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in 2010 with funding from
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NOUVELLE
BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
DEPUIS
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS.
TOME HUITIÈME.
Cabacius. — Caselles.
^^^HjjAi. "^prgift.y .^
XY. l J^"^^^ 0. §
PARIS — tyi'(»(;rapjiif. r)K fiumin niDOT ri(i;iu;s, iuik jax'.oh, hfi.
NOUVELLE
BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS,
AVEC LES RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
KT l'indication DES SODHCKS A CONSrLÏEB;
Pli «LIEE PAR
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1 1 I (
Mil. FIBliM DIDOT FRERES,
sous LA OIllKCTION
Di: M. LK D' HOKFKR
^omc i^wi^i^"^'^-
PARIS,
FIKMIIN DIDOT FRERES, ÉDITEURS,
IM PRIAI KIIRS-LIOHAUIES DK l'iNSTITUT DK KHANCK,
HUE JACOB, y(i.
1854.
NOUVELLE
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
mus m TEMPS LES Plus RËOIliS JUSQU'A «os JOURS.
Les articles précédés d'un astérisque [*] ne se trouvent pas dans la dernière édition
de la Biographie Universelle, et sont aussi omis dans le Supplément.
Les articles précédés de deux astérisques [*] concernent les hommes encore vivants.
G
CAAB. Voy. Kaab.
* cABACi vs KALLUs ( ManiUîis ) , poëte la-
tin moderne, né à Sparte, d'une famille noble qui
se distingua par une longue résistance contre
l'oppression des Turcs, vivait dans la première
moitié du seizième siècle. Il se réfugia, avec ses
parents, en Italie, où il eut pour protecteur le
cardinal Jules de Médicis. Il était déjà avancé en
ûge lorsqu'il publia Juvéniles ingenii lusus;
Naples, 1520, in-4°.
Catalogue de la Bibl. imp.
CABADES ou KAVADÈS OU KOBAD, roi de
Perse, vivaitdans la seconde moitié du cinquième
siècle. Il succéda à son oncle en l'an 485, sou-
mit les Ephthalites qui avaient envahi la Perse ,
changea la constitution du royaume au point
qu'il permit, dit-on, la communauté des fem-
mes, ce qui n'était pour lui qu'un prétexte d'as-
souvir toutes ses passions; enfin, il abolit les
prérogatives de la noblesse. Celle-ci se révolta.
Après onze ans de règne, Cabadès fut jeté dans
une -tour, et Zamasphès, frère de Pérozès, fut
élu à sa place. Comme on délibérait en pré-
sence du nouveau roi sur le traitement que l'on
réserverait à Cabadès, et que les membres de l'as-
semblée répugnaient à ôter la vie à leur ancien
souverain, un grand seigneur appelé Gusanas-
tadès, qui était chamarange ou général des
troupes placées sur la frontière des Ephthalites,
prit un de ces couteaux dont les Perses se ser-
vent' pour rogner leurs ongles, et dit : « Ce cou-
teau suffirait pour arranger l'affaire sur laquelle
nous délibérons ; mais, si vous différez, vingt mille
hommes parfaitement armés ne pouiTont pas
en venir à bout. » Ce conseil homicide ne pré-
valut point. On décida que Cabadès serait incar-
céré dans le château de l'Oubli, ainsi appelé
parce que tout s'y devait oublier, jusqu'au nom
VOV\. BIOQR. UNIVERS. — T. VIII.
du prisonnier. Pendant que le successeur de Ca-
badès s'occupait à réparer les fautes de son pré-
décesseur, celui-ci parvint à 3'évader. Ayant
appris que sa femme avait inspiré une violente
passion au commandant du château de l'Ou-
bli, il permit qu'elle se prêtât à ses amours.
Et comme elle obtint de la sorte d'entrer dans
la prison et d'en sortir à son gré, Cabadès pro-
fita une nuit de cette facilité pour revêtir les
habits de sa femme, et passer sans être reconnu
au milieu des gardes trompés par ce déguise-
ment. Arrivé chez les Ephthalites avec Séosès, qui
lui était resté fidèle, il épousa la fille du roi de ce
pays , rentra en Perse à la tête d'une armée con-
sidérable, se rendit maître de Zamasphès qui oc-
cupait son trône, lui fit crever les yeux, le jeta en
prison, et condamna au dernier supplice Gusanas-
tadès, ce conseiller sévère et coupable. Menacé par
les Ephthalites, devenus ses créanciers, etquivou-
laient être remboursés , il s'adressa à l'empereur
Anastase pour obtenir de lui un prêt. Sur le refus
de l'empereur, qui le trouvait déjà trop puissant^
Cabadès irrité pénètre, sans déclaration préa-
lable , sur les terres des Arméniens, sujets des
Romains, s'avance en Mésopotamie jusqu'à la ville
d'Amide, qu'il assiège le 5 octobre 502. Après
une assez longue résistance, il allait lever le siège
lorsque les Anùdéniens se mirent à le railler du
haut de leurs murailles : des femmes de mauvaise
vie allèrent jusqu'à se montrer aux assiégeants
dans un état contraire à la pudeur. Les mages
conseillèrent alors à Cabadès de renoncer à lever
le siège, persuadés qu'ils étaient, par la conduite
de ces femmes, que les assiégés montreraient
bientôt aux Perses ce qu'ils avaient le plus caché.
Cette prédiction se réalisa, et la place fut prise
après une dernière attaque généraJe. Les repré-
sailles furent d'abord terribles ; il y eut pillage et
1
CABADÈS — CABAKDJ
massacre. Mais l'intercession d'un prêtre véné-
rable arrêta l'ardeur homicide de Cabadès. Les
habitants furent vendus, et Cabadès mit garnison
dans la ville. Informé du siège d'Amide, l'em-
pereur Anastase avait fait partir de Constaiitino-
ple une armée de cinquante-deux miRô hommes.
Cabadès, campé près de Nïsibe, rencontra et dé-
truisit presque entièrement une des divisions im-
périales. Une irruption des Huns dans ses États
l'obligea de se porter au secours des provinces
envahies. Ce fut alors au tour des Romains d'as-
siéger Amide; ils attirèrent hors de la ville le
commandant et une partie de la garnison perse,
et les massacrèrent; le fiils du commandant ne
se retira de la ville qn'après avoir obtenu des
conditions honorables. Une trêve de sept ans mit
fin à la guerre. Cabadès eût voulu dès lors assu-
rer la couronne après lui à Chosroès, l'un de ses
trois fils légitimes, et faire sanctionner ce choix
par les Romains; mais ceux-ci n'eurent garde
d'y souscrire. La faute en retomba sur Séosès,
chargé de la négociafon par Cabadès, Celui-ci
oublia les senrices passés de ce seigneur ; et, fei-
gnant d'obéir à la loi du pays, il sacrifia Séosès à la
haine de ses ennemis, qui l'avaient fait condamner
à mort pour avoir fait enterrer sa femme , con-
trairement à la défense portée par la religion mage.
De nouvelles guerres éclatèrent alors entre les
Romains et les Perses , La première fut amenée par
la destruction que les Perses avaient faite des
fortifications romaines élevées autour de la ville
de Mindone lors de l'avènement de Justinien. Les
Perses furent d'abord battus par Bélisaire ; plus
tard, ils réparèrent ce premier échec, les soldats
de Bélisaire ayant été obligés de Uvrer bataille
prématurément. Cependant Azaréthès, qui com-
mandait l'armée de Cabadès, ne sut pas profiter
de la victoire ; il avait d'ailleurs perdu beaucoup
d'hommes, comme cela résultait du dénombre-
ment des flèches restées dans le panier rempli
au départ par les soldats, et dont une grande
partie ne fut pas retirée , comme c'était l'usage ,
par les guerriers revenus sains et saufs du combat.
Pendant que Sittas, qui succéda à Bélisaire, né-
gociait un traité avec Mermeroès, autre général
«le Cabadès, celui-ci mourut, après avoir désigné
Chosroès pour son successeiu-.
Agathias. — Procope. — Gibbon, Décline, etc. — Du-
lieux, la Perse, t. II, dans l'Univers pittoresque.
CABAK.D ji OU KABARDJi-OGLOC, fameux re-
belle turc, mort en juillet 1808. Officier dans le
corps des yamaks en 1807, il fut choisi par eux
pour les corrimander contra les nizam-djedid,
leurs rivaux, et plus favorables qu'eux aux inno-
•vations militaires introduites par sultan Sélim, Ka-
Lakdji marcha à la tête des yamaks^ au nombre
de 600, sur Constantinople , et il y massacra le
defterdar, le zarau Khané-Emini, et d'autres
hauts personnages. Ses forces s'etant accrues,
et les nizam-djedid ayant été consignés dans
leurs casernes , il s'étalalit sur la place de l'At-
ineidan, fit apporter les marmites des ortas,
et s'adressant aux rebelles il les poussa à dé-
truire les corps des nizam-djedid, à défendre les
règlements établis par Hadji-Bektach, et à châtier
les ministresqui les avaient foulés aux pieds. Ex-
cités par cette allocution , les yamaks massacrè-
rent les individus portés sur la liste des pros-
crits, dressée par le kaïm-mekam. Le bos-
tandji-bachi, également désigné à leur fureur,
s'était retiré au sérail. Rassemblés devant la
porte impériale, les soldats mutinés demandèrent
à grands cris la tête de ce fonctionnaire. Sultan
Sélim repoussa les instances de ses ministres,
qui le conjuraient de sacrifier cette victime au
rétablissement de la paix publique ; et le bostandji
lui-même offrit généreusement sa vie. « Puis-
que tu consens à ce douloureux sacrifice, meurs,
ô mon fils, dit alors le sultan , et que la béné-
diction d'Allah t'accompagne ! » A peine ces mots
étaient-ils prononcés, que la tête du bostandji-
bachi roulait sous le sabre de l'exécuteur ; et, jetée
par les créneaux, elle était saisie par les yamaks,
qui allèrent la hisser parmi les dix-sept têtes
des principaux dignitaires, rangées sur une ligne
parallèle à celle des kazani. Après deux jours
de massacres, Sélim supprima les nizam-djedid.
Mais les chefs cachés des conjurés voulaient un
sacrifice plus éclatant; il leur fallait la déchéance
ou la mort du sultan lui-même. Cabakdji-Oglou
se chargea de ce nouveau crime. Après avoir
peint, dans une harangue, sultan Sélim comme
l'ennemi des janissaires, il proposa à ses sol-
dats de poser au mufti la question suivante : « Le
padichâh qui par sa conduite et ses règlements
combat les principes religieux consacrés par le
Koran, est-il digne de rester sur le trône ? » Le
mufti joua d'abord la douleur et l'abattement,
plaignit son souverain, égaré, disait-il, par de mau-
vais conseils ; puis il répondit : Olmaz ( Cela ne
se peut pas), en ajoutant les termes consacrés
We allahou allem ( Mais Dieu fait ce qui vaut
le mieux). On voit que le tartuffe est de tous les
pays. Cabakdji n'eut garde d'interpréter cet oracle
dans un sens favorable au sultan : il le déclara
décha du pouvoir, et proclama à sa place sultan
Moustapha, fds d'Abdoul-Hamid. Le mufti se
chargea de porter cet arrêta Séhm. Le sultan était
assis sur un sopha dans la grande salle du palais.
Autour de lui se trouvaient réunis ses officiers
et domestiques. Se prosternant alors aux genoux
de son maître, le cheik-ul-islam lui déclara, avec
tous les dehors de la plus profonde aftliction, la
volonté du peuple. A ce discours hypocrite le
sultan se leva, jeta un regard ému sur les assis-
tants, et s'alla retirer dans le Kafess. Il rencon-
tra et embrassa le sultan Moustapha, qui en sor-
tait ; puis il lui recommanda de se consacrer au
bonheur du peuple. Les nizam-djedid furent
supprimés par le nouveau sultan, et leurs casernes
furent pillées par les soldats de Cabakdji-Oglou.
Cette révolution opérée par leurs armes, et
leur gratification une fois touchée, les yamaks re-
tournèrent aux châteaux du Bosphore , dont le
5 CABAKDJ -
cuinmandement fut frémis à leur chef. La mé-
sintelligence ayant éclaté entre MoustaiJia-Paclia
et le mufti, Cabakdji prit le parti du derniei-, ei
contribua à la cliute du kaim-mékam, qui fut
exilé. Taiar-Pacha lui succéda , mais fut égale-
ment destitué par l'influence de Cabakdji et
du iimllti. Il se retira à Routschouk auprès de
Moustapha-Bairakdar, resté fidèle à Sélim, qu'il
résolut de rétablir. Pour y pan'enir, il fallait
renverser les yamaks. Un homme audacieux,
Hadj-Ali, muni d'un firman du grand vizir,
que Baïrakdar avait su gagner à ses projets,
vint, à la tête d'un régiment de cavalerie, sur-
prendre Cabakdji à Fanaraki, sur le Bosphore,
011 il résidait. Arrivé dans la nuit, il cerna la
maison, et, accompagné de quatre honunes ar-
més, il prétexta une dépêche de la part du caïra-
mekam. A peine introduit, il fait garrotter les
serviteurs de Cabakdji, pénètre dans le harem,
oii celui-ci se trouvait couché, et le saisit en che-
mise au milieu de ses femmes glacées d'effroi :
« Que voulez- vous de moi? s'écrie Cabakdji;
qu'ai-je fait, et par quel ordre venez-vous ra'ar-
racher de ma demeure et à ma famille? Lais-
sez-moi au moins un moment pour faire ma
prière. — H n'est plus temps de prier ; meurs,
scélérat, » répond l'émissaire, en même temps
qu'il lui plonge un poignard dans le sein.
Jouannin, Turquie, dans l'Univers pittoresque.
*CA.BAL (Pierre), chirurgien français, vivait
à Paris dans la seconde moitié du seizième
siècle. On a de lui : Ad Joh. Riolani, pro me-
dicis apologïamparum philosoplmampro chi-
rurgis responsio; Paris, 1577, in-S".
Cairère, Bibliothèque de la médecine.
CABALLERO OU CAVALLERO OU CABEL-
LERO , famille d'origiiie napolitaine , au service
de l'Espagne dans le dernier siècle, et dont les
membres les plus célèbres furent les suivants :
CABALLERO (D. Juan), guerrier, né dans le
royaume de Naples en 1712 , mort à Valence le
28 novembre 1791. De 1739 à 1740, il fitla guerre
sous don Carlos, qu'il accompagna en 1759,
Iorsque.ce. prince monta sur le trône. En 1774,
il défendit Melilla contre le roi de Maroc, et en
1779 il se trouva au blocus de Gibraltar. Il fut
ensuite chargé de fortifier les principales places
du royamue des Deux-Siciles. A son retour en Es-
pagne, il remplit plusieurs fonctions importantes.
Depping , Hist. d'Espagne.
CABALLERO (Jérôme), frère du précédent,
général espagnol, mort en 1807. Ayant sauvé
don Carlos à l'affaire de Velletri, en 1744, il ob-
tint dès lors vm avancement rapide. En 1787, il
fut appelé au ministère de la guerre, et devint
lieutenant général en 1789. 11 perdit son porte-
feuille en avi'il 1790; mais il continua de présider
le conseil de la guerre. Lors de l'aiTivée de Go-
doï aux affaires, il fut nommé conseiller d'État.
Toutes ces fonctions, dues à la faveur, ne l'empê-
chaient ipas d'être un personnage assez médiocre.
Mémoires du prince de la Paix.
CABALLEPuO G
CABALLERO (Jo.^epli - Anfoine , marquis
de), homme d'État espagnol, neveu du précé-
dent, né à Saragosse vers 1700, mort à Salaman-
que en 1821. Après avoir achevé son cours de
droit, il fut nommé alcaïde de Corte et audi-
teur à Séville. Son mariage avec une femme de
chambre de la reine servit son ambition. De-
venu fiscal du conseil suprême de la guerre en
1794, il fut nommé ministre de grâce et justice
eu 1798. En 1808, à la suite de la révolution
d'Aranjuez, il perdit le ministère, mais garda le
titre de conseiller d'État, et fut chargé de gou-
verner le conseil des finances. Membre de la
junte qui choisit Murât pour président, il fut
un des signataires do l'adresse qui demandait à
l'empereur des Français un souverain de sa fa-
mille. Il entra au conseil du roi Joseph, et de-
vint président de la section de justice des af-
faires ecclésiastiques. En 1814, lors de la dé-
chéance du roi Joseph, il le suivit en France , et
se fixa à Bordeaux. II ne rentra en Espagne
qu'après la révolution de 1820.
Biog. étrangère.
CABALLERO (Eaymond Biosada), théolo-
gien espagnol, de l'ordre des Jésuites, né à
Palma dans l'île de Majorque en 1740, mort en
1820. ÉleA^é à Madrid, il se réfugia à Rome lors
de la suppression de son ordre, et s'adonna à la
culture des lettres. Presque tous ses ouvrages
ont été pubhés sous le pseudonyme de Filibero
de Parripalma. On a de lui : De prima typo-
graiihiai hispanicae œtate spécimen; Rome,
1793, in-8° : l'auteur montre, entre autres, qu'il
y avait dès 1474 une imprimerie à Valence; —
Osservazioni sulla patria del pittore Giu-
seppe de Rivera, detto lo Spagnoletto , dans
V Anthologie romaine, 1796, et dans le Journal
littéraire de Naples, t. L; — Commentariola
critica : primum, de disciplina arcani; se-
cundum, de lingiia evangelica; Rome, 1798,
in-S"; — Ricerche appartenenti alV Accade-
mia del Pontano; ibid. , 1798, in-S"; — Av-
vertimenti amichevoU aW erudito traduttore
romano délia Geografiadi W. Guthrie ;l!ià^les,
1799; — l'Eroismo de Ferdinando Cortese,
confermato contro le cemiirc nemiche; Rome,
1806, in-8°; — Bibliothecas scriptorum sa-
eietatis Jesu supplementa duo; ibid., 1814-
1816, in-4''.
Rose, Néw Biographical Dictionary.
* CABALLERO (Firmin-Agosto), homme po-
litique espagnol, né le 7 juillet 1800 à Barajas
de Melo (Cuenza). Il exerça en Estramadure
la profession d'avocat, et vint se fixer à Madrid à
la mort du roi Ferdinand vn. Il fonda en 1833
le Bolatin del Comercio, organe du parti exalté,
qui, ayant été poursuivi et supprimé en 1834, de-
vint el Eco del Comercio. Nommé en même
temps aux cortès par Madrid et Cuenza, il opta
pour cette dernière province, et vota avec
l'opposition, dans l'espérance d'arriver à ren-
i verser le ministère Martiuez de la Rosa. Ses
1.
CABALLERO — CABANES
attaques contre le pouvoir lui valurent des pour-
suites en 1835, époque à laquelle le ministre
Toreno, suivant l'exemple donné par le cabinet
français, apporta des entraves à la liberté de la
presse. Caballero, lié d'amitié avec Mendizabal ,
adopta doublement les réformes libérales de ce
ministre, et se distingua particulièrement dans la
discussion sur la suppression des couvents ; mais
il s'en sépara cependant dans diverses circons-
tances. Lors de la discussion relative au projet
de constitution de 1837, il entraîna l'abstention
de tous ses amis, et introduisit ainsi dans les
habitudes parlementaires de la Péninsule une
forme d'opposition non encore pratiquée, et dont
on a tant abusé depuis. Ses ouvrages sont :
Msonomia natural y politica de los diputa-
dos a las cortes de 1834, 1835, 1836; Madrid,
1836, in-8°; — el Gbierno y las Cortes del
Estatuto, materiales para su historia; Ma-
drid, 1837, in-S"; — Manual geografico-
administrafivo de la monarquia espanola;
Madrid, 1844, in-8°. T.-Albert B.
Conversations-Lexicon.
*CABALLiNus (Jean-Baptiste), juriscon-
sulte italien, né dans le pays de Navarre, vi-
vait j vers la fin du seizième siècle à Milan, oti
il exerçait la profession d'avocat. Il était en
même temps un excellent latiniste. On a de
lui : Actuarium Practicee civiZis ; Milan, 1585
et 1587, in-8°, avec des additions et des notes
de Jules-César Glussiano ; ibid., 1616 ; — Actua-
rium practicse criminalis; Milan, 1587, in-8°;
— De Sequestris ; Milan, 1598, in-S"; — For-
mularium et Solemnitates Instrumentorum ;
Milan, 1581 et 1598, in-8'>; — Oratio ad Cle-
mentem VIII; Ferrare, 1598, in-4°.
Argellati, Sibl. Mediol.
*CABAiiLis {Charles, comte be), médecin
italien, issu d'une famille noble de Vérone , vi-
vait dans la seconde moitié du dix-septième siè-
cle, n fut médecin particulier du prince de Cas-
tiglione. On a de lui : Phsenomena medica sin-
gulari intuitu recewsi^a; Venise, 1686, in-12;
c'est un recueil d'observations médicales, tirées
des écrits d'anciens praticiens.
Carrère, Bibliothèque de la Médecine.
CA.Bâ.Li.0 {Emmanuel ), héros génois, vivait
dans la première moitié du seizième siècle. En
1513, lors du siège de Gênes par les Français, et
lorsque la ville était réduite à l'extrémité, il se
dévoua avec quelques jeunes gens : sous le feu
de l'ennemi, il parvint à introduire dans sa
ville un vaisseau chargé de vivres. Les Génois
proclamèrent à juste titre Caballo leur libé-
rateur.
Foglieta, Elogia clar. viror.
CABAL.LO OU CABA1.LUS { Frauçois) , mé-
decin italien, natif de Bresse, dans les États de
Venise, mourut en 1540. Il fit à Padoue, jus-
qu'à un âge avancé , des cours très-suivis. On
a de lui : Libellus de animali pastillos
theriacos et theriacam ingrediente ; Venise,
1497, in-fol., avec les Opéra medica de Monta-
gnana; et Venise, 1503, avec les consultations
d'Antoine Cermisoni.
Éloy, Dictionnaire de la Médecine.
CABANE ( Philippine ) , surnommée la Cator
noise, morte en 1345. D'abord simple blanchis-
seuse , elle fut choisie pour être la nourrice du
prince Louis de Calabre. Elle s'acquit un grand
crédit, et, d'abord femme d'un simple pêcheur, elle
devint l'épouse de Baimond Cabane, dont la viene
fut pas moins aventureuse, et qui devint sénéchal
du royaume de Naples. Philippine Cabane, at-
tachée en qualité de dame d'honneur à la per-
sonne de Catherine d'Autriche, nouvelle duchesse
de Calabre, dont elle favorisa le penchant pour
les plaisirs, se conduisit de la même manière
vis-à-vis de Jeanne F", fille de cette princesse.
EUe fit plus : elle se rendit complice des crimes
de Jeanne, et la poussa au meurtre d'André de
Hongrie, qui eut lieu le 18 septembre 1345.
Elle mourut à son tour dans les douleurs de la
torture que lui infligea Bertrand de Bayx, chargé
par le pape de rechercher les auteurs de ce
mem'tre.
CABANE ( Robert ), fils de la précédente, mort
en 1345. Compris dans l'accusation dirigée contre
sa mère au sujet du meurtre d'André de Hon-
grie, il fut tenaiUé pendant que sa mère expirait
dans les douleurs de la torture.
D'Égly, Hist. des rois des Deux-Siciles de la maison de
France. — Lenglet-Dufresnoy, la Catanoise; Paris, 1731.
*CABA]VEL {Alexandre), peintre français,
né à Montpellier le 28 septembre 1823. Il a ob-
tenu en 1845 le deuxième grand prix de Borne.
Une décision ministérielle, sollicitée par l'Acadé-
mie des beaux-arts, lui accorda la pension et les
avantages réservés aux premiers prix. Le sujet
du concours était : Jésus dans le prétoire. Il
a expasé aux salons de 1844, Agonie du Christ
au Jardin des Oliviers; — de 1850, Saint
Jean; — de 1852, la Mort de Moïse; — Vel-
léda. Cabanel a peint en outre , dans une des
salles de l'hôtel de ville de Paris, douze médail-
lons représentant les douze mois de l'année.
P. Ch.
* CABANES ( Guigne ou Guîgo de), trouba-
dour provençal du treizième siècle , connu par
quatre tensons qu'il composa , le premier avec
un nommé Isauris, le deuxième avec Esquiletta,
peut-être Esquilha, et les deux derniers avec
Allamanon le Jeune. La rencontre du nom de ce-
lui-ci fait supposer que Cabanes fut contempo-
rain de Baymond Bérenger IV et de Charles
d'Anjou. Le tenson fait avec Esquiletta roule
sur l'art de donner : « Un homme i-iche, dit Es-
quiletta, ne sait pas toujours donner avec une
générosité noble, de manière à s'honorer lui-
même en donnant, et à honorer la personne qui
reçoit ses dons. Un bienfait mal placé perd de
son prix. Il y a autant de honte à donner folle-
ment, que de mérite à se montrer généreux à
propos : »
Qu'autretan faill qui dona foilamen
C'otn a bon pretz qui dona d'avinen.
CABAJNES — CABANIS
.10
Dans un des tensons Cabanes reproche à Alla-
inanon de n'avoir ni bravoure ni honneur : « Je
vous vois perpétuellement, lui dit-fl, sans dignité
à la suite de la cour de Provence , bien que ni les
repas ni les festins ne soient faits pour vous. De
mots bouffons et ennuyeux, nul moins que vous
ne sait faire étalage; du reste, à cause de moi,
ne changez pas vos habitudes. »
Hist. littéraire de la France, XIX, 603. — Raynouard,
Choix de poésies des Troubadours, V, 176.
CABANIS (Jean-Baptiste de Salagnac),
jurisconsulte et agronome français, né à Yssou-
dun en 1723, mort en 1786. Après avoir étudié
chez les jésuites de Tulle, il alla à Toulouse pour
y suivre les cours de droit. Un riche mariage
qu'il fit à son retour le détermina à laisser la
jurisprudence pour la culture de ses domaines.
Il s« mit en relation avec Turgot, alors inten-
dant de Limoges , dont il partagea le zèle pour
l'introduction des mérinos; et c'est aux soins
de cet illustre économiste que fut due la publica-
tion des observations et expériences de Cabanis
sur l'art de la greffe. On a de lui : Essai sur
la greffe; Paris, 1764, 1781 et 1B03, ouvrage
qui obtint le prix proposé pour ce sujet par l'A-
cadémie de Bordeaux.
feller. Dictionnaire historique.— (iuéniA, la France
littéraire. — Chaudon et Delandine, JN'ouveauJHct. hist.
CABAKis {Pierre-Jean-George), célèbre mé-
decin et philosophe français, né à Cosnac, bourg
de la Charente-Inférieure, le 5 juin 1757 ; mort à
Rueil, près de Paris, le 5 mai 1808. Fils d'un
avocat devenu habile agriculteur ( voy. l'article
précédent), le Jeune Cabanis n'avait fait au col-
lège de Brives que des études incomplètes, lors-
que son père le conduisit à l'âge de quatorze
ans à Paris, où il le laissa deux ans livré à lui-
même, essayant ce moyen extrême de dompter
son caractère indocile. L'essai périlleux réus-
sit : le jeune homme employa les deux années
à refaire son éducation, et lut avec avidité les
auteurs les plus divers, depuis les philosophes
anciens et les Pères de l'Éghse jusqu'à Rousseau
«t Voltaire ; Locke surtout fut l'objet de sa prédi-
lection. Son père le rappelait auprès de lui, lors-
que le prince-évêque de Wilna , Massaki , venu
à Paris pour consulter les philosophes sur la lé-
gislation propre à régénérer sa patrie, lui pro-
posa de l'accompagner à Varsovie comme secré-
taire. C'était en 1773; Cabanis avait seize ans. II
céda au désir de connaître un pays nouveau et
aux promesses d'un brillant avenir. Il vit de près
les désordres et les intrigues qui amenèrent le
premier démembrement de la Pologne. Après un
séjom^ de deux années et bien des espérances
déçues, il revint à Paris, où Turgot, contrôleur
général du jeune I-ouis XVI, préparait les utiles
réformes qui auraient pu prévenir une révoluti'on.
Mais bientôt les privilèges menacés se liguèrent
contre le ministre courageux, contraint de céder
à l'orage en se voyant abandonné du roi, qui lui
avait promis son appui. Cabanis était lié avec
Boucher, auteur du poëme des Noirs : il se pas-
sionnait pour la littérature, et s'occupait déjà
de traduire Homère en vers. Introduit par Tur-
got auprès de M""' Helvétius , il devint un des
familiers de cette brillante société d'Auteuil, où
il connut d'Alembert, Diderot, Condillac, le ba-
ron d'Holbach, Franklin, Jefferson.
Cependant il n'avait pas encore d'état, et son
père le pressait d'en prendre on. Sa santé déli-
cate fut un des motifs qui le décidèrent à choisir
la profession de médecin. Cabanis devint élève
de Dubreuil; il se Uvra avec ardeur à ses nou-
velles études, et se plut à lire Hippocrate dans
sa langue même. Il fut reçu docteur en sep-
tembre 1783.
Dès les premiers symptômes de la révolution,
U en embrassa vivement la cause; distingué par
ftlirabeau, il devint son médecin et son ami.
Ce fut lui qui soigna le grand orateur dans sa
dernière maladie; et, cette même année 1791, il
publia le Journal de la maladie et de la mort
de Mirabeau. Il avait composé pour lui un Tra-
vail sur Véducation, qui fut trouvé dans ses
papiers , et imprimé alors. Plus tard, dans les
sanglants débats de la convention , Condorc«t ,
dont il avait obtenu l'amitié, lui demanda le
poison qui devait le soustraire à l'échafaud , et
le chargea de recueillir ses derniers écrits. Ca-
banis épousa sa belle-sœur, Charlotte de Grou-
chy, sœur du maréchal. Nonuné, en l'an ni,
professeur d'hygiène à l'École centrale, et de
clinique à l'École de médecine, il prit part à la
réorganisation de l'enseignement médical dans
les écoles de Paris, Montpellier et Strasbourg;
il avait pubUé des Observations sur les hôpi-
taux (1789), et il fit paraître successivement son
Rapport au conseil des Cinq-Cents sur VOr-
ganisation des écoles de médecine; un écrit
sur le degré decertitude de la médecine (1797),
et un autre sur les Révolutions de la méde-
cine. On y trouve le germe des idées qu'il dé-
veloppa plus tard dans son grand ouvrage. « Le
principe moteur des corps animés , dit Ccibanis,
que Stahl appelle âme, est un; mais il agit di-
versement dans les organes, selon leur structure
et leur destination. Il digère dans l'estomac,
respire dans les poumons , filtre la bile dans le
foie, pense dans la tête. » Vanimisme de Stahl,
adopté sous le nom A& principe vital par l'école
de Montpellier, devint la doctrine de Cabanis
comme médecin, et ne fut pas sans influence sui'
sa théorie comme philosophe. On peut déjà en-
trevoir son système dans ces paroles : « La mé-
decine et la morale reposent sur une base com-
mune , sur une conncdasance physique de la na-
ture humaine. C'est dans la physiologie qu'elles
doivent cherclier la solution de tous les problè-
mes, le point d'appui de toutes leurs vérités : de
la sensibilité physique découlent les idées , les
sentiments, les passions, les vertus, les biens.
La source de la morale est dans l'organisation
humame, dont dépendent, et notre faculté et notre
manière de sentir . »
11
CABANIS
12
Ami de Sieyes et distingué par le général Bo-
naparte à son retour d'Egypte, Cabanis, le len-
demain du 18 brumaire, rédigea, au nom du corps
législatif, la proclamation qui recommandait au
peuple français la révolution qu'on venait d'ac-
complir. Partisan de la constitution consulaire ,
il fut nommé sénateur. Mais bientôt désabusé
lorsqu'il vit retirer à la nation les droits politi-
ques conquis par la révolution, il se réfugia dans
la science. Déjà, dans la cinquième classe de
l'Institut, dont il était membre, il avait lu les
six mémoires qui forment la première partie
de son livre sur les Rapports du physique et
du moral de l'homme. L'ouvrage complet pa-
rut en 1802 (2 vol. in-8° ), et obtint un brillant
succès, qui classe l'auteur comme écrivain et
comme philosophe.
Condillac avait expliqué tous les faits de l'âme
par la sensation : Cabanis voulut le compléter
en recherchant l'origine et la nature de la sen-
sation. Voici quelle fut sa doctrine. C'est dans
les nerfs que réside la sensibilité, et par suite
toutes les facultés intellectuelles et toutes les
affections morales. Dans la manière dont la sen-
sibilité se développe, on peut reconnaître deux
modes : 1° elle va de la circonférence au centre de
l'organe; T elle revient du centre à la circonfé-
rence. Pour ceux qui voient dans la simplicité le
mérite d'un système, la théorie est séduisante.
Une impression reçue , l'action et la réaction des
nerfs , et le sentiment qui en résulte tout comme
la sensation résulte de la réaction du nerf sur
lui-même , la volonté est produite par la réac-
tion des nerfs sur les muscles. La distinction du
moral et du physique est donc vaine; les facultés
morales naissent des facultés physiques. Sans
doute l'action régulière des nerfs est un« condi-
tion nécessaire de tout sentiment, de toute percep-
tion ; les nerfs sont les organes de toute sensa-
tion ; mais il y a aussi un principe sûr et simple
qui reçoit l'impression, et qui pi end connais-
sance. Ce que l'auteur appelle réaction, cette
action qui va du centre à la circonférence, ne peut
partir que d'un principe intérieur, essentiellement
actif, du moi. Si au moi vous substituez les nerfs,
l'unité et la simplicité , les caractères essentiels
de la conscience disparaissent.
Cabanis ajoute : « Si Condillac eùtmieux connu
l'économie animale, il aurait senti que l'âme est
une faculté, et non pas un être. » On voit qu'il
va au dçih de Condillac, et il aboutit à cette con-
clusion, que c'est le cerveau qui produit la pensée.
Voici, à cet égard, des passages formels : « Pour
« se faire une idée juste des op<5rations d'où ré-
« suite la pensée, il faut considérer le cerveau
« comme un organe particulier, destiné spécia-
« lemcntà la produire, de même que l'estomac
« et les intestins à opérer la digestion.... Les
« impressions sont des aliments pour le cerveau ;
« ils cheminent vers cet organe, de même que
« les aliments cheminent vers l'estomac... Les
n impressions arrivent au cerveau, le font entrer
« en activité, comme les aliments, en tombant
<c dans l'estornac, l'excitent à la sécrétion. Nous
« voyons les aliments tomber dans l'estomac
« avec les qualités qui leur sont propres ; nous
« les en voyons sortir avec des qualités nouvel-
le les, et nous en concluons qu'il leur a fait subir
« cette altération : nous voyons également les
« impressions arriver au cerveau, isolées, sans
« cohérence ; mais le cerveau entre en action ,
« il réagit sur elles, et bientôt il les renvoie mé-
« tamorphosées en idées. Donc nous concluons
« avec certitude que le cerveau digère les im-
« pressions , et qu'il fait organiquement la
« sécrétion de la pensée. )i
A côté de cette grossière théorie de la forma-
tion des idées, on rencontre une foule d'observa-
tions précieuses pour la science, de faits intéres-
sants sur l'influence de l'âge, du tempérament,
des sexes, du climat, du régime; sur les idées
et les affections morales. Le mérite réel de ce
livre est dans le tableau frappant de tous les
genres d'action que la nature extérieure et les
organes exercent sur le moral. Un remarquable
talent d'exposition, un style clair et élégant en
firent le succès en France. Mais cette tentative
hardie de fonder la philosophie sur la physiologie,
qui faisait de l'âme un résultat du système ner-
veux , et dont la pensée dominante était de ra-
mener tout le moral de l'homme au physique,
n'en était pas moins erronée dans son brutal
sensualisme, et dangereuse par ses conséquen-
ces morales. Heureusement ce n'était pas là le
dernier mot de Cabanis.
Vers 1805, vint se réunir à la société d'Auteuil
un homme jeune encore, mais déjà occupé d'é-
tudes sérieuses, et à qui toutes les questions de
la philologie, de la littérature et de la philoso-
phie étaient familières. C'était Fauriel , ami de
M"^^ de Condorcet, qui préparait une histoire de
la philosophie stoïcienne. Des liens d'estime et
d'affection mutuelles s'établirent bientôt entre lui
et Cabanis. Sans doute de longues discussions
durent s'engager entre les deux amis sur les
graves problèmes qui les occupaient l'un et l'au-
tre. Le nouveau venu, nourri des suMimes leçons
du Portique, ne manqua pas de remontrer à l'au-
teur des Rapports du physique et du moral
l'insuffisance de la doctrine toute physiologique,
greffée sur la philosophie de Condillac. Cabanis,
esprit ouvert aux lumières nouvelles, et cher-
chant la vérité de bonne foi, modifia insensible-
ment ses idées. Sur ce travail intérieur d'une
belle intelligence il nous reste un témoignage bien
digne d'intérêt ; c'est la Lettre à M. F*** sur les
causes premières, publiée pour la première fois
en 1824 par M. Bérard , de Montpellier, seize
ans après la mort de l'auteur. On ne peut trop
admirer la sincérité d'esprit avec laquelle Caba-
nis y expose ses doutes , passe naturellement de
la physiologie à la psychologie, et se rapproche
de la vérité. Ce qu'il appelle les causes premiè-
res n'est autre chose que Dieu : plus d'un pas-
13
CABANIS — CABARRUS
14
sage l'atteste. Ainsi, p. 11 (t) : «Il y a un point
« de vue sous lequel il est incontestable que la
« pratique de la vertu nous est ordonnée par les
« causes premières.... Les lois qui régissent
« l'homme, et desquelles doivent découler celles
« de la morale, sont l'ouvrage de ces causes, dont
« on peut dire par conséquent qic'elles expri-
« metit la volonté. » P. 44 : après avoir établi
l'existence, l'intelligence et la volonté d'unecause
première et universelle, il dit, à propos des mer-
veilles du monde : « L'esprit de l'homme n'est
« pas fait pour comprendre que tout cela s'opère
« sans prévoyance et sans but, sans intelligence
« et sans volonté. Aucune analogie, aucune vrai-
« semblance ne peut le conduire à un semblable
« résultat ; toutes, au contraire, le portent à re-
« garder les ouvrages de la nature comme pro-
« duits par des opérations comparables à celles
« de son propre esprit, dans la production des
« ouvrages les plus savamment combinés, les-
« quelles n'en diffèrent que par un degré de per-
« fection mille fois plus grand : d'où résulte pour
«■ lui l'idée d'une sagesse qui les a conçus et
« d'une volonté qui les a mis à exécution, mais
« de la plus haute sagesse, de la volonté la plus
« attentive à tous les détoils, exerçant le pou-
« voirie plus étendu avec la plus minutieuse pré-
« cision. » — P. 46 : « Il est très-évident, en outre,
« que le principe de l'intelligence est répandu
« partout , puisque partout la matière tend sans
« cesse à s'organiser en êtres sensibles. » —
P, 48 : « Enfin ces forces font éclore, développent
« et conduisent au terme de leur perfection des
« êtres sensibles, et par suite intelligents. Or, je
« l'avoue, il me semble que l'imagination se re-
« fuse à concevoir comment une cause ou des
« causes dépourvues d'intelligence peuvent en
« donner à leurs produits.... Cette suite de rai-
« sonnements me paraît nous conduire à ce ré-
« sultat, que l'esprit de l'homme, d'après sa
« manière de sentir et de concevoir, ne peut
« éviter de reconnaître dans les forces actives
« de Vonivers intelligence et volonté. »
Enfin, p. 78, il reconnaît la force de la preuve
morale de la persistance du moi après la mort;
eu d'autres termes, de l'immortalité de l'âme.
Dans cette bonne foi du célèbre écrivain,
conversant avec un ami, et rendant hommage à
des croyances qui n'avaient pas toujours été
les siennes, on est heureux de reconnaître la
noblesse du caractère alliée à une belle intelli-
gence. Artaud.
Mignet, Éloge de Cabanis. — Notice de M. Peisse, en
tête de son édit.Ides OEuvres de Cabanis.
CABANis-JONYAL {Pierre ), littérateui- fran-
çais, né à Alais vers 1725, mort à Bruxelles en
1780. Après avoir rédigé la Feuille nécessaire,
journal fondé depuis 1759 et devenu depuis
l'Avant-Coureur, il parcourut, à la suite d'Hel-
(1) Tome V de l'édition des OEuvres complètes de Ca-
banis, donnée par M. Tburot ; Paris, 11813-1825. ( Firmin
Dldot.)
vétius, la France et l'étranger, pour arrêter la
circulation du livre de l'Esprit, à la suite du
scandale causé par cette publication. Le reste de
la vie de Cabanis se passa en voyages. On a de
lui : les Erreurs instructives, ou Mémoires du
comte de..., 3 parties in-12 (Paris, 1765), pu-
bliées sous le voile de l'anonyme.
Biographie universelle (édit. belge)
CABARRUS {François, comte de), célèbre
fmancier, néen 1752, mortle27 avril 1810. Il était
fils d'un négociant de Bayonne, qui faisait beau-
coup d'affaires avec l'Espagne. Dans sa jeunesse,
il fut envoyé chez un nommé Galabert, correspon-
dant de son père à Saragosse. H plut à la fille de
ce négociant, et, quoique âgé à peine de vingt
ans, il l'épousa. Pour l'établir, son beau-père lui
donna, aux environs de Madrid , une fabrique de
savon à diriger. Le jeune Cabarrus, non content
de cette occupation , porta son attention sur les
finances de l'État, et déploya devant les savants
de la capitale des vues alors encore nouvelles en '
Espagne. Bientôt il se trouva lié avec tous les
hommes éclairés qui, sous le règne de Charles in,
cherchaient à tirer l'Espagne de la routine où elle
croupissait. On le jugea bon financier, et on' mit
à exécution son plan d'une émission de valès
ou bons royaux; ce fut la cause de son éléva-
tion. En 1782 on lui confia la direction d'une
banque dont il avait également conçu le plan , et
qui prit le nom de banque de Saint-Charles.
Cette banque eut d'abord un grand succès, et
son auteur était en quelque sorte appelé à jouer
le rôle que Law avait autrefois joué en France.
Trois ans après, Cabarrus fit instituer la com-
pagnie pour le commerce des Philippines. Il y
eut beaucoup d'engouement, même en France ,
pour les actions des deux entreprises ; et c'est
ce qui détermina Mirabeau à éclairer le public
sur leur valeur. Le pamphlet de l'orateur finan-
çais porta un coup sensible au crédit des deux
institutions dues à Cabarrus. Ayant été appelé
dans le conseil des finances , celui-ci aurait pro-
bablement provoqué d'importantes réformes
dans les finances de l'Espagne , au moins à en
juger par les écrits qu'il publia sur cet objet;
mais Charles 111, dont le règne avait été signalé
par tant de mesures utiles pour l'État, vint à
mourir. Cabarrus prononça son éloge dans la
Société économique de |Madrid, et signala dans
ce discours toutes les réformes dues au feu]roi ,
l'établissement de la liberté du commerce des
grains, les fondations des sociétés économiques,
l'abolition des jésuites, enfin les améliorations
financières. Malheureusement le successeur de
Charles DI retomba sous l'influence de l'obscu-
rantisme; les hommes qui avaient eu du pouvoir
sous le règne précédent encoururent. sa disgrâce,
et devinrent même suspects. Cabarrus n'échappa
point à cette persécution. Accusé de malversa-
tions, il fut, en 1790, jeté en prison, et resta en-
fermé pendant deux ans. Pour se justifier, il
adressa au prince de la Paix plusieurs lettres
CABARRUS — CABASSUT
16
(ju'il a rendues publiques dans la suite. On sentit
enfin, peut-être parce qu'on avait besoin de lui ,
le tort qu'on avait eu à son égard. Le roi fit dé-
clarer son innocence par un jugement, lui pro-
mit une indemnité de six millions de réaux, le
créa comte, et l'employa à diverses missions,
principalement au congrès de Rastadt. On vou-
lut l'accréditer aussi en qualité d'ambassadeur
auprès du Directoire de la république française ;
mais il ne fut pas reconnu , attendu que le Di-
rectoire déclara ne pouvoir admettre im Fran-
çais de naissance pour représentant d'une puis-
sance étrangère. Il fut envoyé alors en Hol-
lande. Il ne figura point dans la révolution qui
fit tomber Charles rV du trône; mais lorsque
Napoléon eut fait installer son frère Joseph sm'
ce trône, le comte de Cabarrus, recommandé à
la fois par sa qualité de Français et par ses gran-
des connaissances relativement à la situation de
l'Espagne, fut appelé au ministère des finances.
Ce n'était pas un temps favorable pour mettre
au grand jour les talents d'un homme d'État.
Cabarrus ne put que recourir aux expédients
pour soutenir le trésor d'un roi chancelant. Sa
santé se dérangea, et il mourut en 1810, peu de
temps avant l'expulsion de la nouvelle dynastie.
Pendant qu'il était en grand crédit à la cour de
Charles ni, il avait marié sa fille à M. de Fonte-
uey, conseiller au parlement , quoiqu'elle eût été
demandée par le prince de Listenay. Elle est de-
venue célèbre, dans la suite, sous le nom de ma-
dame Tallien. [ M. Depping, dans ÏEnc. des g.
du m. ]
Arnault, Jay , etc.. Biographie nouvelle des Contem-
porains,— Galerie historique des Contemporains.
CABASILAS {Neil ou Nicolas) , théologien
grec, vivait dans la première moitié du quator-
zième siècle. Adversaire déclaré des doctrines de
l'Église latine, dont les écrivains l'ont vivement
critiqué pendant que ceux de l'Église grecque et
même les protestants luiontdonné de grands élo-
ges, il fut archevêque de Thessalonique. On a de
lui : llepl Twv aîxttov Tyjç èY.y.'kr\c:ia.(ni%ri<; ôtafffà-
«jecùç ; Londres, sans date; — Hepl t^ç àpx% toO
TKXTta, publié pour la première fois avec la tra-
duction latine de Flaccus à Francfort, 1555,
in-8°, et Hanovre, 1608, in-8°, avec les œuvres
de Barlaain. Fabricius donne la liste des oeuvres
inédites de Neil Cabasilas.
Fabricius, Bibl, grxc. — Wharton, append. à VHist.
litt. de Cave.
CABASILAS (Nicolas), archevêque de Thes-
salonique, neveu et successeur du précédent,
vivait dans la seconde moitié du quatorzième
siècle. Après avoir débuté par de hautes fonc-
tions à la cour de Constantinople , il fut envoyé
en 1346, par Jean, patriarche de Constantinople,
vers l'empereur Cantacuzène, pour l'engager à
résigner le pouvoir impérial. L'année suivante, il
fut député par Cantacuzène lui-même vers
l'impératrice Anne, pour lui faire savoir dans
(|uels termes il entendait conclure la paix avec
elle. On a de ce prélat; 'Epixïiveta xeç^Xeitioviç ,
publié pour la première fois en latin par G. Her-
vet à Venise, 1548, in-8°, et à Paris, 1560,
par J.-S. André et F.-C. de Sainctes. L'original
grec a été publié en 1624, dans le supplément
à la Bibliothèque des Pères. L'édition latine
de Pontanus, Ingolstadt, 1604, in-4°, contient
d'autres œuvres de Nicolas Cabasilas, entre autres
un sermon contre l'usure. L'original grec de ce
sermon a été publié par Hœschel en 1595, et en
1604, in-4''. Les autres ouvrages de Nicolas Ca-
basilas se trouvent énumérés dans Fabricius.
Fabricius, Bihl. Grœca. — Bibliotheca Patrum,
tome XXVI. — Wharton, Append. à Cave, Histoire litt.
* CABASSi (Jérôme), littérateur italien, né à
Carpi, vivait vers le commencement du 'dix-hui-
tième siècle. On a de lui : la Troade di Se-
neca, fradoita in versi sciolti; Carpi, 1707,
in-8°.
Paitoni, Bibl. degli Autori vulgari. '.
* CABASSI (Margherita), peintre, née à Carpi,
dans le duché de Modène, en 1663; morte enl734.
Elle excella dans le genre comique.
E. B— N.
Tiraboschi, P'ite degli Arteflci Modenesi. — Lanzi
Storia pittorica.
CABAssoi^E '(Philippe de), prélat français,
chanceher de Sicile, patriarche de Constanti-
nople, cardinal et légat, né à Cavaillon, comtat
Venaissin, en 1305; mortàPérouse en 1371. Ce
savant et habile pi-élat remplit avec sagesse plu-
sieurs missions importantes en Italie et en Alle-
magne. Il était fort lié avec Pétrarque. Ce fut Ca-
bassole qui, en 1353, dans son château de Vau-
cluse, recueillit la bibliothèque laissée par le poète
dans sa maison pendant un de ses voyages en
Italie. Ce fut à lui que Péti'arque envoya et dédia,
en 1366, son Traité de la vie solitaire, résumé
de leurs entretiens à Vaucluse. Enfin, l'illustre
poète a fait lui-même l'éloge de son ami en ces
mots : « C'était, dit-il, un grand homme, à qui
« l'on a doimé un petit évêché. ■» Le corps de
Cabassole, transporté en France, fut enterré
dans l'égUse de la Chartreuse de Bonpas , où
son mausolée se voyait encore en 1791.
Moréri, Dict. hisC. — Pétrarque, liv. II, 6p. 1 et 2.
CABASSUT (Jean), oratorien et historien
français, né à Aix en 1604, mort en 1685. Il suivit
à Rome, en 1660, le cardinal de Grimaldi, ar-
chevêque d'Aix. Pendant les dix-huit mois qu'il
y demeura, il recueillit les matériaux des ouvrages
suivants : Notitia conciliorum ; 1685, in-fol. :
c'est un abrégé de la collection des conciles ; —
Juris canonici theoria et praxis ; Lyoa, 1675,
in-4°; Poitiers, 1738, in-fol. ; Venise, 1757, in-fol. ;
— Horœ suhsïcivse, résolvant diverses ques-
tions ecclésiastiques. Cabassut a laissé ( partie
en manuscrit) : un traité de Nugis curialium;
— des sermons; — la Vie de sainte Marie-
Madeleine, 2. vol. ; — un traité sur V Usure.
Sainte-Marthe, Gall. Christian. — Trlzon, Gall. pur-
pur. — Balu7.c, Vitœ pap. Aven., 1. 1. — Dupin, BibL ceci
du dix-septième siècle, partie 3*.
17
CABAT — CABESTAING
18
*CABiii' (Jjmis- Nicolas) y paysagiste fran-
çais, né à Paris le 24 décembre 1812. Il eut pour
maitre M. Fiers. Il exposa aux salons de 1833,
1834 et 1835, divers paysages, dont plusieurs fu-
rent acquis par le roi Louis-Philippe et par le
duc d'Orléans. En 1840, il produisit quatre œu-
vres, dont trois vraiment importantes : le Sa-
maritain, paysage historique de grande dimen-
sion et d'un talent de premier ordre ; le Jeune
Tobie présenté par l'ange à Raguel; une Vue
dît lac Némi (environs de Rome), appartenant
l'un et l'autre au duc d'Orléans ; et une Vue
de forêt. En 1841, il n'exposa que deux petits
paysages, et son nom ne reparut au livret du
salon qu'en 1846, pour deux petites vues prises
l'une sur les bords d'un fleuve ( le Repos ) , et
l'autre près d'un ruisseau dans la haute Vienne.
En 1852, il n'avait qu'une petite toile, un Soir
d'Automne; mais en 1853, il a usé de tousses
droits en exposant trois œuvres : Bords de la
rivière d'Argas (Normandie), Chasse au san-
glier, et Soleil couchant. Sa première manière,
exaltée par les uns et vivement critiquée par
les autres, a fait école paimi les jeunes artistes;
cependant il l'a modifiée depuis, et de réaliste
qu'il était il s'est fait imitateur, au détriment de
la réputation acquise par son début.
J.-F. D.
*CABEDO {Antoine), ecclésiastique portugais
et en même temps poète latin, issu d'une bonne
famille de Sétubal, vivait dans le seizième siècle.
Il fut reçu à Coimbre docteur du droit canon;
mais il mourut bientôt après, à peine âgé de
vingt-cinq ans. On a de lui des poèmes, dont
quelques-uns furent publiés à Rome, 1587,,in-8<'
(avec les Antiquit. Lusit. d'André Resende).
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
CABBEDO ou CABEDO D£ Yasconcellos (Mi-
chel), poète et jurisconsulte portugais, né à Sé-
tubal en 1525, mort à Lisbonne en avril 1577.
Il étudia à Toulouse, à Bordeaux et à Coïmbre ; et,
après s'être appliqué à la jurisprudence, il rem-
plit de hautes fonctions à Lisbonne. On a de lui
des poésies héroïques ; une traduction latine du
Plutus d'Aristophane; Paris, Vascosan, 1547.
Antonio, Biblioth. Hispananova.
GÂBBEDO ou CABEDO (Georgc), fils du pré-
cédent, jurisconsulte portugais, né en 1559, mort
le4 mars 1604. Déjà chanceUer du royaume avant
la réunion des deux couronnes d'Espagne et de
Portugal, il devint alors membre du conseil d'État
deMadrid pour le royaume de Portugal. On a de
lui : Decisiones Lusitanias senatus, repartie;
Lisbonne, 1 602, in-fol., et Francfort, 1646 ; 2® par-
tie, 1604; Francfort, 1646. Cette collection, en-
treprise par ordre de Philippe H, était destinée à
appuyer les prétentions du roi d'Espagne à la sou-
veraineté du Portugal après la mort du cardinal
Henri ; — De Patronatibus ecclesiarum regiae
coronec Lusitaniae; 1603, in-4''.
Moréri , Dictionnaire historique.
CABELiAN {Abraham), négociant suédois.
d'origine hollandaise, vivait dans la première
moitié du dix-septième siècle. Venu en Suède sous
le règne de Charles IX, il fonda avec plusieurs de
ses compatriotes le commerce de la nouvelle
ville de Gothembourg : Gustave-Adolphe lui confia
la direction des pêcheries et des compagnies
commerciales. Cabelian se montra reconnaissant
des bienfaits de sa nouvelle patrie ; et, lorsque la
Suède allait être envahie par le roi de Danemark
Christian IV, il défendit les côtes avec une es-
cadre équipée à ses frais, de môme qu'il arma et
fit venir à Stockholm un corps d'armée. Sa fille,
Marguerite Cabelian, eut de Gustave-Adolphe un
fils qui porta le nom de comte de Vasaborg.
Gtyn.Hist. de Suède.
*cABERO {François-Garcia), médecin et
littérateur espagnol, vivait dans la première moi-
tié du dix-huitième siècle. On a de lui : quelques
écrits polémiques (en espagnol), touchant le
Théâtre critique de Feijoo ; — Institutio
nés di Albeiteria y examen de Practicantcs ;
Madrid, 1728, 1748, 1750, 1756 (toutes ces édi-
tions in-4°).
Carrère, Bibl. de la Médec.
CABESTAING OU : CABESTAN {Guillaume
he) , troubadour provençal, selon Papon et Nos-
tradamus ; roussillonnais, s'il en faut croire Mil-
lot. H vivait vers la fin du douzième siècle. Gen-
tilhomme sans fortune, il fut agréé, tout jeune
encore, pour varlet par Raymond de Castel-
Roussillon, qui en fit ensuite le donzel { écuyer)
de madame Marguerite, sa femme. Spirituel, en-
joué, d'une figure agréable, il fut bientôt l'objet
de l'amour de la noble et jeune châtelaine, qui
fut parfaitement payée de retour. Cabestaing
chanta sa passion ; mais il est moins connu par ses
poésies, empreintes cependant de grâce et de
naiveté, que par la tragique aventure qui mit fin
à ses jours. A en juger par le couplet suivant,
dont nous reproduisons la traduction , la dame
de Castel-Roussillon méritait bien tous les hom-
mages du poète :
« Depuis qu'Adam cueiUit sur l'arbre fatal la
pomme qui causa les malheurs du genre humain,
le souffle de Dieu n'a point animé une aussi
parfaite créature : toutes les formes de son corps
sont d'une proportion et d'une élégance ravis-
santes ; il offre une blancheur, une délicatesse,
un éclat qui le disputent à l'améthyste. La beauté
de ma dame est si grande que je m'en attriste,
pensant que je ne mérite point qu'elle s'occupe
de mes hommages. «
Cette fervente expression d'amour frappa sans
doute le seigneur de Castel-Roussillon. Averti de
ce qui se narrait dans le voisinage, Raymond eut
des soupçons; il alla trouver Cabestaing un jour
que le jeune écuyer était à la chasse à l'épervier,
et lui demanda le nom de sa dame. Avouer le
fait était impossible : le tioubadour crut tout
sauver en compliquant l'intrigue. C'est la belle
Agnès, la sœur de madame Marguerite, qu'il aime,
dit-il; et Raymond se trouve rassuré, heureux
19
GABESTAING — CABET
20
qu'il est du malheur d'autrui, puisque madame
Agnès est la femme de Robert de Tarascon. La
généreuse dame, toute dévouée à sa sœur, se
garde de détromper le jaloux châtelain, qui lui
fait visite; elle multiplie les apparences qui
peuvent le confirmer dans sa sécurité. Elle va
plus loin : elle fait entrer Robert de Tarascon,
son mari, dans ce complot du dévouement. Mal-
heureusement elle n'a pas calculé avec la passion
de sa sœur. Instruite par Raymiond du prétendu
amour de Cabestaing pour Agnès, madame
Marguerite a uue violente explication avec son
amant. Aveuglée par la jalousie, elle exige que,
dans une chanson , il déclare qu'il n'aime et n'a
jamais aimé qu'elle seule. Le pauvre trouoadour
n'ose se refuser au désir de sa maîtresse. Il com-
pose donc et , selon l'usage des troubadours ,
adresse au mari lui-même ce chant accusateur.
Cette fois le doute n'est plus possible, et Raymond
ne songe plus qu'à la vengeance. Il emmène Ca-
bestaing loin du château, le poignarde, lui
coupe la tête et lui arrache le cœur. Au retour,
il remet ce cœur à son cuisinier, lui ordonne de
l'accommoder en manière de venaison ; puis il le
fait servir à sa femme, qui lu« avoue que .)nques
elle ne mangea de mets plus délicat. Présentant
alors la tête sanglante de Cabestaing à daine
Marguerite, le terrible châtelain lui apprend quel
horrible repas elle vient de faire. Elle s'évanouit
de désespoir; puis, reprenant ses sens, elle s'écrie :
« Oui, sans doute, j'ai trouvé ce mets si délicieux
que je n'en mangerai jamais d'autres, pour n'en
pas perdre le goût. » Cette fois la fureur de Ray-
mond ne connaît plus de bornes. Il court à Mar-
guerite l'épée à la main : elle fuit, se précipite
d'un l)alcon, et se tue.
Le bruit de ce drame tragique se répandit dans
les pays voisins ; et quoique, il faut bien le dire,
la jalousie de Raymond fût assez naturelle, les
mœurs chevaleresques, indignées d'un dénoûment
si féroce, se prononcèrent contre lui. Les seigneurs
du Roussillon et de la Cerdagne, unis aux parents
des deux victimes, se liguèrent, et ravagèrent les
terres.de Raymond. Il fut arrêté dans son château
par le roi Alphonse, son suzerain, qui le dé-
pouilla de ses biens, l'emmena prisonnier, et fit
faire de magnifiques funérailles à Cabestaing et à
sa dame. Ils furent mis dans uu même tombeau
devant une éghse de Perpignan. On y grava
leur histoire, et, longtemps encore après, les che-
valiers et les dames du pays venaient annuelle-
ment à Perpignan assister au service solennel
en l'honneur des deux infortunés amants. C'est
sans doute à cette fin déplorable de Cabestaing
que l'auteur du roman de la Dame du Fayel a
emprunté son livre, écrit vers 1228. On répugne
à croire, disent fort justement les auteurs de
YHistoire littéraire, qu'un pareil trait de féro-
cité ait pu, même dans ces siècles barbares,
être répété deux fois, et à si peu d'intervalle.
On se rappelle que Boccace raconte l'aventure
de Cabestaing dans sa Quatrième journée. Les
poésies de ce troubadour se trouvent au nombre
de sept à la Bibliothèqueimpériale, sous le n" 7698 :
cinq d'entre elles ont été imprimées dans le re-
cueil de M. Raynouard.
V. ROSENWALD.
Raynouard, Choix de Poésies orig. des Troubadours,
t. II. — La Curne Sainte«Palaye. — Millot, Hist. litt. des
Troubadours. — Uist. litt. de la Pr., XIV.
* CABET (^^ieHwe), chef de communistes, né à
Dijon le 2 janvier 1788. Si son père, tonnelier de
profession, ne lui laissa pas de patrimoine, il par-
vint cependant à lui procurer le bienfait d'une
éducation libérale ; et son fils put s'inscrire au bar-
reau de sa ville natale , mais sans y trouver la
fortune qui lui manquait. Le 19 août 1816, il
figura comme avocat dans le procès politique
qui fut fait au général Veaux et à d'autres ci-
toyens de ce pays, sous prétexte de conspira-
tion contre la dynastie restaurée des Bourbons.
Le général fut acquitté avec les autres, et se sui-
cida l'année d'après (1817), à cinquante-trois ans.
M. Cabet s'était signalé par une ardeur un peu
âpie dans la défense, et se crut obligé de quitter
le barreau de Dijon. Il vint à Paris à trente ans,
mais ne put se faire un nom parmi les avo-
cats delà capitale. Il dirigea quelques années Tad-
ministration du Journal de Jurisprudence de
M. Dalloz, et essaya ensuite , mais sans succès ,
d'organiser une agence d'affaires. A l'époque de
la révolution de 1 830 , il ne comptait que dans
les rangs secondaires de l'opposition libérale. 1!
se vantait d'avoir été un membre actif de la so-
ciété des carbonari. Son austérité et sa persé-
vérance l'avaient fait remarquer. Le premier mi-
nistre de la justice de cette époque, M. Dupont
de l'Eure, eut assez de confiance dans son passé
et dans le témoignage de ses amis pour l'éievcr
subitement au rang de procureur général. La
Corse était sa destination. M. Cabet ne croyait pas
que la révolution de cette époque eût assez fait
en donnant à la France une charte plu.s libérale
que celle octroyée par Louis XVIII, et pour roi
un prince éclairé, né près du trône, et résolu à
faire prévaloir les institutions monarchiques
contre la république, dont le nouveau procu-
reur général, malgré ses serments , se préoccu-
pait déjà, ainsi qu'une minorité peu nombreuse.
Il hésita même à se rendre à son poste, quelque
avantageux qu'il fût à son obscurité , sous pré-
texte qu'on verrait bientôt une révolution plus
complète. On avait déjà accusé son absence à
la tribune parlementaire , à cause des troubles
survenus en Corse : il fallut qu'il quittât le petit
cercle qu'il ameutait contre le gouvernement. A
peine arrivé à Bastia, M. Cabet prononça un dis-
cours officiel, dans lequel il reprochait à la charte
la forme dans laquelle elle avait été votée par
les chambres, et ses lacunes prétendues. Un
tel langage ne pouvait être toléré dans la bouche
d'un des principaux organes du gouvernement»
Le nouveau ministre de la justice, M. Bartlie,
fit prononcer sa révocation le 31 mai 1831,
21
CABET
22
M. Cabet se mit aussitôt sur les rangs pour la Ré-
putation dans son pays natal; il fut élu, le 6 juil-
let, par le deuxième collège électoral de l'arron-
dissement de Dijon, par préférence au marquis
de Chauvelin , qui cependant avait été l'un des
principaux champions de l'opposition sous le
gouvernement déchu; tant les majorités sont
changeantes au souffle des révolutions !
Dans la chambre des députés , où il fut reçu
le 25 juillet , sans justification de la propriété
qui seulepouvaitlerendreéliglble,M. Cabet con-
sulta plus son ardeur que ses forces oratoires, et
se montra aussi hostile qu'il le put au pouvoir
(jui l'avait disgracié : il ne se contenta pas de
parler à la tribune ; il publia une multitude de
pamphlets aujourd'hui oubliés, une Histoire
(prétendue) de la Révolu tion de 1 830, et un jour-
nal ultra-démocratique appelé le Populaire, il
fut poursuivi , avec l'autorisation de la chambrCj
pour offense envers le roi, déclaré coupable
par le jury, et condamné, le 13 février 1834, à
deux ans de prison et à une forte amende. 11
ne voulut pas exécuter l'arrêt de la justice, et
préféra s'exiler pendant cinq ans pour prescrire
sa peine. II se retira en AngleteiTe, où, dans son
dénûment, il fut soutenu quelque temps par les
souscriptions de ses anciens collègues. C'est là
qu'il eut connaissance d'une utopie socialiste
renfermée dans le voyage simulé d'un lord W. Ca-
risdall en Icarie, qui a été plus tard (11 janvier
1840) publié (1) à Paris, avec une traduction
par Fr. Adams. M. Cabet en fit un extrait à sa
façon pour l'approprier aux goûts des ouvriers
français, pour lesquels il avait une sympathie na-
turelle, et le publia en mars 1842 sous le titre
de Voyage en Icarie, roman philosophique et
social (2). D lui donna alors le titre de 2^ édi-
tion avec assez de raison; car précédemment
(1841) il avait publié douze lettres d'un commu-
niste à un réformiste.
Cette époque est celle où il se montra le plus
fécond; il avait profité de l'amnistie de 1839
pour rentrer en France; bientôt (1840) il publia
4 vol. d'une Histoire de la Révolution de 1789,
aussi mal écrite qu'exagérée dans ses jugements.
11 était si exalté dans son républicanisme,
qu'il ouvrit une attaque vive et longtemps pro-
longée contre les écrivains du journal le Na-
tional, qu'il accusait d'égarer les patriotes. Il
était alors très-discrédité parmi les hommes po-
litiques, même dans son parti; mais il obtenait
obscurément^quelques succès dans les bas-fonds
de la société.
Le censeur le plus modéré des réformateurs
contemporains, M. Reybaud (3), dit, en parlant du
Voyage en Icarie de Cabet : « C'est un Anglais
qui a découvert ce continent merveilleux. Il est
le< héros d'un récit dans lequel Buonarotti et Mo-
rus , Fénelon etCampanella se donnent la main.
(1) 2 vol. in-8«.
(ïj Un. petit vol. de t7 à 18 feuilles.
(3) lS48j S« édition, tom. II, p. 128.
L'îcarie doit sou bonheur au pontife Icar, qui
a un faux air de famille avec. l'Ulopiis du clian-
celier d'Angleterre ; il est mort quand lord Ca-
risdall arrive à Icara. 200 guinées sutïisent pour
défrayer le voyageur pendant son séjour, le gou-
vernement lui devant nourriture, logement, et
les raffinements de la vie locale. On le transporte
dans des voitures à deux étages ; on le promène
en ballon. Il n'y a ni boue ni poussière dans les
rues d'Icara, qui sont sillonnées de chemins de
fer. Tout le monde a droit au transport en com-
mun. Les piétons cheminent sous des arcades. Lf»s
chiens sont bridés et muselés , et rempliasent
d'ailleurs tous leurs devoirs envers l'homme. Le
pavé n'appartient ni aux ivrognes n\ aux courti-
sanes. On n'y connaît pas la débauche; mais on
y trouve des indispensables pour les femmes et
pour les hommes, où la pudeur cent entrer sins
rien craindre ni pour elle-mêm.e ni pour la dé-
cence publique. C'est l'État qui fait tout. Il est
imprimeur, boulanger, boucher, restaurateur ; il
possède des ateliers en tout genre. Les aliments
sont réglés par la loi , l'ordinaire voté par les
chambres. Il y a des cnisiniers nationaux. L'î-
carie admet les femmes à l'exercice de la chirur-
gie et de la médecine. Les malades sont soigné.-,
dans les hôpitaux. Il n'y a pas d'inlirir.es, tant on
a soin de croiser lec races. La brune est unie à
un blond , le blond à une brune ; le montagnard
épouse la fille des plaines, l'homme du nord la
vierge du midi. La loi a tout prévu, jusqu'au le-
ver et au coucher. Dinaros, un sage d'icarie,
donne ses leçons sur les bords du fleuve Tayr,
et enrôle tous les hommes célèbres anciens etcon-
temporaùis parmi les Icaiiens de conviction. »
Ce livre est d'ailleurs très-mal écrit; ce qui
ne l'a pas empêché d'avoir cinq éditions de 1842
à 1848. Depuis 1844, M. Cabet y a joint chaque
année l'almanach Icarien, pom* y enregistrer les
progrès de sa secte.
En 1847, ses partisans le pressèrent de réali-
ser son utopie. Il se i-endit à Londres, où il
s'aboucha avec un certain Peters, concession-
naire d'im immense territoire en fiùche sur
les bords de la rivière Rouge, dans les vastes
solitudes du Texas. Il parait qu'il s'assura de la
rétrocession à bas prix d'un million d'hecta-
res, si au l^"" juillet 1848 les colons avaient rem-
pli les conditions imposées par le gouvernement.
M. Cabet annonça cette concession dans son jour-
nal le Populaire les 7 et 9 janvier 1848. Mais,
dès le 17 octobre précédent , il avait réuni 150
Icariens sous les liens d'un traité qui lui conférait
l'autorité absolue, et le rendait dépositaire de tous
les fonds et ordonnateur de toutes les dépenses.
La condition fondamentale était que les asso-
ciés se dépouilleraient au profit de la commu-
nauté de tout leur avoir; et quand plus tard, au
milieu de ses démêlés judiciaires, il fut établi
que les plaignants avaient sauvé quelque chose
de leur naufrage, ou dissunulé quelque somme,
M. Cabet s'en plaignit très-vivement, même à la
23
CABET
24
justice. Le premier départ d'Icariens eut lieu le 2
février 1848, avant qu'on eût pu encore déter-
miner le point précis de l'établissement, et s'être
assuré que la rivière Rouge , dont le cours est
immense , fût jusque-là navigable. Les malheu-
reux s'égarèrent, et épuisèrent leurs ressour-
ces. Ils firent retentir le nouveau monde et leur
ancienne patrie du récit de leurs souffrances et
des accents de leur désespoir. M. Cabet avait
été arrêté en janvier 1848, pour suspicion d'es-
croquerie, mais remis en liberté. Sur ces plaintes,
un nouveau procès lui fut suscité à Saint-Quen-
tin ; mais une ordonnance de justice déclara qu'il
n'y avait lieu à suivre. Cependant la révolution
de 1848 avait éclaté. M. Cabet, qui n'était pas
un républicain de la veille, semblait devoir y
jouer un assez grand rôle ; mais il n'en fut rien.
On lui doit cette justice qu'il s'opposa constam-
ment aux hommes de violence, et ne participa
en rien aux joiu-nées d'avril, de mai ni de juin,
et qu'il rendit service au gouvernement pro-
visoire. Il crut même sa vie menacée, et publia,
le 22 avril 1848, une lettre courageuse à l'adresse
de ceux qui le menaçaient de mort.
Cependant ses adeptes , parmi lesquels im
second départ avait eu lieu, le réclamaient. Il fal-
lut partir. On le trouve, le 6 janvier 1849, écri-
vant de New-York à ses amis pour les rassurer.
Quoi qu'il en soit, il fut cité en justice avec son
associé Krolikowski ; celui-ci fut acquitté, mais
Cabet fut condamné, le 30 septembre 1849, à deux
ans de prison, pour escroquerie : c'était par dé-
faut, A son arrivée au Texas, il trouva sa com-
munauté divisée en deux camps : les uns voulaient
la dissoudre , les autres la continuer, mais sur
un site mieux déterminé. La minorité se dispersa,
et avec elle un médecin , l'homme le plus capa-
ble, qui exerce aujourd'hui sa professioaà la Nou-
velle-Orléans. On avait appris que les Mormons,
établis à Nauvoo , sur le Mississipi , dans l'illi-
nois, en avaient été expulsés en 1847, et que
leur ville avec son temple étaient restés déserts :
la majorité résolut de s'y transporter, et s'y éta-
blit en effet en mai 1850. Cependant la nouvelle
de la condamnation de M. Cabet avait été portée
par les feuilles publiques au sein des Icariens. On
le voit, dès le 10 novembre 1849, publier un mé-
moire volumineux pour sa défense (1). Il ne suf-
fisait pas de se justifier de loin. La dictature dont
M. Cabet avait été investi le 2 avril ne le lavait
de rien : le l^^'mars 1850, seize personnes avaient
d'aUleurs protesté contre cette autorité ; on pré-
tendait qu'il en abusait pour supprimer la corres-
pondance et pour imposer silence à ses adver-
saires. Le i" juin 1850 , l'assemblée de Nauvoo
protesta à son tour en faveur de M. Cabet, et
prétendit que la dictature résultait des statuts
[irimitifs de la société, que tous avaient signés :
on donna en même temps au dictateur les meil-
leurs certificats sur l'emploi des fonds qu'il çiyait
reçus , et sur sa probité.
(1) 10 feuilles in-8°.
M. Cabet se retrouvait à Paris à la fin de cette
année, et publiait sa justification anticipée devant
la justice (11 décembre) (1). Il avait repris de
la popularité parmi les démocrates : le 3 avril 1 850,
il avait été choisi par les 230 délégués du con-
clave de Paris pour son premier candidat à la dé-
putation; mais il ne fut pas élu représentant.
Cependant le jour de sa justification judiciaire
était arrivé; la justice avait dû lui accorder de
longs délais pour purger sa contumace involon-
taire de 1849. Les charges étaient graves ; le rap-
port d'un expert qui avait examiné ses écri-
tures étabUssait qu'il était en déficit de 24,000
francs avec son journal; qu'il avait reçu des Ica-
riens plus de 200,000 francs, et qu'il ne justi-
fiait pas de ses dépenses pour moitié. Les plaintes
étaient nombreuses et vives; les préventions
étaient immenses. M. Cabet comparut devant la
cour d'appel de Paris le 23 juillet 1851. Après
les préliminaires du débat , il obtint lui-même la
parole , et ne parla pas moins de quatre heures.
Il expliqua combien sa vie avait été pénible et
laborieuse : « il aurait pu, s'il avait été ambi-
tieux et cupide , se servir de ses amitiés et des
révolutions auxquelles il avait assisté, pour s'é-
lever et édifier sa fortune ; mais il avait marié
sa fille à un ouvrier (il est vrai qu'il était lui-
même fils d'un tonnelier) ; il avait mis dans la
société icarienne tout son avoir et trois hôtels
à Paris ( s'il a possédé ces hôtels , il n'en était
propriétaire que de nom ; car il est avéré qu'il
n'avait aucune fortune réelle ). Il soutenait avec
émotion qu'il vivait de privations ; sa réputa-
tion de probité était son seul bien , et il avait
fait 3,000 lieues pour reconquérir celle qu'on
voulait lui enlever, soutenu des vœux de toute
sa communauté. Si des malheurs étaient arrivés
aux premiers émigrants, il avait cherché à re-
tenir les premiers départs; et d'ailleurs ces
pertes et ces souffrances étaient l'accompagne-
ment obligé de toutes les colonisations. Quant à
lui , loin d'abuser de sa dictature nécessaire , il
prenait ses repas en commun avec ses associés,
ne buvait que de l'eau, et s'interdisait les soulage-
ments que son âge sollicitait. Il s'était deux fois
démis de son pouvoir ; mais les Icariens avaient
voulu l'ymaintenir, de peur que leur communau-
té ne tombât en dissolution. En définitive , en
dépit de ses envieux et de ses ennemis , son
nom livrait dans l'histoire. « En prononçant ses
paroles , il fondit en larmes. Le 26 juillet , après
trois jours de débats solennels, M. Cabet fut ac-
quitté par un arrêt souverain , motivé « sur ce
qu'il n'y avait pas eu fausse entreprise, mais
concessiQn; que les versements de fonds n'a-
vaient pas été déterminés par la promesse for-
melle de terres; et qu'il n'y avait pas eu ma-
nœuvres frauduleuses, ni détournementdefonds.»
Cet arrêt met donc la probité du réformateur à
l'abri de tout reproche légitime.
Avant de retourner parmi ses Icariens, il
(1) Brocli. de 3 feuilles 1/2.
1
25
CABET — CABIEN
26
publia, le i" novembre 1851 , une lettre à l'ar-
chevêque de Paris : on apréteudu que les amis du
clergé lui avaient fait des offres d'appui pécu-
■ biaire et moral pour son journal , s'il avait voulu
travailler à la propagation du catholicisme;
mais M. Cabet n'a jamais voulu se semr de
l'instrument religieux pour sa propagande, et
, c'est ce qui le distingue de la plupart des réfor-
mateurs, et notamment du chef des Mormons,
dont il occupe aujourd'hui l'une des villes.
C'est, en effet, un problème curieux à étudier
que l'empire obtenu sur un millier de person-
nes par cet homme simple, sans extérieur,
sans éloquence ni talent d'écrire, déjà avancé
en âge, qui a transplanté si loin de leur patrie
des ouvriers parisiens non dépourvus d'intelli-
gence, et les maintient en état de société par les
seuls liens de l'autorité civile et politique. Il est
vrai que sa persévérance est rare, et que le
pays où il est parvenu est fertile ; qu'il y a trouvé
une ville toute bâtie, et les restes d'im vaste
temple pour le culte de la Divinité, quoiqu'on
ne sache pas quel est celui de M. Cabet. Les tra-
vaux auxquels se livreront les Icariens ne se-
ront pas sans récompense, s'ils persévèrent;
mais parviendront-ils à conserver, même sur une
petite échelle (ils sont réduits à 300 environ), le
principe de la communauté des biens ? M. Cabet
les maintiendra pi obablement jusqu'à sa mort;
mais sa famille n a pas cru en lui : elle est restée
à Paris. Alf. Isambert.
Gazette des tribunaux, 183*, 1849-1851. —Journal de la
librairie. — Archiv. de la chambre des députés ; 1831.
— Dictionnaire de la conversation (nouvelle édition ).
CABEZA. DE VACA {Alvar-Nuïiez) surnommé
Adelantado, administrateur et voyageur espa-
gnol , vivait dans la première moitié du seizième
siècle. En 1539, il fut chargé par le gouverne-
ment espagnol, qui lui conféra en même temps
le titre d'adelantado (chef supérieur), de pour-
suivre l'exploration des rives delà Plata; et, le 9
novembre 1540, ilmit à la voile de San-Luca avec
quatre bâtiments et environ cinq cents soldats. Il
prit d'abord possession de Cananca , relâcha à
Santa-Catalina , d'où il put faire diverses recon-
naissances. La perte de deux navires le décida
à pousser vers le Paraguay. En novembre 1541,
il pénétra dans des chaînes de montagnes abso-
lument désertes; et, après dix-neuf jours de
marche , il se trouva dans des plaines haliitées
par des Indiens-Guaranis. Selon l'hivariable cou-
tume des navigateurs d'alors, il prit possession
de ce pays au nom de son roi , et l'appela Véra ,
parce que son père et son aïeul avaient été ainsi
nommés. Poursuivant alors sa marche par la
voie déterre, il arriva, le 11 mars 1542, à l'As-
somption, dont il prit le gouvernement, malgré
l'opposition des colons espagnols. Ayant le des-
sein de s'ouvrir une route vers le Pérou, il se mit
en voyage de ce côté ; mais l'insuccès le ramena
à l'Assomption. Il s'y trouva aux prises avec le
soulèvement des mécontents , auxquels s'étaient
jointes les troupes , fatiguées de sa tyrannie, et
qui, le 20 avril 1544, instituèrent un nouveau
gouvernement. On le garrotta lui et son secré-
taire Pedro Fernandez, et on les embarqua pour
l'Espagne. A leur arrivée , ils furent condarhnés
par le conseil des Indes à être déportés en Afri-
que. Pendant qu'on instruisait leur procès , ils
publièrent, en deux parties et en forme de mé-
moire justificatif, le premier ouvrage qui ait
paru sur le Paraguay et la Plata. La première
partie, qui est l'œuvre de Cabeza, est intitulée
Naufragios de Alvar Nunez Cabeza de Vaca;
la seconde partie, rédigée par Pedro Fernandez,
a pour titre : Commentarios de Alvar Nunez
Adelantado y gobernador de la provincia
del Rio de la Plata. L'ouvrage, imprimé in-4° à
Valladolid en 1544, se trouve aussi dans les
Historiadores primitivos de las Indlas occid.
de Barca. V. R.
Barca, Historiadores primitivos de las Indias occid.;
IMadrid, 1749. — Spreiigel, Geschichte der geog. Endec-
kungen.
cABEZAiiERO (Jean-Martin ), peintre espa-
gnol, né à Almaden en 1633, mort en 1673.
Élève de Careno de Madrid, il était, comme son
maître, également coloriste. Cabezalero ne peignit
guère que des sujets pieux. On voit de ses ta-
bleaux dans plusieurs églises de Madrid , et le
musée de cette ville en possède quatre autres.
QuilUet, Dictionn. des Peintres espagnols. — Nagler,
Nenes Allgemeines Kilnstler Lexicon.
CABiAC {Claude HE Bane, seigneur oe), théo-
logien français, né à Nîmes en 1578, mort dans
la même ville vers 1658. Il était de la famille
des barons d'Avejan, et pratiqua d'abord le cal-
vinisme, qui était la communion de ses parents;
mais ayant étudié chez les jésuites de Tournon,
il devint catholique zélé. En 1620, il fut nommé
consulte au présidial de Nîmes. On a de lui :
l'Écriture abandonnée par les ministres de
la religion réformée, 1658. Cet ouvrage fit du
bruit, et, dit-on , des prosélytes.
Nicolas, Biographie du dép. du Gard.
CABiANCA. Voy. Vmso (Francesco).
*CABiATi (Joseph) , médecin italien, né à
Milan , mort à Sideriano le 8juillet 1714. Il étudia
à Pavie, où il fut reçu docteur, et exerça en-
suite sa profession dans plusieurs villes du Mi-
lanais, surtout à Busto. A la fin, il se retira à
Sideriano, où il mourut. On a de lui : Quando
di straordinario e curioso è seguito net in-
verno dell' anno 1709 in alcune parti délia
Lombardia; Milan, 1709, in-4°.
Argellati, Bibl. Mediol. — Corte, Medici Milan.
* CABIEN (...), marin français, vivait dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Devenu
contrefait à la suite d'une chute, il fut réformé du
service actif, et nommé garde-côte en Normandie
près de Samt-Valery. Il était en sentinelle isolée,
lorsqu'en 1761, par une nuit très-obscure, les An-
glais tentèrent une descente, croyant la côte sans
défenseurs. Cabien, ayant reconnu leur approche,
appela aux armes, prit un tambour, battit la géné-
rale , puis parcourut les diverses batteries et re-
31
CABOT
32
l'est) et Drogéo. Le nom de la première désigne
Lien Terre-Neuve, qui est à l'est de l'Amérique;
la seconde, par sa position et les mœurs de ses
habitants, représentei-ait la Nouvelle- Angleterre.
Au surplus, les marins du Nord n'étaient pas les
seuls qui connussent l'Amérique septentrionale ;
les Basques, qui se livi'aient avec ardeur à la
pêche de la baleine dès le quatorzième siècle,
poursuivaient ce cétacé jusque dans le Groen-
land, dans les parages du Canada; ils parlaient
même d'un pays plus au sud-ouest, dont les peu-
ples connaissaient l'usage des métaux précieux,
bâtissaient des villes et des temples , mais of-
fraient cependant des sacrifices humains à leurs
idoles. N'est-ce pas désigner les Mexicains, ou
quelque ancien peuple de la Floride ou delà Loui-
siane ?
Cefutsur ces données, plus ou moins vagues ,
que Cabot présenta à Henri vn un mémoire
motivé pour lui demander l'autorisation d'ar-
mer une expédition , afin de mettre la Grande-
Bretagne en relation directe avec le Cathay.
Henri , repentant d'avoir accueilli trop froide-
ment les offres de Colomb, n'eut garde de lais-
ser échapper- cette nouvelle occasion de pros-
périté, n donna donc, le 5 mars 1495, à Cabot
et à ses fils une permission « de naviguer avec
« cinq vaisseaux choisis dans ses ports, dans
« tous les pays de l'orient, de l'occident et du
« nord , à la recherche des terres inconnues. »
Jean ne partit pourtant de Bristol qu'au com-
mencement de 1497, accompagné de trois de ses
fils, Louis, Sébastien et Sanche, qui comman-
daient sous ses ordres. L'escadre reconnut, le
24 juin, l'ile de Baccalaos (1) et une terre voisine
à laquelle Cabot donna le nom de Saint-John
(c'était la côte sud-ouest de Terre-Neuve). Il en
prit possession au nom de l'Angleterre, et, après
en avoir relevé'la position aussi exactement que
les moyens d'alors le permettaient, il se dirigea
vers le nord-ouest, croyant ne rencontrer aucun
obstacle pour arriver au Cathay. Voyant, contre
son attente , que la terre se prolongeait au nord ,
il remonta jusqu'au 60° de latit. (côtes du La-
brador). Mais comme à cette hauteur elle incli-
nait à l'est, il redescendit vers l'équateur, et
parvint jusqu'au cap Floride, qu'il signala par
28° environ de lat. nord. Avec un peu de per-
sévérance. Cabot découvrit les Lucayes; mais
craignant de manquer de vivres , il fit voile pour
l'Angleterre , où il était de retour dès le mois
d'août 1497. On l'y reçut avec distinction, comme
étant le premier navigateur qui eût découvert le
continent américain.
La route tracée par Cabot fut plus tard reprise
par d'autres navigateurs tout aussi hardis.
Alfred «e Lacaze.
• Richard Hackluyt, the Principal navigations and dis-
(11 L'île de Baccalaos (île de la Morue) avait été re-
connue longtemps avant Jean Cabot par le Portugais
Jean Cortereal. Ses compatriotes exploitaient déjà les
pêcheries de cette île.
coveries of the English nation.- Gomara, Uistoria ncn.
de las Indias. — Auguste fiuponchel, Introduction aux
voyages autour du monde. — Penny Cyclopxdia.
CABOT (Sébastien), navigateur anglais,
deuxième fils du précédent, né à Bristol en 1477,
mort à Londres en 1557. 11 suivit son père dans
plusieurs voyages, et commandait sous hiiun i)A-
timent lors de l'expédition du Labrador à la
Floride (1497). Les dispositions de Sébastien se
développèrent ainsi, et bientôt la réputation
du fils fit oublier celle du père, à ce point que
l'on a souvent attribué à Sébastien seul les
travaux de toute sa famille. Après l'exploration
de 1497, on ne retrouve pourtant ce marin qu'en
1517, sous Henri \TI1 d'Angleterre. Il s'était at-
taché à sir Thomas Perth, vice-amiral, par le
crédit duquel il avait obtenu l'exécution du
traité passé avec les Cabot. Il put donc pour-
suivre ses voyages transatlantiques. Il lui fal-
lut d'abord , quoique convaincu de l'existence
du passage par le nord, pénétrer aux Indes par
le sud. A cet effet, il se rendit au Brésil ; mais,
sans cesse contrarié dans ses desseins par son
protecteur, il dirigea sa course sur Hispaniola
et Porto-Ricco, puis revint en Angleterre. Cette
expédition fut plutôt un voyage de reconnais-
sances que de découvertes; ou du moins ces
dernières, faites dans la merdes Antilles et sur
les côtes de la Guyane, furent-elles insignifiantes.
Resté oubfié en Angleterre, Sébastien passa en
Espagne, où il n'eut pas de peine à obtenir, en
qualité de grand pilote de Castille, une flottille do
cinq vaisseaux. Il mit à la voile en avril 1526,
dans le but iie traverser le détroit de Magellan,
et de là atteindre les Moluques ; mais le défaut de
provisions le força de modifier son plan de
campagne. Il jugea convenable de rester dans l'o-
céan Atlantique et d'explorer les côtes du Bré-
sil, n trouva une vive résistance à ce projet dans
son commandant en second, le vice-amiral Mar-
tinez-Mundez, et dans les capitaines Francisco et
Miguel de Rozas, qui entraînèrent dans leur parti
un grand nombre de matelots. A force d'éner-
gie. Cabot dompta la révolte ; et s'étant emparé
des principaux chefs, il les abandonna dans une
île déserte, puis entra dans Rio de la Plata ( ri-
vièredel'Argent), qu'il remonta jusqu'au confluent
du Paraguay et du Parana. Il découvrit dans ce
ti'ajet une île qu'il nomma François Gabriel ( au-
jourd'hui la coloniede San-Sacramento), et y cons-
truisit le fort San-Salvador. Il tira beaucoup d'cr
et d'argent des Indiens qui habitaient les rives
du fleuve. Les Portugais, de leur côté, avaient
déjà tenté de pénétrer dans le Pérou en traver-
sant le Paraguay. Cabot, ayant rencontré un offi-
cier de cette nation venu pour reconnaître le
pays, crut que sa présence y était nécessaire
pour en assurer la possession à l'Espagne. Il dé-
pêcha en conséquence un de ses vaisseaux,
pour rendre compte à Charles-Quint des raisons
qui l'avaient déterminé à ne pas suivre sa pre-,
mière mission, et demander un prompt secours*
33
CABOT
34
Laissant alors son escadre au confluent des trois
rivières, il s'engagea, trente lieues plus haut, dans
la grande rivière du Paraguay. Il y e»it à soute-
nir un combat contre les indigènes, qui lui tuèrent
vingt-cinq hommes et lui firent trois prisonniers.
Malgrécette perte,Cabot n'en construisit pas moins
un fort, sous le nom de Santo-Spirito, au confluent
d'une rivière qu'il nomma Rio-Tercero. Pendant
cinq ans ayant attendu en vain des provisions et
des renforts, il repassa en Espagne en 1531 avec
son escadre, laissant cent vingt hommes pour gar-
der son fort. Une grande partie de cette garnison
périt victime de l'amour dont un cacique voisin
fut enflammé pour la femme d'un des principaux
officiers espagnols ; et le reste, trop faible pour se
soutenir dans le pays, abandonna Santo-Spirito et
se réfugia snr les côtes du Brésil, d'où bientôt il
fut chassé par les Portugais. Dégoûté du service
de l'Espagne, Sébastien rev int en AngleteiTe vers
la fin de 1546. A cette époque Terre-Neuve était
devenue pour les Anglais une riche possession,
à cause de la pêche qu'ils y faisaient ; les avanta-
ges qu'ils en retiraient stimulèrent leur recon-
naissance pour Cabot : le roi Edouard VI lui ac-
corda une pension viagère de 4,000 francs.
Toujours pénétré de l'idée du passage à la Chine
par le nord , Cabot proposa au monarque anglais
d'envoyer encore une expédition à la recherche
de cette voie. Edouard y consentit, fit équiper
trois navires, et laissa à Cabot le choix du per-
sonnel qui devait les monter. Cabot, ne pou-
vant faire partie de la petite flotte, désigna pour le
remplacer sir Hugh Willughby {voy. ce nom)
en qualité d'amiral ; Richard Chancelor fut choisi
comme second chef {voy. ce nom). Un conseil
de douze membres, composé de l'amiral, des
commandants et premiers officiers des navires ,
fut institué pour déterminer la route à suivre dans
les circonstances critiques. Ces sages précautions
n'empêchèrent pas le navire de sir Willughby
d'être jeté sur les côtes de la Laponie, où tous
ceux qui le montaient périrent misérablement.
Chancelor maintint sa course aunord, et pénétra
dans une vaste baie (la mer Blanche), où il ap-
prit que le pays faisait partie de la Russie. Il
n'hésita pas à se rendre à Moscou , résidence de
Jean Vasilowitz, qui gouvernait alors, quoiqu'il
en fût éloigné de 1500 milles. Bien reçu par ce
prince, il établit la base des rapports commer-
ciaux qui depuis cette époque ont subsisté entre
les deux nations. Il revint en Angleterre le prin-
temps suivant. Cabot eut l'honneur et le profit
de'cette exploration ; car, en 1535, il fut nommé
gouvernem- à vie de la compagnie formée pour
le commerce aveclaRussie et les nouvelles terres
découvertes {Campany ofmerchantadventîc-
rers).
Sébastien Cabot a laissé : une grande carte
géographique, gravée par Charles Adam ; le pre-
mier exemplaire en est suspendu dans le palais
de Whitehall; — Navigazione nelle parte set-
tentrionali ; Venise ,1583, in-fol.; — Instruc-
WOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
lions pour diverses expéditions maritimes et
surtout pour un Voyage au Cathay, recueillies
par James Hackluit dans the Principal Navi-
gations and Dicoveries of the English na-
tion ; — des mémoii-es qui ont été publiés sous
le titre : Memoirs o/Sebast. Cabot, with a re-
view of the history of maritime discovery ;
Londres, 1831. Alfred de Lac \z%
William Smith, yoyages autour du monde.— Parchas,
Pilgrimage. — Andersen, Hist. of Commerce. ,
CABOT ( Vincent ), publiciste et jurisconsulte
français , né à Toulouse vers la moitié du sei-
zième siècle, et mort dans la même ville en
1621 (1). 11 eut, de son temps, une grande répu-
tation dans l'enseignement du droit. Dès l'âge
de vingt-quatre ans, il concourut à Paris pour
obtenir une chaire de droit canon; un plus ha-
bile lui fut préféré: mais le savoir dont il avait
fait preuve détermina l'université d'Orléans, qui
ne manquait pas de sujets capables, à l'appeler
pour professer le droit civil et le droit canon.
Après quatorze années d'exercice, il céda au vœii
exprimé par le premier président du parlement
de Toulouse (DuFaur de Saint-Jorry), qui, in-
formé de son mérite, le fit rappeler dans sa pa-
trie. Il y remplit pendant vingt-deux ans , avec
un succès soutenu, les fonctions de professeur
en l'un et l'autre droit. Lors de son séjour à
Orléans , il avait publié l'éloge funèbre de Mi-
chel Violée, jurisconsulte (Laudatio funebris
£>. Michel Violsei, 1592, in-4°), dont la men-
tion est omise dans la Bibliothèque historique
de la France, et un recueil de dissertations sur
différentes difficultés de droit public et privé
( Varktrxim juris publici et privati Disserta-
tiomim libri duo; Paris', 1598, ln-4''). Jean
Doujat fit imprimer, parmi les œuvres canoniques
de Jean Dartis, dont il fut l'éditeur en 1656,
in-fol., un traité des bénéfices, qu'il a déclaré de-
puis être l'œuvre de Cabot. Depuis longtemps
le jurisconsulte toulousain avait amassé les ma-
tériaux d'un grand ouvrage sur la politique, qu'il
n'a pas eu le loisir de terminer. Léonard Cam-
pistron, son ami, auquel il avait légué ses ma-
nuscrits, se chargea de ce soin, et publia le plaa
général de l'ouvrage. Il fit exprès le voyage de
Paris , pour le présenter aux principaux mem-
bres du parlement et à l'université. Les en-
couragements qu'il reçut le déterminèrent à
mettre en ordre et à faire imprimer le travail
de Cabot. Le premier volume seulement fut
mis au jour, sous ce titre : les Politiques de
Vincent Cabot, Tolosain, publiées par Léonard
Campistron ; Toulouse, Pierre Base, 1630, in-8°.
L'ouvrage, dédié au cardinal de Richelieu , de-
vait former cinq tomes, d'après le plan que l'é-
diteur fit réimprimer à la tête de ce volume , et
qui comprend le sommaire de 28 livres, dont il
n'a paru que six. L'auteur n'a pas suivi la voie
(I) La Biographie Toulousaine, publiée en I8î3 ( ou-
vrage à refaire }, ne fait connaître ni la date de la uals-
sance de Cabot, ni celle de sa mort.
35
CABOT -- GABRAL
3G
ouverte par Bodin; ils a'ont d'autres points de.
ressemblance que l'abus de l'érudition. Le dé-
faut d'encliaînement des matières, le peu d'ordre
qui règne dans leur disposition, et l'absence de
Tues élevées, placent les Politiques à une dis-
tance immense de la République.
J. Lamoureux.
Moréri, Dictionnaire hist. — Dictionnaire universel
,des sciences morales et politiques , t. X.
GABOVS (Schenu-el-Maali), quatrième prince
zayaride, mort en 1012-1013. FUs de Vachme-
ghir, il occupa le trône après son frère Bistoun
(976-977 de J.-C. ) Trois ans plus tard, Fakhir
Eddaulah, prince bouïde , ayant été détrôné par
ses frères, vint se réfugier auprès de Cabous, qui
refusa de livrer ce prince à ceux qui le poursui-
vaient. Il paya de sa couronne ce respect de
l'hospitalité. Vaincu aux environs d'Asterabad en
371 de l'hégire, il se réfugia dans le Khorasan
avec le prince qu'il avait recueilli , et qui le paya
d'ingratitude. Rentré dans ses États après la
mort de son frère, loin de rétablir Cabous dans
les siens, il s'en empara. A la mort de l'usurpa-
teur, Cabous fut enfin reconnu par les peuples du
Djordjan et de Mazanderan. Au mois de chaban
S88 ( août 988 ), il vint reprendre possession de
ses États, et les accrut du Ghilan et du Thaba-
ristan. La vie de ce prince devait être troublée
jusqu'à la fm. Impitoyable pour les rebelles, il
fut de leur part l'objet d'une conspiration pen-
dant qu'il se reposait dans un château dont les
conjurés s'emparèrent. Ils firent venir son fils
Menoutcliehr, et lui offrirent la couronne, à la
condition de déporter Cabous. Menoutchelu' ne
fit que semblant d'accepter; il vint alors se jeter
aux genoux de son père et protester de son dé-
vouement. Cabous, satisfait de la conduite de son
fils, lui dit : « J'ai fixé ici le terme de mes actions
et de ma vie , et je vous remets toute mon au-
torité entre les mains. " Cette résignation ne
contenta point ses ennemis ; ils le firent empoi-
sonner. Cabous était un prince lettré, et qui savait
apprécier le talent. Il fit des présents à Avicenne,
qui avait guéri son neveu d'une grave maladie.
D'Herbelot, Bibliothèque orientale.
CABRAI, ou CAPRALis (i^rawçois), mission-
naire portiigais , né en 1528 à Covilhâo, mort
à Goa le 16 avril 1609. A Goa, où il était à l'âge
de vingt-six ans, il entra chez les jésuites; mis-
sionnaire infatigable, il parcourut en grande par-
tie l'Inde et l'Asie. Après avoir enseigné la phi-
losophie et la théologie à Goa et avoir dirigé
plusieurs maisons de jésuites dans l'Indoustan,
il devint vice-provincial au Japon, où il fit de
nombreuses conversions, parmi lesquelles celle
du roi d'Omura et de sa famille, et, en 1575,
celle du roi de Bungo. Revenu à Macao, il eut la
direction des missions destinées à aller en Chine,
et prit activement part aux travaux et au dévoue-
ment des missionnaires. Il fut ensuite rappelé à
Goa, dont il gouverna pendant trente-huit ans la
maison professe. En 1606 il assista, avec les pou-
voirs de l'évoque du Japon, au concile tenu
cette année par tout l'épiscopat. On a de lui :
des lettres, dans les Litteree annusc, écrites
du Japon de 1571 à 1584, ainsi que dans les Lit-
terse annuee, écrites de la Chine de 1583 à 1584;
enfin, dans celles qui ont été imprimées à Évora
en 1608.
Aleganibe, Mbliotheca ScriptorumSocietatis Jesu.
CABRAL, (Pedro-Alvarez) (1), célèbre navi-
gateur portugais, né dans la seconde moitié du
quinzième siècle, mort vers l'année 1526. Il ap-
partenait à l'une des meilleures familles du Por-
tugal; son père. Fernando Cabrai, était seigneur
de Zurara da Beira , et remplissait l'office d'al-
caïde môr de Belmonte, charge héréditaire dans
sa maison (2). Tous les historiens se taisent sur le
lieu de naissance de Cabrai et sur ses premières
années: malgré les recherches de l'infatigable
Barbosa, les circonstances les plus simples de
sa vie privée nous seraient encore inconnues, si
des documents positifs, découverts il y a une
douzaine d'années seulement, ne nous avaient ré-
vélé quelques faits propres à éclaircir sa bio-
graphie. On sait qu'il s'était allié à l'une des pins
nobles familles du royaume, et qu'il avait épousé
dona Isabel de Castro , première dame de l'in-
fante dona Maria, fille de Jean III; il en eut de
nombreux enfants.
Sept ans s'étaient à peine écoulés depuis que
Colomb avait accompli sa mémorable découverte;
et il n'y en avait pas encore trois que Gama avait
visité pour la première fois les plages de l'Inde,
lorsque Emmanuel résolut de tenter une nouvelle
expédition pour Calicut , dont le radjah ne s'é-
tait point montré hostile, et qui promettait de
nombreux débouchés au commerce des chré-
tiens. La flotte qui fut équipée alors était des-
tinée à une entreprise essentiellement commer-
ciale ; mais elle fut confiée aux hommes de mer
les plus expérimentés et les plus braves de l'é-
poque, et Cabrai en eut le commandement; deux
administrateurs intelligents, chargés de fonder
une factorerie sur la côte du Malabar, lui furent
adjoints pour traiter des affaires commerciales.
Us se nommaient Ayres Barbosa et Pero Vaz de
Caminha. On ignore complètement quels étaient
les antécédents de Cabrai, et quels droits il
pouvait avoir par ses travaux à une telle mis-
sion; mais on sait qu'il s'était acquis l'estime
de Vasco de Gama, et que ce fut sur la re-
commandation de l'amiral des Indes qu'il fut
chargé de diriger une expédition destinée à
recueillir les fruits de son mémorable voyage.
Rien ne fut négligé pour la réussite de cette
vaste entreprise, et la flotte se composait primiti-
(1) On prononce et môme on écrit communément Pe-
dro Alvarès ou Pedr'Jlves. Earros se sert toujours de là
première de ces dénominations. Dans la vieille collection
française de Temporal, le premier explorateur du Brésil
s'appelle simplement Pedro Aliares. Le nom de famille
est omis.
(2) A l'alcaïde môr appartenait spécialement la dé-
fense de la forteresse.
37
CABRAL
m
vement de treize navires richement chargés. Sur
le bâtiment portant le pavillon du capitâo môr,
venaient les somptueux présents destinés à faire
oublier par leur magnificence ceux que Vasco de
Gama s'était vu contraint d'offrir naguère au
radjah du Calicut, et dont la mesquine pauvreté
avait failli compromettre la première expédition
des Portugais. Des marins dont le nom avait
déjà acquis de la célébrité, et dont plusieurs eus-
sent été dignes de commander en chef, servaient
sous Cabrai : c'étaient Sancho de Thovar, cet Es-
pagnol intrépide jusqu'à la témérité, qui devait
se perdre au retour, mais qu'on nommait le pre-
mier dans les actions difficiles ; Nicolas Coelho ,
dont le mérite avait été hautement reconnu par
l'amiral lors du premier voyage; puis Barthé-
lémy Dias, celui qui, en doublant le premier le
cap des Tourmentes , avait provoqué le mot fa-
meux de Jean II, et ouvert la voie à tant d'auda-
cieuses espérances.
Dès le 8 mars tous les préparatifs étant ter-
minés, la soirée du 9 fut assignée comme moment
du départ. La flotte était mouillée au Rastello ,
devant la plage où l'on creusait les fondations
du somptueux couvent de Bclem. Pendant la
messe célébrée pour appeler la faveur divine
sur la nouvelle expédition , Cabrai se tint tou-
jours auprès du roi; et, malgré le concours des
populations, Emmanuel voulut l'accompagner
au lieu même de son embarquement. Au bout
de treize jours, la flotte, qui venait de passer de-
vant les Canaries, se trouvait un peu au delà
des îles du cap Vert, lorsqu'on s'aperçut qu'un
<les navires , celui que commandait Vasco d'A-
thayde, ne marchait plus de conserve avec les
autres voiles ; on ne l'attendit qije peu de temps ,
et les douze autres navh-es continuèrent leur
navigation en s'éloignant quelque peu des côtes
de l'Afrique, et en se dirigeant de plus en plus
vers l'ouest. C'est sans fondement que l'on a
représenté Cabrai comme ayant été dans ces pa-
rages le jouet des tempêtes, et comme se voyant
contraint à suivre malgré lui la direction dans
laquelle il avançait. L'opinion émise par Barros
est plus probable; et le désh- fort rationnel d'é-
viter les calmes de la côte de Guinée serait
ce qui aurait valu au successeur de Gama la
gloire d'ouvrir le seizième siècle par une de ces
découvertes qui ont changé l'aspect du monde.
Pour ôter au simple hasard la part infiniment
trop belle qui lui a été faite en cette occasion
par divers écrivains , il suffit d'ailleurs d'avoir
présente au souvenir l'activité des études géo-
graphiques en Portugal. On connaissait à la cour
d'Emmanuel toutes les découvertes accomplies
par Colomb; et en l'année môme où Cabrai
s'embarquait pour les Indes, un habitant des
Açores, Gaspard de Corte-Real, avait si bien le
sentiment des vastes explorations que l'on pou-
vait entreprendi'e dans les régions visitées na-
guère par le Génois, qu'il sollicitait la donation
des îles ou même de la terre ferme qu'il pourrait i
découvrir dans ces parages. Une concession en
date du 12 mai de l'année 1500 lui est faite par
la couronne. On peut donc supposer chez Ca-
brai une louable curiosité ou une légitime espé-
rance, lorsqu'il se dirigeait invariablement au
sud-ouest (1).
Qu'il ait été entraîné par les vents , ou qu'il
ait suivi volontairement cette route, elle con-
duisit l'heureux navigateur dans une région
dont la merveilleuse fertilité frappa de surprise
ceux qui n'avaient vu que les plages de l'Afrique
ou même les terres basses de la côte du Mala-
bar, Le 22 avril, un mercredi de l'octave de Pâ-
ques, Cabrai aperçut le sommet d'une montagne
de forme arrondie , qui fait partie de la chaîne
des Aymorès, et à laquelle il imposa le nom de
monte Pascoal. La côte reçut bientôt celui de
Vera-Cruz , qu'elle conserva pendant quelques
années avec une légère modification. Au temps
de Camoëns , le Brésil s'appelait encore la terre
de Santa-Cruz. La dénomination qui a prévalu,
et qui , en rappelant la teinture éclatante de Vibi-
rapitanga, signalait un genre de commerce au-
quel devaient prendre part tous les peuples com-
merçants de l'Europe, le nom du Brésil, en un
mot, remontait dans l'ancien monde à bien des
années, et s'appliquait déjà à des bois venus de
l'Afrique ou de l'Orient, mais que l'on n'acqué-
rait qu'à grand prix (2) .11 désigna,concun'emment
avec la dénomination officielle , les terres nou-
vellement découvertes, et que Cabrai lui-même
considéra d'abord comme une île.
La terre avait été aperçue; on l'aborda le 23,
et ce fut l'habile Nicolas Coelho qui fut chargé
d'aller explorer la côte. Dès ce premier examen
les Portugais purent acquérir quelques notions
sur le caractère vraiment sociaWe des habitants.
Un indigène monta de son plein gré à bord du
navire, et s'y conduisit de la façon la plus paci-
fique et sans le moindre indice de terreur. Le 24,
la flotte se dnigea au nord , à la recherche d'un
(1) Les marins les plus iatelligents et les plus intrépi-
des de la Péninsule étaient attirés naturellement vers
ces parages. 11 est hors de doute aujourd'hui que deux
navigateurs espagnols avaient déjà visité depuis quel-
ques mois les terres qui allaient se déToller à l'amiral
portugais; mais, ainsi que le fait observer M. de Hum-
boldt il résulte de l'ensemble de ces considérations
« qu'une côte de cent soixante-dix lieues sépare les dé-
« couvertes de Pinzon et de Diego de Lepe de celles de
«Cabrai; que les premières ont été faites à!» lin de
« janvier et au commencement de mars, et les secondes
<c postérieurement au 22 avril de la même année. » (Voy.
la savante discussion contenue dans la section deuxième
de ['Histoire de la Géographie du Nouveau Continent,
t.V. p. 61).
(2) Voyez ce qui résulte à ce sujet d'un lumineux exposé
de Humboldt : « Trois siècles avant l'expédition de Gama,
lorsque le commerce de l'Inde se faisait par la vole de
terre, un bois rouge, propre à la teinture des laines et dH
coton, était connu en Espagne sous les dénominations de
bresill, breasilly, bresilji, braxilis, Brasile. Muratorl a
prouvé ce fait par les taili c la douane deFerrare de
119Ï, comme par les tarifs de Modène de 1306. Des docu-
ments publiés par M. Capmany sur l'ancien commerce
des Catalans ne laissent pas de doute sur l'introductioa
du bois de teinture ou btj.si\ de 1S21 à 1243. » Hist. de la
Géogr. du Nouveau Continent, t. Il, p. 217.
2.
39
CABRAL
40
abri qui lui offrît quelque sécurité : elle le trouva
par 16° 30' de lat. aust. ; et ce lieu prit plus tard
le nom de Porto-Seguro. Le 26 avril, dimanche
de Pâques, on célébra solennellement la messe
dans un îlot de l'anse, qu'on désigna alors sous
le nom de Coroa Vermelha, et que l'on a pro-
posé d'appeler Bahia Cabralia. Un religieux
qui occupa plus tard le siège épiscopal de Ceuta,
Fr. Henrique, prêcha devant les Portugais et de-
vant les Indiens, dont l'attitude vraiment res-
pectueuse charma et surprit à la fois le religieux
navigateur. Le l'"" mai avait été désigné pour
prendre solennellement possession de ce beau
pays. Une grande croix s'éleva sur la côte en
souvenir de cet événement mémorable; et des
croix d'étain furent distribuées aux indigènes
qui entouraient les chrétiens. Dès ce joiu- ou
bien le 3 mai, comme le veulent quelques his-
toriens, Cabrai put annoncer à son souverain
qu'il venait de conquérir pacifiquement et d'ad-
joindre à son pays une des plus riches contrées
du globe; il ignorait complètement les décou-
vertes accomplies précédemment par les Espa-
gnols , et la sienne fut par la suite si bien accep-
tée, que nulle contestation ne s'éleva à son sujet ;
la science seule en a fait un point de vive dis-
cussion, qui a ti'ouvé de nos jours sa solution
pacifique. Cabrai, il faut le dire, se distingua
dans cette circonstance par une conduite pleine
d'humanité, et l'on peut l'affirmer aussi par des
mesures remplies de prudence. Son premier
soin fut d'expédier pour le Portugal Gaspard de
Lemos avec la nouvelle de la grande découverte;
et si celui-ci se présenta devant Emmanuel avec
deux indigènes, il dut les ravir à une autre par-
tie de la côte. Lemos était porteur de deux do-
cuments dont la valeur toute scientifique forme
un contraste étrange avec les présents dont on
croyait devoir charger alors les messagers qu'on
expédiait aux rois: l'un était une longue épître,
vTai chef-d'œuvre de narration, écrite par Pedro
Vaz de Caminha, second secrétaire de la facto-
rerie de CaUcut; l'autre, un document astrono-
mique fourni par maître loâo, le physicien
d'Emmanuel, et, si on l'aime mieux, le médecin
de l'expédition. Dès les premiers jours de la dé-
couverte, llmmense empire du Brésil eut donc,
grâce à ces deux hommes , un historien dont on
ne se lasse point d'admirer la naïve sagacité, et
un astronome qui éveille encore la curiosité des
savants.
Cabrai avait trouvé sur ces plages un peuple
peu différent par ses traits généraux des nations
visitées naguère par le grand navigateur génois ;
il était nu, vivait réuni en peuplades dans des
villages composés ordinairement de quatre vastes
tonnelles de verdure formant au centre une
place carrée ; il se servait avec dextérité de l'arc,
et, grâce à la chasse , vivait dans l'abondance.
Une étrange parure toutefois le défigurait; la lèvre
des hommes était perforée et recevait comme or-
nement une cheville de bois ou bien une pierre
de jade, que la lèvre inférieure enchâssait eir-
cuiairement. Cette étrange coutume n'était déjà
plus inconnue aux curieux de l'Europe; les Ca-
l'aïbes des îles en avaient offert les plus bizarres
échantillons. Les Tupiniquins ( c'était le nom
de la nation qui avait accueilli Cabrai ) vivaient au
pied du mont Pascoal; ils faisaient partie de la
race vaillante des Tupis, répandue depuis le Rio
de la Plata jusqu'au fleuve des Amazones. Les
Tupis étaient eux-mêmes une subdivision des
Guaranis , dont ils parlaient la langue en lui fe-
sant subir toutefois de légères modifications. Cet
idiome reçut plus tard, en raison de son univer-
salité dans ces parages, le nom de lingoa gérai.
Ce peuple ne possédait en apparence aucune
richessfi, et semblait même n'avoir aucun objet
d'échange. Dans les premières relations qu'il avait
eues avec les Européens , une circonstance toute-
fois avait frappé Cabrai et les chefs qui venaient
à sa suite. L'un des Indiens accueillis à bord de
l'amiral avait paru surpris de l'éclat d'un flam-
beau de cuivre bruni , et avait désigné la terre
comme renfermant un métal analogue. Cabrai
était doué d'une intelligence trop étendue pour
négliger de pareils indices. Avant de poursuiAre
sa mission , il voulut que ces plages fertiles ne
restassent pas inconnues aux Portugais. Deux
jeunes gens bannis pour leurs crimes , et choi-
sis parmi ceux que l'on désignait alors sous le
nom de Degradados, furent laissés dans le pays
de Vera-Cruz avec la mission d'en constater les
ressources naturelles et d'en observer les usages.
De leur zèle et en même temps de leur exacti-
tude devait dépendre leur sort. Plus tard , l'un
des deux bannis, réconcilié avec la société, grâce
aux services qu'il lui avait rendus, devint un agent
intelligent de la colonisation. Cabrai n'apparaît
qu'un moment dans l'histoire , et son nom n'est
prononcé qu'à propos d'une découverte maritime
fort mémorable sans doute, mais presque for-
tuite ; il importe donc de constater que tout ce
qui pouvait être fait par un chef d'expédition peur
rendre cette découverte utile à son pays, il le sut
faire sans omettre aucune précaution. Le 22 mai,
au moment du départ delà flotte, non-seulement
Emmanuel était averti de l'accroissement im-
mense que venait de recevoir son royaume,
mais l'exploration de la nouvelle conquête com-
mençait.
Un indice, terrible dans ces temps de supers-
tition, semblait lui présager d'horribles dangers :
une comète immense se dessina dans les cieux
peu de jours après qu'il se fut éloigné de la terre.
Bientôt un typhon effroyable réalisa les craintes
que le phénomène céleste avait fait naître ; quatre
navires furent engloutis, et avec eux périt Bar-
thélémy Dias, l'intrépide navigateur qui avait
baptisé le cap des Tempêtes. Cette lutte confie
les éléments n'empêcha point Cabrai d'aborder
la côte de Mozambique, de tenter une alliance
avec le souverain de Quiloa, dont il déjoua l'as-
tuce, et de renouveler avec le souverain de Mé-
41
CABRAL
42
linde une alliance basée sur de bons procédés
antérieurs. Grâce aux secours qu'il s'était ména-
gés dans ces parages, les sept cents lieues qu'il
lui restait à faire jusqu'à Angedive s'effectuè-
rent sans difficultés. Bientôt la flotte portugaise
mouilla devant Calicut.
Cabrai se présentait devant le souverain de
cette cité indienne avec un rare avantage sur le
hardi marin qui l'avait précédé : celui-là n'avait
que son courage pour se faire respecter, et ses
présents avaient fait sourire dédaigneusement
ceux auxquels ils étaient destinés; son successeur
se présentait devant le Samori (1) avec une ai--
tillerie formidable et des cadeaux éblouissants.
Dans l'entrevue solennelle qui eut lieu entre le
souverain malabar et le chef de l'expédition, ce-
lui-ci expliqua nettement au radjah ce qui l'a-
menait devant sa capitale ; et, grâce à Gasparo
da India, l'intelligent interprète, il put lui faire
comprendre nettement le but de sa mission. Em-
manuel , son souverain , l'envoyait dans un dou-
ble but : les forces militaires qu'il conduisait , il
les mettait à la disposition du nouvel allié des
Portugais , si celui-ci se trouvait en guerre avec
ses voisins ; les navires qu'il avait amenés de-
vaient recevoir une cargaison complète d'épices,
en échange de numéraire. La première de ces
propositions devenant inutile, Cabrai devait faire
accepter la seconde : c'était de là que devait sur-
gir la guerre, d'abord cachée, bientôt formidable,
que les musulmans, désignés improprement sous
le nom de Maures, allaient faire désormais aux
chrétiens. Les conditions de ce nouveau com-
merce , qui allait changer la face de l'Europe,
furent jurées solennellement; et une factorerie ,
dirigée par Ayres Correa, s'établit d'abord pa-
cifiquement dans Calicut. Quelques jours après,
grâce aux menées astucieuses des Maures , les
chrétiens étaient massacrés ; et Cabrai , jugeant
avec raison les traités conune rompus, allait de-
mander asile au roi de Cochin, l'ennemi du Sa-
ïnori, qui commandait à Calicut. Dans ces actes
si compliqués et si divers, Cabrai déploya de la
sagacité et du sang-froid; peut-être poussa-t-il
trop loin la prudence, lorsqu'il évita le combat
en présence des quatre-vingt-cinq voiles envoyées
par le Samori contre sa flotte dans les eaux de
Cochin ; pour la première fois aussi, il manqua
d'humanité en emmenant en Europe les otages
d'un roi hindou ; mais il avait hâte d'aller ter-
miner son chargement à Cananor ; et, pour le
juger sans prévention, il faut se rappeler que le
grand but de l'expédition était de nouer avec
linde des relations commerciales qui détournas-
sent au profit du Portugal les richesses que Ve-
nise allait chercher dans une autre partie de l'O-
rient. H ramena glorieusement en Europe les
(1) M. -deHumboIdt donne à cette dénomination déjà al-
térée, et dont les historiens français ont fait le mot Za-
morin, une origine sanscrite. Samudrya Radja signifie
proprement le roi du littoral (de Samudra, la, me"; Scfr
WMdr^a, maritime).
navires que lui avait laissés la tempête; et sans
l'imprudence de Sancho de Thovar, qui alla briser
son bâtiment richement chargé d'épices contre
un écueil , il n'eût eu à déplorer aucun accident
vraiment regrettaLle, en exceptant toutefois la
catastrophe de Calicut. Dans les mers d'Afrique,
à Bézénègue , non lom du cap Vert, il rencontra
môme une flottille dont la vue lui prouva qu'on
se hâtait de mettre à profit l'avis qu'il avait
donné avec tant de prévoyance, et qui faisait tom-
ber au pouvoir du Portugal l'une des plus riches
portions de ce nouveau monde, que Colomb était
allé proposer vainement à Jean D. L'heureux Em-
manuel recevait ainsi d'un heureux concours de
circonstances ce qu'avait refusé le génie le plus
pénétrant.
Le 23 juillet 1501, Cabrai était de retour à
Lisbonne, et il avait la satisfaction d'y retrouver
deux navires qu'il croyait perdus. Sans aucun
doute la mémorable expédition qu'il venait d'ac-
complir lui valut un accueil égal à l'importance
des résultats; ce qui peut le faire supposer du
moins, ce sont les récompenses accordées ulté-
rieurement à sa famille : quoi qu'il en soit, après
avoir raconté longuement ses combats maritimes
le long des côtes de l'Inde, les historiens de la pé-
ninsule le laissent dans une complète obscurité.
Des recherches soigneuses, faites parmi les do-
cuments portugais si peu explorés de la Biblio-
thèque impériale , nous font supposer que l'heu-
reux explorateur du Brésil prolongea son exis-
tence au delà de 1526. La tombe de Cabrai,
longtemps ignorée, a été découverte récemment
par un des investigateurs les plus zélés des an-
tiquités brésiliennes ; elle est dans la sacristie du
couvent da Graça à Santarem, où M. Adolfu de
Vamhagen l'a vue en 1838 : c'est une sùnple
pierre de treize palmes de long, sur laquelle on
Ut en lettres gothiques l'épitaphe suivante :
Aquy Jaz Pedralvarez Cabrai e dona Isabel de Castro
sua moilier, cuja be esta capelia be (sic) de todcs seus
Erdeyros aquall, depois da morte de seu marydo, foicama-
relra môr da infante dona Marya, fyiha de el rey dO Joao,
nosso sfior, bu (sic) tercelro deste nome.
Ce qu'il y a surtout de remarquable dans cette
épitaphe, c'est qu'elle ne mentionne Cabrai que
pour mettre en évidence les titres honorifiques de
sa femme. Cela s'explique par l'espèce d'abandon
dans lequel le Brésil fut laissé au début de la
conquête; ce vaste territoire ne fut réparti en
capitaineries qu'en 1531.
De son mariage avec dona Isabel de Castro,
Cabrai eut deux fils , qui ne moururent pas sans
postérité, coimne on l'a affirmé trop légèrement.
Des pièces judiciaires inédites consultées par
nous, il résulte que Fernando Cabrai hérita des
seigneuries de Zurara, Itfanteiga, Moimenta et
Tavares, possédées par son père, mais qu'il re-
çut plusieurs bienfaits de la couronne. Le même
document donne au fils de l'explorateur du Brésil
la qualification de dovi, qui lui avait été accor-
dée , comme à Ganja , en rémunération de ses
43
CABRAL -^ CABRERA
44
services. Le second fils de Pedr'alvares porte le
nomd'Antonio Cabrai, et participe eal534ai]x fa-
veurs royales; Le dernier héritier mâle de cette fa-
mille dont il soit fait mention est Joam Roïz Ca-
brai, qui en 1536 réunit sur sa tête les biens de la
maison : en lui s'éteignit probablement la descen-
dance directe du navigateiu". Ferd. Denis.
Cada-Mosto , Novus orbis regionum ac insularum
( dans Simon Gryuée ; Bâle, 1555 ). — Rarausio, délie Na-
virjazioni e viaggi, etc.; Venezia, Glunti, 1861. — Jean
Temporal, De l'Jfriqîie contenant les navigations des
capitaines portugalois et autres, faites audit pays jus-
qu'aux Indes; Lyon, i556. — J. de Barros, Decada pri-
meira da India, liv. I*'', chap. 30. — Maftei, Historia
Indica, llb. 2.— Faria, Asia Portugueza,t. I; chap. S. —
F. Giov. Guiusepe di Santa-Theresa, Istoria del Brazile,
liv. I, chap. 2. — Bocha Pitta, America Portugueza. —
Solorîano, De jure Indiarum, t. I, ch. S, no 31, 32, 33.
— F. de Santa-Maria, Diario Portuguez, t. I. — F. Ant.
de S.-Roman, Historiade la India oriental, liv. Il, ch. 3.
— Vasconcellos, Noticia do Brazil. — Lafîleau, Con-
questes des Portugais. — Ayres de Casai, Corografta
Brasilica.—O Panorama,jornal Uterario, 8 vol. g. in-S".
CABRERA {Bernard de), homme d'État es-
pagnol, mort le 26 juillet 1364. Ministre de
Pierre IV, roi d'Aragon , auquel il sut se rendre
utile , il fut par cela même en butte à la haine
des courtisans. Il se retira alors dans un mo-
nastère ; mais le roi , qui regrettait les services
de son ancien ministre, le vint tirer lui-même de
la solitude en 1349. L'envie n'abandonna pas
sa proie ; et ce qu'il y a de honteux pour la
mémoire du roi d'Aragon, c'est qu'il sacrifia son
ministre , se laissa persuader que Cabrera était
coupable, et lui fit trancher la tête. Le monarque
trompé s'aperçut trop tard de son injustice ; il
reconnut dans son testament l'innocence de Ca-
brera , sur le petit-fils duquel il reporta toute
sa faveur.
Mariana, Hist. d'Espagne.
CABRERA {Bernard de), seigneur italien,
vivait dans la première moitié du quinzième siè-
cle. Favori de Martin, roi de Sicile , il tenta de
succédera ce prince en 1410, et fit la guerre à
Blanche, veuve de Martin, qui refusait de le choi-
sir pour époux. Pris et jeté dans une citerne,
puis dans une tour, il voulut s'évader, mais tomba
dans un fossé. Il obtint cependant sa grâce de
Ferdinand, successeur de Martin, qui lui imposa
seulement la condition de quitter la Sicile. Il
mourut peu de temps après.
, Léo et Botta, Hist. de l'Italie.
CABRERA {Pierre de), théologien espagnol,
de l'ordre de Saint-Jérôme de Cordoue, vivait au
dix-septième siècle. Il était frère du dominicain
Alfonse, et professa d'abord la philosophie, puis
la théologie, à Cordoue et dans d'autres localités.
On a de lui : un Commentaire sur la 3^ partie
de la Somme de saint Thomas ; Cordoue , 1602,
2 vol. in-S".
Antonio, Bibliotheca Jiispana nova.
CABRERA (D. Juan-Thomas Henriquez de),
duc de Médina del Rio-Sccco , amiral et homme
d'État espagnol, mort à Lisbonne le 23 juin 1705.
Il descendait d' Alfonse XI, roi de Castille. Ap-
pelé d'abord le comte de Melgar, il devint, après
avoir été gouverneur de Milan, premier ministre
de Charles n en 1693. La faveur, dont il jouis-
sait auprès de la reine, seconde femme de Char-
les II, fit de lui le plus puissant personnage du
royaume. Il se servit de cette influence pour ap-
puyer les protestations de la maison d'Autriche
à la succession d'Espagne. Mais l'animadversion
publique etla haine du cardinal Porto-Cavrero,
qui parvint à le rendre suspect au roi , l'obli-
gèrent de résigner le pouvoir et de se retirer de
la cour. Cependant tel était encore le prestige
qu'il exerçait, qu'il fut nommé ambassadeur à la
cour de France, à l'avènement de Philippe V.
I! n'accepta pas ces fonctions, qui ne faisaient que
dissimuler sa disgrâce ; et il se rendit à Lisbonne,
où il parvint à déterminer le roi de Portugal à
se liguer contre Philippe V. En même temps il
attaqua devant le pape le testament de Charles II.
Cette conduite lui valut, de la part du conseil de
Castille , la confiscation de ses biens et une con-
damnation capitale. Il eut cependant peu de cré-
dit sur l'esprit des généraux coalisés, et le clia
grin qu'il en ressentit fut tel qu'il descendit bien-
tôt au tombeau.
Mémoires et négociations secrètes, par de la Torrc. —
Laraberty, Mém. pour servir à l'histoire du dix-hui-
tiéme siècle. — Antonio, Bibl. hisp. nova. —Clément,
Bibliothèque curieuse. 11.
CABRERA {Louis de), historien espagnol,
mort vers 1655. Comme son aïeul et son père,
il se distingua dans la carrière militaire, et pu-
blia un ouvrage, parfois partial, mais riche de dé-
tails , sous le titre de Historia del rey D. Phe-
lipe II; Madrid, 1619, iu-fol. On a en outre de
lui : Tratado de Historia para entenderla
y escrivirla; Ibid., 1611.
Antonio, Bibl. hisp. nov. —Clément, Bibliothèque cu-
rieuse.
il^ CABRERA {Ramon iV....), général espagnol,
né à Tortose le 31 août 1810. Ses parents, pau-
vres et pieux, le firent entrer au séminaire de
Cervera, avec le désir de lui voir embrasser l'état
ecclésiastique. Le jeune Ramon obtint bientôt, par
le crédit de protecteurs puissants, la place de cha-
pelain de N.-S. del Carmino, ermitage voisin de
Tortose. Il l'eçut en conséquence les ordres mi-
neurs ; mais il se vit ensuite, dit-on, refuser la
prêtrise, vu l'énormité de ses peccadilles de jeu-
nesse.
Ferdinand Vil mourut en 1833, léguant à son
pays la guerre civile. Deux partis divisaient
l'Espagne, les libéraux et les absolutistes; les
uns représentés par don Carlos de Bourbon ,
frère du feu roi, dépossédé de la couronne par
la pragmatique sanction de 1830 ; les autres, qui
tournaient leurs espérances vers la jeune Isa-
belle II, dont la mère, nièce du roi des Français,
proclamée reine- régente , semblait animée des
idées de réforme qui alors soufflaient sur l'Eu-
rope. Don Ramon Cabrera, fanatisé par l'exemple
de prêtres nombreux qui avaient marché à la
tête des sojitiens du trône et de l'autel dans
des circonstances encore toutes récentes, jeta 1 ■
45
CABRERA — CACAPISTI
46
froc, et se fit chef de bandes. La férocité qu'on
a reprocliée avec juste raison à Cabrera a sa
source, il faut le dire, dans l'exaspération où le
jeta le massacre de sa mère et de ses trois soeurs,
que Mina ordonna sans nécessité. De là naqui-
rent, des deux côtés, de tristes représailles.
Après avoir désolé les provinces d'Aragon,
de Valence et d'Andalousie, Cabrera, blessé et
traqué comme une bète fauve, fut i'orcé de cher-
cher jusqu'à sa guérison un asile chez le curé du
village d'Almagou. 11 parvint bientôt à réunir
de nouvelles troupes, et remporta plusieurs vic-
toires sur les christinos à Bunal, à Burjasotc,
et prit un grand nombre de villes et de châteaux.
A Îorre-Blanca cependant les chasseurs d'Oporto
l'écrasèrent, et, blessé grièvement, il dut prendre
la fuite, pour se relever encore et s'empaier de
Morella. La prise de Morella fut un grave évé-
nement pour la Péninsule : don Carlos était aux
portes de Madrid ; mais heureusement pour le
parti libéral le générai Moroto fit volte-face , et
ruina les espérances de celui que ses partisans
appelaient Charles V. Cabrera fut créé en 1838
comte de Morella et lieutenant général par don
Carlos, c[ui prenait ainsi la responsabilité des atro-
cités dont son lieutenant s'était rendu coupable.
Bien que don Carlos se fût retiré en France, Ca-
brera continua la guerre, et lutta jusqu'en 1840,
où il fut complètement écrasé , dans les monta-
gnes de la Catalogne, par les efforts d'Espartero,
général plus heureux sur le champ de bataille
qu'au cabinet , et qui eut la gloire de terminer
cette guerre civile, qui mettaiten présence depuis
près de dix ans les citoyens de la même patrie.
Le roi Louis-Philippe fit enfermer Cabrera au
château de Ham, et luirendit peu après la liberté.
En 1845, don Carlos ayant abdiqué en faveur
du comte de Montemolm, son fils, Cabrera se dé-
clara d'abord contre cet acte de l'infant; mais il se
rapprocha bientôt du nouveau roi Charles VI,
et, d'accord avec lui, tenta, à la suite de la révo-
lution de Février, une descente en Espagne qui
échoua à Pasteral le 27 janvier 1849. Blessé en-
core une fois, Cabrera s'est retiré à Londres, où,
déjà possesseur d'une fortune énorme, il a épousé
une riche Anglaise. T.-Albert Bl/usquet.
Moniteur universel, — Joseph LavaUée, Histoire d'Es-
pagne. — Rosenwald et Després, Annuaire historique
detesur.
'^'CABRiÈRE (Giraud de), troubadour du trei-
zième siècle. On n'a de ce poète que de longs frag-
ments d'une pièce inachevée ; quant à sa personne,
on n'en sait que ce qu'il raconte lui-même. Il nous
apprend qu'Ù est venu après Ébles d'Uissel, Ru-
del et Marcabrus. Dans un morceau adressé à
un jongleur du nom de Cabra, il fait à celui-ci
de nombreux reproches : « Tu joues mal de la
vielle, tu chantes plus mal encore ; tu ne sais pas
finir comme font les Bretons. Mal t'a instruit celui
qui t'a montré à conduire les doigts et l'archet.
Tu ne sais ni danser (non sapsbalar), ni escamo-
ter (trasgitar ) comme fait tout jongleur gascon. »
Histoirt littéraire de la France, XX, SS4, 525. — Ray-
nouard, Choix do poàiet originalet det troubadours,
t. V et II.
"^CABRiLLO {Joâo OU Juau-Rodriguez), na-
vigateur portugais , né vers la fin du quinzième
siècle , mort le 3 janvier 1543. Ce marin, peu
connu aujourd'hui, jouissait d'une grande célé-
brité dans la Péninsule durant la première moitié
du seizième siècle ; comme Magellan, ce fut pour
le compte de l'Espagne qu'il navigua. Il se ren-
dit, le 27 juillet 1542, du port de Navidad dans
les mers de la Californie, et explora ces régions
avec beaucoup plus de soin qu'on ne l'avait fait
avant lui. En l'année que nous venons de si-
gnaler, il découvrit successivement quatre îles ■•
Santo-Tomas ou Encapa, Santa-Gruz , San-
Migiiel appelée aussi Santa-Kosa, et San-
Bernardo. Épuisé de fatigues et de privations,
il mourut dans cette dernière île. On met Ca-
brillo fréquemment au rang des navigateurs
espagnols. F. D.
Duflot de Mofras, Exploration du territoire de l'O-
régon, etc. — Documents inédits.
CABRissEAC (Nicolas), théologien français,
né à Rethel le 1*'' octobre 1680, mort à Tours le
20 octobre 1750. Estimé de le Tellier, archevê-
que de Reims, il fut persécuté sous le successeur
de ce prélat comme réfractaire à l'autorité épis-
copale. En 1722, il fut exilé à trente lieues de la
ville archiépiscopale , employé à Paris par le car-
dinal de Noailles, persécuté de nouveau et empri-
sonné à Vincennes sous Vintimille, privé de sa
théologale et envoyé en exil à Tours, où il mourut.
Ses principaux ouvrages sont : Instructions
courtes et familières s%ir le Symbole; Paris,
1728 et 1742, 2 vol. Jn-12; — Discours sur les
vies des saints de l'Ancien Testament ;PSiTh,
1732, 6 vol. in-12 ; — Réflexions morales sur
le livre de Tobie; Paris, 1736, in-12.
Quérard , la France littéraire.
CABROL (Barthélémy), chirurgien français,
né à Gaillac (Languedoc) vers 1535, mort au
commencement du dix-septième siècle. 11 fit ses
études à Montpellier, sous Laurent Joubert. En
1570, Cabrol fut nommé professeur d'anatomie
à Montpellier par Henri IV, qui créa pour lui
la charge de dissecteur royal. On a de ce savant
un Alphabet ajiatomique ; Tournon, 1594,
in-4'' ;le même ouvrage traduit en latin, Genève,
1602, 1604,1624, in-4° ; Montpellier, 1603, in-4°,
et 1606; Lyon, 1614 et 1624 ; Amsterdam, par
Plemprius, en hollandais, 1648, in-fol. ; enfin
sous le titre de Collegmm anatomicum cla-
rissimorum trium viroruvi Jacobini, Severini,
Cabi-olii; Uàaau, 1654, et Francfort, 1668, in-4°.
Éloy, Diet. hist. de la Médecine.
* CACAPISTI (Gérard), célèbre jurisconsulte
itahen, vivait dans la seconde moitié du douzième
siècle. Othon de Freysing l'appelle Gerhard
de Wigrès. Podestat ou bourgmestre de Milan,
il fut un de ceux qui tâchaient de définir les
droits des empereurs dans les villes lombardes.
Il fut aussi en 1177 délégué parla ville de Mi-
lan pour négocier la paix entre l'empereur Fré-
47
CACAPISTI — CACCIA
48
déric et te pape Alexandre III. On a de lui : De
Fendis, en trois livres, dont il rédigeale premier,
tandis qne les deux autres ont pour auteur pré-
sumé son collègue Obertus ab Orto , auquel
on attribue quelquefois tous les trois; — Con-
silium pro controversiis quibusdam Ecclesiss
Veronensis (dans Ughelli, Italia sacra, t. V).
Il rédigea cet ouvrage avec le concours des au-
tres juges milanais, Oberto abOrto, Stephinardo,
Ottobonno de Concovenzo, etc.; — Oratio
pro parte Lombardorum habita an. 1177 Ve-
netiis coram Alexandre III, dum ageretur de
statuenda pace Lombardorum ( dans Chro-
nicon Romualdi Saler nitani, dans Scriptor.
rerumltal.,t. Vil, etdansBaronius, j4nwaZ. ad
ann. 1 177 ) ; —Responsa ( cet ouvi-age n'est cité
que par Merula).
Argellati, Bibl. Mediol.
' *CACATE {Léonard), général français, né à
Limoges le 27 novembre 1760. Après avoir fait
plusieurs campagnes sur mer, de 1779 à 1780,
il fut désigné (1793) pour être aide de camp du
général Jourdan. Adjudant général, chef de bri-
gade, il se trouva au passage du Rhin, à la prise
du fort de Tlial-Ehrenbreistein (1801), au combat
d'Hornburg, et se distingua à la prise de Bam-
berg. Appelé au commandement du e'' régiment
de cavalerie, il fit les guerres de l'anVn à l'an XI,
d'Italie et de la grande armée, qu'il quitta pour
prendre (2 novembre 1806) le commandement
de Cosenza. Étant passé au service de Naples
en qualité de chef d'état-major ( 16 septembre
1807 ), il quitta ce pays ( 29 juillet 1808 ), et ob-
tint (19 mars 1809) le commandement de Ma-
drid. Ayant reçu du roi Joseph le grade de ma-
réchal de camp, il fut rappelé en France par dé-
cret du 8 janvier 1813. A. S.
Archives de la çiuerre. — Moniteur, an IV, p. 327. —
Vict. etConq., t. iv.
CACAULT (François), diplomate français,
né à Nantes en 1742, mort à Chsson le 1" oc-
tobre 1805. Au sortir de ses études, il vint à
Paris, et fut nommé à vingt-deux ans professeur
à l'École militaire. Ayant tué en duel un adver-
saire, il fut obligé de sortir de France en 1769.
Jl se rendit en ItaUe , et arriva à Rome dans la
plus extrême misère. En 1775 il revint en France,
fut secrétaire particulier du maréchal d'Aube-
terre, qu'il suivit en Italie et qui le fit nommer
secrétairedel'ambassade de Naples, où, en 1791,
il remplaça le baron de Talleyrand. Revenu à
Paris, il reçut l'ordre de retourner à Rome, après
le meurtre de Basseville. Arrêté dans sa marche
par les troupes ennemies, il ne parvint pas à sa
destination. Il resta alors en Toscane, et y déter-
mina le grand-duc à abandonner la coalition. Mi-
nistre à Gênes , il signa, avec l'autorisation du
général Bonaparte, le traité de Tolentino. Chargé
d'en assurer l'exécution, il se rendit à Rome et à
Florence ; puis il fut rappelé à Paris, où il vécut
d'abord dans la pauvreté, parce qu'il avait été in-
tègre. Au conseil des cinq-cents, où ilfutappeléen
1796, il présenta, le 15 août, un mode de reddition
de compte auquel seraient soumis les ministres.
Membre du corps législatif après le 18 bru-
maire, il retourna l'année suivante à Rome, et y
fut ambassadeur jusqu'en 1803, époque à laquelle
il fut remplacé par le cardinal Fesch. Il se ren-
dit alors aux eaux de Lucques, qui ne rétablirent
pas sa santé délabrée ; cependant, le 6 avi'il 1804,
il fut appelé au sénat conservateur. On a de lui :
Poésies lyriques, traduites de l'allemand de Ra-
mier; Berlin, 1777, in-i2; — Dramaturgie, ou
Observations critiques sur plusieurs pièces
de théâtre, traduites de V allemand de Les-
sing par un Français, et publiées par M. J. ;
Paris, 1785, 2 vol. in-12; — des rapports au
conseil des cinq-cents.
Moniteur univ. — Galerie hist. des Contemporains.
— Quérardj la France littérare.
*CACACL.T (Jean-Baptiste, baron), général
français, né à Surgères ( Charente-Inférieure ) le
2 septembre 1766, mort le 30 septembre 1813.
Entré soldat au 18" régiment d'infanterie le 22
avril 1784, il fit partie de l'expédition de la Mar-
tinique de 1790 à 1791. Il servit ensuite dans
les armées du Nord, de Sambre-et-Meuse et des
Ardennes, où il obtint (27 janvier 1794) le grade
d'adjudant général chef de bataillon, pour le
courage qu'il déploya dans le combat du 26
avril. Il se distingua plus tard dans les campa-
gnes de l'Allemagne , et fut blessé au bras droit
à la bataille de Fiiterbock le 6 septembre; il
mourut à Torgau à l'âge de quarante-sept ans.
Le nom de ce général est inscrit sur les tables
de bronze du Palais de Versailles. A. S.
Archives de la guerre. — F'ict. et conq., t. VI.
*CACCAVEH,o (Annibale), sculpteur na-
politain, florissait en 1560. H fut élève de Gio-
vanni Marliano de Nola et l'un des artistes qui
contribuèrent le plus à la décoration des églises
de Naples. Ses ouvrages attestent un talent réel,
mais cependant inférieur à celui des grands
maîtres de son époque.
Dominici, P^ite de' Pittori, Scultori et Architetti Na-
politani. — Cicognara , Storia délia Scoltura.
CACCIA (Francisca), peintre de l'école pié-
montaise, vivait dans la première moitié du
dix-septième siècle , et mourut à l'âge de cin-
quante-sept ans. Elle fut élève et imitatrice de
son père , Guglielmo Caccia, dit le Moncalvo,
Pour distinguer ses ouvrages de ceux de sa
sœur Orsola-Maddalena, elle avait adopté pour
emblème un oiseau qu'elle plaçait dans tous ses
tableaux. Elle avait, ainsi que ses quatre sœurs,
fait profession dans le couvent d'ursulines fondé
par son père à Moncalvo, dans le Montferrat.
E. B— N»
Ticozz.i, Disionario,— Lanzi, Storia pittorica.
CACCÏA (Ferdinand), littérateur italien, né
à Bergame le 31 décembre 1689, mort le 8 jan-
vier 1778. Il s'appliqua de bonne heure à la
philologie et surtout à la langue latine, dont il
s'efforça de rendre l'étude plus facile. 11 ne se fit
pas moins remarquer dans un autre genre de
49
CACCIA
50
connaissances, l'architecture. On lui doit la cons-
truction de plusieurs monuments. Ses principaux
ouvrages sont : De Cognitionibus ; Bergame,
1719 , in-4°; — Metodo di Grammatica assai
brève e facile per imparare con prestezza
e fondamento la lingua latina; ibid., 1726,
in-S" ; — Totius Regulx latinae sciendi Summa ,
ibid., 1728; — lo Stato présente délia lingua
latina; ibid., 1762; — Ortografia e prosodia;
ibid., 1764; — Antiqua regola délie sïllabe
lungke e brevi; ibid., 1764; — Citadinanza
di £ergamo; ibid., 17«6; — Vita di S. Giro-
latno Miani; Rome, 1768; — Vocabolario
senza Sinonimi; ibid., 1776 ; — Trattato lé-
gale; ibid., 1772; — Elementi e regole fon-
damentale délia lingua latina; Florence,
1777; — des ouvrages inédits sur l'Architec-
ture, sur les Fortifications, et une Histoire
des médecins de la ville de Bergame.
Krscflj et Grliber, Allgemeine Encyclopxdie. — Cliau-
don et Delandinc , Nouveau Dict historique.
* CACCIA (Frédéric), jurisconsulte italien,
né à Milan le 10 juin 1635, mort dans la même
ville le 14 janvier 1699. Il étudia d'abord à Paris,
où il fut reçu docteur ; exerça ensuite à Milan
la profession d'avocat avec im tel succès, que le
pape Clément X le nomma avocat consistorial.
Plus tard il devint auditeur de la rota, en 1692
archevêque de Laodicée et nonce apostolique
à la cour d'Espagne, et en 1693 archevêque de
Milan. Enfin, en 1695, il fut élevé à la dignité de
cardinal. On a de lui : Decisiones XIII (dans
Ramonius , 0pp.; Bologne , 1689, tom. second) ;
— Decisiones VIII, IX, XX, XXIII (dans
Albicius, De Inconstantia injudiciis); — quel-
ques autres Décisions (dans Corpus magnum
Kecentiorum, tom. XXe et suiv. )
.\rgellaU, Biblioth. Mediol.
