
le  trône  de  Moldavie;  mais  il  visait  plus  haut,  et 
ne  voulait  pas  moins  que  renverser  Constantin 
Brancovan ,  et  réunir  sur  sa  tête  les  deux  prin- 
cipautés :  en  attendant  il  fit  donner  celle  de  Mol- 
davie à  son  frère  Antiochus  (1695-1701).  En  1700 
il  épousa  Cassandra,  fille  de  Serban  II  Canta- 
cuzène.  C'était  un  acheminement  à  ses  projets 
ambitieux;  car  Serban  II  avait  laisse  un  nom 
cher  aux  Valaques.  La  dernière  année  du  règne' 
d'Antiochus  Cantemir  fut  marquée  par  un  évé- 
nement insignifiant  en  lui-même,  mais  mena- 
çant pour  l'avenir  de  l'empire  turc.  Yoici  com- 
ment le  raconte  un  chroniqueur  moldave  :  «  En 
1701,  dans  la  dernière  année  du  règne  d'Antio- 
chus Cantemir  en  Moldavie,  un  envoyé  de  Russie 
vint  d'Azoff  à  Constantinople  sur  une  galère  por- 
tant le  pavillon  russe.  Les  Turcs  virent  avec  in- 
quiétude les  Russes  construire  des  vaisseaux,  et 
ouvrir  par  mer  de  nouvelles  communications. 
Toute  la  population  de  la  capitale  s'était  réunie 
pour  admirer  ce  bâtiment ,  car  personne  n'avait 
jamais  pensé  voir  un  vaisseau  russe  dans  le  port 
de  Constantinople.  Les  Turcs  avaient  bien  entendu 
dire  que  les  Mouscals  (Moscovites)  avaient  com- 
mencé à  se  civiliser  et  à  construire  des  vais- 
seaux; mais  ce  n'est  qu'alors  qu'ils  purent  se 
convaincre  par  leurs  propres  yeux  de  toute  la 
vérité  de  la  chose.  Constantinople  était  cons- 
terné. »  Les  Russes,  menés  violemment  à  la  ci- 
vilisation par  un  homme  de  génie,  devaient  faire 
des  progrès  rapides;  et  Pierre  le  Grand,  après 
la  bataille  de  Pultawa ,  se  crut  assez  fort  pour 
chasser  les  Ottomans  d'Europe.  Sûr  de  l'alliance 
des  Polonais  ,  et  comptant  sur  la  défection  de 
Constantin  Brancovan ,  il  ne  s'attendait  pas  à  de 
grands  obstacles;  et  il  promettait  aux  dames 
polonaises,  en  1710,  de  leur  donner,  l'année  sui- 
vante, un  bal  dans  le  sérail.  Le  divan,  averti 
des  relations  de  Brancovan  avec  le  tzar,  renj- 
plaça  Nicolas  Maurocordato,  récemment  nommé 
vayvode  de  Moldavie,  par  Démétiius  Cantemir, 
qui  lui  parut  plus  énergique  (  novembre  1710) ,  et 
chargea  ce  dernier  d'arrêter  Brancovan  et  de  le 
livrer  aux  Turcs,  en  lui  promettant  les  deux 
principautés.  Démétrius  partit  de  Constanti- 
nople ,  tout  dévoué  aux  Turcs  du  moins  en  ap- 
parence ;  mais,  à  peine  arrivé  en  Moldavie,  il  son- 
gea à  se  séparer  d'une  cause  qu'il  regardait  sans 
doute  comme  perdue.  Les  premiers  revers  des 
Turcs,  l'entrée  du  premier  corps  d'armée  russe 
en  Moldavie,  le  décidèrent  ;  et  il  conclut  avec  le 
tzar,  à  Jaroslavsr,  le  13  avril  1711,  un  traité  par 
lequel  la  Moldavie  était  constituée  en  principauté 
indépendante,  sous  la  protection  de  la  Russie,  et 
sous  le  gouvernement  héréditaire  de  Cantemir 
et  de  ses  descendants.  Dans  le  cas  où  l'entreprise 
ne  réussirait  pas ,  il  devait  recevoir  de  riches  dé- 


523 


CAN 


domraagements  en  Russie.  Le  prince,  à  ces  con- 
ditions, s'engageait  à  fournir  des  vivres  et  10,000 
hommes  de  troupes  à  l'année  russe.  Cette  expé- 
dition ne  fut  pas  iieureuse.  La  duplicité  de  Bran- 
covan,  qui  abandonna  les  Russes  au  moment  dé- 
cisif; les  retards  et  les  irrésolutions  du  tzar,  qui 
n'arrivaà  Jassi  que  le  11  juin  1711,  et  ne  montra 
dans  cette  campagne  ni  le  talent  d'un  général 
ni  l'énergie  d'un  soldat  ;  la  faute  du  général  Janus, 
qui  laissa  les  Turcs  passer  le  Prutli  à  Falci  ;  enfin 
les  manœuvres  habiles  du  grand  vizir  Mehemed- 
Baltaji-Paclia,  guidé  par  des  officiers  suédois, 
forcèrent  l'armée  russe  au  traité  désastreux  ou 
plutôt  à  la  capitulation  de  Hussi.  Quoique  con- 
traint d'abandonner  plusieurs  provinces,  le  tzar 
se  refusa  noblement  à  livrer  Cantemir;  et  il  par- 
vint à  le  faire  évader,  en  le  cachant  dans  la  voi- 
ture de  la  tzarine.  Déniétrius  se  retira  d'abord  à 
Charcow  en  Ukrahie,  avec  toute  sa  famille  et  une 
foule  de  Moldaves ,  dans  les  riches  domaines  que 
lui  assigna  le  tzar.  Ce  prince  lui  donna  en  même 
temps  le  titre  d'altesse  sérénissime,  et  le  droit 
de  vie  et  de  mort  sur  les  Moldaves  qui  l'avaient 
suivi.  Démétrius  Cantemir,  très  en  faveur  auprès 
de  Pierre  le  Grand ,  passa  le  reste  de  sa  vie  entre 
l'étude  et  les  devoirs  de  sa  haute  position.  Cette 
vie  studieuse  ne  fut  troublée  que  par  son  second 
jnariage  avec  la  princesse  Troubeskoy,  et  par 
l'expédition  de  Derbent,  dans  laquelle  il  suivit  le 
tzar.  Les  fatigues  de  cette  longue  campagne  (1721, 
1722  ),  développèrent  chez  lui  une  maladie  (  dia- 
bète) qui  l'emporta  au  mois  d'aoïlt  1723,  au  mo- 
ment où  il  venait  d'être  nommé  prince  du  saint- 
empire.  Bien  que  le  prince  Démétrius  Cantemir 
ait  joué  un  assez  grand  rôle  politique,  il  est  sur- 
tout connu  par  ses  ouvrages  littéraires.  11  parlait 
le  turc,  le  persan,  l'arabe,  le  grec  moderne,  le 
latin,  l'italien,  le  russe,  le  moldave,  et  compre- 
nait fort  bien  le  grec  ancien,  l'esclavon  et  le 
français.  Il  était  membre  de  l'Académie  de  Berlin. 
II  a  laissé  les  ouvrages  suivants  : 

Bîstolre  de  V agrandissement  et  de  la  déca- 
dence de  l'empire  Othoman,  en  latin,  traduit  en 
anglais  par  Tindal,  1734,  en  français  par  Jonc- 
quières,  1743,  4  vol.  in- 12  ou  2  in-4'',  et  en  al- 
lemand par  Schmidt;  Hambourg,  1745,  in-4'';  — 
Système  de  la  reli'jion  mahométane ,  en  russe, 
manuscrit;  —  Histoire  ancienne  et  moderne 
de  la  Dacie,  en  moldave,  manuscrit:  le  même 
ouvrage  en  latin  se  perdit  dans  un  naufrage  sur 
la  mer  Caspienne,  pendant  l'expédition  de  Der- 
bent; —  État  présent  de  la  Moldavie,  en  latin, 
imprimé  en  Hollande,  avec  une  carte  du  pays, 
traduit  en  allemand  par  J.-L.  Redslab,  et  inséré 
dans  le  Mâg-asin  d'histoire  moderne  et  de  géo- 
graphiede  Bûsching;  —  Histoire  des  deux  mai- 
sons de  Brancovan  et  de  Cantacuzène,  en  mol- 
dave, traduite  depuis  en  russe,  allemand,  grec. 
Le  prince  Démétrius  avait  encore  composé  une 
Histoire  des  Mahométans,  depuis  le  faux  pro- 
phète Mahomet  jusqu^au  premier  empereur 
turc,  perdue  dans  le  naufrage  dont  nous  avons 


TEMIR  524 

parlé  plus  haut;  et  une  Notice  sur  les  portes 
Caspiennes  et  autres  antiquités  du  Caucase, 
que  Bayer  mit  à  profit  dans  sa  dissertation  De 
muro  Caucaseo ,  inséré,  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  de  Saint-Pétersbourg. 

CANTEMIR    (ylH^ioc/îMs),  homme  d'État  et 
poète  russe,  né  à  Constantinople  en  1709,  mort 
à  Paris  en  1744.  Il  était  le  quatrième  fils  de  Dé- 
métrius Cantemir  et  de  Cassandra  Cantacuzène. 
Son  père  lui  fit  donner  une  éducation  soignée, 
et,  charmé  de  ses  progrès,  le  désigna  au  tzar 
comme  celui  de  ses  enfants  qui  était  le  plus  propre 
à  le  remplacer  auprès  de  ce  prince.  Le  jeune  An- 
tiochus  se  montra  digne  de  la  prédilection  de  son 
père  :  presque  encore  enfant ,  il  fut  nommé  mem- 
bre de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg  et  lieu- 
tenant des  gardes.  Avant  l'âge  de  vingt  ans,  il 
publia  une  première  satire,  bientôt  suivie  de  trois 
autres.  Ces  ouvrages,  imités  d'Horace  et  de  Boi- 
leau,  sont  plus  remarquables  par  le  grand  sens 
de  l'auteur  que  par  la  gaieté  ;  mais  ils  servirent 
la  cause  de  la  civilisation  en  livrant  au  ridicule 
les  ennemis  des  réformes  de  Pierre  le  Grand,  et 
créèrent  la  versification  et  la  poésie  russe.  Avec  , 
les  talents  d'un  littérateur  de  premier  ordre ,  An- 
tiochiis  montra  ceux  d'un  homme  d'État.  Lors- 
qu'à l'avènement  d'Anne  de  Courlande  (1730) 
les  Dolgorouki  lui  arrachèrent  l'abandon  d'une 
partie  de  son  autorité  en  faveur  de  l'aristocratie, 
Cantemir  sut  décider  la  nouvelle  tzarine  à  revenir  ' 
sur  ses  concessions  et  à  garder  le  pouvoir  absolu,  ^ 
non  qu'il  regardât  ce  gouvernement  comme  le 
meilleur  ;  ses  préférences,  au  contraire,  étaieni 
pour  le  gouvernement  anglais  ;  mais  il  croyait  l'au- 
tocratie plus  convenable  à  l'état  de  la  Russie.  Ce 
service  éclatant  fut  récompensé  par  de  magnifi- 
ques donations,  parla  place  de  ministre  en  Angle- 
terre (1730),   et  plus  tard  d'ambassadeur  er 
France,  où  sa  santé  l'appela  en  1736  et  où  sesgoùti 
le  fixèrent.  Sans  négliger  ses  devoirs  politiques,  i 
contjjiua  à  cultiver  les  lettres  avec  ardeur,  et  si 
lia  avec  les  hommes  les  plus  distingués  de  Franci 
et  d'Angleterre.  La  mort  delà  tzarine  Anne  (1740) 
la  révolution  qui  renversa  Bicen,  celle  qui  mi 
Elisabeth  sur  le  trône  en  1741;  la  mort  mêm' 
du  grand  chancelier  prince  Tzerkaskoy,  qui  lu 
destinait  sa  fille,  ne  nuisirent  point  à  son  crédit 
mais ,  dégoûté  de  la  politique  et  de  plus  en  plu 
porté  à  l'étude,  il  songeait  à  échanger  sa  plac 
d'ambassadeur  contre  la  présidence  de  l'Acadt 
mie  de   Saint-Pétersbourg,  lorsqu'il  mourut 
Paris  d'une  hydropisie  de  poitrine.  Pendant  s 
maladie  il  avait  traduit  en  russe  le  Manuel  d'à 
pictète  et  le  Tableau  de  Cébès.  Outre  cet  oi 
vrage  et  ses  satires,  au  nombre  de  huit  (  traduitt 
en  français  par  l'abbé  Guasco;  Londres,  1750 
on  doit  au  prince  Antiochus  Cantemir  des  tn 
ductions  en  russe  de  l'Histoire  de  Justin,  de 
Épîtres  d'Horace,  des  Odes  d'Anacréon,  d( 
Lettres  persanes,  des  Dialogues  d'Algarol 
sur  la  Lumière.  Léo  Joubekt. 

Démétrius  Cantemir,  Histoire  de  l'empire  Ottoman. 


3S5 


ioKatnItchan,  Chroniques  moldaves.  —  Gnasco,  Notice 
iir  le  prince  Antiochus  Cantemir,  en  tCte  de  sa  traduc- 
mil  (les  satires. 

CANTENAC  {N.  de),  poëtc  du  dix-scptième 
,\k-\c,  est  auteur  d'un  recueil  de  Poésies  nou- 
'clles  et  Œuvres  galantes,  imprimé  à  Paris 
Il  IC61  et  1665,  in-12.  On  trouve,  dansqnelques 
xcinplaires  de  la  première  édition  de  ce  livre, 
Il  petit  poëme  de  quarante  stances,  intitulé 
Occasion  perclne  et  retrouvée,  attribué  à  tort 

Pierre  Corneille,  et  qui,  supprimé  (par  or- 
ir)  dans  l'édition  de  16G5,  a   été  inséré  dans 

autres  recueils  du  temps.  Cette  pièce  de  mau- 
lis  soût  est  cependant  la  meilleure  du  recueil 
il  sieur  de  Cantenac. 

Le  Bas,  Dict.  enci/clop.  de  la  France.  —  Freifag, 
piwrtitus  litterarius.  —  INiciTon,  Mémoires.  —  Mé- 
nires  de  Trévoux. 

*  CANTER  (André),  savant  hollandais,  vivait 
rs  1440. 11  est  cité  au  nombre  des  enfants  cé- 
lires  par  leur  précocité.  A  dix  ans,  il  avait  déjà 
'  telles  connaissances  en  théologie  et  en  juris- 
udence,  qu'il  répondait  sur-le-champ  à  toutes 
s  questions  qu'on  lui  adressait  sur  le  droit  civil 
canonique.  L'empereur  Frédéric  JIl,  par  une 
ttre  autographe,  le  fit  venir  à  sa  cour,  et  lui 
signa  un  rang  honorable. 

îaillet.  Enfants  célèbres,  p.  60.  —  La  Monnoye,  Adores 
r  Baillet.  —  Paul  Scalichiiis,  Epitimon  catholiciis.  — 
Klefeker,  Bibliotkeca  Eruditorum  prascocium. 

CAîVTER(tam6er;), jurisconsulte  hollandais, 
à  Groningue  en  1513,  mort  dans  la  même 
Ile  le  27  juin  1553.  Il  fut  reçu  docteur  en  droit 
Jrléans,  etdevint  conseillera  lacour d'Utrecht. 
science  le  faisait  considérer  comme  une  des 
Qiières  du  barreau  de  son  siècle, 
î.  Rurmann,  Trajectum  eniditum.  —  Guillaume  Can- 
,  f'ita  Lamberti  Canteri,  dans  lesNovse  Lectioiies. 

f.ANTER  ,  en  latin  Canterus  (Guillaume), 
vant  hollandais,  fils  de  Lambert  Ganter,  né  à 
rechtle  24  juillet  1542,  mort  à  Louvain  le  18 
1675.  Sa  famille  confia  sa  première  éduca- 
m  à  George  Langeveldt,  puis  à  Cornélius  Va- 
lus ;  il  vint  ensuite  apprendre  le  grec  à  Paris 
Iprès  de  Jean  Dorât,  et,  au  bout  de  deux  années, 
larcourut  l'Allemagne  et  l'Italie.  De  retour 
sa  patrie,  il  se  consacra  tout  à  la  science, 
mourut  à  la  fleur  de  l'âge  ,  après  avoir  refusé 
feiucoup  d'emplois  honorables  et  plusieurs  ma- 
nges avantageux.  Juste-Lipse  dit  de  lui  :  «  Je 
I  n'ai  jamais  vu  un  esprit  si  infatigable,  si  amou- 
;  reux  des  travaux  littéraires,  si  propre  à  les 
i supporter.  Il  est  au  milieu  des  livres  et  des 
I  oapiers  le  jour,  la  nuit ,  sans  cesse  ;   il  n'en 
loouge  pas.  Tous  les  jours  de  la  vie  sont  con- 
[sacrés  à  ses  études    savantes;  que   dis-je? 
j toutes  les  heures  :  il  les  partage,  la  clepsydre 
iîOÙs  les  yeux  ;  et  chacune  est  consacrée  à  telle 
3u  telle  lecture,  à  telle  ou  telle  composition.  « 
1  a  de  Ganter  :  Novas  lectlones,  en  quatre  li- 
es, contenant  des  fragments  de  divers  auteurs 
ins  avec  explications  et  corrections,   Bâle, 
r4,  in-8°;  augmentées  de  deux  livres,  Bâle, 
66,  in-8° ;  enfin  portées  à  huit  livies ,  Anvers, 


CANTÈMIR  —  CANTERÈL  626 

1571,  in-8";  réimprimées  par  Jean  Gruter  dans 


^owThesaurus  criticus,  Francfort,  1604,  in-S"; 
—  une  traduction  du  grec  en  lalin  de  la  Cassandre 
de  Lycophron,  Bâle,  1500,  in-4";  réimprimée 
dans  le  Corpus  poetar um ,Gené\'ii,  1614,  in-f"  ; 
— Fragmenta quxdamethica  Pylhagoreorum 
quorunidam  ex  Stobeo  desumpta ,  avec  les 
Morales  d'Aristote,  traduits  du  grec  en  latin; 
Bâle,  1 506, in-4° ;  —  Arislidis  oraliones,  avec  la 
traduction  de  divers  autres  discours  des  anciens; 
Bâle,  1506,  in-fol.  ;  —  Pepli  Frag inentiim  ; 
Bâle,  1566,  in-4°  ,  et  Anvers,  1571,  in-8"  :  cet 
ouvrage  contient  les  épitaphes  présumées  d'Aris- 
tote sur  les  héros  d'Homère,  avec  des  remar- 
ques; —  traduction  de  plusieurs  Discours  de 
Synesius  du  grec  en  latin;  Bâle,  1507,  in-S»;  — 
Notes  et  corrections  latines  sur  les  Épllres 
familières  de  Cicéron ;  Anvers,  1568,  in-8";  — 
Scholies sur  Properce;  Anvers,  1569,  in-8'';  — 
Progenies  illustrium  virorum  ex  commenla- 
riis  gnecorum  ;  Anvers,  1571,  in-8°;  —  Syn- 
taijma  de  Ralioneemendandi  grxcos  auclores, 
joints  à  la  3'^  édition  des  Novas  lectiones  ;  An- 
vers, 1571,  in-8°;—  Euripide,  avec  un  choix 
de  ses  Maximes  ;  Anvers,  1571,in-12;  —  So- 
phocle, grec  et  latin;  Anvers,  1579,  et  Leyde, 
1593,  in-8°;  —  Eschyle,  avec  des  notes  très-sa- 
vantes; Anvers,  1580,  in-8°;  —  Orationes  funè- 
bres in  obitus  aliquot  animalium,  imprimées 
avec  les  Poésies  de  Jean  Douza;  Leyde,  1590, 
in-8°.  Outre  ces  ouvrages,  Ganter  en  a  laissé 
plusieurs  autres,  dont  la  nomenclature  se  trouve 
dans  le  Trajectum  eruditum  de  Gaspard  Bur- 
mann. 

p.  Suffride,  De  Scriptoribus  Frisiin.  —  Melchior 
Adam,  f'itse  Pkilosop/iorum  germanorum.  —  Valfirir.s 
André,  Bibliotlieca  Belyica.  —  F.  Sweert,  Athenœ  Bel- 
gicœ.  —  De  Tliou ,  Éloges.  —  Teissier,  Additions  aux 
Èloues.  —  Nicéron,  mémoires,  XXXIV,  354. —  Burmann, 
Trajectum  eruditum. 

CANTER  ou  CANTERUS  (Théodore),  ma- 
gistrat et  savant  hollandais,  deuxième  fils  de 
Lambert  et  frère  de  Guillaume,  né  à  Utrecht  en 
1545,  mort  à  Leuwarden  ea  1617.  Il  fit  ses  pre- 
mières études  dans  sa  patrie,  vint  ensuite  à  Pa- 
ris suivre  les  leçons  de  Denis  Lambin  ,  qui  ex- 
pliquait alors  Aristote.  De  retour  dans  sa  ville 
natale,  il  y  fut  nommé  juge  en  1575,  consul 
en  1588,  et  gouverneur  en  1594.  Exilé  en  1610 
à  cause  de  son  attachement  à  la  maison  d'Au- 
triche, il  se  retira  à  Anvers,  puis  à  Leuwarden, 
où  il  se  livi-a  jusqu'à  sa  mort  à  l'étude  des 
auteurs  grecs.  On  a  de  Théodore  Ganter  : 
Varias  lectiones;  Anvers,  1574,  réimprimées 
par  Jean  Gruter  dans  son  Thésaurus  criti- 
cus; Francfort,  1604,  in-8°;  —  Notes  sur  l'ou- 
vrage d'Arnobe  contre  les  Gentils;  Anvers, 
1582.  —  II  a  laissé  aussi  plusieurs  manuscrits, 
dont  la  liste  se  trouve  dans  le  Trajectum  eru- 
ditum de  Gaspard  Bui'mann. 

Scalit-'cr,  Scaligeriana.  —  Pierre  Burmann,  Trajec- 
tum eruditum, 

CANTEREL  (  Robert  ),  poète  français,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 


527 


On  a  de  lui  :  l'Esculape  finançais,  hymne  ; 
Paris,  1614,  in-8°;  —  les  Cinq  pieux  Élance- 
menis  de  saint  Bernard  sur  la  mort  et  pas- 
sion de  J.-C,  stances;  Paris,  1619,  in-8°. 

Adelung,  Suppl.  àPôchcsr  ^llgem.  Gelehrten'Lexicon. 

CAMTERZANï  {Sébastien),  mathématicien 
italien,  né  le  25  août  1734  à  Bologne,  mort  le 
19  mars  1819.  ïl  reçut  de  son  père,  calculateur 
habile,  sa  première  instruction  ;  puis,  après  avoir 
continué  ses  études  chez  les  jésuites,  il  fut  ap- 
pelé à  la  chaire  de  mathématiques  à  Bologne 
en  1760,  et  en  1761  il  observa,  avec  d'autres 
astronomes  bolonais,  le  passage  de  Vénus  sur  le 
disque  du  soleil.  Devenu  secrétaire  de  l'Institut 
de  Bologne  en  1766,  il  enrichit  cette  compagnie, 
comme  la  plupart  des  sociétés  savantes  au  sein 
desquelles  il  fut  admis,  de  nombreux  mémoires, 
notamment  sur  l'analyse.  Il  cessa  ses  cours  de 
mathématiques  à  l'époque  de  l'entrée  des  Fran- 
çais dans  Bologne,  et  les  reprit  quatre  ans  plus 
tard.  A  la  mort  de  Gaëtani  Monti,  il  devint  pré- 
sident de  rinstitut  de  Bologne.  On  a  de  Canter- 
zani  :  de  Problemate  ad  conicas  sectiones  per- 
tinente; Bologne,  1762,  in-4°;  —  de  Âttrac- 
tione  sphera^;  1767,  in-fol.;  —  Epistola  ad 
Hieronymum  Saladinum,  qua  Eustachii  Za- 
notti  observatio  Veneris  solem  trajicientls  ab 
omni  erroris  suspicione  liberatur,  dans  les 
^ctes  de  l'Académie  de  Bologne,  1767,  in-fol.; 

—  Prima  Geometriee  elementa  cum  addita- 
mento;  Bologne,  1776,  et  Bologne,  1804;  — 
Arithmeticse  rudimenta;  Bolognej,  1777,  in-S"; 

—  Piani  délie  classi  matematica  e  fisica 
délia  nuova  enciclopedia  italiana  ;  Sienne , 
1779,  in-4°;  —  Dimostrazione  délia  ridu- 
oibilità  rf'  ogni  quantité  immaginaria  alge- 
brica  alla  forma  A  -Y  B  V  ( —  i),  adat- 
tata  ad  un  trattato  elementare  délia  na- 
tura  délie  equazioni  ;  Yérone  ,   1784,  in-4"; 

—  Rijlessioni  sopra  Vintegrazione  délie 
equazioni  lineari  a  due  variabili  ;  Modène, 
1799,  in-4°;  —  Istruzione  intorno  al  cal- 
colo  délie  frazioni  decimali;  Bologne,  1803, 
in-8°,  sans  nom  d'auteur  ; —  de'  Reciproci  délie 
formule  iiTazionali ;  Bologne,  1806,  in-4°;  — 
Délia  risoluzione  de'  problemi  di  massimo  o 
minimo,  quando  la  quantità,  che  vuolsi 
massima  o  minima,  è  data;  Vérone,  1809;  — 
Discorso  sopra  l'  eliminazione  d'una  inco- 
gnita  da  due  equazioni  ;  ibid.,  1817,  in-4°;  — 
de  nombreux  mémoires  ,  en  partie  inédits,  sur 
divers  problèmes  de  mathématiques. 

Landi,  Meinorie  délia  Societd  fisica,  IX,  141-171.  — 
Schiazzi,  De  làudtbus  Seb.  Canterzani;  Bologne,  1819. 
*CANTHARUS,  poète  dramatique  athénien. 
On  ignore  en  quel  temps  il  vivait;  on  sait  seu- 
lement qu'il  a  composé  plusieurs  pièces,  telles 
que  Thésée,  Médée  :  Symmachie,  etc.  Il  reste 
des  fragments  des  deux  dernières  pièces. 

Suidas,  au  mot  Cantharus.  —  Athénée,  111,  8|.  —  Mi- 
chel Apostol.,  ;iu  mol  'A6r|Vaîa. 

CAsTiiAiius,  statuaire  grec,  né  à  Sicyone, 
yivait  vers  l'an  268   avant  J.-C.  11  était  élève 


CANTEREL  —  CANTILLON  52g 

d'Eutychide ,  et  laissa  des  œuvres  nombreuses 
Il  réussissait  surtout  à  reproduire  les  athlètes 
On  remarquait  de  lui  une  statue  à'Alexinicui 
d'Élée,  vainqueur  de  la  lutte  des  adolescents  au: 
jeux  de  cette  ville. 


Pline,  Hist.  nat.,  XXXV,  s.  — Pausanias,  V,  s,  §  3  ;V1 

17,  §  5. 

*  CANTI  (Giovanni),  peintre  italien,  né  ; 
Parme,  mort  en  1716.  Il  vint  fort  jeune  à  Man 
toue,  et  s'y  établit.  Il  faisait  principalement  con 
sister  son  talent  dans  la  rapidité  d'exécution 
aussi  ses  grands  tableaux  d'égUse  s'en  resser 
tent-ils  trop,  et  sont  généralement  médiocres.  1 
a  mieux  réussi  dans  ses  batailles  et  paysages. 
eut  pour  élèves  deux  bons  paysagistes,  le  Schi 
venoglia  et  Giovanni  Cadioli. 

Volta,  Diario  Mantevano.  —    Lanzi,  Storia  pitti 


CANTIANILLE  OU  CANTIENNE  (sainte).  Voi 

Cantien  (saint). 

*  CANTiEN  (saint),  prince  et  martyr  ri 
main,  né  à  Rome,  décapité  à  Aquilée.  Il  subit  se 
sort  avec  Cant,  son  frère  aîné,  Cantienne  ou  Cai 
tianille,  leur  sœur,  et  Prote,  leur  gouveineii 
Quoique  de  l'illustre  famille  des  Aniciens  et  p; 
rents  de  l'empereur  Carin,  ces  trois  jeum 
princes  avaient  été  élevés  dans  la  religion  cbr 
tienne.  Pour  fuir  les  persécutions  de  Diocl 
tion  et  de  Maximien,  ils  vendirent  ce  qu'ils  po 
sédaient  à  Rome,  en  distribuèrent  le  produit  ai 
pauvres,  et  se  retirèrent  à  Aquilée.  Ils  continu 
rent  à  y  pratiquer  leur  foi,  encoui'ageant  I 
chrétiens  emprisonnés  à  souffrir  pour  lei 
croyance.  Dénoncés  à  l'empereur,  ils  furent  a  ; 
rétés  comme  ils  allaient  se  cacher  à  cinq  kilt 
mètres  d' Aquilée,  dans  le  tombeau  de  saint  Chr 
sogone,  leur  ami,  martyrisé  peu  avant;  ils  fure 
décollés  sur  le  lieu  même.  Un  prêtre  Zoïle ,  e 
terra  leiu's  corps  près  de  celui  de  saint  Chrys 
gone.  Plus  tard  ils  furent  ti'ansportés  à  Aquilé 
mais  Milan,  Bergame  et  d'autres  villes  de  Loi 
hardie,  d'Allemagne  et  de  France,  prétende 
également  posséder  les  corps  de  ces  saints.  L' 
glise  célèbre  leur  fête  sous  le  nom  de  SS.  Ca 
tiens  le  31  mai,  jour  de  leur  mort. 

s.  Anabroise,  Sermo  49.  —  Appendice  aux  Bollanà 
tes,  II.  —  Dom  MabiUon  ,  Traité  de  la  Liturgie  gat\ 
cane,  p.  467.  — Baillet,  f^itœSanctorum,  II.  | 

CANTiLLON  (Philippe),  économiste  fra 
çais,  d'origine  irlandaise ,    mort  à  Londres 
1733.  D'abord  négociant  en  Irlande,  il  vint  él 
blir  une  maison  de  banque  à  Paris.  Il  s'asso( 
ensuite  aux  idées  de  Law,  auquel  il  avait  d'abc 
inspiré  ejuelque  ombrage,  et  qui  avait  mena 
de  le  faire  sortir  du  royaume.  Il  gagna  alors 
quelques  jours  plusieurs  millions.  Puis,  api 
avoir  été  en  Hollande,  il  se  retira  à  Londres, 
il  fut  assassiné  par  un  de  ses  valets.  Il  avait  i 
l'ami  de  Bolingbroke,  et  l'amant  de  la  prince; 
d'Auvergne.  On  a  de  lui:  Essai  sur  la  natit 
du  commerce  en  généra  ;  supposé  traduit 
l'anglais,  Londres  (Paris),  1752,  in-12,  entr 
parties,  et  dans  le  t.  III  de  la  traduction  desl 


|i29  CANTILLON 

[  ours  politiques  de  Hume,  par  Mauvillon  ;  1 7G 1  ; 
!-  t/ie  Analijsis  of  trade,  etc.;  Londres,  1759, 

1-8°,  faisant  suite  au  précédent,  et  que  Griinm 
jroyait  perdu;  —  tes  Délices  du  Brabant  et 
j'e  ses  campagnes,  Amsterdam,  1757,  4  vol. 
'a-S",   avec  200  planches. 
!  Grimm,  Corresp.  litt. ,  1  —  Fréron,  ^nnée  littéraire, 

s.i.  —  QUL'i;iril,./(î  Fr.  litt.  —  Dict.  de  l'économie  poli- 

CANTIMPRÉ  (  Thomas  de).  Voy.  Thomas  de 

\M'1MPRE. 

CAXTIUNCULA      OU       plutôt      CHANSONNETTE 

"tiiude),  jurisconsulte  lorrain,  né  à  Metz,  mort 
Ijisisheim  en  1560.  Il  commença  ses  études  à 
■ipzig,  et  vint  les  terminer  à  Bâle,  où  il  fut 
(■u  docteur  en  1517.  Nommé  professeur  de  droit 
lîàle  en  1519,  il  devint  recteur  de  l'université 

•  cette  ville,  qu'il  quitta  pour  servir  d'intermé- 
laire  dans  plusieurs  négociations  entre  la  Suisse 
i  l'empereur  Charles-Quint.  Ferdinand  F"^,  roi 
'  s  Romains,  le  i\omma  chancelier  des  posses- 

ins  autrichiennes  en  Alsace.  Cantiuncula  mou- 

\  t  dans  cette  charge.  On  voit  le  médaillon  de  ce 

;  risconsulte,  sculpté  par  Leroux,  dans  l'hôtel  de 

■  Ile  de  Metz.  On  a  de  lui  :  Topica  exemplis  le- 

inillust7-ata  ;Bà.le,  1520,in-fol.  •,—Paraphra- 

iInstitutionumJustiniani,trois,\iyres ;  Bâle, 

22, in-4° ;  —  de  Officio  judicis  ,  deux  livres; 

le,  1543,  in-4°,   inséré  dans  les  Tractatus 

ictatuumjurïs;  —  Paraphrases  Institutio- 

nn  Justiniani ;  Louvain,  1549,  in-fol.,  réim- 

imé  avec  additions  en  1602. 

\ri!.me,De  Cicérone.—  Pantaléon,  Prosopographia 
\  roiun  Germanix.  —  Melchior  Adam,  f'itse  juriscon- 
lorum  ,•  elc.  Germanise.  —  Dora  Calmet,  Bibliothèque 
■ruine. 

*  CANTics  (B.-J.),  théologien  polonais,  mort 
1473.  Il  professait,  dit  Staravolcius,  une  si 

iaude aversion  pour  le  mensonge,  qu'ayant  été 
'i  jour  dépouillé  par  des  voleurs ,  et  s'aperce- 
nt qu'il  lui  restait  quelque  argent,  il  les  rappela, 
s'excusa  vivement  de  ce  que  la  surprise  lui 
ait  fait  affirmer  qu'il  n'en  avait  plus.  On  a 
ce  singulier  philosophe  un  Commentaire  sur 
int  Matthieu. 

irenig,  Bibliotheca  Agendorum.  —  Staravolcius, 
[riptor.  Polonise  Centuria. 

:'CANTOCLARCS  (Charles).  Voy.  Chante- 
Am. 

I CANTON  (Jean),  astronome  et  physicien 
1  glais,  né  à  Stroud  dans  le  Gloucestcrshire  en 
1 18,  mort  le  22  mars  1772.  Après  avoir  fait  de 
t'Hues  études  sous  la  direction  du  mathémati 
j'n  Davis,  il  apprit  la  profession  de  son  père, 
i  était  drapier.  Dans  ses  loisirs,  il  s'apphquait 
l'astronomie;  et  bien  souvent ,  à  l'insu  de  son 
re,  il  employait  les  nuits  à  faire  des  observa- 
is, ou  à  confectionner  des  machines  astrono- 
liques.  C'est  ainsi  qu'il  construisit  avec  un  cou- 
i^u  un  cadran  solaire  eu  pierre,  indicateur  de 
[eure  du  jour,  du  lever  du  soleil,  etc.  Fier  de 
f te  œu\Te,  qu'il  montrait  aux  passants,  le  père 
porta  plus  aucun  obstacle  au  goût  de  son  fds 
hurles  études  astronomiques.  Plusieurs  savants 


—  CANTON  A. 


530 


avec  lesquels  te  jeune  Canton  fit  alors  connais- 
sance lui  ouvrirent  leurs  bibliothèques.  En  1737, 
il  vint  à  Londres  avec  le  docteur  Henri  Miles  ;  et 
en  1738  il  fut  attaché  en  qualité  de  professeur  à 
l'Académie  de  Spital-Square  dirigée  par  Samuel 
Watkins,  auquel  il  succéda.  Vers  la  fin  de  1745, 
il  s'occupa  avec  ardeur  des  expériences  électri- 
ques, mises  à  la  mode  par  l'invention  de  la  bou- 
teille de  Leyde,  ou  plus  exactement  de  Kleist, 
et  il  imagina  une  nouvelle  méthode  pour  déter- 
miner la  quantité  d'électricité  contenue  dans  la 
bouteille.  Le  co^ïipte  rendu  de  cette  méthode  a 
été  adressé  à  l'Académie  royale  par  Guillaume 
Watson.  Le  20  juillet  1752,  pendant  im  orage, 
Canton  vérifia,  le  premier  en  Angleterre,  la  dé- 
couverte de  Franklin,  en  attirant  lui-même  du 
sein  des  nuages  l'électricité.  Déjà  en  1751  sa  mé- 
thode pour  arriver  à  faire  de  l'aimant  artificiel 
lui  avait  valu  une  médaille  d'or  de  la  part  de  la 
Société  royale,  au  sein  de  laquelle  il  fut  ensuite 
admis.  Plus  tard  il  communiqua  à  la  même  so- 
ciété sur  plusieurs  questions  importantes  de  nom- 
breux et  remarquables  mémoires,  parmi  lesquels 
les  suivants  :  Electrical  experiment,  with  an 
attempt  to  account  for  their  several  pheno- 
mena,  lu  à  la  Société  royale  de  Londres  en  1753. 
L'auteur  démontre  dans  ce  mémoire  que  certains 
nuages  contiennent  l'électricité  positive,etd'autre3 
l'électricité  négative  ;  —  An  attempt  to  account 
for  the  regular  diurnal  variation  ofthe  hori- 
zontal magnetic  needle;  and  alsojor  ils  irre- 
gular  variation  at  the  time  of  an  aurora  bo- 
realis;  lu  à  la  Société  royale  de  Londres  le  13 
décembre  1759  ;  —  Experiments  toprove  that 
water  is  not  incompressible  ;  lu  le  16  décembre 
1762  ;  —  Experiments  and  observations  on  the 
compressibiUty  of  water,    and  some  other 
fluids;  lu  le  8  novembre  1763  ;  —  An  easy  me- 
thod  ofmaking  a  phosphorus  thatwill  imbibe 
and  émit  lightlike  the  bolognian  stone,  vnth 
experiments  and  observations;  communiqué  à 
la  Société  royale  de  Londres  le  22  décembre 
1768;  —  Experiments  to  prove  that  the  lu- 
>minousness   of  sea  riaes  from  the  putréfac- 
tion of  ils  animal  substances  ;  laie  2i  décembre 
1769. 

f^ié  de  Canton  par  son  fils,  dans  la  Biog.  Britann,  — 
Hutlon,  Mathematical  and  philosophical  Dictionarg. 
—  Rces,  Cyclopadia.  —Philosophical  Transactions.  — 
l'riestley,  History  of  Electrical  and  optieal  discove- 
ries. 

GASTON  (Jean-Gabriel),  peintre  allemand, 
né  à  Vienne  le  24  mai  1710 ,  mort  dans  la 
même  ville  le  10  mai  1753.  Il  peignit  avec  suc- 
cès les  hommes  et  les  chevaux.  Les  paysages 
d'Orient  et  les  batailles  de  quelques-uns  des  ta- 
bleaux de  Metteus  sont  l'œuvre  de  Canton.  La 
main  de  cet  artiste  a  de  l'assurance  et  de  l'ha- 
bileté. 

Naglcr,  Nettes   Allgemeines  KUnstler-I.exicon. 

*CANTONA  (Catherine  Barbara),  dame 
italienne,  née  à  Milan,  morte  en  1595.  Elle  se 
distingua  par  un  talent  remarquable    our  la 


531  CANTONA  — 

broderie  et  la  tapisserie.  Elle  poussa  son  art 
jusqu'à  faire  des  portraits  d'une  ressemblance 
parfaite.  Le  roi  d'Espagne  Philippe  II,  l'archidu- 
chesse d'Autriche ,  les  ducs  de  Brunswick  et  de 
Toscane,  lui  tirent  des  commandes.  Elle  mourut 
à  vingt  ans. 

Lomazzo,  TrattatodeW  Artè  délia  Pittura.  —  Mori- 
gio,  délia  Nobiltà  Milanese.  —  Lanzi,  Storiapittorica. 

*  CANTONE  (Jérôme  ),  compositeur  et  théo- 
logien piémontais,  vivait  en  1678.  Il  appartenait  à 
l'ordre  des  Cordeliers,  et  devint  maître  des  novi- 
ces, et  vicaire  de  l'église  de  son  ordre  à  Turin. 
On  a  de  lui  :  Armonia  gregoriana,  traité  de 
plain-chant;  Turin,  1678,  in-4°. 

Fétis,  Bibliothèque  universelle  des  Musiciens. 

CANTONE  OU  CANTONi  (Séraphin),  moine 
et  compositeur  italien,  né  dans  le  Milanais, 
vivait  en  1627.  Il  enti-a  au  monastère  de 
Saint-Simplicien,  et  devint  organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Milan.  Cantone  introduisit  un  des 
premiers  dans  la  musique  religieuse  le  style  con- 
certé, remph  de  traits  de  vocalisation,  plus  con- 
venable pour  le  théâtre  que  pour  l'église.  Il  a 
publié  les  ouvrages  suivants  :  Canz,onette  à  trois 
voix;  Milan,  1588;  —  Canzonette  à  quatre 
voix  ;  1599  ;  —  Sacrœ  cantïones  à  huit  voix,  avec 
partition  ;  ibid.,  1599  -^—Vespri  e  versetti  à  cinq 
voix  en  faux  bourdon  ;  ibid. ,  1 602  ;  —  i  Passi,  le 
Lamentazione,  pour  la  semaine  sainte,  à  cinq 
voix  ;  Milan,  1603  ;  —  Mottettï  à  cinq  voix,  avec 
partition;  Milan,  1605; — Messa,salmi  e  Ictanie 
à  cinq  voix;  Venise,  1621  ;  —  Mottetti  à  deux, 
trois ,- quatre  et  cinq  voix,  avec  basse  continue; 
Venise,  1625,4  hvres  ;— Academiefestevole  can- 
cer tate  a  sel  voci  col  basso  continuo,  opéra  di 
spiritualerecreazione,ornata  de'  migliori  ri- 
trattl  de'  piùfamosi  musici  di  tutta  l'Europa, 
con  VAndanteair  Inferno  edalParadi^o;  Mi- 
lan, 1627.  «  Ouvrage  singulier,  où  il  y  a,  dit  Fétis, 
plus  de  mauvais  goût  que  d'originalité  réelle.  » 

Fétis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

*CANTORouLECHANTRE(GiZ;es),chefd'hé- 
rétiques,  vivait  en  1411.  Il  réussit  à  faire  quel- 
ques prosélytes  à  Bruxelles  et  dans  les  Flandres. 
Guillaume  de  Hildenissem,  reUgieux  carme,  em- 
brassa sa  doctrine,  et  contribua  beaucoup  à  l'é- 
tendre. Les  sectaires  de  ces  prétendus  réforma- 
teurs prenaient  le  titre  de  homines  intelli/jen- 
tise  ;  ils  étaient  accusés  «  de  soutenir  que  Gilles  le 
Chantre  ou  Cantor  était  le  Sauveur  des  hommes, 
et  que  par  lui  on  verrait  Jésus-Christ  comme 
par  .Jésus-Christ  on  voyait  le  Père  ;  de  croire  que 
le  diable  et  les  damnés  seraient  enfin  délivrés  de 
leurs  peines  et  jouiraient  de  la  béatitude  éter- 
nelle; de  nier  que  le  diable  eût  tt-ansporté  Jésus- 
Christ  sur  le  haut  du  temple;  de  négliger  toute 
cérémonie  extérieure,  particulièrement  la  prière, 
le  culte  des  images,  prétendant  que  Dieu  fait  lui- 
môme  ce  qu'il  a  ordonné,  et  que  les  prières  ne 
servent  de  rien;  de  regarder  et  de  souffrir  la 
luxure  comme  chose  indifférente;  d'injurier  les 


CANTRAINE  53 

femmes  lorsqu'elles  refusaient  de  se  prostituer,  i 
de  commettre  des  abominations  impossibles  à  d( 
crire  ;  de  s'être  formé  à  ce  sujet  un  langage  partiel 
lier  qui  n'était  entendu  que  de  ceux  avec  qui  i 
étaient  affiliés,  et  de  se  servir  de  ce  langage  pou 
parler  entre  euxdecequ'ilya  de  plus  obscène  ;(i 
regarder  comme  une  inspiration  tout  ce  qui  leur  v 
nait  dans  l'esprit;  de  dire  que  le  Père  et  le  Fi 
avaient  fait  leur  temps,  et  que  le  temps  du  Saini 
Esprit  était  venu;  de  ne  reconnaître  qu'une  Viergi 
qu'ils  nommaient  la  Sérapfiïne;  de  nier  le  puig; 
toire  et  l'éternité  des  peines  de  l'enfer  ;  decroii 
que  lorsqu'ils  étaient  interrogés  sur  leur  foi,  i 
pouvaient  la  nier  sans  scrupule.  "  Pierred'Ailly,a 
chevêquede  Cambray,  informé  des  progrès  de  cet 
secte,  déploya  son  zèle  pour  la  combattre.  Il  ci 
Guillaume  de  Hildenissem,  lui  fit  son  procès,  et 
condamna  à  se  rétracter  publiquement.  Ontrouv 
les  aveux  et  la  rétractation  de  cet  hérétique  dai 
les  Miscellanea  de  Baluze,  t.  U,  p.  277  à  29 

Richard  cl  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

*CA]VTOHAi<  { Jérôme-Valentin  de),  pseï 
donyme  qui  cache  probablement  un  controve 
siste et  écrivain  militaire  allemand,  vivait  au  cor 
mencement  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lu 
Qiixstio  an  in  bene  constïtuta  republica  d 
versitas  religionum  sit  toleranda;  Witten 
berg,  1598,  in-4'';  —  Practica  milttaris  art 
ad  Tiircos  vincendos;  Francfort,  1600,  in-S". 

Adclung,  suppl.  à  Jocher,  Jllgem.  Celehrt.-Lerico 

*CANTORBÉR¥  (Gerwais  de).  Voy.  Grrva 

DE  CaNTORBÉRY. 

*CANTOVA  (Jean- Antoine),  missionnaire- 
théologien  italien,  de  l'ordre  des  Jésuites ,  na 
de  Milan,  vivait  dans  la  première  moitié  du  di 
huitième  siècle.  Il  se  rendit  en  1717  comme  mi 
sionnaire  d'abord  en  Mexique,  ensuite  aux  PIî 
lippines  et  aux  Carolines.  C'est  dans  une  des  il 
de  ce  dernier  groupe  qu'il  fut  assassiné.  On  a  < 
lui  :  Vita  et  mors  Aloisii  Cantovx  cano 
S.  Stephanimajoris  ;  Milan,  1717. 

Argelati,  Bibl.  mediolan. 

^CAWTRAiNE  { François-Joscph) ,  natuv 
liste  belge,  né  à  Ellezelle  le  1^''  décembre  180 
Docteur  en  d  roit  et  professeur  de  zoologi c  et  d'an 
tomie  comparée  à  l'université  de  Gand,  corre; 
pondant  de  l'Académie  de  Bruxelles ,  il  a  pi 
blié  :  Lettre  à  Sari  sur  quelques  poissons  no 
veaux  trouvés  dans  le  détroit  de  Messim 
insérée  dans  le  Giornale  délie  scienze  diPisi 
Fenio,  1833;  —  Mémoire  sur  le  Rovetto  rf 
Siciliens  {Acanthoderma  Temminckii),  lu 
l'Académie  de  Bruxelles,  décembre  1834;  - 
Mémoire  sur  une  espèce  nouvelle  de  Serro 
(  Serranus  tinea  ),  avec  des  observations  si 
une  espèce  de  Pilaire  qu'on  trouve  dans 
tissu  cellulaire  sous-cutané  du  serram 
gigas  ;  —  Diagnoscs  sur  quelques  espèc 
nouvelles  de  mollusques,  dans  le  Bulletin  i 
l'Académie  de  Bruxelles;  décembre  1835;- 
Noticesur  le  genre  Trovcatelle  deRisso ,  dai 
]e  Bulletin  de  l'Académie  de  Bruxelles  ;  m\ 


CANTRAINE 

I  ,  ;  _  Notice  sur  les  grands  limaçons- d' II- 
I  I' ;  ibid.,  avril  1830. 

ctionnaire  des  savants  de  la  Belgique.  —  liiogra- 
p  générale  des  Belges. 

j  CAMTU  (  Giovanni) ,  chanteur  italien,  né  à 
^m  en  1799,  mort  à  Dresde  le  9  mal  1822.  Il 
^(fils  d'Antonio,  ténor  médiocre  de  Milan,  qui 
1(  lonna  pour  maître  Gentili.  Giovanni  fit  sous 
c  liabile  piofesseur  de  rapides  progrès,  et  dé- 
I  brillamment  à  Florence.  Il  fut  engagé  aus- 
>.  pour  ropéra-ltalien  de  Dresde,  où  il  excita 
I  luuiiiasme  du  public.  Doué  d'une  voix  étcn- 
(  ci  pénétrante,  d'une  taille  avantageuse,  d'une 
t  ;  v  expressive,  d'un  goiH  et  d'une  prononciation 
i  p]  ochables,  rien  neraanquait  à  ses  moyens  de 
s  I siorsqueia  niorUcfrappaàvingt-quatreans. 

lis,  Bibliothèque  universelle  des  Musiciens, 

i:\NTU  (Cesare),  historien  italien,  né  àBri- 
s  If  f)  septembre  1805.  Élevé  avec  soin  à  Son- 
(  <ldns  la  Valteline,  il  y  obtint  dès  l'âge  de 
(  hait  ans  une  chaire  de  belles-lettres.  Il  résida 
6  liteà  Côme,  puis  à  Milan,  jusqu'en  1848.  Un 
(I  'S  premiers  ouvrages,  les  Bagionamentisidla 
S  la  Lombarda  net secolo  XVII,  Milan,  1842- 

I  1,2^  édition,  où  il  émit  des  idées  libérales,  le 

II  (indamner  à  une  année  d'emprisonnement. 

I  mploya  sa  captivité  à  composer  un  roman 

II  irique,  intitulé  Margherita  Pusterla;  Flo- 
r  e,  1845.  On  a  en  outre  de  lui  :  Storia  uni- 
Kole;  1837-1 842, Turin,  Palerme;  Naples,  35 
1  unes  in-8°  ;  traduit  en  anglais,  en  allemand  et 
e  Vançais  par  Aroux  et  Léopardi ,  Paris,  1843, 
I  t,  in-8°.  Ce  grand  ouvrage,  dont  sept  édi- 
t  s  imprimées  à  très-grand  nombre  en  Italie 
p  le  libraire  Pomba  attestent  le  mérite  et  le 
s  es,  est  le  résultat  d'immenses  lectures  et 
(i  1  travail  infatigable,  auquel  M.  Cantu  a  consa- 
c  sa  vie.L'auteur  a  su  mettre  à  profit  et  ranger 
à  3  un  ordre  simple  et  méthodique  tout  ce  qui 
a  f.'  publié  de  plus  remarquable  dans  tous  les 
\  s  par  les  écrivains  les  plus  accrédités  ;  il 
f  sente  avec  clarté  et  avec  art  le  résultat  des 
rierches  les  plus  érudites.  Son  style  à  la  fois 
é;ant  et  précis  est  regardé  comme  un  modèle. 
S.  appréciations  critiques,  ses  descriptions  ani- 
■r;s,  ses  portraits  politiques  et  littéraires, 
liment  de  la  vie  à  cette  immense  histoire,  dont 
1  pcture  attache  et  instruit. 

inii  de  la  liberté,  qu'il  allie  à  im  profond  res- 
!  t  pour  la  religion  catholique,  il  a  su,  dans 
ï  écrits,  répondre  au  sentiment  général  qui  do- 
I  If  notre  époque,  et  devancer  en  quelque  sorte 
<  Miouvement  spontané  des  esprits  qui  s'est  ma- 
•  'sté  à  la  suite  des  dernières  révolutions.  Voilà 
<j  îui  caractérise  particulièrement  l'Jïw^oJre  uni- 
t  selle  de  M.  Cantu. 

'-■es  hymnes  et  les  chants  religieux  que 
}  Cantu  a  composés  sont  devenus  populaires, 
(and  l'insurrection  de  Milan  éclata,  M.  Cantu, 
{  venu  qu'il  allait  être  arrêté,  put  s'échapper  en 
ÎTOont,  où  il  se  dévoua,  avec  un  zèle  peut-être 
I  onsidéré,  à  la  révolution  qui  ne  tarda  pas  à  s'y 


—  CANTWEL  534 

opérer.  De  retour  à  Milan,  c'est  dans  le  calme,  et 
en  méditant  profondément  sur  tant  d'événements 
contemporains,  que  M.  Cantu,  à  la  fois  histo- 
rien et  philosophe,  consacre  tous  ses  loisirs  au 
perfectionnement  du  grand  ouvrage  qu'il  a  entre- 
pris, et  auquel  la  durée  d'une  vie  tout  entière 
suffit  à  peine.  Outre  les  travaux  cités,  on  a  de 
lui  :  Parnasso  italiano,  Poeti  ilaliani  con- 
temporanei  maggiori  e  minori,  etc.;  Paris, 
1843;  —Storia  di  Coino ;  Milan,  1847  :  elle 
contient  les  annales  de  la  Lombardie  tout  entière  ; 

—  Algiso,  0  la  Légua  Lombarda  ;  Milan,  184G; 

—  Letture  giovanile  :  cet  ouvrage,  publié  vers 
la  même  époque,  4  vol.,  est  consacré  à  l'éduca- 
tion du  peuple;  traduit  dans  presque  toutes  les 
langues,  il  a  eu  plus  de  trente  éditions  ;  —  His- 
toire de  la  liltératîire  italienne; —  Histoire 
des  cent  dernières  années;  Florence,  1851  ;  tra- 
duit en  français  par  M.  Amédée  Renée;  Paris, 
Didot,  1853.  On  trouve  à  la  fin  de  cet  ouvrage 
l'Histoire  de  la  révolution  et  de  la  restauration 
en  Italie  ;  ses  jugements  sur  la  France  et  ses  écri- 
vains sont  souvent  dictés  par  la  passion.  Le  ca- 
dre de  cet  ouvrage  offre  néanmoins  un  vif  in- 
térêt. 

Quérard,  la  France  littéraire.  —  Dict.  de  la  Conver- 
sation. 

CANTWEL  (Jean),  archevêque  irlandais,  né 
dans  le  comté  de  Tipperary,  mort  en  1482.  Il 
fit  ses  études  avec  succès  à  Oxford,  où  il  fut 
reçu  bachelier  es  lois.  Promu  au  siège  métropo- 
litain de  Cashell  le  27  octobre  1452,  ce  prélat 
se  fit  remarquer  par  la  pureté  de  ses  mœurs  et 
par  son  zèle  pour  la  discipline  ecclésiastique.  A 
cet  effet ,  il  tint  plusieurs  synodes ,  entre  autres 
à  Limericken  1453,  et  à  Featherd  en  juillet  1480. 
Avant  de  mourir,  Cantwel  distribua  tous  ses  biens 
en  dons  pieux.  Il  légua  les  dîmes  de  la  paroisse  de 
Bathkellan  au  monastère  de  Sainte-Croix,  et  ses 
revenus  sur  la  ville  de  Clonmell  au  elergé  de  sa 
cathédrale. 

Moréri ,  Grand  Dictionnaire  historique. 

CANTWEL  (André),  médecin  irlandais,  né 
dans  le  comté  de  Tipperary  (province  de  Muns- 
ter), mort  à  Paris  le  il  juillet  1764.  Il  étudia 
la  médecine  à  Montpellier,  où  il  prit  ses  grades 
en  1729.  Lorsqu'en  1732,  au  départ  d'Astruc 
pour  le  collège  de  France  à  Paris,  une  chaire  de 
médecine  devint  vacante  à  Montpellier,  Cantweîl 
se  mit  sur  les  rangs  des  concurrents,  et  soutint 
ses  thèses.  En  1733  il  vint  à  Paris,  et  se  fit  rece- 
voir parmi  les  médecins  de  cette  ville.  Il  était  d(:jà 
alors  membre  delà  Société  royale  de  Londres.  En 
1750  il  obtint  la  chaire  de  chirurgie  latine,  en 
1760  celle  de  chirurgie  française,  et  en  1762  celle 
de  pharmacie,  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort.  Ce 
médecin  a  écrit  sur  différentes  questions  de  son 
art  ;  mais  il  s'est  fait  spécialement  connaître  par 
l'opiniâtreté  avec  laquelle  il  a  combattu  l'inocula- 
tion ,  invention  alors  nouvelle.  Il  fit  tous  ses  ef- 
forts pour  prouver  l'inutilité  et  le  danger  de  cette 
méthode  ;  il  séjourna  même  longtemps  en  Angle» 


Ô35  CANTWEL 

terre,  pour  y  suivre  toutes  les  expériences  sur 
les  inoculations  et  les  inoculés.  On  a  de  lui  : 
Dissertationes  de  eo  quod  deest  in  medi- 
cina;  Paris,  1729,  in-12;  —  Dissertation  sur 
les  fièvres  en  général;  Paris,  1730,  in-4°;  — 
Conspectus  secretionum ;  Paris,  1731,  in-12;  et 
en  français  :  Dissertation  sur  les  sécrétions  en 
général  ;  Paris,  1731,  in-12  ;  —  Qusestiones  nie- 
dicinœ  (/Modecm  ;  Montpellier,,  1 732,  in-4'';  — 
Sur  une  tumeur  glanduleuse  considérable  si- 
tuée dans  le  bassin,  dans  les  Philosophical 
Transactions,  an.  1733,  n°  446  ;  —  Sur  une  Pa- 
ralysie extraordinaire  des  paupières  ;  ibid., 
1738,  n°  449  ;  —  Description  d''un  enfant  mons- 
trueux; ibid.,  1739,  n'*453;  — Ah  aerabinun- 
datione  salubris;  Paris,  1741,  in-4°;  —  An 
ptyalismus  frictionibus  mercurialibus  pro- 
vocatus  perfectœ  luis  venerex  sanationi  ad- 
versetur;  Paris,  1741,  in-4°;  — A7i  calculo 
vesicee  scalpellum  semper  necessarium  ;  Pa- 
ris, 1742,  in-8°;  —  An  in  calculi  œtate  et  tem- 
peramento  œgrotantis  remedium  alcalino  so- 
poraceum  anglicum;  Paris,  1743,  in-4''  (ces 
quatre  thèses ,  dont  les  conclusions  sont  toutes 
négatives,  furent  soutenues  par  lui  pour  le  doc- 
torat en  médecine);  —  Nouvelles  expériences 
sur  les  remèdes  de  mademoiselle  Stephens, 
trad.  de  l'anglais  de  Halles,  à  la  suite  de  VÉtat 
de  la  médecine  ancienne  et  moderne,  trad.  de 
l'anglais  de  Clifton  par  l'abbé  Desfontaines  ;  Pa- 
ris, 1742,  in-12  ;  —  Histoire  dhin  remède  très- 
efficace  pour  la  faiblesse  et  la  rougeur  des 
yeux;  et  attires  maladies  du  même  genre,  avec 
tm  remède  infaillible  contre  la  morsure  du 
chien  enragé ,  trad.  de  l'anglais  de  Hans  Sloane, 
avec  des  notes  du  traducteur;  Paris,  1746, 
in-S"  ;  et  dans  Saint- Yves,  Sur  les  Maladies  des 
î/ezia:,  Amsterdam,  1769,  in-12;  —  Lettre  an- 
glaise, où  le  mercure  est  indiqué  comme  spé- 
cifique de  te  ^'a^/e;  Londres,  1748,  in-12;  — 
Lettres  sur  le  Traité  des  maladies  de  l'urè- 
tre, de  Daren;  Paris,  1749,  in-12;  —  Ergo 
microcosmi  vita  motus  mère  mechanicus  ;  Pa- 
ris, 1740,  in-4°;  —  Analyse  des  nouvelles  eaux 
de  Passy;  Paris,  1755,  in-12;  —  Dissertation 
sur  V inoculation,  en  réponse  à  celle  de  M.  de 
la  Condamine ;  Vâris ,  1755,  in-12;  —  Réponse 
à  la  lettre  de  M.  Mina  au  sujet  de  Vinocu- 
lation;  Paris,  1755,  in-12  ;  —  Deux  autres  let- 
tres sur  le  même  sujet  à  Fréron  et  Ratilin; 
Paris,  1755,  in-12  ;  —  Dissertatio  de  Dignitate 
et  Di^cultate  medicinœ ;  Paris,  1755,  in-4°;  — 
Tableau  de  lapetite  vérole;  Paris,  1758,  in-12  ; 
—  Ergo  sanitas  a  débita  partium  tono;  Pa- 
ris, 1763,  in-4''. 

Eloy,  Dictionnaire  de  la  médecine.  —  Bioçiraphie 
médicale.  —  Rose,  New  Biographical  Bictionarij. 

CANTWEL  {André-Samuel-Michel),  tra- 
ducteur français,  fils  d'André,  naquit  en  1744, 
et  mourut  à  Paris  le  9  juillet  1802.  Admis  en 
1792  à  l'hôtel  des  Invalides  comme  ancien 
lieutenant  des   maréchaux  de  France,   il  fut 


—  CANUEL  t 

nommé   plus  tard  bibliothécaire   de   cet  é 
blissement.   Traduttore  traditore  ,   disent 
Italiens  :  M.  Quérard,  appliquant  cet  adagi 
Cantwel,  accuse  ce  traducteur  aussi  laborii 
qu'inexact  des  trahisons  suivantes  de  l'angla 
Isabelle  et  Henry,  trad.  de  Hughes  ;  Paris,  17 
4  vol.  in-12;  —  Histoire  des  Femmes;  17 
4  vol.  in-12  ;  —  de  la  Naissance  et  de  la  Ch 
des  anciennes  Républiques;  trad.  de  Mor 
gne  avec  adjonctions  ;  Paris,  1793,  in-S"  ;  —  1 
cours  sur  l'Histoire  et  la  Politique  en  gé 
rai ,  trad.  de  Priestley  avec  notes  ;  1795,  2  i 
in-8°;  —  Voyage  en  Hollande  et  sur  les  fi- 
lières occidentales  de  V Allemagne  en  17 
Paris,  1796,  2  vol.  in-8''  ;  —Zeluco,  ou  le  \ 
trouve  en  lui-même  son  châtiment,  trad. 
Moore;  1796,4vol. in-12;  — ifMÔer^  deSevi 
ou  Histoire  d'un  Émigré,  trad.  de  Marie  Ro 
son  ;  1797,  3  vol.  in-18  ;  —  Louise  Béverley. 
le  Père  égoïste;  1798,  3  vol.  in-12  ;  —  Lan 
ou  la  Grotte  du  père  Philippe,  roman  ti 
de  Burton  ;  1798,  2  vol.  in-12  ;  —  les  Aventi 
de  Hugues  Treror,  trad.  de  Halcroft;  —  ■ 
Châteaud' Albert ;i799,  2  vol.iri-18;—  Voy 
en  Hongrie  fait  en  1797,  trad.  de  R.  Towns 
1799,  2  vol.  in-8°;  —  Voyage  de  Btjron  o 
mer  du  Sud,  avec  Ja  Relation  du  voyage  d' 
son,  et  un  extrait  du  second  voyage  de  Bij 
autour  du  monde.  Cantwel  a  travaillé  en 
laboration  avec  Marinié  à  la  traduction  de  l'J 
toire  de  la  décadence  et  de  la  chute  de  VI 
pire  romain,  de  Gibbon  ;  les  trois  premiers  ■ 
lûmes  parurent  sous  le  pseudonyme  de  Lee 
de  Sept-Chênes,  et  furent  attribués  à  Louis  ^  . 
La  publication  en  dix-huit  volumes  n'a  été  ac 
vée  qu'en  1795.  Cet  ouvrage  fut  réimprimé,  r; , 
corrigé  et  accompagné  de  notes  par  M.  Gui;  ; 
Paris,  1812-1813,  13  vol.  in-8°. 
Quérard ,  la  France  littéraire. 

cANiJEL  (Simon,  baron),  général  français  ' 
dans  le  Poitou  en  1767,  mort  en  1841.  Il  <  t 
fils  d'un  marchand  de  bois,  et  s'engagea  en  1  ' 
dans  la  71^  demi- brigade,  employée  alors  en  ^  • 
dée.  Devenu  aide  de  camp  de  Rossignol,  il 
signalé  dans  le  rapport  de  ce  général  (12  ;  ' 
1793)  parmi  les  officiers  généraux  qui  s'éta  l 
particulièrement  distingués  à  la  prise  de  D( 
Canuel  se  faisait  alors  remarquer  entre  tous 
son  exaltation  révolutionnaire.  Membre duclu  ; 
Lorient,  il  provoqua  plusieurs  fois  des  mesi  ' 
ayant  pour  but  de  surveiller  le  civisme  des  f(  • 
tionnaires  de  l'aiTondissement,  et  d'obtenir 
épuration.  Sous  le  Directoire,  il  fut  nommé  c 
mandant  de  place  à  Lyon,  et  autorisé  à  me  ' 
cette  ville  en  état  de  si^e.  Napoléon  lui  co  i 
le  commandement  de  la  2^  division  militai!  ' 
Mézières,  puis  en  1806  celui  de  la  25"  à  Lii  ; 
mais  bientôt  après  il  le  mit  en  traitement  de  ; 
forme.  En  1814,  Canuel  fut  un  des  premiers  è  - 
luer  l'avènement  des  Bourbons.  Il  fut  replacé 
le  cadre  d'activité ,  créé  baron,  et  chevalier  ' 
Saint-Louis.  Pendant  les  Cent-Jours  il  se  réfi  > 


CANUEL  —  CANUT 


538 


iliis  rangs  des  Vendéens  insurgés.  L'on  ne  vit 

sans  surprise  l'ancien  aide  de  camp  de  Ros- 

ol  devenu  le  chef  d'état-major  du  marquis  de 

ochejaqnelein.  En  septembre  1815,  ledépar- 

mt  de  la  Vienne  le  nomma  député  à  la  chambre 

é  introuvable,  où  il  siégea  au  milieu  des  plus 

fc  lieux  royalistes.  Dans  le  mouvement  insur- 

k|  onnel  du  Rhône,  il  déploya  un  zèle  excessif, 

q^  aillit  devenir  un  embarras  pour  le  gouver- 

ni  ni  lui-même. 

I  septembre  1819,  Canuel  se  représenta  aux 
il  iirs  de  la  Vienne  ;  mais  il  échoua  complè- 
te lit.  Jusqu'en  1822,  il  resta  sans  emploi  :  le 
m  1ère  Villèle  le  fit  alors  inspecteur  général 
d'  iiiterie  et  officier  de  la  Légion  d'honneur. 
Kl  iT3,  il  eut  le  commandement  d'une  division 
lai  1  partie  de  l'armée  d'Espagne;  à  son  retour, 
■n  ■'.:■>,  il  fut  nommé  grand  officier  de  la  Légion 
Il  iieur  et  commandant  delà  21**  division  mi- 
iti  à  Bourges.  La  révolution  de  1830  le  trouva 
h  (  ofte  position ,  et  il  fut  mis  à  la  retraite 
»  motif  d'âge.  Canuel  a  publié  :  Mémoires 
m'a  guerre  de  Vendée  en  1815;  Paris, 
8  in-S",  avec  carte  et  portrait;  —  Réponse 
m  olonel  Fabvier  sur  les  événements  de 
ly.;  Paris,,  1818,  in-8''. 

M  I',  Biographie  des  célébrités  militaires.  —  Gale- 
k ,  orique  des  contemporains.  —  Revue  chronolo- 
ini  e  l'histoire  de  France,  p.  749.  —  Biographie  nou- 
■lit  es  contemporains.  —  Dictionnaire  de  la  Con- 
,fr,  on. 

*  .NCLEius  (Gneus),  tribun  romain,  vivait 
er  45  avant  J.-C.  H  se  fit  aimer  du  peuple 
inv  pposition  constante  qu'il  fit  aux  patriciens. 
l 'a  09  de  Rome,  il  souleva  une  sédition,  et  en- 
ai  les  plébéiens  à  se  retirer  sur  le  mont  Ja- 
ici  II  obtint  de  la  sorte  une  loi  autorisant  à 
iT  r  le  mariage  entre  les  familles  du  peuple 
'.  c  es  des  patriciens. 

Ti  ,ive.  —  Florus,  1.   I,   c.    IB.  —  Denys   d'Halicar- 

iss;  ;[,  57, 38. 

NULEius  ((7.),  Romain,  tribun  du  peuple , 

Ipnl'an  100 avant  l'ère  chrétienne.  Ilfutl'ac- 

ir  de  Furius,  homme  tellement  odieux  au 

qu'il  fut  mis  à  mort  avant  le  jugement. 

n.  Guerre  civ.,  l,  33.  —  Clcéron,  Pro  Rabiru,  9. 
Cassius,  Fragments,  105,  p.  43,  édition  Reinnar. 

<^j  US  (Melchior).  Voy.  Cano. 
\,^:'^^  (Julius),  patricien  romain,  mis  à 
01  vers  l'an  41.  L'empereur  Caligula,  irrité 
'  "1  lui, l'ayant  averti  qu'il  lui  donnait  dix  jours 
l'Ue  préparer  à  la  mort,  Canus  lui  répliqua 
M^  illement  :  «  Je  t'en  rends  grâces  ,  César, 
Si^  plein  de  bonté  !  »  Lorsqu'on  vint  le  prendre 
[!  mener  au  supplice,  on  le  trouva  jouant  aux 
Il  fit  constater  par  le  centurion  que  sa 
'était  la  meilleure,  et,  se  levant  ensuite 
I  illement,  il  s'adressa  à  ses  amis  éplorés  : 
Pfrquoi  ces  gémissements?  Vous  êtes  en 

3e  de  savoir  si  l'âme  est  immortelle  :  je  vais 
éclairé  à  ce  sujet  dans  un  moment.  Je 
0  à  bien  examiner  si  mon  âme  se  sentira 
H  r  ;  et,  si  j'apprends  quelque  chose  sur  l'état 


«  des  âmes  après  le  trépas ,  je  reviendrai,  si  je 
«  puis,  vous  en  faire  part.  »  On  dit  qu'il  appa- 
rut en  effet  à  l'un  de  ses  amis,  appelé  Antiochus. 

Sénèque,  de  Tranquillitate  animi,  c.  14. 

CANUT  i""^,  surnommé  Dana-ast  (joie  des  Da- 
nois),prince  danoisdu  dixième  siècle,  que  les  his- 
toriens regardent  comme  le  premier  de  ce  nom, 
cpioiqu'il  n'ait  pas  régné.  Il  était  le  fils  aîné  du 
roi  Gorm  le  Vieux  ,  qui ,  ardent  adveisaire  du 
christianisme,  défit  l'œuvre  de  saint  Anchaire, 
et  réunit  les  divers  États  danois  eui  une  seule 
monarchie.  La  mère  de  Canut  était  la  leine 
Thyra  Danebod,  dont  la  mémoire  s'est  perpé- 
tuée jusqu'à  nos  jours.  Canut  paraît  s'être  dis- 
tingué par  de  rares  qualités  :  et  telle  était  l'af- 
fection dont  il  était  l'objet  de  la  part  de  son 
père,  que  celui-ci  menaça  de  la  peine  capitale 
quiconque  lui  viendrait  annoncer  la  mort  de 
ce  fils.  Canut  ayant  péri  dans  une  expédition 
de  Viking  en  Angleterre ,  et  personne  n'osant 
en  avertir  le  roi ,  la  reine  Thyra  fit  draper  la 
salle  royale  de  bleu  (  c'était  alors  la  couleur  en 
usage  pour  le  deuil  )  et  recommanda  aux  cour- 
tisans le  plus  absolu  silence  au  moment  oii  le 
roi  entrerait.  Gorm  surpris  interroge  la  reine, 
et  celle-ci  répond  en  termes  paraboliques.  Pres- 
sentant alors  la  vérité,  le  roi  s'écria  :  «  Si  le  Da- 
nemark est  en  deuil ,  c'est  que  mon  fils  Canut 
est  mort!  — C'est  vous  qui  l'avez  dit,  «  répliqua 
alors  la  reine  avec  sa  douceur  habituelle.  Cette 
nouvelle  fit  sur  le  roi  une  telle  impression,  qu'il 
tomba  malade  et  mourut  le  lendemain ,  laissant 
la  couronne  à  son  fils  cadet  Harald,  dit  Dent- 
bleue. 

CANtJT  II,  le  Grand ,  roi  de  Danemark  et 
d'Angleterre,  le  plus  puissant  monarque  du 
Nord,  né  vers  995,  mort  en  1035.  Jeune  en- 
core ,  il  avait  suivi  son  père  Suèn ,  à  la  barbe 
fourchue,  à  la  conquête  d'Angleterre,  où^  à  la 
mort  de  Suèn,  il  fut  élu  roi  en  1014.  Chassé 
par  une  révolte  qui  avait  éclaté  sous  la  con- 
duit^^du  roi  vaincu  Éthelred,  revenu  de  Nor- 
mandie, Cauut  se  vit  obligé  de  se  rendre  chez 
son  frère  Harald,  roi  de  Danemark,  qui  parta- 
gea avec  lui  ce  royaume  ;  il  contribua  à  l'équi- 
pement d'une  flotte  de  cent  vaisseaux,  et  d'une 
armée,  dont  les  principaux  chefs  du  nord  firent 
partie,  pour  reconquérir  l'Angleterre  (1015). 
Edmond  Ironside,  qui  avait  succédé  dans  ce 
pays  à  son  père  Éthelred,  opposa  une  si  vigou- 
reuse résistance,  qu'en  1017  Canut  consentit  à 
un  traité  de  partage  qui  lui  assignait  le  nord  de 
l'Angleterre.  Un  mois  plus  tard ,  Canut  resta 
seul  maître  du  pays ,  Edmond  ayant  été  assas- 
siné par  Édric  Stréon ,  qui  d'abord,  comme  les 
autres  amis  de  Canut,  avait  reçu  en  récompense 
des  fiefs  importants.  Devenu  trop  ambitieux, 
Stréon  fut  châtié  à  son  tour,  et  fut  mis  à  mort 
par  ordre  de  Canut,  qui  punit  aussi  les  Anglais, 
traîtres  envers  Edmond.  Dès  lors  Canut  ne  tra- 
vailla plus  qu'à  se  concilier  par  de  sages  règle- 
ments les  sympathies  du  peuple  anglais.  11  ré- 


539 


CANUT 


0 


pudia  sa  femme  Alfifa ,  qui  était  une  princesse 
anglo-saxonne,  pour  épouser  Emma,  veuve 
d'Edmond,  dont  les  deux  fils  furent  envoyés  en 
Hongrie  auprès  d'un  de  leurs  parents.  Il  sup- 
prima toute  distinction  entre  les  Anglo-Saxons 
et  les  Danois,  remit  en  vigueur  les  anciennes 
lois,  rétablit  la  sûreté  publique  non-seulement 
dans  l'intérieur  du  pays,  mais  encore  sur  les 
côtes,  qui  depuis  des  siècles  avaient  été  expo- 
sées aux  ravages  des  pirates,  et  renvoya  l'ar- 
mée danoise.  En  même  temps  il  éleva  aux  plus 
hautes  fonctions  plusieurs  Anglais  ;  et,  pour  opé- 
rer plus  sûrement  la  fusion  des  deux  races  en- 
nemies, il  eut  recours  au  christianisme  et  au 
clergé.  Il  obtint  le  concours  de  celui-ci  par  de 
riches  dotations,  et  en  faisant  construire  des 
églises  et  des  couvents  dans  les  localités  où  les 
Anglais  et  les  Danois  s'étaient  livré  bataille.  Son 
frère  Harald  étant  mort  en  1018,  Canut  monta 
sur  le  trône  de  Danemark,  où  il  introduisit  défi- 
nitivement le  christianisme,  que  son  père  Suèn 
avait  violemment  combattu.  Il  réprima  les  guer- 
res privées,  et  assura  la  tranquillité  des  côtes 
par  une  expédition  contre  les  pirates  vendes 
(ou  vandales).  Il  appela  d'Angleterre  des  évê- 
ques  et  des  prêtres  instruits ,  pour  leur  confier 
l'organisation  de  la  hiérarchie  ecclésiastique  et 
l'éducation  du  clergé  danois;  puis  il  fit  venir 
des  artisans  et  des  architectes  anglais  pour  la 
construction  des  églises.Grâceà  son  gouvernement 
ferme  et  prudent,  la  civilisation  anglo-saxonne 
et  chrétienne  transforma  le  caractère  sauvage 
des  Danois,  en  leur  enseignant  de  nouveaux 
procédés  d'agriculture,  une  industrie,  des  métiers 
et  des  arts.  A  partir  de  ce  règne ,  le  Danemark 
devint  une  nation.  Le  premier  aussi.  Canut  ins- 
titua un  état  ecclésiastique  ;  il  établit  la  première 
noblesse ,  en  appelant  autour  de  lui  une  garde 
royale  de  trois  mille  hommes  (  Thinglith). 
Comme  il  fallait,  pour  aspirer  à  cet  honneur, 
être  fibre  et  riche,  les  membres  de  la  garde 
étant  obligés  de  s'équiper  à  leurs  frais ,  le  Thin- 
glith devint  ainsi  le  germe  d'une  aristocratie 
qui  obtint  de  nombreux  privilèges.  C'est  ainsi 
que,  contrairement  aux  anciennes  coutumes,  sui- 
vant lesquelles  le  peuple  assemblé  jugeait  toutes 
les  causes  sans  acception  de  personnes,  les 
membres  du  Thinglith  ne  furent  jugés  que  par 
leurs  pairs,  et  d'après  un  code  particuUer. 

Canut  se  soumit  le  premier  à  l'institution 
nouvelle  :  ayant  tué  dans  un  accès  de  colère 
un  de  ses  gardes ,  il  offrit  humblement  de  se 
laisser  juger  par  le  Thinglith.  Touchée  à  la 
vue  du  repentir  du  roi ,  l'assemblée  le  pria  de 
se  fixer  à  lui-même  une  peine  ;  ce  qu'fi  fit  en 
s'infligeant  une  composition  équivalente  pour 
meurtre.  Non  content  de  ses  grandes  posses- 
sions, auxquelles  il  ajouta  une  partie  du  pays 
des  Vendes  et  de  l'Ecosse ,  après  une  expé- 
dition heureuse  contre  le  roi  Malcolm,  il  mé- 
dita la  conquête  de  la  Norwége,  dont  le  roi  Olaûs 
(  le  Saint  )  avait  combattu  contre  les  Danois  en  , 


Angleterre  ;  mais  en  attendant  le  moment  f  h 
rable  il  se  rendit  en  1026  d'Angleterre  en  [  ;- 
rinage  à  Rome,  «  pour  obtenir  la  rémissioi  e 
ses  péchés,  et  pour  le  salut  de  ses  royaum(  » 
Cependant  il  ne  perdit  pas  de  vue  ses  des;  is 
politiques.  En  traversant  l'Allemagne,  la  Fia  -e 
et  la  France ,  il  se  fit  remarquer  par  sa  œi  î- 
cence.  Il  fut  accueilli  avec  distinction  par  le  je 
Jean  et  par  plusieurs  princes  présents  à  Rc  •, 
et  s'acquit  l'amitié  de  l'empereur  Conrad  n  jj 
demanda  la  sœur  de  Canut  en  mariage    ir 
son  fils,  lui  abandonna  le  margraviat  de  Sle  5, 
et  lui  promit  libre  passage,  sans  taxes  ni  im  5, 
pour  les  voyageurs  ou   commerçants  da  s. 
Sur  la  demande  de  Canut,  le  pape  diminua  i- 
sidérablement  le  tribut  que  devaient  paye  u 
saint-siége  les  clergés  danois  et  anglais,  ef  r- 
mit  la  fondation  d'un  asile  à  Rome  pour  al 
voyageur  venant  des  États  de  Canut.  En  vis  at 
les  tombeaux  des  apôtres.  Canut  fit  vœ  te 
prendre  pour  unique  règle  de  conduite  le  s- 
tice  et  la  piété.  11  fit  part  de  ce  fait  à  ses 
dans  une  lettre  curieuse  qui  existe  encore, 
termine  par  les  paroles  suivantes  :  «  J'ori  ut 
à  tous  administrateurs  de  l'État ,  s'ils  ve  nt 
conserver  mon  amitié  et  sauver  leur  âme,  ne 
commettre  d'injustice  ni  envers  les  riches  i  n- 
vers  les  pauvres.  Que  tous,  nobles  et  mat  •, 
obtiennent  ce  qui  est  leur  droit  suivant  1  f. 
On  ne  devra  jamais  s'écarter  de  cette  règh  :' 
par  crainte  de  moi,  soit  pour  favoriser  le 
voir  ou  pour  rempfir  mon  trésor;  je  ne  il\ 
pas  de  l'argent  produit  de  l'iniquité,  etc.  .'e- 
pendant,  à  son  retour.  Canut  trouva  le  ]  ■' 
mark  mécontent  de  cette  longue  absence, 
guerre  avec  la  Norwége  et  la  Suède.  Pou 
mer  le  peuple,  la  reine  Emma,  d'accord  a 
gouverneur  Ulf-Jarl ,  avait  fait  proclamei" 
prince  Canut  ;  mais  le  père,  blessé  par  cett 
sure,  reprit  la  couronne ,  et,  en  1027,  batti 
l'assistance  d'Ulf-Jai'I  les  flottes  norvégiei'i 
suédoise;  puis,  emporté  par  la  colère  (( 
Uif,  il  le  fit  tuer  dans  l'église  de  Roskilde 
capitale  de  Danemark),  que  par  expiathl 
son  crime  il  enrichit  ensuite  de  dons  et  de T 
énormes.  L'année  suivante,  il  envahit  la| 
wége,  dont  le  roi  Olaùs  (le  Saint)  s'ét; 
haïr  par  son  trop  grand  zèle  pour  le  ch  p8' 
nisme.  Olaùs  fut  tué  en  1030  par  ses  suje" 
surgés,  et  Canut  donna  la  couronne  de  No 
à  son  fils  Suèn.  Mais  déjà  de  son  vivant 
put  prévoir  la  chute  prochaine  de  son 
empire,  soutenu  seulement  par  sa  force 
sagesse.  Il  mourut  à  Shaftesbury  :  peu  de 
après,  son  fils  Suèn  fut  chassé  de  Norwé 
Magnus,  qui  fit  avec  Canut  Hl  de  Danem; 
traité  de  paix  portant  la  clause  remarquât  j 
le  survivant  hériterait  des  deux  royaume  | 
fils  Harald,  dM Pied-de-lièvre ,  succéda  1 
gleterre  à  Canut  le  Grand  ;  à  sa  mort,  en  Pi 
l'Angleterre  resta  réunie  au  Danemark,  so  f^ 
frère  Canut  III,  jusqu'à  l'an  1042  ,  qui  v    ^ 


,41  CANUT 

1  domination  danoise  en  Angleterre,  où  alors 
ilward,  (ils  d'ÉtheIred,  monta  sur  le  trône. 

P.-L.  MÔLLER. 

cANrx  III,  appelé  Harde-CamU,  fils  de  Ca- 
iil  le  Grand,  mort  en  1042.  Il  fut  élu  roi  de 
liiiemark  après  l'avènement  de  son  frère   Ha- 
ilil  au  trône  d'Angleterre.  A  la  mort  de  ce  der- 
iii,  Canut  réunit  les  deux  couronnes  ;  son  rè- 
if  fut  sans  gloire  et  de  courte  durée.  En  lui 
l'teignit  la  dynastie  danoise  d'Angleterre. 
Abkahams. 
CANCT  IV,  le  Saint,  fils  de  Suèu,  roi  de  Da- 
mark,  mourut  en  1086.  Successeur  de  son 
ère  Harald  en  1080,  il  fit  tous  ses  efforts  pour 
\  iliser  les  Danois.  Mais  sa  prédilection  pour  le 
M  f;é  lui  créa  parmi  les  nobles  et  dans  le  peu- 
f  de  nombreux  et  puissants  ennemis.  Aussi 
I  rrier  que  pieux,  il  poursuivit  et  vainquit  les 
ites   de  la  Baltique,  les  Prussiens    et  les 
iirlandais,  puis  il  résolut  de  reconquérir  l'An- 
lerre.  A  cet  effet,  il  rassembla  contre  Guil- 
\me  le  Conquérant  une  flotte  considérable.  Mais 
iiit  tardé  d'aller  joindre  ses  troupes,  elles  se 
persèrent.  Pour  punir  ses  sujets  de  cette  dé- 
tion,  il  leur  imposa  une  dîme  qu'il  exigea  ri- 
uieusement.  Les  paysans  jutlandais  s'insur- 
it'Cnt.  lie  roi  se  réfugia  en  Fionie  ;  mais,  pour- 
'ivi  par  les  insurgés,  il  s'enferma  dans  l'église 
Saint- Alban  à  Odense;  les  insurgés  forcèrent 
i  portes,  et  le  roi  fut  assassiné  en  1086. 
CANCT  V ,  fils  de  Magnus  et  petit-fils  du  roi 
colas,  mort  en  1157.  Après  la  mort  d'Éric,  roi 
Danemark,  en  1147,  les  trois  princes  Canut, 
lénonetWaldemar  se  disputèrent  pendant  dix 
i  la  couronne.  Canut  fut  obligé  de  s'enfuir; 
lis,  protégé  de  l'empereur  Frédéric  Barbe- 
iisse,  il  obtint  la  souveraineté  d'une  partie  du 
oemark.  Quelque  temps  après  cet  accommo- 
inent,  Suénon  invita  ses  compétiteurs  à  un  fes- 
',  où  il  les  fit  attaquer  à  l'improviste  par  ses 
lellites.  Waldemar  fut  assez  heureux  pour  s'é- 
jipper  ;  mais  Canut  mourut  assassiné. 

1  ABRAHA.MS. 

CANOT  VI,  roi  de  Danemark,  fils  de  Walde- 
r  le  Grand,  né  en  1162,  mort  en  1202.  Il 
lusa  la  fille  du  duc  saxon  Henri  le  Lion, 
monta  sur  le  trône  en  1182,  après  son  père, 
rt  il  continua  le  glorieux  règne.  L'empereur 
kdéric  Barberousse,  irrité  de  ce  que  le  roi 
koîs  refusait  de  se  reconnaître  pour  son  vas- 
renvoya  la  sœur  de  Canut,  qui  devait  épou- 
ile  fils  de  l'empereur,  et  excita  contre  le 
aemark  Bugislaw,  duc  des  Slaves- Vendes 
I  Vénèdes  )  de  la  Poméranie,  déjà  vaincus  et 
Ivertis  par  Waldemar.  L'archevêque  Absalon, 
i  de  Canut,  grand  guerrier  et  homme  d'État, 
^qna  l'île  de  Rugen  avec  une  flotte  de  cinq 
(ts  voiles,  et  remporta  en  1184  une  grande 
toire,  à  la  suite  de  laquelle  la  Poméranie  de 

I  "'lest  tomba  au  pouvoir  des  Danois.  En  1189, 
à  envoyés  du  pape  Clément  UI  vinrent  à  Ros- 

,  ^  le  pour  exhorter  les  Danois  à  la  croisade.  Les 


542 


Scandinaves  prirent  en  général  peu  de  part  aux 
expéditions  en  terre  sainte;  cirrq  seulement  des 
principaux  membresde  la  noblesse  suivirent  alors 
l'exhortation  du  pape;  la  plupart  préférèrent 
s'acquitter  de  la  dette  des  fidèles,  en  se  croisant 
sous  la  conduite  de  Canut  contre  les  pirates 
païens  de  la  Livonie  et  de  l'Esthonie.  Secondé 
par  son  ministre  et  général  Absalon,  Canut  réus- 
sit, en  effet,  à  établir  le  christianisme  dans  ces 
provinces  en  1196.  Mais  le  paganisme  reparais- 
sait toutes  les  fois  que  l'armée  danoise  abandon- 
nait le  pays  ;  alors  on  démolissait  les  églises  et 
l'on  tuait  les  prêtres.  Vers  la  même  époque, 
l'empereur  Barberousse  excitait  contre  Canut 
une  ligue  composée  du  Holstein,  du  Meklen- 
bourg,  et  des  villes  de  Brème,  Hambourg  et 
Lubeck,  et  à  laquelle  s'associèrent  le  roi  de  Nor- 
wége,  Sverre,  et  Waldemar,  évêque  de  Sleswig. 
Canut  triompha  de  ces  nouveaux  ennemis  :  il 
étouffa  l'insurrection  de  Waldemar,  qu'il  fit  pri- 
sonnier, et  soumit  le  Meklenbourg,  le  Holstein,  et 
les  villes  de  Lubeck  et  de  Hambourg.  Devenu 
maître  du  littoral  de  la  Baltique  presque  en  en- 
tier, il  prit  le  titre  de  roi  des  Slaves  et  des 
Vandales,  titre  que  les  rois  de  Danemark  por- 
tent encore.  Canut  mourut  au  milieu  de  ses 
triomphes,  laissant  à  son  frère  et  successeur 
Waldemar  H  (  le  Victorieux)  ses  conquêtes, 
auxquelles  celui-ci  avait  vaillanmient  contribué. 
Dans  ses  dernières  années  il  eut  un  différend 
avec  Philippe-Auguste,  roi  de  France,  qui  venait 
de  répudier  la  reine  Indeburg ,  sœur  de  Canut. 
Le  règne  si  guerrier  de  Canut  VI  fut  cependant 
utile  aux  progrès  de  la  civilisation  et  des  lettres. 
Ce  prince  fit  reviser  et  améliorer  le  code  de  Ca- 
nut le  Grand  (  Vitherlagsret  )  ;  sous  son  règne, 
le  clergé,  placé  par  Canut  IV  à  la  tête  des  autres 
classes  de  la  nation,  exerça  aussi  une  influence 
salutaire  sur  le  développement  de  la  société.  Plu- 
sieurs jeunes  Danois  visitèrent  les  universités 
étrangères,  notamment  ceUe  de  Paris.  Ils  en  rap- 
portèrent le  goût  des  lettres  et  des  arts.  Le  mi- 
nistre de  Canut,  Absalon,  protégea  les  lettres,  et 
ce  fut  sous  ses  auspices  que  s'exécutèrent  les 
travaux  historiques  de  Saxo  Qrammaticus  et 
de  Siieno  Aagcsen  sur  le  Nord. 

P.-L.   MÔLLER. 

CANUT,  appelé  Lavard  (saint) ,  duc  de  Sles- 
wig et  roi  des  Slaves-Obotiites,  second  fils  d'É- 
ric le  Bon,  roi  de  Danemark,  mort  le  7  janvier 
1131.  En  1116  il  déhvra  le  Sleswig  et  le  Hols- 
tein d'une  invasion  des  Obotrites,  et  succéda  à 
Henri,  leur  roi ,  après  avoir  été  couronné  par 
l'empereur  Lothaire,  à  la  cour  duquel  U  avait 
séjourné  pendant  six  ans.  Il  propagea  avec  pru- 
dence le  christianisme,  attira  dans  son  royaume 
des  artisans  allemands,  et  poursuivit  avec  vi- 
gueur les  pirates.  Aimé  et  respecté  dans  tout  le 
Nord  pour  ses  rares  qualités,  et  placé  dans  l'es- 
time des  Danois  bien  au-dessus  du  prince  Ma- 
gnus, fils  du  roi  Nicolas,  il  fut  traduit  par  ce 
dernier  devant  les  états,  sous  l'accusation  d'in- 


543 


trîguer  pour  s'emparer  de  la  couronne  de  Da- 
nemark. Déclaré  innocent ,  il  accepta  de  bonne 
foi  les  protestations  du  prince  Magnus,  qui  l'in- 
vita à  venir^à  Roskilde,  et  qui,  le  quatrième  jour 
des  fêtes  données  à  cette  occasion ,  l'assassina 
lâchement  dans  une  forêt  voisine.  Ce  meurtre 
irrita  si  vivement  le  peuple,  que  le  roi  Nicolas 
faillit  être  tué  dans  une  assemblée  populaire. 
Quant  à  Magnus,  il  fut  tué  en  1134  dans  une 
bataille  contre  le  frère  de  Canut,  Erik  Emun,  qui 
y  gagna  la  couronne  de  Danemark.  Canut  fut 
canonisé  en  1171.  P.-L.  Moller. 

Allen,  Danmarks  Historié.  —  ^Inotz,  f^ie  et  mar- 
tyre de  Canut  11^.  —  Holbcrg,  Danmarks  Kiyes  His- 
torié. —  Math,  de  Westminster,  Flores  kistoriarum.  — 
Saxo  Gramntsticus,  Danorum  regum  heroumque  histo- 
ria.  —  Pontanus,  Renan  danicarum  libri. 

*  CANUTi  (  Domenico-Maria  ) ,  peintre  et 
graveur,  né  à  Bologne  en  1620,  mort  en  1684.  Il 
fut  un  des  bons  élèves  du  Guide,  et  se  fit  sur- 
tout admirer  par  son  habileté  dans  l'art  des 
raccourcis;  il  fut  regardé  comme  un  des  meil- 
leurs peintres  à  fresque  de  son  temps,  mais  on 
estime  la  richesse  et  le  feu  de  ses  compositions 
plutôt  que  la  vigueur  et  la  vérité  de  son  coloris. 
Il  fut  souvent  employé  par  les  Pères  Olivetains , 
et  travailla  dans  leurs  monastères  de  Rome,  de 
Padoue  et  de  Bologne.  Dans  cette  dernière  ville, 
il  a  orné  leur  bibliothèque  et  leur  église  d'un 
grand  nombre  de  peintures,  parmi  lesquelles  on 
vante  principalement  une  Déposition  de  Croix 
aux  flambeaux ,  dite  la  Nuit  du  Canuti,  et  un 
Saint  Michel  qui,  peint  en  partie  dans  le  cintre 
de  l'église,  en  partie  dehors,  passe  pour  un  chef- 
d'œuvre  de  perspective.  Canuti  ne  fut  pas  )noins 
habile  comme  graveur  à  l'eau^ forte;  ses  planches 
les  pins  estimées  sont  les  portraits  de  Louis , 
d'Augustin  et  d'Annibal  Carrache,  d'après  le 
Gaiide,  et  une  Vierge  avec  le  Rédempteur,  assis 
sur  des  nuages.  E.  B — n. 

Lanzi, i'foria  pittorica.  —  Malvasina,  Felsina  pittriee. 

—  Ticozzi,  Dizionario. 

*CANWA,sage  et  poète  indien,  sous  le  nom  de 
qui  sont  inscrits  beaucoup  d'hymnes  du  Rig- 
Véda. 

M.  Langlois,  Traduction  du  Rig-Véda. 

*CANz  (Éverard-Christophe  ) ,  jurisconsulte 
wurtembergeois,  né  à  Bebenhausen  en  1720, 
mort  à  Tubingue  le  16  novembre  1773.  Il  pro- 
fessa le  droit  dans  cette  université.  On  a  de  lui  : 
Tract,  synopticus  de  Probabilitate  juridica, 
seude  Preesumptione  ,-Tubingen,  1751  •,—Diss. 
de  Adjunctis  Commissariorum;  Tubingen,  1755, 
in-4'';  —  Diss.  de  uno  ex  pluribus  litis  consor- 
tibus  ,  sux)  non  simul  alieno  nomine  agente  ; 
Tubingen,  1766,  in-4'';  —  Diss.  de  Gonditione 
facti  indebite  prsestiti;  Tubingen,  1759,  in-4''; 

—  Diss.  de  Gontradictore  in  concursu  credi- 
torum  ;  Tubingen,  1769,  in-4'*. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  JUgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CANZ  {Israël-Théophile),  théologien  pro- 
testant et  philosophe  allemand ,  né  à  Heims- 
heim,  dans  le  Wurtemberg,  le  26  février  1690, 


CANUT  —  CANZ  54, 

mort  à  Tubingue  le  28  janvier  1753.  Il  étndi 


à  Tubingue,  où  il  occupa  depuis  1734  successi 
vement  les  chaires  d'éloquence  et  de  poésie ,  d 
logique  et  de  théologie  morale.  D'abord  advei 
saire  décidé  de  la  philosophie  de  Wolf ,  il  ava 
déjà  rédigé  pour  la  réfuter  un  gros  volume  qi 
allait  être  mis  sous  presse,  lorsqu'il  s'aperçut  qu' 
n'avait  pas  jugé  cette  philosophie  d'après  son  v( 
ritable  sens  ;  il  fit  donc  assez  brusquement  volt( 
face,  et  le  nouveau  livre  qui  parut  alors  était  ç 
effet  un  commentaire  éloquent  de  ce  système 
dont  il   développa,  d'accord  avec  son  collègi 
Billinger,  quelques  parties  dans  un  sens  très 
libre.  Puis  il  appliqua  cette  philosophie  à  la  théoli 
gie  révélée  dans  toute  l'étendue  que  celle-ci  cor 
portait,  et  même  au  delà,  au  détriment  de  l'exégès 
Quant  à  la  théologie  morale,  qu'il  enseignait 
professait,  il  y  introduisitun  meilleur  choix  de  m 
tériaux  et  beaucoup  de  nouveaux  points  de  vu 
Ses  principaux  ouvrages  sont ,  dans  l'ordre  chn 
nologique,  les  suivants  :  Philosophias  Leibnï 
zianœ  et  Wolfianx  tisus    in  theologia,  p 
praecipua  fidei  capita;  Francfort  et  Leipzi 
4  vol.  lin-4°,  1728-1739,   ou  3   vol.   in-8°, 
1769,  in-4'';  — De  Regimine  Dei  universat 
sive  \  Jurisprudentia  civitatis   Dei  publiée 
Tubingen,  1731  et  1737,  in-8'';—  Eloquenti 
et  prœsertim  oralorise,   lineœ  paucœ,  etc 
Tubingen,  1734,  in-4''; —  Oratoria  scientiaru 
familiae  toti  cognata,  seu  rationis  et  orati 
nis  arctissimum  vinculum.  Accedit  laudam 
hypocrisis,  seu    eloquentia  corporis ,  secu 
dum  prxcepta ,  fundamenta  ,    adjumen 
quibus  formatur,  etc.;  Tubingen,  1735,  ia-i 
— Grcnnmaticx  vmiversalis  tenuia  rudiment 
Agitur  insimul  de  variis  modis  quibus  sj 
ritus  secum  invicem  suas  ideas  possint  cm 
municar e  ;T\ih\ngen,  1737,  in-4°;  —  Disp.i 
Origine  et  Propagatione  anJman<m;Tubinge 

1739,  in-4'',  et  1741,  in-4'';  —  Disciplina  m 
raies  omnes,  etiam  ex  quse  forma  artis  m 
dum  hue  usque  comparuerunt ,  perpet 
nexu  traditœ  ;  Leipzig,  1739,  in-S",  3^  édi 
Francfort  et  Leipzig,  1762,  in-8'';  —  Disput 
tiones  IV  de  Immortalitate  animse.  ;  Tubingi 

1740,  in-4°  ;  —  Ueberz-eiigender  Beweïs  a 
der  Vernunft,  betreffend  die  Unsterblichk , 
der  Menschen-Seeleninsgemein,als  besondi\ 
der  Kinder seelen ,  sammt  einem  Anham 
wie  es  der  Seele  nach  dem  Tode  zu  Muii 
sein  werde?  (Preuve  convaincante  et  l'aticij 
nelle  de  l'immortalité  de  l'âme  des  hommes 
général,  et  surtout  des  âmes  des  enfants,  ail 
un  corollaire  sur  l'état  de  l'âme  après  la  mor>| 
Tubingen,  1741,  in-8%  3"=  édit.  ;  1746,  in-S"; 
Ontologia  polemica;  Leipzig,  1741,  in-S"; 
Theologia  thetico-polemica  ;  Draiide ,  174j 
in-S"  ;—  Theologia  naturalis  thetico-polemvA 
Dresde,  1742 ,  in-S"  ;  —  Fortzetzung  der  R&\ 
beckschen  Betrachiungen  ûber  die  Augshê 
gische  Confession  (Idées  sur  la  Confcssr 
d'Augsbourg,  pour  servir  de  suite  à  celles' 


545  CANZ  — 

Reinbeck);  Berlin,  1743-1747,  in-4°;  —  Disp. 
de  Resurreclîone  corporis  cjvsdem  qxiodjam 
(jestamus ,  licet  novis  quali/arihns  vestiti  ; 
Tubingen,  1747,  in-4°  ;  —  Unterriclit  von  den 
PJlichten   der  Christen  ,  oder   theologlsche 
Moral,  zum  akademischen  %ind  allgememen 
Gebrauch  ausgeferligt  (Trailé  des  devoirs  des 
chrétiens,  ou  Morale  tiiéologique  rédigée  pour 
des  leçons  académiques  et  pour  l'usage  des  fa- 
milles); Berlin,  1749,  in-4°;  —  Meditationes 
philosophiez,  quibus  variœ scientiarum  dif- 
ficultates  expenduntur,  et  veritates  opposifas 
covfirmantur  ;  Tubingen,  1750,  in-4°;  —  Disp. 
■le  hiimana;  intse  termino,  neque  casui,  neque 
fato  obnoxio;  Tubingen,   1751,  in-4";  —  An- 
f Inopomorphismus   in    permultis  theologias 
irt'iculïs  delectus  ;  Tubingen,  1752,  in-4°;  — 
'oinpendium  Theologisc  purioris,  in  quo  jus- 
"is  dcfinitionibus  veritates  theologicx  dcter- 
ninantur,  determinatœ  ex  oraculis  demons- 
ranlicr,  oruoula  vindicantur,  etc.;  Tubingen, 
!752,   )n-8°;  Leipzig,  1756,  in-8°;  Heilbronn, 
'761,  in-8°;  —  Annotationes  ad  Compend. 
!  heolog.  pur.;  Tubingen,  1755,  in-S"  (  ouvrage 
osthume ,  publié  par  son  fils  George  Bernhard 
1  îanz  ) .  —  On  lui  attribue  encore,  mais  sans  preuve 
;  ertaine ,  un  ouvrage  anonyme ,  sous  le  titre  : 
\  leditationes  de  Origine,  Indole,  Effectibus 
\  ique  Historiajuris  re/ormandi  Regum  atque 
\  rincipum,  nec  non  statuum  Imperii  Romani 
lennanici;  1728,  in-8°. 

Adelung,  supplément  à  iôchtTyJlliiemeines  Gelehrten- 
exicon.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyc. 

*CANZiANi  (Giovan-Battista) ,  peintre  ita- 
eu,  né  à  Vérone  vers  1650,  mort  après  1712.  Il 

•  it  banni  de  sa  patrie  pour  le  fait  d'un  homicide, 
t  se  réfugia  à  Bologne.  Il  déploya  beaucoup 

I  e  talent,  et  obtint  des  succès  coname  peijitre  de 

.  ortraits. 

!  Oihndi,  Abbecedario  pittorico.  —  Lanzi,  J'toria  pii- 
'>rica. 

*CAiszLER  {Jean-É tienne),  médecin  alle- 
mand, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
ème  siècle.  On  a  de  lui  :  Unvorgreijliche  In- 

.vnation.  Die  won  den  loûthenden  Hunden 
ebissene  Personen  zu  heilen  (Nouveau  remède 
ûur  guérir  les  personnes  mordues  par  les  chiens 

jaragés);  Landshut,  1733,  in-8°. 

1  Carrére,  Bibliothèque  de  la  médecine. 

1  CANZLER  ou  CANZLAR  (Jean-George), 
omme  d'État  et  historien  allemand,  né  à  Bur- 
liardsdorf  (Hartz)  le  19  janvier  1740. 11  fit  par- 
ede  l'ambassade  saxoiinede  Stock)iolm  en  qua- 
té  de  sécrétait  e,  et  remplit  les  fonctions  de  con- 
nller  des  comptes  à  Dresde.  On  a  de  lui  : 
Umoires  pour  servir  à  la  connaissance  des 
ff aires  politiques  et  économiques  d^i  royaume 
eS«èf/e,- Dresde,  1776,2  vol.  in-4°;  traduit  en 
lemand,  Dresde,  1778,  2  vol.  in-8°. 

Galerie  hist.  des  Contemporains.  —  Biographie  nou- 
Ite  des  Contemporains. 

CAONABO  (  de  l'indien  caum,  or,  et  bou, 
laison),  cacique  haïtien,  mort  en  1494.  Lors- 

NODV.   BIOGR.   UNIVEKS.  —   T.   VUt, 


CAOULT  546 

que  Ciirisloplie  Colomb  eut  découvert  en   1492 
l'île  d'Haïti,  qu'il  nomma  Hispaniola,  il  (it,  pour 
assurer  sa  con(iuéle,  construire  un    petit  fort 
avec  les  débris  (le  son  vaisseau  amiral  In  Gal- 
lega ,  échoué  à  rentrée  de  la  baie  de  Caracole 
{ Puerto- Real). Cc:  fortin  fulnoininé  Natimdad 
(Nativité),    parce  qu'il  lut  occupé  le  jour  de 
Noël.  Colomb  y  laissa  quelques  canons  et  trente- 
huit  soldats,  sous  les  ordres  de  don   Diego  de 
Arana.  A  son  deuxième  voyage,  Colomb  vint,  le 
27  novembre  1493,  reconnaître  le  fort  de  Nativi- 
dad,  et  n'y  trouva  qu'un  monceau  de  ruines  in- 
cendiées. Un  cacique  voisin,  Gnacanagari,  roi  de 
Marien,  lui  fit  savoir  que  les  Kspagnols  qui  en 
composaient  la  garnison  avaient  tous  été  mas- 
sacrés par  les  habitants,  irrités  de  ce  qu'ils  leur 
enlevaient  leurs  femmes,  leurs  filles  et  leurs  pro- 
visions. Il  ajouta  que  cet  événement  avait  eu  lieu 
malgré  lui,  par  l'aide  et  les  conseils  de  Caonabo, 
roi  de  Maguano  et  de  Cibao,  un  des  plus  puis- 
sants chefs  de  l'île,  dans  le  pays  duquel  on  ra- 
massait le  plus  d'or.  Christophe  Colomb  fit  en 
mars  1494  une  expédition  dans  le  Cibao,  y  re- 
cueillit d'immenses  richesses  et  y  bâtit  la  forte- 
resse de  Saint-Thomas,  que  don  Alonzo  de  Ojeda 
fut  chargé  de  défendre  avec  cent  vingt-six  hom- 
mes. Caonabo,  redoutant  le  voisinage  des  Espa- 
gnols, vint  assiéger  Saint-Thomas  avec  cinq  à  six 
mille  Indiens.  Après  avoir  résisté  trente  jours, 
Ojeda  dut  évacuer  ses  retranchements  :  pendant 
sa  retraite,  il  tua  un  grand  nombre  de  naturels, 
et  dans  un  combat  désespéré,  livré  sur  les  rives 
du    Nicayagua    (Rio-del-Oro),  fit  prisonniers 
Caonabo  et  plusieurs  autres  chefs  de  sa  famille. 
Le  frère  de  ce  cacique ,  guerrier  courageux  et 
chéri  de  ses  compatriotes,  appela  à  son  aide  les 
Ciguayos  {Indiens  archers),  et,  à  la  tête  d'envi- 
ron sept  mille  combattants  armés  de  lances ,  de 
massues  et  de  llèciies,  vint  se  ruer  sur  Ojeda. 
Celui-ci,  ayant  reçu  un  renfort  qui  portait  à  trois 
cents  le  nombre  de  ses  soldats,  fit  charger  l'en- 
nemi par  sa  cavalerie,  et  remjjorta  une  victoire 
qui  rendit  les  Espagnols  mii^r^s  du  Maguana.  Il 
envoya  Caonabo,  son  frère  et  son  neveu,  char- 
gés de  fers,  à  Christophe  CoIot»)-',  qui  les  fit  em- 
barquer pour  l'Espagne;  mais  ils  moururent  dans 
la  traversée.  Herrera  et  après  lui  quelques  bio- 
graphes modernes  ont  rapporté  la  vie,  la  prise  et 
la  mort  de  ce  cacique,  avec  des  détails  romanes- 
ques que  les  auteurs  espagnols  et  la  conquête  des 
Indes  ne  confirment  pas.  A.  de  L. 

Ovltdo,  Hislorin  gênerai  y  nat.  de  las  fndia^,  lib, 
lil,  c.  1.  —  Feniand  Columb,  f^^ida  del  Amirante, 
ï'^  partie,  c.  32  —  P.t.  Martyr,  Océan,  dec.,  11,  lU,  IV. 
—  Art  (le  veii/ler  les  da>rs  (  Amérique  ). 

*CAorLT  (  Walcrand),  théologien  ethagio- 
graphe  flamand ,  vivait  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  Il  était  prêtre  et  sacristain 
de  l'église  Saint-Amant,  à  Douay.  On  a  de  lui  : 
Miracula  Virginis  Deipnrx  apud  Tungros  in 
Hannonia;  Douay,  1600,  in-12;  —  Bulles 
pontificales  tirées  du  Bullaire  romain,  tou~. 
chant  la  closturedes  religieuses,  tournées  dii. 

18 


547  CÂOULT  - 

latin  en  français ;'Doxi«^,UQ^^m-\l;  —  Orai- 
sonde  Jean  Trithème,  des  doiize  renards  cau- 
sant larnyne  de  la  religion, traduite;  Douay, 
j604,  in-12;  — MiraculaDominx  Gandiorum 
in  Picardia,  apud  Tiingros ,  Camberoiies  et 
Servies,  ab  lOBl-ICOô  ;  Douay,  ICOC,  iii-l2. 

Foppens,  liiblintlieca  fielriica.—  Adcliing,  supplément 
à  Jôrher,  ^llijeiiii'Aues  Celelirtcn-Leruon 

V  CAOURSiN  (  Guillaume),  liospitalier  franç^iis, 
né  à  Douay  en  1430,  niorl  en  lôOl.  Il  était 
Tice-cliancclier  (le  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jéru- 
salem. Il  méritxi,  par  ses  talents,  la  confiance 
du  grand  maître  et  du  clia[)itre,  et  la  dispense 
des  vœux  d'usage,  et  remplit  [)lusieurs  missions 
importantes  en  Italie.  On  a  de  lui  (juclqucs  ou- 
vrages écrits  en  latin,  qui  ont  cié  recueillis  et 
imprimés  à  Ulm  en  loOO,  in-fot.,  avec  ligures  en 
bois.  Le  principal  est  une  description  de  la  ville 
de  Rho<les,  et  du  siège  qu'elle  soutint  en  1480. 
Cette  relation  ,  qui  a  pour  titre  Obsidionis  iir- 
bis  Rhodix  descriptio,  a  été  imprimée  une  pre- 
mière fois  à  Rome,  sans  date,  in-4°,  et  réimpri- 
mée dans  la  même  ville,  1584,  in-foi.,avec  des 
augmentations. 

T)il)din,  Bibl. Spenseriana,  t.  IV  (sur  la  traduction  de 
Caxton,  voy.  nibdin.  Typographiral  antlquities,  I,  850.— 
Mbl.  GrerivUlcma,  p.  114.  —  Valerins  André.  Itibl.  Bel- 
gica.  î,  395, 3.  —  Nioéron,  Mémoires,  XV  el  XX. 

*CAP  (Paid- Antoine),  savant  français,  né  à 
Mâcon  le  2  avril  1788. 11  étudia  de  bonne  heure 
les  sciences  naturelles,  et  se  livra  avec  succès  à 
l'exercice  de  la  pharmacie.  Depuis  qu'il  a  quitté 
sa  profession,  il  consacre  tous  ses  moments  de 
loisir  à  des  recherches,  justement  appréciées,  sur 
l'histoire  des  sciences  qui  se  rattaclient  à  la  phar- 
macologie. Parmi  ses  travaux  on  remarque  :  Mé- 
moire sur  cette  question  :  Déterminer  si,  dans 
Vétnt  actuel  de  nos  connaissaines ,  on  peut 
établir  une  clossijicntion  régulière  des  médi- 
caments, fondée  sirr  leurs  propriétés  médi- 
cales ;  Lyon,  1823,  in-8";  —  Rapport  fait  à  la 
Société  de  plrarmacie  de  Paris  et  à  la  Société 
de  prévoyance  des  pliarmacicns  du  départe- 
ment de  la  Seine,  sur  la  réorganisation  d'une 
pharmacie  au  nom  d'une  commission  ;  Paris, 
1834,  in-8°  ;  —  Principes  élémentaires  de  pliar- 
maceutique ;  Paris,  1837,  vol.  m-^"  ;  —  Recher- 
ches sur  les  lactates,  et  S2ir  l'état  de  Ihirée 
dans  furine  de  l'homme  et  de  quelques  ani- 
maux,  en  collaboration  avec  M.  Henry;  Paris, 
1838,  in-8";  —  Éloge  de  Nicolas  Lemerij,  c fu- 
miste, etc.;  Paris,  1838,  in-8°;  —  Biogrnpfiie 
de  Moise  Charas ;  Paris,  1840,  in-8";  —  Traité 
de  Pharmacie;  Paris,  18'!7,  in-8";  —  Traité 
de  Botanique;  Paris,  1847,  in  8°  (dans  la  col- 
lection Aes  Cent  Traités);  — Histoire  de  la 
Pharmacie  ;  Anvers,  1851,  in-8"  ;  —  le  Muséum 
d'Histoire  naturelle  (Histoire  et  15iogra|ihie); 
Paris  (Curmer),  I8.j3,  gr.  in-S"  ; —  une  édition 
des  Œuvres  de  Bernard  de  Palissy  ;  Paris,  1844, 
in-12;  —  ime  traduction  des  Apliorismes  de 
physiologie  végétale  de  Lindley;  Paris,  1838, 
vol.  iU'S";  —  un  grand  nombre  d'articles  scien- 


CAPATXI  548 

tifiques  et  biographiques  dans  divers  recueils  pé- 
riodiques ,  et  notamment  dans  le  Journal  de 
Pharmacie  et  r Illustration.  M.  Cap  est  membre 
d'un  grand  nombre  de  sociétés  savantes  et  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur. 

Qiiérard  ,  la  France  lUt.,  et  suppl.  —  Bcuchot,  Journa, 
de  la  Librairie. 

CAPACcio  (Jules-César),  littérateur  napoli 
fain,  né  à  Campagna  en  1560,  mort  en  1631  I 
étudia  à  Naples,  y  devint  secrétaire  de  la  muni 
cipalilé  (  secrelario  delta  città  ),  fut  attaché  à  la 
maison  du  duc  François  délia  Rovere  à  Urbin. 
et  cWrgé  de  l'éducation  du  fils  de  ce  prince 
C'est  alors  qu'il  écrivit  la  plupart  de  ses  ou- 
vrages. L'Académie  degli  oziosi  de  Naples  1( 
compte  parmi  ses  fondateurs.  On  a  de  lui  :  Mer 
gellina,  egloghe  pescatorie;  Venise,  1598 
in-12;  — Apologhi  e  favot.e  in  versi  volgari 
Naples,  1602,  in-8";  —  lllustrium  mulierun 
et  itlustrhun  literis  virorum  Elogia;  Naples 
1608,  in-4°;  —  Declamazioni  in  difesa  delh 
Poesia,  recilate  nell'  Accademia  degli  oziosi 
Naples,  1612,  in-4";  —  Annotazioni  alla  Ge 
rusalemme  Uherata,  pour  l'édition  de  Naples 
1582,  in-12;  —  Neapolitanse  historix;  Naples 
1607,in-4°;  et  dans  le  tome  IX  du  Thesauru. 
antiquitatum  italicarum;  — Puteolana  his 
toria,  cui  accessit  de  Balneis  Ubellus  ;  Naples 
1604,  in-4",  et  dans  le  recueil  cité;  —  la  Ven 
Antiquité  di  Pozzuolo;  Naples,  1607,  in-8" 
Rome,  1652;  —  i  Forestierl;  Naples,  1620 
in-4";  —  Trattato delV  imprese ;  Naples,  1592 
—  il  Secretario;  Venise,  1599,  in-4". 

Soria  ,  Storici  Napolelani,  1,  128.  —  Crcscimbeni,  SU 
ria  delta  volgar  poesia,  v,  lee.  —  Tiraboschi,  Stori 
délia  leUeriit.  ital.,  VU,  1209,  VIU,  378,  424.  —  Toppi 
Vibl.  Napolet. 

CAPACti'S  (  Priam),  littérateur  sicilien,  né 
Ma/.ara,  massacre  dans  la  môme  ville  en  151" 
11  (it  ses  éludes  en  Allemagne,  et  fut  reçu  docteu 
à  Leij)/.ig.  Il  s'y  fit  remarquer  par  son  gofit  pou 
la  poésie.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  oblir 
l'emploi  de  trésorier  royal  à"  Mazara.  En  1517 
celle  ville  étant  le  théâtre  d'une  sédition.  Caps 
cius  se  jeta  au  milieu  des  révoltés,  afin  de  les  en 
gager  à  rentrer  dans  le  devoir;  mais  il  fut  lâche 
ment  frappé  à  mort.  On  a  de  Capacius  un  \kiW) 
à  la  louange  de  Frédéric  F",  publié  sous  le  noi 
de  Fridericeis ;  Leipzig,  1488,  in-4°. 

Mongitor,  Bibl  Sicula. 

CAPALLA  (Jean-Marie),  dominicain  italien 
né  à  Saluées,  mort  le  2  novembre  1596.  Il  prc 
fessa  la  théologie  à  Faénza  et  à  Bologne,  et  fi 
nommé  inquisiteur  général  à  Crémone.  On  a  d 
lui  :  Scintilla  délia  fiamma  innossïa;  —  d 
Cœna;  Venise,  1604;  —  Arca salutis  humana 
sive  Commentaria  tocupletissima  in  Testamei 
tum  et  Passionem  J.-C;  Venise,  1606,  in-fol. 

Posscvin,  Bibliolhe.ca  selecta.  —  Échard,  Scripton 
ordinis  Prxdicalorxim. 

*  c A  p A 1X1  (  Jean-Baptiste  ),  théologien  itf 
lien,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep 
tiéme  siècle.  Il  fut  doyen  à  Arezzo.  On  a  de  lui , 


549  CAPALLI  - 

Eicnmo  delV  ahito  monacale,  discorsl  sagrl  ; 
Venise,  1C80,  in-4". 

fatal,  delà  bibl.  imp.  de  Paris.  —  Adelung,  suppl.  à 
liichcr,  /illiiem.  CcU'hricn-l.erlcon. 

*CAPALt1  (  Franccsco),  compositeur  italien, 
lé  à  Fossotnbrone  (  États  romains),  vivait  en 
1788.  M  était  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
lo  Narni,  et  a  publié  :  il  Confrappunlïsla  pra- 
tco,  osslano  dimostrazioni  Jatte  sopra  l' espe- 
ienza;  Terni,  1788,  in-S". 
Fétls,  Biographie  imioerselle  des  Musiciens. 
câPANA,  général  français,  d'origine  piémon- 
aisc,  né  à  Turin  vers  1770,  mort  en  1812.  Après 
voir  pris  part  avec  les  Français  aux  campagnes 
l'Italie,  il  devint  préfet  d'Alexandrie;  et  (juelque 
enips  après  il  rentra  dans  la  carrière  militaire, 
l'otint  le  grade  dégénérai  de  brigade,  et  combattit 
Durtern  et  à  Austerlitz.  Devenu  aide  de  camp 
lu  grand-duc  de  Berg,  il  trouva  la  mort  en  dé- 
:  ndant  Ostrolenka. 
r'ict  et  conq.  des  Fr.  —  Monit.  vniv. 
CAPANNA  (Puccio  ),  peintre  florentin  du  qua- 
orzième  siècle.  11  fut  l'élève  et  l'heureux  imita- 
eiir  du  Glotte  :  on  reconnaît  l'effet  des  leçons 
u'il  avait  reçues  à  la  justesse  de  l'expression, 
la  simplicité  du  mouvement;  maison  voit  aussi 
;u'il  avait  plus  de  peine  encore  que  son  maître  à 
e  dégager  des  traditions  routinières  des  Grecs. 
on  coloris  est  plus  brillant  et  plus  moelleux 
lans  les  draperies  que  celui  duGiotto,  mais  les 
;  liairs  sont  trop  étudiées,  et  ce  fini  qui  fut  une 
'les  qualités  et  un  des  défauts  des  peintres  de  cet 
ije  sent  trop  le  travail,  et  pas  assez  l'inspiration 
ie  lu  nature.  Après  la  mort  du  Giotto,  Capanna 
otitinna  à  Assisi,  dans  l'église  inférieure  de 
<aint-François,  les  fresques  commencées  par  son 
naître;  il  y  représenta  divers  sujets  de  la  Pa.s- 
•  ton,  qiii  exisleut  encore  aujourd'hui.  Ses  autres 
limages  à  Rimini,  à  Florence,  à  Assisi  même, 
int  disparu;  mais  nous  sommes  plus   heureux 
■  \  l'isloja,  où   nous  trouvons  dans  l'ancienne 
.  îhapelle  de  Saint-Louis,  aujourd'hui  sacristie  de 
ii'église  Saint- François,  des  fresques  de  Capunna 
jtl'une  étonnante  conservation;  les  figures  de 
■^aint  Pierre,  saint  Paul,  saint  Louis  et  saint 
f Mirent  ont  encore  fout  leur  éclat.  Ici  se  pré- 
^ente  une  singulière  difficulté  :  suivant  Vasari, 
iiui  attribue  formellement  à  Capanna  les  pein- 
tures de  la  chapelle  Saint-Louis,  cet  artiste  serait 
'mort  jeune,  épuisé  par  l'ex-cès  du  travail;  et  d'un 
autre  coté,  suivant  des  mémoires  du  couvent  de 
■^aint-François  cités  par  Tolomei  (  Guida  di  Pis- 
'lya),  la  ciiapelle  mt>me  n'aurait  été  construite 
qu'en  1386  :  en  supposant  donc   que  Capanna 
n'ait  eu  que  vingt  ans  à  la  mort  du  Giotto,  il  eût 
l'té  àué  de  soixante-dix  ans  lorsqu'il  peignit  la 
rhapelle  de  Pistoja.  Il  serait  assez  difficile  de  ré- 
soudre ce  problème  :  ce  qui  est  pins  important, 
c'est  la  certitude  que  les  peintures  que  nous  |)os- 
sédons   sont   l'œuvre  du  Capanna.  Cet  artiste 
avait  à  la  même  époque ,  disent  encore  les  mé- 
ïnoires  du  couvent,  commencé  dans  le  cloître 


CAPASSO  550 

|)liisieurs  peintures  qu  turent  terminées  par  An- 
tonio Vite,  Capanna  n'ayant  pu  les  aciiever. 
Cette  circonstance  pourrait  peut-être  nous  four- 
nir une  donnée  approximative  sur  l'époque  de 
sa  mort,  d'autant  [ilus  (jue  Vasari  ne  parle  de  sa 
fin  prématurée  que  comme  d'un  on  dit;  mais  il 
est  plus  explicite  quant  au  lieu  de  sa  naissance  : 
il  dit  positivement  (lue  Capanna  était  Florentin,  et 
je  ne  sais  [tourcpioi  Lan/.i  et  après  lui  Valéry  ont 
rangé  ce  maître  dans  l'école  romaine,  h  laipielle 
il  n'appartient  ni  par  sa  patrie  ni  |iar  le  maître 
sous  lequel  il  étudia.  E.  Uui:to>. 

I.anzi,  Stiiria  piftoriros.  —  VasnrI,  f i^e.  —  Tolomcl, 
Guida  di  l'iitoja.  —  Valéry,  ynyiigea  en  Italie. 

*CAPANXA  {Giovanni- Ihittista  i»ki.),  peintre 
siennois,  llorissait  en  1499,  et  mourut  en  li40. 
il  a  laissé  cjuclques  fresques  dans  sa  patrie,  en- 
tre autres  une  Madone  sur  la  porte  de  l'ancien 
monastère  de  Santa-Margnrita  in  Castel-Vec- 
chio,  et  les  Travaux  d' Hercule  sur  la  façade 
du  palais  Nastasi.  E.  B — n. 

Rom.ijïnnli ,  Cenni  storico-artistici  di  Siena. 

CAPAKAJVii-:,  vestale  romaine,  morte  en  265 
avant  J.-C.  Sous  le  consulat  de  Fabius  Gurgès 
et  de  Manilius  Vitulus,  une  épidémie  faisait  dans 
Rome  de  si  grands  ravages,  que  Ton  consulta  les 
livres  sibyllins.  Ils  répondirent  que  le  fléau  ces- 
serait lorsque  la  colère  des  dieux  serait  apaisée 
par  la  punition  d'im  grand  crime.  On  découvrit 
que  Caparanie  avait  violé  son  vœu  de  chasteté, 
et  les  Romains  crurent  voir  dans  cette  faute  le 
motif  de  la  colère  céleste.  Caparanie  fut  condam- 
née, suivant  la  loi,  à  être  enterrée  vivante.  Elle 
s'étrangla  pour  échapper  à  ce  supi)lice;  mais  son 
corps  fut  mis  en  terre  connue  s'il  eût  été  animé. 
Malgré  cette  cérémonie  expiatoire,  l'épidémie  ne 
cessa  point. 

Zoiijiras,  VIU.  —  nior/.  in\iv.  des  Femmes  célèbres. 

*CAPASSi  (  Dominique  ),  astronome  italien, 
de  l'ordre  des  Jésuites,  natif  de  Naples,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
En  1722  il  vint  à  Lisbonne,  où  il  se  lit  remaniuer, 
ainsi  que  Jean-Ba|)liste  Carbone  ,  par  ses  obser- 
vations astronomiques.  On  a  de  lui  :  Observatio 
lunaris  eclipsis  habita  Uli/ssipone  in  pa- 
latio  rcgio  die  1  novembre  1724,  a  Joh.-Dapt, 
Carbone  et  Domin.  Capasso;  Lisbonne,  1724, 
et  dans  les  Àcta  Entditorum,  1725. 

Raililcf,  Gcsrhicidejelztlcbendcr  Gelehrten  (Histoire 
des  savants  contemporains),  t.  VIII,  p.  329 

CAPAssi  ou  CAPASSO  { J mn -  Baptiste), 
médecin  et  [ihilosophe  italien,  né  à  Grumo,  mort 
à  Naples  en  1735.  Il  professa  à  l'université  de 
Naples.  On  a  délai  :  Historiœ  pliilosophix Sij- 
nopsis,  sive  de  origine  et  progressa  p/iitoso- 
phi,T,  de  vitis  et  sijstematibns  omnium  pliilo- 
sopfiorum,  etc.,  divisée  en  quatre  livres;  Na- 
ples, 1728,  in-4". 

Journal  des  iaviints ,  an.  1729— Aileliing,  supplément 
à  .lôclier,  ^llçeinenii'S  (ielehrleii-l.exicon. 

CAPASSO  (  Mcolas  ) ,  jurisconsulte  et  poète 
italien,  né  k  Grumo,  village  de  la  province  d'A- 
versa,  le  13  septembre  1671,  mort  le  i*'  juin 

18. 


551  CAPASSO 

1745(1).  Il  professa  les  droits  civil  et  canon,  et 
écrivit  sur  les  mêmes  matières.  Il  se  fit  connaître 
par  ses  poésies,  et  notamment  par  sa  traduction 
ou  plutôt  sa  parodie  des  sept  premiers  chants  de 
VHiade,  en  (iiaiecte  napolitain. 

Villarosa,  Ritratti  poetici;  Naples,  1725,  p.  B7.  —  Ti- 
paldo,  liing.  deyli  Ital.  iiliistri. 

CAPUCEiL  OU  CâPDUELH  (Po«5  de),  trouba- 
dour  français  du  douzième  siècle.  C'était  un  noble 
baron  du  diocèse  du  Fuy -Sainte-Marie  :  il  faisait 
des  vers,  jouait  de  la  viole,  et  chantait  bien.  Il 
fut  bon  chevalier  d'armes,  parlant  agréablement, 
gentil,  courtois,  grand,  beau,  riche,  fort  éco- 
nome, mais  se  faisant  honneur  de  sa  fortune 
autant  que  de  ses  manières  et  des  grâces  de  sa 
personne.  Capdueil  aima  d'amour  une  dame  de 
Mercœur,  nommée  Azalaïs,  femme  du  grand 
comte  d'Auvergne,  et  fille  de  Bernard  d'Anduse, 
baron  de  la  Marche  de  Provence.  Il  l'aimait 
moult,  disent  les  contemporains,  et  la  louait,  et 
faisait  sur  elle  de  jolies  chansons.  Il  fut  égale- 
ment aimé  d'Azalaïs,  et  leur  amour  était  ap- 
prouvé de  tous  les  honnêtes  gens.  Capdueil  lui 
donnait  maintes  belles  fêtes,  et  faisait  pour  elle 
maintes  belles  chansons.  Pendant  qu'il  était  avec 
elle  dans  cette  joie  et  dans  ces  plaisirs,  il  lui 
prit  fantaisie  d'éprouver  si  elle  l'aimait  bien.  Il 
résolut,  dans  sa  folie ,  de  faire  semblant  Je  s'en- 
tendre avec  une  autre  dame,  pensant  que,  si  son 
éloignement  d'Azalaïs  était  pénible  à  cette  dame, 
il  pourrait  savoir  alors  qu'elle  l'aimait  bien  ;  et 
que  Si,  au  contraire,  son  éloignement  ne  lui  dé- 
plaisait pas ,  il  serait  sûr  qu'elle  ne  l'aimait  point. 

Quand  Azalaïs  vit  que  Pons  de  Capdueil , 
qu'elle  avait  tant  aimé  et  honoré,  s'était  éloigné 
d'elle  et  s'éta  t  porté  vers  une  autre,  elle  montra 
pour  lui  un  fort  grand  dédain,  et  pas  un  seul  jour 
ne  parla  de  lui  à  personne  et  ne  s'informa  de 
lui.  Elle  ne  répondait  rien  à  qui  lui  en  parlait, 
et  elle  vivait  avec  grande  cour  et  grande  galan- 
terie. 

Pons  de  Capdueil  s'en  allait  dans  la  Provence, 
faisant  le  courtois  et  fuyant  les  assemblées  d'A- 
zalaïs ;  mais  quand  il  vit  et  sut  qu'elle  ne  mon- 
trait nul  courroux  de  son  éloignement,  quand  il 
vit  qu'elle  ne  lui  envoyait  ni  lettres  ni  messages, 
il  pensa  qu'il  avait  mal  fait  :  il  se  rapprocha  de 
sa  dame,  et  renonça  à  la  folle  épreuve  qu'il  avait 
tentée.  Mais  Azalaïs  ne  voulut  écouter  merci  ni 
raison.  Il  fit  pour  elle  une  chanson,  et  cett«i  chan- 
son ne  lui  servit  à  rien  ;  il  en  fit  une  autre  qui 
ne  produisit  pas  plus  d'effet.  Azalaïs  ne  voulait 
pas  le  recevoir  en  grâce.  Alors  Capdueil  vint 
implorer  l'intercession  de  plusieurs  grandes  da- 
rnes qui  exerçaient  le  l'influence  sur  la  comtesse, 
et  par  les  prières  de  ces  dames  Azalaïs  lui  rendit 
ses  bonnes  grâces.  Alors  Pons  de  Capdueil  fut 
plus  content  qu'homme  du  monde,  et  dit  que  ja- 
mais il  ne  feindrait  plus  pour  éprouver  sa  dame. 

Tant  qu'elle  vécut,  il  n'en  aima  d'autre  ;  quand 

(1)  Et  non  1746,  codiine  le  dit  la  Biographie  univer- 
selle (les  (rércs  Michaud, 


—  CAPÈCE  ô^ 

elle  fut  morte,  il  tomba  dans  une  tristesse  prc 
fonde,  et  tourna  ses  sentiments  vers  la  religion 
il  se  croisa,  et  prêcha  la  croisade.  Il  compos 
sur  ce  sujet  deux  poèmes,  où  il  exhorte  les  roi 
de  France  et  d'Angleterre  à  faire  la  paix,  et  le  n 
de  la  Pouillb  et  l'empereur  à  vivre  en  bon  a< 
cord  jusqu'à  ce  que  le  saint-sépulcre  soit  délivn 
Capdueil  passa  outre -mer  avec  PhilippoAi 
guste  et  Richard,  et  mourut  dans  la  troisièir 
croisade,  qui  eut  lieu  l'an  1190.  [Enc.  des  (^ 
du  m.  ] 

Bavnoiiard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours. 
Hist.  littéraire  de  la  France,  XX,  22. 

CAPÈCE  (Conrad,  Manno  et  Jacopo),  fri 
res  et  nobles  napolitains,  exécutés  en  1268.  I 
étaient  très-attachés  à  la  maison  de  Souabe  ( 
au  parti  gibelin.  Lorsque  Mainfroy,  prince  d 
Tarente,  fils  de  l'empereur  Frédéric  II,  vouli 
prendre  possession  du  royaume  de  Naples,  k 
Capèce  se  firent  ses  guides  pour  traverser  1 
Capitanate,  et  lui  donnèrent  asile  dans  leur  cli. 
teau  d'Atripalda,  d'où,  avec  leur  aide  et  malgi 
les  embûches  du  marquis  Berthold  de  Ilohen 
burg,  Mainfroy  put  atteindre  Luceria  et  se  faii 
reconnaître  des  Sarrasins,  habitant  cette  ville  sou 
la  protection  de  l'Allemagne.  Après  la  mort  o 
Mainfroy  ou  Manfred ,  tué  à  la  bataille  de  Grai 
délia  le  20  février  1204,  Coni'ad  et  Marino  Capèci 
députés  de  la  noblesse  gibeline  de  Sicile,  vinrei 
trouver  Conradin,  neveu  de  Manfred,  réfugié 
la  cour  de  Bavière,  et  l'engagèrent  à  relever  e 
Italie  l'étendard  de  Souabe,  dont  il  était  le  dernit 
prince.  L'y  ayant  déterminé,  Conrad  Capèce  coi 
rut  à  Pise  raffermir  le  courage  des  gibelins  pc 
la  promesse  de  prompts  secours.  Il  s'embarqn 
ensuite  pour  Tunis,  dans  le  but  d'y  prendre  Fri 
déric,  frère  de  Henri,  prince  de  Castilie,  scn; 
teur  de  Rome,  qui  s'était  déclaré  pour  le  jeuc 
Conradin.  Conrad  Capèce  débarqua  Frédéric 
Scialta  avec  huit  cents  chevaliers,  et  en  peu  d 
temps  il  ne  resta  de  la  Sicile  que  Palerme  au 
F'rançais.  Ce  succès  ne  fut  pas  de  longue  dui-é( 
Après  la  perte  de  la  bataille  de  Tagliacoz/ 
(  23  août  1268  ) ,  suivie  de  la  prise  et  de  la  mis 
à  mort  de  Conradin,  les  gibelins  dispersés  tou 
bèrent  successivement  entre  les  mains  de  Charlt 
d'Anjou,  qui  les  égorgea  sans  merci.  Tel  fut  I 
sort  de  Marino  et  de  Jacobo  Capèce  ;  plus  tare 
les  habitants  de  Conturbia  livrèrent  Conrad 
Guillaume  l'Étendard,  lieutenant  de  Charles 
qui  le  fit  pendre  après  lui  avoir  fait  arrache 
les  yeux, 

Nicolas  de  Jamsilla,  Historia,  p.  S23.— Malasplna,  Ht: 
toria  Sicvlx,  IV,  387.— Sisinoridi,  Histoire  des  Républi 
gués  italiennes,  iV.  ch.  XVlli  et  XX. 

*  CAPÈCE  (  Alexandre  ),  compositeur  italien 
né  à  Rome,  vivait  en  1024.  On  a  de  lui  :  Sacr 
concerti  d'un  vago  et  nuovo  stile;  reçue 
conservé  dans  là  bibliothèque  l'oyale de  Lisbonne 
Mo/elti,  de  deux  à  huit  voix  ;  Venise,  1613;  - 
Magnificat;  Venise,  1610;  —  Madrigali,  A 
quatre  à  huit  voix;  Venise,  1617;  —  Matutin 
l  del  Natale,  de  quatre  à  huit  voix;  Venise,  1623 


553  CAPÈCE 

—  Motetti  concertati,  de  deux  à  cinq  voix  ;  Ve- 
nise, 1624.   , 

Félls.  Biopraphie  universelle  des  Musiciens. 

* cxvkcv.  {  Ange) ,  théologien  italien,  de 
l'ordre  des  Tiiéatins  ,  vivait  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Dïscorsi 
xagris  recitati  in  diverse  cAJe4e;Rome,  1711, 
in-4°. 

Adelung,  supp!.  .à  Jôoher,  Àllgem.  Gelehrt.- Lexicon. 
CAPKCE  {Antoine  ),  jurisconsulte  napolitain, 
mort  en  1545.  II  était  d'ancienne  et  noble  fa- 
mille. Après  s'être  rendu  célèbre  par  son  élo- 
quence dans  l'exercice  de  sa  profession  d'avo- 
cat, il  fut  chargé  de  professer  le  droit  à  Naples. 
Dans  l'intervalle,  en  1517,  il  avait  été  envoyé  en 
Sicile  par  le  vice-roi,  pour  y  apaiser  les  troubles 
qui  s'étaient  élevés.  Il  laissa  :  Recueil  de  déci- 
sions, imprimé  en  Sicile;  —  Institutiones/eu- 
dales. 

Krsch  et  Gruber,  AUgemeine  Ëncyclopsedie. 

CAPÈCE  OU  CAPTCius  {Scipiou  ),  fils  d'An- 

iitoine  Capèce,  poète  italien,  mort  vers  1562.  11 

(écrivit  sur  le  droit,  qu'il  professait  à  Naples,  et  se 

|fit  surtout  connaître  par  ses  poésies  latines.  Sa 

Ifcibliothèque,  riche  et  bien  composée,  était  fré- 

tajentée  par  les  savants  et  les  littérateurs.  11  fut 

lié  avec  l'élite  de  ses  contemporains ,  notamment 

iGarcilasso  de  la  Véga,  et  fut  l'objet  d'une  considé- 

l'ation  particulière  de  la  part  d'Isabelle  Villamarini, 

■qu'il  loua  dans  ses  ouvrages.  Chargé  de  gérer  les 

t  biens  du  prince  de  Palerme,  il  tomba  dans  la  gène 

par  suite  de  la  confiscation  encourue  par  ce  prince, 

qui  avait  abandonné  le  parti  de  Charles-Quint 

pour  celui  du  roi  de  France.  On  a  de  Capèce  :  une 

léàitmidesCommentah-esdeDonat  sur  Virgile, 

d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Ponta- 

iius;Naples,  1535; — dedivo  Joanne-Baptista, 

vatc  maxime,  libri  III;  Bâie,  1542,   in-8°, 

lans  les  Poemata  sacra  prxstantium  poeta- 

rum  d'Oporinus;  Venise,  1546,  avec  le  poème 

de  Principiis   rerum.  Gesner  fait  l'éloge  de 

ce  poëme,  qu'il  compare  aux  œuvres  de  l'an- 

tiquité  :  Quod  cuni  veterum  etiam  mujestate 

"onferri  queat;  —  de  Principiis   rerum  li- 

'>ri  II;  —  de  Vate  maximo  libri  III;  Venise, 

t    es  Aide,  1546  :  ce  poëme,  réimprimé  plusieurs 

'  jois  et  dans  plusieurs  villes,  telles  que  Paris, 

:   Saples,  etc.,  a  été  traduit  en  vers  libres  par  le 

I  '^.  Ricci,  traducteur  de  l'ylnii-Z/iicrèce  du  cardinal 

le  Polignac;  Venise,  1754,  iii-8°  ;  Capèce  y  éta- 

)lit,  d'après  l'école  ionienne,   que  l'air  est  le 

irincipedes  clioses;  — des  Élégies,  au  nombre 

le  quatre;  Naples,  1594  et  1754  :  la  dernière 

le  ces  élégies  parle  des  misères  de  l'auteur  et  de 

('elle  de  son  siècle;  —  des  Épigrammes ,  au 

[lombre  de  six ,  imprimées  avec  les  élégies  et  les 

■  , autres  poésies; Naples,  1594  et  1754  :  quelques- 

|ines  de  ces  épigrammes  sont  de  l'invention  du 

!  loëte  ;  les  autres  sont  empruntées  à  l'Anthologie; 

-Magistrahmmregni  JSeapolis  quaiiter  cum 

mtiquis  Romanorum  conveniant  compendio- 

"w;  nunc  denmm  recognitum  et  instaura- 


554 


tum;  Naples,  1594  et  1754,  en  prose;  —  su- 
per tu.  de  acquir.  Possess.  ubi  multa  in  prac- 
tica  et  in  maleria  fcudorum  et  constitutione 
regni  conlinentur ;  Naples,  sans  date,  in-4\ 

Tnppi,  Uiblint.  Napolet.—  dcsner.  In  llibliol.—  Dayle» 
Dictionnaire  critique.  —  Biog,  degli  Uomini  illustri 
del  reg.  di  Napoli. 

*  CAPËCK  (  Charles-Sigismond  ),  né  en  1652, 
mort  en  mars  1719.  Après  avoir  reçu  dans  la 
maison  paternelle  sa  première  instruction,  il  sui- 
vit son  père  en  Espagne,  et  compléta  ses  études 
aux  universités  de  Valence  et  de  Compos- 
telle.  A  son  retour  en  Italie,  il  s'appliqua  d'abord 
à  la  jurisprudence,  puis  il  cultiva  de  préférence 
l'art  dramatique.  Lorsque.  Marie-Casimir,  veuve 
de  Jean  Sobieski,  roi  de  Pologne,  vint  à  Rome 
au  mois  de  mars  1699,  Capèce  remplit  auprès 
de  cette  princesse  les  fonctions  de  secrétaire 
pour  la  langue  italienne,  if  alla  avec  elle  en 
France,  y  resta  jusqu'au  mois  de  janvier  1716, 
et  revint  à  Rome,  où  il  demeura  jusqu'à  sa  mort. 
Ou  a  de  lui  :  Vienna  Uberata,  orazione; 
1683;  —  il  Trionfo  del  S.  elettore  Massimi- 
liano Emanuele,  ducadiBaviera,  orazionepa- 
negirica;  1684;  —  il  Visir  discacciato,  opéra 
scenica;  —  V  Amore  vince/ortuna  ;  —  la  Cle- 
menzia  d' Augusto;  —  V  Orlando  ovvero  la 
Gelosia  Pazzia;  —  Ifigenia  in  Aulide;  —  I/i- 
geniain  Tauri;  —  Tito  e  Bérénice;  —  il  Te- 
lemaco  ;  —  Tolomeo  ed  Alessandro;  —  la 
Conversione  di  Clodovio,  re  di  Francia,  ora- 
torio. 

Tipaldo,  Biog.degli  Ital.  illustri,  IV,37S. 

CAPÈCE  (  Galeotta-Fabio  ),  homme  d'État  et 
publiciste  napolitain,  mort  à  Naples  en  1645.  Il 
fut  président  de  cour  à  Madrid,  et  régent  du  grand 
conseil  italien.  On  a  de  lui  :  de  0/Jlcioruin  ac 
Reguliïim  prohibitu  sine  principis  autoritate 
commentatio  ;  —  Responsum  pro  duce  Gra- 
vina  ;  —  Super  successiotie  principatus  Bisi- 
niani;  —  Controversie  regali;  —  i  Risponsi 
/iscali  i  più  scelti. 

Ersch  el  Oruber,  .JUg.  Encycl. 

CAPÈCE  ou  cAPicius  { Marc- Antoine) , 
théologien  italien,  né  à  Naples  en  1569,  mort 
dans  la  même  ville  le  18  novembre  1640.  Issu 
d'une  famille  honorable,  il  entra  dans  la  compagnie 
de  Jésus,  se  livra  à  la  prédication,  puis  à  l'en- 
seignement, et  ne  voulut  pas  accepter  l'évêché 
de  Nicotero,  qu'on  lui  offrait.  On  a  de  lui  :  une 
Oraison  funèbre  de  La  reine  Marguerite  d'Au- 
triche. 

Aleyambe,  Script.  Soc.  Jesu. 

CAPÈCB-LATRO  (François),  historien  napo- 
litain, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  :  l' Istoria  délia 
città  e  regno  di  Napoli. 

Toppi.  Bibliolheca  N apotetann. 

CAPÈCB-LATRO  { Hector),  jurisconsulte  na- 
politain, né  à  Naples,  mort  le  10  août  1564.  Il 
jouissait  d'une  grande  réputation,  et  Philippe  IV, 
roi  d'Espagne,  l'employa  avec  succès  dans  plu- 
sieurs missions  importantes.  On  a  de  Capèce; 


555 

Declsiones  NeapoUtanœ ;  ^a]>\es,  1652,^-8"; 
—  Résolut iones  et  selectiones  ;  Genèse,  1664. 

Lorenzo Ciasso,  Elo(i.  d'Lomini  lellerali. 

.  tAPÉCE-LATRO  {Joscp/i),  archevêque  et 
publicisle  napolitain,  né  à  iNaples  le  23  septem- 
bre 1744,  mort  le  2  novembre  1836. 11  était  issu 
de  l'une  des  plus  anciennes  familles  napolitaines, 
et  obtint,  très-jeune  encore,  l'arciievêclié  de  Ta- 
rente,  qui  donne  au  titulaire  le  rang  et  les  privi- 
lèges de  primat  du  royaume  de  Naples.  Ces  dis- 
tinctions ne  l'empêchèrent  cependant  pas  de  dé- 
fendre les  principes  d'une  philosophie  éclairée, 
et  de  combattre  les  idées  surannées ,  la  su- 
perstition et  les  prétentions  hiérarcliiques  du 
siège  papal,  tout  en  remplissant  exactement  et 
consciencieusement  ses  devoirs  comme  prêtre 
de  l'Église  catholique  romaine.  Un  écrit  de  sa 
première  jeunesse,  sur  le  tribut  illégitime  que  le 
royaume  de  Naples  avait  à  payer  à  la  cour  ro- 
maine, excita  à  un  haut  point  l'attention;  mais 
un  autre  ouvrage  qui  fit  encore  plus  de  bruit  fut 
celui  sur  le  célibat  des  prêtres,  institution  que  le 
prélat  regardait  comme  la  source  de  l'antipathie 
que  nourrissaient  intérieurement  contre  l'Église 
romaine  un  grand  nombre  d'hommes  d'aiileiu's 
religieux,  et  comme  ayant  été  la  principale  occa- 
sion de  la  réforme  de  l'Église  par  Luther.  C'est 
avec  une  noble  franchise  qu'à  l'époque  où  l'es- 
prit révolutionnaire  paraissait  aussi  pénétrer  en 
Italie,  Capèce-Latro  dirigea  la  sollicitude  de  la 
reine  Caroline  sur  les  abus  qui  régnaient  dans 
l'administration  de  ses  ministres  :  il  ne  fut  point 
écouté.  Quanil  la  révolution  eut  éclaté,  le  vœu 
du  peuple  lui  fit  confier  un  emploi  public,  qu'il 
accepta,  convaincu  que,  dans  un  temps  ci'itique, 
il  n'est  pas  permis  d'abandonner  la  patiie.  Ce  fut 
le  motif  qui,  après  la  restaurationdes  Bourbons, 
engagea  le  cardinal  Rul'fo  à  le  faire  mettre  en 
prison,  et  à  le  désigner  comme  une  des  premières 
victimes  de  la  vengeance  qu'il  avait  à  satisfaire. 
Cependant  tous  les  partis  étaient  décidés  à  sau- 
ver Capècc-Latro,  ce  qui  déterminale  gouver- 
nement à  Uiirendrela  liberté  commeun effet  de 
la  clémence  royale  ;  mais  Capèce-Latro  ne  vou- 
lut pas  sortir  de  prison  :  refusant  la  grâce,  il  de- 
manda justice,  et  le  roi  se  vit  enfin  forcé  de  lui 
faire  des  excuses.  Pendant  la  domination  de  Jo- 
seph->'apoléon  à  Naples,  en  1808,  Capèce-Latro 
était  ministre  de  l'intérieur,  et  continua  de  diri- 
ger ce  département  de  la  manière  la  plus  distin- 
guée sous  Joachim  Murât.  Après  la  chute  de  ce 
roi,  le  prélat  perdit  son  archevêché;  il  se  retira 
entièrement  des  affaires  publiques,  et  fit  de  sa 
maison  un  lieu  de  réunion  pour  toutes  les  per- 
sonnes distinguées  par  leur  rang  et  leur  savoir. 
Son  dernier  écrit,  remarquable  par  l'éclat  du 
style,  est  son  ELorjïo  dï  Frederiyo  II,  re  di 
Prwssia  (Berlin,  1832).  [Encycl.  des  g.  du 
m.]. 

Conversations- Lexicon.  —  Ersch  et  Gruber,  JUgcm. 
Encycl.  —  S'„'iir;i,  Hclazionn  délia  condotta  deW  arci- 
vescovo  Capece  Lutro  nelle  /iimose  vicende  del  reyno 
Ui  NapoU  ml  n99j  Genève,  1826. 


CAPÈCE  —  CAPEFIGUE 


i5( 

*CAPEFiGCE  {Baptiste- Honoré- Raymond) 
historien  français,  né  à  Marseille  en  1801.  Issi 
d'une  famille  originaire  de  Gênes,  exilée  de  cett 
ville  sous  Louis  XU,  il  reçut  sa  première  ins 
truction  dans  sa  ville  natale.  En  1821,  il  vint 
Paris  pour  y  étudier  le  droit,  puis  il  entra 
l'École  des  chartes,  devint  rédacteur  de  la  Qicc 
tidienne,  et  obtint  des  prix  aux  concours  aca  i 
démiques.  En  1827,  lors  de  l'arrivée  de  M.  d 
Martignac  aux  affaires,  il  défendit,  dans  le  iVes 
sager  des  Chambres,  journal  récemment  fondt 
les  principes  conciliants  du  nouveau  cabinel  ! 
Plus  tard,  il  concourut  à  la  rédaction  d'autre 
feuilles  quotidiennes  et  recueils  périodiques,  tel 
que  le  Temps  ,  le  Moniteur  du  Commerce ,  l 
Courrier  Français  ,  la  Chronique  de  Paris 
l'Europe  monarchique ,  la  Gazette  de  Franci 
la  Révolution  de  {8ii&,V Assemblée  ISationak 
et  la  Revue  des  Deux  Mondes.  Cette  participa 
tion  de  M.  Capefigue  à  la  polémique  quoti 
dienne  n'est  pas  le  seul  titre  littéraire  de  ci 
écrivain;  il  s'est  surtout  fait  connaître  par  se 
nombreux  travaux  historiques.  Ses  j)rincipau 
ouvrages  sont:  Essai  sur  les  invasio)is  di 
Normands  dans  les  Gaules;  Paris,  1823,  2  vo 
in  8"  ;  —  Récit  des  opérations  de  l'armée J'rar. 
çaiseen  Espagne;  1823,  in-S"  ;—  la  Vie  de  sain 
Vincent  de  Paul;  1827,  in-8°;  —  Histoire  d 
Philippe-Auguste  ;  1827-1829,  4  vol.  in-S"  :  c  es 
un  de  ses  ouvrages  les  plus  estimés;  —  //;.! 
taire  constitutionnelle  et  administrative  d 
la  France  depuis  la  mort  de  Philippe- Au 
guste;  première  époque,  de  Louis  VIII  Ju; 
qu'à  la  fin  du  règne  de  Louis  XI;  1831-1S33 
4  vol.  in-8°; —  Histoire  philosophique  dt 
Juifs,  depuis  la  décadence  des  Machabées  jiu 
qu'à  nos  jours  ;??kï'\i,  1833,  in-8"  ;  —  Histoir 
de  la  Réforme,  de  la  Ligue,  et  du  règne  d 
Henri  IV;  Paris,  1833-1834,  8  vol.  in-8";  - 
Richelieu,  Mazarin,  la  Fronde,  et  le  règne  d 
Louis  XIV ;  Paris,  1835-1836,  8  vol.  in-S"  ;  - 
Louis  XIV, son  gouvernement,  et  ses  relation 
diplomatiques  avec  l'Europe;  Paris,  1837 
1838  ,  6  vol.  in-8°  ;  —  Philippe  d'Orléans,  n 
gent  de  France;  Paris,  1838,  2  vol.  in-8°;- 
Hugues  Capet  et  la  troisième  race,  jusqii 
Philippe-Auguste;  Paris,  1839-1841,  10  vo 
in-8°;  —  Louis  XV et  la  société  du  dlx-hui\ 
tième  siècle;  Paris,  1842,  4  vol.  in-S";  —  Hif\ 
toire  de  la  Restauration,  et  des  causes  qui  on 
amené  la  chute  de  la  branche  ainée  des  Roui 
&o)?s;  1842,  3*  édition,  4  vol.  in-12  ;  —  le 
Diplomates  européens  ;  Paris,  1843,  in-8";  - 
l'Europe  pendant  le  Consulat  et  l'Empire 
1839-1841,  12  volumes; — Louis  XVI,  ses  relu 
lions  diplomatiques  avec  l'Europe;  1844 
4  vol.;  —  la  Diplomatie  de  la  France  et  d 
l'Espagne  depuis  l'avènement  delà  maison  d 
Bourbon;  1846,  in-8";  —  l'Europe  depuis  Va 
vénement  de  Louis-Philippe  ;  1849, 10  vol.  in-8' 
—  les  quatre  premiers  Siècles  de  l'Églisechn 
tienne;  1860-1851,  4  vol.  in-8". 


557 


CAPEFIGUE 

Beuchot, 


Dict.  de  la  Conv.  —  Qnérard,  la  Fr.  litt. 
Journal  de  la  Librairie. 

CAPFX  (.4r</n<r),  général  et  homme  politi- 
[  que  anglais,  mort  le  9  mars  1649.  Nommé  en 
I  1640  représentant  du  comté  de  Hertl'ord ,  il 
;  siégea  d'abord  au  lony  parlement,  qui  com- 
',  mença  le  3  novembre  1G40.  L'année  suivante, 
il  fut  appelé  à  la  pairie  par  Charles  l^' ,  avec 
K»  litre  de  lord  Capel  de  Hadham.  Lorsque  la 
!t\olution  éclata,  il  équipa,  à  ses  frais,  un 
roips  de  cavalerie,  à  la  tête  duquel  il  com- 
battit pour  la  cause  royale,  bien  que  précé- 
demment il  eût  pris  parti  pour  le  parlement, 
et  \oté  la  mort  du  comte  de  Straflord.  Il  paya 
(le  sa  personne  dans  plusieurs  rencontres,  et  per- 
sista dans  ce  dévouement  jusqu'à  ce  que  la  cause 
Ju  roi  fût  absolument  perdue.  Il  composa  alors 
avec  le  parlement,  et  se  retira  à  son  manoir 
Tlladham.  Quelque  temps  après,  il  tenta  de 
iioiiveau  de  soustraire  Charles  à  ses  ennemis, 
rassembla  tout  ce  qu'il  put  trouver  de  troupes, 
t  opéra  sa  jonction  avec  lord  Goring  et  sir 
Cliarles  Lucas  ;  puis,  enfermé  dans  Colchester, 
1  s  y  défendit  héroïquement,  et  ne  se  rendit  à 
i  aiii'a\  qu'après  avoir  obtenu  des  conditions 
iuv,itôt  violées  que  consenties  par  ce  général. 
1  il  bill  di'attainder  ayant  été  lancé  contre  Ca- 
>el ,  il  fut  condamné  avec  quelques  autres  au 
jaunissement,  par  un  acte  des  communes  en 
late  du  10  novembre  1648.  Cette  peine  ayant 
ite  jugée  trop  modérée,  il  fut  envoyé  à  la  ïoui-. 
Au  rapport  de  lord  Clarendon,  quelques  paroles 
\  ives  et  une  correspondance  assez  amère,  éclian- 
i:res  entre  Ireton  et  Capel,  coûtèrent  la  vie  à 
(eJLii-ci,  qui  d'abord  parvint  à  s'échapper;  mais 
replis  à  Lambeth  le  10  février  1G49,  il  fut 
îrailuit,  sous  la  prévention  du  crime  de  haute 
fra'uison,  devant  une  prétendue  cour  de  justice 
'ie  reant  à  Westminster.  En  vain  opposa-t-il  la 
ijininesse  de  Fairfax  qu'il  aurait  la  vie  sauve, 
<e  iiiotif  ne  fut  pas  admis,  et  il  fut  condamné  à 
èiie  pendu,  et  à  avoir  le  corps  coupé  en  quatre. 
On  commua  cette  peine  en  celle  de  la  décapita- 
ti' n  [,ure  et  simple,  et  la  sentence  fut  exécutée 
!^'  0  mars  1649.  Capel  monta  sur  l'échafaud  avec 
1  '  ralme  et  la  dignité  d'une  bonne  coascience, 
'!'(  iord  Oxford  :  He  trod  tlie  fatal  stage  loith  ail 
l/'r  iiif/nilij  oj  valour  and  consciotis  integritij. 

Un  incident  curieux  se  produisit  dans  le  cours 
(  lUi  procès.  La  femme  de  lord  Capel  ayant  pré- 
I  sente  aux  communes  une  pétition  en  faveur  de 
■son  mari,  quelques  membres  osèrent  plaider  la 
cause  de  l'accusé,  et  faire  ressortir  son  mérite  : 
}«  C'est  précisément  ce  mérite  qui  le  rend  dange- 
reux,.. ditCromvvell.  Lord  Capel  laissa  :  Daily  ob- 
servalions  or  3Je.di talions,  Dicine,  Moral  and 
Political,  avec  des  lettres  adressées  à  diverses 
personnes;  1654,  in-4",  et  plus  tard,  in-12,  sous 
cet  autre  titre  :  Excellent  contemplnlions  ;  — 
des  Stances  poétiques,  écrites  pendant  qu'il 
était  à  la  Tour,  et  insérées  dans  le  Gentleman^ s 
Magazine  de  1757. 


—  CAPFXLA  658 

I.lnRarrt,  Uislory  of  England.  —  Hume,  History  of 

Emiluud. 

CAPFX  (Arthur),  (ils  du  précédent,  di- 
plomate anglais,  mourut  le  13  juillet  1683.  Il 
fut  créé  comte  d'Kssex  lors  de  la  restauration, 
puis  chargé  de  l'ambassade  de  Danemark  et 
nommé  lord  lieutenant  d'Irlande.  En  1679  il  fut, 
pendant  quelques  mois  seulement,  premier  lord 
de  la  trésorerie.  Impliqué  dans  l'accusation  diri- 
gée contre  lord  Willam  Russell  dans  l'affaire 
dite  de  Rye-IIouse,  il  fut  envoyé  à  la  Tour  en 
juillet  1683.  Quelques  jours  après,  il  fut  trouvé 
mort  :  il  s'était  coupé  la  gorge.  Au  rapport  de 
l'évéque  Burnet,on  lui  avait  offert  de  le  faire 
évader. 

liiog.  Brit.  —  ITump,  }fist.  of  Ennland, 

*  CAPEL  (  Daniel),  théologien  et  médecin  an- 
glais ,  mort  e/i  1679.  Il  ne  s'en  tint  pas  à  la 
théologie  ;  il  pratiqua  aussi  la  médecine  à  Strond. 
On  a  de  lui  :  TenCamen  medicum  de  VarioUs 
et  quelques  autres  traités. 

liosc,  JVeiv  liiograplncal  Dictionary. 
CAPEL.   VoiJ.  CaI'PF.L. 

CAPELL  (Edouard),  critique  anglais,  né  à 
Troston,  dans  le  Suffolk,  en  1713  ;  mort  le  24  fé- 
vrier 1781.  Protégé  par  le  duc  de  Grafton,  il 
obtint  l'emploi  d'inspecteur  des  théâtres,  aux 
appointements  de  200  liv.  st.  par  an.  En  1745, 
ciioqué  des  erreurs  d'Hammer,  il  entreprit  une 
édition  de  Shakspeare,  à  laquelle  il  travailla 
trente-trois  ans.  Pour  accomplir  cette  œuvre,  il 
ne  négligea  aucun  document ,  aucune  source. 
Il  publia  son  édition  du  grand  poète  anglais  en 
1768,  10  volumes  petit  in-S",  avec  une  in- 
troduction. L'ouvrage  fut  publié  aux  frais  des 
principaux  hbraires  de  Londres,  qui  lui  payè- 
rent pour  ses  travaux  300  livr.  st.  L'introduc- 
tion est  écrite  dans  la  langue  qui  se  parlait  au 
temps  de  Shakspeare.  Trois  autres  volumes 
contenant  des  notes  et  commentaires,  annoncés 
dans  l'édition  principale,  sous  le  titre  de  School 
of  Sliakspeare,  furent  publiés  en  1783,  après  sa 
mort,  sous  le  titre  de  :  Notes  and  Varions 
Readings  of  Sliakspeare,  3  vol.  in-4''.  Ou  lui 
doit  aussi  un  volume  d'anciennes  poésies,  sous 
le  nom  de  Prolusions. 

liiog.  (Irrimat.  —  Rose,  Aew  liiog.  Dict.  —  Ersch  et 
Gruber,  ^llgein.  Encycl.  —  Gorton,  Ccwral  Biogr.  dict. 

CAPELLA  (  Martianus  Minens  Fel'x),  célè- 
bre encyclopédiste,  vivait  probablement  vers  la 
fin  du  cinquième  siècle  de  J.-C.  On  ne  sait  pres- 
que rien  de  sa  vie.  A  juger  d'après  ses  propres  pa- 
roles :  Beat  a  alumnum  nrbs  FJissœ  quem  vl- 
del  (1),  il  était  originaire  de  la  ville  d'Elissa  (  Dî- 
don),  c'est-à-dire  de  Carthage,  et  les  manuscrits 
le  désignent  souvent  sous  les  noms  li'.l/er  Car- 
tliaginicnsis  (2).  11  parvint,  dit-on,  à  la  dignité 
de  proconsul,  et  rédigea  son  ouvrage  à  Rome, 
dans  un  âge  fort  avancé.  IMais  ces  assertions 
ne  reposent  sur  aucune  autorité.  C'est  donc  seu- 

a)Mb.  vin. 

12)  Quelques  auteurs  ont  pris  à  tort  ^puleiiis  Wa-i 
daurensis,  cité  par  CassiDdore,  pour  Capella. 


559 


CÂPELLA 


leraent  d'après  ce  qu'il  a  écrit  lui-même  que  nous 
pouvons  apprécier  Capella  (1).  L'ouvrage  qu'il 
nous  a  laissé  est  une  sorte  d'encyclopédie,  quicom 
prend  à  peu  près  tout  l'enseignement  des  écoles 
au  moyen  âge  •  c'est  pourquoi  il  mérite  une  analyse 
détaillée.  Cet  ouvrage,  mélange  bizarre  de  vers 
et  de  poésie,  est  divisé  en  neuf  livres,  dont  les 
deux  premiers  ont  pour  titre  :  De  nuptiis  Phi- 
lologie et  Mercuru.  Ce  titre  spécial  a  été  quel- 
quefois appliqué  aussi  au\  autres  livres  qui 
traitent  des  sept  arts  libéraux ,  savoir,  le  3*,  de 
Arte  grammaiica ;  le  4%  de  Dialectica;  le  5^,  de 
Rhetorica  ;  le  C^,  de  Geometria  ;  le  7«,  de  Arith- 
meticn;  le  8"=,  de  Astronomia ;  le  9^,  de  Mu- 
sica.  Bocce  adopta  le  plan  de  cet  ouvrage  pour 
sa  Consolatio  Philosophiae,  également  mêlée  de 
prose  et  de  vers,  dans  le  genre  de  la  satire  Mé- 
nippée  de  Varron,  et  ilu  Satyricon  de  Pétrone. 
Capella  était  en  grand  lionneur  auprès  des 
maîtres  de  la  scolastique,  et  leurs  élèves  en  de- 
vaient apprendre  tous  les  vers  par  cœur  (2).  Les 
Noces  de  Mercure  et  de  la  Philologie  sont  une 
allégorie  ingénieuse,  à  laquelle  on  a  supposé 
un  sens  mystique.  Mercure,  las  du  célibat,  veut 
se  marier.  Son  choix  tombe  d'abord  sur  la  Sa- 
gesse (Sophia),  la  plus  belle  et  la  plus  sainte  de 
toutes  les  filles  célestes.  Mais  celle-ci,  comme 
Minerve  sa  sœur,  a  juré  de  rester  vierge.  Ledieu 
s'adresse  alors  à  VAme  (Psyclia  ),  fille  de  l'En- 
téléchie  et  du  Soleil;  mais  la  Vertu  lui  apprend 
que  l'Ame  est  tombée  au  pouvoir  de  Y  Amour  et 
a  été  enchaînée  par  les  liens  indissolubles  {ada- 
mantinis  nexibus)  de  Cupidon.  Ainsi  désap- 
pointé, Mercure  consulte  Apollon,  qui  lui  pro- 
pose de  s'unir  à  la  Philologie,  fille  d'une  grande 
érudition.  Celle-ci  en  fut  si  contente  qu'elle  fré- 
missait de  joie  {ut  etiam  corpore  moveretur). 
Mais  il  fallait  auparavant  obtenir  le  consentement 
de  Jupiter;  car  la  Philologie  était  d'origine  ter- 
restre, et  le  dieu  allait  contracter  une  mésalliance. 
Les  dieux  se  rassemblent  en  conseil ,  d'où  sont 
exclues  la  Discorde  et  la  Sédition  ;  et  l'époux  de 
Junon  prononce  la  validité  du  mariage.  Tel  est  le 
sujet  du  premier  livre.  —  Dans  le  second,  les 
Muses  et  les  Grâces  célèbrent  l'union  de  Mercure 
avec  la  Philologie.  L'Immortalité  descend  du  ciel 
pour  enlever  la  fiancée  dans  une  litière  parsemée 
d'étoiles.  Mais  auparavant  elle  lui  ordonne  de 
se  débarrasser  de  tout  ce  que  son  corps  con- 
tient de  terrestre.  La  Philologie  rend  alors  une 
multitude  de  livres  qui,  à  mesure  qu'ils  échap- 
pent de  sa  bouche,  sont  ramassés  par  les  assis- 
tants, les  Arts  elles  Sciences.  Son  élève  Labor, 
et  ses  servantes  Epimeliaet  Agrypnia,  l'accom- 
pagnent dans  son  ascension  céleste.  Elle  est  d'abord 
accueillie  par  Junon,  surnommée  l'Aérienne;  puis, 
après  une  course  de  126  000  stades  ,  elle  arrive 

(1)  Gasp.  Barlh  p;irle,  dans  ses  Arlversuria  inédits  (ci- 
tés par  KabriciiiR,  ISU>t.  Lut  ,  vol.  III,  p.  215,  éd.  ErnesU), 
d'une  /'ie  de  Maittanus  Capella,  d'après  un  ancien  ma- 
nuscrit. 

(SI  Foy.  C,ri-fio\re  de  Tours,  Nicolas  de  Clamengcs, 
Jean  de  Salisbury. 


au  cercle  de  Mercure;  enfin,  poursuivant  se 
ascension,  elle  atteint  la  voie  lactée  ;  c'est  là  qu 
Jupiter,  assis  sur  un  trône  élevé,  attend  la  venu 
du  couple,  et  le  mariage  se  célèbre  avec  la  plu 
grande  pompe. 

Dans  les  sept  livres  suivants,  l'auteur  j)ass 
en  revue  les  sept  artj;  libéraux,  en  commençai! 
par  la  Grammaire,  fille  de  Mercure.  Son  pèr 
i'éleva  en  Egypte,  sous  le  règne  d'Osiris.  Eli 
apparaît  avec  ses  outils  :  la  férule,  une  lime  pou 
nettoyer  les  dents  et  la  langue,  et  un  insti-umen 
en  peau  de  bouc  pour  guérir  la  raucité  de  la  voix 
Son  enseignement  sur  la  formation  des  lettre 
rappelle  la  scène  comique  du  Bourgeois  gentil 
homme  : 

INnmque  A  sub  hiatu  oris  congruo  solo  spirltii  memora 

B  Labris  per  spirilus  impetum  rcclusiscdicimus. 

C  Molaribus  super  linguiE  extrema  appulsis  exprimitiii 

D  Appulsu  llngua;  circa  snperiores.dcntes  innascitur. 

O  rotondi  oris  spirilu  comparatur. 

La  Dialectique  compose  le  quatrième  livre 
c'est  une  femme  d'origine  égyptienne,  aux  ye'j: 
étincelants;  elle  est  ainsi  mise  en  scène  : 

Haecquoque  contortis  stringens  cffctnina  nodis, 
Qua  sine  nil  sequitur,  nilque  répugnât  itein  , 

In  cœtum  superum  venions  priinordia  f.mdi 
Advehit  et  scolicum  praestruxit  axioma. 

La  Dialectique  fut  amenée  par  Parménidc  e 
Grèce,  où  elle  se  mit  au  service  de  Socrate  et  d 
Platon.  Sa  maigreur  et  sa  sobriété  excitent  1 
verve  de  Bacchus.  Elle  se  dispose  à  discuter, 
l'aide  du  syllogisme,  sur  les  matières  les  plu 
abstruses,  lorsque,  sur  un  signe  de  Minei-ve,ell 
cède  la  place  à  sa  sœur  la  Rhétorique  {h'  livre) 

Interea  sonnere  tiibac,  raucusqnc  per  xthram 
Cantiis,  et  ignoto  oœlum  cljnsore  reinugil; 
Turbati  expavere  dei,  vulgusqiic  ininorum 
Cœlicoluin  trépidât,  causaruin  et  nescia  corda 
Hscrent,  et  veteris  renovanlur  crimina  Phlcgrae. 

Par  ses  gestes  et  sa  parole,  la  Rhétorique  imit 
Jupiter  lançant  la  foudre.  Corax  et  Tisias  son 
ses  licteurs,  et  elle  compte  dans  son  cortég 
Démosthène  et  Ciccron.  Elle  a  les  allures  d"ii!i< 
convive  des  dieux,  et  ne  se  décide  qu'avec  peiii 
à  exposer  avec  simplicité  les  éléments  de  soi 
art.  Sa  leçon  terminée,  elle  dépose  un  baise 
bruyant  sur  le  front  de  l'épouse  de  Mercure;  ca 
la  Riiétorique  est  une  fille  naturelle)  ncnt  bruyante 
ISihil  enimsilens,  ac  sicuperet,faciebal. 

La  Géométrie  (e^  livre)  fait  son  entrée  sou 
la  conduite  de  Minerve  : 

Virgo  armata,  reruin  Sapicntia,  Pallas. 
jEtliiTiiis  tomes,  mens  et  sollertia  fati, 
Ingenium  mundl 

Un  cercle  dans  la  main  droite,  une  splière  dans  1; 
gauche,  et  revêtue  du  peplon,  la  Géométrie  es 
représentée  debout  sur  le  zodiaque.  Elle  expliqu( 
d'abord  aux  dieux  attentifs  la  forme,  la  situatior 
et  la  division  de  la  terre,  en  s'aidant  de  quel- 
ques extraits  de  Pline  et  de  Solin.  Elle  veut  en- 
suite leur  montrer  les  éléments  des  mathémati 
ques  pures;  mais,  voyant  que  les  dieux  s'en- 
nuyaient, elle  leur  offre  l'ouvrage  d'Euclide.  Après 


!,ei 

ine  courte  pause,  pendant  laquelle  la  Volupté 
kilte  Mercure  de  ce  qu'il  permet  à  Minerve  d'em- 
liéter  sur  le  domaine  de  Vénus,  VArit/imélique 
'  livre)  est  introduite  : 

Postquam  cotilicuit  prudens  permenslo  terrx, 
llonuba,  soUcrtes  curam  qiix  instigatin  artes,  etc. 


est  une  femme  de  belle  prestance ,  la  tête  en- 
urée  de  rayons  symboliques,  et  comptant  sur 
s  doigts  toujours  mobiles.  Elle  parcourt  ainsi 
las  les  nombres  avec  leurs  fractions,  depuis 
mité  jusqu'à  la  décade.  Pendant  cet  exercice , 
lèneboit,  s'endort,  et  égayé  un  instant  les  dieux 
r  ses  prodigienx  ronflements.  Tout  à  coup,  sur 
1  ordre  d'Apollon,  apparaît  un  globe  creux, 
^plendissantjd'où  sort  V Astronomie  (8®  livre), 
'crge  à  chevelure  étincelante,  aux  membres 
■uverts  d'yeux,  et  aux  épaules  ailées. 
C'est  dans  un  chapitre  de  ce  Hvre,  intitulé  Qiiod 
Uns  non  sit  centrum  omnibus  planetis,  que 
trouve  le  fameux  passage  qui  paraît  avoir 
jggéréàCopernicl'idéede son  système  du  monde. 
yirtianus  Capella  y  dit  en  effet  «  que  Vénus  et 
ircure  ne  tournent  pas  autour  de  la  terre,  mais 
^our  du  soleil,  considéré  comme  centre.  »  Voici, 
reste,  ses  propres  paroles  :  Venns  Mercurius- 
e,  licet  ortus  occasusque  qiiotidianos  os- 
ndant,  tamen  eorum  circuit  terras  omnino 
|»n  ambiunt,  sed  cirea  solem  laxiore  ambitu 
\eulantur;  denique  circuloncm  suonim  cen- 
Ion  in  sole  constituunt,  ita  ut  supra  ipsum 
^iqtiando,  infra  plerumque  propinquiores 
Wis  ferantur ,  a  quo  quidem  signo  uno  et 
irtedimidia  Venus  disparatîir  ;  sed  qimm 
■pra  solem  sunt,  propinquior  est  terris  Mer- 
'.rivs,  quum  infra  solem.  Venus,  utpote  qux 
)be  castiore  diffusioreque  curvetur. 
n  II  n'y  a,  dit  Delambre  (  Histoire  de  VAstro- 
Dmie  ancienne,  t.  I,  p.  312),  de  vraiment  re- 
jarquable  dans  ce  passage  que  ce  qui  concerne 
lercure  et  Vénus,  dont  les  orbites  ont  le  soleil 
)»ur  centre  commun,  et  se  trouvent  dans  la 
bsition  que  nous  leur  assignons  aujourd'hui. 
!b  dit  que  c'est  ce  peu  de  lignes  qui  a  été  pris 
|ir  Copernic  pour  le  sujet  de  ses  méditations , 
qui  l'a  conduit  à  son  système  du  monde  :  en 
s  cas,  Martianus  aurait  rendu  à  l'astronomie 
lus  de  services  que  des  astronomes  bien  plus 
ibiles,  et  nous  devons  lui  pardonner  son  ver- 
age,  ses  bévues  et  son  galimatias  (i).  » 
Quoi  qii'il  en  soit,  Copernic  ne  saurait  être 
xé  de  plagiaire  ;  car  il  cite  lui-môme  (  de  Re- 
^hitionibus  orbium  cœlestium,l,  10)  Mar- 
anus  Capella  ;  et  il  ajoute  que  l'idée  de  cet  au- 
ur  et  de  quelques  autres  écrivains  anciens  (2) 
lérite  d'être  prise  en  considération  (3). 


CAPELLA  562 

V Astronomie,  après  avoir  expliqué  aux  dieux 
le  cours  des  astres,  est  avertie  par  Vénus  que  le 
jour  est  à  son  déclin,  et  qu'il  faut  songer  à 
l'hyménée.  La  Musique  (9*  livre)  clôt  la  fête. 
Elle  s'annonce  par  une  suave  harmonie;  Eratine, 
Himeros,  Terpsis,  Pitho,  Voluptas  et  les  Grâces 
l'accompagnent  de  chants  et  de  jeux  d'instru- 
ments à  cordes.  Après  cet  exovAe.  {egersimon 
ine/fabile),  elle  expose  la  théorie  de  son  art,  et 
termine  par  l'hymne  à  coucher  (y.ot(xr,aic). 

Telle  est  l'œuvre  de  Martianus  Capella.  Son 
style,  qui  a  quelque  analogie  avec  celui  d'Apulée, 
trahit  la  décadence  ;  il  est  rude-,  quelquefois 
obscur  et  maniéré.  On  y  remarque  aussi  un 
certain  nombre  de  termes  et  de  locutions  inso- 
lites. Mais  la  plupart  de  ces  défauts  proviennent 
des  copistes  et  de  l'incorrection  des  manus- 
crits, dont  se  plaignait  déjà  Bapt.  Guarinus  dans 
sa  lettre  à  Pic  de  la  Mirandole  (1).  Les  manus- 
crits de  Capella  ne  sont  pas  rares.  On  en  trouve 
dans  les  bibliothèques  d'Oxford,  de  Cambridge, 
de  Londres ,  de  Leyde ,  de  Paris ,  de  Chartres , 
d'Orléans,  de  Bâle,  etc.  (2),  et  cependant  les 
éditions  n'en  sont  pas  aussi  communes.  L'édition 
princeps  parut  à  Vicenze  en  1499,  in-fol.,  par 
les  soins  de  Fr.  Vitalis  Bodianus,  qui  se  vante, 
dans  la  préface ,  d'avoir  purgé  le  texte  de  plus 
de  2,000  fautes  ;  elle  fut  réimprhnée  à  Modèae , 
1500;  à  Bàle,  1532;  à  Lyon,  1539,  in-8°  {cum 
annotationibus  Jo.  Dubravïi);  à  Vienne,  1516, 
in-fol.,  et  à  Bâle  {cum,  scholîis  et  vai'iis  lec- 
tionibus  Bonav.  Vulcanii),  1577,  in-fol.  Ca- 
pella exerça  de  bonne  heure  le  talent  critique  de 
Hugo  Grotius,  qui,  encore  écolier  de  quinze  ans, 
le  dédia  au  prince  de  Condé  et  le  publia  avec  des 
notes  ;  Leyde,  1599,  in-S".  La  meilleure  édition, 
avec  un  commentaire  perpétuel,  a  été  donnée  par 
Fréd.  Kopp;  Francfort,  1836,  in-4°;  le  texte, 
rectifié  d'après  un  grand  nombre  de  manuscrits, 
est  accompagné  d'annotations  judicieuses,  Leib- 
niz avait  promis  une  édition  de  Capella  in  usum 
Delphini.  Le  dernier  livre,  de  Musica,  a  été 
inséré  par  Meibome  dans  Aiictores  vet.  musicse; 
Amsterdam,  1632,in-4°.  — L'ouvrage  de  Capella 
eut  de  nombreux  commentateurs  au  moyen  âge. 
Un  de  ses  commentaires,  composé  'par  Jean 
Scot,  mort  en  875,  est  cité  par  Labbe  {Bibl. 
nova  Manmrcr.,  p.  45)  ;  et  Bâle  {Script.  Brit., 
cent.  III)  en  mentionne  un  autre,  écrit  vers  888 
par  Remigius  Antisiodorensis.  11  est  surprenant 
que  Martianus  Capella ,  cet  oracle  des  écoles 
d'autrefois,  n'ait  encore  été,  que  je  sache,  traduit 
dans  aucune  langue  moderne.  F.  H. 


(1)  f^oy.  Benzenberg,  Ver&vch  ûber  die  Umdrehting 

'■  P'-dp,  p,  461. 

(!)  Probiibleinent  VilTuve  [deArchit.^  I,  9)  et  Macrobe 

'  'o'mnium  Scipiouis,  c.  4). 

51  \  oici  les  paroles  nièmps  de  Copernic  :  Minime  con- 
l'nendiim  arbilror  qnod  Martianus  Capetla  scripsit, 
■  ftimons  qiwd  yemis  et  JHercurius  circumerrant 


—  Fabricius,  Blbliotheca  medix  et  infl-mae  setatis.  — 
Ersch  et  Griiber,  Allgem.  Encycl. 

CAPELLA,  poëte  élégiaque  romain,  connu 


solem  in  medio  existentem.  Comp.  Hunaboldt,  Cosmos, 
t.  III,  p.  679  de  la  trad.  franc. 

(i)  Si  modo  emaculatus  sit  codex;  nam  qui  apud 
nos,  opéra  sibi/llae  indigent. 

(2)  f^oij.  Haene!,  Catalog.lit>r.manuscript.,elc.;  Leip., 

1850. 


563  GAPELLA  —  CA.PELLE 

seulement  par  la  mention  suivante  de  ses  poé- 
sies, que  l'on  trouve  dans  ce  vers  d'Ovide  : 

Clauderet  imparibus  verba  Capella  mndis. 

Ovide,  de  Ponto,  1.  IV,  16,  36. 
Smilh,  Dict.  of  Romain  and  Greek  Biogr. 

*  CAPELLA  {André),  évêque  espagnol.  Voy. 
Capilla  (de). 

"* CAPELLA  ou  CAPELLUS  (  Gucirinus ) ,  Tpoète 
macaronique  italien,  dont  la  vie  est  demeurée 
ignorée.  U  vivait  au  seizième  siècle,  et  a  laissé 
un  petit  poëme  :  Macharonea  in  Cubrinum 
Gogamagog  regem  composUa;  c'est  un  livret 
de  28  feuillets,  imprimé  à  Rimini  en  1526,  d'un 
grand  prix  pour  les  bibliophiles.  Il  paraît  d'ail- 
leurs offrir  quelque  mérite  sous  le  rapport  de 
l'invention.  G.  B. 

Genthe,  Geschic/ite  der  macaronischen  Poésie,  1829, 
p.  58.  —  Dcleplerrc,  Macaroniensa,  1852,  p.  110. 

CAPELLA  ou  CAPRA  {  Galéas  - Flavio  ) , 
homme  d'État  et  historien  italien ,  né  à  Milan 
le  7  mars  1487,  mort  le  23  février  1537.  Après 
avoir  été  secrétaire  de  Jérôme  Morone,  le  célè- 
bre historien  de  la  Lombardie,  puis  de  François 
Sforze  II,  duc  de  Milan ,  il  devint  ambassadeur  de 
ce  prince  auprès  de  l'empereur  Maximilien,  qui 
fit  de  lui  son  orateur,  de  même  qu'il  fut  main- 
tenu dans  la  dignité  de  secrétaire  d'État  par 
Cl'.arles-Quint ,  maître  de  Milan.  Capella  mou- 
rut prématurément,  par  suite  d'un  accident 
singulier  :  un  jour  qu'il  passait  à  cheval  dans 
les  rues  de  Milan,  il  fut  heurté  si  violemment 
par  un  autre  cavalier  qu'il  tomba,  et  fut  trans- 
porté chez  lui  sans  connaissance.  11  mourut  après 
deux  ans  de  maladie.  On  a  de  lui  :  de  Bello 
Mediolanen  H,  seu  de  Rébus  in  Italia  gestis 
pro  7-estUutione  Francisai  Sfortix  II  ab  anno 
1521  usque  ad  annum  1530;  Nuremberg,  1532, 
in-4°;  Anvers,  1533,  in-8",  édition  rare;  réim- 
primé dans  le  Thésaurus  Rerum  Ilalicarum  de 
Graevius,  tome  II,  ainsi  que  dans  les  Scriptores 
Reriiin  Germanicarum  de  Simon  Echard  ;  — 
Historia  BelU  Mussiani,  Strasbourg,  1538, 
in-S",dansrfii5ioria  Cisalpina ,hom'a.m,  1614, 
et  dans  le  Thésaurus  de  Graevius  :  c'est  l'histoire 
des  guerres  entreprises  par  Jacques  de  Médicis 
pour  s'emparer  de  la  forteresse  de  Musso,  près 
du  lac  de  Côme;  —  Viennœ  Austriee  a  sultano 
Solimanno  obsessse  Historia;  1530,  in-4°;  — 
Antropologïa ,  ovvero  ragionamenlo  délia 
natura  umana,  la  quale  conliene  le  lodi  e 
eccellenza  degli  uomini,  la  dignità  délie 
donne,  la  miseria  d'  amendue,  e  la  vanità 
degli  studj  loro  ;  Venise,  1533. 

Ginsucne,  HLit.  titt.  de  Cltatie,   VIII.  -  Argelati,  Bi- 

blioteca  Srript.  3fediol. 

*CAPELL.4Bii  (Jérôme-Alexandre),  savant 
italien,  né  à  Vicence  en  16G6,  mort  dans  la  même 
ville  le  13  avril  1748.  Il  étudia  le  droit  et  la  phi- 
losophie. Mais  les  lettres  avaient  toutes  ses  pré- 
férences; et  tel  était  son  amour  de  l'étude,  qu'il 
vivait  presque  toujours  dans  la  solitude.  On  a 
de  lui  en  manuscrit  :  il  Campidogiio  Veneto, 
k  vol,  in-fol  ;  —   Emporta  universale  délie 


famiglie  piii  distinte  dilîitta  VEuropa,  ; 
condo  la  série  e  Vordine  délie  medesime, 
vol.  in-fol.  ;  —  Istoria  cronologica  dei  pon, 
fici,  imperalori,  cardinali,  vescovi,  etc. 

Tipaldo,  Diog.  degl,  liai,  illuslri,  I. 

CAPELLE  (  Guillaume-Anloine-Benoît,  \ 
ron),  homme  d'État  Irançais,  né,  le  9  seplembi 
1775,  à  Sales-Curan  (  Roucrgue  ),  mort  à  Moi; 
pellier  en  octobre  1843.  U  était  d'une  farnii 
honorablement  connue  dans  la  magistratu 
Malgré  son  extrême  jeunesse,  il  assista,  comii 
garde  national,  à  la  fédération  de  1790.  Api 
son  retour,  nommé  lieutenant  de  grenadic 
dans  le  deuxième  bataillon  des  Pyrénées-Orit. 
taies,  il  y  resta  jusqu'en  1794.  A  cette  Cpqq 
ayant  été  accusé  de  fédéralisme,  Capelle  fut  d 
titué;  il  revint  à  Milhaud,  se  maria,  et  co 
manda  la  garde  nationale  de  ce  pays  jusqu' 
18  brumaire.  C'est  alors  qu'il  vint  à  Paris,  co 
plimenter  le  nouveau  gouvernement.  Chapt 
ministre  de  l'intérieur,  l'admit  dans  ses  bureau 
et,  à  la  fin  de  l'an  xi ,  le  nomma  secrétaire  j 
néraldu  département  des  AliJCS-Maritimes; f , 
de  temps  après,  il  le  fit  passer  en  cette  mêi 
qualité  dans  le  département  de  la  Stura. 

Se  jugeant  sans  doute  en  état  de  remplir  ( 
fonctions  plus   importantes,  Capelle    vint 
nouveau  à  Paris  pour  solliciter  de  l'avancemer. 
ce  ne  fut  qu'après  deux  ans  de  démarches  < 
tives  qu'il  parvint  à  se  faire  nommer  jiréfet 
la  Méditerranée  (Livourne).  Ce  département 
trouvait  voisin  des  États  de  la  princesse  de  Li 
ques  et  Piombhio,  excessivement  jalouse  de  s 
autorité.   Capelle  se   tira  habilement  de  ce 
position  difficile,  et  parvint  à  se  concilier  la  bic 
veillance  de  cette  piincesse,  sans  toutefois  ma 
quer  aux  devoirs  que  lui  imposait  l'adminish 
tion  confiée  à  ses  soins.  Cependant  l'cmperç 
jugea  à  propos  de  changer  la  résidence  de  C 
pelle,  et  le  nomma,  le  30  novembre  1810,  à. 
préfecture  du  Léman  (  Genève).  Sonadministi 
tion  dans  ce  pays  ne  fut  pas  exempte  de  qun 
ques  tracasseries.  Les  Genevois,   souffrant  il 
patiemment  le  joug  despotique  que  lempero 
faisait  peser  partout  où  s'étendait  sa  puissanc 
avaient  formé  plusieurs  sociétés  ;   l'une  d'ell 
avait  pris  le  titre  de  Société  d''ÉgaUté.  Une  d 
nomination  aussi  démocratique  ne  pouvait  co 
venir  au  délégué  d'un  pouvoir  despotique;  c 
pendant  il  faut  rendre  cette  justice  à   Capel 
qu'avant  d'appeler  la  loi  à  son  aide,  il  épui;i 
tous  les  moyens  de  persuasion.  Les  Genevoii 
forcés  d'obéir  aux  termes  de  la  loi,  en  éïudèrç. 
l'esprit   autant  qu'il  fut   en  eux  ;  ils  prirent 
nom  de  Société  des  Mêmes.  En  1813,  Gonè' 
se  rendit  aux  alliés  ;  accusé  de  ne  l'avoir  p 
bien  approvisionnée,   Cai)elle  fut  susiicmlii  _( 
ses  fonctions,  et  traduit  devant  une  commissiez 
composée  des  conseillers  d'État  Lacuée,  Real 
Fanre  :  ce  dernier,  chargé  du  rapport,  ne  pi 
que  rendre  justice  à  la  bonne  adininislration  i 
Capelle.  Néanmoins  celui-ci  ne  fut  mis  en  liberj 


l 


CAPELLE  —  CAPELLEN 


566 


à  la  restauration.  Ce  fut  sans  cloute  ce  déni 
justice  qui  irrita  Capelle  contre  l'empereur, 
(uel  il  devait  cependant  son  titre  de  baron 
ja  haute  position  administrative.  Dès  lors  son 
ouement  fut  sans  bornes  à  la  branche  aînée 
Bourbons. 

iOuis  XVIII  le  nomma,  le  10  juin  1814,  pré- 
ie  l'Ain  ;  au  mois  d'octobre  suivant,  Monsieur, 
nte  d'Artois,  passant  à  Bourg,  i'éleva  au 
!(de  d'officier  de  la  Légion  d'honneur, 
i  l'époque  des  Cent-Jours ,  Capelle  quitta 
département,  et  se  rendit  à  Lons-le-Saulnier, 
se  trouvait  Ney  avec  son  état-major.  Ayant 
isé  d'obéir  aux  ordres  du  maréchal,  il  quitta 
'France,  passa  par  la  Suisse,  et  rejoignit 
lis  XVIII  à  Gand  ;  là  il  fut  admis  au  conseil 
roi.  Après  les  désastres  de  Waterloo,  les 
wbons,  voulant  récompenser  son  zèle,  le 
nmèrent  à  la  préfecture  du  Doubs,  avec  le 
e  de  conseiller  d'État  honoraire.  Le  procès  du 
réchal  Ney  le  ramena  bientôt  à  Paris;  appelé 
nme  témoin,  il  déposa  contre  lui.  Nommé  con- 
iler  d'État  en  service  ordinaire,  il  fut,  en  1822, 
elé  aux  fonctions  de  secrétaire  général  du 
«listère  de  la  justice;  peu  après,  il  devint  se- 
iaire  général  de  M.  de  Corbière,  ministre  de 
térieur  en  1828;  mais  les  élections  ayant 
versé  M.  de  Villèle,  Capelle  quitta  le  mi- 
nière de  l'intérieur,  et  fut  nommé  préfet  de 
oje-el-Oise. 

Oans  les  premiers  jours  de  1830,  Capelle  fut 
;Oelé  à  faire  partie  du  ministère  Polignac 
jmme  ministre  des  travaux  publics,  ministère 
fi  tout  exprès  pour  lui.  Il  fut  au  nombre  des 
mataires  de  ces  ordonnances  qui  firent  éclater 
révolution  de  Juillet.  Pendant  le  combat  des 

fis  jours,  il  resta  caché  dans  Paris,  et  ensuite 
quitta  la  France.  Gracié  quelques  années 
es,  il  rentra  dans  sa  patrie,  où  il  est  mortdans 
^vie  privée.  [M.  Ozenne,  dans  V£nc.  des  g. 

iict.  de  lu  Convers.  -^  Moniteur  universel.  —  Lesur, 
n.  Hist.  univ.  —  Vaulabelle,  Hist.  des  deux  Restaur. 

^CAPELLE  (£oMJs),théologienfrançais.  Voyez, 

PPÇL. 

CIPELLE  OU  CAPPELLE  (Marie).    Voyez 

.FABGE  (M">e). 

"CAPELLE  (Pierre),  littérateur  français,  né 
Montauban  le  4  novembre  1772.  11  fut  au 
mbre  des  chansonniers  qui,  à  la  fin  du  siècle 
rnier,  créèrent  les  Dîners  du  Vaudeville,  de- 
nus  le  Caveau  moderne.  En  1800,  après  avoir 
IMié,  avec  Bahié  de  Barcenay,  une  Vie  de  Ma- 
f-Antoinctle,  qui  lui  valut  deux  mois  de  pri- 
n  au  Temple,  il  se  hâta  de  revenir  à  ses  chan- 
ins,  et,  en  1801,  il  commença,  sous  le  titre  de 
'lansonnïer  des  Muses,  une  collection  qui  eut 
>TOÎ.  in-18.  11  publiait  en  même  temps  le  Por- 
^euille français,  ou  Choix  d'épigrammes,  de 
Wdrigaux,  de  chansons,  pensées,  bons 
k)te,etc.  Ses  autres  productions  sont  :  Aneries 

\volutionnaires,  ou  Balourdisiana,  Bêtisia- 

I 
I 


na,  etc.;  1802,  in-18;  —  Dictionnaire  d'édu- 
cation morale,  de  science  et  de  littérature, 
1810,  in-8";  2'^  édit.,  1824;  —la  Clef  du  Ca^ 
veau,  1814,  1  vol.  oblong  :  c'est  un  recueil  des 
airs  employés  par  les  chansonniers;  ces  airs  y 
sont  classés  méthodiquement,  avec  un  couplet- 
type  pour  chacun  ;  l'ouvrage  a  eu  trois  édifions  ; 
—  Hommage  au  duc  de  Bordeaux,  ou  Re- 
cueil des  pièces  de  vers  composées  par  la 
garde  nationale  de  Paris;  1821,  in-S"  ;  —Mon 
hommage  au  ducd'AngouUme,  généralissime 
de  l'armée  d'Espagne;  1824,  br.  1^8°;  —Ma- 
nuel de  la  Typographie  française,  etc.  ;  1826, 
in-4°  (la  première  livraison  seulement).  — En- 
fin on  a  encore  de  lui  un  Abrégé  de  l'Histoire 
de  Paris,  un  recueil  de  Poésies  légères,  quel- 
ques vaudevilles,  et  la  Journée  aux  aventures, 
opéra-comique  qu'il  donna  en  1816  avec  M.  Ma- 
zères.  Sous  la  restauration,  M.  Capelle  a  long- 
temps rempli  les  fonctions  d'inspecteur  de  la  li- 
brairie. GlTYOT  DE  FÈRE. 

Quérard,  la  France  littéraire  —  Beuchot,  Journal 
de  la  librairie.  —  Statistique  des  gens  de  lettres. 

*  CAPELLEN  (  Godard-Géranl-Alexandre- 
Philippe,  baron  Van),  homme  d'État  hollan- 
dais, né  en  1778,  mort  à  Vollenhoven  le  10 
avril  1848.  Son  père,  un  des  plus  zélés  anti- 
orangistes,  et  qui  s'est  rendu  célèbre  par  Ja  dé- 
fense de  la  forteresse  de  Gorcum  contre  les 
Prussiens  en  1787,  lui  fit  faire  d'excdlentes 
études,, après  lesquelles  il  débuta  dans  la  carrière 
politique  comme  secrétaire  de  préfecture  à 
Utrecht.  Le  roi  Louis-Napoléon  le  nomma  en 
1808  préfet  de  la  province  d'Ost- Frise,  dont  la 
Hollande  venait  de  faire  l'acquisition  ;  et,  malgré 
tout  l'attachement  des  habitants  pour  le  gouver- 
nement prussien,  il  sut  se  concilier  leur  estime 
dans  ce  poste  difficile.  Peu  de  temps  après,  le 
baron  Van  Capellen  devint  ministre  de  l'inté- 
rieur, et  plus  tard  conseiller  d'État.  Possesseur 
d'une  brillante  fortune,  il  resta  éloigné  des  af- 
faires pendant  tout  le  règne  de  Napoléon  ;  mais 
le  roi  Guillaume  P'",  voulant  attacher  à  son 
gouvernement  un  homme  qui  jouissait  dans  le 
pays  d'une  si  grande  considération,  le  nomma 
ministre  des  colonies,  poste  qui  exigeait  un  ad- 
mini5trateur  habile,  et  affranchi  de  tout  préjugé. 
Le  congrès  de  Vienne  ayant  réuni  la  Belgique  à 
la  Hollande,  le  baron  Van  Capellen  fut  chargé, 
en  qualité  de  secrétaire  d'État  extraordinaire,  de 
disposer  les  esprits  en  faveur  du  nouveau  gou- 
vernement. Pendant  la  bataille  de  Waterloo,  il 
contribua  beaucoup  à  la  conservation  de  la 
tranquillité  à  Bruxelles.  Il  travailla  dès  lors  à 
une  nouvelle  et  meilleure  organisation  dans  l'ad- 
ministration des  colonies,  qui  ne  devaient  plus, 
comme  auparavant,  coûter  des  sommes  exorbi- 
tantes à  l'État,  et  se  trouver  sans  défense  au 
moment  du  danger.  Son  intention  était  de  les 
étendre  de  plus  en  plus  dans  l'archipel  asiatique, 
et  de  les  rendre  plus  avantageuses  au  commerce 
de  la  mère-patrie  qu'elles  ne  l'avaient  été  jus- 


567  CAPELLEN 

qu'alors.  En  18i5,  il  fut  chargé  par  le  roi,  con-  | 
jointement  avec  le  conseiller  d'Etat  Clout  et  le 
contre-amiral  Buysker,  de  recevoir  des  mains 
des  Anglais  les  colonies  des  Indes  orientales, 
que  ceux-ci  avaient  occupées  depuis  plusieurs 
années,  et  de  leur  donner  une  nouvelle  organi- 
sation.. Il  partit  à  cet  effet,  dans  le  courant  du 
mois  d'octobre  de  la  même  année,  pour  Batavia, 
et  fut  nommé  en  1819,  après  le  départ  de  ses 
deux  collègues,  gouverneur  général  des  Indes,  et 
en  même  temps  commandant  des  forces  de  terre 
et  de  mer.  Il  y  resta  jusqu'en  1825,  et  fit  cons- 
tamment tous  ses  efforts  pour  rendre  quelque 
élan  au  commerce  des  Pays-Bas,  et  pour  y  fonder 
des  établissements  utiles.  De  retour  en  Europe, 
il  refusa  plusieurs  missions  diplomatiques  et 
même  le  ministère,  sous  les  règnes  de  Guil- 
laume 1"  et  de  Guillaume  IL  Eu  1828,  il  ac- 
cepta les  fonctions  de  curateur  de  l'université 
d'Utrecht.  En  1838,  il  assista,  comme  ambassa- 
deur extraordinaire,  au  couronnement  de  la  reine 
d'Angleterre  Victoria,  et  en  1840  il  devint  grand 
chambellan  de  Guillaume  H.  [£nc.  des  g.  du  m.} 

.    Conversations-Lexikon. 

CAPELLEN  (Théodore-Frédéric,  baron  Van), 
amiral  hollandais,  né  à  Nimègue  le  6  septem- 
bre 1762,  rnort  à  Bruxelles  le  15  avril  1824.  Aspi- 
rant de  marine  en  1772,  il  fit  alors,  et  les  deux 
années  suivantes,  un  voyage  dans  la  Méditerranée, 
et  occupa,  en  croisière,  la  Manche  et  la  mer  du 
Nord.  Plus  tard  il  croisa  sur  les  côtes  d'Afrique. 
En  même  temps  qu'il  montait  en  grade,  il  trouva 
l'occasion  de  se  distinguer  dans  le  combat 
naval  livré,  le  20  juin  1781,  à  la  frégate  anglaise 
le  Crescent  par  la  frégate  le  Briel.  Capitaine 
en  1782,  et  chargé  du  commandement  de  la  Gé- 
rés, il  croisa  de  nouveau  dans  la  mer  du  Nord 
et  sur  les  côtes  de  Flandre.  Dans  les  années 
1792  et  1793,  lorsque  Duraouriez  menaçait  d'en- 
vahir la  Hollande,  Capellen  fut  placé  à  la  tête  de 
plusieurs  chaloupes  canonnières  sur  Ze  Hollands- 
Biep.  En  1799,  lorsque  les  Anglais  débarquèrent 
sur  les  côtes  de  Hollande,  et  pendant  qu'il 
commandait  un  vaisseau  faisant  partie  de  l'es- 
cadre du  vice-amiial  Story,  à  la  rade  du  ïexel 
ci  au  Vheter,  les  équipages  s'étant  déclarés  pour 
le  prince  d'Orange,  et  s'étant  rendus  le  30  août 
à  la  sommation  faite,  au  nom  de  ce  prince,  par 
l'amiral  anglais  Mitchell,  Capellen  fut  condamné 
à  mort  par  contumace.  Il  se  réfugia  en  Angle- 
terre, et  publia  un  Mémoire  justificatif.  En  1813 
il  revint  en  Hollande,  et  fut  nommé  vice-amiral. 
En  1815  il  reçut  le  commandement  de  l'escadre 
de  la  Méditerranée,  et  en  1816  il  se  distingua  à 
l'attaque  d'Alger,  dirigée  par  lord  Exmouth.  Il 
reçut  à  cette  occasion  les  remercîments  de  la 
chambre  des  communes  d'Angleterre. 

Galerie  hist.  des  Contemporains. 

CAPELLEN  itE  AiARSEH  { Robert -Gttspard- 
Jlurne  de  ),  homme  politique  hollandais,  né  à 
Zutphen  le  30  avril  1743,  mort  aux  environs  de 
Paris  en  1798.  Descendant  d'une  famille  qui 


—  CAPELLÎ  i 

s'était  toujours  fait  remarquer  par  son  pati 
tisme,  il  eut  à  cœur  de  maintenir  un  si  no 
héritage.  Au  sortir  de  ses  études,  il  fut  placi 
la  tête  d'une  compagnie  de  dragons  ;  mais  il 
démit  de  son  grade  en  1769.  En  1771,  il  siéj 
aux  états  de  Gueldre.  Opposé  aux  projets  a 
bilieux  du  prince  d'Orange,  il  contribua  à 
conclusion  du  traité  d'alliance  de  la  HoUari 
avec  la  France  en  1783. 

Le  8  août  1788,  à  la  suite  des  guerres  civi 
entre  les  orangistes  et  les  patriotes,  Capellç 
déclaré  coupable  par  la  cour  de  GueMi'e  i 
crimes  de  rébellion  et  de  lèse-majesté,  fut  c( 
damné  à  la  peine  capitale.  Il  chercha  un  refi 
en  France,  où  il  ntrourut  aux  environs  de  Pai 
On  a  de  lui  :  les  Mémoires  d'Alexandre  Cap 
len,  son  trisaïeul;  1778;  —  des  Mémoires]} 
sonnels,  écrits  en  hollandais'et  traduits  par  1 
même;  Paris,  1791,  in -8". 

Quérard,  ta  France  littéraire.  —  Bioçi.  mod.  —  Er; 
et  Gruber,  Allgem.  Encijcl. 

*  CAPELLETi  (Nicolas),  médecin  ou  cliin 
gien  italien,  natif  de  Lucques,  vivait  vers  le  r 
lieu  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  de 
Ferite  dellacute  del  capo,  dissertazione  in  c 
si  mostra  Vinsufficienza  del  di  loro  prèle 
pericolo ,  ed  il  metodo  di  curarle;  Venis 
1755,  in-4''. 

Gottinger  Jnzeigen  (Notices  de  Gotlinsiie),  an.  17 
—  Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  yillg.  Gelehr.-Lex. 

*  CAPELLI  (Jean-Marie),  compositeur  it 
lien,  natif  de  Parme,  vivait  vers  1790.  Il  s'est  f; 
connaître  par  quelques  opéras,  parmi  lesquels  i 
remarque  :  Achille  in  Sciro,  opéra;  —  le  11 
Psaume  à  quatre  voix,  etc.;  quelques  arieti 
et  cantates. 

Félis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

*CAPELL!  (Carlo) ,  médecin  et  savant  pi 
montais,  né  à  Scarnafiggi  en  1763,  mort  à  Tui 
en  octobre  1831.  Il  fit  ses  études  à  Turin,  prit 
Nice,  en  1792,  du  service  comme  médecin  da 
les  armées  françaises,  et  suivit  plus  tard  en  cet 
qualité  les  princes  de  la  famille  des  Bourbons 
réfugiant  à  Mittau.  De  retour  en  Italie  en  181; 
il  occupa  d'abord  une  chaire  d'anatomie  cor 
parée,  puis  en  1815  il  fut  nommé  professeur  ( 
botanique  médicale.  On  doit  à  ce  savant  l'intn 
duction  en  Sardaigne  d'une  machine  pour  filer 
lin  ;  il  fut  aussi  un  des  principaux  collaborateu 
de  Moris,  auteur  de  la  Flore  sarde. 

Hcnrion,  Annuaire  biographique. 

*  CAPELLI  (Gm«-J/a?'ia,  abbé),  chanoine' 
compositeur  italien,  né  à  Parme,  mort  en  172. 
En  1 690  il  fut  nommé  chanoine  delà  calhé<irale  c 
sa  ville  natale,  et  ensuite  choisi  pour  compositeii 
de  la  cour  du  grand-duc  Ranuce  II.  Il  a  heai 
coup  écrit  pour  le  théâtre,  et  a  laissé  :  Rose 
linda,  opéra;  Venise,  1602,  et  Rovigo,  171'. 
sous  le  titre  de  Ergonia  Mascherata;  —  Giv 
lio  Flavio  Crispo;  Venise,  1722;  —  Mitn 
date,re  di  Ponlo;  Venise,  1723.  On  lui  attribii 
Guiselda  et  Climène. 

Fétls,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 


Il) 


CAPELLO 


570 


I  i:APEL,L.o  (Ange),  astronome  italien,  vivait 

lis  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 

ji'tait  clianoine  et  professeur  d'astronomie  à 

(me.    On  a  de   lui  :   Aslrosophia    nume- 

'it%,   sive   astronomica  supputundi  ratio; 

liise,  tom.  F%  1733,   et  t.  H'',   174G,  in-4"; 

rage  suivi,  selon  quelques-uns,  de  deu\  autres 

imes  ;  mais  Weidler  ne  parle  que  de  deux  volu- 

;en  tout,  qu'il  recommande  tiès-iostammcnt. 

;[  eidier,  Historla  Astroiwmix. 

[cAPELLO   (Antouie),  archéologue  italien, 

i  lit  au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 

H  a  de  lui  :  Prodromus  iconicus  sculptarum 

viaruni  basllidiani ,  aviuletki  atque  ta- 

lanici  generis,  de  museo  Anton.  Capelli; 

ise,  1702,  in-fol. 

elung,  supplément  à  Jôcher,  Jllgemeines  Gelehr- 
Lexicon. 

IPELLO.  Voij.    Cappello. 

IPGLLO  (Bianca),  grande-duchesse  deTos- 

,  née  à  Venise,  morte  au  Poggio  le  20  octo- 

1588.  Cette  femme,  l'un  des  exemples  les 

frappants  de  ce  que  peuvent  les  charmes 

ieurs  joints  à  un  esprit  intrigant,  était  sor- 

'une  des  plus  nobles  familles  de  Venise.  Un 

entin,  nommé  Pierre  Buonaventuri,  employé 

la  maison  de  banque  des  Salviati,  l'enleva 

»63  :  il  lui  avait  persuadé  qu'il  était  le  parent 

(associé  de  ses  patrons;  et  Bianca  s'était 

tant  plus  facilement  laissé  séduire,  qu'ellegé- 

liait  sous  la  tyrannie  d'une  belle-mère.  La 

ile  Capello  fit  éclater  l'indignation  la  plus 

iicontre  les  amants,  qui,  pour  aggraver  leur 

i,  avaient  emporté  les  plus  riches  joyaux  de 

Ifkison paternelle.  Jean-Baptiste  Buonaventuri, 

de  Pierre,  fut  jeté  dans  une  prison  où  il 

rut,  et  des  assassins  poursuivirent  Pierre 

l'à  Florence.  Lorsqu'il  arriva  dans  cette 

,  Cosme  V,  las  d'un  pouvoir  acquis  jadis 

la  cruauté  et  par  la  perfidie,  en  avait  remis 

rcice  à  son  fils  aîné  François  II,  déjà  fiancé 

Jeanne,  arcîiiduchesse  d'Autriche.  Une  liai- 

imystérieuse    se  forma  entre  l'héritier  de 

ne  et  la  fugitive  vénitienne  ;  Buonaventuri, 

bment  avide  ou  ambitieux ,  ne  rougit  pas 

livoriser  cette  intrigue.  Aussitôt  après  le  ma- 

de  François  avec  l'archiduchesse ,  Bianca 

[i  dans  le  palais,  ainsi  que  son  mari,  qui 

it  le  titre  d'intendant.  Mais  celui-ci  ne  jouit 

longtemps  de  la  faveur  du  prince  :  des  as- 

Hi,  ns,  apostés  par  François  lui  -même,  en  dé- 

iK>li'entles  courtisans,  qui  détestaieut  son  ar- 

iWt  ice.  François  succéda  à  son  père  en  1574  ; 

tt  est  alors  que  Bianca,  qui  le  savait  tour- 

.  m  :é  de  se  voir  sans  héritier,  osa  lui  présenter, 

le  I  août  1576,  un  fils  supposé,  mis  au  monde 

(lalille  par  une  femme  du  peuple.  L'affection 

duand-duc  redoubla  comme  elle  l'avail  espéré, 

-fitfle  ne  trouva  pas  cet  avantage  trop  chèrement 

\';*È;[é  par  la  mort  de  la  plupart  de  ses  compli- 

(i  cejqu'elle  fit  assassiner,  de  peur  d'être  trahie. 

Cindant  Jeanne  d'Autriche  donna  aussi  un  fils 


au  grand -duc,  et  mourut  peu  après  en  couche 
d'un  second  enfant.  François,  saisi  de  remords, 
touché  des  représentations  de  ses  frères,  ordonna 
à  Bianca  de  quitter  la  Toscane;  mais  celle-ci  mil 
en  œuvre  tant  de  séductions,  tant  d'intrigues, 
appelant  le  confesseur  môme  du  prince  à  son 
secours,  que,  moins  de  deux  mois  après  sa  dis- 
grâce, elle  était  la  femme  de  François.  Un  bon- 
heur si  inespéré  n'était  encore  rien  pour  elle 
tant  qu'il  restait  secret.  François  venait  de  per- 
dre son  fils,  et  souhaitait  un  autre  rejeton  légi- 
time. Bianca  saisit  ce  moment  pour  le  presser 
de  déclarer  leur  mariage.  Le  grand-duc  se  décida 
enfin  à  envoyer  au  doge  de  Venifie  une  ambas- 
sade pour  demander  à  s'allier  étroitement  à  la 
république  en  épousantunede  ses  filles  ;  et  Bianca 
fut  reconnue  fille  particulière  de  Saint-Marc, 
dans  une  déclaration  émanée  de  ces  mômes  ma- 
gistrats par  lesquels  jadis  son  nom  avait  été  cou- 
vert d'infamie,  et  la  tête  de  son  amant  mise  à 
prix.  Deux  ambassadeurs  et  90  nobles  vinrent 
à  Florence  célébrer  l'adoption  de  Saint-Marc, 
et  le  mariage  de  la  nouvelle  grande  duchesse. 
Ces  cérémonies  ne  coûtèrent  pas  moins  de  300,000 
ducats,  à  une  époque  où  la  Toscane  était  désolée 
par  la  disette.  Bianca  fit  de  son  frère  Vittorio 
Capello  le  ministre  du  grand-duc;  mais  on  lui 
montra  tant  de  haine,  qu'il  fallut  l'éloigner.  Le 
fils  tant  désiré  ne  naissait  point.  Deux  fois  Bianca 
feignit  d'être  grosse,  et  deux  fois  elle  avoua 
s'être  trompée.  Quant  à  son  fils  supposé,  don 
Antoine  de  Médicis,  elle  ne  put  jamais  parvenir 
à  le  faire  déclarer  héritier.  Les  princes  ses  beaux- 
frères  lui  avaient  toujours  été  opposés  :  elle 
chercha  à  cette  époque  à  se  réconcilier  avec  eux, 
et  le  cardinal  Ferdinand  vint  à  Poggio  ,  maison 
de  plaisance  du  grand-duc.  Les  démonstrations 
d'affection  furent  vives  de  part  et  d'autre; 
mais,  le  8  octobre  1587,  le  grand-duc  tomba  ma- 
lade; le  10,  Bianca  fut  saisie  du  même  mal, 
qu'on  nomma  fièvre  intermittente  ;  et  tous  deux 
moururent  à  un  jour  de  distance.  Ferdinand,  qui 
succéda  à  son  frère,  n'a  point  été  à  l'abri  du 
soupçon  d'empoisonnement;  et  quelques  actes  où 
il  appelle  sa  belle-sœur  «  la  détestable  Bianca  » 
sembleraient  le  confiimer.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Artaud  deMontor,  Italie  nvoiLe,me,  11,  264,,  dans  VUni- 
vers  put.  —  Sismondi./itsi.  des  Rep.  ital.,  XVI,  ?05, 

*  CAPELLO  {Charles) ,  philosophe  et  poète 
italien,  natif  de  Venise,  florissait  vers  l'an  1521. 
Il  était  issu  d'une  noble  famille,  et  sénateur  dans 
sa  ville  natale.  On  a  de  lui  :  de  Vanitate  scien- 
tiarum;  —  de  Vera  et  perfecta  Philosophia 
christiano  homlne  digna;  —  Orazione  reci- 
tata  nelfunerale  di  Giorgio  Cornaro,  fra- 
tello  délia  reglna  di  Gipro.  Tous  ces  hvres  sont 
sans  date,  ni  lieu  d'impression. 

Adclung,  suppl.  à  Jôcher,  AUgem.  Gele/irlen-Lexicon: 

*  CAPELLO  (Jean-Baptiste),  pharmacogra- 
phe  italien,  vivait  probablement  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de 
lui   :   Lessico  farmaceutico-chimico ,    dont 


571  CAPELLO 

Spielmann,  dans  ses  Principes  de  la  Chimie, 
cite  la  sixième  édition,  publiée  à  Venise,  in-4°, 
sans  date;  —  Courte  histoire  des  aromates  (en 
italien),  dans  Donzelli,  Lessico  farmaceutico ; 
Venise,  1742,  et  1745,  ln-8°. 

Carrère,  Bibl.  de  la  Méd. 

*  CAPELLO  (Jean- Marie),  compositeur  ita- 
lien, né  à  Venise,  vivait  en  1616.  11  était  orga- 
niste de  l'église  délie  Grazie  à  Brescia,  et  a  laissé 
treizelivres  de  Messes &i Psaumes;  Venise,  1516. 

Fctis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

CAPELLO.  Voy.  Cappelli. 

CAPELLO.  Voij.  Cappello. 

CAPEL-LOFFT,  savant  poète  anglais,  né  à 
Londres  le  14  novembre  1751 ,  mort  à  Mont- 
Calix  le  2G  mai  1824.  Il  fit  ses  études  à  Éton, 
à  Cambridge  et  à  Lincoln's-inn ;  puis,  tout  en 
s'appliquant  à  la  jurisprudence,  il  se  livrait  à  la 
culture  des  lettres ,  de  la  poésie  en  particulier. 
1!  débuta  comme  avocat  en  1775,  et  se  fit  re- 
marquer comme  légiste.  Après  avoir  pris  une 
certaine  part  aux  débats  soulevés  en  Angleterre 
par  la  cause  de  l'indépendance  américaine,  dont 
il  embrassa  la  défense,  il  se  retira  à  Tros- 
ton ,  y  reprit  ses  travaux  littéraires,  en  même 
temps  qu'il  exerçait  les  fonctions  de  juge  de 
paix.  Il  cessa  ces  fonctions  en  1800  :  il  avait 
déplu  au  gouvernement  par  ses  principes  d'op- 
position, philanthropique  d'ailleurs,  et  par  le 
zèle  jugé  excessif  avec  lequel  il  avait  demandé 
le  sursis  à  l'exécution  d'une  jeune  femme  con- 
damnée à  la  peine  capitale.  A  partir  de  cette 
époque,  sa  vie  se  partagea  de  nouveau  entre  la 
plaidoirie,  la  publication  de  nombreux  articles 
dans  les  levues  et  autres  recueils,  et  la  protec- 
tion qu'il  témoigna  aux  gens  de  lettres.  Dans  un 
moment  de  misanthropie,  Byron  appelle  Capel- 
Lofl't  «  le  Mécène  des  cordonniers ,  le  grand  fai- 
seur de  préfaces  pour  tous  les  faiseurs  de  vers 
dans  le  malheur;  une  sorte  d'accoucheur  gra- 
tuit pour  tous  ceux  qui  désirent  se  délivrer  d'une 
quantité  quelconque  de  poésies,  mais  qui  ne  sa- 
vent comment  les  mettre  au  jour.  »  En  1814  il  vi- 
sita le  continent,  et  parcourut  la  France,  la  Belgi- 
que, la  Suisse  et  le  Piémont.  On  ade  Capel-Lofft  : 
Principia  cum  jiiris  universalis  tum  prxci- 
pue  anglicani,  1779,  2  vol.  ;  —  Èudosie,  poème 
en  vers  blancs,  1780;  —  Laxire,  ou  Anthologie 
de  sonnets  sur  le  modèle  de  Pétrarque,  en  an- 
glais, italien,  espagnol,  porttigais,  français 
et  allemand; —  la  Loi  de  l' évidence,  tinAuc- 
tion  de  l'ouvrage  qui  précède  ;  —  la  Loi  de  l'é- 
vidence, de  Gilbert,  avec  additions;  —  Cas  ju- 
diciaires ;  \112-\llk;  —  Essai  sur  la  loi  des 
pamphlets;  —  Trois  lettres  au  peuple  d'An- 
gleterre sur  la  question  de  la  régence;  1789; 
—  des  brochures  sur  la  question  d'Amérique , 
intitulées  :  Tableau  des  plans  principaux  à 
l'égard  de  l'Amérique;  —  Dialogue  sur  les 
Principes  de  la  constitution;  —  Observations 
sur  l'adresse  de  M.  Wesley;  —  Remarqiies 
sur  les  lettres  de  M.  Burke  touchant  la  ré- 


—  CAPER 

volution française,  1790;  —  Observations  , 
rappel  de  M.  Burke;  —  Aphorismes  tirés 
Shahspeare;  1812,  1  vol.;  —  traduction  de  1 
thalie  de  Racine;  —  traduction  des  liv.  1  ç 
des  Géorgiques  de  Virgile;  1784;  —  la  De 
déide,  poème  épique,  dont  quelques  chf 
seulement  ont  été  composés;  —  les  deux  | 
miers  livres  du  Paradis  perdu,  annotés  avec 
ponctuation  particulière,  imaginée  par  l'auli 

Annnal  Register.  —  Monthly  Magazine.  —  Lord 
ron,  OEuvres. 

CAPELUCHE,  bourreau  de  Paris,  décapiti 
1419.  Après  la  conjuration  de  Périnet-Leclerc, , 
Bourgijignons étaient  redevenus  maîtres  de  P 
(1418).  On  sait  que  leur  triomphe  fut  souillé  ■ 
le  massacre  des  Armagnacs.  Le  bourreau  do 
ris ,  Capeluche,  se  signala  parmi  les  assas? . 
Il  était  secondé  par  les  Legoix ,  les  Saint-Y  , 
les  Caboche,  chefs  de  la  faction  des  boucli , 
La  foule,  ameutée  par  eux,  se  porta  au  gi 
Châtelet;  les  prisonniers  y  furent  égorgés,  i 
gré  l'opposition  des  gens  de  justice.  Le  du( 
Bourgogne  essaya  en  vain  de  fléchir  par 
prières  ces  hommes  altérés  de  sang  :  il  prit  m 
parla  main  le  bourreau  Capeluche,  que  peut- 
il  ne  connaissait  pas;  mais  tout  fut  en  vain.  J 
sans  Peur  proposa  ensuite  aux  massacreurs  ( 
1er  combattre  les  Armagnacs ,  qui ,  maîtres 
Montlhéry  et  de  Marcoussis,  affamaient  la  v 
H  leur  donna  des  chefs  et  leur  fit  ouvrir 
portes ,  qu'il  rcfei'ma  dès  qu'ils  furent  sortis 
plus  de  six  mille  des  plus  turbulents  se  troi 
rent  ainsi  exclus  de  la  ville.  «  C'est  alors,  dit 
mondi,  qu'il  (it  arrêter  Capeluche ,  dont  il 
reprochait  d'avoir  serré  la  main,  et  lui  fit  ti 
cher  la  tète  par  son  valet,  auquel  Capeli 
montra  comment  il  devait  s'y  prendre,  pr 
rant  pour  lui-même  tous  les  instruments 
supplice.  » 

Jiivénai  dps  Ursins,  Hist.  de  Charles  f^I.  —  Mich 
Hist.  de  France,  t.  VI.  — Sismonrti,  Hist.  des  Fraiiça; 
Le  Bas,  Dictionnaire  enci/clopédiqite  de  la  France. 

*  CAPELLUTUis  ( Roland),  médecin  ital 
vivait  en  1468.  Il  pratiqua  la  chiiurgie  à  Pa 
avec  une  grande  réputation,  et  laissa,  d'après 
médecins  arabes,  plusieurs  ouvrages  dans 
style  assez  imparfait.  Voici  les  principaux  :  ( 
n<r(7ia;  Venise,  1490  et  154C,  in-lbl.  ;la  dei'D 
édition  comprend  les  chirurgies  de  BrunnuS; 
Lanfranc  et  de  quelques  autres  ;  —  de  Cu 
tione  pestiferorum  apostematum  ;  Francfi 
1642  et  1685,  in-8°;  Brunswick,  1648,  in-4°/ 

Éloy,  Dict.  de  la  M  éd.  —  Van  der  Linden,  Dese\ 
medicis. 

*  CAPER  (  Flavius),  grammairien  romain, 
vait  probablement  vers  la  fin  du  quatrième  siè 
Ses  ouvrages rfe  Latinitate  sont  souvent  cité 
avec  éloge  par  Priscien,  Charisius,  Ruiinus,  1 
vins  et  d'autres.  On  lui  attribue  encore  d 
petits  traités,  intitulés,  le  premier  :  Flavii 
pri  grammatici  vetustissimi  de  Orthog< 
phia  libellus;  l'autre  :  Caper  de  Verbis  i 
diis.  Cependant  on  conjecture  que  ce  ne  « 


'S  CAPER 

ic,  les  abrégés  des  ouvrages  originaux ,  dus  h 
lutres,  Servius  dit,  en  parlant  de  ce  grammai- 
•n  :  Cnper  in  libris  dubiï  generis.  Le  livre 
Caper  ayant  pour  titre  Commentaire,  est 
;ntionné  par  saint  JérOme  comme  un  livre 
été,  et  les  Annotalionx  ?,\xr  Cicéron  sont  re- 
rdées  par  Agroetus ,  l'auteur  du  Libellus  de 
tliographia  et  Proprietate  ac  Differentia 
rmonum,  comme  l'œuvre  la  plus  remarqua- 
!  de  Caper.  On  le  range  encore,  mais  sans  fon- 
nent  peut-être,  parmi  les  scoliastes  de  Té- 
ice. 

aint  Jérôme,  ^dw.  Suftn.,  II.  —  Servius,  Ad  f^irgilii 
t.,  X,  344  cl  S77.  —  Schopfen,  de  Terentio ;  Bonn, 
I.  —  Fabriciiis,  Dibllotheca  lut.  —  l'utschius,  Collect. 
grammairiens  latins. 

CAPERAN  (Arnaud -Thomas),  orienta- 
e  français,  né  le  6  avril  1754  à  Dol  (llle-et- 
iune),mort  le  26  novembre  1826  au  Tronchet, 
is  le  même  département.  Il  était  lils  de  l'irn- 
nneur  oulibraire  deTévôché. Il  embrassa  l'état 
lésiastique,  et  devint  le  précepteur  de  M.  de 
iteaubriand.  Forcé  de  s'expatrier  pendant 
évolution,  il  voyagea  en  Hollande,  en  Allema- 
,  en  Italie,  en  Espagne,  en  Angleterre,  et  fit 
tout  apprécier  son  érudition.  Doué  d'un  cœur 
ellent,  il  rendit  souvent  à  ses  compagnons 
ifortune  des  services  importants.  Accueilli 
lOme  avec  distinction  par  le  souverain  pon- 
,  il  résida  pendant  trois  ans  dans  la  capitale 
'monde  chrétien ,  et  fut  chargé  en  1806,  au 
'.ége  Mariano,  d'une  chaire  de  langues  syria- 
!,  persane  et  illyrique  anciennes,  chaire  qu'il 
upait  encore  en  1807.  Revenu  dans  sa  patrie 
es  dix-sept  ans  d'absence,  il  ne  dédaigna  pas, 
ilglré  sa  science,  de  se  fixer  au  Tronchet,  qu'it 
la  satisfaction  de  faire  ériger  en  paroisse,  et 
lit  il  fut  le  premier  c.  ré.  Là,  retiré  du  monde, 
recevant  aucun  traitement ,  et  vivant  pour 
tîi  dire  d'aumônes,  il  se  tenait  enfermé  dans  sa 
felribre  pendant  tout  le  jour,  et  se  livrait  cons- 
hiïient  à  l'étude.  Pendant  les  dernières  années 
j«a  vie,  il  fut  atteint  d'aliénation  mentale;  et 
[S  la  dernière  attaque  de  cette  maladie  il 
«upait  beaucoup  du  mystère  de  l'Incarnation, 
^tant  sans  cesse  qu'il  était  le  Messie.  Par  une 
iÛe  digne  de  figurer  dans  le  Chef-d'œuvre 
ninconnu,  sonépitaphe  française  a  été  écrite 
•ettres  grecques.  L'abbé  Caperan  est  auteur  du 

Isprophétiqîie  duGle psaume  de  David  :  Ex- 
gat  Deus,  et  di.mpenh.ir  inimiciejus,  etc., 
■irimé  à  Londres  en  1800,  et  formant  un  ou 
X  volumes  in-8".  On  lui  doit  aussi  une  tra- 
itiian  inédite  de  l'ouvrage  intitulé  Veterum 
:'<arum  et  Mafjorum  religionis  I/istoria; 
brd,  1700,  in-4"  ;  la  bibliothèque  de  Rennes  en 
sède  le  manuscrit  autographe.  Le  catalogue 
cette  bibliothèque,  auquel  nous  empruntons 
^'>  les  détails  qui  précèdent,  indique,  parmi 
1<  ouvrages  manuscrits  laissés  par  l'abbé  Cape- 
r  et  dispersés  après  sa  mort,  des  fragments 
e  vers  du  Cantique  des  Cantiques,  et  un  ou- 
•^  ^e  intitulé  Hiéroglyphes  naturels  et  mys- 


-  CAPET  574 

térieux  de  l'alphabet  samaritain.  Indépen- 
damment des  écrits  mentionnés^on  a  de  Cape- 
ran :  plusieurs  mémoires  publiés  dans  VOrien- 
tal  Collection  de  sir  William  Onseley,  vol.  3, 
n"  2,  p.  150  et  suiv.  ;  Londres,  1800; —  une 
copiede  plusieurs  morceaxix  du  Zend-Avesta, 
traduits  par  Anquetil-Duperron,  un  gros  vol. 
in-4";  —  Alphabet  hiéroglyphique  dît  Sama- 
ritain expliqué,  qui  renferme  tous  les  mys- 
tères de  la  création  et  de  la  rédemption  du 
genre  humain,  révélés  sous  les  emblèmes  des 
lettres,  ou  éléments  de  la  parole  tant  énoyicée 
que  tracée  ;  —  Recherches  sur  les  vrais 
principes  de  Vétymologie,  ou  le  7nécanisme 
des  langues  d'après  l'hébreu  qu'on  démontre 
hiéroglyphique,  et  la  plus  ancienne  de  toutes 
les  langues  \ms.) ,  un  cahier  cartonné  infol.,  en 
trois  chapitres;  —  Plusieurs  longs  fragments, 
en  arabe,  stjriaque  et  persan,  des  Machabées 
et  du  Nouveau  Testament,  pris  dans  la  Po- 
lyglotte de  Wallon,  et  quelques-uns  rappro- 
chés de  la  version  latine,  an  vol.  (ms- ),in-fol. 
de  453  pages  chiffrées,  outre  les  sept  pages 
finales,  écrites  en  slavon  ou  russe  ;  —  le  Sens 
historique  et  prophétique  des  Lamentations 
de  Jérémie,  Vulgate,  avec  la  traduction  fran- 
çaise,  notes  et  commentaire ,  texte  original 
avec  traduction  latine,  par  l'abbé  Caperan 
(  ms.)  p.  Levot. 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  publique  de  Rennes,  — 
Noies  de  feu  M.  le  baron  du  Taya. 

*CAPEROLE  {Pierre),  de  l'ordre  des  Obser- 
vantins,  théologien  vénitien,  prieur  à  Vellétri  en 
1481.  Il  était  entré  dans  l'ordre  de  Saint-Fran- 
çois à  Brescia ,  et  s'acquit  une  grande  réputa- 
tion par  ses  prédications.  A  la  suite  de  quelques 
dissidences  avec  ses  supérieurs,  il  entraîna,  en 
1472,  plusieurs  couvents  à  se  séparer  du  gcné- 
ralat,  et  à  former  une  congrégation  sous  le  nom 
de  Caperolans.  Cette  séparation  causa  plusieurs 
procès  :  le  pape  Sixte  IV  crut  devoir  intervenir 
en  1475,  et  blâma  Caperole,  auquel  néanmoins 
il  accorda  en  1480  le  couvent  de  Vellétri.  De- 
puis cette  époque,  l'observance  de  Venise  fut  sé- 
parée de  celle  de  Milan. 

\VzuA\na,.  Annales  or dinis  Minorum.  —  Hé\yo\.,  His- 
toire des  ordres  monastiques,  VII,  c.  15. 

CAPET  {Hugues).  Voy.  Hugues. 

*  CAPET  (;Jean),  chanoine  théologien  fran- 
çais, né  à  Lille,  mort  dans  la  même  ville  le  12 
mai  1599.  11  fut  reçu  docteur  à  Louvain,  où  il 
professa  la  philosophie.  On  a  de  lui  les  ouvra- 
ges suivants  :  de  Vera  Christi  Ecclesia,  deque 
Ecclesiœ  et  Scriptural  Autorllatc  ;Doaày  ,\b8i, 
in-8";  —  de  Hceresi  et  modo  coercendi  Hxre- 
ticos ;  Anvers,  1591,  in-8°;  —  de  Origine  Ca- 
noïncorum  et  eorum  Officio  ;  id.,  1592,  in-8°- 

—  de  Indulgentiis ;  Lille,  1597,  iu-S". 

Valère  André,  Bibl.  Belijicu,  I,  600.  —  Du  Pin,  Table 
■universelle  des  Auteurs  ecclésiastiques. 

*  CAPET  {Marie-Gabrielle),  peintre  française 
de  portraits  à  l'huile,  en  miniature  et  au  pastel, 
née  à  Lyon,  morte  en  1827.  M"*  Capet  est  élève  de 


573 


CAPET  —  CAPILA 


Mme  Vincent.  Parmi  ses  portraits  on  remarque  : 
ceu\  de  M"'  Mars  et  de  Houdon,  miniatures, 
exposés  en  l'an  viii  ;  — M'^'Saint-Fal,  PaUïère, 
pastels,  en  l'an  x  ;  —  l/^e  Vincent  et  ses  princi- 
paux élèves,  tableau  à  l'huile,  en  1 8 1 8  ;  —  Hygie, 
tableau  à  l'huile,  en  1814.  Elle  a  en  outre  exposé 
divers  autres  portraits  aux  salons  de  l'an  ix ,  de 
l'an  xn,  1812  et  1813.  P.  Cn. 

Gabet,  Dictionnaire  des  artistes.  —  Livrets  des  sa- 
lons. 

f  CAPETAL  OU  CAPEREL  (Henri),  magistrat 
français,  mort  en  1326.  Prévôt  du  Châteiet,  il 
fut  convaincu  de  s"ètre  laissé  gagner  par  un 
riche  meurtrier  condamné  à  mort,  et  d'avoir 
fait  revêtir  les  habits  de  ce  coupable  à  un  détenu 
innocent  qu'il  fit  supplicier  à  la  place  du  meur- 
trier. Informé  de  ce  fait,  Philippe  fit  pendre  le 
prévôt,  à  son  tour. 

Continuateur  de  iVangis,  p.  76.  —  Sismondi,  Hist.  des 
Français,  IX,  588. 

*CAPE2ZALS  (Buonavita),  poète  italien, 
natif  de  Pise,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Ditirambi  ed 
altre  Poésie;  Pise,  1627,  in-4"; —  la  Difesa 
delta  Poesia,  canzone;  Pise,  1628,  in-4'>;  —  la 
Difesa  céleste,  poemetto  sacro  ;  Pise,  1635, 
in-4°. 

Cinelli,  Bibl.  vol.  —  Adelung,  supplément  à  Jôcher, 
Allyeni.  Celekrten-Lexit;on. 

*CAPGRAVE  OU  CATGRAVE  (  JoJin),  théo- 
logien anglais,  mort  le  12  août  1474  ou  1484. 
U  était  de  l'ordre  des  Augustins,  et  a  laissé  : 
Catalogus  sanctorum  Angltx,  seu  Legenda; 
Londres,  1516,  in-fol.;  —  des  Commentaires 
sur  Y  Écriture;  sur  le  Maître  des  sentences; 
—  Manipulum  doctrinx  Christianœ  ;  — 
Chronicon  ab  Orbe  condito  ad  Eduardum  ;  — 
de  Fidei  christianee  Symbolis  libri  HI. 

Elsius,  Encomiasticon  augustinnm.  —  l'its,  de  Script. 
Analix.  —  Fabricius,  Bibl.  tned.  et  inf.  setat.  —  Richard 
et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée.  —  Dupin,  Table  des  Au- 
teurs ecclésiastiques  du  onzième  siècle. 

*  CAPHIS  (KdcîJiç)?  Phocéen,  vivait  en  l'an  84 
avant  J.-C.  Il  s'était  attaché  à  Sylla.  Ce  général, 
faisant  le  siège  d'Athènes,  eut  besoin  d'argent  pour 
soutenir  la  guerre  ;  il  ne  craignit  pas  d'enlever 
les  trésors  des  temples  d'Épidaure  et  d'Olym- 
pie,  et  envoya  Caphis  se  saisir  de  ceux  de  Del- 
phes. Sylla  écrivait  en  même  temps  aux  amphic- 
tyons  que  «  ces  trésors  seraient  plus  sûrement 
«  enti'e  ses  mains  qu'entre  les  leurs,  et  que  d'ail- 
«  leurs  il  les  rendrait  après  la  guerre.  »  Caphis, 
affligé  de  sa  mission,  se  mit  à  pleurer  devant 
les  amphictyons,  regrettant  la  nécessité  qui  le 
forçait  à  emporter  ces  dons  sacrés.  Un  des  ma- 
gistrats s'écria  alors  qu'il  entendait  au  fond  du 
sanctuaire  le  son  de  la  lyre  d'Apollon.  Caphis, 
saisi  d'une  terreur  religieuse,  écrivit  à  Sylla  le 
miracle  dont  il  avait  été  l'auditeur.  Le  consul 
romain  lui  répondit  aussitôt  :  «  Comment  n'avez- 
«  vous  pas  compris  que  cette  musique  était  un 
«  signe  d'adhésion  et  de  satisfaction?  Faites- 
«  vous  donc  remettre  hardiment  ces  trésors  : 
<i  c'est  le  dieu  lui-même  qui  nous  les  donne.  >• 


Caphis,  voyant  que  tout  retard  devenait  impos 
ble,  envoya  à  son  général  le  dépôt  sacré.  Qu 
que  temps  après,  Caphis  eut  l'occasion  de  it 
dre  à  son  maître  un  autre  service.  Le  corps  d' 
mée  d'Hortensius,  le  heutenant  de  Sjlla, 
trouvait  gravement  compromis  en  Béotie  et  i 
touré  par  les  Grecs,  qui  espéraient  le  détruire  de 
certains  défilés.  Caphis  le  lira  de  ce  mauv 
pas  en  le  conduisant  par  des  chemins  détounis 
et  lui  fit  opérer  sa  jonction  avec  son  générai 

•  Plutarque,  Sylla. 

*CAPiDUKO  {Jérôme),  philologue  italit 
vivait  probablement  vers  le  milieu  du  sei/.iè 
siècle.  On  a  de  lui  •  Ciceronis  Rhetoricon 
ad  Herennium  libri  IV,  et  de  Inventit 
libri  II,  cum  Hier.  Capiduri  et  aliorumco 
mentariis;  Venise,  1557,  in-fol.,  et  16 
in-fol. 

Catal.  Bibl.  impér.  de  Paris.  —  Dunkel,  Nachri 
ten.  —  Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Getehrten-l 

CAPILA  ou  RAPiLA,  philosophe  indien,  f( 
dateur  de  la  secte  nommée  Sânkhya.  On  le 
garde  comme  un  avatare  de  Siva  ;  et  d'un  au 
côté,  dans  la  Bhagavat-Gîtâ,  Crichnadillui-mê 
qu'il  est  Capila,  ce  qui  ne  peut  prouver  quel' 
tiquité  de  sa  doctrine  et  la  haute  estime  quel 
en  faisait.  De  cette  doctrine  est  sortie  le  boi 
dhisme;  c'est  un  motif  pour  la  faire  remon 
plus  de  sept  siècles  avant  notre  ère.  On  a 
que  Capila  était  athée;  il  n'était  que   ratioi 
liste.   Il  proclame  l'indépendance  de  la  rais( 
et  découvre  l'âme  par  les  moyens  d'un  ju 
discernement;  de  là  est  venu  le  nom  de  So 
khya  domié  à  son  système,  et  non  de  la  ress( 
blance  qu'il  aurait  avec  les  nombres  de  Pyt 
gore.  Le  premier  but  de  Capila,  comme  c( 
de   Bouddha ,  est  de  guérir  les  hommes 
maux  de  la  vie,  c'est-à-dire  de  la  loi  de  la 
naissance.  Les  Soùtras  ou  aphorismes  de  Ca| 
sont  consignés  dans  un  ouvrage  appelé  St 
khya  pravatchana,  et  imprimé  à  Serampo 
1821.  Ces  Soùtras,  au  nombre  de  499,  sont 
prose  axiomatique  :  ils  sont  divisés  en  six.  1 
tures ,  et  accompagnés  d'un  commentaire 
Vidjnâna  Bhikchou.  Cequ'on  appelle  la  Sdnkh 
câricâ  n'est  pas  l'œuvre  de  Capila,  mais  d 
Avara  Crichna;  c'est  un  recueil  de  72  vers, 
résument  la  doctrine  de  Capila.  Il  en  existe  qi 
tre   traductions  :  de  M.   Lassen,  en  latin; 
M.  Pauthier,  en  français  ;  de  M.  Windischm; 
en  allemand  ;etdeColebrooke,enanglais.  Le  te 
en  a  été  publié  par  M.  Lassen  à  Bonn,  1832,  et 
Wilson  à  Londres,  1837.  L'édition  de  M.  "V\ 
son,  outre  le  texte  et  la  traduction  des  v 
d'Iswara  Crichna,  contient  le  commentaire 
Gôrapada ,  texte  et  traduction.    Ce  Gôrapî 
passe  pour  avoir  été  le  maître  de  Sancara  i 
chai7a,  qui  devait  vivre  au  huitième  siècle 
notre  ère.  L— s. 