CACCIA ( Gv-glielmo), peintre de l'école pié-
rnontaise, né en 1568 à Montabone, dans leMont-
ferrat, de parents originaires de Novare; mort
en 1625. Il est connu sous le nom de Moncalvo,
emprunté à un autre lieu du Montferrat où il
fut élevé, et pour lequel il conserva toute sa vie
une prédilection toute particulière. On croit qu'il
fut' élève de Giorgio Soleri, habile peintre mila-
nais ; mais, malgré les leçons de ce maître, mal-
gré l'étude qu'il fit de Raphaël, d'Andréa del
Sarto, et des autres grands artistes des diverses
écoles, il ne sut pas se préserver entièrement du
mauvais goût qui envaliissait l'Italie. Quoi qu'il
eu soit, on trouve dans ses ou^Tages une fécon-
dité d'invention, une habileté de main, un colo-
ris encore brillant comme au premier jom', une
touche fine et délicate, qui font pardonner ce que
son dessin peut avoir d'incorrect, et ses ajus-
tements peu conformes à la vérité. Peut-être
aussi ces défauts doivent-ils être attribués par-
fois aux élèves qu'il employait comme aides,
sans s'inquiéter assez de leur capacité. Le Mon-
calvo peignit surtout à fresque, et c'est dans ce
genre qu'il excella. Ses ouvrages sont nombreux
à Milan, à Pavie, à Novare, à Verceil, à Casale, à
Alexandrie , et dans les châteaux du Montferrat.
Lanzi cite avec éloge Saint Antoine abbé et
Saint Paul à Saint-Antoine de Milan , et une
charmante Gloire d'Anges à la coupole de Saint-
Paul de Novare. Ses tableaux à l'huile ont, en
général, un coloris moins vigoureux; on doit ce-
pendant faire exception en faveur du Saint Pierre
et de la Sainte Thérèse en extase, deSanta-Croce
de Turin, et surtout de la Déposition de Croix,
de San-Gaudenzio de Novare, qui passe pour
le chef-d'œuvre du Moncalvo. Homme d'mie pro-
fonde piété, il ne traita jamais de sujets profa-
nes ; il fonda à Moncalvo un monastère d'ursu-
lines, où cinq de ses filles prirent le voile. Deux
d'entre elles, Orsola Maddalena et Francesca,
s'occupèrent depeinture. Oncite aussi, parmi les
élèves du Moncalvo, Giorgio Aiberino. E. B — n.
Lauzl , Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario.
CACCIA ( Jean- Augustin ), poëte et littérateu r
espagnol , vivait dans la seconde moitié du sei-
zième siècle. Il était d'une noble famille de No-
vare. Après avoir étudié la philosophie, il entra
dans les armées de Charles-Quint, et consacra
ses loisirs à la poésie. Il composa des capitoli
dans le genre satirique, d'autres dans le genre
piacevole, et des poésies sacrées. La pensée et
l'expression sont également remarquables chez
ce poëte. On a de lui : Rime, 2 vol.; le pre-
mier, dédié à Catherine deMédicis (1) ; l'autre, au
cardinal Granvelle.
Ghillnl, Teatro d' Uominilillustri. — Menckc, Biblioth.
virorum milit. et script, claror.
*CACCIA {Michel-Ange), jurisconsulte ita-
lien, né à Aréna dans le Milanais, mort à Milan
en 1630. Après avoir étudié à Pavie, il fut avo-
cat à Milan, où il devint sénateur en 1624 ; mais
la peste l'emporta avec toute sa famille en 1630.
On a de lui : Consilia et Besponsa (dans
Gattici, Catena aurea) ; Vinc. Fusari, Consilia
et Ruginelli, De Arboribus ; — Pro Episcopo
Novariœ contra Regium Fiscum in materia
Jurisdictionis temporalis Ripariee; Milan,
1613.
Argeilati, Biblioth. Mediol.
* CACCIA (Orsola-Maddalena) , peintre de
l'école piémontaise, née à la fin du seizième siè-
cle, morte très-âgée en 1678. Elle fut élève de
son père le Moncalvo, et arriva à l'imiter avec
im tel bonheur, que ce n'est que par un coloris
un peu moins vigoureux et une expression
moins vive qu'on peut distinguer ses ouvrages
lorsqu'ils ne portent pas la fleur qu'elle avait
adoplée pour emblème. Elle peignit non-seule-
ment des tableaux de galerie , mais encore de^
tableaux d'autel très-nombreux et de grande di-
mension. On en voit plusieurs au monastère de
Moncalvo, fondé par son père, et où elle avait
pris le voile. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionar-io.
(1) La Biographie Universelle dit Marie de Médicis ;
c'est une erreur, f'oir Ghillnl.
SI
CACCIAGUERRA — CACGIATORE
52
* CACCIAGUERRA (Buonsignore, selon d'au-
tres Jérôme), moine et prêtre italien, né à
Sienne, vivait dans la seconde moitié du sei-
zième siècle. Il était ami et compagnon insépa-
rable de saint Philippe de Néri. On a de lui ;
Lettere spirituali ;^oa\e, 1575, in-8° ; Venise,
1584, in-8°; — Lettera sopra la frequenzia
délia santissima Communione, trad. en latin;
Cologne, 1586 et 1591, in- 12 (avec Louis de
Grenade, Defreqnenti Commuîiione), &ten fran-
çais par François de Belleforest; — Trattato
sulle tribulazioni : la dernière édition est de
Padoue, 1769, in-8° ; traduit en espagnol par
Pierre Vasquez Belluza; — Meditazioni ; Rome,
1583,in-8° ; — Catéchisme de lavie spirituelle ;
Lyon, 1599, in-12 (n'est que la traduction d'un
ouvrage publié en italien).
Adelung, supplément à Jôcher, AUgemeines GelehrU-
Lexicon.
*CACCiANEMici(Fincenso), peintre, né, vers
la fin du quinzième siècle, d'une famille noble
de Bologne, vivait en 1530. Élève et imitateur
du Parraigianino, il peignit pour Saint-Pétrone,
dans la chapelle Fantuzzi, une Décollation de
saint Jean- Baptiste, tableau assez bien dessiné,
mais brillant surtout par le coloris. II a gravé
aussi quelques estampes, dont la plus remar-
quable est une Chasse de Diane, dans le goût du
Parmigianino.
Vasari, Vite. — hdsizx , Storia pUtorica. — Malvasia,
Felsina pittrice.
*CACCiANEMlci (ii'rancesco ),^peintre, né à
Bologne, d'une famille noble, au commencement
du seizième siècle; mort en 1542. Il fut un des
nombreux élèves du Primatice, que ce maître
emmena avec lui en France pour l'aider dans les
travaux qui lui étaient confiés par François V.
Plus tard, le Primatice ayant été envoyé à Rome
par le roi pour y copier le Laocoon, Cacciane-
mici resta en France et s'attacha au Rosso. Il
n'abandonna pas pour cela le style de son pre-
mier maître, ainsi que le prouve la Décollation
de saint Jean- Baptiste, qu'il peignit pour la
chai)eUe Machiavelli à Saint-Etienne de Bologne.
On a attribué à tort ce tableau à un autre pein-
tre de la même famille, Vincenzo Caccianemici,
qui a traité le même sujet dans " l'église Saint-
Pétrone. E. B— N.
Malvasia, Felsina pittrice. — Tlcozzi, Dizionario.
CACCiANiGA (Francesco), peintre, né à Mi-
lan en 1700, mort à Rome en 1781. Il avait été
élève à Bologne de Marc- Antoine Franceschini ;
mais après la mort de son maître, en 1729, il
alla se fixer à Rome; et comme ce fut dans cette
ville qu'il passa le reste de sa longue carrière,
et ([u'il se perfectionna dans son art, il est re-
gardé comme appartenant à l'école romaine. Il
fut chargé de travaux nombreux et importants
tant 'à l'huile qu'à fresque, et il déploya dans
leur exécution de brillantes qualités, un peu ter-
nies cependant. par le manque de cette har-
diesse, de cette énergie que l'étude "ne peut don-
ner. Une de ses plus belles fresques se voit à
Rome au palais Gavotti ; plusieurs autres exis-
tent au palais et à la villa du prmce Marc-An-
toine Borghèse, dont les bienfaits assurèrent
l'existence de Caccianiga lorsque, dans sa vieil-
lesse, il se trouva sans fortune et accablé d'in-
firmités. Cet artiste joignit à l'étude de la pein-
ture celle de la gravure, et il reproduisit à l'eau-
forte ses meilleurs ouvrages, parmi lesquels on
distingue les quatre tableaux d'autel qu'il avait
peints pour Ancône. L'Eucharistie et le Mariage
de la Vierge brillent surtout par un coloris plein
de fraîcheur et d'harmonie. Le portrait de Cac-
cianiga peint par lui-même fait partie de la collec-
tion iconographique de Florence. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Orlandi, Abbecedario.
CACCIARI {Pierre-Thomas), théologien ita-
lien, de l'ordre des Carmes , vivait dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. Il fut doc-
teur en théologie, examinateur apostolique, et
lecteur de controverse à la Propagan4e de Rome.
On a de lui : Exercitationes in universa sancti
Leonis Magni opéra, pertinentes ad historias
heeresium Manichseorum, Priscillianistorum,
Pelagianortim, atque Eutychianorum, quas
summo studio et labore sanctus ponfifex evei--
tit atque damnavit, insex libros distinctx,
et dicatas S. Patri Benedicto XIV, P. M. ;
Rome, 1751, 2 vol. in-fol.
Richard et Giraud , Bibliothèque sacrée.
*CACciATORE (Carlo), sculpteur génois du
dix-septième siècle. Élève du Schiaffino, il tia-
vailla avec son maître aux neuf beaux bas-reliefs
de marbre qui décorent l'église délie Scuole pie
à Gênes, oii ils sont retournés après avoir été ju-
gés dignes de figurer dans le musée Napoléon.
E. B— N.
Valéry, foyages historiques et littéraires en Italie.
*CACciATORE (Niccolo), astronomc italien,
né à Casteltermini, en Sicile, le 26 janvier 1780.
Il fut professeur de langue grecque à Girgenti
en 1796, et de géographie ancienne comparée
à Palerme on 1797. En 1798, il s'appliqua à l'as-
tronomie. Après la publication du catalogue as-
tronomique de 1803, il refit ce travail, et porta à
220 le nombre des étoiles principales, qui n'é-
tait-que de 34, d'après Mosckelyne. 11 est cité
avec honneur dans le catalogue de Piazzi, achevé
en 1813 et couronné par l'Institut de France.
La direction de l'observatoire de Palerme lui
fut confiée en 1817. Ses prmcipaux ouvrages
sont : Délia Cometa apparuta in settembre
1807; Palerme, 1808, in- 8°; — Su ifilidfar-
gento per uso de' telescopi; 1817, in-8°; —
Délia cometa apparsa in settembre 1819;
Palerme, 1819, in-8"; — Descrizione d'un
nuovo cerchio di riflessione di M. Simono/f;
ibid., 1824; — Descrizione délia meridiana
del duomo di Palermo; ibid., 1824, in-12; —
Sulle Osservazioni meteorologiche ; ibid., 1825,
in-12; — Origine del Sistema solare,; ibid.,
1825, in-8°; — i Bagni minerait di Sclajani;
ibid., 1828.
Muzzarelii, Biog. contemp, (ouvrage inédit).
43 CACGINI
' CACCINI (Giovanni), sculpteur et archi-
tecte, né à Florence en 1562, mort en 1612. Ses
plus importants travaux en architecture sont le
portique corinthien qu'il éleva devant l'église de
Y.inminsiata aux frais de la famille, Pucci, le
bel oratoire de cette même famille et le maître-
autel de l'église Santo-Spirito. Outre celles
qui décorent ces monuments , on voit de nom-
breuses sculptures de Caccini dans d'autres
églises de Florence ; elles sont empreintes du
mauvais goût qui commençait à envahir l'Italie.
Ticozzi, Dizionario, — Baldinucci, Notizie. — Fan-
tozzl, Nuova Guida di Firenze.
*CACciOM (Giovanni-Battista) , peintre de
l'école bolonaise, né à Budrio en 1628 selon
Lanzi, en 1636 suivant Ticozzi ; mort en 1676. II
fut élève de Dominico-Maria Canuti, bon disciple
du Guide; mais il s'appliqua surtout à imiter
Carlo Cignani. Il travailla beaucoup à l'huile et à
fresque à Bologne, à Modène, à Parme et à
Mantoue, où il peignit les figures dans les pers-
pectives de Bald. Blanchi et de G.-G. Monti.
il fit aussi des tableaux de chevalet, dont les
plus estimés sont des têtes de vieillards. Mal-
heureusement Caccioli fut enlevé aux arts dans
toute la force de l'âge et du talent. Il laissa un
1! fil^ en bas-âge, qui suivit la carrière de son père.
l E. B— N.
Lanzi, Storta pittorica. — Ticozzi, Dizionario. —
' Mfalvasia, PitUire di Bologna.
* CACCIOLI (Giuseppe Antonio), peintre de
l'école bolonaise, né vers 1670, mort en 1740.
Enfant, il perdit son père, Giovanni-Battista ; dès
qu'il fut en âge, il entra dans l'atelier de Giuseppe
Roli ; mais, après plusieurs années, il en sortit
ayant fait peu de progrès. Ce ne fut qu'en voyant
travailler les plus habiles peintres de son temps
qu'il parvint à acquérir quelque talent. Il s'asso-
cia à Pietro Farina en qualité de peintre d'orne-
: ments et d'architecture, et passa avec lui en Al-
lemagne, oîi ils exécutèrent de nombreux travaux.
Après une longue absence, il revint mourir dans
sa patrie. E. B— n.
Malvazia, Pitture di Bologna. — Ticozzi, Dizionario.
CACHEDENIER (Daniel), grammairien lor-
rain, natif de Bar-le-Duc, mort à Paris en 1612. Il
était seigneur de Nicey, fils d'un officier au régi-
ment de Florainville, et étudia le droit à Altorf.
On a de lui : Introchictio ad linguam galli-
cam; Francfort, 1601, in-S"; ouvrage écrit en
Allemagne, où l'auteur avait épousé une fille noble
de la famille d'Etzdorlî.
D. Calmet, Bibl. de Lorraine. — Chevrier, Mém. pour
servir à l'hist. des liommes illustres de lorraine.
CACHET (C^m^qpAe), médecin suisse, né à
Neufchâtel le 26 novembre 1572, mort à Nancy
le 30 septembre 1624. Après avoir étudié la mé-
decine à Padoue, et séjourné quelque temps à
Rome, il étudia le droit à Fribourg. Mais il re-
vint à la médecine, dans laquelle il acquit
beaucoup de réputation. Nommé médecin ordi-
naire du duc de Lorraine , il mourut à Nancy,
âgé de cinquante-deux ans. Pendant toute sa vie
CACHIN
54
il s'était attaché à détruire les préjugés répandus
par les alchimistes et philosophes hermétiques.
On a de lui : Controvcrsix theorico-practicx
in primam Aphorismorum Ilippocralis sec-
tionem, pars Ij Toul, 1612, in-12, et 1618,
in-8<> ( la 2" partie n'a pas paru ),; — Pandora
bacchica parens medicisarmis oppugnata. Hic
temulantix ortus etprogressus ex antiquo-
rum monuinentis investigatur , etc.; Toul,
1614, in-12; — Apologiapoeticain Hermetici
cujusdam anonymi scriptum de Curatione
calculi;Ton\,iQ>il, in-12; — Vrai et assuré
préservatif de petite vérole et rougeole;
Toul, 1617, m-8°; et Nancy, 1623, in-8°; —
Exercitationes équestres in Epigrammatum
centurias VI districtas; Nancy, 1622 (Cachet
appelait ses épigrammes Exercitationes éques-
tres, parce qu'il les avait faites en voyageant à
cheval).
Calmet, Bibl. Lorr. — Chevrier, Hommes illustr. de
Lorr. — Éloy, Dict. hist. de la Méd. — Catrère, BibUoth.
litt. de la med.
* CACHET (dom Pa«Z),frèrede Christophe, re-
ligieux lorrain de la congrégation des Bénédictins
de Saint- Vannes, né à Neufchâteau vers la fin du
seizième siècle, mort à Saint -Mansui-lez-Toul le
17 septembre 1652. Il fit profession dans l'ab-
baye de Moyenmoutier le lOjuillet 1605; et,api'ès
avoir rempli avec honneur plusieurs emplois dans
la congrégation, il fut enfin élu abbé de Saint-
Mihiel le 18 février 1634. Mais cette élection ne
fut pas ratifiée. On a de lui : De Vétat et
qualité de l'abbaye de Saint-Milùel (publié
entre 1634 et 1638).
Dom Calmet, Bibliotli. Lorr.
CACHET (Jean), biographe ascétique, natif de
Neufchâteau, mort à Pont-à-Mousson le 22 dé-
cembre 1633. Il entra dans la société de Jésus,
à Nancy, le 8 janvier 1617. Ses principaux ou-
vrages sont : une traduction de la Vie de Jean
Brachman, par le P. Virgilio Cepari; Paris,
1630, in-8"; — la Vie de saint François de
Borgia; Pont-à-Mousson, in-12; — une traduc-
tion de la Vie de saint Isidore, patron des la-
boureurs, et de la bienheureuse Marie délia
Cabeça, sa femme, par Quintana ; Verdun, 1 63 1 ;
— Vie de saint Joseph , prémontré; Pont-à-
Mousson, 1632.
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, — Le P. Oudin,
jésuite, Mém. manuscrits. — Moréri, Dict.
CACHIN (Joseph-Marie- François, baron),
ingénieur français, né à Castres (Tarn) le 2 oc-
tobre 1757, mort à Paris le 20 février 1825. Il
fit ses études à Sorrèze, et suivit les cours d'ar-
chitecture et de mathématiques à Toulouse. Reçu
ingénieur en 1776, il visita l'Angleterre, et revint
en France, vers 1789, préparer le travail d'un
canal latéral à la Seine entre Quillebœuf et Hon-
fleur : les événements politiques suspendirent
l'exécution de ce canal ; et Cachin, envoyé dans le
Calvados, s'occupa de l'endiguement de l'Orne
entre Caenetla mer, ainsi que d'un établissement
militaire près de CoUeville. En 1802, legouver-
55
CACHIN — CADA-MOSTO
nement le nomma inspecteur général des poats et
chaussées et directeur de la partie militaire des
ports. Cachin dirigea en cette qualité, pendant
vingt années, les travaux de la digue et des for-
tifications destinées à améliorer et défendre ce
port. On a de lui : Mémoire sur la navigation
de l'Orne inférieure ; Paris, an vu, in-4° ; —
Mémoire sur la digue de Cherbourg comparée
au Breahwater de Plymouth; Paris, F. Didot,
1820, in-4°, 5 planches. — L'auteur y réfute les
publicistes anglais qui mettaient la jetée de Ply-
mouth bien au-dessus de celle de Cherbourg.
Quérard, la France 'littéraire. — Annales maritimes
et coloniales, avril 1826.
CADAHALSO OU CADALSO {Jose DE), poëte
espagnol, né à Cadix en 1741, mort à Gibraltar
le 27 février 1782. Descendant d'une ancienne
famille du nord de l'Espagne, il fut élevé à
Paris. Il n'avait pas encore vingt ans lorsqu'il
visita l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et le Por-
tugal. Il étudia la littérature de chacun de ces
pays, surtout celle de l'Angleterre. A son retour
en Espagne, il entra dans l'armée, et i>arvint ra-
pidement au grade de colonel. Mais, tout en s'ac-
quittant de ses devoirs militaires, il ne négli-
geait point la culture des lettres, en même temps
qu'il se liait avec les esprits les plus distingués
de son époque, les Moratin, les Yriarte, les Jo-
vellanos , et surtout le jeune Melendez Valdes.
La mort ne lui permit pas de réaliser tout ce
qu'il faisfiit espérer ; il fut frappé d'une bombe au
siège de Gibraltar. On a de lui : Eruditos a la
Violeta, 1772, sous le nom de Jose Vasquez : c'est
une satire dirigée contre les érudits superficiels ;
— Ocios de mi juventud; Madrid, 1772 et 1773,
j in-4*'; sous le même pseudonyme; — las Car-
^ ■ tas marruças, souvent réimprimées,ouvrage pos-
thiune, dans le genre des Lettres persanes de
Montesquieu, et plus encore dans celui du Ci-
tojjen du monde de Goldsmith. Les œuvres com-
plètes de Cadahalso ont été publiées à Madrid en
1818, en 3 vol. in-12, sous le titre Collecion de
obras en prosa y en verso de don Jose Cadalso,
avec une excellente notice biographique par l'é-
diteur Navarrete. Un choix des mêmes œuvres se
trouve dans le Floresta de rimas modernas
castellanas de Wolf. V. R.
Sempere, Bibliotheca. — Ticknor, History of Spanish
literature. — Conversations- Lexicon.
CADALOUS {Pierre) on honoriusii Voy.
Alexandre II , pape.
CADA-MOSTO (Alvtse OU Louis da), célèbre
voyageur itahcn, né à Venise en 1432, mort vers
1480. On ne sait de sa vie que ce qu'il a bien voulu
nous en apprendre dans ses mémoires, qui ne
commencent qu'à ses navigations sur la côte d'A-
frique. Ces mémoiresportent cependant qu'il était
patricien , qu'il avait reçu une éducation distin-
guée, et qu'il avait très-activement navigué sur
la Méditerranéejusqu'à l'âge de vingt-deux ans.
A cet âge le gortt des voyages était devenu chez
lui une véritable passion : les noms de Colomb,
de Vespucci et de Verazzani n'avaient pas encore
illustré l'Italie, et il aspirait àpartager lagloire dt
marins français, portugais , catalans , et, comm
il le dit, à parvenir a qualche perfezione à
onore. Le cavalier Marco Zen, de Venise
mettait à la voile pour la Flandre : Cada-Most
prit avec lui quelque argent, et s'embarqua sou
ce capitaine expérimenté. A la sortie delà Médi
terranée, les vents contraires retinrent nos voy a
geurs en vue des Algarves , et il fallut relâche
au cap Saint- Vincent. — On sait que ce fameu:
cap Saint- Vincent était le principal centre de tou
ce mouvement de découvertes et d'entreprise:
maritimes qui ont tant illustré le Portugal au quin
zième siècle. Le grand infant don Henri se tenai
à peu de distance du promontoire, dans sa vill<
de Reposera , toujours occupé de ses projets sui
l'exploration des côtes africaines. Ayant appri;
l'arrivée de nos Vénitiens, il leur envoya un d(
leurs compatriotes , consul de la république ci
Portugal, en le chargeant d'offres brillantes l
leur intention. Ces offres étaient accompagnées
d'échantillons de sang-de-dragon, de sucre df
Madère et d'autres denrées exotiques : l'infanl
proposait aux Vénitiens d'entrer sous son pa-
villon, à condition de fournir et d'équiper eiiN^ '.
mêmes leurs navires , ou du moins d'en faire
la cargaison, attendu que les caravelles ne lui
manquaient pas. Dans le premier cas , l'infanl
avait droit au quart des cargaisons ; dans le se-
cond, à la moitié ; en cas de non-réusite, il s'en-
gageait à supporter tous les frais. Il ajoutait que
cette dernière charge était à peu près improba-
ble, et que le succès était certain; que l'on ga-
gnait le plus souvent jusqu'à mille pour cent, cU -
Ce qui séduisait le plus Cada-Mosto, ce n'était j
pas le lucre, mais l'appât des découvertes ; il resta
donc à Reposera avec quelques compagnons , et
Zen partit sans eux. L'infant donna à nos Italiens
une caravelle de 90 tonneaux, sous la conduite
du capitaine D. Vincent Diaz ; mais le vrai con^
ducteur de l'entreprise était Cada-Mosto. Il partit
de Saint-Vincent le 22 mars 1455, après six mois
environ passés en Portugal il atteignit Porto-
Santo, pids Madère. Il y avait quatre grands
quartiers habités, unegai-nison et une milice, for-
mant un total de 1,900 hommes. Puis il aborda
aux Canaries, que se disputaient les païens
(Guanches) elles Espagnols : Cada-Mosto ne vit
pomtles indigènes; mais on lui raconta beaucoup
de choses plus ou moins véridiques, et toutes mer-
veilleuses , sur leurs habitudes et leurs mœurs.
Il se rapprocha ensuite de la côte, souvent basse
et facile à perdre de vue ; doubla la Forma à'Ar-
guin , et reconnut les trois petites îles Blanca ,
de Garzas (Aigrettes) et Guori, toutes trois bas-
ses et insignifiantes, et celle A'Arguin, qui avait
de bonne eau. Il doubla ensuite le cap Blanc, et
longea le pays des Azanaghes (Amazighs), les
proches voisins des Nègres , dont ils sont séparés
par le Sénégal. Dans ce pays, à dix journées à
l'intérieur en partant du cap Blanc , était la ville
de Hoden, cité importante , oii venaient les ca-
CADA-MOSÏO
58
ravanes de Tombuto (Tombouctou) , et d'où l'on
gagnait, outre cette dernière ville, lo pays encore
plus oriental de Melii. Viennent ensuite, dans la
relation du Vénitien , de longs détails sur tous
ces pays qu'il n'a pas vus, et pour lesquels il
a dû se référer aux. relations très-mêlées de fa-
bles .des noirs sénégalais, toujours portés aux
Actions emphatiques ou perfides. Ajoutons seu-
lement que les caravanes du centre de l'Afrique,
partant de Melli, se dirigeaient, suivant Cada-
Mosto, par Cochia sur les pays du Nil, par Toëû
sur l'Atlas et la Berberie , par Hoden sur les cô-
tes occidentales, enfin vers Tombouctou. Selon
lui , cette dernière ville était à cinquante-deux
jours de marche du cap Blanc, distance ainsi ré-
partie : du cap à Hoden, 6 journées; de là à Ta-
gazîe, 6 journées ; de ce point à Atembuto (Tom-
bouctou), 40.
Revenons au voyage le long de lacôtequeCada-
Mosto appelle i4w#eroto jusqu'au Sannaga ou Sé-
négal. Le nom d'Anterota nous est inconnu ; c'est
peut-être la côte des Trartsas actuels. Le Sénégal
est un beau fleuve dont Cada-Mosto admire les
deux bouches, bordées de barres et de bancs de
sable : il avait été découvert peu auparavant par
les Portugais. Cada-Mosto n'y entra pas , et con-
tinua à longer le rivage, habité par les Gilofes
(lolofs), noirs, mais convertis à l'islamisme par les
Arabes, nation à laquelle appartenaient les mara-
bouts du pays. Il s'aboucha avec le Budomel
(Darael) ou roi du Cajor, après avoir touché à
Palma de Budomel, à 50 milles du Sénégal, et
n'eut qu'à se louer de ses procédés. Les connais-
sances du voyageur sur les noirs sont générale-
ment très-exactes et, même aujourd'hui, pré-
cieuses. En quittant le Damel, Cada-Mosto doubla
le cap Vert, découvert depuis près de dix ans, re-
connut le goife voisin (Corée) et les deux tribus
noires riveraines, qu'il appelle les Barbasins et les
Serières. A 60 milles du cap Vert, il vit une rivière
qu'il appela Barbasini : mais ce fiit avec vme
véritable admiration qu'il reconnut la Gambra
(Gambie), où il entra, dans l'intention de com-
mercer et de s'aboucher avec les noirs. Il était
accompagné, depuis le cap Vert, par deux navi-
res commandés par un autre Italien fameux
dans l'histoire maritime du temps, Antoniotto
Uso di Mare. Les trois navires furent assaillis par
trois ahuadies (pirogues ), pleines de noirs bel-
liqueux : la victoire fut facile , et l'humanité de
Cada-Mosto la rendit aussi peu sanglante que
possible. Mais ses hommes, dégoûtés de cette vie
laborieuse, le forcèrent à retourner sur ses pas,
et il revint (juin 1455) vers les postes portugais,
d'où il gagna les Algarves. — Le prince Henri,
ravi des résultats de ce voyage, le renvoya l'an-
née suivante dans la même direction avec trois
caravelles, et Uso di Mare pour associé. Cada-
Mosto revit le cap Blanc, quitta les côtes et cingla
vers les îles du cap Vert , qu'il découvrit. H ap-
pela l'une .BMOwrt-FJsff/, et une à\x\xeSant-Yago;
puis il revint au littoral , où il reconnut succes-
sivement la pointe des Deux-Palmes (cap Lof)
et l'entrée de la Gambie. Il ne pénétra pas pro-
fondément dans ce lleuve, à cause des fièvres
qui décimaient son équipage; cependant il visita
le royaume de Batti-Mansa ou le roi Batti, dont
les sujets étaient idolâti'es : les missionnaires de
l'islam n'avaient pas pénétré par là, bien qu'il
s'y trouvât des marchands arabes. Plus loin ,
Cada-Mosto entra dans une belle rivière, dont
les deux rives étaient ombragées de hautes et
épaisses forêts : il l'appela la Cazamansa (nom
qu'elle a gardé depuis ), ou la rivière (mansa) du
roi Caza, qu'il ne put voir parce qu'il campait à
30 milles de là, et qu'il était en expédition guer-
rière. Jusqu'à la Cazamansa, Cada-Mosto marche
plus ou moins sur les brisées portugaises ; mais à
paitir de ce point, il fait des découvertes réelles.
Sa relation est claire, précise, ses distances exac-
tes , sa route facile à suivre sur les cartes mo-
dernes. A partir du fleuve indiqué, il longe la côte
pendant 20 milles , et double un cap auquel sa
couleur fait donner le nom de cap Rouge {Rosso) ;
c'est le cap Roxo actuel. Viennent plus loin deux
fleuves, dont le premier, lai^ d'un jet d'arbalète,
s'appelle le fleuve Sam^e-^wne; l'autre, le Saint-
Dominique. Ce dernier est à 55 ou 60 milles en-
viron du cap i?o5so. Cette distance nous reporte
au rio Sancta^Catarina des cartes modernes :
le Sainte-Anne est h; rio Cachen, qui a un éta-
blissement portugais assez important. Plus loin
se présente un fleuve à si large ouverture, que
Cada-Mosto le prend d'abord pour un golfe : il
ne lui donne aucun nom ; mais c'est le rio Grande
(ou Jeba) moderne, terme du voyage de notre
Vénitien. En partant il reconnaît l'archipel des
Bissagos , « à 30 milles de terre : il se compose
de deux grandes îles ( Formosa et Carashé, à ce
que nous croyons), plates, mais couvertes d'ar-
bres , et de plusieurs autres plus petites. L'ar-
chipel est peupl6 de noirs : nous essayâmes en
vain de nous entendre avec eux... »
On ne sait rien de plus sur Cada-Mosto : il rédi-
gea, après 1463, le journal de son voyage, docu-
ment importaat qui a eu plusieurs éditions. La
plus connue est celle de Ramusio, qui est la re-
production de l'œuvre de Cada-Mosto, intitulée
la Prima navigazione per l'Oceano aile terre
de' negri délia Bassa Etiopia , di Luigi Ca-
da-Mosto; Vicence, 1507, iu-4''. Celivrc a été
réédité en 1519, à Milan. H existe encore deux tra-
ductions de l'œuvre de Cada-Mosto, une en latin,
dans le Novus Or bis de Grynaeus : elle contient
une date fautive pour le premier voyage, celle de
1504, faute aisée à rectifier, et qui n'est qu'une
erreur typographique. La seconde est de Redouet,
auteur français de la collection le Nouveau
Monde ;'Pa.Tis, 1517. Je ne cite que pour mémoire
la mauvaise traduction française de J. Temporal,
à la suite de sa Description historiale de l'A-
frique (1558). Enfin, Cada-Mosto avait ajouté à
son voyage la rédaction de celui du P. de Cintra
{voy. ce nom), qui avait reconnu divers points
S9
CADA-MOSTO — CADAVAL
6r
de la côte enke le Bissagos et le Mesurado. Un
de ses compagnons qui avait servi de secrétaire à
Cada-Mosto avait raconté à celui-ci les détails du
voyage de Cintra , voyage qui fut très-court , et
se termina avant le départ de Cada-Mosto pour
Venise (I*"" février 1463). Eniîn, un point très-im-
portant, c'est que Cada-Mosto avait publié une
carte des pays explorés par lui, ainsi qu'il nous
l'apprend en nous y renvoyant dans sa relation.
Il serait bien à désirer que l'on pût trouver trace
de ce précieux document dans les dépôts scien-
tifiques de la Vénétie. G. Lejean.
Zurla, Dei fiaggi e délie Scoperte Africane di Cada-
Mosto ;\emM,i8io, ln-80. — Kiilb, Ceschichte der Ent-
dekungsreisen ; Mayence,1841, t. I. — la Prima Naviga-
zione, etc., di Cadâ-Mosto (Ramiislo, I). — Walckenaer,
Histoire des voyages en Afrique, t. 1. — Sprengel , Ces-
chichte der zoichtigsten EntdecJcungoi.
CADA-MOSTO {Marco) DA LoDi, poète et con-
teur italien du seizième siècle. On possède fort
peu de renseignements sur son compte ; il se trou-
vait à Rome lors du sac de cette ville en 1527.
11 perdit dans cette catastrophe le manuscrit de
plasieurs nouvelles qu'il avait composées, et dont
six autres furent imprimées avec des sonnets,
des capitolï , à^?, stanze, à Rome en 1544; ce
volume est devenu très-rare. Mais les nouvelles
ont été réimprimées à Milan en 1819 (sous la fausse
date de 1799), et il n'a été tiré que 85 exemplaires
de cette réimpression, L'auteur annonce que ses
récits font connaître des événements très-réels ;
l'idée et quelques détails du Légataire univer-
sel de Regnard se retrouvent dans la sixième
nouvelle. On peut reprocher à ces contes de
blesser les lois de la décence ; mais ce tort est
commun à tous les vieux novellieri italiens,
et il serait injuste de les juger avec les idées ac-
tuelles en fait de bienséance. Un volume publié
en 1545, in-8", par Nicolo Libumio, Sentenze e
aurei defti, renferme Alctini arguti motti cW
mïgliori autori, traduits avec succès par Cada-
Mosto.
Borromeo , Notizia de' novellieri italiani, p. 18. —
Gingiiené, Histoire litt. de l'Italie.
CADA-MOSTO {Marc- Antoine), astronome et
mathématicien italien, natif de Lodi, vivait dans
la seconde moitié du quinzième siècle. Issu d'une
illustre famille de Lodi, il acquit plusieurs titres à
la considération publique. La médecine et laju-
risprudence, les matliématiques et surtout l'as-
tronomie, l'occupèrent tour à tour. On a de lui :
Compendium in usum et operationes astrola-
bii Messahalœ, cum declarationibus et addi-
tionibus; Milan, 1507,in-4°. C'est le seul de ses
ouvrages qui ait été imprimé. On en trouve un
exemplaire en vélin à la Bibliothèque impériale.
Catalogue de la Bibliothèque Impériale.
* CADA-MOSTO {Paul- Emile), poète italien,
vivait dans le dix-septième siècle. On a de lui :
un livre de madrigaux ; une traduction italienne
des Emblemata d'Alciat; une collection
d'inscriptions grecques ; et deux lettres en ita-
lien qui se trouvent dans le Recueil des let-
tres des hommes célèbres de son époque-.
Journal des Sav., de 1749. — Adelung, supplém. à Jô
cher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
* CADANA ( Salvatore ), moine italien, né ;
Turin, vivait vers le milieu du dix-septième siè-
cle. On a de lui : Ottava saeramentale; Venise
1645, in-fol.; — il Principe régnante; Turin
1649, in-40.
Adelung, suppl. à Jôchef, Allgem. Gelehrten-Lexicon
* CADARTZ (Odihn oa Ozilz ve) , twxihd
dour du treizième siècle. On connaît de lui le;
conseils donnés aux amoureux, sur la manié k
dont ils doivent se conduire. En voici un échan
tillon :
« Vous amants qui semblezbien épris, soyez do
ciles, justes etdévoués; je vous le conseille, biei
que cet avis ne m'ait point profité à moi-même
Toutefois ma plainte ne doit pas vous effrayer
vous y gagnerez à la longue, si vous me croyez
le nombre est grand de ceux qui échouent faut:
de prudence. " A ces conseils il en ajoute d'autre
suivant la couleur de la chevelure des dames.
Histoire littéraire, XX, 600.
*cadavâl {Nunho-Caëfano-A Ivarès-Pereln
DE Mello, duc de), homme d'État portugais, n<
le 9 avril 1798, mort en février 1838. Descendan
d'une branche cadette de la maison de Bragance e
né tout près du trône, il devint membre du conseï
de régence créé par Jean VI, appelé à gouveiiie
pour dona Maria, fille de don Pedro, empereur di
Brésil, qui avait abdiqué la couronne de Portugal
et il prêta serment entre les mains de la régenti
provisoire Isabelle-Marie, qui le ngmma conseille
d'État à vie. Le duc de Cadaval devint alors li
pivot autour duquel gravitèrent toutes les am
bitions et toutes les intrigues. La haute noblesse
désireuse de voir revivre le principe de l'absciu
tisme , le berçait de l'espérance de le faire procla
mer roi de Portugal par les cortès assemblées
dans le but de le ûiire rompre tout à fait avec 1;
régente; mais l'hésitation était le fond de soi
caractère, et lorsque don Miguel vint prend le
en 1828, possession de la régence, Cadaval si
trouva compromis par le parti absolutiste, et pai
conséquent tout préparé à seconder les vues di
régent, qui le nomma président du conseil (ie.\
ministres. Cependant don Miguel songeait l,
déshériter sa nièce dona Maria, et à s'emparer di
trône : il n'eut pas de peine à obtenir du du(
de Cadaval une déclaration de déchéance, et l'as
surance d'arriver promi)tcment à renverser 1;
constitution du 23 avril 1 826, qui élevait une bar !
rière trop solide contre ses prétentions, kiàé. di
l'abbé Macedo, le duc réunit les états généraux.
([ui proclamèrent don Miguel roi de Portugal, el
l'investissaient lui-même de la charge de granci
connétable. Mais son irrésolution naturelle vinl
entraver la marche de l'usurpateur, qui l'éloign.'
de ses conseils jusqu'à ce que, la guerre ayani
éclaté entre les deux frères, don Miguel jupe;
nécessaire de se rattacher le duc, autour duquel
se groupait la haute noblesse.
Cadaval, sans se laisser abattre par l'insurrcc- J
ai
CADAVAL — CADECOMBE
62
tion de Porto, organisa la résistance, et les trou-
pes miguélistes écrasèrent les troupes constitu-
tionnelles. Après la journée d'Almoster, où le
maréchal Saldanha battit à son tour les derniers
partisans de don Miguel, celui-ci ftit près de re-
connaître sa nièce. Le duc de Cadaval, abandonné
alors par celui qui l'eût dû protéger, repoussé
même de ses plus chauds pailisans , s'enftiit de
Lisbonne et se réfugia à Paris, où il mourut.
T.-Al. Blanquet.
Le Moniteur. — Btst. de Portugal, par Ferdln. Denis
(dans {'Univers pittoresque ).
CADE ( Jeaji ), appelé aussi Mortimer, et
dans Shakspeare Jack Cade, révolutionnaire
irlandais, mort le II juillet 1450. Il prit le nom
de Mortimer, cousin du duc d'York, et déploya,
le 8 mai 1540, l'étendard de la révolte. Ayant
réuni 20,000 hommes, il marcha, le 17 juin,
vers Blackheath. On lisait sur les drapeaux des
insurgés cette inscription, qui résumait leur pen-
sée, et donnait à leur expédition quelque res-
semblance , quant au but, à la fameuse guerre
des paysans d'Allemagne :
.- When Adam delv'd and Eve span
Who Was tlien a gentleman.
Le roi Henri VI se trouvait alors à Leicester
avec le parlement, qu'il renvoya immédiatement;
puis, ayant réuni ses forces, il s'avança sur
Londres. Des notes furent échangées entre le roi et
le faux Mortimer, qui fit connaître à Henri les
griefs de ses compagnons dans deux écrits, l'un
intitulé the Complaint of the commons oj
Kent; l'autre, émané directement de lui-même,
avait pour titre : the Request ày the Captain
of the great assembhj in Kent. Dans le pre-
mier de ces écrits , on se plaignait entre autres
choses de ce que le roi dissipait les revenus de la
couronne ; de ce qu'il disposait, pour entretenir
sa maison, des biens du peuple ; de ce qu'il écar-
tait de son conseil les princes de sa famille, pour
y appeler des hommes d'un rang inférieur ; de
ce que les shérifs et collecteurs des taxes com-
mettaient de nombreuses exactions ; de ce que
l'on entravait par des délais dilatoires l'adminis-
tration de la justice. Dans le second mémoire, on
demandait le bannissement du duc de Suffolk, le
châtiment des auteurs des meurtres du duc de
Glocester, du ducd'Exeter, du duc de Warwick,
et de la perte de la Guienne, de la Normandie, de
l'Anjou et du Maine.
Après avoir feint de se retirer devant les trou-
pes royales, Cade revint sur elles, les mit en
fuite, tua le commandant, et revêtit l'armure de
chevalier. Cet échec tempéra la poUtique du roi
et des lords : à la soUicitation de ces derniers,
Henri VI envoya à la Tour son chambellan, lord
Say, le ministre le plus détesté; licencia les sol-
dats de son armée, et se retira au château de Knil-
worth.Lord Scales, avec 1000 hommes, défendit
la Tour, et deux jours plus tard (1'='' juillet) Cade
s'empara de Southwark. Le 3 juillet, dans un con-
seil général convoqué par le maire, il fut résolu
qu'on n'opposerait aux insurgés aucune résis-
tance.Pendant qu'on délibérait,Cade fit son entrée,
et, en passant, coupa les cordes du pont-levis.
n fit, pendant les deux jours suivants, observer
à son armée la plus rigoureuse discipline; seule-
ment il exigea que le maire et les juges siégeassent
à Guildhall. Il s'empara alors de la personne de
lord Say, et l'accusa devant eux, lui et quelques
autres, qui heureusement étaient absents. En vain
lord Say réclama-t-il le privilège de la pairie; il
fut conduit à Standard, dans Cheapside, et déca-
pité. Cramer, son beau-fils, eut le môme sort.
Le troisième jour, quelques malsons ayant été
pillées, les habitants, lord Scales en tête, résolu-
rent de chasser les insurgés. Un engagement
eut lieu la nuit du 5 juillet, et cette fois Cade
eut le dessous. Une trêve, qui fut conclue , ne
fit que hâter le dénoûment habituel dans ces
sortes d'aventures. L'armée de Cade se dispersa
sur une promesse d'amnistie, faite par l'évêque
de Winchester. Deux jours plus tard (le 8 juillet),
Cade voulut rallier quelques hommes ; il y réus-
sit, traversa avec eux la ville de Deptfort; mais
les voyant se diviser à propos du partage du bu-
tin , il comprit que son rôle était fini, monta à
cheval, et s'enfuit vers Lewes en Sussex (11 juil-
let). Poursuivi par Iden , shérif de Kent, il fut
pris et décapité dans un jardin, et le meurtrier
eut la récompense promise : 1,000 marcs. Les
principaux complices de Cade furent exécutés, et
quelques-uns d'entre eux confessèrent, avant de
mourir , que leur intention était de décerner la
couronne au duc d'York. La tête de Cade fut
exposée à Londres. Ce dénoûment était infail-
lible. C'est là, quel que soit le fond du droit, le
sort ordinaire de la force irrégulière contre la
force réguhère : l'histoire, à cet égard, présente
de rares exceptions. V. R.
John Lingard, Hist. of England.
* CADEAC (Pierre ) , compositeur français, vi-
vait dans la seconde moitié du seizième siècle.
On a de lui : Moteta quatuor, quinque et sex
vocum, lib. I ; Paris, 1555, in-4°; — une Messe
à quatre voix, dans la collection de Cardane;
— des Motets à cinq voix; Paris, 1544, dans
la bibliothèque de l'abbé Sanlîni.
A. Cardane, XII Missse cumvoc. a celeberrimis auc-
toribus conditse, etc. ; Paris, 1544. — Fétis, Biographie
universelle des Musiciens.
*cADiec (D.-F.-C), prédicateur breton,
connu seulement par : Tragédie sacrée, ou
Méditations sur chaque mystère de la Passion
de J.-C, composée en rime bretonne; Brest,
in-8° (sans date).
Catal. de la Bibl. imper. — Adelang, snpplément à
JOcher, AUgemeines Gelehrten-Lexicon.
* CADECOMBE (Paul de), juriconsultc avi-
gnonnais, vivait, vers le commencement du dix-
huitième siècle, à Avignon , où il était commis-
saire général des impôts. On a de lui : Nova
Disqtiisitio legalis deFructibus in hijpotheca-
ria, aut Salviano restituendis ad legem, etc.j
Avignon, vers 1701, in- fol.
63
CilDECOMBE — CADENET
64
Journal des Savants, 1702. — Adelung, supplément à
Jôclier, Allgemeines Gelehrten-Lexieon.
* CADEMANN ( Adam - Théodule ou Got-
thelf), prédicateur luthérien allemand, né en
1677 à Haynichen, près de Freiberg, dans la
Saxe-Royale ; mort à Kemberg le 16 février 1746.
n étudia d'abord à l'école secondaire de Géra ,
ensuite aux universités de Leipzig et de Wit-
temberg, où il prit ses grades. En 1707, il devint
vicaire à Sitzenroda , village près de Torgau, en
1713; pasteur à Suptiz;et enfin en 1727 archi-
diacre à Kemberg, où il resta jusqu'à sa mort.
On n'a de lui qu'un sermon : Sur la Difficulté
de convertir le cœtir de Za/emme; Leipzig,
1742, in-8".
Adelung, supplément à 1 ôcher, Mlgemeines Gelehr-
ten-Lexieon.
*CADEMANN ( Jean-Geovge), théologien lu-
thérien allemand, né à Oschatz (Saxe-Royale),
mort à Wurzen le 28 décembre 1687. 11 étudia
d'abord à léna , ensuite à Wittemberg , où il
prit ses grades en 1654. En 1656 il devint pas-
teur à Dahlen, eten 1676 archidiacre à Wur-
zen, où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui :
Dlsputatio de Causa instrumenfali justifxa-
tionis; léna, 1650, in-4°; — Disput. de Prin-
cipiis humanarum actionum; "Wittemberg,
1654, in-4"; — Disput, de Justifia distributiva;
ibid., 1654, in-4''; — Disput. dejustitia com-
mutativa-jMA., 1654, in-4°; — Disput. de
Majestate; M(i., 1654, in-4°.
Schôttgen, Histoire de Tf'urzen. — Adelung, supplém.
à Jocber, Allgemeines Gelehrten-Lexieon.
*CADEMANiv (Jean-Rodolphe), théologien
luthérien allemand, fils du précédent, mort à
Pegau (en Saxe) après 1720. Il étudia à Leipzig,
où il prit en 1699 ses grade» en théologie. Après
avoir fait des cours publics avec succès , il fut
nommé en 1708 diacre à Naumbourg, et en 1717
surintendant à Pegau, où il resta jusqu'à sa
mort. On a de lui : Disput. de Schola libertino-
rum, ex Act. Ap. VI, 9; Leipzig, 1704, in-4'';
et plusieurs sermons funèbres.
Adelung, supplément à Jôcher, JUgeni. Gelehrloi-
Lbxicon.
CADENET (Elias), troubadour provençal,
né vers 11 56, mort en 1280. Après la mort de son
père, que l'on suppose avoir été tué lors de la prise
du bourg de Cadenet, en 1166, par les Toulou-
sains et les Provençaux réunis , il fut recueilli
par un seigneur appelé Hunand de Lantur, qui
le fit élever avec soin à Toulouse. Il reçut toute
l'éducation d'un fils de chevalier, apprit à chan-
ter, à faire des vers, à jouer de divers instru-
ments; puis il se fit jongleur, visita les cours de
l'Albigeois , de l'Auvergne, et les contrées voi-
sines. Longtemps il vécut sans trouver la dame
de ses pensées , ou au moins un baron qui se
chargeât de son équipement. Cependant il était
gi-and et beau , dit son historien, et avait une
belle voix. Il voyageait pédestrement, sous le
surnom de Bagas (garçon adulte). On a voulu
lui faire de cette dénomination un sujet de
reproche; mais i1en ne prouve qu'il ait eu de
mauvaises mœurs; seulement l'accepiion primi-
tive du mot bagas a varié et s'est altérée, comme
celle de beaucoup de vocables du même genre.
Cadenet ne se contentait pas de répéter les vers
d'autrui, il composait lui-même des C0MpZe<.s,
des pastorelles, des sirventes. De retour dans
son pays natal, il n'y fut reconnu de personne.
Il eut alors l'idée de se faire appeler Cadenet;
puis il se rendit à Riez, où, à ce qu'il paraît, il
soupira vainement pour dame Marguerite, femme
du seigneur de l'endroit. Venu à la cour du trou-
badour et seigneur Blacas d'Aulps, il y fut ac-
cueilli, équipé , hébergé ; et la sœur de Blacas
reçut avec bienveillance l'hommage des vers de
Cadenet. Notre troubadour se rendit ensuite suc-
cessivement chez Raymond Laugier, seigneur
des Deux-Frères, dans l'évêché de Nice ; chez le
marquis de Montferrat, et chez Aimond d'Agoult,
seigneur de Sault; et partout même accueil hos-
pitalier et empressé. Entraîné par sa passion
pour l'inhumaine Marguerite, il retourna à Riez,
et n'y fut pas plus heureux que la première fois.
Erreur de poète : l'amour ne s'obtient pas par
la persuasion. Au rapport de Nostradamus, Ca-
denet, ayant aimé une religieuse novice, l'au-
rait enlevéedu couvent, épousée, et rendue mère
d'un fils appelé Robert; puis il se serait rendu
en Palestine, et y serait mort vers 1280, en com-
battant contre les infidèles. Il aurait vécu, à ce
compte, environ cent vingt-cinq ans. Ce récit
n'est donc guère vraisemblable. Ce qui est bien
plus authentique, c'est que Cadenet vint de la
Provence à Toulouse, où il chanta la comtesse
Éléonore, femme de Raymond VI, depuis 1204.
Une version également probable, c'estque Cadenet
se retira du monde vers la fin de sa vie, pour
aller vivre chez les hospitaliers de Saint-Jean,
peut-être aussi à Saint-Gilles, chez les templiers.
On ignore l'époque précise de sa mort. Ses poé-
sies roulèrent au début sur le sujet habituel aux
troubadours ; plus tard, elles portèrent sur des su-
jets pieux. On y trouve de la précision , de la
facilité, et souvent de l'esprit. Voici, par exemple,
comme il apostrophe l'amour :
« Amour , Amour, je crois qu'on peut échapper à
tout autre ennemi que toi ; on le combat avec le
glaive ; on s'en préserve du moins en opposant
le bouclier ; on s'écarte de son passage ; on se
cache dans un lieu ignoré ; enfin on implore uti-
lement ou la force ou l'adresse par la franche at-
taque ou la ruse ; on a recours à un château, à
une forteresse ; on appelle des amis, des auxi-
liaires. Mais celui que tu poursuis, plus il essaye
de t'opposer des obstacles, moins il réussit à te
résister.
« n est certain qu'en pareille occurrence tous
les châteaux, retraites et auxiliaires n'y change-
raient rien. »
Millot cite cette autre strophe, qui est plutôt un
tour de force :
Trois lettres de l'ABC
Apprenez : plus ne tous demande
C5
CADENET — CADET
66
A, M, T, car autant
Elles veulent dire que AMTE.
Et cette unique science sufflra pour vous et pour mol.
Cependant un peu plus Je voudrols
O et C quelquefois ;
Puis, si je vous demandois.
Dites, daine, m'assisteriez-vous ?
Je croisque vous seriez
A dire de disposée.
Le morceau suivant est une spii'ituelle épi-
gramme que des modernes pourraient envier:
Pâtre, médisants jaloux
M'iionorent ctiaque Jour ,
Us me disent ticureux
Des faveurs d'amour
Dont me vient lionneur.
Et je n'ai d'autre bonheur;
Mais la peur
Qu'ils eft ont seroit
Vérité, si je pouvols.
Dans une aubade en cinq sh'oplies, publiée par
M. Raynouard , on voit figurer trois interlocu-
teurs : une dame qui a passé la nuit avec son
amant , une femme qui annonce l'aube du jour,
et l'amant qui , entendant l'alouette, veut se re-
tirer. Cette expression Valba (l'aube) termine
chaque strophe. Nous citerons plusieurs de ces
strophes ; elles forment un petit drame que l'on
dirait écrit d'hier :
LA. DARIE.
Si je fus jadis belle et admirée.
Je suis maintenant bien bas tombée,
Qu'à vilain suis donnée
Pour sa richesse uniquement ,
Et mourrois
Si bon ami je n'avois
A qui je dis ma peine;
Et complaisante sentinelle
Qui me chante l'aube.
Et la complaisante sentinelle de répondre
(nous citons apiès VHistoire littéraire et l'ou-
VTage de M. Raynouard) :
Je suis cette affectionnée sentinelle,
Qui ne veut que soit troublée
Union sincère, à bon droit formée.
C'est pourquoi je quitte le jour
S'il paroist.
Les sirventes de Cadenet ne sont pas non
plus dépourvus de mérite; ils se font surtout
remarquer par le ton moral qui y règne : c'est
ainsi que le poète s'y attaque aux barons qui mè-
nent une vie de brigandage , au lieu d'employer
leur temps à faire le bien. V. R.
Histoire litt. de la France, XVI, 196 ; XVII, 472-480. —
Miilot, Hist. litt. des Troubadours.— Raynouard, Clioix
de poésies orig. des Troubadours.
CADENET (Antoinette), femme poète, dame
de Lambesc, vivait au treizième siècle, et se ren-
dit célèbre autant par ses relations avec les
troubadours que par ses propres compositions.
MiUot, Hist. litt. des Troubadours.
CADENET. Foy. LtmiES (de)
CADERou KAOER.BiLLAH,khalife abbasside,
petit-fils de Moctader, mort en 1031 II succéda,
en 991 de J.-C. et par la volonté de Bahr-Eddau-
lah , au khalife Tay , déposé par ce sultan. Le
nouveau khalife était moins fait pour le gouver-
nement, que pour l'étude, à laquelle Q se livrait
NOCV. BIOGR. UNITERS. — T. TlII.
avec ardeur, consentant à tout ce que pouvaient
exiger les sultans, et se bornant à une autorité
purement spirituelle. C'est ainsi qu'il régna qua-
rante-un ans. Les Bouides, menacés eux-mêmes
dans leur existence, le laissèrent dans cette quié-
tude. Cader-Billah avait écrit un traité tendant
à prouver que le Koran n'est pas l'oeuvre d'un
homme.
Nom des Vergers, Arabie, dans VUnivers pitt.
* CADES (Giuseppe), peintre, né h Rome aprè.s
la moitié du dix-huitième siècle, mourut au
commencement de celui-ci, à l'âge de quarante-
neuf ans. Il fut quelque temps élève de Dome-
nico Corbi ; mais il se forma surtout par l'étude
approfondie des maîtres, dont il parvint à imiter
les différentes manières au point de tromper les
plus habiles connaisseurs. Un seul fait suffira
pour prouver à quel point il poussait ce talent
d'imitation. Le directeur du cabinet de Dresde se
vantait à Rome d'avoir ime si profonde connais-
sance du style de Rapbaèl, qu'il distinguait à la
première vue les dessins de ce maître, de ceux
de ses iroitateurs et même de ses meilleurs
élevés. Cades, voulant lui donner une leçon, fit
un grand dessin à la manière de Raphaël sur du
papier du temps , et le fit arriver dans les mains
du trop confiant directeur, qui l'acheta avec em-
pressement au prix de 500 sequins. Content de
sa réussite , Cades déclara la vérité, et voulut
restituer la somme; mais le directeur persista
dans son dire, et se refusa à rendre le dessin,
croyant qu'on voulait le reprendre parce qu'on
en aîvait trouvé un prix supérieur. Cades alors
lui renvoya 400 sequins , et lui laissa le dessin,
qui fut emporté à Dresde, où on l'a montré
longtemps comme un des chefs-d'œuvre du 'San-
zio. Ce talent d'imitation fut plus nuisible qu'u-
tile à Cades ; il ne put parvenir à se faire un
style original, et ses tableaux sont toujours des
espèces de centons composés de parties parfois
disparates que chaque grand maître pourrait
réclamer. Par compensation, Cades a laissé
d'excellentes copies de leurs meilleurs ouvrages.
E. B— N.
Ticozzi, Dizionario. — Lanzi, Storia ptttorica.
* CADESREUTER ( Christophe ), prédicateur
et pédagogue luthérien allemand , vivait dans la
seconde moitié du seizième siècle, dans le diocèse
de Hof (Bavière). On a de lui : Grammatica
grasca; Leipzig, 1599, in-8°.
AdeluBg, svx'Qf\émtnlkS6ciier,AllgemeinesG(i.ehrten-
Lexicon.
CAD-ABD-ERRAHMAN. Voy. Kaw-PaCHA.
* CADET (M™®), peintre française en minia-
ture et en émail, vivait à Paris au dix-huitième
siècle, et mourut en 1801. Elle reçut, en 1787, le
brevet de peintre de la reine. Elle a exposé au
salon de 1791 un portrait de Necker et plu-
sieurs autres émaux. P. Ch.
Dussieux, la Peinture sur émail. '
* CADET (Claude), médecin français, né en
1695 à Regnost, hameau de la paroisse de Fré-
67
CADET — CADET-DE-VAUX
68
roy, à trois lieues de Troyes; mort à Paris le 10
février 1745. ArrièrencTeu de Vallot, premier
médecin de Louis XIV, il s'appliqua de bonne
heure à la chirurgie, et vint à Paris, où il fut reçu,
eu 1716, au nombre des chirurgiens de l'Hôtel-
Dieu. Les progrès qu'il fit dans son art lui
méritèrent la maîtrise dans la communauté
de Saint-Côme en 1724, et depuis il exerça sa
profession avec succès. 11 s'est principalement
reudu célèbre par son remède contre le scorbut,
espèce de vin antiscorbutique, dont il faisait un
secret (comme son prédécesseur dans cette
méthode, nommé Desmourette), mais qui n'en
est plus un depuis longtemps. On a de lui, tou-
chant cette question: Dissertations et observa-
tions sur les maladies scorbutiques ; Paris,
1742, in-12; reproduites , avec des additions,
dans la Dissertation sur le scorbut, avec des
observations ; Paris, 1744, in-12.
Éloy, Dict. hlst. de la M éd. — Carrière, Biblioth'.de
la Méd.
* CADET ( Louis), littérateur français, vivait
vers le milieu du dix-septième siècle. On n'a de
lui que : Oromaze , prince de Perse , tragédie ;
Paris, 1651, in-4°.
Bibliothèque du Théâlre, tom. III, p. 38.
CADET-GASSîcouRT {Louis-Claude), phar-
macien françai3,né àParisenl731, mort en 1799,
fut successivement pharmacien-major à l'hôtel
des Invalides, pharmacien en chef des armées
d'Allemagne et de Portugal, membre du collège
de pharmacie de Paris (1759). Il fut admis, en
17G6, à l'Académie des sciences. On doit à Cadet-
Gassicourt plusieurs moyens économiques pour
préparer certains sels alcalins. Il a également
trouvé une méthode de préparer l'éther sulfu-
rique à peu de frais, et l'a exploitée pour le débit
des gouttes anodines d'Hoffman. A ses con-
naissances chimiques il joignait un désintéresse-
ment remarquable : nous ne citerons qu'un fait.
Nommé directeur des travaux chimiques de la
manufacture de Sèvres, il n'accepta cette place
qu'en refusant le traitement qui y était attaché, et
en demandant qu'il fût donné à un savant esti-
mable et pauvi'e dont il désirait faire son ad-
joint. Les Mémoires de l'Académie des sciences
et d'autres recueils scientifiques contiennent de
lui de nombreux mémoires sur la chimie. Il a
rédigé les articles Bile et Borax dans Y Ency-
clopédie. Enfin, on a de lui : Analyse chi-
mique des eaux minérales de Passy ; Paris,
1755, in-8°; — Mémoire sur la terre foliée de
tartre; Paris, 1764, in-S"; — Catalogue des
remèdes de Cadet, apothicaire ; Paris,; 1765,
in-8°, ouvrage qui a servi de base au Formu-
laire magistral, publié par son fils ; — Obser-
vations en réponse à Beaumé sur la prépa-
ration de l'éther, sur le mercure, sur le pré-
cipité per se , et sur la réduction des chaux
métalliques; Paris, 1775, in-4''; — Expé-
riences et Observations chimiques sur le dia-
mant .ses collaborateurs pour ce dernier tra-
vail furent Macquer, Darcet et l'illustre La-
voisier.
Eusèbc Salvertc, Notice mr la Fie et les ouvrages de
L-C. Cadet; Taris, an viir, in-8o. — P.-F.-G. Boulay,
Notice historique sur les ouvrages de L.-C. Cadet. —
Le Bns, Dict. enc. de la France.
CADET-DE-VAUX ( Antoine- Alexïs- Fran-
çois ) , célèbre chimiste et pharmacien français ,
frère de Louis-Claude, né à Paris le 13 jan-
vier 1743, mort le 29 juin 1828. Dépourva de
fortune, il fut élevé par les soins de M. Saint-
Laurent, receveur général, qui le fit enti'er à
l'école de pharmacie. Ses études achevées, il
parvint en peu de temps à s'établir ; mais les
soins qu'il devait à son officine l'entravant
dans ses expériences, il la céda pour satisfaire
son goût pour la chimie appliquée aux besoins
ruraux et domestiques. D'après les conseils de
Duhamel et de Parmentier, il créa, en 1777,
le Journal de Paris, dans lequel il s'adjoi-
gnit, comme rédacteurs, Suard, d'Ussieiix, Co-
rancez, etc. Cette publication eut tout le succès
que l'on devait attendre d'un concours de pareils
écrivains. Cadet ne discontinua pas néanmoins
ses recherches, et indiqua des moyens efficaces
pour neutraliser le gaz méphitique qui s'élève
des fosses d'aisance. Il signala ensuite les incon-
vénients qui résultaient de l'emploi du cuivre
pour les mesures et les comptoirs de divers dé-
bitants. C'est à lui qu'est due aussi la suppres-
sion du cimetière des Innocents, à Paris. 11 diri-
gea ensuite son attention sur le perfectionnement
de la panification. Cadet et Parmentier établirent
ensemble une école de boulangerie, et professè-
rent publiquement sur cette partie si importante
de l'alimentation ; ils formèrent de tiès-bons
élèves, qui se placèrent facilement dans les éta-
blissements nationaux. Cadet-de-Vaux ne s'en
tint pas là : jaloux ôfè tout ce qui pouvait amé-
liorer le sort de ses concitoyens , il importa en
France les comices agricoles , en modifiant leur
oi"ganisation selon les besoins de l'industrie. H
s'occupa surtout d'œnologie, et donna d'excel-
lents conseils aux viticulteurs. Dans un but de
philanthropie , il chercha et composa une subs-
tance gélatineuse par la réduction des os, et la
proposa comme substance alimentaire. Cepen-
dant les résultats obtenus ne répondirent pas
complètement aux espérances de l'inventeur, et
l'usage de la gélatine fut peu à peu abandonné.
Il ne restait plus à Cadet-de-Vaux qu'une bran-
che encore inexploitée, c'était l'arboriculture; il
crut avoir observé que les rameaux pendants
produisaient plus que les branches dressées, et il
fonda là-dessus toute une méthode nouvelle : mal-
heureusement l'expérience ne fut pas favorable à
cette méthode, qui, essayée sous le nom à\ir-
cure dans plusieurs pépinières de Franconville
et de Vitry, n'eut pas de succès. Cadet était d'un
désintéressement et d'une probité extrêmes ; son
honorable pauvreté le prouve : qu'il nous soit
permis de citer ici un fait qui justifiera notre as-
sertion. Désigné par le gouvernement pour ex-
69
CADET-DE- VAUX — CADET-GASSICOURT
70
pertiser une importation considérable de tabacs,
Cadet les reconnut avariés. La compagnie chargée
de cette fourniture , connaissant les conclusions
de son expertise, lui fit proposer cent mille francs
s'il voulait modifier son rapport : pour toute ré-
ponse , Cadet fit jeter les tabacs à la mer. De-
venu octogénaire et manquant du nécessaire, il
termina ses jours chez son fils, manufacturier
à Nogent-les-Vierges.
Voici les écrits de Cadet-de-Vaux : Instituts
de chimie deSpielman, traduits du latin, 2 vol. ;
1 770 ; — Observations sur les Fosses d^aisance,
et moyens de prévenir les inconvénients de
leur vidange; Paris, 1778, in-8°; — Avis sur
les Blés germes; Paris, 1782 , in-8°; — l'Art
défaire le vin, d'après la méthode de Chaptal;
Paris, 1801, in-S"; — Moyens de prévenir et
de détruire le phtjtisme des murs ; Paris, 1801,
in-S" ; — Recueil des Rapports et Expériences
sur les soupes économiques et les fourneaux
à la Rumford; Paris, 1801, in-S"; — Instruc-
tion sîir les moyens de prévenir l'insalubrité
des habitations qui ont été submergées ; Paris,
1802, in-8° ;— Mémoire sur la peinture au lait,
suivi d'Observations , par d'Arcet et Taillepied;
Paris, 1802, in-S"; — Mémoire sur la Gélatine
des os , et son application à l'économie ali-
mentaire, privée et publique ; Paris , 1803,
in-8°; — De la Taupe, de ses mœurs, et des
moyens de la détruire; Paris, 1803, in-12; —
Traité du Blanchissage domestique à la va-
peur; Paris, 1805, in-8°; — Dissertation sur
le Café; son historique; Paris, 1806,in-12; —
De la restauration et du gouvernement des
Arbres à fruit; Paris, 1806, in-8° ; — Essai sur
la Culture de la vigne sans le secours de l'é-
chalas; Fans, 1807, in-8°; — Mémoire sur la
matière sucrée de la pomme; Paris, 1808,
10-8° ; — Méritoire sur quelques inconvénients
de la taille des arbres à fruit; Paris, 1809,
in-8", avec planches; — Traité de la Culture
du tabac; Paris, 1810, in-12; — le Ménage, ou
l'emploi des fruits dans ^économie domesti-
que; Paris, 1810, in-12; — Aperçus économi-
ques et chimiques sur l'extraction du sucre
de betterave; Paris, 1812, in-12; — Instruction
sur la préparation des tiges et raci'^iies de ta-
bac; Paris, 1812, in-12 ; — Moyens de prévenir
le retour des disettes ;Par\s, 1812, in-8"; — Des
Bases alimentaires et de la Pomme de terre ;
Paris, in-S"; — De l'Économie alimentaire du
peuple et du soldat, ou Moyen de parer les
disettes et d'en prévenir à jamais le retour;
1814, in-8''; — Nouveau Procédé de Peinture
applicable à l'Intérieur et à l'extérieur des
maisons, lettre à M. Bélanger, architecte; Paris,
1814, in-8°; — l'Ami de l'Économie aux amis
de l'humanité, sur les points divers dans la
composition desquels entre la pomme de terre;
Paris, 1816, in-8°; — Instruction sur le meil-
leur emploi de la pomme de terre dans sa co-
pnnification avec les farines de céréales ; Pa-
ris, 1817, in-S"; — Plantation des germes de.
la pomme de terre, ou Instruction sur la pré-
férence à donner à la plantation des germes
ou yeux de la pomme de terre, comme moyen
le pliis économique; Paris, 1817, in-S"; — De
la Gélatine des os et de son bouillon; Paris,
1818, in-12 ; — Pains divers obtenus par l'as-
sociation des nouveaux produits de la pomme
de terre avec toute espèce de farines de cé-
réales, même les plus inférieures ; Paris, 1818,
in-8'' ; — Conservation du Moût soustrait à la
Jermentation spiritueuse , ou Moyens desousa
traire, dans lès années abondantes, le Moût
de la fermentation spiritueuse, pour ne la
reproduire qu'à des époques plus éloignées ;
Paris, 1819, in-12; — Traités divers d'Écono-
mie rtir aie, alimentaire et domestique; Paris,
1821 , in-S" : plusieurs de ces traites ont paru
dans le Journal de Paris, de 1803 à 1820; —
l'Art œnologique réduit à la simplicité de la
nature par la science et V expérience, siiivi
d'observations critiques sur Vappareil Ger-
vais; Paris, 1823, in-12; — De la goutte et du
rhumatisme ; précis d'expériences et de faits
relatifs au traitement de ces maladies ; Paris,
1824, in-12.
Quérard, la France littéraire.
CADET-GASSICOURT (Charles-Louis), litté-
rateur et pharmacien français, fils unique de
Louis-Claude et neveu de Cadet-de-Vaux, né à
Paris le 23 janvier 1769, mort le 21 novembre
1821. Il fit de bonnes études aux collèges de Na-
varre et Mazarin, se fit recevoir avocat en 1787,
et embrassa avec conviction les idées républi-
caines modérées. En 1789, il se retira du barreau,
et déploya une louable énergie dans la répression
des pillages et des massacres qui déshonorèrent
Paris. A la tête de son bataillon, il repoussa les
pûlards qui dévastaient Saint-Lazare, et réussit,
aux journées de septembre, à sauver son oncle
Cadet de Chambine, alors détenu pour cause
politique. Le 13 vendémiaire, commandant la
section du Mont-Blanc , il marcha contre la con-
vention; le 17 du même mois, il fut condamné
à mort par un conseil militaire, et dut se réfugier
dans une usine du Berri. Quelque temps après,
il obtint la révision de son procès, et fut absous
par le jury criminel de la Seine. Mêlant la vie
publique à des soucis plus profitables, il rouvrit
en 1801 la pharmacie de son père, et fut, en 180C,
nommé secrétaire général du conseil de salubrité.
Il fit, en 1809, la campagne d'Autriche, comme
premier pharmacien de l'empereur. Sous la res-
tauration, il fut compromis dans plusieurs procès
politiques , et l'opposition se servit plus d'une
fois de son influence pour obtenir des succès dan.'ç
les élections parisiennes. Ses principaux écrits
sont : Observations sur les Peines infamantes;
Paiis, 1789, in-8"; — l'Anti - Novateur ;
Paris, 1794, in-S"; — Observations sur les
Dangers de la Saignée dans le traitement de
l'asphyxie; 1796, dans le Journal des Mines,
3.
7ï
CADET-GASSIGOITRT — CADION
72
t. Ill; — le Tombeau, ou Histoire secrète et
abrégée des initiés anciens et modernes, des
Temp tiers, des Francs-Maçons, des Illuminés ;
Paris, 1797, in-18; — le Souper de Molière,
comédie-vaudeville en un acte; Paris, 1798,
in-8" ; — la Visite de Racan, comédie-vaudeville,
en un acte; Paris, 1798, in-8° ; — Mon Voyage,
ou Lettres sur la Normandie, suivies de quel-
ques Poésies fugitives; Paris, 1799, in-8°; —
le Poète et le Savant, ou Dialogues sur la
nécessité , pour les gens de lettres, d'étudier
la théorie des sciences; Paris, 1799, in-8''; —
Cahier de Réforme, ou Vœux d'un ami de
l'ordre ;T?a.Yis, an viii, in-8°; — la Chimie do-
mestique, ou Introduction à l'étude de cette
science, mise à la portée de tout le monde;
Paris, 1801, 3 vol. in-12; — Esprit des Sots
passés, pj'ésents et à venir; Paris, 1801, in-18;
— Dictionnaire de Chimie, contenant la théo-
rie et la pratique de cette science, son appli-
cation à l'histoii'e naturelle; Paris, 1803,
4 vol. in-8°, avec fig. ; — Éloge de Beaumé;
Bruxelles, 1805, in-8°; — Saint-Géran, ou la
noicvelle langue française , anecdote récente;
Paris, 1807, in-12; — le Thé est-il plus nui-
sible qu'utile? Paris, 1808, in-8°; — Suite de
Saint-Gé?'an, oa Itinéraire de Lutèce auMont-
Valérien, suivant le fleuve Séquanien et re-
venant par le mont des Martyrs ; Pdiris , 1811,
in-12 et in-18; Bruxelles, 1812, ln-18 : c'estune
parodie du style de Chateaubriand et de M""^ de
Staël; — Formulaire magistral et Mémorial
jjharmaceutique ; Paris , 1812 , in-8° ; annoté par
Pariset; Paris, 1818,-in-4% revu et augmenté par
V. Bailly; Paris, 1823, in-S"; — Éloge de A.-A^
Parmentier; Paris, 1813, in-8°; — Pharmacie
domestique d^urgence et de charité; Paris,
1815, in-18; — Dissertation sur le Jalap; Pa-
ris, 1817, in-4°; — Mémoire sur les Teintures
pharmaceutiques , avec J. Deslauriers ; Paris ,
1817,in-8°; — Confidences de l'hôtel Bazan-
court; Paris, 1818, in-8''; — les Quatre Ages
de la garde nationale, ou Précis historique
de cette institution militaire depuis son ori-
gine jusqu'en 1818; Paris, 1818, in-8° ; —
Voyage en Autriche, en Moravie et en Bavière,
fait à la suite de l'armée française en 1809; Pa-
ris, 1818, in-8°, avec carte et plan.
MahuI, Ann.nécrol., 1821. — Quérard, la France litté-
raire.
CADET-DE-METZ {Jean-Mai'cel ), minéra-
logiste français, né à Metz le 4 septembre 1751,
mort à Strasbourg en septembre 1835. Il était sub-
délégué général et inspecteur des mines en Corse
au commencement de la révolution ; il fut ensuite
directeur des contributions du Bas-Rhin (1800).
Ses principaux écrits sont : Observations sur
la nécessité de régler l'abattage des arbres
d'après la latitude et l'élévation du sol; 1728,
in-12 : cet ouvrage avait pour but d'attirer l'at-
tention du gouvernement sur les coupes irrégu-
lières faites en Corse; «— Tarif des centimes
et francs; 1801; — Copie figurée d'un rou-
leau de papyrus trouvé à Thèbes; Strasbourg,
1805, in-fol. : calque d'un bel original d'écriture
hiéroglyphique ; — Précis des voyages entrepris
pour se rendre par le nord aux Indes; 1818,
in-8° ; — Traité de la lenteur que mettent les
substances aériformes liquides et solides à
suivre les mouvements de la terre, et des
effets de cette lenteur sur la salubrité, les
débordements, les allumons; — De l'Air et de
la Fièvre, insalubres en Espagne; 1822, in-S";
— Corse, restauration de cette île ; 1824, in-8°,
" Quérard, la France littéraire.
CADHERD ou CAROUT-BEY, prince de Kit
mann, vivait dans la première moitié du on-
zième siècle. Il était arrière-petit-fils de Seîdjouc,
et fut appelé en l'an 1041 (de l'hégire 433 ) au
gouvernement de Thogrul-Bey, H fut le pre-
mier Seljoucide qui administra cette province.
Simple gouverneur, il se rendit ensuite indépeu;
dant, et se créa bientôt un État puissant. On
connaît peu l'histoire des princes de cette dy-
nastie. Mohammed- Shah, le dernier, fut détrôné
par Malek-Dynar en l'an 1187-1188 de J.-C.
D'Herbelot, Bibliothèque orientale.
CADHOGAN OU CADOGAW ( Guillaume,
comte DE ) , général anglais , mort à Londres le
26 juillet 1726. Au siège de Menin, en 1706, il
se dévoua pour le duc de Marlborough, qui
serait tombé aux mains de l'ennemi, si Ca-
dhogan ne lui eût donné son cheval. Il fut pris
lui-même, mais renvoyé sur parole à là' de-
mande du duc, dont il suivit ensuite la fortune.
Al'avénement de George I*'', Cadhogan fut nommé
colonel et envoyé en ambassade en Hollande , et
plus tard aux conférences d'Anvers. En 1715, il
demanda aux états généraux de s'opposer au
passage de Jacques IH. En 1716, il fut chargé
de commander les six mille Hollandais envoyés
au secours du roi George. En 1717, il négocia
en Hollande une alliance entre cette puissance
et la France et l'Angleterre; puis il revint re-
présenter son pays auprès des états généraux.
En 1722, il remplaça le duc de Marlborough dans
la grande maîtrise de l'artillerie, et dans le grade
de colonel du premier régiment des gardes.
Rose, New Biographical Dictionary.
CADIÈRE (la.). Voy. GreARD.
CADIOLI ( Giovanni ) , peintre de l'école de
Mantoue, vivait dans la seconde moitié du der-
nier siècle. Bon paysagiste, il a bien mérité de
l'art en fondant dans sa patrie une académie do
dessin, dont il fut le premier directeur, et en pu-
bliant une excellente description des peintures
conservées dans cette ville. E. B — is.
Ticozzi, Dizionario. — Lanzi, Storia pittorica.
* CADION ( Jean-Baptiste ), théologien fran-
çais, mort à Autun vers l'an 1660. Après avoir
été curé à Alise en Bourgogne , il devint chanoine
à Autun, où il résida jusqu'à sa mort. On n'a de
lui qu'un seul livre, écrit pour ses paroissiens d'A-
lise : la Vie de sainte Reine; Alise, 1648, in-12*
Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne,
73
CADMUS — CADORNEGA
74
CADMUS (du phénicien Kedem, Orient), co-
lonisateur phénicien et fondateur de ïhèbes , vi-
vait environ 1500 ans avant J.-C. On attribue
à Cadmus l'introduction des lettres de l'alphabet
«u de l'écriture en Grèce, et l'on assure qu'il
était frère d'Europe et fils d'Agénor, roi de la
Phénicie. Mais rien de tout cela n'est certain; il
règne une confusion extrême dans tout ce que
les anciens rappellent sur Cadmus et sa famille,
et leurs récits sont contradictoires tout aussi
bien pour le père que pour le fils. Homère ne
connaît pas Cadmus, et Euripide ( Phœn., 835,
cf. 681 ) donne pour aïeule aux rois de Thèbes
non pas la femme ou la mère de Cadmus, mais
lo, qui était née à Argos. Hérodote ( V, 57 ) rap-
porte que Cadmus et les Phéniciens arrivèrent
en Grèce par mer, et qu'ils passèrent à Érétiie
d'Eubée. Ce témoignage appartient à une époque
peu ancienne relativement au fait qu'il cherche à
établir , et il est infirmé en partie par les pas-
sages de Pline et de Strabon, suivant lesquels
Cadmus, avant d'arriver en Béotie , aurait déjà
séjourné- près du mont Pangée en Thrace , et en
aurait exploité les mines. La même incertitude
règne à l'égard des autres faits de l'histoire de
Cadmus.
Hérodote. — DIodore de Sicile. — F. Hœfer, la Phéni-
cie (dans l'Univers, pitt.). — Welker, Uber eine Rre-
tische Colonie; Bonn, 18î*.
GADMVS, de Milet, fils de Pandion, historien
et logographe grec, vivait probablement vers
l'an 540 avant J.-C. Il est rangé par Strabon
parmi les trois premiers prosateurs grecs. Cad-
mus a dû être le plus ancien des ti'ois, qui sont,
avec lui, Phérécyde et Hécate. Pline l'appelle en
effet le premier écrivain en prose. Cependant,
dans un autre passage, il se contente de l'appeler
le plus ancien historien , et qualifie Phérécyde
de premier prosateur. Cadmus écrivit un ounage
aujourd'hui perdu, et intitulé Kriffiç MtX^tou
xal T^ç ôXy); 'Iwviaç (Fondation de Milet et de
toute l'Ionie ), que Denys d'Halicarnasse regarde
comme apocryphe. En parlant d'un Cadmus de
Milet qui aurait introduit en Grèce l'alphabet
inventé par les Phéniciens, Suidas et d'autres
ont évidemment confondu les deux Cadmus,
celui de la mythologie et celui dont il est ici
question.
Oenys d'Halicarnasse, JSekker, Anecdotes, p. 781. —
Clinton, FasteslHellénigues.
CADMUS, fils de Scythes, négociateur grec.
D'après Hérodote, il était de l'île de Cos, qu'il
gouverna après son père, et qu'il rendit sponta-
nément à la liberté. Il se retira ensuite en SicUe,
où il fonda, avec quelques Samiens , la ville de
Zancle, depuis Messane (Messine). Ce fut ce Cad-
mus que Gélon envoya avec des trésors à Del-
phes, en l'an 480 avant J.-C, pour y attendre
l'issue de la lutte entre les Grecs et les Perses.
Cadmus avait ordre d'offrir ces trésors à Xerxès
vainqueur et de les reporter en Sicile si lç§ Grec§
-étaient victorieux, et c'est ce qu'il fit.
Hérodote, VII, 163, 16».
CADOC (saint), fils de Contrée, prince des
Bretons du sud , mort à Bénévcnt en 550. Son
père s'était retiré du monde lorsque; Cadoc était
encore enfant. Celui-ci fut confié par Caradoc,
prince du pays, aux soins d'un homme pieux,
appelé Tathaï. Plus tard, il fonda le monastère
Llancarvan, dans le Glamorganshire. Au rap-
port de Fuilcr, il aurait gardé la possession
d'une portion du domaine paternel , pour en
affecter les revenus à l'entretien de trois cents
veuves pauvres, aux membres du clergé, et aux
pèlerins. H ne se distingua pas moins par l'ordre
parfait- qu'il introduisit dans ses États.
Dssénius, Antiquités. — Rose, New Biographicat
Dictionary.
cADONici (Jean), théologien italien, né à
Venise en 1705, mort le 27 février 1786. Il écri-
vit beaucoup contre la cour de Rome et les nio-
linistes. Ses principaux ouvrages sont : Senti-
ments de saint Augustin; 1763; — De Ani-
mabus justorum insimiAbrahee ante Christi
mortem , expertibus beati Visionis Dei, libri
duo; Rome, 1766, 2 vol. in-4°; — Exj)licatïon
du passage de saint Augustin : « l'Eglise de
Jésus-Christ sera dans la servitude sous les
princes séculiers ;i> Paris, 1784, m-4°,avec une
intéressante préface de M. Zola.
Richard eLGirand, Bibl. sacrée. — Moréri, Dictionnaire
historique.
"^CADORNEGA (Antouio de ùliveira), voya-
geur portugais, né dans la première moitié du
dix-septième siècle, mort vers 1690. Villa-Viçosa,
ancienne résidence des ducs de Bragance, fut sa
ville natale, et la maison dont il soi-tait trouva des
protecteurs naturels dans les seigneurs de la cité.
Quoique gentilhomme , il ne refusa point d'ac-
compagner en qualité de simple soldat Pedro Cé-
sar de Menezès, à l'époque où ce personnage fut
choisi pour être gouverneur d'Angola. Cador-
nega arava de cette partie de l'Afrique en 1639.
Nommé al/ere (porte-drapeau), il se fit bientôt
remarquer par la bravoure la plus brillante , et
fut récompensé de sa belle conduite par le grade
de capitaine. Pendant l'espace de trente ans,
non-seulement il servit le Portugal dans cette
région peu connue, mais il étudia le pays avec
une rare sagacité. Après avoir contiibuc à chas-
ser les Hollandais de l'Afrique, il établit son sé-
jour à Loanda, capitale du royaume d'Angola, où
il vécut en qualité de capitaine réformé jusque
vers la fin du dix-septième siècle; nous ignorons
s'il revit jamais son pays.
Cadomega est auteur d'un immense travail ma-
nuscrit conservé à la Bibliothèque impériale de
Paris, et dont on a songé plus d'une fois à faire
la publication : ce livre, ignoré de Barbosa Ma-
chado lui-même, porte le titre suivant : Histo-
ria das Guerras angolanas, 1680, 2 vol. grand
in-fol. ; l'auteur l'a dédié au prince D. Pedro.
C'est un livre d'un haut intérêt , entaché cepen-
dant, quant au style, des défauts reprochés aux
écrivains de la fin du seizième siècle. Il con-
75
CADORNEGA — CADOUDAL
76
tient l'histoire des guerres entreprises par les
lagos , peuples nombreux qui avaient envahi le
royaume d'Angola, et contre lesquels le roi
africain de cette contrée avait invoqué le se-
cours des Portugais. Outre cet ouvrage , on a
deCadornega: Gompendio clos expugnaçào do
reino de Bengelae das terras adjacentes, in-
fol. Ce qui ferait supposer que l'auteur revint
en Europe à une certaine époque', c'est qu'il
composa également une topographie spéciale, in-
titulée Descripçào de Villa-Viçosa acabada ne
anno 1683. Ces manuscrits étaient conservés
jadis dans la bibliothèque du comte d'Ericeira.
Ferdinand Denis.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana. — Ferdinand
Denis, Résumt! de l'histoire littéraire du Portugal et
du Brésil.
CADOT (....), fameux plagiaire, mort en 1757.
Le P. Janvier, chanoine de Saint-Symphorien
d'Autun, avait publié un Poëme sur la Conver-
sation ; Autun, 1742 ; cet ouvrage, imitation d'un
poëme îatin du P. Tarillon, était passé complè-
tement inaperçu, lorsque Cadot , le croyant ou-
blié, s'avisa, quinze ans après, d'y changer une
vingtaine de vers , et de le reproduire sous son
nom, avec ce titre : l'Art de Converser, poëme;
Paris, 1757,in-8°. Ce ne fut que bien plus tard,
dans un article de la Décade (11 avril 1807), que
ce plagiat fut dévoilé.
Oelille, Poëme de la Conversation, 1812, in-S", p. 173,
* CADOT ( Thibauld), conseiller de monnaie
français, vivait vers la fin du dix-septième siè-
cle. On a de lui : le Blason de France, ou
Notes curieuses sur l'édit concernant la po-
lice des armoiries , avec un Dictionnaire des
termes du Blason; Paris, 1697, in-8°.
Lelong, Bibliothèque historique de la France, édition
Fontette. — Adelung, suppl. à Jocher, Allgem. Gelehr-
tnn-Lexicon.
CÂOOUDAL {George), célèbre chef de la
chouannerie bretonne, né le 1*" janvier 1771 (1)
à Kerléano, village situé en la paroisse de Brech,
près d'Auray , dans la basse Bretagne ; mort à
Paris le 25 juin 1804. Son père était, non point
un meunier, comme presque tous les biographes
l'ont prétendu, mais un laboureur cultivant ses
))ropres terres. George achevait sa philosophie
au collège de Vannes quand éclata, en 1789, le
mouvement i-évolutiomiaire. Comme tous ses
compatriotes, il en subit les prenliers entraîne-
ments, et partagea tout d'abord les espérances
réformatrices de l'époque. Los premiei's atten-
tats de l'assemiilée constituante contre les droits
et la liberté de l'Église vinrent seuls modifier
ces dispositions, et précipiter, dans des voies hos-
tiles aux idées de 89, des populations qui les
(l)Jusqu'ici toutes les biographies ont fait naitre George
Cadoudal en 1709, sans en excepter la notice publiée
par son frère, le géoéral Joseph Cadoudal. Cette erreur
a sans doute été accréditée par George lui-même, qui
en 1804, dans les interrogatoires de son procès, se donnait
trente-cinq ans. La date du l""^ janvier 1771 est pourtant
la seule véritable. Elle a été recueillie par l'auteur de
cette notice au greffe du tribunal de Lorient, sur les
refflsUes de l'état civil de la paroisse de Brech,
eussent acceptées avec entraînement, si l'assem-
blée constituante n'avait pas commencé par
méconnaître et froisser leurs sentiments reli-
gieux. Aussitôt qu'il apprit qu'une résistance
sérieuse était organisée en Vendée, George
passa la Vilaine (juin 1793) à la tête d'une
cinquantaine de ses plus intrépides amis, pour
rejoindre l'armée vendéenne , occupée à s'empa-
rer des grandes villes de la basse Loire. Nommé
capitaine de cavalerie dans le corps de Stofllet, il
partagea les succès et les revers de la grande ar-
mée jusqu'au moment de sa dispersion sur les pla-
teaux de Savenay. George revint alors dans le
Morbihan, bien résolu de mettre à profit, dans
l'intérêt de la cause qu'il avait embrassée , les le-
çons qu'il rapportait de cette courte campagne.
Un volontaire vendéen, avec lequel il s'était lié
d'une étroite amitié, l'accompagnait, et devait dé-
sormais être associé à toutes ses entreprises. C'é-
tait Mercier, dit la Vendée, fils d'un maître
d'hôtel du Lion d'Angers. Déjà George, encou-
ragé par les conseils de l'abbé Philippe, rec-
teur de Locmariaker, et secondé par son fidèle
lieutenant, avait organisé une partie du Mor-
bihan; son impulsion se propageait dans les
campagnes avec la rapidité d'un incendie, quand,
une nuit, la force armée vint le surprendre à
Kerléano, dans la maison paternelle, oii il
avait établi le centre de ses opérations. Il fut
saisi avec Mercier, ainsi que son père. On les
dirigea sur Brest, où il fut- jeté en prison en
attendant l'échafaud. George y fit la connais-
sance d'un gentilhomme provençal, d'Allègre de
Saint-Tronc , qui profita des loisirs foixés de la
prison pour compléter l'éducation militaire de
son jeune compagnon de captivité, en lui don-
nant des leçons théoriques d'une science qu'il
ne connaissait encore que par la pratique des
champs de bataille de la Vendée. Après quel-
ques mois de captivité, George, d'Allègre et
Mercier parvinrent à tromper la vigilance de
leurs gardiens et à rompre leurs fers. Revêtus
de costumes de matelots , ils s'évadèrent une
nuit, et, à travers mille périls, parvinrent à re-
gagner le Morbihan. Pendaut sa captivité, le père
de George lui avait indiqué un endroit secret
oii il avait enfoui une somme de 9,000 francs,
fruit de ses économies, George employa sur-
le-champ cette ressoui'ce à continuer l'œuvre
qu'il avait entreprise, mais qu'il trouva déjà fort
avancée, grâce aux soins de MM. deSilz, de
Francheville , de Labourdonnaye-Coatcandec,
Guillemot, et Jean-Jean. George prit part à cette
première campagne de la chouannerie morbihan-
naise en qualité de chef de la division d'Auray.
Au mois d'avril 1795 il assista, ainsi que les au-
tres chefs de l'insurrection, aux conférences de
la Mabilais ; et il se prononça avec énergie contre
la pacification qui fut signée, sous l'influence <le
Comatin, par vingt-deux officiers seulement;
ce qui fit dire à Hoche : <i La convention vient de
« traiter avec quelques individus, et non avec
77
CADOUDAL
t»
« les véritables chefs du parti. » Après la reprise
(les liostilités on retrouve Cadoudal à Grand-
Champ, on fut tué le comte de Silz, et où George
parvint à rallier les fuyards en prenant le com-
mandement.
On préparait à cette époque la fameuse expé-
dition de Quiberon. George et l'élite de ses
chouans furent incorpores dans une divisiofi forte
de 3,500 hommes, placée sous le commandement
de Tinteniac, et chargée d'opérer une diversion
à l'intérieur. On sait que cette expédition échoua
complètement.
George devint alors le chef de la chouanne-
rie bretonne. Il organisa le Morbihan sur un
pied de guerre régulier, et réellement redoutable.
En moins de quinze jours, et privé de toutes res-
sources, il parvint à léaliser ce que Puisayc, sou-
tenu par le conseil des princes et par l'or de
l'Angleterre, n'avait pu obtenir depuis deux an-
nées : il réunit sous son commandement toutes
les bandes éparses qui sillonnaient le Morbihan.
Alors commença contre les troupes de la répu-
blique cette terrible guerre de surprises, connue
sous le nom de chouannerie. Des engagements
eurent lieu simultanément sur une multitude de
points, à Elven, à Grand-Champ, à Pluvigner, à
Sarzeau. Georges se multipliait pour ainsi dire,
afin de donner son impulsion à tous ces mou-
vements. Mais, serré de toutes parts par les trou-
pes de Hoche, il feignit d'accepter, au mois de
mai 1796, la pacification que lui offrait ce géné-
ral. On était au mois de janvier 1799, et Cadou-
dal , en présence des bruits de conflagration eu-
ropéenne, attendait avec impatience l'arrivée d'un
prince français sur le territoire breton. Fatigué
des retards qu'on lui fait subir, il députe son
fidèle Mercier au comte d'ArtoiSjqui lui répond par
les lignes suivantes : « J'ai voulu que le brave et
« loyal George n'apprit que par moi ce dont son
« âme jouira autant que la mienne A vous
« revoir bientôt , mon cher George. » Fort d'une
telle promesse, le chef morbihannais n'hésite
plus ; il saisit l'iiistant où la coalition se formait
conti'e le Directoire, pour adresser à ses compa-
triotes un chaleureux appel.
Son plan était de s'emparer des villes les plus
importantes et d'étendre l'insurrection du côté
de Paiis, pour attaquer la révolution au cœur.
George se reposait avec une entière confiance
sur la parole du comte d'Artois, quand un nou-
veau message vint lui apprendre que « les jours
« de S. A. R. étaient trop précieux pour êti-e
« exposés. » Refoulant son indignation au fond
de son âme, il donne le signal des hostilités en
attaquant Vannes. Le 30 octobre (1799), il péné-
trait dans Sarzeau, où les bleus s'étaient réfugiés
avec un parc d'artillerie ; et presque au même ins-
tant il surprenait Port-Navalo , Muzillac, Landé-
vant, etc. L'insurrection triomphante s'étendait
de Guérande à Saint -Brieuc. Mais la journée du
18 brumaire avait rendu le général Bonaparte
maître de la situation; sa puissante initiative
avait remplacé un pouvoir déconsidéré. Son
premier soin fut de pacifier l'Ouest, et, dans ce
but il employa d'abord la voie des négocia-
tions. Des conférences s'ouvrirent à Pouancé,
dans le haut Anjou, pour traiter de la paix. Mais
l'influence de George empêcha qu'elles fussent
suivies d'aucun résultat. Cependant Brune, com-
mandant de l'armée de Hollande, arrivait à mar-
ches forcées dans l'Ouest, avec l'ordre d'écraser
à tout prix la résistance royaliste. Le général
Harty lui préparait les voies dans le Morbihan.
Sorti de Vannes le 25 janvier 1800, à la tête de
10,000 hommes, ce général fut rencontré par
les troupes de George, le 26 janvier 1800. à
Pont-de-Loch, entre Locminé et Grand-Champ.'La
bataille fut longue et acharnée; elle dura huit
heures. Ce fut le dernier engagement sérieux de
la chouannerie. George comprit bientôt qu'il
ne pouvait prolonger une lutte inégale sans atti-
rer sur son pays les plus grands désastres, et il
se décida à traiter de la paix. Le 2 février, il eut
avec Brune une entrevue, à la suite de laquelle
il signa une convention pour les trois départe-
ments (Morbihan, Côtes-du-Nord, Finistère) pla-
cés sous son commandement. A peine avait-il ac-
cepté la pacification, qu'il apprit que des vais-
seaux anglais, mouillés dans la rade de Quiberon,
lui apportaient des fonds considérables : « Dites
à l'amiral . répondit-il , que je viens de conclure
la paix, et que je ne puis recevoir des fonds des-
tinés à continuer la guerre. « Brune eut ordre
d'exiger que George se rendît à Paris, où sa pré-
sence était nécessaire, disait-il , à la consolida-
tion de la paix. En réalité le premier consul, qui
se connaissait en hommes, et auquel un coup d'oeil
avait suffi pour apprécier la forte trempe du chef
breton, voulait l'attacher à sa fortune. Après
avoir eu plusieurs conférences avec le général
Clarke, qui tenait le portefeuille de la guerre ,
George fut reçu par Bonaparte. Bourrienne, qui
assistait à cette entrevue, en a consigné les dé-
tails dans ses Mémoires. Pendant une conversa-
tion de plus de deux heures, le premier consul
fit tous ses efforts pour vaincre l'obstination de
l'mdomptable Breton ; il fit retentir à ses oreilles
les mots de gloire, de patrie, de fortune mili-
taire ; il épuisa la série des offres les plus sédui-
santes, lui donna à choisir entre le grade de gé-
néral de division dans l'armée d'ItaUe, ou cent
mUle francs de pension, à la seule condition de
s'abstenir de politique. George fut inébranlable;
et cette entrevue , qui causa une irritation pro-
fonde au premier consul, peu habitué à rencon-
trer de telles résistances , ne fut suivie d'aucun
résultat. Averti qu'on allait le faire arrêter, il
partit secrètement pour l'Angleterre, en compa-
gnie de M. Hyde de Neuville. Il fut accueilli
avec beaucoup de distinction par le gouverne-
ment anglais, et reçut de Louis XVin, par l'in-
termédiaire du comte d'Artois , le grade de lieu-
tenant général, le grand cordon de Saint-Louis,
et une lettre de félicitations sur sa conduite.
79
CADOUDAL
80
A peine débarqué en Angleterre, George
médita de nouveaux plans de résistance. Il réso-
lut de repasser dans le Morbihan pour les exé-
cuter, quand la victoire de Marengo vint, en af-
fermissant la puissance de Bonaparte, foire
avorter tous ses projets. Il comprit qu'en res-
tant plus longtemps en France il compromettrait
inutilement les campagnes du Morbihan, épuisées
par six années de luttes. Il songea dès lors à
transporter à Paris le drapeau de l'insurrection;
et dans ce but il chargea Saint-Régent, Limoë-
lan, la Haie Saint-Hilaire et quelques autres
officiers de se rendre dans cette ville. On sait
comment l'explosion de la machine infernale vint
encore une fois déjouer ses espérances. Quel-
ques historiens ont voulu faire remonter jusqu'à
George Cadoudal la responsabilité de cet odieux
attentat, œuvre isolée de Saint-Régent. La vé-
rité sur ce fait, longtemps controuvée, est conte-
nue tout entière dans cette réponse de George
à l'époque de son procès : « Saint-Régent était
« à Paris d'après mes ordres; mais jamais je ne
« lui ai enjoint d'exécuter l'attentat du 3 nivôse. »
Nous avons sous les yeux les Mémoires encore
inédits, mais parfaitement authentiques, d'un
homme qui a joué dans les fastes de la chouan-
nerie im rôle d'une certaine importance, Rohu,
ancien chef de division, sous les ordres de
George. Voici comment il s'exprime sur cette
déplorable affaire : « Vers le milieu de l'année
« 1800, le général nous convoqua au nombre de
« quatre, savoir : Delear, Robinot de Saint- Ré-
« gent, le chevalier de Trécesson, et moi. Il nous
« exposa qu'il avait besoin d'un de nous pour
« une mission à Paris. Saint-Régent, comme le
« plus ancien des officiers présents, prétendit
<c avoh- droit d'obtenir la préférence. Le général,
« acceptant la proposition, lui dit : « Je vous
« donnerai les ;moyens d'arriver jusqu'à la ca-
« pitale ; et là vous vous mettrez en relation avec
a les personnes que je vous indiquerai, et avec
« lesquelles vous vous entendrez pour l'achat du
<c nombre de chevaux, d'habits et d'armes que
a je vous désignerai, et dont je viendrai me ser-
« vir plus tard.» Saint-Régent partit. Quand nous
<c apprîmes que les tuiles des toits avaient tombé
(c sur la voiture du premier consul, par suite de
<c l'explosion de la machine infernale, George
<( entra dans une violente colère, et il nous dit ;
(c Je parierais que c'est un coup de tête de ce b...
<c de Saint-Régent. Il aura voulu venii- près de
<c nous se vanter de nous avoir, à lui seul, débar-
a rassés de Bonaparte : il a dérangé tous mes
« plans. D'ailleurs nous ne sommes pas en me-
« sure d'agir. »
L'odieuse tentative de la rue Saint-Nicaise, que
Saint-Régent et son complice Carbon expièrent
sur l'échafaud, vint aggraver encore la situation
des insurgés morbihannais. Plus de cinquante
officiers royalistes, au nombre desquels se trou-
vaient Julien Cadoudal, un des frères de Geoi'ge,
et Mercier la Vendée, son lieutenant et ami,
périrent violemment, de 1800 à 1802. La police
redoubla d'efforts pour s'emparer de l'indompta-
ble chef. Trois colonnes mobiles, dirigées par
Bernadotte, parcoururent le pays. George partit
de nouveau pour l'Angleterre, accompagné de ses
officiers les plus intrépides et les plus compro-
mis. Ce fut à dater de cette époque ([u'il ariêla,
avec le comte d'Artois et le général Pichegru ,
le plan de la vaste conspiration dont il devait
être la victime. Débarqué le 21 août 1803 sur
la falaise de Béville en Normandie, avec une
partie de ses compagnons , George ne tarda i)as
à s'apercevoir qu'on l'avait trompé sur la véri-
table situation de l'esprit J public; que le i)re-
mier consul, bien loin d'êti'e dépopularisé comme
l'affirmaient de fausses, correspondances, se pré-
parait au contraire à ceindre le bandeau impé-
rial, aux applaudissements de la nation. D'un
autre côté, dans les entretiens qu'il eut avec Mo-
reau, il trouva ce général, qu'il croyait décidé à
agir pour les Bourbons, plein d'irrésolution, de
faiblesse, et d'ambition personnelle. George était
depuis sept mois à Paris, mécontent de la tour-
nure des événements ; et il se disposait à repasser
en Angleterre quand, le 9 mars 1804, vers sept
heures du soir, venant en cabriolet de la monta-
gne Sainte-Geneviève, il fut poursuivi par plu-
sieurs agents de pohce, qui l'atteignirent près du
carrefour de l'Odéon. L'un d'eux, Buffet, se pré-
cipita à la tête de son cheval. D'un coup de pis-
tolet, George lui brûla la cervelle. Mais, en-
touré par la foule et assailli par le nombre, il fut
pris, garrotté, et conduit à la préfecture de police,
d'où on le transféra au Temple. Pendant son pro-
cès il fit preuve de beaucoup de courage et de
sang-froid; déclara hautement qu'il était venu
pour changer la forme du gouvernement en France
et mettre Louis XVUI sur le trône ; qu'un prince
français devait diriger l'attaque ; qu'il n'avait pas
de complices. Toutes les fois qu'il parla du pre-
mier consul, ce fut avec beaucoup de modération
et de dignité; et celui-ci lui fit témoigner, par
l'intermédiaire de Murât, combien il était touché
de cette retenue. L'officier supérieur chargé de
ce message ajouta que cette conduite avait ins-
piré tant d'estime à celui qui venait d'être élevé
à l'empire, qu'il ne doutait pas qu'il n'accordât la
grâce de George, s'il la sollicitait. Ce dernier s'y
refusa positivement ; et le 25 juin 1804, assisté
de l'abbé de Ker&venant, tairé de Saint- Germain-
des Prés, il porta satêîe sur l'échafaud. Onze de
ses compagnons périrent avec lui. Un grand nom-
bre d'auti'es , parmi lesquels les deux frères de
Polignac, le duc de Rivière , Raoul et Armand
Gaillard, Chai'les d'Hozier, eurent leur peine com-
muée en quelques années de détention. G. C.
Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire. —
Th. Muret, Histoire des guerres de l'Ouest. — M. Le-
gean.dans la Biographie Bretonne. — Mémoires (inédits)
de Rohu, ancien chef de division. -- Mémoires de Bour-
rienn'e. — Emile Marco Saint-Hilairc, /Jc7ix Conspira-
tions sous l'Empire. — Procès Je George, Moreau, et Pi-
cheijru, 8 vol. ia-8°' Paris, iWt. — Documents inédits.
81
CADOUDAL — CADROY
82
* CADOUDAL (Joseph), général français, frère
du précédent, né à Kerléano, près d'Auray, le 25
janvier J784, mort au même lieu le 29 juin 1852.
Il était à l'école d'Angers en 1804, lors de la
découverte de la conspiration' de George, et
il en sortit après l'exécution de celui-ci, sur l'as-
surance qu'on lui donna qu'il devait lui-même
être arrêté. A peine était-il rentré à la maison
paternelle, qu'il fut mandé à Vannes, où le préfet
du Morbihan lui ordonna de partir immédiate-
Kicnt pour Tours, où il devait continuer ses études
aux frais du gouvernement. L'empereur, après
avoir vainement cherché à s'attacher l'indomp-
table Breton , voulait que le frère de George fût
élevé dans une de ces écoles où la jeunesse fran-
çaise était formée militairement pour le culte
de la gloire. Le jeune Cadoudal feignit de se
soumettre ; mais, le soir même, il s'embarquait
pour l'Angleterre. Il y passa dix années, qu'il
consacra, sous la direction de MS'' Amelot, an-
cien évêque de Vannes, à continuer ses études,
brusquement interrompues. En 1814, le duc de
Berry lui confia une mission pour le Morbihan :
accompagné d'im frère plus jeune que lui et d'un
ancien officier de George, M. Hermely, Joseph
Cadoudal descendit en Bretagne. Mais quand il
y arriva, les événements politiques avaient rendu
sa mission sans objet.
En 1815 il fut nommé, par ordonnance du 25
octobre 1815, colonel de la légion du Morbihan,
qui devint plus tard le 26® régiment de ligne. Ce
fut en cette qualité qu'il fit, en 1823,1a campa-
gne d'Espagne. Promu au grade de maréchal-de-
camp le 22 mai 1825, à l'occasion du sacre de
Charles X, il fut chargé de plusieurs inspections
d'infanterie et de divers commandements.
Après la révolution de 1830, il fut mis à la ré-
forme. En 1832, madamela duchesse de Berry lui
confia le commandement et l'organisation de la
partie de la Bretagne placée autrefois sous les
ordres de George. Mais il comprit bientôt que
les circonstances étaient changées, et qu'il y au-
rait folie à engager une lutte inégale. Grâce à
son esprit de modération et à sa haute prudence,
la Bretagne fut préservée du fléau de la guerre
civile. Depuis cette époque, il vécut dans une
retraite absolue.
Biographie des Hommes vivants. — La Petite cliouan-
>ie)-ic,par M. Rio. —Archivesdu ministère delaguerre.
— Documents inédits.
cADOVius, OU t^utôt MÙLLER {Jean), théo-
Iqgien, littérateur etm^iecin frison, né en 1650,
mort à Stadesdorf en 1725. Son père, Mathias
Cadovius , surintendant de la Frise orientale ,
voulant cacher sa paternité , cm* il s'était marié
étant encore élève du gymnase académique de
Hambourg, fit étudier son fils Jean sous le nom
de Mûller. Ce dernier garda ce nom pendant de
longues années , remphssant différents emplois ,
d'abord en 1670 celui de rectem- de l'école latine
d'Esens, et en 1675 celui de prédicateur au vil-
lage de Stadesdorf. Mais en 1679, son père étant
mort, Jean dut prouver contre ses autres frères
la légitimité de sa naissance, pour i)ouvoir entrer
dans sa part d'héritage. Non-seulement il y réussit,
mais il prit dès lors le nom de son père , auquel
il succéda en môme temps comme surintendant
de la Frise orientale. Il consacra le reste de sa
vie, tout en remplissant ses fonctions ecclésias-
tiques, à ses études variées, surtout littéraires,
et même à l'exercice de la médecine. Il a le pre-
mier popularisé l'étude de l'ancien dialecte frison
dans un ouvrage qui forme le fond de tout ce
qui a été écrit plus tard sur le même sujet. Cet
ouvrage, intitulé Memoriale linguee jrlsicse an-
tiquas, est une espèce de grammaire et vocabu-
laire frison , renfermant, entre autres , les cinq
parties principales du catéchisme de Luther,
avec les symboles de Nicée et de saint Atlianase ;
cet ouvrage, écrit en 1671, se conserve en ma-
nuscrit dans la bibhothèque d'Emden. On a en
outre de lui : excellent échange de l'incrédu-
lité musulmane contre le véritable christia-
nisme, en manuscrit, et composé à l'occasion
du changement de religion de deux jeunes Otto-
mans.
Bertram,' Parera Ostfris., p. m. — Meier de Brème,
Lettre à Leibnitz de Indic. Frisise, Ms. dans les Col-
lect. etymologica. — Wiarda, Dictionnaire de la langue
des anciens Frisons. — Ersch et Gruber, Mlgemetne En-
cyclopsedie.
* CADOVIUS { Antoine-Gunther ) , théolo-
gien allemand, né le 16 août 1654à Oldenbouig,
mort le 3 avril 1681 à Esens. Après avoir étudié
à Leipzig, léna et Wittemberg, et avoir pris
ses grades dans cette dernière ville, il fit un
voyage scientifique. De retour à Aurich , où son
père était alors surintendant général ecclésias-
tique, la duchesse Christine-Charlotte le nomma
son prédicateur, qui devait l'accompagner aux
eaux de Pyrmont. Plus tard, il devint second
pasteur, et en 1678 premier pasteur à Esens
(dans la Frise orientale), où il resta jusqu'à sa
mort. Ott'ade lui : Disput. de itinere sabbati;
wittemberg, 1673, in-4°; — Disput. de tem-
pore; Mû., 1674, in-4<'; — Disput. de justifia
univer sali ;ihid., 1674, in-4°.
Reershani , Souvenirs du clergé de la Frise orient.
(en allemand].
CADROY (Pierre), conventionnel français,
mort à Saint-Sever en 1813. Député des Landes
à la convention, il y vota la réclusion de
Louis XVI, puis le sur sis à l'exécution. En 1794,
il se prononça énergiquement contre les doctri ■
nés des jacobins. Il fut ensuite envoyé à Mar-
seille pour s'y opposer aux terroristes, et fut
chargé d'approvisionner l'armée des Alpes. De-
venu membre du conseil des cinq-cents, il fut
déporté le 18 fructidor (4 septembre 1797).
Rentré en France après le 18 brumaire, il devint
maire de Saint-Sever, et reprit en même temps
sa profession d'avocat. On a de lui : Cadroy , '
membre du conseil des cinq-cents, à ses col-
lègues, sur le Mémoire de Fréron; 1797,
Moniteur universel.— Petite biographie conv., 1815.
— Le Cas, Dictionnaire encyclopédique de la France,
Ik
83
CADRY — C^POLLIINUS
84
CADRY ( Jean-Baptiste ), plus connu sous l'a-
nagramme de Darctj, chanoine et théologien fran-
çais, né à Ti-ez ( Provence) en 1680, mort à Sa-
rigny-sur-Orge le 25 novembre 1756. Il fit ses
premières études sous les soins de son oncle,
supérieur du collège Grimaldi, et les termina à
Paris (1710), où, étant entré dans les ordres, il
obtint le vicariat de Saint-ÉJ(ienne-du-Mont, puis
celui de Saint-Paul (1716). En 1718, M. de
Clermont le fit nommer chanoine à Laon , et le
choisit pour son théologal; mais l'opposition
constante de Cadry à la bulle Vnigenitus le fit
destituer. Il se retira alors à Palaiseau, où il de-
meura, publiant ses nombreux ouvrages, jusqu'en
1748. Caylus, évêque d'Auxerre, le prit près de
lui, et ne s'en sépara que par la mort. Les prin-
cipau.'i ouvrages du P. Cadry sont : Prônes sur
l'appel, etc.; 1718, in-l2; — Relation de ce
qui s'est passé dans l'assemblée générale
de la Congrégation de la Mission tenue à
Saint-Lazare le i" août 1724; Paris, in-4°;
— Apologie pour les Chartreux , que la per-
sécution excitée contre eux au sujet de la
bulle Vnigenitus avait obligés de sortir de
leurs monastères ;\hiA., 1725, in-4°; — Preu-
ves de la liberté de l'Église de France dans
l'acceptation de la constitution Unigenitus,
ou Recueil d'ordres émanés de la cour ; 1726,
in-4°; — Histoire de la condamnation de
M. l'évéque de Senez, par les prélats as-
semblés à Embrun ; 1728, in-4° ; — Réflexions
abrégées sur l'ordonnance de M. Varchevéque
de Paris (de Vintimille) du 29 septembre 1729,
au sujet de la constitiction Unigenitus ; 1729,
3 vol. in-8°; — Observations théologiques et
morales contre le P. Berruyer; 3 vol. in-12.
Mnréri, Dictionnaire historique.
CADWALAiiYR, roi des Bretons, mort à Rome
en 703. Les Saxons envahirent ses États et l'en
dépouillèrent. Il fut le dernier roi des Bretons,
et l'un des trois princes qui traitèrent avec bien-
veillance les clirétiens.
hohiae&a, Hist. de la Bretagne. — Dam, Histoire de
Bretagne.
CADWALADYR et CELAit, , nom de deux
Jjardes gallois qui vécurent au seizième siècle.
Leurs poésies sont restées manuscrites.
l\osc , New Biographical Dictionary.
CADWALLON, fils de Cadwan et père de Cad-
waladyr, prince de Galles, vivait dans la première
moitié du septième siècle. Défait en 622 par Ed-
win d'Angleterre, il se réfugia en Irlande. A son
retour, il guerroya sans cesse contre les Saxons.
Les bardes, qu'il protégeait, composèrent des
chants en son homieur.
Rose, New Biographical- Dictionary .
CADWGAN, fils de Bleddyn, prince gallois,
mort en 1110. Il régna à partir de 1107. Son fils
Owen ayant enlevé la femme de Gérald , autre
prince gallois, Cadwgan fut obligé de se réfugier
en Irlande avec le ravisseur. A son retour, il fut
assassiné par son neveu.
Rose, Neiv Biographical- Dictionary.
c^DiTius. Votj. Calpurnius Flamma.
*c.^DMON OU CEDaiON, bénédictin et poëte
anglo-saxon, né dans le Northumberland, mort à
Whitby en 676 ou 680. D'après Bède {Hist.
eccL, TV, ch. 24), il gardait les troupeaux , lors-
qu'un soir, appelé à chanter dans les veillées
des bergers , il se déclara inspiré. Étant tombé
dans un profond sommeû, un étranger lui appa-
rut en songe, et lui fit chanter la Création , sur
laquelle Caedmon improvisa le commencement
d'un poème admirable. Le lendemain il continua
le poëme , et se fit installer par l'abbesse Hilda
dans le couvent de Whitby, qu'elle dirigeait ; il
y resta jusqu'à sa mort, qui, d'après Bède, fut ac-
compagnée également de circonstances miracu-
leuses. On a sous le nom de Caedmon une Para-
j)hrase anglo-saxonne, en vers, de la Genèse,
dont le poëme cité plus haut forme l'exorde,
avec les Principales histoires de l'Ancien et
du Nouveau Testament. L'unique manuscrit de
l'original , longtemps laissé dans l'oubli , tomba
entre les mains du célèbre antiquaire l'arche-
vêque Usher de Dublin, qui le communiqua à
Junius , premier éditeur de ces poèmes, et passa
de là à la bibliothèque Bodleyenne d'Oxford, où
il se conserve encore. Les principales éditions
sont : Cxdmonis monachi Paruphrasis poe-
tica Genesios ac prsecipuarum sacrée paginas
historiarum, ab hinc annos M. LXX, anglo-
saxonice conscripta et nunc primum édita a
Francisco Junio; Amsterdam, F F. Smalt,
^1-4"; 1655, édition très-incorrecte; — Cxdi-
mon's Metrical Paraphrase of Parts of tlie
Holy Scriptures, in anglo-saxon; with an
English Translation , Notes , and a Verbal
Index, by Benjamin Thorpe; Londres, 1832,
in-8°.
Aiielungj supplément à Jôcher, Allgem. Gelehrten-
Lexicon. — Thomas Wright, Biographia Britannica
literaria, 1842.
C^LICS-AURELIANUS. Voy. COELIIJS-Au-
REUANUS.
c^Lius SABINUS. Voy. Sabinus.
*c^Lics {Antoine), médecin italien, né à
Messine, vivait dans la première moitié du dix-
septième siècle. On a de lui : Tract, de Pulsi-
bus, et Commenta inl libr. Aphorismor. Hip-
pocratis ; Messme, 1618, in-4° (catal. Bibl.
Bodley.); — Introductio universalis admedi-
cam Facultatem, ac brevis methodus curandi
par ticular es prêter naturam corporis humani
affectus;necnon de Pulsibus Tractatio. Qui-
bus additur Commentarius in primum librum
Aphorismorum Hippocratis; Messine, 1618,
in-4°.
Carrère , Bibliothèque de la Médecine.
*caEPOLLiNUS {JacquesrPhilippe), liisto-
rien italien , vivait dans la première moitié du
dix-huitième siècle. On a de lui : Chronicon sa-
crum, divrarbore Genealogise patriarcharum
veteris Testamenti, regum atque principum
et ex vis j/rogenitorum Jesu Christi Not.itia ;
Rome, 1739, in-foU
(LfiPOLLINire — CvËSARE
86
Adclungy.supplément à JOcher, Mlgemeines GeWirten-
" Lexicon.
* C7ERDEN (Paul Van), voyageur hollandais,
vivait à la fin du seizième et au commencement
du dix-septième siècle. Il fit un voyage aux In-
des orientales, de 1599 à 1601. On en a le
compte-rendu dans le Recueil de Voyages de
la Compagnie des Indes orient., t. ET.
Adeluug, supplément à JOcber, Allgetn. Gelherten-
Lexicon.
CISALPIN. Voy. CÉSALPIN.
CASAR. Voy. CÉSAR.
c^SAR {Âqîtilinus-Julius), historien alle-
mand, né à Gratz le l^' novembre 1720, mort
le 2 juin 1792. On a de lui : Annales ducatus
Styriap ; \ieune, 1768-1769-1779, 3 vol. in-fol.;
— Description de la Styrie (en allemand);
1773 , 2 vol. in-S"; — Histoire politique et ec-
clésiastique de la Styrie; 1785-1788, 7 vol.; —
Droit canoniqîie national de l'Autriche ; 1788-
1790, 6 vol. in-8°, etc.; — plusieurs autres ou-
vrages restés manuscrits. Tous ces écrits abon-
dent en détails intéressants.
Fellcr, Dictionnaire historique.
* ciESA.K[{Camille), théologien et juriscon-
sulte français , vivait à Paris dans la première
moitié du dix-septième siècle. On a de lui :
Phil. Roverii Tract, de Missionibus, ace. Apo-
logiojsjusdemTractatus, per Cani. Cassarem;
Paris, 1625, in-8°, trad. eafrauçais par C.-M.
P. ;ibid, 1827, in-8^
Cat. Bibl. itnp. Par.
*CiESAR {Christophe), philologue allemand,
né le 24 avril 1540 à Iglau en Prusse, mort le
16 août 1604 à Halle. 11 suivit les classes du
gymnase de sa ville natale, et étudia ensuite à
Witteraberg, où il prit ses grades. En 1572 il
devint second directeur, et en 1583 directeur
en chef du gymnase de Halle, où il resta jus-
qu'à sa mort. On a de lui : Institutiones gram-
maticce latinœ in usum scholse Hal. ; Halle,
1592, in-8°; — Elegia in effigiem Ad. Siberi ;
Witteraberg, 1594, in-4°; — Salagustiana, poe-
matadiversis temporum occasionibus scripta;
Halle, 1598; — Elegia de Cruce, quas perpe-
tuumEcclesise Jesu Christi DpoaxeifAevov ; ibid,
1598, in-4°.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allg. Cel.-Lexicon. — Dun-
kel, Nachrichten, 1. 1, p. 410.
^ CiESAR ( Dominique), bénédictin allemand,
vivait vers le milieu du dix-septième siècle. Il
enseignait, en 1652,1a logique à Salzbourg, et de-
vint bientôt après abbé d'Oberaltach. On a de
lui : Ai-iadne Logica, 1653.
Adelung, suppl. à Jôcher.
*CiESAR (Jean-Baptiste), iariscoT^alte alle-
mand, vivait à Francfort-sur-le-Mein au commen-
cement du dix-septième siècle. 11 fut syndic dans
cette ville , et l'un des violents adversaires des
Juifs. « Tous les Juifs, disait-il, qui se trouvent
dans le monde ne méritent pas que poui* eux un
seul chi'étien soit décollé, mis en jugement,
ou chassé dre son pays. » — On a de lui, sous
le pseudonyme de Vespasianus Recktanus , lit-
denspiegel et ludenbadstube, dans Die drey
fâche Gleichheit (la Triple Égalité) ; 1616, in-4°;
— Consilia variorum autorum; Francfort,
1618, 3 vol.
Adelung, suppl. à Jôcher, Lexicon.
*c^SAR (Jean-George), jurisconsulte alle-
mand, vivait vers la fin du dix-septième siècle.
On a de lui : Instrumenta pacis Cœsareo-Gal-
licce et Ceesareo-SueciC3B inita monasterii et
Osnabrugis; Nuremberg, 1690, in- 12.
Adelung, supplément à Jôcher, Allgem. Gelhr.-Ijex.
* CESAR (Jean- Melchior), musicien alle-
mand, né à Saverne en Alsace, mort à Augsbourg
après 1692. Il fut, vers 1683, premier maître de
chapelle de Pierre-Philippe, évêque de Bamberg.
On a de lui : Trisagion musicum, complectens
omnia Offertoria de Communi Sanctorum et
Sanctarum, de Maria Virgine et Dedicatione
Ecclesise per annum, secundum textum Mis-
salis Romani, etc.; Wurzbourg, 1683, in-fol ;
— Lustige Tafelmusik ( Morceaux de musique
de table ) ; ibid., 1684, gr. in-4°; — ■ Missee brè-
ves VIII; ibid., 1687, in-4°; — Psalmi vesper-
triii dominicales et festivi per annum, cum
Magnificat Psalmisque alternationis duplici
modo; ibid., 1691, in-4° ; — Hymnl de Domini-
cis et Tempore, de Proprio et Communi Sanc-
torum, aliis universorum Religiosorum Ordi-
num principationibus per totius anni de-
cursum in officio vespertino decantari soliti ;
ibid., 1692, in-4°.
Adelnng , supplément à Jôcher, Allgem. Gelehr.-J.ex.
*c.*;sAR {Longinus), probablement pseudo-
nyme d'un naturahste allemand, dont on a : Tri-
num magicum, sive secretorum naturalium,
cœlestium, infernaliuni\; Francfort, 1690,
in-4''; on y trouve des extraits de Marc- Antoine
Zimara, d'Alexandre d'Aphrodisias , d'Albert le
Grand, d'Aristote et d'Averroès; — Trinum
magicum, sive secretorum magicorum opus ;
Uffenbach, 1611,in-12 ; ibid., 1614, in-12 ; Franc-
fort, 1630, in-12; Lbidl, 1673, in-12.
Carrère , Bibtwfh. de la Med.
* c^SAR ( Théophile ), médecin chimiste alle-
mand, vivait au commencement du dix-septième
siècle. On a de lui : Alchymie-Spiegel, oder
Marieni Bericht vom ersten Ursprunge und
' rechten Grund der Alchymie, aus dem Latein
verdetitschet (iMiroir de l'Alchimie , ou Rapport
de Morienus sur l'origine et le vrai fond de l'Al-
chimie, trad. du latin) ; Francfort-sur-le-Meim,
1597, in-8°; —Roberti Castrensis Alchymie-
Spiegel, oder Practik der ganzen chymischen
Kunst, aus dem. Latein ûbersetzt (Miroir de
l'Alchimie de Robert Castrensis , ou Pratique de
tout l'art delà chimie, etc.); Darmstadt,1613,in-8°.
Adelung, supplément à Jôcher, Allgem. Gelehrt -Lex.
*ciESARE {Jacob a), théologien catholique
français, vivait dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. On a de lui : Doctrina de Sa-
crificio missae; Douay, 1669, in-8°.
Catal. bibl. Dubois.
87
C^SARE —
*c^SARE {Raphaël de), théologien italien,
né à Naples, vivait vers la fin du seizième siècle.
On a de lui : Consolaiio Animarum, sive
summa casuurn conscientiee ex manuali Na-
varri excerpta; Venise, 1589, in-4° ; ibid., 1599,
in-4°.
Caial. Bibl. imp. Paris. — Catal. bibl. Bodley.
*CiESARiANUS (César), architecte italien,
né à Milan, mort en 1542. II fut nommé en 1528
architecte du duc de ^Klan, et séjourna aussi
pendant quelque temps à Côme. On a de lui :
Libri dieci di L. Vitruvio delV Architettura ,
tradotti dal latino in volgare, afjigurati,
co7mnentati; Côme, 1521, in-fol. ; Venise, 1524,
in-fol. ; ouvrage fait en collaboration avec Aloy-
sio Piravano, Augustinus Gallay et Bened. Fo-
vius; — Opus de Templo niaximo Mediola-
nensi (peut-être resté en manuscrit).
Argellati, Bibl. Mediol., p. 255 et 963. - Paitoni, Bibl.
degli Jut. volgarizz., IV, 225.
csESARics ( ), théologien allemand, vivait
dans la première moitié du' treizième siècle. Il
était de la noble famille de Milendimk, dans le
pays de Neussef ; fut abbé du couvent de Prum,
appartenant à l'ordre des Bénédictins. Après
quatre années d'abbatiat, il abdiqua sa dignité, et
se retira au couvent de Herslerbacb, dépendant
de l'ordre de Cîteaux. Il y écrivit, en 1222 : Ex-
plicatio rerum et verborum , qui se trouve dans
son Registrum bonorum Ecclesias Prumiensis,
inséré, d'après une copie d'Eccard, dans les Col-
lectanea etymologica de Leibniz, et dans YHis-
tor. Trevir. diplomatie, de Hontheim, d'après
une autre copie.
Leibniz, Collectan. etymolog. — Hontheim, Uistor.
Trevir. diplom. — Ersch et Gruber, Allgeni. Encycl.
c^SARivs (Jean), philosophe et médecin
allemand, né à Juliers en 14C0 , mort à Cologne
en 1551. Il étudia à Paris et professa à Cologne,
d'où ses opinions luthériennes le firent exiler,
n se retira alors chez le comte de Nuvenars et
de Meiu-s. Plus tard il retourna à Cologne, où il
mourut après être revenu au catholicisme. Son
zèle pour la science lui avait fait négliger ses
intérêts à tel point que, sans le secours de ses
amis, il serait mort de faim. Il mit en ordre et
corrigea le Traité de Médecine pratique de
Nicolas Bertrutius. On a en outre de lui : un
Traité de Rhétorique et de Dialectique ; — une
édition de V Histoire Naturelle de Pline; —
Castigationes in Cornelium Celsum, de Re
medica; Haguenau, 1528, in-S".
Éloy, Dict. de Méd. — Biog. médlc.
ciESARiiTs, surnommé Heisterbacensis ,
théologien allemand, contemporain du précédent,
natif de Cologne, mourut vers l'an 1320. Il fut
prieur de Heisterbach, et laissa de nombreux ou-
vrages, dont les principaux sont : Vita B. Elisa-
beth. Landgraviâs , ad petitionem, fratrum
domus tcutonicx de Marburg; — Nomina et
Actus ponlificum Coloniensium quse Ghronica
nominatur a S. Metaro ad Henricum a Mole-
CAFFARELLI 88
narck, arch. Coloniens. producta. Ses autres
écrits sont énumérés dans Harzheim.
Harzheim , Bibl. Coloniensis.
CiESARIUS. Voy. CÉSAIRE.
CaESIUS BASSUS. Voy. BaSSUS CiESlCS.
cjESius (Bernard), minéralogiste italien, de
Mantoue, né vers 1581, mort le 4 septembre
1630. Il appartenait à la compagnie de Jésus, et
professa à Modène et à Parme. On a de lu* :
Mineralogia sive naturalis philosophiee The-
sauri in quibus metallicsc concretionis , me-
dieamentorumque fossilium mineralla con-
tinentur; Lyon, 1636, in-fol.
Alegambe , biblioth. scriptor. societ. Jesu.
*c.ESARO (Gilles a)', moine franciscain ita-
lien , vivait dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. On a de lui : Controversise Marc.
Ephesistarum (orientalium) , hsereticorum
cu7n Ecclesia orthodoxa, ac nonnullarum do~
mesticorum cum apostolica missione; tom. I,
Messine, 1664, in-4°.
Catal. Bibl. imp. Paris.
CAFFA (Melchiore), dit le Maltais, sculpteur
de l'école romaine, né à Malte dans la première
moitié du dix-septième siècle. Il étudia à Rome
sous Ercole Ferrata; et tout promettait en lui
un artiste d'un talent hors hgne, quand il périt
écrasé par la chute d'un modèle auquel il tra-
vaillait dans la fonderie du Belvédère. Ses ou-
vrages sont peu nombreux, et la plupart sont
restés à l'état d'ébauche, ou ont été terminés par
d'autres artistes. Son chef-d'œuvre est une statue
de sainte Rose, qui fut envoyée à Lima. Son
style, comme celui de son maître, tient à la fois
de la manière du Bernin et de celle de l'Al-
garde. E. B— -n.
Cicognara, Storia délia Scoltura. — Ticozzi^ Dizio-
nario. — Baldinucci, Notizie.
CAFFARELLi. Cette famille, originau-e d'Ita-
lie,ise divise en deux branches, dont l'une existe
encore à Rome, et dont l'autre s'est fixée en
France dès le règne de Louis XHI. Les cinq
membres suivants, tous frères, se sont acquis
une réputation légitime.
CAFFARELLi DU FM.GX(Loiiis-Marie-Jo-
seph-Maximilien ), général français, naquit au
château du Falga, dans le haut Languedoc, le
13 février 1756, et mourut en Egypte le 27 aviil
1799. Envoyé de bonne heure au collège de Sor-
rèze, il y fit d'excellentes études, surtout en |
mathématiques, et en sortit pour entrer dans le
génie. Il était l'aîné de dix enfants devenus or-
phelins, et auxquels il tint lieu de protecteur et
de père ; il fit même en leur faveur une si hono-
rable abnégation de ses propres intérêts, qu'il
voulut partager également avec eux une bril-
lante fortune dont les lois lui assuraient la moi-
tié. Un avancement rapide fut la récompense de
ses heureux débuts à l'armée du Rhin; mais
smvint un événement qui faillit tout à coup lui
fermer la carrière des armes. La révolution ve-
nait d'éclater, et Caffarelli en avait d'abord adopté
les principes avec enthousiasme, lorsqu'après le
89
CAFFARELLI
90
10 aoiU l'arrêt de déchéance prononcé contre
Louis XVI fut signifié à l'armée. Une énergique
protestation fut signée par Caftarelli, et suivie de
sa destitution immédiate. Il se retira dans ses
foyers, et subit même une détention qui dura qua-
torze mois. Mais, après avoir obtenu du service
lans les bureaux du comité militaire, il ne tarda
)as à être renvoyé aux armées, et assista, sous
es ordres de Kléber, au passage du Rhin qui eut
ieu près de Dusseldorf en septembre 1795, lors
le la retraite de l'armée de Sambre-et-Meuse.
Quelque temps après il combattait près de Mar-
■eau, sur les bords de laNahe, lorsqu'il futat-
«int d'un boulet qui nécessita l'amputation de
a jambe gauche. Il supporta l'opération avec un
•ouiage tout à faitstoïque, et revint à Paris, où il
écut quelque temps dans la retraite. L'Institut le
lomma l'un de ses membres associés; d'excel-
ents mémoires sur l'instruction publique et sur
liverses branches de l'administration justifiaient
nffisamment ce choix. Quand Bonaparte s'occupa
le la formation de l'armée destinée à l'accom-
•agner en Egypte, il jeta les yeux sur Caffarelli,
•t l'attacha à l'expédition en qualité de général
le brigade, chef de l'arme du génie ( septem-
tre 1798). Dès le commencementde la campagne
i nouveau général contribua puissamment aux
ésultats obtenus par les Français; le débarque-
nent s'effectua par ses soins, et dès lors il prit
me part très-active à tous les succès scientifi-
lues ou militaires qui immortaUsèrent l'expédi-
ion d'Egypte. L'armée le chérissait, et les sol-
iats connaissaient si bien la Jambe de bois
les Arabes l'appelaient Abou-Khachab, le Père
le la béquille ), qu'au milieu de leurs fréquents
iccès de découragement ils se le montraient en
lisant : c II se moque de çà , il a toujours un
lied en France! » et cette saillie leur endait
'énergie avec la gaieté. Bonaparte, ayant voulu
isiter un jour les sources de Moïse, fut surpris
ivec Caffarelli par la marée sur une grève que
nenaçaieut déjà les flots de la mer Rouge. Un
;uide courut vers le général en chef, et voulut
'emporter dans ses bras : « Allez à Caffarelli,
ria Bonaparte ; avec sa jambe il en a plus be-
oin que moi. » Le siège de Saint-Jean-d'Acre
'tait déjà commencé depuis quelque temps, et le
;énéral du génie poussait activement les tra-
aux, lorsqu'une balle vint l'atteindre au bras
çauche, le 9 avril 1799. L'amputation parut ùi-
lispensable : Caffarelli s'y soumit avec courage;
oais la fièvre qui suivit l'opération l'emporta au
»out de dix- huit jours de souffrances. Les regrets
le toute l'armée l'accompagnèrent dans la tombe,
■i Bonaparte publia cet ordre du jour : « L'ar-
née vient de perdre un de ses plus braves chefs,
'Egypte un de ses législateurs, la France un de
les meilleurs citoyens , les sciences un homme
lui y remplissait un rôle célèbre. « Cet éloge,
iorti de la bouche du grand homme, dispense
le tout commentaire. Un tombeau fut élevé à
"!aflarelli tout auprès de Saint-Jean-d'Acre; et
tel est le souvenir que ses vertus et ses talents
ont laissé parmi les habitants eux-mêmes, que la
pierre qui recouvre sa dépouille mortelle est en-
core aujourd'hui respectée par les Arabes. Son
nom est inscrit sur les tables de bronze du palais
de Versailles. {Enc. des g. du m. ]
Fict. et Conquêtes. — Uegerando, fie du général
Caffarelli du Falga.
* CAFFARELLI ( François-lUarie-Augustc ),
général français, né au Falga le 7 octobre 1766,
mort le 23 janvier 1849. Il servait dans les trou-
pes sardes lorsque la révolution arriva; et il
les quitta pour entrer, comme simple dragon,
dans l'un des régiments envoyés en 1791 pour
combattre les Espagnols qui envahissaient le
Roussillon. Au 18 brumaire, Bonaparte, en mé-
moire de son frère mort à Saint-Jean-d'Acre,
le nomma colonel et chef d'état-major de la garde
des consuls; un an après, il le fit son aide de
camp, etibientôt après l'éleva au grade dégénérai
de brigade. En 1804, il fut chargé de se rendre
à Rome pour décider le pape à venir sacrer
l'empereur ; et cette mission, dont il s'acquitta
heureusement, lui valut, peu de temps après, le
poste de gouverneur des Tuileries et le grade de
général de division. La part qu'il prit à<la jour-
née d'Austerlitz lui fit obtenir le titre de grand
officîer de la Légion d'honneur, et peu de jours
après l'empereur lui donna le grand cordon. En
mars 1806, il fut nommé ministre de la guerre et
de la marine du royaume d'Italie, et y resta jus-
qu'en 1810. Il fut alors envoyé dans le nord de
l'Espagne, où il fit échouer une tentative de dé-
barquement faite par les Anglais à Santonia, sur
la côte de Santander. Il se distingua plus d'une
fois encore pendant cette guerre meurtrière,
battit Mina, prit Bllbao, et contribua à faire le-
ver le ''ze de Burgos aux Anglais ; il fut rap-
pelé en 1813. L'année suivante lui fournit l'oc-
casion de donner une preuve éclatante de son
dévouement . ■ famille impériale, en accom-
pagnant jusqu'à Vienne l'impératrice et son
fils , que Napoléon avait vus pour la dernière
fois. Rentré en France, il venait d'être nommé,
parle gouvernement de Louis XVm, commandant
de la ti'eizièrae division militaire, dont le siège
était à Rennes, lorsque Napoléon débarqua à
Fréjus. Caffarelli, appelé à Angers par le duc
de Bourbon, s'y rendit; et, deux jours, après il
reçut l'ordre de retourner à son poste et d'y
faire tout le bien qu'il pourrait. Pendant son
absence. Napoléon avait été reconnu à Rennes.
Vers la fin des Cent-Jours, le général Caffarelli
fut envoyé à Metz en qualité de commandant
de la 3® division militaire, et y fut presque aus-
sitôt bloqué par les Russes. En 1831, il fut nom-
mé pair de France. Son nom est inscrit sur
l'arc de triomphe de la barrière de l'Étoile.
[ Enc. des g. du m. ]
Trélat, Notice hist. svr le général Auguste Caffarelli,
dans le Moniteur du 4 décembre 1849.
* CAFFARELLI ( Louts-Marie-Joseph, comte
de), magistrat français, né le 22 mars 1760,
91
mort le 14 août 1845. Il commença par la ma-
rine, et était lieutenant de vaisseau à l'époque de
la révolution. Forcé de quitter ce service, qui le
fatiguait beaucoup, il entra dans l'armée de terre,
et y resta jusqu'à la création du conseil d'État,
cil il fut admis comme membre de la section de
la marine. En 1800, il fut nommé préfet mari-
time à Brest, où il a laissé des souvenirs hono-
rables. En 1814, il fut nommé conseiller d'État
honoraire, et après 1830, pair de France. [ £'nc.
des g. du m.\
Biographie des Contemporains.
CAFFAîiELU { Charles- Ambroisc be), éco-
nomiste français, frère du précédent, né au châ-
teau du Falga le 15 janvier 1758, mort le 6 no-
vembre 18'2C. Chanoine de Toulen 1789, il prêta
le serment constitutionnel, et fut nommé, en 1792,
CAFFARELLI — CAFFi
qucs manuscrits. Le 1*"' août de l'an 1100, il se!
barqua de Gênes pour la teri'e sainte, sur la flott(
envoyée par les Génois au'secours de Godefroi d(
Bouillon. Il combattit à Césarée, et un an plus tard,
à son retour enitalie, il commença, par ordre de k
république, la Chronique de Gênes. « C'est, dii
M. Ginguené, le premier exemple d'une histoiri
écrite par décret public. On doit penser qu'ur
corps d'histoire écrit ainsi par des personnage
graves et contemporains, approuvé par l'autorih
publique dans un pays libre, mérite une considc
ration particulière. » Consul en 1122, mêlé au5
affaires de l'État, Caffaro était parfaitement
même de raconter les faits dontil avait été témoin
Ces annales, qu'il fit remonter à la première an
née du siècle, furent lues en plein conseil ci
1151 par les consuls en exercice, approuvées
administrateur du district de Revel. Emprisonné j et déposées aux archives de la chancellerie. Oi
en 1793, il ne recouvra la hberté qu'à l'époque
du 18 brumaire. Tour à tour préfet de l'Ardèche
(3 mars 1800), du- Calvados (2 novembre 1801),
de l'Aube le 12 février 1810, il fut destitué en
1814, sous le prétexte qu'il avait montré peu
d'enthousiasme pour le retour du gouvernement
impérial, en ne reprenant pas sa préfecture dès
l'évacuation de la ville par les armées alliées.
Rentré dans les ordres, Charles de Caffarelli fut
nommé en 1815 membre du conseil général du
département de la Haute-Garonne. Au nombre
des ouvrages qu'il publia sur les finances, l'éco-
nomie politique et l'agriculture, on remarque
V Abrégé des Géoponiques, extrait d'un ou-
vrage grec fait sur l'édition donnée par J.-N.
Niclas à Leipzig en 1781; Paris, 1812, in-8°;
on le trouve dans le tome XIII des Mémoires de
la Société d'agriculture du département de la
Seine. Collaborateur du Théâtre d'agriculture
et ménage des champs , il publia encore un
Mémoire sur les perceptions à vie, publié à
Paris en 1800.
Moniteur, 1826, p. 1S60.
CAFFARELLï {Jean-Baptiste) , évêque de
Saint-Brieuc, né le l*"'' avril 1763, mort à Saint-
Brieuc le 11 janvier 1815. Obligé de fuir en Es-
pagne en 1799, il rentra en France en 1802, et
fut pourvu de l'évôché de Saint-Brieuc, qu'il oc-
cupa jusqu'à sa mort. Président du collège élec-
toral du département du Nord, il vint à Paris, et
fit partie du concile qui s'y tient.
Hioriraphie des Contemporains.
* CAFFARELLI ( Charles ), littérateur italien,
gentilhomme romain , né à Gubbio, vivait dans
la première moitié du dix-septième siècle. On a
de lui -.Insalata Mescolanza, che contiene Fa-
vole, Esempi , Facezie e Motti, cavati da di-
versi autorï., e ridotti in ottava rima; Brac-
ciano, 1621, in-4".
l'aitoni, Hibl. degli Aiit. volgarizz.
CAFFA RO,appelé aussi TASCHIFELLONE, his-
torien génois, né vers 1080, mort en 1164. Il des-
cendait probablement de la famille allemande de
'Tnschenfeld, dont on trouve le nom dans quel-
ordonna qu'elles seraient continuées d'année ci
année; et Caffaro les poussa en effet jusqu'ei
1163. Elles furent continuées jusqu'en 1294 parle;
magisti'ats qui succédèrent à Caffaro. I<c styli
en est grossier sans doute; c'est un latin c|u
est loin d'être celui du siècle d'Auguste ; mais
on y trouve des sentiments de loyauté vraie. « Oi
ne trouve pas ici, ajoute l'auteur de l'Histoire lit-
téraire, des vieilles fables populaires dont les bis
toires de ce temps-là sont communément rem-
plies ; les faits y sont racontés dans un style qu
n'est certainement pas élégant, mais simple e
naturel, et dont la simplicité même est un ga
rant de plus de la vérité des faits. » L'ouvrag(
de Caffaro a été publié pour la première foi:
dans les Rerum Italicarum Scriptores prœ
cipui de Muratori, 1755.
Muratori, Rer. Italie. Script, prascipui, t. VF. — Gjn
guené, Hist. litt.ide l'Italie, t. 1, p. 172 et 390.
* CAFFARO {François), moine théatin ita
lien, vivait vei^s la fin du dix-septième siècle. Oi
a de lui : Lettre d'un théologien illustre, pou\
sçavoirsi lacomédiepeut estre permise ou doi
être absolument défendues ; in-l 2 ( sans date n
lieu ) ; — Lettre à M^'^ l'archevêque de Paris
contenant la rétractation de ses sentiments su
les spectacles; 1694, in-4° et iu-12 : Caffaro
désavoue la lettre précédente.
Journal des Savants de 1S94.
CAFFÉ ( Pierre ) , médecin français , né
Saumur en 1778, mort en novembre 1821
Après avoir été chirurgien major, il fut tradui
devant la cour de Poitiers, sur la prévention d
complicité de complot dans l'affaire Berton. Con
damné à mort, il s'ouvrit l'artère crurale. Le gé
néral Berton fiit seul exécuté.
Journaux du temps. — Moniteur universel. — Le
sur, Ann. hist.
* CAFFI {Margarita), peintre de Crémone
florissait dans cette ville vers 1680. Elle acqui
la réputation d'habile peintre de fleurs sur soie
sur toile, sur papier, et surtout sur vélin.
E. B— N.
Zaist, Notizie storiche de' Pittori, Scnltori e Ar
chitelti Cremoncsi.
93
CAFFIAUX — CAGLIOSTRO
94
CAFFIAUX {Philippe-Joseph, dom ) , savant
béûédicliu français, né ;\ Valencienncs en 1712,
mort à l'abbaye de Saint-Germain-dcs-Prés le
20 décembre 1777. Après la mort de dom Mongé,
il lut cbargé avec dom Grenier de continuer l'ZTw-
toïre générale de Picardie. On a de lui : Avis
au sujet de l'histoire de Picardie, in-4° de 8
pages; — Défense du beau sexe, ou Mémoires
historiques, philosophiques et critiques pour
servir d'apologie aux femmes ; Amsterdam (Pa-
ris), 1753, in-4°; — Essai d'ttne histoire de la
Musique; 1757, in-4''; — Trésor généalogiqiie,
ou Extrait des titres anciens qui concernent
les maisons et familles de France, 1. 1; Paris,
1777, in-4».
Quérard, la France littéraire.
CAFFiERi, famille de sculpteurs et ingénieurs
d'origine italienne , dont les principaux sont :
CAFFIERI ( Philippe), sculpteur, né à Rome
en 1634, mort en France en 1716. Ses ancêtres,
originaires de Napies et alliés aux meilleures
maisons d'Italie, avaient brillé dans la carrière
militaire sous Charles-Quint et Philippe H. Le
père de Philippe était ingénieur au service
d'Urbain VIII, et fut tué au siège d'une ville en
1640, à l'âge de trente-six ans. Appelé en France
par le cardinal Mazarin, Caffieri arriva à Paris
en 1G60. Colbert lui assigna un logement aux
Gobelins , et le chargea de divers travaux pour
les résidences royales. Dans la suite, M. de
Seignelai le fit nommer sculpteur, ingénieur, des-
sinateur des vaisseaux du roi , et inspecteur de
la marine à Duiikerque, charges qu'en 1695 il
transmit à François-Charles, un de ses fils.