Th.  wnsim, Sânkhya  càricd.  —  Colcbiookc,  CollecV 
de  Mémoires,  t.  I.  —  M.  Bartliélcray  Saint-llilaji 
Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences  morales  et  p 
tiques,  t.  Vill 


^ 


677 


CAPILTSTI  —  CAPILUPI 


578 


*CAPiL,isTi  (Jean-François,  comte),  ju- 
risconsulte italien,  né  à  Padoue ,  mort  dans  la 
môme  ville  en  14.")9.  Il  était  d'une  très-ancienne 
famille,  dont  le  premier  nom,  Trausagaldï,  fut 
changé  en  celui  de  Capilisti  à  cause  d'une  écharpe 
dorée ,  appelée  lista ,  que  tous  les  membres  de 
cette  famille  poitaient  en  souvenir  d'un  de  leurs 
ancôtres,  Carrotus ,  tribun  sous  Charlemague. 
Jean-François  Capilisti  se  fit  remarquer  par  son 
esprit,  et  enseigna  avec  beaucoup  de  succès  le 
droit  dans  sa  patrie.  En  1431,  il  représenta  les 
Vénitiens  et  le  pape  Eugène  IV  au  concile  de 
Bâle.  L'empereur  Sigismond  lui  accorda  plu- 
sieurs privilèges  en  cette  circonstance,  entre 
mtres  le  pouvoir  de  créer  des  docteurs.  Quel- 
jue  temps  après,  les  Vénitiens  employèrent 
■ncore  Capilisti  à  régler  les  limites  de  leur 
itat  et  de  celui  de  Louis,  duc  du  Milan.  Capi- 
isti  mourut  d'apoplexie  dans  sa  chaire,  au  mo- 
ûent  où ,  discutant  un  textt;  de  loi ,  il  pronon- 
ait  ces  paroles  :  At  qmim  humana  fragilitas, 
lortis  prsecipue  cogitatione  perturbata,  mi- 
,  us  memoria  possit  res  plures  consequi. 

Capilisti  laissa  trois  fils  : 

Raphaël ,  chanoine  à  Padoue  ; 

Gabriel,  jurisconsulte  distingué,  d'abord  sé- 
iteur  à  Rome ,  ensuite  préteuj'  de  Bologne  :  il 

J  écrit  un  livre  sur  les  hommes  illustres  qui 
«nt  inhumés  dans  cette  dernière  ville  ; 
François,  poète  et  jurisconsulte,  qui  pro- 
«ssa  dans  sa  patrie,  durant  quarante  ans,  le 
|folt  et  les  belles-lettres, 
ji  Cette  famille  a  produit  d'autres  hommes  re- 
marquables, entre  autres  Jean-Frédéric ,  sur- 
(tcûmé  le  Docteur  de  la  vérité,  et  Barthé- 
ony,  jurisconsulte  éminent,  mort  en  1505,  après 
jfoir  professe  le  droit  pendant  vingt-trois  années. 
!?anciroIe;  de  Claris  legum  Interpret.,  II,  ch.  84. —  La- 
tc.  Index,  937.  —  Taisand,  f^ies  des  plus  célèbres  ju- 
\c(msiiltes. 

CAPiLl/A  (^ndreoE),  évêqueet  théologien 

lOl,  né  à  Valence,  mort  le  22  septembre 

_   Reçu  fort  jeune  encore  dans  la  compa- 

ie  de  Jésus,  il  y  devint  maître  des  novices, 

profita  de  cette  position  pour  étendre  ses 

issances  dans  les  langues  latine ,  grecque 

raïque.  En  1569,  l'amour  de  l'étude  le 

à  s'éloigner  du  monde  et  à  se  faire  char- 

II  n'en  fut  pas  moins  forcé  d'accepter  la 

ion  de  diverses  maisons  de  son  ordre,  et 

roi  d'Espagne  Philippe  II  le  nomma  inspec- 

r  des  bénédictins  de  Catalogne.  En  1587,  il 

promu  à  l'évêché  d'Urgel,  qu'il  gouverna 

eux  ans.  On  a  de  ce  prélat  des  Commen- 

latins  sur  Jérémie  ;  —  des  Considéra- 

?  sur  les  Dimanches,  le  Carême,  et  les 


I  de  Vallès,  Historia  Hispanix.—  Le  Mire,  de  Scrip- 
^bu$,  ssec.  xyil.  —  N.  Antonio,  Bibliotheca  hispana 

ppiLCPi  [Camillo),  écrivain  italien ,  né  à 

Moue,  et  mort  vers  la  fin  du  seizième  siècle. 

consacre  au  massacre  de  la  Saint-Barthé- 

NOUY.    BIOGR.   DISIVERS.   —   T.   VIII. 


lemy  un  livre  très-célèbre  :  lo  Stratagema 
di  Carolo  IX  ,  re  di  Francia ,  contro  gli 
Ugonotti,  rebelli  di  Dio,  etc.  Cet  ouvrage  vit  le 
jour  à  Rome  en  1572,  et  il  en  parut  en  1574 
une  autre  édition,  dans  laquelle  le  texte  italien 
était  accompagné  d'une  version  française.  Quel- 
ques bibliographes  se  sont  mépris  en  croyant 
que  l'auteur  du  Stratagème  résidait  à  Paris;  il 
y  avait  un  de  ses  frères,  nommé  Alphonse  ;  mais 
Camille  habitait  Rome,  où ,  d'après  des  corres- 
pondances officielles  qui  avaient  peu  de  se- 
crets pour  lui,  il  écrivit  son  livre  immédiate- 
ment après  l'arrivée  de  la  nouvelle  du  massa- 
cre des  réformés.  L'impression  du  livre  fut 
aussitôt  commencée;  mais  elle  fut  suspendue  à 
la  demande  du  cardinal  de  Lorraine,  alors  re- 
tiré près  du  pape,  «  parce  qu'il  avait  eu  avertisse- 
«  ment  que  tout  n'estoit  achevé  en  France 
«  comme  on  avoit  présumé,  et  qu'on  avoit  usé 
«  d'autre  langage  envers  plusieurs  princes  es- 
«  trangers,  qu'en  Espagne  et  Italie,  joinct  que 
«  cela  eust  pu  rompre  l'élection  de  Pologne 
«  (du  duc  d'Anjou,  depuis  Henri  III).  »  Capilupi 
rapporte  avec  complaisance  tout  ce  qu'il  sait  au 
snjet  de  la  Saint-Barthélémy  ;  il  ne  trouve  rien 
que  de  louable  dans  cette  action,  et  ne  cherche 
pas  à  le  dissimuler  sous  des  réticences.  «  Pour 
«  ce  qu'il  estoit  feste,  le  peuple  de  Paris  eut 
«  meilleure  commodité  de  vaguer  à  tuer  telles 
«  gens  et  à  piller  leurs  biens.  La  furie  de  tuer 
«  fut  fort  impétueuse  et  violente  jusqu'au  soir. 
«  Le  roy  avoit  délibéré  d'arracher  entièrement 
«  de  son  royaume  la  semence  pernicieuse  de 
«  l'hérésie.  ■»  Qu'une  simple  observation  nous 
soit  permise  ici  :  la  Saint-Barthélémy  inspire, 
à  juste  titre,  de  l'horreur;  mais,  sans  affaiblir 
ce  sentiment,  on  doit  remarquer  que  sous  la 
plume  de  nombreux  écrivains,  et  surtout  depuis 
l'apparition  de  la  Henriade,  ces  sinistres  événe- 
ments ont  été  défigurés  maintes  fois  dans  des 
déclamations  dénuées  d'exactitude  historique. 
C'est  sur  Catherine  deMédicis  que  doit  retomber 
la  responsabilité  de  la  Saint  Barthélémy,  qui  ne 
fut  point  préméditée  de  longue  main,  ainsi  que  l'ont 
avancé  bien  des  auteurs  superficiels,  qui  ne  se 
sont  point  donné  la  peine  de  recueillir  et  de  pe- 
ser les  témoignages  contemporains.  Nous  aurons 
d'ailleurs  l'occasion  de  revenir  sur  ce  problème 
redoutable.  L'édition  originale  du  Stratagème 
de  Charles  IX  contre  les  Huguenots  est  in- 
trouvable ;  mais  l'ouvrage  a  été  réimprimé  dans 
le  t.  I*'  de  la  Bibliothèque  étrangère,  publiée 
par  M.  Aignan ,  et  dans  le  t.  VU  (  1'^  série)  des 
Archives  curieuses  de  l'Histoire  de  France. 
G.  Brunet. 

De  Thou,  Histoire,  LXXII  et  XXIII.—  Lemire,  de 

Scriptoribus  sacris. 

CAPILUPI  (Lelio),  littérateur  italien,  frère 
du  précédent,  né  à  Mantoue  le  19  décembre 
1498,  mort  dans  cette  même  ville  le  3  janvier 
1560.  Il  eut  l'idée  d'appliquer  les  vers  de  Virgile 
à  des  objets  auxquels  l'auteur  de  VÉnéide  ne 

19 


679  CAPILUPl  — 

songeait  nullement;  ses  centons  bizarres,  qui 
sont  d'aiJleurs  composés  avec  art,  eurent  d'au- 
tant plus  de  succès  qu'ils  flattaient  les  goûts  peu 
délicats  d'une  certaine  classe  de  lecteurs.  On  vit 
successivement  paraître  :  Cento  Virgilianus  de 
Vita  monachorum  quos  vulgo  fratres  appel- 
lant;  Venise,  1543,  1550,  in-8°  ;  Rome,  1573; 
—  Cento  Virgilianus  in  fœminas,  imprimé 
dans  God.  Wagner,  Schedtasmata  de  eniditis 
Cselibibus,  1717,  in-8°;  —  Cento  Virgilianus 
in  Siphillim,  dans  Capiluporum  Carmina  et 
Centones,  édit.  de  Castallion;  Rome,  1590, 
in-4°.  La  décence  est  souvent  très-peu  respectée 
dans  ces  écrits  ;  les  moines  y  sont  fort  maltrai- 
tés, et  ce  n'est  pas  sans  motif  que  Capilupi 
figure  sur  la  très-longue  liste  des  auteurs  mis  à 
l'index.  On  a  depuis  continué  à  mettie en  œuvre 
l'idée  de  chercher  dans  les  vers  de  Virgile ,  et 
les  brisant  à  plaisir,  des  allusions  à  des  évéoe- 
mets  modernes.  En  1723,  un  nommé  Daudé 
s'imposa  la  tâche  assez  bizarre  de  composer  ainsi 
le  récit  des  querelles  soulevées  par  la  bulle 
Unigenitus.  Un  neveudeLelio, /«/es  Capilupi, 
s'exerça  dans  le  même  genre;  il  adressa,  entre 
autres  écrits ,  un  centon  virgilien  à  Philippe  n. 
Tous  ces  écrits,  imprimés  plusieurs  fois  à  Venise 
à  partir  de  1550,  reparurent  à  Rome  avec  d'au- 
tres poésies  latines  de  divers  Capilupi,  en 
1590;  mais  on  y  supprima  ce  qui  était,  avec 
raison,  malséant  aux  yeux  de  la  cour  papale. 
Quelques-uns  de  ces  centons  ont  reparu  à  la 
suite  de  diverses  éditions  de  Virgile  (  notamment 
dans  celle  de  Cologne,  1601  )  et  dans  certains 
recueils,  tels  que  Baudii  Amores,  1599,  les  Mé- 
moires de  littérature  de  Sallengre ,  etc.   G.  B. 

Ghilini ,  Teafro  d'Vomini  letter.  —  Bayle,  Dici.  — 
Teissier,  Éloges. 

CAPiLVPi  {  ffippohjte),  évêque  et  poète  ita- 
lien, deuxième  frère  de  Lelio,  né  à  Mantoue  en 
1512  ,  mort  en  1580.  Il  fut  nommé  en  1560  évê- 
que de  Fano,  puis  légat  à  Venise.  Il  s'est  exercé 
à  plusieurs  genres  de  poésie,  sans  s'élever  au- 
dessus  du  vulgaire.  Quelques-unes  de  ses  élégies 
se  trouvent  dans  les  Délices  des  poètes  ita- 
liens ,  t.  I^'". 

Olalis  Borrichius,  De  Poetis  Latinis,  n°  96,  p.  96.— De 
TXwa  ,  Historia.  —  H.  Gtiilini,  Teatro  d'Vomini  let- 
teriiti,  p.  145.  —  Baillet,  Jugement  des  Savants,  t.  JT, 
n°  1300. 

*CAPis  (Jean),  jurisconsulte  et  littérateur 
italien,  né  à  Domo  d'Ossola ,  dans  le  Milanais,  à 
u)  lit!  du  seizième  siècle,  mort  dans  la  même 
ville  avant  1670.  Il  étudia  vers  1606  à  Pavie,  où 
il  prit  ses  grades,  et  mérita  plus  tard  la  recon- 
naissance de  sa  ville  natale.  On  a  de  lui  : 
Varon  Milanes,  de  la  lengua  da  Milan  (en 
dialecte  milanais);  Milan,  1606  :  l'auteur  y  dé- 
montre l'origine  latine  et  grecque  de  la  langue 
italienne,  et  surtout  du  dialecte  milanais  ;  —  Me- 
moi'ie  délia  Corte  di  Mattarella  ;  Milan,  1673, 
ouvrage  posthume. 

Argelali,  Bibl.  M<:diol. 
CAPISTRANO    ou    CAPISTRAN    (SAINT-JeAN 


CAPISÏRANO  580 

DE  ) ,  prédicateur  napolitain ,  né  à  Capistranc 
(Abruzze)  en  1385,  mort  à  Willach  (Carinthie 
le  23  octobre  145fi.  Il  était  fils  d'un  gentilhomrn» 
angevin,  venu  en  Italie  à  la  suite  de  Louis  d'An 
jou.  Il  commença  ses  études  dans  son  pays,  e 
vint  faire  son  droit  à  Pérouse,  où  il  se  maria  p 
entra  dans  la  magistrature.  Soupçonné  de  ti  alii 
les  intérêts  des  habitants  de  Pérouse  en  faveu 
de  Ladislas,  roi  de  Naples,  il  fut  incarcéré 
Bruffa,  et  perdii;  sa  jeune  épouse  durant  sa  dctei 
tion.  Accablé  de  douleur,  il  résolut  de  se  retiie 
du  monde.  Ayant,  pour  une  grosse  somme,  ol 
tenu  sa  liberté,  il  vendit  et  donna  ses  biens 
puis  prononça  ses  vœux  dans  le  couvent  d 
Saint-François-du-Mont,  à  Pérouse.  Capistrano 
mena  une  vie  très-austère,  qui  le  fit  |)arven 
bientôt  aux  premiers  offices  de  son  ordre.  11  fi 
délégué  en  qualité  d'inquisiteur  contre  les  Fr; 
ticelli  ou  Frérots  d'Italie,  s«cte  formée  princip; 
iement  de  quelques  moines  libertins  sortis  di 
ordres  mineurs,  et  qui  disaient  «  que  l'Église  ri 
it  maine  était  la  Babylone  ;  que  la  règle  de  Sain 
«  François  était  la  règle  évangélique  observée  [y, 
•<■  Jésus-Christ  et  par  ses  apôtres;  que  lessacr 
«  ments  de  l'Égliseétaientinuliles, parce quccei  i 
«  qui  les  donnaient  n'avaient  plus   ni  pouvc  | 
«  ni  juridiction  ;  que  la  perfection  consistait  da: 
«  la  pauvreté,  etc.  »  Les  papes  Boniface  VIU 
Jean  XXII  les  excommunièrent,  et  Capistrai  1 
les  poursuivit  si  vigoureusement  qu'il  les  for  [ 
à  se  retirer  en  Bavière.  En  1439,  Eugène 
l'envoya  comme  nonce  en  Sicile,  et  l'einplo 
ensuite  au  concile  de  Florence  à  opérer  la  ri  | 
nion  des  Églises  latine  et  grecque  :  ce  pontife 
servit  encore  de  lui  pour  ramener  les  ducs 
Bourgogne  et  de  Milan,  qui  avaient  pris  pal 
pour  l'antipape  Félix  V  et  le  concile  de  Hâ  [ 
Élu  vicaire  général  des  observantins ,  Capistral 
travailla  à  la  réforme  de  son  ordre  avec  saint  Bol 
nard  de  Sienne,et  à  la  conversion  des  hussitesa\i| 
saint  Laurent  Justinien,  patriarche  de  Venise. 
1443,  Nicolas  V  lui  fit  parcourir  l'Allemagne,  I 
Bohême  et  la  Hongrie  pour  combattre  les  hrj 
sites,  dont  il  convertit  un  grand  nombre.  Il 
montra  pas  moins  de  zèle  et  d'activité  contre 
Juifs,  et  réussit  à  organiser  une  croisade  con  1 
les  Turcs:  Calixte  III  l'en  nomma  chef  et  pj 
dicateur;  sons  ses  ordres  étaient  Ladislas, 
de  Hongrie;  Huniade,  vayvodede  Ti'ansylvanij 
et  George,  despote  de  Rascie.  Le  6  août  14. 
Capistrano,  assisté  du  cardinal  Carvajal,  vint 
secours  de  Belgrade  avec  quarante  mille  cli 
tiens  rassemblés  par  ses  prédications  :  condt| 
par  Huniade ,  ils  se  trouvèrent  en  présence 
Mahomet  II ,  dont  l'armée  s'élevait  à  cent  c  1 
quante  mille  hommes.  Sans  s'arrêter  au  nomt 
les  croisés,  excités  par  Capistrano,  se  précip'f 
rent  sur  les  Turcs  avec  tant  d'impétuosité,  qu 
les  mirent  en  fuite  et  leur  firent  éprouver  1 1 
perte  énorme.  Capistrano  mourut  peu  après 
son  corps  fut  porté  à  Elloc  près  de  Vienne  (j 
triche  ).  Il  fut  béatifié  par  Léon  X,  qui  permitil 


,S{  CAPISTRANO 

lionorpr  «lans  le  seul  diocèse  de  Sulmone.  Gré- 
oirc  XV  étendit  cette  permission  à  tous  les  reli 
ieux  de  l'ordre  de  Saint-François,  entin  Alexan- 
re  VIII  le  canonisa  solennellement  le  1"^  no- 
embrc  1C90.  Saint  Jean  de  Capistrano  a  laissé 
lusieurs  ouvrages,  entre  autres  :  de  Papx 
\  concilii  sive  Ecclcsix  mitoritate ;Yemse, 
}80,  in-4°;  —  Spéculum  clericonim  ;  id.  ;  — 

i? Oanone  pœnitentiali ;id.,  1584 ;  —  aliquot 
epeMiones  in  jure  civili;  id.,  1587;  — de 
ksnis  Inferni  et  Purgatorti  ;  id. 

làpondc,  Annalium  Baronii  Cotitinuatio.  —  Hermant, 
st.  des  Hérésies.  —  WaJding,  Annales  ordinis  Mino- 
m.  —  Biiillet',  fie  des  Saints.  —  Richard  et  Giraud, 
tliothèqtio  sacrée.  —  Artaud  de  Monter,  Hist.  des 
werains  Pontifes. 

ICAPisvccHi,  famille  italienne,  dont  lesprinci- 
ux  membres  sont,  dansl'ordre  chronologique: 
iCAWSUCCHi  {Giovanni- Antonio) ,  cardinal 
Kien,  né  à  Rome  le  21  octobre  1515,  mort 
insla  môme  ville  le  29  janvier  1569,  Le  pape 
iul  m  le  nomma  chanoine  du  Vatican  et  audi- 
r  de  rote.  En  1555,  Paul  IV  l'éleva  au  cardi- 
at  sous  le  titre  de  Saint-Pancrace,  et  le  fit  en- 
te inquisiteur  et  évêque  de  Lando.  Sous  Pie  V, 
îisucchi  devint  préfet  de  la  signature  de 
ce,  gouverneur  de  Gnaldo,  et  légat  apostoli- 
!.  On  a  de  lui  des  Constitutions  qu'il  publia 
is  un  synode  tenu  à  Lodi. 
I  Mandosio,  Bibliotheca  Romana.  —  Ughelli,  Genea- 
Cupisucchiorum.  —  \.  Armanniis,  Historia  Ca- 
iorum.  —  Dupin,  Table  universelle  des  Ailleurs 
\itiques.  —  Êchard,  Scriptores  ordinis  Prœdica- 


—  CAPISUCCHI 


i82 


IsuccHi  (  Camille),  marquis  de  Puy-Ca- 
^néral  italien,  né  à  Rome  en  1537,  mort 

grie  en  novembre  1597.  En  1571,  à  la 
le  de  Lépante ,  il  donna  de  telles  preuves 
teur,  que  don  Juan  d'Autriche  lui  confia  le 
landement  de  quatre  cents  gentilshommes 
&  l'expédition  chrétienne  contre  Tunis.  En 
le  duc  de  Parme  nomma  Capisucchi  mestre 

p  d'un  régiment  d'infanterie,  et  se  servit 
en  cette  qualité  dans  les  guerres  de  Flan- 

de  France ,  lorsqu'il  conduisit  une  armée 
lOle  au  secours  du  duc  de  Mayenne, 
je  la  Ligue.  En  1595,1e  pape  Grégoire  XIIT 
Capisucchi  le  commandement  des  trou- 

il  leva  pour  aider  Rodolphe  II  dans  la 

que  cet  empereur  soutenait  contre  les 
■;  Capisucchi  mourut  des  fatigues  qu'il  es- 
durant  cette  campagne.  On  voit  son  tom- 
dans  l'église  Sainte-Croix,  à  Vienne. 

ler  Mandosio,  Bibliotheca  Romana.  —  Ughelli, 
ica  Capisueotiiorum.  —  Annannus  ,  Historia 
■ch. 

ISUCCHI  (  Biaise  ),  marquis  de  Monterio, 

italien,  frère  de  Camille,  natif  de  Rome, 

à  Florence  en  1613.  Dès  son  adolescence, 

St  remarquer  par  ses  goûts  militaires,  et 

du  service  dans  la  compagnie  des  arquebu- 

I»  de  Paul  Sforcc,  marquis  de  Santa-Fiore,  qui 

iimena  en  France  combattre  les  protestants.  En 

*,  ces  derniers,  assiégeant  Poitiers,  avaientjeté 

mt  volant  sur  le  Clain,  au  moyen  duquel  ils 


allaient  donner  avantageusement  un  assaut  géné- 
ral. Capisucchi  et  deux  de  ses  camarades  se  je- 
tèrent dans  la  rivière,  et  allèrent,  malgré  les  pro- 
jectiles des  calvinistes,  couper  les  câbles  qui  te- 
naient le  pont,  en  sorte  que  le  courant  l'entraîna 
facilemenï.  Le  pape  Pie  V  fit  mention  de  cette 
action  dans  une  de  ses  bulles.  En  1584,  Capi- 
succhi servait  dans  les  Pays-Bas  sous  le  duc  de 
Parme,  et  fut  envoyé  en  qualité  de  général  de 
cavalerie  au  secours  des  habitants  de  Cologne, 
alors  en  guerre  avec  leur  archevêque-électeur 
Gebhard  II  (Truschès),  qui  avait  embrassé  le 
protestantisme.  Ferdinand  i*"'  (  de  Médicis  ),  duc 
de  Toscane,  prit  ensuite  Capisucchi  pour  lieute- 
nant général  de  ses  troupes  ;  enfin  le  pape  Clé- 
ment VIII  lui  donna  en  1594  le  commandement 
du  comtat  Venaissin.  Capisucchi  a  laissé  un  vo- 
lume de  lettres  adressées  au  cardinal  Aldobran- 
dini  :  on  trouve  ce  livre  (ms.)  dans  la  bibliothè- 
que du  Vatican. 

Prosper  Mamlosio ,  Bibliotheca  Romana.  —  Ughelli, 
Genealogia  Capisuce.  —  Arinannus,  Historia  Capisucc. 
—  Annibal  Adam,  Elog.  stor.  d»  B.  Capisucchi;  Rome, 
1685,10-4°. 

CAPISUCCHI  (  Paolo  ),  prélat  romain ,  né  à 
Rome  en  1579,  mort  dans  la  même  ville  le  5 
août  1639.  Le  pape  Clément  VII  le  nomma  d'a- 
bord chanoine  du  Vatican,  puis  successivement 
référendaire  de  l'une  et  l'autre  signature,  audi- 
teur de  rote,  évêque  de  Neocastro,  et  vicaire  gé- 
néral. En  1528,  Henri  VIII,  roi  d'Angleterre, 
amoureux  d'Anne  de  Boulen,  voulant  répudier 
Catherine  d'Aragon,  sa  femme  légitime,  s'a- 
dressa à  la  cour  de  Rome  pour  obtenir  l'auto- 
risation de  rompre  son  mariage.  Clément  VII 
confia  la  solution  de  cette  affaire  aux  cardi- 
naux Campeggi  et  Wolsey,  qui  crurent  devoir 
autoriser  le  divorce.  Catherine  en  ayant  appelé 
de  leur  jugement.  Clément  VIÏ  remit  la  cause 
entre  les  mains  de  Paolo  Capisucchi ,  alors  doyen 
de  la  rote  :  celui-ci  la  retint  trois  ans,  espérant 
que  Henri  VIII  abandonnerait  sa  demande. 
Obligé  de  faire  son  rapport,  il  ne  fut  pas  favo- 
rable au  roi  d'Angleterre,  et  jugea  que  ce  prince 
avait  encouru  les  censures  ecclésiastiques  pour  s'ê- 
tre remarié  sans  avoir  attendu  la  décision  du  saint- 
siége,  et  que,  d'après  l'examen  des  faits,  Catherine 
d'Aragon  devait  être  rétablie  et  maintenue  dans 
sa  dignité.  (On  peut  voir,  à  l'article  Henri  VIIT, 
le  cas  que  le  monarque  anglais  fit  de  cette  déci- 
sion. )  Le  pape  Paul  III  employa  utilement  Capi- 
succhi en  plusieurs  négociations  importantes, 
principalement  lors  des  troubles  de  Pérouse  et 
d'Avignon.  Capisucchi  réussit  à  rétablir  le  calme 
et  l'autorité  papale.  Paul  UI,  reconnaissant,  le 
nomma  préfet  de  la  signature  de  grâce  et  vice- 
légat  de  l'Ombrie.  Capisucchi  a  publié  plusieurs 
constitutions  très-prudentes  concernant  Pérouse, 
Avignon,  l'Ombrie,  et  quelques  réformes  cléri- 
cales. 

Ughelli,  Genealogia  CapisMCC.  —  Vincent  Armannus. 
Historia  Capisuce.  -  Du  pin.  Table  des  Auteurs  ecclé- 
siastiques. —  Prosper  Mandosio  ,  Bibliot/^ca  Romana, 

19. 


Ôg3  C4PÏSUCCH1 

—Artaud  de  Monter,  Histoire  des  Souverains  Pontifes,    i 

IV,  107.  I 

CAPiscccHi  (Raimondo  Camillo  ),  cardinal 
et  théologien  italien,  né  à  Rome  en  1616,  mort 
dans  la  même  ville  le  22  avril  1691. 11  était  fils 
de  Paolo  Capisucchi,  marquis  de  Puy-Catin.  A 
peine  âgé  de  quatorze  ans,  il  entra,  le  8  juin 
1630,  dans  l'ordre  de  Saint-Dominique,  et  y  pro- 
fessa la  philosophie  et  la  théologie.  Clément  X 
le  fit  secrétaire  de  l'Index,  congréganiste  de  l'exa- 
men des  évêques,  et  en  1654  maître  du  pa- 
lais sacré.  Le  1"  septembre  1681,  Innocent  XI 
l'appela  au  cardinalat  du  titre  de  Sainte-Marie- 
des-Anges.  Raimondo  Capisucchi  a  laissé  :  Gon- 
troversixtheologicse,  scholasticx,  morales,  ad 
menUm  divi  Thomas  resolutee;  Rome,  1670  et 
1677,  in-fol.  ;  —  Censura,  seu  votum  de  Cultu 
sanctorum  Veteris  Testamenti  ;  —  de  Gradu 
virtutiim  m  sanctis  canonisandis  requisito; 
— Vita  J.  Chist'ï. 

p.  Mandoslo,  Bibltotheca  Komana.  —  Ughelli,  Genea- 
logla  Capisuc.  -  Armannus,  Historia  Capisuc.  -  Du- 
pin,  Table  universelle  des  auteurs  ecclésiastiques.  — 
Échard,  Scriptores  ordinis  Prxdicatorum,  II,  729.— 
Touron,  Hommes  illustres  de  l'ordre  de  Saint-Domini- 
que, V,  649.  —  Richard  et  Glraud,  Bibl.  sacrée. 

*  CAPITANI  (  Daniel  de'  ) ,  jurisconsulte  et 
littérateur  italien ,  natif  de  Milan,  mort  dans 
cette  ville  en  1661.  Il  eut  plusieurs  emplois 
de  magistrature  dans  sa  patrie.  On  a  de  lui  : 
Processo  in  causa  delV  allogiamento ,  etc.  ; 
Milan,  1656,  in-fol.;  —  i  Pareri  e  le  Con- 
sulte faite  degli  architetti  in  ordine  a  cos- 
truire  la  facciata  del  Buomo;  —  Milano 
grande  a'  tempi  délia  repubblica  romana 
(dont  le  vol.  l*"  imprimé  in-fol.  à  Milan,  les 
vol.  2^,  3*  et  4''  en  manuscrit). 

Argelati,  Bibl.  Mediol. 

CA.PITEIK  {Jacques -Elisée- Jean),   nègre 
converti,  missionnaire  et  théologien  protestant, 
né  sur  la  côte  de  Guinée,  mort  à  Saint-George 
d'Elmina  après  1742.  Agé  de  sept  ou  huit  ans,  il 
fut  acheté  sur  les  bords  de  la  rivière  Saint-An- 
dré par  le  capitaine  de  vaisseau  hollandais  Ar- 
nold Steenhard,  qui  le  céda  à  son  tour  à  un 
commerçant  d'Elmina,  Jacques  Van  Goeh.  Ce- 
lui-ci lui  donna  le  nom  de  Capitein,  et  l'amena 
à  la  Haye,  où  U  le  fit  baptiser  et  instruire  dans  les 
éléments  des  langues  anciennes  et  sémitiques  par 
mademoiseUe  Roscam.  A  partir  de  1738,  Capi- 
tein fréquenta  l'université  de  Leyde,  où  il  étu- 
dia la  théologie,  en  même  temps  qu'il  cultivait 
la  poésie  hollandaise.  Après  y  avoir  pris  ses 
grades,  il  fut  institué,  en  1742,  pasteur  de  Saint- 
George  d'Elmina.  Depuis  son  départ  pour  la  côte 
de  Guinée,  qu'il  eiïectua  dans  la  même  année, 
on  n'a  plus  entendu  parler  de  lui.  Quelques-uns 
ont  soutenu  qu'il  avait  repris  la  religion  des  idolâ- 
tres. Les  ouvrages  qu'on  a  de  lui  datent  tous  de 
son  séjour  en  Hollande  ;  en  voici  les  titres  :  Élé- 
gie en  vers  latins  sûr  la  mort  de  Manger,  son 
maître  et  son  ami,  trad.  en  français  par  Gré- 
goire, dans  la  Littérature  des  nègres;  --  de 
Vocatione  Ethnicorum;  Leyde,  1738  (disser- 


—  CAPITO  5 

tation  composée  par  l'auteur  pour  son  entré 
l'université  de  Leyde  )  ;  —  J)issertatio  poUtu 
theologica  de  Servitute  libertati  christia 
non  contraria,  quam  sub  prœside  J.  Van  ( 
Honert  publicse  disquisitione  siibjecit  /.-. 
/.  Cap.  Afer.;  Leyde,  1742,  in-4''  :  cet  ouvr 
d'un  nègre ,  qui  forma  la  remarquable  con 
partie  des  écrits  des  négrophiles  blancs,  fut 
duit  en  hollandais  par  Jérôme  de  Brilheli'i,  a 
le  portrait  de  l'auteur;  Leyde,  1742,  in-4°; 
mtgewrocJite  Predikatien  (  Sermons  choisi 
Amsterdam,  1742,  in-4°.  —  On  trouve  le  port 
de  Capitein  par  Reynolds  dans  le  Manuel  d', 
toire  naturelle  de  Blumenbach,  traduit  en  fi 
çais. 

Strodtmann,  Neues   Gelehrtes    Europa;  livrais, 
p.  152.  —  Grégoire,  Littérature  des  Nègres. 

CAPiTEIN  ou  CAPITEITN    ou  CAPITANl 

{Pierre),  médecin  hollandais,  né  en  151 
Middelbourg  (  enZéelande  ),  mort  à  Copenhj 
le  6 janvier  1557.  Ayant  fait  ses  études  à] 
vain  et  à  Paris,  il  obtint  le  grade  de  doctei 
Valence  dans  le  Dauphiné,  et  alla  ensuite  c 
cher  fortune  dans  les  pays  étrangers.  A 
avoir  enseigné  la  médecine  à  l'universit 
Rostock  pendant  quelque  temps ,  il  passa  ( 
à  celle  de  Copenhague ,  dont  il  fut  deux 
nommé  recteur.  Enfin  il  parvint  à  l'emplo 
premier  médecin  du  roi  Christian  IH  et  de 
decin  salarié  de  la  ville.  Il  fut  un  de  ces  n 
cins,  infatués  de  l'astrologie  judiciaire ,  quij 
saient  des  almanachs  dans  le  quinzième  et- 
zième  siècle,  et  dont  les  singulières  ins 
lions,  presque  traditionnelles,  font  ress 
l'influence  qu'ont  les  signes  du  zodiaque 
les  différentes  parties  du  corps,  sur  les  \ 
où  il  convient  de  purger,  etc.  On  a  de 
de  Potentiis  animée;  1550;  —  Calendi 
dédiés  à  Christian  IH  ;  —  Prophylacticum 
silium  antipestilentiale  ad  cives  Ha/nie 
anno  1553,  dans  Thomas  Barthohn;  —  i 
r,iedica;  Copenhague,  1662,  in-8»;  —Eph 
rides  (  en  manuscrit). 

Éloy  ,  Dict.  de  la  médecine. 

*CAPiTELLi  { Bernardino) ,  peintre 
nois,  né  en  1589,  mort  en  1639.  Il  fut  élèv< 
lessandro  Casolani  et  de  Rutilio  Manetti' 
laissé  quelques  fresques  dans  sa  patrie,  à  I 
Antoine  abbé  ,  dans  l'égUse  inférieure  de 
toire  de  Saint-Joseph,  dans  la  chapelle  de  I 
Bernardin,  à  l'antique  porte  de  Saint-Mai 
enfin  dans  l'oratoire  de  la  villa  Sergardi  < 
teccio ,  hors  la  porte  Saint-Marc.  La  peinti  jt 
lui  rapportant  pas  de  grands  profits,  il  1  '"• 
donna  pour  le  burin  et  l'eau-forte.  Ses  p 
pales  estampes  sont  :  le  portrait  de  son  i  ' 
Casolani;  le  Repos  en  Egypte;  et  une  s( 
douze  sujets  de  la  vie  de  saint  Bernard 

Sienne.  ^-  ^~" 

Roinagnoli,    Cenni  storicoartistici  dt  Siena 
cozzi,  Dizionario.  1  ». 

*  CAPITO  {C.-Ateius),  tribun  du  peu  ^ 
55  avant  J.-C.  Il  s'opposa  avec  son  c(  m 


585  CAPITO  - 

Vquillius  Gallus  aux  entreprises  de  Pompée  et 
le  Crassus,  alors  consuls,  et  de  César,  qui  for- 
oait  avec  les  deux  consuls  le  premier  triuravi- 
at.  Capito  tâcha  de  mettre  obstacle  à  l'expédi- 
on  que  Crassus  préparait  contre  les  Parthes , 
'abord  en  interdisant  la  levée  des  troupes,  puis 
n  annonçant  d'effrayants  présages  que  le  consul 
édaigna.  Ces  présages  ne  se  réalisèrent  que 
op.  Capito  fut  cependant  noté  par  le  censeur 
ppius  comme  ayant  forgé  lui-même  les  pro- 
iges  par  lesquels  il  avait  cherché  à  arrêter 
irassus. 

OlonCassius,  XXXI,  42;  XXXIX,  83-39.  —  Plutarque, 

I  '«MSws.  —  Cicéron ,  de  Divinat-,  I,  76. 

CAPITO  (  G.-Ateius),  jurisconsulte  romain, 

;  du  précédent,  vivait  sous  le  règne  d'Auguste. 

«ciple  d'Ofilius,  il  fut  le  contemporain  et  le  ri- 

l  d'Antistiu?  Labeo.  Tous  deux  passèrent  pour 

premiers  légistes  de  leur  temps,  et  fondèrent 

\\  écoles ,  appelées  l'une  les  Proculéiens ,  du 

1  n  de  Semprouius  Proculus ,  élève  de  Labeo  ; 

tt(  I  lire,  les  Sabiniens  et  les  Cassiniens,  des  noms 

!Masurius  Sabinus  et  de  Cassius  Longinus, 
ciples  de  Capito.  Il  serait  impossible  d'indi- 
!r  avec  précision  les  traits  caractéristiques  de 
deux  écoles,  qui  se  prolongèrent  en  se  modi- 
it  jusqu'au  siècle  des  Antonins  ;  mais  la  dif- 
;nce  des  caractères  des  deux  jurisconsultes  a 
signalée  par  Tacite  avec  sa  concision  et  sa 
Ktlieurjiabituelles.  «  Capito,  dit-il ,  parvint  au 
!if|mier  rang  dans  Rome  par  ses  vastes  con- 
isances  en  législation  ;  du  reste,  il  avait  pour 
d  un  centurion  de  Sylla ,  et  pour  père  un 
;ur.  Auguste  l'avait  élevé  rapidement  au 
iat,  afin  que,   par  l'éclat  de  cette  dignité, 
sàt  Labeo,  son  rival  de  gloire;  car  le 
siècle  vit  fleurir  ces  deux  ornements  de 
IX.  Labeo,  républicain  incorruptible,   a 
plus  de  réputation;  Capito, plus  courtisan, 
plus  de  faveur.  L'un,  borné  à  la  préture, 
l'injustice  un  nouveau  lustre  ;  le  consulat 
à  l'autre  la  haine   et  l'envie.  «  Capito 
ça  Messala  dans  l'emploi  important  de 
icwr  des  eaux  publiques ,  et  jouit  de  la 
faveur  sous  Tibère  que  sous  Auguste.  Le 
le  l'on  sait  de  sa  vie  atteste  beaucoup  de 
Hé.  Un  jour,  Tibère  consultait  ses  courti- 
sur  la  légitimité  d'un  mot  employé  par  lui  ; 
Pomponius  Marcellus,  puriste  rigide,  con- 
la  le  mot  :  «  Que  le  mot  soit  bon  ou  non,  dit 
ito,  il  le  deviendra,  puisque  César  le  veut.  « 
Non,  répliqua  Marcellus  ;  César  peut  don- 
«  droit  de  cité  aux  hommes,  et  non  aux 
i.  »  Dans  une  autre  cb-constance  rappelée 
[iTacite,  Capito  montra  un  curieux  mélange 
ssesse  et  d'hypocrisie.  Un  chevalier  ro- 
ji,  Lucius  Ennins,  avait  été  dénoncé  comme 
iael  de  lèse-majesté,  pour  avoir  converti  à 
ents  usages  une  statue  d'argent  de  Tibère. 
i-ci  défendit  d'admettre  l'accusation;  sur 
Capito  se  récria  hautement,  comme  avec 
jir  de  liberté,  qu'on  ne  devait  point  enlever 


CAPITOLIN 


586 


)at«, 


)tte.q 


au  sénat  le  droit  déjuger  ni  laisser  un  tel  crime 
impuni  ;  qu'indifférent,  s'il  le  voulait,  pour  ses 
propres  injures,  le  prince  ne  devait  point  sacri- 
fier ainsi  les  ressentiments  de  l'État.  Tibère,  in- 
terprétant le  sens  plutôt  que  la  lettre  de  ces  re- 
proches, persista  dans  son  opposition  ;  mais  la 
voix  publique  n'en  signala  que  mieux  la  bas- 
sesse de  Capito,  qui,  par  une  action  honteuse, 
avait  déshonoré  ses  vertus  domestiques,  ses  ta- 
lents d'homme  d'État,  et  ses  connaissances  pro- 
fondes dans  le  droit  civil  et  religieux. 

Le  Digeste  ne  cite  aucun  fragment  des  ouvra- 
ges de  Capito,  bien  que  son  nom  soit  souvent 
mentionné.  Cependant  Aulu-Gelle  et  Macrobe 
nous  ont  conservé  les  titres  de  plusieurs  de  ses 
traités,  tels  que  :  Conjectanea;  —  de  Pontificio 
Jure,  ou  de  Jure  sacrificiorum  ;  —  de  (tfficio 
senatorio.  L.  J. 

Tacite,  annales,  I,  76,  79  ;  III,  70, 75.  —  Suétone,  de  II- 
lustr.  Gram.,  22.— Dion  Casslns,  LVII,  17.— Aulus-Gelliusj 
IV,  6  ;  V,  14  ;  X,  6  ;  XIV,  8.  —  Macrobius  ,  Saturnales, 
m,  10.  —  Ant.  Augustinus,  de  Nominibus  propriis  Pan- 
dectarum,  dans  le  Thésaurus  de  Otto. 

capitoLlIN  ou  CAPiTOMNrs  (  Jules),  Yun 
des  auteurs  de  l'Histoire  Auguste,  vivait  vers  la 
fin  du  troisième  et  au  commencement  du  qua- 
trième siècle  de  J.-C.  On  ne  sait  absolument  rien 
de  sa  vie,  si  ce  n'est  qu'il  était  d'origine  patricienne 
et  de  mœurs  assez-  pures.  L'Histoire  Auguste 
(Historia  Augusta)  est  un  recueil  de  trente- 
quatre  biographies  (viiae)  d'empereurs  romains, 
comprenant,  de  119 à  284  de  J.-C,  un  espace 
de  cent  soixante-sept  ans.  Les  neuf  biographies 
suivantes  sont  attribuées  à  Capitolin  :  Antonin 
le  Pieux;  —  Marc-Aurèle  ;—  Lucius  Verus;— 
Pertinax; — Clodius  Albinus  ;  —  Opilius  Ma- 
crinus  ;  —  les  deux  Maximin  réunis  ;  —  les  trois 
Gordiens  réunis;  —  Maxime  et  Balbin  réu- 
nis (1).  Quant  aux  autres  écrivains  de  ce  recueil, 
Voy.  Spartien  ,  VuLCATius  Gallicanus,  Lampri- 
Dius,  Trebellics  Pollio,  et  Flavius  Vopiscus. 

L'Histoire  Auguste  pourrait  êti-e  considérée 
comme  la  continuation  de  l'ouvrage  de  Suétone, 
qui  finit  avec  Domitien ,  si ,  outi'e  les  vies  de 
Nerva  et  de  Trajan  qui  manquent ,  il  n'y  avait 
pas,  depuis  Gordien  ni  jusqu'à  Valérien,  une  la- 
cune de  neuf  ans  (de  244  à  253  de  J.-C.  ),  com- 
prenant les  règnes  de  Philippe,  de  Décius,  de 
Gallus  et  d'Émilien.  Peut-être  les  vies  de  ces 
empereurs  existaient-elles  réellement  dans  les 
manuscrits  primitifs ,  si  mutilés  depuis  par  les 
copistes. 

Toutes  les  notices  biographiques  de  l'Histoire 
Auguste  se  ressemblent  par  la  négligence  du 
style,  par  la  sécheresse  du  récit,  et  par  le  man- 
que de  méthode  dans  la  disposition  des  faits. 
Aussi  leur  répartitionne  repose-t-elle  sur  aucune 
autorité  ;  et  c'est  avec  raison  qu'on  les  cite  pres- 
que toujours  sous  le  titre  général  de  Vifas,  etc., 

(t)  Saiimaise,  sur  l'autorité  de  quelques  manuscrits,  rc- 
gsrde  les  cinq  premières  vies  comme  l'œuvre  de  Spar- 
tien ,  et  n'attribue  à  Capitolin  que  les  sixième,  septièmç 
et  huitième. 


5S7 


CAPITOLIN  —  CAPIÏOLÏNUS 


apud  Scriptores  Historiée  Augustse.  C'est  moins 
par  la  forme  que  par  le  fond  qu'il  faut  juger  les 
éci'ivains  de  l'Histoire  Auguste;  car  on  y  trouve 
des  détails  qu'on  chercherait  vainement  ailleurs, 
et  que  Plutarque  lui-même  n'aurait  pas  dédai- 
gnés. Parmi  ces  détails ,  extrêmement  curieux, 
il  y  en  a  qui  caractérisent  à  la  fois  les  hom- 
mes et  leur  temps.  Ainsi,  Capitolin  nous  raconte 
tlu'Aatonin  le  Pieux,  qui  mourut  d'une  indiges- 
tion de  fromage  des  Alpes,  en  donnant  à  son  suc- 
cesseur pour  mot  d'ordre  jEquanimitas,  était 
d'une  belle  stature;  qu'en  vieillissant  sa  longue 
taille  se  voûtait ,  et  que ,  pour  se  tenir  droit  en 
marchant ,  il  se  garnissait  la  poitrine  d'un  corset 
en  petites  tablettes  de  tilleul  (tiliaceis  tabulis 
in  pectore  positis  fasciabatar ,  ut  reclus  ince- 
deret  ).  Qui  se  serait  jamais  douté  que  le  corset 
eût  pour  inventeur  un  des  plus  graves  empereurs 
romains  ? — Marc-Aurèle  le  philosophe,  d'après  ce 
que  nous  apprend  le  même  historien,  faisait,  par 
ses  prières,  tomber  la  foudre  du  ciel  sur  les  tra- 
vaux de  l'ennemi ,  et  obtenait  la  pluie  pour  ses 
soldats  souffrant  de  la  soif.  —  Son  frère  Verus, 
rivalisant  de  corruption  avec  les  Caligula,  se  cou- 
vrait la  tête  d'un  capuchon,  pour  se  mêler,  la 
nuit,  aux  batailleurs  des  rues,  et  se  servait,  dans 
les  cabarets ,  des  plus  grosses  pièces  d'or,  poiu- 
jouer  à  casser  des  bouteilles.  Le  premier  il 
donna  des  banquets  à  douze  convives,  dont  le 
nombre,  chez  les  Romains,  paraît  n'avoir  jamais 
dépassé  sept,  car  on  disait,  comme  en  proverbe  : 
Septem  convivium,  nnve.m  vero  convicium. 
Le  premier  aussi  il  se  poudra  de  limaille  d'or, 
pour  rendre  sa  chevelure  plus  blonde  {quo  ma- 
gis  coma  illuminata  flavesceret  ).  —  Pertinax 
avait  reçu  le  surnom  de  Chrestologue ,  parce 
qu'il  parlait  bien  et  agissait  mal  (  qui  bene  lo- 
queretur  etmalefaceret).  — ClocOus  Albinus, 
plus  glouton  que  brave,  mangeait  pour  son  dé- 
jeuner cent  pêches  de  Campanie  (persica  cam- 
pana),  dix  melons  d'Ostie,  vingt  livres  de  rai- 
sin de  Lavican,  cent  becfigues  {ficedulas), 
quatre  cents  huîtres,  sans  compter  cinq  cents 
grosses  figues.  —  Macrin  fit  enfermer  des 
hommes  tout  vivants  dans  des  murs,  et  ma- 
çonner par-dessus.  Il  renouvela  aussi  le  sup- 
plice inventé  par  Mézence,  d'accoupler  un  vivant 
à  un  mort,  et  de  le  faire  mourir  lentement  des 
exhalaisons  du  cadavre. — Maximin  avait  plusde 
huit  piedsde  haut;  et  son  pouce  était  si  gros  qu'il 
se  faisait  une  bague  du  bracelet  de  sa  femme. 
Sa  force  le  fit  surnommer  Milon  de  Crotone  : 
il  arrêtait  un  char  avec  sa  main  ;  d'un  coup  de 
poing  il  fracassait  la  mâchoire  d'un  cheval,  et 
lui  cassait  la  jambe  d'un  coup  de  pied.  Il  man- 
geait de  quarante  à  soixante  livres  de  viande  par 
Jour,  et  transpirait  tellement  qu'il  recueillait 
dans  une  coupe  jusqu'à  trois  setiers  de  sueur 
par  jour,  qu'il  montrait  à  ses  amis. 

L'Histoire  Auguste  abonde  en  détails  de  ce 
genre,  qui  font  naître  bien  des  réflexions,  et 
qu'un  historien  ne  doit  pas  tout  à  fait  mépriser. 


Capitolin  a  adressé  les  Vies  de  ses  cmpereuis,  ic 
premières  à  Dioctétien,  et  les  dernières  à  Conf 
tantin,  ce  qui  permet  de  fixer  l'époque  où  il  éci' 
vait.  Ses  principales  autorités  sont  Cordus,  dot 
les  œuvres  sont  perdues,  et  Hérodien  ;  il  cite  aus: 
beaucoup  de  lettres  et  documents  oflicieU,  qu' 
avait  sans  doute  puisés  dans  les  archives  inipi 
riales.  Malheureusement  tout  cela  est  expo; 
sans  ordre  ni  plan  arrêté;  et  Capitolin  ne  sen 
ble  avoir  eu  d'autre  prétention  que  de  réunir  li 
détails  les  plus  saillants  sur  les  m(i'urs  et  le  c 
ractère  des  empereurs  dont  il  a  tracé  les  portrait 

L'édition  princeps  des  Scriptores  Hisloi; 
Augustx  fut  imprimée  à  Milan,  en  1475,  par  Pi 
lippe  de  Lavagna,  en  un  volume  in-fol. ,  divi 
en  trois  parties,  dont  la  première  contient  Su 
tone;  la  seconde,  rnnïnorctWide-  Exordio  Nerv. 
suivi  de  l'Histoire  Auguste;  et  la  troisième,  C 
trope  et  Paul  Diacre.  Cette  édition,  extrêmemt 
rare,  fut  réimprimée  à  Venise,  en  1489,  par  Ii( 
nardin,  et  en  1490,  in-fol.,  par  Rubeus.  L'H 
toire  Auguste,  qui  se  trouve  dans  beaucoup 
recueils  d'histoire  romaine,  a  été  publiée  sé{ 
rément  par  les  soins  d'isaac  Casaubon ,  Par 
1603,  in-4°,  et  par  Saumaise,  ibid.,  1520,  in-ft 
avec  un  texte  plus  correct  et  des  notes  nombru 
ses.  On  donne  jusqu'à  présent  la  préférencu 
l'édition  de  Schrevelius;  Leyde,  1671.  Capitci 
a  été  traduit  en  français  par  M.  Vallon,  di 
la  Bibliothèque  latine-française  de  Pai 
koucke;  Paris,  1844,  in-8°.  F.  H. 

Vossius,  De  Historicis  latinis.  —  Dodwell,  l'riel 
Àcad.  ;  Oxford,  1692,  in-8».  —  J.-G.  Mollei-,  Di.isert' 
J.  Capitolino  ;  Altorf,  1689,  in-4°.  —  G.  Heync,  Op 
acad.,  VI,  p.  52.  —  G.-D.  Moulines,  dans  les  Mem. 
VAcad.  de  Uerlin,  année  1750.—  E.  Dirkscn,  Script,  l 
Juq.  ;  leipz.,  1842,  in  8°. 

*CAPiTOLiwus  (P.-Sextius),  surnonii 
Vaficamis,  consul  romain  vers  l'an  452  avi 
l'ère  chrétienne.  11  eut  alors  pour  collègue 
nenius  Agrippa.  Dans  la  même  année,  des  citoy 
envoyés  à  Athènes  pour  en  éiaidier  les  inst 
lions  revinrent  à  Rome  ,  et  Sextius  Capitol! 
fut  un  des  décemvirs  chargés  de  rédiger  le  r; 
veau  code.  Au  rapport  de  Festus,  il  propi 
pendant  qu'il  était  consul,  une  loi  Multattci 

Tite-Live,   III,  32.  —  Denys  d'Haiicarnasse,  X,  8 
Festus,  au  mot  l'eculatiis. 

CAPSTOLiivtrs   (  T.-Quinctius-Barbatiâ\ 
patricien  romain,    vivait   au  cinquième   s; 
avant  J.-C.  Il  fut  consul  pour  la  première 
en  471  avecAppius  Claudius  Sabinus.  Dansi 
disputes  excitées  par  la  proposition  du  trilj 
Publilius  Volero,  il  se  prononça  pour  les 
béiens  contre  son  collègue,  et  fit  passer  Is 
Publilia,  qui  ordonnait  que  les  tribuns  fus 
nommés  dans  les  comices  par  tribus.  Kn  m 
temps,  pour  se  concilier  la  faveur  des  soldi 
il  leur  distribua  le  butin  qu'ils  venaient  de  i 
quérir  sur   les  Èques.  Nommé  consul  pou 
seconde  fois  en  468,  il  remporta  sur  les  A 
ques  et  les  Èques  une  éclatante  victoire,  il 
les  honneurs  du  triomphe,  et  obtint  probi 
ment  à  cette  occasion  le  surnom  de  Capitoli 


l'UflTO 


Î 


i89 


CAPITOLINUS  —  CAPITON 


590 


ion  troisième  coDSulat,  en  465,  fut  signalé  par  une 
louvelle  défaite  des  Èques.  Ceux-ci,  se  jetant 
vcc  impétuosité  sur  le  territoire  de  Rome,  ré- 
andirent  la  terreur  jusque  dans  la  ville.  Capi- 
iliims,qui  campait  sur  le  mont  Algide,  accourut, 
t  fit  cesser  l'effroi  par  sa  seule  présence.  Après 
voir  convoqué  le  sénat,  proclamé  la  suspension 
is  affaires  (justitium)  et  confié  à  Quintus 
iiviiius  le  commandement  de  Rome,  il  pour- 
iii\  it  les  ennemis  qui  venaient  d'être  surpris  et 
lilaits  par  son  collègue  Q.  Fabius.  Dans  sou 
iiatrième  consulat,  Capitolinus  eut  à  lutter  con- 
e  la  guerre  étrangère  et  les  dissensions  civiles. 
i  s  Volsques  et  les  Èques,  profitant  des  troubles 
iii  agitaient  la  cité,  recommencèrent  h  ravager 

Latium,  et  s'avancèrent  jusqu'aux  portes  de 
orne.  Le  peuple  refusait  de  prendre  les  armes. 
laliut,  pour  le  décider  à  combattre  et  à  vaincre, 
Life  la  popularité  de  Quinctius.  Celui-ci,  élu  coa- 
1  [lour  la  cinquième  fois  en  443,  établit  la  cen- 
re,  et  servit  de  médiateur  entre  les  plébéiens 

les  patriciens  ,  tandis  que  son  collègue  M.  Ge- 
nius Maserinus  soutenait  la  guerre  contre  Ar- 
e.  Pendant  son  sixième  consulat,  en  439,  Ca- 
tolinus  refusa  la  dictature,  et  fit  donner  cette 
gnité  à  son  frère  L.  Quinctius  Cincinnatus. 
partir  de  cette  époque,  on  ne  connaît  plus  que 
wix  circonstances  de  la  vie  de  l'illustre  consu- 
me :  en  437,  il  suivit  comme  lieutenant  le  dic- 
jlwirMam.-ÎEmilius  Mamertinus  dans  son  ex- 
ùdition  contre  Fidèncs;  un  peu  plus  tard,  il  dé- 
ladit  le  fils  de  Cincinnatus,  T.  Quinctius,  tra- 
lit  devant  les  comices,  et  le  fit  absoudre. 

rUe-Live,  II,  S6-60,  64;  Ht,  2,  etc.,  66,  etc.;  IV,  8, 10,  13, 
41.  —  Uionys.,  IX,  43,  etc.,  S7.  61;  XI,  63,  —  Zonaras, 
I,  19. 

(fCAPiTOLiNCS  {Cornélius),  historien  latin, 
fvait  vers  250.  Il  était  auteur  d'un  ouvrage 
li  est  perdu ,  mais  que  Trébellius  Pollion  cite 
ns  sa  vie  des  trente  tyrans,  en  parlant  de  Zé- 
>bie,  qu'il  représente,  sur  l'autorité  de  Corne- 
ts Capitolinus,  comme  ayant  été  aussi  remar- 
lable  par  sa  beauté  que  par  sa  naissance. 
Voss,  de  Historicis  latinis. 
^CAPITOLINUS.  Voyez  Manlius. 

*  CAPITON  (KaTiÎTwv),  poète  alexandrin, 
ihénée  cite  deux  ouvrages  de  cet  auteur  :  'Epw- 
^ ,  et  ripôç  <!i/0<.6na.TZTiov  àTroixvyijjiove'jfjiaTa.  On 
buve  dans  V Anthologie  grecque  (v,  67)  une 
i^igramme  d'un  certain  Capiton  qu'on  croît  être 

même  que  Capiton  d'Alexandrie. 

MhénL'e,  VIII;  X. 

*  CAPITON  de  Lycie,  historien  grec,  auteur  de 
les  sur  risaurie  ('laaupixà),  sur  la  Lycie  et 
Pamphylie,  et  d'une  traduction  d'Eutrope. 

ms  ces  ouvrages  sont  perdus. 

•iuidas,  au  mot  KaTTixwv.  — Tschucke,  Pré/ace  de  son 

ition  d'Eutrope. 

*  CAPITON,  gouverneur  de  Judée  sous  Cali- 
ila,  vivait  dans  la  première  moitié  du  premier 
icle.  Craignant  d'être  accusé  pour  ses  exac- 
ius ,  il  prit  l'initiative  en  cherchant  à  rendre 
feux  les  Juifs.  A  cet  effet,  il  fit  élever  dans  la 


ville  de  Jamnia,  parled  païens  qui  s'y  trouvaient, 
et  au  juste  scandale  des  Juifs,  un  autel  en  l'hon- 
neur de  Caligula.  Les  adorateurs  du  vrai  Dieu 
se  révoltèrent  alors,  et  détruisirent  l'autel.  Capi- 
ton rendit  compte  du  fait  à  Caligula,  qui,  déjà 
indisposé  contre  les  habitants  de  la  Judée,  or- 
donna qu'une  statue  ornée  des  attributs  de  Ju- 
piter Olympien  fût  placée  dans  le  sanctuaire 
même  du  temple  de  Jérusalem.  Mais  la  mort  de 
l'empereur  prévint  ce  sacrilège. 

Crevlcr,  Hist.  des  empereurs,  II. 

*  CAPITON,  général  romain,  vivait  vers  l'an  66 
de  l'ère  chrétienne.  Sa  cruauté  l'a  rendu  célèbre. 
Attaché  à  l'armée  de  Florus  en  Judée,  il  fit  mas- 
sacrer les  Juifs  qui  venaient  rendre  hommage  à 
ce  gouverneur. 

Josèphe,  Bellum  Jud. 

*  CAPITON,  archevêque  et  géographe  italien, 
né  à  Narnr,  mort  en  1576.  Il  entra  dans  l'ordre 
des  Servîtes,  et  devint  archevêque  d'Avignon.  Il 
a  laissé  :  Explications  catholiques  sur  les 
lieux  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  ; 
Venise,  1579,  et  Cologne,  1581.  Les  hérétiques 
se  sont  souvent  emparés  de  ce  livre  pour  ap- 
puyer leurs  conclusions  antiorthodoxes. 

Dupia,  Table  des  Auteurs  ecclésiastiques,  seizième 
siècle.  —  Richard  et  Giraud.  Bibliothèque  sacrée. 

CAPITON  OU  KOEPSTEiN  (  Wolffgang  Fa- 
bricius  ),  hébraïsant  et  théologien  allemand,  né 
à  Haguenau  en  1478,  mort  au  mois  de  décem- 
bre 1542.  Il  étudia  à  Bàle,  y  devint  médecin  en 
1495,  après  avoir  approfondi  en  même  temps  la 
théologie  et  le  droit  canon.  Un  juif  converti  lui 
donna  des  leçons  d'hébreu.  Capiton  remplit  en- 
suite diverses  fonctions  ecclésiastiques,  entre 
autres  celles  de  ministre  à  Strasbourg.  En  1523 
il  fut  anobli  par  Charles-Quint.  Cette  même 
année,  dans  la  seconde  conférence  de  Zurich,  il 
proposa  de  procéder  à  la  réforme  par  l'instruc- 
tion. En  1529,  il  assista  au  colloque  de  Mar- 
bourg;-eu  1530,  à  la  diète  d'Augsbourg;  et  d'ac- 
cord avec  Bucer,  son  ami,  il  présenta  à  l'empe- 
reur la  Confession  de  foi  dressée  par  les  sacra- 
mentaires,  et  approuvée  par  le  sénat  de  Stras- 
bourg. Cinq  ans  plus  tard ,  il  s'entendit  à  Bâle 
avec  Calvin,  amena  les  ministres  à  une  modifi- 
cation de  leurs  expressions  sur  la  cène  et  sur 
l'efficacité  des  sacrements,  et  prépara  la  concilia- 
tion avec  les  ministres  de  la  confession  d'Augs- 
bourg. Ami  de  Martin  Cellarius,  et  d'ailleurs 
peu  absolu,  il  fut  accusé  de  pencher  vers  l'aria- 
nisme. 

Sa  mort  fut  causée  par  la  peste.  Il  avait  épousé 
en  premières  noces  la  veuve  d'Œcolampade. 
Agnès ,  sa  seconde  femme,  était  assez  savante 
pour  suppléer  parfois  son  mari  dans  les  cours 
de  théologie.  D  laissa  :  Inatitutiones  hebraicm, 
libri  duo;  —  Enarrationes  in  Habacuch; 
Strasbourg,  1526  et  1528,  in-S";  -' Responsio 
de  Mîssa,  Matrimonio  et  Jure  magistratus 
in  religionem  ;  ibid. ,  1539  et  1540,  in-8°;  — 
Vita  Œcolampadii,  en  collaboration  avec  Simon 


591 


Grynœus,  1537; —  H  examer  on  Bei  opus  ex- 
plicatum  ;ihid.,  1539,  in-8". 

Seckendorf,  Bist.  lutfierianismi.  —  David  Clément,, 
Bibl.  curieuse,  VI.  —  Sax,  Onomast.,  III,  104.  —  Sleiden, 
Comment,  de  statu  Imperii,  elc 

CAPiVACCio  OU  CAPO  Di  VACCA  {Jérôme  ), 
inédecia  italien,  né  à  Padoue ,  mort  dans  la 
même  ville  en  1589.  Il  occupait  un  rang  distin- 
gué parmi  les  érudits  de  son  époque,  et  professa 
durant  trente-sept  ans  la  médecine  pratique  à 
l'université  de  Padoue.  En  1576,  Capivaccio  et 
son  collègue  Mercuriali  furent  appelés  à  Venise 
pour  donner  leur  avis  sur  une  maladie  épidémi- 
que  qui  enleva  environ  cent  mille  personnes. 
Ces  deux  médecins  déclarèrent  que  cette  mala- 
die n'était  point  pestilentielle ,  et  encore  moins 
contagieuse.  Leur  opinion  n'eut  pas  de  succès  ;  et 
les  Vénitiens,  qui  les  avaient  reçus  comme  des 
sauveurs,  les  expulsèrent  honteusement.  La 
réputation  de  Capivaccio  ne  fut  pas  diminuée 
par  cet  incident;  car,  en  1587,  Ferdinand  F'', 
grand-duc  de  Toscane,  lui  fit  de  brillantes  offres 
pour  l'attirer  à  Pise.  Capivaccio,  content  de  sa 
fortune,  préféra  rester  dans  sa  patrie,  où  il  avait 
gagné  dix-huit  mille  écus  à  traiter  seulement  les 
maladies  vénériennes.  Il  est  vrai  qu'il  passait 
pour  avoir  un  secret  qui  le  faisait  triompher 
des  cas  les  plus  compliqués.  Pressé  vivement 
par  un  de  ses  disciples  de  s'expliquer  à  ce  sujet, 
Capivaccio  répondit  :  Lege  methodum  meam, 
et  habebis  mea  sécréta.  On  a  de  ce  médecin 
plusieurs  ouvrages ,  recueillis  sous  le  titre  de  : 
Opéra  omnia  quinque  sectionibus  compre- 
hensa,  etc.;  Francfort,  1603,  in-fol. 

Craton,  Methodus  ex  Galeno.  —  Eloi,  Dictionnaire 
historique  de  lu  Médecine. 

CAPIZUCCHI.   Voy.   CAPISUCCHI. 

CAPMANY  (don  Antonio  de  Montpalau  y), 
historien  et  philologue  espagnol,  né  à  Barcelone 
le  24  novembre  1742,  mort  à  Cadix  le  14  no- 
vembre 1813.  Il  embrassa  d'abord  la  carrière  mili- 
taire, et  fit  en  1762  la  campagne  de  Portugal.  En 
1770,  il  quitta  le  service  pour  fonder  une  colonie 
catalane  danslaSierra-Morena.  L'Académie  royale 
d'histoire  espagnole  le  choisit  pour  son  secrétaire 
en  1790.  Lors  de  l'invasion  française,  il  sefitremar- 
quer  par  son  patriotisme  et  sa  résistance  à  la  nou- 
velle domination,  surtout  comme  député  aux  cor- 
tèsde  1812.  Capmany  a  laissé  :  Arte  de  traducir 
del  idioma  frances  al  castellano;  Madrid, 
1776,  in-4"  ;  —  Filosofia  de  la  Elocuencia; 
Madrid,  1776,  in-8°  ;  —Memorias  historicas 
sobre  la  Marina,  Comercio  y  Artes  de  la  an- 
iiguaciudad  de'Barcelona  ;  Madrid,  1779-1792, 
4  vol.  in-4°  !  on  trouve  dans  cet  ouvrage  d'ex- 
cellentes observations  sur  les  rapports  du  midi 
de  la  France  avec  le  midi  de  l'Espagne  ;  le  se- 
cond et  le  quatrième  volume  renferment  de  cu- 
rieux documents  sur  la  langue  catalane  ;  —  Anti- 
guos  tratados  de  paces  y  alïanzas  entre  algu- 
nos  reges  de  Aragon,  1780;  —  Teatro  Msto- 
rico-critico  de  la  Elocuencia  castellana;  Ma- 
drid, 1786,  5  vol.  in-4°:  Ticknor  fait  l'éloge  de 


CàPlTON  —  CAPO  DE  FEUILLIDE  59; 

cet  ouvrage  ;  — ^Ordonanzas  de  las  amanda: 


navales  de  la  corona  de  Aragon  ,  1787  ;  —  Co 
digo  de  las  costumbres  maritimas  de  Barcc 
lona;  Madrid,  1791,  2  vol.  in-4'' :  ouvrage  pré- 
cieux pour  le  commerce,  l'industrie  elle  droit  ma 
ritime  ;  —  Dictionario  Frances-Espanol  ;  Ma 
drid,  1805,  in-4°  ;  — Cuestiones  criticas  sobn 
varias  puntos  de  historia  economica ,  polïtiu 
ymilitar,  1807,  in-8°. 

Ticknor,   Hist.  of  Spanisk  literature,  l,  29S;III,  lis 

—  Meuçel,  Bibl.  hist.  —  Ebert,  Bibliog.  Lexikon, 

CAPNION  (Kàirviov)  (Jean).  Fo?/. Reijchmn 
*CAPO-BïANCo  (Joseph),  jurisconsullc  ita 
lien,  natif  de  Monte-Leone,  vivait  dans  la  secondi 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  ui 
ouvrage  historique  et  géographique  sur  soi 
pays  natal. 

Toppi,  Bibl.  Napolet 

*  CAPOCASALE  (Joseph),  savant  italien,  n 
le  1*"  mars  1754,  mort  le  21  octobre  1828.  Quoi 
que  pauvres,  ses  parents  lui  firent  donner  un 
solide  instruction.  A  vingt  ans,  il  fut  appelé  à  ad 
ministrer  la  commune  de  Sarconi.  Puis  il  alla 
Naples  en  1800,  se  voua  au  sacerdoce,  et  se  livr 
à  l'enseignement.  De  1804  à  1818,  il  profess 
successivement  la  logique,  la  métaphysique,  I 
droit  naturel  et  le  droit  des  gens.  Il  avait  él 
nommé  évêque  de  Cassano  en  1817,  et  en  182 
on  lui  confia  la  direction  des  études  du  duc  d 
Noto,  héritier  présomptif  de  la  couronne  de  Na 
pies.  On  a  de  lui  :  Catechismo  del  uomo  e  di 
cittadino ;  3  vol.  in-8°  ;  —  Cursus  pfiilosophi 
eus,  sive  universœ  phûosophix  institutiona 
3  vol.  in-S"  ;  —  il  Codice  eterno  ridotto  in  si: 
tema,  seconda  i  veri  principii  délia  ragione 
del  buon  senso ,  3  vol.  in-8°  ;  —  Saggio  di  pi 
litica  per  usa  de"  privati  ;  —  Saggio  di  fisic 
per  giovanetti;  ■ —  Istituzioni  elementari  ( 
matematica,  ridotta  a  brève  e  facile  metoa 
per  usa  de'  principïanti. 

Tipaldo,  Bio(i.  degV  Ital.  illustri,  t.  VIII. 

*  CAPOCCHi  OU  CAPOCcius  (Reinier 
théologien  et  poète  italien,  natif  de  Viterbe,  mo 
en  mai  1 258.  Il  appartenait  à  l'ordre  de  Cîteau' 
Le  pape  Innocent  III  l'avait  nommé  cardinal  2 
titre  de  Sainte-Marie  de  Cosmedin.  On  a  de  li 
quelques  hymnes  latins,  dont  nous  citerons  :  Ce 
lorum  candor,  et  Plange  turba  paupercuU 

Ughelii,  Italia  sacra,  I,  313.  —  Leyser,  Histor.  pœta 
medii  œvi,  p.  999. 

*  CAPOCCHI  (Alexandre),  àomimccàn.  et  s; 
vaut  orientaliste  italien,  de  la  famille  du  préc^ 
dent,  né  à  Florence  le  14  octobre  1515,  mo: 
dans  la  même  ville  le  8  octobre  1581.  Il  entra 
douze  ans  dans  l'ordre  de  Saint-Dominique, 
fit  des  progrès  si  grands  dans  les  langues  oriei 
taies ,  surtout  en  hébreu ,  que  les  Juifs  le  pr^ 
naient  pour  un  de  leurs  coreligionnaires.  Se 
savoir  lui  procura  l'occasion  de  rendre  de  grans 
services  à  la  religion. 

H.  de  Costp,  Histoire  catholique  des  hommes  illustri 

—  lichard,  Script,  ordin.  l'rœdic. 

1  CAPO  DE  FEDïLLiDE,  publiciste  et  littci 


;93 


CAPO  DE  FEUILLIDE  —  CAPO  D'ISTRIA 


594 


iiir  français,  né  vers  1800.  Après  avoir  composé 
lis  poèmes  et  des  œuvres  diverses,  il  écrivit,  en 
S'it,  des  satires  contre  le  ministère  Poli- 
ri;\c,  quoiqu'il  fût  attaché  à  la  maison  du  roi. 
la  même  époque,  il  ti'availla  au  journal  le  Fi- 
iiro,  devint  sous-préfet  après  la  révolution  de 
lillot  1830,  et  rentra  bientôt  après  dans  la  vie 
ttrraire.  11  écrivit  alors  successivement  dans  le 
Diislitutionnel,  la  Tribune,  VEurope  litté- 
'irc,  qui  passa  de  la  direction  de  M.  Bohain  à 
I  sienne,  et  dans  lejournal  le  .Bon  sens.  Quel- 
uo  temps  après,  il  concourut  à  la  rédaction  de 
i  Presse,  journal  de  M.  de  Girardin;  remplit  une 
lission  littéraire  qui  lui  fut  confiée  par  M.  de  Sal- 
inily,  ministre  de  l'instruction  publique,  et,à  son 
tour,  il  fit  de  l'opposition  dans  le  Jotirnal  de 
a  ris,  feuille  ministérielle.  Il  en  résulta  pour  lui 
te  mission  nouvelle  en  Amérique,  obtenue  du 
inistère  Thiers  (  1  mars  1840  ).  A  la  Guadeloupe 
rejoignit  M.  Granier  de  Cassagnac,  et  ren- 
t  service  à  ce  publiciste,  dont  les  articles  sur 
raancipation  avaient  irrité  les  noirs.  En  der- 
er  lieu ,  M.  Capo  de  Feuillide  se  trouva  mêlé 
i\  événements  politiques  qui  suivirent  la  ré- 
ilution  de  1848.  On  a  de  lui  :  le  Temps,  médi- 
•f  ion  poétique;  Paris,  1824;  —  les  Vendéen- 
'i.et  Chants  hellènes  ;  Paris,  1825;  —  le 
ibilé,  ode;  Paris,  1826;  —  la  Mort  du  duc 
iiitthieu  de  Montmorenctj ,  chant  élégiaque; 
aris,  1826,  in-8°  ;  —  Quiberon,  cinq  Ven- 
-ennes;  Paris,  1826;  —  la  Vendée  en  1815; 
aris,  1827,  in-S";  —  Première  épitre  à  Paul- 
ouis  Courier,  vigneron  ;  Paris,  1830;  —  Épi- 
eau  vicomte  d" Haubersaert  ;  Paris,  1831; 
-  Deux  ans  de  règne,  troisième  épître  à 
aul-Louis  Courier;  Paris,  1832;  —  Aux 
ocfrinaires,  pamphlet;  Paris,  1832,  in-8";  — 
Midi  en  1815;  Paris,  2  vol.  in-8°; —  l'Ir- 
nide;  Paris,  2  vol.  in-8"  ;  —  le  Château  de 
him,  son  histoire,  ses  seigneurs  et  ses  pri- 
Mniers;  Paris,  1842;  —  Histoire  du  peuple 
e  Paris;  1844. 

QutTard,;a  Fr.  ML  et  supplément  an  même  ouvrage. 
Beuchot,  Journal  de  la  Librairie. 

*  CAPO  Di  PERRO  (Gian  Francesco),  mar- 
ueteur  itafien,  né  à  Bergame,  mort  dans  la 
léme  ville  en  1533.  Il  était  l'élève  et  le  rival 
le  Fra  Damiano  pour  la  marqueterie,  et  orna 
)'.à  stalles  de  Santa-Maria-Maggiore  de  Bergame 
Ivec  un  goût  remarquable,  quoique  non  exempt 
je  sécheresse.  Il  exécuta  ces  travaux  sur  les 
fessins  de  Lotto.  Francesco  Capo  di  Ferro  fut  le 
riaître  de  Pietro  son  frère,  et  de  Zinino  son  ne- 
jeii.  Les  élèves  que  cette  famille  forma  main- 
j  nrent  pendant  longtemps  l'art  de  la  marquete- 
jie  dans  Bergame. 

'  Tassi,  le  r-'ite  de'  Artifici  Bergamaschi.  —  Lanzi,  Sto- 
lid'Pittorica. 

CAPO  D'ISTRIA  ou  CAPODISTRIAS  (*)  (  Ka- 

')  Oepuis  son  élection  à  la  présidence  de  la  Grèce,  le 
pnitc  cessa  de  prendre  son  titre  nobiliaire,  etsigna  J.Ca- 
i'(fi.«!)-ias  ou  on  grec  'I.  A.  KaTTOOtTTp'.a:  (  c'est-à- 
'  re  Jean,  fils  d'Antoine  ). 


TtoStdTpiaç )  (Jean,  comte  de),  président  de 
la  Grèce,  né  à  Corfou  en  1776,  assassiné  à  Nau- 
plie  le  27  septembre  (9  octobre)  1831.  La 
famille  des  Capo  d'Istria  est  originaire  de  la 
ville  illyrienne  de  ce  nom|,  l'ancienne  Justino- 
polis ,  près  de  Trieste,  et  avait  été  décorée  du 
titre  de  comte  par  les  ducs  de  Savoie.  Il  en 
est  fait  plusieurs  fois  mention  dans  les  an- 
nales de  Corfou ,  où  elle  paraît  établie  depuis  le 
quatorzième  siècle,  et  figurait  sur  le  livre  d'or 
que  les  îles  vénitiennes  s'étaient  donné ,  à 
l'exemple  de  leur  métropole.  En  1678,  Nicolas 
Capodistrias  se  rendit  à  Constant!  nople  pour  ra- 
cheter un  grand  nombre  de  captifs  grecs.  En 
1690,  George-Aloys  et  Stavro,  h  la  tête  de  sol- 
dats chimariotes levés  à  leurs  propres  frais,  firent 
une  descente  à  la  Vallone,  et  forcèrent  à  la  re- 
traite les  Turcs  qui  allaient  attaquer  le  général 
Cornaro.  Enfin,  François  et  Victor  Capodistrias 
se  signalèrent  par  leur  valeur  contre  les  Otho- 
raans  pendant  le  siège  de  Corfou,  en  1716. 

Le  comte  Antoine- Marie,  père  du  président, 
était  connu  dans  les  îles  Ioniennes  comme  juris- 
consulte, et  passait  pour  un  des  chefs  de  l'aristo- 
cratie. Il  fut  im  des  deux  députés  envoyés  en 
1790  à  Constantinople  lorsque  les  îles  vénitien- 
nes, enlevées  à  la  France,  allaient  être  érigées 
en  république  sous  la  suzeraineté  de  la  Porte  et 
la  protection  de  la  Russie.  Il  fut  décoré  par  l'em- 
pereur Paul  I"''  de  l'ordre  de  Malte,  auquel  plus 
tard  Alexandre  joignit  la  croix  de  Sainte-Anne. 

Jean,  son  3*  fils,  qui  devait  illustrer  le  nom  de 
Capodistrias  et  auquel  nous  consacrons  cette  no- 
tice, se  faisait  remarquer  à  Corfou  par  son  es- 
prit distingué  et  sa  philanthropie.  Il  se  livra  aux 
études  médicales,  d'abord  à  Padoue,  puis  à 
Venise.  En  1803,  le  comte  Mocenigo  ,  commis- 
saire impérial  chargé  de  donnerauxSept-Ilesune 
constitution  et  de  raetti'e  un  terme  aux  factions 
qui  les  déchiraient,  choisit  le  jeune  docteur,  âgé  de 
vingt-sept  ans,  pour  secrétaire  d'État  de  la  ré- 
publique septiusulaire.  L'organisation  de  ce  petit 
État,  par  laquelle  Capodistrias  préludait  à  des 
missions  plus  importantes,  offrait  encore  d'as- 
sez grandes  difficultés,  à  cause  de  l'animositédes 
partis,  reste  de  divers  régimes  qu'on  avait  tra- 
versés, de  l'ambition  des  grandes  puissances,  et 
du  voisinage  d'Ali,pacha  de  Janina.  Capodistrias 
connut  alors  personnellement  ces  capitanis  de  la 
Grèce  continentale  qui,  forcés  de  chercher  un 
refuge  dans  les  îles  Ioniennes,  y  furent  organi- 
sés en  une  milice  d'où  sont  sortis  quelques-uns 
des  libérateurs  de  la  Grèce.  Le  traité  de  Tilsitt 
(1807)  ayant  replacé  les  Sept-lles  sous  la  domi- 
nation de  la  France,  César  Berthier,  qui  en  prit 
le  gouvernement,  offrit  au  jeune  seorétaire  d'État 
la  perspective  d'une  nouvelle  carrière;  mais  il 
préféra  ne  pas  se  séparer  de  ses  premiers  protec- 
teurs, attachés  au  service  de  la  Russie,  sur  qui 
les  Grecs  alors  fondaient  surtout  l'espoir  de  leur 
délivrance.  Il  se  rendit  donc  à  Saint-Pétersbourg, 
et  fut  admis  dans  la  diplomatie  russe,  avec  le 


I 


595 


CAPO  D'ISTRIA 


simple  titre  d'attaché  au  collège  des  affaires 
étrangères  (1809).  Pour  sortir  d'une  inaction  qui 
lui  pesait,  malgré  les  études  sérieuses  auxquelles 
il  se  livrait,  Capodistrias  était  près  de  passer 
en  Amérique,  quand  il  fut  attaché  comme  sur- 
numéraire à  l'ambassade  russe  à  Vienne.  Reçu 
d'abord  avec  quelque  prévention  par  l'ambassa- 
deur comte  de  Stackelberg,  il  ne  tarda  pas  à 
mériter  sa  confiance;  et  des  mémoires  remar- 
quables sur  le  système  continental  et  les  relations 
avec  la  Turquie  le  firent  avantageusement  con- 
naître en  haut  lieu.  Aussi  fut-il  demandé  par  l'a- 
miral Tchitchagof,  commandant  l'armée  du  Da- 
nube, pour  l'aider  dans  l'organisation  des  pays 
situés  entre  le  Dniester  et  le  Danube,  qui  ve- 
naient d'être  cédés  à  la  Russie  par  le  traité  de 
Boukarest.  A  la  suite  de  la  désastreuse  campa- 
gne de  Napoléon  en  Russie,  l'armée  du  Danube, 
à  l'état-major  de  laquelle  Capodistrias  était  atta- 
ché, opéra  sa  jonction  avec  les  autres  corps  qui 
pressaient  la  retraite  des  débris  de  l'armée  fran- 
çaise. L'empereur  Alexandre,  l'ayant  distingué  au 
quartier-général,  le  chargea,  quelque  temps  après 
la  bataille  de  Leipzig,  d'une  mission  confiden- 
tielle en  Suisse,  pays  où  les  esprits  étaient  divisés, 
et  sur  lequel  les  coalisés  avaient  besoin  de  pou- 
voir compter  avant  d'envahir  la  France.  L'en- 
voyé russe  travailla  à  faire  revivre  l'ancien  esprit 
des  cantons,  et  à  faire  déclarer  la  neutralité  de  la 
Suisse.  Mais  cette  neutralité  d'un  petit  État  au 
milieu  du  conflit  des  grandes  puissances  pouvait 
difficilement  se  maintenir.  Le  plénipotentiaire 
autrichien  ne  tarda  pas  à  demander  le  passage 
pour  l'armée  de  son  maître  ;  et  Capodistrias,  n'é- 
coutant que  l'intérêt  de  la  cause  qu'il  servait, 
appuya  lui-même  cette  demande,  au  risque  de 
compromettre  sa  réputation  en  Suisse,  et  de 
déplaire  à  l'empereur  en  outre-passant  ses  pou- 
voirs. Alexandre,  auquel  il  vint  soumettre  sa 
conduite,  l'accrédita  de  nouveau  près  la  confé- 
dération, poste  dans  lequel  son  esprit  conciliant 
et  l'expérience  qu'il  avait  acquise  dans  sa  patrie, 
au  milieu  des  luttes  des  partis,  lui  donnèrent 
beaucoup  d'influence  sur  l'organisation  intérieure 
des  cantons.  Ceux  de  Genève,  de  Vaud  et  de 
Lausanne  lui  décernèrent  le  droit  de  bourgeoisie, 
titre  qu'il  aimait  à  joindre  aux  nombreuses  dis- 
tinctions dont  l'honorèrent  presque  tous  les  sou- 
verains de  l'Europe. 

Capodistrias,  qui  avait  assisté  au  traité  de 
Paris  du  30  mars  1814,  et  dont  l'avis  commen- 
çait à  peser  dans  les  grandes  questions  euro- 
péennes, fut  désigné  pour  se  rendre  au  congrès 
de  Vienne,  où  ces  questions  devaient  être  réso- 
lues. Les  bornes  de  cet  article  ne  permettent 
pas  d'entrer  dans  le  détail  de  la  part  qu'il  y  prit, 
ainsi  qu'aux  traités  subséquents.  Nous  devons 
dire  seulement  que  si  Capodistrias  travailla  très- 
activement  au  renversement  de  Napoléon,  et  s'il 
fut  le  rédacteur  du  manifeste  qui  rappelait  la 
Russie  aux  armes  après  le  retour  de  l'île  d'Elbe, 
le  reste  de  sa  conduite,  exempt  de  l'animosité 


que  d'autres  témoignaient  contre  la  France, 
empreint  de  l'esprit  Ubéral  et  modéré  qui 
honneur  alors  à  la  politique  d'Alexandre.  ( 
podistrias  accompagna  de  nouveau  ce  sou 
rain  à  Paris  ;  il  passa  pour  avoir  fait  suggère: 
Louis  XVIII,  par  le  duc  de  Richelieu,  l'idée  d 
crire  à  l'empereur  une  lettre  dans  laquelle 
menaçait  de  renoncer  à  la  couronne,  si  l'on  p 
sistait  à  imposer  des  sacrifices  trop  durs  ii 
France.  Cette  démarche  fit  prévaloir  dans 
conseils  des  alliés  les  conditions  plus  éqiiital 
que  le  diplomate  nisse  appuyait.  Pressé  par 
ministre  de  Louis  XVIII  d'accepter  un  tcir 
gnage  de  sa  reconnaissance,  Capodistrias 
manda  pour  Corfou  les  livres  doubles  de  la 
bliothèque  du  roi.  Mais  un  changement  do  mii 
tère  empêcha  de  donner  suite  à  la  promesse  < 
le  duc  de  Richelieu  lui  en  avait  faite. 

Dans  le  grand  remaniement  de  l'Europe, 
podistrias  s'était  trouvé  en  position  d'exer 
une  influence  prépondérante  sur  le  sort  de  ; 
pays  natal,  les  îles  Ioniennes.  On  a  dit  qu'il  ai 
espéré  d'abord  en  former  nn  royaume  indép 
daut,  à  la  tête  duquel  on  aurait  appelé  le  pri 
Eugène  de  Beauharnais,  à  qui  des  ouvertu 
furent  faites  à  ce  sujet.  Mais,  par  un  noble  s 
timent,  ce  prince  refusa  tout  avantage  person 
dans  le  démembrement  de  l'empire  françi 
Cette  combinaison  écartée ,  il  fallut  opter  en 
le  protectorat  de  l'Autriche  ou  celui  des  Angl; 
que  les  septmsulaires  avaient  déjà  spontaném 
appelés,  et  qui  semblaient,  comme  puissa 
maritime  et  comme  champions  des  idées  Hbt 
les ,  devoir  offrir  les  plus  grands  avantages  ; 
Grecs  ioniens.  Si  le  résultat  n'a  pas  répondu 
tout  point  à  cette  attente,  c'est  que  les  puissa 
protecteurs  se  sont  bientôt  écartés  des  sfipi 
tiens  insérées  dans  le  traité  de  Paris,  sur  j 
quelles  on  doit  juger  cet  acte  de  Capodistri, 
ainsi  que  sur  le  mémoire  qu'il  remit  au  minist 
anglais  pour  l'administration  des  îles  lonienn 
et  dans  lequel  il  recommandait  fortement  l'éi 
cation  nationale  hellénique,  longtemps  négligée,' 
Grecs  ioniens.  Outre  la  part  que  Capodistrias  j 
au  traité  de  Paris,  ce  fut  aussi  lui  qui  dre 
l'acte  de  la  Sainte- Alliance;  mais  la  pensée 
appartenant  tout  entière  à  l'empereur,  nous  i 
vous  pas  à  l'apprécier  ici.  Capodistrias  doul 
que  l'application  d'un  tel  acte  fût  possible,  q>i 
que  ses  idées  religieuses  s'accordassent  en  géi 
rai  avec  la  direction  que  l'esprit  d'AJexam 
avait  prise  dans  les  dernières  années  de  son  i 
gne.  En  rentrant  dans  ses  États,  le  tzar,  < 
avait  conçu  pour  le  comte  Capodistrias  une  . 
fection  toute  particulière,  voulut  qu'il  conser 
les  fonctions  de  secrétaire  d'État,  auxquelles 
l'avait  nommé  en  novembre  1815,  et  qu'il  par 
geât  le  travail  de  son  cabinet  avec  le  comte 
Nesseirode.  L'harmonie  ne  cessa  de  régner  onl 
les  deux  collègues  pendant  les  six  années  q 
dura  cette  position  délicate,  dans  laquelle  le  ' 
plomate  grec,  tout  en  évitant  une  ostentati 


.,f)7  CAPO  D'ISTRIA 

([iii  aurait  pu  blesser  l'esprit  national  moscovite, 

so  réservait  la  partie  la  plus  laborieuse  de  la  tâ- 

(  !u\  L'organisation  de  la  Bessarabie,  qui  bientôt 

devint  Horissante,  est  son  ouvrage;  et,  dans  les 

nombreuses  concessions  de  terres  qui  ont  enri- 

,  lii  fant  de  familles ,  il  ne  pensa  point  à  la  sienne; 

ii  poussa  même  la  réserve  jusqu'à  détourner  son 

ircrc  Viaro  d'accepter  les  faveurs  que  l'empereur 

lui  oIlTrait  pour  le  retenir  en  Russie. 

Capodistrias  avait  continué  à  soutenir  les  in- 
iciiHs  de  la  France,  en  remettant  à  la  décision 
lies  arbitres  les  plus  désintéressés  l'examen  des 
(normes  réclamations  pécuniaires  dont  notre 
pays  était  assailli,  et  en  faisant  réduire  l'occupa- 
tion étrangère,  dont  le  terme  fut  fixé  en  1818,  à 
Ai\-la-Cbapelle.  A  l'issue  de  ce  congrès,  où  Ca- 
i  (iiistrias,  pour  répondre  aux  milliers  de  requé- 
i.  s  adressées  à  l'empereur,  avait  dû  travailler  la 
liuijeurc  partie  des  nuits.  Il  obtint  un  congé  pour 
ixtablir  sa  santé  et  aller  voir  son  vieux  père.  11 
!i;i  remit  une  lettre  autographe  d'Alexandre,  ex- 

iiiement  flatteuse,  dont  1l*s  copies  serépandi- 

lî  Cii  Grè^c.  La  présence  du  ministre  du  tzar, 
malgré  sa  réseiTC,  ne  laissa  pas  de  remuer  les 
esprits  des  Grecs,  qui  avaient  les  yeux  fixés  sur 
Un  comme  sur  l'instrument  futur  de  leur  affran- 
chissement :  aussi  porta-t-elle  ombrage  à  l'ad- 
ministration anglaise,  alors  fort  oppressive,  et 
contre  laquelle  un  soulèvement  éclata  quelques 
mois  après  à  Sainte-Maure.  On  croit  qu'à  son 
retour,  en  passant  à  Paris  et  à  Londres,  Capo- 
(iistrias  essaya  de  faire  modifier  le  régime  de 
ces  îles.  Du  reste,  il  ne  transpira  rien  des  divers 
objets  de  ce  voyage,  qui  préoccupa  vivement  la 
curiosité  des  nouvellistes ,  d'autant  plus  que  le 
comte  Capodistrias  était  regardé  comme  un  des 
défenseurs  des  idées  libérales  dans  les  conseils 
(les  souverains.  11  rejoignit  l'empereur  à  Varso- 
vie, au  mois  d'août  1819.  La  fin  de  cette  année 
et  la  suivante,  marquées  dans  plusieurs  contrées 
.  par  des  soulèvements  politiques,  donnèrent  beau- 
coup d'occupation  au  secrétaire  d'État,  qui  fut  en 
outre  chargé  de  justifier  près  du  saint-siége  l'ex- 
pulsion des  jésuites  de  Russie.  A  la  suite  du 
congrès  de  Troppau,  motivé  par  les  révolutions 
(l'Espagne  et  de  Naples,  les  souvcraieiïs  s'étaieut 
oonné  rendez-vous  à  Laybach.  Le  mouvement 
<1u  Piémont,  qui  eut  lieu  sur  ces  entrefaites,  fut 
;  presque  immédiatement  comprimé,  en  partie  par 
les  efforts  du  comte  Moccnigo,  ministre  de  Rus- 
sie, dirigé  par  Capodistrias  ;  et  l'on  s'occupait  de 
prévenir  le  retour  de  semblables  mouvements , 
lorsqu'on  annonça  la  levée  de  boucliers  d'Hyp- 
silantis. 

Des  tentatives  furent  renouvelées,  à  diver- 
ses époques  ,  par  les  chefs  de  l'Hétérie  (société 
secrète  ),  pour  engager  Capodistrias  à  prendre 
la  direction  d'une  entreprise  qu'ils  avaient  pré- 
parée en  se  servant ,  à  son  insu,  de  son  nom. 
Aux  premières  ouvertures  qui  lui  furent  faites, 
il  répondit  qu'avant  do  songer  à  refaire  une 
Orèce,  il  fallait  refaire  des  Grecs;  et,  en  effet, 


598 

tous  ses  efforts  tendaient  à  la  régénération  intel- 
lectuelle des  Hellènes.  Il  avait  fondé ,  en  181.5, 
la  société  des  Pliilomuses  d'Athènes;  il  favori- 
sait la  création  d'écoles  helléniques  et  la  publi- 
cation de  livres  utiles;  mais  il  repoussait  toute 
tentative  violente,  comme  téméraire  et  prématu- 
rée. C'est  dans  ce  sens  qu'il  répondit,  en  1820, 
à  un  message  de  Petrobey  Mavromikhalis,  qui 
avait  voulu  s'assurer  si  un  soulèvement  du  Pé- 
loponèse  aurait  l'appui  de  la  Russie.  Mais  le 
porteur  de  la  réponse  de  Capodistrias  fut  assas- 
siné par  des  agents  des  hétéristes,  qui  s'étaient 
déjà  tro|)  avancés  pour  reculer,  et  qui,  dans  la 
crainte  d'être  entravés,  précipitèrent  le  mouve- 
ment. Le  tzar,  vivement  irrité  contre  son  aide 
de  camp  Hypsilantis,  fit  immédiatement  désa- 
vouer cette  entreprise  par  Ca|)odistrias.  Ce  der- 
nier, qui  n'était  pas  moins  affligé  de  voir  l'avenir 
de  la  Grèce  ainsi  compromis ,  s'aperçut  bientôt 
que  sa  nationalité  le  rendait  un  objet  de  suspi- 
cion. Il  réussit  cependant  à  démontrer  aux  di- 
plomates réunis  à  Laybach  que  le  soulèvement 
des  chrétiens  contre  les  Ottomans  ne  pouvait 
être  assimilé  aux  révoltes  qu'on  venait  de  répri- 
mer, et  il  obtint  du  moins  qu'aucune  mesure 
coercitivene  fût  arrêtée  contre  eux.  Mais,  ne  pou- 
vant rester  spectateur  impassible  de  la  lutte  dé- 
sespérée de  ses  coreligionnaires,  ni  parvenir  à 
changer,  à  l'égard  de  la  Turquie,  la  politique 
d'Alexandre,  devenu  partisan  exclusif  de  la  paix, 
il  offrit  sa  démission  à  son  souverain,  qui,  tou- 
jours plein  d'estime  pour  lui,  ne  voulut  lui  accore 
der  qu'un  congé  illimité,  pour  motif  de  santé. 

Le  comte  Capodistrias  alla  se  fixer  à  Genève, 
dont  il  était  citoyen  et  où  il  vécut  très-retiré, 
s^poaant  la  plus  stricte  économie  pour  consa- 
crer sa  fortune  à  secourii"  ses  malheureux  coni- 
patriotes.  Par  l'entremise  et  le  concours  de  son 
ami  M.  Eynard,  il  contribua  à  l'organisation  des 
comités  grpxîR ,  qui ,  pendant  cinq  ans ,  vinrent 
seuls  en  aide  à  la  Grèce  abandonnée  des  cabinets. 
Elle  était  près  de  succomber  sous  les  efforts  des 
Arabes,  et  par  suite  de  l'anarchie;  quelques-uns 
des  gouvernants  de  la  Grèce  songeaient  à  la 
placer  sous  la  protection  exclusive  de  la  Graade- 
IJretagne  :  leur  démarche  d'une  part,  et  de  l'au- 
tre le  changement  opéré  dans  la  politique  du 
cabinet  de  Pétersbourg  à  la  mort  d'Alexandre, 
amenèrent  les  puissances  à  se  concerter  pour 
mettre  un  terme  à  la  guerre  d'extermination 
dont  l'humanité  s'affligeait,  et  à  la  piraterie  qui 
ruinait  le  commerce  du  Levant.  Lord  Welling- 
ton, dans  son  ambassade  à  Saiut-Pétersbourg, 
signa,  le2avTil  1826,1e  premier  protocole  rela- 
tif à  la  Grèce ,  qui  prépara  le  fameux  traité  du 
6  juillet  1827,  par  lequel  l'Angleterre,  la  France 
et  la  Russie  s'engagèrent  à  travailler  de  concert 
à  la  pacification  de  l'Oiient.  Vers  cette  même 
époque ,  les  capitaines  grecs  qui  n'avaient  pas 
désespéré  du  salut  de  leur  pays,  les  Karaïskakis, 
les  Kolettis,  les  Kolokotronis,  et  les  philhellènes 
Church  et  Cochrane,  voyant  leurs  efforts  para- 


599 


CAPO  D'ISTRIA 


60C 


lysés  par  les  factions,  décidèrent  les  deux  assem- 
blées rivales  qui  s'étaient  formées  à  se  réunir  à 
Trézène,  où  Capodistrias,dont  lenom  était  d'a- 
vance dans  toutes  les  bouches,  fut  élu,  le  2 
(14)  avril  1827,  président  pour  sept  ans,  par  l'u- 
nain'tïiité  des  députés  présents  (ceux  d'Hydra 
s'étaient  retirés). 

La  nouvelle  de  cette  élection  parvint  à  Capo- 
distrias  en  Russie,  où  il  était  ailé  saluer  le  nou- 
vel empereur  Nicolas.  Avant  d'accepter  l'hono- 
rable et  difficile  mission  à  laquelle  son  pays 
l'appelait,  il  voulut  établir  son  indépendance, 
non-seulement  en  faisant  agréer  à  l'empereur  sa 
démission  définitive ,  mais  en  refusant  toute  ré- 
munération de  ses  anciens  services.  Il  se  rendit 
ensuite  à  Londres  et  à  Paris,  afin  de  s'assurer  de 
la  protection  de  ces  deux  cabinets,  auxquels  il 
exposa  la  nécessité,  pour  fonder  en  Grèce  un 
gouvernement  régulier,  de  lui  garantir  un  em- 
prunt. En  même  temps  il  sollicitait,  de  tous  les 
Grecs  établis  à  l'étranger  et  des  philliellènes,  des 
secours  pour  les  victimes  de  la  guerre  et  pour 
l'éducation  de  la  jeunesse,  en  qui  reposait  surtout 
son  espoir.  Par  ses  efforts,  une  caisse  fut  fondée 
à  Genève  pour  fournir  à  l'entretien  des  jeunes 
Grecs  dispersés  en  Europe,  dans  un  établisse- 
ment où  on  leur  donnerait  une  éducation  plus 
nationale.  Ces  soins  l'occupèrent  pendant  les 
deux  mois  qu'il  lui  fallut  attendre,  à  Ancône,  le 
bâtiment  promis  par  les  Anglais,  qui  n'avaient 
pas  voulu  le  laisser  aborder  à  Corfou.  Le  pré- 
sident n'insista  pas ,  car  il  n'y  aurait  pas  retrouvé 
son  père ,  mort  peu  de  temps  après  sa  dernière 
visite  ;  mais  il  s'affligeait  vivement  d'un  retard 
qui  l'empêchait  de  profiter  de  l'impression  favo- 
rable produite  par  la  bataille  de  Navarin.  Enfin 
le  vaisseau  désiré  arriva,  et,  le  18  janvier  1828, 
Capodistrias  aborda  en  Grèce  à  bord  du  Wars- 
pite,  qui  avait  arboré  le  pavillon  grec,  et  ac- 
compagné de  deux  bâtiments,  l'un  russe  et  l'autre 
français. 

Le  président  fut  accueilli  par  les  Grecs  avec 
les  témoignages  de  la  plus  vive  allégresse.  Sa 
présence  arrêta  laguerre  civile,  prête  à  éclater  de 
nouveau.  Le  Palamède  et  les  autres  forts  de 
Nauplie,  remis  sur  sa  demande  par  les  chefs  qui 
s'en  étaient  emparés,  montrèrent  son  influence 
morale.  La  commission  nommée  par  le  congrès 
de  Trézène  pour  gouverner  jusqu'à  son  arrivée 
résigna  ses  fonctions.  Pour  lui,  avant  de  prendre 
en  main  le  timon  de  l'État,  il  déclara  qu'il  ne 
pouvait  prêter  le  serment  dans  la  forme  où  il 
avait  été  rédigé,  et  d'après  laquelle  il  s'engageait 
à  maintenir  l'indépendance  de  la  Grèce,  puis- 
que cette  indépendance  n'existait  pas  encore  par 
le  fait,  et  que  les  limites  de  ce  que  l'on  devait 
entendre  par  la  Grèce  n'avaient  pas  été  définies. 
Se  confiant  entier einent  en  son  patriotisme  et  en 
.ses  talents,  le  conseil  législatif,  compose  de  qua- 
tre-vingt-quatre membres,  lui  remit  à  l'uaanimité 
les  pleins  pouvoirs  pour  organiser  un  gouverne- 
ment provisoire,  en  attendant  que  le  sort  de  la 


Grèce  fût  fixé  par  les  grandes  puissances  pro- 
tectrices. Ce  gouvernement,  dont  les  actes  de- 
vaient être  prochainement  soumis  à  un  congrès 
ne  se  composait  que  du  président  on  gouvernew 
(  xuêepvyJTviç  ),  d'un  secrétaire  d'État  chargé  di 
contre-seing,  et  d'un  conseil  de  vingt-sept  mem- 
bres, nommé  pan hellenium,  dans  lequel  Capo 
distrias  réunit  les  premières  notabilités  de  h 
Grèce. 

Les  rapports  des  divers  ministres  constaten 
l'état  déplorable  des  affaires  au  moment  où  leu 
direction  fut  remise  à  Capodistrias.  Presque  tou 
le  territoire  était  occupé  par  les  Égyptiens  ;  le 
terres  étaient  en  friche  ;  les  faibles  revenus  don 
le  gouvernement  disposait  avaient  été  aliéné 
d'avance.  Les  troupes ,  qui  n'étaient  pas  payée 
par  le  gouvernement,  ne  lui  obéissaient  pas,  noi 
plus  que  la  marine,  qui  appartenait  à  des  parti 
culiers,  sauf  quelques  bâtiments  achetés  sur  l'em 
prunt  anglais,  mais  désarmés.  Plus  d'écoles 
presque  plus  d'églises!  Quant  aux  tribunaux,) 
n'en  avait  jamais  existé.  La  confusion  était  ; 
son  comble.  A  ces  difficultés  intérieures  la  di 
plomatie  même  des  puissances  protectrices  ci 
ajoutait  de  nouvelles,  en  s'opposant  aux  secour 
que  sollicitaient  les  Grecs  de  Samos,  ceux  d 
Crète,  de  Chios,  où  le  colonel  Fabvier,  à  la  de 
mande  des  réfugiés  de  cette  île,  avait  entrepri 
une  expédition  avec  les  troupes  régulières. 

Sans  se  laisser  déconcerter  par  tant  d'obsta 
clés ,  ni  effrayer  par  les  jalousies  qui  commen 
çaient  à  surgir,  Capodistrias  appela  à  lui  qui 
conque  voulut  l'aider  franchement.  Il  achet 
quelques  bâtiments,  et  réarma  ceux  du  gouver 
nement.  Ses  mesures  énergiques,  concertées  ave 
les  amiraux  de  l'alliance,  eurent  bientôt  purg 
l'Archipel  de  la  piraterie.  Les  secours  qu'il  avai 
recueillis  en  Europe  donnèrent  du  pain  au: 
malhem'euses  familles  entassées  à  Égine  et  . 
Nauplie.  Il  rendit  ce  bienfait  plus  fructueux  ej 
exigeant  de  tous  les  individus  valides  qu'ils  1 
gagnassent  par  leur  travail.  Des  terres  luren 
ensemencées  de  pommes  de  terre  envoyées  d'Eu 
rope,  ou  plantées  d'arbres.  Les  masures  qui  obs 
truaient  les  glacis  de  Nauplie  furent  démolies,  e 
des  demeures  plus  saines  furent  assignées  au: 
malheureux  qui  les  habitaient,  dans  le  fauboui'j 
de  Pronia  (Providence).  Les  soldats  rouméliote 
qui  achevaient  de  ruiner  l'Argolide  furent  ren 
voyés  au  delà  de  l'isthme.  Divisés  en  deux  corp: 
d'armée,  l'un  dans  la  Grèce  orientale  sous  le; 
ordres  du  stratarque  Dém.  Hypsilantis,  l'autn 
dans  la  Grèce  occidentale  sous  le  général  Church 
ils  furent  répartis  en  cMUarchies,  pour  facilite: 
la  surveillance;  et  le  président  poursuivit  san: 
relâche  la  tâche  difficile  d'introduire  parmi  eu: 
un  peu  d'ordre  et  de  discipline.  Ne  trouvant  pai 
toujours  dans  les  deux  généraux  en  chef  le  con 
cours  qu'il  aurait  désiré ,  il  nomma  son  jeum 
frère  Augustin,  qui  était  venu  le  rejoindre  ei 
Grèce,  son  lieutenant  plénipotentiaire  près  di 
ces  corps  d'armée;  mais  cette  nomination  d'ui 


601 


CAPO  D'ISTRIA 


602 


lutmtnc  sans  expérience  militaire  blessa  d'an- 
I  ii'us  officiers  placés  sous  ses  ordres.  Les  trou- 
|hs  régulières  venues  de  Chios,  après  le  mauvais 
,iicrès  de  cette  expédition,  t'oi-mèrent  les  garni- 
ons  de  Nauplie,  de  Monembasie,  d'Argos,  et  de 
uniques  autres  places.  Leur  réorganisation, 
il)rès  le  départ  du  colonel  Fabvicr,  l'ut  confiée 
m  colonel  Heidegger.  En  même  temps,  un  vaste 
j.ltiment  s'élevait  à  Égine  sous  le  nom  A'Orpha- 
totrophe ,  et  devenait  l'asile  de  six  cents  en- 
ants  arrachés  à  la  misère  ou  à  la  démoralisa- 
ion  des  camps.  Une  école  normale,  fondée  dans 
a  même  île,  devait  fournir  des  maîtres  pour 
is  écoles  mutuelles,  dont  le  président  encoura- 
;t'ait  de  tous  côtés  l'établissement.  Il  créa  aussi 
iliis  tard,  sous  le  nom  à' Evelpides ,  une  école 
iiilitaire.  Pour  subvenir  à  ces  dépenses,  Capo- 
listrias  créa  mie  banque  nationale  qui  offrit  aux 
irètcurs  8  pour  cent  d'intérêt,  et  la  garantie  de 
liens  nationaux.  Lui-même  y  plaça  les  débris 
le  sa  fortune.  M.  Eynard  et  quelques  capitalis- 
es grecs  ou  amis  de  la  Grèce  y  versèrent  aussi 
eur  oiïrande.  L'empereur  de  Russie  souscrivit 
)our  une  somme  de  deux  millions.  Grâce  à  ces 
ecours  et  à  l'activité  du  président,  qui  se  trans- 
portait de  sa  personne  partout  où  les  besoins  du 
ervice  réclamaient  son  utile  impulsion ,  la  Grèce 
ubit  en  quelques  mois  une  heureuse  métamor- 
phose. 

Cependant  les  Égyptiens  occupaient  toujours 
me  grande  partie  de  la  péninsule,  et  menaçaient 
l'enlever  ou  de  brûler  les  moissons  qu'on  s'é- 
iait  enhardi  à  semer  dans  quelques  provinces. 
Pour  comble  de  maux ,  un  échange  de  prison- 
niers, négocié  avec  eux  par  l'entremise  d'un 
navire  autrichien ,  apporta  la  peste  à  Hydra , 
Spezzia,  et  dans  quelques  parties  du  Pélopo- 
nèse.  A  ce  nouveau  malheur,  le  président  n'hé- 
sita pas  à  se  rendre  sur  les  lieux  atteints  par  la 
contagion,  et  fit  étabhr  des  quarantaines,  des 
cordons  sanitaires,  et  employer  d'autres  précau- 
tions hygiéniques  encore  inusitées  en  Grèce.  Par 
ces  mesures,  la  maladie  fut  concentrée  et  bien- 
tôt éteinte  ;  mais  elle  avait  anéanti  les  ressour- 
ces c[ue  les  îles  auraient  pu  trouver  dans  le  com- 
merce, et,  en  augmentant  le  nombre  des  hom- 
mes à  nounir,  absorbé  les  derniers  fonds  que  le 
président  avait  recueillis.  Heureusement,  il  n'a- 
vait pas  cessé  de  frapper  à  toutes  les  portes 
liour  obtenir  un  emprunt  qui  lui  permît  de  lever 
en  Suisse  un  corps  auxihaire  pour  expulser  Ibra- 
liim,  à  moins  que  les  puissances  ne  se  char- 
geassent elles-mêmes  de  ce  soin.  Au  mois  de 
juin  1828 ,  un  chargé  d'affaires  français,  accré- 
ilité  auprès  du  gouvernement  grec,  lui  apporta 
'in  secours  de  500,000  fr.,  avec  la  promesse  de 
renouveler  ce  subside  les  mois  suivants,  et  l'an- 
nonce inespérée  de  l'arrivée  prochaine  d'une  ex- 
pédition française.  Des  résidents  russes  et  an- 
glais ne  tardèrent  pas  à  être  accrédités  en  Grèce; 
en  même  temps  les  ambassadeurs  des  trois  puis- 
sances, qui  avaient  quitté  Constantinople   sans 


rien  obtenir  du  sultan,  vinrent  conférer  avec  Ca- 
podistrias  sur  l'armistice  et  sur  la  délimitation  du. 
nouvel  État.  L'Angleterre  avait  négocié  séparé- 
ment à  Alexandrie  le  rappel  d'Ibrahim  :  la  pré- 
sence des  troupes  françaises  hâta  son  départ, 
et,  par  les  travaux  du  génie  militaire,  les  villes 
de  Navarin,  de  Coron,  de  Modon  sortirent  de 
leurs  ruines.  D'un  autre  côté,  les  succès  de  l'ar- 
mée que  la  Russie  dirigeait  sur  Constantinople 
pour  venger  ses  propres  griefs,  faisaient  espérer 
que  la  Porte  serait  bientôt  forcée  de  reconnaître 
l'indépendance  de  la  Grèce. 

Ce  fut  sous  ces  auspices  favorables  que  s'ou- 
vrit à  Argos,  au  mois  de  juillet  1829,  le  congrès 
national,  dont  la  peste  et  le  séjour  prolongé  des 
Arabes  avaient  fait  différer  jusqu'alors  la  con- 
vocation. En  dépit  de  l'opposition,  le  président 
y  obtint  l'approbation  de  toutes  ses  mesures.  Des 
pouvoirs  presque  illimités  lui  furent  de  nouveau 
conférés  pour  modifier  le  gouvernement  pro- 
visoire qui  devait  encore  régir  la  Grèce  jusqu'à 
la  solution  des  grandes  questions  soumises  à  la 
conférence  de  Londres.  Capodistrias  remplaça 
le  panhellenium  par  un  sénat  qui  n'avait  égale- 
ment que  voix  consultative,  et  il  s'occupa  de  l'or- 
ganisation administrative  et  judiciaire.  Mais,  à 
partir  de  la  réunion  du  congrès  d'Argos,  l'ap- 
probation qu'il  avait  su  se  concilier  en  Grèce  et 
à  l'étranger  fit  place  à  une  opposition  croissante, 
sous  laquelle  son  gouvernement  finit  par  suc- 
comber. 

Cette  opposition  se  composait  principalement 
des  anciens  primats,  qui  se  voyaient  enlever,  par 
l'organisation  nouvelle,  l'autorité  sur  les  provin- 
ces qu'ils  avaient  administrées  à  leur  profit 
sous  les  Turcs,  et  même  depuis.  Ils  avaient  pour 
chefs  des  hommes  distingués  par  leurs  talents, 
qui,  à  diverses  époques,  avaient  été  placés  à  la 
tête  du  gouvernement,  et  qui  supportaient  diffi- 
cilement l'inaction  ou  les  rôles  subalternes  aux- 
quels le  président,  cédant  peut-être  à  des  pré- 
ventions injustes,  les  avait  successivement  ré- 
duits. La  nomination  aux  premières  fonctions 
de  l'État  de  ses  deux  frères,  MM.  Yiaro  et  Au- 
gustin, et  de  M.  Gennatas  de  Corfou ,  augmenta 
leur  irritation.  Enfin,  quelques  Européens  et  la 
plupart  des  jeunes  Grecs  élevés  à  l'étranger  au- 
raient voulu  voir  le  nouvel  État  en  possession  des 
institutions  dont  jouissaient  les  pays  les  plus 
avancés,  et  que  le  président  repoussait  comme 
prématurées.  Ses  adversaires  l'accusaient  de  des- 
potisme, d'ambition,  et  de  connivence  avec  les 
vues  secrètes  de  la  Russie. 

Investi ,  avec  le  coâsentement  du  congrès , 
d'une  véritable  dictature,  Capodistrias  l'exerça 
sans  partage,  mais  dans  l'intérêt  du  plus  grand 
nombre.  Son  administration  était  modérée,  popu- 
laire, et  préparait  les  éléments  d'un  gouverne- 
ment vraiment  représentatif  par  la  constitution 
de  la  propriété ,  tandis  qu'avant  lui  les  assem- 
blées ,  composées  en  grande  partie  de  primats 
élus  par  les  prolétaires  à  leur  merci,  et  de  capi- 


603 


CAPO  D'ISTRIA 


604 


tâines  délégués  par  leurs  propres  soldats,  n'of- 
fraient guère  qu'un  simulacre  de  représenta- 
tion. Le  président  essaya  de  remédier  à  cet  in- 
convénient par  le  secret  des  votes.  Fort  de  la 
droiture  de  ses  intentions,  de  son  désintéresse- 
ment (1),  et  de  sa  supériorité  sur  la  plupart  de 
ses  rivaux ,  il  poursuivit  ses  plans  de  réforme 
sans  s'inquiéter  des  haines  qu'ils  soulevaient 
contre  lui.  Mais  il  aurait  dû  montrer  plus  d'é- 
gards pour  des  hommes  qui  avaient  soutenu  le 
poids  des  affaires  avant  son  arrivée,  dans  des  jours 
difficiles.  Il  ne  ménageait  même  pas  toujours  l'a- 
mour-propre  national,  et  s'appuyait  principale- 
ment sur  les  trois  cours  alliées.  Or,  cet  appui 
vint  à  lui  manquer  en  partie.  L'Angleterre  n'a- 
vait peut-être  pas  vu  sans  déplaisir  s'élever  une 
Grèce  indépendante  près  de  ses  possessions  de 
la  mer  Ionienne.  Un  instant,  cependant,  elle  s'é- 
tait prise  d'un  grand  zèle  pour  la  cause  grecque, 
au  moment  où  l'on  invoquait  son  protectorat 
exclusif.  Mais  depuis  que  les  Grecs  avaient  ap- 
pelé à  la  tête  des  affaires  l'ancien  ministre  de 
Russie,  ses  premières  méfiances  s'étaient  réveil- 
lée; et  le  jour  où  M.  de  Polignac  quitta  l'am- 
bassade de  Londres  pour  prendre  la  présidence 
du  conseil  en  France,  la  protection  généreuse 
que  la  Grèce  avait  trouvée  dans  le  cabinet  des 
Tuileries  fut  à  peu  près  paralysée.  Les  subsides 
furent  suspendus  et  les  troupes  françaises  rap- 
pelées, avant  d'avoir  couronné  leur  noble  mis- 
sion par  la  délivrance  d'Athènes.  La  conférence 
de  Londres  avait  même  intimé  l'ordre  au  prési- 
dent de  retirer  en  deçà  de  l'isthme  de  Cofinthe 
les  troupes  rouméliotes,  qui  étaient  sur  le  point 
de  reconquérir  leur  terre  natale.  Le  président 
sut  résister  à  cette  bourrasque  politique.  Par 
des  mémoires  pleins  de  force,  et  par  les  relations 
intimes  qu'il  conservait  près  du  cabinet  des 
Tuileries ,  il  obtint  qu'une  partie  des  troupes 
françaises  ne  fût  pas  encore  retirée.  Les  avan- 
ces de  M.  Eynard  et  ses  démarches  soutinrent 
le  crédit  du  gouvernement  grec,  toujours  à  la 
veille  d'une Jianqueroute;  car  les  ressources  na- 
tionales, bien  que  doublées  depuis  ia  seconde 
année  de  l'administration  du  président,  ne  men- 
taient encore  qu'à  cinq  millions,  somme  insuffi- 
sante dans  un  pays  tellement  épuisé  qu'il  fallait 
fournir  aux  laboureurs  le  grain  pour  ensemen- 
cer leurs  terres,  aux  marins  de  quoi  radouber 
leurs  vaisseaux  ,  et  qu'on  ne  trouvait  pas  une 
maison  convenable  pour  le  moindre  établisse- 
ment public.  Il  fallait  aussi  entretenir  huit  à  dix 
mille  palikares,  toujours  prêts  à  se  débander 
ou  à  se  mutiner  quand  les  rations  manquaient. 
Malgré  cet  état  précaire,  Capodistrias  tint  tête 
à  la  conférence,  jusqu'à  ce  qu'elle  admît  des  ré- 
solutions plus  favorables  à  la  Grèce,  à  laquelle 
il  conserva,  par  cette  conduite ,  une  partie  de 
son  territoire  continental.  Vint  ensuite  le  proto- 

(1)  Lp  présldenl  n'avait  pas  accepté  la  liste  civile  que 
le  congrès  lui  avait  volée,  l^entlant  tout  son  séjour  en 
Grèce,  il  vécut  de  ses  propres  dealers. 


coledu  3  février  1830,  qui  fixait  les  limites  du 
nouvel  État  grec ,  et  en  donnait  la  couronne  au 
prince  Léopold  de  Saxe-Cobourg.  L'abdication 
de  ce  piince  a  été  attribuée,  par  les  ennemis  du 
président,  aux  manœuvres  qu'auraient  suggérée? 
à  celui-ci  son  ambition,  et  l'espoir  de  seménagei 
la  couronne  à  lui-même.  Cette  dernière  préten- 
tion est  peu  probable  de  la  part  d'un  homme 
d'aussi  grand  sens,  et  qui  n'ignorait  pas  l'oppo- 
sition qu'il  eût  rencontrée  dans  les  cabinets  ;  tan 
dis  qu'il  pouvait  se  llatter  de  continuer  la  tàclu 
qui  lui  était  à  cœur,  en  qualité  de  prem.ier  mi- 
nistre d'un  souverain  dont  l'estime  lui  était  de 
puis  longtemps  acquise.  La  correspondance  offi 
cielle  et  privée  du  président  et  du  prince  a  ét( 
publiée  en  Angleterre  :  on  y  voit  que  Capodis 
trias  pressait  son  nouveau  souverain  de  veni) 
le  relever  au  plus  tôt  d'un  poste  qui  n'était  plm 
tenable,  et  qu'il  lui  exposait  en  même  temps 
avec  une  entière  liberté ,  les  mesures  qu'il  re 
gardait  comme  indispensables  pour  assurer  h 
prospérité  de  son  règne.  Ces  mesures  étaient 
l'adhésion  de  la  Grèce  au  choix  des  puissances 
un  pacte  constitutionnel  entre  le  souverain  et  li 
pays;  l'adoption,  par  le  pi-ince,  de  la  religioi 
gi'ecque  ;  l'assurance  d'un  emprunt  de  soixanti 
millions ,  et  surtout  l'extension  des  frontièn> 
nécessaires  à  la  sécurité  de  l'État. 

Le  roi  Léopold,  n'ayant  pas  obtenu  de  la  cou 
férence  les  deux  dernières  conditions,  crut  de 
voir  refuser  cette  coui'onne  ;  et  son  abdicatioi 
jeta  le  président  dans  de  grands  embarras,  aug 
mentes  bientôt  par  le  contre-coup  de  la  révolu 
tion  de  Juillet.  Lesconféreaces  de  Londres  furen 
suspendues  ;   une  rupture  semblait  imminenti 
entre  la  France,  alliée  de  l'Angleterre,  et  la  Rus 
sie.  Les  adversaires  du  président  ne  manquèrcn 
pas,  à  cette  occasion,  de  le  représenter  comni: 
un   proconsul    russe.  Sans   doute  Capodistria: 
conservait  toujours  de   l'attachement  pour  u) 
pays  qu'il  avait  servi  longtemps,  et  il  montrai 
trop  de  prédilection  pour  les  formes  absolues  d' 
son   gouvernement  dans  son  système  adminis 
tratif  ;  mais  rien  dans  ses  actes  n'autorise  l'ini 
putation  d'avoir  subordonné  les  intérêts  de  si 
patrie  à  ceux  de  la  Russie.  Cependant,    cetti 
opinion  devint  celle  d'une  partie  des  agents  an 
glais  et  français  dans  le  Levant  ;  et  dès  lors  If 
président  ne  trouva  plus  que  dans  l'escadre  russ( 
le  concours  efficace  qu'il  ne  cessait  de  réclamai 
des  agents  des  deux  autres  puissances.  Ceux-c 
se  bornaient  aux  déclarations  officielles  près 
crites  par  la  conférence,  en  même  temps  qu'il' 
laissaient  voir  des  préférences  pour  l'opposition 
qui,  de  son  côté,  manifestait  le  plus  grand  en- 
thousiasme pour  la  révolution    de  Juillet,  ai 
point  d'en  arborer  les  couleurs.  Excitée  par  uni 
brochure  venue  de  Paris,  et  par  le  journal  VA- 
pollon,  dont  le  président  avait  voulu  empêcliei 
la  publication,   l'opposition  provoqua  le  refu; 
des  impôts,  et  demanda  à  grands  cris  la  con- 
vocation du  congrès.  L'île  d'Hydia,  dont  les  ré 


CAPO  D'ISTRIA 


GOO 


;  :iniationsd'indemnif(^s,  montant  à  dix-huit  mil- 

iiis,  n'avaient  pas  été  admises,  se  sépara  du 

luvprnenient,  et  devint  le  foyer  de  l'insurrec- 

iiii.  Klle  éclata  dans   le  Magne.  Le  sénateur 

i('ir<!  Mavromikhalis ,  qui  se  rendait  secrètc- 

l'iit  dans  son  ancien  beyiik,  fut  arrêté  par  or- 

i>  du  président ,  et  retenu   prisonnier  à  Nau- 

ic ,  où  son  frère  Constantin  et  son  fils  George 

lient  aussi  gardés  à  vue.  Au  mois  de  juillet 

11,  des  Hydriotes,  ayant  à  leur  tête  l'amiral 

iaoïilis ,   s'étaient  emparés  des  vaisseaux  de 

iat,  dans  la  rade  de  Poros.  Sommés  par  le 

nlre-amiral  russe  de  les  rendre,  ils  essayèrent 

Mif^ager  une  lutte,  et,  plutôt  que  de  lâcher  prise 

k's  incendièrent.  La  belle  frégate  la  Hellas 

ilageà  le  sort  des  autres  bâtiments.  Cet  acte 

frénésie  excita  des  deux  côtés  une  grande 

aspération.   Le  président  bannit   de  Nauplie 

isieurs  individus  qui  entretenaient  des  rela- 

ns  avec  les  insurgés ,   et  destitua  plusieurs 

Il  f  ionnaires.  D'autres  se  séparèrent  de  son  ad- 

iiistration,  que  la  pénurie  des  finances  rendait 

plus  en  plus  difficile.  Cependant  Capodistrias 

I  sait  tête  à  l'orage,  se  roidissant  de  toute  l'é- 

rgie  de  son  caractère,  dans  l'attente  d'une  dé- 

.ion  des  puissances  et  de  l'arrivée  d'un  nou- 

lau  souverain,  dont  il  espérait  pouvoir  annon- 

r  l'élection  au  congrès,  convoqué  pour  le  mois 

octobre.  «  Je  ne  dévierai  pas  de  ma  marche, 

rivait-il  à  la  fin  de  septembre  ;  je  ne  trahirai 

icun  de  mes  devoirs  :  je   les  remplirai  tous 

Ssqu'au  dernier  moment.  Lorsque  j'aurai  la 

Jnviction  de  ne  pouvoir  plus  rien  faire  pour 

juver  ce  malheureux  pays  des  horreurs  de  la 

ierre  civile,  Av.  l'anarchie,  ou  bien  d'une  oc- 

Ipation  militaire,  je  mettrai  sous  les  yeux  de 

nation  grecque  et  du  monde  l'historique  vrai 

sincère  des  choses  et  des  hommes,  et  je  me 

ftirerai  en  emportant  avec  moi  le  plus  grand 

fs  biens,  la  pureté  et  le  repos  de  ma  cons- 

pnce.  «  Il  écrivait  encore  à  M.  Eynard  :  «  On 

ta,  on  écrira  ce  qu'on  voudra;  à  la  longue,  les 
mmes  ne  sont  pas  jugés  d'après  ce  qu'on  dit  ou 
^t  de  leurs  actions,  mais  d'après  le  témoi- 
jkagcdeces  mêmes  actions.  Fortde  cette  maxime, 
iii  vécu  dans  le  monde  avec  ces  principes 
isqu'au  déclin  de  ma  vie,  et  m'en  suis  bien 
louve.  11  m'est  impossible  à  cette  heure  d'en 
lianger.  Je  ferai  ce  que  je  dois;  advienne  ce 
^pourra!  » 

Quelques  jours  plus  tard,  le  dimanche  27  sep- 
Imbre  (9  octobre)  1831,  à  six  heures  duma- 
1,  quittant  le  travail  auquel,  selon  son  habi- 
ide,  il  se  livrait  depuis  le  lever  du  soleil,  Ca- 
)^strias  se  rendait  à  l'église,  lorsqu'il  est 
pordé  par  les  deux  Mavromikhalis,  accompa- 
[lég  de  leurs  gardiens  ;  et  au  moment  où  il  ôte 
i»n  chapeau  pour  leur  rendre  leur  salut,  Cons- 
fntin  lui  tire  à  bout  portant  un  coup  de  pisto- 

It  à  la  tête|,  et  George  le  frappe  d'un  coup  de 
iignard  dans  le  côté.  Les  deux  blessures  étaient 
ortelles  -,  le  président  tombe  sans  vie  sur  le 


seuil  de  l'église;  un  vétéran  et  un  autre  soldat 
qui  l'accompagnaient  se  mettent  à  la  poursuite 
des  assassins.  Constantin  ,  atteint  d'une  balle  , 
est  massacré  par  le  peuple.  L'autre  trouve  un 
asile  de  quelques  heures  dans  la  maison  du  ré- 
sident de  France.  A  la  nouvelle  de  cet  attentat, 
le  peuple  de  Nauplie ,  passant  de  la  stupeur  à 
l'indignation,  était  prêt  à  se  porter  à  des  excès 
contre  les  personnes  qui  passaient  pour  ennemies 
du  président  ;  mais  son  frère  Augustin ,  qui  dans 
cette  circonstance  montra  beaucoup  de  fermeté, 
aida  les  magistrats  à  calmer  cette  effervescence. 
Le  sénat,  prenant,  par  la  force  des  choses,  le 
pouvoir  constituant,  créa  une  commission  de 
trois  membres,  Kolettis,  Kolokotronis  et  Augus- 
tin Capodistrias,  sous  la  présidence  de  ce  der- 
nier, pour  gouverner,  en  attendant ,  un  congrès. 
George  Mavromikhalis  fut  jugé  i>ubliquement 
par  le  conseil  de  guerre  alors  en  fonction,  et 
condamné  à  mort,  ainsi  que  les  deux  gardes  de 
police  qui  avaient  été  ses  complices  et  ceux  de 
son  frère.  La  peine  des  derniers  fut  commuée  ; 
George  Mavromikhalis  fut  seul  fusillé.  L'exalta- 
tion politique,  et  la  vengeance  personnelle  pour 
la  détention  du  chef  de  leur  famille,  armèrent- 
elles  seules  le  bras  des  Mavromikhalis ,  ou  ces 
derniers  furent-ils  les  instruments  d'une  société 
secrète  dont  l'existence  et  les  projets  avaient  été 
dénoncés  à  Capodistrias?  L'histoire  pourra 
peut-être  plus  tard  éclaircir  ces  points. 

Si  la  politique  de  Capodistrias  comprimait, 
comme  on  le  dit,  l'essor  de  la  Grèce,  elle  n'avait 
pas  compromis  son  avenir  ;  encore  quelques 
jours,  et  le  congrès  allait  se  rassembler,  et  les 
décisions  des  trois  grandes  puissances  auraient 
établi  un  nouvel  ordre  de  choses  qui  permettait 
au  président  de  résigner  avec  honneur  une  au- 
torité que  les  obstacles  de  tout  genre  avaient 
usée  dans  ses  mains,  mais  qu'il  ne  pouvait  livrer 
lui-même  à  ses  adversaires  politiques.  Les  pas- 
sions une  fois  calmées,  ses  concitoyens  auraient 
été  plus  unanimes  à  reconnaître  en  lui  les  émi- 
nentes  qualités  qui  lui  avaient  concilié,  dans  tous 
les  pays  de  l'Europe,  tant  d'illustres  amis,  et 
qu'un  des  plus  dévoués  d'entre  eux,  M.  Eynard, 
a  retracées  dans  ce  peu  de  mots  :  «  Le  président 
delà  Grèce  était  moulé  sur  l'antique,  austère, 
sévère,  d'une  probité  sans  égale ,  «e  cherchait 
jamais  à  se  faire  valoir ,  méprisant  la  critique 
lorsqu'elle  était  injuste,  employant  toute  sa  for- 
tune pour  la  Grèce,  et  poursuivant  avec  persé- 
vérance ses  projets  pour  civiliser  sa  patrie.  Ja- 
mais homme  ne  posséda  plus  de  qualités  pré- 
cieuses, beaucoup  d'esprit ,  très-instruit ,  grand 
travailleur,  d'une  loyauté  rare,  de  mœurs  sim- 
ples ,  sans  morgue  et  sans  étiquette.  Il  joignait 
à  toutes  ces  vertus  une  confiance  entière  dans 
la  Providence.  »  [M.  W.  Brunet,  dans  VEnc.  des 
g.  du  m.  ] 

Lettres  et  documents  officiels  sur  les  derniers  évé- 
nements de  la  Grèce  gui  ont  précédé  ta  mort  du 
comte  Capodistrias;  Paris,  1831,  ins°.  —  Mélanges 
historiques  (£u(X(Ai>iTà  l(JTOpixà),  imprimés  à  Paris, 


1 


eo7 


CAPO  D'ISTRIA  —  CAPONE 


60 


—  Thiers ,  Étal  actuel  de  la  Grèce;  Leipzig,  1833, 
2  vol.  in-8°,  n°  24.  —  Portefolio  Papers  relative  to  the 
affairs  ofGreecc.  Protocols  of  conférences  held  in  Lon- 
don  presented  te  both  hmises  of  Parliament,  by  com- 
mand  of  his  Majesty  ;  Londres,  1830-1832,  In-foi.  —  No- 
tice sur  le  comte  J.  Capodistrias,  par  M.  Stannati  Bul- 
gari;  Paris,  1832.  —  Détails  de  la  Correspondance  de 
M.  Dutrône  avec  le  président  Capodistrias;  Paris, 
1831.  —  Mémoires  biographiques,  historiques  sur  le 
président  de  lu  Grèce,  accompagnés  de  pièces  justi- 
ficatives et  authentiques,  par  M.  A.  Papadopoulos  Vré- 
tos;  Paris,  1837-1838,  2  voL  —  Correspondance  du  comte 
Capodistrias,  président  de  la  Grèce;  comprenant  les 
lettres  diplomatiques,  administratives  et  particulières, 
écrites  par  lui  depuis  le  20  avril  1827  jusqu'au  9  octobre 
1831,  recueillies  et  mises  en  ordre  par  les  soins  de  ses 
frères,  et  publiées  par  A.  Bétant,  un  de  ses  secrétaires  ; 
Genève ,  1839, 4  vol.  in-8°.  —  Capeflgue,  Diplomates  et 
hommes  d'État  européens,  t.  II. 

*CAPO  D'ISTRIA  (  Viaro,  comte  de),  minis- 
tre grec,  frère  aîné  du  précédent,  né  à  Gorfou,  et 
mort  en  1842.  II  se  voua  d'abord  à  l'étude  de  la 
jurisprudence.  En  1816,  dans  un  voyage  qu'il  fit 
à  Saint-Pétersbourg,  l'empereur  Alexandre  vou- 
lut l'attacher  au  service  de  Russie  ;  mais,  sur  les 
conseils  de  son  frère,  il  refusa  les  offres  les  plus 
llatteuses,  et  retourna  à  Corfou.  Pendant  la 
guerre  de  l'indépendancedes Grecs, il futplusieurs 
fois  chargé  par  son  frère  de  leur  transmettre  les 
secours  des  comités  grecs  ;  mais,  quoique  invité 
à  se  rendre  en  1825  au  chef-lieu  du  gouverne- 
ment ,  il  n'y  vint  que  sur  les  instances  de  son 
frère  ,  en  avril  1828. 11  fut  membre  du  Panhel- 
lenium,  et  chargé  du  portefeuille  de  la  marine. 
Après  les  événements  dePoros,  en  janvier  1831, 
il  obtint  la  permission  de  retourner  à  Corfou. 
[  Enc.  des  g.  du  m.  ] 

Dictionnaire  de  la  Conversation. 

*CAPO  D'iSTKiA  {Jean-Marie- Augustin, 
comte  DE  ),  homme  d'État  grec,  né  à  Corfou,  mort 
en  1842.  Il  est  le  quatrième  fils  d'Antoine-Marie 
Capodistrias,  et  accompagna  son  père  à  Constan- 
tiiiople  en  1800,  lors  de  la  reconnaissance  de  la 
république  septinsulaire.  Dans  cette  occasion,  il 
porta  le  premier  drapeau  d'un  État  grec  indépen- 
dant. En  1829,  appelé  en  Grèce  par  son  frère,  il 
remplit  les  fonctions  de  lieutenant  plénipotentiaire 
près  de  l'armée,  fonctions  auxquelles  ses  études 
ne  l'avaient  pas  préparé,  et  dans  lesquelles  il  in- 
disposa plusieurs  des  officiers  sous  ses  ordres 
par  sa  hauteur  et  sa  ténacité.  Cependant,  après  la 
mort  de  son  frère,  il  fut  élu  président  le  20  dé- 
cembre 1831;  mais  les  difficultés  contre  lesquel- 
les le  génie  de  Jean  Capodistrias  avait  lutté  vai- 
nement n'avaient  fait  que  s'accroître.  Le  comte 
Augustin  dut  cédera  l'opposition  armée,  et  il 
abandonna  Nauplie  le  13  avril  1832,  emportant 
les  restes  mortels  de  son  malheureux  frère,  pour 
les  déposer  dans  le  caveau  de  leur  famille  à  Cor- 
fou. Le  comte  Augustin  se  rendit  ensuite  à  Na- 
ples  et  à  Saint-Pétersbourg.  Son  nom,  ainsi  que 
celui  du  comte  Georges  Capodistrias ,  autre 
frère,  s'est  trouvé  mêlé  depuis  aux  intrigues 
d'une  société  philorthodoxe,  contre  laquelle  le 
gouvernement  grec  a  dirigé  des  poursuites  judi- 
ciaires. [Enc.  des  g.  du  m.  ]. 
I  Dictionnaire  de  la  Conversation. 


*CAPON,  publiciste  et  industriel  français,  r 
à  Cabrières  en  1757,  mort  à  Paris  en  novembi 
1838.  Il  était  avocat,  et  prit  en  1789  une  part  a 
tive  aux  événements  qui  détachèrent  Avignon 
le  Comtat  du  saint-siége.  Élu  président  de  l'a; 
semblée  du  Venaissin,  qui  vota  la  réunion  de  i 
pays  à  la  France ,  il  fut  ensuite  procureur  synd 
de  Vaucluse  et  député  à  l'assemblée  constituant 
En  1792,  il  réussit  à  sauver  dans  le  port  de  To 
Ion  une  riche  flotte  marchande,  que  la  trahis» 
voulait  hvrer  aux  Anglais.  Chargé  ensuite  d'c 
ganiser  et  de  protéger  les  fonderies  d'Indret,  q 
les  Vendéens  menaçaient  d'envahir,  Capon  réi 
sit  dans  sa  mission,  et  fut  l'un  des  trois  comin 
saires  des  poudres  et  armes  qui  exécutèrent 
décret  d'armer  en  quelques  mois  un  miUion 
soldats  citoyens  ,  divisés  en  quatorze  armé( 
Rentré  dans  la  vie  privée,  il  exploita  les  fond 
ries  de  Vaucluse,  et  créa  onze  usines  différent 
pour  la  fonte  des  canons,  le  laminage  de  cuivi 
le  doublage  des  vaisseaux,  la  confection  des  ir 
truments  aratoires,  etc.  En  1815,  Capon  leva 
corps  franc  pour  repousser  l'invasion  étrangèi 
Spohé  dans  l'exploitation  de  ses  fabriques,  il  < 
mort  dans  un  état  médiocre  de  fortune,  sans  av( 
reçu  de  secours  de  l'État.  Capon  a  publié 
Courrier  du  Pont-du-Gard,  journal  philo: 
phique  de  PaHs  ;  Avignon,  du  1"  janvier  au 
septembre  1790;  —  le  Courrier  du  Midi  ;  k' 
gnon,  du  15  janvier  au  30  décembre  1792,  réi 
au  Courrier  il' Avignon. 

Millin,  Voxjage  dans  le  Midi  de  la  France ,  II,  1 
—  Barjavel,  Dictionnaire  historique  de  yaucluse. 

CAPON  {  Gtdllaume) ,  architecte  anglais, 
à  Norwich  le  6  octobre  1757,  mort  le  26  se 
tembre  1827.  11  étudia  d'abord  la  peinture 
portrait,  sous  la  direction  de  son  frère  ;  et,  qii 
qu'il  eût  assez  de  succès  en  ce  genre,  il  s'appliq 
de  préférence  à  l'architecture,  et  alla  se  forme 
l'école  de  Michel  Novosielski.  Il  dessina,  sous  i 
habile  maître,  plusieurs  monuments,  entre  auti 
la  salle  de  spectacle  et  plusieurs  bâtiments 
Ranelagh,  et  concourut  avec  lui  à  l'érection 
l'Opéra  de  Londres.  Les  décors  qu'il  fit  po 
Drury-Lane  etCovent-Garden  fondèrent  sa  réf 
tation.  En  même  temps  il  seconda  le  célèbre  Ke 
ble  dans  les  projets  d'amélioration  scénique  co 
eus  par  cet  artiste.  Le  croquis  de  quelques  riiir 
suffisait  à  Capon  pour  reconstruire  les  mon 
ments  du  temps  passé  ,  comme  Cuvier  reprodi 
sait  avec  quelques  os  le  squelette  d'un  anin 
antédiluvien.  Avant  l'incendie  qui  consui 
Drury-Lane,  on  admirait,  parmi  les  décors  e> 
cutés  par  Capon  :  la  salle  du  conseil  dupaU 
de  Cresby,  dans  Jaiie  Shore;  —  l'hôtel  TmU 
sous  Henri  vn  ;  —  V Ancien  palais  de  Wc 
minster,  et  l'abbaije  de  ce  nom. 

Rose,  TÇeiu  Biog.  Dict. 

*CAPONE  (/'«Zes),  jurisconsulte  italien,  viv 
à  Naples  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septièi 
siècle.  On  a  de  lui  :  Disceptationes  foreur 
eccles.,  civil,  et  moral.;  Lyon,  1677,  6  v 


609 


CAPONE  —  CAPOUE 


610 


in-fol.;  Genève,  1731,  in-fol.;  —  de  Pactis  et 

Stipulaiionibus ,  2*  édit.;  Genève,  1732,  in-fol.; 

--  Tractat-us  de  Dote,  2*^  édit.;  ibid.,   1733, 

iii-fol.;  —  TractatusinJuscanonicum,  2"  édit  ; 

ibid.,  1733,  2  vol.  in-fol. 

Adelung,  suppliiment  à  Jôcher,  ytllg.  Gelehrt.-I.exicon. 

CAPONi  {Augustin).   Voy.  Capponi. 

CAPOivsACCHi-PANTAiVETi  (^Pierre),  théo- 

ogien  et  polygraphe  italien,  natif  d'Arezzo,  vi- 

.ait  en  1575.  Ses  écrits  sont  plus  reraarqua- 

i  )les  par  leur  singularité  que  par  leur  orthodoxie  ; 

els  sont  :  Discorso  intorno  alla  canzone  di 

I  '^etrarca  cheincomincia,  etc.;  Florence,  1567, 

a-'i";  —  In  Johannis  apostoli  Apocalypsim 

bservatio;  Florence,  1572  et  1586,  in-4":  cet 

iivrage  est   dédié  à  Sélim  n,   empereur  des 

urcs  ;  —  de  Justitia  et  juris  Auditione;  Flo- 

ence,   1575,  in-4'';  —  Discorso  intorno  alla 

vizone  del  Petrarca  :  Vergine  bella,  che  di 

)l  vestita;  Florence,  1590,  in-4''. 

Climent,   Bibl.   curieuse,  VI.  —  Richard  et   Giraud, 
'bliotnégite  sacrée. 

CAPORALi  (César),  poète  italien,  né  à  Pé- 
mse  le  20  juin  1531,  mort  à  Castiglione  en 
iOl.  Sa  famille  était  ancienne,  et  originaire  de 
iceuce.   Il  fit  de  solides  études,  et  de  bonne 
iuie  témoigna  un  goût  prononcé  pour  la  poésie 
Horace.  Il  cultiva  égalementles  autres  branches 
;s  connaissances  humaines.  Une  longue  maladie 
terrompit  ses  études.  Lorsqu'il  fut  rétabli,  il 
sita  Rome,  où  i!  s'attacha  au  cardinal  Fulvio 
îlla  Cornia,  neveu  du  pape  Jules  ni;  ensuite 
(^cardinal  Ferdinand  de  Médicis,  depuis  grand- 
ie de  Toscane  ;  enfin  au  cardinal  Ottavio  Ac- 
laviva.  Il  devint  l'objet  des  faveurs  de  ce  pré- 
t,  dans  l'intimité  duquel  il  vécut,  et  qui  lui 
infia  le  gouvernement  d'Atri  et  de  Giulia  Nova. 
!;pendant,en  dernier  lieu,  il  alla  se  fixer  auprès 
Ascanio  délia  Cornia,  nereu  du  cardinal,  dont  il 
;  ivint  le  pensionnaire,  et  chez  qui  s'écoulèrent 
j  Jsiblement  ses  derniers  jours.  Il  mourut  à  la 
ite  d'une  maladie  dont  l'ouverture  de  son  corps 
pliqua  la  cause  :  on  y  ti-ouva  un  calcul  vésical 
i'ia  grosseur  d'un  œuf.  Caporali  réussit  dans  la 
•ésie  burlesque,  et  se  fraya  dans  ce  genre  des 
utes  nouvelles,  tout  en  respectant  la  décence 
les  mœurs.  A  l'exception  de  deux  capitoli  sur 
I  cour,  et  de  deux  autreSîdirigés  contre  un  pé- 
iint,  ses  satires  sont  des  poèmes  en  action.  Au 
i^ement  de  Ginguené,  les  capitoli  sur  la  cour 
fut  peut-être  ce  qu'il  a  fait  de  mieux.  Son 
aggio  di  Parnasso  offre  un  cadre  ingénieux, 
ité  depuis,  et,  selon  l'historien  déjà  cité,  par 
i  chel  Cervantes,  dans  un  ouvrage  intitulé  delà 
,^me  manière.  Ce  poème, de  Caporali  fut  suivi 
\'Avvisi  di  Parnasso.  La  satire  y  prenait  la 
me  de  nouvelles.  En  voici  un  échantillon  : 
^es  derniers  bulletins  des  gazetiers  qui  écri- 
-  |at  tous  les  mois,  à  qui  veut  les  payer,  les  nou- 
'les  du  Parnasse,  nous  en  ont  donné  d'assez  im- 
rtantes.  On  dit  qu'un  vaisseau  sur  lequel  était 
Reconnaissance,    ambassadeur  des  Muses, 

NOUV.  BIOGR,   UNIVERS,   —  T.   VHI 


et  qui  faisait  route  vers  l'Italie,  a  été  obligé  de 
rebrousser  chemin.  L'ambassadrice  allait  rendre 
grâces  à  un  grand  seigneur  qui  avait  comblé 
de  riches  présents  le  poète  qui  a  chanté  les 
dames  et  les  chevaliers.  Mais,  au  sortir  du  golfe 
de  Corinthe ,  son  vaisseau  fut  attaqué  par  des 
corsaires,  et  sur  le  point  d'être  pris.  C'étaient 
des  brigantins  armés  par  les  seigneurs  avares 
de  notre  siècle,  ennemis  de  la  Reconnaissance 
et  incapable  de  bienfaits.  »  Un  autre  poème ,  les 
Usequie  di  Mecenate  (Obsèques  de  Mécène), 
est  conçu  dans  la  même  pensée  satirique.  La 
Vita  di  Mecenate  est  une  œuvre  pleine  de 
variété  et  de  rapprochements  piquants.  Enfin, 
le  poème  intitulé  i  Giardini  di  Mecenate  ne 
présente  pas  moins  d'originalité.  C'est  à  tort 
qu'on  a  attribué  au  Caporali  :  il  Pazzo,  ou 
plutôt  lo  Sciocco,  et  la  Ninetta,  comédies. 
1  une  et  l'autre  sont  l'œuvre  de  Pierre  Arétin. 
La  première  édition  des  poésies  de  Caporali, 
publiée  sous  ce  titre  ,  Raccolta  di  alcune  rime 
piacevoli ,  Parme,  1582,  ne  contient  cepen- 
dant que  le  Viaggio  di  Parnasso,  les  Esequie 
di  Mecenate,  et  les  due  Capitoli  delta  Cor  te;  le 
l'esté  du  volume  renferme  des  poésies  du  même 
genre  et  d'autres  auteui's.  L'édition  la  plus  com- 
plète est  intitulée  Rime  ;  Pérouse,  1770. 

Tiraboschl ,  Storia  délia  letter.  ital.,  t.  VII.  —  Cres- 
cXmbtai,  Istor.  delta  volg.  poésie.  —  Ginguené,  Hist. 
Uttér.  d'Italie,  IX. 

*  CA.PORALI  (  Gian-Battista-  Benedetto-Ber- 
to),  architecte  et  peintre,  né  à  Pérouse,  mort  en 
1562.  Il  était  peintre  assez  médiocre,  mais  bon 
architecte;  ses  ouvrages  sont  assez  nombreux. 
Giulio  Caporali,  fils  légitimé  de  Gian-Battista, 
suivit  les  traces  du  père ,  mais  avec  plus  de 
succès. 

Marlotti,  Lettere  Pittoriche  Perugine.  —  Vasari,  f^ite 
de'  più  eccellenti  Pittori  e  Architetti.  —  Baldinucci,  No- 
tizie  de'  pro/essori.  —  Pascoli,  f^ite  de'  Pittori  eU  Ar- 
chitetti  Perugini. 

*;CAPORELLA  (Pierre- Paul),  évêque  et 
théologien  italien,  mort  en  155G.  11  entra  dans 
les  ordres  mineurs  conventuels  en  1530,  et  pro- 
fessa la  morale  à  Naples.  En  1552,  il  fut  nommé 
évêque  de  Cortone.  n  a  laissé  •  de  Operibus 
Misericordix,et  de  Pur^atorio  ; —  Quxstiones 
de  Matrimonio  regni  Anglias,  etc. 

Uglielli,  Italia  sacra.  —  Wadding,  Bibliotfieca  serip- 
torum  minorum. 

*  CAPORIPA  (Michel-Ange),  médecin  italien, 
vivait  à  Rome  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  a  de  lui  :  Tractatus  de  Morbo 
laterali,  sive  de  Pleuritide,  in  partes  quinque 
divisus;  Rome,  1664,  in-8°. 

Carrère,  Bibl.  de  la  Méd. 

*  CAPOUE  (Pierre  de),  prélat  italien,  natif 
d'Amalfi,  mort  à  Rome  en  1209.  Il  fut  créé  car- 
dinal-diacre en  1192  par  le  pape  CélestinUI,  qui 
l'employa  en  trois  légations  consécutives  à  Na- 
ples, en  Lombardie  et  en  Pologne,  où  il  réforma 
quelques  abus.  A  son  retour  en  Italie,  des  ma- 
raudeurs l'arrêtèrent  près  de  Plaisance,  et  l'obli- 
gèrent de  payer  rançon.  Célestin  III,  indigné  du 

20 


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CAPOUE  —  CAPPEL 


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peu  d'aide  que  les  Plaisantins  avaient  donnée  à 
son  légat,  mit  leur  ville  en  interdit.  Innocent  ni 
se  servit  de  Pierre  de  Capoue  pour  amener  une 
trêve  entre  la  France  et  l'Angleterre.  Il  le  chargea, 
en  1200,  de  prononcer  à  Dijon  la  mise  en  inter- 
dit du  royaume  de  France,  à  cause  du  divorce  de 
Pliilippe-Auguste  avec  Jngeburge,  princesse  da- 
noise. Le  pape  avait  écrit  à  cette  occasion  aux 
prélats  des  églises  de  France,  pour  les  exhorter 
à  exécuter  sans  hésitation  la  sentence  quel- 
conque qui  serait  prononcée,  sans  se  laisser  dé- 
concerter par  un  appel  du  roi  en  cour  de  Rome. 
Pierre  de  Capoue  fut  aussi  légat  de  la  croisade 
de  1203,  dans  laquelle  les  Latins  s'emparèrent  de 
Constantinople.  Après  un  court  séjour  en  Orient, 
ce  prélat  revint  mourir  à  Rome. 

Cramer,  de  Situ,  PopiiHs,  Moribiis  Polonise.  —  Au- 
beri ,  Histoire  des  Cardinaux.  —  Innocenta  III  Epis- 
tolas,  liber  II,  ep.  189.—  Sismondi,  Hist.  des  Français. 
YI,  191. 

CAPPE  (Charles-Joseph),  officier  français, 
né  à  Chambéry,  tué  en  Belgique.  11  s'établit  en 
France  en  1769,  et  vint  à' Paris,  vers  1792,  don- 
ner au  comité  diplomatique  de  l'assemblée  na- 
tionale des  renseignements  importants  sur  les 
intentions  du  roi  de  Sardaigne.  Ayant  cherché  à 
révolutionner  la  Savoie,  il  fut  condamné  par  le 
sénat  de  Chambéry,  et  pendu  en  effigie.  Le  2^  ba- 
taillon de  Rhône-et-Loire,  dans  lequel  Cappe  était 
capitaine,  instruit  de  ce  jugement,  le  destitua  le 
12  janvier  1792.  Cappe  protesta  contre  cet  acte 
arbitraire,  et  fut  réintégré  par  décision  de  l'as- 
semblée. Cet  officier  fut  tué  en  Belgique  quelque 
temps  après. 

Biographie  moderne. 

*  CAPPE  (iVewcome),  ministre  et  prédicateur 
anglais,  né  à  Leeds  le  21  février  1732,  mort  à 
York  le  24  décembre  1800.  Élevé  d'abord  par 
son  père,  ministre  lui-même,  il  alla  ensuite  étu- 
dier sous  la  direction  du  docteur  Tikin  de  Kil- 
worth,  puis  sous  celle  du  docteur  Doddridge  de 
Northampton.  En  1752,  il  vint  compléter  ses 
études  à  l'université  de  Glasgow,  où  il  fit  con- 
naissance avec  plusieurs  hommes  remarquables, 
tels  que  Adam  Smith  ,  Moore  ,  Cullen  ,  Black, 
et  Leechman.  A  son  retour  à  Leeds  en  1755,  il 
remplit  des  fonctions  pastorales,  et  pendant  qua- 
rante ans  il  se  fit  remarquer  par  son  talent  pour 
la  prédication.  On  a  de  lui,  entre  autres  ou- 
vrages :  Critical  Remarks  ori  many  impor- 
tant passage  ofScrïpture,  together  with  dis- 
sertation upon  several  subjects  tending  io  il- 
lustrate  the  phraseology  and  doctrine  of  the 
New  Testament;  1802  (posthume). 

Rose,  Neiv  bioçi.  Dict. 

CAPPEL  (les),  famille  de  jurisconsultes  et  de 
théologiens  protestants,  dont  voici  les  principaux  ; 

I.  Cai'pel  (  Guillaume  ) ,  ami  de  saint  Côme , 
professeur  et  doyen  de  la  faculté  de  théologie 
de  Paris.  Il  était  recteur  de  l'université  quand, 
en  1491,  Innocent  VllI  frappa  ce  corps  d'une 
imposition  d'un  décime.  Guillaume  Cappel  fit  op- 
position à  ce  décret,  contre  lequel  il  composa  un 


volumineux  in-folio ,  et  il  défendit  à  tous  le 
membres  et  suppôts  de  l'université  d'obéir  au 
ordres  du  pape.  N. 

n.  Cappel  {Jacques),  neveu  du  précéden 
jurisconsulte,  conseiller  d'État  sous  François  r 
procureur  du  roi  au  parlement  de  Paris,  moi 
en  1542.  Il  est  connu  par  un  plaidoyer  qu'il  prc 
nonça  en  1537,  en  présence  du  roi  de  France 
des  princes  et  de  la  noblesse  du  royaume,  conti 
Charles-Quint,  qu'il  proposait  de  dépouille 
comme  vassal  rebelle ,  de  ses  comtés  de  Flandr 
d'Artois  et  de  Charolais.  On  a,  en  outre,  de  lui 
Fragmenta  ex  variis  autoribus  hiimanaru, 
litterarum  candidatis  ediscenda;  Paris 
1517,  in-4°  ;  — In  Parisiensium  laudemoratk 
Paris,  1520,  in-4°;  —  un  mémoire  contre  lalevi 
des  deniers  en  France  pour  la  cour  de  Romi 
inséré  dans  le  Traité  des  Libertés  gallicane 
parDupuy,  1651,  t.  I,  p.  27-58.  De  ses  neuf  e 
fants,  les  quatre  suivants  méritent  d'êti-e  co 
nus.  N. 

III.  *  Cappel  {Jacques),  fils  du  précédent, 
en  octobre  1525,  suivit  la  même  carrière  q 
son  père.  Après  avoir  terminé  ses  études ,  il  ^ 
sita  l'Italie  et  l'Allemagne,  et,  pendant  le  séjo 
qu'il  fit  dans  ce   dernier  pays,  il  embrassa 
religion  réformée.  En  1565,  il  succéda  à  Nicol 
Duval ,  son  beau-père ,  dans  la  charge  de  ce 
seiller  au  parlement  de  Rennes.  Cinq  ans  apn 
il  fut  obligé  de  donner  sa  démission ,  à  cause 
ses  opinions  religieuses.  Il  se  retira  alors  dans 
terre  de  Tilloy,  dans  la  Brie  ;  la  Saint-Barthélél  | 
l'en  chassa,  et  il  trouva  un  refuge  à  Sedan.  Ri 
tré  en  France  à  la  conclusion  de  la  paix,  il  fuldéJ 
gné  en  1 576  pour  occuper  une  charge  de  conseilf 
à  la  chambre  mi-partie  qui,  d'après  le  traité 
Chastenay,  devait  être  établie  auprès  du  paéj 
ment  de  Paris  ;  mais  cette  clause  du  traité 
fut  jamais  exécutée ,  et  Jacques  Cappel  contilij 
d'habiter  sa  terre  de  Tilloy,  d'où  en  1585  ill 
chassé  de  nouveau  par  les  ligueurs,  qui  se  il 
rent  à  sa  poursuite.  Il  chercha  de  nouveau  i 
refuge  à  Sedan;  mais,  avant  d'atteindre  cil 
ville,  sa  femme  fut  prise  des  douleurs  de  ri| 
fantement,  et  mit  au  monde,  dans  le  village 
Saiut-Élien,  un  enfant  qui  devint  plus  tardi 
savant  théologien,  et  qui  dès  sa  naissance  1 1 
lit  périr,  avec  toute  sa  famille,  sous  les  coups 
hommes  égarés  qui  les  poursuivaient.  Ce  fa] 
seigneur  du  Grand-Pré  qui  les  sauva,  elles  fitcj 
duire  à  Sedan  sous  bonne  escorte.  Jacques  C(| 
pel  mourut  dans  cette  ville  le  21  mai  de  l'aflif 
suivante.  On  a  de  lui  :  Veterum  JuiHsconsuik 
rumadversus  Laurentii  Vallée reprehensioX 
De/ettsio;  Paris,  1583,  in-8°;  — de  VerbisA 
satis  probatœ  latinitatis;  —  de  EtymoloA 
juris  civilis  (  ces  deux  traités ,  ainsi  que  le  ]  1 
cèdent,  se  (trouvent  dans  les  Opuscula  de  h [ 
nitate  jurisconsultorum  de  Ducker  ;  Ley| 
1721);  —  quelques  lettres  latines,  en  tête 
Commentarii   et  notas  criticx  in  Vêtus 
iamentum  de  son  fils  Louis  Cappel.         lï.i 


613 


CAPPEL 


G14 


IV.  CAPPEi  (  Guillaume  ),  sieur  de  Pugny, 
frère  du  précédent,  docteur  en  médecine,  né  en 
janvier  1530.  Bien  différent  du  reste  de  sa  fa- 
mille ,  il  fut  un  ligueur  déclaré.  A  la  mort  de  son 
frère  Jacques,  il  s'empara  de  ses  biens,  sous  pré- 
texte qu'il  était  le  tuteur  de  ses  enfants  ;  mais, 
surpris  par  un  parti  de  royalistes,  il  trouva  la 
mort',  quelques  jours  après ,  dans  les  fossés  du 
cliâteau  de  Tilloy ,  soit  qu'il  y  fût  tombé  en 
chercliant  à  s'écliappei",  soit  qu'il  y  eût  été  pré- 
cipité par  les  soldats,  mécontents  de  ne  pouvoir 
lui  arracher  une  forte  rançon.  Il  a  publié  les 
Mémoires  de  Guillaume  du  Bellay,  et  il  est  au- 
teur d'une  traduction  française  de  Machiavel.  N. 

V.  Cappel  {Louis),  sieur  de  Moniambert , 
frère  des  deux  précédents,  né  à  Paris  le  15  jan- 
vier 1534,  et  mort  à  Sedan  le  6  janvier  1586. 
Après  avoir  été  régent ,  pendant  cinq  ans ,  au 
collège  du  cardinal  Lemoine ,  il  alla  à  Bordeaux 
dans  le  dessein  d'y  étudier  le  droit  ;  mais  il 
ii'exécuta  pas  ce  projet,  et  accepta  une  chaire 
de  langue  grecque  au  collège  de  cette  ville.  Quel- 
ques protestants  avec  lesquels  il  eiit  occasion  de 
faire  connaissance  lui  ayant  inspiré  du  goût 
pour  leurs  doctrines ,  il  se  rendit  bientôt  à  Genève 
pour  les  étudier  plus  à  fond.  Il  re^^nt  ensuite  à 
PariSj  partisan  décidé  de  la  réforme.  Quand  en 
i560  les  états  de  lIle-de-France  furent  convo- 
iqués  pour  élire  leurs  députés  aux  états  géné- 
raux, il  ne  craignit  pas  de  parler  en  faveur  de  la 
religion  réformée  dans  l'assemblée  réunie  à 
fhôtel  de  ville,  et  de  demander  que  la  confession 
3e  foi  des  églises  réformées  de  France  fût  insérée 

Hans  le  cahier  de  Paris.  Sa  requête  fut  repous- 
sée tout  d'une  voix ,  et  peu  s'en  fallut  que  sa 
témérité  ne  lui  coûtât  la  vie.  Les  protestants 
ie  Paris  résolurent  alors  de  faire  présenter  leur 
confession  de  foi  au  roi  lui-même;  et  Louis  Cap- 
iel  se  chargea,  avec  quelques  autres  de  ses  co- 
eligionnaires,  de  cette  dangereuse  mission.  On 
gnore  comment  ils  furent  reçus  ;  mais  on  peut 
iffirmer,  quoi  qu'en  dise  Meursius,  suivi  ici  par 
presque  tous  les  biographes ,  que  l'édit  de  jan- 
vier 1561  ne  fut  pas  la  conséquence  de  cette 
lémarche.  Louis  Cappel,  regardé  dès  lors  comme 
m  des  hommes  les  plus  dévoués  à  la  cause 
protestante,  fut  engagé  à  entrer  dans  les 
onctions  du  ministère  éTangélique.  Il  se  rendit 
i  la  cour,  et  il  fut  nommé  pasteur  à  Meaux. 
Chassé  de  c-ette  ville  par  la  guerre  civile,  il  se 
"éfugia  à  Genève.  Pasteur  à  Anvers  en  1569,  et 
|)eu  de  temps  après  à  Clermont,  il  fut ,  après  la 
[iaint-Barthélemy,  chargé  par  ses  coreligionnaires 
!  l'aller  implorer  pour  eux  la  protection  des  prin- 
|:es  protestants  de  l'Allemagne.  En  1575,  il  fut 
[ippelé  par  Guillaume  de  Nassau  pour  professer 
i  a  théologie  à  l'université  qui  venait  d'être  fon- 
;lée  à  Leyde.  Il  n'y  resta  que  peu  de  temps  ;  et, 
i  près  avoir  suivi  en  qualité  d'aumônier  les  trou- 
'ps  protestantes  pendant  quelques  mois ,  il  fut 
01  limé  pastem'  et  professeur  à  Sedan,  où  il  resta 
Jsqu'à  la  fui  de  ses  jours.  On  n'a  de  lui  qu'un 


discours  qu'il  prononça  pour  l'inauguration  de 
l'université  de  Leyde,  et  que  Meur.sius  a  inséré 
dans  ses  Atlienee  Batavx,  Leyde,  1625,  in-4", 
sous  le  titre  :  Oratio  inauguralis  academix 
Lugduno-Batavse.  Meursius  cite  de  lui  cinq  au- 
tres ouvrages  inédits.  N. 

VI.  Cappel  (Ange),  seigneur  du  Luat,  secré- 
taire du  roi ,  frère  du  précédent,  né  le  20  octo- 
bre 1537,  mort  en  1623.  Jl  avait  embrassé,  à 
vingt  ans,  la  religion  réformée,  qu'il  abjura  en 
1617,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Il  jouissait  de 
la  confiance  de  Sully,  qui  se  servait  de  lui  pour 
faire  remettre  à  Henri  IV  les  lettres  les  plus  îrn- 
portantes  qu'il  adressait  à  ce  monarque.  On  a  de 
lui  un  livre  intitulé  Avis  donné  au  roy  sur 
l'abréviation  des  procès  ;  Paris,  1562,  in-fol., 
publié  de  nouveau  sous  le  titre  de  l'Abus  des 
plaideurs;  Paris,  1604,  in-fol.  (dédié  au  roi 
Henri  IV).  L'auteur  propose  de  prononcer  des 
amendes  contre  les  plaideurs  téméraires  qui  per- 
draient leurs  procès.  Son  portrait  gi'avë ,  qui  le 
représente  sous  la  forme  d'un  auge,  orrio  le 
frontispice  de  cet  ouvrage ,  avec  ces  vers  : 

Cet  ange  est  terrestre,  et  du  ciel  : 
Comme  tel,  des  ailes  il  porte. 
Et  est  b.irbu  Comme  un  mortel. 
Divins  trésors  il  vous  apporte. 

On  répondit  à  Cappel  par  ce  quatrain,  attribué 
au  satirique  Rapin  : 

De  peur  que  cet  ange  s'élève 
Comme  Lucifer  autrefois, 
Il  le  faut  faire  ange  de  Grève, 
Et  charger  son  dos  de  gros  bois. 

Ange  Cappel  aencore  laissé  :  Za  Vie  de  Jules 
Agricola,  descripte  à  la  vérité  par  Coi^nélius 
Tacitus ,  son  gendre;  Paris,  1574,  in-4"  (dé- 
dié à  Elisabeth,  reine  d'Angleterre  )  ;  —  Discours 
sur  la  comparaison  et  élection  des  deux  par- 
tis qui  sont  pour  le  jourd'huij  en  ce  royaume  ; 
Montauban^  1586,  petit  in-4''  de  70  pages;  — 
Discours  touchant  les  quatre  vertus,  ou  bien 
un  Formulaire  de  Vhonnestevie;  —  Recueil 
des  bonnes  mœurs,  extrait  de  divers  passages 
de  Senecque;  —  des  Sciences  libérales; —  des 
Remèdes  des  choses  fortuites.  Ces  quatre 
opuscules  ont  été  réunis  ;  Paris,  1582,  petit  in-8° 
de  111  pages  (  avec  une  dédicace  au  duc  de 
Joyeuse).  Suivant  Tallemant  desRéaux,  Ange 
Cappel ,  qu'il  appelle  une  espèce  de  fou  de  bel- 
les-lettres, aurait  publié  en  faveur  de  Sully, 
à  l'époque  de  la  disgrâce  de  ce  ministre,  un  petit 
livre  intitulé  le  Confident;  mais  M.  Monmcr- 
que,  le  savant  éditeur  de  Tallemant ,  n'a  pu  dé- 
couvrir cet  ouvrage  dans  aucune  bibliotJièque  de 
Paris,  ni  dans  aucun  catalogue. 

E.  Regnakd. 
Remarques  sur  le  chap.  9  de  la  Confession  de  Sancy, 
dans  le  Recueil  de  diverses  pièces  servant  à  l'hist.  de 
Henri  III;  Cologne,  1699,  1. 11,  p.  S55.  —  Tallemant  des 
Rcaux,  Historiettes,  î«  édit.,  t.  II,  p.  ii2.  —  Sully,  Mé 
moires,  t.  I,  chap.  4S.  —  Catalogue  de  la  Bibliothèque 
impériale,  —  Draudius,  Bibliotheca  classica. . 

VU.  Cappel  (  Jacques  ) ,  théologien  prote 
tant,  philologue,  antiquaire,  historien,  neveu 

20. 


615 


CAPPEL 


Rlfî 


des  trois  précédents  personnages  et  fils  de  Jac- 
ques Cappel,  sieur  de  ïilloy,  né  à  Rennes  en  mars 
1570,  et  mort  àSedanle  7  septembre  1624.  Après 
avoir  étudié  la  théologie  à  Sedan ,  il  fut  nommé 
pasteur  et  professeur  de  langue  hébraïque  à  l'Aca- 
démie protestante  de  cette  ville.  De  ses  nombreux 
ouvrages,  dont  plusieurs  appartiennent  à  la  con- 
troverse, on  peut  regarder  les  suivants  comme  les 
principaux:  de Ponderibus etnummis  librill; 
Francfort,  1606,  Jn-4°;  —  de  Mensuris  U- 
brilll  ;  Francfort,  1607,  in-4°;  —  les  Livres 
de  Babel,  ou  l'Histoire  du  siège  romain  ;  Se- 
dan, 1616,  in-S";  —  IUsto7^i2e  ecclesiasticsc 
centurix  quinque,  ab  Augusti  nativitate  ud 
Valentinianum  III;  Sedan,  1622,  in^"  ■,—Ob- 
servationes  in  Epistolamad  Hebrœos  ;  Sedan, 
i&2^,\a.-?,°;—ObservationesinNov.  Test.,  dans 
le  Lud.  Cappelli  Spicilegium;  Amsterd.,  1657, 
în-4°  ;  _  Observationesin  libros  Vet.  Test.,  dans 
les  Commentarii et  Notx  criticae  de  L.  Cappel; 
Amsterdam ,  1689 ,  in-fol.  ;  —  diverses  thèses 
de  théologie,  dans  le  Thésaurus  disputationum 
in  Sedanensi  Academia  habitarum;  Genève, 
1661,  in-S".  N. 

Vm.  Cappel  (  Loxiis  ),  théologien  protestant, 
fils,  comme  le  précédent,  de  Jacques  Cappel  de 
Tilloy,  et  le  plus  célèbre  des  membres  de  cette 
famille,  né  le  15  octobre  1585  à  Saint-Élien, 
village  à  cinq  lieues  de  Sedan,  et  mort  à  Sau- 
mur  le  18  juin  1658.  Après  avoir  étudié  la  théo- 
logie à  Sedan,  à  Oxford  et  à  Saumur,  il  fut 
nommé  en  1613  professeur  d'hébreu  à  l'acadé- 
mie de  cette  dernière  ville.  En  1633  il  passa 
dans  la  chaire  de  théologie,  et  laissa  celle  d'hé- 
breu à  un  de  ses  fds.  Louis  Cappel  a  contribué, 
avec  ses  deux  collègues  Moïse  Amyraut  et  Jo- 
sué  de  la  Place,  à  faire  entrer  les  sciences 
théologiques  dans  la  voie  nouvelle  qu'elles  sui- 
vent encore  aujourd'hui.  Tandis  qu'Amyraut  es- 
sayait de  remplacer  l'explication  augustinienne 
du  dogme  de  la  prédestination  par  une  explica- 
tion plus  satisfaisante ,  et  de  fonder,  dans  la 
morale,  les  enseignements  de  la  révélation  sur 
les  données  de  la  conscience,  et  que  J.  de  la 
Place  cherchait  à  faire  prévaloir  des  théories 
plus  conformes  à  la  raison  sur  la  doctrine  de 
l'imputation  du  péché  d'Adam ,  L.  Cappel ,  par 
des  travaux  critiques  sur  le  texte  hébreu  de 
l'Ancien  Testament,  entreprit  de  modifier  l'i- 
dée que  l'on  se  faisait  généralement,  parmi  les 
protestants,  des  livres  bibliques,  et  de  renver- 
ser la  doctrine  de  l'inspiration  littérale.  Se  met- 
tant en  dehors  de  toute  préoccupation  dogma- 
tique ,  il  examina  l'état  critique  dans  lequel  ils 
se  trouvent  aujourd'hui,  et  il  les  suivit  dans  les 
diverses  phases  qu'ils  ont  dû  traverser  avant 
d'arriver  jusqu'à  nous.  \)3in?,?,o\\Arcanumpunc- 
tationis  revelatum  ,  sive  de  punctorum  vo- 
calium  et  accentuum  apud  Hebrxox  vera  et 
genuina  anticjuitate  (Leyde,  1624,  in-4°), 
il  prouva,  contre  Buxtorf  le  père,  que  les  points- 
voyelles  et  les  accents  ne  sont  pas  une  partie 


intégrante  de  la  langue  hébraïque,  et  qu'ils  ont 
été  ajoutés  au  texte  des  livres  de  l'Ancien  Testa- 
ment par  des  grammairiens  juifs,  à  une  époque 
où  cette  langue  avait  cessé  depuis  longtemps 
d'être  parlée.  Buxtorf  le  fils  ayant  voulu  faire 
remonter  au  moins  à  Esdras  l'invention  de  ces 
divers  signes,  L.  Cappel  repoussa  cette  hypo- 
thèse, et  établit  encore  plus  solidement  l'âge  com- 
parativement moderne  des  points-voyelles  et  des 
accents  dans  ses  Arcanipunctationh  vindiciœ, 
ouvrage  qui  fut  imprimé,  avec  une  nouvelle  édi- 
tion de  VArcanum  punctationis  revelatum , 
dans  ses  Commentarii  et  Notse  criticx  in  Vêtus 
Testamentum;  Amsterdam,  1689,  in-fol.  Dans 
sa  Diatriba  de  veris  et  antiquis  Hebrœorum 
litteris,  Amsterdam,  1645,  in- 12,  il  montra  que 
l'écriture  hébraïque  primitive  était  celle  qui  esl 
connue  sous  le  nom  d'écriture  samaritaine,  ei 
que  les  caractères  carrés  avec  lesquels  l'hébrei 
s'écrit  aujourd'hui  sont  des  caractères  chai- 
déens ,  substitués,  vers  le  retour  de  la  captivité 
aux  caractères  employés  auparavant.  Apre: 
avoir  établi  dans  les  trois  ouvrages  que  les  livre 
de  l'Ancien  Testament  ont  subi,  dans  leur  fornu 
extérieure,  les  changements  considérables  don 
nous  venons  de  parler,  et  après  avoir  par  là  mi 
hors  de  doute  qu'ils  ont  été  exposés  aux  même 
accidents  que  tous  les  autres  ouvrages  de  l'an 
tiquité,  il  consacra  un  écrit  intitulé  Critici 
sacra,  sive  de  variis  quœ  in  sacris  Veteri 
Testamenti  libris  occurrunt  lectionlbus,  Pa 
ris,  1650,  in-fol.,  à  constater  l'existence  de  va 
riantes  dans  l'Ancien  Testament,  à  en  cherche 
les  causes,  et  à  donner  les  règles  d'après  les 
quelles  on  peut  rétablir  le  texte  dans  sa  purel 
primitive.  Les  théologiens  protestants  trouvèrer 
le  moyen  d'empêcher  pendant  dix  ans  l'impres 
sion  de  cet  ouvrage,  qui  mettait  en  lumière  ai 
faits  et  des  idées  opposées  à  leur  système  dof 
matique.  II  ne  fut  publié  que  par  suite  des  di 
marches  d'un  de  ses  fils  qui  s'était  fait  catln 
lique,  et  par  les  soins  du  P.  Marenne ,  du  P.  Pi 
tau,  et  du  P.  J.  Morin.  Les  théologiens  de 
Suisse  allèrent  même  plus  loin  :  en  1675  ils  coi 
damnèrent  les  théories  contenues  dans  ces  d 
vers  écrits  de  L.  Cappel,  en  même  temps  qi 
les  systèmes  d'Amyraut  el  de  J.  de  la  Plac 
dans  la  Formula  consensus  ecclesiarum  lie 
veticarum  ;  formulaire  que  tous  les  pastem-; 
professeurs ,  régents  et  maîtres  d'école  furei 
tenus  de  signer. 

Les  idées  qui  forment  le  fond  des  travail 
du  professeur  de  Saumur  ont  vaincu  toutes  l 
oppositions ,  parce  qu'elles  sont  fondées  sur 
vérité  historique,  et  elles  sont  admises  aujou 
d'hui  par  tous  les  hommes  qui'ont  étudié  ces  m 
tières.  En  outre  de  quelques  écrits  destinés 
défendre  les  théories  soutenues  dans  les  ouvrage 
précédents,  de  plusieurs  traités  sur  des  poin 
d'antiquité  judaïque ,  reproduits  pour  la  plupa 
dans  les  Critici  sacri,  et  de  quarante-trois  di 
sertations  contenues  dans  ]eSyntagma  tliesiit 


6t7  CAPPEL  — 

theologicammSalmuriensium,  Saumur,  1665, 
in-4",on aencoredeL.  Cappel : Spicilegniin,seu 
Fiotsein  Novum  Testamentum ;  Genè\e,  1632, 
in-4°;  —  le  Pivot  de  la  foi  et  religion,  ou 
Preuve  de  la  divinité  contre  les  athées  et  les 
profanes  ;Saavaar,  1643,in-8'',  traduit  en  anglais; 
Londres,  1660,  in-S";  —  Animadversiones  ad 
novam  Davidis  lyram;  Saumur,  1643,  in-S", 
contre  Gomas,  qui  croyait  avoir  retrouvé  la  rhytli- 
mique  hébraïque,  et  qui  la  fondait  sur  la  distinc- 
tion des  syllabes  en  longues  et  en  brèves;  — 
Chronologia  sacra  ;  Paris,  1655,  in-4°;  —  An- 
notationes  et  Commentarii  in  Vêtus  Testa- 
mentum;  Amsterdam,  1689,  in-fol. 

M.  Nicolas. 
De  Capellorum  Gente,  dans  les  Commentarii  in  foetus 
Testamentum.  —  Nlcéron,  Mémoires,  t.  XXII. 

jK  CAPPEL  (Ysouard),  célèbre  ligueur,  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  «  C'é- 
tait, dit  l'Estoile,  un  grand  ligueur  et  un  vrai  Es- 
pagnol. »  Il  fut  l'un  des  seize,  et  comme  tel  il  mit 
sa  signature  au  bas  de  la  lettre  envoyée  à  Phi- 
lippe U  parle  conseil  des  seize  quartiers,  pour  l'in- 
viter à  prendre  la  couronne  de  France,  ou  à  dési- 
gner un  roi.  «  Nous  pouvons,  portait  cette  lettre 
peu  patriotique,  assurer  Votre  Majesté  que  les 
vœux  et  souhaits  de  tous  les  catholiques  sont  de 
vous  voir,  sire ,  tenir  le  sceptre  et  cette  cou- 
ronne de  France,  et  régner  sur  nous,  comme 
nous  nous  jetons  très-volontiers  entre  vos  bras; 
ou  bien  qu'elle  étabUsse  ici  quelqu'un  de  sa  pos- 
térité, etc.  »  Cappel  fut  chassé  de  Paris  lorsque 
cette  ville  eut  fait  sa  soumission. 

L'Estoile,  Mémoires.  —  Sismondi,  Jiist.  des  Français, 
XXI.  —  Palma  Cayet,  Mém. 

CAPPEL.  {Guillaume- Frédéric),  médecin 
allemand,  né  à  Aix-la-Chapelle  en  1754,  mort 
en  1800.  n  professa  la  médecine  à  Helmstaedt, 
et  fut  conseiller  aulique  du  duc  de  Brunswick.  On 
a  de  lui  :  Programma  de  chirurgiœ  Usu  in 
medicina;  Helmstœdt,  1763;  in-4'';  —  Pro- 
gramma deHypocausto  anatomico  cum  Fur  no; 
ibid.,  1770,  in-4°;  —  Medica  Responsa;  Alten- 
Ibourg,  1783,  in-4°;  —  Observationes  anato- 
micse;  Helmstaedt,  1783,  in-4°;  — Dissertatio 
de  Spinabifida;  ibid.,  1793, in-4°; —  une  tra- 
duction en  allemand  des  Institutions  de  méde- 
cine de  Boerhaave,  avec  des  commentaires; 
Hehnstœdt,  1785-1794,  3  vol.  in-8°. 

CalUsen,  Medicinisches  Schri/tsteller-Lexicon. 

CAPPEL  (Jean-Frédéric-Louis),  médecin  alle- 
mand, né  en  1759,  mort  en  1799.  On  a  de  lui  : 
Essai  sur  le  Rachitisme  (en  allemand);  Berlin, 
1787,  in-8°  ;  —  une  traduction  des  Recherches 
sur  les  moyens  de  prévenir  la  petite  vérole 
(traduit  en  anglais  par  Haygarth)  ;  Berlin,  1786, 
li-8». 

Callisen,  Medic.  Schriftsteller-Lexicon. 

f^ppEL  {Louis-  Christophe-Guillaume  ), 
médecin  allemand,  né  en  1772  et  mort  en  1804. 
lï  professa  la  médecine  à  Goettingue.  On  a  de 
jlui  :  de  Pneumonia  thyphoide,  seu  nervosa; 
'Goettingue,  1798,  in-S";  —  Programma  dis- 


CAPPELER 


618 


quisitionis  de  viribus  corporis  humani  qu;a 
medicatrices  dicuntur;  ibid.,  1800,  in-4'';  — 
Fssai  pour  servir  à  juger  le  système  de  Brown  ; 
ibid.,  1800,  in-8'';  —  Observations  de  Méde- 
cine ;  ibid.,  1801,  in-8°,  1*"'  volume;  —  Traité 
théorique  et  pratique  sur  la  scarlatine  iMA. , 
1803,  in-8°. 
Callisen  ,  Medic.  Schrift.  Lex. 

CAPPELER  {Maurice- Antoine),  médecin  et 
naturaliste  suisse,  né  à  Lucerne  en  1685,  mort 
dans  les  environs  de  cette  ville  le  16  septembre 
1769.  Après  avoir  étudié  à  Milan  et  à  Pont-à- 
Mousson,  il  suivit  comme  médecin  eu  1707  l'ar- 
mée impériale  qui  allait  conquérir  le  royaume 
de  Naples.  Dans  le  cours  de  cette  guerre,  il  fut 
en  outre  nommé  capitaine  du  génie  militaire  de 
la  province  des  Abruzzes.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie ,  il  servit  encore  comme  officier  de  génie 
dans  la  guerre  dite  de  Toggenbourg,  en  1712. 
Son  père  étant  mort  bientôt  après,  il  le  remplaça 
dans  l'emploi  de  premier  médecin  salarié  de  la 
ville  de  Lucerne.  En  1739,  il  passa  comme  pre- 
mier médecin  à  Fribourg,  et  de  là  en  1744,  avec 
la  même  qualité,  à  Soleure.  Mais  en  1747  il  re- 
vint dans  sa  patrie,  où  il  pratiqua  la  médecine, 
en  même  temps  qu'il  donnait  des  leçons  de  géo- 
métrie et  de  mathématiques  appliquées  à  l'arme 
du  génie.  Depuis  1754  il  demeura  auprès  de  son 
fils,  pasteur  d'un  village  des  environs  de  Lucerne, 
tout  en  continuant  jusqu'à  sa  mort  sa  pratique 
médicale  et  ses  travaux  scientifiques,  surtout  de 
cristallographie.  En  1730  il  fut  élu  membre  de 
la  Société  royale  de  Londres  ;  et  plus  tard  il  en- 
tra, sous  le  nom  d'Archytas,  dans  la  Société  im- 
périale des  curieux  de  la  nature.  On  a  de  lui  : 
Analyse  des  eaux  minérales  de  Russhyl  ,près 
de  Lucerne  ;  Lucarne,  il  il; — Prodromus  cris- 
tallographids,  seu  de  improprie  sic  dictisCom- 
mentarius ;  Lucerne,  1723,  in-4°  (il  en  parut 
un  extrait  dans  les  Philosophical  Transac- 
tions) ; — Beschreibung  der  Gletscher  auf  dem 
Grimselberge  (Description  des  glaciers  du  Grim- 
sel),  dans  J.  G.  Altraann,Z)escrip^«on  des  glaciers 
suisses,^.  129-136;  —  Epistola  de  Entrochis 
etBelemnitis,  dans  Klein,  Nomenclator  dcLa- 
pidibus  figtiraiis  ;  Dantiig,  1740,  in-4°;  —  Pi- 
lati  montis  historia  ab  amico  in  Liicerna 
protracta  atque  A  cademiss  Helveticœ  sodali- 
bus  sacra;  Bâle,  1767,  in-4°,  avec  7  planches: 
cet  ouvrage  posthume,  publié  par  son  ami 
Félix  Balthazar,  est  un  abrégé  de  l'histoire  na- 
turelle du  canton  de  Lucerne;  —  beaucoup  de 
dissertations  dans  les  Acta  physic.  medic. 
Nat.  Gurios.,  vol.  JV ;  dans  les  Breslauer 
Sammlungen;  et  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  des  Naturalistes  de  Zurich  { en  alle- 
mand). —  Cappeler  a  laissé  en  outre  en  ma- 
nuscrit un  Traité  complet  de  Cristallogra- 
phie {en  allemand);  quelques  planches, qui  de- 
vaient orner  cet  ouvrage,  parurent  en  1788,. 
Mais  la  publication  de  ce  traité  posthunie  a  ét^ 
interrompue. 


619 


C  APPELER  —  CAPPELLI 


620 


Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten- 
Lexicon.  —  Ersch  et  Gruber,  AUgemeine  Bncyclop.  — 
Nouveau  Journal  helvétique,  novembre  1769. 

* CAPPELLANUS  OU  CAPELAiN  (Claude), 
théologien  français ,  né  dans  le  Maine,  vivait 
en  1667. 11  était  membre  de  la  Sorbonne  etdoc- 
deur  en  théologie.  Très-versé  dans  la  langue 
liébraïque,  il  prétendait  que  le  texte  grec  avait 
été  souvent  corrompu  par  la  mauvaise  foi  ou 
l'ignorance  des  rabbins.  Il  citait  à  l'appui  de  son 
accusation  de  nombreux  passages  des  anciens 
livres  rabbiniques,  rapportés  différemment  dans 
les  Bibles  hébraïques  modernes.  Cappellanus  a 
publié  sur  ce  sujet:  Marerabblnicum  infiduni; 
Paris,  1607,  in-8°,  et  1693,  in-12. 

Bibliothèque  des  Auteurs  ecclésiastiques,  dix-septième 
siècle.—  Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée.—  M. 
Ilaureau,  Histoire  littéraire  du  Maine. 

CAPPELLARi  (/anwier-in^oràe),  littérateur 
italien,  né  à  Naples  le  10  avril  1655,  exécuté  à 
Palerme  le  26  avril  1702.  Entré  chez  les  jésui- 
tes dès  l'âge  de  quinze  ans ,  il  se  distingua  par 
un  savoir  étendu,  une  grande  connaissance  de 
1^  langue  latine,  et  des  poésies  italiennes  élé- 
gantes. Comme  échantillon  du  talent  de  Cappel- 
îari  en  ce  genre,  Crescimbeni  cite  un  sonnet  un 
peu  maniéré,  mais  gracieux,  qui  commence 
ainsi  : 

L 'aura,  chespira  grazia  edamore, 
Il  patrio  fiume  va  cercando  intorno. 

Cet  aÎRiable  poète  vécut  longtemps  à  la  cour  de 
Rome,  et  fut  reçu  membre  de  l'Académie  des 
Arcades.  Ayant  eu  le  malheur  de  se  trouver  à 
Palerme  en  1702,  lors  des  troubles  qui,  à  l'avé- 
nement  des  Bourbons,  agitèrent  la  capitale  de  la 
Sicile,  il  fut  accusé  du  crime  de  lèse-majesté  et!coa- 
daiioné  à  mort.  Son  innocence  fut  reconnue  dans  la 
suite.  On  a  de  lui  :  de  Laudibus  philosophise , 
dialogue  sur  les  systèmes  des  philosophes  anciens 
et  modernes;  —  de  Fortunée  progressu,  dis- 
sertation sur  le  sens  du  mot  Fortune  chez  les 
anciens;  —  Academias  Arcadiorum  Historia, 
conservée  dans  les  archives  de  cette  société  lit- 
téraire; —  un  poème  latin  sur  les  comètes  de 
1664  et  de  1665  ;  Venise,  1665.  On  a  aussi  at- 
tribué à  Gennaro  Cappeliari  les  satires  publiées 
contre  Gravinapar  monsignor  Lodovico  Sergardi 
de  Sienne,  sous  le  nom  de  Q.  Settano. 

Tlrabosclii,  ..Sioria  délia  Jetter attira  ital.,  t.  VIII, 
p.  406.  —  Crescimbeni,  Istoria  délia  ivolg.  Poes.,  p.  201. 

CAPPËLI.ARI  (Michel),  poète  italien,  né  à 
Bellune  le  28  janvier  1630,  mort  le  19  février 
1717.  Après  avoiriétudié  la  philosophieet  la  théo- 
logie à  Rome,  il  s'adonna  uniquement  à  la  culture 
de  la  poésie.  A  Rome,  où  il  se  fixa  à  l'âge  de  trente- 
huit  ans,  il  remplit  diverses  fonctions  publiques. 
La  reine  Christine  fit  de  lui  son  secrétaire;  il 
fut  créé  baron  du  saint-empire  par  Léopold,  et 
Louis  XrV  le  nomma  chevalier.  On  a  de  lui  : 
Christina  lustrata^;  Venise,  1700,  in-4°  ;  —  In 
nuptiai  principum  Stanislai  Hubomoiski, 
Tenise,  1667,  in-4'';  —  Declamationes  duse  : 
An  Venetis  béllum  in  Turcas  suscipere  expe- 


diret;  Rome,  1684;  —  Naufragium  felix; 
Venise,  1668;  —  Suorum  Garminum  Vindica- 
#io;  Venise,  1671; —  Poematum,  t.  I,  in  quo 
Epigrammata ,  pars  prior;  1697,  in-8°;  — 
Poematum  pars  poster ior  ;  1702. 

Jôcher,  Allgemeines  Gelehrten-Lexicon. 

CAPPELLE(/ea/i-Pier?-e  Van), savant  néer- 
landais, né  à  Flessingue  en  1783,  mort  à  Ams- 
terdam le  26  août  1829.  Il  fut  d'abord  attaché  à 
l'Académie  de  Groningue  comme  lecteur  des  scien- 
ces mathématiques ,  agricoles  et  maritimes.  En 
1804,1a  Société  scientifique  de  Harlem  lui  accorda 
une  médaille  d'or  pour  un  Mémoire  sur  les  mi- 
roirs d'Archimède,  inséré  dans  le  recueil  de 
cette  société  (vn,  70).  En  1815,  Van  Cappelle 
fut  nommé  professeur  de  littérature  à  l'Athénée 
illustre  d'Amsterdam;  en  1819  il  fut  appelé  à  la 
chaire  d'histoire  néerlandaise ,  et  quelque  temps 
après  l'Institut  de  Hollande  lui  ouvrit  ses  por- 
tes. On  a  de  ce  savant  :  Questions  mécaniques 
sur  Aristote,  dédiées  à  Van  Swinden,  texte  grec 
avec  traduction  latine  ;  Ainsterdam,  1812,  in-8°, 
avec  4  planches  ;  —  Recherches  pour  l'histoire 
des  sciences  et  des  lettres  aux  Pays-Bas; 
Amsterdam,  1821,  in-8"  ;  —  Recherches  sur 
l'histoire  des  Pays-Ras;  EaLrlem,  1827,  in-8°; 
—  Philippe-Guillaume  ,  prince  d'Orange  ; 
Amsterdam,  1828,  in-S". 

Letterboode,  1839,  n°  37, page  149. 

*CAPPEi,Lï  (Francesco) ,  peintre  italien,  né 
à  Sassuolo,  vivait  en  1568.  Il  était  un  des  meil-  ' 
leurs  élèves  du  Corrége,  et  vint  s'établir  à  Bologne. 
Ses  ouvrages  ont  tous  été  exécutés  pour  des 
particuliers.  On  montre  pourtant  un  tableau  de 
ce  maître  à  San  Sebastiano  de  Sassuolo.  La 
Vierge  y  est  représentée  au  milieu  de  plusieui's 
saints,  et  parmi  ceux-ci  saint  Sébastien.  Cette 
figure  est  la  plus  éclairée  du  tableau  et  celle 
qu'on  estime  le  plus;  on  la  croirait  du  Corrége, 
tant  l'empâtement  et  le  relief  y  sont  parfaits. 

Tiraboschi,  Notize  degli  artefici  Modenesi.  —  Lanzi, 
Storia  pittorica  it.aliana. 

*  CAPPELLI  { Horace- Antoine,  marquis  de), 
homme  d'État  et  écrivain  italien,  né  à  Sandeme- 
trio,  dans  les  Abruz/es,  le  1'"'  mars  1742  ;  mort  c 
Naples  le  l^""  août  1826.  H  embrassa  la  professior 
d'avocat,  remplit  des  fonctions  administratives,  el 
s'honora  par  sa  fidélité  à  son  souverain,  qui  m 
possédait  plus  que  le  royaume  de  Sicile.  Récom- 
pensé d'abord  par  le  titre  de  marquis  et  la  plac( 
de  secrétaire  d'État,  il  fut  nommé,  après  la  restau 
ration  des  Bourbons  à  Naples,  ministre  de  la  mai- 
son du  roi,  et  grand'croix  de  l'ordre  de  Saint- 
Ferdinand.  Ses  infirmités  l'ayant  forcé  de  renon 
cer  à  la  vie  active,  il  fut  appelé  au  conseil  d'Éta 
en  mars  1820.  On  a  de  lui  :  la  Legge  di  Natura 
poëme  en  vers  sciolti; —  Caserta,  petit  poënn 
annoté  par  Francesco  Daniele;  —  Varie  Poesu 
liriche;  —  Jnscrizioni  latine.  Ces  ouvi'ages  on 
été  réunis  et  publiés  sous  le  titre  de  Opère  dei 
marchese  Orazio  Cop^eWi;  Naples,  1832,  2  vol 
in-8°. 
Tipaldo,  Biogr.  degli  Itâliani  illustri,  vol.  VI,  877. 


cAPPELLi  OU  CAPELLi  (Marco-Antomo), 
aiuiscain  et  théologien  italien,  né  à  Este  (Pa- 
ouan),  mort  à  Rome  en  scplcnibrc  1025.  Il  était 
ts-vcrsé  dans  les  belles- lettres  lorsqu'il  pro- 
imça  ses  vœux  dans  l'ordre  des  Frères  Mineurs 
mventuels  de  Saint-François.  Après  s'être  per- 
•ctionné  en  philosophie  et  en  théologie,  il  lut 
ivoyé   comme   professeur    successivement   à 
(iinc,Anania  et  Venise.  La  connaissance  in- 
me  qu'il  fit  du  P.  Possevin  l'acquit  à  la  so- 
été  de  Jésus,  dont  il  soutint  souvent  les  opi- 
ons.  Cependant  en  1606,  dans  l'affaire  de  l'in- 
rdit  de  Venise ,  Cappelli  prit  l'intérêt  de  cette 
publique  contre  le  pape  Paul  V,  En  vain  Pos- 
vin  et  Benjamin  Justiniani ,   général  des  con- 
ntuels,  employèrent-ils  tous  les  moyens  pour 
ramener  à  l'obéissance  que  le  saint-père  exi- 
ait  :  Cappelli  répondit,  le  3  novembre  1606, 
ril  était   dans   la  disposition  de  soutenir  ce 
l'il  avait  écrit,  et  publia  leurs  lettres  et  sa 
ponse.  Cependant  quelque  temps  après  il  fit 
soumission  :  il  se  rendit  à  Bologne,  et  dé- 
ara    au    cardinal    Justiniani  qu'il   rétractait 
■ut  ce  qu'il  avait  écrit,  et  qu'il  était  disposé  à 
mposer  un  livre  où  il  développerait  des  pro- 
sitions  contraires  à  celles  qu'il  avait  avancées. 
1  lui  fit  aussitôt  exécuter  sa  promesse  dans  un 
vrage  resté  manuscrit  dans  la  bibliotlrèque 
utérine,  sous  le  titre  de  :  Tractatus  de  ab- 
luta  omnium  rerum  sacrarum  immunitate 
estate  principum  laicorum,  ex  lege  na- 
li,  Mosis  et  Christi.  Depuis  ce  temps,  Cap- 
employa  sa  plume  à  combattre  ceux  qui 
itaient  l'autorité  des  papes.  On  a  de  lui  : 
'«re  delleControversiefraPaolo  Velare- 
blica  di  Venesia;  Venise,  1606,  in-4°; — de 
kterdicto  Pauli  V  ;  Francfort,  1607,  in-4°;  — 
etfera  del  padre Antonio  Possevino,  gesuita, 
l  P.  Marc- Antonio  Capello,  minor  conventua- 
■•;  con  la  risposta  di  dette  ;  Venise,  1607,  iii-4°; 
Adversus  prsetensum  Primatum  Régis  An- 
^œ;  Bologne,  1610,  in-4"'  ;  —  de  Summo  Pon- 
ificatu  B.  Pétri ,  et  de  successione  episcopi 
y.omani  in   eumdem  pontificatum ,    contra 
inomj7nos,duos  de  Papatu  Romano  et  de  Su- 
urbicariis  Regionibus  ac  Ecclesiis;  Cologne, 
G21,in-4°;   — de  Appellationibus  Ecclesise 
frïcanx  ad  Romanam  sedem;  Paris,  1622, 
1-8°  ;  —  de  Cœna  Christi  suprema ,  deque 
I  rœcipuis  ejus  vitœ  capitibus,  adversus  Mgyp- 
\u,m  Autorem  anni  primitivi;  Paris,  1625, 
■\-i°. 
J.  Bontoni,  F'ita  M.-A.  CappelUi.  —  Wadding,  Scrip- 
^resordinis  Minorum.  —  Uupln,  Bibliothèque  des  Au- 
j'Mrs  ecclésiastiques,   dix-septième  siècle.  —  Nlcéron, 
llémoires  des  hommes  illustres,  XXIII,  1. 

!  *CAPPELHNO  {Jean-Dominique) ,  peintre 
'énois,  né  à  Gênes  en  1580,  mort  en  1651.  Il 
[tait  élève  de  Paggi,  et  suivit  d'abord  de  fort 
rès  la  manière  de  son  maître  ;  peu  à  peu  il 
■'en écarta,  chercha  l'originalité,  la  trouva,  et 
aima  sans  partage.  On  ctte  de  lui  :  la  Mort  de 
aint  François ,  tableau  conservé  dans  l'église 


CAPPELLI  —  CAPPELLO 


C22 


Saint-Nicolas,  à  Gênes,  et  une  Sainte  Françoise 
de  Rome  rendant  la  parole  à  une  jeune  fille 
muette,  dans  l'église  Saint-Étienne  delà  même 
ville.  Ces  deux  ouvrages  offrent  dans  les  figures 
un  choix  de  traits ,  une  vérité  de  sentiments ,  un 
charme  de  coloris,  qui  enchantent  les  yeux.  Deux 
tableaux  de  la  Passion ,  à  San  Siro ,  sont  aussi 
très-remarquables,  quoique  d'une  exécution  dif- 
férente. Pellegro  Piola  avait  suivi  les  leçons  de 
Cappellino. 

Raffaello  SopranI,  yite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Lanzi, 
Storia  pittorica,  V,  IM. 

CAPPELLO  (Bernardo),  poète  italien,  né  à 
Venise  au  commencement  du  seizième  siècle, 
mort  à  Rome  le  18  mars  1565.  Il  appartenait  à 
une  famille  patricienne,  et  eut  le  bonheur  de  se 
lier  dès  sa  jeunesse  avec  Bembo,  qui  vivait  alors 
à  Padoue.  Cet  éminent  poète  doima  des  leçons 
de  poésie  au  jeune  Vénitien  ;  et  il  fut  si  content 
de  son  élève,  qu'il  le  prit  pour  conseiller  et  juge 
de  ses  propres  ouvrages.  Tout  en  cultivant  les 
letti'es,  Cappello  remplissait  des  fonctions  publi- 
ques. Quelques  excès  de  paroles  peut-être  (  im- 
mensain  concionibus  dicacitas,  dit  P.  Justinien) 
un  complot  contre  la  sûreté  de  l'État,  le  firent 
condamner  en  1540  à  un  bannissement  perpé- 
tuel à  Arbe,  île  de  l'Esclavonie.  Deux  ans  plus 
tard,  ayant  été  cité  au  tribunal  des  dix  pour  y 
rendre  compte  de  sa  conduite ,  il  jugea  pru- 
dent de  se  réfugier  avec  sa  femme  et  ses  fils 
dans  les  États  de  l'Église  ,  où  il  fut  parfaite- 
ment accueilli  par  le  cardinal  Alexandre  Far- 
nèse,  et  nommé  gouverneur  d'Orvieto  et  de  Ti- 
voli. II  passa  quelque  temps  à  la  cour  du  duc 
d'Urbin,  qui  réunissait  j)rès  de  lui  les  plus  beaux 
génies  de  l'Italie.  Des  raisons  de  santé  le  décidè- 
rent à  revenir  à  Rome.  «  Le  Canzonier  de  Cap- 
pello, dit  Tiraboschi,  est,  au  goût  d  es  connaisseurs, 
un  des  ouvrages  les  plus  gracieux,  les  plus  no- 
bles et  les  plus  polis  qui  aient  paru  au  seizième 
siècle.  »  Le  recueil  des  poésies  (  Rime  ou  Can- 
zonier) de  Cappello  a  paru  à  Venise,  1560, 
in-4''  ;  la  meilleure  édition  est  celle  de  Bergame, 
1748  et  1753,  2  vol.  in-S",  publiée  par  Serrassi. 

Serrassl,  Fita  di  Bernardo  Cappello,  premessa  aile 
sue  rime.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  Lett.  ital.,  vol.  VIIj 
par.  III,  p.  23.  —  P.  Justinien,  fenet.  Hist.,  lib.  XIH, 
p.  376.  —  Daru,  Hist.  de  Denise. 

CAPPELLO  {Marc),  poète  italien,  né  à  Bres- 
cia  le  22  mars  1706,  mort  le  21  juillet  1728. 
Après  avoù-  cultivé  avec  succès  la  poésie  légère,  il 
entra  dans  les  ordres,  sans  cesser  de  faire  des  vers 
et  même  des  poèmes  erotiques.  Improvisateur 
brillant,  il  joignit  à  cette  facilité,  fort  goûtée  de 
son  temps ,  le  génie  satirique,  et  des  recherches 
étendues  sur  le  langage  des  paysans  florentins.  On 
a  de  lui  quatre  poèmes  dans  la  manière  du  Bemi  : 
la  Morte  del  Barbetta,  célèbre  ludi-magistro 
Bresciano  del  secolo  passato,  compianta  in 
Brescia  in  una  privata  litteraria  accademia 
V  anno  1739;  Brescia,  1740  et  1759;  —  laBe- 
fana;  —  la  Frittata;  —  i  Gatti  :  ces  trois  ou- 
vrages n'ont  paru  qu'après  la  mort  de  l'auteur; 


623 


CAPPELLO  —  CAPPERONNIER 


—  six  sonnets  à  Menichina,  écrits  dans  la  lan- 
gue contadinesca,  c'est-à-dire  des  paysans. 

Tipaido,  Biografta  degli  Ital. 

•    *CAPPELLrs  (Jean),  théologien   calviniste 

dont  on  ne  connaît  pas  au  juste  la  nationalité , 

vivait  dans  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On 

a  de  lui  :  'ETiîxptctç  de  ultimo  Christi  Pas- 

chate,  etc.  ;  Amsterdam,  1644,  in-12. 

Adelung,  supplém.  à  Jôcher,  Allgemeines  Gelehrten- 
Ijixicon. 

CAPPER  (Jacques),  voyageur  anglais,  mort 
à  Ditchingham-Lodge  le  6  septembre  1825.  Il 
devint  colonel  au  service  de  la  compagnie  des 
Tndes,  puis  contrôleur  général  de  l'armée  et  de 
la  comptabilité  des  fortifications  de  la  côte  de 
Coromandel.  D'Angleterre,  où  il  avait  été  envoyé 
en  1777,  il  reçut  ordre  de  se  rendre  aux  Indes 
en  1778.  Embarqué  àLivournele  29  septembre, 
il  débarqua  le  29  octobre  à  Latakié,  en  Syrie. 
D'Alep,  où  il  était  dès  le  4  novembre,  il  se  fit  con- 
duire à  Basia  par  un  cheik  arabe.  Il  traversa  le 
désert,  longea  la  droite  de  l'Euphrate,  entra  dans 
Basra  le  18  décembre,  en  repartit  le  31,  et  se 
trouvait  le  8  février  à  Bombay.  A  son  retour  en 
Angleterre,  il  vécut  retiré.  On  a  de  lui  :  Obser- 
vations sur  le  trajet  d'Angleterre  aux  Indes 
•par  l'Egypte,  et  aussi  par  Vienne  à  Constan- 
tinople,  à  Alep,  et  de  là  à  Bagdad,  et  directe- 
ment à  travers  le  grand  désert  à  Basra, 
avec  des  remarques  sur  les  pays  voisins  et 
une  notice  des  différentes  stations;  Londres, 
1782,  in-4°;  1785,  in-S",  avec  cartes  et  planches. 
On  trouve  dans  ce  volume  un  voyage  de  Cons- 
tantinople  à  Vienne,  et  un  autre  de  Constanti- 
nople  à  Alep,  par  George  Baldwin. 

Makintosh,  f^oyages,  II. 

*CAPPEROi<i,  antiquaire  français ,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  fut 
curé  à  Saint-Maixent  et  doyen  à  Mons-en-Vimeu. 
On  a  de  lui  :  Essai  historique  sur  l'antiquité 
du  comté  d'Eu,  dans  les  Mémoires  de  Trévoux, 
1716,  mai;  — Lettre  à  monsieur  l'abbé  du 
Moulinet  des  Thuilleries,  sur  l'origine  du  nom 
d'Eu,  dans  le  Mercure  de  France,  1722,  mai; 
réponse  à  un  article  inséré  par  cet  abbé  dans 
les,  Mémoires  de  Trévoux,  1716,  septembre: 
cette  querelle  littéraire  sur  l'origine  du  nom 
d'Eu,  dont  le  nom  viendrait  du  culte  d'Ésus ,  le 
Mars  des  Gaulois ,  continua  pendant  longtemps  ; 

—  Lettres  au  sujet  de  deux  anciens  tableaux 
découverts  en  la  ville  d'Eu,  dans  le  Mercure 
de  France,  1722,  mai;  —  Mémoires  histori- 
ques sur  les  personnes  originaires  du  comté 
d'Eu  qui  se  sont  distinguées  par  leur  vertu, 
par  leur  science  et  par  leur  valeur,  dans  le 
Mercure  de  France,  1730,  avril, et  1731,  mai; 

—  Remarques  sur  l'histoire  naturelle  du 
comté  d'Eu,  dans  \e  Mercure  de  France,  1730, 
juillet  ;  —  Réflexions  sur  une  lettre  de  M.  l'abbé 
Lebeuf  sur  les  anciens  tombeaux,  dans  le- 
Mercure,  1731,  octobre;  —  Réflexions  sur  la 
bi:::arrerie  de  différents  usages  qui  ont  paru 


et  qui  paraissent  encore  dans  le  monde,  da 
le  Mercure,  1732  et  1733. 

^eIong  et  Fontette,  Biblioth.  histor.  de  la  France. 

CAPPERONNIER  (Claude),  philologue fra 
çais,  né  à  Montdidier  le  1'^''  mai  1671,  mort 
Paris  le  24  juillet  1744.  Fils  d'un  tanneur, 
était  destiné  au  même  état  ;  mais,  ayant  appi 
dans  ses  heures  de  loisir  lé  latin  sans  maîti 
il  obtint  par  l'intervention  de  Charles  de  Sait 
Léger,  bénédictin  de  Corbie,  son  oncle,  qu' 
l'envoyât  aux  collèges  de  Montdidier  et  d'Amiei 
Plus  tard,  en  1688,  ce  même  oncle  le  plaça  au  ; 
minaire  des  Trente-Trois,  à  Paris,  pour  lui  fa 
continuer  sa  philosophie  et  sa  théologie.  Ayant  ( 
seigné  le  grec  pendant  quelques  années  dans  c 
férentes  villes  de  la  Picardie,  notamment  à  A 
beville,  et  reçu  les  ordres  à  Amiens  en  lOi 
Capperonnier  revint  à  Paris ,  où  sa  destinée  c 
vait  le  fixer  pour  le  reste  de  sa  vie.  Api 
avoir  joui  pendant  quelque  temps  du  revenu  ti^ 
modique  d'une  chapelle  de  l'église  Saint-And 
des-Arcs,  il  commença  sa  carrière  philologiq 
par  le  modeste  emploi  de  répétiteur  de  grec, 
c'est  comme  tel  qu'il  comptait  parmi  ses  élè^ 
le  célèbre  Bossuet,  l'année  même  de  la  mort 
ce  prélat,  1704.  Un  autre  de  ses  élèves,  le  pi 
fesseurde  droit  Collepon,  lui  donna,  pour  sala 
de  ses  leçons  de  grec,  le  logement  et  la  nour 
ture  pendant  plusieurs  années.  En  1706,  il  obt 
en  outre  de  la  Faculté  de  Paris ,  comme  récoi 
pense  d'un  travail  sur  l'ancienne  prononciation 
grec ,  une  pension  annuelle  de  400  francs,  à 
charge  seulement  de  com'ger  les  livres  grecs 
l'usage  des  collégiens.  Vers  cette  époque ,  l'ui 
versité  de  Bâle  lui  olîrit  la  chaire  de  langue  et 
littérature  grecque,  qu'il  refusa.  Après  avoir  ( 
en  1711,  pendant  six  mois  précepteur  des  tr 
enfants  de  la  famille  Crozat,  qui,  au  bout  de 
temps,  lui  ht  une  pension  viagère  de  1000  fraiw 
il  devint  enfin,  en  1722,  successeur  de  l'abbé  M; 
sieu  dans  la  chaire  de  grec  au  collège  de  Fram 
qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort.  Il  fut  un  c 
meilleurs  humanistes  de  son  temps ,  le  collai 
rateur  de  ses  confrères  dans  presque  toutes  1 
entreprises  d'éditions  classiques,  et  leur  a.i 
bienveillant  dans  leurs  recherches  philologiqui 
Capperonnier  était  en  outre  licencié  en  théol 
gie,  et  il  avait  aussi  étudié  les  langues  oriental 
dans  le  collège  de  l'Ave-Maria  à  Paris.  Ces  ce 
naissances  le  mirent  en  rapport  avec  de  savai 
auteurs  ecclésiastiques,  tels  que  le  P.  Touri 
mine,  Montfaucon,  Ellies  Dupin,  qui  recherchait 
sa  collaboration.  On  a  de  lui  :  Traduction  de 
dispute  théologique  de  Nicéphore"  Grégor 
avec  Cabasilas ,  deux  livres',  avec  des  note 
insérés  dans  l'édition  de  Nicéph.  Grégoro 
Historia  Byzantina;  Paris,  1702;  —  Éd 
tion  des  Œuvres  complètes  de  Photius ,  p 
Capperonnier  (  qui  faisait  la  traduction  ) , 
P.  Tournemine  (  qui  rédigeait  les  notes),  et  Elli 
Dupin  (qui  coordonnait  le  tout);  Paris,  1702 
1703  (cette  publication,  après  avoir  atteint 


yi'y 


CAPPERONNIER 


626 


ininbre  de  50  feuilles,  contenant  une  partie  de 
.1  Bibliothèque  de  Photius,  fut  interrompue  par 
exil  de  Dup'in);  —  Traité  de  l'ancienne  pro- 
lonciation  de  la  langue  grecque;  Paris,  1703  : 
c  traité,  grand  in-f" ,  dédié  à  la  faculté  de  Pa- 
is, qui  le  récompensa  comme  nous  avons  dit,  est 
esté  en  manuscrit;  —  Illustrissimes  Acade- 
lix  Parisiensi,  Francorum  regum  primoge- 
itx  filiae  et  Utterarum  matri  atque  nutrici, 
tque  amplissimo  ejusdemrectori,  Petro  Viel, 
rafiarum  actio;  Paris,   1706,  in-4°  :  petit 
oënie  en  grec ,  fait  pour  remercier  Viel  de  la 
pnsion  de  la  faculté  ;  la  version  latine  en  vers 
Il  cette  pièce  est  du  P.  Billet;  —  Observationes 
hllologicœ,  dans  le  Journal  des  Savants  de 
?08 ,  où  il  traite  du  plan  d'une  nouvelle  édi- 
on  d'Eustathe,  dont  la  fticuUé  de  Paris  l'avait 
laigé,  mais  dont  la  publication  fut  empêchée 
ir  l'apparition  de  l'édition  de  Politi)  ;  —  Apo- 
gic  de  Sophocle  contre  la  lettre  de  Vol- 
ire,  1719,  in-S"  :  cette  lettre  de  Voltaire  est 
troisième  de  celles  qui  sont  à  la  tête  d' Œdipe; 
Marcl  Fabii  Quintiliani  de  oratorîa  Insti- 
tione  libri  XII.  Totum  textum  recognovit, 
icndavit ,  selectas  variorum  interpretum 
ita^  recensuit,  exploravit,  castigavit,  raras 
'jecit ,  etc.;  Paris,  1725,  in-fol.  :  cette  édi- 
m  lui  attira  une  querelle  avec  P.  Burmann, 
i  lui  reprochait  très-justement  de  n'avoir  pas 
ûfité  des  manuscrits  de  Paris ,  quoiqu'ils  fus- 
nt  si  bien  à  sa  portée  ;  à  cette  Epistola  Pe- 
ï  Burmanni  ad  Cl.  Capperonnerium ,  Leyde, 
26,  in-4°,  contenant  encore  l'accusation  d'un 
agiat  commis  à  son  égard  par  Capperonnier 
ns  ses  Notas  variorum ,  ce  dernier  répondit 
ns  une  brochure,  mais  qu'il  n'a  pas  fait  im- 
imer  :  quoique  inférieure  à  celle  de  Burmann 
<m  la  partie  critique,  l'édition  de  Capperon- 
?r  sera  toujours  recherchée  pour  ses  annota- 
ms  touchant  l'ancienne  rhétorique  ;  —  Obser- 
Uwns  et  corrections  sur  la  version  latine 
•sfragvients  d' Hippolyte  par  Anastase,  sur 
i  passage  des  fragments  de  Clément  d'A- 
xandrie,  mal  traduit  par  D.  Nourry,  et  sur 
version  de  l'Apologie  d'Eunomïus,  insérées 
ins  l'édition  des  Antiquœ  lectiones  de  Cani- 
ns par  Basnage,  sous  le  titre  de  Thésaurus  mo- 
imentorum  ecclesiasticorum ;  Angers,  1725, 
vol.  in-fol.  ;  —  Observations  et  annotations, 
ms  l'édition  du  Thésaurus  linguee  latinm  de 
îbert  Estienne,  publiée  à  Bâle,  en  1740-1743, 
ro].  in-fol.; — Explication  et  justification  du 
ntïment  de  Longin  touchant  le  sublime  d'un 
[issage  de  Moïse,  dans  l'édition  des  Œuvres 
!  Boileau,  par  Lefèvi-e  de  Saint-Marc;  Paris, 
'07,  5  vol.  in-8°  :  on  y  trouve  l'éloge  de  Cap- 
'ïronnier  par  M.  de  Saint-Marc;  —  Antiqui 
[hetores  latini  et  francisci  Pithoei  Biblio- 
'■eca,  olim   recognovit,  emendavit ,   notis 
fixit,  etc.;  ouvrage  posthume ,  publié,  d'après 
i  manuscrit  de  C,  par  Range,  professeur  à 
[rasbôurg;  Strasbourg,  1756,  jn-4";—  Remar- 


ques sur  la  traduction  de  Quintilien  par  Gé- 
doyn ,  publiées  par  son  parent  Jean-Augustin 
Capperonnier,  dans  l'édition  de  cette  traduc- 
tion; Paris,  1803,  4  vol.  in-12.  Vllistoire  lit- 
téraire de  Montdidier,  du  P.  Daire,  parle  en- 
core de  beaucoup  d'ouvrages  de  Capperonnier 
laissés  en  manuscrit.  [  Enc.  des  g.  ,du  m.,  avec 
addit.] 

Éloge  de  Capperonnier  par  Lefèvre  de  St.-Marc,  dans 
l'édition  des  OEuvrcs  de  Boileau.  —  Ersch  et  Gruber, 
Allgem.  Encyclop.  —  Éloge  de  M.  Capperonnier  par 
Dupuy,  dans  les  Mémoire  de  l'Acad.  des  Inscript.,  vol.  40, 
p.  243.  —  Sax,  Onomasticon,  VII,  134. 

CAPPERONNIER  (Jean),  neveu  du  précé- 
dent, philologue  français,  né  à  Montdidier  le  9 
mars  1716,  mort  à  Paris  le  30  mai  1775.  Ce  fut 
un    proche  parent,  le  curé  de  la  Hérolle,  qui 
l'instruisit  d'abord  chez  lui,  et  qui  le  fit  ensuite 
envoyer  à  Amiens.  Appelé  en  1732  à  Paris  par  son 
oncle  Claude,  il  obtint  bientôt,  en  1733,  une  place 
d'aide  à  la  Bibliothèque  royale.  En  1744,  il  suc- 
céda à  son  oncle  dans  la  chaire  de  grec  au  collège 
de  France;  et,  en  1749,  il  fut  élu  membre  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions.  En  1759,  il  devint  premier 
garde  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale, 
et  remplaça  enfin,  en  1760,  l'abbé  Sallier  comme 
premier  garde  des  imprimés.  Il  continua  l'œuvre 
de  son  oncle,  et  s'est  distingué  également  comme 
auteur  de  nouvelles  éditions  des  classiques  an- 
ciens. On  a  de  lui  :  Julii  Caesaris  Commenta- 
riî; Paris,  1754,  2  vol.  in-12;  —  Poésies  d'A- 
nacréon,  en  grec ,  texte  revu  par  J,  Capperon- 
nier et  Meusnier-Querlon,  avec  latrad.  de  Gacon  ; 
Paris,  Grange,  1754,  in-16  ;— Xe.:(;«con  Platoni- 
cum  Timgei  Sophistes,  copié  d'après  un  manus- 
crit de  la  Bibliothèque  de  Paris  par  Capponnier 
et  édité  d'après  cette  copie,  avec  des  notes,  par 
Dav.  Ruhnken;  Leyde,  1754,  in-4°;  —  Plauti 
Comœdise;  Paris,  1769,3  vol.  in-12;  —  His- 
toire de  saint  Louis  par  Jean ,  sire  de  Join- 
ville,  etc.,  éditée  en  société  avec  Melot  et  Sallier  ; 
Paris,  1761,  in-fol.;  —  Mémoires,  insérés  dans 
le  Recueil  de  l'Académie  des  inscriptions,  et 
intitulés  Sur  la  différence  entre  les  escla- 
ves domestiques  des  Spartiates  et  les  ilotes; 
Observations  sur  l'ouvrage  de  Denys  d'Ha- 
licarnasse, intitulé  Sur  l'Excellence  de  rélo- 
cution de  Bémosthène,  tom.   XXR'',    année 
1756;  Sur  Pérégrin  le  Cynique  {tom.  XXVIII, 
1761);  —  Notes  aux  Histoires  d'' Hérodote, 
incorporées  à  l'édition  de  Wesseling  ;   Ams- 
terdam, 1765,  in-8°;  —  Justini  Historiés  ;  Pa- 
ris, 1770,  in-12;  —  Sophoclis  Tragœdiœ  sep- 
tem,cum  interpretatione  latina  et  schoHis  ve- 
teribus  et  noris;  Paris,  1781,  2  vol.  in-4°  :  cet 
ouvrage  posthume,  publié  par  J.-F.  VanVilliers, 
qui  y  a  ajouté  les  notes,  est  le  plus  faiblede  tous. 
cÀ  PPERONNIER  (Claude-Marie),  fils  de  Jean, 
naquit  en  1758,  et  mourut  en  1780.  Il  était  déjà 
employé  à  la  bibhothèque  du  Roi  lorsqu'il  se 
noya  par  accident,  au  retour  d'une  promenade  à 
Saint-Cloud. 
Chaudon  et  Delandine,  JYouv.  Dici.  hist. 


627 


CAPPERONNIER  —  CAPPONI 


6i 


CAPPERONNIER  (Jean- Augustin ) ,  philo- 
logue français,  neveu  de  Jean  Capperonnier , 
né  à  Montdidier,  en  Picardie,  le  2  mars  1745; 
mort  à  Paris  en  1820.  Appelé  par  son  oncle  à 
le  seconder  à  la  Bibliothèque  royale,  il  se  livra 
avec  ardeuràla  science  bibliographique. En  1780, 
bibliothécaire  du  marquis  de  Paulmy,  il  aug- 
menta sa  collection,  qui  devint  une  des  plus  riches 
pour  les  romans  et  la  littérature  italienne.  Quoi- 
qu'il ne  s'occupât  que  de  ses  livres,  une  dénon- 
ciation le  fit  jeter  en  prison  pendant  la  terreur  ; 
il  n'en  sortit  qu'à  la  chute  de  Robespierre. 
Réintégré  dans  son  emploi  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, il  y  fut  nommé  consers'ateur  des  livres, 
avec  Van  Praët,  lors  de  la  réorganisation  de 
ce  dépôt  en  1796.  Il  reçut  en  1806  la  décora- 
tion de  la  Légion  d'honneur,  distinction  dont 
ses  travaux  et  son  savoir  le  rendaient  digne.  On 
a  de  lui  :  Académiques  de  Gicéron,  avec  le 
texte  latin  de  Cambridge  et  des  remar- 
ques nouvelles,  outre  les  conjectures  de 
Davies  et  de  Bentley;  suivies  du  commen- 
taire latin  de  P.  Valence,  etc.  ;  nouvelle  édi- 
tion, revue,  corrigée ,  augmentée  de  la  tra- 
duction française  du  commentaire  de  Va- 
lence, par  deCastillon;  1796,2  vol.  in-12  ;  — 
Quiniilien,  de  l'Institution  de  l'orateur, 
trad.  par  Vabbé  Gédoyn;  4°  édit.,  revue,  cor- 
rigée, augmentée  des  passages  omis  par  le 
traducteur,  d'après  le  mémoire  manuscrit  de 
Claude  Capperonnier  ;  1803,  4  vol.  in-12.  —Il 
a  donné,  pour  la  collection  Barbou,  des  éditions 
de  Justin,  Eutrope,  Aurélius  Victor,  Virgile,  Ho- 
race, Martial,  Catulle,  Tibulle,  Properce,  et  du 
Prsedïum  rusticum  du  P.  Vannières. 

GUYOT  DE  FÈRE. 

Kabbe,  Biog.  des  Contemp.—  Quérard,  la  France  lit- 
téraire. 

*  CAPPIDUS ,  généalogiste  et  théologien  fri- 
son, surnommé  Staiiriensis  (du  lieu  de  sa  nais- 
sance ),  né  à  Stavoren,  vivait  vers  920.  Il  avait 
écrit  les  vies  des  saints  Lebuin ,  Otger,  Plechelm 
et  Odulphe,  ainsi  que  la  généalogie  des  souve- 
rains de  la  Frise  ;  ses  manuscrits  furent  détruits 
dans  l'incendie  de  la  bibliothèque  de  Stavoren. 
Les  fragments  qui  ont  échappé  à  ce  sinistre  font 
dire  à  Suffrid  que  nul  écrivain  n'eût  mieux  re- 
produit que  Cappidus  les  antiquités  de  la  Frise. 

tfbbo  Emmius,  Rerum  Frisicar.  Historia.  —  J.  Pier- 
son,  Suf/ridi  de  Frisionum  yintiquitate  et  Origine,  III. 
—  idem  ,  de  Scriptoribus  Frisiœ  ,  décade  XVI.  —  Fa- 
bricius,  Biblioth.  med,  et  inf.  setatis. 

*  CAPPOCHi  (  Pietro  ),  prélat  itaUen,  mort  à 
Rome  le  18  mai  1259.  11  fut  élevé  au  cardinalat 
en  1244  par  le  pape  Innocent  IV,  qu'il  accompa- 
gna ,  l'année  suivante ,  au  concile  de  Lyon.  En 
1247,  il  assista  à  la  diète  de  Francfort,  dans 
laquelle  Guillaume  de  Hollande  fut  nommé  em- 
pereur. Après  cette  élection,  Cappochi  fut  chargé 
de  soutenir  par  les  armes  les  prétentions  de 
Guillaume  et  les  intérêts  de  la  cour  de  Rome 
en  Italie  ;  il  s'acquitta  avec  zèle  de  cette  tâche 
difficile.  De  retour  à  Rome,  il  fit  élever  l'église 


Notre-Dame  de  la  Place,  donnée'depuis  aux  se 
vites. 

Ciaconius,  f^itœ  Ponti/icum.  —  Aubéri,  Histoire  o 
Cardinaux.  —  Oudin,  De  Script,  ecclesiast. 

*  CAPPOCHI  ou  CAPOCiENUS  (Nicolo),  pr 
iat  italien,  mort  à  Montefiascone  le  26  juill 
1368.  Il  fit  ses  études  à  Pérouse ,  et  devint  trè 
habile  dans  le  droit  canonique.  Il  se  rendit  e 
suite  à  Avignon,  où  le  pape  Clément  VI,  apprécia 
son  mérite,  le  nomma  cardinal  en  1350.  Envo 
en  1356,  comme  légat,  en  France,  avec  le  can 
nal  Talleyrand  de  Périgord,  Cappochi  et  s 
collègue  ne  purent  réconcilier  le  roi  Jean 
France  avec  Edouard  HI  d'Angleterre.  Capp 
chi  se  trouvait  en  1362  à  Avignon  lors  de 
consécration  d'Urbain  V,  et  suivit  ce  pape 
Rome.  Il  fonda  vers  cette  époque  un  collège 
Pérouse,  un  monastère  à  Monte-Murcino  po 
les  congréganistes  du  mont  des  Oliviers,  et  qu( 
ques  autres  édifices  sacrés. 

Onuphre  Panvini ,  Epitome  Pontificum  romanorn 
—  Aubéri,  Histoire  des  Cardinaux.  —  Bosquet,  / 
des  Papes  d' Avignon.  —  Oldoin,  Mhenœum.  —  Eg 
Purpura  docta. 

*CAPPONE(jPmncesco-j4nionio),  poète  naj 
litain,  néàConza  (Calabre ultérieure), vivait  v( 
1650.  II  était  prêtre,  et  fit  partie  de  l'Acadén 
degli  oziosi  à  Naples.  Il  a  laissé  un  volume 
poésies  intitulé  Clio,  publié  à  Naples,  1663  ;  réi 
primé  à  Venise  en  1775.  Lestiti-es  de  ces  poés 
sont  :  Liriche  para/rase  sopra  tutte  le  G 
d'Anacreonte  ;  —  Poésie  liriche,  etc. 

Crescimbeni,  Storia  délia  Folg.  Poes.,  p.  469.— Toj 
Bibl.  Napolet. 

CAPPOXI,  famille  de  la  haute  bourgeoisie 
Florence ,  et  qui  a  fourni  plusieurs  personnaj 
dont  le  souvenir  mérite  d'être  conservé. 

Capponi  (Gino  ),  mort  en  1420.  On  luidoil 
récit  de  la  révolte  des  cardeurs  de  laine  (  ciomj 
contre  le  parti  aristocratique  qui  dominait  à  F 
rence  (1378).  Il  avait  été  exilé  à  la  suite  de  ce 
insurrection.  Rentré  en  1382  avec  les  guelfes 
s'occupa  surtout  de  l'état  militaire.  Décem 
de  la  guerre  en  1405  et  1406,  lorsque  les  F 
rentins  firentlaconquêtedePise,  il  eutunegrar 
part  à  ce  succès,  et  fut  le  premier  goij.vern* 
donné  à  cette  ville.  Il  écrivit  l'histoire  de  ce 
guerre,  et  déploya  une  grande  prudence  dans  £ 
gouvernement. 

Son  fils  Neri,  mort  en  1457,  suivit  l'état  nu 
taire,  et  balança  par  sa  réputation  et  son 
fluence  le  crédit  de  Côme  de  Médicis  ;  mais  il 
lutta  pas  contre  lui.  Pendant  quarante  anii 
remplit  de  hautes  fonctions,  sans  avoir  eu  ni  e 
vieux  ni  ennemis.  Il  a  laissé  des  mémoires  s 
son  administration. 

Capponi  (Pierre),  petit-fils  de  Neri,  occupa  ai 
si  les  premiers  emplois  de  la  république,  et 
chargé  de  plusieurs  ambassades,  Lorsqu'en  14 
le  roi  de  France  Charles  VIII,  à  qui  Florei 
avait  ouvert  ses  portes  comme  à  un  hôte  et  ^ 
allié,  prétendit  que  cette  ville  eût  à  le  reconni 
tre  pour  son  vainqueur  et  son  souverain,  Cappu 


10  CAPPONI 

l  avec  lui  plusieurs  conférences.  Le  roi  ayant 
[  lire  devant  lui  un  impérieux  ultimatum, 
•tic  Capponi  arracha  des  mains  du  secrétaire 
papier,  qu'il  mit  en  pièces  :  «  Vous  pouvez , 
-il  au  roi,  faire  sonner  vos  trompettes  ;  nous 
meions  nos  cloches  !  »  Puis  il  sortit  avec 
collègues.  Sa  fermeté  étonn^  Charles,  qui 
(appela,  et  conclut  un  traité  modéré  avec  les 
ircntins.  En  1496,  Pierre  Capponi  fut  tué  au 
^e  d'un  petit  château.  [£nc.  des  g.  du  m.] 

sraondi,  Hist.  des  rép .  ital. 

'APPQNi  {Alexandre- Grégoire  ,  marquis 
!,  archéologue  et  bibliophile  italien,  né  à 
ne  en  1683,  mort  dans  la  même  ville  en 
tembre  1746.  Issu  d'une  famille  de  patri- 
vomains,  il  fut  nommé  de  bonne  heure 
ordome    du  pape.   Homme    distingué   par 


630 


Urt 


oût  éclairé  pour  les  arts  et  les  antiquités, 
econda  puissamment  le  pape  Clément  xn 
que  celui-ci  conçut,  après  1730,  l'idée  de 
1er  le  musée  Capitolin  ;  car  c'est  Capponi 
disposa  ces  immenses  trésors  de  toutes 
es,  statues,  bas-reliefs,  bustes,  etc.,  dans 
e  ingénieux  et  symétrique  qui  caracté- 
cette  magnifique  collection.  Comme  direc- 
',  il  rédigea  en  outre  le  premier  volume  du 
logue  raisonné  de  ce  musée.  Mais  il  posséda 
\4  lui-même  en  pjopre  une  excellente  bi- 
lihèque,  remplie  des  plus  rares  éditions, 
1  laissa  par  son  testament  à  la  bibliothèque 
iVatican ,  et  un  musée  de  médailles  pré- 
«ses,  etc.,  qu'il  légua  en  mourant  au  savant 
jquaire  le  jésuite  P.  Contuccio  Contucci.  Ce 
*ée,  qui  fut  ensuite  considérablement  en- 
i,  forma  longtemps  une  section  à  part  du 
ée  Kircher.  On  a  de  lui  :  Achates  Isiacus 
ularis,  prodit  ex  museo  march.  Alex.-Gre- 
Capponi;  Rome,  1727,  in-4°;  —  Museo 
Htolino ,  contenente  immagini  di  uomini 
stri;  Rome,  tom.  1\,  1741,  in-fol.;  —  Cata- 
I  délia  libreria  Capponi,  ossia  de"  libri 
iani  del  marchese  Alex.-Greg.  Capponi, 
rizio  romano,  con  annotazioni  in  diversi 
flhi;  Rome,  1747  in-4°  :  ce  catalogue  ,  com- 
ice par  Capponi  lui-même  et  achevé  par 
iSign.  Giorgi,  qui  le  fit  imprimer  séparément, 
!un  des  livres  les  plus  importants  pour  la  lit- 
itiire  italienne,  et  contient  en  outre  une  notice 
(366  manuscrits. 

felung,  supplément  à  Jôcher,  Allgemeines  Gelehr- 
'exicon.  —  Sax.  Onomasticon,  VII,  2S5. 

^PONi  (Augustin),  citoyen  de  Florence, 

(ipité  en  mars  1513.  Lorsque,  le  16  septembre 

iî,  les  Médicis  eurent,  à  l'aide  des  Espagnols, 

Iplacé  en  Toscane  le  gouvernement  démocra- 

iC  par  l'oligarchie ,  Capponi  se  fit  remarquer 

tsotn  opposition  au  nouveau  pouvoir.  Dans 

premiers  jours  de  mars  1513,  on  trouva  une 

m  contenant  les  noms  de  dix-huit  ou  vingt  jeu- 

Dj  gens  connus  pour  leur  patriotisme  et  leur 

a  uv  de  la  liberté  :  cette  Uste  était  tombée  de  la 

P  le  de  l'un  d'eux,  Pietro-Paolo  Boscoli,  et  fut 


portée  au  tribunal  criminel  nommé  magistra- 
ture des  huit.  Entièrement  composé  de  créatures 
des  Médicis,  ce  tribunal  crut  voir  sur  ee  papier 
l'indice  d'une  conjuration  ayant  pour  but  d'assas- 
siner Julien  et  Laurent  de  Médicis,  d'autant  plus 
que  Boscoli  avait  déjà  été  noté  pour  quelques  pro- 
pos imprudents.  H  fut  mis  à  la  torture,  ainsi  que 
Capponi,  Nicolas  Machiavel,  et  plusieurs  autres. 
La  violence  des  tourments  infligés  aux  prévenus 
ne  leur  arracha  aucun  aveu  de  conspiration;  mais 
la  plupart  ne  cachèrent  pas  leur  haine  pour  le 
■gouvernement.  C'en  fut  assez  pour  faire  condam- 
ner à  mprt  Boscoli  et  Capponi,  qui  furent  exécutés 
le  lendemain.  Leurs  prétendus  complices  furent 
relégués  en  divers  lieux.  Léon  X  (Jean  de  Mé- 
dicis) les  gracia  peu  de  temps  après. 

Cambi,  Istoria.XXn.  —  FiUppo  de  Ncril,  Commen- 
tari,  VI,  123.  -  Scip.  Ammirato ,  XXIX ,  813.  —  Paul 
Jove,  f^ita  di  Leone  X.  —  Guichardin  , 
talie.  —  f^ita  di  M acchiavelli.- 


Histoire  de  l'I- 
lacopo  Nardi,  Ist.  Fier., 
VI,  268.  —  Sismondi,  Histoire  d,es  républiques  italiennes, 
t.  XIV,  296. 

CAPPONI  {Dominique-Joseph),\iiiéTSiteaT  et 
théologien  italien,  de  l'ordre  des  Dominicains,  vi- 
vait à  Bologne  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle.  On  a  de  lui  :  Johannis-AntoniiFla- 
minii  Epistolxfamiliares  nuncprimum  editae, 
etargumentis,  notis,  autoris  viùa,aliisqueac- 
cessîonibus  illustratas;  Bologne,  1744,  in-8°  : 
Flaminio  d'Imola,  un  des  meilleurs  écrivains 
du  quinzième  siècle,  avait  écrit  en  latin  et  en  ita- 
lien, en  vers  et  en  prose,  sur  les  sujets  les  plus 
différents,  hagiographie,  grammaire,  philosophie, 
littérature,  etc.  Capponi  a  encore  ajouté  la  Uste 
complète  de  tous  les  ouvrages  de  Flaminio. 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*  CAPPONI  (Gino-Angelo  de),  compositeur 
italien,  vivait  à  Rome  en  1654.  On  a  de  lui  un 
recueil  de  Messes  et  de  Psaumes  à  huit  voix , 
avec  un  Mserere  à  neuf  ;  Rome,  1650;— P^aw- 
mes  et  litanies  à  cinq  voix;  Rome,  1654.  — La 
chapelle  Sixtine  possède  eu  manuscrit  une  messe 
et  un  Cantabo  Domino  à  quatre  soprani. 

Bailli,  Mémoires  sur  Palestrina,  315.  —  Kircher,  Mu- 
surgia  universalis,  I,  611.  -  Fétis,  liiographie  univer- 
selle des  Musiciens. 

*  CAPPONI  (Horace),  évêque  de  Carpentras, 
né  à  Florence,  mort  à  Rome  le  29  mars  J622.  Il 
fut  nommé  à  l'évêché  de  Carpentras  en  juillet 
1 596,  et  fit  restaurer  et  embellir  à  ses  frais  les  prin- 
cipaux édifices  de  cette  ville  ;  il  y  créa  un  mont- 
de-piété  en  1622,  et  fit  plusieurs  donations  aux 
hospices  et  à  la  commune.  Le  17  décembre  1597, 
le  pape  Clément  vni  le  nomma :recteur  du  Com- 
tat.  Capponi  a  publié  un  Kecueil  des  ordon^ 
nances,  statuts  et  règlements  concernant 
l'administration  de  la  justice  dans  le  comtat 
Venaissin;  Avignon,  1661,  in-8°. 

Ch.  Cottier,  Notice  sur  les  recteurs  du  comtat  Venais- 
sin. —  Barjavel,  Dictionnaire  de  Faucluse. 

CAPPONI  OU  CAPPONio  (Jean-Baptistc) , 
médecin  et  philosophe  italien,  né  à  Bologne,  mort 
dans  cette  ville  le  16  novembre  1676.  Outre  la 
médecine  et  la  philosophie,  qu'il  professait  à 


631 


CAPPONI  —  CAPPUS 


l'université  de  sa  ville  natale,  il  s'est  encore  oc- 
cupé d'autres  branches  de  la  science,  telles  qu'ar- 
chéologie, critique  httéraire,  histoire,  astrologie, 
en  même  temps  qu'il  cultivait  la  poésie.  On  a  de 
lui  :  de  Othone  suo  xreo  Commentarius  ;  Bo- 
logne, 1669,  in-4''  (sur  une  médaille  en  bronze 
de  l'empereur  Othon ,  qu'il  avait  envoyée  au  roi 
de  France);  —  Animadversiones  in  Joannis 
Caroli  Porcii  opusculum  defebribus  (sous  le 
nom  de  Charisius  Thermarius  Spado,)  ;  il  y  re- 
commande les  bains  et  la  gymnastique  comme  de 
bons  préservatifs  ou  remèdes  contre  les  fièvres  ; 
Bologne,  1 670  :  ce  même  travail  se  trouve  aussi 
dans  les  Prose  de'Academici  Gelati  diBologna; 
Bologne,  1671,  in-4°;  —Memorie,  imprese  e  ri- 
tratti  de'  sign.  Academici  Gelati  di  Bologna; 
Bologne,  1672,  in-4°  (avec  des  planches).  Les 
ouvrages  qui  suivent  sont  tous  posthumes  : 
Lectiones  physicse  morales;  —  de  Morbis  par- 
ticularibus;  —  de  Humano  Semine  nequa- 
quam  animato;  —  de  Erroribus  clarorum 
virorum,  Latinorum;  —  Paradoxon  philoso- 
pMx  democriticse,  etc. 
Éloy,  Dict.  de  la  médec.  —  S<iLK,Onomasticon,  litterar., 

V,  151. 

*  CAPPONI  {Laurent) ,  philanthrope  français 
d'origine  toscane,  vivait  en  1573.  Il  était  allié 
aux  premières  familles  de  Florence.  Forcé  de  s'exi- 
ler à  la  suite  d'une  guerre  civile,  il  vint  s'établir 
à  Lyon,  oîi  il  fit  une  fortune  immense.  L'emploi 
qu'il  sut  en  faire  lui  valut,  de  la  part  des  Lyon- 
nais, le  surnom  de  Père  du  Peuple.  Durant  la  fa- 
mine de  1573 ,  il  donna  la  subsistance  à  quatre 
mille  pauvres.  Lyon  lui  doit  aussi  la  reconstruc- 
tion de  l'église  des  Jacobins. 

Pernelti,  les  Lyonnais  dignes  de  mémoire,  I,  176. 

*  CAPPONI  {Philippe  deNicolo),  médecin  ita- 
lien, natif  de  Florence,  vivait  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Libro  délia  tem- 
peratura  del  corpo  «mano;  Venise,  1556,  in-8°. 

Carrère,  Bibl.  de  la  Médecine. 

*CAPPONi  {Vincent),  poète  italien,  natif  de 
Florence,  où  il  mourut  en  1688.  Il  fit  ses  pre- 
mières études  sous  le  célèbre  GaUlée,  et  voya- 
gea ensuite  dans  les  principaux  pays  de  l'Eu- 
rope. De  retour  en  Italie ,  il  fut  nommé  par  le 
pape  Urbain  VITI  camérier  d'honneur,  avec 
l'espoir  d'avancement  successif  à  la  cour  pa- 
pale ;  mais  son  père  le  rappela  à  Florence,  et  le 
fit  nommer  sénateur.  On  a  de  Capponi,  sous 
le  voile  de  l'anonyme  :  Parafrasi  poetiche  de' 
Salmi  di  David; Florence,  1682,  in-8"  ;—  Trat- 
tati  academici:  di  Dïo,  delV  anima,  delmondo 
e  degli  spiriti,e parafrasi  poetiche  de'  canti- 
leni  délia  S.  Scrittîira;  Florence,  1684,  in-4°. 