Ayant épousé une cousine du peintre Lebrun, il
eut d'elle quatre fils et trois filles. L'un d'eux,
Jacques, fut également hcibile sculpteur.
E. B— N.
Fontenay, Dictionnaire des artistes.
CAFFIERI (Jean- Jacques), sculpteur,néà Pa-
ris en 1723,mortdanslamêmevillele2l juin 1792,
est celui qui a fait la i-enomraée de la famille. II
fut reçu académicien le 28 avril 1759, et nommé
professeur le 27 février 1773. Diderot le loue
fort peu dans ses Salo7is de 1761 et de 1765;
mais en 1769 il revient sur le premier juge-
ment, et lui accorde des éloges mérités. Le foyer
du Théâtre-Français possède de Caffieri les bus-
tes de Rotroii, des deux Corneille, de Piron, de
la Fontaine , de Lachaussée, de J.-B. Rous-
seau, etc. Les trois premiers sont particulière-
ment remarquables. Le musée de sculpture
française, au Louvre , ne contient de lui qu'un
Fleuve, son morceau de réception à l'Acadé-
mie. Il a exposé en 1757 une Sainte Triiiité qui
est à Rome , dans l'église de Saint-Louis-des-
Français. P. Ch.
Fontenay, Diction, des artistes. — Diderot, Salons de
1701. 17G5. 1767 et 1769.
*CAFUR-AL,-AKHSCHIDI OU CAFOCR-AL-
IKSCHID, surnommé l'Eunuque, souverain d'E-
gypte, mourut en 968. C'était un esclave noir,
acheté dix-huit deniers par Ikhschid, qui le
prit en affection et lui confia la tutelle de ses en-
fants. Mais l'eunuque trahit cette confiance. En 945
il s'empara du pouvoir, qui ne retourna qu'après
sa mort aux héritiers naturels. Cafour aimait et
protégeait les belles-lettres ; le poète Motanabbi
l'a beaucoup loué.
D'Herbclot, Bibl. orient. — Journal Asiatique. — Mé-
moire de M. Quatrcmère-dc-QuIocy. — Noiil Des Ver-
gers, Arabie ( Univ. pitt. )
*CAGLlERi (Liborio), orfèvre italien, vécut
à Rome au commencement du dix-huitième siècle.
On a de lui : Compendio délie Vite de' Sanli
oreftci ed argentieri, 2' édit. ; Venise, 1728,
in-8°.
Cinelli, Bibl.
CAGLIOSTRO {Alexandre, comte nr), célè-
bre imposteur, né probablement à Palerme vers
1745, mort en 1795.11 commença, comme d'au-
ti'es imposteurs fameux , par envelopper de
ténèbres son origine et ses premières aventu-
res. Son véritable nom était Joseph Balsamo.
Contraint de quitter son pays parles poursuites
de la justice, après une escroquerie grave
commise au préjudice d'un orfèvre son compa-
triote, l'argent qu'elle lui avait procuré lui ser-
vit à entreprendre des voyages de long cours,
où il jeta les bases de sa renommée et de sa for-
tune, également singulières. Adoptant dans cha-
que contrée un nom et des tih'es différents , il
visita tour à tour la Grèce, l'Egypte, Malte, la
Turquie, l'Arabie. Dans ces deux derniers pays
surtout, quelques connaissances en médecine le
mirent aisément en crédit au milieu de popula-
tions ignorantes , et le firent même appeler dans
les harems et, les palais. Le chérif de la Mecque lui
accorda une haute protection, et un muphti s'ho-
nora, dit-on, de l'avoir pour hôte pendant son sé-
jour à Médine. Revenu en Europe avec de grandes
richesses en 1773, l'adroit aventurier, qui avait
définitivement adopté le nom de comte de Ca-
gliostro, se procura, par son mariage avec une
femme aussi intrigante que jolie,les moyens d'aug-
menter encore sa fortune. Ce fut à Napies , sui-
vant les uns, à Rome selon d'autres, qu'il épousa
Lorenza Feliciani, fille d'un fondeur en cuivre.
Reprenant avec elle le cours de ses voyages,
il se rendit d'abord en Holstein, pour avoir avec
le fameux comte de Saint-Gennain une entrevue
dans laquelle ces deux grands pontifes de la char-
latanerie devaient bien rire aux dépens du pau-
vre genre humain. Cagliostro parcourut ensuite
la Russie, la Pologne, l'Allemagne. Enfin il ar-
riva à Strasbourg en 1780. Là, quelques cures
heureuses opérées sous les yeux du cardinal
de Rohan, évêque de cette ville, et que la re-
nommée qualifia bientôt de prodigieuses, quel-
ques actes de bienfaisance pompeusement mis
en relief,, firent bientôt parvenir le nom de Ca-
gjiostro dans la capitale, où, après y avoir fait
d'abord un séjour de quelques mois pour son-
der et préparer le terrain, il vint s'établir au
commencement de l'année 1785.
L'habile charlatan avait jugé qu'il fallait à «no
95
CAGLIOSTRO
haute société, plus avide encore de merveilleux
que le peuple, d'autres miracles que ceux de sa
niédecine ; il s'adressa à la fois à la curiosité, à
l'amour de la vie et à celui de l'or. Dans le
domicile qu'il avait choisi, rue Saint-Claude, au
Marais, employant avec art les prestiges de la
fantasmagoi'ie , il fit, dit-on, apparaître des
ombres; il procura même, moyennant un bon
prix , à de riches amateurs, des entretiens avec
des morts célèbres. Là fut fondée aussi la loge
de la Maçonnerie égyptienne, où, après quel-
ques cérémonies'mystiques, un enfant dans l'état
d'innocence, désigné aux adeptes sous le nom
de colombe, lisait, dans une carafe pleine d'eau,
l'histoire de l'avenir. Le grand cophte ( c'était
le titre substitué dans cette loge à celui de
vénérable, dont les fonctions étaient remplies
par Cagliostro ) devait aussi , par le moyen d'un
élixir, assurer l'immortaUté à ses disciples, et,
par un autre, leur donner le pouvoir de faire
de l'or. Ce métal se trouvait du moins entre
leurs mains ; car il entrait, avec divers aromates
et principalement l'aloès, dans la composition
des deux merveilleuses liqueurs.
Réputé sorcier par de grands seigneurs et en
plein dix-huitième siècle, dans ce siècle du doute,
Cagliostro trouva surtout chez le cardinal de Ro-
han une foi robuste à ses prodiges : aussi fut-il
compi'omis dans le fameux procès du collier,
sur lequel il publia plusieurs mémoires; il par-
tagea la prison , puis l'acquittement et l'exil de
ce prélat. Il passa deux ans en Angleterre;
ensuite le goût des voyages le reprit : il visita
la Suisse, la Savoie, le Piémont ; mais il eut la
malencontreuse idée de se rendre de nouveau
dans la capitale du monde chrétien, et c'est là
que l'attendait le dénoûment funeste de sa car-
rière aventureuse. Un homme qui s'était vanté
d'être un magicien , et le fondateur en Europe
d'une nouvelle maçornierie, ne pouvait échapper
aux rigueurs de l'inquisition. Condamné à mort
par le tribunal du saint office, la clémence ponti-
ficale commua cette peine en une prison per-
pétuelle. Cagliostro mourut-au château de Saint-
Léon, dans le duché d'Urbin. Sa femme, enfer-
mée dans un couvent, lui survécut quelques an-
nées. Les grands événements qui survinrent
firent bientôt oubHer les aventures du fameux
thaumaturge, et sa mort passa presque inaper-
çue, [^wc. des g. du m.]
Lettres du comte de Mirabeau sur Cagliostro et Lava-
ter, 1786. — Mémoires pour servir à l'histoire du
comte de Cagliostro; 1785, in-S". — Compendio délia
vita e de' gesti di dus. Balsamo , denominato il
conte Cagliostro ; 1790. — A. Dumas, Mémoires d'un Mé-
decin.
CAGNACCi {Guido Canlassi, dit), peintre
de l'école bolonaise, né en 1601 à Castel Sant'
Arcangelo, près de Rimini ; mort à Vienne en 1 C8 1 .
lldJità sa difformité le surnom de Cagnacci, sous
lequel seul il est connu. Élève du Guide, il imita
la seconde manière de son maître, en y ajoutant
une certaine originalité dans la beauté des têtes
— CAGNATI 96
et dans l'effet du clair-obscur. Il réussit moins
bien lorsqu'il voulut se faire un style plus vigou-
reux ; mais il est généralement sage, con-ect et
délicat. H aimait à peindredes Madeleines, et on
n'en compte pas moins de cinq réparties dans
les seuls musées de Munich, de Dresde, de Ma-
drid et de Vienne. Ses ouvrages sont peu nom-
breux en Italie, parce qu'il passa la plus grande
paitie de sa vie en Allemagne, à la cour de Léo-
pold l". On voit cependant de lui dans la galerie
publique de Florence, une tête et un Ganymède.
La Mort de Cléopâtre à Vienne et la Mater
dolorosa de Munich, sont au nombre de ses bons
ouvrages, ainsi que le saint Jean-Baptiste que
possède le Musée du Louvre. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Orlandi, Abbecedario. —
Ticozzi, Dizionario.
^- GAGNACCi {Alphonse), antiquaire italien,
connu par son ouvrage intitulé les Antiquités de
Ferrare; Venise, 1676, et par le Thésaurus
Antiquitatum grxcarum et romanarum de
Grsevius. Cet ouvrage a été traduit en latin par
Bernard Moretto.
Sax, Onomastic. Hterar., V, 233.
CAGNATI (Gilbert), botaniste italien, natii
de Nocera, dans le royaume de Naples, vivait
vers la seconde moitié dn seizième siècle. On a
de lui : De hortorum Laudibus , Bâle, 1546,
in-4°; réimpr. dans le recueil de Joachim Came-
rarus, de Re'/rustica.
Biographie médicale.
Biographie médicale. — Éloy, Dict.de Médecine.
CAGNATI (Marcel), savant médecin italien,
natif de Padoue,mort vers 1610. Il étudia dans sa
ville natale sous Zabarella, et s'acquit bientôt une
réputation méritée. Il professa et résida à Rome
jusqu'à la fin de ses jours. H était doué, dit-on,
d'une facilité oratoire qui s'élevait parfois-jusqu'à
l'éloquence. Ses contemporains le dépeignent
comme d'un caractère sombre et mélancolique.
On a de lui : Variarum lectionum libri II, cum
disputatione de ordine in cibis servando;
Rouen, 1581, 1587, et Francfort, 1604, in-8°. L'é-
dition de 1587, dont la troisième n'est que la réim-
pression , contient de nombreuses additions : elle
est intitulée Farianmi observationum libri IV;
elle a été réimprimée dans le Thésaurus criti-
cus de Gruter. C'est un recueil d'observations,
la ijlupart sur la botanique; on y trouve des
recherches sur les plantes mentionnées par Hip-
pocrate et Théophraste, et des remarques sur le
traité de Re rustica de Caton ; — De Sanitate
tuenda libri II ; Rome, 1591,in-4°,et Padoue,
1605, in-4'' ; — In Hippocratis Aphorismorum
secimdas sectionis XXTV Commentarius ;
Rome, 1591, in-4''; — De Epidemia romana
annorum 1591 et 1593; Rome, 1599, in-4°; —
De ligno Sancto disputationes binx ; Rome,
1602, et 1643, in-4'' ; —De Morte causa partus ;
Rome, 1602, in-4''; — In Aphorismorum
Hippocratis sectionis primœ XXII expositio;
Rome , 1649 , ln-8".
07
CAGNAZZO — CAGNOLl
98
cAGiVAZZO, en latm cognatics ou ga-
CNATics (Jean), surnommé aussi Tabiensis,
théologien de l'ordre de Saint Dominique, natif
de Tabie, mort à Bologne en t621. Il fut inquisi-
teur à Bologne, et reçut la mission d'aller opérer à
Rome la conversion des hérétiques. On a de lui :
Summa Tabiena , ou Summa Stimmarum, ap-
pelée depuis la Somme des Sommes; Venise,
1602.
ÉcUarifScriptores ordinis PraeUcalorum, 11,47.
*CAGNEi. (François), grammairien français,
né à Metz en 1686, mort à Cassel le 23 décem-
bre 1762. nfut nommé en 1707 maître de langue
française auprès des pages du landgrave de Hesse-
Cassel , et il resta à Cassel jusqu'à sa mort. On
a de lui : Grammaire et syntaxe française;
Cassel, 1714, in-8°; — la Soixante-quatrième
année , ou Grâce toute particulière de la Pro-
vidence, en versfrançois acrostiches, pour l'an-
niversaire de la naissance de Charles I";
Cassel, 1728, ^-4°; — Sur la reconnoissance
\ à la gloire et au bonheur de toute la Hesse
j dans lapersonne de Charles I", en vers fran-
çois; ibid., 1729, ^-4°; — Description de la
cour; ibid., 1729, in-12.
Strieder, Hessische Gelefirten Geschichte.
CAGNOALU (saint), OU CAGNON OU CHAI-
NorLD. Voy. Chainocld.
CAGNOLA (Luigi, marquis), architecte, né
à Milan en 1762, mort le 14 août 1833. A Rome,
où il était allé faire ses études au collège Clé-
mentin, il reçut de Tarquiai quelques leçons
d'architecture qui, jointes à l'enthousiasme que
lui inspirèrent les monuments que renferme la
ville éternelle , décidèrent sa vocation. De retour
dans sa patrie, il fit une étude spéciale des chefs-
d'œuvre dont Palladio avait enrichi Vicence et
Venise; et dès lors il prit parmi les architectes
une place aussi distinguée que celle que sa nais-
sance lui assurait dans la société. Bonaparte, di-
gne appréciateur de son mérite, le nomma membre
|3a conseil des anciens de la répubUqne cisalpine,
it chevalier de la Couronne de fer ; il le chargea
pn 1802 de la construction delà porte triomphale
jlu Tésin ou de Marengo, et en 1804 de celle
|le l'arc du Simplon, le plus bel arc de triomphe
ilevé par les modernes. Cagnola a concouru cn-
ore à l'érection ou à la restauration de plusieurs
utres monuments. A Milan, il décora le Casino
es nobles, palais bâti par le Bramante, et donna
jîs dessins de l'élégante et majestueuse chapelle
llarceline à l'éghse Saint- Ambroise ; enfin, il
jonstruisit le beau clocher d'Urgano dans le Ber-
amasque. Cagnola publia en 1802 les mauso-
es desVisconti, Gamboni et Anguizzola, in-fol.
mourut, président de l'Académie des sciences
arts de »Milan , et chambellan de l'empereur
Autriche. E. B— n.
Valéry, F^oyages historiques et littéraires en Italie.
Pirovano, Guida di Milano.
CAGNGLi (Antoine), astronome d'origine ita-
înne, né à Zante en 1743, mort à Vérone le C
NOUT. BIOGR. UNIVERS. — T. V.'U.
août 1816 (1). Son père remplissait à Zante les
fonctions de chancelier de la république de Ve-
nise. Au mois d'octobre 1772, le jeune Cagnoli
accompagna Marco Zéno à Madrid en qualité de
secrétaire de légation, et en 1776 il vint à Paris.
On raconte qu'étant allé un jour à l'Observatoire
de cette ville pour voir l'anneau de Saturne,
il en fut si frappé qu'il résolut de se consacrer
à l'étude de l'astronomie (1780). Il acquit en
même temps toutes les connaissances mathéma-
tiques nécessaires à cette étude, et se procura les
instruments spéciaux qu'il lui fallait. Il les em-
porta à Vérone en 1782 , et sa maison devint
bientôt une sorte d'observatoire. La prise de
cette ville par les Français , en 1797, le dé-
termina à vendre tous ses instruments ; ils fu-
rent transportés à Bresa, dans le Milanais, et
Cagnoli, leur ancien possesseur, les y suivit. Il
se rendit ensuite à Modène, pour y professer les
mathématiques à l'école militaire ; puis il revint
finir ses joiu-s à Vérone. Cagnoli était membre
de presque toutes les académies de l'Europe.
Ses principaux ouvrages sont : Méthode pour
trouver la situation de Véquateicr d'une pla-
nète , mémoire inséré dans le tome. X des Sa-
vants étrangers de l'Académie des sciences de
Paris; 1785; — Trigonometria piana e sfe-
rica; Paris, 1786 et 1804; traduit en français par
Chompré sous ce titre : Traité de Trigonométrie
rectiligne et sphérique; Paris, 1786 et 1808;
— Degli inconvenienti che nascono del rego-
lare gli orologj al tramontar del sole, o corne
anche dicesi ail' italiana, Dissertazione ;
Venise, 1787, in-8°; — Méthode pour calculer
les longitudes géographiques d'après l'oost,,
vation d'éclipsés de soleil ou d'occultations
d'étoiles, mémoire couronné par l'Académie des
sciences de Copenhague ; Vérone, 1789, in-8°; —
Almanacco con diversenotizie astronomiche,
adattate alV uso comune; 1787-1801, 1805-
1806; — Osservazioni meteorologiche ; 1788-
1796, in-8°; — Notizie astronomiche , adattate
alV uso comune; 1799-1802, 2 vol.;— Sezioni
coniche; Modène, 1801; — Catalogue de 501
étoiles , suivi des tables relatives d'observa-
tion et de mutation; Modène, 1807; — Conv-
pendio délia Trigonometria piana, ad uso de-
gli aspiranti alla scuola militare in Mo-
dena; 1807 ; — de nombreux mémoires insérés
dans les Transactions de la Société italienne;
parmi ces mémoires on remarque : Nuovo e
sicuro mezzo per riconoscere la figura délia
terra , dans le t. VI des Transactions. Ce
mémoire, d'abord peu remarqué, fut réimprimé
à Londres par les soins de Baily ; il est signalé
à l'attention des savants dans le Philosophical
Magazine (mai 1822), et dans \à Bibliothèque
universelle de Genève; — Degli elementi spet-
tanti alla teoria délia rotazione solare e lu-
nare; ibid., t. VDI ; — Problema SîiW equa-
(1) Et non I8i8, comme quelques biographes l'ont ré-
pété, f oy. Tipaldo, Ersch et Grutier.
99
CAGNOLI — CAHER-BILLAH
100
zione deW orbita e sulla eccentricità de'pia-
ne«,v Bologne, 1806.
Tlpaldo, Biografta degli liai, illustri, VII. — Labres,
f^ie de Cagnoli. — Ersch et Gruber, Allgemeine Ency-
elopœdie. — Bibliotheoa italiana , ii° 38.
GAGNOLi (Belmont), appelé aussi l'abbé Ca-
gnoli, poëte italien, vivait au dix-septième siècle.
On a peu de détails sur sa vie. Seulement on
rapporte que sa chasteté était telle, qu'il de-
meura sourd aux avances d'une dame italienne
qui allait jusqu'à lui offrir 3,000 couronnes d'or
pour être aimée de lui. Parmi ses œuvi'es poéti-
ques on distingue : l'Aquilea distrutta, libri 20 ;
Venise, 1725, in-18, ouvrage dédié à la républi-
que de Venise.
Jôcher, Allgemeines Gelehrten-Lexicon.
*CAGNOLO (Antoine), médecin italien, né à
Fossano en Piémont, vivait vers la fin du seizième
siècle. On a de lui : Tractatus de Remediis prse-
servativis et curativis pesais ; j Montereggio,
1598.
Carrère, Bibliothèque de la Médecine.
CAGNOLO {Jérôme), jurisconsulte italien, né
à Verceil en 1492, mort àPadoue en février 1551.
Il étudia à l'université de Turin, séjourna quel-
que temps à la cour de Savoie , et professa le
droit à Padoue. Il laissa la réputation d'un habile
commentateur. Ses principaux ouvrages sont :
I)e vita et Reglmine boni principis, adressé à
Emmanuel Philibert de Savoie ; — Èxereitatio-
nes in constitutïones et leges primi, secundi
et duodecimi Pandectar., etc.; Venise, 1549;
— Commentaria in tittchcm Digesti de Regu-
ïis juris; Venise, 1546; T éd., Lyon, 1559; —
Commentaria in Codicem de Pactis ; Venise,
1567 ; — De recta principis institutione libri
VIII ; Cologne, 1568; — Oratio habita Patavii
in initio studiorum; — Commentaria in quos-
dam titulos Institutionum Justiniani. Ses
œuvres complètes ont été réunies en trois vol.
in-fol.; Lyon, 1579.
Ghilini, Teatro d'Uomini letterati. — Simon, Bibl.
hist. des auteurs du droit.
CAHAIGNËS ou CAHAGNES (Jacques) ,
médecin français, né à Caen en 1548, mort
en 1612. Comme son père, il étudia à l'uni-
versité de sa ville natale, s'y fit recevoir doc-
teur, et y obtint ime chaire qu'il abandonna
vers la fin de sa carrière, pour se consacrer ex-
clusivement aux travaux de cabinet. Ses princi-
paux ouvrages sont : De Academiarum Insti-
tutione; 1584, inré ; — De morte N. Michae-
lis; 1597, in-40; — Elogium civium Cadomen-
sium , centuria prima ; Caen, 1609, in-4''; —
Praelectio de Aquafontis Hebecrevoni ; Caen,
1614; — Répartie en faveur du livre des'
Eaux d'Hébécrevon; Caen, 1614, in-fol.; —
Responsio censori de Aquafontis Hebecrevoni ;
1614, in-12; — Brevis facilisque Methodus
curandarum febrium; Caen , 1616, in-18; —
Brevis facilisque Methodus curandorum ca-
pitis affectuum; 1618; — une traduction de
l'ouvrage de Julien le Paulmier, intitulé De Mor-
bis contagiosis et de vino pomaceo.
Éloy, Dictionnaire historique de médecine.
*eAHEN (Samuel), hébraïsant et publici.ste
français, né à Metz le 4 août 1796. H reçut une
bonne instruction, qu'il développa par de persé-
vérants efforts. Destiné par ses parents au rab-
binat , il fut envoyé à l'âge de quatorze ans à
Mayence , pour s'y préparer sous la direction
du grand rabbin de cette ville. Après avoir dé-
buté en Allemagne par l'enseignement privé,
M. Cahen revint en France , professa en pro-
vince, et, revenu à Paris en 1822 , il dirigea de
1823 à 1836 l'école consistoriale de cette ville,
publia plusieurs ouvrages, et commença (1841)
la traduction, terminée en 1851, de la Bible et
des monuments qui la complètent ; Paris , 20
volumes in-8°. Depuis février 1840, M. Cahen
publie les Archives Israélites, recueil mensuel.
Outre la traduction de la Bible , on a de M. Ca-
hen : Coui's de lecture hébraïque, ou Mé-
thode facile pour apprendre seul et enpeu de
temps à lire l'hébreu, pour, etc. ; Paris, 1824,
1842; — Manuel d'histoire universelle ;¥arh.
1836; — Exercices élémentaires sur la langue
hébraïque; Metz, 1842; — une traduction de
l'Ange protecteur de la Jeunesse, par Salz-
mann ; — une traduction de Joseph, ou le Man-
teau noir, du même auteur. Ces traductions et
quelques autres ont été publiées en 1824 et 1825.
V. R.
BégiD, Biogr. de la Moselle. — Saint-Edme et Sarrut,
Biogr. des hommes du jour. — Quôrard,to France litté-
raire. — Bouchot, Journal de la Librairie.
CAHER-BILLAH (Mohammed), dix-neu-
vième khalife abbasside, mort le 18 octobre
950. Le 27 février 929, à la suite d'une révolu-
tion qui renversa son frère Moctader, il monta
sur le trône de Bagdad. Mais il fut presque im-
médiatement renversé, sur son reins défaire
disti'ibuer à l'armée la gratification d'usage '
chaque avènement. Moctader fut ainsi replac»
sur le trône de Mahomet trois jours après soi
expulsion. Le l*' novembre 932, une seconde sédi
tion mit fin à la vie de Moctader, et Caher fut rap
pelé. Celui-ci n'eut rien de plus pressé que d(
tenter de se soustraire à la tutelle des auteur*
de cette révolution. Il fitempiisonner son nevei
Abou'l Abbas pour se délivrer d'un prétendant, e
fit mourir sa propre mère, qu'il accusait de cache
im trésor. Troublés par ces deux crimes, voyan
surtout leur influence menacée, les émirs firen
encore descendre Caher du trône. Pour qu'il qi
lui fût plus possible d'y remonter, on lui creva le
yeux. D'après un chroniqueur, il sortit deux ani
plus tard d'une prison où il aurait été enferrai
Réduit alors à mendier, il se tenait à la porte
mosquées, et disait aux fidèles : « Ayez pitil
d'un pauvre vieillard, autrefois votre khalife, m
; jourd'hui réduit à solliciter votre aumône. » Cl
récit, qui paraît contiouvé, rappelle l'histoire d
Bélisaire. On ajoute que le khalife déchu (
101
CAHER-BILLAH — CAIGNET
102
mendiant vécut quelques années dans cette misère.
Jrabie, par M. des Vergers, dansl't/niv. pitt. — D'Her-
bclot, Bibl. orient.
c A B PS AC ( Xou J5 oe) , auteur dramatique, né à
Montauban, d'une famille noble (aucune source
n'indique en quelle année), fut successivement
secrétaire de l'intendance do Montauban et se-
crétaire des commandements du comte de Cler-
mont; il mourut à Paris le 22 juin 1759. Il a
donné les pièces suivantes : au Théâtre-Français :
Pharamond, 1736, et le Comte de Warwick,
1742, tragédies; les comédies de Zénéide,eii un
acte, en vers libres, 1742, et de P Algérien, en
trois actes, avec un prologue, 1744; — à l'Opéra :
les Fêtes de Polymnie, 1745; Zaïs, 1748; les
Fêtes de l'Hymen, 1748; iYcï5, 1749; Zoroas-
tre, 1749; Anacréon, 1754; la Naissance d'O-
siris, 1754, à l'occasion de la naissance du duc
de Berry. La petite comédie de Zénéide est res-
tée longtemps au répertoire. Tous les poèmes
d'opéra de Cahusac , parmi lesquels Zoroastre
fut le plus connu dans son temps, eurent le bon-
heur d'être mis en musique par Rameau, et leur
auteur se trouva ainsi associé aux succès de ce
compositeur célèbre. Il est juste, d'ailleurs, de
lui reconnaître l'entente du genre et de la coupe
lyrique. On a encore de Cahusac : Épître sur
les dangers de la Poésie; 1739 ; — Grigri, ro-
man, supposé traduit du japonnais; 1749, in-12;
— la Danse ancienne et moderne , ou Traité
historique de la Danse; la Haye (Paris), 1754,
3 vol. in-1 2 : cet ouvrage est divisé en deux par-
ties, l'une traitant de la danse chez les anciens ,
l'autre des ballets et delà danse théâtrale chez les
modernes. Cahusac a fourni à V Encyclopédie les
articles relatifs aux grands spectacles de l'Europe,
notamment aux théâtres d'opéra. Il était membre
de l'Académie des sciences et belles-lettres de
Berlin. Th. Mdret.
Dictionnaire des Théâtres.— Qaéiari, la France lit-
téraire, etc.
* CAïAzzo (...., comte de) ,' diplomate ita-
lien, vivait dans la seconde moitié du quinzième
siècle. Fils aîné de Robert de San-Severino, il fut
envoyé à Paris, en 1493, par Ludovic Sforza,
pour inviter Charles YHI à venir prendre la cou-
ronne de Naples, à profiter des bonnes dispositions
des seigneurs, et h tirer parti des ressentiments du
souverain pontife contre Ferdinand d'Aragon.
« Caiazzo, dit Comines , trouva à Paris le prince
de Salerne, dont il estait cousin; car celui-là
estoit chef de la maison de Saint-Severin, et es-
toit en France , chassé du roy Ferrand , comme
avez entendu paravant, et pourchassoit ladicte
entreprise de Naples. Avec ledit comte de Ca-
jazze estoient le comte Charles de BeHe-Joyeuse
(Belgiojoso) et messireGaleas, vicomte duMilan-
nois: tous deux estoient fort bien accoustrez et
accompagnez. Leurs paroles en public n'estoient
que visitations et paroles assez générales, et es-
toit la première ambassade grande qu'il eust en-
voyée devers ledict seigneur. « Plus loin, le ju-
dicieux chroniqueur rend compte des efforts
des envoyés italiens, et souvent il peint d'un trait
ce que les historiens postérieurs ont délayé on
de longues pages. «Estant à Paris, ditCominei ,
les ambassadeurs dont j'ay parlé en ce chapi-
tre, et ayant parlé en gênerai, parla à part avec
le roy ledict comte de Cajazze, qui estoit en
grand crédit à Milan, et encore plus son frère
messire Galeas de Saint-Severin, et par especial
sur le faict des gens-d'armes, et commença à of-
frir au roy grands services et aides tant de gens
que d'argent ; car jàpouvoitsonmaistre disposer
de l'Estal de Milan comme s'il en eust esté rien,
et faisoit la chose aisée à conduire. Et peu de
jours après prit congé du roy et messire Galeas,
vicomte, et s'en allèrent; et le comte Charles de
Belle-Joyeuse demeura pour avancer l'œuvre;
lequel incontinent se vestità la mode françoise , ■
et fit de très-grandes diligences; et commencè-
rent plusiem-s à entendre à cette matière. »
Cette négociation, continuée activement, aboutit
à une convention de la cour de France avec
Louis le Maure. L'iiistoire fait connaître la suite
des événements. Il suffisait de rapporter la part
prise par Caiazzo à la conduite de l'ambassade.
V. R.
Comines, Mémoires, liv. VU, ch. 8. — Sismondi, Hist.
des Répub. ital., XII.
CAI-CAYCS. Foy. Kai-Kaous.
CAiET, Voy. Cayet*
CAICNART DE MAiLiiT (....), révolutioDûaire
et jurisconsulte français, né à Mailly vers 1750,
mort le 2 janvier 1823. Il étudia à Laon, fut reçu
avocat, et embrassa avec ardeur les idées ré-
volutionnaires, n était à Paris au 10 août 1792.
Quelques jours plus tard, il obtint de l'assemiblée
législative qu'aucune indemnité ne serait accor-
dée pour les concessions de fonds, jugés féo-
daux par rassemblée constituante, n fut ensuite
nommé administrateur du département de l'Aisne.
Après le 9 thermidor, il devint chef du bureau
des éuiigrés au ministère de la palice. Dès lors
il manifesta une telle exaltation démocratique,
qu'il fut destitué après le 18 brumaire. A partir
de ce moment, il reprit sa profession de juris-
consulte. Cagnart de Mailly travailla au journal
l'Ami de la patrie, et, d'après Barbier, il écri-
vit les t. 16 et 17 de V Histoire de la Révolu-
tion , par deux amis de la liberté. On a en
outre de lui : Histoire d'une famille, par d' Or-
son, mise au jour par C; 1798, in-S";; — les
Annales maçonniques , dédiées à S. À. S. le
prince Cambacérès; 1807, 1810, 8 vol. in-8°.
Cailleau en fut l'éditeur, et non l'auteur, comme
on l'avait cru.
Galerie historique des Contempor.— Quérard, laFr.
litt. —Barbier, Dict. des ouvr. anon.
* CAIGNET (Antoine), théologien et prédi-
cateur français , mourut en 1669. Il a été suc-
cessivement chanoine, chancelier théologal et
grand-vicaire à Meaux. On a de lui : les Véri-
tez et les vertus chrestiennes , ou Médita-
tions affectives sur les mystères de N.-S. et
sur ses vertus; Paris, 1624, 4 vol. in-12, et
4.
103 CAIGNET -
1648 , in-12; — Oraison funèbre pour mad.
Remye Bazin, abbesse de Nostre-Dame de
Meaux; Paris, 1661, in-4°; — V Année pas-
torale, contenant des Sermons familiers ou
Prônes sur les Épîtres et Évangiles des di-
manches de l'année, etc.; ibid., 1662 et suiv.,
1 vol. in-4°; — la Morale religieuse, con-
tenant ses entretiens spirituels sur la vo-
cation, les vœux et les vertus des personnes
religieuses; ibid., 1672, in-4°; — le Domini-
cal des Pasteurs, ou le Triple emploi des cu-
rés, contenant les Prônes, les Recommanda-
tions ou Annonces des Fêtes, et Catéchismes
paroissiaux pour totis les dimanches de l'an-
née, 2^ édit.; Paris, 1675, in-4% et 1686, in-4°;
— Catechismus pastoralis ; Anvers, 1682,
4 vol. in-12 (n'est peut-être qu'une traduction
du Dominical des Pasteurs).
Catal. de la Bibl. imp. de Paris.
CAïGNiEZ {Louis-Charles) , auteur drama-
tique français, né à Arras le 13 avril 1762,
mort, le 19 février 1842, à Belleville, banlieue
de Paris. H appartenait à des parents aisés , qui
le mirent de bonne heure au collège de sa
ville natale, où il fit des études distinguées.
Lorsqu'elles furent terminées , on l'envoya à
Douay pour y faire son droit, à l'issue duquel
il fut reçu avocat aux conseûs d'Artois. Les
événements de la révolution, survenus sur ces
entrefaites, ayant ruiné sa famille et porté at-
teinte à sa position, il partit pour la capitale en
1798; et dès l'année suivante, Caigniez, qui sem-
blait avoir, comme on dit, jeté aux orties sa
toge d'avocat, faisait représenter son premier ou-
vrage dramatique, intitulé le Dîner des Bos-
sus. Le théâtre de la Gaieté joua, peu de temps
après, la Forêt enchantée, ou la Belle au bois
dormant , pièce qui obtint , selon les journaux
de l'époque, une vogue longue et méritée. Stimulé
par les succès de son début dans cette carrière,
toute nouvelle pour lui , Caigniez s'y voua en-
tièrement. Il composa un grand nombre de mélo-
drames, et, dans la période de 1803 à 1812, il
devint un des pourvoyeurs les plus féconds des
deux ou trois scènes du boulevard consacrées
au culte de cette muse bâtarde. Guilbert de Pixé-
récomi; (voir ce nom ), qui était alors dems tout
l'éclat de sa renommée , rencontra dans Caigniez
un concurrent redoutable, que beaucoup d'a-
mateurs lui préféraient même. Possédant autant
que son rival l'entente de la scène, il avait sur lui
l'avantage d'un style moins ampoulé ; on se sou-
vient encore des sobriquets de Corneille et de
Racine des boulevards, dont le public contem-
porain avait baptisé l'un et l'autre de ces mélo-
dramaturges. Peut-être est -il regrettable que
Caigniez se soit , pour ainsi dire, volontairement
renfermé dans le cercle étroit de cette sorte de
pièces; car il a prouvé par le Volage, joué avec
succès en 1807 au théâtre Louvois, par le Sou-
venir des premières amours, par les Méprises
en diligence , ouvrage rempli d'originalité et de
CAILHAVA
104
situations comiques, qu'il pouvait s'élever jus-
qu'à la bonne comédie.
Parmi ses nombreuses productions dramati-
ques nous ne citerons que le Jugement de
Salomon, en 1802, et la Pie voleuse, en 1815 ,
qui obtinrent la plus grande vogue : ces deux
pièces ont été traduites en plusieurs langues, et
représentées dans les principales villes de l'Eu-
rope. Malgré les sommes énormes que devaient
lui produire les représentations de ses ouvrages,
Caigniez est mort dans un état voisin de la mi-
sère. Ed. de Manne.
Quérard , la France littéraire.
CAILHAVA D'ESTANDonx {Jean- François),
auteur dramatique français , né au village d'Es-
tandoux, près de Toulouse, le 28 avril 1731,
mort le 20 juin 1813. Jeime encore, et abandonné
aux plaisirs de son âge, il dirigeait cependant
avec ardeur ses études vers le théâtre, pour le-
quel il avait un penchant décidé. L' Allégresse
champêtre, mêlée de danses et de chants, et re-
présentée à Toulouse en 1757, fut son début. C'é-
tait une pièce de circonstance, inspirée au poète
par l'attentat de Damien à la vie de Louis XV.
Encouragé par ce succès , car c'en était un , il
vint à Paris, ayant pour toute fortune, comme il
arrive à tant d'autres de ses compatriotes , son
portefeuille garni de poésies, et ses espérances. Il
ne put faire recevoir une première pièce desti-
née à la Comédie française, et intitulée Crispin
gouvernante. Il n'en fut pas de même du Jeune
Présomptueux et du Nouveau Débarqué : les
comédiens les reçurent; mais le public fut plus
sévère. Un autre se serait senti découragé;
mais Cailhava était opiniâtre : il persista, et fit
bien.
La Maison à deux portes, ou le Tuteur
dupé, pièce dont le sujet était tiré de Plante,
représentée au Théâtre-Français le 30 septem-
bre 1765, obtint plus qu'un succès d'estime :
Cailhava eut l'honneur d'être présenté au public
satisfait. Deux ans plus tard (1767), il écrivit
les Étrennes de V Amour, comédie-ballet en
un acte et en vers, également imitée de Plante.
D'autres pièces suivirent avec des succès divers,
mais toutes témoignent de la verve et de la
facilité de Cailhava. Dans le nombre se trouvent
le Mariage impromptu , en vers et en trois
actes (1769) , et deux pièces tirées des Mille et
une Nuits , et jouées avec beaucoup de succès
à la Comédie italienne. Un opéra-comique, com-
posé en 1771, ne réussit pas. La Bonne Fille,
imitée de Goldoni , fut plus heureuse. La pièce
capitale de Cailhava , sa pièce à caractère, VÉ-
goïsme, comédie en cinq actes et en vers, jouée
par les comédiens français le 19 juin 1777, fut
diversement jugée. Peut-être le sujet ne s'y
trouve-t-il pas assez approfondi. Cependant on
y reconnaît l'écrivain imbu des bonnes ti'aditions
dramatiques , et l'on y voit poindre l'admirateur
enthousiaste deMolière. Un autre auteur, Barthe,
tenta de s'emparer du sujet traité par Cailhava;
105
CAILHÀVA — GAILLARD
106
mais son Homme personnel ne fut pas supé-
rieur à VÉgoïsme. Les caractères généreux sont
toujours plus difficiles à traiter que les sujets
spéciaux, où le côté ridicule frappe d'abord le
regard. Les pères de la comédie, Molière, Re-
gnard, le Sage, fournissent eux-mêmes les preu-
ves de cette vérité.
Ici commence une autre phase de la vie dra-
matique de Cailhava. Elle montre la place que
tiennent parfois dans la vie du littérateur les
obstacles suscités par des causes personnelles ,
telles que l'amour-propre ou la vanité. Une
brouille avec l'acteur MoIé ferma à Cailhava les
portes de la Comédie française; mais l'homme
de talent sut se faire jour par une autre voie.
Après avoir débuté par l'exemple, il enseigna le
précepte. De là son ouvrage intitulé l'Art de la
Comédie, qui eut deux éditions, la première pu-
bliée en 1772, 4 volumes in-8°; l'autre en 1786,
2 volumes même format. C'est une œuvre di-
dactique, qui brille moins par le style que par les
l'emarques judicieuses qui s'y rencontrent. C'est
à cet exil de Cailhava du Théâtre-Français qu'est
dû encore l'ouvrage intitulé les Causes de la
décadence du Théâtre et les moyens de le
faire refleurir, augmenté d'un Plan pour l'é-
tablissement d'un second Théâtre-Français et
de réforme des autres spectacles; Paris, 1789,
in-S". Cailhava eut un autre adversaire, la Harpe,
qui ne lui ménageait pas dans le Mercure la
critique et les sarcasmes. Cailhava y répondit par
sa pièce intitulée le Journaliste anglais , oii
la Harpe joue un rôle odieux. Plus tard, un troi-
sième adversaire, Palissot, se mit de la partie; et
on attribue cet autre courroux littéraire au dé-
pit que causa à l'auteur des Philosophes la no-
mination de Cailhava à l'Académie française en
1797. Celui-ci avait entrepris dans l'intervalle la
publication des Annales dramatiques, rétabli en
cinq actes le Dépit amoureux de Molière, ten-
tative qui souleva un orage d'opposition, et fait
représenter Athènes pacifiée, comédie en trois
actes et en prose (1797). Dans les premiers temps
de la révolution, dont Cailhava accueillit les pro-
messes , il joua un instant un rôle politique , et
s'employa à procurer des subistances à la ville de
Paris en allant'hâter l'arrivée des-grains que l'on
attendait. Mais il s'effaça bientôt de la scène poli-
tique, pour laquelle il ne se sentait pas fait, et re-
vint à la première, à celle qui convenait à sa
nature. En 1797, il fit jouer un petit acte vif et
gai, intitulé le Zist et le Zest. En 1802 pa-
rurent ses Études sur Molière, et en 1803 son
Hommage à Molière. On voit comi)ien était
profond son culte pour l'immortel auteur du
Misanthrope; il était porté à un tel degré, qu'il
avait, dit-on, fait enchâsser, en manière de reli-
que, une dent de Molière. Dans sa vieillesse,
Cailhava fut l'objet des bienfaits de Napoléon et
du dévouement exemplairement filial de sa fille,
qui ne se maria point pour se consacrer unique-
ment aux soins qu'exigeait la vieillesse de son
père. Il mourut à Sceaux, où sa tombe touche à
celle de Florian. Son éloge funèbre fut prononcé
par Picard, qui dit avec raison que Cailhava, « à
une époque où la comédie était dénaturée par le
jargon et l'enluminure et le faux bel-esprit, eut
le courage (car il en fallait alors) de vouloir com-
poser des ouvrages dans le goût de Molière. »
Mais c'est en composant certaines poésies licen-
cieuses qu'il sacrifia aux habitudes de son temps.
Outre les œuvres déjà mentionnées, on a de lui ;
le Remède contre l'amour, poëme en quati'e
chants; Paris, 1762 ; — le Cabrioletvolantîon Ar-
lequin-Mahomet , drame philosophi-comi-tragi-
extravagcuit en quatre actes; Paris 1770, in-8'' ;
— Arlequin cru fou, Sultane et Mahomet, ou
suite du Cabriolet volant, drame en trois actes;
Paris, 1771, in-8°; — Discours prononcé par
Molière le Jour de sa réception posthume à
l'Académie française , avec la réponse; Paris,
1779, in-8"; — le Nouveau Marié, ou les Im-
portuns, opéra- comique en un acte; 1770,
Sn-8°; — le Pucelage nageur, conte en vers;
1766; — la Présomption à la mode, comédie
en cinq actes et en vers; Paris, 1766; — les
Ménechmes grecs, comédie en quatre actes, pré-
cédée d'un prologue!; Paris, 1791 ; — les Contes
en vers et en prose de feu l'abbé de Colibri,
ou le Soupe; Paris, 1797, 2 vol. in-8° : cet ou-
vrage est peut-être le même que celui que l'au-
teur du Dictionnaire des ouvrages anonymes
attribue à Cailhava sous le titre du Soupir, sans
doute pour souper ; Londres et Paris, 1772; —
Œuvres badines; Paris, 1798, in-12; — l'Enlè-
vement de Ragotin et de madame Bouvillon,
ou le Roman comique dénoué, comédie en deux
actes et en prose; Paris, 1799; — Essai sur la
tradition théâtrale; Paris, 1798; — la Fille
supposée, comédie en trois actes et en vers. Le
théâtre complet de Cailhava, avec des mémoires
historiques et les réflexions sur les causes de la
décadence du théâtre et les moyens de le faire
refleurir, a été publié en 6 vol. ; Paris, 1781 et
1782. V. R.
Biographie Toulousaine. — Quérard, la France litté-
raire. — Des Essarts, les Trois Siècles littéraires.
*CA.i'Li.x (Albert), troubadour albigeois du
treizième siècle. H n'est connu que par une Sa-
tire contre les femmes. Cette pièce est conçue
eu termes grossiers et obscènes. Pour s'attaquer
à un sujet aussi délicat, il faut du génie, ou au
moins le talent d'un Boileau.
Chaudon et Delandine , Nouveau Dictionnaire histo-
rique. — Hist. littéraire de la France.
GAILLARD {Abraham-Jacqucs) , juriscon-
sulte français, mort 1©3 octobre 1777. Élève et
ami de Pothier, il devint à son tour un juriscon-
sulte et surtout un avocat distingué. Présence
d'esprit, facilité et élégance d'élocution, il avait
tout ce qui fait réussir au barreau , et son suc-
cès fut complet. Ses ouvrages sont restés manus-
crits, et renfermés dans quatre-vingts cartons lais-
sés à son fils.
Chaudon et Delandine, Nouveau Dict. hist.
107
GAILLARD
108
CAILLARD {Antoine-Bernard), diplomate
firançais, naquit à Aignan (Bourgogne) en 1737,
et mourut à Paris le 6 mai 1807. Ses parents
l'envoyèrent à Paris pour terminer ses études ,
dans un des séminaires renommés de la capitale.
H eut le bonheur de s'y rencontrer avec Turgot,
qui, comme lui, semblait destiné à l'état ecclé-
siastique, qu'ils n'embrassèrent ni l'un ni l'autre.
n trouva dans l'intimité qui s'établit entre eux
la source de sa fortune. Lorsque Turgot fut
nommé intendant de Limoges en 1761, il fit ve-
nir près de lui son ancien condisciple, qui se
forma aux affaires sous la direction d'un aussi
habile maître. Leur amitié, cimentée par une es-
time mutuelle, ne fit que s'accroître. Turgot, pré-
férant l'avancement de son ami à la satisfaction
de le conserver dans son intendance, obtint pour
lui le poste de secrétaire de la légation de Parme,
à laquelle le comte de Boisgelin venait d'être
appelé. Pendamt son séjour à Limoges, Gaillard
avait contracté quelques dettes, que l'état de ses
finances ne lui permettait pas d'acquitter. Tur-
got se chargea de ce soin, et fit de nouvelles dé-
marches pour procurer à son ami une position
plus avantageuse. EUe s'offrit d'elle-même lors-
que le marquis de Yérac fut nomme minisire
plénipotentiaire près le landgrave de Hesse. Il
avait besoin d'un homme capable et intelligent ; il
le trouva dans la personne de Gaillard , qui le
suivit en qualité de secrétaire de légation à
Cassel, à Gopenhague et à Pétersbourg, où le
marquis fut successivement envoyé en 1774,
en 1779 et en 1784. Pendant plus d'une absence
de l'ambassadeur, il remplit les fonctions de
chargé d'affaires près de chacune de ces cours ;
et la manière dont il s'en acquitta lui valut à la
fois la bienveillance du ministre français et la
considération des gouvernements étrangers. En
1785, il reçut une mission secrète pour la Hol-
lande, et l'année suivante le titre de chargé
d'affaires à là Haye, où il résida en 1786 et
1787 ; il fut nommé ministre plénipotentiaire près
des états généraux on 1792, et bientôt après à
la dièîe générale de l'Ernpirc : la guerre de la
première coalition vint le rendre momentané-
ment à la vie privée. Lorsqu'un ordre de choses
plus régulier eut succétié au gouvernement ré-
Yolntionaalre, le Directoire exécutif jeta les yeux
sur lui pour remplir le poste important de mi-
nistre plénipotentiaire à la cour de Berlin. Selon
un témoignage non suspect, « le nouveau mi-
« nistre de France était recommandé par sa pru-
« dence et sa modération , qualités nécessaires
« pour rendre le calme à l'Europe ébranlée... Il
« eut sa première audience du roi le 26 octobre
« (179.5), et fut accueilli avec beaucoup de dis-
« tinction. » Il ne faut donc admettre qu'avec
les restrictions convenables l'anecdote rapportée
par le Moniteur de l'an vi, relative au refus
qu'aurait fait le comte de Gôrtz de jouer au
cercle du roi à la même table que Gaillard,
« parce qu'il était roturier. » On trouve, dans les
Mémoires tirés des papiers d'un homme
d'État (tome 'ni,passim), des renseignements
curieux sur la suite des négociations du ministre
français. Le résultat principal qu'il obtint par
un traité'secret fut le consentement du roi de
Prusse à reconnaître la rive gauche du Rhin
pour lùnite de la répubUque. Mais la Russie
agissant par ses envoyés secrets et par ses am-
bassadeurs en titre pour détacher le roi du sys-
tème de neutralité qu'il avait embrassé, le gou-
vernement directorial crut devoir accréditer près
de la cour de Berlin un négociateur dont le nom
et le titre devaient paraître plus imposants, et il
nomma Sieyes. Jamais choix ne fut plus malheu-
reux : le nom seul d'un tel ambassadeur était
une espèce de défi jeté à l'Europe monarchique.
Aussi la cour de Berlin reçut ce nouvel envoyé
avec une répulsion qu'elle ne prit pas même le
soin de cacher. EUe ne voulut d'abord pas l'ad-
mettre comme ambassadeur, sous prétexte que
les usages de la chancellerie prussienne s'y op-
posaient. Gaillard, avant de quitter Berlin, eut
la générosité de chercher à disposer les esprits
en faveur de son successeur. Nous apprenons
par les Mémoires de l'abbé Morellet, qui avait
beaucoup connu Gaillard, que celui-ci, ayant en-
gagé un ministre du roi de Prusse à montrer
quelques attentions pour Sieyes, en reçut pour
réponse : Non, sans phrase. Parodie cruelle ,
ajouteMorellet, du vote de Sieyes dans le procès de
Louis 'SXl. Mais il est reconnu aujourd'hui que
le vote n'a pas été prononcé en ces termes , et
que les deux seuls mots La mortl sont sortis
de la bouche de Sieyes. Les services de Gail-
lard, déj?i anciens dans la diplomatie active, eu-
rent enfin ieur récompense; il fut appelé au
poste important de chef des archives des rela-
tions extérieures. Un arrêté des consuls du 9
messidor an ix (28 juillet 1801) lui confia par
intérim, le portefeuille du département des af-
faires étrangères, en l'absence de M. de Talley-
rand. Aux talents du diplomate. Gaillard unissait
beaucoup de savoir dans la littérature ancienne
et moderne. Les langues grecque et latine et
celles du nord de l'Europe lui étaient familières.
Il fut un des traducteurs des Essais sur lapliy-
siognomonie de Lavater; la Haye, 1781-1803,
in-4'' , ouvrage toujours recherché. On lui doit
un Mémoire sur la révolution de Hollande
en 1787, inséré par M. de Ségur à la suite de
V Histoire des principaux événements du règne
de Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, dont
il forme le troisième volume. Dans son Tableau
historique de l'état et des progrès de la litté-
rature Jrançaise depuis 1789 (p. 206 et 207),
Ghénier a parlé avec de grands éloges de ce mor-
ceau liistorique. Après en avoir donné une analyse
sommaire , il ajoute « que cet excellent travail
« honorera toujours l'homme habile à qui on le
« doit. » Gaillard a fourni quelques articles au
Magasin encyclopédique publié par Millin. D
avait formé à grands frais une bibliothèque ma-
109
GAILLARD — CAILLÉ
110
gnifiqne, dont il publia lui-même le catalogue
(Paris, Crapelet, 1805, gr. in-S"), tiré seule-
ment à 25 exemplaires sur papier de Hollande.
Après sa mort, il fut réimprimé, pour servir à la
vente de ses livres, qui eut lieu à la fin de 1810.
On regrette de n'y trouver qu'à de courts inter-
valles des notes bibliographiques que, plus qu'un
autre, Gaillard était en étatde rendre intéressantes
ou instructives. J. Lamodreux.
Lettres inédites autographes deTurgot.-^ Magasin en-
cyclopédique, notice sur Gaillard, 1807, tom. III. — Mé-
moires tirés des papiers d'un homme d'État, 1831-1838,
tom. III. — Mémoires de l'abbé Morellet, t. II. — Ta-
bleau historique dé la littérature française depuis 1789,
par Chénier.
GAiLLAV {Jean-Marie), médecin français,
né à Gaillac le 4 octobre 1765, mort le- 8 fé-
vrier 1820. Il étudia à Albi et à Toulouse, entra
chez les frères de la Doctrine chrétienne , et,
après avoir professé avec succès dans plusieurs
collèges jusqu'en 1787, il quitta la congrégation
et s'établit à Bordeaux, où il entreprit l'éduca-
tion de plusieurs jeunes gens. En 1789 il étudia
la médecine, et fut employé en 1794 et 1795, en
qualité de médecin à l'armée des Pyrénées oc-
cidentales , dans les hôpitaux de Bayonne et de
Saint-Jean-de-Luz. En 1796, il retourna à Bor-
deaux, se rendit à Paris en 1803, et s'y fit rece-
voir docteur en médecine. En 1804, il vint se li-
vrer à la pratique à Bordeaux, et y professa
comme il avait déjà fait en 1800. Vice-directeur
de l'école de médecine en 1815, il en fut nommé
directeur en 1819. Ses principaux écrits sont :
3Iémoire stir la gale, suivi de cas de prati-
que de cette maladie; Bayonne, 1795, în-8°;
— Mémoire sur l'asphyxie par submersion;
Bordeaux, 1799, in-8"; — Notice sur la vie et
les écrits de P. Desault; Bordeaux, 1800,
in-8°; — Éloge de J.-C. Grossard; Bordeaux,
1801 ; — Mémoiressurla Dentition ;Jiorâea\Jx,
1801-1802, in-S"; — Medicinas infantilis brevis
Delineatio, cui subjungunttcr considerafiones
qusedam de Infantia et morbis infantilibus ;
Paris, 1803, in-8° ; — Notice sur l'emploi mé-
dical de Vécorce du pin contre les fièvres in-
termittentes; Bordeaux, 1805, in-S" ; — £ssai
sur l'endurcissement du tissu cellulaire chez
les enfants nouveau-nés; Bordeaux, 1805,
in-8"; — Mémoires sur les époques de la mé-
decine; Bordeaux, 1806, in-8°; — Manuel sur
les eaux minérales factices ; Bordeaux, 1810,
in-8"; — Tableau de la médecine hippocrati-
que; 1806, 1811, 10-8"; — Mémoire sur le
cro«;p; Bordeaux, 1812, in-8''; —Notice sur
les glandes sun^énales ; Bordeaux, 1819, in-8';
— Plaintes de la fièvre puerpérale contre les
nosologistes modernes; Montpellier, 1819,
in-S"; —Notice sur Gabriel Tarragua ; Bor-
deaux, 1819, in-8''.
Biographie médicale. — Quérard, la France litt.
CAiLLAVET (iV...,), sieur de Montplaisir,
poêle français, natif de Condom, vivait dans la
seconde moitié du seizième siècle. Après avoir
fait les campagnes d'Italie, il étadia le droit, et
à partir de 1630 il exerça avec succès la profes-
sion d'avocat. L'amour fit de lui un poète. C'est
à l'objet de cette passion que Caillavet adresse
ses vers. Ses oeuvres ont paru pour la seconde
fois à Paris en 1634, in-4°.
Ce Caillavet ne doit pas être confondu avec
un autre poète, le comte de Montplaisir, qui vé-
cut près d'un siècle plus tard.
Conjet, Sibl, franc. — Chaudon et Delandine, Nouveau
Diclionnaire historique.
* CAILLE {André), médecin français , vivait
dans la première moitié du dix-septième siècle.
On a de lui -.Jacobi Sylvii Pharmacopœa, trad.
du français; Paris, 1625, in-12.
Carrère, Bibl. de la médecine.
* cmvIjE. {André), théologien français, vivait
à la fin du seizième siècle. On a de lui : Apologie
contre Pierre Lotton, de Sacriflcio Christi
semel peracto ; 1603, in-S" (sans lieu).
Adelung , suppl. à Jôcher, Àllgem. Gelehrten-Lexicon.
CAILLE {Jean de la), libraire et littérateur
français, né à Paris, où il exerçait le métier d'im-
primeur depuis 1664, mounat dans un âge très-
avancé, en 1720. On a de lui : Description de
la ville et des faubourgs de Paris en vingt-
quatre planches, dont chacune représente un
des vingt-quatre quartiers suivant les divi-
sions faites en 1702 , avec un détail exact de
toutes les abbayes , églises , etc. ; donnée par
ordre de M.d'Argenson, lieutenant de police
de laville de Paris ;Vans, 1714,in-fol. (les plan-
ches ont été gravées avec soin par Scotin le
jeune);— Histoire de l'Imprimei'ie et de la Li-
brairie; Paris , 1689 , in-4°, ouvrage peu exact,
et presque oublié aujourd'hui. L'auteur avait
projeté une nouvelle édition qui n'a jamais paru,
mais pour laquelle il avait réuni beaucoup de
notes. Il les joignit alors après 1694, sous forme
de cartons, aux exemplaires qui lui restaient;
on les distribua à quelques personnes qui avaient
auparavant acheté son ouvrage. Ces additions
sont ce qu'il y a de mieux de tout l'ouvrage,
car l'auteur avait mis à profit l'excellent travail
de Chevillier, bibliothécaire de la Sorbonne, qui
avait paru en 1694.
telong , Bibliothèque historique de la France , éd\t.
Fontette, IV, n" 47957. — Jugler, Bibî. Mst. littér., t. XIl,
p. 2099.
CAILLE (de la). Voy. LA CaILLE.
CAILLÉ ou CAILLIÉ ( René), célèbre voya-
geur français, né le 19 septembre 1799 à Mauzé
(Deux-Sèvres), mort le 17 mai 1838. Il perdit de
bonne heure ses parents, et fut élevé par un oncle
qui fut son tuteur. Lire et écrire formaient tout
le programme de l'école gratuite où fut admis le
jeune orphelin; mais lire et écrire ne sont-ils
pas la clef de toutes les études? Le roman de Da-
niel de Foë, ce Robinson Crusoé, lecture favo-
rite et chérie de tous les enfants , alluma dans
la jeune imagination de René Caillé la première
étincelle de la passion des voyages, passion ar-
dente qui devait faire son destin et sa renommée.
111
CAILLÉ
112
Les immenses lacunes que présentaient les cartes
d'Afrique lui indiquaient un but d'explorations;
et à seize ans , riche de 60 francs et de la pers-
pective d'une vie aventureuse , il partit pour Ro-
chefort. 11 y obtint un passage sur la gabarre la
Loire, qui fit voile pour le Sénégal, de conserve
avec la Méduse , mais qui ne partagea point le
célèbre naufrage de cette malheureuse frégate.
Un autre jeune Français, dont un voyage de dé-
couvertes en Afrique a aussi illustré le nom,
Gaspard MoUien, était, comme l'on sait, un des
passagers de celle-ci. Caillé eut d'abord le projet
de se joindre à l'expédition anglaise de Gray ;
mais une marche forcée de Saint-Louis au cap
Vert , et des conseils d'ami qu'il reçut à Gorée,
l'en détournèrent pour quelque temps. La lec-
ture de Mungo-Park alluma son ardeur : de la
Guadeloupe, où il avait passé, il revint en 1818
à Saint-Louis, et trouva le moyen de s'associer,
comme volontaire, à la caravane qu'Adrien Par-
tarrieu conduisit à travers les pays de Gjolof
et de Foutah dans celui de Bondou, oîi le major
Gray se trouvait perfidement retenu. Tout le
monde sait quelle fut l'issue de cette expédition
manquée, qui, avec celle de Tuckey, a, dit-on,
coûté à l'Angleterre 18 millions de francs. Caillé
revint momentanément en France, pour se gué-
rir de la fièvre et se reposer de ses fatigues.
En 1824, il était de retour au Sénégal, où com-
mandait alors le baron Roger, grand promoteur
de découvertes géographiques : il s'adressa à lui,
et, après quelques difficultés , obtint de cet ad-
ministrateur une petite quantité de marchandises,
pour aller, chez les Maures de la tribu de Berâ-
kerah, apprendre la langue arabe et les prati-
ques du culte islamique, afin de parvenir plus
tard à pénétrer plus facilement dans l'intérieur.
Après un noviciat de huit mois, pendant le-
quel il erra, avec les Maures du désert, de cam-
pement en campement, jusqu'à environ 140
milles dans le nord-est de Podos , il revint à
Saint-Louis solliciter des marchandises pour un
voyage à Tembouktou ; mais il essuya un refus.
Caillé ne fut point abattu. On lui refusait un
passe-port pour se rendre aux établissements an-
glais de la Gambie : il prit à pied la route de
terre, parvint à Gorée et passa de là à Sierra-
Leone, pour faire au gouverneur de Free-Town
l'offre de ce zèle tenace que l'administration
française avait dédaigné; mais il ne fut pas
plus heureux qu'à Saint-Louis. Alors il se fit in-
digotier; et à peine eut-il économisé une somme
de 2,000 fr., qu'il convertit cet argent en mar-
chandises, et se rendit à Kakoudy, où il reprit
le costume arabe, se donnant pour un jeune
Égyptien d'Alexandrie, enlevé dans son enfance
par l'armée française, conduit ensuite au Séné-
gal pour y faire les affaires commerciales de son
maître, puis affranchi, et voulant maintenant
regagner l'Egypte sa patrie, et reprendre le
culte de ses pères.
C'est au moyen de cette fable, quelquefois ac-
cueillie avec défiance, que Caillé a accompli,
sans appui, sans ressources étrangères, une ex-
pédition à travers l'Afrique , à travers cette fa-
meuse Tembouktou à laquelle tant d'hommes
recommandables envoyés par des gouvernements
puissants et riches n'avaient pu arriver. Parti de
Kakoudy le 19 avril 1827, il traversa, en mar-
chant au sud-est, les pays d'Inanké, de Fou-
tah-Gjalo, de Baleya, d'Amana; franchit pour
la première fois le Niger le 13 juin, passa en-
suite à Kankan, à Sambatikila, et atteignit Timé
le 3 août, après une route dans des contrées
complètement inconnues jusqu'alors. H espérait
se joindre à une caravane de marchands qui
allait partir pour Gjény, sur le Djcliba, oii il se
serait embarqué pour Tembouktou; mais de
cruelles épreuves lui étaient réservées. Une large
plaie au pied le retint d'abord forcément en ce
lieu, où bientôt un logement humide, enfumé, et
une nourriture malsaine, développèrent dans
sa bouche l'affreuse maladie du scorbut, qu'ac-
compagnait une fièvre destructive. Ce ne fut
qu'au bout de cinq mois de souffrances, après
avoir perdu une partie des os du palais, que,
grâce aux soins d'une vieille négresse, il re-
couvra assez de santé et de forces pour quitter
ce village, qui avait failli devenir son tombeau.
Reparti de Timé le 9 janvier 1828, il fit en-
core , au nord-nord-est, une longue route com-
plètement neuve pour la géographie, jusqu'à la
ville de Gjény, qu'il atteignit le 11 mars. Là il
s'embarqua sur le Niger, et, après un mois de *
navigation, il parvit enfin à Tembouktou. Il n'y
séjourna que quatorze jours, pressé qu'il était
de profiter du retour d'une caravane qui se ren-
dait dans les États de Maroc. On mit près de
deux mois à traverser le désert : pauvre men-
diant , Caillé était dédaigné , raillé , maltraité ;
mais il supportait tout avec com'age. Après
quelques jours de repos , il se remit en loutc
avec la portion de caravane qui se rendait à
Fez, et il y arriva le 12 août; il gagna de là Ra-
bath, puis Thangen, d'où il retourna en Fi;ance.
Ce fut pour le monde savant une grande hout-
velle, bien inattendue, que celle du débarque-
ment à Toulon d'un Français qui revenait de
Tembouktou : un pauvre jeune homme avait obs-
curément accompli , avec le seul appui de son
courage et de la Providence, cette entreprise oi'i
la mort semblait inévitable, tant elle avait frappe
de victimes depuis un demi-siècle. La Société de
géographie de Paris le reçut à bras ouverts, lui
envoya des secours, lui décerna un prix spécial
de 10,000 fr. promis au voyageur qui aurait vi-
sité Tembouktou , et le couronna une seconde
fois en lui adjugeant le prix de 1,000 fr. destiné
annuellement à la découverte la plus importante.
Le ministre de la marine obtint du roi, pour le
modeste voyageur, la décoration de la Légion
d'honneur, et un traitement attaché à un titre
d'emploi dans l'administration du Sénégal. Le
garde des sceaux autorisa l'impression gratuite
I
113
CAILLE — CAILLET
(14
à riniprimerie impériale de sa relation ( Journal
'l'un voyage à Tembouktou et Jenné, dans
'Afrique centrale, etc.), à laquelle M. Jomard,
le l'Institut, ajouta des remarques géographi-
[ues ; elle parut au commencement de 1830, en
i vol. in-8°. Le ministre de l'intérieur lui pro-
cura, de son côté, une pension annuelle sur les
onds réservés aux savants et aux hommes de
ettres. [Enc. des g. du m.]
Bulletin de la Soc. do géographie de Pai'is. — Biogr.
aintongeaise.
CAiLLEAU {André-Charles), imprimeur et
ittérateur français, né le 17 juin 1731, mort à
'aris le 19 juin 1798. « H a plus travaillé, dit
évèrement l'auteur des Trois Siècles littérai-
es, à remplir sa boutique qu'à se procurer du
ébit. On a de lui un millier d'ouvrages, et leur
itre seul dépose contre eux, » D fit aussi jouer
iir les petits théâtres des pièces qui eurent quel-
ue succès. Ses principaux ouvrages sont : l'Art
e deviner, ou la Curiosité satisfaite ; Paris,
753, in-12; — Poissardiana, ou les Amours
e Royal-Vilain et de mademoiselle Javotte,
édié à monseigneur le Mardi- Gras; Paris,
756, in-12; — les Philosophes manques, co-
lédieen un acte et en prose; 1760; — les Ori-
inaux, oa les Fourbes punis, 3 actes ; 1760;—
s Tragédies de Voltaire, comédie en un acte
t en prose; 1766; — Osaureus, ou le Nouvel
bailard, comédie en un acte et en prose , trad.
eRabener; 1761; — Za Bonne Fille, oa le Mort
ivant; 1163; — Calendrier des lois de la
"rance; Paris, 1763, in-18; — Spectacle his-
jrique, ou Manuel des principaux événe-
lents tirés de l'Histoire universelle ; Paris,
! vol. in-12 ; — l'Espièglerie amoureuse, ou VA-
mur matois , opéra tragi-comico-poissard un
cte; 1764; — les Soirées de la campagne,
u Choix de Chansons grivoises, bouffonnes
t poissardes ; Paris, 1766, in-12 ; — le Waux-
all populaire, poëme grivois en 5 chants;
769, in-12; — la Muse errante au Salon,
u Apologie critique des peintures ; Paris, 1771,
1-12; — Étrennes historiques ; Paris, 1774 et
775, 2 vol. in-12 ; — Lettres et Épltres amou-
euses d'Héloïse et d'Abailard; Paris, 1781,
vol. in-12; ibid., 1796, 3 vol. in-8°; — Auto-
latie des animaux, suivie de quelqties Ré-
'.exions sur l'agriculture et le mahométisme,
ar un partisan de Descartes; Paris, 1785,
1-12; — Dictionnaire bibliographique, histo-
ique et critique des livres rares; Paris,
790, 3 vol. in-8°, ouvrage dont Duclos avait
)urni la matière; Brunet en adonné en 1802
n supplément ; — Chefs-d'œuvre de poésies
hilosophiques et descrip'tives des auteurs
)Ui se sont distingués dans le dix-huitième
%ècle; Paris, 1801 , 3 vol. in-16, ouvrage pos-
ùume; — le Veuvage de Figaro , coiûsAk en
actes et en prose ; 1785.
iïj Quérard, la France littéraire.. — Pigault-Lebrun,
j t Enfant du Carnaval.
CAïLiiEAU ( Gilles-Jean), théologien français,
de l'ordre des Frères Mineurs, vivait dans la pre-
mière moitié du seizième siècle. On a de lui :
Recueil de toutes les veufves femmes , tant
du Viel que du Nouveau Testament , les-
quelles ont vécu sous la règle de saint Paul;
— une traduction française de quelques lettres
de saint Basile et de saint Jérôme.
Le P. Jean de Saint-Antoine, Biblioth. franciscana.
CAILLET (Quillaume), sarnommé Jacques
Bonhomme, paysan français, chef de révolution-
naires, né àMello en Beauvoisin, vivait dans la
seconde moitié du quatorzième siècle. Il fut le
chef des Jacques qui en 1358 se soulevèrent dans
la France septentrionale, particulièrement contre
les nobles chevaliers et écuyers. Pour bien se
rendre compte de ce grand mouvement popu-
laire, il importe de remonter à la cause, c'est-
à-dire à létat de la France, telle que la faisaient
les dévastations des nobles et des bandes pillar-
des qui la désolaient. « Les paysans ne dormaient
plus, a dit un historien moderne (M. Michelet);
ceux des bords de la Loire passaient les nuits
dans les îles ou dans des bateaux arrêtés au
milieu du fleuve; en Picardie, les populations
creusaient la terre et s'y renfermaient;.... les
familles s'y entassaient à l'approche de l'ennenù ,
les femmes, les enfants y pourrissant des se-
maines, des mois, pendant que les hommes al-
laient timidement, au clocher, voir si les gens de
guerre s'éloignaient de la campagne. » La faim
et toutes les tortures qui l'accompagnaient, tel
était donc l'état normal des villes et des campa-
gnes. Froissart lui-même en convient : « Mou-
roient les petites gens de faim , et c'estoit grand'
pitié ; et dura cette dureté et ce cher temps plus
de quatre ans. » Il n'y avait en effet à manger
que dans les châteaux ; le peuple courut donc aux
châteaux, et Froissart, dans son chapitre Com-
ment les communes du Beauvoisin et en plu-
sieurs autres parties de France mettoient à
mort tous gentilshommes et femmes qu'ils
trouvoient , ajoute : « Ainsi firent-ils en plu-
sieurs chasteaux, et multiplièrent tant qu'ils fu-
rent bien six mille; et partout là où ils venoient,
leur nombre croissoit; car chacim de leur sem-
blance les suivoit. Si que chacun chevalier;
dames et escuyers, leurs femmes et leurs enfants,
les fuyoient ; et emportoient les dames et les de-
moiselles leurs enfants six ou vingt lieues de où
ils se pouvoient garantir, et laissoient leurs
maisons toutes vagues et leur avoir dedans ; et
ces meschants gens, assemblés sans chef et sans
armures, roboient et ardoient tout , et tuoient et
efforçoient et violoient toutes dames et pucelles,
sans pitié et sans mercy, ainsi comme chiens
enragés. ■» Du Beauvoisin, l'insurrection s'éten-
dit à l'Amiénois, au Ponthieu, au Noyonnais,
au Soissonnais, à la Brie, enfin à l'Ile de France.
Elle dévasta tout, depuis l'embouchure de la
Somme et les rives de l'Yonne. Plus de soixante
forteresses furent détruites dans le Beauvoisin
et l'Amiénois , plus de cent dans le Valois et les
115
CAILLET — CAILLEUX
IIQ
diocèses deLaonet de Soissons. Les châteaux de
la maison de Montmorency eurent le même sort.
La duchesse d'Orléans se réfugia de Beaumont-
sur-Oise à Meaux, où se trouvaient déjà la du-
chesse de Normandie et plus de trois cents no-
bles dames et demoiselles, qui s'y étaient reti-
rées, « de peur d'être violées et par après meur-
tries par ces méchantes gens. »
Leurs appréhensions n'étaient que trop fon-
dées. C'était une guerre de représailles autant
que de désespoir. « On tuoit jusqu'aux petits
enl'ants qui n'avoient point encore fait de mal, »
dit le continuateur de Nangis. Les nobles n'es-
sayèrent pas d'abord de se défendre; mais bien-
tôt ils reprirent l'offensive. Les Jacques et les
Parisiens venus à leur secours ayant attaqué la
marche de Meaux , ils furent défaits par le captel
de Buch et Qaston Phœbus, comte de Foix; et
dès lors la fortune se déclara contre eux. <c Les
vilains, qui estoient, dit Froissart, noirs et petits,
et très-mal armés, " ne purent lutter contre ces
chevaliers bardés de fer. La réaction fut terrible :
« Les gens d'armes les abattoient à grands mon-
ceaux; ils en tuèrent tant, qu'ils en estoient
tout lassez , et les firent saillir en la rivière de
Marne ; ils en mirent à fin plus de sept mUle. »
Le roi de Navarre Charles le Mauvais, dont
quelques gentilshommes avaient été massacrés
par les insurgés , en tua plus de trois mille.
Leur chef, Guillaume Caillet, et quelques autres
étant entrés dans le camp du roi pour solliciter
son amitié, il répondit à leur avance en les l'ai-
sant pendre. Ainsi finit cette levée de boucliers
(Jacquerie), qui rappelle la guerre des paysans en
Allemagne. V. R.
Froissart, Chronique. — Michelet, Hist. de France. ]—
Henri Martin, Hist. de France. — Sismondi, Hist. des
Français.
CAILLET {Bénigne), littérateur français, né
à Dijon vers 1644, mort à Paris en 1714. 11 pro-
fessa au collège de Navarre. Il a laissé des Poésies
latines et françaises imprimées, et plusieurs
ouvi'ages restés manuscrits, que l'on conserve, en
2 vol. in-8°, dans la Bibliothèque impériale. On y
remarque : les Saints Amants , ou le Martyre
de sainte Justine et de saint Cyprien,ttagé-
die ; — le Mariage de Bacchus, opéra en 5 actes ;
— Saint Bénigne;— la Pastorale, comédie en
3 actes; — les Mariages inopinés, comédie en
5 actes ; — la Loterie, comédie en un acte ; —
les Vacances des Écoliers, comédie en 3 actes.
Maupoint, Bibl. des Théâtres. — Papillon, Bibl. des
Auteurs de Bourgogne.
* CAILLET {Nicolas), jurisconsulte français ,
vivait au seizième siècle. Il étudia le droit sous le
célèbre Cujas, et profita des leçons d'un si habile
maître. ÉtabhàGuéretcorame avocat, il publia en
1573 un commentaire sur les lois municipales, ou
sur les coutumes du pays et comté de la Marche,
sous le titre de Commentarii in leges Marchiœ
[municipales ;Vax\i, l'Huillier, in-4". ColUn {Le-
mov. mult. erud. illustres ) assure que cet ou-
Wrage est fort savant. Coutiunier de Fournoue,
compatriote de Caillet et très-bon juge en cette
matière, prétend auj contraire {Coutume de la
Marche) que le ti'avail de Caillet est quelquefois
défectueux.
Biogr. des hommes illustres du Limousin. ^ LclOQg,
Bibl. hist. de la France,
CAILLET {Paul), écrivain provençal de la
première moitié du dix-septième siècle. On pos-
sède peu de renseignements sur lui : il fit impri-
mer à Orange , en 1635 , un volume intitulé le
Tableau du Mariage, représenté au naturel^
enrichi de rares curiosités, figures et emblè-
mes. Ce livre, auquel son titre procura l'honneui
d'être foit recherché des bibliophiles, n'est poini
un ouvi'age de médecine, comme ledit \à Biogra-
phie universelle , ni un écrit facétieux, comm(
l'ont cru quelques faiseurs de catalogues qui n(
l'avaient pas ouvert : c'est un traité fort sérieu)
de morale et de jurisprudence. L'auteur, après
avoir recherché quelles sont les fins du mariage
et exposé les raisons qui pouri-ûient empêcher d(
contracter cette union, conclut qu 'il convient d'ob
tempérer à la volonté de l'instituteur du ma-
riage, et à l'ordre établi par la nature pour li
conservation de l'espèce humaine.
Dufour, Qttestions illustres, ou Bibliothègue des livre
singuliers en droit, 1813, p. 173.
CAILLETTE (....), fou de cour français, vi
vait dans la première moitié du seizième siècle
Il occupait, dans l'histoire des fous de cour, um
place à part, en ce qu'il cumulait la folie et l'i
diotisme. Triboulet, qui, comme lui, fut le fou d
François F", se posait parfois en homme politi
que,; Caillette, lui, ne visait pas si haut ; il se bor
nait à l'emploi de souffre-douleur. Des page:
lui ayant un jour cloué l'oreille à un poteau, i
se crut condamné à garder cette position jus
qu'à la fin de ses jours. Interrogé sur les auteur
du méfait , il répond qu'il ne les connaî t pas
puis on lui amène les pages, et on les confront
avec lui : « Je n'y étais pas, » dit chacun d'eux
et Caillette de répondre à son tour : « Je n';
étais pas non plus. » Il est question de lui dan
les contes de Bonaventure des Perriers. La. Ne
desfolz, en vers français (1497), le fait vivre e
1494, ce qui a pu faire croire à le Duchat qu'
y eut deux Caillette. On trouve aussi la mentio
de Caillette dans Érasme et Rabelais. Dreuv d'
Radier le compte parmi les fous en titre; et, d
nos jours, un ingénieux écrivain le l'ait figure
dans un de ses romans.
Bonaventure tles Perriers, Nouvelles récréations <
Joyeux devis. — Le Duchat, OEuvres. — Ureux du Ha
dier, Bibl. hist. du Poitou. — Le bibliophile Jacob, It
Deux Fous. — La fia et Trépasscment de Caillette, ic
8°, gothique; Paris, 1833.
CAILLEUX { François -Marie), marchani
rubaniei', né en 1761, se fit affilier aux jacobins
devint bientôt après officier municipal, et fu
chargé en cette qiialité de veiller sui' les prison
niers du Temple. Ilfut ensuite envoyé dans le d<i
parlement de l'Eure, signala son zèle contre le'
fédéralistes, revint à Paris, et fut nommé à l'ad'
rainistration de la police, où il siégea jusqu'aprè
117 CAILLEUX
!e 9 thermidor. A cette époque il fut emprisonné,
oui» relâché au bout de quelques mois ; mais il
^'associa à toutes les tentatives du parti monta-
gnard, fut Impliqué dans la conspiration du camp
le Grenelle, et condamné à mort le 19 septem-
)re 1796. Il était alors âgé de trente-cinq ans.
Lo Bas, Dict. eneyc. de la France.
*CAiLLiAVD {Frédéric), célèbre voyageur
rançais, est né à Nantes en 1 787, et vint en 1 809 à
'aris, pour y étudier la géologie et la minéralogie,
^oulantisatisfaire son goût pour les voyages, il vi-
itâ différents pays, la Hollande, l'Italie et la Si-
ile, une partie de la Grèce, la Turquie d'Europe
t d'Asie, et se rendit, au mois de mai 1815, en
■,gypte, où il fut bien accueilli par Méhémet ou
lohamraed-Ali, et bientôt chargé par lui de faire
es voyages de découvertes le long du Nil et
ans les déserts qui l'avoisinent. M. Cailliaud pé-
étra dans la Nubie, et explora les monuments
\ u'on y trouve entre les deux dernières catarac-
îs. Puis, « avant de pénétrer dans les déserts de
ouest, dit M. Jomard dans l'avant-propos du
"oyage à l'oasis de Thèbes, M. Cailliaud, favo-
isé par un hasard heureux, avait découvert, au
lontZabarah, les fameuses mmes d'émeraude
ul n'étaient connues que par les passages des
uteurs et par les récits des Arabes. Presque en-
èrement oubliées depuis un grand laps d'an-
ées, elles restaient stériles pour les gouverne-
;ients du pays. Le voyageur les retrouve presque
ans l'état où les avaient laissées les ingénieurs
, es rois Ptolémées ; il pénètre dans une multi-
ude d'excavations et de canaux souterrains pra-
liqués jusqu'à une grande profondeur, où quatre
|ents hommes ont pu travailler à la fois ; il re-
lonnaît des chaussées et de grands travaux ; il
loit, dans les mines, des cordages, des paniers
intiques, des leviers, des outils, des meules, des
lases, des lampes abandonnées; il observe les
Tocédép de l'exploitation des anciens, procédés
lès-peu connus jusqu'à présent; enfin il conti-
|ue lui-raéme l'exploitation, et rapporte à Moham-
lied-AH-Pacha jusqu'à dix livres d'émeraude.
['uis il trouve tout près de là les ruines d'une pè-
te ville habitée jadis probablement par les mi-
eurs, et, au miheu de la ville, des temples gréco-
gyptiens, avec des inscriptions fort anciennes. »
I. Cailliaud fit ensuite la découverte d'une des
nciennes routes de commerce de l'Inde par l'É-
ypte ; il apprit des Arabes de la tribu des Abad-
eh, et de la tribu des Bicharyeh, qu'elle se ren-
aît à une ville très-étendue, bâtie sur les bords
e la mer Rouge et aujourd'hui ruinée (Béré-
ice?), environ sous le 24® degré de lat., auprès
e la montagne d'Elbé. M. Cailliaud passa neuf
ois à Thèbes, et se procura beaucoup d'objets
ares, conservés dans les hypogées de cette grande
ille. Il a mis toujours un grand soin à observer
îs montagnes, l'état du sol en général, les eaux
herraales, etc. ; il a décrit avec exactitude les
aofHirs et les costumes des habitants, dressé un
itinéraire soigné, dessiné les monuments et copié
CAILLIAUD
118
les inscriptions, entre autres une de soixante-six
lignes, plus étendue que l'inscription de Rosette,
mais d'une époque plus récente.
Vers la fin de février 1819, M. Cailliaud fut de
retour à Paris avec sa collection d'antiquités, un
riche portefeuille, des plans, des inscriptions, et
son journal. Le ministre de l'intérieur, sur le
rapport d'une commission , fit acheter le porte-
feuille et la collection d'antiquités, et confia tous
ces matériaux à M. Jomard, pour les rédiger et
les publier sous une forme qui pût faire de cette
relation une digne continuation du grand ouvrage
sur l'expédition d'Egypte. Le Voyage à l'oasis
de Thèbes et dans les déserts situés à l'orient
et à V occident de la Thébaïde, fait pendant
les années 1815, 1816, 1817 et 1818, parut en
1821, en 2 vol. grand in-fol.,dont l'un de texte et
l'autre de planches; Paris, Treuttel et Wiirtz.
M. Cailliaud était retourné en Egypte dès l'an-
née 1819 pour faire de nouvelles découvertes, et
avec une mission du gouvernement. Accompagné
de M. Letorzec, il parvint, le 10 décembre 1819,
à la ville de Syouah , après une marche pénible
de dix-huit jours à travers les déserts situés à
l'occident de l'Egypte. Un habitant de la ville,
qu'il avait rencontré dans la province de Fayoum,
lui servit de guide et d'interprète, et un firman
du pacha lui prépara les voies. Le Voyage à
Voasis de Syotiah, formant 1 vol. in-fol. avec
beaucoup de planches, a été de même rédigé et
publié par M. Jomard (Paris, 1823, chez Treuttel
et Wiirtz ), avec les matériaux que lui commu-
niqua le voyageur lorsqu'il revint en France en
1822. Mais laissons-le parler lui-même, pour con-
naître les travaux qu'il entreprit après celui dont
il vient d'être question : « En mars 1820, dit-il,
je revenais de visiter les oasis et les restes du
célèbre temple d'Ammon ; j'avais parcouru du-
rant quatre mois ces vastes déserts, que l'on
peut regarder coniTne deg mers de sable, au mi-
lieu desquelles s'élèvent des îles tapissées de
verdure, lorsque les bruits d'une expédition que
le pacha préparait pour la haute Nubie parvinrent
jusqu'à moi. Dès ce morhent tous les vœux que
je formai tendirent à faire ce voyage; le souve-
nir de la fameuse Méroé vint électriser mes sens ;
je quittai tout pour me rendi'e au Caire : là j'ob-
tins de Mohammed- Ali-Pacha la faveur d'accom-
pagner son fils Israayl dans cette expédition. »
Il dépassa de plus de cent lieues l'emplacement
où gisent les débris de l'antique splendeur de
Méroé, et arriva presque au 10® degré de lati-
tude : ce fut le terme des rapides conquêtes du
jeune pacha, qui, peu de temps après, -périt à
Méroé. M. Cailliaud publia lui-même les résultats
de son exploration sous ce titre : Voyage à Mé-
roé, au fleuve Blanc, au delà deFazoql, dans
le midi du royaume de Sennâr, à Symiah et
dans les cinq autres oasis, fait dans les an-
nées 1819, 1820, 1821 et 1822; Paris, 1826 et
1827, 4 vol. in-8° , avec cartes et planches in-fol.
De son dernier voyage, M. Cailliaud rapporta en
Ï19
CAILLIAUD — CÀILLOUETÉ
125
France une momie qu servit très-utilement aux
savantes recherches de Charapollion jeune. Enfin,
le dernier ouvrage de M. Cailliaud , ouvrage de
luxe, dédié au roi, et accompagné d'une multi-
tude de planches coloriées représentant surtout
des objets d'art et des ouvriers exerçant leur
profession, parut en 1831, sous le titre suivant :
Recherches sur les arts et métiers, les usages
de la vie civile et domestique des anciens peu-
ples de l'Egypte, de la Nubie et de V Ethiopie,
suivies de détails sur les mœurs et coutumes
des peuples modernes des mêmes contrées;
Paris, Treuttel et Wùrtz, petit in-fol. M. Cail-
laud vit depuis longtemps retiré à Nantes, sa
ville natale. \_Enc. d. g. du m.]
Rabbe, Boisjolin et Sainte-Preuve, Biographie des Con-
lemy. — Quérard , suppl. à la France littéraire.
CAILMÉ. Vay. Caillé.
CAiLLiÈRES. Voy. Callières.
CAILLOT {Antoine), littérateur français,
né vers 1757, mort vers 1830. Obligé de sor-
tir de France en 1791, il n'y revint que pour y
être arrêté en 1794, Compris, cinq jours avant la
chute de Robespierre, parmi les condamnés à la
peine capitale, il ne fut sauvé que parce que le
guichetier désigna et fit transporter à sa place
un autre prêtre. Après le 9 thermidor, il se fit
successivement" maître de langues, libraire et
auteur. Parmi ses écrits, dont la liste est longue,
nous ne citerons que : le Metour de la Paix,
poëme en forme de dialogue; Paris, 1801, in-8°;
— Étrennes à la grande-armée, ou Recueil des
traits les plus intéressants des défenseurs de
la patrie; 1807, in-8''; —Histoire d'un Pen-
sionnat de jeunes demoiselles, ou Tableau des
7'ésultals d'une simple éducation; 1808, 2 vol.
in-12; — le Rousseau de la Jeunesse; 1808,
in-12; — le Voltaire de la Jeunesse; même
année, in-12; — Voyage autour de ma biblio-
thèque; 1809, 3vol. in-12; — le Rollin delà
Jeunesse, 1809, 2 vol. in-12, et 1816 ; — Diction-
naire portatif de la littérature française;
1810, in-8°; — Précis de l'Histoire de France,
depuis 1789 jusqu'en 1812; 1812, in-i2; — le
Crévier de la Jeunesse, ou Choix des traits
les plus intéressants de l'Histoire des empe-
reurs romains; 1813, in-12 ; — Précis de l'His-
toire de Russie; 1813, in-12; — Abrégé du
Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, de l'abbé
Barthélémy; 1819, 2 vol. in-12; — Beautés na-
turelles et historiques des îles, des montagnes
et des volcans, avec une introduction ; 1822,
in-12 ; — Beautés de la Marine , ou Recueil
des traits les plus curieux concernant les
marins voyageurs et les marins militaires des
temps modernes]; 1823, 2 vol. in-12; —Beautés
des trois règnes de la nature, recueillies des
écrits des naturalistes modernes; 1823, 2 vol.
in-12,
Beuchot, Journal de la Librairie, table de 1814. —
Quérard , la France littéraire.
CAILLOT (Joseph), célèbre acteur de l'an-
cien Opéra-Comique, né à Paris en 1732, ma
le 30 septembre 1816. Fils d'un orfèvre qui fi
arrêté pour dettes, il fut, à l'âge de cinq ans
recueilli par des porteurs d'eau , qui le nourri
rent jusqu'à ce que son père fût sorti de prisoin
Celui-ci, ayant obtenu une place subalterne danr
la maison du roi, le suivit en Flandre et y men i
son fils, dont l'esprit, la gentillesse et la job
figure intéressaient tous les officiers générau)
Le duc de Villeroi le prit en affection, et le pw
senta à Louis XV: « Comment t'appelles-tu? » h
dit ce prince. — « Sire, je suis le protecteur d
duc de Villeroi, » répondit l'enfant, en voular
dire tout le contraire. Le roi rit de cette naïvet(
et attaclia le petit Caillot au spectacle des petit
appartements, pour jouer les Amours et les jeune
pâtres. La voix de Caillot ayant mué , il perdi
sa place ; et, après avoir joué en divers endroit
l'opéra-comique, il débuta, le 26 juillet 1760,
la Comédie italienne, et y fut reçu la mèm
année. Une figure expressive, une taille avanta
geuse, un débit gracieux et simple, un jeu plei
d'enjouement et. de vérité, une voix de basse
taille ronde et forte, mais en même temps s
étendue et si flexible qu'il chantait sans effor
la haute-contre, telles furent les qualités qui mé
ritèrent à Caillot la faveur constante du public
« Caillot, dit le baron de Grimm, était sublimi
« sans effort ; et son talent, qu'il gouvernait i
« son gré, était, sans qu'U s'en doutât, plus ran
« peut-être que celui de Lekain. Ce fut Gar
« rick qui lui apprit qu'il serait acteur quand i
« voudrait. » Ses succès dans le genre pathéti-
que furent aussi étonnants que rapides, et i
porta depuis dans plusieurs rôles cette profond»
sensibilité dont il était pénétré. Il créa ceu3
du Sorcier, de Mathurin, dans Rose et Colas.
du Déserteur, du Huron, du Sylvain, etc. Mais
il était surtout inimitable dans les rôles de Lu-
bin, dans Annette et Lubin; de Biaise, dans
Lucile; et de Richard, dans le Roi et le Fer-
mier. 11 quitta le théâtre en 1772, et se retira
ensuite à Saint-Germain en Laye. En 1800, l'Ins-
titut de France l'admit au nombre de ses cor-
respondants pour la classe des beaux-arts. Son
fils, major d'un régiment, périt à vingt-huit ans
dans la campagne de Moscou, en 1812. La dou-
leur de cette perte causa au vieillard une attaque
de paralysie qui le força de revenir à Paris, où
il mourut dans sa quatre-vingt-quatrième année.
Le Bas , Dictionnaire encyclopédique de la France. —
Correspondance de Grimm. — Annales du Thecitre-
Italien.
*CAiLLOUETÉ { Louis-Dcnis ) , sculptemii
français contemporain, né en 1791. Élève de Car-
tellier, il a exposé, en 1822 : un Buste de RtiiS'
daël; les 3lathématiques, bas-relief pour le mo-
nument de la Bastille, commandés tous deux par
le gouvernement; — en 1824, la Vierge, Psy-
ché abandonnée ; — en 1827 , l'Architecture,
bas-relief en marbre qui décore le grand esca-
lier du Louvre; — en 1840, sainte Elisabeth-
21
CAILLOUETÉ — GAIN
[:s bustes du marquis de la Galissonnière et
Il marquis de Toiras; — en 1847, la Vierge
; l'Enfant Jésus ; — Eucharis ; — Marie de
lédicis, statue en marbre placée dans le jardin
(^[ii Luxembourg; — buste de Cortot, et trois
II] lires bustes. P. Cn.
f\, Gabet, Dictionnaire des artistes. — Livrets des Salons.
|![ CAiLLT (Charles), né en 1752 à Vire, dé-
j irtemeut du Calvados; mort on J821. Il fut
I )mmé en ,1790, après avoir rempli honora-
ement quelcpies fonctions administratives, com-
issaire du directoire près les tribunaux de
len. Destitué après le 18 fructidor an v, il fut
)mmé, l'amiée suivante, député du départe-
ent du Calvados au conseil des anciens, dont
devint un des secrétaires quelques mois plus
rd ; il y fit un rapport sur le notariat, et appuya
I > droits de la république sur les successions
s émigrés. Cailly n'exerça plus ensuite que
s fonctions judiciaires; le 24 avril 1800, il fut
pelé à la présidence de la cour de Caen. Il y
t, sous l'empire, un des présidents de chambre,
iiclions qu'il conserva sous le gouvernement
yal jusqu'en 1819. Son principal ouvrage est
Dissertation sur le préjugé qui attribue
IX Égyptiens Vhonneur des premières dé-
uvertes dans les sciences et les arts ; lue
ins une séance publique de l'Académie de Caen ,
:1e fut imprimée en 1802, in-8°.
|Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. —
lihui, JVécrol. — Quérard, la France littéraire.
'CAILLT (Jacques ue), seigneur de Ruilly,
lus connu sous le nom de d'Aceilly, anagramme
II sien, né à Orléans en 1604, mort en 1673.
lentilbomine ordinaire du roi, il fut admis dans
brdrede Saint-Michel le 8 mars 1656, et fut
\i nombre des cent chevaliers que Louis XTV
|»nfirma par son ordonnance du 12 janvier 1665.
a publié, sous le titre de Diverses petites poé-
es du chevalier d'Aceilly, Paris, 1667, in-12,
1 recueil qui eut beaucoup de succès, et dont le
. Bouhours parle avec éloge dans la Manière
3 bien penser dans les ouvrages d''esprit, où
cite cette épigrarame faite, dit-on, contre Mé-
pge:
Alfana vient A'equus, sans doute ;
Mats il faut convenir aussi
Qu'en venant de là Jusqu'ici,
11 a bien changé sur la route.
De Cailly se disait allié de la famille de«eanne
Arc. Ses poésies ont été plusieurs fois réimpri-
lées, notamment avec le Voyage de Chapelle;
msterdam, 1708, in-8° ; et dans le Recueil de
ïèces choisies, tant en prose qii'en vers (par
Monnoye);la Haye, 1714, 2 vol. in-12. Un
loix de ces poésies est inséré dans la jolie Col-
'ction de petits classiques français, pubUée
àr Charles Nodier; Paris, 1825-1827, 8 vol.
:t-16. E. Regnard.
(Goojet, Bibl. franc. — Charles Nodier, Avant-propos
> tête des diverses petites poésies du chevalier d'A-
îllly. — Erunet, Manuel du Libraire.
*CA1LLY (Pierre), littérateur français. On
Mt seulement qu'il était professeur d'éloquence
122
et de philosophie à Caen. On a de lui : Du-
rand commenté, ou V Accord de la philosophie
avec la théologie, touchant la transsubstan-
tiation ( condamné par l'évêque de Bayeux);
— Différents écrits contre les jésuites. Ces
deux écrits sont sans date ni lieu.
Histoire de la ville de Rouen, tome II, p. 251.
CAÏM-BiAiHZiLLAH (Ahmed), vingt-sixième
khalife abbasside, fils de Cadir-Billah , mort le
30 mars 1075 de J.-C. ( 10 de chaaban 467 de
l'hégire). Il succéda à Cader-Billah. Ce fut sous
son règne qu'eut lieu la révolution qui devait
élever les Seldjoukides au khalifal de Bagdad.
Le véritable fondateur de cette dynastie, Thogrul-
Beg, venait de conquérir la Perse. Caim im-
plora son appui contre l'émir Elamrola, révolté.
Thogrul entra dans Bagdad en 1055 malgré les
habitants, et s'empara de la personne et de l'em-
ploi de l'émir rebelle. Bientôt les Seldjoukides
devinrent si puissants qu'en 455 Thogrul épousa
la fille du khalife. A sa mort, son neveu Alp-
Arslan prit le titre de sultan. Quant à Caïm , il
régna paisiblement sous la tutelle de Alp-Ars-
lan et de Melek-Schah jusqu'à sa mort.
.•«.Naei des Vergers, Arabie (dans VUniv. pitt.).
*CAiMO (if'rançoîs ),httérateui' italien, né à
Milan dans la seconde moitié du quinzième
siècle ; mort après 1544. Issu d'une famille noble,
il entra dans l'ordre des chevaliers de Saint- Jean,
et fut plus tard chambellan du pape Adrien VI.
On a de lui de Vita solitaria; Milan, 1498 , in-
fol., avec préface en forme de lettre; et une édi-
tion de Pétrarque.
Siii.Hist. Tijpogr. Mediol., p. £22. — Argellati, Bibl.
Mediol., p. 1855.
*CAi3io (/^rdme), jurisconsulte italien, né à
Milan dans la seconde moitié du seizième siècle,
mort à Madrid en 1627. Issu de la même fa-
mille que le précédent , il fut reçu , en 1582, au
nombre des jurisconsultes de sa ville natale,
et parvint successivement aux dignités les plus
élevées de la magistrature. Il fut à la fin délégué
par la ville de Milan près du roi d'Espagne à
Madrid, où il mourut. On a de lui : Tractatus de
regia Visitatione, ad usum Régis Catholici (in-
séré A?lxï¥, Franc. Maredei Observation, pract.;
Naples, 1705, in-fol.); — Allegationes et Con-
silia (en manuscrit).
ArgeUati, Bibl. Mediol.
CAÏN OU RAÏS, fils aîné d'Adam, ou second
homme de la création, selon la Genèse. L'histo-
rien Josèphe, qui paraît avoir puisé à des tradi-
tions antiques distinctes , dit que ce mot signifie
Possession ou propriété, et celui d'Abel Deuil,
sans doute d'après sa fin malheureuse. Les mo-
dernes (1) veulent, au contraire, que le premier
nom signifie batteur ouforgeuràe fers, elle se-
cond, souffle ou ombre. Caïn fut le premier culti-
vateur, parce qu'il était méchant, ajoute Josèphe,
et n'avait en vue que le lucre ; tandis qu'Abel était
(1). Voy. Résumé de leurs recherches, par J.-J.-W. Jer-
vis; Londr.,1852, in-S», p. 98.
123 GAIN
pasteur. Les Arabes préfèrent sans doute la vie cateur des instruments
pastorale à la vie agricole; mais la Genèse ne
condamne pas celle-ci. Il est vrai que l'offrande
faite par Caïn au Seigneur en fruits du sol fut
repoussée, tandis que celle d'Abel, qui consistait
dans les premiers-nés de ses troupeaux et dans
leur graisse, fiit accueillie. Josèphe attribue la
préférencedu Seigneurà cette raison, que les dons
d'Abel étaient naturels, tandis que ceux de
Caïn venaient de l'industrie de l'homme, et de
la violence faite à la terre par son avarice. Saint
Paul, dans l'épître aux Hébreux, si toutefois elle
est de cet apôtre, en donne une raison plus mo-
rale : c'est que l'offrande d'Abel était dictée par
la foi, et celle de Caïn par la coutume seule-
ment. Cet usage fut dès lors introduit chez la
race humaine pour le culte dû au Créateur. La
jalousie fit de Caïn le meurtrier d'Abel, quoique
Jéhovah eût voulu l'apaiser, en lui disant que,
s'il se conduisait bien, il aurait la prééminence,
et en le menaçant , s'il faisait le contraire , de le
punir de son crime. Caïn est le premier fratricide
connu. Jévohah, même en dehors du paradis, d'où
il avait expulsé Adam et sa famUle, conversait
encore en personne avec les hommes. Il demanda
à Caïn ce qu'il avait fait d'Abel ; et sur sa ré-
ponse évasive il lui reprocha son crime, et ce-
pendant ne le punit pas de mort : au contraire,
eur la crainte manifestée par Caïn, que désor-
mais il ne fût tué par les bêtes féroces, puisqu'A-
bel paraît être mort sans postérité (1), Jéhovah lui
garantit la vie sauve , au moyen du signe de ma-
lédiction qu'il imprima sur son front. Cette ma-
lédiction, il la prononça en ajoutant que la terre ,
qui avait reçu le sang et le corps d'Abel , ne lui
donnerait plus ses fruits. De plus, selon Josèphe,
sa postérité fut maudite jusqu'à la septième gé-
nération ; mais, selon la Genèse , c'est le meur-
trier de Caïn qui dut être puni au sextuple.
Alors Caïn fut chassé ( avec sa femme, selon
Josèphe, qu'il avait sans doute épousée dans
une autre race que celle d'Adam, auquel la Ge-
nèse ne donne pas de filles) de la présence de Jé-
hovah, et relégué dans la terre de Noh, dans
l'est d'Éden. Josèphe ajoute qu'il y construisit
Naïd, et en fit la résidence de sa famille. La Ge-
jîèse donne à la ville qu'il bâtit le nom de Kha-
iioch ou Anoch, qui était celui de son fils. La Ge-
nèse ne parle que de la descendance de celui-ci,
quoique Josèphe donne à Caïn plusieurs fils, et
suppose qu'il a été en contact avec une autre
population qu'il opprima , et aux dépens de la-
quelle il s'enrichit beaucoup par la violence, la
rapine et les brigandages. Dérogeant à la simpli-
cité de la vie primitive, il inventa les poids et
mesures, divisa les propriétés, et força ses servi-
teurs à construire les murailles d'une ville. La
Genèse n'entre pas dans ces détails, et se borne
à déûnir la postérité d' Anoch.
Lamech, l'un d'eux, engonriraTubalcaïn, fabri-
(1) La Genèse dit par le premier venu, ce qui semble-
rail Indiquer qu'il y avait alors d'autres hommes.
134
d'airain et de fer, et
Noëma , sa sœur. Lamech dit à ses femmes :
« Comme j'ai tué un homme par le fer et un jeune
homme par les coups, je subirai soixante-dix
fois le châtiment que Caïn a encouru sept fois. »
L'historien Josèphe transforme cette malédic-
tion en une postérité de soixante-dix enfants,
dont l'un, Thobel, est le même que Tubalcaïn.
Celui-ci, dit-il, surpassait tous les autres par sa
force corporelle, et réussit dans la guerre; il
convertit le gain qu'il en retira en instruments
de cuivre. Après la naissance de Noëma, qui lut
habile dans la connaissance des choses divines,
Lamech rapporta à ses femmes la malédiction
dont il était frappé, par suite du fratricide tlt
Caïn.
Comment, dans les premiers siècles de notre
ère, s'est-il formé parmi les chrétiens une secte
de Cmnites (1) ? Il faut l'attribuer d'abord aux
aberrations si fréquentes de l'esprit religieux. SainI
Irénée, le premier Père latin, attribue la for-
mation de la secte des Cainites à Marcion , à Cer
don ou autres disciples de Valentin, sans tou-
tefois s'expliquer avec la précision désirable ;
« D'autres, dit-il, attribuent à Caïn la princi-
<c pauté supérieure ; ils avouent Ésaii,. Coré, les
« Sodomites et gens de cette espèce. Ils y ajou-
te tent Judas le traître, qui aui'ait connu la vé-
« rite par-dessus les autres, et aurait accompi
« le mystère de la traliison. Ils appellent celî
". l'Évangile de Judas (2). »
Ailleurs (3), selon lui, Marcion prétendait qu(
Caïn et ses semblables avaient été sauvés par h
Seigneur, et admis dans son royaume lors de se
descente aux enfers, pour l'avoir reconnu commt
Dieu, tandis qu'Abel, Enoch, Noë et autres pa-
triarches en auraient été exclus pour avoir tentt
Dieu.
Saint Hippolyte, dans les Philosophumena, i
dit aussi un mot des Caïnites , en même tempt
que des Ophites, des Nochaïtes, comme liéi'c
siarques contemporains. Ces deux écrivains s'ac
cordent à dire que les Caïnites devaient leur non
à la croyance qu'ils professaient, d'après laquelU
Caïn avait été délivré par une puissance supé-
rieure, et par la' volonté d'en haut, de la malé
diction qui pesait sur sa mémoire. Le plus récen
des défenseurs de la vieille chronologie, M. Grès
well, vient, avec un grand appareil de calculs
d'essayer d'établir : 1° que Caïn et Abel naqui
rent l'an 65 d'Adam, à l'époque de sa chute el
de son expulsion d'Éden; 2° qu'ils devinicn
hommes l'an 82-83, quoiqu'ils n'eussent aloi;
que dix-sept à dix-huit ans , et que la Genèst
les déclare en possession déjà, l'un d'exploitation!
rurales , l'autre de troupeaux ; 3° que le sacrificf
par eux offert à la Divinité eutlieuprécisémcn
(1) Saint Iréntfc, Baires., liv. F'', éd. Stieren ; Leipsik
1833. -Uippolytiis, Philos., VIII, 19, p. 277, éd. Miller
voyez aussi Développements de Bunsen. — Épiphanes
Uxres., 30, etc.
(2) Liv. l", cil. 31, p. 274, texte latin,
'8) Ch. 27, p. 257, texte latin,
1S5 GAIN —
le 6 avril, premier jour de thoth, selon le calen-
drier solaire, alors seul en usage jusqu'à la sortie
d'Egypte ; 4" que le sacrifice fut institué dès l'é-
poque de la ehute d'Adam , mais célébré pour
la première l'ois, selon la foi, par A bel, tandis
que celuideCaïa n'eut lieu que pourobéir à la cou-
tume établie depuis dix-sept ou dix-huit ans, et
ne lut pas observé par Adam ; 5" que Dieu, depuis
cette chute, ne communiqua plus avec les hommes
que dans ou à l'occasion du sacrifice annuel.
Ces calculs, fondés sur^de pures suppositions,
dont la plupart sont en opposition; môme avec
le texte biblique, sont réellwnent chimériques ;
la Genèse, de l'aveu de [ce savant, ne contient,
avant l'Exode, aucune expression qui indique la
mesure précise du temps ; on y confond l'année
avec la fin des jours. Le passage de la Genèse
qui dit que le sacrifice eut lieu après cette fm,
signifie si peu la fin de l'année, que saint Jérôme,
dans la Vulgate, le traduit par j30s^ multos dies.
Leclimatdela Judée, où l'on croit que le sacrifice
eut lieu, n'est pas tellement précoce qu'on y re-
cueille les prémices de la moisson dix-neuf jours
avant l'éqninoxe du printemps. Enfin, puisqu'A-
dam se rapprocha d'Eve pour donner le jour à
Seth l'an 130 de son âge, afin de se consoler de
la perte d'Abel, il est plus vraisemblable que
c'est vers cette seconde époque qu'eut lieu le
sacrifice ?
11 est puéril de rechercher le jour de tels évé-
nements; et quant à la durée de l'année à cette
époque, comment a-t-on pu la fixera 365 jours
5 heures 48 min., quand le texte n'eu dit rien,
quand il ne parle pas même des mois ?
ISAMBERT.
Genèse et Josèphe. — Irénée et Hippolyte, Histoires
des Sectes. — Greswell, Fasti catkoUci, ouvrage publié
aux frais de l'université tfOxlord, au nom de la foi aa-
glicane, S vol, in-8» avec atlas, 1832.
CAÏNAN r'' OU RENANE , le 4° des dix pa-
triarches hébreux antédiluviens, arriè»e-petit-fils
d'Adam , ou le Roux. La tradition ne rapporte
rien de sa vie, sinon qu'il. est devenu père de
Malaléel à l'âge de cent soixante-dix ans , et
qu'il en a vécu neuf cent soixante-dix , ce qui
fait naître la question de savoir quelle était, à
cette époque reculée, la composition de ce qu'on
appelle une année. Était-elle, selon les calculs
des astronomes, de 365 jours et un quart,
d'après la révolution delà terre autour du soleil;
ou bien les hommes, qui n'avaient alors aucun
moyen de faire des calculs si compliqués, n'ont-
Hs pas pris pour l'année la révolution que la lune,
dans ses phases si apparentes aux yeux de tous,
accomplit en 29 jours et demi. VArt de vérifier les
dates , aatorité si grave en chronologie et si
orthodoxe, rédigée qu'elle a été par les savants
religieux bénédictins, remarque (1) que la Ge-
nèse ne parle pas de la distmctton des mois
avant la sortie d'Egypte. En 1617, le professeur
hébraisant J. Motther a soutenu qu'avant le dé-
(I) Préface dutom. I»', ayant J.-C.
CAINAN
126
luge il est impossible de déterminer la forme de
l'année ; et c'est l'opinion adoptée par l'illustre
auteur du Traité sur la critique historique ,
Daunou, dans son Cours d'histoire (1), surtout
dans sa Chronologie biblique, encore inédite.
Comme il n'existe, selon Cuvier (2), sur notre
globe, aucune trace d'hommes antérieurs au
dernier cataclysme, etque les efforts qu'on a faits
pour contredire les preuves résultant, selon le
célèbre naturaliste, des nombreux débris enfouis
dans le sein de la terre , ont été stériles , ainsi
que l'a dernièrement constaté M. Flourens, se-
crétaire perpétuel de la môme Académie (3), on
est obHgé, par les règles ordinaires de la critique,
de conclure que les âges des patriarches antédi-
luviens ne reposent que sur des traditions va-
gues, communes aux Hébreux (Genèse) , aux Chal-
déens (Bérose),aux Égyptiens (Manéthon). Selon
Letronne (4), exact et rigoureux critique , les
Égyptiens avaient découvert, dès l'an 3105 avant
notre ère, l'année solaire de 365 jours ; mais
cette date ne s'applique qu'aux temps d'Abraham.
Sous Auguste, Diodore de Sicile dit (5) qu'avant
le calcul du mouvement des astres, on mesurait
le temps selon la révolution de la lune : c'est
pourquoi les années étant de 30 jours (tûv ètwv
Tptaxovi;rip.Épwv ôvtwv), il n'était pas impossible
de donner à quelques-uns des vies de douze
cents ans. Si on calcule aujourd'Sui ces années
par douze (lunaisons), on ne trouve guère, dit
cet historien dégagé de préjugés, qu'ils aient plus
de cent ans. Il faut en dire autant des règnes de
300 ans ; car à ces époques les années étaient
de 4 mois, selon les saisons, qui étaient le prin-
temps , l'été et l'hiver. Ce calcul s'applique aux
patriarches post diluviens. Pline le Naturaliste,
sous Vespasien, se moque des longévités de plus
de cent ans. « Les uns, dit-il (6), comptent un
an par été, et un an par hiver; d'autres, comme,
par exemple, les Arcadiens, se servent des saisons
en guise d'années , au nombre de 4, et ont ainsi
l'an trimestriel : quelques-uns se servent des pha-
ses de la lune, comme les Égyptiens ; c'est pour-
quoi on trouve chez ces peuples des personnages
qui auraient vécu un millier d'années. »Plutarque,
sous les Antonins, affirme aussi i^7) « que quelques-
uns des Barbares se servent d'années de trois
mois;;les' Arcadiens, de quatre; les Acamaniens, de
six ; mais pour lesj Égyptiens, l'année était d'un
mois, comme la lune, et ensuite de 4 mois : c'est
pourquoi, dit cet écrivain, les généalogies dif-
Cl) Publié par Dldot, 20 vol. in-8'. •
(s; Discours sur les révolutlo7is du globe, publié fn 1812,
et dans les conclusions duquel le savant secrétaire per-
pétuel de l'Académie des sciences a persisté jusqu'à sa
mort, en 183S; nouvelle édition, publiée par M. Hœfer.
(S) V. Journal des Savants, 1850, etsurtout 18S1, p. 273-
Ï84.
{i) Cours d'archéol. au collégede France, analysé par
M. Brunet de Presle , académicien (Dvnasties égyp-
tiennes); 1830, p. 183.
(3) 23-3-4, éd. Didot.
; (6) Hist. Nat., VII, 49.
(7) ne de Niimâ, i 19, éd. DldioC
127
CAINAN
128
fêrent tant, Til qu'Uy a des mois qui sont comp-
tés pour des années. » Enfin Censorin , qui vi-
vait un siècle après, et qui est spécial pour la
chronologie, déclare (1) qu'en Egypte, dans la
plus haute antiquité , on se servait d'une année
de 2 mois, ensuite 4 mois, sous le roiIson,tet en
dernier lieu de 13 mois et 5 jours, sous Arma-
don. Ce n'est donc pas une opinion nouvelle
que celle qui, pour obtenir le nombre des années
des personnages contemporains du déluge, écarte
l'année solaire, et. lui préfère les ans lunaires, de
29à 30 jours. Cette année primitive des Hébreux,
quandleurs livres sacrés ne parlent pas encore du
mois, fut sans doute doublée, triplée, quadruplée
et sextuplée, avant qu'on adoptât une année de
12 lunaisons de 354 jours. Bérose le Chal-
déen, qui vivait vers l'an 268 avant l'ère chré-
tienne, c'est-à-dire à l'époque de Manéthon, et
grand prêtre comme lui du dieu de sa nation,
a compté dix personnages primitifs ayant vécu
ensemble 120 sares, depuis Alorus jusqu'à Xi-
suthrus , contemporain du déluge.
Bérose, selon Censorin (2), ne comptait que
116 ans pour le maximum de la durée de la
vie humaine; et Épigène(3), que 112. Nous ne
parlons pas des personnages antédiluviens que
Cumberland a cru découvrir dans les fragments
du faux Sanchoniaton, publié, dans le deuxième
siècle de notre ère, par l'imposteur Philon de
Byblos (4), parce que ces fragments, recueillis
par Eusèbe, n'ont rien d'explicite , et ne contien-
nent pas de chiffres.
Chez les Juifs , il y a une autorité plus grave ;
c'est celle de Moïse lui-même. Dans le psaume
89, conservé par le roi David , la durée de cette
vie est en moyenne de 70 ans ; « mais, ajoute le
texte, les forts vont jusqu'à 80 ; au delà, il n'y
a plus dans la vie que labor et dolor. » Jamais
parole plus vraie et mieux sentie n'a été pronon-
cée. Les Hébreux, sortis de l'Egypte, où ils ont
été confondus pendant des siècles avec les indi-
gènes, ont dû pour les temps antiques adopter
l'année lunaire de 29 à 30 jours ; et si l'historien
Josèphe, en parlant du déluge, compte 183 jours
pour 6 mois, et range ainsi cette année parmi les
années solaires bissextiles, c'est par un calcul ré-
troactif, semblable à celui qu'a fait Scaliger, en
créant pour la chronologie la période Julienne.
Si, pour les années antérieures au déluge, il ne
s'était pas agi de périodeslunairesde29à30 jours,
qui donc aurait pensé que les patriarches avaient
engendré à 64, 65 ou 70 ans, et quelques-uns à
_ (1) Dédie natali, ch. 17.
' « Le sare était, dit Eusèbe, de 3,600 ans; mais Alexan-
dre l'olyhlstor ne comptait spour 9 sares que 934 ans
( c'est-à-dire, dW par sare) pour les 66 rois chaldéens
et modes qui ont régné depuis Xisutlirus ; ce qui donne-
rait ù chacun des 10 patriarches chaldéens 1236 ans,
ou 103 ans lunaires. Ce chiffre ne dépasse pas la durée
ordinaire de la vie.
(2) IbiU.
(8) Chron., éd. Mal, p. 8.
(4) j^pud Syncell., p, 44.
230, comme Adam, ou même à 500, comme'Noë.'
La moyenne de la durée de la vie des dix patriar-
ches antédiluviens est de 857 ans, chiffre qui, di-
visé par 1 2, donne 71 ans, c'est-à-dire précisément
la vie moyenne déclarée par Moïse lul-mêmedans
lepsaume89. Mattusala, qui a vécu le plus long-
temps (969 ans), n'am'ait réellement atteint que
80 à 81 années lunaires de 354 jours. La moyenne
de l'âge auquel les patriarches ont engendré
place l'âge nubile de ces 9 patriarches entre 15 et
16 ans. Noë ne serait devenu père qu'à 41 ans :
tout cela rentre dans l'ordre de la nature*
Josèphe a prétendu (1) que Dieu avait pro-
longé la vie des prenniers patriarches, d'abord
pour récompenser leur vertu , et ensuite pour
qu'ils eussent le temps , dans une vie prolongée
au delà de six cents ans, période qu'il appelle la
grande année , de recueillir plus de tiaditions.
Mais qu'importe, puisqu'à l'époque du déluge tous
ces souvenirs se sont concentrés dans lapersonnc
de Noë et de son fils.? Aussi, pénétré de la diffi-
culté d'expUquer la chronologie antérieure à
Moïse, cet historien a-t-il terminé son récit en
disant : Que chacun en pense ce qu'il voudra (2) !
Le chronologiste d'Oxford, M. Greswell (3),
dans ses longs Commentaires sur la Bible , a
glissé sur l'âge des patriarches et leur pœdo-
gonie (4) ; il est forcé de reconnaître que rien dans
la Genèse n'indique la durée du ssin , et que les
moisne datent que de l'époque del'Exode; mais il
n'en établit pas moins ses calculs sur des années
entières de 365 jours 5 heures 48 min., et s'aven-
ture jusqu'à fixer le jour de notre calendrier répon-
dant au commencement de chacune des années
de la paedogonie des patriarches , sans se livrer
à la discussion d'aucime objection. — Il adopte
d'ailleurs pour l'âge des patriarches les chiffres
de la Vulgate, sans égard aux textes samaritain,
hébreu et grec , ni à l'historien Josèphe , qui a ■
pourtant son autorité, vu l'impartialité évidente
de sa position, et l'avantage qu'il avait de pou-
voir choisir entre les traditions et les versions
écrites. Il est vrai que M. Greswell professe un
grand dédain pour les savants et les critiques ,
qi/t>iqu'il ait donné à son ouwage un grand appa-
reil scientifique.
ISAMBERT.
CAÏNAN II. La vie de ce personnage post-
diluvien est plus controversée encore. Selon la
version des Septante, Sem, fils de Noë , laissa
(1) ArcMol., 1. s, 9 [
(2) Ibid.
(3) Fasti cathoUci; Oxford, 1852, 5 vol. in-S", avec un
atlas. L'auteur, malgré son titre, soutient les doctrines de
l'Église anglicane. P^oy. t. II, p. 248.
(4) D'après son système, l'année primitive était de trois
cent soixante-ciuq jours et un quart: seule elle aurait
été pratiquée jusqu'à l'Exode en 1361, quoiqu'on n'y soit
arrivé qu'après de longues observaUons astronomiques,
car les HébreuX/ comme les autres peuples, n'ont eu pour
mesurer le temps que le .mouvement diurne, la révolu-
tion lunaire apparente, et le retour des saisons Ce sa-
vant adopte comme année solaire le ssin, dont les Hé-
breux se servaient d'abord, en place de nos mois.
129
GAIN AN — CAIPHE
130
six enfants , dont le dernier est appelé Caïnan;
mais le môme texte ajoute que celui-ci était fils
d'Arphaxad , issu lui-même de Sem ; en sorte
<(ue, pour détruire cette contradiction, saint Jé-
rflme, dans la Vulgate, a rayé le sixième des en-
fants de Sem. Il aurait d'ailleurs été autorisé à
cette suppression par un autre chapitre de la Ge-
nèse (1) et par l'évangile de saint Luc, qui dans la
généalogie de Joseph, père putatif de Jésus-Christ,
nomme Caïnan comme fils unique d'Arphaxad (2).
Mais ici les textes de l'Ancien Testament diffèrent
de l'Évangile (3). Ces variantes, sur lesquelles un
historien comme Flavien Josèphe avait le devoir
de nous éclairer, l'ont troublé lui-même, au point
qu'il n'a pas parlé de Caïnan II. Il ne donne que
cinq fils à Sem (4), et Salé pour fils d'Arphaxad,
et se tait sur les générations des neuf ou dix pa-
triarches qui se sont succédé de Sem à Abraham.
Les Septante comptent 1270 ans pour dix
générations ; ce qui fixe la durée de leur vie en
moyenne à 127 ans (alors les années pouvaient
être de deux lunaisons , comme l'indiquent les
témoignages que nous avons cités), et leur âge
nubile à 21 ans. Le texte hébreu et la Vulgate ne
comptent pour neuf générations ( ils suppriment
Cainan II) que 390 ans, ce qui pour chacun donne
43 ans , et suppose l'année de 6 mois lunaires,
ou semestrielle, suivant les mêmes témoignages :
on y retrouve l'âge nubile de 21 à 22 ans. Quant
aux chiffres relatifs à la durée de la vie des
deux patriarches Arphaxad et Caïnan ou Salé ,
ils sont d'environ 450 ans, ce qui suppose l'em-
ploi de l'année de 2 mois lunaires , et donne
à chacun d'eux environ 70 à 71 ans d'exis-
tence , juste l'âge de la vie moyenne proclamé
par Moïse (5).
(1) X, 22.
(2)111,36.
(3) La Vulgate, à la place de Caïnan, donne Salé pour
fils d'Arphaxad, tandis que les Septante indiquent Cainan
comme père de Salé. Les interprètes de l'antique Genèse,
dont le texte primitif a disparu, attribuent à Arphaxad
135 ans d'âge quand il eut Caïnan, et ajoutent qu'il vécut
^encore après 303, de sorte que sa vie entière aurait été
!de 438 années ; la Vulgate réduit le chiffre 135 de cent
ans. Selon les Septante, Caïnan lui-même engendra à
130 ans, et vécut encore 330 ; total, 460. Selon la Vulgate,
Salé, qui prend sa place, aurait engendré dès l'âge de
30 ans, ce qui est excessivement Jeune pour un patriar-
iche, et aurait encore vécu 403 ans ; total, 48S.
(4) Ant., I, 6, 4.
(5) Un biographe, M. Villenave, a cru que Caïnan II
avait été confondu par Josèphe avec Jared : ce n'est pas
dans la liste des dix patriarches postérieurs au déluge,
^Dlsqu'il ne la donne pas, et ne nomme pas Caïnan.
juant à celle des patriarches antédiluviens, il est vrai
ijue cet historien (*) les énumère deux fois , d'abord en
•emontant de Noé à Adam, et ensuite en descendant d'A-
iam àNoë; mais cette nomenclature est identique, et
ne contraire ne peut être soutenu que par une fausse
1 nlerprétaUon du premier de ces textes. Caïnan est
uommé dans l'un et dans l'autre, et par conséquent
I osèphe n'a nullement confondu Cainan avec Jared. Les
ircmiers Pères de l'Éghse admettent Caïnan (**) entre
irphaxad et Salé.
i'\ Arch., I, 2. 2; et 3. 4.
('*) Hyppolyte , évèque de Porto, au commencement du
oisième siècle, Fhilotopk. X, 3o, p. 332 ; éi. de Miller, i832
UDsen, i852.
NOUV, BIOGR. UNIVERS. — T. Vllt.
Le docteur J.-J.-W. Jervis , dans sa tra-
duction et ses notes sur la Genèse (1), préfère
également la version des Septante au texte hé-
breu et à la Vulgate. Il rapporte, d'après d'Her-
belot (2), que Cainan U passe chez les Orientaux
pour l'inventeur de l'astronomie et le fondateur
de la ville de Hauran, en Mésopotamie. La Ge-
nèse (3) dit que la vie des hommes fut réduite
à 120 ans, à cause de la perversité de la race
d'Adam, et Greswell suppose que cette sentence
fut prononcée 120 ans avant le déluge (4) : cepen-
dant on a vu que les patriarches postdiluviens
ont tous vécu bien plus longtemps. Au surplus,
120 années limaires ne représentent guère que
110 ans solaires; mais on doit toujours préférer
l'évaluation moyenne de la vie à 70 ans , donnée
par Moïse. Isambert.
CAio. Voy. Cayot.
CAÏPHE ou CA.ÏAPHAS , grand prêtre des
Juifs, célèbre par la part qu'il aurait prise à la
condamnation et à la mort de Jésus-Christ. D'a-
près la tradition évangéliquela plus abrégée, celle
de saint Marc, le conseil des Juifs à Jérusalem,
composé des chefs des prêtres, des lettrés ( scri-
bes) et des anciens, se réunit chez le grand prêtrei
(qu'il ne nomme pas) (5) pour juger Jésus, qui leur
avait été livré par Judas, l'un des douze disciples.
Ce grand prêtre interrogea Jésus sur les témoi-
gnages portés contre lui à raison de ses prédica-
tions, notamment sur la destruction prochaine
du temple ; mais ces témoignages paraissant sus-
pects, le pontife lui demanda s'il n'était pas le
Christ, fils de Dieu ? Jésus répondit affirmative-
ment , ajoutant qu'il viendrait assis sur les nua-
ges du ciel, à la droite de Dieu. Sur cette parole,
le président du sanhédrin déchira ses vêtements ,
et déclara que ce blasphème suffisait, sans qu'il
fût besoin de témoignages. Aussitôt le conseil, à
l'unanimité, le condamna à mort. Cependant la
sentence ne pouvait s'exécuter sans la sanction
du préfet romain , Pilate ; et pour l'obtenir il
fallait alléguer un motif politique. Il paraît , par
l'interrogatoire , que ce représentant de l'empe-
reur avait à statuer sur l'accusation motivée non
sur le blasphème, qui importait peu à un empire
où le polythéisme admettait toutes les croyances
religieuses , mais sur la royauté des Juifs que
Jésus se serait attribuée, ce qui était un atten-
tat à la souveraineté romaine. Pilate ne croyait
pas à la sincérité de cette accusation, et vou-
lut sauverj Jésus par voie de grâce; mais la
populace insista pour que celui-ci subît le ter-
rible supplice de la croix; et le préfet eut la
lâcheté d'y consentir, et de livrer Jésus aux
exécuteurs.
L'évangéliste saint Matthieu, qui a développé
(1) Londres, 1852, in-8°, p. 216, notes 2-S.
(2)5t6i.wtenf.,Voy. ausslHotting,,p. 11, sect. Smegm,
Orient, VIII, 16.
(3) VI, 2.
(4) Greswell, t. II, 163 et suiv. des Fasti cathoUci,
(5) Marc, XIV, S3.
131
CAIPHE
132
cette tradition (1), nomme Caïphe comme étant le
pontife, chef des prêtres, chez lequel se réuni-
rent les principaux du sacerdoce et des anciens.
Le troisième évangéliste, saint Luc, qui, postérieur
aux précédents, a recueilli ce que ceux-ci avaient
pu négliger, dit que, l'an 15 de Tibère, au mo-
ment où Jean-Baptiste commença à prêcher le
baptême , Anne et Ccuphe étaient grands prê-
tres (2) en même temps qu'Hérode (Antipas)
était tétrarque de Galilée. Il ne donne pas les
mêmes détails sur la condamnation de Jésus ;
mais il dit que le prisonnier fut conduit chez le
grand prêtre (3), sans indiquer devant lequel,
soit Anne, soit Caïphe. Quoique les membres du
sanhédrin l'aient interrogé, et, à ce qu'il parait,
condamné sur des questions religieuses, ils ne
l'accusèrent devant Pilate que de sédition, en lui
attribuant la qualité de roi des Juifs. Cette accu-
sation fut repoussée par Pilate, qui, apprenantjque
Jésus était de la Galilée, le renvoya au tétrarque
Hérode , alors à Jérusalem. Héïode , ne jugeant
point son autorité compromise , déclina sa com-
pétence. Pilate alors persiste à le déclarer inno-
cent de tout attentat politique : puis il finit par
céder aux clameurs des accusateurs. Caïphe n'est
pas nommé dans ce récit , ni aucun autre des
pontifes qui, d'après l'histoire, ont présidé le
sanhédrin du temps de Pilate. Le quatrième
évangéliste redevient accusateur contre Anne et
Caïphe tout à la fois. Jésus, arrêté par la tra-
hison de Judas, est amené, non plus chez Caï-
phe, mais chez Anne, son beau-père. Caïphe (4),
ajoute-t-il , était le pontife de cette année , et
c'est lui qui avait donné le conseil de sacrifier
Jésus à la haine des Juifs, parce qu'il importait
d'arrêter par cet exemple le danger que courait
la religion par l'invasion de nouvelles doctrines
religieuses. Tel est évidemment le sens du passage.
Anne interroge Jésus en qualité de pontife , et,
sur son refus de répondre , le prisonnier reçoit
un soufflet d'un assistant, pour manque de respect
envers la dignité pontificale. Alors Anne le ren-
voie à Caïphe. Les Juifs qui l'assistaient condui-
sirent Jésus du palais de Caïphe au prétoire
de Pilate. Ce préfet leur demande quelle est l'ac-
cusation, et leur dit que c'est au sanhédrin à
la juger selon leur loi. Mais, répondent les accu-
sateurs, nous n'avons pas droit de prononcer une
sentence de mort. Pilate, après quelque résis-
tance, condamne Jésus comme roi des Juifs,
et le livre aux exécuteurs. Dans les Actes des
Apôtres, on attribue au pontife des Juifs, qu'on
ne nomme pas, mais qui serait encore Caïphe, la
fustigation des apôtres saint Pierre et autres (5), et
le meurtre du diacre Etienne (6). Cette incrimi-
nation nouvelle contre Caïphe résulte de ce rap-
prochement Idstorique , que ce pontife n'aurait
(1) XXVI, 3, 67.
(2) III, 1.
(3) XXII, 54.
Cf) Jean, XVIII, 13.
(8) yiCles, V. )7, 40.
(6) VI, 12; vil, 60,57.
été révoqué de ses fonctions que l'an 37 de notre
ère, par Vitellius, successeur de Pilate en Judée,
et sur ce que les événements apostoliques dont
il s'agit ne sont pas postérieurs de sept ans à la
mort de Jésus-Christ. Ainsi l'on reconnaît la
nécessité de compléter les traditions évangéli-
ques par l'histoire. Saint Jean l'évangéliste a sup-
posé (1) que Jésus avait vécu plus de cinquante
ans ; et frénée (2), dans un passage non mutilé de
son livi'e , écrit vers la fin du deuxième siècle ,
atteste qu'il a appris des disciples de Jean , qu'il
a connus en Asie, qu'en effet Jésus avait enseigné
la religion plus d'un an , et qu'il avait prolongé sa
vie au moins pendant un demi-siècle. Quoiqu'il en
soit, nous avons sur la succession des grands
prêtres juifs au commencement de notre ère , et
jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus, des ren-
seignements authentiques dans l'histoire détaillée
qu'a donnée de cette époque Flavien Josèphe,
écrivain contemporain , appartenant à l'une des
premières familles sacerdotales de Jérusalem.
A l'époque de la réunion de la Judée à l'empire ,
les préfets de la Judée ont nommé grands pon-
tifes (3) : 1" Joazar, fils de Boëthus, l'année
même du recensement , en l'an 8 de notre ère ;
2° Ananus , fils de Seth , probablement l'année
suivante, en l'an 9 : ce pontif<j conserva sa di-
gnité jusqu'à l'année de la mort d'Auguste,
an 14, et fut ainsi grand prêtre de cinq à six
ans; 3° Ismaël, fils de Phabus; 4° Éléazar, fils
d'Ananus ; 5° Simon , fils de Caraith ; 6" Joseph,
le même que Caïphe , ou surnommé ainsi , fut
nommé par Valérius Gratus en l'an 19; 7° Jo-
nathan, autre fils d'Ananus, fut nommé par
Vitellius l'année même du renvoi de Pilate à
Rome, an 37; et successivement jusqu'au 17%
qui fut Ananus II, fils d'Ananus Y", choisi par
Agrippa II , an 60 : c'est ce pontife , pris parmi
les Sadducéens, qui, selon l'historien Josèphe,
osa traduire devant le sanhédrin un homme'
vertueux , très-considéré à Jérusalem, Jacques ,
frère de Jésus, le fit condamner à mort et exé-
cuter en l'absence du préfet romain, évidem-
ment pour dissidence religieuse. Le préfet fut'
indigné de cette usurpation de pouvoir, et le roi
Agrippa se hâta de le remplacer, dans le sixième
mois de son pontificat , par Jésus , fils de Dam- j
née (4). j
Le blâme jeté par Josèphe sur un pontife
de sa nation et sur le sanhédrin prouve que
cet historien était tolérant en matière religieuse,
quoiqu'il ne fût pas chiétien.
Il est visible que cet historien a connu et décril
le berceau du christianisme dans les mouvements
religieux qu'il raconte , et qui déterminèrent k
population juive à en suivre les chefs , soit sur li
mont des Oliviers, soit sur les rives et au delà di
Jourdain. 11 nomme d'ailleurs Jean-Baptiste, e
(1) VIII, 57.
(2) III, 21.
(3) Josèphe, Ant., XVIII, I. 1 et suiv.
(4) Ant., XX, 9, 1.
133
CAIPHE — CAIRO
134
assigne une cause très-vraiscinblable au meurtre
coinnus sur sa personne par Ilérode Antipas. Le
pontife Ananus paraît bien être l'Anne de l'Évan-
gile, et Jacques, frère de Jésus, pourrait bien
être Jésus lui-même, s'il a vécu cinquante ans.
Mais quant au pontife Caïphe , qui ne s'étonne-
rait de ne pas le retrouver dans la liste oflicielle
des grands prêtres? On veut que ce soit Joseph,
le sixième du tableau ci-dessus, dont le père, par
une exception unique, n'est pas nommé, et se
trouve remplacé par le nom de Caïphe. Haver-
camp a vu dans ce mot une interpolation faite
dans la vue de faire accorder l'histoire avec la
tradition évangélique. Le nom du père de ce
pontife était si nécessaire pour le distinguer des
autres grands prêtres du même nom ! L'indica-
tion de cette filiation était indispensable chez les
Juifs, qui n'avaient pas, comme nous, la ressource
des prénoms distinctifs. Le savant orientaliste
Michaëlis a prouvé, dans son Introduction au
Nouveau Testament, que la partie chronologique
n'est pas inspirée comme la sainte doctrine de
l'Évangile, et qu'il y a beaucoup d'anachronisraes.
Le pouvoir des pontifes juifs n'était pas partagé ;
et, quoique privé de son inamovibilité antique,
sous Hérode et ses successeurs, comme sous
les gouverneurs romains , il n'était pas annal.
Joseph , le prétendu Caïphe , est celui qui a le
plus longtemps conservé cette dignité à l'époque
dont il s'agit, puisqu'il est resté au pouvoir de
l'an 19 à l'an 37, c'est-à-dire dix-huit ans : com-
ment un pontife si prudent aurait-il commis le
crime si vivement et si justement reproché par
l'histoire à Ananus II? Alf. I.
Josèphe, jititiq. Jud.
CAiRELS ( Elias ), orfèvre, puis jongleur et
troubadour périgourdin, natif de Sarlat, mort
vers 1260. H faisait des ouvrages d'or et d'argent
et dessinait des armoiries , lorsque le démon de
la poésie le vint visiter dans son laboratoire, et
lui fit déserter son atelier pour se faire jongleur,
puis troubadour. Quoiqu'il ne fût pas précisé-
ment courtisan, il parcourait les résidences roya-
les et princières. Une de ses pièces , à l'adresse
du roi de Léon, dit de ce prince « qu'il est plein
de mérite, puisqu'il protège les troubadours. » En
1220, Cairels était dans le MUanais à la suite de
i'empereur Frédéric H, qui aimait les poètes pro-
vençaux, mais les payait mal, et les fatiguait à le
suivre dans ses expéditions. Le troubadour assure
que depuis qu'il est de la suite de l'empereur il a
tant jeûné, que la lime ne trouverait plus à mordre
sur sa maigre personne :
« Qu'el ten ma persona inagra.
Si que non pot mordre lima. >>
« Va , mon vers, ajoute-t-il en quittant l'em-
pereur, va-t'en vite, et en courant, je ne sais où ;
je ne tarderai pas à t'y suivre. »
D se rendit vers la même époque chez Guil-
laume TV, marquis de Montferrat. Dans un sir-
vente sur la croisade il excite le zèle du marquis,
et en même temps il gourmande les princes
chrétiens : « Qu'attendent-ils ? tandis qu'ils se
font la guerre les uns aux autres , les Turcs , les
Sarrasins, les Arabes auront bientôt tout en-
vahi... Marquis Guillaume, que les plaisirs du
Montferrat ne vous enchaînent point; vous ar-
riverez trop tard pour venger votre père. »
Une autre pièce sur le même sujet est plus
vive et plus Incisive : « Marquis, ose-t-il dire au
prince, je veux que les moines de Cluny fassent
de vous leur capitaine, ou que vous soyez abbé
de Cîteaux , puisque vous avez le cœur assez
pauvre ( jms lo cor avez tant mendie ) pour
aimer mieux une charrue et deux bœufs à Mont-
ferrat, qu'un royaume dans un autre pays. On
peut dire que jamais fils de léopard ne dégénéra
jusqu'à se tapir dans un terrier, à la manière des
renards. » Cairels fit d'ailleurs ce qu'il conseillait :
il se rendit en Syrie, et son voyage fut long. Un
biographe dit qu'il visita la plus grande partie
des terres habitées. Lors de son séjour à Mont-
ferrat, Cairels y devint amoureux d'une dame Isa-
belle qui faisait aussi des vers. Le portrait qu'il
en fait donne de l'objet de son choix une haute
idée : « De son beau corps souple et délié,, blanc,
potelé, suave et frais, je voudrais tracer use
image ; mais je craindrais d'être au-dessous de la
vérité. Quand je contemple tant de beautés, ob-
jet de mes désirs, sa chevelure plus blonde qu'or
émaillé, son blanc front, ses sourcils arqués et
fins, ses yeux, son nez, sa bouche riante : ah !
peu s'en faut que je ne la saisisse devant tout le
monde. «
Cette dame s'étant rendue en Grèce, Cairels lui
adressa une pièce de vers qu'il voulait qu'elle en-
tendît sur cette terre classique. Il reste quinze
pièces de ce troubadour. On lui a reproché les
termes d'une tenson entre la dame Isabelle et lui j
tout prouve que c'était une pièce joglaresque.
Votj. Isabelle.
Hist. littéraire de la Praruoe, XIX- — Raynouard,
Choix de poésies des Troubadours, Ut et IV.
* CAIRO (Ferdinando), peintre de l'école
piémontaise, né à Casal-Monferrato en 1656,,
mort à Brescia en 1730. Il reçut les premières
leçons de son père, peintre médiocre, qui se
nommait également Ferdinando ; puis il alla étu-
dier à Bologne sous Marc-Antoine Franceschini,
auprès duquel il resta pendant douze ans , l'ai-
dant dans les travaux qu'il exécuta dans les dif-
férentes villes d'Italie. Lorsqu'il le quitta, il vint
se fixer à Brescia, où il se maria, et fut chargé
jusqu'à sa mort de commandes importantes.
C'est dans cette ville qu'il faut chercher ses
meUleuTS ouvrages. E. B — n.
Lanzl , Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario, — Or-
landi, Abbecedario.
* CAIRO (le chevalier Francesco), peintre de
l'école milanaise, né dans le territoire de Varèse
en 1598, mort à Milan en 1674, Il fut l'élève fa-
vori du Morazzone, qui avait;su l'apprécier ; il ne
trompa pas les espérances de son maître; car, s'il
ne parvint pas à l'égaler par la force du dessin
et la vigueur du coloris, il le surpassa par la dé-
5.
nt
CAIRO — CAIUS
13G
licatesse de la touche, l'élégance des formes et
la grâce de l'expression. Victor-Araédée, duc de
Savoie, qui l'avait attiré à sa cour, le maria, lui
assura une pension, et le nomma chevalier de
l'ordre de Saint-Maurice. Ayant terminé les tra-
" vaux que ce prince lui avait conlîés , Cairo alla
étudier à Rome les chefs-d'œuvre des grands
maîtres, et son talent s'en ressentit; il s'éloigna
davantage du style du Morazzone, adopta un
dessin plus simple et plus châtié, renonçant à
l'abus des raccourcis et des détails anatomiques,
qui distinguait ses premiers ouvrages. Il dut
beaucoup aussi pour le coloris aux maîtres véni-
tiens, et quelques-ims de ses portraits semble-
raient être l'ouvrage du Titien. Il prolongea sa
carrière jusqu'à l'âge de soixante-seize ans, me-
nant une vie large et splendide, et fut enseveli
en grande pompe dans l'église des Scalzi de Milan.
Au nombre de ses bons ouvrages, on cite dans
cette ville les quatre saints fondateurs de l'é-
glise Saint- Victor ; \& Martyre de saint Etienne,
à San-Stefano Maggiore; et celui de saint
Jean-Baptiste, à San- Giovanni DecoUato.
Son portrait, peint par lui-même, fait partie de la
collection iconographique de Florence. Le musée
de Dresde possède de ce maître une Vénus sur
un lit, tenant une flèche. E. B — w.
Lanzi, Storia pittorica. Ticozzl, Dizionario. —
Winckelmann, Neues Mahlerlexicon. — Pirovano,
Guida di Milano.
* CAIRO ( Guglielmo), peintre de l'école pié-
montaise,né à Casal-Monferrato;en 1652, mort en
1672. Fils d'un peintre médiocre, nommé Ferdi-
nand Cairo, il donnait de brillantes espérances ;
I mais il mourut à l'âge de ; vingt ans, laissant
quelques beaux portraits et un tableau d'his-
toire inachevé. E. B — n.
, Ticozzi, Dizionario.
CAiROTTE (Paul-Maurice\), prélat italien,
né à Turin en 1726, mort en 1786. En 1761, il fut
appelé, presque contre son gré, au siège épisco-
pal d'Asti. II réforma les mœurs du cleigé, et
laissa une Instruction à la jeunesse ecclésias-
tique; 1775.
Tipaldo, Biograf. degli Ital.
*CAISSA]V (Jacques), médecin français, natif
de la Provence, vivait probablement dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. On a de lui :
Discours des Remèdes pour la guérison des
morsures de rage; Aix, 1609, in-S" ; — Recette
très-véritable pour la guérison des personnes
et animaux mordus des chiens et loups en-
ragés; Paris, 1615, in-8".
Carrère, Bibl. de la Méd.
CAiT-BEV, ,26" sultan des Mameluks circas-
sifens, mort le 7 août 1496(901 de l'hégire).
D'abord esclave en Circassie, il fut conduit en
Egypte, et affranchi par Malek-al-Daher-Giac-
inak. Il régna à partir du 31 janvier 1468, après
le renversement de Timur-Bogha, et se maintint
sur le trône pendant vingt-neuf années. Il vain-
quit Bajazet II et les esclaves éthiopiens insur-
gés. Ce fut un prince bienfaisant et éclairé. Les
\ écrivains arabes ses contemporains sont una-
nimes dans les éloges qu'ils lui décernent.
D'Herbelot, Bibliothèque orientale.
CAIUMABAT. Voy. CayOUMARATH.
CAIUS, guerrier romain, fils d' Agrippa et de
Julie, fille d'Auguste, vivait au premier siècle
avant l'ère chrétienne. Il fut adopté par Au-
guste, et .à l'âge de quatorze ou quinze ans il
fut nommé consul. Caius fit la guerre de Ger-
manie avec Tibère, et fut envoyé avec le titre
de proconsul contre les Arabes, les Arméniens
et les Parthes. 11 s'acquitta de cette mission avec
habileté, réduisit l'Arménie, défit Tigrane, et
conclut un traité avec Phraatace, et non Phraate,
comme le prouve un fragment de Dion Cassius
découvert par l'abbé Morelli. Blessé près de la
ville d'Artageras par Addon, gouverneur de
cette place, qui lui avait demandé un entretien,
il mourut bientôt après, des suites de cette bles-
sure, à LymireenLycie. On a trouvé des médailles
grecques-romaines et des colonies à l'effigie de
Caius et de Lucius ; quelques-unes ne portent
que la tête de Caius.
Suétone. — Tacite.
CAïusjMUTics, architecte romain, vivait au
premier siècle avant l'ère chrétienne. Il fit, par
ordre de Marius, quelques ouvrages d'architec-
ture dans le temple de l'Honneur et de la Vei'tu ,
dont on voit encore quelques ruines près de l'é-
glise SaintrEusèbe, à Rome.
Félibien, Recueil hist. de la vie et des ouvrages des
plus célèbres architectes.
CAIUS VALGius, médecin romain, vivait au
premier siècle de l'ère chrétienne. Il fut médecin
de l'empereur Auguste, et insistait beaucoup
sur l'usage des bains froids. Son ouvrage Sur les
propriétés et l'usage des plantes en médecine
est mentionné par Pline le Naturaliste ; mais il ne
nous est point parvenu.
Pline , Hist. nat.
CAIUS. Voy. GAIUS.i
CAIUS POSTHUMius, architecte romain,
vivait au premier siècle de l'ère chrétienne. C'é-
tait un affranchi, qui fut chai'gé avec son élève,
L. Cocceius Auctus, également affranchi, de di-
riger diverses constructions qu'Agrippa fit faire
aux environs de Naples; il exécuta des pas-
sages souterrains , la plupart pratiqués dans les
rochers qui partent de cette ville jusqu'à Pouz-
zole ou Puteole, et depuis le lac du même nom,
appelé Arverne par les anciens, jusqu'à Cu-
mes. Il n'est pas bien certain que ces deux ar-
tistes aient percé la grande voie romaine appelée
aujourd'hui la grotte de Pausilippe, antérieure
au siècle d'Auguste; elle fut creusée, d'après
quel((ues écrivains, par les habitants de Curnes.