Megri,  Scrittori  Fiorent.  —  Paitoni,  Bibl.  degli  Fol- 
garizz,  V,  83,  «19. 

*  CAPPONI  DELLA  PORRETA  {Serafino-An- 
wiôaie),  dominicain  et  théologien  bolonais,  né 
en  J536,  mort  à  Bologne  le  2  janvier  1614.  11 
prit  l'habit  religieux  à  seize  ans',  le  25  octobre 
1552,  et  professa  d'abord  la  métaphysique  dans  sa 
ville  natale,  puis  la  théologie  morale  et  l'Écriture 


sainte  à  Rieti  et  à  Aquila.  Nommé  inspecteui  e 
son  ordre  à  Ferrare,  il  quitta  en  1581  cette  '  e 
pour  Venise.  En  1606,  rappelé  à  Bologne,  v 
demeura  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  :  Sch  i 
super  Compendium  theologicx  veritatts  - 
berti  Magni;  Venise,  1588  et  1590,  in-S"  . 
Elucidationes  formules  in  Summam  sa,  i, 
Thomœ;  Venise,  1588,  5  vol.  in-4";  —  j  > 
theologia  sancti  Thomee  Aquinatis  in  conij  - 
dium  redacta ;Yem&e,  1597,  in-12 ;  —  Verit  s 
aureae  super  totam  legem  veterem ,  tum  ~ 
terales,  tum  mysticx,  per  modum  conch  ■ 
num  e  sacro  textu  mirabiliter  exculptx  ;  ■ 
nise,  1590,  in-fol.  ;  — Prœclarissima  sacroi  \ 
Evangeliorum  Commentaria,  veriîates  ca.  - 
licas  super  totam  legem  novam  conclusioi  % 
instar  continentia,  cum  annotationibus  ,  - 
iualibus  ;  Venise,  1601  ;  — Summa  totius  t  - 
logix  D.  Thomx,  cum  elucidationibus  for  - 
libus;  Venise,  1612,  6  vol.  in-fol.  —  Le  P.  ,  n 
Michel  apubliéla  Fie  de  Serajftno  Capponi,  1  , 
in-4°. 

Échard,  Script,  ord.  Preedicat.,  392.  —  Richard  (  <■ 
raud,  Bibliothèque  sacrée. 

*  CAPPONI  {Gino,  marquis  de),  homme  (  - 
tat  toscan,  né  à  Florence  le  14  septembre  1 
Une  cécité,  fruit  de  longues  études,  l'avait  ^  - 
damné  à  la  retraite,  lorsque  les  événement  e 
1848  vinrent  le  ramener  à  la  vie  active.  Prod 
chef  du  parti  constitutionnel  en  Toscane,  il  i. 
malgré  ses  infirmités,  placé  par  le  gouvernei  li 
à  la  tête  d'un  ministère  de  transition.  Cette  I- 
ministration ,  appelée  trop  tardivement  am  • 
faires,  pressée  par  deux  partis  également  '■ 
lents,  accusée  à  la  fois  de  réaction  et  de  i- 
blesse ,  tomba  devant  l'insurrection  d'oct  [«  I 
1848.  Le  11  octobre   1849,  M.  le  marqui  le 
Capponi  fut  choisi  pour  faire  partie  de  la  <  i- 
mission  gouvernementale  provisoire,   inst  Jû^ 
par  le  gonfalonier,  et  que  vint  dissoudre  le  <  a-  ' 
missaire  extrordmaire  Serristori,  envoyé  p^  |éi 
grand-duc.  Depuis  lors  M.  de  Capponi  a  nls 
sa  retraite  studieuse,  et  achève  une  flisifiX 
des  papes,  conçue  sur  un  nouveau  plan.  Oi  li: 
doit,  entre  autres,  la  création  du  journal  l'A  3- 
logia,  remarquable  par  ses  articles  ; —  un  Ti 
d'Éducation. 

Dictionnaire  de  la  Conversation. 

CAPPUCCINO.  Voy.  Strozzi. 

*CAPPUS  (JeaH-jBo!p^i5^e),  compositeur  i  i- 
çais,  né  à  Dijon,  mort  vers  1770.  Il  était  i 
sionnéde  sa  ville  natale,  et  maître  de  l'Acad'  io 
royale.  On  a  de  lui  :  les  Plaisirs  de  l'Hi  V 
divertissement  en  un  acte ,  représenté  poi  ls 
reine,  au  château  de  Versailles,  le  13  nover  "« 
1730;  —  deux  livres  de  Pièces  de  viole  <  îe 
basse  continue;  Paris,  1730-1793,  in-4°  obi  - 
deux  Recueils  d'airs  sérieux  et  à  boire,  i'' 
ris,  1732,  in-4°  ;  —  Sémélé,  cantate  avec  i  i- 
phonie;  Paris,  1732,  in-fol.;  —  Petite métifO 
de  musique;  Paris,  1747,  in-4''. 

Papillon,  Bibl.  des  auteurs  de  Bourfjogne.   —1 
Biographie  universelle  des  Blusicims. 


:apra  (Alexandre),  architecte  italien,  né  à 
>mone  au  commencement  du  dix-lmitième 
;le,  mort  à  la  lin  du  mûme  siècle.  Il  inventa 
sieurs  machines  utiles,  et  se  fit  connaître 
divers  ouvrages  sur  l'arcliitecture  civile  et 

iitaire.  On  cite  surtout  de  lui  :  Trattato 
la  Geometria  e  délie  Architettura  civil' 
ilitare;  1672-1683,  3  vol.  ia-4";les  planches 
sont  ajoutées  à  cet  ouvrage  lui  donnent  une 
Aine  valeur  encore  aujoui'd'hui. 
ielung.  suppl.  à  JOcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexic— 
1er,  JVeues  AUgemeines  Kilnstler-I.exicon. 
CAPRA  {Fra  Ginsto),  fils  du  précédent,  hy- 
ilicien  italien,  natif  de  Crémone,  vivait  dans 
remière  moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a 
ui  un  ouvrage  très-utile  :  suite  Arginatîire 
iPo. 
gler,  Neues  AUgemeines  Kûnstler-Lexicon. 
CAPRA  (Barthélémy),  jurisconsulte  ethu- 
Jste  italien,  mort  à  Milan  en  1589.  On  a  de 
de  Origine  Romanorum,  commencé  par  Ca- 
et  achevé  par  Octavien  Ferrari  ;  Milan,  1607, 
°;  Padoue,  1676,  in-fol.,  et  dans  Grœvius, 
$es,  vol.  1  ;  —  de  Legibus  Romanorum  et 
ilo  Manutio;  —  de  Tibiis  Romanorum; 
Inscriptiones  II  ad  statuas  summorum 
Hficum  Mediolanensium,  quee  in  collegio 
isperitorum  hujus  urbis  visuntur  ;  —  Ex- 
alio  Physicœ  Arisiotelis. 

^elati,  Bibl.  medic. 

APRA  (Balthazar) ,  astronome  et  philosophe 
en,  né  à  Milan  d'une  famille  noble,  mort  le 
lai  1626  dans  cette  ville.  Quoique  exerçant 
•lédecine  dans  sa  ville  natale,  il  semble  s'être 
iôt  occupé  de  philosophie  et  d'astronomie  que 
'art  de  guérir.  Il  figure  même  dans  l'histoire 
l'astronomie  ;  car  il  voulait  usurper  sur  Ga- 
:  le  titre  d'inventeur  du  compas  de  propor- 
,  et  il  attaqua  ce  savant  dans  un  autre  écrit 

une  nouvelle  étoile  qui  avait  paru  en 
i.  Il  fut  plus  tard  créé  comte  palatin.  On 
le  lui  :  Considerazione   astronomica  so- 

lanuova  Stella  del  1604;  Padoue,  1605  , 
°  ;  —  de  Usu  et  fabrica  Circini  ciçjusdam 
portionis  ;  Padoue,  1606,  in-4°;  et  Bologne, 
5,  in-4°  (inséré  aussi  dans  le  tom.  I**^  des 
tvresde  Galilée,  Padoue,  1744,  in-4°,  avec 
réplique  de  Galilée,  intitulée  Difesa  contra 

calunnie  ed  imposture  di  Raid.  Capra, 
publiée  pour  la  première  fois  par  lui,  Venise, 
7,  in-4°);  —  Tyrocinia  astronomica ,  in 
^pas  non  solum  calculus  eclypsis  solaris, 
fistronomo  magno  Tychone  Brahe  restitu- 
'  clarissime  explicatur,  sed  etiamfacillima 
"*j  thodus  erigendi  et  dirigendi  cœleste  thema 
(-.  ipsius  Ptolemeei  mentem  traditur  ;  Padoue, 


in-4";  —  Disputationes  duae,  una  de 
l 'ca  et  ejus  partibus ,  altéra  de  enthyme- 
'/e;  Padoue,  1606,  in-4°. 

"Sel.iti,  Bibl.  medion.  —  Corte,dei  Medici Milanesi. 
-'  lurnal  des  Savants,  année  1721. 

CAPRA  DE  PÉRocsE  (Bcnoît),  juriscousulte 
>  len,  né  et  mort  àPérouse,  vivait  on  1400.  }\ 


CAPRA  634 

était  très-versé  dans  le  droit  civil  et  canonique , 
et  ses  décisions  étaient  si  respectées,  qu'on  l'avait 
surnommé  VAmate^ir  de  la  vérité.  Entre  autres 
ouvrages,  il  a  fait  des  Commentaires  sur  les  Dé- 
crétâtes et  les  Clémentines. 

Talsand,  Fies  des  plus  célèbres  Jurisconsultes.  —  Trl- 
thôme.  De  Scriptoribus  ecclesiasticis.  —  Possevin,  Bi- 
bliotheca  selecta.  —  Denis  Simon  ,  Bibliothèque  histo- 
rique des  principaux  auteurs  en  droit. 

CAPRA  (Dominique),  hydraulicien  italien, 
natif  de  Crémone,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  il  Vero  Ri- 
paro,  il  facile,  il  naturaleper  ovviare  e  rime- 
diare  ogni  corrosione  o  rovine  difiume  ben- 
che  giudicata  irremediabile  ;  Bologne,  1685, 
in-4"  :  c'est  un  traité  sur  l'art  de  construire  les 
digues.  Nagler  donne  à  cet  ouvrage  la  date  de 
1590,  et  place  ainsi  l'auteur  dans  le  seizième 
siècle. 

Cinelli,  Biblioth,  —  Nagler,  Neues  AUgemeines  KUns- 
tler-Lexicon. 

CAPRA  (Galeazzo-Flavio).  Voy.  Capella. 

CAPRA  ( il/arcei  ou  Michel),  médecin  et  phi- 
losophe italien,  né  au  milieu  du  seizième  siècle 
à  Nicosie,  dans  l'île  de  Chypre;  mort  à  Mes- 
sine dans  les  dernières  années  du  même  siècle. 
Il  fut  contraint,  par  des  circonstances  sur  les- 
quelles Mongitore  ne  s'explique  pas  bien  claire- 
ment, de  quitter  sa  patrie,  où  il  exerçait  sa  pro- 
fession déjà  depuis  quelque  temps,  et  de  passer 
en  Sicile.  Son  premier  lieu  de  séjour  dans  cette 
île  fut  Palerme,  qu'il  échangea  bientôt  contre 
Messine,  où  le  magistrat  lui  conféra,  en  récom- 
pense de  ses  services,  le  droit  de  bourgeoisie. 
Ayant  assisté,  en  1571,  au  combat  du  golfe  de 
Lépante  avec  Jean  d'Autriche,  qui  l'avait  pris 
pour  médecin,  il  revint,  à  l'issue  de  cette  expé- 
dition, terminer  sa  carrière  dans  sa  patrie  adop- 
tive.  On  a  de  lui  :  de  Sede  animse  et  mentis 
ad  Aristotelis  praecepta,  adversus  Galenum; 
Palerme,  1589,  in-4°:  —  de  Immortalitate 
animse  rationalis  juxta  principia  Aristotelis, 
adversus  Epicurum,  Lucretium  et  Pythageri- 
C05  ;  Palerme,  1589,  in-4'';  —  de  Morbi  epide- 
mici  qui  miserrime  Siciliam  depopulabatur 
anno  ià9l ,  itidem^ue  i592 ,  causis ,  sympto- 
matibus  et  euratîone;  Messine,  1594,  in-4''. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula,-t.  III,  p,  28.  —  Manget, 
Biblint/tcca  Scriptorum  medicorum.  —  Éloy,  Dict.  de 
Med.  -■  Biographie  médicale. 

*  CAPRA  (Mariano- Antonio  ),  poëtc italien,  né 
à  Savignagno,  dans  les  États  de  l'Église,  en  1739; 
mort  à  Rome  le  22  octobre  1793.  Il  embrassa 
les  principes  des  philosophes  français  du  dix- 
huitième  siècle,  fut  accusé  d'impiété  à  l'inquisi- 
tion ,  et  détenu  quelque  temps  en  prison.  H  par- 
vint à  s'en  échapper,  et  se  réfugia  près  du  grand- 
duc  de  Toscane  Léopold.  Ayant  fait  sa  paix  avec 
l'inquisition,  il  revint  dans  sa  patrie  sans  pou- 
voir se  soustraire  à  la  misère,  et  alla  mourir 
dans  l'hôpital  du  Saint-Esprit,  à  Rome.  On  a  de 
lui  :  Nottepoetica;  Faënza,  1775;  —  la  Rocca 
di  Lugo  incendiata;  Faënza,  1776  ; — dei  Notti 
poetiche;  Césène,  1777  :  c'est  une  imitation 


635 


CAPRA 


des  Nuits  d'Young  ;  —Pio  VI  aile  paludi  Pon- 
tine;  Rome,  1780;  —  des  satires  et  un  sonnet 
sur  la  mort  de  Voltaire. 

Tipaldo,  Biografla  degli  Ital,  III,  i67, 

CAPRAïs  (saint),  martyr,  né  à  Agen,  dé- 
-  capité  dans  la  même  ville  le  6  octobre  287.  11 
passait  sa  vie  dans  une  caverne  voisine  de  la 
ville,  lorsqu'un  jour  il  aperçut,  dit  la  légende, 
le  supplice  de  sainte  Foy.  11  courut  aussitôt  se 
déclarer  chrétien  à  Dacien,  gouverneur  de  l'Es- 
pagne tarragonaise,  qui  alors  se  trouvait  à  Agen; 
celui-ci  lui  fit  trancher  la  tête.  Vers  le  milieu  du 
cinquième  siècle,  Dulcideou  Dulcice,  évêqued'A- 
gen,  fit  bâtir  une  église  sous  l'invocation  de  saint 
Caprais.  La  vie  de  ce  martyr  a  été  écrite  par  Ber- 
nard Labenazie  ;  Agen ,  1714,  in-12. 

Histoire  littéraire  de  France,  III,  273.  —  Baillet,  Fie 
des  Saints.  —  AndréàeBellecomhe,  Essais  historiques  sur 
l'Agenais,  t.  III,  p.  233. 

CAPRAIS  {saint),  ou  Capraise,  vami  le 
l^'^  juin  430.  Après  s'être  livré  à  l'étude  de  l'é- 
loquence et  de  la  philosophie,  il  renonça  au 
monde,  et  se  retira  dans  une  solitude  des  Vos- 
ges. Là  un  jeune  seigneur.  Honorât,  qui  de- 
puis fut  évêque  d'Arles,  vint  le  trouver.  Ils 
firent  ensemble  divers  pèlerinages.  Arrivés  dans 
l'île  de  Lérins  (Var),  Honorât  fonda  le  célèbre 
monastère  de  ce  nom,  dont  il  ne  consentit  à  être 
le  chef  que  sous  la  direction  de  Caprais. 

Baillet,  Fies  des  Saints.  —  Histoire  littéraire  delà 
France,  t.  III,  373. 

CAPRALis.  Voy.  Cabral. 

CAPRANICA  ( Dominique), cardinal  italien,  né 
à  Capranica,  près  de  Palestrine ,  le  31  mai  1400 , 
mort  le  1'^''  septembre  1458.  Il  fit  ses  études  à 
Padoue  et  à  Bologne,  et  devint  l'un  des  hommes 
les  plus  savants  de  son  temps.  Le  pape  Martin  V 
le  pourvut  de  divers  emplois  importants,  lui 
donna  le  gouvernement  d'Imola,  et  le  fit  cardinal 
en  1426  ;maisce  pontife  étant  mort  en  1431  sans 
avoir  remis  à  Capranica  la  barrette  et  l'anneau, 
marques  de  la  dignité  de  prince  de  l'Église,  les 
autres  cardinaux  refusèrent  de  l'admettre  au 
conclave.  Capranica  adressa  au  nouveau  pape, 
Eugène  IV,  une  protestation  solennelle;  mais, 
au  lieu  d'en  obtenir  justice,  le  pape  fit  ins-' 
truire  contre  lui,  le  dépouilla  de  ses  titres,  et  fit 
saisir  ses  revenus,  rnême  particuliers.  Capranica 
s'adressa  alors  au  concile  de  Bâle,  qui  le  rétablit 
dans  sa  dignité.  Eugène,  mieux  éclairé,. fit  à  son 
tour  des  démarches  pour  apaiser  le  cardinal, 
justement  irrité.  Non-seulement  il  le  confirma 
dans  ses  anciennes  charges ,  mais  il  l'envoya  en 
1443,  comme  légat,  pourchasser  François  Sforce, 
qui  s'était  emparé  de  la  Marche  d'Ancône.  Ca- 
pranica ne  réussit  pas  :  il  fut  vaincu,  blessé,  et 
obligé  de  prendre  un  déguisement  pour  échap- 
per à  l'ennemi.  En  1445,  nommé  au  gouverne- 
ment de  Pérouse ,  il  y  rétablit  l'ordre  et  la  sûreté. 
Nicolas  V  le  prit  en  affection  ;  et,  s'en  étant  servi 
utilement  auprès  d'Alfonse  V,  roi  d'Aragon,  il  le 
récompensa  par  la  charge  de  grand  pénitencier. 
Capranica  a  laissé  :  Italica  constituenda,  ad 


CAPRARA  i 

Alfonsum  regem,  dans  l'Hispania  illustr 
d'André  Schott,  t.  1*'';  —  de  Eatione  ponti/i 
tus  maximi  administrandi  ;  —  de  Actl 
belli  contra  Turcos  gerendi;  —  de  Conteni]  . 
mundi;  Florence,  1477,  in-4'';  traduit  en  ital: 
Florence,  1477,  in-4°,  et  Venise,  1478,  in-4°. 
ouvrage  a  eu  de  nombreuses  éditions  dan:  i 
plupart  des  langues  d'Europe. 

Claconius,  Epitomc  Pontificum  Romanorum.  — 
tina,  de  Fitis  Pontificum.  —  Spunde,  Continuatio  Ai 
lium.  —  Dupin,  Bibliothèque  des  Auteurs  ecclésiastiq  , 
quinzième  siècle.  —  B.  Pogge,  Fie  de  Capranica,    ■: 
Baluze,  MiscelU,  III,  363.  —  .Michel  Catalani,  Fie  de 
pranica;  Fermo,  1793,  in-4°. 

*CAPRA]VO  (Pietro),  prélat  et  savant  ital  , 
né  à  Rome  en  1739,  mort  dans  la  même  vill  > 
24  février  1834.  11  fut  reçu  docteur  en  tliéol  ; 
à  l'université  Grégorienne,  nommé  profes;  r 
d'histoire  ecclésiastique  et  bibliothécaire  di  t 
même  université.  Pie  VII  le  nomma  prélal  o 
la  chambre,  et  secrétaire  de  la  commission  c 
gée  de  la  correction  des  livres  liturgiques  i 
l'Église  orientale.  Léon  XH  promut  Capi  j 
à  l'archevêché  d'Iconium,  le  nomma  secret  f. 
de  la  Propagande,  et  cardinal  en  1828.  E  n 
Pie  Vm  le  fit  préfet  de  la  congrégation  de  1  - 
dex,  poste  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort. 

Henrion ,  Annuaire  biographique. 

CAPRARA  {Albert,  comte  de),  général  e1  - 
plomate  autrichien,  né  à  Bologne  en  1630,  r  ; 
après  1686.  Neveu  du  célèbre  général  Pice  • 
mini,  il  entra,  comme  son  frère  aîné,  au  ser  e 
de  l'Autriche.  Il  combattit  surtout  en  Honj  , 
mais  ne  commanda  jamais  en  chef  des  arin  : 
sa  gloire  a  été  effacée  dans  cette  carrière 
celle  de  son  frère  aîné.  On  connaît  Albert 
tout  comme  littérateur  et  comme  diplomate  ;  <  . 
en  cette  qualité  qu'en  1682,,il  fut  envoyé  ^ 
de  la  Porte  Ottomane  pour  obtenir  la  proloi  - 
tion  de  la  ti'êve;  mais  la  Porte,  excitée  par  s 
révoltés  hongrois  et  transylvains ,  persista  (  i 
ses  prétentions  exorbitantes,  entre  autres  ( 
d'un  tiibut  annuel  d'un  million  de  francs, 
tentions  exprimées  avec  les  formes  les  plus  - 
sultantes.  Le  comte  Caprararevintdonc  sansr(  I- 
tat  dans  la  ville  de  Vienne,  qui,  l'année  suivs  ', 
vit  les  Turcs  sous  ses  murs.  Mais  la  fortune  r 
ayant  été  défavorable,  ils  se  virent,  quelques  i- 
nées  plus  tard,  forcés  de  traiter  avec  le  cabine  e 
Vienne,  qui,  en  1685,  envoya  Caprarapour  1;  ;- 
conde  fois  à  Constantinople.  Après  cette  époi  '. 
il  semble  s'être  retiré  du  service  actif;  car  il  l 't 
plus  question  de  lui.  Ses  ouvrages  sont  sur  t 
des  traductions;  en  voici  les  titres  :  l'Uso  d  ' 
Passioni,  traduit  du  français  du  P.  Senault;  <- 
logne,  1662,  in-8°; — Seneoa,  délia  Glemen  ; 
Lyon,  1664,in-4°; — Seneca,  délia Brevitàd  'i 
Vita,  parafrasi;  Bologne,  1664,  in-12;—  - 
neca,  délia  Collera,  parafrasi;  Bologne,  1 
in-12;  —  il  Disinganno ,  ovvero  il  pas 
délia  nottefelice,  tradotto  dallo  spagnid  > 
Venise,  1681,  in-12;  —  Relazione  del  via;  " 
fatto  a  Constantinopoli,  e  ritorno  in  Ger  '' 


37 


CAPRARA  —  CAPREOLUS 


638 


ta,  dell.  illustr.  conte  Alberto  Caprara,  per 
^attare  la  contimiazione  délia  tregua;  Bo- 
^ne,  1684,  in-12  ;  relation  rédigée,  sur  l'ordre  de 
aprara,  par  son  secrétaire  et  compagnon  Gio- 
mni  Benaglia  ;  elle  lut  traduite  en  allemand , 
lancfort,  1687,  in-8°;  —  quelques  pièces  de 
rconstance. 

Adeliing,  suppl.  ù  Joclier,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 
Hammer,  Histoire  des  Ottomans.  -  Ersch  et  Grii- 
r,  ÀUg,  Encyclop. 

CAPRARA  (  JEnéas-Sylvius,  comte  de),  frère 
I  précédent,  général  allemand,  d'origine  ita- 
flne,  né  à  Bologne  en  1631,  mort  le  3  février 
01.  Il  était  d'une  noble  famille  de  Bologne,  où 
n|)ère,  le  comte  Nicolas  Caprara,  était  séna- 
ir;  le  célèbre  Piccolomini  était  son  oncle,  et 
)ntecuculli  son  parent.  A  la  fin  de  la  guerre  de 
inte  ans,  il  suivit  ce  dernier  en  Suède,  en  Alle- 
igne,  en  Italie.  Il  fit  quarante-quatre  campagnes 
service  de  l'empereur.  Battu  en  Allemagne  en 
74  par  Turenne ,  il  fut  plus  heureux  en  Hon- 
e  en  1683,  et  en  1685  il  enleva  Neuhausel 
X  Turcs.  La  mésintelligence  qui  régna  souvent 
*re  lui  et  les  officiers  placés  sous  ses  ordres 
isit  à  ses  succès  :  on  lui  reproche  aussi  de 
tre  prononcé  dans  le  conseil  inférieur  contre 
pfince  Eugène,  dont  il  enviait  la  gloire.  Ce 
i  lui  fait  plus  d'honneur,  c'est  le  talent  diplo- 
itique  dont  il  fit  preuve  dans  plusieurs  oeca- 
■ns. 

."rsch  et  Griiber,  Allgem.  Eneycl. 

«APRAbA  (Jean-Baptiste),  prélat  et  homme 
(état  italien,  mortà  Paris  en  1810.  Il  étaitnéà  Bo- 
kne  en  1733,  fils  de  François,  comte  de  Monte- 
fcuHi  ;  mais  il  porta  toujours  le  nom  des  Ca- 
ara,  l'une  des  maisons  les  plus  célèbres  d'I- 
ie,  dont  sa  mère  était  le  dernier  rejeton.  Jeune 
core,  il  entra  dans  l'Église.  Son  mérite  et  la 
nnaiâsance  toute  spéciale  qu'il  avait  du  droit 
litique  fixèrent  sur  lui  l'attention  dn  pape  Be- 
'îtXIV,  qui  le  nomma  vice-légat  à  Ravenne, 
l-Oiqu'il  ne  fût  pas  encore  âgé  de  vingt-cinq  ans. 
us  le  pape  Clément XllI,  Caprara  fut,  en  1767, 
Toyé  à  Cologne  avec  le  titre  de  nonce  ;  en  1775, 
leVI  le  fit  passer  à  Lu  cerne  en  la  même  quafifé. 
1 1785  il  eut  la  nonciature  de  "Vienne,  où  il  se  fit 
mer  par  sa  bienfaisance.  Nommé  cardinal  en 
'92,  il  revint  l'année  suivante  à  Rome,  et  passa, 
1 1800,  à  l'évêché  d'Iesi.  Dans  un  moment  de 
isette,  au  milieu  d'un  froid  cruel,  il  fit  les  plus 
méreux  sacrifices  pour  secourir  le  troupeau 
knt  la  direction  lui  était  confiée.  En  1801,  il 
i  nommé  légat  auprès  de  la  république  fran- 
cise, dirigée  par  Napoléon  Bonaparte,  premier 
>nàtil.  11  s'acquitta  d'une  manière  remarquable 
sa  mission,  qui  avait  pour  but  l'adoption  du 
kncordat  et  le  rétabfissement  du  culte  catho- 
i|ue  en  France  ;  il  constata  solennellement  ce 
itablissement,  en  célébrant,  le  jour  de  Pâques 
Kii,  la  messe  dans  l'église  Notre-Dame  de  Pa- 
ii,  en  présence  des  principales  autorités.  C'est 
fi  qui  sacra  Napoléon  roi  d'Italie,  à  Milan,  en 
f05.  Pendant  neuf  ans  il  eut  des  relations  très- 


fréquentes  avec  le  gouvernement  français,  et 
mourut  à  Paris,  aveugle  et  infirme,  mais  entouré 
d'une  grande  considération.  Il  fut  inhumé  dans 
l'église  Sainte-Geneviève,  en  vertu  d'un  décret 
impérial.  On  a  de  ce  prélat  :  Concordat  et  re- 
cueil des  bulles  et  brefs  de  N.  S.  P.  le  pape 
Pie  Vif  sur  les  affaires  de  l'Église  de  France; 
Paris,  an  x  (1802), in-8°,  avec  tableau.  [Enc. 
des  g.  du  m.  ] 

Bourgoing,  Mémoires  de  Pie  f^l.  —  Moniteur,  1 
brumaire  an  viii  et  19  germinal  an  ix. 

CAPRE  (jPra«fo«5),  jurisconsulte  et  histo- 
rien savoisien,  mort  en  1705.  Il  était  président 
de  la  chambre  des  comptes  de  Savoie.  On  a 
de  lui  :  Catalogue  des  chevaliers  de  VAnnon- 
ciade  de  Savoie,  depuis  sou  institution  par 
Amédée  VI  jusqu'à  Charles-Emmanuel,  suivi 
d'un  T7'aité  du  Saint-Suaire  de  Turin;  Tu- 
rin, 1654,  in-fol.  ;  —  Traité  historique  de  la 
chambre  des  comptes  de  Savoie;  Lyon,  1662, 
in-4'' ,  avec  142  gravures. 

Fellcr,  Dictionnaire  historique. 

CAPREOLE  OU  CAPREOLUS  (Jean),  théolo- 
gien et  dominicain  français ,  né  dans  les  environs 
de  Rodez ,  mort  dans  cette  ville  en  1444.  U  entra 
dans  l'ordre  de  Saint-Dominique  à  Rodez ,  vint 
enseigner  à  Paris  en  1409,  et  y  prit  ses  licences  en 
1411.  Il  soutenait  si  heureusement  la  doctrine  de 
saint  Thomas ,  qu'il  fut  surnommé  le  prince  des 
Thomistes.  Ses  supérieurs  l'envoyèrent  à  Tou- 
louse présider  aux  études  de  son  ordre.  On  a 
de  Capreole  :  quatre  hvres  de  Commentaires 
sur  le  Maître  des  sentences,  et  une  Défense  de 
la  doctrine  de  saint  Thomas  ;  Venise,  1483, 
in-fol. 

ÉcJiard,  Scriptores  ordinis  Prsedicatorutn .  —  Richard 
et  Giraud,  Bibl.  sacrée. 

CAPREOLE  OU  CAPREOLUS  (  Andréa),  i\iéo- 
logien  et  canoniste  itafien,  né  à  Brescia  en 
1571.  On  a  de  lui  un  Traité  des  cas  ecclésias- 
tiques; Brescia,  1571. 

Dupin,  TaUe  des  Auteurs  ecclésiastiques,  seizième 
siècle,  p.  933.  —  Richard  et  Giraud,  Bibl.  sacrée. 

CAPREOLE,  CAPREOLUS  OU  CAVRIOLO 

(Élie),  jurisconsulte  italien,  natif  de  Brescia, 
mort  en  1519.  On  a  de  lui  :  Chronica  de  Ré- 
bus Brixianorum  ad  smatum  populumque 
Brixianum  opus,  oirvrage  imprimé  dans  le  The- 
saurus  Antiquitatum  Italise  de  Bui-mann,  et 
traduit  en  italien  par  Spini;  Brescia,  1585,  in-4°; 
—  de  Confirmatione  christianse  fldei  ;  Bres- 
cia, 1499,  in-4"  ;  —  Defensio  statuti  Brixien- 
sium;  —  de  Ambitione  et  Sumptibus  /une- 
rum  minuendis. 

Leandro  Albertl,  Descriptio  Italix.  —  Le  Mire,  Scrip" 
tores  XF'III  sœculi. 

CAPREOLUS,  évêque  de  Carthage,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  cinquième  siècle  (1). 
II  prit  une  part  active  aux  disputes  qui  agitèrent 
l'Église  à  cette  époque ,  et  il  combattit  les  opi- 
nionsdes  hérétiques  dans  divers  écrits,  dont  deux 
seulement  sont  venus  jusqu'à  nous:  une  lettre 

(1)  Du  septième  siècle,  d'après  la  Biogr.  univers. 


639  CAPREOLUS 

en  grec,  adressée  au  synode  d'Éphèse,  et  une  épî- 
tre  aux  Espagnols  Vital  et  Constance  contre  la 
doctrine  de  Nestorius.  On  les  trouve  dans  les 
recueils  de  Conciles  publiés  par  Labbe  et  Har- 
douin,  et  dans  la  Bïblioth.  des  Pères.    G.  B. 

fjve ,  Scriptorum  ecclesiasticorum  Historia ,  t.  I, 
p.  420.— Dupin,  Bibl.  des  Auteurs  ecclésiastiques,  t.  IV, 
p.  49.  —  D.  Ceillier,  Hist.  des, auteurs  sacrés  et  ecclésias- 
tiques, t.  XIII,  p.  496. 

*  CAPREOLUS  (Jacques  ),  philosophe  et  ma- 
thématicien français,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Arithvietica  ;  Paris,  1622,  in-4°  ;—  de  Sphasra  ; 
Paris,  1623,  1629  et  1640,  in-8°;  —  Omtio 
cardinali  Lugdunensi  Alphonso  Richelio,  ha- 
bita an.  1647  in  auditorio  regio  Cameracensi; 
1647,  in-S"  ;  —  Disputatio  de  libero  Arbitrio  ; 
Paris,  1649,  in-4°. 

Lelong,  Bibliothèque  historique  de  la  France. 

CAPRETA  ou  CAPRETTA  {Gaudenzio-Erich), 
canoniste  italien,  né  à  Venise  le  22  novembre 
1730,  mort  à  Parme  le  11  novembre  1806.  II 
enseigna  la  théologie  à  Florence,  à  Pavie,  et  enfin 
à  Parme.  On  a  de  lui  :  Gustavus  III,  Sueciee 
rex,  regiae  potestatis  restitutor  ac  publicx 
tranquillitatis  assertor;  Parme,  i784  :  cet 
ouvrage  fut  présenté  par  l'auteur  à  Gustave  III, 
roi  de  Suède,  lors  de  son  passage  à  Parme. 

Bellomo,   Oraison  funèbre  de  Caprerta  ,•  Venise,  1806. 

*CAPRiANO  ( /ean-jPierre  ),  littérateur  ita- 
lien, natif  de  Brescia,  vivait  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  délia  vera  Poe- 
tica  libro  uno;  Venise,  1555,  in-4°. 

Cinelli,  Bibl. 

CAPRiATA  (  Pietro-Giovanni  ) ,  juriscon- 
sulte et  historien,  natif  de  Gênes,  mort  vers 
1660.  Outre  son  talent  d'avocat,  il  réussissait  sur- 
tout, suivant  Paulus  Amantius,  à  terminer  les 
procès  par  la  voie  de  conciliation.  Comme  his- 
torien, ses  travaux  sont  estimables  par  leur  net- 
teté et  leur  exactitude.  On  cite  de  lui  ;  :  Istoria 
sopra  i  movimenti  d'  arme  successi  in  Italia 
delV  anno  1613^no  al  1646  ;  2  parties,  Gênes, 
1644-1648,  in-8". 

Eayle,  Dictionnaire  critique.  —  Soprani,  Scrit.  Li- 
guri.  —  Oldoin,  Athenxum  liguric. 

*CAPRicoRNus  ou  STEiNBOCR  {Samuel), 
musicien  allemand,  vivait  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Raptus 
Proserpinee ;  Stuttgard,  1662,  in-4°;  —  Opus 
aureum  Missarum  ad  6,  10  et  12  ;  —  Sonus 
redactus  cum  Basso  ad  Or^anwm;  Francfort, 
1670,  in-fol.  ; — Neu-angestimmte  und  erfreu- 
liche  Tafel-Musick  mit  2,  3,  4  and  5  Vo- 
kalstimmen  und  Basso  continuo  (  Nouvelles 
chansons  bachiques,  mises  en  musique  à  2,  3,  4 
et  5  voix,  et  à  basse  continue  )  ;  Francfort,  1670, 
in-fol.;  —  Theatri  musici  pars  prima  auctior 
et  correctior;  Wurzbourg,  1670,  in-fol.;  — 
Continuirte  neu  -  angestimmte  und  erfreu- 
liche  Tafel-Musik  (  Suite  des  chansons  à  boire 
mises  en  musique)  ;  Dillingen,  1671,  in-fol. 
.  Gerbcr,  Kitnstler- Lexicon. 

*cAPRiNi  ou  cwRiTSvs  (Gian- Antonio), 


—  GAPUA  6<( 
théologien  et  philosophe  napolitain,  né  à  ÀquiJ; 
en  1614. 11  appartenait  à  la  compagnie  deJésus,e 
fut  professeur  de  belles-lettres  et  de  philosophi) 
dans  plusieurs  maisons  de  son  ord  re,  et  recteur  di 
divers  collèges.  Il  a  publié,  sous  le  pseudonymi 
de  Siderius  Léo  :  Apes  Barberinx  universi 
philosophia  ;  —  de  Motu  Trepidationis  terrœ 

—  Lux  philosophica. 

Bayle,  Dict.  histor.  —  Alegambe,  Bibl.  Script,  socici 
Jestt.  —  Toppi,  Bibl.  Napolet. 

CAPRONA  (  Arcangelo  de  ) ,  franciscain  e 
prédicateur  sicilien,  né  à  Palerme,  mort  à  Tra 
pani  en  1577.  Il  entra  à  dix-huit  ans  dans  u 
couvent  de  capucins,  malgré  l'opposition  de  s 
famille.  Il  prêcha  avec  talent  dans  les  principale 
villes  de  Sicile,  et  fonda  à  Trapani  trois  confré 
ries  de  son  ordre  et  un  hôpital  public.  On  a  d 
lui  :  Statuta  et  Documenta  pro  confraterm 
tatîbus  domus  hospitalis  Montis  Pietatis  t 
MisericordicC  in  civitate  Drepanensi. 

Mongitore,  Bibliotheca  Sicula.  —  Richard  et  Girau 
Bibl.  sacrée. 

*  CAPSics  (  Henri  ) ,  théologien  luthérit 
allemand,  né  à  Gorden,  près  de  Ritzebuttel,  dai 
le  duché  de  Holstein;  mort,  le  9  mai  170f 
à  Burg  (dans  la  même  contrée).  Après  avo 
étudié  à  Wittemberg,  il  fut  élu  en  1670  pa 
teur  à  Burg,  où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  C 
a  de  lui  :  Disputatio  de  lonse  diaplo  tkala 
sio;  "Wittenberg,  1659  et  1667,  in-4°;  —  Dis 
de  MysterioVerbi;  Wittenb.,  1659,  in-4°;- 
Disp.  de  Papistarum  Consensu  ;  Wittenber 
1660,  in-4°. 

Adelung,  supplément  à  Jochcr,  AUgem.  Celehrle 
Lexicon. 

CAPTAL.  DE  BUCH.  Voy.  Grailly. 

CAPCA  {Andréa  da),  jurisconsulte napolitai 
vivait  en  1282.  U  était  avocat  fiscal  à  Naples, 
a  écrit  sur  le  Digeste ,  le  Code  et  les  Constit 
tions  de  Naples. 

Moréri ,  Dict.  hist. 

CAPUA  (  Bartolomeo  da  ) ,  jurisconsulte  r; 
politain,  mort  en  1300.  Il  occupa  longtemps  i 
emplois  les  plus  élevés  du  royaume  de  Napli 
On  a  de  lui  :  Glossse  ad  Constitutiones  rey 
Neapolitani ;  Venise,  1594, in-fol. ;  —  Sing 
laria  juris;  Francfort,  1596,  2  vol. 

Denis  Simon,  Bibl.  hist.  des  Auteurs  de  Droit.— ^ 
rérl,  Dict.  hist. 

CAPCA  ou  Di  CAPOA  {Leonai'do  ),  médei 
napolitain,  né  à  Bagnolo  en  1617,  mort  le 
janvier  1695.  Il  étudia  d'abord  la  philosophie 
la  théologie  chez  les  jésuites ,  et  s'appUqua  ( 
suite  à  la  jurisprudence,  qu'il  abandonna  à  s 
tour  pour  la  médecine.  Ce  fut  alors  qu'il  appril 
grec,  afin  de  pouvoir  lire  dans  leur  langue  Hipi 
crate,  Galien,  etc.  En  1630,  il  revint  à  Bagno 
mais  ayant  été  impliqué  dans  un  assassinat,  il  s' 
fuit  à  Naples,  oii,  quelques  années  après,  il  foi 
l'Académie  des  Investigati,  destinée  particulic' 
ment  aux  progrès  de  la  médecine.  Capua  ins[i 
à  cette  académie  son  goût  pour  la  chimie,  et 
môme  temps  son  aversion  pour  la  médecine 


6Jt  CAPUA 

I  Ionique.  Imbu  d'ailleurs  d'un  pyrrnonismc  outié, 

I  il  fit  consister  ses  recherches  à  prouver  com- 

I  l)ien  il  y  avait  d'incertitude  dans  la  médecine  et 

>  lans  l'efficacité  des  remèdes.  Cette  opinion  lui 

ittira  la  haine  de  ses  confrères  et  en  partie  celle 

lu  [lublic, qu'il  privait  d'une  ressource  précieuse, 

'cs|i(uance.  Capua  se  mitau-dessus  des  reproches 

tout  on  l'assaillit,  et  se  crut  amplement  dédom- 

iiat;c  par  l'estime  de  la  reine  Christine  de  Suède, 

t  par  la  place  que  l'Académie  des  Arcades  de 

loine  lui  accorda  dans  son  sein,  sous  le  nom 

Wlccslus  Cillenhis.  Capua  a  laissé  :  Lezioni 

ii/Di-no  alla  natura  délie  Mofette;  Naples, 

(■.«o,  in-4°,  et  1714,  in-S";  — Raggïonamenti 

■\torno  alla Incertezza  de'  Medicamenti ;  Na- 

les,  1689  et  1695,  in-4'';—  Del  parère  del 

'gnor  Lionardo  di  Capua,  divisato  in  otto 

iggionamenti,  ne'quali  narrandosiV origine 

il  jirogresso  délia  medicina ,  V  incertezza 

Ma,  medesima    si  fa    manifesta;  Venise, 

381,  10-4°;  Naples,  1689  et  1695,  in-4°;  1714, 

vol.  in-8°  ;  en  anglais,  Londres,  1684,  in-8°; 

-  Vita  Anclrese  Cantelmi  cardinalis;  Naples, 

)93,  in-4°.  La  vie  dé  Capua  a  été  écrite  par 

.  Amenta,  et  son  éloge  par  Hyacinthe  Girama 

Nicolas  Crescenzio. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  médecine. 
*CAPUGNANO  {Jérôme  -  Jean  de),  théo- 
logien italien,  natif  de  Venise,  vivait  en  1646.  Il 
ilaissé,  entre  autres  ouvrages  :  Offic'mm hebdo- 
adae  sanctœ,  per  magistrum  Hieromjmum- 
mnninum  a  Capugnano,  instituti  prœdica- 
n{m;Venise,1636,in-16.  Cetopuscule confirme 
i  fait  rapporté  par  Maximilien  Misson  dans  son 
miveau  Voyage  d' Italie {Isl  Haye,  1702,  3  vol. 
12) ,  et  révoqué  en  doute  par  le  P.  Labat ,  sa- 
ftir,  qu'à  l'époque  où  vivait  Capugnano  on  offrait 
tcore  à  Gênes,  à  la  vénération  des  fidèles ,  la 
aeue  de  l'âne  sur  lequel  Jésus-Christ  avait  fait 
n  entrée  triomphante  à  Jérusalem ,  relicpie 
pnservée  sans  art  humain,  fraîche  et  incorrup- 
^le  :  Degno  è  ancora  di  sapere ,  corne  la 
(do  d'  une  di  quel  animali ,  in  questo  atto 
ioperati  del  Signore,  senza  arte  humana, 
icorriittibile  si  conserva  oggidi  in  Genoa, 
fessa  i  miei  padri  di  San  DoinenicOjfaeiendo 
W  remtmbranza  délia  umilità  cK'  ebbe  il 
kliuol  d'Iddioper  noi  in  questa  entrata,  etc. 
phaudon  et  Delandinn  ,  Dictionnaire  universel. 
'*CAPURO  {Francesco),  peintre  génois,  vivait 
^rs  1634.  Il  passa  une  grande  partie  de  sa  vie 
iModène,  où  il  travailla  presque  constamment 
iur  la  cour  :  aussi  ses  productions  publiques 
Welles  rares.  Il  alla  ensuite  à  Naples ,  où  il 
lécuta  divers  ti-avaux  sous  la  direction  de  l'Es- 
Ignolet.  Capuro  emprunta  beaucoup  au  coloris 
ce  maître,  sans  pourtant  négliger  la  correction 
I  dessin  et  l'heureuse  composition  de  Fiasella, 
1  premier  maître.  Il  composa,  en  suivant  cette 
jurière,  des  tableaux  en  demi-figures  qui  ont  con- 
Ibué,  plus  que  tous  ses  autres  ouvrages,  à  éta- 
■r  sa  réputation. 

KOUV.   BIOGR.   UNIVERS.   —  T.  VIII. 


—  GARA 


642 


Raffacllo  SopranI,  file  de'  Pittori  Genovesi.  -«■  Lanzi, 
Storia  pittorica. 

*  cximnoji  {Joseph),  médecin  français,  né  à 
la  Roque  Saint-Scrvien  en  1767,  mort  vers  1849. 
11  fit  ses  études  à  la  facilité  de  Montpellier,  où  il 
devint  ensuite  professeur.  Il  se  fit  recevoir  en  1 801 
à  la  faculté  de  Paris,  dont  il  fut  agrégé  libre.  On 
a  de  lui  :  JSova  médicinal  Elcmenta;  1804  et 
1812,  in-8";  — Aphrodisiographie,  ou  Tableau 
de  la  maladie  vénérienne;  1807,  in-8'';  — 
Nouveau  Dictionnaire  de  Médecine.,  Chirur- 
gie, Chimie,  Botanique  et  Art  vétérinaire, 
en  collaboration  avec  Nysten;  1810,  iu-8'';  — 
Cours  théorique  et  pratique  d' Accouchements; 
181 1  et  1816,  in-8°  ;  —  Traité  des  Maladies  des 
Femmes;  1812,  in-8°;  —  Traité  des  Maladies 
des  Enfants;  1812,  in-8°  ;  — Manueldes  Dames 
de  Charité;  1816,  in-12.  Ces  ouvrages  ont  tous 
été  pubhés  à  Paris. 

Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France,  — 
Les  Médecins  de  Paris  jugés  par  leurs  œuvres.  — 
Bioçiraphie  des  Contemporains. 

*CAPUTï  {Octave),  littérateur  italien,  natif 
de  Cosenza,  vivait  à  la  fin  du  seizième  siècle.  On 
a  de  lui  :  la  Pompa  funerale  fatta  in  Napoli, 
neir  esequie  del  catolico  re  Filippo  II  di 
Austria;  Naples,  1599,  in-4°. 

Gotz,  Merkwiirdigkeiten  der  Dresdner  Bibliothek 
(Curiosités  delà  Biblioth.  de  Dresde),  III,  244.  —Clément, 
Bibl.  cur.,  VF,  241 . 

*CAPUTi  {Antoine),  biographe  italien,  de 
l'ordre  des  Capucins,  natif  de  la  Fouille,  vivait 
dans  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  a  de 
lui  :  la  Vita  del  P.  Archangelo  Scoto ,  capuc- 
ci«o  ;  Naples,  1050,  in-12;  Bologne,  1656,  iii-12; 
—  la  Vita  délia  S.  Febronia  vergine;  Ve- 
nise, 1660,  in-12. 
Bcrnardo  a  Bononia,  Bibliotheca  Capuccin. 

*CAPïJZZi  {Antonio),  compositeur  italien, 
né  à  Brescia  en  1740.  Il  était  im  des  meilleurs 
élèves  de  Tartini,  et  reçut  des  leçons  de  composi- 
tion de  Bertoni.  En  1796,  il  fit  un  voyage  à  Lon- 
dres, où  il  composa  plusieurs  ouvrages.  A  son 
retour, il  devint  professeur  de  violon  de  l'Institut 
musical  de  Bergame,  et  directeur  de  l'cychestre 
de  Sainte-Marie-Majeure.  On  a  de  lui  :  la  Villa- 
geoise enlevée ,  haMet  ;  Londres,  1796;  trois 
recueils  de  Quintetti  (Venise);  deux  de  Qiia- 
tuor  (Vienne),  et  deux  concertos  pour 'violon; 
Bologne,  1812. 

Dictionnaire  des  musiciens  (  1810),  —  Fétis,  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens. 

CARA  {Pierre,  comte  de),  littérateur  et  juiis- 
consulte  italien ,  né  à  Saint-Germain ,  près  de 
Vereeil,  en  Piémont,  vivait  dans  la  seconde  moi- 
tié du  quinzième  siècle.  On  a  de  lui  :  Pétri  Cane, 
jurisconsulti  clarissimi  et  in  Pedemonte  se- 
natoris  et  illustrissimi  duci  Sabaudix  consi- 
larii,  Orationes  etEpistolse;  Lyon,  1497,  in-4°. 
Adelung  cite  une  seconde  édition  de  cet  ouvrage, 
sous  le  titre  de  :  Orationes,  accedunt  eplstolse 
ab  ipso  et  ad  ipsum  scriptœ,  castigatse  ab 
Joh.  Bremia;  Turin,  1520,  in-4o. 
i  Catal.  de  l  a  Bibl.  imp.  de  Paris.  —  Adelung,  supplé- 
ment à  Jucher,  Allgemeines  Gelehrten-Lexicon. 

21 


643 


CARA-YOUSOUF  —  CARA-MOUSTAPHA 


d'U. 


CARA-YocrsoïJF,  premier  prince  de  la  dynas- 
tie turcomane  du  Mouton-Noir,  vivait  au  com- 
mencement du  quinzième  siècle.  Fils  de  Cara- 
Mohammed,  commandant  d'une  horde  de  Tur- 
comans  au  service  d'Aveis,  sultan  de  Bagdad,  il 
fat  d'abord  un  chef  de  brigands  plutôt  qu'un 
souverain.  Placé  dans  le  Diarbekir,  au  pied  des 
montagnes  de  l'Arménie,  toujours  prêt  à  dévas- 
ter les  plaines  de  l'Irak,  il  se  rendit  redoutable 
aux  habitants  des  bords  de  l'Euphrate,  et  surtout 
aux  caravanes  de  la  Mecque.  L'approche  de  Ti- 
mour-Leng,  déjà  maître  de  Bagdad,  le  força,  en 
1394,  à  quitter  Alandschik,  sa  résidence ,  et  à 
s'enfuir  dans  les  montagnes.  Dès  que  Timour  se 
fut  éloigné  pour  de  nouvelles  expéditions,  Cara- 
Yousouf  s'unit  à  Ahmed-Dschelair,  sultan  de  l'I- 
rak, qui  avait  trouvé  un  refuge  auprès  de  Ber- 
kuk,  sultan  d'Egypte,  et  venait  de  rentrer  à  Bag- 
dad. Le  retour  du  conquérant  tartare  força  le 
prince  turcoman  et  son  allié  à  s'enfuir  encore 
une  fois.  Ils  se  sauvèrent  d'abord  en  Syrie  ;  et 
comme  Timourtasch,  commandant  militaire  d'A- 
lep  pour  Berkuk,  s'opposait,  les  armes  à  lamain, 
à  la  continuation  de  leur  fuite  vers  l'Egypte, 
ils  se  rendirent  tous  deux  à  la  cour  du  sultan 
Bajazeth-llderrim  en  1400.  L'asile  accordé  à  ces 
princes  fugitifs  fut  une  des  causes  de  la  guerre 
entre  Timour  et  Bajazeth.  Les  Osmanlis  furent 
complètement  battus  à  la  bataille  d'Angora  (  An- 
cyre),  le  19  de  zulcada  de  l'an  804  de  l'hégire 
(  18  juin  1402  )  ;  mais  Timour  survécut  moins  de 
trois  ans  à  sa  victoire.  Cara-Yousouf  reprit  sur 
les  fils  du  conquérant  le  Diarbekir  ,  le  Kurdis- 
tan ,  l'Aderbidjan  et  une  partie  de  l'Arménie  et 
de  la  Géorgie,  et  enleva  l'Irak  à  Ahmed-Dsche- 
lair, qui  fut  tué  dans  la  lutte  en  1410.  Là  s'ar- 
rêtèrent les  succès  de  Cara-Yousouf;  il  rencon- 
tra dans  Schah-Rokh,  fils  de  Timour,  un  redou- 
table adversaire,  et  mourut  dans  son  camp 
d'Aougian,  près  de  Tauris,  l'an  823  de  l'hégire 
(1520),  laissant  deux  fils,  Iskander  et  Djehan- 
Schah,  qui  se  disputèrent  ses  États  ;  le  dernier 
l'emporta,  grâce  à  l'appui  de  Schah-Rokh,  mais  il 
fut  vaincu  à  son  tour  vers  1466  par  Ouzouz- 
Hassan,  chef  de  la  tribu  turcomane  du  Mouton- 
Blanc. 

De  Hammer,  Histoire  de  l'Empire  Ottoman.—  CheriJ- 
Eâà]n-Al\,  Histoire  de  Timoiir-lieg,  traduite  en  fran- 
çais par  Petit  de  la  Croix.  —  Raschld-Eddin,  Histoire 
des  Mongols  de  la  Perse,  traduite  eu  français  par 
M.  (Juatremère.  —  IVHerbelot,  Bibliothèque  orientale. 

CâRA-YAZiDJi-ABDUL,-HAi.ïM,  chef  de  re- 
belles sous  Mahomet  III,  mort  en  1602.  Les 
troupes  soldées  qui,  à  Keresztes,  n'avaient  pas 
répondu  à  l'appel  du  grand  vizir  Djighala,  et  que 
celui-ci  avait  flétries  du  nom  deflrari  (fuyards), 
s'étaient  réfugiées  dans  l'Asie  Mineure.  Cara- 
Yazîdji,  alors  buluk-baclii  (colonel)  des  Seg- 
bans,  se  mit  à  leur  tête.  Il  se  faisait  passer  pour 
un  prince  de  l'antique  maison  des  Benou-Ched- 
dad,  etprétendaitqueleprophètelui  avait  promis 
en  songe  l'empire  de  l'Anatolie.  Suivi  d'une  foule 
d'aventuriers  et  de  brigands,  il  s'empara  deRoha 


(  Édesse),  et  parvint  à  gagner  à  sa  cause  Hussein 
Pacha,  que  le  sultan  envoyait  contre  lui.  Forc( 
de  capituler  dans  Roha  faute  de  vivres,  il  fit  se; 
conditions,  s'assura  le  gouvernement  d'Amassia 
et  livra  à  ce  prixHussein-Pacha,fqui  fut  condui 
à  Constantinople  et  périt  dans  les  tortures.  Cara 
Yazidji,  au  lieu  de  se  rendre  à  Amassia,  per 
sista  dans  la  révolte,  se  réunit  à  son  frère  Deli 
Hussein ,  gouverneur  de  Bagdad ,  et  battit  corn 
plétement  l'armée  ottomane,  commandée  par  le 
vizirs  Haçan  et  Hadji-Ibrahim.  Enorgueilli  pa 
sa  victoire,  il  s'arrogea  tous  les  droits  de  la  sou 
veraineté,  se  forma  une  cour,  et  se  donna  le  titr 
de  Halim-Châh  (  toujours  victorieux  )  :  ceper 
dant  il  fut  battu  à  son  tour  par  Sokolli-Haçac 
Pacha  à  SepetU,  près  d'Elbistan,  et  se  réfugi 
dans  les  montagnes  de  Djamik,  sur  les  bords  c 
la  mer  Noire.  Il  mourut  bientôt  (1601),  et  fut  ren 
placé  par  son  frère  Deli-Hussein  :  celui-ci  fit  t 
soumission  en  1603,  et  reçut  en  récompense 
gouvernement  de  Bosnie.  Il  marcha  de  conce 
avec  le  séraskier  Mohammed-Pacha  contre  Pes 
et  eut  avec  les  Impériaux  des  engagements  dai 
lesquels  il  perdit  six  mille  hommes.  A  la  fin  ( 
la  campagne  il  fut  chargé  de  la  défense  d'Essel 
puis  transféré  au  gouvernement  de  Temeswa 
Il  s'y  rendit  odieux  par  ses  extorsions  et  s 
violences.  Le  grand  vizir,  qui  désirait  se  débarra 
ser  de  lui,  provoqua  un  mouvement  des  hal 
tants,  qui  tombèrent  sur  le  gouverneur  un  jo 
qu'il  se  rendait  à  la  chasse,  et  massacrère 
presque  tous  les  hommes  de  sa  suite.  Deli-Hu 
sein  se  sauva  à  Belgrade,  et  fut  condamné  à 
peine  capitale  en  1605,  comme  coupable  d'av( 
offert  au  pape  de;  lui  livrer  une  ville  daims 
moyennant  100,000  ducats.  Malgré  la  mort 
ses  deux  principaux  chefs,  l'insurrection  des  1 
rari,  une  des  plus  graves  qui  eussent  éclaté  i 
puis  la  fondation  de  l'empire  ottoman,  devh 
pendant  trente  ans,  une  source  de  divisions  i 
testines,  et  fut  sur  le  point  de  soustraire  l'A; 
à  la  domination  des  Osmanlis. 

ne  Hammer,  Histoire  de  Vempire  Ottoman,  1.  XLJ 
XLII.  — Jouannin  et  J.  Van  Graver,  Turquie,  dans  V 
Hivers  pittoresque. 

CAKA-MOUSTAPHA,  grand  vizir  de  Mal 
met  rv,  né  à  Merzisour  en  1634  (1044  de  l'hé 
re),  mis  à  mort  à  Belgrade  le  26  déc.  1683  (6mi 
harrem  1095).  Fils  de  Ouredj-Bey,  capitaine 
spahis  tué  devant  Bagdad ,  il  dut  un  avaui 
ment  rapide  à  l'amitié  du  grand  vizir  Kupn 
Mohammed,  qui  le  fit  élever  avec  son  proj 
fils  Ahmed ,  et  le  désigna  à  la  place  de  gra 
écuyer  en  1661.  Cara-Monstapha  était  caima(i 
lorsqu'il  fut  nommé  grand  vizir  en  1676  (108 
après  la  mort  de  son  beau-frère  Ahmed-Pacl 
mais  il  ne  fit  preuve  que  d'orgueil,  d'avarice  et 
cruauté  dans  ce  poste,  où  les  deux  Kupruli  aval 
déployé  tant  de  talent  et  de  vertu.  Il  eut  pi 
que  dès  le  début  de  son  ministère  une  vive 
tercation  avec  l'ambassadeur  français,  M.' 
Nointel,  qui  refusa  de  s'asseoir  au-dessous» 


i- 


(iJ;5 


CARA-MOUSTAPHA  —  CARACALLA 


046 


sopha  sur  lequel  était  placé  le  grand  vizir,  et 
iiioiiaça  de  quitter  Constantinople.  Cara-Mous- 
lapha,  en  rendant  compte  au  sultan  de  la  con- 
iuite  de  M.  de  Noiutel,  prétendit  qu'elle  n'avait 
ien  d'étonnant  chez  des  Français ,  qui ,  dit-il , 
}nt  toujoxcrs  fait  des  folies.  Un  autre  ambas- 
;adeur  de  France,  le  comte  Joseph  de  Guillera- 
;ues,  n'eut  pas  moins  à  se  plaindre  de  l'orgueil 
lespotique  du  grand  vizir,  qui  semblait  avoir 
uis  à  tâche  de  mécontenter  les  représentants 
le  toutes  les  puissances  chrétiennes  :  M.   de 
iuilleragues  fut  enfermé  aux  Sept-Tours,  et  n'ob- 
iiit  sa  liberté  qu'à  prix  d'argent.  Le  ministre, 
ussi  avide  qu'orgueilleux,  extorquait  à  sonpro- 
t  des  sommes  énormes  aux  provinces  iribu- 
lires  de  la  Turquie.  L'insurrection  de  la  Hon- 
rio  vint  lui  offrir  l'occasion  dejustitier  sa  faveur 
iès  du  sultan  par  des  succès  éclatants.  Les 
ongrois,  exaspérés  par  l'oppression  que  Léo- 
)ld  faisait  peser  sur  eux,  se  révoltèrent  en  1677, 
ius  la  conduite  du  comte  Éméric  de  Tekeli. 
elui-ci  inscrivit  sur   ses  drapeaux  la  noble 
îvise  :  Pro  Deo  et  patria,  et  battit  plusieurs 
is  les  oppresseurs  de  son  pays  ;  mais,  se  voyant 
oandonné  par  la  plupart  des  magnats,  il  de- 
manda secours  au  sultan  en  1682,  et  offrit  de 
connaître  la  suzeraineté  de  la  Porte.  Le  sul- 
\n  Mohammed,  sans  tenir  compte  de  la  trêve 
ièuclue  en  1665  avec  l'Autriche  par  Kupruli- 
itoied-Pacha,  nomma  Tekeli  roi  des  Kruczes 
iourous-Krali),  et  ordonna  à  Ibrahim-Pacha, 
•uverneur  de  Bude,  et  à  Michel-Apafy ,  vay- 
«de  de  Transylvanie,  de  le  soutenir  contre  l'em- 
«reur ,  en  attendant  l'arrivée  du  grand  vizir 
^i-même.  Le  18  mars  1683,  Kupruli  reçut  du 
Ulan  l'étendard  de  Mahomet,  et  marcha  sur 
fci.utriche,  guidé  par  Tekeli.  Il  résolut,  malgré 
^vis  d'Ibrahim-Pacha  et  du  prince  hongrois,  de 
loter  le  siège  de  Vienne.  Léopold  quitta  cette 
Ile,  que  le  comte  de  Wurtemberg  fut  chaîné  de 
tfendre  avec  dix  mille  hommes  environ.  L'ar- 
!ée  ottomane,  forte  de  deux  cent  mille  hom- 
es, arriva  devant  Vienne  le   14  juillet  1683 
iOredjeb  1094).  Les  Turks  livrèrent  inutile- 
lent  dix-huit  assauts  partiels.  Une  attaque  gé- 
irale  eût  probablement  réussi  ;  mais  l'avarice  du 
land  vizir  l'empêcha  de  profiter  de  l'ardeur  de 
in  armée.  Dans  la  persuasion  que  Vienne  de- 
Ut  renfermer  d'immenses  trésors,  il  ne  put  se 
cider  à  les  abandonner  au  pillage,  et  refusa  obs- 
lémentde  donner  l'ordre  de  l'assaut.  Sobieski, 
courant  au  secours  devienne,  se  joignit  au  duc 
Lorraine,  et  mit  l'armée  ottomane  en  pleine 
route  le  12  septembre.  Cara-Moustapha,  aban- 
nnant  à  la  hâte  le  champ  de  bataille,  seréfiigia 
Raab,  où  il  rallia  les  débris  de  son  armée.  11  re- 
A  sur  un  autre  la  responsabilité  de  sa  défaite, 
fit  trancher  la  tête  à  Ibrahim-Pacha,  beïlerbeï 
Bude.  Ce  crime  ne  lui  rendit  pas  la  victoire. 
le  nouvelle  défaite  à  Parkang,  et  la  prise  de 
an  par  les  Polonais,  décidèrent  le  Grand  Sci- 
eur à  signer  l'arrêt  de  mort  de  son  ministre. 


Uemctrlus  Cantcm\r ,  Histoire  de  l'agrandissement  et 
dé  la  décadence  de  l'Empire  Ottoman.  —  Salvandy,  //is- 
toire  de  J.  Sobieski.  —  Joannls  et  J.  Van  Graver,  Tur- 
quie, dans  ['Univers  pittoresque.  —  Uanamer,  Hist.  do 
l'Empire  Ottoman. 

CARARANTES  (JosephoE),  théologicu  espa- 
gnol, né  en  1628,  mort  en  1694.  11  était  de  l'or- 
dre des  Capucins,  et  il  travailla  avec  ardeur  à  la 
préparation  du  christianisme  parmi  les  peupla- 
des sauvages  de  l'Amérique.  On  a  de  lui  :  Ars 
addicendi  atque  docendi  idiomata  pro  mis- 
sionnariis  ad  conversionem  Indorum  abeun- 
tifnis  ;  —  Lexicon,  seu  vocabularium  verbo- 
rum,  adverbiorum,  conjunctionum  et  inter- 
jectionum  ad  meliorem  intelligentiam  signi- 
fi€ationemqueverborumIndorum;—Practica 
de  missiones,  remédia  de  peccadores  sacado 
délia  divina  Escritura  y  délia  ensennanza 
apostoUca,  2  vol.  in-4°  publiés,  le  premier  à 
Léon,-1674,  le  second  à  Madrid,  1678;  —Prac- 
ticas  dominiciales  ,  y  lectiones,  doctrinales 
de  las  cosas  mas  essenciales  sobre  los  evan- 
gelicos;  Madrid,  1686,  1687,  2  vol.  in-8°. 

Diego  Gonzalès  de  Quiroga,  da  yida,  Virtutes,  Pré- 
dication y  Prodigios  del  P.  Carabantes ;  Madrid,  1705, 
ln-40. 

CARACALLA  (Anfonius-Bassianus) ,  em- 
pereur romain,  fils  de  Septime-Sévère,  né  à  Lyon 
le  4  avril  188,  mort  à  Édesse  le  8  avril  217. 
Les  médailles  le  nomment  Antoninus,  nom  qu'il 
avait  pris  en  commémoration  des  vertus  d'An- 
tonin  le  Pieux  ;  mais  la  postérité  le  lui  a  retiré, 
pour  ne  lui  laisser  que  celui  d'un  vêtement  gau- 
lois qu'il  affectionnait,  Caracalla.  Dans  son  en- 
fance il  annonçait  un  heureux  naturel  :  Élien  Spar- 
tien  nous  le  dépeint  d'un  caractère  doux,  spirituel, 
aimant,  ingénieux;  il  ne  pouvait  supporter  la 
vue  des  supplices.  Sévère  ne  tarda  point  à  faire 
déclarer  César  l'enfant  qui  plaisait  tant  au  peupb 
et  à  l'armée.  Le  lieu  où  Caracalla  fut  proclamé 
est  près  de  Viminatium ,  dans  la  Mœsie ,  sur  le 
Danube;  à  cette  occasion  il  fut  appelé  Marc- 
Aurèle,  et  cet  honneur  n'était  pas  aussi  exagéré 
qu'on  le  pourrait  croire ,  si  l'on  considère  d'une 
part  la  manie  des  Romains  de  convertir  en  titres 
d'honneur  les  noms  des  grands  hommes ,  et  de 
l'autre  la  bonté,  la  sagesse  de  caractère  que 
taisaient  présager  les  premières  armées  de  Cara- 
calla. Mais  ses  cruelles  dispositions  se  déclarè- 
l'ent  au  sortir  de  l'enfance  :  sa  figure  prit  une 
expression  sévère  et  chagrine;  il  eut  le  regaid 
menaçant ,  au  point  que  beaucoup  de  personnes 
doutaient  que  ce  fût  le  même  homme.  Ses  héros 
étaient  Alexandre,  et  plus  tard  Achille  ;  mais  ses 
modèles  furent  Tibère  et  Sylla ,  dont  il  prononça 
publiquement  l'éloge. 

Cependant  le  sénat  avait,  dès  l'an  197,  con- 
firméletiti-ede  César  àCaracalla,  âgé  de  neuf  ans; 
il  n'en  avait  pas  onze  quand,  à  l'occasion  de  la 
prise  de  Ctésiphon  par  son  père ,  les  soldats  le 
proclamèrent  Auguste.  Géta,f  son  jeune  frère, 
contre  lequel  il  nourrissait  une  haine  implacable 
et  dont  il  devait  un  jour  devenir  l'assassin,  fut 
alors  décoré  du  titre  de  César.  Quand  Sévère 

21. 


647 


CARACALLA  —  CARACCIO 


G4 


mourut,  tous  deux  arrivèrent  conjointement  à 
l'empire  (en  211).  Caracalla  fit  bientôt  tuer 
Géta  dans  la  cliambre  même  de  sa  mère,  où  il 
l'avait  fait  venir,  sous  prétexte  de  se  réconcilier 
avec  lui.  De  là  il  courut  au  camp  des  préto- 
riens, leur  déclara  qu'il  venait  d'échapper  à  un 
grand  péril ,  et  fit  approuver  son  crime  par  les 
soldats  en  leur  distribuant  les  trésors  de  Sévère. 
Le  célèbre  jurisconsulte  Papinien  ne  fut  pas  si 
traitable;  ce  fut  à  l'occasion  de  ce  meurtre  quii 
répondit  :  Il  est  phis  facile  de  commettre  un 
parricide  que  de  Vexcuser.  On  rapporte  que 
Caracalla ,  irrité  des  larmes  de  sa  mère  et  des 
femmes  qui  l'entouraient,  voulait  les  faire  périr 
toutes ,  mais  qu'il  fut  retenu  par  la  crainte  de 
soulever  trop  d'indignation  contre  lui.  Cepen- 
dant il  ne  craignit  pas  de  faire  tuer  en  sa  pré- 
sence le  vertueux  Papinien;  il  commanda  la 
mort  de  quiconque  avait  eu  des  relations  avec 
Géta,  et  immola  surtout  les  affranchis  qui  gé- 
raient ses  affaires.  Petronius,  Helvius  Pertinax , 
Sammonicus,  Serenus,  Laetus  Afer,  Pompeia- 
nus  et  une  multitude  d'autres  furent  tués  par 
ses  ordres.  Puis  il  alla  dans  la  Gaule,  comme 
pour  préparer  une  expédition  contre  les  Ger- 
mains :  là  il  commença  par  mettre  à  mort  le 
gouverneur  de  la  Narbonnaise,  et  fit  si  bien  qu'il 
s'attira  la  haijie  de  toute  la  contrée,  pour  avoir 
blessé  tous  les  intérêts  et  heurté  tous  les  droits. 
Dans  une  longue  maladie  qu'il  fit  pendant  ce 
voyage ,  il  se  montra  très-cruel  envers  tous  ceux 
qui  le  soignaient.  Quant  à  son  expédition ,  elle 
lui  valut  le  titre  d' Alemannicus  pour  le  haut 
fait  suivant  :  Il  avait  fait  convoquer  toute  la  jeu- 
nesse de  la  nation  gauloise,  dont  il  se  disait  désor- 
mais l'ami  ;  puis,  subitement  et  pour  se  venger 
d'un  revers  qu'il  avait  essuyé ,  il  fit  impitoya- 
blement massacrer  tous  ceux  qui  étaient  venus  à 
son  appel. 

Des  bords  du  Rhin  Caracalla  se  rendit  sur  le 
bas  Danube,  où  il  rencontra  les  Goths,  sur 
lesquels  il  remporta  quelques  avantages  ;  il  tra- 
versa ensuite  l'Hellespont,  et  visita  les  restes 
d'Ilion,  en  rendant  de  grands  honneurs  à  Achille, 
auquel  il  fit  élever  une  statue  de  bronze.  Pour 
avoir,  comme  lui ,  un  Patrocle  à  pleurer,  il  em- 
poisonna son  affranchi  Festus ,  et  n'épargna  rien 
pour  ses  obsèques.  Après  avoir  passé  l'hiver  à 
Wicon^édie ,  il  vint  à  Antioche ,  où  il  traita  avec 
Artabanc ,  roi  des  Parthes  :  il  fit  avec  perfidie 
saisir  et  charger  de  chaînes  Abgar,  roi  d'É- 
desse ,  ami  des  Romains ,  et  le  dépouilla  de  ses 
États.  11  imagina  aussi  de  mander  Vologèse,  roi 
d'Arménie ,  et  de  l'arrêter  avec  sa  suite  ;  mais 
ses  troupes  furent  battues.  Caracalla  se  dédom- 
magea du  mauvais  succès  de  cette  entreprise  eu 
livrant  Alexandrie  à  toutes  les  horreurs  du  pil- 
lage :  il  voulait  se  venger  des  sarcasmes  de  ses 
habitants;  le  sang  coula  à  grands  Ilots  pendant 
plusieurs  jours.  Pour  lui ,  il  consacrait  dans  le 
temi)le  de  Sérapis  le  glaive  avec  lequel  Géta 
avait  été  tué.  L'hommage  qu'il  rendait  à  ce  dieu 


et  la  vénération  qu'il  vouait  au  tombeau  &A 
lexandre  avaient  été  le  prétexte  de  ce  voyage 
le  massacre  des  habitants  en  était  le  but  cacli^ 
Le  carnage  dura  plusieurs  jours ,  et  le  nornbr 
des  morts  fut  si  grand  que  l'empereur  n'osa  l'é 
noncer  dans  sa  lettre  au  sénat ,  se  bornant  à  dir 
que  tous  avaient  également  mérité  leur  sort.  D 
haut  du  temple  de  Sérapis,  il  animait  la  rage  de 
assassins.  Il  est  singulier  que  ce  soit  ce  mêrr 
empereur  qui  accorda  l'entrée  dans  le  sénat 
des  Égyptiens.  Rêvant  toujours  la  conquête  c 
l'Orient,  il  demanda  en  mariage  la  fille  d'Art; 
bane  ,  pour  avoir  un  prétexte  de  rupture  avec 
roi  des  Parthes.  Il  reçut  un  refus  :  aussitôt 
ravagea  les  terres  de  ce  peuple ,  prit  Arbcles 
menaça  la  Médie;  enfin,  sur  la  nouvelle  que  I 
Parthes  formaient  une  armée  dans  les  mont 
gnes ,  il  s'enfuit  en  Mésopotamie,  et  écrivit  ; 
sénat  qu'il  avait  asservi  tout  l'Orient.  Caracal 
revint  à  Édesse;  au  mois  d'avril  il  partit  po 
Carres  afin  d'y  sacrifier  au  dieu  Lunus.  Cheni 
faisant,  il  descendit  de  cheval;  aussitôt  un  ce 
turion  nommé  Martialis ,  depuis  longtemps  ( 
voué   à  Macrin,  préfet  du  prétoire,  le  frap 
d'un  coup  de  poignard ,  dont   il  mourut  sur 
place.  Il  était  âgé  de  vingt-neuf  ans ,  et  avait  i 
gné  six  ans  deux  mois  et  deux  jours. 

Caracalla  offre  le  résumé  de  tous  ces  moi 
très  et  de  tous  ces  fous  furieux  qui  avaient  pe 
sur  Rome.  Il  y  avait  dans  son  caractère  aut;  i 
d'inconséquence  que  de  cruauté  :  tantôt  il  (  j 
sait  fondre  les  statues  de  Géta,  dont  il  n'était  pij 
mis  ni  de  prononcer  ni  d'écrire  le  nom  (on  l'i 
façait  de  toutes  les  inscriptions )  ;  tantôt  il  le  plil 
rait  amèrement,  et  les  remords  de  son  parriciif 
le  poursuivaient.  Une  autre  fois,  ayant  conse-j 
à  l'apothéose  de  son  frère,  il  dit  :  Qii'il  soit  dl'i 
pourvu  qu'il  ne  soit  ])lus  vivant!  Ilambiti«i| 
nait  les  titres  militaires  et  triomphaux,  et  3^1 
pris  les  surnoms  de  Germanicus,  Alemannicii 
Parthicus,  ce  qui  fit  dire  plaisamment  à  Hehij 
Pertinax  qu'il  avait  droit  aussi  à  se  faire  apj 
1er  Geticus  Maximus ,  jeu  de  mots  relatif  i  j 
mort  de  Géta.  Spanheim,  Burmann,  Gibbonij 
d'autres  ont  attribué  à  Caracalla  l'édit  qui  ci 
fera  à  tous  les  habitants  fibres  de  l'empirt' 
nom  et  les  privilèges  de  citoyens  romains.  Q.\\ 
ques  historiens  revendiquent  pour  Marc-Auii 
l'honneur  de  cet  édit.  Ce  prince  semble  av'j 
en  effet,  étendu  le  droit  de  cité  à  toutes  les  | 
vinces,  mais  avec  des  restrictions  que  Caraci] 
abrogea,  dans  un  intérêt  fiscal,  il  est  vrai,  et 
par  humanité.  Les  inscriptions  de  CaracalK'l 
de  Géta  sont  fort  communes  on  Alsace; 
cemment  on  en  a  découvert  une  à  Oberbroj 
[P.  Grecory,  dansl'Jï'nc.  des  g.  du  m.,  si 
additions.  ] 

Dion   Cassius,  LXXVIl,  LXXVIII.  -  Hérodien  ,  I' 
Spartian.,  P'ita  Caracallx.  —  Aurcl.  VxcX..,  Epit.; 
Cœs  ,  XXI.—  Eutrope,  XXI.  —  Le  Nain  de  Tillemont, 
toire  des  Empereurs,  tom.  III.—  Gibbon,  cli.  VI. 

CARACCIO  (  Antoine  ),  poète  italien,  ni 
Nardo,  dans  la  province  de  Leccc,  en  1630;  n 


649  CARACCIO  — 

à  Rome  le  14  février  17G2.  Il  vécut  longtemps  à 
la  cour  du  pape,  et  au  service  de  la  princesse 
Olimpia  Aldobrandini  et  du  cardinal  J.-B.  Spi- 
nola.  Ses  ouvrages  lui  valurent,  de  son  vivant, 
une  réputation  qui  ne  s'est  pas  soutenue.  On  a 
de  lui:  Fosforo ,  canine  epitalamica ;  Lac- 
ques, 1650,  in-^";  —  Poésie  lii'iche  ;  Rome , 
1689,  in-4°;  —  l' Imperio  vindicato ,  poema 
eroico,  cogli  argomenti  e  chiave  delV  allego- 
ria;  Rome,  1690,  in-4''  :  c'est  un  poëme  en  qua- 
rante chants,  sur  la  conquête  de  Constantinople 
par  les  Latins;  —  Il  Corradino,  tragedia; 
^Rome ,  1694. 

Cresclmbeni,  Storia  délia  volgar  poesia ,  p.  198  ,  257, 
11,  _  Tiraboschi ,  Storia  delta  letteratura  Italiana. 
—  Biografia  degli  Uomini  illustri  del  regno  di  Na- 
ooli,  vol.  I. 

CARACCIOLI,  nom  d'une  célèbre  famille  na- 
ipolitaine  d'origine  grecque.  Elle  a  compté  parmi 
(«es  metnbres  des  hommes  d'État,  des  savants,  etc. , 
fiont  voici  les  principaux  : 

CARACCIOLI  (ser  Gianni),  gentilhomme  na- 
lolitain,  assassiné  en  1432.  Il  devint,  en  1416, 
lecrétaire  de  la  reine  Jeanne  II ,  de  Naples.  La 
iveur  de  cette  princesse  lui  valut  bientôt  la  di- 
inité  de  connétable  et  de  grand  sénéchal ,  avec 
i  titre  de  duc  de  Vicence ,  comte  d'Avellino  et 
rSigneur  de  Capoue.  Pendant  seize  ans  il  exerça, 
ous  le  nom  de  Jeanne  II,  une  autorité  presque  ; 
lèsolue.  Mais  son  ambition  et  son  arrogance  le 
Hendirent  enfin  suspect  à  la  reine.  Un  complot  se 
Ibrma  contre  le  grand  sénéchal,  du  consentement 
le  Jeanne.  Celui-ci  mariait  son  fils  à  la  fille  de 
pacques  Caldora  ;  les  fêtes  devaient  se  prolon- 
ger pendant  huit  jours  dans  le  château  même  de 
\i  reine.  Mais,  dans  la  nuit  qui  précéda  le  der- 
fier  de  ces  jours,  Gianni  fut  tué  sur  son  lit,  à 
joaps  d'épée  et  de  hache.  La  reine  témoigna 
fabord  une  vive  douleur  de  la  mort  de  son  fa- 
lori;  cependant  elle  confisqua  tous  ses  biens,  et 
ionna  des  lettres  de  grâce  aux  meurtriers. 
jGiannone,  Istoria  civile  del  regno  di  Napoli,  1.  XXV, 
I  V.  —  sisraondi,  Histoire  des  républiques  italiennes, 
bl.  IX. 

|i  CARACCIOLI  {scr  Gianni),  prince  de  Melfi, 

[C  de  Venouse ,  d'Ascoli  et  de  Sora ,  grand  sé- 

ihal  du  royaume  de  Naples ,  né  en  1480,  mort 

Suse  en  1550.  Après  la  conquête  de  Naples 

r  Charles  VllI,  roi  de  France,  Caraccioli  s'at- 

aux  Français ,  et  ne  les  abandonna  que 

'ils  eurent  entièrement  perdu  leur  conquête . 

int  dès  lors  un  des  plus  vaillants  partisans 

8  la  cause  espagnole.  Chargé  en  1528,  par  le 

nce  d'Orange,  de  défendre  Melfi  contrel'armée 

teLautrec,il  résista  avec  courage  aux  bandes 

ipires  et  à  l'infanterie  gasconne  de  PictroNavaro. 

irès  deux  assauts  meurtriers,  la  ville  fut  enle- 

jSele 23 mars,  et  tous  les  soldats  assiégés  fiu'ent 

lassacrés,  à  la  réserve  du  prince  de  Melfi  et 

m  petit  nombre  de  ses  officiers.  Caraccioli , 

induit  en  France,  fut  rendu  à  la  liberté  ;  nommé 

sutenant  général  par  François  V,  il  reçut  les 

de  Romorantin ,  Nogent-le-Rotrou  et  Brie- 


CAKACCIOLI 


OôO 


Comte-Robert,  en  dédommagement  de  celles 
qu'il  perdait  en  Italie.  11  se  distingua  dans  la 
campagne  de  Provence  en  1530,  moins,  il  est 
vrai,  par  ses  actions  contre  les  ennemis  que  par 
son  activité  à  ravager  les  pays  par  où  ils  de- 
vaient passer.  Ses  services ,  couronnés  par  la 
belle  défense  de  Luxembourg  en  1543,  lui  valu- 
rent le  bâton  de  maréchal  en  1544,  et,  l'année 
suivante ,  le  gouvernement  du  Piémont. 

Du  Bellay,  Mémoires.  —  Paul  Jove,  Histor.,  1.  XXV.  — 
Shmondi,  Histoire  des  Itépubliques  italiennes,  t.  XV.  — 
Histoire  des  Français,  t.  XVI 1. 

CARACCIOLI  (Jean-Antoine)  ;  abbé  de  Saint- 
Victor,  fils  de  ser  Gianni,  né  à  Melfi  au  commence- 
ment du  seizième  siècle,  mort  en  1 569. 11  entra  dans 
les  ordres ,  et  fut  pourvu  en  1543  de  l'abbaye  de 
Saint-Victor,  qu'il  permuta  en  155l,avecLouis  de 
Lorraine,  pour  l'évêché  de  Troyes.  11  se  montra 
favorable  à  la  réforme,  au  grand  scandale  de  ses 
diocésains,  qui  le  forcèrent  à  une  rétractation  pu- 
blique. La  déception  qu'il  éprouva  de  la  part 
de  Sixte  IV,  qui  lui  refusa  le  chapeau  de  cardinal, 
le  rejeta  dans  le  parti  du  protestantisme.  Il  prê- 
cha ouvertement  la  réforme,  et  poussa ,  dit-on , 
le  scandale  jusqu'à  se  marier.  Ce  fait  n'est  pas 
certain  ;  mais  le  reste  de  sa  conduite  suffisait 
pour  lui  attirer  le  mépris  des  catholiques,  sans 
lui  gagner  l'estime  du  parti  contraire.  Caraccioli 
fut  forcé  de  se  démettre  de  son  évêché,  et  alla 
mourir  à  Châteauneuf-sur-Loire.  On  a  de  lui  : 
Miroir  de  la  vraie  religion ;'Pa.ns,  1544,  in-16; 
—  une  Lettre  à  Corneille  Mais,  évêque  de  Bi- 
tonte,  pour  justifier  Montgommery  de  la  mort  de 
Henri  II  :  cette  lettre ,  datée  de  Paris  le  14  juillet 
1559,  se  trouve  dans  les  Epistolee  Principum 
de  Ruscelli  ;  —  une  Épître,  publiée  en  1 561 ,  in-8°, 
sans  indication  de  lieu,  et  commençant  par  ces 
mots  :  «  Antoine,  évêque  et  ministre  du  saint 
Évangile,  à  l'Église  de  Dieu  qui  est  à  Troyes,  et 
aux  fidèles  en  Jésus  Christ.  »  Elle  a  été  insérée 
dans  les  Mémoires  de  Condé;  —  une  traduction 
italienne  de  V Éloge  latin  de  Henri,  par  Pierre 
Paschalius. 

Lelong,  Bibl.  hist.  de  la  F/., éd.  Fontette.  —La  Croix 
du  Maine,  Bibliothèque  française.—  De  Thou,  Histoire, 
1.  XXVIII.  -  Sainte-Marthe,  Gallia  Christiana.  —  Ca- 
musat ,  Antiquit.  —  Th.  de  Beze ,  Histoire  ecclésiasti- 
que, 1. 1. 

CARACCIOLI  (  Robert  ) ,  théologien  italien,  né 
à  Lecce,  dans  le  royaume  de  Naples,  en  1425; 
mort  dans  la  même  ville  en  1475.  Entré  dans 
l'ordre  des  Frères  Mineurs  de  Saint-François,  il 
se  distingua  par  son  éloquence  populaire.  Cal- 
liste  III  le  chargea,  en  1 457,  d'aller  recueillir  dans 
le  Milanais  et  le  Montferrat  le  décime  destiné  à 
la  guerre  sainte  contre  les  Turcs  ;  Paul  H  le 
nomma  en  1465  prédicateur  apostolique  à  Fer- 
rare,  et  Sixte  IV  lui  donna  en  1471  l'évêché 
d'Aquino.  Caraccioli  fut  transféré  en  1484  au 
siège  épiscopal  de  Lecce.  On  a  de  lui  :  De  ho- 
minis  jFormfli!io?îe;  Nuremberg,  1470,  in-S";  — 
de  Morte;  Venise,  1475,  in-4";  — Speciilum 
fidei  christianee  ;  Venise,  1555 ,  in-S"  ; —  et  uw 


651 


CARACCIOLI 


652 


grand  nombre  de  sermons.  Les  œuvres  complè- 
tes de  Caraccioli  ont  été  publiées  à  Yenis'e,  1490, 
3  vol.  in  fol. 

Angelis,  ^ite  de'  Letterati  Salentini.  —  Biograf.  de- 
gli  Uomini  illust.  del  regno  di  Napoli. 

CARACCIOLI  {Tristan),  littérateur  italien, 
né  vers  1436,  mort  après  1517.  On  a  de  lui 
beaucoup  d'opuscules  historiques,  entre  autres  : 
la  Vie  de  la  reine  Jeanne  ;  —  la  Vie  de  ser 
Gianni  Caraccioli  ;  —  la  Vie  de  Jean-Baptiste 
Spinelli;  —  une  Lettre  sur  V inquisition,  que 
les  Espagnols  voulaient  établir  dans  le  royaume 
de  Naples,  etc.  Ces  ouvrages,  écrits  en  latin,  ont 
été  insérés  dans  le  t.  XXII  des  Rerum  Italica- 
rum  Scriptores  de  Muratori. 

Toppi,  Bibl.  Napolet.  —Fa.hT'\cias,  Bibliotheca  médise 
et  inflmse  œtatis.  —  Biograf.  degli  Uomini  illustri  del 
regno  di  Napoli. 

*CARACCiOLi  (Marino),  homme  d'État  ita- 
lien, né  en  1469,  mort  le  28  janvier  1538.  Il  fit 
en  1515,  au  concile  de  Milan,  connaissance  avec 
le  pape  Léon  X,  qui  le  nomma  sonprotonotairc,  et 
l'envoya  en  1518  en  Allemagne,  pour  y  détermi- 
ner l'électeur  de  Saxe  à  lui  livrer  Luther.  Les 
talents  de  Marino  Caraccioli  engagèrent  Charles- 
Quint  à  le  prendre  à  son  service.  En  qualité 
d'ambassadeur  de  l'empereur,  il  négocia,  en 
1529,  une  paix  entre  ce  dernier  et  la  ville  de 
Milan,  et  fut  nommé  comte  de  Galera  par  le  duc 
de  Milan.  Charles-Quint  lui  avait  déjà  fait  avoir, 
en  1524,  révêchéde  Catane,  quand  il  reçut  du 
pape  Paul  V  le  chapeau  de  cardinal.  Après  la 
mort  du  dernier  duc  de  Milan,  l'empereur  le 
nomma  gouverneur  de  cette  ville ,  où  il  mounit. 

Guichardin, /ïisfotre,  1.  XV,  XVI,  XVII.  —  Paul-, rove. 
Éloges. 

CARACCIOLI  {Antoine),  théologien  italien 
du  dix-septième  siècle.  Il  entra  dans  l'ordre  des 
Théatins,  et  se  distingua  par  de  nombreux  ou- 
vrages sur  l'histoire  ecclésiastique,  entre  autres  : 
Synopsis  veterum  religiosorum  rituum,  cum 
notis  ad  constitutiones  clericorum  regula- 
rmm  comprehensa  ;  Rome,  1610,  in-4°;  Paris, 
1628,  in-4'';  —  Collectanea  viiee  Pauli,  B.  Car 
jetant  et  sociorum  vit  m;  Cologne,  1662,  in-4''; 
—  Biga  illustrium  controversiarum  ;  —  de 
S.  Jacobi  assessuad  Hispaniam,  etde  Funere 
S.  Martini  S.  Ambrosio  procurato;  Naples, 
1618,  in-8°;  —  Nomenclator  et  Propylea  in 
quatuor  antiquos  chronologos  ;  Naples,  1626, 
in-4''. 

Dupln,  Biblioth.  des  auteurs  ecelésiast.  du  Xf^II" 
siècle. 

CARACCIOLI  (DominJ^Me, marquis),  homme 
d'État  et  économiste,  né  à  Naples  en  1715,  mort 
en  1789.  Il  débuta  dans  la  carrière  diplomatique 
à  Turin  en  qualité  d'ambassadeur,  et  fut  envoyé 
avec  le  même  titre  en  Angleterre,  puis  en  France. 
En  1771  ,  il  se  lia  d'amitié  avec  d'Alembert, 
Diderot,  Condorcet.  Appelé  en  1781  au  gouver- 
nement de  la  Sicile,  ii  se  distingua  par  une  ad- 
ministration ferme  et  intègre ,  et  fut  nommé  en 
1786  ministre  des  affaires  étrangères.  «  Carac- 


cioli, dit  Marmontel,  avait,  au  premier  coup 
d'œil,  l'air  épais  et  massif  qui  annonce  la  b6- 
tise  ;  mais  sitôt  qu'il  parlait,  ses  yeux  s'animaient, 
ses  traits  se  débrouillaient,  son  imagination  vivo, 
perçante  et  lumineuse  se  réveillait,  et  l'on  en 
voyait  comme  jaillir  des  étincelles.  Il  avait  étu(li(5 
les  hommes,  maisen  politiqueet  enhomme d'Étal 
plutôt  qu'en  moraliste  satirique  :  avec  un  grand 
fonds  de  savoir  et  une  manière  aimable  et  pi- 
quante de  le  produire,  il  avait  de  plus  le  méritt 
d'être  un  excellent  homme,  et  tout  le  monde  arn 
bitionnait  son  amitié.  »  On  a  de  Caraccioli  :  Bi 
flessioni  sull'  economiae  Vestrazione  de'  fru 
menti  délia  Sicilia,  fatte  in  occasione  delh 
carestia  delV  indizione  III;  1784  et  1785 
Dans  ces  Réflexions,  Caraccioli  soutient  quo  1; 
circulation  intérieure  des  grains  doit  toujoui- 
être  libre:  quant  à  l'exportation,  il  voudrait  qu 
l'on  considérât  la  liberté  comme  l'état  normal  i 
habituel,  tout  en  réservant  à  l'administration  I 
droit  de  suspendre  cette  liberté  dans  certain 
lieux  et  dans  certaines  circonstances. 

Tipaido,  Biografia  degl.  Ital.  illmst.,  t.  IV.  —  BiOfira 
degli  Uomini  illust.  del  regno  di  Napoli,  t.  XIII.  —  Ma 
montel,  Mémoires.  —Dictiorm.  de  l'Economie  politiqu 

CARACCIOLI  {François),  amiral  napolitaii  j 
mort  en  1799.  Il  entra  de  bonne  heure   dar| 
la  marine,  passa  au  service  de  l'Angleterre , 
commanda  en  1793,  pendant  quelque  temp 
l'escadre  napolitaine  devant  Toulon.  Froidemei 
accueilli  par  la  cour  à  son  retour,  il  revint 
Naples,  et  y  entra  au  service  de  la  républiqi 
parthénopéenne.    Avec  un  petit  nombre 
vaisseaux  il  s'opposa  au  débarquement  que  pi-i 
jetait  la  flotte  sicilienne-anglaise.  En  1799,  apr 
la  prise  de  Naples  par  Ruffo,  Caraccioli  fut  a 
rêté,  au  mépris  de  la  capitulation.  La  junte,  pr 
sîdée  par  le  fameux  Speziale,  le  condamna  à  et 
pendu  au  mât  de  sa  frégate,  et  jeté  à  la  mer.  1 
mort  est  une  tache  ineffaçable  pour  la  gloire  i 
Nelson.  [Enc.  des  g.  du  m.] 

Couver sat.-Lex.  —  Biographie  étrangère: 

*  CARACCIOLI  (/eaw),  physicien  italien  ■ 
l'ordre  des  Jésuites,  vivait  au  milieu  du  dix-hii 
tième  siècle.  Il  enseigna  les  mathématiques  et 
physique.  On  a  de  lui  :  de  Tubis  Capillarib'' 
dissertatio,  eut  adnectuntur  de  Hydrostatv 
positiones;  Naples,  1758,  in-4<'. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Jllgem.  Gelehrt.-Ixxic. 

*  CARACCIOLI  (/eaw),  poète  latin  et  jur» 
consulte  italien,  issu  d'une  famille  noble  de  IN 
pies,  vivait  au  commencement  du  dix-huitièn 
siècle.  On  a  de  lui  :  Carmina  de  Philippo 
rege  Hispaniarum  ;  Naples,  1704,  in-4°-. 

Adelung,  supplément  à  JOcber,  Allgemein,  Gelehrtv 
Lexicon. 

*  CARACCIOLI  {Jean-Baptiste),  mathémai 
cien  italien,  vivait  au  milieu  du  dix-huitièji 
siècle.  On  a  de  lui  :  de  Lineis  curvis;  Pise,  17^ 
in-4°. 

Adelung,  supp!.  à  J6cher,  jillgem.  Gclchrt.-Lexic. 

CARACCIOLI  {Jeanne),  princesse  napolitaii 
née  en  1651,  morte  à  la  fin  du  dix-septième  s 


CARACCIOLl  —  CARADOC 


r,5i 


'     !'"llc  cultiva  les  lettres  avec  succès,  et  un  de 

soiHiets  est  cit(^  par  Cresciinbeni. 
uiofiriif.  (legli  Uomini  illustri  del  regno  di  JNapoli, 
(il.  VIII.  ~  Cresciinbeni,  Ittoria  délia  volgar  Poesia. 

CAKACCIOLI  (Metello),  théologien  italien,  de 
iiidre  des  Jésuites,  vivait  au  seizième  si^le. 
)ii  a  de  lui  un  commentaire  sur  Isaïe,  et  quel- 
iics  autres  ouvrages. 

S.iiisovin,  Fam»//.  Ital.—  LeyiiTe,de  Scriptor.  sectiU 
ru.  —  Aiegambe,  Script,  soc.  Jesu. 

*  CARACCIOLl  (Loiiis),  philosophe  ethuma- 
iste  italien,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
ix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Princeps,  in 
v(i  a  primis  anms  ad  ultimam  usque  senec- 
itcm  instituitur  princeps,  etc., ubi  instituun- 
:ir  etiam  consiliarii,  judices,  aulici,  etc.  ; 
Inisance,  1634,  in-fol. 

Cafiil.  Bibl.  impér.  Paris.—  Adelung,  suppl.  à  Jôcher, 
ilijrm.  Gelehrt.-Lexic. 

CARACCIOLl  {Louis- Antoine), littérateur, né 
Paris  en  1721,  mort  dans  la  même  ville  le 
)  mai  1803.  Après  avoir  fait  ses  études  au  Mans, 
entra  en  1739  dans  la  congrégation  de  l'Ora- 
ire.  Quelcpies  années  plus  tard,  il  visita  l'Italie. 
y  c  charme  de  sa  conversation  lui  valut  l'accueil 
*  :  plus  brillant  de  la  part  de  Benoît  XIV  et  de 
lément  XII.  II  visita  ensuite  l'Allemagne  et  la 
ologne ,  et  revint  à  Paris ,  où  il  se  fit  aimer  et 
Imirer  de  la  bonne  société.  L'ouvrage  qu'il  pu- 
sous  le  titre  de  Lettres  intéressantes  du 
e  Clément  XIV  (4  vol.,  Paris,  1777,  in-12), 
t  qui  fut  longtemps  une  mystification  non-seu- 
'«meut  pour  la  France ,  mais  pour  l'Europe  en- 
ère,  respire  une  douce  philosophie  et  enseigne 
ne  morale  pure  :  ces  lettres,  dont  il  fut  l'auteur, 
tont  écrites  avec  beaucoup  de  goût.  La  révolu- 
lion  française  le  priva  de  toutes  ses  ressources  ; 
jiependant,  en   1795,  la  convention  lui  accorda 
(ne  pension  de  2,000  francs.  Il  mourut  à  Paris, 
llans  un  état  voisin  de  l'indigence.  La  liste  des 
Nombreux,  ouvrages  de  cet  auteur  trop  fécond 
lemplit  plusieurs  pages  de   la  France  litté- 
\aire.  Ils  sont  presque  tous  oubliés  aujourd'hui. 
I)b  cite  encore  quelquefois,  outre  les  Lettres  de 
Olément  XIV,  le  Livi'e  à  la  mode,  Paris,  1759, 
n-12,  qui  fut  d'abord  imprimé  avec  des  lettres 
eouges,  ensuite  en  caractères  verts  ;  — leDiction- 
\iaire  pittoresque  et  sentencieux  {3  vol. ;  Pa- 
is, 1768,  in-12;  —  la   Vie  de  Clément  XIV; 
'ans,  1775,  in-12.  [Enc.  des  g.  du  m.] 
!  GriiDiD,    Correspondance' littéraire.  —  Quérard,  la 
[''rance  littéraire.  —  Barbier,  Dictionnaire  des  ouvrages 
monymes  et  pseudonymes. 

:  CARACCiOLO  (  François  ) ,  religieux,  fondateur 
le  l'ordre  des  Clercs  réguliers  mineurs,  vivait  au 
!  seizième  siècle.  Il  fut  canonisé  en  1807  par 
pie  VU. 

Fcller,  Dict.  hist. 

*UiRXCCiox.o{Giovanni-Battisfa,  dit  Bat- 

l'istello) ,  peintre,  né  à  Naples  après  la  moitié 
jlu  seizième  siècle,  mort  en  1641.  Après  avoir 
puisé  les  premiers  prmcipes  de  l'art  à  l'école  de 
j  Francesco  Imperato,  il  avait  étudié  les  ouvrages  de 
I  Michel- Ange  de  Caravage,  mais  sans  faire  de  grand 


progrès ,  et  était  parvenu  à  l'âge  mûr  sans  avoir 
produit  aucun  ouvrage  qui  pût  lui  faire  un  nom, 
quand  par  bonheur  il  lui  tomba  sous  les  yeux 
un  tableau  d'Annibal  Carrache.  A  cette  vue,  U 
fut  saisi  d'une  telle  admiration  qu'il  partit  aus- 
sitôt pour  Rome,  afin  de  voir  les  chefa-d'œuvre 
de  ce  maître  :  là,  à  force  de  copier  les  fresques 
de  la  galerie  Farnèse,  il  devint  habile  dessina- 
teur, et  bon  imitateur  des  Carrachp.  De  retour 
à  Naples,  il  décora  les  églises  et  les  [lalais  de  cette 
ville  d'un  grand  nombre  de  peintures  dignes  de 
rivaliser  avec  les  meilleurs  ouvrages  de  ses  com- 
patriotes. Cependant,  malgré  tous  ses  efforts  pour 
imiter  exclusivement  le  style  d'Annibal  Carrache, 
on  reconnaît  encore  dans  l'exagération  de  ses 
lumières  et  de  ses  ombres  quelques  souvenirs 
de  l'école  de  Caravage.  On  estime  surtout,  parmi 
les  ouvrages  de  Caracciolo  une  Madone  à.  Santa- 
Anna  dei  Lombardi;  un  Saint  Ciiarles  à  l'é- 
glise de  Sant'-Agnello  ;  et  un  Christ  sur  la 
croix  aux  Incurables.  E.  B — n. 

Dominici,  Fite  de'  pittori  Napoletam.  —  Lanzi,  Sto- 
ria  pittorica.  —  Tlcozzi,  Dizionario. 

CARACTAcns  (ou,  selou  Dion  Cassins,  Kapà- 
ravoc  ou  KaxapàxaTo;),  roi  de  la  tribu  des  Sélu- 
res  (Angleterre),  vivait  dans  le  premier  siècle 
après  J.-C.  Il  s'éleva  par  ses  exploits  au-dessus  des 
auti'es  chefs  bretons,  et  se  rendit  redoutable  aux 
Romains.  Après  des  alternatives  de  succès  et  de 
revers,  il  transporta  la  guerre  dans  le  pays  des 
Ordovices,  et  s'y  retrancha  dans  une  si  forte 
position,  que  le  préteur  romain  Ostorius  hésitait 
à  engager  la  bataille.  L'ardeur  des  soldats  l'em- 
porta sur  la  prudence  du  général,  et  la  savante 
tactique  romaine  triompha  du  courage  indisci- 
pliné des  barbares.  Caractacus  s'enfuit,  laissant 
sa  femme  et  ses  filles  aux  mains  des  vainqueurs, 
et  se  réfugia  auprès  de  Cartimandua,  reine  des 
Brigantes,  qui  le  livra  aux  Romains.  Claude,  vou- 
lant donner  au  peuple  le  spectacle  de  cet  ennemi 
vaincu,  ordonna  d'amener  à  Rome  Caractacus  et 
sa  famille.  Le  chef  silure  supporta  avee  fermeté 
cette  exposition  publique ,  et  toucha  l'empereur 
par  des  paroles  empreintes  d'une  noble  résigna- 
tion. Claude  lui  laissa  la  vie ,  mais  ne  lui  rendit 
pas  son  royaume  ;  et  Caractacus  finit  ses  jours  en 
Italie. 

Tacite ,  Annales,  XII ,  33,  38.  Hist.,  III,  4S.  —  Dion. 
Cassius,  IX,  20. 

CARADECC  DE  LACHALOTAIS.  Voy.  LachA- 
LOTAIS. 

CARADOC  {de  Lancarvan),  historien  gal- 
lois, né  vers  la  fin  du  onzième  siècle,  mort  vers 
l'an  1154.  Geoffroy  de  Monmouth,  contemporain 
de  Caradoc,  nous  apprend  que  celui-ci  avait  écrit 
une  histoire  des  rois  de  Galles  depuis  la  mort 
de  CadwaJlader  jusqu'au  milieu  du  douzième 
siècle.  Cette  histoire,  écrite  primitivement  en  la- 
tin, a  été,  dit-on,  longtemps  conservée  dans  la 
bibliotljèque  du  collège  du  Christ,  à  Cambridge; 
elle  est  perdue  aujourd'hui.  Il  ne  reste  de  l'ou- 
vrage de  Caradoc  qu'une  traduction  galloise,  pro- 
bablement très-infidèle,  et  des  traxluctions  an- 


655 


CARADOG 


glaises  faites  sur  le  texte  gallois.  Caradoc  écri- 
vit encore  une  vie  ou  plutôt  une  légende  de 
saint  Gildas,  des  commentaires  sur.  Merlin,  et 
un  livre  de  Situ  or  bis. 
Wright,  Biographia  britannica  Uteraria. 
*CAKADirc  ou  GARADUC,  auteuT  du  plus 
ancien'lai  breton  connu  ;  le  lieu  et  l'époque  de  sa 
naissance  et  de  sa  mort  sont  ignorés,  n  n'a  pu 
naître  que  du  temps  du  roi  Arthur  ou  après  sa 
mort,  puisque  c'est  à  la  cour  de  ce  prince  qu'il 
a  placé  la  scène  du  lai  qu'il  a  composé.  On  ne 
peut  donc  admettre,  avec  M.  Miorcec  de  Kerda- 
net  (Notices  chronologiques,  p.  3  ),  que  Caraduc, 
s'il  a  existé ,  ait  vécu  dans  le  deuxième  siècle. 
Robert  Disiez ,  trouvère  anglo-normand ,  a  fait 
de  ce  lai  une  traduction  en  vers  français,  dont  il 
existe  une  copie  manuscrite  à  la  bibliothèque 
Bodléienne,  sous  le  n°  1687  ;  Tyrwhitt  et  War- 
ton  en  ont  publié  quelques  extraits.  L'auteur  de 
ce  lai,  dont  M.  l'abbé  de  la  Rue  a  donné  l'ana- 
lyse dans  ses  Essais  historiques  sur  les  Bar- 
des, etc.,  t.  III,  p.  216-217,  en  est  lui-même  le 
héros  souslenom  de  Caraduc  (  en  breton,'aînoM- 
reux),  à  moins,  ce  qui  ne  serait  pas  impossible, 
que  le  nom  symbolique  de  ce  héros  n'ait  lui- 
racme  été  donné  à  l'auteur  du  poëme  original. 
Ce  lai  a  fourni  à  l'Avioste  sa  Coupe  enchantée, 
que  la  Fontaine  a  si  bien  imitée  ;  mais  cette  imi- 
tation a  pu  aussi  être  calquée  sur  le  fabliau  du 
Court  mantel,  fiction  du  même  genre,  mise  en 
vers  par  plusieurs  trouvères,  et  dont  le  fond  avait 
été  tiré  des  romans  de  la  Table  Ronde. 

P.  Levot. 
De  la  Rue,  Essais  hist.  sur  les  Bardes.  lil.  —  Biblioth. 
Bodléienne,  n°  1687. 

CARAFFA,  nom  d'une  famille  napolitaine  très- 
répandue,  qu'on  regarde  comme  issue  de  celle  des 
Sismondi  de  Pise,  et  qui  compte  parmi  ses  mem- 
bres plusieurs  hommes  d'État,  des  prélats,  etc., 
dont  voici  les  principaux  : 

CARAFFA  (  Antoine''),  de  la  maison  des  ducs 
de  Forli,  feld-maréchal  au  service  de  FAutriche, 
né  dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siè- 
cle, mort  à  Vienne  en  1693.  Il  entra  en  1665  àii 
service  de  la  maison  d'Autriche,  fit  avec  distinc- 
tion en  Hongi-ie  la  campagne  contre  les  Turcs  ; 
et,  pendant  le  siège  de  Vienne  par  ce  peuple ,  il 
fut  envoyé  par  l'empereur  Léopold  F'' vers  le  roi 
de  Pologne  Jean  Sobieski,  pour  lui  demander 
son  assistance.  Après  la  délivrance  de  Vienne, 
il  combattit  de  nouveau  en  Hongrie  contre  les 
Turcs,  fit  en  1685  la  conquête  d'Éperies,  en 
1687  celle  d'Erlau,  de  Lippa,  de  Munkacz,  et  de 
Belgrade.  Comme  président  de  la. cour  martiale 
à  Éperies ,  il  se  rendit  odieux  dans  toute  la  Hon- 
grie par  sa  trop  grande  sévérité. 

iJe  Ilammcr,  Hist,  des  Osmanlis.  —  Erscli  et  Gnibcr, 
ylUfiem.  Encycl. 

CARAPFA  {Antoine),  théologien  napolitain, 
né  dans  la  première  partie  du  seizième  siècle, 
mort  en  1591.  Il  fut  créé  cardinal  par  Pie  V  en 
1586.  On  a  de  lui  :  une  édition  et  traduction 
du  Commentaire  de  Tliéodoret  sur  les  Psau-  * 


—  CARAFFA  65 

mes;  —  une  édition  de  quelques  discours  d 
saint  Grégoire  de  Nazianze,  du  Commeniair 
d'ÉIie  de  Crète,  de  Cassien  et  de  saint  Grégoire 
—  Catena  veterum  Patrum  in  omnia  sacr. 
Scripturœ  cantica;  Padoue,  1565,  in-4°;  C( 
logne,  1572,  in-S";  —  les  Décrétâtes  des  pape: 
en  trois  volumes  ;  —  une  édition  de  la  Bible  ck 
Septante,  avec  une  traduction  latine  conforme  a 
texte  grec;  Rome,  1587,  in-fol.  ;  —  une  c(Jitic 
de  la  Vulgate;  Rome,  1588,  in-fol. 

Dupin,  Bibl.  des  acteurs  ecclésiast.  —  Clément,  liil 
curieuse. 

CARAFFA  (Antoine,  Charles,  Jean),  m 
veux  du  pape  Paul  TV.  Voy.  Vkul  IV. 

CARAFFA  {Charles),  théologien  italien,  i 
à  Naples  en  1561,  mort  le  8  septembre  103. 
Après  s'être  signalé  dans  la  carrière  militaiii 
il  rentra  dans  les  ordres,  et  fonda  l'institut  (h 
PU  Operari,  religieux  destinés  au  soulagemei 
des  misères  humaines.  L'ordre  des  pieux,  oi 
vriers  fut  approuvé  en  1621  par  le  pape  Gk 
goire  XV. 

Biogr.  degli  Vomini  illust.  del  regno  di  Napoli.—  ka 
mari,  Genealog.  délia  famigt.  Carafja. 

CARAFFA  {Vincent),  frère  du  précédent, 
septième  général  de  la  société  de  Jésus ,  ni  ; 
mois  de  mai  1585,  mort  en  1649,  a  laissé  qut 
ques  ouvi'ages  de  piété. 

Dan.  Bartoli,  f^ie  de  Vincent  Cara/fa;  Rome,  IGi 
in-4°.  —  Alegambe,  Script,  soc.  Jesu.  —  Toppi,  Bû 
Napolet. 

CARAFFA  {Charles  ) ,  prince  de  la  Roccell; 
théologien  italien,  vivait  au  commencement  ( 
dix-septième  siècle.  Évoque  d'Aversa,  nom 
apostolique ,  puis  légat  en  Allemagne  sous  U 
bain  Vin,  il  a  laissé  un  livre  intitulé  Comme, 
taiia  de  Germania  sacra  restaurata  ;  Cologn 
1639,  in-8°;  Francfort,  1641,  in-12. 

Mor«;ri ,  Dictionnaire  historique.  —  Ersch  et  Gfubc 
JUgemeine   Encyclopsedie. 

CARAFFA   (  Charles-Marie  ) ,  pi'ince  de 
Roccella  et  de  Butero,  diplomate  italien,  né  ( 
1646,  mort  en  1695.  Premier  baron  du  royaiur 
de  Naples  et  gi-and  d'Espagne  ,  il  fut  nommé  an 
Ijassadeur  extraordinaire  de  cette  puissance 
Rome  en  1684.  On  a  de  lui  :  Exemplar  Hor 
logiorum  solarium  ;  MRggavà,  1686,  in-fol.; 
sont  les  tables  les  plus  complètes  que  nous  poi 
sédions  pour  les  cadrans  solaires ,  —  Opère  pi 
litiche  christiane,  1692,  in-fol.  Ce  traité  pol 
tique  se  divise  en  trois  parties  :  1°  il  Principi 
2°  VAmbasciadore  politico  cristiano,  3"  Scn 
tinio  poUtico  contra  lafalsa  ragion  de  Stal 
di  Nicolo  Macchiavelli. 

Journal  des  Savants,  1693.  —Acta  Eruditorum.—M 
clier,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*  CARAFFA  (  Diomede  ) ,  moraliste  italien  d 
quinzième  siècle.  On  a  de  lui  :  Ammaestrameiii 
militari,  imprimés  à  Naples  en  1608;  —  de  B< 
gentis  et  boni  Principis  Officiis  :  cet  ouvrag( 
composé  en  italien  sur  la  demande  d'Éléonor 
d'Aragon,  duchesse  de  Ferrare,  traduit  en  lati 
par  Baptiste  Guarino ,  fut  imprimé  à  Naples  e 
1668;  —de  Institutione  Vivendi    conservi 


CARAFFA 


658 


lans  la  bibliothèque  de  Parme  sur  un  parche- 
irin  bleu  et  vert,  écrit  en  lettres  d'or.  C'est 
irobablement  ce  manuscrit  que  Garaiîa  pré- 
ciifa  à  Béatrice,  femme  de  Mathias  Corvin,  roi 
k-  Hongrie. 

l'iraboschl,  Storia  delta  letteratura  italiana ,  t.  VI, 
art.  1".  -  ToppI,  Bibl.  Napolet. 

CARAFFA  {Hector),  comte  de  Ruvo,  de  l'illus- 
c  famille  des  ducs  d'Andria,  né  à  Naples  en 
7(i7,  misàmorten  1799.  Son  enthousiasme  pour 
1  révolution  française  le  fit  enfermer  au  château 
;iint-Elme.  En  1796  il  parvint  à  s'échapper  de 
i  prison,  et  ne  revint  dans  le  royaume  de  Na- 
los  qu'avec  l'armée  de  Championnet.  Général 
^  la  légion  napolitaine ,  il  fut  un  des  plus  vail- 
nts  défenseurs  de  la  république  parthéno- 
'cnne.  Mais  les  Français,  forcés  de  se  replier 
ir  la  haute  Italie,  abandonnèrent  les  Napoli- 
iiis  à  eux-mêmes';  et  les  insurgés  royalistes, 
nimandés  par  le  cardinal  Ruffo,  marchèrent 
r  Naples.  Caraffa,  chargé  de  défendre  Pes- 
ra,  se  maintint  dans  cette  place ,  même  après 
^  capitulations  du  fort  Saint-Elme,  de  Capoue 
lie  Gaëte.  A  la  fin  il  fut  forcé  de  se  rendre,  et 
mba  entre  les  mams  des  royalistes,  qui  le  li- 
èrent à  une  commission  militaire  présidée  par 
teziale.  Condamné  à  mort,  il  subit  sa  peine 
ec  intrépidité. 
tiographio  nouvelle  des  Contemporains. 

■* CARAFFA  (  Jean  ),  duc  de  Noja,  savant  ita- 
01,  né  à  Naples  en  1715,  mort  le  8  juillet  1768. 
[loique  colonel  d'infanterie,  il  cultiva  les  lettres 
Iles  sciences,  et  rassembla  une  riche  collection 
tatiques  et  d'objets  d'art  de  tout  genre.  Ca- 
ITa  visita  la  France,  la  Hollande,  l'Angleterre. 

Paris  ;il  trouva  que  la  tourmaline  avait  cer- 
«nes  propriétés  électriques,  et  exposa  sa  décou- 
rte dans  un  mémoire  inséré  dans  le  recueil 

l'Académie  des  sciences,  dont  il  était  corres- 
indant. 

iripaWo,  Biog,  degli  Ital.  illvstri,  vol.  l«'. 

CARAFFA  (  Jean-Baptiste  ) ,  littérateur  na- 
fHtain  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  de  Si- 
bniis;  Naples,  1566,  ia-8°;  —  Istorie  del  ve- 
to di  Napoli;  Naples,  1572,  in-4". 
^aboschi,  Jtoria  délia  letteratura  italiana,  vol.  III, 
|rt.  S.  -Toppi,  Bibl.  Napolet. 

CARAFFA  (Jean-Pierre) ,  pape  sous  le  nom 

}  Paul  IV.  Voy.  Paul  IV. 
CARAFFA  {Jérôme),  général  napolitain,  né 

\  1564  dans  le  Monténégro ,  fief  de  sa  famille, 

prt  à  Genève  en  1633.  Il  servit  en  Flandre  sous 
5  ordres  d'Alexandre  Farnèse ,  s'empara  d'A- 

jiens ,  défendit  vaillamment  cette  place  contre 

Enri  IV,  et  obtint  une  capitulation  honorable. 

^  services  qu'il  rendit  aux  Espagnols  lui  va- 

rent  la  dignité  de  >1ce-roi  d'Aragon  en  1630. 

f<ris  ans  plus  tard,  il  fut  rappelé  en  Flandre; 

jais  il  mourut  dans  le  voyage. 

i'Jojr.  degli  Uomini  ilhtst.  del  regno  di  Napoli. 
*  CARAFFA  {Joseph),  philologue  et  archéo- 
iue  italien,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
me  siècle.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  es- 


timés, tels  que  :  de  Capella  régis  uirimque 
Siciliee  et  aliorum  principum  liber  unus; 
Rome,  1749,  in-4'';  —  de  Gymnasio  romano 
et  de  ejus  professoribus,  ab  urbe  condita  us- 
que  ad  haec  tempora;  Rome,  1751, 2  vol.  in-4°. 

Adelung,  suppl.  à  JOcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CARAFFA  (  Placide  ),  historien  sicilien,  né  à 
Modica,  vivait  au  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Sicanias  Bescriptio  et  Delineatio;  Palerme, 
1653,  in-4°;  —  Motucee  (Modica)  illustrata 
Bescriptio;  Palerme,  1655,  in-4°  :  ces  deux  ou- 
vrages ont  été  insérés  dans  le  Thésaurus  Anti- 
quitatum  SiciZicB  de  Bunnann;  —  Compendio 
istorico  dellà  cita  di  Messina  dal  V  anno  del 
mondo  1974  aW  anno  di  Christo  1670;  Ve- 
nise, 1670,  fort  rare. 

Toppl,  Bibl.  Napolet. 

CARAFFA  ou  CARAFA  DE  COLOBRANO  {Mi' 

chel- Henri),  musicien-compositeur,  naquit  le  17 
novembre  1787  (1)  à  Naples,  et  fut  élevé,  dans 
cette  ville,  au  collège  de  la  Nunziatella.  Dès  son 
enfance ,  il  annonça  les  plus  heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique,  qu'il  étudia  d'abord  sous 
un  habile  organiste  nommé  Fazzi  ;  il  reçut  en- 
suite des  leçons  d'harmonie  et  d'accompagnement 
de  Francisco  Ruggi,  et  passa  plus  tard  sous  la 
direction  de  Fenaroli,  professeur|de  contrepoint 
au  conservatoire  de  Loreto.  Malgré  ces  débuts 
heureux,  il  embrassa  la  carrière  militaire.  En 
1806,  lors  de  l'entrée  des  Français  à  Naples, 
M.  Caraffa  se  trouvait  en  Calabre,  et  fut  fait  pri- 
sonnier à  la  bataille  de  Campo-Tenese.  Adimis 
comme  lieutenant  dans  les  hussards  de  la  garde 
de  Joachim  Murât  et  nommé  écuyer  du  roi,  sa 
conduite  dans  l'expédition  contre  la  Sicile  lui 
valut  la  décoration  de  l'ordre  des  Deux-Siciles 
et  le  grade  de  capitaine.  Pendant  la  campagne 
de  Russie  en  1812,  il  remplit  auprès  de  Joa- 
chim les  fonctions  d'officier  d'ordonnance,  fut 
nommé  chevaher  de  la  Légion  d'honneur,  et 
promu  chef  d'escadron.  De  1813  à  1815,  il  resta 
constamment  attaché  à  la  personne  de  Murât; 
mais,  après  la  chute  de  ce  souverain,  il  déposa 
l'épée,  pour  se  livrer  exclusivement  à  la  culture 
d'un  art  qui  jusque-là  n'avait  été  qu'un  délasse- 
ment pour  lui. 

M.  Caraffa  s'était  déjà  fait  connaître  par  plu- 
sieurs productions  musicales.  Dans  sa  jeunesse, 
il  avait  écrit  pour  des  amateurs  un  opéra  inti- 
tulé il  Fantasma,  et  quelques  cantates  qui 
annonçaient  du  talent;  en  1814,  il  avait  donné 
au  théâtre  del  Fonde,  à  Naples,  il  Vascello  f  Oc- 
cidente,  ouvrage  que  le  public  avait  accueilli 
avec  faveur.  La  Gelosia  corretta,  jouée  l'année 
suivante  au  théâtre  des  Florentins ,  et  d'autres 
opéras  successivement  représentés  à  Naples,  à 
Milan  et  à  Venise,  justifièrent  promptement  les 
espérances  que  l'on  avait  conçues  sur  l'avenir 

(1;  La  Biographie  universelle  des  Musiciens,  de  M.  Fé- 
tis,  indique  le  28  novembre  1785.  Nous  avons  rectifié  cette 
date  d'après  les  Indications  données  par  M.  Caraffa  lui-» 
même, 


059 


CARAFFA  —  GARAGLIO 


6f 


du  nouvel  artiste.  Au  milieu  des  applaudisse- 
ments qu'il  recueillait  sur  les  théâtres  de  ces  di- 
verses villes,  M.  Caraffa  vint  à  Paris,  et  débuta, 
en  1821,  à  rOpéra-Comique  par  Jeanne  d'Arc, 
qui  fut  bientôt  suivie  du  Solitaire.  Le  succès 
populaire  qu'obtint  ce  dernier  ouvrage,  repré- 
senté au  mois  d'août  1822,  acquit  à  M.  Caraffa 
le  droit  de  cité.  Cependant  ce  compositeur  n'en 
continua  pas  moins  à  travailler  pour  les  théâ- 
tres étrangers  en  même  temps  que  pour  la  scène 
française;  mais,  à  partir  de  1827,  il  adopta  dé- 
finitivement la  France  pour  seconde  patrie,  et  se 
fixa  à  Paris.  Depuis  lors  il  y  a  donné  plusieurs 
ouvrages,  parmi  lesquels  Masaniello ,  opéra 
rempli  de  situations  dramatiques  rendues  de  la 
manière  la  plus  heureuse ,  peut  être  considéré 
comme  son  chef-d'œuvre.  La  musique  de  M.  Ca- 
raffa se  distingue  par  le  naturel  des  mélodies  et 
l'élégance  de  l'instrumentation  ;  son  stylo  facile 
appartient  à  l'école  italienne  moderne.  Ce  com- 
positeui-  a  quelquefois  emprunté  à  Rossini  les 
formes  qui  lui  paraissaient  convenir  le  mieux  à 
l'expression  de  ses  propres  idées. 

\(HCi  la  liste  complète  des  opéras  qu'il  a  écrits  : 
il  Vascello  V  Occidente,  2  actes,  à  Naples 
(1814);  —  la  Gelosla  corretta,  2  actes,  id. 
\i%\é};  —  Gàbnelladi  Vergi,  2  actes,  id.  (1826)  ; 

—  Ifigenia  in  Tauride,  2  actes,  id.  (1817)  ; 

—  Adeli  di  Lusignano ,  1  actes,  à  Milan 
(1817);  —  Bérénice  in  Siria,  2  actes,  à  Na- 
ples (1818);  —  Elisabetta  in  Berbishire,  2  ac- 
tes, à  Venise  (1818);  —  il  Sacrifizio  d'  Epito, 
3  actes,  id.  (1819); —  gli  VueFigari,  2  actes, 
à  Milan  (1820);—  Jeanne  d'Arc,  opéra-co- 
mique en  3  actes,  à  Paris  (1821);  —  Tanier- 
lano,  ouvrage  en  3  actes,  reçu  au  théâtre  Saint- 
Charles  à  Naples,  mais  qui  n'a  pas  été  représenté 
(1822)  ;  —  la  Capriciosa  ed  il  Soldato,  2  actes, 
à  Rome  (1822);  —  le  Solitaire,  opéra-comique 
en  3  actes,  à  I>aris  (1822);  —  Eufemio  di  Mes- 
sina,  2  actes,  à  Rome  (1823);  —  Abufar,  2  ac- 
tes, à  Vienne  (1823);  —  le  Valet  de  Chambre, 
1  acte,  à  rOpéra-Comique  (1823),  et  au  même 
théâtre  V Auberge  supposée  (1824)  ; —  au  graad 
Opéra,  la  Belle  au  bois  dormant  (1825);  — 
il  Sonnanbulo,  1  actes,  à  Milan  (1825);  —  il 
Paria,  2  actes,  à  Venise  (1826);  —  à  l'Opéra- 
Comique,  Sangarido,  1  acte  (1827)  ;  —  la  Vio- 
lette, 3  actes,  avec  M.  Leborne  (1827)  ;  —  Ma- 
saniello, 3  actes  (1828),  et  Jenny,  3  actes 
(1828);  —  le  Nozze  di  Lammermoor,  au 
Théâtre-Italien  (1829)  ;  —  le  Livre  de  l'Ermite, 
au  théâtre  Ventadour  (1830);  —  V Auberge 
cl'Auray,  à  l'Opéra-Comique ,  en  collaboration 
avec  Hérold  (1830)  ;  —  l'Orgie,  ballet  en  3  actes, 
à  l'Opéra  (1831);  —  la  Prison  d'Edimbourg, 
3  actes,  à  l'Opéra-Comique  (1833);  et  au  même 
théâtre  la  Maison  du  Rempart  (1833)  et  la 
Grande-Duchesse ,  4  actes  (1834).  A  l'ouverture 
de  rOpéra-National,  en  1847,  sous  la  direction  de 
M.  Adam,  il  a  écrit  quelques  airs  pour  le  prologue 
intitulé  les  Premiers  pas,  ou  les  Deux  Genres. 


Naturalisé  français  en  1834,  et  élu  membre  < 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut  en  183 
M.  Caraffa  est  professeur  de  comijù^ition  au  Coi 
servatoire,  et  directeur  du  Gymnase  musical  m 
litaire.  Dieudonné  Deisne-B(^ron. 

Germain  Sarrut  et  Saint-Edme,  Biogr.  des  Hommes  i 
jour.  —  Fétis,  Biogr.  universelle  des  Musiciens.  —DU 
de  la  Conversation. 

*  CARAFFE  {Armand-Charles),  peintre  fra 
çais  d'histoire,  élève  de  Lagrenée,  mort 
1812  (1).  Caraffe  étudiait  à  Rome  lorsque  1 
événements  de  la  révolution  l'obUgèrent  de  r 
venir  à  Paris,  où  il  exposa,  en  l'an  vu,  vingt-s 
dessins  représentant  des  scènes  et  des  costum 
orientaux;  en  l'an  viii,  l'Amour  abandonné  ( 
la  Jeunesse,  tableau  allégorique  ;  —  la  Blort  i 
Philopœmen,  esquisse;  —  l'Espérance  so. 
tient  le  malheureux  jusqu'au  tombeau ,  i 
hleau  placé  à  la  Charité  ;  plusieurs  portraits, 
se  rendit  en  Russie  en  1801,  et  revint  à  Paris  ■ 
1812.  P.  Cn. 

lAvretsdes  Salons.  —  Le  Has, IHctionnaii'e  cncyclo] 
dique  de  la  France.  —  Dussieux,.  les  Artistes irançai. 
Vctranger. 

CAtlAGLÎO     OU     CARALîO     OU    CARALHî 

(  Jean-Jacques  ),  graveur  italien,  né  à  Véro 
ou  à  Parme  vers  1500,  et  1512  d'après  Ticozz 
mort  à  Parme  en  1571  (2).  Cette  incertitude  s 
le  lieu  de  sa  naissance  vient  de  ce  qu'il  sign; 
tantôt  Parmensis,  tantôt  Veronensis.  Il  est  hc 
de  doute  qu'il  travailla  à  Vérone,  et  qu'à  Ror 
ses  études  se  firent  sous  la  direction  de  Mai 
Antoine  Raimondi,  dont  il  devint  bientôt  un  d 
meilleurs  élèves.  Après  s'être  placé  au  premi 
rang  parmi  les  graveurs,  il  s'adonna  à  la  tai 
et  à  la  gravure  des  pierres  fines  et  des  raédaillf 
et  se  fit  dans  cette  profession  nouvelle  une  r 
putation  qui  s'étendit  à  l'étranger.  Appelé  en  P 
logne  par  le  roi  Sigismond  I^'^,  il  obtint  de 
souverain  plusieurs  commandes,  dont  il  s'a 
quitta  en  maître  habile,  et  qui  lui  furent  roy. 
lement  payées.  A  son  retour  en  Italie,  il  se  reti 
et  mourut  dans  une  terre  qu'il  possédait  aux  e 
virons  de  Parme.  Il  apposait  son  nom  à  ses  gr 
vures  ;  quelquefois  aussi  il  y  mettait  un  simf 
monogramme.  Bartsch  décrit  64  estampes  du 
à  cet  artiste.  On  cite  particulièrement  les  estai 
pes  suivantes:  la  Grande  Bataille,  d'après  R 
phaël;  —  Diogène  et  son  tonneau,  d'après 
Parmesan;  —  l'Annonciation,  d'après  Titic: 

—  les  Martyres  de  saint  Pierre  et  de  sai 
Paul,  d'après  le  Parmesan;  —  le  Procès  d 
Muses  et  des  Piérides  devant  Apollon,  d'apr 
Rosso  :  cette  gravure  est  rare  et  fort  recherché 

—  les  Fiançailles  de  Marie ,  d'après  le  Pa 
mesan  ;  —  les  Amours  des  Dieux  ;  —  les  L 
vinités  delà  Fable  avec  leurs  attributs,  d' 
près  Rosso  :  c'est  une  suite  d'estampes  do 
Vasari  fait  im  grand  éloge;  —  l'Annonciatio 
d'après  Raphaël  ;  —  les  Travaux  d'Hercw 

(1)  En  1814 ,  d'après  M.  Dussieux  (  les  Artistes  françt 
a  l'étranger). 
(2)  Et  non  iSSl.comme  le  prétendent  quelques  blographi 


•Ci 


CARAGLIO 


après  Rosso;  —  l'Adoration  des  Bergers,  d'a- 
r('s  le  Parmesan  ;  — la  Sainte  Famille,  d'après 
aphaël;  —  la  Pentecôte,  d'après  le  même  :  on 
Itiibue  aussi  cette  œuvre  à  Marc- Antoine  Rai- 
londi  ;  —  les  Amo^irs  de  Mars  et  de  Vénus, 
après  les  dessins  de  Rosso  ;  —  Mars  et  Véjius 
ir pris  par  Vîclcain  ; — l' Assemblée  des  Dieux, 
après  Raphaël  ;  attribuée  par  Vasari,  contredit 
1  cela  par  Bartsch,  à  Augustin  de  Venise;  — 
École  des  philosophes  de  l'antiquité,  d'a- 
I  es  le  Parmesan  ou  Raphaël  ;  —  Alexandre  et 
oxane,  d'après  le  peintre  d'Urbin,  et  également 
j  tribué  par  Vasari  à  Augustin  de  Venise;  — 
If  éerre  Arétin,  d'après  Titien. 

Vasari,  Fite.  —  Ticozzi,  Dizionario.  —  Bartsch,  le 
'intre  graveur. 

'CARAGUEL  {Clément),  journaliste  fran- 
is,  né  à  Mazamet  (Tarn)  en  1819.  Venu  à 
ïris  en  1840,  il  entra  dès  lors  dans  la  carrière 
!  la  publicité,  et  travailla  successivement  dans 
«sieurs  recueils  et  Journaux,  tels  que  le  Vert- 
vrt,  ÏEntfacte,  le  National,  la  Revue  de 
aris,  le  Crédit,  et  la  Politique  nouvelle. 
,  Caraguel  est,  depuis  le  mois  de  février  1848, 
m  des  plus  actifs  rédacteurs  du  Cha.rivari. 
1  a  de  lui  -.Quatre  mois  en  mer,  en  collabora- 
5n  avec  M.  Ch.  Marchai;  Paris,  1840,  in-8<'; 
le  Bougeoir ,  comédie  en  un  acte ,  repré- 
nntée  au  théâtre  de  l'Odéon  au  mois  de  mai 

Qnérard,  la  France  littéraire.  —  Beucliot,  Journal  de 
Librairie. 

iCARAMAN  {Pierre-Paul  Riquet  de  Bonre- 
18,  comte  de),  général  français,  né  en  1646 , 
ort  le  25  mars  1730.  Enseigne  aux  gardes 
ançaises  (6  juillet  1666)  ,  il  se  trouva  aux 
féges  de  Tournay ,  de  Douay ,  de  Lille ,  et  fut 
■omu  au  grade  de  lieutenant  le  20  janvier  1668. 
yant  obtenu  une  compagnie  (février  1675),  il 
(Tvit  à  sa  tête  aux  sièges  de  Condé  (1676),  de 
ftlenciennes,  de  Cambray  (1677),  de  Gand, 
lYpres  (1678),  et  combattit  dans  la  même  an- 
jse  à  Saint-Denis,  près  de  Mons.  Brigadier  par 
Wet  du  25  avril,  il  se  distingua  au  siège  de 
ajnur  (  1692),  où  il  emporta ,  à  la  tête  du  règl- 
ent Dauphin-infanterie ,  le  fort  Guillaume.  Ma- 
'Charde  camp  (3  janvier  1696),  il  passa  à l'ar- 
'  ée  de  Flandre,  où  avec  quelques  compagnies 
}  grenadiers  et  deux  mille  chevaux  il  s'em- 
ira  de  Denain,  fit  la  garnison  prisonnière,  et 
i)ntribua  à  la  défaite  des  Hollandais  sous  Ni- 
I  ègue.  Lieutenant  général  des  armées  du  roi 
3  décembre  1702),  11  servit  à  l'armée  de  Flan- 
lesous  les  maréchaux  de  Villeroy  et  deBouf- 
ars  (1703),  combattit  à  Eckeren,  et  fut  promu 
,  1  grade  de  lieutenant-colonel  des  régiments  de 
;  garde  le  1"  juin  1705.  Le  17  juillet  suivant, 
l's  lignes  de  la  Gette,  entre  Nodouë  et  Diest, 
[yant  été  rompues  par  les  troupes  du  duc  de 
larlborough  et  du  maréchal  d'Owerkerque, 
[électeur  de  Bavière,  qui  commandait  en  chef 
j  armée  française,  et  dont  les  forces  étaient  loii 
(e  pouvoir  contre-balancer  celles  de  l'ennemi. 


—  CARAMAN  Cf52 

n'avait  plus  d'autre  esiwir  que  d'assurer  sa 
retraite  en  conservant  Ijouvain,  Malines  et  An- 
vers; malgré  les  plus  grands  elforts  do  courage, 
la  déroute  la  plus  complète  se  mit  dans  nos 
rangs.  C'en  était  fait  de  l'armée  française,  lors- 
que le  comte  de  Caraman  abandonna  une  posi- 
tion qui  assuraitj  sa  retraite,  pour  voler  au  secours 
de  ses  frères  d'armes.  Subitement  entouré  de 
quatre-vingts  escadrons  ennemis,  il  forme  en  ba- 
taillon carré  les  deux  brigades  à  la  tête  desquel- 
les il  combat.  Dès  lors  l'affaire  change  de  face. 
Pendant  que  l'ennemi  vient  se  briser  sur  les 
lignes  de  ce  bataillon,  l'armée  française  se  rallie; 
et  bientôt  elle  doit  au  comte  de  Caraman  de 
pouvoir  gagner  le  défilé  de  Nodouë.  Ce  service 
éminent  lui  valut  la  grande  croix  de  l'ordre 
militaire  de  Saint-Louis,  dont  le  brevet  fut  signé 
du  jour  même  de  la  bataille.  Après  la  bataille  de 
Ramillies  ,  où  il  se  distingua  (1706) ,  il  prit  le 
commandement  de  Menin ,  qu'il  ne  rendit  qu'a- 
près trente-neuf  jours  de  siège ,  dix-huit  jours 
de  tranchée  ouverte.  Oudenarde  (1708)  et  Mal- 
plaquet  (1709)  furent  ses  derniers  services  mili- 
taires. S'étant  démis  de  sa  lieutenance-colonelle 
du  régiment  des  gardes  le  18  février  1710,  il  se 
retira,  et  mourut  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre 
ans.  A.  Sauzay. 

Pinard ,  Chron.  milit.,  t.  IV,  p.  492.  —  Quincy,  Hist. 
milit.  de  Louis  XI r,  t.  IV,  p.  506. 

*  CARAMAN  {Pierre-Paul  de  Riquet,  comte 
de),  neveu  du  précédent,  lieutenant  général,  né 
en  1698,  mort  le  22  avril  1760.  Colonel  du  ré- 
giment de  Berry,  il  fut  envoyé  à  l'armée  d'Italie, 
se  distingua  à  Parme  et  à  Guastalla,  et  fut  promu 
au  grade  de  maréchal  de  camp  le  1°''  mars  1738. 
Employé  à  l'armée  de  Bavière,  il  se  trouva  à  la 
levée  du  siège  de  Braunau  par  les  ennemis  en 
1743,  et  rentra  en  France  avec  la  deuxième 
division  de  cette  armée  au  mois  de  juillet.  Il 
finit  la  campagne  en  haute  Alsace  ,  sous  les  or- 
dres du  maréchal  de  Coigny,  battit  les  ennemis 
à  Rhinvillers,  à  la  tête  des  brigades  de  Cham- 
pagne et  de  la  Sarre.  Les  trois  mille  ennemis 
qui  avaient  passé  le  Rhin  furent  tués,  noyés  ou 
pris.  Ce  beau  fait  d'armes  valut  au  marquis  de 
Caraman  le  grade  de  lieutenant  général. 

Chronologie  militaire,  t.  V.  —  .Dictionnaire  histori- 
que des  généraux  français. 

CARAMAN  {Victor-MauriceDE  Riquet,  comte 
DE  ) ,  fils  du  précédent ,  lieutenant  général ,  né 
le  16  juin  1727,  mort  le  24  janvier  1807.  Il  en- 
tra aux  mousquetaires  en  1740,  obtint  en  1743 
une  compagnie  du  régiment  de  Berry,  et  seti'ou- 
va  aux  sièges  de  Menin ,  d'Ypres ,  de  Furnes ,  à 
l'affaire  d'Haguenau  et  %u  siège  de  Fribourg,  en 
1744;  à  la  bataille  de  Fontenoy ,  au  siège  de 
Tournay,  à  l'affaire  de  Mesle  et  à  la  prise  de 
Gand,  en  1745.  Nommé  colonel  du  régiment  de 
dragons  qui  portait  son  nom,  il  le  commanda  au 
siège  de  la  citadelle  d'Anvers  et  à  la  bataille  de 
Raucoux,  en  1746;  aux  sièges  de  Berg-op-Zoora 
en  1747,  et  de  Maestricht  en  1748  ;  à  la  bataille 
d'Hastembeck  en   juillet  1757  ;  à  la  prise  de 


663 


CARAMAN 


Minden  et  de  Hanovre,  au  mois  d'août  ;  au  camp 
de  Closterseven  et  à  la  marche  sur  Zell.  Attaqué 
à  Embeck  par  trois  mille  Hanovriens  comman- 
dés par  le  général-major  comte  de  Schulenbourg, 
ii  les  mit  en  déroute  avec  son  régiment  et  cent 
quatre-vingts  chasseurs  de  Fischer.  Cette  action  lui 
mérita  le  grade  de  brigadier,  )1  se  distingua  en- 
core à  la  bataille  de  Minden  en  1759  ,  aux  af- 
faires de  Corbach  et  de  Warbourg  en  1760  ;  fut 
nommé  maréchal  de  camp  en  1761,  commandant 
en  second  à  Metz ,  lieutenant-général  en  1780, 
puis  commandant  pour  le  roi  en  Provence  avec 
pouvoir  extraordinaire  en  1788  et  1789.  Il  émi- 
gra  pendant  la  révolution ,  et  ne  rentra  en  France 
qu'en  1801. 

Chronologie  militaire,  t.  Vil.  —  Dictionnaire  histo- 
rique des  généraux./rançais.  ' 

CARAMAN  (  Victor-Louis-Charles  de  Riquet  , 
vicomte,  comte,  marquis,  puis  duc  de),  fils 
aîné  du  précédent,  né  en  1762  ,  mort  lieutenant 
général  en  1839.  Destiné  à  la  carrière  diplomati- 
que, il  visita  la  Prusse,  l'Autriche  ,  la  Turquie , 
la  Russie  et  la  Suède.  Il  émigra  pendant  la  ré- 
volution, et  prit  du  service  en  Prusse.  Il  rentra 
en  France  sous  le  consulat  ;  mais  il  fut  arrêté  et 
détenu  jusqu'à  la  chute  de  l'empire.  Louis  XVIII 
le  nomma  ministre  à  Berlin  en  1814,  puis  ambas- 
sadeur à  Vienne  en  1815.  M.  de  Caraman  as- 
sista au  congrès  d'Aix-la-Chapelle,  de  Troppau, 
de  Laybach  et  de  Vérone,  et  fut  créé  duc  en  1828. 
Après  la  révolution  de  Juillet,  il  ne  crut  pas  de- 
voir se  démettre  de  sa  dignité  de  pair  ;  mais ,  à 
l'exception  d'une',excursion  en  Algérie,  et  la  part 
qu'il  prit  comme  volontaire  à  la  première  et 
malheureuse  expédition  de  Constantinc ,  où ,  à 
l'âge  de  soixante-quatorze  ans,  il  donna  l'exemple 
du  plus  grand  courage  et  du  plus  noble  dévoue- 
ment, il  ne  s'occupa  plus  que  de  questions  in- 
dustrielles. 11  a  laissé  des  Mémoires  (Revue  Con- 
temporaine, 1852  et  1853),  dont  une  partie  pa- 
hïiée<\Sins\e  Journal  des  Débats,  12  juin  1841. 

Biographie  des  hommes  vivants. —  Biographie  des  cé- 
lébrités militaires.  —  Azaïs  ,  Eloge  funèbre  du  duc 
de  Caraman  ;  Bézlers,  1840. 

CARAMAN  (  le  comte  Maurice  Riquet  de  ) , 
second  fils  du  comte  Maurice-Victor  de  Cara- 
man, né  le  7  octobre  1765,  mort  en  1837.  Lors- 
que la  révolution  éclata,  il  était  major  en  second 
du  1'=''  régiment  des  carabiniers  de  Monsieur. 
Il  émigra ,  servit  dans  l'armée  des  princes,  et 
rentra  en  France  en  1800.  Élu  membre  du  corps 
législatif  en  1811,  il  fut  élevé  en  1814  au  gradede 
maréchal  de  camp ,  et  fit  partie  de  la  chambre 
des  députés  depuis  1824  jusqu'en  1828.  En  1829, 
il  eut  l'honneur  de  présider  à  la  pose  de  la  pre- 
mière pierre  du  monument  érigé  dans  le  dépar- 
tement de  la  Haute-Garonne  à  Pierre-Paul  Ri- 
quet. 
De  Colircellcs,  Hist.  des  généraux  français.  '  "  " 
CARAMAN  (  Victor-Marie- Joseph-Louis  de 
Riquet,  marquis  de),  fils  de  Victor-Louis-Char- 
les, né  à  Paris  le  6  octobre  1786,  mort  en  1837. 
Rentré  en  France,  après  avoir  servi  en  Prusse  et 


en  Hollande,  il  devint  officier  d'ordonnance 
Napoléon  en  1813,  prit  part  avec  distinction 
combat  de  Craonne,  et  devint,  sous  la  resta 
ration,  colonel  de  l'artillerie  de  la  garde  roya 
11  mourut  du  choléra  après  la  seconde  expéditi 
de  la  prise  de  Constantine,  où  il  commandait  1' 
tillerie  qui  ouvi'it  la  brèche  le  26  octobre  18: 
On  a  de  lui  :  Essai  sur  l'organisation  milita 
de  la  Prusse;  Paris,  1831,  in-8°;  —  Réflexï 
sur  l'emploi  de  lacavalerie  dans  les  batailU 
Paris,  1835,  in-8". 

Biographie  des  hommes  vivants.  —  Moniteur.  —  Ji 
nal  des  Débats. 

*  CARAMAN  (le  comte  George-Joseph-V 
ter),  frère  du  précédent,  a  été  ministre  plé 
potentiaire  en  "Wurtemberg  et  en  Saxe  sous 
restauration. 

*  CARAMAN  (le  comte  Frédéric-Adolphi 
né  à  Berlin  en  1 800.  Officier  d'état-major,  il  a  { 
blié  quelques  écrits  relatifs  à  ses  voyages 
Orient  ;  ami  des  arts ,  on  lui  doit  d'avoir  sai 
de  la  destruction  les  restes  du  château  d'Ane 

CARAMAN-OGLOr-ALI-BEY  OU  CARAMJ» 

ALA-EDDYN,  prlncc  de  Caramanie  (Cilicie  ), 
vaitau  quatorzième  siècle.  Il  descendait  de  ;Ni 
Isofi,  Arménien  de  naissance,  qui,  sous  le  rèj 
d'Ala-Eddyn,  l'"'  sultan  des  Seldjoukides ,  é1 
venu  s'établir  à  Konia.  Caraman,  fils  de  Ni 
Isofi,  parvint  à  une  si  haute  faveur  près  d'A 
Eddyn,  que  ce  prince  lui  conféra  la  charge 
grand  écuyer,  lui  donna  la  main  de  sa  sœur, 
l'investit  de  la  principauté  de  Séleucie.  Caran 
s'empara  bientôt  après  d'Ermenak.  Son 
Mohammed  se  saisit  de  Konia,  capitale  des  Se 
joukides;  mais  il  périt  dans  son  usurpatio 
laissant  un  fils,  Mahmoud-Bedreddin,  qui  possf 
toute  la  Caramanie  après  la  ruine  de  l'emp 
des  Seldjoukides.  Le  petit-fils  de  Mahmoud-B( 
reddin,  Caraman,  se  trouva  dès  son  avénem( 
en  hostilité  avec  ses  puissants  voisins  les  C 
manlis.  Il  déclara  la  guerre  à  Amurad  I^'',  et  s( 
leva  contre  lui  les  Akis  ou  grands  propriétaii 
terriens  de  la  Galatie,  devenus,  par  une  rév 
lution ,  maîtres  de  la  ville  d'Ancyre.  Des  boi 
de  l'HelIespont,  le  sultan  accourut  rapidemc 
sur  les  frontières  de  l'Anatolie  ,  et  enleva  ai 
rebelles  leur  conquête,  en  1360.  Caraman 
la  paix,  et  épousa  Nefise,  fille  d'Amurat.  Ce  m 
riage  ne  l'empêcha  pas  de  recommencer  la  guei 
après  la  mort  du  grand  vizir  Khaïr-Uddin-Pacl 
en  1386.  Il  fut  complètement  battu ,  dans  la  plai 
d'Iconium  ,  par  le  beïlerbeï  Timourtach.  C'( 
dans  cette  journée  que  le  prince  Bajuzeth,  fils 
successeur  d'Amurat,  commença  à  montrer  cel 
impétuosité  brillante  qui  lui  mérita  plus  tard 
surnom  d'Ildirim  (le  Foudre).  Caraman  se  rél 
giadans  Konia,  et  put  conserver  cette  place,  grà 
à  l'intervention  de  sa  femme,  fille  d'Amurat  ;  m; 
il  fut  forcé  de  rendre  hommage  au  vainqaeu 
Le  prince  de  Caramanie  n'observa  pas  miei 
cette  seconde  paix  que  la  première ,  et  leva  ( 
nouveau  l'étendard  de  la  révolte  en  1392 ,  pe 


CARAMAN  —  CARANDIINOS 


68G 


iil  ([lie  liajazeth  était  occupé  en  Europe  à  com- 
illie  ses  nombreux  ennemis.  Caraman  s'était 
jii  avancé  jusqu'aux  environs  de  Brousse  et 
vncyre,  et  avait  fait  prisonnier  le  beïlerbeï 
iiioiirtach,  lorsque  Bajazeth,  traversant  rapi- 
iiicnt  l'Hellespont,  se  présenta  devant  son  vas- 
I  rebelle.  Celui-ci,  efl'rayé  de  ce  retour  inat- 
iiilu ,  envoya  une  ambassade  au  sultan  pour 

1  i  demander  la  paix;  Bajazeth  fut  inflexible  : 

;  U'cstàTépée  seule,  répondit-il  à  l'envoyé,  de 
oiioncer  entre  nous.  »  La  bataille  s'engagea 

!  IIS  la  plaine  d'Ak-Tchaï  (rivière  Blanche).  Ca- 
luan'fut  vaincu  et  fait  prisonnier  avec  ses  deux 
^,  Ali  et  Mouhammed.  Les  deux  jeunes  princes, 

I  iidamnés  à  une  détention  perpétuelle,  allèrent 
bir  leur  peine  à  Brousse.  Caraman,  confié  à  la 
nlo  de  Timourtach,  fut  tué  par  lui,  sans  l'au- 
risation,  du  moins  apparente,  du  sultan.  Les 
les d'Ak-Seraï,  de  Lerenda,  de  Konia,  ainsi  que 
ite  !a  Caramanie  furent  réunies  à  l'empire  Ot- 
nan. 

le  Haramer,  Histoire  de  l'Empire  Ottoman,  V  et  VI. 
loiiannia,  Turquie  (  dans  l'Univers  pittoresque). 

CARKVixsico  (François  D'AQvmo,  princenE), 
nime  d'État  napolitain,  né  en  1736,  mort  à 
Icinie  en  1795.  Ambassadeur  à  Londres  et  à 

i  lis  comme  l'avait  été  Caraccioli,  il  lui  succéda 
ns  la  dignité  de  vice-roi  de  Sicile.  H  tenta 
ulilement  quelques  réformes  utiles. 

,  ysoniteur  universel.—  ..4nnual  register.  ^ 

I  CARAMVEL  (Jean  DE  LoBKowiTz),  théolo- 
t  en  espagnol,  né  à  Madrid  le  23  mai  1606,  mort 
1  8  septembre  1682.  Après  avoir  fait  de  fortes 
!  ades,  il  entra  dans  l'ordre  de  Cîteaux,  et  pro- 
ssa  quelque  temps  la  théologie  à  l'université 
Alcala.  Appelé  ensuite  dans  les  Pays-Bas,  il 
y  lit  une  grande  réputation  par  ses  sermons, 
fut  reçu  docteur  en  théologie  à  Louvain  en 
i,)38.  Son  mérite  l'éleva  aux  premières  dignités 
[;  son  ordre.  Il  reçut  l'abbaye  de  Melrosa  en 
[cosse ,  et  fut  nommé  vicaire  général  de  l'abbé 
;  Cîteaux,  dans  les  îles  Britanniques.  Mais  il 
Tnble  n'avoir  jamais  visité  aucun  de  ses  pays, 
rt'ïsidait  dans  son  abljaye  de  Dissembourg; 
l'cé  d'en  sortir  à  cause  des  troubles  du  Pa- 
tinât ,)1  se  rendit,  en  qualité  de  ministre  du 
,  )i  d'Espagne  ,  à  la  cour  de  l'empereur  Ferdi- 
■  and  rn,  qui  lui  donna  deux  abbayes  ,  une  à 
irague,  l'autre  à  Vienne,  et  une  pension  consi- 
dérable. Au  siège  de  Prague  par  les  Suédois  en 
j648,  Caramuel  se  mita  la  tête  d'une  troupe 
1  ecclésiastiques,  et  repoussa  vaillamment  les  at- 
|iques  des  ennemis.  Alexandre  VII  l'appela  à 
!  orne  en  1655,  et  lui  donna  les  évêchés  réunis 
e  Campagna  et  de  Satriano,  dans  le  royaume  de 
aples.  Mécontent  du  revenu  assez  mince  de 
es  deux  évêchés,  Caramuel  s'en  démit  en  1673, 
t  fut  nommé  par  le  roi  d'Espagne  à  celui  de 
■igevano,  où  il  mourut.  Il  lut  enseveli  dans 
|i  cathédrale  de  Vigevano.  Une  énumération 
ssez  courte,  mais  pompeuse,  des  qualités  et  des 
elles  actions  du  défunt,  est  inscrite  sur  un  pilier 


placé  en  face  de  son  tombeau.  «  Caramuel  ,  dit 
Nicéron ,  était  un  homme  d'une  érudition  pro- 
fonde ,  mais  peu  solide,  d'une  imagition  extrê- 
mement vive ,  grand  parleur^  et  grand  raison- 
neur, mais  à  qui  le  jugement  manquait.  On  a  de 
lui  :  Steganographix  Trithemii  et  Claviculx 
Salomonis  Germani  Declaratio  et  Vindicatio; 
Cologne,  1634,  in-4'';  —  PsaUerio  de  I).  An- 
tonio, rey  de  Portugal,  et  que  conftesa  à  Bios 
sus  culpas  ;  traduzido  per  Juan  de  Cara- 
muel ;  Bruxelles ,  1635  ,  in-16;  —  Thanatoso- 
phia,  seii  Musseum  mortis  ;  Bruxelles  ,  1637, 
in-4"  ;  —  Theologia  regularis ,  sanctorum 
Benedictîni ,  Augustini ,  Francisci  régulas 
commentariis  dilucidans;  Bruges,  1 638,  in-fol.; 
Francfort,  1664,  in-4°;  Venise,  1651.  in-4''; 
Lyon ,  1665  ,  in-fol.  ;  —  Philippus  Prudens , 
Lusitaniee,  Algarbiœ,  Indise,  Brasilise,etc., 
legitimus  rex  demonstratus  ;  Anvers,  1638, 
in-fol.  —  Motivum  Juris,  quod  in  Curia  Ro- 
mana  disceptatur  de  cardinalis  Richelii  Cis- 
tercensis  abbatis  generalis  erga  universum 
ordinem  autoritate  et  potestate;  Anvers,  1638, 
in-4°  ;  —  Declaracion  Mystica  de  las  Armas 
de  Espana;  Bmxelles,'  1639,  in-fol.;  —  Cœ- 
lestes  Métamorphoses,  sive  circulares.  plane- 
tarum  Theoricee  in  alias  formas  transfigu- 
ratx;  Bruxelles,  1639;  —  Bernardus  Petrum 
Abailardum  et  Gilbertum  Porrctanum trium- 
pAffWS;  Louvain,  1639  et  1644,in-4°;— Sc/ioZion 
elimatum  ad  regulam  sancti  Benedicti,  li- 
bellum  sancti  Bernardi  de  preecepto  et  dis- 
pensatione  dilucidans,  in  quo  demonsiratur 
sanctum  hune  doctorem  opiniones  benignas 
semper  fovisse  ;  Louvain,  1641  ,  in-4°  ;  —  Ma- 
thesis  audax,  rationalem,  naturalem,  super- 
naturalem  ,  divinamque  sapientiam  Arith- 
m,eticis,  Catoptricis,  Staticis,  Dioptricis,  As- 
tronomicis ,  Musicis  ,  Chronicis  et  ArchiteC' 
tonicis  fundamentis  substruens  exponens- 
que  ;  Louvain,  1642  et  1644,  in-4°  ;  —  Cabalse 
Grammaticse  Specmew;  Bruxelles,  1632,  in-12; 
—  Sublimium  ingeniorum  Grux  jam  tandem 
deposita ,  sive  de  Lapsu  gravium  ;  Louvain, 
1642  et  1644,  in-4°;  —  Repuesta  al  Manifesta 
del  reino  de  Portugal  ;  Anvers,  1642,  in-4''|; 
Saint-Angelo,  1664,  in-4°;  —  Severa  argumen- 
tandi  Methodus ;  Louvain,  1644,  in-fol.;  — 
De  novem  Sideribus  circa  Jovem  visis  ;  Lou- 
vain ,  1643,  in-12  ;  —  Theologia  moralis  ad 
prima  eaque  clarissima  principia  reducta; 
Louvaiu,  1643,  in-fol:  c'est  un  traité  de  casuis- 
tique; la  morale  en  est  fort  relâchée;  —  Hpis- 
tola  ad  Gassendum  de  Germanorum  protes- 
tantium  Conversione ;  1644  ,  in-4°  ;  —  un 
grand  nombre  d'autres  ouvrages  théologiques, 
scientifiques  et  poUtiques,  dont  on  peut  voir  la 
liste  complète  dans  Nicéron. 

Nicolas  Antonio ,  Bibl.  hispana  nova.  —  Nicéron  ; 
Mémoires  des  hommes  illustres.  —  Paquot ,  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  littéraire  des  Pays-Bas.  — 
Fétis,  Biographie  universelle  des  Itîusiciens. 

*CAUANDiNos  (Jean),  mathématicien  grec, 


667 


CARANDINOS  —  CARATE 


6( 


né  à  Céphalonie  en  1784,  mort  à  Naples  en  1833. 
]1  professa  avec  succès  à  l'université  de  Corfou, 
et  traduisit  en  grec  plusieurs  ouvrages  de  mathé- 
matiques. Entre  autres  mémoires,  on  a  de  lui  un 
jEssai  sur  la  nature  du  calcul  différentiel , 
publié  dans  le   Journal  des  Savants  (  sept. 

1828). 
Mazarakis,  Biographies  grecques.  ' 

y  CARANI  (Lélius),  traducteur  italien,  natif  de 
Reggio,  vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 
11  semble  avoir  passé  la  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  Florence  ,  où  il  publia  la  plupart  de  ses 
traductions  :  quoique  assez  médiocres,  elles  ont 
cependant  servi  de  modèle  à  des  traducteurs  en 
autres  langues.  On  a  de  lui  les  traductions  sui- 
vantes :  les  Proverbes  d'Érasme;  Florence, 
1559,  in.-8°;  —  Salluste; Florence,  1550,  in-S"; 
Venise,  1556,  in-8°;  —  les  Amours  d'Isménie; 
Florence,  1550,  in-8°;  Venise,  1560,in-8°,  et 
1 566  ,  in-8° ,  et  insérés  aussi  dans  !e  tom.  IV 
des  Erotica  grœca,  1816  (cette  traduction  ita- 
lienne a  servi  de  patron  à  une  traduction  fran- 
çaise de  cet  ouvrage  par  Jérôme  d'Avoste  ;  Pa- 
ris, 1582,  in-16,  et  à  une  version  allemande 
par  Jean- Christophe  Workenstern,  dit  Arto- 
vseus;  Strasbourg,  in-8°);  —  Bérodien  ;  Ye- 
nise,  1 551,in-8°  ;  —  Polyen;  Venise,  1552,  in-8°; 

—  Élien,  la  Tactique,  et  des  fragments  de  la 
Tactique  de  V  Empereur  ;  Florence,  1552,'in-8°; 

—  Léon;  Florence,  1552,  in-8°  (fait  suite  à  la 
traduction  précédente). 

Patloni,  Biblioth .  degli ,.4utori  volgâtrizz.—  Adelung, 
suppl.ù  }ôcheT,^Ugem.  Gelehrten-Lexicon. 

CASiANUS,  prince  argien  du  huitième  siècle 
avant  J.-C.  Il  appartenait  à  la  famille  des  Héra- 
ciides,  et  descendait  de  Téniénus.  Il  passe  pour 
avoir  fondé  en  Macédoine  la  dynastie  argienne. 
Selon  unelégende  qui  n'a  été  adoptée  ni  par  Héro- 
dote ni  par  Thucydide,  il  se  laissa  guider  avec  ses 
compagnons  par  un  troupeau  de  chèvres,  et  péné- 
tra ainsi  dans  la  ville  d'Édesse  dont  il  s'empara, 
et  qu'il  appela  Aiguës  (chèvres).  SiCaranus  n'est 
pas  un  personnage  fabuleux,  il  vécut  vers  850, 
puisque  les  historiens  le  donnent  pour  le  frère 
de  Phidon,  tyran  d'Argos. 

Diodore,  Fragments.  —  Plutarque,  Alexandre.  —Jus- 
tin, VII,  XXXIU.  -  Clinton,  Fasti  Hellenici.  -  Ott. 
Muller,  Dorier.  —Hérodote,  VIli,  137-139.  —  Thucydide,  II. 

CARANUS,  un  des  généraux  d'Alexandre,  mort 
en  329  avant  J.-C.  11  fut  envoyé  contre  Satibar- 
zane,  qui  venait  de  soulever  l'Asie.  Le  satrape 
rebelle  fut  défait  et  tué  dans  l'hiver  de  330.  L'an- 
née suivante,  Caranus  obtint  avec  Andromache, 
Ménédèmeet  Pharnyches,  le  commandement  de 
l'expédition  contre  Spitamène,  satrape  de  Sog- 
diane.  Celui-ci  fut  d'abord  forcé  de  lever  le  siège 
de  Maracande  ;  mais  il  revint  avec  une  nombreuse 
cavalerie  scythe,  et  détruisit  l'armée  macédo- 
nienne. 

Arrlen,  Anabase,  III,  2ii,  28;  IV,  3,  u.  —  Quinte-Curce  , 
Vil. 

CARANZA  (Alphonse) ,  jurisconsulte  espa- 
gnol, vivait  au  commencement  du  dix-septième 


j  siècle.  On  a  de  lui  :  de  Partu  naturali  et  leg 
timo;  1628,  in-fol.,  —   el  Ajustamento  y  Pr 
porcionde  las  monedas  de  oro,  plata  y  cobr 
y  la  reduccion  de  estas  metales  a  su  debic 
estimacion;  1628,  in-fol.  ;  —  Rogacion  al  r. 
D.  Felipe  IV,  en  detestacion  de  los  grand 
abusas, etc.,  nouovamente  ïntroducidos  en  L 
pana;  1636,  in-4°. 
Mie.  Antonio,  Bibliothecu  hispana   nova. 
CARASCOSA  (Michel,  baron  de),  naquit 
Sicile,  et  ne  dut  son  élévation  qu'à  lui-môn 
Lorsqu'à  l'approche  de  l'armée  française  le  i 
Ferdinand  se  fut  retiré  dans  l'Ile,  Carascosa  e 
tra  dans  le  parti  républicain  qui,  après  la  défa 
du  général  Mack  en  1798,  proclama  la  répub 
que  parthénopéenne.  Mais  les  royalistes  reiiti 
rent  bientôt  à  Naples;  Carascosa  réussit  à 
soustraire  à  la  proscription  presque  générale 
tous  les  partisans  et  fonctionnaires  de  la  répuc 
que,  compris  dans  la  capitulation  de  Caste 
d'Uovo.  En  1806,  après  la  reprise  de  Naples  p 
les  Français,  Carascosa  fut  nommé  chef  de  h 
taillon  dans  le  premier  régiment  d'infanterie 
ligne  créé  par  Joseph -Napoléon  régiment  so 
les  drapeaux  duquel  il  s'était  déjà  distingué 
Espagne.  Après  son  retour,  Joachim  Murât  le 
bientôt  passer  partons  les  grades.  En  1814, 
commandait  une  division  qui  combattit  avec  1 
Autrichiens  contre  les  Français.  En  1815  il 
trouva  en  face  des  Autrichiens,  à  la  tête  d'u 
division  de  l'armée  napolitaine,  et  signa  av 
d'autres  généraux  napolitains  la  convention  h 
litaire  de  Casalanza,  d'après  laquelle  l'armée  » 
politaine  mettait  bas  les  armes.  Lors  de  l'insi 
rection  qui  éclata  au  mois  de  juillet  1820  da 
une  partie  de  l'armée,  Carascosa,  alors  minisi 
de  la  guerre,  se  mit  à  la  tête  des  troupes  des 
nées  à  étouffer  l'insurrection,  ets'avança  jusqu'à 
confins  de  la  Terre  de  Labour  ;  mais  ayant  tri 
tardé  à  attaquer  les  insurgés,  la  révolte  écU 
parmi  ses  propres  troupes.  Plus  tard  il  prit  li 
même  part  à  la  révolution,  et  fut  investi,  lors 
l'invasion  de  l'armée  autrichienne,  du  commai 
dément  d'un  corps  considérable,  avec  lequel 
devait  défendre  la  route  de  Terracine  à  Naple 
mais  les  Autrichiens,  qui  s'étaient  avancés  p 
Sulmone,  l'ayant  tourné,  son  corps  fut  enixh 
ment  dispersé;  et  il  allait  être  arrêté  comme 
des  coryphées  de  la  révolution,  lorsqu'il  se  réli 
gia  à  Barcelone.  Condamné  à  mort  par  cont 
mace,  il  vit  maintenant  en  Angleterre.  Ses  M 
moires  hist.,  polit,  et  milit.  sur  la  révoluti 
du  royaume  de  Naples  en  1820,  et  sur  i 
causes  qui  l'ont  amenée  (Lond.,  1823),  ne  se 
pas  sans  mérite  sous  le  rapport  historique  et  n 
litaire. 

Biographie  nouvelle  des  Contemporains.  —  Quérar 
la  France  littéraire.  —  Conversations-Lexicon. 

CARATE.  Voy.  Zarate. 

*  CARATE  {Jérôme  de),  canoniste  italien,  d 
clercs  réguliers  de  l'ordre  des  Oblats  de  Saiii 
Ambroise  et  de  Saint-Borromée,  vivait  prot 


,'.) 


CARATE  —  CARAVAGE 


070 


'iniMit  ;\  Milan  dans  la  première  moitié  du  dix- 

ptiônic  siècle.   Professeur  de  théologie  et  de 

i|  canon,  il  fut  plus  tard  protonotaire  apos- 

ic.  On  a  de  lui  :  Tavole,  dclle  opère  cste- 

!,  colle  qunle  devc  procurare  ogni  curato 

rsodisfazioneal  suopopolo;  Milan,  1C07, 

;  — de  Jurïbus  parochiallbus ;  Milan, 

•'.),  in-S";  lîreslau,  1G20,  in-8°.  Tous  ses  au- 

s  ouvriiges,  très-nombreux  d'ailleurs,  n'exis- 

iil  qu'en  niamiscrit. 

\rïfl;ill,  lUbl.  Mediolan. 

*(;aratinus  (Jacques),  philologue  italîen, 
i;iit  dans  la  première  moitié  du  seizième  siè- 
••  On  a  de  lui  :  Erasml  Roterodamii  de  recta 
iiiii  (jrœcique  sermonis pronuntiatione ;  ac- 
i!U  Jacobi  Caratini  de  lïterarum  sono  Hbel- 
s  ,  etc.  ;  Cologne,  1529,  in-8°. 
:  limg,  siippl.  à  ]ôcheT,Jlloom.  Gelehrten-Lexicon. 

.  .îi.insius  {M.-Axirél'vus-VaUrius),  empe- 

u-  (le  la  Grande-Bretagne,  né  vers  250  àMe- 

pia,  district  situé  entre  l'Escaut  et  la  Meuse, 

bassiné  en  293.  II  appartenait  à  une  famille 

scurt;  ;  mais  il  se  distingua  dans  la  guerre  con- 

:  les  Bagaudes,  et  parvint  aux  premiers  grades 

iitaires.  Maximien  Hercule  lui  confia  une  flotte 

stiiiée  à  réprimer  les  invasions  des  Francs  qui, 

r  leurs  légers  vaisseaux,  dévastaient  les  côtes 

la  Hollande,  de  la  Gaule  et  de  l'Espagne.  Ca- 

isius  s'acquitta  assez  mal  de  cette  mission , 

amassa  une  immense  fortune;  ce  qui  le  fit 

upçonner  de  favoriser  les  pirates  pour  s'appro- 

ier  une  partie  de  leur  butin.  Maximien  ordonna 

mettre  à  mort  le  général  suspect;  mais  celui- 

'i  soulevant  la  flotte  qu'il  commandait  et  les  lé- 

li)ns  campées  dans  la  Grande-Bretagne,  se  ren- 

it  maître  de  cette  île  et  prit  le  titre  d'Auguste. 

^)rès  de  vains  efforts  pour  renverser  cet  habile 

'  courageux  usurpateur,  Dioclétien  et  Maximien 

reconnurent  pour  collègue  à  l'empire  vers  287. 

Si  événement  fut  célébré  par  une  médaille  qui 

^rtait  sur  la  face  trois  bustes,  avec  cette  légende  : 

Irausius  et  fratres  svi,  et  sur  le  revers  ces 

bts  :  VAX.  AVGG.  Sur  une  seconde  médaille  on 

ouve  une  tête  ornée  de  lauriers,  avec  cette  lé- 

nde  :  iMP.  c.  cARAUSius.'p.  f.  avg.  Constance, 

iiarrivant  à  l'empire,  résolut  de  reconquérir  la 

rande-Bretagne  ;  mais  pendant  qu'il  faisait  ses 

■éparatifs,  Carausius  fut  assassiné  par  Allectus, 

'i  des  principaux  officiei's. 

Eutrope,  IX,  21.  —  Aurcl.  Vict.,  Cxsar,  XXXIX  ;  Epit. 
iXIX.  —  Oros.,  yil,  ^i..  —  Paneg.  vet.,  li,  12;  IV,  6-8; 
4, 11;  VI,  5, 8  ;  VII,  9  ;  VIII,  25.  —  Senebrier,  l'Histoire. 
j:  Carausius  prouvée  par  les  médailles;  Taris,  1740, 
1-4''.  —  Slukely,  MedalUc  history  of  Carausius;  Lon- 
■es,  1757-l-o9,"in-4°. 

CARAVAGE  {Michel- Ange  Americhi  ou  Mo- 
ci),  célèbre  peintre  italien,  né  en  1569  à  Cara- 
Hggio,  dans  le  Milanais,  mort  en  1609.  De  même 
le  son  compatriote  Polidoro  Caldara,  il  prit  goût 
(la  peinture  en  préparant  pour  les  fresquistes  la 
laux  et  le  mortier  dont  ils  se  servent  pour  enduire 
imuvsur  lequel  ils  doivent  travailler.  Sansmaî- 
e,  sans  avoir  étudié  les  ouvrages  des  grands 


peintres  et  encore  moins  les  statues  antiques,  pour 
lesquelles  il  avait  une  espèce  d'aversion,  il  de- 
vint habile  dans  son  art.  La  nature  fut  son  seul 
guide,  et  seule  elle  lui  ofl'rit  des  modèles  ;  mais 
cette  nature,  si  belle  dans  sa  variété,  si  riche 
en  nobles  inspirations  pour  quiconque  sait  la  voir 
et  l'interpréter,  il  la  copia  sans  choix  et  sans 
goût  ;  de  là  les  beautés  et  les  défauts  qui  distin- 
guent ou  déparent  ses  ouvrages.  Né  à  une  épo- 
que où  l'on  ne  peignait  guère  que  de  pratique , 
son  imitation  servilc  de  la  nature  dut  le  mettre 
en  opposition  avec  tous  les  artistes  de  son  temps  : 
aussi  répétaient-ils  à  l'envi  l'un  de  l'autre  que 
ses  ligures  étaient  ignobles,  qu'elles  n'avaient  ni 
beauté,  ni  formes  choisies;  que  son  coloris  était 
cru  dans  les  ombres  comme  dans  les  lumières  ; 
qu'une  cave  paraissait  être  son  atelier;  que  ses 
compositions  manquaient  de  l'intelligence,  des  rè- 
gles de  l'art.  Ces  reproches  furent  en  partie  fon- 
dés ;  mais  les  tableaux  du  Caravage  n'en  firent 
pas  moins  fureur  en  Italie,  et  cet  engouement 
dura  jusqu'à  ce  que  le  Guide,  par  une  manière 
diamétralement  opposée  à  la  sienne,  mais  plus 
savante,  fût  parvenu  à  contre-balancer  sa  répu- 
tation. Toutefois  on  ne  saurait  trop  faire  l'éloge 
de  la  force  du  coloris  du  Caravage,  de  la  vérité 
de  son  clair-obscur,  de  la  saillie  qu'il  a  donnée 
à  tous  les  objets  qu'il  a  peints ,  et  de  l'exacti- 
tude de  ses  imitations  de  la  nature.  Pour  arriver 
à  cet  effet  fier  et  prononcé  qui  lui  acquit  tant 
d'admirateurs,  il  ne  peignait  jamais  que  dans 
un  atelier  dont  il  avait  noirci  les  murs,  et  dans 
le(|uel  il  ne  laissait  arriver  qu'un  filet  de  lumière 
tiré  d'en  haut.  Exposées  sous  un  tel  jour  et  pri- 
vées ainsi  de  tout  reflet,  ses  figures  ne  pouvaient 
manquer  d'offrir  ce  contraste  frappant  d'ombres 
fortes,  larges  et  opaques ,  et  de  lumières  vives , 
étroites  et  crues,  se  détachant  sur  un  fond  com- 
plètement obscur,  qui  est  son  cachet  distinctif. 
Si ,  dans  le  portrait  comme  dans  les  sujets 
d'une  ou  deux  demi-figures,  la  manière  du  Cara- 
vage produisait  beaucoup  d'effet,  elle  convenait 
fort  peu  aux  compositions  nombreuses  :  aussi 
trouve-t-on  dans  la  plupart  de  ses  grands  tableaux 
des  plans  trop  rapprochés,  mal  en  perspective, 
un  passage  trop  subit  de  la  lumière  à  l'ombre, 
et  une  uniformité  dans  ce  que  les  peintres  nom- 
mentle parti  jiris ,  qui  leur  nuit  beaucoup.  Avant 
d'adopter  cette  manière  forte  qui  caractérise  ses 
plus  nombreux  ouvrages,  le  Caravage  en  eut  une 
plus  tendre,  qu'il  dut  à  la  vue  des  tableaux  du 
Giorgion,  à  Venise. 

Vain,  jaloux,  querelleur,  insociable,  il  eut  une 
vie  agitée,  et  dut  plus  d'une  fois  se  mettre  à  l'abri 
des  poursuites  de  la  justice.  Ayant  appelé  en  duel 
le  Josppin,  chef  de  la  secte  des  peintres  idéalis- 
tes ,  celui-ci  refusa  le  cartel,  alléguant  sa  qualité 
de  chevalier.  Aussitôt  le  Caravage  part  pour 
Malte,  y  mérite  par  ses  ouvrages  le  titre  qu'il 
ambitionnait;  et  se  dispose  à  rejoindre  son  anta- 
goniste; mais,  au  moment  de  quitter  cette  iie,  il 
se  fait  emprisonner.  Au  xisque  de  sa  vie,  il  parvient 


671 


CARAVAGE  —  CARAVAGGIO 


6 


à  s'évader.  Ë  erré  quelque  temps  en  Sicile,  passe 
à  Naples,  où  il  est  attaqué  et  tailladé  au  visage; 
s'embarque  sur  une  felouque  pour  se  rendre  à 
Rome  ;  est  arrêté,  au  moment  de  son  débarque- 
ment, par  des  soldats  espagnols  qui  le  prennent 
pour  un  autre.  On  le  relâcha  peu  après;  mais 
la  felouque  qui  l'avait  amené  étant  retournée  sans 
qu'il  eût  eu  le  temps  d'en  retirer  ses  effets,  il  se 
trouva  dépourvu  de  tout.  Accablé  de  tant  d'a- 
ventures fâcheuses,  et  plus  que  jamais  déterminé 
à  se  mesurer  avec  celui  qu'il  accusait  d'être  l'au- 
teur de  ses  malheurs ,  il  se  mit  en  route  à  pied 
par  une  excessive  chaleur ,  et  fut  saisi  d'une  fiè- 
vre maligne  qui  le  tua  non  loin  de  Porto-Er- 
cole,  en  1609. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  du  Caravage  ré- 
pandus dans  toute  l'Europe ,  les  plus  célèbres 
sont  :  le  Christ  porté  au  tombeau,  chef-d'œu- 
vre estimé  à  150,000  francs,  que  la  France  res- 
titua aux  États  romains  ;  la  Mort  de  la  Vierge 
(au  musée  de  France),  tableau  qui  fut  retiré  de 
l'église  délia  Scala,  à  Rome ,  sous  prétexte  que 
la  Vierge  présentait  l'image  d'une  femme  noyée  ; 
la  Distribuiton  'du  Rosaire  (au  Belvédère,  à 
Vienne  )  ;  le  Cupidon  de  la  galerie  Giustiniani 
(aujourd'hui  à  Berlin);  la  Bohémienne  (musée 
de  France),  que  le  Caravage  avait  la  vanité  d'op- 
poser aux  chefs-d'œuvre  de  Raphaël  et  des  sta- 
tuaires antiques.  Parmi  les  beaux  et  nombreux 
portraits  du  Caravage,  on  met  en  première  ligne 
celui  di  Adolphe  de  Vignancour,  grand  maître 
de  Malte  (musée  de  France).  [Enc.  des  g.  du  m.] 

CAR4YAGE  {Polidoro  Caldara),  peintre,  né 
en  1495  à  Caravaggio,  mort  en  1543.  Il  se  rendit 
célèbre  avant  Michel- Ange  Amerighi,  surnommé 
comme  lui  Caravage,  et  commença  par  être  ma- 
nœuvre. Employé  au  service  des  élèves  de  Raphaël , 
la  vue  de  leurs  ouvrages  au  Vatican  échauffa  son 
génie.  Il  fit  part  à  Jean  d'Udine  de  son  projet  de 
se  faire  peintre  :  celui-ci  dirigea  ses  premières 
études.  Les  progrès  de  Polidore  étonnèrent  bien- 
tôt Raphaël  lui-même,  qui  ne  tarda  pas  à  lui 
confier  des  travaux  importants.  La  nature  l'avait 
doué  du  génie  le  plus  heureux;  et,  quoique  sans 
éducation ,  il  est,  de  tous  les  élèves  du  chef  de 
l'école  romaine,  celui  dont  le  goût  a  le  plus  de 
noblesse ,  de  pureté  et  d'élégance.  C'est  princi- 
palement dans  des  compositions  imitant  les  bas- 
reliefs  antiques  et  peintsien  camaïeu,  qu'il  s'est 
distingué.  Personne  ne  l'a  surpassé  dans  ce  genre, 
pas  même  Jules  Romain.  Comme  il  était  habitué 
à  peindre  en  clair-obscur,  ses  tableaux  sont  d'un 
coloris  pâle;  on  cite  cependant  avec  éloge  un 
Christ  conduit  au  Calvaire,  qu'il  fit  à  Messine 
peu  avant  que  le  crime  d'un  domestique,  qui  l'as- 
sassina pour  avoir  sa  fortune,  l'eût  conduit  au 
tombeau.  Polidore  mourut  dans  la  quarante-hui- 
tième année  de  son  âge.  [Soyer,  dans  Y  Enc.  des 
g.  du  m.] 

Vasarl,  nie  de'  più  eccellenti  piltori,  etc.  —  Bal- 
dlnucci,  Notizie  de'  pro/essori  dél  disegno,  etc.,  11,174, 
J95,  387  —  Lanzl,  Storia  pittorica. 


CARAVAGGINO.    Voy.    SaCCHI. 

,  *CABAVAGGio  (Pievre-Paul),  mathéma 
cien  et  poëte  italien,  né  à  Milan  en  1617,  mi 
près  de  Milan  en   1688.   Après  avoir  étudié 
philologie   et    les  belles-lettres   sous   Gaspc 
Scioppio,  et  les  sciences  mathématiques  sous  s 
oncle  paternel  Jean-Baptiste  Caravaggio,  qui  pi 
en  1635,  pendant  la  défense  d'un  château  de 
il  était  le  commandant,  Pierre-Paul  reçut  en  le 
un  emploi  dans  la  magistrature  de  sa  pair 
mais  bientôt  il  échangea  cette  carrière  con 
celle  de  la  vie  militaire,  et  se  distingua  en  1( 
comme  défenseur  de  la  ville  de  Tortone.  Et; 
revenu  aux  arts  de  la  paix,  il  professa  la  litté 
ture  gi'ecque  et  les  mathématiques  au  gymn; 
palatin.  A  la  fin  il  fut  chargé,  en  1676,  de  rint( 
dance  dej,tousles  châteaux  domaniaux  du  du( 
de  Milan,  emploi  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  me 
Il  a  laissé  un  gi'and  nom  comme  architecte  r 
litaire.  On  a  de  lui  :  In  Geometria  maie  reste 
rata,  ab  auctore  A.  S.  L.  Bornai  detectx  ;  i 
cessit  judex  errorum  Ant.  Santini  in  oppi 
dice  inclinatioïium ;   Milan,    1650,  in-4"; 
Copia  di  una  risposta  data  ad  un  qiies 
d' Aritmetica;  Milan,  1654,  in-4°  ;  —  Geomet. 
applicationum  deficientium,  figura  data  si 
de;  Milan,  1659,  in-4''; —  Carmi  cd"  quali,i. 
dttando  la  morte  con  gli  occhi  rivoltiadti 
imagine  d' un  carname  umano,  prosequist 
suoi  lai  unvecchio  olfre  asettanf  anni,  et 
.Milan,  1687,  in-fol. ;  publiée  sous  l'anagram 
de  Pietro-Lticio  Avarapagio.  Aux   autres 
vrages  de  Caravaggio,  il  manque  l'indication  d 
date;  ce  sont  les  suivants  :  Methodus  résolve, 
omnes  œquationes  cubicas  et  quadrato  q 
draticas;  Milan,  in-fol.;  —  Fragmentum  p 
lusionis  geometricx,  carminé;  Milan,  in-fi 
—  Prolusione  o  sia  Metodo  di  leggere  a'  s 
lari  le  3Iatematiche; Milan,  in-fol.;  —  Par 
sulla  Facciatadel  I)uomo,con  dimostrazi 
geometriche,  inséré  dans  le  traité  délia  f 
data  del  Duomo  ;  Milan,  in-fol.;  —Inno,poe 
morale;  Milan,  in-fol.;  —  Ode  morall;  Mil 
in-fol.;  — Sestina,  Sonetto  e  Madrigale;  Mil 
in-fol.;  —    Esposizione  morale  sopra  il  s 
mo  LIVdiDavide,  sous  l'anagramme  de  Piet 
Luccio  Avarapagio  ;  Milan,    in-fol.  —  Enfin 
a  de  Caravaggio  beaucoup  d'autres  traités  t 
thématiques  et  des  poésies  italiennes  eu  man 
crit. 

Argelati,  Bibl.  Mediol.     —  Cinclli,  Biblioth.  vol. 

*  CARAVAGGIO  (  Pierre-Paul),  fils  du  f 
cèdent,  mathématicien  italien,  né  à  Milan 
1658,  mort  en  1723.  Il  fut  en  1679  adjc 
comme  professeur  de  mathématiques  à  : 
père,  auquel  il  succéda  en  1688  comme  p 
fesseur  titulaire.  En  1697,  il  reçut  en  oi 
une  place  importante  dans  l'armée,  qu'il  c 
serva  jusqu'à  sa  mort.  Une  monnaie  frap 
en  son  honneur  est  reproduite  dans  le  3 
seo  Mazzuchelli,  tom.  I,  p.  257.  —  Il  a  lai 
un  fils  du  même  nom,  qui  lui  succéda  d; 


î;;3 

I  |iliice  <le  [irofesseur,  et  entre  les  mains  duquel 
trouvait  encore  en  1745  un  grand  nombre  de 
1 1 "litcs  de  mathématiques,  laissés  en  manuscrit 
|i;ii'  son  [lère.  On  no  sait  pas  si  ce  fils  les  a  plus 
liid  fait  imprimer.  Quant  à  celui  dont  il  s'agit 
i(  i,  on  n'a  de  lui  que  le  traité  suivant  :  li  Primi 
:•}  iibri  degli  Elementi  d' Euclide,  ad  uso  de' 

rolari;  Milan,  1671,  in-12,  et  1679,  in-8°. 

Aif,'elaU,itt6L  i>/edioi. 

*  CARAVANE  {Pierre  de  la)  {Pietro  délia 
naravana),  poète  italien  ou  provençal,  vivait  au 
nmmiencement  du  treizième  siècle.  Il  était 
'  4uelf'e  passionné,  comme  on  le  voit  par  la  seule 
lièce  de  vers  qui  nous  reste  de  lui  :  c'est  uu 
<irvente  composé  en  1236  ou  1237,  dans  lequel 
e  poëte  invite  les  Lombards  à  bien  défendre 
cur  liberté  contre  l'empereur  d'Allemagne. 

Crescimbeiii,   Istoria    délia  volfjar  Poesia.  —  Ray- 
iiniard,  CAoix  des  poésies   des  troubadours,  t.  IV.  — 
;     listoire  littéraire  dé  la  France,  t.  XVIII. 

*CARAVIA  (Alexandre) ,  poëte  vénitien,  vi- 

.  ait  au  seizième  siècle.  On  a  de  lui  un  ouvrage 

ci'it  dansle  dialecte  des  lagunes,  et  dont  de  nom- 

)ieuses  éditions  (la  première  vit  le  jour  en  1565) 

il  testent  le  succès.  C'est  une  très-longue  la- 

neiitation  de  Nuspo  Bizarro ,  ouvrier  de  l'arse- 

;nl,  divisée  en  cinq  chants  :  l'auteur  y  reti'ace 

a  passion,  sa  jalousie  pour  une  jeune  Véni- 

;  ifune  ;  il  l'épouse,  et  ne  tarde  pas  à  se  repentir 

le  son  mariage  ;  il  est  taquiné  par  sa  femme,  tra- 

,    assé  par  ses  créanciers,  etc.  —  Caravia  est  éga- 

f  ment  l'auteur  d'un  petit  poëiue  en  octaves,  inti- 

n!é  ilSogno;Yenise,  1541  :  cette  production 

st  fort  peu  connue  ;  regardée  comme  hostile  à 

j  a  religion,  elle  fut  sévèrement  défendue. 

Ferrari,  de  la  Littérature  populaire  en  Italie.  —  Re- 
mit des  Deux-Mondes,  juin  1839.  —  Camba,  Série  degli 
^eritti  in  dialetto  veneziano. 

I  CARAViTA  (Grégoire),  chirurgien ,  natif  de 
jBologne,  vivait  au  commencement  du  seizième 
Mècle.  Il  se  fit  connaître  par  un  contre-poison  qui 
fut  expérimenté  d'abord  à  Rome  en  présence  du 
,"pape  Clément  Vil,  puis  en  1522,  à  Prague,  de- 
îvaut  l'empereur,  et  reconnu  efficace. 

*  CARAViTA  (Nicolo),  littérateur  italien,  né 
■  1  Naples  le  25  mai  1647,  mort  à  Portici  le  2 
.novembre  1717.  Professeur  de  droit,  il  se  fit 
jKounaître  par  quelques  traités  contre  les  préten- 
itions  du  saint-siége  sur  le  royaume  de  Naples. 
[On  a  de  lui  :  l'Introduzione  alla  lettura  di 
(rregorio  Calàbrese  sopra  la  concïone  di  Mar- 
T'sa  a  Carlo  Magno  ;  Naples,  1691,  in-4°;  — 
V Introdtizione  al  libro  intitolato  Componi- 
,menti  per  la  ricuperata  sainte  di  Carlo  II; 
i  tapies,  1697,  in-4'' ; —  Nullum  jus  Romani 
pontifias  in  regmim  Neapolitanum,  disserta- 
it io  Mstorico-juridica ;  Alethopohs  (Naples), 
^111-4°,  anonyme  et  sans  date.  Cet  ouvrage,  attri- 
bué aussi  à  Matteo  Egizio,  fut  proscrit  à  la 
tour  de  Rome  par  un  décret  du  15  janvier 
il 714;  —  Ragioni  delta  città  di  Napoli 
.conti-o  il  procedimento  straordinario  nette 
<cause  del'sanf  Uficio  ;  Naples,  1709,  in-8°. 

ïipaldo,  Biografia  degli  ItalianiUlustri. 

NOCV,  BIOGR.   UNIVERS.  —  T.  Tlir. 


CARAVAGGIO  —  CARBO  674 

*CARBACH  ( George- Wolf gang),  théologien 
et  érudit  allemand,  né  à  Nuremberg  le  23  août 
1658,  mort  dans  la  même  ville  le  7  mars  1725. 
Il  fit,  depuis  1679,  ses  études  littéraires  et  théo- 
logiques dans  l'université  d'Altdorf,  et  devint 
pasteur  à  Nuremberg.  On  a  de  lui  :  Disputatio  de 
Palmariisiisquehodieflorentibuseruditorum 
societatibus,  adjectis  annotationibus  et  pro- 
grammate  Omeisii;  Altdorf,  1680,  in-4'';  — 
Disput.  de  invocationis  Cultu;  AlWorf,  1685, 
in-4° ,  et  dans  Joannis  Fabricii  majoris  Prx- 
lectiones  theologicœ,  p.  627-646;  etc. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgemeines  Gelehrten- 
Lexicon.  — Will,  IViirnberger  Gelehrten-Lexicon  (  Dic- 
tionnaire des  Savants  de  Nuremberg). 

CARREiv  (  Victor  DE  ),  rabbin  allemand,  né  en 
1423,  mort  à  Cologne  le  2  février  1515.  D'abord 
rabbin  de  la  communauté  juive  de  Cologne,  il 
se  convertit  au  christianisme  en  1472,  à  l'âge  de 
cinquante-neuf  ans,  tandis  que  sa  femme  refusait 
d'abandonner  la  religion  de  ses  ancêtres.  L'ar- 
chevêque de  Cologne  Hermann  contribua  et 
donna  de  l'éclat  à  cette  conversion,  constatée 
sur  la  porte  extérieure  de  Cologne  par  cette  ins- 
cription :  Victor  olim  Judœus.  Quelque  temps 
après,  Caiben  se  fit  prêtre,  et  combattit  dans 
divers  écrits  les  croyances  de  ses  premières 
années.  On  a  de  lui:  Judœorum  errores  et 
mores,  opus  aureum  ac  novum  etadoctis  viris 
exspectatum  ;  Cologne,  1509,  in-4'',  et  1550, 
in-S",  en  allemand  ;  —  Propugnaculum  fidei 
Christian^  instar  dialogi,  christianum  etju- 
dxum  disputatores  introducens  ;  sans  date, 
in-4°,  et  en  allemand,  à  Strasbourg,  1519,  in-4". 

Hartzheira;  Blbl.  Coloniens.  —  Wolf,  Bibl.  Hebr. 

CARBO  famille  plébéienne  appartenant  à  la 
g'ewsPapiria,  commença  àmarquer  dans  l'histoire 
romaine  vers  168  avant  J.-C.  Elle  fournit  à  la 
république  plusieurs  consuls,  orateurs  et  géné- 
raux, dont  nous  allons  mentionner  les  plus  re- 
marquables : 

CARBO,  (  Caius-Papirius) ,  orateur  romain, 
né  vers  164  avant  J.-C,  mort  vers  119.  Contem- 
porain et  ami  des  Gracques ,  qu'il  égalait  en  élo- 
quence et  dont  il  partageait  les  idées  démocrati- 
ques ,  il  remplaça  Tibérius  Gracchus  dans  l'em- 
ploi de  triumvir  pour  le  partage  des  champs 
(  triumvir  agrorum  dividendorum  ),  et  bientôt 
après,  en  131,  il  fut  élu  tribun  du  peuple. 
Pendant  son  tribunat  il  s'unit  à  C.  Gracchus 
contre  P.  Cornélius  Scipion  l'Africain,  et  fut 
soupçonné  de  n'avoir  pas  été  étranger  à  la  mort 
subite  du  vainqueur  de  Carthageet  de  Numance. 
Cependant  lorsque  Opimius  fut  mis  en  accusation 
pour  avoir  fait  tuer,  en  121,  C.  Gracchus  et 
ses  partisans,  Carbon,  qui  venait  d'être  élevé  au 
consulat  en  120,  prit  la  défense  d'Opimius,  et  dé- 
clara que  le  meurtre  de  C.  Gracchus  était  légi- 
time. Cette  indigne  versatiUté  attira  sur  l'ancien 
tribun  la  haine  populaire,  sans  lui  concilier  la  fa- 
veur de  l'aristocratie.  En  butte  à  l'inimitié  de 
tous  les  partis,  il  fut  accusé  par  le  jeune  orateur 
L.  Licinius  Crassus  ;  et,  prévoyant  une  condam- 

22 


67£ 


CARBO  —  CARBONE 


nation,  il  s'empoisonna.  Cicéron  loue  beaucoup 
le  génie  de  cet  orateur,  qui  offrait  l'union  trop 
cortininne  d'un  beau  talent  et  d'un  caractère 
versatile. 

Tite-  Live,  Epitome,  83,  61.  —  Applen,  B.  C,  I,  18,  20. 
—  Vellélus  Paterculus,  II,  4.  —  Cicét-on,  de  Amicitia,  23; 
de  LegibuSfM,  16;  ad  Familiares,  ÏX.,  21;  de  Orat.,  i, 
a,  25,  89,  40  ;  II,  10  ;  111,  7,  20;  Brutus,  27,  43,  62;  TuscuL, 
i.  3.  —  Tacite,  Orat.,  34. 

CARBO  (C.-Papirius),  surnommé  Arvina, 
orateur  romain,  fils  du  précédent.  Tribun  en  90, 
il  proposa,  avec  son  collègue  Plautius,  une  loi 
(lex  Plautia  et  Papiria)  par  laquelle  le  droit 
de  cité  était  accordé  à  tous  les  habitants  des 
Tilles  restées  fidèles  ([ui  viendraient  à  Rome, 
dans  le  délai  de  soixante  jours,  déclarer  devant 
le  préteur  qu'ils  acceptaient  les  droits  et  les 
charges  Aajus  eivitatis.  Cependant  on  voit,  par 
un  fragment  d'un  de  ses  discours,  qu'il  approuvait 
le  meurtre  du  grand  piotecteur  des  Italiotes, 
M.  L.  Drusus,  assassiné  en  91.  Défenseur  de 
l'aristocratie,  il  fut  massacré  en  82,  dans  la  curie 
Hostilia,  par  le  préteur  Brutus  Damasippe,  un 
des  chefs  du  parti  de  Marius.  Carbo  Arvina  fut, 
suivant  Cicéron,  le  seul  bon  citoyen  de  sa  famille. 
Cicéron,  pro  Archia,  4  ;  Brutus,  62,  90;  ad  Familiares, 
IX,  21;  de  Orat,  III,  3.  —  Velléius  Paterculus,  II,  26.  —  Ap- 
pien,  B.  C,  I,  88. 

CARBO  {Cnéus-Papirius) ,  général  romain, 
cousin  du  précédent,  né  vers  130  avant  J.-C, 
mort  en  82.  Son  nom  paraît  pour  la  première 
fois  dans  l'histoire  en  92.  A  cette  époque,  il  fut 
dénoncé  au  sénat  comme  séditieux  par  le  consul 
Appius  Claudius  Pulcher.  Cinq  ans  plus  tard,  on 
le  trouve  parmi  les  chefs  du  parti  de  Marius,  et 
commandant  une  des  quatre  armées  qui  assié- 
geaient Rome.  Lorsque  ValériusFlaccus  fut  tué  en 
Asie,  Carbo  le  remplaça  comme  consul  en  85. 
Lui  et  son  collègue  Cinna,  craignant  le  retour  de 
Sylla,  se  déclarèrent  consuls  pour  l'année  sui- 
vante, et  parcoururent  l'Italie,  soulevant  toutes 
les  villes ,  demandant  aux  Samnites  et  aux  Luca- 
niens  l'appui  de  leurs  armes.  Mais  la  victoire 
resta  fidèle  à  Sylla,  qui  arriva  en  Italie  en  83. 
Avant  même  le  commencement  des  hostilités, 
Cinna  fut  massacré  par  ses  propres  soldats  ;  et 
Carbo ,  qui  se  donna  pour  collègue  Marius  le 
jeune  en  82,  ne  put,  malgré  son  audace  et  son  ac- 
tivité ,  résister  au  vainqueur  de  Mithridate.  Battu 
par  Sylla  dans  toutes  les  rencontres,  il  s'embarqua 
pour  l'Afrique  au  moment  même  où  la  tentative 
désespérée  du  Samnite  Pontius  Télésinus  rame- 
nait pour  un  moment  la  victoire  au  parti  démo- 
cratique. Carbo  fut  arrêté  dans  l'île  de  Corcyra, 
et  conduit  à  Lilybée  devant  Pompée,  qui  lui  fit 
couper  la  tête. 

Appien,  B.  C,  1,  69,96.  —  Tite-Llve,  Epitome,  79,  83, 
88,  89.  — Plutarque,  Sulla,i2;  Pomp.,  10.  —  Cicéron,  in 
Fer.;  ad\Familiares,  IX,  21.  —  Eutrope,  V,  8,  9.,— 
Oroae,  V.  îO.  —  Zonar.,  X. 

CARBON.  Voy.  FUNS. 

CARBONARA  (le  comte  Louis)',  juriscon- 
sulte italien,  né  à  Gènes  le  11  mars  1755,  mort 
dans  la  môme  ville  le  25  janvier  1826,  Sénateur 


de  sa  petite  république  et  l'un  des  huit  régen 
de  la  banque  de  Saint-George,  il  devint,  ( 
1797,  sénateur  de  la  nouvelle  république  ligi 
rienne  organisée  par  le  général  Bonaparte,  et  f 
élu  en  1803  juge  au  tribunal  suprême.  Après  1' 
tablissement  de  l'empire,  Carbonara  fut  nomii 
par  Napoléon  président  de  la  cour  impériale  ( 
Gênes ,  et  bientôt  après  appelé  au  sénat-conse 
valeur.  En  1814,  il  donna  son  adhésion  à  la  d 
chéance  de  l'empereur  et  à  la  restauration  d 
Bourbons.  Rentré  dans  sa  patrie,  Carbonara  f 
créé,  par  ordonnance  du  roi  de  Sardaigne  du  ' 
mars  1816,  présideot  d'une  commission  charg 
de  recevoir  les  réclamations  de  tous  lescréancie 
des  établissements  pieux,  lesquelles  n'auraie 
pas  été  précédemment  admises  par  l'admiiiistr 
tion  française.  Il  fit  encore  partie  de  plusieu 
commissions,  et  fut  un  des  trois  délégués  envoy 
en  1821,  par  la  ville  de  Gênes,  près  du  nouve; 
roi  Charles-Félix. 
Biographie  nouvelle  des  Contemporains. 

CARBONDALA  {Jean  de),  chirurgien  et  m 
decin  italien,  natif  deSantluo  dans  le  Piémont,  i 
vait  vers  la  fin  du  treizième  siècle.  Il  pratiqua 
chirurgie  à  Crémone,  Pavie,  Plaisance  et  Véron 
et  enseigna  en  1293,  dans  cette  dernière  vil! 
les  éléments  de  son  art.  Il  a  laissé  :  de  Oper< 
tionemanuali,  manuscrit  in-fol.,  avec  un  su 
plément  contenant  deux  mémoires  intitulés,  , 
premier  :  Effectus  Aquse  Vitse  mirabiles 
corpore  et  extra  corpus  humanum ;  le  seconc 
Ad  Inflammationem  carbimculi.  On  prétei 
qu'il  y  est,  pour  la  première  fois,  question  ( 
la  syphilis  ;  mais  les  termes  que  l'auteur  emplt 
peuvent  se  rapporter  à  toute  autre  maladie  i 
flammatoire  des  parties  génitales. 

Malacarne ,  dellc  opère  de'  Medici  e  de'  Gerusici  c 
nacguero  o  fiorironoiprima  del  secolo  16  iiegli  dlo 
délia  real  casa  di  Savoja. 

CARBONE  {Louis  ),  oratcur  et  poëte  latin,  i 
à  Ferrare  en  1436,  mort  dans  la  même  ville  i 
1482.  Élève  de  Théodore  Gaza,  et  professeur 
l'université  de  Ferrare  en  1456,  il  fit  à  Bol 
gne  un  séjour  d'une  année,  de  1465  à  la  fin  i 
1466,  comme  on  le  voit  par  un  décret  du  d 
Borso,  qui  accorda  certaines  exemptions  en  fave 
de  Carbone  {clarissimi  oratoris  et  eximii  a 
tium  doctoris,  magistri  Ludovici  Carboni,  r 
deuntis  ex  Bononia  ad  studium  Fei'rarïx. 
On  lui  a  attribué  un  traité  de  Elocutione  on 
toria,  qui  semble  appartenir  à  un  autre  Lodovii 
Carbone  de  Costocciaro,  plus  ancien  d'un  si 
cle.  Il  prononça  aussi  l'oraison  funèbre  du  di 
Borso.  Ses  discours ,  conservés  à  Rome  dans 
bibliothèque  de  Sainte-Marie  del  Popolo,  et  s 
vers,  que  Guasco  vit  dans  la  bibliothèque  d 
frères  mineurs  de  Reggio,  sont  restés  inédit 
Guasco  a  donné  des  extraits  des  poésies  de  Ca 
bone  :  on  y  trouve  quelques  détails  curietn 
entre  autres  sur  une  harangue  adressée  au  paj 
Pie  11,  qui  avait  donné  au  poëte  le  titre  de  comt( 

PoiUiCci  sumrno  plaçait  facunclia  nostra,  j 

Qui  comltis  titulum  jussit  incsse  mibl. 


677 


CARBONE 


CARBONE  (/(^rdme),  poëte  napolitain ,  mort 
en  1527.  Il  est  mentionné  par  Giraldi  et  Ponta- 
\  nus.  Ses  poésies  ont  été  imprimées  en  1506, 
\  iu-fol. 

TiraboschI,  Storia  delta  letteî-aturalitaliana,  t.  VI, 
part.  II.—  ToppI,  Bibl.  Nirpolet. 

♦carbone  (François),  controversiste  ita- 
lien, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  publia  la  Dispulatio  cura  Ju- 
\dxis    de   Contardiis    Ignetus    (résumé   d'une 
j  discussion  religieuse  tenue  en  11 86,  dans  l'île  de 
j  Majorque,  entre  le  commerçant  génois  Contardus 
.  i  [gnetus  et  les  députés  de  la  communauté  juive), 
I  sous  le  titre  :   Flagellum  Jîidœonim  stiper 
\mdaicam  perfidiam,  prophetarum  jaculis 
ilabefactntum;  Venise,  1672,  in-12,  et   1677, 
'[iii-8°.  On  lui  attribue    aussi    les  Piaghe  del 
F.hraismo  (  sans  date  ni  lieu  d'impression). 

Adolimg,  supplément  à  Jocher,  Atlgeme'nu  Celehrten- 
'  Leric. 

*  CARBONE  (  Jean  ) ,  valet  d'auberge,  un  des 
■hefs  de  l'insurrection  génoise  en  1746.  Le  5dé- 
ernbre,  les  Autrichiens,  qui  occupaient  Gènes 
lepuis  quelque  temps  et  traitaient  les  habitants 
'n  peuple  conquis,  voulurent  enlever  un  mor- 
ier  d'un  poids  considérable ,  et  forcer  quelques 
lommes  du  peuple  à  les  assister  dans  cette  spo- 
iaîion.  Ceux-ci  refusèrent,  et  reçurent  des  coups 
'  le  bâton.  Un  enfant  à  peine  âgé  de  huit  ans, 
oyant  qu'on  frappait  son  père,  ramassa  une 
)ierre,  et  la  lança  à  la  tête  d'un  des  caporaux 
lutrichiens,  en  criant  :    «  Oh!  je  la  casse  » 
Oh!  la  rompo).  Ce  fut  le  signal  de  l'insurrec- 
ion.  Carbone  fut  un  des  premiers  à  y  prendre 
lart.  Après  un  combat  qui  dura  plusieurs  jours, 
es  Impériaux  furent  forcés  d'abandonner  la  porte 
;  iaint-Thomas ,  dernière  position  qui  leur  res- 
ijàt.  Carbone,  saisissant  les  clefs  de  la  porte, 
iccourut  au  palais,  où  le  doge  et  les  collèges 
i  itaient  obligés  de  laisser  tout  faire  sans  donner 
I  les  ordres  ;  et,  présentant  les  clefs  au  prince, 
i  |1  lui  dit  :  «  Voilà  des  clefs  qu'avec  tant  de  faci- 
lité vos  seigneuries  ont  remises  à  nos  ennemis  ; 
!  àchez  à  l'avenir  de  mieux  garder  ces  clefs,  que 
îious  avons  recouvrées  au  prix  de  notre  sang.  ■» 
^arbone  conserva  quelque  temps  une  autorité 
i)resque  dictatoriale;  mais  son  pouvoir  cessa  avec 
e  danger,  et  le  nom  de  l'héroïque  valet  d'au- 
perge  ne  brilla  un  moment  que  pour  rentrer 
pientôt  dans  l'obscurité. 
;  Artaud,  Italie,  dans  l' Univers  pittoresque. 

CARBONE  (  Jean-Bernard),  peintre  italien, 
lé  à  Gênes  en  1614,  mort  dans  cette  ville  en 
1683.  Élève  de  Giovanni- Andréa  de'  Ferrari,  U 
'ut  le  premier  peintre  de  portraits  de  l'école  gé- 
lioise.  «  Les  connaisseurs  les  plus  intelligents, 
litLanzi,  ont  quelquefois  pris  ses  portraits  pour 
^tre  de  la  main  de  Van-Dyck,  ou  les  ont  achetés 
ides  prix  peu  au-dessous  de  celui  qu'on  met 
lux  véritables  portraits  du  peintre  flamand.  Il 
|;omposa  aussi  fort  bien ,  et  rien  ne  le  proxrve 
jnieux  que  son  tableau  du  roi  saint  Louis,  placé 
lu  Guastata.  Cet  ouvrage  ne  plut  point  cependant 


—  CARBONI  678 

à  ceux  qui  l'avaient  commandé,  et  ils  en  firent 
faire  un  autre  à  Paris,  puis  un  troisième.  Ces  ta- 
bleaux furent  successivement  |)Iacés  sur  l'autel  ; 
mais  celui  du  Carbone  fut  définitivement  préféré, 
et  les  deux  autres  furent  placés  sur  les  deux  pa- 
rois latérales,  comme  pour  lui  servir  d'orne- 
ment. » 

Lanzl,  Storia  pittorica. 

"^CARBONEL  (Bertrand),  troubadour  fran- 
çais ,  florissait  vers  la  moitié  du  treizième  siècle  ; 
c'était  un  gentilhomme  de  Marseille,  issu  d'uhe 
famille  noble,  mais  pauvre  ;  il  célébra  dans  déô 
vers  assez  froids  ses  amours  avec  une  dame  dont 
il  ne  dit  pas  le  nom.  11  réussit  mieux  ddns  la 
satire,  oîi  il  déploie  un  talent  hardi  et  incisif;  le 
clergé  est  surtout  l'objet  de  ses  attaques.  Il  restfe 
de  lui  dix-sept  pièces  en  tout.  Carbonel  avait 
une  instruction  supérieure  à  celle  de  la  plupart 
de  ses  contemporains  ;  il  cite  Ovide  et  Térencé, 
et  il  avait  lu  Horace  et  Juvénal. 

Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours,  t.  IV, 
p.  282;  t.  V,  p. .99.  —  Millot,  Hist.  des  Troubadours,  1. 1, 
p.  382.—  Parnasse  occitanien,  p.  240.  —  Diez,  Leben  der 
Troubadours,  p.  S87.  —  L'histoire  littéraire  de  la 
France,  t.  XX,  p.  539. 

CARBONEL  (Hugues),  théologien  français,  de 

l'ordre  des  Frères  Mineurs  de  l'étroite  observance, 

vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 

siècle.  On  a  de  lui  :  Discours  sur  le  viauvais 

Riche  et  le  Lazare  ressuscité;  Paris,  1616;  — 

Sermons  sur  les  Évangiles  et  le   Carême; 

Paris,  1620. 

Dupin,  Table  des  Auteurs  ecclésiast.  du  dix-septième 
siècle. 

CARBONEL  (JosepJi-fi^oël),  musicieii  français, 
né  à  Salon,  en  Provence,  le  12  août  1751,  mort 
en  1804. 11  perdit  de  bonne  heure  son  père,  qui 
était  berger,  et  vint  à  Paris  pour  y  étudier  la  clii- 
rurgie  ;  mais  son  goût  pour  la  musique  lui  fit  aban- 
donner cette  carrière,  et  il  entra  à  l'Opéra  pour 
y  jouer  du  galoubet  ;  depuis ,  il  s'adonna  tout 
entier  au  pt-rfectionuement  de  cet  instrument. 
On  a  de  lui  :  Méthode  pour  apprendre  à  jouer 
du  tambourin  ou  du  galoubet,  sans  aucun 
changement  de  corps,  dans  tous  les  tons;  Pa- 
ris, 1766.  Son  fils,  Joseph-François ,  s'est  distin- 
gué comme  compositeur.  Tous  les  accompagne- 
ments des  romances  de  la  reine  Hortense  ont 
été  retouchés  et  arrangés  par  lui. 
Fétis,  Biog.  universelle  des  Musiciens. 

CARBONNEL  (Antoine-Jacqucs),  littérateur 
français,  mort  à  Perpignan  en  1834.  On  a  de 
lui  :  Essais  et  Opuscules  divers;  Perpignan, 
1817,  in-8°;  —•  Mailly ,  ou  Traité  de  la  Re- 
connaissance,  ode;  Perpignan,  1820,  in-8°; 
—  quelques  poésies  dans  le  volume  intitulé 
Hommages  à  LL.  AA.  RR.  Mgr.  le  duc  et  ma 
dame  la  duchesse  d'Angouléme;  Perpignan, 
1821,  in-8°. 
Quérard,  la  France  Uttér. 

*CARBONi  (François),  poëte  latin  moderne, 
né  en  Sardaigne  en  1744,  mort  en  1817.  Pro- 
fesseur d'éloquence  latine  à  Cagliari,  il  fut  en 

22. 


CARBONÎ  —  CAB.BURIS 


relation  avec  plusieurs  littérateurs  italiens  de 
son  temps,  entre  autres  avec  Angelo  Fabroni.  On 
a  de  lui  les  petits  poèmes  latins  suivants  :  de 
Sardoa  intempérie  ;— de  Corallis  lib.  Il;  — 
de  Extrema  Christi  Cœna;  —  de  Corde  Jesu; 
—  ad  SS.  Eiicharistiam  carmina;  —  S.  doc- 
toris  Thomae  Aquinatis  Rhythmus  in  SS.  Eu- 
charistiam  XII  endecassyllabo  carminé  ex- 
pressus. 

Tipaldo,  Biograf.  degli  Ital.  illustri,  t.  1. 

CAEEONNET  OE  LA  MOTHE  (  Jeanne H^), 
religieuse  de  Bourg  -  en  -  Bresse ,  a,  sous  le 
nom  de  mère  Jeanne  de  Sainte- Ursule,  pu- 
blié l'ouvrage  suivant  •-  Journal  des  illustres 
religieuses  de  l'ordre  de  Sainte-Ursule,  avec 
leurs  maximes  et  pratiques  spirituelles, 
tiré  des  chroniques  de  l'ordre  et  autres  mé- 
moires de  leurs  vies;  Bourg,  1684-1690,  4  vol. 
in-i". 

Le  Bas,  Dict.  encyclopédique  de  la  France.  —  Univers 
put. 

CAUBUEis  (Marin,  comte),  ingénieur  grec,  né 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle  à  Argos- 
toli,  chef-lieu  de  Céphalonie,  mort  en  1782.  En- 
voyé par  son  père ,  Jean  Carburi ,  à  Bologne  en 
Italie  pour  y  faire  son  droit,  il  préféra  y  étudier 
les  sciences  physiques  et  mathématiques.  Il  re- 
tourna ensuite  à  Céphalonie  ;  mais,  à  cause  d'un 
égarement  de  jeunesse,  il  dut  bientôt  s'éloigner 
de  la  famille  qu'il  avait  offensée.  Comme  il  l'a 
avoué  dans  ses  ouvrages,  il  s'imposa  cet  exil 
volontaire  par  le  remords  pour  une  action  vio- 
lente «  que  sa  jeunesse  pouvait  excuser ,  mais 
que  son  cœur  devra  toujours  détester,  et  que  la 
loi  n'aurait  pu  pardonner.  »  Réfugié  en  Russie,  il 
fut  présenté  par  son  compatriote  le  général  Mé- 
lissinos  à  l'impératrice  Catherine,  qui  le  nomma 
lieutenant- colonel  du  génie.  Avant  été  banni  par 
les  Vénitiens,  possesseurs  des  îles  Ioniennes,  il 
crut  nécessaire  de  changer  de  nom  et  de  pren- 
dre celui  de  Lascaris,  auquel  sa  famille  était  al- 
liée. Cependant  il  n'avait  pas  caché  son  véritable 
Tiom  à  ses  amis  et  au  gouvernement  qu'il  servait. 
!1  construisit  le  bâtiment  où  fut  fondue  la  statue 
de  Pierre  le  Grand  à  Pétersbourg.  Falconet,  ne 
voulant  pas  élever  la  statue  sur  un  piédestal  or- 
dinaire, eut  l'idée  de  former  un  rocher  artificiel 
de  plusieurs  pierres  réunies  par  des  attaches  en 
fer  et  en  bronze.  Mais  Carburis  fit  remarquer 
avec  raison  que  cet  assemblage  de  plusieurs 
pièces  ne  pourrait  résister  au  climat  de  la  Russie, 
et  qu'il  fallait  un  monolithe.  Tout  l'été  s'écoula  en 
recherches  inutiles  :  on  n'avait  trouvé  qu'un  seul 
bloc  à  une  lieue  de  Saint-Pétersbourg;  mais  Ta- 
miral  et  plusieurs  ingénieurs  en  regardaient  le 
transport  comme  impossible.  Cependant  ce  bloc 
n'avait  pas  même  la  moitié  de  la  grandeur  du 
monolithe  qu'un  paysan  venait  d'indiquer  à  Car- 
buris, dans  le  golfe  de  Finlande  :  c'étaitunbloc  de 
granit  de  vingt-un  pieds  de  hauteur,  de  quarante 
de  longueur,  et  de  vingt-sept  de  largeur.  Ce  mo- 
nolithe était  enfoncé  à  quinze  pieds  de  profon- 


deur dans  un  terrain  marécageux.  Catherine  pro- 
posa un  prix  de  7,000  roubles  pour  en  opérer  le 
ti-ansport.  Le  ministre  Betzky  proposait  de  le 
couper  en  quatre  ou  ea  six  pièces  ;  mais  Car- 
buris s'engagea  de  le  transporter  tout  entier  par 
un  mécanisme  de  son  invention.  Il  fit  d'abord 
im  modèle  de  la  machine  qu'il  avait  projetée 
sur  la  proportion  du  dixième  ;  et  en  y  apposant 
3,000  livres ,  il  vit  qu'il  pouvait  avec  un  seul 
doigt  le  mettre  en  mouvement.  Carburis,  ayan1 
achevé  sa  machine  et  aplani  le  chemin  poui 
le  transport,  parvint  à  dégager  le  monolithe  d( 
l'endroit  marécageux  où  il  était  enfoncé.  Carburis. 
quoique  atteint  de  la  fièvre ,  en  dirigea  le  tians- 
port.  A  son  ordre,  deux  tambours  donnaient,  dt 
haut  du  monolithe,  aux  nombreux,  ouvriers,  le 
signal  pour  commencer  simultanément  le  mou- 
vement. Un  four  de  forgerons  était  toujours  al 
lumé  au  milieu  du  monolithe,  pour  réparer  le; 
ustensiles.  Toute  la  cour  avec  le  prince  Henr 
de  Prusse  alla  à  la  rencontre  du  rocher,  qui,  ayan 
parcouru  dans  six  semaines  l'espace  de  quatrt 
milles  et  demi ,  arriva  aux  bords  de  la  Neva, 
d'où  l'amirauté  dut  effectuer  le  transport  jus- 
qu'au rivage  de  la  capitale.  Un  navire  de  cen 
quatre-vingts  pieds  de  long,  soixante-six  de  lar 
geur  et  dix-septde  hauteur  fut  prépai'é  pour  pou 
voir  recevoir  la  masse  qu'il  devait  porter.  Mais 
quand  le  monolithe  y  fut  placé,  et  qu'on  eut  en- 
levé l'eau  qu'on  avait  fait  entrer  dans  le  navir< 
pour  que  le  pont  fût  au  niveau  de  la  terre,  oi 
s'aperçut  que  le  navire  s'était  fendu  en  plusieur: 
endroits,  et,  se  courbant  comme  un  arc,  se  sou- 
levait à  ses  deux  extrémités.  Après  deux  sfr 
maines  employées  en  vains  efforts,  Carburis 
auquel  on  recourut,  fit  placer  et  attacher  à  cha- 
que côté  du  navire  une  frégate;  puis,  ayantcharg( 
de  pierres  la  proue  et  la  poupe  du  navire,  il  ; 
rétablit  l'équilibre,  et  lui  fit  reprendre  sa  pre i 
mière  forme.  Ainsi  le  rocher  voyagea  sur  lei' 
eaux  jusqu'à  Saint-Pétersbourg,  au  grand  étoni 
nement  des  habitants  de  cette  ville,  accourus  ei 
foule  sur  le  rivage.  Le  30  septembre  1769,  li 
monolithe  fut  posé  dans  la  place  de  Saint-PéteriS' 
bourg.  L'impératrice  nonmia  Carburis  aide  di 
camp  de  Betzky,  et  lui  confia  la  direction  d|i 
corps  noble  des  cadets  de  terre.  Mais,  maigre  cei 
honneurs,  Carburis  voulut  revenir  dans  sa  patri*' 
poar  y  introduire  de  grandes  améliorations.  I 
passa  par  Paris,  où  il  publia  en  français  la  des- 
cription de  ses  travaux  et  des  machines  doni 
il  s'était  servi  pour  transporter  le  monolithe,  eii 
y  ajoutant  une  analyse  chimique  de  ce  môrad 
monolithe,  faite  par  son  frère  Jean-Baptiste  Car 
buris  :  Monument  élevé  à  la  gloire  de  Piern 
le  Grand,  ou  Relation  des  travaux  et  de.' 
moijens  mécaniques,  etc.,  par  le  comte  Marir 
Carburis,  ci-devant  lieutenant  de  police  et  cen 
seur  ayant  la  direction  du  corps  noble  dei^ 
cadets  de  terre  de  Saint-Pétersbourg  ;  Paris 
1777.  Dans  cet  ouvrage  Carburis  reprit  publi-i 
qu«ment  son  nom,  et  dans  la  préface  il  expliqmi 


«81  CARBURIS 

les  motifs  qui  lui  avaient  fait  adopter  le  nom 
de  Lascaris. 

Par  ordre  du  gouvernement  français ,  un  mo- 
dèle du  mécanisme  de  Carburis  fut  déposé  au 
Conservatoire  des  arts  et  métiers.  Carburis  de-' 
meura  quelque  temps  en  France,  où  il  épousa 
une|Française,  et  retourna  à  Saint-Pétersbourg 
I   avec  sa  famille.  L'impératrice  lui   accorda  de 
l  larges  récompenses ,  et  il  obtint  du  gouverne- 
1  ment,  de  Venise  la  révocation  de  son  bannisse- 

iment  et  même  le  don  en  toute  propriété  d'une 
plaine  marécageuse  dans  l'île  de  Céphalonie,  pour 
y[mettre  à  exécution  ses  projets  d'amélioration. 
n  s'établit  dans  cette  île;  et  depuis  quatre  ans 
ises  essais  de  culture  de  l'indigo,  de  la  canne  à 
sucre  et  du  coton  d'Amérique  prospéraient,  lors- 
qu'une nuit  quelques  laboureurs  de  la  Laconie, 
qu'il  avait  pris  à  son  service,  attaquèrent  et  pillè- 
|i  rent  sa  maison,  croyant  y  trouver  de  grandes  ri- 
chesses. Les  assassins  regorgèrent,  ainsi  que  l'a- 
igriculteur  américain  qui  le  secondait  dans  ses 
travaux.  Sa  femme,  couverte  de  blessures ,  lui 
survécut.  T. 

Mazarakis,  yies  des  Hommes  illustres  de  Céphalonie; 
Marin  Carburis  ; 'Venise,  1843.  —  Francesco  Miligia,  Di- 
\iionario   délie  belle  arte   del  disegno ;  Bassano,    179T. 
—  Ohsson,  Tableau  hist.  et  moderne  de  l'Empire  Ot- 
toman. 

*CARBCRis  (Jean-Baptiste,  comte), médecin, 
jtfrère  du  précédent ,  né  à  Céphalonie,  mort  en 
|1801.  n  fit  ses  études  à  Bologne  avec  son  frère  Ma- 
prin.  En  1750,  le  roi  de  Sardaigne  Charles-Emraa- 
puel,  désirant  réformer  les  études  de  médecine, 
jldésigna  Jean-Baptiste  Carburis  pour  professeur 
jà  la  faculté  de  médecine  à  Turin.  En  1762,  vou- 
lant reconnaître  l'état  de  la  science  dans  les 
(différents  pays  de  l'Europe ,  et  se  lier  avec  les 
hommes  célèbres  de  son  époque,  il  visita  l'Italie, 
la  France ,  la  Hollande ,  l'Angleterre  et  la  Fin- 
lande. Il  fut  nommé  membre  de  la  Société  royale 
de  Londres  et  de  celle  d'Edimbourg.  De  retour 
là  Turin,  il  lit  au  musée  de  cette  ville  une  riche 
(Collection  de  coquillages  et  autres  objets  rares  dans 
|SOn  voyage.  Il  professa  à  Turin  pendant  vingt  ans . 
ISa  renommée  comme  médecin  ne  se  bornait  pas 
(à  l'Italie.  Le  fermier  général  de  France,  attaqué 
fparun  mal  que  les  médecins  deParis  regardaient 
(Comme  incurable,  écrivit  au  roi  de  Sardaigne,  le 

Ï (riant  de  lui  envoyer  Carburis.  Celui-ci  se  ren- 
iit  en  Provence,  où  il  opéra  la  guérison  du  ma- 
ade,  qui  se  rendit  à  Turin  pour  remercier  le  roi. 
fte  30  août  1770,  Jean-Baptiste  Carburis,  pour 
*■  raison  de  santé,  se  disposait  à  retourner  à  Cé- 
phalonie,  lorsque  la  fille  du  roi  de  Sardaigne, 
(qui  avait  épousé  le  comte  d'Artois,  voulut  que 
iCarburis  restât  son  médecin.  H  dut  donc  suivi-e 
la  comtesse  d'Ai'tois  en  France,  où  Louis  XVÎ 
Ije  nomma  médecin  de  toute  la  famille  royale. 
C'est  alors  qu'il  publia  l'analyse  du  granit  du 
'monolithe de  Saint-Pétersbourg.  En  1795, il  se 
[rendit  à  Padoue,  où  il  mourut  professeur  de  phy- 
jsiologie.  T. 

'    Mazarakis,  p^ies  des  hommes  illustres  d«  Céphalonie  ,• 


—  CARCADO 


G82 


Jean-Baptiste  Carburis  ;  Venise,  1843.  —  Z.innlni,  yie 
de  Monte-Santo.  —  Tlpaldo,  degli  illustri  Italiani  del 
secolo  Xf^IIf.  —  Bcnl,  biorjra/la  medica  Piemonlesc.  — 
Antonio  MencR-nelll,  Notizie  biografiche  degli  ylcado- 
mici  di  Padova. 

*  CARRCKis  (Marc,  comte),  le  plus  jeune  frère 
des  précédents,  né  à  Céphalonie  en  1731,  mort 
à  Padoue  en  décembre  1808.  Élevé  à  Venise,  il 
fut  reçu  docteur  en  médecine  à  Bologne.  Lors- 
que la  république  de  Venise  voulut  créer  une 
chaire  des  sciences  chimiques  à  l'université  de 
Padoue,  elle  en  confia  l'enseignement  à  J.-B.  Car- 
buris, et  l'envoya  visiter  les  mines  du  Dane- 
mark, de  la  Hongrie,  de  l'Allemagne  et  de  la 
Suède.  Carburis  eut  des  relations  intimes  avec 
les  savants  les  plus  distingués  de  son  époque,  tels 
que  Margraff,  Cronstedt,  Wallerius,  Pott  et  Lin- 
né ;  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  que  le 
sénat  de  Venise  fonda  alors  à  Padoue.  Les  actes 
de  cette  académie  contiennent  plusieurs  de  ses 
mémoires  sur  la  métallurgie.  Il  trouva  le  premier 
la  méthode  de  fondre  les  minerais  de  fer  sans 
l'emploi  ni  du  charbon  ni  d'autres  fondants ,  et 
il  essaya  d'appliquer  sa  méthode  en  grand.  Car- 
buris a  inventé  aussi  une  espèce  de  papier  incom- 
bustible, très-utile  pour  l'artillerie.  La  république 
de  Venise,  qui  fit  frapper  une  médaille  en  hon- 
neur de  l'inventeur,  ne  voulut  pas  divulguer  ce 
secret,  et  le  procédé  de  Carburis  resta  inconnu. 
II  fut  un  des  premiers  qui  obtint  des  jristaux 
purs  d'acide  sulfurique.  On  sait  que  Léraery, 
seulement  une  fois,  par  hasard,  en  avait  pu 
obtenir,  et  que  Millot  en  avait  aussi  obtenu  une 
seule  fois,  mais  dans  un  état  d'impureté.  On 
voit  encore  au  musée  de  Padoue  un  flacon  con- 
tenant les  cristaux  d'acide  sulfurique  obtenus 
par  Carburis.  Il  démontra  que  le  nickel  avait 
une  grande  affinité  poui  l'argent ,  opinion  con- 
traire à  celle  qu'avait  soutenue  Cronstedt,  qui  l'a- 
vait découvert.  T. 

MazaraJkis,  P'ics  des  hommes  illustres  de  Céphalonie; 
Marc  Carburis.  —  Tipaldo,  Biografla  degli  illustri  Ita- 
kani.  —  Fasti  gymnasii  Patavini  ab  anno  MDCCtyil 
usque  ad  MDCCLXkXFII,  a  Francisco-Maria,  comita 
Belunensi. 

*  CARCADO  (  René- Alexis ,  le  sénéchal  de 
Carcado-Molac ,  comte  de)  ,  général  français, 
né  en  1059,  mort  le  29  août  1743.  Mousquetaire 
en  1681,  il  passa  lieutenant  au  régiment  du  Roi 
le  19  octobre  1682,  et  servit  au  siège  de  Cour- 
tray,  à  la  prise  ^e  Dix.jude,  et  au  bombarde- 
ment d'Oudenarde  en  1683.  Capitaine  (10  mars 
1684),  il  se  trouva  au  siège  de  Luxembourg,  fît 
la  campagne  d'Allemagne  (l&9i),  passa  en  juin 
1695  àl'arméedeRoussillon,et  marcha  au  secours 
de  Palamos,  sous  le  duc  de  Vendôme.  Brigadier 
(3  janvier  1676),  il  servit  au  siège  de  Valence 
et  l'année  suivante  à  l'armée  de  Flandre,  sous 
le  maréchal  de  Villeroi.  Employé  à  l'armée  d'Ita- 
lie (26  décembre  1700),  il  combattit  à  Carpi 
et  à  Chiari ,  commanda  (1702)  les  grenadiers 
au  combat  de  San-Vittoria,  et  contribua  à  la 
prise  de  Borgo-Forte,  de  Nago,  d'Arço,  et  d'AstS. 
Étant  passé  à  l'armée  d'Espagne  (  4  avril  1707), 


G83  CAPvCADO 

il  combattit  à  Almanza,  et  inarclia  ensuite  au 
siège  cte  Lérida,  dont  il  emporta  la  première  en- 
ceinte. Lieutenant  général  des  armées  du  roi 
(19  juin  1708),  il  continua  de  servir  en  Espagne 
iusqu'en  1710.  A.  Sauzay. 

Pinard,  Chronol.  milit.,  t.  IV,  p.  630. 

CA.'R.c  Ajao  (Archélails  ou  Aî'cA^^as),  médecin 
italien,  né  à  Milan  en  1556,  mort  dans  la  môme 
ville  en  1588.  Il  professa  quel(|ue  temps  à  l'U- 
niversité de  Pavie.  On  a  de  lui  :  In  Aphorismos 
Hippocratis  lucubrationes  ;  —  de  Methodo 
medendi; —  de  Modo  colligandi  libri  duo  ; 
Pavie,  1581,  in-8°. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine.— Bio- 
graphie médicale. 

CARCAXO  (Jean-Baptiste),  médecin  italien 
du  seizième  siècle.  Disciple  du  célèbre  Fallope, 
qui  lui  destinait  sa  chaire  d'anatomie  et  de  chi- 
rurgie, il  fut  forcé  par  la  mort  de  son  maître  de 
quitter  Padoue.  Il  professa  longtemps  à  l'univei'- 
sité  de  Pavie,  et  se  rendit  célèbre  par  d'impor- 
tantes découvertes  anatomiques.  On  a  de  lui  : 
Libri  duo  anatomici  ;  in  altero  de  Cordis  vas- 
sorum  infœtu  unione  pertractatur  ;  in  altero 
de  Musculis  palpebrarum  atque  oculorum 
motibus  deservientibus  accurate  disseritur; 
Pavie,  1574,  iu-8°;  —  de  Vulneribus  capitis; 
Milan,  1584,  in-4'';  —  Exenteratio  cadaveris 
illustrissimi  cardmalis  Borromsei;  Milan, 
1584,  in-4°. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  Médecine. 

*CARCANO  (Ignace) ,  médecin  italien,  fils  de 
Jean-Baptiste,  né  à  Milan  le  4  octobre  1682, 
mort  dans  la  même  ville  le  3  novembre  1 730. 
Il  fit  ses  études  à  Pavie,  où  il  obtint  le  bonnet 
de  docteur  en  1704  ;  mais  ce  fut  seulement  en 
1707  qu'on  l'admit  dans  le  collège  des  médecins 
de  Milan.  On  a  de  lui  :  Considerazioni  alcune 
sopra  P ultima  epidemia  bovina;  Milan,  1714, 
in-8°;  —  Considerazioni  suite  ragioni,  spe- 
rienze  ed  autorità  ch'  approvano  V  uso  inno- 
cente délie  carni  pelli  e  sero;  Milan,  1714, 
in-8'';  — Rijlessioni  sopra  la  naturalezza  del 
lucimento  veduto  in  un  pezzo  di  carne  Icssata 
il  giorno  22  di  maggio,  etc.  ;  Milan,  1716,  in-4°  : 
c'est  l'histoire  d'un  cas  de  phosphorescence 
d'un  morceau  de  chair. 

Corte,  dei  Mediei  Milan.  —  Argetati,  Bibl.  Mediol. 

CARCANO  (François),  théreulicographe  ita- 
lien, né  à  Vicence  d'une  famille  noble  en  1500, 
mort  en  1580.  11  était  le  meilleur  chasseur  de 
son  temps,  et  l'historien  de  Vicence,  Jacques 
Marzari,  Je''nomme  (p.  199)  «il  principe  dei 
«  cacciatori  e  struccieri  délie  contrade  nostre.  » 
Il  fut  très-habile  surtout  dans  l'art  de  dresser 
des  oiseaux  de  proie;  et  le  seul  ouvrage  qui  nous 
reste  de  lui,  et  qui  traite  de  cette  matière, 
est  intitulé  :  Tre  libri  degli  uccelli  da  preda, 
ne''  quali  si  conliene  la  vera  cognizione  dell' 
artedé'  struccieri,  ed  il  modo  di  conoscere, 
ammaestrare,  regere  e  medicare  tulti  gli  uc- 
celli di  rapina,  con  un  trattato  de'  cani;Ye- 


—  CARCAVI 


684 


nise,  1568,  1587,  in-S" ;  Vicence,  1622,  ia-8'^  ; 
ouvrage  très-complet,  mais  aussi  très-rare  au- 
jourd'hui, qui  a  été  oublié  dans  la  bibiiograpliie 
mise  à  la  suite  de  VÉcole  de  la  chasse  aux 
chiens  courants,  par  MM.  Lallemand. 

Jacopo  Mazzari,  I.ttoria  di  Ficenza. 

CARCANO  ( jFranf 025 ),  littérateur  italien,  né 
à  Milan  en  1733,  mort  dans  la  même  ville  le 
1^''  mars  1794.  Élevé  au  collège  Tolomei  de 
Sienne,  et  ami  de  Joseph  Parini,  de  Charles  Passe- 
roni  et  de  Joseph  Baretti,  il  se  fit  connaître  par  des 
productions  estimées  en  prose  et  en  vers.  On  a  de 
lui:  Capitoli  di  autore  occulto ; Utrechi ,  1785, 
in-4°  ;  —  gli  Occhiali  magici,  sogno  del  Pre- 
muroso  Fuggi  Fatica;  Selenopolis,  1789,  in-4^; 
—  Sermone  intorno  ad  alcune  false  opinioni 
tenute  davaril  nello  scriver  poeticamente ,  e 
sopra  gli  studii  d'  oggidi;  Alethopolis,  1790,^ 
in-4°. 

Tipaldo.  Biographia  degli  Italiani  illustri ,  vol.  IV. 

*  CARCASSES  (Arnaud  de),  troubadour  du 
treizième  siècle.  Il  est  auteur  d'un  conte  ou  nou- 
velle en  vers  intitulée  le  Perroquet;  il  y  a  de» 
l'esprit  et  de  la  grâce  dans  ce  récit,  qui  paraîl 
avoir  été  fort  goûté  dans  le  temps  :  il  s'agit  d'un 
tour  joué  à  un  mari;  et  c'est  un  des  premiers 
essais  dans  un  genre  que  les  auteurs  de  fabliaux 
et  de  contes  ont  épuisé  à  satiété;  l'auteur  dii 
avoir  écrit  «  per  los  maritz  castiar  que  volo  los 
molhers  garar  »  (garder,  séquestrer). 'L'esY^nX 
brillant  de  la  chevalerie  se  confond,  dans  ce  petit 
récit,  avec  la  galanterie  des  fictions  orientales  ;  et, 
sous  le  rapport  littéraire,  il  a  reçu  les  éloges  des 
critiques  les  plus  judicieux. 

Millot,  Histoire  des  Troubadours,  t.  Il,  p.  2:90.—  Ray. 
nouard,  Choix  de  poésies,  II,  275.  —  Histoire  littéraire 
de  la  France,  t.  XiX,  p.  550. 

*CAncAT  (Augustin  l'aîné),  généalogiste 
français,  vivait  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle.  On  a  de  lui  :  les  Gestes  et  la  Vie 
du  preulx  et  vaillant  chevalier  Bayard,  avec 
sa  généalogie  mise  en  lumière;  Lyon,  1525,. 
in-24;  1558,  in-S";  1602,  in-4°,  et  Auxerre,  1634,i 
in-8°  :  c'est  la  biographie  de  Bayard  par  Sym-i 
phorien  Champier,  augmentée  de  sa  génèalogiei 
par  Carcat. 

Lelong  et  Fontette,  Bibliothèque  hist.  de  la  France. 

*CAUCAT  (Augustin  le  jeune),  écrivain  as- 
cétique et  hagiographe  français,  natif  du  Berry, 
mort  en  1655.  11  était  provincial  de  l'ordre  des 
Augustijis  réformés.  On  a  de  lui  :  Vie  de  sainte 
Fare,  avec  une  suite  des.abbesses  de  cette  ab- 
baye ;  Paris,  1629,  in-8°;  —  l'Excellence  de' 
l'Oraison  dominicale  ;  Poitiers,  IGjl,  in-S°. 

LeloDg  et  Fontette,  Bibliothèque  hist  de  la  France. 

CARCAVi  (  Pierre  de  ) ,  né  à  Lyon ,  mort  on, 
1684,  fut  d'abord  conseiller  au  grand  conseil  à 
Paris,  ensuite  bibliothécaire  du  roi  sous  le  mi- 
nistère de  Colbert,  qui  le  chargea  de  mettre  en 
ordre  et  de  faire  copier  l'immense  recueil  deS' 
Mémoires  du  cardinal  Mazarin  en  536  vol.i 
Ses  connaissances  en  mathématiques  le  firent 
admettre  au  nombre  des  premiers  membres  de 


85  CARCÀVl 

Académie  des  sciences  lors  de  la  création  de 
'\U\  compagnie.  Il  fut  ami  de  Pascal,  de  Fer- 
lat,  de  Roberval,  et  de  Descartes. 
M(ir6rl.  —  Baillet,  fie  de  Descartes.  —  Le  Prince,  Es- 
li  historique  sur  la  bibliothèque  du  Roi. 

cAiicAvi  {Charles-Alexandre) ,  littérateur 
ançais,  lils  du  précédent,  né  vers  1665,  mort 
1  1723.  Il  composa  sur  la  fin  de  sa  vie  deux 
miédies  intitulées  :  l'une,  le  Parnasse  bouf- 
01,  qui  ne  fut  pas  représentée  ;  l'autre,  la  Corn- 
asse de  Follenville,  en  un  acte  et  en  prose , 
présentée  le  11  octobre  1720,  non  imprimée. 
l,cs  frères  Parfaict,  Histoire  du  théâtre  français  , 
XV. 

* c\RCV.vs  (Martin) ,  médecin  hongrois,  né 
Kartzag-Ujssalasch,  dans  la  grande  Coumanie, 
1  s  le  milieu  du  dix-septième  siècle  ;  mort  très- 
une  à  Leyde  en  Hollande  après  1671.  Les  bio- 
a|)lies  hongrois  donnent  comme  date  de  sa 
issaiice  tantôt  1660,  tantôt  1666;  mais  ces  deux 
ilïres  sont  inexacts,  à  juger  d'après  les  dates 
l>ublication  de  ses  ouvrages.  Il  étudia  la  mé- 
ciiie  à  Leyde,  où  il  prit  ses  derniers  grades  en 
7J  ;  et  il  mourut  bientôt  après.  On  a  de  lui  : 
■  Acido  preecipue  microcosmi ;  Leyde ,  1670, 
-4°;  —  de  Hxmoptysi;  Leyde,  1671,  in-4''; 
I  Carmen  honoribus  Georgil  Kovats-Tatai  : 
erculem  vere  cognitum ,  Ltigduni  Batavo- 
im,  anno  1571  edenUs,dicatum;heyAe,i.&li, 
-Praxis  medica;  Leyde,  1671,  in-12. 
pifem,  Biographia  Medicorum  Hungarise.  —  Ho- 
Memoria  Hungara.  —  Carrère,  Bibl.  de  la, 
„  I,  33o  et  340. 

RCINUS  (Kapxtvo;  ).  Suidas  cite  trois  poë- 
i'cle  ce  nom  :  le  premier,  né  à  Agrigente;  les 
'ix  autres,  dans  l'Attique.  Comme  Carcinus  d'A- 
jente  n'est  mentionné  par  aucun  auteur  an- 
»,  son  existence  a  été  révoquée  en  doute. 
BARCiNçs  le  Vieux,  poète  comique,  né  à 
lènes,  vivait  vers  450  avant  J.-C.  Il  est  connu 
»  quelques  allusions  malignes  d'Aristophane; 
^s  il  ne  nous  reste  aucun  fragment  de  ses  ou- 
^es,  qui  semblent  s'être  perdus  de   bonne 

f ÀRCiNus  le  Jeune ,  poëte  tragique,  fils  de 
idecte  et  de  Xénoclès ,  probablement  petit- 
u  précédent,  vivait  vers  380  avant  J.-C.  Il 
Wsa  une  partie  de  sa  vie  à  la  cour  de  Denys 
Jeune.  Les  tragédies  citées  par  les  critiques 
liciens  sous  le  nom  de  Carcinus  doivent  ap- 
iirtenir  au  fils  de  Xénoclès;  Suidas  lui  en  at- 
jibue  cent  soixante.  Outre  quelques  fragments 
!  certains,  nous  possédons  les  titres  et  les  frag- 
jents  des  tragédies  suivantes  -.Alope,  Achille, 
'hyeste,  Sémélé,  Anphiaraus,  Médée,  Œdipe, 
(érée,  Oreste.  On  a  conclu  de  ces  mots  :  poèmes 
\e  Carcinus  (Kapxtvoy  Ttoii^jxaTa),  employés 
jour  désigner  des  poésies  obscures,  et  d'un  pas- 
ige  d'Athénée ,  que  le  style  de  Carcinus  était 
,ès-obscur.  Ce  défaut  cependant  ne  se  fait  pas 
îinarquer  dans  les  fragments  qui  nous  restent 
e  ce  poëte.  Son  style  ressemble  beaucoup  à 
(felui  d'Euripide. 