Recueil historique de la vie et des ouvrages des plus
célèbres architectes.
CAIUS ou GAïus (saint), disciple de saint
Paul, natif de Macédoine, vivait au premier siècle
de l'ère chrétienne. Il était établi à Corlnthe lors
de l'arrivée de saint Paul dans cette ville , où le
* grand apôtre alla se loger chez Caius, le con-
137
CAIUS —
vertit , et l'associa à ses voyages comme à ses
dangers. Lors de la sédition des orfèvres de la
ville d'Éphèse, Caius fut entraîné au théâtre par
la populace, et relâché après que le calme se fut
rétabli. On ignore ce qu'il devint ensuite. Origène
faitdelui un évêque deThessalonique. Voy. Gaïds.
.Jetés des apôtres. — S. Paul, tp. aux Romains et
aux Corinthiens. — TlUemont, f'ie de saint Paul.
CAIUS (....), théologien et prélat chrétien,
d'origine incertaine , vivait au troisième siècle.
On conjecture qu'ayant été disciple de saint
Irénée, il était né dans la Gaule. H est certain
qu'il puisa sa doctrine dans l'Église de Lyon. On
ignore les causes qui le portèrent à se séparer
de saint Irénée. A Rome, où il séjourna quelque
temps, il se fit remarquer par son zèle pour la
foi et par son éloquence : une conférence qu'il
eut avec Procule ou Procle, l'un des chefs mon-
tanistes, contribua beaucoup à étendre sa renom-
mée. Au rapport de Photius , il fut admis dans
le clergé romain; et en 210 il fut nommé évê-
que des nations, et, comme tel, chargé de por-
ter la foi dans les pays non chrétiens. Ses ou-
vrages ne sont connus que par ce qu'en rappor-
tent Photius, Eusèbe, saint Jérôme et Théodoret.
La Conférence avec Procle, écrite en grec par
Caius, a été mentionnée dans son Éloge par saint
Jérôme ; Eusèbe en cite des fragments. Caius y
regardait comme apocryphe l'Épitre de saint Paul
aux Hébreux. Au rapport de Théodoret, Caius
aurait fait aussi un livre contre Cérinthe. Il au-
rait ainsi, le premier, écrit contre les millénaires.
Le troisième de ses ouvrages, d'après le même
Théodoret, qui l'appelle le petit Labyrinthe,
aurait été un livre dirigé contre Artémon et Théo-
dote, qui soutenaient que Jésus-Christ n'était
qu'un homme. Photius et Eusèbe mentionnent
également un taô^nn^Ae; seulement, le premier
donne ce nom à une autre œuvre que celle qui
réfute Artémon. Il n'est pas bien certain qu'un
Traité de V Univers ou de la cause de V Univers,
cité par Photius, soit de Caius : il a été attribué
aussi à Josèphe Voy. Hippolyte (saint).
Hist. litt. de la France, I, 356 et suiv. — Cave, Hist.
litt., I, 65. — Fàbrlcius, Bibl. grœca, X, 693.
CAIUS (saint), pape, mort le 21 avril 296.
11 était d'origine dalmate, et neveu de Dioclétien.
11 fut créé pontife le 16 décembre 283, et suc-
céda à saint Eutichien. Il est le 22" dans le ca-
lendrier de Libère. Lors de la première persécu-
tion des chrétiens, sous Dioclétien , Caius, obligé
de s'enfuir de Rome, ne cessa, du fond de l'asile
qui le cachait, à exhorter les confesseurs et les
martyrs.
Parmi les actes qu'on attribue à"ce pontife, on
cite la confirmation qu'il aurait faîte de l'usage
de n'élever à l'épiscopat que les clercs qui au-
raient passé par les sept ordres inférieurs de
l'Église. Il créa cinq évéques, vingt-cinq prêtres
et huit diacres. C'était, selon quelques histo-
riens, un homme d'une rare prudence et d'une
vertu courageuse.
Artaud, Histoire des Souverains Pontifes romains.
CAJADO 138
CKïVS (Bernardin), médecin italien du dix-
septième siècle. 11 était natif de Venise. On a de
lui : Devesicantium l/5« ; Venise, 1606, ouvrage
dirigé contre l'usage des vésicatoires ; — De
sanguinis Effusione; Venise, 1607, in-4''; —
De Alimentis quœ cuique naturx conveniunt ;
ibid., 1608-1610, in-4".
Éloy, Dictionnaire de la Médecine.
CAIUS (Jean), poète et traducteur anglais,
vivait dans la seconde moitié du quinzième siècle.
11 fut poète lauréat d'Edouard IV, voyagea en
Italie, et traduisitl'ffis^oire du siège de Rhodes.
Lcmprière, Vniversal Biography. — Rose, Neio Bio-
graphical Dictionary.
CAIUS OU RAYE OU KEY (Jean), médecin
anglais, né à Norwich en 1510, mort en 1573.
Il fut reçu docteur en médecine à Cambridge;
puis il alla à Padoue, où il étudia sous Montanus.
Trois ans après , il retourna en Angleterre , et
devint successivement médecin du roi Edouard VI
et des reines Marie et Elisabeth. Protégeant les
lettres, il fit reconstruire à ses frais l'ancien
collège de Gonvil, à Cambridge, et y créa vingt-
trois bourses. 11 ne se contenta pas de favoriser
les travaux d'autrui; il écrivit lui-même de
nombreux ouvrages. On lit sur sa tombe cette
ambitieuse inscription, composée par lui-même :
Fui Caius, qui rappelle celle de Dante : Bantes
hic sto. On a de lui : Hippocrates de Medica-
mentis, dont Caius découvrit le manuscrit; —
De medendi Metbodo, ex Cl. Galeni Perga-
meni et Joannis-Baptistae Montani Veronensis
principiorum medicorum sententia libri duo;
Bâle, 1544 ,1558, in-8° ; — CL Galeni Perga-
meni librl aliquot grœci, partira hactenus
non visi, partim a mendis\repurgati, annota-
tionibusqueillustrati; Bâle, 1544 et 1574,in-8° ;
— De Ratione victus secunduniHippocratem. in
morbis acutis ; ibid., 1550, in-S" ; — De Placitis
Hippocratis et Platonis; Louvain, 1556, in-8°;
— De Antîquitate Cantabrigiensis Academise
libri duo; Londres, 1568, in-8°, 1574, in-4°; —
De Canibus britannicis liber unus; — De
rariorum animalium et stirpium historia
liber Mn«s ; Loudres, 1570, in-S".
Élol, Dict. hist. de Médecine. — Waten, Dict. — Lem-
prière, Vniversal Biogr. — D. Clément, Bibl. curieuse.
— Chaufepié, Dict. — Nicéron, Mémoires, XI et XII.
CAIUS (Thomas), théologien anglais, mort
en 1572. Il étudia à Oxford, et remplit, à partir
de 1551, les fonctions de principal du collège de
l'université. On a de lui : la traduction anglaise
de la Paraphrase sur saint Marc par Érasme,
traduction entreprise sur la demande de Cathe-
rine Parr ; — Assertio antiquitatis Oxoniensis
Academise; 1560, ouvrage auquel répondit
Caius de Cambridge ; — une traduction du livre
d'Aristote : De Mirabilibtcs mundi ; — une tra-
duction d'Euripide et du Nicoclès d'Isocrate ;
— ime traduction latine des Sermons anglais
de Longland.
tempriôre, Univ. Biog.
CAJADO ( Henri^), poète portugais, mort eiî
139 CaJAUU —
1508. Il étudia le droit, et cultiva en même temps
les lettres. Eu Italie, où il séjourna longtemps, il
connut Béroalde et d'autres savants contempo-
rains. Il composa des poésies latines, citées avec
éloge par Érasme et Béroalde. On a de lui :
Sclogse et Silvse et Epigrammata ; Bologne,
1501 , in-4°, et 1745, dans le Corpus Poetarum
Lusitanorum.
Antonio , Bibliotheca hispana nova.
CAJANI {Angelo), mathématicien italien,
vivait dans la première moitié du seizième siè-
cle. On a de lui : / Quindici libri degli Ele-
menti di EucMe, di greco tradotti in Imgua
toscana; Rome, 1545, in-8°. L'auteur ne se
fait connaître que dans la préface, où se trouve
la date de l'impression de 1545, plus exacte que
celle de 1535, donnée sur le titre.
Paitoni, Bibl. degli f^olgarizz., t. II, p. 42.
CAJtETAM (Benoit). Voy. Boniface viii.
CAJETAN ou CAJETANUS, cardinal de Plai-
sance et légat du pape en France, vivait dans
la seconde moitié du seizième siècle. On a de
lui : Lettre aux archevêques, évêques et abbés
de i^Vance; Paris, 1 590, in-8°; et en latin, ibid.,
1590, in-8° ; — Lettre à la noblesse de France ;
ibid., 1598, in-8° ; — Missive du cardinal Cajé-
tan, envoyée à la Faculté de théologie de
Paris; ibid,, 1593, in-S"; — Exhortatio ad
Catholicos qui in regno Francise ab hseretici
partibus stant; ibid., 1593, in-8° ; — Litteree
ad universos regni Franciae catholicos, super
conventu quorumdam ecclesiasticorum ab
Henrico Borbonico ad oppidum S. IHonysii
indicto;Mà., 1593, in-8°.
Leiong, Bibliothèque Mst. de la France, édit. Fontette.
CAJËTAi\ (Alphonse), biographe de l'ordre
de Jésus, connu par une Vie de François Caje-
tan, de la même société.
Ughelli, Italia sacra.
CAJETAN (Constantin), savant italien, né à
Syracuse en 1560, mort le 17 septembre 1650.
Fils du prince de Cassano, il entra, en 1586,
dans l'ordre de Saint-Benoît, à Catane. Un zèle
excessif pour la gloire de son ordre le porta à
ranger parmi les bénédictins beaucoup de per-
sonnages qui n'en avaient point fait partie, par
exemple, saint Ignace de Loyola; ce qui fit dire
au cardinal Scipion Cabillucci qu'il craignait
que Cajetanne transformât saint Pierre lui-même
en bénédictin. Les moines du mont Cassin désa-
vouèrent ce zèle peu intelligent. Cajetan attribuait
aussi Vlmitation de Jésus-Christ à un moine du
nom de Gessen. Il devint cependant successive-
ment abbé de Saint-Baronte, secrétaire de Paul V
pour les lettres sacrées, et bibliothécaire du Va-
tican sous Clément VIII. Baronius lui dut beau-
coup de matériaux pour ses Annales. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : P. Damiani opéra ;
Rome, 1606-1608-1640,4vol. in-fol.; — Amalarii
Fortunati Vita; Rome, 1615, in-4''; — Lsidori
Hispalensis , Ildefonsi Toletani et Gregorii
card. Ostiensis Vitse , scholiis illustratx,
GAJi.TAJN
140
ibid., 16l6,in-4'' ; — De ErectioneeollegiiGre-
goriani; Rome, 1622, in-4° ; — Vita Erasmi
Gaetœ, urbis patroni ;\b\à., 1638, in-4°;— Ge-
lasiipapee II Vita, a Pandulpho Pisano con-
scripta, commentariis illiistrata a Const.
Gaetano; ibid., 1638, in-4°; — De singulari
Primatu Sancti Pétri solius, item de romano
ejusdem domicilio et pontificatu, dans le t. F'
de la Bibliotheca pontificia de Roccaberti.
Dupin, Biblioth., dix-septième siècle. — Thèopliile
Rainaud, De bonis et malis libris , n° 230. — Allatius,
jipes urbanœ.
* CAJETAN ou CAJETANUS (François),
philosophe scolastique français, vivait probable-
ment dans la première moitié du seizième siè-
cle. On a de lui : Libri IX de Institutione Re-
publicx, cum annotationibus Jo. Savignei;
Paris, 1520, in-fol.
Adelung, suppl. à Jocher, Mlgetn. Gelehrten-Lexicon.
CAJETAN ( Sébastien), théologien, de l'ordre
des Mineurs Observantins, vivait dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. Il fut pro-
vincial de son ordre, et laissa un commentaire
en latin des Décrets à.e la Congrégation des Rites
sur la célébration de la messe.
Allatius, Apes urbanse.
CAJETAN OU CAËTAN (Henri), frère du
duc de Sermanetta, Itfilien, mais sujet du roi
d'Espagne, mourut en 1599. Il fut élu cardinal
en 1585. Ce personnage n'est guèi-e connu que
par le rôle qu'il joua momentanément à Pai'is dans
les temps de la Ligue. Henri IV avait envoyé au-
près de Sixte-Quint le duc de Luxembourg, pour
lui faire connaître le véritable état des affaires
en France. Le pape, qui, d'après les lettres et les
ambassadeurs de la Ligue, croyait que le Béar-
nais (commel'appelaient les ligueurs) était si res-
serré qu'il ne pouvait échapper sans tomber
mort ou vif dans les mains de ses ennemis, avait
chargé Caëtan d'aller travailler à la délivrance
du cardinal de Bourbon, retenu prisonnier par
les royalistes, et de le reconnaître pour roi. Mais
Luxembourg étant parvenu à donner au pape
une juste idée de la situation des choses, Sixte-
Quint changea tout à coup les instructions du
légat, qui n'était pas encore parti, et lui re-
commanda seulement de faire en sorte que
le trône fût occupé par un prince catholique.
Le cardinal, vendu à l'Espagne, se mit en
route (1590) avec la résolution d'agir selon les
intentions des ligueurs. Le roi, instruit de ses
dispositions, avait donné l'ordre de l'enlever à
son passage en Bourgogne; mais cet ordre
n'ayant pu être exécuté, Caëtan arriva à Paris
sous une nombretise escorte de ligueurs. Il y fut
reçu avec tous les honneurs dus au légat du
saint-siége, et il alla au parlement, où il s'en fal-
lut peu qu'il n'occupât le trône destiné au roi.
n fit une longue harangue en latin sur la puis-
sance et la grandeur du pape, sur l'amour qu'i
avait pour le royaume de France, et sur le zèle
auquel il s'attendait de la part des Français pour
conserver la religion catholique, apostolique et
141 caj?:ïan
romaine. Caëtan s'empressa de confirmer un dé-
cret que les Seize venaient d'arracher à la Sor-
bonne, lequel défendait de négocier avec un roi
liérétique et relaps. Mais la nouvelle de la vic-
toire d'Ivry, et de la reddition de Vernon et de
Mantes, rappelèrent au légat que le pape lui avait
recommandé d'arranger les affaires de France
plutôt que de les aigrir : il proposa une entrevue
avec le cardinal de Gondi, évêquede Paris, dans
la maison du maréchal (le Biron , à Noisy. La
conférence eut lieu, mais elle ne produisit rien.
Le légat avait auparavant fait faire une proces-
sion solennelle dans l'église des Augustins, où
avaient assisté plusieurs évêques et prélats, le
prévôt des marchands, les échevins, les colonels
et capitaines de quartier, et à la fin de laquelle
le serment de l'union avait été renouvelé entre
ses mains. Pendant que Henri IV assiégeait Pa-
ris, l'ambassadeur d'Espagne donna 120 écus par
jour pour acheter du pain aux pauvres ; le légat
en donna 50,000 pour le même objet, et vendit ou
engagea son argenterie. Mais Caëtan , jugeant
enfin les affaires des ligueurs désespérées, com-
mença à sereiâcher. 11 proposa anx théologiens et
aux prélats de Paris assemblés la question de sa-
voir si, forcé par la nécessité de se rendre à un
roi hérétique, on encourrait les censures delà
bulie du pape? Les docteurs et prélats répondi-
rent négativement. Le 6 août 1590, le légat per-
mit donc aux députés de Paris d'aller trouver le
roi à Saint-Antoine-des-Champs, et leur donna
sa bénédiction. La mort du pape Sixte V et l'é-
lection d'un nouveau pontife lui offrirent un pré-
texte pour quitter la France , et il retourna en
Italie. Dans la suite, il fut envoyé encore en Po-
logne pour engager le roi Sigismond dans une
allianceavecTempereur contre les Turcs. [M. Del-
BARE , dans ÏJEnc. des g. du m. ].
Sismondi, Hist. des Français.
* CÂJETAN ou CAJETANCS (Marie ), capu-
cin et écrivain ascétique italien, natif de Ber-
game, mort dans un âge très-avancé vers 1746.
On a de lui : il Capuccino ritirato per dieci
giorni in se stesso, o sieno Esercizj spirituali ;
Milan, 1719 et 1722, in-12 ; Venise, 1730, in-12 ;
Bologne, 1737, in-12; — Esame sopra il vizio
dell' osteria; Bergame, in-12 (1" édition sans
date) ; 1725 et 1728, ibid. — le Ore divotamente
impiegate davanti alss. Sacramento ; ^ome,
Bergame et Brescia, 1724, in- 24; — il Miserere
esposto in pensieri ed affetti di penitenza ;
Bergame, in-12 ( sans date); ibid., 1726, 1732,
1740; — la Divozione o sia noveyia di Sauta-
Anna; Bergame, 1726 et 1740, in-12; — l'Uomo
apostolico istruito nella sua vocazione al
con/essionario ; Bergame, 1726, in-4°; Brescia,
avec des additions, 1736, in-4°; Trente, 1736,
in-4°; Bergame, 1704, in-4'';— la Fraterna
Carità ideata in riflessioni sacre e morali;
Bergame, 1728, in-12, et ailleurs ;— T f/owio
apostolico istruito nella,sua vocazione alpul-
pito; Venise, 1729, in-k" ; — Istruzione sopra
142
i contratti e le mure; Bergame, 1730, in-12;
ajouté plus tard aux éditions nouvelles de l' Uomo
apostol. al coi\fess. ; — Pensieri ed affetti
sopra laPassiune di Gesu Cristo per ciascun
giorno dell'anno, cavati dalle divine Scritture
e da' Santi Padri; Bergame, 1733, 2 vol. in-8°;
Brescia, 1739, in-8° ; — Novena ad onore
del B. Giuseppe da Leonessa, capuccino;
Rome, 1736, in-12; — Riflessioni sopra l'o-
pinione probabile, opéra teologico-ascetica ;
1739, 2 tom. in-4°; — l'Umiltà del cuore
ideata in pensieri ed affetti ad eccitarne la
pratica ; Bergame, 1739, iQ-12; Brescia, 1740,
in-12; Venise, 1740, in-12; Bergame, 1743,
in-12 ; — Tre Sermoni sopra alcuni peccati
occulti dello stato nobile ne' tre giorni di'
apparecchio alla nascita del Salvatore; Ber-
game, 1740, in-8°; — Pensieri ed affetti so-
pra le Solennité occorrenti fra l'anno; ibid.,
1741, in-8»; — la Morale evangelica predi-
cata ed esposta con le sentenze délia divina
Scrittura, de sacri Concili e de' Santi Padri;
Padoue, 1743 , Jn-4'' ; — Spiegazione délie Preci
e Cerimonie délia messa; Bergame, 1745
in-8°; —la VirtU délia Fede praticata dalla
Beatissima Vergine, e proposta alV imita-
zione de' suoi divoti; Bergame, 1745, in-S".
Bern. a Bononia, Bibl. Capuccin.
* CAJTETAN ou CAJETAMUS {Mcolas), ju-
risconsulte italien, vivait à Naples probablement
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
On a de lui: De Feudis; Naples, 1670, 2 vol.
in-fol.; — Annotationes pro Régis eerario, ad-
ditis XI gusestionibus ; Naples, 1692 , 2 vol.
in-fol.
Catal. Bibl. Dubois.
CAJETAM (Octave ), hagiographe italien, né à
Syracuse le 22 août 1566, mort le 8 mars 1620.
]1 appartenait à l'ordre des Jésuites. On a de lui :
Remarques sur les lettres du moine Théodose
au sujet du siège de Syracuse, dans Muratori,
l, 2^ partie; — Vitas Sanctorum Siculorum;
Palerme, 1652, in-fol.; — Isagoge ad histo-
riam sacram Siculam; Palerme, 1707, in4°-
ouvrage posthume comme le précédent , et im-
primé dans Graevius.
Graevius, Thésaurus Antiquitatum. — Alegambe, Bi-
bliotheca Scriptorum Societatis Jesu.
CAjETAN OU CAJETAN (Palma). Voy.
Cayet.
CAJETAN (Thomas de Vio), prélat et théo-
logien italien, né à Cajette ou Caïette Je 25 juil-
let 1470, mort en août ou sepfembic 1534. A
seize ans il entra dans l'ordre des Frères Prê-
cheurs. II étudia la philosophie à Naples, et la
théologie à Bologne; à vingt-six ans il fut reçu
docteur dans l'assemblée générale de son ordre
et vint professer à Rome. En 1508, illut élu
général de son ordre, à la recommandation
du pape Jules H. Lorsque ce pape fut cité
à comparaître devant les cardinaux réunis en
concile à Pise, puis à Milan, Cajetan prit sa
143
CAJETAN
défense, et soutint que le pape seul pouvait as-
sembler un concile. Il fut nommé cardinal par
Léon X le 1^" juillet 1517, et envoyé en qualité de
légat en Allemagne pour associer à la ligue con-
tre les Turcs l'empereur Maximilien et le roi de
Danemark. Il était à Augsbourg lorsque, sur
un bref du pape, il cita à son tribunal Luther;
celui-ci s'y rendit, et parut faire des concessions,
qu'il rétracta publiquement dès le lendemain.
En 1519, Cajetan assista, encore comme lé-
gat, à l'assemblée des princes électeurs de l'Em-
pire , à Francfort, et porta Charles-Quint pour
candidat de la cour de Rome. Puis il retoiu'na
dans la ville pontificale , d'où il se rendit , sous
Adrien VI et par son ordre, en Hongrie, pour y
soutenir la guerre contre les Ottomans. Rappelé
à Rome, en 1524, par Clément Vil, il fut fait pri-
sonnier lors de la prise de Rome en 1527, et
ne recouvra sa Uberté que moyennant une ran-
çon de cinq mille écus d'or, qu'il emprunta à ses
amis. Ses principaux ouvrages sont : Commen-
taires sur la Somme de saint Thomas; 1507,
1511, 1517,etLyon, 1540, 1541; — des Opuscu-
les, à la fin de la Somme de saint Thomas ; Lyon,
1581 ; on y remarque le livie intitulé de l'Auto-
rité du Pape; — un Commentaire sur la Bible;
Lyon, 1639, 5 vol. in-fol. ; ouvrage qui fut attaqué
pai" Catharin , et censuré par la faculté de théolo-
gie de Paris; — Tractatu^ de Comparatione
Papse et conciZii ; Venise, 1531 et 1562; — des
Commentaires sur la Philosophie d'Aristote.
Écliard, Script, ord. Prxdicat. — Touron, Hommes
illustres de l'ordre de Saint-Dominique.
CA.JOT {dom Jean-Joseph), bénédictin de la
congrégation de Saint- Vannes , archéologue et
critique, naquit à Verdun-sur-Meuse en 1726,
et mourut dans la même ville le 7 juillet 1779.
Il fit profession dans l'abbaye de Hautvilliers en
1743, et contracta de bonne heure le goût de
l'étude, si répandu parmi les membres du sa-
vant ordre religieux dont il faisait partie. Il pro-
fita particuUèrement de son séjour dans la célè-
bre abbaye de Saint- Arnould de Metz , pour se
livrer à des recherches sur les antiquités du
pays et sur les premiers temps de son histoire.
Il en publia le résultat dans un livre encore re-
cherché : les Antiquités de Metz, ou Recher-
ches sur l'origine des Médiomatriciens, leur
premier établissement dans les Gaules, leurs
mœws, leur religion; Metz, Collignon, 1760,
in-8°. Une saine critique sert de guide à l'éru-
dition de l'auteur : s'il se livre quelquefois à des
conjectures qui paraissent hasardées, on ne peut,
tout en leur refusant une adhésion entière, mé-
connaître le savoir et la sagacité de l'auteur. Il
fit paraître ensuite V Histoire critique des Co-
queluchons ; Cologne ( Metz ), 1762, petit in-12.
Ce n'est ni un fibelle ni un pamphlet, ainsi que
les ennemis de dom Cajot ont voulu le faire
croire. 11 cherche à prouver dans cet écrit que
la grande diversité d'habits qui distinguent les
hommes religieux n'est conforme nia la raison,
- CAJOT 144
ni au statut primitif de chaque établissement
monastique. Cette thèse, toute nouvelle, souleva
bien des ressentiments contre un faux frère qui
avait, par exemple, le mauvais goût de trouver
le costume des capucins indécent et malpropre.
Il se réhabilita dans l'esprit des révérends pères
de toutes les couleurs par la publication des
Plagiats de M. J.-J. R. de Genève sur l'édu-
cation ; Paiis , 1766, in-12. Selon le critique,
YÉmile n'est qu'une compilation de passages
pillés dans les auteurs anciens et modernes,
que le citoyen de Genève a seulement pris soin
de lier entre eux. Parmi les anciens, il cite Aris-
tote, Platon, Plutarque, Sénèque, Quintilien, et
même Galien. Quant aux modernes, il signale
Montaigne, Charron, Sainte-Marthe, Malebran-
che, Fénelon, Crouzas et jusqu'au médecin Deses-
sarts, comme ayant été mis à contribution par
Jean-Jacques Rousseau. Il y a des rapprochements
curieux dans ce relevé, qui a exigé de longues
et savantes recherches; mais une certaine simi-
litude ou communauté d'idées ejitre des philo-
sophes de tous les siècles ne peut constituer ce
qu'on appelle proprement un plagiat. Le censeur
a d'ailleurs eu le tort de prodiguer contre le pré-
tendu plagiaire « les railleries amères , les e\-
« pressions aigres et les termes offensants, " re-
proche que les rédacteurs des Mémoires de Tré'
voiix eux-mêmes lui ont adressé. Dom Cajot se
proposait de justifier la même accusation de pla-
giat à l'égard de plusieurs autres ouvrages de
J.-J. Rousseau, tels que les discours sur les
sciences, sur l'inégalité des conditions, le Con-
trat social, et la lettre contre la musique fran-
çaise ; mais il n'a pas donné suite à ce projet.
Un dernier ouvi-age qui a provoqué contre dom
Cajot de fâcheuses représailles , est son Examen
philosophique de la règle de Saint-Benoît ;
Avignon, 1768, in-8°. Quoique le ton en soit plus
mesuré que celui des écrits précédents , <c on y
« reconnaît les errements d'un esprit inquiet, et
« plongé dans un abîme de mécontentements, »
ainsi que l'observe, en fort mauvais stjle, le
critique dont nous allons parler.
L'orage soulevé contre ;dom Cajot au sein
de la congrégation de Saint-Vannes lui suscita
de nouvelles persécutions. Dom Grappin se
chargea de réfuter l'ouvi-age de son confrère, et
fit paraître une Lettre à l'auteur de l'Examen
philosophique de la règle de Saint-Benoit, ou
Examen religieux de l'Examen philosophi-
que en France, 1768,in-8°. Cette critique, qui est
loin de résoudre toutes les objections du censeur
confie la règlede Saint-Benoît, estd'ailleurs rem-
pUe d'injures et de personnalités. Il fautremonter
jusqu'au P. Garasse pour en trouver un pareil
exemple. Nous devons observer néanmoins que
nous avons sous les yeux un exemplaire de cette
lettre, accompagnée d'une espèce d'amende ho-
norable , autographe , signée par dom Grappin :
il regrette de s être permis des vivacités, tout
en persistant dans ses observations. En 1775,
145 CAJOT •
(loin Cajot fit paraître xmAtmanach historique
(le Verdun-sur-Meuse, in-12,qui n'a pas de
(oiitinuation. On lui attribue riï/o|7e de l'Asne,
par un docteur de Montmartre ; Londres et
Paris, 1769, petit in-12, qui parait avoir été
n'imprimé, en 1782, sous le pseudonyme de
Chiistophc Philonagre. J. Lamoureux.
Documents manuscrits inédits. — France littéraire
de M. Quërard.
CAJOT (dora Charles ), frère de Jean Joseph,
théologien de l'ordre de Saint-Benoit, naquit à
Verdun le 17 août 1731, et mouiut le 6 décembre
1807. 11 entra chez les bénédictins de Saint- Van-
nes, professa la philosophie et la théologie dans
cette abbaye, ainsi que dans celle de SaintrAr-
nould de Metz. On a de lui : Recherches histo-
riques sur Vesprit primitif et les anciens col-
lèges de l'ordre de Saint-Benoît, d'où résul-
tent les droits de la société sur les biens
qu'il possède; Paris, 1787, 2 vol. in-8°.
Richard et Giraud , Bibliothèque sacrée.
CALA (Fernand ), surnommé le Stocco, his-
torien italien, natif de Cosenza en Calabre. On
a de lui : Istoria de' Suevi nel conquisto de'
regni di Napoli e di Sicilia per l'imperadore
Enrico VI,conla vita del B. Gio. Cala; Naples,
1660, in-fol. Il païaît que ce saint Jean de Cala
était un personnage purement imaginaire ; l'his-
torien donna, pour les reliques du saint, les osse-
<ments d'un âne. L'inquisition de Rome s'en ém.ut,
!fit brûler ces reliques, et supprimer l'ouvrage de
l'écrivain imposteur.
Adelung, supplément à Jochev, yàllgemeines Gelehr-
ten-Lexicon:
CALABER. Voy. QUINTUS.
CALABaE {Edme) , né à Troyes, mort à
iSoissons le 13 juin 1710. Il fut membre de la
1 congrégation de l'Oratoire, et professa avec suc-
cès les humanités. Devenu ensuite directeur du
séminaire de Soissons, il s'y fit remarquer par
son zèle et ses lumières. On a de lui : des Pa-
raphrases des psaumes 50, 102 et 103 ; 1748
|; et autres dates; — des sermons et des confé-
rences (écrits inédits).
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.
CALABRESE. Voy. Preti Mattia , Greco, et
Go^ZALVE.
*CALABR1A (Pieifro), peintre napolitain , vi-
vait à la fin du dix-septième siècle et au com-
mencement du dix-huitième. Il fut un des meil-
leurs élèves et des plus fidèles imitateurs de
Luca Giordano , qu'il accompagna en Espagne.
En 1712, il était à Madrid, et fut nommé peintre
du roi Pliilippe V et un de ses appréciateurs
de tableaux. Il était encoi'e dans cette ville en
1725, et il est problable qu'il y mourut.
E. B— N.
Ticozzi, Dizionario.
j CALACES OU CALADEs, peintre athénien, vi-
[ Tait dans le quatrième siècle avant J.-C. Au
I rapîport de Pline, il réussissait à peindre des su-
jets comiques sur des tableaux de petite dimen-
sion: in comicis tabelUs. On a peu de détails
CALAIS
146
sur la vie de cet artiste, et l'on ne saurait affir-
mer que ce fut en son honneur que les Athéniens
élevèrent une statue dans le Céramique, près
du temple de Mars. 11 est plus probable que c'est
Calliades, un archonte, qu'on aura voulu hono-
rer de cette manière.
Pline, OEuvres. — Hérodote, llist.
*CALADO (le P. Manoël) , historien por-
tugais, ne vers 1584, mort en 1654. Villa-Viciosà
était le lieu de sa naissance : il cmbi'assa la vie
religieuse, puis entra dans un couvent situé au
milieu des montagnes de Ossa, et qui portait le nom
d'Institut de Saint-Paul. De là probablement il
passa au Brésil, où il demeura près de trente ans,
et fut témoin oculaire des principaux événe-
ments amenés par l'invasion hollandaise. Il pu-
blia sur les exploits de Fernandez Vieira un livre
devenu rarissime, et aujourd'hui fort recherdié ; il
est intitulé 0 valoroso lucideno, e triumphoda
liberdade , parte prima ; Lisboa, Paulo Craes-
beecsk, 1648, in- fol. Ce volume fut prohibé, et
parut après une vingtaine d'années à Lisbonne
en 1668, chez Domingos Carneiro, sans qu'on en
ait fait une seconde édition. Une note dont M. Fi-
gannière donne la teneur, et que ne rapporte au-
cim bibliographe, lève la prjubibition du saint
office. F. D.
Barbosa Maehado , BibUatheca Lusitana. — César de
Flgannlère, Biblioçraphia historica.
CALAGES ( Marie Pech de ) , femme auteur
française, native de Toulouse, vivait dans la
première moitié du dix-septième siècle. Elle rem-
porta plusieurs prix aux Jeux Floraux. Mais elle
est surtout connue par sonpoëme de Judith, ou
la Délivrance de Béthulie, en huit livres, dédiée
à Marie-Thérèse d'Autriche, reine de France.
Cette œuvre est supérieure à la plupart des piè-
ces contemporaines : on y trouve une simplicité,
une facilité et surtout une con-ection assez rares
avant les Corneille et les Racine. Jttdith , pu-
bliée à Toulouse en 1660, après la mort de M"" de
Calages, fut cependant écrite avant l'apparition
du Cid. On a remarqué avec raison que certains
vers de Racine rapijellent ceux du poëme de Ju-
dith, que Racine a pu connaître, et dont il a pu
s'inspirer sans les copier. On trouve, par exem-
ple, dans Judith, ce vers :
Qu'un soin bien différent l'agite et la dévore !
Et Phèdre (acte n, scène v) s'exprime ainsi :
Qu'un soin bien différent me trouble et me dévore !
On a cité, d'après Sauvigny (le Parnasse des
Dames), d'autres passages de Judith. Mais l'au-
teur de ce recueil déclare, dit Barbier, que, pour
faire goûter notre ancienne poésie, il a changé
des vers , des expressions, et quelquefois même
des tours de phrase.
Biog. Toulousaine. — Sauvigny, le Parnasse des Da-
mes. — Barbier, Examen critique des Dict. histor.
CALAIS {saint). Voy. Calis.
* CALAIS OU CARELEFUS (saini), né en Au-
vergne dans la seconde moitié du cinquième
siècle, mort en 541, fondateur de l'abbaye d'Ani-
147
CALAIS — CALANCHA
148
sole ou Anille, qui donna naissance à la ville de
Saint-Calais (Sarthe), avait été auparavant le
compagnon de saint A\'itaux monastères de Me-
nât et de Micy, près d'Orléans. On rapporte de
lui ce trait de fermeté religieuse : il refusa à la
reine Ultrogothe , femme de Childebert, l'entrée
de son monastère, intei'dite aux femmes. Il mou-
rut et fut enterré dans son monastère. Ses reli-
ques , transportées ensuite à Blois , ont été ren-
dues aux habitants de Saint-Calais.
N. M— Y.
Vétnn,' Dictionnaire hagiographique. — Uist. litt. de
la France, III.
*CALAME (Bomain), chronologiste français,
de la congrégation de Saint-Vannes, natif de Mor-
teau en Franche-Comté , mort à Fontaines, près
de Luxeuil en Lorraine, le 4 septembre 1707. II
fit profession en l'abbaye de Saint-Évre-lez-TouI
le 3 juin 1644, et enseigna dans différents cou-
vents les belles-lettres, ainsi que la philosophie et
la théologie. On attribue sa mort à des excès de
travail. On a de lui: Opuscula chronologica
tria; — De Natali Christi; — De die Passio-
nis Christi ; — Dedieobitus sancti Benedicti
(en manuscrit) ; 1695 ; — Summa temporum ab
orbe condito ad Christi in cœlos Ascensionem
deducta, et inpartes très distributa : methodi-
cam, demonstrativam , et historicam (en ma-
nuscrit) 1698; — Stiidiorum cursus, in sep-
tem tomos distributus, quibus grammatica,
rhetorica, philosophia et utraque theologia,
scolastica iiimirum et thetica, breviter et
perspicue traduntur ( en manuscrit) ; — beau-
coup d'autres ouvrages, surtout sur l'archéologie
hébraïque, restés manuscrits.
Dom Calmet, Biblioth. de Lorraine. — Adelung, supplé :
ment à JOcher, .4llgem. Gelehr.-Lex.
* CÂ-LAMECH ( Lazzaro), peintre et sculpteur,
né à Carrare vers 1530, vivait encore en 1570.
11 fut élève de son oncle Andréa, et sans doute
aussi de Michel-Ange. 11 fit pour les funérailles
de ce grand artiste deux statues, dont Vasari fait
un grand éloge. E. B — n.
Vasari, l^ite. —Ticozzi, Dizionario.
CAXAMiNUSou RoaicH {George), savant al-
lemand, né le 28 août 1547, mort le l'^'" décem-
bre 1595. Il changea en Calaminus son nom
de famille Rorich ( en allemand de roseau ), et
étudia à Breslau, à Heidelberg et à Strasbourg. Il
fut gouverneur du comté d'Andelot, et chargé en
1578 de professer le grée à Lintz en Autriche. On
a de lui : une traduction des Phéniciennes d'Eu-
ripide ; Strasbourg, 1577, et d'autres tragédies
grecques.
Adam, l^itse eruditorum.
CALAMis ( KàXa(j,ii; ), sculpteur et ciseleur
grec. On ignore l'époque précise où il vécut; on
conjecture qu'il fut contemporain de Phidias;
ce qui le placerait au cinquième siècle avant
J.-C. Ce fut un artiste très-remarquable: il tra-
vaillait également l'or, l'argent, l'ivoireet le bronze.
Il excellait surtout à représenter les chevaux.
Parmi les œuvres de ce genre, on cite le char
commandé par Dinomène, fils d'Hiéron ; il exé-
cuta aussi un Apollon de trente coudées de hau-
teur, transporté d'Apollonie à Rome par Lucul-
lus; une Victoire; un Jupiter Ammon; un
Bacchus ; nne; Aphrodite, uae Alc?nène, etc. Ci-
céron, qui le compare avec Canachus, s'exprime
ainsi au sujet de Calamis : Quis enim eorum,
quiheec minora advertunt,non intelligit Ca-
nachi signa rigidiora esse quani ut imiten-
tur veritatem? Calamidis dura illa quidem;
sed tamen molliora quant Canachi, nondum
Myronis satis ad veritatem adducta.
Cicéron, Brutus. — Quintilien, XII, 10. — Pline, Hist.
natur., XXIII, XXVI. — Émeric David , Essai sur les
classements ehronologiques des sculpteurs grecs les
plus célèbres.
CALAMY (Edmond) , théologien anglais, né
à Londres en 1600, mort le 29 octobre 1666. Il
étudia à Cambridge avec une ardeur qui lui mé-
rita la protection de Selton, évêque d'Ély. Après
avoir rempli des fonctions ecclésiastiques dans
diverses localités, il vint àLondres, où il se trouva
mêlé aux controverses religieuses, et se posa
comme un des plus ardents non-conformistes. Il
fut un des auteurs duifameux traité intitulé Smec
tijmnws, Londres, 1641, titre formé des initiales
des dix écrivains qui avaient concouru à sa
rédaction. Il fut membre de l'assemblée des mi-
nistres ou théologiens de Westminster, et prêche
souvent dans la chambre des communes. Il s'op-
posa à la condamnation et à la mort de Char-
les P"', et combattit l'avènement de Cromwell ;
aussi prit-il une part active à la restauration.:
Il devint alors chapelain de Charles H. On lu.
offrit, mais il refusa, l'évêché de Lichfield. Lt
haut clergé ayant triomphé de ses adversaires,
en 1662, par l'acte d'uniformité, Calaniy résign.
ses fonctions ecclésiastiques. Il mourut à la suit*
du saisissement que lui avait fait éprouver lin i
cendie de Londres. On a de lui : the Godl^
man's Ark, or a city of Refuge in the Dag oj
hi^ distress; Londres, 1683, in-12, 8" édition
Biog. Britannica. — Gorton, Générai Biog. Diction. -
Rose, Neiv Biog. Dict.
CAh&MY (Benjamin), fils d'Edmond, théolo-
gien anglais, mort en 1686. Il commença ses étu
des à Oxford, et les acheva à Cambridge. En 167!
il fut appelé au ministère sacré de Sahîte-Mari(
Aldermanburg et aux fonctions de chapelain du roi
En 1683 il fit un sermon intitulé A Biscoursi
about ascrupulous conscience, qui fit gi'andi
sensation, et valut à un nommé Tliomas Delaure
opposé aux doctrines émises dans ce sermon,
d'être incarcéré à Newgate avec sa femme et s©
enfants. Mais Calamy fut l'occasion plutôt qu«
la cause de ces exécutions religieuses. Les ri-
gueurs du gouvernement vis-à-vis de plusieurii
de ses amis hâtèrent même , dit-on, la mort dd
Calamy.
Leraprière, Univ. biog. — Rose, New Biog. Dict.
* CALANCHA { Frcy Antonio m: la.), écri-i
vain péruvien, né à Chuquisaca vers la fin di
seizième siècle, mort dans le dix-septième. Il em
149
CALAJNCHA — CALANDËR
150
liiassa la vie religieuse et entra dans un couvent
il niif^ustins à Lima, ce qui neTempôclia pas de
|)iircourir les régions péruviennes dans toute
Ici II étrndue, de visiter les ruines qui n'existent
pins aujourd'hui, et de recueillir les traditions
|iii avaient cours dans le royaume de Quito et
tans l'ancien empire des Incas. En 1619, nous
i o\ ons déjà Calancha prieur d'un couvent de son
)n]re dans la ville de Truxillo. La cité où il ré-
itlail alors fut ruinée par un épouvantable trem-
ilement de terre qui dura plusieurs jours. Cette
•atastrophe commença le 14 février, A'ers 11 h. 1 2
Ui matin, par le temps le plus calme, et en quinze
minutes ses ravages s'étendirent à plus de cinq
•onts lieues du nord au sud. Calancha, à la tête
les moines de son couvent, rendit alors les ser-
I i( os les plus signalés. Le âilmeune fois rétabli,
l se livra exclusivement à des travaux littéraires.
in 1629, la grande chronique de l'ordre qu'on
'avait chaîné d'écrire était terminée ; mais on se
oyait dans l'impossibilité de la publier au Pérou ,
t elle ne put être imprimée à Barcelone qu'en
639. Elle parut alors sous le titre de Cronica
mralizada del orden de San Augustin en el
Hru; Barcelona fl), in-fol. Calancha ne vint
epcndant jamais en Europe, et mena toujours
lans son pays une vie assez modeste. II est au-
ourd'hui en grand crédit chez ceux des Hispano-
iméncains qui s'occupent de l'ancienne littéra-
ure de leur pays. Quoique la première partie
lie son œuvre ait seule paru , on eût évité un
;rand nombre d'erreurs , si on l'eût consultée
Mus fréquemment. Son style est diffus, et les ren-
leignements qtfil coutient sont mêlés à beau-
l'^up de détails oiseux ; mais ils ont le caractère
ile la vérité, et renferment de précieuses origines.
Jalancha, presque entièrement inconnu parmi
lous, a eu cependant, dès le dix-septième siècle,
es honneurs de la traduction ; on l'a seulement
nfiniment trop abrégé dans la version française ;
lie est intitulée beaucoup plus emphatiquement
[ue l'original : Histoire de l'Église du Pérou
mx antipodes, et un grand progrès de l'Église
!» lu conversion des gentils par la prédica-
ion des religieux ermites de l'ordre de
^int- Augustin, recueillie, par tm Père de la
^ovince de Tolose, de lachronique du R. P. A.
ie la Calanche; Toulouse, chez F. Boude, 1653,
0-4°. Ce n'est pas dans ce livre qu'il faut pren-
Ireconnaissancede l'auteur péruvien, et s'initier
m mx mystères archéologiques qu'il dévoile ; c'est
)ii Jans le livre original. Nul ne connaissait mieux
8 ^e lui, on peut le dire, une foule de monuments
qi jpiî ont disparu, puisque, à partir de 1615, il avait
I ifisité à deux reprises différentes ces ruines mer-
111 ireilleuses de Tibuanaco, dont il est si souvent
i* tpiestion dans les voyageurs modernes. Calancha
lonne approximativement une idée de l'étendue
i i Le livre de B. de Torrès complète en quelque sorte
I i;c!, ouvrage ; il est intitulé Cronica de la Provincia Pe-
' '-auna del orden de les Ermitanos de S ant- Augustin ;
tV Lima , 16S7, In-iol.
prodigieuse du temple de Pachacaniac et des
constructions hiératiquesqui l'entouraient. Le tout
pouvait avoir, disait-il , un demi-quart de lieue
de tour; et ce temple imposant est comparé par
lui au temple de Salomon. A l'époque où écrivait
l'auteur de la Cronica moralisada, on voyait
encore un grand nombre de bas-reliefs parmi les
ruines. Pachacamac, l'àme vivifiante de l'uni-
vers, ne pouvait être manifesté aux hommes
par une statue : l'idée imposante qu'on se fai-
sait de ce dieu puissant ne permettait pas de le
représenter sous un symbole. Comme le nom re-
douté de Jéhovah, le nom de Pachacamac n'était
prononcé par les Péruviens qu'avec toutes les
marques de la terreur et du respect. On envoyait
au dieu de saints baisers dans la position la plus
humble. Calancha prend soin de décrire minu-
tieusement les formes d'adorations prescrites par
le rituel, et il donne l'oraison qui servait à im-
plorer les dieux suprêmes des Péruviens.
Ferdin. Denis.
Prcscott, Hist. du Péroii.
*CALANDAR (Choiraf-Bou-AU), illuminému-
sulman, natif de Panipat, vivait au treizième siè-
cle de J.-C. A l'âge dequarante ans, Calandarvin*
à Dehli, et eut l'avantage d'être introduit auprès
du Khadja-Coutb-Ouddin ; mais il ne s'occupa
pendant vingt ans que de sciences extérieures.
Enfin la lumière divine (pour me servir de ses
propres expressions ) vint éclairer le miroir de
son cœur ; il jeta tous ses livres dans le fleuve
Jemna, et se mit à voyager pour achever son ins-
truction religieuse. Arrivé dans l'Asie Mineure,
il y retira de grands avantages de la société de
Chams-Tabriz, célèbre poète persan, et de Mau^
lavi-Roum, phiîxjsophe spiritualiste musulman,
fondateur de l'ordre des Maulavî, et auteur d'un
poëme très- renommé , connu sous le titre de
Masnavi Calandar revint ensuite dans sa patrie,
et vécut constamment dans îa retraite, jusqu'au
moment où Dieu l'appela à lui. "Un grand nom-
bre de gens prétendirent avoir été ks témoins
oculaires de ses miracles , et de nos jours en-
core son tombeau est un lieu de pèlerinage très-
fréquenté. Ce personnage, le plus célèbre de
l'Inde musulmane , mourut, s'il faut en croire
M. W. Hamilton {lEast India Gazetteer, t. Il,
p. 367), l'an 724 de l'hégire (1323-1324 de l'ère
chrétienne ) ; mais si à l'âge de quarante ans il
fut effectivement en relation avec Coutb-Ouddin,
qui mourut en 630 ( 1232-1233), la date donnée
par M. Hamilton ne doit pas être exacte ; car
elle supposerait que Calandar avait plus de cent
trente ans lorsqu'il cessa de vivre.
On trouve le Fatiha ( éloge avec invocation )
de ce saint dans l'Eucologe musulman, imprimé
à Calcutta (Hidayat-al-Islam, p. 269). [M. de
RiENzi , dans VEnc. des g. du m. ]
Hamilton, East India Gazetteer.
*CAL,A]VDER {Etienne), médecin italien, na-
tif du Piémont, vivait dans le dix-septième
siècle. On a de lui : Brevissima chirurgicas
151
CALANDER — CALANDRUCCÏ
152
facultatis compendiaria ; Paviglione, 1623,
iii.l2 ; — la FeVre deW l' anima ; Turin, 1647,
in- 12 (sur les Passions de l'âme).
Carrère, Bibliothèque de la Médecine.
CALANDRA (Jeaii-Bapttste), peintre mo-
sfute, né à Verceil en 1568, mort en 1644 ou
1648. 11 fit faire des progrès à son art. On voit à
Saint-Pierre de Rome plusieurs peintures de
cet artiste, entre autres un Saint Michel d'après
le chevalier d'Arpino. On lui doit d'autres ouvra-
ges non moins remarquables ; mais ne recevant
du gouvernement qu'un salaire insuffisant, il tra-
vailla pour les particuliers. Pascoli vante une Ma-
done de Calandra d'après Raphaël, qui fit partie
autrefois de la galerie de la reine de Suède.
Nagler, Neues Allgemeines Kûnstler-Lexicon. —
Lanzi, Storia pittorica.
CAiANDRËLLi (Joseph), astronome italien,
né à Zagarola en 1749, mort à Rome le 27 dé-
cembre 1827. Il abandonna l'étude de la juris-
prudence, qu'il ti-ouvait trop aride, pour s'appli-
quer aux sciences physiques et naturelles, tout
en professant la philosophie au séminaire de
Magliano. En 1774, il fut appelé à suppléer, puis
à remplacer, à Rome, le célèbre Jacquier dans
la chaire de mathématiques. C'est alors qu'il fit
paraître ses ouvrages les plus importants. En
même temps û s'occupa d'expériences physi-
ques, et dirigea l'observatoire fondé par le car-
dinal Zélada ; le premier, il fit^élever des para-
tonnerres au sommet du palais pontifical. Il fut
un de ceux que le pape Pie VII chargea de
faire des observations astronomiques dans le
genre de celles auxquelles se livraient les sa-
vants français. En 1824, il dut abandonner aux
jésuites le collège romain, et se retirer avec ses
collègues au collège de Saint-ApoUinaire. On a
de lui : Saggio analitico sulla riduzione degli
Archi circolari a logaritrai hmmaginarï; —
Sulla fallacia délia dimosti'azione di Galileo
del moto accelerato in regione degli spazii;
— la JDimostrazione sulV equilibrio ; — Del
moto e délia forza che sollecita i corpi pen-
duli da una funeper piani inclinati; 1778;
— Opuscoli astronomici , en collaboration avec
Conti; Rome, 1812, in-fol. , et 1824, 8 vol. : on
trouve dans ce recueil les mémoires suivants de
Calandrelli : Sulla latitudine délia specola e
sulla elevazione del suo piano , e délie prin-
cipali colline romane sul livello del mare ; —
i Lavori sulla parallasse annua délia lira
colla soluzione del problema délie altezzecor-
rispondenti , supponendo la differenza di de-
cliîiazioue e refrazione quantitàfinite; — Sulle
duc comète apparse negli annl 1807 e 181 1 ; —
Sulla luce crepuscolare ; — la Dimostrazione
délie diverse formate da usarsi net calan-
dario Giuliano e Gregoriano; 1819, in-8°; —
lo Schéma di un' antica eclissi solare ve-
duta nelU anno 359 daÀla fundazione pdi
Jioma^.
Tlpaldo, Biog. degl. Ital. illuftri, lu, 243.
CALANDRiNi (/eftw-ZoMw) , botaniste et ma-
thématicien suisse, né à Genève en 1703, mort
le 30 décembre 1758. Il étudia à Lausanne et à
Londres, fut professeur de mathématiques en
1724, professeur de philosophe en 1734, et con-
seillerd'État en 1750. C'était un savant distingué.
On a de lui : Thesis de Coloribus ; Genève,
1722; — An solse propositiones mathematicx
sint jure certae; ibid., 1728; — De Infinito;
1730; — De actione solis et lunx ; ibid.,
1732; — De veritatis inquisitione ; ibid.,
1734; — De attentione, memoria et imagina-
tione; ibid., 1734; — De vegetatione et gene-
ratione plantarum ; ibid., 1734; — des Mémoi-
res et Observations dans divers recueils, notam-
ment les Philosophical Transactions, dans le
Journal littéraire^et la Bibliothèque Itali-
que;— un traité De sectionibus conicis, et une
Nota de calculo sequationum planetarum,
dans l'édition des Principia mathematica phi-
losophise naturalis Isaaci Newtonis, par Le-
sueur et Jaquier; Genève, 1739-1742; 3 vol
in-4°. Calandrini coopéra par ses soins et ses
conseils à cette édition.
Journal Helvétique, 1759, janvier. — Senebler, Hist.
litt. de Genève, III. — Efsch et Gruber, AUgemeim
Encycl.
CALANDRINI OU CALENDRINI, poète SUisse
vivait dans la première moitié du dix-septiènw
siècle. Il est connu par un poème latin , où il dé-
crit un orage extraordinaire qui éclata à Genève
le 19 janvier 1645. Ce poème se trouve dans le:
œuvres du baron de Ziilichen. ( Voy. ce nom. )
Senebier, Hist. litt. de Genève, XI, 219.
CALANDRINO OU CALANDRtTCCIO (TVOSSC
di Pierino, dit), peintre, né à Florence à k
fin du treizième siècle, fut élève d' Andréa
Tafi. Il travaillait en compagnie ou plutôt soui
la direction de Buffalmacco et de Nello di Dino
qui, profitant de sa simphcité, le prenaient pou
but des plus plaisantes mystifications. Ce son:
ses mésaventures mêmes, racontées par Boccaci
dans le Décaméron, qui ont sauvé son nom d
l'oubli. E. B— N,
Boccace, Décaméron. — Ticozzi, Dizionario. — Op
landl, Jbbecedario.
*CALAiVDRrcci (Domenico), peintre de l'é
cole romaine , né à Palerme vers la moitié di
dix-septième siècle. Frère et élève de Giacinto
U reçut aussi les leçons de Carlo Maratta.
Lanzl, Storia pittorica. — Pascoli, P'ite de' pitt, et(
CALANDRUcci (Giocinto), peintre de l'é
cole romaine, né à Palerme en 1646, mort ei
1707. Il étudia à Rome sous Carlo Maratta, e
peignit pour Saint>-Antoine des Portugais Sai
Paolino delta Regola, et, pour d'autres égli
ses, des tableaux qui ne parurent pas inférieur
à ceux de son maître. Rappelé dans sa patrie
il peignit pour Saint-Sauveur de Palerme ui
grand tableau de la Vierge entourée de sain
Bazile et de plusieurs autres saints. La mor
le frappa au moment où il venait d'y mettre 1:
dernière main.
|S3 CALANDRUCCI
*CA.hX'SDKVCCl (Gian-Battista), peintre de
école romaine, neveu et élevé du précédent.
E. B— N.
Pasnoll, f^ite de' Pittori, ScuUori e Architetti tno-
erni. — lMm\,Storia pittorica. — Tlcozzl, Dizionario.
- Orlandi, Abbecedario.
*CALANi {Carlo), peintre et sculpteur, né à
arme avant la moitié du dernier siècle, mort en
812. Il fut un des artistes qui, à cette époque de
écadence, s'efforcèrent de ramener le bon goût
ar l'étude de l'antique. Le tableau du maître-
Jtel de Colorno, les statues de Saint- Antoine
3 Padoue, et les quarante cariatides de la
•ande salle du palais royal de Milan , sont ses
rincipaux. ouvrages. Il mourut très-âgé, sans
/oir pu se consoler de la perte de sa fille, morte
«t années avant lui. E. B — n.
Ticozzl , Dizionario. — Piroyano, Guida di Milano.
*CAi.ANi (Maria), peintre de l'école de
arme, née en 1781, morte en 1804. Élève de
tn père Carlo, elle remporta le second prix au
and concours de peinture ouvert à Milan en
iOl. Un Baptême du Christ, plusieurs por-
aits , et une Hébé , son dernier ouvrage , font
vement regretter qu'une mort prématurée l'ait
ilevée aux arts à l'âge de vingt-trois ans.
E. B— N.
Ticozzl, Dizionario.
CALANNA (Pierre), franciscain et philosophe
ilien, né en 1531 à Termine dans l'île de Sicile,
»ort dans la même ville le 19 janvier 1606. A
ae époque où il était dangereux de combattre
philosophie d'Aristote , à juger parla mort de
. Ramée, il se déclara pour la philosophie de
laton. Cependant Seelen va trop loin en le
ammant un platonicien à brûler; car il est
lutôt syncrétiste que platonicien déterminé. On
de lui : PMlosophia seniorum sacerdotia
t platonica, a junioribus et laids neglecta;
>hilosophia de mundo animarum et corpo-
um; Palerme, 1599, in-4°, ouvrage devenu
ès-rare dès le commencement du dix-huitième
ècle ; — Orazioni ambi funebri nella morte
\el re Filippo ///Palerme, 1599, in-4°.
De Seelen, Select, litterar., p. 693, et Miscellun., t. I,
; 9, et tom. III, préf. — Vogt, Catal. libr. rar., p. 162.
\- Mongitore, Bibl. Sicula. — David Clément, Bibl. cu-
*cALANO (Maurice), philosophe et médecin
1 alien, né et mort à Ferrare, vivait dans le dix-
leptième siècle. La renommée de ses vastes con-
iaissances le fit nommer très-jeune à ime chaire
-e professeur ordinaire à l'université de sa ville
atale. Bientôt après il succéda à Galeotto Bec-
a])o dans la première chaire de philosophie, et
evint enfin professeur d'anatomie. On dit qu'il
beaucoup écrit ; mais il n'a fait imprimer que le
raité De Proprietatibus individualibus ; Fer-
jare, 1645.
I Èloy, Dict. de la Méd. — Carrière, Bibl. de la Méd.
I *CALAso (P?'osper), médecin italien, natif
e Sarzane (États Génois), vivait dans le milieu
lu seizième siècle, n professa à Rome et à Bolo-
— CALANSON 154
gne. On a de lui : une paraphrase latine du livre
de Galicn De inxquali temperie ; Lyon, 1 538,
in-8°. Un autre de ses ouvrages n'est connu que
par une traduction française, sous le titre : Traité
de Ventretènement de la santé; Paris, 1550,
in-l 2.
Éloy, Dict. de la Méd.
CALANSON ( GiRAUD de), jougleur et trouba-
dour gascon, mort vers 1226. Ses poésies font
presque entièrement connaître sa vie. C'est à
tort, il semble, qu'on prétend qu'il eut peu de
succès à la cour des princes. On le voit, au con-
traire, bien accueilli chez le roi de Castille, chez
le roi d'Aragon, chez le vicomte de Montpellier, et
surtout chez Marie de Ventadour. Ce qui reste de
ses poésies justifie cette appréciation que fait de
lui Y Histoire littéraire : « Il a de la verve, du
goût, de la fmesse dans l'esprit, une oreille déli-
cate, et il paraît avoir joint à son talent toute
l'instruction répandue parmi les poètes de son
siècle. » Parmi les pièces publiées par M. Ray-
nouard, on remarque celle où le poëte fait un
élégant éloge de sa dame. Chaque strophe com-
prend quatorze vers : douze de six syllabes, le
treizième de quatre, et le quatorzième de onze. Les
treize premiers sont masculins; le quatorzième
seulement est Ctoiinin, et la pénultième syllabe
est longue. Dans un autre poème, Calanson invite
un jongleur à cultiver les exeroices habituels
aux gens de sa profession. Les phrases y sont
coupées, et la rime disposée de telle façon que
le poëte a l'air de danser d'un bout à l'autre, et
d'imiter amsi les mouvements du jongleur.
Les strophes suivantes donnent une idée de ce
genre :
Fartet joglar,
Co potz pensar....
C'ades te do
Sirventes bo
Coin no lo puesea desraenlir ?
Sapchas trobar
Egen tombar
E ben parlar, e jocx partir,
Taboreiar
E tauleiar
E far la slrnptionia brugir ;
E paucx pomels,
Ab dos cotels
Sapchas gitar e retenir....
E sistolar
E mandurcar,
E par catre cercles salir. .
Sapchas arpar
E ben temprar
La gigua, e'I sons esclarzir ;
.(ogiar ieri
Del salteri ;
Paras X cordas estrangir
IX esturmens.
Si be l'apprens,
NI poteza tos ops retenir...
Puyes apenras
De Pelias
Com el fetz Troya destrair (1).
(1) Niais jongleur,
PeUx-tu penser
Que maintenant je te donne
Bofl strvente
Qu'on ne puisse démentir ?
Sache trouver
155
CALANSON — CALAS
15
Le poëte énumère ensuite plus de cent ro-
mans ou histoires qu'il convient à un parfait jon-
gleur de savoir conter. On y remarque des noms
assez étonnés de se trouver ensemble : Amier,
fils de Rainier; Amon, fils de Doon; Clodomir,
Pépin, Virgile. Un autre mérite de ce poëme, qui
porte réellement l'empreinte d'une jeune et vive
inspiration, c'est qu'il fait assez bien connaître le
caractère mi-poétique et mi-saltimbanque des
troubadours. V. R.
Raynouard, Choix de poésies des troubadours, II et
Jll. - Hist. litt. de la Fr., XVII.
* CALANUS (Juvencus Côlius), prélat et
historien hongrois , natif delà Dalmatie, vivait à
la fin du douzième siècle. On sait seulement qu'en
1197 il fut évêque de Cinq-Églises. On a de lui :
Attila, rex Himorum, imprimé à Venise, 1502,
in-fol., et ajouté aux Vies de Plutarque dans
l'édit. de Geronimo Squarciajki , et plus tard
à l'ouvrage de Petr. Canisius, Apparatus ec-
clesiasticus ; Ingolstadt, 1608. La meilleure
reproduction en a été faite dans Mathieu Bel ,
Apparatus ad Hist. Hiingar. dec, I, avec les
notes de Jean Tomkae, directeur du gymnase de
Presbourg.
Horanyl, Memor. IHungar. — Hanor, De Scriptoribus
Hung., p. 18.
CALANUS (KdcXavoç), gymnosophiste indien ,
vivait dans la première moitié du quatrième siè-
cle avant J.-C. Il suivit Alexandre le Grand, et en
fut bien traité. Mais arrivé à un âge très-avancé,
et étant tombé malade , il résolut de mettre fin
à ses jours : il se fit porter, suivant l'usage de
son pays, sur un bûcher où il expira tranquille-
ment, et sans donner le moindre signe de souf-
france. L'armée d'Alexandre assistait à ce sacri-
fice. On ajoute que Calanus avait refusé de faire
ses adieux au conquérant, en disant qu'ils se re-
verraient l'un et l'autre à Babylone.
Arrien, Anabase, VII, 2, — Plutarque, Alexandre. —
Diodore.XVII, 107.— Athénée, X, 437. — Cicéron, Quœst.
Tusculan., II, 22 ; de Divinatione, I, 22 , 30. — Valère
Maxime, I, 8.
*CALAORAT OU CALAHORRAT (Jean), his-
torien ecclésiastique espagnol, de l'ordre des
Franciscains, vivait dans le dix-septième siècle.
On a de lui une histoire de l'ordre des Francis-
cains en Syrie et en terre sainte, dont on n'a
Et agréablement rimer
Et bien parler, et proposer jeux partis,
Tambouriner
Et Jouer des cliclettes.
Et faire la symphonie bruire ;
Et petites pommes
sur deux couteaux
Sache jeter et retenir,
Puis sistoler
Et jouer de la mandolc.
Sauter à travers quatre cercles.
.Sache encor pincer de la harpe ,
Et tempérer
La gigue, puis faire briller ta voix ;
Joue gaiement
nu psaltérlon;
Fais dix cordes résonner
De neuf instruments.
Si bien tu apprends
'l'u peux te servir a Ion gré;
l'uis tu apprendras
De l'élias (du fils)
Comment il fit Troie tomber.
qu'une traduction italienne, sous le titi'e'-. Istori
cronologica delta Siria e Terra Santa, dei Pf
gressi délia Religions Serafica, trad. dm
spagmiolo, per il P. Angelii Milanese ; \
nise, 1694, in-4''.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelekrten-Lexico.
CALAOUN. Voy. Kelaoun.
CALAS (Jean), victime du fanatisme rm
gieux et de la législation vicieuse du demie
siècle , était né en 1 698 , d'une famille prote>
tante, à la Caparède, en Languedoc. Il avai
épousé une Anglaise dont la famille était d'ori
gine française, et il exerçait à Toulouse l'éta
de négociant. Au mois d'octobre 1761, après 1
souper de la famille, son fils aîné, Marc-Antoint
jeune homme adonné au jeu et doué d'un carac
tère sombre et mélancolique, fut trouvé pendu
la porte du magasin. Un jeune homme de Bor
deaux, nommé Lavaysse, avait assisté ausoupei
Aux cris de la famille, le peuple s'attroupa ; 1
bruit courut que le fils aîné avait voulu se fair
catholique. On accusa la famille d'avoir préven
l'exécution de ce dessein en étranglant ce jeun
homme. On alla jusqu'à accuser Lavaysse d'à
voir été envoyé par les protestants de la Guyenn
pour prendre part à ce meurtre. Les pénitent
blancs de Toulouse firent des funérailles splen
dides à Marc- Antoine Calas, et les dominicain
érigèrent un catafalque, au-dessus duquel ils pif
cèrent un squelette tenant une palme de marty
d'une main, et un acte d'abjuration de l'autre
Toute la famille Calas fut arrêtée , et, cédant
la clameur publique , le capitoul David fit ins
truire un procès criminel. Lavaysse et une sei
vante cathoUque qui avait élevé les enfants d
Calas furent impliqués dans ce procès. Ni 1
probité connue du vieux Calas, ni le bon accori
qui avait toujours régné dans cette famille, €i
qui n'avait point été troublé par la démarch:
d'un des fils, qui avait quitté la religion protes
tante pour la catholique , ne furent capables d I
détruire la prévention des juges, fortifiée pa
les cris du peuple. Huit juges contre cinq conn
damnèrent Calas au supplice de la roue ; et c
père innocent, et toujours ferme dans ses décla
rations, subit cette sentence affreuse le 9 man
1762, en protestant de son innocence. Son plui
jeune fils fut condamné au bannissement; mai
les moines s'emparèrent de lui et l'enfermèrem
dans un couvent, pour lui faire abjurer le calvi
nisme. On jeta aussi dans un couvent les fille
de Calas. Le jeune Lavaysse, enveloppé par 1
hasard dans les malheurs de cette famille, e
fidèle à la vérité jusqu'au dernier moment , fu
renvoyé absous. Lé^ veuve, se réfugiant en Suisse
fut assez heureuse pour intéresser à son sot
Voltaire, alors retiré à Ferney. Le philosophe em
ploya son esprit et son activité à vouer à l'oppro
bre l'assassinat juridique commis à Toulouse
L'appel en justice qu'il fit de cet arrêt engage
Élie de Beaumont et d'autres avocats à plaide
avec éloquence la cause de l'innocence, oppri
Il 57 CALAS —
mie par le fanatisme des Toulousains ; le pro-
1 1 ^ (ut revu à Paris, et les Calas furent déclarés
luiiocents. Louis XV leur accorda une somme
le :!0,000 liv. ; mais leurs persécuteurs ne furent
point punis. Cependant le jugement de Calas pesa
uuigtemps sur le parlement de Toulouse : celui-ci
■iivoya une députation à Versailles, mais ses ex-
usos furent mal accueillies par le roi. Il n'en
si pas moins vrai que, sans le courage infatiga-
ik' (le Voltaire, jamais peut-être justice n'eût
■te rendue à cette famille malheureuse. [M. Dep-
l'iNG, dans Y Une. des g. du m.]
[ Voltaire, OEuvres,
CALASio {Mario de), hébraisant et lexico-
çraphe italien, né vers 1550 dans le royaume de
Vaples, mort en 1620. Issu d'une famille peu
lisée, il entra dans l'ordre de Saint-François, et
icfjirit une telle connaissance de la langue hé-
)raïqne, qu'il fut chargé delà professer. En même
emps il obtint du pape Paul V toutes les facili-
i es nécessaires aux travaux qu'il préparait sur
es saintes Écritures. 11 mourut en chantant en
lébreu les psaumes de David . On a de lui : «ne
Irammaire hébraïque; — Canones générales
ingux sanctx ; Rome, in-4''; —Dictionnaire
hébraïque ; MA., 1617, in-4»; — Concordantix
!acrorum bïbliorum hebraicee, cumconvenien-
iis linguas arabicse et stjriacx; 1621, 4 vol.
n-fol.; ouvrage posthume , publié aux frais de
?aul V et de Grégoire XV , par les soins de
Wichel-Ange de Saint-Romule , collègue de Ca-
lasio. La seconde édition, revue par Guillaume
Somain, parut à Londres en 1747, 4 vol. in-fol.
Wolf, Bibl. — Richard Simon, Biblioth. choisie.
; *CALATHiNO {Despote), médecin italien,
jrivait vers le milieu du dix-septième siècle. On
|i de lui : Discorso délie stufe da' Bagni di
fiomaesuoi monumenti; Rome, 1646, in-4°.
j Carrère, Dibl. de la méd.
, *CALATRAVA {Jose-Moria) , homme d'État
espagnol, né à Mérida (Estramadure) le 26 fé-
|mer 1781, mort le 24 janvier 1846. Avocat dis-
;:ingué à Badajoz, il fut élu membre de la junte
populaire d'Estramadure, puis député aux certes
^e Léon et de Cadix, où, prenant en main la dé-
l'ense de la liberté, il se posa comme orateur éner-
gique et jurisconsulte savant. Ses succès de tri-
pune lui valurent la proscription en 1814; mais
a constitution de 1820 lui rendit sa patrie, et
'Estramadure l'envoya aux certes de Madrid,
pu, au miheu des discours les plus brillants sur
iles questions de législation, il trouvait toujours
moyen d'attaquer M. Martinez de la Rosa. Pen-
iant la guerre de 1823, il remplissait à Séville
îtè Cadix, sous les ordres des cortès révoltées,
[CS fonctions de ministre delà justice; mais il fut
jorcé d'abandonner ce portefeuille éphémère dès
jue le duc d'Angoulême eut rétabli Ferdinand vn.
Il se réfugia alors en Angleterre jusqu'en 1830,
i^poque où il devint membre de la junte direc-
[rice de Rayonne, protestation vaine du parti
jiatioaal , lequel ne se releva qu'à la mort du
CALCAGNl 158
roi, en 1834. Calatrava provoqua alors l'établis-
sement des juntes qui, à Badajoz, Saragosse,
Tolède et Madrid , proclamèrent la constitution
de 1812 : la reine-régente Marie-Christine, for-
cée de l'accepter, demanda aux cortès la révi-
sion de cette charte; et, le 18 juin 1837, une cons-
titution, mieux appropriée aux besoins du pays,
fut promulguée. Calatrava se fit remarquer dans
la discussion qui précéda ce grand acte , et ob-
tint pendant quelques mois le portefeuille de la
justice; mais son esprit remuant ne put se con-
cilier une notable partie des conservateurs, et
d'ailleurs sa vieille haine pour M. Martinez de la
Rosa l'éloignait des principes d'un gouverne-
ment modéré. Il donna sa démission. En 1841,
il travailla encore, et réussit à organiser des jun
tes centrales à Valence , à Barcelone et à Sara-
gosse, afin de renverser l'autorité du général Es-
partero , qui en effet fut dépouillé de la régence
par les cortès, assemblées le 16 août 1843. Ces
cortès proclamèrent alors Isabelle n majeure,
malgré les termes formels de la constitution . Ayant
été plus de trois fois élu député aux cortès,
Calatrava réunissait les conditions d'enti'ée au
sénat; il fut donc désigné par plusieurs provin-
ces pour cette haute dignité, à laquelle l'appela
la reine. T. Albert Blanquet.
Martinez Marina, flistoire des grandes assemblées na-
tionales de VEspagne.
CALAU {Benjamin), peintre allemand, né à
Friedrichstadt, dans le Holstein, en 1724; mort
à Berlin le 27 janvier 1785.11 exerça son art à
Leipzig, peignit particulièrement le portrait, et
devint peintre en titre de la cour de Saxe. Il est
surtout connu pour avoir retrouvé la cire puni-
que ou éléodorique, connue des anciens et men-
tionnée par Pline. En 1771 il vint à Berlin, et y
obtint du roi un privilège pour son procédé, que
Calau a expliqué lui-même dans la Gazette de
Halle.
Gazette littéraire de Halle, 1768.— Riem, De la pein-
ture des anciens. — Nagler, Neues Allgem. KiXnstl.
Lex. — Ersch et Gruber, Allgemeine Encyclopsedie.
cALAvics PAcuvics. Voy. Pacuvius.
*CALBETUS (£. Porcius) , controversiste
italien , de l'ordre des Jésuites , natif de Mes-
sine, vivait dans la première moitié du dix-sep-
tième siècle. On a de lui : (tuXaxTvjpiov adversus
Mamertinee immunitatis calumniatores ; Ve-
nise, 1623, in-4°; — Apologelica expostulatio
pro S. P. Q. Mamertino; Venise, 1823, in-4o.
Cat. Bibl. Bodleia.
* CALCAGNl {Antonio), sculpteur et fondeur,
né à Recanati en 1536, mort en 1593. Élève de
Girolamo Lombardo, il est auteur des douze apô-
tres d'argent de la Sajita Casa de Lorette. Il
modela etfondit pour la place de cette ville la belle
statue en bronze de Sixte-Quint, et fit encore pour
la Marche d'Ancône plusieurs autres statues de
pontifes, ouvrages qui le placent au rang des
bons sculpteurs de son temps. E. B— n.
Cicognara, Storia delta scoUura. - Tlcozzl, Diiiona*
rto. — BaMinucci, Notiiie.
159 CALCAGNl -
*CAi.cAGNi (Diego), historien italien, natif
probablement de Recanati, vivait dans le com-
mencement du di\-huitième siècle. On a de lui :
Menioi'ie istoriche délia città di Recanati;
Messine, 1711,in-fol.; on y trouve aussi les Me-
mo7'ie degli uomini illustri délia stessa
città.
Adelung, suppléra. à Jôcher, AUgemeines Gelehrten-
Lexicon.
CALCAGNi OU CALCAGNINCS (iJog'er), théo-
logien italien, de l'ordre des Dominicains , natif
de Florence, mort à Arezzo en 1290. Il se dis-
tingua comme prédicateur. Nommé évêque de
Castro en 1240, et inquisiteur de la foi dans la
Toscane, il se fit remarquer par son zèle contre
les hérétiques. Après avoir assisté au concile de
Lyon, sous Innocent IV, en 1245, il se trouva
au second concile tenu dans la même ville en
1274, et, après trente-quatre ans d'épiscopat, il
se retira au couvent d'Arezzo, où il mourut. Le
livre des Vertus et des Vices , que Possevin et
d'autres lui attribuent, n'a été , à ce qu'il paraît,
que traduit par lui en italien du français du
P. Laurent, confesseur de Philippe DI, roi de
France. Cette traduction est de l'an 1279, et
l'on en trouve une copie manuscrite à la Biblio-
tlièque impériale de Paris.
Échard, Script, ord. priedicat, — Le P. Touron, Hist.
des hommes illustres de l'ordre de Saint-Dominique.
CALCAGNi (Tiberio), sculpteur, né à Flo-
rence, vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle. Il suffit, pour sa gloire, de dire qu'il fut
choisi par Michel-Ange pour achever plusieurs
de ses derniers ouvrages, lorsque ce grand maî-
tre, accablé par les ans, fut devenu incapable de
manier le ciseau avec assez de fermeté.
E. B— N.
Fontenay, Dictionnaire des artistes.
CALCAGNiivi (Celio), philosophe, poète et
astronome italien, né à Ferrare le 17 septembre
1479, mort dans la même ville le 27 août 1541.
Au rapport de Ginguené , il était fils naturel de
Calcagnini , protonotaire apostolique, et fut en-
suite reconnu par sa famille. Mais il règne en-
core quelque obscurité sur cette question de filia-
tion. Il n'étudia pas seulement les belles-lettres
et l'antiquité, il s'appliqua aussi aux. sciences, et
particulièrement à l'astronomie. Il servit pendant
quelques années dans les armées de l'empereur
Maximilien et du pape Jules II ; et , après avoir
été envoyé en mission à Rome par Alfonse I"',
duc de Ferrare, il accompagna en Hongrie, dans
les années 1518 et 1519, le cardinal Hippolyte
d'Esté ; à son retour, il fut nommé chanoine de
la cathédrale, et professeur de belles-lettres à l'u-
niversité de Ferrare. A part un voyage qu'il fit
à Rome, sur l'invitation du duc Hercule IH, qui
l'envoya vers le pape Paul IH , il ne s'absenta
plus de sa ville natale , où il vécut jusqu'à la
fin de ses jours, uniquement occupé des sciences
et des lettres. 11 laissa aux dominicains sa riche
bibliotlièquc, au duc de Ferrare ses manuscrits, et
sa vieille mule {mulam senior em), la monture qui
CALCAGNmi
160
le portait dans ses voyages , à son élève Monfer-
rati, à charge d'en avoir le soin que méritait un
si fidèle animal (ut mulam talem decet). Sa
renommée eut pourtant deux contradicteurs in-
fluents : Paul Jove et Masoraggio, qui combatti-
rent surtout ses opinions sur Cicéron, tandis qu'il
eut pour amis et correspondants les Brassavola,
les Leonicero, les Manardo, les Pic de la Miran-
dole, les Scaliger et les Alciat. On a de Cal-
cagnini : Qucestionum epistolicarum libri III,
Amberg, 1608, in-8° : sous forme de réponses
aux questions posées par son neveu, il examint
et discute dans ce recueil la plupart des grandes
questions philosophiques et scientifiques qui s(
sont agitées dans le monde. Avec cette netteté dt
coup d'œil qui le caractérise , l'auteur de V His-
toire littéraire d'Italie analyse rapidement k
plupart des dissertations du savant italien-. « Sm
commentaire SMr les Antiquités égyptiennes (1)
dit-il, où il traite principalement de l'usage de.-
hiéroglyphes et de leur signification, est pei
considérable, et ne remplit qu'une vingtaine d(
pages dans le volume de ses œuvres, recueillies e
publiées après sa mort (2). La plupart des Qties
lions épistolaires qui le précèdent ont rappor
à d'autres sujets d'antiquité. Plusieurs des nom
breux opuscules qui remplissent le reste du vo
lume appartiennent à la philosophie, à la poli-
tique, à la morale, quelques-uns à l'astronomie
et dans ce nombre il y en a un très-remarqua-
ble (3), où il soutient que c'est la terre qui touriK
autour du soleil (4). On y trouve de petits trai
tés purement littéraires, des discours oratoires
des panégyriques, des oraisons funèbres, des
recherches mêlées d'observations critiques sui
le ti-aité de Cicéron de Officiis (5), qui eut d(
violents défenseurs. Enfin quelques dissertations
sur les jeux de dés des anciens (6), sur leur ma-
rine (7), sur leurs cérémonies, sur leur légis-
lation (8), sur leurs mois (9). Calcagnini fut aussi
poète ; il y a même plus d'élégance dans ses vers
latins que dans sa prose; et l'on en trouve dans
les recueils faits avec le plus de choix »
Il est encore d'autres matières sur lesquelles sf
porta la méditation du savant ferrarais, et don1
l'auteur des Mémoires pour servir à l'histoin
des Hommes illustres donne exactement tous
les titres, parmi lesquels sont les suivants : De
(1) De Rébus jEgijptiacis Cmnmentarius.
(2) Cœlii Calcai/nini Ferrarensis opéra aliquot; Bàle,
1544, iu-fol., édité par Brassavola.
(3) Quomodo cœlum stet, terra moveatur , vei de pe-
renni motu terrœ commentatin,
(4) On sait que Galilée naquit en 1664, c'est-à-dire plus
de vingt ans après la mort de Calcagnini. Cette seule cir
constance assurait à ce dernier une place importaiili
dans l'Iilstoire des sciences.
(5) Disquisitiones aliquot in libros Offlciorum Cice
ronis.
(6) De talorum, tesserarum ac calculorum ludis w
more veterum.
(1) De re nautica.
(8) CoUectanea vetustatis ex antiquis ritibus, ex Xll
tabviis; ex tabulis censoriis, ex legibus Numx, ex Jtirt
pontiflcio'et augurali, et aliis.
(9) De JMensibus dialogus.
161
CALCAGNINI — CALCHI
162
libero animi motu ex sententia veterum phi-
losophorum ; — De patientia, seu vita aulica
commentatio; — De salut e ac recta valetu-
dine commentatio ; — Paraphrasis trium li-
brorum meteorortim Aristotelis, dédié au car-
dinal Hippolyte d'Esté, avec lequel Calcagnini
s'était souvent entretenu sur ces intéressantes
matières; — Anteros, sive de mutuo Amore;
— Rhetoricse compendlum; — Paraphrasis in
primum librum Ethicorum Aristotelis; —
In Politica Aristotelis paraphrasis; — In Aris-
totelis commentationem de Sensu et Sensibili
paraphrasis ; — De Cïtrio Cedro, et Citro
commentatio. Ces écrits ne prouvent pas seu-
lement la fécondité, souvent exubérante, de Ca-
lcagnini; ils donnent aussi une idée du mou-
vement intellectuel du seizième siècle. Quant aux
poésies de Calcagnini, elles ont été publiées sous
le titre : Carminum libri très ; Venise, 1533,
in-8'', avec les poésies latines de J.-B. Pigna et
de l'Arioste, et dans les Deliciee poetarum ita-
lo7-um de Gruter, t. I. V. R.
Zenoni , Storia délia letteratura italiana compen-
diata; Venise, 1801. — T.-G. Calcagnini, Délia f^ita e
degli Seritti di Celio Calcagnini, protonotario aposto-
lico. — Ginguené, hist. Utt. de ritalie, IV, VI et VU. -
PaulJove, Éloges. — Nicéron, Mémoires, t. XXVII. —
Teisier, Jdditinns ceux éloges de M. de Tfiou. — Bor-
setli, Hist. de l'université de Ferrure.
CALCAGNO ou CALCANEUS { Laurent ) ,
Ihistorien, théologien et jurisconsulte italien, natif
Ide Brescia, mort en 1478. Ce fut surtout comme
jurisconsulte qu'il se distingua. On a de de lui :
De commendatione studiorum ; — Concilia;
— De Conceptione sanctae Marias ; — De sep-
tem peccatis.
Trllhèrae, De Script, eccles. — Fabricius, Biblioth.
med. et inf. ast.
CALCAB (jEferari). Foy. Kalcur.
CALCAR {johan-Stephan Von), peintre de
l'école vénitienne , né à Calcar, dans le duché de
Clèves, en 1499; mort à Naples en 1546. Va-
Hisari, qui parle de cet artiste avec éloge, le nomme
tantôt Giovanni Fiamingo , tantôt Giovanni di
Calcare. Après avoir appris dans son pays les
principes de l'art, Calcar vint à Venise étudier
sous le Titien en 1537. Au commencement de
( 1 539, il alla à Naples, où il peignit plusieurs por-
jtraits que les plus habiles connaisseurs attribuè-
rent au Titien; et il ne réussit pas moins bien à
' imiter à Rome le style de Raphaël. Il revint en-
j suite à Naples, où il mourut à l'âge de quarante-
sept ans. Il avait dessiné à Padoue, en 1537, les
î belles figures anatomiques gravées sur bois qui
iparurent dans la première édition du traité d'a-
natomie d'André Vesale, imprimé à Bâle en
1542, figures que l'on crut longtemps être l'ou-
jvrage du Titien. Le musée du Louvre possède
!de Calcar un beau portrait d'homme à barbe
rousse , portant la date de 1540. E. B — n.
Vasari, nte. — Sandrart, y^cademia artis pictoriex.
— Lanzi, Storia pittorica. — Villot , Musée du Louvre.
*CALCEATi {Jean), poëte latin, vivait pro-
bablement dans la première moitié du seizième
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
siècle. Uappartenait à l'ordre de Saint-Benoît. On
a de lui : Historiade Passione Ghristi, carminé
heroico ; Paris, 1531,in-8°,et Lyoo, 1538,in-8''.
ZiebellaueFi Hist. Utt. ord. Bened.
CALCEOLARi OU CALCEOLARius {Fran-
çois), naturaliste italien, vivait vers le milieu
du seizième siècle. Il était pharmacien à Vérone,
et un des élèves les plus distingués de L. Giiini.
Son goût pour l'histoire naturelle le mit en rela-
tion intime avec Mathiole et Aldrovande. Ce fut
avec ce dernier qu'il entreprit, en 1554, un
voyage au mont Baldo , situé aux bords du lac
de Garda, et très-fertile en espèces végétales (1).
n répéta plusieurs fois ce voyage avec An-
guillara, Jean et Gaspard Bauhin, et communi-
qua les résultats de ses observations à Jean-
Baptiste OUva, qui les publia d'abord en italien;
Venise, 1566, in-4" (très-rare); puis en latin,
sous le nom de Iter Baldi Montis; Venise,
1671, 1584,10-4°. Cet opuscule se trouve re-
produit par Seguier dans s*s Plantée Veronen-
ses, t. II, p. 445, et à la suife de VEpitome Ma-
thioli de Camerarius ; Francf., 1586, in-4<'. On
cite encore de Calceolari : P. And. Matheoli
compendium de plantis;Yemse, 1571, 1584,
in-4°; Francf., 1586, in-4°. La description de son
cabinet d'histoire naturelle, complété après sa
mort, fut publiée par Benoît Ceruti et achevée
par A. Cliiocco, sous le titre de Musaeum Vero-
nense; Vérone, 1622, in-fol.
C'est en honneur de Calceolari que le P. Feuil-
lée a donné le nom de Calceolaria à un genre de
scrophulariacées originaire du Pérou, et dont
les nombreuses espèces et variétés font l'orne-
ment de nos expositions horticoles. F. H.
Maffei , Ferona illustrata. — Éloy, Dict. hist. de la
Médecine.
CALCHI (Triston), historien italien, né à Mi-
lan vers 1462, mort vers 1507 ou 1516. En 1494,
à la mort de George Merula, dont il fut l'élève,
il fut chargé de continuer l'œuvre de son maître,
y Histoire des Visconti. Grâce au concours de
Barthélémy Calchi, son parent, qui mit à sa dis-
position les documents de la bibliothèque de
Pavie, il s'acquitta de sa tâche avec Italent et
activité. En examinant attentivement l'ouvrage
de Mérula, il y découvrit des erreurs qu'il es-
saya d'abord de corriger; mais, irrité par le
nombre et la gravité des rectifications à opérer,
il écrivit un nouvel ouvrage, fit remonter son
liistoire à la fondation de Milan, et la mena jus-
qu'en 1323. « C'est, dit Ginguené, une des
meilleures traductions de ce temps. La critique
y est beaucoup plus exacte ; le style a l'élégance
et la gravité convenables. » Cependant cet ou-
vi'age ne fut mis au jour que plus de cent ans
après la mort de l'auteur, et à deux intervalles
différents; la première partie est intitulée Cal-
chi Historiée patrise libri XX adann. 1313;
MUan , 1628, in-fol.; la seconde partie a pour
(1) Pona, pharmacien à Vérone, visita, quelques années
après, le mont Baldo, et en fit la description.
163 CALCHI —
titre : CalcM residua, videlicet Historiée li-
bri XXI, anno 1314-1322; Milan, 1644, in-fol.
L'éditeur Puricelli prétend (détail curieux) que
Calchi fut, en dernier lieu , secrétaire du roi de
France Louis Xn.
Argelati, Script. Mediol. — Tiraboschi, Storia délia
Letter. — Ginguené, Hist. litt. de l'Italie.
*CAi,ci {Giovanni Battista), peintre gé-
nois, florissait vers 1760. Il peignit des tableaux
d'histoire recommandables par la beauté du co-
loris et l'ajustement des draperies. E. B — n
Winckelmann, JVeues Mahlerlexikon.
* C4LCIA (Giuseppe), ait le Génois, peintre du
<lix-huitième siècle. Il travailla beaucoup à
Alexandrie et dans d'autres villes des États sar-
des, et il est regardé, bien que né à Gênes,
comme appartenant à l'école piéraontaise. Il
eut de la grâce et un coloris plein de fraîcheur,
mais ne sut pas se défendre du style maniéré, qui
était à la mode de son temps. E. B — k.
Lami, storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario.
* CALCiATî (Dominique ou Domitiiis), sa-
vant italien et poète latin, natif de Novare, vivait
probablement dans le quinzième siècle. On a de
lui : Frogmentum poeticiim de bellogallico in
Insubribus gesto, publié à Milan, 1700, in-4<>,
avec des notes par Lazare Augustin Cotta.
Adelung, Supplément à Jôcher, Allg. Gelehr. Lex. —
Catal. de la Bibl. impér.
CALCONDYLE. Voy. ChALCONDYLË.
*CALDANA {Antonio), peintre de l'école
romaine, né à Ancône dans la première moitié
du siècle dernier. 11 fit à Rome, pour l'église St.-
Nicolas de Tolentino , mi grand tableau représen-
tant un trait de la vie du saint. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica.
CALDANi {Léopold'Mûrc- Antoine), anato-
miste italien, né à Bologne le 21 novembre 1725,
mort à Padoue le 30 décetnbre 1813. Destiné à
la profession d'avocat par ses parents, il préféra
la carrière médicale. Il s'appliqua surtout à la
nosologie et à l'ahatomie. Membre de l'Institut
de Bologne, il fut appelé quelques années à pro-
fesser l'anatomie à l'université de cette ville. Il fit
alors un grand nombre d'expériences (quatre-
vingt-trois) pour démontrer sans réplique l'in-
sensibilité des tendons. Cependant il s'attira de
telles contradictions , qu'il quitta Bologne pour
Padoue, où, en 1771, il remplaça Morgagni. Ses
principaux ouvrages sont : Lettera sulla insen-
sibililà ed irrilabilità di alcune parti degli
animali; Bologne , 1757, in-4° ; — Lettera terza
sopra l'irritabilità ed insensibilitàHalleriana;
Bologne, 1759, in-8°; — Lettera siilV uso del
muschio nelV idrofobia; Venise, 1761; —
Storia delta malattia che trasse di vîta la
nobilesignora C.B. P. G. lYeaise, 1766, in-8°;
- Rijlessioni fisiologiche sopra due disser-
tazioni del signor Claudio- Nicola le Cat; Ve-
nise, 1763, in-S" ; — Innestofelice del vajuolo ;
Padoue, 1767, in-B"; — E saine del capitolo
setlimo , contenuto nella duodecima parte
deW ultima opéra del chiarissimo sig, An-
CALDARA 164
tonio di Haen; Padoue, 1770, in-S"; — Let-
tera al signor di Haller, su i fenomeni che
accadano di muscoli di alcuni animali di
sanguefreddo tagliati attraverso, irritando
in appresso la medolla spinale , in-8° ; — 1ns-
titutiones pathologicx ; Padoue, 1772; Naples,
1787, in-8°; — Institutiones fisiologlcx;
Padoue, 1773, in-8°; Naples, 1787; — Dialo-
ghi difisiologia e di patologia; Padoue; 1778,-
in-8°, et 1793; — Institutiones anatomicss;
Venise, 1787, 4 vol. in-4°; — Institutiones se-
meiotices; Padoue, 1808, in-8°; — Memorie
lette nelV Academia di Padova; Padoue,
1804; in-4°; — Icônes anatomicx; Venise,
1801-1814,4 vol. in-foL
Memorie intorno alla vita eâ aile opère di L.-M.-A.
Caldani; Modène, 1822. — Tipaldo, Biog. degli Jtal. il-
lustri, V, 332.
CALDANI {Pétrone-Marie), mathématicien
italien, frère du précédent, né à Padoue; en
1735, mort en 1808. Il étudia dans sa ville na-
tale, et eut pour maître le célèbre P. Riccati.
Les connaissances qu'il déploya dans un con-
cours qui eut lieu au mois de décembre 1763
lui valurent une chaire de mathématiques à l'u-
niversité de Bologne. Il fut ensuite chargé d'ac-
compagner le cardinal Conti , qui avait reçu
la mission de visiter les eaux de la Bomague et
du Bolonais. Devenu secrétaire de la légation
de Bologne à Rome , il représenta la ville natale
pendant la maladie de l'ambassadeur Gozzadini,
de 1795 à 1799. Il prit alors sa retraite, et vint
finir ses jours à Padoue. On a de lui : Délia
proporzione Bernoiilliana fra il diametro
e la circonferenza del circolo; Bologne, 1782,
in-8°; ouvrage qui fit dire à d'Alembert que
Caldani était le premier géomètre et algébriste
de l'Italie ; — Rijlessioni sopra un opuscolo
del Padre Franceschini Barnabita, dei lo-
garitmi de' numeri negativi; Modène, 1791;
— I7i morte delV eccellente donzella RuJJina'
Batto7ii , etc., iîime; Bologne, 1786 et 1794,
in-8" ; — des articles dans VAntologia romana ,
et, en manuscrit, Elementi di algebra.
Tipaldo, Biogr. deyli liai, illustri.
CALDAKA (4?i/o?.we), compositeur italien,
à Venise en 1678, mort dans la même ville le 28
août 1763. Il eut pour maître d'accompagne-
ment et de contre-point son compatriote Le-
grenzi. A dix-huit ans, il fit jouer son premier
opéra. De 1714 à 1718, il remplit, à la cour de
Mantoue, les fonctions de maître de chapelle;
il vint ensuite s'établir à Vienne, où l'empereui
Charles VI voulut être son élève pour la com-
position. En 1723, Caldara dirigea à Prague l'exc
cution en plein air de l'opéra composé par Fuchs
pour le couronnement du roi de Bohême. Li
peu de succès qu'eut son Thémistocle, joué à
Vienne le 4 novembre 1736, le fit renoncer au
théâtre. Vers la fin de 1738 il revint à Venise,
où il vécut relire jusqu'à sa mort. Il fit h
musique de plusieurs opéras d'Apostolo ZeiiO;
de huit opéras de Métastase, et de quelques ora-
165
CALDARA -^
torio de ce dernier. La musique sacrée de Cal-
dara est jugée meilleure que ses productions
profanes.
Fétis, Biog. univertelle des Musiciens,
CALDARA (Polidore). Voy. Caravage (Poli-
dore de).
CALDARONE OU CALDERONE (Jean-Jac-
ques), médecin etcliimiste italien, néàPalerme
le l" janvier 1651, mort en 1731. Il étudia
les sciences naturelles et surtout la botanique
avec un tel succès, qu'il fut chargé par Joseph
Valguarnera, proto-médecin de la Sicile, de l'ins-
pection des pharmacies du royaume et des îles
adjacentes. On a de lui : Pretia simpHcium ac
compositorum medicaminum ab omnibus ob-
servanda; Palerme, 1697, in-4°; — des lettres
sur la botanique, dans les Bizarrie botaniche
di alcuni simplicisti di Sicilia; Palerme,
1673, etNapIes, 1674.
Éloy, Dict. hist. de la Médecine. — Biographie mé-
dicale.
*CALDAS (Francisco José de), naturaliste
américain , né à Popayan, dans une petite ville
de la Nouvelle-Grenade, vers 1770; mort le 30
octobre 181 G. Sans maîtres, sans livres , sans
aide en un mot , il parvint à devenir botaniste,
physicien et astronome distingué. Au milieu de
ces régions à peine connues de l'Europe, car
Humboldt et Bonpiand ne les avaient pas en-
core parcourues, il avait construit lui-même un
baromètre et un sextant , afin de pouvoir entre-
prendre des travaux de nivellement. Ignorant
encore les expériences de Deluc sur la corres-
pondance du point thermométrique de l'eau bouil-
lante et de l'élévation de la colonne de mercure,
il n'en fit pas moins un mémoire sur la méthode
de mesurer la hauteur des montagnes, sans autres
instruments que ceuv fabriqués par lui-même.
A l'époque où le célèbre J.-C. Mutis fut chargé
d'explorer scientifiquement le royaume de la
Nouvelle-Grenade et une partie du Pérou, il se
trouva heureux de s'adjoindre un homme tel
que Caldas; mais, à en juger par les écrits
de. ce dernier, il n'eut pas à se louer beau-
coup de la communauté de travaux qui s'établit
entre lui et le savant espagnol , et il se plaint
avec amertume du déni de justice qui plaça le
neveu de Mutis à la tête de l'expédition après
la mort de son oncle. Caldas n'en accomplit pas
«ftoins des voyages de la plus haute importance
au sein des Andes et sur les bords de la Mag-
dalena, qu'il avait visités dès l'année 1797. Ce fut
en 1804 qu'il mesura le Chimborazo et le Tun-
gueragua. Caldas finit par être chargé de la di-
rection de l'observatoire établi , au commence-
ment du siècle, à Santa-Fé de Bogota. A la fin
de l'année 1807, parut le premier numéro du
Semenario de la Nueva Granada, qui devait
bientôt former deux vol. petit in-4°, et dans le-
quel Caldas devait déposer ses précieuses obser-
vations. Une mort déplorable allait bientôt les ar-
rêter : l'habile professeur avait embrassé avec
CALDELARI 160
clialeur la cause de l'indépendance ; un ordre bar-
bare de Morillo le condamna à mort le 30 octobre
1816. Un exemplaire du. Seme/îrtrio avait été rap-
porté par l'illustre Humboldt, et déposé à la biblio-
thèque de l'Institut de France : c'est cet exem-
plaire d'un recueil devenu rarissime qui a servi à
la réimpression d'un beau volume dû aux soins
de M. A. Lasserre , dont voici le titre : Seme-
nario de la Nueva Granada , miscelanea de
ciencias, literatura, artes e industrla, pub.
porunasocledaddepatriotasGranadinos,bajo
la direccion de F.-J. de Caldas ; nueva edicion,
corregida, aumentada con varios opusculos
ineditos de F.-J. de Caldas, anotada y ador-
nada, etc. ; Paris, 1849, gr. in-8". F. Denis.
Jozé Acosta, Brève noticia sobre Francisco de Caldas.
— Jozé Caldas, en tête du Semenario,
CALDAS DE PEREiRA (/ean ), jurisconsulte
espagnol, natif de Thiu, vivait dans la première
moitié du dix-septième siècle. Il étudia à Sala-
manque, puis il professa et pratiqua à Coïmbre.
On a de lui : Questiones forenses et controver'
sise civiles; SynCagma de universo jure em-
phyteutico; Francfort, 1612, 4 vol. in-fol.
N. Antonio, Bibliotheca fiispana nova.
* CALDAS PEREIRA DE SOUZA {AntOUio),
poète brésilien , né à Rio de Janeiro le 23 no-
vembre 1762, mort le 2 mars 1814. 11 fut en-
voyé dès l'âge de huit ans en Portugal, et fit ses
études à Coïmbre; poursuivi par le saint office
étant encore à l'université, il fut transféré au
couvent de Rilhafoles. Là, un changement com-
plet s'opéra en lui, et il prit du goût pour la vie
ecclésiastique, qu'il embrassa depuis. Ce fut à
Rome, et après avoir fait un voyage en France,
qu'il entra dans les ordres ; bientôt il retourna
au Brésil, puis il revint encore à Lisbonne, et il se
trouvait dans cette capitale lors de l'entrée des
Français. Vers 1808 il rentra dans son pays, pour
n'en plus sortir. Il se hvra à un travail assidu, et
comme il était d'une constitution faible, il suc-
comba aux excès de l'application. On a publié de
lui à Paris, en 1821, un recueil intitulé Poesias
sagradas e profanas, avec des commentaires du
général Stockler. Ce volume renferme des mor-
ceaux du caractère le plus élevé, parmi lesquels
on remarque Vode sur l'homme sauvage. Il a
paru en 1836, à Coïmbre, deux petits volumes
qui reproduisent les vers du poète brésilien,
moins les traductions. Caldas avait un frère,
qui a acquis de la réputation dans l'étude de la
jurisprudence. H y eut encore au Brésil un poète
populaire fort goûté, nommé Doraingos Caldas
Barbosa, homme de couleur, né en mer, et qui
est mort en 1800. Ferd. Denis.
F.-A. de Varahagen, Florilegio da poesia Brasileira;
Lisboa, 1850, 2 vol. in-18. — Revista Trimensal. — Ferdi-
nand Denis, Résumé de l'Hist. litt.du Port, et du Brésil.
* CALDELARI ( ...), sculptcur, vivait à Paris
au commencement du siècle. Il avait exposé
en 1810 : Buste de l'Empereur; Buste de
Boizot , sculpteur; — Buste du général
Becler, tué à Eylau; — en 1817 : Androclès,
6.
167
CALDELARI ~
ou le Lion reconnaissant; — V Architecture,
bas-relief en plâtre , destiné à la fontaine de la
Bastille ; — en 1819 : Statue du général Mo-
reau, commandée par le ministère de l'inté-
rieur et qui devait être exécutée en marbre
dans la proportion de 1 1 pieds. Le musée du
Louvre possède de lui : un Narcisse, statue
en marbre, exposée en 1814. P. Ch.
Livrets des Salons.
CALDENBACH OU RALTENBACH (Chris-
tophe), poète et humaniste allemand, né à
Schwibus, dans la basse Silésie, le 11 août 1613;
mort le 16 juillet 1698. Il étudia à Francfort-sur-
roder etàKœnigsberg. On a de lui: Anaîysis et
notée in Horatium; — Collegium epistolicum,
oratorium, analyticum,poeticum, mixtuni, in
Ciceronem, Ovidium etalios; — Compendium
rhetorices pro scholis Wurtembergicis : ce
manuel a été longtemps en usage dans les écoles
du Wurtemberg; — Commentarius rhetori-
cus; — Deolea; Tublngue, 1679; — De vite;
1685, ia-i".
Jôcher, Allgemeines Gelehrten-Lexicon.
CAi^OER {Robert), amiral anglais, né à Elgin
le 2 juillet 1745, mort à Holt le 31 août 1818.
D'abord élevé en Ecosse, il entra ensuite comme
midshipman (aspirant) dans la marine royale.
Parvenu au grade de capitaine , il contribua au
gain de la bataille navale qui eut lieu, en février
1797 , àla hauteurdu cap Saint- Vincent, sous les
ordres de sir John Hervis. Nommé contre-amiral
ea 1799, il fut chargé en 1801 de poursuivre avec
son escadre l'amiral Gantheaurae, envoyé en
Egypte par le gouvernement français, pour y ap-
provisionner l'armée. En 1805, il reçut de l'ami-
ral Cornwallis l'ordre de bloquer les ports de la
Corogne et du Ferrol. Il sut se maintenir dans
cette station, d'où il ne se retira que pour aller
attaquer, le 25 juillet, les flottes combinées de
France et d'Espagne, aux ordres des amiraux de
Villeneuve, Gravina et Dumanoir. Sa flotte souf-
frit beaucoup dans l'action; mais il s'empara de
deux vaisseaux espagnols. Calder n'opéra sa re-
traite qu'à la nuit. 11 comptait recommencer l'at-
taque dès le lendemain; mais la direction du
vent permit à de Villeneuve de s'éloigner dès
le point du jour. La conduite de Calder n'eut
pas l'approbation des lords de l'amirauté. A son
retour en Angleterre, il fut traduit devant un
conseil de guerre à Portsmouth, qui décida que
sa conduite n'était pas le résultat de la lâcheté,
mais d'une erreur de jugement; et il fut con-
damné à être sévèrement réprimandé (to be
severely reprimanded). En 1810, Calder fut
appelé aux fonctions d'amiral de port à Ports-
mouth.
, Annual Begister. — Rose, Neio Biog. Dict. — Galerie
hist- des Contemp.
CALDERA (Edouard), jurisconsulte portu-
gais, vivait dans la première moitié du dix-sep-
tième sièfle. n étudia sous la direction de Co-
varruvias et de Costa. On a de lui : De Errori-
CALDERARI 168
J)us pragmaticorum lïbri IV, totidem varia-
rum lectionum, et autres écrits rapportés par
Meerman ; Anvers, 1612, in-fol.
Meerraan, Conspectus novi Thesauri juris civilis et
canonici. — N. Antonio , Bibl. fiisp. nova.
CALDERA DE HEREDiA ( Gaspard), médecin
espagnol, d'origine portugaise, vivait dans la
seconde moitié du dix-septième siècle. Il étudia
à Séville, y devint docteur, et y acquit un grand
renom. Antonio, son ami, fait de ce médecin le
plus grand éloge. On a de Caldera de Heredia :
Tribunal magicum, medicum et politicum,
pars prima; Leyde, Elzevir, 1638, in-fol.; —
Tribunalis medici illustrationes practicds
pars secunda; Anvers, 1663.
Antonio, Bihl. hisp. nov. — Éloy, Dict. de la méd.
— Van der Linden, De script, medicis.
*CALDERARi (César), écrivain ascétique et
moine italien, natif de Vicence, vivait à la lin du
seizième et au commencement du dix-septième
siècle. On a de lui : Concetti scritturali in-
torno al Mserere; Venise, 1589, in-12, et 1592,
in-12; trad. en franc, sous le titre : Conceptions
de V Écriture sainte sur le psaume Miserere
mei; Rouen, 1607, in-12; — il Trofeo delta
croce di G. C, con varj coThcetti adornato;
Florence, 1598, in-8°; — Concetti scritturali
sopra il Magnificat di Maria Vergine ; Venise,
1601, in-8°; trad. en espagnol, Madrid, 1604,
in-8°; et en latin, Munich, 1627, in-8».
Adelung, supplément à Jôcher, Allg. Gelehrt.-Lex.
*CALDERARï (Giovauni-Maria), peintre de
l'école vénitienne, naquit dans le seizième siècle
à Pordenone, bourg du Frioul, qui eut la gloire
de donner son nom à un des plus illustres peintres
de l'école vénitienne, dont Calderari fut élève.
Celui-ci ne travailla guère hors de sa patrie ; aussi
ne doit-on pas s'étonner que, malgré son talent,ili
soit généralement peu connu. Un de ses meilleurs
ouvrages à Pordenone porte cette inscription :
Johannes Maria Portuensis MDLXIV. Ses fres-
ques d e la cathédrale ont longtemps passé pour être
de l'Amalteo. A l'église paroissiale de Montereale,
il avait peint également à fresque plusieurs su-
jets du Nouveau Testament, attribués générale-
ment au Pordenone, jusqu'au jour où des preu-
ves écrites les ont fait restituer à leur véritable
auteur. E. B — n.
Renaldis, Délia pittura Friulana. — Lanzi, Storia
pittorica. — Ticozzi, Dizionario.
* CALDERARI (Jean- Baptiste), traducteur
italien, de l'ordre des chevaliers de Malte, natif
de Vicence, vivait dans la dernière moitié du
seizième siècle. On a de lui : la Nuova comedia
di Terenzio tradotta ; Yiceace, 1588.
Paitoni, Bibl. degli P'olgarizz.
CALDERARI (Oftone), architecte, né à Vi-
cence, d'une famille noble, en 1730, mort vers
1800. Dès son enfance, un goût prononcé pour
l'architecture le porta à étudier les ouvrages qiii
traitaient de cet art, et les monuments élevés
dans sa patrie par l'immortel Palladio. Aussi
dIus tard son style fut-il d'un meilleur goût que
169 CALDERARI — CALDERON
celui de la plupart de ses contemporains. Les
principaux édifices construits par Calderari sont,
à Vicence, les palais Antisola, Bonini et Cardel-
lina. Le dernier, qui malheureusement est resté
inachevé, n'eût point été indigne, par sa magnifi-
cence, du voisinage des chefs-d'œuvre de Pal-
ladio. E. B — N.
Tlcozzl, Dizionario. — Bennassutl; Guida di Ferona.
— Valéry, Foyages en Italie.
CALDERiA ou CALDIERA (/eon), médecin et
écrivain mystique italien , né à Venise , et mort
dans la même ville en 1474. Issu d'une ancienne
famille , il obtint, après de longues études, une
chaire de médecine à l'université de Padoue;
mais plus tard il se retira dans sa ville natale,
où il mourut dans im âge fort avancé. On a de
lui : Concordantiœ poetarum, philosophorum
et theologorum, J. Calderia physico authore,
opus vere aureum, quod nunc primum in lu-
cem prodiit ex antiquo exemplari authoris ;
Venise, 1547, iu-8°, publié par les soins de Mi-
chel-Ange Biondo, docteur en médecine. L'auteur
l'avait composé pour sa fille, qui l'avait conservé
en manuscrit : c'est un traité de théologie mys-
tique , qui substitue à tous les héros des fables
gi'ecques et romaines les idées et les mystères
<le la religion cb retienne ,. Ce livre devint bientôt
très-iare.
Ciement, Bibl. curieuse, tom. II. — Adelung, suppl.
à Jôcher, Allgeni. Gelehrten-Lexicon.
CALDERIA (Catherine oaCattaruzza), fille
•de Jean Calderia, hagiographe italienne, née pro-
l»alilement à Padoue, vivait dans la première
moitié du seizième siècle. On a d'elle : De lau-
dibus Sanctorum; ouvrage inédit.
Antoine Vinciguerra , Satire III.
* CALDERiNi ( Apollinaire de ), jurisconsulte
italien, natif de Ravenne, vivait vers la fin du
seizième siècle. On a de lui : Discorsi sopra la
ragion di Stato di Giov. Botero; Milan, 1597,
in-8°, et 1609, in-8° ; ouvrage attribué par quel-
ques auteurs à Jean Calderino.
Catal. Bibl. impér. de Paris. — Adelung, suppl. à Jô-
clier, Allgem. Gelehrten-Lexieon.
CALDERINO OU CALDERINUS ( Domizio ) ,
savant itaUen, né à Torri, près de Calderio, vers
l'an 1447 ; mort en 1478. Il eut pour maître de
grec et de latin Antoine Broianico ; et tels furent
ses progrès, qu'à peine âgé de vingt-quatre ans
iil fut appelé à Rome par le pape Paul H pour y
(professer les belles- lettres; il devint en outie
secrétaire apostolique de Sixte IV, qui le chargea
Id'aller avec le cardmal de la Rovère apaiser les
jtroubles qui avaient éclaté à Avignon. Il mourut
ijeune, de la peste, selon les uns; des suites d'un
rtravail excessif, d'après d'antres. L'Académie de
Rome lui fit des funérailles pompeuses, aux-
I quelles les étudiants assistèrent en habits de
I deuil. Il partagea avec Valla et Politien l'hon-
Ineur d'avoir, par la publication de bonnes édi-
tions d'auteurs classiques, contribué aux pro-^rès
des lettres depuis la renaissance. On lui a repro- I
ehé de la présomption et de la dureté eavers ses «
170
adversaires. On a de lui : M. Valerii Martialis
epigrammata, cum Domitii Calderini com-
mentariis ; Yenise, 1474, in-fol., et 1480; —
Commentarius in Statii Sylvas, additis notis
in Saphonis, Ovidii et Propertii loca obscu-
riora; Rome, 1475, in-fol.; Brescia, 1476; —
Commentarius in Ibim Ovidii ; Venise, in-fol.,
sans date; — Juvenalis Satyree, cum commenta-
riis Antonii Mancinelli, Domitii Calderini,
Georgii Merulse, et Georgïi Vallx ; Venise,
1591, in-fol.; — Annotationes in Virgllium,
dans diverses éditions de ce poète ; — Pausaniee
historici commentariorum Grseciam descri-
bentium, Attica et Corinthiaca, ex interpreta-
tione Domitii Calderini a Joanne Oporino
emendata; Bâle, 1541.
Paul Jove, Éloges. — Bayle, Dict. — Nicéron, Mém.,
XX.X. — Scipion Maftei, Ferona illustrata. — Sax,
Onomast., II.
CALDERINO (/eaw ), jurisconsulte italien,
natif de Bologne, mort le 13 juillet 1348. Il
épousa la savante Novella, fille du célèbre ju-
risconsulte Jean -André, laquelle lui donna un
fils, Gaspard Calderino, auteur d'un commen-
taire in Decretales, et du traité De Interdicto
ecclesiastico. Calderino a laissé im commen-
taire inLibros Decretales , et des Consilia.
Bayle, Dict. — Panziroli, De Claris legum interpreti-
bus.
CALDERINO (Jean), théologien du seizième
siècle, connu par un ouvrage intitulé de Haere-
ticis, publié en 1671, et relatif aux devoirs d'un
inquisiteur.
Le Mire, De Script. XFIssec.
CALDERON (doD Pedro Calderon de la
Barca Henaoy Riano), célèbre poète espagnol,
né à , Madrid le l*' janvier 1601, mort le 25 mai
1687, Il fut élevé par les jésuites, et dès l'âge de
quatorze ans il composa une pièce de théâtre
( el Carro del cielo ). Après avoir napidement
achevé ses études, il vécut pendant quelque temps
à la cour, attaché à de puissants protecteurs.
Bientôt lassé de cette existence dépendante, il
s'engagea, en 1625, comme simple soldat, et fit
quelques campagnes en Flandre et en Italie. Le
tumulte des armes ne l'empêchait pas de se li-
vrer à son goût pour la poésie dramatique ; ses
succès dans ce genre devinrent assez brillants
pour attirer les regards de Philippe IV, qui lui-
même, passionnément épris du théâtre, avait
composé quelques comédies sous le nom d' Un
bel esprit de la cour ( Un ingenio de esta
corte ). Ce monarque appela Calderon près de
lui en 1636, le fit chevalier de Saint-Jacques, le
combla de distinctions , et accorda les sommes
nécessaires pour représenter ses pièces dans
toute leur pompe. En!1625, Calderon entra dans
les ordres , et à dater de ce moment il composa
peu de pièces profanes. Son imagination, bien
loin encore d'être épuisée, se déploya plus bi-
zarre et plus hardie que jamais dans les Autos
sacr amentales. Il parvint à une vieillesse très-
fivancée, R'étant mort qu'en li^87, et ayant été
171
jusqu'à ce dernier moment l'objet des faveurs de
la cour et de l'admiration de ses compatriotes.
On prétend qu'il composa plus de quinze cents
drames : un pareil nombre semble exagéré; il
est pourtant au-dessous de celui des pièces de
Lope de Vega, qui en composa, dit-on , deux
mille deux cents. La facilité avec laquelle la lan-
gue esgagnole se prête à la versification , l'incor-
rection de ces pièces , jets brillants et rapides de
la fantaisie, expliquent cette fécondité, inconce-
vable au premier abord. Sous un titre toujours
semblable, celui de comedias, Calderon a traité
tous les genres ; mais aussi doit-on ajouter qu'il
a donné à tous à peu près la même physiono-
mie. Qu'il choisisse un sujet national , comme
dans le Prince constants; qu'il emprunte ses
personnages à l'antiquité , comme dans les Ar-
mes de la beauté ; ou bien que le sujet soit de
pure invention, comme dans le Secret à haute
voix; ou enfin qu'il redescende tout à fait à la
vie privée dans ces comédies que les Espagnols
appellent de cape et d'épée, c'est toujours le
môme langage brillant de poésie , c'est la même
exaltation dans les caractères , le même imbro-
glio dans l'intrigue. Toutes ces pièces se divi-
sent en trois journées ou actes ; les unités n'y
sont point observées ; le plaisant s'y montre à
côté du sérieux ; il y a même d'ordinaire, dans
les œuvres les plus graves et les plus touciiantes,
un bouffon (gracioso) chargé de divertir par ses
grotesques plaisanteries le spectateur trop ému.
Les pièces historiques offrent la plus étrange
confusion de temps et de lieu. Du reste, il est
très-difficile à des étrangers de juger Calderon :
les Allemands , dont le génie est si romantique,
l'ont loué jusqu'à l'exagération; quelques-uns
sont allés jusqu'à lui assigner la première place
parmi les dramatiques modernes. Mais, pour ne
pas tomber dans l'extrême opposé, il faut bien se
garder de lire Calderon l'esprit préoccupé des rè-
gles sévères de l'école classique ou de nos mœurs,
si différentes des mœurs espagnoles. Quiconque
ne ferait pas une large part à cet éblouissant re-
âet oriental, trace dernière et ineffaçable du sé-
jour des Maures dans la Péninsule, courrait ris-
que d'être injuste envers lui : il faut, si l'on veut
comprendre et apprécier son génie, se faire son
compatriote et son contemporain. Si l'on peut
se placer à ce point de vue, et sentir son imagi-
nation exaltée et brûlante comme elle peut l'être
dans les pays du Midi , on lui pardonnera ses
métaphores trop hardies et ses concetti, en fa-
veur de cette couleur éclatante, de ce luxe
d'ornements , de ces trésors dé poésie qu'il ré-
pand avec tant de prodigalité sur tout ce qu'il
touche. Le blâme que pourrait mériter le manque
de naturel dans les caractères se taira devant
l'admiration inspirée par la manière grandiose
dont ces caractères sont tracés ; les événements
paraîtront pa:lois invraisemblables, mais l'ai-
sance avec laquelle ils se déroulent et s'enchaî-
ïient, mais ces intrigues si vives, vingt fois dé-
CAÏ.DERON 172
nouées et renouées , entretiendront une curiosité
sans cesse renaissante, et jetteront souvent le lec-
teur dans l'étonnement. Malgré ce caractère na-
tional, tellement prononcé qu'il rend Calderon
inappréciable pour qui n'est pas Espagnol ou n'a
pas l'imagination assez mobile pour le devenir i
momentanément, plusieurs de ses pièces onti
étendu leur renommée au delà de leur patrie :
VHéraclius est depuis longtemps célèbre en
France ; et Corneille, dans sa tragédie du même
nom , a, dit-on, emprunté quelques traits à l'au-
teur espagnol. Quelques auteurs prétendent, aui
contraire, que c'est Calderon qui fut dans som
drame l'imitateur de Corneille. Le Paysan ma-
gistrat, que le fameux Collot-d'Herbois fit jouer
avec assez de succès en 1789, est pris d'un des
meilleurs ouvrages de Calderon. V Alcade de
Zalamea, le Prince constant , ({nt l'on regarde
comme son chef-d'œuvre, traduit en allemand
par M. Schlegel et plus récemment par le pro-
fesseur Pertz, furent longtemps joués sur tous
les théâtres de l'Allemagne. Le Médecin de son
honneur ( el Medico de sa honra ) est moins
connu : c'est cependant une des pièces où le gé-
nie de Calderon brille le plus , et où le caractère
espagnol ressort de la manière la plus frappante.
Ceux qui ne savent pas la langue de Calderon
peuvent s'en convaincre en lisant l'analyse dé-
taillée et très-exacte que M. de Sismondi a don-
née de cette comédie dans son Histoire de la
littérature du Midi. Quant aux pièces dites
religieuses, telles que le Purgatoire de saint
Patrice, la Dévotion de la Croix, nous les ad-
mirons beaucoup moins : outre que l'imbroglio
y est trop invraisemblable et trop chargé d'évé-
nements, la religion y est défigurée d'une manière
déplorable. Il ne faut pas les confondre avec les
autos, qui offrent un tout autre genre de com-
position. On pourrait comparer ceux-ci à nos
anciens mystères, à cette différence près que le
style de Calderon est d'une grande pureté, et que
l'expression poétique est peut-être encore plus
brillante dans les autos que dans ses autres ou-
vrages. Du reste, ce sont de très-étranges et très-
froides allégories; on y voit un pêle-mêle d'ê-
tres réels et d'êtres de raison. Dans les Ordres
militaires. Moïse et David se rencontrent avec
la Nature et le Péché ; dans d'autres, la Théologie
soutient des combats à outrance contre la Philo-
sophie. La Pensée y joue d'ordinaire un rôle très-
comique : elle est représentée comme un être
indocile et mutin ; aux propos qu'elle tient on
pourrait la croire chargée de remplir dans ces
poèmes la place que le gracioso tient dans les
comédies.
Juan de Vera Tassis, ami de Calderon, donna
en 1685 une édition complète de ses œuvres en
15 vol. in-8^; elle comprend 127 comédies et
95 autos. Mais il est reconnu aujourd'hui que
toutes ces pièces ne sont pas de Calderon ; lui-
même , dans une lettre au duc de Veragua , ne
fait monter le nonobre de ses autos qu'à 68. On
in
CALDERON — CALDERWOOD
174
voit, par d'autres lettres conservées manuscrites
dans les archives de sa maison, que, de son vi-
vant même , ses pièces étaient quelquefois telie-
mcntdéiiguréesqu'ilnelesreconnaissaitque parle
titre. Ses œuvres ont été réimprimées à Madrid,
1726 et 1760, 10 vol. in-4°. Un recueil de ses
cmtos a été publié dans la même ville en 1759,
5 vol. in-4". Calderon avait aussi fait des ro-
mances, des sonnets et d'autres poésies fugi-
tives, et ces productions d'un genre moins élevé
a'ont pas eu moins de succès que les drames du
poète auprès de ses contemporains. Ainsi qu'il a
été dit plus haut, les Allemands ont d'abord
rendu justice à son génie : Gcethe et Schlegel ont
porté sur lui l'attention publique ; plusieurs édi-
tions critiques et autres des comedias ont été
entreprises , et d'excellentes traductions ont été
faites par MM. Gries et de Malsbourg. On trouve
dans les Chefs-d'œuvre des théâtres étrangers,
1 volumes contenant la traduction française par
MM. Esménard et Labaumelle, les pièces sui-
vantes de Caldei'on, précédées d'une vie de l'au-
teur : Gardez-vous de Veau qui dort; — le
Peintre de son déshonneur; — le dernier Duel
en Espagne; — l'Alcade de Zalamea; — le
Prince comtant ; — Louis Perez de Galice; —
// ne faut pas toujours caver au pire ; — le
Siège de rAlpîijarra.[Enc. des g. dum.]
Biieua, Hijos de Madrid, t. IV, p. 228. — F.-A. de Qui-
busque, fiist. comparée des Uttér. espagn. et franc.;
18W, t. II, p. 128-iS4. — Ticfcnor, History of spanish
Htérature, t. II, p. 883-402. — Schack, Gescliiclite der
dramat. literat. in Spanien, t. III, p. 38-294. — Charles,
Études sur l'Espagne ; Paris, 1847, p. 21. — Une notice
dans le Foreigbn Quarterly Revieiv,-n° 62. — Schmidt,
mémoire sur Calderon, inséré dans les Annales littéraires
deFienne,{en allemand), t. XVll, XVIII el XIX ( très-
bon travail). — Raynouard, Journal des Savants, juillet
1819. — M. H. Fortoul, sur le J'romét/tée de Calderon,
dans la Revue de Paris. — Blakwood' s uagasine, octobre
1826, p. 5o9-5"2.
CALOBRON ( D. Rodrigue ), aventurier espa-
gnol, mort le 21 octobre 1621. 11 naquit à An-
vers, d'un pauvre soldat de Valladolid et d'une
•Flamande appelée Maro Sandelen. Avant et pen-
dant le ministère du duc de Lerme, il fut le favori
; de ce seigneur, qui laissa ensuite porter à Calde-
ron tout le poids de l'administration. Lefavor
sut tirer parti de sa position ; il obtint les titres de
marquis de Siete-Iglésias, de comte de la01iva,et
il acquit de grandes richesses. Puis, abusant de sa
fortune, il se montra altier, et s'attira la liaine uni-
î verselle. Entraîné dans la chute du duc de Lerme
en 1618, il fut emprisonné, apphqué à la torture,
i et condamné à mort. Mais la sentence , rendue
après deux années de procédure, ne futexécu-
itée que sous Philippe IV. Calderon fut décapité
\par devant ( more kispanico ); c'est-à-dh"e qu'il
ine fut pa"s décapité comme les traîtres, mais
comme coupable d'avoir fait mourir deux gen-
tilshommes. Ce qu'on voulait de lui, c'était moins
sa vie que ses immenses richesses. 11 ne man-
qua pas de courage à son dernier moment.
Paquis et Oochez, Hist. de l'Espagne. — Lavallée et
Cueroult, Espagne, dans l'Univ, pitt.
ICA.L.DEROS (Serafin), poëte espagnol con-
temporain, né à Malaga en 1801, Professeur de
rhétorique et de poésie à Grenade, il publia d'a-
bord divers poëmes qui attirèrent l'attention sur
lui; puis il donna sa démission, se fit recevoir
avocat, et vint plaider à Malaxa. Mais la poésie le
détourna de cette profession, et, après avoir publié
las Poesias del Solilario en 1833, il devint
collaborateur du journal littéraire Carias Espa-
nolas. Ses études approfondies sur la langue
arabe lui firent entreprendi-e : Cristianos y Mo-
riscos , roman ingénieux , plein de vigueur et
d'originalité (1838). II écrivit en outre, par
ordre du gouvernement, un livre d'économie po-
litique : Principios de administracion , ou-
vrage très-remarquable , consulté avec fruit , et
qui a eu de nombreuses éditions. Il a jeté en
outre les premières bases d'un grand travail cri-
tique sur les romanceros. Le gouvernement es-
pagnol, appréciant son mérite, le nomma en 1834
auditeur général à l'armée du Nord; en 1836,
gouverneur civil de Logrono; et en 1838, chef
politique de Séville. Mais ayant vu ses jours
menacés dans une insurrection, il est rentré
dans la vie littéraire, et a publié entre autres
ouvrages curieux : Literatura de los Moriscos.
Les Escenas andaluzas, publiées en 1847, sont
un livre charmant , et plein de ce salera dont
l'Andalousie a seule le pittoresque privilège, et
qui sert de texte à toute conversation bouffonne.
T. Albert Blanqcet.
Conversations- Lexicon.
CALUEBOiv. Voy. Calléja.
CALDERON DE LA BARCA (Vincent), pein-
tre et paysagiste espagnol , natif de Guada-
laxara, mort en 1794. Il fut élève de Goya. Ses
portraits et ses paysages , empremts de grâce
et de vérité , le faisaient remarquer, lorsque la
mort vint arrêter le cours de ses succès. On voit,
chez les prémontrés d'Avila, une Naissance de
saint Robert àas au pinceau de Calderon.
Quilhot, Dictiounai7-e des Peintres espagnols, — Na-
gler, Neues AUgemeines Kûnstler- Lexicon.
CALDERON! [Matteo) , sculpteur vénitien,
du commencement du siècle dernier. Il fut un
des auteurs des statues placées \^ 1728 à la
façade de l'église des Jésuites de Venise, statues
qui témoignent de l'état de décadence de l'art à
cette éi^que. E. B — n.
Cicognara, StoHa délia Scoltura. — Ticozzl, Diziona-
rio.
CALDERWOOD OU CALDWOOD (David) ,
théologien écossais, mort en 1651. Après avoir
étudié avec succès la théologie, il devint minis-
tre de la paroisse de Crealing en 1604, et se fit
remarquer par son opposition à l'épiscopat;
il alla si loin, qu'en 1617 il fut traduit devant
une commission royale à Saint-André , présidée
par le roi en personne. Ne voulant ni se soumettre
ni se reconnaître coupable, il fut incacéré , puis
banni du royaume. 11 se rendit alors en Hol-
lande, où il fit paraître, sous le nom A^Edwardus
Didoctavius, son fameux ouvrage intitulé Al-
175 CALDERWOOD
tare Damascenum, 1623, iii-4° ; réimprimé en
1708, sous ce titre : Altare Damascenum, seu
Ecclesix Anglicanœ politia Ecclesiae scoticanee
obtusa , et formalista quodam deltneata, il-
lustrata, et examinata sub nomine olim Ed-
wardi Didoctavii, studio et opéra Davidis Cal-
derwood. Revenu' secrètement en Ecosse, Cal-
derwood contribua à établir le presbytérianisme
dans ce pays , et devint ministre de la paroisse
de Pencaitland , dans le voisinage d'Edimbourg ;
il rassembla alors les matériaux de son Histoire
de V Église d'Ecosse, ouvrage resté manuscrit,
que l'on conserve en six volumes in-fol. dans la
bibliothèque de l'université de Glasgow. Il en a
paru un abrégé en 1678.
Biographia Britannica.
caluësi {\Jean- Baptiste) , médecin italien,
natif d'Arezzo, vivait dans la seconde moitié du
dix-septième siècle. On a de lui : Osservazioni
anatomiche intorno aile tartarughe mari-
time, d' acqua dolce e ^erresM; Florence, 1687,
in-4°.
Carrère, Bibl. de la Méd.
*CALDIERA (1) {Jean), écrivain politique
italien, natif de Venise, vivait dans la seconde
moitié du quinzième siècle. On a de lui plusieurs
ouvrages manuscrits , contenant des discours
politiques, traités d'astrologie, de morale, etc.,
conservés dans plusieurs bibliothèques de Venise,
notamment dans celles de Sagi'edo et d'Apostolo
Zeno. Le plus important et le plus estimé se
trouve dans la bibliothèque Bodleyenne d'Ox-
ford, et a pour titre : De prsestantia venetse
politiee et artibus in eadem excultis, tam
mechanicis quam liberalibus, et de virtutibus
quas maxime reipublicse Venetse debentur.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
• CALDiERA (Jean). Voy. Calderia.
CALDORA (/ac(2'Me5), condottiere italien, mort
le 15 octobre 1439. 11 était natif du royaume de
Naples, et se fit remarquer sous Ladislas. Op-
posé à Braccio de Montone parla reine Jeanne U,
il remporta sur ce général, le 2 juin 1424, la
victoire d'Aquila. Braccio fut tué dans l'action.
Caldora, élevé aux plus grands honneurs, devint,
après la mort de Jeanne , connétable du roi
René d'Anjou, à la cause duquel il s'était rallié.
Son fils Antoine passa au service d'Alphonse
avec toute l'armée qu'il commandait.
Sisraondi, Histoire des républiques italiennes.
CALDWALL OU CHALDWELL ( Richard) ,
médecin anglais , né dans le Staffordshire vers
1513, mort en 1585. Il étudia à Oxford, fut cen-
seur, puis président du collège des médecins de
Londres, et fonda, dans cet établissement, une
chaire de chirurgie, à laquelle il attacha un trai-
(1) La Biographie de Michaud a confondu ce personnage
en un seul avec Jean Calderia, auteur des Concordantiie
Poetarum, etc.; les sources que nous indiquons inon-
trctit (-videinment qu'il s'agit de deux personnages bieji
distincts. On Ignore toutefois lequel des deux est celui
que Philippe de Rimini fait figurer dans son Banquet de la
Pauvreté.
— CALEGARI
176
tement de quarante livres sterling. Outre plu-
sieurs écrits sur la médecine, restés manuscrits,
on a de lui une traduction des Tables de chirur-
gie de H. More de Florence; Londres, 1583.
Wood , Athenx Oxonien. — Lerapricre, Biographie
universelle.
CALEB , fils de Jéphoné et lieutenant de Jo-
sué, vivait vers l'an 1500 avant J.-C. Député avec
Josué et les autres délégués des tribus pour re-
connaître la terre de Chanaan, il rassura les Is-
raélites effrayés par de faux rapports. On sait
que Dieu l'excepta avec Josué de la proscrip-
tion prononcée contre ceux qui avaient égaré le
peuple. Il eut en partage la ville d'Hébron, d'où
il chassa les géants d'Enaam. Il donna sa fille
Axa en mariage à son neveu Othoniel, qui se
rendit maître de la ville de Debir, que lui-même
n'avait pu prendre.
Paralipoménes, I- — Le livre de Josué.
CALECA OU CALECAS {Manuel), moine et
théologien grec, vivait dans la seconde moitié du
quatorzième siècle. Mêlé aux controverses reli-
gieuses qui agitaient alors les Églises latine et
grecque , il fut du parti qui voulait la réunion.
Parmi les questions vivement débattues se trou-
vait celle de la procession du Saint-Esprit :
Caleca adopta sur cette matière l'opinion de
l'Église latine. Ses principaux ouvrages de con-
troverse sont : lÀbri IV adversus errores
Graecorum de processions Spiritus Sancti;
traduit du grec en latin, sm- l'ordre du pape
Martin V, par Ambroise le Camaldule, et publié
avec un commentaii-e du P. Stenart ; Ingols-
tadt, 1616; — Ilepl oùaîaç %aX iveçytiaç , tra-
duit en latin et annoté par Combefise, sous
. ce tire : De essentia et operatione Dei; Paris,
1672, in-fol; — Ilepl TiiaTeco; xai Tiepl twv àp-
Xwv Tvîç xaôoXtxrjç Ttîcrrewç, publié en latin avec
des notes, et sous ce titre : Defide dequeprin-
cipiis catholicis fidei , par Combefis, dans son
Auctarium , t. II, p. 174-285.
Wharton, supplément à VHist. litt. de Cave. — Fabri-
cius, Bibl. grœc., XI, p. 433.— Bibl. des Pères.— Echard,
script, ord. Prxdic— Le P. Touron, les Hommes illus-
tres de L'ordre de Saint Dominique.
CALED. VoiJ. Khaled.
CALET (Robert), négociant et théologien
américain, mort à Boston en 1720. On a de lui :
les Merveilles encore plus étonnantes du
monde invisible, en réponse à un ouvrage de
Cotton pubUé sous le même titre à Londres, en
1700.
Allen, Americ. Biograph.
*CALEFATi (Pïerre ), jurisconsulte italien,
vivait dans la seconde moitié du seizième siècle.
On a de lui : Enarrationes in aliquot leges
Digestorum; Florence, 1564; — Consilium
matrimoniale ; — Tractatus aureus et quo-
tidie practicabilis equestris dignifatis et de
principibus ; Milan, 1581,in-4°; Venise, 1584,
in-4°.
Catal. Bibl. impér. de Paris. — Catal. Bodley.
*CALEGARi (Alessandro), sculpteur, né à
Brescia vers le commencement du dix-huitième
177 CALEGARI ^ CALENDRE
siècle. Il était fils de Santi-Calegari l'Ancien, et
frère d'Antonio. 11 a beaucoup travaillé dans sa
patrie, et a laissé plusieurs fils qui ont suivi avec
quelque honneur la carrière de leur père.
E. B— N.
OrlandI, Àbbecedario.
* CALEGARI {Antonio), sculpteur, né à
Brescia en 1699 , mort en 1777. Il était fils d'un
sculpteur nommé Santi Calegari V Ancien, pour
le distinguer du fils d'Antonio, qui porta le môme
prénom. Jeime encore, Antonio perdit son père ;
mais il n'en continua pas avec moins d'ardeur
les études qu'il avait commencées sous sa di-
rection , et devint sinon un artiste de premier
ordre, au moins un sculpteur exact et conscien-
cieux. Ses principaux ouvrages sont les statues
de saint Gaudence et saint Octavien , dans le
chœur de la nouvelle cathédrale de Brescia ; la
statue allégorique de cette ville, sur la fontaine
de la place de l'ancienne cathédrale ; enfin plu-
sieurs autres statues aux éghses Saint-Philippe,
Saint-Nazaire et Saint- Celse, Saint-Clément,
Saint-Cosme et Saint-Damien , etc. Calegari a
travaillé aussi pour plusieurs églises de Bologne.
E. B— N.
Malvasia , Pitture, Scolture e Architetture di Bolo-
gna. — Orlandi, Abbecedario.
* CALEGARI ( Giovanni), sculpteur bolonais,
de la fin du dernier siècle. Disciple d« Mauro
JTesi et de Cai'lo Bianconi , il s'attacha à l'étude
de l'antique , et se forma un style assez pur
pour son époque.
Malvasia, Pitture, Scolture e ^architetture di'Bologna.
* CALEGARI (Santi) , sculpteur, né à Brescia,
vivait dans la seconde moitié du siècle dernier.
Il était fils et élève d'Antonio Calegari ; il a sculpté
pour la nouvelle cathédrale de Brescia les sta-
jtues de saint Jean, évangeliste, et de saint Luc.
E. B— N.
Orlandi, Abbecedario.
*CALELLUS (Bernard), philosophe italien,
vivait dans la seconde moitié du seizième siè-
cle. On a de lui : De creatione mundi jiixta
sententiam Aristotelis ; Padoue, 1585.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Celehrten-Lexicon.
CALEMARD DE LAFAYETTE , magistrat
français, mort le 3 mai 1829. Il fut président
de chambre à la cour de Lyon, et, devenu dé-
jputéde la Haute-Loire, il vota avec la majorité
royaliste dans la chambre septennale. Frappé
d'un coup de pistolet , le 2 mai 1829, par un
individu nommé Gineste Pagniol, avec lequel il
avait eu des discussions sur des questions d'inté-
rêt , il mourut le lendemain.
Moniteur universel. — Gazette des tribunaux.
* CALEN (Schotto), théologien allemand, né
àRiga, mort dans la même ville le 10 juillet 1G57.
Il étudia à Giessen , où il prit ses grades, et de-
vint ensuite pasteur luthérien de l'éghse Saint-
Pierre dans sa vUle [natale , où il resta jusqu'à
sa mort. On a de lui : Disp. varia theoremata
philosophica continens ; Giessen, 1615 , in-4°;
178
— Belicix paschales, ou deux Sermonsde Pâ-
ques (en allemand) ; Riga, 1042, in-4".
Gadebosch, Lie/ldndische liibliotliek.
CALEMDARio (FiHppo), scuJpteur et arclii-
tecte vénitien, travaillait vers la moitié du qua-
torzième siècle. C'est par erreur que la Biogra-
phie Michaud lui attribue les galeries de la
place Saint-Marc, qui ne furent commencées que
cent ans après sa mort. Calendario fut chargé
par le doge Marino Faliero de la construction
du palais ducal. Les galeries qu'il construisit
furent le portique de ce palais sur le quai des
Esclavons, et les six premières arcades en retour
sur la Piazzetta. Il sculpta aussi , ou fit exécu-
ter par ses élèves, ces figures allégoriques, d'un
goût à la fois si hardi et si pur, qui décorent les
chapiteaux du premier ordre , et dont plusieurs
ont été publiées par Cicognara ('t. I, pi. 28,
29 et 30). Ces travaux acquirent à l'artiste mie
si grande réputation, que le doge lui-même n'hé-
sita pas à contracter avec lui une alliance de
famille. Calendario paya cher cet honneur : en
1355, il périt sur l'échafaud, pour avoir trempé
dans la conspiration de Marino Faliero. E. B — n.
Cicognara, Storia délia Scoltura.— Tioozzi, Vizioria-
rio. — A. Quadri, Otto Giorni in f^enezia.
* CALENDRE OU QUALANDRE, poctc français,
vivait dans la première moitié du treizième siè-
c5«. On a de lui : une Histoire des empereurs
romains, eu vers français, entreprise sur l'in-
vitation de Ferri I", duc de Lorraine, protecteur
de Calendre, comme on le voit par les vers sui-
vants :
En l'enor del bon duc FerrI,
Qui tant dolcement me norri.
Vuel un roman en comancier,
Et del latin en romancier.
Le poète ne fut pas aussi bien traité par Ferri II ;
aussi s'en plaint-il amèrement.
Il rend lui-même compte de la manière dont il
composa son poëme, qu'il donna, selon la mode
du temps et pour lui imprimer plus de valeur,
comme une simple traduction :
Qualandre, qui cest livre fis,
Et de latin en romans uiist,
N'an puct or plus rimer ne faire,
Car il n'a mes de l'essanplaire ;
Et ce qu'il en a translaté
Doit estre en tel autorité
Nel doit avoir sor/. ne muiax (1).
Li eropereres Manniax (2),
Qui cest livre ot en compaignie
La queronique reongnle (3),
Clamoit cest livre, et disoit tant
Nel doit avoir qui ne l'autanl.
Le poëme de Calendre contient l'histoire abregoe
de Rome depuis sa fondation, jusqu'à la prise de
cette ville par Alaric. Ce n'est , à vrai dire ,
ajoutent les auteurs de Y Histoire littéraire,
qu'une chronique ; mais on y rencontre des pas-
sages empreints de quelque génie poétique. Le
style ne manque ni de clarté ni de concision ,
(1) Sourd ni muet.
(2) Peut-être Manuel.
(3) I.a chronique abrégée (rognée)
179 CALENDRE
et cependant l'auteur est resté inconnu jusqu'au
jour où V Histoire littéraire lui a consacre un
article d'après le manuscrit de son poëme, qui se
trouve à la Bibliothèque impériale (fonds de
Cangé, n° 31 ).
Hist. littéraire,XVlll,'Jli.
CALENSON (GirautDE). Voy. Caianson.
CALENTius ou CALENZio ( Elysius ) , littéra-
teur italien, né à Amphratta dans la Fouille. Il
vivait dans la seconde moitié du quinzième siè-
cle, et il fut l'ami de Sannazar et de Pontanus,
ainsi que le précepteur du roi de Naples Frédé-
ric. Il mourut en 1503 , laissant des élégies, des
épîtres, des épigrammes, des satires, des fables ;
le tout fut réuni, sous le titre à'Opuscula, en un
volume publié à Rome en 1503, (jhez Jean de
Beinken, in-folio. La licence qui règne dans quel-
ques-unes de ces pièces , et surtout dans certai-
nes épigrammes, fit mettre à l'index ce recueil,
dont l'impression dans la ville de Rome est un
fait assez curieux. Devenu rare, ce livre est re-
cherché des bibhophiles. Calentius composa une
imitation en paraphrase de la Batrachomyoma-
chie d'Homère, qui fut fort bien accueillie ; elle
a pour titre : de Bello ranariim et murium
lihri III; mise en français par un traducteur
qui prend le nom d'Antoine Milésius , elle parut
en 1534, comme étant le récit des fantastiques
batailles des grands rois Rodilar dus et Croa-
cus. Le Manuel du Libraire en indique cinq
réimpressions, et nous en connaissons une sixiè-
me; Rouen, 1603. Les autres écrits de Calentius
ont pour titre ; Elegiarum ad Angelum Golo-
tium libri IV; — Epigramma libellum ; — De
Hectoris horrenda apparitione lib. I; — Sa-
tyra contra poetas; — Satyra ad Longum,
quod non sit locus amicitiee ; — Carmen nup-
tiale et nova fabula. Tous ces écrits furent im-
primés à Rome en 1503. G. B.
Toppi , Bibl. Napolet. — Paul Jove , Éloges. — Tafuri;
Scritt. del regno diiNapoU, t. II, p. 396; t. VII, p. 343,
— Tiraboschi, Stor litter. d'It. t. XVII, p. 230. — Grasse,
Lehrbuch einer Utterargesch., t. 11,3° partie, p. 734. —
Adelung, supplément à Jôcher, Allegemeines Gelchrten-
Lexicon.
CALENTTJf (Pierre), théologien flamand,
mort vers 1563. On a de lui : Via crucis a domo
Pilati usque ad inontem Calvarix; Louvain,
1568; — les Sept Heures de la sagesse éter-
nelle, composées, il y a plus de deux cents
ans, par Henri Suzo, nouvellement traduites
en Jlamand ; Louvàm, 1572, in-12 : c'est une
traduction flamande de l'ouvrage de Paschasius;
— Méthode pour faire un pèlerinage spirituel
dans la terre sainte , avec une indication
exacte de la situation des lieux saints ; Lou-
vain, 1663, in-8°.
Biographie universelleliéàxt., belge).
CALENUS {Quintus Fusius), général et per-
sonnage consulaire romain, mort en l'an 4 1 avant
J.-C. Devenu tribun du peuple en l'an 61, il pro-
tégea Clodius, qu'il tenta de soustraire aux suites
de la condamnation pour avoir violé les mystères
— CALEPINO
î&(.
de la Bonne Déesse. 11 proposa donc et fit adoi*.
ter une loi qui renvoyait la cause devant le;
juges ordinaires ; mais il n'était pas possible qiit
Clodius fût acquitté. Élu préteur en l'an 59, gràc(
à l'influence de César, Calenus se montra dès lors,
en toute occasion, attaché à la cause de ce graïui i
homme. Ce fut lui encore qui proposa une loi ten-
dant à ce que les trois ordres des juges sénateurs,
chevaliers et tribuns , votassent séparément, d(
manière à ce qu'on pût connaître dans quel sens
chacun d'eux voterait. En l'an 52, on le vit fignrei
parmi les vengeurs de Clodius lorsque cclui-ci
eut été tué par Milon; et, l'année suivante, il fuli
lieutenant de César dans la Gaule. Il suivit et
conquérant en Espagne ; et lorsque César se ren-
dit en Épire, Calenus fut chargé d'aller cherchei
les troupes qui restaient en Italie. Mais pendant
qu'il revenait de l'Épire avec ses galères videSj
celles-ci furent capturées en partie par Bi-
bulus. Calenus n'eut que le temps de se sauvei
sur la côte d'Italie, puis il retourna en Épire avec
Antoine. Envoyé en Achaïe par César avant ki
bataille de Pbarsale, il prit Delphes, Thèbes, Or-
chomène, Athènes, Mégare et Patras. En l'an 47
il fut élevé au consulat, appuyé qu'il était en cette
occasion par César. A la mort de ce dictateur,
en l'an 44, il pritla défense d'Antoine contre Ci-
céron. Après la guerre contre Brutus et Cassius,
Calenus devint lieutenantd' Antoine, et commanda
les légions de ce général dans l'Italie septentrio-
Dcde. En l'an 41 avant» J.-C, Calenus stationnait
au pied des Alpes. La mort vint l'arrêter au mo-
ment où il allait marcher contre Octave. Son
fils se rendit, sans coup férir, au fils adoptif de
César.
Cicéron, ad Familiares ; ad Atticum; Philippicœ ; —
César, De Bello Callico. — B\on Cassius, XXXVIII , 8,
XLIIl; XLVIII. - Appien, Bell. civ.
CALENUS. Voy. ïCahle.
CALENZIO (Elisée), en latin Elyshjs Calen-
tius. Voy. Calentius.
CALEPiMO (Ambroise), lexicographe italien ,
né àBergamele 6 juin 1435. Il entra dans l'ordre ■
des Augustins, et mourut le 30 novembre 1511;
il était devenu aveugle vers la fin de sa vie. Son i
existence tout entière fut consacrée à la rédac-
tion d'un Dictionarium qui parut pour la pre-
mière fois à Reggio en 1502. Pendant le seizième
siècle , ce fut le dictionnaire usité dans le monde
savant ; aussi les éditions s'en multiplièrent avec
une extrême rapidité. Les AldeManuce réimpri-
mèrent dix-huit fois, de 1542 à 1592, ce livre,
qui servait à tous et partout. On y fit des addi-
tions nombreuses ; on joignit au latin des éditions
primitives les mots de l'italien, du grec , de l'al-
lemand, etc. ; on arriva à en donner uneédilion en
dix langues (Lyon, 1586), 2 vol. in-fol. L'édilion
deBâle, 1590enl627, est en onze langues, y com-
pris le hongrois et le polonais. Le savant Fac-
ciolati réduisit à sept idiomes différents ce lexique
polyglotte, le revit, le perfectionna, et son travail
parut à Padoue en 1718. Il eut depuis les hon-
neurs d'autres réimpressions, moins nombreuses
181
CALEPINO — CALHANA
182
cependant que quelques bibliographes ne les ont
indiquées, car ou a rajeuni plusieurs fois les fron-
tispices. Aujourd'hui ce dictionnaire est délaissé :
de meilleurs ouvrages l'ont relégué dans la caté-
gorie déjà si nombreuse des livres presque inu-
tiles. Mais il est juste de rendre hommage au
zèle et aux connaissances de Calepino ; le grec
et f hébreu lui étaient très-familiers. Le nom seul
de son vocabulaire est resté pour désigner un
gros volume, un recueil d'extraits et de notes,
et ce mot de Calepin est employé par des gens
qui probablement ne savent pas toujours si c'est
le nom d'un homme, d'un livre, ou d'un agenda.
G. Brunet.
Adelung, supplément à Jôcber, Allgemeines Gelehr-
ten-Lexicou.
* CALERT (7tf»c/jei), théologien luthérien alle-
mand, né à Zeitz le 19 septembre 1603, mort à
Weissenfels le 10 mai 1655. Fils de Laurent
Calert, chambellan du conseil à Zeitz, il étudia
la philosopliie à Leipzig, et devint, en 1632, ba-
chelier en théologie. Appelé en 1633 à Misnie
i;omme directeur du gymnase, il fut,eo 1635, pas-
teur et surintendant ecclésiastique à Bischofs-
werda, et passa ensuite en 1645, dans la même
qualité, à Weissenfels, où il termina ses jours,
après avoir encore reçu en 1651 le diplôme de
Jocteur en théologie de la faculté de Leipzig.
On a de lui : Thusculum jnetricum publico
theatro in odorato gratœ mentis thuribulo a
Tîialia ECxopiÇofiév/) humiliter oblatum, cum
sibi et selecto 24 aliorum vii'orum juvenum
manipula brabeum magisteriale conferre-
tur; — Oratio de jejunio in consessu Patrum
academico Lipsiemium/requenti in œde Pau-
lina habita; — BpovToaxoTti'a, seudisp. physica
de tonitru ad amussim doctrinec analyticse
revoluta, inqite formam ihesium reducta;
— IlpoÔEwpia contemplatiomim physïcarum,
\seu collegii acroamatici disp. I de defini-
'^ione, divisione, ordine et methodo physicœ;
I— 'TTroTUTttoctç 'ApxTjXoyîaç , collegii acroama-
tm disp. Il de principiis rerum naturalium
%ntrinsecis; — 'A7iO(7ri[A£iwaiç AiTtoXoyt'a^, 5. coll.
acroam, Disp. III de natura et causis ; — 'E?a-
nXbxïii; cuvexeuXoytaç generalis,s. coll. acroam.
[Disp. IV de quantitate continens; — '£?£-
FTaffi; xivYiCTEuXoyta; generahs, s. coll. acroam.
\Disp. V de motu in génère; — AriKéaiç, xtvv]-
((revjXoyîa; specialis, s. coll. acroam. Disp. VI
\de motus speciebus ; — AiégoSoç tonoloyiaç,
\s. coll. acroam. Disp. VII de loco ■ — 'ETtaûXiov
lAcroaseos Àristotelicx, s. coll. acroam.
I Disp. VIII et ultime de tempore infinifo et
vacito (ces 8 disputations furent plus tard réu-
Inies en un seul volume, sous le titre commun de
lOyÔûà;; contemplatiomim physicarum); —
[ 'E^riYi'l'îK- (i-ETsiopoXoYia; secunda, s. coUegiiphy-
Uico-speculis Disp. VI de meteoris aqueis et
\aUis hue pertinentibus ; — Annilustrium
\philosophiciim, h. e. Anniversarium Mne-
•rtiosynes et Musarum labentium tripudium
sacrum honori juvenum, XX, cum ils insignia
magisterialia conferrentur ; — Disp. theol.
de discrimine legis et evangeiii opposila Pon-
tificiorum de hoc ai'ticulo senlentix, quant
Bellarminus L. IV de Justif., c. 1 et 2, con-
tranos tuetur pro licent.; Leipzig, 1634, in-4'';
— Gloire des justes, d'après la Sapiencc, V,
16, 17 (Sermon funèbre en allemand); — Ser-
mon sur la paix, à l'occasion de la conclusion
de la paix de Westphalie (en allemand); Leip-
zig, 1650, in-4°; — Dissertationum cateche-
ticarum II de Decalogi pneceptis prioribus
duobus; Leipzig, 1651, in-4"; — Dissertatio-
num catecheticarum III, s. Decalogi preccep-
tum tertium per thèses expositum; ibid.,
1652, in-4°; ^ Aphorismi theologici de con-
duis oppositi assertionibus , quas Bellarm.
in II libr. de conciliis passim habet et tuetur
praecipuis; ibid., 1656, in-4°.
Jean-Christian Stern, Fies des pasteurs et surinten-
dants ecclésiastiques de la ville et du diocèse de lt(s-
chofsciverda, p. 80 ( en allemand). — Dietmann, Clergé
de la Saxe électorale (en allemand), t. III, p. 993.
CALES (Jeanne-Marie), conventionnel et ju-
risconsulte , natif de Toulouse, mort à Liège en
avril 1834. Il représenta le département de la
Haute-Garonne à l'assemblée législative et à la
convention, où il vota la mort de Louis XVI sans
appel ni sursis, en ajoutant que son seul regret
était de n'avoir pas à prononcer sur tous les ty-
rans. En 1793, il fut envoyé auprès de l'armée
des Ardennes. Membre du conseil des cinq-cents
jusqu'en 1798, il fut envoyé à la chambre des
représentants en 1815. Son vote le fit exiler en
1816, comme régicide relaps.
Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. —
Monit. univ. — Petite Biog. conv.
*CALETTï (Griuseppe), Ait le Cre)nonese,
peintre, né à Ferrare en 1600, mort vers 1660.
Il apprit la peinture à Ferrare et à Veqise. De
retour dans sa patrie , il se fit connaître par de
nombreux tableaux dans le style du Titien.
Malheureusement ses chairs sont aujourd'hui un
peu bronzées, ses lumières hardies empruntent
parfois leur force à une opposition d'ombres trop
chargées, et les accessoires sont souvent né-
gligés. Caletti peignit beaucoup pour les galeries,
tantôt des demi-figures , tantôt des bacchanales
ou de petits sujets d'histoire, dans lesquels la vé-
rité des détails n'est pas toujours respectée. Il a
laissé aussi quelques tableaux d'église, dont les
meilleurs sont à Saint-Benoît ; quatre Saints
docteurs, et surtout un admirable Saint Marc,
figure correcte, grandiose, et pleine d'expression.
E. B— N.
LanM, itorja pittorica. — Baruffaldi, nte de' più in-
sirini pittori e scultori Ferraresi.— Citadella, Catalogo
istorico de' Pittori e Scultori Ferraresi.
* CALHANA, savant indien, qui a composé en
vers sanscrits la première partie de Thistoire du
Cachemire, connue sous le nom de Râdjataran-
ginî. Cette première partie est composée de huit
livres , et l'on doit supposer que l'auteur vivait
dans le douzième siècle de notre ère. Cet ou-
183 CALHANA — CALHOUN
vrage, imprimé d'abord à Calcutta, a été re-
produit et traduit en français par le capitaine
Troyer (Paris, 1840). L.
Bâdjataranginî, traduction de M. Troyer, t. I, préface.
*CALHOCiv (John-Caldwell), politique cé-
lèbre de l'Union américaine, naquit le 18 mars
1782, dans la Caroline du sud, district d'Abbe-
ville, on était venue se réfugier sa famille, chas-
sée d'Irlande par des revers de fortune, et mou-
rut le 5 mai 1850. Livré à lui-même jusqu'à
l'âge de treize ans, il commença ses études dans
une école de Géorgie ; mais bientôt la mort de son
père le rappela dans son pays natal , où il vécut
pendant quatre ans de l'état de planteur. Ce-
pendant un frère plus âgé que lui, et qui avait su
deviner son génie précoce, acheva son éduca-
tion, et l'envoya étudier le droit à Lichtfield. Ses
études terminées, John se mit d'abord en stage
à Charlestown, chez le chancelier de Saussure,
puis chez un procureur d'Abbeville. Jusque-là
l'occasion ne s'était pas encore offerte à lui de
parler en public ; mais elle ne se fit pas longtemps
attendre. La guerre venait d'être déclarée entre la
Grande-Bretagne et les États-Unis , et Calhoun
fut chargé de haranguer le peuple dans une as-
semblée de son distiict. Sa persuasive éloquence
le fit nommer aussitôt à la représentation de la
Caroline du sud ; et, deux ans après, sa réputation
d'homme d'État consommé lui ouvrit, en 1810,
les portes du congrès, et bientôt après celles du co-
mité des affaires-extérieures, dont il devint, après
laretraite d'un de ses collègues (lecélèbre Porter),
et malgré sa jeunesse, le membre le plus influent.
Lorsqu'il fit son entrée à l'assemblée des États,
il trouva le parti de la guerre, quoique soutenu
par le président Madison, presque défaillant.
Animé par les plus nobles sentiments, il résolut
de lui rendre toute son ancienne vigueur, et il
prononça à cet effet un discours remarquable,
qui fut applaudi à l'unanimité, et plaça l'orateur
à la tête du parti. Dès ce moment, Calhoun était
devenu assez populaire pour pouvoir faire oppo-
sition ouverte au gouvernement. La guerre ache-
vée, il s'éleva contre l'émission du papier-mon-
naie, vota pour l'établissement d'une banque na-
tionale, et s'occupa depuis lors de toutes les ques-
tions d'intérêt général. Le tarif de 1816, qui
sauvegardait si bien les droits des provinces du
sud et ceux de la Caroline en particulier, fut son
œuvre à lui seul. Après la fondation de la ban-
que de l'Union, il devint le créateur du système
des fonds nationaux. Son éloquence et son patrio-
tisme ne se démentirent pas plus pendant la paix
(juc pendant la guerre. Nommé, en 1817, ministre
de la guerre, sous la présidence de Monroe, il
trouva ce département dans le plus grand dé-
sordre. Il y remédia ; et , pendant les sept ans
que dura sa gestion, il établit l'oidre dans tou-
tes les branclies de l'administration, et fit des-
cendre presque à trois millions les quarante mil-
lions de dollars de dettes arriérées, qui dataient
encore des premiers temps de l'Union. Sans
se montrer trop parcimonieux , il put réduir
la paye de chaque soldat à 287 doll., de 45
qu'elle était auparavant. 11 épargna ainsi par ai
au trésor 1,300,000 doll. Sur la fin de la deuxièm
année de la présidence de Monroe, il songeait
lui succéder ; mais la Pensylvanie et même se
propres partisans s'étant déclarés pour le géé
néral Jakson, il raya son nom de la liste des cann
didats. Adams ayant été élevé à la présidence
Colhoun devint, lui, vice-président, charge qu'i
continua aussi à remplir avec honneur et dignitl
sous Jackson.
Jusqu'ici Calhoun était resté intègre et pat
triote ; personne ne le surpassait en talents
en activité. Mais plus tard, poursuivi par un»
idée fixe dont il ne put plus se défaire , il s
laissa entraîner dans une voie funeste qui devai
amoindrir sa gloire. Le tarif et la banque avaien
subi un revirement général lors de son passag
aux affaires. Une nouvelle loi fut promulguée en
1828; cette loi portait atteinte aux intérêts dili
sud : toutefois Calhoun resta encore attaché ai
gouvernement, dans l'espoir que Jackson la fe
rait rejeter. Mais, trompé dans son attente, i
partit pour la Caroline du sud, et y semaiwrtou
des proclamations qui autorisaient chaque Éta
à annuler tout acte arbitraire de la fédération
Ces proclamations passèrent, en février 1829
dans la législation de cette province, à laquelL
adhérèrent bientôt la Virginie, la Géorgie, et Ala
bama. La guerre civile était donc inévitable
mais elle fut arrêtée par la fermeté de Jackson i
qui , tout en envoyant des troupes dans le sud
fulmina une adresse sévère contre le droit d'ani
nulation, et menaça le perturbateur de la peinm
capitale. Adversaire de l'Union et défenseur dei
droits de l'esclavage, Calhoun avait dès Ion
perdu pour jamais la perspective d'arriver aii
faîte du pouvoir. 11 avait abandonné la vice-pré ■
sidence lors des troubles ; mais il rentra peu d<1i
temps après au sénat, etprêta de nouveau sermenti
à la constitution de l'Union. On croyait générale-
ment que le président Jackson le ferait arrêter
avant son arrivée : le moment était propice ; eau
Calhoun était déclaré partout traître à la patrie.
Mais Jakson n'en fit rien. L'anxiété était grande, et
la salle était comble , lorsque Callioun , le fronl
calme et la démarche fièi*e, se leva ponr défendre
sa doctiine du droit d'annulation. Il s'ensuivit un
débat sans pareil dans les annales législatives.
L'éloquence de l'orateur dans cette circonstance
rappelait celle des orateurs de l'antiquité. Néan-
moins le gouvernement eut gain de cause dans
cette affaire, et une réconciliation fut jugée né-
cessaire pour conjurer momentanément le danger.
Calhoun l'accepta , mais en s'éloignant de chaque
parti, et ne se rapprochant, dans la suite, de l'un
ou de l'autre que pour défendre les intérêts du
sud. Les débats politiques l'avaient tellement
aigri, qu'il rompit de lui-même toute relation
avec Jackson, avec Benton, et un grand nombre
de ses anciens amis. Il cessa ainsi de servir les
185
î iitiitHs (le tous ceux qui l'avaient connu aupa-
;i\ imt, et qui s'éloignèrent peu à peu de lui.- Les
iiarlisans du droit d'annulation n'en persistèrent
1 i;is moins dans leurs projets. Plus tard, la pré-
: I ulencede Buren rallia Calhoun au gouvernement,
«^levenu plus libéral; et il prononça, en 1838, un
liscours remaïquable sur la question d'abolition
le l'esclavage. Ù avait eu durant toute cette pé-
iode, pour adversaire le plus acharné, Benton,
lu Missouri, le chef de l'extrême gauche. Sous
yler, il rentra dans les affaires, et fut nommé
liiiistre de l'intérieur. Il revint un instant, en
s i :>, sur sa doctrine du droit d'annulation ; mais
■ lut pour fort peu de temps, et il reprit bien-
i sa place accoutumée au sénat, où il défendit
'ujours avec acharnement les intérêts du sud.
os Etats-Unis, par suite d'un traité depaix avec
' Mexique, venaient d'agrandir de nouveau leur
1 1 itoire, et la question de l'esclavage fut plus
i \ iinent débattue que jamais. Calhoun, tout ma-
uif et infirme qu'il était , rassembla le reste de
s forces, et, dans un discours prononcé au sé-
at, il demanda avec instance l'émancipation des
rtninces du sud. Un autre discours suivit bien-
it le premier; mais, trop faible pour lecommu-
iquer lui-même à l'assemblée des États, il le fit
le par un de ses amis. 11 mourut peu de temps
lires. Ses plaidoyers, de 1811 à 1843, parurent
Il 1844. H a donné son autobiograghie dans
ouvrage intitulé la Science du gotcvernement,
t qui a été publié à New- York en 1851.
M.
Conversations-Lexicon.
c&LiARi {Gabrïele) l'Ancien , sculpteur mé-
iocre, né à Vérone dans le quinzième siècle. Il
aérite d'être cité comme père de Paul Véronèse
t deBenedetto Caliari. E. B — n.
Orlandi, Abbccedario.
CALIARI {Benedet(o), peintre de l'école
énitienne , né en 1538, mort en 1598. Frère et
lève de Paul Véronèse, Benedetto employa son
[aient à peindre les ornements et l'architecture
[les tableaux de son frère. Après la mort de Paul,
fl peignit seul des compositions où l'on reconnaît
iiien l'influence du style, mais non la vie et le feu
|lu grand maître vénitien. Benedetto vécut jus-
[u'au dernier moment dans la plus parfaite con-
orde avec ses neveux, qu'il aidait de ses con-
eils, et avec lesquels il peignit plusieurs tableaux
ignés : Hœî'edes Pauli Caliari Veronensis fe-
•erunt. Le meilleur ouvrage de Benedetto est la
iainte Agathe en prison, visitée par saint
^Pierre , qui se voit dans l'église Saint-Pierre et
;iaint-Paul, dans l'île de Murano. E. B— is.
'\\coizi,Dizionario. — Orlandi, ^abbccedario. — Lanzi,
Storia pittorica.
c.VLiARi (Carlo), dit Carletto, peintre de
'école vénitienne, né en 1570, mort en 1596.
Son père, Paul Véronèse, craignant qu'en res-
tant près de lui il ne de\"int qu'un simple imita-
i'-eur, le confia à Giacorao da Ponte , afin qu'il
puisât dans son atelier une vigueur de style qu'il
m se croyait pas capable de lui inspirer, et qu'il
CALHOUN — CALIDASÂ 186
acquît ainsi une manière originale, unissant à l'é-
clat et au charme du coloris la force du Bassan.
A dix-sept ans Carletto était déjà un peintre
de talent; resté orphelin à dix-huit, il fut en état
de terminer avec son oncle et son frère les ou-
vrages laissés inachevés par son père, peignant
de préférence les parties les plus difficiles, les
têtes et les nus. Carletto a laissé quelques ta-
bleaux qui faisaient présager en lui le digne suc-
cesseur de Paul Véronèse ; malheureusement il
fut enlevé aux arts à l'âge de vingt- six ans.
E. B— N.
Rldolfi,i/^tte de' pittori P'eneti. — Lanzi, Storia pitto-
rica. — Ticozzl, Dizionario.
CALIARI ( Gabriele), peintre de l'école véni-
tienne, né en 1568, mort en 1631. Il était fils aîné
et élève de Paul Véronèse, après la mort duquel
il termina, avec l'aide de son oncle et de son frère,,
plusieurs de ses tableaux restés inachevés. La
plus importante composition qui lui soit propre,
est un Trait de la vie d' Alexandre III, dans
la salle du grand conseil à Venise. Ayant suivécu
à toute sa famille, Gabriel abandonna la pein-
ture pour vivre dans le repos que lui assurait
une brillante fortune ; mais il mourut à l'âge de
soixante-trois ans, victime de son dévouement
dans la peste qui désola Venise en 1631.
E. B— N.
Lauzi, Storia pittorica.— Ridolfi, Fite de' pittori Ve-
neti.
CALIARI (Paolo). Voy. Véronèse [Paul).
*'CALici (Achille), peintre bolonais, né vers
la moitié du seizième siècle. Il étudiait sous Pros-
pero Fontana, quand le hasard fit tomber sous
ses yeux un tableau de Louis Carrache. Dès cet
instant il quitta Fontana pour s'attacher au
Carrache, entraînant avec lui presque tout l'ate-
lier. Malgré son admiration pour son nouveau
maître et ses efforts pour l'imiter, il ne s'éleva
guère au-dessus de la médiocrité. E. B — n.
Orlandi, Abbccedario. — Ticozzi, Dizionario.
*CALici (Jean-Baptiste), théologien italien,
vivait à Florence vers la fin du dix-septième
siècle. Il était prêtre sécuher. On a de lui :
Discorso apologetico , ovvero risposta ad un
consulto d'un avvocato che ha preteso di
provare che sia invalida il battesimo data
contra la volontà de' genitori infedeli ai bam-
bini mancanti delV usa di ragione, etc. ; Luc-
ques, 1697, in-4°.
Cinelii Calvoli, Bibl. vol.
cÂlÎdÂsa, poète indien très-renommé, qui
vivait du temps du roi Vicramâditya, c'est-à-dire
un demi-siècle avant notre ère. On lui attribue
un grand nombre d'ouvrages d'un goût si diffé-
rent et d'un mérite tellement inégal, que l'on
peut douter qu'ils appartieiment au même auteur,
et admettre l'existence d'un autre Câlîdàsa con-
temporain du roi Bhodja, vers le onzième siècle
de notre ère. La réputation de Câlîdàsa était assez
grande pour que son nom ait été, à ce qu'il pa-
rait, usurpé par plusieurs poètes, qui s'en déco-
raient comme d'un titre d'honneur. On possède
187 CALIDASA —
encore sous le nom de Câlîdâsa trois drames
estimés, plusieurs poèmes épiques, quelques
œuvres légères, et un traité en vers sur l'art
poétique, qu'il pratiquait si bien. Voicila liste de
ces ouvrages : Sacountala, drame en 7 actes,
traduit en anglais par W. Jones; Calcutta, 1789 ;
reproduit en fraaçais dans la version élégante et
gi'acieuse de Chézy, avecle texte; Paris, 1830,
texte publié à Calcutta vers 1840 par Premat-
chandra; traduction allemande avec le texte,
donnée à Bonn, 1846, par M. Bochtlingk; tra-
duction allejnande en vers par M. Hirzel ; Zurich,
1833;— Ourvasî, drame en 5 actes, traduit en
anglais dans la collection du Théâtre Indien par
m. Wilson; texte publié à Calcutta, 1830; à
Berlin, 1833, par M. Lentz, avec traduction latine;
à Saint-Pétersbourg, 1846, par M. BoUensen,
avec traduction allemande;— il ôrnimi^m etMâ-
lavîca, comédie en cinq actes, analysée par
M. Wilson dans son Théâtre Indien, et publiée
à- Bonn, 1840, avec traduction latine par M. Tull-
berg; — Raghouvansa, poème en 19 chants,
publié à Calcutta; reproduit à Londres, 1832,
avec traduction latine, par M. Stenzler;— Cou-
inâra sambhava, poème incomplet, publié à
Berlin, 1838, par M. Stenzler, avec traduction
latine; — Nalodaya, poème en 4 chants, com-
position bizarre, qui semble n'avoir été que le
produit d'un pari littéraire, publié avec traduction
latine à Berlin, 1830, par M. Bénary , et à Cal-
cutta, 1844, par Yates,avec une traduction en vers
■ anglais ;— Mécjhadoûta, ou le Nuage messager,
petit poème publié à Calcutta, 1813, avec une
traduction en vers anglais par M. Wilson ; tra-
duit en allemand par M. Hirzel, à Zurich, 1846,
et par Max MiJller, à Kœnisbei-g, 1847; le texte
a été reproduit à Bonn, 1841, par M. Gildemeis-
ter; — Ritou-Samhâra , petit poème sur les
saisons, publié dans l'Inde en 1792 par W. Jones,
et à Leipsick, 1840, par M. de Bohlen, avec tra-
duction latine et allemande ; — Prasnottara Mâla
et le Sringâratilaca, petits poèmes erotiques ,
dont le second a été publié à Bonn, 1841, par
Gildemeister ; — Hâsyârnara, comédie en deux
actes, analysée dans son Théâtre Indien par
M. Wilson , qui l'attribue à Djaggaddîsa ; —
Sroutabodha, petit traité en vers sur les mètres
poétiques , publié par M. Herm. Brokhaus. Sui-
vant une tradition, Câlîdâsa aurait aussi travaillé
au grand drame d'Hanouman, appelé Mahânâ-
iaca. Lajnglois.
De Chézv, Journal des Savants, février 1817. — Ray-
nouard, mêraeiounial, mai 1832. — Abei Rémusat, même
journal, avril 1830. - Bolilen, Alt. Indien, t. II. - Heeren,
Ideen uber die PoUtilc, t. I. — Chefs-d'œuvre du Théâ-
tre Indien, traduits en vers anglais par H. -H. Wilson;
Calcutta, 1827, 8 voi. In 8° ; en français, par A. Lanslols,
Paris, 1828, 2 vol. in-8°; en allemand^ par VVolf, Weiniar,
1828-1831, 2 vol. in-8°.
* cALiGARiNo sm'uommé Calzolagio {Ga-
briele Capellini, dit Ze), peintre ferrarois, floris-
sait en 1520. 1 1 dut son surnom à sa première pro-
fession, celle de cordonnier. Il paraît avoir été
élève des Dossi. Son meilleur ouvrage est une
CALIGNON 18
Vierge avec plusieurs saints, à San-Giovanniri
deFerrare. On vante aussi une belle Cène, à Sain
Alexandre in Colonna de Bergame. E. B— a
I,anzi, Storia pittorica. — Valéry, Voyages en Italu
— Baruffaldi, Fite de' pittori e scuUori Ferraresi.
CALIGNON (Soffrey de), poète français, né
Saint-Jean de Voiron en 1550, mort à Paris e :
1606. Après avoir été secrétaire de Lesdiguières t
il fut nommé chancelier de Navarre sous Henri I^'
qui l'investit de sa confiance et l'employa à di
verses négociations. 11 concourut aussi, avec Jat
ques-Auguste de Thou, à la rédaction de l'éditd
Nantes. Le P. Lelong lui a attribué, mais probs
blement à tort, un ouvrage intitulé l'Eistoir
des choses remarquables et admirables adve
nues en ce royaume de France es années dei
nières 1587, 1588 et 1589, par S. C; 1590, in-4'
Il n'est pas probable que, zélé protestant comm
il l'était, Calignonait écrit cette pièce, où la caus
des Guises est défendue avec une ardeur ex
trême. On a de lui : Journal des guerres /m
tes par François de Bonne, duc de Lesd;
guières, depuis l'an iàSb jusqu'en 1597, ms
in-fol. qui se trouve à la Bibliothèque impériale ;-
un quatrain inséré dans les Mélanges historiquee
de Colonnes; — ie Mépris des Dames, satire dow
nous reproduisons quelques extraits, qui doDi
neront une idée de l'état des lettres à l'époqu
où Malherbe apparut. Le passage suivant est I
récit d'une de ces mésaventures qu'on pei
voir de tout temps, et que les poètes ont soi
vent exploitées:
Aussitôt que l'avril de ma Jeune saison
La joue me frisa d'une blonde toison,
Quelque dame conçut une secrète envie
Dessus la liberté, maitresse de ma vie;
IW'assujettit aux raiz de ses perfections,
Et déroba la clef de mes affections.
J'avois pour concurrent un vieillard froid et pâle,
Qui jà tenoit le pié dans la barque fatale.
De son œil catharreux distilloit un ruisseau ;
La roupie coulant lui glaçoit le cerveau.
Son corps étoit semblable à une anatoinie ;
Son visage, au tableau d'une cosmographie (1),
De rides sillonné, et sembloit, ainsi beau.
Un fantastic esprit écliappé du tombeau,
Un songe frénétic, une ombre salutaire.
Et le modèle vrai d'une affreuse chimère..
Voyant devant mes yeux cette idole de mort.
Et moi, d'autre côté, jeune, gaillard et fort.
Qui avois t'avantage, et qui, soit en adresse,
Soit en dextérité ou force de jeunesse,
ilubile en ce métier, en tout le surpassois.
Sinon qu'il avoit plus d'écus que je n'avois;
Je pris opinion de voir favorisée
Mon amitié Cdelle et la sienne manquée.
Mais, las ! tout au rebours, je me vi.s méprisé,
Et ce lit'l Adonis en mon lieu caressé.
Il y a dans ces vers une facilité et une verve qui
font songer à Régnier. Les suivants ne manquen
assurément ni de grâce ni de délicatesse. 1
s'agit de la mobilité féminine :
Autant que le miroir, dans sa glace polie,
Reçoit d'impression que notre fantaisie
(1) Ces vers ne sont sans doute pas de bon goût ; mai
un poète dont on ne conteste point le génie a dit,d
notre temps, en parlant d'une vieille :
Affreuse compagnonne
Dont le menton fleurit et dont le nez trognonne.
189
CALIGNON — CALIGNY
190
Fait urrer ci et là, et nous montre au dedans
I L'objet qui n'y est pas, et trompe notre sens,
Autant de leurs esprits ces cervelles volages
Forgent d'affections et figurent d'images
Qui naissent et s'en vont, et renaissent ainsi
Que l'ombre dans le vain d'un miroir éclatrci.
1 Tautôt vous les verrez de vous ue /aire compte,
Tantôt se repentir; tantôt l'ire les dompte.
' ' SI de vos passions elles prennent pitié,
La moindre occasion trouble cette amitié.
Comme le papillon aux ailes étollées
Caché de sous les robes, aux lys émaillées,
Du Jeune chasserot va décevant les pas
Qui pense les tenir et si ne les lient pas,
L,e délicat enfant, d'une démarche folle,
S'approche, et cependant le papillon s'envole.
Mi'e n'est pas encore la langue de Boileau; mais
j n peut déjà mesurer toute l'étendue du progrès
9 ccompli. V. R.
I La Croix du Maine et du Verdier, Bibl. franc. — Le-
jng, Diblioth. hisl. de la France, édit. Konlette. —
" ^otirnal de Henri IV , t. HI.
"* CALiGivoN { Pierre -Antoine D'Ambesieux
!' E ) , prédicateur et théologien français , na-
* iiil à Greenwicli eu 1729, et mourut le 25 dé-
einbre 1795. Sa famille était protestante, et fut
" liligée de fuir la France après la révocation de
■ édittle Nantes; et lui-même descendait, par les
mmes, deSofTrey Calignon. Rentré en France
n 1735, il fut nommé aumônier du roi à Ge-
ève, où il officiait pour les catlioliques, chez le
ésidcnt de France. Puis il fut professeur de
'hétorique à Lyon, et chanoine de Crépy en Va-
ois. A l'époque de la révolution, il se retira et
écut ignoré à Ponthierry, dans le voisinage de
lelun. D'après la Biographie universelle , Ca-
ignon fut im prédicateur distingué; mais l'au-
eur de la Critique des Dictionnaires histori-
>ues conteste en termes très-^ifs cette asser-
ion, aussi bien que celles du même livre où Ca-
ignon est représenté comme un poëte, et comme
auteur de plusieurs ouvrages dont on donne la
iste.
Richard et Giraud, BibU sacrée. — Barbier, Examen
)ïitigue des Dict. hist. — Quérard, la France littér.
CAUGNY (Hue de), famille française qui
i fourni des ingénieurs distingués, dont voici les
loms :
CALiGNT { Jean-Anténor Hue de), appelé
lùssi de Ltic. Directeur du corps du génie en
1685, il exécuta des travaux projetés par Vauban.
CALiGNV {Jean-Anténor Hue de), fils du
arécédent, né en 1657, mort en 1731. En 1677,
il assista aux sièges de Valenciennes et de Fri-
30urg, et en 1680 il entra dans le corps du génie.
En 1683, il se trouva au siège de Courtrai. Dis-
tingué par Yauban, il fut nommé ingénieur en
chef à Ypres et à la Knoke. D consacra dès
lors tous ses soins à l'édification des travaux
"i'Ypres , si admirés par Bélidor. Placé sous les
jordres de Boufllers en 1692, il critiqua certains
louvrages commandés par ce général, et déclara
^a directeur général des fortifications qu'il se
Iferait plutôt emprisonner que de les exécuter.
JMais, quelque honorables que fussent ses scru-
pules, il reçut l'ordre d'obéir. « Lorsque sa ma-
jesté envoie des officiers généraux pourcomman-
der dans un pays, lui répondit Lepelletier de
Souzy, il est juste qu'ils aient l'autorité d'y faire
faire les ouvrages qu'ils jugent indispensable-
ment nécessaires. Mais après qu'un ingénieur
leur a dit ses raisons, s'ils ne veulent pas s'y
rendre, il faut que l'ingénieur exécute leurs or-
dres ; et il peut et doit en rendre compte en même
temps à ses supérieurs, afin qu'ils puissent faire
savoir les intentions du roi à MM. les officiers
généraux. » En 1693, Caligny assista au siège de
Fumes. Au mois de novembre de la même an-
née, il eut dans sa direction Calais, Gravelines,
Dunkerque, Bergues et Furnes. En 1695, il fit
le siège de Dixmude. En 1696 , lors du second
bombardement de Calais par les Anglais, Cali-
gny, qui, dès 1694, avait jeté, à l'extrémité de la
jetée du chenal, le fort Rouge, fit construire le fort
Vert à l'autre extrémité de la jetée orientale. Vers
la même époque , il mena à fin l'ouvrage à corne
du fort Nicolaï. Par ses soins, les jetées de l'est,
à Dunkerque , furent prolongées. On lui dut en-
core la construction de la grande écluse sur l'Aa ,
à Gravelines, et les huit forts bastionnés de Fur-
nes. En 1706, après la bataille de Ramillies, et
quoiqu'il eût des terres dans le voisinage, il con-
seilla l'inondation des deux bords du canal de
Leffinghes et du canal de Bruges, pour empêcher
l'entrée de Marlborough dans la Camerline-Am-
bach, qui s'étend depuis le chenal de Nieuport
jusqu'au canal de Bruges. Devenu directeur des
fortifications de Bourgogne, il s'occupa du canal
de ce nom. Ami de Vauban, il écrivit, d'après
les conseils de ce grand homme, une Histoire des
guerres causées par le partage de la monar-
chie et par les princes du sang, tant légitimes
quci naturels, jusqu'en 1703; ouvrage resté
manuscrit. On a, en outre, delui, unil!fewioî?-e sur
la Flandre flaming hante (ms. n° 2,241 de la
Bibl. impér.)
CALIGNY (Hercule Hue de), frère du pré-
cédent, appelé aussi Langrune,né en 1665, mort
à Valognes en 1725. D'abord ingénieur en chef
à Grenoble, à Thionville et Huningue, il fut, en
1705, appelé à dii'iger les fortifications de la haute
Provence, et en 1710 les places et ports de la
Normandie, où il s'appliqua à mettre en sûreté
la Hogue et l'île Ratebon. Il se distingua aussi
à plusieurs sièges, notamment, en 1702, lors
de la défense de Rhemberg.
CALIGNI' ( Aîitoine Hue de ) , chevaUer de
Luc, frère des précédents, vivait dans la première
moitié du dix-huitième siècle. En 1693 il fut
blessé au siège de Namur, et en 1 704 il fut lieu-
tenant des maréchaux de France en Touraine.
CALIGNT (Louis-Rolland Hue de), appelé
le chevalier deCaligny, frère des précédents, né
en 1677, mort à Valognes en 1748. Après avoir
assisté à la défense de Haguenauen 1705, au siège
de Kehl en 1733, et à celui de Philipsbourg en
1734, il fut appelé à commander les ingénieurs
faisant partie du corps d'armée sur la Meuse en
191
CALIGNY
1741-1742, et eu Bavière en 1743. Ingénieur
en chef à Landau de 1716 à 1723, il écrivit sur
la défense de cette place. Devenu directeur des
places de Normandie après la mort de son frère
Hercule (1728), il fit faire d'utiles travaux dans
les ports de Dieppe, de Ronfleur et du Havre,
et construire à CherlDourg un bassin à flot de la
capacité des plus grands bâtiments. Ces travaux
du port de Cherbourg, décrits par Bélidor, fu-
rent détruits par les Anglais en 1758.
CALiGNY (Hue de Crdyningham), fils du
précédent, mourut en 1772. Il fut ingénieur à la
Hogue, et fit des mémoires sur cette station et
sur Jersey, Guernesey et Aurigny. Deux de ses
petits-fils sont morts durant les guerres de l'em-
pire.
Augoyat, dans le Spectateur militaire ; Paris, 1839,
in-S". — liélidor, Architecture hydraulique, IV, 252.
CALIGULA. ( Caius-Julius-Cxsar-Germani-
CM5) , troisième empereur romain, fils de Germa-
nicus et d'Agrippine, et par adoption petit-fils
de Tibère, auquel il succéda l'an de Rome 788
(37 de J.-C. ), naquit, l'an 13 de notre ère, dans
les camps romains et probablement en Germanie,
et mourut le 24 janvier de l'an 41 de J.-C. Élevé
au milieu des soldats, il reçut de ces derniers le
sobriquet de C'aligula, d'un genre de chaussure
qu'il portait {culigœ, bottines).
Heureux d'être délivrés de l'odieuse tyrannie
de Tibère , dont ils vouèrent la mémoire à l'exé-
cftition, les Romains s'abandonnèrent à une joie
d'autant plus vive quand le fils de Germanicus
parvint à l'empire, que les commencements de
son règne étaient bien loin de faire pressentir
toutes les cruautés dont bientôt après il se ren-
dit coupable. Pour flatter le sénat, il promit de
partager avec lui la souveraine autorité, et de le
consulter sur tout ce qu'il voudrait entrepren-
dre ; et afin de gagner le peuple, il mit les prison-
niers en liberté, rappela les exilés, et fit la remise
de tous les impôts qui restaient dus. Ces pre-
miers actes promettaient aux Romains des jours
fortunés; mais à peine huit mois s'étaient-ils
écoulés, que Caligula donna l'essor à son carac-
tère féroce et sanguinaire. Ce changement dans
la conduite du prince ayant eu lieu après une
forte maladie qui avait mis ses jours en danger,
quelques auteurs ont avancé qu'il provenait du
désordre de son esprit et de l'affaiblissement de
sa raison. Quoi qu'il en soit, le raffinement de ses
cruautés prouve qu'il était digne en tout de suc-
céder à Tibère.
Parmi les nombreuses extravagances de Cali-
gula, il en est quelques-unes qui démontrent
surtout un orgueil des plus insensés. Ainsi, par
exemple , non content de se dire le maître de
tous les rois, et de considérer comme de vils es-
claves les princes les plus puissants , il voulut
être adoré comme un dieu. A cet effet il se bâtit
un temple, se nomma des prêtres, se fit offrir des
sacrifices, et poussa l'égarement jusqu'à associer
sa femme et son cheval au collège sacerdotal
GA.LIGULA. 19;
chargé de son propre culte. Ne voulant pas , ai
reste , qu'on pût douter de sa prétendue divi
nité , il se montrait en public avec les attribut;
de Mercure, d'Apollon, de Mars, etc.; et aprèi
avoir fait enlever la tête des statues de divers
dieux, il y fit placer la sienne. De plus, afin dt
mieux ressembler à Jupiter, il alla, dans sa dé
mence, jusqu'à vouloir imiter le tonnerre ; et, dan.
ce but, il fit consti'uire une machine à l'aide de
laquelle il produisait un bruit assez semblable i
celui de la foudre. Pendant ses orgies il faisai
mettre à mort les citoyens les plus honoi'ables
Dans la nuit qui suivit le jour où il avait inau
guré en personne le magnifique pont qu'il aval
fait construire entre Baies et Pouzzoles, il fi
jeter dans la mer, du haut de ce pont, une mul
titude d'hommes et de femmes , sans distinctioi
d'âge et de rang. Néanmoins ses extravagance:
rencontrèrent quelquefois des obstacles : s'étan
obstiné, malgré toutes les représentations, ;
faire placer sa statue dans le temple de Jupiter
et à forcer les Juifs à l'adorer, cet acte d'impiét
produisit une sédition qui devint la cause d'un^
guerre cruelle en Judée. Mais ce n'était poin
seulement la religion que Caligula profanait : ei
même temps qu'il outrageait ainsi les divinités
il scandalisait les Romains par des désordres d
tous genres. Non content de porter le déshon
neur dans le sein des familles , il établit des lieu:
de débauche jusque dans son propre palais, e
donna l'exemple des plus honteuses dépravation
en entretenant un commerce incestueux avec se
trois sœurs et principalement avec Drusilla, qii
vivait publiquement avec lui, et qu'il déifia aprè
sa mort. Il fit mourir de chagrin, sinon par 1
poison, son aïeule Antonia, fille de Marc-Autoin
et d'Octavie; et il n'hésitait pas à dire qu'Agrip
pine, sa mère, était le fruit de l'inceste d'August
avec sa propre fille. On ne peut s'empêcher d
faire ici une remarque qui prouve à quel degp
d'abaissement le premier peuple du monde étai
descendu alors ; car, encore bien que les famille
les plus illustres fussent particulièrement l'obje
des outrages de Caligula, on ne vit aucune femm
se soustraire à l'infamie, soit par une mort glo
rieuse , soit même par une fuite que la prudenc
seule commandait.
Enfin, et pour ne pas citer tous les excès qu
ont rendu odieuse la mémoire de cet empereur
nous nous bornerons à ajouter qu'il voulut êtr
appelé le mari de la lune, et qu'il fit construir
une maison superbe à Incitatus, son cheval
qu'il invitait à sa table comme un grand seigneur
et auquel il présentait de l'orge doré, et faisai
boire du vin dans une coupe d'or où il avait bi
le premier. L'écurie de ce cheval était tout ei
marbre , avec une auge d'ivoire ; et Caligula si
proposait même de le nommer consul, lorsque
la mort de cet animal vint mettre un terme au'
folies dont il était l'objet de la part de son maître
Quant aux cruautés de Caligula, nous citeron:
encore les faits suivants. Afin de pouvoir sub
1Ô3 CALIGTJLA -
venir à ses prodigalités , il faisait mettre à mort
les plus riches particuliers, dans le seul but de
s'approprier leur fortune. C'est par suite de ce
désir eflréné des richesses que, se plaignant un
jour de ce que de grandes calamités ne venaient
point enlever plusieurs milliers d'hommes à la
fois, il prononça ces paroles atroces : « Plût
aux dieux que le peuple romain n'eût qu'une
seule tête, afin de pouvoir l'abattre d'un seul
coup ! » Caligula trouvait une sorte de volupté
à voir couler le sang, et, sans aucun autre motif,
il faisait donner la question à des malheureux,
ou les faisait mourir dans des supplices horri-
bles. Ayant désiré de voir mettre en pièces un
sénateur tout vivant , il ne fut satisfait qu'après
avoir vu les entrailles de la victime traînées dans
les rues , et rassemblées ensuite sous ses yeux.
Ces horreurs remplissent sa courte histoire ; il
se préparait à une campagne dans la Germanie ,
et il avait même passé le Rhin avec une armée de
plus de 200,000 hommes ; mais il ne tarda pas à
renoncer à cette entreprise pour revenir à Rome.
Plusieurs attentats contre sa personne étaient
restés sans succès , quand enfin l'empire romain
fut délivré de ce monstre par Cassius Chéréas ,
tribun des troupes prétoriennes , qui était par-
venu à faire entrer dans la conspiration Cor-
nélius Sabinus, et un grand nombre de sénateurs
et de chevaliers. Caligula fut tué au milieu d'une
fête, l'an 41 de l'ère chrétienne, à l'âge de vingt-
neuf ans ; il tomba frappé de ti'ente coups de poi-
gnard. Ses sœurs ne purent brûler entièrement
son cadavre, et se hâtèrent de le soustraire aux
outrages delà multitude. Toutefois, comme par
ses largesses il s'était fait un parti parmi les
troupes, Chéréas fut victime de son dévouement ;
les prétoriens exaspérés regorgèrent à l'instant
même. On a dit que Caligula avait écrit sur la
rhétorique ; mais il est permis d'en douter, car
les ordres qu'il réitéra de faire anéantir les œu-
vres d'Homère et de Virgile donnent lieu de
croire qu'il était loin d'avoir de l'amour pour les
lettres. [Enc. des g. du m.]
Suétone , Caligula. — Tacite , Annales, VI. — Dion
Cassius. — Joséphe.^ntig.— Aurélius Victor. — Zonaras.
*CALIMAS (...), historien français, mort en
'1756oul757à Courthomer (près de Séez, départe-
ment de l'Orne). Il était curé de cette commune, et
mourut au moment où l'ouvrage que nous allons
citer, muni déjà de l'approbation épiscopale, allait
être mis sous presse : Mémoires pour servir à
l'histoire ecclésiastique et civile du diocèse
de Séez, 2 vol. in-4° (manuscrit).
Lelong , Biblioth. àist. de la France, édit. Fontette.
*CALiMiNi {Simon), rabbin à Venise, cultiva
la poésie, et publia ea 1751 une traduction de
l'Ancien Testament, ainsi qu'uni petit traité
délia poesia.
Rossi, Dizion. degli ant. Ebrei.
*c*UNO (César), théologien et chronolo-
giste italien , de l'ordre des Jésuites , né à Bres-
Cia vers 1669, mort le 19 août 1749. On a de
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VUI.
CALIXTUS
194
lui : ridea d'un governare paterno proposta
a principe nella esposizione délia parabola
del Figliuolo prodigo, discorso; Bologne,
1711, in-12; — Discorsi scritturali e morali
ad utile tratlenimento délie monache e délie
sacre vergine che si retlran del secolo , 1717,
4 vol. in-12; — Traltenimenlo istorico e cro-
nologico, con che si moslra essere la storia di
Gioseiio fulsa e discordante dalla S. S., 1726 :
ce livre engagea l'auteur dans une querelle litté-
raire avec François Marie Biacca ; — Compen-
dio dette cita, morte e miracoli di B. Giov»
Nepomuceno ; Venise, 1733, in-12.
Cinelli, Bibl. — Adelung, suppl. à Jôcher.
*cALiNO (Mutins), prélat et théologien
italien, né à Brescia, mort à Terni le 6 avril
1570. Il fut archevêque de Zara, et assista en
cette qualité au célèbre concile de Trente, aux
travaux duquel il prit une part très-active, à en
juger d'après la correspondance qu'il entretenait
avec la cour de Rome, du 3 octobre 1561 au 6
décembre 1563. On a de lui : deux discours te-
nus au concile de Trente, et insérés dans Do-
minico Tarri : Oratt. responsa, litterœ ac man-
data ex actis Conc. Trid. collecta ; Venise ,
1567 ; — Lettre à Paul Manuce, dans Lit ter œ
clarorum Virorum ; Venise , 1 568 ; — Consti-
tutiones synodales S. Ecclesise Interamnot-
tis editse in Synodo diœcesana habita 1567;
— en manuscrit : une collection de deux cent
trente -trois lettres adressées de Trente à la
cour de Rome, du 3 octobre 1561 au 6 décembre
1563. Ce manuscrit se trouva en 1762 entre les
mains de son descendant, Louis Calino, patriar-
che d'Antioche.
Annal, letter. d'italia, 1. 1, p. 177.
CAL.IPPE. Voy. Callipe.
*CALiSTO DI PAOLO, sculpteur siennois,
florissait de 1484 à 1504. Sous la direction de
Baldassare Peruzzi, il a concouru à la décoration
de la belle chapelle Saint-Jean dans la cathé-
drale de Sieime. E. B — n.
Romagnoli, Cenni storico-artistici di Siena.',
CALiXTE. Voy. Calliste.
CALIXTE. Voy. Alexandre m.
CALiXTUS (George), dont le véritable nom
était Callisen , fut peut-être le théologien le plus
savant et le plus éclairé de l'Église protestante au
dix-septième siècle. Né en 1586 àMeelby, dans le
Holstein, il mourut le 19 mars 1656. Il fit ses étu-
des à Flensbourg et à Helmstœdt, et reçut en 1605
l'autorisation de faire un cours de philosophie à
Helmstaedt. En 1607, il aborda l'étude de la théo-
logie; puis il visita en 1609 les universités du
midi de l'Allemagne, et il débuta en 1611 dans
la carrière théologique , à Helmstaedt , par des
discussions dogmatiques qui le firent connaître
comme un esprit original, et comme un ennemi
acharné des préjugés alors dominants. Il entre-
prit avec un riche Hollandais un voyage en Aile-
195 CALIXTUS
magne, en ITollancle, en Angleterre et en France,
dans le but d'apprendre à mieux connaître les
différentes sectes religieuses et les plus grands
savants de son époque. De retour à Helmstaedt
en 1613, il y fonda sa renommée comme théo-
logien par la victoire qu'il remporta en 1614 sur
le jésuite Turrianus, dans une controverse reli-
gieuse qu'il soutint contre lui. Il devint professeur
de théologie, puis abbé de Kœnigslutter et con-
seiller ecclésiastique, et fut jusqu'à sa mort , qui
eut lieu en 1656, le plus actif et le plus estimé de
tous les professeurs de Helmstaedt. L'obhgation
imposée sous serment a tous les docteurs en
théologie de cette université de travailler à éta-
blir la paix de l'Église, fut pour Calixtus un pre-
mier motif qui le poussa à rallier tous les par-
tis. Cependant son génie, la profondeur de ses
connaissances, et le haut point de vue d'où il
avait appris dans ses voyages à envisager le
monde et les hommes, l'amenèrent encore na-
turellement à des recherches plus hardies, à des
idées plus claires, et à plus de modération et
d'équiié envers ceux qui n'étaient point de son
opinion, qu'on ne pouvait en attendre de l'esprit
étroit et borné des théologiens de son temps.
Ses traités sur l'autorité de l'Écriture sainte,
sur la transsubstaatiation, sur le mariage des
prêtres, la suprématie du pape, la communion
sous une seule espèce, etc., sont, de l'aveu des
savants catholiques, ce que les protestants ont
écrit de mieux et de plus profond contre les
doctrines du catholicisme. Son im[)artiaUté lui at-
tira mêmeen 1639 l'accusation de crypto-papisme.
Buscher, alors prédicateur à Hanovre, lança con-
tre lui un pamphlet dans ce sens. De leur côté,
les sectateurs de sa formule de concorde l'ac-
cusèrent d'hérésie, parce que, dans sa morale
théologiqiie et dans un ouvrage sur la tolérance,
il se rapprochait, sur quelques points, des doc-
trines de l'Église réformée. En vain Calixtus
s'efforça de prouver à ses accusateurs que les
plus anciennes confessions de foi chrétienne
avaient été communes à tous les partis; et lors-
qu'il eut enfin osé avouer, dans une discussion
publique, qu'il trouvait la doctrine de la Trinité
moins claire dans l'Ancien que dans le Nouveau
Testament, et qu'il croyait à la nécessité des
hounes œuvres pour le salut; loisqu'en 1646,
dans une dispute religieuse à Thorn, où il avait
été envoyé comme médiateur par l'électeur pro-
testant de Brandebourg, on l'eut vu vivre dans
une plus grande intimité avec les théologiens
calvinistes qu'avec les luthériens, alors la haine
et les soupçons de ces derniers éclatèrent en
querelles qui, à cause de l'incertitude avec la-
quelle on prétendait que Calixtus flottait entre les
différents partis religieux, s'appelèrent les que-
relles syncrétistiques. Cependant les plus achar-
nés de ses adversaires ne se contentèrent pas de
lui attribuer les plus énormes hérésies : ils enga-
geaient aussi l'électeur Jean-George 1^'' de Saxe
à faire auprès du duc de Brunswick des démar-
CALKAR
196
ches hostiles contre les théologiens de Helmstaedt.
Mais le duc le protégea, au contraire, lors de la
diète de Ratisbonne en 1653, et les princes de
l'Empire décidèrent Jean-George à imposer si-
lence aux théologiens de son électorat. Alors Ca-
lixtus ne fut plus inquiété jusqu'à sa mort.
Les querelles où il fut entraîné l'empêchèrent
d'exposer ses idées avec plus de profondeur.
Ses nombreux ouvrages sont la plupart écrits à
la hâte, et ils ont été en partie publiés sans son
consentement. Mais par son enseignement o»al
Calixtus a formé beaucoup d'excellents théolo-
giens qui ont continué à travailler dans son es-
prit, et ont plaidé sa cause avec chaleur dans
les querelles syncrétistiques; ces querelles ont
été continuées par son fils Frédéric-Ulric, né
en 1622 et mort en 1701, abbé de Kœnigslutter,
et professeur de théologie à Helmstaedt. Calixtus,
le père, dut à ses recherches historiques et à son
exégèse , où il semble avoir merveilleusement
saisi l'esprit de l'Écriture sainte , des résultats
qu; répandirent de nouvelles lumières sur la
dogmatique, lui donnèrent une forme plus scien-
tifique, en séparèrent la morale chrétienne pour
en faire mie science particulière, réveillèrent
l'étude des Pères de l'Église et de l'histoire ec-
clésiastique , et frayèrent en général la route au
progrès qui, à l'aide de Spener, de Thomasius
et de Semler, devait amener une révolution
complète dans les sciences théologiques et les
idées religieuses. [Enc. des g. du m.].
Sax, Onomastic. Ulterar. — Freber, T/ieatrtim viro-
rum eruditione clarorum.
CALKARouCALRER {Jean de) , peintre néer-
landais, de l'école de Jean de Bruges, naquit en
1500 à Calkar, dans la principauté de Cièves. 11
se forma le goût en Italie, d'après les chefs-d'œu-
vre du Titien, et en suivant les exemples et les le-
çons de son maître. Jamais , dans ses créations
pleines de génie, il ne s'éloigna de la nature. L'œil l
le plus exercé distingue avec peine les tableaux .
du Titien de ceux de Calkar. Dans la coUec- •
tion de Boisserée se trouve un tableau remar- .
quable de ce peintre : c'est une Mater dolo-
rosa, qui paraît avoir eu pour pendant un Ecce •
Homo. Rubens admirait à un tel point les ta-
bleaux de Calkar, que dans tous ses voyages il
portait sur lui une miniature de ce grand maître,
représentant les pâtres au moment où Joseph i
les accueillit auprès de la crèche du Christ.
Conune dans la Nuit de Correggio , la lumière <
émane de l'enfant. Ce tableau, trouvé dans la ;
succession de Rubens, tomba entre les mains de <
Sandraot, et depuis entre celles de l'empereur ii
Ferdinand HL II est déposé aujourd'hui dans la <
galerie du Belvédère, à Vienne. Les dessins de >
Calkar, faits à la plume et au crayon, ne sont i
pas inférieurs, sous le rapport de l'art, à ses ta-'
bleaux. Presque tous les portraits qui se trou-
vent dans la Biographie des peintres, par Va-
sari, et dans les Instïtutiones Academicse dèl
Vesalius, sont de Jean de Calkar. B quitta VC'^ '
197
CALKAR — CALLARD
198
nise pour aller habiter Naplcs, où il mourut en
1540. [Enc. des g. du m.]
NagliT, Neues AUgem. Kxlnulcr-t.exicon.
CALKOËN {Jean-Frédéric Van Beek), le
plus distingué des astronomes néerlandais, na-
quit à Groëningue en 1772. Après avoir fait ses
études préparatoires à Amsterdam, où son père,
pasteur réformé très-distingué, avait été appelé,
il se rendit à Utrecht pour faire sa théologie,
étude qu'il abandonna plus tard pour se consa-
crer entièrement aux mathématiques et à l'as-
tronomie. Plus tard il visita les universités de
Goëftingue, de Leipzig, d'Iéna, et les observa-
toires de Gotha et de Berlin, et il forma des
liaisons intimes avec plusieurs savants alle-
mands, particulièrement avec le baron de Zach,
avec lequel il entretint plus tard une longue
correspondance. Calkoën fut nommé, en 1799,
professeui' suppléant d'astronomie et de mathé-
matiques à Leyde, et en 1804 professeur titu-
laire de ces sciences, qu'il alla enseigner l'an-
née suivante à Utrecht. Il avait fait preuve de
tant d'activité quand il était chargé du règle-
ment des poids et mesures, que le roi Lonis-]\a-
poléon lui témoigna publiquement sa satisfac-
tion et sa reconnaissance de -cette opération.
Lors de la fondation de l'Institut national hol-
Vmdais, il fut élu membre de cette compagnie.
Calkoën mourut en 1811. Ses principaux ou-
vrages sont : Euryolus, over het schone ; Har-
lem, 1802 ; — une dissertation écrite en langue
latine sur les horloges des anciens, et une réfuta-
tion de l'Origine de lous les cultes, de Dupuis,
publiée sous ce titre : Naarden Oorsprong van
den Mozaischen en Christclijken Godsdlenst,
ouvrage qui a été couronné. [Enc. des g. du m.]
biographie Néerlandaise.
CALL ou CALLics (Jean Van), dessinateur
hollandais, né à Nimègue en 1655, mort à la
Haye en 1703. Fils d'un horloger habile, il pré-
féra le dessin à l'horlogerie et à la mécanique.
n copia d'abord les paysages de Breughel, de
Paul Pril et de Nieulant; puis, voulant étudier la
nature par lui-même, il visita les environs de
Kimègue et les bords du Rhin. Les dessins qu'il
fit durant ces premiers voyages furent recher-
chés des connaisseurs. Il parcourut ensuite la
Suisse, l'Italie, et recueillit à Rome des Ames nom-
breuses. Il revint ensuite par l'Allemagne et
d'autres pays à la Haye, où il fit des gravures qui
ornèrent ses recueils, et furent également achetées
avec empressement par les amateurs. Il peignit
aussi en miniature. Une des œuvres les plus re-
marquables pubUée par Schenck représente, en
72 feuilles, les vues les plus curieuses du cours
du Rhin, depuis Schaffhouse jusqu'à Scheve-
lingen.
Descamps; f'ies des Peintres fiamands,t. III. — Nagler,
■itUgemeines Kûntler-Lexicon.
CALL {Pierre Vajs), fils de Jean IVan Call ,
paysagiste hollandais, mort en 1737. Comme
son père U cultiva le paysage, et acquit une ré- '
putation méritée. Tl n'était pas moins habile ar-
chitecte, et il fut chargé par le roi de Prusse de
dessiner à l'aquarelle les forteresses et les
champs de bataille de la guerre de Flandre sons
le roi Louis XV.
Naglcr, Neues ÀUgemeines KUnttler-Lexicon-
CALLAMARD {Charles- Antoine) , statuaire
français, né en 1776, mort à Paris en 1821. Cal-
lamard avait obtenu en 1797 le grand prix de
sculpture. Le musée du Louvre possède de liti
V Innocence réchauffant un serpent (salon de
1810) et Hyacinthe blessé { salon de 1812),
commandés par le gouvernement impérial. Il a
produit en outre plusieurs bustes et bas-reliefs es-
timés, quoique, en générai , ses œuvres soient
empreintes d'une régularité un peu fioide. H
s'occupait, à sa mort, d'une statue du bailli de
Suffren. P. Ch.
Gahtt, Dictionnaire des Artistes.— Livrets des salons.
CALLABD DE LA DUQVERIE {Jean-BUp-
tïstc), médecin et botaniste français, né en
1630, mort à Caen en 1746 (d'après Lelong et
Fontette, selon lesquels il aurait atteint l'âge de
cent seize ans), ou en 1718 (d'après Quérard
et autres). Après avoir étudié la médecine à Pa-
ns pendant huit an,i,il se rendit à l'université de
Caen, où il finit par se faire recevoir docteur
en médecine en lfi62. Il pratiqua ensuite son
art à Caen jusqu'en 1671 , où il fut nommé ;\
une chaire de professeur à l'université de cette
ville, qu'il ne quitta plus. Doyen de la Faculté et
membre de l'Académie de Caen, il marque dans
l'histoire de cette ville comme fondateur du Jar-
din de botanique. On a de lui : Lexicon me-
dicum îiniversale, sive tria etymologiarum
millia, quas in scholis publiais alumnos ita
postulantes edocuit auctor; Caen, 1673, in- 12
(c'est une explication de termes grecs usités
en médecine); 2" édit., Caen, 1692, m-12, et Pa-
ris, I693,in-12 (édit. augmentée d£S termes de
chirurgie, chimie et pharmacie); — Lexicon me-
dicumuniversale etymologicum, in quo unde-
cies millia vocabula rarioris usus ab auctori-
busgrsects, latïnïs et gallicis qui de medicina,
chirurgia, pharmacia , botanica , chymia et
physica hactenus scripsere usurpata enu-
cleantur, eorumque notïones et origines rete-
guntur; Caen, 1715, in-fol. : ce n'est qu'une nou-
velle édit. de l'ouvrage précédent, presque porté
au quadruple de l'étendue ; — Ager medicus
Cadomensis, sive hortus plantarum quae in
locispaludosis,pratensil)US, maritimis, areno-
sis et sylvestribus prope Cadomum in Nor-
mannia sponle nascuntur; Caen, 1715, ma-
nuscrit. Cet ouvrage, qu'on disait avoir été im-
primé à Paris en 1714, in-fol., n'était pas encore
imprùiiéen 1778, du temps de Fontette. En tout
cas, le manuscrit laissé par Callard enti"e les
mains de M. Desmousseaux, son collègue à la
Faculté, était très-informe et tronqué. C'est la
Flore de la basse Normandie.
Journal des Savants, 1715. — LeloDg, Bibliothèque
7,
199
CALLARD
historique de la France. — Carrère, Bibl. de la Méd.
Éloy, Dictionnaire de la Médecine.
CÂLLÉJA OU CALLÉJAS (don FéUx DEL
Rev), comte de Caldéron, général espagnol, né
en Espagne en 1750, mort après 1820. Après
avoir été fiscal du conseil des Indes en Améri-
que, il commandait en 1810 la garnison de Saint-
Louis du Potose dans le Mexique, lorsque le fa-
meux Hidalgo, curé de Dolorès, fit soulever ces
contrées. A la tête de quatre-vingt mille hom-
mes créoles indiens, et de quelques troupes régu-
lières, ce chef avait pu déjà prendre Toluca; et
il marchait sur Mexico, lorsque Calléja reçut du
vice-roi Vénégas l'ordre de se mettre à la pour-
suite des insurgés. Quoiqu'il n'eût cpie sept mille
hommes, il mit en fuite l'ennemi, lui tua un
nombre considérable d'hommes, le poursuivit,
s'empara d'un défilé fortifié, et lui pri yingt-cinq
pièces de canon. Puis il l'attaqua dans Gua-
naxoato, et emporta cette place d'assaut. Mais
dès lors il ternit ses succès par les atrocités dont
il les accompagnait. C'est ainsi qu'il permit le
pillage pendant deux heures et qu'il fit fusiller
plusieurs prisonniers et citoyens, parmi lesquels
le minéralogiste Chovel. Il décréta la peine de
mort contre toute réunion de plus de trois per-
sonnes, et contre ceux qui ne rendraient pas leurs
armes dans les vingt-quatre heures. Le parti ré-
publicain n'en devint que plus fort. Hidalgo,
ayant rallié son armée, se retira sur Guada-
laxara. Plusieurs provinces se soulevèrent à leur
tour. Dirigé sur Zamora par Calléja, le général
Crux battit un corps d'insurgés et s'empara de
Valladolid, où, à l'exemple de son chef, il exerça
d'affreuses cruautés. Quant à Calléja, il se porta
sur Guadalaxara, où Hidalgo s'était posté sur un
plateau avec cent trente pièces de canon : à la
tête de sa cavalerie, il se précipita sur les batte-
ries ennemies, et les enleva à l'arme blanche. Hi-
dalgo reçut le coup mortel dans une charge com-
mandée par lui-même. Son armée fut entièrement
défaite ; mais le vainqueur déshonora encore sa
victoire par ses cruautés : il est vrai de dire que
les deux partis rivalisaient de représailles. La
prise de la forteresse de Zitacquaro (2 janvier
1812) fut le résultat de cette victoire, et les ha-
bitants furent passés au fil de l'épée. Calléja
alla ensuite attaquer Cuautla-Amilpas. Il en
fut d'abord repoussé par le prêtre Morelos, qui
avait été placé à la tête du pouvoir exécutif; et
i! ne vint à bout de la place et de ses habitants
que par la famine. Cuautla fut abandonné dans
la nuit du 2 mai. Cette retraite s'accomplit dans
un si profond silence, que les colonnes passè-
rent sous les batteries de l'ennemi sans que celui-ci
s'aperçût de rien ; elles gagnèrent Izucar, n'ayant
éprouvé qu'une perte à peine sensible , si l'on
n'eût eu à regretter Léonardo Bravo, qui tomba
aux mains des Espagnols. Entré dans la ville,
Calléja se porta sur les habitants à d'horribles
cruautés. Ces actes mêmes contribuèrent à dé-
velopper l'insurrection. A son tour Morelos eut I
CALLENBERG 200
des succès, et la guerre continua delà sorte en
balançant les chances entre les deux partis. La
situation de la Nouvelle-Espagne était vraiment
déplorable. « Le commerce était nul, dit M. la
Renaudière; personne n'osait s'aventurer au mi-
lieu des bandes armées, sans discipline et sans
pitié. Les mines étaient désertes; les ouvriers
les avaient quittées ou pour aller combattre, ou
parce qu'ils n'étaient pas payés, et les eaux s'é-
levaient en toute liberté sur les filons métalli-
ques. Les terres restaient en friche dans une
partie du pays; le blé devenait rare et cher; les
maladies plus nombreuses augmentaient de ma-
lignité dans les terres chaudes, et faisaient inva-
sion sur les plateaux où elles étaient ordinaire-
ment inconnues. C'était un triste spectacle que
le Mexique en travail de son indépendance. »
Cependant Calléja fut élevé à la vice-royauté du
Mexique, en remplacement de Vénégas; il dé-
ploya dans l'exercice de ses fonctions le dévoue-
ment dont il avait fait preuve jusqu'alors. En
même temps il continua le système de rigueurs,
qui, loin de favoriser les intérêts de la métropole,
détachait d'elle les populations. Ce que l'histoire
ne saurait surtout absoudre, c'est l'exécution
de Morelos, devenu prisonnier d'une division
espagnole , et qui fut fusillé par ordre de Cal-
léja le 22 décembre 1815. Calléja publia, il est
vrai, une amnistie; mais la guerre continua, et
il fut remplacé dans sa vice-royauté par don
Juan d'Apodaca en 1817. A son retour en Es-
pagne, il fut nommé comte de Caldéron. En 1819,
quoiqu'il fût déjà septuagénaire, il fut appelé à
commander les troupes rassemblées à Cadix et
dans l'île de Léon, pour aller combattre les in-
dépendants du Paraguay; et déjà il avait com-
mencé d'accomplir sa mission lorsqu'il fut fait
prisonnier par Riégo et conduit à l'ile de Léon,
où il resta jusqu'à ce que Ferdinand VU eût
triomphé de l'insurrection.
Arnault, Jouy, etc., Biog. des Contemp. — La Renau»
dière, le Mexique, dans l' Univ. pitt.
*CALLEMARD { Marc-Antoiïie) , historien
français, de l'ordre des Jésuites, vivait dans la
seconde moitié du dix-septième siècle. On a de
lui : Histoire de la vie de Jacques de Cordon
d'Évieu, chevalier de l'ordre de Saint-Jean
de Jérusalem; Lyon, 1665, in-4°.
Lclong, Bibliothèque historique de la France, <idit.
Fontctte.
CALLENBERG (Gaspard), canoTihte et his-
torien allemand , de l'ordre des Jésuites , né eu
1678 à Castrup (comté de la Marche en Wcst-
phalie), mort le 11 octobre 1742 à Coësfeld.
Il enseigna la philosophie à Munster, et la théo-
logie à Paderborn, Munster, Trêves et Aix-la-
Chapelle. On a de lui : Templum Honoris in
laudem Francisa Arnoldi, episc. Monast. et
Paderborn; Cologne, 1710, in-4°; — Démons-
trationes chronologico-historico-juridico-ca-
nonicx in C. de indemnit. de electione in VI
quod Abbatissse Canonissarum sxcularium
301
separatim habitantium debeant esse tricena-
rix (anonyme); Cologne, 1734, ui-i°; — Apo-
logiapro suprême Âom.pontif. auctoritate, et
pro immunitate ecclesiastica pariterque pro
jure D. Georgii de Cazemajor, canon, et vi-
carii circa Vicariam S. Joannis et Pauli in
Cathedrali Monasteriensi; Paderbom, 1734,
in-4° (anonyme).
fiarzheirD , Bibl. Colon.
CALLENBERG ( George -Alexandre - Henri -
Mermann, comte de ), voyageur et littérateur
allemand, né à Muskau le 8 février 1744, mort
Ïe4 mai 1795. Après avoir reçu sa première édu-
cation dans la maison paternelle , il alla à Ge-
nève, d'où il se rendit successivement en Italie,
en France, où il se maria, en Suède, en Angle-
terre. A son retour dans ses domaines, il partagea
son temps entre les travaux d'économie rurale
et les travaux littéraires, notamment des traduc-
tions, parmi lesquelles la Ligue des Princes, de
J. de Millier, qu'il mit en français.
Biog. unir. ( éd. belge ).
CALLENBERG (Gérard), amiral hollandais,
ïié à Willemstadt en 1642, mort en 1722. Il était
capitaine à bord du vaisseau que montait Ruy-
ter dans la journée où ce grand amiral fut mor-
tellement blessé. Resté seul chef de la flotte
lorsque de Haan, qui avait succédé dans le con>-
mandement à Ruyter, fut devenu prisonnier des
Français, Callenberg réussit à faire prendre le
large aux Français. Nommé vice-amiral, il se dis-
tingua sur les côtes de Normandie en 1690 , et
«n 1694 il débloqua le port de Barcelone. En 1696
il bombarda Saint-Martin dans l'île de Ré, et en
1697 il commanda en chef et se signala au com-
bat de Vigo. H était à la tête de la flotte hollan-
daise qui , avec celle des Anglais , attaqua et
prit Gibraltar. L'engagement contre les Français
dans la baie de Cadix fut le dernier où Callen-
berg put se signaler. Revenu en Hollande, il
exerça les modestes fonctions de bourgmestre à
"Vlaerdingen, où il finit ses jours.
Chaiidon et Delandine, ;V0Mî;(5aMi)jcf. hist. — CLal-
inot, Biogr. T^oordenb.
CALLENBERG (Jean- Henri), orientaliste
allemand et théologien luthérien, né le 12 jan-
vier 1694 dans le pays de Saxe-Gotha, mort à
HaUe le 16 juillet 1760. Après avoir fait ses étu-
des à l'université de Halle , il fut nommé à la
même université, en 1727, professeur suppléant;
en 1735, professeur titulaire de philosophie; et
enfin en 1739, professeur de théologie. Il donna
une forte impulsion aux missions protestantes
en Onent, surtout à celles qui avaient poiu- but
la conversion des juifs et des mahométans. Il
publia a cet effet de nombreux ouvrages, soit
en arabe et en hébreu , à l'usage des convertis
soit en allemand, pour intéresser ses coreligion-
naires à cette œuvre pie; mais il paya en outi-e
de sa fortune, car il fit les premiers frais néces-
saires pour monter chez lui une imprimerie arabe
et hébraïque, et établir une institution de mis.
CALLENBERG 202
sionnaires. Cette institution, qui porte le nom de
Callenberg, eut une certaine influence sur l'é-
tude des langues orientales; mais elle tomba
en 1791. Les nombreux ouvrages qu'on a de
Callenberg sont, dans l'ordre chronologique, les
suivants : Scriptorum historiée litterarise
recensio tabularis (anonyme); Halle, 1724,
in-8»; — Pr. de christiano professoris philoso-
phise officio; Halle, 1727, in-8°, — Berichte
von einem Versuch das Jûdische VoIk zur Er-
kenntniss der christlichen anzuleiten, nebst
16 Fortsetzungen ( Relation d'une tentative pour
amener le peuple juif aux vérités du christia-
nisme ) ; Halle, 1 728-1 736, 3 vol. in-8° ; — Prima
rudimenta linguae araôica? ; HaUe, 1729, in-8<';
— Colloquia arabica idiomatis vulgaris, sub
ductu B. Sal. Negri olim composuit; HaUe,
1729, in-8°; — Catechismus Lutheri minor
arabice; HaUe, 1729, 'm-i2 ;— Commentutio de
scepticismo exegetico; Halle, 1730, in-8°; —
Oratio de Ernesti Pii,princ. sax., consiliis et
conatibus in munienda via doctrinas evange-
licse inter exteras gentes vulgandas; Halle,
1731, in-8°; — Comm. de causis quibus im-
pellamur ad conservandam doctrinœ evan-
gelicx puritatem ;Y[s\\e, 1731, in-8°; —Comm.
de modo prœsidiisque conservandi doctrinx
evangelicx puritatem; Halle, 1731, in-8°; —
Comm. de aperiendis inter barbaras gentes
scholis; Halle, 1731, in-8»; — Von dem Zus-
tande Surinam (De l'état de la colonie de
Surinam) ; Halle, 1731 , in-S" ; — De conversione
Muhammedanorum ad Christum expetïta ten-
tataque; Halle, 1733, in-12; — Pr. de studio
historiée litterariee academico; Halle, 1733,
in-4°; — Symbolum Muhammedicum exAlco-
rano concinnatum ; HaUe, 1733, in-8°; — No-
vum Testamentum arabice; Balle, 1733-1734,
in-12; — Entwurf eines collegii iiber die
Historié der Gelahrtheit (Esquisse d'un cours
sur l'histoire de l'érudition); HaUe, 1733; —
Kurze Anleitung zur Jùdïsch-teutschen Spra-
che (Manuel de grammaire allemande et juive);
HaUe, 1733, in-8°; — Scriptores de religione
muhammedica ; Halle, i734, in-8°; — Vita
Joh.-Dan. Herrnschmidii ; Halle,' 1735; —
Historia Adami muhammedica ; Halle, 1735,
in-8° ; — Spécimen indicis rerum ad liltera-
turam arabicam pertinentium ; HaUe, 1735,
in-8° ; — traduction en arabe des livres 5 et 6
du traité de Grotius, De veritate religionis
christiame; HaUe, 1735, in-12; — Linguarum
exoticarum usus et prœsidia; HaUe, 1736,
in-S"; — Historia Jesu Chrlstimuhammedica;
HaUe, 1736, in-8''; — Spécimen bibliothecse
arabicœ; Halle, 1736, in-8°; — Ecclesiarum
exoticarum monumenta historica ; HaUe, 1736,
in-8°; — Jiidisch-teutsch Wôrterbuchlein
(Dictionnaire de la langue des Juifs aUemands);
Halle, 1736, in-8°; — Juris judaici circa
stuprum respowsio; Halle, 1736, in-8%^ -- Ob-
servatimes variœ; Md,, 1736, in-8'';; t?:
203
CALLENBERG — CALLET
204
Mon von einer weitern Bemûhung, Jesum
Christum dem Jûdischen Volke bekannt zu
machen (Relation d'une nouvelle tentative de faire
connaître Jésus-Christ aux Juifs); 1738 et suiv.,
iji-go ■^— jnitia sacrijiciorum ;\hid., 1738, in-8";
— Vitce Vocfrerodti illustramenta qusedam;
ibid., 1738, in-S"; — Repertorium muhamme-
dicum; ibid., 1738, ia-8°; — Séria mortuorum
contemplatio ; ibid., 1738, in-8°; — traduc-
tion en arabe de Y Imitation de Jésus-Christ;
1738-1739, in-8° : ce n'est qu'une reproduction
tronquée de la traduction publiée en 1663 par le
P. Célestin de Saint Ziduine ; — Nachricht von
einem Versuche die verlassene Muhammeda-
ner zur heilsamen Erkenntniss Christi anzu-
leiten ( Relation d'une tentative d'amener à J.-C.
les matiométans abandonnés); Halle, 1739 et
suiv., in-S" ; — Bistories ecclesiasticas capita
laetiora; ibid., 1739, in-8°; — Pr. deprofesso-
ris theologix officiis, sub exemplo antecesso-
rum ;Md., 1739, in-8°; — Juris judaici circa
motum terminum responsio ;\hid., 1739,in-8° ;
— Repertorium litterarium topicum; ibid.,
1740, in-8°; — Loci codicum arabicorum de
jure circa christianos muhammedico ; ibid.,
1740, in-8° ; — Sammlung einiger Betrachtun-
gen und Nachrichten ( Recueil de réflexions
et de nouvelles ); ibid., 1 740, in-8° ; — Me. Cle-
nardi circa Mukammedanoriim ad Christum
conversionem conatns ; ibid., 1742, in-8»; —
Sylloge variorum scriptorum locos de Muham-
medanorum ad Christum conversione expe-
tita, sperata, tentUaqv^ exhibens; ibid.,
1743, in-8"; — Untr.r^cMedene Ueberbleibsel
(Diélanges);ibid., 1743, iii-8°; — Blumenlese
aus der Kirchenhis/orie (Anthologie de l'hist.
ecclés.);ibid., 1744, m-^," ; — Exercitationes in
rébus muhammedicis occupatx; ibid., 1745,
in-8'' ; — Grammaiicn lingual grxcx vulga-
ris; ibid., 1747, in-S"; — Paradigmata lin-
gux grxcx vulgaris; ibid., 1747, in-8"; —
Erlàuterung der Eislebischen Kirchenges-
chichte von 1608-lGll, da Johann Arnd da-
selbst gestanden, etc. (Document pour servir à
l'Histoire ecclésiastique d'Eisleben, pendant la su-
rintendance du célèbre écrivain ascétique Jean
Arnd, de 1608-1611); Halle, 1748, in-8°; —
Fortwàhrende Bemûhung um das Heil des
Jûdischen Volkes ( Suîte des efforts pour con-
vertir le peuple juif), ibid., 1752, in-8°; —
Christliche Rereisung der Judenôrter ( Pèleri-
Bages chrétiens aux Lieux Saints); ibid., 1745
etfiuiv., in-8°; — Reisegeschichte zum Besten
deraUen Orientalischen Christenheit (récit de
voyages entrepris dans l'intérêt de l'ancienne
Église chrétienne en Orient) ; ibid., 1757 ,
in-8" ; etc.
AdRluiig, supplément à Jôchcr, Allgem. Gelehrten-
Lexlcon. — Meusel, Lexicon der von 1750-1761 vers-
torbenen teutsclien Schriftsteller. — Ersch et Gruber,
4llgrm. Encyr.lopxdle.
*CAL,L.ES i^Sigismond), hï&tor'ien allemand,
de l'ordre des Jésuites, mort entre 1758 et 1767.
On a de lui : Annales Austrix; Vienne, 1750,
2 vol. in-fol. ; — Séries Misnensium episcopo-
rum , cum ex aliis documentis tum prxserlim
ex litterarum, contractuum ac donationum
Misnensium Ecclesix breviariomsto. restituta
et illustrata; Ratisbonne, 1752, in-4° ; — An-
nules ecclesiastici Germaniœ; 4 vol. ( le dernier
volume a paru en 1758).
Gôttinger Ânzeigen, ann. 1751, 1733, 17S7 et 1758.
CALLESCHROS OU CALL^ESCHROS ( Ka).-
Xaiffypoç), arcliitecte grec, vivait à Athènes
dans la seconde moitié du sixième siècle avant
J.-C. Il fut, avec Antistate, Antimachides et Po-
rinos, chargé par Pisistrate de jeter les fonde-
ments du temple de Jupiter Olympien, continué
par Antiochus et achevé sous l'empereur Adrien.
Vitruve, De architectura, VII, préf., § 13. — Tauly,
Real-Encyclop. — Félibien, Recueil hist. de la vie
et des ouvr. des plus cèlébr. arcliit.
CALLET (Antoine- François), peintre fran-
çais, né à Paris en 1741 , mort en 1823. Il fut
reçu à l'Académie en 1780. Dans l'iiistoire delà
peinture française il se place à côté de Suvée, de
Brenet, de Lebarbier, de Vincent et de Peyron,
c'est-à-dire parmi les artistes de cette école dont
Vien est le représentant le plus célèbre, et qui,
en retirant l'art de la fausse voie où Boucher
l'entraînait, préparèrent l'époque de David. Oallet
dessinait assez correctement, mais composait
lourdement : son coloris n'est pas faux, mais il
n'a aucune qualité supérieure. Tels sont, au
reste, les caractères de l'école à laquelle il ap-
partenait. Cependant, quelque faibles que soient
les œuvres de ces artistes comparées à cellos de
David, de Gros et de Gérard, on les trouvera re-
marquables à côté de celles de Lancret, de Wat-
teau et de Loutherbourg. C'est en effet une gloire
pour Callet et ceux que nous avons cités avec lui,'
d'avoir vu le mal et essayé de bien faire. Les
principales productions de Callet sont : Curtîu^i.
se dévouant pour sa patrie; — Vénus blessée
par Diomède; — V Automne et les Satur-
nales;— Achille traînant le corps d'Hector
autour de Troie; — la France sauvée, allé-
gorie sur le vaisseau de l'État sauvé, suivanl
Callet, au 18 brumaire; — la Bataille de Ma-
rengo ; — l'Entrée du premier consul à Lyon ;
— le Mariage de Napoléon et de Marie-Louise .
— le Traité de Presbourg ; — Érigone; — ur
Ganymède; — une allégorie sur la Naissance di
roi de Rome; — la Reddition dWlm (1812)
à Versailles; — l'Entrée de Napoléon à Varso
vie; — Achille à la cour deNicomède; -
les portraits de Louis XVIII et du comte cVAr
fois.
Le Bas, Dctionnaire encyclopédique de la France. -
Gabel, Dictionnaire des Artistes.
c.\ LLET ( Jean - François ), mathématicioi
français, né à Versailles le 25 octobre 1744, inor
le 14 novembre 1798. Venu à Paris en 1768, il ;
approfondit les mathématiques, pour lesquelles i
avait manifesté de bonne heure un vif penchani
En 1774 il prépara avec succès les élèves q/'
2nr, CALLET — CALLTAS
d(\ nient entrer à l'école du génie; en 1779 il
rcmpoita le prix proposé par la Société des arts
(ii- Genève pour le meilieiu- mémoire sur les
ciliapperaents, et en 1788 il fut chargé de pro-
lisser l'hydrographie à Vannes et à Dunkerque.
A son retour à Paris en 1792, il fut, pendant
[iliisieurs années, professeur des ingénieurs-
i/cographes. Après la suppression de cet ernpioi,
il professa avec succès les mathématiques. Plus
fai'd, en 1797, il adressa à l'Institut le plan d'une
langue télégraphique, applicable à douze mille
mots français dont il, proposait de faire le dic-
TiDnnaire. Dans les intervalles de ses fonctions,
il écrivit d'autres ouvrages , dont les principaux
sont : Supplément à la trigonométrie sphé-
r'i'jue et à la navigation de £ezout, ou
Recherches sur les meilleures manières de
ihterminer les longitudes à la mer, soU par
des méthodes de calcul , soit par des cons-
tructions géographiques , soit avec le secours
d'un instrument ; Paris, Didot, 1798, in-4'';
— une édition des Tables de Gardiner, 1783 et
1795, in-8".Ontrouve dans cette dernière édition
les logarithmes des nombres jusqu'à 108,000,
des sinus et tangentes de seconde en seconde
pour les cinq premiers degrés, et de dix en dix
secondes pour tous les degrés, avec la division
«entésiraale, etc. ; elles sont à sept figures. C'est
[pour obtenir une correction rigoureuse, et on
fcpeut même dire infaillible, que M. Firmin Didot
inventa son premier procédé de stéréotypage, qui
permet de corriger les erreurs que l'expérience
ipeut faire décou\Tir au milieu de cette multitude
Ide chiffres, sans être exposé à commettre de nou-
velles fautes en recomposant le tout, comme on le
[faisait précédemment à chaque nouvelle édition.
L'édition de 1783 ne donne les logarithmes que
jusqu'à 102,950.
Quérard, la Fr. litt. — Arnauld, Biog. nouv. des Con-
ftemp. — Brunet, Manuel du libraire.
CALLET ( Nicolas ) , jurisconsulte français
idtt seizième siècle. Avocat à Guéret, il écrivit un
ouvrage intitulé Callseus in leges Marchise
municipales ; Paris, 1573, in-4°.
*CALLETOT {Guillaume), chantre de la
chapelle de Charles V vers 1364. « Ce chantre,
(lit M. Fétis, était vm de ceux qui, dans la cha-
pelle du roi, improvisaient l'espèce de contre-
point simple qu'on appelait chayit sur le livre :
c'estce qu'indique son titre de c^nfre à déchant.
Les appointements de Calletot, ainsi que ceux de
ses collègues, étaient de quatre sous par jour. »
Fétis, Biogr. univ. des musiciens.
GALLiACHi (Nicolas), savant italien, né à
Candie en 1645, mort le 8 mai 1707. Il étudia à
Rome, et y fut reçu docteur en philosophie et en
j, théologie. Puis il alla professer à Venise les
langues grecque et latine. En 1678 il remplaça
Negroni, enseigna la logique, commenta Aristote,
et, après la mort de Ferrarius, il fit des cours
d'éloquence et d'hiunanités. On a de lui : Syn-
^agma de ludis scenicis mimjorum et panta-
206
mimortim, edente M.-A. Madero; Padoue,
1713, in-4°, et dans le t. II du Thésaurus anti-
quitatum romanarum de Sallengre; — De
supvliciis servorum; — De gladiatoribus ; —
De Osiride ; — De sacris Eleusiniis eorumque
mysleriis. Ces derniers traités se trouvent aussi
dans le tome III des Utriusque thesauri anti-
quitatum romanarum grœcarumque nova
supplementa.
Jôch'T, Allgemeines Gelekrt- Lexic.
CALLiAS (KaXX(aç), poëte comique grec,.fils de
Lysimaque et surnommé Schœnion, parce que
sou père était cordier (cyyoïvoTcXôxo;). Il rivalisa
de talent avec Cratinus. C'est à peine s'il reste
quelques fragments de ses œuvres. Suidas nous
en a conservé les titres, qui sont : AlyûnTioç (l'É-
gyptien); — 'AtaXàvTT, ; — lleS-^xai (les Escla-
ves) ; — Bâ-rpaxoi (les Grenouilles); — I-xolâ.^o'v'zei
(les Désœuvrés); — KOxXwueç (les Cyclopes).
Ce Caillas est peut-être le même que celui au-
quel Athénée attribue une Ypa(j.[xaTiKri tpaYOùSia.
Suidas, Athénée, IV, VII, XII. — Clémeot d'Alexandrie,
Stromates. — Fabricius, Bibl. yrsec.
CALLIAS, historien grec, originaire de Syra-
cuse, vivait vers l'an 316 avant J.-C. Il fUt con-
temporain d'Agathocle, qu'il vanta outre mesure
et qui le combla de bienfaits. Diodore lui repro-
che cette partialité pour un tyran qui viola les
lois divines et humaines. L'œuvre de Callias était
intitulée Ta nepl 'AyaOoxXia ( Histoire du règne
d'Agathocle) ; elle embrassait l'histoire de la Si-
cile depuis l'an 317 jusqu'à l'an 289 avant l'ère
chrétienne, et se composait de 22 livres, il nous
en reste si peu de fragments, qu'il n'ust guère
possible de se faire une idée du caractère de
l'historien.
Suidas, aa mot KaXXta;. — Diodore, XXI, et Frag-
ments.
CALLIAS (KaXXiaç),nom de plusieurs person-
nages qui figurent dans l'histoire de l'ancienne
Grèce. Les principaux sont les suivants :
I. CALLL\s, athlète grec, fils de Phcnipne, vi-
vait dans la première moitié du sixième siècle
avant J.-C. Il obtint à Olympie (54® olympiade,
564 avant J.-C. ) le prix de la course des che-
vaux, et le second prix de la course des chars*
Aux jeux pythiques il se fit remarquer par ses
libéralités. Il avait trois filles, qu'il dota ric'iement,
et permit à chacune de se marier avec tel Athé-
nien qui leur plairait. Il avait toujorn-s été op-
posé à Pisistrate ; et lorsque les bienc de ce tyran
furent mis à l'enchère, il se présenta seul pour
les acheter.
Hérodote, VI, 121, 182.
II. CALLIAS, surnommé le Mauvais riche,
petit-fils du précédent et fils d'Hipj ioniens, porte-
flambeau aux mystères d'Eleusis, \ivait dans la
première moitié du quatrième siècle avant l'ère
chrétienne. Après la bataille de Marathon, il fut
rencontré par un barbare qui, le prenant à ses
longs cheveux et à son bandeau pour un roi, se
jeta à ses genoux en lui demandant la vie, et lui
découvrit un trésor enfoui dans un puits. Callias
207 CALLIAS — CALLICRATES
prit l'argent, et tua le soldat; de là lui vint le
surnom de KaxoTrXouxoç (le Mauvais riche). En-
voyé à Suse en 469 avant J.-C, il conclut avec
Artaxerce le traité par lequel ce prince s'enga-
geait à laisser la liberté aux villes grecques de
l'Asie, à tenir ses troupes à une journée des
côtes, et à ne pas envoyer ses vaisseaux dans les
mers depuis les roches Cyanées jusqu'aux îles
Chélidoniennes. A son retour, Callias, accusé de
s'être laissé corrompre, fut absous, mais con-
damné à cinquante talents d'amende.
Pausanias, I, 8. — Diodore, XIl, 4. — Bnedh,'' Écono-
mie polit, des Ath., III, ch. 12, et ï\, ch. 3. — Mitford,
Hist. of Greece, ch. 11, sect. 3. — Thirlwall, Greece.
III. CALLIAS , fils d'Hipponicus , vivait dans
la première moitié du quatrième siècle avant
J.-C. Il se fit remarquer par ses folles prodiga-
lités, et Plutarque l'appelle Callias le riche. Aris-
tophane le représente comme rm oiseau plumé
à la fois par deux classes de spoliateurs, les
femmes et les sophistes. Ceux-ci trouvaient
chez lui maison ouverte , et il leur donna , à lui
seul , plus d'argent que tous les Athéniens en-
semble. Cette dissipation de son patrimoine fut
portée si loin, qu'on le surnomma le Mauvais gé-
nie (àXt-nipio;) de sa famille : dadouque comme
l'avaient été ses ancêtres , il commanda les ho-
plites athéniens à Corinthe, lors de la défaite
des Spartiates par Iphicrate en 392 avant J.-C.
En 1771 il fut à la tête de l'ambassade chargée
de traiter de la paix avec Sparte. H mourut
dans un état voisin du dénûment. C'est lui,
dit-on , qui trouva le moyen d'extraire le cina-
hre des mines d'argent. Au rapport d'Élien, il se
serait suicidé; mais rien n'établit l'authenticité
du fait.
Plutarque, Périclès. — Xénophon, Sellenica, IV et
VI. — Aristophane, les Grenouilles. — Élien, Hist.
lY. CALLIAS, architecte grec, natif de l'île d'A-
rados, vivait dans la seconde moitié du quatrième
siècle avant J.-C. Il s'acquit la considération des
Rhodiens par Ihabile emploi qu'il sut faire d'une
machine avec laquelle il élevait au-dessus des
murailles l'hélépoie, ou tour roulante à l'usage
des assiégeants. Mais cette machine se trouva in-
férieure à celle d'Épimachus, chargé par Démé-
trius Poliorcète d'en détruire l'effet. Cette cir-
constance eût été fatale aux Rhodiens , si Dio-
gnète, qu'ils avaient privé de sa pension pour la
doimer à Callias, ne se fût laissé fléchir par les
jeunes filles et les pontifes. Il neutralisa l'elYet
de l'hélépoie d'Épimachus, en dirigeant les
égouls de la ville vers le terrain où elle devait
être portée; ou, d'après Végèce, en affaiblissant
le sol au moyen d'une fosse souterraine; et Dé-
métrius fut obligé de lever le siège.
Vitruve, De archilectura. — Félibien, Recueil hist. de
la vie et des œuvres des plus célèbres architectes.
CALLiBirs(KaAXigio;), harmoste Spartiate,
vivait en l'an 404 avant J.-C. Il commandait la
garnison envoyée par les Spartiates , sur la de-
mande des trente frians, pour occuper Athènes.
Blâmé par Ly sandre pour avoir levé le bâton
208
sur l'athlète Autolycus qui, plus adroit que lui,
le souleva par les jambes et le jeta contre le
sol, il obtint cependant des tjrans, pour prix
de l'approbation qu'il donnait à tous leurs ac-
tes, la mort d'Autoiycus.
Xénophon, Hellênica, II. 3 , § 13 et 14. — Diodore,
XIV , 4. — Plutarque, Lysandre.
CALLiCLÈs (KaXXixXrji;), peintre grec, vivait
probablement vers l'an 320 avant J.-C. On a peu
de détails sur cet artiste, qui fut le même sans
doute que celui que Varron met sur le même rang
qu'Euphranor. Il ne peignit que des tableaux de
petite dimension, de trois pouces de circonfé-
rence au plus.
Varron, Fragments. — Pline, Ilist. nat.
CALLICLÈS, fils de Théoscome, sculpteur
grec, natif de Mégare, vivait vers l'an 400
avant J.-C. Il représenta surtout les vainqueurs
aux jeux olympiques, et Pausanias vante son
talent.
Pausanias, VI, T, §§ l, 3.— Pline, Hist. nat., XXXIV.
* CALLICLÈS {Nicolas), médecin et poète
grec, vivait dans la première moitié du quator-
zième siècle. Montfaucon (Bibiioth. mss.)
l'appelle par erreur CalUdes. On a de lui
quelques épigrammes impr. avec les poésies de
Théodorus Prodromus, etc.; Bâle, 1536, in-S";
— "laixSoi sTt'.TUfjLoîot , sur la moit d'Andronic
Paléologue l'ainé, imprimés dans Bandini, Lat,
Codd. Grœc, tom. Il, p. 193 ; — Mélanges poé-
tiques, en manuscrit dans la bibiioth. de Saint-
Marc, à Venise.
Zanetti, Cat. Bibl. S. Marc. Fenet,
CALLiCRATE. Voy. Callippus.
CALLICRATE ( Ka),Xîxpai:y)Ç ) , SCUlptCUF'
grec. On ignore le temps où il vécut. Il réussit!
à faire des ou^Tages d'ivoire d'une dimension*
presque imperceptible. >Iais est-il bien certain^
qu'il ait pu graver des vers d'Homère sur des'i
grains de millet (1)? On peut croire cependant qu'ili
put réduire un char et ses quatre chevaux à uni
tel degré de petitesse que tout l'attelage tenaiti
sous l'aile d'une mouche, ei qu'il tailla , toiijoursi
dans les mêmes proportions, des fourmis dont oni
pouvait compter les membres. Pour faire res^
sortir ces petits objets, l'artiste les exposait suri
de la soie noire. Le temps n'a pas respecte les-
ouvrages de Callicrate.
Pline. — Athénce, IX, p. V82. — Élien, //irf.
CALLICRATE, architecte grec , vivait en l'a
444 avant J.-C. Sur l'ordre de Périclès, il
commença avec Ictinus, dans l'acropole d'Alliè
nés , le Parthénon , dont Phidias exécuta le»
sculptures et les autres ornements. On sait que
cet édifice admirable subsista jusqu'au siège
d'Athènes par les Vénitiens en 1676, époque o\\\
une bombe, mettant le feu aux poudi-es des as-
siégés , qui y étaient renfermées, le réduisit ea\
cendres. Au rapport de Plutarque, Callicratel
entreprit la longue muraille projetée par Périclès,i(
et dont Socrate parle dans le Gorgias.
(1) La chose n'étaitpas impossible, enadrscttant que le|
millet des anciens ctail une espèce de kohms. (II.)
209
CALLICRATE — CALLICRÉTÉ
210
! Pliitarque , Përielis. — Vltruve , De ArchUectura. —
I Kellbleii. Recueil historique de la vie et des ouvrages
I des plus célétnres architectes,
[ 1 CALLICRATE , général achéen , natif de Léon-
i: tium en Achaïe, mort à Rhodes en l'an 149
i avant J.-C. Il passa sa vie à trahir les intérêts
i de ses concitoyens. Envoyé à Rome en l'an 179, -
\ à l'occasion des lettres écrites de cette ville au
i sujet de ceux qui avaient été bannis de Lacédé-
I mone, il prononça au sein du sénat un discours
; où il conseillait d'exiger le rappel des exilés. Le
I sénat entra dans les vues de ce mauvais citoyen;
1 et, sur la recommandation de cette assemblée
puissante, Callicrate fut nommé général de la
ligue achéenne, et dès lors il fit tous ses efforts
pour le triomphe de la cause des Romains. En
l'an 174 avant J.-C, il réussit à faire repousser
un projet d'alliance avec Persée , mis en avant
par Xénarque, alors général de la ligue. Lors de
la conquête de la Macédoine par les Romains, en
l'an 168 avant l'ère chrétienne, il dénonça plus de
mille de ses concitoyens ayant été favorables
i Persée, et il fut cause qu'ils furent conduits à
Rome pour y être jugés. Parmi ces prisonniers
■;c trouvait l'historien Polybe, qui fut un de ceux
:iui, après dix-sept années de captivité, purent
retourner dans leur patrie. En l'an 153 avant
J.-C, le traître Callicrate dissuada la ligue de
(jrendre part à la guerre de Rhodes contre les
Cretois , attendu que l'Achaïe ne devait entrer
dans aucune entreprise sans le consentement
des Romains. Trois ans plus tard , en l'an 150
avant J.-C. , un procès scandaleux fit encore ressor-
tir la vénalité de Callicrate. Seulement cette fois
il eut »m émule digne de lui. C'était Ménalcidas,
général de la ligue achéenne , auquel il récla-
mait cinq talents que le premier lui avait promis
; sur dix, offerts par les Oropiens qui sollicitaient
Ménalcidas de leur faire obtenir le secours de
FAchaïe contre Athènes. Ménalcidas, n'ayant rien
voulu payer , fut poursuivi criminellement par
Callicrate pour avoir accepté une députation à
Rome contre les intérêts des Achéens et fourni
aux Spartiates les moyens de ne plus dépendre
de l'Achaïe. L'accusé parvint à se soustraire aux
suites de telle accusation en gagnant Diœus,
nouveau général de la ligue. En l'an 149 avant
J.-C, Callicrate fut envoyé en ambassade à Rome
. avec le même Diœus pour s'opposer aux Spar-
, tiates que celui-ci avait fait bannir et qui espé-
raient être rappelés par le sénat. 11 mourut à
Rhodes, et sa mort fut, dit Pausanias, un bon-
heur pour la Grèce entière.
Polybe, Hist , XXV, XXIX, XXX, XXXII, XXXIII. -
Tile-Live, XLI, XLV. — Pausanias, VU, 2. 12.
CALLICRATIDAS ( KaXXtxpaiîôaç ) , philoso-
, phe grec, disciple de Pythagore , vivait au cin-
quième siècle avant J.-C. Il n'est connu que par
I des Fragments sur le mariage et le bonheur do-
mestique, qui nous ont été conservés par Stobée.
Stobée, Eclog., LXX, LXXV, 76-18.
CALLICRATIDAS , général lacédémonien ,
mort en 406 avant J.-C II fut envoyé à Éphèse,
dans la même année pour prendre le comman-
dement de la flotte à la place de Lysandre. Aussi
courageux que celui-ci, il se faisait remarquer par
une plus grande sévérité de mœurs ; et on re-
trouvait chez lui les vertus et le patriotisme des
anciens"Spartiates. Lysandre sevengea en susci-
tant à Callicratidas toutes sortes d'obstacles.
C'est ainsi que, pour priver d'argent son succes-
seur, il renvoya à Cyrus ce qui restait des dix
mille dariques affectées par ce prince à l'aug-
mentation de la paye des matelots. Callicratidas
ne pouvait se résoudre à demander de l'argent
aux villes déjà accablées d'impôt. Il ne voulut pas
non plus cinquante talents que lui offrait un parti-
culier pour obtenir de lui une grâce injuste. «Je
les prendrais bien, lui dit Cléandre, un de ses offi-
ciers, si j'étais à votre place.» — «Et moi aussi, si
j'étais à la vôtre, » répondit Callicratidas. Dans
cette extrémité , il dut se rendre en Lydie pour
voir Cyrus. Un garde lui ayant dit au moment
où il pénétrait dans le palais : « Étranger, Cyrus
n'a pas présentement le temps ; car il est occupé
à boire. » — « J'attendrai qu'il ait bu, » répondit
le général Lacédémonien. Il attendit en vain. Une
seconde visite ne fut pas plus heureuse. Il s'en
retourna à Éphèse, maudissant ceux qui avaient
mis la Grèce dans la dépendance des barbares et
se promettant de réconcilier Athènes avec Lacé-
démone. Revenu à Milet, dont les habitants pour-
vurent aux besoins de sa flotte, il profita de cette
circonstance pour ouvrir des opérations contite
l'eniiemi. Et d'abord il s'empara de Delphinium,
dans l'île de Chios , ravagear Téos et conquit
Méthymne. Cependant il n'en voulut pas vendre
les habitants. « ADieune plaise, dit-il, que durant
mon commandement un seul Grec devienne
esclave par mon fait. » Puis il poursuivit, défit
et assiégea Conon dans Mitylène. Athènes envoya
à son général un secours de cent cinquante vais-
seaux. Quoiqueles fbrces de Callicratidas setrni*-
vassent alors inférieures à celles del'enncmi, il alla
à sa rencontre. En vain Hermon, son piloteet, d'a-
près Plutarque et Diodore, son devin, essayèrent-
ils de le dissuader, le premier en lui remontrant
le danger d'une bataille navale dans les circons-
tances présentes, l'autre en lui prédisant la mort;
il persista et répondit même que le sort de Sparte
ne dépendait pas d'un seul homme : Mr) nap' êva
elvac xàv Suâpxav ; réponse critiquée avec rai-
son par Plutarque et Cicéron; car il est des cir-
constances où le salut de l'État dépend, en effet,
d'un homme. Seulement elle prouve que les
sentiments de Callicratidas étaient supérieurs à
son génie politique. Le vaisseau qu'il montait
ayant été coulé à fond, son escadre fut battue et
les Athéniens remportèrent la victoire.
Xénophon, les Helléniques.— Diodore, XIII, 76-79; 97-99
— Plutarque, Lysandre. — Ciceron, De Officiis. — Mit-
ford, Hist. of Greece.
CALLICRÉTÉ , femme savante grecque, pro-
bablement courtisane, mentionnée par Anacréon
et Platon. Le poëte parle, dans une de ses chaii-
211
CALLICRÉTÉ
sons, de l'art avec lequel elle se rendait maîtresse
des cœurs; et c'est à cette chanson que le philo-
sophe fait allusion dans Théagès.
Anacréon, Fragments.— Platon, OEuvres.
CALLIOICS. Voy. Loos.
CALLIER OU CAILLIKR ( Raoul) , poëtc
français, natif de Poitiers, vivait dans la dernière
moitié du seizième siècle. Il était neveu, d'autres
disent beau-frère deNicolas Rapin; et, commelui,
il fit des poésies françaises mesurées, imprimées à
la suite du Rapin qu'il édita. L'abbé Goujet et La
Croix du Maine lui attribuent, le premier, les In-
fidèles fidèles, fable boscagère de l'invention du
pasteur Calianthe, imprimée en 1603, pièce que
Beauchamps désigne sous les initiales F. Q. D.
B., ou le pasteur Calianthe. Mais ces initiales
ne peuvent s'appliquer à Raoul Cailler, et La Croix
du Maine met à son compte un Discours du
rien en prose; des vers français à propos de la puce
trouvée sur l'épaule de madame Desroches de
Poitiei's; Paris 1582; un Discours de l'ombre;
un autre du Quatre; un autre de V Amour de soi-
même, également en prose ; un poëme intitulé
le Char; un autre, le Passereau, et un troisième,
les Abeilles. Ces derniers écrits n'ont pas été
imprimés. On trouve encore des vers de Cailler
dans les Délices de la Poésie française.
La Croix du Maine. — Goujet, Bibl. franc.
CAlriiïER, {Suzanne), parente ou fiUe du pré-
cédent, femme poète française. Elle composa des
poésies en vers mesurés que l'on trouve dans les
œuvi'es deNicolas Rapin.
Goujet. Bibliothèque française, T. XIV, —La Croix du
Maine et du Verdier, Biblioth. françaises.
CALtiiKR {Claude-Ignace), poète français,
né en Franche-Comté le 6 août 1738 , mort le
28 décembre 1816. On a de lui : Dota a Condœo
obsessa,anno 1636; Carmen {cwn .ver sione
galMca, opus posthumum) ; Dole, 1823. L'édi-
teur a ajouté quatre-vingt-dix vers à cette édi-
tion. La traduction est en vers français.
Quérard, la France littéraire.
cAt,!LîÈRKS (François de), diplomate et
écrivain français, né à Thorigny, en Basse-Nor-
mandie, le 14 mai 1645, mort à Paris le 5 mai
1717. Il était fils de Jacques deCallières, qui pre-
nait le titre de maréciial de bataille des armées
du roi, fut gouverneur de Cherbourg, et composa
divers ouvrages historiques (1). L'un et l'autre
furent attachés aux maisons de Matignon et de
Longueville. Envoyé en Pologne, en 1672, pour
faire valoir les prétentions du duc de Longue-
ville au trône, il ne put achever cette négocia-
tion, interrompue par la mort du Prince, tué au
passage du Rhin. Il reçut ensuite une mission se-
crète pour la Hollande, afin de préparer les voies
à un accommodement avec les états généraux.
Cette mission , qui dura cinq ans , servit à apla-
nir bien des difficultés, et valut au négociateur le
titre ostensible de plénipotentiaire etd'ambassa-
(1) Histoire du maréchal dé Matignon. — Le courti-
san prédestiné, ou le Duc de Joyeuse Capucin. —Lettre
sur te retour de M. le Prince.
— CALLIÈRES 21 :
deur extraordinaine de France au congrès di
Ryswick, qui se termina par la paix conclue, li
20 septembre 1697, entre les puissances belli
gérantes. Il avait obtenu précédemment le titn
de secrétaire du cabinet, et à son i-etour li
roi le récompensa par des grâces pécuniaire:
considérables. Dès l'année 1689, Callières avai
été reçu membre de l'Académie française , ci
remplacement de Guinault, pour un Panégyrï
que historique du roi Louis XIV, in-4", qu'i
venait de publier, et rempli, selon Thabitudc, <ii
flagorneries outrées en l'honneur du monarqtic
ce qui a fait dire à d'Alembert, sans doute dan
une intention épigrammatique , « qu'il avait forc^
la porte de l'Académie. » Dans son discours d
réception, prononcé le 7 février 1689, il célèbre
selon l'usage, le génie du cardinal de Richelieu e
du chancelier Séguier, et il ne consacre que qiia
tre lignes à la mémoire de son prédécesseur
dont le nom pour lui n'était pas aussi imposant
Callières employa les loisirs que lui laissa la re
traite des affaires à composer des ouvrages don
le plus important est intitulé : De la manière
de négocier avec les souverains, de l'utHur
des négociations, du choix des ambassadeur
et des envoyés, et des qualités nécessaires pou.
réussir dans ces emplois ; Paris, Brunet, 1716
in-12; réimprimé la même année à Amsterdam
et traduit en anglais, en italien et en allemand
Il en parut une nouvelle édition, annoncée commi
considérablement augmentée; Londres , Nourst
(Paris), 1756, 2 vol. in-t2. Mais l'éditeur, rest
anonyme, a seulement ajouté à l'ouvrage un
seconde partie. Callières avait traité son suje
avec l'autorité que lui donnaient à la fois sa pro
pre expérience et l'étude particulière qu'il a\ ;i
faite de la matière ; son continuateur n'en a ■
même l'intelligence, et n'a produit qu'une ce
pilation sans ordre et sans mérite.
Peu après son admission à l'Académie, Calli<;!'e
justifia le choix de cette compagnie par la puh'i
cation de plusieurs ouvrages qui rentraient ji!:!
spécialement dans l'objet de ses travaux. Il fi
paraître successivement : Des mots à la mode e
des nouvelles façons déparier ; Paris, Barhin
1690 et 1693, in-12. « Le succès qu'a eu cet ou
« vrage, dit le fameux libraire Barbin , dont j's
« débité deux éditions en très-peu de temps , c
« l'applaudissement qu'il a reçu de la cour et de I
« ville m'obligent d'en donner une tioisième édi
« tion, plus correcte et plus ample que les précij
n dentés. » Ce livre contribua à faire tomber ei
désuétude un assez grand nombre d'expression
et de formules impropres, alors reçues. L'auteu
en fit paraître la suite, sous le titre: Du bon e
du mauvais usage dans les manières de s' ex
primer; des façons déparier bourgeoises ; e>
quoi elles sont différentes de celles de la cour
Paris, Barbin, 1693, in-12. Presque toutes le:
observations de l'homme de cour devenu grain
mairien ont été consacrées par l'usage. Il es
cependant une expression qu'il proscrit et qui ;
313 CALLIÈRES -
provalu ; c'est celle de congres, pour significiMne
conférence rfemiwts/res, et voici la raison qu'il
cndonne: « C'est qu'il fautêtre barbaredans son
« propre pays pour se servir de ce sale mot. »
Quel singulier scrupule de la part d'un diplo-
mate ! On recherche encore ces deux derniers
ouNTages, parce qu'indt'pcndamment des remar-
ques judicieuses qu'ils renferment on y trouve
quelques notions curieuses sur les mœurs et les
habitudes du temps. Les autres écrits de Calliè-
res qui méritent d'être mentionnés sont : Des
bons mots et des bons contes; de leur usage;
ie la raillerie des anciens ; de la raillerie et
ies railleurs de notre temps ; Paris , Barhin,
1692, in-12; — Du bel esprit ou des sentiments
ju'ona dans le monde ; Paris, Anisson, 1695,
n-12 ; — De la science du monde et des con-
laissances utiles à la conduite de la vie ;
'aris, 1717, in-12, et réimprimé à Bruxelles en
719. On lui attribue V Histoire poétique de la
luerre nouvellement déclarée entre\les anciens
•t les modernes; Paris, 1688, in-12. On trouve
lans quelques-uns de ses ouvrages en prose plu-
ieurs pièces de vers qui ne s'élèvent pas au-
lessus du médiocre. J. Lamoureux.
Histoire des membres de l' Académie française, par
.'Alembert, tome. III. — Dictionnaire de Moréri, édi-
ion de 17S9.
* CALLIÈRE (Jacques de), général français,
nort en 1697. Il fut maréchal de camp et com-
oiandant de Cherbourg sous Louis XIV, et père
lie François de Callières, littérateur estimé. On
ide lui : Lettre héroique sur le retour de M. le
'Prince , à la duchesse de Longueville ; Saint-
iiô, 1660, in-4° ; — le Courtisan prédestiné,
m le duc de Joyeuse Capucin; Paris, 1661,
1672 et 1682, in-8° ; avec des additions et cor-
l-ections; Paris, 1728, in-12; — Histoire de
\Tacques de Matignon, maréchal de France, et
\ie ce qui s''est passé depuis iàil jusqu'à 1597 ;
ÎParis, 1661,in-fol.
Lelong Hibl. kist. de la France, édit. Fonlette;
CALLIÈltES DE L'ÉTANG ( P. /. G. ), con
jfentionnel, mort en 1 795. Il était avocat au parle-
[ment à l'époque de la révolution, et, quoique âgé
fie soixante-six ans, il en on\brassa la cause avec
|toute la chaleur d'un jeune homme. « Il donna,
fîjoute la Biographie moderne (copiée ici par la
[Biographie universelle), l'idée d'un bataillon
|3e vieillards , dont le plus jeune devait avoir
Iplus de soixante ans , et il en fut le premier com-
Imandant. Dans la séance du 1 0 juillet 1792, il de-
jmanda à la barre de l'assemblée législative au nom
i;1e son bataillon et de 40,000 patriotes la réinté-
'?rationdePétion, la destitution du département de
[Paris et le décret d'accusation contre Lafayette.
*11 fut aussi l'un des jurés du tribunal révolution-
[oairedu 10 août 1792. L'année suivante, il fut en-
{foyé dans la Vendée en qualité de commissaire
|[le la commune, et tomba pendant quelque* jours
:au pouvoir des royalistes. De retour à Paris, il
■ vint à la Convention déplorer la mort de Marat. »
Bio^rap/iie moderne,- Paris, 1806.
CALLliVIACIlUS 214
CALLIERGCS, CAIXIERGI OU CALLOBRGl
( Zacharic), savant philologue grec, né dans l'Ile
de Crète à la fin du quinzième siècle, mort pro-
bablement à Rome dans la première moitié du
seizième siècle. Il fit de bonne lieure ses études
à Venise, où il se trouvait avec son frère An-
toine et le savant Musurus , qui l'aidèrent dans
ses premiers travaux. Plus tard il fut appelé à
Rome et mis à la tête de l'imprimerie grecque,
établie par Augustin Chigi. Les éditions des au-
teurs grecs qu'il y imprima surpassèrent toutes
les précédentes par la correction, la beauté de
l'impression, par un texte plus complet et los
scolies qui se trouvent à la suite. On a de lui la
première édition de VEtymologicon magnum,
Dictionnaire étymologique de la langue grecque ) ;
Venise, 1499, in-fol. ; publié par les conseils et
avecl'encouragement de Nicolas Blastos et d'Anne,
fille de Luc Notaras, grand duc de Constantinople ;
— une édition grecque de Pindare, entreprise
avec l'appui de Cornelio Beguigno de Viterbe;
Rome, 1495, petit m-^°. Il a aussi imprimé à
Rome, en 1509, in-8°, un ouvrage intitulé Ixeôr)
pacriXtxri, contenant des conseils sur les devoirs
d'un prince chrétien ; — une édition grecque de
Théocrite, 1495 ; révisée et augmentée de six idyl-
les, ainsi que de quelques poèmes de Moschus, des
scolies de différents auteurs, et des sommaires
des dix -huit premières idylles de Théocrite;
Rome, 1516, in-8", reproduite à Bâle, 1530,
in-S", et 1541, in-S"; à Venise, 1539, in-S», et à
Francfort, 1545, itt-8".
Adcliing suppl. à Jôcher, Allgem. Gelekrten-Lexi con.
CALLiEïTE (L.-P.), théologien français, vi-
vait dans la seconde moitié du dix-huitième siè-
cle. Jl fut curé de Grécourt, près de Hani, dépar-
tement de la Somme. On a de lui : Histoire de
la vie, du martyre et des miracles de saint
Quentin; Saint-Quentin, 1767, in-12; — Mé-
moires pmir servir à l'histoire ecclésiastique,
civile et militaire de la province de Verman-
dois; Cambrai, 1771-72,3 vol. in-4°.
Le Bas, Dict. encyelopéd. de la France.
CALLiGÈKE, médecin macédonien. Attaché
d'abord àPhili{)peV,roi de Macédoine, il fut en-
suite dévoué à Persée, fils de ce prince, en fuite
depuis le raeui'tre de Démétrius, qu'il avait tué,
Lorsque, enl'aii^l 79 avant J.-C, Philippe fut at-
teint de la maladie qui le conduisit au tombeau,
Calligène n'attendit iuême pas que le roi eût
rendu le dernier soupir pour faire prévenir Per-
sée; il cacha à tout le monde la mort de Philippe;
ce qui donna ie temps à Persée de venir pren-
dre possession d'un trône dont le fratricide lui
avait frayé le chemin.
Tite-ljve, IX, 36.
CALLIMACHVSOUCALLIMACOEXPERIEKS
(Philippe), historien itahen, né dans les États
de Florence, mort à Cracovie le 1^"^ novembre
1496. 11 appartenait à la famille des Buonacorsi,
dont il changea le nom en celui de Callimaco,
lorsqu'étant allé à Rome, sous le pape Pie U, il
215
CALLIMACHUS
institua avec Pomponius Lsetus, une académie
dont tous les membres adoptèrent des dénomi-
nations grecques ou latines. Ce qu'il y a de cu-
rieux c'est que les nouveaux académiciens , to-
lérés et protégés par Pie II , donnèrent de l'om-
brage à son successeur Paul II, qui les traita
comme des conjurés , et en fit arrêter plusieurs,
qui furent appliqués à la question. Callimaco n'eut
que le temps de fuir et d'atteindre la Pologne,
après avoir parcouru la Grèce, Chypre, Rhodes,
l'Egypte, les îles de la mer Egée , la Thrace et
une partie de la Macédoine. D'abord accueilli
par l'archevêque de Léopold ou Lemberg, il
mérita ensuite l'estime du roi Casimir III, qui fit
de lui le précepteur de ses enfants. Plus tard il
devint secrétaire du roi comme il le fut ensuite
de Jean-Albert, fils de Casimir. Il remplit aussi
diverses missions diplomatiques. En 1475 ou
1476, il fut envoyé à Constantinople pour dis-
suader les Turcs de leur projet d'attaquer la
Valachie. En 1486, il fut député vers l'empereur
Frédéric ni et ensuite à Venise pour décider les
Vénitiens à se liguer contre les Turcs. Puis il
se rendit à Rome dans le même but. Mais ces né-
gociations eurent peu de succès ; il revint alors en
Pologne, d'où il se rendit de nouveau à Cons-
tantinople,• il y conclut une trêve de deux an-
nées avec le sultan. Cest à cette époque que se
place un événement grave dans la vie d'im sa-
Tant tel que Callimaco, et surtout à une époque
où un livre précieux se remplaçait difficilement :
sa bibliothèque fut brûlée avec ses écrits, sa
maison et ses meubles. A cette époque aussi
(1492) mourut le roi Casùnir, son protecteur.
Mais sa faveur continua sous Jean-Albert, suc-
cesseur de ce prince, dont il devint le conseiller
le plus influent. Le crédit dont il jouit se main-
tint jusqu'à sa mort. Ce que raconte Paul Jove
de la prétendue disgrâce à la suite d'une dé-
faite des Polonais dans la Moldavie est absolu-
ment controuvé. Ses principaux ouvrages sont :
Attila ou de Gestis Attilœ, sans indication de
date et de lieu d'impression, et probablement à
Trevise en 1489 ; puis, imprimé à Haguenau en
■ii)'i\ , ai Asas,\Qs, Décades rerum himgarlcarum
de Bonfini ; — Hisioria de rege Uladislao seu
clade Varnensi; Augsbourg, 1519, édition in-
connue à Bruto, qui publia la sienne à Cracovie
en 1 582, in-4° ; — Historia de Us quœ a Venetis
tentata sunt, Persis ac Tartaris contra Tur-
cos movendis; Haguenau, 1533; — Ad Inyio-
centium VIII P. M. de bello Turcis infercndo
tratio; Haguenau, 1533, in-4°. Cet ouvrage, qui
donne un état exact des forces de l'empire turc^
l'ait suite au précédent ; — de Clade Varnensi
epistola, dans le tome H du Chronicon twci-
cum de Lonicer ; — des ouvrages manuscrits
contenant : Historia peregr in ationum suarum;
— de Regibus Pannonix, poëme, et d'autres
écrits sur des sujets divers.
Paul Jove, Éloges. — Bayle, Dictionn. ~ Nlcéron, Mé-
moires, VI.
— CALLIMAQUE 21
CALLiiMAQVE (KaXXi(iaxo;), architecte, sculf
teur et peintre grec, natif de Corinthe , vivait prc
bablement vers l'an 540 avant J.-C. Il fut sui
nommé KaxiÇoTexvo; ( mécontent de lui-même )
parce qu'il retouchait sans cesse ses ouvrages
Au rapport de Vitruve, il inventa le chapitea
d'ordre corinthien dans des circonstances asse
curieuses et qui n'ont rien d'invraisemblable. Un
jeune Corinthienne étant morte, sa nourrice plaç
sur le tombeau, dans un panier, de petits vase
que la défunte aimait beaucoup ; puis ellerecouvri
le tout d'une tuile. Les feuilles d'un acanthe, qt
croissait à cette place, étant venues à grandi r au tou
de la tuile, se replièrent en volutes. Callimaque, qu
vit cet effet du hasard, le reproduisit sur les cha
piteaux des colonnes qu'il éleva depuis à Corinthe
Cet artiste, qui est sans doute le môme que I
peintre de ce nom dont parle Pline, invent;
encore, s'il en faut croire Pausanias, une lam[ai
d'or dont la mèche tirée d'une espèce d'amiant
brûlait toute une année. On reproche à Cal
limaque d'avoir trop corrigé ses œuvres , ai
point de tomber dans le maniéré ; et Pline citi
comme méritant ce reproche des Lacédémo-
niennes dansant, d'où le travail avait fait dis
paraître le naturel.
Vitruve, de Architectura. — Pline, Hist. naturelle
X-XIV. — Pausanias, I, Î6, § î. — Fclibien, Recueil hist
de la vie et des œuvres des plus célèbres arcfiit.
CALLIMAQUE, magistrat et guerrier athénien,
vivait en l'an 490 avant J.-C. Il était polémar-
que lors de la bataille de Marathon, où il péril
en commandant l'aile droite des Athéniens. On'
rapporte que, les généraux se trouvant divisés
sur la question de savoir si on livi-erait bataille,
il s'était rendu à l'avis de Miltiade, en votani
pour l'affirmative. Dans le tableau de Polignotc
représentant, dans la a-zoà 7totx.îVo, cette jour-
née mémorable, on voyait Callimaque dans l'at-
titude qui témoignait, selon Pausanias, qu'il était
un de ceux qui surpassaient en valeur tous les
autres. La tradition ajoute qu'il fut percé de
tant de flèches qu'on le trouva debout soutenu
par elles quoique privé de vie.
Hérodote, VI, 109-114. — Plutarque, Aristide et Caton
l'Ancien. — Pausanias, I, IS.
CALLIMAQUE, grammairien grec, natif de
Cyrène, en Libye, mort vers l'an 270 avant
J.-C. 11 était fils de Battus et de Mésatmé, et ap-
partenait à la famille royale par qui Cyrène fut
fondée. Le grammairien Hermocrate d'iassus le
compta au nombre de ses disciples, et il épousa la
fille duSyracusainEuphrate. Callimaque le jeune,
auteur de quelques ouvrages sur les îles, était
le fils de sa sœur. Il se livra d'abord à l'ensei-
gnement dans le bourg d'Eleusis, près d'Alexan-
drie. Ptolémée Philadelphe le combla de bien-
faits, et voulut qu'il quittât son école pour oc-
cuper une place dans le Musée qu'A avait fondé.
Callimaque poursuivit néanmoins la carrière qu'il
avait d'abord embrassée et plusieurs hommes
illustres se formèrent à ses leçons ; parmi eux
on cite le^célèbre Apollonius de Rhodes, qui ne lui
I?17
nissa que d'amers souvenirs par l'ingratitude
ip, ers son maître. Plus tard, Ptolémée Évergète
le tut pas moins bienveillant envers Callimaque
liR' ne l'avait été son prédécesseur, et jusqu'à
;i mort il jouit des bienfaits de ce prince. Ses
Il V rages sont au nombre de plus de huit cents;
1111 d'eux, qu'il composa contre Apollonius de
i ;lu)iles, était un poëme élégiaque intitulé Ibis ;
(lit imité par Ovide. V Arrivée (TIo en Egypte,
\ émélé, les Colonies Argoliques, Glaucus, les
\ 'spérances furent tour à tour chantés par Cal-
'maque; il composa sur la chevelure de Béré-
icc un poëme que Catulle fit passer dans la lan-
10 latine ; Galaté et Hécate, poèmes épiques ;
lis des drames satiriques, des ti-agédies, des
i iineilfes et des élégies, enfin des hymnes et des
)i^rammes, qui seuls nous sont parvenus. Les
; les des productions de Callimaque qui ne sont
lint arrivées jusqu'à nous nous ont été fidèle-
ent conservés par Athénée, Strabon, Etienne de
1 yzance, Élienet Suidas. Il avait, en outre, com-
isé un poëme en quatre livres, intitulé les Cau-
s, qui fut imité par M. Varron ; puis un recueil,
31 usée, tableaux en cent vingt livres, dans
quel, tout en mentionnant les auteurs connus à
tfe époque et qui avaient excellé en quelque
nre que ce fût, il donnait une appréciation de
us ouvrages. Cette œuvre remarquable a subi
même sort que tant d'autres productions de
illimaque, et son titre seul nous est connu. La
nation des îles, les fleuves, les vents, les pois-
ns et les oiseaux furent aussi l'objet de ses
u<les, et on ne sait si ce célèbre grammairien
t l'auteur d'un traité sur les bouquets et les
uronnes, attribué par Pline à un médecin du
i ! ême nom. Si l'on envisage Callimaque au point
il vue littéraire, il suffira de rappeler que plu-
iurs de ses ouvrages furent imités par les poë-
s latins, que le nom de Callimaque romain fut
ul ambitionné par Properce, et qu'aux yeux
; Quintilien le poëte Cyrénaïque l'emportait.
r tous les élégiaqnes grecs. Quant aux hymnes
Callimaque, les seules de ses productions ca-
tales que nous possédions encore, elles sont
irtout remarquables en ce qu'elles nous mon-
3nt, bien mieux que tous les autres monuments
téraires de la même époque , l'action que la
iéthode éclectique exerça sur les croyances rê-
veuses de la Grèce, transportées sur les bords
■I Nil. On y voit la raison humaine s'emparer
la théologie antique et la transformer en plii-
îophie, afin d'en mettre d'accord les contra-
ctions traditionnelles et d'en pacifier les oppo-
ions. Quiconque, en effet, étudiera sérieuse-
ment notre poëte ne tardera pas à s'apercevoir
[il s'applique presque constamment à ramener
unité la multiplicité des types mythologiques,
la variété des légendes hostiles à la concor-
[ nce la plus parfaite. Ce qui nous reste de
■ [illimaque a eu un assez grand nombre d'édi-
iis; les plus remarquables sont celles que
nnèrent : J. Lascaris, à Florence, vers 1494,
CALLTMAQUE — CALLINICUS
218
in-4°; M"" Dacier, à Paris, 1675, in-4''; Grae-
vius, à Utrecht, 1697, 2 vol. in-8"; J. A. Er-
nesti, à Leyde, 1761, 2 vol. in-S»; Lœsner, à
Leipzig, 1774, in-8°; Bodoni, à Parme, 1792,
in-fol. et in-4°; Bomllied, à Londres, 1815, in-S";
Volzer, à Leipzig, 1817. Le texte donné par
M. Boissonade dans ses collections des classiques
grecs , 1 824 , in-4'', est remarquable par sa corec-
tion. On compte plusieurs traductionsou imitations
des hymnes et des épigrammes de Callimaque,
entre autres la traduction en vers italiens de
Sdlvini; Florence, 1763, in-8°, réimprimée à
Vérone en 1799; la traduction en prose fran-
çaise de La Porte du Theil ; Paris , 1775,in-8°;
une imitation en vers français de trois hymnes
de Callimaque par Poullin de Toleins; Paris,
1776, in-8°; explication des Elegiarum frag-
menta , Valckenaër ; Leyde, 1799, in-8°; traduc-
tion de CaUimaque en vers latins par le docteur
Petit-Radel, 1808; traduction en vers français
par M. de Wailly; Paris, 1843, in-12.
Fresse-Montval.
M"* Dacier, Préf. à l'éd. de Callimaque. — Vossius,
De poet. Gr. — Taneguy Lefèvre, f^ie des poètes grecs.
— Baillet, Jugement des Savants sur les poètes grecs.,
t. V, p. 251. — Smith, Dict. of Greek and Roman. Biogr.
— SctUEll, Histoire de la littérature grecque, t. III, p,
107. — Hecker, Commuiationes Callimach.s Groniugue,
«842, in-S".
CALLIMÉDON ( KaXXi>ri8cov ), orateur athé-
nien , surnommé 6 Kâpccêoi; à cause de son goût
pour les crabes, vivait dans la seconde moitié du
quatrième siècle avant J.-C. Il se montra parti-
san de la cause macédonienne, et il alla se réfu-
gier à la cour d'Antipater à la mort d'Alexandre
le Grand, en l'an 323 avant l'ère chrétienne. Il
revint à Athènes lors du rétablissement de la
puissance macédonienne dans cette ville , et il
dut la quitter de nouveau à l'époque de l'accu-
sation mtentée à Phocion, en 317 avant J.-C.
Comme ce Grec célèbre, Callimédon fut con-
damné à mort ; mais il sut se soustraire par la
fuite à cette condamnation capitale.
Plutarque, Phocion, Démosthéne. — Athénée, III,
100, 104; VIII, XIV.
CALLINICUS (KaXXîfAaxoç), piince de Coma-
gène et de Jotapé, vivait dans la seconde moitié
du premier siècle. Lorsque son père Antiochus
se retira devant l'armée de Pœtus, qui venait
d'envahir la Comagène, il, s'unit à son frère
Épiphane , et combattit tout un joui* contre les
troupes romaines. Mais Antiochus, résigné au
joug des Romains, entraîna les soldats, qui se
rendirent. Les deux frères allèrent trouver alors
Vologèse, roi des Parthes, qui intercéda pour eux
auprès de Vespasien. Cet empereur ordonna à
Pœtus, qui conduisait à Rome Antiochus enchaîné,
de rendre la liberté à ce prince, auquel il permit
de vivre paisiblement à Lacédémone, puis à
Rome. Ce fut là que Callinicus vint le rejoindre
avec les autres membres de sa famille et cessa
d'êtreho.stileauxRomains, en faveur desquels son
frère Épiphane combattit en maintes occasions.
Joseph, Hist,
219
CALLINICUS — CALLIPPE
CALLiNiccs, sophiste et rhéteur syrien ou
arabe, surnommé Siitorius, vivait dans la seconde
moitié du troisième siècle. Il enseignal'éloquence
à Athènes (1) sous l'empereur Galien, de l'an 259
ài'an 268 de J.-C, et fut opposé au rhéteur Gene-
tlius. Suidas et Fabricius cite les œuvres aujour-
d'hui perdues de ce Callinique, sauf un fragment
que l'on trouve dans les Excerpta d'Allatius et
qui est consacré à faire l'éloge de Rome. Il avait
composé aussi une Histoire d'Alexandrie, en
dix livres, mentionnée par saint Jérôme dans sa
préface de Daniel.
Suidas, aux mots KaXXlVtXOi; et revl6).tOÇ — Fabri-
cius, Bibl. gr. — Allatius, Excerpta Rhetorum et So-
phistarum, p. 256 238.
cALiLisJcus ou CALLINIQUE , architecte
égyptien, natif d'Héliopolis, vivait dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il passe pour l'in-
venteur du feu grégeois, dont l'empereur Cons-
tantin Pogonat, fils et successeur de Constance,
fit la première épreuve contre la flotte avec la-
quelle le klialife Moaviah menaçait Constanîi-
nople et qu'il détruisit entièrement.
Féiibien, Recueil hisior. de la vie et, des ouvrages
des plus célèbres archit. — Art de vérifier les dates.
CALLiscs, (KaXXïvo;), orateur et poète grec,
natif d'Éphèse, vivait probablement au septième
siècle avant J.-C. Il ne nous reste de ce poète que
des fragments d'élégies guerrières; il y excite
l'ardeur de ses compatriotes contre leurs enne-
mis, les Cimmériens ou les Magnésiens. Ces
fragments, les plus anciens que nous ayons dans
ce genre, sont d'une grande beauté. On les trouve
dans les collections des Poetee grseci minores,
dans les Poetêe Lyrici grseci de Bergk et dans les
Gallini, Tyrtsei, sic, fragmenta de Jîach ; Leip-
zig, 1831. Ils ont été traduits en vers français
par M. Firmin Didot. Strabon attribue à Calli-
nus une histoire d'Apollon Sminthien.
Stobée, Eclog. Il, 19. — Bade, Geschichte der Lijris-
cken Dichtkunst — Brunck, Analecta, I, 49.
^CALLioPitrs SCHOLAST5CSJS, auteur cri-
tique dont on ignore l'origine, vivait à la fin du
huitième siècle. Les seuls détails que l'on ait sur
lui c'est que sous Charleraagne il corrigea les
copies de différents auteurs classiques.
On trouve dans la Bibliothèque du Vatican un
manuscrit de Térence copié du temps de Char-
lernagne par un certain Strodogarius. Cette copie
fut corrigée par Calliopius, comme le prouve sa
signature apposée au bas de différents manus-
crits. Dans un manuscrit de Saint- Willibrod, il est
nommé « Dominus Atbinus Magister Optimus
Calliopicus , » ce qui a fait supposer à Gasp.
BarLli et à Eust. Swartius que ce n'était autre
qu'Alcuin. Mais Ziegelbauer repousse cette sup-
position par la raison qu'Alcuin fut ennemi de
tous les auteurs païens.
Fabricius, Bibl. Latin., t. III, p. 65 et 646 (édit, d'Er-
nesti, I, p. 82 ).
(1) A Rome d'après la Biog. univ. Mais c'est une erreur
que l'on rectifiera facilement en consultant les sources
indiquées.
*CALLiopOLiTA (Maximus), traducteu
grec, vivait dans la pi'emière moitié du dix-sej
tième siècle. On a de lui : Novum testamentiu
neo-grœcum et grseco-barbarum, ex version
Max. Calliopolitœ, cum ejus Prsef. et aller
Cyrilli Lascar is ; Genève, 1638, in-4°.
Adelung, supplément à Jôcher, Gelehrten-Lexicon.
CALLaPATiRE (KaXXiTcaTstpa), appelée aus:
Aristopatira et Phérénice ou Bérénice, viva
dans la première moitié du cinquième sièc
avant J.-C. Mariée à Callianax de Rliodes , cl
eut deux fils : Euclès, qui fut vainqueur aux jeu
olympiques, et Pisirrhodus, qui était encore ei
fant à la mort de son père, et qu'elle forma
conduisit elle-même aux jeux en l'an 482. \êîi
en maître d'exercice, elle attendit dans l'encein
réservée aux athlètes le résultat de l'éducati(
qu'elle avait donnée à Pisirrhodus. La joie qii'el
ressentit en le voyant rempoiter le prix lui
oublier son rôle; elle franchit la barrière, et S(
sexe fut reconnu. D'après la loi qui régissait i
jeux, elle devait être condamnée à mourir. jMa
les hellanodices lui firent grâce, parce qu'cl
était fille, mère et sœur de plusieurs athlètes co
ronnés. Seulement, pom* qu'un scandale de cei
nature ne pût désormais se reproduire, il 1
décidé que les maîtres d'exercice n'assisteraie
que tout nus aux jeux.
Pausanias.
CALLIPIDE ou CALLIPIDAS (KaW.t7tl5-/i:
acteur tragique d'Athènes, vivait dans la secon
moitié du cinquième siècle avant J.-C. Il repr
duisait exactement les ridicules qui abonde
dans la vie réelle, et poussait l'imitation ass
loin pour qu'on lui donnât le surnom de Uîôri/
{le singe). Il se croyait un personnage, et il I
arriva un jour de demander à Agésilas, qui ne
regardait pas, s'il ne le connaissait pas. — Ci
répondit Agésilas, n'es-tu pas Callipide l'histrioi
11 revint avec Alcibiade à Athènes, et par l'ord
de cet Athénien célèbi'e il donnait , revêtu d
liabits de sa profession, des ordres auxrameui :
On ne doit pas confondre ce Callipide avec 1 1 j.|
bouffon du même nom, qui prétendait courir sa
changer de place.
Apostolius, Proverbe, XV, 39. — Plutarque, Alcibiai
Agésilas. — Cicéron, ad Atticum, XIII, 12.
CALLIPPE ou CALÏPPE ( KàXXlTlTTO; <
KâXiTïTtoç), astronome grec, né à Cyzique, viv;
vers 330 avant J.-C. Disciple d'un ami d'E
doxe, il suivit son maître à Athènes, se lia av
Aristote, et l'aida à rectifier et à compléter les c
couvertes du célèbre astronome de Cnide. Cr
lippe avait déjà fait dans sa patrie denombreuf
observations rapportées par Geminns et par PI
lémée dans leurs calendriers météorologiques ( 71
pa7i:yiy[j,aTa), qui, affichés sur les places publiqu(
indiquaint le lever et le coucher des étoiles An
et les pronostics (â7ttc7iri[j.a(jtai)deschangemei
de temps , changements qu'on croyait déterr
nés par le mouvement des astres. Callippe i
venta lapériode de soixante-seize ans, qui s'app(
221
CALLIPPE —
de son nom Callippique. Déjà plusieurs tentatives
ayaient été faites pour trouver des périodes de
temps qu'on pût exprimer en nombres entiers au
moyen de cliacune des trois unités naturelles
de temps, l'année solaire, le mois luniiire et le
jour solaire. Un siècle auparavant, Méton avait
découvert que dix-neuf ans correspondaient à
235moisou6,940jours. D'après ce calcul, l'année
était de 3G5 jours -^. Callippe, ayant observé que
la différence entre l'année de Méton et Tannée plus
exacte de 365 jours \ était de ( î|-i) y'-,, proposa
dequadrupler le cycle de Méton, et de retrancher
i un jour tous les soixante-seize ans. Ce nouveau
cycle contient 940 mois et 27,759 jours. D'après
les calculs modernes, l'année est = 365 jouis,
2422414; le mois = 29 jours, 5305887215;
5oixante-seize ans = 27,758 jours, 9>', 50™. 54s;
m mois = 27,758 jours, 18i',4'", 54'. Le cycle
le Callippique fut généralement adopté par les
istronomes. Ptolémée, qui en profita, rapporte
ine observation faite, pendant \o solstice d'été, à
a fin de la cinquantième année de la première
)ériode. D'autres indications du même auteur,
■approchées et comparées par Ideler, ont permis
le fixer le commencement du cycle Callippique
u 28 juin 330 avant J.-C. On ignore à quelle épo-
[ue il devint d'usage public ; il servit d'abord non
remplacer, mais à rectifier celui de Méton. L'i-
lexactitude du cycle inventé par ce dernier astro-
lome devint tout-à-fait sensible en 330 ; mais on
l'avait pas dû attendre jusque-là pour le corriger.
Ideler, Hist. Untersuch. ûber âié Astron. Beobacà-
Wngert der .Jlten; Berlin, 1806. — Handbuch der Terh-
'lÀSchen Chronologie ; Ferlin, 18-23. — l'étau, Doctrin.
'emp. — ScMger, De Emendat temporum — Delara-
re, Histoire de V Àstronom. ancienne, vol. I.
CALLippus. Voy. Cauppus ou Calippe.
CALUPPUS(KaXXin:iroç), d'Athènes, tyran de
ftyracuse, mort l'an 351 avant J.-C. Il fut d'abord
fmide Dion de Syracuse, disciple comme lui de
'laton. Lorsque Dion retourna à Syracuse, Caliip-
|)ns le suivit, et récompensa par la trahison l'ac-
peil qu'il en reçut. Le complot fut découvert
ar la sœur de Dion, et Callippus jurad'abord que
les intentions n'avaient rien de malveillant. L'é-
•énement fit bientôt connaître ce que valait ce
Tinent : Callippus assassina Dion un jour de
ète de l'an 353 avant Jésus- Christ, et s'empara
lu gouvernement de Syracuse. Il ne jouit pas
iil^mps des fruits de son crime. Après une pre-
e et inutile tentative des amis de Dion, Cal-
ç, battu par Hipparenus, frère de Denys
|î Jeune, fut obligé de fuir. Il erra de ville en
llp, à la tête d'une bande de mercenaires parmi
iiSfjuels était Leptines, avec lequel il vint assié-
(KT et prendre Rhégium, dans la haute Italie. Mais
Ift'y trouvèrent que la famine. La mutinerie se
'l tit^tors dans les troupes, et Callippus périt delà
,^l lalo ^ Leptines et de Polyperchon, ses amis, et
a^pé du même glaive dont il s'était servi pour
^Jssassiner Dion.
«Plutarque, Dion. — Diodore, XVI, 31, 36, 45. - Athé-
te, XI, !i08.
CALLISEN 222
CALLIPPUS , fils de Mœroclès, général athé-
nien, vivait dans la première moitié du troisième
siècle avant J.-C. Il commanda les Athéniens
lors de l'invasion des Gaulois en l'an 279 avant
J.-C, et fut préposé à la garde du passage des
Thermopyles. Il s'acquitta avec succès de cette
mission ; et ce fut sur les vaisseaux qu'il avait
placés près de la côte que les Athéniens s'em-
barquèrent, lorsque les Gaulois, ayant découvert
le passage traversé autrefois par Xerxès et son
armée, menaçaient de les prendre à dos.
Pausanias, I, III, §4,-X, 20 858.
CALUSEN ( Henri ), médecin et chirurgien
nois, né dans le Holsteinen 1740, mort à Copenha-
gue en 1824. Agé de quinze ans, il se rendit à Co-
penhague pour étudier la chirurgie. En 1761-1762,
il remplit les fonctions de chirurgieu-major à bord
d'une frégate. Après avoir voyagé en Hollande,
en France et en Angleterre, il fut nommé à son
retour chirurgien en chef delà marine. En 1772,
il fonda la société médicale de Copenhague. En
1773, il fut nommé professeur à l'université, et en
1794 directeur général de l'Académie de Chirur-
gie. M. Callisen était conseiller de conférences
et commandeur de l'ordre de Dannebrog. —
Outre un grand nombre de dissertations,
écrites en latin, en danois et en allemand, il est
auteur de l'ouvrage c\à?.û(\\x&:InstUutiones Chi-
rtirgiae hodiernx; Hafn. 1777; dont il pubha en-
suite des éditions augmentées sous les titres de :
Principia systematis Chirurgise hodiernas;
Hafn. 1788, et de: Systema chirurgise ho-
diernœ; Hafn. 1798-1800, etl815-1817, et qu'il
traduisit en allemand, Slesvic, 1822-1824. Cet ou-
vrage a été traduit en français , en espagnol et
en russe. — Physiske-medicinske Betragtnin-
ger over Kiôbenhavn (Considérations physico-
médicales sur la ville de Copenhague); 1807-
1809. Abrahams.
Erslew, Almindeligt Forfatter-Lexicon. — Conver-
sations-Lexikon.
CALLISEN { Charles-Adolphe-Pierre) , ne-
veu d'Henri Callisen, médecin danois, né à
Gluckstadt le 8 août 1786. Il étudia dans sa ville
natale, puis à Kiel et à Copenhague, où il se fit
recevoir médecin. En 1808, il devint chirurgien
militaire, et parcourut ensuite diverses parties de
l'Europe : la Suisse, l'Italie, la France et la Hol-
lande. A son retour, en 1812 , il fut attaché à
l'hôpital de Frédéric, et devint chirurgien de régi-
ment en 1813, professeur agrégé en ISIG et pro-
fesseur titulaire en 1829. Conseiller d'Etat en
1839, il renonça à toutes fonctions à partir de
1842 pour seUvrer à la pratique de l'art médi-
cal à Altona. On a de lui : Medicinische
Schrïftsteller Lexikon der sezt lebenden
Aerzie, Wundaerzte, Geburtshelfer Apotheker
rind Natur forscher allerGebildeten Voelker
(Dictionnaire des écrivains médicaux actuelle-
ment vivants, comprenant les médecms, chirur-
giens accoucheurs, pharmaciens et naturalistes
. de tous les pays civilisés) Copenhague 1829-1837,
1
223
vingt-cinq volumes, et Copenhague, 1738-1845,
tomes 26-33.
, Conversations-Lexikoii.
CALLisTE OU CALiXTE, nom de trois papes.
CALLISTE 1"'" OU CALIXTE, pontife romain,
au troisième siècle de notre ère, naquit dans
l'esclavage, à Rome, vers le milieu du deuxième
siècle, et mourut le 12 octobre 222. Un saint
évêque, son contemporain, dont l'ouvrage vient
d'être publié pour la première fois (1), a donné
sur sa vie des renseignements importants que
rien ne contredit, et qui doivent désormais figu-
rer dans l'histoire. Voici ce document.