—  CARDAN 


68G 


Sulilas,  au  mot  KapxCvoç.  —  Aristophane,  le»  Nuées, 
1Ï6S  ;  la  l'aix,  79t.  -  Diogène  di'  UBrce,  H,  7.  — 
Arlstote,  Morale,  à  Nicotnaque,  Vil,  7;  Poétique,  i6 
il  ;  Ithetorique,  11,  «3;  III,  18.  —  Allicnôe,  I,  VII.  ;         ' 

CARDAiLLAc  (Jean),  théologien  français, 
né  dans  la  première  partie  du  quatorzième  siè- 
cle, mort  en  1390.  Il  appartenait  à  une  grande 
famille  du  Quercy,  laquelle  avait  déjà  fourni  à 
l'Église  des  prélats  illustres,  entre  autres  Guil- 
laume de  Cardaillac,  évêque  de  Cahors  en  1209. 
Après  avoir  professé  le  droit  à  Toulouse,  Jean 
Cardaillac  devint  évêque  d'Orense  en  1351,  et 
deBrogaen  1360;  il  fut  retenu  en  prison  par 
Pierre  le  Cruel  depuis  1367  jusqu'en  1369.  Dé- 
livré à  la  mort  de  ce  prince,  et  nommé  par  le 
pape  Grégoire  XI  patriarche  d'Alexandrie  et 
administrateur  de  l'église  de  Rodez  en  1371,  il 
devint,  en  1378,  administrateur  perpéluerde 
l'archevêché  de  Toulouse.  Il  composa  plusieurs 
livres  conservés  dans  la  bibliothèque  des  domi- 
nicains de  Toulouse,  entre  autres  des  sermons 
pour  les  dimanches  et  fêtes  de  l'année,  des  con- 
férences synodales,  divers  traités  des  ordres  sa- 
crées, enfin  l'oraison  funèbre  du  pape  Clé- 
ment VI,  celle  d' Urbain  V,  etc. 

Froissart,  I.  I.  -  Sainte-Marthe,  Gallia  christiana.  — 
Baluze,  fitœ  papar.  Avenion.  —  Tricaud,  Essais  de  lit- 
térature. 

^CARDAN  (Facto),  médecin  et  jurisconsulte  ita- 
lien, né  à  Milan  en  1444,  mort  le  29  août  1 524,  fut 
le  père  du  célèbre  Cardan.  I]  cultiva  avec  succès 
les  lettres  et  les  sciences  mathématiques,  et  laissa 
un  ouvrage  publié  sous  le  titi'e  de  Prospectiva 
communis  D.  Johannis,  archiepiscopi  Cantua- 
riensis,  F.  ordinis  Minoriim,  ad  unguem  cas- 
tigata  per  eximium  artium  et  medicinœ  et 
jurls  utriusque  doctorem  ac  mathematicum 
peritissimum  D.  Facium  Cardanum,  Medio- 
lanensem,  in  venerabili  coUegio  Jurisperito- 
rum  Mediolani  residentem.  Barthelemi  Corte 
qui  dit  que  l'ouvrage  fut  imprimé,  ne  marque  ni 
l'année  ni  la  forme  de  l'édition. 

Jérôme  Cardan,  de  Fita  prnpria.  —  Nicéron;  Mem. 
t.  XIV.  —  B.  Corte,  Notisie  istoriche  intomo  a'  medici 
scrittori  lUilanesi  ;  Milan,  1718,  in-4». 

CARDAN  (Jérôme),  célèbre  médecin  et  phi- 
losophe italien,  né  à  Pavie  le  24  septembre  1501, 
mort  à  Rome  le  21  septembre  1576.  Il  était  fils 
naturel  de  Facio  Cardan  et  de  sa  concubine 
Claire  Micheria.  Il  nous  apprend  que  celle-ci, 
pendant  sa  grossesse,  essaya  de  se  faire  avorter* 
que  l'enfantement  fut  pénible,  et  qu'il  naquit  sous 
une  mauvaise  constellation  :  ainsi  commençait 
une  existence  qu'il  a  proclamée  lui-même  très- 
infortunée.  A  sept  ans,  il  reçut  de  son  père  les 
premières  notions  des  sciences,  et  profita  si  bien 
de  ses  leçons,  qu'à  vingt-deux  ans,  venant  à 
peine  de  terminer  ses  études  à  l'université  de 
Pavie,  il  y  expfiqua  publiquement  Euclide,  et 
donna  des  leçons  de  dialectique  et  de  métaphy- 
sique. En  1524,  il  prit  à  Venise  le  grade  de 
maître  es  arts  ;  deux  ans  après,  il  était  recteur 
de  l'université  de  Padoue;  et  c'est  dans  cette  ville 
qu'il  reçut,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  le  bonnet 


687 


GARD  AIN 


68 


di»  docteur  en  médecine.  Son  nom  était  déjà 
connu  lorsqu'il  revint  à  Milan  en  1529  :  il  y  sol- 
licita son  agrégation  au  collège  des  médecins; 
mais  on  repoussa  sa  demande ,  sur  le  soupçon 
que  sa  naissance  n'était  pas  légitime.  En  1531, 
il  épousa  Luce  Bandareni,  aussi  pauvre  que  lui. 
Pendant  dix  ans,  il  avait  été  incapable  de  tout 
commerce  avec  les  femmes  ;  et  il  compte  ce  fâ- 
cheux empêchement  parmi  les  quatre  plus  grands 
malheurs  de  sa  vie.  Les  administrateurs  de  l'hô- 
pital lui  firent  obtenir  la  chaire  de  mathémati- 
ques ,  et  il  se  crut  alors  en  assez  bonne  position 
pour  renouveler  sa  demande  au  collège  des  mé- 
decins ;  il  éprouva  un  second  échec,  et  ne  fut  ad- 
mis qu'en  1539,  par  le  crédit  de  François  Croce. 
Séduit  par  les  promesses  magnifiques  des  hal)i- 
tants  d«  Pavie,  il  alla  professer  dans  cette  ville  ; 
mais  il  y  séjourna  peu  de  temps;  et  à  la  fin  de 
l'année,  ne  pouvant  se  faire  payer  son  salaire,  il 
revint  encore  une  fois  à  Milan.  Ce  fut  la  plus 
belle  époque  de  sa  vie.  La  publication  de  son 
traité  de  mathématiques,  Ars  magna,  le  fit  l'égal 
des  plus  savants  mathématiciens*  Un  moment  il 
parut  diriger  le  mouvement  scientifique ,  et  il  est 
à  regretter  qu'il  n'ait  pas  persisté  dans  une  voie 
de  découvertes  qui  lui  font  le  plus  d'honneur. 
B  laissa  échapper,  vers  la  même  époque,  une 
belle  occasion  de  fortune  :  le  roi  de  Danemark, 
par  l'entremise  d'Andi'é  Vésale  ,  essaya  de  l'at- 
tirer à  sa  cour;  mais  Cardan  résista  à  l'offre 
de  800  écus  qui  lui  était  faite  :  il  redoutait  le 
climat  du  Danemark,  et  les  embarras  aux- 
quels sa  religion  l'exposerait  dans  un  pays  tout 
protestant.  Il  continua  donc  d'exercer  la  méde- 
cine à  Milan,  et  fit  paraître  en  1550  son  traité 
de  Subtilitate,  que  l'on  s'accorde  à  regarder 
comme  le  meilleur  de  ses  ouvrages.  En  1552  il 
fit  un  voyage  en  Ecosse  :  Jean  Hamilton,  arche- 
vêque de  Saint-André  et  primat  du  royaume,  af- 
fligé d'une  grande  difficulté  de  respiration  que 
n'avaient  pu  guérir  les  plus  célèbres  médecins 
de  France  et  d'Allemagne,  fit  à  Cardan  des  con- 
ditions si  avantageuses,  que  celui-ci  n'hésita  pas 
à  se  rendre  près  de  lui.  Il  avoue  qu'il  dut  cette 
bonne  fortune  à  un  mensonge.  Dans  le  premier 
livre  du  de  Sapientia,  publié  en  1544,  il  préten- 
dait avoir  guéri  plusieurs  phthisiques  :  Hamil- 
ton fut  trompé  par  cette  assurance ,  et  Cardan, 
qui  n'avait  jamais  guéri  de  phthisique,  se  réjouit 
naïvement  d'avoir  menti  si  à  propos.  Il  paraît 
cependant  que  l'archevêque  fut  soulagé  après 
un  traitement  de  quelques  semaines;  deux  ans 
après,  si  l'on  en  croit  Cardan,  il  était  radicalement 
guéri. 

Cardan,  magnifiquementrécompensé,revintpai' 
l'Angleterre ,  et  vit  à  Londres  le  roi  Edouard  VI, 
dont  il  fit  l'horoscope,  et  à  qui  il  prédit  une  longue 
vie.  Malheureusement  le  roi  mourut  l'année  sui- 
vante; maisCardan,habituéà  dételles  mésaventu- 
res, revit  ses  calculs,  rectifia  quelques  chiffres,  et 
il  se  trouva  que  le  roi  était  mort  d'après  tontes  les 
règles  de  l'astrologie.  Après  avoir  visité  la  France, 


l'Angleterre,  l'Ecosse,  les  Pays-Bas  et  l'Ailem; 
gne  dans  un  voyage  de  dix  mois ,  Cardan  r 
tourna  à  Milan,  où  il  vécut  encore  quelques  ai 
nées,  partageant  son  temps  entre  le  travail, 
débauche  et  le  jeu.  Il  poussait  si  loin  cette  de 
nière  passion,  que,  de  son  propre  aveu,  il  venda 
pour  jouer,  ses  meubles  et  les  bijoux  de  sa  femm 
Celle-ci  lui  avait  donné  deux  fils  et  une  fille.  L 
fils,  élevés  dans  un  logis  qui  n'était  guère  qu'i 
tripot  ouvert  à  tous  gens  tarés,  imitèrent  et  d 
passèrent  les  vices  du  père.  L'aîné,  médec 
comme  lui,  empoisonna  sa  femme,  et  mour 
décapité;  l'autre  tomba  dans  de  si  grands  désc 
dres  que  Cardan,  après  l'avoir  fait  souvent  incB 
cérer  et  lui  avoir  coupé  une  oreille,  fut  obli. 
de  lui  fermer  sa  porte  et  de  le  déshériter.  Ce  n' 
tait  pas  une  grande  punition;  car  il  était  li 
même  si  pauvre  qu'il  faisait  des  almanachs  po 
vivre ,  et  qu'il  montra ,  dit-il,  bien  du  coura 
en  ne  demandant  pas  l'aumône.  Charles  Borr 
mée  et  François  Alciat  voulurent  l'arracher 
cette  fâcheuse  condition  ;  ils  l'appelèrent  à  Bol 
gne,  où  0  professa  de  1562  à  1570.  Unepromes 
de  1,800  écus  à  laquelle  il  ne  put  faire  bonne 
lui  valut  quelques  semaines  de  prison.  C'est  I 
après  son  impuissance,  l'inconduite  de  ses  fils 
la  mort  de  l'aîné,  ce  qu'il  appelle  la  quatrièr 
grande  infortune  de  sa  vie.  Mis  en  hberté,  il 
dégoûta  de  Bologne  parce  qu'U  s'y  sentait  su 
veillé,  et  s'enfuit  à  Rome,  où  il  vécut  quelqi 
temps  sans  emploi  public.  Enfin,  agrégé  au  c( 
lége  des  médecins  romains,  et  pensionnaire  < 
pape  Grégoire  Xm,  il  mourut  dans  cette  ville 
l'âge  de  soixante-quinze  ans.  Joseph  Scaliger 
de  Thou  prétendent  qu'ayant  fixé ,  d'après  d 
calculs  astrologiques ,  l'année  et  le  jour  de 
mort,  il  se  laissa  mourir  de  faim,  pour  que  1' 
vénement  justifiât  sa  prédiction.  C'est  un  f; 
que  rien  n'atteste,  mais  qui  n'étonnerait  pas  i 
la  part  de  Cardan ,  puisqu'il  assure  qu'il  essa; 
plusieurs  fois  de  se  tuer  ;  c'est  ce  qu'il  appel 
amour  héroïque. 

Ce  n'était  là  qu'une  des  moindres  bizarreri 
de  cet  homme  extraordinaire.  II  ne  faut,  poi 
l'appi'écier,  que  parcourir  ce  livre  étrange  cfu 
écrivit  sur  lui-même,  et  qu'il  intitula  de  Vita  pr 
pria.  C'est  un  ouvrage  unique  en  son  genre,  et  q 
pour  l'ingénuité  et  la  franchise  des  aveux  lais, 
bienloin  lesconfessionsdeRousseau.  Il  avoue  qn 
est  «  emporté,  entêté,  brutal,  et  difficile  à  viviv 
imprudent ,  rancunier ,  curieux ,  traître ,  enner 
des  siens,  fourbe,  impie,  bavard, médisant,  d( 
bauché,  obscène,  lascif;  qu'il  est  naturellemei 
porté  à  tous  les  vices  ;  qu'il  a  le  cœur  froid  i 
la  tête  chaude  ;  qu'il  médite  souvent  sur  les  clu 
ses  impossibles,  ou  sur  des  niaiseries  ;  qu'il  chanj 
d'opinion  à  toute  heure,  etc.  «  Jamais  on  n 
dit  plus  de  mal  de  soi-même  ;  mais  l'énumératioi 
de  ses  vices  s'efface  devant  les  qualités  qu' 
s'attribue  :  «  Il  méprise  l'argent,  il  n'a  pas  d'an' 
bition,  et  la  plus  grande  de  ses  vertus  est  1 
constance  avec  laquelle  il  a  supporté  tous  se» 


89 


CARDAIS 


690 


aux,  sans  une  plainte,  sans  un  mouvement 
impatience.  Il  n'a  jamais  menti.  «  Mais  en 
(i  même  il  ment  impudemment.  Il  est  curieux, 
lès  cela,  de  l'entendre  affirmer  que  la  nature 
peut  rien  former  de  plus  parfait  que  sa  pér- 
ime :  et  cette  vanité  l'emporte  si  loin,  qu'il  pré- 
k1  connaître  les  langues  giecque,  espagnole, 
iiK  aise,  sans  les  avoir  jamais  apprises.  Un  soir 
icliota  un  Apulée,  et  il  se  trouva,  le  lendemain, 
il  le  lisait  couramment,  sans  qu'il  eût  aupa- 
\  ant  ouvert  un  livre  latin. 
■^011  costume,  sa  démarche,  ses  discours,  toutes 
habitudes  se  ressentent  de  cette  faiblesse d'es- 
t.  Il  se  promène  tantôt  en  haUlons,  tantôt  splen- 
ernent  vêtu  ;  il  court  les  rues  pendant  la  nuit;  il 
fait  traîner  dans  un  carrosse  à  trois  roues ,  etc. 
core  n'est-ce  là  que  de  l'originalité  ;  mais  de 
4  nom  appeler  ce  qui  suit.?  —  «  Je  reconnais, 
il,  comme  l'un  de  mes  défauts,  que  je  me  plais 
lire  précisément  ce  qui  peut  être  désagréable 
eux  qui  m'entourent,  et  je  persiste  dans  cette 
)itiide  sciemment  et  volontairement.  ■»  —  Et 
;ore  :  «  Je  ne  garde ,  parmi  mes  valets ,  que 
X  qui  me  font  honte'et  qui  me  sont  inutiles.  « 
Alors  qu'il  se  trouvait  en  parfaite  santé  et 
is  souffrance  aucune ,  il  se  mordait  les  lèvres 
qu'au  sang,  et  se  tirait  les  doigts  à  en  pleurer  : 
)arce  que,  disait-il,  la  volupté  n'est  autre 
ise  que  cet  état  de  bien-être  qui  succède  à  une 
ileuT  apaisée;  et  celle-ei  sera  facilement  apaisée, 
squ'elle  est  volontaire.  »  —  Ses  moyens  de 
^isolation  n'étaient  pas  moins  étranges.  Lorsque 
i  fils  fut  condamné  à  mort,  il  ne  put  résister  à 
coup  si  cruel  qu'en  se  donnant  des  coups  de 
let  sur  la  cuisse  droite.  C'était  sa  cou- 
oe  ••  il  se  mordait  aussi  le  bras  gauche,  buvait 
vin  mêlé  de  safran  ;  et,  après  avoir  jeûné , 
squ'il  s'était  mordu  et  fustigé  -.  «  Alors, 
-il,  je  cherchais  des  consolations  -dans  la  rai- 

Un  esprit  si  bizarre  devait  avoir  des  visions, 
reconnaît  en  lui  quatre  facultés  qu'il  trouve 
mirables,  et  dont  il  ne  parle  qu'avec  un  air  de 
^stère  ;  1°  Il  tombe  en  extase  toutes  les  fois 
fil  le  veut  ;  2°  il  voit  ce  qu'il  veut  non  par  les 
«X  de  l'esprit,  mais  par  ceux  du  corps,  et  les 
lages  évoquées  s'agitent  continuellement  de- 
nt lui;  3°  il  est  averti  en  songe  de  tout  ce 
i  lui  doit  arriver  :  c'est  ainsi  que  la  plupart  de 
15  ouvrages  lui  sont  inspirés  par  le  ciel  ;  4°  il 
unaît  aussi  l'avenir  par  des  marques  qui  se 
rment  sur  ses  ongles.  Une  tache  rouge  lui  ap- 
it  l'arrestation  de  son  fils  ;  elle  disparut  après 
ixécution.  Il  s'étend  assez  longuement  sur  les 
irerses  significations  de  ces  marques  dans  son 
m  de  Rerum  Varietate,  livre  VDI,  ch.  xlui, 
iquel  nous  empruntons  ce  qui  précède,  et  sm'tout 
ins  le  de  SubtUUate,  livre  XVni. 
"^Enfin,  pour  achever  ce  portrait,  il  nous  reste  à 
'  I  rler  de  ce  génie  qu'il  s'attribua,  à  l'imitation  de 
crate  et  d'autres  hommes  illustres.  C'était  une 
"lyance  héréditaire;  car  Facio  Cardan  avait 


aussi  son  démon  familier  ;  mais  nous  ne  voyons 
pas  ici  que  la  foi  de  Cardan  soit  bien  robuste. 
Il  affirme  positivement,  dans  son  dialogue  nommé 
Tetim,  qu'il  possède  «  un  génie  Vénérien,  mèl6 
de  Saturne  et  de  Mercure.  »  —  Dans  le  de 
Libris  proprUs,  il  avance  que  ce  même  génie  so 
met  en  rapport  avec  lui  au  moyen  des  songes  j 
puis  il  doute  qu'il  y  ait  véritablement  des  génies , 
et  il  attribue  à  l'excellence  de  sa  nature  ce  mys-^- 
térieux  commerce  avec  un  autre  monde.  Enfin, 
dans  son  livre  de  Rerum  Varietate,  il  annonça 
qu'il  n'a  pas  de  démon  familier.  Cette  fluctua- 
tion d'idées  est  tout  à  fait  dans  ses  habitudes  : 
il  n'est  pas  d'homme  qui  se  contredise  plu^ 
souvent,  par  légèreté  d'esprit  et  par  défaut  de 
mémoire.  C'en  est  assez  pour  faire  apprécier  le 
caractère  de  Cardan.  Il  faut  bien  reconnaître  avec 
Naigeon  que  sa  vie  est  un  tissu  d'extravagances, 
d'actions  incohérentes,  viles  et  parfois  crimi^- 
nelles,  puisqu'il  en  vint  à  assassiner  un  homme 
qui  l'avait  volé  au  jeu.  Mais  que  ceci  n'étonne 
pas  chez  un  homme  du  seizième  siècle.  Scaliger 
le  jugeait  bien  :  «  Parfois,  dit-il,  il  est  supérieur 
à  tous  les  hommes  ;  mais  souvent  aussi  il  descend 
plus  bas  que  les  petits  enfants.  »  Enfin,  Leibniz  et 
Naudé  l'ont  déclaré  fou.  Mais  la  folie  n'exclut 
pas  toujours  le  génie  ;  et  Leibniz  lui-même ,  qui 
l'a  traité  si  sévèrement,  n'en  admirait  pas  moins 
la  supériorité  de  son  esprit.  Peut-êti'e  lui  savait- 
il  gi'é  d'avoir  proclamé,  avant  lui,  que  tout  est 
pour  le  mieux  ici-bas. 

Ceci  nous  amène  naturellement  à  parler  des 
opinions  philosophiques  de  Cardan.  On  l'a  pré- 
senté souvent  comme  un  athée  :  c'était  la  grande 
injure  du  temps  passé.  Malgré  l'aveu  d'une  irré- 
ligion qu'il  dément  d'ailleurs  en  mainte  occasion, 
et  bien  qu'il  certifie  qu'il  ne  va  guère  à  la  messe, 
il  ressort  de  ses  propres  mémoires  qu'il  était 
pieux  jusqu'à  la  superstition ,  et  non  pas  athée 
ni  fanatique,  comme  le  prétend  le  docteur 
Parker.  L'insuccès  de  ses  horoscopes  ne  l'empê- 
cha pas  de  faire  celui  de  Jésus-Christ,  et  cela  n'a 
pas  peu  contribué  à  sa  renommée  d'impiété.  Il  ne 
fit  en  cela  qu'imiter  Albumazar,  Albert  le  Grand, 
Pierre  d'Ailly  et  T.  Aussilianus  ;  mais  il  se  garda 
bien  de  les  nommer,  pour  se  donner  le  mérite  de 
l'invention;  et  le  scandale  en  fut  plus  gi'aniî. 
Aussi  dit-il  quelque  part  que  l'astrologie  a  fait 
le  malheur  de  sa  vie.  Il  est  certain  que  ses  livres 
renferment  bien  des  propositions  hétérodoxes,  et 
que  dans  sou  traité  de  Immortalitate  animarum 
il  semble  tirer  des  conclusions  directement  con- 
traires au  but  de  l'ouvrage.  Par  exemple,  dans 
le  chapitre  II,  il  prétend  que  le  dogme  de  l'inîmor- 
talité  est  préjudiciable  à  la  société  humain^  ;  et  les 
raisons  qu'il  en  donne  sont  assez  singulières.  Il 
dit  encore  que  ceux  qui  nient  l'immortalité  sont 
plus  honnêtes  gens  que  les  autres  ;  car  la  profes- 
sion d'une  telle  croyance  les  rend  odieux  aux 
autres  hommes,  et,  partant,  les  oblige  à  plus  de 
scrupules  et  de  vertus.  Enfin  ses  opinions  sur 
l'âme  rappellent  la  doctrine  d'Averrhoës,  et  méri- 


691 


CARDAN 


f 


tent  d'être  rapportées  :  «  Il  n'y  a,  sub  luna, 
qu'un  seul  entendement,  et  cet  entendement  n'est 
humain  qu'en  tant  que  la  matière  de  l'homme  le 
peut  admettre  :  il  pénètre  dans  l'homme,  et  pro- 
duit en  lui  les  actes  d'intelligence.  Ce  même 
entendement  s'approche  des  bêtes,  et  les  entoure  ; 
mais  la  disproportion  des  matières  s'oppose  à  son 
entrée  :  ainsi  il  illumine  l'intérieur  des  hommes, 
et  ne  fait  que  rayonner  autour  des  bêtes.  Il  n'y 
a  pas  d'autre  différence  que  celle-là  entre  l'en- 
tendement des  hommes  et  celui  des  bêtes,  et  de 
là  vient  que  ce  qui  est  parfait  chez  nous  est  con- 
fus chez  elles.  » 

Jules  Scaliger,  qui  rapporte  ce  passage  du  de 
Immortalitate  dans  ses  Exercitationes  in  Car- 
danum,  ajoute  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  si  l'ou- 
vrage de  Cardan  contient  d'autres  doctrines  ;  car 
ce  ne  sont  que  lambeaux  pillés  chez  tous  les  au- 
teurs. Aussi  n'est-ce  pas  la  philosophie  qui  l'a 
fait  célèbre  ;  et  cependant  on  trouve  çà  et  là  dans 
ses  ouvrages  des  pensées  d'une  grande  élévation, 
des  observations  fines  ou  profondes;  Naigeon 
n'a  pas  dédaigné  d'en  faire  un  recueil,  et  nous  ai- 
mons à  citer  après  lui,  pour  exemple,  celle-ci, 
qui  n'est  certes  pas  de  son  siècle  :  «  Dans  les 
pays  où  les  peines  sont  légères,  il  est  rare  que 
les  crimes  soient  atroces;  mais  là  où  la  justice 
est  barbare,  les  crimes  le  sont  aussi.  » 

De  tous  les  livres  de  Cardan,  le  plus  connu  est 
letraitérfe  SMÔiiZi^a^e.Ilnemitquehuitmoisà  le 
faire  ;  mais  il  le  corrigea  pendant  trois  ans  entiers. 
Sept  ans  après  la  première  publication  de  ce 
traité,  Jules  Scaliger,  à  l'affût  de  tous  les  talents 
nouveaux  pour  se  déchaîner  contre  eux,  l'attaqua 
vigoureusement,  et  y  releva  un  grand  nombre 
d'erreurs  ;  mais  sa  critique  fut  si  bien  faite,  que 
Naudé  se  fait  fort  de  prouver  qu'elle  contient  plus 
de  fautes  que  le  livre  de  Cardan.  Ce  dernier  se 
justifia  de  manière  à  réduire  son  adversaire  au 
silence;  toutefois  Scaliger  ne  se  tint  pas  pour 
battu ,  et,  par  un  tour  de  charlatan  qui  peint 
l'homme,  il  feignit  de  croire  que  sa  critique  avait 
tué  Cardan ,  et  fit  à  ce  sujet  une  préface  hypo- 
critement louangeuse,  dans  laquelle  il  déplorait 
un  triomphe  qui  coûtait  si  cher  à  la  république 
des  lettres.  Cardan  se  portait  si  bien,  qu'il  sur- 
vécut dix-huit  ans  à  Scaliger. 

Le  de  Subtilitate,  ainsi  que  le  de  Rerum  Va- 
rietate,  renferme  toutes  les  connaissances  de 
Cardan  en  physique,  en  métaphysique  et  en  his- 
toire naturelle;  la  plupart  de  ses  observations 
sur  les  animaux  ,  les  plantes  et  les  métaux  ne 
sont  que  la  reproduction  des  idées  d'Aristote  et 
de  Pline.  Nous  aurions  voulu  donner  une  ana- 
lyse de  ce  traité,  si  le  peu  de  méthode  et  l'in- 
cohérence des  parties  n'avaient  rendu  cette  tâche 
presque  impossible.  Il  y  a  de  tout  dans  ce  livre  : 
ignorance  et  savoir,  bon  sens  et  superstition; 
l'auteur  traite  tous  les  sujets,  et  fait  de  son  ou- 
vrage une  sorte  d'encyclopédie  de  la  science  et 
de  l'industrie  au  seizième  siècle  ;  encyclopédie  qui 
peut  offrir  de  curieux  renseignements  à  celui  que 


ne  rebuteront  ni  l'obscurité,  ni  les  contradictio 
ni  les  digressions  les  moins  justifiées. 

Le  traité  de  la  Subtilité  est  divisé  en  21  livi 
Le  i"  parle  des  principes  des  choses,  de  la  r 
tière,  de  la  forme,  de  la  vacuité,  du  mouvem 
naturel ,  et  de  l'espace  ou  du  lieu  ;  le  2",  ' 
Éléments  :  Cardan  n'en  admet  que  trois,  la  tei 
l'air  et  l'eau;  le  3^,  du  ciel;  le  4%  de  la 
mière  ;  le  5^,  des  mixtes;  le  6",  des  métaux, 
7^,  A&s pierres;  le  8%  A&%plantes;  le 9''  des  a 
maux  engendrés  par  la  putréfaction  :  Carc 
croit  à  la  génération  spontanée  ; 'il  assure  quf 
terre  est  au  centre  du  monde,  et  que  le  moi 
est  un  grand  animal.  Le  10^  livre  est  intitulé 
Animaux  parfaits  :  «  Toute  modification, 
l'auteur,  que  l'on  fait  subir  à  la  forme  extérie 
des  êtres  a  une  action  continue  sur  les  êtres 
gendres  par  ceux-ci  ;  on  peut  donc  modifier  à 
gré  la  forme  humaine,  et  la  varier  à  l'infini 
l'art  et  par  la  continuité  d'une  même  cause  ai 
santé.  »  Dans  le  11^  livre,  il  examine  l'/zomme. 
nécessité  et  sa  forme  ;  dans  le  12',  sa  naturi 
son  tempérament.  «  Le  cœur,  y  est-il  dit, 
principe  de  vie,  comme  le  cerveau.  »  Le 
livre  est  consacré  aux  sens,  aux  sentiments  i 
la  volupté;  le  14',  à  l'âme,  à  Vintelligence, 
jugement ,  aux  passions,  et  à  leurs  effets  p 
siques;le  15^, âuxinutiles subtilités ;le  16%  ; 
sciences  en  général.  C'est  la  partie  la  plus  i 
sonnable  de  l'ouvrage.  Cardan  veut  que  la  g 
métrie  soit  la  première  science  qu'on  ensei 
aux  enfants  ;  il  se  proclame  inventeur  de  l'ai 
bre,  qu'il  appelle  le  grand  art,  «  inventé,  dit-il 
mis  en  lumière  par  nous.  »  —  Le  17^  livre  tr; 
des  ar^s  et  inventions  :  il  met  au  premier  ranj 
navigation,  puis  l'artiUerie,  et  en  dernier  lieu  1' 
primerie  :  il  est  étrange  qu'il  n'ait  pas  fait  pas 
celle-ci  avant  l'artillerie,  qu'il  déclare  pernicie 
au  genre  humain.  Il  veut  qu'on  n'estime  dans 
sciences  que  ceux  qui  ont  beaucoup  écrit  : 
pensait  à  lui-même.  Le  18'  livre,  des  cho 
merveilleuses,  est  un  singulier  mélange  de  cou 
bleus,  de  recettes  d'empiriques,  de  secrets,  < 
Au  milieu  de  ce  fatras  on  trouve  une  indicat 
de  calcul  pour  chercher  le  rapport  de  la  cire 
férence  au  diamètre.  Le  19'  livre  traite  des  ^ 
mons  ou  génies;  le  20',  des  premières  substt 
ces  des  anges,  archanges,  etc.;  et  le  21',  de  Z)i 
et  de  Vunivers;  l'auteur  n'y  fait  aucunement  c< 
naître  ses  idées  sur  Dieu  et  sur  l'univers. 

Le  livre  de  Rerum  Varietate  est  le  pend; 
du  traité  de  Subtilitate.  Mécanique ,  inventioi 
spectres,  divination  et  démonologie,  secrets  mi 
veilleux ,  etc. ,  tout  y  est  entassé  pêle-mêle 
sans  ordre.  L'auteur  termine  en  expliquant  poi 
quoi  il  a  écrit  ce  traité  :  «  L'honneur,  dit- 
en  revient  à  Dieu.  Je  n'aurais  pas  tant  écrit  sa 
l'aide  et  le  conseil  de  la  Divinité  :  le  conseil  j 
venait  de  la  misère,  qui  me  contraignit  à  faire  ^^ 
mes  libraires  des  marchés  à  tant  par  feuille; 
sorte  que  j'écris  ce  qui  me  vient  à  l'esprit ,  ai 
de  remplir  plus  tôt  la  feuille.  » 


CARDAN 


694 


Ses  écrits  sur  la  médecine  sont,  à  beaucoup 

s ,  moins  intéressants.  On  y  trouve  plus  d'o- 

iiialité  que  de  profondeur.  Ainsi ,  dans  VOpus 

ni  ni,  il  cherche  si  les  effets  produits  par  les 

ilicaments  sont  en  proportion  arithmétique  ou 

;  luu'trique  avec  la  dose  prise  par  le  malade.  Le 

I  s  i^rand  éloge  qu'on  puisse  lui  faire,  c'est  d'a- 

.1  r  contribué  à  ce  mouvement  de  réaction  qui 

dait  à  renverser  la  tradition  transportée  dans 

lomaine  de  la  science.  Il  a  rassemblé  ce  qu'il 

leile  ses  découvertes  médicales  dans  le  cha- 

e  XIV  du  rfe  Vita  propria,  où  sont  réunies 

autres  inventions. 

lais  c'est  dans  les  sciences  mathématiques 
tout  que  Cardan  a  acquis  des  droits  à  la  re- 
naissance de  la  postérité.  Les  faits  qui  se 
achent  à  la  découverte  de  la  démonstration 
la  formule  générale  des  équations  cubiqu«s 
t  assez  intéressants  dans  l'histoire  de  la 
nce  [)our  qu'on  nous  permette  d'y  insister  un 
lient.  Cette  découverte  appartient  réellement 
ïipion  Ferrei  ou  Ferro,  professeur  de  ma- 
oatiques  à  Bologne  ;  mais  il  mourut  sans  la 
;  connaître  au  public.  Antoine-Marie  Fiore, 
itien  et  disciple  de  Ferrei,  qui  lui  avait  en- 
ûé  son  procédé,  proposa,  suivant  l'usage  du 
ps,  des  discussions  publiques  aux  géomètres, 
s  mit  au  défi  de  résoudre  les  problèmes  dont 
maître  lui  avait  donné  la  clef.  Tartaglia  étudia 
questions,  et,  après  avoir  essayé  tous  les  pro- 
;s  connus,  trouva  enfin  une  solution.  C'étaitla 
8use  formule  des  équations  cubiques,  il  en  ren- 
ia l'énoncé  dans  trois  tercets  italiens,  et  à  son 
défiales  savants.  Ces  joutes  mat hématiqices, 
cartels  proclamés  parles  hérauts  et  les  trom- 
€s,  à  grand  renfort  de  paroles  pompeuses 
'éloges  ampoulés,  semblent  convenir  plutôt  à 
charlatans  qu'à  de  véritables  savants;  mais  ce 
iatanisme  était  alors  de  mode:  une  découverte 
t  le  secret  de  l'inventeur,  et  l'on  exploitait 
méthode  de  calcul  comme  une  recette  nou- 
e  de  poudre  médicinale.  Cardan  supplia  Tar- 
ia  de  lui  enseigner  sa  formule  ;  il  le  trouva  in- 
ible,  et  eut  recours  à  la  ruse  :  il  l'attira  dans 
laison  du  marquis  del  Vasto  par  une  lettre 
te  au  nom  de  ce  seigneur  ;  puis ,  s'enfermant 
î  lui  dans  une  chambre  écartée,  il  le  conjura 
louveau  de  lui  commimiquer  son  secret ,  s'a- 
p.sa  aux  plus  humbles  prières,  s'engagea  par 
ijjnent  à  ne  rien  révéler,  et  fit  si  bien  qu'il  em- 
p[tâ  les  tercets.  Alors  il  s'appliqua  à  trouver 
émonstration ,  ce  que  Tartaglia  avait  négligé 
aire  :  il  réussit,  aidé  dans  ce  travail  par  Fer- 
,  son  élève,  et  publia  dans  Y/U's  magna  la 
nule  et  la  démonstration.  Tartaglia  cria  au 
lure,  et  revendiqua  ses  droits  :  Cardan  main- 
iles  siens,  et  se  crut  assez  riche  de  sa  démons- 
lion  pour  restituer  à  Ferrei  llionneur  de  la 
ouverte.  C'est  dans  cette  discussion  qu'il  fit 
erver  à  son  rival  que  l'extraction  de  la  racine 
He  qui  entre  dans  la  formule  n'est  pas  tou- 
rs possible  :  cette  première  observation  du 


j  cas  irréductible  fut  traitée  de  chicane  par  Tar- 
taglia ;  mais  Cardan  la  jugea  plus  sérieuse,  et  l'on 
voit  qu'il  ne  renonça  à  vaincre  cette  difficulté 
qu'après  de  longues  et  vaines  recherches.  Ce  n'est 
point  le  seul  pas  qu'il  fit  faire  à  l'algèbre.  Il  re- 
marqua aussi  la  relation  qui  existe  entre  les  ra- 
cines d'une  équation  et  le  coefficient  du  second . 
terme  de  l'équation  ;  la  multiplicité  des  valeurs  de 
l'inconnue,  et  leur  distinction  en  positives  et  né- 
gatives. Mais  il  ne  connut  pas  l'usage  des  racines 
négatives,  et  les  regarda  sans  doute  comme  inu- 
tiles. L'algèbre  ne  servait  alors  qu'à  résoudre  des 
problèmes  numériques  ;  on  conçoit  qu'il  n'ait  pas 
senti  toute  l'importance  de  sa  découverte  ;  on  lui 
a  donc  attribué  à  tort  ce  qui  n'appartient  réel- 
lement qu'à  Viete  et  à  Descartes.  Notons  encore 
que  l'on  trouve  dans  VArs  magna  quelques  ves- 
tiges de  la  méthode  des  ultimatum  du  signe  dans 
l'équation;  et  peut-être  Descartes  y  a-t-il  puisé  la 
première  idée  de  la  méthode  qui  porte  son  nom. 
Cardan  connaissait  aussi  les  racines  imaginaires, 
et  dans  le  même  livre  il  remarque  que  ces  ra- 
cines ,  dans  les  équations ,  vont  toujours  par 
couple.  Enfin  il  eut  quelque  part  à  la  résolution  des 
équations  du  quatrième  degré.  Car  c'est  en  étu- 
diant un  problème  proposé  par  Cardan  comme 
insoluble,  que  son  disciple  Ferrari  trouva  la  for- 
mule générale  de  ces  équations. 

Il  nous  reste  peu  de  cbosas  à  dire  sur  les  tra- 
vaux astronomiques  de  Cardan.  Malgré  son  at- 
tachement aux  doctrines  péripatéticiennes  et  sa 
crédulité  aux  chimères  de  l'astrologie  judiciaire, 
il  émit  parfois  des  idées  qui,  sans  être  con- 
formes à  la  vérité,  ont  du  moins  le  mérite  de  l'o- 
riginalité et  de  la  hardiesse.  Nous  citerons,  entre 
autres,  sa  théorie  de  la  scintillation  des  étoiles,' 
qu'il  attribue  à  l'agitation  de  l'air,  et  qu'il  com- 
pare au  mouvement  apparent  des  cailloux  au  fond 
d'une  eau  courante.  Cardan  prit  part  à  la  discus- 
sion qui  s'éleva  entre  les  savants  européens,  vers 
l'an  1572,  à  propos  d'une  nouvelle  étoile  qui 
avait  paru  tout  à  coup  dans  la  constellation  de 
Cassiopée.  Tycho  la  considérait  comme  une  créa- 
tion nouvelle  ;  Cardan  défendit  vivement  la  doc- 
trine de  l'incorruptibilité  des  cieux  ,  et  professa 
puhliquianent  que  cette  étoile  avait'  toujours 
existé,  et,  bien  pins,  que  c'était  elle-même  qui 
avait  conduit  les  Mages  à  Bethléem. 

Il  serait  trop  long  d'énumérer  tous  les  ouvra- 
ges de  Cardan.  Nicéron  en  a  donné  une  liste 
complète,  que  l'on  pourra  consulter  au  besoin. 
Des  222  traités  qui  ont  été  imprimés,  en  voici 
les  principaux  :  Artis  magnx  sive  de  regulis 
algebraicis  liber  U7ius;  Nuremberg,  1545,  in- 
fol.  ;  Bâle,  1570,  in-fol.  ;  —  de  Propria  Vita 
liber  :  la  première  édition  a  été  publiée  par 
Naudé;  Paris,  1643,  in-12;  2^  édition,  Amster- 
dam, 1054,  in-12  ;—  de  Subtilitate  libri  XXI; 
Nuremberg,  1550,  in-fol.;  Paris,  1551,  in-8°; 
Bâle,  1554,  in-fol.;  iôic?.,  1560,  in-fol.,  avec 
réponse  à  Scaliger  ;  Lyon,  1580,  in-fol.,  etc;  il  en 
existe  une  traduction  fiançaise  sous  ce  titre  :  les 


(595  CARDAN  — 

Livres  d'Hier.  Cardanus ,  de  la  Subtilité  et  | 
subtiles  Inventions ,  ensemble  les  causes  oc- 
cultes et  raisons  d'icelles,  trad.  en  français 
par  Rich.  Leblanc;  Paris,  1556,in-4°;  —  de  Re- 
rum  Varietate  libri  XVII ,  cum  appendice; 
Bâle,  1557  et  1581,  in-fol.,  et  plusieurs  fois  ail- 
leurs, in-8"  ;  —  Opus  novum  de  Proportionibus 
numerorum,  motuum,  ponderum ,  sonorum, 
aliarumque  rerum   mensurandancm ,    non 
soluni  geometrico  more  stabilitum,  sed  etiam 
variis  experimentis  et  observationîbus  rerum 
in  natura  solerti  demonstratione  illustra- 
«wm;  Bâle,  ■ibl(i,\n-îo\.;—  Proxeneta,   seu 
de  Prudentia  civili  liber;  Leyde  (Elzevir'), 
1627  et  1635,  in-12;  Genève,   1630,  in-12;  — 
Ars  magna  Arithmeticae ;  Lyon,  édition   de 
Ch.  Spon.  ;—  Claudii  Ptolemsei  Pelusiani  libri 
quatuor  de  astroriim  jtidiciis ,  cum  exposi- 
tione  Hier.  Cardant;  Bâle,  1554,  in-fol.;  Lyon, 
1555,  in-8°;  Bâle,  1578,  in-fol.  :  l'horoscope  de 
Jésus-Christ  ne  se  trouve  que  dans  les  éditions  de 
1554  et  de  1555;  —  Synesiorum  somniorum 
omni  generis  insomniu  explicantes  libri  IV; 
Bâle,  1583,  in-4°;  trad.  en  allemand,  Bâle,  1583, 
jn-4"  ;  —  de  Temporum  et  Motuum  erratico- 
rumrestitutione;^memheTg,  1547,in-4°;  avec 
Aphorismorum    astronomicorum  segmenta, 
septem   libri   de  jtidiciis  geniturarum;   — 
de  Revolutione  annorum,  mensium  et  dierum 
addies  criticos  et  ad  electiones  liber,  et  antres 
ouvrages  astronomiques  ;  —  de    Vtilitate  ex 
adversis  capienda  libri  quatuor;  Bâle,  1561 , 
in-8°  :  ce  traité  fut  composé  en  1 560,  à  l'occasion  de 
la  mort  de  J.  Bapt.  Cardan  ;  —  Dïalogus  qui  di- 
cetur  Tetim,  seu  de  humanis  Consiliis  ;  Bâle, 
1583,  in-4°,  avec  les  Somniorum  sijnesiorum, 
etc.,  et  de  Summo  Bono  liber;—  de  Sapien- 
tia  libri  V,  quibus  omnis  humanss  vitse  cur- 
sus vivendique  ratio  explicatur;  Nuremberg, 
1544,  in-4°,  avec  le  de  Consolations  ;  Genève, 
1624,  in-8°,  traduit   en  français;  Paris,  1661, 
in-12; —  Opuscula  medica  et  philosophica; 
Bâle,  1566,  in-4°:  c'est  une  collection  d'ouvra- 
ges assez  singuliers',  tels  que  Podagrae  Enco- 
mium;  —  Nesonis  Encomium;  —  de  Socra- 
tis  Studio,  mauvaise  satire  contre  Socrate;  — 
Libellus  de  propriis  libris,   cui  tituhis   est 
^'p^emerw.s;  Nuremberg,  1544,in-4°;  à  la  suite 
du  de  Sapientia;  —de  Libris  propriis  eorum- 
que  ordine  et  usu  ac  de  mirabilibus  operibus 
in  arte  medica  factïs  ;  Lyon,  1557,  in-8°;  — 
deimmortalitate  animarum  liber;  Lyon,  1545, 
in-8°;  —  de  Sanitate  tuenda  libri  IV;  Rome, 
1780,  in-fol.  ;  ibid.,  1717,  in-4°  ;  Bâle,  1582,  in- 
fol.;  _  Opuscula  medica  senilia;  Lyon,  1638, 
in-s";  —  Contradicentiummedicorum  libriX; 
Paris,  1546,  in-8"  ;  Lyon,  1548,  in-4''  ;  Marbourg, 
1607,  in-3°.  A  cette  liste  d'écrits  il  faut  ajouter 
des  commentaires  sur  Hippocrate,  17  livres  des 
Paralipomènes,et  une  quantité  considérable  de 
traités,  de  Usu  ciborum;  de  Urinis;  de  Sar- 
zaparilla;  deVenenis;deEpilepsia;  de  Apo- 


CARDELINl  6 

plexia,  etc.  Toutes  les  oeuvres  de  Cardan  or  é 
réunies  dans  la  grande  édition  de  1663,  pu  e 
sous  ce  titre  :  Hieronymi  Cardani  Med  i- 
nepsis  philosophi  ac  medici  celeberrimi  o  a 
omnia,  cura  Car.  Sponii ;Ljon,  1663,  10  |. 
-in-fol.  Il  manque  à  cette  collection  :  Apologi  d 
Andream  Camutium,dsLns let.  I;  Opuscula  ;. 
dica;  et  un  ouvrage  publié  pour  la  prer  e 
fois  à  Paris,  la  Métoposcopie  de  Cardan  (  I. 
du  latin),  comprise  en  13   livres,   avec 
figures    de    la  face  humaine,   ensembi  ,- 
Traité  des  signes  ou  marques  naturelles  u 
corps,  trad.  du  grec  de  Melampus,p.  CL- A 
de  Laurendière;  Paris,  Th.  Joly,  1658,  in- 
le  texte  grec  est  joint  à  la  traduction  franc, 
il  y  a  aussi  une  édition  latine  du  même  livr  li 
parut  en  même  temps  que  la  précédente. 
Victorien  Sardou 
Cardan,  de  Fita  propria.  —  Naudé,  Judicimn  de  r. 
dano.  —  Nicéron,  Mémoires  pour  servir  à    l'fii,  •,; 
des  Hommes  illustres,  t.  XIV.  -  De  Thou,  ch.  LX  ^ 
Scaliger,  Exercitationes   CCCFII.  —  Teissier,  El    . 
t.  I.  —  Dictionnaire  de  philosophie  de  VEncyclo  k 
méthodique,  2  vol.,  art.   Cardan,  par   le  citoyen    : 
geon.  —  Bayle ,  Dict.  philosophique.  —  Montucla, 
des  mathématiques,  1. 1.  -  Nolizie  istoriehe  iiUo.  u 
Mediciscrittori  Milanesi  da  Bartholomeo  Corte  ;  5  j, 
1718,  in-40.  —  Jac.  Phil.  Tomasini,  Eloyia,  t.  I.  —  S;  cl 
Var\ieT,  Disputât,  de  Deo  et  Providentia   divina,  t. 
XXX .  — Brucker,  Histoire  critigue,  t.  IV.  —  Tari   1. 
Çuesiti  6  invenzioni  diverse,  IX  livr.  —  Cnrsali,  .5   ; 
delV  AlQebra,  t.  II.  —  David  Clément,  Bibliothèqt  ' 
rieuse,  VI,  256.  —  Libri,  Histoire  des  Sciences  mat/',  : 
tiquesen  Italie,  III,  167.—  Mercey,  dans  la  Revue  d 
ris,  juin  1841.  —  Dictionnaire  des  sciences  philox 
qu'es,  t.  Il,  p.  873-940.  —  Franck,  Notice  lue  à  l'-^ch   > 
des  sciences  morales  et  politiques,  insérée  au  Non 
7  octobre  1844.  —  J.  Crossley,  the  Life  and  titnes  0/ 
dan;  Londres,  1836,  2  vol.  in-S".  -  Tenneraann,  IJ 
la  philosophie. 

CAKDAW  {Jean- Baptiste),  fils  du  précc  \i 
et  médecin  comme  lui,  né  le  14  mai  1534.  C  i' 
un  homme  vicieux,  débauché.  Il  épousa  une  j 
fille  pauvre,  s'en  dégoûta  bientôt,  et  l'empois. 
Il  fut  arrêté  pour  ce  crime ,  condamné,  et    - 
cuté  dans  sa  prison  le  13  avril  1560.  C'<  à 
l'occasion  de  cette  mort  que  Jérôme  Card;  i 
son  livre  de  Vtilitate  ex  adversis  capienu  i> 
prétendit  justifier  son  fils  en  pubhant  qu  à 
femme  l'avait  trompé.  A  l'en  croire,  cerl  S' 
juges  n'auraient  condamné  Jean- Baptiste  'fi 
dans  l'espoir  que  son  supplice  ferait  mour  ■ 
père  de  douleur.  Jean-Baptiste  a  laissé  <  v 
ouvrages  :    de  Abstinentia    ab   tisu  fxl 
rum  ciborum,  publié  à  la  suite  du  de  TJl'ih  ■ 
ex  adversis,  etc.;  Bâle,  1581,  in-8";— f/e 
gure ,  imprimé  avec  quelques  ouvrages  du  j  -, 
à  Bâle,  en  1570,  in-fol.  On  trouvera  ces  (  * 
ouvrages  dans  l'édition  complète  des  œuvre  |e 
Jérôme  Cardan,  publiée  à  Lyon  par  Ch.  Spo 

V.    S. 

J.  Cardan,  rfe  Fita propria;  de  Utilitate  ex  ai  ■ 
sis  capienda.  -  Nicéron,  Mémoires,  t.  XIV. 

*CABiOEMlVl  {Victor),  médecin  italien  i' 
à  Bassano,  dans  le  Vicentin,  vivait  dans  la  - 
mière  moitié  du  dix-septième  siècle.  Quo  ' 
professant  la  ])hilosophie  et  le  droit  dans  sa  - 
trie,  il  n'a  pourtant  écrit  qu'un  traité  de  m 


t  CARDELINI  - 

(-  ,  rempli  d'assertions  hardies  et  singulières, 
e  ilitulé  de  Origine  fœtus  libri  //;Vicence, 
1  s,  in-4°. 
)  riVi-,  Bibliothèque  de  la  médecine. 

\KDE!VAS  {Barthélemtj  de  ),  peintre  espa- 
pl,  d'origine  portugaise,  né  en  1547,  mort  en 
1  ;.  Il  eut  pour  maître  le  peintre  espagnol 
S  Iit's  Coello,  etbientôt  il  se  fit  remarquer  par 
6,  [iroductions,  dont  les  principales  sont  :  1°  à 
]\  I  id ,  la  partie  principale  du  cloître  de  Notre- 
j  ic  d'Atocha,  dans  l'église  des  Dominicains  ; 
0  ^■ailadolid,  les  peintures  du  cloître  du  cou- 
V  lie  Saint-Paul  ;  le  retable  du  maître-autel , 
0  st  peinte  la  vie  de  Jésus-Christ  ;  —  une 
C  re  de  quarante  pieds  carrés,  qui  occupe  tout 
](  >iid  du  chœur;  —  une  Cètie,  et  plusieurs 
n  oaux  estimés,  dans  le  réfectoire  du  même 
C'  ™t. 

,lcr,  Neues  AUgemeines  Kûnstler-Lexicon. 

aiDENAS  {Jua7i  de),  fils  de  Barthélémy, 
p  (re  espagnol,  vivait  dans  la  première  moitié 
di  ix-septième  siècle.  Il  fut  élève  de  son  père, 
■  îilla  à  Valladolid,  et  se  distingua  dans  le 

âge.  Il  reproduisait  surtout  avec  talent  les 
.  s  et  les  fleurs. 

Jlllet,  Dictionnaire  des  peintres  espagnols. 

tRDENAS  {Bernardm) ,  historien  espagnol 
x-septième  siècle,  né  à  Chuqûizaca,  dans  la 
ince  de  las  Charcas,  au  Pérou.  Nommé  en 
1  à  l'évêché  de  l'Assomption  ,  il  ne  put  s'en- 
^•6  avec  les  jésuites  qui  gouvernaient  le  Pa- 
lay.  Cette  lutte,  dans  laquelle  il  eut  pour 
ien  le  célèbre  Palafox,  se  prolongea  plus  de 
t  ans ,  et  se  termina  par  l'éloignement  de 
(lenas,  qui  fut  transféré  en  1666  à  Santa-Crux 
a  Sierra.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  de 
mique  et  d'iiistoire;  le  plus  important  est  : 
mal  y  relacion  de  las  cosas  del  Reyno 
ii>en<;  Madrid,  1634,  in-4''. 
;:oI.  Antonio,  BiûiioiA.  hisp.  nova.  —  Charlevoix, 
laire  du  Paraguay . 

jcARDENAS  Y  CANA  (Ga&rie^  i>e),  historien 
ignol,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
jième  siècle.  On  a  de  lui  :  Ensayo  cr&iioio- 
para  la  Historia  gênerai  de  la  Florida; 
îrid,  1733,  in-fol. 

elung-,  suppl.  à  Jôcher,  Jllgem.  Gelehrlen-Lexicon. 
lARDENEAV  (  Bernard- Augustin,  baron  de), 
^ral  français,  né  en  1766,  mort  en   1841. 
bméen  1791  lieutenant  dans  le  régiment  d' An- 
mois,  qui  forma  la  148^  demi-bçigade,  il  servit 
tord  à  l'armée  des  Pyrénées  orientales.  AMa- 
^  il  commandait  le  101^  régiment  de  ligne,  et 
i)ussa  victorieusement  plusieurs  charges  de  la 
«i'ilerie  autrichienne.  Général  de  brigade  et  baron 
di  'empire  en  1807,  il  fut  fait  chevalier  de  Saint- 
^  is  en  1814.  Pendant  les  Cent-Jours,  il  com- 
n  ida  une  brigade  d'infanterie  au  blocus  de  Stras- 
li  ig.  Renvoyé  à  la  chambre  des  députés  parle 
d  internent  des  Landes,  il  vota  ordinairement 
^^  le  centre  ;  mais,  en  1819,  il  se  prononça  con- 
ti  les  lois  restrictives  de  la  liberté  individuelle  et 
d  a  liberté  de  la  presse.  Il  ne  fut  pas  réélu  en 


CARDILUCIUS  69S 

1823,  et  ne  rentra  à  la  chambre  qu'an  mois  de 
juin  1830.  Il  en  sortit  de  nouveau  en  1831,  et 
passa  ses  dernières  années  dans  une  commune 
du  département  des  Landes. 

C.  Mullié,  Biographie  des  célébrités  militaires. 

CARDER  (Pe^ers),  marin  anglais,  vivait'en 
1586.  Il  commandait  une  pinque  faisant  partie 
de  la  flottille  de  Drake,  lorsque  ce  navigateur  se 
rendit  dans  la  mer  du  Sud  par  le  détroit  de  Ma- 
gellan, dans  le  but  d'inquiéter  le  commerce  espa- 
gnol. Drake,  ayant  réussi  à  franchir  le  détroit, 
détacha,  le  6  septembre  158G,  le  capitaine  Carder, 
afin  de  donner  en  Angleterre  des  nouvelles  de 
l'expédition.  Carder  traversa  heureusement  le 
détroit;  mais  larsq.u'il  relâcha  surJa  côte  améri- 
caine au  nord  du  Rio  de  la  Plata ,  il  eut  à  y  sou- 
tenir un  combat  contre  les  Indiens,  qui  tuèrent 
ime  partie  de  son  équipage.  Surpris  par  un  gros 
temps,  il  toucha  contre  un  îlot,  et  le  bâtiment  fut 
mis  en  pièces.  Carder  et  un  matelot  échappèrent 
seuls  à  ce  désastre.  Contraints  de  se  nourrir 
de  coquillages  crus  et  de  fruits  sauvages,  n'ayant 
pour  boisson  que  leur  urine ,  ils  formèrent  des 
débris  du  navire  un  radeau  sur  lequel  Ds  mon- 
tèrent et  se  confièrent  aux  flots.  Après  trois  jours 
et  deux  nuits  des  plus  pénibles ,  ils  furent  jetés 
sur  le  continent ,  près  d'un  cours  d'eau  douce. 
Le  compagnon  de  Carder  mourut  à  cet  endroit 
pour  avoir  voulu  satisfau'e  sa  soif  d'une  manière 
immodérée  :  quant  à  lui  même,  il  fut  pris  par 
des  sauvages  qui ,  quoique  aulhiopophages^  eu- 
rent pitié  de  son  sort,  et  le  laissèrent  aller  aa 
bout  de  quelques  mois.  Caider  gagna  les  posses- 
sions portugaises,  et  revint  en  Angleterre  en 
1586. 

W.  Smith,  Hist.  des  Voyages. 

CARDi  (  Lodovico).  Voy.  Cigou. 

*  CARDIL.E  (  Vincenzo  ) ,  poète  sicilien,  né  à 
Savoca,  dans  le  diocèse  de  Messine,  le  16  avrU 
1761  ;  mort  du  choléra  le  23  juillet  1837.  Il  en- 
tra dans  les  ordres,  et  devint  chanoine  de  la  ca- 
thédrale de  Palerme.  Jusqu'à  l'âge  de  cinquante- 
cinq  ans,  il  ne  s'occupa  guère  que  de  travaux 
scientifiques  et  de  recherches  d'érudition;  mais 
ayant  été  attemt  de  la  goutte ,  il  essaya  de  se 
distraire  des  cruelles  douleurs  qui  le  clouaient 
sur  son  lit,  en  composant  les  petits  poèmes 
suivants  en  dialecte  sicilien  :  lu  Spitali  di  li 
Pazz/l  ;—  l'Organu;  —  lu  Viaggiu  a  H  Campi 
Elisi  ;  —  l'Autumnu  ;  —  li  Mali  morali  au- 
mentanu  li  malifisici;  —  le  Passioni  o  lu  pa- 
pule meus  ;  —  lu  Triumfu  di  la  paci. 

TipaFdo,  Biografta  degli  Ital.  illust.,  VIH,  77 

CARUiLtrcius  (Jean-BisMas),  médecin  al- 
lemand, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  n  étudia  à  Leyde,  et  pratiqua 
son  art  quelque  temps  à  Francfort-sur-le-Mein,  à 
Darmstadt  et  à  Nuremberg.  Il  se  qualifiait  de 
docteur  en  philosophie,  en  médecine,  comte  pala- 
tin et  premier  médecin  du  duc  de  Wirtemberg; 
il  n'était  au  fond  qu'un  médecin  assez  médiocre, 
gi'and  partisan  de  l'alchimie  et  des  doctrines  de 


699  CARDILUCIUS 

Van  Helmont.  On  a  de  lui  :  Officina  sanitatis, 
sive  Praxis Chymiatrica  Joannis Hartmann'), 
Cîii  annexxis  est  Zodiacus  medicus;  Nurem- 
berg, 1677,  in-4°; —  Traitât  von  der  Pestilentz, 
1684,  in-4''.  Il  exprime  dans  cet  ouvrage  l'opi- 
nion que  souvent  les  phénomènes  d'une  maladie 
sont  le  résultat  de  l'imagination. 

Éloy,  Dictionnaire  historique  de  la  médecine.  — 
Kestner,  Mediciniaches  Gelehrt- Lexicon. 

cARDini  {Antonio-Francisco),  jésuite  por- 
tugais, né  dans  le  dix-septième  siècle,  mort  dans 
la  seconde  moitié  :  il  avait  pour  lieu  de  naissance 
la  bourgade  de  Vianna,  dans  l'Alemtejo.  Il  alla 
de  bonne  heure  dans  les  missions  de  l'extrême 
Orient.  On  a  de  lui  :  Relaçào  da  Viagem  do 
GaleàoSan-Lonrenço,esuaperdiçâonosiaixos 
de  Moxincale  em  3  de  setembeo  de  1649;  Lis- 
bonne, 1651,  in-4° ,  réimp.  dans  la  coUect.  des 
naufrages.  On  a  aussi  publié  sous  son  nom  :  Re- 
laçào da  glorïosa  morte  de  quatro  embaixa- 
dores  po7'tïcguezes  da  cidade  de  Macau,  com 
cincoenta  esetes  christào  dasxia  companehia 
degolados  todos pela,fede  Christo  emNanga- 
saqui ;  Lisbonne,  1643,  in-4''.  F.  D. 

liarbosa  Machado,  Bibliotkeca  Lusitafna.  —  César  de 
Figanière,  Bibliografta  historica. 

*CARDIM  (le  P.  Fernam) ,  iésuite  portu- 
gais, né  dans  le  seizième  siècle,  mort  après  l'année 
1618.  11  ^^nt  de  bonne  heure  à  Bahia  prendre 
part  aux  premières  missions  du  Brésil,  mais  ne 
put  résister  aux  fatigues  qu'il  fallait  endurer  dans 
les  forêts,  et,  devenu  le  compagnon  du  père  visi- 
teur Christovam  de  Gouvea,  il  fut  sur  le  point  de 
succomber  en  1583.  C'était  un  homme  d'un 
esprit  fort  cultivé  ;  aussi,  après  avoir  occupé  le 
poste  de  recteur  du  collégede  Rio-de-Janeiro,  fut- 
il  appelé  à  devenir  provincial  de  son  ordre.  Il 
occupait  ces  fonctions  en  1609 ,  lors  de  l'exhu- 
mation d'Anchieta.  De  nouveaux  documents 
nous  le  montrent,  neuf  ans  plus  tard,  se  mêlant 
dans  Bahia  aux  affaires  politiques  et  religieuses 
jusqu'en  1618.  M.  Adolfo  de  Varnhagen  a  pu- 
blié dans  ces  derniers  temps  un  précieux  opus- 
cule de  ce  missionnaire  voyageur  :  Narrativa 
epistolar  de  una  viagem  e  missao  jesuitica 
pela  Bahia,  Ilhlos ,  Porto-Seguro,  Penmm- 
buco,  Espirito-Santo,  Rio-de-Janeiro,  San-Vi- 
cente  (SaJi-Pflîi^o  );  etc.  ;  Lisbonne,  1847,  in-12. 
Ce  livre  est  écrit  d'un  style  charmant,  et  donne 
des  détails  d'une  grâce  parfaite.  F.  D. 

Documents  inédits. 

*  CAKDiiN'AL  (  Pierre  ) ,  troubadour  fi-ançais, 
naquit  près  de  la  ville  de  Guy  au  commence- 
ment du  treizième  siècle.  Sa  carrière  se  prolon- 
gea d'une  façon  remarquable;  il  mourut  cente- 
naire vers  1305.  Dans  un  âge  avancé,  et  tombé 
dans  la  détresse,  il  fut  choisi,  par  les  magistrats 
de  Tarascon,  pour  être  le  maître  de  la  nombreuse 
jeunesse  qui  était  réunie  dans  les  murs  de  cette 
ville.  Il  nous  est  parvenu  soixante-dix  pièces 
enviion  de  ce  troubadour.  Sa  versification,  dont 
il  varie  les  formes  et  la  cadence,  n'est  pas  sans 
mérite.  Ses  satires  ont  presque  toujours  un  sens 


—  CARDOINO 

général  et    rarement  individuel.  Rien  ne 
échappe;  les  faussaires,  les  parvenus,  les  h) 
criteSjles  femmes  galantes,  les  prêtres  com 
pus  ,  sont  criblés  de  ses  traits. 

Renouard,  Clioix  de  poésies  des  Trotibad.,  t.  II 
et  V.—  Millot,  Hist.  des  Troubadours,  t.  III,  p.  23' 
Parnasse  occitanien,  p.  806.  —  Dick,  f.eben  dcr  7 
budovrs,  p.  464.  —  Hist.  littéraire  de  la  France,  t. 
p.  S69-577.  —  Nostradamus,  f^ie  des  anciens  poêles 
vençaux.  —  D.  Valssettc,  IHst.  wiiv.  du  Lanyuedo 

*CARD1NALI  {Clément),  archéologue  itai 
né  à  Velletri  au  mois  de  mars  1789,  mort  ( 
la  môme  ville  le  22  novembre  1839.  Après  a 
rempli  jusqu'en  1823  des  fonctions  adminis 
tives  à  Bologne  et  à  Ferrare ,  il  se  retira  t 
sa  ville  natale,  y  fonda  une  bibliothèque  pi 
que,  dont  il  fut  le  premier  conservateur,  ( 
livra  tout  entier  à  des  travaux  archéologiques 
a  de  lui  :  Lettera  in  tome  a  due  marnii  scr 
dans  le  Journal  encyclopédiqxie  de  Nap 
1818;  —  Silloge di  hOO  inscrizioni;  BoIo| 
1819  :  cette  collection  a  été  réimprimée  avec 
additions  considérables  dans  le  troisième  vol 
des  Memorie  romane  di  antichità  e  belle  a 
Rome,  1827;  —  Elenco  délie  coorti  a 
liari  e  sociali  degli  antichi  Romani,  trattx 
marmi  scritti ;  Rome,  1827;  — Diplomi 
periali  de'  privilegi  accordati  a' militari 
colti  e  comment ati  ;  Rome,  1835.  Cai'dinali 
blia  aussi,  en  collaboration  avec  son  frère  Le 
Antiche  inscrizioni  Veliterne  ;  Rome ,  1 
in-4°. 

Tipaido  ,  Biografia  degli  Italiani  iilustri.  —  Mi 
relu.  Biog.  autogr.  inéd. 

CARDijVi  (Ignace),  médecin  et  natura 
corse,  né  en  1562  à  Mariana  (Corse),  m( 
Lucquesvers  la  fin  du  siècle.  Cardini  pratio 
la  médecine  dans  sa  ville  natale;  c'était 
homme  d'un  esprit  vaste,  et  qui  avait  acquis 
connaissances  presque  universelles;  mais  a 
sur  la  religion  des  opinions  hétérodoxes  , 
esprit  satirique  le  porta  à  attaquer  les  prO 
et  les  moines  de  son  pays  à  tout  propos.  11  i 
publié  en  latin  un  ouvrage  en  deux  parties,  ■ 
la  première  traitait  des  minéraux  de  la  Cors( 
la  seconde,  des  plantes  qui  y  croissent.  Cai 
ti'ouva  l'occasion  d'ajouter  à  la  fin  de  la  seci 
partie  des  lettres  satiriques  contre  le  de 
qui  devinrent  la  cause  de  sa  perte.  Le  peu 
ameuté  contre  lui ,  le  força  à  se  réfngiei 
toute  hâte  à  Lucques ,  où  il  mourut  d'une 
senferie  trois  mois  après  son  arrivée.  Les  me 
corses  rassemblèrent,  autant  qu'ils  lauréat, 
les  brûler,  les  exemplaires  de  son  ouvrage , 
est  devenu  d'une  extrême  rareté.  Aucune  bi 
graphie  n'en  sait  indiquer  ni  le  titre  exact,  n 
détails  particuliers  de  l'édition.  Quant  à 
style,  on  dit  qu'il  ressemble  assez  à  celui  de  I 
l'Ancien. 

Éloy,  Dictionnaire  de  la  médecine. 

*  CARDOINO  (André),  controversiste  ital 
vivait  dans  la  première  moitié  du  di.v-septi 
siècle.  On  a  de  lui  un  ouvrage  (inédit),  doi 
manuscrit  est  conservé  dans  la  Bibliothèque 


31  CARDOINO 

Wale  de  Paris.  En  voici  le  tiffé  :  Relazione  di 
inevra,  nella  quale  compendiosamente  si 
"jijiona  dello  stalo  di  quella  città,  partico- 
nnente  d&ll'  anno  1535  fino  al  giorno  pre- 
nledi  1621. 
'histoire  littéraire  de  Genève. 

CAiiDON  (Antoine- Alexandre-Joseph),  pein- 
'  belge,  né  à  Bruxelles  le  7  décembre  1739, 
lit  vers  1822.  il  s'appliqua  au  dessin  dès  sa 
iiiière  jeunesse,  et  eut  pour  maître  M.  de  la 
;iia ,  peintre  de  l'impératrice  Marie-Thérèse, 
c  lequel  il  fit  le  voyage  de  Vienne,  oh  il  sé- 
!  lia  un  an.  Devenu  pensionnaire  de  l'impéra- 
;e,  il  passa  plusieurs  années  en  Italie,  d'abord 
lome,  puis  à  Naples,  où  il  abandonna  la  pein- 
e,  pour  s'adonner  à  la  gravure.  Il  fut  chargé 
graver,  sous  la  direction  de  d'Ancarville,  le 
s  grand  nombre  des  planches  des  Aritiqui- 
étiusques ,  grecques  et  romaines  du  che- 
ier  Hamilton.  Rappelé  par  M.  de  Cobeatzel, 
avait  formé  le  projet  de  publier  l'histoire  de 
Toison  d'or,  il  grava  diflérents  tableaux  de 
honune  d'État  et  du  duc  d'Aremberg.  En 
5 ,  il  fut  nommé  membre  de  ITnstitut  royal 
sciences  et  des  arts  des  Pays-Bas. 
LàRDON  {Antoine),  graveur  belge,  fils  du 
îédent,  né  à  Bruxelles  le  15  mai  1772,  mort 
16  avril  1813.  Élève  de  son  père  pour  le  des- 
,  la  peinture,  la  gravure  à  l'eau-forte  et  au 
in,  il  alla  en  1792  se  perfectionner  à  Londres, 
emporta  un  prix  à  l'Académie  royale  de  dessin, 
belles  gravures  :  le  Mariage  de  Catherine  de 
mce  avecEenri  V,  roi  d' Angleterre  ;  la  Ba- 
lle d'Alexandrie;  la  Joiirnée  de  Maida,  le 
nt  choisir  de  préférence  aux  artistes  anglais 
ir  graver  les  tableaux  du  musée  de  Londres, 
oiniiicuça  par  la  Femme  adultère  de  Ru- 
s,  ouvrage  immense  qui  lui  valut  les  ré- 
ipenses  les  plus  flatteuses  de  la  part  de  l'em- 
eur  d'Autriche  et  du  roi  des  Deux-Siciles. 
s  les  travaux  excessifs  auxquels  se  livra  Car- 
i  détruisirent  sa  santé,  et  il  succomba  à  une 
adie  de  langueur. 

ilerie  historique  des  Contemporains.  —  Bioç.  uni- 
elle  des  Belges.  —  Nagler,  A'eae*  AUgem.  Kûnstler- 
icon. 

:ardona  (Jean-Baptiste),  antiquaire  et 
idogien  espagnol,  né  à  Valence,  mort  en  1589. 
moine  de  la  cathédrale  de  Valence,  il  fut 
omé  par  Grégoire  XIII  membre  de  la  com- 
sion  chargée  de  rétablir  dans  toute  leur  inté- 
é  le  texte  des  Pères.  Il  avait  déjà  restitué, 
3rès  les  manuscrits,  plus  de  huit  cents  leçons 
saint  Léon  le  Grand  et  de  saint  Hilaire,  lors- 
une  mort  prématurée  l'enleva  à  la  culture  des 
res  et  aux  dignités  ecclésiastiques.  Il  avait  été 
■que  de  Perpignan,  de  Vie,  de  Tortose,  et, 
dant  deux  ans,  commissaire  de  l'inquisition. 
a  de  lui  :  Oratïo  de  sancto  Stephano ,  dis- 
rs  prononcé  devant  le  pape  l'an  du  jubilé 
—  de  Expungendis  hœreticorum  pro- 
is  nominibus,  etiam  cum  nihil  maUs  doc- 


-  GARDONE  702 

trinae,  aut  nihil  propritim,  editis  libris  con- 
signant, dédié  à  Grégoire  XIII;  Rome,  1576, 
in-S";  —  de  Begia  Sancti  Laurent U  Biblio- 
theca  libellum,  sive  consilium  cogendi  om- 
nis  generis  utiles  libros,  et  peridoneos  minis- 
tros  fructuose ,  callideque  custodiendi  :  ce  li- 
vre, qui  contient  encore  de  Bibliothecis,  extrait 
de  Fulvius  Ursinus ,  de  Vaticana,  tiré  des  pa- 
piers d'Onuphrius  Pavinius,  et  de  Dipthycis 
commentariolum,  fut  publié  àTarragone,  1587, 
in-4°. 

Nie.  Antonio,  Bibliotheca  hispana  nova.  —  André 
Schott.  Hispania  illustrata.  —  Gaspard  Escobn,  Hi$- 
toria  yalentina,  1.  v. 

CARDONE  (Raimond  de),  général  espagnol  du 
quatorzième  siècle.  U  appartenait  à  une  ancienne 
famille  aragonaise  ;  et,  après  s'être  distingué  au 
siège  de  Gênes,  il  fut  choisi  en  1320  par  Robert, 
roi  de  Naples,  et  par  le  pape  Jean  XXII,  pour 
commander  les  Guelfes  en  Italie  après  la  retraite 
de  Ptiilippe  de  Valois.  Battu  le  6  juillet  1322  par 
Marco  Visconti  au  pont  de  Basignano,  il  parvint 
à  rétablir  son  armée,  conquit  Cortone,  Alexan- 
drie, et  vint  assiéger  Milan.  Il  fut  forcé  à  la  re- 
traite, vaincu  et  fait  prisonnier  par  Galéas  Vis- 
conti en  1324.  Ce  seigneur,  qui  voulait  se  servir 
de  lui  pour  négocier  la  paix  avec  le  pape,  relâ- 
cha son  prisonnier,  après  lui  avoir  fait  prêter  ser- 
ment de  ne  plus  porter  les  armes  contre  les  Gi- 
beUns.  Jean  XXII  rejeta  toutes  les  propositions 
que  lui  apportait  Cardone,  le  releva  de  son  ser- 
ment et  le  renvoya  aux  Florentins,  attaques  par 
le  vaillant  Castruccio  Castracani,  de  Lucques. 
Cardone  se  mit  en  campagne,  au  mois  de  juin 
1325,  avec  quinze  mille  hommes  d'infanterie,  et 
une  cavalerie  qui  s'éleva  au  bout  de  deu.\  mois 
à  quatre  mille  hommes.  Après  avoir  campé  quel- 
que temps  devant  Pistoja,  il  se  dirigea  sur  Cap- 
piano,  et  s'empaia  du  passage  de  la  Guisciana. 
Castruccio  demanda  des  secours  à  ses  alliés  ;  mais 
il  ne  parvint  à  réunir  que  quinze  cents  cavaliers, 
et  ne  put  empêcher  la  prise  d'Altoposcio.  L'armée 
florentine  ne  tarda  pas  à  se  désorganiser,  et 
Cardone  donna  pour  de  l'argent  des  cpngés  aux 
bourgeois  fatigués  de  la  guerre.  Le  général  guelfe 
n'avait  plus  que  huit  mille  fantassins  et  deux 
mille  cavaliers,  lorsque,  le  23  septembre,  il  fift 
attaqué,  défait  et  pris  par  Castruccio,  qui  le  mena 
en  triomphe  à  Lucques.  A  partir  de  cette  époque, 
le  nom  du  premier  Raimond  de  Cardone  ne  re- 
paraît plus  dans  l'histoire. 

CARDONE  (Raimond  7/ de),  généraL espa- 
gnol du  seizième  siècle.  Nommé  vice-roi  de  Na- 
ples par  Ferdinand  le  Catholique  en  1509,  il  prit, 
deux  ans  plus  tard,  le  commandement  de  l'armée 
espagnole  destinée  à  défendre^e  pape  et  les  Vé- 
nitiens contre  les  Français.  Après  avoir  réuni 
toutes  ses  forces  à  Imola,  U  marcha  sur  Bologne 
au  mois  de  janvier  1512.  Gaston  de  Poix  accou- 
rut au  secours  de  cette  place,  s'y  introduisit  dans 
la  Huit  du  4  au  5  février,  à  la  faveur  de  la  neige 
qui  tombait  en  tourbillons,  et  força  Cardone  à 


703 


CARBONE  —  CARDONNEL 


70 


se  retirer  sur  ïmoîa.  Le  26  mars,  Gaston  envahit 
la  Romagne,  pour  forcer  le  général  espagnol  à 
livrer  bataille;  mais  celui-ci,  voulant  attendre 
l'arrivée  des  six  mille  Suisses  que  lui  amenait  le 
cardinal  de  Sion,  chercha  à  éviter  tout  engage- 
ment, et  retint  ses  troupes  sous  les  murs  d'Imola. 
Il  fut  cependant  obligé  de  quitter  cette  position, 
par  la  marche  du  général  français  sur  Ravenne. 
La  bataille  s'engagea  le  10  avril.  Les  Espagnols 
furent  battus  ;  mais  Gaston  périt  en  poursuivant 
les  vaincus,  et  Cardone,  qui  s'était  enfui  avant  la 
fin  du  combat,  reprit  bientôt  l'avantage.  Dans 
les  deux  campagnes  de  1512  et  1513,  les  Fran- 
çais, unis  aux  Vénitiens,  furent  rejetés  au  delà 
des  Alpes.  Cardone  déshonora  par  des  cruautés 
inutiles  la  victoire  qu'il  devait  à  ses  lieutenants. 
Il  pilla  Crémone,  leva  des  contributions  énor- 
mes sur  Brescia,  Bergame  et  les  autres  villes , 
s'avança  jusqu'aux  lagunes  ,  après  avoir  ravagé 
les  alentours.  Le  général  vénitien  Barthélémy 
d'Alviano  essaya  de  mettre  fin  à  ces  dévasta- 
tions; mais  il  fut  vaincu  près  de  Vicence  le 
7  octobre  1513.  Les  Espagnols  prirent  leurs 
quartiers  d'hiver  dans  les  monts  Euganéens,  et 
pendant  toute  l'année  1514  ils  se  tinrent  sur  la 
défensive.  En  1515,  lors  de  l'invasion  de  Fran- 
çois V  dans  le  Milanais,  Cardone,  surveillé  par 
l'Alviano,  ne  put  secourir  les  Suisses,  et  fut  forcé 
d'évacuer  la  Lombardie  à  la  suite  de  la  bataille 
de  Marignan.  Il  conserva  la  vice-royauté  de  iN'a- 
ples  sous  Charles-Quint. 

Sismondi,  Histoire  des  Républiques  italiennes,  tom.  V, 
XIV.  —  Léo  et  bntta  ,  Histoire  de  Vltalie.  —  Gerhard 
Ernest,  Bibliotheca  Hispanica. 

CARDONE  {Vincent),  poète  italien,  né  à 
Atessa,  dans  l'Abruzze  citérieure,  à  la  fin  du  sei- 
zième siècle;  mort  vers  1620.  Il  entra  dans  l'or- 
dre des  Dominicains,  et  composa  quelques  ou- 
vrages poétiques,  qui  n'offrent  d'autre  mérite  que 
celui  de  la  difficulté  vaincue.  Dans  un  recueil 
de  vers  imprimé  en  1614,  et  intitulé  la  R  sban- 
dita,  il  parvint  à  ne  pas  introduire  une  seule 
fois  la  lettre  R.  Quelques  années  après,  il  fit  réim- 
primer ce  travail  puéril,  et  le  publia  avec  un  au- 
tre poème  intitulé  VAlJabeto  distrutto,  dédié 
au  duc  de  Savoie,  auquel  il  allait  le  présenter  à 
Turin  ,  lorsqu'il  mourut  en  route. 

Chaudon  et  Delandine,  Dict.  liist. 

CARDONNE  {Denis-Dominique),  orientaliste 
français,  né  à  Paris  en  1720,  mort  le  25  décem- 
bre 1783.  Conduit  dès  l'âge  de  neuf  ans  àCons- 
tantinople,  il  ne  revint  en  France  qu'à  vingt- 
neuf  ans,  après  avoir  fait  une  profonde  étude  des 
langues  et  de  la  Uttérature  orientales.  Il  fut 
nommé  successivement  professeur  des  langues 
turque  et  persane  au  collège  de  France,  inter- 
prète du  roi,  censeur  royal,  et  garde  de  la  biblio- 
thèque du  Roi.  En  1763,  il  fit  paraître  une /iïs- 
ioli-e  de  r  Afrique  et  de  l'Espagne  sous  la  do- 
mination des  Arabes,  3  vol.  in- 1 2 ;  ouvrage 
estimé,  pour  lequel  il  avait  consulté  les  historiens 
arabes,  et  qui  a  été  traduit  en  allemand  par  Moor , 


Nuremberg,  1768-1770, 3  vol.  in-8°,  et  par  Faes 
Zurich,  1770,  in-8°.  En  1770,  il  pubha  des  Mêla) 
ges  de  littérature  orientale,  traduits  de  difft 
rents  manuscrits  arabes,  turcs  et  persans,  2  vo 
in- 12  :  une  édition  contrefaite  en  parut  en  177 
Il  a  en  outre  terminé  la  traduction  des  conti 
et  fables  indiennes  de  Galland,  1777,  in-8°, 
donné  à  la  Bibliothèque  des  romans,  du  marqu 
de  Paulrny,  des  extraits  des  principaux  romai 
de  l'Orient.  Govot  iie  Fère. 

Kahbe,  Biog.  des  Contemp.  —  Quérard,  la  France  U 
—  Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France. 

CARDONNEL  (Pierre-Salvi-Félix) ,  magi 
trat    et  membre  des  assemblées  politiques  i 
France,  né  à  Monestier  (Tarn)  le  29  mai  177 
mort  le  U  juillet  1829.  Fils  d'un  notaire  op 
lentj'U  se  hvra  à  la  profession  du  barreau  à  Alh 
Le  12  octobre  1795,  à  vingt-cinq  ans,  il  fut  é 
membre  du  conseil  des  cinq-cents,  et  vint 
siéger  jusqu'au  20  mai  1798;  après  quoi  il  d 
rester  dans  ses  foyers.  On  l'a  dépeint  comme 
homme  prononcé  dès  lors  contre  les  opinio 
républicaines,  voulant  le  rétablissement  de 
royauté  de  droit  divin.  Rien  de  plus  contrain 
ses  votes  publics  et  à  ses  discours  imprimé 
son  opinion  contre  l'aliénation  des  presbytèi 
fut  motivée  non  sur  les  besoins  de  la  religio 
mais  sur  la  nécessité  de  les  employer  comi 
maisons  d'écoles;  et,  dans  ce  même  discours 
célébra  l'unanimité  avec  laquelle  la  conventi 
avait  proclamé  la  république,  et  supprimé 
royauté  en  1792.  Sous  le  gouvernement  con; 
laire  (le  2  juillet  1802),  il  fut  nommé  juge 
Alby,  et  devint  ensuite  président  de  ce  tril 
nal.  On  a  voulu  le  représenter  comme  un  i 
versaire  du  gouvernement  impérial  ;  mais  c' 
après  la  suppression  du  tribunat,  de  la  libe 
de  la  presse  et  des  autres  institutions,  qu'il 
vint  son  candidat  :  il  fut  élu  en  1811  membre 
corps  législatif,  et  en  1812,  membre  de  la  c( 
impériale  de  Toulouse.  Il  ne  figure  pas  parmi 
membres  du  corps  législatif  qui  ont  signé  la 
chéance  de  l'empereur.  Mais  quand  la  cha 
de  Louis  XVIII  eut  transformé  le  corps  lé^ 
latif  de  l'empire  en  chambre  des  députés,  C 
donnel  se  rallia  au  parti  qui  voulait  rétablir  1' 
cien  régime ,  et  il  s'unit  à  la  noblesse  émigr 
quoiqu'il  n'eût  pas  figuré  dans  ses  rangs. 

C'est,  dit-on ,  dans  sa  résidence  d'Alby  qm 
minorité  de  la  cour  de  Toulouse  adhéra  à  la  ^ 
chéance  et  au  rappel  de  la  maison  de  Bourb 
Dans  la  session  de  1814,  il  se  prononça  coi  ■ 
la  Hberté  de  la  presse,  et  prononça  un  disco  ; 
contre  la  cour  de  cassation.  Il  fut  anobli  par  ' 
ordonnance  royale  de  février   1815,  publié<  ' 
2mars,aumomentdudébarquementde Napolc  ■ 
Il  fut  naturellement  exclu  de  la  chambre  ; 
1815.  Mais,  après  les  cent- Jours,,  nommé  pr 
dent  du  collège  électoral  d'Alby,  il  fut  élu  iw  • 
bre  de  cette  chambre  réactionnaire  qu'une  h  ■ 
che  royale  a  qualifiée  de  chambre  introuvw  ■ 
11  se  prononça,  le  30  novembre  1815,  contre  - 


ro6 


CARDONNEL  —  CARDOSO 


700 


}  iiainovil)ilit(3  des  juges,  ce  pour  une  institution 
\  provisoire.  Quoique  ce  projet  ait  été  repoussé 
!  ainsi  que  celui  de  1814,  relatif  à  la  réorganisa- 
l  tion  de  la  cour  supiême,  on  arriva  à  peu  près  au 
1  môme  but  en  éliminant  ceux  qui  déplaisaient. 
'  C'ardonnel  se  prononça  aussi  pour  la  création 
(l'une  dotation  du  clergé  en  biens  fonds  et  en 
IbiiHs,  en  se  plaignant  de  la  spoliation  com- 
mise par  l'assemblée  constituante,  et  de  l'insuf- 
tisimcedes  réparations  qui  lui  avaient  été  accor- 
Ilcs  en  1802  par  Napoléon,  qu'il  appelait  un 
impie  audacieux. 
Eu  181G,  Cardonnel  fut  nommé  président  de 
hambre  à  la  cour  de  Toulouse,  et  on  y  entérina 
i«'c  une  solennité  inaccoutumée  ses  lettres  de 
iol)lcsse.  Le  18  avi'ili818,  il  attaqua  l'université. 
ji  1819,  il  fut  nommé  chevalier  de  Saint- Jean 
le  Jérusalem;  en  1821,  Louis  XVIII  le  nonuna 
onselller  à  la  cour  de  cassation  ;  et  Charles  X, 
■11  1825,  commandeur  delà  Légion  d'honneur. 
ion  admission  dansles  rangs  de  la  cour  suprême, 
t  les  progrès  de  l'opinion  libérale,  l'avertirent 
ans  doute  de  l'exagération  qu'il  avait  mise  dans 
1  défense  des  principes  monarchiques.  Sans  être 
rateur,  il  savait  se  faire  écouter.  Il  fut  atteint 
e  bonne  heure  de  cécité  ;  mais  il  continua  de 
emplir  les  fonctions  de  magistrat  jusqu'à  sa 
lort.  Il  avait  cultivé  les  lettres,  et  il  était  mem- 
re  de  l'Académie  des  Jeux  Floraux  de  Toulouse  ; 
liais  il  n'a  rien  publié.  Au  reste,  il  a  été  plutôt  un 
omme  politique  qu'un  jurisconsulte. 

A...,  avocat. 

Arch.  du  Corps  législatif,  tom.  S,  an  V,  et  tom.  6,  an 

I  ;  procès-verbaux,  18U,  p.  18-1814,  p.  46-47,  259.384- 1315, 
.  124-200-1816,  p.  27,  3o3;   etc.  —  Moniteitr   et  Gaz.  des 

"ribunaux. 

CAROOSO  {Fernando),  médecin  portugais , 
lé  vers  le  commencement  du  dix-septième  siècle, 
aovt  dans  la  seconde  moitié.  Celorico  est  la 
orilable  patrie  de  cet  étrange  personnage,  qui 
était  acquis  une  gi-ande  renommée  dans  sa  pro- 
|3ssion,  et  qui  s'y  distinguait  dès  l'année  1630.  Il 
lia  en  Espagne,  et  obtint  à  Madrid  le  titre  de 
'hijsico  matjor;  il  quitta  la  Péninsule  en  1640, 
oiir  aller  se  fixer  à  Venise.  Ce  qu'il  y  eut  de 
raiment  particulier  dans  la  vie  de  ce  savant , 
'est  qu'il  abandonna  la  religion  chrétienne,  dans 
i.qiielle  il  avait  été  élevé,  pour  entrer  dans  le 
eiii  du  judaïsme,  dont  il  devint  un  fervent 
pùtre.  Il  ne  fut  plus  connu  dès  lors  que  sous 
'  p.om  d'Isaac.  Son  ouvrage  le  plus  recherché  a 
té  publié  en  espagnol  sous  ce  titre  :  X>e  las  uti- 
idades  del  agua,y  de  la  nieve;  del  beverfrio 
calïente  ;  Madrid,  1637,  in-4°.  Son  traité  de  Fe- 
li  sijncopali  (Madrid,  1634,  in-4°)  était  estimé 

II  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  également  une 
iiologie  poétique  de  Lope  de  Vega. 

Ferdinand  Denis. 
B^rbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana.  —  Joao-Bap- 
^ta  de  Castro,  jVapade  Portugal,  t.  II. 

CARDOSO  (  Fernand- Rodrigue  ) ,  médecin 
orfugais,  vivait  au  seizième  siècle.  On  a  de  lui  : 
'fi  sex  rébus  non  naiuralibus ;    Lisbonne, 

NOUV.   BIOGR.    UNIVERS.   —   T.    VIII. 


1602,  in-4";  —  Melhodus  mc.dendi  summa  f(u 
cilitale  ac  diligentia  ;  \en\se,  1618,  in-4''. 

Antonio,  Uiblioth.  Iiisp.  nova. 

CARDOSO  (George),  célèbre  hagiograplie 
portugais,  né  le  31  décembre  1606,  mort  le  3  oc- 
tobre 1669.  Il  étudia  d'abord  sous  le  P.  Fran- 
cisco de  Macedo ,  dont  l'enseignement  jouissait 
d'une  haute  célébrité  ;  voue  par  choix  à  la  vie 
ecclésiastique ,  il  fut  ordonné  prêtre  le  4  juillet 

1632.  Quelque  temps  après,  il  obtint  un  bé- 
néfice simple,  et  put  se  livrer  à  ses  vastes  tra- 
vaux ,  qui  ont  obtenu  l'assentiment  des  Bollan- 
distes  eux-mêmes.  Avant  de  publier  sa  vie  des 
saints  portugais,  il  voyagea  dans  la  Péninsule, 
toujours  en  quête  des  traditions  ecclésiastiques  et 
des  légendes  locales  ;  c'est  ce  qui  donne  h  son  li- 
vre un  caractère  si  particulier  d'originalité.  Ce 
grand  recueil  n'est  pas  seulement  une  hagiogi'a- 
phie;  mais,  grâce  aux  notes  bien  distinctes 
du  texte  dont  l'auteur  a  enrichi  chaque  biogra- 
phie, c'est  une  description  géographique  et  histo- 
rique du  Portugal  et  de  ses  colonies;  le  Brésil 
lui-même  put  y  trouver  de  curieuses  origines. 
Cardoso  a  puisé  aux  sources  connues  de  tous 
les  érudits,  et  il  a  recueilli  la  tradition  orale; 
il  donne  jusqu'à  des  fragments  de  chansons 
populaires  d'une  haute  antiquité. 

La  cour  de  Madrid  reconnut  le  mérite  de  cet 
écrivain,  et  lui  fit  offrir  durant  son  séjour  en  Es- 
pagne un  traitement  considérable ,  et  un  cano- 
nicat  qui  devait  le  fixer  à  Tolède  ;  mais  n'ayant 
pas  voulu  accepter  ces  avantages  sans  l'agrément 
du  roi  de  Portugal,  Cardoso  dut  retourner  à  Lis- 
bonne :  il  fut  attaqué  en  route  de  la  maladie  dont 
il  devait  mourir,  et,  arrivé  au  but  de  son  voyage, 
il  y  expira  doucement.  Baibosa  nous  le  repré- 
sente comme  un  homme  d'une  sagesse  élevée , 
posé  dans  ses  habitudes ,  singulièrement  recher- 
ché sur  sa  personne,  sans  que  cela  nuisît  à  la  gra- 
vité de  sou  caractère  ;  il  le  présente,  en  un  mot, 
comme  le  modèle  de  ces  érudits  de  la  Péninsule 
qui  savaient  allier  les  devoirs  de  l'état  ecclésias- 
tique aux  agréments  du  monde.  Son  livre  est 
intitulé  Agiologio  Lusitano  dos  Santos  e  va- 
roes  illustres  em  virtude  do  reino  de  Portu- 
gal e  suas  conquistas  ;  Lisbonne,  1651  à  1657, 
3  vol.  petit  in-fol.  Ce  livre,  qui  a  été  réimprimé, 
a  eu  le  sort  commun  à  la  plupart  des  hagiogra- 
phies; il  n'a  pu  être  terminé  et  il  s'arrête  au 
mois  de  juin.  Entre  autres  ouvrages  demeurés 
inédits,  Cardoso  a  laissé  un  manuscrit  connu  sous 
le  nom  de  Santuarios  de  Portugal.  Cet  auteur 
est  mis  au  rang  des  classiques. 

Ferdinand  Denis. 

Barbosa  Machado  ,  Bibïiotficca  Ltisitana.  —  César  de 
Figanière,,  Bibliographia  Portugueza.  —  Catalogo  dos 
Aiitores. 

*  CARDOSO  (  ZMis  ) ,  géographe  portugais,  né 
dans  la  deuxième  moitié  du  dix-septième  siècle, 
mort  après  l'année  1747.  Ce  fut  dans  une  bour- 
gade nommée  Pernes,  à  peu  de  distance  de 
Lisbonne,  que  Cardoso  prit  naissance.  Il  entra 
à  dix-sept  ans  chez  les  oratoricns,  et  sa  car- 

23 


I 


707 


CARDOSO  —  CAREL 


70i 


rière  fut  consacrée  complètement  à  des  études 
utiles.  On  lui  doit  un  grand  dictionnaire  géo- 
graphique dont  mallieureu  sèment  nous  ne  pos- 
s'ëdons  qu'un  volume;  il  est  intitulé  Diccionario 
geografico ,  ou  noticia  historica  de  todas  as 
cidades ,  villas ,  lugares ,  e  aldeas ,  rïos,  ri- 
beiras  e  serras  dos  reynos  de  Portugal  e  Al- 
garve,  com  todas  as  cotisas  raras  que  nelles 
se  encontrâo  assim  antigas  coma  modernas  ; 
Lisbonne,  1747,  in-foi. 

Ferdinand  Denis. 
Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

CARDUCCi  ou  CARDUCHO  {Bartolommco), 
peintre,  sculpteur  et  architecte,  né  à  Florence 
vers  1560,  mort  à  Madrid  en  1610.  H  fut  élève, 
pour  la  peinture,  de  Federico  Zuccari,  qui  était 
venu  à  Florence  achever  la  coupole  de  la  cathé- 
drale, restée  imparfaite  par  la  mort  de  Vasari. 
Carducci  étudia  l'architecture  et  la  statuaire 
sous  l'Ammanati.  Zuccaro  ayant  été  appelé  par 
le  roi  d'Espagne  Philippe  II,  Carducci  l'accom- 
pagna, et  l'aida  dans  ses  travaux.  C'est  dans  ce 
pays,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Carducho, 
que  se  trouvent  presque  tous  ses  ouvrages  ;  les 
plus  remarquables  sont  :  le  plafond  de  la  biblio- 
thèque de  l'Escurial  et  diverses  fresques  dans 
les  cloîtres ,  une  Cène  et  une  Circoncision  au 
palais  de  Madrid  ;  et  surtout  la  fameuse  Descente 
de  croix  placée  dans  une  petite  chapelle  de  l'é- 
glise de  San-Felipe  et  Real,  à  Madrid. 

E.  B— N. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Baldinucci,  Notizie.  —  Ti- 
cozzi,  Dizionario. 

CARDUCcï  ou  CARDUCHO  (Vincenzo),  pein- 
tre, né  à  Florence  en  1568,  mort  à  Madrid  en 
1638.  Il  fut  frère  et  élève  de  Domenico  Car- 
ducci, et  passa  comme  lui  en  Espagne,  où,  sous 
le  nom  de  Carducho  ,  il  travailla  pour  Phi- 
lippe 151  et  Philippe  IV,  principalement  au  palais 
du  Pardo,  où  sont  ses  meilleurs  ouvi-ages.  On 
trouve  également  des  peintures  de  ce  maître  à 
Tolède,  à  Valladolid,  à  Ségovie,  à  Salamanque, 
et  dans  d'autres  villes  d'Espagne.  En  1633,  il 
publia  en  espagnol  un  traité  intitulé  De  las 
excelencias  de  la  pintura,  o  dlalogo  de  la 
pintura,  sa  difensa,  origen,  essencia,  de/mi- 
eion,  modos  y  diferencias,  m-i".  Il  tint  long- 
temps à  Madrid  une  florissante  école  de  pem- 
ture,  d'où  sortirent  Ricci  et  la  plupart  des  bons 
peintres  que  posséda  l'Espagne  au  dix-septième 
siècle.  E.  B— n. 

Baldinucci,  Notizie.  —  Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Ti- 
cozzi,  Dizionario. 

*CAREGNA  (Gabriel),  médecin  dont  la  na- 
tionalité n'est  pas  bien  connue ,  vivait  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  : 
Summa  diversarum  quœstionum  medicina- 
lium;  Bordeaux,  1520,  in-fol. 

Carrère,  Bibl.  de  la  Médecine. 

CAREL,    DE    SAINTE -GARDE     (JacqUCS), 

poëte  et  littérateur  français ,  naquit  à  Rouen 
dans  les  premières  années  du  dix-septième  siè- 
cle, et  mourut ,  à  ce  qu'on  croit,  en  1684,  à  un 


âge  avancé.  Il  embrassa  l'état  ecclésiastique,  e 
obtint  les  titres  d'aumônier  et  de  conseiller  di 
roi.  Après  s'être  livré  à  la  prédication ,  il  ac 
compagna  en  1661,  à  Madrid,  George  d'Aubussoi 
de  la  Feuillade,  archevêque  d'Embrun,  envoyi 
comme  ambassadeur  extraordinaire  à  la  cou 
d'Espagne.  «  Sa  mauvaise  fortune,  dit  Chapelain  i 
«  qui  fut  son  ami ,  le  réduit  à  dépendre  d'au  I 
«  trui.  Il  est  en  Espagne,  où  il  s'ennuie  faut 
«  d'occupation.  »  Il  chercha  à  dissiper  cet  en 
nui  en  travaillant  à  un  poëme  épique  doi 
le  héros  était  Childebrand,  et  qui  avait  poi 
sujet  les  Sarrasins  chassés  de  France.  A  so 
retour  à  Paris,  il  en  lit  impruner  les  quati 
premiers  chants,  1666,  in-12.  Le  nom  seul  d 
héros,  malheureusement  choisi,  éleva  conti 
l'ouvrage  un  préjugé  que  l'exécution  de  Tœuvn 
fut  loin  de  détruire.  Le  grand  justicier  du  Pai 
nasse  acheva  de  ridiculiser  l'auteur  et  le  poërni 
d'abord  dans  sa  neuvième  épître  au  marquis  f 
Seignelay ,  ensuite  dans  son  Art  poétique,  p; 
ces  deux  vers,  souvent  cités  : 

Oh  le  plaisant  projet  d'un  poëte  ignorant , 
Qui  de  tant  de  héros  va  choisir  Childebrand  ! 

En  vain  le  sieur  de  Sainte-Garde  substitu 
dans  une  nouvelle  édition  le  nom  de  Cliarli 
Martel  à  celui  de  Childebrand ,  le  public  coi 
tinua  de  dédaigner  un  poëme  dont  le  pian, 
contexture  et  le  style  étaient  également  vicieu 
«  Il  semblait ,  dit  l'auteur  lui-même ,  dans  ui  ' 
lettre  à  Chapelain,  qu'on  eût  défendu  aux  libraii 
de  l'exposer  en  vente.  »  Il  se  console  en  se  coi 
parant  à  Ménandre,  dont  les  ouvrages  ne  fuie 
goûtés  qu'après  sa  mort.  Chapelain  fut  presqi 
le  seul  qui  eut  le  courage  de  louer  ses  vei 
Peut-être  était-il  charmé  de  trouver  en  lui  i 
personnage  qui  avait  eu  l'art  d'en  faire  de  pi 
mauvais  que  les  siens?  Il  n'est  guère  d'a-uî 
pitoyable  dénoûment  que  celui  des  Sarrasi, 
chassés  de  France.  A  la  suite  d'un  coml] 
singulier  de  Childebrand  contre  le  sultan  Athi 
celui-ci  a  le  dessous;  le  généreux  vainqueur  I 
accorde  la  vie,  à  condition  qu'il  abjurera  la  f 
mahométane  ,  ce  que  le  sultan  promet  ;  m; 
n'ayant  pas  tenu  sa  parole,  il  est  massacré  p 
les  siens  dans  la  ville  de  Tortose  : 

L'Èbre  à  peine  à  Tortose  avait  reçQ  sa  barque, 
Que  ses  propres  soldats  avancèrent  sa  Purquc. 

Carel  voulut  se  venger  de  Boileau,  en  p 
bliant,  sous  le  pseudonyme  de  Let'ac  (an 
gramme  de  son  nom),  la  Défense  des  Beau. 
Esprits  de  ce  temps  contre  un  satirique;  V 
ris,  1671,  in-12.  Il  acheva  de  se  couvrir  de 
dicule  en  essayant  de  justifier  le  choix  < 
héros  Childebrand  par  la  ressemblance  de 
nom  avec  celui  A' Achille.  —  On  lui  doit  enco 
à^i,  Réflexions  académiques  sur  les  orateurs 
sur  les  poètes;  Paris,  1676,  in-12;  et  un  aut 
mauvais  poëme,  sous  le  titre  hyperbolique  ' 
Louis  XIV,  le  plus  noble  de  tous  les  rois  pi 
ses  ancêtres,  le  jolus  sage  de  tous  les  pote 
tatspar  sa  conduite,  le  plus  admirable  de  tm 


709 


CAREL  —  CARÊME 


I  les  conquérants  par  ses  victoires  ;  Paris,  1 675, 
in-4°.  Et  voilà  l'homme  que  Chapelain  recom- 

,  mandait  aux  bontés  de  Colbert,  en  le  repré- 
sentant «  comme  un  bel  esprit  et  un  savant 
«  homme,  poète,  philosophe  et  orateur,  qui  a  de 

I  «  l'élévation  en  ces  trois  genres ,  et  qu'on  ne 
«  blûme  que  pour  le  trop  grand  amour  qu'il  a 
«  pour  la  liberté,  et  de  quelque  inconstance  dans 
«  ses  travaux.  »  Le  titre  d'orateur  ne  lui  est 
dans  doute  donné  ici  que  pour  quelques  sermons, 
qui  ne  paraissent  pas  avoir  été  imprimés.  Quant 
à  celui  de  philosophe,  il  lui  est  attribué  pour 
avoir  combattu  le  système  de  Descartes  ,  que , 
d'accord  avec  son  protecteur,  il  trouvait  plus 
luisant  que  solide.  Ses  lettres  contre  la  philo- 
sophie cartésienne  ont  été  publiées  à  Paris  en 
1663,  par  les  soins  de  l'abbé  de  la  Chambre.  Il 
avait  aussi  conçu  le  projet  de  réformer  l'ortho- 
graphe ;  mais  de  plus  habiles  que  lui  ont  échoué 
dans  le  même  dessein.         J.  Lamoureux. 

Goujet,  Bibliothèque  française ,  tom.  XVIII.  —  Guil- 
ihert,  Mémoires  biographiques  de  la  Seine-Inférieure, 
M*'.  —  Carpenteriana,  p.  460.  —  Mélanges  de  littcra- 
Hre  tirés  des  manuscrits  de  M.  Chapelain,  p.  206.  — 
IMflong,  Bibliotfi.  hist.  de  la  France,   éd.  Fontette. 

*  CARELLi  {François),  antiquaire  italien,  né 
1758,  mort  en  1832.  Après  avoir  reçu  une 
cation  distinguée,  il  fut  attaché  en  qualité  de 
étaire  auprès  du  prince  Caramanico,  vice-roi 

Sicile,  et  devint  inspecteur  général  des  postes, 
mort  de  Caramanico  laissa  Carelli  sans  errt- 
loi  jusqu'en  1802,  et  il  se  consola  de  sa  dis- 
îâce  en  cultivant  les  beaux-arts.  Chargé  d'ac- 
impagner  les  statues  et  les  tableaux  qui ,  d'a- 
'ès  le  traité  de  Florence,  devaient  être  remis 
à  la  France,  il  passa  trois  années  à  Paris ,  et  fut 
(reçu  associé  de  l'Institut  national.  Il  revint  dans 
isa  patrie  en  passant  par  Milan,  Venise  et  Rome, 
où  il  se  lia  avec  les  premiers  archéologues  du 
(temps.  A  son  retour  à  Naples  ,  il  fut  chargé  de 
('administration  de  l'instruction  pubhque  et  des 
travaux  publics.  Les  affaires  ne  le  détournèrent 
ipas  des  beaux-arts,  mais  l'empêchèrent  de  pu- 
blier aucun  ouvi'age  sur  l'archéologie,  excepté 
ime  Dissertation  sur  l'Origine  de  Varchitec- 
ture  sacrée;  Naples,  1831. 
Tipaldo,  Biografia  degli  Italiani  illustri. 

*  CARELLI  (  Jean-Baptiste) ,  astronome  ita- 
ii*B,  natif  de  Plaisance,  vivait  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  On  a  de  lui  :  Tabula  juxta 
notum  horarium  Pianetarum,  dans  Nicolas 
■}\vm,  Ephemerides ;  Venise,  1555,  in-4°;  — 
^Tabulée  cœlestium  motuum;  Venise,  1556, 
i  n-4°  ;  —  Ephemerides  ad  annos  novendecim 
\ibanno  1558  ad  1577,  ad  meridianum  Vene- 
\'um,  cum  introductione  et  tractatu  Astro- 
\'ogias;  Venise,  1558,  in-4°. 

Weidier,  Historia  Astronomie,   p.  368.  —  Adelung, 
upplément  à  Jôcher,  Allg.  Gelehrten- Leœicon. 

*CARELLO  {Jérôme),  théologien  italien  de 

l 'ordre  des  Fransciscains,  natif  de  Schio  dans  le 
1  ^'icentin ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  Il  était  lecteur  de  théologie  et 


710 

définiteur  de  son  ordre.  On  a  de  lui  :  Doltrina 
de'  sacri  riti  ovvero  esposizione  dialogica  so- 
pra  le  rubriche  del  Jireviario  romano  per  le 
monacfie  ed  anco  per  altri;  Venise,  1668, 
in-4". 

l'altoni,  Bibl.  degli  f^olgarizz. 

CARÊME  (Marie- Anloine),VaQ  des  princesde 
l'art  culinaire,  naquit  à  Paris  le  8  juin  1784,  dans 
un  chantier  de  la  rue  du  Bac,  et  mourut  dans  sa 
ville  natale  le  12  janvier  1833.  Sa  famille,  chargée 
de  quinze  enfants,  était  si  pauvre,  que  son  père 
l'abandonna  dès  qu'il  put  le  faire  recevoir  pour  sa 
nourriture  chez  un  pâtissier.  On  raconte  même 
que  sa  famille  le  laissa  dans  la  rue ,  et  qu'il  dut 
à  sa  propre  énergie,  et  à  la  pitié  qu'il  inspira,  son 
entrée  chez  un  gargotier.  Vers  1804,  il  entra  dans 
la  maison  princière  de  Talleyrand ,  où  il  déploya 
les  connaissances  qu'il  avait  acquises.  II  devint 
l'élève  de  la  Guipière,  cuisinier  de  Napoléon.  Le 
luxe  de  table  devint  considérable  lors  de  la  for- 
mation de  l'empire,  et  Carême  dirigea  pendant  dix 
ans  la  cuisine  de  celui  qu'il  a  qualifié  le  plus  spiri- 
tuel et  le  plus  friand  des  princes  de  l'époque.  En 
1814,  il  exécuta  l'immense  dîner  qui  futdonné, 
dans  la  plaine  des  Vertus,  aux  rois  coalisés  contre 
la  France.  En  1815,  il  fut  appelé  à  être  le  chef  des 
cuisines  du  prince-régent  de  la  Grande-Bretagne, 
et  le  quitta  au  bout  de  deux  ans,  parce  qu'il  ne 
pouvait  supporter  le  climat.  En  1821,  il  était  rap- 
pelé par  le  prince,  devenuroi  ;  mais  Carême  refusa. 
Lady  Morgan,  dans  ses  Lettres  sur  la  France, 
a  consacré  un  chapitre  de  son  ouvrage  à  l'éloge 
de  ce  cuisinier,  qu'elle  considérait  avec  raison 
comme  un  maître  en  son  art ,  et  comme  un  ar- 
tiste désintéressé.  Il  a  résidé  quelque  teijnps  à 
Saint-Pétersbourg,  comme  chef  de  cuisine  de 
l'empereur  Alexandre.  Fatigué   par  la  rigueur 
du  climat,  il  se  retira ,  et  sa  grande  réputation 
le  fit  appeler  à  Vienne ,  où  il  exécuta  plusieurs 
grands  dîners  dans  la  maison  de  l'empereur 
d'Autriche.  Il  a  exercé  son  art  aux  congrès 
d'Aix-la-Chapelle,  de  Laybach  et  de  Vérone, 
au  service  du  prince  de  Wurtemberg,  de  la 
princesse  Bagration;  enfin,  au  service  du  prince 
de  la  finance,  M.  de  Rothschild.  Il   aurait  pu 
laisser  à  sa  fille  une  grande  fortune ,  au  lieu  d'un 
très-mince  patrimoine,  s'il  n'avait  vécu  en  ar- 
tiste, et  consacré  de  fortes  sommes  à  l'illustra- 
tion des  ouvrages  qu'il  a  publiée.  Il  passa  des 
années  à  étudier  l'ancienne  cuisine   romaine, 
à  la  Bibliothèque  impériale,  et  il  en  conclot 
que  les  mets  servis  sur  les  tables  si  renommées 
de  Lucullus,  de  Pompée,  de  César,  etc.,  étaient 
foncièrement    mauvais  et   atrocement    lourds. 
Mais  il  en  a  loué  la  décoration  extérieure ,  les 
coupes ,  les  vases  d'or,  les  amphores ,  la  vais- 
selle d'argent  ciselée,  les  bougies  blanches  et 
pures  de  l'Espagne,  les  tapis  de  soie ,  les  tissus 
d'Afrique,  imitant  la  neige  ;  il  admirait  surtout 
les  fleurs  et  la  musique.  Il  étudia  le  sujet  pen- 
dant dix  ans,  et  consulta  les  ouvrages  d'Api- 
cius ,  de  Palladius,  Vignole,  etc. 

23- 


7il       ■ 

îl  publia  les  résultats  de  ses  études  et  de  sa  pro- 
pre expérience  dans  un  ouvrage  intitulé  le  Pâ- 
tissier pittoresque,  grand  in-8°;  Paris  (Di- 
dot),  1815;  2"  éd.,  1825,  128  gravures. 

On  doit  encore  à  Carême  :  le  Maître  d'hôtel 
français,  ou  Parallèle  de  la  cuisine  ancienne 
et  moderne,  2  vol.  in-8",  avec  10  planches  ;  —  le 
Cuisinier  Parisien,  ou  l'Art  de  la  cuisine  au 
dix-neuvième  siècle,  avec  21  planches,  1  vol. 
in-8°,  2*  éd.,  1828; — le  Pâtissier  royal  Part  sien, 
avec41  planches;  1"=  éd.,  1825;  2*  éd.,  1828,2  vol. 
Paris  (  Didot).  Vers  la  fin  de  sa  vie,  il  inséra  dans 
la  Revue  de  Paris  une  notice  sur  la  manière 
dont  Napoléon  se  nourrissait  à  Sainte-Hélène. 
Enfin  il  est  auteur  de  projets  d'architecture  pour 
les  embellissements  de  Paris  et  de  Saint-Péters- 
bourg, Paris,  1821  ,  2  vol.  in-fol.  avec  planches  ; 
et  il  a  laissé  des  mémoires  inédits. 

Qui  pourrait  nier  que  ce  ne  fût  un  artiste  pas- 
sionné pour  son  art,  quand  on  lit  l'espèce  de  di- 
thyrambe qu'il  a  publié ,  en  tête  d'un-  de  ses 
ouvrages,  en  mémoire  de  son  maître  la  Gui- 
pière  ? 

«  Lève-toi,  ombre  illustre  !  entends  la  voix  de 
«  l'homme  qui  fut  ton  admirateur  et  ton  élève. 
«  Tes  talents  extraordinaires  te  valurent  la 
«  haine  et  la  persécution.  Par  la  cabale,  tu  te  vis 
«  forcé  de  quitter  ta  belle  patrie ,  pour  aller  en 
«  Italie  servir  un  homme  puissant  dont  tu  avais 
«  fait  naguère  les  délices  à  l'Elysée-Bourboa 
«  (Murât  ).  Tu  suivis  ton  roi  en  Russie.  Mais,  hé- 
<c  las  !  par  une  fatalité  déplorable ,  tu  as  péri 
<c  misérablement,  les  pieds  et  le  corps  gelés  par 
((  l'affreux  climat  du  Nord.  Arrivé  à  Vilna,  ton 
«  prince  généreux  prodigua  l'or  pour  te  sauver, 
«  mais  en  vain.  0  grand  la  Guipière,  reçois 
«  l'hommage  public  d'un  disciple  fidèle  !  En  dépit 
«  de  tes  envieux,  je  veux  associer  ton  nom  à  mes 
«  travaux.  Je  lègue  à  ta  mémoire  mon  plus  bel 
«  ouvi'age.  Il  attestera  dans  l'avenir  l'élégance  et 
«  la  somptuosité  de  l'art  culinaire  au  dix-neu- 
«  vième  siècle  ;  et  si  Vatel  s'est  illustré  par  un 
«  point  d'honneur  cher  à  tout  homme  de  mé- 
«  rite,  ta  fin  malheureuse,  ô  la  Guipière ,  te  rend 
«  bien  digne  d'illustration  !  C'est  par  ce  point 
«  d'honneur  que  tu  voulus  suivre  ton  prince  en 
<c  Russie ,  quand  tes  cheveux  blancs  semblaient 
<c  t'assurer  un  plus  beau  destin  à  Paris  :  tu 
<i  partageas  le  triste  sort  de  nos  vieux  vétérans, 
«  l'honneur  de  nos  phalanges  guerrières ,  péris- 
«  sant  de  faim  et  de  soif.....  » 

Carême  a,  dans  une  note,  fait  connaître  com- 
bien les  princes  ,  maréchaux,  etc.,  ont  perdu  de 
cuisiniers  en  1812,  dans  la  retraite  de  Russie, 
en  même  temps  que  La  Guipière.     Em.  Is. 

Notice  de  M.  Frédéric  Fayot,  Livre  des  Cent-un,  1833, 
XII,  291-313.  -  Notes  mss.  de  la  famille. 

CARENA  (  Paul-Émile  ),  jurisconsulte  italien, 
né  à  Carmagnola  en  1737,  mort  à  Turm  en  1823. 
H  fut  longtemps  professeur  de  droit  à  l'univer- 
aité  de  Turin,  et  devint  sénateur  en  1814.  On 
a  de  lui  :  De  adquirendo  rerum  dominio;  de 


CARÊME  —  CAREW 


Testamentis;  de  Legatis  et  Fidei  Commissis 
de  Criminibus,  et  de  Feudis. 

Tipaldo,  Biografta  degli  Ital.  illustri. 

CARENCY  {Paul-Maximilien-Casimir  dj 
QcÉLEN  DE  Stuer  DE  Cadssade,  princc  de) 
fils  aîné  du  duc  de  la  Vauguyon.  (  Voy.  Vao 

GUYON.  ) 

CARENO  {Aloys  de),  médecin  italien,  né  ; 
Pavie  en  1766,  mort  en  1810.  Il  embrassa  la  pro 
fession  de  son  père,  et  fut  reçu  docteur  en  1787  ' 
En  1738,  il  vint  à  Vienne,  où  pendant  quatr 
ans  il  étudia  la  médecine  et  la  chirurgie  ;  puis 
se  livi'a  dans  cette  ville  à  la  pratique,  et  s'aj 
pliqua  surtout  à  propager  la  vaccine.  On  a  d 
lui  :  Observationes  de  epidemlca  constituzion 
anni  1789  in  civico  nosocomio  Viennensi 
Vienne,  1790,  in-8°,  et  1794,  in-8°.  —  Bisser 
tazioni  medïco-chirurrjiche  pratiche,  estratt 
dagli  atti  délia  Accademia  Giuseppina,  e  trc 
dotte  colV  aggiunta  di  alcune  note;  Vienni 
1790,  in-8°;  —  Voce  al  popolo  per  guardar: 
dell'  attaco  del  vajuolo;  Vienne,  1791  ;  —  Ter 
tamen  de  morbo  pellagra  Vindobonas  obseï 
m^a;  Vienne,  1794,  in-8'',  et  à  la  fin  de  la  2"  éd 
tion  des  Observationes ,  etc.;  —  Saggio  sulL 
maniera  di  allevare  i  bambini  a  mano;  Pavit 
1794,  in-8°; —  Ueber  die  Kuhpocken  (sur  ] 
vaccine);  Vienne,  1801,in-8°.  —  une  traductio 
latine  de  l'ouvrage  de  Jenner  sur  la  vaccine 
Vienne,  1799,  in-4'',  et  du  Discours  sur  h^ 
Systèmes  de  Mascati,  Leip/ig,  1801,  in-8°;- 
une  édition  de  VApparatus  medicaminum ,  c 
Mirabelh;  Vienne,  1801,  in-8''. 
Callisen,  Medicinisches  Gelehrt.  Lexic. 

*  CARERA  (  Antoine  -  Raphaël  ) ,  médeci 
italien,  natif  d'Arona  dans  le  Milanais,  vivait 
Milan  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècl 
Il  a  publié  une  satire  conti'e  les  médecins ,  doi 
voici  le  titre  :  le  Con/usioni  de'  medici,  in  ci 
si  scuoprono  gli  errori  e  gV  inganni  di  ess 
Milan,  1613,  in-8°.  Un  médecin  de  Vercelli,  t; 
ché  sous  le  nom  de  Régnier  Perruclia ,  répond 
à  cette  diatribe  dans  Y Apologia  de'  medici  ;  M 
lan,  l665,in-8°. 

Corte,   dei  Medici  Milanesi,   p.  187.  —  Biograph 
médicale. 

CAREW  (Richard),  littérateur  anglais,  i 
en  1555  dans  le  comté  de  Cornouailles,  mort  ( 
1620,  publia,  en  1594,  une  traduction  des  cir 
premiers  chants  de  la  Gierusalemme  du  Tass 
Carew  suit  exactement  l'auteur  sur  lequel 
s'exerce,  et  il  est  parfois  aussi  heureux  que  fidè 
dans  la  manière  dont  il  rend  les  idées  et  les  im 
ges  de  l'original.  Cette  traduction  ne  fut  p; 
achevée;  et  celle  de  Fairfax,  qui  parut  dès  160^ 
et  qui  jouit  d'une  haute  estime  en  Angleterre 
fit  oublier  le  travail  de  Carew.  On  a  encore  ( 
Carew  une  Description  de  Cornouailles', 
Londres,  1602,  in-4°,  et  quelques  auti'es  ouvn 
ges  qui  n'offrent  plus  aucun  intérêt. 

lietrospective  Review,  1821,  t.  111,  p.  33,  KO.  —  Woo(m| 
y/thenie  Oxonienses. 

CAREW   {George),  comte  nr. Totjnijss,  baroJ 


713  CARE\V 

C.vuEW  DE  Clopton,  dcUis  le  comté  de  War- 

wick,  homme  d'État  anglais,  né  en  1557,  mort 

le  27  mars  1629.  Il  appartenait  à  une  famille 

dont  l'illustration  historique  remonte  au  règne 

,  de  Henri  l".  Au  sortir  de  l'université  il  embrassa 

là  carrière  militaire ,  et  servit  en  Irlande  contre 

.  le  comte  de  Desmond  et  d'autres  rebelles.  En 

1680  il  fut  nommé  gouverneur  de  la  forteresse 

d'Askeaton,etdix  ans  plus  tard  lieutenant  général 

d'artillerie.  Après  avoir  été  un  des  chefs  de 

l'expédition  contre  Cadix,  il  devint  en  1599  lord 

président  du  Munster,  trésorier  de  l'armée,  et  un 

des  lords  juges  d'Irlande.  En  prenant  possession 

de  son  gouvernement,  il  trouva  les  affaires  dans 

l'état  le  plus  déplorable  ,  et  n'eut  à  opposer  à 

l'insurrection    que  3,000  hommes  d'infanterie 

ît  250  cavaliers.  Cependant,  à  force  de  pru- 

lence  et  de  vigueur,  il  triompha  des  rebelles , 

Mttit  un  corps  d'Espagnols  qui  venaient  à  leur 

lecours ,  fit  prisonniers  Desmond  et  O'Connor , 

(t  s'empara  du  château  de  Dunboy  en  1602.  11 

iit  récompensé  par  le  gouvernement  de  Guern- 

ey,  par  la  pairie  sous  le  titre  de  baron  Carew  de 

]!lopton,parla  place  degrand  maître  de  l'artillerie 

t  celle  de  conseiller  privé.  A  l'avènement  de 

Charles  I*',  il  fut  créé  comte  de  Totness.  Après 

a  mort,  son  fils  naturel  Thomas  Stafford  publia 

Tiberna  pacata;  Londres,    1633,  in-fol.  Cet 

uvrage,  rédigé  sous  la  direction  de  George  Ca- 

ew,  était  une  liistoire  de  ses  campagnes  en  Ir- 

ande.  Il  avait  laissé  encore  un  grand  nombre  de 

ocuments  sur  l'histoire  de  ce  pays  ;  ils  sont  res-' 

es  manuscrits  à  la  bibliothèque  Bodléenne ,  et 

jrment  quatre  volumes. 

Woodj  Jtfien.  Oxon.  —  Biographia  Britannica. 

"A  CAREW  {George),  diplomate  anglais,  frère  de 

ichard  Carew,  né  dans  la  seconde  moitié  du 

ji  pizièrae  siècle,  mort  vers  1613.  Il  voyagea  au 

„,  prtir  de  l'université  d'Oxford,  où  il  avait  été 

levé.  A  son  retour  il  s'adonna  au  barreau,  et  de- 

*  it  secrétaire  du  lord  cliancelier  Christophe 

aiton.  En  1597,  il  fut  envoyé  en  ambassade 

iiprès  du  roi  de  Pologne,  et  deux  ans  plus  tard 

j,i  jla  cour  de  France.  Pendant  son  séjour  à  Pa- 

s,  Carew  se  lia  intimement  avec  deThou,  qui, 

,  ans  le  121*  livre  de  son  Histoire,  profita  des 

irt!  enseignements  de  l'ambassadeur  anglais.  Celui- 

;fl  i,  revenu  en  Angleten'e  en  1609,  adressa  à  Jac- 

"  sFjes  I"''  une  Relation  de  l'état  de  la  France. 

iii.  et  ouvrage,  qui  atteste  à  la  fois  la  perspicacité 

lii  ?  le  talent  d'écrivain  de  Carew,  resta  longtemps 

ii;  'anuscrit;il  tomba  entre  les  mains  du  comte 

il|  lardwicke,  et  fut  communiqué  par  lui  au  docr 

i(  lUr  Birch,  qui  le  publia  en  1749,  à  la  fm  de  son 

li;  listorical  view  ofthe  negotiations  between 

[■    ^c  courts  qf  England,  France  andBrussels, 

'     om  the  Year  1592  to  1617. 

iii  ^Vood,  Athcnse  Oxonienscs.  —  Rose,  BioprapJiieai  die~ 
•nary. 

'  CAREW  (Nicolas),  gentilhomme  anglais,  né 
l's  la  fin  du  quinzième  siècle,  exécuté  le  3  mars 
39.  Parent  d'Anne  de  Bolleyn ,  il  fut  quelque 


CAIŒY 


T14 


temps  favori  de  Henri  VIII.  Mais  il  ne  tarda  pas 
à  s'attirer  la  disgrâce  de  ce  prince  capricieux  et 
cruel.  En  1539,  il  s'engagea  avec  le  marquis 
d'Exeter,  lord  Montagu  et  sir  Edward  Nevillc, 
dans  une  conspiration  qui  avait  pour  but  de  pla- 
cer le  cardinal  Polus  sur  le  trône.  Le  complot 
fut  dénoncé  par  Geffroy  Poole,  fi'ère  de  lord 
Montagu,  et  tous  les  conjurés  eurent  la  tCte 
tranchée. 

Lirigard,  Hist.  of  Enrjland,  —  Rose,  Biori.  dict. 

CAREW  (  Thomas  ),  poète  anglais,  né  dans 
le  Devoushire  en  1589,  mort  en  1639.  11  était 
un  des  chambellans  (gentleman  ofthe  Privy- 
Chamber)  de  Charles  F'.  Cité  pour  la  grâce  de 
ses  manières  et  son  goût  pour  les  lettres,  il 
brilla  parmi  les  plus  beaux  esprits  de  la  cour. 
La  poésie  amoureuse  était  alors  fort  en  vogue; 
chaque  rimeur  célébrait,  à  grand  renfort  de  con- 
cetti  empruntés  à  l'ItaUe,  des  maîtresses  plus  ou 
moins  imaginaires.  Carew  écrivit  des  chansons, 
des  sonnets,  des  élégies,  des  pastorales,  des  épi- 
taphes.  Il  n'est  pas  exempt  des  défauts  qu'on 
regardait  alors  comme  des  beautés  ;  il  a  de  la 
grâce,  de  l'esprit,  de  la  facilité;  mais  il  blesse 
parfois  les  lois  de  la  décence,  et  il  est  plus  ingé- 
nieux que  sensible.  Ses  Poems  ont  été  imprimés 
à  Londres  en  1640. 

Rétrospective  Review,  t.  VI,  p.  224-237.  —  Biog.  Britan. 
—  Cibber,  Lives  of  the  English  Poets.  —  Biographia 
dramatica. 

CARET  (Henri),  musicien  et  poète  anglais, 
fils  naturel  de  George  Saville,  marquis  d'Hali- 
fax, né  à  la  fin  du  dix-septième  siècle ,  mort  en 
1743.  Il  eut  pour  maîtres  de  musique  Linnant, 
Rosengi'ave,  Geminiani.  Malgré  de  si  habiles 
professeurs,  Carey  ne  s'éleva  pas  au-dessus  de  la 
médiocrité.  Homme  de  plaisir  et  dissipateur,  il 
finit  par  se  trouver  dans  une  position  si  déplo- 
rable, qu'il  se  tua  de  désespoir.  Son  meilleur  mor 
ceau  est  le  fameux  chant  national  God  save  the 
King!  qu'on  a,  sans  aucun  fondement  attribué  à 
Haendel,  ainsi  que  la  charmante  ballade  Sally  in 
our  Alleij,  autre  ou'sTage  de  Carey.  Ce  musicien 
publia,  en  1732,  six  cantates  dont  il  avait  fait  les 
paroles  et  la  musique  ;  il  composa  aussi  les  airs 
de  plusieurs  comédies  (Provoked  hnsband;  the 
Contrivances ,  etc.)  et  de  quelques  farces  repré- 
sentées au  théâtre  de  Goodman  fields.  Il  publia 
toutes  ces  ballades  et  chansons  sous  ce  titre  : 
the  Musical  centurij,  in  onehundred  english 
ballads  on  various  subjets  and  occasions; 
Londres,  1740,  in-4°. 

Biog.  drain,  —  Fétis,  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens. 

CAREY  (  George  Savile  ),  musicien  et  poète 
anglais,  fils  de  Henri  Carey ,  naquit  vers  1740, 
et  mourut  en  1807.  Héritier  de  l'esprit  et  des 
infortunes  de  son  père ,  il  fit  comme  lui,  pour  vi- 
vre, un  grand  nombre  de  chansons  populaires. 
Il  composa  aussi  des  comédies  bouffonnes.  Ses 
autres  ouvrages  sont  :  Analects  in  prose  and 
verse;  1771,  2  vol.;  —  Lecture  on  Mimckry^;, 


715 


CAREY 


'!( 


1776  ;  —  A  Rural  Ramblé;  1777  ;  — '  Balnea, 
or  shetches  of  the  différent  waterlng  -  pla- 
ces in  England;  1799. 
Bose,  New  Biographical  Dictionary. 

*  CARET  (  Henri  ),  comte  de  Monmouth ,  lit- 
térateur anglais,  né  en  1596  ,  mort  en  1661.  Il 
fut  élevé  à  Oxford.  Forcé,  par  les  troubles  de  la 
révolution  anglaise,  de  vivre  dans  la  retraite,  il 
se  consola  par  la  culture  des  lettres.  Ses  ouvra- 
ges, qui  consistent  surtout  en  traductions,  sont 
très-nombreux.  Les  principaux  sont  :  Romulus 
and  Tarquin,  or  de  principe  et  tyranno, 
traduit  de  Malvezzi;  Londres,  1637,  in-12;  — 
Historical  relations  of  the  united  provinces, 
andof  Flanders,  traduit  de  Bentivoglio;  Lon- 
dres, 1652,  in-fol.;  —  History  of  the  wars  in 
Flanders,  traduit  du  même  ;  Londres,  1654,  in- 
fol.  ;  —  Advertissement  from  Parnassus,  in 
two  centuries,  with  the  Politic  touchstone, 
traduit  de  Boccalini;  Londres,  1656,  in-fol.;  — 
Politic  discourses,  in  six  boolts,  traduit  de  Pa- 
ruta;  Londres,  1657,  in-fol;  —  History  of  Ve- 
nise, traduit  du  même  ;  Londres,  1658,  in-fol.; 

—  the  Use  of  passions,  traduit  de  Senault; 
Londres,  1649  et  1671,  in-8°;  —  Man  become 
guilty,  or  the  corrtiption  of  his  nature  by 
sin,  traduit  du  même;  —  Capriata's  History 
of  Italy;  1663,  in-fol. 

Kose,  New  Biographical  Dictionary . 

*  CAREY  (Jean),  pédagogue  anglais,  né  en 
Irlande  en  1756,  mort  à  Londres  en  1829. 
Après  avoir  achevé  ses  études  en  France,  il 
revint  en  Angleterre,  et  s'y  4ivra  à  l'enseigne- 
ment du  français,  du  grec  et  du  latin.  Il  dé- 
buta en  1800  par  une  prosodie  latine ,  qui  fut 
suivie  de  plusieurs  ouvrages  élémentaires  du 
même  genre  :  Skeleton  of  the  latin  accklence  ; 
1803  ;  —  Alphabetic  Key  to  Propru  qu^  ma- 
RiBUS  ;  1805  ;  —  Prac^iraZ  Englishprosody  and 
versification;  1809 ;  —  Clavis  Metrico-Virgi- 
liana  ;  —  the  Eton  prosody  illustrated;  — 
Introduction  te  english  composition  and  elo- 
cution,  etc.  Les  travaux  de  Carey  comme  édi- 
teur furent  considérables.  Il  publia  :  le  Virgile 
de  Dryden,  1803  et  1819,  2  vol.  in-8°  ;  —  cin- 
quante volumes  de  la  collection  connue  sous  le 
nom  de  Regent's  classics;  —  le  Dictionnaire 
de  Ainswortb  ;  —  un  Abrégé  du  même  ouvrage; 

—  Gradus  ad  Parnassum  ;  1824  ;  —  le  texte  la- 
tin des  Gommons  prayers,  dans  l'édition  poly- 
glotte de  Bagster  ;  —  un  Abrégé  du  lexique  grec 
de  Schleusner  ;  — ■  Ruperti  Commentarius  in 
Livium ,  etc.  Carey  a  traduit  du  français  les 
Bataves  de  Bitaubé,  les  Petits  Émigrés  de  ma- 
dame de  Genlis  ;  de  l'allemand,  les  Lettres  sur  la 
Suisse  de  Lehman.  Il  a  fourni  im  assez  grand 
nombre  d'articles  au  School  Magazine  de  Phil- 
lips, et  au  Gentleman's  Magazine. 

Rose,  New  Biog.  Dictionary. 
ch.KE\  {William),  orientaliste  et  mission- 
aaire  anglais ,  né  à  Paulerspury,  dans  le  Noi*- 


thamptonshire,  en  1761  ;  mort  d'apoplexie  à  Se- 
rampour  en  1834.  Élevé  par  son  père ,  maîtrr 
d'école  de  village,  il  exerça  jusqu'à  vingt-quatn  : 
ans  la  profession  de  cordonnier,  tout  en  appre  ' 
nant,  à  ses  moments  de  loisir,  le  latin,  le  grec 
l'hébreu ,  et  en  s'occupant  de  prédication  reli 
gieuse.  En  1785,  il  se  fit  agréger  à  la  secte  de; 
baptistes,  fut  choisi  pour  pasteur  en  1787,  e 
partit  six  ans  plus  tard,  avec  sa  famille,  pou 
le  Bengale ,  dans  l'intention  de  prêcher  l'Évan 
gile  aux  Indiens.  Le  manque  d'argent  le  forç; 
d'accepter  la  direction  d'une  fabrique  d'indigi 
près  de  Malda.  En  1799,  il  quitta  cette  rési 
dence   pour    Sérampour,    siège  principal   de 
missions  protestantes  dans  l'Inde.  Il  établit  dan 
cette  dernière  ville  une  école,  des  prédication 
régulières,  et  une  imprimerie  pour  la  publicatio 
de  la  Bible  dans  les  divers  dialectes  indien' 
Nommé  en  1801,  lors  de  la  fondation  du  colléa 
du  fort  William  par  le  marquis  de  Welleslc) 
professeur  de  sanscrit ,  de  bengali  et  de  mal 
ratta,  il  fut  reçu,  en  1805,  docteur  en  thcolo 
gie  et  membre  de  la  Société  asiatique  de  Ca 
cutta.  Dès  lors,  sans  négliger  ses  devoirs  i! 
missionnaire,  il  se  livra  plus  que  jamais  aux  ti  ; 
vaux  philologiques.  Ses  ouvrages,  tous  imprimt 
à  Sérampour,  "sont  :    Grammaire  mahratL 
1805;  —  Grammaire  sanscrite,  1806,  in-4°;  - 
Dictionnaire  mahratte,  1810,  in-S"  ;  —  Gran 
maire  pundjabi,  1812,  in-8°;  —  Granunai/ 
telinga,   1814,  in-8'';  —  Dictionnaire    bei 
gali,  1818,  3  voL  in-4°;  réimprimé  en  182, 
même  format,  et  en  1827-1830,  3  vol.  in-8°  ;  - 
Dictionnaire  bhotanta ,   1826,  in-4'';  —  ui: 
Grammaire  du  même  dialecte,  publiée  par 
docteur  Marsham.  Carey  avait  préparé  im  Dt 
tionnaire  sanscrit,  qui  périt  dans  l'incendie  i 
l'imprimerie  de  Sérampour.   Les  versions  de 
Bible  qui  sortirent  de  cette  imprimerie  célèbi 
et  auxquelles  Carey  prit  une  grande  part,  so 
nombreuses  et  dans  les  dialectes  suivants  :  sar 
crit,  hindou,  bris-bhassa,  mahratte ,  benga 
orisse  ou  origa,  telinga,  kurnate,  maldivien,  g 
zaratte,   buloshe,  pushtoo,  punjabi  ou  shels 
cashmir,  assam ,  birman,  pâli  ou  mahudha,  1 
mul,  cingalais,  arménien,  malais,  hindoustani 
persan.  Le  missionnaire  anglais,  qui  eut  ainsi 
mérite  de  contribuer  à  i-endre  les  saintes  Ëa 
tures  accessibles  à  près  de  deux  cent  millio 
d'hommes,  ne  négligea  pas  la  littérature  inrlieni 
etpublia,  entre  1806  et  1807,  \&Ramayana,te^ 
original,  soigneusement  collationné  sur  les  ir 
nuscrits  les  plus  authentiques. 

Rose,  New  Biographical  Dict. 

CAREY  (  Félix),  fils  aîné  de  William,  né 
1786,  mort  le  10  novembre  1822.  Comme  s 
père,  il  se  rendit  dans  l'Inde,  et  se  fixa  à  Sera 
pour,  où  il  mourut.  H  laissa:  Grammaire  de 
langue  birmane;  Sérampour,  1814, im-S";—  u| 
traduction  du  Pilgrin  Progress,  en  bengali; 
le  Vidyahara-vouli,  ouvrage  d'anatomie, 
bengali,  formant  le  tomel"  d'aneEndjclopéù 


7(7 


CAREY 


718 


bengalie,  et  d'autres  ouvrages  (la  plupart  iné- 
lils)  traduits  du  birman. 

(iorton,  Diogr.  dict. 

*CAREY  (H.-C),  célèbre  économiste  améri- 

ain,  né  ^ers  la  fin  du  dix-huitième  siècle  à 
•liiladelpliie ,  où  il  a  exercé  longtemps  la  pro- 
!  ession  de  libraire.  On  lui  doit  les  ouvrages 
iiivant?  :  Essay  on  the  rate  of  wages,  with 
m  cxamination  of  the  causes  ofthe  différence 
Il  the  condition  of  the  labouring  population 
hroiighout  the  world  (  Essai  sur  le  taux 
les  salaires,  suivi  de  recherches  sur  les  causes 
les  différences  que  présente  la  condition  des  po- 
lulations  ouvrières  dans  les  diverses  contrées)  ; 
'liiladelphie,  1835;  — Principles  of  political 
conomy  (Principes  d'économie  politique )  ;  Phi- 
i(k-lphie,  1837-1840,  3  vol.  in-S"  ;  —  the  Cre- 
'}(  System  of  France,  Great-Britain  and  the 

iiited-States  (da  Crédit  en  France ,  dans  la 
.raiide-Bretagne  et  aux  États-Unis);  Phila- 
elpliie  et  Paris,  1838,  in-S";  —  Ansiver  to 
he  questions  :  What  constitutes  currency? 
Vhat  are  the  causes  of  the  unsteadiness 
f  the  currency?  and  what  is  the  remedy 

Réponse  aux  questions  :  Qu'est-ce  que  la  cir- 
ulation?  Quelles  sont  les  causes  de  son  instabi- 
té,  et  quel  en  est  leremède.^);  Philadelphie,  1 840, 
1-8»  ;  —  the  Past,  the  Présent  and  the  Future 
le  Passé,  le  Présent  et  l'Avenir  )  ;  Philadelphie, 
S48,  1  vol.  gr.-in-8'';  — the  Harmony  ofin- 
erests  agricultural ,  manufacturing  and 
ommercial  (  l'Harmonie  des  intérêts  agricoles, 
Manufacturiers  et  commerciaux);  Pliiladelphie, 
831.  1  vol.  in-8°  ;  —  the  Prospect  agri- 
ultural,  manufacturing,  commercial  and 
'mandai,  at  the  opening  of  the  year  1851 
Perspective  agricole,  manufacturière, commer- 
iale  et  financière,  au  commencement  de  l'année 
851)  ;  Philadelphie,  1851  ,  in-8°. 

Voici  le  jugement  qu'a  porté Mac-CuUoch,  dans 
■s.  Littérature  de  Véconomie  politique,  sur  les 
Principes  d'économie  politique,  l'ouvrage  fon- 
lamental  de  Carey  :  «  Cet  ouvrage,  fruit  de  nom- 
)reuses  recherches,  est  écrit  dans  un  bon  esprit; 
nais  il  est  indigeste,  manque  de  critique,  et  ne 
jrilie  ni  par  la  clarté  ni  par  la  netteté  des  princi- 
pes. La  plupart  des  conclusions  de  l'auteur  sont 
iéduites  de  renseignements  statistiques  d'une  au- 
torité très-douteuse,  ou  susceptibles  d'interpréta- 
ions  diverses.  «  M.  Ch.  Coquelin  pense  que  ce 
ngement  ne  doit  pas  être  accepté  sans  examen.... 
'  Que  l'on  adopte  ou  que  l'on  repousse,  dit-il,  la 
nanière  de  voir  de  M.  Carey,  il  faut  reconnaî- 
re  ([u'il  se  rencontre  dans  ses  ouvrages  un 
ITAnd  nombre  d'idées  neuves,  originales,  di- 
gnes de  l'examen  le  plus  sérieux.  »  A  l'appui 
le  cette  opinion,  nous  ferons  remarquer  que 
M.  Carey  est  le  premier  qui  ait  établi,  dans  ses 
Principes  d'' économie  politique,  l'existence  de 
;ette  belle  loi  de  l'harmonie  des  intérêts  dans  la 
I  production  agricole  et  industrielle,  si  ingénieu- 
sement développée    et   complétée    depuis    par 


M.  Bastiat  dans  son  livre  des  Harmonies  écono' 
miques. 

L'ouvrage  intitulé  le  Passé,  le  Présent  et 
V Avenir  est  l'un  des  plus  substantiels  de  l'au- 
teur. M.  Carey  y  étudie,  appuyé  sur  les  faits,  la 
marche  de  l'humanité,  depuis  l'origine  des  so- 
ciétés jusqu'à  nos  jours.  Il  nous  la  montre  es- 
clave d'abord  des  forces  de  la  nature,  mais  par- 
venant par  degrés  à  les  dominer,  et  à  en  faire  les 
instruments  dociles  de  sa  volonté.  Combattant 
la  théorie  de  la  rente  de  RicarcTo ,  il  s'attache  à 
démontrer  i"  que,  dans  tout  pays,  on  a  cominencé 
l'œuvre  de  la  culture  sur  les  sols  infertiles, 
comme  les  plus  faciles  à  travailler  ;  2°  que  ce 
n'est  qu'à  la  suite  de  l'accroissement  de  la  popu- 
lation et  de  la  richesse  que  l'on  a  passé  aux  sols 
plus  fertiles  ;  3°  qu'avec  l'accroissement  de  la 
population  et  de  la  richesse,  et  avec  l'extension 
de  la  culture,  le  travail  de  l'agriculteur  est  de- 
venu plus  productif;  4°  qu'à  cette  augmentation 
correspond  celle  de  la  part  du  travailleur  dans 
la  production,  et  une  diminution  de  la  part  du 
propriétaire  ;  5°  que  l'accroissement  de  la  po- 
pulation et  de  la  richesse,  ainsi  que  l'extension 
de  la  culture,  sont  accompagnés  d'une  améliora- 
tion graduelle  de  la  condition  physique ,  morale, 
intellectuelle  et  politique  du  travailleur,  avec  une 
tendance  constante  vers  l'égalité. 

Dans  son  ouvrage  sur  le  Crédit  en  France, 
en  Angleterre  et  aux  États-Unis,  M.  Carey 
défend ,  avec  d'excellentes  raisons,  le  principe 
de  la  liberté  des  banques.  11  soutient  la  même 
thèse ,  avec  de  nouveaux  arguments  et  de  nou- 
veaux faits,  dans  son  travail  sur  la  Circula- 
tion. 

Partisan  de  la  liberté  des  échanges  en  prin- 
cipe, M.  Carey,  par  une  inconséquence  assez 
étrange ,  est  l'ennemi  de  cette  liberté  en  ce  qui 
concerne  son  pays ,  surtout  au  point  de  vue  de 
ses  relations  couunerciales  avec  l'Angleterre, 
dont  l'immense  prépondérance  iudustrielle  lui 
paraît  un  obstacle  permanent  au  développe- 
ment manufacturier  des  autres  pays.  La  haine 
pour  l'Angleterre  et ,  nous  avons  regret  d'ajou- 
ter, pour  la  France,  ainsi  qu'une  admiration  ex- 
clusive de  sou  pays,  se  manifestent  trop  fré- 
quemment dans  les  travaux  économiques  de 
M.  Carey,  et  leur  donnent  quelquefois  le  ca- 
ractère du  pamphlet. 

M.  Càrey  a  publié  un  grand  nombre  d'articles 
d'économie  politique  dans  les  revues  américai- 
nes. Il  s'est  fait  connaître  en  France  par  une  po- 
lémique très-vive ,  dans  le  Journal  des  Écono- 
mistes, contre  M.  Bastiat  et  ses  amis,  au  sujet 
de  la  priorité  de  l'idée  de  l'harmonie  des  intérêts 
entre  le  capital  et  le  travail,  ainsi  que  surjes 
questions  relatives  à  la  théorie  de  la  rente. 
Retiré  depuis  quelques  années  des  affaires, 
M.  Carey  vit  dans  sa  maison  de  campagne  aux 
environs  de  Philadelphie ,  s'occupant  de  ses 
études  de  prédilection,  et  publiant,  sur  les  faits 
économiques  de  quelque  importance  qui  se  pro- 


719 


GAREY  —  CARIBERT 


72 


duisent  aux  États-Unis,  des  brochures  toujours 
lues  avec  empressement.  A.  Legoyt. 

Documents  inédits. 

CAREZ  (Joseph),  habile  imprimeur  français, 
naquit  à  Toul  en  1753,  et  mourut  dans  la  même 
ville  en  1801.  Il  prit  d'abord  peu  de  goût  pour 
la  profession  à  laquelle  il  était  destiné,  et  qui 
était  exercée  par  son  père,  imprimeur  de  l'évé- 
ché.  Quelques  dispositions  pour  l'art  musical 
lui  firent  d'abord  préférer  l'état  de  chanteur.  Il 
fut,  dit-on ,  reçu  à  l'Opéra  en  cette  qualité  ; 
mais  il  eut  le  bon  esprit  de  revenir  dans  son 
pays  natal,  où  l'attendaient  des  succès  plus 
réels  dans  l'art  typographique.  Un  des  premiers, 
il  se  hvra  à  des  essais  et  à  des  expériences  qui 
avaient  pour  but  de  substituer  des  planches  de 
métal  fondues  aux  caractères  mobiles  employés 
communément,  et  de  les  faire  servir  à  l'impression 
au  moyen  d'un  mécanisme  assez  simple.  La  réus- 
site de  ces  premiers  essais  lui  assure,  incontes- 
tablement, le  mérite  d'avoh-,  par  d'heureuses 
applications  du  cUchage,  fait  faire  un  grand 
pas  à  la  stéréotypie.  C'est,  au  surplus,  le  témoi- 
gnage que  lui  rend  Camus,  dans  son  Histoire 
du  Polytypage  et  de  la  Stéréotypie;  Paris, 
Renouard,  1803,  in-8°  (p.  58  à  65).  Le  savant 
bibliographe  expose  en  détail  les  procédés  à 
l'aide  desquels  Carez  parvint  à  imprimer,  en 
1786,  un  livre  d'église  noté,  en  deiix  volumes 
grand  in-8°,  de  plus  de  1,000  pages  cha- 
cun, et  successivement,  de  la  même  manière, 
vingt  volumes  de  liturgie  ou  d'instruction  à 
l'usage  du  diocèse  de  Toul.  Carez  fut  surtout 
encouragé  dans  ses  essais  par  deux  hommes 
distingués  qui  habitaient  alors  la  ville  de  Toul  : 
M.  de  Caffarelli,  devenu  depuis  préfet  de  l'Ardè- 
che,  etM.  de  Curd,  directeur  des  fortifications.  Il 
appela  d'abord  ses  éditions  omo  types ,  pour 
exprimer  la  réunion  de  plusieurs  types  en 
un  seul.  Ses  travaux  dans  ce  genre  furent  in- 
teiTompus  par  la  révolution.  Carez  en  embrassa 
la  cause  avec  enthousiasme  ;  dès  lors  les  préoc- 
cupations de  la  politique  parurent  l'absorber,  et 
lui  firent  négliger  les  intérêts  de  l'art  et  de  son 
établissement.  Lors  des  élections  qui  eurent  lieu 
pour  le  choix  des  députés  à  l'assemblée  légis- 
lative, Carez  obtint  un  grand  nombre  de  suffrages, 
et  fut  élu  le  troisième  sur  huit  qui  devaient  com- 
poser la  députation  du  département  de  la  Meur- 
tlie  (1).  Ses  connaissances  l'appelaient  naturelle- 
ment à  faire  partie  du  comité  des  assignats  ;  il  y 
rendit  de  grands  services,  par  les  lumières  qu'il 
répandit  sur  la  fabrication  et  l'impression  du 
papier-monnaie.  Il  vota  constamment  avec  la 
majorité  ;  et  lorsque  le  terme  de  son  mandat  fut 
expiré,  il  revint  à  Toul,  pour  reprendre  ses  tra- 
vaux accoutumés.  Il  écrivait  à  un  de  ses  amis , 
le  20  octobre  1792:  <^  Me  voilà,  de  législateur 
«  que  j'étais,  redevenu  compositeur.  Tous  mes 

(1)  La  JJiograi)hie  des  Contemporains,  d'Arnaiilt,  de 
Joiiy,  elo.,  lui  donne,  par  erreur,  le  titre  de  ddputc'do 
la  iMoselle, 


«  ouvriers  m'ont  quitté  pour  prendre  mieu> 
«  je  les  remplace  comme  je  puis  ;  et  quoique  j'ai  ' 
«  les  doigts  engourdis,  j'espère  remplir  ma  nou  ' 
«  velle  tâche  avec  succès.  »  Il  y  parvint  en  effe 
en  imprimant,  suivant  les  procèdes  inventa 
par  lui,  un  dictionnaire  de  la  Fable  et  une  Bibl 
latine  en  caractère  nonpareille.  Camus,  dan 
l'ouvrage  cité  ci-dessus,  a  donné  une  page/a( 
simile  de  cette  Bible.  Dans  cet  intervalle,  les  ai 
mées  de  la  coalition  avaient  menacé  nos  fronliè 
res  de  l'est  ;  Carez  n'hésita  pas  à  se  ranger  a 
nombre  de  ceux  qui  voulaient  défendre  le  terr 
toire.  Comme  ses  sentiments  patriotiques  étaiei 
connus,  il  fut  choisi  pour  commander  le  bâtai 
Ion  de  garde  nationale  auxiliaire  que  la  ville  d 
Toul  fit  marcher  vers  les  bords  du  Rhin.  Cetl 
petite  campagne  fort  glorieuse,  autant  qu'ell 
put  l'être,  eut  pour  résultat  le  dégagemei 
des  lignes  de  Wissembourg,  la  reprise  de  cetl 
ville,  et  la  levée  du  blocus  de  Landau.  Après  1 
licenciement  des  gardes  nationales,  Carez  revir 
encore  à  son  imprimerie ,  et  fit  paraître,  so 
comme  éditeur,  soit  comme  auteur,  différente 
publications  patriotiques.  Son  premier  ouvras 
ixA\m  Alphabet  républicain  (1793),in-16,  de 
tiné  à  inculquer  aux  enfants  les  premiers  él( 
ments  de  la  lecture.  Il  composa  ensuite  pour  1 
jeunesse  un  livre  intitulé  l'Ami  des  jeunes  rt 
publicains ;To\x\  (1793),  pet.in-12de  180p.,  qi 
porte  l'empreinte  de  l'effervescence  de  répoqu( , 
Il  est  probable  que  Carez  ne  conservait  plus  U 
mêmes  sentiments  exaltés  de  républicanisn 
lorsqu'il  fut  appelé,  en  1801,  à  la  sous-préfectiu 
de  Toul.  Mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  C( 
emploi,  la  mort  l'ayant  enlevé  dans  l'année  mêii 
de  sa  nomination.  Il  était  d'un  caractère  enjon 
et  quelquefois  même  facétieux,  au  point  que  si 
amis  l'avaient  surnommé  le  frère  Lazzi.  Non 
trouvons  un  exemple  de  cette  disposition  dai: 
sa  correspondance,  lorsqu'il  traite  de  citoyen 
nissime  un  de  ses  amis,  aussi  patriote  que  lu 

J.  L. 
Documents  manuscrits  inédits.  —   Correspondaih 
autographe  de  Joseph  Carez.  —  Camus,  Histoire   u 
Polyttjpaqeet  de  la  Stéréotypie. 

*CAREZANO  {Albert),  historien  itahen,  (i 
clergé  régulier,  vivait  vers  le  milieu  du  dix-scj 
tième  siècle.  Il  publia  l'ouvrage  de  LucAssarin 
délie  Revoluzioni  di  Catalogna,  con  annott 
zionisoprai  luoghi  principali  ;  Gênes,  164; 
in-4°. 

Adeiiing,  suppl.  àlôcher,  JUrjein.  Oclekrten-Lexici 
CARIBERT  OUHARIBERT,  l'aiué  deS  filS  à 

Clotaire  I*^*,  eut  le  royaume  de  Paris  pour  so 
lot  ;  et  dans  le  partage  qui  suivit  la  mort  de  ( 
prince  en  562,  Caribert  obtint  en  outre  un  cei 
tain  nombre  d'autres  villes,  entre  autres  Avrai , 
ches  et  Marseille.  Pendant  son  règne,  qui  ne  dui  j 
guère  plus  de  cinq  ans,  il  se  montra  ami  de  ! 
paix  et  de  la  justice.  Doué  d'une  éloquence  n; 
turelle,  il  protégeait  la  culture  des  lettres  ;  et  1. 
sagesse  des  instructions  qu'il  donnait  à  ses  an 
bassadeurs  lui  attirait  le  respect   des  autre 


121 


CAlllBERT 


722 


lances.  «  Au  lieu  d'avoir  l'air  rude  et  guerrier 
i;  ses  ancêtres;  dit  M.  Augustin  Thierry  dans  ses 
iécits  mérovingiens,  le  roi  Haribert  affectait 
!  prendre  la  contenance  calme  et  un  peu 
iurde  des  magistrats  qui,  dans  les  villes  gau- 
iises,  rendaient  la  justice  d'après  les  lois  ro- 
maines. Il  avait  même  la  prétention  d'être  sa- 
xnt  en  jurisprudence,  et  aucun  genre  de  flatte- 
$  ne  lui  était  plus  agréable  que  l'éloge  de  son 
ibileté  comme  juge  dans  les  causes  embrouil- 
38,  et  de  la  facilité  avec  laquelle,  quoique  Ger- 
ain  d'origine  et  de  langage,  il  s'exprimait  et 
«courait  en  latin.  «  Le  P.  Daniel  fait  observer 
qu'un  roi  de  ce  caractère  était  en  ce  temps-là 
e  chose  plus  rare  qu'un  roi  guerrier,  les  vertus 
litaires  étant  beaucoup  moins  en  opposition 
ec  quelque  barbarie  qui  restait  encore  dansl'es- 
I  it  des  Français,  que  toutes  ces  qualités  et  toutes 
5  vertus  civiles  et  politiques.  »  Ce  qu'il  y  a  de 
I  f,  c'est  que  des  dispositions  moins  pacifiques 
raient  valu  à  Caribert  une  plus  grande  popula- 
é.  Sous  son  règne  commença  la  puissance  des 
IMresdu  palais,  qui  devaient  bientôt  devenir  les 
litres  de  l'État,  pour  avoir  su  d'abord  se  faire 
H  chefs  de  l'armée. 

HJne  autre  particularité  remarquable,  c'est  que 
i  ribert  est  le  premier  roi  de  France  qui  ait  été 
communié,  non  par  le  pape  (  sa  puissance  ne 
Rendait  pas  encore  aussi  loin  ) ,  mais  par  l'é- 
ique  de  Paris.  L'incontinence  du  roi,  inconti- 
nce  d'ailleui's  commune  à  tous  les  princes 
»ncs  de  l'époque,  fut  la  cause  de  cette  excom- 
nnication,  qui,  du  reste,  n'eut  pas  de  suites  fort 
aves.  Mais  laissons  encore  parler  ici  le  savant 
wateur  des  temps  mérovingiens  : 
IX  Le  roi  Haribert  prit  en  même  temps  pour 
ftîtresses  deux  sœurs  d'une  grande  beauté,  qui 
iiient  au  nombre   des  suivantes  de  sa  femme 

Sjoberghe.  L'une  s'appelait  Markowèfe,  et  por- 
t  l'habit  de  religieuse  ;  l'autre  avait  nom  Méro- 
âe  ;  elles  étaient  filles  d'un  ouvrier  en  laine, 
trbare  d'origine,  et  leutes  du  domaine  royal. 
«  Ingoberghe,  jalouse  de  l'amour  que  son 
ari  avait   pour  ces  deux  femmes,  fit  tout  ce 
".'elle  put  pour  l'en  détourner,  et  n'y  réussit 
jS.  N'osant  cependant  maltraiter  ses  rivales , 
Iles  chasser,  elle  imagina  une  sorte  de  strata- 
Jn  me  qu'elle  croyait  propre  à  dégoûter  le  roi 
;  -une  liaison  indigne  de  lui  ;  elle  fit  venir  le  père 
;s  deux  jeunes  filles,  et  lui  donna  des  laines  à 
'  rder  dans  la  cour  du  palais.  Pendant  que  cet 
nrame  était  à  l'ouvrage,  travaillant  de   son 
lieux  pour  montrer  du  zèle,  la  reine,  qui  se  tc- 
iiit  à  une  fenêtre,  appela  son  mari  :  «  Venez, 
i  flit-elle,  venez  ici  voir  quelque  chose  de  nou- 
au.  »  Le  roi  vint,  regarda  de  tous  ses  yeux  ;  et, 
■  ^  oyant  rien  qu'un  cardeur  de  laine,  il  se  mit 
1  colère,  trouvant  la  plaisanterie  fort  mauvaise, 
explication  qui  suivit  entre  les  deux  époux  fut 
olente,  et  produisit  un  effet  tout  contraire  à 
'Ini  qu'en  attendait  Ingoberghe  ;  ce  fut  elle  que 
loi  répudia,  pour  épouser  MéroUède. 


«  Bientôt,  trouvant  qu'une  seule  femme  légi- 
time ne  lui  suffisait  pas,  Haribert  donna  solen- 
nellement le  titre  d'épouse  et  de  reine  {i  une  (ille 
nommée  Théodehilde,  dont  le  pèreétait  gardeur 
de  troupeaux.  Quelques  années  après,  Méroflède 
mourut,  et  le  roi  se  hâta  d'épouser  sa  sœur 
Markowèfe.  Il  se  trouva  ainsi,  d'après  les  lois 
de  l'Église,  coupable  d'un  double  sacrilège, 
comme  bigame  et  comme  mari  d'une  femme 
qui  avait  reçu  le  voile  de  religieuse.  Sommé  de 
rompre  son  second  mariage  par  saint  Germain, 
évêque  de  Paris  ,  il  refusa  obstinément,  et  fut 
excommunié.  Mais  le  temps  n'était  pas  venu  où 
l'Église  devait  faire  plier  sous  sa  discipline  l'or- 
gueil brutal  des  héritiers  de  la  conquête  ;  Hari- 
bert ne  s'émut  point  d'une  pareille  sentence,  et 
garda  près  de  lui  ses  deux  femmes.  « 

Caribert  mourut  subitement  peu  de  temps 
après,  l'année  567,  dans  un  de  ses  domaines 
situé  non  loin  de  Bordeaux. 

Grégoire  de  Tours,  Chroniques,  IV.  —'Augustin  Tliler- 
ry,  Récits  des  temps  mérovingiens.  —  Le  P.  Daniel,  His- 
toirede  France.  —  Sismondi,  Histoire  des  Français. 

ClRIBKRT  OU  CHARIBERT,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  précédent,  était  fils  de  Clo- 
thaire  II,  et  par  conséquent  frère  de  Dagobert, 
qui  avait  quelques  années  de  plus  que  lui.  Sans 
doute  pour  assurer  la  bonne  intelligence  entre 
ses  deux  fils,  Clothaire  fit  épouser  à  Dagobert 
une  tante  encore  assez  jeune  de  Caribert.  Mais 
à  sa  mort,  conrunne  il  n'avait  pris  aucune  mesure 
pour  assurer  le  partage  de  son  héritage  entre 
ses  deux  fils,  Dagobert  se  hâta  de  s'emparer  de 
tout  le  royaume.  Cependant  il  se  forma  un 
parti  autour  de  Caribert  dans  une  portion  de 
la  Neustrie  ;  et  Dagobert,  voulant  éviter  la  guerre 
civile,  consentit  à  traiter  avec  lui,  et  lui  aban- 
donna le  royaume  d'Aquitaine  l'année  628.  Ca- 
ribert II  fit  de  Toulouse  sa  capitale;  il  y  habita 
les  palais  des  anciens  rois  visigoths,  et  étendit 
sa  domination  de  la  Loire  aux  Pyrénées,  au  pied 
desquelles  il  remporta  quelques  victoires  sur  les 
Gascons.  Caribert  étant  mort  peu  de  temps 
après ,  en  631 ,  Dagobert  fit  aussitôt  saisir  son 
trésor  et  égorger  son  fils  Chilpéric,  encore  en  bas 
âge,  et  incorpora  l'Aquitaine  à  sa  vaste  mo 
narchie. 

Frcdéjjaire,  cli.  S6.  57.  —  Cesla  Dagoberti  régis.  — 
Sismondi ,  Bist.  des  Français.  —  Fauriel,  Hist.  de  la 
Gaule  méridionale  sous  les  conquérants  germains.  — 
Michelet,  Hist.  de  France,  I. 

CARIBERT  OU  CHARIBEBT  I  et  II,  rOlS  deS 

Francs.  Voy.  Mérovingiens. 

CARIBERT  ou  CHAROBERT,  abréviation  de 
Charles-Robert ,  fils  de  Charles  Martel,  roi  de 
Naples  et  de  Hongrie,  naquit  à  Naples  vers  1292, 
et  mourut  en  1342.  Après  la  mort  de  son  père,  Ca- 
ribert, bien  jeune  encore,  fut  conduit  en  Hongrie 
pour  revendiquer  le  trône  que  lui  disputait  Ven- 
ceslas  rv,  roi  de  Bohême.  Chacun  des  deux  pré- 
tendants s'appuyait  sur  un  parti  ;  mais  le  pape 
Boniface  VHI  les  somma  de  comparaître  à  son  tri- 
bunal pour  y  plaider  leur  cause,  et,  par  une  bulle 


723 


CARIBERT  —  CARILLO 


du  30  mai  1303,  adjugea  la  couronne  à  Caribert, 
ot  déclara  le  trône  de  Hongrie  héréditaire.  Cette 
décision, favorable  au  jeune  prétendant,  ne  fit 
qu'empirer  ses  affaires  :  la  plupart  des  seigneurs 
hongrois ,  en  haine  de  la  décision  papale,  lui 
opposèrent  une  résistance  obstinée.  Enfin  l'ha- 
bileté d'un  légat  conduisit  à  bien  l'enti-eprise ,  et 
les  États  de  Hongrie,  assemblés  en  1310,  confir- 
mèrent le  choix  du  pontife.  Ce  prince  déploya 
sur  le  trône  de  grandes  qualités.  Sa  valeur  éten- 
dit son  royaume  ;  son  règne  fut  long  et  florissant. 
Enl'an  1326,  le  roi  Caribert  et  sa  famille  faillirent 
périr  sous  les  coups  d'un  forcené  qui  se  préci- 
pita dans  la  salle  où  ils  se  trouvaient  réunis,  at- 
teignit d'un  coup  de  sabre  l'épaule  du  roi,  abat- 
tit quatre  doigts  de  la  main  de  la  veine,  et  se  je- 
tait déjà  sur  leurs  enfants,  quand  un  officier, 
accouru  aux  cris  de  ses  maîtres ,  mit  en  pièces 
le  meurtrier.  Les  entreprises  militaires  du  mo- 
narque hongrois,  qui  tournèrent  presque  toutes 
à  l'agrandissement  de  ses  États,  furent  cependant 
traversées  par  quelques  revers.  11  se  laissa  sur- 
prendre un  jour  par  le  vayvode  de  Valacliie 
dans  les  gorges  de  ses  montagnes ,  et  n'échappa 
qu'à  grand'peine  au  milieu  de  la  destruction  de 
son  armée  ;  mais  il  répara  ses  pertes  par  sa  po- 
litique autant  que  par  ses  armes ,  et  finit  par  se 
rendre  tributaires  la  plupart  des  petits  États  qui 
bordaient  ses  frontières,  tels  que  la  Dalmatie,  la 
Croatie,  la  Servie,  la  Lodomérie,  la  Cumanie, 
la  Boulgavie  et  la  Bosnie.  Il  fit  valoir  ses  pré- 
tentions au  trône  de  Naples,  où  son  grand-père, 
Charles  H  d'Anjou ,  s'était  assis.  Le  pape  Clé- 
ment V,  à  l'exemple  de  son  prédécesseur,  s'é- 
tablit juge  des  droits  et  mérites  des  candidats. 
Mais  le  roi  de  Hongrie  fut  moins  heureux  au 
tribunal  de  Clément  qu'à  celui  de  Boniface.  Un 
de  ses  fils  cependant  reprit  cette  couronne.  Ca- 
ribert mourut  à  l'âge  de  cinquante  ans;  il  en  avait 
régné  quarante.  Une  de  ses  sœurs  avait  épousé 
Louis  le  Hutin ,  roi  de  France.  Il  avait  eu  trois 
épouses,  et  laissa  en  mourant  trois  fils,  Louis  I^'', 
surnommé  Le  Grand,  roi  de  Hongrie  ;  André,  qui 
fut  roi  de  Naples,  et  Etienne,  duc  d'Esclavonie. 
[M.  Am.  Renée  ,  dans  VEnc.  des  g.  du  m.] 

Ersch  et  Gruber,  Allgemeine  Encycl.  —  Sismondi, 
Histoire  des  Français. 

CARICNAN  (  maison  de  ) ,  l'une  des  branches 
de  la  maison  royale  de  Savoie,  et  celle  qui  oc- 
cupe actuellement  le  trône  de  Sardaigne,  Elle  tire 
son  nom  de  Carignano ,  petite  ville  de  la  pro- 
vince de  Turin,  sur  la  rive  gauche  du  Pô. 

Le  premier  prince  de  Carignan  fut  Thomas- 
François,  l'un  des  neuf  enfants  de  Cliarles-Em- 
:manuel  le  Graud.  Il  naquit  en  1596.  Son  ambi- 
tion suscita  des  troubles  en  Savoie  pendant  la 
minorité  de  Charles-Emmanuel  II.  Après  un 
bombardement  inutile,  il  se  rendit  maître  de  Tu- 
rin par  surprise  ;  il  avait  envoyé  aux  portes  de  la 
ville  quelques  centaines  de  soldats  se  disant 
venus  renforcer  la  garnison,  et  que  l'on  eut  l'im- 
prudence  d'admettre   sur  parole.    Pendant  la 


nuit,  l'explosion  d'un  pétard  servit  de  signa 
toutes  les  portes  s'ouvrirent  à  la  fois,  et  le  jtrin 
de  Carignan  se  précipita  dans  la  ville  à  la  t( 
de  ses  troupes.  Il  finit  pourtant  par  se  récon 
lier  avec  sa  belle-sœur  Christine,  régente 
Savoie  ;  et  dans  le  même  temps  il  se  rapprocha 
la  cour  de  France,  où  le  grade  de  lieutem 
général  lui  fut  offert  :  il  fit  la  guerre  en  Italie 
la  tête  des  armées  françaises,  et  Turenne  ser 
sous  son  commandement.  La  faveur  de  Mazai 
lui  valut  ensuite  la  charge  de  grand  maître 
France,  après  la  disgrâce  du  prince  de  Con( 
Thomas  de  Carignan  mourut  à  Turin  en  16j( 

L'aîné  de  ses  fils ,  Emmanuel-Philibert,  i 
quit  sourd-muet,  mais  posséda,  malgré  cev 
d'organisation,  de  l'instruction  et  des  talents, 
jésuite,  à  qui  son  éducation  fut  confiée,  réus 
même ,  si  l'on  en  croit  certains  témoignages 
lui  donner  quelques  moyens  de  s'énoncer, 
suivit  son  père  en  Italie,  et  fit  preuve  de  valt 
au  siège  de  Pavie,  en  1655.  Il  épousa  Angélic 
d'Esté ,  de  la  maison  de  Modène,  dont  il  ( 
plusieurs  enfants. 

L'aîné,  Victoi-Amédée,  qui  devint  lieuten; 
général  des  armées  de  France  et  de  Savo 
épousa  une  fille  naturelle  du  roi  Amédée  II, 
mourut  à  Paris  en  1741,  laissant  un  fils  u 
que,  Louis-Victor-Joseph,  qui  épousa  Chv 
tine  de  Hesse-Rlieinfeld ,  et  mourut  en  1778 

Victor-Amédée,  fils  du  précédent,  lieuten; 
général  au  service  de  France,  mort  en  17: 
eut  ix>ur  fils  Charles-Emmanuel,  né  en  17' 
Élevé  au  collège  de  Sorrcze,  en  Languedoc, 
devint  dans  la  suite  lieutenant  général  des 
mées  de  Sardaigne.  11  épousa  Marie  de  Saxe 
Courlande,  fille  du  prince  Charles  de  Pologne 
de  Saxe,  et  mourut  en  1800,  laissant  un  fils  : 

Charles-Emmanuel- Albert,  né  en  1798, 
prince  de  Carignan  jusqu'en  1831.  La  bram 
aînée  de  la  maison  de  Savoie  s'étant  étein 
cette  année-là  dans  la  personne  du  roi  CharL 
Félix,  la  tige  de  Carignan  a  été  appelée  au  trôi 
Voy.  l'art.  Charles-Albert.  [A.  R.,  dans  YEi 
des  g.  du  m.  ] 

Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyc. 

*  CARILLO  (Alphonse),  prélat  espagnol, 
à  Cuença  dans  la  seconde  moitié  d\i  quatorzièi 
siècle,  mort  à  Bàle  le  l4  mars  1434.  Fils  de  C 
mez  Carillo,  gouverneur  de  Jean  H,  i-oi  de  C; 
tille,  il  fut  créé  cardinal  en  1409  par  l'antipa 
Benoît  XHI,  confirmé  dans  cette  dignité  par 
pape  Martin  V  en  1418,  et  envoyé  par  lui  à  Bc 
logne  en  qualité  de  légat.  Le  concile  de  Bàlc 
nomma  ensuite  légat  d'Avignon;  mais  le  pai 
Eugène  IV  y  avait  déjà  envoyé  le  cardinal 
Foix,qui  s'introduisit  dans  la  ville  à  main  arm(i 
et  Carillo  fut  forcé  de  retourner  à  Bàle. 
Sponde,  Annales.  —  Auberi,  Histoire  des  Cardinal 

CARILLO  «'ACUNHA  ( dou  Alphonse),  a 
chevêque  de  Tolède,  neveu  du  précédent,  : 
vers  1410,  mort  le  1"'' juillet  1482.  Il  accor 
pagna  son   oncle  à  Bâle ,  et   au  retour  il  t 


25  CARILLO  —  CARION 

miné  évêque  de  Siguenza,  puis  en  1440  ar- 


726 


levôque  de  Tolède.  Cette  difçnité  lui  donnait 
le  influence  politique  dont  il  se  servit  contre 

roi  de  Castille  Henri  IV.  Jl  se  mit  à  la  tôte 
■s  mécontents  qui,  sous  prétexte  que  la  fille 

Henri  IV,  Juana,  qu'ils  flétrissaient  du  sobri- 
let  de  Beltraneja,  était  illégitime,  voulaient 
ettre  sur  le  trône  l'inlant  don  Alphonse,  frère 
idet  du  roi  de  Castille.  Les  rebelles  réunis  à 
Vila  déposèrent  solennellement  Henri  IV  avec 
s  cérémonies  les  plus  insultantes  pour  la  ma- 
«té  royale,  puis  ils  allèrent  mettre  le  siège  de- 
«tit  la  ville  de  Penaflor;  mais  les  habitants  se 
^fendirent  avec  courage ,  et,  par  représailles  de 

qui  s'était  fait  à  Avila ,  ils  traînèrent  dans  la 
me  l'effigie  de  l'archevêque  de  Tolède,  et  la 
^rèreat  aux  flammes.  Les  factieux,  forcés  de 
ver  le  siège,  combattirent  contre  l'armée  royale 
iprès  d'Olmedo.  La  victoire  resta  indécise.  La 
ort  de  l'infant,  arrivée  en  1468,  trois  ans  après 

proclamation  d' Avila ,  facilita  une  transaction 
itre  les  factieux  et  Henri  IV,  qui  consentit  à  re- 
*nnaître  comme  devant  lui  succéder  sa  sœur 
'«belle.  Plusieurs  partis  se  formèrent  pour 
'inner  un  mari  a  cette  priuce^sse,  Cai-illo  pro- 
»sa  et  fit  prévaloir  don  Fernand  d'Aragon.  Il 
it  ainsi  une  grande  part  à  l'acte  décisif  qui 
nda  l'unité  et  la  grandeur  de  l'Espagne  ;  mais 
le  fit  plus  par  ambition  que  par  amour  pour 

patrie,  comme  il  le  prouva  après  la  mort 
iHenri  IV,  en  1474.  En  aplanissant  pour  Isa- 
iblle  les  voies  du  trône,  en  facilitant  le  mariage 
i  cette  princesse  avec  l'infant  d'Aragon,  il  avait 
■însé  travailler  en  même  temps  pour  lui-même, 
voulait  une  grande partdu pouvoir;  etcettepart 
i  lui  étant  pas  donnée  ,  il  s'unit,  dans  son  mé- 
mtentement,  au  marquis  de  Villena,pour  soute- 
irlesdroitsdedona  Juana  la  Beltraneja.  Le  roi  de 
ortugal,  tenté  par  leurs  offres,  entra  en  Estra- 
'ladure,  et  commença  la  guerre  contre  la  Cas- 
We.  Ferdinand  et  Isabelle  repoussèrent  avec 
ligueur  cette  prise  d 'armes ,  et  battirent  com- 
ifétement  les  Portugais  à  la  bataille  de  Toro,  le 
"  mars  1476  Carillo,  forcé  de  se  soumettre, 
ait  ses  jours  dans  un  monastère  qu'il  avait 
i)ndé  à  Alcala  de  Henarès. 

I  Mariana,  Histoire  d'Espagne,  1.  XX.I.  —  Lavallée  et 
tueroult,  Espagne,  dans  l' Univers  pittoresque. 

I  t&RiN  OU  CABINCS  {Marcus-Aurelius)  , 
inopereur  romain,  fils  aîné  de  Carus,  régna  de 
(83  à  285.  Paresseux,  fier  et  cruel,  il  ne  man- 
luait  ni  de  courage  ni  de  talents  militaires,  et 
larvint,  du  vivant  de  son  père,  à  repousser  les 
barbares  qui  avaient  envahi  les  Gaules.  Lors- 
lue  Carus  partit  pour  la  guerre  de  Perse,  il 
"aena  avec  lui  son  second  fils  Numérien,  et 
i lissa  à  Carin,  qui  reçut  le  titre  de  César,  le 
!;ouvernement  de  l'Italie,  de  l'Jllyrie,  de  l'A- 
I  rique  et  de  tout  le  reste  de  l'Occident.  Le  jeune 
liriuce  ne  se  signala  que  par  ses  crimes  et  ses 
j  léréglements.  Il  donna  les  plus  hautes  dig;iité.s  de 
l'État  à  des  hommes  de  la  plus  basse  condition 


exila  ou  fit  mettre  à  mort  les  premiers  person- 
nages de  la  cour,  dissipa  en  folles  prodigalités 
les  trésors  de  l'empire,  épousa  et  répudia  neuf 
femmes  en  quelques  mois,  ouvrit  son  palais 
aux  plus  vils  débauchés,  et  unit  la  dépravation 
effrénée  d'Élagabal  à  la  cruauté  froide  do  Dorni- 
tien.  Après  la  mort  de  son  père,  il  fut  reconnu 
empereur  avec  Numérien  vers  la  fin  de  283,  ou 
au  plus  tard  au  mois  de  janvier  284.  Les  deux 
princes  donnèrent  des  jeux  magnifiques  qui  ont 
été  décrits  par  le  poète  Caipumius  et  l'historien 
Vopiscus.  Carin,  apprenant  la  mort  de  son  frère 
assassiné  par  Aper,  et  l'avènement  de  Dioclétien 
proclamé  par  les  soldats,  marcha  contre  le  nou- 
vel empereur.  En  route,  il  rencontra  le  gouver- 
neur de  la  Vénétie,  Julianus,  qui  lui  aussi  pré- 
tendait à  l'empire,  le  vainquit,  et  le  fit  mettre  à 
mort.  Il  ne  fut  pas  moins  heureux  dans  ses  pre- 
mières rencontres  avec  Dioclétien,  et  le  battit 
même  complètement  à  Margum,  sur  le  Danube, 
dans  la  haute  Mœsie,  entre  Viminica  et  le  mont 
d'Or;  mais  tandis  qu'il  poursuivait  les  ennemis,  il 
fut  tué  par  ses  propres  soldats.  Panni  les  prin- 
cipaux auteurs  de  sa  mort,  était  un  tribun  dont 
il  avait  déshonoré  la  femme.  Selon  Eckh«l,  Ca- 
rin fut  tué  à  la  fin  de  284  ;  mais  la  plupart  des 
historiens  placent  l'assassinat  de  ce  prince  dans 
le  mois  de  mai  de  l'année  suivante. 

Vopisciis,  Carin.  —  Aurélius  Victor,  Cwsar.,  XXXVIII , 
Epitome,  XXXVIII.  -  Zonaras,  XII,  30.  —  Eutrope,  IX, 
12.  —  Eckhel,  Doctrina  num. 

*c.4RiOLA  {Antoine),  historien  italien,  vi- 
vait vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  a 
de  lui  :  Rittratti  de'  principi  d'Esté ,  slgnoH 
di  Ferrara,  con  V  aggiunta  de'  lorofatil,  etc.; 
Ferrare,  1641,  in-4°,  avec  13  planches  gravées 
en  taille-douce. 

Clément,  Bibl.  curieuse,  VI,  28e. 

CARI  ON  (  Jean),  savant  allemand,  né  à  Ben- 
tickheim  en  1499,  mort  à  Berlin  en  1538.  Il  pu- 
blia des  éphémérides  qui  s'étendent  de  1536  à 
1550,  et  un  livre  d'astrolQgie  intitulé  Practicx 
astrologicse.  «  Ces  deux  ouvrages ,  dit  Bayle, 
ne  lui  ont  pas  procuré  beaucoup  de  réputation; 
mais  il  est  devenu  célèbre  par  une  chronique 
qu'il  ne  fit  point  :  elle  a  été  imprimée  une  infi- 
nité de  fois ,  et  traduite  en  plusieurs  langiies. 
En  voici  l'histoire.  Carion  ayant  fait  une  Chro- 
nique, la  voulut  faire  imprimer  à  Wittemberg  ; 
mais  il  souhaita  que  Mélanchthon  la  corrigeât. 
Mélanchthon,  au  lieu  de  la  corriger,  en  fit  une  au- 
tre, et  la  publia  à  Wittemberg  sous  le  nom  de 
Carion.  Il  la  fit  en  allemand.  Elle  fut  traduite 
en  latin,  l'an  1538,  par  Herman  Bonnus,  ministre 
à  Lubeck.  Mélanchthon,  ayant  eu  le  grand  débit  de 
ce  livre,  en  fit  une  nouvelle  version  latine,  qu'il 
publia  l'an  1 558 ,  après  avoir  retouché  l'ouvrage 
et  y  avoir  inséré  quelques  additions.  Il  le  publia 
deux  ans  après,  augmenté  d'une  seconde  partie. 
Peucer,  après  la  mort  de  Mélanchthon,  y  ajouta 
ce  travail,  et  publia  en  1 562  le  quatrième  livi-e, 
qui  s'étend  depuis  Charlemagne  jusqu'à  Fré- 


121 


CARION  —  CARISSIMI 


fléricll.  Il  publiaau  bout  de  trois  ans  lecinquième 
livre,  qui  finit  à  la  mort  de  l'empereur  Maximilien 
en  1519.  II  lit,  en  1572,  une  édition  de  tout  l'ou- 
vrage. »  —  Malgré  le  livre  deMélanchthon,  Carion 
publia  sa  propre  Chronique  avec  une  dédicace  à 
Joachim,  marquis  de  Brandebourg,  datée  de 
Berlin  1531.  Bayle  cite  une  édition  de  Paris, 
1563,  in-16.  La  Chronique  de  Mélanchthon'Ct  de 
Peucer  fut  traduite  en  français  par  Simon  Gou- 
lard  en  1579. 

Melchior  Adam,  Vitœ  philosophorum  germanorum. 
—  Gessner,  Bibliotheca.  —  Bayle  ,  Dictionnaire.  —  Pan- 
taléon,  Prosopographia.  —  Fabricius,  Bibl.  med.  et  inf. 
eetat.  —  Sax,  Onomast.  literar. 

*CARisio  {Antoine),  hagiographe  et  écrivain 
asiatique  italien,  fondateur  d'ordre,  natif  de  Cug- 
gione,  dans  le  Milanais,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut  curé  dans 
le  Milanais ,  où  il  a  fondé  la  congrégation  des 
Clercs  réguliers  pour  le  service  des  malades.  On 
a  de  lui  :  i  Capelli  délia  bella  Pénitente  rive- 
riti;  Milan,  1649,  in-S"  ;  — Slogio  ciel  P.  Pie- 
tro-Francesco  Pellicioni;  Milan ,  in-fol.  sans 
date  ;  —  Ritratto  di  Gesii  nella  tela  deW  Os- 
tia  sagramentale  ;  Milan,  1671,  in-12  ;  —  Eser- 
cizj  sopra  i  dolori  di  Gesù  Cristo;  Milan, 
1672. 

Argelati,  Bibl.  Mediol. 

*  CARisius  (  Jonas  ),  voyageur  et  diplomate 
danois ,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  mort  à  Roeskild  en  décembre  1619.  Il  fut 
d'abord  secrétaire  de  Christian  IV,  et  accompa- 
gna comme  tel  le  roi  en  1599,  pendant  un  voyage 
maritime  sur  les  côtes  de  Norwége.  Plus  tard, 
il  fut  employé  par  son  souverain  pour  des  af- 
faires diplomatiques  en  Hollande,  où  il  se  trou- 
vait encore  à  la  fin  de  l'année  1618.  On  a  de  lui  : 
Description  du  voyage  de  Christian  IV  sur 
les  côtes  de  Norvège  (  en  danois),  qui  fut  tra- 
duit en  allemand  sur  1©  manuscrit  danois,  et  pu- 
blié par  Schlegel  dans  ses  Sammlungen  zur 
Bànischen  Geschichte  (Mémoires  pour  servir 
à  l'histoire  du  Danemark  ),  vol.  I,  chap.  4,  et 
dans  son  Recueil  de  Voyages. 

Slangen,  Geschichte  Christians,\\ ,  II,  130.  —  Hofmann, 
Portraits  historiques,  V.  —  Adelung,  suppl.  à  Jôcher, 
Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CARISSIMI  (Jean-Jacques),  célèbre  compo- 
siteur du  dix-septième  siècle,  naquit  à  Venise 
vers  1582,  et  mourut  très-âgé  :  il  vivait  encore 
en  1672.  Malgré  la  haute  réputation  dont  il  a  joui 
de  son  temps  et  qu'il  a  conservée  de  nos  jours, 
les  biographes  donnent  peu  de  renseignements 
sur  la  vie  de  ce  grand  artiste.  Gerber  et  plusieurs 
autres  rapportent  que  son  mérite  reconnu  le  fit 
appeler  à  la  direction  de  la  chapelle  pontificale 
et  de  la  chapelle  de  l'église  Saint-Apollinaire  du 
collège  allemand,  à  Rome.  On  doit  à  Carissimi 
l'introduction  des  accompagnements  d'orchestre 
dans  la  musique  d'église.  Il  perfectionna  le  réci- 
tatif, inventé  depuis  peu  par  Caccini,Peri  et  Mon- 
teverde,  et  donna  à  la  partie  de  basse  un  mou- 
vement et  «ne  élégance  qu'elle  n'avait  point  en- 


core; enfin  il  est  un  des  premiers  'coinpositeu 
qui  aient  écrit  des  cantates  et  qui  les  firent  sut 
tituer  aux  madrigaux,  dont  le  genre  n'était  pi 
en  rapport  avec  le  style  dramatique  que  la  i 
cente  invention  de  l'opéra  avait  mis  en  favei 
Ses  mélodies  gracieuses  billlent  par  une  expr( 
sien  vraie  et  spirituelle,  soutenue  par  une  harrn 
nie  qui,  sans  être  peut-être  aussi  savante  q 
celle  de  l'ancienne  école  romaine,  n'en  est  p 
moins  d'une  grande  pureté.  La  manière  de 
maître,  perfectionnée  par  ses  élèves  Bassai 
Cesti,  Buononcini,  et  surtout  par  Alexandre  Se; 
lati,  conduisit  peu  à  peu  au  style  de  la  musiq 
du  dix-huitième  siècle,  dont  elle  est  évidemme 
le  type  originaire.  Carissimi  a  écrit  une  foule 
messes,  de  motets,  de  cantates  et  d'oratorio 
mais  il  n'a  été  publié  qu'une  faible  partie  de  c 
ouvrages,  qui  sont  aujourd'hui  très-rares.  Vo 
les  principaux  renseignements'  qui  ont  été  i 
cueillis  sur  les  productions  de  ce  compositeui 
Deux  i-ecueils  de  motets  à  2,  3  et  4  voix  ;  Rom 
i  664  et  1 667  ;  —  Missas  5  et  9  vocum,  cum  selecv 
quibusdam  cantionibus  ;  Bologae,  1663  et  l&i 
(  Messes  en  partition,  manuscrit  portant  le  n°  T 
du  catalogue  de  la  musique  du  docteur  Birniey); 
Lauda  Sion,  à  8  voix,  et  Nisi  Dominus,  à  8  voi 
manuscrits  de  la  bibliothèque  de  l'abbé  Santii 
à  Rome  ;  — Messe  à  12  voix,  sur  la  chanson  ( 
Y  Homme  armé,  manuscrit  des  archives  de 
chapelle  pontificale,  à  Rome.  La  Bibliothèqi 
impériale  de  Paris  possède  plusieurs  oratori' 
manuscrits,  savoir  :  Histoire  de  Job,  à  3  vo 
et  basse  continue;  —  la  Plainte  des  damnés, 
3  voix,  2  violons  et  orgue,  morceau  qui  eut  uj 
grande  célébrité  ;  —  Ézéchias,  à  3  voix,  2  violoi 
et  orgue  ;  —  Balthazar,  à  5  voix,  2  violons 
orgue  ;  —  David  et  Jonathas,  à  5  voix,  2  violons 
orgue  ;  —  Abraham  et  Isaac,  à  5  voix  et  orgu( 

—  Jepthé,  à  6  et  7  voix  :  cet  ouvrage  est  considé 
comme  le  chef-d'œuvi-e  de  Carissimi  ;  —  le  Jugi 
ment  dernier,  à  3  chœurs,  2  violons  et  orgu< 

—  le  Mauvais  riche,  à  2  chœurs,  2  violons;  ■ 
basse;  —  Jonas,  à  2  chœurs,  2  violons  et  bass 
L'oratorio  de  Salomon,  attribué  pai'  divers  ai 
teurs  à  Carissimi,  serait,  d'après  M.  Fétis,  c 
Cesti.  Il  existe  à  la  bibliothèque  du  Conservatoii 
de  musique  de  Paris  deux  volumes  manuscri 
contenant  un  grand  nombre  de  motets  et  de  cai 
tates  de  Carissimi;  on  y  trouve  plusieurs  pièc( 
comiques,  telles  que  celles  qui  ont  pour  titre  :  l( 
Cyclopes,  à 3  voix; — le  Testament  d'tm  âne, 
2  voix  ;  —  Plaisanterie szir  l'introït  de  la  Mesi 
des  morts,  canon  à  2  voix;  —  Plaisanterie  su 
la  barbe,  à  3  voix  ;  —  la  déclinaison  du  pronoi 
latin  hic,  hase,  hoc,  à  4  voix  ;  mais  ce  demie 
morceau,  que  Choron  a  fait  graver  comme  état 
de  Carissimi,  est  de  Dominique  Mazzocchi,  sous  1 
nom  duquel  il  a  été  imprimé  en  1643.  Vingt-deu 
cantates  de  Carissimi  pour  voix  seule  et  bass 
continue  ont  été  gravées  à  Londres  au  commenHl 
cément  du  dix-huitième  siècle.  Le  recueil  publi  i  i 
à  Baraberg,  en  1665,  par  le  P.  Spiridione,  soui  , 


0  CARISSIMI 

i\Uv  (le  Miisica  Romana,  remerme  des  rno- 

I  lie  Carissimi.  La  collection  des  aii's  sérieux 
(  Il  boire,  publiée  par  Ballard,  contient  des 

I I  (  l'iiiix  de  ce  compositeur  sur  lesquels  on  a 
)  ii(li(!  des  paroles  françaises.  On  trouve  aussi 
(  pièces  du  même  auteur  dans  l'ouvrage  de 
f  MHS  intitulé  Sacred  music,  et  dans  les  Selec- 
t  is  of  mnsic  du  docteur  Crotch.  La  biblio- 
I  jue  du  collège  du  Christ,  à  Oxford,  renferme 

collection  presque  complète  des  œuvres  de 
issimi;  le  Musée  britannique  possède  aussi 
grand  nombre  de  pièces  de  ce  compositeur, 
a  publié  à  Augsbourg,  en  1696,  la  traduction 
mande  d'un  petit  Traité  de  l'art  du  chant, 
ibué  à  Carissimi. 

DiEUDONNÉ  DeNNE-BARON. 

rber,  Historicli-Biographisches-Lexicon  der  Ton- 
tler.  —  Choron  et  Fayolle,  Dictionnaire  des  Musi- 
;."—  Félis.  Biographie  universelle  des  Musiciens.  — 
resneuse.  Comparaison  de  la  musique  italienne  et 
:  musique  française. 

k4RiTEO,  poète  italien,  vivait  dans  la  seconde 
ié  du  quinzième  siècle.  Né  à  Barcelone,  se- 
Crescimbeni  et  Quadrio,  il  vécut  habituelle- 
t  à  Naples,  et  fît  partie  de  la  célèbre  acadé- 


CARL 


730 


de  Pontanus.  Il  fut  encore  intimement  lié 
;  Sannazar,  qui  dans  ses  poésies  cite  souvent 
teo  ainsi  que  sa  femme  Pétronille,  à  laquelle  il 
le  le  nom  poétique  de  Nisea.  On  voit,  par  une 
e  de  Pietro  Surmonte  à  Angiolo  Calocci,  que 
iteo  était  mort  en  1515.  Ce  poète  consacra 
is  sa  verve  à  exalter  la  maison  d'Aragon.  Il 
t  beaucoup  étudié  la  poésie  .provençale  (  la 
sia  limosina),  et  on  trouve  dans  ses  vers, 
lleurspeu  élégants  et  empreints  de  bizarrerie, 
certaine  vigueur  et  comme  un  dernier  reflet 
'troubadours.  h%s, poésies  {rime)  de  Cariteo, 
tiées  pour  la  première  fois  à  Naples,  1506,  fu- 
réiraprimées  en  1509,  sous  le  titre  de  :  Opère 
Cariteo. 

laboschi,  Storia  délia  letteratura  italiana,  t.  VI, 
II.  —  Crescimbeni,  Istoria  délia  volgar  poesia.  — 
rio,  délia  Storia  e  delta  ragione  d'  ogni  poesia. 

IRL  {Antoine- Joseph),  médecin  et  bota- 
;  allemand,  né  à  Édenhof,  près  de  Benedikt- 
•en  (dans  la  Souabe  bavaroise),  le  3  août 
j,  mort  à  Ingolstadt  le  21  mars  1799.  Il  étudia 
'eysing  et  à  Ingolstadt,  où  il  prit  ses  derniers 
les  en  1749.  Après  avoir  passé  ensuite  quelques 
^es  à  Strasbourg  et  à  Paris,  il  fut,  en  1754, 
Imé  professeur  de  chimie,  de  matière  médi- 
et  debotanique  àingolstadt.  Il  enseigna  le  pre- 
"  dans  cette  université  la  physique  expérimen- 
11  fut  élu  en  1759  membre  de  l'Académie 
dimich,  et  en  1763  de  l'Académie  des  cu- 
's  de  la  nature.  Comme  médecin  et  chimiste, 
lait  sectateur  de  Stahl,  tandis  qu'il  suivait 
)A  comme  botaniste.  On  a  de  lui  :  Disserta- 
de  ignis  gravitate ;lago\s,tA([i,  1749,  in-4"; 
'Dissertât io  de  antispasi;  Ingolstadt,  1756, 
Bissertatio  sistens  zymotechniam 
iicafam  et  applicatam;  Ingolstadt,  1759, 
c'est  un  traité  selon  les  idées  de  Stahl  sur 


—  Bissertatio  de  palingenesia  ;  ibid.,  1759, 
in-4";  — Bissertatio  de  deis  ;  ibid.,  1760,  in-4"; 

—  Botanisch  -  medicinischer  Garten,  worin 
die  Kraeuter  in  nahrhafte,  heilsame  et  gif- 
tige  eingetheilt  sind  (Jardin  de  botanique  médi- 
cale, où  les  plantes  sont  divisées  en  nutritives, 
médicinales  et  vénéneuses),  ibid.,  1770,  in-8°;  — 
Bissertatio  physico-chymica  de  igné  et  gravi- 
tatecalcismetallic3e;Md.,  1772,  in-4°; —  Ca- 
talogus  plantarum  secundum  systema  Lin- 
nsaanum  editionis  quatuor decimx,  in  usum 
horti  botanici ;  ibid.,  1788,  in-8°. 

Biographie  médicale. 

CARL  (Jean-Samuel),  médecin  et  naturaliste 
allemand,  né  en  1676  à  Oehringen(  principauté 
de  Hohenlohe,  appartenant  aujourd'hui  a«  Wur- 
temberg), mort  le  13  juin  1727  à  Melldorf  dans 
le  Holstein.  Il  étudia  à  Halle  en  Saxe,  où  il  eut 
pour  maîtres  Hoffmann  et  Stahl.  Après  avoir 
pri,s  ses  grades  en  1699,  il  devint  médecin  ordi- 
naire d'abord  du  prince  d'Yselbourg-Stolberg, 
ensuite  du  comte  de  Wittgenstein-Berlebourg. 
Enfin,  en  1736,  le  roi  de  Danemark  Christian  VI 
l'appela  auprès  de  lui  comme  premier  médecin. 
Cari  était  membre  de  l'Académie  des  curieux  de  la 
nature  ;  ses  ouvrages  se  ressentaient  des  théories 
de  Stahl.  On  a  de  lui  :  Bisputatio  de  analysi- 
chymico-medica    reguli    antimonii  medici- 
nalis  ;  Halle,  1698,  in-4°;  et  insérée  dans  Fré- 
déric Hoffmann,  Trias  disputationum  chimica' 
rum;  Halle,  1729,  in-4°  ;  —  Lapis  lydius  philo- 
sophico-pyrotechnicus  ad  ossium  fossatilium 
Bocimasiam  analytice  demonstrandam  adhi- 
bitus  ;  Francfort,  1704,  in-4°  :  le  premier  il  re- 
marque que  les  os  des  animaux  actuels  diffèrent 
des  ossements  fossiles,  en  ce  que  ces  derniers  ne 
donnent  pas  d'alcali  volatil  par  la  distillation  ;  — 
Grundliche  Anweisung  von  der  Biàt  fur  Ge- 
sunde  imd  Kranke  (  Règles  précises  sur  le  ré- 
gime tant  pour  les  gens  bien  portants  que  pour 
les  malades  )  ;  Francfort,  1713,  în-8°  ;  Budingen, 
1719  et  1728,  in-8»;  —  Summarische  Pestta- 
belle,  etc.  (Tableau  sommaire  de  pays  ravagés 
par  la  peste),  etc.;  Thurnau,  1714,  in-fol.,  et 
dans  la  Medicina  paupei'iim,  édition  de  1719 
et  1721  ;  — Haus-Arzney  fiir  die  Armen,nebst 
einem  Unterrichte  zur  Reiseapotheke  (Méde- 
cine des  pauvi'es,  avec  des  conseils  pour  former 
une    pharmacie  portative),  Budingen,    1717, 
in-8"  ;  et  sous  le  titre  :  Medicina  pauperum 
oder  Armen-Apotheke;  ibid.,    1719,    1721, 
1726,  in-8°  ;  —  Praxeos  medicae  therapia  gê- 
ner alis  etspecialispi'o  hodego  tum  dogmatico, 
tumclinieo,  in  usum   privatum  auditorum 
ichnographice  delineata;  Halle,  1718  et  1720, 
in-4'';  —  Spécimen  historiée  medicae  et  solidee 
experientise  documentis,  maxime  vero  moni- 
mentis  Stahlianis  in  syllabum  aphoristicum 
redactum;Hà\\e,  1719,  in-4''; — Biastetica  sacra, 
oder  die  Zucht  des  Leibes  zur  Heiligung  der 
Seelenbefôrderlich  (de  l'Utilité  de  la  Diète  du 


trmentation,  considérée  par  rapport  aux  arts  ;  I  corps  pour  le  salut  de  l'àme  ) ,  sans  lieu  ni  date 


^31 


CARL  —  CARLÉN 


d'impression;  —  Ichnographiapraxeos  clinicœ  : 
accedit  ichnographia  Anatomiee  et  Chymix; 
Budingen,  1722,  in-8";  —  Synopsis  medicinae 
Stahlianœ;  Budingen,  1724,  in-S"  ;  —  Otia  me- 
dica;  dicata  eontemplationïbus  philosophi- 
cis;  Budingen,  1725,  in-4";  —  Von  den  gefàhrli- 
chen  Dienst  der  Saugammen,  sowohl  an  den 
Kindern,  als  der  Mutter  (sur  les  Dangers  de 
l'emploi  des  nourrices,  tant  pour  les  enfants  que 
pour  la  mère)  ;  Budingen,  1726,  in-S";  -  -  Ele- 
menta  Chirurgise  medicée  ex  mente  et  a  me- 
thodo  Stahliana  projlua;  Budingen,  1727, 
in-8°  ;  —  Medicinische  Rathschlàge  (  Conseils 
médicaux);  Bud.,  1732,  in-8°;  —  Dixtetica 
sacra,  h.  e.  disciplina  corporis  ad  sanetimo- 
niam  animée  accommodo^a  ;  Copenhague,  1737, 
in-S";  — Historia  medico-pathologico-thera- 
peutica,  in  qua  moriorum  circumstantias 
perpétuée  essentiales  et  extraessentiales  apho- 
ristice  expenduntur  ;  Copenhague,  1737,  2  wl. 
in-8°;  —  Mysterium  magnum,  etc.  (le  Grand 
Mystère  de  la  parole,  de  la  vie,  ou  la  régénéra- 
tion morale  de  l'homme  d'après  l'Évangile  de  saint 
Jean,  etc.);  Copenhague,  1738,  in-S";  —  Erfah- 
rungsgriinde  von  der  Blutlassung  wahren 
Gebrauch  und  Missbrauch  (  sur  le  bon  Usage 
et  l'Abus  de  la  Saignée,  avec  des  preuves  tirées 
de  l'expérience) ,  précédé  d'une  introduction  de 
G.-C.  Maternus  de  Cisano  ;  Flensbourg  et  Altona, 
1739  et  1742,  in-8°;  —  Medicina  universulîs 
(Médecine  universelle,  ou  Moyen  de  conserver 
et  de  recouvi-er  la  santé  par  l'usage  de  l'eau, 
par  la  tempérance,  ete.);  Copenh.,  1740,  in-8"; 
—  Medicinische  und  Moralische  Unterwei- 
sung  vor,  der  Diàt  der  Gelehrten  (  le  Ré- 
gime à  l'usage  des  savants),  Budingen,  1744, 
in-S";  —  Décorum  eruditi,  cum  Medicina 
mentis,  theùlogia  mentis,  et  theocratia  Novi 
Testamenti  ;  Francfort,  1745,  in-S";  —  Medi- 
cinische Bedenken  (Conseils  et  observations 
médicales) ;  Halle,  1747,  in-8°;  —  Neueste  Bes- 
chreibung  des  Schlangenbades,  etc.  (Nouvelle 
description  des  eaux  du  Schlangenbad);  Franc- 
fort, 1747,  in-8''.  —  Medicinische  und  Mora- 
lische Einleitung  in  die  Naturgeschichte  des 
Menschen,  etc.  (Introduction  médicale  et  morale 
à  l'histoire  naturelle  de  l'homme).  Halle,  1747, 
{0.8°  ;  —  un  grand  nombre  de  mémoires  dans  les 
Acta  Acad.  JSatur.  Gurios.,  vol.  IV-VH,  et 
dans  le  vol.  I-VI  du  Commercium  litterarium 
Norimbergx. 

Borner,  Jetzlebende  Aerzte  (  Médecins  contempo- 
rains, c'esl-à-dire  du  dlx-haitième  siècle  ),  II,  323;  — 
Adeliing,  supplément  à  Jôcher,  AUqemeines  Gelehrten- 
Lexicon.  —  Eloi,  Dict.  de  la  méd.  —  Biog.  médic. 

*  CARL  (  Joseph  ),  annaliste  et  poëte  alle- 
mand,, de  l'ordre  des  Jésuites,  vivait  à  Vienne 
en  Autriche  au  milieu  du  dix-huitième  siècle.  On 
a  de  lui  :  Continuatioscriptorum  Universitatis 
Viennensis  (  Annales  littéraires  de  l'Université 
de's'icnnc,  commencées  par  le  P.  Ernest  Apfatte- 
ver,  et  continuées  avant  Cari  par  Gaétan  Rech- 
pach  et  Charles  Dellery  )  ;  Vienne,  1742  ;  — 


Somnium  super  Viennamunita,  carmen  h 
num  ;  Vienne,  1743,  in-8°. 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexi 
CARLE  (Pierre),  ingénieur  français,  né  à  ' 
leranque  dans  les  Cévennes  en  1666,  moi 
Londres  le  7  octobre  1730.  Forcé,  par  la  rév( 
tion  de  l'édit  de  Nantes,  de  quitter  la  Franct 
1685,  il  entra  au  service  du  prince  d'Orai 
le  suivit  dans  son  expédition  d'Angleterre,  et 
une  part  active  à  la  guerre  qui  se  termina  [i. 
paix  de  Riswick  en  1697.  Dès  1693,  il  v 
une  pension  de  100  livres  sterling,  fut  élc 
rang  de  quatrième  ingénieur  du  royaume  i 
capitaine  d'infanterie.  Guillaume  UI  témo 
souvent  une  considération  particulière  au  r 
gié  français.  Dans  un  conseil  de  guerre  où  le 
ficiers  généraux  étaient  divisés  d'opinion ,  le 
après  avoir  entendu  celle  de  Carie,  dit  en 
vant  la  séance  :  «  Nous  suivrons  l'avis  du 
teux.  »  Carie  était  en  effet  boite'jx.  La  gu 
de  la  succession  d'Espagne  lui  fournit  une  : 
velle  occasion  de  montrer  ses  talents  ;  mai 
fut  malheureusement  contre  sa  patrie.  C 
nel  dans  l'armée  anglaise  et  ingénieur  en 
du  roi  de  Portugal,  il  dirigea  les  sièges  d'Ali 
tara,  de  Salamanque,  et  entra  dans  Madrid 
le  marquis  das  Minas  et  le  comte  de  Gallo\ 
Là  s'arrêtèrent  les  succès  des  alliés.  Lord 
loway  fut  battu  à  Almariza,  en  1707,  par  le 
de  Berwick,  et  les  troupes  portugaises  péri 
presque  entièrement.  Carie  contribua  à  sauve 
débris  de  l'armée  vaincue.  Malgré  les  ré( 
penses  qu'il  obtint  de  la  cour  de  Portugal, 
droit  qui  lui  fut  accordé  d'exercer  libremei 
religion,  il  se  retira  à  Londres  vers  1720,  et 
sacra  les  dernières  années  de  sa  vie  aux  p 
blés  travaux  de  l'agriculture. 

Ctiaudon  et  Delandine,  Dictionnaire  historiqi 
Berwick,  Mémoires. 

CARLEMiCELLi  (Aspasie),,  révolution) 
française,  née  en  1772,  exécutée  en  1795.  E^ 
mée  comme  folle  presque  dès  l'enfance,  elles 
de  l'hôpital  pendant  la  révolution  française, 
fit  remarquer  par  l'exaltation  désordonnée  d 
paroles  et  de  ses  actes.  Le  1'^'' prairial  1795 
pénétra  dans  la  salle  de  la  convention  av 
peuple  des  faubourgs,  frappa  de  ses  galocli 
député  Féraud,  et  se  jeta,  le  couteau  à  la 
sur  un  autre  député  nommé  Camboulas.  Mi: 
jugement  le  19  mars  1796,  elle  ne  nia  poi 
part  qu'elle  avait  prise  à  l'assassinat  de  Fci 
et  fut  condamnée  à  mort. 

Monit.  univ.  —  Petite  Biog.  Conv.,  art.  Féraud 

*  CARiiÉN  (Emilie-Schimide),  femme  roi 
cière  suédoise,  née  à  Stockholm  en  1810. 
témoigna  de  bonne  heure  de  ses  dispositions 
tiques  ;  mais  ce  ne  fut  qu'après  un  premier 
riage,  assez  malheureux,  avec  le  musicien 
garé,  qu'elle  livra  au  public  ses  composil 
littéraires.  En  1 84 l,^I!e  épousa  un  fonction! 
appelé  Carlén,  littérateur  hii-mOmc,  et  auteii 
Stycken  pu  Vers,  Stockholm,  1838,  et  des 


IBS  CARLEN 

\\anserur  Svenska  FotkUfvet,  1846.  Les  sujets 
l'elle  traite  sont  engénéral  empruntés  aux  mœurs 
iiS  paysans  et  des  prolétaires,  et  se  font  remar- 
ier par  un  grand  cachetde  vérité.  Les  principales 
impositions  d'Emilie  Carlén  sont:  Waldemar 
iein;  Stockholm  ,1838;  —  Represenfanten  ; 
\d.,  1839 ;  —  GustofLindorm;  ibid.,  1839,  3 
iilumes  ;  —  Professoren  och  hans  fikyddslin- 
r;  ibid.,  1840,  2  vol.  ;  —  Fosterbrxderna  ; 
id.,  \MQ  ;  —  Enslingen  pa  Johannis-skœret ; 
mkœping,  1846,  3yol.  ;  —  Jungfnitornet ; 
)ckholm,  1848,  2  vol.  ;  —  Ronianheltinnen  ; 
ockholm ,  1849  ;  —  Familier  i  Dalen  ;  Sto- 
tholm,  1850  ;  —  Formyndaren  ;  ibid.,  1851,  2 
I.  La  plupart  de  ces  romans  ont  été  traduits 
allemand. 
onversat,  Lexic. 

CARLENCAS  (Félix  DE  Juvenelde),  érudit 
açais,  né  en  septembre  1679  à  Pézénas,  mort 
is  la  même  ville  le  12  avril  1760.  Après  avoir 
dié  chez  les  oratoriens  de  sa  patrie,  et  passé 
!  année  à  Paris,  il  revint  à  Pézénas,  où  il  se 
ria  bientôt.  Le  reste  de  sa  vie  fut  consacré  à 
.  travaux  littéraires.  L'Académie  des  belles- 
res  de  Marseille  l'avait  reçu  dans  son  sein, 
a  de  lui  :  Principes  de  l'Histoire;  Paris, 
iW,  in-12  (rédigés  pour  l'instruction  de  son 
);  —  Trois  mémoires  sur  Vorigine  des 
'.démies,  des  manufactures  et  des  arts  mé- 
xiques,  dans  le  Mercure  de  France  de  1738; 
Essai  sur  V Histoire  des  sciences,  des  belles- 
tres  et  des  arts;  Lyon,  1740,  1  vol.  in-12; 
i.,  1744,  2  vol.  in-12;  ibid.,  1749,  4  vol. 
12,  et  ibid.,  1757,  4  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage 
larquable  a  été  traduit  en  allemand,  avec  une 
face  et  des  notes  de  J.-E.  Kappen;  Leipzig, 
9  et  1752,  2  vol.  in-S". 

delung,  siippl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelekrten-Lexicon. 
:arles  (Lancelot  de),  prélat  français,  né  à 
•deaux  au  commencement  du  seizième  siècle , 
rt  à  Paris  vers  l'armée  1570.  Nommé  évêque 
I  Riez  à  son  retour  de  Rome,  où  Henri  n  l'a- 
it envoyé,  il  fut  intimement  lié  avec  le  chan- 
ier  de  l'Hôpital,  Ronsard  et  Joachim  de  Bel- 
I,  qui  l'ont  tous  célébré  dans  leurs  vers.  On  a 
lloi  :  Épître  contenant  le  procès  criminel 
i  à  rencontre  de  la  retjne  Boullan  (Anne 
iBouUeyu)  d' Angleterre  ;  h^aa,  1545,  in-8°; 
'Exhortation  oit  Parénèse  en  vers  héroïques 
tins  et  français)  à  son  neveu;  Paris,  1560, 
it"  ;  —  Éloge  ou  Témoignage  d'itonneur  de 
Wi  II,  roi  de  France;  traduit  du  latin  de 
îrre  Pascal,  1560,  in-fol.  ;  —  Paraphrase  en 
^s  français  de  VEcclésiaste  de  Salomon, 
'1;  —  Paraphrase  du  Cantique  des  canti- 
fs,  1562;  —  Lettres  au  roi  de  France  Char- 
IX,  contenant  les  actions  et  propos  de  M.  de 
yse,  depuis  sa  blessure  jusqu'à  son  trépas; 
Iris,  1563,  in-8°.  La  Croix  du  Maine  attribue 
farles' une  traduction  de  V Odyssée  d'Homère. 

S>  Croix  du  Maine  et  Duverdier,  Bibliothèques  fran- 
«e».—  De  Thou,  Histoire,  1.  III.  —  Michel  de  l'HApitai, 


—  CARLESON  734 

Ëpltres,  I.  I.  —  Salnle-Marlhe,  Callia  christiana.  —  Le 
long,  /Hbl.  hlstor.  do  la  France,  M.  Kontcttc. 

CARLESON  (Charles),  économiste,  juriscon- 
sulte et  littérateur  suédois,  né  en  1 703  à  Stockholm, 
d'une  famille  bourgeoise;  mort  le  22  mars  1761 
dans  la  môme  ville.  A()rès  avoir  fait  ses  études  à 
Upsal,  il  entra  en  1725  dans  la  chancellerie  royale 
dont  il  devint  le  secrétaire  en  1746.  En  1757  il 
fut  nommé  secrétaire  d'État,  et  en  1758  chevalier 
de  l'Étoile  polaire.  Il  fut  un  des  premiers  écono- 
mistes sérieux  de  la  Suède.  Étant  versé  en  outre 
dans  les  langues  anciennes  et  modernes,  il  a  at- 
taché avec  Dalin  son  nom  à  une  publication  pé- 
riodique, le  Svenska  Argus,  qui,  semblable  au 
Spectator,  en  combattant  la  manie  de  traduc- 
tion, donna  un  grand  essor  à  la  littérature  na- 
tionale. On  a  de  lui  :  Forktaring  ofvér  den  be- 
kante  Domare-Reglar  :  Summum  jus,  summa 
injuria  (Méditations  sur  la  célèbre  règle  de 
droit  :  Summum  jus,  etc.)  ;  Upsal  (sans  date)  ;  — 
Sudolàrande  Mercurius  (le  Mercure  de  la  Su- 
derinanie),  dont  il  fut  un  des  rédacteurs;  Upsal, 
1730;—  Svenska  Argus,  fondé  en  1733  par 
Dalin,  dont  il  fut  le  collaborateur  depuis  1734; 

—  Hushàlls  Rad  (Conseils  d'économie)  ;  1734; 

—  Hushàlls- Lexicon  (  Dictionnaire  d'écono- 
mie); Stockholm,  1757;  —  Foersoek  at  visa 
Fritaenkarcs  foervaenda  Slutkonst  (  Essai 
tendant  à  prouver  la,  manière  de  conclure  illo- 
gique des  libres  penseurs);  Stockholm,  1760, 
in-8°;  —  Cicero,  de  Senectute,  traduit  en  sué- 
dois; —  quelques  traductions  de  l'allemand  et 
de  l'anglais. 

Adelung,  suppl.  à  Jôidier,  Allgem.  Celeàrt.-Lexik.  — 
Gezelius,  niugraph.-Lex.  —  Gôttinger  Gelehrte  Anzei- 
gen,  17S9  (  Notices  savantes  de  Gœttingue  ). 

CARLESON   (Edouard),    frère  de  Charles 
Carleson,  diplomate  et  économiste  suédois,  né  en 
1704  à  Stockholm,  mort  dans  la  môme  ville  le 
26  février  1767.  Après  avoir  étudié  à  Upsal  et 
voyagé  dans  les  principaux  pays  de  l'Europe,  il 
fut  nommé  en  1730  notaire  du  conseil  de  com- 
merce à  Stockholm.  En  1732  il  accompagna  le 
baron  Ch.-Fr.  de  Hopken  dans  un  voyage  en 
Orient,  qu'il  a  décrit  plus  tard.  De  retour  de 
cette  excursion,  il  fut  en  1735  nommé  ministre 
de  Suède  à  Constantinople ,  poste  qu'il  occupa 
jusqu'en  1745.  Pendant  ce  temps  il  conclut  en 
1738,  au  nom  de  sa  cour,  un  traité  de  commerce 
assez  avantageux  avec  la  Porte.   Dès  lors  il 
avança  assez  rapidement,  et  fut  nommé  en  1757 
secrétaire  d'État  pour  les  affaires  étrangères, 
en    1758   chancelier    aulique,  enfin   en    1762 
président  du  conseil  de   commerce.   L'Acadé- 
mie des  sciences  de  Stockholm  l'avait  depuis 
longtemps  reçu  dans  son  sein ,  et  le  roi  l'avait 
nommé  en  1757  commandeur  de  l'ordre  de  l'É- 
toile polaire.  On  a  de  Carleson  :  Moejeligheten  at 
iSverigeinraelta  Fabriquetoch  Manufacttirer 
(  sur  la  Possibilité  d'établir  en  Suède  des  fabri- 
ques et  des  manufactures )  ;  Stockholm,  1731; 
—  Tal  om  Fiskeri  inraettringar  i  Sverige 
(sur  l'État  des  pêcheries  en  Suède);  Stockholm, 


735 


CÂRLESON  —  CÀRLETON 


J749  .  —  Tusenne  store  sveerake  herrars  rese- 
beslirinfing,  ifraen  Cypern  til  Asien,  foerlaf- 
vade  Landel,  Jérusalem  och  Christ  graj  (Re- 
lation du  voyage  de  deux  seigneurs  suédois  de 
Chypre  en  Asie ,  dans  la  terre  promise ,  à  Jéru- 
salem jusqu'au  Saint-Sépulcre  )  ;  Stockholm  , 
1768  ;  —  et  plusieurs  Mémoires  dans  le  Recueil 
de  l'Académie  des  sciences  de  Stockholm. 

Gezelius,  Biograph.-Lexicon. 
CARLET  {Joseph- Antoine) ,  écrivain  fran- 
çais, né  à  Rives  (Isère)  le  18  juin  1741,  mort 
en  1825.  Il  fut  député  aux  états  généraux  et  au 
conseil  des  cinq-cents.  On  a  de  lui  :  Recueil 
de  maximes  et  de  réflexions  qui  peuvent  con- 
tribuer à  la  rectitude  de  nos  actions  ;  Paris, 
1823,  in-12. 

Quérard,  la  France  littéraire.  —  Beachot,  Journal  de 
la  librairie. 

CARLET.   Voy.  ROZIÈRE  (lA.). 

CARLETON  {sir  Dudley)',  vicomte  de  Dor- 
chester,  homme  d'État  anglais,  né  en  1573  à 
Baldwin-Broght\vell,dans  le  comté  d'Oxford;  mort 
en  1632.  Élevé  au  collège  du  Christ  à  Oxford, 
il  voyagea  sur  le  continent,  devint  secrétaire  de 
l'ambassadeur  d'Angleterre  en  France,  sir  Tho- 
mas Parry,  en  1600  ;  et  en  1603,du  comte  deNor- 
thumberland.  Dans  le  premier  parlement  de  Jac- 
ques I",  il  représenta  le  bourg  de  Saint-Mawes 
en  Cornouailles.  Au  retour  d'une  excursion  en 
Espagne  où  il  avait  accompagné  lord  Norris ,  il 
se  trouva  compromis  dans  la  conspiration  des 
poudres  ;  son  innocence  ne  tarda  pas  à  être  re- 
connue, et  il  fut  dédommagé  d'un  court  emprison- 
nement par  l'ambassade  de  Venise.  Il  revint  en 
Angleterre  en  1615,  trouva  tout  le  pouvoir  aux 
mains  de  George  Villiers,  duc  de  Buckingham,  et 
fut  nommé  à  la  place  importante  d'ambassadeur 
auprès  des  Provinces-Unies.  La  Hollande  était 
alors  déchirée  par  les  querelles  des  arminiens 
et  des  Calvinistes.  La  France  soutenait  Barne- 
veldt,  défenseur  des  arminiens;  ce  fut  assez 
pour  que  Carleton  se  prononçât  pour  Maurice, 
chef  du  parti  contraire.  En  1625,  l'habile  diplo- 
mate anglais  fut  envoyé  en  France  avec  lord 
HoUand.  Au  retour  de  cette  mission  il  fut  ap- 
pelé par  Buckingham  à  la  chambre  des  pairs , 
sous  le  titre  de  baron  Carleton  d'Imbercourt,  et 
nommé,  ti'ois  ans  plus  tard,  vicomte  de  Dorches- 
ter.  Après  la  mort  de  Buckingham ,  il  devint  se- 
crétaire d'État,  et  dirigea  les  négociations  im- 
portantes de  l'Angleterre  avec  la  France,  l'Espa- 
gne ,  la  Hollande  et  la  Pologne.  Il  entretint  une 
correspondance  particulière  avec  la  reine  de 
Bohême  ;  mais  il  ne  vécut  pas  assez  pour  voir 
la  restitution  du  Palatinat.  La  correspondance 
diplomatique  de  sir  Dudley -Carleton  pendant 
son  ambassade  de  Hollande  a  été  publiée  par 
le  comte  de  Hardwick,  sous  le  titre  suivant  : 
the  Lettersfrom  and  to  sir  Dudley,  Carleton, 
during  his  embassy  in  Holland ,  from  ja- 
nuary  1615-1616  to  december  1620;  Londres, 
J757,  in-4''.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  fran- 


çais sous  ce  titre  :  Lettres,  Mémoires  et  Néf, 
dations  du  chevalier  Carleton,  ambassade 
ordinaire  de  Jacques  r'^,  roi  d'Angleten 
traduits  de  l'anglais' par  Gaspard-Joel  A 
nod;  la  Haye,  1759,  3  vol.  in-12. 

Biographia  britannica.  —  Rose,  New  Biographi 
dictionanj. 

CARLETON  (  Geor^'e),  théologien  anglais, 
en  1559  à  Norham  dans  le  Northumberlar 
mort  en  1628.  Il  dut  sa  première  éducation  f 
soins  de  Bernard  Gilpin,  et  acheva  ses  étude 
l'université  d'Oxford.  Son  savoir  et  son  ï 
pour  l'Église  anglicane  le  firent  nommer,  en  l  G 
évêque  de  Landaff.  La  même  année,  il  fut 
voyé  avec  trois  autres  théologiens  anglais 
synode  de  Dordrecht,  où  il  défendit  avec  foret 
habileté  la  cause  de  l'épiscopat.  A  son  reto 
Carleton  fut  élevé  à  l'évêché  de  Chichester. . 
versaire  déclaré  de  la  papauté ,  et  grand  parti 
de  Calvin  sur  la  prédestination,  il  a  publié  :  Tit 
examined  and  proved  to  be  due  to  the  de 
by  a  divine  right;  Londres,  1606  et  1611^  in- 
—  Jurisdiction  régal,  episcopal,  papal,  w 
rein  is  declared  liow  the  pope  hath  intrm 
upon  the  jurisdiction  of  temporal  Princ 
and  of  the  church ;  Londres,  1610,  in-4°; 
Consensus  Ecclesiee  catholicse  contra  Trid 
tinos,  de  Scripturis,  Ecclesia,  Fide  et  Grai 
Londres,  1613,  in-S";  — A  thankful  rem> 
brance  of  God's  mercies,  in  an  historical  i 
lection  of  the  deliverance  of  Church  < 
State  ;  Londres,  1614;  —  Astrologimania , 
the  madness  of  Astrology;  Londres,  16 
in-40;  —  vita  Bemardi  Gilpini,  viri  sanc 
simi,J arnaque  apud  Anglos  Aquilonares 
leberrimi;  Londres,  1626,  in-4". 

Biographia  britannica.  —  Rose,  New  Biograpl 
dictionanj. 

CARLETON  {George),  guerrier  et  diplon^ 
anglais,  mort  vers  1740.  Il  fut  employé  à  dr 
ses  négociations  par  Jacques  II.  Plus  tard, 
rant  la  guerre  de  la  succession  d'Espagne,  il 
part  à  plusieurs  campagnes  dans  la  Péninsul 
dans  les  Pays-Bas,  et  resta  trois  ans  prisonii 
à  Santa-Clemenza,  dans  la  Manche.  On  a  de 
Mémoires  contenant,  entre  autres,  plusit 
notices  et  anecdotes  sur  la  guerre  d'Espai 
sous  le  commandement  de  lord  Peterborou 
en  anglais;  Londres,  1783,  in-S". 

Quérard ,  la  France  litterairp.. 

CARLETON  {sir  Gmj/ ),  général  anglais,! 
Strabanedans  le  comté  de  Tyrone  en  1724,  n 
en  1808.  Nommé  en  1772  gouverneur  de  Que 
il  eut  à  repousser  en  1775  l'attaque  du  gén 
Montgomery,  qui,  à  la  tête  d'une  armée  des  É1 
Unis,essaya  de  faire  insurger  le  Canada.  Carie 
évacuant  Montréal,  se  renferma  dans  Québe 
repoussa  les  Américains,  qui  perdirent  leur  g( 
rai.  En  1776,  blessé  de  voir  accorder  au  gén 
Burgoyne  le  commandement  de  l'armée  dir 
contre  les  États-Unis,  il  donna  sa  démission 
fut  remplacé  par  le  général  Haldimand.  Cette 
grûce  ne  fut  pas  de  longue  durée  :  Carleton,  n 


37  CARLETON 

v\c  on  1781  au  commandement  en  chef  de  l'ar- 
II  (•  anglaise  en  Amérique,  ne  put  réprimer  la 
voliition  américaine,  appuyée  par  la  France,  et 
a  forcé  d'évacuer  New-York.  En  avril  1786,  il 
it  rappelé  au  gouvernement  de  Québec,  delà 
ouvi'lle-Écosse  et  du  Nouveau-Brunswick,  et, 
i  mois  d'août  suivant,  élevé  à  la  dignité  de  pair 
ms  le  titre  de  lord  Dorchester. 
\\oM\Neio  Biographical  Dictionary. 
;; CARLETON  (William),  nouvelliste  irlan- 
lis,  né  à  Prillisk  en  1798.  Son  enfance  et  son 
Idk'scence  s'écoulèrent  parmi  les  misères  qui 
câblent  la  classe  agricole  de  ce  pays.  A  dix- 
pt  ans  il  entra  dans  une  maison  d'éducation  te- 
le  à  Glasslough  par  un  prêtre,  son  parent.  Un 
lerinage  qu'il  fit  ensuite  à  un  endroit  appelé  le 
in/ntoire  de  Saint- Patrick,  à  Lough-Deri, 
oiiuisit  sur  son  imagination  une  impression 
profonde,  qu'il  résolut  de  s'essayer  dans  les 
très.  Muni  seulement  de  quelques  shillings,  il 
it  à  Dublin,  où  son  ouvrage  intitulé  Traits 
.'d  stories  of  the  Irish  peasantry  (Traits  et 
purs  empruntés  à  la  vie  des  paysaas  irlandais), 
iblin,  1830,  2  vol.,  eut  le  plus  grand  succès. 
en  fut  de  même  de  la  suite  à  cet  ouvrage,  pu- 
ée  en  1832.  Ses  autres  écrits  sont  :  Fardo- 
ugha  the  miser;  Dublin,  1839;  —  des  iVoM- 
lles  ;  Dublin,  1841, 3  vol.  :  on  y  remarque  celles 
i  ont  pour  titre  :  the  Misfortunes  of  Barney 
•anagon;  Valentine  Macclutchy,  i8i5,3\ol.  : 
lUteur  s'y  déclare  partisan  du  rappel  de  l'u- 
m ,  et  défend  le  clergé  catholique  des  accusa- 
ns  dont  il  était  l'objet;  —  the  Black prophet  a 
le  of  Irish  famine,  1847;  —  Rody  the  rover, 
48;  —  Tithe  proctor,  1849.  Le  public  ac- 
3illit  avec  la  même  faveur  tous  ces  ouvrages, 
l'auteur  s'est  montré  peintre  fidèle  des  mœurs 
des  malheurs  de  ses  compatriotes. 

onversatinns-Lexicon. 

CARLETTi  (  François  ),  voyageur  florentin, 
vers  1574,  mort  vers  1617.  Élevé  par  son  père 
ps  les  connaissances  géographiques,  il  se  rendit 
Béville  à  l'âge  de  dix-huit  ans.  Deux  ans  après, 
Wssa  aux  Indes  orientales  avec  son  père,  qu'il 
It  le  malheur  de  perdre  à  Macao.  Après  avoir 
îyagé  pendant  plusieurs  années  et  sans  trop  de 
:cès  dans  plusieurs  parties  de  l'Asie,  de  l'A- 
frique et  de  l'Europe,  Carletti  revint  à  Florence 
s  1606.  Nommé  maître  de  la  maison  du  grand- 
c  Ferdinand,  il  fut  enlevé  par  une  mort  pré- 
iturée,  qui  ne  lui  permit  pas  de  publier  ses 
|yages.  Ils  furent  mis  en  ordre  par  Magalotti, 
parurent  sous  le  titi-e  de  Ragionamenti  di 
ancesco  Cœrletti,  Fiorentino,  sopra  le  cose 
^  hii  vednte  ne'  suoi  viaggi,  si  deW  Indie  oc- 
^entali  ed  orientait  corne  à'  altri  paesi  ;  Flo- 
ice,  1671,  2  vol.  in-8°.  Carletti  fut  un  des 
smiers  à  donner  des  détails  exacts  sur  la  co- 
lînille,  le  coco  des  Maldives ,  et  le  cacao. 

lalogcro,  Recueil,  t.  I,  p.  237.  —  Tiraboschi,    Sloria 
j!a  letteratura  italiana, 

pARLETTi   {François-Xavier,   comte  de), 
imbellan  du  grand-duc  de  Toscane  Ferdinand- 

KOUV.   BIOGR.    UNIVERS.   —  T.   VIH. 


CARLETn 


1ZA 


et  son  ministre  plénipotentiaire  près  de  la  répu- 
blique française,  naquit  à  Montepulciano  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  et 
mourut  le  11  août  1803.  il  suivit  d'aboid  la 
carrière  militaire.  L'esprit  philosophique  du  dix- 
luiitième  siècle,  importé  d'Angleterre  en  France 
et  en  Italie,  avait  gagné  jusqu'aux  courtisans;  le 
comte  Carletti  se  fit  remarquer  au  milieu  d'eux 
par  l'indépendance  de  ses  opinions  aussi  la  ré- 
volution française  trouva-t-elle  en  lui  un  chaud 
partisan.  Lorsque  les  Anglais  eurent  menacé  le 
grand-duc  de  bombarder  Livourne  et  d'envahii" 
ses  États,  s'il  ne  se  joignait  à  la  coalition  contre 
la  France,  le  ministre  Windham  ne  craignit  pas 
d'apostropher  pubUquement  le  comte  Carletti, 
le  traitant  de  sacré  jacobin,  et  accompagnant, 
dit-on,  de  voies  de  fait  cette  ignoble  injure.  Un 
duel  eut  lieu  entre  eux  dans  la  ville  de  Lucques, 
et  Carletti  le  termina  avec  autant  d'honneur 
que  de  courage.  «  Sa  maison  fut  toujours  l'a- 
<(  sile  des  patriotes  français  ;  et  lorsqu'ils  furent 
«  obligés  de  quitter  Florence,  il  s'empressa  de 
«  venir  à  leur  secours  de  la  manière  la  plus  fran- 
«  che  et  la  plus  délicate.  »  (I)  De  pareilles  dis- 
positions devaient  naturellement  faire  jeter  les 
yeux  sur  un  personnage  aussi  dévoué,  pour  repré- 
senter près  du  gouvernement  français  un  souve- 
rain qui  avait  été  entraîné  malgré  lui  dans  la 
ligue  des  rois  contre  la  France.  Le  comte  Carletti 
conclut,  le  21  pluviôse  an  m  (9  février  1795), 
avec  le  comité  de  salut-public,  un  traité  de  paix, 
d'amitié  et  de  bonne  intelligence  entre  les  deux 
États.  Le  28  ventôse  suivant,  il  fut  reçu  dans  le 
sein  de  la  convention  nationale ,  et  prononça,  au 
milieu  des  plus  vifs  applaudissements,  im  discours 
qui  excita  à  plusieurs  reprises  les  transports  de 
l'assemblée.  Dans  la  réponse  que  Thibaudeau, 
président,  fit  à  cette  allocution,  on  trouve  l'éloge 
du  ministre  plénipotentiaire,  qui  reçut  aussi  l'ac- 
colade fraternelle.  Un  décret  rendu  presque  d'en- 
thousiasme, le  reconnut  en  sa  qualité,  et  ordonna 
l'impression,  dans  les  deux  langues  française  et 
italienne  de  ses  letti'es  de  créance,  des  discours 
prononcés,  et  du  procès-verbal  de  la  séance. 
Ses  lettres  de  créance  portaient  :  «  Considérant 
«  que,  par  la  scrupuleuse  probité  dont  il  est 
«  doué,  par  ses  talents  et  son  expérience  peu 
«  commune ,  il  est  celui  de  nos  sujets  qui  peut 
n  le  mieux  conduire  le  tout  à  une  heureuse 
«  fin ,  nous  l'avons  choisi ,  etc.  »  Ces  circons- 
tances sont  assez  inrportantes ,  en  ce  qu'elles 
peirvent  être  considérées  comme  un  premfer 
essai  de  réconcifiation  de  l'Europe  monarchi- 
que avec  la  république.  Dans  les  cercles  politi- 
ques, le  comte  Carletti  professait  une  sympa- 
thie marquée  pour  les  principes  républicains; 
mais  il  redevenait  homme  de  cour  dans  ses  re- 
lations avec  quelques  dames  de  l'ancienne  no- 
blesse, et  il  en  faisait  sa  société  intime.  Le  27  no- 
vembre 1795,  il  écrivit  au  ministre  de  l'intérieur 


(1)  Moniteur,  13  pluviôse  an  m. 


24 


739  CARLETTl 

pour  demander  l'autorisation  de  faire  une  visite 
de  compliment  à  la  prisonnière  illustre  (fille 
de  Louis  XVI  ),  dont  on  avait  annoncé  le  départ 
prochain  pour  l'Autriclie.  Le  directoire  exécutif 
prit  feu  à  ce  sujet,  et  rompit  non-seulement 
toute  communication  avec  l'envoyé  du  grand- 
duc  ,  mais  ordonna  qu'il  serait  contraint  de  se 
retirer  sans  délai  du  territoire  de  la  république 
française,  tout  en  protestant  de  son  désir  de  con- 
tinuer à  vivre  en  bonne  intelligence  avec  Son 
Altesse  Royale.  Cette  mesure,  prise  ab  irato , 
n'obtint  pas  même  l'approbation  des  républi- 
cains modérés  malgré  une  longue  note  apolo- 
gétique insérée  au  Moniteur,  et  portant  la  si- 
gnature de  Lenoir- Laroche.  Le  comte  Car- 
letti,  vivement  blessé  comme  homme  et  comme 
ambassadeur,  déclara  noblement  au  directoire 
qu'ayant  été  accrédité  par  son  souverain  il  ne 
pouvait  être  rappelé  que  par  lui,  et  quHl  ne  cé- 
derait qu'à  la  violence.  Cependant  Carletti  crut 
devoir  quitter  le  territoire  français  pour  se  rendre 
en  Suisse,  afin  d'y  attendre  les  ordres  de  son 
maître.  Le  grand-duc  ne  put  se  dissimuler  que 
l'affront  fait  à  son  ministre  plénipotentiaire  rejail- 
lissait jusqu'à  lui  ;  mais,  voulant  ménager  encore 
un  gouvernement  qui  gardait  si  peu  de  mesure,  il 
se  contenta  de  désavouer  son  envoyé,  et  le  rem- 
plaça immédiatement  par  le  prince  Nori-Corsini. 
Nous  avons  sous  les  yeux  plusieurs  lettres  écrites 
par  le  comte  Carletti  à  un  conseiller  de  la  légation 
de  Toscane,  où  il  exprime  la  peine  et  l'indignation 
que  son  expulsion  lui  a  fait  éprouver  :  «  J'ai 
«  bravé  la  mort,  j'ai  été  même  au-devant  d'elle 
«  sans  la  moiadre  inquiétude;  mais  l'aventure 
«  dernière'm'a  véritablement  chagriné  et  abattu.  » 
(Lettre  du  6  janvier  1796.)  «J'emporte  avec 
V.  pioi,  dit-il  ailleurs,  les  mêmes  sentiments  d'es- 
«  lime  pour  la  nation  française  qui  m'ont  ac- 
te compagne  à  mon  arrivée  ;  la  pureté  de  mes  in- 
«  tentions  et  ma  philosophie  me  servent  de  cou- 
rt solation.  »  De  retour  en  Toscane,  il  était  sur 
le  point  de  faire  paraître  un  mémoire  justificatif 
de  sa  conduite,  quand  le  grand-duc  ne  voulut 
pas  permettre  cette  publication.  Disgracié  en 
apparence  par  la  cour,  mais  pensionné,  il  vécut 
dans  la  retraite,  sans  que  la  philosophie  dont  il  - 
faisait  profession  le  garantit  de  l'impression  dou- 
loureuse que  ces  événements  lui  avaient  causée, 
et  qui  altérèrent  sa  santé  de  manière  à  avancer 
le  terme  de  ses  jours.  J.  Lamoureux. 

JHo'iiieiir,  an  ii,  an  m,  an  iv.  —  Documents  manus- 
crits inédits. 

CARLETTO.  Voy.  CaLîARI. 

*CAULEVARiS  { Luca) ,  peintre  et  graveur 
de  l'école  vénitienne,  né  àUdine  en  1665,  mort 
à  Venise  en  1731.  Sans  s'attacher  à  aucune  école, 
il  devint  seul  habile  paysagiste,  et  bon  peintre 
de  marines  et  de  perspectives.  Une  famille  noble 
qui  le  protégeait  lui  (it  donner  le  surnom  de 
Luca  di  ca  Zenobrio,  et  par  contraction  La- 
canobrio,  .sous  lequel  il  est  souvent  désigné.  On 
voit  de  lui  un  assez  grand  nombre  de  tableaux 


—  CARLl  740 

dans  le  palais  de  cette  famille  et  dans  d'auti-es 
galeries  de  Venise;  et  au  musée  de  Dresde,  le 
Débarquement  de  V empereur  Charles  IV  à 
Venise.  Carlevaris  grava  à  l'eau-forte  avec  beau- 
coup d'esprit,  et  en  1705  il  publia  une  suite  de 
cent  vues  de  Venise,  parmi  lesquelles  on  ad- 
mire surtout  les  vues  de  Santo-Nicola  di  Cas- 
tello,  et  de  Santa-Maria  Formosa. 

E.  B— N. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Ov\a,nA\,  Abbecedario.  ~ 
Ticozzi,  Dizionario. — A.  Quadri,  Otto  giorni  in  f^enezia 

CARLi  (Denis),  missionnaire  capucin,  natif  d( 
Plaisance,  mort  après  1680.  Il  fut  envoyé  er 
1067,  par  la  Propagande,  au  Congo,  avec  Michel 
Ange  Guattini  de  Reggio  et  quatorze  autres  ca- 
pucins. A  leur  arrivée  en  Guinée,  le  vicaire  apos 
tolique  leur  désigna  comme  sphère  d'activité  le; 
provinces  de  Bamba,  de  Congo,  et  de  Danda.  Il; 
y  avaient  été  précédés  depuis  1645  par  d'autre; 
missionnaires  capucins  qui,  à  leur  tour,  avaicii 
déjà  trouvé  une  église  à  Pinda  (dans  le  Congo) 
dont  la  fondation  remontait,  dit-on,  jusqu'à  I; 
conquête  du  pays  par  les  Portugais.  Quant  à  Cail 
et  Guattini,  ils  baptisèrent  jusqu'à  3,000  enfants 
et  firent  en  outre  de  nombreuses  conversion 
parmi  les  adultes  ;  mais  ils  n'enseignaient  guèi' 
aux  nègres,  à  ce  qu'il  semble,  que  les  cérémonie 
extérieures  de  la  religion,  que  les  nouveaux  cor 
vertis  prirent  pour  des  pratiques  de  sorcellerie 
Guattini  succomba  aux  fatigues  et  aux  atteintes  d 
climat  delà  Guinée, tandis  que  Carli, relevé  d'un 
longue  maladie,  put  retourner  en  Europe,  accon 
pagné  d'un  nègre  qu'il  avait  converti.  Après  ii 
voyage  assez  long  et  assez  détourné  par  le  Brési 
dont  le  Congo  était  alors  une  dépendance ,  ( 
après  s'être  battu  en  route  avec  les  corsaire 
d'Alger,  il  se  rendit  à  Bologne,  où  il  rédigea  I 
relation  de  ses  voyages  et  de  ceux  de  son  infoi 
tuné  compagnon  Guattini.  Ce  récit,  empreint  d 
zèle  religieux,  mais  n'offrant  que  peu  de  donnét 
pour  les  sciences  exactes,  est  intitulé  il  Moi 
transportato  in  Venezia,  ovvero  raccolti  d 
costumi  e  reiujioni  de'  popoli  delV  Africo 
America,  Asia  ed  Europa;  Reggio,  1672,  in-13 
Bologne,  1074,  in-8°  etin-12  ;  et  Bassauo,  168: 
in-4".  11  parut  une  nouvelle  édition  sous  le  titre 
Viaggio  di  D.  Michel- Angiolo  di  Caltiniedi 
P.  Dionigi  Carli  nel  regno  del  Congo,  de: 
critto  per  lettere,  con  unafedele  narrazioi 
del  paese;  Bologne,  1678,  in-12.  Cet  ouvrage 
été  traduit  en  français   sous  le  titre  :  Relatïo 
curieuse  et  nouvelle  d'un  voyagede  Congo,  etc 
Lyon,  1689,  in-12,  réimprimée  dans  le  P.  Laba 
Relation  historique  deV Ethiopie  occidcntaU 
Paris,  1742,  tom.  V,  p.  91-208.  La  traductic 
anglaise  a  paru  dans  Cliurchi,  Collections 
Voyages  and  Travels,  1732,  in-fol.  (tom.  I,  55 
650),  et  dans  Pinkerton,  Collection  of  Voyage 
and  Travels,  1814,  in-4°  (tom.  XVI,  p.  148 
suiv.),  et  une  traduction  allemande  sous  le  titre 
Dcr  nach  Venedig  ûberbrachte  Mohr  ;  Aug 
bourg,  1693,  in-4°.  On  a  enfin  un  extrait  de  cel 


7-11 


CARLI 


742 


relation  en  anglais  dans  le  tom.  lll,  p.  143-166, 
d'AslIey,  New  gênerai  Collection  of  Voyages 
and  Travels,  1746,  in^",  extrait  reproduit  en 
français  dans  le  livre  Xll,  ch.  12,  de  Prévost,  His- 
toire générale  des  Vo!/ages;cl  en  allemand  dans 
Bertucli,  Allgemeine  Historié  derReisen,  t.  IV, 
p.  531. 

p.  Labat,  Relation  historique  de  l'Éthinpie  occiden- 
(/«/('.  —  K.  Hœkr,  Afrique  (  dans  VUnie.  pilt.  ) 

*c\RLi  (Ferdinand),  littérateur  italien,  na- 
tif de  Parme,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Esaine  in- 
lorno  aile  ragioni  del  conte  Lod.  Tesauro  in 
d.fesa  d'un  sonnetto  del  cav.  Marino;  Bolo- 
'^'jie,  1614,  in-4''  (sous  le  pseudonyme  du  comte 
André  deir  Arca)  ;  —  Sermo  latinus  de  Christo 
[incendente,  in  templo  Vatica7io  dictus,  in-4°, 

Adelun?,  suppl.  à  Jôcher,  AUgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CARLI  {Jean-Jérôme),  littérateur  et   anti- 
liiaire  italien,  néà  Ancajano,  village  du  Siennois, 
n  1719;  mort,  le  29  septembre  1786,  àlMantoue. 
1  était  lils  d'un  pauvre  cultivateur  qui,  espérant 
rouver  un  jour  dans  son  fils  un  puissant  sou- 
ion,  lui  fit  prendre  les  ordres  ecclésiastiques. 
?arli  étudia  la  théologie  à  Sienne,  où  il  obtint  le 
aade  de  bachelier;  mais,  s'étant  adonné  de  pré- 
éience  à  la  littérature  et  aux  sciences  exactes,  il 
lit  nommé  xjrofesseur  d'éloquence  à  Colle,  en 
Toscane,  et  plus  tard  à  Gubbio,  dans  les  États 
lu  pape.  Quoique  chéri  par  toutes  les  classes  de 
a  société  à  Gubbio,  il  quitta  cette  position  après 
in  séjour  de  dix-huit  ans ,  à  cause  des  difficultés 
urvenues  entre  lui  et  l'évêque  de  cette  ville.  De 
etour  à  Sienne,  il  fut  bientôt  après,  en  1773, 
lommé  par  l'inûpératrice  Marie-Thérèse  secré- 
;\ire  perpétuel  de  l'Académie  des  lettres,  des 
ciences  et  des  beaux-arts  de  Mantoue.  Cette 
ille  lui  doit  sa  bibliothèque  et  son  musée.  Pen- 
ant  ses  nombreux  voyages  scientifiques  il  avait 
lit  d'excellentes  collections  de  livres  et  de  ma- 
uscrits  rares,  de  médailles,  d'objets  d'art  et  d'é- 
hantillons  d'histoire  naturelle.  On  a  de  lui  ; 
Annotazioni  al  discorso  di   Celso  Cittadini 
i'eir  antichità  delV  armi  gentilizie ;'L\xcqa&s, 
741,  in-8°;  — Scritture  intorno  a  varie  tos- 
cane e  latine  opérette  del  dottor  Giov.-Paolo- 
i'imone  Bianchi  di  Bimtni,  contenente  la  re- 
azione  di  due  opérette  composte  dal  sign. 
Hanco  in  Iode  di  se  medesimo,  con  moite  no- 
izie  ed  osservazioni,  etc.;  Florence  (Giano 
'lance),  1749,  \n-8° ;—  Annotazioni  alla  scella 
i  elegie  di  Tibullo,  di  Properzio  e  di  Albino- 
ano,  tradotte  in  terza  rima  da  Francesco 
orsetti,  Senese;  Venise,  1751,  in-S";  —  Disser- 
izione  due  :  la  prima  delV  imrtresa  degli  Ar- 
onatiti  e  i  posteriori  fatti  di  Giasoneedi  Me- 
ca;  la  seconda,  sopra  un  antico  bassorilievo 
''ppresentante  la  Medea  di  Eitripide,  con- 
^rvato  net  museo  delV  Accademia  di  Man- 
'irt;  Mantoue,    1785,  in-S".  Le  comte  Carli- 
ubbi  fit  sur  cet  ouvrage  des  observations  que 
on  trouve  dans  le  vol.  X  des  Opère  del  sign. 