« Cet esclave (2) appartenait à un officier de la
maison impériale, nommé Carpophore, qui pro-
fessait secrètement le christianisme et qui parait
avoir fait instruire le jeune homme dans cette
religion. Carpophore employait ses capitaux à
des opérations de change, et en confia la direc-
tion à CaUiste , qui tenait à cet effet un bureau
dans la Piscina publica, quartier de Rome. Ce-
lui-ci gagna la confiance des veuves, et des
frères ( chrétiens convertis ), qui avec le temps
lui confièrent des sommes importantes ; puis il
les détourna toutes, et se trouva sans ressource.
Carpophore averti refusa de lui demander des
explications. Mais CaUiste, soupçonnant le danger
qu'il courait, se déroba secrètement, et se rendit
à Porto pour s'embarquer. Cette fuite ne fut pas
ignorée de son maître , qui s'y transporta, et se
mit en mesure de passer sur le navire qui était
au milieu du port. CaUiste qui l'aperçut , vou-
lut mourir, et se précipita dans la mer ; mais les
matelots l'en retirèrent, et il fut remis à Carpo-
phore, qui le ramena à Rome, et le fit jeter dans
la Pistrine (lieu où les esclaves tournaient la
meule) ; mais son maître, cédant aux soUicitations
des chrétiens, qui prétendaient que CaUiste avait
un trésor caché, consentit à faire cesser ce châ-
timent, non en vue de son intérêt particulier,
mais pour donner au coupable les moyens de
satisfaire aux réclamations des déposants, qui
voulaient le rendre lui-même responsable de son
agent. Mais CaUiste ne rendit rien ; et, comme il
était surveillé et ne pouvait plus s'enfuir, il
voulut de nouveau mourir. 11 se rendit un jour
de sabbat à la Synagogue , et y chercha querelle
aux Juifs, qui le chargèrent de coups, et le tra-
duisirent devant Fuscien, préteur de Rome, pour
outrage envers un culte que les Romains avaient
expressément autorisé. Us l'accusaient d'être
chrétien. Carpophore, averti, se rendit en hâte
au prétoire , assura le magistrat que CaUiste n'é-
tait pas chrétien, mais qu'il voulait se faire con-
damner à mort pour échapper au châtiment qu'il
(1) Philosophumena,o\3 Réfutation de toutes les hérésies
en grec, attribué d'abord par M. Emm. Miller, dans l'édi-
tion princeps d'Oxford, 18Si, in-8", à Origène ; par Ja-
cobi. Bunsen, Londres, 1852 et par Tabbé E. Freppel,
1833, à saint Hippolyte, évéque de Porto ; par M. Lenor-
luant, broch., in-8», 18B3, à Origène ; par Wordswortli, à
saint Hippoiyte;par l'abbé Cruice, Études, etc., Paris et
Lyon 8 sept. 1853, à Tcrtulllen, ou à Caius.
(2) OîxeTïlî, Philos., IX, 12.
CALLÏSEN — CALLISTE 22
avait encouru pour ses infidélités envers son mai
tre. Sur l'insistance des Juifs , Fuscien ordonn
que le coupable fi'it frappé de verges, et relégu
dans les mines de Sardaigne. Postérieuremei
Marcia, concubine de Commode, mais aimar
Dieu (1), sollicita la grâce d'autres martyrs d(
tenus en cette Ue, et demanda à l'évêqiie d
l'égUse de Rome, Victor, la Uste de ces mai
tyrs. Celui-ci la donna intégralement, mais n'
comprit pas CaUiste, dont il connaissait les me
faits. L'agent de Marcia, porteur de la grâci
arriva donc en Sardaigne sans ordre de dél
vrance pour CaUiste; mais celui-ci le toucha [);i
ses suppUcations, et, ayant obtenu qu'il se po
tât son garant, il fut libéré avec les autres. A so
retour à Rome, Victor en fut fâché; cepenilan
comme il en avait pitié , il garda le silence. Ma
voulant évUer le scandale, car ses attenta
n'étaient pas encore couverts par le laps (
temps,?et pour répondre d'ailleurs aux réciain;
lions de Carpophore, U lui assigna pour rcs
dence Antium, où il lui fit toucher un secoii
mensuel pour sa subsistance. CaUiste y demeu^
jusqu'à la mort de Victor. Zéphyrin, son succe
seur, le rappela d' Antium. C'était un idiot, et \
avare, un iUettré, et uri, ignorant (2). Pour s(
malheur, il le chargea sous ses ordres de la (
rection du clergé, et lui confia l'administratic
du lieu de repos (le cimetière ). CaUiste accon
gnait sans cesse Zéphyrin, le Uattait d'une m
nière hypocrite, et effaçait complètement
pontife, incapable de juger de ses doctrines,
de soupçonner ses secrets desseins. Zéphyrin 1
accordait tout ce qu'il désirait. Après sa me
CaUiste, arrivé au poste qu'il ambitionnait, i
poussa Sabellius, comme hétérodoxe, afin •
prévenir l'accusation qu'on aurait pu porl
contre lui devant les Églises comme hérétiqu
Par son charlatanisme il parvint à séduire to
le monde , quoique son cœur fût empoisonné
qu'U n'eût rien de régulier dans sa croyance ; m<
il affectait un langage zélé pour la vérité, n ace
sait l'évêque de Porto et autres de professer
dualisme, en séparant le Père du Fils, tandis qii
confondait en une seule personne le Logos,
Père, et l'Esprit. Indépendamment de ce blc
phème , il favorisa les penchants des homni ;
pour les plaisirs , en assurant qu'il pouvait le ,
remettre leurs fautes. Aussi beaucoup de chi!
tiens, dont la conscience n'était pas tranquill ;
ceux même qui étaient tombés plusieurs f(|
dans l'hérésie, ou qui après examen avait
été retranchés de l'Église, y rentraient, en i
courant à son école. Il érigea en principe q
l'évêque, eùt-il dévié de la foi ou eût-U mér
la mort, ne pouvait être déposé. Dcpui.s cet
époque, les évêques , les prêtres et les diaci
furent admis dans le sacerdoce , même quai
ils étaient trigames (ou maris de trois fernme;
Si même un membre du sacerdoce venait à
(1) IX, Ibld. (Nqus traduisons toujours. )
(ï).lX, Ibid.
225
CALLISTE
226
marier, ce n'était pas un titre d'exclusion. L'É-
glise devait recevoir les purs et les impurs,
comme l'arche de Noé. Aussi la foule amie des
plaisirs s'empressait autour fie lui , se persua-
dant qu'il avait le pouvoir de remettre les pé-
chés de ceux qui pensaient comme lui. Bien
plus, il autorisa les femmes| sans maris, qui,
dans leur jeunesse, ne voulaient pas sacrifier à
leurs feux par des alliances inférieures à leur
dignité, à se choisir légitimement un amant
parmi les esclaves ou les hommes libres, quoi-
que cette union ne fût pas légale. Aussi des
femmes qu'on appellait des fidèles s'abandonnè-
rent-elles à des pratiques et à des remèdes pro-
pres à se rendre stériles , ou à se délivrer de
leurs fruits , afin de n'avoir pas d'enfants d'un
esclave ou d'une personne inférieure à leur
naissance et au rang de leur maison. Voilà à
quel degré d'impiété et d'illégalité cet homme
enseigna l'adultère et le meurtre. C'est encore
sous Calliste qu'on introduisit la pratique d'un
second baptême; et ses partisans ont mérité
qu'on les distinguât par le titre de Callistianins.
, Cette doctrine s'est répandue dans tout l'univers,
et a eu pour fauteur un homme rusé et plein
d'impudence, Alcibiade d'Apamée en Syrie, qui
renchérit sur Calliste en apportant à Rome un
livre qu'il disait tenir d'un homme vertueux
nommé Elchasaï, qui l'avait apporté lui-même des
Sères de la Parthie. Cet Eléhasaï l'avait reçu d'un
certain Sobiaï, et lui-même le tenait d'un ange
géant. Elchasaï avait enseigné la rémission des
péchés par le baptême, la troisième année du règne
de Trajan. Quoi qu'il en soit, les évêques et prê-
îltres contemporains de Calliste se réunirent pour
arrêter la propagation de ces énormités » .
_ L'écrit que nous venons d'analyser ajoute qu'ils
(démontrèrent que c'était l'œuvre de l'esprit des
ténèbres.
Ce document inattendu, qui détruit les tradi-
'tions des anciens pontificaux, a jeté un jour si
nouveau sur CaUiste et sur l'état de la papauté
au commencement du troisième siècle qu'on
a voulu en ôter la rédaction à un évêque con-
temporain , quoique l'auteur se donne ce titre.
On voudrait attribuer cet écrit à Origène , con-
! damné au sixième siècle comme hérétique; mais
[l'auteur du traité contre Celse, chrétien dévoué,
i n'eût pas voulu lui simple prêtre calomnier un
iévêque de Rome. Si l'accusation contre CaUiste
! est écrite en termes véhéments et amers ( pro-
bablement exagérés), par un évêque chrétien,
d'une foi plus rigoureuse , cela prouve qu'alors
.l'Église de Rome, afin de se propager parmi les
■païens , réprouvait l'austérité de l'école d'Hippo-
lyte ou de Caius, et se faisait toute à tous, comme
saint-Paul. Calliste avait sans doute expié par de
'grands services rendus à cette Église les torts
jgraves de sa vie antérieure, pour que les chré-
tiens de Rome l'aient choisi pour leur évêque à
a mort de Zéphyrin. Seulement il n'a pas manqué,
ie contradicteurs haut placés, usant de la li-
^0UV. BIOGR. UNIVERS. — T. VUI.
berté du christianisme primitif. Il n'avait pas,
comme les papes du moyen ûge qui ont occupé
son siège , l'autorité qui leur eût fermé la bou-
che. On lui donne le titre de saint; mais ce titre,
accordé par saint Paul à tous les initiés ses
frères , est commun aux quarante-neuf premier»
évêques de Rome, quoiqu'ils n'aient pas été spé-
cialement canonisés, et c'est un fait qu'on oublie
trop souvent. Il aurait au reste bien mérité de
l'être s'il avait été marlyi- des empereurs et mis
à mort en 222 pour sa foi ; mais on voit que,
depuis le pape Victor, les Césars ménageaient
les chrétiens, qui s'étaient multipliés, et que les
empereurs permettaient aux diverses commu-
nautés, érigées en églises, de se choisir des chefs
sous le nom d'évêques. Lampride, dans la Vie
d'Alexandre-Sévère (1), dit que ce prince se pro-
posait d'élever un autel au Christ, qu'il honorait
comme un Dieu ; nous ne voyons pas dans la vie
de cet empereur tolérant, mais sévère et ami des
citoyens vertueux, qu'il ait été comme on le pré-
tend lié avec CaUiste, ni surtout qu'il l'ait pro-
posé pour modèle au peuple et à ses officiers.
On a sans doute confondu CaUiste avec Callis-
trate, qui était un professeur de droit, disciple de
Papiiiien (2) ; les anciens pontificaux, dont il faut
se défier en l'absence des actes officiels , parce
qu'ils sont d'auteurs inconnus et n'ont été écrits
que bien des siècles après Constantin , attribuent
à CaUiste l'institution du jeûne des quatre temps:
et c'est sans doute un des moyens dont son bio-
graphe ci-dessus l'accuse de s'être servi, pour
promettre aux convertis le pardon de leurs
fautes passées : mais ce qui parait plus certain ,
puisque le même écrit en parle , c'est qu'il fut le
fondateur ou le restaurateur du cimetière chré-
tien, placé sur le chemin de Rome à Ardée, qui
s'étend jusqu'à la voie Appienne, et qui porta soh
nom dans le siècle suivant; il reçut le nom de
Catacombes, et onl'appeUe aujourd'hui cimetière
de Saint-Sébastien. On a inscrit sur sa porte qu'il
renferme les dépouUles de 174,000 martyrs, avec
quarante-six évêques illustres, que des zélateurs
changent en papes. Quoiqu'U y ait eu des empe-
reurs et bien des magistrats romains persécu-
teurs des chrétiens, l'histoire se refuse à recon-
naître un si grand nombre de victimes de la per-
sécution païenne. Il y a eu bien du sang répandu
pour cause d'opinions religieuses, mais il est de-
puis longtemps reconnu que le nombre des mar-
tyrs a été partout exagéré. Le cimetière de Cal-
liste ou de Saint-Sébastien n'en a pas reçu à lui
seul plus que l'historien Eusèbe n'en compte
lui-même pour le monde romain tout entier au
quatrième siècle.
Calliste, élu le 2 août 217 ou 218, ne gou-
verna l'église de Rome que quatre ou cinq ans
(1) Ch. 29 et 43.
(2) Voy. ch. 68 de Lampride; — l'erreur vient de Vll-
lenave. Biographie universelle de 18V3; elie est d'autant
plus étonnante, qu'Alexandre-Sévère ne monta sur le
trône impérial que l'année de la mort de Calliste.
8
227
CALLîSTE — CALLISTHÉWE
ans et deux mois. On ignore quelle fut l'origine
de l'émeute dans laquelle on prétend qu'il périt
en 222. Le premier historien de l'Église, Eusèbe,
ne parle de Calliste comme successeur de Zé-
phyrin que pour dire (1) qu'il a tenu dans ses
mains l'épiscopat, ou la surveillance de l'Église ,
pendant cinq ans , et qu'il laissa le gouverne-
ment de cette Église à Urbain. Son silence est un
indice que ce pontife mourut tranquillement en
possession de son siège l'an premier d'Alexan-
dre-Sévère. ISAMBERT.
Recherches critiques sur saint Calliste et sa Basilique
transtévérienne, par P. Moretio, ,2 vol. in-fol.; Rome.
— Bunsen et Cruice, sur les Philosoph..
CALLISTE II (Gui DE BOURGOGNE), d'abord
archevêque de Vienne , succéda à Gélase II l'an
1119. Il tint à Reims, sur la fin de l'année, un
concile où l'on condamna les simoniaques , les
prêtres concubinaires, ceux qui exigeaient une
rétribution pour les baptêmes et les sépultures.
3Ln 1122 il conclut avec l'empereur Henri V un
traité par lequel celui-ci conserva le droit de
faire faire les élections en sa présence et d'in-
vestir des régales par le sceptre , tandis que le
pape se réservait l'investiture par la crosse et
l'anneau. En 1123, il célébra le premier concile
gériéral de Latran ; il mourut -en 1124. Ce pape
agit comme médiateur entre Louis le Gros et
Henri, roi d'Angleterre, au sujet de la Nor-
mandie ; il donna à Guillaume l'investiture de la
Fouille et de la Calabre ; il paya la rançon de
Baudouin II, roi de Jérusalem, et fit une par-
tie des frais pour l'équipement de la flotte que
les Vénitiens armèrent pour la défense de ce
prince; il seconrot Alplionse VI, roi d'Espagne,
contre les Maures ; il fit la guerre à Roger, roi
de Sicile , le vainquit , le fit prisonnier et quel-
que temps après lui rendit la liberté ; il rétablit
la paix dans l'Église, que l'antipape Bourdin
avait troublée ; il réprima les entreprises des pe-
tits tyrans qui désolaient l'Italie ; il pacifia, orna
et embellit la ville de Rome et ses principales
éghses. On a plusieurs écrits de. Calliste II dans
différents recueils, ou imprimés séparément.
Muratori a donné la Vie de ce pape par Pandul-
phe Alatrin et par Nicolas de Rosellis. {Enc.
des g. du m.]
CALLISTE m {Alphonse Borgia), Espagnol,
monta sur le saint-siége en 1455, et mourut en
1458; il fit réviser le procès de Jeanne d'Arc
en 1456, et autorisa les expiations qui eurent
lieu à Rouen sur le tombeau de cette héroïne. On
lui reproche d'avoir appelé auprès de lui son ne-
veu, Roderic Lenzuoli, depuis pape sous le nom
d'Alexandre VI, et d'avoir laissé à sa mort
50,000 écus d'or. On lui attribue YO/fice de la
Transfiguration et quelques lettres recueillies
par d'Achéry , Labbe, Ughelli et Leibniz. {Enc.
des g. du m.]. J. L.
Artaud de Montor, Histoire des souverains Pontifes
romains. — f/ist. littéraire de la France, X.
CALLISTHÈNE (KaXXtcr6£vriO. Ce nom, qui,
(1) nist. (le l'Église chrétienne, VI, 2i.
T2F,
par son étymologie grecque, répond au nom fran-
çais Beaufort, a été porté par plusieurs person-
nages de l'antiquité. Le plus célèbre était d'Oh n-
the et petit-neveu d'Aristote ; car sa mère Héro
était la nièce de ce grand philosopiic qui donna
Callisthèneà Alexandre pour représenter auprès
de lui la science et la philosophie, pendant le
cours de ses expéditions lointaines. Aristote re-
commanda à Callisthène une grande souplesse
d'esprit auprès d'un roi entouré de courtisans et
peu habitué à la contradiction. Mais l'esprit tiev
et élevé dujeune philosophe ne put mettre à profit
ces prudents conseils. Dans plusieurs occasions,
où il ne cacha pas à Alexandre sa désapproba-
tion, il aigrit ce prince contre lui. Enfin, lorsfin.
le faste et l'humiliant cérémonial de la cour di
Perse eurent remplacé chez le conquérant i;
simplicité des rois de Macédoine, Callistliènc n<
put se résoudre à voir dans ce changement ui
acte de politique pour imposer à de nouveau)
sujets, et il n'hésista pas à se faire , avec iuk
téméraire franchise, l'interprète desMacédonien:
indignés. Alexandre, moins habitué que jamai:
à un tel langage, ne put en supporter l'atistévité
il se livra envers Callisthène à une de ces vio
lences cruelles qui ont déshonoré sa brilla;'
carrière. Les historiens varient sur le supplie^
de Callisthène, mais ils s'accordent à le repré ji
senter comme affreux. |j
Sans doute ce philosophe puisait le courag
nécessaire à ses remontrances non-seiilemem
dans sa fierté naturelle, mais aussi dans la cont
cience de son dévouement au roi ; car le dési
de chanter la gloire d'Alexandre était, selo
quelques historiens, le but principal de ses oii
vrages. Ils ne nous sont point parvenus ; mais It
principaux étaient des mémoires sur Alexandre
faisant suite aux Helléniques, ('E),),riviy.à ) hiii
toire de la Grèce pendant un espace de trente anji
depuis la paix d'Antalcidas jusqu'à la prise d.
temple de Delphes ; ce qui coïncide justement av(
la naissance d 'Alexand re. Il avait com posé, comrr
pendant de cetouvrage, les Per signes {UEpaixà
On trouve encore mentionnée son Histoire de
guerre de Troie. Les anciens le plaçaient parmil|i
premiers historiens de la Grèce, et il était égalai
ment versé dans les sciences positives, comm
le prouvaient plusieurs traités sur l'astronomie
les sciences naturelles, qui paraissent avoi r éi
des matériaux recueillis pour son oncle Aristoti
Callisthène, premier historien d'Alexandre,,
eu le singuher privilège de donner son nomi
une histoire fabuleuse de ce prince, un des on
vrages les plus répandus pendant le moyen-àge <
Occident et en Orient, où sa vogue dure encoji
Ce roman a été un des premiers livres muitipljJ
par l'imprimerie dans toutes les langues deTEil
rope, sous différents noms. M. Fabbé Mai j
a publié, sous celui de Julius Valerius,}
texte latin (Milan, 1818, in-8°). Toutes ces difli
rentes versions peuvent être désignées sous le noi
générique de Pseudo-CalUsthène , comme i
229
rapportant au texte grec, qui , tl'après âca re-
cherches récentes, remonte jusqu'aux traditions
populaires contemporaines d'Alexandre. Le texte
grec coilationné sur les manuscrits de la Biblio-
thèque impériale de Paris, a été public pour la
première fois en 1846 par M. Ch. Millier, avec
un commentaire critique et la traduction latine,
dans la Bibliothèque des auteurs grecs , publiée
par M. Firmin Eiidot. [Enc. des g. du m. avec
addit. ].
Arrien , Anabas , 10-4. — Plutarqiic, Alexandre. —
Q.Curce, Vlll,B-8. — Justin, XII et XV. — Diog. Laërce,
V, 45,39. — Ch. Millier, Arrian. et Script, de Rébus
Alexandri; éd. Didot, 1846. — Sevin, Recherches sur la
Vie et les ouvrapes de Callisthène ( dans les Mé-
moires de l' Académie des Inscriptions, t. VllI. p. Iî6 ).
Sainte-Croix, Examen critique des anciens historiens
d'Alexandre, 1804, p. 34. - Larcher, Mémoire sur les
observations astronomiques envoyées à Aristote par
Callist/iéne ( dans les Mémoires de l'Institut, t IV, p.
488 ), — Berger de Xivrey, Notice sur l'histoire fabuleuse
d'Alexandre le Grand, connue sous le nom de Pseudo-
Callisthène,dans les Notices des extraits des manuscrits,
t. XIII, 2« partie, p. 162-306. - Smith, Dictionury of Ro-
man and Greek Diography.
CALLISTHÈNE, général athénien, vivait
dans la seconde moitié du quatrième siècle avant
J.-C. Après avoir vaincu Perdiccas et conclu la
paiK avec lui, il fut condamné à mort par les
Athéniens, qui, selon leur habitude, regrettèrent
le lendemain la sentence rendue la veille.
Aristote, Rhétorique.
CALLiSTHÈXE, orateur athénien, vivait dans
la seconde moitié du quatrième siècle avant J.-C.
En 335 avant l'ère chrétienne, et après la prise
de Thèbes, il fut un des huit citoyens d'Athènes
qu'Alexandre voulait qu'on lui livrât, ce qui fit
dire à Démosthène que c'était le loup demandant
aux brebis la remise des chiens qui les avaient
gardées. Cependant Callisthène fut sauvé grâce
à l'intervention bienveillante, mais intéressée, de
Démades.
Plutarque, Démosthène, .Alexandre. — Diodore, XVI!,
I IS. — Arrien, Auabase.
CALLiSTRATE, général athénien, fils d'Em-
pédus, mort en 413 avant J.-C. Au rapport de
Pausanias , il commanda un corps de cavalerie
expédié au temps de Nicias; et, lorsque ses
! compatriotes furent défaits sur les rives de l'As-
( sinarus, en l'an 414, il parvint à se frayer un
chemin à travers l'ennemi et à conduire ses trou-
pes à Catane. Revenu de là à Syracuse, il surprit
ceux qui pillaient son camp , et périt après avoir
fait chèrement payer à l'ennemi sa victoire.
Thucydide, Vil, 84, 85. — Pausanias, VII, 16.
CALLiSTRATE, oratcur athénien, vivait vers
350 avant J.-C. Ce fut lui qui enflamma Dé-
mosthène au point qu'après l'avoir entendu il
voulut devenir orateur. Callistrate, rival de Cha-
brias et de Timothée, commanda les Athéniens
dans la guerre qui éclata après la rupture de la
paix d'Antalcidas (Voy. ce nom). Il fut envoyé,
l'an 372 avant J.-C, pour conclure la paix avec
Sparte. Plus tard il fut exilé ; et, comme il rompit
son ban, le peuple d'Athènes le mit à mort.
\ Enc. des g. dît m.]
CALLISTHÈNE — CALLOIGNË
230
Démo.sthènc passim. — DiodnrC, XV, 29. — Boeckh,
rÉcon. polit, des Athén.— Thlrlwall, «<«t. delà Grèce.
CALLISTRATE, sophistc grcc, Vivait proba-
blement dans la seconde moitié du second siècle
de l'ère chrétienne. Il fit une Description de
seize statues, reproduite dans toutes les éditions
de Philostrate et traduite en français par Biaise
de Vigenère. Elle se trouvait à la suite de Philo.s-
trate dans l'édition donnée par M. VVestermann,
dans la Bibliothèque des auteurs grecs ubiiée
par M. A. F. Didot.
Heyne, Opuscula academica.
CALLISTRATE, jurisconsulte romain, vivait
dans la première moitié du troisième siècle. Au
rapport de Lampridius, dont le témoignage est
parfois suspect , quoique vraisemblable en cette
occasion, Callistrate fut disciple de Papinien et
l'un des conseillers d'Alexandre -Sévère. On
trouve, dans le Digeste, de nombreux fragments
émanés de Callistrate.
Digeste , passim. — Lampridius, Alexandre-Sévère.
— Haubold, de Edictis monitoriis ac brevibus; Leipzig,
1804 — Hommel, Palingenesia Pandectarum.
CALLISTITS,CALLISTEouCALLIXTE(C./«-
Uus), affranchi romain, vivait dans la première
moitié du premier siècle. H fut en gi-ande faveur
sous l'empereur Caligula, à la mort duquel il
contribua, dit-on. Il n'eut pas moins d'influence
sous l'empereur Claude, auquel il tenta, mais en
vain, de faire épouser Lollia PauHna.
Tacite, Annales, XI, 29, 38, XII. — Dion Cassius, LIX,
19. — Sénèque, Epist. 47. — Josèphe, Antiq jud.
CALLixTE. Voy. Calliste.
c ALLO ET (Gabriel Qderbrat), agronome
français , natif de Lannion , vivait dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. Après avoir
été avocat général à la chambre des comptes de
Nantes en 1642, il devint conseiller d'État. Il re-
chercha et décrivit les moyens .d'améhoration
des différentes espèces d'animaux domestiques.
On a de lui : Pour tirer des brebis et des che-
vaux plus de profit qu'on en tire; Paris, sans
date ; — Beaux chevaux qu'on peut avoir en
Fra/KC aussi bien qu'en Espagne, Angleter-
re, etc. ; ibid., sans date; — Advis : on peut en
France élever des chevaux aussi grands et
aussi bons qu'en Allemagne et pays voisins ;
Paris , 1666, in-4° de 16 feuilles avec 2 pi. : on
trouve un bel exemplaire sur véUn èe cet ou-
vrage à la bibliothèque impéiiale; — Moyen
pour augmenter les revenus du royaume de
plusieurs millions;... on peut faire que le bes-
tial produise deux fois plus qu'il ne fait; ibid, ,
1666, in-4°, avec planches; ouvrage dédié à Col-
bert.
Van Praet, Catalogue, III, 57. — Lelong, Bibl. hist.
de la France éd. Fontette.
*CALLOiGNE { Jean- Robert ) , sculpteur fla-
mand, né à Bruges le 31 mai 1775, mort à An-
vers le 26 août 1830. Il était fils d'un maître
charpentier. Placé chez un potier en qualité
d'apprenti, il ne tarda pas à comprendre que
le hasard, en le dirigeant dans cette humble pro-
fession, lui avait révélé sa vocation. L'argile prit
8.
231
CALLOIGNE — CALLOT
232
bientôt dans ses mains des formes variées et gra-
cieuses, et son maître, auquel les succès inatten-
dus de son apprenti inspirèrent de la jalousie, le
congédia. Revenu chez lui, Calloigne continua
le travail auquel il avait pris goût, et modela, in-
dépendamment de l'argile, le bois et la pierre.
Afin de cultiver les heureuses dispositions de
son fils , le maître charijentier l'envoya à l'Aca-
démie. Le 15 -juin 1802, Calloigne y obtint un
premier prix. Quelques mois après il était reçu
en triomphe à Bruges, à son retour de Gand, où
il avait obtenu une médaille dans le concours
pour le plus beau buste de Van-Eyck, inventeur
de la peinture à l'huile. Calloigne vint ensuite à
Paris, et y mérita en 1805 le deuxième grand
prix de sculpture. Ce triomphe lui assurait la
pension à l'Académie française de Rome. Les
œuvres qu'il exécuta dans cette ville accrurent
sa réputation. Il revint ensuite à Bruges. A l'é-
poque de sa mort il était membre de l'Listitut
des Pays-Bas et chevalier de l'ordre du Lion
de Belgique. Le Musée de Bruges a de lui une
belle statue de Van-Eyck en marbre blanc.
Biographie de la Flandre occidentale. — Annales de
la ville de Bruges.
CALLON, sculpteur grec, natif de l'île d'Égine,
vivait vers l'an 516 avant J.-C. Il fut disciple de
Tectée et d'Angélion. On voyait de lui dans l'A
cropole de Corinthe une statue en bois re-
présentant Minerve Sténiade ; et la ville d'Amy-
clée possédait un trépied de bronze également
exécuté par Gallon. Quintilien caractérise ainsi
les œuvres de cet artiste : Duriora atque Tus-
canicis proxima.
Pausanias, 11,32, Vil, i8. — Quintilien, XII, 10.
GALLON, statuaire, natif d'Élis, vivait proba-
blement vers l'an 436 avant J.-C. Il fit un Mer-
cure au caducée, qui se voyait à Élis, et il exé-
cuta en bronze les statues des trente jeunes Si-
ciliens qui périrent en traversant le. détroit de
Messine.
Pausanias, V, 23-27, § I.
GALLON (Jacques), théologien français, né à
Reims en 1626, mort le 2 juin 1714. Il dirigea le
séminaire de Reims, et laissa plusieurs écrits
inédits.
CA1.LON DE SAIMT-REMV, neveu du précé-
dent romancier français, né à Reims en 1712,
mort à Paris le 10 septembre 1756. Il fut secré-
taire de l'ambassade de France à Turin. On a de
lui : Angelina ou Histoire de Don Mattheo;
Paris, 1752, 2 vol. in-8°.
Biog. univ. (éd. belge).
CALLOT {Jacques), peintre, dessinateur et
graveur en taille-douce et à l'eau-forte, naquit à
Nancy en 1592 , et mourut en 1635 dans la
même ville. Callot fut l'un de ces hommes
qu'une vocation fatale et invincible entraîne dès
leurs plus tendres années, et sa première jeu-
nesse ne fut qu'un long et pénible combat entre
les résistances de sa famille et le génie qui l'em-
portait vers les arts du dessin. Fils d'un gentil-
homme héraut d'armes du duché de Lorraine, sa
naissance et surtout les vœux de son père sem-
blaient lui ouvrir une carrière bien différente de
celle de la gravure. Mais sa vocation avait parlé,
et dès l'âge de douze ans il s'était échappé fur-
tivement de la maison paternelle pour se rendie
en Italie et s'y livrer en hberté à ses goùls pré
destinés. Sans argent, il fut contraint, poui- faire
sa route, de s'adjoindre à une troupe de Bohé-
miens, et, dans cette compagnie, il arriva à Flo-
rence. Là un des officiers du grand-duc, l'ayant
pris sous sa protection, le plaça chez Remigio
Canta-Gallina, peintre et graveur. Tel fut son clé-
but dans les arts. De celte école, ou l'étude et la
copie des grands maîtres avaient développé ses
heureuses dispositions, il passa à Rome; mais il
n'avait pas encore eu le temps d'y prendre des
mesures pour suivre le cours de ses études, quand
des marchands lorrains le reconnurent et le re-
conduisirent à ses parents. Il s'échappa de nou-
veau, et l'Italie le revit encore ; mais, ramené une
seconde fois naalgré lui sous le toit paternel par
un frère aîné qui l'avait rencontré à Turin, il eut
enfin le bonheur de voir les répugnances de son i
père céder devant tant de constance, et d obte-
nir la liberté de retourner en Italie. Callot fit ce
troisième voyage à la suite d'un gentilhomme que
le duc de Lorraine envoyait au pape. Ai'rivé à
Romej il entra d'abord chez Julio Parigi pour se
perfectionner dans le dessin ; puis il passa à l'é-
cole de Philippe Thomassin, et y apprit l»a gra-
vure en taille-douce. Les grâces de sa figure eti
celles de son esprit lui attirèrent l'attention de la
femme de ce dernier maître, qui, venant à soup-
çonner leur liaison , le chassa de son atelier.
Ce fut alors qu'il retourna à Florence, et que,
dégoûté de la giavure au burin, dans laquelle il
n'avait fait que de médiocres pi'ogrès, il changea
de style, renonça aux grandes figures lentement
travaillées, se mit à composer en petit, et adopta
le genre de l'eau-forte, procédé plus pittoresque,'
plus expéditif, moins rebelle à la fougue d'un gé-
nie si impatient de produire. Ce fut alors éga-i
lement qu'il se fit goûter du grand duc Côine II,f
et que ce prince le fixa piès de sa personne. Après
la mort de ce protecteur éclairé des arts, il re-
tourna dans sa patrie, où le prince Henri, duo
de Lof rame et de Bar, l'accueillit avec non moins
de faveur, et le retint par une pension. Établi dé-
sormais à Nancy, il y épousa une jeune personne
d'une famille ancienne, mais n'en eut point d'em
fants. Cependant sa réputation croissait de jouii
en jour : la gouvernante des Pays-Bas, Élisabeth-li
Claire-Eugénie, l'appela à Bruxelles pour dessiii
ner et graver le siège et la prise de Bréda par Id
marquis de Spinola. En 1628, il fut mandé pa-ii
reillcment à Paris par le roi Louis XIII, qui lui
fit exécuter les grandes planches des sièges de Lî,
Rochelle et de l'Ile de Rhé. Mais quand lest
troubles dont la Lorraine futagitée en 1631 eurenli
été suivis du siège et de la prise de Nancy pan
les armées royales, et que Louis XIII envoyj)
chercher Callot et lui commanda de perpétuel!
233
CALLOT
234
Ceci s'entend, il est vrai, de ses fantaisies pu-
ernent grotesques qui s'adressent plutôt à l'ima-
pnation qu'au jugement, qui s'en prennent aux
i)imes, aux défauts extérieurs plutôt qu'aux tra-
ers, aux passions de l'humanité. Mais enfin,
)armi ces compositions même qui se rapprochent
e plus du style de la caricature, s'il en est qui
(lient des débauches, ce sont du moins les dé-
lauchesd'un talent supérieur, toujours original,
joujours plein de vigueur et de verve. Mais, hâ-
|3ns-nous de le dire, il eut un autre génie que
î génie vulgaire d'exciter le rire, et ce n'est point
! ar le beau côté de son talent qu'il s'est acquis
|i popularité. Comme aujourd'hui Charlet, en
'ui l'ignorance du grand nombre s'obstine sou-
ent à ne voir qu'un caricaturiste, Callot fut un
'rand peintre de mœurs; et telles de ses com-
positions, qui passent inaperçues, ont défrayé
'idées plus d'un peintre et plus d'un auteur.
ul, dans ces compositions si vastes sur si petite
belle, ne lui a été supérieur, ni pour l'abon-
par la gravui'e le souvenir de cette nouvelle con- j
quête, Callot osa supplier le roi de dispenser un 1
Lorrain de peindre les malheurs de sa patrie. !
Et;comme un courtisan (quelques-uns pensent
que c'était le cardinal de Richelieu ) disait avec
colère : « On saura bien vous y contraindre ! »
« Plutôt me couper le pouce avec les dents, ré-
pondit Callot, que de faire quelque chose contre
mon honneur et mon pays., » Cet honorable et
courageux caractère plut à Louis XIII, qui n'in-
sista plus que faiblement, agréa l'excuse, et alla
môme jusqu'à offrir au noble artiste une pension
de 3,000 livres pour l'attacher à son service.
Callot, qui était peu sensible à la fortune, et qui
d'ailleurs, depuis les revers de sa patrie, nour-
rissait le projet de se retirer à Florence avec sa
femme, n'accepta point. Le délabrement de sa
santé, épuisée par les travaux, le retint plusieurs
années encore à Nancy, et la mort vint l'empor-
ter a l'âge de quarante-^eux ans, quand son pro-
jet allait enfin s'accomplir.
Les traditions s'accordent à représenter Jac-
ques Callot comme un homme d'un esprit doux,
fumable et enjoué dans les habitudes de lai ^ie
jrdinaire. Supérieur à tout sentiment d'aigreur
ïu de jalousie, il prenait sa revanche d'un mau-
vais procédé en se montrant généreux.
L'œuvre de ce maître ne s'élève pas à moins
ie 1 ,600 pièces. Il n'est aucune personne, même
oaffmi celles qui n'accordent nulle attention à l'é-
lude des objets d'art, qui n'en connaisse,au moins
quelques-unes. Chacun sait aussi que le nom de
Callot est devenu comme le prototype d'un style
oarticulier ; et cette expression, figure à la Cal-
lot, est désormais une expression proverbiale et
fMjpulaire.
A livre ouvert, le ctiapier en lunettes
Vient entonner : un groupe de raazettcs
Très gravement poursuit ce chant fallot,
Concert grotesque et digne de Callot.
Gresset, Lutrin vivant.
dance de la pensée, ni pour l'expression des
figures, ni pour la facilité, le feu, l'esprit et la
fécondité de l'exécution. Il semble que sa pointe
inspirée soit inépuisable dans son essor. L'œuvre
de Callot contient un cei-tain nombre de pièces
exécutées au burin, et principalement des por-
traits ; mais toutes ces pièces sont de beaucoup
inférieures aux gravures à l'eau-forte qui ont
rendu sa réputation universelle : les Foires, les
Supplices ; les Misères de la guerre ; la grande
et la petite Passion ; les deux Tentations de
saint Antoine; les Gueux contrefaits ; les Ba-
tailles et les Sièges et ?une foule de vues ani-
mées par une multitude de scèaes et d'épisodes,
voilà des ouvrages qui dans tous les temps seront
recherchés par les gens de goût. Tous ces mor-
ceaux ont été souvent, mais toujours médiocre-
ment copiés. Les originaux ne sont cependant
point très-rares : il n'y a de rares que les bonnes
épreuves. Callot paraît être le premier qui ait
employé pour la gravure à l'eau-forte le vernis
dur des luthiers au lieu du vernis mou ; mais,
surtout depuis Etienne de La Belle, il a trouvé
peu d'imitateurs. Si par ce procédé les traits de
sa pointe gagnaient plus de couleur et de fermeté,
ils perdaient, en retour, cette légèreté, cette ri-
chesse, ce flou, comme disent les peintres, qui
font la séduction des œuvres de La Belle. Le
nombre immense des productions gravées de
Callot aura droit de surprendre si l'on a égard
surtout au peu de temps qu'il a vécu ; et cepen-
dant il savait trouver encore le loisir de produire
de nombreux dessins où quelques amateurs
voient plus d'esprit que dans ses planches. Ses
tableaux, dont il paraît d'ailleurs qu'il n'a pro-
duit qu'un petit nombre, sont aujourd'hui de la
plus grande rareté. La galerie du palais Corsini à
Rome en possède une suite de 12, qui représentent
la Vie du soldat ou les Misères de la guerre,
sujets reproduits dans les eaux-fortes du même
maître. Le cabinet de M. Julienne en possédait
également un où le peintre avait représenté
les Géants foudroijés par Jupiter. On cite en-
core de lui un Couronnement d'épines, tableau
composé de 20 figures principales et quelques
autres accessoires plus petites. Tous ces tableaux
sont peints sur cuivre, d'une dimension qui ne
dépasse pas 12 à 13 pouces : la touche en est
él^ante et légère et le ton général un peu faible,
mais constamment fin et délicat. Le portrait de
Callot a été peint par Vandyck et gravé par
Vp^stermann et par Boulonaii. [M. Feuillet de
CoNCHES, dans VEnc. des g. du m. ]
Mariette, Abéccdaire. — Footenay, Dict. des Artistes.
— Maume, Recherches sur la vie et les ouvr. de J. Callot.
— Éloge de Callot par le P. Husson; 'Bruxelles, 1766,
ln-4°. - Grecn (G. H.), Description of the icorks of
Callot; London, 1814 , in-12. — Notice de M. Arsène
HousSaye dans la Revuedes Deux JH ondes, t. 111, de 1842,
et dans l'Artiste 5'^, série, t. III, p. 36 (1849). — Notice de
M. Bourgoin d'Orli, AansVJrtiste, année, 1832.— M. Léon
Gozlan, ibid., année 1839. — De Haldat, ]\otice sur Callot
comsidérê comme peintre, dans les Mémoires de l'Aca-
démie de Nancy, 1339. Noël, — Catalogue raisonné dç
collections lorraines, p. 642-674.
l
235
CALLOT
*CAt,LO'ff (Dominique), écrivain héraldique
(it chimiste lorrain, né à Nancy, mort à l'Étanche
le 28 novembre 1684. Neveu du fameux Jacques
Callot, graveur, et frère puîné du dernier Caîlot,
héraut d'armes de Lorraine, il fut baptisé sous le
nom de Jacques, le 11 juillet 1642; il prit l'habit
de prémontré à Saint-Paul de Verdun. Plus tard
il devint abbé du couvent de l'Etanche près de
Saint-Mihiel, où il resta jusqu'à sa mort. On a de
lui : le Héraut d'armes de Lwraine et de Bar
(en manuscrit autrefois chez les pères prémon-
trés de Nancy, enrichi des armoiries des princi-
pales maisons par Callot, habile dessinateur lui-
même. Dom Calmet en fait grand cas ) ; — un as-
sez gros volume sur la chimie (çn manus-
crit dans l'abbaye de l'Étanche).
Dom Calmet,';W6i. de Lorraine.
CALLOT {François-Joseph), médecin et
poète lorrain, né le 13 mai 1690 à Nancy, mort
le 7 novembre 1773 dans la même ville. Arrière-
petit-fils du célèbre graveur, il étudia à Montpel-
lier, où il fut reçu docteur. En 1720, il fut nommé
professeur agrégé de médecine à l'université de
Pont-à-Moussou , et en 1723 médecin ordinaire
du duc Léopold. Ce dernier l'étabUt ensuite mé-
decin salarié à Rosières-aux-Salines, et l'envoya
en 1726 dans le pays de Saint-Dié, ravagé par
use épidémie mahgne, qui fut corn battue heureu-
sement par Callot. En 1729, il fut nommé méde-
çiffli en second par le duc François ; mais ce n'est
qu'en 1 737 qu'il revint à Nancy, sa ville natale,
séjour de ses ancêtres, où il resta Jusqu'à sa mort.
Ou a de lui : Dissertatio de Diabète; Pont-à-
Mousson, 1715 (très-estimée); — Dissertatio
de J/ea'icMxa; Pont-à-Mouss., 1715 ; — Discours
aux ouverkires des Assemblées des Directeurs
du Bureau des pauvres à Rozières ; imprimées
en 1724, 1727 et 1729; — Stances à monsei-
gneur le Prince Charles; 1732 (dans la Clef
du cabinet; 1732, mars, p. 169); — l'Idée et
le Triomphe de la vraie médecine, en forme
d'apologie; Commercy, 1742, 10-8°; — Apo-
théose de la maison de Lorraine, précédée de
la Noce champêtre, en forme de ballet de petit
opéra, pour le jour du mariage du prince Charles
de Lorraine avec l'archiduchesse Marie -Anne
d'Auti'iche; Commercy, 1744, in-4° (attribué
faussement par Lelong et Fontette à Jean Cal-
lot, héraut d'armes de Lorraine). — Dom Cal-
met parle encore d'un traité d'hygiène que Callot
aurait écrit en 1750.
Caiinel, Bibl. de Lorr. — Éloy, Dict. de la mcd. — ChO-
vricr, Mcm.
CALLY (Pierre), théologien français, natif
du Mesnil-'Hubert, près d'Argentan, au diocèse de
Séez, mort le 31 décembre 1709. Après avoir
étudié à Caen, il y devint professeur d'éloquence
et de philosophie en 1 660, et principal du collège
des arts de cette ville en 1675. En 1684 il fut
appelé à la cure de la paioisse de Saint-Martin.
Le premier, il professa en France la philosophie
cartésienne. De 1686 à 1688 il fut exilé à Moulins.
CALMELS Sifi
Il se fit encore connaître par les efforts qu'il fit
pour convertir les protestants. On a de lui : Doc-
trine hérétique et schismatique touchant la
primauté du pape, enseignée par les jésuites
dans leur collège de Caen; 1644; — Institu-
tio philosophiœ ; 1674, in-4°; — Universge phi-
losophise Institutio; Caen, 1695, 4 vol. in-4'',
dédié à Bossuet et développant les doctrines
contenues dans l'ouvrage précédent; — une édi-
tion ad usum Delphini du traité de Consola-
tione philosophias de Boèce; 1680, in-4°; —
Durand commenté , ou V Accord de la philo-
sophie avec la théologie touchant la transsubs-
tantiation de l'eucharistie; Caen, 1700, in-12;
cet ouvrage fut condamné le 30 mars 1701 par
l'évêquede Bayeux et suivi d'une rétractation de
l'auteur; — Discours enjorme d'homélies sur
les mijstères, sur les miracles et sur les paro-
les de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui sont
dans l'Évangile ; Caen, 1703, 2 vol. in-8".
Basnage de Eeaaval, Hist. desouvr. don savants, XVH.
— Hist. ecclés. de Bayeux.
* c&LMEiL ( Juste-Louis ) , médecin fran-
çais, né à Poitiers en 1798. Après avoir été élève
d'Esquirol à la Salpétrière , il devint premier
interne de l'hospice de Charenton à l'époque où
M. Royer-CoUard en était le médecin en chef ; plus
tard il devint médecin-adjoint de cet établisse-
ment. Outre de norabreux mémoires et articles
sur la physiologie, sur l'anatomie et !e ramollisse-
ment de la moelle épinière, publiés dans plusieurs
recueils, notamment ôamles Archives générales
de Médecine, le Journal universel et hebdoma-
daire, etc., on a de lui : De la Paralysie consi-
dérée chez les aliénés ; 1826, 1 a'oî. in-8°. Ce
ouvi-age a fait la réputation du docteur Calmei
comme médecin spécial des aliénés.
Qiiérard, la Francs littéraire. — Les Médecins é
Paris. — Beuchot, Journal de la Librairie,
CALMELET (Michcl-François) , ingénieu-
français, né à Langres en 1782, mort à Pis»
le 22 janvier 1817. On a de lui de norabreu:
Mémoires publiés dans le Journal des Mines
et parmi lesquels on remarque : Mémoire sta
tistique sur les richesses minérales du dt
portement de Rhin -et- Moselle ; — Notic
sur les travaux relatifs aux houilUères di l
département de la Sarre, exécutés pa
MM. Beaunier et Calmelet (t. XXVI, 1809 ) ; -
Description géologique, miner alogique etstc
tistique des minerais de V arrondissement à
Prûm (Sarre) (t. XXXII, isn); — Descriptio
géologique, miner alogique et statistique de
mines de fer de Commesdorf, arrondissemen
de Pmm(Sarre)(ibid.); — Description desm
ciennes mines de plomb de Rescheid (Sarrt
(ibid).; — Essai sur les roches CornéentUi
(t. XXXV, 1814); — Description de la mine 6
lignite vitriolique alumineux dumont Basv\
berg et de Vusine de vitriol et d'alun de Boum
willer (Bas-Rhin) (t. XXXVIÎ, 1815).
Journal des Mines. — Quérard , la France littér^ifi
* CALMELS (Anatole-Célestin) , sculpteil
237
CALMELS — CALMET
238
IVançuis contemporain, né à Paris, élève de Bo-
sio, l'radier et Blondel. Ses principales œuvres
sont : une Sainte Famille, exposée en 1843 ;
— îine Statue de Guttemberg, les Bustes de
Ballanche, du D^ Moulin, du comédien Tis-
serant, en 1848 ; — le Buste de Géricault, en
1849; — la Statue de Denis Papin, en 1850;
— la Naissance de la Vierge, bas-relief, en
1852. P. Ch.
Livret des Salons.
CALMET (Dom Augustin ), savant théologien
et historien lorrain de la congrégation de Saint-Van-
nes, né à Mcsnil-La-Horgne, près de Comraercy,
le 26 février 1672, mort à Paris le 20 octobre
1757. Baptisé sous le nom d'Antoine, il fit ses
premières études au prieuré de Breuil (près de
Commercy), ensuite il alla étudier à l'université
de Pont-à-Mousson, où il fit sa rhétorique sous
le P. Ignace l'Aubrussel, de l'ordre des jésuites.
Au sortir de là , il prit l'habit de Saint-Benoît,
le 17 octobre 1688, dans l'abbaye de Saint-Man-
suy à Toul , où il fit profession le 23 octobre
1689. II fit sa philosophie sous Dom Ambroise
Borain, d'abord dans l'abbaye de Saint-Sore et
ensuite dans celle de Munster, au Val-de-Saint-
Grégoire, où il commença la théologie sous Dom
Émilien Maugras. Dans l'abbaye de Munster il
ti'ouva par hasard une petite grammaire hébraï-
que de Buxtorff et quelques livres hébreux. Ce
fut avec ce secours et à l'aide de quelques leçons,
qu'on lui permit de prendre chez le pasteur pro-
testant de Munster, nommé Faber, qu'il parvint
à expliquer le texte hébreu de l'Ancien Tes-
tament. Après avoir reçu les ordres sacrés à Ha-
lesheim, où résidait le chapitre de l'église cathé-
drale de Bâle, il fut envoyé, en 1696, à l'abbaye
de Moyen-Moutier où il étudia les saintes Écritu-
' res sous dom Hyacinthe EUiot. En 1697, l'évê-
que de Toul l'appela auprès de lui avec quelques
autres pour interpréter en commun la Bible;
mais ce projet d'étude ayant échoué, Calmet re-
tourna en 1698 à Moyen-Moutier, à la charge
d'enseigner la philosophie et la théologie aux
jeunes religieux. Pendant ce nouveau séjour, qui
dura jusqu'à 1704, il pubUa ses commentaires
sur presque tout l'Ancien Testament. En 1 704,
il fut de nouveau envoyé, en qualité de sous-
prieur, dans l'abbaye de Munster, où il fut chef
d'une Académie composée d'une dizaine de reli-
gieux. Incertain si tous ses ouvrages composés sur
l'Écriture méritaient d'être'publiés, il demanda et
obtint en 1706, la permission du chapitre général
d'aller à Paris, pour y consulter les savants sur
son dessein. 11 fut encouragé par Dom Mabillon et
l'abbé Duguet, qui le déterminèrent à publier ses
commentaires en français. Après avoir mis en
train cette publication, il revint en 1709 à l'ab-
baye de Saiut-Mihiel, dont il était religieux. Pen-
' dant le séjour qu'il y fit, il eut à subir, à propos
j de ses commentaires, plusieurs attaques ; l'une
d'elles vint de Fourmont, qui se posait en dé-
Ifeuseur des rabbins, attaqués par Calmet; mais
le roi Louis XIV et le cardinal de Noailles, ar-
chevêque de Paris, lui imposèrent silence. L'au-
tre adversaire de Calmet fut le fameux Brochard
Simon , autrefois prêtre de l'Oratoire et auteur
des Histoires critiques de l'Ancien et du Nou-
veau Testament. Il passa de nouveau plusieurs
années à Paris pour l'impression de ses com-
mentaires sur la Bible , et pour la rédaction dp
son Histoire de l'Ancien et du Nouveau Tes-
tament, qui devait couronner l'œuvre. Mais
ayant été élu, en 1715, prieur de Lay ('près de
Nancy), il retourna en juin 1716 dans son pays
natal, où il se fixa de nouveau à Moyen-Moutier.
II était prêt à revenir une troisième fois à Pari?
lorsqu'il futnommé, enl718, par le chapitre gé-
néral, abbé de Saint-Léopold à Nancy. En 1719;
il fut élevé à la dignité de visiteur de sa con-
grégation, et obtint en 1728 l'abbaye de Séno-
nes en Lorraine. Le collège des cardinaux l'avait
proposé à peu près à la même époque pour le titre
d'un évêché ijipartibus, avec pouvoir d'exercer
les fonctions épiscopales dans tous les lieux
de sa province , qui étaient exempts de la juri-
diction de l'ordinaire; mais dom Calmet refusa
afin de pouvoir mieux vaquer à ses travaux lit-
téraires. Il avait pourtant pris la résolution d'al-
ler à Rome en 1730, afin d'obtenir du pape Be-
noît XHI, son protecteur, un induit pour l'élec-
tion à perpétuité à l'abbaye de Moyen-Moutier ;
mais la mort du pape dérangea ce projet, et de-
puis ce temps dom Calmet dirigea son abbaye
de Sénones, tout en poursuivant ses travaux,
soit à Sénones, soit à Paris. II exerça deux fois
les fonctions de président général de sa congré-
gation.
Parmi ses nombreux ouvi'ages, dont nous don-
nerons ci-après la liste complète , nous signale-
rons comme les plus importants, ses Commen-
taires sur tous les livres de l'Ancien et du
Nouveau Testament. On trouve dans cet ou-
vrage de savantes dissertations sur les antiquités
bibliques , mais le manque de connaissance des
langues orientales s'y fait souvent sentir. On lui
a reproché avec raison d'avoir trop négligé les
sources rabbiniques. Son Dictionnaire histori-
que ei^'critique de la Bible, travail très-estùna-
ble pour le temps , a été traduit en anglais, alle-
mand, italien et hollandais. Ces deux ouvrages
de Calmet ont été plusieurs fois réimprimés ; les
protestants comme les catholiques les ont mis à
contribution. Son Histoire de l'Ancien et du
Nouveau Testament et du peuple juif, et son
Histoire universelle sacrée et profane sont
moins estimées; car elles ont été effacées par
des ouvrages analogues , publiés plus tard. Mais
son Histoire ecclésiastique et civile de la
Lorraine est l'ouvrage d'un véritable savant et
le premier qui ait été fait avec méthode sur l'His-
toire de la Lorraine. Dom Calmet s'y montre
exact et narrateur fidèle ; seulement il est quel-
quefois diffus outre mesure. Le pendant à cet
ouvrage est la Bibliothèque lorraine, tra-
239 CALMET
travail moins bien soif^né que le précédent. Il est
à regretter qu'on n'ait pas publié les manuscrits
de Calmet sur l'Histoire spéciale des villes et
abbayes de Lorraine. Voici les titres de ses
travaux imprimés : Dissertation sur les an-
ciens chiffres ( dans les journaux et les Mémoi-
res de Tfévoux ) ; — Dissertation sur la na-
ture des perles; — Dissertation sur quel-
ques jambes d'airain trouvées à Léomont
(dans le Journal de Trévoux, février 1 709 ) ; —
Commentaire littéral sur tous les livres de
V Ancien et du Nouveau Testament , 53 vol.
«-4°, et G vol. in-fol.; Paris, 1707-1716; se-
conde édit. , P., 1714-1720, 9.6 vol. in-4°; troi-
sième édit.. P., 1724, y vol. in-fol. ; quatrième édit.
P. , 1729, 9 vol. in-fol. et 20 vol in-4''. 11 en parut
une traduction latine à Venise, 17.30,0 vol. in-fol.,
reproduiteàFrancfort-sur-le-Mein, 0 vol., in-fol. ;
et une autre par .Ican Dominique Mansi, à Luc-
ques, 17:50- 17.38, in-fol., 8 vol. en 9 tomes, repro-
duite sous le titre : Comment, lit. in omnes li-
bros Vet. et N. Test.; Augsbourg, 1756, 8 vol.
in-fol., et Wurzbourg, 1789- 1793, 19 vol. in-4''.
11 en parut plusieurs extraits en français , dont
l'un est connu sous le titre :: la Bible de l'abbé
de Vente (parce que ce dernier y a ajouté une
Dissertation); P., 1748-1750, 14 vol. in-4''; édi-
tion augmentée; Avignon, 17 vol. in-4'', appelée
la Bible d'A vignon ; — Réponse à la critique que
M. Fourmont a faite de son commentaire;
Paris, 1710, in-8'' ; — Dissertations qui peu-
vent servir de prolégomènes de l'Écriture
sf/m^e; Avignon, 1715, in-S", 2° édit.; Paris,
1720, 3 vol. in-4"; 3" édit. augmentée sous ce
titre : Trésor d'antiquités sacrées et profanes ;
Paris, 1722, 3 vol. in-4'', et Amsterdam, 1722,
12 vol. in-12. Cet ouvrage, qui n'est qu'une re-
production des dissertations insérées dans le
grand commentaire, a été traduit en anglais
par Samuel Parker; Oxford, 1726,10-4"; en bol-
landais; Rotterdam, 1728-1733, in-4''; en latin,
par .1. D. Mansi; Lucques, 1729, in-fol.; et
en allemand , sous le titre Biblische Untersu-
chunqen , avec les excellentes notes et préface
de Mosbeim; lirème, 1738; 2'' édit., 1744; 3°,
1747, 6, vol. in-8o; — Discours et disserta-
tions sur tous les livres de l'A. T.; Parisj,
1715, 6 vol. in-S"; — Histoire sainte de l'An-
cien et du Nouveau Testament et des Juifs,
pour servir d'introduction à, l'Histoire ecclé-
siastique de Vabbé Fleur }j (va jusqu'à la des-
truction de .Jérusalem); Paris, 1718,2 vol. in-4";
ibid., 1725, 7 vol. in-12; 1729, 4 vol. in-4";
1737, 4 vol. in-4''; 1770, 5 vol. in-4'', traduit en
anglais avec des additions par 'J'b. Stadebonse,
Londres, 1740, 2 vol. in-fol.]; en allemand, Augs-
bourg, 1759, in-fol., et en latin, Angsbourg,
1788, 5 vol. in-S"; — Histoire de la vie et des
miracles de Jésus- Christ; Paris 1720, in-12,
et réim[)rimé<! depuis h Nancy , en Hollande et
en Flandre; — Dictionnaire historique, cri-
tique, chronologique, géographique et littéral
2t0
de la Bible; Pari.s, 1720, 2 vol. in-fol. avec gra-
vures; le même avec supplément, P., 1722,4 vol.
in-fol; P., 1728,4 vol. avec gravures; 1730, 3 vol
in-fol., avec gravures; Genève, 17.30,4 vol. in-fol.,
sans gravures; Toulouse, 1783, 6 vol. in-fol.;
trad. en latin, par Mansi; Lucques, 172.^-17.31,
4 vol. in-fol. sans gravures; Venise, 1726 avec
gravures; AugsbourgetGraetz,1729,4 vol. in-fol.
avec grav. ; en allemand par H. G. Glocknei;
Leipzig, 1747, in-4'', et en extrait, Lemgo, 1779,
in-8"; en anglais par Jolm Cobon, Cambridge,
1745, 3 vol. in-fol.; — Dissertation sur tes
grands chemins de Lorraine; Nancy, 1727,
in-4'' , réimprimée dansT/Zùtoire ecclésiastique
et civile de Lorraine ; Nancy, 1728,4 vol. in-fol. ;
nouvelle édit. très-augmentéc , Nancy, 174:)-
1757, 6 vol. in-fol. ; — Dissertation sur quel-
ques monuments d'antiquités, dans le Mercure
de France, décembre 1728; — Abrégé c/iro-
nologique de l'Histoire sacrée et profane de-
puis le commencement du monde jusqu'à nos
;'r)T«ns; Nancy, 1729, in-8"; traduit en latin, i))iii.,
1733, in-8"; — Traité de la confession géné-
rale; Nancy, 1731, in-12; ibid., 1753, in-l'^ :
il en existe une traduction allemande; — Coni-
mentaire littéral, historique et moral sur la
Règle de Saint- Benoit ; Paris, 1733, 2 vol.
in-4" (les ligures, dont il devait être orné et qui
devaient représenter les costumes des anciens
moines d'Occident, ne furent point gravées), ti;i-
duit en latin par quelques bénédictins de Stami-
nés; Augsbourg, 1748; — L'Histoire de Lor-
raine abrégée, à l'usage de messeigneuis les
■princes; Nancy, 1734, in-8"; — Histoire uni
verselle sacrée et profane , depuis le commru-
ccmentdu monde jusqu'à nos jours (va jusqu'à
1720); Strasbourg et Nancy, 1735-1771, 17 vol.
in-4"; traduite en italien; Venise, 1742 et sui\.
in-4''; en allemand par R. Kleinsorg ; Augsbouii',
1776-1797, 12 vol. in-8" : il en existe aussi une
trad. latine et imc autre en grec vulgaire, mais
qui ne comprend que les 6 premiers volumes ; --
Dissertation historique et chronologique sur
la suite des médailles des ducs et duchrsso;
de Lorraine, gravées par Ferd. Saint- Ur-
bain ;Yïcnne, 1736, in-4"; — JJlstoire généal"
glque de la maison du Chàtelet, branche puî-
née de la maison de Lorraine; Nancy , 17''i i ,
in-fol. ; — Dissertation sur les apparitions
des anges, etc., et sîcr les revenants, les vam-
pires; Paris, 1746, in-12; nouvelle édit. reviu
et augmentée, Einsiedeln ou N.-D.-Des-Ermitcs.
1749, 2 vol. in-12; réimprimée sous le titre : 7'/Y«/'r
sur les apparitions des esprits et sur les
vampires ou revenants de Hongrie, etc., Paris ,
1751, 2 vol. in-12; Sénones, 1759, 2 vol. in-8";
traduit en italien , Vcni,se , 1756, in-4" ; et en al-
lemand ; cet ouvrage, qui fit encourir à dom Cal-
met le reprocbe d'un bomme par trop crédule e(
dépourvu de .sens critique, a provo([iié de noN
jours une réfutation s«us ce titre : Histoire tics
vampires et des spectres malfaisants, avec un
241 CALMET
examen du vampirisme; Paris, 1820, 2 vol.
in-12; — la Bible en latin et en français
(texte de Sacy), avec des préfaces, dissertations
et notes littéraires , critiques et historiques ti-
rées de son commentaire et de ses dissertations ;
Paris, 1748 et suiv., 12-14 vol. in-4" ; — Traité
historique sur les eaux de Plombières, de Bour-
bonne, Luxeuil, etc.; Nancy, 1748, in-S» (ou-
vrage du P. Durand, mais augmenté et annoté
par D. Calmet); — Sur les Di'agons volants,
dans le Journal de Verdun, 1755; — Biblio-
thèque lorraine, on Histoire des hommes il-
ftistres qui se sont distingués dans la Lor-
'■(line et dans les Trois Évéchés dans les
'sciences, dans la piété et dans les beaux-
irts; Nancy, 1751 , in-fol : elle forme aussi le
iol. 4 de la 2e édit. de Y Histoire de Lorraine;
"raiiçois Ant. de Chévrier en a donné un ex-
I ait dans ses Mémoires pour servir à l'Hi^-
niye des hommes illustres de Lorraine;
îruxelles, 1754, 2 vol. grand in-12; — Notice
'(' la Lorraine , qui comprend les duchés de
'Sur, Vélectorat de Trêves, les villes princi-
Hilrs et autres lieux les plus célèbres, rangés
>ar ordre alphabétique; Nancy, 1756-1762,
\ol. in-fol. (ouvrage très-rare, publié et aug-
leiité par son neveu D. Fange) ; — Stir la Terre
'(' Gessen et sur le royaume de Tanis en
'.(jlipte, dans le Mercure de France, décembre
7:jG et janvier 1757..
Parmi les ouvrages inédits de dom Calmet on
itc : Histoire de l'abbaye de Saint-Léopold
'c Nancy ; — Histoire de l'abbaye de Senones ;
- Histoire du prieuré de Lay ; — Notice histo-
ique des villes et principaux bourgs et vil-
iifjes de la Lorraine; in-fol. ; — Sur l'origine
'il. jeu de cartes; — Sur la cérémonie dti
in-boit ou roi de la fève ; — Sur les divinités
aïennes autrefois adorées dans la Lorraine;
- Sur quelques coutumes et usages prati-
\u('s en Lorraine; — Sur la question de sa-
oir si le monde est tiré du néant ou d'une
Hidère préexistante et éternelle; — Diction-
aire des mots lorrains et autres vieux mots;
f - Histoire de l'abbaye de Munster en Al-
i ace, dont une partie a été imprimée dans la
'ontinuatio Spicilegii ecclesiastici de Lùnig;
l'ipzig, 1720, in-fol.
Les ouvrages faussement attribués à dom Cal-
lot sont : Histoire de la maison de Salles,
riginaire de Béarn (faite par Hugos, abbé d'Eti-
tl); Nancy 1716, in-fol.; — Historia mediani
lonasterii; Strasbourg, 1724, in-4° (par dom
!, iclhomme) ; — Dissertation sur la sueur de
■otre-Seigneur Jésus-Christ au jardin des
, Twiers; Paris, 1740, in-12 (par un auteur in-
)nnu); — Refutatio, systematis generalogici
R. Pâtre Marqicardo Hergote, benedictino
rofesso ad sanctum Blasium in Nigra Silva,
'idemque magno Cellerario compositi, e gal-
'0 in Ihtinum translata , T édit.; Venise,
740,10-4° (dom Calmet décline lui-même la
CALMO
242
paternité de cet ouvrage, qu'on lui avait envoyé
par la poste). — Voltaire a souvent profité des
travaux de dom Calmet pour son Histoire gé- ,
nérale et son Essai sur les mœurs des na-
tions; et Frédéric le Grand a publié sous le nom
de Calmet une facétie intitulée : Commentaire
théologique sur la Barbe-Bleue.
Dora Fangiï, neveu et successeur de C, fie de dom
Calmet, 1763, In-S". — Doiu C.ilmct, Autobioijraphie ,
dans la Bibl. Lorr. ■— Rathie, Geachichte der Celehrten,
I, et Beytràrje zur Historié der Celehrten, V. — Baucii-
gârten, Naclirtchtcn, etc., II, «04. — Ersch et Gruber,
jilloem. Bncyclop.
CALMETTE {François),Tnéde.cm français, ne
à Rodez dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, mort dans la première moitié du dix-hui
tième. Il étudia à Montpellier, où il prit le grade
de docteur en 1684, et fit pendant quelque
temps, à la faculté de cette ville, des cours qui
eurent beaucoup de succès. On a de lui : Rive-
rius reformatas, sive praxis medica methodo
Riverianx non absimilis, juxta recentiorum
tum m,edicorum tum philosophorumprincipia
conscripta; Genève, 1677 , in-8°; ibid., 1687,
n-8°;ibid., 1706, 1718, in-8'';Lyon, 1690,in-8".
C'est un abrégé de médecine pratique.
Carrère, Bibliothèque de la Médecine. — Éloy, Dict.
de la Médecine.
CALMETTE ( Louis-Castor-Mutthieu de La).
Voyez L\ Câlmette.
CALMO (.4?îrfr^, auteur dramatique vénitien,
né vers 1510; il mourut le23février 1571. C'était
le fils d'un gondolier et uu des premiers et des
plus habiles écrivains qui eussent fait usage du
dialecte spirituel et efféminé des lagunes de Ve-
nise. Il a laissé des comédies, des églogues, des
lettres. Ses comédies ont pour titre ; Il Trava-
glio, la Pozione, la Spagnola, la Saltuzza, la
Fiorina, imprimées de 1549 à 1561 ; elles ont
obtenu l'honneur d'éditions nombreuses. Suivant
l'usage répandu à cette époque, les personnages
y parlent divers patois, ou s'expriment en véni-
tien, en bolonais, en bergamasque, en mauvais
allemand, en grec italianisé; des pédants débi-
tent un latin qui ne ressemble nullement à celui
de Cicéron ; la scène est encombrée de spadas-
sins , d'entremetteuses , de courtisanes. La fer-
tilité des plans, la complication des imbroglios,
la vivacité des saillies expliquent le succès de
ces comédies ; l'abus des travestissements , des
surprises , des reconnaissances ne choquait pas
alors, et quant aux situations licencieuses,
aux expressions cyniques, nul comique italien du
seizième siècle n'en est exempt. « Lorsqu'on
'< jouait les pièces de Calmo, la salle de specta-
« cle était assiégée par le peuple; on tâchait d'y
« pénétrer par les fenêtres ; on traversait les toits
« des maisons; on marchait sur les gouttières;
« on risquait sa vie pour lorgner un fragment de
« la représentation. » Il est peu d'auteurs de no-
tre siècle dont on puisse dire autant. Les egloghe
sont au nombre de quatre ; elles n'ont de pasto-
ral que le nom ; c'est la vie de Venise qui les
anime ; les quolibets des gondoliers y remplacent
243 CALMO —
les entretiens des bergers. Quant aux Lettere,
publiées en 1572, elles sont adressées aux pro-
, tecteurs de Calmo et à des artistes célèbres ;
elles ne présentent guère que des compliments
ampoulés, des flatteries étalées en de longues
phrases dont les replis sinueux se déroulent à
travers une foule de métaphores , d'épithètes et
d'adjectifs accumulés ; elles s'adressent à Michel-
Ange, à l'Arétin, au Tintoret, etc. A vrai dire,
quoique l'auteur prétende qu'on y trouve Jan-
tastiche,fantasie,filosofiche, elles offrent peu
d'intérêt. Calmo fut tout aussi célèbre comme
comédien que comme auteur comique. Il jouait
le rôle de Pantalon avec une verve qui provo-
quait toujours les applaudissements les plus cha-
leureux. G. B.
Ferrari, De la littérature ■populaire en Italie ( dans la
Bévue des Deux-Mondes, juin 1839. — Gamba, Série de-
gli scritti impressi m dialetto veinziano, 1832, in-12,
p. 45.
*CALO (Jean- Adam), théologien luthérien
allemand, né à Belgem (en Saxe), mort à Schô-
newalde en 1742. Il étudia à Wittemberg, où,
ayant pris ses grades en 1705 , il devint en 1707
professeur. En 1716, il fut nommé diacre à Schlie-
ben, et en 1733 à Schônewalde, où il resta jusqu'à
sa mort. On a de lui : Bisp. de Chlodovœo M.
primo inter Francos rege christiano; Wit-
temberg, 1704, in-4''; — Disp. de eo quod ho-
inini convenu cïrca bruta; Wittemb., 1706,
in-4° ; — Historia Jac. Bohemi sutoris Gorli-
censis ; Wittemb., 1707, in-4°, et 1715, in-4'' ; —
Pisp. de Pseudo-Apostolis veteri et recentlori
ecclesicB infensis; Wittemb., 1708, in-4''; —
Disp. quod Clmstiis formaliter et stjllogistice
disputaverit ; ibid, ; — Renovatus Theologo-
l'um Wltembergensium conspectus ; Wittem-
berg, 1713, in-4».
Dietmann, Chiirsdchsische Priester-Geschichte (His-
toire du Clergé de la Saxe électorale), t. III, p. 398, t. IV,
p. 486.
CALOGERA OU CALOGBERA (Ange), littéra-
teur et théologien italien, de l'ordre des Camal-
dules, né le 7 septembre 1699 à Padoue, mort
le 29 septembre 1768, dans le couvent de Saint-
Michel ( dans une île des lagunes de Venise).
Issu d'une famille grecque de l'île de Corfou,
mais qui suivait le rite latin , il fit ses études
sous les jésuites. En 1716, il enti-a dans le mo-
nastère de Saint-Michel de l'ordre des Camal-
dules. Envoyé à Ravenne en 1721 pour y faire
son cours de théologie , il trouva à sa dispo-
sition dans cette ville une riche bibliothèque
et se lia avec quelques savants estimables, entre
autres le cardinal Quirini, son concitoyen, ce qui
décida de sa vocation pour les lettres. Après quel-
ques années de séjour à Ravenne, à Venise et à
Vicence, il retourna dans son couvent de Saint-
Michel, où il devint en 1729 lecteur de philoso-
phie. En 1730 il fut nommé censeur des livres
imprimés à Padoue, et en 1756 abbé de son cou-
vent, où il s'était fixé depuis trente ans, et où il
mourut. On a de lui : Storia letteraria d'Eu-
CALOMARDE
244
ropa, tradotta dalla lingua /rancese;\e-
nise, 1726 et 1727, 2 vol. in-12; — Raccolk
d'opuscoli scientifici et filoîogici ; faite avec
le concours de Pierre- Catherine Zeno, Vallis
nieri , Facciolati , Mansi , Muratori, etc. ; Venise
1728-1754, 51 vol. in-12; — Nuova raccoîtc
d'opuscoliscientificiet filoîogici ;Ynms,e, 1755-
1778, 24 vol. in-12, continué, après la mort d(
Calogera, à partir du vol. 15, par son frère ei
religion Fortuné MandeUi : ces deux dernier;
recueils sont des collections des Actes de plu
sieurs Académies italiennes , où l'on trouve ui
grand nombre de morceaux pi'écieux, qu'oi
chercherait vainement ailleurs ; — Novelle dalU
Republica délie Lettere; Venise, 1729-1732
in-4°; — Il nuovo Gulliver, o sia viaggio d
Giov. Gulliver, tradotto dal inglese ; Yem&ti
1731, in-S"; — Biblioteca volante di Gioi
Cinelli Calvoli, edit. II, in migliorjorma ri
dottaper Albrizzie Calogera ; Yenise , 173 i
1747, 4 vol. in- 4°; — Biecimeditazioni sopr
alcune délie principali uzioni di S. Beiu
detto ; Yenise , 1734, in-12; édit. augmentât
Venise, 1745, in-12, et 1750,in-4°; trad. en ail'
mand; Vienne, 1756, et en latin; Prague, 175C
— Le Avventuredi Telemaco tradotte ; Venisi
1744, in-4° ; — Le Virtù di S. Romualdo , Pi [
drede' Monaci; Venise, 1745, in-12, et 175i
in-12 ; — Apparecchio spirituelle aile J'este ( 1
S. Parisïo; Venise, 1745, in-12; — Raggucl
glio délia vita e délia morte di Giust. Ma;
zoni ; Venise, 1746, in-8° ; — Memorie per se
vire alla storia letteraria ;Yemse, 1753-175
12 vol. in-S"; — Nuove memorie per serv\
re, etc.; Venise, 1759-1761 , 6 vol. in-8° ; -|
La Vita délia B. Giovanna Francesca Freim
di Chantai, composta da Carlo Ant. Saccil
relu ; Venise, 1753, in-8° ; — Memorie inton \
alla vita di Mons. Luca de Renaldis, Vesco,
di Trieste ; Venise, 1753, in-S"; — Compendi
délia vita dis. Teobaldo, Monaco edEremil
ComaW., 1762, in-12 ; — La Minerva, o s\
nuovo Giornale de' Letterati d'Italia, avec i
concours d'Apostolo Zeno, etc.; Venise, 176j
1765, in-4°; — Une correspondance littéraire
60 volumes (manuscrit).
Nuova raccolta d'opusc. scient, et filol., t. 28, p. 1.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gclelirten-Lexicvl
CAI.051AR1ÏE, OU plutôt CALOS5ARDA (dj
Françoïs-Thadée) , célèbre homme d'État (I
pagnol, né à Villèle à Aragon en 1775, morti
Toulouse en 1842. Cet homme d'État, l'âme dei|
politique espagnole après le rétablissement
l'absolutisme, fut le seul, avec le ministre cl
finances Bailesteros, qui, au travers des noiij
breuses mutations qu'ont éprouvées les diviij
départements ministériels en Espagne, sut
maintenir en crédit depuis le commencement
l'année 1 S24 jusqu'en 1 832. Avant d'être sécrétai!
au conseil de Castille,il avait rempli les fonctioi
de premier secrétaire du favori Lardizabai, qJ
son retour de France le roi Ferdinand Vil »*«
r345
CALOMARDE
246
loiiinié aw ministère des Indes. Don Calom^rde
Icvint l'ami de son chef, et lorsque celui-ci fut
;xilë en Biscaye, il le suivit à Pampelune. Le
iiai-quis de Casa Irujo étant mort le 18 janvier
1824 , son portefeuille fut donné à don Hérédia,
]ui fut remplacé au ministère de la justice par
Ion Calomarde. La connaissance des affaires,
ju'il avait acquise comme secrétaire au conseil
f le Castillc , lui assura une influence marquée ;
élé abolutiste, il se trouva, lors de la discussion
ur l'amnistie, en opposition avec le comte d'O-
iàlia, dont les principes étaient modérés. Bien-
' ôt don Antonio Ugarte, qui d'abord s'était joint
lui contre M. d'Ofaiia, mais dont il voyait
'accroître la faveur auprès du roi, excita sa
alousie. Il en prit occasion pour se tourner du
ôté du parti apostolique, auquel appartenaient
ilusieurs des membres les plus influents du con-
eil de Castille, sans néanmoins appuyer les per-
I licieux desseins de la junte apostolique. Dès ce
(loment on vit régner dans l'administration une
Lustice sévère, maintenue avec toute l'inflexibi-
|té du caractère national. Calomarde parvint
Mentôt à se rendre l'âme du parti qui agissait
ontre le premier ministre. Ugarte , de son côté ,
loursiiivait , à la tête de la camarilla , le même
lut. Enfin parut le décret d'amnistie , rendu
i r*" mai 1824 à Aranjuez, où, de tous les mi-
nistres, MM. d'Ofaiia et Calomarde avaient seuls
Sccompagné le roi. Le décret, proposé et apptiyé
ar le premier, porta un coup sensible au parti
laodéré. Sa publication et sa mise en pratique
ilonnèrent lieu à de longs débats, et amenèrent
a chute du crédit dont avait joui le comte d'O-
slia îtuprèr. du roi ; de telle sorte que, lorsque ce-
lui-ci partit en juillet pour les eaux de Sacédon,
!l ne se fit accompagner qtje de Calomarde, lais-
(îant le comte à Madrid. Le 5 juillet parut un
ilécret royal, signé par Calomarde, portant que
fes procès intentés à ceux qui s'étaient permis
fies actes de violence contre les membres du
m-disant gouvernement constitutionnel de-
*?aient être supprimés, que les détenus devaient
fttre remis en liberté, et qu'on eût à lever le se
questre mis sur les biens. Bientôt après (11 juil-
et), le comte d'Ofaiia perdit la place de ministre
î'État, disgrâce que l'on attribua moins à Calo-
marde qu'à Ugarte. Par l'influence de celui-ci
son département fut confié à M. Zéa, alors mi-
nistre d'Espagne à Londres, qui entra en fonc-
tions au mois de septembre. Mais les carlistes,
a camarilla et Calomarde lui étaient contraires,
:t plus tard même Ugarte, qui s'était de nouveau
l'approché du dernier. M. Zéa passait aux yeux
le^ absolutistes pour engagé dans le parti mo-
iléré. Les divers portefeuilles changèrent plu-
sieurs fois de main, mais sans nuire au crédit
(de don Calomarde, qui sut se maintenir dans la
ponfiance du roi , en ayant soin de ne jamais se
I mettre en évidence ; appuyé par les apostoliques
;t la camarilla, il était sûr de conserver sa su-
i-rématie contre les carlistes. Après la mort du
ministre Salmon, Calomarde dirigea quelque
temps les affaires étrangères ; mais, trop peu fa-
milier avec la langue française pour conférei
avec le corps diplomatique, il céda ce poste au
comte Alcudia (13 février 1831), et rentra dans
son ministère de la justice. 11 serait inexact de
dire que le système de Calomarde était dans
le sens des apostoliques, quoiqu'il fût dans
celui de la monarchie absolue. Il a contenu les
passions du parti anti-constitutionnel, comme le
prouvent deux circulaires du 9,6 septembre 1825,
émanées de lui. Dans l'une il recommande aux
prélats et aux prêtres de faire descendre de la
chaire des paroles de paix et de réconciliation
plutôt que de propager la discorde. La seconde
prescrivit aux tribunaux de surseoir à tous pro-
cès pour délit politique et de mettre en liberté
les détenus. En même temps on vit s'introduire
un usage tout nouveau : d'importants décrets,
dont la connaissance appartenait naturellement
au ministère de la justice quand ils lésaient les
intérêts d'un certain nombre d'ayants droit, fu-
rent préalablement soumis à la révision du con-
seil d'État, d'oii ils passaient au roi, qui leur don-
nait sa sanction en plein conseil. Tel fut, par
exemple, le décret du 16 janvier 1826, en vertu
duquel tous les rachats de redevances dues aux
ordres réguliers, rachats effectués au temps de
la constitution, furent déclarés nuls, et tous les
redevanciers condamnés à payer le cens, soit échu,
soit arriéré. Toutes les plaintes des propriétaires
d'immeubles furent alors dirigées non contre le
ministre, mais contre le conseil d'État ; il n'y eut
que les apostoliques qui s'attaquèrent directement
au favori. Ils prétendaient qu'il était partisan
des anciennes sociétés secrètes ; mais le motif de
leur haine était la fermeté avec laquelle il dé-
jouait leurs menées en faveur du carlisme. Ils
parvinrent néanmoins à obtenir sa destitution,
qui fût signée le 10 septembre 1827. Mais cette
disgrâce ne dura que quelques heures ; car le
même jour le roi, sur l'intercession de don
Carlos, de son épouse, de la princesse de Beïra
et de son confesseur, retira le décret de des-
titution. Bientôt après les troubles survenus
en Catalogne, où les carlistes ( surnommés agra-
viados) avaient fondé à Manrésa une « ré-
gence romano-centrale, » ayant porté le roi à se
rendre en personne dans cette province, don
Calomarde fut le seul des ministres dont il se fit
accompagner, et les autres eurent ordre de lui
adresser leurs rapports. On sait que la procla-
mation donnée par le roi à Tarragone ( 28 sep-
tembre 1827) et contre-signée par Calomarde,
jointe aux mesures vigoureuses prises par le
général comte Espana, contribua puissamment à
réprimer l'insurrection. Calomarde eut ordre de
faire chanter, à cette occasion, le Te Deum
dans toutes les églises du royaume. Depuis il se
maintint constamment dans la confiance du
roi. Cependant la conjuration des agraviados
avait des filiations si nombreuses que Caiojçaarde
247
CALOMARDE — GALONNE
24
conseilla lui-même , contrairement à ses précé-
dentes opinions , la publication d'une amnistie
générale. D'un autre côté, le mécontentement
des absolutistes ne cessait d'éclater dans les pro-
vinces. Le roi, à son retour de Barcelone (avril
1828), fut froidement reçu par le peuple de Sa-
ragosse, et Calomarde fut sifflé. La populace,
excitée par les moines , ne pouvait lui pardonner
d'avoir refusé aux insurgés le rétablissement de
l'inquisition. Le pouvoir absolu trouvait auprès
du peuple un puissant appui dans les volontaires
j-oyaux ; mais ceux-ci, abusant des faveurs qu'ils
avaient obtenues, se permirent toutes sortes
d'excès, et, comme ils coûtaient deux fois autant
que le reste de l'armée, le ministre de la guerre
demanda leur licenciement. Cela donna lieu à de
nombreux dissentiments au sein du conseil des
ministres ; Calomarde, qui croyait les volontaires
indispensables, fit prendre une décision en leur
faveur.
Cependant il s'occupa de plusieurs réformes
devenues urgentes , particulièrement parmi les
employés des administrations, où s'étaient intro-
duits des désordres de toute espèce, et dans l'or-
ganisation des cours de justice. Une commission
fut chargée de rédiger un nouveau code pénal ,
et un nouveau code de commerce fut achevé en
1829. Mais la justice criminelle resta toujours
un objet de terreur, nommément dans les pro-
vinces, où le pouvoir militaire évoquait à lui les
délits politiques , et Calomarde ne fit rien pour
empêcher qu'en Catalogne le général Espana
ne proscrivit arbitrairement les constitutionnels
(joséphinos, franc-maçons, negros), qu'il n'in-
carcérât les libéraux et ne cherchât à faire ren-
trer par la ruse ceux qui avaient trouvé un re-
fuge eu France, afin de les traduire devant des
commissions, comme cela arriva au général Mi-
lans. C'est ainsi que le terrorisme devint la
sauvegarde du roi catholique. Mais, quant aux
brigands qui infestaient les grandes routes et h
l'audace des voleurs dans Madrid, il n'y eut au-
cun moyen d'en préserver le pays; celui qu'on
employa parla disposition prisele 2 1 janvier 1 830,
qui promettait aux volontaires royaux, milice ef-
frénée et licencieuse, une prime d'une once d'or
pour cliaque criminel qu'ils livreraient à lajustice,
était de tous le moins propre à y parvenir.
Don Calomarde fut pour beaucoup dans le dé-
cret qui prononça l'abolition de la loi saliqne en
Espagne : aussi cette mesure fit-elle revivre
contre lui l'animosité des apostoliques. Néan-
moins, comme il n'était que l'organe des volon-
tés du monarque, et que son influence sur les
conclusions du conseil d'État, quoique réelle, ne
ressortait pas d'une manière évidente, on ne put
le rendre directement et personnellement res-
ponsable. Mais les troubles continuels excités à
l'intérieur par les factions et les brigands et la
sûreté de l'État menacée au dehors par les dé-
barquements des constitutionnels rendaient im-
possible toute bonne organisation de la justice ; en
sorte que l'amnistie fut différée d'un jour
l'autre , et, en attendant, le pouvoir militaire ei
travait la marche de la police.
Lors de la maladie de Ferdinand VII , don C;
lomarde changea de système quant à la succc
sion, et favorisa le parti de don Carlos. On a
sure même qu'il fit signer au roi, pendant qu
était privé de connaissance, un décret qui ra[
portait la pragmatique sanction du 29 mars 183i
Mais la reine ayant été chargée de la régence,
ne put se maintenir à son poste ; le ministère fi
dissous, et don Calomarde quitta l'Espagne à
hâte pour se rendre en France, où il vécut ju
qu'à sa mort dans une retraite profonde. [£}h
des rj. du m.]
Lesur, Ann. hist. univ. — Comte de Toreno, Histoi
du soulèvement, de la guerre et de la révolution d'E
pagne. — ha.ya\lée, Espagne depuis l'expulsion des 31 a
res jusqu'en 1847.
*CALOMATO {Bartolommeo), peintre vén
tien du dix-septième siècle. Son style offre pc
de vigueur et peu de fini , mais il a de la grâ(
et de la vivacité. Ses tableaux, généralement c
petite dimension, représentent des vues champi
très avec de petites ligures bien agencées >
dont les mouvements sont gracieux.
E. B— N.
Lanzi, Storia pittorica.
*CALON ( Edme), littérateur et jurisconsull
français, vivait au commencement du dix-se]
tième siècle. Il était avocat au parlement de D
jon. On a de lui : Avis à la France; Dijoi
1610, in-8° (à propos de la triste mort c
Henri IV).
Papillon, Bibl. des auteurs de Bourgogne.
*CALONA (Thomas), théologien italien, c
l'ordre des capucins, né à Palerme en 159Ï
mort dans la même ville en 1644. On a de lui
Sacra aristocratlci principaius idxa, sii
Samuel expositus in libris historialibus Jvi
dicum ; — Coninnentaria moralia super XI
Prophetas minores; Palerme, 1644, in-fol.
Walch, Bibl. theol.
CALONNE {Charles-Alexandre de), célèbii
homme d'État français, naquit à Douai en 1 734
d'une famille distinguée dans la magistrature, <
mourut le 30 octobre 1802. Une grande vivacil
d'esprit, jointe à beaucoup d'ambition, des ma
nières élégantes, le goût du luxe, une moralil
plus que douteuse, une imagination fertile en ir
trigues et en ressources de tout genre, tels sor
les principaux traits du caractère de cet homme
dont le passage au ministère a si gravement com
promis la royauté. Ayant embrassé la carrier
du barreau, il fut d'abord avocat général au cou
seil principal d'Artois, ensuite procureur gêné
rai au parlement de Douay, et ne tarda pas à df
venir maître des requêtes, ce qui lui donna entré'
au conseil. Il débuta d'une manière peu honora
ble dans la carrière de l'administration. Les que
relies entre les parlements et le clergé avaiem
été, en Bretagne, plus vives que partout ailleuri
Les jésuites, soutenus par le gouverneur de cetfc
tï
249 CALONNË
tii(>\ince, le duc d'Aiguillon, avaient conjuré la
K rie du procureur général La Chalotais. Ils l'ac-
Msètent de vouloir détruire les antiques bases
Ir la monarchie pour y substituer la démocratie.
)cs lettres anonymes, injurieuses à la majesté
lii trône, tombèrent entre les mains du roi, qui
hargea La Vrillière de prendre des informations
iir ces lettres. Ce secrétaire d'État, qui était
aront du duc d'Aiguillon , les ayant montrées
oiiime par hasard à Calonne, celui-ci s'écria
ussitôt : « Voici l'écriture de M. de La Chalo-
lis. )> Cette scène, concertée entre eux, eut pour
■sultat l'arrestation de La Chalotais; mais le
tniplot tourna à la confusion de ses auteurs :
très bien des efforts pour réunir les éléments
une accusation positive contre cet estimable
agistrat, on fut obligé de le remettre en liberté,
, Calonne n'y gagna que la réputation d'un au-
icieux intrigant.
m montant sur le trône, Louis XVI avait
(lisi Turgot et Necker pour ministres ; mais les
mtisans, alarmés des projets de réforme que
(■paraient ces deux hommes d'État, les obligè-
J ut, par leurs cabales, à donner leur démission.
is lors tout fut perdu, et la révolution devint
minente. MM. Joly de Fleury et d'Ormesson,
i leur succédèrent , ne purent rétablir l'ordre
fis les finances. Calonne, protégé par le comte
'*•' àrtois et M. de Vergennes, ministre des affaires
'S j'angères, fut nommé, en 1783, au contrôle
«éral. Si les courtisans avaient eu à redou-
la sévère économie de Turgot et de Necker,
n'eurent qu'à se louer de la facile complai-
ace du nouveau contrôleur général. Calonne
s'étudia qu'à plaire à la cour, et il y réussit ,
moins pendant quelquetemps. Il donnait des
payait les dettes du comte d'Artois , pro-
it l'argent à la reine, donnait des pensions
!s gratifications à ses protégés, soldait l'ar-
iré, acquittait toutes les dettes, achetait Saint-
fpud et Rambouillet. Lorsque le roi Tinterro-
fdt sur les ressources du trésor, le ministre lui
itle tableau le plus séduisant de la situation
France. Il ajoutait qu'il avait des plans
îprèts, qu'il mettrait au jour quand il serait
ips, et dont l'effet serait d'effacer jusqu'aux
imdres traces du déficit. Les moyens qu'ém-
it Calonne pour faire face à tant de profu-
étaient simples : il empruntait, anticipait ,
it des édits bursaux, prolongeait les vingtiè-
imposait des sous additionnels avec une fa-
que n'avait jamais montrée aucun de ses
isseurs. Le parlement avait beau faire des
itrances toutes les fois qu'on lui présentait
its; le roi ordonnnait d'enregister, et on
" contraint d'obéir. La détresse du peuple
nt à un point qui ne permit plus de lever
nouveaux impôts ; et quant au crédit, les
•reux emprunts du ministre Savaient épuisé.
s cette situation critique, il ne se laissa point
(ourager, et trouva de l'argent pour maintenir
luxe et ses énormes dépenses. Enfin, en
250
1786, il se prépara à mettre à exécution la
grande mesure qu'il gardait depuis si longtemps
en réserve : il convoqua une assemblée des no-
tables. Son intention était de demander à cette
assemblée l'égale répartition des impôts, l'anéan-
tissement des privilèges d'État, IVibolition des
corvées et de la gabelle. Celte mesure ne satisfit
aucun parti. La nation, éclairée sur ses propres
intérêts, demandait la cx)nvocation des états gé-
néraux ; et quant à la noblesse, outre que Calonne
comptait parmi elle beaucoup d'ennemis qui con-
juraient sa ruiue avec les parlements, elle était
trop prévenue contre ses premières opérations
pour lui accorder les sacrifices qu'il réclamait
d'elle. Ce qui nuisit surtout au projet de Calonne,
ce fut la mort de Vergennes, arrivée quelques
jours avant la convocation des notables. Néan-
moins, il se présenta avec assurance devant l'as-
semblée, dont l'ouverture eut Heu le 2 février
1787. n y prononça un discours non moins bril-
lant qu'habile, dans lequel il fit le tableau le
plus flatteur de l'état de l'industrie et du com-
merce; cependant il fut forcé de convenir d'un
déficit énorme de cent douze millions. Loin d'ac-
cueillir les moyens qu'il proposait pour rétablir
les finances , les notables lui demandèrent des
comptes. Obligé de se défendre, mais fort em- f
barrasse de le faire , Calonne déclare que l'ar-
riéré remontait au ministère de l'abbé Terray ;
qu'il était alors de quarante miUions ; que l'admi-
nistration de Necker l'avait augmenté de quarante
autres, et qu'il n'avait pu lui-même éviter une
surcharge de trente-cinq rnillions. Necker répon-
dit en souteîTâht , comme il f 'avait fait dans son
Compte rendu, que pendant sa gestion les re-
cettes excédaient les dépenses de dix millions.
Dès lors les notables, heureux d'avoir un pré-
texte pour se venger des inquiétudes qu'il leur
avait inspirées sur leurs privilèges, ne gardèrent
plus de mesure contre lui. La cour, voyant bien
qu'il ne pourrait plus fournir à ses prodigalités,
s'unit aux parlements. La reine et le comte d'Ar-
tois, auparavant ses soutiens chaleureux, entraî-
nés par l'archevêque de Toulouse, qui briguait
la place de contrôleur général , l'abandonnèrent
aussi. Néanmoins, Calonne résista encore quel-
que temps. Il réussit même à faire disgracier un
de ses plus grands ennemis, le garde des sceaux
Miromesnil; mais le lendemain même du jour
où il obtint cet avantage, le roi, pressé par les
représentations des notables, envoya M. de Bre-
teuil lui demander sa démission. La haine de ses
ennemis ne s'en tint pas là. Louis XVI fut con-
ti'aint de lui retirer le cordon du Saint-Esprit et
de l'exiler en Lorraine.
Quelque temps après, Calonne passa en An-
gletterre , et engagea de là avec Necker et les
parlements une polémique dans laquelle il mit
beaucoup d'esprit et de grâce ; mais il ne put ja-
mais, malgré tous ses efforts, convaincre per-
sonne de l'intégrité de son administration. Il
épousa à Londres la veuve de M. d'Harveleyj
251
GALONNE — CALPHURNIUS
25!
qui lui apporta en dot une grande fortune. Lors-
qu'en 1789 les états généraux s'assemblèrent,
Calonne se rendit en Flandre dans le dessein de
s'y faire élire ; mais les esprits étaient alors trop
excités pour faire un pareil choix. Le refus qu'il
avait éprouvé l'engagea à écrire contre la ré-
volution. Il devint l'agent du parti de Coblentz,
qu'il servit avec beaucoup d'activité, et auquel il
sacrifia toute sa fortune. Après que les événements
de la guerre eurent ôté aux Bourbons tout espoir
de rentrer en France, il retourna à Londres, où
il composa quelques ouvrages politiques. Calonne,
ayant à se plaindre du parti qu'il avait servi avec
tant de zèle et dont il s'était attiré la défaveur
par la publication de son Tableau de V Europe
en novembre 179.5, sollicita, en 1802,1a permis-
sion de revenir dans sa patrie. Napoléon la lui
accorda. Calonne mourut un mois après son ar-
rivée, laissant la réputation d'un homme de ta-
lent, mais sans conviction et sans caractère.
Naturellement léger, il voyait difficilement le
côté profond des choses ; aussi sembla-t-il se
jouer des graves difficultés contre lesquelles la
royauté eut à lutter avant l'explosion de la révo-
lution. Sa trop grande confiance dans son habi-
leté pour les tours d'adresse lui fit croire qu'il
suffisait de louvoyer pour échapper à tous les
écueils ; mais, ayant voulu ti'omper tout le monde,
il tomba devant le mécontentement général.
Calonne a publié plusieurs mémoires sur les
finances et sur diverses questions politiques, qui
sont écrits avec beaucoup d'élégance, mais dans
lesquels se retrouvent tous les défauts de son ca-
ractère. On a en outre de lui : Correspondance
deNecher et de Calonne; \1%1 , in-4"; — Ré-
ponse de Calonne à l'écrit de Necker ; Londres,
1788, in-4°-, — Note sur le mémoire remis
par Necker au comité de subsistances ; Lon-
dres, 1789 ; — De l'état de la France tel qu'il
peut et tel qu'il doit être; Londres, 1790; —
Observations sur les finances ; Londres, 1790,
in-4° ; — Lettres d'un publiciste de France à
un publiciste de l'Allemagne; 1791 ; — Es-
quisse de Vétat de la France; 1791, in-8°; —
Tableati de l'Europe en novembre 1795 ; Lon-
dres, in-8°; — Des finances publiques delà
France; 1797, in-8"; — Lettres à l'auteur des
Considérations sur les affaires publiques;
1798, in-8''. On lui attribue aussi un Traité de
la police pour V Angleterre ; une Réponse à
Montyon ; et enfin des Remarques sur l'his-
toire de la révolution de Russie par Rulhière.
Moniteur. — Thiers, Hist. de la révolutton française.
— Bûchez et Roux, Hist. parlement. — Le Bas, Dict.
Enc. de la France.
CALONNE ( abbé de ) , frère de l'ancien mi-
nistre, publiciste français , mort en 1822. Lors-
que la première révolution éclata, il travailla à
Londres au journal le Courrier de l'Europe;
pivis il fonda au Canada une colonie dont il fut
le curé. Il séjourna en Angleterre en 1807, et re-
yint au Canada, où il mourut.
Galerie historique des Contemporains.
CALONNE ( Claude - François ) , agronom
français , de la famille des précédents. On a d
lui : Souhaits d'une hexireuse année suivie d
plusieurs autres, adressés à M. de., à Abbevilh
en réponse au nouveau projet d'un canal dan
la Picardie et d'un port à Amiens, qui er.
traîneraient la destruction d'Abbeville et a
Saint-Valenj ; Paris, 1765, in-S"; — Es.%c
d'agriculture en forme d'' entretien stir h
pépinières des arbres étrangers et fruitien
Paris, 1779, in-12.
Quérard, la France littéraire.
*CALOPiiiESE ( Gr^gfoJre ), littérateur italie '
natif probablement de Naples, vivait à la fin
dix-septième siècle. On a de lui^ : Letture soy.
la Concione di Marfisa a Carlo Magno, coi 1
tenuta nel Furioso al canto trentesim' ottai \
fatte da Gregorio Caloprese, nelV Academ
degl' Infuriati di Napoli, nelV anno 169(
nelle quale oltre l'artificio adoperato da
Ariosto in detta concione, etc.; Naples, 16Î
in-4°; — Rime di Giov. délia Casa spostej.
Anr. Severino, con la giunta délie sposizic
di Sert. Arathromani e di Greg. Caloprei
Naples, 1694, in-4° ; — Lettera delV Invenzio
délia f avala rappresentativa , dans Anto!
Bulifoni, Lettere,
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem Gelehrten-Lexit
*CALORi (Raffaello), peintre modenais, 1
rissait de 1452 à 1473. On connaît de lui «
Vierge d'un très- bon style à l'église des Ca]i|
cins de Sassuolo. E. B — n.
Tiraboschi, Notizie degli arteflci Modenesi.
CALOV OU CALOvins {Abraham), théolog
allemand, né à Mohrungen en 1612, mort le
février 1686. Il étudia à Kônigsberg et à R
tock, professa et prêcha dans la première de
deux villes, et mourut à Wittemberg, où il fai
des cours de théologie après avoir rempli
fonctions de recteur à Dantzig. Il fut eng.
dans de nombreuses et violentes controverses
principaux ouvrages sont : Tractatus de 1
thodo dicendi et disputandi ; Rostock, U
in-8°; — Considerationes Arminianismi ;
Biblia lllustrata, où il attaqua les Gonuri
taires de Grotius ; — Des écrits sur les socinidj
Witte, Diarium biograpfiicum.
CALPHURNIUS {Jean), critique italien, i
de Brescia, vivait au commencement du
zième siècle. Il professa à Venise, ensuite à
doue de 1478 à 1502. On a de lui : VHeauh
timorumenos de Térence, avec un commenta
Trévise, 1474, in-fol.; réimprimé plusieurs
avec les commentaires de Donat sur le mi
poète; — une édition d'Ovide; 1474; —
édition de Catulle, Tibulle, Properce et
Sylves deStace; Vicence, 1481, in-fol., i
des poèmes latins de sa façon ; — des Satii
— un Dialogus habitus inter suam et i
mam Lucii Calpurnii Pisonis romani e.
nologici.
Papadopoli, Hist. gymnasii patavini. — Quirtal,>i|
teratura Brixiana,
'SI,
CALPURNIA — CALPtJRNIUS
254
* CALPrnNiA, fille de Calpurnus Beslia, morte
Il l'ail 82 avant J.-C. Femme d'Antistius, elle
- donna la mort, lors du meurtre de son mari
lai ordre du jeune Marius.
^(lleius Pateroiilus, II, 26.
CALPURNIA, femme de César, vivait dans la
nemière moitié du premier siècle avant J.-O.
:llo épousa le dictateur en l'an 59 avant J.-C,
t se môla peu des questions touchant au gou-
01 ncment de la république ; elle supporta même
iscz philosophiquement la faveur dont Cléopâ-
e Alt l'objet de la part de César lorsqu'elle vint
Rome en l'an 46 avant l'ère chrétienne. On
lit combien furent vives les appréhensions de
al]iurnia et les songes effrayants qui la firent
nplier César de ne pas sortir aux ides de mars
' l'an 44 avant J.-C.
Appien, Guerre'Civ., II, IIS. — Dion Cassius, XUV, 17.
VcUeius Paterculus, II, 57. — Suétone, César, 81. —
Liiarqiie, César.
tALPURNiA, femme de Pline le Jeime, vivait
1 premier siècle. Pline le Jeune , son mari , a
présenté l'espritdélicat et l'ingénieuse tendresse
' cette femme : elle cultive les lettres pour lui
aire; elle apprend par cœur ses ouvrages;
I le est toujours la première informée des ap-
audissements que lui valent ses plaidoyers;
le chante ses vers en s'accompagnant de sa lyre,
lorsqu'il fait une lecture publique elle se ca-
le derrière un rideau pour l'entendre. [JSnc.
?s g. du m.]
Pline le Jeune, Fragments.
CALPCRNiiTS FLAMMA, guerrier romain,
I vait au cinquième siècle avant J.-C. Pendant
première guerre punique, il sauva par son
jvofuement et avec 300 hommes seulement le
«insul Atilius et son armée enveloppés par
larraée carthaginoise dans le pays inconnu ofi
î> se trouvaient engagés par l'imprudence du
||>nsul. Caipurnius s'élança sur une hauteur oîi
knnemi se trouvait campé, et donna ainsi le
limps à Atilius de sortir du défilé. Lui-même
lit trouvé parmi les morts, mais donnant en-
we signe de vie. Des soins venus à temps le
liuvèrent, et il put encore combattre pour son
lîys. M. Caton attribue ce fait d'héroïsme à un
. Cœdicius.
Icaton dans Aula -Celle, III, 7. — Sénèque, Epist., 82.
j T. Live, XVII, XXII. — Pline, Hist. nat., XXII 6. - Au-
I liiis Victor, De P'iris itlust.
CALPURNius FLACCUS,rhéteur latin, adonné
)ii nom à un de ces recueils de Déclamations
1 d'exercices de rhétorique qui devaient être
rt nombreux dans l'antiquité latine et dont les
irincipaux nous sont parvenus sous le nom de
i5nèque le père et de Quintilien. On croit, d'a-
l'ès quelques textes du Digeste, que ce Calpur-
us vivait sous Adrien et sous Antonin le Pieux ;
i ais cette conjecture est loin d'être certaine.
: m recueil ( Calpurnii Flacci excerptse de-
")ii rhetorum minonim declamationes), pu-
|ié en 1580 par Pierre Pithou, contient beau-
>up de matières de discours sur des événements
compliqués et romanesques , sur des fils déshé-
rités , sur des rapts, des adultères, des empoi-
sonnements , des parricides , des tyrannicides ;
quelques sujets même sont absolument sem-
blables, comme celui de la déclamation désignée
dans les écoles romaines par le titre de Miles
Marianns, cependant les exemples de déve-
loppements déjà moins heureusement choisis et
plus timides, les phrases moins originales et
moins vives. Il y a surtout une observation im-
portante à faire : on s'étonne , en parcourant les
51 déclamations de Caipurnius, combien le cer-
cle de ces fictions oratoires se restreint. Sénèque
le rhéteur, qui vivait sous Auguste et sous Ti-
bère , mais qui se souvenait des temps de liberté,
puisqu'il aurait pu, dit-il, voir Cicéron si les
guerres civiles ne l'avaient point retenu dans
Cordoue, sa patrie, osait encore proposer à ses
élèves des délibérations politiques qui rappelaient
même quelquefois les dernières révolutions de
Rome. Dans les déclamations attribuées à Quin-
tilin il n'y a déjà plus de ces questions qui au-
raient trop agité les esprits : l'empereur Domi-
tien, sous les auspices duquel il professa, ne les
aurait point permises , ou du moins la prudence
des rhéteurs leur|interdisait alors de tels dangers;
mais Quintilien avait trop de goût pour exclure
entièrement de son étole les sujets historiques
les plus convenables , les plus vrais , et, s'il ne
touche pas à l'histoire nationale, il ne croit pas
qu'il lui soit défendu de faire parler Iphicrate ou
Démosthène. Dans Caipurnius le genre délibé-
ratif a tout à fait disparu : vous n'y trouverez
plus que des controverses ou discours judi-
ciaires ; le style s'altère et s'affaiblit comme la
pensée, comme tout le reste. Les fragments con-
servés par Sénèque ont souvent une énergie, une
verve qui semblent nous dire qu'on n'était pas
encore loin des temps où le forum et le sénat
luttaient avec l'arme de la parole. Les discours
sortis de l'école de Quintilien , qu'il faut distin-
guer de quelques autres plus modernes joints
au même recueil , continuent d'offrir dans plu-
sieurs pages une étude savante du style oratoire.
Ici , au contraire , la puérilité des sujets enti'atne
l'élocution dans les plus étranges défauts; le
rhéteur, condamné à une fastidieuse uniformité
d'idées, et d'idées mesquines ou bizarres, essaie
de les varier par des expressions fausses , qu'il
croit piquantes et neuves. Rien de clair, de franc,
de simple ; la délicatesse perpétuelle de la phrase
dégénère en finesse et en subtilité. [M. Victor
Leclerc, dans VEnc. des g. du m.]
Schœll, Hist. abrég. de la litt. rotn. — Fabricîas ,
Bibl. grecque.
cALPîTRivitrs (Titus), çoëte bucolique latin,né
en Sicile, paraît avoir écrit vers la fin du troisième
siècle. Presque tout est conjectural et dans ce
que l'on raconte de sa vie et même dans le nom-
bre et le titre de ses ouvrages. Ceux qui ont
prétendu écrire la vie de Caipurnius , nommé
aussi par quelques-uns Titîis Julius ou Junitis,
m
255 CALPURNIUS
ont supposé qu'il s'est désigné dans ses églogues ,
comme Virgile dans les siennes, sous le nom pas-
toral de Tityre et de Coridon; ils ont donc re-
trouvé son histoire dans celle de Corydon et de
Tityre. Le poète parle d'un protecteur qu'il avait
à Rome, et qui dans sa détresse, au moment où
il allait partir pour chercher fortune en Espagne,
lui attira la faveur des princes. On a cru, dans
ce protecteur, reconnaître Némésien, le poëte de
Carthage , contemporain et rival de Calpurnius.
D'autres y ont vu de préférence Junius Tibéria-
nus , ce préfet de Rome qui fut aussi l'ami de
l'historien Vopiscus, autre Sicilien. Les critiques,
Wernsdorff surtout, ont rempli de nombreuses
pages de ces discussions épineuses. Il y a cer-
tainement des questions, et même des questions
plus graves , où il faut que l'érudition se résigne
à chercher toujours la vérité. Mais ce n'est pas
une raison pour retrancher tout à fait Calpur-
nius de l'histoire littéraire et pour lui substituer
un certain Serranus, poëte contemporain de Né-
ron et dont Ju vénal a parlé {Sat. VII, 80 ) ; pa-
radoxe d'un savant allemand (Sarpe, Quscst.
philolog., Rostock, 1819), qui a moins réussi
que tant d'autres paradoxes.
Les églogues même qui portent le nom de Cal-
purnius ont donné lieu à d'autres incertitudes.
En avait-il composé sept ou onze? faut-il, comme
Ange Ugoletti , en réserver quatre à Némésien ,
qui ne passait jusqu'alors que pour l'auteur des
Cynégétiques ? ou bien n'est-il pas vraisembla-
ble que la neuvième, Donace , faible essai d'un
plagiaire, n'est en effet ni de l'un ni de l'autre,
et qu'il y avait dix églogues de Calpnrnius»comme
ily en a dix de Virgile. Nous avouons que nous
pencherions assez pour cette opinion ; car, outre
les preuves de goût, nous voyons que, dans les
temps de décadence, on recherche fort cette res-
semblance matérielle, et que Symmaque et Sidoine
ApoUinaire, par exemple, ont absolument calqué
leur recueil de Lettres sur celui de Pline le Jeune.
Calpurnius a dû faire dix églogues comme Virgile.
Ces églogues enfin, quels que puissent être soi i
l'auteur ou les auteurs qu'on leur assigne , soit
leurs différents titres, dont plusieurs sans doute,
JDelos, Templum, Epïphunus, furent altérés
par les copistes , ont-elles une véritable valeur
littéraire? Oui, si l'on compare avec les écrivains
du même temps , avec les misérables auteurs de
V Histoire Auguste, ou avec les vers qu'ils ad-
mirent , non les adulations banales ou les des-
criptions ampoulées du poëte qui se laisse trop
aisément distraire de ses champs et de sa libre
indépendance , mais la onzième églogue, Eros ,
dont le tour symétrique est assez élégant, et que
l'on a regardée comme la quatrième de Némé-
sien ; la huitième ou l'éloge funèbre du vieux Mé-
libée, que l'on croit être Tibérianus, le préfet de
Rome; la dixième, ou l'hymne en l'honneur de
Bacchus; la troisième, où, parmi trop de preuves
de grossièreté et de mauvais style , l'amour fait
entendre quelques plaintes vives et touchantes.
— CALVART
2.56
Un des principaux avantages de ces pasto-
rales , qui ne méritaient cependant pas d'être
proposées pour modèles aux étudiants, comme
on le faisait encore au quatorzième siècle, c'est
de fournir à l'histoire des arts et des mœurs plu-
sieurs détails instructifs. On y trouve quelques
tableaux poétiques, empruntés de bas-reliefs ou
de pierres gravées que nous possédons encore.
Des allusions, ou même des témoignages assez peu
douteux sur l'empereur Carus et ses deux fils ne
seront pas inutiles à ceux qui voudront connaîtrf
le siècle de Dioclétien. La septième églogue, oî:
un berger revenu de Rome fait à un autre bergci
la description des jeux donnés en 284 par l'em-
pereur Carin dans l'amphithéâtre de Titus, nous
en apprend plus sur ce point d'antiquités qu<
bien des interprètes et des critiques ; la magni
ficence gigantesque de ces spectacles, les animauj
les plus rares des contrées les plus lointaines
la multitude protégée contre les bêtes féroce:
par des colonnes d'ivoire et par des lacs de fi
d'or ; les sangliers, les tigres , les élans, les bi
sons égorgés dans l'arène , et une forêt d'arbre
d'or s'éievant quelquefois pour servir dethéàtr
a ces chasses ; toutes ces incroyables folies revi
vent dans le récit d'un témoin oculaire. Gibbon
pour cette partie de son grand ouvrage, s'est ser\
du poëte comme d'un historien. Voilà le vérita
ble prix de ce recueil ; voilà ce qu'il faut y chei
cher bien plus que des exemples du genre pas
toral ou des modèles de goût et de style. N'a .
Ions pas, sous l'empire des deux fils de Carus
demander à un imitateur tardif de l'ancienn
poésie les inspirations de la muse de Sicile , o
même du berger de Mantoue. Poëte sicilien, Ca
purnius aurait droit, par sa patrie, au surnoi
de Théocrite latin, si un autre ne l'avait mérii
par son génie; ou, pour mieux dire, malgré l'ac
miration quelquefois maligne deFontenelie, onr
peut, ni pour le choix des pensées et des image
ni pour l'élégance de l'expression, admettre ai
cun parallèle entre Virgile et Calpurnius. [M. Vi
TOR Leclerc, dans VEnc. des g. du m.].
Smith, Dict. of Greek and Hom. Biography .
* CALPURNIUS, guerrier romain, vivait <
l'an 14 de l'ère chrétienne. Porte-drapeau de
première légion de Germanie, il contint les s(
dats révoltés, lors de l'arrivée de Munatius Pla
eus, envoyé par le sénat et qui eût été massac
sans l'intervention de Calpurnius.
Tacite, Annales, 1, 38.
*CALUNDANUS {Jean Petraei), philolog
danois, né en 1605, mort à Roesvield le 5 av
1671. Il était directeur de l'école latine de cel
ville. On a de lui : Descriptio vitx et mon
Nie. Kaasii; 1637; — Organici collegii di
putationcs quinque ; — des grammaires gre
ques et latines.
Bartholin, De script. Danor., p. 68. — Moller, Ciinbi
litterata, p. 263.
CALVART (Bénis ), peintre flamand, le ma!
du Guide, de l'Albane et du Dominiquin, naq
257
CALVART — CALVENZANUS
258
à Anvers en 1555, et mourut à Bologne en 1619.
II est moins connu par le mérite de ses propres
ouvrages que par la célébrité de ses élèves.
Comme il avait reçu dans sa ville natale les pre-
miers éléments de la peinture, c'est parmi les
maîtres de l'École flamande que le classent géné-
ralement les nomenclateurs; et l'Italie, qui fut
sa patrie adoptive, l'Italie où il passa la plus
grande partie de son existence, où il fonda ime
école et laissa presque tous ses ouvrages, lui a
conservé le nom de Denis le Flamand. Cepen-
dant, quand il abandonna Anvers pour aller à
Bologne étudier le genre de l'histoire, il était fort
jeune encore, et ses études pratiques s'étaient
bornées à celles du paysage, dont il était bien
loin de posséder toutes les ressources, et qu'il ne
savait pas accompagner de figures. Mais il paraît
qu'il avait apporté de la Flandre ce sentiment de
couleur qu'il chercha plus tard à inspirer à ses
élèves, et qui le fit regarder comme l'un des res-
taurateurs de l'école bolonaise depuis quelque
temps dégénérée sous ce rapport. Quand d'An-
vers il vint à Bologne, l'atelier qui le reçut fut
celui de Prosper Fontana , peintre habile et qui
compta aussi parmi ses élèves Loius , l'aîné des
Darraches. Alors son ardeur pour l'étude ne con-
lut plus de relâche ; et quand la copie des pein-
ItTires du Corrége, du Parmesan et du Tibaldi eût
fécondé son talent, il se rendit à Rome pour se
i)erfectionner, devint l'élève et l'auxiliaire de Lau-
■ent Sabbatini, que le papeemployait aux travaux
lu Vatican, et ne se lassa point d'admirer les
Conceptions de Raphaël.
\ Ses études terminées, il revint à Bologne où
I ouvrit une école de laquelle sont sortis 137
naîtres dont nous avons nommé plus haut les
rois plus illustres. Lanzi rapporte qu'il instrui-
ait ses élèves avec patience. On sait cependant
luil maltraita violemment le Dominiquin, pour
avoir surpris un jour à copier l'un des dessins
bscènes d'Augustin Carrache. Par suite de cette
cène, Zarapieri le quitta et se mit sous la direc-
ion des trois Carraches ; ainsi firent également
|t le Guide et l'Albane. Le premier avait acquis
|lors dans l'école de Calvart une telle habileté,
|u'il faisait des copies des tableaux de ce maître,
lue Calvart, après de fort légères retouches, n'a-
lait nulle peine à faire passer pour des œuvres
je sa propre main.
i Calvart avait fait une étude particulière de l'a-
itomie et des perspectives linéaire et aérienne;
uchitecture l'avait également occupé, et dans
s ouvrages, qu'on ne retrouve guère qu'à Bo-
[gae, on voit qu'il. a su tirer un bon parti denses
pnnaissances variées. Presque toutes ses com-
|i)sitions sont empruntées aux livres saints. On
i de lui de nombreux tableaux sur cuiwe de
tite dimension, sujets du Vieux Testament et
. stinés à la décoration des oratoires de couvents.
s meilleurs ouvrages sont un Saint-Michel et
À Purgatoire conservés encore dans deux
lises de Bologne pour lesquelles il les a peints.
WOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
S'il a été vaincu dans son art par ses meilleurs
élèves; si on lui a reproché parfois, à juste titre,
de la manière et de l'affectation, il n'en doit pas
moins compter parmi les artistes les plus distin-
gués de son époque. La grâce animait générale-
ment ses figures; son pinceau était suave et
moelleux, sa couleur pleine d'harmonie etdedou-
ceur; et l'on a observé avec raison que peut-être
il ne fut pas un émule inutile pour les succès de
Louis Carrache.
Calvart mourut à Bologne en 1619. "Wierx a
gravé d'après lui le Mariage de sainte Cathe-
rine, et noml)re d'autres ouvrages de ce maître
ont été reproduits à l'eau-forte par Augustia Car-
rache et par Sadeler. [M. Fbuuxet de Congres
dans YEncy. des g. du m. ]
Lanzl, Storia Pitt,— PlUcinglon, \Dietionary of Poin-
ters. — Nagler, Neues Allgem. liûnst.-Lexic.
CALVEL (Etienne), agronome français, mort
vers 1830. Il publia d'abord un roman; puis se
livra à des travaux relatifs à l'agriculture. En
1804, il présenta au pape Pie VU ses principaux
ouvrages sur cette matière. On a de Calvel :
Belise, ou les Deux Cousines; Paris, 1759,
2 vol. in-12; — l'Encyclopédie littéraire, oit
Dictionnaire d''éloquence et de poésie ; Paris,
1777, 3 vol. in-8''; — V Éloge de Gui du
Faux de Pibrac; Paris, 1778, in-8°; — Dis-
cours à Voccasion du prix de vertu que l'ad-
ministration de Toulouse fait distribuer cha-
que année aux pauvres industrieux et les
plus sages; Toulouse, 1787, in-8°; — Des
arbres à jruit pyramidaux, vulgairement
appelés quenouilles, ou la Manière d'élever
sous cette forme tous les arbres à fruit ; Pa-
ris, 1803, et Paris, 1804, avec un catalogue d'ar-
bres ; — Considération sur le glanage; Paris,
1804, in-8°; — Manuel pratique des planta-
tions; Paris, 1804, in-12, et 1824, in-12; —
Notice historique sur la pépinière nationale
des Chartreux au Luxembourg ; Paiis, 1804,
in-12; — Du Melon et de sa culture sotis
châssis, sur couche et en pleine terre; Paris,
1805, in-12, et 3' édition, 1828, in-12; — Mé-
moire sur l'orme, sur sa diminution et sur les
moyens d'y remédier; 1807, in-8°; — Mémoire
sur l'ajonc ou genêt épineux; Paris, 1808;
— De la betterave et de sa culture; Paris,
1808, in-12; 1811, in-8»; — Principes prati-
ques sur la plantation et la culture du chas-
selas et autres vignes précoces; Paris, 1811;
— Recherches et Expériences sur l'éducation
et la culture du mûrier blanc; Paris, 1812,
in-8° ; — Réponse à la lettre de M. Bosc in-
sérée dans le Moniteur du 25 décembre ; 1812 ;
Paris, 1813, in-S". ;;
Quérard, ;/«,Fra7icc littéraire. — Galerie hist. des
Contempor.
* cALVENZAJîrs (Jean Antoine), écrivain
ascétique suisse, mort en 1630 à Besaccio dans
le bailliage de Lavis. Il était curé catholique de
plusieurs communes des ligues grisonnes, d'abord
à Inverunum, et ensuite à Besaccio ( Besatum,
9
259
GALVENZANUS — CALVI
260
en latin ), où il mourut de la peste. C'est sous
l'administration du cardinal Frédéric Borromée
qu'il montra le plus grand zèle à ramener dans
le sein de l'Église catholique les communes schis-
matiques de la Suisse et des Grisons limitrophes
du diocèse de Milan. Il s'est servi de l'idiome
roman pour la rédaction de ses écrits. On
a de lui : Curt mossament et introvidament
de guellas causas, las qualas scadin ftdevel
Christian è culpant da saver, soventer che
mossa la Santa-Baselga eatholica romana ;
Milan, 1611, in-8" ; — Bref apologetica enten
la quai Vauctur renda la raschun perçhei ha-
vend bandunau la doctrina di Calvin, haigi
ratscherd la credientscha eatholica; Milan,
1 6 1 2, in- 1 2; — Biffer en ts écrits ascétiques , etc.
Argellati, Bibl. Mediol.
CALVERT (^Jacques), théologien anglais,
mort en 1698. Il fut élevé à Cambridge. De là
il vint à Topeliff, où, après quelques années de
résidence, il fut atteint par l'acte d'uniformité.
11 rentra alors dans la vie privée, et alla demeurer
successivement à York , à Hull et dans le Nor-
thumberland. On a de lui : Naphthali, seu Col-
luctatto theologica de reditu decem J'ribuum ;
Londres, 1672, in-4''.
Lemprière, Univ. Biog. — Rose, Neues Biographie
Dictionary.
* CALVERT (/eon), biographe anglais, vivait
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
On a de lui : Life of the cardinal Ma^arini;
London, 1670, 2 vol. in-12.
Adelung, suppl. à locher, ^Ugem. Gelehrten Lexicon.
CALVERT (George). Voy. Baltimore.
* CALVETON ( Urbain ) , médecin et traduc-
teur genevois, vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle. Il avait étudié aussi la théologie
à Genève sous Théodore de Bèze. On a de lui :
Novse novi orbis historiée, i. e. rerum ab
Hispanis in India occidentali hactenus gesta-
rum, libri III, ex Italicis Hier. Benzonis
latini facti, ac perpetuis notis illustrati;
Genève, 1578, in-8"; 1581 et 1586, in-S" ; l^yon,
1600, in-S".
Atlelund, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
* CALVI ( Gian Donato) , architecte crémo-
nais, travaillait à la fin du quinzième siècle, fin
1496, il commença à Sainte-Agathe, le palais Trec-
chi rendu célèbre par le séjour qu'y firent l'empe-
reur Charles-Quint, et plus tard Henri lïl, roi de
Fi'ance. Calvi n'eut pas le courage d'abandonner
entièrement le style gothique, mais il sut le mo-
difier avec goût, et surtout approprier les dis-
tributions intérieures aux usages de son temps.
Ticozzi, Dizionario.
CALVI ( Agostino) , peintre génois, vivait en
1528. Cet artiste ne manquait pas détalent, et
futl'un des premiers à Gênes qui remplacèrent les
fonds dorés par des fonds coloriés. 11 est le chef
de la nombreuse famille de peintres du nom de
Calvi , ayant été père de Lazzaro et de Panta-
leone. E. B— n,
Sopraal, Fite d^' pittori Genovesi.
CALVI (Donat), biographe italien, de l'ordre
des Augustins, né à Bergame, vivait dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle. Il était vi-
caire général de son ordre pour la Lombavdie.
mais il s'occupait surtout de travaux biographi-
ques. On a de lui : Scena letteraria degl,
scrittori Bergamaschi; Bergame, 1664, 2 vol
in-4°. Le l^"" vol. comprend les vies de 30{
savants de Bergame, avec 63 portraits ; le seconi
celles de 37 savants de l'Académie de^Zi Excitati
avec 7 portraits. Calvi y a en outre ajouté soi
autobiographie et la liste raisonnée de tous se
ouvrages.
Dav. Clément, Biblioth. curieuse,t. II. p. 63. — iMôli
sen, Bildnisse der Aerzte, 1. 11, p. 177.
* CALVI (i?'iaTOi«io) , littérateur italien, v
vait vers le milieu du dix-septième siècle. On
At\\À: Ilconquisto di Granata, poema heroit
di Girol. Qratiano, con gli argomentidi Flan
Calvi; Modène, 1650, în-4°.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexico:
* CALVI (Jacopo Alessandro), peùitre, né
Bologne en 1740, vivait en 1782. Élève de Gii
seppe Varotti, et de Pietro Zanotti, il se livi
avec un égal succès à la peinture et à la poési
Il a beaucoup ti'availlé à Bologne , et on trou"
aussi plusieurs de ses ouvrages à Sienne.
E. B— N.
Malvasia, Pitture di Bologna, — fiomagnoll, Cenni
Siena.
CALVI {Jean), médecin italien, né à Crém
ne, vivait vers le milieu du dix-huitième siècl
Après avoir exercé la médecine à l'hôpital
Sainte-Marie-la-Neuve, à Florence, il devint mei
bre de l'académie de cette ville, et passa ensuifa
Milan, où il fut médecin salarié de la ville. Enfin
1763 il obtint une chaire de médecine à l'univt
site de Pise, où il semble avoir terminé sa ci
rière. On a de lui: De hodierna etrusca clin,
commentarius ;¥\orence, 1748 : mémoire estim
dont l'auteur avait promis la suite sur l'état
la médecine en Toscane ; — Lettera sopra t
so medieo interno delmercurio sublimato ci
rosivo, e sopra ilmorbovenereo; Crémone, 17(
in-8'' : letti'e adressée à Martin Ghisi , médei
de Crémone, pour recommander le sublimé c(
rosif; — Discorso délia morte di Socrai
Pise, 1763, in-S"; — De medicamentis prono
comiorum levantine moderandis ; Pise, 17i
in-8° : l'auteur cherche à prouver que plus de
gime dans les hôpitaux et moins de drogues v.»
drait mieux pour les malades ainsi que pour!'
ministration des hôpitaux.
Cairère, Bibl. de la Méd. — Éloy, Dict.de^ la Méé
Adelung, suppl. à Jocber, Allgem. Gelehrten- Lexitfi
* CALVI (Jean-Baptiste), théologien 1
italien , né à Milan, vivait dans la seconde moi
du dix-huitième siècle. On a de lui: Vert'
Romanse Ecclesiee quam brcvissime demoi
trata Catholicis in conspectu religionis Pi
testojntium ; Milsa, 1758, in-8°.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexiu
* CALVI (Jules), dit le Coronaro, peu»
261 CALVI —
crémonais, mort en 1596. Il fut élève du Ma-
losso , et laissa à Crémone et à Soncino des ta-
bleaux qui ne sont pas sans mérite.
. E. B— N.
Zalst, Notiiie de' Pittori Cremonesi.
c^Lvi (Jjtt^zaro), peintre génois, né en
1502, mort en 1007. Il était filsd'AgostinoCalvi,
dont il reçut les premières leçons ; il avait vingt-
six ans, quand Pierino de! Vaga étant venu à
Gènes, il s'attacha à lui, et fit à son école de
rapides progrès. Ou dit que Lazzaro dut ses pre-
miers succès à des compositions dont Pierino
lui avait fourni les cartons. Pendant sa longue
carrière, et avec l'aide de son frère Pantaleone,
Calvi exécuta de nombreux travaux dans sa pa-
trie, ainsi qu'à Naples et à Monaco, où il fut ap-
pelé. Quelques-uns de ces ouvrages sont d'une
beauté remarquable ; on cite surtout à Gênes la
façade du palais Spinola, où sont représentés des
prisonniers dans diverses attitudes, et la conti-
nence deScipion au palais Pallavicini. Envieux,
laloux, enflé de son mérite, Lazzaro, croyant en-
trevoir un rival redoutable dans le jeune Gia-
;onioBargone, lui versa un breuvage empoisonné
ijui lui fit perdre à jamais la raison. Il s'entou-
•ait d'un cortège de créatures gagées qui éle-
raient ses ouvrages jusqu'aux nues en dépréciant
jes rivaux. Ses intrigues n'ayant pu empêcher le
'grince Doria de lui préférer Luca Cambiaso
pour un travail important à Saint-Mathias, Calvi
en conçut un tel dépit qu'il resta vingt ans sans
toucher à sa palette, ne s'occupant plus que
d'escrime et de marine. Lorsqu'il reprit ses pin-
iceaux, il ne cessa plus de travailler jusqu'à l'âge
^c quatre-vingt-cinq ans, vers lequel il peignit la
coupole de Samte-Catherine, ouvrage froid, pé-
iniblement exécuté , et qui se ressent de la vieU-
Hesse de l'auteur. Il vécut jusqu'à l'âge de cent
'cinq ans. E. B — n.
; Soprani, f^ite de' Pittori Genovesi. — Lanzi, Storia
vW,oricu. — Orlantli, Abbecedario.
* CALVI OU DE CALViS ( Louis ), jurisconsulte
Set antiquaire italien , né à Bologne , vivait dans
ila seconde moitié du dix septième siècle. On a
Ide lui : Resolutio legalis labyrinthi moneta-
rum, pondenim et aliorum antiquorum; Bo-
logne, 1683, in-12.
t Cinelli, Bibl. volgar.
* CALVI {Maximilien), poète espagnol, mais
d'origine italienne, vivait dans la seconde moitié
du seizième siècle. On a de lui : Tractado de
la hermosiira y del amor ; Milan, 1576, in-fol.
Catal. Bibl. impér. de Paris.
^ CALVI ( Pantaleone ) , peintre génois , mort
jen 1595. Il fut élève de Piermo del Vaga , et
[frère de Lazzaro Calvi qu'il aida dans la pla-
l^part de ses travaux. Il laissa quatre fils, Marc-
[Antonio, Benedetto et Felice, qui fur^it peintres
[médiocres , et Aurelio, qui se livra avec quelque
i succès à la culture de la poésie. E. B — n.
Sopraui, yne de" Piitori Genovesi.
CALVI {Philipp&Simon), poète frajiçais, né *
CALVIN
262
à Sémur-en-Auxoi». On a de lui : VÉducation,
poëme en quatre discours; 1757, in-8" (attri-
bué à tort au chevalier Cogolin par la France
littéraire de 1769).
Quérard, la France littéraire.
CMjXmRE {Charles-François, marquis de),
littérateur français , né à Avignon , le 22 avril
1693, mort à Ve?enobre le 16 novembre 1777.
Il entra dans la carrière mUitaire, et parvint au
grade de lieutenant général ; il se retira en 1755,
après quarante-quatre ans de service, dans son
château de Vezenobre, près d'AlaiS, où il mou-
rut en 1777. Il avait été reçu, en 1747, membre
honoraire de l'Académie royale de peinture, Il
a laissé en manuscrits plusieurs mémoires sur
les antiquités d'Arles, de Nhnes et d'Orange.
On a publié de lui, après sa mort, un Recueil de
fables diverses ; 1792, in-18.
Le Bas, Dict, encycl. de la France.
C4LVi]voucAuviN(/eaw),run des fondateurs
du protestantisme, né à Noyon près de Paris, le
10 juillet 1509, mort à Genève le 27 mai 1564. Son
père Gérard Cauvin, notaire apostolique, procu-
reur fiscal du comté, scribe ep cour d'Église, et
promoteur du chapitre, fut assez riche pour faire
donner à son fils une brillante éducation. Celui-
ci, déjà pourvu à l'âge de douze ans d'un béné-
fice dans la cathédrale de Noyon , fut nommé
en 1525 curé de Marteville , et deux ans après,
par permutation, de Pont-l'Évêque , pendant qu'il
achevait à Paris, au collège de la Marche , puis
au collège Montaigu des études commencées dans
sa ville natale. Ces faveurs ne l'attachèrent pas
à l'église romaine. Le souffle de la réforme pé-
nétrait en France et s'insinuait surtout dans les
classes lettrées. Robert Olivetan, parent de Cal-
vin, lui fit lire la Bible, et lui montra des contra-
dictions entre les saintes écritures et la théologie
telle qu'on l'enseignait dans les collèges. Renon-
çant à une science incertaine, Calvin alla étudier
le droit à Orléans sous Pierre l'Étoile, puis à
Bourges sous Alciat. Ce fut dans cette dernière
ville qu'il connut Melchior Wolmar, meilleur
helléniste que catholique, qui lui enseigna le
grec, et le fortifia dans ses idées de réforme. Le
jeune étudiant montrait déjà cette intelligence
qui saisit promptement ce qui est à sa por-
tée, cette vigueur de volonté qui s'approprie
si fortement les connaissances acquises qu'elles
semblent moins une conquête récente qu'une fa-
culté innée, et il complétait souvent devant ses
condisciples les leçons qu'ils venaient d'entendi'e.
Élève, il avait l'autorité d'un maître.
En quittant l'école de droit , Calvin se rendit
à Paris, et pubUa un commentaire sur le traité
de la Clémence de Sénèque ( L. Annasi Se-
necse , senatoris ac philosophi clarissimi, Li-
bri duo de clementia ad Neromem Cœsarem,
Johannis Calvini Noviodunaei commentariis
illustrati; Paris, 1532, in-4''). Le jeune érudit
n'avait pas été conduit par le hasard seul vers
le livre du philosophe païen. Les conseils adres^
9.
â6â CAI
ses par Sénèque à Néron étaient un appel indi-
rect à la clémence de François l^' en faveur des
protestants.
Maintenant Calvin se croyait assez fort pour
aborder les difficultés de la théologie catholique,
et il s'engagea résolument dans une série de
controverses. S'établissant au collège de Fortet,
à portée de la Sorbonne, il composa ou du
moins inspira le discours prononcé le jour de la
Toussaint 1533, par son ami Michel Cop, reeteiir
de l'université de Paris. Pour la première fois
les idées luthériennes se produisaient sur les
bancs de la Sorbonne. Le scandale fut grand. Ni-
colas Cop et son ami furent obligés de prendre
la fuite. Heureusement Marguerite de Valois s'in-
terposa : elle fit cesser les poursuites à Paris, et
offrit aux exilés un asile à sa cour de Nérac.
Calvin profita de son voyage pour répandre
les idées de la réforme. Il se retira d'abord en
Saintonge auprès de Louis du Tillet, chanoine
d'Angoulôme et curé de Claix. D méditait déjà
son Institution chrétienne, et se préparait à
l'apologie de la réforme, en composant des exhor-
tations chrétiennes, qu'on lisait au prône. Un
court voyage qu'il fit à Paris n'offre qu'un seul
incident remarquable. Le jeune réformateur avait
pris rendez-vous avec un médecin espagnol,
philosophe hardi, pour une joute théologique.
Ce médecin, qui s'appelait Servet, fit défaut, et
le duel ne s'engagea que dix-neuf ans plus tard
à Genève.
Calvin, ne trouvant pas de sûreté en France ,
(juitta sa patrie après avoir publié sa Psycho-
pannychie contre l'opinion de certains anabap-
tistes, qui prétendaient que les âmes des morts
dorment jusqu'au jugement dernier {Psycho-
pannychia , qua refellitur eorum error qui
animas post mortem usque ad ultimum ju-
dicium dormire putant ; Paris, 1534). Calvin
se rendit à Bàle , s'y lia étroitement avec Capi-
ton et Gryneus, apprit l'hébreu et publia son
Institution chrétienne en 1535. On a contesté
cette date. Le plus ancien exemplaire connu de
V Institution chrétienne se trouve à la biblio-
thèque de Genève ; les 42 premières pages man-
quent, et il est daté de 1536, avec le titre ;
Christianas religionis Institutio, totam fere
pietatis summam, et quidquid est in doc-
trina salutis cognitu necessarium complec-
tens, omnibus pietatis studiosis, lectu di-
gnissimumopus, ac recens editum ; prœfatio
ad christianissimum regem Francix ,qua hic
ei liber pro con/essione fidei offertus Johanne
Calvino , autore ; Basilese, 1536, vx-^" , per
Thomam Plattnerum. Il est fort douteux que
cet exemplaire appartienne à la première édition;
i'Épître dédicatoire à François P'' est datée du
t^' août 1535. Ce n'était que la première ébauche
en latin de l'ouvrage tel que nous' le possédons
aujourd'hui. Amélioré, complété dans les éditions
successives de Strasbourg 1539, 1543, 1544,
jn-fol., de, Genève, 1 550 in-fol., traduit en français
,VIN
264
par l'auteur lui-même en 1541, il reçut sa forme :
définitive tant pour le texte latin que pour latra- '
duction française, en 1558. ^Institution chré-
tienne fut alors donnée en 4 livres, formant 80
chapitres. Le premier livre traite de la connais-
sance de Dieu et de celle de l'homme; le second,
du Christ considéré comme rédempteurdu genre
humain; le troisième, des moyens d'acquérir [
grâce du Christ et des fruits qu'elle produit ; le
quatrième , des institutions que Dieu a établies
pour mettre l'homme en société avec le Christ
et l'y retenir. L'ouvrage commence par iiiif
préface en forme de dédicace à François T' ;
c'est un éloquent ploidoyer en faveur des réfor^
mes.
Comme toutes les doctrines nouvelles, la ré-
forme avait porté en naissant le trouble dans 1(
monde ; les puissances temporelles et spirituelles
furent ébranlées jusque dans les fondements, e
la discorde établit partout son règne. Les adhé
rents demandèrent un livre qui fût une professioi
de foi et un formulaire, une apologie et une dis
cipline. C'est ce que fit Calvin. François P"", qu
persécutait alors les protestants en France, recher
chait l'alliance des princes luthériens d'Allemagne
Pour se justifier de ses rigueurs , il déclarait n^
poursuivre que des perturbateurs dans le geni i
des anabaptistes. C'est contre cette conduite qm i
réclame Calvin. Par un moyen oratoire plein d'ha j
bileté et de force , il s'empare des assertions à> \
François F', pour prouver « que ce prince n'es
contraire aux protestants que parce qu'il ignoi
la vérité. Cette vérité, il va la lui faire con
naître, en lui exposant les principes de la rc
forme. »
Le protestantisme n'est ni une phUosophie, n I
une religion, c'est, dans la pensée des réforma
leurs, un retour au christianisme, c'est-à-dire
la parole de Dieu consignée dans la Bible. « C'est |
disaient-ils, à cette parole obscurcie d'abord pa
les commentaires des Pères de l'Église, puis pa
les papes et les docteurs de l'Église catholique qii'i
faut revenir, en écartant les intermédiaires lui
mains qui s'interposent entre Dieu et l'homme
c'est la religion déformée par des siècles de su
perstition qu'il faut réformer. De sorte que cett
religion réformée, bien loin d'être nouvelle, e.'
plus ancienne que le catholicisme. »
« En ce qu'ils l'appellent nouvelle, ajoute Calvi
en repoussant le reproche de nouveauté, ils foi
moult grande injure à Dieu, duquel la saine p;
rôle ne méritoit point d'être notée de nouvellet(
Certes, je ne doute point que, touchant d'eux
elle ne leur soit nouvelle, veu que Christ môm
et son Évangile leur sont nouveaux. Mais ccli
qui sait que cette prédication de saint Paul c;
ancienne, c'est que Jésus-Christ est mort pou
nos péchés et ressuscité pour notre justificatioi
il ne tiouvera rien de nouveau entre nous. C
qu'elle a été longtemps cachée et inconnue , 1
crime en est à imputer à l'iropiété des homme;
Maintenant, quand elle nous est rendue par
266
bonté de Dieu, pour le moins elle devoitétrc re-
çue en son autorité ancienne. »
Appuyé sur cet Évangile « que les miracles du
Clirist et des saints ont établi et continué « il re-
pousse toutes les attaques dirigées contre les pro-
testants , d'être contraire à la tradition, d'établir
un schisme dans l'église , de causer la guerre
dans l'État et la licence dans la société. Sur ce
dernier point Calvin répondit, comme l'ont fait
tous les réformateurs, que ce ne sont pas les ré-
formes, mais la résistance qu'elles éprouvent,
qui troublent le monde.
« Combien grande perversité, dit-il, est-ce de
charger la parole de Dieu de la haine ou des sé-
ditions qu'élèvent à rencontre d'icelle les fols et
escervelés, ou des sectes que sèment les abuseurs ?
On demandoit à Hélie s'il n'étoit pas celui qui
troubloit Israël. Christ étoit estimé séditieux des
Juifs. On accusoit les apôtres comme s'ils eus-
sent ému le populaire à tumulte. Que font au-
jourd'hui autre chose ceux qui nous imputent les
troubles, tumultes et contentions qui s'élèvent
encontre nous ? Or, Hélie nous a enseigné quelle
réponse il leur faut rendre. C'est que ce ne som-
mes nous pas qui sermons les erreurs ou émou-
vons les troubles , mais eux-mêmes qui veulent
résister à la vertu de Dieu. » On peut contester
la valeur, mais non l'éloquence de cet argument.
Cette éloquence redouble à la tin. Le grave en-
tliousiasme, d'abord contenu, du réformateur,
s'élève peu à peu, et finit par déborder dans cette
apostrophe finale où l'humilité est si fière, où la
menace gronde sous la soumission. « Vous ne
vous devez, sire, émouvoir de ces faux rapports
par lesquels nos adversaires s'efforcent de vous
jeter en quelque crainte et terrreur. Car Dieu
n'est point Dieu de division , mais de paix ; le
lils de Dieu n'est poùit ministre de péché, qui
est venu pour rompre et détruire les armes du
diable. Quant à nous, nous sommes injustement
accusés de telles entreprises, desquelles nous ne
donnâmes jamais le moindre soupçon du monde.-
Est-il bien vraisemblable que nous, desquels ja-
mais n'a été ouïe une seule parole séditieuse, et
desquels la vie a toujours été connue simple et
paisible, quand nous vivions sous vous, sire,
machinions de renverser les royaumes.' Qui plus
est, maintenant étant chassés de nos maisons, nous
ne laissons point de prier Dieu pour votre pros-
périté et celle de votre règne. Grâce à Dieu, nous
n'avons point si mal profité en l'Évangile que
notre vie ne puisse être à ces détracteurs exem-
ple de chasteté, libéralité , miséricorde , tempé-
rance , patience, modestie et toutes autres ver-
tus. Vous avez , sire, la venimeuse iniquité de
nos calomniateurs exposée par assez de paroles.
J'ai prétendu seulement adoucir votre cœur pour
donner audience à notre cause ; lequel, combien
(pi'il soit à présent détourné et aliéné de nous,
j'ajoute même enflambé, toutes fois, j'espère
que nous pourrons regagner sa grâce, s'il vous
plaît une fois hors d'indignation etsourroux- lire
CALVIN 266
cette notre confession, laquelle nous voulons être
pour défense envers Votre Majesté. Mais si , au
contraire, les détractions des malveillants empes-
chent tellement vos oreilles que les accusés n'aient
aucun lieu de se défendre ; d'autre part, si ces
impétueuses furies, sans que vous y mettiez
ordre , exercent toujours cruautés par prison ,
fouets, géhennes, coppures, brûlures, nous certes,
comme brebis dévouées à la boucherie, serons
jetés en toute extrémité, tellement néanmoins
que en notre patience nous posséderons nos âmes
et attendrons la main forte du Seigneur : laquelle
sans doute se montrera en sa saison et apparaîtra
armée, tant pour délivrer les pauvres de leur af-
fliction que pour punir les contempteurs qui s'es-
gayent si hardiment à cette heure. »
Si on oublie le fond du procès, pour ne songer
qu'à la forme du plaidoyer ; si on voit dans les
fragments que nous venons de citer, non les pre-
mières assises d'une hérésie, mais un des premiers
monuments de la langue de la France , on admi-
rera combien cette langue a gagné au service de
Calvin. Prodigieusement riche , chez Rabelais ,
mais exhubérante et enchevêtrée, elle se re-
trempe, sous la main du réformateur, aux sources
du latin , se purifie de toute la poussière du
moyen âge, locutions surannées, incidences obs-
cures, conjonctions disgracieuses , et court sans
embarras au but vers lequel la pousse une vo-
lonté impérieuse.
Au moment où il publiait la première édition,
ou plutôt la première ébauche de son Institu-
tion chrétienne , Calvin n'était pas encore tout
entier lui-même, et plusieurs années lui étaient
nécessaires .pour arriver à la plénitude de son
génie et de son autorité. Apprenant que les idées
nouvelles s'introduisaient en Italie, il se rendit
à la cour de la duchesse de Ferrare, Renée de
France, fille de Louis XII, fut parfaitement ac-
cueilli par cette princesse, mais ne put faire un
long séjour en pays catholique, et si près de la
cour de Rome. Il reprit le chemin des Alpes. En
passant, il voulut prêcher dans la ville d'Aoste.
Les habitants le chassèrent. Cette expulsion fut
célébrée par une petite colonne élevée en 1S41 ,
bien que l'événement se fût passé sur la fin de
1535 ou au commencement de 1536. Calvin, re-
venu en France, se hâta de mettre ordre à ses
affaires, et repartit pour l'Allemagne. Ne pouvant
traverser la Lorraine et la Flandre, à cause de la
guerre, ilrésolut de passer par Genève, et arriva
dans cette ville au mois d'août 1536. Farel, Viret
et Coraut y avaient établi la réforme en 1535,
et elle avait été adoptée par le conseil général
le 21 mai 1536. Il restait à défendre les doctrines
nouvelles contre les attaques intérieures et celles
du dehors; il fallait encore, et c'était le plus
difficile, faire coïncider la réforme des mœurs
avec la réforme religieuse. Farel connaissait Cal-
vin de réputation; il le jugea l'homme le plus
capable de remplir une pareille tâche, et le retint
presque malgré lui, en le menaçant de la maié-
267
CALVIN
26r
diction divine s'il rrfusait de s'associer aux tra-
vaux des ministres. L'auteur de l'Institution
chrétienne céda ; il accepta la place de ministre
de la parole de Dieu, et de professeur de théo-
logie. Pour bien apprécier l'œuvre qu'il accom-
plit, et les difficultés qu'il eut à surmonter, il
faut se représenter ce qu'était Genève en 1536.
Nous empruntons à M. Guizot, un éloquent ta-
bleau de la situation de cette ville à l'époque
où Calvin s'y arrêta.
« La réforme avait été précédée à Genève de
longues agitations politiques; et depuis plusieurs
années les partis, livrés à eux-mêmes, en proie
aux alternatives d'une lutte violente, avaient pour
ainsi dire désappris la discipline et l'obéissance
aux lois. Le parti des ducs de Savoie et de l'é-
vêque, pour retenir le pouvoir qui lui échappait,
avait, dans ses moments de triomphe, eu recours
à cette politique infâme qui permet aux peuples
la licence et la débauche, dans l'espoir de les
conduire à la serviUté par la corruption. Le
parti patriote, souvent opprimé, s'était nourri
de passions haineuses , et n'avait pu même dans
im si petit État échapper à la contagion des
mœurs. La victoire lui demeura enfin ; mais la
victoire après le désordre traîne à sa suite des
corruptions nouvelles. Introduite à Genève au
milieu de cette situation, la réforme , vivement
et sincèrement embrassée par le peuple, ne fut
d'abord adoptée par les chefs de l'État et les
hommes de parti que dans des vues politiques,
pour conserver l'alliance de Berne et élever entre
la république et les anciens maîtres une barrière
insurmontable. Ce but fut atteint; mais la ré-
forme voulut l'amendement des mœurs publi-
ques, l'établissement d'un ordre régulier, le
respect des magistrats et des lois. Dès lors les
obstacles se rencontrèrent en foule : la licence
régnait dans les mœurs ; les lieux de débauches
étaient non-seulement tolérés, mais convertis en
institutions ; le relâchement avait pénétré dans
l'intérieur des familles et secoloraitdemaximes in-
senséeSà D'autre part, la longue duréedes factions
avait accoutumé le peuple à l'insubordination,
aux émeutes, et les principaux citoyens y avaient
contracté ce goût de l'arbitraire, ces habitudes
d'irresponsabilité et de despotisme qui dans un
petit État rendent l'autorité si difficile quand elle
veut rem^ilir s<m devoir en s'exerçant également
sur tous. Aussi, dans le sein de Genève réfor-
mée, et après l'expulsion du parti étranger, s'é-
leva bientôt un parti nouveau qui , sous le nom
de libertins, prétendait se conduire selon son
caiM-ice, gouverner l'État à sa guise, sans se
laisser gouverner lui-même par aucune autorité
ni aucune règle ; parti factieux et dissolu , se re-
fusant à la réforme des mœurs, résistant au pou-
voir des ma^strats, et conduit par quelques
hommes jadis patriotes, qui s'indignaient qu'on
n'eût conquis l'indépendance nationale et chassé
le eathoUcisme que pour tomber sous le joug
de la morale et des lois: »
C'était au milieu de cette dissolution turbu-
lente qu'il fallait organiser la réforme. Calvin i (î
digea avec Farel un formulaire de profession f!(
foi et un plan de discipUne ecclésiastique. Ce;
deux actes, lus devant le conseil des deux cents
au mois de novembre 1536, furent sanctionné
par le peuple assemblé en conseil général '
29 juillet 1537: ce n'était qu'un premier pa
Après avoir réglé par le formulaire la licence (\i
la pensée, il restait à réprimer la liberté de
mœurs. Farel, Calvin et Coraut prêchèrent coc
tre les désordres, et en demandèrent la répres
sion. Cet excès de zèle souleva un mécontente
ment presque général. Coraut fut emprisonne.
Quant aux deux auti*es, on employa pour les at-
teindre un moyen indirect. Les Bernois invitè-
rent les Genevois à recevoir les décisions du sy-
node de Lausanne sur le pain azyme dans la com-
munion, sur la célébration du baptême avec les
fonts baptismaux, sur les fêtes de Noël, de l'As-
cension, delà Pentecôte, et de Notre-Dame. On sa-
vait que ces décisions étaient blâmées par Calvin
et ses amis ; ce fut assez pour que le conseil les
adoptât et ordonnât aux ministres de s'y sou-
mettre. Ceux-ci résistèrent , refusèrent, le jour
de Pâques 1538, de célébrer la cène de la ma-
nière prescrite par le conseil, et furent exilés de
Genève. Malgré les soUicitations amicales des
synodes de Berne et de Zurich, l'arrêt de baii-
nissement, rendu à la fin d'avril, fut confirmé k
26 mai par le conseil général.
Calvin se retira à Strasbourg. Bucer, Capi-
ton et Hédion ie reçurent comme un dec chefs
de leur parti et le firent nommer professeur de
théologie et pasteur de l'église française. Cet ac-
cueil flatteur ne lui fit point oublier les Genevois ;
il se rappela à leur souvenir en réfutant la lettrt
que le cardinal Sadolet, évêque de Carpentras,
venait d'adresser au sénat et au peuple de Ge-
nève : J. Sadoleti Epistota ad S. P. Q. Gène-
vensem et ad eum J. Calvini Responsio.
1539; traduite en français en 1541.
Les troubles qui agitaient Genève faisaient vive
ment regretter l'absence du réformateur. En 1 540
on lui offrit de venir reprendi-e sa place. Amie(
Perrin, sonami, fut député à Strasbourg poui
vaincre ses hésitations. Zurich, Bâle et Bernf:
joignirent leurs instances à celles du capitaine-
général. Calvin rentra en maître à Genève ai
mois de septembre 1541. Ne perdant pas d*
temps pour affermir dans ses mains le pouvoi!
qui venait de lui être rendu, il proposa au con
seil des deux cents un projet de vaste polic(
ecclésiastique qui fut sanctionné en conseil gêné
rai, le 20 novembre 1541. « Calvin, dit M. Ge
rusez, forma un tribunal composé d'ecclésiasti
ques et de laïques , investi d'une surveillanci
permanente sur les opinions , sur les actions
sur les discours. Toutes les erreurs en matièr
de doctrine, tous les vices, tous les désordre
étaient de son ressort. Lorsque le châtiment al
lait au delà des peines canoniques, le tribuna
269
CALVIN
270
déférait le coupable aux magistrats civils. Pla-
giaire de Rome et de Madrid, Calvin établissait
ainsi, sous le nom de consistoire, une inquisition
nouvelle avec une juridiction plus étendue que
celle de l'inquisition catholique. »
« A dater de 1541 jusqu'à sa mort, continue le
môme historien, Calvin régna sur Genève. Toute-
fois, son règne, sa supériorité n'étaient pas incon^
testes : il avait à lutter. Il était le chef du parti do-
minant, il est vrai, mais le chef d'un parti; et
lorsque l'autorité est ainsi menacée, il faut cons-
taniment être en éveil , en guerre pour la conserver,
la défendre et la fortifier. Ainsi le pouvoir de
Calvin, quoique très-grand, ne fut maintenu que
par un combat continuel ; sa vie fut une lutte et
une lutte incessante. C'est pendanrt ces années
(ju'il faut voir et admirei" l'activité de son esprit,
l'ascendant et la puissance de son caractère
dans toutes les circonstances critiques. Toutes
les fois que son autorité fut menacée, il payait
de sa personne pour entretenir la ferveur de ses
adeptes : pour se maintenir dans la haute posi-
tion qu'il s'était faite, il était obligé d'être cons-
tamment en scène , de parler au peuple , d'aller
sur la place publique, de braver ceux qui vou-
laient attenter à son pouvoir. On a peine à com-
[)rendre comment il pouvait suffire à tant de
travaux: prédications de cliaque jour; discus-
sions théologiques improvisées ; entretiens par-
ticuliers accordés à tous ceux qui voulaient être
éclairés sur les matières de la foi; active cor-
respondance entretenue avec tous les dissidents
de l'Europe, tout cela marchait de front avec
l'administration de l'Église, la surveillance de
l'État et la composition de ses grands ouvrages.
Ce qu'il a produit, ce qu'il a écrit et dit est in-
calculable. Si on réunissait toutes ses lettres, sa
correspondance ne remplirait pas moins de ti-ente
volumes- in-fol (1). H existe à Genève deux mille
sermons (2) qu'il a prononcés, et qui sont demeu-
rés manuscrits. Ainsi, ce que nous avons dit de
lui, cette masse prodigieuse d'écrits déjà impri-
més ne donne qu'une faible idée de ce qu'il a com-
posé pendant une carrière que la mort ferma pré-
Unaturément.
« 11 faut songer en outre, et ceci augmente d'a-
(1) Il a été fait plusieurs recueils des lettres de Calvin :
Epistolx Calvini et responsa, cum vita Galvini, a Théo-
iloro Beza;Geaève, 1586, infol. — L'édition de Lausan-
ne, chez le Preux, in-8° , a seize lettres de plus; elle est
très rare. On trouve des lettres de Calvin dans les ^ni-
\ madversionet philologicse ie Crenius; dans les Mélrin-
\'jes de littérature par d'Artigny, vol. II et Ilf, dans la
fPseudonymia Calvini de Liebe, dans le Vïll« vol. des
[Œuvres de Caitin, imprimées à Amsterdam. Teissier a
publié en français les Lettres eàoisies de Calvin en 1702.
'On a publié aussi les Lettres de Calvin à Jacques de
[Bourgogne; Amsterdam, 1744, in-S».
, î*) Ou plus exactement deux mille vingt-cinq. Denys
jl^aguenier les écrivait à l'église pendant que Calvin pré*
ichait. Jean Budé et Charles de Joinvillers écrivaient les
leçons de théologie. Nicolas des Gallers, François Bour-
.goinget Jean Cousin avaient de même écrit plusieurs
leçons et sermons du réformateur. André Splsame écrivit
ses sermons sur l'Êpître aux Galates.
bord l'étonnement, que cet homme, si actif d'in-
telligence, était faible de corps , qu'il était en
proie aux maladies les plus cruelles, et que la
plupart de ses écrits , il les a dictés dans son
lit, aux prises avec la douleur. Ainsi il y avait
en lui le contraste d'une intelligence forte et
active et d'un corps faible et misérable. Cepen-
dant on peut penser que cette faiblesse de corps,
que cette maladie constante qui ne lui permet-
tait la jouissance d'aucun des plaisirs mondains,
contribuait à donner à son esprit une plus grande
activité, une énergie nouvelle ; on ne peut expli-
quer cette ardeur fiévreuse que par la nécessité de
se distraire, par d'autres occupations, de l'impos-
sibilité de goûter à ces plaisirs qui adoucissent
l'âme et relâchent l'intelligence. Ainsi son esprit
devenait plus actif, et son caractère plus violent,
plus emporté, plus amer.Ce sont là, il fautl'avouer,
de terribles organisations. On est comme saisi
d'effroi en présence de cette activité de l'esprit,
que l'ambition emporte sans relâche vers un but
unique , dans une direction constante que rien
ne détourne , avec un mouvement que rien ne
ralentit. La conquête du pouvoir est souvent
au prix de cette persévérance ; mais le pouvoir
aux mains de ces hommes ardents , maladifs ,
ambitieux , devient une insupportable tyran-
nie. »
Toute tyrannie provoque l'opposition. Calvin
eut à lutter en politique et en religion contre de
redoutables adversaires. Un des premiers fut
Castalion, excellent latiniste, mais théologien
trop hardi au gré du strict réformateur. Après
avoir traduit la Bible en style cicéronien, et l'a-
voir commentée en philosophe, il osa demander
au conseil la permission de disputer publique-
ment contre Calvin sur la descente de Jésus-
Christ aux enfers. Pour toute réponse il fut des-
titué de sa place de professeur d'humanités en
1543. Forcé de quittet Genève, il alla mourir de
misère à Bâle.
Ce fut aussi au bannissement que fut condamné
.Térôme Bolsec, moine défroqué, mauvais méde-
cin et théologien brouillon. Il avait adopté les
idées de Pelage sur la liberté métaphysique, et
crut pouvoir les publier à Genève. Il en fut quitte
pour une réfutation de Calvin, trois mois de pri-
son et l'exil en 1552. 11 se vengea de son adver-
saire mtolérant en écrivant contre lui, après sa
mort, un libelle plein des plus violentes invec-
tives. De tous les adversaires de Calvin , Jérôme
Bolsec est sans contredit le moins intéressant;
mais le livre de PrsedesUnatione, suscité par
cette polémique, mérite de fixer l'attention, car
on peut le regarder comme le complément de
l'Institution chrétienne.
Dans son travail de réforme , Calvin , nous
l'avons vu , procède par voie d'élimination. H
commence par écarter les intermédiaires qui se
placent entre Dieu et l'homme : le pape, la hié-
rarcliie ecclésiastique, les pères de l'Église , les
saints, la sainte Vierge ; mais il est d'autres in-
271
terrnédiaires que nous trouvons en nous-mêmes:
ce sont nos bonnes œuvres, qui, selon les dogmes
catholiques, intercèdent pour nous auprès de
Dieu. L'efficacité même des bonnes œuvres ne
trouve pas grâce devant Calvin. Il ne veut pas
que l'homme puisse avoir d'autre mérite que
celui qui lui vient de Dieu. L'homme fait-il de
bomies œuvres, « c'est un effet de la grâce di-
vine, c'est un don du Rédempteur, ce n'est pas
un mérite propre à la créature déchue , et qui
puisse en rien concourir à son salut. En un mot
la justification de l'homme est toute en Jésus-
Christ. »
Comme dans une matière aussi délicate nous
craindrions de ne pas rendre exactement la pen-
sée de Calvin, nous le laisserons parler lui-
même.
« La prédication du libre arbitre, tel qu'on
l'entendait avant Luther et ses disciples, que
pouvait-elle, sinon gonfler leshommesde la vaine
opinion de leur propre vertu, de manière à ne
plus donner place à la grâce du Saint-Esprit et à
ses secours? Le débat le plus vif, la plus opi-
niâtre réclamation de nos adversaires porte sur
la justification ; l'obtient-on par la foi ou par les
œuvres? Us ne souffrent pas que l'honneur de
notre justice revienne tout entier à Christ ; ils
en reportent une part aux mérites de nos œuvres.
Nous ne disputons pas ici sur les bonnes œu-
vres , nous n'examinons pas si elles sont agréa-
bles à Dieu, si elles recevront de lui une ré-
compense, mais si elles sont dignes de nous con-
cilier Dieu, si on acquiert au prix d'elles la vie
étemelle, si elles sont des compensations que
Dieu reçoive en payement des péchés , si enfin
on doit placer en elles la confiance du salut.
Nous repoussons ces erreurs, parce qu'elles por-
tent les hommes à considérer leurs œuvres plu-
tôt que Christ, pour se rendre Dieu propice,
pour attirer sa grâce , pour acquérir l'héritage
de la vie étemelle, enfin pour être justes devant
Dieu. C'est ainsi qu'ils s'enorgueillissent de leurs
œuvres, comme si par là ils tenaient Dieu en-
chaîné. Or, qu'est-ce que cette superbe, sinon
une ivresse mortelle de l'âme? En effet, ils s'a-
dorent à la place de Christ; et, plongés dans le
gouffre profond de la mort, ils rêvent qu'ils pos-
sèdent la vie. On me reprochera de m'étendre
trop longuement sur ce sujet, mais ne publie-t-
on pas dans toutes les écoles, dans tous les tem-
ples , cette doctrine : qu'il faut mériter la grâce
de Dieu par les œuvres ; que par les œuvres il
faut acquérir la vie étemelle; que la confiance
au salut est présomptueuse sans l'appui des œu-
vres ; que nous sommes réconciliés à Dieu par
la satisfaction des bonnes œ.uvres, et non par
la rémission gratuite des péchés , que les bonnes
œuvres méritent le salut éternel ; non qu'elles
nous soient imputées gratuitement à justice par
le mérite de Christ, mais par la force de la loi ;
que les hommes sont réconciUés à Dieu, non
par le pardon gratuit des péchés , mais par des
CALVIN 272
œuvres de satisfaction, comme il les appellent ;
qu'à ces satisfactions s'ajoutent les mérites de
Christ et des martyrs, seulement lorsque le pé-
cheur a mérité ce secours. Il est certain que ces
opinions impies ont fasciné la chrétienté avant
que Luther se fît connaître au monde. »
Moins heureux que Sébastien Castalion et Jé-
rôme Bolsec, Jacques Gruet et Michel Servet
payèrent de leur vie leur résistance à Calvin.
Gruet appartenait au parti des libertins. Il fut
arrêté pour avoir affiché sur la chaire de la ca-
thédrale un placard contre les Genevois réfor-
més et leurs ministres. On trouva dans ses pa-
piers des écrits violents contre Calvin , une re-
quête qu'il voulait présenter au conseil général
contre la discipline ecclésiastique , et un traité
dans lequel étaient mis en doute la divinité des
livres saints , la spiritualité et l'immortalité de
l'âme, le jugement dernier. Jacques Gruet fut
condamné à mort pour avoir parlé avec mépris
de la religion, pour avoir travaillé à ébranler
l'autorité du consistoire, pour avoir mal parlé
des ministres et surtout de Calvin , pour avoir
écrit des lettres propres à irriter la cour de
France contre Calvin. Il eut la tête tranchée
le 26 juillet 1547. On peut discuter sur la part
que Calvin prit à ce jugement, ou peut même
approuver la sentence , mais l'inquisition n'au-
rait pas été plus sévère. Servet était un es-
prit vaste , déréglé , et trop amoureux du bruit.
Médecin savant, s'il eût su se renfermer dans la
physiologie, il aurait conquis une gloire durable,
car il avait découvert la circulation du sang, et
cette découverte pouvait le conduire à d'autres.
Il s'aventura dans la métaphysique, et s'y per-
dit. Dépassant les négations timides du protes-
tantisme, il s'élança jusqu'aux systèmes les
plus audacieux de la philosophie antique. Pro-
menant en Europe ses idées proscrites , et bra-
vant les persécuteurs par orgueil ou par convic-
tion, 0 eut l'imprudence de se rappeler au sou-
venir de Calvin. Il lui écrivit plusieurs fois, et
lui envoya même le livre où étaient consignées
ses pensées les plus téméraires, sa Restitution
du christianisme (Restitutio cliristianismi).
Calvin fut d'autant plus irrité contre cette œuvre,
qu'ellen'était, après tout, que la conséquence du
principe posé par le protestantisme lui-même,
l'interprétation individuelle de la Bible. Dans
sonindignation il écrivit, au mois de février 154G,
à Viret et à Farel qu'il agirait de manière que
si Servet venait à Genève, il n'en sortît pas vi-
vant. (Si venerit, modo valent mea auctori-
tas, vivum exire nnm^uam patiar). 11 tint '
parole ; mais ce ne fut pas la faute des magis-
trats devienne, qui, devançant les juges catho-
liques, condamnèrent Servet au bûcher au mois
de juin 1553. Quelle part eut Calvin à la sen-
tence rendue par le parlement du Dauphiné ? On
prétend qu'il dénonça Servet; il est 5ûr du
moins qu'il envoya aux juges ses lettres et la
Restitution du christianisme. Servet parvint >
73
CALVIN
274
s'évader, et ne fut brûlé qu'en effigie. Chose
raille! il se réfugia à Genève , dans la ville
u^iiit' où régnait son mortel ennemi. Cette ré-
ilntioa qui paraît presque insensée s'expliqiie
Il deux motifs : le malheureux condamné n'a-
lil a attendre que le bûcher dans les pays ca-
oliiiues, et il crut trouver plus de tolérance
ms une ville protestante : l'autorité de Calvin
ait sérieusement menacée par ses anciens amis,
i\-inômes fatigués de sa tyrannie; oserait-ii
miiir par le procès du [médecin hérétique un
liiil de ralliement à ses nombreux ennemis? Il
sa. Servet, arrivé à Genève dans les premiers
lis (le juillet, fut arrêté le 13 août. La loi de
■nève ordonnait que l'accusateur et l'accusé
fiassent ensemble en prison. Calvin fit inten-
te procès par Nicolas de la Fontaine, son se-
■laiie, étudiant en théologie. De la Fontaine
constitua prisonnier en requérant la détention
Seivet , et il produisit quarante articles sur
quels il demanda que l'accusé fût examiné.
lui -ci fut reconnu coupable. Le lieutenant-
minel se saisit de la procédure. Les princi-
es accusations dirigées contre Servet étaient :
voir écrit dans son Ptolémée que c'était à
t que la Bible célèbre la fertilité de la terre
Canaan, qui était inculte et stérile ; — d'avoir
)eie la Trinité un cerbère, un monstre à trois
es ; — d'avoir écrit que Dieu était tout, et que
it était Dieu. La procédure dura plus de deux
lis, et la sentence fut longtemps douteuse. Les
igistrats Genevois consultèrent les cantons
sses, qui se prononcèrent unanimement pour
peine capitale. Ce fnt aussi l'avis de tous les
inds docteurs du protestantisme, Bucer, Me-
ichton, Farel, Théodore de Bèze. Servet, jugé
r des extraits authentiques de ses ouvrages,
onnu coupable des opinions hérétiques qui
étaient imputées, et ayant refusé de se ré-
I cter, fut condamné à être brûlé vif. La sen-
ice fut exécutée le 27 octobre. Une seule voix
leva contre cette barbare manière de combat-
Terreur : ce fut celle de Castalion. Pour im-
ser silence à cette noble protestation de l'hu-
laité contre un sectaire impitoyable, Calvin
i\ it un long traité sur le droit et la nécessité
punir les hérétiques , non-seulement par des
ines canoniques comme dans la primitive
lise, mais par le glaive. « Quiconque , dit-il ,
iétendra que c'est injustement qu'on châtie les
'rétiques et les blasphémateurs , celui-là de-
ndra sciemment et volontairement leur com-
ce. On nous oppose ici l'autorité des hommes;
jiis nous avons par devers nous la parole de
eu, et nous comprenons clairement les com-
Imdements qui doivent régir son Église à per-
ituité. Ce n'est pas en vain qu'il chasse toutes
u affections humaines qui tendent à amollir ks
[îurs; qu'il bannit l'amour paternel et la ten-
'lesse qui miit les frères, les procbes et les
[lis; qu'il arrache les époux aux délices du Ut
injugai, et qu'il dépouille en quelque sorte les
hommes de leur propre nature pour que rien ne
fasse obstacle à la sainteté de leur zèle. Pour-
quoi cette sévérité, si ce n'est pour nous appren-
dre que nous ne rendons à Dieu l'honneur qui
lui est dû qu'à la condition de préférer son ser-
vice à tous les devoirs humains, et que, toutes
les fois que sa gloire est en cause, nous devons
effacer de notre mémoire tous les attachements
des hommes entre eux Qu'ils voient, ces mi-
séricordieux que charment tant la licence et
l'impunité des hérésies, combien ils sont peu
d'accord avec les ordres de Dieu. De peur qu'une
rigueur excessive ne diffame l'Église de Dieu,
ils voudraient, par égard pour un seul homme ,
que l'erreur et l'impiété pussent s'avancer im-
punément ; et Dieu n'épargne pas même des peu-
ples entiers : il commande que leurs villes soient
détruites de fond en comble, que leur mémoire
soit abolie, que des trophées soient dressés en
signe d'exécration, de peur que la contagion
n'envahisse la terre entière, et qu'en dissimulant
le crime on ne paraisse s'y associer. » A ces
terribles arguments, qui peuvent tous se ramener
à celui-ci : quiconque en matière de religion pos-
sède la vérité peut l'imposer par le glaive et pu-
nir de mort les dissidents, nous n'opposerons
qu'im seul fait : la saint Barthélémy est la con-
séquence rigoureuse des prémisses posées par
Calvin.
La condamnation de Michel Servet ne fut pas
la seule qui attestât l 'intolérance du protestan-
tisme naissant. Gentili de Cosenza, Napolitain
réfugié à Genève, soutint sur la Trinité des doc-
trines assez semblables à celles du médecin es-
pagnol; condamné au feu comme lui, en 1556,
mais moins opiniâtre ou moins convaincu, il se
rétracta, et eut la vie sauve.
Calvin ne fut pas plus indulgent pour l'oppo-
sition politique , que pour l'hérésie. Il porta un
dernier coup au parti des libertins en frappant
Amied Perrin. Le capitaine général avait cepen-
dant provoqué le rappel du réformateur banni ;
mais la reconnaissance n'est pas la vertu des
chefs d'État.
Le théologien impérieux, fatigué de la rivalité
du vaillant soldat qui avait rendu de grands ser-
vices à la république, le rendit suspect au peu-
ple. Amied Perrin n'échappa à la peine capitale
qu'en s'enfuyant à Berne. Cette fuite, bientôt sui-
vie du supplice de François Daniel Berthclier,
assura la domination de Calvin pendant les huit
années qu'il lui restait à vivre.
Tout en constituant par des moyens trop
souvent tyranniques la réforme à Genève, Cal-
vin n'oublia rien pour assurer le triomphe du
protestantisme dans le reste de l'Europe. En
1540, il assista aux diètes de "Worms^et de Ra-
tisboime, où il connut Melanchton et Cruciger.
A la diète de Spire, en 1544 , on peut dire que
quoique absent, il occupa la première place, car
il fut représenté dans cette assemblée par tleux
de ses plus éloquents ouvrages, la Supplique à
275
CALVIN
27
Charles-Quint , et le traité Sur la nécessité
de réformer VÈglise ( Johannis Calvini sup-
plex exhortatio ad invïctum Cœsarem Ca-
rolum Quintum, et illustrissimos principes
aliosque ordines Spirx mine imperii conven-
tum agentes, ut restituertdœ Ecclesiee curam
serio suscipere velint; 1543, inV ; — De ne-
cessitate reformandse Ecclesiee, 1544). Calvin
s'adresseà Cliaries-Quint comme dix ans plus tôt
il s'adressait à François I*"^ ; mais son langage a
changé comme sa situation. Il parle « au nom de
plusieurs princes de haute dignité , de beaucoup
d'illustres républiques, » et sa prière ressemble à
un commandement. Quelle fierté dans tonte sa
requête ! Quelle audace dans cette conclusion
qui, montrant à Charles-Quint la ruine de l'em-
pire comme imminente , place le monarque entre
la réforme ou la déchéance ! « Ainsi donc, à l'a-
venir, toutes les fois qu'on répétera à vos oreil-
les qu'il faut différer l'œuvre de la réforme , et
qu'il sera toujours temps de s'y apphquer lors-
qu'on aura mis ordre au reste des affaires , invin-
cible César, et vous prince très-illustre, souvenez-
vous que vous avez à décider si vous voulez ou
non laisser quelque pouvoir à vos descendants.
£h ! que parlé-je de vos descendants ! Déjà, sous
nos yeux mêmes, l'empire, à demi écroulé, s'in-
cline pour une chute dont il ne se relèvera ja-
mais. Pour nous, quelle que soit il'issue de ces
choses, nous serons soutenus devant Dieu par la
conscience d'avoir voulu servir sa gloire, servir
son Église, d'avoir donné nos soins à cette œu-
vre , et de l'avoir avancée autant qu'il était en
nous. Car nous savons de reste que tous nos
efforts , que tous nos désirs n'ont pas eu d'autre
but, et nous avons pris soin de laisser derrière
nous d'éclatants témoignages de notre dévoue-
ment. Et certes, lorsqu'il est clair pour nous que
nous avons pris en main et défendu la cause de
Dieu , nous avons la confiance que Dieu ne fera
pas défaut à son œuvre. Au reste, quoi qu'il ar-
rive , nous n'aurons jamais regret ni d'avoir
commencé , ni de nous être avancés jusqu'ici.
L'Esprit saint nous est un témoin fidèle et as-
suré de notre doctrine : nous savons, dis-je, que
nous publions l'éternelle vérité de Dieu. Que
notre ministère procure le salut du monde, nous
devons le désirer ; mais l'événement est aux
mains de Dieu, et non dans les nôtres. Si donc,
parmi ceux que nous voulons servir, l'obstina-
tion des uns, l'ingratitude des autres amènent la
ruine de tous et de toutes choses, je répondrai
en digne chrétien , et tous ceux qui voudront
mériter ce nom glorieux souscriront à ma réponse:
Nous mourrons. — Mais dans la mort même
nous serons victorieux; non-seulement parce-
que la mort sera pour nous un passage à une
vie meilleure , mais parce que nous savons que
notre sang sera comme ime semence qui pro-
pagera la vérité de Dieu, qu'on repousse aujou-
d'hui. »
La fierté de ce langage montre assez quelles
étaient les espérances des protestants, qui s
croyaient déjà sûrs du triomphe; quelle élu;
aussi l'autorité de celui qui parlait en leur noîr
Calvin était à la tête de tous les réformés d
l'Europe. Content d'un médiocre salaire et d
seul titre de ministre évangélique, il ne profit
point de son autorité pour acquérir des dignit(:
et des richesses. Débile et maladif , plus pori
aux jouissances de l'esprit que vers les plaisii
des sens, il ne se maria que par convenance, e
1540. Il eut de sa femme Idelette de IJurcs
veuve d'un anabaptiste converti , un fils qi
vécut peu. Idelette même mourut après nei
ans de mariage, et Calvin ne se remaria pa
Les historiens nous le représentent avec r
visage pâle et décharné, un teint sombre, et ui
barbe longue terminée en pointe.
Il était sujet à la migraine , à la fièvre quart
à la goutte. A tous ces maux se joignit, vers
fin de sa vie, la gravelle. Supérieur à ses do
leurs, il ne cessa jusqu'au dernier moment d'
difier l'église de Genève par ses sermons , d'
clah'er les réformés de l'Europe par des ouvrag
lumineux. Général des protestants, on peut àm
la letti'e qu'il mourut sur la brèche. « Le je
qu'il trépassa , dit Théodore de Bèze , il seml
qu'il parloit plus fort et plus à son aise ; m?
c'étoit un dernier effort de nature , car sur
soir, environ huit heures , tout soudain les sign
de la mort toute présente apparurent ; ce q
m'étant soudain signifié , d'autant qu'un peu a
paravant j'en étois parti, étant accouru av
quelques autres de mes frères, je trouvai qi
avait déjà rendu l'esprit si paisiblement qu
jamais n'ayant râlé , ayant pu parler intellii
blement jusqu'à l'article de la mort, en pk
sens et jugement, sans avoir remué pied
main , il sembloit plutôt endormi que mo
Voilà comme en un même instant, ce jour là,
soleil se coucha et la plus grande lumière c
fût en ce moiide pour l'adresse de l'Église et
Dieu fut retirée au ciel. »
Les œuvres complètes de Calvin furent i
bliées a Genève , en 12 vol. in-fol., et rci
primées en 1617. Schepfer en donna une nouve
édition; Amsterdam, 1667, 9 vol. in-fol. Comi
réformateur religieux, Calvin peut être jn
très-sévèrement. Comme législateur, il introd
sit de grandes améliorations à Genève; comi
écrivain littérateur, il contribua puissammen
la formation de la langue fiançaise ; comi
homme enfin, il eut le génie de l'opiniâtreté, qi
selon les circonstances, peut faire indilféremm(
le mal et le bien. Léo JouiiKin .
Théodore de Bèze , HUt. de la vie de Jean C/dvi
Genève, 1564, in-40. — Jcrôrae BoUec, f-'ie de Jean C
vin. — Charles de Relincourt , Défense de Jean cale
— Malmbourg, Histoire du calvinisme. — Bayle, D
tionnaire historique. — ,Séncbier, Histoire littéra
de Genève. — Guizot, Musée des protestants célèbres.
Aiulln, Histoire de la vie, des ouvrages et des doct
nés de Jean Calvin. — Eugène Géruscz, Essais d'Ii
toire littéraire. — RtUictde Candolle, Relation dup
ces criminel intenté à Genève, en 15s3, contre Mie
1177
CALVm — CALVO
578
ervct, dans les Mémoires et documents publiés pat
; t Société d'Mttoire et d'archéologie de Genève ; 184*.,
I III, p. 1-160. — Sayons, Ettiden littéraires sur lesécri-
' (lins français de la reformation.
* CALVIN l^André Carvin, dit), général de
rigade français, né à Marseille (Bouclies-du-
luine) le 19 février 1767, mort le 25 décembre
siX). Après avoir servi dans le 83® régiment d'in-
interie, et dans les chasseurs de Champagne,
n :? 8 décembre 1783 au 25 mai 1792, Calvin
issa chef en second au 1" bataillon de Marseille
("'juillet suivant. Chef delà 103° demi-brigade
15 février 1796), il fut fait général de brigade
ir le champ de bataille par le général Cham-
orinet, et il reçut le commandement en chef
^ l'armée de Naples le 20 janvier 1799. Blessé
(utellement au passage du Mincio à Pozzolo
décembre 1800) en chargeant à la tète du
le ligne, il mourut le lendemaiu à l'âge de
iiie-trois ans. Le nom de ce général est inscrit
Il les tables de bronze du palais de Versailles.
Archiiies de la guerre. — Moniteur, XXIX, 384, 877,
T - Victoires et conquêtes.
*calvijVI {Chrysostome), prélat et théolo-
(11 italien, de l'ordre des Bénédictins de la règle
1 -Mont-Cassin , né dans la Calabre , devint ar-
icvôque deRaguse, où il mourut en 1574. De
s nombreuses traductions des auteurs grecs en
lin, la principale est : Sermones XXI S. I)oro-
,;c/; Venise, 1574.
Ziegelbaucr,^tst. litter. ord. Sancti Bened., t. iv, p. loi
(îiU.
CALVJNO {Joseph-Marc), poète italien, né à.
rapani en 1785, mort le 22 avril 1833. 11 fit
-esquft' sans maître de bonnes études , et dé-
oya de bonne heure un grand talent poétique.
ais une mort prématurée l'arrêta dans sa car-
'le. On a de lui : Poésie lirïche; 2 volumes;
- Industria Trapanese; 1825; — Batraco-
liomachia rf'Omero, traduite en patois sicilien;
i"^^"; — Dio nella natura, poème dans le
■me de Dante; — lUgenia in Atilide, opéra;
519; — Il Calzolaso d'Allessandria délia
'nglia, comédie dans le genre de Goldoni.
; l'ip.ildo, Bioç, degli ital. illvstri, IV, i44.
CALTiNus {Jean), appelé aussi rahl, ju-
risconsulte allemand, vivait dans la première
jioitié dn dix-septième siècle. Il professa le droit
I Heidelberg. Ses principaux ouvrages sont :
fxicon juridicum ;'PrsLadovi, 1609 et Genève,
"34, 1759 ; 2 vol. in-fol. ; ouvrage estimé et por-
'int sur toutes les parties de la jurisprudence;
- Themis hebrseo-romana; id est jurispru-
_ cnlia Mosaïca et Romafia ; Hanau, 1 595, in-8* ;
i- Jurisprudentia feudalis libri VI, et autres
j uvrages sur des matières analogues.
1 Jôcher, Âllgem. Gelehrten-Lexicon
j *CALViivts GEMMETic^aics {Antoine),
jOëte latin , d'origine incertaine, vivait proba-
filement dans le milieu du seizième siècle. On
I de lui ; Dialogus heroico carminé perstrictus
'c Christi acerbissima mords perpessione
'aiis, 1559, in-4®.
Catal.de la Bibl. impér. de Paris,
*CALViNus {Omobonus), juriconsultc ita-
lien, né probablement à Milan , vivait dans la
seconde moitié du dix-septième siècle. On a de
lui : De jEquitate liber primus et secundus
auct. Jub. Cxs. Calvino (probablement son
père), et lertius ab Omobono Calvino editus ;
Milan, 1076, in-fol.
Catal. de la Bibl. Impér. de Paris.
cALVisius {Seth), astronome, musicien et
poète allemand, né à Gorschleben le 20 février
1566, mort le 24 novembre 1615. Fils d'un
pauvre journalier, il trouva assez de ressources
dans la musique, qu'il apprit de bonne heure,
pour aller étudier à Frankenhausen , à Magde -
bourg, puis à l'université de Helmstadt, et enfin,
en 1582, il fut chargé de diriger 1 école de mu-
sique de Pforta. II mit à profit la bibliothèque
de cette ville pour se livrer aux études his-
toriques. La lecture des œuvres de Scaliger le
porta à s'occuper de calculs chronologiques.
Au mois de mai 1594, il devint directeur de l'É-
cole de musique de Leipzig, et écrivit des ouvra-
ges de musique et de philologie. Une chute qu'il
fit quelques années avant sa mort le rendit en-
core plus sédentaire et plus studieux. L'astrolo-
gie fut une de ses études de prédilection. On a
de lui : Opus chronologicum ex auctoritate
potissimum S. Scripturee et historicornm fide
dignissimorum, ad Motum luminarium cœ-
lestium tempora et annos distinguentium ;
Leipzig, 1606, in-4°; — Enodatio dtiorum
queestionum circa annum nativitatis et tem-
pus ministerii Christi; Erfurt, 1610 ; — Exer-
ci^a^io mMsicœ ; Leipzig , 1611; — Elenchus
Calendarii Gregoriani et duplex calendarii
Melioris formula; Francfort, 1615, in-4°; —
Formula calendarii novi, calendario Grego-
riano expeditior, melior et certior ; Heidel-
berg, 1613, in-4°. Cet ouvrage valut àCalvisius
d'occuper une place dans V Index librorumpro-
hibitorum de 1667.
Vossius, de Scientiis mathematicis. — Delambre, Hist.
de l'Astronomie,
CALVisirs {Seth), petit-fils du précédent,
théologien allemand, né à Quedlinbourg le 11
juin 1639, mort le 22 avril 1698. Après avoir
étudié à Leipzig, il remplit diverses fonctions
ecclésiastiques. On a de lui des Sermons, des
Commentaires sur les psaumes.
CALVISIUS {Seth-Benri), arrière-petit-fils
de l'astronome, théologien allemand, vivait dans
seconde moitié du dix-huitième siècle. 11 lut pas-
teur à Magdebourg, et laissa également des ou-
vrages ecclésiastiques.
Leporlâ, in Memoriis Antistitum QuedHnburgensiutn.
CALVISIUS SABiNUS. Voy. Sabinus.
CALVO {Antoine), natif de Rome, mort le
2 octobre 1421. Il fut élevé au cardinalat sous
Innocent VU, dont il se montra jusqu'à la fin
le partisan zélé.
kMbévy , Histoire générale des cardinaux.
* CALVO {Boniface), troubadour provençal,
mais natif de Gênes , vivait dans le milieu du
279 CALVÔ —
treizième siècle. Issu d'une famille noble il se
vit forcé par les troubles civils de sa Tille natale,
à se réfugier à la cour d'Alphonse X, roi de Cas-
tille, où il se rendit célèbre par ses poèmes pro-
vençaux ; mais, courtisan ti'op rampant, il se fit
mépriser, d'un autre côté, par ses mœurs corrom-
pues. On a de lui : plusieurs poèmes en pro-
vençal (en en-trait dans V Histoire des Trouba-
dours, t. n, p. 344-376).
Adelung, suppément à Jôcher, Allgemeines Gelehvten-
Lexicon.
CALVO ou CALVUS {FéUx), chirurgien ita-
lien, natif de Bergame, mort le 21 juin 1661.
Reçu chirurgien à Padoue , il exerça avec succès
son art à Milan et dans sa ville natale. On a de
lui des ouvrages sur diverses maladies, l'ané-
vrisme, les uldères cancéreux, les plaies de tète
et le squirre.
Éloy, Dict. de la Médecine.
CALVO {Marco- Fàbio), médecin italien, na-
tif de Ravennes, mort à Rome en 1527. On lui
doit une des premières traductions latines d'Hip-
pocrate ,qu'il entreprit par ordre de Clément VIT
et sur un manuscrit grec du Vatican; Rome,
1525, in fol. On a en outre de lui : Antiquas
urbis Romae cum regionibus simulachrum ;
Bâle, 1558, in-fol.
Kloy, Dict. hist. de la Médecine.
* CALVO ou CALvrs A sALONiA {Michel),
médecin et philosophe espagnol, né à Avila dans
la Vieille-Castille, mort dans la même ville en
1579. Le magnifique monument funéraire en
marbre qui lui fut consacré dans l'église de l'Ob-
servance de Saint-François, où il est enterré,
fut renversé, en 1693, par un tremblement de
terre. On a de lui : Dispute sur la fièvre tierce
( en manuscrit) ; — Super Porphyrii ad prsedi-
camenta Aristotelis introductione conclusio-
nes. Addita est de libre prsedicamentorûm
pro omnibus Aristotelis expositi omnibus
adversus Hieronymum Balduinum apolo-
gia; Venise, 1575, in-8°.
Carrèrc, Bibl de la Médecine.
* CALVO {Paul-Bernard) , chirurgien ita-
lien, natif du Piémont , vivait dans la première
moitié du dix-huitième siècle. On a de lui :
Traité de Chirurgie (en italien), en 2 vol.;
Turin, 1711.
Carrcre, Bibl. de la Médecine.
CALVO OU CALVi {Jean), médecin espa-
gnol, vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle. Il s'efforça de faire entrer les écoles de
médecine du royaume dans la voie du progrès,
et y contribua par ses écrits. On a de lui : Pri-
mera y segunda parte de la chirurgia uni-
versal y particular del cuerpo humano ; Se-
ville, 1580, in-4° , et Madrid, 1626, in-fol. ; —
Libro de Medicina y Chirurgia; Barcelone,
1592 ; — une traduction en espagnol de la Chi-
rurgie française de Gui de Cauliac ; Valence,
1596, in-fol.
Antonio, Biblioth. hisp. nova.
ÇALYO ou GUALBE {Jean-S<Mveur DE),sur-
CALYOR 28
nommé le brave, général français, d'origir
catalane, né à Barcelone en 1625, mort à Dein<
le 29 mai 1690. Lorsque la Catalogue se soum
à la France, il passa au service de cette dernièi
puissance en 1641, et fit toutes les campagnes c
Catalogne jusqu'en 1655.11 prit part, en 1668,
la conquête de la Franche-Comté, et en 1671
assista à tous les sièges faits par Louis XIV. î
1673,il se trouva à la bataille de Senef. Le 7 jui
let 1676, il fut appelé au commandement (
Maëstricht, et déclara aux ingénieurs que , s
n'entendait rien au siège d'une place, il savait.
moins qu'il ne se rendrait pas ; et, en effet, il ti
pendant cinquante jours, jusqu'à l'arrivée <
Schomberg. Le siège fut alors levé par le priu
d'Orange. Calvo fut nommé lieutenant généi;i
et resta commandant de Maëstricht jasqu'i
1679. Après avoir surpris Leave, et s'être er
paré, en 1679, de Clèves et du pays de ce noi
il se rendit à l'armée du Riiin. Puis, il prit pt
et contribua en Catalogne, en 1684, aux suce
remportés alors sur l'ennemi. Il se disting
encore en Flandre en 1689, et mourut au re
ment où il allait avoir le commandement d'
corps d'armée sous les ordres^du maréchal
Luxembourg.
Chaudon et Dclandlne, Nouveau Dict. hist.
* CALVOR ( Gaspard), théologien et histori
allemand , né à Hildesheim le 8 novembre 1 6;
mortàClausthal le 11 mai 1725. Après avoir étiK
à léna et à Helmstœdt, il fut nommé en 1 67 7 dia(
et en 1 684 surintendant ecclésiastique à Zellerle
et enfin en 1 7 1 0 surintendant général ecclésiastiq
de la principauté de Gruberhagen à Clausth
où il resta jusqu'à sa mort. Élève de Calixte
était du petit nombre des théologiens conciliai
de cette époque, et prêchait la tolérance surt(
dans les querelles contre les piétistes. Les pr
cipaux de ses ouvTages sont : Fissura: Sion
L. E. de schismatibus ac controversiïs , ç
Ecclesiam Domini ab ascensu ejus ad deci
sum sccculi XVII usque agitarunt, tractai
theol. historicus; Leipzig, 1700, in-4''; —
Musica, ac sigillatim de Ecclesiastica eoq
speciantibus organis ; Leipzig, 1702, in-12,
Rituale ecclesiasticmn, origines ac causas
tmim, quos Ecclesia evangelica frequenti
evolvens, subnexo usu et abusu; léna, I7i
2 vol. in-4° (c'est une 2* édit. augmentée de W
vrage précédent) avec beaucoup de gravun
_ De Pace ecclesiastica inter Protestan
ineunda consultatio , occasione quacstioni
numschisma inter protestantes Ecclesias
legitimum, etc., Ad Carol. XIL reg. Suea
Leipzig et Goslar, 1708, in-4» ; — Saxonia
ferior antiqua gentilis et christiana,
primo Millenario post Christum natu
Goslar, 1714, in-fol. (son meilleur ouyiag
J. J. Fahsius, nta G. Calvœrii; Goslar, 1727, in-S»
Schlcgel, Kirchcngeschichte des 18. Jahrhunderts, t,
p. 257.
* CALVOR (ffenning' oa Henri), fils du [
cèdent, historien et économiste allemand, »é i
281 CAUVOR
1686, mort le 10 juillet 1766 à Attenau (dans le
4artz). Il succéda, en 1726, à son jjère dans les
lirections de l'École latine de Clausthal, et plus
ard fut pasteur à Attenau, où il resta jusqu'à sa
nort. On a de lui : Pr. de Historia recentiori
fercyniw superioris mechanica; Clausthal,
72C, in-4° ; — Pr ■ de domo Brunsvic. Lu-
<.eb. antiquissima nobditate nec non claritate
t potentia ex infelicï lapsu restitzita ; Chm-
lial, 1727, in-4"; — Acta historico-chronolo-
ico-mechanica ctrca metallurgiam in Her-
ynia superiori, oder Historisch-chronolo-
<ische nachricht und theoretische und prak-
ische Beschreibimg des Maschinenwesens
nd der Hiilfsmittel bei dem Bergbau auf
I em Oberharze; Brunsvick, 1763, 2 vol. in-fol.
vec 48 grav. (n'est que la suite de l'ouvrage de
chluter sur le même sujet ) ; — Historische
'achricht von den Oberharzischen Ber-
werken , etc. (Notice historique sur les Mines
11 Hartz supérieur); Brunsvick, 1765, in-fol.
tVdelung, suppl. à Jôcher, Mlgem. Gclehrten-Lexicon.
i' CALVY DE LA FONTAINE {François), hu-
lianiste et poète français, natif de Paris, vi-
iût au seizième siècle. Il était lié avec Charles
lontaine, avec lequel il a pu ôfre confondu, et
jfâ lui adressa un quatrain au sujet de la confor-
Bité de leurs noms. On a de lui une traduc-
m de la Manière de bien et heureusement
}nstituer et composer sa vie et forme de
Blitfre, contenant soixante-dix-huit enseigne-
ments envoyés par Isocrate à Bemonicus;
ans, 1543, in-18; — une traduction du Traité
e la Félicité humaine de Philippe Béroalde;
fans, 1543; — Trois déclamations èsquelles
\Yvrogne, le Putier et le Joueur dedez,
^ères, débatent lequel d'eux trois ( comme le
\lus vicieux), sera privé de la succession de
'^eur père, suivant son Testament. Invention
\atine de Philippe Béroalde, poursuivie et
\mplifiée par le dit traducteur, avec un dia-
logue de Lucain, intitulé Mercure et Vertu ;
l'aris, 1556; — une traduction en vers de VÈlé-
f ie d'Ovide sur la complainte du noyer ; Pa-
!is, l'Angelier, sans date in-16; — Églogue sur
[e retour de Bacchus, en laqiielle sont intro-
iluits assavoir Callinot de Beauîne et Jacqui-
hot d'Orléans; in-8°, gothique, 8 feuillets.
l La Croix du Maine et du Verdler Bibl. françaises, —
jloujel, Bibl. franc.
! *CALZA (Antonio), peintre de l'école véni-
tienne, né à Vérone en 1653, mort à Bologne
ers 1714. a étudia le dessin à Bologne sous
parlo Cignani. De retour dans sa patrie , ayant
j u quelques tableaux de bataille du Bourguignon,
[I partit pour Rome, et parvint à se faire ad-
pûettre parmi ses élèves. Il fit quelques progrès
[lans ce genre,; mais, désespérant d'atteindre à la
vérité et à la force de son maître, il se mit à
leindre dans le genre du Poussin des paysag<^s
jui lui firent le plus grand honneur. E. B — n.
Lanzl, Storia piltorica. — W mcKelmann, Neues
Hahhrlexicon.
— CAM 282
* CALZARO, sculpteur véronaîs très-ancien,
travaillait dans sa patrie vers le trezième siècle.
Maffel, f^erona illustrata. — CIcagnara, Storia délia
scoltura.
*;cALZOLAi ou cALZOLARi ( Pierre), histo-
rien ecclésiastique italien, de l'ordre des' Bénédic-
tins du Mont-Cassin, né à Buggiano en Toscane,
vers 1500, mort à Rome le 11 mai 1580. Il fut
aussi appelé Petrus Ricordatus, ou Petrus Flo-
rentinus, ou, de son lieu de naissance, Pierre de
Buggiano. Ces différents noms ont semblé à quel-
ques auteurs les noms d'autant de personnes dif-
férentes. Il vivait d'abord dans le couvent de
Sainte-Marie à Florence, et devint ensuite prieur
du couvent de Saint-Paul à Rome (extra mu-
ros ), où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui :
Historia monastica, overo Trattati per modo
di Dialogo ; Florence, 1561 , in-4°, 2" édit.; Rome,
1575, in-4''. Une 3® édition de cette histoire très-
estimée encore aujourd'hui, devait paraître au
moment de la mort de l'auteur.
Fiegelbauer, Hist. litter. ord. S., Bened. — Clément,
Bibl. curieuse, t. U, p. 103. — Negri, Scrilt. Fior.
CAM (Diogo), navigateur portugais, né dans
la seconde moitié du quinzième siècle, mort à la
fin ou au commencement du seizième. Ce voya-
geur, dont nous restituons ici le nom altéré dans
presque toutes les biographies, était chevalier et
attaché à la maison du roi. En 1484, lorsque
Alfonse V songea à poursuivre les découvertes
d» l'infant D. Henrique, le long des côtes de
l'Afrique, il l'expédia avec la mission d'aller
planter sur ces rives encore peu explorées un de
ces piliers de pierre qui avaient à peu près dix
pieds de haut et que l'on désignait sous le nom
de padrao. Ces bornes destinées à marquer les
découvertes maritimes de certains empires, mar-
quaient aussi les progrès qu'espérait faii'e le
christianisme : non-seulement elles portaient gra-
vées à leur sommet les armouries des c(mqué-
rants ; mais une croix de fer, soudée dans du
plomb, attestait le but qu'ils se proposaient en
étendant leurs explorations. Le padrao, qu'em-
portait avec lui Diogo Cam portait en outre deux
inscriptions , l'une en latin et l'autre en portu-
gais, et devait servir à attester les travaux com-
mencés depuis près d'un demi-siècle. Diogo Cam,
franchissant ie cap de Lopo Gonçalvez et celui
de Catharina, où s'arrêtaient les dernières dé-
couvertes accomplies sous Alphonse, alla le plan-
ter sur la rive sud d'un grand fleuve. Ce fut alors
que le Zaïre put être marqué sur les cartes et
que le Congo offrit ses vastes campagnes à de
nouvelles explorations. Diogo Cam n'hésita pas
à remonter le vaste cours d'eau qu'il venait d'at-
temdre, et dès le début de son exploration il put
se convaincre qu'une nombreuse population, ayant
tous les caractères de la race africaine co\ivrait
ses rives. Ces populations l'accueillirent d'une
façon toute pacifique ; et il résolut bientôt de trans-
porter sans violence en Portugal , quelques-uns
de ces noirs auxquels il destinait plus tard l'em-
283
CAM — CAMARA
ploi d'interprètes; U le fit avec d'autant plus de
facilité, qu'il laissait comme otages plusieurs
Portugais envoyés en mission vers le roi du
Congo, n est une circonstance, qui n'a peut-être
pas été assez remarquée, c'est que l'unique
voyage fait par le célèbre Martin Behaim, au
service du Portugal, fut exécuté alors. Behaim
accompagnait Diego Cam en qualité d'astronome
et de cosmograpbe (1), dans le but de déterminer
les longitudes et les latitudes en pleine mer.
Diogo Cam fut reçu avec joie par Jean n, et il
eut la prudence de ne point derneurer en Europe
au delà du terme de quinze lunes, que lui-même
il avait fixé. Au retour, les habitants du Zaïre lui
firent le meilleur accueil ; et bientôt, poursuivant
ses découvertes, il put aller bien au delà du
fleuve, par les 13° S., où il planta un second
padrao; il s'avança même jusqu'au 22™<= degré.
Il avait ainsi parcouru plus de deux cents lieues
au delà du Zaïre, en explorant de temps à autre
la terre, ainsi que le lui prescrivaient ses instruc-
tions. Au retour, et lorsqu'il fut rentré dans les
domaines du souverain noir avec lequel il avait
déjà lié des relations, il en fut accueilli avec des
démonstrations d'affection qui portèrent bientôt
leurs fruits. Non-seulement le roi du Congo de-
manda des prêtres pour instruire ses sujets dans
la foi chrétienne, mais il expédia à Jean II un de
ses sujets, qui se nommait Caçuta, et qui, après
avoir offert des présents consistant en ivoire et
toiles, devait recevoir solennellement le baptême.
Caçuta eut pour parrain et marraine Jean II et
la reine. Il prit dès lors le nom de D. Joao, en y
joignant celui de Syl^a, qui appartenait à son se-
cond parrain, le grand chambellan. Les hommes
de sa suite adoptèrent également le christianisme
avant de retourner en Afrique ; et l'on peut dire que
de cette époque datent les grandes missions afri-
caines, qui ne cessèrent de se multiplier durant
le seizième siècle, et qui adoucirent ces tribus à
demi sauvages, au point de leur faire adopter les
principes de hiérarchie sociale qui régissaient les
États de la péninsule. Quelque temps après la
venue de Caçuta à Lisbonne, le roi de Benim
imita son voisin, et demanda des missionnaires
au Portugal, dans un but peut être moins désin-
téressé; plus tard encore, Lisbonne eut les so-
lennités qui accompagnèrent, sous le règne de
Jean II, la conversion du prince Bemohi. Tout
cela était dû à la conduite prudente et intelli-
gente à la fois d'un navigateur auquel on devait
l'exploration de 360 lieues de côte, et dont les
travaux ne furent surpassés que par ceux de
Barthélémy Dias, qui lui succéda; il y a donc
lieu de s'étonner qu'il soit tombé dans un oubli
complet. Les meilleurs historiens se taisent et
sur les récompenses que durent lui acquérir ses
travaux, et sur l'époque précise de sa mort.
Il y a eu un Gaspard Cam ou Cao, qui, en
(1) f^oy. il ce sujet une (U^serlation peu connue de
Srib. Irancisco Mendo Trigoso dans le recueil intitulé
JUemorias de Litteratura.
1539, remplaça Alvario Pires, comme pein
de Jean ni. Ferdin\nd Dems.
Joâo de Barros, Jsia etc. — F Francisco de S. I.
cardinal Saraïva, Indice chronoloyio) das navegaçi
viagents, Descobrimentos dos Portiiguezes, réimp,
1849, clans l'ouvrage intitulé Os, Portuguezes etn JJrk
Asia, America, Oceania, 8" vol.
* CAMA ( Giovanni- Bernarclo), peintre nap
litain, florissait en 1550. Il peignit quelques t
bleaux d'histoire; mais il excella surtout dans
portrait. Il fit aussi quelques travaux en stuc.
Sarnclli, Guida de' Forestieri per la città di Napi
— Orlandi, Jbbecedario,
* CAMAFFi ( Luc-Antoine ), médecin italif
vivait au commencement du dix-septième sièc
On a de lui : Reggimento per viver scmo r
tempi caldi; Perugia, 1610, in-S».
Carrière, Bibl. de la Méd.
* CAMACÉE {André), peintre italien.
Camassei.
camanusalï, alcama, ce5îamcsau i
MOSALi , médecin arménien, vivait à Bagdad
1258, lors de la prise de cette ville par les Ta
tares. On n'a aucuns détails biographiques sui'
vie de ce savant. On sait seulement qu'il s'oct
pait spécialement des affections oculaires, et qw
avait étudié tout ce que les médecins arabe»
chakléens, indiens et juifs ont écrit sur ce s
jet. Son ouvrage a été traduit en latin sous>
titre : de Passionnibus oculorum Liber, aveci
chirurgie de Guy de Chauliac; Venise, 1499,'
l'année suivante avec la chirurgie d'Albuti
sis. Il existe aussi deux autres éditions de 15
et 1513, in-fol.
Freind, Hist, de la Médec. l"'^ Partie. — Guy de Chu
liac, Invontorium, sive Collectorium ■partis chiriin
calis médicinœ.
* CAMARA, famille noble du Portugal, et di\
les membres ont joué un rôle remarquable dïl
les événements importants de leur patrie. Nci
nous bornerons à les citer par ordre généalogiql
en donnant succinctement Içs principaux traitsi
leur histoire.
Zarco (Jean-Gonçalvez I), né à Thomar (1
tramadure), fut le fondateur de cette famillèl
se distingua à la prise de Ceuta (1420), et !
le premier gouverneur de Funchal ( Madère )
Camara de Lobos {.Tean-Gonçalvès IL) ,
aussi gouverneur héréditaire de Madère, et-pri*
premier le nom de Camara de Lobos ( chan\li
des Loups), à cause d'un aventure qui lui arri
dans une grotte qui servait de gîte à des lo*i
marins.
Simon Gonçalvez I, troisième gouverneur
Madère.
Jean-Gonçalvez ILI , quatrième gouverna
de Madère.
Simon-Gonçalvez II, cinquième gouvernema
Madère. Il fut fait grand de Portugal et comtel
Calheta parle roi Sébastien (1578).
Jean-Gonçalvez LV, sixième gouverneur,»
Madère et comte de Calheta.
Simon-Gonçalvez LLL, septième gouvePD
de Madère et comte de Calheta.
285
CAMARA — CAMARGO
286
Jéan-Gonçalvez V, huitième gouverneur de
Madère et comte de Calheta. Il mourut sans en-
fants en 1660, et, sa femme s'étant retirée dans
un couvent, le comté de Calheta et la capitaine-
rie de Madère devinrent la propriété de donna
Marie-Anne de Lancastre de Camara, qui les ap-
porta en dot à Jean Kodrigues de Vasconcellos ,
comte de Castelmelhor.
Les autres branches de cette puissante mai-
son se divisent ainsi :
La branche des Ataïdes, comtes d'Atouquia ;
id. des seigneurs de rile-Déserte ;
id. des Almataces maures , grands
ipannetiers de Portugal.
La branche des comtes de VjUa-Franca y Ri-
beii'a-grande.
Braodam, Monarch. Lusit. t. 6, et n, c. Il, p. S ,■ —
(Gaspard Fructuoso, Histoire des Iles ; — Emmanuel
fliomasi, Insulana.
CABiARA ( Lucius ), antiquaire italien, vivait
dans le milieu du dix-septième siècle. II a fait
paraître une histoire de Teate(Chieti moderne),
tans le royaume de Naples ; elle est intitulée :
,0e Teate antiquo Marrucinorum in Italia
netropoli,IIIlib.; Rome, 1651, iin-4°, réimpri-
."née depuis dans le Thésaurus Antiquitatum
italix de Burmann, t. IX.
Toppi, Bibl. Napolet. — Sax, Onomast. liter., III.
CAMARA y IHURGA {Christophe de la),
îvêque et théologien espagnol , né à Arciniega
yers la fin du seizième siècle, mort à Salamanque
iéa 1641. Il professa d'abord l'Écriture sainte à
ïolède, puis fut nommé successivement évoque
des îles Canaries, puis de Salamanque. Ha pu-
Jblié le premier ouvrage sur les Canaries sous ce
titre : Constitutions sinodales del obispado de
iCanaria, su primiera fundacion y transla-
fÀon, aidas de sus Obijspos y brève relacion
de las islas; Madrid, 1634, in-4°.
Nie. Antonio, Biblioth. Hisp. Nova.
*CAMARAO (I>oTO Antonio-Filippe) , chei in-
dien célèbre, né dans les montagnes d'Hybiapaba
vers la fin du seizième siècle, niort en 1648. Ce
iguerrier éminent, que l'on place à la tête de tous
[ceux de sa race au Brésil, était chef d'une tribu
iconnue sous le nom de Pytiguaras ( littérale-
ment les buveurs de tabac). Selon la coutume
indienne, il avait reçu un nom significatif et s'ap-
i pelait la Chevrette Pot y (en portugais Cama-
iTâo. ) Au baptême on lui avait imposé celui d'An-
ftçinio-Filippe. Camarâo figure dans l'iiistoire du
'Brésil dès l'année 1613, à l'époque où M. de la
i Ravardière fut obligé de quitter le Ikésil devant
I les forces de Geronimo d'Albuquerque. Sa bra-
ivoure peu commune et son esprit de conduite
ilui avaient déjà mérité le titre de gouverneur
fdes Indiens et l'avaient fait créer chevalier de
> l'ordre du Christ, lorsqu'en 1644 Fernandez
Vieira l'engagea à quitter la province de Sere-
j gippe del Rey pour s'unir à Henrique Dias, le
I chef des noirs, et à lui-même, afin de chasser les
^Hollandais. Il donna des preuves de haute ca-
! pacité, et si dans cette guerre, juste entre toutes
les guerres, les trois races dominantes du Brésil
se trouvèrent représentées par trois hommes
éminents,la postérité arxorde à Camaâo le se-
cond rang dans l'accomplissement de l'œuvre im-
mense à laquelle il s'était voué avec un si grand
dévouement. Il contribua puissamment à réta-
blir l'indépendance du Brésil, et mourut dans
un âge avancé. La femme de Camarâo, qui était
Indienne comme lui, se distingua dans plusieurs
batailles par son admirable courage.
Ferdinand Denis.
Sontliey,. History ofBrasil.—fierTe(io,yinnaest do Ma-
ham.
CAMARELLI {François), jurisconsulte ita-
lien, né à Vicence, vivait en 1640. 11 était juste-
ment apprécié pour ses connaissances en droit, et
se faisait surtout remarquer par l'éloquence qu'il
déployait dans ses cours publics. Il a laissé plu-
sieurs ouvrages remarquables traitant tous de
jurisprudence.
Joanncs Imnerialis, Musxum kistoricum.
Ca:>sargo {Alphonse de) , amiral espagnol,
vivait dans la première partie du seizième siècle.
Au mois d'août 1 539, l'évéque de Placentia lui con-
fia le commandement d'une flottille de trois vais-
seaux destinée à l'exploration du détroit de Ma-
gellan , encore bien peu connu à cette époque ,
puisque nul marin n'avait pu le francliir depuis
sa découverte. Camargo mouilla le 20 janvier
1540, à douze lieues de l'embouchure du canal,
près lé cap des Vierges. Quelques jours après il
franchit le premier goulet, et y reconnut les indi-
ces laissés par Magellan. Mais à peine arrivait-il
au port Famine , que le plus grand de ses navi-
res fit côte et fut brisé par une des tempêtes ordi-
naires à ces parages. L'équipage put gagner la
terre ; mais oh n'a jamais eu de ses nouvelles.
On a supposé que les passagers et marins qui le
composaient se sont établis dans l'intérieur des
terres qui séparent la Patagonie de la partie ha-
bitée du Chili. Rien jusqu'ici n'est venu confir-
mer cette croyance. Quant à Camargo, il conti-
nua sa route , et réussit à traverser le détroit
après mille dangers, mille fatigues. Il eut beau-
coup de peine à atteindre Aréquipa (Pérou) où
il arriva dans le plus fâcheux état.
Histoire des Foyagas aux terres Australes.
* CAMARGO {Ignace de ), théologien espa-
gnol, de l'ordre des Jésuites, vivait au commen-
cement du dix-huitième siècle. Il était profes-
seur de théologie à l'université de Salamanque.
Gna de lui : Régula honestatis nioraUs, S. trac-
tatus théologiens tripartitus de Régula mora-
liter agendi ; N3L]}]es, 1720, in-fol. (l'auteur y
combat la doctrine un peu élastique de la pro-
babilité).
Journal des Savants.
CAMARGO {Marie-Anne Cuppi), célèbre
danseuse , née à Bruxelles le 15 avril 1710,
morte à Paris le 20 avTil 1770. Son père Ferdi-
nand-Joseph de Cuppi , écuyer, seigneur de Re-
noussard, comme il se désigne lui-même dans
une requête au cardinal de Fleury dont nous
S87
allons avoir à parler, était issu d'une ancienne
famille de Rome qui a donné à l'église un arche-
vêque de France, un évêque d'Ostie et un cardi-
nal du titre de Saint-Jean, doyen du sacré col-
lège en l'an 1517, sous le pontificat deLéonX (1).
Le nom de Camargo , qu'il joignait au sien était
celui de sa mère, une Espagnole sortie de cette
illustre maison. Par malheur, Cuppi se trouvait
sans moyens de soutenir son rang et à la tête
d'une famille qui ne comptait pas moins de sept
rejetons. Il était à la fois maître de danse et de
musique ; faute de mieux, il donna des talents à
ses enfants: l'un étudia la peinture, l'autre la mu-
sique et devint plus tard violon à l'opéra ; l'aî-
née de ses filles , Marie-Anne annonçait des dis-
positions telles pour la danse, qu'il se détermina
à faire le voyage de Paris et à la présenter à ma-
demoiselle Prévost, dont elle prit durant trois
mois des leçons. Elle revint ensuite à Bruxelles,
où elle émerveilla la ville par son agilité, sa
gi'âce, le charme de sa personne. Quelque temps
après elle allait à Rouen, qu'elle devait bientôt
quitter pour faire ses débuts à l'Opéra. Son appa-
rition eut lieu, en 1726, par un pas dans les Ca-
ractères de la Danse.àe fut tout un événement.
Mademoiselle Prévost s'en inquiéta au point d'en-
traver la carrière de son élève. La mode l'avait,
consacrée ; sa beauté venant en aide à son talent,
elle devait triompher de tous les obstacles. Il y
avait deux ans (et non trois, comme le dit son
père dans sa lettre au cardinal) qu'elle faisait mer-
veille à l'Opéra, quand le comte deMelun, usant
d'adresse et de violence, l'enleva, elle et sa sœur
Sophie, à peine âgée de treize ans, et les tint ren-
fermées dans son hôtel de la rue Culture-Saint-
Gervais. Le père adressa aussitôt au cardinal-
ministre une requête dans laquelle il demandait
qu'il fût ordonné au ravisseur d'épouser la fille
aînée et de doter la cadette. Mais il ne paraît
pas qu'on ait pris en considération sérieuse cette
supplique de Camargo.
Comme on le pense bien, cette fugue ne fut
pas éternelle, la célèbre danseuse reparut sur la
scène, qu'elle quitta en 1734, mais pour y ren-
trer en 1740. Elle se retirait définitivement en
1751 avec une pension de 1500 livres. Mademoi-
selle de Camargo est une date dans l'histoire de
la danse. C'est Camargo qui osa la première
faire raccourcir ses jupons. Au reste, sa danse
était pleine de noblesse et même de retenue.
« Mademoiselle Camargo, dit Grimm , ne faisait
jamais la gargouillade, que mademoiselle Allard
fait aujourd'hui trois fois de suite avec tant de
dextérité, et que mademoiselle Lyonnois a sans
doute établie parmi les danseuses ; mademoiselle
Camargo ne la trouvait pas décente. C'était à
peine si on lui voyait le bas de la jambe. » — Une
gageure s'établit un jour sur la question de sa-
voir si elle portait ou non des caleçons. « On
s'adressa à elle pour savoir la vérité du fait ,
(1) Requête de M. de Camargo, à l'occasion de l'enlè-
vcraent de ses filles, mal 1728.
CAMARGO — CAMASSEI 28
ajoute Grimm , qui fut un des témoins du par
elle attesta que, non-seulement elle avait toi
jours porté des caleçons ; mais que leur établi?
sèment au théâtre tient à l'époque de ses bri
lants succès ». Peu d'artistes ont fourni uc
carrière aussi tieureuse et joui d'une vogue aus
universelle. Voltaire , qui était un peu le court
San de toutes les gloires, l'a immortalisée dans si
vers d'éloges qu'elle avait à partager, il es^t vra
avec mademoiselle Salle :
Ah ! Camargo, que vous êtes brillante !
Mais que Salle, grands dieux, est ravissante !
Que vos pas sont légers, et que les siens sont dou
Elle est Inimitable, et vous toujours nouvelle ;
Les Nymplies sautent comme vous.
Et les Grâces dansent comme clic.
La Camargo survécut dix-neuf ans à ses trior
plies ; elle passa ses dernières années dans ui
paisible retraite, comme le vieux Crébillon, av
une demi-douzaine de chiens, et un ami qui 1
était resté de ses mille et un amants, et à q
elle a légué ses chiens. Celui-ci lui fit faire i
enterrement magnifique. « Tout le monde adri
rait, ajoute l'auteur de la Correspondance, cet
tenture en blanc, symbole de virginité, dont l
personnes non mariées sont en droit de se ser\
dans leurs cérémonies funèbres. » — Quant
Sophie de Camargo, son nom ne serait pas pa
venu jusqu'à nous sans les succès de sa sœur
l'éclat scandaleux du comte de Melun.
Gustave Desnoiresterres.
Annales dramatiques, t. H. — Nécrologie des ho:
mes célèbres de France, 177!. — Correspondance
Grimm,i. VI, VII. — Galerie du dix-huitième siée
par Arsène Houssaie, t. !.. — C«marso{ anonyme), .1
niteur dramatique, 25 avril 184C.
CAMARiOTA {Matthieu), rhéteur grec, m
Thessalonique , vivait dans le milieu du qu
zième siècle. Il enseignait avec succès la philos
phie à Constantinople lors de la prise de ce
ville par Mahomet II (1453). 11 écrivit la relati
de cet événement ; elle fut publiée dans le reçu
grec-latin de Crusius, Turco-grcecia. On a au
de lui deux discours sur le traité de Gemist
Pletho, de Fato ; Leyde, 1722, in-8°, avec noi
de Reimar et préface de J. AlbinusFabricius;
Compendium Rhetoricx et Synopsis Herm
genis; Augsbourg, 1595 en grec. Ces deux c
vrages ont été traduits en latin par Jean Sch
fer, avec annotations, dans son Lectioni
Academicarum Liber; Hamboui'g, 1675, in-
— Camariotà a laissé en manuscrit un Co)
mentaire sur les lettres de Synésius.
Sax, Onomast. litt.
* TAMAssEï ( Andréa ), peintre et grave
de l'école romaine, né à Bevagna prèsFoligno
1601, mort en 1648. Après avoir appris à I
rouse, les principes de l'art, il devint à Roi
élève du Dominiquin et d'Andréa Sacchi, !:
principaux ouvrages se voient dans cette villi
Saint-André délia valle, au Panthéon, à l'égl ;
des Capucins, et au baptistère de Saint-Jean '
Latran. Dans tous on trouve de la noblesse,
la grâce et du naturel, unis à un bon coloris,
289
CAMASSEI — CAMBACÉRES
Camassei a manié le burin avec un égal suc-
cès, et on admire avec raison sa belle estampe de
la Sainte Famille. E. B n.
Lanzi, Storia pittorica. — Tlcozzi, Dizionario.
■ CAMBACÉRES- (Jean-Jacqucs-Régis de),
homme d'État français, naquit à Montpellier le 18
octobre 1753, et mourut à Paris en juin 1824,
d'une ancienne famille de robe qui avait produit
encore quelques hommes dignes d'ajouter à son il-
lustration parlementaire ( notamment un docteur
deSorbonne,morten 1758, membre de l'Académie
de Béziers ; l'abbé de Cambacérès, mort en 1 802,
archidiacre de Montpellier, qui, chargé de prê-
cher le carême de 1757 devant Louis XV et sa
cour, s'honora autant par le courage et la fer-
meté dont U fit preuve, que par le talent qu'il dé-
ploya comme prédicateur; enfin le cardinal-ar-
chevêque de Rouen, Etienne Hubert de Cam-
bacérès, sénateur, puis pair de France, mort en
1818, et le général de Cambacérès, l'un et l'autre
frères de l'archichancelier). Destiné à la car-
rière de la magistrature, à laquelle il était d'u-
sage autrefois de se préparer dès l'enfance par
«ne éducation pour ainsi dire spéciale, le jeune
Cambacérès, lors de la suppression momentanée
des parlements en 1771 , aima mieux renon-
cer aux avantages de l'état qu'il allait embras-
ser, que de siéger à l'un des tribunaux érigés
illégalement par le chanceUer Maupeou. En at-
tendant le rétablissement de l'ancienne magis-
trature, il continua de se livrer à l'élude des
lois ; et la connaissance profonde qu'il acquit dans
cette étude a été la source de sa haute fortune.
11 avait succédé, en 1771, à son père dans la
charge de conseiller en la cour des comptes,
aides et finances de Montpellier. Aux approches
de la révolution de 1789, dont il partageait les
principes, il fut choisi par l'ordre de la noblesse
pour rédiger ses cahiers ; et la sénéchaussée de
Montpellier porta son vote sur lui pour remplir
une seconde place de député de cet ordre, qu'elle
se croyait en droit d'envoyer aux états géné-
raux. Ce mandat se trouva annulé, parce que la
prétention de la sénéchaussée ne fut point ad-
mise ; mais, élu d'abord à quelques fonctions ad-
ministratives, puis à la présidence du tribunal
criminel de l'Hérault, Cambacérès fut élu député
à la convention par ce département au mois de
septembre 1792.
Pendant la durée de cette législature , dont il
avait pressenti la violence et les écarts, Camba-
cérès chercha à se retrancher dans la spécialité
du jurisconsulte. Porté au comité de législation,
il y resta pendant deux ans, principalement oc-
]cupé d'affaires contentieuses, de questions juri-
idiques, et de rapports dont le sujet n'était pas
de nature à attirer sur lui l'attention du pubUc.
Cette circonspection était d'autant plus sage qu'il
appartenait à une classe privilégiée. Mais les
événements déconcertèrent sa prudence : homme
consciencieux avant tout, U se trouva forcé d'ac-
cepter le rôle important qui lui échut lors du
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
290
procès de Louis XVT. L'opinion qu'il émit la pre-
mière fois qu'il fut appelé à se prononcer ne se-
rait pas désavouée aujourd'hui par beaucoup
d'hommes graves et du caractère le plus droit :
« Le peuple vous a créés législateurs, dit-il,
mais il ne vous a pas institués juges; il vous a
chargés d'établir sa félicité sur des bases immua-
bles, mais il ne vous a pas chargés de prononcer
vous-mêmes la condamnation de l'auteur de ses
infortunes. » 11 y avait du courage à émettre une
telle opinion ; Cambacérès n'en montra pas un
moins grand lorsque , nommé l'un des commis-
saires chargés de retirer du greffe du tribunal
criminel les pièces produites contre le roi, et de
lui notifier le décret qui lui accordait un conseil,
il insista pour que la plus grande latitude fût
laissée à la défense et aux communications de
l'illustre accusé avec ses défenseurs. S'il souleva
par sa première déclaration l'animosité des dé-
magogues, qui, à toute force, voulaient le sup-
plice de Louis XVI, Cambacérès ne devait pas
échapper non plus à la rancune des royalistes de
Coblentz; car il se prononça, ainsi que tous ses
collègues de la convention , pour l'affirmative
sur la question de la culpabilité. Quant à celle de
la peine, voici comment il s'exprima : « J'estime
que la convention nationale doit décréter que
Louis a encouru les peines établies contre les
conspirateurs par le code pénal; qu'elle doit
suspendre l'exécution du décret jusqu'à la cessa-
tion des hostilités, époque à laquelle il sera dé-
finitivement prononcé par la convention ou par
le corps législatif sur le sort de Louis, qui de-
meurera jusqu'alors en état de détention; et
néanmoins, en cas d'invasion du territoire fran-
çais par les ennemis de la république, le décret
sera mis à exécution. « Ce vote conditionnel fut
compté avec les 334 votes d'absolution. Enfin
Cambacérès se prononça pour le sursis à l'exé-
cution. Il est vrai qu'après que le décret fut
porté, il s'y soumit et le fit entendre par pré-
caution oratoire, lorsqu'il réclama pour le roi la
liberté de voir une dernière fois sa famille et ses
conseils, ainsi que la faculté de choisir un con-
fesseur à son gré ; mais il est étrange que l'es-
prit de parti ait pu à ce point dénaturer l'inten-
tion et les faits, que, vingt-quatre ans plus tard,
l'archichancelier se soit vu dénoncer au parti
réactionnaire et exiler comme régicide.
« Après le jugement de Louis XVI (dit un bio-
graphe plus équitable en ce point et mieux in-
formé que \ai Biographie des hommes vivants),
Cambacérès chercha à calmer les impressions
que les meneurs de la Montagne avaient paru
prendre de lui; il ménagea assez évidemment les
factions opposées pour qu'on soit autorisé à
croire que ses principes étaient de souffrir ce
qu'il ne pouvait empêcher, pour avoir occasion
de.4e modifier. » Devenu membre du comité de
défense générale , il présenta en son nom , à la
séance du 26 mars 1793, un rapport sur la dé-
fection de Dumouriez. Lié jusqu'alors avec ce
10
291
CAMBACÉRÈS
292
général, il l'avait défendu peu de temps aupa-
ravant avec chaleur, quand il était pur encore
des accusations dirigées contre lui; mais Cam-
bacérès ne déclina pas son devoir de rapporteur
dans un moment où son silence l'aurait infailli-
blement compromis. A la séance de la conven-
tion du 10 août 1793, Cambacérès lut un travail
étendu sur la classification des lois civiles et
leur rédaction en un seul code, travail dont il
avait été chargé par décret de l'assemblée , con-
jointement avec Merlin (de Douai ). Une adresse
aux Français ayant été décrétée le 5 novembre
1794, Cambacérès, alors président de l'assem-
blée, fut chargé de sa rédaction : c'était le pro-
gramme de la nouvelle direction que l'événe-
ment du 9 thermidor permettait de donner au
gouvernement. Le rédacteur y annonce que la
convention maintiendra le régime qui a sauvé
l'État, mais qu'elle le maintiendra en lerégula-
risant, en \^ dégageant des vexations, des me-
sures cruelles, des inquiétudes dont il a été
le prétexte. La réintégration des soixante-treize
députés illégalement exclus le 31 mai précédent,
lui fournit une occasion favorable pour faire la
motion d'une amnistie pleine et entière à l'égard
de faits révolutionnaires non qualifiés expressé-
ment par le code pénal. A l'expiration de sa pré-
sidence, il était passé au comité de salut public;
ses collègues l'élurent président de ce comité, et
jusqu'à la fin de la législature il y resta chargé
de la direction des relations extérieures. On lui
fut redevable de la paix conclue avec la Rus-
sie et avec l'Espagne. Cambacérès donna une
grande importance à ses fonctions de président
du comité de salut public : tout arrêté des diver-
ses commissions du gouvernement n'étant expé-
dié que sous sa signature, il exerçait par là sur
l'ensemble de l'administration une sorte de sur-
veillance qui pouvait le faire considérer comme
le chef du gouvernement. Le caractère même de
son influence souleva contre lui les mauvaises
passions ; plus il apportait de prudence et de mo-
dération dans la direction des affaires de la répu-
blique, plus il devenait odieux aux ennemis du
gouvernement; et les intrigues ourdies à Co-
blentz trouvèrent à la convention des patriotes
tout disposés à leur servir d'instruments. Ils
accusèrent Cambacéiès d'entretenir des intelli-
gences avec l'émigration. On citait quelques
mots d'une lettre du marquis d'Entraigues, agent
avoué des princes auprès des cours les plus
hostiles à la France. Cambacérès se lava sans
peine d'une pareille inculpation; mais on réussit
néanmoins à l'écarter du Directoire , sous pré-
texte qu'il n'était pas assez compromis dans la
cause de la révolution , ayant refusé de voter
la mort du tyran 1 Lors de la nouvelle législa-
ture, il fut porté au conseil des cinq-cents : la
précision de ses idées, sa pénétration rapide et
sûre, un imperturbable sang-froid, et sa grande
facilité d'élocution, lui firent encore déférer la
présidence. Un homme politique qui possède ces
qualités à un haut degré, M. Dupin aîné, rend à
larchichancelier ce témoignage, qu'il fut un des
plus sages conseillers et des plus fidèles servi-
teurs de la couronne impériale. « Il avait, ajoute-
t-il, l'esprit juste et lumineux, le discours laco
nique, et la tenue grave. » A la formation d(
l'Institut national , il en fit partie commf
membre de la classe des sciences morales e1
politiques. Il entra depuis à l'Académie fran-
çaise, et il n'a cessé d'en faire partie qu'au 31
mars 1816, date de l'ordonnance qui prononçi
sa radiation. Suspecté de royalisme par le part
républicain exalté, il fut regardé comme un chej
d'opposition et écarté par le Directoire lors
qu'il sortit du conseil des cinq-cents avec li
second tiers conventionnel, au bout de quelque
mois de session de cette législature. Cambacé
rès, rendu ainsi à la vie privée, reprit les travair
du jurisconsulte.
Le revirement du 30 plairial an vn ayant ap
pelé de nouveaux hommes à la tête du gouvei
nement, Cambacérès accepta, un mois après, 1
portefeuille de la justice, que lui offrait Sieyes
il le conserva après le 18 brumaire, quoiqu'i
n'eût pris aucune part à cette révolution. Telli
fut même la confiance qu'il inspira à Bonapart'
dès que le général fut à même d'apprécier soi
caractère et ses talents, que celui-ci le chois
pour être après lui le premier fonctionnaire d
l'État en qualité de second consul, plaçant ains
comme on Ta judicieusement observé , la mai
de justice à coté de l'épée.
A dater de cette période de la vie publique d
Cambacérès, il devient impossible d'embrassf
le détail de ses actes dans les limites d'une notict
Sans doute il n'avait dans la direction des affai
res de l'État qu'un rôle subordonné à la voloni
du maître que la nouvelle constitution venait d
donner à la république ; mais ce second rôle d(
mandait encore toute la capacité dont fit preu\
celui que le premier consul en avait chargé. S
participation à la rédaction du code civil coi:
tribua beaucoup à sa gloire. S'il y a lieu de li
reprocher une tendance trop prononcée vers d<
préjugés aristocratiques, tels que ceux de la casi
parlementaire, ces préjugés du moins n'étaiei
pas hostiles à tout progrès calculé sur l'intell
gence des masses : défenseur de la liberté légah
il lui donnait pour garantie l'indépendance de I
magistrature et du barreau. L'on sait quels ei
forts Cambacérès a tentés pour relever la dignil
de la profession d'avocat, et lui rendre l'électio
de ses bâtonniers. Assurément le désir de r(
constituer Vordre des avocats n'avait rien c
commun avec le retour des maîtrises, des ji
randes et des corporations -.il peut donc paraiti
surprenant que le rédacteur du Mémorial n
Sainte-Hélène représente Cambacérès (tout e
rendant justice d'ailleurs à sa sagesse, sa modi
ration et sa capacité) comme « l'avocat d(
abus, des préjugés, des anciennes institution;
du retour des honneurs, des distinctions, etc.
1298
[ Quand Napoléon prit le titre d'empereur , celui
lie tous les consuls disparut; mais il n'y eut que
cela de changé dans la position de Cambacérès,
lui devint arckicfiancelier, àyànilà présidence
ijerpétuelle du sénat. L'empereur le fit encore
\ prince , duc de Parme, et le décora successive-
I lient de tous les ordres dont il disposa. Toutes
pes faveurs excitèrent contre lui la jalousie;
\ nais la malignité et l'envie même furent obligées
i le convenir qu'il porta la prospérité avec tant
le calme et la grandeur avec tant de facilité,
I {u'on eût dit qu'il était né et qu'il avait tou-
\ ours vécu dans ce^^epos/Yion, à laquelle il était
i jarvenu par son mérite et ses talents. La con-
) iance de Napoléon dans le premier dignitaire
I le son empire n'a jamais éprouvé la plus légère
I itteiote : de près comme de loin, il était tranquille
ur l'opportunité et l'à-propos de ses mesures, et
ur la sûreté de la direction qu'il aurait don-
i lée aux plus importantes affaires de l'État. On
j (eut regretter que plusieurs des conseils de l'ar-
I hichancelier n'aient pas été suivis : jamais l'em-
■ereur ne suspecta leur sincérité. C'est ainsi
!ue, dans le conseil, le duc de Cambacérès avait
ijtté fréquemment contre la passion qui poussait
Napoléon aux combats. Il fit tous ses efforts pour
1^ mpêcher l'illégal et impolitique supplice du duc
i 'Enghien, et il eftt voulu détourner aussi l'em-
^ ereur d'entreprendre la campagne de Russie et
e tenter les chances de celle de 1813. Malgré
I opposition formelle et motivée qu'il avait émise
arsque le projet d'alliance de Napoléon avec
Autriche fut, pour la forme, soumis au con-
eil, l'archicliancelier, qui aurait voulu quel'em-
)ereur épousât une princesse russe, n'en obtint
\ )as moins à un haut degré la confiance de l'impé-
i atrice Marie-Louise : celle ci, lorsqu'elle fut dé-
clarée régente, l'appela à présider son conseil.
Ua détermination de quitter Paris pour se porter
lu delà de la Loire, à l'approche de l'ennemi, a
; 'té jugée comme fuueste à la dynastie de Napo-
I éon, et l'on a voulu en faire peser la responsa-
S)ilité sur l'archichancelier. Ce reproche est non-
ieulement dépourvu de fondement, puisque les
)rdres de l'empereur étaient formels ; mais Cam-
jîacérès se serait rendu coupable de trahison si,
»ans autre garantie de succès qu'une éventualité
llouteuse, il eût désobéi à ces ordres et résisté à
, 'avis de la presque unanimité du conseil, par-
; âgé d'ailleurs par Joseph, lieutenant général de
l'empire. C'est deBlois, où il avait accompagné
tWarie-Louise, et après l'avoir remise aux mains
lies commissaires que son père avait délégués
jpour l'accompagner en Autriche, que le duc de
Cambacérès envoya, les 7 et 9 avril 1814, son
îïdhésion aux actes du sénat. Il revint à Paris et
irentra dans la vie privée, dont le retour de Na-
ipoléon le tira malgré lui : un ordre de l'empereur
•'e décida à reprendre les fonctions d'arcliichan-
«ielier, et à se charger, par intérim , du porte-
lifeuille de la justice. En 1814, la calomnie avait
[pris à tâche de ruiner le crédit que pouvait con-
CAMBACÉRÈS 294
server près du roi l'archichancelier de l'empire ;
après les Ccnt-Jours, on ne se borna plus à atta-
quer sa réputation d'homme privé; il fut qualifié
de régicide, et sous ce prétexte compris dans
la liste de proscription qui dispersa à l'étran-
ger, en Belgique surtout , les débris d'un parti
vaincu par les ans, et dont il avait été autre-
fois l'adversaire. Associé à ses infortunes, il se
félicita de pouvoir en alléger quelques-unes.
Enfin une ordonnance du 13 mai 1818 rétablit
l'exilé dans tous ses droits civils et politiques. De
retour à Paris, le duc de Cambacérès y mourut,
dans sa soixante-onzième année. Il y avait
donc près de dix ans qu'il vivait comme simple
particulier : cependant, quinze jours après sa
mort, une ordonnance royale fut rendue, qui
enjoignit à ses héritiers de remettre à un com-
missaire délégué par le garde-d es-sceaux, et
sans inventaire, les papiers de l'archichancelier,
lesquels étaient encore sous le scellé. Sur le refus
de l'héritier du duc de Cambacérès, une instance
s'engagea entre ce dernier et le ministre de la
justice au nom de l'État, instance dans laquelle
on voulut soulever un conflit pour ravir aux
magistrats la connHÎssance de l'affaire. M. Dupin
aîné, chargé de la défense, publia à cette occa-
sion un mémoire remarquable. « Quelles sont
donc ces lettres.!" s'écriait-il; leur contenu inté-
resse donc des hommes bien puissants, puisqu'il
ne faut pas même qu'elles soient lues ni entre-
vues par l'héritier, par le possesseur, même sous
le contrôle d'un maître des requêtes it en pré-
sence d'un juge de paix ! » [ Enc, des g. .du m. ]
Moniteur universel. — Thiers, Histoire du Consulat
et de l'Empire. — Thibaudeau, le Consulat et l'Empire.
— NorviDs, Hiftoire de Napoléon. — Bûchez et Aoax,
Histoire parlementaire de la révolution française. —
Mignel, Atyrégé de l'Hist. de la révolution française.
— Aubriet, Fie de Cambacérès, 2^ éd., 1825, in-18.
CAMBACÉRÈS {Etienne- Hubert de), car-
dinal français, frère de l'archichancelier, né à
Montpellier le 11 septembre 1766, moii le 25
octobre 1828. Il embrassa la carrière ecclésiasti-
que, et ne prit aucune part à la révolution; mais
l'élévation de son frère aux premières charges de
l'État, après les événements du 1 8 brumaire , le
fit monter rapidement aux degrés les plus émi-
nents de la hiéi'archie religieuse. Nommé archevê-
que de Rouen le 11 avril 1802, il fut pourvu, l'an-
née suivante, du chapeau de cardinal, et reçut
ensuite le cordon de grand officier de la Légion
d'honneur. Le département de l'Hérault l'ayant
élu candidat au sénat conservateur, il y fut ap-
pelé le 1^"" février 1805, et ne s'y montra pas le
moins adulateur. La bataille d'Austerlitz lui of-
frit l'occasion de manifester, dans un mandement
qui se fit remarquer, toute sa reconnaissance
et toute son admiration pour le prince qui lui
avait donné de si grandes marques de sa laveur.
Mais les désastres de 1813 et 1814 ébranlèrent
le dévouement du prélat courtisan, aussi bien
que celui de tant d'autres. 11 adhéra, le 8 avril,
aux résolutions du sénat relativement à la dé-
10.
â9S GAMBACÉRÈS -
chéance de l'empereur. En 1815, Napoléon, fer-
mant les yeux sur le passé, comprit l'archevô-
que de Rouen, le 2 juin, dans la composition de
sa chambre des pairs. La rentrée de Louis XVIII
força le cardinal Cambacérès à s'éloigner de la
scène politique, et à retournerj àses fonctions
épiscopales.
Biographie des Contemporains. — Le Bas, Dict. en-
cyclop. de la France. —Biogr. nouv. des Contemp.
CAMBACÉRÈS (le baron), général français,
neveu des précédents, né le 13 novembre 1778,
mort en 1826. Il embrassa en 1793 la carrière
militaire, et (it les campagnes d'Espagne et du
Rhin. Il se battit aussi dans la Vendée, assista
aux batailles d'Austerlitz et d'Iéna, fut fait gé-
néral de brigade le 10 juillet 1806, prit part à la
guerre d'Espagne, reçut le commandement du
département du Mont-Tonnerre, reparut à la
grande armée en 1814, combattit vaillamment
aux journées de Lutzen, Bautzen et Dresde, et
commanda le département d'Indre-et-Loire en
1814. La restauration le mit successivement en
disponibilité et en retraite. La fierté de caractère
du général Cambacérès l'empêcha, malgré son
nom , d'avancer rapidement.
CAMBACÉRÈS (l'abbé de), oncle des précé-
dents, prêtre français, né à Montpellier en 1721,
mort le 6 novembre 1802. Il était fils d'un con-
seiller à la cour des comptes du Languedoc. Il
montra de bonne heure un goût décidé pour l'é-
tude des auteurs sacrés ; et, après s'être bien pé-
nétré de la lecture de Bossuet et surtout de
Bourdaloue, il se destina à la chaire. Ses succès
furent brillants ; et, quoiqu'on fût dans une église,
des applaudissements universels se firent enten-
dre lorsqu'il prononça son panégyrique de saint
Louis, en 1768. Il fut nommé archidiacre dans
sa ville natale. Lié avec les httérateurs les plus
distingués de son temps, il vécut toujours d'une
manière modeste. On a de lui : Panégyrique de
saint Louis; 1768, in-4''; — Sermons; 1781,
3 vol. in-12; deuxième édition, 1788, 3 vol.
in-12, avec un discours préliminaire.
* CAMBACÉRÈS {Marie-Jean-PierreHtibert,
duc de), sénateur, neveu de l'archichancelier de
l'empire, naquit, le 20 septembre 1798,à Solingen
(grand-duché de Berg). Il fut admis en 1812 au
nombre des pages de l'empereur, suivit en cette
qualité l'impératrice Marie-Louise lors de sa re-
traite sur Blois, et fit le dernier le service auprès
du roi de Rome, en escortant ce prince de Blois à
Orléans. Licencié sous la première restauration,
il fut nommé en 1814 sous-lieutenant dans un
régiment de chasseurs à cheval, reprit ses an-
ciennes fonctions pendant les Cent-.lours, et fut
nommé premier page de l'empereur, qu'il suivit
pendant la campagne de Belgique. Chargé, dans
la journée du 16 juin, d'une mission auprès du
maréchal Ney , il tomba dans une embuscade et
l'ut fait prisonnier de guerre, ajjrès s'être dé-
fendu vaillamment et avoir eu un cheval tué sous
lui. Rentré en France, il y apprit la proscription
■ CAMTBERLTN 29(
de son plus proche parent, renonça à la carrièn
militaire, donna sa démission, se livra à l'étudi
du droit, et se fit inscrire en 1823 au tableai
de l'ordre des avocats à la cour royale de Pa
ris. Après la mort de son oncle (1824) , il s'op
posa énergiquement à la remise des papiers di
défunt, que le gouvernement voulait s'appro
prier. Cette affaire, qui eut un grand retentisse
ment à cette époque, dura fort longtemps ; ce m
fut qu'à la fin de 1828 qu'elle eut une solutioi
favorable devant les tribunaux, grâce à l'habilt
défense de M. Dupin aîné. M. de Cambacérès s(
trouvait en Suisse lorsque la révolution de juil
let éclata : il revint à Paris, et se rallia à la dynastii
nouvelle. Placé quatre fois à la tête d'une com
pagnie de la garde nationale de la 10'' légion, i
obtint de ses concitoyens un sabre d'honneui
en témoignage de leur estime , et fut nommé
en 1834, membre du conseil général de la Seine
Une ordonnance du 11 septembre 1835 l'ap
pela à siéger dans la chambre des pairs. Élu
la même année, l'un des secrétaires de cett(
chambre, il conserva ses fonctions jusqu'à la ré
volution de février. La confiance du chef de l'É
tat l'éleva à la dignité de sénateur par décret di
26 janvier 1852.11 est aujourd'hui grand maîtn
des cérémonies, et l'un des secrétaires du sénat
SiCARD.
CAMBASSi. Voy. GoNELLi (/gaw), sculpteui
italien.
*CAMBAtFi.ES(de camb, force, et baol, des
truction ), chef gaulois à la solde des rois de Ma ',
cédoine, entra pour son propre compte dans 1;
Thrace , en ravagea les frontières , comme li
firent ensuite Cérétrius, Léonor, Luthar, Comon
tor. Il rapporta de cette expédition au milieu de:
Galls du Danube un butin considérable, dont 1;
vue décida ses compatriotes à tenter contre L
Grèce cette invasion qui vint, en 279, échouer ;
Delphes et aux Thermopyles.
Pausanias, X, 19, § 4. — Ph. Le Bas, Dictionn. ency
clopéd. de la France.
CAMBDEK (Guillmtme), antiquaire anglais
Voy. Camden (Williams).
CAMBERLYN D'AMOUGIES (Jean-Boptiste
Guillaume, chevalier), poète belge, né à Gam
en 1760, mort dans la même ville le 15 avri|
1833. Il était de famille noble, fit de bonnes étu
des à Louvain; il devint juge au tribunal civil d(
Gand. Il s'adonna alors à la versification latine
et adressa des pièces de vers à Louis XVIII, ai
roi et à la reine des Pays-Bas, au prince et ;
la princesse d'Orange, auxrois de Prusse et d'An'
gleterre, au pape Léon XII, aux princes de Saxe-
Weimar , de Hohenlohe , au grand maître d(
Malte. Sa vanité ne fut qu'à moitié satisfaite ; cai
ces nombreuses adulations ne lui valurent qui
les ordres de la Légion d'honneur, du LionNéer
landais , du Phénix , et du Faucon-Blanc. Outri
ces poésies, on a de lui: In csedetn Egmondi;-
Ars Costeriana, sur l'origine de l'imprimerie
que l'auteur fait naître à Harlem ; — Eyckii im
297 CAMBERLYN
mortali genio; apologie des frères Eyck ; — Bii-
h'isii genio, sur l'art d'encaquer les harengs
d'après la méthode de Buckels. Tous ces mor-
ceaux ont été réunis sous le titre : Miscellanea ;
Gand, 1828, in-8°, flg.
Biographie générale des Belges.
CAMBERT (Robert), musicien, né à Paris vers
1628, et mort à Londres en 1677. 11 ftjt d'abord
organiste de l'église St.-Honoré, et devint ensuite
surintendant de la musique delà reine Anne d'Au-
triche, mère de Louis XIV. Il fut le premier mu-
sicien français qui composa un opéra , et voici
comment il y fut amené. L'abbé Perrin, maître
des cérémonies de Gaston, duc d'Orléans, ayant
conçu l'idée de créer un nouveau genre de spec-
tacle à l'instar d'Orfeo e Euridice, que le cardi-
nal Mazarin avait fait jouer en 1647 par une
troupe italienne , écrivit une pastorale en 5 ac-
tes, et chargea Cambert de la mettre en musi-
que : ('«tte pièce, représentée au château d'Issy
en 1 659, et ensuite à Vincennes en présence du
roi, obtint un grand succès. Encouragés par Ma-
zarin, les auteurs composèrent un nouvel opéra
intitulé Ariane, ou les Amours de Bacchus, qui
fut répété à Issy en 1666, mais dont la repré-
sentation fut empêchée par la mort du cardinal.
Diverses circonstances s'opposèrent aussi à la
représentation d'un autre opéra, Adonis , dont
Cambert avait fait la musique en 1662. Perrin
n'en poursuivit pas moins la réalisation de son
projet : le 28 juin 1669, il obtint des lettres pa-
tentes portant « permission d'établir dans la ville
de Paris, et autres du royaume, des académies
de musique pour chanter en public des pièces
de théâtre. » 11 s'associa Cambert pour la mu-
sique, et le marquis de Sourdéac pour les machi-
nes ; et au mois de mars 1671 il ouvrit son théâ-
tre dans le jeu de paume de là Bouteille, rue
Mazarine, en face de celle Guénégaud, par la pièce
de Pomone, que l'on peut considérer comme le
premier opéra français régulier. Pomone, applau-
die pendant huit mois, fut suivie d'une autre pas-
torale en 5 actes , les Peines et les Plaisirs de
V Amour. Mais bientôt la division s'étant mise
parmi les associés, Lulli, qui était devenu su-
rinteudant de la musique du roi, profita de cette
mésintelhgence pour leur enlever leur privilège.
Cambert, profondément blessé d'une telle injus-
tice, quitta la France en 1673, passa en Angle-
terre , où il fut nommé maître de la musique de
Charles II, et mourut de chagrin peu de temps
après. La partition d'Adonis a été perdue;
Ch. Ballard a publié des fragments de l'opéra
de Pomone ; celui des Peines et des Plaisirs
de l'Amour existe en manuscrit à la Bibliothèque
impériale. Dieudonné Denne-B\ron.
Félls, Biographie universelle des musiciens. — Patrial,
Histoire de l'Art musical en France.
*CAMBERY {Jean de), écrivain héraldique
français, vivait vers le milieu du seizième siècle.
On a de lui : le Miroir royal blasonnant les
armoiries de France et le nom du roi
— CAMBIATORE
298
(Henri II), avec une lettre à la reine Cathe-
rine de Médias; Paris, 1549, in-8°.
Lelong et FonteUe, Bibt. histor. de la France.
CAMBI4G1 (Joachim), historien toscan, né
en 1740, mort vers 1801. 11 se destinait d'abord
à l'état ecclésiastiqtie; mais, ayant trouvé l'occa-
sion de contracter un brillant mariage, il se con-
sacra aux lettres et s'associa à un de ses parents,
Gaëtano Carabiagi, qui possédait à Florence une
imprimerie de premier ordre. Les relations de
Joachim avec Paoli et les autres chefs de l'in-
surrection corse l'engagèrent à écrire V[storia
del regno di Corsica; Livourne, 1770 à 1774,
4 vol. in-4° ; on y trouve un grand nombre de
documents naïfs et intéressants. Il commençait
une Histoire de Sardaigne lorsqu'il mourut.
On n'a que le 1*'' vol. de cette histoire; Florence,
1775, in-4-'.
Tipaldo, Biogr. Ital.
CAMBiASO ( Luca), dit Luchetto de Gênes,
peintre, né à Gênes en 1527, mortà Madrid en 1585.
Fils de Giovanni Cambiaso, peintre médiocre, il
reçut de lui les premières leçons , et acheva de
perfectionner son talent par l'étude des dessins
du Mantegna et des tableaux du Pordenone exis-
tant à Gênes ; car, quoi qu'en ait dit Ticozzi, il iic
paraît pas être allé à Rome. Dès l'âge de vingt-
cinq ans, il était compté au nombre des pre-
miers peintres de l'Italie : sa réputation étant par-
venue en Espagne, Philippe U l'appela à sa cour
pour concourir à la décoration de l'Escurial.
C'est là, entre autres peintures, qu'à la voûte de
l'église il exécuta ce prodigieux Paradis tant
vanté par Lomazzo. Cambiaso étonna tous les
peintres espagnols par sa facilité, la beauté ^de
son coloris, la pureté de son dessin et la har-
diesse de ses raccourcis. Ses succès lui valurent
les bonnes grâces du roi. Malheureusement
itant devenu amoureux de la sœur d'une femme
qu'il avait pei-due, et ayant vainement sollicité
du pape la dispense nécessaire pour ce nouveau
mariage, il eut la pensée d'avoir recours à l'inter-
vention du roi d'Espagne ; mais un courtisan lui
conseilla de n'en point parler, s'il voulait con-
server la faveur du monarque. Luca prit cette
contrariété tellement à cœur, qu'il en tomba ma-
lade, et mourut en peu de jours, à l'âge de cin-
quante-huit ans. Il laissa un fils nommé Orazio,
qui suivit la carrière de son père, mais avec un
moindre succès. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Orlandi, Abbecedario. -
Winckelman, Neues Mahler-Lexikon.
CAMBIATORE ( Thomas ), écrivain italien,
né à Reggio (Lombardie), vivait dans le quin-
zième siècle. II était à la fois légiste et poète :
l'empereur Sigismond lui décerna la couronne
poétique à Parme le 6 mai 1432. On a de lui :
Ballades, imprimées dans un recueil de vers
publié à Venise, 1518; — la traduction de YÉ-
néide en terza rima, revue et corrigée par Jean
Paul Vasio; Venise, 1532 et 1538 ; — de Judicio
libero et non libero, dédié au marquis Léonel
299 CAMBIAÏORE
d'Esté, manuscrit qui se trouve à la bibliothèque
de Modène.
Ciomale de' Littei-ati, t. XÏU,— Supplément françaii
de Bàle, t. II, p. 38.
*CASiESLHOM {Jean), théologien polémiste
allemand, vivait au commencement du dix-sep-
tième siècle. 11 était membre de la congrégation
des Jésuites à Gratz, en Styrie; mais bientôt il en
sortit pour la combattre avec acharnement. On
a de lui, sous le voile de l'anonyme, Relatio de
studiis Jesuitarumabstrusioribus ; 1608,in-8°,
insérée aussi dans Lucius, HïstoriaJesuitanim,
15. 169, et trad. en allemand à la suite du Reis-
sende Jesuiter Pro//;1610, in 4". Une réplique
fut publiée par Jacques Gretser, sous le titre :
Relatio de J esuïtarum studiis abstrusioribus,
contra Joh. Cambilhom; 1609, in-8°; — Von
demjesuiten Gott, etc. (sur le Dieu des jésuites) ;
Géra, 1611, in-4° (c'est la trad. allemande d'un
original latin, resté inconnu). Dans là Fortge-
setzte Sammluny von alten und neuen theo-
logischen Sachen, 1738, p. 625, on suppose
que Cambilhom s'est déguisé sous le nom du
licencié Wallpurger, et que tout a été pris
dans El. Hasenmuller, Historia Jesuitarum
ordinis ; — i\ova novorum Jesuitica, trad.
en allemand par Jean Pfeiiïer; 1610, in-4''.
Ounkel. Nachrichten, t. i, p. 629 et suiv.
*CAMBiivi (André), historien et traducteur
italien, natif de Florence, vivait dans la seconde
moitié du quinzième siècle. Il était disciple de
Christophe Landini, et très-versé.dans l'histoire
des peuples étrangers. On a de lui : Istorla delV
origine ed imprese de'' Turchi; Florence,
1538, in-8°; Venise, in-8°; — Storia délia Fran-
cia, en manuscrit, dans la bibliothèque Médicis
de Florence; — il Lelio, dialogo di Cicérone
delV Amicizia; en manuscrit; — Tredici lïbri
di Biondo Flavio in italiana favella, «' quali
aggiunseun libro, en manuscrit.
Negri, Scrit.tori Florent. — PaHoni,Bibl.deglivolga-
rizs, l. I, p. 2S9. — Bibl. di Tarsetti, t. I, p. i56. — Ban-
diai. Spécimen Ulterut. Florent., 1. 1, p. ^01. — Lelong et
Fontetle, Bibl. hist. de Iv'^France.
CAMBiNi (Joseph), compositeur de musique
italien, né à Livourne le 13 février 1746, mort
à Bicêtre vers 1832. Il se livra dès son enfance
à l'étude du violon, sous la direction d'un maître
obscur nommé PoUi ; son talent précoce se dé-
veloppa par les conseils et l'érudition de Man-
fredi et de Nardini, A dix-sept ans, il se rendit
à Bologne pour y suivre le contre-point, sous le
P. Martini. Il resta trois ans près de ce maes-
tro, puis partit jour Naples, où il devint amou-
reux d'une de ses compatriotes, et s'embarqua
avec elle pour s'unir dans leur ville natale.
Grimm raconte ainsi l'événement qui sépara les
deux amants : « Ce pauvre M. Cambini n'est
« pas né sous une étoile heureuse. Il a éprouvé,
« avant d'arriver dans ce pays-ci, des infortunes
« pins fâcheuses qu'une chute à l'Opéra. S'étant
a. embarqué à iNaples avec une jeune personne
« dont il était éperdument amoureux, et qu'il al-
— CAMBINI 300
« lait épouser, il fut pris par des corsaires et
« mené captif en Barbarie : ce n'est pas encore le
« plus cruel de ses malheurs. Attaché au mât du
« vaisseau, il vit cette maîtresse, qu'il avait res-
« pectée jusqu'alors avec une timidité digne de
« l'amant de Sophronie, il la vit violer en sa pré-
« sence par ces brigands, et en fut le triste témoin. >
Un négociant vénitien, nommé Zamboni, eut pi
tié du pauvre artiste; il le racheta d'un renéga
espagnol, et le mit en liberté. Cambini parcouru
alors l'Italie et l'Allemagne, où il reçut les leçon:
d'Haydn, sur lequel il fit ce distique :
Il marche toujours seul; sa muse a su tout peindre.
N'imitez pas, créez, vous qui voulez l'atteindre!
Avec la protection de l'ambassadeur de Naples
il vint à Paris en 1770. Le prince de Conti l'ac
cueillit et le mit en rapport avec Gossec, qui diri
rige^it le Concert des amateurs. Cambini eut aloi
l'occasion de se faire connaître, en faisant exécu
ter des morceaux de sa composition qui eurer
du succès. Cambini abusait tellement de sa ft
condité, qu'en quelques années il produisit plu
de soixante symphonies, et un nombre immens
d'autres ouvrages de musique instrumentale, coi
certos, oratorios, motets, etc., etc. La facture c
était assez pure et les idées gracieuses ; mais il
manquait du génie. Ses quatuors pour violon soi
plus remarquables; on y ti'ouve de la mélodie
de la correction. Cambini aurait certainement p
s'élever plus haut ; mais, toujours en proie au b(
soin, suite inévitable de son intempérance,
était obligé de travailler très-vite, et de pr(
duire ses idées sans les épurer. Infatigable, (
reste , le peu de temps qu'il ne passait pas i
cabaret il le consacrait encore à des leçons (
chant, de violon, de composition. Dans les de
nières années de sa vie, cet artiste était ai
gages des éditeurs de musique, et faisait pour ei
des arrangements sur des motifs pris dans 1
œuvres des compositeurs célèbres. Ces travau
fort bien exploités, mais peu rétribués, ne faisaie
que prolonger la misère piofonde qu'il partage;
avec une femme beaucoup plus jeune que h
On a prétendu qu'il était parti en 1812 pour
Hollande, et qu'il s'y était suicidé ; il n'en est riei
il fut reçu parmi les pauvres de Bicêtre, et mo
rut dans cet hospice.
Voici la liste de ses ouvrages : le Sacrifia
d'Abraham, oratorio; 1774; — Joad, oratori
1775;— Mserere avec chœurs, 1775; — les h
mans, ballet en trois actes, intitulés la Berger i
la Chevalerie, la Féerie, qui n'eut à l'Opéra qu(
représentations; juillet 1776 ( la chorograpl
était de Bonneval); — Rose d'amour et Cari
man, paroles de Dubreuil, drame lyrique [er
actes, resté sans succès au Théâtre-Italien ; 177
— quelques entrées dans le ballet les Fêtes :
ciliennes; 1782; — la Croisée, 2 actes; 178
— les Fourberies de Mathurin , 1 acte ; 178
— Gara, ou la Prêtresse du Soleil, paroles
Gabiot, 3 actes, 1787 ; reprise, très-bien accut
lie en 1798; — divers solfèges d'une difficu
301 CAMBINI -
graduelle pour l'exercice du phrasé, du style
et de Vexpression, avec des remarques et une
basse pour accompagnement ; Paris, Leduc,
' 1788 ; — Alcmëon, Âlcide, pièces non reçues à
i l'Opéra; 1789; — Edtvin et Adèle, 3 actes, au
'théâtre Beaujolais ; 1789; — les Deux Frères,
3U la Revanche, paroles de Dubuisson, 3 actes,
1 Beaujolais; 1790; — Nanthilde et Dagobert,
laroles de Piis, 3 actes, au théâtre Louvois; 1791;
i jet opéra eut une grande réussite ; — Armide ,
[non reçue à l'Opéra; 1793; — les Trois Gas-
vns, 1 acte; Louvois, 1793; — Préludes et
Points d' argiles dans tous les tons, mêlés
l'airs variés, et terminés par l'Art de moduler
iur le violon; Paris, 1796; Offenbach, 1797;
— Méthode pour flûte , suivie de 20 petits airs
■t de six duos; Paris, Gaveaux, 1799, — le
'ompositeur, scène comique; Paris, Imbault,
800; — Quintetti et quators sur des motijs
le Boccherini; Paris, Pleyel, 1800-1803; —
Oe la musique instrumentale en quatuor;
>ipzig, Gazette musicale, 1804; — Vers à
Lesueur sur son Ossian; Paris, Almanach
les Muses , 1806 ; — Tablettes de Pohjmnie, re-
né critique, en collaboration de M. de Garaudé ;
^aris, 1810-1811; — 60 symphonies pour or-
hestres ; — un Traité de composition ., resté
manuscrit.
Grinim , Correspondance littéraire, août 1776, —
Schilling:, Nouveau Lexique universel de musique.
- Biographie portative des Contemporains. — Fétis,
liographie universelle des Musiciens.
*CAMBio ( Pemsowe ), compositeur italien,
, ivait dans le seizième siècle. On connaît de lui :
i Madrigali a quattro voci, cou alcuni di Ci-
I oriano Rose ; Venise, 1547 ; — Ganzone villa-
nesche alla Napoletana ;\eïâse, 1551. Le doc-
our Burney a extrait de ce recueil une villote à
liiatre voix, qu'il a insérée dans son Histoire de
'.a Musique, t. in, p. 215.
Fétis, Biographie des Musiciens.
* cAMBis {Richard-Joseph de ), sire de Far-
çues, hagiographe et historien avignonnais, vi-
vait à Avignon dans la seconde moitié du dix-sep-
' tième siècle. On a de lui : Vie de saint Bénézet
(sous le nom anagrammatique de Dissambec) ;
,A\ignon, 1670, in-12 ; — Recueil des saints
qui sont honorés dans Avignon; in-12 On
fini attribue aussi des Mémoires sur les trou-
'*Mes et séditions arrivées dans Avignon deptiis
■1661 jusques et incluse l'année 1666, in-fol.
(manuscrit).
Lelong et Fontette, Bibl.hist. de la France.
I CA.Miiis {[Marguerite de), traductrice fran-
i çaise, née en Languedoc, vivait dans la seconde
[moitié du seizième siècle. Fille de Louis, baron
i d'Alais, elle épousa d'abord Pons d'Aleirao, ba-
I ron d'Aigremont, et, après la mort de celui-ci,
I Jacques de Rochemaure. On a d'elle : Epitre du
[ seignev.rJ.-G. Tryssin, de la Vie que doit tenir
I unedame veuve; Lyon, 1554,in-16, trad. de l'ita-
lien ; — Épitre eonsolatoire de l'exil^ envoyée
CAMBOIRE 302
par Jean Boccace au seigneur Pino de Eoasi;
Lyon, 1556, in- 16, trad. de l'italien.
Menard, Histoire de Nîmes, t. IV, p. 887. — Histoire
litt. des Femmes savantes, t. 1, p. 180.
cAMBis-vELLEROK {Joseph- Louîs- Domi-
nique, marquis de), liistorien français, né à
Avignon en 1706, mort dans la même ville en
1772. Il était d'une très-ancienne famille du Ve-
naissin, alors sous la domination papale, prit du
service dans son pays comme capitaine de dra-
gons, et devint lieutenant général de l'infanterie
du saint-siége. Ami des lettres, de Cambis n'a-
vait jamais cessé, dans ses loisirs, de rassembler
tous les manuscrits intéressants et les livres
rares qu'il avait pu rencontrer ; aussi en com-
posa-t-il une bibliothèque fort curieuse, dont il a
publié le Catalogue raisonné; Avignon, 1770,
in-4°. On a de lui : Relation d'une grâce
singulière et miraculeuse opérée à Rome en
1742, par l'intercession de saint François-
Xavier , trad. de l'italien; Paris, 1744, in-18; —
Réflexions critiques et historiques sur le pa-
négyrique de saint Agricole (du P. Eusèbe
Didier); 1755, in-4°; — Supplément à ces ré-
flexions, servant de réplique à la réponse du
P. Didier; 1755, in-4°; — Additions au
Mémoire histoiique et critique de la vie de
Roger de Saint-Lary de Bellegarde ( par Se-
cousse); Paris, 1767, in-12. — En manuscrits :
Vie de M"^" de Chantai ; — de saint Fran-
çois de Sales; — de l'ermite Gens; — Annales
du comtat Venaissin , 5 vol. in-fol,; — Histoire
d'Avignon, in-fol.
L'abbé Rive, la Chasse aux Biographes'; Londres,
«788. — Quérard, la France littéraire.
CAMBLiTJË, CAMBLETE OU CAMBÈTE (en la-
tin Cambusius) , roi de Lydie, vivait environ
1400 av.-J.-C. Il était fils et successeur d'Alcyme.
Les auteurs grecs rapportent que ce monarque,
ayant offensé les dieux, avait été affligé d'une faim
que rien ne pouvait calmer : sa femme en fut
même victime; car une nuit, en dormant, Cam-
blite se Jeta sur elle et la dévora tout entière,
moins un bras. Le matin, à son réveil, désespéré
à la vue de ce triste vestige de celle qu'il aimait,
il courut au temple, et, après avoir maudit les
dieux, se passa son glaive dans le corps. Les
historiens nous dépeignent Camblite comme un
prince fort débauché, qui, dans un accès d'ivresse,
aurait massacré sa femme et, qui se tua ensuite.
Élien, Hist, variée — L'abbé Sevin, Recherches sur
les rois de Lydie ( Mémoires de l'Académie des
inscr, et belles- lettres, t. V, p. 244). — L'Art de vé-
rifier les dates, t. III, p. 66.
* CAMBOIRE (...), conventionnel finançais, vi-
vait dans la secondemoitié du dix-huitième siècle.
Il était administrateur du district de Périgueux
lorsque la révolution commença. Envoyé, en sep-
tembre 1792, à la convention nationale par le dé-
partement de la Dordogne, il vota la mort de
Louis XVI; et, n'ayant pas été appelé aux assem-
blées qui suivirent, il fut nommé commissaire du
Directoire dans son département.
303
CAMBOIRE — CAMBON
30^
Aroault, Jouy, etc., Biog. nouv. des Contemp. —
Biog. mod.
CAMBOLAS (François de), prêtre français,
né en 1600, mort le 4 mai 1668. 11 était chanoine
de Saint-Saturnin de Toulouse : on y voit encore
son épitaphe. Cambolas fut le fondateur des re-
ligieuses de Notre-Dame de Toulouse : sa charité,
sa modestie, la pureté de ses mœurs, lui acquirent
le respect de tous ses concitoyens, qui hono-
raient sa mémoire comme celle d'un saint.
Boulanger et Valet ont gravé son portrait, in-8°
et in-4°.
Biographie Toulousaine.
CAsiBOLAS [Jean de), jurisconsulte français,
né à Toulouse, et mort dans cette ville en 1670.
Ses talents le firent tnommer président du parle-
ment de Toulouse. On a de lui : Décisions no-
tables du parlement de Toulouse; 1671 et
1681. Ce recueil était très-estimé dans l'ancien
barreau.
Biographie Toulousaine. — Le Bas, Dict. encyolop.
de la France.
CAAiBOLOMAR, roi des Tectosages qui se
rendirent en Asie et se retranchèrent sur le mont
Mugaba lorsque le consul C.-N. Manlius vint les
attaquer.
Tite-Live, lib. XXXIX.
CAMBON (...DE),chirurgien français, vivait dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle. On a
de lui : Lettre à Bambilla sur trois opérations
delasymphyse ; 1780,in-8° ; — Éloge historique
de J. Baseilhac, frère Cosme, feuillant, avec
des détails sur les instruments qu'il a inventés
ou perfectionnés; 1781,in-8°.
Quérard, la France littéraire.
CAMBON ( Jean-Louis-Auguste-Emmanuel,
marquis de), jurisconsulte français, né à Tou-
louse en 1737, mort dans la même ville en sep-
tembre 1807. 11 suivit les traces de ses parents,
et, comme eux, se voua à la magistrature. Après
avoir terminé ses études en droit, il fut reçu
conseiller au parlement de Toulouse en 1758.
En 1761 il était avocat général, et remplit ces
fonctions avec autant de talent que d'impartia-
lité; il signala sa tolérance dans l'affaired'Étienne
Sales, auquel des catholiques contestaient la va-
lidité du mariage de son père. Cambon prit la
parole, et développa d'une manière lumineuse les
principes des lois naîurelles et civiles, dépouil-
iant les arrêts et édits de l'interprétation pas-
sionnée de l'esprit de parti. « U ne faut pas se de-
« mander , dit-il , si l'on est persuadé de l'exis-
« tence du mariage contesté, mais il faut se de-
« mander si l'intérêt public n'est pas qu'on le
« présume; et, puisque le contraire n'est pas ju-
« ridiquement prouvé, la justice et l'équité veu-
" lent qu'on suppose tout ce qui est naturelle-
« ment possible, plutôt que de faire perdre à un
« enfant l'état dont il a légitimement joui. « Les
conclusions de Cambon furent adoptées , et on
déclara la validité des mariages protestants. Ce
jugement servit de précédent, et le sort de 400,000
familles protestantes se trouva fixé. L'Académie
des Jeux Floraux l'admit dans son sein comnif
mainteneur, et il fut chargé de la semonce. Soi
discours dépassa tout ce que son talent faisar
espérer. En 1779, Cambon acheta une charg(
de président à mortier, et devint en 1786 procu
reur général. Louis XVI ayant convoqué en 178:
l'assemblée des notables, Cambon y fut appe-
lé ; et le roi, appréciant sa sagesse et sa fermeté
le nomma premier président. 11 fit égalemen
partie de la seconde assemblée, réunie en 1788
Après l'abolition des parlements, il vint à Paris
mais, il y fut bientôt poursuivi ; et, pour évitei
la mort, il dut se soustraire par la fuite aux re-
cherches des comités. Un plus grand malheui
vint le frapper : M""' Cambon, qui avait cru pou
voir rester dans son domicile, ne prévoyant pas qu(
les proscriptions politiques pouvaient atteiudri
les femmes, fut arrêtée, et sa tête roula sur l'é
chafaud le 8 thermidor. Elle fut du nombre dei
dernières victimes du régime sanglant qui aval
désolé la France. Le lendemain, Robespierre e
Saint-Just étaient à leur tour accusés, et, le sur
lendemain, offerts en holocauste à la terribh
déesse dont ils s'étaient faits les grands prêtres
La terreur passée, Cambon reparut, rentra dan;
sa fortune, et termina paisiblement au sein de s;
famille le reste de sa vie.
Moniteur. — Biographie des Contemporains.
CAMBON (Joseph), homme d'État français
né à Montpellier le 17 juin 1754, mort à Bruxelle;
le 15 février 1820. 11 était d'une famille de négo
ciants, gérait, avec ses frères, là maison de com
merce de son père, lorsque la révolution pénétr,
dans son pays. Cambon en accueillit les principe;
avec enthousiasme. Aussitôt après la fuite du roi
au mois de février 1791, il fit proclamer la ré
publique au milieu de ses compatriotes. Nommi
par eux à l'assemblée législative en septembn
de la même année, il y professa avec chaleu
les doctrines démocratiques. Cependant il s'oc
cupa d'une manière spéciale de l'administratioi
des finances ; et il est peu d'actes dans sa carrièri
législative qui n'aient eu pour objet, au moim
indirect, cette partie importante des intérêts pu
blics. IJ demanda, contre l'opinion des giron
dins , que les prêtres fussent assimilés au rest(
des fonctionnaires publics , et que leurs traite-
ments pussent être suspendus en cas d'infidélit(
ou de désobéissance aux lois de l'État ; il éten
dit cette mesure aux généraux d'armée et au)
ministres; et lorsqu'en 1792 Bazire eut propost
la confiscation des biens des émigrés, il fit rendn
la loi qui déclarait ces biens en état de séquestre
« afin, disait-il, de priver les ennemis de la pa
«■ trie des moyens de lui faire la guerre, et d'à
« voir, dans la jouissance de leurs biens, l'indem
« nité des dommages qu'ils pourraient causer ;
« l'État, w Cependant il parut se rapprocher ur
moment du parti constitutionnel, lorsqu'en aoû
1792 la section Mauconseil vint déclarer à 1;
barre qu'elle ne reconnaissait plus Louis XV
pour roi ; il s'éleva avec force contre cette décla
05
ation.
CAMBON
306
Mais, après le 10 août, ce fut lui qui
t à la convention un rapport sur les pièces
4]i établissaient la culpabilité de Louis XVI ; et,
eu de jours après, il fit décréter d'accusation
18 ex-ministres Narbonne, Lajard,et de Grave,
peine descendu du fauteuil de président de
[assemblée législative, Cambon vint siéger sur
s bancs de la convention. Il s'empressa d'y
lënoDcer la feuille de Marat et la commune de
kris ; il provoqua même la mise en accusation
l'ex-ministre Lacoste et des ordonnateurs
(alus, Servan, d'Espagnac, pour Hes marchés
l'i'ils avaient consentis ou contractés ; il fit dé-
i+éter le remplacement du commissaire liquida-
!ur Dufréne-Saint-Léon, et nommer des com-
sissaires spéciaux, chargés de vérifier le ser-
(ce de la comptabilité de Dumouriez; il accusa
'éme ce général au sujet de sa lettre à la Con-
«ntion, et obtint l'établissement d'une adminis-
ation provisoire pour les pays conquis. Dans
! procès de Louis XVI, il vota la mort sans ap-
il et sans sursis; combattit avec énergie, le
> mars 1793, l'établissement du tribunal révo-
|tionnaire; soutint que le mode d'organisation
loposé par Robert Lindet était attentatoire à la
|)erté des citoyens, et demanda que les juge-
ments fussent rendus parjurés. Déjà membre du
mité des finances, il fut, le 7 avril, appelé à
lui de salut public , où il se montra plus que
mais opposé à la commune de Paris. Au 2 juin,
rsquc' la convention, voulant faire preuve de
l)erté, sortit en corps dans le jardin des Tuile-
es, il alla se placer au milieu des membres du
iirH girondin, dont les jacobins demandaient la
ite; et, n'ayant pu empêcher le décret d'arresta-
lon qui fut porté le jour même contre ces dépu-
te, il déchira, de dépit, sa carte de député. Ce-
lendant, peu de temps après, Cambon se rappro-
ha encore de la Montagne et de la commune. En
; lillet 1793, il fut chargé d'un rapport sur la situa-
jon del'État, surles opérationsdu comitédesalut
ablic, et sur la correspondance qu'on avait cru
i lister entre laconduitedes puissances étrangères
t les projets des ennemis de l'intérieur. Trois mois
près, il fit ordonner la clôture des barrières de
I aris, et décréter l'arrestation de ceux qui cher-
jliaient à se soustraire au service militaire.
I fut élu président de l'assemblée en août 1793,
t prit, en mars 1794, la parole pour attester la
îulpabilité de Fabre d'Églantine, accusé d'avoir
' ilsifié le décret relatif à la compagnie des Indes.
e fut la même année qu'il fit à l'assemblée son
t'Ièbre rapport sur l'administration des finances,
rt donna à la France le premier modèle de grand
[ivre de la dette publique. Dans la lutte qui amena
te 9 thermidor, Cambon prit parti contre les
jhefs de la Montagne. Ce fut même lui qui, le
premier, porta contre eux la parole, et se pré-
• enta comme l'un des accusateurs^de Robespierre.
j»Iais à peine les thermidoriens eurent-ils triom-
phé qu'ils se tournèrent contre lui. Accusé comme
;x)mplice des tyrans par Bourdon (de l'Oise),
IVovère, André Dumont et Tallien, il n'échappa
au décret d'arrestation lancé contre lui que par
la fuite. Caché dans un grenier de la rue Saint-
Honoré, il sut se soustraire à toutes les recher-
ches qu'André Dumont et Tallien firent faire
pour se saisir de sa personne. Cependant, après
l'amnistie du 4 brumaire an iv, il sortit de sa
retraite, et se rendit dans une campagne près de
Montpellier, où il se consacra tout entier à l'a-
griculture et aux jouissances de la vie privée.
Nommé en 1815 membre de la chambre des
représentants, il montra beaucoup de modération
dans cette assemblée, et ne prit part qu'aux dis-
cussions relatives aux réquisitions de guerre et
au budget. Sa carrière politique se termina avec
la session de cette assemblée. Non compris dans
la loi d'amnistie en 1816, il se rendit à Bruxelles.
Voici les titres de quelques-uns de ses écrits :
Rapport et projet de décret sur la conduite
des généraux français dans les pays occupés
par les armées de la république ( 13 décem-
bre 1792) ; — Rapport et projet de décret sur
la conduite à tenir et les pouvoirs à donner
aux généraux français chargés de l'expédi-
tion de la Hollande (2 mars 1793); — Rap-
port sur Vétat de la république à. V époque de
la création du comité de salut public ( Il juil-
let 1793); — Opinion sur l'organisation des
comités et sur les pouvoirs qui doivent leur
être attribués; — Discours dans la séance du
l*"" brumaire an m (sur le règne de la terreur);
— Rapport et projet de décret sur les taxes
révolutionnaires (26 novembre 1794); — Let-
tre sur les finances; Paris, 1795, in-8°.
Moniteur universel. — Bûchez tt Roux, Hist. parlem.
de la Rév. frane. — Thiers, Hist. de la Rëv. franc. —
Mignet, Abrégé de l'Histoire dé la Rév. franc. — ne
Barante, Hist. de la Conv. nat.
CAMBON {Auguste, marquis de), homme
politique français, fils de Jean-Louis-Auguste-
Emmanuel, mort en décembre 1835. Élu dé-
puté de la Haute-Garonne en 1824 et réélu en
1827 , il s'est fait connaître sous la restauration
comme un des membres les plus influents de la
contre-opposition à la chambre des députés. On
ne le voyait pourtant monter à la tribune que
dans les grandes occasions, et il s'y prononçait
souvent contre le ministère. On a conservé le
souvenir de sim improvisation dans la discussion
du budget de 1823, et de quelques autres dans la
session de 1826. Avant 1830, il était vice-prési-
dent de la chambre et conseiller d'État. Depuis
cette révolution, M. le marquis de Cambon resta
complètement à l'écart, quoique le département
de la Haute-Garonne l'eût compris dans les réé-
lections de 1830. [Enc. des g. du m.]
Monit. vniv.— Arnault, Jouy, etc., 8iog. nouvelle des
Contemporains.
*CAMBON (Char les- Antoine), peintre de dé-
cors français, né à Paris en 1802, élève de
M. Ciceri. Toutes les pièces célèbres par leurs
décorations, représentées depuis vingt ans à Pa-
ris, renferment quelques chefs-d'œuvre de
307
CAMBON - CAMBRAY
30
M. Camboa , chefs-d'œuvre qui, malheureuse-
ment, ne survivent pas toujours à l'occasion qui
les fait naître. Il a répété, pour plusieurs théâtres
de province, ses principaux décors. P. Ch.
Gabet, Dictionnaire des artistes.
*CAMBOîJLAS (Simon), homme politique
français, vivait dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Il était négociant lorsque la ré-
volution éclata. Élu aux fonctions municipales,
il fut ensuite envoyé à la convention (1792)
par le département de l'Aveyron. Lors du juge-
ment de Louis XVI, il répondit : La mort! Au
31 mai, il embrassa chaleureusement la cause
des proscrits, et excita l'admiration par la coura-
geuse éloquence qu'il déploya contre les terribles
proscripteurs de cette journée. Le 2 juin , il fit
décréter d'accusation ceux qui avaient donné
l'ordre de sonner le tocsin et de fermer les bar-
rières; et le 6 du même mois, plus énergique
que jamais, il reprocha au comité révolution-
naire ses arrestations illégales. Les événements
se précipitaient, et Camboulas put échapper aux
haines implacables qu'il avait si généreusement
provoquées; il devint ensuite membre du con-
seil des cinq-cents, qu'il quitta en 1797, dé-
goûté de la vie pohtique.
Moniteur univ. — Biographie conventionnelle. —
Biogr. mod.
*CAMBOUNET DE LA BIOTHE (Jeanne HE;
en religion, de Sainte-Ursule) , biographe fran-
çaise, de l'ordre des Ursulines, vivait à Bourg en
Bresse dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. On a d'elle : Journal des illustres reli-
gieuses de Vordre de Sainte-Ursule, tiré des
chroniques de l'ordre et autres mémoires de
leur vie; Bourg, 1684, 4 vol. in-4''.
Lelong et Fontette, Bibliothéqve hist. de la France.
* CAMBOVT av. punt-chate^v (Sébastien-
Joseph DU ), théologien français , vivait Jans la
seconde moitié du dix-septième siècle. Il fut abbé
du couvent de Pont-Château. On a de lui : Ré-
ponse à un écrit publié sur le sujet des mira-
cles qu'il a plu à Dieu de /aire à Port- Royal;
Paris, 165C, in-4° : cet écrit lui a été attribué;
— Lettre à M. l'archevêque de Paris, pour
lui demander la liberté de M. de Sacy et des
religieuses de Port- Royal, dans les Divers ac-
tes. Lettres, etc., de Port-Boyal; 1723.
Lelong et Fontette , Biblioth. hist. de la France,
* CAMBRAY (de), ingénieur français, vivait
dans la seconde moite du dix-septième siècle.
On a de lui : Véritable manière de bien for-
tifier, de M. de Vauban ; le tout mis en ordre
par M. l'abbé du Fay et le chevalier de Camr
bray; nouvelle édit., corrigée et augmentée de
la moitié; Paris, 1694, 2 vol. in-8°.
Adelunu, supplément à Jôcher, Jllgemeines-Gelehr-
ten-Lexicon.
* CAMBRAY (Baptiste). C'est le nom trop peu
. connu d'un simple paysan, inventeur d'une sorte
de toile connue encore aujourd'hui sous la dé-
nomination de batiste, ou de Cambray ( Canv-
hryk). On ne sait absolument rien de cet indus-
triel, qui a enrichi, par sa découverte ou procéc
de fabrication, la petite province où il est né. (]
tient seulement qu'il vivait au treizième siècl
et habitait le village de Cantany en Cambrési
où se trouvent encore quelques-uns de ses de
cendants. Le commerce des toiles de batiste, qi
l'on appelle toilettes dans le pays, a beaucoup d(
chu depuisquel'on d essayé d'en fabriquer à l'ak
de métiers mécaniques. Il était au seizième si
de si important, qu'on en évaluait le prodi
annuel à plus de deux millions.
J. Paul Faber.
Mémoires de la Société d'Émulation de Cambra
année 1818. — Carpentier, Hist. de Cambray.
* CAMBRAY (Alexis-Anne-Pierre), génér
français, né à Douay le 8 avril 1763, mort
Plaisance le 3 juillet 1799. Il servit success
vement aux armées des Pyrénées oriental
(23 mai), des côtes de Brest (24 septembre), i
l'Ouest ( 6 novembre ) et des côtes de l'Océan
1'"' janvier 1796. Commandant la 22* division i
remplacement du général Quesnel (28 avril 179:
il fut réformé le 30 mars 1798; mais bientôt i
mis en activité (4 mai), il passa à l'armée d'Itali
où il fut placé sous les ordres de Macdonal
Blessé mortellement à la bataille de la Trét
le 20 juin 1799, il mourut à l'âge de trcnte-s
ans. Le nom de ce général est inscrit sur 1
tables de bronze du palais de Versailles.
A. Sauzay.
Archives de la Guerre. —Vict. et Conq., t. X.—Mo)
teur, XXVI. 149 ; XXVIII, 714; XXIX, 238, 239, 734.
* CAMBRA Y-DiGNY (Louis- Guillaume m
savant physicien français, naturalisé à Florem
naquit en 1723 dans la ci-devant province
Picardie, et mourut à Florence à la fin du di
huitième siècle. A l'âge de sept ans, il qui!
sou pays natal avec ses parents, qui vinre
s'établir à Paris , et fit d'excellentes études ch
les jésuites. Quoiqu'il fit de rapides progr
dans la connaissance les langues et de la litl
rature, il se sentit entraîné, comme par une (
pèce de vocation, vers la culture des scienc
physico-mathématiques. Il n'avait que vinj
deux ans lorsqu'il suivit à Florence une espè
de colonie de Français, appelée en Toscane po
y organiser les finances, sous le titre de comp
gnie Okelly, à qui le grand duc avait concé
la ferme générale des sels , tabacs , douanes
droits domaniaux. Le jeune Digny se fit bieni
remarquer par son mérite et son assiduité i
ti-avail ; il obtint un avancement successif dai
l'administration des finances, et finit par et
chargé de la direction de l'épargne du grai
duc Pierre Léopold ; il conserva cet emploi soi
son successeur Ferdinand , et ne cessa de l'o
cuper jusqu'à son extrême vieillesse. Il eut
bonheur, pendant sa gestion, de travailler soi|
la direction du célèbre ministre Angelo Tavanl
qui est considéré comme le Sully et le Colbe
de la Toscane; mais il ne put consacrer ai
sciences et aux lettres que de courts moments <
loisir. Quoique les Français employés dans les
09
aiices ne fussent pas vus de bon œil, Lalande,
;ins son voyage en Italie, a recueilli sur les lieux
it^incs l'opinion du pays: « Un de ceux qui fait le
plus d'honneur à la France est M. de Carabray-
Digny, directeur des comptes ; il a effacé, par
les services rendus à la Toscane, le vernis
défavorable que peut avoir un étranger dans
les finances d'un pays. » L'Italie dut à Cam-
ray-Digny le plan et la construction de la pre-
ière machine à feu qui ait été exécutée au delà
'S monts. Elle fut destinée à amener les eaux
^ la mer dans les salines de Castiglione, malgré
lévation des dunes qui séparent les salines du
vage. « Ce qu'il y a de plus curieux à voir à
Castiglione, dit le même Lalande, est une
niachme à feu dans le goût de celles de Lon-
dres et de Flandre, et que M. Dîgny a perfec-
tionnée et a fait construire il y a quelques
années. C'est depuis ce temps-là que MM. Pe-
rler ont fait exécuter la belle machine de Chail-
lot. » M. Cambray-Digny rendit compte de ses
les et des travaux entrepris sous sa direction
ins la Description, qu'il publia, d'une machine
feu construite pour les salines de Casli-
ione, avec des détails sur les machines de
(te espèce les plus connues, et sur quelques
(très machines hydrauliques ; suivie d'un
émoire sur la construction des salines et
qualité des sels; Parme, 1766, in-4<', avec
anches et tableaux. Les Français qui visitaient
orence trouvaient toujours dans M. Digny un
niable et savant compatriote , toujours disposé
leur rendre les services qui dépendaient de lui.
éjà avancé en âge , il se lia avec la marquise de
; léon , connue par des romans , des comédies
[ des succès dans le grand monde , et que les
I énements de la révolution avaient contrainte
i ! chercher un refuge en Italie. Il rend compte,
ms une lettre que nous avons sous les yeux ,
ec une bonhomie piquante, de sa liaison
ec elle : « Nous avons été quelque temps sur
le qui-vive; mais, depuis un jour qu'elle
m'appela mauvaise tête, je n'eus pas de peine
i à lui démontrer que c'était une déclaration
j d'amitié, et depuis lors nous sommes deve-
r nus très-bons amis. » Cambray-Digny fournit
issi quelques articles aux Nouvelles Littéraires
au Journal de Littérature {Novelle litte-
■ irie et Giornale di Letteratura) qui s'impri-
liiaient à Florence. L'habitude de parler et d'é-
l'ire en italien pendant im si grand nombre
[années ne lui avait pas fait perdre l'usage de
ji langue maternelle. Il sacrifiait quelquefois aux
ituses, tout en réprouvant cette malheureuse faci-
Ué italienne qui portait les beaux-esprits floren-
(Us à composer des vers français, où ils faisaient,
ans une cantate destinée à célébrer le mariage
'une archiduchesse, rimer, par exemple, amour
vec ardewr ( qu'ils prononçaient aràoî<r). Plu-
eurs académies d'ItaUe et de France avaient
dmis Cambray-Digny comme membre titulaire
orrespondant. Nous retrouvons, de nos jours,
CAMBRAY — CAMBRIDGE
310
un héritier digne de son nom dans la personne
de M, le comte de Cambray-Digny que l'Institut
( Académie des beaux-arts ) compta au nombre
de ses associés étrangers. J. L amoureux.
Documents inédits. — Correspondance autographe
de Cambray-Digny.— Lalande, Voyage en Italie, t. III.
*CAMBRiANO (Guillaume DE), jurisconsulte
italien, vivait dans la seconde moitié du dou-
zième siècle; il appartenait à une famille noble
de Brescia, et il professa , non sans réputation, à
l'université de Bologne; il avait écrit une Somme
du Digeste nowweaw, qui est perdue; mais il reste
des fragments de sa glose sur l'In/ortiat et le
Codex.
Sarti, De Claris archigymnasli Bononiensis professa-
ribus, 1769, I, es. — Savigny, GeschicMe des rômischen
Redits, IV, 207.
* CAMBRIDGE (Adolphe-Frédéric, duc de),
prince anglais, comte de Tipperai7, baron de Cul-
loden, vice-roi de Hanovre, chancelier de l'u-
niversité de Saint-Andrews et feld-maréchal, né
le 24 février 1774, mort le 8 juillet 1850. Il fut
le septième fils de George III. A l'âge de seize
ans il entra comme enseigne dans l'armée, et fré-
quenta bientôt après l'université de Goettlngae.
Après avoir passé un hiver à la cour de Frédé-
ric-Guillaume U, il revint à Londres , prit part
à la campagne des Pays-Bas, et fut fait prison-
nier à la bataille de Hondscoote le 8 septembre.
Cependant il fut de suite échangé et élargi. Lors
de sa majorité en 1794, il fut nommé colonel et
duc de Cambridge, et entra dans la chambre des
pairs, où il se rangea, du moins pour la forme,
du côté de l'opposition de Fox, jusqu'à la disso-
lution de ce parti, devenu suspect par ses idées
révolutionnaires. Il passa alors du côté de lord
Grenville, l'adversaire de Pitt. En 1803, il fut
envoyé sans armée sur le continent pour y diri-
ger la défense du Hanovre, dont il remit, peu de
temps après, kv commandement en chef au gé-
néral Wallmoden, et s'en retourna en Angleterre.
De tout temps ennemi acharné de Napoléon, il
balançait entre les partis de lord Sidmouth, de
Grenville et de l'opposition. Après que les An-
glais eurent reconquis le Hanovre, il fut nommé,
le 24 octobre 1816, gouverneur général, et le 22
février 1831, après les troubles de Goettingue,
vice-roi de cet État allemand. Son séjour sur le
continent fut surtout très-avantageux à la ville
de Hanovre, tant par la cour qu'il y entretenait,
que par le zèle avec lequel il protégeait les beaux-
arts, et notamment la musique et le théâtre. Il
épousa, le 7 mai 18i8, la princesse Auguste, fille
de l'électeur de Hesse-Cassel, née en 1797. Trois
enfants sont nés de cette union : un fils, nommé
George, le 26 mars 1810, et deux filles, Au-
guste, née en juillet 1822, et Marie, née en 1833.
[Enc.des g. dit m.]
Annual Register. — Galerie hist. des Contempor, —
Biographie moderne.
^CAMBRIDGE ( Richard-Owen ) , hydrauli-
cien et auteur anglais, né à Londres le 14 fé-
vrier 1717, mort en 1802. n fit ses premières
311 CAMBRIDGE -
études au collège d'Éton, et les termina à Oxford
et à Londres. Il avait beaucoup de goût pour la
physique appliquée à la navigation, et fit exécuter
un bateau formé de deux carènes, chacune de
50 pieds de long sur 48 pouces de large, réunies
parallèlement par un pont de 12 pieds. Ce bâti-
ment fut essayé, et on constata qu'il marchait
très- vite, qu'il était capable d'un tonnage supérieur
à deux autres bateaux séparés , et surtout im-
niersible ; l'emploi n'en fut pourtant pas adopté.
Cambridge a laissé : the Dialogue between a
member of Parliament and his servant, 1752 ;
— the Intruder, 1754; — the Fakeer, 1756;
— ffistory of the war upon the coast of Co-
romandel, 1761 ; — de nombreux et utiles ar-
ticles dans le recueil périodique the World.
Gentlemans' Magazine.
*CAMBRIEL (L.-P. François), philosophe
hermétique français, né à la Tour-de-France
(Pyrénées-Orientales) le 8 novembre 1774, mort
vers 1850. Il exerça d'abord la profession de fa-
bricant de draps à Limoux ; et , après avoir fait
quelques économies, il vint à Paris, où il composa
et publia un cours de philosophie hermétique.