Ginn-ninaldo,  conte  Carli;  Milan,  1784-1794, 
15  vol.  gr.  in-8'*.  On  conserve  en  outre  dan» 
la  biblii)tliè(|ue  de  Sienne  beaucoup  d'ouvrages 
de  Carli  en  manuscrit;  tels  sont  :  Varie  poésie  f 
—  Memoriesui  suoi  viaggi  ;  —  Memorie  per  la 
storia  di  Colle  ;  —  Memorie  per  servire  alla 
vita  di  Antonio  Paleario; —  Trattalo  suUa 
chronologia  ;  —  Trait,  sulla  comosgraphia  ;  — 
Tatl.  sulla  geometria  ;  —  Memorie  per  latto- 
ria  di  Gxibbio  ;  —  Memorie  contro  Giano 
Planco  da  Rimini. 

Tipaido,  Biogra/ia  degli  Italiani  iltvstri,  VI,  8»1.  — 
Matteo  liorsa.  Eloge  de  J.  G.  Curli;  Maoloiie,  1787,  ln*«. 

CARLI  (Jean),  théologien  italien,  né  à  Flo- 
rence en  1425,  mort  ïo  l"  février  1505.  Il  était 
de  l'ordre  de  Saint-Dominique.  On  a  de  lui  beau- 
coup d'ouvrages  restés  en  grande  partie  inédits  ; 
les  plus  importants  sont  :  Vita  B.  F.  Joannis 
Dominici  Florentini,  S.  R.  E.  cardinalls,  pu- 
bliée dans  les  Acta  Sanctorum,l.  II,  10  juin;  — 
Vita  F.  SimonisSaltarelli,  Florentini,  archie' 
piscopi  Pisani; —  Vita  F.  Aldobrandini  Ca~ 
valcantis,  Florentini,  episcopi  Urbevetani;  — 
Vita  F.  Angeli  Acciaioli,  Florentini,  patrise 
sux  episcopi. 

Échard,  Scriptores  ordinis  Prœdicatorum.  —  Tira- 
bosclii,  Storia  délia  letteratura  ilaliana,  t.  VI.  —  Gbl- 
lini,  Teatro  d'Uomini   lelter. 

CARLI  ou  cARLï-RUBBi(/ertw-/fenaMrf,  comte 
de), humaniste,  archéologue  et  économiste  italien, 
né  à  Capodistria  en  anil  1720,  mort  à  Milan  le  22 
février  1795.  Doué  d'un  talent  très-précoce,  il 
composa  à  l'âge  de  douze  ans  une  espèce  de  dra- 
me, et  à  dix-huit  ans  une  dissertation  sur  l'aurore 
boréale  et  quelques  poésies.  Il  étudia  à  l'univer- 
sité de  Padoue  les  mathématiques,  ainsi  que  les 
langues  anciennes  et  sémitiques.  Il  n'avait  que 
vingt  ans  quand  il  fat  reçu  à  l'Académie  des  Rico- 
V7-ati.  Ou  a  de  cette  époque  de  sa  vie  des  traduc- 
tions d'Hésiode  et  d'Euripide,  une  tragédie  et  beau- 
coup de  mémoires  sur  les  antiquités  grecques. 
En  1744,  à  peine  âgé  de  vingt-quatre  ans,  il  fut, 
par  le  sénat  de  Venise,  nommé  à  la  chaire,  créée 
pour  lui,  de  science  nautique  et  d'astronomie,  et 
il  écrivit  une  foule  de  mémoires  sur  les  cartes 
géographiques  et  nautiques  des  ancîens,  sur 
leurs  vaisseaux  armés  de  tours,  sur  l\isage  de 
l'argent  dans  l'antiquité,  etc.  Mais  il  était  égale- 
ment homme  de  pratique.  Il  fit  adopter  de  nou- 
veaux modèles  pour  la  construction  des  vaj^eaux 
de  guerre,  et  exécuter  de  nombreux  travaux  dans 
l'arsenal.  En  dehors  de  ses  fouctions  obligatoi- 
res, il  entretenait  un  commerce  littéraire  avec  les 
premiers  savants  italiens  de  l'époque,  tels  que 
Fontanini,  Muratori,  Maffei,  Gori,  etc.;  il  écrivit  un 
poëme  didactique,  et  prit  part  à  une  querelle  lit- 
téraire engag'ée  avec  l'abbé  Tartarotti,  qui  niait 
l'existence  des  sorcières  et  admettait  celle  des 
magiciens  dans  son  Congresso  notturno  délie 
Lamie.  Il  se  maria  en  1747,  et  ajouta  dès  lors 
à  son  nom  celui  de  sa  femme  Rubbi.  La  mort 
prématurée  de  celle-ci,  qui  lui  laissa  un  fils  et 
une  grande  fortune  à  administrer,  le  força  en  1749 

24. 


?43 

à  quitter  sa  chaire  d'astronomie  à  Venise,  et  à 
se  retirer  en  Istrie  avec  le  naturaliste  Vitalien 
Donati.  C'est  de  son  séjour  dans  cette  province 
que  datent  les  magnifiques  découvertes,  surtout 
de  l'amphithéâtre  de  Pola,  avec  lesquelles  Carli  a 
créé  l'archéologie  de  l'Istrie.  Il  composa  en  même 
temps  plusieurs  ouvrages  d'économie  politique. 
En  1758,  il  transporta  de  Venise  àCapodistria  un 
grand  étahlissement  de  commerce  et  de  manu- 
facture de  laine,  qu'il  avait  hérité  de  sa  femme, 
et  fut  ruiné  peu  de  temps  après.  En  compen- 
sation de  ce  malheur,  il  fut  en  1771  nommé  par 
le  gouvernement  impérial  de  l'Autriche  président 
du  conseil  des  finances  établi  dans  cette  année 
même  à  Milan.  Il  employa  ses  loisirs  à  la  refonte 
et  à  la  publication  de  son  magnifique  ouvrage 
t)Ur  les  Antiquités  de  V Italie,  qui  parut  en 
1788  ,  ainsi  que  de  ses  Œuvres  complètes. 
Voici  toute  la  Uste  de  ses  écrits  dans  l'or- 
dre chronologique  :  Dissertazione  sulla  au- 
rora  boréale,  1738  ;  —  Lettera  intorno  ad  al- 
cune  monete  che  nelle  provincie  del  Friuli  e 
deW  Istria  correvano  ne'  tempi  del  Dominio 
dé' patriarchl  Aquilejesi,  dans  la  Raccolta  Ca- 
logeriana,  vol.  25;  Venise,  1741,in-12;  — rfe/Ze 
Antichità  di  Capodistria,  ragionamento  in 
oui  si  rappresenta  lo  stato  suo  a'  tempi  de' 
Romani,  e  si  rende  ragione  délia  diversità 
de'  suoi  nomi,  dans  la  Raccolta  Calogeriana, 
vol.,  28;  Venise,  1743,  in-12;  ^  deW  Indole 
e  deir  Istoria  del  teatro  tragico,  dans  le  vol. 
34  de  la  Raccolta  Calogeriana;  Venise,  1744, 
in-12;  —  Osservazione  sulla  musica  antica 
e  moderna;  ibid.,  Venise,  1744,  et  inséré,  avec 
l'ouvrage  précédent,  dans  Opère  di  Carli 
Rubbi,  XI V;  —  la  Teogonia  ovvero  la  gene- 
raztone  degli  Dei  d'Esiodo ,  tradotta  per  la 
pririM  voila  in  verso  italiano,  con  annota- 
zioni,  tre  lettere  critiche,  e  il  testo  greco  ; 
Venise,  1744,  in-8'',  et  dans  Opère  di  G.  B.,  XV: 
ce  ne  fut  pas  la  première  traduction  d'Hésiode, 
comme  le  titre  le  prétend,  car  elle  fut  précédée 
de  celle  d'Antoine-Marie  Salvinio ,  qui  avait  le 
premier  traduit  Hésiode  en  vers  italiens,  mais 
qui  ne  publia  son  travail  à  Padoue  qu'en  1747, 
in-8*,  —  Ifigenia  in  Tauride ,  tragedia 
■imitata  di  Euripide;  Venise,  1744,  in-12,  et 
dans  Opère  di  Carli  Btibbi,  XVII;  —  deW 
Indole  del  teatro  antico,  e  moderno  dans  le 
vol.  35  de  la  Raccolta  Cologeriana  ;  Venise, 
1745,  in-12,  et  dans  Ojoer^î  di  C.  R.,  XVII;  — 
délia  Spedizione  degli  Argonauti  in  Colco , 
in  cui  dilucidano  vari  punti  intorno  alla 
navigazione,  astronomia,  cronologia  e  geo- 
grafia  degli  antichi  ;  Venise,  1745,  in-4'';  — 
Dissertazione  suite  streghe  et  sulli  stregoni  ; 
Venise,  1746,  in-4°  (Carli  n'admet  ni  les  serciërs 
ni  les  sorcières,  contrai  rement  à  Tartarotli,  qui  ne 
rejetait  pas  les  sorciers;  cette  dissertation,  que 
Tartarotti  eut  l'indiscrétion  de  faire  imprimer  avec 
la  sienne,  attirai  Carli  le  reprociie  d'hérésie); 
—  Lettera  sulV  uso  del  argento,  al  sign.  Maf- 


GARLÎ  74^ 

fei;  Venise,  1747,  in-4°;  —  Lettera  al  sign 
Gori,  interna  aile  costruzione  délie  antich 
triremi  armate  di  ^orri;  Venise,  1748,  in-4'' 

—  Dissertazione  in  cui  si  traita  delta  geo 
grafia  primitiva,  e  délie  carte  gc.ografich 
degli  antichi;  Venise,  1748,  in-8°  ;  —  V  An 
dropologia,  o  sia  délia  società  e  délia  feli 
cita,  poema  filosofico  in  tre  canti;  Venisf 
1748,  in-8°,  et  dans  Opère  di  Carli-Rubbi,  vo 
16  :  l'auteur  y  cherche  à  montrer  que  l'homm 
est  heureux  encore  dans  une  société  corrompui 
parce  que  la  société  telle  qu'elle  est  dérive  de  f 
nature  elle-même;  —  Relazione  délie  scopen 
fatte  nel  Anfiteatro  di  Pola  nelV  anno  175C 
Venise,  1750,  in-4<';  —  Saggio  délia  storï 
naturale  marina  dell'  Adriatico,da  Vitaliah 
Donati ,  publié  après  la  mort  de  l'auteur  p; 
Carli-Rubbi;  Venise,  1750,  \Vi-ii°  ;— Disse 
tazioni  due  suit'  origine  e  sut  commerc 
délie  monete ;l3i  Haye  (Venise),  1751,  in-4' 

—  Délie  monete  e  delV  istituzione  délie  ze 
che  d'  Italia,  dell'  antico  e  présente  sisten 
di  esse ,  e  del  loro  intrinseco  valore  e  ra\ 
porto  alla  présente  moneta,  dalla  decaden: 
dell'  imperio  fino  al  secolo  XVII ,  per  uti 
délie  pubbliche  e  délie  private  ragioni  ; 
Haye  (Venise)  ;  Pise  et  Lucques,  1754,  176 
3  vol.  in-8"  ;  —  Elementi  di  morale  perc 
che  risguarda  V  esercizio  di  essa  nel  ademj 
mento  de'  doveri  dell'  uomo  estesi  per  islr' 
zione  delta  nobilo  gioventù  ;  Venise  et  FI 
renée,  1756,  in-S",  et  Lucques,  1775,  in-12; 
Saggio  politico  ed  economico  sulla  Toscan 
intitolatodal  prof  essore  Stellini  ;  Venise,  17f 
in-8'';  —  Ragionamento  sopra  iBilancict 
nomici  délie  nazioni ,  1759,  in-8"  ;  —  Ret 
zione  sul  concimento  dello  Stato  di  3Hho. 
1760,  in-8°;  —  Nuovo  metodo  per  le  scm 
pubbliche  d'Italia;  Lyon  (Florence),    17' 
in-S"  ;  —  Sul  libero   commercio  dei  grai 
lettera  al  Pompeo  Nero,  1771,  in-8°,  où  il  s( 
tient   un   système  modéré  de  protection; 
l'  Uomo    libero ,  ossia  ragionamento  sut 
libertà  naturale  e  civile  dell'  uomo ,  traite 
jilosofico,  illl-illZ; —  Lettere  American 
Cosmopoli  (Florence)  et  Crémone,  1780-178 
2  vol.  in-8"  :  c'est  la  correspondance  familii 
de  Carli  avec  son  cousin  le  marquis  de  Gravi 
de  1777  à  1779.  La  seconde  édition  fut  publ 
en  1783  et   1784   par  Joseph  Blanchi,  qui  ; 
ajouté  une  préface  étendue,  avec  le  3*  volume 
l'original,  contenant  la  réfutation  de  l'Allant 
de  Bailly.  C'est  sur  cette  dernière  édition  q 
été  faite  la  traduction  allemande  par  C.-G.  H( 
rig;  Géra,  1785,  3  vol.  in-8»;  tandis  que  la  t 
duction  française  l'a  été  sur  la  première,  par  J 
febvre  de  Villebrune,  avec  des  additions  et  ( 
notes;  Boston  et  Paris,  1788,  2  vol.  in-8°;  et 
édit. ,  Paris,  1792,  2  vol.  in-8°.  On  peutreg; 
der,  comme  un  supplément  aux  Lettere  ame 
cane  de  Carli,  les  Osservazioni  critiche  e  c 
mologiche  sulV  inondazione  dell'  Atlantii 


. 


45 


CARLI  —  CARLIN 


r46 


»«  risfioafa  al  supplemenfo  délie  Leltere  ame- 
ricave;  Tortona,  1787,  iii-8";—  liagionamenlo 
sopra alciine  curlosilàJhiologiche,in  risposta 
aile  lettere  di  cavalière  Michèle  Rosa  :  on  y 
trouve  des  expériences  sur  la  circulation  du  sang, 
sa  coloration,  etc.;  Venise,  1782  et  suiv.j  in-8°. 
Ses  ouvrages  réunis  ont  été  publiés  sous  le 
titre  :  Opère  del  signor  commendatore  D. 
Gian-Rinaldo,  conte  Carli,  présidente  eme- 
rito  del  supremo  consiglio  di  pubblïca  econo- 
mia,  etc.  ;  Milan,  1764-1794, 15  vol.  grand  in-S"  : 
on  y  ti'ouve  tous  les  travaux  qui  avaient  été 
déjà  publiés  séparément,  excepté  les  suivants  : 
délie  Antichità  italiche,  tomi  IV,  con  appen- 
dice edocumenti,  etc.;  Milan,  1788-1791,  5  vol. 
in-4'',  avec  26  planches  et  avec  des  tables  d'ins- 
criptions inédites  ;  2"  édit..  Milan,  1793-1795;  cet 
,  ouvrage  magnifique  traite  des  antiquités  de  l'ita- 
ilie  dès  la  plus  haute  antiquité,  jusqu'au  quator- 
zième siècle  de  notre  ère  ;  — Dissertazione  siclla 
^memoria  artijiziale ;Yemse,î782,  in-4°  (lue 
dans  la  séance  publique  de  l'Académie  de  Man- 
toue  le  21  mars  1793,  par  Bettinelli ,  à  la  place 
Je  l'auteur,  alors  malade  )  ;  —  Storia  di  Verona 
iino  al  1517;  Vérone,  1796,  7  vol.  in-S";  ou- 
vrage posthume.  Ce  dernier  ouvrage,  ainsi  que 
ia  Correspondance,  entretenue  pendant  plu  s  de 
cinquante  ans  avec  toutes  les  notabilités  du  siècle, 
levait  former  une  édition  des  Œuvres  posthu- 
ms  de  Carli-Rubbi,  en  10  vol.  in-8°,  qu'un  li- 
waire  de  Trieste  avait  annoncée ,  mais  dont  on 
l'a  plus  entendu  parler. 

Rossi,  Elngio  storico  di  Gian-Hinaldo  Carli.  —  Ti- 
laldo,  Biografia  degli  Italiani  illitslri.  —  Dict.  de  l'Ê- 
^onomie  politique.  —  Adelung,  siippl.  à  Jôcher,  Allgem. 
"elehrten-Lexicon.  —  Sax,  Onomasticon,  VII. 

CARLIEK.  Voy.  Bertholet-Flemael. 
■  *CAB1JJE1B  [Henri),  médecin  français,  vivait 
là  Arras  vers  1616.  On  a  de  lui  :  Castigationes 
medicinas  practicee  ;  —  Tractatus  depromis- 
mis  erroribus.  Ces  deux  ouvrages  sont  cités 
sans  indication  de  date  ni  de  lieu  d'impression. 
Ferreolus  Locrius,  Catalogue  des  écrivains  de  la  pro- 
nnce  d'Artois.  —  Éloy,  Dict.  de  la  Méd. 

*C4RLiER  [Léonard),  jurisconsulte  alle- 
mand, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
lième  siècle.  Il  était  professeur  des  Institutes  à  l'u- 
Hiversité  de  \N'urzbourg,  et  conseiller  aulique  de 
cette  ville.  On  a  de  lui  :  Dissertatio  de  Jure 
flaturas,  Gentium  et  Imperio;  W^urzbourg, 
'725,  in-4°;  —  Dissertatio  de  Jurisdictione 
ferrîtoriali ;  ibid.,  1728,  in-4°;  —  de  Jure 
Academico;  ibid.,  1732,  in-4'';  —  de  Execu- 
'ione  et  legitimo  modo  exsequendi ,  tam  in 
upremis  imperii  dicasteriis  quam  subordi- 
latis  judicii;  ibid.,  1834,  in-4°  ;  —  de  Spon- 
alibus  et  mati'im.onio;  ibid.,  1735,  in-4°;  — 
le  Privilegiis  in  génère  ac  in  specie;ih.,\'jyi, 
1-4°  ;  —  de  Jure  vectigalitim  ac  pontium; 
bid.,  1737,  in-4°;  —  de  Statu  ecclesiastico 
mintuplici  immunitatis  prxrogativa  suf- 
ulto;  ibid.,  1737,  in-4°  ;  —  Dissertatio  Rosen- 
halii  ac   aliorum    scriptorum  feiidaliuni 


praxim  auream  exhibens  ;  ibid.,  1738,  în-4«';— 
de  Injuriis  et  damno  dato,  ac  inde  oriente 
restilutlone ;  ibid.,  1739,  in^";  —  Petri-Ro- 
derici  Demeradt  dif/crentias  juris  communis 
et  franconici  notis  et  additionibus  illustra- 
vit;  ibid.,  1742,  in-fol.;  —  Caesiiis  redivivus, 
sive  Institutionum  Jiistinianarum  libri  IV, 
cum  notis  et  additionibus  ;  ibid.,  1742,  in-4°; 
—  de  yEquilate;  ibid.,  1843,  in-4°;  —de  Im- 
perio atque  inde  descendcnte  jure,  obliga- 
tione  ac  potestale;  ibid.,  1743,  in-4°;  —  Oror 
tio  utrum  majestatem  magis  armis  decora- 
tam  aut  legibus  armalam  esse  oporteat,  et 
quxnam  sit  orlgo  legum  ac  juris;  ibid.,  1746, 
in-4°. 

t  Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrt.Lexicon. 

CARLIER  {Claude),  né  à  Verberieen  1725, 
archéologue  français,  mort  prieur  d'Andresy  le 
23  avril  1787,  a  laissé,  outre  un  grand  nombre 
d'articles  insérés  dans  le  Journal  des  Savants, 
\e  Journal  de  Physique  elle  Journal  de  Verdun  : 
Dissertation  sur  l'étendue  du  Belgium  et  de 
l'ancienne  Picardie;  Amiens,  1753;—  Mé- 
moire sur  les  laines ,  in-12,  1755  ;  —  Considé- 
rations sur  les  moyens  de  rétablir  en  France 
les  bonnes  espèces  de  bêtes  à  laine,  1762;  — 
Histoire  du  duché  de  Valois,  contenant  ce  qui 
est  arrivé  dans  ce  pays  depuis  le  temps  des 
Gaulois  jusqu'en  1703;  Paris,  1764,  3  vol.  in-4°; 

—  Traité  sur  les  manujactures  de  laineries, 
2  vol.  in-12;  —  Dissertation  sur  Vétat  du 
commerce  en  France  sous  les  rois  de  la  pre- 
mière et  de  la  deuxième  race  ;  Amiens,  1753, 
in-12.  On  lui  doit  encore  quelques  ouvrages  sur 
les  bêtes  à  laine  ;  —  les  Observations  pour  ser- 
vir de  conclusion  à  l'histoire  du  diocèse  de 
Paris,  qui  se  trouvent  dans  le  tome  XV  de  l'ou- 
vrage de  l'abbé  Lebeuf  et  dans  le  Journal  histo- 
rique du  Voyage  fait  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, par  de  rMcaille ;  i7 63 ,  in-12.  Carlier  a 
remporté  dans  sa  vie  neuf  prix  académiques,  dont 
quatre  à  l'Académie  des  inscriptions. 

Dcsessarls,  les  Siècles  litt.  —Dict.    de  l'Écon.  polit, 

—  Qaérard ,  la  France  littéraire.  —  Le  Bas,  Dict.  enc. 
de  la  France. 

CARLIER  [Nicolas- Joseph ),m(icm\cim,  né 
à  Busigny,  près  de  Cambrai,  le  20  juillet  1749, 
mort  à  Valencienîies  en  1804.  Il  se  consacra  en- 
tièrement à  l'horlogerie,  à  la  menuiserie  et  à  la 
mécanique.  En  1793,  lors  du  siège  de  Valencien- 
nes,  ce  fut  à  son  courage  que  la  ville  dut  d'être 
préservée  d'une  inondation.  Une  bombe  venait 
de  briser  une  écluse  dans  le  faubourg  de  Marly  ; 
Carlier,  malgré  la  force  du  courant,  se  fait  des- 
cendre dans  la  rivière,  attaché  avec  des  corda- 
ges, et  ne  sort  de  l'eau  qu'après  avoir  bouché 
l'ouverture  au  moyen  de  sacs  de  terre  et  de  pail- 
lasses. Il  travaillait  depuis  cinq  ans  à  la  confec- 
tion d'une  machine  en  cuivre  propre  à  filer  la 
laine  lorsqu'il  mourut  à  l'âge  de  cinquante-cinq 
ans. 

Le  Bas,  Dict.  cncycl.  de  la  France. 

CARLIN  [Char les- Antoine  Bertînazzi,  dit 


747 


CARLIN  —  CARLISLE 


748 


Carlino) ,  artiste  dramatique  français  ,  né  à 
Turin  en  1713,  mort  à  Paris  en  1783.  Fils  d'u0 
oflicicr  des  troupes  du  roi  de  Sardaigne,  il  entra 
d'abord  dans  la  carrière  de  son  père ,  et  la  quitta 
après  la  mort  de  celui-ci,  |)our  donner  des  leçons 
de  danse  et  d'escrime  ;  mais  la  principale  et 
surtout  la  plus  agréable  occupation  du  jeune  pro- 
fesseur était  de  jouer  la  comédie  avec  ses  éco- 
liers. Bientôt  ses  succès  dans  cet  art  lui  inspi- 
rèrent l'idée  de  se  faire  de  cet  amusement  un 
état  plus  conforme  à  ses  goûts.  L'Arlequin  du 
théâtre  de  Bologne,  s'évadant  pour  échapper  à 
ses  créanciers,  avait  laissé  le  directeur  dans 
l'embarras  :  Bertina/.zi  le  remplaça  à  l'impro- 
viste,  sans  que  le  public,  abusé  par  le  masque  et 
par  le  jeu  du  débutant,  se  doutât  de  la  substitu- 
tion ;  ce  n'est  qu'après  quelques  représentations 
qu'elle  lui  fut  connue.  Les  succès  non  interrom- 
pus du  nouvel  Arlequin  le  firent  appeler  à  Paris 
en  1741 ,  pour  remplir  cet  emploi  à  la  Comédie 
italienne;  il  venait  y  remplacer  ïhomassin,  ac- 
teur chéri  des  habitués  de  ce  théâtre,  et  dont  ils 
regrettaient  vivement  la  perte.  Malgré  le  danger 
de  la  comparaison  provoqiiée  par  leurs  souve- 
nirs récents,  et  celui  d'aborder  une  langue  nou- 
velle, puisque  la  Comédie  dite  italienne  représen- 
tait des  pièces  françaises ,  Carlin  (  car  ce  fut  le 
nom  qu'il  adopta  dès  ce  moment  )  obtint  dès  les 
premiers  jours  tous  les  suffrages.  Son  succès 
ne  tarda  pas  à  devenir  de  la  vogue  ;  il  captiva 
longtemps  l'inconstance  de  la  faveur  publique,  qui 
ne  cessa  de  l'accompagner  pendant  une  carrière 
dramatique  de  près  d'un  demi-siècle.  A  la  fois 
l'acteur  à  la  mode  et  l'acteur  de  la  nature, 
Carlin  mérita  cette  longue  faveur  par  la  vérité 
de  sa  pantomime,  la  gaieté  de  ses  lazzis, 
la  fécondité  de  ses  improvisations.  Quoiqu'on 
l'applaudît  avec  justice  dans  la  comédie  écrite, 
c'est  surtout  dans  ces  canevas  où  il  créait  son 
dialogue  qu'il  se  montrait  supérieur.  Les  spec- 
tateurs actuels,  qui  voient  si  souvent  les  acteurs 
hésiter,  se  troubler,  s'ils  ont  à  adresser  au  pu- 
blic quelques  mots  qui  ne  font  jwiut  partie  de 
leur  rôle,  peuvent  apprécier  le  talent  d'un 
homme  qui ,  dans  les  Vingt-six  infortunes 
d'Arlequin  ,  par  exemple,  improvisait  pendant 
cinq  actes  sans  éprouver  un  moment  d'em- 
barras, sans  cesser  d'exciter  le  rire  ou  du  moins 
l'attention. 

Presque  septuagénaire ,  Carlin  conservait  en- 
core la  plus  grande  partie  de  ses  avantages  ;  et, 
dans  ses  dernières  années,  il  jouait  avec  toute  la 
gentillesse,  toute  la  vivacité  du  jeune  Age,  les  Ar- 
lequins de  Florian.  On  cite  de  remarquables 
exemples  de  l'impression  que  produisait  son 
jeu  :  «  Voyez  comme  le  dos  de  Carlin  a  de  la 
physionomie  !  »  disait  un  jour  Garrick  ,  frappé 
de  la  vérité  de  la  pantomime  de  l'artiste  pen- 
dant que  d'ime  main  celui-ci  menaçait  son  maî- 
tre qui  venait  de  lui  Infliger  une  correction,  et 
que  de  l'autre  il  se  frottait  la  partie  atteinte.  Lui- 
même  avait  donné  au  théâtre,  en  1763,  une 


pièce  en  cinq  actes ,  les  Nouvelles  métamor- 
phoses d'Arlequin ,  oii  l'on  trouva  de  l'imagi- 
nation et  du  comique,  et  qui  ne  dut  pas  tout  son 
succès  au  mérite  du  comédien.  Carlin  avait  aussi 
un  degré  d'instruction  plus  rare  même  que  le  ta- 
lent d'écrivain  chez  les  artistes  dramatiques. 

Lorsque  la  mort  vint  le  frappei-,  on  regretta 
en  lui  non-seulement  l'acteur  célèbre,  mais 
l'homme  considéré. 

Bien  que,  comme  on  l'a  dit ,  les  qualités  de 
l'âme  ne  se  mettent  pas  sur  l'affiche,  le  \)\\\)Vk 
sait  en  tenir  compte  à  ceux  qui  les  joigneaf  aux 
perfections  de  leur  art.  Aussi  doruia4-il  une  ad- 
liésion  unanime  à  son  épitaphe  : 

De  Carlin  pour  poindre  le  sort, 
Très-peu  de  mots  doivent  suffire  : 
Toute  sa  vie  il  a  fait  rire  ; 
Il  a  fait  pleurer  à  sa  mort.  » 

Peut-être  n'est-il  pas  inutile  de  consigner  ic 
que  la  Correspondance  de  Carlin  avec  Gan- 
ganelli,  fruit  d'une  prétendue  liaison  d'enfanci 
entre  ces  deux  enfants  de  l'Italie,  et  publiée  il  ] 
a  quelques  années,  n'est  que  le  roman  d'un  écii 
vain  ingénieux,  M.  de  Latouclie.  Carlin  n'eu 
aucun  rapport  avec  l'illustre  pontife  romain,  don 
sans  doute  il  eût  mérité  l'estime.  [  Enc.  des  g 
du  m.  ] 

Le  Bas,  Dict.  encyc.  de  la  Fr.  —  Hist.  du  théûirc  /> 

*  CAÏ5LIN1  (  Raphaël  ),  poète  italien,  natif  di 
Pistoie,  vivait  à  la  fin  du  dix-septième  siècle.  Oi 
a  de  lui  :  Betulla  liberata,  poema  eroico  ;  Pis 
toie,  1694,in-4°. 

Zacraria,  ISiblinth.  Pisfoian.  —  Adclung,  suppl.  à  .U 
cher,  Allgem.  Gelehrten-lxxicon. 

CARLISLE  {Frédéric  Howard,  comte  m;) 
né  le  28  mai  1748 ,  mort  en  182C.  Fie])rc 
sentant  d'une  des  familles  les  plus  arisîociati 
ques  de  l'Angleterre,  il  entra  en  1709  dans  1; 
chambre  des  lords,  et  fut,  dans  sa  jeunesse,  ui 
des  chefs  de  la  mode  et  du  monde  cl(''g;inl 
Appelé  par  sa  naissance  sur  la  scène  politifiue 
il  fut,  en  1777  ,  nommé  trésorier  de  la  maiso 
royale  et  membre  du  conseil  privé.  Kn  1778, 
était  au  nombre  des  commissaii'es  envoyés  au 
États-Unis  pour  négocier  un  arrangement  ainia 
ble  :  cette  mission  n'eut  pas  de  succès.  En  17S( 
il  obtint  la  charge  élevée  de  vice-roi  d'Irlande 
mais ,  deux  ans  plus  tard  ,  un  changement  d 
ministère  le  fit  remplacer  par  le  duc  de  l^ri 
land.  Le  comte  de  Carlisle  prit  une  part  activ 
aux  débats  parlementaires  de  1787  à  1792  ;  il  n 
çut  en  1793  l'ordre  de  la  Jari'etière;  miiis 
parut  alors  se  dégoûter  de  la  politicjuc,  et  resta 
l'écart  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Il  avait  toi 
jours  eu  du  goût  pour  la  littéi-ature.  Il  a  m 
de  nombreuses  pensées  fugitives  et  deux  \\\ 
gédies,  la  Vengeance  d'un  père,  et  la  lielk 
mère.  Ces  écrits,  dont  il  donna  des  éditions  (i 
luxe,  tirées  à  petit  nombre  et  ornées  de  bdlt 
.gravures,  sont  d'un  style  élégant;  mais  il  r 
faut  pas  leur  demander  des  beautés  d'un  o 
dre  supérieur.  Parent  et  tuteur  de  lord  Byroi 
Carlisle  se  brouilla  avec  son  pupille,  qui  a  hm( 


7!0 


CARLISLE 


(  (nilro  lui  plusieurs  sarcasmes  amers  dans  sa 
i.iiiieuse  satire  intitulée  English  Bards  and 
scoich  reviewers. 

iskxiruphia  Uritannica.  —  Gentleman's  magazine, 
I82f>.  —  Concersatioiis- 1 .exlcon.  —  Jnnnal  register. 

*  c.KRLiSLE  {George  Howard,  comte  de), 
liomnie  (l'État  anglais,  fils  de  Frédéric,  comte 
le  Carliste,  naquit  le  17  septembre  1773,  et 
iioiirutle  7  décembre  1848.  Après  avoir  étudié 
I  Kton  et  à  Oxford  ,  il  fut  attaché  à  la  mission 
le  lord  Maimesbury  sur  le  continent  en  1795  et 
l7i)6.  Revenu  en  Angleterre,  il  entra  au  parle- 
nent ,  et  plus  tard  il  fut  chargé  d'une  mission 
u'ciète  près  la  cour  de  Berlin.  Il  entra  en  1827 
lans  le  cabinet  formé  par  Canning,  et  il  y  rem- 
ilil,  jusqu'en  1828,  les  fonctions  de  chancelier. 
Jevcnu  valétudinaire  dans  les  dernières  années 
le  S3  vie,  il  renonça  à  la  politique,  après  s'y  être 
iiit  remarquer  par  sa  modération. 

Conversations- Lexicon.  —  Annual  re.gister. 

;^  CARLISLE    (  Geo7-ges- William-Frédéric, 
omte  DE  ),  fils  du  précédent,  homme  d'État  an- 
Jais,  naquit  le  18  août  1802.  Il  porta  d'abord 
e  nom  d'Howard,  qu'il  échangea  ensuite  con- 
te celui  de  lord  Morpeth.  Il  fut  attaché  à  l'am- 
lassade  de  Pétersbourg,   devint  membre  des 
omraunes;eten  1841,  sous  le  ministère  Mel- 
10  urne,  il  fut  appelé  à  la  secrétairerie  d'État  pour 
Irlande.  En  1846,  il  fut  nommé  haut  commis- 
aire  des  forêts,  et,  en  1850,  chancelier  du  duché 
le  Lancastre.  Le  comte  de  Carlisle  aime  et  pro- 
ége  les  arts  et  les  lettres.  Il  a  écrit  en  1852  une 
nlroduction  à  l'Uncle  Tom's  Cabin,  de  mis- 
ress  Beecher  Stowe,  ouvrage  qui  a  produit  une 
grande  sensation. 
Conversations- I.exicon.  —  Ânnual  register. 
CARLOix.  Voy.  Griffet  et  la  Vieilleville. 
'    CARLOMAN.  L'iiistoire  connaît  trois  princes 
Be  ce  nom  : 

t  CARLOSSAN  i^'^,  fils  aîné  de  Charles  Martel 
fit  frère  de  Pépin  le  Bref,  gouverna  pendant  plu- 
Meurs  années  l'Austrasie,  et  les  provinces  de 
.'Allemagne  qui  étaient  alors  annexées  à  ce 
wyaume.  Sa  réputation  de  guerrier  ne  suffisant 
iplus  à  son  âme,  portée  vers  la  contemplation,  il 
jquitta  ses  États  pour  embrasser  la  vie  reli- 
gieuse, donnant  ainsi  le  premier  un  exemple  qui 
îfut  imité  si  souvent  au  moyen  âge  par  les  plus 
vgrands  souverains.  Après  avoir  vécu  comme 
I  moine  dans  un  couvent  du  mont  Cassin,  il  alla 
I  inourir  à  Vienne  enDaupliiné.  Son  corps  futtrans- 
porté  au  mont  Cassin ,  où  il  a  été  retrouvé  en 

;1628. 

'    Script,  rer.  Francic.,  IV.  —  Sismondi,  Histoire  des 

^fronçais. 

CARLOMAN,  second  fils  de  Pépin  le  Bref, 
[frère  puîné  de  Charlemagne,  roi  d'Austrasie,  né 
vers  751,  mort  le  4  décembre  771.  IJ  fut  cou- 
:oané,  ainsi  que  son  frère  aîné,  du  vivant  de 
Pépin,  par  le  pape  Etienne  II,  qui  leur  conféra 
en  même  temps  le  titre  de  patrices  de  Rome. 
Pépin  mourut  en  768,  après  avoir  réglé  le  par- 
tage de  ses  États  entre  ses  fils.  Ce  partage  est 


CARLOMAN  750 

fort  diversement  rapporté  par  les  historiens  : 
il  ne  subsista  point,  au  témoignage  de  quelques- 
uns,  tel  que  Pe|)in  l'avait  réglé,  et  fut  remis  en 
question,  peu  de  tem|)s  après  dans  une  assem- 
blée générale  des  grands  fcudataires.  A  Charles 
fut  assignée  l'ancienne  part  de  Pej)in,  son  père  : 
la  Neustrie ,  la  Bourgogne  et  l'Aquitaine  ;  à 
Carloman,  celle  de  l'oncle  dont  il  portait  le 
nom,  le  royaume  d'Austrasie  et  toute  la  France 
germanique.  Malgré  cet  arrangement  si  solennel, 
l'accord  des  deux  frères  ne  parait  jias  avoir  été 
de  longue  durée.  Éginhard  et  la  plupart  des  au- 
tres annalistes  trouvent  la  cause  de  leur  rupture 
dans  les  insinuations  des conseillersde  Carloman: 
ne  pourrait-on  pas  la  voir  aussi  dans  l'impa- 
tiente ambition  de  Charles ,  que  nous  trouvons 
dès  la  môme  année  en  possession  d'une  partie  de 
l'Austrasie  ? 

La  division  de  l'empire  avait  réveillé  l'ambi- 
tion des  chefs  voisins  :  ils  songeaient  à  demander 
compte,  à  deux  jeunes  princes  encore  sans  re- 
nommée, des  longues  ])rospérités  du  règne  de  leur 
père.  Un  ancien  duc  d'Aquitaine,  Hunold,  en- 
seveli depuis  vingt-quatre  ans  dans  un  monas- 
tère et  que  le  monde  avait  oublié ,  fut  ressaisi 
subitement  d'uu  souvenir  d'ambition  :  le  vieux 
moine,  séduit  par  l'occasion,  jeta  son  (roc,  et  re- 
parut dans  son  ancien  duché.  Charles,  pour 
tenir  tête  à  cette  première  attaque ,  s'adressa  à 
son  frère,  qui  accourut  à  la  tête  des  forces  d'Aus- 
trasie ;  mais,  bientôt  dégoûté  après  une  entrevue 
avec  lui,  il  regagna  ses  États  sans  avoir  com- 
battu. 

Carloman  mourut  peu  de  temps  près ,  sans 
avoir  rien  fait  qui  recommande  sa  mémoire.  Sa 
veuve ,  à  la  nouvelle  de  sa  mort ,  prit  la  fuite 
avec  ses  jeunes  enfants  ,  craignant  sans  doute 
pour  eux  la  tutelle  de  leur  oncle.  Elle  se  ré- 
fugia à  la  cour  du  vieux  Didier,  roi  de  Lombar- 
die,  dont  Muratori  et  d'autres  écrivains  disent 
qu'elle  était  ia  fille.  Nous  ignorons  sur  quelle 
autorité  cette  opinion  se  fonde  :  le  roi  des  Lom- 
bards avait  deux  filles;  l'une  fut  mariée  au  duc 
de  Bavière  et  l'autre  à  Charlemagne,  qui  la  ré- 
pudia. 

Carioman  mourut  à  Samonci,  près  de  Laon, 
après  un  règne  de  quatre  années  ;  il  était  âgé  de 
vingt  ans.  On  lit  sur  une  des  tombes  royales  de 
Saint-Denis,  qui  paraît  être  la  sienne,  cette  ins- 
cription :  Karlomannus  rex,  filiiis  Pippini. 
[  Amédée  Renée,  Enc.  des  g.  du  monde.  ] 

Eginhard,  ^«nates.— Sismondi,  Histoiredes  Français. 
—  Miclielet,  IJisioire  de  France.  —  Henri  Martin,  his- 
toire de  France. 

CARLOMAN,  iiiedunom,  morten  884,  fils  de 
Louis  le  Bègue.  II  reçut  en  jjartage  l'Aquitaine 
et  la  Bourgogne  en  879.  L'année  précédente,  il 
vécut  avec  son  frère  Louis  III  dans  une  par- 
faite union,  et  tous  deux,  plus  d'une  fois,  re- 
poussèrent ensemble  les  Normands.  Mais  leur 
concorde  ne  put  empêcher  Boson  de  se  faire 
élire  roi  de  Bourgogne  à  Mantaille.  Louis  UI 


751  CARLOMAN 

étant  mort  en  882,  Carloman  devint  seul  roi  de 
France,  et  mourut  atteint  par  une  flèche  mala- 
droitement tirée  contre  un  sanglier. 

jnnoles  de  SairiteBertin.  —  Sismondi ,  Histoire  des 
Français.  —  Le  Bas,  Dictionn.   encyc.  de  la  France. 

CARLOMAN,  quatrième  fils  de  Charles  le 
Chauve,  vivait  à  la  fin  du  neuvième  siècle.  Son 
père  le  consacra  à  Dieu  en  854  dans  le  couvent 
de  Saint-Médard,  et  en  868  il  reçut  le  comman- 
dement, tout  abbé  qu'il  était,  d'une  troupe  de 
gens  de  guerre  envoyés  contre  les  Normands, 
de  concert  avec  Salomon,  roi  de  Bretagne. 
Il  ne  fut  pas  heureux  dans  cette  campagne, 
mais  il  y  contracta  le  goût  de  la  vie  mondaine. 
Accusé,  en  870,  d'avoir  conspiré  contre  son 
père,  il  fut  arrêté,  dépouillé  de  ses  bénéfices,  re- 
tenu prisonnier  à  Senlis,  puis  relâché  quelques 
mois  plus  tard.  Il  se  réfugia  alors  en  Belgique, 
et  dévasta  ce  pays  à  la  tête  d'une  bande  de 
brigands  qu'il  y  avait  rassemblée.  Son  père  de- 
manda justice  contre  lui  à  l'autorité  ecclésiasti- 
tpie,  qui  excommunia  ses  complices  et  les  con- 
damna à  perdre  la  tète.  Quant  à  lui ,  il  ravagea 
la  province  de  Toul  en  Lorraine,  comme  il  avait 
fait  en  Belgique;  et,  passant  le  Jura,  il  pilla  la 
Bourgogne.  En  871  il  consentit  à  revenir  auprès 
de  son  père,  qui,  de  nouveau,  le  fit  incarcérer  à 
Senlis  ;  et  en  875  il  fut  déchu  de  la  prêtrise  par 
un  synode  assemblé  dans  cette  ville.  Loin  de  se 
soumettre,  Carloman  ne  vit  dans  cette  sentence 
qu'un  plus  sûr  accès  au  trône.  Les  évêques  n'en 
devinrent  que  plus  rigoureux  à  son  égard.  «  Ils 
le  rappelèrent  au  milieu  d'eux,  dit  Hincmar,  et, 
déclarant  que  selon  les  lois  divines  il  était  digne 
demort,  ils  prononcèrent  cependant  sur  lui  une 
sentence  plus  douce ,  pour  lui  donner  le  temps 
et-le  lieu  de  se  repentir;  et  par  une  acclamation 
iraiverselle  ils  le  condamnèrent  à  perdre  les 
yeux.  » 

Carloman  ,  dans  l'intervalle,  et  lorsqu'il  était 
encore  en  Belgique,  avait  porté  sa  cause  devant 
le  pape  Adrien,  dont  il  obtint  la  protection,  et  qui, 
le  13  juillet  871 ,  écrivit  à  Charles  le  Chauve 
une  lettre  où  il  reproche  à  ce  prince  d'imiter 
l'autruche,  et  de  sévir  contre  ses  propres  en- 
trailles. Il  l'engage  en  conséquence  à  rendre  à  Car- 
loman les  biens  et  honneurs  dont  il  a  été  dé- 
pouillé. «  Garde-toi,  ajoute  le  pontife,  d'ajouter 
péché  sur  péché  ;  amende-toi  de  tes  précédentes 
usurpations  et  de  ton  avarice.  Alors  le  ternie 
de  tes  forfaits  sera  aussi  le  terme  de  mes  re- 
proches, et,  avec  l'aide  de  Dieu,  tu  atteindras 
en  même  temps  la  fin  de  la  coulpe  et  celle  de 
la  peine.  «  —  En  même  temps  le  pape  avait 
défendu  aux  comtes  de  France  et  de  Lorraine 
de  marcher  contre  Carloman,  et  aux  évêques 
d'excommunier  ce  prince.  De  là  une  correspon- 
dance violente  entre  Adrien  et  le  savant  Hinc- 
mar, au  nom  de  Charles  le  Chauve.  «  Vous 
nous  forcez,  dit  Hincmar  pariant  au  nom  du 
roi,  vous  nous  forcez,  par  des  lettres  inconve- 
nantes pour  la  puissance  royale,  inconvenantes 


—  CARLONE 


75; 


de  la  part  de  la  modestie  apostolique,  de  vou 
répondre  avec  un  esprit  moins  pacifique  qu' 
nous  ne  voudrions.  Il  est  temps  que  vous  fassie 
attention  que,  quoique  nous  soyons  sujet  au: 
passions  humaines,  nous  sommes  cependant  ui 
houime  créé  à  l'imtige  de  Dieu  ;  qu'avec  la  grâc 
de  Dieu,  nous  tenons  de  l'héritage  de  notre  pèr 
et  de  notre  aïeul  le  sentiment  du  nom  royal  c 
de  notre  dignité;  que,  ce  qui  est  plus  encore 
nous  sommes  chrétien,  attaché  à  la  foi  orthc 
doxe  et  catholique,  instruit  dès  notre  enfanc 
dans  les  saintes  lettres,  et  dans  les  lois  tant  ec 
clésiastiques  que  séculières;  que  nous  n'avon 
été  accusé  légalement  et  régulièrement  d'aucu 
crime  public  dans  l'audience  des  évêques,  ( 
moins  encore  convaincu  :  et  cependant  vou 
nous  avez  ,  dans  vos  dernières  lettres ,  qualifi 
de  parjure ,  de  tyran ,  de  perfide ,  de  spoliaten. 
des  biens  ecclésiastiques.  »  Ce  langage,  ou  a<! 
intérêt  mieux  entendu,  ramena  le  pape  Adrien 
Carloman  fut  sacrifié;  on  lui  arrachâtes  yeux 
par  ordre  des  évêques.  Enlevé  par  ses  partisan 
et  conduit  auprès  de  Louis  le  Germanique,  il  ob 
tint  l'abbaye  d'Esternach;  mais  il  survécut  pc 
au  supplice  qu'on  lui  avait  infligé. 

Srript.  rer.  Franciœ,  \'\\.— Annales  de  Saijit-Iierlin 
868-877.  —  Labbe,  Acta  Concilioruin,  VIII.  —  llincin.ii 
Opéra,  Epist.  II.  —  Sismondi,  Histoire  des  Français 
III.  —  Michelet,  Hist.  de  France. 

CARLOJJ  ou  CARLONî ,  noni  d'une  familk  d 
peintres  génois. 

CARLONB  { Giovanni- Andréa) ,  l' Ancien 
peintre,  né  à  Gênes  à  la  fin  du  seizième  siède 
mort  à  Milan  vers  1632.  Fils  du  sculpteur  Ta'l 
deo  Carlone,  il  fut  dans  sa  patrie  élève  du  Siei; 
nois  Pietro  Sorri  ;  mais  après  la  mort  de  ce  pehi 
tre  il  se  rendit  à  Rome,  pour  continuer  ses  élu 
des  d'après  les  ouvrages  des  grands  maîtres  t 
les  monuments  de  l'antiquité.  Il  passa  ensuit 
quelque  temps  à  Florence  à  l'école  du  Passi 
gnano,  où  il  surpassa  rapidement  tous  ses  cama 
rades.  A  son  retour,  Bernardo  Castello,  qui  étai 
à  cette  époque  considéré  comme  le  premier  de 
peintres  génois,  appréciant  ses  qualités  et  soi 
talent,  lui  donna  sa  fille  en  mariage.  De  ce  jour 
la  réputation  de  Carlone  ne  cessa  de  grandir,  e 
les  commandes  lui  arrivèrent  de  toutes  parts 
En  1630,  il  fut  appelé  à  Milan  pour  décorer  l'é 
glise  de  Saint-Antoine  des  Théatins;  à  peini 
était-il  parvenu  à  la  moitié  de  son  travail,  qu'i 
fut  enlevé  par  une  cruelle  maladie  à  l'âge  di 
trente-neuf  ans.  Ce  fut  son  jeune  frère  Giovami 
Battista  qui  fut  chargé  de  terminer  ses  peintures 
restées  inachevées.  E.  B — n. 

Tiroizi,  Dizionario.  —  Orlandi,  Jbbecedario. 

*CARLOiVE  {Giovanni- Andréa),  le  .Jeune 
peintre,  né  à  Gênes  en  1639,  mort  en  1697.  T 
était  fils  de  Giovani- Battista  et  neveu  il( 
Giovanni-Andrea ,  l'Ancien.  Du  style  de  soi. 
père,  et  de  ceux  des  écoles  romaine  et  vénitienne, 
il  se  composa  une  manière  plus  agréable  dansi 
la  peinture  à  l'huile  que  dans  la  fresque.  S'il  n'é- 
gala pas  son  père  pour  la  grâce  et  la  finesse,  ii 


752 


CARLONE  —  CARLOS 


7.',4 


l'einporta  sur  lui  par  la  haioicsse  et  le  coloris. 
[1  travailla  beaucoup  à  Foligrio  et  à  Pérou  se; 
tuais  ses  ouvrages  dans  ces  villes  sont  à  peine 
lU-dessus  du  médiocre.  Son  talent  n'acquit  son 
intier  développement  que  lorsque,  étant  allé  à 
Rome  vers  l'âge  de  quarante  ans,  il  agrandit 
son  style  par  l'élude  des  chefs-d'œuvre  des  maî- 
TCS.  Ces  progrès  notables  sont  attestés  par  les 
ceintures  qu'il  exécuta  à  Rome  à  l'église  du  Jé- 
sus, à  Gênes  dans  les  palais  Arignole,  Saluzzo 
ît  Durazzo  :  ces  dernières  peuvent  soutenir  la 
•comparaison  avec  les  meilleurs  ouvrages  que 
renferme  cette  -ville.  E.  B — n. 

TIcozzi,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  pittorica. 

CARLONE  {Giovanni-Battista),  peintre,  né 
t  Gônes  vers  1598,  mort  en  1680.  Il  fut  frère 
le  Giovanni-Andrea  l'Ancien,  et  reçut  comme 
ui,  à  Florence,  les  leçons  du  Passignano.  11  ne 
(uitta  jamais  son  frère,  et  l'aida  dans  tous  ses 
ravaux  à  Rome ,  à  Florence  et  à  Gènes  ;  c'est 
ui  qui  fut  chargé  de  terminer  à  Milan  les  pein- 
ures  de  Saint-Antoine  des  Théatins,  restées  ina- 
hevées  à  sa  mort.  Il  se  montra,  sous  tous  les 
apports,  égal  et  souvent  supérieur  à  Giovanni- 
indrea.  Dans  le  cours  de  sa  longue  carrière,  il 
xécuta  à  Gênes  des  travaux  considérables,  dont 
8  principal  est  la  décoration  de  V Annunziata 
lel  Guastafo,  où  il  peignit  la  Prédication  de 
aint  Paul;  saint  Jacques  baptisant  des  néo- 
phytes; saint  Simon  et  saint  Jude;  Moïse 
'aisant  jaillir  l'eau  du  rocher;  le  Passage  du 
Jourdain;   V  Entrevue  de  Joseph  et  de  ses 
fères.  Ces  compositions  sont  riches  et  neuves; 
es  contours  sont  pleins  de  pureté  et  de  relief; 
•es  couleurs  sont  aussi  vives ,  aussi  fraîches , 
^ussi  brillantes  qu'à  l'époque  où  elles  furent 
smployées.  Carlone  laissa  deux  fils,  Giovanni- An- 
Irea  le  Jeune,  et  Niccolo,  héritier  de  son  talent  et 
He  la  fortune  qu'il  avait  acquise  par  ses  travaux. 
E.  B— N. 
Ratli.  f^ite  de'  Pittori,  Architetti  e  ScuUori  Genovesi. 
—  TIcozzi,  Dizionario.  —  Ldinzi,  Storia  pittorica. 

CARLONE  (Taddeo),  peintre,  sculpteur  et 
;  architecte ,  né  à  Rono,  près  du  lac  de  Lugano  ; 
mort  en  1613.  Il  eut  pour  premier  maître  son 
l)ère,  nommé  Giovanni;  mais  ce  fut  à  Rome 
qii  il  perfectionna  son  talent.  Doué  de  l'amour 
le  son  art,  il  mettait  son  bonheur  à  en  ensei- 
gner les  difficultés  aux  jeunes  artistes,  et  sur- 
tout à  ses  fils  Giovanni-Andrea  et  Giovanni- 
Battista.  Il  a  beaucoup  travaillé  à  Gênes,  où  il 
était  venu  se  fixer  ;  et  on  cite  parmi  ses  meil- 
leurs ouvrages  les  statues  et  les  peintures  de 
l'antique  église  de  iSaint-Siro ,  première  cathé- 
drale de  Gênes.  E.  B— n. 

Orlandi,  Abbecedario. 

CARLOS  (  don  ),  infant  de  Navarre,  prince  de 
Viane,  né  en  1420,  mort  le  23  septembre  1401. 
I  Fils  de  Jean  W  d'Aragon  et  de  la  reine  Blanche 
jde  Navarre,  désigné  par  cette  princesse  mou- 
'jrante  comme  devant  lui  succéder,  reconnu  par 
i  les  cortès  de  Navarre,  il  fut  dépouillé  de  son  hé- 


ritage par  son  i)ère,  voulut  soutenir  son  droit 
à  main  armée,  fut  battu  àTafalla,  et  fait  pri- 
sonnier en  1452.  Le  roi  de  Castilic  et  les  cortès 
d'Aragon  adressèrent  des  représentations  à  Jean, 
et  lui  demandèrent  que  don  Carlos  fût  mis  en 
liberté ,  que  la  principauté  de  Viane  lui  fût  ren- 
due, et  que  les  revenus  de  l'État  fussent  j)ar- 
tagés  par  moitié  entre  le  père  et  le  fils.  Jean 
refusa  d'abord  de  consentir  à  cet  arrangement; 
mais,    craignant   de  mécontenter    les  Arago- 
nais,  il  promit  tout  ce  qu'on  demandait.  Il  mit 
son  fils  en  liberté:  ce  fut  le  seul  point  de  la 
convention  qu'il  exécuta,  en  sorte  que  la  guerre 
civile  recommença  bientôt.  Alors  le  roi  d'Aragon 
appela  à  son  secours  le  comte  de  Foix,  son  gen- 
dre. Don  Carlos  ne   put  résister  à  leurs  forces 
réunies  ;  il  fut  forcé  de  quitter  la  Navarre,  et  il 
se   retira  en    Italie  auprès   d'Alfonse  V,    son 
oncle.  Celui-ci   voulut  s'entremettre  pour  ter- 
miner le  différend  entre  le  père  et  le  lils  ;  mais 
il  en  fut  empêché  par  la  mort.  Don  Carlos  vint 
se  mettre  à  la  merci  de  son  père.  Juan  pro- 
mit d'oublier  tout  le  passé;  mais  il  ne  rendit 
pas  la  Navarre,  et  de  graves  dissentiments  vin- 
rent rompre  cette  réconciliation    peu   sincère. 
Jean  voulait  marier  son  fils  à  l'infante  de  Poitu- 
gal  ;  don  Carlos  préférait  l'alliance  de  la  Castille, 
et  recherchait  la  main  de  dona  Isabelle,  sœur 
de  Henri  rv.  Le  roi  d'Aragon,  irrité  de   ne  pas 
trouver  dans  son  fils  une  aveugle  obéissance  à 
toutes  ses  volontés,  le  fit  arrêter  en  1460.  Cette 
conduite  injuste  et  violente  révolta  tous  les  es- 
prits. Les  Catalans  réclamèrent  aussitôt,  en  di- 
sant que  c'était  une  violation  manifeste  de  leurs 
privilèges.  Les  cortès  d'Aragon  joignirent  leurs 
plaintes  à  celles  des  Catalans.  Les  députés  en- 
voyés pour  réclamer  la  mise  en  liberté  de  don 
Carlos  ne  furent  pas  reçus  par  le  roi.  Alors  le 
peuple  de  Barcelone  prit  les  armes,  et  s'empara 
de  Fraga.  Un  parti  nombreux  dans  les  royau- 
mes d'Aragon  et  de  Valence  se  déclara  pour 
le  prince  de  Viane;  en  sorte  que  le  roi,  craignant 
une  révolte  générale,  consentit  à  délivrer  son  fils. 
La  reine  dona  Juana  Enriquez  fut  chargée  d'al- 
ler à  Morella  tirer  le  prince  de  sa  prison,  et  de  le 
remettre  entre  les  mains  des  Barcelonais  ;  mais 
ceux-ci  ne  se  contentèrent  pas  de  cette  conces- 
sion :  ils  exigèrent  que  don  Carlos  fût  reconnu 
héritier  de  la  couronne  ;  qu'on  lui  remît  immé- 
diatement le  gouvernement  de  la  Catalogne,  et 
qu'il  fût  nommé  lieutenant   général  des  autres 
parties  du  royaume.  Jean  consentit  à  tout  ce  qu'on 
demandait;  mais  trois  mois  ne  s'étaient  pas 
écoulés,  que,  le  23  septembre  1461,  Carlos,  at- 
teint d'une  violente  maladie,  mourait  à  Barcelone. 
L'opinion  générale  fut  que  le  prince  de  Viane 
avait  été  victime  d'un  horrible   forfait,  et  que 
Jean  l'avait  fait  empoisonner  à  la  sollicitation  de 
Juana  Enriquez,  pour  assurer  le  trône  au  fils  qu'il 
avait  eu  de  son  second  mariage.  Don  Carlos  de 
Viane  aimait  et  cultivait  les  lettres.  Il  traduisit 
en  castillan  la  Morale  d'Aristote,  et  composa 


755 


une  Cnromque  de  la  Navarre  depuis  Vorigine 
de  la  monarchie  jusqu'au  règne  de  Carlos  le 
Noble,  son  aïeul;  cet  ouvrage,  resté  inédit,  a  été 
conservé  dans  les  arciiives  de  Parapelune. 

Mariana,  Hist.  d'Espagne.  —  J.  Lavallée  et  Ad.  Gue- 
roult  Espagne,  dans  l'Univers  pittoresque. 

CARLOS  (  don  )  d'Autriche,  infant  d'Espagne, 
fils  de  Philippe  II  et  de  sa  première  femme  Ma- 
rie de  Portugal,  naquit  à  Valiadolid  en  1545.  En 
raison  de  sa  faible  coinplexion,  il  fut  élevé  avec 
beaucoup  de  soin  par  Jeanne,  sœur  du  roi  ;  car 
la  mère  de  don  Carlos  était  morte  quatre  jours 
après  l'avoir  mis  au  monde.  C'est  cette  faiblesse 
qui,  fut  cause  de  l'indulgence  excessive  qu'on  eut 
pour  lui,  et  qui  nourrit  et  augmenta  sa  violence 
et  son  opiniâtreté  naturelles.  Présenté  par  son 
père  en  15G0  aux  états  réunis  à  Tolède,  il  fut  re- 
connu comme  son  héritier,  et  envoyé  ensuite,  en 
1562,  à  l'université  d'Alcala  de  Henarez.  Là,  don 
Carlos  tomba  daugeieusement  malade  ;  son  père 
accourut  près  de  lui,  et  fit  porter  en  procession 
le  corps  de  Didacius,  que  le  prince  avait  en  grande 
vénération.  Ce  dernier  recouvra  presque  aussi- 
tôt la  santé,  comme  par  un  miracle.  Philippe  in- 
sista alors  pour  obtenir  de  la  cour  de  Rome  la 
canonisation  de  Didacius.  Les  écrivains  contem- 
porains du  prince  ne  sont  pas  d'accerd  sur  son 
caractère  :  selon  les  uns ,  il  allia  à  l'amour  de  la 
gloire  l'orgueil  et  un  penchant  pour  la  domina- 
tion ;  selon  les  autres ,  il  n'aima  que  l'extraordi- 
naire; toute  résistance  le  mettait  en  fureur,  mais 
la  soumission  le  radoucissait.  Il  n'est  pas  pro- 
bable qu'il  fut,  comme  on  l'a  prétendu  et  comme 
Schiller  nous  le  présente  dans  sa  célèbre  tragé- 
die de  Don  Carlos,  partisan  de  l'insurrection 
des  Pays-Bas  et  ennemi  de  l'inquisition  :  il  n'a- 
vait pour  cela  ni  assez  de  connaissances  ,  ni  des 
principes  assez  fixes ,  ni  un  esprit  assez  élevé  ; 
on  assure  même  qu'il  manquait  d'es[)rit  naturel, 
et  n'avait  de  vues  arrêtées  siu"  quoi  que  ce  soit, 
l'out  fut  passion  chez  lui  ;  il  était  hautain ,  bru- 
tal, ignorant,  et  mal  élevé:  c'est  au  moins  ainsi 
que  nous  le  décrit  Llorente  dans  son  Histoire 
de  l'Inquisition.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
don  Carlos  voulait  épouser  Elisabeth  de  France, 
fille  de  Henri  II,  mais  que  son  père,  alors  veuf  de 
Marie  d'Angleterre,  s'étant,  dans  cette  circons- 
tance (1559),  substitué  à  son  fils,  celui-ci  ne  par- 
donna jamais  à  son  père  un  procédé  si  peu  dé- 
licat. Philippe,  voyant  don  Carlos,  son  fils  uni- 
que, incapable  de  régner,  et  nourrissant  contre 
lui  des  sentiments  hostiles,  fit  venir  en  Espagne, 
en  1563,  ses  neveux  les  archiducs  Rodolphe  et 
Ernest ,  pour  leur  assurer  sa  succession.  Don 
Carlos,  las  des  persécutions  qu'il  essuyait ,  vou- 
lut quitter  sa  patrie  (1565)  ;  mais  il  fut  détourné 
de  son  projet  par  Ruy  Gomez  de  Silva,  confident 
de  Philippe,  et  qui  était  aussi  devenu  celui  du 
prince.  En  1567,  époque  de  l'insurrection  des 
Provinces-Unies,  don  Carlos  annonça  l'intention 
fl'aller  en  Allemagne,  et  il  en  parla  à  son  oncle 
don  Juan  d'Autriche  :  ce  dernier  lui  fit  avec  dou- 


CARLOS 


73 


ceur  des  remontrances,  lui  conseilla  la  prudenci 
et  ne  lui  cacha  pas  que  son  père  allait  être  iii: 
truit  de  son  projet;  don  Juan  lui-même  en  i 
part  au  roi.  Philippe  parut  croire  que  la  véritabi 
intention  de  son  fils  était  de  se  rendre  dans  k 
Pays-Bas  ;  car  il  avait  souvent  remarqué  en  li 
le  désirardent  de  prendre  part  au  gouvernemeni 
il  n'eut  pour  lui  que  de  la  froideur,  et  don  Cark 
se  vit  de  plus  en  plus  repoussé. 

Philippe  ayant  donné  toute  sa  confiance  au  di 
d'Albeet  à  quelques  autres  seigneurs,  donCarit 
conçut  une  forte  antipathie  contre  eux.  Son  lii 
meur  chagrine  fut  portée  à  son  comble  parla  ni 
mination  du  ducd'AlbeaugouverncmcntdeFlai 
dre,  emploi  qu'il  avait  lui-même  sollicité.  Scie 
les  uns,  don  Carlos  était  favorable  à  la  religic 
réformée;  d'autres  prétendent  qu'il  avait  jii; 
que  sous  son  oreiller  une  épée  nue,  des  pist< 
lets  chargés,  etc.  Il  ne  cachait  pas  sa  doulem-  ( 
ce  que  son  père  lui  avait  enlevé  Elisabeth  c 
France;  et,  dans  une  confession  qu'il  fit  à  u 
prêtre  à  la  fête  de  Noël  1567,  il  annonça  se 
intention  de  commettre  un  meurtre,  demandai 
d'avance  l'ab-solotion  de  ce  crime  :  elle  lui  fi 
refusée;  mais  on  supposa  que  ces  paroles  tn 
hissaient  le  dessein  de  tuer  le  roi.  Celui-ci,  qui  f 
fut  instruit,  les  interpréta  lui-même  dans  t 
sens,  et  annonça,  dit-on,  la  résolution  de  prévon 
sou  fils.  Don  Carlos ,  se  croyant  trahi  par  du 
Juan,  voulut  le  poignarder,  et  n'y  réussit  poin 
Philippe  se  décida  alors  à  se  défaire  d'un  ii 
criminel  et  indigne  de  la  couronne,  quoiciu'il  fi 
son  unique  héritier.  Dans  la  nuit  du  18  janvi( 
1568,  pendant  que  don  Carlos  était  profonde 
ment  endormi,  le  comte  de  Lerma  entra  dan 
sa  chambre  et  en  retira  tout  ce  qu'il  y  ava 
d'armes;  ensuite  le  roi  entra,  suivi  de  Ruy  G( 
mez  de  Silva  et  de  plusieurs  autres  seigneurs 
entre  autres  du  grand  prieur  de  l'ordre  de  Sain 
Jean  de  Jérusalem,  qui  était  frère  du  duc  d'Albt 
Don  Carlos,  qu'on  avait  éveillé,  ayant  aperçu  I 
roi ,  s'écria  :  «  Je  suis  perdu  !  »  Se  tournant  ec 
suite  vers  Philippe,  il  lui  dit  :  «  Votre  majest 
veut-elle  me  faire  mourir?  Je  n'ai  pas  perd 
l'esprit;  mais  j'ai  le  désespoir  dans  le  co'Ui 
voyant  tout  ce  qu'on  entreprend  contre  moi. 
conjura  ensuite  tous  les  assistants  de  lui  donnai 
la  mort.  «  Je  ne  suis  pas  venu,  dit  le  roi,  pou 
vous  donner  la  mort,  mais  pour  vous  corrige 
comme  c'est  mon  devoir  de  père,  et  vous  ra 
mener  à  la  raison.  »  Il  lui  ordonna  de  se  lever 
on  congédia  ses  domestiques ,  et  l'on  confisquj 
une  petite  caisse  placée  sous  le  lit,  et  qui  rcn 
fermait  des  papiers;  puis  on  remit  le  prince  ai 
duc  de  Feria  et  à  six  nobles,  avec  ordre  de  li 
surveiller  de  près  et  de  l'empêcher  d'écrire  oi 
de  parler  à  qui  que  ce  fût.  On  habilla  le  prince 
en  habits  de  deuil,  et  on  lui  retira  même  soii 
lit.  Don  Carlos,  en  fureur  et  au  désespoir,  si 
précipita  dans  le  feu  qu'il  avait  fait  allumer,  et  c( 
n'est  qu'avec  peine  qu'on  parvint  à  l'empêclieiF 
de  s'étouffer.  11  essaya  de  diverses  manières  d< 


\m 


CARLOS 


758 


j  (!  donner  la  mort.  Philippe,  après  avoir  publié 
j  ont  ce  qui  venait  Je  se  passer,  et  après  s'être 
ustifié  auprès  des  plus  puissants  souverains  de 
l 'Europe,  auprès  du  pape  et  du  haut  clergé,  pro- 
'  )osa  au  conseil  d'I'Ltat ,  présidé  par  le  cardinal 
lispinosa,  grand  inquisiteur  et  président  du  con- 
■eil  de  Castille,  de  prononcer  l'arrêt  touciiant 
e  prince.  Il  fut  condamné  à  mort ,  et  cet  arrêt, 
lit-on,  fut  exécuté  au  moyen  du  poison.  Cepen- 
dant on  n'est  pas  d'accord  sur  le  genre  de  mort 
;  uquel  don  Carlos  succomba;  seulement  il  est 
ertain  qu'il  mourut  le  24  juillet  i:)68,  et,  sui- 
ant  quelques  auteurs,  de  mort  naturelle.  Il  fut 
I  nterré,  avec  les  honneurs  dus  à  sa  naissance,  au 
ouvent  des  religieuses  de  Saint-Dominique 
'El-Real,  à  Madrid.  La  reine  Elisabeth  mourut, 
i  même  année,  d'un  accouchement  anticipé,  et 
on  [ms  pour  avoir  reçu  du-poison,  comme  l'ont 
•rétendu  les  ennemis  de  Philippe  II.  [Eue.  des 
.  du  m.  ] 

Lloreiite,  Histoire  de  l' Inquisition. -RarAe,  Matériaux 
I  our  scrivr  à  l'histoire  (le  don  Carlos,  dans  les  Annales 
l«  tienne,  l.  XLVJ. 

CARLOS   (don   Carlos- Maria- Isidor  de 
liouRBON  ) ,  deuxième  fils  du  roi  Charles  IV  et 
"ère  du  roi  Ferdinand  VII,  naquit  le  29  mars 
788.  Il  vécut  ti-anquillement  à  la  cour,  s'occu- 
»ant  d'études  littéraires    et    religieuses,  jus- 
u'en  1808,  où  la  maison  de  Bourbon  dut  s'éclip- 
er  devant  le  génie  de  Napoléon.  Charles  IV,  qui 
l-ie  régnait  plus  depuis  longtemps,  en  avait  laissé 
omber  le  pouvoir  aux  mains  de  Manoel  Godoy 
t'oy.  ce  nom).  Il  abdiqua  à  Bayonne,  et  força 
'"erdinand  et  Carlos,  ses  fils,  à  renoncer  également 
lu  trône;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  une  grande  op- 
wsition  de  leur  part.  Don  Carlos  dut  se  résigner 
i  l'exil ,  et  se  retira  à  Valençay  avec  son  frère  et 
hon  oncle  don  Antonio,  compris  aussi  dans  l'acte 
8'abdication.  Cet  acte,  déchiré  en  1814  parles 
oaïonnettes  du  Nord ,  rappela  les  Bourbons  d'Es- 
jagne  dans  leur  patrie  ;  et  don  Carlos  épousa  en 
1816  la  fille  de  Jean  IV,  roi  de  Portugal,  dont  il 
;«ut  trois  enfants.  CependantFerdinand  VII  n'avait 
jas  d'enfants  des  trois  femmeffqu'il  avait  succes- 
sivement épousées,  de  sorte  que  la  couronne  pa- 
raissait, selon  toute  probabilité,  devoii-  revenir  à 
infant  don  Carlos,  autour  duquel  se  groupaient 
ifcous  les  membres  du  clergé,  dits  partisans  du 
retour  de  l'inquisition ,  contre    lequel  Ferdi- 
nand se  prononçait  souvent.   L'o[)position  des 
■certes,   en   1823,   apparut  aux  conseillers  du 
fprince  comme  une  occasion  de  saisir  peut-être 
«e  pouvoir  tiraillé  en  tous  sens  ;  mais  l'interven- 
Ition  de  la  France  rétablissant  le  calme  dans  la 
•Péninsule,   l'infant  se  résigna   à   rentrer  dans 
'l'ombre,  où  il  Ait  le  pivot  autour  duquel  gravi- 
rtaient  de  nombreuses  conspirations. 

Un  quatrième  mariage  du  roi  vint  ruiner  tout 
aà  coup  les  espérances  de  don  Carlos  :  Marie- 
Christine,  fille  du  roi  des  Deux-Siciles  Fran- 
çois 1",  accoucha,  le  10  octobre  1830,  d'une  fille 
iqui  fut  depuis  la  reine  Isabelle  II.  La  \o\  saliquè 


avait  été  abolie,  en  prévision  de  la  naissance 
d'une  fille;  mais  le  parti  clérical,  qui  avait  réussi 
d'abord  à  faire  annuler  la  pragmatique  sanction, 
fut  frappé  de  confusion  lorstjue  cette  mesure  fut 
retirée  par  Ferdinand  VII  moribond ,  et  que 
don  Carlos  fut  mis  en  demeure  de  prêter  ser- 
ment d'obéissance  à  l'héritière  présomptive  du 
trône.  L'infant  résista;  et  de  l'exil  où  il  fut  envoyé 
il  publiauneprotestationcontrel'annulation  réelle 
de  ses  droits ,  invoquant  le  bénéfice  de  la  loi  sa- 
liquè, qui  avait  présidé  de  tout  temps  à  l'ordre 
de  succession  dans  la  maison  de  Bourbon.  Ferdi- 
nand VII  mort,  don  Carlos  renouvela  sa  manifes- 
tation, et  fut  reconnu  roi  par  son  parti  et  par  le 
Portugal;  maiscettedéclaration  d'hostilités  motiva 
un  décretqui  le  déclarait  rebelle,  et  le  bannissait 
du  sol  de  l'Espagne  et  môme  du  Portugal,  que 
don  Miguel  était  contraint ,  lui  aussi ,  d'aban- 
donner. Le  traité  de  la  quadruple  alliance  mit 
les  droits  de  don  Carlos  à  néant ,  mais  le  posa 
en  prétendant.  Une  guerre  terrible  divisa  alors 
ce  malheureux  pays  en  deux  partis  bien  distincts  ; 
les  carlistes  et  les  christinos  ;  et,  dans  les  ren- 
contres qu'ils  eurent,  il  est  juste  de  dire  que 
des  prodiges  de  valeur  furent  accomplis  des  deux 
côtés  :  mais  en  même  temps  des  généraux  dignes 
de  circonstances  meilleures  se  rendirent  célèbres 
par  des  actes  d'atrocité  dont  les  provinces  qui 
en  ont  été  le  théâtre  garderont  longtemps  la 
mémoire.  La  guerre  civile  dura  jusqu'en  1839. 
A  cette  époque ,  don  Carlos ,  vaincu  sur  tous 
les  points,  et  contraint  d'implorer  l'hospitalité  de 
la  France^  se  vit  assigner  pour  séjour  la  ville  de 
Bourges,  où  ses  partisans  allèrent  le  saluer, 
lui  et  sa  femme  l'infante  Maria-Teresa  de  Bour- 
bon et  de  Bragance,  princesse  de  Beira ,  des  ti- 
tres de  roi  et  de  reine. 

Pendant  que  la  petite  cour  de  Bourges  se  com- 
plaisait dans  les  minutieuses  observations  de  l'an- 
tique étiquette  de  la  monarchie  espagnole,  le  parti 
légitimiste  n'abandomiait  pas  ses  espérances,  et, 
désireux  de  recommencer  les  hostilités,  travail- 
lait à  rendre  possible  une  nouvelle  levée  de  bou- 
cliers. Mais  l'énergie  manquait  à  Charles  V ,  et 
sa  cause  avait  besoin  d'être  désormais  soutenue 
par  une  main  plus  capable  de  réchauffer  le 
zèle  des  fidèles  :  c'est  pourquoi  don  Carlos  se 
décida,  non  sans  peine,  et  malgré  les  vives  re- 
montrances de  la  princesse  de  Beira,  à  abdi- 
quer en  faveur  du  plus  âgé  des  fils  que  lui  avait 
donnés  sa  première  femme,  don  Carlos-Luis- 
Maria-Fernando,  cornte  de  Monfemolin. 

Cette  abdication  fut  accueillie  très-froidement 
en  Espagne,  et  ne  porta  aucune  atteinte  à  l'ordre 
qui  y  règne  actuellement;  elle  ne  causa  que 
quelques  échauffourées  sans  importance,  qui  fu- 
rent promptement  comprimées.  Don  Carlos , 
aujourd'hui  le  comte  de  Molina,  après  avoir 
tenté  inutilement  de  s'enfuir  de  Bourges,  réside 
en  Autriche  depuis  1847,  époque  à  laquelle  le 
roi  Louis-Philippe  lui  rendit  la  liberté. 

T.-Albert  Blanquet. 


759 

Josepli  Lavallée,  Hist.  d'Espagne.  —  Le  Moniteur 
universel.  —  Lesur,  Ann.  hist. 

*  CARLOS  {Carlos- Luis-Maria-Fernando  de 
Bourbon  ) ,  infant  d'Espagne  ,  fils  aîné  de  don 
Carlos  de  Bourbon,  frère  de  Ferdinand  Vil  et 
de  Maria-Francisca  d'Assise,  fille  cadette  de 
Jean  VI,  roi  de  Portugal,  naquit  le  21  octobre 
1818.  Il  porte  aujourd'hui  le  nom  de  comte  de 
Montemolin.  Son  père  ayant  abdiqué  en  1844 
sa  prétendue  royauté,  le  comte  de  Montemolin 
est  considéré  aujourd'hui,  par  les  carlistes  espa- 
gnols, comme  le  représentant  delà  légitimité,  et 
salué  par  ses  fidèles  du  titre  de  roi  Charles  VI. 
De  concert  avec  Cabrera,  il  prépara  en  1845  une 
invasion  de  la  Péninsule,  et  parvint  à  soulever 
une  certaine  partie  des  provinces  de  Catalogne 
et  d'Aragon;  mais  cette  tentative  échoua,  ainsi 
que  celle  qui  eut  lieuaprès  la  révolution  de  Fé- 
vrier. Au  mois  d'avril  1849,  le  comte  parvint 
à  traverser  la  France,  afin  de  se  rendre  à  la  fron- 
tière espagnole ,  où  l'attendait  une  troupe  assez 
nombreuse  de  partisans  ;  il  échoua  Je  nouveau , 
et,  après  avoir  été  détenu  pendant  quelques  jours 
dans  la  citadelle  de  Perpignan ,  il  fut  rendu  à  la 
liberté.  Une  mésintelligence  survenue  en  1850 
entre  les  cabinets  de  Naples  et  de  Madrid  ranima 
un  instant  ses  espérances  ;  mais  l'expulsion  im- 
médiate du  territoire  napolitain  de  ses  négocia- 
teurs le  força  au  repos.  Le  comte  de  Montemolin 
habite  actuellement  l'Angleterre. 

T.-Albert  Bla\quet. 
Le  Moniteur  universel.  —  Convers.-Lex. 

*CAULOTA  DE  BOURBON  (Liiisa) ,  infante 
d'Espagne,  fille  de  François  l'^'^,  roi  des  Deux- 
Siciles,  et  de  Maria-Isabelle  d'Espagne ,  née  le 
24  octobre  1804 ,  morte  le  29  janvier  1844.  Am- 
bitieuse et  active,  elle  épousa,  le  12  juin  1819, 
don  Francisco  de  Paul ,  frère  de  don  Carlos , 
et  donna  à  son  premier  né  le  titre  de  duc  de 
Cadiz,  contre  tous  les  usages  de  l'étiquette  de  la 
monarchie  espagnole..  Le  mariage  du  roi  Fer- 
dinand VII  avec  Marie-Christine  fit  évanouir 
ses  projets  d'ambition;  car  elle  avait  rêvé  le 
trône  pour  sa  descendance.  Cependant  Marie- 
Christine  accoucha  successivement  de  deux 
filles.  Les  partisans  de  don  Carlos  et  le  clergé 
avaient  obtenu,  comme  on  sait,  du  monarque 
moribond  le  rétablissement  de  la  loi  salique; 
et  déjà  Marie-Christine  elle-même  se  résignait 
à  vou-  ses  filles  déchues  de  leur  magnifique  hé- 
ritage, lorsque  l'infante  Carlota,  qu'on  avait  éloi- 
gnée de  Madrid ,  revint  tout  à  coup,  et  changea 
la  face  des  choses.  Elle  commença  d'abord  par 
ranimer  le  courage  de  sa  sœur,  et  tontes  deux 
obtinrent  de  Ferdinand  VII  l'annulation  de  cet 
acte,  que  la  peur  des  tourments  de  l'enfer  lui 
avait  arraché.  Mais  l'emportement  de  son  ca- 
ractère ne  lui  permit  pas  de  demeurer  l'amie 
de  sa  sœur;  et  tout  porte  à  croire  qu'elle  la  des- 
servit en  la  décriant  gravement,  et  de  manière  à 
rendre  nécessaire  son  éloignement  du  royaume. 
Dona  Carlota  vint  à  Paris,  et  y  prépai-a ,  selon 


CARLOS  —  CARLYLE  70 

toute  probabilité,  la  vengeance.  Un  libelle  fore 
Marie-Christine  à  résigner  les  fonctions  de  n 
gente;  et  la  reine-mère  n'hésita  point,  dit-or 
à  accuser  sa  sœur  d'avoir,  sinon  favorisé  la  pi 
blication  de  ce  libelle,  du  moins  d'en  avo 
fourni  les  détails.  De  retour  à  Madrid ,  et  sai 
avoir  obtenu  les  résultats  espérés ,  Carlota  fa 
nommer  son  époux  député  aux  Cortès  et  se 
fils ,  le  duc  de  Cadix ,  officier  d'un  régiment  c 
hussards,  afin  de  lui  ménager  des  rapproch 
ments  fréquents  avec  la  jeune  reine.  Fatigui 
de  l'insuccès  de  ses  intrigues,  dona  Carlota  ; 
retira  à  l'Escurial,  où  elle  mourut  le  29jam'ii 
1844.  Son  fils  ,  l'infant  don  Francisco,  a  époii: 
la  reine  Isabelle  n  le  19  octobre  1846. 

T.-Albert  Blanquet. 
Xavier  Durrieii,  articles  sur  l'Espagne,  dans  la  Revi 
des  Deux  Mondes.  —  Convers.-Lexic. 

*CABLowiTZ  (  Aloïse-Christine,  baroni 
de), femme  auteur  française,  d'origineallemandi 
née  à  Fiume  le  15  février  1797.  Elle  a  écrit  dac 
plusieurs  recueils  et  journaux ,  et  a  publié  de 
traductions  de  l'allemand,  parmi  lesquelles  0 
remarque  la  Messiade  de  Klopstock,  1841  ;  ( 
V Histoire  de  la  guerre  de  trente  ans  de  Schi 
1er;  1842.  Ces  deux  traductions  ont  été  couror 
nées  par  l'Académie  française.  On  a  en  outre  d 
M™^  de  Carlowitz  :  V Absolution  ;  Paris  ,  183.- 
in-8°,  et  1834,  nouvelle  édition,  sous  le  titre 
Jean  le  Parricide,  ou  V Absolution,  roman  M; 
torique;  — Caroline,  ou  le  Confesseur;  Pa 
ris,  1833  et  1834;  —  le  Pair  de  France,  0 
le  Divorce;  Paris,  1835,  2  vol.  in-8";  —  / 
Femme  du  progrès,  ou  l'Émancipateur;  Pa 
ris,  1838,  2  vol.  in-S";—  Schobri,  chef  d 
brigands,  d'après  les  mémoires  hongrois  d 
son  compatriote  Ladislas  Holics  Szerkhely 
Paris,  1839,  2  voL  in-S°. 

Quérard ,  Suppl.  à  la  Fr.  litt.  —  Moutferrand  .  Ukii 
des  femmes  auteurs,  I,  89. 

CARLSBERG  (Gcorges-CaroUdes  de),  juris 
consulte  allemand  et  poète  latin,  né  à  Pragm 
en  1579,  mort  en  1612  dans  la  même  ville.  I 
fut  juge  suprême  de  Prague  (ville-nouvelle),  e 
en  même  temps  poète  pensionné  de  Rodolphe  B 
empereur  d'Allemagne  et  roi  de  Bohême.  On  ,• 
de  lui  :  Farrago  sijmbolica  perpetuis  disti 
chis  explicata,  et  in  V  centurias  distributa 
Accedit  ejusdem  liber  epigrammatum  ;  Prague 
1597,  in-4° ,  et  dans  les  Deliciœ  poetarum  ger 
mmncomm,  partie  II; — Sophonias  Propheta  ei 
Secretarius  Dei  paraphrasi  heroica  expositiix 
ciii  subjtmcta  sunt  varii  generis  carmina 
Prague,  1612,  in-8°;  —  d'autres  poèmes  latins, 
soit  imprimés  à  part  ,  soit  éparpillés  dans  les 
recueils  d'autres  écrivains. 

Balbinus,  Bohemia  docta.  II,  261.  —  Adelung  ,  suppl 
à  Jôcher,  AUgem.  Gelehrt.-Lexicon. 
CARLSTADT.   VoiJ.  KARLSTADT. 

CARLYiiE  (  Joseph- Dacre),  orientaliste  an- 
glais, né  à  Carlisie  en  1759,  mort  le  12  avril  1804. 
Après  avoir  étudié  à  Cambridge,  où  il  devinl 
professeur  de  langue  arabe,  il  s'exerça  pendant 


'61 


CARLÏLE 


762 


{uelquc  temps  à  la  prédication  dans  sa  ville 
natale.  En  1799,  il  se  rendit  en  Orient  avec 
ord  Elgin,  devenu  ambassadeur  d'Angle- 
f  erre  près  la  Porte  Ottomane,  et  visita  l'Asie  in- 
érieure,  l'Egypte,  la  Syrie,  la  Palestine  et  la 
Irèce.  An  mois  de  septembre  1801,  il  revint  en 
vngleterre,  après  avoir  parcouru  les  villes  les 
mlus  remarquables  d'Italie.  Quelque  temps  après, 
I  obtint  l'emploi  de  ministre  à  Newcastle.  On  a 
ie  lui  :  Mourad  Allatophat  Jemaleddini  fUii 
"ogri  Barda  historia  ^gyptiaca;  seu  re- 
wn xgyptiacarum  Annales,  ab  anno  Christi 
71  usque  adannum  1453;  Cambridge,  1792  , 
ki-4°  :  c'est  la  traduction  latine  d'une  chronique 
égyptienne  jusqu'alors  manuscrite  ;  —  Speci- 
>ien  qf  Arabin  poetry,from  the  earliest  Urne 
0  the  extinction  of  the  Khalifat ,  with  some 
ccount  qf  the  authors  (  en  anglais  et  en 
rabe);  Cambridge,  1796,  in- 4";  édition  de  luxe, 
«ubliée  aux  frais  de  l'universilé.  C'est  une  his- 
oire  de  la  poésie  et  de  la  littérature  arabe  dans 
eur  plus  brillante  période;  les  notices  biogra- 
|tbiques  dont  elle  est  enrichie  sont  très-remar- 
uables. 

Huttner,  Miscellany. 

*CARLYLE  (Thomas),  publiciste  anglais,  né 
;«ans  le  comté  de  Durafries  (Ecosse)  en  1795. 
Comme  Robert  Burns,  son  compatriote,  il  appar- 
ient à  une  famille  de  cultivateurs.  Son  père,  ri- 
ihe  fermier,  était  fort  respecté  dans  l'endroit,  et 
ia  mère  ne  jouissait  pas  d'une  moindre  considé- 
ration. Destiné  d'abord  à  entrer  dans  les  ordres, 
rt  envoyé  à  cet  effet  à  Edimbourg,  il  étudia  à 
'université  de  cette  ville,  outre  la  théologie,  les 
Mathématiques ,  la  jurisprudence  et  les  langues, 
ïarmi  lesquelles  l'allemandj,  qui  devait  marquer 
Hans  sa  vie  littéraire  et  imprimer  à  son  style  et  à 
5a  pensée  une  empreinte  particulière.  Imbu  des 
systèmes  philosophiques  de  Schelling  et  de  He- 
gel, il  s'éprit  de  la  métaphysique  et  du  mysti- 
cisme allemands,  et  débuta  par  des  traductions 
d'ouvrages  écrits  dans  cette  langue.  En  1825,  il 
■publia  Life  of  Schiller  (U  Vie  de  Schiller),  et, 
[dans  la  même  année,  à  Edimbourg  :  William 
Meister's  apprenticeship  (l'Apprentissage   de 
Wilhem  Meister).  Ces  deux  ouvrages  furent  sui- 
vis d'un  recueil  de  nouvelles  tirées  de  Goethe, 
Tieck,JeanPaul,Fouqué,Mus8eus,Hoffmann,etc., 
et  sous  ce  titre:  German  Ro?nances  ;  Edimbourg, 
1827, 4  volumes.  Ce  fut  aussi  Carlyle  qui  con- 
seilla l'envoi  à  Goethe  d'un  poëme  adressé  à  ce 
patriarche  de  la  littérature  allemande  par  les 
Goëthophiles,  comme  on  les  appelait,  et  parmi 
lesquels   se  faisaient  remarquer  Scott  et  lord 
,  Leveson  Gower.  Le  moment  vint  où  Carlyle 
i  songea  à  se  faire  connaître  par  des  œuvres  qui 
;  fussent  le  produit  de  sa  seule  inspiration.  Devenu 
i  successivement  rédacteur  de  la  Revue  d' Édim- 
I  bourg  et  du  Fraser' s  i>/a(7«s/He,  il  écrivit,  dans 
f  ces  recueils,  des  articles  qui  attirèrent  l'attention 
j  par  le  germanisme  calculé  de  la  pensée  et  la  cons- 
I  truction.  Carlyle  avait  compris  que  souvent  le 


plus  sûr  moyen  de  se  faire  connaître,  c'est  de  se 
singulariser.  C'est  pour  le  Fraser  qu'il  écrivit 
l'ouvrage  intitulé  Sartor  resar tus  ,  Londve&, 
1836;  et  qu'il  disait  avoir  traduit  d'un  autre  ou- 
vrage écrit  en  allemand,  sous  ce  titre  :  Les  vête- 
ments, leur  origine  et  leur  enfance,  par  le 
docteur  Biogène  Teufclsdreck  (  crotte  du  Dia- 
ble), édité  dans  la  ville  de  Weissnichttvo  (on 
ne  sait  où)  pa  MM.  Slillschweigen  (mutisme)  et 
compagnie.  Malgré  ses  obscurités  burlesques, 
l'œuvre  témoignait  d'un  talent  remarquable. 
C'est  surtout  dans  ce  livre  que  Carlyle  a  répandu, 
et  souvent  avec  grâce  et  fraîcheur,  les  impres- 
sions qui  le  font  connaître  personnellement.  Voici, 
par  exemple,  comment  il  raconte,  sous  le  nom  du 
docteur  Teufclsdreck,  et  à  la  manière  de  Jean- 
Paul  Richter,  les  étonnements  de  son  enfance. 
La  scène  est  à  Entepfûhl  (nom  de  fantaisie 
donné  à  un  village).  «Alors,  dit-il,  je  commençai 
à  découvrir  avec  surprise  qu'Entepfùhl  était 
placé  au  milieu  d'une  contrée,  d'un  monde; 
qu'il  y  avait  telles  choses  qui  se  nommaient  his- 
toire ,  biographie ,  etc. ,  auxquelles  je  pourrais 
contribuer  un  jour  par  la  main  et  par  la  parole. 
La  diligence  qui,  roulant  lentement  sous  la  masse 
des  voyageurs  et  des  bagages ,  traversait  notre 
village,  apparaissant  vers  le  nord  au  point  du 
jour,  vers  le  sud  à  la  tombée  de  la  nuit,  me  fit 
faire  des  réflexions  analogues  jusqu'à  ma  hui- 
tième année:  j'avais  toujours  pensé  que  cette 
diligence  était  quelque  lune  terrestre  dont  le  le- 
ver et  le  coucher  étaient ,  ainsi  que  ceux  de  la 
lune  céleste,  réglés  par  une  loi  de  la  nature  ;  que, 
venue  de  cités  lointaines,  elle  se  dirigeait  à  tra- 
vers les  grands  chemins  vers  des  cités  lointaines, 
les  réunissant,  et,  comme  une  grande  navette, 
les  resserrant  entre  elles.  Alors  je  fis  cette  ré^ 
flexion  (  si  vraie  aussi  dans  les  choses  spiritueU 
les  )  :  Quelque  route  que  tu  prennes,  fût-ce  cette 
simple  ronted'F.ntepfùhl,  elle  te  conduira  jusqu'à 
l'extrémité  du  monde.  »  A  propos  du  système 
d'éducation  pratiqué  en  Angleterre  comme  ail- 
leurSjCarlyle  ,avec  un  humour  qui  cache  un  grand 
fonds  de  vérité,  s'exprime  ainsi  :  «  Nos  précep- 
teurs étaient  d'insupportables  pédants  sans  aucune 
connaissance  de  la  nature  de  l'homme  ou  de  celle 
de  l'enfant,  sans  connaissance  d'aucune  chose 
en  un  mot,  excepté  de  celle  de  leurs  lexiques  et 
de  leurs  livi-es  de  compte  trimestriels.  Us  nous 
accablaient  sous  le  poids  d'innombrables  paroles 
mortes,  et  ils  appelaient  cela  développer  l'esprit 
de  la  jeunesse.  Comment  nn  moulin  à  gérondifs, 
inanimé,  mécanique,  dont  le  paieil  pourra,  dans 
le  siècle  prochain,  être  fabriqué  à  Nurembei^ 
avec  du  bois  et  du  cuir,  pourrait-il  aider  au  dé- 
veloppement de  quelque  chose,  encore  moins  de 
l'esprit,  qui  ne  croît  pas  comme  un  végétal,  mais 
qui  croît  par  le  mystérieux  contact  de  l'esprit  ? 
Comment  donnera-t-il  la  lumière  et  la  flamme, 
celui  dont  l'âme  est  un  foyer  éteint,  rempli  de 
cendres  froides?  Les  professeurs  à''Hinter- 
Schlug  (frappe-derrière)  connaissaient    assez 


763 


CARLYLE  —  CARMAGNOLa 


76 


bien  leur  syntaxe  ;  et  quant  à  l'âme  humaine,  ils 
savaient  ime  seule  chose  :  c'est  qu'en  elle  était 
une  faculté  nommée  mémoire  que  l'on  pouvait 
développer  en  fustigeant  de  verges  les  tissus 
musculaires  et  l'épiderme.  » 

Ces  citations  mettent  sur  la  voie  du  travail  in- 
térieur qui  a  présidé  à  la  naissance  et  à  la  pro- 
gression des  idées  de  Carlyle.  11  importe  main- 
tenant de  le  faire  connaître  comme  publiciste. 
C'est  par  son  Histoire  de  la  Révolution  française 
{French  Révolution  history)  qu'il  est  entré  en 
quelque  sorte  dans  ce  domaine  si  agité  des  par- 
tis ;  et  il  y  a  marqué  sa  place  par  la  hardiesse  de 
l'alhire  et  de  l'expression,  bien  plus  que  par  la 
nouveauté  des  idées.  Quelques  extraits  prouve- 
ront la  vérité  de  ce  jugement.  Rien  de  plus  véhé- 
ment et  de  plus  original  par  l'expression  que  sa 
manière  de  caractériser  la  révolution  française  : 
«  Cette  révolution  française,  dit- il,  signifie  la  ré- 
bellion violente  et  ouverte ,  et  la  victoire  de  l'a- 
narchie déchaînée  contre  une  autorité  corrompue 
et  rusée.  Comment  l'anarchie  brise  sa  prison, 
se  précipite  dans  le  gouffre,  infini,  éclate  et  fait 
rage,  enveloppe  le  monde  de  son  pouvoir  sans 
contrôle  et  sans  mesure ,  et  comment ,  phase 
après  phasede  délire,  cette  frénésie  se  consume; 
comment  les  éléments  d'ordre  qu'elle  contenait 
(|car  toute  force  contient  ses  éléments  d'ordre) 
se  développent,  et  dirigent  les  folles  forces  de 
cette  anarchie  fatiguée,  sinon  enchaînée,  vers 
son  but  véritable,  comme  de  sages  pouvoirs 
bien  réglés  :  voilà  ce  que  cette  histoire  nous  ap- 
prendra. » 

Le  French  Révolution  n'est,  au  jugement  d'un 
critique  (  M.  Ph.  Chasles),  ni  un  livre  bien  écrit, 
ni  une  histoire  exacte  de  la  révolution  française  ; 
ce  n'est  pas  une  dissertation  éloquente,  encore 
moins  une  transformation  des  événements  et 
des  hommes  en  narration  romanesque  :  c'est 
une  étude  philosophique,  mêlée  d'ironie  et  de 
drame  ;  rien  de  plus. 

A  la  suite  de  ce  livre,  Carlyle  lit  paraître  une 
brochure  intitulée  le  Chartisme  (1839),  où  il 
remonte,  pour  combattre  l'émeute,  jusqu'au  ber- 
ceau de  la  race  saxonne  ;  puis.  On  Hero's  Wor- 
ship  (sur  le  Culte  des  Héros),  ouvrage  publié  en 
1841.  C'est  l'individualisme  élevé  à  l'état  de 
doctrine,  et  développé  ou  plutôt  exagéré  dans  les 
i«;^er-Z)a?/ Pa??î/>/2/e^s,  1850. Ces  deux  ouvrages 
produisirent  une  égale  sensation  en  Angleterre. 
The  postand  the  présent  time,  publié  en  1844, 
et  les  Letters  and  speeches  of  Oliver  Crom- 
well,  publiés  en  1846,  avaient  précédé  les  Lat- 
ter- Day  pamphlets,  que  l'analogie  des  matières 
a  dfi  faire  citer  d'abord.  L'ouvrage  sur  Cromwrell 
envisage  le  fameux  protecteur  sous  un  point  de 
vue  absolument  différent  des  historiens  et  des 
biographes  antérieurs.  Il  a  servi  de  hase  à  la 
notice  publiée  sur  CromwelIparM.  de  Lamartine, 
aux  yeux  duquel  Carlyle  est  «  un  de  ces  hom- 
mes de  recherches  qui  sont  à  l'histoire  ce  que 
les  faiseurs  de  fouilles  sont  aux  monuments.  » 


M.  de  Lamartine  anopte  le  point  de  départ  et  1 
co.nclusiou  du  publiciste  anglais,  et  voit  dar 
Cromwell  moins  un  homme  politique'  qu'ii 
fanatique.  Le  plus  récent  ouvrage  de  Carlyle  e; 
une  biographie  de  John  Stirling  (  Life  of  Joh 
Stirling),  son  ami  d'enfance;  Londres,  18")l. 

V.  R. 
yinnual  Reqister.—  Conversations- f^cricon.  —  Kcvu 
des  Deux  Mondes,  septembre  1S44,  13  avril  1849,  cl  ; 
juin  1830,—  Frasefs  Magazine.  —  Edinbiirçih-Rewiin. 
—  Marrast,  dans  la  Revue  du  Progrès,  18il.  —  Laui  ;; 
Une,  le  Civilisateur  novembre,  1833. 

CARMAGNOLA  ou  CAIlMAGNOLE(F;'a)7C(?,';f 
Busone),   célèbre    général   italien,  né  à  Cai 
magnola  (Piémont) ,  décapité  à  Venise  le  3  rn; 
1432.  Il  gardait  d'abord  les  troupeaux ,  et  éla 
fds  d'un  paysan  nommé  Busone  ;  mais  il  change 
ce  nom  contre  celui  de  sa  ville  natale  lorscju' 
prit  du  service  dans  l'armée  de  Philippe-Mari 
Visconti,  duc  de  Milan.  Plusieurs  actions  d'écla 
valurent  bientôt  un  commandement  à  Carma 
gnola,  qui  donna  dès  lors  des  preuves  d'une  habi 
leté  supérieure  à  sa  bravoure.  Philippe  VisconI 
ne  tarda  pas  à  le  mettre  à  la  tête  de  son  armée,  t 
de  nombreux  succès  justifièrent  ce  choix.   Ei 
1416,  Carmagnola  conquit  le  pays  situé  entr 
l'Adda,  le  Tésin  et  les  Alpes.  En  1417,  il  s'om 
para  de  Plaisance;  l'année  suivante,  il  occup 
les  vallées  de  Polsevera  et  de  Bisannio,  prit  1 
forteresse  de  Gavi,  réputée  jusqu'alors  inexpug 
nable,  et  enleva  aux  Génois  tout  ce  qu'ils  posse 
daient  sur  le  revers  septentrional  des  montagnes 
En  1421,  Gênes  elle-même  s'humilia  devant  !e 
ai'mes  de  Carmagnola ,  et  l'accepta  poui'  gouver 
neur  et  substitut  du  doge.  Ce  fut  avec  le  menu 
bonheur  que  Visconti  opposa  ensuite  Carmagno!; 
aux  Suisses,  qui  revendiquaient  Bellinzona  e 
Domo   d'Ossola.  Défaits  à  Arbedo  le  30  juii 
1422  ,  après  un  combat  de  huit  heures,  ces  belli 
gueux  montagnards  laissèrent  les  Milanais  mai 
très  de  la  vallée  Levantine.  Ces  victoires  ren 
dirent  Philippe  Visconti  le  plus  puissant  princi 
d'Italie.  En  récompense,  Carmagnola  fut  c!é( 
comte  :  il  entra  même  dans  la  famille  du  duc 
qui  l'adopta ,   et  dont  il  épousa   une  des  fille; 
naturelles.  Tant  de  gloire  et  d'honneurs  accumu- 
lés sur  le  fils  d'un  paysan  devaient  éveiller  la  ja- 
lousie des  courtisans  du  duc  de  Milan.  Les  im- 
menses richesses  de  Carmagnola,  son  crédit  dans 
l'armée,  le  souvenir  même  de  ses  services,  trop 
éclatants  pour  n'être  pas  importuns ,  devinrent  j 
des  armes  auprès  d'un  maître  disposé  à  l'ingra-' 
titude.  Visconti ,  voulant  renverser  son  ancien 
favori,  nomma  Guido  Torello  amiral  de  la  flotte 
génoise,  et  enleva  à  Carmagnola  le  commande- 
ment d'un  coi-ps  de  trois  cents  cavaliers  d'élite. 
Vainement  Carmagnola   supplia  le  duc   de  m 
point  le    séparer  de  ses   compagnons  de  jeu- 
nesse, an   dévouement  desquels  il  devait  une 
partie  de  ses  victoii-es  :  il  ne  reçut  aucune  ré- 
ponse; et  ayant  hisisté  viveti.ent  pour  être  en- 
tendu, l'entrée  du  palais  lui  fut  refusée.   Car- 
magnole comprit  que  sa   perte  était  décidée. 


!'65  CARMAGNOLA 

I  Uors,  protestant  de  son  innocence,  il  jura  de  se 
aire  regretter:  aussitôt,  suivi  de  ses  partisans, 

I I  c()urt  à  Ivrée,  où  résidait  Amédée,  duc  de  Sa- 
i ,  oie ,  dont  il  était  né  sujet  ;  lui  révèle  les  projets 
i  lostiles  de  Visconti,  et  l'engage  à  en  prévenir 
i|  explosion  par  une  rapide  attaque.  Traversant 

nsuite  la  Suisse,  Carmagnola  arrive  le  25  février 
425  à  Venise,  où  il  provoque  avec  ardeur  une 
I  gue  destinée  à  l'abaissement  du  prince  dont  il 
vait  lui-même  créé  la  puissance.  Informé  de  ces 
i  éniarclies ,  Visconti  confisqua  les  biens  de  son 
endre,  qui  produisaient  le  revenu,  alors  énorme, 
e  quarante  mille  florins  :  il  ne  s'en  tint  pas  là, 
t  tenta  de  le  faire  empoisonner  à  Trévise.  Cette 
Mitative  n'eut  d'autre  résultat  cpie  de  lever  les 
outes  des  Vénitiens  sur  la  réalité  de  la  haine 
u  duc  et  de  son  ex-général.  Le  14  décembre 
425 ,  Carmagnola ,  admis  devant  le  sénat  de 
enise ,  découvrit  les  machinations  et  les  intri- 
ues  de  Visconti,  peignit  le  caractère  perfide, 
ambition  insatiable  de  ce  prince.  «  Quant  à 
loi,  s'écria- t-il ,  il  retient  dans  ses  prisons  et 
la  femme  et  mes  filles ,  et  croit  ainsi  être  maître 
e  moi;  mais  partout  où  je  me  sentirai  libre,  je 
roirai  avoir  trouvé  une  patrie  !  Cette  cité,  qui 
uvre  un  asile  aux  marchands  de  toutes  les  na- 
ons  et  de  toutes  les  religions,  n'en  refusera 
îns  doute  pas  un  à  Carmagnola  !  J'ai  aussi  mon 
létier,  que  j'apporte  dans  vos  murs  :  c'est  la 
uerre.  Donnez-moi  des  armes,   donnez-les-moi 
ontre  celui  qui  m'a  réduit  à  cette  dure  nécessité, 
t  vous  verrez  alors  si  je  sais  vous  défendre  et  me 
fenger  !  »  La  guerre  contre  Visconti  fut  immé- 
Uatement  résolue  :  Carmagnola,  nommé  généra- 
issime  des  forces  vénitiennes  et  florentines,  ou- 
rit  la  campagne  par  le  siège  de  Brescia,  qu'il 
•rit  le  20  novembre  1426.  Après  des  succès  va- 
Sés,  il  défit  à  Macalo,  le  U  octobre  1427,  l'ar- 
mée milanaise  commandée  par  Carlo  Malatesta, 
[ui  fut  fait  prisonnier  avec  huit  mille  gendarmes. 
jE  plus  grande  partie  des  prisonniers  avaient 
iervi  sous  Carmagnola;  ils  trouvèrent  d'anciens 
rères  d'armes  parmi  les  vainqueurs  :  aussi,  dans 
^a  nuit,  fnrent-ils  presque  tous  mis  en  liberté 
«ans  rançon.  Les  commissaires  vénitiens  se  plai- 
gnirent aigrement  à  Carmagnola  de  ce  qu'il  lais- 
sait ainsi  échapper,  par  une  humanité   impru- 
jclente,  tous  les  fruits  de  sa  victoire.  Celui-ci  or- 
clonna  qu'on   rassemblât    les    prisonniers   qui 
étaient  dans  son  camp:  il  ne  s'en  trouva  que 
quatre  cents  :  «  Puisque  mes  soldats ,  leur  dit- 
il,  ont  rendu  la  liberté  à  vos  compagnons,  je  ne 
veux  pas  leur  céder  en  générosité;  allez,  vous 
êtes  libres  aussi.  »  Cette  condm'te  indépendante 
blessa  vivement  le  conseil  des  dix ,  qui  com- 
mença à  préparer  la  perte  de  Carmagnola.  Celui- 
ci  poursui\nt  le  cours  de  ses  victoires,  prit  Mon- 
techiaro,  Orci,  Pontoglio,  et  battit  NiccoloPic- 
cinono,  le  meilleur  des  généraux  milanais.  Ac- 
1  câblé  par  des  pertes  aussi  réitérées,  Visconti 
sollicita  et  obtint  la  paix.  Il  rendit  à  Carmagnola 
i  sa  famille  et  ses  biens.  En  1431 ,  les  Vénitiens 


—  CARMATH 


7CG 


ayant  refnis  les  armes  contre  Visconti,  Carma- 
gnola fut  de  nouveau  placé  à  la  tête  d'une  armée. 
Mais  cette  campagne  lui  fut  défavorable  :  mal- 
traité à  Soncinole  17  mai,  il  fut,  le  20  du  même 
mois,  spectateur  impuissant  de  la  destruction  de 
la  flotte  vénitienne,  et  laissa  s'écouler  l'année 
sans  faire  aucune  action  d'éclat.  Un  tel  capi- 
taine ne  pouvait  cesser  de  vaincre  sans  être  soup- 
çonné de  trahison.  Vainement  expliquait-il  son 
repos  forcé  par  une  épizootie  qui  avait  démonté 
la  plus  grande  partie  de  sa  cavalerie,  et  réduit 
ses  ennemis  à  une  inaction  semblable  :  le  sénat 
voulut  se  venger  de  l'inconstance  de  la  fortune. 
En  avril  1432 ,  il  invita  Carmagnola  à  se  rendre 
à  Venise  pour  y  conférer  des  affaires  de  l'État  : 
les  patriciens  les  plus  distingués  allèrent  au-de- 
vant de  lui  et  lui  firent  cortège  jusqu'au  palais 
du  doge,  où  des  marques  de  respect  et  d'estime 
lui  furent  prodiguées.  On  simula  une  discussion, 
et  on  la  prolongea  bien  avant  dans  la  nuit  : 
Carmagnola  fut  alors  invité  à  envoyer  sa  suite 
prendre  quelque  repos.  Aussitôt  qu'il  fut  seul,  les 
sénateurs  le  (irent  garrotter  et  livrer  à  la  torture, 
quoique  encore  souffrant  de  ses  récentes  bles- 
sures. On  ne  put  lui  arracher  aucun  aveu,  et  nulle 
preuve  ne  vint  l'accabler.  Cependant,  le  3  mai 
1432,  après  une  procédure  restée  mystérieuse, 
Carmagnola  fut  conduit  sur  la  place  de  Saint- 
Marc,  un  bâillon  sur  la  bouche,  et  sa  tête  tomba 
entre  les  deux  colonnes  qui  sont  devant  le  palais 
ducal. 

Les  infortunes  de  ce  général  ont  souvent  été 
prises  pour  sujet  par  des  auteurs  dramatiques , 
entre  autres  par  Manzoni,  dans  une  tragédie  inti- 
tulée il  Conte  di  Carmagnola;  Milan,  1820, 
traduite  en  français  parFauriel,  1823,  in-ô°. 

A.  DE  L. 

Andréa  Belli,  Bibliot.  Mediolan.  —  Sanulo,  I^ite  de' 
duchi  di  T'enezia.  —  Navagero,  Storia  f^eneziana.  -~ 
Platin:i ,  iJistoria  Mantuana.  —  Simoneto  ,  f^ita  Fran- 
cisci  S/orliw.  —  Sisinondi,  Hist.  des  rép.  ital.,  VIII.  — 
Léo  et  Botta,  Hist.  de  l'Italie.  —  Uaru,  hist.  de  la  rép. 
de  y  enise. 

*CARM4GNOLE  {André),  oratorien français, 
né  à  Cotignac  le  9  mars  1619,  mort  le  5  décembre 
1G88.  Le  27  janvier  1637,  il  entra  dans  l'ordre  de 
l'Oratoire  à  Aix,  puis  il  enseigna  les  belles-lettres 
à  Marseille  et  à  Beaune.  Ordonné  prêtre  le  19 
mars  1643,  il  s'adonna  à  la  prédication,  devint 
supérieur  de  l'Oratoire  de  Beaune  en  1649,  et  fut, 
peu  après,  élu  théologal  de  chapitre  et  supérieur 
de  l'hôpital.  Il  exerça  ces  fonctions  pendant  vingt 
ans  avec  zèle  et  piété,  et  son  mérite  le  fit  choisir 
en  1669  pour  gouverner  l'Oratoire  de  Rouen  avec 
le  titre  de  procureur  général,  visiteur  et  assistant; 
enfin  il  fut  nommé  supérieur  général  de  la  mai- 
son Saint-IIonoré,  à  Paris.  Le  P.  Carmagnole 
a  laissé  le  Recueil  des  slatzits  constitutifs  de 
l'ordre  de  V Oratoire;  Paris,  1684. 

Moréri,  Grand  Dictionnaire  historique. 

CARMATH,  fondateur  d'une  secte  musulmane, 
vivait  au  troisième  siècle  de  l'hégire.  Il  était  né  à 
Hamdan-Carmath,  village  près  de  CouTah,  ce 


TG7  CARMÂTH 

qui  a  fait  donner  quelquefois  à  ce  sectaire  le  nom 
fie  Hamdan;  quant  au  nom  de  Carmath,  sous 
lequel  il  est  plus  connu,  il  lui  fut  donné,  selon  les 
uns,  parce  qu'il  avait  les  yeux  rouges  ;  selon 
d'autres,  parce  qu'il  avait  les  pieds  courts  et  ne 
pouvait  faire  que  de  petits  pas.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Hamdan,  fils  d'un  homme  de  condition  obscure 
nommé  El-Aschath,  contracta  des  liaisons  avec 
un  missionnaire  de  la  spcte  des  Ismaéliens,  em- 
brassa leurs  doctrines ,  et  les  répandit  dans  les 
environs  de  Coufah.  Bientôt  il  obtint  un  tel  as- 
cendant sur  ses  adhérents  qu'il  entreprit  d'éta- 
blir parmi  eux  la  communauté  des  biens,  et 
jusqu'à  celle  des  femmes.  Il  ne  s'en  tint  pas  là, 
et  enseigna  le  mépris  pour  toute  révélation ,  ne 
craignant  pas  de  publier  hautement  que,  par  la 
connaissance  de  la  doctrine  qu'il  prêchait,  les 
fidèles  étaient  dispensés  du  jeûne,  de  la  prière, 
de  l'aumône  ;  qu'ils  pouvaient  égorger  leseauemis 
de  leurs  croyances,  piller  leurs  biens,  en  un  mot, 
fouler  aux  pieds  toutes  les  lois.  —  Les  Carma- 
tlies  commencèrent  à  se  montrer  sous  le  khalife 
Aboul-Abbas-Ahmed-el-Motadhed-Biilah,  qui  fit 
pour  arrêter  leurs  progrès  des  efforts  toujours 
constants,  sinon  toujours  heureux.  Cette  secte  de 
fanatiques  ensanglanta  prèsd'un  siècle  l'Arabie,  la 
Syrie  et  l'Egypte, 

B'Herbelot,  Bibliothèque  orientale.  — NoBl  des  Vergers, 
Arabie,  dans  l'Univers  pittoresque. 

*CARMEJANE  (Joseph-Charlcs,  baron  de), 
général  français,  né  à  Menerbes  en  juillet  1772, 
mort  à  Avignon  le  14  décembre  1830.  Il  entra 
comme  élève  du  roi  au  collège  de  Beaumont-en- 
Auge,  et  en  sortit  pour  faire  partie  de  l'École 
militaire  de  Paris.  En  1789,  admis  comme  lieute- 
nant au  régiment  de  la  Fèie  (artillerie),  il  était  ca- 
pitaine le  20  septembre  1792,  à  Valmy,  comman- 
dant à  l'armée  de  la  Moselle,  puis  à  celle  du  Da- 
nube. Il  fit  en  cette  qualité  toutes  les  campagnes 
de  1793  à  1801,  et  se  distingua  ensuite  à  bord  de 
la  flottille  réunie  à  Boulogne  pour  porter  nos  sol- 
dats en  Angleterre.  En  1807,  Carmejane  organisa 
le  service  des  forges  en  Piémont,  puis  la  défense 
des  côtes  de  l'Adrialitiue.  Il  fut  chef  de  l'état- 
major  d'artillerie  de  l'armée  d'Italie,  assista  en 
1 809  à  la  bataille  de  Wagram,  et,  enfermé  dans 
Gênes,  il  conserva  en  1814  le  drapeau  français, 
même  après  l'abdication  de  Napoléon.  Il  prit  sa 
retraite  en  1816,  comptant  dix-sept  campagnes 
et  plusieurs  blessures. 

Burjavel,  Dictionnaire  historique  de  Vaucluse.  — 
Vict.  et  Conq.  des  Français.  —  Monit.  univ. 

CARMELï  (Michel-Ange),  helléniste  et  hé- 
braïsant  italien,  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs  de 
Saint-François,  né  à  Citadella,  dans  le  Vicentin,  le 
27  septembrel706;mortàPadoue  le  15  décembre 
1766. 11  fut  baptisé  sous  le  nom  de  Zenon,  et  fit 
ses  premières  études  sous  la  direction  de  prêtres 
séculiers.  Mais  plus  tard  il  entra  dans  l'ordre  mi- 
neur de  Saint-François,  où  il  adopta  les  prénoms 
de  Michel-Ange.  11  étudia  la  philosophie,  la  théo- 
logie et  les  belles-lettres  successivement  à  Vé- 
rone, Padoue,  ,Rome  et  Udine.  En  1739  il  fut 


—  CARMELï  ?( 

r  nommé  définiteur  de  son  ordre,  et  en  1744  pr 

j  fesseur  des  langues  orientales  à  l'université  ( 

Padoue,  et  membre  del'Académierfei  Ricovrai 

j  II  passa  le  reste  de  sa  vie  à  Padoue,  où  il  dota 

couvent  de  Saint-François-Majeur  d'une  bibii 

thèque.  Dans  les  dernières  années  de  sa  vie, 

avait  encore   été  nommé  commissaire  visite 

de  son  ordre  pour  la  province  de  Rome.  On  a  i 

lui  :  Ragionamento  sopra  il  fenomeno  appar 

la  nottedel  i&  dicembre  delV  anno  \.1J1.  da 

la  Raccolta  Calogeriana ,  tom.  XVIIÏ,  p.  40 

—  Panegirici  de  S.-Pietro  d'Alcantara  e  d 
B.  Giuseppe  da  Lionesse,  capuccino;  Venis 
1738,  in-8°;  —  il  Filolipo  ;  Venise,  1702,  in- 
(recueil   de    poésies   diverses)  ;    —   Lacen 
(anagramme  de  Carmeli)  in  Mllilein  Glori 
sum  Plauti  commentarius,  et  ejusdemfabui 
interpretutio    ilalicis  versibus    concinnat< 
Venise,  1742,  in-4°;  —  Tragédie  di  Eiiripid 
coW    aggiunta    dei  frammenti  ed    episto 
greco-italiane  in  versi  illustrati  di  amv 
tazioni  al  testo  greco   ed  alla  traduzion 
Padoue,  1743-1754,  20    vol.    in-S"    (  ouvra 
recommandé  parPaitoni); —  Pro  Euripide 
novo  ejus  italico  interprète  dissertatio  (cont 
la  critique  de  Reiske  de  Leipzig)  ;  Padoue,  175 
in-8°;  —  Oratio  opologetica  ad  prœclariss 
muni  et  rectorem  Cotuniani  Patav.  Colley 
Antonium  strategum  (en  grec);  Padoue,  176 
in-8°  (  pour  la  défense  de  son  Euripide,  comr  \ 
le  précédent)  :  —  Storia  di  varli  costumi  .sac 
e  pi-ofani  degli  antichi  sino  a  noi  pervcnul 
con  due  dissertazioni  sopra   la  venutu  d 
Messia;  Padoue,  1750,  et  1"  édit.,  1761,  2  v( 
in-8°;  —  il  Pluto  di  Aristofane,  tradotto 
versi  italiani,  col  testo  greco  a  fronte  ;  V 
nise,  1752,  in-S";  —  Dissertazioni  ire,  nel 
quall  si  spiega  un  luogo  di  Erodiano,  la  vo 
'Evoaix.ôûv,  scuotitore  delta  terra,  epiteto  da  ; 
a  Nettuno  in  Omero ,  e  trattasi  delta  poes,  \ 
lirica;  Padoue,  1756,  in-8°,  et  plus  tard  inco  ' 
porées  à  l'Histoire  des  costumes  variés;  éd.  < 
1761;  —  il  Concilio  degli  Dei,  0£oO  àyop 
poema  in  versi  greci  ed  italiani,  in  Iode  i 
S.  E.  Lorenzo  Morosini,  detto procuratore  i 
S.-Marco;  Padoue,  1757,  in-4'';  —  Spiegamen. 
delV  Ecclesiaste  sul  testo  ebreo,  o  sia  la  nu 
raie  dei  uman  vivere  insegnata  da  Salomoni 
Venise^  1765,  \ii-8°  ;  —  Spiegamento  délia  Ca), 
tica  sul  testo  ebreo ,  opéra  postiima  ;  Venis  j 
1767,  in-8";  —  Dissertazioni  varie  filolog\^ 
che,   edizione  postuma;  Rome,  1768,  in-4 

—  On  a  encore  de  lui  les  ouvrages  suivant 
dont  le  manuscrit  est  conservé  dans  la  biblii 
thèque  de  Padoue  :  Quattro  libri  degli  Stri 
tagemini  di  Polieno,  tradotti  dal  greco  in  itc 
liano,  col  testo  a  fronte;  —  Elogio  d'Omeri 
dal  greco  tradotto  in  latine;  —  Spiegazion 
di  vocaboli  ebraici  e  greci;  —  Glossariodi  rot 
greche,  epiteti  degli  Dei,  illustrati  in  lingu 
latina;  —  Origine  dei  nomi  délie  divinit 
paganc}  —  Commodo,  fujliuolodi  Marco,  ot 


7(;9  CARMELI 

lima  imper atore  de'  Romani,  tragedia  traita 
du  lia  storia  che  si  legge  in  Erodiano  ;  —  JDis- 
scrfazionesuli'  abuso  delmetodo  matematico 
iie/la  teologia  morale;  —  Risposta  ad  una 
Ici  leva  sopra  una  dissertazione  stampata  in- 
'oiito  il  passagio  del  mar  Rosso. 

,  Tlpaldo,  Biografia  deyli  Italiani  illustri. 

*CARMENi  (François),  nouvelliste  italien, 
avait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
liècle.  Il  fut  secrétaire  de  l'Académie  des  Incogniti, 
I  Venise.  On  a  de  lui  :  JSovelle  amorose  de'  si- 
•nori  academici  incogniti  ;  Crémone,  1642, 
a-8°;  Venise,  1651,10-4°. 
Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Jllg.  Gelehrten-Lexicon. 

*CARMICHAEL  (Frédéric),  théologien  an- 
lais,  né  à  Mommail  en  1708,  mort  en  1751., Il 
it  élevé  au  collège  Maréchal  à  Aberdeen,  et 
ommé  ministre  de  la  paroisse  de  Mommail  en 
737.  En  1743  il  passa  à  la  paroisse  d'inverness, 
.  en  1747  il  vint  exercer  le  sacerdoce  à  Édim- 
)urg,  où  il  resta  jusqu'en  1751.  Il  a  laissé  un 
)lume  de  sermons  estimés. 

Rose,  New  biog.  IHct. 

*  CAR91ICHAE1L  (  Gcrrhon  ),  théologien  anglais, 
'i  à  Glasgow  en  1682,  mort  dans  la  même  ville 
'  1738.  Il  fut  élevé  à  l'université  de  Glasgow,  et 
taché  à  la  paroisse  de  Mommail  en  qualité  de 
inistre.  En  1772,  il  fut  nommé  professeur  de 
'  lilosophie  morale  à  l'université.  On  a  de  lui  : 
i  commentaire  sur  le  de  Officio  hominis  de  Puf- 
idorf. 

^ose,  New  biog.  Dict. 

■*CARMiGNA]Vi  (Jean- Alexandre,  chevalier 
),  jurisconsulte  italien,  né  près  de  Pise  en 
68,  mort  dans  cette  ville  le  29  avril  1847.  Il 
d'excellentes  études  à  Arezzo,  et  se  fit  recevoir 
-cteur  en  droit  à  Pise.  De  là  il  se  rendit  à  Flo- 
ace,  où  il  pratiqua  le  barreau  avec  distinction, 
i  1799,  il  fut  nommé  juge  de  paix  à  San-Mi- 
ito,  et,  malgré  les  difficultés  de  l'époque,  il  sut 

concilier  l'estime  générale.  Le  gouvernement 
désigna  pour  être  professeur  de  droit  criminel 
*ise.  Avant  d'accepter,  Carmignani  déclara  qu'il 
ait  enseigner  des  doctrines  entièrement  oppo- 
;s  à  la  peine  de  mort.  Quelque  temps  après, 
mmé  juge  d'une  cour  criminelle,  il  refusa  cette 
arge,  parce  que  les  lois  continuaient  à  pronon- 
r  la  peine  de  mort.  «  Je  ne  puis  me  placer, 
iait-il ,  entre  mes  devoirs  comme  magistrat  et 
i  conscience  comme  homme  ;  je  ne  puis  aller  ap- 
;quer  à  des  malheureux  une  punition  de  sang 
e,  du  haut  de  la  chaire,  j'ai  qualifiée  d'inutile, 
MJHste  et  d'atroce.  »  —  11  se  consacra  alors 
80  une  nouvelle  ferveur  à  sa  profession,  pour 
ther  d'arracher  autant  que  possible  des  vic- 
ies au  bourreau.  Ses  succès  furent  éclatants,  et 

plaidoyers,  encore  admirés  aujourd'hui,  lui 
ipiirent  la  réputation  d'un  des  plus  grands  ora- 
(irs  du  barreau  florentin.  Un  talent  particulier 
:Ur  la  déclamation  contribuait  beaucoup  à  don- 

de  la  puissance  à  ses  discours,  toujours  ac- 
jpapagnés  d'un  langage  d'action  très-éloquent. 

KOUV.   BIOGB.    UNIVERS.  —   T.   Vlil. 


--  CARMOIS  770 

Carmignani  a  publié  :  Théorie  des  lois  civiles; 
Florence,  1797;  —  la  Jurisprudence  crimi- 
nelle; Florence,  1798;  —  Juris  criminalis  ele- 
menta;  Pise,  1803  ;  —  sur  le  Théâtre  d'Alfieri; 
Florence,  1 807  ;  —  Observations  sur  un  projet 
de  code  rural;  et  plusieurs  excellents  morceaux 
sur  la  poésie  et  la  lilléralure. 
Rabbe,  Biographie  des  Contemporains. 
CARMiNATi  (Bassiano),  médecin  italien,  né 
à  Lodi,  d'une  famille  noble,  en  1750  ;  mort  à  Milan 
le  8  janvier  1830.  Élève  de  l'université  de  Pavie, 
il  pratiqua  quelque  temps  la  médecine  à  Lodi,  et 
publia  dans  cette  ville  son  premier  ouvrage.  Le 
succès  qu'obtint  ce  livre  valut  à  Carminati,  alors 
âgé  de  vingt-huit  ans,  la  place  de  professeur  de 
thérapeutique  générale,  de  matière  médicale  et 
de  pharmacologie  à  l'université  de  Pavie.  Il  ne 
quitta  l'enseignement  qu'en  1810,  et  fut  nommé, 
deux  ans  après,  membre  pensionné  de  l'Institut 
des  sciences,  lettres  et  arts  d'Italie.  On  a  de  lui  : 
de  Animalium  exmephitidibus  et  noxïishali- 
tibus  Interitu  ejusque  proprioribus  causis; 
Lodi,  1777,  iu-4°;  —  Ricerche  sulla  natura  e 
sugli  îisi  del  succo  gastrico  in  medicina  ed  in 
chirurgia;  Milan,   1785,    in-4'' ;  —  Opuscula 
therapeutica  ;  Pavie,  1788,  4  vol.  in-8°  ;  —  Hy- 
giène, Therapeutica  et  Materia  medica;  Pa- 
vie :  1791,  4  A'ol.  in-8'';  il  parut  une  traduction 
allemande  de  cet  ouvrage,  Leipzig,  1792-1796, 
et  une  traduction  italienne  sous  le  titre  suivant  : 
Igiene,  Terapeutica   e  Materia  medica  del 
prof.  Carminati,  tradotte  e  compendiate  dal 
doit.  Fr.  Acerbi;  Milan,  1813,  2  vol.  in-8°;  — 
Saggio  di   alcune   ricerche  sui  principii   e 
sulla  virtîi  délia  radice  di  Calagula;  Pavie, 
1791,  in-8°;  —  Jacobi  Sacchi,  phil.  medic.  et 
chirurg.  doctoris  in  principia  théorise  Bru- 
nionanœ,  Animadversiones ;  Pavie,  1793  :  cet 
ouvrage,  publié  sous  le  nom  de  Jacques  Sacchi, 
est  une  réfutation  de  la  doctrine  de  Browne  ;  — 
Elogio  funèbre  di  Lazzara  Spallanzani';  Pa- 
vie, 1799;  —  Prolusione  agli  studi  delV  uni- 
versità  di  Pavia  per  l'anno  scolastico  1809- 
1810,  detta  in  Iode  di  Gio-Battista  Borsieri  ; 
Milan,  1823,  in-4°;  —  Memoria  sulV  induri- 
mento   cellulare  nei   neonati;  Milan,   1S23, 
in-4°;  —  Rapporto  fatto  ail'  InsUtuto  siclla 
corteccia  americana  délia  china  bicolorata  a 
pitaja;  Milan,  1825,  in-8°;  —    Relazione  de' 
mtovi  chimici  alcali  e  solfate  di  chinina  e  di 
cinconina,  e  dei  loro  nuovi  usi  medicinali  ; 
Milan,  1829,  in-8";  —  délie  Acque  minerali 
artefatte  e  native  del  regno  Lomhardo-Ve- 
neto;  Milan,  1829,  in-8°;  —  Sopra  nuovi  me- 
dici  Usi  del  Colchico  autunnale  ; — Sulla  Virtù 
e  sugli  Usi  medicinali  del  tasso  baccato;  — 
Sulla  Glossitide,  dans  les  Mémoires  de  l'Institut 
des  sciences  et  des  arts. 

Tipaldo,  Diograf.  degli  Ital.  iUustr.,  t.  IX. 
CARMINE.  Vmj.  LlPI. 

*CARMOis  (  Charles  ) ,   peintre  d'histoire , 
vivait  du  temps  de  François  I"'.  Il  peignit  la 

25 


?71  CARMOIS  — 

voûte  de  la  Saiate-Chapelle  de  Vincermes.  Fran- 
çois l",  ayant  appelé  de  Bruges  un  certain  Jans, 
tapissier  de  cette  ville,  fit  exécuter  les  premières 
grandes  tapisseries  de  haute-lisse  qu'on  ait  fa- 
briquées, dit-on,  en  France.  Charles  Carmois  fit 
un  certain  nombre  de  cartons  pour  ces  tapis- 
series. 

Le'  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France. 
—  Naglcr,  Neues    AUgemeines  Kùnstler-J ,exicon. 

*CARMOLY  {Éllacin),  rabbin  et  orientaliste 
français,  né  en  1805.  Il  fut  rabbin  en  Belgique, 
et  la  Société  "asiatique  de  Paris  l'a  compté  parmi 
ses  membres.  On  a  de  lui  :  Ode  hébraïque  et 
française  en  l'honneur  de  S.  M.  Philippe  I^r, 
rm  des  Français,  à  son  avènement  au  trône  ; 
Metz,  1830,  in-12;  —  Biographie  des  Israé- 
lites anciens  et  modernes;  —  Histoire  litté- 
raire des  Hébreux  au  moyen  âge;  —  Contes 
chaldéens. 

Quérard,  la  France  littéraire.  —  Beuchot,  Journal 
de  la  librairie. 

*CARMON  (D.  /«cgfries),  jurisconsulte  et  ca- 
noniste  allemand,  né  à  Rostock  le  2  mars  1677, 
mort  le  25  juillet  1743  dans  la  même  ville.  Issu 
d'une  famille  noble  qui  s'était  rendue  célèbre  en 
Angleterre  sous  Henri  Vin,  il  étudia  dans  sa  viUp 
natale  la  théologie  ;  mais  plus  tard  il  fit  ses  étu- 
'  des  de  droit  aux  universités  de  Wittemberg  et  de 
léna.  De  retour  à  Rostock,  il  fut  nommé  en  1709 
archiviste  et  secrétaire  d'Académie,  et  en  1706 
procureur  du  consistoire  protestant.  En  1712  il 
occupa  la  chaire  d'éloquence  et  de  belles-lettres, 
et  en  1718  il  devint  professeur  des  Pandectes. 
On  a  de  lui  :  Disp.  de  prœludiis  naturalibus 
torturcv;  Rostock,  1707.  in-4";  —  Disput.  de 
remuneratlonibus  principum  erga  ministros, 
prasprimis  ob  bene  me7Hta;ih\d.,  1712,  in-4°; 
■ —  hisp.  de  eloquentia  extraordinaria  ;  ibid., 
1712,  in-4°  ;  —  Oratio  de  nomine  divorum  non 
sine  nomine;  ibid.,  1714;  —  de  Palladiis  ci- 
vltatum;  1715;  —  Rede  von  den  Vorechten 
der  Lutherischen  Reichsstânde  (  Discours  sur 
les  prérogatives  des  États  luthériens  del'Empire), 
1717  ;  —  de  Triborianismo  suspecto  et  non 
suspecta;  1718  ;  —  de  Sponsalibus  illustrium 
incunabulis  ;  1718;  —  de  Scientiis  quœ  ju- 
risprudentix  studium  potissimum  adjuvant 
et  exornant  ;  1720;  — de  Retentione  Mercedis 
famuli,  domino  permissa  ;  1723  ; —  de  Ortho- 
doxia  Ictorum;  1729;  —  de  Intimatione  per 
tabellionemprivata ;  1729  ; — de  Régula  .-Frus- 
tra leges  invocat,  qui  contra  leges  committit; 
1731  ;  —  de  Pactis  inter  creditorem  et  debi- 
toremin  validio  ;  1731;  —  de  Abdicatione  li- 
berorum  secundum  principia  juris  civilis, 
morum  Germanorum,  et  juris  Lubecensis; 
1733  ;  —  de  Repudio  propter  errorem  bonorum 
fortunœ  occasione  statuti  Hamburgensis  ; 
1733  ;  —  de  Diverso  Hypothecarum  jure  oc- 
casione constitutionis  Megapol.  de  Q.  1644 
enucleatse;  1733  ;  —  de  Remediis  suspensivis 
ordinariis  in  Megapoli  consuetis;  1733;  — 
dePrsesumto  Ordine  Mortalitatis  commorien- 


CARMONTELLE  772 

tiumin  linea  recta;  1734;  —  de  Inter cessione 
feminarum  pro  capite  damnatis;  1734;—  de 
Separatione  Bonorum  in  creditorum  concursu, 
ad  quinquennium  non  restricta;  1734;  — 
Principia  quœdamdoctrinsededominio,  1734; 
—  de  Jurisdictione  in  legatos,  eorumque  co- 
mités ,  prassertim  statuum  S.  R.  J.  German. 
in  comitiis;  1736; 

Moser,  Jetztlebende  Rechtsgelehrle  (  Jurisconsultes 
conteoiporains,  c'est-à-dire  du  dix-huitième  sièciei.  — 
Gelehrtes  Europa  (  l'Europe  savante),  1,  236. 

ÇARMONA  {Alphonse),  historien  espagnol 
natif  de  Prieso,  vivait  au  seizième  siècle.  On  a  df 
lui  :  Relacion  del  descubrimiento  y  conquistc 
de  la  Florida,  en  collaboration  avec  Jean  Cotes 

Antonio,  Bibl.  hisp.  nova. 

CAIS.9IONA  {Jean  de),  médecin  espagnol,  na 
tif  de  Séville,  vivait  dans  la  seconde  moitié  di 
dix-septième  siècle.  Il  fut  médecio  de  l'inqui 
sition  à  EUerena,  dans  l'Estramadure.  On  a  di 
lui  :  Tractatus,  An  astrologia  utilis  sit  medl 
cis?  Séville,  1582,  in-8°  ;  —  Praxis  utHissima 
ac  ad  curandam  cognoscendamque  pestilen 
tiam  appiHme  necessaria,  sive  de  peste  etfebri 
bus  cum  puncticulis  vulgo  Tabardillo,  adver 
sus  Joannem  Fragosum,  qui  negaverat  pes 
tilentes  esse  hujusmodi  febres  ;  Séville,  1590 
in-8°. 

Antonio,  Bibl.  hisp.  nova.  —  Éloy ,  Dict.  —  Biogrc 
phie  médicale. 

CARMONA  (don  Francisco-Ximenès  de),  m( 
decin  espagnol,  né  à  Cordoue,  vivait  ea  1616. 
fut  professeur  d'anatomie  à  l'université  de  Sal; 
manque,  puis  il  vint  exercer  la  médecine  à  S( 
ville.  On  a  de  lui  :  Tratado  de  la  grande  exe 
lencia  de  la  agua  y  de  sus  maravillas  virtt 
des,  calidades  y  eleccion  y  del  buen  uso  t 
enfi'iar  con  nieve  (  Traité  de  l'excellence  et  d 
vertus  de  l'eau  ;  ainsi  que  de  l'emploi  et  du  pai 
qu'on  peut  tirer  de  la  neige)  ;  Séville,  1616,  in-4 

Antonio,  Bibl.  hisp.  nova. 

CARSîONA  {don  Salvador),  graveur  esp 
gnol,  né  à  Madrid  en  1730,  mort  dans  la  rnên 
ville  en  1807.  Ses  dispositions  pour  la  gravure  1 
valurent  la  protection  du  gouvernement  espagn* 
qui  l'envoya  se  perfectionner  à  Paris,  sous  1 
leçons  de  Charles  Dupuis.  Il  fit  de  tels  progrt 
que  l'Académie  de  peinture  fiançaise  l'accueil 
dans  son  sein.  De  retour  dans  sa  patrie  en  17€ 
il  se  maria  avec  la  fille  du  peintre  Raphaël  Menji 
Les  gravures  de  Carmona  se  distinguent  par 
fermeté  du  trait  et  le  moelleux  des  chairs.  1 
principales  sont:  l'Histoire  écrivant  les  Fasi 
de  Charles  III,  roi  d'Espagne,  d'après  S( 
mène;  —  la  Résurrection,  d'après  Carie  Va 
loo  ;  —  l'Adoration  des  Bergers,  d'après  Pieri 
—  la  Vierge  et  V Enfant  Jésus,  d'après  V 
Dyck  ;  —  les  Portraits  de  Boucher  et  de  Coi 
de  Vermont,  gravés  pour  sa  réception  à  l'Ai 
demie. 

Arnault,  Jouy,  etc.,  Biog.  nouvelle  des  Contemp. 
Chaudon  et  Deiandine,  Nouveau  Dictionnaire  kist, 
Nagicr,  Neues  AUgemeines  Kilnstler-Lexicon. 

CARAiONTELLE, littérateur  français,  né  à|i 


773 


CARMONTELLE  —  CARMOY 


774 


ris  le  25  août  1717,  mort  dans  la  même  ville  le  26 
décembre  1806.  Ce  créateur  d'un  genre  léger, 
mais  ingénieux,  est  un  de  ces  hommes  de  lettres 
qui  ont  eu  le  grand  avantage  de  venir  à  propos,  et 
dans  le  siècle  où  ils  pouvaient  le  mieux  réussir. 
il  Carmontelle  fut  bientôt  recherché  dans  les  so- 
I  ciétés  de  la  capitale  pour  deux  talents  de  diffé- 
rente nature  :  peintre  amateur,  il  composait  très- 
rapidement  des  portraits  et  des  tableaux  trans- 
parents d'un  effet  piquant  et  varié  ;  auteur  sans 
ipirétention,  il  écrivait  avec  la  même  facilité  de 
otites  pièces  offrant  le  développement  d'un  pro- 
verbe ,  et  auxquelles  on  en  donna  le  nom.  Ces 
ipirituelles  esquisses  furent  bientôt  représentées 
(ans  tous  les  salons  ;  elles  formaient  surtout  le 
épertoire  de  ceux  qui  voulaient,   sans  théâtre , 
I  )uer  la  comédie  à  la  campagne.  Ces  jolies  baga- 
ellesne  firent  pas  seulement  la  réputation  de  l'é- 
rivain ,  elles  lui  procurèrent  une  place  agréable 
t 'avantageuse  chez  le  duc  d'Orléans.  Ce  prince , 
ni  s'était  déjà  attaché  Collé  en  qualité  de  lec- 
iur,  conféra  le  même  titre  à  Carmontelle,  et  en 
t,  de  plus,  l'ordonnateur  de  ses  fêtes. 
Après  la  mort  de  son  protecteur,  Carmontelle 
uissait  encore  d'une  honnête  aisance ,  rehaus- 
e  par   l'empressement  qu'on   mettait  dans  le 
and  monde  à  le  posséder  ;  mais  la  révolution, 
ai  fit  succéder  des  scènes  si  graves  à  ces  di- 
rtissements  frivoles,  influa  d'une  manière  fâ- 
leuse  sur  sa  position.  L'homme  aimable ,  qui 
ait  vécu  dans  toutes  les  jouissances  du  luxe, 
trouva  en  proie  à  la  gêne  sur  la  fin  de  sa 
rrière.  Nos  théâtres,  où  l'on  avait  souvent 
lis  à  profit  les  idées  et  les  situations  drama- 
!(ues  de  ses  Proverbes ,  auraient  dû  s'acquitter 
me  dette  en  venant  à  son  aide  ;  ce  fut  un  éta- 
ssement  d'une  espèce  bien  différente  qui  lui 
ocura  des  ressources  inespérées  :  le  rnont-de- 
Hé ,  auquel  on  n'eût  soupçonné  aucun  rapport 
ce  la  littérature,  lui  avança  une  somme  assez 
sxir  le  dépét  de  ses  manuscrits  ;  et,  il  faut 
dire ,  un  tel  prêt  sur  un  tel  gage  n'était  pas 
ins  un  hommage  rendu  à  la  probité  qu'au  ta- 
de  l'auteur. 

Proverbes  de  Carmontelle  (  Paris ,  1768- 

',  8  vol.  in-8°),  qui  ont  eu  plusieurs  éditions  et 

on  a  publié  deux  nouveaux  volumes  depuis 

jWaort,  sont  encore  représentés  et  même  lus  avec 

.11  est  tel  de  ses  successeurs  dans  ce  genre 

mis  peut-être  plus  de  traits  dans  sou  dia- 

te,  mais  aucun  ne  l'a  surpassé  dans  la  vérité 

caractères  et  le  naturel  du  langage.  Son 

re  de  campagne  (  Paris,  1775, 4  vol.  in-8°  ) 

àucoup  moins  estimé,  quoiqu'il  ne  soit 

Us  quelque  mérite.  Le  talent  de  Carmon- 

si  original  et  si  vrai  dans  la  comédie  des 

se  trouvait ,  à  ce  qu'il  paraît ,  moins  à 

sur  la  scène  pubhque.  Pendant  sa  longue 

|lrière,  il  n'y  fit  jouer  qu'une  seule  pièce  en  un 

is,  l'Abbé  de  j)lâtre ,  qui  n'eut  pas ,  à  beau- 

i'ip  près,  le  succès  de  ses  Proverbes.  II  se 

a  dès  lors  à  cultiver  le  genre  où  il  excellait. 


Que  d'écrivains  n'ont  pas  eu  tant  de  sagesse  l 
{Enc.  des  g.  du  m.]. 

Clément  et  Uclaporlc,  Anecdotes  dramatiques,  t.  III, 
p.  91.  —  Jullien,  Histoire  de  la  poésie  française  a  l'é- 
poque impériale,  t.  II,  p.  *ï4.  —  Desessarts ,  les  Siéclei 
lut.  —  Quéraid,  la  France  littéraire.  —  Le  ha.i, Diction' 
naire  encyclopédique  de  la  France. 

;jCARMOUGHE  ( Pierre- Frédéric- Adolphe), 
auteur  dramatique,  né  à  Lyon  le  9  avril  1797. 
Ses  premiers  pas  au  théâtre  furent  très-heureux, 
et  il  devint  bientôt,  avec  ses  nombreux  collabo- 
rateurs, le  fournisseur  obligé  des  scènes  secon- 
daires. Ses  ouvrages  se-recommandent  par  l'es- 
prit d'à-propos  et  la  finesse  des  détails.  H 
épousa,  en  1824,  M"®  Jenny  Vertpré,  charmante 
actrice  du  théâtre  des  Variétés ,  celle  à  qui 
l'on  reconnaissait  le  plus  petit  pied  de  France 
et  de  Navarre,  et  qui  avait  eu  de  si  brillants 
débuts  à  la  Porte-Saint-Martin  dans  la  Pie  vo- 
leuse. Sans  vouloir  donner  ici  la  trop  nombreuse 
liste  des  ouvrages  de  Carmouche,  nous  mention- 
nerons parmi  ceux  qui  ont  eu  le  plus  de  succès  : 
le  Précepteur  dans  l'embarras  ;,  le  Vampire], 
d'après  lord  Byron,  avec  Ch.  Nodier  etJouffroy: 
ce  mélodrame  fit  la  réputation  de  l'acteur  Philippe^ 
et  valut  au  pauvre  comédien  un  refus  de  sépultiire 
religieuse  lorsqu'il  mourut  ;  —  la  Lune  de  miel 
et  l'Espionne  russe,  avecMélesvjlle.  L'Espionne 
russe  fut  jouée  en  1829  :  cette  pièce,  épisode  de 
la  campagne  de  Russie,  offrit  le  singulier  spectacle 
des  soldats  de  l'empire  portant  la  cocarde  blan- 
che ;  cette  concession  et  le  tableau  des  misères  de 
la  retraite  rendirent  indulgente  la  censure  si 
soupçonneuse  de  la  restauration.  Puis  vinrent  le 
Petit  homme  rouge,  qui  eut  un  très  grand  succès  ; 
les  Duels,  ou  la  Famille  Darcourt  ;  les  Deux 
Forçats  ;  et  surtout  la  Permission  de  dix  heu- 
res, vaudeville  inspiré  par  deux  tableaux  célèbres; 
il  le  composa  avec  Mélesville ,  son  associé  fidèle 
dans  presque  toutes  ses  œuvres  dramatiques. 
T.-Albert  B. 
Quérard,  la  France  littéraire.  —  Beuchot,  Journal 
de  la  libr.  —  Journauis  de  théâtre. 

CARMOY  (  Gilbert  ) ,  médecin  et  physicien 
français,  né  à  Paray-le-Monial  le  6  décembre 
1731,  mort  le  21  février  1816. 11  fit  ses  premières 
études  chez  les  jésuites  de  Paray,  sa  philosophie 
à  Lyon,  et  se  fit  recevoir  docteur  en  médecine 
à  MontpeUier.  Arrêté  en  1793,  il  fut  élargi  par 
le  comité  de  surveillance,  à  la  condition  dé  sor- 
tir pour  visiter  seulement  les  malades  patriotes. 
Carmoy  répondit  noblement  que,  coiïime  méde- 
cin, il  ne  connaissait  pas  d'opinion.  Le  comité 
dut  céder  devant  cette  généreuse  fermeté.  On  a 
de  Carmoy  :  Topographie  de  Paray ,  mémoire 
qui  valut  une  médaille  d'or  à  l'auteur  en  1789; 
— Sur  la  Catalepsie  et  l' Hydrophobie  (dans  le 
Journal  de  physique),  germinal  anviii;  — Sur 
l' Écoulement  électrique  des  fluides  dans  les 
vaisseaux  capillaires,  observations  adressées  à 
la  Mettrie  (dans  le  Journal  de  Physique, 
an  VIII  )  ; —  l'Influence  des  astres  est-elle  aussi 
nulle  surla  santé  qu'on  le  croit  communément? 

25. 


775 


CARMOY  —  CARNÉ 


776 


mémoire  présenté  à  l'Académie  de  Mâcon  ;  — 
Observations  d'une  goutte  sereine  guérie  par 
le  galvanisme  ;  1810  ;  —  Considérations  sur  Ce- 
Tuption  cutanée  connue  en  Bourgogne  sous 
le  nom  de  puce  maligne  (  ou  plutôt  pustule 
maligne),  une  affection  gangreneuse  de  la 
peau,  gui  diffère  peu  de  l'anthrax  (dans  les 
Annales  de  la  Société  de  médecine  de  Mont- 
pellier,  tom.  XXI,  p.  379). 

La  Mettrie,  Journal  de  Physique.  —  Nouveaux  Mé- 
moires de  l'académie  de  Dijon.  —  Collisen,  Medici- 
tiischés  Schriftsteller-Lexicon. 

*CARNAGO  (Ignazio  de),  théologien  ita- 
lien, de  l'ordre  des  Franciscains,  né  à  Carnago 
(Milanais),  vivait  en  1666.  Il  fut  l'un  des  plus 
zélés  prédicateurs  de  l'ordre  des  Capucins,  et  a 
laissé  :  de  Excellentiis  B.  Virginis  Marix  ;  Mi- 
lan, 1616,  in-4°  ;  —  Citià  di  rifugio  a'  mortali; 
ibid.,  1655,  in-4°;  —  Manuale  servorum  beatx 
Maria;  Virginis ,  ibid.,  1656,  in-4°,  et  Crémone, 
1658,  in-8°;  — Paradisus  spiritualis,  in  quo 
agitur  de  perfectione  christiana,  de  vanitate 
et  infelicitate  hujus  sssculi,  de  felicitate  re- 
Ugionis  et  simiUMis  ;  Milan,  1663,  in-4°;  — 
Turris  sacra ,  erecta  supra  firmam  petram 
auctoritatum  divinx  sapientiae  ad  gloriam 
magnae  matris  Dei,  omnium  infirmitatum  et 
malorum  medicss  cœlestis  ac  supremse  cura- 
tricis;  Milan,  1666. 

Denis  de  Gênes  ,  Bibliotheca  Scriptorum  ordinis  Ca- 
puccinorum.  —  Argelati,  Bibliotheca  Scriptorum  Medio- 
lanensium.  —  Richard  et  Glraud ,  Bibliothèque  sacrée. 

*  CARNARïCS  ( /eaw  ),  chanoine  et  médecin 
belge.  Voîj.  Vleeschouwer. 

*  CARNAVALET     OU     plutôt     KERNOVENOY 

(François  de),  financier  et  magistrat  français, 
né  en  Bretagne  vers  1520,  mort  à  Paris  en  1571. 
Il  avait  obtenu  par  ses  qualités  îa  charge  de  pre- 
mier écuyer  du  roi  Henri  H,  lorsque  ce  prince, 
qui  avait  eu  maintes  occasions  d'apprécier  sa 
prudence  et  son  rare  mérite,  le  choisit  pour 
gouverneur  de  son  fils  le  duc  d'Anjou,  depuis 
Henri  HI.  La  bonne  éducation  que  Carnavalet 
donna  à  son  élève  fit  concevoir  des  espéran- 
ces qui  s'évanouirent  lorsque,  monté  sur  le 
trône,  il  subit  le  funeste  ascendant  de  Catlierine 
de  Médicis,  sa  mère.  A  l'époque  où  Carnavalet 
cessa  ses  fonctions  de  gouverneur  du  duc  d'An- 
jou ,  il  était  chef  de  son  conseil ,  surintendant 
de  sa  maison ,  lieutenant  de  sa  compagnie  de 
cent  hommes  d'armes ,  et  gouverneur  de  l'An- 
jou, du  Bourbonnais  et  du  Forez.  Sa  répu- 
tation méritée  de  sagesse,  d'expérience  et  de 
probité ,  l'avait  rendu  l'objet  d'un  respect  si  gé- 
néral, que  le  gouvernement  de  cette  époque, 
tout  perfide  et  violent  qu'il  était,  ne  crut  pas  pou- 
voir se  dispenser  parfois  de  recourir  à  ses  con- 
seils, malheureusement  trop  peu  suivis.  A  sa 
mort,  il  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Germain 
l'Auxerrois,  où  le  chancelier  de  Chiverny,  son  in- 
time ami,  lui  fit  ériger  un  tombeau  avec  une  ins- 
cription éiogieuse.  On  a  attribué  à  Carnavalet  la 
construction  de  l'hôtel  qui  porte  son  nom,  dans 


la  rue  culture  Sainte-Catherine,  à  Paris;  monu- 
ment tel  que  l'entendaient  les  maîtres  dans  le 
seizième  et  le  dix-septième  siècle.  Ce  n'est  point 
lui  qui  le  fit  bâtir,  mais  bien  le  président  de 
Ligneris,  vers  1550;  et  ce  fut  le  fils  de  ce  der- 
nier qui  le  vendit,  après  la  mort  de  Carnavalet, 
à  sa  veuve  Françoise  de  la  Baume ,  mariée  en 
premières  noces  au  comtedeMontrevel.  Androuet 
du  Cerceau  en  donna  les  plans,  et  Jean  Gou- 
jon l'orna  de  statues  ;  on  lui  attribue  celles  de 
la  Force  et  de  la  Vigilance.  La  construction,  in- 
terrompue pendant  plus  d'un  demi-siècle,  fut 
terminée  en  1634  par  Mansart,  qui  respecta 
l'œuvre  de  ses  devanciers ,  et  sut  accorder  avec 
beau(;oup  d'art  les  constructions  nouvelles  avec 
les  anciennes.  Ce  curieux  monument  est  menacé 
d"être  vendu  et  démoli ,  comme  celui  de  la  Tré- 
moniile,  lorsqu'on  mettra  à  exécution,  dans 
quelques  années,  l'alignement  projeté  de  ce 
quartier.  P.  Levot. 

Le  p.  Anselme,  Histoire  des  grands  officiers  de  la 
couronne.  —  Dulaure,  Histoire  de  Paris.  —  Sisinondi. 
Histoire  des  Français. 

CARNÉ  (....  de),  romancier  français,  vivail 
en  1758.  Il  a  laissé  :  Histoire  de  la  comtesse 
de  Montglas,  ou  Consolations  pour  les  reli- 
gieuses qui  le  sont  malgré  elles;  Paris,  1756, 
2  vol.  in-12;  —  l'Univers  perdu  et  recouvré 
par  l'Amour,  suivi  à'Iphis  et  Amaranthe,  ci 
l'Amour  vengé;  Amsterdam,  1758,  in-8". 
Quérard,  la  France  littéraire. 

*  CARNÉ  (Louis  MARCEm,  comte  de),  pu- 
bliciste  français ,  né  à  Quimper  en  1804.  Issi 
d'une  famille  qui  occupe  une  place  distingué 
dans  l'histoire  de  la  province,  il  entra  au  mi 
nistère  des  affaires  étrangères  en  1825,  puis  danij 
la  diplomatie,  où  il  obtint  les  titres   d'attacln 
et  de  secrétaire  d'ambassade.  Il  se  retira  de  cetti  j 
carrière  en  1831,  fut  nommé  membre  du  consei 
général  du  Finistère  en  1833,  et  député  en  1839  j 
Il  se  mêla  alors  activement  aux  débats  poiiti 
ques,  extérieurs  ou  intérieurs.  La  question  d'O 
rient  attira  d'abord  son  attention;  il  la  plaça  su 
son  véritable  terrain,  lors  de  la  discussion  ai 
sujet  de  l'augmentation  des  forces  navales.  C 
fut  lui  qui,  au  commencement  d^  la  session  d 
1845,  proposa  de  blâmer  la  conduite  du  cabine 
au  dehors,  et  qui  remplaça  au  ministère  dej 
affaires  étrangères  M.  Drouyn-de-Lhuys,  desti 
tué  pour  avoir  voté  en  faveur  de  cette  propo 
sition.  M.  de  Carné  s'occupa  aussi  de  la  libert 
d'enseignement  au  point  de  vue  catholique;  et 
dans  ce  but  sans  doute,  il  proposa  d'affranchi 
du  certificat  d'études  les  aspirants  au  bacca 
lauréat  es  lettres.  Après  la  révolution  de  Février 
il  reprit  ses  travaux  de  publiciste  pendant  qu 
M.  Drouyn-de-Lhuys  devint    ministre  des  a 
faires  étrangères.   Outre  de  nombreux  article 
publiés  dans  les  recueils  périodiques  et  surtout  I 
Revue  des  Deux  Mondes,  on  a  de  M.  de  Carné 
du  Système  de  l'Équilibre,  à  l'occasion  de  l 
nationalité  polonaise;  Paris,  1831  ;  —  Vues  su 


r77 


CARNÉ  —  CARNÉADE 


778 


l'histoire  contemporaine  ;  Paris,  1833;  —  des 
Intérêts  nouveaux  en  Europe  depuis  la  révo- 
lution de  1830;  1838,  2  vol.  in-S"  ;  —  du  Gou- 
vernement représentatif  en  France  et  en  An- 
(j-Ze^en-e;  Paris,  1841.  V.  R. 

Quérard ,  la  France  littéraire.  ■—  Beuchot,  Journal  de 
la  Librairie.  —  Lesur,  annuaire  hist.  —  Dict.  de  la 
'    conversation. 

CARNÉADE,   célèbre  philosophe  grec,  né  à 
\  Cyrène,  ville  de  Libye,  vers  la  troisième  année  de 
la  110"  olympiade  (213 ans  av.  J.-C),  etmortla 
[  3"  année  de  la  161"  olympiade  (  126  av.  J.-C.  ), 
I  après  avoir  longtemps  gouverné  avec  éclat  l'A- 
!  cadémie.  Cette  école,  fondée  par  Platon,  avait  subi 
!  entre  les  mains  de  ses  successeurs  de  profondes 
1  altérations.  Déjà  Speusippe  et  Xénocrate  avaient 
f  laissé  dériver  la  doctrine  de  leur  maître  vers  le 
I  pythagorisme.  Arcésilas,  prétendant  ramener  l'A- 
!  cadémie  à  sa  pureté  primitive ,  et  la  retremper 
i  aux  sources  mêmes  de  la  méthode  de  Socrate, 
;  l'avait  égarée  plus  gravement  encore  en  la  jetant 
i  dans  un   scepticisme  qui  était  bien  loin  de  la 
!  pensée  de  celui  qui  avait  combattu  toute  sa  vie, 
i  au  profit  de  la  vérité  et  de  la  vertu,  le  dogma- 
[  tisme  ambitieux  des  physiciens  et  les  vaines 
■  subtilités  de  la    sophistique.  Le  goût  ou  plus 
exactement  la  manie  des  controverses,  une  ten- 
dance prononcée  vers  les  jeuxd'esprit  et  les  luttes 
de  parole,  la  négation  de  tout  critérium  à  l'aide 
;  duquel  on  peut  distinguer  le  vrai  du  faux,  et  par 
suite  la  négation  de  toute  science  ;  d'autre  part, 
la  vraisemblance  accordée  comme  règle  de  la 
!  conduite  ;  un  compromis  entre  le  doute  absolu 
de  Pyrrhon  et  les  exigences  du  sens  commun  : 
tel  est  l'héritage  que  Carnéade  reçut  des  mains 
d'FIégésinus,  troisième  successeur  d' Arcésilas. 
Carnéade  passe  pour  le  fondateur  de  l'Acadé- 
mie nouvelle.  Bien  queDiogène  deLaërte  donne 
ce  titre  à  Lacyde,  successeur  immédiat  d'Arcé- 
siias,  le  témoignage  de  Cicéron  nous  permet  d'af- 
itirmer  que  la  doctrine  d' Arcésilas  se  maintint 
dans  son  intégrité  Jusqu'à  Carnéade. 

Quelles  sont  maintenant  les  innovations  intro- 
Iduites  par  ce  dernier  dans  l'Académie  moyenne? 
!  Arcésilas  avait  suspendu  toute  spéculation  entre 
le  oui  et  le  non,  la  thèse  et  l'antithèse  ;  mais  il 
'  j avait  fixé  la  pratique  à  l'un  des  deux  contraires. 
i  Carnéade,  tout  en  niant  comme  Arcésilas  la  pos- 
isibilitéde  connaitrela  vérité  avec  certitude,  n'alla 
pas  comme  lui  jusqu'à  nier  l'existence  même  de 
la  vérité.  L'évidence  nous  fait  défaut;  mais  nous 
avons  la  vraisemblance,  dont  le  sage  peut  se  con- 
tenter dans  la  pratique  de  la  vie,  et  qui  est  aussi 
jsa  seule  règle  pour  la  spéculation.  Aux  yeux 
d'Arcésilas,  il  n'y  a  pas  de  vérité;  et  l'on  peut 
'soutenir  avec  une  égale  autorité  le  pour  et  le 
'contre  en  toutes  choses.  Il  y  a  de  la  vérité,  dit 
iCarnéade,  mais  aux  dieux  seuls  il  est  donné  de 
fia  comprendre  pleinement  et  sans  voile  :  votre 
'intelligence  ne  perçoit  que  des  apparences  plus 
ou  moins  confuses ,  non  ce  qui  est  vrai ,  mais 
seulement  ce  qui  est  vraisemblable  ;  et  cette  lu- 


mière, si  incertaine,  si  faible  qu'elle  soit,  nous  per- 
met encore  lYopiner.  Carnéade  reconnaissait  que 
la  suspension  absolue  du  jugement  est  un  état 
impossible,  et  qu'on  ne  peut  accorder  à  l'homme 
d'agir  après  lui  avoir  défendu  de  juger.  11  était 
en  cela  fidèle  à  la  pensée  de  Socrate,  qui  n'avait 
jamais  séparé  la  science  de  la  vertu. 

La  doctrine  de  Carnéade  sur  la  vraisemblance 
tient  étroitement  à  la  polémique  qu'il  engagea 
contre  les  stoïciens  sur  la  question  du  critérium 
de  la  vérité.  Les  stoïciens,  les  plus  fermes  repré- 
sentants de  l'opinion  dogmatique  à  cette  époque, 
avaient  placé  le  critérium  de  la  vérité  dans  la 
sensation,  qui ,  en  même  temps  qu'elle  modifie 
notre  nature?  représente  un  certain  objet.  Car- 
néade accordait  que  toute  sensation  se  manifeste 
elle-même,  et  manifeste  son  objet;  mais  il  niait 
qu'elle  le  manifestât  tel  qu'il  est.  La  sensation 
est,  selon  lui,  comme  un  témoin  infidèle  qui  rap- 
porte indistinctement  le  vrai  et  le  faux  ;  et  par 
conséquent  on  ne  peut  lui  accorder  aucune 
créance.  La  sensation  ne  saurait  être  un  crité- 
rium sûr  qu'à  la  condition  de  représenter  inva- 
riablement les  choses  telles  qu'elles  sont  dans 
la  réalité.  Or,  il  n'y  a  pas  de  sensation  qui  ne 
représente  en  même  temps  le  vrai  et  le  faux. 
Rien  n'est  moins  juste  que  de  la  comparer  à 
l'empreinte  que  marque  un  cachet  sur  la  cire. 
Car  si  la  représentation  sensible  était  l'empreinte 
de  l'objet  extérieur  dans  l'âme,  un  même  objet 
ne  saurait  produire  dans  le  même  individu  plu- 
sieurs empreintes ,  c'est-à-dire  plusieurs  repré- 
sentations différentes.  On  ne  peut  donc  pas  dire 
que  la  sensation  soit  un  critérium  du  vrai.  Car- 
néade ne  s'arrêtait  pas  là  :  il  dirigeait  contre  la 
raison  les  mêmes  attaques ,  pour  aboutir  à  cette 
conclusion,  qu'il  n'existe  pas  de  moyen  de  dis- 
tinguer le  faux  du  vrai.  Et,  pour  assurer  et  con- 
firmer cette  conclusion,  il  citait  les  illusions  des 
sens,  les  erreurs  de  la  raison ,  armes  étemelles 
du  scepticisme.  C'est  alors  que,  reconnaissant 
qu'il  est  impossible  au  sage  de  retenir  toujours 
son  jugement,  il  proposait  sa  doctrine  de  la  vrai- 
semblance. Nul  moyen  de  reconnaître  que  nos 
sensations  nous  représentent  exactement  leurs 
objets  ;  mais  par  rapport  à  l'esprit  la  représenta- 
tion paraît  vraie  ou  fausse  ;  et,  dans  le  premier 
cas ,  elle  est  vraisemblable ,  dans  le  second  in- 
vraisemblable. Qu'est-ce  qu'une  représentation 
'VTaisemblable  en  elle-même?  C'est  celle  qui  ré- 
sulte d'une  perception  déterminée  ayant  en  elle- 
même  une  force  persuasive  qui  varie,  suivant  l'é- 
loignement  ou  la  proximité  de  l'objet,  sa  grandeur 
ou  sa  petitesse,  la  force  ou  la  faiblesse  de  nos 
sens.  De  là  différents  degrés  entre  la  vraisem- 
blance. En  outre,  foute  représentation  est  associée 
à  d'autres  représentations  qui  la  contredisent  ou 
la  confirment.  Si  elle  n'est  contredite  par  aucime, 
elle  a  un  degré  de  plus  de  vraisemblance.  Si  de 
plus  une  représentation  a  été  soumise  à  un.  exa- 
men minutieux,  si  on  a  contrôlé  avec  soin  toutes 
i  les  circonstances  particulières  d'où  on  l'a  tirée,  et 


779 

que  rien  n'ait  pu  l'affaiblir,  elle  atteint  le  plus 
haut  degré  de  la  vraisemblance.  Ainsi  Carnéarde, 
tout  en  proclamant  après  Arcésilas  que  la  certi- 
tude échappe  aux  prises  de  la  raison,  établissait 
une  véritable  échelle  de  probabilités,  dont  le  de- 
gré le  plus  élevé  permet  au  sage  d'opiner  aussi 
bien  que  d'agir. 

Telle  est  l'œuvre  de  Carnéade,  et  la  di  fférence  qui 
sépare  la  nouvelle  Académie  de  la  moyenne.  Éten- 
dante la  spéculation  la  vraisemblance,  qu'Arcésilas 
avait  circonscrite  dans  le  domaine  de  la  pratique, 
Carnéade  exagérait  encore  son  inconséquence, 
énervait  son  scepticisme,  et  ouvrait  la  porte  à  la 
doctrine  plus  hardie  et  plus  logique  d'^Enésidème. 

Carnéade  ne  borna  pas  sa  polémique  à  la 
question  du  critérium  de  la  vérité  :  avide  de 
luttes ,  plus  curieux  de  critiquer  que  de  fonder, 
il  passa  toute  sa  vie  disputant  contre  toutes  les 
écoles,  attaquant  toutes  les  opinions,  les  plus 
raisonnables  et  les  mieux  établies  comme  les 
plus  superstitieuses  et  les  plus  fausses,  ne  re- 
culant pas  même  devant  l'absurde,  et  recueillant 
partout  les  applaudissements  d'une  jeunesse 
amoureuse  des  beaux  discours,  et  de  laquelle  il 
ne  demandait  aucun  effort  d'esprit.  Il  prit  sur- 
tout à  parti  les  stoïciens.  Il  avait  étudié  avec 
soin  les  ouvrages  de  Chrysippe ,  et  s'était  fait 
initier  à  leur  dialectique  par  Diogène  de  Ba- 
bylone.  H  se  servit  contre  eux  de  leurs  propres 
armes,  les  poursuivit  sur  le  terrain  de  la  logique, 
de  la  physique  et  de  la  morale  ;  combattit  leur 
théologie  et  leur  interprétation  du  polythéisme 
païen;  opposa  à  leur  doctrine  de  la  nécessité  de 
tout  ce  qui  arrive  dans  la  nature,  les  détermina- 
tions libres  de  la  volonté  humaine  ;  et  à  leur 
opinion  que  tout  ce  qui  existe  dans  le  monde  a 
été  établi  en  vue  de  l'homme ,  l'ignorance  où 
nous  sommes  de  la  fin  des  choses.  En  même 
temps  il  attaquait  la  divination  et  la  croyance 
aux  oracles;  et  Cicéron  exprime  plaisamment  sa 
pensée,  quand  il  dit  que  deux  augures  ne  peuvent 
se  regarder  sans  rire.  Quant  à  la  morale,  il 
frappait  d'une  main  sur  les  dogmes  du  Portique, 
de  l'autie  sur  ceux  des  sectateurs  d'Aristippe , 
essayant  de  garder  un  certain  milieu  entre  la 
sévérité  des  uns  et  la  facilité  des  autres. 

Au  reste,  conforme  en  cela  à  l'esprit  de  son 
école,  il  prenait  moins  souci  d'établir  ses  opinions 
f{ue  de  ruiner  celles  des  autres  écoles.  La  con- 
tradiction donnait  du  ressort  à  toutes  ses  facul- 
tés ;  et  Valère  Maxime  nous  raconte  qu'il  se  pré- 
parait à  la  lutte  en  prenant  une  dose  d'ellébore 
pour  se  tenir  l'esprit  plus  libre,  et  pour  exciter 
avec  plus  de  force  le  feu  de  son  imagination.  Il 
disait  souvent  lui-même  :  Sans  Chrysippe,  iln'y 
eût  pas  eu  de  Carnéade;  non  pas  qu'il  ait  eu 
réellement  ce  philosophe  pour  antagoniste ,  mais 
il  se  plaisait  surtout  à  combattre  ses  opinions,  et 
tous  ceux  qui  se  portaient  pour  les  soutenir. 

La  vie  de  Carnéade  n'offre  rien  de  remarqua- 
ble. Son  ardeur  pour  le  travail  était  si  grande 
qu'elle  lui  faisait  négliger  le  soin  de  sa  personne, 


CARNÉADE  780 

et  oublier  souvent  de  prendre  de  la  nourriture. 
L'éclat  extraordinaire  de  sa  voix ,  la  souplesse 
merveilleuse  de  son  esprit,  la  richesse  inépuisa- 
ble et  l'impétuosité  de  son  éloquence,  qu'on  a  com- 
parée à  un  fleuve  rapide  qui  entraîne  tout  ce  qu'il 
trouve  sur  son  passage ,  la  subtilité  de  ses  rai- 
sonnements, la  vivacité  de  ses  attaques  et  de  ses 
répliques,  attiraient]  autour  de  lui  une  foule  de 
jeunes  gens  avides  de  l'entendre,  et  charmés  d'as- 
sister à  ces  controverses  qui  ressemblaient  à  de 
véritables  combats,  dont  il  sortait  toujours  vain- 
queur. Il  excellait,  en  effet,  à  embarrasser  ses 
adversaires  dans  les  plis  de  leurs  propres  raison- 
nements, à  les  étourdir  par  des  objections  inat- 
tendues, et  à  les  confondre  par  une  argumenta- 
tion vive  et  serrée.  Le  bruit  de  son  nom  et  la 
renommée  de  son  éloquence  le  firent  choisir  par 
les  Athéniens  pour  être  envoyé  à  Rome  comme 
ambassadeur.  On  choisit  avec  lui  Diogène  de 
Babylone,  stoïcien,  et  le  péripatéticien  Critolaiis. 
Ces  trois  philosophes  étaient  envoyés  comme 
avocats  pour  faire  obtenir  aux  Athéniens  la  ré- 
duction d'un  tribut  de  cinq  cents  talents ,  que 
Rome  leur  avait  imposé  pour  avoir  pillé  la  viUt 
d'Orope.  Pendant  la  durée  de  leur  ambassade,  ils 
ouvrirentdes conférences  oùlajeunesse  de  Rome, 
oubliant  ses  plaisirs,  se  rendait  en  foule.  Déjà  le 
mot  d'Horace  était  vrai.  L'invasion  de  la  littéra- 
ture, de  la  philosophie  et  des  mœurs  de  lî 
Grèce  avait  commencé  à  Rome  ;  et  les  vainqueurs 
s'amollissaient  au  contact  de  la  civilisation  dei 
vaincus.  Caton  lui-même  avait  appris  la  langui 
grecque,  et  s'était  fait  le  disciple  d'un  philosophf 
pythagoricien.  Carnéade  tint  école  d'éloquence 
On  raconte  qu'un  jour  il  prononça  une  harangu» 
pour  louer  la  justice ,  et  emporta  tous  les  suf 
frages  :  le  lendemain ,  il  combattit  cette  verti 
avec  autant  de  force  et  de  succès,  et  réfuta  abon 
damment  son  discours  de  la  veille.  Le  vieu> 
Caton,  qui  était  alors  censeur,  fut  effrayé  de  voii 
les  fondements  de  tout  droit  et  de  toute  législa 
tion  établis  et  ruinés  tour  à  tour  :  «  Donnons: 
leur  réponse  au  plus  tôt ,  dit-il  au  sénat,  et  lei 
renvoyons  chez  eux.  Ce  sont  des  gens  qui  persua- 
dent tout  ce  qu'ils  veulent.  »  11  jugeait  que  riei 
n'était  plus  propre  à  corrompre  les  esprits  qu 
ces  discours  où  l'on  ne  peut  distinguer  le  vrai 
du  faux,  et  qu'en  attaquant  la  justice  et  la  vertui 
on  attaquait  la  république  elle-même.  Six  an; 
avant  cette  ambassade  (  1 54  av.  J.-C.  ),  les  philo- 
sophes avaient  été  déjà  chassés  de  Rome. 

Carnéade  semble  s'être  peu  inquiété  de  mettr 
entre  sa  vie  et  ses  principes  cette  harmonie  s 
rare  chez  les  hommes  les  plus  éminents.  Tandi; 
qu'il  faisait  gloire  de  renverser  tout  l'édifice  de  li 
logique  stoïcienne,  on  dit  qu'en  secret  avec  sfti 
amis  il  conservait  les  vieilles  traditions  du  pla» 
tonisme;  et,  tout  en  déclamant  publiquement 
contre  la  justice,  il  donnait  des  maximes  de  iJ 
plus  pure  morale  (1),  et  vivait  selon  les  réglai 

(1)  Cette  maxime  nous  a  été  conservée  par  Cicéron  au  I.  J 
oh.  xvni,  du  de  Finibus.  «  Si  l'on  savait  en  secret  qu'un 


781 


CARNÉ ADE 


de  la  justice.  Il  manquait  de  fermeté  en  face  de 
la  mort,  et  répétait  souvent  :  «  La  nature  saura 
bien  désunir  ce  qu'elle  a  composé.  »  Ayant  appris 
que  le  stoïcien  Antipater,  un  de  ses  antagonistes, 
avait  pris  du  poison,  il  lui  prit  une  saillie  de 
courage  :  «  Donnez-m'en  donc  aussi.  »  —  Quoi  ? 
lui  dit-on.  —  Du  viu  miellé,  »  répondit-il. 
Carnéade  mourut  sans  laisser  d'ouvrage  (I). 

;  Après  lui  l'Académie  nouvelle  s'éteignit,  ou  plutôt 
se  traîna  sur  ses  traces  entre  les  mains  de  rhé- 

j  teurs  sans  originalité  et  de  philosophes  sans  ca- 
ractère. B.  AuBÉ. 

Diog.  de  La6rt.,  liv.IV,  ch.  9.-  Ciccron,  Jcadém.,pas- 
sini  ;  de  Oratore,  111,  18;  de  Nat.  Deor.,  III,  12,  14, 17  ; 
deFato,  il,  14;  deDivin.,l,  4,7,  IS;  de  Fin.  bon.,Ul,  n  ; 
V,  S.  —  Sexlus  Empiricus,  4dt).  Matth.,c.  166  et  sect.  9.  — 
Kiiscbe,  Prxp.  Ev.,  liv.  IV,  8;  liv.  Xiv,  g.  -Aulu-Gelle, 
XVII,  16.  —  Elien,  Uv.  lU,  17.  —  Pline,  VII,  31.  —  Dict. 
de  Bayle,  art.  Carnéade.  —  J.  Brucker,  Histuria  phi- 
losophise,  I,7S9;  VI,  237.—  Corsini .  de  Carneadis 
vita,  dans  ses  Fasti  Jttici,  IV,  112.  —  Tiedmaiin,  Ges- 
o/iic/ite  der  spechulativen  Philosophie,  II,  S72.  —  J.  Bou- 
lez, de  Carnéade  philosopha  ;  Gandavi,  1845.  —  Verburg, 
ie  Carnéade  Romam  legato,-  VllTaj.,iS^'i. 

CXRSEA.V  (Etienne),  poète  français,  né  à 
Chartres  au  commencement  du  dix-septième 
(Siècle,  mort  à  Paris  le  17  septembre  167t.  Il 
étudia  d'abord  la  jurisprudence  sous  la  direc- 
titindeson  père,  avocat  distingué;  puis  cultiva 
1  es  lettres,  et  s'adonna  aux  langues  grecque,  la- 
[iae,  italienne  et  espagnole.  Renonçant  jeune 
iïiicoreau  monde,  ainsi  qu'à  une  charge  d'avocat 
lu  parlement  de  Paris,  il  entra  dans  la  con- 
i^régation  des  Célestins  en  1630,  et  mourut  dans 
i-eur  monastère  de  Paris.  Dans  sa  solitude,  il  cul- 
wva  la  poésie,  et  fut  en  correspondance  avec  les 
(plus  célèbres  littérateurs  de  son  temps.  On  rap- 
porte même  que,  pendant  une  séance  de  l'Acadé- 
ûaie  française,  un  membre  s'écria  en  entendant 
lire  quelques-unes  de  ses  poésies  ^ 

....  Graiif  dédit  ore  rutondo 
-Musa  loqni  ; 

lit  que  cet  éloge  fut  approuvé  par  tous  ceux  qui 
étaient  présents 

Le  P.  Carneau  a  composé  un  grand  nombre 
0'ouvrages  dont  rénumération  seule  remplit  deux 
p&^6sde\&£ibliothèque  ChartrainedeB.  Liron. 
(éd.  ms.  ).  En  voici  les  plus  intéressants:  l'Éco- 
nomie du  petit  monde,  ou  les  Merveilles  de 
\Dieii  dans  le  corps  humain  :  ce  poëme  a  été 
^onprimé  plssieurs  fois  à  Paris  ;  —  la  Stimmi- 
machie  (in -8°,  Paris,  1658)  :  c'est  une  satire  en 
ivers  contre  l'usage  de  l'antimoine  ou  émétique; 
l'auteur  la  dédia  à  la  faculté  de  Paris;  —  le 
\Psautier  du  courtisan  converti,  composé  de 
Urente-quatre  psaumes  ,  conservé  en  manuscrit 
! 
FTpersonne  à  la  mort  de  laquelle  on  aurait  Intérêt  doit 
iirtiiir  s'asseoir  sur  de  l'herbe  où  serait  caché  un  aspic,  il 
Ifauilrait  l'en  aTertir,  quand  bien  luème  personne  ne 
tiuwrait  savoir  que  vous  avez  gardé  le  silence.  » 

0  i  U  ne  faut  pas  le  confondre  avec  ce  Carnéade,  poëte 
Liegiaque,  cité  par  Diogéne  Laërce.  Théoplirasle,  dans 
jàas  Fies  des  Sophistes,  parle  aussi  d'un  Carnéade,  so- 
(phiste  athénien  du  même  nom,  dont  l'éloquence  était  cé- 
jlèbre.  Enfin  Eunape  cite  un  Carnéade  appartenant  à  la 
I  secte  des  cyniques,  et^vivant  à  l'époque  de  Déœélrius  et 
Ue  Mdnippe, 


—  CARNEIRO  782 

dans  la  bibliothèque  des  Célestins  de  Paris  ;  — 
Poëme  Ihéologique  de  la  correction  et  de  lu 
grâce.  Le  P.  Carneau  a  suivi  fidèlement  ou  même 
traduit  le  livre  que  saint  Augustin  a  composé 
sur  cette  matière.  Ce  poëme  contient  300  vers 
français.  L'auteur  l'ayant  envoyé  à  M.  Amauld 
d'Andilly,  celui-ci  le  renvoya  à  Carneau  avec 
une  lettre  remplie  de  louanges. 

Carneau  a  composé  en  outre  une  grande  quan- 
tité de  sonnets,  de  paraphrases,  d'hymnes,  de 
cantiques  et  d'épitaphes  en  vers  et  en  prose.  Il 
avait  composé  lui-même  son  épitaphe  en  latin 
et  en  français,  où  il  s'est  peint  en  ces  vers  : 

Qui  Jacet  hic  multum  scrlpsit  prosnque  raetroqiie, 
Atque  latens  sparsit  nomen  in  crbe  suura. 

Praîclaras  artes  colult,  sed  fîrmius  unam, 
lllam  prseclpue  quae  bene  obire  docet. 

(Ci  git  qui,  s'occupant  et  de  vers  et  de  prose, 

A  pu  quelque  renorei  dans  le  monde  acquérir. 

UainiH  les  beaux-arts;  mais,  sur  toute  autre  chose. 

Il  médita  le  plus  celui  de  bien  mourir.  ) 

D.  Llron,  Bibliothèque  Chartraine,  ras. 

CARiVEiRo  (Antonio),  historien  portugais, 
né  à  Fronteira,  vivait  en  1625.  Il  était  procureur 
de  l'ordre  de  Calatrava  et  trésorier  de  l'armée 
espagnole  envoyée  dans  les  Flandres,  en  1585, 
par  Philippe  II.  Il  a  laissé  la  relation  de  cette 
guerre  sous  le  titre  de  :  Historia  de  lasguerras 
civiles  qite  ha  hacido  en  los  Estados  de  Flan- 
dres, desde  el  aùo  de  MDLIX  hasta  el  de 
MDCIX;  Madrid,  1612,  in-4°  ;  Bruxelles  1625, 
in-fol. 

Nie.  Antonio,  Bibl.  hispan.  nov. 

CARNEiRO  { Antonio- Mariz),  mathémati- 
cien portugais,  né  vers  la  fin  du  seizième  siè- 
cle, mort  en  1642.  Il  étudia  d'abord  le  droit  civil 
à  l'université  de  Coïmbre,  puis  s'occupa  avec 
passion  des  mathématiques,  dans  lesquelles  il  fit 
de  grands  progrès.  Bientôt  il  s'embarqua  pour 
les  Indes  orientales  ;  et  ce  fut  durant  ce  long 
voyage  qu'il  se  désabusa  touchant  une  préten- 
due déco'ivertfi  qu'il  croyait  avoir  faite  :  il  acquit 
la  certitude  qu'il  ne  possédait  pas  le  moyen  de 
préserver  de  toute  variation  l'aiguille  aimantée. 
Il  succéda  à  Manuel  de  Menezès  dans  l'emploi 
de  cosmographe  en  chef.  Il  mourut  à  Lisbonne, 
et  est  enterré  dans  l'église  de  Saint-£loi.  On  a  de 
lui  :  Regimento  de  Pilotos  e  Roteiro  das  nave- 
gaçôes  da  India  oriental,  novamente  emen- 
dado  e  acrescentado  com  o  Roteiro  de  Sofala  a 
Mozambique,  e  com  os  portos  e  barras  de  Fi- 
nisterre  até  o  estreito  de  Gibraltar  com  suas 
altural  sondas  e  démens traçôes  ;  Lisbonne, 
1642,  iB-4°.  Le  licencié  Andres  Poza  publia, 
longtemps  après  la  mort  de  Carneiro,  un  traité 
écrit  en  espagnol,  et  que  l'on  recherche  encore 
aujourd'hui  :  ffldi'ographia  la  mas  curiosa 
que  hasta  hoy  a  la  lus,  ha  salido,  recopilada 
de  varias  y  escogidos  autores  de  la  navegacion . 
Impresoen  San- Sébastian;  1675,  in-4". 

Ferbunand  Denis. 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana.  — Fernaiidei; 
de  Nav.nrrette,  Disertacion  sobre  la  historia  de  la  Nau-    ■ 
tiea;  Madrid,  1S46. 


I 


783 


CARWEIRO  — 


CARNËiRO  (Biogo-Gomez),  historien  et 
littérateur  portugais,  né  à  Rio  de  Janeiro  au  Bré- 
sil, mort  à  Lisbonne  le  26  février  1676.  Après 
avoir  été  secrétaire  du  roi  Alfonse ,  qui  le  créa 
marquis  d'Aguiar,  il  fut  nommé  historiographe 
du  Brésil.  On  a  de  lui  :  Araçao  apodixica  aos 
scismaticos  da  Patria;  Lisbonne,  1641,  in-4°  : 
cest  une  apologie  de  la  révolte  du  Portugal, 
qui  venait  de  secouer  le  joug  de  l'Espagne  ;  — 
Historia  da  guerra  dos  Tartaros  em  China  ; 
Lisbonne,  1657,  in-l6  :  cette  histoire  de  la  con- 
quête de  laChine  par  le  Mandchou  est  traduite 
du  latin  du  P.  Martini  ;  —  Jnstniçao  para  bem 
crer,  bem  ohvar,  bem  pedir  em  cinco  trata- 
dos;  tradoizos  do  latim  do  P.  Joao-Eusebio 
Nier embr ey  ;  Lisbonne,  1680;  — Epigrammata 
latina,  dans  les  Mémoires  funèbres  de  D.  Ma- 
ria de  Ataide.  Le  traité  intitulé  Mémorial  de 
praciica  do  Montante,  etc.,  se  trouve  en  ma- 
nuscrit dans  un  des  couvents  d'Evora. 

Barbosa  Machado,  Bibliotheca  Lusitana. 

*CARNEiRO  {Fra  Manoël),  carme  et  com- 
positeur portugais,  né  à  Lisbonne  vers  1650,  et 
mort  en  1695.  Il  était  excellent  organiste,  et  a 
laissé  les  ouvrages  suivants  :  Responsorios  e 
liçoens  das  matinas  de  Sabbado  santo,  à  deux 
chœurs  ;  —  Idem,  de  Paschoa ,  id.  ;  —  Missa 
de  defuntos,  id.  ;  —  Psalmos,  motetes  e  vil- 
hancicos,  à  diverses  voix. 

B.  yiachadOjBibliot/ieca  Lusitana,  III,  214.  —  Fétis, 
Biographie  universelle  des  musiciens. 

CàRNËiRO  (  Melchior  ) ,  missionnaire  portu- 
gais ,  issu  d'une  famille  noble  de  Coïmbre,  mort 
à  Macao  le  19  août  1583.  Il  s'était  déjà  fait 
une  certaine  réputation  comme  savant  dans  sa 
ville  natale,  lorsque  les  jésuites  l'attirèrent  dans 
leur  communauté  en  1543.  Il  fut  bientôt  le  pre- 
mier recteur  du  collège  établi  par  la  congréga- 
tion à  Coïmbre.  Ignace  de  Loyola,  l'ayant  ap- 
pelé à  Rome ,  le  fît  ensuite  nommer  par  le  pape 
Jules  III  évêque  de  Nicée  et  coadj  uteur  du  patriar- 
che d'ÉUiiopie.  En  1555  il  alla  à  Goa;  mais  ses 
efforts  tendant  à  convertir  les  Juifs  de  Cochin 
à  l'aide  de  l'inquisition,  qu'il  introduisit  aux 
Indes,  n'aboutirent  qu'à  l'extinction  partielle 
des  Juifs.  Il  ne  semble  pas  avoir  réussi  davan- 
tage dans  la  conversion  des  chrétiens  de  Saint- 
Thomas,  sur  la  côte  de  Malabar.  En  1567  il 
fut  nommé  évêque  de  la  Chine  et  du  Japon ,  et 
il  exerça  ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui  :  Duas  Carias  sopre  a  Missào{den\  Let- 
tres sur  les  Missions.  ) 

Barbosa  Macbado,  Bibliotheca  Lusitana. 

*CARNEiRO  DA  SYLVA  (Joaquim) ,  gra- 
veur et  écrivain  portugais,  né  à  Porto  en  1727, 
mort  en  1818.  Cet  artiste  remarquable  passa  au 
Brésil  dès  l'âge  de  douze  ans.  A  Rio  de  Janeiro, 
il  devint  l'élève  de  Jean  Gomez,  qui  était  gra- 
veur de  la  monnaie.  Non-seulement  il  étudia  son  j 
art,  mais  il  devint  musicien  habile,  et  ne  de-  ( 
metira  point  étranger  à  la  littérature.  U  ne  resta  ! 
pas  néanmoins  dans  l'Amérique  portugaise,  et  ! 
revint  à  Lisbonne  en  1756.  L'année  suivante,  1 


GARNEVALE  784 

Rome  le  voyait  arriver  avec  l'intention  d'étudier 
ses  chefs-d'œuvre.  Un  ordre  émané  de  D.  Fran- 
cisco d'Almeida  ayant  rappelé  tous  les  Portu- 
gais qui  faisaient  leur  résidence  dans  cette  ville, 
il  passa  à  Florence  pour  se  perfectionner  dans 
son  art.  En  1769,  nous  le  trouvons  à  la  tête  d'une 
école  de  gravure  attachée  à  l'imprunerie  royale 
de  Lisbonne  ;  il  y  jouit  d'un  traitement  honora- 
ble, et  il  y  forma  un  grand  nombre  d'élèves. 
Plus  tard  il  devint  maître  de  dessin  du  collège 
des  nobles.  J.  Carneiro,  revêtu  de  tous  les  em- 
plois qu'il  pouvait  ambitionner,  ne  négligeait  rien 
pour  se  perfectionner  dans  im  art  qu'il  aimait 
avec  passion,  et  il  vint  à  ses  frais  à  Paris  pour  y 
étudier.  Il  s'éteignit  à  Lisbonne  à  quatre-vingt- 
onze  ans. 

On  a  de  cet  artiste  laborieux  un  grand  nom- 
bre de  gravures,  parmi  lesquelles  on  cite  :  la 
Statue  équestre  de  Joseph  ; — un  Enfant  Jésus 
porté  par  saint  Joseph; — les  planches  nombreu- 
ses du  livre  de  Gai-valho  sur  l'Équitation  ; 

—  l'Acclamation  de  dona  Maria,  etc.  Il  a 
aussi  traduit  plusieurs  ouvrages  utiles  du  fran- 
çais en  portugais,  tels  que  les  Éléments  de 
Géométrie  de  Clairaut,  Lisbonne,  1772,  et  le 
Traité  théorique  des  caractères  typographi- 
ques, pubUé  en  1802,  etc.  Ferd.  Denis. 

Cte.  Raczynskl ,  Dictionnaire  liistorico-artistique  du 
Portugal;  Paris,  i847.  —  Le  cardinal  Saralva,  Lista  dos 
Artistas,  etc.,  pub,  en  1849.—  Cyrillo  Voitmar  Machado, 
Collecçao  de.Memorias,  etc. 

*CARWEVALE  {Antoine),  astronome  et  as- 
trologue italien,  vivait  à  Ravenne  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Os- 

servazioni  sopra  la prossima  ecclisse  del  sole 
al  12  agosto  1654  ;  —  gli  Arcani  délie  Stelle 
intorno  a'  piii  notabili  eventi  nelle  cose  del 
modo per l'anno  1660  (Annuaire astrologique); 

—  gli  Arcani,  etc.,  per  V  anno  1662;  —  gli 
Arcani  per  gli  anni  1668,  1671,  1672  et  1675. 

Cinelli,  Bibliotheca  volante.  —  Adelung,  suppl.  à  Jô— 
clier^  Allgem.  Gelehrt.-Lexic. 

*CAR1VEVALE  {Bartolommeo-Cornidino 
peintre  de  l'école  romaine ,  né  à  Urbin  au  com- 
mencement du  quinzième  siècle,  mort  vers  1478. 
Il  avait  à  peine  appris  les  premiers  prin(;ipes  de 
l'art  lorsqu'il  entra  dans  l'ordre  des  Dominicains  ; 
aussi  le  désigne-t-on  ordinairement  sous  le 
nom  de  Fra  Carnevale.  Ses  nouveaux  devoirs  nei 
lui  firent  pas  abandonner  la  culture  des  arts ,  et 
il  devint  un  des  plus  grands  artistes  qu'Urbin  ait 
possédés  au  quinzième  siècle  ;  on  dit  (et  cela  suffi- 1 
raitpour  sa  gloire)  que  ses  ouvrages  furentétudiés 
par  le  Bramante  et  par  Raphaël.  Une  belle  3fa- 
done  entourée  deplusieurs  saints,  peinte  par  ce 
maître,  était  restée  à  Urbin  dans  l'église  des  Ré- 
formés ;  elle  est  aujourd'hui  au  musée  de  Milan. 
Dans  la  perspective  et  les  draperies  on  retrouve 
les  défauts  et  la  sécheresse  propres  à  son  siècle  ; 
mais  ces  imperfections  sont  largement  compen- 
sées par  la  vivacité  du  coloris  ,  la  noblesse,  l'ani- 
mation et  la  vérité  des  têtes.  E.  B — n. 
Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Ticozzi,  Dizionario, 


f85  CARNEY 

CARNET  (Jean-Aiexandre  de)  ,  physicien 
ft-ançais,  né  à  Montpellier  en  1741,  mort  dans  la 
l^mëine  ville  en  1819.  Il  était  membre  tie  l'Acadé- 
mie de  Béziers.  On  a  de  lui  :  Mémoire  sur  les 
poids  et  mesures,  présenté,  le  12  avril  1791,  au 
•directoire de  l'Hérault;  Montpellier,  1792,  in-8"; 
—  de  la  Géographie  physique,  considérée 
comme  devant  frayer  la  voie  tant  à  la  géogra- 
phie astronomique  ou  mathématique  qu'à  la 
géographie  politique  ou  civile  ;  Montpellier, 
1803,  in-8°;  —  Mémoire  lu  en  1803  à  la  Société 
libre  des  sciences  et  belles-lettres  de  Mont- 
pellier; —  de  la  Correspondance  entre  les 
couleurs  et  les  lettres  ou  chiffres ,  et  de  la 
•double  télégraphie  qui  emi-ésulte;  Montpellier, 
1806,  in-8°;  —  Règle  nouvelle  de  Prosodie  la- 
Hned'un  usage  très-éte7idu;Montpe]lier,  1808, 
m-8°  ;  —  Eloge  de  M.  de  Senès,  ingénieur  du 
•"o*,  imprimé  dans  les  Éloges  des  Académiciens 
tîe  Montpellier. 

Quérard  ,  la  France  littéraire. 

*CARNiN  {Claude  de),  chanoine  et  théolo- 
gien français  ,  vivait  en  1621.  H  était  curé  de 
saint-Pierre  de  Douay,  et  a  laissé  :  Traité  de  la 
force  et  de  la  Puissance  des  lois  humaines; 
Douay,  1608;  —  Attaque  de  la  tour  de  Ba- 
lel,  ou  Défense  de  la  police  ecclésiastique  et 
nvile;  Anvers,  1620,  et  Douay,  1621  ;  —  te  Ré- 
publique  naturelle  et  intérieure  des  âmes 
dans  l'esprit  de  chacun  de  nous,  etc. 

Uupin,  Table  des  Aut.  ecclés.  (dix-septième  siècle).  — 
Richard  et  Giraud,  Bibliothèque  sacrée. 

CARNio  {Antonio),  peintre  italien,  né  et 
.mort'près  de  Porto-Gruaro  (Frioul  ) ,  vivait  en 
1680.  Il  eut  d'abord  son  père  pour  maître,  puis 
5e  forma  en  copiant  Tintoret  et  Paul  Véronèse. 
D  vint  ensuite  s'établir  à  Udine.  Ingénieux 
dans  les  détails  des  grands  sujets  d'histoire , 
hardi  dans  son  dessin ,  heureux  dans  le  coloris, 
expressif  dans  ses  figures  et  leurs  mouvements , 
iil  effaça  tous  les  peintres  de  sa  patrie  depuis  le 
Pordenone.  Cependant,  par  une  raison  inconnue, 
iil  mourut  dans  une  excessive  pauvreté.  Udine 
«t  ses  environs  abondent  de  ses  toiles,  mais  peu 
sont  finies  ;  et  ses  meilleures  ont  été  gâtées  par 
ceux  qui  ont  voulu  les  retoucher.  On  voit  encore, 
dans  l'église  de  Santa-Lucia  à  Udine,  un  Sairit 
\Thomas  de  Villcmuova  ;  et  dans  quelques  mai- 
Sons  particulières  de  la  même  ville,  des  demi- 
figures  et  des  portraits  de  Carnio  qui  révèlent  un 
talent  de  premier  ordre.  A  Porto-Gruaro,  on  fait 
voir  aussi  quelques-unes  de  ses  peintures.  Mais 
celles  de  l'église  de  Saint-François ,  le  Rédemp- 
j  teiir  lavant  les  pieds  des  Apôtres,  et  la  der- 
!  nière  Cène,  datées  de  1604,  appartiennent  à  son 
!  père.  Il  ne  faut  pas  confondre  non  plus  Antonio 
i  Carnio  avec  un  autre  peintre  du  même  pays 
i  nommé,  Girolamo  Carnio,  qui  vint  après  lui  et 
:  lui  fut  très-inférieur. 
i     MarieUe,  Abecodario.  —  Laiizi,  Storia  pittorica. 

*CARXOLi  (iîn(7?),connuaussisouslespseudo- 
nymesde  VirgiliQ  NOLiRCi  et  Giîilio  LORANCi, 


—  CARNOT 


786 


biographe  italien,  né  à  Bologne  en  1618,  mort 
dans  la  même  ville  en  1693.  Il  entra  dans  la  com- 
pagnie de  Jésus,  où  il  professa  pendant  six  ans  la 
grammaire  et  la  rhétorique ,  et  pendant  huit  la 
philosophie  et  la  théologie.  Carnoli  a  laissé  :  Vita 
venerabilis  Ilieronymi  Taurellii,  nobilis  Fo- 
roliviensis ;FoT\\g,no,  1652,  sous  le  pseudonyme 
de  Giulio  Loranci  ;  —  Oratio  in  erectione  Acade- 
mix  Accensorum  Mantuee  ;  Bologne,  1655;  — 
Hypotyposis  Philosophix ,  seu  summa  ejus- 
rfem;  Bologne,  1657;  — délia  Virtù  del  S.  pa- 
dre  Ignazio  di  Loyola;  Bologne,  1658  ;  —  Vita 
di  S.  Ignazio  di  Loyola,  sous  le  pseudonyme  de 
Virgilio  Nolarci;  Venise,  1680. 

Alegarabe,  Bibl.  Script,  societ.  Jesu. 

CARNOT  {Joseph-François-Claude),  publi- 
ciste  et  magistrat  français ,  l'aîné  de  quatre  frè- 
res qui  ont  illustré  leur  nom ,  naquit  à  Nolay 
(Côte-d'Or)  le  22  mai  1752  ,  et  mourut  le  31  juil- 
let 1835.  Avocat  au  parlement  de  Dijon  en  1772, 
il  avait  été  plusieurs  fois  nommé  syndic  (  bâton- 
nier )  de  son  ordre ,  lorsqu'il  entra  dans  la  ma- 
gistrature et  y  exerça  les  fonctions  du  ministère 
public.  La  France  était  alors ,  comme  la  Grande- 
Bretagne  aujourd'hui,  sous  l'empire  dn  droit  cou- 
tumier,  mais  écrit  depuis  plusieurs  siècles,  et  du 
droit  romain,  si  favorables  aux  procès,  en  pré- 
sence des  privilèges  de  toute  nature,  des  grandes 
corporations  et  des  juridictions  d'exception.  La 
procédure  civile  était  hérissée  de  formes  barba- 
res, et  bien  plus  coûteuses  qu'aujourd'hui;  et  la 
procédure  criminelle  avait  cessé  depuis  longtemps 
d'être  publique.  On  jugeait  les  accusés  sur  des 
preuves  écrites  et  secrètes  ;  et ,  pour  obtenir  la 
vérité,  on  pratiquait  la  question  ordinaire  et  extra- 
ordinaire. Louis  XVI  n'abolit  la  question  prépa- 
ratoire que  le  24  août  1780,  et  la  question  préa- 
lable que  le  1^"^  mai  1788  ,  par  une  ordonnance 
d'ailleurs  très-libérale ,  qui  s'allie  avec  la  loi  du 
mois  d'octobre  1789.  Carnot  éprouva,  pendant 
près  de  vingt  années ,  tout  ce  que  ce  régime 
avait  de  dangereux  pour  les  accusés  :  aussi 
embrassa-t-il  avec  zèle  les  réformes  de  1789 
et  les  principes  politiques  de  cette  révolution, 
et  il  y  est  resté  fidèle  pendant  le  cours  de 
sa  laborieuse  vie.  Premier  suppléant  du  tribu- 
nal d'Autun  en  1790,  il  fut  nommé  commissaire 
au  tribunal  de  Dijon  en  1792,  et  commissaire 
près  le  tribunal  civil  et  criminel  (  c'est-à-dire 
procureur  général)  du  département  en  1796.  Lors 
de  l'établissement  du  gouvernement  consulaire 
en  1799-1800,  il  fut  investi  du  titre  deprocureur 
général  près  le  tribunal  d'appel  de  Dijon  ;  et  en- 
fin il  fut  nommé,  par  le  sénat,  juge  au  tribunal 
de  cassation  le  24  ventôse  an  ix  (15  mars 
1801.)  Il  a  exercé  ces  dernières  fonctions  pen- 
dant trente-quatre  années ,  jusqu'à  sa  mort.  Il 
a  rendu  des  services  considérables  à  la  juris- 
prudence criminelle  en  publiant  des  commen- 
taires étendus  sur  les  deux  codes  d'instruc- 
tion et  pénal,  le  premier  en  1812 ,  refondu  en 
1829,  avec  un  supplément  en  1835  (4  vol.  in-4")  ; 


787 


CARNOT 


le  second  en  1823,  Tiédit.,  et  1836,  2"^  édit.  pos- 
thume (2  vol.  in-4'').  Ce  sont  des  ouvrages  prati- 
ques, mais  éclairés  par  la  jurisprudence  de  la 
chambre  criminelle  de  la  com-  de  cassation ,  où 
il  demeura  longtemps,  et  par  les  lumières  d'un 
esprit  humain  et  expérimenté.  II  était  du  nom- 
bre de  ces  magistrats  qui  ne  torturent  pas  le 
sens  des  lois  pénales  pour  augmenter  la  répres- 
sion, et  qui  attendent,  pour  frapper,  que  le  légis- 
lateur se  soit  expliqué  clairement.  Il  y  voyait 
plus  volontiers  des  garanties  pour  les  accusés, 
etion  lui  reconnaît  le  mérite  d'avoir  résisté  à 
l'esprit  étroit  et  matérialiste  qui  tendait  à  faire 
des  codes  de  1808  et  de  1810  une  lettre  rigou- 
reuse, et  contraire  aux  principes  philosophiques 
du  droit,  tels  qu'ils  ont  été  pratiqués  par 
M.  Portalis  quand  il  présidait  cette  chambre ,  et 
sous  la  présidence  de  MM.  de  Bastard  et  Lapla- 
gne-Barris.  Ces  ouvrages  ont  perdu  de  leur  auto- 
rité. Quoique  le  laborieux  magistrat  ait  consacré 
sa  vie  à  les  tenir  au  courant  des  progrès  que 
cette  jurisprudence  a  faits  depuis  1824,  on  leur 
reproche  de  l'inexactitude  dans  les  citations, 
provenant  d'un  défaut  de  vérification  des  arrêts 
dont  il  s'appuie;  mais  on  les  cite  encore,  et  l'on 
devi'a  les  consulter  toujours  comme  le  fruit 
d'une  longue  expérience ,  et  d'un  esprit  aussi 
jaloux  des  intérêts  des  accusés  que  de  ceux  de  la 
société.  Jamais  on  n'y  trouve  rien  de  subtil  ;  tout 
est  franc  et  droit.  Carnot  a  publié  encore  en  1819 
un  écrit  intitulé  les  Codes  d'instruction  cri- 
minelle et  pénal ,  mis  en  harmonie  avec  la 
charte  ,  la  morale  publiq^ie,  les  principes  de 
la  raison,  de  la  justice  et  de  Vhumanité.  «Ces 
savants  écrits ,  a  dit  un  savant  pubUciste  qui 
lui-même  avait,  l'année  précédente  (M.  Béreo- 
ger  en  1818  ),  pubhé  un  ouvrage  dans  lequel  il 
avait  signalé  de  grands  abus  et  les  proscrip- 
tions de  1815  et  de  1816,  sont  une  protestation 
contmuelle ,  quelquefois  éloquente ,  et  toujours 
logique  et  mesurée,  contre  l'esprit  tyrannique  et 
oppresseur  qui  présida  à  un  grand  nombre  des 
dispositions  de  nos  codes  criminels.  »  On  con- 
naît aussi  les  jugements  qu'en  ont  portés,  dans 
leurs  ouvrages,  M.  Dupin  aîné  en  1820,  Legra- 
verend,  émule  de  M.  Carnot  par  son  grand  ou- 
vrage sur  l'instruction  criminelle  en  1825, 
M.  le  président  Mesnard  en  1830,  et  M.  Odi- 
lon  Barrot ,  président  du  conseil  des  ministres, 
par  l'institution  d'une  commission  de  révision 
en  1849.  Malgré  les  réformes  de  1832,  le  gou- 
vernement d'alors  pensait  que  le  code  entier 
(celui  de  1808)  était  à  reviser;  mais  il  n'a  été 
donné  suite  à  cette  déclaration  de  principe  que 
pour  en  étendre  les  dispositions  répressives,  ou 
pour  revenir  à  ses  dispositions  rigoureuses. 

Carnot  a  complété  ses  travaux  sur  la  législa- 
tion, en  1819,  par  son  traité  surlei  Responsabilité 
(si  nécessaire)  des  ministres  ;  en  1820,  par  son 
Commentaire  sur  les  lois  (libérales)  de  la 
presse;  et  en  1821 ,  par  son  traité  sur  la  dis- 
cipline judiciaire  et  celle  des  officiers  publics. 


Il  n'a  publié  qu'une  brochure  politique,  sous 
titre  :  les  Proscrits  reproscrits,  ou  l'Ordre 
jour  du  il  mai  1819  ;  mais  c'était  pour  la  c 
fense  du  vote  de  son  frère  dans  le  malheure 
procès  de  Louis  XVI  ;  et,  comme  ce  genre  d'écr 
répugnait  à  ses  habitudes  ,  il  garda  l'anonyn 
Il  fut  appelé  en  1832  à  l'Académie  des  scienc 
morales  et  politiques,  formée  au  sein  de  l'institi 
et  son  éloge  académique  y  fut  prononcé,  le 
août  1835,  par  son  collègue  M.  le  président  I 
renger.  Comme  magisti-at ,  Carnot  avait  u 
grande  aménité  en  même  temps  qu'une  grau 
fermeté  de  caractère,  et  a  joui  de  la  considéi 
tion  la  mieux  méritée.  Isambert. 

Notice  par  M.  Garbé,  Gazette  des  Tribunaux,'!  a( 
1835.— Éloge  par  M.  Béreuger,  Revue  de  Législ,  lu-ie- 

CARNOT  {Lazare-Nicolas-Marguerite), c 
lèbre  homme  d'État  et  général  français,  frère  ( 
précédent,  naquit  à  Nolay,  petite  ville  de  Bourg, 
gne,  le  13  mai  1753,  et  mourut  le  2  août  1823. 1 
famille,  depuis  longtemps  connue  dans  la  pn 
vince,  avait  déjà  produit  un  grand  nombre  d'hoi 
mes  démérite.  Son  père  était  lui-même  un  avec; 
très-distingué,  qui  avait  dix-huit  enfants,  et  q 
sut  leur  donner  à  tous  une  éducation  excellenl 

Dès  son  enfance,  Lazare  Carnot  donna  d 
signes  non  équivoques  d'une  intelligence  activ 
étendue ,  vigom'euse,  et  d'une  aptitude  spécia 
pour  les  sciences  mathématiques  et  l'art  mil 
taire.  Il  fit  ses  premières  études  dans  la  maisc 
paternelle,  et  n'entra  qu'à  douze  ans  au  colley 
d'Autun.  A  quinze  ans,  il  y  fit  sa  rhétoriqu 
Puis  on  le  mit  au  petit  séminaire  de  la  mêrr 
ville,  pour  qu'il  y  fît  sa  philosophie.  Son  séjoi 
dans  cet  établissement  développa  tellement  i 
lui  le  sentiment  religieux ,  qu'il  fut  un  momei 
question,  dans  sa  famille,  de  le  faire  entrer  dan 
les  ordres.  Mais  l'avis  contraire  prévalut,  < 
Carnot  fut  envoyé  à  Paris  dans  une  école  spe 
ciale,  où  les  jeunes  gens  qui  aspiraient  à  la  cai 
rière  du  génie  militaire  se  préparaient  aux  exa 
mens.  Les  railleries  dont  ses  camarades  y  asi 
saillirent  son  extrême  dévotion  le  portèrent  à  ré 
viser  alors  ses  études  philosophiques,  et  il  ei 
résulta  de  grands  changements  dans  ses  opi 
nions  religieuses  ;  mais  cela  ne  lui  fit  point  né 
gliger  la  géométrie  et  l'algèbre,  où  il  fit  de  tel 
progrès  que  d'Alerabert,  qui^ionnaissait  le  di 
recteur  de  Técole,  remarqua  le  jeune  Carnot,  e 
lui  adressa  des  paroles  llatteuses,  que  celui-c 
n'oublia  de  sa  vie,  et  ne  répéta  jamais  sans  émo 
tion.  Carnot  comparut  enfin  devant  l'abbé  Bos- 
sut  ;  et,  ce  sévère  ex^aminateur  ne  l'ayant  pi 
prendre  en  défaut,  il  fut  admis  au  grade  de  lieU' 
tenant  en  second  du  génie,  et  alla  recevoir  les  W 
çons  de  l'illustre  Monge  à  l'école  de  Mézières, 
H  en  sortit  lieutenant  en  premier  en  1773,  el 
fut  envoyé  à  Calais.  Là  il  mena ,  malgré  sa  jeu-' 
nesse ,  une  vie  sérieuse  et  retirée ,  et  consacra 
invariablement  à  l'étude  tout  le  temps  que  ses 
fonctions  lui  laissaient.  Pour  se  délasser ,  il  cul- 
tivait la  poésie,  et  composa  vers  cette  époque  un 


11)1 


^7«9  CARNOT 

certain  nombre  de  pièces  de  vers  qui  ne  sont  pas 
sans  mérite.  En  1783 ,  la  découverte  de  la  navi- 
gation aérienne  frappa  vivement  son  imagination. 
iMais,  comprenant  que  cette  découverte  resterait 
*"  i  l'état  de  curiosité  scientifique  tant  qu'on  n'au- 
rait pas  trouvé  le  moyen  de  diriger  les  ballons , 
ij  chercha  immédiatement  la  solution  de  ce  diffi- 
;ile  problème.  Bientôt  après  il  adressa  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  un  mémoire  «  où,  dit  M.  Arago, 
1  soumettait  à  ses  maîtres  un  dispositif  de  rames 
égères  qui,  suivant  lui,  devaient  conduire  au 
^1'  but.  »  Il  est  fâcheux  que  ce  mémoire  n'ait  pu 
éifAtre  retrouvé. 

Carnot  venait  d'être  nommé  capitaine.  L'Aca- 
iémie  de  Dijon  ayant  mis  au  concours,  en  cette 
même  année  1783,  l'éloge  de  Vauban,  Carnot  en- 
«  I  reprit  cette  tâche  ,  et  fut  couronné.  Officier  du 
«I  i  jénie  lui-même,  il  était,  en  effet,  plus  propre  que 
"J  <  personne  à  comprendre,  à  exposer,  à  juger  les 
.Tavaux  du  grand  ingénieur.  Mais  ce  qui  donnait 
i  son  ouvrage  un  caractère  et  une  valeur  inat- 
;endus ,  c'est  qu'à  travers  l'homme  de  guerre  il 
xl  ivait  aperçu  et  étudié  le  publiciste ,  et  avait  su 
f  l'endre  à  la  Dîme  royale  la  justice  que  pres- 
que tout  le  monde  lui  avait  jusqu'alors  déniée. 
Les  hardiesses  que  contenait  cette  seconde  partie 
le  l'œuvre  de  Carnot  n'empêchèrent  ni  l'Acadé- 
mie de  lui  décerner  le  prix ,  ni  Buffon ,  qui  la 
présidait,  d'en  faire  l'éloge.  Le  célèbre  prince 
Henri,  frère  du  grand  Frédéric,  qui  assistait  à 
la  séance ,  appréciant  tout  ce  qu'il  y  avait  de 
mérite  dans  V Eloge  de  Vauban,  s'efforça  d'at- 
tacher l'auteur  au  service  de  la  Prusse ,  et  lui 
fit  les  offres  les  plus  brillantes.  Mais  Carnot  ai- 
mait trop  sa  patrie  pour  être  séduit.  Une  phrase 
de  cet^^op'e  de  Vauban,  mal  comprise,  lui  sus- 
icita  une  querelle  littéraire  avec  le  marquis  de 
IMontalembert,  qui ,  bien  que  général  dinfante- 
iirie,  venait  d'écrire  sur  l'art  des  fortifications. 
iCamot,  grossièrement  attaqué,  se  défendit  avec 
(une  modération,  une  convenance,  une  politesse 
telles,  que  son  adversaire  vaincu  répara  ses  excès 
de  plume  par  une  rétractation  spontanée.  Mais 
Carnot,  dans  sa  réponse,  avait  eu  l'imprudente 
franchise  de  proclamer  bonnes  certaines  innova- 
tions proposées  par  le  marquis,  et  que  les  chefs 
supérieurs  du  corps  du  génie  avaient  repous- 
8ées.  Cela  fit  scandale  ;  et  Carnot,  frappé  d'une 
lettre  de  cachet,  alla  expier  à  la  Bastille  le  tort 
d'avoir  été  d'un  autre  avis  que  ses  anciens. 

Cela  se  passait  en  1784.  Il  avait  publié  ,  l'an- 
née précédente,  un  autre  ouvrage  d'une  extrême 
importance ,  intitulé  Essai  sur  les  machines , 
où  se  trouve  un  théorème  nouveau  sur  la  perte 
des  forces,  qui  est  rangé  au  nombre  des  plus 
belles  découvertes  de  la  science  mécanique. 
I  «  Ce  beau,  ce  précieux  théorème,  dit  M.  Ara- 
go (1),  est  aujourd'hui  connu  de  tous  les  ingé- 
nieurs ;  il  les  guide  dans  la  pratique  ;  il  les  garan- 
tit des  fautes  grossières  que  commettaient  leurs 


790 


{i)  Biographie  de  Lazare- Nicolas-Marguerite  Carnot, 
page  16, 


,  devanciers.  »  £t  l'illustre  astronorae  ajoute  un 
peu  plus  loin,  après  avoir  cité  Huyghens ,  Gali- 
lée ,  Newton ,  Euler,  Pascal ,  Laplace ,  etc.  : 
«  Voilà  les  illustres  personnages  à  côté  desquels 
Carnot  est  allé  se  placer  par  la  découverte  de 
son  beau  théorème  !  » 

Pendant  qu'il  se  livrait  à  ces  sévères  études, 
Je  grand  mouvement  d'idées  qui  agitait  la  France 
depuis  un  demi-siècle  arrivait  enfin  à  son  terme, 
et  la  révolution  éclata.  Carnot  n'y  prit  pas  d'a- 
bord une  part  active.  Il  n'émigra  point,  comme 
l'ont  imaginé  certams  biographes  :  il  resta  tout 
simplement  ce  qu'il  était,  officier  du  génie.  Mais 
un  homme  d'une  intelligence  aussi  étendue  et 
d'un  patriotisme  aussi  ardent  ne  pouvait  rester 
étranger  à  l'immense  mouvement  d'idées  qui  se 
produisait  alors,  ni  voir  avec  indifférence  les 
grands  travaux  par  lesquels  l'assemblée  consti- 
tuante posait  les  bases  du  droit  politique  mo- 
derne, et  renouvelait  la  face  de  la  France.  Il 
adressa  plusieurs  mémoires  à  l'assemblée  ;  l'un 
de  ces  mémoires  avait  pour  objet  le  rétablisse- 
ment des  finances.  Il  y  proposait  de  payer  les 
dettes  de  l'État  avec  les  biens  du  clergé,  évalués 
à  dire  d'experts,  et  livrés  aux  créanciers  en  na- 
ture. Ce  mode  de  libération  aurait  prévenu  la 
dépréciation  profonde  où  tombèrent  si  rapide- 
ment les  biens  nationaux;  il  aurait  dispensé 
l'assemblée  d'avoir  recours  aux  assignats ,  ou , 
tout  au  moins,  lui  aurait  permis  d'en  restrein- 
dre considérablement  l'émission.  —  Carnot  se 
maria,  en  1791 ,  avec  la  fiUed'un  administrateur 
militaire  de  Saint-Omer,  où  il  était  alors  en 
garnison  ;  et  peu  après  s'ouvrirent  les  élections 
qui  devaient  produire  l'assemblée  législative  : 
Carnot  fut  nommé  représentant  du  départe- 
ment du  Pas-de-Calais.  Il  y  fit  partie  successi- 
vement du  comité  diplomatique ,  du  comité  de 
l'instruction  publique,  et  enfin  du  comité  mi- 
litaire. Il  se  fit  remarquer  dans  tous  les  trois , 
et  surtout  dans  le  dernier,  où  ses  connaissances 
spéciales  le  mettaient  à  même  de  rendre  les 
plus  utiles  services.  Il  y  acquit  bientôt  une 
grande  autorité,  bien  qu'il  y  eût  d'abord  essuyé 
un  échec  assez  grave.  C'était  au  commencement 
de  la  session,  le  2  janvier  1792,  et  on  ne  le  con- 
naissait pas  encore.  Il  s'agissait  de  réparations  à 
faire  à  la  citadelle  de  Pei-pignan.  Carnot,  montant 
à  la  tribune,  proposa  de  détruire  non-seulement 
la  citadelle  de  Perpignan,  mais  toutes  les  citadel- 
les de  France.  L'assemblée  se  récria  si  fort  et  si 
obstinément,  que  l'orateur  ne  put  se  faire  en- 
tendre, et  fut  obligé  d'expliquer  par  la  voie  des 
journaux  que  les  citadelles  sont  construites  pour 
dominer  les  viUes  et  les  asservir,  beaucoup  plus 
que  pour  les  défendre.  Et  cela  était  vrai  ;  mais 
c'est  le  sort  de  la  vérité  d'être  toujours  repous- 
sée, la  première  fois  qu'elle  se  montre.  Au  mois 
du  juin  suivant ,  le  général  Dillon  et  le  colonel  de 
Berthois  ayant  été  massacrés  par  leurs  soldats, 
ce  fut  Carnot  qui  rendit  compte  à  l'assemblée 
de  ce  funeste  événement,  dans  ua  rapport  où  il 


791 


CARNOT 


79: 


demanda  un  décret  qui  flétrît  les  assassins,  et 
qui  honorât  la  mémoire  des  Tictimes.  Il  pro- 
posa, au  nom  du  comité  militaire,  l'élimination 
des  officiers  dévoués  à  l'ancien  régime,  et  leur 
remplacement  par  des  sous-officiers  :  mesure 
intelligente ,  et  sans  laquelle  la  révolution  n'au- 
rait pu  être  sauvée.  Il  s'opposa  énergiquement 
aux  tentatives  du  ministre  de  la  guerre,  M.  de 
Narbonne,  pour  ramener  les  troupes  sous  le 
joug  de  l'obéissance  passive.  Il  prit  part  à  tou- 
tes les  résolutions  de  l'assemblée,  qui  se  voyait 
sur  le  point  d'être  attaquée  par  le  pouvoir  exé- 
cutif. Tels  furent  le  décret  qui  licencia  la  garde 
du  roi,  celui  qui  créa  deux  nouvelles  divisions  de 
gendarmerie,  celui  qui  accrut  la  garde  nationale 
d'un  grand  nombre  de  citoyens  armés  de'piques, 
à  défaut  de  fusils,  que  l'on  n'avait  pas.  Ce  fut 
sur  son  rapport  que  les  piques  furent  adoptées, 
et  il  eut  besoin  d'y  revenir  à  deux  fois.  Ce  vote 
important  n'eut  lieujque  le  1*"^  août,  et  l'on  com- 
prend sans  peine  quelle  influence  il  dut  avoir 
sur  les  événements  du  10.  Mais  Carnot  ne  le  pré- 
senta pas  lui-même,  chargé  qu'il  était  d'aller  ins- 
pecter le  camp  de  Soissons,  afin  d'éclairer  l'as- 
semblée sur  un  bruit  absurde  qui  venait  de  se 
répandre.  On  disait  que  la  cour  avait  tenté  d'em- 
poisonner les  volontaires  fédérés  rassemblés  en 
Champagne  par  du  verre  pilé,  pétri  avec  leur 
pain;  et  les  jacobins  exploitaient  cette  rumeur 
avec  leur  ardeur  et  leur  violence  habituelles. 
Carnot,  étranger  à  toutes  les  coteries  et  supé- 
l'ieur  à  l'esprit  de  parti ,  établit  qu'il  ne  s'était 
réellement ti'ouvé  de  verre  que  dans  un  seul  pain  ; 
que  ce  verre  n'était  point  pilé,  et  venait  d'un  car- 
reau cassé  par  accident  au  magasin  des  farines. 
Après  le  10  aoilt,  Carnot  fut  chargé  d'aller  re- 
cevoir, au  nom  de  la  nation,  le  serment  civique 
de  l'armée  du  Rhin.  Il  revmt  de  là  au  camp  de 
Chàlons,  et  ne  se  trouva  point  à  Paris  aux  af- 
freuses journées  du  2  et  du  3  septembre.  Il  fut 
élu  membre  de  la  convention,  et  y  continua  le 
rôle  qu'il  avait  joué  à  la  législative,  étranger  aux 
quereUes  des  partis,  dédaignant  l'intrigue,  et  ne 
songeant  qu'au  bien  du  pays.  Il  fut  chargé,  le 
jour  même  où  fut  décrétée  la  mise  en  jugement 
de  Louis  XVI,  d'aller  dans  le  département  des 
Basses-Pyrénées  présider  à  l'organisation  d'un 
corps  d'armée  destiné  à  protéger  cette  frontière. 
Il  revint  à  Paris  an  commencement  de  janvier, 
et  siégea  dans  ces  séances  orageuses  où  le  sort 
du  roi  fut  décidé.  Voici  le  texte  même  de  son 
vote  :  «  Dans  mon  opinion,  la  justice  veut  que 
Louis  meure,  et  la  politique  le  veut  également. 
Jamais,  je  l'avoue,  devoir  ne  pesa  davantage  sur 
mon  cœur  que  celui  qui  m'est  imposé.  »  Peu 
après,  Carnot  fut  chargé  d'aller,  au  nom  de  là 
convention,  surveiller  les  opérations  de  l'aile 
gauche  de  l'armée  du  Nord,  où  sa  présence  fut 
très-utile.  Puis  il  reçut  l'ordre  de  se  joindre 
au  ministre  de  la  guerre  Beurnonville ,  que  la 
convention  envoyait  avec  d'autres  commissaires 
à  l'armée  de  Dumoudez.  Il  eut  le  bonheur  de 


n'y  arriver  qu'après  la  trahison  et  la  fuite  de  o 
général  ;  autrement  il  aurait  partagé  le  sort  di 
ministre  et  des  commissaires. 

Pendant  ce  temps  les  girondins  et  les  monta 
gnards,  dans  le  sein  de  l'assemblée  souveraine 
se  préparaient  au  combat.  Carnot,  comme  nou: 
Tavons  dit,  n'appartenait  ni  à  l'une  ni  à  l'autri 
faction.  Il  voulait  purement  et  simplement  1; 
liberté,  la  répubhque,  et  déplorait  les  divi 
sions  qui  compromettaient  cette  cause.  Les  ma 
nœuvres  de  parti  lui  inspiraient  un  tel  éloigne 
ment  qu'il  ne  mit,  de  sa  vie,  le  pied  dans  aucui 
club.  Il  blâma  ouvertement  et  avec  une  grandi 
énergie  les  journées  insurrectionnelles  du  3 
mai  et  du  2  juin.  Enfin,  au  mois  d'août  1793,  \i 
convention  le  mit  à  la  place  qui  lui  convenait 
et  où  ra|)pelaient  impérieusement  les  reven 
qui  depuis  quelques  mois  se  succédaient  sans 
relâche  :  il  entra  au  comité  de  salut  public,  et  ; 
fut  immédiatement  chargé  de  l'administratioi 
de  la  guerre  et  de  la  direction  supérieure  de; 
opérations  militaires. 

Les  circonstances  étaient  pressantes.  L'agita 
tion,  le  désordre,  la  disette  de  vivres,  la  disetti 
d'argent ,  étaient  partout.  Au  nord,  à  l'est ,  au> 
Alpes,  aux  Pyrénées,  l'ennemi  avait  entamé  nos 
frontières.  Cent  mille  Vendéens  insurgés  étaieni 
maîtres  du  cours  de  la  Loire.  Lyon  révolté  e 
assiégé  se  défendait  avec  un  courage  opiniâtre 
Toulon  venait  de  se  livrer  aux  Anglais,  avec  1; 
flotte  qui  se  trouvait  dans  sa  rade.  Malcommaa 
dées,  mal  organisées,  mal  pourvues,  nos  armée? 
étaient  tombées  dans  le  découragement.  Il  fallaii 
relever,  leur  moral,  les  approvisionner  d'ha 
bits,  d'armes,  de  munitions  de  toute  espèce  ;  les 
réorganiser,  les  multiplier.  Carnot  se  dévoua  à 
cette  grande  tâche  ;  il  y  mit  tant  de  zèle,  tani 
d'intelligence,  un  travail  si  assidu  et  une  si 
grande  habileté,  que  ces  contemporains  ont  dii 
de  lui,  d'un  commun  accord,  qu'il  avait  orga- 
nisé la  victoire ,  et  que  la  postérité  a  pleine- 
ment confirmé  ce  jugement.  Il  ne  déploya  pas 
seulement,  dans  ce  haut  poste  où  l'avait  placé 
la  confiance  de  ses  collègues ,  les  talents  d'un 
grand  administrateur  ;  il  y  montra  aussi  la  science  I 
et  les  conceptions  hardies  d'un  militaire  du  pre- 
mier ordre.  Par  lui  les  quatorze  armées  qui  dé- 
fendaient la  république ,  reliées  entre  elles  par 
une  direction  commune ,  au  lieu  d'agir  isolément  j 
(ce  qui  avait  eu  heu  jusqu'alors),  ne  firent  plus 
que  concoui'ir  à  l'exécution  d'un  plan  général,] 
savamment  conçu;  par  lui,  la  guerre  changea  de 
caractère,  et  les  opérations  timidement  métho- 
diques de  nos  généraux  prirent  un  essor  plus 
hardi  et  plus  brillant.  Ce  fut  lui  qui  sut  décou- 
vrir dans  la  foule  tous  ces  jeunes  héros  qui,  sor- 
tis des  derniers  rangs,  firent  une  si  rapide  for- 
tune, et  portèrent  si  haut  la  gloire  et  la  puissance 
de  la  France. 

Nous  n'en  citerons  qu'un  exemple.  Hoche, 
qui  n'était  encore  que  sergent,  avait  adressé  au 
comité  de  salut  public  un  mémoire  sur  les  moyens 


f)3  CARNOT 

c  iiéiiétrcv  en  Belgique.  Cainot  ne  méprisait 
icii,  et  tenait  compte  de  tout.  Il  lut  le  mémoire 
,  ce  attention,  l'apporta  à  une  séance  du  comité, 

I  dit  à  ses  collègues  ;  .c  Voilà  un  sergent  d'in- 
iiiferiequiferadu  chemin.  «  On  lui  demanda  de 
ai  il  parlait!  «  Amusez-vous,  répondit-il,  à 
arcourir  ce  mémoire.  Bien  que  vous  ne  soyez 
as  militaires,  il  vous  intéressera.  «  Robespierre 
'.  prit  ;  et  après  l'avoir  achevé  :  «  Voilà,  dit-il, 

II  homme  très-dangereux  !  »  Carnot,  sans  s'arré- 
r  à  l'observation  malveillante  de  Robespierre, 
oussa  Hoche  si  rapidement,  qu'en  quelques  mois 
■  sergent  devint  coup  sur  coup  capitaine,  co- 

m  )nel,  général  de  brigade,  général  de  division,  et 
«fin  général  en  chef. 

Au  mois  d'octobre  1793,  le  prince  de  Cobourg, 
iiui  avait  franchi  notre  frontière  du  nord  à  la  tête 
^e  soixante  mille  hommes,  après  avoir  aidé  le 
lUC  d'York  à  prendre  Condé  et  Valenciennes , 
<enait  d'investir  Maubeuge.  Carnot  jugea  Mau- 
•euge  assez  importante  pour  qu'on  risquât  une 
<ataille,  afin  de  délivrer  cette  place.  Mais  l'emiemi 
'vait  pris  des  positions  très-fortes  :  il  s'y  était  re- 
ranché  ;  l'armée  française  était  très-inférieure 
n  nombre,  et  Jourdan,  qui  la  commandait,  hésita 
i*.evant  la  responsabilité  qu'on  lui  voulait  impo- 
ser. Carnot  se  rendit  aussitôt  à  l'armée,  obligea 
ourdan  à  prendre  l'offensive,  désigna  le  point 
«ur  lequel  devait  se  concentrer  l'attaque  ;  —  c'é- 
iait  le  plateau  de  Watignies  ;  —  vit  nos  pre- 
fliiières    colonnes  repoussées,  destitua  sur  le 
^hamp  de  bataille  le  général  qui  les  commandait, 
le  mit,  un  fusil  à  la  main,  à  la  tête  d'une  de  ces 
jolonnes,  et  emporta  le  village.  Le  prince  de 
jobourg  fut  forcé  à  la  retraite,  et  Maubeuge  fut 
flébloquée.  Après  cette  victoire ,  Carcot  revint  à 
Paris,  et  y  reprit  ses  importantes  fonctions  ad- 
tïiinistratives.  En  deux  mois  Toulon  fut  repris, 
jies  Vendéens  furent  défaits  et  presque  détruits  ; 
jieux  armées,  l'une  autrichienne,  l'autre  prus- 
sienne, furent  rejetées  au  delà  du  Rhin,  et  presque 
toutes  nos  frontières  furent  délivrées.  Les  six 
jpremiers  mois  de  1794  virent  la  bataille  de  Fleu- 
ras et  la  conquête  de  la  Belgique. 

Absorbé  par  ses  immenses  travaux,  étranger 
laux  luttes  et  aux  fureurs  des  partis,  Carnot  ne 
iprit  aucune  part  aux  proscriptions  qui  ensan- 
glantèrent cette  époque,  et  ne  dissimula  point 
!  l'horreur  que  les  excès  démagogiques  lui  inspi- 
!  raient.  11  détestait  Robespierre,  qui  le  lui  rendait 
bien.  Il  osa  lui  résister,  ainsi  qu'à  Saint-Just, 
à  l'époque  de  leur  plus  grande  puissance.  Les 
services  qu'il  rendait,  l'impossibilité  de  le  rem- 
i  placer  ,  purent  seuls  sauver  sa  tête.  —  «  Nous 
i  avons  encore  besoin  de  Carnot  pour  la  guerre,  dit 
un  jour  Robespierre;  mais  dès  que  nous  pour- 
rons nous  passer  de  lui,  sa  tête  tombera.  »  — 
Ce  fut  au  contraire  Robespierre  qui  périt.  Après 
le  9  thermidor,  Carnot  demeura  au  comité  de  sa- 
lut public,  et  ce  fut  sous  son  administration  que 


794 

qui  lui  reprochait  sa  signature  mise  au  bas  de 
tous  les  arrêtés  du  coihité  de  salut  public.  La 
mise  en  accusation  de  ses  anciens  collègues  Bil- 
laudrVarennes,  CoUot  d'Herbois  et  Barrère  lui  en 
offrit  une  excellente  occasion,  qu'il  n'eut  garde 
de  laisser  échapper.  Il  monta  à  la  tribune.'.pour 
les  défendre,  soutint  que  les  excès  de  la  terreur 
ne  devaient  pas  leur  être  imputés  plus  qu'à  lui- 
môme.  Et  alors  il  expliqua  comment  lui  et  se-s 
collègues  du  comité ,  pressés  par  le  temps  et 
par  la  quantité  innombrable  dès  affaires,  s'é- 
taient vus  dans  la  nécessité  absolue  de  se  parta- 
ger la  besogne,  de  se  renfermer  chacun  dans  la 
partie  de  l'administration  qui  lui  était  échue ,  et 
de  signer  le  travail  des  autres  sans  le  connaître. 
«  Ces  signatures ,  dit-il ,  étaient  une  formalité 
prescrite  par  la  loi,  mais  absolument  insignifiante 
par  rapport  à  celui  qui  était  tenu  delà  remplir. 
Elles  n'étaient  pas  seulement  des  certifié  con- 
forme ;  car  cela  supposerait  que  le  signataire 
avait  lu  et  coUationné,  ce  qui  n'est  pas  vrai.  Voilà 
comment  U  est  arrivé  qu'on  a  présenté  différen- 
tes pièces  signées  de  moi,  dont  je  n'avais  jamais 
eu  connaissance,  et  même  rédigées  contre  mon 
gré...  On  me  demande  pourquoi  l'on  signait  ainsi 
ces  pièces  sans  les  connaître?  je  réponds  :  Par 
la  nécessité  absolue,  par  l'impossibilité  physique 
de  faire  autrement.  L'affluence  des  affaires  était 
ti'op  considérable  pour  qu'elles  pussent  être  dé- 
libérées en  comité  :  elles  se  montaient  à  quatre 
ou  cinq  cents  par  jour.  »  La  calomnie  fut  réduite 
au  silence.  Après  les  scènes  sanglantes  du  4 
prairial,  qui  firent  monter  la  réaction  à  son  plus 
violent  paroxysme,  quelques  voix  demandèrent 
encore  la  mise  en  accusation  de  Carnot.  Mais 
de  tous  les  côtés  on  cria  :  C'est  lui  qui  a  or- 
ganisé la  victoire!  et  les  accusations  tombè- 
rent. Seulement  il  sortit  du  comité  de  salut  pu- 
blic, et  l'on  s'en  aperçut  bientôt,  à  l'incertitude  et 
au  décousu  des  opérations  militaires. 

L'opinion  publique  ne  tarda  pas  à  le  dédom- 
mager. Aux  élections  qui  suivirent  la  retraite  de 
la  convention,  quatorze  départements  à  la  fois  le 
choisirent  pour  représentant.  11  siégea  au  conseil 
des  anciens  ;  et,  sur  le  refus  de  Sieyes,  il  fut 
nommé  directeur,  après  avoir  combattu  de  tou- 
tes ses  forces  l'institution  du  Directoire.  Il  se 
trouva  donc  de  nouveau  chargé  d'imprimer  le 
mouvement  aux  opérations  militait  es.  En  1793, 
il  avait  su  discerner  le  mérite  encore  inconnu 
de  Hoche,  et  l'avait  fait,  à  vingt-cinq  ans,  général 
en  chef.  En  1796,  il  mit  à  la  tête  de  l'armée  d'I- 
talie un  général  de  vingt-six  ans ,  dont  il  avait 
compris  le  génie.  Sa  correspondance  avec  Bo- 
naparte est  un  monument  précieux  de  l'histoire 
militaire  de  ce  temps-là.  On  ne  peut  dire  assu- 
rément que  Bonaparte  eût  besoin  de  ses  con- 
seils :  cependant  ils  ne  lui  ont  pas  toujours  été 
inutiles. 

Pendant  que  la  France  s'étendait  au  dehors , 


Pichegru  conquit  la  Hollande.  Mais  il  futvio-  j  délivrait  l'Italie  du  joug  autrichien,  et  ïlictait  la 
iemment  attaqué  par  la  réaction  thermidorienne,  '  paix  à  l'Europe,  les  factions  la  déchiraient  au 


795 


CARNOT 


79( 


dedans.  La  majorité  du  corps  législatif  faisait  au 
Directoire  une  guerre  passionnée  et  peu  loyale, 
et  s'efforçait  de  lui  rendre  le  gouvernement  im- 
possible. Les  royalistes  étaient  à  la  tête  de  ce 
mouvement,  et  ne  se  proposaient  rien  moins 
que  le  renversement  de  la  république.  Trois  des 
directeurs,  Barras,  Rewbell  et  Larevellière-Lé- 
peaux,  crurent  ne  pouvoir  sauver  la  révolution 
que  par  un  coup  d'État.  Carnot  comprit  qu'une 
constitution  violée,  dans  quelque  but,  sous  quel- 
que prétexte  que  ce  soit ,  est  une  constitution 
morte  :  il  pensa  que  les  moyens  légaux  devaient 
suffire  à  tous  les  besoins  du  moment.  Il  s'opposa 
donc  tant  qu'il  le  put,  de  concert  avec  le  cin- 
quième directeur,  Barthélémy,  aux  résolutions 
de  ses  collègues.  Il  paraît  d'ailleurs  que  de  pro- 
fonds dissentiments  et  de  vives  antipathies  les 
divisaient.  Soit  conviction,  soit  passion,  soit  i'un 
et  l'autre  à  la  fois,  ce  qui  est  plus  probable. 
Barras,  Rewbell,  Larevellière-Lépeaux  passèrent 
outre,  et  enveloppèrent  Carnot  et  Barthélémy 
dans  leur  guet-apens  contre  la  majorité  des 
conseils.  Barthélémy  fut  pris  et  déporté.  Carnot, 
plus  heureux ,  échappa  comme  par  miracle  aux 
sbires  chargés  de  l'arrêter  dans  le  palais  même 
du  Luxembourg,  où  siégeait  le  Directoire.  Il  se 
réfugia  d'abord  chez  des  artisans,  qui  lui  gardè- 
rent fidèlement  le  secret.  Un  représentant  nommé 
Oudot,  grand  partisan  du  coup  d'État  pourtant, 
mais  honnête  homme ,  le  recueillit  ensuite  chez 
lui ,  et  trouva  le  moyen  de  le  faire  passer  en 
Suisse.  Les  décrets  directoriaux  mirent  ses  biens 
sous  le  séquestre.  Il  fut  dépouillé  de  sa  charge 
de  directeur  et  de  son  caractère  de  représen- 
tant ;  on  alla  même  jusqu'à  lui  ôter  son  siège  à 
l'Institut,  que  Bonaparte  eut,  peu  après,  le  tort 
peut-être  d'accepter.  Carnot  était  l'un  des  con- 
ventionnels qui  avaient  le  plus  contribué  à  la 
formation  de  l'Institut.  Cette  persécution  achar- 
née, qui  frappait  le  savant  en  même  temps  que 
l'homme  politique,  jette  un  triste  jour  sur  les 
haines  personnelles  qui  se  couvrirent  alors  du 
voile  de  l'intérêt  public.  Une  fois  entré  dans  la 
voie  des  moyens  illégaux ,  le  gouvernement  ne 
put  plus  en  sortir,  et  chaque  excès  de  ce  genre 
augmenta  le  profond  discrédit  auquel  il  finit  par 
succomber.  Le  18  fructidor  eut  pour  conséquence 
inévitable,  comme  pour  châtiment,  le  18  bru- 
maire; et  lorsque,  dans  ce  jour  suprême  de  la  li- 
berté, le  député  Linglet  tenta  d'opposer  la  cons- 
titution aux  entreprises  de  Bonaparte,  celui-ci 
put  lui  répondre  :  «  La  constitution  !  vous  n'en 
avez  plus  !  C'est  vous  qui  l'avez  détruite  en  at- 
tentant, le  18  fructidor,  à  la  représentation  na- 
tionale; en  annulant,  le  22  floréal,  les  élections 
populaires;  en  attaquant,  le  30  prairial,  l'indé- 
pendauce  du  gouvernement.  »  On  peut  juger,  par 
ces  paroles  du  vainqueur  d'Italie,  si  Carnot  avait 
eu  raison. 

L'illustre  proscrit  s'était  réfugié  à  Genève,  et 
avait  trouvé  asile  chez  un  hlancîùsseur.  H  fut 
bientôt  reconnu  parles  espions  du  Directoire, 


et  les  agents  français  demandèrent  son  extradi- 
tion. Le  magistrat  auquel  ils  s'adressèrent  étai 
un  homme  de  cœur  :  avant  de  répondre,  il  fi 
évader  Carnot,  qui,  déguisé  par  les  soins  d( 
son  hôte,  put,  sous  le  costume  et  l'attirail  d'ui 
blanchisseur,  gagner  une  barque  qui  l'attendai 
au  bord  du  lac,  et  le  transporta  sur  l'autre  bord 
dans  la  petite  ville  de  Nyon.  Quelque  temp 
après ,  Bonaparte,  se  rendant  à  Rastadt ,  passi 
par  Genève,  et  y  fit  aiTêter  un  banquier  nomrnt 
Boutein,  qu'on  soupçonnait  fort  mal  à  propo 
d'avoir  emmené  Carnot  de  France  :en  Suisse 
dans  sa  voiture.  Puis  Bonaparte  traversa  Nyon 
Les  habitants  illuminèrent,  et  Carnot,  malgré  di 
trop  justes  griefs ,  alluma  comme  eux  des  lain 
pions  en  l'honneur  du  vainqueur  de  l'Autriche 

Il  se  retira  bientôt  en  Allemagne,  à  Augsbourg 
où  le  rapport  de  Bailleul  sur  les  événements  di 
18  fructidor  lui  tomba  entre  les  mains.  Sa  con 
duite  politique  et  ses  intentions  y  étaient  indigne 
ment  travesties  et  calomniées.  Il  y  répondit  avei 
une  vivacité  que  l'on  peut  trouver  excessive 
mais  aussi  avec  une  précision  et  une  netteté  qu 
mirent  à  néant  toutes  les  accusations  portée! 
contre  lui.  A  la  vérité,  toutes  étaient  absurdes . 
et  rien  ne  fait  voir  mieux  que  ce  factum  i 
quel  point  les  trois  directeurs  qui  l'avaient  pros- 
crit étaient  dans  leur  tort. 

Après  le  18  brumaire,  Carnot  fut  rappelé.  Bo- 
naparte le  nomma  d'abord  inspecteur  généra 
aux  revues,  puis  ministre  de  la  guerre.  Ce  fu1 
lui  qui  proposa  de  décerner  à  la  Tour-d'Auvcr- 
gne  le  titre  de  premier  grenadier  de  la  répu- 
blique, et  de  transférer  les  cendres  de  Turenat 
aux  Invalides.  Mais  il  ne  resta  pas  longtemps 
ministre;  et  il  donna  sa  démission  en  des  termes 
d'une  telle  sécheresse,  quon  ne  peut  douter  qi;( 
de  graves  dissentiments  n'eussent  éclaté  entre  le 
premier  consul  et  lui.  Les  dissentiments,  on  en 
devine  facilement  la  cause. 

En  1802,  il  fut  nommé  tribun.  En  cette  qualité 
il  s'opposa  vivement  à  la  création  de  la  Légion 
d'honneur,  au  consulat  à  vie,  et  surtout  à  l'em- 
pire. Les  paroles  qu'il  osa  prononcer  à  cette  o: 
casion  eurent  du  retentissement,  et  mérite  ni 
d'être  rapportées,  au  moins  en  partie  :  «  Quel- 
rt  ques  services  qu'un  citoyen  ait  pu  rendre  à 
<c  sa  patrie,  il  est  des  bornes  que  l'honneur  au- 
n  tant  que  la  raison  imposent  à  la  reconnaissaucc 
«  nationale.  Si  ce  citoyen  a  restauré  la  lib( îiij 
n  publique,  sera-ce  une  récompense  à  lui  ofirir 
«  que  le  sacrifice  de  cette  même  liberté?....  l)o- 
'<■  puis  le  18  brumaire,  il  s'est  trouvé  une  épo- 
«  que,  unique  peut-être  dans  les  annales  du 
«  monde,  pour  méditer  à  l'abri  des  orages,  pour 
«  fonder  la  liberté  sur  des  bases  solides,  avoucey 
«  par  l'expérience  et  la  raison....  Bonaparte  a 
«  pu  choisir  entre  le  système  républicain  et  le 
«  système  monarchique.  Le  dépôt  de  la  liberté 
«  lui  était  confié;  il  avait  juré  de  la  défendre. 
«  En  tenant  sa  promesse,  il  eût  rempli  l'attente 
«  de  la  nation,  qui  l'avait  jugé  seul  capable  de 


'97 


CARNOT 


798 


résoudre  le  grand  problème  de  la  liberté  pu- 
blique flans  les  vastes  États  ;  il  se  fût  couvert 
d'une  fjloire  incomparable.  »    Mais   ce  n'est 
as   de  la  gloire  de   Wasbington   que   Bona- 
aite  était  jaloux.  Le  tribunat  fut  bientôt  sup- 
rimé,  et,  de  1807  à  1814,  Carnot,  rentré   dans 
i  vie  privée,  remplit  ses  loisirs  par  la  cul- 
iire  des   sciences    et  les  soins  qu'exigeait  l'é- 
iication  de  ses  enfants.  Après  le  18  brumaire, 
était  rentré  à  l'Institut.  Pendant  son  passage 
Il  Directoire ,  il  avait  publié  un  ouvrage  remar- 
iiable  et  très-remarque  par  les  géomètres,  inti- 
lûé  Réflexions  sur  la  métaphysique  du  cal- 
iil  infinitésimal.  De  1801  à  1806,  il  avait  fait 
aiaître  successivement  cinq  brochures  sur  dl- 
ti  ses  questions  de  géométrie.  En  1809  il  redi- 
ra, sur  l'invitation  de  Napoléon,  un  traité  de 
ï  iléfense  des  places  fortes.  Ce  fut  aussi  proba- 
lement  vers  cette  époque  qu'il  imagina  un  nou- 
ea\i  système  de  fortifications,  auquel  on  a  rendu 
lus  de  justice  à  l'étranger  que  dans  sa  patrie. 
Les  désastres  de  1813  le  firent  sortir  de  sa 
paisible  et  savante  retraite.  Quand  le  territoire 
ut  menacé,  il  ne  vit  plus  dans  Napoléon  que  le 
penseur  du  pays.  Le  24  janvier ,  il  lui  écrivit 
»  lettre  suivante  :  <(  Sire ,  aussi  longtemps  que 
le  succès  a  couronné  vos  entreprises,  je  me 
suis  abstenu  d'offrir  à  Votre  Majesté  des  ser- 
.  vices  que  je  n'ai  pas  cru  lui  être  agréables  : 
i  aujourd'hui ,  sire ,  que  la  mauvaise  fortune 
1  met  votre  constance  à  une  grande  épreuve, 
<  je  ne  balance  plus  à  vous  faire  l'offre  des  fai- 
t  blés  moyens  qui  me  restent.  C'est  peu,  sans 
t  doute,  que  l'offre  d'un  bras  sexagénaire  :  mais 
j'ai  pensé  que  l'exemple  d'un  soldat  dont  les 
sentiments  patriotiques  sont  connus  pourrait 
t  rallier  à  vos  aigles  beaucoup  de  gens  incertains 
1  sur  le  parti  qu'ils  doivent  prendre,  et  qui  peu- 
i<  vent  se  laisser  persuader  que  ce  serait  servir 
K  leur  pays  que  de  les  abandonner.  Il  est  en- 
«  core  temps  pour  vous,  sire,  do  conquérh"  une 
«  paix  glorieuse,  et  de  faire  que  l'amour  du 
H  grand  peuple  vous  soit  rendu.  »  Napoléon  le 
nomma  gouverneur  d'Anvers.  Il  s'y  rendit  aus- 
sitôt, et  s'y  défendit  avec  tant  de  courage,  de 
constance  et  d'habileté,  que  cette  place  importante 
resta  à  la  France  jusqu'après  le  traité  qui   ter- 
mina la  guerre. 

Un  fait  singulier  eut  lien  lors  de  sa  nomina- 
tion. Carnot  ne  s'était  jamais  occupé  ni  de  son 
avancement  ni  de  sa  fortune.  Il  était  sorti  de 
la  vie  publique  plus  pauvre  qu'il  n'y  était  entré. 
Quand  il  avait  pris  en  main,  en  1793,  l'admi- 
nistration des  armées,  il  était  simple  capitaine 
du  génie.  Quand  il  fut  élu  directeur,  il  venait 
de  passer  chef  de  bataillon,  à  l'ancienneté.  Il 
ét^it  resté  chef  de  bataillon.  Quand  il  avait  quitté 
le  ministère  en  1802,  on  lui  avait  retiré  le  trai- 
tement afférent  à  son  grade;  et  Napoléon  n'avait 
réparé  cette  injustice  qu'en  1807,  par  une  pension 
de  10,000  francs  qu'il  lui  avait  assignée.  «  En 
R 1814,  dit  M.  Arago,  quand  il  fallut  expédier 


«  les  lettres  de  commandement  du  gouverneur 
«  d'Anvers,  les  commis  de  la  guerre,  pour  écrire 
«  l'adresse ,  cherchèrent  dans  les  contrôles  les 
«  titres  officiels  de  Carnot,  et  restèrent  stupé- 
«  faits  en  voyant  que  l'empereur  venait,  sans 
«  s'en  douter,  de  placer  un  simple  chef  de  Iki- 
«  taillon  à  la  tête  d'une  foule  de  vieux  généraux. 
«  Le  service  aurait  évidemment  souffert  d'ua 
«  pareil  état  de  choses.  On  sentit  le  besoin  d'y 
«  remédier,  et,  à  l'imitation  de  certain  person- 
«  nage  ecclésiastique  qui,  dans  la  même  journée, 
«  reçut  les  ordres  mineurs,  les  ordres  majeurs, 
«  la  prêtrise  et  l'épiscopat,  notre  confrère,  en 
«  quelques  minutes ,  passa  par  les  grades  de 
«  lieutenant-colonel,  de  colonel,  de  général  de 
«  brigade  et  de  général  de  division.  » 

Carnot  en  quittant  Anvers  emporta  l'estime 
et  les  regrets  des  habitants,  dont  il  avait  ménagé 
les  propriétés,  et  auxquels  il  avait  épargné,  au- 
tant qu'il  l'avait  pu,  les  inconvénients  et  les 
dommages  du  siège.  Le  faubourg  de  Wilebrord, 
qu'il  avait  préservé  de  la  démolition,  voulut 
prendre  le  nom  de  son  libérateur.  De  retour  à 
Paris,  Carnot  trouva  l'opinion  inquiète  et  agitée. 
Le  parti  royaliste  embarrassait  le  gouvernement 
par  ses  prétentions ,  troublait  la  France  par  ses 
exigences  et  ses  ressentiments,  insultait  la  révo- 
lution, menaçait  les  intérêts  qu'elle  avait  créés 
et  les  institutions  qu'elle  avait  fondées.  Il  inter- 
vint dans  ces  querelles  par  une  brochure  véhé- 
mente ,  intitulée  Mémoire  au  roi.  11  y  relevait 
fièrement  le  drapeau  de  la  révolution ,  signalait 
hardiment  les  fautes  du  pouvoir  royal,  et  ren- 
voyait à  l'émigration  toutes  les  accusations  dont 
elle  avait  voulu  flétrir  les  hommes  qui,  pendant 
dix  ans,  avaient  défendu  le  pays  contre  l'Europe 
coalisée.  Cette  brochure  fit  un  effet  immense,  et 
fit  à  sou  auteur,  dans  l'opinion ,  une  posi- 
tion si  haute,  que,  l'année  suivante,  quand  Napo- 
léon, rcTenu  dp.  l'île  d'Elbe ,  sentit  le  besoin  de 
donner  des  gages  aux  amis  de  la  hberté ,  ce  fut 
Carnot  qu'il  choisit  comme  celui  qui  les  représen- 
tait le  mieux.  Carnot  fut  ministre  de  l'intérieur, 
et  jamais  la  liberté  de  la  presse  et  la  liberté  indivi- 
duelle ne  furent  plus  respectées  que  sous  son  admi- 
nistration. On  s'étonna  pourtantque  le  vieux  répu- 
blicain acceptàtde  Napoléon  letiti'e  decomte.  Il  en 
fut  gratifié  sans  le  savoir.  M.  Arago  a  expliqué  pour 
la  première  fois  ce  fait  anormal  :  «  Ma  mémoire, 
«  dit-il,  peut  reproduire  fidèlement  quelques 
".  paroles  de  notre  confrère  qui  éclairent  ce  point 
<c  de  sa  vie,  et  qui  me  furent  transmises,  le  jour 
«  même,  par  un  officier  qui  les  avait  entendues. 
«  On  était  à  table,  au  ministère  de  l'intérieur. 
«  Une  lettre  arrive.  Le  ministre  brise  le  cachet, 
«  et  s'écrie  presque  aussitôt  :  Eh  bien,  mes- 
«  sieurs,  me  voilà  comte  de  l'empire  !  Je  devine 
«  d'où  le  coup  part.  C'est  ma  démission  qu'on 
n  désire,  qu'on  demande.  Je  ne  lui  donnerai  pas 
«  cette  satisfaction.  Je  resterai,  puisq\ie  je  pense 
«  pouvoir  être  utile  au  pays.  Le  jour  viendra, 
«  j'espère,  où  il  me  sera  permis  de  m'expliquer 


799 


CARNOT 


800 


«  nettement  sur  cette  perfidie.  A  présent,  je  me 
n  contenterai  de  dédaigner  ce  vain  titre ,  de  ne 
«  jamais  l'accoler  à  mon  nom,  et  surtout  de  ne 
«  pas  en  prendre  le  diplôme,  quelques  instances 
«  que  l'on  me  fasse.  De  ce  moment,  vous  pouvez 
«  tenir  pour  certain,  messieurs,  que  Carnot  ne 
<c  restera  pas  longtemps  ministre  après  que  les 
«  ennemis  auront  été  repoussés.  »  Carnot  con- 
signa les  motifs  de  son  acceptation  dans  une  let- 
tre qu'il  rendit  publique,  et  dans  laquelle  il  di- 
sait à  l'empereur  que  «  son  consentement  n'était 
qu'un  acte  de  résignation.  » 

Pendant  ce  ministère  de  trois  mois,  et  au  mi- 
lieu de  toutes  les  préoccupations  politiques  qui 
l'assiégeaient,  Carnot  trouva  encore  le  temps 
d'introduire  en  France  l'enseignement  mutuel. 
Un  décret  rendu  sur  son  rapport,  le  27  avrill815, 
autorisa  la  formation,  à  Paris,  d'une  école  nor- 
male élémentaire  destinée  à  préparer  la  mise 
en  pratique  de  cette  nouvelle  méthode. 

Après  Waterloo ,  Carnot ,  presque  seul ,  con- 
serva son  sang-froid ,  et  eut  le  sentiment  des 
périls  et  des  nécessités  de  la  situation.  Il  proposa 
dans  le  conseil  qu'on  déclarât  la  patrie  en  dan- 
ger, que  l'on  conférât  à  Napoléon  des  pouvoirs 
extraordinaires,  et  qu'on  se  défendît  à  outrance. 
Mais  on  était  bien  loin  alors  des  héroïques  élans 
de  1793.  Napoléon  abdiqua,  et  Carnot,  pour  son 
malheur,  fut  nommé  membre  du  gouvernement 
provisoire.  Il  n'y  put  ni  faire  le  bien,  niempé- 
cJier  le  mal.  Son  âme  simple  et  droite  était  ab- 
solument inhabile  à  lutter  contre  le  génie  de  l'in- 
trigue, incarné  dans  Fouché.  Après  la  rentrée  des 
Bourbons  il  fut  de  nouveau  proscrit,  comme 
après  le  18  fructidor.  L'empereur  Alexandre 
s'empressa  de  lui  offrir  un  passeport  avec  lequel 
il  se  retira  à  Varsovie.  Il  reçut  des  Polonais  les 
plus  illustres  des  témoignages  d'estime  et  de 
dévouement  aussi  touchants  qu'inattendus.  Mais 
le  climat  de  la  Pologne  ayant  compromis  sa 
santé ,  fatiguée  par  tant  de  travaux  et  d'épreu- 
ves, il  s'établit  en  Prusse,  à  Magdebourg,  où  il 
fut,  jusqu'au  dernier  moment  de  sa  vie,  l'objet 
de  la  considération  générale.  Il  mourut  à  l'âge 
de  soixante-dix  ans  et  deux  mois ,  laissant  une 
mémoire  chère  à  sa  patrie  et  pure  de  tout  re- 
proche. 

Voici  la  liste  des  ouvrages  de  Carnot  :  Éloge 
de  Vauban;  Dijon,  1784;  —  Observations  sur 
la  lettre  de  M.  Choderlos  de  Laclos ,  contre 
l'Éloge  de  Vauban  ;  1785  ;  —  Essai  sur  les  ma- 
chines en  général  ;  1784,  V  édit.  en  1786;  — 
Mémoire  présenté  au  conseil  de  la  guerre  au 
sujet  des  places  fortes  qui  doivent  être  démo- 
lies ou  abandonnées;  1789;  —  Réclamation 
adressée  à  V Assemblée  nationale,  contre  le  ré- 
gime oppressif  sous  lequel  est  gouverné  le 
corps  royal  du  génie;  1789  ;  —  Exploits  des 
Français  depuis  le  22  fructidor  an  i"'' jus- 
qu'au 1.5  pluviôse  an  m  de  la  république; 
179C,  plusieurs  fois  réimprimé  et  traduit  en  al- 
lemand; —  Réflexions  sur  la  métaphysique 


du  calcul  infinitésimal  ;  1797,  2"  édit.;enl8i: 
traduit  en  allemand  par  Hauff,  en  anglais  pai 
Dickson;  —   Œuvres  mathématiques  ;  Bâle 

1797;  —  Réponse  de  Carnot,  citoyen  français 

l'un  des  fondateurs  de  la  république,  au  rap 
port   de   Bailleul   sur   la  conspiration   di 

18  fructidor;  1798,  réimprimé  plusieurs  fois 
trad.  en  allemand  et  en  anglais  ;  —  Lettre  du  ci- 
toyen Carnot  au  citoyen  Bossut  sur  la  trigo 
nométrie;  1801  ;  —  de  la  Corrélation  des  figu 
res  de  géométrie;  1801;  trad.  en  allemand  pa 
Schellig  ;  —  Principes  fondamentaux  de  l'é 
quilibre  et  du  mouvement;  1803  ;  trad.  en  aile 
mand  par  Weiss;  —  Géométrie  de  position 
1803;  traduit  en  allemand  par  Heiligenstein  ei 
1804,  par  Schumacher  en  1810  ;  —  Discours  con 
tre  l'hérédité  de  la  souveraineté  en  France 
1804;  —  Mémoire  sur  la  relation  qui  exist 
entre  les  distances  respectives  de  cinq  point 
pris  dans  V  espace;  1806;  —  de  la  Défense  de 
places  fortes  ;  1812;  2^  et  3^  édit.,  1813;  —M- 
moire  adressé  atc  roi;  1814;  — Exposé  de  h 
situation  de  l'empire;  juin  1815;  —  Exposi 
de  la  condtiite  politique  du  général  Carno 
depuis  le  V  juillet  1814;  1815;  3  édit.  ;  - 
Opuscules  poétiques  du  général  Carnot;  Paris 
1820;  —  Mémoire  sur  la  fortification  primi 
tive,  pour  servir  de  suite  à  la  défense  des  pla 
ces;  1823.  G.  Héquet. 

Mollit,  univ.  —  Thiers,  Hist.  de  la  Rév.  franc.  —  Mi 
gnet,  Hnt.  de  la  Rev.  —  Thibaudeau,  Hist.  du  Consula 
el  de  l'Emvire.  —  Bûchez  et  Roux ,  Hist.  parlem.  de  ï 
Rév.  —  Les  Mémoires  sur  la  Révol.  —  Galerie  hisi 
des  Contemp.  —  Arnault,  Jouy,  etc.,  Biogr.  nouv.  dt 
Contemp.  —  Arago,  Biographie  de  Carnot. 

CARNOT  (  Claude-Marguerite  ) ,  frère  di 
précédent,  né  àNolay  en  1754,  mort  le  15  mar 
1808.  Il  se  livra  à  l'étude  de  la  jurisprudence,  j 
remplit  divers  emplois  civils  et  judiciaires  à  Dijon 
et  mourut  prématurément  dans  l'exercice  de 
fonctions  de  procureur  général  près  la  cour  d^ 
justice  criminelle  de  la  Côte-d'Or.  Il  prononça  ei 
mourant  ces  paroles  :  Vous  allez  voir  comm> 
on  passe  de  la  vie  à  la  mort. 

ISA.MBERT. 

CARNOT-FEULiNS  (  Claude-Marie  ) ,  frèn^ 
du  précédent,  né  à  Nolay  le  15  juillet  1755 
mort  en  1836.  Il  suivit  la  carrière  militaire,  en 
tra  dans  le  génie,  et  se  trouvait  capitaine  quam 
vint  la  révolution.  En  i  790  ;  il  fut  nommé  admi 
nistrateur  du  Pas-de-Calais;  il  présida  l'assem 
blée  électorale  en  1791,  et  fut  élu  membre  d 
l'assemblée  [législative.  Il  s'y  rendit  utile  dan» 
sa  spécialité,  et  même  hors  de  sa  spécialité 
Après  le  10  aoîlt,  il  fut  nommé  directeur  du  dé 
parlement  général  des  fortifications.  Il  fut  charg 
successivement  de  plusieurs  missions  militaires 
importantes.  On  voulut  le  nommer  général  ei 
chef  d'une  armée  de  réserve  ,  mais  il  refusa.  I 
fit  d'importantes  additions  aux  fortifications  d( 
Dunkerque  et  des  autres  places  de  cette  partie  di 
la  frontière.  Il  rendit  des  services  signalés  ai^ 
siège  de  Fumes  et  à  la  bataille  de  Watignies, 


ifi 


^801 


CARNOT  —  CARM 


802 


H  fut  nommé  ensuite  membre  du  comité  des  for- 
tifications ,  où  il  s'est  distingué  par  des  travaux 
de  la  plus  grande  utilité.  Au  18  fructidor,  il  fut 
frappé  comme  sou  frère  Lazare,  destitué,  obligé 
de  quitter  Paris.  Il  se  retira  en  Bourgogne,  et  ne 
fut  rappelé  qu'après  le  18  brumaire.  Il  vint  alors 
lider  son  frère  au  ministère  de  la  guerre.  Quand 
>on  frère  eut  donné  sa  démission ,  Bonaparte 
roulut  l'envoyer  à  Saint-Domingue.  Il  avait  alors 
e  grade  de  général  de  brigade,  et  il  aurait  com- 
nandé  l'arme  du  génie  dans  l'armée  expédi- 
ionnaire  du  général  Leclerc.  Une  violente  attaque 
le  goutte  l'empêcha  de  partir  ;  et  Bonaparte  lui 
'n  ayant  témoigné  son  mécontentement  d'une 
açon  peu  courtoise ,  il  donna  sa  démission.  Il 
le  rentra  au  service  qu'après  la  restauration. 
)n  le  remit  au  comité  des  fortifications.  Pendant 
is  Cent-Jours  il  fut  élu  représentant  du  dépar- 
ement  de  Saône-et-Loire.  Il  fut  l'un  des  secré- 
iires  de  cette  assemblée  ;  et  lorsque  son  frère 
it  appelé  au  gouvernement  provisoire,  il  lerem- 
laça,  par  intérim ,  au  ministère  de  l'intérieiu-. 
,  près  la  seconde  restauration  il  quitta  définitive- 
ment le  service ,  avec  le  grade  et  la  retraite  de 
eutenant  général.  L'année  suivante,  il  fut  ar- 
ête et  mis  au  secret  pendant  quelques  jours , 
lour  le  crime  d'avoir  correspondu  avec  son  frère 
ui  était  en  Pologne.  Il  est  mort  à  Autun ,  âgé  de 
uatre-vingt  et  un  ans.  Il  a  publié,  sans  y  met- 
're  son  nom,  quelques  ouvrages  politiques  qui 
'6  sont  pas  sans  mérite.  Il  s'était  distingué  dans 
;s  assemblées  par  une  élocution  facile  et  élé- 
,ante ,  que  servaient  une  belle  figure  et  un  bel 
•rgane.  G.  Héquet. 

CARNOT  (Sady),  officier  français,  fils  aîné 
e  Lazare-INicolas-Mar^uerite,  mort  en  1832.  Il 
tait  ancien  élève  de  l'École  polytechnique  et  ca- 
itaine  du  génie,  lorsqu'il  mourut  du  choléra.  On 
de  lui  :  Réflexions  sur  la  puissance  motrice 
Il  feu,  et  sur  les  machines  propres  à  déve- 
ipper  cette  puissance  ;  Paris,  1824,  in-8". 

Quérard,  la  France  littéraire. 

*CAHisOT  {Lazare- Hippolyte) ,  second  fils 
lu  célèbre  conventionnel,  est  né  à  Saint-Omer  le 

avril  1801.  Il  accompagna  son  père  dans  l'exil 
n  Pologne  et  en  Allemagne,  et  ne  revint  en  France 
lu'après  lui  avoir  fermé  les  yeux.  Il  prit  part 
,ux  luttes  poUtiques  de  la  restauration ,  et  fut , 
n  1830,  l'un  des  champions  de  la  Uberté  :  il 
'était  enrôlé  sous  les  drapeaux  du  saint-simo- 
isme,  et  l'ouvrage  publié  et  signé  par  Bazard, 
3US  ce  titre  :  Exposition  générale  de  la  doc- 
tine  saint-simonienne ,  avait  été  rédigé  par 
iii.  Mais  quand  l'association  saint-simonieune 
e  dépouilla  du  caractère  philosophique  qu'elle 
^vait  eu  d'abord,  et  devint  secte  religieuse, 
il.  Carnot  s'en  sépara  immédiatement.  Il  se  livra 
es  lors  exclusivement  à  l'étude  et  aux  travaux 
ittéraires.  Il  écrivit  dans  plusieurs  journaux ,  et 
jit  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  encyclopédi- 
lue.  Deux  anciens  collègues  de  son  père ,  Bar- 
ière  et  Grégoire,  l'ayant  chargé  de  publier  leurs 

HOVV.   BIOGR.    UNIVERS.   —   T.    VIU. 


mémoires  après  leur  mort ,  il  s'acquitta  de  ce 
devoir,  et  fit  aussi  imprimer,  sur  les  manuscrits 
laissés  par  Grégoire,  le  sixième  volume  de  l'His- 
toire des  sectes  religieuses.  Il  fut  nommé  dé- 
puté en  1839,  réélu  en  1842  et  en  1846.11  siégea 
toujours  à  l'extrême  gauche,  et  se  fit  remarquer 
par  l'indépendance ,  la  modération  et  la  fermeté 
de  ses  opinions.  En  1848,  après  la  révolution  de 
février,  le  gouvernement  provisoire  l'appela  au 
ministère  de  l'instruction  publique.  Son  passage 
au  pouvoir  eut  des  résultats  utiles  :  il  améliora 
la  position  des  instituteurs  primaires,  fit  décréter 
la  gratuité  de  l'École  normale,  fonda  une  école 
d'administration,  que  l'un  de  ses  successeurs  a  de- 
puis abolie  ;  il  institua  des  lectures  publiques  pour 
le  peuple,  et  présenta  à  l'assemblée  constituante 
un  projet  de  loi  organique  d'instruction  primaire, 
qui  ne  fut  pas  adopté.  Il  quitta  volontairemen 
le  ministère  le  5  juillet  1848.  Il  était  membre  de 
l'assemblée  constituante  ;  mais  il  échoua  aux  élec- 
tions générales  de  1849,  et  ne  fut  réélu  qu'en  1850 
par  la  ville  de  Paris  et  le  département  de  la 
Seine,  dans  des  circonstances  qui  firent  de  cette 
élection  un  événement  important.  Après  le  coup 
d'État  de  1851 ,  il  quitta  volontairement  la  France. 
Pendant  son  absence,  en  1852,  les  électeurs  de 
Paris  le  nommèrent  député  au  corps  législatif.  Il 
revint  alors  à  Paris ,  refusa  de  prêter  serment 
au  pouvoir  nouveau,  et  fut  déclaré  démission- 
naire. Depuis  ce  temps  il  vit  dans  une  retraite 
studieuse,  comme  il  convient  au  fils  de  Carnot. 

G.  HÉQUET. 

Monit.  univ.  —  Lesur,  Annuaire  hist.  —  Lamartine, 
Hist.  de  la  Révol.  de  1848.  —  Elias  Begnault,  Hist.  de 
huit  ans. 

*CARNCLI    ou    CABNCLO     (Simone    DE). 

franciscain  et  peintre  italien ,  né  dans  l'État  de 
Gênes  ,  vivait  en  1519.  On  cite  de  ce  peintre 
deux  sujets  sacrés  dans  l'église  de  Saint-Fran- 
çois à  Voltri  :  l'Institution  de  VEucharistîe 
et  la  Prédication  de  saint  Antoine.  L!exécu- 
tion  de  la  partie  architecturale  et  de  la  perspective 
est  si  parfaite,  qu'André  Doria  voulait  acheter  ces 
chefs-d'œuvre  aux  habitants  de  Voltri  à  quelque 
prix  que  ce  fût,  pour  en  faire  don  à  l'Espagne; 
mais  ceux-ci  refusèrent  toute  proposition. 

Soprani ,  yite  de'  Pittori  Genovesi.  —  Lanzi ,  Storia 
pittorica.  —  Nagler ,  Neues  Allgemeines  Kûnstler- 
Lexicon. 

*CARNY  ( ...  de),  ctùmiste  français,  né  dans 
le  Dauphiné  vers  1750,  mort  à  Nancy  en  avril 
1830.  Il  entra  fort  jeune  dans  l'administration 
des  poudres  et  salpêtres,  et  y  devint  bientôt  le 
collaborateur  et  l'ami  de  Monge,  de  Vauquelin, 
de  BerthoUet,  de  Guyton-Morveau,  de  Lavoi- 
sier  ;  et  quand  la  France  eut  à  lutter  contre 
l'Europe,  et  que  ^a  poudre  manquait  au  courage 
de  ses  défenseurs ,  Carny  trouva  des  procédés 
plus  expéditifs  pour  former  le  salpêtre  et  le 
mettre  en  usage.  Nommé  commissaire  de  raffi- 
nage du  salpêtre  et  de  la  fabrication  de  la  pou- 
dre dans  toute  la  France,  il  monta  la  poudrière 
de  Grenelle,  et  bientôt  vingt-quatre  milliers  de 

26 


803 


GARNY  —  CARO 


804 


poudre  sortirent  chaque  jour  de  ses  ateliers.  La 
soude,  que  la  guerre  empêchait  de  tirer  d'Europe, 
manquait  aux  fabriques  françaises  tCarny,  guidé 
par  les  conseils  de  Guyton-Morveau ,  soumit  au 
gouvernement  huit  procédés  nouveaux  pour  ex- 
traire cet  alcali  du  sel  marin.  Il  créa  ensuite 
pour  son  compte  plusieurs  manufactures  de 
produits  chimiques  :  la  première,  érigée  à  Lyon, 
fut  détruite  lors  du  siège  de  1793;  et  jamais  son 
propriétaire  ne  put  obtenir  d'indemnité.  Il  éta- 
blit en  dernier  lieu  la  fabrique  de  soude  de 
Dieuze,  où  il  parvint  à  utiliser  les  dépôts  de 
sulfate  de  chaux  et  de  soude,  qu'on  jetait  aupa- 
ravant comme  inutiles.  Cette  usine,  dirigée  main- 
tenant par  M.  de  Carny  fils,  est  une  des  plus  belles 
de  France,  et  des  plus  renommées  pour  la  supé- 
riorité de  ses  produits. 

Kabbes,etc.,  Biographie  des  Contemporains.  —  Le  Bas, 
Dict.  enc  de  la  France. 

CARO  (Annibal),  poète  italien ,  né  à  Città 
Nuova  (Marche  d'Ancône)  en  1507,  mort  à 
Rome  en  1566.  Ce  poète,  l'im  des  beaux  génies 
du  seizième  siècle  et  le  plus  parfait  des  traduc- 
teurs en  vers  de  Virgile,  commença  par  exercer 
les  fonctions  de  précepteur  chez  un  riche  Flo- 
rentin ,  après  la  mort  duquel  il  fut  attaché  en 
qualité  de  secrétaire  à  Pierre-Louis  Farnèse,  pre- 
mier duc  de  Parme  et  de  Plaisance.  C'est  alors 
que ,  durant  de  nombreux  loisirs ,  il  se  hvra  à 
l'étude  de  la  langue  toscane,  et  que  la  pureté, 
l'élégance  de  son  style  attirèrent  l'attention  de  ses 
compatriotes.  Ces  travaux  ne  lui  firent  pas  né- 
gliger les  devoirs  de  sa  charge  :  plus  d'une  fois 
Pierre-Louis  lui  confia  des  missions  importantes 
auprès  de  Charles-Quint  ;  mais  le  duc  lui  était 
devenu  si  odieux  par  ses  vices  et  par  sa  violence, 
qu'il  songeait  à  le  quitter  lorsqu'un  assassinat 
en  délivra  l'Italie.  Les  trois  fils  qu'il  laissait  fu- 
rent de  nouveaux  protecteurs  pour  Caro.  Le 
cardinal  Ranuccio  ajouta  de  nouveaux  bénéfices 
à  ceux  qu'il  possédait  déjà,  le  fit  entrer  dans  l'or- 
dre de  Saint-Jean-de-Jérusalem,  et  lui  obtint  deux 
riches  commanderies. 

Caro  était  engagé  dans  une  querelle  littéraire 
contre  Castelvetro  :  cette  querelle,  dont  ie  bruit 
remplissait  l'Italie,  avait  commencé  par  la  criti- 
que que  Castelvetro  avait  faite  de  la  belle  can- 
zone  d'Annibal  à  la  louange  de  la  maison  de 
France  :  Venite  ail'  ombra  de'  gran  gigli  cl'  oro 
■(  Venez  à  l'ombre  des  grands  lis  d'or  ).  On  pré- 
tend que  Caro  poussa  le  ressentiment  jusqu'à 
dénoncer  Castelvetro  au  saint-office  :  c'est  une 
imputation  si  odieuse  qu'on  hésite  à  l'admettre, 
malgré  le  témoignage  affirmatif  de  Muratori. 
Dans  sa  vieillesse  Caro  fixa  son  séjour  à  Rome; 
pendant  l'été  il  habitait  une  maison  de  campagne 
à  Frascati  :  là,  ayant  conçu  l'idée  de  composer 
une  épopée ,  il  essaya ,  pour  s'exercer,  de  tra- 
duire V Enéide  en  vers  libres.  Ce  travail  eut 
bientôt  pour  lui  tant  de  cliarmes  qu'il  ne  songea 
plus  qu'à  le  continuer,  et  à  le  rendre  aussi  parfait 
que  possible.  C'est,  en  effet,  son  plus  beau  titre 


de  gloire  ;  la  langue  toscane  ne  fut  jamais  mieux 
maniée,  plus  riche,  plus  abondante  et  plus  pure  : 
ce  n'est  peut-être  pas  un  modèle  d'exactitude 
pour  ceux  qui  tiennent  à  la  traduction  servile 
des  mots,  mais  le  sens  poétique  de  Virgile  y  est 
toujours  parfaitement  compris  et  admirable- 
ment exprimé.  Caro  avait  à  peine  achevé  cet 
ouvrage  lorsqu'il  mourut.  Outre  la  traduction 
de  V Enéide ,  imprimée  pour  la  première  fois  à 
Venise  chez  les  Juntes,  1581,  in-4o,  il  a  laissé  : 
la  Fichéide,  ou  Comento  di  ser  Agresto  (la 
Ficaruolo  sopra  la  prima  ficata  del  Padre 
Siceo,  imprimée  à  Rome,  1539,in-4°  :  c'est  une 
plaisanterie  sur  un  capitolo  du  Molza,  dans  le 
goût  italien  du  seizième  siècle  ;  —  due  Orazioni 
di  Gregorio  Nazianzeno ,  teologo  ,  etc.  ;  — 
Rettorica  d'Aristotele;  Venise,  1570;  —  le 
Rime  ;  Venise,  Aide  Manuce,  1569,  in-4°  ;  —  la 
Lettere;  ibid.,  1572-1574  ;  —  gli  Straccioni  , 
commedia;  ibid.,  1582;  —le  Cose pastorali  di 
Longo,  il  quale  scrisse  degli  amori  di  Dafnl 
e  Cloe;  Paris,  1786,  in-4°.  [L.  Ozenne,  daiiS 
VJb'nc.  des  g.  du  m.  ] 

A.-F.  Seghezzi,  f^ita  del  comm.  Caro  ;  Paione,  m^, 
ioS",  —  tk)mba,  alcune  (.tperette ,  p.  S74.  —  Girartlini, 
Italia  lett.,  p.  336.  —  Baillet,  JTttpemertts  des  Savants, 
n°  981  et  1308.  ~  Moréri,  Dictionnaire  universel.  —  Ghi- 
lini,  Teat.  A'  Uomini  letter.  —  Crasso,  Elogi  d'  Uomini 
letter. 

*CARO  (Francisco),  peinti'e  espagnol,  n<j 
à  Séville  en  1627,  mort  en  1667.  Il  reçut  les 
premiers  principes  de  son  art  de  son  père  Fran- 
cisco Lopez,  puis  il  vint  à  Madrid  étudier  à  l'é- 
cole d'Alfonse  Cano.  En  peu  de  temps  il  fit  de 
rapides  progrès,  et  fut  chargé  en  1658  de  la  dé- 
coration complète  de  la  chapelle  de  Saint-Isi 
dore,  dans  l'église  de  Saint-André.  Son  tableau  |( 
plus  remarquable  est  celui  du  JuJMé^  pour  k 
couvent  de  Saint-François  à  Ségovie. 

Quilliet,  Dictionnaire  des  Peintres  espagnols. 

*CARO  {Fi'ançois},  poète  latin  et  orateui 
sacré  italien,  des  clercs  réguliers  de  l'ordre  des 
Soraasques ,  vivait  dans  la  seconde  moitié  dr 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Lusus  car- 
minum  pro  genialibus  gymnasii  sui  diebus 
nunc  tertio  tijpis  dati  auctique  numéro  ;  Ve 
nise,  1692,  in- 12;  —  un  grand  «ombre  de  pa- 
7iégyriques  et  d'oraisojis  funèbres  ,  imprimés 
dans  divers  recueils. 

Cinelli,  Bibliotheca. 

*  CARO  (Joseph),  prêtre  et  canoniste  italien 
vivait  en  1686.  On  a  de  lui  :  Psautier;  Rome 
1683  ;  —  Répons  et  Antiennes  de  l'Églist 
romaine,  dressés  par  saint  Grégoire  le  Grand 
Rome,  1686;  —  Titres,  capitules,  sections  cj 
stimocétries  de  la  Bible ,  d'après  l'édition  dei 
Septante;  ibid.,  1686. 

Dupin ,  Tableau  des  airteurs  ecclésiastiques  { ài%- 
septième  siècle  ).  —  Richard  et  Giraud  ,  Bibliothégui 
sacrée. 

CARO  (  don  Juan  ),  général  espagnol,  mort  i 
Alcala  de  Henarès  en  1829.  En  1807,  il  servit  ei 
Poméranie,  puis  en  Danemark ,  sous  les  ordrei 
du  marquis  de  la  Romana,  son  frère.  Il  revifl' 


806  CARO  - 

en  Espagne  en' novembre  1 808,  et  suivit  le  parti 
descortès  «le  1810  à  1814.  Ayant  fait  sa  soumis- 
sion à  Ferdinand  VII ,  il  fut  nommé  capitaine 
général  de  la  Nouvelle-Castille. 

Son  frère,  don  José  Caro,  défendit  Valence 
contre  le  maréchal  Suchet,  et  se  signala  en  di- 
verses occasions ,  entre  autres  dans  un  combat 
sous  les  murs  de  celte  ville,  où,  à  la  tète  d'unedi- 
vision  de  cavalerie,  il  enleva  plusieurs  canons. 
Suchet  rendit  justice  à  son  intrépidité. 

Galerie  historique  des  Contemporains. 

CARO  (don  Ventura),  général  espagnol, 
frère  du  précédent,  né  à  Valence  en  1742  ,  mort 
en  1808.  Il  fit  ses  premières  armes  sous  les  or- 
dres du  duc  de  Grillon  contre  l'Angleterre.  Ca- 
pitaine général  en  1793,  il  défendit  avec  succès  la 
frontière  espagnole  contre  les  Français  ;  rappelé 
à  Madrid  en  1794 ,  il  fut  fait  gentilhomme  de  la 
chambre  du  roi  Charles  IV.  En  1801  il  fut  ap- 
pelé au  gouvernement  de  Valence,  et  sut  y  réta- 
blir l'ordre  par  son  intelligente  fermeté.  Nommé 
capitaine  général  des  armées  espagnoles  en  1802 , 
il  protégea  en  1808  les  Français  établis  à  Va- 
lence, contre  le  peuple  exaspéré  par  les  événe- 
ments de  Bayonne.  Quelque  temps  après,  Caro 
repoussa  Moncey  dans  la  tentative  que  celui-ci 
avait  faite  pour  s'emparer  de  Valence  ;  sa  mort 
suivit  ce  fait  d'armes. 

Galerie  historique  des  Contemporains. 

CARO  DE  TORRES  (don  Francisco),  prêtre 
et  voyageur  espagnol,  né  à  Séville,  vivait  en 
1629.  Il  appartenait  à  l'ordre  régulier  de  Sant- 
Yago,  et  parcourut  les  Pays-Bas,  puis  les  Indes 
occidentales.  Il  a  laissé  :  Relacion  de  las  servi- 
dos  qiiehizo  a  su  magesiad  del  rey  Felipe  IT 
y  ni ,  don  Alonso  do  Soiomayor,  de  Vhabito 
deSant-Yago,  en  los  Estades  de  Flandre,  pro- 
vinciasde  Chiley  Tierra  firme  ;  — Historia  de 
las  ordones  miUtares  de  Sant-Yago ,  Cala- 
trava  y  Alcantara,  desde  stt  fondacion  ;  Ma- 
drid, 1629,  in-fol. 
W.  Antonio,  Biblioth.  hisp.  nova. 

CXRO  (Rodriguez),  ecclésiastique  et  histo- 
rien espagnol,  né  à  Utrera,  vivait  en  1625.  H  était 
grand  vicaire  de  don  Gaspar  de  Borgia,  cardinal- 
archevêque  de  Séville.  On  a  de  lui  :  Flavii  Lu- 
cii  Dextri  omnimodœ  Historise  qux  ex- 
stant fragmenta,  cum  chronico  M.  Maximi , 
Helecx  et  S.  Brantionis,  notis  illustrata  ;  Sé- 
ville, 1627,  in-4";  —  Antiguedades  y  princi- 
pado  de  la  illustrissima  ciudad  de  Sevilla,  y 
chorographia  de  su  convcnto  jiiridico ,  o  an- 
tigua  chancilleria;  Séville,  1634,  in-fol.;  — 
I  Relacion  de  las  inscripciones  y  antiguedad 
de  Utrera ,  in-4°.  On  cite  dans  ses  manuscrits  : 
Veterum  Hispaniœ  deorum  Mânes  ;  —  de 
!  Ludis  puerorum  ;  —  de  los  Nombres  y  sitios 
!  de  los  vientos  ;  —  de  los  Santés  de  Sevilla  ;  — 
del  Principado  de  Cordova; — de  la  Anti- 
guedad del  appellido  Caro  ;  —  Citpido  pen- 
j  dulus,  et  quelques  poésies  latines  et  espagnoles. 

n.  Antonio,  Bibliotheca  hispana  nova. 


CAROLl  806 

*  CAROC  (  George- Adolphe),  historien  alle- 
mand, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  fut  syndic  des  États  suédois 
de  la  Poméranie  antérieure.  On  a  de  lui  :  Spe- 
cimen  iniroditctionis  in  notitiam  Pomeranix 
Sueciœ,  hujits  fines,  stalum  publicum  et  ec- 
clesiastictnn  et  politicum  reprœsenlans  ; 
Greifswald,  1710,  in-4°  (sans  nom  d'auteur); 
—  Nachricht  wie  es  in  Pommern  zur  Zeit  der 
Reformation  mit  der  allgemeinen  %md  pu- 
bliken  Abschaffung  des  pâbstlïchen  Kirchen- 
wesens  eigentlick  beioandt  gewesen  (Notice 
sur  la  manière  dont  fut  aboli  en  Poméranie,  du 
temps  de  la  réforme,  le  culte  romain,  etc.  ),  sans 
nom  d'auteur  ni  date ,  ni  lieu  d'impression. 
Son  projet  de  rédiger  sous  une  forme  nouvelle, 
avec  ses  notes,  et  de  continuer  Micreli  us.  Chro- 
nique de  Poméranie  (  en  allemand),  ne  se  réa- 
lisa pas,  comme  on  voit  par  la  réimpression 
que  le  libraire  Kunkel  de  Stettin  fit  faire  de  cet 
ouvrage  en  1723. 
Adeliing,  suppl.  à  Jocher,  AUgem.  Celehrt.-Lexicon. 

CAROLET,  littérateur  français,  mort  en  juil- 
let 1739.  Il  était  fils  d'un  procureur  à  la  cham- 
bre des  comptes,  et  auteur  médiocre,  mais 
très-a'ûondant  ;  la  plus  grande  partie  de  ses  piè- 
ces sont  oubliées  aujourd'hui  ;  beaucoup  n'ont 
même  pas  été  imprimées.  On  cite  de  lui  :  les 
Aventures  de  la  rue  Quincampoix ,  comédie 
en  un  acte,  représentée  au  Théâtre-Italien  en 
1719;  — Médée  et  /a5on,parodieenun  acte,  mê- 
lée de  couplets;  1736.  On  trouve  plusieurs  de 
ces  pièces  dans  le  9^  volume  du  Théâtre  de  la 
Foire  ,  Paris,  1737,  in-12,  et  leur  liste  complète 
dans  les  Mémoires  pour  servir  àVhistoire  des 
spectacles  de  la  Foire,  U,  296. 

Histoire  du  théâtre  de  l'Opéra' Comique,    II,  238. 

*  CAROLl  (  Angelo  ),  compositeur  italien,  né 
à  Bologne,  vivait  en  1745.  On  connaît  de  lui  : 
Amor  vnfo  fra  l'  Ombre,  opéra ,  représenté  en 
1728;  —  Messa,  à  quatre  voix  avec  instruments; 
Bologne,  1766;  —  une  Sérénade  et  un  Credo,  à. 
quatre  voix,  en  manuscrit. 

Fêtis,  Biogr.  des  Musiciens. 

CAROLl  (Francesco-Pietro),  peintre  piémon- 
tais,  né  à  Turin  en  1638,  mort  à  Rome  en  1716.  H 
s'appliqua  à  l'architecture,  à  la  géométrie,  et  sur- 
tout à  la  perspective.  Après  avoir 'sisité  Venise  et 
Florence,  il  vint  à  Rome,  où  il  fut  nommé  pro- 
fesseur perpétuel  de  l'Académie  de  peinture.  11 
a  laissé  un  grand  nombre  de  compositions  très- 
recherchées,  à  cause  de  leur  fini  et  du  brillant  de 
leur  coloris.  Les  sujets  qu'il  s'est  plu  principa- 
lement à  traiter  sont  des  intérieurs  d'églises  ani- 
més de  personnages. 

N;igler,  Neues  Allgemeines  Kûnstler-Lexicon. 

*  CAROLl  (  Philippe  ),  latiniste  allemand,  né 
àNeubonrg,  mort  en  1639.  Il  était  d'une  famille 
luthérienne;  mais  il  abjura,  et  devintprofesseur  de 
rhétorique  à  l'université  d'Altorf.  U  a  laissé  :  Va- 
rix  Lectiones  ; — Novarum  lectionum  Prodro- 
mus;  —  Animadversiones  in  Aulum  Gellium 

26. 


SÔ7  CAROLÏ  — 

^tQiiinttuinCurtium;—OratiodeCnticis;  — 
•Antiquitates  Romanse  ecclesiast .,  civil.,  milit- 
et  œconom.;  —  Triga  solœcïsmorum  politico- 
rum. 

Witte,  Diarium  biographie.  —  Kœnig,  Bibliotheca  vê- 
tus et  nova. 

CAROLINE-LOUISE,  margrave  de  Bade.  Voy. 
Charlotte-Louise  . 

*  CAROLINE  (  Charlotte-Auguste  de  Gal- 
les), princesse  de  Saxe-Cobourg,  née  le  7  janvier 
1796,  morte  à  Claremont  le  6  novembre  1816.  La 
désunion  de  ses  parents  fit  qu'à  dix  ans  on  con- 
fia son  éducation  à  l'évêque  d'Exeter,  assisté  de 
la  duchesse  douairière  de  Leeds  et  de  lady  Clif- 
fort,  qui  ne  négligèrent  rien  pour  former,  loin  de  la 
cour,  le  cœur  et  l'esprit  de  leur  élève.  Tout  en  elle 
annonçait  un  caractère  fortement  trempé.  Son 
père  George  rv,  alors  prince  deGalles,  avaitpro- 
jeté  l'union  de  Caroline  avec  Guillaume  d'Orange, 
prince  royal  des  Pays-Bas  :  quoique  son  cœur 
éprouvât  une  autre  affection,  elle  céda  à  la  vo- 
lonté paternelle.  Son  père  lui  demanda  la  liste 
des  personnes  qu'elle  désirait  voir  assister  à  son 
mariage  ;  elle  mit  en  tCte  le  nom  de  sa  mère.  Le 
prince  renvoya  la  liste,  avec  le  nom  de  sa  femme 
biffé.  Caroline  le  retourna  aussitôt,  après  avoir 
effacé  à  son  tour  celui  du  futur.  Elle  épousa  en 
181.5  celui  qu'elle  avait  choisi,  Léopold  de  Saxe- 
Cobourg  (devenu  en  1830  roi  des  Belges),  et  se  re- 
tira avec  lui  à  Claremont.  Au  mois  de  novem- 
bre 1816,  la  princesse  mit  au  monde  un  fils.  En 
apprenant  sa  naissance,  elle  s'écria  :  «  Je  suis  la 
plus  heureuse  des  femmes  !  »  Cinq  heures  après  le 
tombeau  se  refermait  sur  l'un  et  l'autre.  Sa  mort 
produisit  une  impression  douloureuse  dans  toute 
l'Angleterre,  où  elle  n'était  connue  que  sous  le 
nom  A& princesse  Charlotte. 

Prudhomrac,  Biographie  des  femmes  célèbres. 

CAROLINE  {Marie) ,  reine  de  Naples,  née 
le  13  août  1752,  morte  à  Schœnbrunn  le  8  sep- 
tembre 1814.  Elle  était  archiduchesse  d'Autri- 
che, et,  comme  Marie-Antoinette,  reine  de  France, 
fille  de  l'empereur  François  T""  et  de  Marie-Thé- 
rèse. Elle  devint  en  1768  l'épouse  de  Ferdinand  IV, 
qui,  roi  de  Naples  et  de  Sicile  depuis  1759, 
avait  seulement  pris  les  rênes  du  gouvernement 
en  1767.  Cette  reine  ne  manquait  pas  de  grâce 
et  d'esprit;  mais  son  caractère  vif,  emporté, 
était  malheureusement  dépourvu  de  fermeté, 
et  son  cœur  avait  peu  de  qualités  aimables.  Son 
ambition  était  extrême  ;  elle  voulait  à  tout  prix 
s'occuper  des  intérêts  de  l'État,  quoiqu'elle  n'eût 
point  les  talents  nécessaires  pour  gouverner  : 
aussi  l'influence  qu'elle  exerça,  presque  aussitôt 
après  son  mariage,  sur  Ferdinand  et  sur  ses 
conseils  ne  tarda-t-elle  pas  à  devenir  funeste 
au  roi,  à  elle-même  et  au  royaume.  11  avait  été 
.stipulé  dans  son  contrat  de  mariage  qu'elle  aurait 
place  au  conseil  d'État  aussitôt  qu'elle  aurait  donné 
un  fils  à  Ferdinand.  Son  impatience  ne  pouvait 
s'accommoder  d'un  tel  retard;  elle  devint  bientôt 
inaUresse.  Le  vieux  Tannucci,  le  ministre  alors 


CAROLINE  808 

'  influent,  était  généralement  aimé;  le  roi  lui-même 
paraissait  tenir  à  lui;  mais  il  gênait  Caroline,  (jai 
déjà  s'était  donné  un  favori.  Tannucci  fut  exclu  du 
ministère  ;  il  fit  place  au  fameux  Acton,  intrigant 
irlandais,  né  en  France ,  détestant  le  pays  qui  l'a- 
vait vu  naître,  habile  à  deviner  les  caprices  de  la 
reine  de  Naples,  et  à  seconder  son  goût  pour  les 
voluptés.  Dès  lors  les  Napolitains  sont  exclus  des 
emplois,  dont  s'emparent  des  étrangers  ;  les  fi- 
nances sont  au  piflage  ;  les  fautes,  les  maladres- 
ses se  succèdent  ;  la  nation  est  profondément 
blessée,  et  la  noblesse  ressent  vivement  son  hu- 
miliation. La  haine  qu'on  vouait  au  ministre  ne 
tarda  pas  à  s'étendre  jusqu'à  la  reine,  qui  s'in- 
quiétait fort  peu  de  l'opinion  publique  ;  le  minis- 
tre Acton  était  pour  elle  un  oracle.  Celui-ci  n'é- 
tait pas  tout  à  fait  aussi  insouciant  :  il  entrete- 
nait de  nombreux  espions,  et  persécutait  avec 
ténacité  et  hardiesse  ceux  qui  osaient  parler  ou 
agir  contre  lui.  Lorsque  la  révolution  française 
eut  éclaté,  il  accusa  de  jacobinisme,  ou  tout  au 
moins  de  volonté  hostile  au  gouvernement,  ceux 
dont  tout  le  ciime  consistait  à  désirer  son  ren- 
voi, le  terme  de  mesures  vexatoires,  et  une  di- 
minution des  impôts,  dont  le  poids  était  devenu 
intolérable.  La  reine  protégeait  l'insolent  favori  ; 
elle  paraissait  n'exister  que  par  lui  :  aussi  les 
a-t-on  accusés  d'une  coupable  intimité.  Caro- 
line partageait  la  haine  que  son  ministre  portait 
à  la  France;  elle  déclara  la  guerre  à  la  répu- 
blique en  1798.  On  sait  quel  fut  le  résultai  îe 
cette  imprudence,  et  comment,  après  la  dé- 
faite de  l'Autrichien  Mack,  la  reine  et  la  famille 
royale  furent  forcées  de  fuir  en  Sicile,  et  de 
s'envii'onner  de  la  protection  de  l'Angleterre. 
L'année  suivante,  grâce  au  prince  Ruffo,  Ferdi- 
nand IV  rentra  en  possession  de  sa  capitale  et 
de  son  ti'ône.  Cet  étrange  souverain  laissa  le 
soin  du  gouvernement  à  sa  femme  :  alors  régna 
réellement  cette  lady  Hamilton,  dont  l'influence 
fut  bien  plus  funeste  encore  que  celle  d'Actori. 
Animée  par  celte  amie,  la  reine  ne  fut  pas  étrangère 
à  la  violation  delà  capitulation  de  Naples,  et  aux 
cruautés  exercées  contre  les  partisans  de  la  répur 
blique  Parthénopéenne,  dont  l'existence  avait 
été  si  éphémère.  En  1805,  Marie-Caroline  entra 
dans  la  coalition  formée  à  Vienne  contre  Napo- 
léon. Malgré  l'appui  des  Russes,  Caroline  et  son 
mari  furent  encore  une  fols  expulsés  de  leur 
capitale  et  de  la  meilleure  partie  de  leurs  États. 
Les  Anglais  devaient  leur  donner  des  secours 
contre  Murât;  mais  Caroline  se  brouilla  avec 
lord  Bentinck,  et,  à  la  suite  de  ses  discussions 
avec  lui,  elle  se  rendit  à  Vienne  en  1811,  en 
passant  par  Conslantinople.  EUe  mourut  au  châ- 
teau de  Schœnbrunn,  sans  avoir  vu  la  restaura- 
tion de  son  mari  sur  le  trône  des  Deux-Siciles. 
[  JSnc.  des  g,  du  m.]  . 

Conversations-Lexicon.  ii 

CAROLINE  (  Amélie- Elisabeth  ),  femme  de 
George  IV ,  née  le  17  mai  1 768 ,  morte  le  7  août 
1821.  Elle  était  seconde  fille  du  duc  Charles-Guil- 


809  CAROLINE 

),>ui  ne-Ferdinand  de  lîriinswick  et  de  la  princesse 
Auguste  d'Angleterre,  sœur  de  George  III.  Cette 
[trincesse  avait  passé  à  la  cour  de  son  père  une  vie 
<]o  gêne  et  d'ennui  lorsqu'elle  épousa  (  1795)  le 
prince  de  Galles,  depuis  roi  de  la  Grande-Breta- 
gne sous  le  nom    de  George  IV.    Dès  l'année 
suivante  elle  répandit  la  joie  dans  le  palais  du  roi 
et  dans  la  nation  anglaise,  en  donnant  le  jour  à 
une  fille,  Charlotte-Auguste  (  Voy.   Caroline, 
c/inrlotte-Auguste).  Cependant  à  peine  fut-elle 
ri'levée  découches,  que  le  prince  de  Galles  se  sc- 
I  lara  d'elle,  déclarant  que  l'inclination  était  un  sen- 
timent indépendant  de  la  volonté,  et  qu'il  lui  était 
impossible  de  faire  violence  à  la  sienne.  Ce  fut  le 
commencement  de  la  fatale  scission  entre  les 
deux  époux,  qui  continua  jusqu'à  la  mort  de 
Caroline ,  et  qui,  par  des  accusations  réitérées 
de  la  part  du  mari,  compromit  au  plus  haut  de- 
gré l'honneur  de  la  princesse.  Toutefois  le  roi 
George  UI  et  la  nation   anglaise  prirent  sous 
leur    protection    l'épouse  répudiée.  Depuis   ce 
temps  la  princesse  de  Galles  vécut  éloignée  de  la 
cour,  dans  sa  maison  de  campagne  à  Blakheath, 
et  dans  une  solitude  qui  convenait  à  son  mal- 
heur,   cultivant  et  protégeant  les  arts   et  les 
sciences,  et  exerçant  la  charité.  Mais  en  1808 
les  bruits  les  plus  injurieux  se  répandirent  sur 
son  compte  :  elle  avait  eu,  disait-on,  des  relations 
d'intimité  avec  le  capitaine  Manby,  avec  sir  Sid- 
ney-Smith,   et  d'autres  liaisons  qui   l'auraient 
rendue  mère.  Ces  circonstances  engagèrent  le 
roi  à  ordonner  une  enquiéte  sur  sa  conduite  :  * 
il  nomma  une  commission  ministérielle,   à  la 
tête  de  laquelle   fut  placé   le    lord-chancelier 
Grenville.  La  commission  interrogea  un  grand 
nombre  de  témoins,  et  prononça  l'acquittement 
de  la  princesse  quant  à  l'accusation  de  gros- 
sesse, mais  en  déclarant  que  sa  conduite  n'é- 
tait pas  exempte  d'inconséquences  telles,  qu'el- 
les pouvaient  donner  naissance  à  des  soupçons 
à  la  vérité  mal  fondés.  Le  roi  voulut  donner  plus 
d'éclat  à  ce  j  ugement  qui  proclamait  l'innocence 
de  la  princesse,  et  rendit  à  sa  bru  ime  visite  de 
cérémonie.  De  semblables  témoignages  d'inté- 
rêt lui  furent  donnés  parles  princes  ses  beaux- 
frères  ;  le  duc  de  Cumberland  accompagna  même 
la  princesse  à  la  cour  et  à  l'Opéra.  Les  bruits  qui 
avaient  été  répandus  contre  elle  ne  pouvaient 
venir    que   des  personnes  qui   entouraient  le 
prince    de  Galles  et  de  la  cour  de  la  reine  ré- 
gnante, qui  de  tout  temps  se  montra  peu  favo- 
rable à  sa  bru.  La  nation  manifesta,  en  cette  oc- 
casion comme  dans  beaucoup  d'autres,  son  at- 
tachement pour  la  princesse. 

Cependant  en  1813  la  discorde  éclata  de 
nouveau  entre  les  deux  époux,  quand  la  prin- 
cesse se  plaignit  des  difficultés  qu'elle  rencon- 
trait pour  voir  sa  fille  aussi  souvent  que  le  sen- 
timent maternel  lui  en  faisait  un  besoin.  Le 
prince  de  Galles,- alors  régent  du  royaume,  fit 
droit  à  cette  plainte  ;  et  la  princesse  obtint ,  au 
mois  de  juillet  1814,  la  permission  de  se  rendre 


810 

à  Brunswick ,  de  parcourir  l'Italie  et  la  Grèce. 
Dans  le  voyage  aventureux  que  Caroline  faisait 
alors  à  travers  l'Allemagne ,  l'Italie ,  la  Grèce , 
l'Archipel  et  la  Syrie  jusqu'à  Jérusalem,  elle 
avait  pour  compagnon  uu  Italien  appelé  Ber- 
gami.  Les  récits  les  plus  scandaleux  furent  mis 
en  circulation  sur  les  relations  qui  se  seraient 
établies  entre  elle  et  Bergami;  mais  la  prin- 
cesse ne  reçut  pendant  tout  son  pèlerinage 
que  des  témoignages  de  respect  et  de  recon- 
naissance, car  elle  faisait  du  bien  avec  libé- 
rante. A  son  retour,  elle  séjourna  en.  Italie, 
principalement  dans  les  environs  du  lac  de 
Côme. 

Quand  le  prince  de  Galles  monta  sur  le  trône 
le  29janvier  1820 ,  une  proposition  fut  faite  de 
sa  part  par  lord  Hutchinson  à  la  princesse,  pour 
l'engager,  moyennant  une  pension  de  50,000  lîv. 
sterl.,  à  renoncer  au  titre  de  reine,  ainsi  qu'à 
tout  autre  qui  pouvait  l'appeler  les  liens  qui 
l'unissaient  à  la  famille  royale  d'Angleterre,  et 
à  ne  plus  revenir  dans  les  îles  Britanniques. 
Elle  refusa  hautement  et  avec  dignité  ces  offres 
outrageantes;  elle  voulut  au   contraire,  dès  ce 
moment,   faire  reconnaître   ses  droits  comme 
reine  d'Angleterre,  et  elle  dévoila  les  intrigues 
qu'un  agent  secret ,  le  baron  d'Ompteda,  avait 
tramées  contre  elle.  Toutes  les  tentatives  que  le 
roi  fit  pour  obtenir  qu'elle  se  désistât  de  ses 
prétentions  n'eurent  aucun  résultat.  Malgré  lui 
et  à  l'insu  du  ministère ,  Caroline  prit  terre  le 
5  juin,  au  miUeu  des  cris  de  joie  du  peuple  an- 
glais ;  et  le  lendemain  elle  fut  conduite  en  triom- 
phe à  Londres.  Alors  lord  Liverpool,  ministre 
du  roi,  porta  contre  la  reine  une  accusation  for- 
melle, dans  le  but  de  la  livrer  au  mépris  public, 
de  la  faire  déclarer  coupable  d'adultère,  et  par 
conséquent  indigne  de  la  couronne  royale.  Mal- 
gré les  soupçons  que  faisaient  planer  sur  elle  les 
débats  et  les  enquêtes  pailementaires,  la  voix  pu- 
blique se  prononça  en  faveur  de  la  reine  pendant 
toute  la  durée  de  ce  scandaleux  procès  ;  de  sorte 
qu'après  avoir  épuisé  tout  l'arsenal  delà  chicane, 
et  après  avoir  obtenu  pour   sa  condamnation, 
dans  la  chambre  des  lords,  la  majorité  de  123 
voix  contre  95,  les  ministres  ne  jugèrent  pas  à 
propos  de  donner  suite  à  cet  arrêt;  mais  ils  de- 
mandèrent l'ajournement  à  six  mois,  et  laissèrent 
tomber  entièrement  la  poursuite  du   bili  qu'ils 
avaient  sollicité. 

Ainsi  finit  un  procès  qui  blessait  profondément 
le  sentiment  moral  par  son  origine,  par  la  nature 
des  poursuites,  et  par  ses  résultats.  La  reine, 
quoique  éloignée  de  la  cour,  vivait  dans  Bran- 
debourg-house  conformément  à  son  rang  et  au 
titre  royal  qu'on  ne  lui  contestait  plus,  sous  la 
protection  du  peuple,  qui  souvent  manifestait 
avec  énergie  de  quelle  manière  il  jugeait  la  reine. 
Au  mois  de  juillet  1821,  à  l'occasion  du  couron- 
nement solennel  de  George  IV,  elle  demanda  à 
participer  à  cette  solennité,  ou  au  moins  à  assis- 
ter à  la  cérémonie;  mais  l'une  et  l'autre  demande 


811 


CAROLINE  —  CARON 


lui  furent  refusées  par  un  arrêté  du  conseil 
privé.  Malgré  le  soutien  qu'elle  trouvait  dans 
l'opposition ,  elle  essuya  l'humiliation  d'être  re- 
fusée à  la  porte  de  l'abbaye  de  Westminster  le 
jour  du  couronnement ,  lorsqu'elle  se  présenta 
pour  entrer.  Elle  se  hâta  de  rédiger  une  protes- 
tation contre  cet  attentat  à  ses  droits,  et  les 
journaux  donnèrent  à  cet  acte  la  plus  grande 
publicité.  Peu  après  le  départ  du  roi  pour  l'Ir- 
lande ,  Caroline  tomba  malade  (  30  juillet  )  au 
théâtre  de  Drury-Lane,  par  suite  d'une  violente 
agitation  morale,  et  d'un  refroidissement  qui 
vint  s'y  joindre.  L'inflammation  dans  ses  entrail- 
les fit  des  progrès  si  rapides  que,  contre  l'opi- 
nion des  médecins ,  elle  annonça  sa  mort  pro- 
chaine. Elle  mourut  en  effet  le  7  août  1821, 
et,  d'après  sa  dernière  volonté,  sa  dépouille  fut 
transférée  à  Brunswick,  où  elle  repose  dans  la 
sépulture  de  ses  aïeux.  Ses  funérailles  donnèrent 
lieu,  à  Londres  et  à  Brunswick,  à  des  troubles 
sérieux  ;  et  le  public  se  livi-a  contre  George  IV 
et  sa  cour  à  des  soupçons  sans  doute  injustes 
et  mal  fondés.  [  Enc.  des  g.  du  m.] 

Zeitgenossen,^'^ seMoUjO"  III.  —  John  "Wilke,  Memoirs 
of  lier  late  Itlajesty,  etc.;  Londres,  1822,2  vol.  in-8°. 

CAROLINE  ( CaroUne-Ferdinande-Louise), 
duchesse  de  Berry  Voy.  Berry, 

CAROLiNÊ-BiATHiLDE,  reine  de  Danemark, 
née  en  1751,  morte  en  1775.  Elle  était  fille  de 
Frédéric-Louis,  prince  de  Galles.  C'est  en  1769, 
à  l'âge  de  quinze  ans,  qu'elle  épousa  Christian  VIT, 
roi  de  Danemark;  elle  lai  donna  deux  enfants  ; 
un  fils,  Frédéric  VI,  et  une  fille.  L'histoire  de 
cette  jeune  reine  est  intimement  liée  à  celle  de 
Struensée.  Traitée  avec  froideur  par  la  belle- 
lïière  et  par  la  grand'mère  du  roi,  Caroline-Ma- 
thildefut  bientôt  négligée  par  Christian  \1I  lui- 
même,  et  dans  son  isolement  elle  donna  sa  con- 
fiance au  favori  Struensée,  qui  développa  en  elle 
des  projets  ambitieux,  et  résolut  de  faire  passer 
entre  ses  mains  tout  le  pouvoir  de  son  époux. 
Nous  renvoyons  les  détails  de  cette  conspiration 
aux  articles  Struensée  et  Christian  Vn,  et  nous 
nous  bornerons  à  dire  ici  que  Caroline-Mathilde 
fut  enveloppée  dans  le  malheur  du  ministre;  que, 
menacée  d'être  traitée  avec  la  dernière  sévérité, 
elle  dut  à  l'Angleterre  d'être  rendue  à  la  liberté, 
et  simplement  renvoyée  de  la  cour.  Elle  se  ren- 
dit à  Celle,  dans  le  Lunebourg,  où  le  chagrin  ne 
tarda  pas  à  mettre  fin  à  sa  vie.  Elle  avait  à  peine 
vingt-quatre  ans  lorsqu'elle  mourut,  après  avoir 
écrit  à  son  frère,  le  roi  d'Angleterre  George  III, 
une  lettre  remarquable  qu'on  peut  lire  dans  l'ou- 
vrage allemand  intitulé  :  les  Derniers  moments 
de  la  reine  de  Danemarlt.  {Enc.  des  g.  du  m.] 

Falkenskiold ,  Mémoires. 

CAROLINE  (  Marie- Annonciade  Bona- 
parte). Voy.  Napoléon  (sœur  de). 

*CAROLL  (Charles),  général  américain,  né 
en  Amérique  en  1737,  mort  à  Baltimore  en  no- 
vembre 1832.  11  fit  ses  études  en  France  au  col- 
lège de  Reims,  et  prit  une  part  très-active  à  la 


1  guerre  de  l'indépendance  américaine,  dontil  sigu  < 
l'acte  de  déclaration. 

Henrion,  Annuaire  biographique,  1834. 

*CAROLUS  (Jean),  moine  et  historien  belg»:', 
né  à  Anvers  en  1526,  mort  à  Malines  en  1597.  Il 
était  membre  du  grand  conseil  de  Malines ,  juris- 
consulte éminent,  littérateur  et  historien.  Il  prit 
l'habit  monastique  vers  ses  derniers  jours.  Il  a 
laissé  des  Mémoires  historiques  publiés  long- 
temps après  sa  mort. 

Biographie  générale  des  Belges. 

CARON  dit  CHARONDAS,  jurisconsulte  fran- 
çais. Voy.  Charondas. 

CARON,  ou  CARRON  (François),  armateur 
hollandais  d'origine  française,  né  en  Hollande , 
naufragé  devant  Lisbonne  en  1674.  Il  était  d'un€ 
famille  protestante  réfugiée  dans  les  Pays-Bas,  à 
la  suite  des  guerres  de  religion.  Dénué  de  tout 
moyen  d'existence  et  pourvu  d'une  éducation  in- 
complète, il  s'engagea  très-jeune  comme  aide-cui- 
sinier à  bord  d'un  vaisseau  hollandais  en  par- 
tance pour  le  Japon.  Durant  la  traversée,  sor 
intelligence  le  fit  choisir  pour  commis  aux  vivi-es. 
Cet  emploi  lui  permit  de  faire  quelques  études  ; 
il  s'appliqua  surtout  aux  calculs,  et  dès  son  ar- 
rivée au  Japon  il  approfondit  la  langue  indigène. 
Cette  connaissance  le  rendit  précieux  aux  agents 
de  la  compagnie  hollandaise  des  Indes,  et  il  m 
tarda  pas  à  occuper  parmi  eux  un  rang  distingue 
et  utile  à  ses  intérêts.  Il  devint  membre  du  con- 
seil général  d'administration  et  directeur  du  com 
merce  du  Japon.  Il  brigua  ensuite  im  poste  en- 
core plus  élevé  à  Batavia  ;  mais,  ne  l'ayant  poini 
obtenu,  il  n'écouta  alors  que  son  mécontentement 
quitta  brusquement  le  service  de  la  Hollande ,  ci 
en  1644  il  ^Int  offrir  ses  services  à  Colbert,  qu 
s'efforçait  de  donner  à  la  France  une  certain* 
importance  dans  le  commerce  des  Indes.  En  1666. 
Caron  reçut  des  lettres  patentes  qui  le  norai 
maient  directeur  général  du  commerce  fran-<i 
çais  dans  l'Inde;  mais  en  même  temps  on  lui 
adjoignit  quatre  autres  commerçants  hollandaii. 
et  autant  de  français  avec  le  même  titre.  Commd 
les  derniers  avaient  une  prépondérance  marqué( 
sur  leurs  collègues  étrangers,  la  jalousie  éclate 
parmi  les  directeurs,  que  des  attributions  ma 
définies  mettaient  sans  cesse  en  conflit.  Débar^ 
que  à  Madagascar  en  1667,  Caron  trouva  les 
comptoirs  français  dans  un  état  déplorable  :  dé 
sespérant  de  triompher  des  obstacles  qui  l'en- 
touraient, il  partit  pour  Surate,  qui  lui  parut  w 
centre  plus  favorable.  Peu  après  son  arrivée,  i 
expédia  à  Madagascar  une  riche  cargaison.  Ceî 
heureux  commencement  d'opération  fut  encou- 
ragé parle  gouvernement  français,  qui  adressa  à 
l'armateur  hollandais  le  cordon  de  Saint-Michelj 

Caron  regardait  la  domination  de  l'île  de  Cey- 
lan  comme  de  la  plus  grande  importance  pour  la 
France.  Une  flotte ,  commandée  par  l'amiral  dC' 
Lahaye ,  fut  mise  à  la  disposition  de  Caron,  qui| 
essaya  vainement  d'asseoir  un  établissement  à 
Trinquemale;   une  autre  tentative   sur  Malia-i 


«18 

pour  n'amena  également  qu'une  conquête  sté- 
rile. Cette  coûteuse  et  mutile  expédition  fut 
exploitée  par  les  nombreux  ennemis  que  son 
caractère  impérieux  et  son  avarice  sordide  lui 
suscitaient  chaque  jour.  Ils  obtinrent  du  minis- 
tère qu'il  fût  forcé  de  rendre  des  comptes; 
et,  pour  ne  pas  laisser  soupçonner  les  conséquen- 
ces de  ce  rappel,  on  motiva  l'ordre  de  retour  sur 
un  prétendu  besoin  de  le  consulter  au  sujet  de 
nouvelles  entreprises.  Caron  embarqua  aussitôt 
ses  immenses  richesses,  et  fit  voile  pour  Mar- 
seille. Déjà  il  avait  dépassé  Gibraltar  lorsqu'un 
navire,  commandé  par  un  de  ses  amis,  l'accosta 
et  l'instruisit  de  la  véritable  disposition  de  la  cour 
à  son  égard.  Caron  fit  aussitôt  virer,  et  mettre  le 
cap  sur  Lisbonne;  mais  à  peine  eut-il  mouillé 
en  rade  de  ce  port,  qu'un  coup  de  mer  fit  toucher 
son  navire,  qui  sombra,  ocj-ps  et  biens.  Un  des  fils 
de  Caron  parvint  seul  à  s'échapper. 

On  a  de  Caron  :  Description  du  Japon,  eu 
hollandais;  la  Haye,  1636,  in-4'';  traduite  en 
français  par  Thévenot,  dans  le  4*  vol.  du  Recueil 
des  Voyages  au  Nord;  —  Journal  du  Voyage 
des  grandes  Indes,  contenant  tout  ce  qui  s'est 
•fait  et  passé  à  bord  de  Vescadre  de  Sa  Ma- 
jesté sous  le  commandement  de  M,  de  Lahaye 
depuis  son  départ  de  la  Rochelle  en  mars 
U70  jusqu'à  septembre  1674;  Paris,  1698, 
in-12.  —  Chardin,  dans  le  tome  P'  de  ses  Voya- 
ges, rapporte  quelques  écrits  de  Caron  concer- 
'nant  l'établissement  de  la  compagnie  des  Indes 
orientales  de  France.  A.  de  L. 


Langlès,  Voyages  de  Chardin,  IV,  310.  —  Smith,  Jïw- 
toire  des  Voyages.  —  ht  Japon,  dans  V  Univers  pitto- 
resque. 

c&.KOTi  {Augustin- Joseph),  colonel  français, 
né  en  1774,  fusillé  à  Strasbourg  en  septernbre 
1822,  n'avait  que  seize  ans  quand  il  entra  au  ser- 
vice en  1789.  Après  un  lent  et  pénible  avance- 
ment, il  fut  nommé  heutenant-colonel  à  la  suite 
d'une  brillante  action  à  Bar-sur-Oruain  (1814). 
Retiré  après  1815  en  Alsace  avec  une  mince 
demi-solde,  Caron  conserva  dans  son  cœur  le 
culte  de  l'empereur,  et  l'espoir  de  faire  encore 
triompher  sa  cause.  Amsi  il  se  trouva  impliqué, 
en  1820,  dans  la  conspiration  d'août  qui  fut  dé- 
férée à  la  chambre  des  pairs.  Défendu  par  M.  Bai-- 
the,  alors  carbonaro,  il  fut  acquitté,  et  se  retira 
à  Colmar.  Quand  plus  tard  là  conspiration  de 
Béfort  eut  échoué,  il  forma  le  projet  de  déhvrer 
les  prévenus  qu'on  allait  juger  à  Colmar.  11  fit 
à  ce  sujet  d'imprudentes  propositions  à  quatre 
sous-officiers,  qui  le  dénoncèrent,  et  qui  reçurent 
l'ordre  de  leurs  chefs  de  se  prêter  à  ces  tenta- 
tives, pour  arrêter  l'entreprise  quand  il  en  se- 
rait temps.  Le  2  juillet  1822,  les  sous-officiers 
Gérard,  Thiers,  Magnien,  Delzaive  lui  amènent 
deux  escadrons,  dans  lesquels  se  trouvaient  des 
officiers  déguisés  en  simples  chasseurs.  Caron 
ayant  revêtu  son  uniforme  à  l'approche  du  pre- 
mier escadron,  Magnien,  qiù  avait  reçu  ses  ha- 
bits bourgeois  avec  ordre  de  les  jeter  dans  les 


CARON  814 

vignes,  se  hâte  de  les  porter  au  préfet.  Pendant 
ce  temps,  la  petite  troupe,  qui  avait  répondu  à 
sa  harangue  par  le  cri  de  vive  l'empereur  !  con- 
tinue sa  marche.  Arrivée  devant  Ensisheim,  elle 
refuse  d'y  entrer.  Alors  le  colonel  conçoit  de 
nouveaux  soupçons;  et  lorsqu'on  est  i)arvenu  au 
village  de  Battenheim  il  se  rend  inunédiatement 
chez  le  maire  pour  préparer  des  logements  à  ses 
compagnons,  avec  la  ferme  intention  de  les  dis- 
séminer. Le  flagrant  délit  allait  échapper  aux 
délateurs...  L'heure  était  venue...  A  l'instant  on 
l'entoure,  on  lui  enlève  ses  papiers  et  ses  armes. 
Un  autre  ancien  militaire,  nommé  Roger,  son 
complice,  subit  le  même  sort,  et  tous  deux  sont 
ramenés  à  Colmar  garrottés  sur  une  charrette. 
Il  fallait  à  tout  prix  une  condamnation.  Une 
décision  ministérielle,  soutenue  par  .leux  arrêts 
de  la  cour  de  cassation,  enleva  les  deux  coac- 
cusés aux  tribunaux  ordinaires,  qui,  en  vertu 
du  principe  d'adjonction,  persistaient  à  les  rete- 
nir ;  et  ils  parurent  à  Strasbourg  devant  le  con- 
seil de  guerre.  En  vain  Caron  déclina  la  compé- 
tence de  ce  tribunal  d'exception  ;  il  fut  condamné 
à  mort ,  comme  coupable  à' embauchage  pour 
les  rebelles.  Le  conseil  de  révision  confirma  cette 
sentence.  L'exécution  en  fut  prompte  :  le  jour 
même  où  devant  la  cour  de  cassation  M.  Isambert 
se  présentait  au  nom  de  cet  officier,  le  Moniteur 
annonçait  sa  mort.  Il  avait  été  fusillé  à  Stras- 
bourg (sept.  1822),  après  avoir  lui-même  com- 
mandé le  feu. 

Le  Moniteur  et  les  journaux  politiques  du  temps.  — 
Procès  d' A.  Caron,  lieutenant-colonel  en  retraite,  et  de 
F.-D.  Roger. 


CARON  (Nicolas),  graveur  français,  né  à 
Amiens  en  1700,  mort  à  Paris  en  1768.  Il  était 
élève  de  Michel  Papillon,  et  fit  des  progrès  ra- 
pides non-seulement  dans  la  gravure,  mais  encore 
dans  la  géométrie  et  la  mécanique.  Il  fut  reçu  mem- 
bre de  la  Société  militaire  de  Besançon  en  1759. 
Quelque  temps  après,  étant  dans  une  auberge,  il 
eut  le  malheur  de  tuer  un  homme  en  jouant  avee 
le  fusil  d'un  chasseur.  Trop  pauvre  pour  payer 
à  la  famille  du  défunt  les  dommages-intérêts 
auxquels  il  fut  condamné,  Caron  fut  emprisonné 
à  la  Conciergerie,  et  y  mourutd'ennui  et  de  cha- 
grin, après  quelques  années  de  détention,  il  a 
laissé  une  Méthode  géométrique  pour  diviser 
le  cercle ,  et  une  Table  pour  faciliter  l'extrac- 
tion des  racines.  11  a  gravé  aussi  les  planches 
d'un  Dictionnaire  héraldique,  et  le  portrait 
de  Michel  Papillon,  en  tête  du  Traité  de  la 
gravure  sur  bois.  On  trouve  des  estampes  de 
cet  artiste  sous  le  n°  1028  du  cabinet  impérial. 

Nagler,  Neues  ÂUgemeines  Kûnstler-Lexicon. 

*  CARON  (Pierre),  imprimeur  français,  vivait 
en  1474. 11  fut  le  premier  éditeur  d'un  ouvrage 
imprimé  en  français.  Cet  ouvrage  est  intitulé 
l'Aiguillon  de  l'Amour  divin,  traduit  de  saint 
Bonaventure  par  Jean  Gerson  ;  Paris  1474. 
Caron  demeurait  rue  Quincampoix,  et  avait  poiu* 
enseigne,  suivant  la  mode  d'alors,  un  petit  bois» 


815 


CARON 


81 1 


avec  cette  devise  :  Au  Franc  Bois.  Le  second  j  bernorumcontraLovaniensesultramontanat 


ouvrage  qu'il  a  imprimé  date  de  1489,  et  porte 
l'indication  suivante  :  «  Imprimé  par  Pierre  le 
Caron,  demeurant  au  coin  de  la  rue  du  Temple 
et  la  rue  Geoffroi-l'Angevain.  »  Ce  sont  les  Faits 
et  Bits  de  maistre  Alain  Char  lier, m-k"  (carac- 
tères gothiques). 
Feller,  Biographie  universelle,  édit.  dé  M.  Welss. 

*  CARON  (Firmin),  compositeur  et  conti-a- 
puntiste,  né  vers  1420.  Il  était  élève  d'Égide 
Binchois  et  de  Guillaume  Dufay.  On  doit  mettre 
cet-artiste  au  nombre  de  ceux  qui  ont  le  plus 
contribué  aux  progrès  de  la  musique.  Il  reste  de 
ce  vieux  et  célèbre  maestro  un  volume  manuscrit 
qui  se  trouve  dans  les  archives  de  la  chapelle 
pontificale,  sous  le  n"  14.  Plusieurs  chansons  et 
motets  de  Caron  ont  été  traduits  en  notation  et 
mis  en  partition  par  Fétis. 

Hermanri  Finck,  Practica  Mnsica.  —  L'abbé  Baini, 
Fie  de  Palestrina. 

CARON  (Julie),  sœur  de  Beaumarchais.  On 
lui  atti'ibue  un  ouvrage  intitulé  l'Existence  ré- 
fléchie, ou  Coup  d'œil  moral  sur  le  prix  de  la 
we;  Berlin,  1784,  petitin-12.  —  Voy.  Beaumar- 
chais. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

*  CARON  (Antoine),  peintre  français,  né  à  Beau- 
vais  vers  1520,  mort  à  Paris  vers  1598.  Tout  ce 
qu'on  sait  de  positif  sur  Caron,  c'est  qu'il  fut 
peintre  de  Catherine  de  Médicis,  et  qu'une  de  ses 
filles  épousa  le  graveur  Thomas  de  Leu.  Lemu- 
séeduLouvrepossèdedelui  quelques  dessins, par- 
rai  lesquels  on  remarque  :  le  Sacre  dhm  jeune 
prince ,  et  une  Flagellation.  Il  avait  peint  dans 
l'église  Saint-Laurent  de  Beauvais,  détruite  en 
1798,  plusieurs  tableaux,  et  fourni  des  cartons 
pour  les  verrières  exécutées  par  Angrand  le  Prince. 
11  existe  quelques  pièces  gravées  d'après  lui  par 
G.  Vaenius,  Gauthier  et  Th.  de  Leu.        P.  Ch. 

A.  de  Montaiglon,  Antoine  Caron;  Paris,  1830,  in-8°. 

CARON  (Raymond),  théologien  irlandais, né 
en  1605,  mort  en  1666  à  Dublin.  Il  entra  dans 
l'ordre  des  Récollets,  passa  quelques  années  en 
Allemagne  et  en  Flandre,  et  fut  renvoyé  dans  sa 
patrie  avec  les  fonctions  de  commissaire  général 
de  son  ordre.  De  vives  controverses  sur  le  pou- 
voir des  rois,  sur  l'infaillibilité  du  pape,  agitaient 
alors  les  catholiques  d'Irlande  ;  la  question  de  la 
soumission  due  à  un  souverain  hérétique  était 
chaudement  discutée,  et  il  est  facile  de  compren- 
dre quels  périls  entouraient  alors  une  discussion 
semblable.  Caron,très-zélé  défenseur  desdoctrines 
de  Rome,  recommanda  cependant  la  modération 
et  la  couduitela  plus  sage;  il  eut  pour  adversaires 
de  tougueux  écrivains  qui  recommandaient  (  en 
théorie  du  moins)  la  révolte  contre  l'autorité  de 
la  pi-otestante  Angleterre  ;  mais  l'Angleterre  était 
forte,  et  Caron  jugea  prudent  de  se  retirera 
Louvain,  d'où  il  ne  retourna  qu'après  la  restau- 
ration de  Charles  IL  Les  écrits  de  ce  religieux 
sont  importants  pour  l'histoire  de  l'Irlande,  et  ils 
sont  devenus  fort  rares.  Sa  Remonstratio  fli- 


que  censuras,  Londres,  1665,  in-folio,  fit  gran 
bruit  lors  de  son  apparition.  Ce  livre ,  dédié 
Charles  H,  défend  avec  énergie  les  principes  d 
l'Église  gallicane.  Voici  les  titres  des  autres  oi 
vrages  de  Caron  :  Roma  triumphans  ;  Anvers 
1635  (c'est-à-dire  1653),  livre  dans  lequel  l'auteu 
s'est  proposé  de  discuter  le  catholicisme  par  un 
méthode  nova  hactenus  et  insolita;  —  Apos 
tolatus  evangelium  missionariorum ,  1653 
—  Controversiee  generalis  fidei,  1660  j  — 
Loyalty  asserted  and  the  late  remonstranc 
or  allegiance  of  the  Irish  clergy  and  layty  coh 
firmed;  Londres,  1662,  in-4°  ;  —  A  vindicatioi 
of  the  Roman  cathoUcks  ofthe  English  nation 
Londres,  1660,  m-4'';  Caron  a  laissé  en  manus 
crrt  quelques  ouvrages  qui,  sans  doute,  ne  seron 
jamais  imprimés. 
Bibliot/ieca  Grenviliana,  1842,  p.  316. 

*cA2ioN  (roM5sm?i^),  graveur  français,  mort 
Paris  le  25  août  1832.  Enlevé  par  le  choléra  dan 
la  force  de  son  talent,  il  avait  pu  assurer  sa  ré 
putation  par  la  Famille  indigente,  d'après  Pru 
dhon,  le  Lévite  d' Éphraïm,  d'après  Couder,  e 
par  un  grand  nombre  d'autres  belles  planche 
fort  recherchées  des  connaisseurs. 

Henrion,  Annuaire  biographique. 

*  CARON  (Augustin- Pierre-Paul),  canonisti 
français,  né  à  Marseille-le-Petit  (Oise)  en  1776 
mort  à  Paris  en  1851.  Il  entra  de  bonne  heur( 
dans  la  congrégation  de  Saint-Sulpice,  où  il  fu 
chargé  de  l'enseignement  liturgique  et  des  céré 
monies.  De  concert  avec  l'abbé  Gosselin,  il  édite 
plusieurs  ouvrages  importants,  entre  autres  les 
Œuvres  complètes  de  Bossuet  et  de  Fénelon 
accompagnées  de  notes  précieuses.  Outre  un  grand 
nombre  d'articles  dans  l'Ami  de  la  Religion . 
on  a  de  lui  :  Manuel  des  cérémonies  à  l'u- 
sage de  Paris,  1847,  in-8°;  —  Notice  sur  lei 
anciens  Rites  de  l'Église  de  Paris,  ibid.  Cette 
dissertation  est  pleine  de  recherches  intéressantes. 

.^mi  de  la  Religion  (juillet  1851). 

CARON  (Jean-Charles-Félix) ,  chirurgien: 
français,  né  en  1745  dans  les  environs  d'Amiens, 
mort  le  19  août  1824.  Il  vint  faire  ses  études  à 
Paris,  et  entra  comme  aide-major  aux  Invalides. 
Le  13  février  1773  ,  il  fut  reçu  docteur,  et  tnem- 
bre  adjoint  à  l'Académie  royale  de  chirurgie.  En 
1782,  Caron  fut  nommé  chirurgien  en  chef  de 
l'hôpital  Cochin.  Il  s'occupa  avec  ardeur  des 
moyens  de  guérir  le  croup,  et  en  1812  il  déposa 
chez  un  notaire  une  somme  de  mille  francs  pour 
être  donnée  en  prix  à  l'auteur  du  ineilîeur  mé- 
moire sur  cette  maladie.  11  a  laissé  :  Compen- 
dium  Institulionum  Philosophias ,  in  quo  de 
Rethorica  et  Philosophia  tractatur,  ad  usum 
candidatorum  baccalaureatus  artiutnque  ma- 
gisterii;  Paris,  1770,  2  vol.  in-8°;  —de  Popli- 
tis  Anevrismate  ;  Paris,  1 772,  in-8°  ;  —  Disser- 
tation sur  l'effet  mécanique  de  l'air  dans  les 
poumons  pendant  la  respiration ,  avec  des 
Réflexions  sur  un  nouveau  mo'"en  de  rappeler 


Ni 


SI  m 


CARON  —  CAKONDKLKT 


818 


Wl 


'*  es  noyés  à  la  vie,  proposé  par  le  flocteur  Men- 
5J*  l^es;  Paris,  1798,  in-S";  — Recherches  a-itiques 
ur  la  connexion  de  la  vie  avec  la  respiration  ; 
*'  ibid.,  1800,  in-S";  —  la  Chirurgie  peut-elle  re- 
'*  irer  quelques  avantages  de  sa  réunion  à  la 
nédecine ?  P&ris,  1802,  in-8°;  —  Réflexions 
ur  l'exercice  de  la  Médecine;  Paris,  1804, 
n-%°;  —  Remarques  sur  un  fait  d'insensibi- 
ité  qui  quelquefois  doit  avoir  lieu  dans  les 
mputations  des  grandes  extrémités  ;  Paris, 
804,  in-8°;  —  Examen  du  recueil  de  tous 
es  faits  et  observations  relatifs  au  croup  ; 
Md.,  1808, in-8°  ;  —  Traitédu croup  aigu;  1808, 
a-8°;  —  Remarques  et  observations  récentes 
ur  le  croup ;\h\A.,  1810,in-8°  ; —  Programme 
l'un  prix  relatif  à  la  trachéotomie  dans  le 
raitement  du  croup  ;  ibid.,  1812,  in-S"  ;  —  Ré- 
utation  d'un  mémoire  de  M.  Pelletan  sur  la 
'ronchotomie;\h\à.; —  Démonstration  rigou- 
euse  du  peu  d'utilité  de  l'École  de  Médecine 
t  du  grand  avantage  du  Collège  de  Chirur- 
4e;  ibid.,  1818,  in-8°. 
Galerie  historique  des  Contemporains.  —  Quérard,  la 
'rance  littéraire.  —  Le  Bas,  Dict,  encycl.  de  la  France. 

*  CARON  (Jean-Marie),  jurisconsulte  français, 
'é  en  1798  à  Pornic  (Loire-Inférieure),  mort  à 
Jantes  le  20  juin  1841.  Reçu  avoué  à  la  cour 
isll  ovale  de  Rennes,  il  montra  dans  cette  modeste 
(osition  de  vrais  talents  comme  jurisconsulte, 
mine  probité  sévère  et  des  qualités  solides,  qui 
fo  ui  concilièrent  promptement  l'estime  et  l'affec- 
ré  ion  de  tous  ceux  qui  le  connaissaient.  Irrésis- 
Ibieraent  porté,  malgré  son  état  de  continuelle 
iouffrance,  vers  les  fonctions  de  magistrat,  il 
iccepta  successivement  celles  de  procureur  du 
•01  à  Pontivy  et  de  juge  aux  tribunaux  de  Mon- 
'élimart  et  de  Saint  -  Brieuc.  Pénétré  de  l'im- 
nense  importance  des  justices  de  paix,  il  pu- 
olia  sur  les  matières  soumises  à  ces  tribunaux 
le  famille  deux  ouvrages  recommandables.  Ré- 
solu à  poursuivre  pratiquement  l'accocaplisse- 
ment  de  l'œuvre  dont  il  avait  exposé  la  théo- 
rie  avec  une  sagacité   parfaite,  il  abandonna 
5on  siège  de  juge  à  Saint-Brieuc,  et  ne  crut 
point  déroger  en  sollicitant  une  place  de  juge  de 
paix  à  Nantes.  D'une  bonté  sans  bomes,  que  la 
douleur  ne  pouvait  altérer,  il  joignait  à  une  ca- 
pacité réelle  un  amour  du  devoir,  un  désinté- 
ressement, une  simplicité  et  une  droiture  de  cœur 
au-dessus  de  tout  éloge.  Ce  respectable  magis- 
itrait  a  laissé  les  ouvrages  suivants  :  Essai  sur 
la  Révolution  de  1830;  Paris,  Delaunay,  1830, 
in-8°  ;  —  observations  sur  la  saisie  immobi- 
lière,ou  vente  par  expropriation  forcée,  ainsi 
\que  sur   les  autres  ventes  d'immeubles  qui 
ne  peuvent  se  faire  qu'avec  le  concours  de  la 
justice;  Montélimart,  Bourron,  1834,  in-8'  de 
i  104  p.  ;  —  Principes,  ou  Traité  théorique  et 
ipratique  des  actions  possessoires  ;  Saint-Brieuc, 
1838,  in-8°;  —  de  la  Juridiction  civile  desju- 
\ges  de  paix  ;  Paris,  Thorel,  1839-1840,  2  vol. 
I  »n-8°  ;  2^  édit.,  2  vol.  in-8°  ;  3^  édit.,  annotée  et 


augmentée  de  formules,  par  M.  Biochc;  Paris, 
1844,  Thorel,  Guilbert,  2  vol.  in-8°. 

P.  Levot. 

Mellinet,  Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes 
et  de  la  Loire- Inférieure,  t.  13,  p.  369-372.  —  M.  Chcga- 
ray,  Di.icours  de  rentrée  de  la  cour  royale  de  Hennés,  le 
8  octobre  1841. 

*  CARON  (Pierre-Simon),  écrivain  facétieux 
et  bibliophile,  né  en  1763,  mort  en  1806.  11  faut 
bien  lui  donner  ici  une  place,  afin  de  réparer 
l'oubli  que  signale  Charles  Nodier,  lorsqu'il  se 
plaint  que  «  ce  nom,  si  connu  des  bibliographes, 
«  n'est  pas  parvenu  aux  biographes  qui  ont  enre- 
«  gistré  tant  de  renommées  ridicules  ;  c'est  jouer 
«  de  malheur.  »  Caron  était  un  pauvre  figurant 
du  théâtre  des  Variétés  :  tout  ce  qu'on  sait  sur 
son  compte,  c'est  qu'ami  de  la  littérature  rabelai- 
sienne, il  se  plut  à  faire  réimprimer  des  livrets 
de  haulte  graisse,  devenus  extrêmement  rares, 
et  qu'il  composa,  dans  le  même  genre,  quelques 
opuscules  de  bien  mauvais  goût.  Son  esprit,  altéré 
par  des  excès  ou  par  des  malheurs,  finit  par 
céder  à  des  impressions  bien  éloignées  des  idées 
burlesques  dont  il  s'était  si  longtemps  occupé.  A 
l'âge  de  quarante-trois  ans,  il  mit,  en  se  précipi- 
tant par  une  croisée,  une  fin  volontaire  à  une 
vie  qui  s'était  écoulée  dans  la  misère.  De  1798  à 
1806,  il  donna  des  éditions  nouvelles  de  onze 
ouvrages  différents,  joyeux  témoignages  de  la 
gaieté  de  nos  pères  ;  nous  citerons  seulement  les 
Chansons  folastres  descomédiens  ; —  \QJeudu 
Prince  des  Sots,  joué  aux  halles  de  Paris  le 
mardi  gras  l'an  1511;  —  les  Nouvelles  (en  latin) 
de  Morhno  ;  —  unetraductionfrançaise  des  Noëls 
bourguignons  de  laMonnoye.  Cette  collection  ne 
fut  tirée  qu'à  cinquante- six  exemplaires  en  tout  : 
elle  est  donc  des  moins  communes,  surtout  com- 
plète, et  elle  mérite  l'empressement  avec  lequel  les 
amateurs  des  livres  curieux  la  recherchent.  Pour 
qu'il  n'y  manque  rien,  il  est  nécessaire  d'y  join- 
dre quelques  facéties  composées  par  Caron  lui- 
même  :  le  Noruc-Oniana,  contenant  les  douze 
mouchoirs  ;  —  Lettre  déCarali  de  Cappadoce  à 
son  camarade  Caralo,  adressée  à  Cassel  ;  — 
jEniqma,  etc.  Ces  divers  opuscules,  qui  ne  se 
composent  que  de  quelques  pages,  sont  à  peu  près 
introuvables.  Malgré  la  pauvreté  qui  fut  la  triste 
compagne  de  son  existence,  Caron  avait  réuni 
une  bibliothèque  composée  d'ouvrages  singuliers  ; 
il  écrivait  sur  le  frontispice  de  chacun  d'eux  une 
devise,  où  il  plaçait  un  jeu  de  mots  :  «  M'acheter 
pour  me  lire,  car  on  s'instruit  ainsi.  » 

G.  Brunet. 

Ch.  tioA'ier,  Mélanges  tirés  d'une  petite  bibliothégue, 
p.  64.—  Brunet,  Manuel  du  Libraire,  I,  558.  —  Peignot, 
Répertoire  de  bibliographies  spéciales.,  —  Du  Roure, 
Analecta,  etc.,  1,427. 

*  CARONDELET,  famille  flamande  ou  bour- 
guignonne, qui,  selon  quelques  biographes,  tire 
son  origine  de  "■  Jean  de  Charonde ,  chancelier 
de  Bourgogne,  que  la  petitesse  de  sa  stature  fit 
appeler  Carondelet.  »  Rien  ne  semble  confirmer 
cette  étymologie.  Quoi  qu'il  en  soit,  plusieurs 
membres  de  cette  famille  se  sont  distingués  sous 


r 


819 


CARONDELET  —  CAROSO 


les  ducs  de  Bourgogne  et  les  archiducs,  leurs  suc- 
cesseurs. On  cite  surtout  : 

*cARONDEi,ET  (Jean  de),  sire  de  Cham- 
prans,  Solres  et  Poutelles,  magistrat  bourgui- 
gnon, né  à  Dôle,  mort  dans  la  même  ville  en 
1501.  Licencié  es  lois,  il  devint  conseiller  et  maî- 
tre des  requêtes  au  parlement  du  duché  de  Bour- 
gogne, sous  Philippe  le  Bon.  Charles  le  Téméraire 
le  désigna  comme  commissaire  à  la  rédaction  de 
la  coutume  de  Bourgogne,  et  l'employa  à  plu- 
sieurs missions  politiques  près  Louis  XI  et  à  la 
cour  d'Autriche.  En  1478,  il  présida  le  parlement 
dft  Dôle  convoqué  par  Marie  de  Bourgogne  et 
l'archiduc  Maximilien,  et  y  soutint  les  prétentions 
de  l'archiduc  à  la  tutelle  du  prince  Philippe.  Maxi- 
rnilien  le  fit  alors  grand  chancelier.  En  1496, 
l'archiduc  Philippe  destitua  Carondelet  de  toutes 
ses  charges,  ce  qui  fit  dire  au  docte  Pontus  Heu- 
ierus,  alors  prévôt  d'Arnheim  :  Dïgnitate  exui- 
tur  non  merito,  sed  inimicorum  calumnia  cir- 
cumventus.  Carondelet  revint  dans  sa  ville  na- 
tale, et  s'occupa  activement  de  la  fondation  d'éta- 
blissements scolastiques.    - 

Dunod  de  Charnage,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
du  comté  de  Bourgogne,  p.  159. 

CARONDELET  (/mn  de),  prélat  et  magistrat 
bourguignon,  né  à  Dôle  en  1469,  mort  à  Malines 
le  8  février  1544.  Il  fut  successivement  doyen  de 
l'église  métropolitaine  de  Besançon,  abbé  de 
Mont-Benoit ,  prévôt  de  Saint-Donatien  de  Bru- 
ges, et  en  1 503  membre  ecclésiastique  du  conseil 
souverain  de  Malines^  En  1522,  Érasme  lui  dédia 
son  Saint- Milaire.  Carondelet  était  également 
Irès-estimé  par. Charles-Quint  :  ce  monarque  le 
nomma  en  1527  président  perpétuel  du  conseil 
de  Bruxelles,  et  en  1531  l'appela  en  cette  qualité 
au  conseil  privé  des  Pays-Bas.  Quelque  temps 
après,  Carondelet  fut  nommé  archevêque  de  Pa- 
îerme  et  primat  de  Sicile.  L'âge  et  les  infirmi- 
tés le  forcèrent,  en  1540,  à  rentrer  dans  la  vie 
privée.  On  a  de  lui  :  de  Orbis  Situ;  Anvers,  1565, 
iu-S",  et  plusieurs  manuscrits  sur  diverses  ques- 
tions de  droit. 

Bunod  de  Charnage,  Mémoires  pour  servir  à  l'his- 
toire du  comte  de  Bourgogne.  —  Foppens,  Bibliotheca 
Belgica. 

*  CARONDELET  (i?'rawçois  de),  diplomate  fla- 
mand, mort  à  Anvers  en  1635.  Il  était  doyen 
de  l'église  de  Cambrai,  et  fut  envoyé  comme 
diplomate  en  Angleterre  en  1626,  par  l'infante 
Isabelle.  En  1631,  il  vint  en  France  au  sujet  de 
la  reine ,  mère  de  Louis  XIH,  retirée  dans  les 
Pays-Bas.  H  y  fut  très-bien  accueilli,  et  reçut 
de  riches  présents.  Montrésor  et  quelques  au- 
tres historiens  ont  prétendu  que  le  cardinal  de 
RicheUeu  avait  entraîné  François  de  Carondelet 
et  [son  frère  George,  baron  de  Noyelle,  alors 
gouverneur  de  Boucliain,  dans  une  conspiration 
ayant  pour  but  de  faire  révolter  les  Pays-Bas  ; 
mais  ces  faits  sont  démentis  par  des  lettres  au- 
tographes du  roi  Philippe  IV,  lettres  conservées 
par  la  famille  Carondelet. 


Carpentier,  Histoire  de  Cambray.  —  Lavocat,  Dictit' 
naire  historique. 

*  CARONDELET-POTTELLES  {Albert-Cha> 

les-Dominique  ),  ecclésiastique  et  antiquai 
français,  né  le  16  octobre  1761,  mort  au  Qu( 
noy  le  20  janvier  1838.  Il  embrassa  de  bon 
heure  l'état  ecclésiastique,  et  fut  élu.  le  11  ju 
1784,  juriste  du  chapitre  de  Cambrai.  11  crutd 
voir  émigrer,  et  consacra  le  temps  de  son  exil 
des  recherches  historiques  sur  la  Flandre,  le  Hj 
naut  et  le  Cambrésis.  Il  a  laissé  sur  ces  piovi 
ces  des  documents  très-intéressants. 

*  CARONDELET-POTTELLES  {F.),  écriva 

français,  frère  du  précédent,  mort  en  1836.  ( 
a  de  lui  :  une  Table  des  réductions  pour  , 
comparaison  des  poids  et  mesures  ancienn 
et  nouvelles  ;  Paris,  1802,  in-8'';  —  une  tradu 
tion  en  vers  français  des  Élégies  de  Tibull 
Paris,  1807,  in-8",  avec  portrait. 

FeUer,  Biographie  universelle.  —  Quérard,  laFruK' 
littéraire. 

*  CAROPRÈSE  (  Gregorio  ),  critique  napolitai 
né  en  1620  près  de  Cosenza,  mort  dans  cette  viii 
en  1715.  Il  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  v^ 
à  Rome  et  à  Naples,  où  son  esprit  et  ses  coi 
naissances  en  littérature  lui  attirèrent  une  hau 
considération.  Il  est  auteur  d'une  réfutation  c 
livre  de  Machiavel  intitulé  le  Prince  ;  —  d'ui 
lettre  sur  YOrlando  furioso  ;  —  d'une  traductic 
annotée  de  la  Logique  de  Sïlvano  Régis  ;  —  ( 
Commentaires  sur  les  poésies  de  délia  Cast 

Chaudon  et  Delandine,  Dictionnaire  universel. 

*CAROSELLi  (Angiolo),  peintre  italien,  né 
Rome  en  1585,  mort  en  1653.  Cet  artiste  ne  fa 
sait  aucun  dessin  préparatoire  ni  sur  papier  i 
sur  toile,  pour  ses  tableaux  ;  et  pourtant  il  e. 
plein  de  vivacité  dans  ses  mouvements,  de  goi 
dans  le  coloris,  et  d'un  fini  parfait.  Il  avait  un  t 
lent  merveilleux  pour  contrefaire  les  manière 
des  différents  maîtres.  Les  plus  habiles  connaJsi 
seurs  se  trompaient  devant  ses  imitations  du  Ca 
ravage.  Une  sainte  Hélène  que  Caroselli  ava 
faite  fut  attribuée  au  Titien  par  de  nombreu 
peintres,  jusqu'à  ce  que  l'auteur  eût  montré  se 
initiales  A.  C,  cachées  dans  le  bas  du  tableau.  L 
Poussin  affirmeavoir  vu  deCaroselHdeux  copie 
de  Raphaël  qu'il  aurait  prises  pour  les  originaux 
s'il  ne  les  avait  su  être  ailleurs.  Presque  tous  le 
ouvrages  de  Caroselli  sont  des  portraits  ou  de  pe 
tits  sujets  exécutés  avec  grâce  et  délicatesse.  Oi 
excepte  seulement  son  saint  Venceslas,  grandi 
toile  faite  pour  le  palais  Quirinal. 

Passer!,  Vitede'  Pittori  che  hanno  lavoruto  inRoma 
—  Lanzi,  Storia  pittorica. 

*  CAROSO    DA  SERMONETA  (MorC0-i?'ff&n- 

zio),  compositeur  et  écrivain  itaUen,  natif  d< 
Mantoue;  il  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  On  possède  fort  peu  de  détails 
sur  sa  vie|;  mais  il  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
curieux,  MxixùéilBallarino,  diviso  in  due  trat- 
tati;  Venise,  1581,  in-4°.  On  trouve  dans  ce 
volume,  fort  recherché  aujourd'hui,  les  précep- 


îîl  CAROSO  -»^ 

tes  de  l'art  de  la  danse,  avec  un  grand  nombre 
le  figures  gravées  sur  bois ,  et  représentant  les 
clalises  à  la  mode  au  seizième  siècle  en  France  et 
n  Espagne.  La  musique   notée  de  chaque  air 
lonne  à  ce  travail  un  intérêt  tout  particulier,  et 
haque  danse  est  dédiée,  à  l'aide  d'un  sonnet,  à 
'une  des  dames  les  plus  illustres  de  l'époque. 
Les  figures  représentent  les  costumes  des  fem- 
nes  et  des  hommes  des  premières  classes  de  la 
iocjété;  les  dames  sont  toutes  vêtues  d'amples 
-obes  de  riches  étoffes  qui  remontent  jusqu'au 
laut  du  cou,  et  tombent  de  manière  à  caclier 
complètement  les  pieds.  Peu  de  bibliographes 
connaissent  le  Ballarmo,  qui  a  échappé  aux  in- 
fatigables recherches  du  savant  Douce,  l'auteur 
Jes  Illustrations  of  Shakespeare,   qui  donne 
comme  le  premier  ouvrage  relatif  à  la  danse  l'Or- 
?hésographie  de  Thoinot  Arbeau,  publiée  en 
1588. 
Fétis,  Biographie  universelle  des  Musiciens. 
.CAKOTTO  ouCAROTO  {Giovamii-Fraïicesco), 
peintre  italien,  né  à  Vérone  en  1470,  mort  en  1 546. 
11  était  élève  de  Libérale  Véronèse  et  d'Andréa 
Mantèque.  Il  peignit  beaucoup  à  Casai,  tant  pour 
le  palais  du  marquis  Guillaume  de  Montferrat 
que  pour  l'église  de  Saint-Dominique.  Les  Tis- 
conti  de  Milan  l'employaient  aussi  très-souvent. 
Soa  principal  genre  était  la  miniature,  et  il  ex- 
cellait dans  le  portrait.  Cependant,  aussi  habile 
compositeur  qu'Andréa,  il  le  surpassait  en  ma- 
jesté et  en  harmonie  ;  il  en  a  donné  les  preuves 
dans  son  grand  tableau  d'autel  de  San-Fermo,  à 
Vérone,  et  dans  celui  de  l'autel  des  Anges  à 
Sainte-Euphémie,  dans  lequel  on  retrouve  le  faire 
de  Raphaël. 

Vasari,  Fite  de'  più  eccellenti  Pittori.  —  Pozzo,  le 
File  de'  Pittori  e  degli  Architetti  feronesi.  —  Lanzi, 
Storia  pittorica. 

CAROTTO  (frioi'anwi),  peintre  et  architecte 
italien,  frère  et  élève  du  précédent,  né  à  Vérone. 
Il  était  peintre  assez  médiocre  ;  mais  dans  l'arcni- 
tecture  il  se  montra  hors  ligne. 

Vasari,  Fite  de'  più  eccellenti  Pittori  e  Architetti.  — 
Pozzo,  le  yite  de'  Pittori  e  degli  Architetti  Feronesi. 
—  Lanzi,  Storia  pittorica. 

*  CAROVAGivs  {Bernardiii  ),  horloger  fran- 
çais, vivait  en  1 530.  Il  avait  appris  son  métier  à 
Paris,  et  était  devenu  d'une  rare  habileté.  Il  m- 
venta  pour  le  célèbre  jurisconsulte  Alciat  une 
\  horloge  dont  le  marteau,  en  frappant  l'heure  sur 
la  cloche ,  faisait  sortir  d'une  pierre  des  étin- 
celles qui  allumaient  de  l'amadou  soufrée,  et 
communiquaient  le  feu  à  une  lampe  ou  à  une 
bougie. 
.Moréri ,  Dictionnaire  historique. 
CAROCGE  {Bertrand- Augiistin),  astronome 
français,  né  le  8  octobre  1741  à  Dol  (Ille-et-Vi- 
lajne),  mort  à  Paris  le  29  mars  1798.  Il  était  lié 
avec  l'astronome  Lalande,  pour  lequel  il  fit  di- 
vers calculs  que  ce  dernier  a  insérés  dans  sa 
seconde  édition  de  son  Astronomie  ;  il  avait  ré- 
duit en  décimales  toutes  les  tables  astronomi- 
ques. On  a  de  lui ,  dans  la  Connaissance  des 


CARPACCIO 


822 


temps  de  1781 ,  1789  et  1798,  des  formules  de 
parallaxes  vX  divers  mémoires,  il  était  très-pau- 
vre, et  obligé  pour  vivre  de  faire  des  éduca- 
tions particulières,  lorsqu'cn  1795  Larevellière- 
Lépeaux,  en  considération  de  sa  situation  et  de 
son  mérite  personnel,  lui  fit  obtenir  une  place 
d'administrateur  général  des  postes,  place  qui 
lui  procura  quelque  aisance  et  les  moyens  de 
continuer  ses  travaux  astronomiques.  Quelques 
jours  avant  sa  mort,  il  les  remit  à  Lalande,  qui 
les  publia  dans  la  Connaissance  des  temps 
poitr  1801  :  ce  sont  des  tables  pour  calculer,  à 
un  quart  d'heure  près,  les  phases  de  la  lune  pen- 
dant soixante  ans  :  elles  sont  meilleures,  dit  La- 
lande, que  celles  qui  sont  dans  les  Éléments  de 
navigation  de  Bouguer  et  de  la  Caille.  Il  avait 
aussi  calculé  raille  étoiles  pour  le  GloOe  céleste 
publié  chez  Delamarche,  successeur  de  Forton. 
P.  Levoï. 

Lalande,  Bibliographie  astronomique. 

*CARPACCio  (Vittore),  peintre  vénitien, 
né  vers  1450,  moi't  vers  1522.  Vasari  le  nomme 
Scarpaccia,  et  Sansovino  Scarpazza  ;  mais  ses 
ouvrages  sont  ordinairement  signés  :  Victoris 
Carpathii  Veneti  opus.  Cet  artiste  peignit  dans 
le  palais  des  doges  et  dans  plusieurs  des  <;on- 
fréries  de  Venise,  en  concurrence  avec  les  Bel- 
lini  et  le  dernier  des  Vivarini ,  et  nulle  part  il 
ne  se  montra  inférieur  à  ses  rivaux.  Sans 
compter  les  beaux  ouvrages  qui  existent  encore 
à  Venise  et  dans  les  autres  villes  de  son  terri- 
toire, les  quatre  tableaux  que  possède  la  galerie 
de  Milan  suffiraient  pour  prouver  que  la  pein- 
ture vénitienne  avait  été  portée  par  lui,  sous  plu- 
sieurs rapports,  plus  près  encore  de  la  perfec- 
tion que  par  Giovanni  Bellini ,  qui  ne  l'égala 
pas  pour  la  douceur  du  coloris,  la  beauté  des 
tètes  et  l'entente  du  clair-obscur.  Les  peintures 
de  Carpaccio  au  palais  des  doges  ont  péri  dans 
l'incendie  de  1576;  mais  il  est  resté  dans  le 
musée  de  Venise  plusieurs  tableaux  qui  le  pla- 
cent au  premier  rang  parmi  les  peintres  de  son 
temps  ;  ce  sont  neuf  sujets  tirés  de  la  légende 
de  sainte  Ursule,  la  Présentation  de  Ven- 
tant Jésus  au  temple,  et  le  Martyre  des  dix 
mille  crucifiés  du  mont  Ararat.  Il  a  laissé 
encore  à  Venise,  à  Saint-George  des  Esclavons, 
quelques  traits  de  la  vie  de  Jésus-Christ,  de 
saint  George  et  de  saint  Jacques,  exécutés 
de  1502  à  1511  ;  et  à  Saint- Vital,  le  saint  à  che- 
val. Le  musée  du  Louvre  possède  de  ce  maître 
une  Prédication  de  saint  Etienne  à  Jérusa- 
lem. 

Carpaccio  eut  pour  élève  Lazzaro  Sebastiani. 
E.  B— N. 

Ridolfi,  Fite  de'  Pittori  feneti.  —  Lanzi,  Storia  pit- 
torica. —  Ticozzi,  Dizionario.  —  Quadri,  Otto  Giorniin 
yenezia. 

*CARPAccio  (Benedetto) ,  peintre  vénitien, 
florissait  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  peignit  dans  la  Rotonde  de  Capo 
d'istria  un  Couronnement  de  la  Vierge,  au 
bas  duquel  on  lit  :  Benedetto  Carpathio  Veneto 


S23 


CARPACCIO  —  CARPANI 


pingeva  MDXXXVII.  On  ne  connaît  à  Venise 
aucun  ouvrage  de  cet  artiste,  qui  vivait  encore 
en  1541.  E.  B— N. 

Ticozil,  Dizionario.  —  Lanzi,  Storia  pittoriea. 

*CAiu»AGiVA  (Gaspard),  cardinal,  théolo- 
gien et  numismate  italien,  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  On  n'a  de  lui 
qu'une  Epistola  pastoralis ,  à  la  suite  de  Caro- 
lus  Borroinœus,  Instructiones  Pastorum;  Lou- 
vain,  1702,  in-12;  et  Rouen,  1707,  in-12.  Mais 
Carpagna  est  plus  connu  par  l'établissement  d'un 
cabinet  de  monnaies  et  de  médailles  assez  consi- 
dérable ,  dont  il  existe  une  description  et  un  ca- 
talogue attribués  à  Jean-Pierre  Bellori ,  et  ayant 
pour  titre  :  Scelta  de'  medaglioni  più  rari 
nella  biblioteca  delP  eminentissim.  signor 
cardinale  Gasparo  Carpagna;  Rome,  1679, 
in-4°.  On  a  donné  des  extraits  étendus  de  ce 
livre  dans  le  Giornale  de'  Letterati  in  Roma, 
1674.  Une  autre  description  du  cabinet  de  mé- 
dailles de  Carpagna  est  intitulée  Rariora  maximi 
moduli  numismata  selecta  ex  bibliotheca 
eminent.  card.  Gasp.  Carpagnse,  Josephi  Mon- 
terchii  commentariis  illustrata;  Amsterdam, 
1685,  in-12. 

D.  Clément,  Bibl.  curieuse,  VI,  302.  —  Adelung,  suppl. 
à  Jôcher,  AUgem.  Celehrten-Lexicon. 

CARPANi  (Joseph  ),  poète  dramatique  et  mu- 
sicographe italien,  né  le  28  janvier  1752  à  Vil- 
lalbese,  district  de  la  Briansa,  dans  le  Milanais; 
mort  à  Vienne  en  Autriche  le  22  janvier  1825. 
Après  avoir  fait  ses  classes  sous  les  jésuites  à 
Milan  ,  il  fut  envoyé  à  Pavie  pour  y  étudier  le 
droit.  Il  y  passa  quelques  années,  sans  ja- 
mais ouvrir  un  livre  de  droit;  il  obtint  ce- 
pendant le  grade  de  docteur,  «  parce  que,  se- 
«  Ion  l'expression  de  son  biographe,  tout  le 
"■  monde  l'obtient  ;  et  il  fut  applaudi  en  soute- 
<(  nant  sa  thèse,  parce  que  chacun  trouve  quel- 
«  ques  badauds  qui  l'applaudissent.  «  Il  entra 
ensuite  chez  un  avocat  renommé  à  Milan,  pour 
y  faire  son  stage  ;  mais  il  en  sortit  bientôt,  pour 
s'occuper  de  poésie  et  de  musique.  C'est  de  cette 
époque  que  datent  ses  premiers  essais  poétiques 
en  dialecte  milanais,  dont  plusieurs,  notamment 
ses  élégies  sur  la  mort  de  Marie-Thérèse,  furent 
trouvés  assez  remarquables  par  le  poète  Parini 
pour  que  celui-ci  lui  adressât,  afin  de  l'encou- 
rager, des  stances  écrites  dans  le  même  dialecte. 
Bientôt  après,  il  fit  son  entrée  dans  le  monde 
dramatique  par  une  comédie  intitulée  i  Conti 
di  Agliate  ,  et  attribuée  longtemps  au  P.  Mo- 
lina,  l'auteur  en  vogue  à  Milan.  Cette  comédie 
et  ses  autres  drames  furent  joués  au  théâtre  de 
Monza  devant  l'archiduc  Ferdinand  et  sa  femme, 
Marie-Béatrice  d'Esté.  En  1792,  lors  de  la  ré- 
volution française,  il  devint  rédacteur  de  la 
gazette  de  Milan  sous  le  nom  d'il  Veladino,  et 
il  rédigea  de  violents  articles  contre  la  révolu- 
tion. En  1796,  lors  de  l'invasion  française,  il 
suivit  son  gouvernement  à  Vienne.  Nommé  cen- 
seui"  et  directeur  des  théâtres  de  Venise,  il  de- 


vait, après  la  paix  de  Campo-Formio,  retourii 
en  Italie  ;  mais  une  ophthalmie  dont  il  était  : 
fligé   réclamant  les  soins  de  médecins  expé 
mentes,  il  resta  à  Vienne,  où  il  fut  attaché  comi 
poète  au  théâtre  impérial.  C'est  dans  ce  tem 
qu'il  se  lia  d'amitié  avec  le  célèbre  Haydn,  don 
a  fait  connaître  la  sublime  musique  à  ses  comi 
triotes  en  traduisant  le  iibretto  allemand  de  s 
oratorios  en  italien ,  de  manière  à  faire  cadi 
entièrement  le  nouveau  texte  avec  la  musiq 
composée  pour  les  originaux.  Il  a  d'ailleurs  f 
la  rïïême  chose  pour  quelques  autres  opéi 
français  et  allemands,  et  en  général  avec  bea 
coup  d'habileté.  En  1809,  lors  de  la  nouve 
guerre  de  l'Autriche  contre  la  France,  il  accoi 
pagna  l'archiduc  Jean  pendant  toute  la  camp 
gne ,  dont  il  rédigea  le  compte-rendu  exac 
jour  par  jour.  Mais,  pour  une  raison  inconnu 
Carpani    en  détruisit    lui-même  le    manusci 
après  1812.  C'est  dans  cette  même  année  qui 
voulant  honorer  la  mémoire  de  son  ami  et  pr  ■ 
tecteur  Haydn,  il  pubUa  les  Haydines,  lettr 
intéressantes,  écrites  d'un  style  pittoresque 
élégant ,  touchant  la  vie  et  les  œuvres  de  > 
compositeur.   Cet  ouvrage  fut  la  cause  d'i 
scandale  littéraire  où  Beyle  (  connu  sous  le  pseï 
donyme  de  Stendhal)  a  joué  un  rôle  assez  équ 
voque.    Un,  certain   Alexander-César  Bomb 
avait  copié ,  pendant  un  voyage  en  Italie ,  l'oi 
vrage  de  Carpani,  et  l'avait  traduit  en  frauçai 
Beyle  publia  à  sa  place  cette  traduction,  intitule 
Lettres  écrites  de  Vienne  en  Autriche  su 
Haydn ,  suivies  de  notes  sur  Mozart  et  Mi 
tastase;  Paris,  1814.   Carpani  cria  au  plagiai 
alors  Beyle  fit,  en  1817,  paraître  le  même  ou 
vrage  sous  le  nouveau  titre  :  Vies  de  Haydn 
Mozart  et  Métastase,  avec  une  préface,  o 
il  prétend  avoir  modifié  les  emprunts  faits  . 
Carpani  par  ses  notices ,  tirées  de  sources  aile 
mandes. 

Carpani,  qui  depuis  1810  s'était  définitive 
ment  fixé  à  Vienne,  reprit  sa  place  de  poëti 
dramatique  du  Théâtre-Impérial,  et  concouru 
plus  tard  à  la  rédaction  du  Journal  littéraire  di 
Milan,  qui  compta  parmi  ses  collaborateurs  lei 
plus  grandes  notabilités  littéraires.  Mais  ave( 
son  caractère  d'enthousiaste  exclusif,  propre  au> 
Italiens,  il  se  trouva  engagé  dans  quelques  auti^et 
querelles  littéraires.  Ce  fut  d'abord  en  1818,  J 
propos  d'un  livre  du  Vénitien  André  Majer,  qui, 
entraîné  hors  des  bornes  par  sa  défense  de  l'é' 
cole  vénitienne  de  Tiziano,  avait  battu  en  brèche 
l'idéalisme  dans  l'art,  et  en  général  toute  l'écolei 
allemande  de  Sulzer,  Mengs,  etc.  Carpani  ri- 
posta, dans  ses  Mariages,  ou  Lettres  sur  l'Imi 
talion. dans  la  peinture,  à  Majer,  et  renouvela 
cette  polémique,  quelques  années  plus  tard,  dans 
une  discussion  sur  la  musique  de  Rossini.  Majer 
avait  des  préjugés  aussi  peu  raisonnables  contre 
cet  illustre  maestro  que  l'étaient  ceux  de  Car- 
pani en  sa  faveur,  résumés  dans  les  Rossinia)ie. 
Le  public  se  dégoûta  à  la  fois  de  cette  querelle, 


}5  CARPANI  - 

ins  laquelle  les  doux  adversaires  firent  trop 
>ir  l'absence  de  notions  positives  sur  l'art  mu- 
j_îal.  Carpani  avait  d'ailleurs  le  caractère  bon; 
'r,  après  toutes  les  paroles  acerbes  éciiangées 
ec  Majer,  il  lui  légua  en  mourant  son  buste, 
ivragc  de  Canova.  Ses  opéras  furent  en  grande 
rtie  mis  en  musique  par  les  maîtres  de  cha- 
lle  les  plus  renommés  du  temps,  tels  que  Paër, 
eigl,  Pavesi,  etc.  Voici  la  liste  de  ses  ouvra- 
s  :  Sonnetti,  canzoni,  apologhi ,  si  in  ita- 
ino  corne  in  dlaletto  milanese ,  stampati  a 
ilano,  a  Venezia,  a  Vienna;  —  i  Conti  d'A- 
iate,  commedia;  —  Dio,  salvi  Francesco! 
rafrasi  italiana  del  cantico  nazionale  te- 
sco  in  onore  delV  imperatore  Francesco  I, 
sta  in  muslca  daW  Haydn  ;  —  Amore 
îce  pregiiidizio ,  commedia ,  qui  fut  aussi 
iduite  en  allemand  ;  —  la  Camilla,  dramma, 
s  en  musique  par  Paër;  —  l'Uniforme, 
amma ,  mis  en  musique  par  Weigl  ;  —  il 
■gliorDono,  cantate  pour  l'empereur  d'Autri- 
e,  avec  la  musique  de  "Weigl  ;  —  la  Crea- 
me,  volgarizzamento  dal  tedesco,  con  le 
rôle  accomodate  alla  célèbre  musica  deW 
lydn;  —  V Amore  alla  persiana,  drame  en 
ax  actes;  —  la  Vita  del  cane  del  Pepoli  ; 
'  la  Passione  di  N.  S.  G.  C,  avec  la  musique 
"Weigl  ;  —  Lettera  sul  un  quadro  di  ma- 
■ma  Lebrun;  —  Descrizione  délie  pilttire 
lia  cupola  di  S.-Celso  in  Mllano  ;  —  la 
uola.  délia  maldicenza,  traduction  libre 
jne  comédie  anglaise  de  Sheridan  ;  —  il  Giu- 
zio  di  Febo,  cantate  pour  l'empereur  d'Autri- 
e,  avec  la  musique  de  Pavesi;  —  Vlncontro, 
ntate,  avec  la  musique  de  Gerace  ;  —  Lettere 
U7i  Forestière;  —  l'Allievo  delV  orsa, 
ame  ;  —  Spiegazione  drammatica  del  mau- 
leo  del  Canova,  per  Varciduchessa  Cris- 
na;  —  Pilade  e  Ores  te,  drame;  —  l'Inclo- 
nel,  poëme  en  dialecte  milanais  ;  —  Riccardo 
'lor  di  leone,  drame,  traduit  du  français  ;  — 
■  Bote,  id.  ;  —  Rinuldo  d'Asti ,  id.;  —  la 
■idowlska,  id.;  —  Raollodi  Crequi,  id.;  — 
Effetto  delV  amore  e  del  caso,  id.;  —  la 
2ravana  del  Cairo,  id.  ;  —  i  Due  Ragazzi 
ivojardi,  id.  ;  —  la  Lezion  d'  on  di,  co- 
:édie  en  dialecte  milanais;  —  gli  Antiquari 
i  Palmira,  drame  bouffe;  —  Dissertazione 
[forno  la  maniera  e  lo  stile  manierato  ; 
la  Goncia  desturbada ,  poëme  en  trois 
liants,  en  dialecte  milanais  ;  —  Octaves  mila- 
aises  pour  honorer  le  retour  de  leurs  ma- 
fstés  impériales  à  Milan  ;  —  la  Bellezza, 
oëmé;  —  il  Giuoco  délie  reti,  poëme;  — 
Hano  générale  di  tutte  le  pitture  del  pa- 
%zzo  Serbelloni;  —  Sonettimilanesi  in  morte 
i  Maria-Teresa ,  impératrice  ;  —  la  Figlia 
el  Sole,  drame  imité  de  l'allemand,  avec  ad- 
ition  d'un  acte  nouveau  ;  —  l'Alcade  di  Zala- 
lea,  comédie  traduite  de  Calderon  ;  —  Didone 
n  America ,  drame  bouffe  ;  —  Formosa, 
irame  ;  —  il  Principe  invisibile,  comédie  en 


CARPANO  82G 

quatre  actes  ;  —  le  Haydine,  ovvero  lettere  in- 
torno  alla  vita  e  le  opère  del  célèbre  maestro 
Gitiseppe  Haydn;  Milan,  1812,  in-8";  2^  édit., 
augmentée  et  revue;  Padoue,  182.'},  in-S"  ;  — 
le  Majeriane,  ovvero  lettere  in  confutazione 
délie  opinioni  del  cav.  Majer,  intorno  alla 
imitazione  pittorica  e  le  opère  di  Tiziano; 
Milan,  1819,  in-8'';  —  Lettere  su  i  giardini  di 
Monza;  —  i  Bagni  di  Baden,  sestines;  — 
Sestine  per  le  nozze  di  S.  E.  il  principe 
Auersperg  con  S.  A.  la  principessa  Lobko- 
witz  ;  —  le  Rossiniane,  ossia  lettere  musico- 
teatrali,  principalemente  sulla  mtisica  del 
iRossini;  Padoue  ,  1824,in-8°.  L'opuscule  inti- 
tulé Lettera  del  prof  essore  Giuseppe  Carpani 
sulla  musica  di  Gioacchino  Rossini ,  Rome, 
1826,  in-8°,  n'est  qu'un  extrait,  fait  par  un  ano- 
nyme, de  quelques  articles  des  Rosslniennes. 

Tipaldo,  Blog.  degli  Ital.  illustri.  —  Fétis,  Biographie 
générale  des  Musiciens. 

CARPANI  (Joseph),  théologien  et  poète  ita- 
lien, de  l'ordre  des  Jésuites,  né  à  Rome  le  2 
mai  1683,  mort  dans  la  même  ville  vers  1765. 
Il  professa  la  rhétorique,  la  philosophie  et  la 
théologie  au  collège  germanique  de  Rome.  Ou- 
tre quelques  ouvrages  de  tiiéologie  oubliés  au- 
jourd'hui ,  on  a  de  lui  :  sept  tragédies  en  vers 
latins  ;  Vienne ,  1746;  Rome,  1750;  —  de  Jesu 
infante;  Rome,  1747  :  ce  sont  deux  pièces  la- 
tines publiées  sous  son  nom  académique,  Ti7To 
Ercopolita  ;  —  quelques  poésies  latines,  insérées 
dans  la  première  partie  A&V Arcadum  carmina; 
Ma.,  1757. 

Annali  letterarj  d'Ualia.—  Mandose,  Bibl.  rvman. 
CARPANI  (  Gfléïano ),  compositeur  italien, 
frère  du  précédent,  mort  à  Rome  en  1780. 11  fut 
maître  de  chapelle,  et  forma  de  nombreux  élè- 
ves, dont  plusieurs  ont  acquis  une  grande  répu- 
tation en  Italie.  Il  a  laissé  en  manuscrit  beau- 
coup de  compositions. 

Fétis,  Biographie  univzrselle  des  Musiciens. 

CARPANI  ( //oroce  ),  jurisconsulte  italicu,natlf 
de  Milan,  vivait  à  Milan  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle.  Ses  piincipaux  ouvrages 
sont  :  Lucubrationes  in  statuta  Mediolanen- 
sia;  Francfort,  1600;  —  Leges  et  statuta  du- 
catus  Mediolanensis,  cum  commentariis  ;  Mi- 
lan, 1616  et  1646,  in-fol. 

Jôcher,  Jllgem.  Gelehrt.  Lexic. 

CARPANI  (/o5epft),  jurisconsulte  italien,  vi- 
vait dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Pendant  quarante  ans,  il  professa  la  légis- 
lation au  collège  de  la  Sapience ,  à  Rome.  Outre 
quelques  ouvrages  latins  peu  remarquables,  on 
a  de  lui  :  Fasti  delV  Academia  degV  Intrec- 
ciati; 'Rome,  1673. 

Mandose,  Bibliotfi.  Romana. 

*  CARPANO  {Jacques- André),  jurisconsulte 
italien,  né  à  Milan  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  mort  en  1612,  dans  la  même  ville.  Après 
avoir  été,  en  1575,  admis  dans  le  collège  des  ju- 
risconsultes de  sa  patrie,  il  remplit  plusieurs  em- 


827 


CARPANO  —  CARPENTIER 


8Î 


plois  dans  la  magistraaire.  Enfin,  il  fut  nommé 
sénateur,  dignité  qu'il  consei-va  jusqu'à  sa  mort. 
On  a  de  lui  :  Responsa  ;  —  Allegationes  fis- 
cales, insérées  dans  les  recueils  de  jurisprudence 
publiés  à  Milan  et  à  Pavie. 

Argelati,  Bibl.  Mediol. 

*CARPANO  {Pierre-Vincent),  humaniste  et 
orateur  sacré  italien,  natif  de  Milan,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut 
prêtre  séculier  et  directeur  du  grand  séminaire 
de  Brescia,  où  il  enseigna  l'éloquence  sacrée  et 
profane.  On  a  de  lui  :  de  Ratione  scribendi 
epistolas  scholae  priores  ;  Brescia,  1613,  in-8°; 
—  Oratio  de  publicis  gymnasiis  Brixiee  res- 
tituas; ibid.,  1615,  io-4°;  —  Chrisf.us  nas- 
c^ns,  Christus  circumcisus,  poemata;  Gênes, 
1625,  10-4°;  —  délia  Forma  che  deve  tenersi 
nelle  Crie  (  sans  date  ni  lieu  d'impression  )  ;  — 
Elogia  sacra;  —  Lacrymse  de  Christi  Do- 
mini  cruciatibus  etnece,  poema; —  beaucoup 
de  lettres  latines  dans  les  Epistolee  Sanazarii, 
Sacci  et  Farnesli;  Milan,  1621,  in-4°. 

Argelati,  Bibl.  Mediol. 

CARPENTER  {Jean),  théologien  anglican,  né 
dans  le  Cornouailles,  mort  en  1621.  On  a  de  lui  : 
Sermons,  Méditations,  etc.;  Londres,  1588, 
1599  et  1606,  in-4°  et  in-S". 

Wood,  Athense  Oxonienses. 
CARPENTER  {Nathanaèl),  ministre  et  théo- 
logien anglican,  né  dans  le  Devonshire,  mort  à 
Dublin  en  1635.  II  fut  doyen  de  l'église  d'Ir- 
lande. On  a  de  lui  :  Philosophia  libéra  triplici 
exercitationum  décade  proposita  ;  Francfort, 
1621,  in-8°  ;  Oxford,  1622,  in-8"  :  il  attaqua  dans 
cet  ouvrage  la  doctrine  d'Aristote;  —  Geographij 
dclineated  forth  in  two  books,  containïng  the 
sphserical  and  topical  parts  thereof;  Oxford, 
1625,  in-4°;  —  Architophel,  or  the  pictwe  of 
a  vncked  politician;  Dublin,  1627,  in-8°;  Ox- 
ford, 1628,  iu-4". 

Rose,  New  biographical  Dictionary.  —  Wittc,  Dia- 
rium  hiographicnm.  —  Wood,  Atherise  Oxonienses. 

CARPENTER  {Richard),  ministre  et  théolo- 
gien anglican,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix- septième  siècle.  De  Cambridge,  où  il  avait 
fait  ses  études,  il  passa  sur  le  continent,  reçut 
les  ordres  selon  le  rit  romain,  et  fut,  dit-on,  reli- 
gieux bénédictin  en  Italie.  Etant  retourné  en  An- 
gleterre en  qualité  de  missionnaire,  il  abjura  le 
catholicisme,  obtint  une  cure  qu'il  quitta  bientôt 
pour  se  faire  prédicateur  forain,  et  abusa  de  ce 
ministère  pour  entretenir  la  scission  entre  le  roi 
Charles  P"^  et  le  parlement.  Sur  la  fin  de  sa  vie, 
il  rentra  dans  le  sein  de  l'Église  romaine.  On  a  de 
Carpenter  :  plusieurs  sermons;  Londres,  1612, 
1616  et  1623,  in-4°  etin-8°;  —  Expérience,  his- 
tory  and  divinity  ;  ibid.,  1642,  in-8"  ;  réimprimé 
sous  le  titre  :  the  Downfal  of  Antichrist  ;  ibid., 
1648  ;  —  the  perfect  law  of  God,  being  a  ser- 
mon and  no  sermon,  preached  and  yet  not 
preached;  1652,  in-8°;  —  Astrology  proved 
harmless,  useful,  pious  ;  Londres,  1653,  ia-4°. 


Wood,  yithenx  Oxonienses.  —  Rose,  TVew  biograpi. 
cal  Dictionary. 

CARPENtlER  OU  LECARPENTIER  (  In^oiw 

Michel),  architecte  français,  né  à  Rouen  en  170 
mort  en  1772.  Il  étudia  la  sculpture,  puis  l'arcl 
tecture;  il  vint  à  Paris  en  1728,  et,  son  talent  s' 
tant  développé,  il  devint,  en  1755,  membre  de  1', 
cadémie  royale  d'architecture,  architecte  de  l'A 
senal,  des  domaines  et  des  fermes  générales  < 
roi.  On  peut  citer,  parmi  les  édifices  élevés  par 
architecte,  les  châteaux  de  Courteilles,  de  la  Fer 
dans  le  Perche,  de  Ballainvilliers  ;  les  bâtimen 
de  l'Arsenal,  les  intérieurs  de  l'hôtel  de  Beuvro 
Il  fut  chargé  par  le  prince  de  Condé  de  continu 
le  Palais-Bourbon,  devenu  aujourd'hui,  apr 
bien  des  changements  politiques  et  architecton 
ques,  le  palais  du  corps  législatif.  Carpentier  et; 
recpmmandable  non-seulement  par  son  taler 
mais  encore  par  une  probité,  une  droiture  à  tou 
épreuve,  une  âme  forte,  un  grand  désintéress 
ment,  et  une  bienfaisance  inépuisable. 

Le  Bas,  Dict.  encyclopédique  de  la  France.  "  Fo 
tenay,  Dictionnaire  des  Artistes.  —  Nagler,  Neues  A 
çemeines  Kûnstler-Lexicon. 

CARPENTIER   OU    CHARPENTIER    {Jean 

historiographe  et  généalogiste,  natif  d'Absco 
près  de  Douay;  mort  à  Leyde  en  1670.  Il  et; 
religieux  à  l'abbaye  Saint-Aubert  de  Cambrî 
lorsqu'il  <  s'enfuit  en  Hollande  avec  une  femn 
qu'il  épousa  peu  de  temps  après.  Il  fut  nomn 
historiographe  de  Leyde.  On  lui  doit  :  Histoi; 
de  Cambrai  et  du  Cambrésis  ;  Leyde,  166 
1668,  in-4°,  4  parties,  ouvrage  rare  et  reche 
ché;  —  les  Généalogies  des  familles  nobl 
de  Flandre,  in-folio,  ouvrage  peu  estimé,-  —  ui 
traduction  des  voyages  du  Hollandais  Nieuho 

Le  Bas,  Dict.  encycl.  de  la  France.  —  De  Bore,  bihlï 
(iraphie  instructiw,  n°  33X3.  —  Lelong,  Biblioth.  histc 
de  la  France,  édit.  Fontette.  —  Foppens,  Biblioth.  Bi 
gica.  —  Leglay,  Notice  sur  Carpentier,  historiorjrnp 
du  Cambrésis  ;  Va\enciennes,  1833,  ia-8°. 

*  CARPENTIER  OU  CHARPENTIER.  {IrénéC 

pseudonyme  d'un  savant  suisse  du  seizième  siècl 
de  Godefried  ou  Fried  (Irénée),  et  Wagm 
(Charpentier).  Voy.  Wagnkr  {Godefroid). 

CARPENTIER  {Pierre),  gouverneur  hollai 
dais,  mort  en  1659.  Il  devint  gouverneur  de  B 
tavia  en  1623,  fit  échouer  une  conspiration  qi 
des  commis  anglais  etdes  soldats  japonai&avaiei 
formée  contre  les  Hollandais,  et  rendit  de  gram 
services  au  commerce  de  sa  patrie.  A  son  retoi 
en  Hollande,  il  fut  nommé  ^hef  de  la  eompagn 
des  Indes  par  la  chambre  d'Amsterdam. 

Biog.  univ.  (éd.  belge). 

CARPENTIER  {Pierre),  célèbre  antiquaire  i 
paléographe  français,  de  l'ordre  des  Bénédictit 
de  Saint- Maur,  né  à  Charleville  le  2  février  169; 
mort  à  Paris  le  19  décembre  1767.  Étant  cnti 
dans  la  congrégation  de  Saint-Maur,  à  Reims,  e 
1720,  il  s'occupait  depuis  cinq  ans  d'une  noi 
velle  édition  de  Tertullien ,  lorsque  dom  Mau. 
d'Antine,  que  les  bénédictins  de  l'abbaye  d 
Saint-Germain  des  Prés  avaient  chargé  d'un» 


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ouvclle  édition  du  Glossaire  de  du  Cânge,  s'ad- 
oignit  Carpentier  pour  ce  travail.  Après  un  s6- 
|)ur  de  plusieurs  années,  il  quitta  l'abbaye  de 
aint-Germain  des  Prés  à  Paris,  où  il  avait  tra- 
aillc  avec  d'Antine,  dont  on  le  soupçonne  d'a- 
oir  emporté  les  manuscrits,  pour  les  mettre  à 
rofit  plus  tard.  Carpentier  fut  pourvu,  en  1737, 
ft  la  prévôté  de  Saint-Onésimc    de  Doncbery 
Ardennes),  dépendante  de  la  môme  congréga- 
on,  riche  sinécure  qu'il  avait  obtenue  par  l'en- 
emise  de  l'abbé  de  Pomponne;  mais  il  ne  tarda 
is  à  passer  dans  l'ordre  de  Cluny,  à  la  faveur 
un  induit  de  translation  fondé  sur  des  motifs 
infirmité, induit  pour  lequel  il  eut  un  long  pro- 
!S  à  soutenir.  Après  avoir  fait  son  noviciat  au 
^euré  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul  d'Abbe- 
ille,  et  prononcé  des  vœux  nouveaux  en  1741, 
fut  nommé  aumônier  de  l'abbaye  de  Saint- 
ambert  en  Bugey.  Ses  travaux  littéraires  exi- 
lant sa  présence  à  Paris,  il  obtint  de  l'abbé  de 
alorl  un  bénévole  pour  être  agrégé  à  l'abbaye 
i  Saint-Pierre  de  Sauves,    diocèse   d'Alais. 
ar  ce  moyen  il  devint  religieux  de  cette  mai- 
)n  sans  y  résider;  et  il  vécut  depuis  à  Paris, 
jltivant  les  lettres,  fouillant  dans  les  archives 
les  bibliothèques,  et  cultivant  l'amitié  de 
ibbé  de  Valori.  En  1760,  il  accompagna  à  la 
)ur  de  Vienne  l'ambassadeur  de  France,  de 
uerches.  De  retour  à  Paris  après  1751,  il  con- 
flua sa  vie   d'érudit  Jusqu'à  sa  mort,  qui  le 
jrprit  très-inopinément    dans    le    collège  de 
ourgogne ,  où  il  s'était  retiré.  On  a  de  lui  : 
lossarium  ad  Scriptores  médise  et  infimse 
itinitatis,  auctwe  Carolo  Dufresne,  domino 
fU  Gange;  editio  nova,  et  locupletior  et  auc- 
ior,  opéra  et  studio  monachorum  ordinis 
.-Benedicti  et  congregatione  S.-Mauri  ;  Pa- 
lis, 1733-1736,  6  vol.  in-fol.  (les  lettres  ABC 
ont  de  Nicolas  Toustain  et  de  le  Pelletier  ;  les 
ittres  DEGJLNOQRT,  de  Maur  d'Antine; 
)utes  les  autres,  de  Carpentier  )  ;  il  en  parut  une 
ouvelle  édition,  sous  le  titre  :  Glossarium  ad 
criptores ,  etc.,  cum  additionibus  Iselini  ; 
ccedit   Dissertatio    de    impp.    Gonstantin. 
timismatibus  ;  Bâle,  1762,  6  vol.  in-fol.;  les 
ix  planches  de  médailles  manquent  dans  beau- 
oup  d'exemplaires;  elles  doivent  se  trouver 
lans  le  t.  IV,  à  l'article  Moneta,  p.  912,  924, 
132,  940,  960,   965,  972,  981,  994  et  1020  ;  — 
\vis  aux  gens  de  lettres  qui  voudront  con- 
ribuer  à  la  perfection  du  supplément  au 
Uossaire  de  la  moyenne  et  basse  latinité,  in- 
iéré  dans  le  Journal  des  Savants;  avril  1737, 
).  253  et  254  ;  —  Réponse  à  une  lettre  écrite 
mr  M.....  à  M.  Garpentier,  sur  un  endroit 
lui  demande  d'être  expliqué  et  rectifié,  dans 
e  Mercure  de  France,  1741,  p.  1567-1571; 
—  Alphabetum  tironianum,  compluribus  Lu- 
'iovici  PU  chartis ,  qiœ  notis  iisdem  exaratse 
sunt  et  hactenus  ineditee,  ad  Mstoriam  etju- 
risdictionem  cum  ecclesiasticam ,  tum  civi- 
iem pertinentibus  ;  Paris,  1747,  in-fol.;  et  in- 


CARPENTIER  830 

séré  aussi  dans  le  Recueil  des  Historiens  de 
France ,  t.  VI  :  cet  ouyrage  est  cité  avec  éloge 
dans  les  Mémoires  de  Trévoux,  février  1747, 
page  1423  ;  —  Lettres  aux  auteurs  du  Journal 
des  Savants,  etc.,  octobre  1751,  p.  678-681,  et 
mars  1756,  p.  139-149  :  ce  sont  des  répliques 
dirigées  contre  dom  Clémencet, /'/•^/ace  de  l'Art 
de  vérifier  les  dates,  Paris,  1750,  qui  avait 
revendiqué  d'avance  pour  d'Antine  la  paternité  du 
supplément  au  Glossaire,  et  aussi  contre  Charles- 
François  Toustain  et  Tassin,  qui,  dans  le  2"  vol., 
p.  205,  244  et  281  de  leur  Nouveau  traité  de 
diplomatique,  Paris,  1755-1765,  avaient  des- 
siné un  alphabet  tironien,  que  Tassin  même  avait 
passé  sous  silence  dans  son  Histoire  littéraire 
de  la  congrégation  de  Saint-Maur  ;  1750;  — 
Glossarium  novum  ad  Scriptores  medii  sévi 
cum  latinos,  tam  galUcos,  seu  supplementum 
ad  auctiorem  Glossarii  Gangiani  editionem. 
SubditcB  sunt,  ordine  alphabetico,  voces  gal- 
licx  usu  aut  significatu  absoletee ,  quse  in 
Glossario  et  in  supplemento  explicantur. 
Accedunt  varii  indices,  prsecipue  rerum  extra 
ordinem  alphabeticum  positarum,  vel  quas 
ibi  delitescere  non  autumaret  lector,  atque 
aiictorum  operumve  emendatorum.  His  de- 
miim  adjecta  est  Gangii  dissertatio  de  in/e- 
rioris  eevi  aut  imperii  numismatibus ,  quam 
excipiunt  emendationes  typographicae  ad  pos- 
tremam  Glossarii  editionem;  Paris,  1766, 
4  vol.  in-fol.  :  le  quatrième  volume,  qui  mérite 
une  attention  particulière  comme  entièrement 
neuf,  contient  un  Glossaire  français  qui  a  673 
colonnes  d'étendue,  ensuite  13  tables  :  r  table  des 
auteurs  de  là  moyenne  et  basse  latinité,  com- 
posée par  du  Caiigc,  corrigée  et  augmentée  par 
Carpentier;  2°  table  des  auteurs  grecs  cités  dans 
le  Glossaire;  3"  et  4"  des  auteurs  imprimés  qui 
ont  écrit  en  langue  vulgaire,  français,  italiens, 
anglais,  etc.;  b°  des  manuscrits  latins  consul- 
tés ;  6°  des  Actes  et  des  Vies  des  Saints  qui  sont 
manuscrites;  7°  des  auteurs  français,  manus- 
crits, en  prose  ;  8°  des  anciens  poètes  français  et 
provençaux,  manuscrits;  9°  et  10°  deux  tables 
des  registres ,  des  cartulaires  et  des  dépôts  pu- 
blics et  particuliers  dont  on  a  fait  le  dépouille- 
ment; 11°  et  12"  des  auteurs  et  des  ouvrages 
dont  on  corrige  le  texte  dans  le  Glossaire  et  le 
supplément;  13°  une  table  de  tout  ce  qui  y  est 
traité  hors  de  l'ordre  alphabétique.  Enfin  on  y 
trouve  un  errata  des  barbarismes  de  la  dernière 
édition  du  Glossaire  de  du  Cange.  Adelung  a 
donné  de  cet  ouvrage  un  abrégé,  sous  ce  titi-e  : 
Glossarium  manuale  ad  Scriptores  média;  et 
infimse  latinitatis,  ex  magnis  Glossariis  Caroli 
Dufresne,  domini  du  Cange,  et  Carpentarii, 
in  compendium  redactum ,  multisque  verbis 
et  dicendisformulis  auctum;  Halle,  1772-1783, 
6  vol.  grand  in-8°  ;  —  Préface  à  Védition  des 
Sentences  morales  de  Publius  Syrus  et  des 
Fables  de  Phèdre,  par  Vabbé  le   Mascrier ; 


Paris,  1742,  in-12.  Carpentief  avait  lui-même 


831  CARPENTIER  —  CARPIN 

fourni  plusieurs  sentences  morales,  extraites 
soit  de  Publius  Syriis,  soit  d'un  manuscrit  iné- 
dit de  Cambrai  du  quatorzième  siècle.  L'édition 
de  Tertullien,  que  Carpentier  avait  commencée, 
n'a  jamais  paru. 

Abbé  Boulliot,  Biographie  Ardennaise.  —  Tassin,  Hist. 
liit.  de  la  congrégation  de  Saint-Maur. 

CARPENTIER  (....),  économiste  français,  né 
à  Beauvais  vers  1739,  mort  en  1778.  On  a  de 
lui  :  Avantages  des  inventaires  des  titres  et 
papiers  tant  anciens  que  nouveaux;  Paris, 
1760;  in-8°;  —  Observations  particulières 
sur  les  noms  anciens  et  modernes  d'extrac- 
tion ou  de  grâce,  avec  un  traité  sur  l'expli- 
cation du  blason;  ibid.,  1768,  in-8°;  — Avis 
et  mémoire  instructif  sur  les  avantages  des 
inventaires  généraux  des  titres  et  papiers, 
etc.;  ibid.,  1768,  in-12;  —  l'Art  de  l'archiviste 
français,  etc.;  ibid.,  1769,  in-12;  —  l'Inspec- 
teur des  fonds  de  terre,  ou  Remarques  histo- 
riques et  chronologiques  sur  la  matière  de 
leur  administration;  ibid.,  1771,  in-12;  — 
Ébauche  des  principes  sûrs  poîir  estimer  exac- 
tement le  revenu  net  dupropriétaire  des  biens- 
fonds  ,  et  fixer  ce  que  le  cultivateur  peut  et 
doit  en  donner  de  ferme;  Amsterdam  et  Paris, 
1775,  in-8";  —  la  Clef  de  la  Circulation ,  ou 
Mouvement  universel  en  faveur  de  la  circu- 
lation entre  la  liberté  des  possessions  et  celle 
du  commerce;  ibid.,  1775,  in-12. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CARPENTIER  (....),  grammairien  français, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Banise  et  Balacin ,  ou  la 
Constancerécompensée,  histoire  indienne  ;  Lon- 
dres et  Paris,  1773, in-12;  — Leçons  de  gram- 
maire, contenant  les  principes  raisonnes  de  la 
langue  et  de  l'orthographe,  et  une  introduc- 
tion à  l'étude  de  la  langue  latine;  Paris,  1774, 
in-8°  ;  —  Plan  nouveau  d'éducation  pour  for- 
mer des  hommes  instruits  et  des  citoyens  uti- 
les, etc.;  ibid.,  1775,  in-8°  ;  —  l'Art  de  parler 
et  d'écrire  correctement,  etc.;  ibid.,  1777, 
in-24;  ibid.,  1798,  in-8°. 

Quérard,  la  France  littéraire. 

CARPESANE  (François),  historien  italien, 
né  vers  1451,  vivait  encore  en  1526.  Il  fut  prêtre 
de  Parme,  et  secrétaire  de  l'évêque  de  cette  ville. 
On  a  de  lui  :  Commentaria  suorum  temporum 
libris  X  comprehensa,  ab  anno  circiter  1470 
ad  annum  1526,  en  manuscrit.  Le  P.  Mabiilon 
l'a  fait  copier,  et  insérer  dans  D.  Martenne  et  Du- 
rand :  Amplissima  collectio  veterum  scripto- 
rum  et  monumentorum ,  t.  V,  depuis  la  page 
11 86  j usqu'à  la  page  1 246. 

Adclung,  suppléra.à  Jôcher,  AUgem.Gelehrt.-Lexicon. 

CARPi  {Hugues  de),  dessinateur  et  gi-aveur 
italien,  né  à  Rome  vers  1486,  mort  vers  1530.  Il 
fut  un  des  premiers  qui  exécutèrent,  en  Italie, 
des  gravures  sur  trois  planches.  Plusieurs  artis- 
tes adoptèrent  cette  manière.  Carpi  imagina  aussi 
d'imprimer  quelques-unes  de  ses  estampes  sur 


83 


du  papier  gris,  à  l'effet  de  rendre  les  clairs  pli 
marqués  et  plus  brillants.  Les  Allemands  ont  n 
vendiqué,  non  sans  fondement,  l'invention  de  ( 
procédé,  appelé  par  les  Italiens  gravure  au  claii 
obscur.  Les  principaux  ouvrages  de  Carpi  sont 
David  tranchant  la  tête  à  Goliath;  —  le  Ma. 
sacre  des  Innocents;  —  Ananias  puni  a 
mort;  —  Diogène  assis  devant  son  tonnem 

Tiraboschi,  Bibl.  Moden. 

CARPI  {Jérôme),  peintre  et  architecte,  né 
Ferrare  en  1501,  înort  vers  1569.  Après  avo 
étudié  dans  sa  patrie  sous  le  Garofalo,  dont 
avait  commencé  par  être  le  valet,  il  alla  à  Bologt 
à  l'âge  de  vingt  ans,  et  ne  tarda  pas  à  s'y  faii 
connaître  comme  peintre  de  portraits.  Un  pel 
tableau  du  Corrége  lui  étant  tombé  sous  les  yeu: 
il  se  passionna  pour  la  manière  de  ce  maître, 
s'empressa  de  copier  toutes  les  peintures  qu'il 
laissées  à  Parme  et  à  Modène.  il  fit  de  mèrr 
pour  les  ouvrages  du  Parmigianino ,  auquel 
emprunta  ses  airs  de  tête ,  tout  en  leur  donnai 
moins  de  grâce,  mais  plus  de  noblesse.  De  n 
tour  à  Bologne,  il  exécuta  quelques  travaux,  so 
seul,  soit  en  compagnie  du  Pupini.  Il  revint  ei 
suite  dans  sa  pati'ie  après  une  absence  de  nei 
années,  et  y  peignit  quelques  fresques,  avec  1 
Garofalo,  aux  Olivetains  et  à  la  Palazzina  é 
duc  Hercule  II.  Ce  prince,  qui  à  cette  époqi 
s'occupait  des  embellissements  du  palais  de  C( 
pario,  demanda  au  Titien  de  lui  indiquer  quelqi 
peintre  capable  de  peindre  dans  une  loge  k 
principaux  traits  de  l'histoire  de  la  maison  d'Esté 
le  Titien,  qui  avait  vu  quelques  peintures  d 
Carpi,  désigna  ce  jeune  artiste,  qui  dans  la  seu 
année  1534,  et  sans  aide,  mena  à  fin  cet1 
grande  entreprise.  De  ce  jour,  les  commandes  li 
arrivèrent  en  foule  de  toutes  les  parties  de  l'It; 
lie  ;  mais  il  ne  put  satisfaire  qu'à  un  petit  non 
bre,  ayant  été  occupé  par  le  duc  de  Ferrare  < 
par  le  pape  Jules  III  à  d'importants  travau 
d'architecture,  art  qu'il  avait  étudié  sous  Ga 
lasso  de  Ferrare;  aussi  ses  tableaux  d'autf 
sont-ils  fort  rares  :  les  plus  célèbres  sont  la  Des 
cente  du  Saint-Esprit,  à  Saint-François  de  Rc 
vigo;  et  un  saint  Antoine,  à  Santa-Maria  dt 
Vado  de  Ferrare.  On  trouve  aussi  de  lui  un  pe 
tit  nombre  de  tableaux  de  chevalet  répartis  dan 
les  diverses  galeries  de  l'Europe;  le  musée  d 
Dresde  possède  :  Vénus  et  V Amour  sur  une  con 
que  traînée  par  deux  cygnes. 

La  manière  du  Carpi  participe  du  style  de 
quatre  grands  maîtres  qu'il  s'était  proposés  pou 
modèles,  le  Titien,  Raphaël,  le  Corrége,  et  l 
Parmigianino.  Ses  compositions  sont  enrichie 
d'architectures  et  de  bas-reliefs  peints  avec  i 
plus  gi'and  soin.  E.  B — n. 

Barrufaldi,  J^ite  de'  pittori  Ferraresi.  —  Vasari,  P^ité' 
—  Ticozïi,  Dizionario. 

CARPIN  ou  CARPiNi  {Jean  du  Plan),  voyai 
geur  italien,  de  l'ordre  des  Franciscains ,  né  ei' 
Italie  vers  1220.  Innocent  IV  l'envoya  en  124t 
vers  les  princes  mongols  du  nord-est,  afin  d 


'I» 


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fjf 


,833 


CARPIN  —  CARPOCRATE 


834 


tâcher  d'arrêter  les  progrès  en  Europe  de  ces 
redoutables  conquérants.  Carpin  se  dirigea  par 
la  Bohême,  par  la  Silésie  et  la  Pologne,  vers  Kiow, 
alors  capitale  de  la  Russie  ;  puis,  gagnant  les 
boi'ds  du  Dnieper,  où  il  rencontra  les  Mogols , 
iil  traversa  la  Kumanie  (  partie  sud-est  de  la  Rus- 
sie), et  suivit  les  bords  de  la  mer  Noire  jusqu'au 
pays  des  Kaptschacs,  occupé  alors  par  Batou- 
Khan.  Ce  chef  accueillit  favorablement  l'ambas- 
sade chrétienne,  ainsi  que  plusieurs  marchands 
d'Autriche,  de  Silésie  et  de  Pologne,  qui  n'avaient 
pas  craint  de  s'y  joindre.  Il  les  fit  conduire  à 
Karakherin,  dans  le  pays  des  Khalkhos  (  Mon- 
jols  jaunes  ) ,  capitale  des  successeurs  de  Gen- 

jl  i^is-Khan.  Carpin  assista  au  kouriltaï  ou  élection 
l'un  nouvel  empereur,  et  à  l'investiture  de  ce 
jrincedans  la  horde  (tente)  dorée.  Le  nouveau 
nonarque,  Coyouc-Khan,  qui  avait  l'intention  de 
)orter  la  guerre  en  Europe,  voulant  cacher  ses 
lesseins  à  l'ambassadeur  du  pape,  le  renvoya  vers 
;a  mère  Tourakina.  Carpin  séjourna  un  mois  à 
a  cour  mongole,  sans  pouvoir  obtenir  une  au- 
lience  particulière,  et  privé  des  choses  les  plus 
lécessaires  à  la  vie.  On  lui  ordonna  de  mettre 
)ar  écrit  le  sujet  pour  lequel  le  pape  l'envoyait, 
•t,  après  lui  avoir  rerais  une  réponse  rédigée  en 
nongol  et  en  arabe,  il  obtint  son  congé.  Coyouc- 
<han  se  disposait  à  faire  partir  avec  ce  religieux 
les  ambassadeurs  pour  le  pape;  mais  Carpin 
'en  détourna,  parce  qu'alors  ces  sortes  d'ambas- 
ladeurs  n'étaient  que  des  espions.  Après  avoir 
;alué  la  princesse  Tourakina,  qui  lui  donna  quel- 

j  ^ues  habits  en  peau  de  renard,  Carpin  se  mit 
m  route  pour  revenir  en  Europe,  accompagné 
jette  fois  de  négociants  génois ,  pisans  et  véni- 
tiens, qu'il  trouva,  à  son  grand  étonnement,  tra- 
fiquant déjà  dans  ces  contrées  éloignées.  Ce 
Foyage  s'effectua  au  milieu  de  toutes  les  rigueurs 
l'un  hiver  en  Sibérie.  Carpini  eut  donc  beaucoup 
À  souffrir,  ainsi  que  ses  compagnons.  Enfin  il  ar- 
riva sain  et  sauf  à  Kiow,  «  où  le  peuple  se  porta 
\ï  sa  rencontre,  en  le  félicitant  comme  un  mort 
■appelé  à  la  vie.  «  Carpin  eut  le  mérite  d'être  le 
Dremier  qui  publia  une  relation  vraisemblable  sur 
es  peuples  mongols  et  leur  pays;  seulement  ce  qu'il 
l'a  pas  vu  lui-même  demande  à  être  contrôlé.  Il 
îaraît  croire  que  les  Chinois  pratiquaient  le  chris- 
àanisme  ;  il  parle  aussi  du  célèbre  prince  chré- 
ien  si  connu  dans  le  moyen  âge  sous  le  nom  de 
orêtre  Jean;  et  il  raconte  à  ce  sujet  une  histoire 
singulière  ;  te  Lorsque  Djingiz-Khan,  dit-il ,  eut 
prminé  la  conquête  du  Cathay  (Chine),  il  en- 
voya un  de  ses  fils  avec  une  armée  dans  l'Inde  ; 
pe  prince  subjugua  les  peuples  de  la.  petite  Inde, 
fini  sont  les  noirs  Sarrasins  et  portent  aussi  le 
aom  d'Éthiopiens.  Il  marcha  ensuite  contre  les 
jîhrétiens  qui  habitent  la  grande  Inde  ;  et  le  roi 
ie  cette  contrée,  connu  sous  le  nom  de  prêtre 
Jean ,  vint  à  leur  rencontre  à  la  tête  de  ses  trou- 

^oes.  Ce  prêtre  Jean  avait  fait  faire  un  certain 
lombre  de  statues  creuses  en  cuivre,  toutes 
remplies  de  matières  inflammables ,  et  les  avait 

NOCV.   BIOGR.   UNIVERS.  —  T.   VIU. 


placées  sur  des  chevaux,  devant  des  hommes  ar- 
més de  soufflets  pour  attiser  le  feu;  quand  le 
combat  s'engagea ,  ces  statues ,  montées  sur  les 
chevaux ,  s'avancèrent  au  pas  de  charge  contre 
les  ennemis;  les  hommes  qui  se  trouvaient  der- 
rière mirent  le  feu  aux  combustibles,  et  soufflè- 
rent avec  leurs  soufflets  ;  les  Mongols  et  leurs 
chevaux  furent  aussitôt  brûlés ,  et  une  éipaisse 
fumée  obscurcit  l'atmosphère.  Alors  les  Indiens 
tombèrent  sur  les  Mongols ,  mis  en  déroute  par 
cette  guerre  d'une  nouvelle  espèce,  et  ils  en  firent 
un  grand  carnage.  »  —  Carpin ,  à  son  retour, 
se  consacra  à  la  prédication  de  l'Évangile  en  Bo- 
hême, en  Hongrie,  en  Danemark  et  en  Norwége. 
Son  voyage,  dont  on  trouve  un  abrégé  latin  dans 
le  Spéculum  historicum  de  Vincent  de  Beau- 
vais,  a  été  traduit  en  anglais  par  Hakluyt  et 
Purchas,  et  inséré  dans  le  recueil  de  Bergeron, 
intitulé  Voyages  faits  principalement  en  Asie 
dans  les  douzième,  treizième,  quatorzième  et 
quinzième  siècles,  par  Benjamin  de  Tudèle, 
Carpin  ,  Rubriquis ,  etc.;  la  Haye,  1729  ou 
1735,  2  vol.  in-4°.  A.  de  L. 

De  Guignes,  Bist.  générale  des  Huns,  III,  113  et  sui- 
vantes. —  Fabricius,  Bibl.  med.  et  inf.  xt.  —  Abel  Ré- 
rausat,  Mémoires  sur  les  relations  politiques  des  princes 
chrétiens  avec  les  empereurs  mongols  (1822).  —  William 
Smith,  Collection  choisie  des  voyages  (  Introduction  ), 
I,  53.  —  Louis  Dubeux,  Tartarie,  dans  l'Univers  pitto- 
resque, p.  328.  —  D'Avezac,  Notice  sur  Carpin,  etc. 

CARPiOM  (Giulio),  peinti-e  et  graveury  né  à 
Venise,  mort  en  1611.  Il  fut  un  des  meifleurs 
élèves  d'Alessandro  Varotari,  dit  le  Padouan. 
Il  s'établit  à  Vicence,  où  il  peignit  surtout  une 
foule  de  petits  tableaux  représentant  des  sujets 
fantastiques  ou  mythologiques ,  des  sacrifices, 
des  bacdianales,  des  danses  d'enfants,  etc.  Dans 
ses  compositions  il  déployait  tant  de  douceur 
et  de  grâce,  qu'il  ne  pouvait  suffire  aux  com- 
mandes qui  lui  venaient  de  toutes  parts.  II  excel- 
lait aussi  dans  les  portraits.  La  salle  du  conseil 
public  de  Vicence,  et  l'église  des  servîtes  de 
Monte  Berico,  conservent  de  ses  ouvrages  ;  il  y 
a  représenté  plusieurs  podestats  avec  leur  suite, 
et  il  a  joint  à  la  vérité  des  portraits  la  beauté 
idéale  d'une  figure  de  la  Vertu.  Carpioni  a  gravé 
au  burin  et  à  l'eau-forte  un  grand  nombre  de 
planches,  dont  les  principales  sont  plusieurs  Ma- 
dones, Jésus  au  mont  des  Oliviers,  la  Ma- 
deleine pénitente,  deux  bacchantes,  et  les 
quatre  éléments. 

Vers  la  fin  de  sa  carrière,  il  alla  habiter  Vé- 
rone, où  il  mourut,  laissant  un  fils  nommé  Carlo, 
qui  se  fit  connaître  comme  peintre  de  portraits, 
mais  qui  fut  très-inférieur  à  son  père.    E.  B — n. 

Lanzi,  Storia  pittorica.  —  Orlandl,  Abbecedario.  — 
Ticozzi,  Dizionario. 

CARPOCRATE ,  chef  d'une  société  chrétienne 
gnostique,  vivait  au  deuxième  siècle,  si  fécond 
en  théories  de  toute  espèce  sur  la  Divinité  et 
ses  attributs,  sur  l'homme  et  sa  destinée  :  c'est 
qu'alors  Marc-Aurèle  se  mêlait  aux  débats  des 
philosophes  ,  et  la  religion  chrétienne ,  au  mi- 
lieu des   controverses  de  tout  genre  qui  en- 

27 


CARPOCRATE 


83G 


tourèrent  son  berceau ,  parvint,  à  l'aide  de  la  li- 
berté de  discussion,  à  précipiter  le  polythéisme 
dans  une  décadence  rapide.  Carpocrate  naquit 
à  Alexandrie,  d'une  famille  juive  convertie  au 
christianisme,  à  l'époque  oîi  Trajan  défendait 
de  poursuivre  les  chrétiens,  qui  ne  se  livraient 
pas  à  des  attaques  violentes  contre  la  religion 
nationale.  On  oublie  trop  que  les  apôtres  ont 
proclamé  par  la  bouche,  du  plus  grand  d'entre 
eux,  saintPaul  (1),  qu'il  faut  qu'il  y  ait  des  héré- 
sies ,  et  que  les  autres  ont  reconnu  la  hberté  de 
discussion  religieuse  ;  si  bien  que  le  4*^  évangile, 
rédigé  par  les  disciples  de  Jean,  a  été  publié 
contre  les  gnostiques.  Tous  ces  écrits  ont  dû  être 
faits  ou  remaniés  longtemps  après  la  prise  de 
Jérusalem.  Il  ne  faut  donc  pas  juger  les  hérésiar- 
ques avec  l'intolérance  juive  (2),  ou  avec  celle 
des  Épiphane  et  des  Théodoret,  écrivant  après 
les  édits  de  Théodose ,  mais  avec  la  mansuétude 
de  Clément  d'Alexandrie ,  ne  craignant  pas  de 
faire  un  grand  éloge  des  gnostiques.  Nous  ne  les 
connaissons  que  par  la  bouche  de  leurs  adver- 
saires ;  il  est  rare,  dans  les  matières  religieuses 
surtout,  qu'on  n'exagère  pas  beaucoup  les  consé- 
quences des  doctrines  que  l'on  combat,  et  qu'on 
ne  calomnie  pas  les  intentions  de  ses  antago- 
nistes. Qui  ne  sait  combien  on  a  noirci  les  ariens, 
qui  pourtant  ont  été  presque  les  maîtres  du  monde 
chrétien,  les  albigeois,  et  surtout  les  protestants 
du  seizième  siècle?  Ce  qu'il  faut  flétrir  toujours  et 
partout,  c'est  l'immoralité,  mais  en  reconnais- 
sant que  souvent  les  réformateurs  ont  ignoré  ou 
même  détesté  l'abus  qu'ont  fait  leurs  disciples  de 
doctrines  qu'ils  croyaient  utiles  à  l'humanité.  Iré- 
née,  le  premier  père  latin,  qui  écrivait  sous  Éleu- 
thèrevers  l'an  180  de  notre  ère,  reproche  à  Car- 
pocrate (3)  d'avoir  professé  que  «  Jésus  était  un 
homme  véritable,  né  de  Joseph  et  de  Marie,  mais 
doué  d'une  âme  ferme  et  pure,  qui,  après  avoir 
été  élevé  dans  les  croyances  juives,  les  avait  dé- 
daignées et  même  rejetées  avec  mépris ,  et  qui 
s'était  par  ses  vertus  élevé  jusqu'à  la  Divinité, 
avec  laquelle  il  était  en  communication.  »  Irénée 
ajoute,  dans  son  latin  barbare,  mais  souvent  mu- 
tilé, des  détails  peu  intelligibles  sur  la  nature  de 
ces  communications  (4).  Puis  il  l'accuse  (5),  lui 
et  ses  disciples,  «  de  se  livrer  aux  arts  magiques, 
et  de  pratiquer  les  philtres ,  incantations,  etc., 
pour  dominer  les  princes  et  autres  hommes 
puissants,  et  de  blasphémer  en  fils  de  Satan  con- 
tre l'Église  et  les  vrais  chrétiens.  Autre  immora- 
lité :  ils  mènent  une  vie  de  luxe;  ils  pratiquent 
toutes  sortes  d'actions  impies  et  irreligieuses, 
disant  qu'elles  ne  sont  bonnes  ou  mauvaises  que 
selon  l'opinion  humaine  ;  ils  admettent  la  trans- 
migration des  âmes  (6),  et  ils  appliquent  une  pa- 

(1)  I  Corinth.,  2,  19.  —  II  Pierre,  2, 1,  8,  3.  —  Jean,  2, 
lO-S-43.  —  Matt.,  24,  B,  24.  —  Jude,  3-1,  18. 
&jDeutéron.,  13,  S;  18, 20.— III  Rois,  18-40.— IV  Rois,  10, 23. 

(3)  l,  2S,  p.  247  à  2B3,  éd.  SUerCll,  18B3,  §  1 . 

(4)  Ibid.,  §  2. 

(5)  §  3. 

(6)  §  4. 


rabole  de  Jésus-Christ,  relative  à  la  rencontre 
d'un  adversaire  dont  il  faut  se  défier  sur  la  route, 
et  l'assimilent  à  Satan,  l'ange  déchu.  »  Cependant 
Irénée  ne  croit  nullement  à  ces  accusations 
d'impiété (1) et  d'injustice  qu'il  répète;  il  pense 
seulement  que  Carpocrate  et  son  école  prêtaient 
à  Jésus  une  doctrine  secrète  qu'il  ne  révélait 
qu'à  ses  apôtres  et  à  ses  disciples,  et  qu'eux-mê- 
mes ne  devaient  communiquer  qu'aux  personnes 
discrètes  et  dignes  de  confiance.  Le  fond  de 
cette  doctrine  était  qu'on  est  sauvé  par  la  foi  et 
la  charité ,  tandis  que  les  hommes  attachent  l'o- 
pinion du  bien  et  du  mal  à  des  actions  indiffé- 
rentes par  elles-mêmes.  Enfin  Irénée  nous  ap- 
prend (2)  que  «  les  disciples  de  Carpocrate,  pour 
se  reconnaître ,  se  faisaient  une  marque ,  au  fer 
chaud ,  à  l'oreille  droite.  Sous  Anicet,  pontife  de 
Rome  (de  157  à  168),  une  femme  nommée  Marcel- 
lina  vint  dans  cette  capitale,  et  fit  périr,  par 
cette  doctrine,  beaucoup  d'âmes.  Ils  s'appelaient 
gnostiques,  et  portaient  des  images,  peintes  ou 
faites  avec  d'autres  matériaux,  de  Jésus-Christ, 
selon  le  type  dressé  par  ordre  de  Pilate.  Mais 
ils  y  mêlaient  celles  de  Pythagore ,  de  Platon  et 
d'Aristote.  » 

Clément  d'Alexandrie,  qui  écrivait  peu  de 
temps  après,  vers  l'an  200,  mais  qui  devait 
mieux  connaître  Carpocrate,  son  compatriote, 
nous  en  parle  avec  plus  de  précision  (3).  Il  n'ac- 
cordait pas  à  Carpocrate  l'honneur  d'être  un 
vrai  gnostique ,  ou  adepte  de  la  Traie  science  ;  car 
il  lui  reproche,  ainsi  qu'à  son  fils  Épiphane,  sur 
la  foi  d'un  livre  sur  la  Justice ,  publié  par  ce 
dernier  et  circulant  de  son  temps,  d'avoir  prê- 
ché la  communauté  des  femmes  et  des  biens,  ce 
qui  avait  jeté  sur  le  nom  chrétien  un  grand  su- 
jet de  calomnie.  Clément  convient  que  Platon , 
dans  sa  République ,  semble  établir  le  même 
principe  ;  mais  il  restreint  l'opinion  du  philoso- 
phe athénien  à  cette  seule  pensée  que  les  femmes 
non  encore  mariées  peuvent  êti'e  demandées  par 
tous,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'elles  puissent 
être  infidèles  à  leurs  maris.  Carpocrate  est  as- 
socié à  la  doctrine  du  livre  d'Épiphane,  parce 
qu'il  fut  l'instituteur  de  son  fils ,  que  le  livre  fut 
aussi  son  ouvrage  (  ayjyypàixiLa-zix.  ),  et  que  la 
secte  prit  Ile  nom  de  carpocratienne.  Elle  eut  un 
tel  succès,  que  les  Saméens  de  Céphallénie  éle- 
vèrent un  temple  et  entretinrent  un  culte  en 
l'honneur  d'Épiphane,  leur  compatriote  par  sa 
mère  {voy.  l'article  Épiphane);  et  leur  gnosti- 
cisme  fut  appelé  monastique  ( [Aovaôixi^  ).  Dans 
ce  Uvre  de  la  Jtistice,  on  partait  du  principe  que 
Dieu  avait  établi  entre  les  hommes  une  certaine 
communauté  fondée  sur  l'égalité,  comme  il  avait 
établi  au  haut  des  cieux  le  soleil ,  auteur  du 
jour  et  père  de  la  lumière,  pour  que  tous  en 
jouissent.  Les  hommes  sont  égaux,  disaient-ils; 
Dieu  ne  sépare  pas  le  pauvre  du  riche  ni  da 

(1)  §s. 

(2)  §  6. 

(3)  Strom,,  m,  2,  §  B. 


837 


CARPOCRATE  —  CARPOV 


838 


priiice ,  les  sages  et  les  non  sages,  les  mâles  et 
les  i'emelles,  les  libres  et  les  esclaves.  Mais,  ob- 
jecte le  sage  Clément,  cette  égalité  absolue  abais- 
serait l'homme  à  l'état  des  brutes.  Les  carpo- 
cratiens  en  concluaient  qae  la  justice,  égale  pour 
tous,  était  la  même  pour  les  mauvais  que  pour 
les  bons  ;  que  les  hommes  et  les  femmes  étaient 
communs,  parce  que  Dieu  a  créé  aux  mâles 
un  besoin  de  se  reproduire,  que  la  loi  ou  la 
coutume  ne  peuvent  abolir  :  à  quoi  Clément  ré- 
pond que  c'est  le  renversement  de  l'Évangile  et 
même  de  la  loi  des  Juifs,  qui  défendent  de  dési- 
rer la  femme  d'autrui,  et  qu'ainsi  ces  illustres 
carpocratiens  déclaraient  la  guerre  à  Dieu. 

Il  va  jusqu'à  leur  imputer  de  se  livrer  dans 
leurs  réunions,  auxquelles  il  refuse  le  beau  titre 
d'agapes,  à  des  accouplements  semblables  à 
celui  des  bêtes  et  des  chiens.  Cette  accusation 
est  celle  qu'on  a  portée  contre  les  chrétiens  de- 
vant les  empereurs,  et  qu'on  a  renouvelée  dans  le 
moyen  âge,  même  de  nos  jours,  contre  les  Juifs. 
Si  elle  avait  été  vraie  à  l'égard  de  Carpocrate  et 
d'Épiphane ,  comment  les  magistrats  et  les  prin- 
cipaux citoyens  de  Samé  en  Céphalléuie  au- 
raient-ils fait  la  dépense  d'un  temple,  et  consa- 
cré un  culte  à  la  mémoire  d'hommes  aussi  cor- 
rompus ?  Il  est  bien  fâcheux  que  le  livi-e  de  la 
Justice  ait  péri  sous  les  lois  de  Théodose  et  de 
ses  successeurs,  et  que  l'on  ne  puisse  plus  s'as- 
surer du  genre  d'immoralité  qu'il  a  pu  renfer- 
mer. Nous  n'avons  pas  d'autres  témoignages  ori- 
ginaux sur  Carpocrate  ;  l'auteur  des  Philoso- 
phumena,  récemment  publiés  (1), qu'il  soit  Caïus 
ou  Hippolyte,  évêquede  Portas,  en  Italie,  ne  fait 
qu'abréger  (2)  le  récit  d'Irénée. 

L'historien  Eusèbe,  au  quatrième  siècle,  dit  (3) 
que  Carpocrate  a  été  contemporain  de  Basilide, 
originaire  comme  lui  d'Alexandrie,  et  auteiu-  de 
24  livres  sur  l'Évangile  {voy.  Basilide);  qu'il  a 
été  le  chef  et  le  fondateur  de  la  secte  des  gnos- 
tiques,  et  qu'il  a  pratiqué  les  arts  magiques 
de  Simon  (premier  des  hérétiques),  non  pas 
seulement  en  secret,  mais  en  public.  L'anti- 
quité tout  entière  a  cru  à  leur  efficacité  ;  l'em- 
pereur Justinien,  malgré  son  zèle  pour  le  ca- 
thoUcisme,  en  a  été  accusé,  et  il  n'y  a  guère 
que  deux  siècles  qu'on  est  désabusé  de  cette 
erreur.  Eusèbe  prétend  ensuite  que  les  carpo- 
cratiens enseignaient  les  choses  les  plus  hon- 
teuses et  pratiquaient  le  libertinage  le  plus  obs- 
cène, ce  qui  avait  conduit  les  païens  à  en  accuser 
tous  les  chrétiens.  Il  félicite  l'Église  d'avoir 
•  triomphé  de  ces  accusations,  et  en  général  de 
t toutes  les  erreurs  des  hérésiarques.  L'évêque 
de  Salamine  en  Chypre ,  Épiphane,  qui  a  publié, 
deux  siècles  plus  tard ,  un  traité  détaillé  des 
hérésies,  au  nombre  desquelles  il  commence  par 
placer  celles  des  stoïciens ,  des  platoniciens ,  des 
pythagoriciens  et  même  des  esséniens ,  précur- 

(1)  Miller,  18S1. 

(2)  Liv.  \nr,  §  6,  n°  32,   fol.  232. 
;-'  (8)  IV.  7,  Hist.  eçcl. 


seurs  des  chrétiens ,  attribue  à  Nicolas  la  fon- 
dation du  gnosticisme;  il  n'assigne  que  le  sep- 
tième rang  à  Carpocrate ,  et  fait  passer  Cérin- 
the,  Ébion  et  Valentin  après  lui,  quoiqu'ils  lui 
soient  antérieurs.  Du  reste,  il  ne  fait  que  copier 
Irénée,  en  ajoutant  que  Carpocrate  était  Cé- 
phallénien ,  et  que  son  fils  était  Alexandrin  par 
sa  mère;  ce  qui  est  précisément  le  contiaire, 
ainsi  que  l'a  remarqué  ïhéodoret  (1).  On  ne 
sait  pas  quand  est  mort  Carpocrate;  mais  il  est 
probable  que  c'est  sous  Marc-Aurèle ,  de  161  à 
180,  puisque  son  fils,  encore  très-jeune,  était 
presque  contemporain  de  Clément  d'Alexandrie. 

ISAHreERT. 
Eusèbe.  —Saint  Épiphane. —  TertuUien.  —  EU.  Dupin, 
Bibl.  des  auteurs  ecclésiast.  —  Matter,  du  Gnosticisme, 

2»  éd.,  1838. 

CARPOV  (Jacques),  théologien  luthérien  al- 
lemand, né  à  Goslarle29  septembre  1699,  mort 
à  "Weimar  le  9  juin  1768.  Il  étudia  à  Halle  et  à 
léna,  oîi  il  fit,  dès  1725,  des  cours  publics  de  phi- 
losophie et  de  théologie.  Il  y  professa  le  système 
de  Canz,  qui  consistait  à  appliquer  les  démons- 
trations mathématiques  et  philosophiques  de 
Wolf  aux  dogmes  chrétiens.  Cette  nouveauté 
introduite  dans  l'enseignement  de  la  théologie 
souleva  contre  lui  tout  le  corps  académique,  qui 
fit  confisquer   ses    ouvrages.    Carpov   fut,  en 

1736,  forcé  de  quitter  léna,  et  s'établit  à  Wei- 
mar, où  il  continua  ses  cours  de  théologie,  car 
beaucoup  d'étudiants  d'Iéna  l'avaient  suivi.  En 

1737,  il  fut  nommé  sous-dh-ecteur  du  gym- 
nase de  Weimar  ;  en  1742,  professeur  de  mathé- 
matiques ;  et  enfin  en  1745,  directeur  du  même 
gymnase.  Il  fut  aussi  élu  membre  de  l'Académie 
de  Berhn.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Disp. 
de  rationis  sufficientis  principio  ;  léna,  1725, 
in-4°;  —  Disp.  de  qusestione,  utrum  tellus 
sit  machina,  an  animal?  léna,  1725,  in-4''j 
—  Disput.  theol.  S.  S.  T)'initatis  mysieiHuni 
methodo  demonstrativa  sistens;  léna,  1730, 
in-4°  ;  écrit  dirigé  contre  Polycarpe  Leyser,  qui 
avait  déclaré  la  Trinité  contraire  au  bon  sens. 
Les  preuves  mathématiques  données  par  Carpov 
à  l'appui  delà  Trinité  furent  examinées  par  Jean- 
Thomas  Haupt  :  Griinde  der  Vernunjt  zur 
Erlâuterung  und  zum  Berweise  des  Geheim- 
nisses  der  heiligen  Dreieinigkeit  (Preuves  ti- 
rées de  la  raison  à  l'appui  de  la  Trinité)  ;  Ros- 
tock,  1752,  in-4°.  —  Les  trois  ouvrages  sui- 
vants se  rattachent  à  la  même  controverse  : 
Revelatïim  S.  S.  Trinitatis  mysterium  me- 
thodo demonstrativa  propositum  et  ab  ob- 
jectionibus  variis  vindicatum;  léna,  1735, 
in-8°  ;  —  Animadversiones  succinctœ  in  Trac- 
tatum  philosophicum  de  pluralitate  perso- 
narum  in  Deitate,  ex  solis  rationis  principiis 
demonstrata;  léna,  1735  et  1737,  in-8°;  — 
Fortsetzung  der  Kurzen  Anmerkungen  iiber 
den  Trahtat  :  de  pluralitate  person.,  etc.  (Suite 
des  courtes  notes  sur  le  traité  de  Plnr.,  etc., 

(1)  Hœres.,  is*. 

27, 


^3&  CARPOV  — 

contre  Lange  :  î)er  philosopMsche  Religions- 
Spëtter  )  ;  —  Meditatio  philosopkico-critica 
de  perfectione  linguae  ,  methodo  scientifica 
adornata  ;  léna,  1735,  in-8°  ;  et  édit.  augmen- 
tée, 1743,  m-4°;  —  Commentatio  de  imputa- 
tlone  facti  proprii  et  alieni ,  speciatim  vero 
peccati  Adami  in  posteras ,  adversus  Ban. 
Whitby,  Anglum ;léD.ai ,\1Z&,  in-S";  —  Œco- 
nomia  salutis  N.  T.,  seu  theologia  dogmatica 
revelata,  methodo  scientifica  adornata;  léna, 
1737-65,  4  vol.  in-4°  ;  Francfort  et  Leipzig,  1737- 
1749,  et  Rudolstadt  et  Leipzig,  1761  ;  —  Bisp. 
de  anima  Christi  hominis  in  se  spectata  ;  léna, 
1737,  in-4'',  et  2^  édit.  augmentée,  sous  le  titre  : 
Psychologiasacratïssima,  seu  de  anima  Chris- 
ti, etc.;  léna,  1740,  in-4°;  —  Comm.  de  neganda 
animas  Ghristiprseexistentia,  vel  secundapars 
Psychologie  sacratissimae ;léQa,  1740,in-4°;  — 
Bisp.  de  staminé  humanitatis  Christi  adillus- 
trandam  doctrinam  de  conceptione  Christi  ; 
léna,  1741-1743,  in-4°;  ~  Elementa  theolo- 
gise  naturalis  a  priori  ;  léna,  1742,  in-4°  ;  — 
Pensées  sur  Vavantage  de  la  grammaire  uni- 
verselle; Weiraar,  1744,  in-4°  ;  —  Pr.  de  jure 
Fidejussionis  quam  Galli  appellant  garan- 
tie; Weimar,  1745,  in-8°;  —  Illustratïo  apo- 
logeticapeccati  in  Sanctum  Spiritum  atque'm- 
credulitatis  finalis  ;Weimair,  1746-1750,  in-4°; 
—  de  Notione  et  ItTemissibilitate  peccati  in 
Spiritum  Sanctum  ;ïénsL^  1750,  in-4°  ;—de  Ortu 
cmimas  humanx  et  Christi;  léna,  1751,  in-8°. 

A-delung,  supplément  à  Jocher,  Allgemeines  Gelehrten- 
Lexicon.  —  Erschet  Gruber,  Allgem.  Encyclopxdie. 

*  CARPOV  (Paul-Théodore) ,  orientaliste  et 
tliéologien  luthérien  allemand,  né  en  1714  à  Bols- 
chow,  dans  la  Prusse  polonaise  ;  mort  le  27  mai 
1765  à  Bûtzow,  en  Mecklembourg.  Il  étudia  à 
Rostock,  où  il  prit  ses  grades,  et  où  il  devint 
professeur  d'hébreu  et  de  théologie  catéchétique 
en  1738.  Il  passa  avec  la  même  qualité,  en  1760, 
à  l'université  nouvellement  fondée  de  Bùtzow, 
où  il  resta  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  : 
Ars  ideam  distinctam  de  voce  Hebreeafor- 
mandi ,  sive  de  criteriis  nominum  et  verbo- 
rum  linguse  hebrseee  Commentatio;  Rostock, 
1738,  in-8°  ;  —  Cinerum  apud  Hebrœos  tisus 
miptialis,  mœroris  atque  luctus  Tex[j,9iptôv  ; 
Rostock,  1739,  in-4°;  —  Chrlstus  Ecclesiee 
sponsus  et  maritus ,  sive  meditatio  qua  em- 
blema  illud  in  sacris  frequentissimum  ex 
jure  canonico  Hebrxorum ,  speciatim  officiis 
conjugum  mutuis  illustratur;  Rostock ,  1740, 
in-4°;  —  Biss.  de  jejuniis  sabbaticis  et  an- 
tiquitate  hebreea;  Rostock,  1741,  in-4'';  — 
Averroes  cum  Arreis  Avicenna'temeremon  con- 
fundendiis,  dans  les  Nov.  Miscellan.  Lips., 
V,  456  et  suiv. 

Adeliiiig,  supplément  à  .lô«hcr,  AUçiemeines.  CeWirten- 
Lexicon.  —  Krsch  et  Gruber,  Allgem.  Encyclop. 

CARi'Zov  (^enoïif),  jurisconsulte  allemand, 
né  dans  la  Marche  de  Brandebourg  le  22  oc- 
tobre 1565,mortàWittembergenl624.  Devenu 


CARPZOV 


SU 


chancelier  du  comte  de  Blackembourg  à  Wittemu 
berg,  il  fut  appelé  en  1599  à  une  chaire  drl 
droit  dans  la  même  ville ,  puis  honoré  du  tîtr  ■ 
de  chancelier  et  de  conseiûer  de  l'électeur  d  I 
Saxe.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages,  sous  le  tii 
tre  général  de  Bisputationes  juridicx.  Carpoz/ 
laissa  cinq  fils,  tous  jurisconsultes  ou  théologienn 
estimés. 

Witten,  Mémorise  theologorum,  jurisconsultorum,eUi 
—  Fréter,  Tkeatrum  Eruditorum. 

CARPZOV  (Benoît),  jurisconsulte  allemand 
fils  du  précédent ,  né  à  Wittemberg  le  27  mî 
1595,  mort  le  30  août  1666.  Il  fut  successivemer 
professeur  à  Leipzig,  conseiller  au  tribunal  d'a{ 
pel  de  Dresde,  puis  conseiller  privé  dans  1 
même  ville,  et  peut  être  regardé  comme  le  pn 
mier  praticien  de  son  époque.  Il  était  religieux,  ( 
avait  lu  cinquante-trois  fois  la  Bible  dans  sa  vi( 
Imbu  des  préjugés  de  son  temps,  il  fut  partisa 
trop  déclaré  de  la  torture  et  de  la  peine  à 
mort;  mais  il  eût  été  plus  juste  de  diriger  conti 
l'époque  où  il  a  vécu  les  accusations  que  sf 
successeurs  ont  portées  contre  lui .  Ses  princ 
paux  ouvrages  sont  :  de  Capitulatione  Csesi 
rea,  sive  de  lege  regia  Germanorum;  Erfur 
1623,  in-4°;  Leipzig,  1640;  — Practicarerw 
criminalium ;  Wittemberg ,  1635,  in-fol.  ;- 
Befiniiiones  forenses  ad  constitut.  Saxon. 
Francfort,  1638;  Leipzig,  1668,  1721  ,  in-fo 
Ces  deux  derniers  ouvrages  sont  classiques,  ( 
ont  eu  la  plus  grande  influence  sur  l'administri 
tion  de  la  justice  dans  toute  l'Allemagne. 

Freher,  Theatrum  Eruditorum.  —  Witte,  Memorx 
theolog.,  jurisconsult.,  etc.  —  Kroraayer,  Programrr, 
academicumin  Bened.  Carpzovii  funere;  Leipzig,  166 

CARPZOV  (Auguste) ,  diplomate  allemand 
frère  du  précédent,  né  à  Colditz  en  1612  ,  mo 
à  Cobourg  en  1683.  Il  fut  chancelier  et  présida 
du  consistoire  à  Cobourg  en  1651,  conseill* 
privé  à  Gotha  en  1675,  et  assista  aux  négoci? 
lions  du  congrès  de  Westphalie.  Son  principi 
ouvrage  est  :  Meditationes  passionales, 

Sturz,  Commentatio  de  vita.  et  meritis  Aug.  Carpz 
vit  ;  Gotha,  1730.  —  SpiUer  Von  Mitterberg,  supplénie 
ù  l'Histoire  des  grands  hommes  d'État,  ou  lielation  i 
la  vie  et  de  la  mort  d' Aug,  Carpzov  (  en  allemand 
Cobourg,  1796. 

CARPZOV  (Conrad),  jurisconsulte allemam 
fière  du  précédent,  né  à  Wittemberg  en  1593 
mort  le  12  février  1658.  Il  fut  professeur  de  dra 
dans  sa  ville  natale ,  chancelier  et  conseiller  in 
time  de  l'archevêque  de  Magdebourg.  Ses  pri» 
cipaux  ouvrages  sont  :  de  Regalibus  ;  —  ù 
Pace  religiosa;  —  de  Inofficioso  TestamentO' 

—  de  Interdiciis;  —  de  Exhœredationibu& 

—  de  Goncubinatu;  —  de  Injuriis  etfamosn 
Libellis. 

Witte,  Diarum  biographicum. 

CARPZOV  (Christian),  jurisconsulte  alki 
mand,  frère  du  précédent,  natif  de  Colditz,  moi 
le  27  décembre  1642.  Il  fut  professeur  de  droit.! 
Francfort-sur-l'Oder.  On  a  de  lui  :  BisputatiC 
nés  de  jure  consuetudinario  ;  —  de  Servitu 
I  tibus  realibus;  —  de  Mora;  —  de  Bonatio  . 


su 


CARPZOV 


842 


vibux;—d6  Principiis,  auctoribns  ee  auctori- 
fiifibus  legum  humananim. 

WItte,  Diaruvi  bioqrapliicum.l  —  Lochner.  Collec- 
i   tion  de  médailles  remarquables  (en  allemand). 

CARPZOV  (Jean-Benoit),  l'ancien,  théologien 
protestant,  frère  du  précédent,  né  à  Rochiltz 
le  27  juin  1607,  mort  le  27  novembre  1657.  Il 
professa  la  théologie  à  Leipzig.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  de  Ninivitarum  Pœnitentia  ; 
Leipzig  ,  1640,  in-4°;  —  Introdicctio  in  theo- 
logiam  judaicam.  11  eut  trois  fils,  qui  se  distin- 
guèrent comme  lui. 

Frehcr,  Theatrum  Eruditorum.  —  Witte,  Memorias 
theologorum,  etc.  —  Kromayer,  Programma  infunere 
Joann.-Bened.  t'arpsortt ,- Leipzig,  1657. 

CARPZOV  (Jean-Benoit  ),  orientaliste  et  théo- 
logien allemand,  fils  du  précédent,  né  à  Leipzig 
le  24  avril  1639,  mort  dans  la  même  ville  le  23 
mars  1699.  Il  professa  la  théologie  et  la; langue 
hébraïque  dans  sa  ville  natale.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  Dissertatio  de  nunimis  Mosen 
Cornutum  exhibentibus  ;  Leipzig,  1659 ,  in-4°  ; 
— une  traduction  latine  du  traité  de  Maïraonides 
sîir  les  Jeûnes  des  Hébreux,  avec  le  texte  ;  ibid. , 
1662,  in-4''  ;  —  Animadversiones  adSchickardi 
jus  regium  Hebrxorum ;  ibid.,  1674,  in-4°; — 
plusieurs  traités  sur  des  questions  de  philologie 
sacrée,  dont  on  a  publié  une  collection  ;  ibid., 
1699,in-4°. 

Jeta  Eruditorum  latina.  —  joclier,  Allgem.  Gelehr- 
ten-Lexicoti.  —  Cyprian,  Programma  infunere  Joann.- 
Bened.  Carpzovii  ;  Leipzig,  1699. 

CARPZOV  (Frédéric-Benoît) ,  littérateur  et 
philologue  allemand,  frère  du  précédent,  né  à 
Leipzig  le  1*"^  janvier  1649,  mort  le  20  mars 
1699.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  une  dis- 
sertation sur  la  prétendue  prédiction  de  la  nais- 
sance de  J.-C.  dans  la  4^  églogue  de  Virgile  ; 
Leipzig,  1669  et  1700  ;  —  une  édition  des  A7nœ- 
nitates  Juris  de  Ménage;  ibid.,  1680;  —  une 
édition  des  Lettres  politiques  de  Hubert  Lan- 
guet;  ibid.,  1685.  Carpzov  concourut  à  la  rédac- 
tion des  Acta  Eruditorum. 

Christ  Juncker,  Epistola  de  obitu  Frid.  Bened.  Carp- 
zovii.— Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon.—  Cyprian, 
Programma  acadernicum  in  Frid.  Carpzovii  funere  ,• 
Leipzig,  1699. 

CARPZOX  (Samuel-Benoît) ,  littérateur  et 
théologien  allemand ,  frère  du  précédent ,  né  à 
Leipzig  le  17  juin  1647,  mort  le  31  août  1707. 
Il  fut  professeur  de  belles-lettres.  Son  principal 
ouvrage  e&t-.Anti-Masenius,  seu  Examen  novse 
pi'axeos  orthodoxam  fidem  discernendi  et 
amplecfendi,  a  Jaeobo  Masenio  proposita. 
Cet  ouNTage  est  dirigé  contre  le  jésuite  Mase- 
nius. 

Ranft,  f^ies  des  Théologiens  de  Vélectorat  de  Saxe.  — 
Acta  Eruditorum  latina.  —  Cyprian,  Programma  aca- 
dernicum in  Sam. -Bened.  Carpzovii  funere;  Dresde, 

1708. 

CARPZOV  (/ean-jBenofO, 'le  jeune,  fils  de  Sa- 
wwe^^enoî^,  jurisconsulte  et  historien  allemand, 
né  àDresde  en  1675,  mort  à  Wittemberg  en  1739. 
II  fut  d'abord,  en  1701,  syndic  à  Zittau,  ensuite 
conseiller  de  cour  en  commission  extraordinaire; 


eten(in,depuisl731,bailliducerclede"Wittenberg. 
On  a  (le  lui  :  Analecta  fastorum  Zittavien- 
sium,  oder  historischer  Schauplatzder  Sladt 
Zittau  (  Théâtre  historique  de  la  ville  deZittau  ); 
Zittau,  1716,  in-fol.;  — Neuerôffneter  Ehren-^ 
tempel  merkwûrdiger  Antiquitaten  des  Mark- 
graflhums  Oberlausitz  (Antiquités  remarqua- 
bles du  margraviat  de  la  haute  Lusace)  ;  Leipzig, 

1719,  in-fol.;  —  Memorialleidenreichiana ,  etc. 

Ersch  et  Gruber,  Allgemcine  Encyclopœdie. 

CARPZOV  (/ean-Go^<^6),  orientaliste  et  théo- 
logien luthérien  allemand,  frère  du  précédent,  né  à 
Dresde  le  26  septembre  1679,  mort  à  Lubeck  le 
7  avril  1767  Après  avoir  étudié  successivement 
à  Wittenberg,  Leipzig  et  Altdorf ,  il  fut,  en  1702, 
nommé  aumônier  de  l'ambassadeur  de  Saxe  et  de 
Pologne,  qu'il  devait  accompagner  dans  ses  voya- 
ges en  Angleterre  et  en  Hollande,  où  il  perfec- 
tionna ses  connaissances  dans  les  langues  orien- 
tales. A  son  retour,  en  1704,  il  fut  nommé  diacre 
à  Altdresde,  d'où  il  passa,  en  1706,  à  l'église  de 
Sainte-Croix  à  Neu-Dresde.  En  1708,  il  fut  ap- 
pelé à  Leipzig  comme  diacre  de  l'église-,  Saint- 
Thomas.  Il  y  fit,  en  1713,  des  cours  publics  sur 
les  dogmes ,  l'homilétique,  la  théologie  pastorale, 
les  langues  orientales,  et  les  îuitiquités  hébraï- 
ques. En  1719  enfin,  il  devint  professeur  titu- 
laire des  langues  orientales ,  place  qu'il  ne  quitta 
qu'en  1730,  pour  accepter  l'emploi  de  surinten- 
dant général  et  de  premier  pasteur  de  la  cathé- 
drale de  Lubeck.  C'est  là  qu'il  resta  jusqu'à 
sa  mort.  Carpzov  fut  l'adversaire  déclaré  des 
frères  moraves.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
Disputationes  duœ  de  veterum  philosopho- 
rum  circa  naturam  Dei  sententiis;  Leipzig, 
1692,  in^";  —  Disputationes  de  pluralitate 
personarum  in  una  Dei  essentia;  Leipzig, 

1720,  in-4°;  —  Introductio  ad  libros  cano- 
nicos  bibliorum  Veteris  Testamenti,  etc.  ;  Leip- 
zig, 172t.  1731  et  1757,  in-4°,  ouvrage  dans 
lequel  ont  été  incorporées  les  dissertations  :  Con- 
tra Joh.  Tolandi  Adeisidaemonem,  et  de  eccle- 
siae  Judaicœ  prophetis  in  génère;  —  Oritica 
sacra  Veteris  Testamenti ,  pars  I,  circa  tex- 
tum  originalem,  II  circa  Versiones ,  III  circa 
pseudocriticam  Guil.  Whistoni sollicita ;Leiii- 
zig,  1728,  in-4°.  Il  en  a  paru  une  traduction  an- 
glaise sous  le  titre  :  A  défense  of  the  hebrew 
Bible,  with  some  remarks  of  Moses  Mar- 
cus  ;  London ,  1729 ,  in-8°  ;  —  Prxfatio  de  va- 
riis  lectionibus  in  codicibus  biblicis  Novi  Tes- 
tamenti, prasmissa  Justi  Wesseli  Rumpsei 
commentatione  critica  ad  libros  Novi  Testa- 
menti in  génère;  Leipzig,  1730,  in-4°;  — 
Religions- Untersuchung  der  Bohmisch-und 
Meehrischen  Brûder,  von  Anbeginn  ihrer  Ge- 
meine  bis  auf  die  gegenwàrtige  Zeit.  (Re- 
cherches théologiques  et  historiques  sur  les  frères 
bohèmes  et  moraves,  depuis  leur  origine  jusqu'à 
ce  jour);  Leipzig,  1742,in-8'>;  eten  extrait,  1744, 
in-8°;  — Apparatîis  historico-criticus  antiqui- 
tatumet  codicis  saçri  et  gentïshebrs:ee,  uber- 


843  CARPZOV 

riniis  annotationibus  in  Thomas  Goodwini  Mo- 
sen  et  Aaronem;  Leipzig,  1748,  grand  in-4°;  ou- 
vrage dans  lequel  ont  été  incorporées  les  disser- 
iations  :  de  Synagoga  cum  honore  sepulta; 
Hlaeemosinae  Judeeorum  ex  antiquitate  ju- 
dalca  delineafcB ,  et  Deus  caliginis  incola,  ex 
philologiaet  antiquitatesacra  propositus,  etc.; 
— Lûbeckisches  Kirchen  handbuch,  in  sich  hat- 
tend  ein  Evangelienbuch,  Passionsbuch,  etc. 
(Manuel  de  liturgie  de  l'église  protestante  de  Lu- 
beck,  contenant  les  Évangiles,  la  passion  de  J.-C, 
le  catéchisme ,  le  cérémonial  et  les  prières  de  bap- 
tême, d'ordination,  de  confession,  etc.  )  ;  Lubeck, 
1754,  grand  in-4°;  —  Der  Eingang  glailbigar 
Christen  durch  den  Tod  in  das  Leben,  etc. 
(  le  Passage  des  vrais  chrétiens  de  la  mort  à  la 
vie);  Leipzig  et  Quedlinburg,  1761,  'n-4°. 

Adelung,  supplément  à  Jôcher,  Allgem.  Gelehrten- 
Lexicon.  —  Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyclopédie. 

CARPZOV  (  Auguste-Benoît  ) ,  jurisconsulte 
allemand,  fils  de  Jean-Benoît  l'ancien,  né  à 
Leipzig  le  2  novembre  1644,  mort  le  4  mars 
1708.  Il  professa  le  droit  dans  sa  ville  natale, 
et  fut  assesseur  du  consistoire  et  chanoine  de 
Mersebourg.  Il  a  écrit  un  grand  nombre  de  dis- 
sertations sur  le  droit  civil. 

Jeta  Èruditorumlatina,  —  Giinther,  Concio  funebris 
Sermanica,  etc.;  Leipzig,  J708. 

CAUPZOV  (Jean-Benoit),  hébraïsant  alle- 
mand, fils  de  Jean-Benoît  le  jeune,  né  à  Leipzig 
le  21  novembre  1670,  mort  le  14  août  1733.  Il  pro- 
fessa la  langue  hébraïque,  et  fut  ministre  luthé- 
rien. Il  publia  un  ouvrage  |de  son  père,  intitulé 
Collegium  rabbinico-biblicum ;  LeJiixig ,  1703, 
in-4'*.  On  a  encore  de  lui  :  Ghristianœ  de  Vrim 
et  Thumim  Conjecturx  ;  —  Diss.  de  sepuUura 
Josephi  patriarchse  ;  —  de  Academia  civitatis 
Abele. 

Jôclier,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 
CARPZOV  {Christian-Benoit) ,  médecin  al- 
lemand ,  frère  du  précédent ,  vivait  à  Leipzig  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  On  a  de 
lui  :  Dissertatio  de  medicis  ab  Ecclesia  pro 
sanctis  habitis;  Leipzig,  1709,  in-4°;  —  Dis- 
sertatio de  fluoré  albo  ;  Wittemberg,  1711, 
in-4°;  —  Cattologia,  das  ist,  Kiirze  Kat- 
zenhistorie,  darin  insgemein  von  den  Ka- 
tzen,  auch  insonderheit  von  einer  ungewôhn- 
lichen  Kafzengeburt ,  so  zu  Leipzig  1713 
geschehen,  gehandelt  wïrd  (Cattologia,  ou 
courte  Histoire  des  Chats ,  avec  des  détails  sur 
une  monstruosité  de  cette  espèce  née  à  Leipzig 
en  1713);  Leipzig,  1716,  in-8''. 

Biograph.  médicale. 

CARPZOV  {Jean-Benoit) ,  littérateur  et  phi- 
lologue allemand,  parent  des  précédents ,  né  en 
1720  à  Leipzig,  mort  le  28  avril  1803.  Il  professa 
la  philosophie  dans  sa  ville  natale ,  et  occupa 
une  chaire  de  littérature  ancienne  à  Helmstœdt. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages  en  la- 
,tin ,  dont  les  principaux  sont  :  Philosophorum 
de  quiète  Deiplacita;L'i\j)-àg,  1740,in-4°;  — 


CARR 


844 


Observations  sur  un  paradoxe  d'Ariston  de 
Chio,dans  Diogène  Laërce;  Ma.,  1742,  in-8°' 
—  Memcius  sive  Mestius,  Sinensium  post  Con- 
fucium  philosophus  opt.  max.;  Ma.,  1743, 
in-8°  ;  —  Observationes  philologicee  in  Palae- 
phatum.  Muséum,  Achillem  Tatium;  ibid., 
1743,  in-8";  —  Dissertation  sur  Antolycus  de 
Pitane;  ibid.,  1744,  in-8°  ;  —  Lectionum  Fia- 
vianarum stricturœ ;  etc.  ;  ibid.,  1748,  in-8°-  — 
Spécimen  d'une  nouvelle  édition  d'Eunape- 
ibid.,  1748,  in-4°;  —  Exercitationes  sacrse  in 
S.  Pauli  epistolam  ad  Hebrœos;  Helmstœdt, 
1750,  in-S";  —  de  Vita  et  scriptis  Saxonis 
Grammatici;  ibid.,  1762,  in-4°;  —  Dialogues 
des  morts  de  Lucien,  avec  notes;  Helmstœdt, 
1775,  in-8°;  -—  une  édition  de  Musée;  Magdc- 
bourg,  1775,  in-8°. 

Ersch  et  Gruber,  Allgem.  Encyclopœdie.  —  Moscr, 
les  Théologiens  contempor.  (en  allemand). 

CARPZOV  {Benoît- David),  fils  du  précédent, 
théologien  luthérien  allemand,  vivait  à  léna 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  a  de 
lui  :  Dissertatio  de  poniificum  Eebneorum 
vestitu  sacro  ;  lena,  1655,  in-4'' ,  insérée  aussi 
dans  Jean-Benoît  Carpzov,  Dissertationes  Aca- 
rfeMiiCcT?  ;  Leipzig,  1699,  in-4°;  et  dans  Ugolini 
Thèses ,  tom.  XL  Quant  aux  lettres  de  Carpzov 
conservées  en  manuscrit  dans  la  bibliothèque 
de  Raimond  Kraff ,  on  en  a  inséré  quelques-unes 
dans  ^fh%\h.Qxn,Amœnitates  literariœ,  III, 
281  et  suiv. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  Gelefirt. -Lexicon. 

CARR  {John  ) ,  poëte  et  voyageur  anglais,  né 
en  1772  dans  le  comté  de  Devon,  mort  à  Lon- 
dres le  17  juillet  1832.  Il  se  voua  d'abord  à  l'é- 
tude des  lois  ;  mais  sa  faible  santé  l'obligea  de 
voyager.  On  a  de  lui  :  the  Furij  of  Discord , 
poème  ;  1803,  in-4°  ;  — the  Stranger  in  France, 
a  tour  from  Devonshire  io  Paris;  '  1803  , 
in-4°;  —  the  Sea-Side  Hero ,  drame;  1804;  — 
A  northern  summer  ;  1805;  —  the  Stranget 
in  Ireland;  Londres,  1806,  in-4°;  —  Caledo- 
nian  sketches,  or  a  tour  through  Scotland  in 
1807  ;  —  Descriptive  Travels  in  the  southern 
and  easfern  parts  ofSpain  and  the  Balearic 
isles  ;  1811.  Quelques-uns  des  voyages  de  Cari 
eurent  un  grand  succès  ,  grâce  aux  circonstan- 
ces. Il  a  aussi  publié  des  articles  dans  ÏAnnual 
Eeview,  et  un  recueil  de  poésies  en  1809,  in-4- 
et  in-8°. 

Rose,  Neio  biog.  Dict. 

CARR  (  Thomas),  écrivain  ascétique  et  prêtre 
catholique  anglais,  né  en  1599,  mort  le  31 
octobre  1674.  Son  véritable  nom  était  Miles 
Pinckney.  Après  avoir  été  procureur  du  collège 
anglais  à  Douay,  où  il  avait  fait  ses  études,  il 
vint  à  Paris ,  et  y  établit  le  monastère  des  Au- 
gustines  anglaises.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
en  anglais  et  en  latin ,  dont  les  princiiiaux  sont  : 
Douces  pensées  de  Jésus  et  de  Mairie,  1665, 
in-8° ;—Pietes  Parisiensis ;  Paris,  1666,  in-S". 
Il  a  traduit  en  anglais  :  le  Traité  de  Vamour  \ 
de  Bleu,  de  saint  François  de   Sales;  Paris, 


845 


CARR  —  CARRA-SAINT-CYR 


846 


1630,  2  vol.  in-S";  —  le  Gage  de  l'éternité, 
de  Camus ,  évêquede  Belley  ;  ibid.,  1632,  in-8°; 
—  les  Soliloques  de  Thomas  à  Kempis;  ibid., 
1653,  in-12;  et  quelques  autres  ouvrages  du 
même  genre, 
t  Fellcr,  Dict.  hist. 

CAKtiA  (Jean-Louis),  savant  et  homme  poli- 
tique français,  né  en  1743  à  Pont-dc-Veyle  en 
Bresse,  mortle  31  octobre  1793.  Ses  parents,  mal- 
gré leur  peu  de  fortune,  faisaient  tous  leurs  efforts 
pour  lui  procurer  une  éducation  honnête,  lors- 
qu'un incident  imprévu  vint  décider  de  son  sort  : 
il  fut  vaguement  accusé  d'un  vol,  et  prit  la  fuite, 
moins,  dit-on,  pour  se  soustraire  aux  recherches 
de  la  justice  que  pour  échapper  à  la  honte  des 
soupçons  qui  planaient  sur  lui.  Il  se  rendit  d'a- 
bord en  Allemagne,  puis  en  Moldavie,  où  il  en- 
l  tra  au  service  de  l'hospodar.  Après  la  mort  de 
ce  souverain.  Carra  revint  en  France;  et,  par 
lua  singulier  hasard ,  il  trouva  à  se  placer  cliez 
(Un  prince  de  l'Église,  le  cardinal  de  Rohan.  Plus 
itard,  le  cardinal  de  Brienne,  qui  l'avait  connu  chez 
l'archevêque  de  Strasbourg ,  lui  accorda  sa  pro- 
tection ,  et  lui  procura  un  emploi  à  la  biblio- 
;  thèqiie  du  Roi;  c'est,  dit-on,  à  ce  dernier  pré- 
lat qu'il  dut  l'idée  de  son  Petit  mot  de  réponse 
à  la  requête  de  M.  de  Galonné.  Quoi  qu'il  en 
soir,  Carra  vit  avec  enthousiasme  les  premiers 
S}  mptômes  de  la  révolution,  où  il  ne  tarda  pas 
à  jouer  un  rôle.  Nommé 'électeur  du  district  des 
Fiiles-Saint-Thomas,  il  provoqua  l'établissement 
de  la  commune,  celui  de  la  garde  bourgeoise,  et, 
de  concert  avec  Mercier,  l'auteur  du  Tableau 
de  Paris,  il  fit  paraître  un  journal  sous  le  titre 
(V Annales  patriotiques.  A  la  tribune  des  Jaco- 
hU:s,  il  fut  un  des  plus  énergiques  orateurs,  et 
contribua  à  rendre  populaire  l'idée  d'une  décla- 
raiiou  de  guerre  à  l'empereur  Léopold.  Il  fonda 
aussi  le  Journal  de  VÉtat  et  dti  Citoyen , 
dans  lequel  il  développa  les  principes  les  plus 
démocratiques.  Il  fit  partie  du  comité  central 
des  fédérés,  et  fut  l'un  des  chefs  de  l'msur- 
rection  du  10  août,  dont  il  avait  tracé  le 
plan.  Nommé  par  deux  départements  à  la  con- 
vention nationale,  il  opta  pour  le  département 
de  Saône-et-Loire,  et  siégea  d'abord  au  côté  gau- 
che ;  il  dénonça  les  opérations  du  général  Montes- 
quiou ,  qui,  chargé  d'occuper  la  Savoie,  ne  ter- 
minait pas  la  campagne  aussi  proraptement  qu'on 
le  désirait.  Peu  de  temps  après,  il  fut  envoyé  au 
camp  de  Châlons  pour  surveiller  Dumouiiez,  et 
rendit  compte  à  la  convention  des  succès  de  Kel- 
lermann.  A  son  retour,  en  novembre,  il  fut  élu 
secrétaire,  et  proposa  un  projet  de  propagande 
révolutionnaire.  Dans  le  procès  de  Louis  XVI, 
il  opina  pour  la  mort,  sans  appel  ni  sursis.  Mais 
il  abandonna  bientôt  la  Montagne  pour  s'unir  aux 
girondins,  et  ne  tarda  pas  à  devenir  suspect  par 
ses  liaisons  avec  Roland,  qui  l'avait  établi  gar- 
dien de  la  Bibliothèque  nationale,  et  par  ses 
relations  avec  le  prince  de  Brunswick  et  avec 
Dumouriez.  Dénoncé  successivement  par  Marat, 


Robespierre  et  Bentabolle,  il  fut  rappelé  de 
Blois,  où  il  était  en  mission,  et  compris  au  nom- 
bre des  quarante-six  députés  accusés  par  Amar. 
Condamné  à  mort  le  31  octobre  1793,  il  fut 
exécuté  le  lendemain.  Ou  a  de  lui  :  Odaùer, 
roman  philosophique;  la  Haye  (Bouillon), 
1772,  in-8°;  —  Système  de  la  Raison,  ou  le 
prophète  philosophe  ;  Londres,  1773;  Bouillon, 
1782,  in-12  ;  Paris,  1781,  in-S";  —  Esprit  de  la 
morale  et  de  la  philosophie  ;  la  Haye  (Paris), 

1777,  in-12;  —  Essai  particulier  de  politi- 
que, dans  lequel  on  propose  un  partage  de 
la  Turquie  européenne;  Constantinople  (Pa- 
ris), 1777,  in-S";  —  Histoire  de  la  Moldavie 
et  de  la  Valachie,  avec  une  dissertation  sur 
l'état  acttiel  de  ces  deux  provinces  ;  Paris, 

1778,  in-12  ;  nouvelle  édition  par  de  Baur,  Neuf- 
châtel,  1781,  in-12  :  cet  ouvrage  peu  étendu  est 
en  grande  partie  extrait  de  V Histoire  de  l'Em- 
pire ottoman  du  prince  Cantemir  ;  les  détails 
originaux  foiirnis  par  Carra  sont  incomplets  et 
peu  exacts;  —  Nouveaux  Principes  de  Physi- 
que; Paris,  1782-1783,  4  vol.  in-8°;  —  Essai 
sur  la  nautique  aérienne,  contenant  l'art  de 
diriger  les  ballons  aérostatiques  à  volonté, 
et  d'accélérer  leur  course  dans  les  plaines  de 
l'air;  ibid.,  1784,  in-S"; —  Examen  physique 
du  magnétisme  animal  ;LonâTese;tPavis,  1785, 
in-8°;  —  Histoire  de  l'ancienne  Grèce,  de  ses 
colonies  et  de  ses  conquêtes ,  traduit  de  l'an- 
glais; Paris,  1787-1788,  6  vol.  in-8°;  —  Dis- 
sertation élémentaire  sur  la  nature  de  la 
lumière,  de  la  chaleur,  du  feu  et  de  l'électri- 
cité ;  Amsterdam  et  Paris,  1787,  in-8°;  — l'An 
1787  :  Précis  de  l'administration  de  la  biblio- 
thèque du  Roi  sous  M.  Lenoir;  Paris,  1787, 
in-8<*;  Liège,  1788,  in-8°;  —  31.  de  Galonné 
tout  entier,  tel  qu'il  s'est  comporté  dans  l'ad- 
ministration des  finances,  dans  son  commis- 
sariat dp.  Brfitagne;  Bruxelles,  1788,  in-8°;  — 
Cahier  de  la  déclaration  des  droits  du  peu- 
ple, et  contrat  de  la  constitution  de  VÉtat; 
Paris,  1789,  in-8°;  —  Projet  de  cahier  pour 
le  tiers  état  de  la  ville  de  Paris  ;  ibid.,  1689, 
in-S";  —  Considérations,  recherches  etobserr 
valions  sur  les  états  généraux;  ibid.,  1789, 
1790,in-8°; — Mémoires  historiques  et  authen- 
tiques sur  la  Bastille;  Londres  et  Paris,  1790, 
3  vol.  m-&°;—^\nmmspami}hlels littéraires 
et  politiques. 

Moniteur'univ.  —  Lamartine,  Hist.  des  Girondins.  — 
Desessarls,  Siècles  littéraires.  —  Quérard,  la  France 
littéraire.—  Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de 
la  France.  —  Petite  Biographie  conventionnelte. 

CARRA-SAijST-CYR  (Jean-François,  comte), 
général  français,  né  en  1756,  mort  à  Wailly-sur- 
Aisne  (Aisne)  le  5  janvier  1834.  Il  fit  d'abord 
là  guerre  d'Amérique,  comme  officier  dans  le 
régiment  d'infanterie  du  Bourbonnais;  puis, 
revenu  en  France,  il  trouva  un  puissant  protec- 
teur dans  le  général  Aubert  du  Bayet,  qui  avait 
autrefois  servi  dans  le  même  régiment  que  lui. 
Élevé  au  grade  de  général  de  brigade  (1794),  il 


847  CARRA-SAINT-CYR  —  CARRACHE 


84 


alla  rejoindre  l'armée  des  Côtes-du-Nord ,  que 
commandait  Aubert  du  Bayet,  et  y  resta  jusqu'à 
l'époque  où  ce  dernier,  nommé  ambassadeur  à 
Constantinople,  l'emmena  avec  le  titre  de  secré- 
taire d'ambassade.  Plus  tard,  après  son  mariage 
avec  madame  veuve  Aubert  du  Bayet,  Carra-Saint- 
Cyr  rentra  dans  la  carrière  militaire.  Il  prit  (novem- 
bre 1795  )  la  ville  de  Deux-Ponts,  que  le  général 
Clairfait  venait  d'occuper  ;  s'empara  d'Ettinghen  ; 
battit  les  Autrichiens  (1800)  sur  les  bords  de  la 
Magra  ;  concourut  puissamment  à  la  victoire  de 
Marengo  par  la  prise  de  Castel-Ceriolo  ;  fit  rentrer 
sous  l'obéissance  des  Français  la  ville  d'Arezzo, 
qui  était  devenue  le  centre  de  l'insurrection  que 
l'Autriche  fomentait  en  Toscane  contre  les  Fran- 
çais; s'empara  de  Fri bourg  (1801),  et  contribua 
au  gain  de  la  bataille  de  Hohenlinden.  Général 
de  division  (27  août  1801),  il  fut  investi  (1805)  du 
commandement  de  l'armée  d'occupation  du 
royaume  de  Naples,  oîi  il  fit  6,000  prisonniers 
lors  de  la  retraite  de  l'archiduc  Charles,  et  se 
distingua  à  la  bataille  d'Eylau.  Créé  baron  de 
l'empire  en  1808,  il  fut  tour  à  tour  gouverneur 
de  Dresde  et  des  provinces  illyi'iennes.  Rappelé 
en  1813,  il  vint  prendre  le  commandement  de  la 
32*  division  militaire,  établie  à  Hambourg.  Forcé, 
malgré  plusieurs  avantages  remportés  sur  les 
Anglais,  d'abandonner  une  position  que  menaçait 
un  corps  considérable  de  troupes  russes,  cette 
retraite,  que  Carra-Saint-Cyr  regardait  comme 
opportune,  ne  fut  pas  approuvée  par  Napoléon , 
et  le  général  tomba  momentanément  en  disgrâce. 
Mais  les  services  éclatants  qu'il  avait  rendus,  son 
courage,  et  plus  encore  l'estime  toute  particu- 
lière que  l'empereur  faisait  de  ses  talents  mili- 
taires, lui  firent  confier  (mars  1814)  la  défense  des 
places  de  Bouchain,  de  Valenciennes  et  de  Condé. 
Nommé  par  Louis  XVIII  comte,  et  chevaher  de 
Saint-Louis,  il  fut  admis  à  laretraitele4  septem- 
bre 1815.  Gouverneur  de  la  Guyane  française,  il 
remplit  cette  fonction  de  1817  à  1819,  et  fut  défi- 
nitivement admis  à  la  retraite  par  ordonnance 
royale  de  1824.  Le  nom  de  ce  général  est  gravé 
sur  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile.    A.  Sauzay. 

Moniteur  univ.  —  net.  des  Français,  t.  V.  —  Ar- 
chives de  la  Guerre.— f^ict.  et  conquêtes,  1. 13, 19,  22.  23. 

CARRÂCH  (Jean-Tobie) ,  jurisconsulte  alle- 
mand, né  àMagdebourgle  1*''  janvier  1702,  mort, 
le  21  octobre  1775,  à  Halle.  Il  fit  ses  études  à 
Halle,  où  il  devint  en  1738  professeur  titulaire  de 
droit,  et  fut  en  1753  nommé  conseiller  d'État  prus- 
sien. En  1759,  pendant  la  guerre  de  sept  ans,  il 
fut  amené  captif  à  Nuremberg,  et  on  lui  fit  les 
plus  magnifiques  offres  pour  l'engager  à  quitter 
le  service  de  Prusse.  En  1762 ,  il  fut  délivré  par 
l'incursion  des  corps  de  Kleist  en  Franconie.  En 
récompense  de  son  attachement  à  la  Prusse,  il  fut 
en  1763  nommé  recteur  de  l'université  de  Halle, 
dignité  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui  un  grand  nombre  de  dissertations,  dont  un 
certain  nombre  ont  été  réunies  pour  former  di- 
vers recueils,  Voici  les  principaux  de  ses  écrits  : 


Disp.  inaug.  qua  examinatur  Brocardicw 
vulgare  :  statuta  ex  jure  c.omn).uni  es.se  intei 
pretanda;  Halle,  1731,  in-4o;  seconde  éditior 
1768,  in-4'';  — Pr.  de  quadriennali  vita  rei 
titutionis  in  integrum  reipublicse  et'Ecclesix 
Halle,  1733,  in-4°;  —  de  Imaginaria  Mquitat 
probationis pro  evitandope7-jurio;l{&\\e,  nS'l 
in-4'',  et  1749,  in-4°;  —  de  Conflictu  theoru 
efpraxeis  Juris  ;  Halle,  1736,  in-4°  ;  —  de  D'ifft 
rentiis  juris  romani  et  germanici  in  mortï 
causa  donatione ;  Halle,  1739,  in-4°;  —  d 
Prœcipuis  differentiis  juris  romani  et  gei 
manici  in  compensatione ;  Halle,  1739,  in-4";- 
de  Differentiis  juris  romani  et  germanici  i 
beneficio  separationis ;'R?A\q,  1740,in-4°;  — d 
Differentiis  juris  romani  et  germanici  inpech 
lio  imprimis  filiorum  familias;  Halle,  174f 
in-4°  ; — de  Differentiis  juris  romani  et  germa 
nici  in  heredis  institutionevoluntaria ;  Halle 
1746,  in-4'';  —  Disp.  an  alter  conjugum  testa 
mentorenuntiarepossitunioniprolium;\Mn 
1750,  in-4'*;  — de  Difjerentiis  juris  roman 
et  germanici  heredis  institutione  necessaria 
Halle,  1751, in-4''; — Disp.de anatocismo  liciU 
et illicito ;  HdiWe,  1755,in-4''; — Disp.demutr'i 
monio  ad  benedictionem  sacerdotis  incompe. 
tentis  contracta;  Halle,  1759,  in-4'';  — Disp 
quapacta  non  stricti  juris,  sed  bonx  fidei  ess 
evincitur;  Halle,  1765,  in-4''  ;  —  Betrachtun^ 
der  Kraft  der  gemeinen  Meinung  in  de 
Rechtsgelahrtheit  (Réflexions  sur  la  force  d 
l'opinion  publique  en  fait  de  droit),  dans  les  Hal 
lische  Anzeigem;  1766.  —  L'auteur  a  enfin  réun 
un  certain  nombre  de  programmes  dans  les  Pro 
grammata  juridica  ;  Halle,  1767,  in-4°. 

Les  autres  ouvrages  de  Carrach  ont  été  publié:  ■ 
par  ses  fils,  soit  du  vivant  de  l'auteur,  soit  aprc  \ 
sa  mort;  tels  sont  :  Fasciculus  opusculorum  e 
controversiarum  de  non  usu  juramenti  per 
horrescentise  adversus  judicem;  Halle,  1759 
in-4''  ;  —  Rechtliche  Urtheile  und  Gutachte) 
in  peinlichen  Sachen  (Avis  et  consultations  ju 
ridiques  dans  des  causes  criminelles),  publiés  j)a 
son  beau-fils  H.-J.-O.  Kônig;Halle,  1775,  in-fo!. 

—  Kurze  Anweisung  zum  Process  in  Civil  une 
Criminalsachen  (  Abrégé  de  la  procédure  ci 
vile  et  criminelle),  publié  par  le  même;  Halle 
1776,  in-4''. 

Adelung,  suppl.  à  Jdcher,  Allgem.  GeleUrten-Lexicon. 

—  Ersch  etGrubcr,  Allgem.  Encyclopœdie.  —  Konig,  f^ii 
et  écrits  de  Jean-Tob.  Carrach,-  Halle,  1776. 

CARRACHE  OU  CARRAcci  (Âugustin) ,  célè- 
bre;peintre  et  graveur  italien,  né  à  Bologne  le  le 
août  1557, mort  àParme  en  1601  ou  1605. 11  était 
fils  d'un  tailleur  d'habits.  Dès  son  jeune  âge  il  se 
fit  remarquer  par  la  finesse,  la  mobilité.,  la  pé- 
nétration de  son  esprit,  et  son  aptitude  aux  let- 
tres ,  aux  sciences  et  aux  arts.  Il  entra  d'abord 
en  apprentissage  chez  un  orfèvre;  mais  un  pen- 
chant déterminé  pour  les  arts  du  dessin  l'eu- 
traîna  vers  la  gravure  et  la  peinture.  Prosper  Foii- 
tana  et  Bartolomeo  Passerotti  développèrent  ses 


149 

ifédeuses  facultés.  Malheureuseiïient  l'incons- 
imce  de  son  caractère  ne  lui  permit  pas  de  se 
Ivrer  exclusivement  ou  à  la  peinture  ou  à  la 
iravure,  et  d'arriver  dans  l'un  ou  dans  l'autre 
î  ces  arts  au  degré  de  perfection  que  lui  pro- 
ettait  son  heureuse  organisation.  Jaloux  des 
i 'Ogres  extraordinaires  de  son  frère  Annibal ,  las 
■îs  reproches  de  son  père  et  des  remontrances 
;  Louis,  il  se  mit  à  peindre  de  caprice,  d'après 
s  ouvrages  des  anciens  maîtres,  dont  il  n'ap- 
"éhendait  pas  le  blâme,  et  dont  il  espérait  s'ap- 
oprier  les  beautés.  Puis,  abandonnant  la  pein- 
re ,  il  ne  s'occupa  plus  que  de  gravure  à  l'eau- 
rte  et  au  burin.  Après  avoir  séjourné  quelque 
raps  à  Parme ,  il  alla  à  Venise ,  où  il  reçut  des 
çons  de  Corneille  Cort ,  célèbre  graveur  hol- 
ndais,  qui,  jaloux  d'un  élève  infiniment  supé- 
«ur  à  lui  sous  le  rapport  du  dessin,  et  qui  me- 
içait  de  le  surpasser  dans  le  maniement  du 
«rin ,  lui  ferma  bientôt  son  atelier.  Mais  il  était 
K>p  tard  :  déjà  Augustin  passait  pour  le  Marc- 
^toine  de  l'époque.  Rentré  dans  sa  patrie,  il  re- 
it  le  goût  de  la  peinture ,  et  l'émulation  que 
i  donna  la  grande  réputation  d'Annibal  lui  fut 
tte  fois  profitable;  son  ardeur  pour  l'étude 
t  telle  qu'il  égala  son  frère ,  s'il  ne  lui  devint 
is  supérieur.  Dans  l'académie  de  peinture  ou- 
;rte  par  les  trois  Carrache,  Augustin  était 
largé  des  soins  les  plus  laborieux  de  l'instruc- 
)n;  pour  chaque  branche  des  études  il  avait 
digé  des  traités  succints  qui  servaient  de  base 
IX  démonstrations  et  aux  conférences.  Entre 
s  deux  frères ,  dont  les  caractères  étaient  dia- 
étralement  opposés ,  il  régnait  une  telle  mésin- 
Uigence  qu'on  aurait  pu  les  croire  ennemis, 
éanmoins  ils  ne  pouvaient  vivre  l'un  sans  l'au- 
e  :  aussi ,  brouillé  avec  Annibal  et  cessant  de 
aider  de  ses  conseils  et  de  ses  pinceaux  dans 
s  travaux  de  la  galerie  Farnèse ,  Augustin  se 
vra  au  plus  vif  chagrin,  et  alla  près  du  duc  de 
tarme  terminer  une  existence  qui  lui  paraissait 
»supportable.  Il  mourut  dans  un  couvent  de 
apucins ,  où  il  s'était  retiré.  Annibal,  vivement 
ffecté  de  la  mort  de  son  frère ,  voulut  lui  éle- 
ver un  monument  somptueux.  Ses  amis  le  pré- 
inrent;  mais  il  paya  sa  dette  à  la  mémoire  de 
on  frère  en  se  chargeant  de  l'éducation  et  de  la 
Drtune  d'un  enfant  naturel  qu'il  laissait. 
Parmi  les  tableaux  qui  ont  illustré  le  nom 
'Augustin  Carrache,  on  signale  la  Commu- 
ion  de  saint  Jérôme,  que  possède  le  Louvre, 
t  dont  le  Dominiquin  s'appropria  plus  tard  la 
•ensée  dans  le  tableau  qui  passe  pour  l'une  des 
M  lerveilles  de  l'art  ;  —  une  Assomption  de  la 
"lerge  pour  l'éghse  San-Salvator ,  à  Bologne. 
)ans  la  galerie  Farnèse ,  peinte  par  Annibal ,  les 
ibles  de  Céphale  et  de  Galatée  sont ,  dit-on , 
ouvrage  d'Augustin.  [M.  Soïer,  dans  VEnc. 
les  g.  du  m.  ] 

Lanzi ,  Storia  pittor.  —  De  Piles,  Abrège  de  la  vie  des 
"^intres.  —  iJ'Argenville,  f^ies  des  Peintres.  —  Bryan, 
)jet.  0/  l'ainters  and  Engravers. 


CARRACHE  850 

CARRACHE  OU  CARRACCi  {Annibal),  pein- 
tre italien ,  frère  du  précédent,  né  à  Bologne  en 
1560,  mort  à  Rome  en  1609.  Il  est  le  plus 
jeune,  le  plus  célèbre  des  trois  chefs  de  l'Aca- 
démie de  Bologne ,  celui  dont  le  nom  a  retenti 
dans  toute  l'Europe,  et  qui,  comme  Raphaël, 
semble  refléter  à  lui  seul  toutes  les  perfections 
de  la  peinture.  Il  commença  par  aider  son  père 
dans  la  profession  de  tailleur  d'habits.  Son  aver- 
sion pour  l'étude  (il  apprit  seulement)  à  lire  et  à 
écrire)  ne  permettait  pas  de  concevoir  sur  son 
compte  de  hautes  espérances,  et  cependant  un 
sentiment  intérieur  l'appelait  hors  de  la  sphère 
dans  laquelle  il  était  né.  Son  père,  qui  s'en  aper- 
çut, le  plaça  chez  un  orfèvre,  et  chargea  Louis 
Carrache  de  lui  enseigner  le  dessin.  Cette  cir- 
constance décida  du  sort  d'Annibal.  A  peine  eut- 
il  manié  le  crayon,  qu'il  donna  des  preuves  d'ap- 
titude si  sui*prenantes  pour  les  arts  que  Louis  le 
prit  chez  lui,  pourvut  à  tous  ses  besoins,  et,  par 
ses  conseils  et  ses  exemples ,  le  mit  en  peu  de 
temps  en  état  de  l'aider  dans  ses  travaux.  Il  fit 
plus,  il  lui  procura  des  moyens  de  voyager.  A 
Parme ,  les  tableaux  du  Corrége  lui  révélèrent 
des  secrets  que  Louis  n'avait  pu  pénétrer;  à  Ve- 
nise, il  se  lia  avec  le  Tintoret  et  Paul  Véronèse, 
étudia  les  ouvrages  des  coloristes  de  cette  bril- 
lante école,  et  ne  laissa  échapper  aucune  occa- 
sion de  s'instruire.  Revenu  dans  sa  patrie  riche 
d'études  et  l'esprit  fortifié  par  les  plus  mûres  mé- 
ditations, il  excita  l'admiration  de  Louis,  qui  ne 
dédaigna  pas  de  devenir  le  disciple  de  son  ancien 
élève.  Augustin  en  agit  autrement  :  honteux, 
humilié  de  se  voir  surpassé  par  son  frère,  il  jeta 
ses  pinceaux  et  reprit  son  burin.  Dans  leur  nou- 
velle manière,  Annibal  et  Louis  exécutèrent  des 
ouvrages  du  goût  le  plus  riche  et  de  la  plus  belle 
exécution,  où  brillaient  un  dessin  aussi  mâle  que 
correct,  une  composition  aussi  riche  que  bien  or- 
donnée, et  non  moins  admirables  par  la  noblesse 
et  la  vérité  de  l'expression  que  par  l'entente  des 
couleurs.  Ces  chefs-d'œuvre  furent  dénigrés  im- 
pitoyablement par  les  peintres  de  Bologne,  et 
les  clameurs  furent  telles,  que  Louis  crut  s'être 
égaré.  Annibal,  sûr  de  lui-même ,  ne  se  laissa 
pas  intimider,  rassura  son  cousin,  et  finit  par 
triompher  de  ses  détracteurs. 

Louis  ayant  chargé  Annibal  de  peindre  à  sa 
place  la  galerie  Farnèse,  il  partit  accompagné 
de  plusieurs  de  ses  élèves ,  et,  sans  s'inquiéter 
du  prix  qu'on  mettrait  à  ses  travaux,  se  mit  à 
l'œuvre.  Il  consacra  huit  années  à  cette  immense 
entreprise,  que  le  Poussin  considérait  comme  une 
des  merveilles  de  l'art.  Il  faut  convenii"  toutefois 
que  ce  qui  tient  à  la  poétique  de  l'art  n'est  pas 
du  fait  d'Annibal,  mais  du  prélat  Agucchi  et  d'Au- 
gustin Carrache,  qui  tous  deux  l'aidèrent  de 
leurs  conseUs.  Une  gratification  de  500  écus  d'or 
(envu-on  5,000  fr.)  fut  tout  ce  que  le  cardinal 
crut  devoir  offrir  au  peintre,  pour  lui  témoigner 
sa  satisfaction  d'un  travail  qui  excitait  l'admira- 
tion générale,  et  pendant  le  cours  duquel  il  n'a- 


851 


CARRACHE 


8 


vait  touché  qu'un  traitement  de  10  écus  par  mois. 
Humilié  dans  son  art  (car  Annibal,  comme  Au- 
gustin et  Louis,  était  fort  désintéressé) ,  cet  ar- 
tiste ne  toucha  plus  ses  pinceaux  qu'avec  répu- 
gnance, et  plus  d'une  fois  il  lui  arriva  de  les  bri- 
ser de  dépit.  Une  noire  mélancolie  s'empara  de 
son  esprit;  vainement  il  fit  le  voyage  de  Naples 
pour  se  distraire  :  il  revint  à  Rome  tout  aussi 
chagrin  qu'il  en  était  parti.  Il  mourut  peu  après, 
comme  Raphaël,  à  la  suite  d'excès  dont  les  mé- 
decins ne  surent  pas  prévenir  les  effets  fâcheux. 
Son  corps  fut  porté  dans  la  Rotonde,  à  côté  de 
celui  du  peintre  d'Urbin,  près  duquel  il  avait  dé- 
siré être  inhumé.  On  lui  fit  des  obsèques  magni- 
fiques, auxquelles  assistèrent  les  plus  grands 
seigneurs  de  Rome,  et  cette  foule  d'élèves  qui 
devaient  tant  à  sa  libéralité. 

Simple  dans  ses  mœurs  et  dans  ses  vêtements, 
ennemi  du  faste  et  fuyant  la  société,  dont  les  con- 
venances le  gênaient,  il  s'adonna  tout  à  son  art, 
dont  le  positif  l'occupa  plus  que  la  poétique.  Si 
l'on  analyse  ses  productions,  on  est  Irappé  de 
la  grandeur  du  style  et  de  la  correction  du  des- 
sin, de  la  vigueur  et  de  la  facilité  du  pinceau, 
souvent  même  de  la  vérité  du  coloris  qui  les  dis- 
tinguem  ^  mais  on  est  forcé  de  reconnaître  que 
la  nature  ne  s'y  montre  pas  sous  un  aspect  assez 
naïf,  assez,  varié,  et  que,pom'  s'être  trop  occupé 
du  soin  de  l'ennoblir,  il  a  fini  par  rester  froid  de- 
vant elle;  de  là  vient  sans  doute  que  ses  ou- 
vrages causent  plus  d'admiration  et  de  surprise 
qu'ils  ne  touchent  l'esprit  et  le  cœur.  L'œuvre 
d'Annibal  est  considérable  ;  il  n'est  pas  une  ga- 
lerie en  Europe  qui  ne  possède  un  grand  nombre 
de  ses  productions.  Les  plus  célèbres  sont  :  à 
Paris,  une  Nativité ,  un  Christ  mort  stir  les 
genoux  de  la  Vierge,  l'un  de  ses  derniers  ou- 
vrages; une  Résurrection,  qu'il  a  signée  de  son 
nom  avec  l'année  1593;  un  Martyre  de  saint 
Etienne,  et  plusieurs  paysages  admirables;  à 
l'Krmitage  de  Saint-Pétersbourg,  le  Christ  en 
jardinier,  après  sa  résurrection  ;  au  Belvédère 
de  Vienne,  le  Christ  et  la  Samaritaine,  le 
Christ  mort  sur  les  genoux  de  la  Vierge,  sou- 
tenue par  deux  anges;  à  Dresde,  une  Assomp- 
tion de  la  Vierge,  un  saint  Matthieu,  l'Au- 
mône de  saint  Roch;  à  Munich,  le  Massacre 
des  Innocents;  à  Florence,  une  Bacchante  et 
un  Satyi-e;  à  Naples,  une  Piété.  [M.  Soyer,  dans 
Y£nc.  des  g.  du  m.  ] 

Lanzi,  Stor.  pittor.  —  D'Argenville,  Fies  des  Peintres. 

—  Bryan,  Dict.of  Paint. and  Engrav ■  —  Pi\kiQton,  Dict. 
of  Painters.  —  De  Piles,  Abrégé  de  la  vie  des  Peintres. 

—  Nagler,  Neucs  AUgem.  Kûnstler-Lexicon.  —  Malva- 
sia,  Fite  de'  Pitt.  Bolognesi,  etc. 

CARRACHE  (  François  )  ,  peintre  italien , 
frère  d'Augustin  et  d'Annibal,  né  en  1595,  mort 
à  Rome  en  1622.  Il  est  plus  coimu  par  son  in- 
gratitude envers  ses  parents  que  par  son  mérite 
comme  peintre.  Il  eut  la  présomption  et  la  bas- 
sesse d'élever  une  école  auprès  de  celle  de  Louis, 
son  cousin  et  son  maître ,  et  de  placer  au-dessus 
de  la  porte  cette  inscription  :  C'est  ici  la  vraie 


académie  des   Carrache.  Cette  rodomonta 

n'ayant  pas  réussi,  il  alla  à  Rome,  où  il  fi 

ses  jours  à  l'hôpital  [Enc.  des  g.  du  m.]. 

Malvasia,  F ite  de'  Pittor.  Bolognesi.  -  Fiorillo  ,  Il 
de  la  Peint. 

CARRACHE  (Antoine),  peintre  italien,  : 

naturel  d'Augustin,  né  à  Venise  en  1583,  mor 

Rome  en  1618.  Grâce  aux  soins  de  son  on 

Annibal,  il  acquit  un  talent  qui  lui  promettait,  : 

eût  vécu ,  la  supériorité  sur  tous  les  membres 

sa  famille;  son  tableau  du  Déluge,  au  musée 

Louvre ,  en  fait  foi. 

D'Argenville ,  Fies  des  Peintres.  —  Brian  ,  Dict. 
Painters  and  Engr. 

CARRACHE  (Louis) ,  peintre  italien ,  c( 
sin  germain  d'Augustin  et  d'Annibal ,  et 
quelques  années  leur  aîné,  né  à  Bologne  en  15; 
mort  dans  la  même  ville  en  1619.  Son  pi 
était  boucher;  son  premier  maître,  le  Fontac 
ne  lui  reconnaissant  point  les  dispositions  ( 
font  un  peintre,  lui  conseilla  de  choisir  une  ; 
tre  profession.  A  Venise,  le  Tintoret  lui  tint 
même  langage  ;  mais ,  loin  de  se  décourag 
Louis  n'en  fut  que  plus  déterminé  à  suivie  s 
penchant;  il  ne  demanda  plus  d'avis  qu'à  s 
génie  et  aux  rouvrages  des  grands  maîtres, 
étudia  à  Venise  le  Titien  et  Paul  Véronèse; 
Florence,  André  del  Sarto  et  le  Passignano  ; 
Mantoue,  Jules  Romain;  à  Parme,  le  Mazzuoli 
surtout  le  Corrége,  pour  lequel  il  eut  une  pré 
îection  qui  a  influé  sur  les  ouvrages  de  toute 
vie.  De  retour  à  Bologne ,  ses  tableaux  exci 
rent  l'admiration  des  mis,  l'envie  des  autre 
mais  bientôt  son  mérite  fut  assez  généralemt 
reconnu  pour  qu'il  pût  tenter  avec  succès  de  p( 
ter  aux  maniéristes  le  dernier,  coup  en  ouvra 
à  Bologne  une  académie  de  peinture.  Loi 
Carrache  n'était  point  assez  présomptueux  po 
croire  qu'à  lui  seul  il  pourrait  accomplir  le  gra 
œuvre  quil  méditait  ;  il  sentit  qu'il  avait  besc 
de  se  créer  un  parti  puissant  dans  la  jeunes 
de  Bologne.  Il  tourna  d'abord  les  yeux  vers 
famille  :  Paul ,  son  frère ,  cultivait  la  peintur 
mais  il  était  dépourvu  de  génie,  et  n'était  prop 
qu'à  faire  un  copiste;  il  trouva  ce  qu'il  cherch; 
dans  Augustin  et  Annibal  :  tous  deux  avaient  d 
dispositions  prodigieuses  ;  mais  le  caractère  d 
deux  frères  était  si  différent ,  si  difficile  à  accc 
der,  que  Louis  ne  put  conserver  ensemble  s 
cousins  dans  son  atelier.  Il  confia  Augustin 
Fontana ,  dont  l'assurance  et  la  facilité  pouvaie 
vaincre  la  modeste  timidité  du  jeune  homme, 
garda  près  de  lui  Annibal,  qu'il  astreignit  à  m 
diter  profondément  ses  ouvrages,  et  à  leur  cons. 
crer  plus  de  temps  qu'il  ne  convenait  à  son  in 
patiente  vivacité  de  leur  en  donner.  Les  soins  c 
Louis  eurent  tout  le  succès  qu'il  s'en  était  prc 
mis  :  ses  deux  cousins  parvinrent  en  peu  d 
temps  à  produire  des  ouvrages  remarquable!' 
Un  voyage  qu'ils  firent  à  Parme ,  à  Venise  ( 
dans  d'autres,  parties  de  l'Italie  acheva  de  l6l 
rendre  aptesàl'exécutiondugrandprojetdeLouisf 


.3 


CARRACHE  —  CARRANZA 


854 


("('?t  alors  qwe  s'ouvrit,  aans  la  maison  môme 
s  Carrache,  cette  académie  de  peinture,  la 
lircde  Bologne,  qu'ils  appelèrent  degVlncom- 
ninti  (des  Acheminés),  où  ces  trois  artistes, 
(■(  un  zèle  sans  bornes ,  enseignèrent  tout  ce 
!■  (le  longues  études  et  une  grande  pratique 
ir  avaient  appris.  L'envie  et  la  médiocrité  ne 
ir  ménagèrent  pas  les  sarcasmes  ;  mais  ils  fini- 
il  par  réduire  leurs  ennemis  au  silence. 
Louis  ne  cessa  d'être  le  chef,  l'âme  de  l'école; 
11  ne  s'y  faisait  que  de  son  avis,  et  ses  juge- 
!nts  étaient  considérés  comme  des  oi'acles.  Ap- 
é  à  Florence  pour  peindre  la  galerie  Farnèse, 
iréféra  rester  au  milieu  de  ses  élèves,  et  en- 
yer  Annibal  à  sa  place.  Éloigné  de  ses  deux 
isins,  Louis  montra  qu'il  savait  se  suffire  à 
-même  ;  eux ,  au  contraire ,  eurent  constam- 
nt  besoin  de  ses  conseils.  Annibal ,  craignant 
s'être  trompé  dans  le  parti  pris  pour  la  déco- 
ton de  la  galerie  Farnèse,  ne  voulut  pas  pour- 
vre  ses  travaux  sans  connaître  l'opinion  de 
uis ,  et  celui-ci  fit  exprès  le  voyage  de  Rome 
ir  l'applaudir  et  l'engager  à  persévérer.  Après 
3  absence  de  quelques  semaines ,  Louis  revint 
is  sa  patrie ,  où  il  ne  cessa  d'être  chéri  et  ad- 
ré.  Il  mourut,  laissant  peu  de  fortune.  Louis 
rrache  joignait  au  caractère  le  plus  doux ,  le 
is  obligeant ,  beaucoup  d'esprit  et  d'instruc- 
W.  Extrêmement  attaché  à  ses  disciples,  il  les 
iiait  volontiers  dans  leurs  travaux.  Il  produisit 
très-grand  nombre  d'ouvrages ,  dont  les  der- 
>.rs  ne  sont  pas  moins  estimés  que  ceux  de  sa 
nesse.  Reynolds    recommande  pailiculière- 
!nt  à  l'étude  des  élèves  un  saint  François  au 
lieic  de  ses  moines,  la  Transfiguration,  la 
lissance  de  saint  Jean-Baptiste,  la  Voca- 
m  de  saint  Matthieu ,  les  fresques  du  palais 
mpieri  ;  ajoutons-y  la  Translation  du  corps 
la  Vierge,  l'une  des  dernières  et  des  meil- 
'ires  productions  de  son  pinceau.  [  £nc.  des 
du  m.] 
'lalvasia  ,  f^ite  de'  Pittori  Bolognesi. 

CAURADORi  [Joachim),  médecin  italien, 
à  Prato  le  7  juin  1758,  mort  en  novembre 
18.  Il  professa  d'abord  la  philosophie  au  sé- 
inaire  de  Pistoie.  Des  discussions  s'étant  éle- 
es  eiiti-e  l'évêque  de  Pistoie  et  son  clergé ,  il 
vint  dans  sa  ville  natale ,  où  il  s'occupa  d'a- 
iculture  et  de  physique ,  sans  négliger  la  pra- 
jue  de  la  médecine.  Carradori  fut  un  partisan 
hclaré  de  la  vaccine,i;et  la  propagea  dans  sa  pa- 
e.  On  a  de  lui  :  la  Teoria  del  Caloi-e;  Flo- 
bce,  1789,  2  vol.  in-12;  —  Lettera  sopra 
Hettricità  animale;  MA.,  1793;  —  Lettera 
fpra  la  virtii  antiodontalgica  di  piii  in- 
\ili;  Prato,  1793;  —  Memoria  sidla  trasfor- 
iûzione  del  nostoc  in  tremella  verrucosa, 
lichen  fascicularis ,  e  in  lichen  rupestris  ; 
M.,  1797,  in-8°;  —Lettera  su  varie  trasfor- 
azioni  délia  tremella  in  nostoc,  e  di  alcune 
Itrc  crittogamc ,  e  sulla  loro  riproduzione ; 
^oronce,  1798, in-8";  —  Istoria  delV  epizootia 


bovina  che  regnd  nel  1800  nella  campagna 
del  vicariato  di  Prato  ;  ibid.,  1801 ,  in-8°;  — 
délia  Fertilità  délia  ^erro;  ibid.,  1803,  in-8°; 
—  Istoria  del  galvanismoin  Jtalia,  ossia  delta 
contesafra  Volta  e  Galvani  ricovata  da  fatti 
esposti  dori  duc  partiti;  ibid.,  1817,  in-8";  — 
Lettera  al  sig.  dott.  Giacomo  Tommasini, 
professer  di  clinica  nelV  università  di  Bo- 
logna ,  sulla  febre  contagiosa  di  quest'  anno 
1817;  Prato,  1817,  in-S".  Carradori  est  encore 
auteur  d'un  grand  nombre  d'articles  insérés  dans 
les  journaux  de  Milan  et  de  Pavie,  et  dans  là 
Bibliothèque  Britannique. 
ïipaido  ,  Biographia  degli  Italiani  illustri,  t.  VI. 

CARRANZA.  (  Barthélémy  de  ) ,  prélat  et 
théologien  espagnol,  né  en  1503  à  Miranda,  dans 
la  Navarre;  mort  le  2  mai  1576.  Sa  réputation 
comme  professeur  de  théologie  devmt  si  bril- 
lante, qu'on  venait  de  toutes  les  parties  de  l'Es- 
pagne à  Valladolid  pour  l'entendre;  en  1546, 
Charles-Quint  l'envoya  au  concile  de  Trente,  et 
la  conduite  qu'il  y  tint  ne  démentit  point-  ses 
premiers  succès.  Quand  le  mariage  du  fijs  dp 
Charles-Quint  avec  Marie  Tudor  fut  conclu,  Car- 
ranza  suivit  le  jeune  prince  en  Angleterre  :  il 
devint  le  confesseur  de  la  reine,  et  travailla  avec 
ardeur  au  rétablissement  de  la  religion  catho- 
lique. Revenu  près  de  Philippe  après  l'abdi- 
cation de  Charles-Quint,  il  reçut  du  nouveau 
roi  l'archevêché  de  Tolède.  L'évêque  de  Lérida , 
jaloux  des  distinctions  dont  Carranza  était  l'ob- 
jet, dénonça  à  l'inquisition  un  catéchisme  que 
venait  de  faire  publier  l'archevêque  de  Tolède. 
Ce  livre ,  condamné  en  Espagne ,  fut  approuvé 
par  une  commission  du  concile  de  Trente.  Char- 
les-Quint mourant  fit  appeler  Carranza  près  de 
lui;  le  bruit  se  répandit  bientôt  que  ce  prince 
n'était  pas  mort  avec  les  sentiments  d'un  bon  ca- 
tholique :  les  ennemis  de  Carranza,  qui  en  étaient 
peut-être  îcc  auteurs,  en  profitèrent  pour  le  pré- 
senter de  nouveau.  Il  fut  emprisonné  par  ordre  de 
l'inquisition;  son  procès  fut  instruit  :  mais  le 
pape  Pie  V  ayant  évoqué  l'affaire  à  Rome ,  Car- 
ranza y  fut  conduit,  et  eut  pour  prison  le  château 
Saint-Ange.  Il  y  subit  des  traitements  moins  im- 
pitoyables qu'en  Espagne,  et  au  bout  de  dix  ans  il 
fut  absous.  Seulement ,  pour  satisfaire  l'inquisi- 
tion, on  exigea  de  lui  l'abjuration  de  quelques 
propositions  qu'il  n'avait  jamais  soutenues;  de 
plus,  il  devait]  être  suspendu  pendant  cinq  ans  de 
ses  fonctions  épiscopales.  Carranza  mourut  dix- 
sept  jours  après  sa  sortie  de  prison.  On  a  de  lui  : 
Summa  Conciliorum i^enise,  1546,  in-8°,  sou- 
vent réimprimée  ;  —  de  Necessaria  Residentia 
episcoporum  et  aliorum  pasto7'um;\bid.,  1547 
et  1562,  in-8°; —  Commentarios  sobre  el  ,ca- 
techismo  christiano;  Anvers,  1558,  in- fol.;  — 
Divers  écrits  traitant  des  sacrerrients ,  de  la 
prière ,  du  jeûne  ,  de  l'aumône ,  des  instruc- 
tions pour  la  messe.  [E7ic.  des  g.  du  m.  avec 
addit.  ] 

Herrera,  Hist.  de  Philippe  II.  —  Lecorate  de  Roca, 


855 


Hist.  de  Charles  y.  —  Didier  de  Castejon,  Vie  de  Car- 
ranza,  dans  la  Primacia  de  la  santa  iglesia  de  Toledo. 
—  Salazar  de  Mendoza  ,  Vie  de  Carranza.  —  Antonio , 
Jlibliotheca  hispana  nova.  —  Nicéron  ,  Mémoires.  ■— 
Eciiard,  Script,  ord.  Prsedicat.  —  Bayle ,  Dict.  ?iist. 

■  CARRANZA  (Didier),  traducteur  et  mission- 
naire espagnol,  de  l'ordre  des  Dominicains,  vi- 
vait dans  le  milieu  du  seizième"  siècle.  On  a  de 
lui  :  JDoctrina  christiana  en  lengua  chontal, 
langue  usitée  dans  la  province  de  Tabasco,  au 
Mexique. 

Anlonio ,  Biblioth.  hispana  nova.— Échard,' de  Script, 
ordinis  Prœdicatorum.  —  Davila,  Hist,  provinciae 
Mexici  ordinis  Prasdicat.  -Léon,  Bibl.  .Indica. 

CARRANZA  (Jérôme'),  tacticien  espagnol, 
natif  de  Séville,  vivait  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle.  Après  avoir  été  gouverneur 
de  la  province  de  Honduras,  en  Amérique,  il 
revint  finir  ses  jours  dans  sa  patrie.  On  a  de  lui  : 
De  la  filosofia  de  las  Armas,  de  su  destreza, 
y  de  la  agresion  y  defension  christiana  ;  San- 
Lucar,  1569  et  1582,  in-4'';  ouvrage  devenu 
rare. 

Antonio ,  Bibliotheca  hispana  nova. 

CARRANZA  {Michel- Alfonse  de),  biogra- 
phe et  théologien  ascétique  espagnol,  de  l'ordre 
des  Carmes,  né  à  Valence  vers  1527,  mort  dans 
la  même  ville  en  1607.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  Vita  S.  Ildephonsi;  Valence,  1556,  in-8°; 
réimprimée  par  Bollandus,  avec  notes,  dans  les 
Acta  Sanctorum  (  3  janvier  )  ;  —  Camino  del 
Cielo;  ibid.,  1601,  in-8°;  —  Catecismo  y  doc- 
trina  de  religiosos  novicios,  professas  y  mon- 
jas;  Valence,  1605. 

Antonio,  Biblioth.  hispana  nova.  —  Gaspar  Escolanus, 
Falentina  historia. 

CARRARA  (Jean-Michel-Albert),  médecin, 
nistorien  et  littérateur  italien,  natif  de  Bergame, 
mort  dans  cette  ville  le  26  octobre  1490.  Il  fut 
l'un  des  hommes  les  plus  instruits  de  son  temps. 
Après  avoir  servi  dans  sa  jeunesse  sous  les  or- 
dres de  Ph.  Visconti  contre  Fr.  Sforce ,  il  revint 
dans  sa  ville  natale,  et  ne  la  quitta  plus  que  pour 
porter  les  secours  de  l'art  médical  à  ceux  qui  les 
réclamaient ,  consacrant  ses  loisirs  à  la  culture 
des  lettres.  Carrara  fut  souvent  consulté  par  les 
princes  d'Italie,  de  France  et  d'Allemagne.  On 
a  de  lui  :  de  Omnibus  Ingeniis  augendee  me- 
morix  ;  Bologne,  1491  ;  —  Oratio  in  funere 
Barthol.  CoZeoMis  ;  Bergame,  1732  ;  — un  grand 
nombre  d'ouvrages  latins  et  italiens  encore  iné- 
dits, parmi  lesquels  on  cite  :  Historiarum  Ita- 
licarum  libri  LX  ;  un  poëme  en  vers  héroïques, 
de  Bello  Veneto  per  Jac.  Mercellum  in  Italia 
gesto  liber  unus. 

Antoine  Snardi,  Vie  de  J.-M.-j4.  Carrara;  Bergame, 
178i.  —  Amelot  de  la  Houssaye,  Hist.  du  gouvernement 
de  Venise.  —  Fabricius,  Biblioth.  latina  médise  sstatis. 
—  Vossius,  de  Historic.  latin. 

CARRARA  (Hubertiïi  ),  poète  italien,  de  l'or- 
dre des  Jésuites,  né  en  1640  à  Sora  (royaume 
de  Naples),  mort  à  Rome  en  1717.  Il  fut  profes- 
seur de  belles-lettres  au  collège  Romain,  et  l'un 
des  restaurateurs  de  la  poésie  latine  au  dix-lmi- 


CAKRANZA  —  CARRARE  { 

tième  siècle.  On  a  de  lui  :  m  Victoriam  de  S 
this  et  Cosacis  relatam,  sub  auspiciis  D. 
Joannis  in  Zolkucia  et  Zloczon  Sobjeski,  c 
carmew;  Rome,  1668;  —  Columbus ,  sive 
itinere  Christopkori  Columbi ,  carmen  (■ 
cum;  Rome,  1715;  Augsbourg,  1730.  Carr 
travailla  quarante  ans  à  ce  poëme. 
Adelung.  suppl.  à  Jôcher,  Mlgem.  Geleherten-Lexu 
CARRARA  (Pierre-Antoine),  poète  itali 
natif  de  Bergame,  vivait  dans  la  seconde  mo 
du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  VEne 
di  Virgilio  tradotta  in  ottava  rima,  cogli 
gomenti  del  medesimo;  Venise,  1681  et  17 

Paitoni,  Biblioth.  degli  Jutori  antichi  volgarizz 
—  Erscli  et  Gruber;,  Allgem.  Encyc. 

CARRARE,  nom  d'une  illustre  maison  de  ] 
I  doue,  qui  se  rendit  célèbre  dans  l'ItaUe  septi 
trionale  au  quatorzième  siècle. 

CARRARE  (  Jacques  I^"  DE  ) ,  seigneur 
Padoue,  mort  le  23  novembre  1324.  En  13 
il  fit  mourir  ou  chassa  les  anciens  magistrats 
Padoue,  et  se  fit  proclamer,  en  1318,  seigm 
de  la  république  ;  mais  de  puissants  ennemis 
disputèrent  le  pouvoir,  et,  pour  ne  pas  le  per 
entièrement,  il  fut  obligé  de  partager  la  sou 
raineté  avec  Frédéric,  duc  d'Autriche,  qui 
donna  des  secours.  Plusieurs  princes  de  sa 
mille  régnèrent  à  Padoue  après  lui. 

CARRARE  (Marsilio  de),  seigneur  de  1 
doue,  neveu  du  précédent,  mort  le  21  mars  13 
i  II  succéda  à  son  oncle,  qui  ne  laissait  que  ( 
j  filles  et  des  bâtards.  Attaqué  par  un  autre  de  ; 
oncles,  Nicolas  de  Carrare,  qui,  après  avoir  p; 
tagé  avec  lui  les  soins  du  gouvernement,  é1 
devenu  son  ennemi,  puis  fatigué  des  ve 
tions  qu'exerçaient  dans  la  ville  les  AUeman 
ses  auxiliaires,  Marsilio  se  réconcilia  avec  Ci 
de  la  Scala,  ancien  ennemi  de  sa  famille, 
mit  sous  sa  protection,  et  lui  transféra  la  s; 
gneurie  de  Padoue  et  de  son  territoire,  en  co 
servant  toutefois  l'autorité  administrative, 
la  fin  de  sa  vie,  il  se  brouilla  avec  Albert  de 
Scala,  fils  aîné  de  Cane.  Protégé  par  les  troup 
des  républiques  de  Florence  et  de  Venise ,  ( 
voulaient  hiunilier  l'orgueil  et  l'ambition  ( 
seigneurs  de  la  Scala,  il  recouvra  son  anci 
pouvoir  le  7  août  1337.  Il  mourut  sans  enfam 
BiancW,  Difesa  di  Marsiglio  da  Carrara,-  Padon 
1835.  —  Sisraondi,  Hist.  des  Républiques  italiennes. 

CARRARE  (  Ubertino  de  ) ,  seigneur  de  ï 
doue,  neveu  du  précédent,  mort  le  25  mars  134 
Ce  fut  lui  qui,  pour  se  venger  de  l'outra 
qu'Albert  de  la  Scala  avait  fait  à  sa  femme,  c 
termina  son  oncle  Marsilio  à  ouvrir  les  porli 
de  Padoue  aux  armées  de  Florence  et  de  Venis 
En  1338,  il  succéda  à  cet  oncle  avec  l'approb' 
tion  de  la  république  de  Venise,  et  fut  ensuii 
reconnu  par  Marsilio  de  la  Scala,  qui  renon» 
franchement  à  la  suzeraineté  de  Padoue.  L 
Vénitiens  ne  virent  pas  avec  plaisir  la  paix  s' 
tablir  entre  les  deux  maisons  de  Carrare  et  ( 
la  Scala;  ils  espéraient  qu'Ubertino  et  Marsil' 


HT  CARRARE 

feraient  la  guerre,  et  leur  politique  devait  ti- 
ir  profit  de  l'affaiblissement  des  deux  partis, 
loertino  Carrare  se  rendit  odieux  aux  Padouans 
1  r  son  caractère  violent  et  par  l'excès  de  ses 
ibauches. 

CARnxRR  (Marsilietto  Pappafava  de),  sei- 
;eur  de  Padoue ,  parent  du  précédent,  mort  le 
mai  1348.  Il  venait  de  succéder  à  Ubertino 
Irsqu'il  fut  assassiné  par  Jacques  Carrare ,  fils 
Nicolas  et  neveu  de  Jacques  l^'.  Il  ne  régna 
pie  deux  mois.  Ses  sujets  le  regrettèrent. 
PCARRARE  (  Jacques  Hue  ),  seigneur  de  Pa- 
ue,  mort  le  21  décembre  1351.  Après  avoir 
taa  quelque  temps  secret  l'assassinat  de  Mar- 
iette, et  s'être  servi  du  sceau  de  ce  prince  pour 
mettre  en  possession  des  forteresses  de  la 
ijgneurie,  il  fit  connaître  la  mort  de  son  pa- 
flt',  réclama  la  souveraineté  de  Padoue  comme 
héritage  auquel  il  avait  les  droits  les  plus  in- 
ntestables,  et  fut  proclamé  seigneur  par  le 
uple.  Il  gouverna  avec  plus  de  sagesse  et  de 
odération  qu'on  ne  devait  s'y  attendre.  Il  fut 
sassiné  par  un  bâtard  d'un  de  ses  oncles,  dont 
cherchait  à  réprimer  les  excès. 
CARRARE  (  Giacomino  de  ) ,  seigneur  de  Pa- 
tue,  frère  du  précédent,  mort  en  1372.  Il  suc- 
da  à  Jacques  II  avec  François,  fils  de  ce  der- 
er.  Après  cinq  ans  d'une  parfaite  harmonie 
itre  ces  deux  princes ,  François ,  informé  que 
m  oncle  avait  projeté  de  le  faire  périr,  le  pré- 
nt,  l'arrêta  lui-même,  et  le  fit  renfermer  dans 
ae  forteresse. 

CARRARE  (  François  P^  ) ,  seigneur  de  Pa- 
oue,  fils  de  Jacques  II,  mort  dans  le  château 
e  Como  le  6  octobre  1393.  Il  régna  seul  de- 
ûis  1355.  Comme  tous  les  petits  princes  de  la 
lombardie,  il  s'allia  aux  Vénitiens  contre  la 
liaison  de  Visconti,  qui  les  menaçait  tous  éga- 
ement.  A  la  tête  de  l'armée  de  la  ligue,  il  fit  la 
tuerre  avec  des  succès  variés ,  et  la  termina,  en 
1358,  par  une  paix  honorable.  Lorsque  Louis , 
o\  de  Hongrie,  envahit  les  États  de  Venise, 
tonçois  de  Carrare  s'unit  avec  lui  d'une  amitié 
ftroite,  et  lui  fournit  des  vivres.  Dès  lors  la  ré- 
publique lui  voua  une  haine  acharnée.  Carrare 
it  enlever  les  sénateurs  vénitiens  qui  lui  étaient 
plus  hostiles,  et  les  fit  amener  à  Padoue,  dans 
son  palais.  Là  ses  menaces  leur  arrachèrent  le 
serment  de  conserver  la  paix  avec  lui.  Mais ,  en 
1360,  la  jalousie  des  Vénitiens  fut  portée  au 
Iwmble  par  le  don  que  Louis  de  Hongrie  fit  à 
parrare  des  villes  de  Feltre  et  de  Bellune.  Mal- 
ré  la  médiation  des  Florentins  ,  des  Pisans  et 
du  pape,  les  hostilités  éclatèrent  en  1372.  Les 
ducs  d'Autriche  et  le  roi  de  Hongrie  secouru- 
tent  Carrare;  cependant  il  fut  contraint  à  une 
paix  honteuse  en  1373.  Il  la  rompit  dès  qu'il 
le  put,  ,et  contracta  avec  les  Génois  et  le  roi  de 
Hongrie  une  ligue  qui  amena  la  guerre  de  Chiozza, 
qui  faillit  perdre  Venise  (1378-1384).  En  1384 
Carrare  acquit  les  villes  de  Trévise,  Céneda, 
Feltre  et  Bellune.  Les  Vénitiens  suscitèrent  con- 


—  CARRÉ 


858 


tre  lui  Antonio  de  la  Scala,  seigneur  de  Vérone, 
qui  fut  deux  fois  battu,  se  vit  enlever  par  Car- 
rare l'alliance  de  Jean  Galéas  Visconti,  souve- 
rain de  Milan,  et  fut  par  celui-ci  dépouillé  de 
ses  États  en  1387.  Mais  Jean  Galéas,  sans  avoir 
été  provoqué,  tourna  ensuite  ses  armes  contre 
François  de  Carrare.  Ce  dernier  fut  contraint 
de  livrer  Padoue  et  Trévise  à  Visconti  (1388),  et 
fut  enfermé,  au  mépris  des  traités,  dans  le  châ- 
tea>i  de  Como. 

CARRARE  (  François  II  ou  Novollo  de  ), 
seigneur  de  Padoue,  fils  du  précédent,  mort  le 
17  février  1406.  Dépouillé  comme  son  père  de 
la  souveraineté  de  Padoue,  il  montra  une  cons- 
tance réellement  héroïque.  Au  milieu  des  plus 
grands  dangers  il  parcourut  l'Italie  et  l'Europe, 
pour  susciter  des  ennemis  à  Jean  Galéas  Vis- 
conti. Enfin,  après  des  efforts  inouïs,  il  parvint 
à  former  une  ligue  et  à  réunir  des  secours  suf- 
fisants. Les  Florentins  commencèrent  les  hosti- 
lités ;  les  Vénitiens  favorisèrent  secrètement  Car- 
rare, qui  lui-même  fut  reçu  dans  Padoue  parles 
anciens  sujets  de  sa  famille  en  1390.  Après  deux 
ans  de  guerre,  le  souverain  de  Milan  fut  contraint 
de  le  reconnaître  comme  chef  indépendant  de 
Padoue.  Il  soutint  les  Florentins  dans  leurs 
guerres  contre  Visconti,  rétablit  d'abord,  en 
1404,  la  famille  de  la  Scala  dans  Vérone,  mais 
bientôt  s'empara  lui-même  de  cet  État.  11  allait 
étendre  ses  conquêtes  d'une  manière  réellement 
redoutable,  lorsque  les  Vénitiens  et  Gonzague, 
seigneur  de  Mantoue,  se  déclarèrent  contre  lui. 
Il  se  défendit  avec  un  admirable  courage  contre 
des  forces  bien  supérieures  aux  siennes.  En 
1405  il  fut  obUgé  de  capituler,  conduit  à  Venise, 
enfermé  dans  un  cachot  avec  deux  de  ses  fils,  et, 
comme  eux,  étranglé  par  ordre  dû  conseil  des 
Dix.  Il  laissait  encore  deux  fils,  dont  le  dernier 
périt  sur  l'échafand  en  1435,  après  une  tenta- 
tive pour  rentrer  en  possession  de  Padoue.  En 
lui  finit  la  maison  de  Carrare.  [Enc.  des  g.  du 
monde]. 

Sismondi ,  Hist.  des  Républiques  ital.  —  Daru,  Hist. 
de  la  rép.  de  Fenise. 

CARRÉ  (....),  voyageur  français,  \ivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  II  fut 
d'abord  chargé  de  visiter  la  côte  de  Barbarie  et 
divers  ports  de  l'Océan.  Les  mémoires  adressés 
par  lui  à  Colbert  fixèrent  l'attention  de  ce  mi- 
nistre, qui  projetait  de  grands  établissements 
dans  les  Indes  orientales.  Bientôt  Carré  fut  dé- 
signé pour  faire  partie  de  l'expédition  dont  Ca- 
ron  était  le  chef.  La  flotte  partit  le  10  juillet  1666. 
Après  avoir  touché  à  Madagascar  et  à  l'île  Bour- 
bon, Caron  se  persuada  que  Surate  serait  un 
chef-lieu  préférable  pour  les  établissements  de 
la  compagnie ,  et  mit  à  la  voile  pour  cette  ville. 
Carré,  dans  la  relation  de  son  voyage,  donne 
une  description  de  Surate  et  des  pays  environ- 
nants. En  1668,  lorsque  les  Turcs  prirent  Bassora 
sur  les  Arabes,  il  s'y  trouvait  pour  les  affaires 
de  la  compagnie,  et  fut  obligé  de  se  réfugier  avec 


859  CARRÉ 

son  navire  à  l'ile  de  Karreck,  dans  le  golfe  Persi- 
que.  De  retour  à  Surate,  il  fut  envoyé  en  France 
par  Caron,  qu'il  n'aimait  pas,  et  qui  voulait  se  dé- 
barrasser de  sa  surveillance.  Carré  s'embarqua, 
en  1671,  pour  Bender-Abassi  ;  de  là  il  se  rendit 
à  Bagdad,  et  traversa  le  désert.  Durant  ce  trajet 
il  eut  beaucoup  à  souffrir.  Enfin  il  arriva  à  Alep, 
se  rendit  h  Tripoli  de  Syrie,  parcourut  le  Liban, 
s'embarqua  à  Seïde,  et  arriva  à  Marseille.  Peu 
de  temps  après ,  il  fut  renvoyé  aux  Indes  par  la 
route  de  terre,  et  on  n'entendit  plus  parler  de  lui. 
On  sait  seulement  qu'en  1673  il  était  à  Visa- 
pour.  lia  publié  une  relation  sous  ce  titre  :  Voyage 
des  Bides  orientales ,  mêlé  de  plusieurs  his- 
toires curieuses  ;  Paris,  1699,  2  vol.  in- 12.  Le 
premier  volume,  qui  contient  le  récit  de  son  pre- 
mier voyage,  est  beaucoup  plus  intéressant  que 
le  second,  qui  parle  peu  de  sa  dernière  tournée, 
et  n'est  guère  rempli  que  d'histoires  galantes. 

Le  &SLS,Dict.  encycî.  de  la  France. 

CAREÉ  ou  CAREÉE  {François),]iéïAv&  hol- 
landais, né  en  Frise  en  1636,  mort  à  Amster- 
dam en  1669.  Il  s'établit  à  Amsterdam,  et  fut 
le  premier  peintre  de  Guillaume-Frédéric,  sta- 
thouder  de  la  Frise.  Il  adopta  principalement  le 
genre  de  Téniers.  On  voit  encore  de  lui  quel- 
ques tableaux  représentant  des  fêtes  de  village. 

Descamps.  Vies  des  peintres  flamands  et  hollandais. 

CARRÉ  (  Henri  ) ,  peintre  hollandais ,  fils  du 
précédent,  né  vers  1657,  mort  le  7  juillet  1721. 
Il  apprit  le  dessin  malgré  son  père,  qui  le  desti- 
nait à  l'état  ecclésiastique ,  et  finit  par  enti'er 
dans  l'atelier  du  célèbre  Jordaens.  Il  commençait 
à  se  faire  connaître  comme  peintre  lorsque  la 
princesse  Albertine,  qui  avait  été  la  protectrice 
du  père,  offrit  au  fils  une  place  d'enseigne  dans 
un  régiment.  Après  avoir  servi  quelque  temps 
avec  distinction,  Henri  reprit  la  palette  et  s'éta- 
blit à  Amsterdam,  où  il  exécuta  de  nombreux 
tableaux,  parmi  lesquels  on  distingue  de  grands 
paysages. 

Descamps,  Fiés  des  peintres  flamands  et  hollandais. 

CABRÉ  {Michel),  peintre  hollandais,  frère 
du  précédent,  né  vers  1658 ,  mort  à  Alkmaër  en 
1728.  11  fut  élève  de  Berghem.  Après  avoir  sé- 
journé quelques  années  à  Londres  sans  profit 
pour  sa  fortune,  il  passa  en  Prusse  sur  l'invita- 
tion de  Frédéric  I'^'',  qui  paya  bien  ses  ouvrages 
et  lui  donna  en  même  temps  une  pension.  A  la 
mort  de  ce  prince,  Michel  revint  à  Amsterdam. 
Parmi  ses  compositions ,  on  cite  avec  éloge  la 
Rencontre  de  Jacob  et  d'Esaû. 


Descamps,  Vies  des  peintres  flamands  et  hollandais. 
CARRÉ  {Guillaume-Louis- Julien),  juriscon- 
sulte français,  né  à  Rennes  le  21  octobre  1777, 
moi*tle  12  mai's  1832.  Il  se  distingua  d'abord  au 
barreau,  et  ensuite  dans  l'enseignement  du  droit  ; 
nommé  en  1806  professeur  à  la  faculté  de  cette 
ville,  il  expliqua  avec  un  grand  succès  la  procé- 
dure, qui  venait  de  s'enrichir  d'un  code  bien  in- 
férieur au  code  civil,  mais  qui  réalisait  de  grandes 


réformes.  Après  avoir  publié  en  1808  une/M«? 
duction  générale  à  l'étude  du  droit  (Pari 
in-8°),  il  donna  au  pubhc  um  analyse  des  coi 
mentateurs  et  des  arrêts  des  cours  sui-  le  co 
dont  l'enseignement  lui  était  confié  (Rennes,  181 
1812,  2  vol.  in-4°);  ouvrage  qu'il  a  complété, 
1819,  par  2  vol.  in-4°  de  questions  sur  la  pro( 
dure ,  et  refondu  dans  une  troisième  pubiicati. 
intitulée  Lois  de  la  procédure  civile;  182 
3  vol.  in-4».  Ces  ouvrages  ont  été  si  utiles  da 
la  pratique,  qu'il  en  a  été  donné  après  sa  me 
une  troisième  édition  par  le  professeur  Chauve; 
(Ad.)  en  1841. 

Il  est  fâcheux  que  ce  savant  professeur  n'ait  p 
rédigé,  au  moins  en  projet,  les  articles  nécesst 
res  pour  combler  les  lacunes  du  code,  et  pour 
purger  entièrement  de  la  procédure  écrite,  res 
de  l'ancienne  barbarie,  qui,  sans  être  grandeme 
profitable  au  fisc  et  sans  servir  à  l'éclairciss 
ment  des  affaires,  fait  peser  sur  les  justiciabl 
une  charge  énorme.  Carré  était  timide,  quoiqu 
appartînt  à  l'école  de  Lanjuinais,  son  compatric 
et  son  maître;  il  n'avait  pas  la  hauteur  de  pe: 
sée  de  Touiller.  Cependant  il  a  professé  les  pi 
saines  doctrines  dans  ses  Lois  de  Vorganisatii 
et  de  la  compétence  des  juridictions  civile 
qu'il  dédia  à  M.  Dupin  aîné.  Rennes,  1825-182 
2  vol.  Jn-4°,  et  dont  M.  V.  Foucher  a  donné  u; 
nouvelle  édition,  Paris,  1834,  8  vol.  in-8'';  mt 
il  n'a  pas  tout  dit,  ainsi  que  Lanjuinais  le  loi 
repi-oché,  en  avouant  toutefois  la  difficulté  ^ 
l'entreprise,  dans  la  dépendance  où  le  profess 
rat  était  alors  placé. 

Carré  avait  donné  des  preuves  de  son  co 
rage,  comme  citoyen  et  comme  avocat,  dans 
défense  du  général  ïravot,  de  Coutpont,  et  aiiti 
victimes  des  réactions  politiques  de  1815.  Mi 
ce  courage  était  accompagné  de  mesure  et  de  rc 
pect  pour  l'autorité  légitime,  ce  qui  lui  donn; 
une  grande  autorité  sur  la  jeunesse  des  écoles  i 
droit;  sa  science  était  d'ailleurs  un  palladin 
contre  les  dangers  qu'il  avait  affrontés.  11  selivra 
dans  le  silence  du  cabinet,  à  la  composition  d'o 
vrages  d'une  grande  utifité  pratique,  tels  qi 
son  traité  des  Domaines  congéables,  genre  (  \ 
propriété  parti^ierà  l'ancienne  Bretagne,  1  vol 
1822,  et  surtout  du  Gouvernement  des  paroisse 
que  le  clergé  attaqua  comme  trop  favorable  ai 
exigences  du  gouvernement  civil,  parce  que  l'a 
teur  appuie  ses  prétentions  au  temporel  sur  I 
conciles  et  les  décrétales  des  papes,  1  vol.  in-S 
1822,  avec  suppl.  de  1824,  en  réponse  aux  cril 
ques  qui  lui  venaient  de  ce  côté.  En  1829,  il  publ 
4  vol.  de  commentaires  sur  la  Juridiction  lU 
Justices  de  paix,  que  M.  V,  Foucher  a  égal 
ment  complétés  ou  refondus  en  1838. 

Carré  a  laissé  14  volumes  in-4"  de  consul!; 
lions  qui  prouvent  la  confiance  qu'on  avait  ( 
son  jugement  et  en  sa  science,  et  des  notes  étei 
dues,  pour  continuer  le  traité  de  son  illusti 
collègue  et  ami  Touliier  sur  le  droit  civil.  M.Di 
vergier,  quia  publié  cette  continuation  en  18: 


Ci 


CARRÉ 


862 


,  (  années  suivantes ,  a  déclaré  l'usage  qu'il  avait 

^  |iit  de  ces  notes. 

'  '  Après  la  révolution  de  1830,  on  fit  officielle- 
nent  rofiie  au  savant  professeur  d'une  place 

I.  I  minente  dans  la  haute  magistrature  de  Paris  ;  il 

t.  jefusa,  pour  consacrer  le  reste  de  sa  vie  à  l'en- 
eignenient  et  à  l'amélioration  de  ses  écrits.  Il 
tait  d'ailleurs  dans  les  liens  d'une  honorable 
auvreté ,  par  l'engagement  qu'il  avait  pris  de 
ayer  les  dettes  d'un  père  mort  insolvable. 
Dès  1 832 ,  à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans ,  il 
entit  ses  forces  défaillir  ;  mais  il  voulut  mourir 
u  milieu  de  ses  élèves ,  et  c'est  en  effet  dans  sa 
|iiaire  qu'il  éprouva  les  dernières  défaillances  de 
1  mort.  Sa  tombe  fut  environnée  des  témoi- 
junages  du  plus  vif  intérêt  et  du  plus  grand  res- 
pect., ISAMBERT. 
Notices  sur  Carré,  par  M.  Leroux,  conseiller  à  la  cour 
3  Rennes,  en  lôte  du  tom.  "X.VI  de  la  Continuation  de 

^OUllier;  1835.—  Éloge  par  M.  Waldeck-Rousseau,  avo- 
Qt  à  Nantes  et  représentant  ;  1834.  —  Notice  sur  Carré , 
IbrM.  Ad.  Chauveau;i84l ,  etc. 

CARRÉ  { Jean- Baptiste- Louis  ) ,  tacticien 
ançais,  né  à  Varennes  le  12  avril  1749,  mort 
ians  la  même  ville  le  16  février  1835.  Élève 
iistingué  de  l'École  du  génie  de  Mézières,  il  pos- 
pdait  des  connaissances  profondes  en  physique. 

Kl  chimie  et  en  mécanique.  Successivement  avo- 
t,  juge  de  paix,  inspecteur  des  forêts,  il  mou- 
ut  dans  \m  âge  avancé.  Carré  mérite  surtout 
)ne  place  dans  nos  colonnes  comme  auteur  de 
à  Panoplie,  ou  Réunion  de  tout  ce  qui  a  trait 
lî  la  guerre,  depuis  l'origine  de  la  nation 
mnçaise  jusqu'à  nos  jours;  Chàlons-sur- 
Harne,  1795,  in-4°,  avec  atlas.  L'auteur  nous 
ipprend  lui-même  que  cet  ouvrage,  fruit  de  Ion- 
çues  recherches,  était  achevé  dès  1783;  mais 
pi'il  avait  gardé  son  manuscrit,  parce  que  la 
sensure  avait  exigé  qu'il  retranchât  ses  réflexions 
(uv  l'oppression  et  l'avilissement  du  peuple, 
il  l'époque  des  querelles  des  parlements.  Carré 
kvait  publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  un  pam- 
i)blet  très-mordant  contre  la  nouvelle  magistra- 
ture, et  intitulé  Trigaudin  le  Renard,  ou  le 
Procès  des  bêtes,  in-8°  (sans  date).  Ses  maté- 
riaux pour  la  publication  d'une  Flore  du  Cler- 
montais  ont  été  perdus. 

ELe  Bas,  Dict.  encijc.  de  la  France.  —  Quérard,  laFr. 
tttéraire. 
CARRÉ  (Pierre),  théologien  français,  né  à 
,teims  en  1749,  mort  dans  la  môme  ville  le 
13  janvier  1823.  Après  avoir  professé  la  rhétori- 
ique  à  Charleville,  il  devint  curé  de  Saint-Hilaire- 
jle-Grand,  village  de  Champagne,  prêta  le  serment 
'civique  au  moment  de  la  révolution,  et  le  rétracta 
^ensuite.  On  a,de  lui  :  la  Constitution  et  la  -fie- 
ligion  parfaitement  d'accord, par  un  curé  de 
campagne,  in-8";  —  Réponse  des  catholiques  à 
lia  lettre  prétendue  pastoi-ale  du  citoyen  Nico- 
das  Dïot,  in-4°. 

[    Biog.  univ. 

CARRÉ  ( Louis),  mathématicien  français,  né  à 
iClOfontaine,  près  de  Nangis,  en  Brie,  le  26  juil- 


let 1663;  mort  à  Paris  le  11  avril  1711  Son  père, 
simple  laboureur,  l'envoya  à  Paris  étudier  pour 
être  prêtre;  mais,  après  trois  ans  de  théologie, 
le  jeune  Carré  refusa  d'entrer  dans  les  ordres,  et 
s'attacha  à  Malebranche  en  qualité  de  secrétaire. 
Sous  ce  maître  excellent,  il  étudia  pendant  sept 
ans  la  philosophie  et  les  mathématiques,  et  se 
trouva,  en  le  quittant,  capable  de  professer  avec 
éclat  les  doctrines  du  savant  oratorien.  Choisi 
en  1697  par  Varignon  pour  son  élève  à  l'Acadé- 
mie des  sciences,  il  devint  bientôt  associé  et  enfin 
pensionnaire  de  cette  compagnie.  D'un  esprit  peu 
inventif,  mais  s'entendant  très-bien  à  expliquer  les 
découvertes  des  autres.  Carré  s'occupa  particuliè- 
rement de  la  musique,  de  la  théorie  des  sons,  de 
la  description  des  instruments.  On  a  de  lui  :  Mé- 
thode pour  la  mesure  des  surfaces,  la  dimen- 
sion des  solides,  leurs  centres  de  pesanteur, 
de  percussion,  d'oscillation,  par  l'application 
du  calcul  intégral;  Paris,  1700,  in-4°:  c'est 
une  application  simple  et  aisée  du  calcul  inté- 
gral. Dans    le  Supplément  dît   Journal  des 
Savants,  nùars  1707,  on  trouve  de  Carré  l'abrégé 
d'un  Traité  sur  la  théorie  générale  du  son,  sur 
les  différents  accords  de  la  musique,  et  sxir  le 
monochorde;  —  dans  les  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie des  sciences  :  Méthode  pour  la  rectifica- 
tion des  lignes  courbes  par  les  tangentes; 
1701  ;  —  Rectification  de  la  Crjcloïde;  ibid.  ;  — 
Solution  du  problème  proposé  aux  géomètres 
dans  les  Mémoires  de  Trévoux  des  mois  de 
septembre  et  octobre;  1702,  ibid.;  —  Rectifi- 
cation des  caustiques  par  réflexion,  formées 
par  le  cercle,  la  cijcloide  ordinaire,  et  la  pa- 
rabole, 1703;  —  Méthode  pour  la  rectifica- 
tion des  courbes;   1704;  —  Examen  d'une 
courbe  formée  par  le  moyen  d'un   cercle; 
1705;  —  Expériences  physiques  sur  la  ré- 
flexion des  balles  de  mousquet  dans  l'eau,  et 
sur  la  résistance  de  ce  fluide;  ibid.  ;  —  Ex- 
périences sur  les  tuyaux  capillaires;  ibid.  ;  — 
Problème  d'Hydrostatique;  ibid.;  —  des  Lois 
du   moîivement;   1706;   —    Démonstrations 
simples  et  faciles  de  quelques  propriétés  qui 
regardent  les  pendules,  avec  quelques  nou- 
velles propriétés  de  la  parabole;  1707;  —  Ex- 
périences sur   le  ressort  de  l'air,   1710;  — 
Abrégé  de  Catoptrique. 

ç.  Fontenclle,  Éloge  de  Carré,  dans  l'Histoire  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  année  1711.  —  Nicéron  ,  Mémoires 
des  hommes  illustres,  t.  XIV. 

CARRÉ  iPiei-re-Laurent),  professeur  de  lit- 
térature et  poète  français,  né  à  Paris  le  7  no- 
vembre 1758,  mort  le  23  févi-ier  1825.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  éluder  au  collège  de  la  Marche 
et  au  séminaire  des  Trois-Mois,  protégé  par  Dé- 
bile, il  obtint  la  chaire  de  rhétorique  du  collège 
de  Toulouse,  où  ses  leçons  eurent  un  grand  suc- 
cès. En  suivant  la  carrière  du  professorat,  il  cul- 
tivait la  poésie,  et  reçut  plusieurs  prix  aux  aca- 
démies de  province,  entie autres  à  celle  des  Jeux; 
Floraux  de  Toulouse,  dont  il  devint  un  des 


863  CARRÉ  - 

mainteneurs.  la  révolution  ayant  supprimé  le 
collège  de  Toulouse,  Carré  fut  choisi  pour  diriger 
la  maison  d'éducation  de  M.  Albert.  Plus  tard  il 
fut  nommé  professeur  de  belles-lettres  à  l'Aca- 
démie de  Toulouse.  Ses  œuvres,  composées  de 
poèmes,  d'odes,  d'hymnes,  d'épîtres,  d'idylles, 
de  discours  en  vers  et  en  prose,  et  de  quelques 
traductions,  ont  été  recueillies  par  M.  du  Mège, 
de  Toulouse;  1826,  un  vol.  in-8°. 

GUYOT  DE  FÈRE. 
Du  Mège,  Notice  en  tête  des  œuvres  de  L.  Carré.  — 
Quérard,!  la  France  litt.  —  Le  Bas.  ûict.  encycl.  de  lu, 
France.  —  Desessarts.  les  Siècles  litt. 

CARRÉ  (Remy),  théologien  et  musicographe 
français,  de  l'ordre  des  Bénédictins,  né  à  Saint- 
Fal,  diocèse  de  Troyes,  le  20  février  1706  ;  mort 
à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  fut  prieur  de 
Beceleuf,  et  sacristain  du  couvent  de  la  Celle.  On 
a  de  lui  :  le  Maître  des  novices  dans  Vart  de 
chanter;  Paris,  1744,  in-4°  :  on  y  trouve  un 
pompeux  éloge  du  vin  ;  l'auteur,  après  l'avoir 
conseillé  pour  toutes  les  maladies,  ajoute  :  <(  Le 
vin  fait  presque  autant  que  tous  les  autres  re- 
mèdes ensemble  ;  »  la  Clef  des  Psaumes  ;  ibid., 
1755,  in-12;  —  Recueil  curieux  et  édifiant 
sur  les  cloches;   Cologne  (Paris),  1757,  in-8°; 

—  Plan  de  la  Bible  latine  distribuée  en  forme 
de  bréviaire;  ibid.,  1780. 

Jean  Cabré,  frère  du  précédent,  également  de 
l'ordre  des  Bénédictins,  a  coopéré  à  l'édition  de 
saint  Ambroise;  Paris,  1686-1690,  in-fol. 

Félis,  Biographie  des  Musiciens.  —  Quérard,  la  Fr. 
litt.  —  Barbier,  Dict.  des  ouvr-  anonymes. 

*  CARREAU  {Pien-e,  sire  de  la  Pérée), 
historien  français,  mort  à  Tours  en  1708.  Il  fut 
procureur  royal  de  l'élection  de  Tours  et  histo- 
riographe de  la  Touraine.  On  ne  connaît  de  lui 
qu'un  ouvrage  posthume,  que  l'auteur  avait  voulu 
publier  de  son  vivant  en  2  volumes  in-folio,  après 
en  avob"  fait  dresser  un  prospectus,  mais  qui  est 
resté  en  manuscrit  :  c'est  V Histoire  du  pays  et 
duché  de  >Touraine,  ouvrage  très-estimé  pour 
son  exactitude  et  son  universalité. 

Lelong  et  Fontette,  Bibl.  hist.  de  la  France. 

CARREL  (  Louis-Joseph  ),  théologien  français, 
natif  de  Seyssel  en  Bugey,  vivait  à  la  fin  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  :  la  Pratique  des 
Billets ;Loa\3iiQ,  1690;  Bruxelles,  1698,  in-12; 

—  Lettre  à  M.  Amelot  de  la  Eoussaye  ;  Paris, 
1691,  in-16;  —  la  Science  ecclésiastique  suf- 
fisante à  elle-même  sans  le  secours  des  scien- 
ces profanes;  Lyon,  1700,  in-12  ;  —  Avis  à  l'au- 
teur de  la  vie  de  M.  d'Aranthon  d'Alex,  évé- 
que  d'Annecy  ;  Bruxelles  et  Lyon,  1700,  in-12; 

—  un  Avis  et  trois  lettres  sur  les  propositions 
concernant  la  révélation  et  la  certitude  du  texte 
sacré,  insérés  dans  l'Histoire  des  ouvrages  des 
savants  de  1708. 

Quérard,  lu  Fr.litt.  —  Richard  et  Giraud,  Bibl. sacrée. 

—  Journal  de  Trévoux,  1701,  t.  IV. 

CARREL  (^Nicolas-Armand),  célèbre  publi- 
ciste  français,  né  à  Rouen  le  8  mai  1800,  mort  le 
24  juillet  1836.  Fils  de  commerçants  honorables, 


CARREL  se 

il  fit  ses  premières  études  au  collège  de  sa  vil 
natale,  et  entra  à  l'école  militaire  de  Saint-Cy 
où  il  ne  tarda  pas  à  mécontenter  ses  supérieui 
par  l'indépendance  de  ses  principes.  «  Un  jou 
dit  M.  E.  Littré,  le  général  d'Albignac,  qui  cor 
mandait  l'école,  lui  ayant  dit  qu'avec  des  opinioi 
comme  les  siennes  il  ferait  mieux  de  tenir  l'aui 
dans  le  comptoir  de  son  père  :  «  Mon  générai,  r 
pondit  Carrd  avec  un  accent  énergique,  si  jama 
je  reprends  l'aune  de  mon  père,  ce  ne  sera  p 
pour  mesurer  de  la  toile.  «  Cette  réponse  aud 
cieuse  fit  mettre  l'élève  aux  arrêts,  et  il  fut  que 
tion  de  l'expulser.  Mais  Carrel  écrivit  direct 
ment  au  ministre  delà  guerre,  lui  exposa  les  fail 
et  gagna  complètement  sa  cause.  » 

Admis  dans  les  rangs  de  l'armée  avec  le  gra^ 
de  sous-lieutenant,  Carrel  ne  cessa  pas  d'êf 
animé  de  sentiments  hostiles  aux  princes  r 
venus  à  la  euite  de  l'étranger;  mais  il  affec 
des  allures  insouciantes,  pour  ne  pas  attirer  1 
soupçons  sur  lui,   et  rester  plus   libre  d'ai 
lorsque  l'occasion  lui  paraîtrait  opportune, 
fit  une  première  tentative  en  1821,  et  trem 
dans  la  conspiration  de  Béfort,  qui  éclioua.  ] 
Neuf-Brisach,  où  il  était  en  garnison  avec  le  2 
de  ligne,  il  se  rendit  secrètement  à  Béfort.  : 
complot  venait  d'y  être  découvert,  et  il  n'eut  q 
le  temps  de  retourner  en  toute  hâte  à  Neuf-B 
sach,  pour  ne  pas  être  pris  en  flagrant  délit  p 
son  colonel.  Cependant  ses  principes  politiqu 
se  prononçaient  de  jour  en  jour  davantage.  '. 
succès  de  la  révolution  d'Espagne,  qui  venait  d 
dater,  lui  paraissait  d'autant  plus  désirable  qi 
ne  pouvait,  selon  lui,  manquer  de  servir  d'exenij 
à  la  France.  De  Marseille,  où  était  venu  son  ré 
ment,  il  écrivit  une  lettre  d'assentiment  auxcori 
espagnoles,  lettre  qui  fut  saisie  et  portée  à  M. 
baron  de  Damas,  commandant  de  la  dixième  c 
vision  militaire.  Celui-ci  fit  de  vains  efforts  po 
obtenir  du  sous-lieutenant  un  désaveu  de  ce  qi 
avait  écrit,  et  la  promesse  de  renoncer  à  s 
liaisons  ijoiitiques  :  Carrel  resta  inébranlabl 
quoique  touché  des  procédés  bienveillants 
M.  de  Damas  à  son  égard.  —  Lorsque  le  gouven 
ment  français,  cédant  aux  injonctions  de  la  saini 
alliance,  se  prépara  à  envoyer  des  troupes  en  1 
pagne  pour  y  étouffer  la  liberté  naissante.  Cari 
résolut  de  donner  sa  démission,  et  d'aller  c 
fendre  en  Espagne  la  cause  de  la  révolution. 
cet  effet,  il  s'embarqua,  dans  le  courant  de  l'a 
née  1823,  sur  un  bateau  pêcheur  espagnol,  ( 
le  conduisit  à  Barcelone.  On  connaît  l'issue 
cetteguerre.  A  la  suite  de  privations  infmies, 
d'une  foule  d'actes  de  bravoure  et  de  dévoV)l 
ment,  la  légion  étrangère,  dans  les  rangs  de  I 
quelle  servait  Carrel  '  en  qualité  de  sous-liealJ 
nant,  fut  obligée  de  déposer  les  armes  en  ra  j 
campagne,  sous  le  fort  de  Figuières.  Devenu,  pi 
un  singulier  hasard,  prisonnier  du  général  M 
mas,  Armand  Carrel  fut  traduit  devant  un  co 
seil  de  guerre,  qui  reconnut  lui-même  son  incoi 
pétence;  mais,  à  la  demande  du  procureur  g| 


i  «r>5 


CARREL 


860 


ncial,  la  cour  de  cassation  cassa  l'arrêt  d'incom- 
lu'teiicc,  et,  assimilant  le  prévenu  et  ses  compa- 
i;iions  à  des  militaires,  les  renvoya  devant  le  pre- 
mier conseil  de  guerre  des  Pyrénées-Orientales. 
t'cifc  fois,  il  fut  condamne';  h  mort.  L'omission 
(!;'  quelques  formalités  lép;ales  empêcha  seule  que 
la  sentence  fût  mise  à  exécution.  Renvoyé  devant 
h'  conseil  de  guerre  de  la  dixième  division  mili- 
iaiic,  siégeant  à  Toulouse,  il  fut  acquitté,  aux 
i|iplaudissements  de  l'auditoire. 

Au  sortir  de  la  prison  de  Toulouse,  Carrel, 
(our  qui  la  carrière  militaire  était  complètement 
(crniée,  se  trouva  dénué  de  toute  ressource. 
liicntôt  son  talent  d'écrivain  allait  le  tirer  d'em- 
larras.  Il  commença  par  être  le  secrétaire  de 
î\l.  Augustin  Thierry,  qu'il  appelait  son  premier 
maître,  et  qui  l'occupa  à  ses  travaux  historiques. 
«  Il  ne  resta  qu'un  temps  ti"ès-court  auprès  de 
Ihistorien  de  la  conquête  de  l'Angleterre  par  les 
"Normands.  Sa  position  était  extrêmement  gênée; 
mais  la  campagne  de  Catalogne  et  la  prison  du 
Castiilet  l'avaient  accoutumé  à  de  rudes  épreuves, 
(  t  ni  son  courage,  ni  même  son  insouciance,  n'é- 
I nient  altérés  par  la  vie  qu'il  menait.  Il  composa 
alors  deux  Résumés,  Van  sur  V Histoire  d'É- 
I  cosse,  l'autre  sur  V Histoire  de  la  Grèce  mo- 
derne, et  il  écrivit  la  vie  de  Paul-Louis  Courier, 
le  célèbre  pamphlétaire.  Il  rédigea  la  Revue  Amé- 
ricaine, recueil  qui  contient  de  bons  matériaux, 
et  où  on  retrouve  l'esprit  politique  qui  présida  plus 
tard  à  la  rédaction  du  National,  et  il  cormnença 
à  écrire  dans  les  journaux ,  dans  le  Constitu- 
tionnel, dans  le  Globe,  dans  l&  Revue  française, 
dans  le  Producteur,  li  publia  son  Histoire  de  la 
contre-révolution  en  Angleterre ,  début  très- 
I  remarquable,  où  il  avait  évité  à  dessein  de  faire 
des  rapprochements  entre  les  Stuarts  et  les  Bour- 
i  bons,  mais  où  ces  rapprochements  éclatent  mal- 
i  gré  lui,  et  où  ses  tendances  politiques  sont  déjà 
I  toutes  manifestes.  C'est  des  travaux  entrepris 
par  lui  à  cette  époque  que  date  sa  prédilection 
pour  l'histoire  constitutionnelle  de  l'Angleterre  ; 
ce  fut  un  sujet  qu'il  roula  souvent  dans  sa  tête, 
et  qu'il  n'avait  jamais  abandonné.  » 

«  Mais,  ajoute  M.  E.  Littré,  la  grande  œuvre 
d'Armand  Carrel,  c'est  le  National.  Fatigué, 
comme  tant  d'autres,  des  feintes  dont  l'opposition 
des  quinze  ans  se  couvrait,  il  conçut  le  projet  de 
fonder  un  nouveau  journal  qui  eût  une  allure 
plus  hardie,  un  langage  plus  franc.  Ce  fut  lui  qui 
eut  la  première  idée  du  National;  le  titre  fut 
donné  par  lui  ;'il  faisait,  dès  ce  moment,  un  pas 
en  avant  de  la  presse  de  la  restauration.  La  ré- 
daction du  National  fut  remise  à  MM.  Thiers, 
Mignet  et  Armand  Carrel,  avec  cet  arrangement 
que  chacun,  à  son  tour,  aurait  pendant  un  an  la 
direction  suprême  de  la  feuille.  M.  Thiers, 
comme  le  plus  âgé,  commença  ;  et,  à  vrai  dire,  il 
n'y  avait  pas  accord  entre  ses  opinions  et  celles 
d'Armand  Carrel.  Le  National  était  évidemment 
fondé  dans  un  but  d'hostilité  à  la  branche  aînée 
des  Bourbons;  mais  cette  hostilité  était  à'ifïé- 

NOnV.  BtOGR.   UNIVERS.   —  T.   VIII. 


remment  conçue  par  les  deux  rédacteurs  en  chef 
du  National;  je  dis  les  deux,  car  M.  Mignet  n'é- 
tait qu'un  représentant  de  M.  Thiers.  Celui-ci 
pensait  qu'il  fallait  une  révolution  semblable  à 
la  révolution  anglaise  de  1688  :  un  prince  du 
sang  et  une  chambre  des  pairs  pour  sanctionner 
le  mouvement.  Cette  politique  est  indiquée  par 
les  démarches  de  M.  Tliiers  auprès  du  duc  d'Or- 
léans, et  par  un  singulier  article  de  cet  écrivain, 
où,  au  milieu  même  de  la  révolution  flagrante,  il 
engageait  la  chambre  des  pairs  à  prendre  l'ini- 
tiative de  l'insurrection  contre  la  royauté. 

«  Dès  cette  époque,  les  pensées  de  Carrel  al- 
laient plus  loin  ;  aussi  sa  collaboration  au  Natio- 
nal fut-elle  rare,  et  il  se  borna  presque  à  y  insé- 
rer quelques  articles  de  critique  littéraire.  Il  at- 
tendait le  moment  où  il  pourrait  donner  au  Na- 
tional une  physionomie  plus  démocratique, 
lorsque  la  révolution  de  Juillet  éclatant,  amena 
son  tour  plus  tôt  qu  on  ne  l'avait  prévu.  MM.  Thiers 
et  Mignet  entrèrent  dans  l'administration,  et 
abandonnèrent  le  National.  Carrel  était  alors 
absent.  L'existence  du  National,  en  conséquence, 
fut  remise  en  question.  M.  Thiers  songea  à  en 
faire  un  journal  ministériel;  mais  les  actionnaires 
s'y  refusèrent,  et,  dans  l'intérim,  M.  Passy,  l'ex- 
ministre  du  commerce,  fut  chargé  de  le  rédiger. 
Cependant  Carrel  revint  de  sa  mission  en  Vendée, 
décidé  à  faire  valoir  les  droits  qu'il  avait  à  deve- 
nir le  rédacteur  en  chef  du  National.  Il  éprouva 
quelques  difficultés,  qui  lui  furent  suscitées,  di- 
sait-il, par  M.  Tliiers;  mais  il  en  triompha,  et  il 
entra  en  possession  du  poste  qui  lui  appartenait. 
La  pensée  révolutionnaire  que  l'on  savait  avoir 
présidé  à  la  création  du  journal,  le  rôle  honorable 
qu'il  avait  joué  dans  la  révolution  de  Juillet,  l'ar- 
rivée de  l'ancien  rédacteur  en  chef  à  des  fonctions 
importantes  dans  l'administration,  tout  cela  avait 
rapidement  accru  le  nombre  des  abonnés  ;  mais 
c'étaient  des  abonnés  qui  tous  ne  devaient  pas 
être  acquis  aux  opinions  qu'Armand  Carrel  allait 
incessamment  développer.  11  fallut  ménager  les 
transitions;  mais,  de  quelque  prudence  que  le 
rédacteur  en  chef  eût  soin  de  se  couvrir,  il  ne  put 
empêcher  une  grande  portion  du  public  qui  était 
accourue  au  National  de  l'abandonner.  Armand 
Carrel  eut  donc  un  nouveau  public  à  se  créer,  et 
c'est  là  que  brilla  son  talent.  » 

On  saiûju'il  futun  des  principaux  promoteursde 
la  révolution  de  Juillet.  Le  lendemain  des  ordon- 
nances qui  parurent  le  26,  il  signa  la  protestation 
des  journalistes.  Mais  il  ne  s'en  tint  pas  là,  et,  joi- 
gnant l'exemple  au  précepte,  il  prit  une  part  très- 
active  au  combat.  La  révolution  avait  à  peine 
triomphé  dans  la  capitale,  qu'il  partit  pour  Rouen, 
allant  chercher  des  auxiliaires  qu'il  devait  rame- 
ner sur  Rambouillet.  Revenu  aussitôt  après,  il 
reçut  dans  les  premiers  jours  d'août  une  mission 
pour  les  départements  de  l'Ouest.  Il  les  visita, 
changea  ou  conserva  les  maires  et  les  sous-pré- 
fets, et  adressa  au  gouvernement  un  mémoire  qui 
fixa  l'attention.  De  retour  de  cette  mission,  il 

28 


867 


CARREL  — 


refusa  la  préfecture  du  Cantal,  à  laquelle  il  avait 
été  nommé  pendant  son  absence  ;  et,  bien  qu'on 
eût  inséré  sa  nomination  dans  le  Moniteur,  il 
alla  reprendre  son  poste  au  National,  où  il  com- 
battit jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  pour  la  liberté 
de  la  presse. 

Dans  une  circonstance  mémorable,  Carrel  dé- 
ploya beaucoup  de  courage  devant  la  chambre 
des  pairs.  Le  National  avait  été  cité  à  la  barre 
de  ce  tribunal  exceptionnel  pour  un  article  qui 
était  qualifié  d'injurieux;  M.  Rouen,  gérant,  était 
en  cause,  et  Carrel  plaidait  pour  lui.  Ayantnommé 
le  maréclial  Ncy,  il  ajouta  :  «  A  ce  nom  je  m'ar- 
«  rête,  par  respect  pour  une  glorieuse  et  lamen- 
te table  mémoire.  Je  n'ai  pas  mission  de  dire  s'il 
«  était  plus  facile  de  légaliser  la  sentence  de  mort 
«  que  la  révision  d'une  procédure  inique  :  les 
«  temps  ont  prononcé.  Aujourd'hui,  le  juge  a  plus 
«  besoin  de  réhabilitation  que  la  victime.  » 

M.  le  président  se  lève,  et  dit  :  «  Défenseur, 
«  vous  parlez  devant  la  chambre  des  pairs.  Il  y 
«  a  ici  des  juges  du  maréchal  Ney  :  dire  que  ces 
«  juges  ont  plus  besoin  de  réhabilitation  que  la 
«  victime,  c'est  une  expression,  prenez-y  garde, 
«  qui  pourrait  être  considérée  comme  une  of- 
«  fense.  Je  vous  rappellerai  que  le  texte  de  la  loi 
«  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  donner  lecture, 
«  serait  aussi  bien  applicable  à  vos  paroles  qu'à 
«  l'article  dont  M.  Rouen  est  ici  responsable.  » 

Carrel,  avec  un  geste  et  un  accent  inexprima- 
bles, répondit  :  «  Si  parmi  les  membres  qui  ont  voté 
«  la  mort  du  maréchal  Ney,  et  qui  siègent  dans 
«  cette  -enceinte,  il  en  est  un  qui  se  trouve  blessé 
«  de  mes  paroles,  qu'il  fasse  une  proposition 
«  contre  moi,  qu'il  me  dénonce  à  cette  barre,  j'y 
<c  comparaîtrai  ;  je  serai  fier  d'être  le  premier 
<c  homme  de  la  génération  de  1830  qui  viendra 
«  protester  ici,  au  nom  de  la  France  indignée, 
«  contre  cet  abominable  assassinat.  » 

M.  le  général  Exelmans  se  lève,  et,  emporté 
par  une  conviction  profonde,  s'écrie  :  «  Je  par- 
te tage  l'opinion  du  défenseur.  Oui,  la  condamna- 
«  tion  du  maréchal  Ney  a  été  un  assassinat  juri- 
«  dique;  je  le  dis,  moi!  «  Cette  noble  sortie  du 
général  Exelmans  sauva  seule  Carrel  du  péril 
imminent  auquel  l'avait  exposé  le  besoin  de  ré- 
habiliter une  des  plus  illustres  victimes  de  la  Res- 
tauration. 

C'était  de  la  prison  de  Sainte-Pélagie  que  Car- 
rel était  allé  défendre  M.  Rouen  à  la  barre  de  la 
chambre  des  pairs.  Pour  avoir  sa  part  des  em- 
prisonnements que  subissait  M.  Paulin  en  sa 
qualité  de  gérant  du  National,  il  avait  voulu  si- 
gner le  journal  comme  gérant  et  courir  la  même 
chance.  MM.  Scheffer  et  Conseil  ayant  suivi  son 
exemple,  ils  furent  condamnés  tous  les  trois 
non  pas  par  le  jury,  mais  par  la  cour  jugeant 
sans  jurés,  pour  un  article  que  l'on  assimila  à  un 
compte-rendu  d'audiences.  MM.  Carrel  et  Schef- 
fer subirent  seuls  leur  emprisonnement,  Conseil 
ayant  péri  do  la  mort  des  naufragés,  dans  un 
voyage  qu'il  fit  sur  la  Seine. 


CARRELET  86 

Le  caractère  entier  de  Carrel  et  son  r<)le  (i 
défenseur  du  parti  démocratique  l'exposaient 
des  dangers  incessants,  et  plus  qu'à  tout  autre 
lui  était  difficile  d'éviter  les  coin  bats  singulier 

11  a  eu  dans  sa  carrière  de  journaliste  trois  due 
politiques.  Dès  les  premiers  jours  de  l'existem 
du  National,  M.  Thiers  eut,  avec  le  Drapea 
blanc,  une  discussion  qui  amena  une  expficatic 
et  un  duel.  Ce  fut  Carrel  qui  se  battit  contre  i 
des  rédacteurs  du  Drapeau  blanc.  Celui-ci  ti 
légèrement  blessé  à  la  main  d'un  coup  de  piste 
let.  En  1833,  la  duchesse  de  fierry  ayant  été  er 
fermée  au  château  de  Rlaye,  des  journaux,  / 
Corsaire  entre  autres,  lancèrent  quelques  pla 
sauteries  à  ce  sujet;  les  légitimistes  s'en  offenst 
rent;  un  rédacteur  du  Corsaire  fut  blessé  dar 
une  rencontre.  Les  légitimistes  ayant,  après  ceti 
affaire,  renouvelé  leurs  menaces,  Carrel  annonç 
que  «  ces  messieurs  trouveraient  au  Nationc 
tout  autant  d'adversaires  qu'ils  en  pourraient  di 
sirer.  «  Ils  envoyèrent  aussitôt  une  liste  de  di 
noms,  parmi  lesquels  Carrel  choisit  celui  d; 
M.  Roux-Laborie,  dont  !a  personne  lui  était  corr 
plétement  inconnue.  Dans  le  duel  à  l'épée  qi 
s'ensuivit,  les  deux  adversaires  furent  blessés 
M.  Roux-Laborie  de  deux  coups  dans  le  bras  ( 
dans  la  main;  Carrel,  d'un  coup  dans  le  ventr 
qui  mit  sa  vie  en  péril. 

La  blessure  de  Carrel  montra  que ,  dès  cett 
époque,  un  grand  intérêt  s'attachait  à  lui.  Ce  n 
fut  pas  seulement  de  son  parti  qu'il  en  reçut  de 
témoignages  ;  mais  les  hommes  les  plus  éloigné 
de  lui  par  leurs  opinions  politiques  saisirent  cett 
occasion  de  lui  prouver  qu'ils  ne  mécoimaissaien 
ni  son  talent  ni  son  caractère,  et  que  son  aveni 
leur  importait.  Cependant,  malgré  les  remon 
trances  de  ses  amis  et  de  tant  de  persoime 
étrangères,  malgré  la  promesse  qu'il  fit  de  ni 
plus  compromettre  une  existence  dont  cliacui 
l'econnaissait  le  prix,  Armand  Carrel  eut  unn 
rencontre  au  pistolet  avec  M.  Emile  deGirardim 
au  bois  de  Vincennes,  dans  la  matinée  du  22  juil  I 
let  1836.  M.  Émiie  de  Girardin  essuya  le  pre- 
mier le  feu,  et  fut  atteint  à  la  cuisse  droite 
Carrel  fut  frappé  au  bas-ventre,  et  expira,  aprè; 
deux  jours  de  souffrances,  à  Saint-Mandé,  où  i 
avait  été  transporté. 

Littré,  Notice  sur  Carrel  (National,  19  octobre  1836) 
Nisard,  Revue  des  deux  Mondes,  1"  octobre  1337. 

CABiRELET  (  Louis  ) ,  théologien  français ,  né  i 
à  Dijon  le  8  septembre  1698,  mort  dans  cette 
ville  le  16  mars  1781.  Après  avoir  été  vicaire  de 
Saint-Sulpice  à  Paris ,  puis  chanoine  de  la  cathé- 
drale de  Dijon,  il  devint  curé  de  Notre-Dame  dans 
cette  dernière  ville.  On  a  de  lui  :  le  Prince  des 
pasteurs  couronné  ;  idylle  mêlée  de  chants 
et  de  récits;  Dijon,  in-4°; —  Œuvres  spiri- 
tuelles et  pastorales;  Dijon,  1767,  7  vol.  in- 

12  ;  Paris,  1805,  7  vol.  in-12. 

fie  de  Carrelet,  dans  le  V"^  vol  de  ses  OEuvres.  —  Pa-" 
pillon.  Bibliothèque  des  auteurs  de  JJourgor/ne. 

CARRELET  {Barthélémy  ou  Pierre),  prédi- 
cateur et  poète  français,  né  à  Dijon  le  21  février  i 


969  CARRFXET 

i(;0;>,niort  à  Soissons  le  14  juin  1770.  Il  fut 
iiDininé  en  1723  théologal  de  l'évêché  de  Soissons, 
loiit  Languèt,  frère  du  curé  de  Saint-Sulpice, 
m  iipait  le  siège.  En  1727,  il  fut  reçu  membre  de 
'Académie  de  Soissons ,  et  comme  tel ,  chargé 
»8se7.  souvent  de  complimenter  en  vers,  au  nom 
le  cette  compagnie,  l'Académie  française.  11  prê- 
•ha  par  la  suite,  soit  à  la  cour  de  France,  soit  à 
*lle  de  Lorraine ,  aux  principales  fêtes  de  i'É- 
;lisc.  En  1733,  il  prononça  devant  l'Académie 
rançaise  son  Panégyrique  de  saint  Louis.  Il 
levlut  à  la  fois  doyen  du  chapitre  et  vicaire  gé- 
léral  de  Soissons.  On  a  de  lui  :  Vers  français 
urle  rétablissement  de  la  santé  du  roi;  Di- 
jn,  1721,  in-4''  ;  —  Prière  à  Dieu,  faite  à  la 
m  du  dernier  sermon  de  VAvent  en  1727,  dans 
iMercure  de  France ,  juin  1728  ;  — Sentiments 
''une  âme  pénitente,  pièce  en  vers,  dans  les 
•fémoires  de  l'Académie  française,  1729;  — 
extrait  du  sermon  qiCil  prêcha  devan  t  la  reine 
'.jeudi  saint  6  avril  1730,  dans  leSîercure  de 
^ance,  1730  ;  —  les  Conseils  de  Minerve  à  la 
^^lnesse  soissonnaise ,  au  sujet  du  prix  pro- 
osé  pour  l'année  1736  dans  la  séance  pu- 
ligîie  de  l'Académie  de  Soissons ,  pièce  en 
ers;  Paris,  1735,  in-4°;  —  Panégyrique  de 
uint  Louis,  prononcé  à  V  Académie  française 
■s  25  août  1735;  Paris,  1735,  in-4°;  —  Ode  à 
ieuis  le  Grand  sur  la  gloire  de  Louis  XV  dans 
)agveri'e  et  dans  la  paix;  Soissons,  1736,  în-4% 
H  dans  le  Mercure  de  France,  juillet  1736.  — 
»ion  Éloge  historique  se  trouve  dans  les  Mé- 
noires  de  l'Académie  de  Soissons,  1771,in-8°. 

Papillon  ,  Bibliothèque  des  auteurs  de  Bourgorjne.  ~> 
^<iije  historique  de  Carrelet,  1771. 

CARRELET  {Gilbert- Alexandre),  sénateur, 
*;énéraldedivision,  né  à  Saint-Pourçain  (Allier), 
e  14  septembre  1789.  Élève  de  l'école  spéciale 
nflitaire  le  17  septembre  1807,  il  en  sortit  le  23 
oin  1808  avec  le  grade  de  sous-lieutenant  dans 
*e  76*  de  ligne,  et  fit  les  guerres  de  1808 à  1811 
tux  armées  d'Allemagne ,  d'Espagne  et  de  Por- 
ugal.  Il  se  signala  à  l'affaire  de  Tamamès  (Es- 
pagne) le  18  octobre  1809,  oîi  il  fut  blessé  d'un 
:oup  de  feu.  Passé  dans  le  corps  de  la  gendar- 
nerie  le  11  octobre  1812,  il  lit  les  campagnes  de 
■<>ance  de  1814  et  de  1815,  et  devint  lieutenant 
în  1816,  capitaine  en  1822,  et  chef  d'escadron  en 
'.830.  Envoyé  à  l'armée  d'Afrique  en  1834,  il  y 
'eçut,  l'année  suivante ,  le  brevet  de  lieutenant- 
îolonel.  Nommé  colonel  le  20  février  1837,  il 
urit  en  cette  qualité,  le  11  août  1839,  le  com- 
mandement de  la  garde  municipale  de  Paris. 
1  répondit  dans  ce  poste  important  à  l'attente 
Ja  gouvernement,  qui  récompensa  ses  nouveaux 
services,  le  28  avril  1841,  par  la  croix  de  com- 
mandeur de  la  Légion  d'honneur.  Maréchal  de 
camp  le  9  avril  1843,  il  fut  chargé  par  le  mi- 
histre  de  la  guerre  de  plusieurs  inspections  de 
ta  gendarmerie,  et  appelé  au  comité  de  cette  arme 
■el6  novembre  1847.  Nojïimé  général  de  divi- 
sion le  10  juUlet  1848,  il  continua  d'être  employé 


-  CARRÈRE  870 

en  qualité  d'inspecteur  général.  En  1849,  le  prince 
Louis-Na[)oléon  lui  coulia  le  c^mrnanderaejit  de 
la  7"  division  militaire,  et  celui  de  la  1"  le  29 
octobre  1850.  Le  général  Carrelet  se  fit  particu- 
lièrement remarquer  dans  ce  commandement, 
pendant  les  troubles  qui  .igitèrent  la  capilale 
après  le  coup  d'État  du  2  décembre.  —  Son  dé- 
vouement éprouvé  ne  pouvait  pas  être  oublié  de 
l'empereur,  qui  vient  de  l'élever  à  la  dignité  de 
sénateur.  Sicaru. 

Moniteur  universel.  —  ..archives  de  la  Guerre. 

CARREifO  DE  MiRANDA  (don  Jîian),  peintre 
espagnol,  né  en  1614  à  Avilcs,  ville  des  Astu- 
ries,  mort  en  1685.  H  fut  élève  de  Las  Cuevas, 
et  se  distingua  dans  le  portrait  et  l'histoire.  Les 
Espagnols  le  placent,  comme  coloriste,  entre  le 
Titien  et  Van-Dyck.  Philippe  LV  le  nomma  son 
premier  peintre.  Les  principales  oîiivres  de  Car- 
reno  sont  :  une  Madeleine  dans  le  désert,  à 
Madrid  ;  —  une  Sainte- Famille,  à  Tolède;  —  un 
Jésus  et  un  Baptême  de  Notre-Seigneur,  à  Al- 
cala  de  Hénarès;  —  V Instilution  de  l'ordre  des 
Trinitaires ,  à  Pampelune. 

Qnillict,  Dictionnaire  des  peintres  espagnols.  —  Na- 
gler,  Neues  Allgcmeines  Kûnstler-Lexicon. 

CARRERA  {Antoine-Princival).   Voy.  Ca.- 

UERA. 

CARRERA  (Fronçons  ),  littérateur  italien,  de 
l'ordre  des  Jésuites,  né  en  Sicile  en  1629,  mort 
le  27  février  1679.  On  a  de  lui  :  Panthéon  Si- 
culum ,  sive  Sanctorum  Siculorum  Elogia; 
Gênes,  1679,  in-4";  —  des  poésies  latines. 

Alegambe,  Bibliotk.  Script,  Societat.  Jesu. 

CARRERA  (Pierre),  historien  et  antiquaire 
italien,  né  en  1571  à  Militello  en  Sicile,  mort  à 
Messine  le  8  septembre  1647.  Il  embrassa  l'état 
ecclésiastique,  consacra  ses  loisirs  à  la  culture 
des  lettres  ,  de  l'histoire  et  des  antiquités,  et  fut 
nommé  à  différents  emplois.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  Variorum  ej)i^rammatitni 
Uhri  III;  Palerme,  1610,  in-8";  —  il  Giuoco 
cZe'Scacc/2i;  Militello,  1617,  in-4°  :  l'auteur  ex- 
cellait au  jeu  d'échecs,  et  l'enrichit  de  nouvelles 
combinaisons;  —  i  Tre  Uhri  deW  e]?i.stole  di 
Gio.-Tommaso  Moncada,  conte  d'Atterno,  tra~ 
dotti  dalla  lingua  latinaneW  italiana;an~ 
notazioni  e  dichiarazioni  sopra  le  dette  épis- 
tôle;  ibid.,  1620,  in-16;  —  il  Mongibello  des- 
critto  in  tre  lièri  :  poésie  pertinenti  aile  ma- 
terie  di  Mongibello ,  inséré  dans  le  Thesawus 
antiquitatum  Sicilias  ;  —  Délie  memorie  isto- 
riche  délia  città  di  Catania,  1639  et  1641,  2 
vol.  in-fol.  ;  —  Délia familia  Tedeschi,  lib.  III; 
Catane,  1642,  in-4°;  —  Antica  Syracusa  illus- 
trata  ;  —  it  Bonanni,  dialogo. 

Mongitore,  Bibliolk.  Sicula. 

CARRÈRE,  nom  d'une  famille  de  médecins 
originaires  du  midi  de  la  France. 

CARRÈRE  (jPm??fo«),  médecin  français,  né 
à  Perpignan  le  11  mars  1622,  mort  à  Barcelone 
le  14  mai  1695.  H  commença  l'illustration  d'une 
famille  qui  a  donné  à  la  société  plusieurs  méde-, 

28. 


871 


CARRÈRE 


cias  d'un  mérite  distingué.  Après  avoir  étudié 
depuis  1641  à  Barcelone,  où  il  prit  ses  grades  en 
1654,  il  exerça  la  médecine  dans  la  même  ville 
avec  beaucoup  de  succès.  En  1667  il  fut  appelé 
à  la  cour  de  Madrid,  où  il  fut  nommé  à  la  place 
de  second  médecin  des  armées.  En  1617  il  fut 
promu  à  l'emploi  de  médecin  en  chef  des  armées, 
qu'il  occupa  avec  honneur  pendant  quatorze  an- 
nées. L'amour  de  la  patrie,  et  le  désir  de  finir  ses 
jours  au  sein  de  sa  famille ,  l'engagèrent  à  de- 
mander sa  retraite.  Il  l'obtint,  avec  une  pension 
de  200  ducats,  et  retourna  à  Perpignan  en  1690. 
Mais  cette  ville  appartenant  alors  à  la  France,  on 
cessa  bientôt  de  lui  payer  sa  pension.  Cette  dis- 
grâce l'engagea  de  passer  à  Barcelone  en  1695 , 
pour  solliciter  ses  arrérages;  mais  avant  d'a- 
voir pu  faire  les  démarches  nécessaires,  il  tomba 
malade  et  mourut.  On  a  de  lui  :  De  vario  om- 
nique  falso  astrologige  conceptu  ;  Barcelone , 
1 657,  in-4°  ;  —  De  salute  militum  tuenda;  Ma- 
drid, 1679,  in'8°. 

Éloy,  Dictionnaire  de  médecine.  —  Biographie  médi- 
cale. 

CARRÈRE  (Joseph),  médecin  français,  neveu 
du  précédent,  né  à  Perpignan  le  8  décembre  de 
l'an  1680  selon  les  uns ,  de  l'an  1682  selon  d'au- 
tres, mort,  le  11  avril  1737,  dans  la  même  ville. 
71  étudia  la  médecine  à  Montpellier  et  à  Perpi- 
gnan ,  où  il  prit  ses  grades  en  1704. 11  exerça  en- 
suite son  art  dans  sa  ville  natale  jusqu'à  sa  mort, 
qui  survint  pendant  qu'il  occupait  pour  la  troi- 
sième fois  la  charge  de  recteur  de  l'Académie. 
11  eut  trois  fils,  dont  l'un  sera  l'objet  d'un  ar- 
ticle spécial;  ses  deux  autres,  l'aîné,  Joseph, 
après  avoir  étudié  la  médecine  et  pris  ses  grades, 
embrassa  l'état  ecclésiastique ,  et  mourut  prêtre 
en  1739  à  Savone;  tandis  qu'au  contraire  le  ca- 
det, Jean,  quitta  l'habit  ecclésiastique  pour  se 
vouer  à  la  médecine ,  qu'il  exerça  dans  sa  pa- 
trie, à  Elne,  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en  1767. 
Quant  au  père ,  objet  de  cet  article ,  il  a,  comme 
l'un  des  médecins  dnMalade  imaginaire,souiemi 
une  thèse  contre  la  circulation  du  sang.  On  dit 
qu'il  l'écrivit  par  complaisance  pour  son  beau- 
père  ;  mais  c'est ,  comme  dit  Éloy ,  en  avoir  eu 
beaucoup  que  d'avoir  fermé  les  yeux  à  la  lu- 
mière qui  éclairait  la  médecine  depuis  près  d'un 
siècle.  Cette  thèse  est  intitulée  Animadversiones 
in  circulatores ;  Perpignan,  1714,  in-4''.  On  a 
encore  de  lui  :  De  febribus;  Perpignan,  1718, 
in-4°  ;  —  Essai  sur  les  effets  de  la  méthode 
du  bas  peuple  pour  guérir  les  fièvres;  Perpi- 
gnan, 1721,in-12. 

Éloy,  Dictionnaire  de  médecine. 
CARRÈRE  (  Thomas  ),  médecin  français, 
fils  de  Joseph,  né  le  11  février  1714  à  Perpi- 
gnan, mort  le  26  juin  1764  dans  la  même  ville, 
il  s'occupa,  dans  ses  premières  années ,  d'études 
théologiques ,  qu'il  aloandonna  pour  celles  de  la 
médecine.  Après  avoir  pris  ses  grades  en  1737, 
il  fut  chargé,  dans  la  même  année,  d'une  chaire 
de  médecine  à  l'université  de  sa  ville  natale. 


Élevé  en  1752  à  la  dignité  de  "recteur  de  ce  cor 
académique,  il  lui  rendit  son  ancienne  illusti 
tion  par  de  sages  règlements.  En  1753,  il  i 
nommé  médecin  de  l'hôpital  militaire  de  Peri 
gnan,  et  membre  de  la  Société  royale  des  scienc 
de  MontpeUier.  En  1757,  le  ministère  le  charg 
en  outre  de  différentes  missions  dont  il  s'acquit 
avec  honneur.  En  1759 ,  le  roi  le  nomma  s^ 
délégué  près  du  conseU  suprême  de  Roussillo 
et  en  1761,  doyen  de  la  faculté  de  médecir 
On  a  de  lui  :  Thèses  de  universa  medicm 
Perpignan,   1746,  in-4°;  —  Réponse  à  u. 
question  de  médecine  dans  laquelle  on  ex 
mine  si  la  théorie  de  la  botanique ,  ou 
connaissance  des  plantes,  est  nécessaire  à  i 
médecin;  par  J.B., garçon  apothicaire;  sans  h 
d'impression,  1740,  in-4"  (adressée  à  Pier 
Barrère); —  Lettre  d'un  médecin  de  provin 
à  M.  Louis  XX  (  Adrien  de  la  Croix  ) ,  m 
decin  de  la  faculté  de  Perpignan  ;  Perpignai 
1743,  in-4°;  —  Réponse  à  la  lettre  raisonn 
de  Louis  XX,  médecin  de  la  faculté  de  Pe 
pignan;  ibid.,  1743,  in-4°  ;  —  Lettreà  M.  Gou 
raigne,  médecin  de  la  faculté  de  Montpelliei 
ibid.,  1743,  in-4'',  —  Réflexions  sur  les  éclat 
cissements  que  MM.  F.  S.  et  S.  {Fr.  Simon 
Sébastien)  ont  donnés  au  sujet  de  la  malad 
d'un  officier  d artillerie  ;  ibid.,  1 744 ,  in-4° 
une  péripneumonie  catarrhale,  dont  cet  offici 
était  affecté,  est  le  sujet  de  ces  quatre  opuscules 
—  Dissertatio   medica  de  hominis  generi 
^ione  ;  Perpignan,  1744,  in-4°;  —  Dissertat'u 
an  verx  phthisi  pulmonarl,  ultimum  gradu 
nondum  assecutee  aqux  Prestensis ,  vulgo  c 
la  Preste,  etc.;  Perpignan,  1748,  in-4°;  —  Essi 
sur  les  eaux  minérales  de  Nossa  en  Conflan 
sur  leur  nature,  sur  leurs  vertus;  sur  h 
maladies  auxquelles  elles  peuvent  convenu 
et  sur  la  manière  de  s'en  servir;  Perpignai 
1754,  in-12  ;  —  Réponse  à  l'auteur  d'une  Ze 
tre  sur  l'impossibilité  de  reconnaître ,  pc 
l'ouverture  des  cadavres,  les  causses  éloigné  i 
et  immédiates  des  maladies  ;  sans  lieu  d'impre 
sion,  1755,  in-12  :  Carrère  s'y  prononce  conti 
Barrôre  pour  l'utilité  des  ouvertures  des  cad; 
vres,  par  lesquelles  on  parvenait  à  découvrir  cei 
laines  causes  de  maladies,  en  ajoutant  toutefoi  j 
qu'il  faut  se  gaider  de  confondre  ces  causes  avt  j 
leurs  effets  ;  —  Traité  des  eaux  minérales  d 
Roussillon;  Perpignan,  1756,  in-8°  :  c'est  1 
premier  ouvrage  qui  ait  paru  sur  les  eaux  m 
nérales  de  cette  province  ;   —  De  sanguini 
putredine;  Perpignan,  1759,  in-4"  :  cette  dis 
sertation,  quoique  rédigée  par  Carrère,  a  toute 
fois  été  pubhée  sous  le  nom  de  Simon-Philïpp 
Bieysse;  —  De  heematoscopia  ;  Montpellier 
1759,  in-8°. 

t.\oy,Dict.  delà  Médecine.  —  Adelung,  supplém. 
JOchor,  AUgem,eines  Gelehrt.-Lexic. 

CARRÈRE  (  Joseph-Barthélemy-François) 
médecin  et  littérateur  français,  fils  de  Thomas 
né  à  Perpignan  le  24  août  1740,  mort,  le  2( 


»73  -  CARRÈRE 

décembre  1802,  à  Barcelone.  Après  avoir  étudié  à 
intpellier,  et  pris  ses  grades  en  1759,  il  re- 
ima  dans  sa  patrie ,  où  il  fut  agrégé  à  la  fa- 
ite de  médecine  en  1760,  et  chargé  d'une  chaire 
atomie  en  1761.  L'université  de  Perpignan 
fant  formé  en  1770  un  cabinet  d'histoire  natu- 
lle,  Carrère  en  futnommédirecteur.  Louis  XV 
accorda  en  1772,  en  propriété,  les  eaux  mi- 
■ales  d'Escaldas  en  Cerdagne,  et  en  1773  la 
e  d'inspecteur  général  des  eaux  minérales  du 
_Mssillon  et  du  comté  de  Foix.  Des  affaires  par- 
HJ  ïticulières  ayant  appelé  Carrère  à  Paris  en  mai 
1773 ,  il  prit  la  résolution  de  se  fixer  dans  cette 
ville.  La  faculté  de  Paris  se  l'associa,  en  même 
temps  que  le  roi  le  nomma  censeur  royal  pour  la 
partie  de  la  médecine  en  juin  1775.  Enfin,  en 
1776 ,  il  fut  nomjMé  à  la  place  de  médecin  du 
garde-meuble  de  la  couronne.  Plus  tard,  il  passa 
eu  Espagne ,  y  séjourna  quelques  années ,  et 
mourut  enfin  à  Barcelone.  On  a  de  lui  :  Dis- 
sertatio  de  vitali  corporis  et  animse  fœdere  ; 
Paris,  1758,  in-8>';  — Dissertatio  physiologica 
de  sanguinis  circulatione  ;  ibid.,  1764,  in-4°; 
*  —  Dedigestionis  mechanismo;\hii.,i7&b,ia-8''; 
•*   —  JDerevulsioneçibidi.,  1770,  in-8"; — Réponse 
^   à  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Recherches 
"    anatomiques,  par  Louis-Michel  Coste,  dans  le- 
^  '  qiiel  l'auteur  établit  avec  évidence  la  com- 
',    pression  que  les  artères  iliaques    reçoivent 
"    de  l'intestin  rectum   trop  distendu;   Perpi- 
^    gnan,  1771,  in-4°  ;  —  De  rétrograda  sanguinis 
'  7no^M;ibid.,  1772,   in-S";  —  Traité  théorique 
'  et  pratique   des   maladies  inflammatoires; 
'  Paris,  1774,  in-4'';  —  le  Médecin  ministre  de 
'  la  nature,  ou  Recherches  et  observations  sur 
le  pépasme  ou  coction  pathologique  ;  Paris , 
1776,  in-12  :  c'est  un  excellent  commentaire 
de  l'aphorisme  d'Hippocrate  :  Concordia  me- 
dicari  oportet  non  cruda  ;  —  Bibliothèque 
littéraire,  historique  et  critique  de  la  méde- 
cine ancienne  et  moderne;  Paris,  1776,  2  vol. 
in-4''  :  cet  ouvrage  devait  avoir  huit  volumes ,  il 
s'arrête  au  mot  Coivart;  Éloy  lui  reproche  un 
grand  nombre  de  fautes,  de  répétitions  et  d'er- 
reurs :  cependant  les  articles  de  Carrère  sont 
en  général  plus  exacts  et  plus  complets  que  ceux 
d'Éloy,  au  jugement  d'un  savant  bibliographe, 
M.  Beuchot;  on  ignore  pourquoi  Carrère  ne  con- 
tinua pas  son  travail  ;  peut-être  fut-il  découragé 
par  les  critiques  dont  il  avait  été  l'objet  dans  le 
Journal  de  Médecine,  no^  de  mars,  avril,  mai, 
juin,  juillet  et  août  1777  ;  —  Lettre  à  M.  Bâ- 
cher; Paris,  1777,  in-8°,  en  réponse  à  une  critique 
faite  de  la  Bibliothèque  littéraire,  etc.  ;  dans  le 
Journal  de  Médecine  de  KÎéc.  1776; —  Disser- 
tation médico-pratique  sur  Vusage  des  rafraî- 
chissants et  des  échauffants  dans  les  fièvres 
exanthématiques  ;  Amsterdam  et  Paris,1778,  in- 
8°;  —  Mémoire  sur  la  douce-amèreou  solanum 
scandens,  dans   le  traitement  de  plusieurs 
maladies,  et  surtout  des  maladies  d<irtremes  ; 
Paris,  1781,  in-8°.  —  Catalogue  raisonné  des 


—  CARRERO 


874 


ouvrages  qui  ont  été  publiés  sur  les  eaux  mi- 
nérales  en  général,  et  sur  celles  de  la  France 
en  particulier  ;  Paris,  1785,  in-4''  (  son  ou- 
vrage le  plus  estimé  après  la  Bibliothèque  )  ; 
Manuclpour  le  service  des  malades;  Paris,178G 
et  1787,  in-12;  trad.  en  allemand;  Strasbourg, 
1787,  in-8°;  —  Précis  de  la  matière  médicale 
par  Venel,  avec  des  notes;  Paris,  1786,  in-s"; 
1802,  2  vol.  in-8''  ;  —  Recherches  sur  les  ma- 
ladies vénériennes  chroniques  ;  Pirh ,  1788, 
in-12;  —  Tableau  de  Lisbonne  en  1796,  suivi 
de  lettres  écrites  en  Portugal  sur  l'état  an- 
cien et  actuel  de  ce  royaume,  par  miss.  Ph. 
Stephens,  le  tout  publié  par  Janson  ;  Paris, 
1797,  in-8°.  Ces  lettres  représentent  le  Portu- 
gal comme  le  pays  le  plus  mal  gouverné  au 
monde  ;  la  nation  elle-même,  comme  la  plus  avi- 
lie qui  fut  jamais  ;  et  la  capitale,  comme  la  ville  la 
plus  détestable.  On  attribue  aussi  à  Carrère  des 
romans,  des  pièces  de  théâtre,  des  poésies,  etc. 
M.-  Alexandre  de  Laborde  a  enrichi  son  Itiné- 
raire descriptif  de  l'Espagne  (Paris,  1808)  d'un 
grand  nombre  de  notes  sur  ce  royaume,  recueillies 
par  Carrère. 

Éloy,  Dictionnaire  de  la  Médecine.  —  Biographie  mé- 
dicale. —  Oesessarts,  supplément  au  Siècle  littéraire  de 
la  France. 

*  CARRERi  (Jean-François  Gemelli  ),  voya- 
geur italien,  natif  de  Naples,  vivait  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-septième  siècle.  Après 
avoir  étudié  le  droit  et  pris  ses  grades,  il  fit,  en 
1686,  un  tour  d'Europe,  d'où  il  revint  bientôt  à 
Naples,  et  publia  le  l*"^  volume  de  son  voyage  (la 
suite  n'a  jamais  paru).  Des  difficultés  qu'il  eut 
avec  sa  famille  l'engagèrent  à  faire  un  nouveau 
voyage,  et  à  visiter  les  autres  parties  du  monde.  Il 
s'embarqua  en  1693,  traversa  l'Egypte  et  la  Pales- 
tine ,  et  revint  à  Constantinople  ;  de  là  il  alla  en 
Perse,  aux  Indes  et  en  Chine.  Il  visita  enfin  les 
Philippines,  et  arriva  au  Mexique.  Après  avoir 
traversé  ce  vaste  pays,  il  revint  enfin  en  1699  en 
Europe.  Il  a  donné  la  relation  de  ce  voyage ,  mais 
il  est  sûr  qu'il  n'a  pas  vu  tout  ce  qu'il  a  décrit  : 
les  jésuites  lui  reprochent  entre  autres  de  n'a- 
voir doimé  qu'une  description  fabuleuse  de  la 
Chine.  Cette  relation  est  intitulée  Giro  del 
Mondo;  Naples,  1699,  in-8°;  2^  édit.,  augmen- 
tée; Naples,  1708,  et  Venise,  1719,  9  vol.  in-8°; 
traduit  en  français  ;  Paris,  1719  et  1727,  6  vol. 
in-12. 

Adelung,  suppl.  à  Jôcher,'  Al  gem.  Gelehrt-Lexic. 

CARRERO  (  Pierre-Garcias  ),  médecin  espa- 
gnol, natif  de  Calahorra,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  17*  siècle.  Il  professa  la  médecine 
à  Alcala  de  Hénarès,  et  devint  médecin  de  Phi- 
lippe III.  On  a  de  lui  :  Disputationes  medicx, 
et  commentarii  in  omnes  libros  Galeni  de 
locis  affectis;  Alcala  de  Hénarès,  1005-1612, 
in-fol.  ;  — Disputationes  medicœ,  et  commen- 
tarii in  primam  Feu  libri  quarti  Avicennœ, 
in  quibus  nonsolum  quse' pertinent  ad  theori- 
çam,  sed  etiam  ad  praxim  locupletissime  re.' 


87s 


pe7-iuntîir  ;  Bordeaux,  1628,  in-fol.;  —  Dispu- 
tationes  medicœ,  et  commentarii  ad  Fen  pri- 
mam  Mriprimi  Avicennx,  hoc  est  defebribus  ; 
Alcalade  Hénarès,  1612;  Bordeaux,  1628, in-fol. 

Antonio,  Biblioth.  hispana  nova.  —  Biographie  mé- 
dicale. 

JCARRETTO  (  Francesco-Xavter ,  marquis 
i>el),  homme  d'Étal  italien,  contemporain,  natif  de 
Salerne.  Il  embrassa  fort  jeune  la  profession  des 
armes,  et  fut  nommé,  peu  après  l'avènement  de 
François  I",  roi  des  Deux-Siciles,  inspecteur  gé- 
néral de  la  gendarmerie.  En  1831,  Ferdinand  II 
le  nomma  ministre  de  la  police;  et  sous  son  ad- 
ministration   ce    département   fut    réorganisé. 
Envoyé  en  Sicile  pour  comprimer  le  mouve- 
ment de  1837  avec  pleins  pouvoirs,  il  s'acquitta 
de  sa  mission  avec  la  plus  grande  rigueur.  Plus 
tard,  à  l'exaltation  de  Pie  IX,  il  se  déclara  d'a- 
tord  contre  toute  tentative  de  réforme  ;  mais, 
l'année  suivante,  il  pactisa  avec  les  libéraux  de 
la  Calabre  révoltée,  ce  qui  ne  %  sauva  point  de  la 
proscription  lorsqu'en  1848  les  succès  obtenus  à 
Palerme  contraignirent  le  roi  à  accorder  des 
concessions  aux  idées  nouvelles.  Le  marquis  fut 
arrêté,  et  conduit  hors  du  royaume.  Il  y  est  rentré 
quelques  mois  plus  tard,  à  la  faveur  de  la  contre- 
révolution.  T.  Albert  Bl. 
Convers.-Lexic.  —  Monit.  univ.  —  Lesur,  Ann.  hist. 
CARREY  (  Jacques  ),  peintre  français,  né  à 
ïroyes  en  janvier  1646,  mort  le  18  février  1726. 
Entré  dans  l'atelier  de  Lebrun ,  Carrey  fut  dé- 
signé par  son  maître  pour  accompagner  comme 
dessinateur  Ollier  de  Nointel,   ambassadeur  à 
Constantinople.  Il  profita  de  son  voyage  pour 
étudier  les  antiquités  de  la  Grèce  et  de  l'Orient. 
A  son  retour  en  France,  Lebrun  lui  fit  donner 
le  logement  à  Versailles  et  aux  Gobelins,  avec 
une  pension  ;  et  il  travailla  sous  sa  direction  à  la 
galerie  de  Versailles  ;  et  à  des  dessins  d'ornements 
et  de  pièces  d'orfèvrerie.  Après  la  mort  deLebrun, 
il  revint  en  1690  à  Troyes,  où  il  a  laissé  un  grand 
nombre  d'ouvrages,  entre  autres  une  Vie  de  saint 
Pantaléon,  à  l'église  de  ce  nom. 

Fontenay,  Dictionnaire  des  Artistes.  —  Grosley, 
Ephémérides,  tome  II. 

CARRiARic,  roi  des  Suèves,  mort  en  559, 
régna  sur  le  Portugal ,  la  Galice  et  les  Astu- 
ries.  Croyant  avoir  obtenu,  par  l'intercession  de 
saint  Martin ,  évêque  de  Tours,  la  guérison  de 
son  fils  Théodomir,  qui  était  tombé  dangereu- 
sement malade  ,  il  quitta  l'arianisme  pour  em- 
brasser la  religion  cathoh'que ,  et  fit  élever  en 
l'honneux  du  saint  la  cathédrale  d'Orense ,  en 
Galice. 

Grégoire  de  Tours,  Chron, 

CARRICHTE55,  DE  RECKiNGEN  {Barthé- 
lémy ),  médecin  allemand,  vivait  dans  le  milieu 
du  seizième  siècle.  Il  crut  de  bonne  foi  à  l'as- 
trologie judiciaire.  Ses  ouvrages  sont  un  mo- 
nument des  faiblesses  et  des  folies  humaines  ; 
les  principaux  sont  :  Kràuterbuch,  in  wel- 
chem  Zeichen  Zodiaci,  auch  in  loelchem 
Grad  ein  jedes  Kraut  stehe,  wie  sie  in  Leib 


CARRERO  —  CARRIER 


87 

und  zu  allen  Schdden  zu  bereiten  (  Herbiei 

où  l'on  indique  dans  quel  signe  du  zodiaque  ( 

à  quel  degré  chaque  plante  doit  être,  pour  qu'o 

l'emploie  en  médecine);  Strasbourg,    1573  ( 

1575,  in-S";  avec  des   additions  par  Cardiluc 

cius,  sous  le  titre  de   Krauter  und  Arznei 

ÔMcA;  Nuremberg,  1686,  in-8°  ;  Tubingen,  1731 

in-8°; —  Kràuterbuch,  darin  di  Pflanze. 

des  deutschen  Landes  aus  dem  Lichte  ce 

Natur  nach  den  Mmmlischen  EinfAessunoe, 

beschrieben  (Traité  des  plantes  de  l'AUemagiie 

décrites  d'après  les  influences  qu'elles  reçoiven 

des  corps  célestes);  Strasbourg,  1576,  in-fo!. 

sous  le  titre  de  Horn  des  Heiles  menschll 

cher  Blôdigkeit;.  ibid.,  1619,  m-foi.,  et  1673 

in-8°;  —Die  Deutsche  Speiskammer  (diété 

tique  allemande);  Nuremberg  et  Amberg,  16 IC 

in-8";  —  Buch  von  der  Harmonie,  Sympa 

thie  und  Antipathie  der  Krauter  (Traité  d^ 

l'harmonie,  de  la  sympathie  et  de  l'antipathi 

des  plantes  )  ;  Nuremberg,  1686,  in-8".  Les  ou 

vrages  de  Carrichter  parurent  sous  le  nom  d* 

Philomusus. 

Kestner,  Medicinisches   Gelehrten-Lexicon.  —  Bio 
graphie  médicale. 

CARRIER  {Jean-Baptiste),  conventionnel 
né  en  1756  à  Yolai,  près  d'Aurillac  ;  mort  1( 
16  novembre  179i.  C'est  l'un  des  hommes  qui 
par  leurs  crimes,  ont  fait  le  plus  de  tort  à  1; 
cause  de   la  révolution.  Il   entra  en  1792   i 
la  convention  nationale;  contribua,  le  10  mars 
1793,   à  la  formation  du  tribunal  révolution- 
naire;  vota  la  moi-t  de  Louis  XVI,  demanda 
l'arrestation  du  duc  d'Orléans  ,  et  prit  une  part 
très-active  à  la  journée  du   31  mai.   Envoya 
d'abord  en  Normandie ,  il  s'y  signala  par  son 
exaltation.  Il  parut  ensuite  à  Nantes  le  8  octo- 
bre 1793.  La  guerre  civile  embrasait  les  dépar- 
tements de  l'ouest  :  il  avait  ordre  de  réprimer 
la   révolte  par   les  mesures  les  plus  sévères;; 
mais  il  dépassa  bientôt  tout  ce  que  ses  instruc- 
tions renfermaient  de  rigoureux.   Il  s'entoura  i 
d'hommes  féroces,  encombra  les  prisons,  et  en- 
voya impitoyablement  à  la  guillotine  ceux  qui  \ 
lui  étaient  signalés  comme  suspects.  La  déroute 
des  Vendéens,  battus  à  Savenay,  donna  un  nou- 
vel essor  à  sa  rage.  Les  cachots  regorgeaient 
de  détenus,  les  juges  ne  pacrvnient  suffire  aux 
condamnations  :  il  suspendit  les  procédures,  et 
envoya  indistinctement  à  la  mort  les  malheu- 
reux qu'il  avait  privés  de  la  liberté.  Ce  moyen 
même  liù  parut  trop  lent;  il  voulut  que  les  pri- 
sonniers fussent  exécutés  en  masse,  sans  foi'me 
ni  procès  :  quatre-vingt-quatorze  prêti'es  furent, 
par  ses  ordres,  jetés  sur  un  bateau  à  soupape, 
et  coulés  à  fond ,  dans  la  nuit  du  15  au  16  no- 
vembre 1793.  Peu  de  jours  après,  une  seconde 
exécution  pareille  de  cinquante- huit  prêtres  eut 
encore  lieu,  et  elle  fut  suivie  de  plusieurs  autres. 
Mais  Carrier  ne  rendit  compte  à  la  convention 
que  de  la  première  ;  et ,  dans  son  rapport ,  il 
raconta  la  mort  de  ses  victimes  comme  un  naur 


(377 


CARRIER 


-f\  rage  hcuietix  et  fortuit.  Bientôt  cet  indigne  pro- 
'ifîonsul  ne  connut  plus  de  frein  :  une  compagnie 
l'^l'orraée  de  tout  ce  que  Nantes  et  la  Bretagne 
;  tleiifermaient  d'hommes  flétris  par  les  lois,  fut 
"Il -liargée,  sous  les  ordres  de  deux  scélérats 
H  lommés  Fouquet  et  Lambertye,  d'exterminer 
*  ji  >ans  jugement  tous  les  malheureux  que  l'on  fai- 
sait incarcérer.  Un  vaste  édifice ,  nommé  l'En- 
trepôt, servait  à  entasser  les  victimes  dévouées 
'^f  i  la  mort.  On  y  jetait  pêle-mêle  des  hommes , 
:lcs  femmes,  des  enfants  et  des  vieillards.  Cha- 
que soir,  on  venait  les  prendj-e  pour  les  mettre 
sur  les  bateaux  ;  là,  on  les  liait  deux  à  deux,  et 
OD  les  précipitait  dans  l'eau  en  les  poussant  à 
coups  de  sabre  et  de  baïonnette  ;  cai*  on  ne  se 
donnait  plus  le  temps  de  préparer  des  bateaux  à 
soupapes.  Ces  moyens  ne  suffisaient  point  à  la 
fureur  de  Carrier  :  chaque  jour,  des  centaines 
3e  prisonniers  étaient  encore  fusillés  dans  les 
carrières  du  Gigan.  Toutes  ces  expéditions 
étaient  faites  par  ses  ordres  ;  les  débats  de  son 
procès  l'ont  prouvé  jusqu'à  l'évidence;  mais, 
pour  en  dérober  la  connaissance  à  la  conven- 
tion, il  avait  soin  de  les  déguiser,  dans  ses  or- 
dres écrits,  par  l'expression  de  trcmslation  de 
détenus,  expression  qui,  dans  le  Icuigage  de  ses 
complices,  était  devenue  synonyme  de  noyade 
et  de  fusillade  ;  enfin,  le  tribunal  révolution- 
naire de  Nantes  faisait  également  le  procès  aux 
morts  et  aux  vivants.  La  terreur  qu'inspiraient 
toutes  ces  horreurs  ,  et  la  croyance  où 
l'eu  était, à  Nantes  qu'elles  éfarent  approuvées 
par  la  convention,  empêchèrent  longtemps 
toutes  les  dénonciations.  Cependant  les  mem- 
bres du  comité  de  salut  poblic  finirent  par  en 
être  informés,  et  ils  se  hâtèrent  de  rappeler  C^jr- 
rier.  Déjà  ils  se  préparaient  à  sévir  contre  lui, 
lorsque  la  révolution  du  9  thermidor  vint  le 
sauver  pour  quelques  jours  du  moins ,  en  le  dé- 
livrant de  ses  juges.  Mais  la  clameur  publique 
s'élevait  contre  lui  avec  trop  d'énergie  ;  les  au- 
teurs de  cette  révolution ,  malgré  leur  sympa- 
thie pour  un  homme  qcti  venait  de  courir  les 
mûmes  dangers  qu'eux,  furent  forcés  de  l'aban- 
donner à  la  rigueur  des  lois.  Décrété  d'accusa- 
tion le  23  novembre  1794,  Carrier  fut  traduit  au 
tribunal  révolutionnaire  le  25  novembre,  et  con- 
damné à  mort  le  16  décembre. 

Moniteur  univers.  —  De  Barante,  Mélanges,  t.  I, 
p.  197.  —  Petite  Biog.  Conv.  —  Le  Bas,  Dictionnaire  en- 
cyc.  de  la  France.  —  Biichez  et  Roux,  Hist-  parlement. 
Ue  la  Hèvol. 

CARRIERA  ROSALBA.  Foî/.RoSALBA. 

*  CARRIÈRE  {Denis- Désiré  ),  poète  et  écri- 
vain religieux,  né  à  Nancy  le  12  février  1813, 
mort  en  juin  1853.  Élève  du  petit  séminaire  de 
Pont-à-Mousson,  puis  de  celui  de  Nancy  où  il  vou- 
lait étudier  sa  vocation,  il  en  sortit,  sans  donner 
suite  à  son  projet  d'entrer  dans  les  ordres.  Les 
vers  qui  coulaient  de  sa  plume,  abondants  et  mé- 
lodieux, lui  ouvrirent  les  portes  de  l'Académie 
de  Stanislas.  Le  11  mai  1837,  il  fit  son  entrée 
dans  cette  compagnie  par  un  discours  en  vers 


CARRIERE  878 

renfermant  sa  profession  de  foi  catholique.  La 
société  Foi  et  Lumières,  qui  a  produit  un  des 
plus  beaux  livres  qui  aient  été  écrits  sur  les 
rapports  de  la  foi  avec  la  raison,  le  compta  au 
nombre  de  ses  fondateurs.  Cette  même  année,  il 
publia  sa  première  épltre  à  La  Mennais  sur  les 
Paroles  d'un  Croyant^  qu'il  fit  suivre  d'une  se- 
conde sur  les  Affaires  de  Rome,  et  d'une  troi- 
sième sur  ses  Évangiles. 

Le  Jocelyn  de  Lamartine  lui  avait  donné  l'i- 
dée de  faire  un  poème  sur  le  prêtre  catholique. 
Mais  il  changea  de  projet,  et  il  essaya  (tentative 
malheui'euse )  de  laver,  comme  il  «lisait,  le  Jo- 
celyn de  sa  tache  originelle.  En  1846,  l'Âca- 
démie  de  Metz  le  reçut  dans  son  sein.  Carrière 
fut  un  des  membres  les  plus  actifs  et  les  plus 
influents  de  l'association  des  conférences  de 
Saint-Vincent  de  Paul  à  Nancy ,  dont  il  fut 
nommé  président.  Collaborateur  iu  Courrier 
Lorrain  et  de  l'Espérance  de  Nancy  ,  il  a 
donné  aussi  plusieurs  travaux  à  divers  jour- 
naux de  Paris,  entre  autres  à  \  Univers,  àl'lT- 
rùon  catholique ,  à  M  Ère  nouvelle ,  au  Moni- 
teur catholique.  A.  R. 

VEsperanee  de  Nancy. 

CARRIÈRE  (Pierre-Louis  de),  administra- 
teur français,  né  en  1751  à  Saint- Quintin,  près 
d'Uzès,  mort  dans  le  même  lieu  le  13  février 
1815.  Il  fut  secrétaire  des  états  de  Languedoc. 
Il  prit  part  aux  deux  publications  suivantes  i 
Procès-verbaux  des  séances  des  états  de 
Languedoc;  MontpeUier,  1777-1789,  13  vol. 
in-fol.  ;  —  Compte  rendu  des  impositions  et 
des  dépenses  générales  de  la  province  de  Lan- 
guedoc;  Paris,  1789,  1  vol.  in-4°. 

*  CARRIÈRE  (Joseph),  théologien,  né  le  19 
février  1795.  Élève  du  séminaire  de  Saint-Sul- 
pice,  puis  professeur  de  théologie  dans  cette 
maison,  dont  il  devint  plus  tard  le  directeur  ; 
enfin,  nommé  supérieur  en  remplacement  de 
M.  de  Courson ,  mort  il  y  a  quelque  temps, 
M.  Carrière  a  publié  un  ouvrage  de  théologie 
qui  jouit  d'une  grande  estime  dans  le  clergé.  II 
porte  le  titre  de  Prœlectioncs  theologiae  ma- 
jores in  seminario  Sancti-Sulpicii  habitce  ;  — 
De  mairimonio  ;  PdiTis,  2  vol.  in  8°;  —  Dejus- 
titia  et  jure  ;  Paris ,  1839,  3  vol.  in-8°;  —  De 
contractibus  ;  Psnh ,  1844-1847,  3  vol.  in-8°. 
Le  traité  du  Mariage  offre  la  discussion  la 
plus  complète  de  toutes  les  impcfrtantes  ques- 
tions qui  peuvent  se  présenter  à  notre  époque 
sur  une  matière  qui  intéresse  tout  à  la  fois  la  so 
ciélé  religieuse  et  la  société  civile.  Le  traité  de  la 
Justice  renferme  l'exposition  de  tout  ce  qui'ap- 
partient  au  for  intérieur.  Le  traité  des  Contrats 
n'est  en  quelque  sorte  qu'une  suite  du  traité  de 
la  Justice.  L'étude  des  lois  civiles  occupe  une 
place  importante  dans  ce  dernier  traité.  M.  Car- 
rière a  toujours  exposé  avec  une  complète  im- 
partialité toutes  les  raisons  alléguées  de  part  et 
d'autre  dans  les  questions  controversées,  respec- 
tant làUberté  laissée  par  l'Éghse  d'adopter,  dans 


879 

les  cas  douteux,  les  sentiments  qui  paraissent  le 
mieux  fondés  :  In  necessariis  unitas,  in  dubiis 
liber  tas.  A.  R. 

Bibliographie  catholique. 

;^  CARRIÈRE  (Mawnce),  philosophe  et  litté- 
rateur allemand ,  né  à  Griedel ,  dans  le  grand- 
duché  de  Hesse,  le  5  mars  1817.  Il  .étudia  à 
Giessen ,  Gœttmgue]  et  Berlin.  Reçu  docteur  en 
philosophie  dans  cette  dernière  ville ,  il  se  li- 
vra pendant  quelque  temps  à  l'étude  des  beaux- 
arts,  puis  il  alla  visiter  l'Italie.  A  son  retour  il 
professa  la  pliilosophie  à  Giessen.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  De  Aristotele  Platonis 
amico  ;  Gœttingue,  1837;  —  Die  Religion  in 
ihrem  Begri/f  ihrer  weltgeschichtlichen 
Entwickelung  und  Vollendung  (la  Religion 
considérée  dans  son  esprit,  son  développement 
et  ses  résultats  dans  l'histoire  du  monde),  1841  ; 
—  Der  Kôlner  Dom  als  freie  deutsche  Kir- 
cAe  (la  Cathédrale  de  Cologne  considérée  comme 
église  libre  allemande);  Stuttgard,  1843;  on 
trouve,  dans  cette  brochure  de  circonstance,  de 
nombreuses  appréciations  d'art ,  de  religion  et 
de  nationalité  ;  —  Abselard  und  Heloïse  ;  Gies- 
sen, 1844  :  c'est  une  traduction  de  la  corres- 
pondance des  deux  amants,  précédée  d'une  appré- 
ciation des  doctrines  d'Abélard  et  de  ses  lettres 
avec  l'Église  ;  —  Die  philosophische  Weltans- 
chauung  der  Reformationszeit  (  la  Contempla- 
tion philosophique  du  monde  au  temps  de  la  ré- 
formation) ;  Stuttgard,  1847  ;  —  Religlôse  Re- 
den  und  Betrachtungen  fur  das  deutsche 
Volk  von  einem  deutschen  Philosophen  (  Pa- 
roles de  religion  et  observations  à  l'adresse  du 
peuple  allemand,  par  un  philosophe  également 
allemand  ),  sous  le  voile  de  l'anonyme  ;  Leipzig, 
1850;  —  Die  letzte  Naeht  der  Glrondisten 
(la  Dernière  nuit  des  Girondins)  ;  Giessen,  1849  : 
C'est  un  poëme  qui  fournit  à  Carrière  l'occa- 
sion d'envisager  la  question  de  l'immortalité 
de  l'âme  ;  —  Das  Charakterbild  CromwelVs 
(  le  Portrait  de  Cromwell),  dans  V Historisches 
Taschenbuch  (Manuel  historique,),  1851. 

Conversations- Lexicon. 

CARRIÈRES  {François  de),  chronologiste 
et  commentateur  français  ,  de  l'ordre  des  Cor- 
deliers ,  natif  d'Apt  en  Provence ,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  un  commentaire  latin 
de  la  Bible  ;  Lyon,  1662  ;  —  Historia  chrono- 
logica  pontificum  romanorum ,  cum  prœsi- 
gnatione futur orum  a  Sancto  Malachia  ;  ibid., 
1694,  in-12.  ', 

Lelong,  Bibliotheca  sacra. 

CARRIÈRES  {Louis  DE ),  théologien  français, 
né  en  1662  à  Cluvilé  près  d'Angers,  mort  à  Paris 
en  1717.  Sa  vie  s'écoula  dans  les  modestes  et  uti- 
les fonctions  de  professeur  d'un  collège  des  Pères 
de  l'Oratoire.  L'Écriture  sainte  et  la  théologie  fu- 
rent sa  principale  étude.  Nous  avons  de  lui  un 
ouvrage  qui  a  eu  beaucoup  de  succès,  et  qui  a  un 
mérite  particulier  :  c'est  un  Commentaire  litté- 


CARRIÈRE  —  CARRILLO  88  ^ 

rai  inséré  dans  la  Traduction  française  « 
l'Écriture  ,  24  vol.  in-12  ,  Paris,  1701,  171( 
6  vol.  in-4°,  1750  ;  1788,  10  vol.  in-12.  Il  a  él 
depuis  réimprimé  souvent,  et  presque  toujoui 
associé  à  la  traduction  de  Sacy.  Ce  commentaii 
ne  consiste  que  dans  plusieurs  mots  adaptés  a 
texte  pour  le  rendre  plus  clair  et  plus  intellig 
ble,  et  ces  mots  sont  distingués  du  texte  par  1 
caractère  italique. 

Quérard,  la  France  littéraire.—  Bibliothèque  sacrée 
""CARRi'LLO  (don  Fernando-Alfonso),  l'u 
des  auteurs  du  mémoire  sur  la  ville  de  Mexic 
qui  fut  publié  et  augmenté ,  d'après  l'ordre  di 
vice-roi  de  la  Nouvelle-Espagne,  par  don  Juai 
de  Albares-Serrano,  sous  ce  titre  :  Relaciot 
universal,  légitima  y  verdadera,  del  sitio  ei 
que  estafundada  la  ciudad  de  Mexico  ;  Mexi 
co.  Franc.  Salbago,  1637,  in-fol. 

Catal.  Bibl.  impèr.  Paris. 

CARRILLO  {Prançois-Perez),  théologiei 
ascétique  espagnol,  vivait  dans  la  première  moi 
tié  du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Vit 
sacra,  exercicios  espirituales,  y  arte  de  bieh 
morir;  Saragosse,  1619,  in-S". 

Antonio,  Biblioth.  hispana  nova. 
*  CARRILLO  (  Francesco  de  Cordoba  ),  his- 
torien espagnol ,  natif  de  Cordoue ,  vivait  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Ou 
a  de  lui  :  Certamen  historico  por  la  Patfia 
del  esclareeido  martyr  san  Laurenclo  aronde 
responde  Cordova  a  dlferentes  escritos  de 
hijos  célèbres  de  las  insignes  coronas  de  Ara- 
gon y  Valencia;  Cordoue,  1673,  in-fol. 

Antonio,  Biblioth.  hispana  nova. 
CARRILLO  {Martin) ,  canoniste  et  historien 
espagnol,  natif  de  Sarragosse,  mort  vers  1630  : 
il  fut  pendant  dix  ans  professeur  de  droit  canon 
dans  sa  ville  natale.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  Gatalogus  archiepiscoporum  Csesar- 
Augustanee  ecclesim;  Cagliari,  1611;  —  Rela- 
cion  del  nombre,  sitio,  plantas ,  conquistas, 
christiandad,  Jertilitad ,  ciudades,  lugares,y 
gobierno  del  reyno  de  Sardena;  Barcelone, 
1612,  in-4°  ;  — Historia  del  g lorioso  S.  Valero, 
obispo  de  Zaragoza;  Saragosse,   1615,  in-4°; 

—  Annales  ,  memorias  ,  cronologicas ,  que 
contienen  las  cosas  sucedidas  en  el  mundo , 
senaladamente  en  Espana,  desde  su  princi- 
pio  y  poblacion  hasta  el  ano  M.DCXX  ; 
Huesca,  1622,  in-fol.;  Saragosse,  1634, in-fol.; 

—  Elogios  de  Mugeres  insignes  del  Viejo 
Testamento ;  Huesca,  1636. 

Antonio,  Biblioth.  hispana  nova. 
CARRILLO  LASSO  DE  LA  VEGA  {Alfonse)  , 

littérateur  espagnol ,  natif  de  Cordoue,  vivait, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
11  fut  élevé  à  diverses  fonctions ,  et  consacra 
ses  loisirs  à  l'étude.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  De  las  antiguas  Minas  de  Espana; 
Cordoue,  1624,  in-4° ;  —  Virtudes  reaies;  ibid., 
1626;  —  Soberania  del  reyno  de  Espana; 
ibid.,  1626,  in-4°;  —  Importancia  de  las 


i 


î 


!dl 


a  CARRILLO  — 

i<  pyes  ;  ibid.,  1626,  in-4°^  —  Sagrada  Ei-ntn , 
meclitaciones  Davidicas  sobre  los  50  psal- 
os,  œuvre  posthume  ;  Naples,  1657. 

\  Antonio,  Uiblioth.  hispana  nova. 
CARILLO   Y    SOTOMAYOa    (Louts)  ,  poëte 

ipagnol,  frère  du  précédent,  né  vers  1584, 
lort  Je  22  janvier  1610.   Ses  œuvres  ont  été 
f  aprimées  sous  ce  titre  :  Obras  de  dom  Louis 
arrillo;  Madrid,  1613,  in-4°.  Elles  contiennent 
ne  traduction  en  vers  de  l'Art  d'aimer  d'O- 
"I  ide,  et  une  traduction  en  prose  du  traité  de  Sé- 
*  !  èque ,  de  Brevitate  Vitse. 
Antoaio,  Biblioth.  hispana  nova. 
CAKRiNGTOiV  (Noël-T/iomas  ) ,    poëte  an- 
tais,  né  en  1777  à  Plymouth,  mort  à  Bath  le 
fi  septembre   1830.  Pour  obéir  à  son  père ,  il 
îsta  ti'ois  ans  apprenti  chez  un  des  principaux 
nployés  de  Dock -Yard.  Mais  ne  pouvant  vain- 
re  l'aversion  qu'il  avait  pour  cette  profession,  il 
rit  du  service  sur  un  des  bâtiments  de  l'État, 
fne  pièce  de  vers  qu'il  adressa  à  son  capitaine 
li  ayant  fait  obtenir  son  congé ,  il  retourna  à 
lymouth,  et  y  ouvrit  une  école  qui  eut  un 
rand  succès  jusqu'en  1827.  On  a  de  lui  :  the 
ianks  of  Tamar,  1820;  —  Dartmoor,  poème 
escriptif;  1826;  —  My  native  village,  1830. 
Rose,  New  Biogr.  Dictionary. 
CARRiON  (  Antoine  ),  poëte  espagnol ,  vivait 
,  Séville  au  commencement  du  seizième  siècle. 
On  a  de  lui  des  odes  que  l'on  ti'ouve  dans  le 
recueil  intitulé    Odse   in  dicx  Dei  genitricis 
laudes ,  elegunti  forma  carminis  redditee; 
séville,  1504,  in-4°. 
AntoDio,  Biblioth.  hispana  nova. 
CARRION   (Louis),  savant  flamand,  né  à 
Bruges  en  1547,  mort  le  23  juin  1595.  Son  père 
^tait  Espagnol ,  et  sa  mère  Allemande.  Il  étudia 
àLouvain,  où  il  eut  pour  condisciple  Juste  Lipse; 
puis,  après  avoir  été  reçu  licencié  en  droit,  il  vint 
compléter  ses  études  scientifiques  et  littéraires 
à  Cologne  et  à  Paris,  où  il  se  lia  avec  les  person- 
nages célèbres  de  l'époque.  Après  son  retour 
en  Flandre ,  il  alla  professer  la  jurisprudence 
à  Bourges  ;  de  là  il  passa  à  Orléans ,  et  revint 
occuper  une   chaire  de  droit   civil  à  Louvain. 
Le  1*"'  décembre  1586,  il  fut  chargé  d'expliquer 
les /«s^i^tt^esde Justinien;  et, le  10  juinl589,on 
lui  confia  l'enseignement  du  droit  canon.  Il  obtint 
aussi  plusieurs  canonicats.  On  a  de  lui  :  Valerii 
Flacci  Argonauticon  librï  VIII,  cum  castiga- 
tionibîis ; Asxvers,  Plantin,  1566,  in-8''  et  in-12; 
réimprimé  dans  Burmann;  —  une  jédition  de 
Salluste ,  du  traité  de  Orthograhia  de  Cassio- 
dore  ;  —   ime  édition  du  traité  de  Die  natali 
de  Censorinus  ;  —  Antiquarum  Lectionum 
Co7nmentarii  ;  Anvers,  1576,  in-8°;  — Emen- 
dationum  et  observationum  libri  II;  Paris, 
1583,  in-4° ,  et ,  de  même  que  l'ouvrage  précé- 
dent, dans  le  tome  111  du  Thésaurus  criticus  de 
Gruter  ; — une  édition  des  Nuits  Attiques  d'Aulu- 
Gelle;  Paris,  Henri  Estienne,  1585,  in-8°,  avec 
4es  notes  qui  ne  vont  pas  au  delà  du  I*^  livre, 


OARRION-NISAS 


882 


et  que  l'on  ne  rencontre  môme  pas  dans  tous  les 
exemplaires  de  cette  édition,  par  suite  sans  doute 
de  certaines  difficultés  qui  s'élevèrent  entre  Car- 
rion  et  l'éditeur. 

Sax  ,  Onomasticon  Utterat.,  III,  427.—  Swert,  Jthcnx 
Belgicae.  —  Koppcns,  Biblioth.  Helgica.  —  Baquet,  Mem, 
pour  servir  à  l'IUst.  des  Pays-Bas.  —  «alUct,  Jugements 
des  Savants,  II;  i82. 

cxKKiOTi  {Emmanuel  Ramerez  de),  savant 
philanthrope  espagnol ,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  enseigna  les 
lettres  aux  sourds-muets  ,  il  entreprit  même  de 
leur  donner  quelque  usage  de  la  parole.  On  a  de 
lui  :  Maravillas  de  naturalezza  en  que  se 
contienen  dos  mil  secretos  de  cosas  natura- 
les,  etc.;  Madrid,  1622,  1«29,  in-4°. 
Antonio,  Biblioth.  hispana  nova. 
CARRION -NiSAS  (  Marie-Henri-  François 
Elisabeth,  marquis  de),  homme  politique  et  lit- 
térateur français,  né  à  Montpellier  le  17  mars 
1777,  mort  dans  la  même  ville  en  1841.  Officier  de 
cavalerie  au  moment  de  la  révolution,  il  mani- 
festa d'abord  des  opinions  hbérales  qui  le  firent 
appeler  à  la  mairie  de  la  localité  dont  il  avait 
eu  la  seigneurie.  En  1793,  il  fut  arrêté  comme 
suspect  de  fédéralisme,  et  recouvra  sa  liberté 
après  le  9  thermidor.  Venu  à  Paris  après  le  coup 
d'état  du  18  brumaire,  il  devint  membre  du  tri- 
bunal, grâce  à  son  mariage  avec  mademoiselle 
de  Vassa,  parente  de  Cambacérès;  et,  le  23  décem- 
bre suivant,  il  fut  nommé  président  de  cette  as- 
semblée. Il  s'était  déjà  fait  remarquer  par  des 
discours  qui  témoignaient  d'un  grand  désir  de 
profiter  des  circonstances  pour  s'élever.  C'est 
ainsi  qu'il  s'était  prononcé  en  faveur  du  concor- 
dat; et,  à  propos  du  projet  de  loi  sur  l'ins- 
truction publique,  il  avait  vivement  attaqué  les 
principes  de  J.-J.  Rousseau.  Le  l*""  mai  1804,  il 
appuya  la  motion  du  tribun  Cuiés  pour  le  réta- 
blissement de  l'empire  en  faveur  de  Bonaparte, 
et  répara  ainsi  sa  précédente  opposition  au  di- 
vorce, dont  sonambitionn'avait  pasdeviné  l'ùp- 
portimité.  Aux  objections  faites  à  l'empire  parle 
dernier  défenseur  de  la  répubhque,  Caruot,  il  ré- 
pondit par  les  raisons  que  voici  :  <c  Le  citoyen 
Carnot ,  dit  -  il ,  croit  voir  revenir  l'ancienne 
royauté  de  France ,  la  royauté  féodale  proprié- 
taire :  avec  un  peu  de  rétlexion,  il  est  cependant 
facile  d'apercevoir  qu'entre  cette  espèce  de 
royauté  et  la  forme  d'empire  que  nous  propo- 
sons, il  y  a  autant  de  différence  qu'entre  la  lu- 
mière même  et  les  ténèbres.  »  —  «  La  royauté 
féodale,  ajoute-t-il,  procéda  par  l'envahissement 
du  territoire  et  celui  du  corps  même  des  hom- 
mes qui  le  cultivaient  :  Homines  potestatis 
addicti  glebse.  C'était  sur  cette  monstrueuse 
fiction  qu'elle  établissait  les  droits,  les  titres  et 
le  jeu  de  son  gouvernement.  Le  roi  des  Fran- 
çais tel  que  voulut  le  faire  l'assemblée  consti- 
tuante, l'empereur  de  la  république  française  tel 
que  nous  voulons  l'établir,  n'est  le  proprié- 
taire ni  du  sol  ni  de  ceux  qui  l'habitent  ;  il  est 
le  chef  des  Français  par  leur  ■volonté  ;  son  domaine 


ite 


«83 


CARRION-NISAS 


est  moral,  et  aucune  servitude  ne  peut  découler 
de  ce  système.  «  —  Carrion-Msas  fut  récompensé 
par  le  grade  d'officier  de  la  Légion  d'honneur  et 
le  titre  de  chancelier  de  la  9"  cohorte,  dont  le 
chef-lieu ,  Montpellier,  était  placé  au  milieu  de 
ses  propriétés.  Mais  il  compromit  encore  la  pro- 
gression de  sa  fortune  en  improuvant  le  décret 
qui,  en  promulguant  l'hérédité  du  nouvel  em- 
pire ,  excluait  de  la  succession  au  trône  Jérôme 
et  Lucien,  frères  de  Napoléon.  Un  autre  genre 
d'échec  le  vint  également  troubler  vers  la  même 
époque  :  sa  tragédie  de  Pierre  le  Grand,  repré- 
sentée en  1804,  ne  fut  pas  plus  heureuse  que 
son  aînée  la  tragédie  de  Montmorency,  jouée  en 
1803,  et  tomba  sous  les  sifflets  du  parterre.  Il 
est  probable  que  le  public  s'attaquait  à  la  con- 
duite politique  de  l'auteur  beaucoup  plus  qu'à 
la  pièce ,  qui  dut  être  défendue  par  la  police. 
Carrion-Nisas  se  retira  alors  pour  quelque  temps 
des  deux  scènes  politique  et  dramatique.  En 
1806,  il  entra  dans  les  gendarmes  d'ordonnance, 
se  distingua  dans  l'affaire  de  Zurmin,  près  de  Coll- 
berg,  et  fut  chargé  par  l'empereur  de  porter  à  l'im- 
pératrice le  traité  de  Tilsit.  Lors  de  l'audience 
de  congé  qu'il  obtint  de  Napoléon ,  il  osa  avan- 
cer devant  ce  souverain  le  conseil  de  revenir  à 
des  pensées  de  paix  et  de  stabilité.  Il  appuya 
ce  conseil  sur  les  deux  vers  suivants  du  Tasse  : 

Giunta  ètua  gloria  al  summo;  e  per  Tinnanzi 
Fuggir  le  dubbie  guerre  a  te  coaviene. 

Revenu  à  Paris ,  il  voulut  sans  doute  réparer 
sa  hardiesse  en  approuvant  hautement  la  sup- 
pression du  tribunat ,  dont  il  faisait  partie  : 
«  Cette  suppression,  dit-il  à  ses  collègues  pour 
les  consoler,  est  accompagnée  de  tant  de  té- 
moignages d'estime  de  la  part  du  souverain; 
ces  témoignages  sont  d'un  si  grand  prix;  ils  ont 
une  solennité  si  éclatante,  que  je  suis  certain 
d'èti-e  l'interprète  fidèle  du  cœur  de  mes  collè- 
gues, en  leur  proposant  de  porter  au  pied  du  trône 
une  adresse  qui  exprime  nos  sentiments  d'amour 
et  dedévouement  aumonarque  qui  l'a  ordonnée.  « 

Nommé  chef  d'escadron,  Carrion-Nisas  se 
rendit  à  l'état-major  de  Junot ,  en  Portugal,  et 
fut  chargé  par  ce  général  de  diverses  parties  du 
service  administratif  du  pays.  A  la  bataille  de 
Vimeiro,  il  empêcha  Junot  de  tomber  au  pou- 
voir d'un  détachement  de  cavalerie  anglaise. 
Devenu  adjudant  commandant,  il  fut  envoyé  au 
siège  de  Saragosse,  et  s'y  distingua  en  contri- 
buant à  dégager  les  derrières  de  l'armée  obsi- 
dionale  par  la  prise  d'assaut  de  la  ville  d'Al- 
caniz.  Le  lendemain  de  la  bataille  de  Talaveyra, 
il  fut  chargé  par  le  roi  Joseph  de  porter  à 
l'empereur  les  détails  de  cette  bataille.  A  la 
suite  d'une  audience  de  trois  heures  qu'il  obtint  à 
Schœnbrunn ,  il  fut  nommé  baron  de  l'empire  ; 
à  son  retour  à  Paris,  il  fut  renvoyé  en  Espagne 
pour  y  faire  opérer  la  jonction  des  armées  de 
Macdonald  et  de  Sucliet  sous  les  murs  de  Lérida, 
et  pour  ravitailler  Barcelone.  Surpris  dans  une 
rencontre  et  par  suite  destitué ,  il  se  fit  de  nou- 


veau simple  soldat,  et  remonta  jusqu'au  gr 
de  colonel.  En  1813,11  assista  en  Allemagne  . 
batailles  de  Lùtzen  et  de  Bautzen,  et  tint  le  je 
nal  de  ces  journées  mémorables.  1.1  fit  la  ca 
pagne  de  France  en  1814,  s'y  distingua,  et  fut 
nombre  des   officiers   qui  présentèrent    le 
hommages  au  roi,  en  même  temps  qu'il  repri 
qualification  de  marquis.  Nommé  secrétaire 
néral  au  ministère  de  la  guerre  en  mars  18 
il  mit   en  avant  divers  moyens  pour  arrêtei 
marche  de  Napoléon  ;  puis  il  embrassa  la  ca 
de  l'empereur  lorsque  celui-ci  fut  établi  de  m 
veau  aux  Tuileries.  Carrion-Nisas  fut   cha 
alors  de  défendre  les  ponts  de  Sèvres  et  de  Sai 
Cloud,  et  s'acquitta  valeureusement  de  sa  missi(ii 
Au  pont  de  Saint-Cloud,  il  repoussa,  avec  3,C 
hommes,  15,000  Autrichiens,  et  mérita  le  grade 
maréchal  de  camp,  qui  ne  fut  pas  confirmé  par 
gouvernement  royal.  Il  suivit  à  Bourges  l'arn:! 
de  la  Loire.  De  retour  après  deux  années  de  si 
veillance  de  la  haute  pohce  ,  il  ne  s'occupa  pi 
que  de  la  culture  des  lettres.  Outre  les  œuvr 
mentionnées  (  Mon toore?îcz/,  tragédie  en  5  acte 
Paris,  1803,  et  Pierre  le  Grand,  tragédie  en 
actes,  ibid. ,   1804),  on  a  de  Carrion-Nisas 
Discours  sur  le  Concordat  ;  Paris,  1802,  in-8 
Discours  sur  V hérédité  de  la  souveraineté  i 
France  ;  Paris,  1804,  in-8°  ;  — Essai  sur  Vhi 
toire  générale  de  l'art  militaire,  de  son  origin 
de  ses  progrès  et  de  ses  révolutions,  etc.  ;  Pari 
1823,  2  vol.  in-8°,  avec  14  planches;  —  Letti 
à  un  électeur  sttr  les  prochaines  élections,  ( 
sur  la  situation  actuelle  des   esprits  et  d( 
choses  ;  Paris,  1820,  in-8°  ;  —  de  l'Organisatio 
de  la  force  armée  en  France,  considérée  part  1 
culièrement  dans  ses  rapports  avec  les  autn 
instittitions  sociales ,  les  finances  de  l'État 
le  crédit  public,  etc.  ;  —  Songe  du  professeu 
Monti ,  traduit  de  l'italien  en  vers  français. 

V.  R. 

Moniteur  universel.  —  Galerie  historique  des  Con 
temporains.  —  Jouy,  Jay,  etc..  Biographie  nouvell 
des  Contemporains.—  Quérard,  la  France  littéraire.  - 
Dictionnaire  de  l'économie  politique.  —  Biographi 
moderne. 

*  CARRION-NISAS  (Antoine-Henri-François 
Victor  ),  publiciste  français,  fils  du  membre  di 
tribunat,  né  à  Lusignan  le  24  janvier  1794. 11  ; 
écrit  dans  divers  recueils,  notamment  les  Victoi- 
res et  Conquêtes  ;  et  on  a  de  lui  :  Histoire  ro 
maine  depuis  lafondation  de  Rome'' jusqu'au 
règne  de  Constantin;  Paris,  1815, 2  vol.  in-12  ; 

—  de  la  Jeunesse  française  ^Vâns,  1820,in-l8; 

—  de  la  Loi  Salique ,  traduite  en  français  ei 
accompagnée  d'observations  et  de  notes  expli- 
catives, principalement  sur  le  titre  LXII  ;  Paris, 
1820,  in-8°  ;  —  des  Idées  républicaines  ;  Paris, 
1821,in-8°; — Valérien,  ou  le  jeune  Aveugle  , 
drame  en  2  actes,  imité  de  l'allemand  de  Kotze- 
bue;  Paris,  1823,  en  collaboration  avec  T.  Sau- 
vage ;  — la  France  au  dix-neuvième  siècle,  ou 
coup  d'œil  sur  Vétat  présent  des  lumièi'es,  des 
richesses,  de  la  morale  et  de  la  liberté;  Paris, 


j^:., 


pi 


85 


CARRION-NISAS  —  CARRON 


88(> 


jf  821,  m-8°;  —  Coup  d'Œil  sur  V Europe  à 
,  repos  du- congrès;  Paris,  1822,  in-8°  ;  — 
Ymcipes  d'économie  politique;  Paris,  1824; 

1- le  Forgeron ,  drame  en  3  actes,  môIé  de 
liant;  Paris,  1824,  in-8''; —  Résumé  de  Vhis- 
oire  de  la  république  de  Venise;  Paris,  1826, 
1-8°. 

Quérard,  la  Fr.  Utt.  —  Dict.  de  l'Écon.  polit. 

*CARROCA  (Joseph),  jurisconsulte  espa- 
nol,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-sep- 
ème  siècle.  On  a  de  lui  :  Politica  del  comte  de 
Hivarez  contra  politica  de  Catalunnay  Bar- 
elona,  etc.,  contra  des  del  primer  di  gêner 
6i0,fins  a  18  de  maig.  1641;  Barcelone,  1041, 
1-4°. 

Lelong  et;  Fontette,  Bibliothèque  historique  de  la 
'rance. 

CARRON    (  Guy-Toussaint- Julien ,  l'abbé  ) , 
loraliste  français,  né  à  Rennes  le  23  février  1760, 
aort  à  Paris  le  15  mars  1821.  Son  père,  avocat  au 
n||i  arlement  de  Bretagne,  descendait  de  Pierre 
ff  îarron,  sieur  de  la  Carrière,  venu  en  Bretagne 
l(  omrae  gendarme  de  la  compagnie  d'ordonnance 
ommandée  par  le  maréchal  de  Brissac,  lorsque 
lenri  IV  y  envoya  ce  lieutenant  général  en  1 596, 
i  tour  soumettre  la  province.  Dès  l'enfance  le  jeune 
;!arron  s'était  voué  à  l'instruction  et  au  soulage- 
nent  des  pauvres.  Tonsuré  à  treize  ans,  il  caté- 
•hisait  les  enfants  delà  classe  souffi-ante,  et  leur 
listribuait  des  secours.  Son  ardente  charité,  qui 
ae  nuisait  point  à  son  zèle  pour  l'étude,  le  fit  bien- 
;ôt  distinguer  par  ses  supérieurs  ;  et,  avant  qu'il 
M  atteint  l'âge  tixé  par  les  lois  de  l'Éghse, 
Mo""  de  Girac,  son  évêque,  lui  avait  accordé  les  dis- 
penses nécessaires  pour  être  ordonné  prêtre.  Dès 
lors  il  ne  voulut  plus  avoir  d'autre  pensée  que 
les  œuvres   de  son  saint  ministère  ;  et  à  peine 
eut-fl  atteint  sa  majorité,  qu'il  renonça  par  un 
acte  authentique  à  toutes  les  successions  aux- 
quelles il  avait  droit,  déclarant  ne  vouloir  rien 
posséder.  En   1785,  profondément  touché  des 
[graves  désordres  causés  dans  sa  province  par  la 
mendicité,  et  désireux  d'étendre  un  atelier  de 
charité  élevé  par  ses  soins,  il  sut  intéresser  à  son 
œuvre  un  grand  nombre  de  nobles  familles ,  à 
la  tête  desquelles  on  vit  se  placer  le  roi  Louis  XVI, 
toujours  bienfaisant,  et  la  reine  Maiie- Antoinette, 
chacun  pour   une  somme  de  6,000  livres;  de 
telle  sorte  que  Rennes  possédait,  en  1791,  des 
filatures  de  coton,  des  tissages  d'indiennes,   de 
siamoises,  de  toiles  à  voiles,  etc.,  qui  occupaient 
plus  de  deux  mille  ouvriers  des  deux  sexes,  et 
dont  la  fondation  ainsi  que  la  prospérité  crois- 
sante étaient  entièrement  dues  au  zèle  si  éclairé 
de  l'abbé  Carron,  ainsi  qu'à  la  confiance  qu'ins- 
piraient la  candeur  de  son  âme  et  l'élévation  de 
ses  vues.  Des  sœurs  de  charité  surveillaient  les 
jeunes  filles  employées  dans  ces  établissements, 
et  soignaient  les  malades.  Déporté  en  1792    à 
l'île  de  Jersey,  l'abbé  Carron  trouva,  dans  la 
persécution  qui  l'atteignait  avec  tant  de  Français, 


établit  deux  écoles  pour  l'instruction  de  la  jeu- 
nesse française  émigrée,  une  chapelle  pour 
l'exercice  du  culte  catholique,  des  associations 
pieuses,  et  une  bibliotliè(ine  pour  les  ecclésiasti- 
ques: il  avait  su  trouver  les  ressources  néces- 
saires à  son  œuvre  dans  son  esprit  d'ordre,  et  dans 
les  modestes  secours  que  lui  confiaient  les  exi- 
lés qui  n'étaient  pas  entièrement  dépourvus  de 
moyens  d'existence.  En  1796,  il  se  rendit  à 
Londres,  où ,  aidé  de  l'évêque  de  Saint-Pol  de 
Léon,  et  soutenu  parles  libéralités  tant  du  gou- 
vernement que  d'honorables  familles  anglaises, 
il  put  donner  une  grande  extension  à  ses  œuvres 
de  charité.  A  Somer'stown,  faubourg  de  Lon- 
dres, un  collège  fut  ouvert  aux  fils  des  émigrés, 
une  école  à  leurs  filles  :  les  soins  et  l'instruction 
y  étaient  donnés  par  des  Français  ecclésiastiques 
et  laïques,  et  par  des  dames  émigrées.  Deux  hos- 
pices pour  les  malades  infirmes  avaient  été 
créés  par  lui,  ainsi  que  des  pharmacies  où  les 
médicaments  étaient  distribués  gratuitement. 
Il  fit  aussi  élever  des  chapelles  dans  plusieurs 
quartiers  de  la  ville,  et  on  en  compte  encore  une 
où  le  culte  catholique  est  exercé  (1852)  sous  la 
direction  du  même  ecclésiastique  qu'il  y  avait 
placé  lorsqu'il  quitta  l'Angleterre  en  1814.  Il  en 
est  de  même  del'écolede  charité  annexée  à  cette 
chapelle,  et  qui  continue  à  prospérer.  Un  monu- 
ment élevé  dans  cette  enceinte  au  vénérable 
fondateur  témoigne  de  la  reconnaissance  publi- 
que. Delille,  M.  de  Chateaubriand,  et  quelques  au- 
tres littérateurs,  ont  célébré  l'importance  de  tous 
ces  pieux  établissements,  que  les  princes  fran- 
çais visitèrent  souvent,  heureux  qu'ils  étaient 
d'être  les  témoins  et  les  protecteurs  de  cette  iné- 
puisable bienfaisance  qui  soulageait  tant  de  mal- 
hem-s.  Lors  de  la  réorganisation  de  l'Église  en 
France  MS''  de  Girac,  évêque  de  Rennes,  ayant, 
à  la  demande  du  pape  résigné  son  siège,  supplia 
le  cardinal  Caprara,  par  une  lettre  en  date  du 
mois  de  février  1802,  de  proposer  pour  son  suc- 
cesseur M.  l'abbé  Carron.  Au  moment  de  son 
retour  en  France,  en  1814,  ce  vénérable  abbé 
écrivait  à  l'un  de  ses  neveux  :  «.  Je  n'ai  rien, 
«  ayant  la  consolation,  après  vingt-trois  ans 
«  d'exil,  de  rentrer  sur  la  terre  natale  plus  pau- 
«  vre  que  je  n'étais  quand  j'en  fus  banni.  Chargé 
".  des  intérêts  de  mes  pauvres  compatriotes,  je 
«  rougirais  de  ne  pas  partager  leur  malaise; 
«  mais  mon  cœur  est  déchiré  de  ne  plus  pouvoir 
«  rien  pour  eux.  «  Il  rentrait,  en  effet,  chargé  du 
sort  de  plusieurs  orphelins  sans  asile  :  c'est  alors 
qu'il  obtint  du  roi  Louis  XVTQ  la  fondation  de 
l'institut  royal  de  Marie-Thérèse,  dans  lequel  de- 
vait se  terminer  l'éducation  de  ces  eufants  dont 
les  parents  avaient  succombé  dans  l'exil. 

Cette  active  charité ,  occupation  constante  de 
l'abbé  Carron,  ne  l'empêcha  pas  de  se  livrer  aux 
exercices  de  son  ministère,  ainsi  qu'à  la  composi- 
tion d'un  grand  nombre  de  pieux  ouvrages  destinés 
à  l'instruction  ou  à  l'édification  des  fidèles  ;  tels 


un  nouvel  alùnent  pour  son  ardente  charité.  II     sont  :  les  Modèles  du  clergé,  ou  Vies  édifiantes 


887 


CARRON  —  CARROUGES 


de  MM.  de  Sarra,  Boursoul,  Beurrier  et  Mo- 
re^;  Paris,  1787,2  vol.  in-12;  — les  Trois  Hé- 
roïnes chrétiennes  ;  Rennes,  1790,  in-12  :  la 
quatrième  édition  parut  à  Paris  en  1801,  et  fut  tra- 
duite en  anglais  par  M.  Edouard  Beach  ;  —  Ré- 
flexions chrétiennes  pour  les  jours  de  Van- 
née  ;  Winchester ,  1796,  in-12  ;  —  Pensées  ec- 
clésiastiques; Londres,  1800,  4 vol.  in-12;  — 
Pensées  chrétiennes ;Loii(iies,  1801,6vol.  in-12; 

—  le  Modèle  des  Prêtres,  ou  Vie  de  Bridayne; 
Londres,  1803 ,  in-12  ;  —  VAmi  des  Mœurs,  ou 
Lettres  sur  l  éducation  ;Londi(iS,  1805,4  vol. 
m-12  ;  —  V Heureux  Matin  de  la  vie  et  le  beau 
Soir  de  Zawie;  Londres,  1807, 2  vol.  in-16 ,  réimpri- 
més à  Paris  en  1817;  —  les  Attraits  de  la  Mo- 
rale, ou  la  vertuparée  de  tous  ses  charmes,  et 
l'art  de  rendre  heureux  tout  ce  qui  nous  en- 
toure ;  Londres,  1810,  2  vol.  in-16,  réimprimés 
à  Paris  en  1 8 1 7  ; — le  Trésor  de  la  jeunesse  chré- 
tienne ,  1  vol.;  —  la  Vraieparure  d'une  femme 
chrétienne ,  1  vol.;  —  les  Écoliers  vertueux; 
Londres,  1811,  2  vol.  m-16,  réimprimés  à  Paris 
en  1815;  —  Vies  des  Justes  dans  les  plus 
humbles  conditions  de  la  société  ;  Versailles , 
1816,  in-12:  —  Vies  des  Justes  dans  la  profes- 
sion des  armes;  Versailles^  1815,  in-12;  — 
Vies  des  Justes  dans  les  conditions  ordinai- 
res de  la  société;  Versailles,  18.16,  in-12;  — 
Vies  des  Justes  parmi  les  filles  chrétiennes  ; 
Versailles,  1816,  in-12  ;  —  Vies  des  Justes  dans 
la  magistrature ;Vairis,  1816,  in-12;  —  Modè- 
les de  dévotion  à  la  mère  de  Dieu  dans  le  pre- 
mier âge  de  la  vie;  Paris,  1816,  in-12  ,  réim- 
primé plusieurs  fois;  —  Vies  des  Justes  dans 
l'état  de  mariage;  Paris,  1816,  2  vol.  in-12; 

—  Vies  des  Justes  dans  les  plus  hauts  -rangs 
delà  société;  Paris,  1817,  4  vol.  in-12;  ~ 
Cantiques  anciens  et  nouveaux ,m-i6  ;  —  la 
Boute  du  bonheur,  in-18;  —  de  VÉducation, 
ou  Tableau  des  plus  doux  sentiments  de  la 
nature  ;  2  vol.  in-16;  —  les  Confesseurs  de  la 
foi  dans  l'Église  gallicane,  à  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle;  Paris,  1820,  4  vol.  in-8''.  Outre 
ces  ouvrages,  l'abbé  Carron  a  laissé  plusieurs 
manuscrits,  entre  autres  les  Vies  des  Justes 
dans  Vépiscopat  et  dans  le  sacerdoce  ;  —  la 
Vie  de  l'abbé  de  la  Salle;  — ua  Nécrologe 
des  Confesseurs  de  la  foi,  etc. 

L'Ami  de  la  Religion,  t,  XXVII.  —  MahuI,  Jnnuaire, 
1822. — Notice  sur  l'abbé  Carron,  en  tête  de  ses  œu- 
vres. 

caruox  (  Philippe-Marie-Thérèse-Gui  ) , 
prélat  français,  neveu  du  précédent,  né  à  Ren- 
nes le  13  décembre  1788,  mort  le  27  août  1833. 
Après  avoir  été  vicaire,  puis  curé  de  Saint-Ger- 
main à  Rennes,  il  devint  grand  vicaire  de  l'évê- 
que  de  Nevers,  et  fut  nommé,  en  1829,  évêque 
du  Mans.  Cette  dernière  ville  lui  doit  l'établisse- 
ment des  Dames  Carmélites  et  du  Bon-Pasteur. 

Biographie  universelle  (  éii.  belge). 

*CAK BONUS  {Jacques),  naturaliste  alle- 
mand, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
eiècle.  On  ne  le  connaît  que  pour  avoir  mis  en 


i 


ï 


ordre  et  augmenté  les  collections  et  les  mal 
riaux  de  Conrad  Gessner  touchant  l'histoire  c 
turelle  des  serpents,  et  de  les  avoir  publiés  so 
le  titre:  de  Serpentibus,  oder  Schlangenbuc 
erstlich  durch-Conrad  Gessnern  zusamme 
getragen  und  beschrieben,  und  herna 
durch  den  wohlgelehtten  Herrn  Jacobi  Ce 
ronum  gemehrt  und  in  Ordung  gebracl 
anjetzt  aber  mit  sonderem  Fleiss  verteutsch 
Heidelberg,  1613,  in-fol. 

Baumgarten  ,   Merkwûrdige  Bûcher  (  Curiosités 
bliographiques),  tom.  II,  p.  178. 

CARROUGES  (Jean  ue),  gentilhomme  fra 
çais,  vivait  en  1387.  Il  faisait  partie  de  la  maiS' 
de  Pierre  H,  comte  d'Alençon,  et  était  uni  par 
plus  étroite  amitié  à  Jacques  le  Gris,  écuyer 
favori  du  comte.  A  son  départ  pour  la  ter 
sainte,  il  laissa  sa  femme  dans  son  châte. 
d'ArgenteuU,  sur  les  frontières  du  Perche.  Le  Gi 
rendait  souvent  visite  à  cette  jeune  dame,  qui 
recevait  avec  confiance  comme  ami  de  son  mai 
lorsqu'une  nuit  elle  fut  violée  dans  sa  chamb 
par  un  individu  qu'elle  ne  put  reconnaître.  1 
lieu  où  se  consomma  le  crime  fit  supposeï-  à 
dame  de  Carrouges  que  le  Gris,  qui  seul  pouva 
s'y  introduire,  était  le  coupable.  EUe  l'accusa  doi 
près  de  son  mari,  au  retour  de  celui-ci.  Ca 
rouges  reprocha  à  son  ami  l'attentat  dont  il 
croyait  coupable,  et,  malgré  les  protestations  t 
le  Gris,  il  porta  plainte  au  comte  d'Alençon.  N'( 
ayant  point  obtenu  satisfaction,  il  cita  le  Gr 
au  parlement  de  Paris,  qui,  faute  de  preuve 
suffisantes,  ordonna,  selon  la  justice  du  terap; 
que  les  deux  parties  videraient  leur  querelle  pc 
une  ordalie  ou  jugement  de  Dieu ,  c'est-à-dir 
dans  un  combat  à  outrance.  Le  lendemain  d 
cet  arrêt,  les  deux  gentilshommes  entrèrent  dan 
une  lice  préparée  place  Sainte-Catherine,  dei 
rière  le  Temple,  où  l'on  avait  dressé  de  riche 
échafauds  pour  le  roi  Charles  VI  et  sa  cour 
une  foule  nombreuse  se  pressait  alentour.  Le 
champions,  après  avoir  fait  serment,  l'un  de  1 
vérité  de  son  accusation,  l'autre  de  sou  iuno 
cence,  commencèrent  le  combat.  Carrouge 
reçut  d'abord  dans  la  cuisse  un  coup  qui  lui  fi 
perdre  beaucoup  de  sang  :  cette  blessure  doubl 
sa  fureur.  Étant  parvenu  à  étreindre  son  enne 
mi,  il  le  terrassa,  et  le  somma,  l'éijée  sur  la  gorge 
d'avouer  son  crime.  Le  Gris  persista  à  se  déclare 
innocent;  mais,  comme  le  vaincu  était  réputi 
coupable,  il  fut  traîné  hors  de  la  lice,  et  sur-le 
champ  attaché  au  gibet.  Quelque  temps  après 
un  malfaiteur,  condamné  à  mort  pour  plusieur; 
crimes,  s'avoua  l'auteur  du  fait  reproché  à  Jac 
ques  le  Gris.  Cet  aveu  réhabilita  la  mémoire  de  c( 
gentilhomme,  et  fit  reconnaître  l'absurdité  de.- 
duels  comme  preuves  judiciaires.  Après  la  mori 
de  son  mari,  la  dame  de  Carrouges  se  retira 
dans  un  couvent,  pour  y  pleurer  l'innocent  doni 
elle  avait  causé  la  mort  malhem"euse. 

A.   DE  L. 

Félibien,  Histoire  de  la  ville  de  Paris.  —  Froissard, 
III,  c.  4S.  —  Braiitôinc,  Mémoires  sur  les  Duels,  p,  I?.    , 


firiïi 


?9 


CARROZA  —  CARSTENS 


890 


CARROZA  {Jean)f  médecin  italien,  né  à  Mes- 

iic  le  8  juin   1678,  mort  dans  la  même  ville 

»rès  1730.  Il  étudia  la  médecine  dans  sa  ville 

itale,  où  il  eut  pour  maître,  entre  autres,  le  cé- 

bre  Dominique  Scala.  Étant  encore  tout  jeune, 

futappelé  à  Sainte-Lucie  en  qualité  de  médecin 

•■  cette  ville.  11  fut  si  heureux  dans  sa  pratique, 

l'il  ne  perdit,   assure  Mongitore,  qu'un  seul 

alade,  et  encore  fut-ce  une  femme  sexagénaire, 

ins  l'espace  de  trois  ans.  Puis  il  revint  en  1702 

Messine,  où  il  soutint  avec  éclat  la  thèse  De 

injii  re  scibili.  Il  a  probablement  terminé  sa 

arrière  à  Messine,  quoiqu'on  ne  connaisse  pas  la 

ate  précise  de  sa  mort.  On  a  de  lui  :  Conclusio 

niver salis,  id est,  deomni  re scibili;  Messine, 

02,  in-4'';  —  Contra  viilgo  scientias  acqui- 

.  Itas  per  disciplinam  ;  Messine,  1 702,  in-4 °  ;  — 

X.nthropologix  primus  tomus,  in  quofacilior 

it  utilior  medendi  theoria  et  praxis  palam 

tabsqueelectuariis,  confectionibus,  looch,  ta- 

"'  ellis ,syrupis,julep,  rob ,  apozematis ,  sac- 

^  haris,  catharticis,  sternutatoriis,  masticato- 

iis ,  epithematibus ,  succulis,  vesicantibus , 

)hlebotomias,  tandem  sine  quibusdam  decoc- 

is,  viris  medicatis,  emplastris,  etc.  ;  Messine, 

704,  in-4'':  c'est  un  opuscule  peu  remarquable 

1  îontre  la  médecine  galénique.  Mongitore  lui  at- 

ribue  encore  les  ouvrages  suivants ,  mais  sans 

Il  donner  d'autres  indications  que  les  titres  : 

de  Vita;  —  de  rerum  Initiis;  —  Galeni  Que- 

rela,  contra  Galenistas  ;  —  Prsecepta  mo- 

ralia. 

Mongitore,  Bibliotheea  Sicula.  —  Éloy,  Dictionn.  de 
Médecine. 

CARRUCCI.  Voy.  PoNTO^alo.  7^>ry 
CARS  {Laurent),  peintre  et  gi'aveur  fran- 
çais, né  à  Paris  en  mai  1699,  mort  le  14  avril 
1771,  fils  du  précédent.  Son  père,  le  destinant 
à  la  peinture,  le  plaça  dans  l'atelier  de  Christo- 
phe, peintî'e  dn  roi,  où  il  fit  de  rapides  progrès. 
Mais ,  entraîné  par  son  goût  pour  la  gravure ,  il 
s'y  livra  exclusivement  sous  la  direction  de  Le- 
moine,  qui  lui  fit  reproduire  une  grande  partie 
de  ses  tableaux.  Il  fut  reçu  à  l'Académie  le  31  dé- 
cembre 1733,  et  nommé  conseiller  en  1757.  Il 
avait  gravé  pour  son  morceau  de  réception  le 
portrait  de  Michel  Anguier,  sculpteur,  d'après 
G.  Revel.  On  remarque  dans  son  œuvre,  indé- 
pendamment de  ce  qu'il  a  gravé  d'après  Le- 
moine,  des  pièces  d'après  Lebrun,  Rigaud,  Bou- 
cher, Chardin ,  Greuze ,  Watteau ,  etc.  Ce  qui 
distingue  surtout  le  talent  de  Cars,  c'est  une 
connaissance  du  dessin  trop  rare  chez  les  gra- 
veurs, et  qu'il  devait  à  ses  premières  études. 

P.  Cn. 
Fontenay,  Dictionnaire  des  artistes.  — Huber,  Manuel 
des  amateurs  de  l'art.  —  Heinecken,  Dictionnaire  des 
artistes.  —  archives  de  l'ait  français,  t.  I. 

*CARS  (Jean-François) ,  graveur  français, 
né  à  Lyon,  mort  à  Paris  en  1763.  Il  a  gravé 
quelques  portraits  et  un  très-grand  nombre  de 
thèses.  P.  Ch. 

Heineclcen,  DicUoTUU  des  artistes. 


CARSTARËS  {Guillaume),  théologien  pres- 
bytérien écossais,  né  en  1G49  à  Cathcart,mort 
en  1715.  Il  fit  ses  études  à  Utrecht,  où  son  père 
s'était  réfugié  pendant  la  révolution  de  1641,  de- 
vint ministre  de  la  congrégation  anglaise  à  Leyde 
et  secrétaire  intime  du  prince  d'Orange,  et  revint 
dans  sa  patrie,  où  il  fut  arrêté  comme  conspira- 
teur. Relâché  après  des  aveux  que  lui  arracha 
la  torture ,  il  retourna  en  Hollande  auprès  de 
Guillaume  d'Orange,  dont  il  était  le  chapelain 
particulier.  Lorsque  le  prince  monta  sur  le  trône 
d'Angleterre,  il  nomma  Carstares  son  chapelain 
pour  l'Ecosse,  et  celui-ci  eut  une  influence  po- 
litique qui  ne  finit  qu'avec  la  vie  de  son  protec- 
teur. Mac-Cormick  a  publié  les  papiers  d'État  et 
les  lettres  de  Carstares,  avec  une  notice  sur  sa 
vie;  Edimbourg,  1774,  in-4''. 

Rose,  New  Biographical  Dictionary.  —  Cormick,  Vie 
de  G.  Carstares.  —  Biographia  Britannica. 

*  CARSTENS  {Adolphe-Gotthard) ,  littéra- 
teur etcritiquedanois,néàCopenhague  le  31  mars 
1713,  mort  en  1795.  Depuis  1738  jusqu'en  1780, 
il  fut  successivement  secrétaire  et  directeur  de 
la  chancellerie  allemande  à  Copenhague,  et  con- 
seiller intime  du  roi.  Outre  plusieurs  travaux  his- 
toriques insérés  dans  les  Mémoires  de  la  So- 
ciété danoise  des  sciences,  il  se  distingua  comme 
amateur  et  protecteur  des  belles-lettres.  Il  eut  le 
mérite,  en  rendant  justice  à  l'esprit  et  au  carac- 
tère poétiques  des  Allemands,  de  faire  apprécier, 
malgré  une  vive  opposition ,  M.  Ewald,  le  plus 
grand  poète  danois  du  dix-huitième  siècle. 

P.-L.  M. 
Lahdes  Mindesmorker,   K^   livraison.   —  J.   Baden, 
Éloge  de   Carstens,  dans  le  Journal  de  l'Université  de 
Copenhague,  1795.    —  Hrafl  und  Nyerap,   Litteratur- 
Lexicon.  —  Ersch  et  Gruber,  Jllgem.  encyclop. 

CARSTENS  {Asmus-Jacob) ,  peintre  danois , 
né  à  Sankt-Jurgen ,  près  de  Schleswig,  le  10  mai 
1754;  mort  à  Rome  le  25  mai  1798.  Il  était  fils 
d'un  meunier,  et  reçut  de  sa  mère,  fille  d'un 
avocat,  les  premiers  principes  du  dessin,  pour 
lequel  il  montra  dès  l'âge  de  neuf  ans  une  voca- 
tion décidée.  Conduit  à  Copenhague  par  le  désir 
de  voir  les  ouvi-ages  des  grands  maîtres,  il  fut 
vivement  impressionné ,  et  composa  bientôt  un 
tableau  représentant  [la  Mort  d'Eschyle.  Mais 
n'ayant  eu  que  de  faibles  encouragements,  il  se 
trouva  réduit  à  faire  des  portraits  pour  gagner 
sa  vie.  Quelques  tracasseries  qu'il  essuya  à  l'A- 
cadémie de  peinture  de  Copenhague,  où  il  avait 
été  admis  comme  élève,  le  décidèrent  à  entre- 
prendre le  voyage  de  Rome.  Sans  protection  et 
sans  ressources  dans  un  pays  dont  il  ignorait  la 
langue,  il  n'alla  que  jusqu'à  Milan,  et  revint  en 
Allemagne  en  traversant  la  Suisse,  où  la  vente 
de  quelques  dessins  lui  fournit  les  moyens  de 
se  rendre  à  Berlin.  S'étant  fait  connaître  dans 
cette  ville  par  plusieurs  compositions  remarqua- 
bles ,  il  fut  nommé  professeur  à  l'Académie  de 
peinture,  obtint  une  pension  de  450  rixdales,  et 
put  aller  se  perfectionner  à  Rome,  où  il  arriva 
en  1792.  Dès  l'année  suivante,  il  exposa  ses  ou- 


891 


CARSTENS  —  CARTAUD  DE  LA  VILATE 


vrages.  Le  jugement  des  amateurs  lui  fut  très- 
favorable.  De  nouvelles  études  lui  présageaient 
de  nouveaux  succès,  quand  il  mourut  dans  la 
maturité  de  son  talent.  Les  principales  compo- 
sitions de  Carstens  sont  :  la  Chute  des  Anges; 

—  la  Visite  dès  Argonautes  au  centaure  Chi- 
ron;  —  la  Blégaponie ;  —  Œdipe  roi. 

Nagler,  Neues  Âllgem.  Kûnstler-Lexicon.  —  Magasin 
encijclop.,  année  1808,  t.  IV.  —  Fernow,  Fie  d'As.  Jac. 
Carstens  ;  Leipzig,  1806. 

*CARSCGH!  {Christophe),  bibliographe  ita- 
lien, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle.  On  a  de  lui  la  description  de  la 
bibliothèque  Lancisi  à  Rome ,  sous  le  titre  :  la 
Biblioteca  JMncisiana,  ovvero  distinto  rag- 
guaglio  délia  pubblica  libreria  eretta  1714  da 
Giov.-Maria  Lancisi;  Rome,  1718,  in-4". 

Adelung,  supp!.  kiôcXiet:,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

*CARSîJGHï  (Reinier),  poëte  latin  et  huma- 
niste italien,  de  l'ordre  des  Jésuites,  né  en  1647 
à  Citerna  en  Toscane,  mort  à  Rome  en  1709.  H 
fut,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  provin- 
cial de  son  ordre  dans  les  États  romains.  On  a 
de  lui  :  Epigrammata  ;  —  Poema  latimtm  de 
arte  recte  scribendi;  Rome,  1709,  in-8°  :  c'est 
une  espèce  de  rhétorique  en  vers. 

Adelnng,  suppl.  à  Jdcher,  Allgem,  Gelehrten-Lexicon. 

*CAiii'AJO  [Antonio- Maria),  poëte  italien 
de  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  Il  ap- 
partenait à  cette  spirituelle  Académie  des  Rozzi 
(Rustres),  établie  à  Sienne,  et  dont  les  mem- 
bres composèrent  un  grand  nombre  de  petites 
pièces  pleines  de  vivacité  et  de  gaieté.  La  dé- 
cence n'y  est  pas  toujours  respectée;  mais  en 
fait  de  bienséances  dramatiques  on  était  alors 
bien  peu  sévère,  et  on  passait  tout  aux  Rozzi 
pourvu  qu'Us  lissent  rire,  et  pourvu  qu'ils  offris- 
sent des  traits  d'habitudes  locales,  revêtus  avec 
grâce  des  idiotismes  les  plus  agréables  de  la 
langue  toscane  et  des  locutions  proverbiales  qui 
lui  sont  propres.  Cartajo  apporta  pour  sa  con- 
tribution aux  travaux  de  sa  compagnie  une  Com- 
media  ridiculosa,  intitolata  el  Farfalla;  le 
sujet  est  assez  singulier  :  il  s'agit  d'un  paysan 
des  environs  de  Sienne  qui  mène  sa  femme  voir 
les  curiosités  de  Rome,  et  qui  la  perd  en  arrivant; 
elle  donne  rendez-vous  à  un  galant;' le  mari  la 
retrouve  enfin,  et  la  vend  pour  un  manteau  qu'il 
reçoit  en  échange.  De  1&49  à  1580,  cette  pièce 
eut  au  moins  quatre  éditions.  G.  B. 

Storia  deW  Academia  de'  Rozzi;  Sienne,  1778,  in-S". 

—  Catalogue  delà  Bibliothèque  dramatigue  de  M.  de 
Solcinne,  n°  4186. 

CARTARi(C/mries),  compilateur  italien,  né 
à  Bologne  en  1614,  mort  en  1697.  Il  fut  avocat 
au  consistoire  de  Rome,  et  inspecteur  des  archi- 
ves du  saint-siége.  Ses  principaux  ouvrages  sont: 
la  Rosa  d'  oro  pontificia,  racconto  istorico; 
Rome,  1681,  in-4°  ;  —  Pallade  Bambina,  ovvero 
biblioteca  degli  opuscoli  volanti  che  si  con- 
servano  nel  palazzo  degli  signori  Altieri  ;  ibid., 
1 694,  in-4°.  Cartari  édita  aussi  plusieurs  ouvrages 


à  Orviéto  en  1558 ,  et  mort  en  1633  à  Rome, 
il  était  sénateur. 

Crescimbeni,  f'ite  degli  Arcadi.  —  Acta  Eruditon 
de  1713,  p.  503. 

CARTARI  OU  CHARTARî  (Vincent),  po« 
et  httérateur    itahen,  natif  de  Reggio,  viv. 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  S 
principaux  ouvi-ages  sont  :  Fasti  d'Ovidio  trai 
alla  lingua  volgare;  Venise,  1551,  in-8°; 
il  Flavio  intorno  a'fastivolgari;\biA.,  155 
in-8°;  —  il  Compendïo  dell'  istoriadi  mon 
Paolo  Giovo,  con  lepostille;  Venise,  156 
in-8°  ;  —  le  Immagini  degli  Dei  antichi,  nel 
quali  si  contengono  gli  idoli,  riti,ceremt 
nie,  etc.  ;  ibid.,  1556  ,  1571 ,  1580,  1592, 160 
1647  et  1674;  Lyon,  1581,  in-8°  ;  Padoue ,  160. 
1615  et  1626,  in-8".   La  plupart  de  ces  édi|B! 
tions  ont  été  revues  et  augmentées  par  l'auteu: 
et  après  sa  mort  par  Laurent  Pignoria  ;  les  dei 
nières  sont  les  plus  estimées.  Duverdier  a  donn 
une  traduction  latine  et  française  de  ce  traité 
Lyon,  1581,  in-4''. 

Ginguené,  Hist.  litt.  de  l'Italie,  VII.  — Jôcher,  Allgen 
Gelehrt-Lexic.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  Letter.  —  Sa; 
Onomastic.  literar. 

CARTAUD  DE  LA  TILATE  (  François  ),  lit 
térateur  français,  naquit  à  Aubusson  dans  le 
premières  années  du  dix-huitième  siècle,  et  mou 
rut,  jeune  encore,  à  Paris  en  1737.  Il  embrass; 
l'état  ecclésiastique,  et  devint  chanoine  del'égiist 
collégiale  d' Aubusson,  sa  patrie.  Un  critique  dis 
tingué  (M.  Palissot)  s'est  plaint  du  sitence  que 
tous  les  dictionnaires  historiques  ont  gardé  sui 
l'auteur  ingénieux  à  qui  l'on  doit  des  Essais  liis- 
toriqxies  et  philosophiques  sur  le  goût  ;  Paris, 
1736,  in-12  :  «Uvre  original  etprécieux,  plein  de 
«  morceaux  de  verve,  qui  prouvent  que  cet  éci'i- 
«  vain  savait  sentir  et  s'exprimer  avec  enthou- 
«  siasme.  "  Cet  ouvrage  produisit  en  effet  une 
vive  sensation  lorsqu'il  parut.  A  la  suite  de  con- 
sidérations élevées  sur  l'origine  et  les  progrès 
des  connaissances  humaines,  Cartaud  de  la  Vilate 
cherche  à  faire  prévaloir  ses  opinions  contre  les 
anciens,  déjà  soutenues  par  Perrault  et  la  Motte. 
Mais,  quoique  évidemment  supérieur  à  ses  devan- 
ciers par  la  nouveauté  des  idées  et  la  chaleur 
du  style,  il  ne  parvint  pas  plus  qu'eux  à  affai- 
blir l'admiration  des  siècles  pour  les  noms  immor- 
tels d'Homère,  de  Virgile,  d'Horace,  etc.  ;  car  un 
ouvi'age  aussi  remarquable  par  sa  singularité  et 
son  mérite  d'exécution  ne  pouvait  manquer  de 
rencontrer  des  adversaires.  Un  anonyme  le  ré- 
futa dans  une  Lettre  de  monsieur  ***  à  ma- 
dame la  princesse  de  **,  au  sujet  des  Essais 
historiques  et  critiques  sur  le  goût;  Paris, 
Perrault,  1737,  in-12.  MM.  Barbier  et  Quérard 
n'en  ont  pas  connu  l'auteur;  on  a  lieu  de  croire 
qu'elle  est  l'œuvre  du  P.  Castel,  connu  lui- 
même  par  ses  singularités.  Les  journalistes  de 
Trévoux,  au  nombre  desquels  il  était  compté, 
se  contentèrent  de  la  désavouer  en  son  nom; 
mais  ce  désaveu  restrictif  ne  fait  que  confirmer 


de  jurisprudence  de  son  père  Jules  Cartari,  né     notre  conjecture.  Il  est  à  regretter  que  le  ceu' 


i)3 


CARTAUD  DE  LA  VILATE  —  CARTEAUX  89< 


ur,  qui  affecte  le  plus  souvent  un  ton  badin, 

soit  4)ermis  la  mauvaise  plaisanterie  de  dénon- 

i'4r  l'abbé  auteur  du  livre  à  son  évéque,  aux 

uissances,  et  à  toutes  les  personnes  qui  ont 

j  la  pudeur  et  de  la  religion.  11  est  vrai  que 

superstition  et  le  despotisme  sont  l'objet  de 

•ades  aussi  vigoureuses  qu'éloquentes  (l);mais 

les  ne  paraissent  tomber  que  sur  les  prêtres  et 

s  monarques  absolus  des  nations  païennes.  Les 

ssais  eurent  plusieurs  éditions  imprimées,  tant 

France  qu'à  l'étranger,  de  1736  à  1751.  L'abbé 

irtaud  de  la  Vilate  avait  déjà  manifesté  son 

'f'i  inchant  pour  les  opinions  paradoxales,  en  met- 

•  nt  au  jour  des  Pensées  critiques  sur  les  ma- 

'i*j  lématiques;  Paris,  1733,  in-12.  «Dans  ce  livre 

'"'i  non  moins  curieux,  très-peu  connu  et  très- 

^  rare,  dit  Palissot,  on  propose  divers  préjugés 

'■  contre  cette  science,  à  dessein  d'en  ébranler  la 

•ffl  certitude,  et  de  prouver  qu'elle  a  peu  contribué 

""i  à  la  perfection  des  arts.  »  J.  Lamoureux. 

1I(   Palissot,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  notre 

ttérature,  1809,  tom.  I,  p.  127.   —  Mémoires  de    Tré- 

,ni  aux,  1787.  —  HelTétius,  de  l'Esprit,  discours  III,  chap. 

CARTE   (Thomas),  historien  anglais,  né  à 
lit  •♦usmoon,  près  de  Clifton,  dans  le  War  wicksbire, 
if  :n  avril   1686  ;  mort  près  d'Abingdon,  dans  le 
'A  ierkshire,  le  1**^  avril  1754.  Après  avoir  étudié  à 
s  )xford  et  à  Cambridge  et  fait  le  tour  d'Europe, 
is    entra  dans  les  ordres  en  1713.  Son  attache- 
ii  aent  aux  Stuarts,  la  part  qu'il  avait  eue  dans  la 
ij  ébellion  de  1715,  et  sa  qualité  d'ancien  secré- 
irjaire  de  l'évéque  Atterbury,  ainsi  que  son  refus 
le  reconnaître  George  I^'',  le  forcèrent  de  quit- 
ter l'Angleterre  en  1722  ;  car  sa  tête  avait  été 
mise  au  prix  de  1,000  livi'es  sterling.  En  France 
1  s'occupa,  sous  le  nom  de  Philips,  de  la  réédition 
les  œuvres  de  de  Thou  et  de  Rigalt.  Plus  tard 
1  obtint,  vers  1732,  par  l'entremise  de  la  reine 
Caroline,  la  permission  de  renti'er  en  Angleterre. 
En  1744  il  fut  soumis  à  de  nouvelles  enquêtes, 
propos  de  l'entreprise  de  Charles-Edouard; 
mais  il  fut  relâché.   VHistoire  d'Angleterre, 
qu'il  élabora  dans  les  derniers  quinze  ans  de  sa 
vie,  est  son  chef-d'œuvre ,  malgré  quelques  sin- 
gularités qui  s'y  sont  glissées  :  c'est  ainsi  qu'il 
dit  dans  une  note  qu'en  1716  le  prétendant  gué- 
rissait des  écrouelles.  Cependant  il  avait  gagné 
tous  les  souscripteurs  qui  n'étaient  pas  contents 
des  succès  de  V Histoire  de  Rapin  Thoyras,  trop 
favorable  à  la  maison  de  Hanovre.  Il  mourut  sans 
avoir  achevé  son  travail.  On  a  de  lui  :  the  Irish 
Massacre  set  in  clear  liht,  1714,  inséré  dans 
Lord  Somers  tracts ,  avec  la  réplique  du  D"" 
Chandler;  —  Jacobi-Augusti  Tfiuani  Histo- 
riarum  libri  cxxxviii  et  Nicolai  Bigaltii  de 
Rébus  gallicis  libri  très,  translated  in  en- 
glish  b]i  Thom.  Carte, Wead, et Buckley;  Lon- 
dres, 1733,  7  vol.  gr.  ia-M.  ;— the  History  of 

'  (1)  Helvétius  a  rapporté,  dans  son  livre  de  l'Esprit,  un 
long  passage  des  Essais,  «  plein,  dit-il,  de  cette  force 
«  d'expression  dont  on  ne  croyait-pas  notre  langue  sus- 
«  ceptible.  » 


the  iife  of  James  Duke  of  Ormond,  from  his 
birth,  1610,  to  his  death,  in  1688;  Londres, 
1735-173C,  3  vol.  in-fol.;  il  en  parut  un  abrégé 
en  français,  sous  le  titre  :  Mémoires  de\la  vie  de 
milord  duc  d'Ormond,  traduits  de  l'anglais; 
la  Haye,  1732,  2  vol.  in-12;  —  A  gênerai  account 
of  the  necessary  matcrials  for  a  history  of 
England;  Londres,  1738,  in-8°  :  c'est  le  plan 
d'une  grande  histoire  d'Angleterre;  —  A  col- 
lection of  original  letters  and  papers,  con- 
cerning  the  affairs  of  England,  from  1641 
to  1660;  Londres,  1739,  2  vol.  in-S";  —  An 
account  of  the  court  of  Portugal  of  the 
reign  of  Peter  II,  or  lettres  of  Robert  Sou- 
thwells,  ambassador  at  Lisbon  in  1667,  with 
an  History  gênerai  of  the  révolutions  of  Por- 
tugal; Londres,  1740,  in-8°:  cette  édition  des 
lettres  de  Southwell,  un  des  prédécesseurs  de 
Methuen,  a  été  traduite  et  augmentée  par  l'abbé 
Desfontaines  sous  le  titre  :  Relation  de  la  cour  de 
Portugal  sotis  don  Pèdre  II,  à  présent  ré- 
gnant; Paris,  1742,  2  vol.  in-12;  —  Catalogue 
des  nobles  gascons,  normands  et  français, 
conservé  dans  les  archives  de  la  Tour  de 
Londres,  tiré  d'après  celui  du  garde  desdites 
archives;  publié  par  de  Palmeuse,  avec  la  pré- 
face de  Bougainvillel;  Londres  (Paris),  1743,  2 
vol.  in-fol.:;  —  History  of  England  ;  Londres, 
in-fol.,  en  4  vol.,  dont  le  1^"^  parut  en  1747,  le 
2^  en  1750,  le  3®  en  1752,  et  le  4*=  après  la  mort 
de  l'auteur,  1755.  Les  matériaux  qui  devaient 
servir  à  la  continuation  de  cet  ouvrage,  de  1 654 
jusqu'en  1688,  se  trouvent  depuis  1778  dans  la 
bibliothèque  Bodiéienne  d'Oxford.  Un  peu  avant 
cette  année,  Macpherson  s'en  était  sei*vi  pour  sa 
grande  Histoire  de  l'Angleterre  et  Xç; Recueil  de 
papiers  d'États  qui  lui  font  suite. 

Rose,  Neio  Biographical  Dictionary. 

CARTEAUX  {Jean- François) ,  général  fran- 
çais, né  en  1751  à  Allevan,  dans  le  Forez;  mort 
en  1813.  H  était  fils  d'im  dragon  du  régiment 
de  Thianges.  Il  fut  élevé  dans  les  garnisons ,  et 
suivit  aux  Invalides  son  père,  blessé  dans  les 
guerres  de  Hanovre.  Après  avoir  voyagé  dans 
les  diverses  contrées  de  l'Europe  pour  se  perfec- 
tionner dans  l'étude  de  la  peinture,  qui  occupa 
sa  jeunesse,  il  revint  à  Paris  à  l'époque  de  la 
révolution,  et  se  distingua  à  l'affaire  du  10  août, 
comme  officier  de  la  cavaleiie  de  la  garde  na- 
tionale parisienne.  Nommé  adjudant  commandant 
à  la  suite  de  cette  journée,  il  fut  envoyé  à  l'armée 
des  Alpes  ;  puis  promu  au  grade  de  général ,  et 
chargé  de  dissipai-  les  Marseillais  révoltés  qui 
marchaient  au  secours  des  Lyonnais.  Il  s'avança 
contre  eux,  les  battit,  et  entra  dans  leurs  murs 
au  mois  d'août  1793.  De  là  il  s'avança  sur  Tou- 
lon, dont  il  commença  le  siège.  Mais  une  pareille 
tâche  était  au-dessus  de  ses  forces.  Carteaux, 
révoqué,  remit  ses  troupes  à  Dugommier,  parut 
un  moment  aux  armées  d'Italie  et  des  Alpes,  fut 
ensuite  arrêté  par  ordre  du  comité  de  salut  pu- 
blic, et  enfermé  à  la  Conciergerie  le  2  janvier 


895 


CARTEAUX  —  CARTERET 


1794.  Rendu  à  la  liberté  après  le  9  thermidor, 
il  fut  «lis,  l'année  suivante,  à  la  tête  de  l'un  des 
corps  de  l'arraée  de  l'Ouest.  Destitué  de  nouveau 
au  bout  de  quelques  mois,  il  se  plaignit  vivement 
à  la  convention,  lui  rappela  ses  services,  et  la 
défendit  en  effet,  avec  intrépidité,  au  13  vendé- 
miaire, n  fut  réintégré  à  la  suite  de  cette  journée, 
et  employé  jusqu'en  1801,  où  il  devint  l'un  des 
administrateurs  de  la  loterie.  Après  trois  ans 
d'exercice,  il  fut  nommé,  en  1804,  au  commande- 
ment de  la  principauté  de  Piombino,  revint  en 
France  en  1805,  et  reçut  une  pension  de  l'empe- 
reur, qui,  encore  officier  d'artillerie,  avait  servi 
sous  Carteaux  à  l'armée  de  Toulon. 

Le  Bas,  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France.  — 
Monit.  univer.  —  Galerie  hist.  des  Contemporains.  — 
Thiers,  Hist.  de  la  Rév.  française. 

CARTELETTi  (François-Sébastien),  poète 
italien,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  est  auteur  d'un  poëme  sur  le  martyre 
de  sainte  Cécile,  dont  les  nombreuses  éditions 
sont  moins  dues  au  talent  de  l'auteur  qu'au  su- 
jet qu'il  avait  choisi.  La  meilleure  est  celle  de 
Rome,  1598,  in-12. 
Feiler,  Dictionnaire  historique. 

CARTELLiER  {Pierre),  sculpteur  français,  né 
à  Paris  le  2  décembre  1757,  mort  le  12  juin  1831. 
Il  fut  de  bonne  heure  inspiré  par  le  génie  des 
arts  ;  mais  il  eut  à  lutter  une  grande  partie  de  sa 
vie  contre  les  embarras  d'une  position  sociale  con- 
traire à  ce  que  réclame  l'étude  longue  et  difficile 
du  dessin.  Pendant  longtemps  il  n'eut  d'autres 
leçons  que  ceUes  données,  à  l'école  gratuite  de 
dessin,  aux  enfants  destinés  à  des  professions 
industrielles.  Ses  parents,  ayant  fini  par  reconnaî- 
tre en  lui  une  vocation  décidée  pour  la  sculpture, 
firent  abnégation  de  leur  propre  intérêt,  et  pla- 
cèrent le  jeune  Cartellier  chez  Ch.  Bridan,  sta- 
tuaire, et  membre  distingué  de  l'ancienne  Acadé- 
mie. Cependant  la  mort  prématui'ée  de  son  père 
l'obligea  de  nouveau  de  se  livrer  à  des  travaux 
subalternes  et  obscurs,  pour  subvenir  aux  besoins 
de  sa  mère  et  aux  siens.  Ses  études  furent  ra- 
lenties, et,  dans  trois  concours  pour  le  prix  de 
Rome,  il  eut  la  douleur  d'échouer. 

Pendant  la  tourmente  révolutionnaire  qui 
bouleversa  la  France  et  fit  suspendre  tous  les 
travaux  d'arts,  le  ciseau  de  Cartellier  obtint  quel- 
ques encouragements  :  dans  l'église  de  Sainte- 
Geneviève,  transformée  en  Panthéon  français,  il 
décora  deux  des  pendentifs  de  la  coupole  des 
figures  de  la  Force  et  de  la  Victoire,  qui  dis- 
parurent plus  tard,  ainsi  qu'un  bas-relief  repré- 
sentant la  Nature  appuyée  sur  la  Liberté  et 
l'Égalité.  On  cite  aussi  avec  éloge  les  deux 
figures  en  arrière-corps  de  la  façade  du  midi  du 
Luxembourg,  représentant  la  Vigilance  et  la 
Guerre  ;  la  statue  de  Vergniaiid ,  qui  décorait 
le  grand  escalier  de  ce  palais  ;  celle  d'Aristide, 
placée  dans  la  salle  des  séances  de  la  chambre 
des  pairs.  Aux  ouvrages  d'une  époque  plus  heu- 
reuse pour  Cartellier  appartiennent  sa  charmante 
figure  de  la  Pudeur,  exécutée  en  marbre  en 


Sfli 


1808  pour  la  Malmaison,  sur  le  modèle  qu'il  ei 
avait  exposé  au  salon  de  1800;  les  statues  d 
Bonaparte  consul,  de  Napoléon  empereur 
de  Louis  Bonaparte  en  costume  de  grand  con 
nétable,  de  Walhubert,  de  Montebello  à  cheval 
Son  bas-relief  de  la  Gloire  distribuant  ses  cou 
ronnes,  placé  au-dessus  de  la  principale  port 
du  Louvre,  cité  avec  tant  de  distinction  dans  1 
rapport  sur  les  prix  décennaux,  mit  le  sceau  à  s 
réputation.  Parmi  les  auti-es  ouvrages  de  Cartel 
lier,  nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  le  bas 
relief  de  la  Capitulation  d' Vlm,  à  l'arc  de  triom 
phe  du  Carrousel  ;  Louis  XIV,  statue  équestn 
du  frontispicede  l'hôtel  des  Invalides  ;  le  Louis  X\ 
en  bronze,  sur  la  place  de  Reims,  et  sa  Minervt 
faisant  naître  l'olivier,  au  château  de  Ver- 
sailles. 

Pour  avoir  été  exécutés  loin  de  l'Italie,  les  ou 
vrages  de  Cartellier  n'en  sont  pas  moins  em 
preints  du  vrai  sentiment  de  l'antique;  et  si  quel 
ques  -uns  n'ont  pas  toute  la  sévérité  de  styli 
des  chefs-d'œuvre  grecs,  ils  ne  le  cèdent  point  i 
la  plupart  de  ceux  sortis  du  ciseau  d'artistes 
qui,  plus  heureux  que  lui,  ont  pu  recevoir,  dani 
le  pays  des  arts,  toutes  les  inspirations  qu'il  faii 
naître.  Cartellier  était  membre  de  l'Académi* 
depuis  1810,  et  professeur  à  l'École  royale  des 
beaux-arts  depuis  1816.  [Enc.  des  g.  dtt  m.] 

Nagler,  Neues  AUgemeines  Kunstler-Lexicon.  —  Ga 
bet,  Dict.  des  Artistes.  —  Quatremèrede  Quincy,  Notia 
historique  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Cartellier.  — 
Éméric  David,  Discours  prononcé  aux  funérailles  de 
Cartellier.  —  Livrets  des  Salone. 

CARTER  (Elisabeth),  (emme  poète  anglaise, 
née  en  1717,  morte  à  Londres,  le  19  février 
1806.  Elle  était  versée  dans  la  connaissance  des 
langues  anciennes  et  modernes.  Ses  premiers  ! 
essais  poétiques  parurent  dans  le  Gentleman'^ 
Magazine.  L'ouvrage  qui  lui  fit  le  plus  d'honneui 
est  la  traduction  de  tous  les  écrits  d'Épictète, 
avec  des  notes;  Londres,  1758,  in-4°.  Elle  tia- 
duisit  aussi  les  Dialogues  sur  la  Lurnière,  par 
Algarotti,  et  fit  paraître  en  1662  un  vol.  in-8°  de 
poésies  sur  différents  sujets.  On  doit  encore 
à  Elisabeth  Carter  les  numéros  64  et  100.;du 
Rambler.  Ses  Mémoires  ont  été,''  publiés  à  Lon- 
dres en  1807. 

Rose,  New  Biographical  Dictionary.  —  Pennington, 
Memoirs  0/  the  life  of  E.  Carter  ;  Londres,  1807. 

CARTERET  (PAi/?j9),  navigateur  anglais,  vi- 
vait en  1769.  Dès  le  retour  en  Angleterre  du 
Commodore  Byron  {voy.  ce  nom),  George  III 
ordoima  une  nouvelle  expédition  dans  le  but  de 
continuer  l'exploration  de  l'hémisphère  méridio- 
nal. Le  commandement  en  fut  confié  au  capitaine 
Samuel  Wallis,  qui  monta  le  Delphin  (1)  ;  on  lut 
adjoignit  le  Swallow,  corvette  de  quatorze  ca- 
nons, et  le  Prince-Frédéric,  flûte  destinée  à  l'ap- 
provisionnement ,  sous  les  ordres  du  capitaine 
Philip  Carteret.  La  flottille  appareilla  de  Ply- 
mouthle  22août  1766,  relâcha  à  Madère,  aux  îles 

(1)  C'était  le  vaisseau  qui  venait  de  faire  le  tour  fin 
inonde  sous  le  commodore  Byron. 


807 

(!ii  cap  Voit,  et  entra  dans  le  détroit  de  Magellan 
le  17  décembre.  Arrivé  au  port  de  la  Ilambrc, 
/(■  Prince- Frédéric  fut  envoyé  au  port  Egmont, 
dans  les  Malouines.  Le  Delphin  et  le  Sumllow 
liiront  retenus  dans  le  détroit  jusqu'au  11  avril 
1707.  Pendant  ces  quatre  mois  les  Anf;;lais,  sans 
cesse  menacés  de  naufrage,  obligés  à  des  nia- 
iKi'uvres  très-pénibles,  de  lutter  contre  les  vents 
(onfraires,  manquant  souvent  de  bois  et  de  vi- 
A  res,  souffrirent  beaucoup.  Lorsqu'on  déboucha 
(lu  détroit,  un  coup  de  vent  sépara  les  deux  bûti- 
iiionts.  Le  Swallow,  fort  mauvais  voilier,  ne  put 
aller  de  conserve  avec  le  Delphin,  qui  s'éloigna 
dans  le  nord-ouest.  Carteret,  abandonné  sur  un  na- 
vire délabré,  manquant  de  tout,  porta  d'abord  au 
nord  etalla  faire  aiguadeà  l'île  de  Massa-Fuero(l); 
(le  là  cinglant  à  l'ouest  nord-ouest,  à  la  suite  d'une 
idngue  navigation,  il  découvrit,  par  IS.S"  41'  lon- 
i^itude  ouest  sur  25°  2'  latitude  sud,  une  île  en- 
tièrement isolée,  qu'il  appela  île  Pitcairn,  du 
nom  d'un  de  ses  officiers.  Deux  autres  îles,  qu'il 
trouva  le  lendemain,  reçurent  le  nom  iHles  Glo- 
cester.  Faisant  ensuite  route  au  nord-ouest,  après 
une  traversée  que  la  disette  et  l'épuisement  de 
son  équipage  rendaient  chaque  jour  plus  péni- 
ble, il  relâcha  aux  îles  Santa-Cruz,  archipel  que 
l'Espagnol  don  Alvarez  de  Mendana  avait  dé- 
couvert en  1595.  Dans  l'ignorance  de  cette  pre- 
mière découverte,  Carteret  signala  ce  groupe 
comme  nouveau,  sous  le  nom  A' lies  de  la  reine 
Charlotte  (2).  Attaqué  plusieurs  fois  par  les  fé- 
roces habitants  de  ces  parages,  ce  fut  en  com- 
battant que  Carteret  put  seulement  se  procurer 
un  peu  d'eau  ;  encore  en  coûta-t-il  la  vie  à  plusieurs 
Anglais.  Espérant  trouver  une  relâche  plus  fa- 
vorable, il  continua  à  marcher  au  nord-ouest;  le 
20  août  1764,  il  découvrit,  par  158"  28'  longitude 
est  et  8°  50  latitude  sud,  deux  îles  faisant  partie 
de  l'archipel  de  Salomon ,  dont  l'existence  était 
alors  problématique.  Il  appela  ces  îles  Gower  et 
Carteret.  Elles  sont  tellement  rapprochées  des 
grandes  Ârsacides,  que  Carteret  eût  sans  doute 
reconnu  ces  dernières  si ,  moins  pressé  par  les 
besoins  de  son  équipage  et  le  mauvais  état  de 
sa  corvette,  il  eiit  pu  se  Uvrer  à  une  navigation 
plus  minutieuse.  Il  passa  outre ,  laissant  à  un 
marin  français,  M.  de  Surville,  l'honneur  d'ex- 
plorer ce  vaste  archipel,  et  de  fixer  la  position  à 
l'est  de  la  Nouvelle-Guinée. 

Poursuivant  sa  route  vers  le  nord-ouest,  Cai'- 
teret,  après  avoir  rencontré  quelques  îlots  peu 
remarquables,  arriva  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle- 
Bretagne.  On  avait  cru  jusqu'alors,  d'après  Dam- 
pier ,  que  la  terre  qui  se  prolonge  au  nord  de  la 


(1)  Une  (Jes  deux  îles  Juan-Fernandez,  sur  la  côte  du 
Chili,  rendue  célèbre  par  le  séjour  d'Alexandre  Seikirck, 
marin  écossais,  dont  Daniel  de  Koë  a  retracé  les  aventu- 
res dans  son  Hobtnson  Crusoé. 

(2)  Cet  archipel  est  situé  entre  8°  3o'  latitude  sud  et 
167°  40'  longitude  est.  Carteret  changea  leurs  noms  es- 
pagnols en  noms  anglais;  les  principales  sont  :  Sanla- 
Cruz  ou  Egmont,  Vanikoro  (lieu  du  naufrage  de  la  Pc- 
rouse),  Swallow,  Duif,  Ourry,  Cherry,  Mytre  et  Brawell. 

NOCV.    BIOGR.    UNIVERS.   —  T.    V)U. 


CARTERET  89« 

Nouvelle-Bretagne  faisait  partie  de  cette  môme 
ile  ;  mais  Carteret,  pénétrant  dans  la  prétendue 
baie  signalée  par  Dampier,  s'aperçut  qu'il  était 
dans  un  vaste  détroit  séparant  la  Nouvelle-Breta 
gno  en  deux  grandes  îles.  11  lit  une  reconnaissance 
exacte  de  ce  détroit,  qu'il  nomma  canal  de  Saint- 
George.  Le  nom  de  Nouvelle  Bretagne  fut  con- 
servé à  la  terre  du  sud  ;  celle  au  nord  fut  appelée 
Nouvelle-Irlande.  Carteret  mouilla  prèsdecette 
dernière  dans  un  port  auquel  on  donna  à  juste 
titre  le  nom  de  ce  navigateur.  Les  Anglais  eurent 
encore  là  plusieurs  combats  à  soutenir  contre  les 
naturels  ;  le  lieutenant  du  Swallow  et  plusieurs 
marins  y  furent  blessés.  Carteret,  suivant  sa  route 
par  l'ouest  de  la  Nouvelle-Irlande,  découvrit  suc- 
cessivement le  Nouvel-Hanovre,  les  îles  Porl- 
land  et  celles  de  V Amirauté,  dont  il  prit  pos- 
session au  nom  de  l'Angleterre,  bien  qu'elles 
eussent  été  déjà  reconnues  par  les  Hollandais 
en  1656.  Se  dirigeant  ensuite  vers  les  Philippi- 
nes, il  signala  encore  au  nord  de  la  Nouvelle- 
Guinée  plusieurs  îlots  et  bas-fonds  dangereux, 
dont  il  détermina  la  position  ;  il  entra  ensuite 
dans  les  Moluques ,  dressa  la  carte  de  toute  la 
côte  occidentale  de  l'île  de  Célèbes,  et  prit  terre 
à  Macassar  vers  la  fin  de  mars  1768,  après 
avoir  perdu  presque  tout  son  équipage,  et  lorsque 
son  vaisseau  ne  pouvait  plus  tenir  à  la  mer.  Les 
Hollandais  ne  voulurent  pas  le  recevoir  à  Jom- 
pandam,  et  le  renvoyèrent  à  Bontain,  consentant 
avec  peine  à  ce  qu'il  prît  des  Maures  pour  rem- 
placer les  hommes  qu'il  avait  perdus.  Après  deux 
mois  de  séjour  à  Célèbes,  Carteret  arriva  le  3  juin 
à  Batavia,  et  il  caréna  le  navire  ;  il  en  repartit  le  1 5 
septembre,  relâcha  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
d'où  il  appareilla  le  6  janvier  1769,  toucha  le 
31  janvier  à  l'Ascension,  et  reprit  sa  route  le  len- 
demain. Il  fut  accosté  en  mer,  le  26  février,  par 
M.  de  Bougainville,  qui  depuis  plusieurs  mois  le 
suivait ,  en  se  rapprochant  de  lui  chaque  jour. 
—  .<  J'offris,  rapporte  le  célèbre  navigateur  fran- 
çais, à  M.  Carteret  tous  les  services  qu'on  peut 
se  rendre  à  la  mer  :  il  n'avait  besoin  de  rien  ; 
mais  sur  ce  qu'il  me  dit  qu'on  lui  avait  remis  au 
Cap  des  lettres  pour  la  France, j'envoyai  les  cher- 
cher à  son  bord.  Il  me  fit  présent  d'une  flèche 
qu'il  avait  eue  dans  une  des  îles  rencontrées  dans 
son  voyage  autour  du  monde ,  voyage  qu'il  fut 
bien  loin  de  nous  soupçonner  d'avoir  fait.  Son 
navire  était  fort  petit,  marchait  très-mal;  et 
quand  nous  eûmes  pris  congé  de  lui,  nous  le 
laissâmes  comme  à  l'ancre.  «  —  Carteret  arriva 
enfin  à  Spithead  le  20  septembre  1790,  après 
une  traversée  de  trois  ans  moins  deux  jours.  Ja- 
mais, avec  si  peu  de  moyens  de  réussite,  aucun 
navigateur  n'avait  déployé  tant  de  talent  et  de 
persévérance.  Les  résultats  du  voyage  de  Car- 
teret furent  très-importants  surtout  pour  la  géo- 
graphie. Alfred  de  Lacaze. 

Hawkesworth,  An  Account  of  t/ie  P'oyafjes  underta- 
kin  bij  the  order  of  his  présent  majesty  for  making- 
discoveries  on  the  Souther  Hémisphère,  etc.  ;  Londres, 
177S,  traduit  en  français  par  Suard.   —Relation    du 

29 


899 


CARTERET 


royaçe  de  Carteret,  Jointe  au  !«■■  volume  de  celle  de 
Cook,  traduite  de  l'anglais;  Paris,  1774,3  V'  grand  in-4°. 
—  William  Smith,  l^'oyages  autour  du  monde,  1,310.  — 
Vantenac,  Histoire  générale  de  la  marine,  III,  330. 

CARTHAEPSER  {Jean-Frédéric),  médecin 
allemand,  né,  le  29  septembre  1704,  à  Hayn 
(  comté  de  Stolberg  en  Prusse  );  mort,  le  22  juin 
1777,  à  Francfort-sur-l'Oder.  Il  fit  ses  études  d'a- 
bord à  léna,  ensuite  à  Halle,  où  il  prit  ses  gra- 
des en  1731.  En  1740,  il  fut  nommé  professeur 
de  chimie,  de  pharmacie  et  de  matière  médi- 
cale à  l'irniversité  de  Francfort-sur-l'Oder, 
chaire  à  laquelle  il  vint  ajouter  bientôt  celle  d'a- 
natomie  et  de  botanique.  Plus  tard  il  devint  pro- 
fesseur de  pathologie  et  de  thérapeutique,  et  il 
conserva  ces  chaires  jusqu'à  sa  mort,  avec  le 
rectorat  de  la  faculté.  En  1755,  il  avait  été  élu 
membre  de  l'Académie  de  Mayence;  et  en  1758, 
de  l'Académie  de  Berlin.  Son  principal  mé- 
rite est  d'avoir  opéré  une  réforme  salutaire 
dans  la  matière  médicale,  en  soumettant  les 
médicaments  à  de  nouvelles  expériences.  On 
lui  doit  surtout  un  grand  nombre  d'analyses  de 
plantes,  et  une  connaissance  plus  exacte  des 
matériaux  qui  entrent  dans  leur  composition. 
C'est  ainsi  qu'il  a  examiné ,  à  la  fois  en  chimiste 
et  en  médecin,  les  baumes,  les  sels  volatils  na- 
turels des  plantes ,  les  cristaux  salins  que  four- 
nit le  suc  des  ijeranïum  pellatumet  acetosum, 
celui  que  laissent  déposer  un  grand  nombre 
d'huiles  volatiles,  et  qui  est,  la  plupart  du  temps, 
du  camphre;  l'huile  de cajeput,  l'enduit  mielleux 
dont  les  plantes  se  couvrent  quelquefois,  la  li- 
queur sucrée  des  fleurs,  le  sucre,  le  camphre, 
la  cire,  le  savon,  l'amidon,  les  huiles  inflamma- 
bles, la  graisse  animale,  les  sels  neutres,  en  par- 
ticulier celui  de  Glauber,  le  pétrole,  les  oxydes 
de  fer,  etc.  On  a  de  lui  :  Dïssert.  de  asthmate 
sanguïneo  spasmodico;  Halle,  1731,  in-4°;  — 
Diss.  de  reciproco  atque  mechanico  sanguinis 
etfliddi  nei'veiad7notumimpidsîi;ïlaWe,  1731, 
in-4°  ;  —  Spécimen  amœnUatum  naturea  et  ar- 
tis  ;  Hafle,  1 733,  in-4°  ;  —  AmœnUatum  naturse, 
sive  historiée  naturalis  pars  prima  gêner alior, 
oder  der  curiosen  und  nùtslichen  sowohl  his- 
torisch  als  physikalischen  Abhandlung  aller 
Merkwûrdigkeiten  der  Natur  ;erster  Tlieil; 
Halle,  1735,  in-4°  ;  —  Elemenla  chymiœ  me- 
dicœ  dogmatico-experimenlalis,  iina  cum  sy- 
nopsi  matcrim  medicas  selectionis  ;  Halle,  1 736, 
in-8°  ;  Francfort-sur-l'Oder,  1753,  in-8%  et  1766, 
in-8°;  —  Tabulée  formularum  prxscriptioni 
inservientes,  in  usum  tyronum ;  W&We. ,  1740, 
1748,^-8°;  Francfort  sur  l'Oder,  1752  et  1766, 
in-S";  —  Programma  de  materia  medico-ra- 
tionali  per  expérimenta  spagirica  promo- 
venda;  Francfort-sur-l'Oder,  1740,  in-4'';  — 
Programma  de  prima  ac  vera  morbi  littera- 
torum  origine;  Francfort-sur-l'Oder,  1740, 
in-4°  ;  —  Diss.  de  noxa  et  utilitate  ebrietatis; 
Francfort-sur-l'Oder,  1 740,  in-8"  ;  —  Dissertatio 
de  refrigerantium  dijferenti  indole  ac  modo 
operandi;  Francfort-sur-l'Oder,  1740,  in-4'';  — 


CARTHAEUSER  900 

Diss.devenenis  ;ibid.,  1741,in-4°;— Z)enece.s. 
saria  consensus  partium  attentione practica ; 
ibid.,  1741,  in-4°; —  Rudimenta  materise'me- 
dicse  rationalis,  experimentis ,  et  observatio- 
nibus  physicis,  chymicis  atque  medicis  selec- 
tioribus  superstructa ,  et  Célebrium  medico- 
rum  ac  chymicorum  testimoniis  hinc  inde 
corroborata ;  ibid.,  1741,  in-4°; —  Diss.  de  ca- 
tharticis  quibusdam  selectioribus ;Md.,  1742, 
in-4°  ;  —  De  necessitate  transpirationis  cuta- 
nege;  1742,  in-4°;  —  De  errôribus  practicis, 
ex  falsa setiologia  promanantibus ;iîiid.,  1742, 
in-4''  ;  —  De  aère ,  aquis  et  locis  Trajectinis 
ad  Viadrum;  ibid.,  1742,  in-4°;  —  Decinna- 
baris  inertia  medica;  ibid.,  1743,  in-4°;  — 
De  perenni  aeris  subtilioris  per  corpus  huma- 
num  circulo;  ibid.,  1743,  in-4°;  -^  De  dulci- 
ficatione  spirituum  acidorum  mineralium; 
ibid.,  1743,  in-4°  ;  —  Diss.  qua  probJema,  an 
bonus  theoreticus  bonus  quoque  sitpractictis, 
in  partem  affirmativam  resolvitur  ;  1743, 
.in-4°;  —  Diss.  de  aquse  calcis  vivse  usu  in- 
terno;  1743,  in-4°;  — De  mammuth  Russo- 
rum;  1744,  in-4°;  —  De  pravo  carnium  mu- 
riaticarum  nutrimento;  1744,  in-4°;  —  De 
cataracta  crystallinavera ;  1744,  in-4°;  —  De 
oleis  empyreumaticis  ;  1744,  in-4°;  —  De  dys- 
crasia  humorum  scorbutico-purpurata  Fran- 
cofurii  ad  Wadram  et  in  tractibus  vicinis  en- 
demia;  1744,  in-4°;  —  De  siiperstitione  circa 
curationes  morboriim  magneticas  et  sympa- 
theticas ;i7ii,  in-4°; —  Pharmacologia  theo- 
retico-practica  rationi  et  experientiee  supers- 
tructa;  Berlin,  1745  et  1770,  in-8°;  Venise, 
1756,  in-4°,  et  Cologne,  1763,  in-8°; — Diss.  de 
calore  corporis  naturali  et  prœternaturali 
febrili;  Francfort-sur-l'Oder,  1745,  in-4°  ;  — 
De  cassia  aromatica;  ibid.,  1745,  in-4°; — De 
insigni  camphorx  activitate  medica;  ibid., 
1745,  in-4°; —  De  cardialgia  spuria;  ibid.,, 
1745,  in-4°;  —  De  eximia  myrrhse  genuinx 
virtute  medica  ;  ibid.,  1746,  in-4°;  —  Deple- 
thorse  imminutione  critica  per  varias  excre- 
tiones  mucosas;  ibid.,  1746,  in-4'';  —  Defe- 
bre  biliosa;  ibid.,  1746,  in-4°; —  De  amplis- 
simo  nitri  depurati  usu  medico;  ibid.,  1747, 
in-4°;  —  De  salibus  plantarum  nativis,  prse- 
sertim  volatilibus;  ibid.,  1747,  in-4°;  —  De 
subitanea  habitus  cutanei  inflatione;  ibid. 
1747,  111-4°  ;  —  De  esculentis  in  génère;  ibid., 
1747,  in-4°;  —  De  recta  motuum  œstimatione 
in  morbi  s  ;  ibid.,  1747,  in-4'';  —  De  phlebo- 
tomia  apud  plefhoricos  catharsi  prsemit- 
tenda;  ibid.,  1747,  in-4°;  —  De  ignobili  no- 
bilium  quorumdam  medicaminum  indole 
atque  virtute  ;  Ma.,  1747,  in-4";  —  De  cibo- 
rum  neglecta  manducatione ;  ibid.,  1747,. 
in-4°  ;  —  Fundamenta  materise  medicœ  ra- 
tionalis tam  gêner alis  quam  specialis  ;  Franc- 
fort-sur-l'Oder, 1749  et  1750,  2  vol.  in-8°,  et  2" 
édition,  1767,  2  vol.  in-8";  Paris,  1752,  2  vol. 
in-12;  1769,4  vol.  in-12:  cet  ouvrage,  qui  est  une- 


901  CARTHAEUSER 

refonte  des  Rtidimenta  mat.  med.  de  1741,  et 
(jui  a  été  traduit  en  français  par  Jean- Charles 
des  Essars,  Paris,  1755  et  1769,4  vol.  in- 12,  a 
fondé  la  réputation  de  Carthaeuser;— Z)c/e6ri- 
bus  intermittentibus  epidemicis;  Francfort- 
sur-l'Oder,  1749,  in-4°;  —De  ligno  nephri- 
tico,  colubrino  et  semine  santomco;  ibid., 
1749,  in-4°; —  Dediversis  obstructionum  eau- 
sis  et  remediis;  ibid.,  17.^0,  in-4'';  —  De  ischu- 
ria  et  dysuria;  ibid.,  1750,  in-4'';  —  De  sali- 
bus  mediis;  ibid.,  1751,  in-4°;  —  De  acrimo- 
nia  humorum;  ibid.,  1752,  in-4°;  —  De  mar- 
rubio  albo  et  alchymia;  ibid.,  1753,  in-4°;  — 
De  variis  spasmorum  causis  et  remediis; 
ibid.,  1753,  in-4'';  —  De passione  nephritica; 
ibid.,  1753,  in-4'';  —  De  diversissima  dysp- 
nœx  origine  et  curatione;  ibid.,  1753,  in-4°; 

—  De  cortice  caryopliilloide  Amboinensi  ; 
ibid.,  1753,  in-4°;  —  De  lœsa  chyiificatione; 
ibid.,  1753,  in-4°  ;  —  De  Ixsa  chyinificatione ; 
ibid.,  1753,  in-4'';  —  De  carminantïbus ;  ibid., 
1753,  in-4'';  —  De  singultii;  ibid.,  1754,^10-4°; 

—  De  oleo  cajeput  ;  ibid.,  1754,  \n-i°;  — De 
genericis  quibusdam  plantarum  principiis 
hactenus  neglectis;Md.,  1754,  iu-4°  et  in-8°, 
et  17G5,  in-4°:  ce  travail  remarquable  fait  suite 
à  la  Matière  médicale  de  l'auteur,  qui  s'attache 
à  faire  connaître  les  principes  qu'on  peut  retirer 
des  plantes  tels  qu'ils  y  existent,  et  sans  les 
décomposer  ni  dénaturer;  —  De  sale  sodée; 
ibid.,  1755,  in-4'';  —  De  cardamindo;  ibid,, 
1755,  in-4°; —  De  prœclpiiis  balsaminativis ; 
ibid.,  1755,  in-4°;  —  De  horripilatione  idiopa- 
thica;  ibid.,  1755,  in-4'';  —  De  morbis  capitis 
externi;  ibid.,  1756,  10-4";  —  De  scorbuto; 
ibid.,  1756,  in-4'';  —  De  chenopodio  ambro- 
sioide;  ibid.,  1757,  10-4";  —  De  lumbaglne 
pneumatica;  ibid.,  1757,  \n-k°;  —  Funda- 
menta  pathologix  et  therapiae;  ibid.,  1758  et 
17C2,  2  vol.  in-8°  :  c'est  encore  un  des  princi- 
paux ouvrages  de  Carthaeuser;  —  De  crocis 
martialibus;  ibid.,  1759,  10-4";  — De  radiée 
saponaria;  ibid.,  1760,  in-4°;  — De  saccfiaro; 
ibid.,  1761,  m-i°;—  De  brancaursïna  germa- 
nicfl;  ibid.,  1761,  in-4'';  —  De  lichene  cinereo 
terrestri ;ih\à.,  1762,  in-4°;  — De  hydroph- 
tJialmia;  ibid.,  1762,  in-4°  ;  —  De  vitiosisfor- 
miilarum  medicarum  preescriptionibus ,  ex 
ignorantia  chymica  oriundis;Md.,  1762,  in-4°; 

—  De  pinguedinibus  animalium  subdulcibus 
ac  temperatis;  ibid.,  1762,  in-4°  ;—De potiori- 
bus  atoniœ  causis  et  remediis;  ibid.,  1762, 
in-4°  ;  —  De  morbis  morborum  remediis;  ibid., 
1763,in-4°;  —  De  memorandis  inebrlantium 
et  narcoticorum  quorundam  effectibus;  ibid., 
1763,  in-4'';  —  Thèses  diaetetice  ad  esculenta 
et  potulenta  spectantes;  ibid.,   1763,  in-4''; 

—  Thèses  ad  physiologiam  et  partes  reliquas 
1  spectantes;  ibid  ,  1763, in-4°;  —  Dechocotata, 

analepticorum  principe  ;  \hid.,  1763,  in-4°;  — 
De  naphta  seu  petroleo ;  ibid.,  1763,  in-4'';  — 
De  virulentîs  aeris  putridi  in  corpus  huma- 


—  CARTHAG  902 

num  effectibus  ;  ibid.,  1763,  in-4°;  -  Deyiri- 
bus  aquae  marinx  medicis  ;  ibid.,  1763,  in-4  ; 

—  De  suie  mirabili  glauberiano  native  ;  ibid., 
1764,  in-4'';  —  De  morbis  potioribus  ex  prx- 
ternaturali  constitulione  glandularum  capi- 
tis, colli  et  thoracis  nascentibus;Md.,  1764, 
in.4»;  —  De  spasmis  in  génère;  ibid.,  1764, 
in-4»;  —  De  simplicibus  balsamicis  et  arO' 
maticis;  ibid.,  1764,  in-4o;  —de  morbis  po- 
tioribus exprxternaturali  constitulione  glan- 
dularum abdominis  oriundis;  ibid,,  1764, 
in-4'';  —  De  incitamentis  motuum  natura- 
lium  internis;  ibid.,  1764,  in-4'';  —  De  inci- 
tamentis motuum  naturalium  externis  ;  ibid,, 
1764,  in-4°;  —  De  radicibus  esculentis  in  gé- 
nère; ibid.,  1765,  in-4'';  —  De  amylo  ;  ibid., 
1767,  in-4'';  —  De  morbis  a  scia  interdum 
muci  naturalis  penuria  oriundis ;ihid.,  1767, 
in-4°;  — -  Dixtheses  de  morbis  endemiis  ; 
ibid.,  1768,  m-i°  ;  —  De  fungo  articulorum; 
ibid.,  1769,  'm-i°;  —  De  radiée  mungo;Md., 
1769,  in-4°;  —  Libellus  De  morbis  endemiis; 
ibid.,  1771,  in-S";—  De  respiratione ;  ibid,, 
1772;  in-4'';  —  Dissertationes  physico-che- 
mico-medicx;  ibid.,  1774,  in-4°;  —  De  sale 
volatili  oleoso  solido  in  oleis  xtheriis  non- 
nunquam  i-eperto;  ibid,,  1774,  10-4";  —  Dis- 
sertationes nonnullx  selectiores  physico- 
chemlcx  ac  medicx  varii  argumenti;  ibid., 
1775 ,  in-8°, 

Éloy,  Dict.  de  la  Méd.  —  Kiographie  médicale. 
CARTHAECSER   OU    CARTIIEUSER  (  Frédé- 

ric-Auguste  ),médec\o  allemand,  fils  du  précé- 
dent, né  à  Halle  en  1734,  mort  à  Schierstein  le 
12  décembre  1796,  Après  avoir  professé  la  miné- 
ralogie, la  chiaue  et  la  botanique  à  Francfort- 
sur-I'Oder,  il  accepta  une  chaire  d'histoire  natu- 
relle et  de  médecine  à  Giessen,  et  devint,  en  1772, 
directeur  du  jardin  botanique  de  cette  ville.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Elementa  minera- 
logix  systematice  disposita;  Francfort-sur- 
roder,  1755,  in-S»;  —  Rtidimenta  oryctogra- 
phix  Yiadrino-Francofurtanx ;  ibid.,  1755, 
in-S"  ;  —  Riidimenta  hydrologix  stjstematicx ; 
ibid.,  1758, 10-8°;  —  Vermischte  Schriflen  ans 
der  Naturunssenschaft,  Chymie  tind  Arzney 
lahrtheit  (Mélanges  d'histoire  naturelle,  de 
chimie  et  de  médecine  )  ;  Leipzig  et  Magdebourg, 
1759,  in-S";  —  Mineralogische  Abhandlun- 
gen  (  Mémoires  minéralogiques  );  Giessen,  1771- 
1773,  in-8°.  Carthaeuser  est  encore  auteur  de 
quelques  pièces  de  poésie  allemande ,  de  quel- 
ques opuscules  sur  différents  sujets  d'histoire 
naturelle,  et  d'un  grand  nombre  de  mémoires  in- 
sérés dans  des  recueils  périodiques. 

Charles-Guillaume  Carthaeuser,  son  frère, 
et  médecin  comme  lui,  a  laissé  des  Réflexions 
sur  la  diète,  en  allemand. 

Biographie  médicale. 

CARTHAG  (saint),  dit  le  Jeune,  et  surnommé 

Mochuda  ou  le  Matinal,  mort  le  14  mai  657. 
H  fonda  en  Irlande  l'école  la  plus  célèbre  de 

29. 


903  CARTHAG  — 

l'Europe  au  septième  siècle,  le  monastère  de  Ra- 
thenin,  où  étaient  réunîsplusdehuit  cents  moines. 
Obligé  de  fuir  pour  se  soustraire  aux  persécu- 
tions d'un  petit  roi  du  pays,  il  se  retira  dans  le 
Munster  ou  Mémonie.  On  regarde  saint  Carthag 
comme  le  premier  évêque  de  Lismore,  où  il 
fonda  encore  un  monastère,  une  cathédrale  et 
une  école. 

Botiaventure  Moron,  Vie  de  saint  Carthag  en  vers 
latins. 

CARTHAGENA  (Jean  DE ),  théologien  espa- 
gnol, mort  à  Naples  en  1617.  Il  quitta  l'ordre 
des  Jésuites  pour  entrer  dans  celui  des  Mineurs 
Observantins ,  et  fut  professeur  de  théologie  à 
Salamanque,  puis  à  Rome.  «  Jamais  homme, 
dit  Bayle ,  ne  fut  plus  dévoué  que  lui  aux  inté- 
rêts de  la  cour  de  Rome,  et  n'outra  davantage 
les  droits  des  papes.  C'est  ce  qui  paraît  par  les 
ouvrages  qu'il  publia  sur  les  démêlés  de  Paul  V 
avec  la  république  de  Venise.  «  Au  rapport  du 
même  critique,  Carthagena  faisait  aussi  des  sup- 
positions excessives  touchant  les  grâces  de  Dieu 
sur  quelques  saints.  C'est  ainsi  qu'il  a  prétendu 
que  saint  Joseph  et  plusieurs  autres  ont  été 
sanctifiés  avant  de  naître.  On  a  de  lui  :  Pro 
ecclesiaslica  libertate  et  potestate  tuenda 
adversus  injustas  Venetorum  leges  ;  Rome, 
1607,  in-4°;  —  Propugnaculum  catholicum 
de  jure  belli  romani  pontijicis  adversus  Ec- 
clesisejura  violantes;  MA.,  1609,  in-8°;— //o- 
milise  catholicse  in  universa  christianae  reli- 
gionis  arcana  ;\h\A.,  1609;  Paris,  1616,  in-fol.; 

—  Homiliee  catholicse  de  sacris  arcanis  Dei- 
parx  Marise  et  Josephi;  Cologne,  1613-1618, 
2  vol.  in-fol.  ;  Paris,  1614  et  1615,  4  vol.  in-fol.  ; 

—  Praxis  oratïonis  mentalis  ;  Yeniaet  et  Colo- 
gne, 1618,  in-12. 

Alegambe,  Biblioth.  Scriptor.  Societatis  Jesu.  —  An- 
tonio, Bibl.  /lisp.  nova.  —  Bayle,  Dict.  hist.  —  Wadding, 
Scriptores  ordinis  Minorum. 

*CARTHALON,  magistrat  carthaginois,  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  troisième  siècle  avant 
J.-C.  Il  fut  un  des  chefs  du  parti  populaire  à  la 
fin  de  la  seconde  guerre  punique.  Selon  Appien, 
il  était  boétarque  quand  il  battit  dans  une  es- 
carmouche les  soldats  de  Masinissa,  qui  avaient 
fait  une  incursion  sur  le  territoire  carthaginois. 
Ce  commencement  d'hostilités  et  d'autres  actes  qui 
suivirent  motivèrent  l'intervention  des  Romains. 
Naturellement  ceux-ci  poussèrent  à  la  guerre, 
qui  éclata  bientôt.  Lorsque  ensuite  les  Romains 
firent  des  préparatifs  pour  la  troisième  gueri-e 
punique,  les  Carthaginois  essayèrent  d'abord  de 
la  prévenir  en  sacrifiant  les  auteurs  de  la  rupture 
avec  Masinissa,  et  Carthalon  fut  mis  à  mort. 

Appien,  de  Bello  Punico,  63,  74. 

CARTHALON,  général  carthaginois  durant  la 
première  guerre  punique,  vivait  en  l'an  249  avant 
J.-C.  Il  fut  chargé  à  cette  époque  par  son  col- 
lègue Adherbal  de  brûler  la  flotte  romaine,  à  l'an- 
cre à  Lilybée.  Pendant  qu'il  était  occupé  à  s'ac- 
quitter de  cette  mission,  Himilcon,  qui  s'aperçut 
des  efforts  de  \  armée  de  terre  des  Romains  pour 


CARTHENY 


904 


dégager  la  flotte,  envoya  ses  mercenaires  contre 
la  première  de  ces  deux  armées,  pendant  que 
Carthalon  tâchait  d'amener  l'ennemi  à  une  ba- 
taille. Cette  tentative  fut  repoussée  avec  perte, 
et  Carthalon  dut  se  borner  à  surveiller  la  flotte, 
qui  s'éloignait  de  la  côte.  Vers  la  même  époque, 
le  consul  L.  Junius  PuUus,  revenant  de  Syra- 
cuse et  ignorant  tout  ce  qui  venait  de  se  passer, 
ordonna  à  sa  flotte  de  faire  voile  vers  Lilybée. 
Aussitôt  Carthalon  s'avança  pour  empêcher  Pul- 
lus  d'opérer  sa  jonction  avec  la  première  flotte. 
L.  Junius  PuUus  jeta  alors  l'ancre  à  un  endroit 
escarpé  et  presque  inabordable,  où  Carthalon 
se  garda  bien  de  tenter  une  attaque;  seulement 
il  se  plaça  de  manière  à  empêcher  le  rapproche- 
ment des  deux  flottes  ennemies.  Une  tempête 
amena  un  résultat  imprévu  :  elle  détruisit  la 
flotte  romaine,  pendant  que  les  Carthaginois, 
meilleurs  voiliers ,  avaient  réussi  à  se  mettre  à 
l'abri  de  tout  sinistre. 

Polybe,  1,  53,  54. 

CARTHALON,  général  carthaginois,  vivait  en 
l'an  208  avant  J.-C.  Il  commandait  la  cavalerie 
dans  l'armée  d'Annibàl.  En  2 17,  il  combattit  contre 
L.  Hostilius  Mancinus,  dans  le  voismage  de  Ca- 
silinum,  et  le  mit  en  fuite.  Ce  Carthalon  est  le 
même  sans  doute  qui  fiit  envoyé  à  Rome  pai' 
Annibal  après  la  bataille  de  Cannes,  en  216 
avant  l'ère  chrétienne,  pour  traiter  de  la  paix  et 
du  rachat  de  dix  prisonniers  romains.  Comme  il 
approchait  de  Rome ,  il  fut  prié  par  un  licteur 
de  ne  pas  passer  outre,  et  de  vider  le  territoire  de 
la  république  avant  le  coucher  du  soleil.  Cartha- 
lon commandait  la  garnison  carthaginoise  de 
Tarente  lorsque  les  Romains  reprirent  cette 
place  en  l'an  208.  Il  mit  alors  bas  les  armes,  et 
fut  tué  par  un  soldat  romain  au  moment  où 
il  allait  demander  la  vie  au  consul. 

T.-Live,  XXII,  15,  58;  XXVII,  16.- Appien,  de  fie»o 
Annib.—  Dion  Cassius,  Frag.  (Éd.  Reimar  ). 

*CARTHENY  {Jean  de),  religieux  de  l'ordre 
des  Carmes,  vivait  au  treizième  siècle;  il  a 
échappé  à  l'oubli ,  grâce  à  la  peine  qu'il  prit  de 
composer  un  roman  de  spiritualité,  intitulé  le 
Voyage  du  chevalier  errant,  imprimé  à  Anvers 
en  1557,  etplusieursfois  réimprimé.  Cet  ouvrage, 
traduit  en  anglais  (Londres,  1581)  et  en  d'au- 
tres langues ,  paraît  avoir  été  fort  goûté  d'un 
public  nombreux.  Les  bibliographes  en  ont  à 
peine  parlé  ;  il  présente  un  curieux  échantillon 
du  genre  des  idées  qui  avaient  alors  le  jiliis  de 
vogue.  Le  chevalier  errant  veut  aller  courir  les 
aventures;  dame  Folie,  sa  gouvernante,  Tac- 
compagne;  il  rencontre  dame  Volupté,  qui  le 
mène  au  palais  de  Félicité  mondaine  ;\\  y  mène 
d'abord  joyeuse  vie,  mais  soudain  le  palais  dis- 
paraît, et  le  chevalier  se  trouve  plongé  dans  la 
boue  ;  Grâce-de-Dieu  l'en  retire,  et  lui  montre 
l'enfer.  Un  vénérable  ermite,  Jugement,  lui 
fait  entendre  un  sermon;  il  se  rend  au  palais  de 
Vertu;  Foi,  du  haut  d'une  tour,  lui  montre  le 
palais  du  ciel,  et  il  revient  chez  lui  accompagné 


l!      f»05  CARTHENY 

,  \      (le  dame  Persévérance,  qui  ne  doit  plus  le  quit* 
^j      ter.  Ces  pieuses  allégories ,  dont  le  Roman  de 
la  Rose  offre  un  modèle  célèbre,  et  qui  parais- 
sent aujourd'hui  bien  insipides,  ne  rencontraient 
alors  que  des  admirateurs.  G.  B. 

Rétrospective  Revieio,  1820,  t.  I,  p.  IB0-SB8. 

CARTIER  (Jacques),  célèbre  navigateur  fran- 
çais, naquit  à  Saint-Malo  le  31  décembre  1494, 
l'année  même  où  Christoplie  Colomb*  découvrit 
la  Jamaïque.  Ses  premières  années,  comme  celles 
des  enfants  de  Saint-Malo ,  se  passèrent  sur  la 
mer;  et  déjà  il  avait  fait  quelques  voyages  à  Terre- 
Neuve  lorsque  animé  du  désir  de  marcher  sur 
les  traces  de  Vasco  de  Gama,  Améric  Vespuce, 
Cabrai ,  Fernand  Cortez,  Magellan,  il  se  présenta 
à  Philippe  de  Chabot ,  amiral  de  France ,  et  lui 
proposa  d'aller  explorer  les  terres  de  l'Amérique 
septentrionale  ,  désignées  alors  sous  le  nom  de 
Terres  Neuves,  nom  qui  n'était  pas  encore  donné 
exclusivement  à  la  grande  île  située  à  l'embou- 
chure du  fleuve  Saint-Laurent.  François  P'",  ac- 
cueillant avec  empressement  les  projets  de  Car- 
tier, le  chargea  de  les  exécuter.  Muni  de  ses  ins- 
tructions, l'intrépide  marin  partit  de  Saint-Malo 
le  20  avril  1534,  avec  deux  bâtiments  de  soixante 
tonneaux  et  soixante  et  un  hommes  d'équipage 
chacun,  «  faisant  route  à  l'ouest,  en  tirant  un  peu 
vers  le  nord.  »  L'expédition  fut  si  favorisée  parles 
vents,  que,  le  10  mai,  elle  atterrit  sur  la  côte 
orientale  de  Terre-Neuve,  à  peu  près  à  l'endroit 
où  le  Florentin  Verazzani  en  avait  abandonné,  dix 
ans  auparavant,  la  reconnaissance  tentée  pour 
le  compte  de  la  France.  Remontant  au  nord,  Car- 
tier entra  dans  le  détroit  de  Belle-Isie,  qu'il  appela 
'jolfe  des  Châteaux.  Il  en  longea  la  côte  nord, 
ou  celle  de  Labrador  ;  y  trouva  plusieurs  beaux 
ports ,  relâcha  dans  quelques-ims ,  et  prit  même 
possession ,  en  y  plantant  une  croix ,  de  l'un 
d'eux,  auquel  il  donna  le  nom  de  port  Saint- 
Servain,  aujourd'hui  Rock-Bay.  Dès  qu'il  s'a- 
perçut que  ce  prétendu  golfe  s'élargissait  à  me- 
sure que  ses  bâtiments  s'avançaient  à  l'ouest,  et 
qu'il  allait  bientôt  perdre  de  vue  les  côtes  méri- 
dionales ,  il  s'éloigna  des  terres  de  Labrador,  fit 
route  au  sud,  et  vint  atterrir  sur  le  cap  Double, 
aujourd'hui  pointe  Riche.  Sa  route  lui  fit  ensuite 
prolonger  la  côte  occidentale  de  Terre-Neuve,  et 
le  conduisit  tout  près  de  l'extrémilé  sud-ouest 
de  cette  île,  presque  à  l'ouverturedu  large  passage 
([ui  donne  accès  dans  le  golfe  Saint-Laurent, 
entre  le  cap  Ray  et  le  cap  Breton.  Le  mauvais 
temps,  qui  l'obligea  de  s'écarter  de  la  côte  avant 
d'y  arriver,  ^e  porta  en  vue  de  queloues  îles  peu 
éloignées  de  ce  passage ,  dont  il  ne  fit  alors  que 
soupçonner  l'existence ,  mais  qu'il  devait  décou- 
vrir à  la  fin  de  sa  seconde  campagne.  Il  fit  en- 
suite route  à  l'ouest,  et  vit  le  groupe  des  îles  de 
la  Madeleine;  il  se  détourna  pour  les  visiter; 
mais,  croyant  qu'elles  tenaient  au  continent,  il 
continua  de  se  diriger  à  l'ouest ,  et  rencontra  la 
côte  occidentale  du  golfe  Saint-Laurent,  qu'il  \\- 
6ita  soigneusement,  dans  l'espoir  d'y  tiouver  un 


—  CARTIER 


906 


passage.  Ayant  mouillé,  le  30  juin,  dans  le  fleuve 
des  Barques,  aujourd'hui  la  rivière  de  Mirami- 
chi,  il  se  rendit  dans  un  petit  port  qu'il  nomma 
Saint-Martin;  et  ce  fut  pendant  le  séjour  qu'il 
y  fit  du  4  au  12  juillet,  qu'il  alla  explorer  la  baie 
des  Chaleurs.  Lorsqu'il  se  fut  assuré  qu'il  n'y 
avait  pas  d'ouverture,  il  remit  à  la  voile.  Il  vint 
ensuite  mouiller  dans  la  baie  de  Gaspé,  située 
très-près  de  l'embouchure  du  fleuve  Saint-Lau- 
rent, et  il  la  prit  pour  l'entrée  d'une  rivière.  Dans 
les  fréquents  rapports  qu'il  eut  avec  les  naturels 
du  pays,  il  sut  leur  inspirer  une  telle  confiance, 
qu'un  de  leurs  chefs  consentit  à  lui  laisser  emme- 
ner deux  de  ses  fils,  à  la  condition  qu'il  les  lui 
ramènerait  l'année  suivante. 

Cette  analyse  du  Journal  de  Cmtier  permet 
de   suivre  facilement  ce  navigateur  dans  cette 
première  partie  de  son  voyage  :  le  Pilote  de 
Terre-Neuve,  publié  par  le  dépôt  général  de  la 
marine,  a  consacré  l'authenticité  des  découver- 
tes du  célèbre  Malouin  en  inscrivant  les  noms 
qu'il  leur  avait  donnés  au-dessous  de  ceux  qui 
sont  actuellement  en  usage.  Cartier  n'a  pas  été 
aussi  clair  dans  sa  description  de  la  route  qu'il 
suivit  en  revenant  de  la  baie  de  Gaspé ,  où ,  en 
signe  de  prise  de  possession  des  vastes  contrées 
qu'il  avait  explorées,  il  planta  dans  le  lieu  le  plus 
apparent,  et  en  présence  des  sauvages,  une  croix 
de  bois,  au  milieu  de  laquelle  il  plaça  un  écus- 
son  fleurdelisé,  et  surmonté  de  cette  inscription  : 
Vive  le  roi  de  Finance!  On  tient  néanmoins  pour 
certain  que ,  prenant  pour  un  golfe  le  canal  du 
fleuve  Saint-Laurent,  situé  entre  la  rive  droite 
du  fleuve  et  l'île  d'Anticosti ,  il  en  traversa  l'ou- 
verture, et  chercha  ensuite  à  pénétrer  par  le  ca- 
nal qui  passe  au  nord  de  la  même  île.  On  est 
fondé  à  croire  qu'il  s'avança  jusqu'à  la  pointe  oc- 
cidentale, où  il  vit  le  canal  s'élargir,  et  où  il 
éprouva  des  courants  violents  qui  durent  Uù  in- 
diquer quecétait  l'embouchure  d'une  très-grande 
rivière.  Voyant  la  mauvaise  saison  s'approcher, 
et  craignant  d'être  retenu  tout  l'hiver  dans  ces 
contrées,  il  revint  sur  ses  pas,  franchit  ime  se- 
conde fois  le  détroit  de  Belle-Isie,  et  fit  route 
pour  Saint-Malo, où  il  arriva  le  5  septembre  1 534. 
Sur  le  récit  que  Cartier  fit  de  son  voyage,  le  roi 
ordonna  d'armer  et  d'équiper  pour  quinze  mois 
trois  navires,  dont  il  lui  conféra  le  commandement 
par  une  commission  datée  du  15  octobre  1534. 
Cette  fois,  il  joignit  au  titre  de  capitaine  celui 
de  pilote  du  roi.  Son  armement  étant  entière- 
ment terminé  à  la  mi-mai  1535,  il  réunit  ses 
équipages  le  16  mai,  jour  de  la  Pentecôte,  dans 
la  cathédrale  de  Saint-Malo;  et  à  l'issue  de  la 
messe,  l'évêque  François  Bohier,  revêtu  de  ses 
ornements  pontificaux,  leur  donna  sa  bénédiction. 
On  mit  à  la  voile  le  19,  par  un  beau  temps. 
Cartier  montait  la  Grande-Hermine,  navire  de 
cent  vingt  tonneaux,  qui.  avait  pour  maistre 
Thomas  Fromont;  à  son  bord  étaient  plusieurs 
jeunes  gens  de  distinction  qui  avaient  voulu  s'as- 
socier, comme  volontaires ,  à  ses  aventures.  La 


907  CARTIER 

VetUe-IIermîne ,  de  soixante  tonneaux,  qui 
était  commandée  par  Marc  ou  Macé  Jallobert, 
et  qui  avait  pour  malstre  Guillaume  le  Marié , 
était  son  second  navire  ;  le  troisième ,  le  galion 
VÉmérillon,  était  destiné  â  l'exploration  des 
endroits  où  il  n'y  aurait  pas  assez  d'eau  pour  les 
deux  autres.  Les  veuts,  devenus  contraires  dès 
le  moment  du  départ,  les  séparèrent,  et  ils  ne 
purent  se  rejoindre  que  le  26  juillet  au  havre 
de  Blanc-Sablon ,  dans  le  détroit  de  Belle-Isle, 
indiqué  comme  lieu  de  rendez-vous  en  cas  de 
séparation,  et  où  la  Grande- Hermine  était 
arrivée  le  15  du  même  mois.  Le  31  juillet,  les 
navires  donnèrent  dans  le  fleuve  Saint-Laurent, 
et  eurent  connaissance  du  cap  Triennol,  au- 
jourd'hui Mont-Joli.  Le  lendemain,  Cartier, 
contraint  par  un  gros  temps  de  se  réfugier  dans 
le  port  Saint-Nicolas ,  y  planta  une  croix  de 
bois  pour  merche  (marque) ,  en  sortit  le  7;  et 
entré  le  10  août,  jour  de  la  Saint-Laurent,  dans 
«ne  fort  belle  et  grande  baie  pleine  d'îles ,  il  la 
nomma  Saint-Laurent,  aujourd'hui  Saint-Jean, 
sur  la  côte  sud  de  Labrador.  Après  s'être  appro- 
ché, le  15,  de  l'île  d'Anticosti,  qu'il  nomma  île 
de  r Assomption,  il  remonta  le  fleuve,  entra, 
îe  1"  septembre,  dans  la  rivière  de  Saguenay, 
dont  il  ne  fit  que  reconnaître  l'embouchure;  et, 
continuant  ses  explorations,  il  mouilla  le  14, 
par  deux  à  trois  brasses  de  fond ,  dans  une  ri- 
Tière  située  à  douze  lieues  de  Québec,  b  laquelle 
il  donna  non  pas  le  nom  de  Jacques  Cartier, 
comme  l'ont  dit  quelques  écrivains,  mais  celui 
de  Sainte-Croix ,  parce  qu'il  y  arriva  le  jour  de 
cette  fête.  Le  lendemain ,  il  reçut  la  visite  d'un 
chef  du  pays,  nommé  Donnacona,  avec  lequel  il 
put  s'aboucher  par  l'intermédiaire  des  deux  sau- 
vages embarqués  l'année  précédente  dans  la  baie 
de  Gaspé ,  et  qui ,  en  France  comme  dans  les 
deux  traversées ,  avaient  appris  un  peu  de  fi-an- 
çais  ;  puis  il  fit  entrer  ses  deux  grands  navires 
dans  la  rivière,  après  avoir  faitjplanter  des  balises 
pour  les  mettre  en  sûreté.  Parti  le  19  de  la  baie 
avec  VÉmérillon ,  pour  aller-à  la  découverte  du 
village  d'Hochelaga,  sur  les  ruines  duquel  a  été 
bAtie  depuis  îa  ville  de  Montréal ,  à  plus  de  cent 
Cinquante  lieues  marines  de  l'embouchure  du 
ilcave,  il  arriva,  le  29,  à  l'extrémité  du  lac  Saint- 
Pierre  ,  où  il  fut  arrêté  par  une  barre  qui  traver- 
sait le  canal  dans  lequel  il  devait  passer.  Il  arma 
alors  ses  chaloupes,  sur  lesquelles  s'embarquèrent 
trois  de  ses  volontaires  ;  et,  arrivé  le  2  ctobre  à 
Hochelaga,  il  visita,le  même  jour,  la  montagne 
au  pied  de  laquelle  était  placé  le  village  qu'il 
nommd^ Mont- Eo^ al  (Montréal).  Convaincu  que 
ce  lieu  était  plus  propice  que  tout  autre  à  îa  fon- 
dation d'un  établissement ,  il  qijitta  Hochelaga  le 
5  octobre;  et  il  était  de  retour  le  11  à  Sainte- 
Croix,  que  les  équipages  de  la  Grande  et  de  la 
Petite-Hermine  avaient  bien  fortilié  pendant  son 
absence,  et  où  il  liivcrna.  La  rigueur  et  la  pro- 
longation de  l'hiver,  le  manque  de  vivres  frais , 
bien  que  les  naturels  lui  en  apportassent  quel- 


908 
quefois,  lui  firent  perdre  en  peu  de  temps  vingt- 
cinq  hommes  de  ses  équipages.  Le  scorbut  sévit 
avec  une  telle  force  sur  les  autres,  que ,  des  cent 
dix  hommes  qui  lui  restaient  au  mois  de  février 
1536,  il  n'y  en  avait  pas  dix  qui  ne  fussent  at- 
teints de  ce  redoutable  fléau.  Tous  y  auraient 
vraisemblablement  succombé,  si  un  moyen  ines- 
péré de  guérison  ne  leur  avait  été  fourni  par  un 
sauvage  qui,  les  ayant  quittés  quelque  temps 
auparavant  les  jambes  enflées  et  dans  un  éfeit 
effrayant,  revint  se  {>résenter  à  eux  très-bien 
portant.  Il  attribuait  sa  guérison  à  l'usage  qu'il 
avait  fait  en  infusion  des  feuilles  et  de  l'écorce 
d'un  arbre  que  les  naturels  appelaient  Anneda, 
et  qui  n'était  autre  que  l'épinette  blanche.  Cartier 
en  fit  abattre  un  qu'il  employa  au  traitement  de 
ses  équipages.  Dès  qu'ils  furent  suffisamment  ré- 
tablis, il  fit  ses  dispositions  de  départ.  Les  pertes 
qu'il  avait  faites  en  hommes  l'ayant  déterminé  à 
abandonner  la  Petite-Hermine,  il  en  retira,  le 
21  avril,  tout  ce  qui  pouvait  lui  servir  à  bord 
de  la  Grande- Hermine  et  de  l'Émérillon,  et  ne 
laissa  que  la  carcasse  du  navire  abandonné,  car- 
casse qui  a  été  retrouvée  en  1848,  ensevelie  dans 
un  lit  de  vase  {Annales  de  lu  Société  historique 
de  Québec,  1848). 

Le  3  mai,  autre  jour  de  fête  de  la  Sainte- 
Croix,  le  capitaine  fit  planter  une  croix  avec 
les  armes  de  France  et  ces  mots  :  Franciscus 
prîmus ,  Dei  gratta  Francorum  rex ,  régnât. 
Enfin,  il  partit  le  6  mai  avec  ses  deux  bâti- 
ments, emmenant  Donnacona  et  neuf  autres 
chefs,  dont  il  s'était  emparé  à  l'aide  d'un  stra- 
tagème; parmi  eux  se  trouvaient  deux  chefs 
nommés  Taiguragny  et  Domagaya.  C'était,  il  faut 
en  convenir,  mal  payer  l'hospitalité  qu'il  avait 
reçue  dans  le  pays.  Cette  ingratitude  ne  peut 
s'expliquer  que  par  la  nécessité  de  renforcer  les 
équipages  affaiblis  de  la  Grande-Hermine  et  de 
l'Émérillon,  ou  par  le  désir  qu'aurait  eu  Cartier 
d'enlever  aux  naturels  des  chefs  capables  de  con- 
trarier ultérieurement  les  projets  des  Français, 
à  moins  qu'on  admette  avec  M.  Cunat  que  le  na- 
vigateur malouin  eut  pour  but,  en  enlevant  les 
chefs  sauvages ,  de  les  habituer  à  nos  usages  et 
de  les  amener  à  embrasser  le  christianisme,  afin 
d'introduire,  avec  leur  secours,  la  civilisation 
dans  ces  vastes  contrées.  Quelques  historiens , 
ont  essayé  de  contester  ce  fait  ;  mais  il  est  par- 
faitement prouvé  par  le  baptême  de  trois  de 
ces  chefs,  qui  eut  lieu  à  Saint-Malo  ic  25 
mars  1538,  et  à  l'un  desquels  Cartier  servit  de 
parrain. 

Cartier  fit  route ,  à  son  retour,  par  le  canal 
qui  est  au  sud  de  l'île  d'Anticosti,  et  qu'il  avait 
pris  en  1534  pour  un  golfe.  Il  vint  ensuite  cher- 
cher le  passage  qu'il  avait  supposé ,  à  la  même 
é[toque,  devoir  exister  au  sud  de  Terre-Neuve; 
il  le  trouva,  et  compléta ,  par  cette  dernière  dé- 
couverte, celle  du  fleuve  Saint-Laurent.  Ses 
bâtiments  arrivèrent  à  Saint-Malo  le  16  juillet 
1536.  Les  rapports  de  Cartier,  confirmés  par  le 


009 


CARTIER 


910 


témoignage  de  Donnacona,  décidèrent  Fran- 
çois r'  à  fonder  un  établissement  dans  les  pays 
qu'il  venait  de  découvrir,  et  auxquels  il  avait 
donné  ou  du  moins  étendu  le  nom  de  ISou- 
velle-France.  Celui  qui  contribua  le  plus  à 
vaincre  les  longues  résistances  que  ce  projet 
rencontra  à  la  cour  fut  François  de  la  Roque , 
seigneur  de  Roberval ,  gentilhomme  picard ,  que 
le  roi,  par  ses  lettres  patentes  du  15  janvier  1540, 
nomma  vice-roi  et  lieutenant  général  en  Cana  la, 
Hochelaga ,  Terre-Neuve ,  Bclle-lsle,  Saguenay, 
Carpunt,  Labrador,  etc.  Cartier  fut  chargé,  avec 
le  titre  de  capitaine  général  et  maître  pilote  des 
vaisseaux  du  roi ,  du  commandement  des  cinq 
navires  destinés  h  l'expédition  projetée;  mais 
comme  on  ne  put  rassembler  assez  promptement 
à  Saint-Malo  l'artillerie  et  les  munitions  néces- 
saires, Roberval,  en  attendant  leur  embarque- 
ment sur  deux  autres  navires  qu'il  équipa  lui- 
même  ,  pressa  Cartier  de  partir.  Ce  dernier  mit 
à  la  voile  le  23  mai  1541  {Archives  de  Saïnl- 
Malo  )  ;  et,  après  avoir  essuyé  plusieurs  tempêtes 
qui  l'obligèrent  à  relâcher  dans  le  havre  de  Car- 
punt ,  les  deux  navires  sous  ses  ordres  y  furent 
rejoints  par  les  trois  {jue  Roberval  avait  armés, 
mais  qu'il  n'accompagnait  pas.  Enfin ,  après  trois 
mois  d'une  traversée  pénible ,  Cartier  arriva ,  le 
23  août,  au  havre  de  Sainte-Croix.  Étant  allé 
visiter  un  havre  et  une  petite  rivière  à  quatre 
lieues  plus  oultre,  aujourd'hui  la.  Rivière  Rouge, 
et  l'ayant  trouvée  plus  commode ,  il  y  conduisit 
trois  de  ses  na%:res.  Les  deux  autres  demeurè- 
rent au  milieu  du  fleuve,  et  débaixpièrent  leur 
cargaison  depuis  le  27  août  jusqu'au  2  septembre, 
qu'ils  firent  voile  pour  retourner  à  Saint-Malo. 
Cartier,  après  avoir  renvoyé  ces  deux  navires , 
ainsi  qu'il  en  avait  eu  l'ordre  du  roi ,  et  avoir 
commencé  la  consti'uction  d'un  fort  dans  le  lieu 
qu'il  nomma  Charles-Bourg-Royal,  se  détermina, 
après  délibération  avec  le  vicomte  de  Beaupré  et 
d'autres  gentilshommes,  maîtres  et  pilotes,  à 
faire  un  voyage  avec  deux  barques  à  Hochelaga, 
«  pour  y  voir  et  comprendi'e  la  façon  des  saults 
«  d'eau  (  courants  )  qu'il  y  a  à  passer  pour  aller 
«  au  Saguenay,  afin  de  se  disposer  pour  le  prin- 
«  temps  à  passer  outre.  »  En  effet,  Cartier  et 
ses  gens  arrivèrent  au  premier  sault  (  courant  de 
Samte-Marie  ),  mirent  à  terre,  et  se  rendirent  au 
second  sault  (rapides  de  Lachine).  Mais  ayant 
appris  que  le  troisième  sault  (Saint- Louis)  était 
éloigné  de  plus  de  deux  lieues ,  il  revint  à  Ho- 
chelaga. A  la  fin  du  mois  de  mai  1542 ,  Roberval 
n'ayant  ni  paru  ni  donné  de  ses  nouvelles ,  et  les 
vivres  commençant  à  manquer,  les  hommes  mui-- 
muraient.  Cartier,  craignant  en  outre  de  ne  pou- 
voir résister  aux  sauvages ,  qui  se  montraient 
plus  exigeants,  mit  à  la  voile  pour  laFrance,  et  se 
croisadansle  havre  Saint- Jean  avecRoberval,  qui 
le  sollicita,  lui  ordonna  même  de  revenir  avec  lui 
au  Canada.  Cartier  ne  tint  aucun  compte  de  ces  in- 
jonctions, et,  poursuivant  sa  route,  il  arriva  heu- 
reusement à  Saint-Malo,  où,  le  21  octobre  lo42,  il 


tenait  sur  les  fonts  baptismaux  la  fille  du  lieute- 
nant  gouverneur  de  la  ville. 

Quoiqu'on  ait  écrit  que  Cartier  fit  au  Canada 
un  nouveau  voyage  qui  dura  huit  mois,  et  qu'il|fut 
ramené  en  France  par  Roterval ,  il  semble  plus 
certain  qu'il  ne  reprit  plus  la  mer,  et  qu'il  n'eut 
avec  le  vice-roi  d'autres  rapports  que  ceux  sus- 
cités par  le  procès  auquel  donna  lieu  l'accusation 
portée  par  ce  dernier  au  sujet  de  l'emploi  des 
sommes  données  sur  l'épargne  royale  pour  les 
frais  de  l'expédition  de  154t.  Les  commissaires 
de  l'amirauté,  qui,  à  la  demande  de  l'accusé, 
examinèrent  sa  gestion,  déclarèrent,  le  21  juin 

1544,  que,  loin  d'avoir  malversé,  il  avait  consa- 
cré à  l'armement  une  partie  de  ses  ressources  per- 
sonnelles, et  ils  lui  donnèrent  gain  de  cause  sur 
tous  les  points  du  débat.  Depuis  son  retour  à 
Saint-Malo  jusqu'à  l'année  1552,  où  l'on  perd 
sa  trace,  Cartier  vécut,  soit  à  Saint-Malo,  soit 
au  village  de  Limoilon ,  dont  il  prenait  le  titre 
de  seigneur  en  vertu  des  lettres  de  noblesse 
que  lui  avait  conférées  François  1",  et  où  il 
avait  fait  bâtir  une  jolie  maison  de  campagne 
qu'on  désigne  encore  sous  le  nom  de  Les  Por- 
tes-Cartier. 

Le  récit  des  découvertes  de  Jacques  Cartier 
est  spécialement  consigné  dans  les  ouvrages  sui- 
vants :  Brief  récit  et  succincte  narration  de  la 
navigation  faicte,  es  îles  de  Canada,  Uoche- 
lage  et  Saguenay  et  aultres ,  et  particulière- 
ment des  mœurs,  langages  et  cérémonies  d'hor 
bilans  d'icelle  (  anon  yme  )  ;  Paris,  Ponce  Raffet, 

1545,  petit  in-8";  édition  originale  et  très-rare 
de  cette  relation  ;  —  Discours  du  voyage  de  Jac- 
ques Cartier  aux  terres  neufves  de  Canada, 
Norimbergue,  Hochelage,  Labrador  et  pays 
adjacens,  dites  Nouvelle-France,  en  1534; 
Rouen,  Raph.  du  Petit-Val,  1598,  petit  in-8°. 
L'éditeur  de  ce  discours  n'ayant  pu  se  procurer 
le  texte  original  français  publié  en  1.545,  l'a  tra- 
duit, dit-il,  d'une  langue  étrangère,  probable- 
ment de  la  version  italienne  qui  fait  partie  de  la 
collection  Ramusio.  M.  Ternaux  donne  à  ce  vo- 
lume la  date  de  1595.  Le  journal  des  deux  pre- 
miers voyages  de  Cartier  se  trouve  encore  dans 
le  tome  in  de  la  collection  italienne  de  Ramusio , 
Venise,  1565,  in-foL,  et  àiLns  V Histoire  de  la 
Nouvelle-France  de  Marc  Lescarbot.  Le  soin 
qu'a  pris  ce  dernier  éditeur  de  toujours  faire  par- 
ler Cartier  à  la  troisième  personne  a  donné  lieu 
de  douter  que  ce  navigateur  ait  lui-même  écrit 
son  journal.  On  trouve  dans  sa  relation  quelques 
endroits  obscurs.  Toutefois  elle  renferme  des 
observations  utiles ,  et,  bien  que  l'auteur  ait  usé 
du  droit  que  se  sont  arrogé  les  voyageurs  d'as- 
socier le  merveilleux  à  la  vérité ,  elie  conserve 
toujours  de  l'iutérêt  aux  yeux  des  marins,  soit  à 
cause  de  la  gloire  qu'a  eue  Cartier  de  faire  les 
découvertes  qui  y  sont  mentionnées ,  soit  parce 
que  sa  navigation,  conçue  sur  un  très-beau  plan, 
a  été  exécutée  avec  courage ,  persévérance ,  ha- 
bileté et'  succès.  On  peut  voir  le  précis  dé  son 


9ii 

troisième  voyage  dans  le  3«  volume  de  la  collec- 
tion de  Hackluyt;  1600,  in-fol.      P.  Levot. 

Archives  de  la  marine  et  de  la  ville  de  Saint-Malo. 
~  M.  Cunat,  Histoire  inédite  de  Saint-Malo  et  ses 
annotations  à  l'article  Cartier  de  la  Bioyraphie  bre- 
tonne. —  yoyages  de  découvertes  au  Canada,  entre 
lès  armées  1534  et  1S42,  par  Jacques  Cartier,  le  sieur  de 
Roberval,  Jean-Alphonse  de  Xainlonge,  etc.,  réimprimés 
sur  d'anciennes  relations,  et  publiés  sous  la  direction  de 
la  Société  historique  et  littéraire  de  Québec  ;  Québec 
(William  Cowan),  1843.  —  M.  Lescarhot.  Histoire  de  la 
Non  velle-trance. 

CAKTSEa  (  GaZ^,  théologien  et  canoniste  alle- 
mand, de  l'ordre  des  Bénédictins,  qui  vivait  en- 
core en  1754.  Il  fut  sous-prieur  d'Ettenheim  dans 
le  Brisgau,  ensuite  professeur  de  théologie  et 
consulteur  de  la  congrégation  de  l'index.  On  a 
de  lui  :  Tractatus  de  auctoritate  et  infallibi- 
litate  summorum  pontificum,  auctore  Matth. 
Petit-Didier,  latinitate  donatus,  etc.;  Augs- 
bourg,  1727,  in-8°  ;  —  Tractatus  théologiens 
de  S.  Scriptura;  ibid.,  1736,  in-8";  —  Aiictoi 
ritas  et  irifallibilitas  summorum  pontificum 
in  fidei  et  morum  quasstionibus  defi,niendis 
stabilita ;  Augshourg,  1738,  in-4",  contre  Bén. 
Bossuet  et  Henr.  Tournely.  Il  a  aussi  composé 
une  Theologia  universalis ,  in-4°,  gros  vol., 
mais  qui  n'était  pas  encore  imprimé  en  1754. 

Ziegelbauer,  Historia  litteraria  ordtnis  S.  Benedicti. 

CA.RTÎE.R  (Louis-Vincent),  médecin  français, 
né  en  1768  à  Saint-Laurent-de-iMûre,  enDauphiné; 
mort  à  Lyon  le  13  janvier  1839.  Il  était  interne 
à  l'hôtel- Dieu  de  Lyon,  lorsque  cette  ville  fut 
prise  par  les  armées  de  la  république.  Obligé  de 
fuir  pour  se  soustraire  à  l'échafaud,  il  fut  atta- 
ché comme  chirurgien  à  un  régiment  de  l'armée 
des  Alpes.  De  retour  à  Lyon,  il  fut  nommé  chi- 
rurgien aide-majoi-,  puis  chirurgien  de  l'hôpital, 
où  il  fit  des  cours  d'anatomie,  que  suivit  l'illus- 
tre Bichat.  La  vie  de  Cartier  fut  entièrement 
consacrée  à  la  pratique  de  la  médecine.  On  a  de 
lui  :  Précis  d'observations  de  chirurgie  faites 
à  V hôtel-Dieu  de  Lyon  ;  Lyon,  1802,  in-8°;  — 
Discours  sur  Vesprit  qui  doit  diriger  le  ma- 
nuel  des  opérations  de  chirurgie;  MA.,  1804, 
in-8'';  —  Médecine  interne  appliquée  aux  opé- 
rations chirurgicales;  ibid.,  1807,  in-8°;  — 
Éloge  de  Marc-Antoine  Petit;  ibid.,  1811, 
tn-S";  —  Remarques  sur  le  traitement  des 
fièvres  muqueuses  à  caractères  ataxiques; 
ibid.,  1822,  iu-8''. 

IJe  Monlherot,  Éloge  de  Cartier;  Lyon,  1839,  in-S".  — 
Quérard.  France  littéraire. 

CiRïiGNY  {Jean),  théologien  llamand,  de 
l'ordre  des  Carmes,  né  vers  1520,  mort  à  Cam- 
bra', en  1580.  11  fut  professeur  de  théologie  à 
Bruxelles  dans  le  couvent  de  son  ordre,  dont  il 
devint  prieur.  En  1564 ,  il  était  à  Rome  délégué 
de  sa  province  au  chapitre  général.  Il  est  auteur 
d'nn  roman  intitulé  le  Voyage  du  chevalier 
errant;  Anvers,  1557,  in-8°:  c'est  le  même  ou- 
vrage que  le  Chevalier  errant  égaré  dans  la 
forêt  des  vanités  mondaines,  dont  si  noble- 
ment il  fut  remis  et  redressé  au  droit  chemin 
cjui  mène  au  salut  éteriiel;  Anvers,  1595,  in-12. 


CARTIER  —  CARTOUCHE  912. 

On  a  encore  de  lui  des  Commentaires  sur  l'É- 
criture sainte,  et  un  Traité  des  quatre  fin.-;  de 
rhom?ne;  Amers,  1558,  1573,  in-16. 

Lenglet-Diifresnoy,  Biblloth.  des  Romans.  —  Sainle- 
Palaye,  Mémoires  de  l'ancienne  chevalerie.  —  L'Esprit 
des  journaux,  juin  1781,  p.  236.  —  i,a  Croix  du  Maine-, 
Biblioth.  française.  -  De  Villiers,  Biblioth.  Carmelita- 
rum,  t.  I,  p.  809, 

*CARïiLius,  jurisconsulte  romain,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  premier  siècle.  11  est 
fait  mention  de  lui  dans  le  Digeste,  où  son  avis  sur 
une  question  controversée  est  cité  par  Proculus. 
C'est  encore  sur  lui  que  s'appuie  Ulpien  dans  un 
autre  passage.  On  ne  doit  pas  le  confondre  avec 
un  autre  jurisconsulte  appelé  Catilius,  et  con- 
temporain de  Trajan. 

Digeste,  XXVIII,  tit.  V;  ibid.,  XIII. 
CARTISMANDUA  OU  CARTIMANOUA,  rcinc 
des  Brigantes,  dans  la  Grande-Bretagne ,  vivait 
sous  l'empire  de  Claude,  vers  l'an  50  de  J.-C. 
Elle  embrassa  le  parti  des  Romains,  leur  livra 
son  propre  gendre  le  brave  Caractacns,  quitta 
Vénusius,  son  mari ,  contre  lequel  elle  appela  les 
armées  romaines,  et  s'abandonna  à  de  criminelles 
amours.  Vénusius,  ayant  levé  des  troupes,  força 
l'infidèle  princesse  à  chercher  un  asile  dans  le 
camp  des  Romains.  Ceux-ci  mirent  fin  à  la  que- 
relle en  prenant  possession  du  territoire  des  Bri- 
gantes. 

Tacite,  Ann.,  XII,  36,  <,Q;Hist.,  III,  4S. 

*CARTOLi  (Eîistache),  poète  italien,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
On  a  de  lui  :  Sonetti  diversi  ;  Vlormcc ,  1730, 
in-8°. 

Adelung,  suppl.  à  Jôclicr,  Jllgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CARTOUCHE  (  Louis-Dominique  ),  né  à  Paris 
vers  1693,  mort  le  28  novembre  1721,   a  eu  le 
triste  avantage  de  léguer  son  nom  à  la  postérité 
comme  celui  du  voleur  le  plus  habile  des  temps 
modernes.  Né  d'une  famille  parisienne  d'artisans 
qui  jouissaient  d'une  honnête  aisance,  il  fut  dès 
son  enfance  chassé  pour  des  larcins  reconnus, 
d'abord  du  collège  où  on  l'avait  placé,  puis  de 
la  maison  paternelle,  où  l'on  avait  espéré  en  vain 
réformer  ses  penchants  vicieux.  Livré  alors  à 
lui-même,  ce  jeune  homme  alla  trouver  une 
bande  de  voleurs  qui  exploitait  la  Normandie. 
Son  audace,  ses  ruses,  sa  force  prodigieuse  et 
son  adresse  le  firent  bientôt  admirer  de  ses  com- 
plices, qui  le  choisirent  pour  leur  chef.  Mais  déjà 
Cartouche  ne  trouvait  plus  la  province  digne  de 
ses  talents ,  et  ce  fut  dans  la  capitale  qu'il  vint 
les  exercer.  Il  y  forma  une  troupe  de  bandits 
très-nombreuse,  et  qui  fut  sous  peu  de  temps  très- 
redoutée.  Il  lui  avait  donné  des  règlements  qui 
assuraient  au  chef  un  pouvoir  despotique,  et  lui 
conféraient  sur  chacun  de  ses   subordonnés  le 
droit  de  vie  et  de  mort.  Toutefois  Cartouche, 
dont  l'âme  n'était  point  naturellement  féroce,  ré- 
pandait rarement  le  sang,  soit  des  siens,  soit  de 
ceux  qu'il  dévalisait.  Ses  vols  midtipliés  n'en 
inspirèrent  pas  moins  une  terreur  profonde  aux 
bourgeois  de  Paris,  assez  mal  protégés  parla 


mz 


CARTOUCHE  —  CARTWRIGHT 


914 


police  de  ce  temps.  Quoiqu'une  forte  récompense 
eût  été  promise  à  celui  qui  le  livrerait  à  la  jus- 
tice, il  sut  se  dérober  longtemps  à  toutes  les 
irecherches.  Arrêté  enfin  dans  un  cabaret  de  la 
Courtille,  il  parvint  à  s'évader  des  prisons  du 
Dhâtelet  en  perçant  un  mur  qui  communiquait 
\  la  cave  d'une  maison  voisine  ;  mais,  aperçu 
oar  un  des  habitants  qui  donna  l'alarme,  il  y  fut 
épris  sur-le-champ,  et  placé  dans  un  cachot 
mieux  surveillé.  Le  procès  de  ce  bandit  fameux 
lura  plusieurs  mois,  et  excita  vivement  la  cu- 
riosité publique.  Condamné  à  être  rompu  vif, 
1  subit  le  supplice  préparatoire  de  la  question 
ians  rien  avouer;  mais  cette  force  morale  l'aban- 
lonna  aux  derniers  moments,  et,  quelques  ins- 
tants avant  son  exécution  en  place  de  Grève ,  il 
it  l'aveu  de  tous  ses  crimes. 

Une  circonstance  singulière,  et  même  unique 
Ians  les  annales  de  la  justice  criminelle,  signala 
m  jour  de  sa  mort.  Le  poëte-comédien  Legrand, 
|ui,  comme  beaucoup  d'auteurs  de  notre  temps, 
;tait  à  l'affût  de  toutes  les  circonstances  qui 
louvaient  offrir  le  prétexte  d'un  ouvrage  dra- 
natique,  avait  composé  pendant  la  durée  du  pro- 
ès  une  comédie  en  3  actes,  intitulée  Cartouche. 
j'autorité  la  laissa  représenter,  pour  la  première 
«is,  le  jour  même  où  ce  malheureux  expirait 
Éans  les  tortures  ;  inconvenance  bien  digne  du 
i|ouvernement  de  la  régence.  Quatre  ans  après, 
un  autre  comédien-auteur,  Grandval,  publia  un 
Boëme  ayant  pour  titre  :  Cartouche,  ou  le  Vice 
mini,  espèce  de  parodie  des  plus  beaux  pas- 
sages de  la  Henriade ,  auquel  le  souvenir  en- 
Bore  récent  du  héros  procura  lui  certain  succès. 
ucs  ouvrages  sont  oubliés  aujourd'hui;  mais 
e  nom  de  l'homme  qui  les  inspira  est  resté  po- 
julaire.  «  Cartouche  commença  par  voler  des 

épingles  !  »  dit-on  à  un  enfant  chez  lequel  on 
peut  craindre  des  dispositions  au  larcin;  et  la 
mention  faite  encore  de  ce  brigand  fameux  s'as- 
socie ici  à  une  leçon  morale  des  plus  expressi- 
ves. [Enc.  des  g.  du  m.] 

Uesessarts,  Procès  famexix  jugés  avant  et  depuis  la 
révolution,  2^  vol.  —  Histoire  de  la  vie  et  du  procès  du 
fameux  Louis- Dominique  Cartouche  et  de  plusieurs  de 
ses  complices. 

CARTWRIGHT  (Edmond),  frère  de  Jean 
Cartwright ,  poète  et  inventeur  anglais ,  mort  en 
1824.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il  s'y  fit  d'a- 
bord remarquer  par  son  talent  dans  la  prédica- 
tion. Plus  tard,  il  se  distingua  par  ses  poésies  et 
son  esprit  inventif.  Parmi  ses  compositions  poé- 
tiques, publiées  en  un  petit  volume,  on  remarque 
«ne  ballade  intitulée  Armyne  and  Elvïra. 
'En  1807,  parurent  ses  Letters  and  sonnets  on 
interesting  subjects,  adressées  à  lord  John 
iRussell.  Il  écrivit  aussi  des  Nouvelles,  et  pen- 
Idant  plusieurs  années  il  travailla  au  Monthlij- 
\Revietu.  Dès  l'année  1785,  Cartwright,  que  l'An- 
gleterre pon-vait  compter  parmi  les  esprits  les 
plus  cultivés,  avait  acquis  un  autre  titre  à  l'es- 
time de  ses  concitoyens  par  ses  inventions  en 
mécanique,  particulièrement  en  ce  qui  concer- 


nait l'art  de  peigner  et  tisser  la  laine.  Ces  inven- 
tions furent  jugées  si  utiles  que  le  parlement  ac- 
corda à  leur  auteur  une  gratification  de  10,000  li- 
vres sterling. 

Annual  Hegister.  — Gorton,  Cener.  bioij.  dict.—  Rose, 
New  biogr.  Dict.  —  Conversutions-Lexibon. 

CARTWRIGHT  {George),  voyageur  anglais, 
né  en  1739  à  Marsham,  dans  le  comté  de  Not- 
tingham,  mort  en  1819.  De  1766  à  1782,  il  fit 
plusieurs  voyages  au  Labrador,  et  st^journa  seize 
ans  parmi  les  Esquimaux;  il  amena  même  à  Lon- 
dres six  de  ces  sauvages,  dont  cinq  moururent 
de  la  petite  vérole  au  moment  ofi  Cartwright 
allait  les  reconduire  dans  leur  patrie.  On  a  de 
lui  :  Journal  of  transactions  and  events  du- 
ring  a  résidence  of  nearly  sïxteen  years  on 
the  coast  of  Labrador,  etc.;  Newarl»,  1792, 
3  vol.  in-4°.  On  y  trouve  des  observations  cu- 
rieuses sur  les  habitants  et  sur  l'histoire  naturelle 
du  Labrador. 

Galerie  hist.  des  Contemp. 

CARTWRIGHT  (Jean),  écrivain  politique  an- 
glais, frère  du  précédent,  né  à  Marsham  en  1740, 
mort  le  25  septembre  1825.  Il  servit  d'abord 
dans  la  marine  anglaise,  fit  plusieurs  campagnes, 
et  devint  lieutenant  de  vaisseau.  Partisan  déclaré 
des  colons  révoltés  d'Amérique,  et  ne  voulant 
pas  soutenir  contre  eux  les  intérêts  de  la  métro- 
pole ,  il  entra  dans  la  milice  du  comté  de  Not- 
tingham,  et  obtint  le  grade  de  major  ;  mais  ses 
liaisons  avec  les  hommes  les  plus  influents  de 
l'opposition  lui  firent  donner  son  congé.  Dès  lors 
il  se  retira  dans  le  comté  de  Lincoln,  où  il  avait 
acquis  des  propriétés,  se  fivra  avec  ardeur  à  la 
pratique  et  à  la  théorie  de  l'agriculture,  et  enri- 
chit les  recueils  périodiques  de  nombreuses 
communications.  Arrêté  à  Hudersfield ,  en  jan- 
vier 1813,  sous  la  prévention  d'avoir  excité  du 
tumulte,  il  ne  tarda  pas  à  être  relâché.  Les  écrits 
de  Cartwright,  dont  on  peut  voir  l'énumération 
dans  les  Mémoires  de  sa  vie ,  publiés  par  sa 
nièce ,  sont  très-nombreux.  En  voici  les  princi- 
paux :  l'Indépendance  de  l'Amérique  consi- 
dérée comme  utile  et  glorieuse  à  la  Grande- 
Bretagne;  1774,  in-4''  ;—  Lettre  à  Ed.  Burke, 
sur  les  principes  de  gouvernement  qu'il  a  for- 
mulés dans  la  séance  du  9  avril  1774;  1775, 
in-8°;  — Lettre  au  comte  d' Arlinghton  ;  1777, 
in-8°;  —  Évidence  pour  la  conscience  ;  1784, 
in-8'';  —  Lettre  au  duc  de  Newcastle;  1792, 
in-8°;  —  Lettre  à  un  ami  de  Boston  et  aux 
autres  membres  des  communes  qwi  s^sent  as- 
sociés pour  la  défense  de  la  constitution; 
1793,  in-8°  ;  —  la  Communauté  en  péril,  1795, 
in-8''  ;  —  Lettre  au  grand  Shérif  du  comté  de 
Lincoln  ;  1795,  in-8°  ;  —  le  Moyen  de  défendre 
constitutionnellement  V Angleterre  au  dehors 
et  au  dedans;  1796,  in-8°;  —  Appel  à  propos 
de  la  constitution  anglaise;  1797,  in-8°;  — 
l'Égide  de  l'Angleterre,  ou  Force  militaire  de 
Vetnpire  britannique  ;  1803-1806,  2  vol.  in-12; 
—  l'État  actuel  de  la  nation  anglaise  ;  1805, 


915  CARTWRIGH 

in-8";  —  Arguments  en  faveur  de  la  réforme  ; 
1 809,  in-S"  ;  —  Comparaison  des  trois  réformes, 
la  réforme  pour  rire,  la  demi-réforme,  la  ré- 
forme constitutionnelle;  1810,  in-8°;  la 

Constitution  anglaise  retrouvée  et  mise  en  lu- 
mière; 1823,  in-8°. 

Miss  CartwTight,  P^ie  et  Correspondance  du  major 
Gartwright.  —  Gorton,  Biographical  dictionary.  — 
Rose,  New  bioq.  Rict..  —  Annual  register. 

CARTWRiGHT  (  Jean),  voyageur  anglais,  vi- 
vait au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Il  fit  en  1610  un  voyage  en  Asie,  et  visita  surtout 
la  Perse.  On  a  de  lui  une  relation  sous  le  titre  : 
(Sartwright  or  the  Preachers  travels,  dans  le 
tom.  II  de  Purchas,  Pilgrimages.  Un  court  ex- 
trait s'en  ti-ouve  à  la  page  232  et  suiv.  de  la  Persia, 
sive  Reyni  Persici  status  variaque  itinera  in 
atque  per  Persiam,  cum  aliquot  iconibus  in- 
cotorMîïi,  édition  des  Elzevirs  ;  Leyde ,  1633  et 
1647.  Il  existe  une  traduction  hollandaise  de  l'o- 
riginal. 

Adelung,  suppléra.  à  Jôclier,  Allgem.  Gelehrten-Lexic. 

CARTWRIGHT  {Thomas),  théologien  puritain 
anglais,  né  vers  1535,  dans  le  comté  de  Hertfort  ; 
înort  en  1603.  Il  enseigna  la  théologie  à  l'uni- 
versité de  Cambridge;  mais  comme  il  professait 
des  principes  contraires  à  la  hiérarchie  sacerdo- 
tale, les  évéques  réussirent  à  le  faire  expulser. 
11  passa  sur  le  continent,  revint  en  Angleterre , 
eut  la  hardiesse  de  publier  quelques  écrits  qui 
alarmèrent  le  gouvernement,  quitta  de  nouveau 
le  royaume,  y  rentra  au  bout  de  cinq  ans ,  fut 
arrêté,  et  mis  en  prison  comme  séditieux.  Déli- 
vré par  le  crédit  de  quelques-uns  de  ses  protec- 
teurs, il  fut  encore  emprisonné  à  diverses  repri- 
ses. Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Ansioer  con- 
cerning  churcWs  discipline;  1575,  in-4°;  — 
Metaphrasis  et  homilise  in  librum  Salomonis 
qui  inscribitur  Ecclesiastes ;  Londres,  1604', 
in -4"  ;  Amsterdam,  1647,  in-4°;  —  A  bodtj  of 
divinittj ;  MA.,  1616,  in-4°;  —  Commentarii 
succincti  et  delucidi  in  proverbia  Salomonis  ; 
Amsterdam,  1617  et  1638,  ïn-4°;  —  Commen- 
taria  practica  in  totam  historiam  evangeli- 
cam,  ex  quatuor  evangelistis  harmonice  con- 
cinnatam;  1630,  in-4".  Le  même  ouvrage,  sous 
le  titre  :  Harmonia  evangelica  commentario 
anahjtico,  metaphrastico ,  practico  illus- 
trata,  etc.;  Amsterdam,  1647,  in-4''. 

Moqrapkia  Britannica.  —  Gorlnn,  Biographical  Dic- 
tionary. 

CARTWRIGHT  (  William),  poète  anglais,  né 
vers  1611,  mort  le  22  décembre  1643.  Il  entra  au 
collège  du  Christ,  à  Oxford,  en  1628,  et  en  1638 
il  fut  reçu  dans  les  ordres.  Nommé  professeur  de 
métaphysique,  il  succomba,  jeune  encore,  à  une 
fièvre  épidémique  qui  fit  de  grands  ravages  à  Ox- 
ford, n  avait  composé  des  tragi-comédies  et  des 
pièces  de  vers,  que  ses  amis  recueillirent  et  pu- 
blièrent en  1651  (Londres,  in-8°),  huit  ans  après 
sa  mort.  Cartwright  est  un  écrivain  sensible  et 
pur  :  il  laisse  à  désirer  poar  la  mélodie,  il  man- 
que de  force;  mais  0  a  plus  de  goût  que  la  pres- 


T  —  CARUS 


91i 


que  totalité  de  ses  contemporains.  On  remarqu 
parmi  ses  œuvres  les  pièces  intitulées  Ordinary 
a  comedij  ;  Ladij  errant,  a  tragy-comedy  ;  Roya 
slave,  a  tragy-comedy  ;  Siège  or  Love' s  con 
vent,  a  tragy-comedy. 

Rétrospective  Review ,  IX,  160.  —  Rose,  iV^eiy  Biogra 
phical  Diction.  —  Baker,  Biog.  dramat.  -  Campbell 
Spécimens. 

CARUS  (Marcws-lMreWîw),  empereur  romain 
surnommé  Persicus,  natif  de  Narbonne,  selon  Au 
relius  Victor,  Eutrope,  et  d'autres;  de  Milan,  se 
Ion  Vopiscus  ;  mort  vers  la  fin  de  l'année  283 
Il  fut  proconsul  de  Cilicie,  puis  préfet  du  pré 
toire  sous  Probus,  qui  lui  confia  plusieurs  expédi 
lions,  et  demanda  même  au  sénat,  en  récompens 
des  services  de  son  heutenant,  l'érection  d'uni 
statue  et  la  construction  d'une  maison  aux  frais 
du  trésor  public.  Lors  du  meurtre  de  Probus  i 
Sirmium,  en  282,   Carus  fut  élu  à  sa  place  pa 
les  soldats,  et  cette  élection  fut  confirmée  par  h 
sénat.  On  éleva,  il  est  vrai,  contre  le  nouve 
empereur  des  soupçons  à  l'occasion  de  cette 
mort  violente  de  Probus;  mais  Vopiscus  soutient 
avec  beaucoup  d'apparence,  que  le   caractèn 
rnême  de  Carus  répugnait  à  une  si  noire  ingra 
titude.  Après  avoir  écrit  au  sénat  qu'il  tâcherait 
en  raison  de  sa  qualité  de  Romain,  de  faire  rnieuî 
que  les  empereurs  originaires  des  provinces,  1( 
nouvel  empereur  créa  Césars,  vers  l'an  283,  set 
deux  fils  Carin  et  Nuraérien.  Il  envoya  le  pre- 
mier contre  les  barbares,  qui  jugeaient  le  mo- 
ment favorable  pour  piller  les  provinces  placées 
dans  leur  voisinage;  et  Carin  fit  du  côté  du  Rhin 
quelques  campagnes  heureuses.  Carus  lui-même 
combattit  et  vainquit  les  Sarmates  qui  avaieni 
envaiii  l'Illyrie,  menacé  la  Thrace  et  l'Italie.  Il 
leur  tua  seize  mille  hommes,  lit  vingt  mille  pri- 
sonniers, et  allait  pousser  plus  loin  peut-être  ses 
succès,  lorsque  les  mouvements  des  Perses  lo- 
bligèrent  de  tourner  d'un  autre  côté  ses  armes. 
11  se  fit  accompagner  dans  cette  expédition  par 
son  fils  Nmnérien,  pendant  que  Carin  restait 
chargé  du  gouvernement  de  l'Italie,  de  l'Illyrie, 
de  l'Afi'ique,  et  des  autres  provinces  d'occident. 
L'administration  de  ce  prince  fut  marquée  par  de 
tels  actes  de  tyrannie,  que  Carus,  en  les  appre- 
nant, s'écria  que  «  ce  n'était  pas  là  son  fils.  » 
La  campagne  de  l'empereur  contre  les  Perses 
fut  glorieuse.  Ils  avaient  alors  pour  roi  Bahram 
ou  Vararane  H,  et  l'on  raconte  que  les  ambassa- 
deurs de  ce  prince  trouvèrent  un  jour  Carus 
dans  sa  tente,  sous  le  grossier  manteau  du  sol- 
dat, se  nourrissant  d'un  peu  de  lard  rance  et  de 
quelques  mauvais  pois.  On  ajoute  que,  jetant 
en  leur  présence  le  bonnet  qui  couvi-ait  sa  tête 
chauve,  il  jura  qu'il  laisserait  sur  le  sol  de  la 
Perse  moins  d'arbres  encore  qu'il  ne  lui  restait  ' 
de  cheveux.  C'est  là  ce  qui  donne  à  la  fois  une 
idée  de  son  caractère  énergique  et  de  la  sim- 
plicité de  ses  habitudes,  qui  rappelaient  la  vieille 
frugalité  romaine.  Des  dissensions  intestines  mi- 
rent les  Perses  dans  l'impossibilité  de  résister, 


!)17 


CARUS 


918 


;t  Carus  conquit  la  Mésopotamie ,  prit  Séleucie 
iît  Ctésiplion  ;  et  déjà  il  méditait  de  porter  bien 
ju  delà  ses  conquêtes,  lorsque  la  mort  le  vint 
5Ui'prendre.  On  n'est  pas  bien  fi\é  sur  la  cause 
le  ce  trépas  soudain;  la  plus  probable  est  la 
trahison.  D'après  le  rapport  adressé  au  préfet  do 
dôme  par  son  secrétaire  Junius  Calpurnius,  il 
nourut  d'une  maladie  ordinaire,  mais  pendant 
jne  tempête;  c'est-à-dire  qu'on  le  fit  sans  doute 
lisparaître  à  la  manière  de  Romulus,  sans  ajou- 
;er  qu'il  passa  au  rang  des  dieux.  On  soup- 
;onna  du  meurtre  de  Carus  Arrius  Aper,  mis 
»  mort  lui-même  sous  Dioclétien,  pour  avoir  fait 
)érir  Numérien.  Carus  peut  être  compté  parmi 
es  bons  empereurs. 

Vopiscus,  Ca7'ii!<.  —  Aurelius  Victor,  XXXVIll,  —  Zo- 
tiare,  XU,  30.  —  Hiitrope,  IX,  12.  —Le  Nain  de  Tillemoiit, 
Hist.  des  empereurs,  UI,  440  et  suiv.  —  Chateaubriand, 
Études  /iistoriq7ies. 

CARUS  {Frédéric- Auguste),  théologien  pro- 
testant allemand,  né  à  Bautzen  le  27  avril  1770, 
mort  à  Leipzig  le  6  février  1807.  Il  avait  fait  de 
bonnes  études  de  philosophie  et  de  tliéologie, 
lorsqu'il  fut  appelé  à  une  place  de  prédicateur, 
et  plus  tard  à  une  chaire  de  philosophie  à  Leip- 
zig. A  partii'  de  cette  dernière  nomination,  il  se 
voua  presque  exclusivement  à  la  philosophie,  et 
se  restreignit,  pour  mieux  en  embrasser  la  par- 
tie qu'il  affectionnait  le  plus,  à  l'histoire  de  la 
philosophie  et  à  la  psychologie.  Mais  la  mort  l'en- 
leva dès  l'an  1807,  à  la  force  de  l'âge,  et  au  mo- 
ment où  ses  vues,  plus  fortes  et  plus  originales, 
-.  allaient  se  séparer  plus  nettement  des  doctrines 
de  Kant,  qui  l'avaient  d'abord  fasciné,  comme 
la  plupart  de  ses  compatriotes.  Ses  ouvrages  de 
philosophie,  pubUés  après  sa  mort,  forment  G  vo- 
lumes in-8°;  ce  sont  :  1°  Éléments  de  psycho- 
logie, 1  vol.  ;  —  Histoire  de  la  psychologie , 
1  vol.;  —  Histoire  de  la  psychologie  des  Hé- 
breux, 1  vol.  in-4°  ;  —  Idées  sur  Vhistoire  de 
la  philosophie,  1  vol.; —  Idées  sur  l'histoire 
de  l'humanité,  1  vol.  Carus  avait  publié,  soit 
dans  le  Magasin  de  FuUeborn,  soit  à  part,  des 
mémoires  sur  les  sources  de  la  cosmologie,  sur 
Anaxagore,surles  doctrines  d'Hermotime  de  Cla- 
zoraène,  etc.  Le  plus  remarquable  de  tous  les 
ouvrages  de  ce  philosophe  est  sa  Psychologie 
des  Hébreux.  Ce  n'est  pas  un  travail  complet, 
ce  n'est  même  qu'une  esquisse  ;  mais  le  sujet  est 
si  important,  si  bien  saisi,  et  traité  avec  une  in- 
teUigence  si  profonde  du  génie  de  ce  peuple,  l'un 
des  plus  célèbres  dans  l'histoire  des  doctrines 
morales,  qu'il  restera  comme  un  monument.  Ca- 
rus, en  suivant  les  progrès  de  la  psychologie  d'une 
nation  peu  philosophique,  nous  fait  assister,  pour 
ainsi  dire,  au  berceau  et  aux  développements 
les  plus  populaires  de  la  science.  Un  collègue 
de  Carus,  Schott,  a  fait  son  éloge  sous  ce  titre  : 
Recitatio  de  Cari  virtutibus  atque  meritis. 
[  M.  Matter,  dans  YEnc.  des  g.  du  m.} 

Schott,  Recitatio  de  Fred.-Aug.  Cari  virtutibus  atque 
meritis;  Leipzig,  1808. 

^  CARUS  {Charles-Gustave) , médecin  et  na- 


turaliste allemand,  naquit  en  1780  à  Leipzig,  où 
son  père  avait  un  atelier  de  teinture.  11  fit  ses 
études  au  gymnase  et  à  l'université  de  sa  ville 
natale.  Suivant  les  intentions  de  ses  parents,  il 
devait  surtout  se  livrer  à  l'étude  de  la  chimie,  afin 
de  pouvoir  exploiter  un  jour  avec  plus  d'avantage 
la  profession  de  teinturier.  Mais  Carus  prit  tant 
de  goût  à  l'anatomie,  qu'il  fit  bientôt  de  la  mé- 
decine sa  principale  occupation.  II  devint  en  1811 
professeur  suppléant  à  l'université  de  Leipzig,  et 
débuta  dans  sa  nouvelle  carrière  par  un  cours 
sur  l'anatomie  comparée,  qui  jusqu'alors  n'avait 
pas  encore  de  chaire  spéciale.  Malgré  tout  l'in- 
térêt avec  lequel  il  se  livra  à  cette  étude,  à  celle 
des  accouchements,  ainsi  qu'à  l'histoire  des  ma- 
ladies des  femmes  et  à  leur  traitement,  il  cultiva 
encore  avec  succès  la  peinture,  à  laquelle  il  s'é- 
tait adonné  depuis  l'année  1811. 

Le  dévouement  avec  lequel  il  soigna  les  ma- 
lades de  l'hôpital  français  établi  en  1813  à  Pfaf- 
fendorf,  près  de  Leipzig,  lui  attira  une  maladie 
très-grave,  qui  le  rendit  pour  longtemps  incapa- 
ble de  tout  travail  scientifique.  En  1815,  lors 
de  l'organisation  de  l'Académie  chirurgico-mé- 
dicale  à  Dresde ,  il  y  fut  appelé  comme  profes- 
seur et  directeur  de  la  clinique  d'accouchement  ; 
en  1827,  il  fut  nommé  médecin  du  roi  de  Saxe, 
avec  le  titre  de  conseiller  intime  et  médicinal, 
charge  qu'il  remplit  encore  aujom'd'hui  avec 
distinction.  Il  accompagna,  en  1829,  le  prince 
Frédéric-Auguste,  aujourd'hui  roi,  dans  ses  voya- 
ges en  Suisse  et  en  Italie.  Les  cours  qu'il  fit,  en 
1827,  sur  l'anthropologie,  et,  en  1829,  sur  la 
psychologie,  ajoutèrent  considérablement  à  sa 
réputation.  M.  Carus  s'est  aussi  fait  connaître 
(chose  si  rare  pour  un  savant)  par  un  talent  réel  ■ 
pour  la  peinture.  Plusieurs  de  ses  tableaux,  et 
notamment  ses  paysages,  sont  recherchés  des 
amateurs. 

Les  principaux  ouvrages  de  M.  Carus  sont  : 
Versuch  einer  Darstellung  des  N  ervensystems 
und  insbesondere  des  Gehirns  (Essai  sur  le 
système  nerveux,  et  particulièrement  le  cerveau)  ; 
Leipzig,  1814,  in-4°;  —  Lehrbuch  der  Zooto- 
mie  { Manuel  de  zootomie  ),  avec  vingt  planches 
gravées  par  lui-même;  Leipzig,  1818;  — Lehi-- 
buchder Gynxkologie  (Manuel  de  gynécologie), 

2  vol.;  Leipzig,  1820;  2^  éd.,  1828;  —Erlàu- 
terungstafeln  zur  vergleichenden  Anatomie 
{ Tables  explicatives  pour  l'anatomie  comparée), 

3  vol.  ;  Leipzig,  1826-1831,  in-4°;—  Veber  den 
Blutkreislauf  der  Insecten  (sur  la  Circulation 
du  sang  chez  les  insectes);  Leipzig,  1827;  — 
Grundzilge  der  vergleichenden  Anatomieund 
Physiologie  { Précis  de  l'anatomie  comparée  et 
de  la  physiologie),  3  vol.;  Dresde,  1828 ;  —  Ve- 
ber die  Urtheile  des  Knochen  und  Schahje- 
riister  (des  Opinions  émises  sur  la  charpente 
osseuse,  etc.);  Leipzig,  1828,  in-fol.;  —  Vor- 
lesungen  ueber  Psychologie  (Leçons  de  psy- 
chologie); Leipzig,  1831;  —  Briefe  ueber 
Landschaftsmalerei  (Lettres  sur  la  peinture 


919  CARUS  — 

en  paysages;  Leipzig,  1831;—  Symbolik  der 
menschlichen  Gestalt,  1853  (Symbolique  du 
visage  de  l'homme);  livre  dans  lequel,  résumant 
les  travaux  faits  à  cet  égard  depuis  les  Grecs  et 
depuis  Porta  jusqu'à  Lavater  et  Gall,  l'auteur 
montre  que  les  formes  de  chaque  partie  du 
corps,  dans  chaque  individu,  fournissent  pour 
l'hygiène ,  et  pour  la  connaissance  de  l'état  phy- 
sique et  moral,  des  données  souvent  précieuses. 
[Enc.  des  g.  du  m.,  avecaddit.] 

Conversations- Lexicon.   —  Callisen,    Medicinisches 
Scàrifleller-Lexicon. 

CA.RUSO  {Charles),  jorisconsulte italien,  na- 
tif de  Girgenti,  mort  le  25  novembre  1690.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Praxis  circa  mo- 
dum  procedendi  in  criminalibus ,  etc.;  Pa- 
lerme,  1655,  in-fol.;  souvent  réimprimé  avec 
des  additions  du  fils  de  l'auteur;  —  Praxis 
circa  modum  procedendi  in  civilibus  super 
rituregni  Siciliw  ;  ibid.,  1705,  in-fol. 
Mongitore,  Bibtioth.  Sicula. 

CARuso  {Jean-Baptiste),  historien  itaUen, 
né  à  Polizzi,  près  de  Palerme,  le  27  décembre 
1673;  mort  le  13  octobre  1724.  Il  se  livra  d'a- 
bord à  l'étude  de  la  philosophie,  qui  le  conduisit 
au  scepticisme.  Mais  d'après  les  conseils  du 
P.  Mabillon,  qu'il  vit  dans  un  voyage  à  Paris,  il 
abandonna  cette  direction  pour  ne  plus  s'occuper 
que  d'études  historiques  ;  il  fouilla  les  archives 
et  les  bibliothèques  de  la  Sicile ,  et  en  tira  des 
monuments  précieux.  On  a  de  lui  :  Memorie 
istoriche  délia  Sicilia,  dal  tempo  de'  suoi  pri- 
mieri  abitatori  sino  alla  coronazione  del  re 
Vittorio-Amedeo ;  Paieriae ,  1716-1745,  3  vol. 
in-fol.  ;  —  Historiœ  Saraceno-Siculsc  varia  Mo- 
numentu,  insérés  dans  le  t.  I"  des  Reruni  Ita- 
licarum  Scriptores  de  Muratori  ;  —  Biblio- 
theca  historica  Sicilise,  seu  historicorum  de 
rébus  Siculis  a  Saracenorum  invasione  ad 
Aragonensium  principatum  coUecfio;  Pa- 
lerme, 1720-1723,  2  vol.  in-fol. 

Fabricius,  Conspectus  thesauri  litter.  Italiœ.  —  Gior- 
nale  de'  Letterati  d'italia. 

CARUSO  {Jérôme),  historien  et  poète  italien, 
natif  de  Vitulano ,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  V  Istoria 
in  ottava  rima,  nella  quale  si  racconta  il 
verissimo  successo  del  miserabile  assedio  e 
arresa  délia  città  di  Vercelli. 

Toppi,  Bibliotheca  Napoletana. 

*CAR€so  {Joseph),  poète  italien,  natif  de 
Palerme,  vivait  au  milieu  du  dix-septième  siècle. 
On  a  de  lui  :  la  Misa  d'  Oreto,  ovvero  F  Odio 
placuto,  egloga;  Palerme,  1651,  in-8°. 
Mongitore,  Bibliotheca  Sicula. 

CARVAJAL  ou  CARAVAJAL  {JeanoE),  cardi- 
nal espagnol,  évêque  de  Placentia,  né  vers  1399  à 
ïruxillo,  dans  l'Estramadure;  mort  à  Rome  le 
6  décembre  1469.  Il  fut  successivement  auditeur 
de  rote,  gouverneur  de  Rome,  légat,  et,  en  récom- 
pense du  zèle  qu'il  déploya  au  concile  de  Bàle 
dans  la  défense  des  intérêts  de  l'Église,  il  reçut 
la  pourpre  des  mains  d'Eugène  IV,    on  1446. 


CARVAJAL  99 

Nommé  légat  à  diverses  reprises  en  Allemagn. 
et  en  Bohême  par  les  successeurs  de  ce  pontife 
il  fit  preuve  d'une  grande  habileté,  combattit  le 
erreurs  des  hussites ,  fut  exposé  à  leur  ressenti 
ment,  et  contribua  au  succès  mémorable  que  l'ar 
mée  chrétienne  obtint  en  1456  sur  les  troupe, 
de  Mahomet  l". 
Ersch  et  Graber,  ^llgem.  Encyel. 

CARVAJAL  {Bernardin  de),  prélat  espa^ 
gnol,  né  à  Palencia  vers  1456,  mort  le  13  dé 
cembre  1523.  Il  fut  successivement  évêque  d'As 
torga,  de  Badajoz,  de  Siguença,  de  Placentia  ei 
de  Carthagène,  et  reçut,  en  1493,  le  chapeau  d( 
cardinal  des  mains  d'Alexandre  VI.  Nommé  eu 
1411  ambassadeur  à  Rome  par  le  roi  Ferdinand  V. 
il  se  prononça  pour  le  roi  Louis  XII  et  l'empe- 
reur Maximilien  contre  le  pape  Jules  II,  et  pro- 
voqua la  réunion  du  concile  de  Pise.  Jules  II 
s'en  vengea  en  le  traduisant  devant  le  concile  de 
Latran.  Carvajal,  excommunié  et  rayé  du  nombre 
des  cardinaux,  se  retira  à  Lyon,  revint  en  Italie 
après  la  mort  de  Jules  II,  fut  arrêté  et  conduil 
à  Civita-Vecchia  par  ordre  de  Léon  X,  et  n'ob- 
tint sa  liberté  qu'après  avoir  sollicité  à  genoux 
la  rémission  de  sa  faute  dans  un  consistoire  tenu 
en  1513.  Il  rentra  même  dans  toutes  ses  digni- 
tés, et  obtint  l'évêché  d'Ostie.  On  a  de  lui  des  ser- 
mons et  des  discours,  dont  nous  ne  citerons  que 
les  suivants  :  Oratio  ad  Sixtum  IV,  et  cardi- 
nalium  elogium;  —  Oratio  habita  nomine 
catholicorum  reguni  ad  Alexandrum  VI ;  ~ 
Oratio  de  eligendo  Summo  Pontijice;  Rome, 
1492. 

Antonio,  Biblioth.  kispananova.  —  PaulJove,  E!o- 
gia.  —  Oldouin,  Atkenaeum  Romanum.  —  Bembo,  Epist 
Pontif.,  m,  ep.  22.  —  Fabroni,  P^ita  Leonis  X.  — 
Guichardin;  vol.  XI,  38. 

CARVAJAL.  {François  de),  capitaine  espa- 
gnol, né  vers  1464,  mort  en  1548.  Il  se  fit  remar- 
quer à  la  bataille  de  Pavie  et  au  sac  de  Rome  en 

1527,  servit  depuis  en  Amérique,  où  l'avait  con- 
duit l'amour  des  richesses,  et  contribua  à  la  vic- 
toire de  Chupas,  que  Vaca  de  Castro,  gouverneur 
du  Pérou,  remporta  sur  le  jeune  Almagro.  S'é- 
tant  rangé  du  côté  de  Gonzalès  Pizarre,  il  devint 
l'âme  de  son  parti.  Fait  prisonnier  avec  lui  en 
1548,  il  fut  condamné  à  être  pendu.  Il  avait  alors 
quatre-vingt-quatre  ans.  «  On  ne  meurt  qu'une 
fois,»  s'écria- t-il  à  son  dernier  moment.  Carvajal 
ressemblait  bien  à  ces  premiers  conquérants  du 
nouveau  monde  ;  vaillant  et  rusé,  mais  cruel 
à  l'excès.  Plus  de  20,000  Indiens,  devenus  ses 
esclaves,  succombèrent,  dit-on,  sous  le  poids  des 
travaux  dont  il  les  avait  accablés. 

Robertson,  Hist.  0/  America.  —  Fritsch,  Allgem.  his- 
torisclies  Lexicon. 

CARVAJAL  {Laurent-Galindez  de),  juris- 
consulte espagnol,  né  en  1472  à  Placentia,  en 
Estramadure;  mort  à  Burgos  le  27  novembre 
1527.  Il  fut  professeur  de  jurisprudence  k  Sala- 
manque,  et  conseiller  du  roi  Ferdinand  V  et  de 
la  reine  Isabelle;  prit  part  à  la  régence  du  royau- 
me, du  temps  de  Ximeuès,  et  fit  révoquer  le 


,21  CARVA.TAL  - 

ilîstanient  de  Ferdinand  le  Catholique.  On  a  de 
li  :  AddUiones  a  los  vaiwies  illustres  de  Fer- 
an-Perez  de  Gîizman;  1517,  in-fol.  Les  au- 

Ires  ouvrages  de  Carvajal  sont  restés  nianus- 

rits. 

Antonio,  BibUoth.  Mspana  nova.  —  Ersch  et  Orubcr, 
'Ugem.  Encyclop. 

CARVAJAL  (/eflw),  officier  espagnol ,  mort 
a  1546.  Comme  son  parent,  il  suivit  la  carrière 
es  armes,  et  servit  en  Amérique.  Officier  dans 
i  province  de  Venezuela  lorsque  l'empereur 
Charles-Quint  céda  ou  plutôt  vendit  ce  terri- 
Wireà  la  famille  Welser  d'Augsbourg,  il  fit  as- 
■îssiner  le  second  gouverneur  envoyé  par  cette 
imille,  et  fabriqua  de  fausses  lettres  patentes 
ui  le  nommaient  lui-même  à  cette  place.  Cliar- 
îs-Quint,  informé  de  cette  usurpation ,  envoya 
n  nouveau  gouverneur,  qui  fit  pendre  Carvajal. 

Robertson,  Hist.  de  Charles-Quint.  —  Idem,  JJist. 
'Amérique. 

*  CARVAJAL  {Tomas-José-Gonzalen), homme 
'État  et  littérateur  espagnol,  né  à  Séville  le  21 
écembre  1753,  mort  le  9  novembre  1834.  En 
785,  et  après  avoir  été  reçu  docteur  en  droit,  il 
B  rendit  à  Madrid,  où  il  se  Hvra  à  des  travaux 
ttéraires;  en  1790,  il  fut  employé  dans  le  secré- 
iriat  des  finances  pour  les  Indes,  et  plus  tard 
ommé  officiai  dans  la  même  administration 
onr  l'Espagne.  Chargé  en  1795  de  l'intendance 
es  nouvelles  colonies  fondées  dans  la  Sierra-Mo- 
ena  et  en  Andalousie,  il  s'acquitta  avec  sagesse 
le  cette  mission.  En  1807  il  revint  à  Séville,  et 
n  1809  il  entra  dans  l'armée  espagnole  avec  le 
itie  d'intendant.  Son  activité  dans  ces  fonctions, 
fuil  remplit  dans  divers  corps  jusqu'en  1811,  le 
irent  nommer  en  1812  président  de  la  junte  des 
Inances,  et  en  1813  secrétaire  d'État  au  même 
lépartement.  Son  amour  des  lettres  et  des  scien- 
ces le  porta  ensuite  à  solliciter  la  direction,  qu'il 
)btint ,  des  études  de  San-lsidoro.  Il  fut  persé- 
iuté  à  la  restauration ,  arrêté  et  destitué ,  puis 
©terne  à  Séville,  où  il  profita  des  loisirs  forcés 

'on  lui  faisait,  pour  se  livrer  uniquement  aux 
lettres.  Les  événements  de  1820  lui  rendirent  la 
lirection  des  études  de  San-lsidoro  ;  il  fit  partie 
in  même  temps  de  la  junte  de  censure,  et  en 
1821  du  conseil  d'État.  En  1829,  il  fut  chargé  de 
Iresser  les  règlements  relatifs  à  l'administration 
militaire  ;  il  devint  ensuite  successivement  mem- 
bre du  conseil  supérieur  de  guerre  en  1833,  du 
conseil  des  Espagnes'^t  des  Indes  en  1834,  enfin 
pair  du  royaume.  Outre  plusieurs  écrits  sur  l'ad- 
ministration miUtaire,  on  a  de  lui  :  los  Salmos  ; 
Valence,  1819, 5  vol.,  souvent  réimprimé  depuis  : 
les  Espagnols  regardent  cet  ouvrage  comme  un 
de  leurs  chefs-d'œuvre  ;  —  los  Libros  poeticos 
de  la  Santa  Biblïa;  Valence,  1827,  6  vol.  ;  — 
Opuscules  inédites  en  prosa  y  verso; Madrid, 
1847,  13  volumes. 

Conversations- Lexicon. 

CARVALHO  {A7itoitie),  théologien  portu- 
igais ,  de  l'ordre  des  Jésuites,  né  à  Lisbonne  en 
!J590,  mort  en  1650.  Il  fut  professeur  de  théolo- 


CARVALHO  922 

gieetde  philosopliie  àÉvora,  puis  à  Coïmbro.  On 
lui  attribue  :  Si  conviene  que  los  predicadores 
reprehendan  principes  y  ministros  ;  Lisbonne, 
1627;  — des  Commentaires  sur  Xa  Somme  de 
saint  Thomas. 

Alcfranibo,  Ilibliotit.  srriptorum  Societ.  Jesu.— An- 
tonio, liiblioth.  Iiispana  nona. 

CARVALHO  (  Antoinc-Monis  de),  piibliciste 
portugais,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Francia  inte- 
ressada  cen  Portugal  en  a  separacion  de 
Castilla  ;  Barcelone,  1644,  in-8°. 

Anlonio,  /iibliot,  hispana  nova. 

CARVALHO  (  DomJHîçî^c),  général  portugais, 
mort  en  1604.  Il  servit  avec  distinction  dans  les 
Indes  orientales.  Employé  par  le  vice-roi  de  Goa 
dans  diverses  expéditions  sur  les  côtes  du  golfe 
de  Bengale,  il  avait  remporté  des  succès  sur  les 
Indiens  Mogores  et  les  troupes  du  roi  d'Aracan, 
lorsque  le  roi  de  Chaudecan,  alUé  des  Portugais, 
dont  il  réclamait  les  secours,  le  livra  à  ce  même 
roi  d'Ai-acan,  quile  fit  mourir. 
Mnlte-Brun,  Traité  de  géogr.  ;  Introduction  ). 

CARVALHO  {Jean  ),  canoniste  portugais, 
vivait  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  fut  professeur  de  droit  canonique  à 
Coïmbre.  On  a  de  lui  :  De  quarta  falcidia  et 
légitima,  et  in  Cap.  Reynaldi  de  Testamen- 
tis;  Coïmbre,  1631. 

Antonio,  Bibliolh.  hispana  nova. 

*  CARVALHO  {Jese  da  Silva),  homme  d'État 
portugais,  né,  le  19  décembre  1782,  à  Castel- 
branco,  province  de  Siéra;  mort  le  3  février 
1845.  Avocat  poursuivi  pour  ses  principes  libé- 
raux, il  fut  nommé  en  1810  juge  de  première  ins- 
tance, puis  juiz  des  orfaos  (juge  chargé  de 
veiller  sur  les  orphelins)  et  rapporteur  au  con- 
seil de  guerre  de  Coimbi-e  en  1814.  Il  prit  une 
part  active  à  la  révolution  de  Porto,  et  fut  nommé 
membre  de  la  régence  provisoire  ;  puis  main- 
tenu jusqu'à  l'arrivée  du  roi  Jean  VI,  qui  le 
nomma  ensuite  ministre  de  la  justice.  La  réac- 
tion absolutiste  le  renversa  en  1823,  et  il  se  ré- 
fugia en  Angleterre,  où  il  resta  jusqu'à  l'avènement 
de  dom  Pedro;  mais  dom  Miguel  l'exila  une  se* 
conde  fois,  quand  il  parvint  à  s'emparer  de  la  cou- 
ronne. Carvalho  profita  de  son  séjour  à  Londres 
pour  y  préparer  l'expédition  de  l'empereur,  qui 
l'avait  nommé  du  conseil  de  régence  institué  pour 
gouverner  jusqu'à  la  majorité  de  sa  fille  dona  Ma- 
ria. Il  parvint  par  ses  négociations  à  faire  interve- 
nir l'Angleterre  dans  la  question,  et,  combinant 
avec  le  capitaine  anglais  Napier  le  système  d'atta- 
que par  mer,  réussit  à  amener  le  triomphe  de 
son  souverain.  Après  avoir  rempli  les  fonctions  de 
président  du  tribunal  de  justice  et  de  la  guerre, 
il  devint  ministre  des  finances,  et  conserva  son 
portefeuille  jusqu'en  1836,  époque  à  laquelle  ime 
révolution  le  renversa ,  au  nom  de  la  constitu- 
tion de  1820.  L'Angleterre  le  reçut  une  troisième 
fois  en  proscrit;  et  ce  n'est  qu'à  la  suite  de  la  ré- 
volte de  Porto  en  1842,  qu'il  rentra  en  grâce  et 
fut  nommé  conseiller  d'État  :  il  remplit  ces  fonc- 


923 


CÂRVALHO 


9Î 


tions  avec  éloge,  et  contribua  puissamment  à  ré- 
gulariser le  système  financier  de  son  pays,  jusqu'à 
ce  qu'une  maladie  l'enleva  au  milieu  de  ses  tra- 
vaux. T.  Albert.  B. 

Ferdinand  Denis,  Hist.  du  Portugal,  dins  i'Cnivers 
pittoresque.  —  Concersations-Lexicon. 

CARVALHO  <^Laitrent-Perès) ,  canoniste  por- 
tugais, vivait  à  Lisbonne  à  la  fin  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  ;  Enucleatïones  ordinum 
vùiitarium  thpartitee,  pênes  triplicem  quses- 
tionem  ventilatam  corani  senatu  reyio  Liisi- 
taniée,  pro  cansis  eoriimdiim.  ordinum  de- 
lecto,  etc.  ;  Lisbonne,  1693,  in-fol. 

Adelung,  supplément  à  Jocher,^??aeme»nes  Gelehrten- 
Lexicon. 

CARVALHO  {Luiz  Alonzo  de),  littérateur 
espagnol,  de  Tordre  des  Jésuites,  mort  en  1630. 
On  a  de  lui  :  Cisno  de  Apollo  de  Varie  poetica; 
Medina-del-Campo,  1602,  in-8';  — Antigue- 
dades  y  cosas  mémorables  del  principado  de 
Asiurias  ;  Madrid,  1695,  in-foL 

Antonio,  Bibloth.  hispana  nova. 

*  CABVALHO  (Miguel  de), missionnaire  por- 
tugais, né  en  1580,  mort  après  1624.  Carvallio  fit 
ses  études  théologiques  à  Coîmbre,  puis  il  passa 
en  Orient,  et  se  trouvait  déjà  aux  Indes  orienta- 
les dès  1602.  Il  appartenait  à  l'ordre  des  Jésuites, 
et  prit  la  résolution  de  se  rendre  au  Japon  au 
moment  où  commençaient  les  persécutions  con- 
tre les  chrétiens.  Aforc«  de  persévérance,  il  par- 
vint à  pénétrer  jusqu'à  Nangasaki;  il  y  prêcha, 
et,  selon  les  biographes,  sa  moisson  fut  trop  abon- 
dante pour  qu'il  n'excitât  pas  l'inquiétude  des 
autorités  :  il  fut  jeté  dans  un  cachot,  et  il  mou- 
rut bientôt  sur  un  bûcher.  Ce  sont  les  lettres  du 
martyr  qui  ont  été  publiées  en  1624,  et  dont  la 
plus  importante  a  pour  titre  :  Carta  ao  padre 
provincial  de  carcerede  Omura,  escrita  a  do 
feverciro  1624.  F,  D. 

Barbosa  Macbado,  Bibliotheca  Lusitana. —  Jorge  Car- 
doso,  .4giologio  Lusitano,  3  toI.  pet.  in-foL 

CARVALHO  Y  MELLO.   Toy.  POîlEAL. 

CARVALHO   {Tristan- Barbosa  de),    écri- 
vain ascétique ,  vivait  au  comm.encercent  dn  dix- 
septième  siècle.  Son  principal  ouvrage  est  :  Ra- 
millete  del  Aima  y  jardin  del  Cielo. 
Antonio,  Eiblioth.  hispana  nova, 

CARVALHO  (Yalentin) ,  missionnaire  portu- 
gais, de  l'ordre  des  Jésuites,  né  en  1560,  mort  en 
1631.  On  a  de  lui  :  Supplementum  annuarum 
epistolarum  ex  Japonia,  anno  1600  ; — Annuas 
litterœ  ex  Sinis,  anno  1601  etc.  ;  Rome ,  1603 , 
ln-8°. 

Âlegambe ,  Bibliath.  Seriptorum  societatis  Jesu.  — 
Antonio,  Biblioth.  hispana  nova. 

CARVALHO  DA  COSTA  (Antonio) ,  géo- 
graphe et  mathématicien  portugais  ,  né  à  Lis- 
bonne en  1650,  mort  le  15  décembre  1715.  Cet 
écrivain  laborieux  avait  la  plus  chétive  appa- 
rence et  naquit  même  contrefait ,  ce  qui  donna 
lieu  à  plus  d'un  jeu  de  mots  comme  on  en  faisait 
tant  jadis  dans  la  Péninsule,  sur  la  faiblesse 
apparente  du  nouvel  Atlas  qui  s'était  donné  pour 


mis.sion  de  porter  le  monde,  ou  plutôt  de  le  d 
crire.  Carvallio  da  Costa  embrassa  la  vie  eccl 
siastique  ;  et  il  fit  de  bonne  heure  sa  principa 
étude  des  mathématiques  et  de  la  cosmographi 
sans  toutefois  négUger  les  autres  branches  ( 
savoir  humain.  Le  vaste  travail  qu'il  entrepi 
parait  avoir  absorbé  la  plus  grande  partie  de  : 
longue  carrière;  et  de  nos  jours  encore,  lorsqi 
l'on  veut  se  faire  une  idée  exacte  de  la  topogr 
phie  ancienne  du  Portugal ,  c'est  à  son  li\Te  q\ 
l'on  a  recours;  il  est  intitulé  Chorograph 
Portugueza  e  descripçao  topographica  do/t 
nioso  reyno  de  Portugal,  etc.;  Lisbonne,  t. 
1706;  t.  U,  1708;  t.  m,  1712,  in-4<'. 

Carvalho  da  Costa  parait  avoir  lutté  toute  : 
vie  contre  la  misère  :  il  se  trouvait  dans  un  t 
dénùment  lorsqu'il  mourut,  que  le  tiers  ordi 
se  vit  contraint  de  le  faire  enterrer  par  cliarit 
Cet  écrivain  ne  s'en  est  pas  tenu  à  la  chorogr; 
phie  portugaise;  Barbosa  Machado  donne 
titres  de  plusieurs  autres  ouvrages.  F.  D. 
Barbosa  Machado ,  Bib.  Lus.  —  César  do  Figaniér 
Bib'.iogr.  hist. 

CARVALHO  DA  PERADA  (  Antoine  ),  thé< 
logien  et  controversiste  portugais,  né  en  1595 
Sordoal,  dans  le  diocèse  de  Guarda;  mort  à  Li 
bonne  le  12  décembre  1615.  Api'ès  avoir  étud 
la  théologie  à  Coimbre,  il  remplit  successivemer 
les  charges  d'archiprêtre  de  la  cathédrale  d 
Lisbonne ,  de  procureur  ou  délégué  du  cleig 
portugais  près  de  la  cour  de  >Iadrid,  et  de  gare' 
des  archives  royales  du  Portugal,  dites  Torre  a 
tomba.  Il  fut  aussi  protonotaire  apostolique.  O 
a  de  lui  :  Bialogos  sobre  a  vida  e  morte  ( 
Bartholomen  da  Costa,  etc.;  Lisbonne,  1611 
in-4';  — Discurso  politico.  Si  conoiene  al  gc 
vierno  espiritual  de  las  aimas ,  o  al  tempe 
rai  de  la  republica,  aprovarse  el  modo  depre 
dicar  do  repi'ehender  allas  principes  y  su 
7nin?sfros;  Lisbonne,1627,in-8°:  cet  ouvragea  et 
faussement  attribué  au  jésuite  Antoine  de  Car 
valho  par  Antonio  dans  sa  Bibliotheca  hispan> 
nova;  —  Justificào  dos  Portuguezes  sobre  . 
accùo  de  libertarem  seu  reyno  da  obediencii 
de  Castella ;Lisbonne,  1643,  in-4°;  —  Arte  d^ 
regnar;  Bucellas,  1644,  in-fol.  On  a  encore  d( 
lui  en  manuscrit,  dans  la  bibliothèque  royale  d 
Lisbonne  :  Discurso  sobre  o  officio  deprovedor 

Rarbosa  Machado,  Bibliotheca  lusitana. 

CARVALHO-viLLASCOAS  {Martin),  écrivaii 
politique  portugais,  vivait  dans  le  seizième  siècle 
il  exerça  la  profession  d'avocat  à  Milan.  On  i 
de  lui':  Espejos  de  principes  y  minisfro'i 
adressés  ad  Ranucciiim  Farnesium,  Panna 
diicem  ;  Milan,  in-4°. 

Anto.-iio,  Biblioth.  hispana  no  va. 

^CARVALHO  {Antonio- Sunez),  bibliographe 
portugais,  né  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 
Après  avoir  fait  de  brillantes  études,  il  devini 
l'un  des  plus  savants  professeurs  de  l'université 
de  Coîmbre  :  il  a  occupé  dans  cette  ville  une- 
chaire  de  philosophie  rationnelle  et  morale,  eu; 


)25 


CARVALHO 


oignant  à  cet  enseignement  un  cours  de  juris- 
irudence  civile.  M.  Carvalho  a  visité  la  France 
t  l'Angleterre,  et  ses  investigations  lui  ont  acquis 
le  rares  connaissances  en  bibliographie.  Lors  de 
'abolition  des  ordres  monastiques  en  Portugal , 
.  a  été  chargé  de  recueillir  les  livres  que  ren- 
erniaient  les  divers  monastères  que  l'on  venait 
e  supprimer,  et  il  en  forma  le  vaste  dépôt  du 
^mvent  de  San-Francisco.  Pendant   son  séjour 

Paris,  il  a  pubhé  un  livre  précieux  pour  l'étude 
es  sciences  géographiques  au  seizième  siècle  ;  il 
st  intitulé  :  Roteiro  de  dom  Joam  de  Castro 
'a  viagemque  fizeram  os  Portuguezes  ao  Ma- 
0X0  no  anno  de  1541,  commandados  pela  go- 
ernador  da  India  D.  Estevam  da  Gama; 
'aris,  1833 ,  in-8°,  avec  un  atlas  composé  de 
li\-sept  cartes  et  fig.  M.  Carvalho  occupe  au- 
ourd'hui  la  chaire  de  droit  romain  à  l'université 
,e  Coïmbre. 

On  doit  à  M.  J.-A.  de  Carvvlho  e  Menezes, 
uteur  encore  vivant,  une  brochure  intitulée 
4emoria  geographica  e  politicadas possessoes 
lortugiiesas  na  Africa  occidental  que  diz 
espeto  aos  reinos  de  Angola,  Benguela  e  suas 
lependencias,  etc.;  Lisbonne,  1834,  in-8°. 
i  F.  D. 

CARTALHO.     Voy.      FrEIRE     DE      CaRTALHO 

Liberato). 

*  CARVAM  (  Christophe  ) ,  prédicateur  por- 
icugais,  de  l'ordre  des  Dominicains,  vivait  dans  la 
jremière  oioitié  du  dix-septième  siècle.  Il  fut 
qualificateur  de  l'inquisition.  On  a  de  lui  :  Ser- 
moens  t'Oîios;  Florence,  1629. 

Barbosa  Machado,  Biblioth.  Lusitana. 

CARVE  (  Thomas  ),  écrivain  irlandais,  né  en 
1590  ou  plutôt  en  1589  dans  le  comté  de  Tip- 
perary,  mort  en  1664  (1).  Prêtre  catholique,  il 
accompagne,  en  qualité  d'aumônier,  un  régiment 
formé  d'Irlandais  et  d'Anglais  expatiiés  que  l'Em- 
pereur avait  pris  à  son  service  ;  il  fit  plusieurs  des 
campagnes  de  la  guerre  de  trente  ans.  Il  em- 
ploya les  loisirs  que  lui  fit  la  paix  à  la  rédaction 
de  divers  ouvrages  historiques.  Vers  la  fin  de 
sa  vie,  nous  le  trouvons  établi  à  Tienne,  et  revêtu 
du  titre  At  protonotaire  apostolique.  Ses  écrits, 
dénués  de  critique,  renferment  des  faits  curieux  ; 
et  comme  ils  intéressent  l'histoire  des  trois 
royaumes,  et  que  leur  rareté  est  extrême,  les  bi- 
bliophiles d'outre- Manche  se  trouvent  heureux  de 
les  acquérir  à  des  paix  excessifs.  Voici  leurs 
tihes  :  Itinerariiim ,  divisé  en  trois  parties; 
Mayence,  1639  et  1641;  Spire,  1646  :  la  première 
partie  fut  réimprimée  en  1640;  l'ouvrage  complet 
s'est  payé  jusqu'à  21  livres  sterUng  ;  il  contient 
le  récit  des  allées  et  venues  de  Carve  à  la  suite  du 
régiment  que  commandait  Walter  Devereux.  Une 
traduction  allemande,  publiée  à  Mayence  en  1640, 
est  précieuse  en  ce  qu'elle  renferme  vme  conti- 
nuation en  neuf  chapitres  ;  —  Lyra,  seu  Anace- 
phalœosis  Hibernica;  Vienne,  1651,  in-4°;  Sulz- 

(0  Dans  un  livre  imprimé  en  1671;  Carve  dit  avoir 
qnatre-Tingt-denx  ans. 


—  CAR  VER  926 

bach,  1666  :  la  seconde  édition  diffère  beaucoup 
de  la  première.  Ce  livre  est  un  tableau  des 
mœurs  des  Iriandais,  et  de  leur  histoire  depuis 
1148  jusqu'à  1650;  —  Responsio  veridica  ad 
illotum  libellum ,  Sahbach;  1672;  écrit  à.peine 
connu,  et  dirigé  contre  un  livre  pseudonyme 
composé  par  un  moine  irlandais ,  Antoine  Bruo- 
dine.  G.  13. 

Ware,  de  Scriptoribtts  Hibernix  ,  1730.  -  David  Clé- 
ment, Bibliothèque  curieuse  ,  t.  VI,  p.  323-326.  —  Uibdin, 
Librury  companion ,  1824,  p.  244.  —  BibliQflteca  Cren- 
viliana,  p.  118. 

CARVER  (John),  colonisateur  anglais,  mort  à 
New-Plymouth  (État  des  Massachusets )  en  avril 
1621  (1).  Il  était  de  la  secte  des  brownistes,  qui 
avait  formé  une  association  fraternelle  à  Yar- 
mouth.  Persécutés  par  Elisabeth,  les  brownistes 
se  retirèrent  à  Leyde.  La  crainte  que  leurs  en- 
fants n'adoptassent  les  idées  hollandaises ,  les 
décida  ensuite  à  émigrer  en  Amérique.  Car- 
ver  fut  délégué  à  cet  effet  auprès  de  la  compa- 
gnie de  la  Virginie  (2),  et  obtint  la  cession  d'un 
vaste  territoire  dans  la  Nouvelle- Angleterre  ;  puis 
il  sollicita  une  promesse  royale  assurant  aux 
brovNTiistes  le  libre  exercice  de  leur  croyance;  ce 
qu'il  obtint  par  la  protection  du  chevaher  Ro- 
bert Hanton,  qui  fit  comprendre  à  Jacques  1"^  que 
les  persécutions  religieuses  n'avaient  d'autres  ré- 
sultats que  de  dépeupler  et  d'affaibUr  les  royau- 
mes. Carverarma  ensuite  deux  navires  :  le  Maij- 
Floiver,  de  180  tonneaux,  et  leSpeedivell,  de  60, 
à  bord  desquels  il  embarqua  cent  deux  colons  ;  il 
mit  à  la  voile  de  Southampton  le  5  août  1620. 
Le  mauvais  état  du  Speedwell  le  força  d'aban- 
doimer  ce  navire  ;  et,  après  un  pénible  voyage,  il 
aborda,  le  9  décembre,  sur  une  plage  déserte  près 
du  cap  Cod,  par  41°  59'  de  lat.  N.  et  72°  54'  de 
long.  O.  Bien  qu'ils  fussent  au  nord  de  leur  des- 
tination et  hors  des  limites  de  la  compagnie,  les 
brownistes  résolurent  de  rester  en  ce  lieu,  qu'ils 
nommèrent  New-Plymouth  (3)  ;  ils  élurent  Car- 
ver  gouverneur  pour  une  année.  Celui-ci  traça  le 
plan  de  la  nouvelle  ville,  fit  ensemencer  les  champs 
voisins ,  forma  une  mihce,  et  fit  une  alliance  avec 
Massasoit,  le  chef  indien  le  plus  puissant  de  la  con- 
trée. Il  mourut  de  fatigue  et  de  maladie,  au  milieu 
de  ses  travaux  de  colonisation.  A.  de  L. 

Purchas,  Pilarimages,  IV,  ch.  4.  —  Hubbard,  New- 
Enaland, ch.  9.  —  Mizards, Hist.  collections.  1, 110 ( Agré- 
ment bcticeen  the  setlers  and  New-Plymonth).  —  Smith^ 
General  History  of  A'eir-England,  t.  VI.  —  Princes, 
JVew  England  chronology,  part.  I,an  1620.  —  Vantcnac, 
Histoire  de  la  Marine,  II,  297. 

CARVER  {Jonathan),  voyageur  anglais,  né 
en  1732  à  Stillwater,  dans  le  Coimecticut  ;  mort 
le  31  janvier  1780.  Il  abandonna  l'étude  de  la 
médecine  pour  entrer  comme  enseigne  dans  un 
régiment  d'infanterie,  et  fit  toutes  les  campagnes 

(1)  Et  non  en  1623,  comme  le  dit  la  Biographie  universelle. 

(2)  Elle  avait  été  modifiée,  le  3  novembre  1630,  par  une 
charte  de  Jacques  l^f,  et  portant  le  nom  de  conseil  de 
Plymouth. 

(3  Cet  endroit  était  nommé  Patuxet  par  les  Indiens, 
New-Plymoulh  est  la  plus  ancienne  ville  de  la  Nouvelle 
Angleterre.  C'est  maintenant  le  cbef-liea  da  comté. 


927  CARVER  — 

à  la  suite  desquelles  les  Anglais  restèrent  maîtres 
du  Canada.  A  la  paix,  il  forma  le  projet  de  visiter 
l'intérieur  de  l'Amérique  jusqu'à  l'océan  Paci- 
fique. Parti  de  Boston  en  juin  1766,  il  y  revint  en 
octobre  1768,  après  avoir  fait  plus  de  deux  mille 
lieues,  et  mit  en  ordre  sa  relation.  De  retour  en 
Angleterre,  il  ne  fut  pas  accueilli  comme  il  le 
méritait.  Faiblement  indemnisé  des  dépenses  qu'il 
avait  faites  dans  l'intérêt  du  commerce,  il  accepta 
le  chétif  emploi  de  commis  dans  un  bureau  de 
loteiie,  pour  faire  vivre  sa  famille.  Les  priva- 
tions qu'il  fut  obligé  de  s'imposer  hâtèrent  le  mo- 
ment de  sa  mort.  On  a  de  lui  :  Travels  throwjk 
the  interior  parts  of  North  America  in  the 
rjears  1766,  1767  and  1768;  Londres,  1774, 
1778,  1780  ;  —  A  treatise  on  the  culture  of  the 
tabacco  plant;  ibid.,  1779,  in-8". 

Lettsom,  Account  \preflxed  to  Carver's  Travels.  — 
Gentleman's  Magazine. 

*CARViNO  (  Vitus  ou  Guy),  historien  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  :  De  origine,  antiquitate  et 
statu  civitatis  Erycis;  Palerme,  1687,  in-4''. 

Âdciiing,  suppl.  à  Jôcher,  Allgem.  GelehrU-Lexic,  — 
Bader,  Bibliotkeca  historica. 

CABY  (Félix),  antiquaire  français,  né  à  Mar- 
seille le  24  décembre  1699,  mort  le  15  décembre 
1754.  «  Il  avait,  dit  l'abbé  Barthélémy,  un  beau 
«  cabinet  de  médailles,  et  une  précieuse  collection 
«  de  livres  assortis  à  son  goût.  «  En  1752,  il  fut 
nommé  correspondant  de  l'Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres.  On  a  de  lui  :  Disser- 
tation sur  la  fondation  de  Marseille,  sur 
Vhistoire  des  rois  du  Bosphore  cimmérien,  et 
sur  Lesbonax,  philosophe  de  Mitylène;  Pa- 
ris, 1744,  in-12  ;  —  Histoire  des  rois  de  Thrace 
et  de  ceux  du  Bosphore  cimmérien,  éclaircie 
par  les  médailles  ;  Paris,  1752,  in-4°.  C'est  son 
ouvrage  le  plus  important.  Il  avait  laissé  manus- 
crit un  dictionnaire  provençal  avec  les  étymolo- 
gies;  malheureusement  ce  travail  est  perdu.  Les 
médailles  du  cabinet  de  Cary  ont  été  achetées 
pour  le  cabinet  des  médailles  et  antiques  de  la 
Bibliothèque  impériale. 

Dictionnaire  de  la  Provence  et  du  Comt.at-f^enaissin. 
—  Le  Bas,  Dict.  encyc.  de  la  France. 

CARY  (  Henri),  traducteur  anglais,  comte  de 
Monmouth,  mort  le  13  juin  1661  ;  il  traduisit  en 
anglais  quelques  ouvrages  français  et  italiens. 

Wood,  Athense  Oxonienscs. 

*CAUY  (Henri-François),  traducteur  et  bio- 
graphe anglais,  mort  en  septembre  1844.  Sa  pre- 
mière production  littéraire  fut  une  ode  composée 
à  quinze  ans,  et  qui  avait  pour  sujet  les  malheurs 
de  la  Pologne.  A  Oxford,  où  il  fit  ses  études,  il 
s'appliqua  surtout  aux  langues  modernes,  publia 
des  traductions  estimées,  et  s'exerça  avec  succès 
dans  le  genre  biographique.  Il  a  été  enterré  à  West- 
minster, dans  l'enceinte  réservée  aux  poètes. 
On  a  de  lui  :  l'Enfer  de  Dante,  traduit  en  vers 
blancs,  1805  ;  —  une  traduction  de  la  Divine  Co- 
médie, avec  des  notes  historiques  et  bibliographi- 
ques ;  —  une  traduction  des  Oiseaux  d'Aristo- 


CARYOPHILE 


m 


phane  ;  —  une  traduction  des  Odes  de  Pindar( 

—  Vie  des  poètes  anglais,  pour  faire  suite  à  ce 
les  de  Johnson;  — Vies  des  anciens  poètes  fra, 
çais,  dans  le  London  Magazine;  —  des  éditioi 
de  Pope,  Cowper,  Milton,  Thompson,  Young. 

London  Magazine.  —  Annual  Register  and  Obituar 

—  Dict.  de  la  Conversation. 

CAUY  (Robert),  chronologiste  anglais,  né  ( 
1615  dans  le  Devonshire,  mort  en  1688  à  Port: 
mouth;  il  fut  curé  de  cette  dernière  ville,  et  ei 
suite  archidiacre  d'E^eier.  On  a  de  lui  :  Pal3e< 
logia  Chronica;  Londres,  1677,  in-fol. 

Rose,  Tiaw  biographical  Dictionary.  —  Wooi,  Alhen 
Uxonienses.  —  Biographia  Britannica. 

CARYL  (Jean),  poète  anglais,  né  dans  le  coml 
de  Sussex,  mort  après  1715  en  France.  Ferver 
catholique,  il  fut  secrétaire  de  la  reine  Marit 
Béatrix,  femmedu  roi  Jacques  II,  et  resta  touj oui 
fidèle  à  la  famille  Stuart,  qu'il  suivit  en  1688  dan 
son  exil  en  France.  Le  roi  l'avait  créé  chevalier,  ( 
lui  avait  conféré  les  titres  de  baron  de  Dartfor 
et  comte  de  Caryl.  Il  fut  l'ami  intime  de  Pop( 
auquel  il  donna  l'idée  de  son  petit  poëme  th 
Râpe  of  the  Loek,  qui  eut  pour  sujet  la  querel! 
entre  miss  Femor  et  lord  Pedres,  qui  avait  coup 
à  cette  dame  une  boucle  de  ses  cheveux.  On 
de  lui  :  the  Englîsh  Princess,  or  the  Death  q 
Richard  III,  tragédie;  1667,  in-4°;  —  Si 
Salomon  Single,  or  the  Cautions  coxcomb,  co 
médie;  1671,  in-4°,  —  the  Psalms  oj  David 
translated  from  the  Vulgate  ;  1700,  in-12.  On . 
encore  de  lui  différentes  traductions,  par  exempl 
celle  des  Épltres  d'Ovide,  celle  de  la  Lettre  dt 
Briséis  à  Achille  ;  —  la  version  de  la  premièn 
Églogue  de  Virgile,  daiis  Nicho,  Select  collectioi 
of  Miscellans  Poems,  vol.  II,  p.  1,  et  d'autre.' 
traductions  dece  genre,  dans  John  Dryden,  Setcd 
Works. 

Adelung,  supplément  à  Jôchêr,  Allgem.  Gelefirten 
Lexicon.  —  Rose,  New  Biographical  Dictionary. 

CARYL,  (Joseph),  théologien  anglais  non  con-i 
formiste,  né  à  Londres  en  1602,  mort  en  1672. 
Il  eut  quelque  célébrité  comme  prédicateur. 
Cromwell  l'employa  à  diverses  négociations  pen- 
dant les  guerres  civiles.  Obligé  de  se  cacher  après 
la  restauration  de  1660,  Caryl  passa  dans  l'obs- 
curité les  dernières  années  de  sa  vie.  Son  prin- 
cipal ouvrage  est  :  un  Commentaire  âur  Job,  2 
vol.  in-fol.  et  13  vol.  in-4°,  plusieurs  fois  réim- 
primé. 

Wood,  Athenx  Oxonienscs.  —  Neal,  Puritans. 

CARYOPHBLE  OU  CARiOPHYLE  (Jean-Mat- 
thieu),  prélat  et  humaniste  grec,  né  dans  i'ile 
de  Corfou,  mort  à  Rome  vers  1639.  Après  avoir 
étudié  à  Rome  dans  le  collège  des  Grecs,  il  ren- 
tra dans  son  pays  ;  mais  il  revint  bientôt  à  Rome, 
où  il  enseigna  dans  le  même  collège.  )1  entra  en- 
suite successivement  au  service  des  cardinaux 
Pierre  Aldobrandini,  Louis  Ludovisio  et  François 
Barberini,  tous  trois  neveux  de  papes.  Le  second 
de  ces  cardinaux  procura  le  titre  d'archevêque 
d'Icône  ou  Cogni  dans  l'île  de  Candie,  à  Caryo- 
phile,  qui leconservajusqu'àsa mort.  On  ade  lui  : 


)29  CARTOPHILE  —  CASA 

>.  Nili  junioris  vita ,  grance  et  latine;  Rome, 
1624,  111-4"  ;  —  Noctes  Tusculanx  et  Raven- 
iates,grsece  et  latine,  variocarminum  génère; 
lome,  1625,  in-S";  —  Confutatio  Nili  Thes- 
alonicensis  De  primatic  papx,  graece  et  la- 
ine; Paris,  1626,  in-S";  —  Epistolx  Themis- 
oclis,  en  grec,  publiées  pour  la  première  fois  sur 
111  manuscrit  de  la  bibiiotlièque  du  Vatican,  avec 
es  variantes  et  une  traduction  latine  ;  Rome, 
626,  in-4»,  reproduites  dans  l'édition  de  Franc- 
jrt,  1629,  et  dans  celle  de  Leipzig,  1710,  in-8°, 
ar  les  soins  de  Schottgen,  qui  s'est  appliqué  à 
rouver  l'authenticité  de  ces  lettres  ;  —  Chaldseœ 
3U  ethiopicx   linguse  Institutiones  ;  Rome, 
S30,  in-8°  ;  —  Refutatio  pseiido-christiame 
itechesis  édita;  a  Zachario  Gergano  Grxco, 
'•œce  et  latine;  Rome,  1631,  in-4°;  —  Cen- 
tra confessionis  fidei,  seii  potius  perfidiae 
ilvinianse  qiise  siib  nomine  Cyrilli  patriar- 
ïse  Constantinopolitani  édita  circumfei-tur, 
lime  et  grsece;  Rome,  1631,  in-8°;  —  Dot- 
■ina  cristiana  del  cardinale  Bellarmini ,  en 
alien  et  syriaque;  Rome,  1633,  in-8°.  —  Tous 
s  autres  ouvrages  de  Caryophile  sont  sans  date, 
'Js  sont  :  Notas  ad  exercitationes  Casauboni 
i    Baronium    cum    Eudaemonis   Johannis 
zripto ,  grœce  et  latine;  —  le  Concile  de 
rente,  traduit  en  grec;  —  Georgii  Scholarii 
rationes  III  de  pace  ad  Grœcos ,  dans  l'é- 
ition  du   Concile    de  Florence;  —  Josephi 
Jiscopi  Methonensis  responsio  ad  Ubellum 
^arci  Ephesini;  en  grec  et  en  latin;   Rome, 
1-4°  ;  —  Gregorii  Protosyncelli  Apologia  ad- 
rsus  Marci  Ephesii  epistolam,  en  grec  et  en 
tin,  dans  l'édition  du  Concile  de  Florence; 
ome,  in-4°  ;  —  Catena  grœca  Procopi  in  Can- 
cum  Canticorum ,  en  gi-ec  ancien  et  en  grec 
loderne;—  Cencilium  Florentinum,  en  grec 
en  latin;  Rome,  in-4'';  —  Pro  defensione 
mcilii  Florentini,  attribué  longtemps  à  Gen- 
îdius  ;  Rome,  in-4°. 

Léo  Allatius,  Jpes  urbanse.  —  Richard  et  Giraud,  Bi- 
iothèque  sacrée.  —  Jôcher,  ^llg.  Gelehrten-Lexicon- 

*CARiOPHYLLUS  {Pascal),  médecin  alle- 
land,  vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
ailième  siècle.  On  a  de  lui  :  de  Usu  et  Praes- 
mtia  Thermarum  Herculanarum,  qux  nuper 
Dacia  Trnjani  détectée  sunt  àissertatio 
mstolaris;  Vienne,  1737,  in-4'';  Mantoue, 
739,  in-4°,  et  Utrecht,  1743,  in-4°.  L'auteur 
ante  ces  eaux  comme  efficaces  contre  les  mala- 
ies syphilitiques. 
Adeliing,  suppl.  à  Jôcher,   Allgem.   Celeh.-Lexicon. 

CARTOPHIL.US.  Voy.  Garofalo. 

*CARTSTIIIS  (KapuCTTioç),  grammairien  grec 
e  Pergame,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  se- 
3nd  siècle.  On  lui  attribue  les  ouvrages  sui- 
ants  :  IiTopixà  vno\i.yri[ioiTa.  Athénée  a  souvent 
uisé  dans  ce  livre  ;  —  Ilepl  StôaaxaXiwv  :  c'est 
compte-rendu  des  drames  grecs;  —  Jlept 


930 


wxàSoy  :  c'est  un  commentaire  sur  le   poète 
otades. 

Athénée,  V,  IX,  XII,  XIII  et  XIV. 

NOUV.   BIOGR.   UNIVERS.   —  T.   VIII. 


CAS\  {Jean  della)  ,  célèbre  poëte  italien ,  né 
dans  le  pays  de  Mughello,  aux  environs  de  Flo- 
rence, le  28  juin  1503  ;  mort  à  Rome  le  14  no- 
vembre 1556.  Il  appartenait  à  une  famille  illus- 
tre de  Florence.  Conduit  dans  son  enfance  à  Bo- 
logne, il  y  commença  ses  études,  les  continua  à 
Padoue,et  revint  à  Florence  en  1524.  Il  eut  alors 
pour  maître  dans  l'art  poétique  Ubaldino  Ban- 
dinelli.  A  Rome,  où  il  se  rendit  ensuite,  il  se  livra 
quelque  temps  aux  plaisirs,  eut  un  fils  qu'il  nomma 
classiquement  Quirino;  puis,  en  1538,  il  prit  l'ha- 
bit ecclésiastique.  Cependant  il  n'avait  pas  né- 
gligé les  affaires  et  les  études  sérieuses.  En  1540, 
il  fut  envoyé  à  Florence  en  qualité  de  commis- 
saire apostolique  pour  y  lever  les  dîmes  pontifica- 
les, et  fut  admis  en  même  temps  parmi  les  mem- 
bres de  YAcademia  Fiorentina,  nouvellement 
fondée.  En  1542,  il  reçut  du  pape  Paul  m  le  titre 
de  clerc  de  la  chambre,  et  en  1544  il  fut  ap- 
pelé à  l'archevêché  de  Bénévent;  plus  tard,  il  fut 
chargé  de  la  nonciature  de  Venise  et  de  la  négo- 
ciation d'une  alliance  entre  cette  république,  le 
pape ,  les  Suisses  et  le  roi  Henri  II  de  France, 
contre  Fempereur  Charles-Quint.  Della  Casa  se 
fit  remarquer  alors  par  son  talent  oratoire,  quoi- 
que sa  mission  n'aboutît  point.  Il  réussit  mieux 
dans  le  zèle  qu'il  déploya  contre  Paul  Vergerio, 
évêquede  Capo-d'Istria,  accusé  de  luthéranisme, 
et  qu'il  obUgea  de  se  réfugier  en  Allemagne.  - 

Après  la  mort  de  Paul  m  en  1549,  della  Casa 
fut  rappelé  de  Venise;  peu  en  faveur  sous  lenou- 
veau  pape  Jules  in,  il  vendit  sa  charge  de  clerc 
de  la  chambre  pour  dix-neuf  raille  écus  d'or  ^à 
Christophe  Cencio,et  seretira  à  Venise,qu'i]  appe- 
lait ville  bienheureuse;  c'est  là  qu'il  composa  la 
plupart  de  ses  ouvrages.  L'avènement  de  Paul  IV 
motiva  le  retour  de  della  Casa  à  Rome.  On  pen- 
sait qu'il  y  obtiendrait  la  pourpre  ;  mais  la  re- 
coimnaTidation  de  la  France  nuisit  à  sa  candi- 
dature ;  peut-être  aussi  le  souvenir  des  poésies 
licencieuses  composées  par  della  Casa  dans  sa 
jeunesse  ne  fut-il  pas  étranger  à  son  échec, 
d'ailleurs  trop  mérité.  Sauf  ce  dernier  reproche, 
il  avait  de  l'originalité  dans  son  style,  en  même 
temps  qu'il  y  savait  allier  la  gravité  et  le  na- 
turel. Il  s'exerça  dans  la  prose  aussi  bien  que 
dans  la  poésie  latine  et  italienne.  Ses  ouvrages 
sont  :  des  CapitoU,  imprimés  pour  la  première 
fois  avec  quelques  pièces  licencieuses  de  Bernî, 
de  Mauro  et  d'autres  ;  Venise,  1 638, 1545,  1 564  : 
c'est  dans  ce  recueil  que  se  trouvait  le  fameux 
Capitolo  del  Fo7-no, dont  Bayle,  d'après  VAnti- 
Baillet  de  Ménage,  a  osé  reproduire  quelques 
vers,  et  qui  a  été  justement  reproché  à  della  Casa, 
quoiqu'il  s'en  fût  justifié  comme  d'un  simple 
jeu  d'esprit;  —  Galateo,  trattato  de'  Costumi; 
Florence,  1560,  in-8°,  d'abord  imprimé  en  1558, 
avec  le  discours  à  Charles-Quint,  dans  un  vo- 
lume (intitulé  le  Rime,  très-souvent  réimprimé 
depuis  et  traduit  en  diverses  langues  (  c'est  un 
cours  de  politesse  plutôt  que  de  morale,  dit 
M.  Ginguené);  —  dej'Zi  U/ftzi  comrmmi  tra  gli 

30 


931 


CASA  —  GASABIANCA 


932 


amici  superiori  e  inferiori  :  c'est  la  traduction 
italienne  de  son  traité  latin  de  Officiis  inter  po- 
tentiores  et  tenuiores  amicos,  ouvrage  complé- 
mentaire du  précédent  ;  Florence,  1561  ;  Naples, 
1560,  avec  les  autres  ouviages  de  Casa  :  «  ces 
ouvrages  se  recommandent  par  l'élégance  de 
la  diction,  et  par  un  choix  d'expressions  qui  pa- 
rut presque  aussi  heureux  que  dans  Boccace, 
malgré  tout  ce  qu'on  reprochait  au  Casa  de 
maximes  froides ,  de  proverbes  vulgaires,  d'in- 
terrogations coupées  et  fatigantes.  »  (  Ginguené , 
Histoire  littéraire  de  l'Italie);  —  Orazione 
per  miiovere  i  Veneziani  a  collegarsi  con  il 
papa,  col  re  di  Fraiwia  e  con  gli  Svizzeri,  con- 
tro  Viinperador  Carlo  V ;  Paris,  1667,  in-S", 
édité  par  Ménage  avec  les  autres  écrits  en  prose 
de  Casa;  —  Latina  monumenta,  recueil  où 
l'on  remarque  les  Vies  de  Bembo  et  de  Can- 
tarini,  et  des  morceaux  traduits  de  Thucidide 
et  de  Platon  ;  Florence,  1564,  in-4°.  —  Les  œu- 
vres complètes  de  Jean  délia  Casa  ont  été  pu- 
bliées par  l'abbé  Casotti  sous  ce  titre  :  Opère 
di  mons.  Giovanni  délia  Casa,  con  una  co- 
piosa  giuntadi  scrïttxire  non  piii  stampate; 
Florence,  1707,  3  vol.  in-4'',  et  plus  tard  à  Ve- 
nise, 1728  et  1729,  5  vol.  in-4'',  et  1752,  3  vol. 
in-4°.  Cette  dernière  édition,  la  plus  complète 
de  toutes,  est  distribuée  en  trois  parties  :  la  pre- 
mière contient  les  Rime  ou  poésies,  avec  les  notes 
de  l'abbé  Forettini ,  tirées  de  Quattro-Manni ,  de 
Severino,  de  Calopiese,  de  Ménage,  de  Salvini; 
la  deuxième,  les  lettres,  et  la  troisième;  les  ou- 
vrages latins. 

Casotti,  P^ie  de  délia  Casa,  en  tête  de  l'édition  de 
Florence,  1707.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  Letteratura. 
—  Nicéron,  Mémoires,  XII.  —  Ginguené,  Histoire  litt. 
de  l'Italie,  VII,  S33,  et  IX,  199,326,  329.—  Ménage,  ^nti- 
Baillet.  —  Bayle,  Dict.  (art.  la  Mothe-U-Fayer). — 
Ghilini,  Teat.  d'Vomini  letterat.  —  Erscti  et  Gruber, 
AUgemeine  Encyclop.  —  D.  Cléracnt,  Bibliot.  curieuse, 
VI,  326.  —  Negri,  Scritt.  Florent.  —  Gundling,  Disqiiisitio 
an  J.  Casa  crimen  psederastix  defenderit,  dans  les  Ob- 
servationes  selectœ  ;  Francfort,  1797,  in-8»,  I,  p.  120.  — 
Sax,  Onomast.  literar. 

CASA.BÎANCA  (  Louis),  marin  et  homme  po- 
litique français,  né  à  Bastia  vers  1755,  mort  le 
l"^""  août  179S.  Il  entra  jeune  au  service  de  la  ma- 
rine. Il  s'y  était  fait  remarquer  par  sa  bravoure 
lorsqu'il  fut  nommé  par  son  département  député 
à  la  convention  nationale,  où  il  vota  la  détention 
de  Louis  XVI.  Passé  au  conseil  des  cinq-cents, 
il  y  appuya  en  différentes  circonstances  les  me- 
sures proposées  par  le  Directoire  pour  l'organi- 
sation de  la  marine.  A  l'expiration  de  son  man- 
dat, il  reprit  son  service  militaire,  et  fit  partie  de 
l'expédition  d'Egypte  comme  capitaine  de  pavil- 
lon de  l'amiral  Brueys,  qui  montait  le  vaisseau 
t Orient.  Appelé  pendantquelques  instants  à  rem- 
placer son  général,  coupé  par  un  boulet  à  la 
funeste  journée  d'Aliouldr,  il  venait,  à  son  tour, 
d'être  mortellement  blessé  à  la  tête  par  un  éclat 
de  bois,  quand  le  feu  prit  à  VOrient.  Tous  les  ef- 
forts qu'on  fit  pour  l'éteindre  ayant  été  inutiles, 
le  fils  de  Casablanca,  enfant  de  dix  ans,  qui  don- 


nait les  plus  grandes  espérances,  et  qui,  depuis 
le  commencement  du  combat,  faisait  des  prodi- 
ges de  valeur,  refusa  de  se  sauver  dans  une  clia- 
loupe,  pour  ne  pas  abandonner  son  père.  Cepen- 
dant il  était  parvenu  à  se  placer  sur  un  mât  jeté 
à  la  mer;  il  s'y  trouvait,  ainsi  que  l'intendant  de 
l'escadre,  lorsque  VOrient  sauta  en  l'air  avecnn 
fracas  horrible,  et  engloutit  les  trois  malheureux, 

F,  Levot. 
jVonit.  univ.  —  Biog.  moderne. 
CASABiAWCA  (  Raphaël ,  comte  de  ),  général 
français,  frère  du  précédent,  né  àVescovato,  en 
Corse,  le  27  novembre  1738,  mort  à  Bastia  1( 
28  novembre  1825.  Il  était  d'une  noble  et  an- 
cienne famille.  Jeune  encore,  il  fit  ses  premières 
armes  contre  les  Génois,  «  prit  parti  dans  les 
troupes  que  Louis  XV  envoya  pour  achever  df 
soumettre  l'île,  et  devint  colonel  du  régimeni 
Provincial-Corse,    qu'il  commandait  en   1789 
L'année  suivante,  il  fut  envoyé  par  ses  concitoyens 
comme  député  suppléant  à  l'assemblée  consti 
tuante.  Peu  de  temps  après ,  il  passa  à  l'armé 
du  Nord,  et  y  combattit  avec  la  plus  grande  bra 
voure.  Nommé  maréchal  de  camp,  il  fut  emp!oy( 
à  l'armée  des  Alpes,  puis  envoyé  à  Ajaccio,  et  reçu 
bientôt  après  l'ordre  de  se  tenir  prêt  à  s'emibarqua 
avec  l'amiral  Truguet  pour  la  Sardaigne,  que  l'or 
voulait  prendre.  Cette  expédition  ayant  échoué 
Casablanca  fut  chargé  du  commandement  de  Cal 
vi,  et  presque  aussitôt  assiégé  par  les  Anglais.  ] 
n'avait  avec  lui  que  six  cents  hommes  ;  la  plac 
était  mal  fortifiée,  et  presque  sans  munitions  e 
sans  vivres  :  néanmoins  il  y  soutint  trente-neu 
jours  de  siège,  et  un  bombardement  qui  réduis! 
en  cendres  la  plus  grande   partie  de  la  ville 
Resté  avec  quatre-vingts  hommes  exténués  d 
faim  et  de  fatigues,  il  capitula,  mais  à  des  con 
ditions  honorables.  Sa  glorieuse  défense  lui  avai 
valu,  pendant  le  siège,  le  brevet  de  général  d 
division.  Il  joignit  l'armée  d'Italie ,  commanda 
Gênes,  où  il  calma  les  esprits  ;  puis  fut  envoyé 
par  le  Directoire  exécutif,  en  Bretagne.  Il  qjuitt 
le  service  en  1799,  époque  où  Bonaparte,  deven 
premier  consul,  le   nomma  membre  du  séna 
conservateur ,  et  successivement  comte  de  l'eir 
pire  et  grand  officier  de  la  Légion  d'honneur 
Appelé  à  la  paille  parle  roi  en  1814  et  par  l'em 
pereur  en  1815,  i5  fut  exclu  à  la  seconde  restau 
ration,  iiuis  réiiitégré  en  1819;  ce  qui  lui  valut 
comme  à  tant  d'autres,  une  place  dans  le  Die 
tionnaire  des  Girouettes. 

De  ComccWas,  Diction,  des  généraux  français.—  M\ 
nault,  Jouy,  etc.,  Biog.  nouvelle  des  Contemporains.  ■ 
Montholon,  Mémoires. 

GASABiANCA  (Pierre- François  ),  officia 
supérieur  français,  fils  du  précédent,  naquit 
Vescovato  en  1784,et  mourut  en  Russie  en  1812 
Élève  de  l'École  polytechnique  et  de  l'École  d'ai. 
tillerie  de  Metz,  il  obtint  en  1811 ,  par  son  act 
vite,  ses  talents  et  sa  valeur,  le  grade  de  coloiie' 
et  fit  constamment  partie  de  l'armée  dans  le 
campagnes  d'Allemagne  et  de  Prusse  depuis  180t 
Il  mourut  couvert  de  blessures. 


933 

Le  Bas,  Dictionnaire  encyc.  de  la  Franc».  —  ArnauU, 
Jouy,  etc.,  biog.  nouvelle  des  Contemporaine. 

*CASARiANCA  (Fratiçois-Xavier ,  comte), 
sénateur,  né  le  27  juia  1797,  à  Nice,  où  sa  fa- 
mille s'était  réfugiée  pendant  l'occupation  de  la 
Corse  par  les  Anglais.  Élevé  au  lycée  Napoléon, 
il  y  obtint  en  1812  le  premier  prix  depliiloso- 
phii'.  Après  avoir  étudié  le  droit,  il  fut  reçu  avo- 
cat à  la  cour  d'appel  de  Bastia,  s'y  plaça  au 
premier  rang  dès  son  début ,  et  se  fit  particu- 
lièrement remarquer  par  ses  talents  et  son  amé- 
nité. La  révolution  de  Février  lui  ouvrit  les  portes 
des  assemblées  législatives.  Le  département  de 
la  Corse  l'élut  à  la  constituante,  où  il  fit  partie  du 
comité  de  la  marine.  Il  a  voté  contre  le  droit  au 
travail,  contre  les  doux  chambres,  contre  le  vote 
à  la  commune,  contre  la  proposition  Ratoau,  enfin 
contre  la  mise  en  accusation  du  ministère.  Réélu 
à  l'assemblée  législative,  sa  conduite  politique  ne 
se  démentit  pas  pendant  toute  la  durée  de  cette 
chambre.  M,  Casablanca  îi'avait  exercé  aucune 
fonction  publique  sous  la  restauration,  ni  sous  le 
gouvernement  de  Louis-Pliilippe.  La  confiance  de 
l'empereur,  alors  président  de  la  république,  l'ap- 
pela successivement  au  ministère  de  l'agriculture 
et  du  commerce  le  26  octobre  1851 ,  et  à  celui 
des  finances  le  23  novembre  suivant.  Après  les 
événements  du  2  décembre,  le  prince  Louis-Napo- 
léon le  nomma  ministre  d'Etat  (22  janvier  1852), 
portefeuille  de  nouvelle  création.  Il  a  été  appelé 
depuis  à  siéger  au  sénat.  Sicard. 

Moniteur  universel. 

CASABONA  OU  BENiNCASA  (Joseph),  bo- 
taniste flamand,  né  en  Flandre  vers  le  commen- 
cement du  seizième  siècle ,  mort  à  Florence  en 
1595.  Nommé  garde  du  jardin  de  botanique  de 
Florence,  il  eut  en  même  temps  le  titre  de  bo- 
taniste de  François  de  Médicis,  grand-duc  de 
Toscane.  H  observa  et  recueillit  beaucoup  de 
plantes  dans  un  voyage  qu'il  fit  dans  l'île  de 
.Crète;  mais  la  mort  ne  lui  permit  pas  de  publier 
ses  observations.  On  doit  à  Casabona  la  connais- 
sance d'une  espèce  du  genre  des  chardons,  dé- 
signée par  quelques  botanistes  sous  le  nom  de 
carduus  Casabonœ. 

Tiirgioni-Tozzeti ,  Corografia  di  Toscana.  —  Le 
œfrtne,  préfuce  à  l'Bortus  plantarum  florentin,  de 
Mieheli  ;  Florence,  1748,  ln-4°. 

CASA-iRCJO  (don  Charles-Marie  Marti- 
NEz  de),  homme  d'État  espagnol,  né  à  Cartha- 
gène  le  4  novembre  (765,  mort  le  17  janvier 
1824.  Jeune  encore,  il  entra  dans  la  diplomatie. 
A  vingt  ans  il  alla  en  Hollande  en  qualité  de  se- 
crétaire de  légation  ;  un  an  plus  tard ,  il  fut  attaché 
à  l'ambassade  de  Londres,  et  fut  employé  ensuite 
au  ministère  des  affaires  étrangères.  Il  revint  à 
Londres  en  1793,  avec  le  titre  de  premier  se- 
crétaire ;  puis  il  séjourna  douze  ans  aux  États- 
Unis,  près  desquels  il  avait  mission  de  repré- 
senter l'Espagne.  Il  y  découvrit  et  fit  échouer  le 
projet  concerté  entre  le  sénateur  Blount  et  l'An- 
gleterre ,  en  vue  d'attaquer  la  Louisiane  et  les 


CASABIÂNCA  —  CASAL  934 

l'avènement  de  Ferdinand  VD  ;  et,  dan&ia  même 
année,  il  fut  envoyé  àRio-Janirropar  la  junte  de 
Séville,  avec  le  titre  de  ministre  plénipotentiaire 
auprès  du  prince  régent  de  Portugal,  qui  s'était 
réfugié  au  Brésil.  Il  combattit  dans  ce  poste  l'in- 
fluence de  l'Angleterre,  qui  favorisait  la  révolte 
des  colonies  espagnoles.  Le  28  août  1718,  il  fut 
chargé  d'assister  avec  le  duc  de  San-Carlos  au 
congrès  d'Aix-la-Chapelle,  et,  le  14  septembre 
suivant,  il  succéda,  comme  ministre  des  affaires 
étrangères,  à  Joseph-Garcia  de  Léon  et  Pizarro. 
Accusé  en  juin  1819  d'avoir  ratifié  la  cession  des 
Fiorides,  il  fut  proclamé  innocent  par  le  conseil 
d'État,  et  recouvra  la  faveur  du  roi.  Le  10  mai 

1821 ,  il  fut  envoyé  à  Paris  comme  ministre 
plénipotentiaire,  et  remplacé  dans  ce  poste,  en 

1822,  par  le  duc  de  San-Lorenzo.  A  son  retour  à 
Madrid,  il  fut  nommé  ministre  des  affaires  étran- 
gères, avec  la  présidence  du  conseil. 

Monit.  univ.  —  Lesur,  Annuaire  hist.  —  Lavallée  et 
Guéroult,  r^spagne,  dans  l'Univers  pittoresque. 

CASAL  (Gaspard) ,  prélat  portugais,  né  à 
Santarera  en  1510,  mort  en  1585.  En  1524,  il 
entra  dans  l'ordre  des  Augustins,  et  professa  la 
philosophie  à  Lisbonne  et  à  l'université  de  Coïm- 
bre.  Reçu  docteur  en  théologie  en  1542,  il  fut 
choisi  par  Jean  III  en  1551  pour  confesseur  de 
l'infant  Jean ,  et  peu  après  il  fut  appelé  à  être 
directeur  et  conseiller  du  roi  lui-même.  Successi- 
vement évêque  de  Funchal  et  de  Leiria,  il  assista 
au  concile  de  Trente ,  et  y  brilla  par  ses  connais- 
sances et  son  érudition.  Il  écrivit,  touchant  les  af- 
faires du  concile ,  le  livre  de  Cœna  et  Galici 
Domini,  qu'il  dédia  à  Pie  FV  ;  et  fit  bâtir  à  ses 
trais  la  cathédrale  de  Leiria ,  dont  il  posa  la 
première  pierre  le  11  août  1559.  Il  laissa  divers 
ouvi'ages  de  théologie  et  d'érudition  ;  parmi  ces 
derniers ,  un  commentaire  des  Topiques  d'Aris- 
tote,  et  Carta  a  Rainha  D.  Catliarinu,  es- 
cripto  deLfiria  a  23  de  Janeiro  de  lb6i, para 
que  nao  deixe  a  regeneia  do  reino,  na  tne- 
moridade  del  rei  D.  Sebastiao,  document  im- 
primé dans  les  Mémoires  de  Barbosa. 

Antonio,   Bibliotheca  hispana  nova. 

CASAL  (  Gaspard  ) ,  médecin  espagnol,  né  à 
Oviédo  en  1691,  mort  à  Madrid  en  1759.  On  a 
de  lui  :  Historia  natural  y  medica  de  el  prin- 
cipado  do  Asturias;  Madrid,  1762,  in-4''.  Cet 
ouvrage,  que  J.-J.  Garcia  pubUa  après  la  mort 
de  l'auteur,  traite  plutôt  de  la  médecine  que  de 
l'histoire  naturelle  des  Asturies. 
Biographie  médicale. 

CASAL  ou  CAZAL  { Manuel- Ayres  de),  géo- 
graphe portugais,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle ,  mort  à  Lisbonne  dans  ces 
dernières  années.  Casai,  que  l'on  appelle  à  bon 
droit  le  père  de  la  géographie  brésilienne,  est 
né  en  Portugal  :  nous  tenons  ce  fait,  sujet  à  con- 
troverse, d'un  Brésilien  (M.  le  commandeur  Odo- 
rico)  dont  on  apprécie  les  rares  connaissances 
littéraires.  Entré  dans  les  ordres  après  avoir  fait 


Florides.  Revenu  en  Europe  en  1808,  il  adhéra  à  !  d'excellentes  études.  Casai  vint  fort  jeime  en-» 


30. 


935 

core  au  Brésil,  et  alla  se  fixer  pendant  assez 
longtemps  dans  la  province  intérieure  de  Goyaz. 
Ainsi  disparait  également  l'assertion  émise  par 
lin  savant  qui  fait  autorité,  et  qui  retirerait  au 
géographe  l'avantage  d'avoir  visité  les  provin- 
ces qu'il  décrit.  Il  parcourut  nécessairement  la 
partie  sud  de  l'empire,  et  dut  se  contenter  de 
renseignements  exacts  sur  les  régions  qui  se 
rapprochent  du  fleuve  des  Amazones.  Ce  qu'il 
y  a  de  bien  constaté,  c'est  son  séjour  dans  la  ca- 
pitale du  Brésil  à  l'époque  où  régnait  Jean  VI  ; 
il  passa  alors  plusieurs  mois  à  compulser  les 
archives  de  Rio  de  Janeiro,  et  l'on  a  la  certitude 
que  son  zèle  infatigable  y  découvrit  alors  les 
plus  précieux  documents.  Il  était  également  dans 
l'habitude  de  s'enquérir  de  l'arrivée  des  voya- 
geurs dont  les  explorations  étaient  récentes, 
afin  de  comparer  leurs  renseignements  aux  do- 
cuments écrits  que  l'on  s'empressait  de  lui  of- 
frir :  c'est  ainsi  qu'il  est  parvenu  à  la  rare  exac- 
titude qui  le  distingue  en  général,  et  qui  con- 
serve encore  tant  de  crédit  à  son  œuvre.  L'ex- 
cellent livre  qu'il  nous  a  laissé  a  été  publié  sans 
nom  d'auteur,  sous  ce  titre  :  Corografia  Bra- 
silica,  ou  Relaçao  historico  geografica  do 
reino  do  Brazil,  composta  e  dedicada  a  Sua 
Magestade  Fidelissima  por  hum  presbitero 
secîilar  do  Gram,  priorado  do  Crato;  Rio  de 
Janeiro,  na  impressao  regia  ;  1817,  2  vol.  pe- 
tit in-4''.  La  dédicace  à  Jean  VI  est  signée  :  elle 
est  vraiment  touchante  par  la  simplicité  de  son 
style,  et  prouve  toute  l'importance  que  l'auteur 
attachait  au  traité  fondamental  qu'il  léguait  au 
Brésil ,  et  qui  avait  pris,  disait-il,  les  meilleures 
années  de  sa  vie.  M.  de  Humboldt  cite  l'œuvre 
du  P.  Ayrès  de  Casai  avec  estime  ;  et  tous  les 
voyageurs  qui  ont  écrit  dans  ces  derniers  temps 
sur  TAmérique  méridionale  se  sont  servis  utile- 
ment de  ses  recherches.  Le  vaste  et  indigeste 
ouvrage  de  M.  Pizarro  n'a  pu  le  faire  oublier. 
Nous  savons  qu'il  existe  une  traduction  fran- 
çaise inédite  de  la  Corografia  Brasilica,  et  l'au- 
te'or  de  cette  notice  fut  prié,  il  y  a  une  trentaine 
d'années,  par  le  savant  Malte-Brun,  d'entrepren- 
dre la  version  des  chapitres  relatifs  au  Mato 
Grosso  et  au  Para;  ces  deux  articles  étendus 
ont  paru  dans  les  Annales  des  Voijages.  On  igno- 
rait pour  ainsi  dire  à  cette  époque  jusqu'au  nom 
de  la  vaste  province  intérieure  que  M.  de  Cas- 
telnau  vient  de  traverser,  et  qu'a  visitée  M.  Al- 
cide  d'Orbigny.  Malte-Brun  fut  frappé  lui-même 
de  la  lumière  inattendue  qije  le  géographe  bré- 
silien venait  de  jeter  sur  les  portions  les  moins 
connues  de  l'Amérique  centrale.  On  nous  a  af- 
firmé qu'une  édition  plus  correcte  que  celle  de 
1817  avait  dû  être  imprimée  chez  le  libraire 
Plancher:  ceci  pourrait  donnei"  l'espérance  d'ob- 
tenir quelque  jour  un  meilleur  texte. 

Ferdinand  Denis. 

Notes  particulières.  —  César  de  FIganière,  Ribliogra- 
phia  historica.  —  Percira  da  Sylva,  o  Plutarco  Brasi- 
leiro,  2  vol.  in-8°.  i 


CASAL  —  CASALI  93G 

C4SALANZIO  (Josepk  DE.),  prêtre  espagnol , 
fondateur  des  écoles  pies,  né  en  1556  à  Peralta, 
dans  l'Aragon;  mort  à  Rome  le  25  août  1648. 
[ssu  d'une  famille  noble,  et  devenu  fils  unique 
par  la  mort  de  son  frère  aîné,  il  eut  quelques 
contradictions  à  essuyer  de  la  part  de  son  père 
avant  de  pouvoir  embrasser  l'état  ecclésiastique. 
Après  s'être  montré  le  modèle  du  clergé  dans 
plusieurs  diocèses,  il  se  rendit  à  Rome,  où  la 
vue  d'une  foule  d'enfants  livrés  aux  vices  lui 
inspira  l'idée  d'établir  pour  leur  instruction  im 
institut  auquel  Paul  V,  en  1617,  donna  le  titre 
de  Congrégation  Pauline,  et  dont  les  membres 
sont  connus,  depuis  1621,  sous  le  nom  de  clercs 
réguliers  des  écoles  pies.  Cet  ordre  religieux, 
supprimé  par  Innocent  X  et  rétabli  par  Clé- 
ment EK,  eut  bientôt  un  grand  nombre  de  col- 
lèges en  Espagne,  en  Italie,  en  Hongrie  et  en 
Pologne.  Casalanzio,  qui  avait  pris,  en  renon- 
çant au  monde,  le  nom  de  frère  Joseph  de  la 
Mère  de  Dieu,  fut  béatifié  par  Benoît  XIV  et 
canonisé  par  Clément  Xin. 

Le  P.  Alexis,  ^ie  de  Joseph  de  Casalanzio  ;  Rome, 
1693,  ln-8".  —  Feller,  Dict.  hist.  —  Héliot,  Hist.  des  or- 
dres religieux. 

*CASALENO  ou  CASALiNi  (Jean- Antoine), 
médecin  itaUen,  natif  de^Villafranca ,  dans  le 
royaume  de  Naples,  vivait  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Disputatio 
de  secanda  vena  in  pleuritide,  revulsionis 
gratia,  adversus  medicos  Francavillanos ; 
Venise,  1605,  in-i". 
Carrère,  Bibl.  de  la  Médecine. 

CASALI  (libertin  de),  écrivain  ascétique 
italien,  de  l'ordre  des  Frères  Mineurs ,  né  à  Ca- 
sai, vivait  dans  le  quatorzième  siècle.  On  a  de 
lui  :  Arbor  vitée  crucifixi  Jesu;  Venise,  1485, 
in-fol.  Cet  ouvrage  est  aussi  rare  que  singulier. 
Pour  relever  l'éclat  de  son  ordre,  l'auteur  cher- 
che à  prouver  que  Jésus-Christ  en  fut  le  pre- 
mier fondateur;  —  de  Septem  Ecclesise  Stati- 
ÔMS;ibid.,  1516,  in-fol. 

CaiVe,Historia  literaria  Scripiorum  ecclesiasticorum. 
—  Trithèmc,  de  Scriptoribus  ecclesiasticis.  —  Wadding, 
Bibliotheca  Scriptorum  minorum. 

CASALI  (Grégoire),  littérateur  italien,  frère 
du  précédent,  vivait  au  commencement  du  sei- 
zième siècle.  Il  accompagna  son  frère  en  Angle- 
terre. Henri  m:II  le  créa  chevalier,  et  le  nomma 
son  ambassadeur  à  Rome.  Casali  retourna  en 
Angleterre  ;  mais ,  au  moment  de  la  réforme ,  il 
revint  dans  sa  patrie.  On  trouve  de  lui  des  Let- 
tere  et  des  Mime  dans  différents  recueils. 

Carmina  illustrium  poetarum  Italorum.  —  Lingard, 
Hist.  of  Enç/l. 

CASALI  (Jean-Baptiste) ,  antiquaire  italien , 
vivait  à  Rome  dans  le  dix-septième  siècle.  On  a 
de  lui  :  Veprofanis  et  sacris  veterum  Riti- 
bus;  Rome,  1644,  1645,2  vol.  in-4'' ;  Francfort, 
1681;  —  de  Ritibus  veterum  jEgyptiorum; 
Rome,  1644,  in-4";  Francfort,  1681;  in-4°;  — 
De  veteribus  sacris  christianorum  Ritibus 
explanatïo;  Rome,  1647,  in-fol.;  —  De  urbis 


9S7 


CASALI  —  CASANOVA 


938 


ac  romani  olim  imperii  Splendore  ;  ibid.,  1650, 
in-fol.  ;  —  plusieurs  dissertatiens  insérées  dans 
le  Thésaurus  Antiquitatum  de  Gronovius. 

Mandosius,  Bibliotheca  Romana.  —   Lillo  Glraldl,  De 
poetis  sui  temporis.  —  Gronovius,  Thesaur.  Antiquit. 

*CASALi  {Jean-Baptiste),  musicien  italien, 
mort  en  juillet '1792.  Il  fut  maître  de  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Latran  à  Rome  depuis  le  mois 
de  septembre  1759.  Dépourvu  d'invention,  il 
composait  cependant  avec  pureté.  Il  eut  pour 
élève  Grétry,  qui  reçut  ses  leçons  pendant  deux 
ans;  il  le  recommanda  dans  ces  termes,  adressés 
à  un  ami  demeurant  à  Genève  :  Caro  amico , 
vi  mando  un  mio  scolaro,  vero  asino  in  mu- 
sica,  che  non  sa  niente,  ma  giovane  gentil 
assai  e  di  buon  costume.  (Cher  ami,  je  vous 
recommande  un  mien  élève  qui  est  un  âne  en 
fait  de  musique,  et  ne  sait  absolument  rien;  mais 
c'est  un  jeune  homme  très-aimable  et  de  bonne 
façon  ).  Ce  rigoureux  jugement  du  maître  à  l'é- 
gard de  l'élève  tenait  sans  doute  à  ce  que  celui- 
ci  n'avait  qu'à  un  faible  degré  le  sentiment  de 
l'harmonie.  Outre  un  grand  nombre  d'oratorios 
et  de  messes ,  on  a  de  Casali  un  opéra  intitulé 
Campaspe,  et  représenté  à  Venise  en  1740. 
Fétis,  Biographie  universelle  des  musiciens. 

*  CASALI  (Giovanni-Vincenzo),  sculpteur  et 
architecte,  né  à  Florence  vers  1540,  mort  en 
1 593.  Il  fut  élève  du  célèbre  sculpteur  G. -A.  Mon- 
torsoli.  En  sortant  de  son  atelier,  Casali  entra 
dans  l'ordre  des  Servîtes,  mais  sans  pour  cela 
abandonner  ses  ciseaux,  qu'il  reprit  avec  ardeur 
dès  que  son  temps  de  noviciat  fut  expiré.  Il 
sculpta  en  marbre  l'autel  de  l'église  des  Servîtes 
de  Lucques,  et  les  statues  qui  le  décorent.  De  là 
il  se  rendit  à  Naples ,  où  l'appelait  le  vice-roi 
duc  d'Ossuna ,  qui  le  chargea  de  dessécher  et 
d'assainir  la  campagne  autour  de  Capoue.  Ca- 
sali ayant  réussi  dans  cette  opération ,  le  vice- 
roi  lui  conféra  le  titre  d'architecte  royal.  Ce  fut 
alors  qu'il  construisit  la  darse  de  Naples ,  et 
hors  de  la  porte  de  Tolède  une  enceinte  pour 
les  exercices  de  cavalerie.  Le  duc  d'Ossuna  en 
quittant  Naples  l'emmena  à  Madrid,  où  il  fut 
honorablement  accaeilli  par  Philippe  II.  Ce 
monarque,  qui  avait  réuni  à  la  couronne  d'Es- 
pagne le  Portugal ,  y  envoya  Casali ,  le  char- 
geant (commission  singulière  pour  un  religieux) 
de  réparer  les  fortifications  de  ce  royaume.  La 
mort  surprit  Casali  au  moment  où  il  commen- 
çait ces  travaux.  E.  B — n. 

Cicognara ,  Storia  délia  scoltura.  —  Ticozzi,  Diziona- 
rio.  —  Orlandi,  Abbecedario, 

CASALI  (Joseph),  numismate  et  archéologue 
italien,  né  à  Rome  en  1744,  mort  dans  la  même 
ville  le  4  mai  1797.  Quand  il  eut  terminé  ses 
études ,  il  entra  dans  l'état  ecclésiastique.  Maître 
d'une  grande  fortune,  il  forma  de  riches  collec- 
tions ,  et  favorisa  les  artistes,  les  antiquaires,  et 
les  jeunes  gens  studieux.  On  a  de  lui  :  De  duobus 
lMcedxmoniorumNummis,ad  Henr.San.  Cle- 
menium  Epistola;  Rome,  1793,  \a-k°;  —  Let- 


tera  su  una  antlqua  terra  cotta  trovaia  in 
Palcstina  nelV  anno  1793;  ibid.;  1794,  in-4''; 
—  Conjectura  de  nummiculis,  etc.,  et  des 
criptio  nummi  Pescennii  ineditl,  ad  cardinal. 
Stephnn.  Borgia;  ibid.,  1797,  in-4°. 

Notice  sur  Joseph  Casali,  dans  le  Magas.  encyclop., 
8«  année,  t.  V,  p,  43,48. 

CASANATB  (Jérôme),  prélat  italien,  né  à 
Naples  le  3  juin  1620,  mort  à  Rome  le  3  mars 
1700.  Il  quitta  le  barreau  pour  embrasser  l'état 
ecclésiastique.  Innocent  X  le  nomma  son  camé- 
rier,  et  le  fit  gouverneur  de  quelques  villes.  En 
1658,  Alexandre  VU  l'envoya  à  Malte  comme  in- 
quisiteur. En  1673,  Clément  X  le  créa  cardinal; 
enfin,  Innocent  XII  le  nomma,  en  1C93,  bibliothé- 
caire du  Vatican.  Casanate  aimait  les  lettres,  et 
encourageait  ceux  qui  les  cultivaient  ;  il  laissa  sa 
riche  bibUothèque  aux  dominicains  du  couvent 
de  la  Minerve,  avec  un  revenu  de  4,000  écus  ro- 
mains. On  lui  attribue  :  Dlscorso  istorico  sopra 
l'origine  e  progresso  délia  regalia. 

Leiong  et  Fontette  ,  Biblioth.  hist.  de  la  France,  édlt. 
Fontette.  —  Moréri,  Dict.  hist. 

*CASANDER  (Frédéric),  naturaliste  alle- 
mand, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  de  lui  :  Natura  loquens, 
qua  miracula  totius  universi  ex  prascipuis 
mundi  partibus  sive  regnis,  eethereo,  vegeta- 
bili  et  minerali,  silvarum  nempe,  hortorum, 
pratorum,  plantarum,  etc.,  proprietatibus, 
effectis  et  virtutibus  de  prompta  proponun- 
tur;  Francfort,  1630,  in-8*.  On  a  de  cet  ouvrage 
assez  rare  des  extraits  et  des  critiques  dans  les 
Eamburgische  nachrichten  ;  1737,  in-4"',  et 
dans  Gesammelter  Briefwechsel  der  Gelehrten 
(Recueil  de  correspondances  des  savants) ;  Ham> 
bourg,  1751,  iii-4°. 

Clément,  Bibliothèque  curieuse,  VI,  340.  —  Adelung, 
suppl.  à  Jocher,  Jllgetn.  Gelehrten-Lexicon. 

CASANOVA  (  Marc-Antoine ),  poète  italien,  né 
à  Rome  en  1476,  mort  dans  la  même  ville  vers 
1526.  Partisan  déclaré  des  Colonne,  il  fit  contre 
Jules  de  Médicis  une  satire  qui  l'obligea  de  quit- 
ter Rome.  Il  se  retira  à  Côme,  où  il  se  maria. 
Jules  de  Médicis,  devenu  pape  sous  le  nom  de 
Clément  XII,  lui  fit  grâce,  et  le  fit  revenir  à 
Rome.  Casanova,  étant  tombé  dans  une  extrême 
pauvreté,  fut  réduit  à  mendier  son  pain,  et  mou- 
rut de  la  peste  qui  désola  Rome  après  le  sac  de 
1526.  Il  réussissait  particulièrement  dans  l'épi- 
gramme:  ses  poésies,  disséminées  dans  différents 
recueils,  ont  été  réunies  en  grande  partie  dans 
le  t.  m  des  Deliciœ  poelarum  Italorum. 

Mandosius,  Biblioth.  Homana.  —  Gaddius,  de  ScriptrM 
ribvs  ecclesiasticis.  —  Paul  Jove,  Elogia,  —  Konig,  Bi- 
bliotheca vet.  et  nov.  —  Balllet,  Jugement  des  Sa- 
vants. 

CASANOVA  (Jacques  DE  Seingalt),  aventu- 
rier fameux,  né  à  Venise  le  2  avril  1725,  mort  à 
Vienne  en  juin  1803.  La  famille  de  Casanova  était 
d'origine  espagnole;  un  don  Jacob  Casanova,  en 
1428,  secrétaire  du  roi  d'Aragon,  dut  abandon- 
ner sa  patrie  pour  avoir  enlevé  une  religieuse, 
qu'il  épousa  après  une  année  de  captivité  à  Rome;, 


939 


CASANOVA 


940 


après  que  ie  pape  Martin  rn  l'eut  relevée  de  ses 
vœux.  En  1481,  son  fils  don  Juan,  à  la  suite 
d'un  duel,  se  vit  contraint  de  quitter  Rome,  et 
devint  un  des  compagnons  de  Christophe  Co- 
lomb. Marc-Antoine,  le  fils  de  ce  dernier,  ayant 
fait  des  vers  contre  Jules  de  Médicis,  se  sauva  de 
Kome,  lui  aussi,  et  n'y  revint  qu'après  l'introni- 
sation de  Médicis  sous  le  nom  de  Clément  Vil, 
pour  y  mourir  de  la  peste  en  1326.  Son  fils  prit 
du  service  en  France  contre  Henri  de  Navarre , 
qui  fut  depuis  Henri  IV.  Son  petit-fils  Gaëtan- 
Joseph-Jacques,  après  une  vie  passablement  agi- 
tée, se  fit  comédien,  et  épousa  la  fille  d'un  cor- 
doRiiier,  Zanitta  Farusi,  qui  fut  la  mère  du  Casa- 
nova dont  nous  nous  occupons.  Comme  on  le  voit, 
les  Casanova  étaient  nés  aventuriers  de  père  en 
fils,  et  Jacques  Casanova  ne  pouvait  faire  mieux 
que  de  marche)*  sur  leurs  traces.  Mais  il  devait 
les  laisser  bien  loin  derrière  lui  ;  et  l'histoire  de 
sa  vie  est  la  démonstration  de  ce  que  peut  l'au- 
dace quand  elle  est  servie  par  une  intelligence 
Ken  douée,  par  des  connaissances  presque  uni- 
verselles, par  le  génie  de  l'intrigue,  et  la  science 
approfondie  des  hommes  et  des  choses.  Durant 
celte  carrière  si  diversement  remplie,  nous  le 
voyons  aborder  tous  les  métiers ,  endosser  tous 
les  habits,  imposant  aux  uns  par  son  impudence 
extrême,  dominant  les  autres  par  la  séduction 
d'un  esprit  vraiment  supérieur,  et  capable  de 
prendre  tous  les  tons  comme  toutes  les  formes. 
On  le  destinait  à  l'Église.  Le  patriarche  de  Ye- 
ïiise  lui  donne  les  ordres  mineurs  ;  mais  le  jeune 
Casanova  est  bientôt  chassé  du  séminaire  et  en- 
fermé dans  le  fort  Saint-André,  dont  il  ne  tarde 
pas  à  sortir.  11  quitte  Venise,  part  pour  Rome, 
entre  au  service  du  cardinal  Acquaviva,  voit  Be- 
noît xrv  ;  mais,  par  une  fatalité  qu'il  partage  avec 
la  plupart  de  ceux  de  sa  race,  il  est  forcé  presque 
ai5ssit<^t  de  fuir  de  la  ville  éternelle.  C'est  alors 
qu'il  met  de  côté  la  soutane  et  endosse  l'habit 
militaire.  H  entre  au  service  de  Venise  en  qua- 
lité d'enseigne  dans  !e  régiment  de  Bala  qui  était 
à  Corfon,  et  séjourne  quelque  temps  à  Cuustan- 
tinople,  où  il  rencontre  le  fameux  comte  de  Bon- 
îîcvaîjpour  lequel  le  cardinal  Acquaviva  lui  avait 
doiuvé  des  lettres  d'introduction.  Après  être  de- 
meuré quelque  temps  à  Corfou,  il  revient  à  Ye- 
r.i:>3  en  octobre  1745,  et,  s'étant  vu  préférer  le 
Liîard  d'un  patricien,  il  laisse  là  l'uniforme  avec 
la  Kûiv.e  facilité  qu'il  s'était  débarrassé  de  l'habit 
ecclésiastique.  Il  se  livre  au  jeu  ;  en  huit  jours,  il 
ëiait  complètement  ruiné.  Ne  sachant  à  quel  saint 
se  vouer,  il  accepte  une  plaCe  de  violon  au  théâtre 
de  Saint-Samuel  :  un  liasard  heureux  le  fait  sortir 
dio  la  pctsition  précaire  où  il  se  trouvait  ;  il  devient 
l'intime  d'un  riche  Vénitien  auquel  il  persuade 
qu'il  est  versé  dans  les  secrets  les  plus  profonds 
de  la  cabale,  et  mène  ime  vie  de  folies  et  de  dé- 
sordres, à  laquelle  il  est  bientôt  forcé  de  renon- 
cer. Cité  pour  ses  imprudences  à  deux  tribunaux 
à  la  fois,  il  comprit  qu'il  n'y  avait  plus  de  sûreté 
pour  lui  dans  Venise  :  il  fuit  à  Vérone,  alla  suc- 


cessivement à  Milan,  Mantoue,  Ferrare,  Bologne, 
Césène,  Parme,  et  reparut,  après  une  aimée  d'ab- 
sence et  d'aventures,  dans  sa  patrie,  qu'il  quittait 
pour  laFrance  le  l'^'^juin  1750.  Il  arrive  à  Paris,  où 
il  est  mis  en  rapport  avec  tout  ce  qu'il  renfermait 
d'illustres  poètes,  le  vieux  CrébUlon,  le  maréchal 
de  Richelieu,  lord  Keith,  Voisenon,  Fontenelle, 
d'Alembert.  Il  est  introduit  près  de  la  duchesse 
de  Chartres,  pour  laquelle  il  fait  de  la  cabale, 
charlatanisme  qui  sera  un  de  ses  moyens  les 
plus  effectifs  d'intrigue.  Après  deux  ans  de  séjour, 
il  reprend  sa  vie  vagabonde,  arrive  à  Dresde  et 
y  retrouve  sa  mère, qui  y  était  actrice;  il  est  fort 
bien  accueilli  du  roi.  De  là  il  passe  à  Vienne,  va 
voir  le  poëte  Métastase,  et  reprend,  après  une 
absence  de  trois  années,  le  chemin  de  Venise,  où 
l'attendait  une  captivité  qui  est  l'événement  cé- 
lèbre de  sa  vie  :  c'est  le  25  juillet  1775  qu'il 
fut  conduit  sous  les  plombs.  Il  faut  lire  le  récit 
de  ce  qu'il  déploya  de  constance ,  d'efforts ,  de 
dissimulation,  de  résolution  et  de  génie  pour 
échapper  de  cette  prison  d'État  d'un  renom  si 
lugubre.  La  relation  de  la  fuite  de  Benvenuto  Cel- 
lini  du  château  Saint-Ange,  et  le  long  séjour  de 
Latude  à  la  Bastille,  n'ont  rien  de  plus  mtéressant 
ni  de  plus  énaouvaut  que  l'histoire  de  ces  deux 
années  de  lutte  entre  des  obstacles  presque  in- 
surmontables et  la  volonté  d'un  homme  éner- 
gique et  déterminé. 

Il  arrive  à  Munich  pour  y  attendre  les  secours 
que  devait  lui  envoyer  M.  de  Bragadin,  son  pro- 
tecteur, et  repart  pour  Paris,  où  nous  le  voyons 
accourir  en  janvier  1757,  au  moment  où  Damiens 
venait  de  frapper  Louis  XV.  Il  se  présents  à 
M.  de  Beruis,  qu'il  avait  connu  ambassadeur  à 
Venise  dans  d'étranges  circonstances,  s'il  faut 
l'en  croire.  L'histoire  de  son  évasion  avait  fait  du 
bruit,  même  en  France;  et  sa  fuite  des  plombs,  en 
le  rendant  un  personnage  extraordinaire,  était  de 
nature  à  le  servir  plus  que  des  titres  autrement 
sérieux.  M.  deBernis  parle  de  lui  au  ducde  Choi- 
seul  comme  d'un  esprit  délié,  et  particulièrement 
exercé  en  matière  de  finances.  En  réalité,  Casa- 
nova n'en  savait  pas  le  premier  mot;  mais,  au- 
dacieux comme  il  était,  il  se  dit  qu'il  serait  tou- 
jours temps  de  désabuser  son  monde;  et,  dans 
nne  réunion  où  il  est  présenté  à  Pâris-Duverney, 
il  s'y  prend  si  bien  par  ses  réticences,  ses  demi- 
mots,  son  silence  même,  qu'il  donne  de  ses  vues 
la  plus  haute  idée.  Tl  réussit  à  faire  croire  à  Du- 
verney  qu'il  avait  trouvé  un  plan  de  loterie  tout 
semblable  à  un  projet  de  Calsabigi,  alors  eiUre  ses 
mains.  C'était  un  premier  pas  ;  mais  il  fallait  que 
cette  loterie  se  créât,  et  il  y  avait  plus  d'un  obs- 
tacle à  vaincre.  Une  conférence  a  lieu  à  l'École 
militaire,  séance  à  laquelle  d'Alembert  fut  convié 
en  sa  qualilé  de  mathématicien.  Casanova  eut 
l'art  de  persuader  les  plus  réfractaires,  et  le  décret 
parut  huit  jours  après  cette  conférence  (1).  I! 
obtint  pour  sa  part  six  bureaux  de  recette,  et 

(1)  Cette  loterie,  créée  au  profit  de  l'École  militaire 
devint,  après ;la  mort  de  Pâris-Duvcrney,  loterie  royale. 


94  ( 

quatre  luille  francs  de  pension  en  plus  sur  le 
produit  (le  la  loterie  :  c'était  le  revenu  d'un  ca- 
pital de  cent  mille  francs,  qu'il  lui  était  loisible 
de  retirer  en  renonçant  à  ses  bureaux  :  il  eu  ven- 
dit cinq  sur-le-champ,  n'en  gardant  qu'un,  qu'il 
ouvrit  rue  Saint-Denis,  et  où  la  foule ,  alléchée 
par  de  petits  avantages  qu'il  lui  faisait,  afflua. 
Mais  Casanova  était  trop  remuant  pour  s'empri- 
sonner dans  une  position  toute  faite  :  il  lui  fallait 
le  mouvement,  l'imprévu,  l'aventure;  aussi  ac- 
cepta-t-il  avec  empressement  une  mission  seciète 
ayant  pour  but  de  visiter  huit  à  dix  vaisseaux  de 
guerre  en  rade  à  Dunkerque  :  il  serait  en  mesure 
de  rapporter  un  relevé  circonstancié  de  tout 
ce  qui  regardait  l'approvisionnement,  le  person- 
nel des  équipages,  les  munitions,  l'administra- 
tion,  la  police.  Cela  ressemblait  fort  à  de  l'es- 
pionnage ;  mais  Casanova  ne  se  laissait  pas  aisé- 
ment arrêter  par  des  considérations  de  cet  ordre  ; 
cela  souriait,  d'ailleurs,  à  son  esprit  lin,  rusé, 
fertile  en  ressources  ;  la  nécessité  d'être  habile, 
à  ses  yeux,  ôtait  à  sa  mission  ce  qu'elle  pouvait 
avoir  d'équivoque.  Il  revint  avec  un  travail  qui 
lui  valut  force  éloges  et  cinq  cents  louis  de  ré- 
munération. Il  menait  alors  une  vie  fort  dissipée, 
allant  un  peu  partout,  et  presque  toujours  rem- 
portant de  ces  succès  dus  autant  à  son  esprit, 
à  son  intrigue,  à  son  inconcevable  audace,  qu'aux 
séiluctions  de  sa  personne;  Ce  fiit  dans  ce  temps 
qu'il  rencontra  le  fameux  comte  de  Saint-Ger- 
main chez  une  marquise  d'Urfé,  espèce  de  folle 
dont  il  avait  fait  sa  dupe,  et  qu'il  exploitait  comme 
il  avait  jadis  exploité  la  crédulité  de  M.  de  Bra- 
gadin.  Il  nous  donne  sur  cet  aventurier  célèbre 
des  détails  fort  curieux;  ce  n'est  pas,  du  reste, 
l'unique  fois  qu'ils  se  rencontrèrent. 

Quelque  temps  après,  Casanova  était  dépêché 
par  M.  de  Choiseul  en  Hollande  pour  négocier  au- 
près d'une  compagnie  de  marchands  d'Amster- 
dam, à  un  prix  honnête,  l'échange  d'effets  royaux 
contre  des  papiers  moins  dépréciés  que  ne  l'é- 
taient alors  les  nôtres  ;  il  revient  ensuite  à  Pa- 
ris, loue,  à  cent  pas  de  la  barrière  de  la  Made- 
leine, une  maison  de  campagne  meublée  magni- 
fiquement, se  pourvoit  de  chevaux,  de  voitures, 
de  palefreniers,  de  laquais,  et  se  met  sur  le  pied 
d'un  homme  qui  a  le  droit  de  ne  pas  compter  avec 
lui-même  :  toutefois  ses  protecteurs  avaient  dis- 
paru. 

M.  de  Bernis  avait  été  exilé  à  Soissons.  Le 
contrôleur  général  avait  dû  se  retirer  ;  et  Ca- 
sanova ne  rencontra  pas  dans  le  successeur  de  ce 
ministre,  M.  de  Silhouette,  les  mêmes  encourage- 
ments et  la  même  bienveillance.  Son  esprit  inven- 
tif se  retourne  alors  vers  l'industrie;  il  s'agissait 
de  produire  sur  les  étoffes  de  soie,  au  moyen  de 
l'impression ,  les  mômes  dessins  que  l'on  exécu- 
tait à  Lyon  par  les  procédés  lents  du  tissage, 
et  d'arriver  à  un  débit  aussi  grand  à  des  prix 
bien  inférieurs.  Le  prince  de  Conti ,  auquel  Ca- 
sanova avait  communiqué  son  projet ,  l'avait  en- 
couragé à  tenter  la  spéculation  ,  et  il  s'était  mis 


CASANOVA  942 

tout  aussitôt  à  l'œuvre  :  il  loue  dans  l'enceinte  du 
Temple  une  vaste  maison,  et  s'y  installe  lui  et 
ses  employés.  Mais  l'instant  était  mal  choisi.  La 
guerre  avait  plongé  le  pays  dans  une  détresse 
dont  le  commerce  devait  forcément  se  ressentir. 
Il  ne  tarda  pas  à  se  voir  menacé  d'une  ruine 
imminente.  A  ces  difficultés  se  joignirent  des 
vols  énormes  dont  il  fut  victime,  des  rembourse- 
ments immédiats,  des  chicanes,  des  procès,  un 
emprisonnement  à  For-l'Évèque,  d'où  l'arracha 
l'affection  de  la  marquise  d'Urfé.  Ces  dégoûts 
lui  rendirent  Paris  odieux.  Il  arrange  ses  affaires, 
et  prend  congé  en  décembre  1 759  de  M.  de  Choi- 
seul, qui  l'autorise  à  négocier  un  emprunt  eu 
Hollande,  emportant  cent  mille  francs  de  lettres 
de  change  et  pour  autant  de  bijoux.  Il  arrive  à  la 
Haye  :  le  comte  de  Saint-Germain  y  était  installé, 
se  disant  chargé  par  Louis  XV  d'un  emprunt 
de  cent  millions.  «  J'imagine,  lui  dit-il,  mon  cher 
monsieur  Casanova,  que  vous  êtes  venu  ici  pour 
tâcher  de  faire  quelque  chose  en  faveur  de  notre 
cour  ;  mais  cela  vous  sera  difficile ,  car  la  bourse 
est  scancalisée  de  l'opération  que  ce  fou  de  M.  de 
Silhouette  vient  de  faire  :  j'espère  cependant 
que  ce  contre-temps  ne  m'empêchera  pas  de 
trouver  cent  millions.  J'en  ai  donné  ma  parole  à 
Louis  XV,  que  je  puis  appeler  mon  ami ,  et  je 
ne  le  tromperai  pas  :  dans  trois  ou  quatre  semai- 
nes mon  affaire  sera  faite.  »  Son  affaire  eût  été 
faite  sans  doute,  mais  d'une  tout  autre  façon, 
si,  averti  secrètement,  le  comte  de  Saint-Germain 
n'eût  pas  prévenu  l'ordre  arraché  par  le  minis- 
tère aux  états  de  s'emparer  de  lui.  Quant  aux  dé- 
marches de  Casanova,  elles  n'aboutirent  point. 

Il  part  pour  l'Allemagne,  arrive  à  Cologne,  eu 
l'électeur  lui  fait  bon  accueil  ;  passe  à  Stuttgard, 
dont  une  mauvaise  affaire  le  chasse ,  et  s'arrête 
à  Zurich,  où  lui  vient  Tassez  étrange  idée  \de 
se  faire  moine.  Il  va  sans  dire  que  cette  résolu- 
tion, qu'un  dégoût  momentané  avait  inspirée, 
ne  tint  pas  au  delà  de  quelques  jours  :  une  aven- 
ture d'amour  devait  lui  faire  oublier  tout  aussitôt 
ces  mystiques  aspirations.  Il  quitte  Zurich,  s'é- 
tablit quelque  temps  à  Soleure,  où  il  se  lie  avec 
M.  de  Chavigny ,  notre  ambassadeur  ;  de  là  il 
traverse  Bâle,  Berne,  Morat,  et  va  visiter  à  Roche 
le  célèbre  Haller,  avec  lequel  il  devait  échanger 
une  correspondance.  Il  fait  une  halte  à  Lausanne, 
et  arrive  à  Genève  au  mois  d'août  1760.  Il 
était  à  trop  peu  de  distance  de  Voltaire  pour 
ne  pas  l'aller  voir;  mais,  loin  de  s'incliner  devant 
l'autorité  de  l'écrivain ,  U  émet  ses  propres  opi- 
nions avec  une  indépendance,  un  aplomb,  une 
fatuité  qui  ne  déplurent  pas  trop  d'abord.  Il  est 
vrai  que  son  ton  cassant  et  peu  mesuré  devait 
finir  par  indisposer  le  vieillard  irritable,  et  peu 
habitué  à  se  voir  rompre  en  visière  avec  ce  sans- 
gêne.  Casanova  se  fit  le  champion  de  l'arbitraire, 
pour  le  plaisir  de  le  contredire.  Voltaire  lui 
demande  s'il  avait  ces  idées-là  sous  les  plombs  : 
«  Ma  détention  fut  un  grand  acte  de  despo- 
tisme; mais,  persuadé  que  j'avais  abusé  sciem- 


943  CASANOVA 

ment  de  ma  liberté,  je  trouvais  parfois  que  le 
gouvernement  avait  eu  raison  de  me  faire  enfer- 
mer sans  les  formalités  ordinaires.  »  —  «  Cepen- 
dant vous  vous  êtes  échappé?  »  —  «  J'usai  de  mon 
droit  comme  ils  avaient  usé  du  leur.  »  Ils  se  quit- 
tèrent fort  mécontents  l'un  de  l'autre.  De  Genève, 
Casanova  va  à  Aix  en  Savoie,  où  l'arrêtèrent  des 
intrigues  d'amour;  enfin,  il  arrive  à  Gênes,  où 
l'on  joue  la  traduction  en  italien  qu'il  avait  faite 
de  l'Écossaise.  «  Nous  donnerons,  portait  l'affi- 
che du  théâtre ,  l'Écossaise  de  M.  de  Voltaire , 
ti'aduite  par  une  plume  inconnue,  et  nous  la  joue- 
rons sans  souffleur.  «  La  pièce  obtint  le  plus 
grand  succès  ;  mais  Voltaire,  auquel  il  fit  parve- 
nir sa  traduction ,  la  trouva  mauvaise ,  ce  qui 
blessa  tellement  l'amour-propre  de  Casanova , 
qu'il  ne  perdit  pas  une  occasion ,  dans  la  suite, 
de  le  décrier. 

Un  ordre  du  grand-duc  le  chasse  de  Florence, 
où  il  s'était  installé.  Il  se  dirige  alors  vers  Rome, 
qu'il  quitte  bientôt  pour  reprendre  sa  vie  de  pé- 
régrinations. A  Modène,  il  reçoit  la  même  invita- 
tion qu'à  Florence  ;  il  poursuit  sa  route,  et  triom- 
phe à  Turin  des  mauvais  vouloirs  du  vicaire 
directeur  de  la  police.  Il  revient  à  Paris;  mais  un 
duel  malheureux  le  force  bientôt  d'abandonner 
cette  ville.  Il  se  rend  à  Augsbourg.  Interrogé  par 
le  bourgmestre  pourquoi  il  avait  pris  le  nom  de 
Seingalt,  qui  n'était  pas  le  sien,  il  répond,  avec 
cette  suprême  impudence  qui  était  une  de  ses 
grandes  forces ,  que  ce  nom  lui  appartenait  de 
par  l'alphabet;  et  que,  comme  il  était  de  sa  créa- 
tion ,  il  pensait  que ,  personne  ne  l'ayant  pris 
avant  lui,  personne  n'avait  le  droit  de  le  lui  con- 
tester, et  bien  moins  encore  de  le  porter  sans  son 
consentement.  Il  était  de  l'etour  à  Paris  le  dernier 
jour  del'an  1761 .  Puis  onle  retrouve  à  Metz,  pour 
une  jonglerie  dont  madame  d'Urfé  était  encore 
l'objet  et  la  dupe.  Deux  ans  après,  nous  voyons 
celle-ci  l'attendre  à  Marseille  :  il  lui  avait  promis 
de  la  régénérer  sous  la  forme  d'un  jeune  homme; 
mais  cette  régénération  ne  devait,  en  tous  cas, 
avoir  son  plein  effet  que  le  premier  jour  de  la 
première  lune  du  mois  de  janvier  de  l'année 
suivante.  D'ici  là,  Casanova  avait  encore  le  temps 
de  tirer  de  l'argent  à  la  confiante  marquise.  Il 
part  aussitôt  après  pour  Avignon,  puis  pour  Lyon, 
arrive  à  Paris,  où  il  ne  fait  que  passer,  et  s'em- 
barque pour  l'Angleterre.  Il  rencontre  à  Londres 
la  chevalière  d'Éon  ;  M.  de  Guerchy,  si  célèbre 
depuis  par  ses  démêlés  avec  la  chevalière,  le 
présente  à  George  III.  Il  mène  ensuite  une  vie  de 
dissipations  et  d'aventures,  qu'il  dut  clore  par  une 
fuite  précipitée  :  il  s'agissait  d'une  lettre  de  change 
fausse,  gagnée  au  jeu,  et  qu'il  avait  fait  escompter 
chez  un  banquier  sans  soupçonner  la  moindre 
fraude;  le  véritable  coupable  avait  disparu,  et 
Casanova  se  hâta  d'en  faire  autant. 

Il  débarque  à  Calais,  où  il  ne  s'arrête  pas,  et 
retrouve  à  Tournay  le  comte  de  Saint-Germain 
en  robe  d'Arménien,  en  bonnet  pointu,  en  barbe 
épaisse,  dirigeant,  par  l'ordre  du  comte  de  Co- 


944 
bentzel,  premier  ministre  d'Autriche,  une  manu 
facture  de  cliapeaux.  Leur  entrevue  est  piquante 
le  thaumaturge  lui  demande  une  pièce  de  mor; 
naie  quelconque;  celui-ci  tire  une  pièce  de  douz 
sous  de  sa  poche,  et  la  lui  remet;  elle  est  passé:. 
sur  un  charbon  ardent,  et  recouverte  d'une  fève 
noire  ;  elle  rougit,  s'enflamme ,  entre  en  fusion; 
puis,  quand  elle  fut  refroidie ,  le  comte  dit  en 
riant  à  Casanova  :  «  Voici  votre  pièce  ;  la  recon- 
naissez-vous ?  j)  —  «  Comment  !  c'est  de  l'or  !  » 
s'écria  celui-ci.  —  «  La  pièce  au  type  de  douze 
sous  était  d'or  en  effet ,  raconte  Casanova  ;  j'en 
fis  présent  à  lord  Keith,  gouverneur  de  Neufchâ- 
tel,  qui  la  conserva  comme  une  curiosité.  »  A 
Brunswick,  il  rencontre  le  prince  royal  de  Prusse, 
qui  intervient  dans  un  démêlé  d'argent;  il  y  de- 
meure le  temps  nécessaire  pour  finir  cette  affaire, 
et  arrive  à  Berlin  :  il  savait  le  faible  de  Frédé- 
ric pour  les  aventuriers.  Sur  le  conseil  de  lord 
Maréchal,  il  demande  une  audience  au  roi ,  qui 
par  un  billet  lui  répond  qu'il  serait  à  quatre  heu- 
res dans  les  jardins  de  Sans-Souci  ;  mais  cett^ 
fois  Casanova,  malgré  son  aplomb,  se  sent  un 
peu  intimidé.  Le  récit  de  cette  entrevue  est  inté- 
ressant. Frédéric  lui  offrit  une  place  d'instituteur 
dans  le  corps  des  cadets  de  Poméranie;  mais  n; 
le  poste  ni  les  appointements  ne  pouvaient  con- 
venir à  Casanova,  qui  refuse,  et  se  décide  à  allar 
chercher  fortune  ailleurs. 

Il  se  dirige  vers  la  Russie.  A  Mittau,  il  est  tvb^^ 
bien  accueilli  par  le  célèbre  Biren,  l'ancien  fa  ' 
vori  de  l'impératrice  Anne,  qui  lui  donne  de^' 
lettres  pour  le  prince  Charles  de  Biren,  résidant  à 
Riga,  et  dont  il  n'est  pas  moins  bien  reçu.  Il  arrive 
à  Saint-Pétersbourg,  fait  une  excursion  rapide  à 
Moscou,  revient  à  Pétersbourg,  et  aune  première 
entrevue,  dans  le  jardin  d'été,  avec  Catherine  II, 
entrevue  qui  lui  est  ménagée  par  le  comte  Pa- 
nin,  gouverneur  du  prince  Paul.  Cette  première 
en  amène  plusieurs  autres ,  mais  sans  qu'il  en 
résulte  rien  pour  la  fortune  de  Casanova,  qui  se 
détermine  à  partir  pour  Varsovie.  Le  prince  Adam 
Czartoriski  le  présente  au  roi  de  Pologne,  qui  lui 
témoigne  une  bienveillance  toute  particulière , 
et,  à  quelque  temps  de  là,  lui  glisse  dans  la  main 
deux  cents  ducats,  dont  Casanova  se  sert  pour 
payer  ses  dettes.  Il  plaisait  au  roi  ;  et  peut-être 
allait-il  se  fixer  en  Pologne,  quand  sa  mauvaise 
étoile  le  rejette  de  nouveau  sur  les  grands  che- 
mins. Insulté  sans  raison  par  le  comte  do  Bra- 
nicki ,  grand  chambellan  de  la  couronne,  il  n'hé- 


site pas  à  demander  réparation  à  son  agresseur, 
sans  se  faire  iUusion  sur  les  conséquences  que 
devait  forcément  avoir  une  rencontre  avec  l'uii 
des  chefs  de  l'aristocratie  polonaise.  Ils  se  battent 
au  pistolet  ;  Branicki  est  blessé  dangereusement; 
Casanova  l'était  lui-même,  d'une  façon  moins 
grave  que  son  adversaire,  mais  assez  pour  qu'il 
fût  un  instant  question  de  lui  couper  le  bras.  Le 
roi,  qui  savait  bien  à  quoi  s'en  tenir  sur  tout  cela, 
lui  dit  :  «  Pourquoi  avez-vous  le  bras  en  écliar- 
pe?  »—  «  Sire,  j'ai  un  rhumatisme,  m  —  «  Je  vous 


945 


recommanrie,  monsieur ,  d'éviter  ù  l'avenii'  de 
pareils  accidents.  ■»  Quant  à  Branicki,  il  eut  la 
générosité  de  prendre  la  défense  de  son  adver- 
saire contre  ses  propres  amis,  qui  ne  parlaient 
de  rien  moins  que  de  le  massacrer.  Un  instant, 
Casanova  fut  à  la  mode,  et  il  n'était  question  que 
de  lui  ;  mais  tout  cet  engouement  se  changea 
presque  aussitôt  en  une  hostilité  que  l'incons- 
tance naturelle  aux  Sarmates  ne  suffit  pas  à 
expliquer.  Il  reçut  l'ordre  de  quitter  Varsovie , 
et,  comme  il  s'en  défendait  sous  le  prétexte  qu'il 
ne  pouvait  en  sortir  sans  payer  ses  dettes,  le  roi 
lui  fit  passer  mille  ducats. 

Comme  rien  ne  le  retenait  plus,  il  part  pour 
Dresde,  y  demeure  quelque  temps,  et  se  dirige 
ensuite  survienne,  où  il  se  lie  avec  l'ahbé  Métas- 
tase et  l'infortuné  Lapeyrouse.  La  police  lui  en- 
joint de  quitter  la  ville  dans  le  plus  bref  délai. 
Au  lieu  d'obéir,  il  implore  la  protection  du  prince 
de  Kaunitz,  qui  lui  dit  d'adresser  un  placet  à 
Marie-Thérèse.  Sa  requête  ne  fut  pas  sans  effet; 
mais  l'accueil  glacial  ou  impertinent  qu'il  ob- 
tint partout,  joint  à  des  avis  indirects,  le  dé- 
cida à  fuir  de  cette  ville  rigoriste ,  où  l'avait 
précédé  une  réputation  fort  peu  édifiante ,  il  est 
vrai.  Il  revint  à  Paris.  «  Je  ne  sais  quelle  fata- 
lité, s'écrie-t-il ,  me  poursuivait  dans  les  capi- 
tales de  l'Europe  ;  mais  il  était  écrit  que  je  sor- 
tirais de  Paris  à  peu  près  comme  j'avais  quitté 
Vienne  et  Varsovie.  »  Cette  fatalité  n'était  au- 
tre que  son  mauvais  renom  et  cet  esprit  ba- 
tailleur qui  ne  l'abandonnait  pas  dans  les  situa- 
tions où  il  eût  dû  le  moins  attirer  l'attention  sur 
lui.  Une  querelle  lui  valut  l'ordre  de  quitter 
Paiis  dans  les  vingt  quatre  heures.  Il  en  par- 
tit sans  regret  :  il  était  en  bonne  sanlé,  il  avait, 
comme  il  le  dit ,  du  foin  dans  ses  bottes ,  et 
les  voyages  ne  l'effrayaient  point.  Il  se  décida 
pour  l'Espagne,  et  arriva  à  Madrid  muni  de  let- 
tres pour  le  comte  d'Aranda,  qui  ne  put  rien 
pour  lui ,  faute  de  recommandation  de  l'ambas- 
sadeur vénitien.  Le  séjour  de  Casanova  en  Es- 
pagne est  un  long  roman  où  les  intrigues  ga- 
lantes et  les  aventures  tragiques  se  croisent; 
il  est  jeté  en  prison  sur  des  soupçons  vagues, 
mais  il  en  sort  bientôt  triomphant.  A  Barce- 
lonne ,  nouvelle  aventure  :  il  est  mis  à  la  cita- 
delle, et  y  reste  quarante-trois  jours,  durant 
lesquels  il  écrit  une  réfutation  de  Y  Histoire  de 
Venise  d'Amelot  de  La  Houssaye.  Il  s'éloigne  le 
«ternier  jour  de  l'an  1768,  et  arrive  à  Aix,  où  il 
fait  connaissance  avec  le  marquis  d'Argens  et 
Cagliostro.  11  va  offrir  ses  services,  à  Livourne, 
au  comte  Orloff,  qui  commandait  l'escadre  russe 
destinée  pour  Constantinople  ;  mais  il  est  écon- 
duit.  Il  retrouve  à  Rome  le  cardinal  de  Bernis, 
ambassadeur  de  notre  cour.  Un  ordre  du  grand 
duc  l'expulse  de  Florence;  il  se  dirige  alors  vers 
Bologne ,  s'arrête  deux  mois  à  Ancône  et  s'éta- 
blit à  Trieste,  où  il  parvient  à  rendre  un  léger 
service  au  gouvernement  vénitien,  qui  lui  envoie 
quatre  cents  ducats.  Il  rentre  enfin  dans  sa  pa- 


CASANOVA  940 

trie  ;  mais  y  séjourne  peu,  et  reparait  une  der- 
nière fois  à  Paris  en  1782. 

Nous  l'avons  suivi  pas  à  pas  dans  ses  mé- 
moires ;  ce  qui  nous  en  est  resté  s'arrête  là,  et 
nous  perdrions  jusqu'à  sa  trace  si  le  prince  de 
Ligne  ne  nous  donnait  pas  sur  la  fin  de  sa  vie 
de  curieux  détails.  A  un  dîner  chez,  l'ambassa- 
deur de  Venise ,  durant  son  dernier  séjour  en 
France ,  il  avait  fait  la  connaissance  du  comte 
de  Waldstein,  qui ,  séduit  par  sa  conversation 
et  son  érudition,  lui  propose  de  venir  habiter 
son  château  en  Bohême,  avec  la  qualité  de 
bibliothécaire.  Déjà  vieux,  sans  ressources  et 
fatigué  de  toujours  se  mouvoir,  Casanova  ac- 
cepte, et  il  passe  à  Dux  les  quatorze  dernières 
années  de  sa  vie  dans  une  inquiétude  d'esprit, 
un  désordre  d'idées  qui  tiennent  fort  de  l'illumi- 
nisme  et  de  la  folie.  Difficile  à  vivre,  colère, 
susceptible,  intraitable,  accablant  son  bienfai- 
teur de  reproches  et,  l'instant  d'après,  lui  adres- 
sant les  discours  les  plus  touchants ,  il  exerce, 
sans  la  lasser,  la  longanimité  du  comte  de  Walds- 
tein. Ui^jour,  on  le  voit  partir  pour  Weimar,  où  le 
duc  le  reçoit  à  merveille  ;  mais  il  y  devient  jaloux 
de  Goethe  et  de  Wieland.  Il  passe  à  Berlin,  où  il  ne 
fait  qu'une  courte  apparition,  et  revient,  après  six 
semaines,  à  Dux.  C'est  dans  ce  château  qu'il 
écrivit  ses  mémoires.  Il  eut  une  fin  édifiante. 
«'  J'ai  vécu  en  philosophe,  dit-il  à  ceux  qui  l'en- 
touraient; mais  je  meurs  en  chrétien.  »  On  ne 
sait  au  juste  où  et  en  quelle  année  il  expira  ;  si 
c'est  à  Dux  en  1799,  ou  en  1803  à  Vienne. 
Plusieurs  éditions  ont  successivement  paru  de 
ses  Mémoires;  mais  ce  ne  fut  qu'en  1830  que 
l'on  publia  l'édition  en  huit  volumes  in-8°,  faite 
sur  le  texte  même  du  manuscrit.  Casanova, 
très-laborieux,  quoique  très-dissipé,  a  laissé 
d'autres  ouvrages,  dmit  voici  la  liste  :  Confuta- 
zione  délia  Storia  del  Governo  Veneto,  d'A- 
melot de  La  Houssatje;  Amsteidam,  1769, 
in-S";  —  Istoria  délie  turbulenze  délia  Polo- 
nia,  délia  morte  di  Elisabetta  Tetrowna^fino 
alla  pace  fra  la  Russiae  la  Porta  Ottomana, 
in  cui  si  trovano  tutti  gli  avvennimenti  ca- 
gione  délia  revoluz-ione  di  quel  regno  ;  Go- 
ritz,  1774,  in-8°;  —  V Iliade  d'Homère,  tra- 
duite en  octaves;  Venise,  1778,  4  vol.  in-4''; 

Histoire  de  ma  fuite  des  prisons  de  la  Répu- 
blique de  Venise,  appelées  les  Plombs;  Prague 
1788,  iu-8°,  ('  les  détails  de  cette  fuite  se  trou- 
vent dans  les  Mémoires  )  ;  —  Icosameron  ou 
Histoire  d'Edouard  et  d'Elisabeth,  qui  passè- 
rent quatre-vingts  ans  chez  les  Megameichs, 
habitants  aborigènes  du  Protocosme  dans  l'in- 
térieiir  de  notre  globe;  Prague,  1788-1800,  5 
vol.  in-S";  — ■  Solution  du  problème  héliaque 
démontrée;  Dresde,  1790,  in-4°;  —Corollaire 
à  la  duplication  de  l'hexaèdre  donnée  à  Dux 
en  Bohême ;Md.,  1790,  une  demi-feuille  iu-4'>. 
Gustave  DESNomEsxERREs. 


Casanova,  MéMoires.   —  Le  prince  de  Li^iie,  auvres 
mêlées,  en  prose  et  en  vers,—  Jules  Janiu,  Revue  de  Paris, 


947 


CASANOVA  —  CASAREGI 


9j 


t,  XMII,  1833.  —  La  Démocratie  littéraire,  1829,  p.  195. 
CASANOVA  {François),  peintre  et  graveur, 
frère  du  précédent,  né  à  Londres  en  1727,  de 
parents  vénitiens,  mort  à  Brùhl  en  1805.  Il  vint 
fort  jeune  à  Venise,  et  y  reçut  une  belle  éduca- 
tion, qu'il  sut  mettre  à  profit.  L'étude  des  lan- 
gues anciennes  et  modernes,  celle  du  dessin 
occupèrent  ses  premières  années.  Casanova  vint 
plus  tard  à  Paris,  apportant  avec  lui  quelques 
essais  de  ses  talents,  et  y  fut  reçu  avec  bien- 
veillance; ayant  eu  occasion  de  présenter  quel- 
ques-uns de  ses  ouvi'ages  à  Parocel,  cet  habile 
peintre  s'empressa  de  lui  donner  des  conseils, 
qui  lui  furent  d'une  grande  utilité ,  surtout  pour 
le  dessin  des  chevaux.  L'étude  des  tableaux  fla- 
mands, qu'il  vit  dans  un  voyage  en  Allemagne, 
contribua  beaucoup  à  lui  faire  mettre  dans  ses 
tableaux  la  correction  et  l'harmonie  qui  y  man- 
quaient encore.  De  retour  à  Paris,  l'Académie 
de  peinture  s'empressa  de  l'agréer,  et  peu  après, 
en  1763,  elleradinit  au  nombre  de  ses  membres, 
sur  un  tableau  représentant  un  combat  de  ca- 
valerie. Depuis  il  exposa,  en  1765,  une  Marche 
d'armée,  deux  batailles,  un  Espagnol  à  cheval; 
en  1767,  sept  tableaux  de  genre;  en  1769,  deux 
sujets  de  chasse,  trois  paysages;  en  1771,  les 
Batailles  de  Lens  et  de  Fribourg ,  et  deux 
paysages;  en  1775,  treize  tableaux  de  genre, 
paysage,  animaux,  chasse,  sujets  militaires;  en 
1779,  quatre  paysages  et  deux  cavaliers;  et  en 
1781  sept  paysages  et  deux  sujets  militaires. 
L'effet  que  produisirent  ces  tableaux  augmenta 
la  réputation  de  cet  artiste,  et  plusieurs  princes 
s'empressèrent  à  l'envi  de  mettre  ses  talents  à 
contribution.  Le  prince  de  Condé  lui  fit  faire, 
en  1771,  pour  la  galerie  du  palais  Bourbon,  les 
Batailles  de  Fribourg  et  de  Lens.  L'impéra- 
trice Catherine  le  chargea  d'immortaliser  ses  vic- 
toires sur  les  Ottomans.  Favorisé  par  la  fortune, 
accueilli  dans  les  meilleures  sociétés  pour  son 
esprit  et  son  éducation,  Casanova  aurait  pu 
vivre  à  Paris  heureux  et  tranquille;  mais  son 
goût  pour  le  luKe  lui  ayant  fait  contracter  des 
dettes ,  il  prit  le  parti,  pour  se  soustraire  à  ses 
créanciers,  d'aller  à  Vienne  finir  les  divers  ou- 
vrages dont  il  était  chargé.  Ce  peintre ,  toujours 
jaloux  de  faire  respecter  les  artistes ,  se  trouvait 
un  jour  à  dîner  chez  le  comte  de  Kaunitz  avec 
des  ambassadeurs  de  divers  princes  d'Allema- 
gne :  la  conversation  étant  tombée  sur  Rubens 
et  sur  son  ambassade,  une  des  excellences  se 
mit  à  dire  :  «  C'était  vraisemblablement  un  am- 
«  bassadeur  qui  s'amusait  à  peindre.  »  —  «  Non, 
«  repartit  Casanova  ,  c'était  un  peintre  qui  s'a- 
«  musait  à  être  ambassadeur.  »  —  Parmi  les 
élèves  de  Casanova  on  peut  citer  Loutherbourg, 
Mayer,  Norblin,  etc.  Le  Louvre  possède  de  cet 
artiste  deux  tableaux  représentant  une  bataille 
et  un  choc  de  cavalerie;  et  trois  dessins  :  une 
marche  d'animaux  et  deux  cavaliers. 

Nnglcr,  Neues  AlUjeiit.  Kiiast.-Lexic.  —  Hcinecken; 
Dict.  des  Artistes  —  Ch.  Blanc,  Hist.  des  Peintres.  — 
Le  Bas ,  Dict.  encycl.  de  la  France. 


CASANOVA  (Jean-Baptiste),  peintre,  freit 
du  précédent,  né  à  Venise  en  1729,  mort  à 
Dresde  en  1798.  Il  eut,  comme  peintre  et  comme 
historien  de  son  art,  une  certaine  célébrité  en 
Allemagne.  Élève  de  R.  Mengs,  il  fut  comme  lui 
lié  avec  Winckelmann  ;  mais  il  ne  partagea  pas 
toujours  l'enthousiasme ,  parfois  aveugle,  de  ce 
savant  pour  tout  ce  qui  portait  le  cachet  de  l'an- 
tiquité. On  sait  que,  pour  mettre  à  l'épreuve  la 
sagacité  du  célèbre  antiquaire,  Casanova  lui  en- 
voya deux  tableaux  qu'il  avait  peints  dans  le 
genre  de  ceux  ti'ouvés  à  Herculanum ,  en  les  lui 
annonçant  comme  récemment  découverts,  et  que 
Winckelmann  y  fut  tellement  trompé  qu'il  en 
inséra  la  gravure  dans  la  première  édition  alle- 
mande de  son  histoire  de  l'art  chez  les  anciens, 
et  les  accompagna  d'une  description  pompeuse , 
J.  B.  Casanova,  comme  professeur  et  directeur 
de  l'académie  de  Dresde ,  n'a  pas  été  moins  utile 
à  l'art  que  par  ses  écrits  sur  les  monuments  an- 
ciens. En  Allemagne,  ses  écrits  font  autorité,  prin- 
cipalement ses  dissertations  sur  d'anciens  monu- 
ments des  arts.  Plusieurs  de  ses  ouvrages ,  rédi- 
gés d'abord  en  italien,  ont  été  publiés  ensuite  en 
allemand  (Leipz.,  1771).  [Enc.  des  g.  du  m.]. 

Heinecken,  Dict.  des  Artistes. 

*CASANOVA  (Jean),  peintre,  né  à  Venise 
vers  1728,  mort  à  Dresde  le  9  décembre  1795.11 
étudia  la  peinture  à  Rome  sous  R.  Mengs  et  de- 
vint professeur  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  de 
Dresde  et  directeur  par  semestre  de  cette  aca- 
démie. Il  a  surtout  laissé  des  portraits ,  parmi 
lesquels  nous  citerons  celui  de  Winckelmanti, 
gravé  pai"  FoUia,  On  a  de  lui  :  Discorso  sopra 
gli  antichi,  e  varj  mmnimenfi  loro,  per  uso 
degV  alunni  deW  elettoral  academia  délie 
belV  arti  di  Dresda  ;  Lips.,  1770,  in-4°  ;  traduc- 
tiorijallemande;  ibid.,  1771,|in-8°.      P.  Ch. 

Heinecken,  Dict.  des  Artistes.  —  Nagler,  Neues  All- 
gem.  KUnstler-Lexicon. 

'cAsAMOVA  (  Francesco  Saverio  dell4 
Valle,  marquis  de  ),  poète  italien,  né  le  13  mars 
1798.  Issu  d'une  ancienne  famille  de  Naples,  et 
fils  d'un  homme  connu  lui-même  comme  écri- 
vain, il  se  voua  de  bonne  heure  aux  travaux  de 
la  pensée  et  de  l'ima^nation  :  ses  œuvres  eu- 
rent du  succès  en  Italie.  Il  fut  lié  avec  le  com- 
positeur Donizetti.  On  a  de  lui  :  Claudina, 
|M)ëme  en  quatre  chants  ;  —  Ste/ano,  duca  di 
Napoli,  tragédie;  Naples,  183i;  —  Giovanna 
Prima,  tragédie  ;  —  Carlo  di  Durazzo,  tragédie. 

Tipaido,  Biografia  degli  Italiani  illustri,  III,  489. 

CASAREGïs  (Jean-Barthélemy-Stanislas  ) , 
poète  et  traducteur  italien,  né  à  Gênes  en  1676, 
mort  à  Florence  le  23  mars  1755.  Il  fit  ses  étu- 
des à  Rome  et  fut  admis  à  l'académie  arcadienne, 
dont  il  établit  depuis  une  colonie  à  Gênes.  Il  fut 
successivement  ministre  de  la  république  à  Pa- 
vie,  envoyé  près  du  saint-siége  et  du  grand-duc 
de  Toscane.  Cosme  III  le  nomma  professeur  de 
philosophie  morale  à  Florence.  On  a  de  lui  :  une 
traduction  italienne  en  vers  sciolti  du  poëme  de 
Sannazar,  de  Par  tu  Virginis;  —  Sonnetti  e 


949  CASAREGIS 

CuH:>oni;  1741,  10-8";  —  ^  Proverbi  del  re  Sa- 
lomone,  tradolti  in  ver  si  ioscani;  Florence, 
1741;  Verceil,  1774. 
Paltoiil,  Biblioth,.  degli  Uomini  aniichi  volgarizzati. 

*  CASAREGIS  (Jean-Baptiste  de),  traducteur 
italien,  natif  de  Florence,  vivait  vers  le  milieu 
au  dix-huitième  siècle.  On  a  de  lui  :  Avveni- 
menti  tra  Erone  e  Leandro,  poema  greco  di 
Mîiseo,rec.atoin  versi  italianisciolti, contesta 
jreco;  Florence,  1750,  in-4°.  L'auteur  ne  se  dé- 
signe sur  le  titre  que  par  les  initiales  G.  B.  C. 

AUcliiiig,  suppl.  à  JOclicr,  Altyem.  GelehHen-Lex. 
-  Pailoni,  Sibliotheca  degli  volgarizzatori,  II,  2i)3. 

'  C  A  sAREGis  (  Joseph-Laurent-Marie  ) ,  j  u- 
risconsulte  célèbre  de  l'Italie ,  né  à  Gênes  le  8 
îoût  1G70,  mort  à  Florence  le  9  août  1737;  il 
appartenait  à  la  classe  de  la  noblesse,  et  avait 
>tudié  le  droit  à  Pise  sous  un  juiisconsulte  dis- 
finjAué  nommé  Brandius  ;  il  l'enseigna  lui-même 
lans  sa  patrie  dès  l'âge  de  vingt  ans  ;  puis  il  de- 
vint successivement  auditeur  de  la  rote  de  Sienne 
3t  de  celle  de  Florence;  il  s'occupa  particulière- 
lucnt  du  droit  commercial,  dont  il  est  devenu 
.'une  des  principales  autorités.  Casaregis  était 
bourgeois  de  Paris ,  où  il  n'est  pas  probable 
cju'il  ait  jamais  mis  les  pieds;  il  tenait  ce  titre 
U  son  père,  à  qui  Louis  XJV  avait  uon-seule- 
inoiit  accordé  le  droit  de  cité  dans  sa  capitale, 
a-.ais  encore  conféré ,  par  lettres-patentes  du  1 1 
mai  1G61,  l'intendance  de  la  ville  d'Arras.  Valin, 
dans  la  préface  de  son  Commentaire  sur  l'Or- 
donnance de  la  marine  de  1681,  après  avoir  cité 
plusieurs  jurisconsultes  célèbres,  dit,  en  parlant 
de  Casaregis  :  «  Cet  auteur  est,  sans  contredit, 
le  meilleur  de  tous;  »  et  M.  Dupln,  dans  sa  Bl- 
bliGthbque  choisie  des  livres  de  droit,  s'ex- 
prime ainsi  :  «  Casaregis  est  l'écrivain  le  plus 
distingué  de  ceux  qui  ont  traité  les  matières 
commerciales.  «  Il  existe  deux  éditions  des  œu- 
vres de  Casaregis  intitulées  Discursus  légales 
de  commercio;  l'une,  en  3  vol.  in-fol.,  a  paru  à 
Florence,  de  1719  à  1729,  du  vivant  de  l'auteur, 
l'autre  à  Venise,  en  1740  (4  vol.  in-fol.  ) ,  sous 
les  auspices  de  son  frère,  l'abbé  Jean-Barthé- 
lemy  Casaregis ,  poète  distingué. 

A.  Taillandier. 

Dupin,  Bibliothèque  choisie  des  livres  de  droit.  —  Va- 
lin,  Pn^ace  de  VOrdonn.  de  la  Marine. 

^  *CASAROTTi  (  Flavio  ),  littérateur  italien,  né 
à  Vérone  en  1772,  mort  vers  1850.  A  seize  ans 
il  entra  dans  la  congrégation  des  Chierici  So- 
maschi,  et,  après  la  suppression  des  ordres  re- 
ligieux, il  fut  nommé  professeur  à  la  Faculté  des 
lettres  du  Lycée  de  Vérone,  puis  de  Milan.  Ses 
a-avres  antérieures  à  1810  n'ont  guère  d'impor- 
tance, sauf  son  poème  sur  la  Culture  du  riz-,  dont 
Gamba  et  Pindemonte  ont  fait  un  grand  éloge. 
Ses  autres  ouvi-àgcs  sont  :  Trattato  sopra  la 
natura  e  l'uso  dei  ditlonghi  italiani;  Padoue, 
1813,  et  Milan,  1824;  —  Poésie  Bihliche ,  re- 
cule in  versi  iteZiani;  Vérone,  1817; —  Ora- 
zione;  Côme,  1820  et  1826;  —  Orazione  suir 


—  CASAÏI 


950 


esequie  del  vescovo  Revelli;  Côrae,  1820;  Mi- 
lan, 1824;  —  Orazione  per  la  Visitazione  ; 
Côme,  1825;  —  Lode  di  san  Calimene,  vescovo 
di  Milano;  Milan,  1823;  Côme,  1827;  —  Lode 
di  santo  Abbondio;  Côme,  1827. 

Muzzarelll,  liioijraphies  autographes  {inédites). 

CASAS  (  Las  ).  Voy.  Las-Casas. 

*  CASAÏI  (Chérubin),  théologien  et  prédica- 
teur italien,  de  l'ordre  des  clercs  réguliers  de 
Saint-Paul ,  natif  de  Milan,  mort  en  janvier  1618. 
11  entra  en  1565  dans  cet  ordre,  dont  il  gouverna 
différents  collèges,  et  prêcha  avec  succès  dans  di- 
verses villes  de  l'Italie.  On  a  de  lui  :  il  Sim- 
bolo  apostolico  dichiarato  in  cento  discorsi  ; 
Milan,  1615,  3  vol.  iu-4°. 

Arfjelati,  Bibliotheca  Ulediolan.  —  Adelung,  Suppl.  à 
Jôcber,  Allgein.  Gelekrten-Lexicoii. 

CASATi  (  Christophe  ) ,  historien  et  juriscon- 
sulte italien,  né  à  Milan  en  1722,  mort  dans  la 
même  ville  en  1804.  Il  s'appliqua  dès  sa  jeunesse 
à  l'étude  de  la  jurisprudence,  et  surtout  à  celle 
de  l'histoire  et  des  vieilles  chartes.  Il  a  com- 
posé en  ce  genre  quelques  ouvrages  restés  ma- 
nuscrits. Le  seul  qu'il  ait  fait  imprimer  est  une 
dissertation  intitulée  :  dell'  Oi'igine  dette  au- 
guste case  d'A'Ustria  e  di  Lorena;  Milan,  1792, 
in-8°.  L'auteur  y  cherche  à  démontrer  qu'Éticon, 
premier  duc  de  l'Allemagne  inférieure,  fut  la 
véritable  souche  des  maisons  d'Autriche  et  de 
Lorraine,  et  que  cette  origine  est  commune  aux 
familles  des  princes  français  carlovingiens  et 
capétiens. 
Ersch  et  Gruber,  Allgeni.  Encyclopœdie. 

CASATI  (  Jérôme  ) ,  compositeur  italien,  vi- 
vait dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Il  fut  maître  de  chapelle  à  Mantoue,  et  publia 
plusieurs  œuvres  de  musique  religieuse.  On  a  de 
lui  :  Harmonie  cantiones,  1,  2,  3,  4  e^  5  vo- 
cibus,  cum  missa,  magnificat,  litaniis,  op.  3, 
mentioimés,  sans  date -ni  lieu  de  publication,  par 
Walther  ;  —  un  recueil  de  psaumes  et  de  vêpres, 
à  2,  3  et  4  voix 

Walther,  Mtisikal.  BiMiath. 

CASATI  (Paul),  théologien  et  mathématicien 
italien ,  de  l'ordre  des  jésuites ,  né  à  Plaisance 
en  1617,  mort  à  Parme  le  22  décembre  1707. 
Il  professa ,  h  Rome  et  dans  les  collèges  de  son 
ordre,  les  mathématiques  et  la  théologie,  puis  il 
fut  envoyé  par  le  général  de  la  compagnie  en 
Suède,  où  il  décida  la  reine  Christine  à  embras- 
ser la  religion  catholique.  A  son  l'etour,  il  gou- 
verna plusieurs  maisons  de  l'ordre,  et  fut  pendant 
trente  ans  à  la  tète  de  l'université  de  Parme.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  Vacuumproscriptum; 
Gênes,  1649;  —  de  Terra  machinis  mota; 
Rome,  1068,  in-4°;  —  la  Tromba  parlante; 
Parme,  1673;  — Mechanicorum  libri  octo; 
Lyon,  1 684,  in-4°  ;  —  Fabbrica  ed  uso  del  com- 
passo  di  proporzione;  Bologne,  1664  et  1668; 
—  de  Igné  dissertationes  ;  Venise  et  Parme , 
1686,  1695,  2  vcl.  in-4'>;  —  Hydrostaticas  Dis- 
sertationes ;  Parme,  1695;  —  de  Angelis  Dis- 
putaiio  theologica  ;  Plaisance,  1703  ;  —  Opticas 


951 


CASATI  —  CASAUBON 


9.5: 


disputationes  -yVàrme,  1705.  L'auteur  était  aveu- 
gle au  moment  où  il  écrivit  cet  ouvrage,  et  avait 
déjà  quatre-vingt-huit  ans. 

Nicéron,  Mémoires  I.  —  Mémoires  de  Trévoux. 

*  CASATI  (Gabrio  comte),  homme  d'Etat  ita- 
hen,  né  à  Milan  le  2  août  1798.  Issu  d'une  an- 
cienne famille  noble  de  la  Lombardie,  docteur  en 
droit  et  en  mathématiques,  il  fut  nommé  podestat 
de  Milan  en  1837,  fonctions  dont  il  s'acquitta  à 
la  complète  satisfaction  de  ses  concitoyens,  qui 
l'y  maintinrentconstamment  jusqu'en  1848.  Cefut 
par  ses  soins  et  par  sa  ténacité  patriotique  que 
le  gouverneur  autrichien  se  décida  à  donner  pour 
successeur  à  l'archevêque  allemand  de  Milan 
l'Italien  Romilli;  mais  depuis  le  8  septembre  1847, 
la  mésintelligence  étant  survenue  entre  la  popu- 
lation et  la  garnison,  il  n'y  eut  plus  un  seul  de  ses 
instants  qui  ne  fût  employé  à  intercéder  en  fa- 
veur de  ses  malheureux  compatriotes  placés  sous 
le  coup  des  représailles  de  la  police  autrichienne. 
En  1848,  il  intervint  puissamment  auprès  du 
maréchal  Radetzky  pour  faire  cesser  des  colli- 
sions devenues  trop  fréquentes  dans  les  rues  de 
Milan  et  qui  prenaient  tout  le  caractère  de  vé- 
ritables massacres. 

La  révolution  de  février  eut  son  contre-coup 
terrible  en  Italie,  et  fut  le  signal  de  luttes  sans 
fin.  Casati  obtint  la  création  d'une  garde  natio- 
nale ,  et  fut  nommé  membre  du  gouvernement 
provisoire.  Il  appelait  de  tous  ses  vœux  la  réunion 
de  la  Lombardie  au  Piémont  et  soutenait  la  cause 
patriotique  de  Charles-Albert,  malgré  une  oppo- 
sition très-vive  de  la  part  des  républicains  ;  il  fit 
partie  d'un  ministère  créé  par  le  chevaleresque 
roi  de  Sardaigne.  La  bataifie  de  Novarre,  ce  Wa- 
terloo de  l'idée  qui  passionne  l'Italie  depuis  des 
siècles ,  ruina  ses  espérances  et  lui  fit  abandon- 
ner les  affaires  pour  vivre  dans  la  retraite,  où  il 
prépare,  dit-on ,  de  grands  travaux  sur  la  révo- 
lution lombarde.  T.Albert    B. 

Moniteur  nniv.  —  Conversations-Lexicon. 

CASAUBON  (/saac),  théologien  calviniste  et 
savant  critique,  né  à  Genève  le  8  février  1559, 
mort  à  Londres  le  1er  juillet  1614.  La  famille 
de  Casaubon  était  française  et  s'était  réfu- 
giée à  Genève  pour  échapper  aux  persécutions 
dont  les  protestants  du  Dauphiné  étaient  alors 
l'objet.  Cependant  son  père  rentra  dans  sa  pa- 
trie, et  devint  ministre  de  la  religion  réformée 
à  Crest,  petite  ville  du  Dauphiné.  Il  se  chargea 
lui-même  de  l'éducation  du  jeune  Isaac,  qui,  sous 
un  tel  maître,  fit  de  rapides  progrès.  A  neuf  ans 
il  parlait  le  latin  avec  une  pureté  étonnante  ;  il 
en  avait  dix-neuf  lorsqu'il  fut  envoyé  à  Genève, 
pour  y  suivre  les  cours  de  l'université.  Il  y  étudia 
la  jurisprudence,  la  théologie  et  les  langues  orien- 
tales, fut  chargé,  en  1582,  de  remplacer  son 
maître,  F.  Portus,  dans  la  chaire  de  grec,  et  de- 
vint quelque  temps  après  le  gendre  de  Henri 
Eslienne  en  épousantFlorencc,  sa  fille  aînée,  aussi 
érudite  que  bonne  ménagère.  Il  s'en  était  épris  à 
l'occasion  de  la  dédicace  qu'il  avait  faite  à  II.  Es- 


tienne  d'une  édition  de  Théocri te  accompagnée  d 
commentaires.  Des  relations  d'amitié  s'étabhren 
dès  lors  entre  eux,  et  Casaubon  vint  mêmedemi^u 
rer  chez  H.  Estienne,  où  probablement  il  prit  par 
aux  travaux  de  l'imprimerie  ;  ce  qui  fit  dire  qui 
avait  été  prote  chez  H.  Estienne,  quoiqu'il  s'en  fié 
fende  dans  la  première  exercitation  contre  les  an 
nales  deBaronius.  Mais  le  caractère  inquiet  de  Ca 
saubon  et  la  bizarrerie  de  son  beau-père  lui  ayan; 
rendu  le  séjour  de  (îenève  désagréable,  il  accepta, 
à  Montpellier,  une  chaire  de  grec  et  de  belles-let- 
tres, qu'il  quitta  deux  ans  après,  pour  en  occupei 
une  semblable  au  collège  de  France,  oii  Henri  I\ 
venait  de  l'appeler  par  cette  lettre  : 

«  Monsieur  de  Casaubon,  ayant  délibéré  de 
«  remettre  sus  l'Université  de  Paris  et  d'y  attirei 
«  pour  cet  effet  le  plus  de  savants  personnages 
«  qu'il  me  sera  possible  ;  sachant  le  bruit  que  vous 
«  avez  d'êtreaujourd'hui  despremiers  decenom- 
«  bre,  je  me  suis  résolu  de  me  servir  de  vous  pour 
«  la  profession  des  bonnes  lettres  en  ladite  uni- 
«  versité  et  vous  ai  à  cette  fin  ordonné  tel  appoin- 
«  tement  que  je  m'assure  que  vous  vous  en  con- 
«  tenterez.  «  En  même  temps  le  roi  lui  mande 
«  qu'il  a  écrit  aux  conseils  de  Montpellier  pour  lui 
rendre  sa  liberté,  et  qu'à  son  arrivée  à  Paris,  il  lui 
en  dira  davantage.  »  Mais  la  bonne  volonté  du  roi 
fut  entravée  par  la  jalousie  d'un  professeur  et  le 
mauvais  vouloir  des  jésuites,  qui  firent  écrire  au 
roi  par  le  pape  des  représentations  pour  avoir  in- 
vesti de  si  hautes  fonctions  un  hérétique  obstiné. 
Quelques  années  après,  Henri  IV  lui  donna  la 
charge  de  garde  de  la  librairie ,  avec  quatre  cents 
livres  d'appointements,  somme  considérable  pour 
cette  époque,  et  le  nomma  l'un  des  commissaires 
à  la  conférence  de  Fontainebleau  entre  le  cardinal 
Duperron  et  Duplessis  Mornai.  Casaubon  y  opina 
contre  le  champion  du  protestantisme,  et  cette  ma- 
nifestation d'une  opinion  contraire  à  sa  religion 
le  rendit  suspect  à  son  parti  sans  lui  concilier  la 
bienveillance  des  catholiques,  dont  la  jalousie 
avait  toujours  cherché  à  lui  nuire.  Aussi,  malgré 
l'insistance  de  la  régente  à  le  retenu:,  s'empressa- 
t-il,  à  la  mort  de  Henri  FV,  d'accepter  l'offre  que 
le  chevalier  Wotton,  ambassadeur  extraordinaire 
de  Jacques  P"",  lui  fit  de  l'accompagner  en  An- 
gleterre. Il  fut  accueilli  avec  une  distinction  toute 
particulière  par  Jacques  T'',  prince  aussi  instruit 
qu'affable ,  avec  lequel  il  était  depuis  longtemps 
en  correspondance  lorsque  Jacques  n'était  que 
roi  d'Ecosse.  Almeloveen  rapporte  une  con- 
versation qui  eut  lieu  lors  de  la  présentation 
de  Casaubon;  elle  est  extraite  du  journal  de 
Casaubon.  «  Le  roi  dit  que  ceux-là  se  trora- 
«  peut  qui  font  de  Tacite  le  maître  de  la  sagesse 
«  politique;  et  comme  je  lui  disais  que  j'a- 
«  vais  exprimé  la  même  pensée  un  an  aupara- 
«  vaut,  dans  ma  préface  de  Polybe,  il  me  ré- 
«  pondit  qu'il  ne  se  réjouissait  pas  médiocrement 
«  de  voir  que  je  pensais  comme  lui.  Dans  Plu- 
«  tarque,  il  critiqua  l'injustice  de  cet  historien 
»  envers  Jules  César;  dans  Commines,  lalégè- 


953 


CASAUBON 


954 


«  rcté  de  sCs  jugements  et  la  malignité  qui  perce 
«  dans  ses  éloges  des  Anglais.  Que  dirai-je  de 
«  plus  ?  Trois  jours  après ,  mandé  par  le  roi ,  je 
«  passai  encore  plusieurs  heures  avec  lui.  C'est 
«  merveille  que  la  bonté ,  la  science  et  la  piété  do 
«  ce  prince!  Il  veut  que  je  sois  à  lui,  attachée 
«  sa  propre  personne.  Mais,  moi  qui  me  reconnais 
«  indigne  d'un  si  grand  honneur,  je  m'en  repose 
«  à  cet  égard  sur  la  Providence ,  ô  mon  Dieu  !  et 
«  te  supplie  d'arranger  cette  affaire  entre  ce  divin 
«  roi  et  la  reine  de  France,  envers  laquelle  je  suis 
«  lié  (1).  »  Jacques  négocia  diplomatiquement 
auprès  de  Marie  de  Médicis  le  congé  absolu  de 
Casaubon;  il  l'obtint;  mais  dans  l'espoir  de  con- 
server Gasaubon  à  la  France,  Marie  de  Médicis  ne 
voulut  point  consentir  à  ce  qu'il  fît  venir  en  An- 
gleterre les  livres  déposés  chez  de  Thou.  Tout  ce 
qu'elle  accorda  à  la  demande  de  de  Thou,  ce  fut 
de  lever  la  défense  pour  quelques-uns  de  ceux  qui 
étaient  le  plus  utiles  à  Casaubon.  Jacques  fit  de  Ca- 
saubon son  alter  ego  dans  ses  disputes  théologi- 
ques, où  il  flottait  entre  le  catholicisme  et  le  protes- 
tantisme. Le  premier  appel  qu'il  fit  à  la  plume  de 
Casaubon  fut  pour  répondre  à  l'Apologétique  de 
la  compagnie  de  Jésus ,  écrite  en  français  par  le 
P.  Cotton.  Casaubon  adressa  cette  réponse  à 
Fronton  du  Duc  ;  en  voici  le  titre  :  [s.  Casauboni 
epistola  ad  Frontonem  Ducaeum,  de  Apologia 
qusc,  communi  jesuitarum  nomine,  ante  ali- 
quot  menses  Parisiis  édita  est.  «  L'auteur  y 
«  entre  dans  les  plus  grands  détails  sur  les  re- 
«  proches  qu'on  adressait  alors  aux  jésuites ,  sur 
«  leurs  intrigues ,  leurs  libelles ,  leurs  attentats 
«  à  la  morale,  à  la  religion,  aux  individus,  enfin 
«  sur  tout  ce  qui  faisait  des  jésuites ,  à  la  veille 
«  des  guerres  civiles  alors  près  de  se  rallumer, 
«  un  objet  à  la  fois  de  crainte  et  d'horreur.  Il 
«  touche  en  passant,  et  pour  la  justifier,  l'exé- 
«  cution  des  jésuites  Garnett  et  Oldcorn,  pendus 
«  à  Londres  en  1606  pour  avoir,  ayant  connu  la 
«  conspiration  des  poudres ,  négligé  de  la  révé- 
«  1er. . .  Quelque  modéré  que  soit  le  ton  général 
«  de  cette  lettre ,  elle  ne  laisse  pas  d'être  très- 
«  forte,  très-piquante.  Cette  modération  était  de 
«  bon  goût,  puisque  Casaubon  écrivait  à  un  jé- 
«  suite  qui  était  son  ami  (2).  »  Jacques,  ravi  de 
cette  lettre,  récompensa  royalement  Casaubon,  et 
la  relisait  souvent.  Elle  fut  imprimée  par  ordre 
du  roi  en  1611.  Casaubon,  qui  avait  encore  à  Pa- 
ris sa  femme  et  ses  enfants,  eût  désiré  qu'elle 
restât  manuscrite.  Fronton  du  Duc  se  contenta 
de  dire  que  Casaubon  l'avait  écrite  malgré  lu  i  et 
en  cédant  aux  obsessions  du  roi  ;  mais  à  Londres 
les  puritains  se  déchaînèrent  contre  lui  :  Eude- 
non-Jean  et  Scioppius  se  répandirent  en  injures 
et  en  calomnies.il  fut  gratifié  de  deux  prébendes, 
l'une  à  Cantorbéry,  l'auti-e  à  Westminster,  avec 
une  pension  de  six  cents  livres  sterling.  Son  corps 
repose  sous  les  voûtes  de  Westminster. 

(1)  f-^ie  de  Casaubon,  p.  63,  trad.  par  M.  Ch.  Nisard. 
(S)  Charles  Nisard,  Le  triumvirat  littéraire  au  sei- 
rlèrae  siècle,  p.  430. 


Casaubon  fut  un  théologien  tolérant  et  paci- 
fique, un  savant  du  premier  ordre,  un  traduc- 
teur habile  et  un  savant  critique.  Les  érudits 
les  plus  distingués  de  son  temps,  Pierre  Pithou, 
de  Thou,  Heinsius,  Grœvius,  Gronovius,  lui  ont 
rendu  ce  témoignage ,  et  la  postérité  n'en  a  point 
appelé  de  ce  jugement.  Dans  sa  correspondance , 
Scaliger,  pour  lequel  Casaubon  professait  une  sorte 
de  culte,  loue  son  profond  savoir,  et,  chose  rare  à 
cette  époque,  jamais  l'envie  ne  troubla  la  sérénité 
de  son  âme.  Nous  mentionnerons  ici  brièvement 
les  plus  importants  de  ses  travaux  :  il  publia  suc- 
cessivement :  inDiogenem  Laertium  notce;i583, 
in-8°;  ces  notes,  sur  le  frontispice  desquelles, 
ainsi  que  sur  celui  de  son  commentaire  surThéo- 
crite,  Casaubon  avait  pris  le  nom  d!Hortibonus, 
ont  été  réimprimées  depuis  dans  le  Diogène  de 
Henri  Etienne,  de  1594;  —  Polyxni  stratage- 
mata,  gr.  et  lut.,  cum  nofis;  Lyon,  1589,in-12  ; 
édition  princeps  de  cet  auteur  ; —  Aristotelis  ope- 
ra,gr.  etlat. ;Lyon,  1590,  in-fol.,  avec  notes  mar- 
ginales; édition  plusieurs  fois  réimprimée;  — Théo- 
phrasti  caractères,  gr.  et  lat.  ;  l'une  des  meil- 
leures éditions  publiées  par  Casaubon;  — Sueto- 
nii  opéra  cum  animadversionibus  ;  Paris,  1606, 
in-4°  :  le  commentaire  dont  cette  édition  de  Sué- 
tone est  accompagnée,  eut  le  plus  grand  succès, 
et  fut  plusieurs  fois  réimprimé  ;  — Persii  satyres 
cum  comment.,  Paris,  1605,  in-S".  Scaliger  a 
dit  de  ce  livre  que  <c  la  sauce  y  valait  mieux 
que  le  poisson  ;  »  et  en  effet  le  commentaire , 
qui  en  forme  la  partie  la  plus  considérable,  est 
une  mine  inépuisable  d'érudition.  M.  Diibner  a 
donné,  en  1833,  une  nouvelle  édition  de  cet  ex- 
cellent livre,  avec  d'importantes  additions  (Leip- 
zig, in-8°).  On  fait  également  cas  des  travaux 
de  Casaubon  sur  Théocrite,  Strabon,  Denys 
d' Halicarnasse ,  Dicéarque,  Pline  le  Jeune, 
Apulée,  Historia  Augusta,  Athénée,  Dion 
Chrysosfome,  saint  Grégoire  de  Nysse,  Syné- 
sius ,  Etienne  de  Byzance  et  Polybe ,  que 
malheureusement  il  laissa  inachevés.  On  peut  ju- 
ger par  le  premier  livre  que  nous  en  avons  de  ce 
qu'eût  été  ce  travail.  Il  avait  aussi  commencé  un 
commentaire  sur  Eschyle.  Son  commentaire  sur 
Athénée  et  son  édition  de  Strabon  sont  particu- 
lièrement estimés  comme  des  chefs-d'œuvre  d'é- 
rudition. Parmi  ses  autres  ouvi-ages,  nous  devons 
encore  mentionner  ses  dissertations  sur  la  poésie 
satirique  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  ;  ses 
Exercitationes  in  Baronium,  où  il  relève  les 
erreurs  commises  par  ce  savant  cardinal;  son 
traité  de  Libertate  ecclesiastica ,  commencé 
et  interrompu  par  ordre  de  Henri  IV  et  publié 
seulement  en  partie,  qui  avait  pour  objet,  ainsi  que 
sa  Lettre  à  Fronton  du  Duc ,  de  combattre  les 
doctrines  des  jésuites  sur  l'autorité  des  rois,  et 
enfin  le  Recueil  de  ses  lettres,  dont  la  meilleure 
édition  a  été  publiée  à  Rotterdam,  en  1709,  in-fol, 
par  Jansson  d'Almeloveen.  Wolf  a  donné  à  Ham- 
bom'g,  en  1710,  un  Casauboniana,  in-4°. 

Almeloveen,  F'ie  de  Casaubon.  —  Senebier,  Histoire 


995 


CASAUBON  -  CASCELLIUS 


littéraire  de  Genève,  t.  II,  —  Ch.  Nisard,  le  Triumvirat 
littéraire,  Juste-Lipse,  Scaliger  et  Casaubon;  1851,  ln-8°. 
—  Nicéron,  Mémoires.  —  Pope  B\oant,  Censura  cele- 
brium  auctorum.  —  Acta  eruditorum  latina.  —  Sainte- 
Marthe,  Gallia,  christiana.  —  Sax,  Onomast.  lilerar., 
IV,  65.  —  Le  Clerc,  Bibl,  choisie,  t.  XIX. 

CASAUBON  (Méric),  théologien  calviniste  et 
critique  suisse,  fils  du  précédent ,  né  à  Genève 
le  14  août  1599,  mort  le  14  juillet  1671.  Il  com- 
mença ses  études  à  l'Académie  protestante  de 
Sedan ,  puis  se  rendit  avec  son  père  en  Angle- 
terre, où  il  se  fixa,  se  fit  remarquer,  sous  le 
protectorat  de  Cromwel,  par  son  attachement  aux 
Stuarts,  et  mourut,  curé  deBledon,  dans  le 
comté  de  Sommerset,  prébendier  de  Cantorbéry 
et  recteur  d'Icitam. 

Méric  Casaubon  suivit ,  comme  son  père ,  la 
carrière  de  l'érudition,  et  il  fut  également  l'un 
des  critiques  les  plus  distingués  de  son  époque. 
Ses  notes  sur  Térence,  Épictète,  Hiéroclès , 
Florus,  Diogène  Laërce  et  surtout  son  com- 
mentaire sur  les  Réflexions  morales  de  Marc- 
Aurèle  sont  estimés  des  savants.  Ses  autres 
ouvrages  ont  eu  aussi  beaucoup  de  succès;  nous 
n'en  citerons  que  les  deux  suivants,  qu'il  publia 
par  un  motif  de  piété  filiale  :  Pietas  contramale- 
dicospatrii  nominis  efreligionis  hostes;  Lon- 
dres, 1651,  in-S";  —  Yindicatio  patris  adversus 
impostores;  1624,  in-S".  On  trouve  dans  le  pre- 
mier la  liste  de  tous  les  ouvrages  imprimés  ou 
manuscrits  d'Isaac  Casaubon. 

Senebier,  fiist.  Htt.  de  Genève.  -  Nicéron,  Mémoires. 
—  Acta  eruditorum  latina.  —  Wood,  Athenœ  oxo- 
nienses.  —  I,e  Bas,  Dict.  encyclop.  de  la  France. 

*CASAUXou  CALSAULX  (^Charles),  consul 
de  Marseille,  mort  en  1596.  Il  acquit  une  triste 
célébrité  par  sa  conduite  lors  de  l'avènement  de 
Henri  IV.  Il  offrit  alors  à  Philippe  II  de  livrer 
Marseille  en  faisant  remarquer  à  ce  prince  l'im- 
portance de  la  possession  de  cette  place  et  en 
demandant  l'assistance  de  douze  galères,  sous  le 
commandement  de  Doria,  en  même  temps  qu'un 
subside.  Philippe  n'eut  garde  de  refuser,  et  Ca- 
saux  obtint  l'envoi  des  galères  et  de  la  somme 
demandée;  mais  un  habitant  nommé  Libertat, 
Corse  d'origine,  introduisit  le  duc  de  Guise  par 
une  porte  confiée  à  sa  garde,  et  tua  de  sa  propre 
main  le  traître  Casaux. 

Sismontli,  Histoire  des  Français,  XXI.  —  Pli.SLe  Bas, 
JJict.  encyclop.  de  la  France.  {—Univers  pittoresqice. 

CASAUX  (Charles,  marquis  de),  agronome  et 
publiciste  français,  mort  à  Londres  en  1796. 
Propriétaire  à  l'île  de  Grenade ,  il  devint  sujet 
des  Anglais  par  la  cession  qui  leur  fut  faite  de 
cette  colonie  en  1763,  et  s'occupa  beaucoup  de 
a  culture  de  la  canne  à  sucre  et  d'autres  détails 
agricoles.  De  retour  en  France,  il  habita  Paris 
de  1788  à  1791,  et  passa  à  Londres  après  la  jour- 
née du  10  août  1792.  On  a  de  lui  :  Système  de 
la  petite  culture  des  cannes  à  .'sucre;  Lon- 
dres, 1779,  in-4°.  On  trouve  cet  ouvrage  dans  le 
t.  LXIX  des  Irons,  philos,  et  à  la  suite  du  Traité 
du  .SMcre,  par  Lcbrcton;  Paris,  1789,  in- 12. 
L'auteur  en  publia  une  nouvelle  édit.  très-aug- 


9.3 

mentée,  sous  le  titre  A' Essai  sur  l'art  de  c 
tiver  la  canne  et  d'en  extraire  le  sucre  il 
ris,  1781,  in-8°  ;  —  Considérations  .sur  qa 
ques parties  du  mécanisme  des  Sociétés;  Le 
dres,  1785,  1788,  in-8°.  Outre  quelques  opuFf 
les  publiés  pendant  la  révolution,  Casaux  a  enc 
enrichi  de  notes  la  traduction  française  du  Voyi^j 
d'Arthur  Young  en  France  ;  Paris,  1793,  3  ,   i 
in-8". 

Quérard,  la  France  littéraire.  —  Feller  ,  Dict.  his. 
—  Dict.  de  l'Ècon.  polit. 

CASBOis  (dom  Nicolas  ),  mathématicien  t 
physicien  français,  né  dans  le  département  de  1. 
Meuse,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui 
tième  siècle.  Il  fut  successivement  prieur  de  l'ab 
baye  de  Beaulieu,  de  celle  de  Saint-Symphoriei 
de  Metz,  président  de  la  congrégation  de  Sa'^nt 
Vanne,  enseigna  longtemps  à  Metz  les  bêles 
lettres,  les  mathématiques  et  la  physique-  e 
mourut  pendant  l'émigi-ation.  Outre  plu  si'  -, 
mémoires  sui'  les  hygromètres  et  les  aéromètre; 
de  sa  composition,  sur  les  principes  physiqne. 
des  affinités  chimiques,  mémoires  insérés  dan; 
le  Dictionnaire  encyclopédique,  t.  XVU,  A^i 
\e.  Journal  encyclopédique  (1765, 1777)  et  df- 
les  Affiches  des  évêchés  de  Lorraine  (178i 
1784),  on  a  de  lui:  Opuscula  elementaria  < 
probatissimis  Scriptoribus  latinis  excerpla. 
Metz,  1779,  2  vol.  in-8°;  —  Cours  de  mxithé- 
matiques  à  l'usage  du  collège  de  Metz;  Ma.. 
1774,  2  vol.  in-8°.  Casbois  est  le  véritable  in- 
venteur de  la  méthode  dite  de  mademoiselk 
Gervais  pour  la  fabrication  du  vin.  La  preuve 
en  existe  dans  le  Journal  de  la  Province,  im- 
primé à  Metz  en  1782,  n°  32. 

Tessier,  Essai  sur  la  typographie,  p.  161-163.—  Qué- 
rard, France  littéraire. 

CASCAi,ÈS  (François),  historien  espagnol 
natif  de  Murcie,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle.  Il  professa  dans  sa  ville 
natale  la  grammaire  et  la  rhétorique.  On  a  de  lui  : 
Discurso  historico  de  la  ciudad  de  Carta- 
gena  ;\Silence,  1598,in-8°;  —  Tablas  poetica  s  ; 
Murcie,  1617,  in-8°;  Madrid,  1779,  2  vol.  in-8°; 
—  Ars  Horatii in methodumreducta /Valence, 
1659  ;  —  Diseur  SOS  historicos  de  la  muy  noble 
y  muy  real  ciudad  de  Murcia  y  su  reyno  ;  Mur- 
cie, 1624,  in-fol.  ;  ouvrage  imprimé  avec  le  Dis- 
curso de  Cartagena;  ibid,,  1775,  in-fol. ;  — 
Carias  philologicas  es  a  saber  de  tétras  hu- 
manas  y  varia  erudicion;  ibid.,  1634,  in-4°;  — 
Nouvelles  observations  grammaticales. 

Antonio,  Bibliotheca  Hispana  nova. 

*CASCELLîUS  {Aulus),  célèbre  jurisconsulte 
romain,  vivait  au  commencement  du  premier 
siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Contemporain  de 
Trebutius,  il  surpassa  celui-ci  en  éloquence,  si- 
non dans  la  science  des  lois.  Selon  Pline  l'Ancien, 
il  fut  disciple  de  Volcatius.  On  trouve  dans  le  Di- 
geste, d'après  le  manuscrit  florentin,  cette  men- 
tion de  Pomponius  :  Fuit  Cascellius ,  Mucius 
Volusri  auditor  :  deniqiie  in  illius  honorem 
testamento  P.  Muciîcm  nepotem  ejus  reliquit 


957  CASCELLIUS 

hcredetn.  Cascellius  fut  un  républicain  sin- 
cère :  il  manifesta  avec  une  extrême  liberté  son 
opposilion  à  l'avènement  de  César.  Ni  la  crainte 
ni  l'ambition  ne  purent  le  déterminer  à  donner 
une  fornie  légale  à  ces  donations  au  moyen  des- 
quelles les  triumvirs  pensaient  régulariser  les 
spoliations  dont  ils  se  rendaient  coupables.  Sous 
Auguste,  il  refusa  le  consulat  qui  lui  était  offert. 
Il  est  souvent  cité  au  Digeste,  smtout  par  Gavo- 
lenus.  Sa  conversation  était  pleine  de  sel  et  de 
finesse.  Quelques-unes  de  ses  réparties  nous  ont 
été  transmises.  Telle  est  la  réponse  qu'il  fit  sur  le 
sens  qu'il  convenait  d'appliquer  à  la  défense  de 
jeter  dans  le  cirque  autre  chose  que  des  fruits  , 
défense  amenée  à  la  suite  de  l'insulte  dont  avait 
été  l'objet  un  certain  Vatinius  fort  peu  aimé  à 
r  )me  et  qui  avait  été  reçu  à  coup  de  pierres  à  un 
s'-ectacle  de  gladiateurs.  Les  termes  de  l'écrit 

rtaient  :  Ne  quis  in  arenam  nisi  poimcm 
't.itteret.  Or,  on  demandait  à  Cascellius  si  une 
ftux  pinea  enti'ait  dans  la  prescription  de  l'édit. 
Si  in  Vatinium  missîtnis  es,  répondit-il,  po- 
iniin  est.  Les  vers  suivants  d'Horace  rendent 

stice  au  mérite  de  Cascellius  : 

.  .   .  Nec  scit  quantum  Cascellius  Aulus 
Et  tamen  in  pretio  est.  (  Art  poétique.  ) 

Ce  jurisconsulte  a  sans  doute  donné  son  nom 
au  Cascellianum  ou  secutorium  judiclum. 
Au  rapport  de  Cicéron  et  de  Valère-Ma\ime, 
c'est  à  Cascellius  que  l'augure  et  jurisconsulte 
Q.  Mucius  Scœvola  renvoyait  lorsqu'il  était 
consulté  sur  le  Jiis  prœcUatorium.  Mais  comme 
les  passages  du  Digeste  oiî  il  est  question  de 
Cascellius  ne  font  pas  mention  de  lui  à  l'occasion 
de  la  loi  Prœdiatoria,  il  est  probable  que  c'était 
de  son  père  qu'il  s'agissait.  On  connaissait  de 
Cascellius,  au  temps  de  Pomponius,  un  ouvrage 
intitulé  :  Benedictorum  liber. 

Âmraien  Marcellin,  XXXVl.  —  Rutilus,  Vitœ  juriscon- 
stiltoritm,  36.  —  Heineccius,  Hist.  juris  romani.  —  Ho- 
race, y<^>'s  poet.,  371-372.  -  Caius,Mst.,ilV,  i66,  169.  —  Ci- 
céron,  Pro  Balbo,  20.  —  Valère-Maxlme,  VIII,  12,  §  i.  — 
Quintilien,  VI,  3.  —  Grotius,  Vitse  jurisc.  —  Bynkcrsœk, 
Prxtermissa  ad  Pomponium  —  Edelmann;  de  Eencdi- 
clis  A.  CasceUii;  Leipzig,  1803,  in-4°.  —  Lagemens,  Dis- 
sertatio  historico-juridica  de  J.  Cascellio;  Leyde, 
1823,  in-S". 

CASE  {Pierre  de),  théologien  français,  de 
l'ordre  des  carmes ,  né  à  Limoges  au  commen- 
cement du  quatorzième  siècle,  mort  en  1348. 
Pierre  de  Case,  dont  le  véritabte  nom  était  Des- 
muisons,  remplit  successivement  les  principa- 
les charges  de  son  ordre,  et  en  fut  élu  général 
en  1330.  Après  avoir  été  l'un  des  commissaires 
assemblés  à  Vincennes  en  1338  pour  examiner 
l'opinion  du  pape  Jean  XXn  sur  la  Vision  héa- 
tifique,  il  fut  d'abord  nommé  par  Clément  VI 
patriarche  titulaire  de  Jérusalem,  puis  adminis- 
trateur du  diocèse  de  Vaison.  Il  composa  quatre 
livres  sur  le  Maître  des  sentences,  Aes,  Sermons 
et  desCojnme'ntaires  sur  la  Politique  d'Aris- 
tote. 

Trithèrae,  de  Firis  ithistr.  —  D'Achery,  Spicilègc.  — 
EUies-Dupln.  Biblioth.  des  Auteurs  ecclésiastiques.  — 
Vilrac,  Feuille  Jiebdomad. 


—  CASELIUS 


958 


CASE  (Jean),  dialecticien  anglais,  natif  do 
Woodstock,  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle.  Il  fut  d'abord  professeur  à  l'u- 
niversité d'Oxford  ;  mais,  soupçonné  de  conser- 
ver de  l'attachement  à  la  foi  catholique,  il  per- 
dit tous  ses  emplois.  Comme  il  avait  la  réputa- 
tion d'un  maître  habile,  on  lui  permit  cependant 
d'ouvi'ir  une  école  de  philosophie,  que  fréquen- 
tèrent surtout  les  catholiques.  Case  mourutdans 
la  foi  catholique.  Outre  des  Commentaires  sur 
divers  traités  d'Aristote,  souvent  réimprimés,  on 
a  de  lui  :  Apologia  musices,  etc.;  Oxford,  1588, 
in-8";  — Rejlexus  speculi  moraiis;ibid.,159G, 
in-8°;  —  Thésaurus  Œconomix,  etc.;  ibid., 
1597,  in-S". 
Wood,  Athenœ  oxonienses. 

CASE  (  Jean  ),  médecin  et  astrologue  anglais, 
né  à  Line  Régis  dans  le  Dorsetsbire,  vivait  'dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  On  le 
regarde  en  astrologie  comme  le  successeur  de 
Lilly,  dont  il  possédait  tous  les  appareils.  D'ailleurs 
il  fit  de  bonnes  affaires  avec  ses  jongleries  astro- 
logiques. En  fait  de  médecine,  il  s'est  constitué 
le  défenseur  de  l'opinion  de  Harvey  et  du 
D""  Graaf  sur  le  génération  des  hommes  par  les 
œufs.  On  a  de  lui  :  Cotnpendium  anatomicum 
novo methodo  institutîcm -yLondres  1694,  in-12; 
Amsterdam,  1695 et  1696,  in-12;  —  The  an- 
gelical  guide,  shewing  man  and  women  their 
lot  and  chance  in  this  elementary  Life;  1697, 
in-8°  ;  c'est  peut-être  le  livre  le  plus  obscur  qui 
ait  jamais  été  écrit  sur  l'astrologie. 

Granger,  Biographi/,  IV,  327;—Adeiung,  Supplément  à 
Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lexicon. 

CASE  LEVACHER.  Yoy.  LeVACHER. 

CASEARius  {Jean),  botaniste  hollandais, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle  ;  il  résida  à  Cochin  en  qualité  de  mission- 
naire, et  coopéra  à  l'ouvrage  publié  par  Rheede 
VanDrakenstein  sous  letitre  d'Hortus  Malaba- 
ricus,  en  13  vol.  in-fol.,  avec  fig.  C'est  lui  qui  a 
tracé  le  plan  de  cet  ouvi-age,  décrit  les  plantes 
et  rédigé  le  texte  des  deux  premiers  volumes. 
On  a  donné  le  nom  de  Casearia  à  un  genre  de 
plantes  observé  en  Amérique. 

Jôcher,  Allgem.  Gelehrten-Lex. 

EASEMcs  {Jean  Chessel,  plus  connu  sous  le 
naun  de),  littérateur  et  philologue  allemand,  né 
en  1533  à  Gœttingue,  mort  à  Helmstaedt  le 
9 avril  1613.  H  fit  en  Italie  deux  voyages,  l'un 
en  1560  et  l'autre  en  1566.  Après  avoir  été  suc- 
cessivement professeur  de  philosophie  et  d'élo- 
quence à  Rostock  et  précepteur  du  fils  de  Jean 
Albert,  duc  de  Mecklembourg,  il  obtint  une 
chaire  de  philosophie  dans  l'université  d'Helm- 
stsedt.  Il  combattit  vivement  Daniel  Hoffraan, 
dont  les  doctrines  tendaient  à  mettre  la  philoso- 
pliie  en  contradiction  avec  la  théologie.  Les  ou- 
vrages de  Caselius  sont  très-nombreux.  Nous  ne 
citerons  que  les  suivants:  Opus  epistolicum 
exhibens  J.  Caselii  epistolas ,  etc.;  Francfort, 
1687,  in-8°;  c'est  un  recueil  d'une  partie  de  ses 


959 


GASELÎUS 


lettres,  fait  et  publié  par  Just  de  Draufeld  ;  — 
un  [Recueil  de  poésies  grecques  et  latines; 
Hambourg,  1624,  in-§°  ;  —  des  traductions  de 
YAgésilas'et  de  la  Cyropédie  de  Xénophon,  du 
traité  de  Maxime  de  Tyr,  de  l'Adulation,  etc., 
des  notes  sur  le  tableau  de  Cébès  et  le  Manuel 
d'Épictète. 

Heidmann,  Oratio  in  funere  J.  Caselii.  —  Witte,  Dia- 
rium  bioyraphicum.  —  Heinreich,  Pandeeta  bran- 
dcnburgicœ.  —  Adam,  P^iix  Eruditorum.  —  Acta  eru- 
ditorum  latina. 

CASELLA  (Pie/Te-Zeon),biàtorien,  antiquaire 
et  poète  italien,  natif  d'Aquila,  vivait  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle.  Il  écrivit  en 
latin.  On  a  de  lui  :  de  primis  Italige  Colonis  ; 
Lyon,  1606,  in-8"  ;  inséré  dans  le  F*"  vol.  du 
Recueil  des  historiens  d'Italie  par  Grœvius  et 
Burmann.  A  l'édition  de  Lyon  se  trouvent  joints 
un  Traité  sur  l'origine  des  Toscans  et  de  la  ré- 
publique de  Florence,  des  Éloges  de  quelques 
artistes  célèbres  et  un  recueil  d'épigrammes 
et  d'inscriptions. 

To^^X,  Bibliolh.  Napoletana.  —  Tiraboschi,  Storia 
viispletterutura  italiana. 

*  CASELLi  (  Charles-François  ),  cardinal  et 
évêque  de  Parme,  né  à  Alexandrie  le  20  octo- 
bre 1740,  mort  le  19  avril  1828.  Entré  dans  l'or- 
dre des  servîtes ,  il  en  devint  procureur  général, 


■ CASELLES  mi 

puis  consulteur  delà  Congrégation  des  Rites.  ] 
fut  un  des  signataires  du  concordat  en  1801 
Élevé  à  la  dignité  d'évêque  de  Sicla  inpard- 
bus  par  Pie  VIT,  ce  pontife,  qui  l'avait  réservé 
in  petto  dans  une  promotion  de  cardinaux  qui 
eut  lieu  le  23  février  1801,  le  déclara  dans  le 
consistoire  du  9  août  1802,  et  le  nomma  évê- 
que de  Parme  le  28  mai  1804.  Mgr.  CascUi  ac- 
compagna Pie  VII  dans  son  voyage  à  Paris.  L'é- 
tat de  Parme  ayant  été  réuni  à  l'empire  français, 
on  obligea  le  cardinal  Caselii  d'assister  au  ma- 
riage de  Napoléon  avec  l'archiduchesse  Marie- 
Louise.  En  1811,  il  siégea  au  concile  de  Paris, 
dans  lequel  il  fit  partie  de  la  commission  de  l'a- 
dresse ;  la  chute  de  Napoléon  lui  ayant  rendu  la 
liberté,  il  retourna  à  son  siège,  et  se  trouva  sujet 
de  l'archiduchesse  Marie-Louise,  qui  lui  conféra 
les  fonctions  de  conseiller  intime  et  le  titre  de 
membre  de  l'ordre  de  Saint-Georges.  En  1823, 
il  se  rendit  à  Rome,  et  entra  au  conclave  qui  eut 
lieu  pour  l'élection  du  nouveau  pontife.      A.  R. 

Ami  de  la  Religion. 

*CA.SE.i,i.v.s (Etienne),  généalogiste  espagnol, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  :  Arbor  genealogico-lnslc- 
rico  de  la  Case  y  Familia  de  los  Dongues  de 
Bournonville  ;  Barcelone,  1680,  in-fol. 

Antonio,  Bibl.  Hisp.  nova. 


FIN  DU   HUITIEME  TOLUME. 


ERRATA. 

Dans  le  Tome  VI,  col.  461,  lig.  17,  au  lieu  de  Caperonnier,  lisez  Van  Pract  ;  ibid.,  lig.  21,  au 
lieu  de  du  baron  Silvestre  de  Sacy,  lisez  de  l'honorable  Daiinoii. 


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