II paraît avoir reçu peu d'instruction : c'est, du
moins, co qu'il fait comprendre au début de
son ou'^Tage; car, ignorant tout procédé chimi-
que, il lui eût été impossible, dit-il, de travailler
au grand œuvre, si Dieu ne l'eût inspiré en trois
occasions différentes. La première fois, se trou-
vant embarrassé pour continuer son ouvrage , il
réussit, nous assure-t-il, grâce aux conseils d'une
voix mystérieuse. La seconde fois, Cambriel se
rendait de Lyon à Paris lorsque Dieu l'inspira
de nouveau ; et, quatre ans après, suivant son té-
moignage, une vision le convainquit que la pre-
mière partie de son œuvre alchimique était par-
faite. Son livi-e, d'où nous extrayons ces rensei-
gnements, est intitulé : Cours de Philosophie
hermétique ou d'Alchimie, en dix-neuf le-
çons, etc.; Paris, 1843, in-12. Cet ouvrage, fort
singulier eu égard à l'époque où il a paru, a
donné lieu à la publication d'une série d'articles,
composés par M. Chevreul, sur les sciences her-
métiques, et publiés dans le Journal des Sa-
vants en 1851. Cambriel donne, dans son
ouvrage, une explication hermétique des sculp-
tures qui décorent le portail central de l'église
Notre-Dame de Paris, et il fait connaître succes-
sivement, et dans le plus grand détail, les opéra-
tions indispensables à l'élaboration du grand
œuvre. 11 y a joint une explication des cinq pre-
miers chapitres de la Genèse au point de vue
hermétique , et trois additions dont le but est de
prouver qu'il y a trois existences dans l'homme.
B. Fresse-Montval.
Cambriel, Cours de Philosophie hermétique ou d'Al-
chimie.
CAMBiiONNE {Pierre- Jacques-Étienue, ba-
ron DE ) , généra! français, né à Nantes en 1770,
mort en cette ville le 8 janvier 1842. Le sou-
venir de cet officier se rattache d'une manière
CAMBRONNE 31
presque exclusive à un fait devenu célèbre dan
l'histoire des derniers désastres de l'empire, (
qui a doté son nom de la même immortalit
que certains noms de la Grèce et de Rome. C
que fut le général Cambronne avant et après Wc
terloo n'ajoute ni n'enlève rien à la gloii-e dot
il s'est couvert dans cette mémorable journée.
Cambronne débuta dans la carrière des ai
mes à l'époque de la révolution : il fit partie d
la légion nantaise envoyée contre les armée
vendéennes, et combattit sous les ordres de H(
che. En 1799 il fut envoyé en Suisse, à rarnu*
de Masséna , et se distingua à la bataille de Zi
rich. 11 était capitaine de la compagnie dar
laquelle servait le brave la Tour-d'Auvergn(
lorsque le premier grenadier de la républiqh
fut tué à ses côtés : Cambronne refusa la sui
vivance de ce beau titre, qui lui fut offert. Ci
lonel à léna, et major commandant du troisièii
régiment des voltigeurs de la garde , il se di
tingua dans les campagnes de 1812-1813, etsui
tout pendant la retraite qui suivit la batail
de Leipzig. Lorsque l'empereur partit pour l'i
d'Elbe, Cambronne obtint la faveur de l'accon
pagner, et reçut le commandement de Poiti
Ferrajo. En récompense de son dévouement
de la hardiesse qu'il montra lors du retour <
mars 1815, Napoléon le nomina, en arrivant
Paris, grand-croix de la Légion d'honneur
lieutenant général , puis bientôt après menib
de la chambre des pairs. Il commandait à W
terloo une des divisions de l'armée, et se troi
vait de toutes parts entouré par des mass(
d'ennemis ; on le somma de se rendre : La gan
meurt, et ne se rend pas ! telle fut la fameu
réponse qu'on lui prête , réponse dont il a in
même décliné l'honneur en plusieurs occasion
Elle appartenait réellement à un major de
garde, resté seul officier monté au milieu d
carrés foudroyés. Quant à la réponse de Can
bronne, elle fut plus brève, plus en rapport av
les circonstances, et non moins énergique. Qu
qu'il en soit , Cambronne refusa de dépos
les armes, et fut laissé pour mort sur le chan
de bataille ; on le trouva palpitant encore au m
lieu des cadavres de ses soldats , couverts i
sang et de blessures. Transporté à Bruxelles
de là en Angleterre , Cambronne apprit que s(
nom figurait sur une liste de proscription,
qu'on l'accusait d'avoir attaqué la France et
gouvernement royal à main armée. Il n'hési
pas : le 25 septembre 1815, il débarqua à Calai
fut arrêté , conduit à Paris et écroué, immédi
tement à l'Abbaye. Six mois après, il parvint
passer devant un conseil de guerre, qui le lei
voya absous. Depuis, il fut nommé commanda
à Lille. Admis ensuite à la retraite, Cambroiii
se retira dans une commune des environs (
Nantes, où la révolution de 1830 vint le pi'C
dre pour le réintégrer dans les rangs de l'armé
Il mourut à l'âge de soixante-douze ans. [£»
des g. du m. )
13
CAMBRONNE — CAMBYSE
314
Moniteur universel.— fictoires et Conquêtes. — Nor-
iiis, JJist. de Napoléon.
(:\MBRY (Jacques), savant français, né à
oiiiMit en" 1749, mort le 31 décembre 1807, fut
K lot de l'Oise, et remplit successivement diffé-
iift's fonctions administratives jusqu'en 1803,
ii)c|iie où il se retira des affaires pour se vouer
lut entier à l'étude. Il fut l'un des fondateurs
• l'Académie celtique , qui le choisit pour son
ivinier président. Onadelui : Essai sur la vie
les tableaux du Poussin,!! 83, in-8"; — Notice
ir les troubadours ; Leipzig, 1791, in-8° ; —
ttiilogue des objets échappés au vandalisme
VIS le Finistère ; Quimper, 1795, in-4°; —
ujage dans le Finistère, ou État de ce dé-
niement en 1794 et 1795 ; Paris, 1799, 3 vol.
-8", avec figures ; — Descriptiondu départ e-
çnt de l'Oise, 1803, 2 vol. in-8°, avec un atlas
planches in-fol.; — Monuments celtiques, ou
'cherches sur le culte des pierres, précédés
une notice sur les Celtes et sur les Brui-
's, et sîiivis d'étymologies celtiques , 1805,
-8° avec ligures ; — Notice sur l'agriculture
'S Celtes et des Gaulois; Paris, 1806, in-S".
,e Ras, Dictionnaire encyclopédique de la France. —
énird, la France littéraire.
*CAMBRY {Jeanne de), connue sous le nom
' sœur Jeanne-Marie de la Présentation,
ligiouse belge , né à Tournay, morte à Lille
19 juillet 1629. Quoique douée de tous les
antages qui plaisent dans le monde, et qu'elle
ignit à une grande fortune les agréments du
rps et de l'esprit, elle renonça à tout pour se
' usacrer à Dieu, et prit le voile dans un couvent
augustines. Après s'être dévouée plusieurs
inées au service des malades dans l'hôpital du
aine, elle se fit recluse à Lille en 1625. Elle a
: issé entre autres ouvrages mystiques : la Ruine
, 3 r amour-propre, et le Bâtiment de l'amour
'Vin.
Louis Jacob, Bibliothèque des femmes illustres.
CAMBCSIUS , roi de Lydie. Voy. Camblite.
CAMBYSE , seigneur perse , vivait environ
^0 ans avant J.-C. Il était tributaire d'Astya-
's, roi des Mèdes, lorsque celui-ci lui fit épou-
;r sa fille Mandane, croyant éviter, par ce ma-
age disproportionné, les suites d'un songe qu'il
Uaitfait, et qui lui prédisait sa ruine : il avait
u sortir du sein de la princesse une vigne dont
s rameaux couvraient toute la terre ; sur quoi
s devins lui avaient annoncé que le fils qui
îîtrait de Mandane le détrônerait. En effet,
farabyse eut pour fils Cyrus, qui détrôna son
iieul.
t Hérodote, lib. III cl IV. — Justin, lib. I.— Xénophon,
lyropédie.
1 CAMBYSE II , roi de Perse , vivait 529 ans
[vaut J.-C. Il succéda à son père Cyrus. Il
occupa, dès le commencement de son règne, à
jOlicer ses peuples et à réformer les abus. Il y
>it une telle énergie, qu'un juge ayant été con-
aincu de prévarication, il le fit écorcher vif, et fit
îcouvrir de sa peau le siège sur lequel le ma-
gistrat rendait les arrêts, afin que ses successeurs
eussent à se souvenir de cet exemple terrible, et
ne balançassent plus entre l'équité et l'intérêt.
Deux ans après son avènement (527), Cambyse
ayant demandé à Amasis, roi d'Egypte, une de ses
filles en mariage, celui-ci lui envoya Nitétis , fille
d'Apriès, son prédécesseur. Le roi de Perse, ayant
appris qu'Amasis avait abusé de cette princesse
après la mort d'Apriès, voulut se venger d'un
pareil affront, et déclara la guerre à l'Egypte.
Psamménite venait de succéder à son père Ama-
sis ; il rassembla des troupes et courut vers Pé-
luse défendre l'entrée de son royaume ; mais, dé-
fait dans une grande bataille , il chercha en vain
un refuge dans Memphis, et y fut fait prisonnier
après une courte résistance. Cambyse , en six
mois, acheva la conquête de l'Egypte. Il voulut
ensuite attaquer Carthage par mer, tandis qu'une
armée suivrait la voie de terre, et subjuguerait
en passant les Ammonites, les Éthiopiens, et les
autres peuples qui séparaient l'Egypte des pro-
vinces carthaginoises. Ces divers projets échouè-
rent : le premier, parce que les Phéniciens, qui
formaient la principale marine de Cambyse,
refusèrent de combattre contre Carthage, qui
était une de leurs colonies ; le blocus par mer
fut donc impossible. L'armée, envoyée pour s'em-
parer du temple de Jupiter- Ammon , périt tout
entière dans les sables; les ennemis n'eurent
que la peine d'en sauver les débris : quant aux
troupes que Cambyse conduisait lui-même contre
les Éthiopiens, la faim, la soif et la chaleur les
diminuèrent tellement, que l'expédition dut re-
tourner sur ses pas sans avoir même atteint les
limites du désert. Tant de fatigues, de privations,
de .désastres, influèrent d'une façon sensible sur
les organes du roi de Perse ; il revint en Egypte
presque privé de raison. Arrivé à Memphis , il
trouva les Égyptiens célébrant la fête de leur
dieu Apis ; il crut qu'ils se réjouissaient de ses
défaites : furieux, il perça de son glaive la cuisse
dekprétendue divinité, dontilfit flageller les prê-
tres. L'ivrognerie vint encore ajouter à ses fu-
reurs ; il fit périr son frère Smerdis, à la suite
d'un rêve. Atosse, leur sœur et sa femme, ayant
manifesté la douleur que lui causait cette mort,
Cambyse, sans respecter son état de grossesse et
la légitimité de ses regrets, la tua, dit-on, d'un
coup de pied au ventre. Dans une de ses orgies,
un de ses officiers, Prexaspe , osa lui faire quel-
ques remontrances sur son goût déréglé pour le
vin : Cambyse, pour le convaincre du contraire,
fit amener le fils de Prexaspe, et lui perça le
cœur d'une flèche, afin de prouver ainsi que sa
main et son œil étaient fermes. Crésus, qui
était alors son captif, fut aussi l'objet de ses fu-
reurs. Cambyse ordonna sa mort ; mais aussitôt
qu'elle lui fut annoncée, il se mit à sangloter; les
officiers qu'il avait chargés de cette exécution
lui déclarèrent alors qu'ils avaient cru devoir la
différer. Cambyse se fit amener Crésus, et l'em-
brassa tendrement ; mais il fit mettre à mort
315
CAMBYSE
ceu\ qui l'avaient préservé, les accusant de
désobéissance. Tant d'actes de féroce démence
soulevèrent enfin une partie des satrapes et de
la population. Us firent surgir comme prétendant
à la couronne un mage qui avait une grande res-
semblance avec Smerdis, affirmant que ce prince
avait été, comme Crésus, dérobé à la haine de
son frère. Le nouveau monarque fut reconnu
à Suse. Cambyse rassembla une armée pour
aller combattre cet importeur; mais s'étant blessé
à la cuisse avec son cimeterre , il mourut de sa
blessure. Les prêtres ne manquèrent pas de
faire observer que c'était à la même partie du
corps qu'il avait frappé le bœuf Apis.
Hérodote, lib. 111. — Justin, lib. 1 c. 9. — Diodore, lib.
II.— Valère Maxime, lib. II., c. 3.— Grèce, t. I, p. Si; M.Du-
beux, Perse, p. 88-92; p. 463-466 (dans l'Univers pitt).
CAMDEM ( Guillmimej, G PMBDEîi et Campden,
antiquaire anglais, né à Londres le 2 mai 1551,
mort dans la même ville le 9 novembre 1623. Il
avait à peine douze ans lorsqu'il fut attaqué de la
peste, et tiansporté à l'hôpital d'Islington près de
Londres. Il fut longtemps convalescent, et ne
put commencer ses études qu'en 1565, au collège
de Saint-Paul de Londres. Ses progrès rapides
le firent remarquer du docteur Thornton, chanoine
et professeur au collège du Christ à Oxford, qui
le fit entrer dans le collège et le logea gratuite-
ment. Après avoir passé cinq ans dans l'univer-
sité , Camden fut obligé de retourner à Londres
pour y terminer quelques affaires de famille. îl
parcourut ensuite l'Angleterre, s'appliqiiantàla re-
cherche des antiquités, étude pour laquelle il avait
montré de bonne heure une forte inclination.
Gabriel et Geoffroy Goodman, docteurs en théo-
logie, le secoururent plusieurs fois de leur bourse
et de leur bibliothèque, pour le mettre en état de
suivre son goût d'une manière utile. Ils le firent
même recevoir comme second régent du collège
de Westminster. Camden avait déjà recueilli
beaucoup de matériaux sur les antiquités de la
Grande-Bretagne lorsqu'excité par Ortelius, il
consacra tous les instants de loisir que lui lais-
saient ses fonctions à compléter son œuvre , à
perfectionner ses recueils, à les mettre en ordre.
A cet effet, il lui fallut apprendre les langues cel-
tique, gaélique, danoise et saxonne, afin de
pouvoir puiser aux sources mêmes des ren-
seignements positifs sur les mœurs, les usages,
les arts et l'industrie de chacun de ces peuples,
qui avaient occupé en tout ou partie le sol bre-
ton. Ses premières publications furent reçues
avec de grands applaudissements. Il résolut d'y
donner plus d'extension , et dans ce but il fit un
voyage à Salisbury, à Welsetà Carlisle, accom-
pagné de sir Robert Cotton , le savant biblio-
thécaire. Il fut obligé d'interrompre ses investi-
gations et de revenir au collège de Westminster,
dont il venait d'être nommé premier régent
( 1593). La reine Elisabeth le nomma d'office,
en 1597, roi d'armes de Clarence : cette place
lui donnant une entière liberté d'action , il put
— CÀMEEN 316
I mettre la dernière main à ses travaux. Voici la
j liste de ses ouvrages : Britannia, sive Jloren-
tissimorum regnorum Angliœ, Scotiœ, Hiber-
nix, insularum adjacentium ex intima antï-
qiiitate chorographica descriptio ; Londres,
1586 et 1607, traduit en anglais par Philémor
Holland en 1637, et par Edmond Gibson en 1732
Cet ouvrage valutà Camden les surnoms de Var
ron , de Strabon , de Pausanias anglais. Néan
moins son travail sur l'Angleterre fut jugé supé
rieur à celui sur l'Ecosse et celui-ci fut pré
féré à la partie concernant l'Irlande; ce qu
donna lieu au distique suivant ;
Perlustras Anglos ociilis, Caradene, duobus;
Uno oculo Scolos, caecus nibcrnigenas.
— Grammatices grxcx fnstitutio compendia
na; Londres, 1597, in-S" ; — Reges, Reginx
Mobiles et alii, in ecclesia collegiata beati Pe
tri Westmonasterii sepulti,una cum ejusden
ecclesiae fundatione praefixa; Londres, 160
et 1606, avec additions; — Anglica, Norman
nica, Hibernica, Cambrica a veteribus des
cripta, ex quibus Asser Menevensis , anonij
mus de Vita Gulielmi Conquestoris, Thoma
Walsingham, Thomas de la More, GuUelmu
Cemelicensis , Giraldus Cambresis , pluriqv
nunc in lucem editi ex bibliotheca Gulielm
Camdcrti ; Francfort, 1603, m-ioX. ; — ReliquU
Britannicse ; Londres, 1604, réimprimé ave
addition de Jean Philpot, héraut de Sommerscl
Londres, 1647, ui-4° ; — Actio in Henricui
Gametum, societatis Jesuiticx in Anglia si
periorem ; Londres, 1607, in-4°; — Annak
rerum Anglicanariim et Hibernicarum, re§
nante Elisabetha; Londres, 1615, avec ac
ditions; Londres, 1627, in-fol. , et Oxforc
1717, 3 vol. in-8°; traduites en français p<
Paul de Belligent, Paris, 1627, in-4°;— Gulielm
Camdeni et illustrium virorum ad Camdenm
epistolœ ; Londres, 1691, in-4°. A la fin de c
ouvrage, qui contient beaucoup de documen
intéressants sur l'auteur et les savants av(
lesquels il était en relation, on trouve dev
pièces de vers latins : In doctissimi viri Ri
geri Aschami laudem Sylva et Hibemia ,
un recueil (ïépitaphes.
Mémoires littéraires de la Grande-Bretagne, t. î
art. 9. — Thomas Smith, Vie de Camden.— Townicy
D. Whear, Camdeni Insignia, 1624. — Bayle , Dictio
naire historique et critique.
* CASîEEN ( Suen ) , historien et jurisconsul
suédois, natif de Wermeland , mort le 22 ju
1708 dans l'île d'Œsel. Il fut nommé en ic;
professeur d'histoire à l'université de Dorpat,
bientôt après, dans la même qualité, à la nouvel
université de Pernau ; et enfin en 1701, tout (
conservant sa place de professeur juge cantona
dans l'île d'Œsel , où il resta jusqu'à la fin <
sa vie, après avoir été anobli sous le nom*.
Cameenhjelm. On a de lui : Disp. de Speà
tris: Dorpat, 1693, in-4°; — Disp. de Conveti
satione; Dorpat, 1693, m-4°;— Disi>. de PrA
miis et Pœnis ; Dorpat, 1693, in-4''; —Dm
Î17 CAMEEN -
Je Usu et Natura colorum ; Dorpat, 1694; —
\')isp. de prudente Peregrinatore ; Pernau ,
699 , iii-4" ; — Âctus inauguralis Academix
\ iustavo-CarolinsË habitus Pernaviœ, de 28
\'ug. 1699.
Gadcbusch, UeflAndischc Bibl.
cA.MELi (François), numismate italien, vi-
ait dans la seconde moitié du dix-septième siè-
le. Il fut chanoine de Rome, antiquaire de la
, eiue Christine de Suède , et intendant de son
i abinet de monnaies et médailles. On a de lui :
' hrmml antiqui latlni, grœci , consulum,
ucjustorum, regum et iirblum, in thesauro
hristinse reginae asservati; Rome, 1690, in-4°;
lurage très-rare, mais, d'après Havercamp,
une valeur très-douteuse , vu que Cameli ne
ivait composé que pour son propre usage. Il
■inble cependant qu'il complète très-bien l'ou-
i âge de Havercamp sur la même matière , in-
implet sur d'autres parties.
Llc'ment, liiblioth. curieuse. — Foy- Vaillant, Epist.ad
lius Evropx antiquarios.
C.1MELIVS. Voy. Brutds {Decimus Ju-
nis).
C4MELLI ou KAMEL (George-Joseph) , né
Briinn (Moravie) vers la fin du dix-septième
k'ie. Il entra dans la société de Jésus, qui le
partir pour les îles Philippines. Camelli y fit
s observations importantes sur les diverses pro-
ictions des trois régnés; mais il s'étendit sur-
ut sur les plantes, décrivit leurs diverses qua-
és, et fit connaître leurs noms asiatiques. Lin-
: lui dédia un genre d'arbustes du Japon, le
lire Camellia , qui compte un grand nombre
espèces et de variétés. Les mémoires de Ca-
elli adressés à la Société royale de Londres
it été recueillis et annotés par Petirer; on
s trouve dans \es Transactions philosophi-
ues, t. XXI à XXVn. Son traité des plantes a
é publié par Ray dans le 3'^ vol. de son His-
ire universelle des plantes, sous ce titré :
[crbarum aliarumque stirpium in insula
azoni Philippinarum primaria nascentiiim
i Alabiis. L'auteur avait joint à son manus-
) I i.t une suite de dessins, mais qui n'ont pas été
' 'avés.
Kay, Hisl. univ. des Plantes, lU. — Philos. Transact.,
UXXVII.
1 *CAMENZ { Erdmann-Godefroy ) , archéolo-
ic et théologien allemand, né en 1692 à Gros-
, inhagen (Saxe électorale), mort en 1743 à
phlieben. Il étudia à Wittemberg, où il prit ses
sades en 1714, et fut en 1715 agrégé de la fa-
illie de philosophie de cette université. En 1718
s fut nommé pasteur à Schônevfalde, et enfin, en
i '34, prévôt et surintendant ecclésiastique à
lîhlieben, oii il resta jusqu'à la fin de sa vie. On
lie lui : Disput. de navi Tyria, ducta Ezech.
', 3, 5, 6 ; Wittemberg, 1714, in-4° ; — Disput.
' aquxductuHiskiie ; ibid., 1714, in-4°;— DJs-
U. de Historia Scholiastarum ; ibid., 1715,
-i°; — Disp. de historia nationum ; ihid.,
16, in-4°; — Disp. de suspecta Maimonidis
CAMERANI
318
in antiquitatibus judaicis fidé; ibid., 171C,
in-4" (insérée aussi dans Wolf, Dibliothecn he-
braica) ; — Disp. theologica deprudentia circa
controversias tkeologicas ; ibid., 1717, in-4°.
Adcliin;;, siippl.;t Jôclier, /illçiemeines CetehrtenLexi-
con. — Rathlcf, Gcschichte, t. VIII, p. 488. — Dietmann,
CImrsâchsische l'riestersc/iaft (sur le clergé de la Saxe
électorale), t. IV, p. 684.
* CAMERANI { Bar thélemtj- André), célèbre
acteur, mort à Paris le 22 avril 1816, était né à
Venise vers 1735. Il avait débuté à la Comédie
italienne le 8 mai 1767, dans le Maître supposé,
pièce nouvelle qui n'obtint pas de succès, malgré
tous les efforts de Camerani, qui, si l'on s'en
rapportait au témoignage de l'auteur des^n«a-
les du Théâtre-Italien, montra, dans son rôle
d'amoureux, de la noblesse, de Yaisance et de
la grâce. Cet éloge a dû surprendre les vieux
amateurs qui ont vu Camerani sur la scène, et
qui prétendent que cet acteur ne fut jamais
qu'un très-médiocre comédien.
En 1769, il prit les rôles de Scapin ; et c'est à
cette époque qu'il fut nommé semainier perpé-
tuel, titre qu'il conserva et dont il remplit la
charge jusqu'à sa mort. Camerani n'eut jamais
de réputation dans le monde dramatique, où ce-
pendant son nom se trouve mêlé à beaucoup
d'anecdotes; et nous n'aurions pas parlé de lui
si une sorte de célébrité étrangère au théâtre ne
s'était attachée à sa personne. Il avait acquis la
renommée d'un fin gourmet , à laquelle Grimod
de la Reynière avait sans doute pu contribuer,
en lui dédiant le 2^ volume de son Almanach
des Gourmands , recueil mensuel fort répandu
il y a une cinquantaine d'années , et en l'appelant
à faire partie des membres du jury dégustateur
qu'il avait institué. La mission de ce jury consis-
tait à prononcer, après expertise, sur le mérite
des produits culinaires et gastronomiques de
toute sorte que les marchands de comestibles ,
tributaires intéressés , adressaient comme hom-
mage-lige au comité, afin d'obtenir une mention
honorable dans le fameux almanach. Il paraît
que, pour justifier la distinction dont il avait été
l'objet, Camerani inventa un petit potage auquel
on donne son nom, et dont la composition, di-
rigée avec la plus stricte économie, revenait en-
core à plus de 120 fr. ; aussi s'explique-t-on
fort bien que cette combinaison gastronomique
ne soit pas devenue populaire. Camerani, depuis
dix ans, ne vivait plus que d'indigestions ; ce qui
ne l'empêchait pas de faire partie de la commis-
sion d'examen des pièces de théâtre, et de donner
ses observations, toujours en italien. Lorsqu'il y
avait dans une pièce un rôle de père, il ne man-
quait jamais d'engager l'auteur à en faire une
soubrette. Il blâmait le genre moderne, et il
n'aimait que les auteurs morts depuis longtemps ;
moins toutefois pour eux-mêmes, que parce
qu'en jouant leurs ouvi'ages il n'y avait pas de
droits à payer. Rien ne le mettait au désespoir
comme les jours de fêtes officielles, où la foule,
dédaignant les jeux du théâtre, se portait de
I
319
CAMERANI —
préférence vers le spectacle de la place publique;
et rien n'était alors plus plaisant à entendre que
les plaintes et les exclamations de Camerani, for-
mulées dans un jargon italien-français et débitées
avec son accent vénitien, qu'il n'avait jamais
perdu. Un biographe a prétendu que le célèbre
acteur Elleviou était son élève. Il a pu lui donner
quelques conseils, fruits de sa vieille expérience;
mais nous doutons que jamais Camerani ait été,
à proprement parler, le professeur de personne.
Edm. de Manne.
Annales du Théâtre-Italien. — Dictionnaire de ia
Conversation. — Annuaire dramatique.
*CAMERANO {François), littérateur italien,
natif de Ravenne, vivait au commencement du
dix-septième siècle. On a de lui : De theolo-
gica poesi et recta in Deum scansione libri VI,
ejusdem accessere miscellanea , parerga, pa-
thetica, protreptica, problematica, hierogly-
phica, nuptialia, etc.; Venise, 1603, in-8°.
Catal. Bibl. impér. Paris.
CAMERARius (Barthélémy), théologien na-
politain, né à Bénévent, mort à Naples en 1564.
Il commença à professer le droit canonique à
Naples en 1504, et fut nommé président de la
chambre royale en 1529. Mécontent du vice-roi
Pierre de Tolède, il vmt en France et s'attacha à
François I""^, qui le fit conseiller d'État. Les Espa-
gnols le déclarèrent alors rebelle, et confisquèrent
ses biens. En 1557, le pape Paul IV le nomma
commissaire général de son armée. Cependant
Camerarius résigna ces distinctions au retour de
la paix, et vint mourir dans sa patrie. Il a donné
plusieurs ouvrages : de Matrimonio, 1552; —
de Prsedestinatione, de Gratia et Libero Arbï-
trio; Paris, 1556 : il réfute Calvin dans ce
traité, en s'appuyant sur les préceptes de saint
Augustin; — de Prasdicatione ; Pise, 1556,
in-4° ; — de Jejunio, de Oratione et Eleemo-
syna ; Paris, 1556, in-4'' : ce livre, divisé en trois
dialogues, est dédié à Diane de Valentinois ; —
de purgatorio Igné ; Rome, 1557; — Traité sur
les 7natières féodales; Y euise, 1576.
Toppi, Bibl. Napolet.
CAMERARIUS (Joachim), en allemand cam-
MER-MEiSTER OU LiEBHARD, célèbre huma-
niste allemand, né à Bamberg le 12 avril 1500,
mort à Leipzig le 17 avril 1574. Il échangea son
nom de Leibhard contre celui de Camerarius,
parce que ses prédécesseurs avaient été camé-
riers à la cour de l'évêque de Bamberg. Il fut un
des célèbres érudits de l'Allemagne, et rendit de
grands services aux lettres tant par ses propres
travaux que par la réorganisation de l'université
de Leipzig, de celle de Tubingue, et du gymnase
de Nuremberg. Il prit aussi une grande part à
la réforme de Luther. Son père l'envoya dès 1515
à Leipzig, où il étudia les langues et les littéra-
tures anciennes. En 1518 il se rendit à Erfurt, et
en 1521 il visita Wittemberg, où Mélanchthon l'ho-
norade son amitié. Après un voyage fait en Prusse,
il fut noornié en 1526 professeur des langues
CAMERARIUS 3î
grecque et latine à Nuremberg. Le sénat de cet
ville l'envoya en 1530, comme député, à la diè
d'Augsbourg. Il prit avec Mélanchthon la pli
vive part aux discussions qui s'y élevèrent,
publia bientôt après, avant son savant ami ,
document célèbre connu sous le nom de Confe
sien d'Augsbourg. Le sénat de Nuremberg l'aya
choisi pour son secrétaire, il n'accepta pas cel
place honorable mais appelé en 1535, par
duc Ulric de Wurtemberg à l'université de T
bingue , il s'y rendit, et c'est là qu'il écrivit
langue allemande ses Éléments de rhétoriqu
En 1541, Henri et Maurice de Saxe le char^
rent de la réorganisation de l'université de Lei
zig ; il en rédigea les statuts de concert avec G;
pard Bœrner, et la dirigea longtemps en quai
de recteur et de doyen. En 1555, Camerarius I
de nouveau nommé député à la diète d'Aug
bourg. De là il se rendit avec Mélanchthon
Nuremberg pour y discuter diverses questio
religieuses, et il assista en 1556 à la diète
Ratisbonne. Il mourut à Leipzig. Quelque tera
avant d'expirer, il composa ces vers :
Morte nihil tempestiva esse optatius aiunt ;
Sed lempestivara qiiis putat esse suam?
Qui putat, ille sapit : namque ut falalia vita;.
Sic et quisque suse tenapora mortis habet.
Camerarius était grave et réservé , même e
vers ses enfants. Il ne haïssait rien tant que
mensonge, et ne le tolérait pas même dans la pi
sauterie. L'étendue de ses connaissances, la \
reté de sa morale, l'énergie de son caractèi
sa douce et persuasive éloquence, lui valur(
l'estime de tous ceux qui le connaissaient.
Ses ouvrages , qui , pour la plupart , sont c
éditions de classiques grecs ou latins, des tradi
lions et des commentaires , sont très-nonilirei
Après les biographies d'Eobanus Hessus et du d
Georged'Anhalt, ses meilleurs écrits sont : sab
graphie de Mélanchthon : DePhilippi Melanc
thonis ortu, totius vitse curriculo et movi
implïcata rerum memorabiUum tempo,
illius hominumquementione,narratio ; Le
zig, 1566, in-S", édition de Strobel; Halle, 17!
qui contient toute l'histoire de la réformatic
et sa collection des lettres de Mélanchthon ( Le
zig, 1569), qui nous donne les meilleurs rens
gnements sur l'époque de cette révolution :
ligieuse. Ses Commentarii Ungux greecx
latinae (Bàle, 1551, in-fol.) sont de nos jours i
core très-dignes d'estime ; — ses Epistolsefan
liares (3 vol. ; Francfort, 1583-1595), pleii
d'intéressants éclaircissements sur l'histoire
son temps , ne parurent qu'après sa mort.
C. Gessner, Biblioth. — Sax, Onomast. — Jôclier, /
gemeines Gelehrten-Lexicon.
CAMERARIUS (.ToacMm) , médecin et bo
niste allemand , fils du précédent , né à Nure
berg le 6 novembre 1534, mort dans la mêi
ville le 11 octobre 1598. Il étudia sous les m(
leurs professeurs d'Allemagne et d'Italie, et se
recevoir docteur à Bologne en 1562é II avait
321
disciple de Mélanchfhon pour la philosophie reli-
gieuse, de Jean Craton pour la médecine; il était
ami de Fallope, d'Aquapendente, de Capiraccio ,
d'Aldrovandes, de Vincent Pineili, enfin de ce que
l'Europe renfermait alors de savants illustres. De
retour à Nuremberg, il se livra avec succès à la
pratique de la médecine. Dans ses traitements il
appliquait de préférence les végétaux. Sa réputa-
tion le fit souhaiter par plusieurs princes, mais son
amour pour les sciences l'empêcha d'accepter les
brillantes propositions qui lui furent faites. Il
donnait pour réponse :
Alterius non sit qui suns esse potest.
n décida les magistrats de Nuremberg ( 1 592) à fon-
der une Académie de médecine, dont il fut le doyen
, jusqu'à sa mort. Sans négliger l'étude de la chi-
mie, il se créa un jardin de botanique où l'on trou-
vait les plantes alors les plus rares. Joseph Casa-
bona, Cortosus, Prosper Alpin, Dalechamp, Clu-
sius, l'aidèrent dans cette entreprise en lui expé-
Jiant tous les sujets curieux qu'ils pouvaient dé-
couvrir. Il se rendit aussi acquéreur de la biblio-
lièque botanique de Gesner, ainsi que de 1,500
gravures sur bois qui la complétaient. Quelque
erme que fût la résolution de Camerariusde s'é-
oigner des grands, il ne put se dérober à ceux
lui venaient le consulter. Il soigna doncles élec-
euis de Saxe Christian et Auguste ; il guérit même
•e dernier d'une affection qui pouvait être mor-
cUe; mais la fatigue que lui causa cette cure lui
•oùta la vie , car, de retour chez lui de la cour de
>a\e, il garda le lit pour ne plus se relever. Ca-
nerarius s'était marié trois fois, et avait eu un
ils de chacune de ses femmes. Il partagea entre
UK les documents qu'il avait réunis; mais ces
nanuscrits ne virent le jour que tardivement,
^î'iumier a dédié à ce savant un genre des apocy-
' lées, sous le nom de Cameraria.
On a de Camerarius : Epitome uHHssima Pétri
indrese Mathioli, novis iconibus, descriptioni-
>us phirimis dilig enter aucta, accessit iter
nantis Baldi, Francisci Calceolari; Franc-
ort, 1586, in-4» : c'est un abrégé des com-
p.entaires de Mathiole, dans lequel Camera-
ius a fait entrer une série de planches sur bois
irées de la collection de Gesner, et s'élevant à un
inillier; — Hortus medicns ; Francfort, 1588,
n-S" : c'est un catalogue des plantes de son
' ardin ; on y remarque deux descriptions inté-
jessantes du dattier et de l'aloès; — Symbolo-
\um etemblemalum centuriée très, quibus ra-
[iores stirpium, animalium et insectorumpro-
metatescomplexus est, etc. -f^nreTahQTg, 1590-
597, in-4°, avec planches : cet ourrage, qui n'est
(u'une suite d'anecdotes sur l'histoire naturelle,
, st divisé en trois parties , consacrées aux végé-
aux, auxquadrupèdes, aux oiseaux ; — Planta-
um tam indigenarum quam ezoticarum ico-
les; Anvers, 1591 ; — Eclecta géorgien, sivede
c rustica; Nuremberg, 1577, 10-4° '. c'est un re-
ueil d'opuscules sur la botanique et l'agriculture,
vecla nomenclature des savants anciens et mo-
CAMERARIUS 322
demes qui ont écrit sur ces sciences ; — De mo-
nocerote etiam, sive unicornu, 1580; — Sy-
nopsis quorumdam brevïwn sed perutilium
commentariorum de peste clarissimorum vi-
rorum Donzelli Ingrassise, Rincii, avec un
appendice de bolo Armeniae et terra Lemnia
observationes ; Nuremberg, 1583, in-8°; — De
recta et necessariarationeprsesei'vandi apes-
tis coMtegio, augmenté de Constiltitiones, le-
ges et edicta temporepestis ; Nuremberg, 1583,
in-s°.
t
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. TIII.
Melchior Adam, yitx medicorum germanicorum. —
Van der Linden, Do scriptor. medicis. —Jean-Michel Bru-
tus, Epist., LIV.p. 176. — De Thou, Mémoiies histori-
ques. — Tournefort, Isagoge. — Heister, Préface de la
Lettre de BurcKhard à Leibnitz,
CAMERARIUS (Philippe), jurisconsulte alle-
mand, troisième fils de Joachim, né à Nurem-
berg en 1537, mort dans la même ville le 22 juin
1624. Il étudia le droit à Strasbourg sous Jean
Sturm et François Hotman. 11 acheva ses cours
à Padoue (1563), d'où il passa à Ferrare (1564).
Il séjourna ensuite quelques mois à Bologne et
arriva à Rome en 1 565 , où il suivit les cours du
professeur Muret. Il se disposait à retournera
Ferrare avec le chevalier de Cornbourg, soa
cousin et son compagnon de voyage, lorsqu'ils
furent arrêtés et incarcérés dans les prisons de
l'inquisition ; mais, n'ayant pas été trouvés coupa-
bles, ils furent remis en liberté. On les engagea à
abjurer les erreurs, et à embrasser la religion ca-
tholique ; mais, comme on ne put leur faire aban-
donner la confession d'Augsbourg, on les retint
encore deux mois. L'empereur Maximilien n et
le duc de Bavière Albert III le Magnanime ayant
alors réclamé vivement les prisonniers, on les re-
mit en liberté. Ils arrivèrent à Nuremberg le
16 janvier 1566. Camerarius en repartit aussitôt
pour Bâle, où il se fit recevoir docteur en 1573;
la république de Nuremberg lui donna le titre de
conseiller, et peu après le landgrave de Hesse
lui accorda la même charge. En 1581 il fut élu
vice-chancelier de l'université d'Altorf. On a de
lui: Horée sM&cisiva?; Francfort, 1624,3 vol.
in-4°; traduit en anglais par John Molle, Lon-
dres, 1621 ; traduit en français par Gk)ulard et de
Rossel , Paris, 1608, 3 vol, in-8°; — une qua-
trième centurie est restée manuscrite.
J.-G. Sclielhorn, f^ie de Philippe Camerarius; Nurem-
berg, 1740. — Freher, Theutrum eruditorum.
*CAMERARics (Geoffroy), écrivain alle-
mand, cinquième fils de Joachim I*' (Camera-
rius). On a de ce savant la traduction du grec
en latin de Démosthène, Xénophon , Homère,
Lucien, Galien, Dion Chrysostome, Aristide,
saint Grégoire de Nysse; — Vie de Philippe
Mélanchthon et d'Éoban de Hesse; — Catalor-
gue des évêques de diverses églises; — Lettres
grecques; Poésies.
Paul Jove, Éloges. — Vossius, De Scient. Mathem, —
Melchior Adam, f^itx philosoph. germanic.
*CAAiERARics (Louis), homme d'État alle-
mand fils de Joachim II (Camerarius) , né à
11
323
CAMERARIUS
324
Nuremberg le 22 janvier 1573, mort'àHeidel-
berg le 4 octobre 1651. Il s'appliqua, comme ses
parents, à la jurisprudence, et fut reçu docteur en
droit à Bâle en 1597. En 1598, Frédéric FV, élec-
teur palatin, le nomma son conseiller. En 1600,
Camerarius assista comme envoyé plénipoten-
tiaire à la diète de Ratisbonne ; et Jean, comte de
Deux-Ponts, l'envoya plusieurs fois auprès des
empereurs Rodolphe II et Matliias, au nom des
princes de l'Empire, pour des négociations impor-
tantes, dont il s'acquitta toujours bien. En 1613,
on lui donna la prélature de Reichenbach ( Pala-
tinat). En 1620, il fut chancelier des princes et
États de Silésie , et chargé de plusieurs missions
diplomatiques. Gustave-Adolphe, roi de Suède,
l'attira à lui, et l'envoya comme ambassadeur ex-
traordinaire près les états généraux, Camera-
rius resta dix-sept ans à la Haye. H donna sa
démission à la mort de Gustave-Adolphe, et se re-
tira à Leyde (1638). En 1642, il vint habiter à
Groningue, qu'il ne quitta qu'en 1651, pour venir
mourir à Heidelberg. Il a publié quelques écrits
sur les ti'oubles de la Bohême it dij Palatinat,
entre autres Considerationes ad cancellarium
hispanicum adjectse; — Epïstolss seleeise,
etc., etc.
Marquard-Freher, Originum palatinorum Comment.
— Puffendorf, Eris seandica.
CAMERARivs (Louis- Joachim), médecin al-
lemand , Bis de Joachira II ( Camerarius ) , né à
Nuremberg le 15 janvier 1566, mort le 13 janvier
1642. Il étudia comme ses ancêtres les sciences et
la médecine, où il fit de rapides progrès. De retour
en Allemagne après avoir visité l'Angleterre, la
Hollande et l'Italie, il fut appelé par Christian,
prince d'Anhalt ; mais, préférant l'indépendance,
il revint à Nuremberg exercer les fonctions de
doyen de l'Académie de médecine, qu'il remplit
jusqu'à sa mort.
Freher, Theatr. erudit.
* CAMERARIUS (Jeon-Rodolphe), médecin
allemand, vivait dans le dix-septième siècle. On
a de lui: Horss natales, deux centuries; Franc-
fort, 1607-1610, in-4°; — Disputationum me-
dicarum in illustri AcademiaTubingensi,etc.,
decas; Tubingen, 1611, in-8°; —Sylloge me-
morabilium medicinss, centurie XII ; Tubin-
gen, 1683, in-8°.
Éloy, Dict. hist. de la Médecine.
CAMERARIUS OU CAMERMEJSTBR (ÉUe-
Rodolphe), médecin allemand, fils de Jean-Ro-
dolphe, né à Tubingen ( Souabe) le 7 mai 1641 ,
mort le 7 juin 1695. Il étudia la médecine dans
sa patrie, où il obtint la chaire de professeur pri-
maire de l'université; il fut ensuite conseiller et
premier médecin du duc de Wurtemberg, et mem-
bre de l'Académie des curieux delà nature (1669).
On a de lui plusieurs dissertations académiques
fort intéressantes : De Palpitatione cor dis;
Tubingen, 1681, in-4"; — De Clijsmatibus ;\à.,
1688, in-4"'; — Bistoria pleuritidis;ià., 1699,
in-4° ; — De Fractura cranii cum vulnere; id.,
1693, in-4''; — Observatio de ischuria ad 22
dies nonlethali.
Manget, Bibliotfi. Script. medic,^ 1. III. — Éloy, Dict.
hist. de médecine.
CAMERARIUS {Rodolphe- Jacques), méde-
cin et botaniste allemand , fils d'Élie-Rodolphe,
né à Tubingen le 17 février 1665 , mort le 11
septembre 1721. Il étudia la philosophie et les
sciences, naturelles dans sa ville natale. Plus
tard, pour se perfectionner dans ses études , il
résolut de voyager. A cet effet, il parcourut
l'Allemagne en consultant les médecins les plus
célèbres (1685). Il passa ensuite en Hollande, et
s'arrêta à Leyde, où il fut très-assidu aux dé-
m.onstrations des professeurs de l'université.
De là, il s'embarqua pour l'Angleterre, où sa ré-
putation lui donna un accès facile chez les sa-
vants de ce royaume. Puis il vint à Paris, et
demeura cinq mois chez Marcschal, chirurgien
de l'hôpital de la Charité, qu; lui procura d'utiles
connaissances. En quittant la France, il visita Is
Savoie, passa en Italie; et, après avoir examina
ce que Venise, Rome et les villes principales cl(
ce pays ont de plus curieux, i! revint à Tubingei
par la Suisse. Il reçut le bonnet de docteur ei
médecine des mains de son père (1687) , et, pei
de temps après (1688), fut nommé professeu
suppléant, et inspecteur du jardin botanique. I
fut aussi agrégé au collège des Curieux de la Na
ture. Pour mettre ses talents à profit, on lu
donna (1689) la chaire de physique, qu'il occup
jusqu'en 1695, époque à laquelle il succéda à soi
père comme premier professeur. — Rodolphe
Jacques Camerarius fut atteint d'un crachemec
de sang qui le conduisit en deux ans au demie
degré de la phthisie pulmonaire, dont il mourui
Il avait dix enfants, dont deux surtout, Alexandi
et Henri, se faisaient remarquer dans les sciences
On a de lui : De Sexu plantarum epistola
Tubingen, 1694, in-4°, insérée dans les Mis
eeUmiea Nat. Cur., decas III, ann. 2, appei
dix; réimprimée eu 1749, in-8°:cet ouvrage ei
piein d'érudition ; l'élégance du style en relè^
même considérablement le mérite ; l'auteur y fa
voir que les graines sont rarement propres à n
produire les plantes, lorsqu'elles viennent c
fleurs qui ont été dépouillées de leurs étamines
il y montre encore qu'il est important de fixi
la classification des plantes, qu'il distribue lu
même de façon à faire supposer qu'il ajetéli
fondements du système adopté par Linné ; -
De Convenientia plantarum in Jriictificatio}
et viribus; Tubingen, 1699, in-8'' : Camerarii
y indique les rapports existant entre la forn
des plante» et leurs propriétés, rapports appr
ciables par la similitude des parties servant à
fructification; — De Acidulis Niderborensibu
Tubingen, 1710, in-4''; — Spécimen expei
mentorum circa generationem hominis et ai
malium; Tubingen, 1715, in-4";— De Co
silio Anglicani ad podagram internam; T
82£
CAMERARIUS — CAMERATA
326
iiiiif^en, 1716, in-4°; — De Blasiano balneo;
iLid., 1718.
; M. Il 1er, llibliotheca botanica. — Valentin, de Poly-
1 cl/resta exotica. — Moeser, le irurtcmbenj éclairé (en
ail., Erlàutertes ff^urtemberg ) — liloy, Oicl. hist. de
ta médecine.
CAMERARIUS (ÉUc) , médecin allemand,
second fils d'Élie-Rodolphe, et frère de Ro-
dolphe-Jacques , né à ïubingen le 17 février
U.7j, mort dans la même ville le 8 février 1734.
Jl (ut reçu docteur en médecine à Tubingen, et
; obtint une chaire de médecine, qu'il remplit avec
I succès. L'Académie des curieux de la nature
! l'adopta sous le nom d'Hector III. Le duc de
Wurtemberg le nomma conseiller, et son pre-
mier médecin. Camerarius méritait ces diverses
; marques de distinction ; mais l'étrangeté de ses
idées nuisit beaucoup à sa réputation, et lui sus-
cita bon nombre de réfutations. Voici ses
• principaux écrits : De Spiritibus animali-
; bus; — De Spiritu fumante Boyleano ; —
De Potu thé et caffée : ces trois dissertations
sur l'abus du thé et du café sont réunies en un
seul volume, Tubingen, in-S°; l'auteur, en y trai-
( tant des esprits animaux, leur reconnaît une
II telle ^élasticité, qu'il ne balance pas à conclure
': qu'ils sont de la nature de l'air; — Disseria-
tiones Taurinenses epistolicse medico-phy-
sicae ad illustres Italiœ ac Germaniœ quosdam
medicos scriptse; Tubingen, 1712, in-8° : c'est
un recueil de vingt lettres écrites pendant le
voyage que Camerarius fit en Italie avec le prince
de Wurtemberg, qu'il accompagnait comme pre-
mier médecin. Haller reproche à l'auteur un pyr-
rhonisrae outré ; il le blâme surtout de n'avoir
pas voulu admettre l'autorité des savants qui
l'avaient précédé, et d'avoir fait ressorth- ce
[qu'il y a de merveilleux dans certaines maladies,
[pour avoir l'occasion de combattre ses adver-
|saires;— Kurtze Anmerkungen bey Gelegen-
\heit der Krankheit à la mode,- Tubingen, 1713,
[in-8» : ce traité contient l'histoire de la fièvre ca-
^tharrale épidémique nommée grippe; — Speci-
\mina qucedam medicinas eclecticse; Franc-
îfort, 1714, in-4° : l'auteur y combat la théorie
des fièvres de Morton, la doctrine de Vieussens
sur le délire et la mélancolie, le système de
*Baglivi sur la fibre motrice, celui de la Peyronie
! sur le siège de l'âme, et les sentiments de Leeu-
jwenhoeck sur les écailles de la capsule et les
^fibres du cristallin ; — Medicinee conciliatricis
fconamina; Francfort, 1714, in-4° : Camerarius
j se récrie conti-e Tschirnhausen, dont le plan de
médecine lui paraît trop simple, et propose un
'système de physiologie dans lequel il tâche de
iconcilier les doctrines des anciens avec celles
i-des modernes ; — Systema Cautelarum Medi-
\carum eirea prsecognita partesque singulas
\artis saluberrimee, discentium commodo^ me-
\thodo eclectica concinnatum ; Francfort-sur-
le-Mein, 1721, in-4'': c'est un abrégé de toutes
les parties de la médecine; — De Gemursa Pli-
niuna; 1722; — Magici morbi historia ai-
i
tentius perpensa, 1724; — De Calculis in ve-
sica fellea repertis, 1724; — De Efficacia
animi patkcmutum in negotio sanitatis et
morborum, 1725; — Dissertatio de Betula;
Tubingen, 1727,in-4°; — De mixtione pultacea ,
1728;— De Fenems; Tubingen, 1728,in-4°;
— Temerarii circa magicie judicii exempluni
mortiii amico apparentis. Dans tous ces trai-
tés , Camerarius admet tout ce qui a rapport à
la magie.
lÉloy, Dictionnaire historique de la médecine.
CAMERARIUS (Alexandre), médecin alle-
mand, fils de Rodolphe-Jacques, né à Tubingen
en 1695, mort dans la même ville le 11 novem-
bre 1736, fut reçu docteur en médecine à Tubin-
gen, puis membre de l'Académie des curieux de
la nature sous le nom d'Hector IV ; adjoint plus
tard à son père dans les deux fonctions de pro-
fesseur et de directeur du jardin de botanique,
il lui succéda, et mourut encore jeune, laissant-
De Botanica; Tubingen, 1717, in-4° : c'est
une classification de la botanique, indiquant
les différences essentielles des genres et des es-
pèces; — De motu elastico staminum am~
berboi ; mémoire relatif à l'élasticité des étami-
nes de certaines plantes, principalement de la
centaurée musquée.
Ephem. natur. curios., S. IX, n» 86. — Eloy, Diction-
naire historique de la médecine.
c\yi¥.K\R\\JS [Guillaume), philosophe écos-
sais. Voy. Chalmers.
CAMERATA {André), architecte italien, né à
Venise en 1714, mort en 1793. Quoique fils
d'un simple teinturier, il reçut une éducation soi-
gnée, et étudia l'architecture à Rome. A son re-
tour dans sa patrie, il construisit avec un talent
remarquable plusieurs édifices. Il est cité avec
éloge par le comte Fabio di Maniago dans le
Guida di Udine, à l'occasion de la Madonna
délie Grazie, à laquelle travailla, dit-il, Andréa
Camerata, architetto molto noto in Venezia.
On a de lui : Studio sopra gli ordini delV ar-
chitettura di Vitruvio, Vignola, Palladio e
Scamozzi, 1730, L'auteur n'avait alors que
seize ans.
Tipaido, Biografla degli Italiani illmtri, 9, 160.
CAMERATA (Giuseppe) , peintre et graveur,
né à Venise en 1668, mort à Dresde en 1761.
Élève de Grcgorio Lazzarini, il termina un ta-
bleau que ce maître avait laissé inachevé à sa
mort, et se montra toujours imitateur de son
style. Dans la force de l'âge et du talent, il aban-
donna presque entièrement la peinture pour la
gravure. 11 était déjà octogénaire quand il fut
appelé à la cour de l'électeur de Saxe pour coo-
pérer à la publication de sa galerie. Les princi-
pales planches qu'il exécuta pour ce grand ouvrage
furent : la Parabole de la drayme perdue, d'a-
près dora Feti; la Sainte Famille, d'après
J.-C. Procaccini; l'Assomption, d'après Camille
Procaccini; et la Chasteté de Joseph, d'après
11.
327 CAMERATA
Contarini. Il poussa sa carrière jusqu'à quatre-
vingt-quatorze ans, et travailla presque jusqu'au
dernier moment. E- B— n.
Lanzi , Storia pittorica. - Orlandi, Abbecedario. —
Ticozzi, Dizionario.
CAMERER {Jean-Frédéric) , homme d'État
et historien danois, né à Ettingen en 1720, mort
à Wodder le 6 novembre 1792. Il était audi-
teur, et devint conseiller de guerre du royaume
de Danemark. Outre quelques mémoires sur
l'ambre jaune qui se recueillait sur les côtes de la
Baltique, on a de lui : six Lettres sur quelques
curiosités du Holstein; Leipzig, 1756, in-4°; —
Mélanges de renseignements historiques et
politiques sur le Schleswig et le Holstein ;
Flensbourg, 1758, et Leipzig, 1762, in-S".
Ersch et Grubcr, Allgem. Enr.yc.
' CAMERm© ( François de ), missionnaire ita-
lien, vivait dans la première partie du quator-
zième siècle. Il était frère prêcheur, et fut envoyé
en Asie Mineure. De retour de sa mission et ac-
compagné de Richard, moine anglais , il vint à
Avignon, où résidait alors le pape Jean XXII
(1333) ; il lui fit part du peu d'éloignement qu'a-
vait l'empereur grec Andronic ITI le jeune pour
opérer une réunion définitive entre les deux
Églises. Le pape entra dans cette idée de con-
ciliation, et écrivit lui-même ses conditions. Il les
adressa à Andronic et à l'impératrice Jeanne de
Savoie, qui était catholique et sur l'influence de
laquelle il comptait, par l'entremise de Carae-
rino, qu'il venait de créer archevêque de Vospro.
Le patriarche de Constantinople, craignant de
voir diminuer son influence par cette fusion,
traîna les conférences en longueur; l'historien
Nicéphore Grégoras lui conseilla de ne pas en-
trer en discussions pubhques avec les légats de
Jean XXH. Le pape mourut sur ces entrefaites,
et le schisme se perpétua. Camerino revint en
Italie ; on ignore s'il fit partie de l'ambassade
envoyée en Grèce par Benoît XII. La fin de sa
vie est inconnue.
AH de vérifier les dates. - Sismondi, Hist. des ré-
publiques italiennes. - Muratori, AnnaU d'Itaha.
CAMERiNUS, poëte latin, vivait quelques an.
nées avant J.-C. Il composa un poëme sur Troie.
Ovide le cite comme son contemporain :
. Quique canit domitara Camerinus ab Hectore Trojam.
Ovide, tte Ponto, 1. IV, ep. 16.- Smith, Dict. of
Greek and Rom. Bio'jraphy.
CAMÉRON (Jean), célèbre théologien pro-
testant, né à Glascow vers 1580, et mort à Mon-
tanban à la fin de 1625 ou au commencement
de 1626. Il vint en France en 1600. Après avoir
enseigné le grec et le latin dans le collège pro-
testant de Bergerac, il occupa pendant quelque
temps une chaire de philosophie à l'Académie
de Sedan. Il étudia ensuite la théologie à Genève
et à Hcidôlberg, et en 1608 il fut nommé pas-
teur à Bordeaux. Dix ans après, il succéda à
■Gomar dans la chaire de théologie de l'Acadé-
^ GAMÉRON 328
mie de Saumur. Quand le gouvernement de cette
ville fut enlevé à Duplessis-Mornay, J. Camé-
ron, se souciant peu de rester dans une acadé-
mie que la perte de son protecteur devait faire
tomber en décadence, repassa en Angleterre, où
ses sentiments favorables au système épiscopal
lui gagnèrent la bienveillance du roi Jacques, qui
désirait introduire l'épiscopat en Ecosse, et qui
le nomma directeur du collège de Glascow.
Mais, vu avec défiance par les Écossais, violents
adversaires de la hiérarchie épiscopale, il se
trouva étranger au sein de sa patrie, et, avant la
fin de l'année, il prit le parti de retourner en
France. A Saumur, où il se rendit, il donna des
leçons particulières de théologie, le gouverne-
ment lui ayant interdit l'enseignement public;
mais le vingt-quatrième synode national tenu à
Charenton lui alloua une pension de 1000 livres,
jusqu'à ce qu'il pût être employé comme pas-
teur ou comme professeur. L'interdiction ayant
été levée en 1624, il fut appelé à la chaire de
théologie de l'Académie, de Montauban. Là il se
trouva en opposition avec le parti protestant
exalté, qui dominait dans cette ville, et qui ne
voyait de salut que dans une résistance conti-
nuelle et à main armée aux mesures du gou-
vernement. Peu de temps après, dans un mou-
vement populaire, il fut si grièvement maltraité
par une foule en fureur, qu'il mourut quelques
mois après, des suites de ses blessures.
Jean Caméron était un homme doué de gran-
des facultés, d'un esprit actif, large, compréhen-
sif, grand partisan de la Uberté d'examen, et
peu satisfait des systèmes des théologiens pro-
testants de son temps, qu'il accusait de despo-
tisme et d'intolérance. 11 pensait que la réforme
avait grand besoin d'une nouvelle réformation,
et il ne cachait à ses amis et à ses disciples ni
ses vues ni ses désirs. Mais il connaissait assez-
son époque pour ne pas croire possible encore
les changements qu'il réclamait; il en remettait
la réalisation aux âges suivants. En attendant, il
préparait les esprits en combattant les doctrines
calvinistes, entre autres celle de la prédestina-
tion, à laquelle les théologiens réformés de la
Suisse et de la Hollande, et la plupart de ceux
de la France, attachaient une grande importance.
a soutenait que Dieu, loin d'avoir destine par
un décret absolu et éternel les uns à la félicité
céleste, et les autres à la damnation, offrait ses
grâces et le salut à quiconque voulait persévérer
dans la foi chrétienne. C'est le système qu'on
appelapeu après Vuniversalisme hijpothétigue,
et qui fut défendu entre autres par deux de ses
disciples. Moïse Amyraut et Louis Cappel.
Cameron a laissé les ouvrages suivants -.San-
tangelus, sive stelitenticus in Eliam Santan-
gelum Causidicum; Rupell, 1616, in-12: il s'a-
git, dans ce petit écrit, d'une affaire concernant le
consistoire et les protestants de Bordeaux ; —
Constance, foy et résolution à la mort des
capitaines Blanquet et Gaillard; Bordeaux,
82-.)
ICI 7 : c'est une lettre à Palmier, ministre à
Mornac, dans laquelle il raconte la mort da o
deux personnages; elle fut brûlée par arrtf . du
parlement de Bordeaux ; — Thèses de gratta et
libero arbitrio disputatx 14 august. 1018, i(7ia
ctim duabus prxlectionïbus habitée a J. Caine-
ron; Saumur, 1618, in-8°:ce sont les pièces du
concours à la suite duquel il fut nommé professeur
à Saumur; — Traité dans lequel sont exami-
nés les préjugés de ceux de l'Église romaine
contre la religion réformée; la Rochelle, 1618,
in-S", traduit et publié en anglais ; Oxford, 1024,
ia-i° ; — Thèses XLII theologiee denecessitate
satisfactionis Christi pro peccatis; Saumur,
1620, in-fol. ; — Arnica Collatio de gr alise et
voluntatis humanse concursu invocatione et
quibusdam annexis ;~lM%à\a\. Batav. ,' 1622,
in-4°, relation d'une conférence qu'il eut avec
Telenus, théologien calviniste; — Sept sermons
sur Jean VI; Saumur, 1624; — Defensio sen-
tentise de gratia et libero arbitrio; Saumur,
1624, in-S" ; — Preelectiones theologicas in se-
lectïora quxdam loca N. T., una cum trac-
tatu de Ecclesia et nonmdlis miscellaneis
opusculis; Sàamm , 1626-1628, 3 vol. in-4",
réimprimé sous le titre de Myrotheciuvi evan-
gelicum ; Genève, 1632, in-4°; Saumur, 1677,
ra-4°, et dans les Critici sacri; Londres, 1660,
in-fol. Michel Nicolas.
Baylc, Dictionnaire hist. critique. — MIH. Haag, la
France protest.
CAMÉRON {Richard), prédicateur écossais ,
natif de Falkland, dans le comté de Fife, tué le
20 juillet 1680. Filsd'im petit commerçant, il re-
çut la modeste instruction que pouvait fournir
une école de paroisse ; puis il s'enrôla parmi les
prédicateurs de campagne, et se montra d'abord
un chaud partisan des doctrines presbytériennes.
Plus tard il devint maître d'école de village,
et, circonstance curieuse, il entra en qualité de
précepteur ou de chapelain dans la famille qui
devait compter parmi ses membres sirW. Scott.
C'était l'époque où Charles H, devenu roi, avait
i juré protection au traité qui proclamait le
- presbytérianisme. Plus tard, revenant sur cette
! promesse, le roi publia l'édit de suprématie, qui,
I tout en admettant la liberté religieuse, réta-
[ blissait l'épiscopat, et restreignait au profit des
catholiques les privilèges accordés aux protes-
tants, dont le culte n'était plus que toléré. A l'i-
f mitation de Louis XFV , Charles II ne négligea
ji rien pour détruire les germes du protestantisme ;
l des poursuites sévères furent ordonnées contre
I les pasteurs non-conformistes. Un mécontente-
j ment violent agita plusieurs provinces d'Ecosse,
I principalement les comtés de Lanark, d'Ayr, de
\ Galloway et de Dumfries. Caméren, par sa fou-
( gueuse éloquence, poussa un nombre considé-
ji rable de ses concitoyens à protester contre le
! nouvel édit. Ses sectaires se séparèrent de la
\ communion des presbytériens, dont les ministres
assermentés, ayant accepté la liberté de conscience
CAMERON 330
accordée par le joi , continuaient à exercer les
fonctions pastorales. Les caméroniens soute-
naient que Charles ne pouvait accorder un droit
inhérent à la faculté de penser, et que se sou-
mettre au droit de suprématie qu'il prétendait
avoir sur l'Église, c'était professer l'éralianisnie.
La chaleur et l'aigreur augmentant de part et
d'autre, le gouvernement crut devoir intervenir,
et défendit aux caméroniens de se réunir : ceux-
ci, excités par leur apôtre, le suivirent dans les
assemblées religieuses qu'il tenait en plein air,
dans les lieux les plus déserts, sous le nom de
eonventicules , ei ^nreni \ft, nom de HiU-men
(hommes de la colline), par allusion aux en-
droits élevés où ils se réunissaient.Malgré les pré-
cautions dont ils s'entouraient pour se livrer à
leurs pratiques, les prédicateurs furent surpris et
pendus ; quant aux auditeurs, ils furent déportés
ou emprisonnés. Poussés à la révolte gar la persé-
cution , ils prirent les armes , déclarèrent Char-
les Il déchu de ses droits à la couronne et à la
société de l'ÉgHse sainte, comme ayant violé la
ligue solennelle et la convention passée en 1640
entre lord Rippin et Charles V , convention
sous laquelle seulement il avait reçu la couronne.
Ils proclamèrent, en conséquence, le gouverne-
ment républicain de 1648. Leur premier acte
d'hostilité ouverte fut le meurtre de James
Sharpe, archevêque de Saint- André et primat
d'Ecosse, assassiné, le 5 mai 1679, dans la
plaine de Magus-Moor par Haxton de Rathillet,
John Balfour de Busley, et plusieurs autres chefs
presbytériens. L'esprit de vengeance et le fana-
tisme remplaçant chez les caméroniens les
moyens de guerre qui leur manquaient, ils rem-
pertèrent àLondon-Hill un premier succès sur les
troupes royales commandées par le fameux John
Graham, ditClaverhouse. Cet avantage inattendu
attira dans leurs rangs beaucoup d'adhérents, et
bientôt leur armée s'éleva à six mille hommes;
mais la division se mit parmi les chefs, qui, au
lieu d'agir, perdirent un temps précieux dans de
violentes controverses théologales. Les soldats se
divisèrent également en autant de sectes qu'il y
avait de prédicateurs. Aussi, attaqués à Bothwell-
Bridge par le duc de Montmouth, ces malheu-
reux furent presque tous massacrés sans combat.
Vers le même temps, Caméron fut tué dans une
escarmouche à Au-s-Moss. Au moment même où
la mort l'allait frapper, il dit à son frère : Corne
let usfight out to the last;for this is the day
that I havelonged, and the day that I hâve
poragedfor, to diefighting against the Lord's
avowed eneniies ; this is the day that we shall
get our crown (Viens, combattons une fois en-
core ; ce jour est celui que j'attendais, celui que
mes prières demandaient : mourir en combat-
tant contre les ennemis déclarés du Seigneur;
c'est aujourd'hui que nous conquerrons notre
couronne). Caméron se comporta, en effet, avec
valeur. La tête de Caméron fut exposée à Edim-
bourg au bout d'une hallebarde, entre sçs de^x
331 CAMÉRON
mains placées par dérision dans l'attitude de la
prière.
Bossuet, Histoire des f^ aviations. — Herman, Histoire
des hérésies, II, 83. — Dictionnaire de Trévoux, 1721. —
Rose, New Biogr. Dictionary— James Rusael, Appen-
dice à l'histoire de l'Église d'Ecosse de Kierlcton. —
Walter Scott, tei Puritains d'Ecosse et la Prison d'E-
dimbourg.
CAMERS (Jean), théologien italien et un des
restaurateurs des lettres, né à Camerino en 1468,
mort à Vienne en Autriche en 1546 (selon Jaco-
biïli) ou en 1556 (selon d'autres). Son véritahle
nom était Jean Ricuzzi Vellini, mais il préféra
lui-même celui de Camers , qui désigne son lieu
de naissance, Camerino. Il entra dans l'ordre
mineur de Saint-François, ou ordre des Corde-
îiers, dont il devint bientôt provincial pour le
Picénum, et enseigna la philosophie à Padoue.
Il fut appelé ensuite en 1499 à l'université de
Vienne, où il professa pendant vingt-quatre ans
les belles-lettres, la philosophie et la théologie.
On dit que c'est lui qui introduisit dans cette
université le système de Duns Scot; mais d'autres
soutiennent qu'avant 1433, c'est-à-dire soixante-
dix ans avant Jean Camers , on l'avait enseigné à
Vienne. Après avoir été huit fois doyen de la fa-
culté de théologie, il devint enfin en 1528 régent
de la maison conventuelle de son ordre dans
cette ville. Il possédait si bien le grec, qu'il cor-
respondait dans cette langue avec un des plus
célèbres hellénistes de son époque, Marc Musu-
ms, archevêque de Malvasie en Morée. On a de
Camers : Cl. ClaudianuscumcommentarusCa-
mertis ; n'a pas de notes, malgré la promesse le
Fauteur ; Vienne, 1510, in-4°; — Annotatïoniim
in Lucium Florvm Ube/lus; Vienne, 1511,
in-4° (ces notes ont été reproduites par presque
tous les éditeurs postérieurs ) ; — Index in Pom-
ponium Melam ( à la suite du Pompon. Mêla
CMmcas^iga^. de Herniol.Barbari); Vienne, 1512,
în-4° ; — Dlonysii Aphri Geographia carminé
latlno expressa ab Prisciano S. Jannio Rhe-
nio, cum comment. Camertis ; Vienne, 1512 ,
in-4° ; — Index in C- Plinii Historiam natu-
ralem in duos partes distinctus; Vienne, 1514,
!n-4° : cet index, destiné pour l'édition du Pline
de Venise, 1497, in-fol., eut un tel succès qu'il
fut reproduit dans toutes les éditions subsé-
quentes, jusqu'à ce que Hardouin en rédigeât un
autre ; — Lucius Floriis, cum indice copiosis-
simo ; Sextus Ru/us suo tandem nitori quam
opiime reslilutus ; Vienne, 1518, in-4°; les
notes de Camers sur Florus ont été reproluites
par Blancard dans son Florus Varïorum; 1690,
in-4° ; — C. Julius Solinus , cum enarrationi-
bus et indice Camertis ; Vienne, 1520, in-fol. :
quelques auteurs regardent l'édition de Bàle de
1538, in-fol., comme une reproduction de
celle de Vienne ; mais les notes de celle de
Bàle sont de Sébastien Munster, qui se nomme
lui-môme, p. 40 et ailleurs; l'édition de Camers
renferme une argumentation en faveur de Solin
contre Joachira Vadianus , qui avait attaqué la
~ GAMILLA 332
véracité de Solin dans son édition de Mêla,
Vienne, 1518, in-fol.; la réponse de Vadianus
se trouve dans : Loca aliquot Pompon ianis
(Melœ) commentariis i-epetita indicataque.f
in quitus censendis et sestitnandis Jo. Ca-
merti suis in SoUnum enarrationibus cum,
Joach. Vadiano non ad modum convenu ; Bàle,
1522, petit in-fol.; — Antilogia, i. e. loco-
rum quorundam apud J. Solïnum ab Joacki
Vadiano Helvetio confutatorum amica de-
fensto; Vienne, 1522, in-4°; — L. Fenestella
de Rom. Magistratibus nitori tandem native
restitutus cumAlhrici deimaginibus Deonim,
avec les notes de Camers; Vienne, 1523, in-4";
— Theologicx Facultatis universalis studio
Viennensis doctorum in Paulum, non Apos-
totum,elG.; Vienne, 1524, in-8°: c'est un écrit
polémique contre les protestants, où Camers
pariait comme doyen de la Faculté ) ; — Hemis-
tichiorum partim moralium, partïm prover-
bialium libriVI ; ibid., 1527, in-S"; — Com-
mentariolus in tabulam Cebetis , publié par
Jean Hérold avec Solin , Florus et Mêla, d'a-
près les travaux de Camers; Bàle, 1557, 1 vol.
in-fol.; — Commentarius in Lucanum, cité
par Hérold dans la préface à l'ouvrage nommé
tout à l'heure ; — Justinus, curante Camerte,
que Thomas Hearne assure avoir vu (dans son
édit.de Justin; Oxford, 1705, in-S").
MitterdorfJer, Histor univ. f^ienn. — Khautz, Ges-
chichte Oesterreichischer Oelehrten. — Locher, Spec.
Acad. f^ienn. — .lacobilli, Bibl, Umbriœ. — Rampach,
EvangeUsches Cesterreich. — Freytag, Apparatus, t. !,
p. !18. t. m, p. 649. — Fabrlcius, Bibl. Latin, — Clé-
ment, Biblioth, curieuse, vi, |46.
CAMERS {Guarinus ), grammairien grec,
d'origine douteuse, a vécu, si toutefois l'authen-
ticité de ce personnage peut se confirmer, dans I
la seconde moitié du quinzième siècle ; car soni
existence se trouve sur le seul titre de son ou-i|
vrage , fait en collaboration avec d'autres : The^
sauriis cornu copicc et horti Adonidis ,s. cor-<
piis Grammaticorum greccorum, grscce, studiiij^
G^mrint Camertis et Caroii Antenorei, com
silio Angeli Politiani , omnia ex recognitlom
Aid. Manutii, adjuvante Urbano Bolzariof
Venise, 1490, in-fol.
Catal. Bibl. impér. Paris.
CASl-îH. Voy. Kang-ih.
* CAMii>LA , dame italienne. Elle était femmrj
d'un habitant des Glottes (Marche d'Ancône)]
Après que son frère Félix Peretti, cardinal d
Montalte , eut été élu pape sous le nom di
Sixte V ( 1585 ), elle fut mandée à Rome, et y vin
à pied, accompagnée de ses petits enfants. Le
cardinaux de Médicis, d'Esté et d'Alexandri
vinrent au-devant d'elle, et la conduisirent dau
un palais , où ils la firent habiller en princesse
croyant faire ainsi la cour au nouveau pontife
qu'ils savaient aimer cette sœur avec tendresse
Ces cardinaux la conduisirent ensuite chez 1
pape, et la lui présentèrent ; mais Sixte V, I
voyant avec des habits si magnifiques , fit seir
333
CAMILLA — CAMILLE
834
blaiit de ne pas la connaître, et, sans lui adresser
la parole, se retira dans une autre salle. Carailla
"Hiipritlaleçon, et retourna le lendemainau Vati-
I ,\vec ses habits ordinaires. Le pape la fit en-
i I aussitôt, et l'embrassant devant tous lui dit :
- Vous êtes à présent ma sœur, et je ne pré-
( tends pas qu'un autre que moi tous donne
. la qualité de princesse. » Il la logea dans le
)alaisde Sainte-Marie-Majeure, et lui assigna une
jcnsion convenable; mais il la pria formelle-
nent de n'intervenir dans aucune affaire et de
le lui demander aucune grâce. Elle y obéit si
lonctuellement, qu'elle se contenta d'obtenir des
lululgences pour une confrérie établie dans l'é-
lise du Refuge, à Naples.
Gregorio Letl, Histoire du pape Sixte V.
cxMiiji,A (Giacoma-Anionia) , artiste dra-
iiatique française, d'origine italienne, née à
euise en 1735 , morte à Paris en 1768. Son
iom de famille était Véronèse. Elle débuta à
'ans en 1744 , âgée seulement de neuf ans. La
lonpe italienne dans laquelle Véronèse rem-
ii^sait le rôle de Pantalon dut longtemps ses
accès à la jeune Camilla, qui était aussi gra-
ieuse dans la danse que dans la comédie. Ses
riiicipales créations sont dans les Deux Sœurs
rivales; l'Enfant d'Arlequin perdu et re-
rouvé; les Tableaux, comédie de Panard,
te, etc.
Chaudon et Delandiné, Nouveau Dictionnaire histo-
iirae.
* CAMILLE, jeune Romaine, vivait en 667
rant J.-C. Les Romains et les Albains, étant en
rosence, firent un traité par lequel ils convinrent
e remettre leurs différends au sort d'un com-
)at singulier de trois guerriers choisis par cha-
[ue nation : la ville dont les champions succom-
beraient deviendrait tributaire de l'antre. Les
\omains élurent les trois frères Horaces, les
AJbaias désignèrent les trois frères Curiaces.
;^ar un hasard malheureux, ces familles étaient
liées parle mariage de l'aîné des Horaces avec
iîabine, sœur des Curiaces, et l'un de ceux-ci
[';tait fiancé avec Camille, sœur des Horaces.
■Vlalgré ces alliances, le combat eut lieu, et seul
'aîné des Horaces en revint. Lorsqu'il rentra dans
nome, Camille fit entendre les éclats de sa dou-
î eur, et maudit une victoire qui la privait de son
[imant. Horace, cédant à une colère que les dan-
gers qu'il venait de courir avaient surexcitée,
ui plongea son épée dans le sein, en s'écriant :
( Va le rejoindre , puisqu'il te fait oublier tes
« frères morts , celui qui vit, et la patrie elle-
I" même ! Qu'ainsi périsse toute Romaine qui
i« pleurera un ennemi ! » Ce fratricide ne pou-
Ivait rester impuni. Tullus Hostilius, roi de Rome,
: nomma aussitôt des décemvirs pour juger Ho-
irace; il fut condamné à mort : déjà les licteurs
i lui liaient les mains, lorsque son père en appela
[au peuple. On lui fit grâce de la vie, mais il fut
î condamné à une grosse amende, et une poutre
Icoramémorative fut élevée devant sa porte, afin
que le meurtrier fût forcé, chaqne fois qu'il sor-
tait ou rentrait, de se souvenir de son crime.
Corneille a fait de ces événements dramatiques
le sujet d'un de ses chefs-d'œuvre, sous le titre
d'Horace.
Tlte-LIve.— Denys d'HalIcarnasse. — Nlebuhfi Histoire
romaine. — y4rt de vérifier les dates.
CAMILLE OU CAMILLCS {Marcus Furtus),
général romain, mort 365 ans avant J.-C. 11 était
issu de la famille patricienne f^/ia , et se rendit
célèbre par le nombre de ses dictatures et la
gloire qu'il sut acquérir en combattant les enne-
mis de sa patrie. L'an 401 avant J.-C, il fut éhi
tribun militaire. Depuis dix ans ( 404-395 ) les
Romains assiégeaient sans succès la ville de
Véies, l'une des plus importantes de l'Étrurie, et
qui ne le cédait pas même à Rome pour sa ri-
chesse et pour la valeur de ses habitants , lors-
que Camille fut nommé dictateur. Désespérant
de s'emparer de cette place par la force , il fit
creuser un souterrain par lequel ses troupes
arrivèrent jusque dans la citadelle et d'où elles
se répandirent dans la ville, qui fut livrée au
pillage. Les prisonniers furent vendus à l'encan,
et le produit de cette vente fut versé dans les
trésors de la république. Les Véiens ayant été
secourus par les Falisques, Camille marcha con-
tre ces derniers. Les enfants des familles les
plus illustres de la ville étaient sous la conduite
d'un maître d'école; celui-ci vint offrir à Camillede
les lui livrer; mais le dictateur, justement indigné
de cette proposition , fit attacher les mains du
traître, et ordonna aux élèves de le ramener dans
la ville à coups de verge. Les Falisques, touchés
de cette action généreuse , se rendirent aux Ro-
mains. Camille fut payéd'ingratitude par ses conci-
toyens , qu'il avait blessés par la magnificence
inusitée de son triomphe, et qu'il avait ensuite
lésés dans leurs intérêts en exigeant la restitu-
tion de la dixième partie du butin pour la con-
sacrer aux dieux , et en s'opposant à ce que la
moitié des habitants de Rome allât s'établir à
Véies. Il fut accusé de s'être approprié une par-
tie du butin de la ville conquise. Dédaignant de
répondre à cette accusation , il s'exila volontai-
rement; et lorsqu'il apprit qu'il avait été condamné
à payer une amende, il demanda aux dieux , en
quittant sa patrie, que les Romains fussent
forcés de le regretter. Son vœu ne tarda pas à
se réaliser. Les Gaulois , sous la conduite de
Brennus, s'étant emparés de Rome l'an 365 <lela
ville, le sénat rappela Camille, qui fut honoré
une seconde fois de la dictature. Ayant ramené
avec lui les Romains échappés au fer des Gau-
lois, Camille rompit le traité par lequel Rome
avait consenti à donner mille livres pesant d'or
pour obtenir la paix, ajoutant que ce n'était pas
avec de l'or, mais avec du fer, que les Romains
se rachetaient. Bientôt, en effet , vainqueur, il re-
çut, avec les honneurs du triomphe, le surnom
de Romulus et de second fondateur de Rome.
Camille, profitant de ce que le sénat lui av.;<it
335
prorogé ses fonctions, calma les séditions que les
tribuns excitaient parmi le peuple, et détourna
les habitants de s'établir à Véies, comme ils le de-
mandaient impérieusement depuis que Rome était
devenue un monceau de cendres. Nommé dicta-
teur pour la quatrième fois l'an de Rome 366 ,
ce grand citoyen battit les Volsques, les Èques,
les Étrusques , etc., et obtint pour la troisième
fois les honneurs du triomphe. L'an 372, les
Volsques ayant encore déclaré la guerre aux
Romains, Camille, qui commandait en qualité de
tribun militaire, les soumit de nouveau , après
avoir remporté sur eux plusieurs victoires écla-
tantes. L'an 387, les Gaulois ayant tenté de
nouvelles invasions , Camille, nommé dictateur
pour la cinquième fois, marcha contre eux mal-
gré son grand âge , et délivra sa patrie de ces
ennemis redoutables, après les avoir complète-
ment battus sur les bords de l'Anio. Cet homme
illustre, cette même année, se rendit maîti-e de
Vélitre, ville du Latium.
Mais ce n'est pas seulement sur les champs
de bataille que l'autorité de Camille était res-
pectée : souvent, et toujours avec succès , il
intervint entre le sénat et le peuple pour faire
valoir les droits de chacun, ou pour calmer l'ef-
fervescence de l'un et de l'autre; c'est sous sa
médiation qu'une loi déclara, l'an de Rome 388,
qu'à l'avenir un des deux consuls serait plébéien.
L'année suivante , Camille mourut d'une peste
violente qui enleva un grand nombre de citoyens
distingués. Les Romains, pour éterniser la mé-
moire de Camille, lui élevèrent une statue dans
le forum. [Enc des g. du m. ]
Polybe, t. U, p. 18. — Plutarque , rie de Camille. —
Tite-Live , 1. V. — Suétone. — Aurélius Victor, c. 22. —
Florus.'l. I. — Diodore. — Orose.
CAMILLE OU CAMILLtIS (LUCiUS FUTIUS) ,
dictateur romain, fils du précédent. L'an 350
avant J.-C, les Gaulois, ayant fait une nouvelle
incursion sur les terres, étaient même parvenus
à occuper la citadelle d'Albe, malgré l'échec
que leur avait fait éprouver le consul plébéien
M. Popilius Laenas. Le sénat résolut de nom-
mer un dictateur, les deux consuls étant, l'un
blessé, l'autre malade. Cette mesure n'était pas
tant pour sauvegarder la chose publique, qu'afin
de tenir les comices consulaires en l'absence de
Popilius et de faire rétablir les patriciens dans
le consulat. Les sénateurs élurent dictateur L. Fu-
rius Camillus, qui choisit pour maître de la ca-
valerie P. CornéUus Scipion, et réussit, suivant
les vues des pères conscrits, à faire élire con-
suls deux patriciens, qui furent lui-même et
Appins aaudius Crassus. Après la mort de Cras-
sus, Camille fut encore obligé de s'opposer
aux Gaulois, et il parvint aies vaincre. Ce fut
dans ce combat que le tribun M. Valerius, ayant
accepté le défi d'un Gaulois gigantesque, de-
vint, dit-on, vainqueur par l'aide d'un cor-
beau qui ne cessait de harceler le Gaulois ( 405 de
Rome, 349 avant J.-C. ). Camille fut nommé de
CAMILLE — CAMILLO 336
nouveau consul avec C. Mœnius Népos (417 de
Rome, 337 avant J.-C). Les deux consuls
défirent entièrement les Latins, et furent honorés
de statues équestres. Camillo prit aussi Antiurn,
et s'étant emparé de toutes les galères qui se
trouvaient dans le port, il en fit détacher les
becs ou proues d'airain, qu'il fit placer autour
de la tribune aux harangues , qu'on appela de-
puis Rostra, l'an 430 de Rome, 324 avant J.-C.
Camille fut encore consul avec Décius Julius
Brutus Scœva, et marcha contre les Samnites];
mais il mourut en route , laissant ses troupes à
L. Papirius Cursor.
Tite-Live, I. Vil et VIII -Pline, 1. XXXIV, c. S — Flnrus.
—Aurélius Victor, c. 29. — Aulu-Gelle, Noct. att., 1. IX, I.
CAMILLE ( fMmw ), proconsul romain, vi-
vait dans la première moitié du deuxième siècle
de J.-C. Favori de Tibère et n'ayant jusqu'alois
donné aucune preuve de son habileté , on fut
surpris de lui voir conférer le proconsulat
d'Afrique, l'un des plus importants et des plus
difficiles de l'empire. Tacfarinas, chef numide,
déserteur des Romains , allié avec le chef des
Maures Cyninthiens , ayant attaqué les posses-
sions romaines, Camille marcha contre eux avec
une seule légion et quelque cavalerie étrangère,
et les défit, malgré la supériorité de leurs foi-
ces. Le sénat, sur la proposition de Tibère, lui
décerna le triomphe l'an de Rome 770 (17 de
l'ère chrétienne).
Tacite, Annal., 1. II et iv. ^
CAMILLE ou CAMILLUS DE LELLIS. VoiJ.
Lellis.
CAMILLI ( Camillo), littérateur et poète ita-
lien, natif de Sienne , vivait dans la seconde
moitié du seizième siècle. On a de lui : Medi-
tazioni molto dévote sopra alcuni passi délia
vitadi G.-C, tradotte dalla lingua spagnuola,
Venise, 1580, in-4°; — Cinque canti aggmnti
al Gqffredo di Tasso ^Yenise, 1 583, in-4°; chants
ajoutés aux éditions de la Jérusalem délivrée,
du Tasse; Ferrare, 1585, in-12; Venise, 1599,
in-12;Ferrare, 1652,in-24; — un recueil d'épi-
thètes dans l'édition de YOrlando furioso;
Venise, 1584, in-4°; — Impresse illustrï d'i
dlversï, cd' discorsi di Cam. Camïlli; Venise.
1586, 2 tom. in-4°, avec figures dessinées pat
Porro ; — V Epïstole d'' Ovidio , tradotte in
terza rima; Venise, 1587, in-12; — Vocahi-
lario de las dos lenguas toscana y castel-
lana, de Christor. de Las Casas, accresciutc
da Cam. Camilli ; Yenise, 1591, in-8°.
Catal. Bibl. impér. Paris.— Paitoni, Bibl. degli art
volgarizz, III. 77.
CAMILLO (Jules), surnommé Delminio.
de Delminium (ville de Dalmatie, dont sa fa-
mille tirait son origine), né à Forli en 1479,
mort en 1550. Aussitôt ses études terminées.
il fut reçu professeur à Bologne. Il était très-
versé dans la cabale et la philosophie des Égyp-
tiens. Voulant fournir des matériaux et des
idées à ceux qui désiraient se perfectionner dans j
les règles du langage , il tira des exemples des
37
CAMILLO — CAMINATZIN
338
us (éloquents maitres, et il les disposa dans un
liai» nombre de tiroirs étiquetés; puis, les
araiit dans une grande machine de bois ayant
tonne d'amphithéâtre, il la présenta à Fran-
is I""", qui loua son intention, et lui donna
() ducats pour la perfectionner. Mais il mou-
t sans avoir pu rendre ce projet applicable, bien
l'il y eût travaillé quarante années et dépensé
00 ducats. On a de Camillo : Délie materie
c possono venir sotto lo stile deW elo-
lenfe ; — Bella imitazione : ces deu\ trai-
; sont réunis en un seul vol.; Venise, 1544,
4'. ; — le Idée ovvero forme délia orazione
Ermogene, considerate e ridotte in lingua
iliana; Venise, 1594, in-4° ; — Artificio
lia scrivere e giudicare le ben scritte ora-
mi; Venise, 1602, in-4''; — Modo di ben
are,edel compor le orazioni; Venise, 1608,
4"; — Idea del teatro ; Florence, 1550,
k"; — un poëme latin adressé à Bembo. Ses
ésies latines se trouvent dans les Deliciee Poe-
■um Italorum.
U\\\m ,\ Teatro d' uoniiniletterati. — Gabbius, de
iptoribus non eceles. — Cresclmbeni , Istoria délia
jar poesia.
:4MiLLO. Voy. Imcontri.
:àmillo (François), peintre espagnol,
rigine florentine, né à Madrid en 1610,
rien 1671. Son père Dominique étant mort,
mère épousa en secondes noces Pedro de las
evas, peintre estimé, qui éleva Camillo avec
ite la tendresse d'un père. Il en fit en
' Mques années un élève si distingué, qu'on le
( )isit à dix-huit ans pour exécuter- le maître-
. ei des Jésuites de Madrid. Camillo y représenta
■ ni François de Borgia, un saint sacrement
. a main, ayant à ses pieds une immense quan-
' de fidèles. Cette production fit beaucoup
uonneur au jecne artiste, qui travailla avec
lit de zèle, que le comte-duc d'Olivarès le
«iigna pour peindre les rois d'Espagne dans
halle de spectacle du Buen-Retiro. Ce fut encore
(tnillo qui fut choisi pour exécuter, dans le
ime palais, quatorze fresques représentant
itant de sujets tirés des Métamorphoses d'O-
lie. Infatigable, il faisait en outre beaucoup
itableaux pour des amateurs. Ses compositions,
lin coloris frais et suave, étaient toujours d'un
tisin correct ; mais il sacrifiait un peu trop au
i\i de son temps, qui déjà s'éloignait des belles
imes antiques. Tolède, Madrid, Alcala, Balle-
^ i , le Pardo, le Paular, Ségovie , Salamanque,
ni décorés de ses œuvres. On y remarque
Hout : deux traits de sainte Léocadie, à To-
|ie; — la Vierge de Belem, à Madrid; —
iànti Marie Égyptienne et la Communion
I Sozime, à Alcala; — la Descente de Croix,
i iégovie ; — et surtout Saint Charles Borro-
j;e, à Salamanque.
j'iuilUei, nietionnaire des Peintres espagnols.
JCAMILLITS SCRIBONIANVS. Voy. SCRIBO-
j<rs.
XcAMiNADE (Alexandre-François ), peintre
français d'histoire et de portraits , né à Paris en
1783, élève de David et de Mérimée. Les églises
de Saint-Nicolas-des-Champs, de Saint-Étienne-
du-Mont, de Saint-Médard , renferment des ta-
bleaux de M. Caminade. Le musée de Versailles
contient de lui plusieurs batailles, parmi les-
quelles on remarque : l'Entrée de l'armée fran-
çaise dans la ville d'Anvers le 17 juillet 1794,
exposée en 1838. Il a peint, pour la troisième
chambre de l'ancien conseil d'État, quatre dessus
de porte représentant les Génies de Numa,
de Moïse, de Justinien, et de Charlemagne. Il
a, en outre, exposé un très-grand nombre de
portraits.
M. Caminade a obtenu, aux concours de
l'École des beaux-arts, une médaille d'or en
1806, le deuxième grand prix en 1807 , et une
médaille à la suite du salon de 1812, où il a ex-
posé six portraits. P. Ch.
Gabet, Dictionnaire des Artistes. — Livrets des Sa-
lons.
CAMINATZIN OU CACUMAZiN, roi mexicain,
tué à Mexico en 1521. Il était neveu de Monte-
zuma, empereur du Mexique, et régnait a Texcuco,
seconde ville principale de l'Anabuac. Les nobles
et les prêtres mexicains, meilleurs citoyens que
leur monarque, voyaient avec indignation l'avi*-
lissement dans lequel les Espagnols plongeaient
leur pays; ils brûlaient de secouer le joug d'une
poignée d'aventuriers. Caminatzin, jugeant le
moment favorable pour réveiller le courage na-
tional, proposa à ses vassaux de déclarer la guerre
aux étrangers. La proposition fut accueillie avec
enthousiasme. Cortès fut vivement inquiété de
cette insurrection , qui menaçait de s'étendre
dans les provinces voisines de Mexico, lesquelles,
à cause de leur proximité , avaient eu plus à
souffrir de l'orgueil des vainqueurs, encouragés
par les condescendances de Montézuma. Cami-
natzin, loin de suivre l'exemple et les conseils
de son oncle, somma les Espagnols d'évacuer
sur-le-champ le pays, s'ils ne voulaient se voir
tra:ités en ennemis et repoussés par tous les
moyens qu'autorisent l'amour de l'indépendance
et la conviction du bon droit. A ce langage d'un
homme de cœur, Cortès, en guerrier courageux,
ne répondit qu'en se préparant à marcher contre
le prince qui osait se déclarer si ouvertement
son ennemi. Mais Montézuma, plus soigneux des
intérêts des Espagnols que de ceux de ses sujets,
représenta au général espagnol qu'il n'était pas pru-
dent d'aller attaquer une ville aussi forte que Tex-
cuco (1), au milieu d'un pays très-peuplé et pré-
paré à une défense sans merci. Cortès renonça
donc à l'emploi de la force, pour recouru* à la
trahison. Montézuma invita son neveu à se ren-
dre près de lui, afin de se réconcilier avec les Es-
pagnols. Le piège était trop grossier pour que
Caminatzin s'y laissât prendre : il répondit qu'il
ne voulait rentrer à Mexico que pour anéantir les
(1) Elle comptait quarante mille maisons, au dire 4e
Bernai Diaz.
339
CAMINATZIN — CAMINHA
34
tyrans de sa patrie. Blessé des reproches que
lui adressait son neveu sur sa pusillanimité,
Montézuma dépêcha secrètement des émissaires
à Texcuco, avec ordre de s'emparer du jeune
prince par tous les moyens possibles. Vendu par
ses frères et ses principaux officiers, il fut saisi
et livré à Cortès, qui le fit mettre en prison, et le
fit remplacer sur le trône par son frère Cuit-
cuitzcatzin. Délivré probablement par les Mexi-
cains après l'expulsion des Espagnols, on le sup-
pose mort dans le terrible siège de Mexico, qui
dura depuis le 30 mai jusqu'au 13 août, et pendant
lequel environ cent cinquante mille Atzèques pé-
rirent par le fer et la famine.
Bernai Diaz, Histoire de la conquête du Mexique. —
Lopez de Gomera, Histoire générale des Indes. —Cor-
tès, Lettres. — Antonio de Herrera, Histoire générale
des gestes des Castillans dans les lies et terres de la
mer Océane. —De la Renaudière, Mexique, dans l'U-
nivers pitt. — W. Prescott, Histoire de la conquête du
Mexique.
CAMiNEB (Dominique), historien et littéra-
teur italien, né à Venise en 1731, mort à Angui-
colo le 3 novembre 1796. Après avoir travaillé
au Nuovo Postiglione de Zanetti, il publia VEu-
ropa letteraria, 1768-1774, en cinquante-huit
volumes, et donna à ce recueil périodique le titre
de Giornale enciclopedico. En 1777 il interrom-
pit le Giornale, que devait continuer sa fille Eli-
sabeth, pour la Storia deW anno, dont il publia
plus de 30 vol. in-8°. Il écrivit aussi une conti-
nuation du Tableau de la révolution des colo-
nies anglaises de P Amérique septentrionale ,
de Raynai. On a en outre de lui : Storia délia
guerra per la successione degli Stati di Ba-
viera; — Storia del regno di Corslca; — Sto-
ria délia guerra tra la Prussia e la Porta
Ottomana ; — Vita di Frederico II, 5 volumes.
Moschini, Letteratura P'eneziana, IV, 121.
CAMiNER-TURBA [Elisabeth), femme-au-
teur italienne, fille du précédent, née à Venise
en 1751, morte en 1796. Une éducation soignée,
secondée d'ailleurs par ses facultés naturelles, la
mit en état de se faire connaître dès l'âge de dix-
huit ans parla traduction du drame de l'Honnête
Criminel de Fenouillot de Falbaire, qui fut joué
ensuite sur toutes les scènes italiennes, sous le
titre de YOnesto Colpevole. Elle continua ainsi
de traduire les ouvrages les plus remarquables
des théâtres étrangers. En 1771, elle épousa le
docteur Antonio Turra, de Vicence; puis elle con-
tinua du vivant même de son père , empêché par
l'état de sa santé, le Giornale enciclopedico,
qu'elle mena du &T au 233^ vol. Elle y écrivit de
nombreux et souvent remarquables articles. Elle
eut des relations d'amitié et de correspondan-
ces avec les célébrités italiennes de l'époque.
D'après le biographe Tipaldo, elle mourut d'une
maladie ordinaire, et non à la suite d'un coup de
poing lancé par un soldat ivre. Outre les ou-
vrages déjà mentionnés, on a d'elle : Composi-
zioniteatrali;Y(iais.e,i712-l77i-i77G, 20 volu-
mes in-S» ; — Per leNozze Uisconzi Ceroni,ot-
tave ; 1785 , in-8°. Caminer-Turra a aussi tri
duit des écrits de Berquin et de Gessner.
Tipaldo, Biog. degli Ital. illustri, V.
* CAMINHA ( Pedro Vaz de ) , voyageur pa
tugais, vivait à la fin du quinzième et au comme
cément du seizième siècle. En 1500, il s'embarqi
pour les Indes avec l'expédition de Cabrai <
qualité d'écrivain de l'Almoxarife, ou receveur
l'impôt royal, qui devait administrer la factorei
de Calicut. Dans l'emploi qu'il remplissait , il avi
pour (îoUègue un certain Gonçalo Gil Barbes
Parvenu déjà à un âge mûr lorsqu'il s'embarq
pour la mémorable expédition qui eut lieu apr
celle de Gama, il avait unepartiede sa famille é1
blic à Saint-Thomas. Grâce au rare talent d'o
servation dont Caminha était doué, grâce surto
à la facile naïveté de son style, le Brésil eut
historien le jour même de sa découverte. Da
une lettre étendue, écrite à Emmanuel et dal
du l^''mai 1500, Caminha décrit admirablemc
les sites qu'il a sous les yeux et les traits saillai
de la nation des Tupiniquins, que les Poitug;
trouvèrent en possession de cette belle contrée,
lettre de Caminha a acquis une certaine célébri
Renfermée dans les archives de la Torre
Totnbo, à Lisbonne, elle ne fut mise en évidèr
qu'un peu avant l'année 1790, par Muiioz, l'I)
toriographe en titre du nouveau monde. En 18.
le P. Manoel Ayres de Cazal la publia intégi'a
ment, mais avec cnielques erreurs (1), dans
premier vol. de la Corografia Brasllica; l'i
teur de cet article en donna une traduction vi
1821. Elle fut reproduite dans le Journal c
voyages de Verneur. M. d'Olfers !'a traduite
allemand dans Feldnefs Reisen chirch Bra
lien, 1828, t. n, p. 159.
L'Institut historique et géographique de Rio
Janeiro veut en donner, dit-on, une édition, i
périeure aux précédentes, dans la Revïsla trinu
sal, d'après une copie exacte qui lui a été reixl:
par M. Adoifo de Varnhagen. M. de Hurabold'
soumis la lettre de Caminha à une critique
mineuse, et il en a fait ressortir l'incontestai
valeur. On suppose que son auteur périt dans;
déplorable échauffourée qui eut lieu à Calic
sous l'influence des commerçants mahométi
établis à Calicut, et dans laquelle l'AIrnoxai
Correa montra tant de résolution, sans pouvi
sauver les membres de la factorerie. Ce fa
événement eut lieu le 16 décembre 1500. L'o
nion qui place Caminha au nombre des victin
n'est basée, du reste, que sur une suppositij
Aucun document ne fait mention de lui api
l'expédition de Cabrai. FE^!DINA^D Djînis.
Alex, de Humboldt, Histoire de la Gc.O(iriip!iie duik
veau Continent. — Cazal , Corngraflu Brasilicai
Fcrd. Denis, Brésil (dyns la colleetion do l'Univers).
CAMINHA ( Ped7'o DE Ar<DRADE ) , poëtc p<
tugais, né à Porto, mort en 1594. Lié avec t(
(1) Elle a été insérée aussi dans tm recueil publié |
l'Acndémie des Sciences de Lisbonne, sous le titre del
leccâo de noticia para la historia e geografta des h
ôes çuttramarinas, livre trop peu consulté en Fraff
(t CAMINHA
■; poëtes éminents de la seconde moitié du sei-
•inr siècle, il resta étranger comme eux aux
>tiiiées dcCamoëns. C'est un poëte correct, qui
distingue surtout par son élégance : il a même
^' rangé parmi les classiques ; mais il manque
i général de mouvement. Poëte de cour, il n'a-
it pas laissé de souvenirs bien profonds dans
I siècle, et il était resté inédit jusqu'à la fin
(]i\-liuitième, lorsqu'en 1791 deux membres
l'Académie trouvèrent le recueil de ses poé-
I s parmi les manuscrits de la bibliothèque da
laça. F. Joaquim Forjaz et Correa de Serra
1 irent imprimer en 1791, sous le simple titre de
poeticasde Pedro de Andrade Caminha,
icadas de ordem da Academia, etc., in-8°.
( en a réimprimé des fragments dans plusieurs
1 noils. Doua Paschoela Coutinho, épouse de
♦ iiiiiha, a laissé un recueil de maximes qui
( t jadis conservé dans la bibliothèque de Ma-
\ 1 Severira de Faria. Ferdinand Denis.
ttalogo dos Mit07-es, dans le grand Dictionnaire del'A-
(j ■mie. — Adamson, Lusilania illustrata; Newcastle,
i , pot. ln-80. — ParnassojLusitano. — Fard. Denis,
i ///,'(• de l'histoire littéraire de Portugal.
lA.MiNO {Biaquïn de), seigneur de Trévise,
•^ lit au commencement du treizième siècle. Il
tita, comme beaucoup d'autres seigneurs ita-
s, des querelles incessantes des empereurs et
papes pour se rendre indépendant, et em-
ssa le parti guelfe. Il rendit sa cour, en peu
eiïips, une des plus brillantes de l'Italie, et le
dez-vous des troubadours de l'époque. Mais
.'était fait un puissant ennemi dans Ezze-
I ITI da Romano, autre chef de condottieri,
, s'étant déclaré pour Frédéric II, fit bannir
Camino de Trévise en 1238, et mettre à leur
;e son frère Albéric da Romano.
;rard Maiirisius, t'icentini Historia, t. VIII, p. 37.
[•^iitonio Godi, Chronica ncentini, t VIII, p. 80. — Ri-
•di, comitis Sancti Boni/acii f^ita, t. VIII, p, 123,
- Monachus Patavinns, Chrnnica, t. VIII, p.674.— Sis-
Hiidi, Histoire des Republiques italiennes, t. II, p. 462,
»U72; t. 111, p '31.
. j;AMiNO(GMrardDE), seigneur de Trévise,
^ait au treizième siècle. Il fut choisi par le
ijrquis Azzo d'Esté, en 1294, comme le doyen
eie plus distingué des guerriers de son parti,
Pli' recevoir l'ordre de la chevalerie. ( Voy.
Ielino Albéric).
onaclius Patavinus, Chronic, t III,p. 722. — Sismondi,
l'oire des Republiques italiennes.
i:\.MiNO {Richard de), seigneur italien, tué
«11312. Il se distingua peu dans les guerres in-
tiines qui désolaient alors l'Italie; cependant
i|éunit sous sa domination Bellune, Feltre et
ï vise, qu'il conserva contre les enti'eprises de
Ijamille Ezzelino. Il fut tué à coups de serpe
P un paysan : l'assassin ayant été massacré aus-
s t, le motif de ce meurtre resta ignoré.
^raondi, Histoire des Républiques italiennes du
il'ien âge.
:ami\o {Giucellom.), prince de Trévise,
^e de Richard, auquel il succéda. Dépossédé de
Ijtre en 1328 par Cane délia Scala, seigneur de
>one, il se vit aussi chassé de la Marche Tré-
CAMMAS
342
visane en 1329. Le 18 juillet de cette année, Tré-
vise fut livrée à Cane par capitulation, et la fa-
mille souveraine des Camini s'éteigniten Giucello.
Sismondi , Histoire des Républiques italiennes. —
Muratori, Annali d'Italia.
CAMMA, femme galatc, dont Plutarqiie et Po-
lyen se sont plu à raconter la chasteté et la mort
malheureuse. Le prince tétrarque Sinorix , égaré
par son amour pour la jeune et belle prêtresse
de Diane, avait tué par trahison le tétrarque Si-
nat, son mari, et, fort de ses richesses et de sa
puissance, avait renouvelé près d'elle les pour-
suites qui, du vivant de Sinat, n'avaient obtenu
aucun succès. Pressée par sa famille, Camma
feint de céder, le conduit avec calme au sanc-
tuaire, et partage avec lui la coupe d'or; mais le
vin était empoisonné... Quelques heures après,
tous deux avaient expiré, Sinorix dans sa litière,
Camma au pied des autels. Th. Corneille a fait
de cette histoire le sujet d'une tragédie.
Plutarque. — Polybe.
* CAMMARATA ( PMZippc), jurisconsulte sici-
lien, né à Palerme au commencement du dix-
septième siècle , mort dans la même ville le 4
décembre 1675. Il fut d'al)ord juge criminel et
conseiller à la cour des appels,ensuit« juge à la cour
suprême; enfin, à la suite d'une insurrection il fut
investi de tous les pouvoirs civils et militaires de
Sicile. Ces emplois ne l'empêchèrent pas ie com-
poser les ouvrages suivants : Juridicum Dis-
crimen inter episcopos , àbbates et regulares,
novissime discussum in causa Mac. D. Dio-
nysii Magno, ordinis Mngni Basilii, abbatis
ecclesiae divi Christophori felicis urbis Pa-
normi ; — Patrocinium,, D. Berardi FenoXIX,
contra D. Jacob Sieri; — Propugnaculum
veritatis contra monasteriorum succtssionem
in primogeniis, alHsque bonis fideicommisso
subjectis; — Allegationes in causa manuten-
tionis possessionis principatiis Buterœ et Pe-
trœ Portiee, cum dignitate magnatis Hispa-
niariim, et marchionatus Militelli aliorum-
que oppidorum; — Responsa (sur le sujet
précédent), 2 vol.; — Allegationes pro sorore
Anna-Maria de jovino nominibus contra ve-
nerabilem conventionem Sanctse Mariœ Mon-
tis-Carmeli civitatis Suterœ.
Mongitore, Bibliotheca sicula.
*CAM.MAS {Lambert- François- Thérèse),
peintre et architecte français, né à Toulouse
en 1743, mort en 1804. Son père, architecte es-
timé, dirigea ses premiers pas dans la carrière des
beaux-arts. Cammas alla ensuite à Rome. De
retour en France , il fut chargé de l'embellisse-
ment de plusieurs églises, entre autres de celle
des Chartreux de Toulon. Il fut nommé profes-
seur d'architecture à Toulouse, et y construisit la
façade de l'hôtel de ville. Dans ses restaurations
d'églises gothiques, il mélangea l'architecture ita-
lienne et l'architecture arabe. Comme pemtre,
on lui doit, entre autres compositions, l'Appa-
rition de la Vierge à saint Bruno, et une al-
343
CAMMAS — CAMOENS
légorje représentant le Rappel des parlements
sous Louis XVI. Ce dernier ouvi-age fut cou'
ronné par l'Académie de peinture de Toulouse.
Biographie Toulousaine,
*CAMMELLi (Antoine), auteur dramatique
italien, natif de Pistoie, mort à Ferrare en 1504,
plus connu sous le nom d'Antoine de Pistoie.
n était tiès-aimé, à cause de ses poésies plaisan-
tes, à la cour du duc Hercule d'Esté. On a de lui :
Filostroto e Panfila, due amanti , tragedia;
Venise, 1508 et 1518; — Demetrio, rè di Tebe,
tragedia; Venise, 1508 et 1518.
AdeluRg, suppUà JOcher, Mlgem. Celehrt, Lexic.
*CAM»iEi,Li (M arc- Antoine), fils du précé-
dent, poëte italien. Quelques-imes de ses poésies
se trouvent dans Collectanee grece, latine e
volgari per diversi autori moderni; Bologne,
1504.
Adelung, supp!. à Jôcher, Allgem. Gelehrt. Lexic.
*CAMMERHOF (Jean), théologien luthérien
et philologue allemand, né à Brunswick, mort à
Colberg en Poraéranie, vivait vers le milieu du
dix-septième siècle. Nommé en 1652 sous-direc-
t«Hr du gymnase de Halle, il passa dans la
même qualité en 1658 à celui de Magdebourg,
où il remplissait en outre, de 1667 à 1668, les
fonctions de second pasteur de l'église Saint-
Jean. Après avoir «ncore, de 1670 à 1673, dirigé
l'école htine d'Eisleben, il devint enfin aumônier
de la garnison de Colberg, où il resta jusqu'à la
fin de is. vie. On a de lui : Bisp. de subjecto et
fine rhetoricx; Halle, 1664, in-4°; — Logica
practica, h. e. Introductio in Logicam Aristo-
telis; Quedlimburg, 1666, in-4''; — Hundert-
jâhrige Freude, als ein heilig Dom-capite, etc.
(poëme allemand sur le premier jubilé de la
réforme , célébré solennellement à l'église pro-
testante de Magdebourg) ; Magdebourg, 1667; —
Orthotomia theologica, sive idea systematis
theol.; Wittemberg, 1669,in-4°; — Catechismus
prac jictts ; Eisleben, 1669, in-4°; — Encyclo-
psedia isagogica; i. e. Introductio in Fncij-
clopsediam; Eisleben, 1673.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrt. Lexic.
CAMMERMEÏSTER. Voy. CAMEÎIAR.IÏJS.
CASIO (Pierre), marchand et troubadour
toulousain, vivait dans la première moitié du qua-
torzième siècle. Il fut un des sept trobadors de
Tolosa, comme ils se faisaient appeler eux-
mêmes, qui, lors de l'entrée de Charles IV et
de sa femme à Toulouse, en février 1324, an-
noncèrent, pour le 1^" mai suivant, un concours
pour les meilleures pièces de vers. Le prix devait
être une violette d'or, et le titre de docteur de
la gaie science. La lettre circulaire s'exprimait
ainsi qu'il suit :
« La très-gaie compagnie des sept poètes de
Toulouse aux honorables seigneurs, amis et
compagnons qui possèdent la science d'où naît
la joie , le plaisir, le bon sens , le mérite et la
politesse, salut et vie joyeuse. — Nos désirs
les plus ardents sont de nous réjouir en réci-
tant nos chants poétiques... Puisque vous a
le savoir en partage, et que vous possédez 1
de la gaie science, venez nous faire conna
vos talents... Nous sept, qui avons succédé
corps des poètes qui sont passés , nous av
à notre disposition un jardin merveilleux
beau, où nous allons tous les dimanclies ;
des ouvrages nouveaux, et, en nous comm
quant nos lumières mutuelles, nous en co
geons les défauts.
« Pour accélérer les progrès de la scie: ,
nous vous annonçons que, le premier jour ;
mai prochain, nous nous assemblerons dant >
charmant verger. Rien n'égalera notre joie i
vous vous y rendez aussi. Ceux qui nous rei •
trontdes ouvrages seront honorablement acci •
lis, et l'auteur du meilleur poème recevra cr •
gne d'honneur une violette d'or fin.
Dlzera que. per dreyt jutjaraen,
A cel que la tara pius netta,
Donarem una violetta
De fin aur, en scnhai d'onor.
« Nous vous lirons , de notre côté , des pi s
de poésie que nous soumettrons à votre C]iti( ;
car nous nous faisons gloire de nous rendre i
raison... Nous vous requérons et supplion ^
venir au jour assigné, si bien fournis de vers
monieux que le siècle en devienne plus gai.
lettres ont été données au faubourg des Au
tines, dans notre verger, au pied d'un laii
le mardi après la fête de la Toussaint, l'an
l'incarnation 1323.
Donadas coron al vergier
Del dit loc, al pe d'un laurier,
Al barry de las August'.nas
De Toloza, nostras vezinas,
Dimars,
Aprop la fesla de Tots Sans,
En l'an de rencarnacio
M e ccc e xx e très.
« Et afin que vous ajoutiez une foi entière à
promesses, nous avons mis notre sceau à
présentes , en témoignage de vérité. »
E per que no dubtessetz ges
Que nous tenguessen covenens,
En aquestas lettras presens
Havem noslre sagel pausat,
En testlmont de vcrtad.
Camo lui-même fui; auteur d'une chansoi'
Sismondi, Hist. des Uttér. du midi. — Biog. tO'
saine.
CAMOËNS (Zwis nE), sumommé leprinci
poètes des Espagnes, né vers 1524, mort en 1
ïl tirait son origine d'une famille illustre d
Galice. A l'époque de la grande lutte qui eut)^
enti'e D. Henrique second et D. Fernando, li |8 '■
de Pierre le Justicier, un membre de la fai p
de Camoëns passa vers 1370 en Portugal il
s'appelait Vasco Pérez de Camoëns , et fut n •
mé par la reine dona Lianor Tellez gouvevi i
(ayo) de son cousin D. Joâo, comte de Bai ■
los (1). La concession de terres considérable e
(0 H y a dans le Cancionero do Baena quatre more »
qui portent le nom de Camoëns, et que l'on peut atlrl |f
à ce personnage. Le marquis de Santillane parle égale |'
d'un Vasco Guraoz de Camoëns, \
CAMOENS
346
ji)it (le seigneurie dans plusieurs bourgades, et
I itrée au conseil, furent la récompense des
■vices de oet aïeul du poète ; mais cette pros-
ilt' ne fut pas durable, et Vasco Pérez ayant
s jKirti pour l'Espagne contre le Mestre d'A-
, a la journée d'AIjubarotta, la plupart de ses
as turent confisqués : il ne put donc trans-
tire à ses descendants que des terres peu
. isidérables dans la province d'Alem-Tejo.
i n'empêcha pas qu'un de ses petits-fils, Joam
> de Camoëns, ne se distinguât sous le règne
1 H'onsc V, surnommé le roi chevalier. Simon
^ (le Camoëns, père du poète, vivait donc à
bunne dans une médiocrité de fortune qui ne
ait pas empêché de contracter une alliance
1 loiable. Revêtu d'un grade dans la marine
( miiianuel, il avait épousé dona Anna de Sa e
î edo , et il en avait eu ce fils qui devait ac-
( rir une si haute renommée. Luiz de Camoëns
( t né à Lisbonne en l'année même où Vasco
( Gania, quittant pour la troisième fois le Por-
1 il, àe rendait comme vice-roi aux. Indes, où
i e\ ait mourir quelques jours après son arrivée,
1 ) décembre 1524. Si ce simple rapprochement
( lates eût été présent au souvenir de Voltaire,
( li-ci, à coup sûr, n'eût pas fait partir le chantre
c Lusiades avec le grand navigateur dont il
£ it immortaliser les exploits. — Les biographes
c teraporains ne contiennent pour ainsi dire
« uns renseignements sur l'enfance de Camoëns;
^ lement on suppose qu'il habitait avec ses pa-
ts le quartier de la Mouraria, sur la paroisse
Saint-Sébastien. Dans un état bien voisin de
;ène, son père s'imposa des privations, afin de
elopper par de fortes études une intelligence
it le premier sans doute il avait su pressentir
candeur.
ij jC jeune Luiz alla étudier à Coïmbre, et demeura
lis cette université savante durant plusieurs an-
s. Alla-t-il dans cette ville dès 1 537, au moment
(Ile siège de l'université venait d'y êtretrans-
ï 'té? ne s'y rendit-il que vers l'année 1 539,comme
^suppose un savant critique portugais.' c'est ce
«I il est sans importance d'établir et ce tpie l'on
il peut plus décider. Ce qu'il y a de positif, c'est
<,il dut trouver à Coïmbre, dès son arrivée, les
ins les plus zélés pour son instruction; et en
ime temps les professeurs les plus habiles,
ïrmi ces hommes éminents, Diogo de Gouvea,
hcien recteur de l'université de Paris, occupait
J premier rang, et avait été appelé dès 1539 à la
jection des études ; Vincent Fabricius, le pro-
i seur de grec dont l'Allemagne s'honorait alors,
Ique Clénard vantait avec tant d'enthousiasme,
faisait admirer les beautés d'Homère; il nese-
it point exact de joindre, comme on l'a fait, à
ii deux noms celui de Buchanan : le célèbre
Jmaniste écossais ne vint en Portugal avec
]ogo deTeive que quelques années plus tard,
jn'en est pas de même à l'égard du fameux
I dro Nunez , le plus habile cosmographe de
*:îe époque: dès le temps où étudiait Camoëns,
il enseignait les mathématiques à l'université, et
il se préparait peut-être à ce voyage des Indes
qu'on ignorait jusqu'à ce jour, mais dont un cri-
tique habile a dérx)uvert récemment les preu-
ves (1). Quant à l'histoire naturelle et à la méde-
cine telle qu'on l'entendait en ce temps, les maî-
tres ne manquaient pas : outre les disciples de
l'habile Garcia de Orta,qui poursuivaient, comme
on nous l'apprend, leurs enseignements dans la
Péninsule , et dont le plus grand nombre s'était
fixé en Portugal, un professeur de la vieille uni-
versité de Paris, Brissot, était venu combattre
à Coïmbre les partisans exclusifs de la science
arabe , et il essayait même de remettre en hon-
neur les sages principes d'Hippocrate. Ce n'est
pas sans intention que nous citons ici les noms
de ces professeurs, célèbres alors, oubliés au-
jourd'hui : le poète puisa dans leur enseignement
cette variété de doctrine qui est un de ses ca-
ractères, et cette connaissance du monde physi-
que, dont il voila les détails sous le plus sublime
langage.
Ses études une fois terminées, Luiz de Ca-
moëns revint à Lisbonne ; il avait alors dix-huit
ou vingt ans. Admis dans une société d'élite, si
la médiocrité de sa fortune ne l\ù permit pas de
se rendre fréquemment à la cour, il contracta à
son entrée dans la vie d'honorables amitiés. Ce
fut alors qu'il connut ce D. Constantin de Bra-
gance qui, plus tard et loin de son pays, lui prêta
une main secourable; puis cet Emmanuel de
Portugal, jeune alors comme lui , et auquel il
adressa de si beaux vers. D. Antonio de No-
ronha, brisé en sa fleur, comme il nous le dit,
eut sans doute la meilleure part dans ses affec-
tions ; mais une étude scrupuleuse de cette pre-
mière époque de la vie de Camoëns nous a fait
acquérir la certitude qu'il était alors inconnu aux
autres poètes que le Portugal admirait alors.
Cette âme ardente, déjà accessible à tant de
nobles sympathies, conçut alors une passion vio-
lente pour une dame de la cour ; et la tradition
veut que ce soit Catherine d'Atayde, sœur de
D. Antonio d'Atayde, favori de Jean ni, qu'il ait
aimée. Une découverte précieuse pour le monde
littéraire prouve, dit-on, que cette tradition ne
saurait être mise en doute aujourd'hui. Des révé-
lations nous sont promises à ce sujet par le vi-
comte de Jerumenha. L'austère prélat auquel on
doit la biographie portugaise la plus étendue
qui ait été publiée sur Camoëns semble mettre
cette passion célèbre au rang des amours pres-
que imaginaires dont les admirateur d'un grand
poète aiment à s'exagérer l'influence. H avoue
cependant que Camoëns aima une grande dame,
et que cet amour causa son exil au Ribatejo :
cet événement, qui commence un long enchaî-
nement de malheurs, dut avoir lieu entre les
années 1545 et 1550. Un historien qui a com-
menté le poëte avec l'admiration la plus pas-
(1) M. Adoifo de Varnhagen.
347
sionnée, Faria y Souza, semble persuadé qu'un
mariage avait été arrêté entre les deux amants ,
et que l'infidélité seule de Catherine d'Atayde
avait récompensé l'amour du poète ; il allègue
même, comme preuve de ce qu'il avance, trois
vers dont le sens est assez significatif pour
donner quelque force à son opinion :
Quaado esses olhos teus n'outro puzeste
Como te nao iembrou que me juraste
Por toda a sua luz que eras so minba ?
(F'oy. Faria y Souza, Commentarios, etc., p. 64.
Cette grande déception explique la résolution
prise dès lors par le poète de s'expatrier, et de se
rendre aux Indes. Ses persécuteurs tenaient plus
ou moins à cette puissante famille des Atayde,
dont sa passion avait vivement choqué les or-
gueilleuses prétentions; et ce fut sans doute
à l'influence du favori de Jean III qu'il dut la
prolongation de son exil. Revenu à Lisbonne en
1550, ce ne fut pas pour les Indes qu'il s'embar-
qua, comme il en avait eu d'abord le désir ; mais
il passa en Afrique avec D. Alfonse de Noronha,
et se rendit à Ceuta.
Dans une pièce pleine d'intérêt, que reproduit
le Cancioneiro de Resende, un poète bien an-
térieur à Camoënsnenous fait pas un tableau flatté
de la manière dont les Portugais vivaient dans
cette ville, et surtout de la moralité qui y régnait.
Quoi qu'il en soit, cette résidence était regardée
comme une sorte d'école où les jeunes gens qui
se destinaient à la carrière des armes trouvaient
d'excellents enseignements, surtout mille occa-
sions de se distinguer. « Camoèns était brave, dit
« un savant qu'on ne saurait accuser de lui être
te trop favorable : la trempe de son'esprit, les évé-
« nements que l'on rencontre dans son histoire,
« en sont la preuve; le courage était d'ailleurs
« une qualité inhérente à la nation... « En Afri-
que , il courut de nombreux dangers ; et c'est
à cette époque de sa vie qu'il faut rapporter
les vers de la cançâo où il dit que Mars lui
fit goûter ses fruits amers. Il perdit l'œil droit
dans une affaire contre les Maures. Ce combat
eut lieu devant Ceuta, et quelques écrivains ont
pensé que le jeune poète était alors sur un na-
vire commandé par son père.
Dès l'année 1552, Camoèns revint à Lisbonne.
La fortune ne lui fut pas plus favorable qu'elle
ne l'avait été jusqu'alors; ses services furent mé-
connus ; ses talents furent probablement distin-
gués , mais ils ne reçurent aucune récompense :
il restait inconnu parmi les hommes éminents
qui illustraient vers cette époque le Portugal, et
dont les œuvres circulaient en manuscrit. Sa de
Miranda, Gil Vicente, Barros, Ferreira, sem-
blent lui être restés complètement étrangers dans
cette première période de sa vie , comme ils le
furent plus tard. Personne nel'avaitdeviné encore;
et en 1553, lorsqu'il réalise enfin son projet de
passer aux Indes orientales, c'est sous le simple
titre d'écuyer (scudeiro) qu'il est admis sur la
flotte de Fernâo Alvarez Cabrai , en remplace-
CAMOENS ■ 3.
ment d'un autre jeune homme qui n'avait p
pu s'embarquer. Quelques écrivains prétende
qu'il emporta dès lors ce sentiment de doute
amère dont ses vers élégiaques renferment d
preuves si nombreuses; et l'on suppose que C
therine d'Atayde, célébrée sous le nom de Nat(
cia, n'existait déjà plus.ill est impossible d'éclai
cir aujourd'hui ce point de la biographie de C i
moëns ; mais la nécessité de quitter son pay
l'isolement dans lequel il se trouvait, le sen
ment des grandes choses qu'il pouvait accoi
plir, et qui jamais peut-être ne se réaliseraiei
tout cela suffisait sans doute pour imprimer
ses adieux ce caractère d'amertume profon
qui paraît dans une des lettres que l'on nous
conservées. Comme le Romain, il s'écria : Ingra
patria, non possidebis ossa mea. Mais selon!
expressionséloqueutes d'un exilé qui puise sa s(
sibilité dansles nobles souvenirs, le ventquichi
sait devant lui les voiles emporta les impréc
lions du poète ; et quelques heures s'étaient
peine écoulées depuis la sortie de la flotte, q
déjà ses yeux cherchaient à l'horizon les orabi
fugitives des montagnes de la patrie et des fr
ches collines de Cintra (1).
Camoèns s'est toujours montré le peintre
plus fidèle et le plus enthousiaste des imposai
phénomènes qu'on^ observe en mer. Dès le dél
de son voyage il faillit être victime d'une tempi
effroyable qui assaillit l'escadre, et qui la d
persa; le San-Bemto, le bâtiment sur leque
était monté , fut même le seul qui parvint a
Indes durant cette année. Quelques mois de pli
et il devait aller périr sur les côtes de la C
frerie avec le noble Fernand Alvarez Cabr
qui avait amené le poète dans la capitale (
Indes dès le mois de septembre 1553. Après
tempêtes et les fatigues de la, mer, viennent
combats. D. Alfonse de Noronlia est vice-roi (
Indes; sous lui, jamais les alliés des Portug
n'ont été insultés. A peu de distance du cap (
morin est une terre verdoyante , que les Indi(
nomment l'île de Chembé, et les Portugais 1
de Pimenta ; le radjah de ce petit État avait
quiété les princes de Cochin et de Porca. De
mois après son arrivée, le navire de Camoèns i
partie de la flotte commandée par Alfonse de!
ronha ; quelques nobles paroles qui nous ont
transmises par Camoèns lui-même laissent co
prendre, dans leur simplicité, la part que pril
poète à cette aventureuse expédition.
Camoèns revint à Goa avec le vice-roi , pro!
blement vers le commencement de l'année 155 ;
c'est de cette époque que date sa première é j
gie, dans laquelle il a fait connaître les évéi i
ments qui signalèrent son arrivée aux Ind;
Le séjour du poète dans Goa ne fut pas del(i
gue durée. Don Pedro de Mascarenhas avait re
placé dès le mois de septembre l'illustre I
ronha. Celui-ci arma trois navires de haut l)0
(1) Voy. le Mémoire de l'évéque deViseu, dans i'Acadé
des sciences de Lisbonne,
49
ixquels se joignirent cinq bâtiments d'un port
loins considérable, et Camoëns fit encore par-
; de cette expédition, qui devait aller châtier
sque dans la mer Rouge un redoutable cor-
ire nommé Safar. Emmanuel de Vasconcellos
t le commandement de cette flottille, et partit au
ois de février 1555 pour croiser devant le mont
;lix, au nord du cap de Guardafu. De ce point
sole il alla hiverner à Mascate , à l'enti'ée du
Ife Persique, afin d'escorter les navires qui
' riaient d'Ormuz et qui se rendaient à Goa; mais
corsaire ne parut point, et les soldats de Vas-
i icellos restèrent dans l'inaction. Camoëns a
ni avec énergie cette époque de son exis-
[ce errante, et il a animé de toute l'ardeur de
[lassion, de toute la magnificence de son gé-
, los souvenirs de ce temps qui s'écoulait d'une
nière si monotone, et qui, sous un ciel d'airain,
■ [iMe avoir été pour lui le moment des plus
es impressions, et l'on pourrait dire des plus
îles espérances.
^oisque le poète revint à Goa, Mascarenhas
lit succombé, et au mois de juin 1555 Fran-
:u Barreto lui avait succédé , avec le titre de
n erneur. Cet homme, auquel on ne saurait
iser de hautes qualités, avait un orgueil égal
on courage : ce fut lui qui, blessé d'une satire
> lemente du poëte, le condamna à l'exil, et se
I idarana lui-même à ime funeste célébrité;
j is clans ce morceau, qui nous a été transmis
I !ï le titre de Disparates na India, Camoëns
. lissait bien plutôt ce mélange de vénalité et
t rgueil, de ruse et de bassesse qu'on remar-
uit dans l'opulente population de Goa, qu'il
) s'attaquait aux prétentions d'un chef brave
j qu'à la témérité, et dont le désintéressement
i pas été mis en doute. Francisco Barreto y
toutefois des allusions blessantes pour lui,
il plutôt il obéit aux instances passionnées de
talques personnages influents, plus claire-
i at désignés que lui dans les Disparates ; et le
lîte reçut l'ordre de quitter la capitale des In-
r, portugaises pour se rendre à l'établisse-
nt de Macao, tout récemment fondé sur les
tes de la Cliine, et qui n'était alors qu'une
fte de factorerie bien peu importante, puisque
idate de son érection comme ville coloniale
t remonte qu'à 1583.
^Certains critiques ont tenté, dans les derniers
tops, d'atténuer ce qu'il y avait d'odieusement
ioureux dans la conduite de Francisco Bar-
0, en prétendant que la place de curateur
> s successions fut accordée par le gouverneur
■exilé au moment du départ; mais il paraît
e ce dédommagement ne vint porter quelque
ioucisseraent à sa position que bien posté-
Vurement. Camoëns dut quitter Goa en 1555
• ec un sentiment de profonde amertume. Avant
gagner la résidence qui lui était désignée, il
ra toutefois dans les mers de l'Inde; il alla
iser de nouvelles inspirations dans ces régions
ehantées, auxquelles l'Europe faisait à peine
CAMOËNS 350
alors sentir son joug: il reste incertain cepen-
dant qu'il ait visité les Moluques et qu'il se
soit arrêté à ïemate. L')m de ses biographes
les plus attentifs, l'évêque de Viseu , semble
persuadé qu'il faut attribuer à Goa tout ce que
le poëte dit , dans la cançdo IV, d'une île « que
brûle la lumière éternelle, et dont les Portugais
se sont emparés en de sanglants combats ; » et il
faut avouer qu'il donne de solides raisons pour
faire admettre une opinion qui avant lui n'avait
pas été émise.
Nous ne partageons pas l'avis du savant prélat
lorsqu'il présente Macao, où Camoëns allait pas-
ser trois années d'exil, comme une cité d'une
certaine importance : les dates prouvent, au con-
traire, qu'elle devait être alors d'une bien mé-
diocre étendue. Le commerce toutefois y accu-
mulait déjà des richesses considérables, et le mér
lange des peuples de l'extrême Orient y pré-
sentait un curieux spectacle, qu'on ne pouvait
guère avoir alors que dans cette partie de l'Asie.
Camoëns paraît avoir mené dans cette ville nais-
sante une existence solitaire, et néanmoins plus
calme que celle qu'il avait eue jusqu alors. La
tradition nous le montre gravissant chaque
jour les rochers de granit qui sont à quelque
distance de la ville, et se réfugiant dans la grotte
de Patane (1) ; de là il aimait à contempler l'O-
céan, et il pouvait recueillir pieusement ses
grands souvenirs.
Les trois années pendant lesquelles le poëte
séjourna en Chine semblent avoir été les années
les plus fécondes de sa vie; et si , comme le sup-
pose Faria y Souza , les Lusiades étaient com-
mencées dès 1547, on peut croire que ce fut dans
la grotte de Patane qu'il traça les derniers traits
de cette grande composition. Mais l'œuvre une fois
achevée, l'exil devint amer au cœur du Portugais.
Il se sentit fatigué du séjour de Macao. Ou l'a
fait observer judicieusement : l'emploi qu'il oc-
cupait dans cette ville cadrait mal avec ses ha-
bitudes guerrières et avec son ardent amour de
la gloire, et il dut faire un effort sur lui-même
pour l'office lucratif dont nous le voyons l'evêta
dès l'année 1559. C'était néanmoins pour lui un
moyen de sortir de cette misère contre laquelle
il luttait depuis si longtemps ; et ses divers bio-
graphes considèrent, comme chose certaine, qu'il
amassa dans l'exercice de cette charge des bénéfi-
ces assez considérables pour vivi'e désormais àl'a-
bri du besoin : il songea dès lors à retourner à Gtoa.
(1) Cet endroit est désiffné à Macao sous le nom de
Casa da horta. Le magnifique emplacement où se trouve
située la grotte de CjmoBns appartient aujourd'hui à
M. Marque?,, chef d'une nombreuse fjmille. Nous savons
d'une manière positive que cet honorable citoyen, fier
des souvenirs patriotiques qui amènent à Patane, a songé,
dans ces derniers temps, à remplacer le buste grossier
que renferme sa grotte, par le beau buste en bronze qu'on
doit à l'artiste distingué qui a donné naguère celui de
l'infant D. Henrique. M. F. Leâo Cabrera a donné une
description minutieuse delà grotte et de ses alentours;
elle a été insérée par Feliciano de Castilles dans soa
Étude sur CamoSns, 1830, in-S".
351
GAMOENS
Le vice-roi qui y résidait alors depuis la iia de
1558 était ce noble Constantin de Bragance
qu'il avait connu au début de sa carrière, et dont
l'appui lui était acquis : il quitta donc le lieu
de son exil avec joie, et s'embarqua de Macao
pour les ludes avec tout ce qu'il possédait, et
même, si l'on en croit Pedro de Mariz, chargé de
quelque argent déposé entre ses mains par la
compagnie des marchands. On peut supposer que
ce fut de tous ses voyages celui qu'il entreprit
avec le plus de joie : il allait revoir ses frères
d'armes, il allait jouir au milieu de ses amis
d'une fortune laborieusement acquise; tout cela
ne fut qu'un rêve. Les terres de la Cochinchine
étaient déjà dépassées ; on allait entrer dans le
golfe de Siam, lorsqu'une effroyable tempête en-
traîna son navire à la côte, et le brisa. Camoëns
se sauva à la nage cependant, et sauva les Lu-
siades. Il a dit avec une simplicité admirable cet
épisode de son voyage ; et quand il eut acquis la
certitude qu'il n'y aurait pour lui ni repos ni
fortune, mais que ce poërae si courageusement
sauvé lui vaudrait une renommée durable, il
adressa, au beau fleuve dont les rives l'avaient
reçu quelques vers charmants, où il dit sa gloire
tardive et sa reconnaissance. Un voyageur qui a
parcouru ces contrées quelques années après
l'événement qui faillit être si funeste au poète,
fait admirablement comprendre comment le nau-
fragé, chargé de son précieux fardeau, put se
sauver dès qu'il eut atteint le cours lent et pai-
sible du Mécon. Ce vaste fleuve en effet, qui
prend naissance aux confins de la Chine et ar-
rose le royaume de Cambodge, a des crues comme
le Nil, et est sensible aux marées jusqu'à une dis-
tance considérable ; à la marée basse, les navires
échouent fréquemment, et son embouchure peut
être passée à gué. En remontant à quelques
lieues, Camoëns eût pu visiter les merveilles de
la ville d'Angor, et trouver l'hospitalité dans une
des plus riches cités de l'Orient.
Nous ignorons quel fut l'accueil qu'il reçut
dans ces parages ; mais il y séjourna plusieurs
mois, et nous ne le retrouvons dans la capi-
tale des Indes qu'en l'année 1561. Fixé de
nouveau à Goa , il y soutint dignement sa mau-
vaise fortune ; et s'il y demanda l'appui du vice-
roi, il le fit en des termes qui honorent au-
jourd'hui le poète, et qui grandissent celui qui
le protégea. Mais ce soutien lui manqua bientôt;
et dès la fin de l'année D. Constantin fut rem-
placé par D. Francisco Coutinho, comte de Re-
dondo. La réputation de Camoëns avait grandi;
le nouveau vice-roi estimait, dit-on, son talent;
il était sans haine contre sa personne , et cepen-
dant ses ennemis comprirent que, s'ils osaient
l'attaquer, une main puissante ne le défendrait
plus. Non-seulement le langage de Camoëns
continuait à être ce qu'il avait toujours été, hardi
avec les seigneurs, railleur avec les lâches , im-
placable avec les fripons ; mais plus d'un per-
sonnage désigné cinq ans auparavant dans les
Disparates vivait encore, et sans doute n'av
pas perdu tout espoir de vengeance. Sur-u
accusation banale, le poète fut jeté en prise
Les commentateurs du seizième siècle qui se se
le plus occupés de sa vie n'ont jamais pu état
d'une manière positive ce qu'il y avait de g(
pable dans l'acte qu'on lui reprochait ; Faria
Souza fait seul supposer qu'on accusait le poi
de malversation dans l'office qui lui avait (
confié naguère à Macao : cette odieuse calomu
si on osa toutefois la répandre, fut bientôt éo
tée. Justifié de l'accusation portée contre 1
Camoëns n'en demeura pas moins captif. Un c
tain Miguel Rodriguez Coutinho, surnommé F
seccos {Fils secs), fit valoir ses droits comi
créancier, et le retint en prison. Était-ce d;
une de ces effroyables masmoras de Goa, di
les voyageurs contemporains nous ont laissé
si douloureuses descriptions? Toujours si mod
lorsqu'il peint ses souffrances, le poète a cac
ces détails ; mais nous les devinons dans des
cits qui ne sont q^ae trop fidèles. Une supplie
favorablement accueillie du vice-roi, au raoni
où il prenait le commandement d'une expéditi
rendit Camoëns à la libeité. Dans sa triste
traite le poète était devenu pour quelques r
ments un impitoyable railleur, et il paya si 1
gcment sa dette à Rodriguez Coutinho, que
dénomination moqueuse dont on se servai
Goa pour désigner le vaniteux gentilhorann
demeura longtemps comme le stigmate d'un r
cule ineffaçable.
Devenu libre, Camoëns ne demeura pas ci
mais un examen attentif des écrivains conte
porains qui ont pu le connaître aux Indes n
fait supposer qu'il se livra bien plutôt à l'ét
qu'à la vie des camps. Les Lusiades furent c
tainement perfectionnées; les élégies, les s
fines, quelques sonnets, reçurent alors ce cai
tèi'e d'exquise pureté qui en fait des mod(
accomplis du genre; et le poëte s'occupa s
doute alors d'un ouvrage demeuré toujours
connu, dont une tradition aussi vague qu'elle
incertaine trouve des vestiges dans l'œu
d'Alvarez do Oriente. L'évêque de Yiseu
observer avec quelque raison que , si Camo
avait pris part vers ce temps à de grandes ex
ditions militaires , Diogo de Couto , qui se
honneur de son intimité avec le poëte et qui
vante d'avoir été son compagnon, en eût fait
moins mention. 11 se tait sur ce point, lui
signale les moindres événements, et il ne nom
Camoëns qu'à propos d'une nouvelle infortune
Un parent de ce Barreto qui avait été déj;
funeste au poëte, Pedro Barreto Rolim, vei
d'être désigné pour administrer la capitaim
deMozambique; il aimait lasociétéde Camoëns |
lui proposa de le suivre sur les côtes de l'Afrit
orientale. Camoëns, croyant à la sincérité des f
messes du nouveau gouverneur, s'embarqua a
lui pour Sofala vers la fin de 1567. Une fois arr
dans cette ville, on ne sait pas bien nettement
âââ
CAMOENS
364
qui se passa entre ces deux hommes naguère
étroitement unis : soit pure inconstance de Pe-
dro BarretOjSoit noble fierté de la part de Ca-
moéns^ qui ne put se décider, dit-on, à subir cer-
taines exigences humiliantes, une rupture com-
I plète n'en eut pas moins lieu entre le poète et
son prétendu protecteur. Il suffit de jeter un
coup d'œil sur quelques relations contemporai-
nes, et de se figurer l'état réel de Sofala au sei-
zième siècle, pour s'imaginer ce que dut être
alors la position de Caraoëns. Au besoin , une
seule phrase de Diogo de Couto suffirait pour le
l'aire comprendre : « il le vit, dit-il, se nourrir de
i a pitié de ses amis. »
II avait alors autour de lui des hommes vrai-
i nentdévoués: Hector daSylveira, Antonio Cabrai,
' Miz de Veiga, Duarte de Abreu, Antonio Fer-
I ao, unis à quelques compagnons généreux dont
\e.s noms ne nous sont pas parvenus, tirèrent
'auteur des Lusiades de la situation déplorable
lù il était tombé. Venus du port de Goa, ils lui
1 tlVirent le passage sur le bâtiment qui les ra-
lenait à Lisbonne : il fallut que l'ancien compa-
uon de Camoëns , que son matelot ( il aime à
icndre ce titre) allât quêter dans la ville le linge
rcessaire pour une si longue traversée; Diogo
e Couto en fait naïvement l'aveu. Ce qu'il n'a
1 as dit, mais ce que Faria y Souza, dans sa géné-
Hise indignation, "n'a pas oublié, c'est qu'il fallut
ayer au gouverneur de Mozambique une dette
iiisérable, contractée envers lui par l'homme
e génie qu'il avait engagé à le suivre, et qu'il
i vrait alors à l'anxiété la plus cruelle ; elle se
I louta à une centaine de francs , que dut ac-
juitter Hector de Sylveira: «Ainsi, dit l'historien,
jnent achetés la liberté de, Camoëns et l'hon-
eur de Pedro Barreto. »
Camoëns s'embcfrqua avec ses généreux libé-
iateurs sur le Santa-Fé, au mois de novembre
|569. La traversée fut heureuse; mais un évé-
iement bien douloureux au cœur du poète si-
inala la vue de cette terre si ardemment dési-
lée: Hector de Sylveira succomba en mer au
poment où les hauteurs de Cintra se dessinaient
^ l'horizon ; c'était son meilleur ami ; avec lui
féteignirent les dernières espérances d'un meil-
pnr avenir. Camoëns revenait d'ailleurs au mo-
lent où une affreuse calamité désolait son pays ;
était à la fin de 1569, à l'époque où une peste ef-
ioyable, qui avait enlevé jusqu'à six cents person-
es par jour, continuait à sévir. L'embouchure du
âge était fermée rigoureusement; et pour en
btenir l'entrée il fallut que Diogo de Couto, qui
enait sur un autre navire, se rendît à Cascaès,
t de là à Almeirim, où s'était réfugiée la cour :
ior& seulement il put obtenir un ordre permet-
îint aux bâtiments qui se trouvaient en vue des
ptes, de jeter l'ancre dans le port. Camoëns ne
nitra dans Lisbonne qu'au mois de juin 1570.
Après dix-sept ans d'absence, le poëte trouva
étranges changements dans Lisbonne. Jean III
wait succombé dès l'année 1557, et avec lui avait
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. TIII.
disparu la tranquillité intérieure. Une régence
laborieuse, agitée de prétentions contraires, lui
avait succédé : on ignore comment s'écoulè-
rent les premières années que passa le poëte au
milieu de ces fluctuations politiques : c'est le
début de cette phase si obscure de sa vie que
doivent éclaircir sans doute les précieux docu-
ments découverts récemment en Portugal, grâce
aux investigations du vicomte de Jerumenha.
Les Lusiades parurent en 1572, et furent impri-
mées deux fois dans la même année, ce qui
prouve l'immense succès qu'obtint le poème de
Camoëns dès son apparition. Ainsi que le chef-
d'œuvre du Dante, il devint aussitôt populaire :
Camoëns était suivi dans les rues dès qu'il y
paraissait, et il y était salué du nom de poëte.
Eslacio de Faria , qui avait transmis ces glo-
rieux souvenirs à son petit-fils, s'est montré
beaucoup plus discret sur la vie intime de son
ami ; et cependant c'est à lui sans doute que sont
dus les détails navrants qui nous montrent Ca-
moëns en proie à une effroyable misère, et vi-
vant des aumônes recueillies par son esclave. Si
nous nous en rapportons aux conamunications
récentes qui nous viennent de Lisbonne, ce fait,
admis par tous les biographes , devrait être dé-
sormais relégué parmi une foule de traits apo-
cryphes dont le caractère exagéré repose, comme
toutes les légendes, sur une vérité première, mais
que le cours des ans a singulièrement altérée.
L'histoire d'Antonio le Javanais, dont le dévoue-
ment a défrayé tant de récits, ne serait plus
qu'un mythe touchant ; il en serait de même de
cette misérable pension de quinze mille réis qui,
en représentant une centaine de fVancs, eût mis en
effet le poëte dans l'absolue nécessité de recou-
rir, pour vivre, à la charité discrète de l'esclave
dévoué. Des pièces authentiques prouvent, af-
firme-t-on, jusqu'à l'évidence que, dans ce qui a
été dit touchant la mesquinerie de la rémunéra-
tion royale, il y a eu singulière exagération. Tous
ces faits, d'un intérêt incontestable, seront bientôt
livrés à la publicité; ils modifieront le récit de
cette vie douloureuse, mais ne le changeront
point, et n'étoufferont pas le cri d'angoisse que
le poëte a poussé sur son lit de douleur, dans sa
pauvre habitation de la rue Santa-Anna. L'his-
toire des quatre moedas déniées au serviteur
fidèle qui les demande pour avoir du charbon,
et auquel son maître les refuse, parce qu'il ne
les possède point, n'a pas été réfutée que nous
sachions; on lira toujours dans ime des lettres
de Camoëns cette phrase navrante : « Qui jamais
a ouï dire que, sur un si petit théâtre que ce
pauvre grabat, le sort eût pu donner le spectacle
de si grandes infortunes ? Et moi, comme si elles
ne suffisaient pas, je me mets encore de leur côté ;
car chercher à résister à tant de misère, ce se-
rait orgueil. »
Tous les maux politiques soufferts par le Por-
tugal depuis la mort de Jean III se résument à
cette époque par la journée d'Alcaçar-Kebir, à
12,
855
CAMOENS
3S(
la suite de laquelle succomûa la monarchie.
Toutes les souffrances du poëte aboutissent à ce
mot sublime, prononcé le jour où on lui annonce
la ruine de la patrie : « Au moins je meurs avec
elle! M Camoëns s'éteignit vers la fin de 1579,
â l'âge de cinquante-cinq ans.
Il y a plus d'une trentaine d'années que
M. Alexandre Lobo avait déjà élevé des doutes
relativement au lieu dans lequel la tradition
place les derniers moments du poëte; et, pour ne
point accepter l'opinion commune, il se fondait
sur le silence d'Emmanuel Correa, l'un des pre-
miers commentateurs des Lusiades et l'ami de
Camoëns. Les renseignements nouvellement exhu-
més sont, dit-on, complètement favorables à ceux
des critiques qui ont nié que la mort du poëte ait
eu lieu dans un hôpital. Il faut bien l'avouer : la
note nécrologique de Frey Jozé Indio, vue jadis
par M. de Souza, et inscrite sur la marge d'un
exemplaire des Lusiades possédé par lord Hoî-
land, est ainsi mise à néant. Ceci ne modifie que
bien peu la désolante vérité ; car si le moine a
fait erreur sur le lieu, il n'est que tiop dariô le
vrai quand il affirme que Luiz de Camoëns n'a-
vait pas, à l'instant suprême, de couverture pour
se défendre de l'injure du temps. On sait positi-
vement que le suaire dont on l'enveloppa fut
emprunté à la maison de Vimioso. L'inhumation
eut lieu dans l'église de Santa-Anna; et ce fut
seulement au bout de seize ans que, grâce au
goût sévère de D. Gonçalo Coutinho, on plaça
au-dessus de la tombe cette simple inscription :
CI-GIT LOUIS DE CAMOENS,
PRINCE
DES POETES DE SON TEMPS.
Ili VÉCUT PAUVRE ET MISERABLEMENT,
IL MOURUT DE MEME.
Plus tard, Gonçalvez da Caméra fit composer par
un humaniste célèbre, Matteus Cardoso, une épi-
laphe latine d'un tout autre style, et que l'on peut
lire dans Barbosa. Le terrible tremblement de
terre de 1765 avait fait disparaître, à ce que l'on
suppose, les deux inscriptions ; car il n'en restait
point de traces après la réédification de l'église
de Santa-Anna. On avait donc perdu, dans ces
derniers temps, le souvenir de l'emplacement oc-
cupé par la tombe. En 1836, plusieurs membres
de la Société de& amis des lettres, qui a son
siège à Lisbonne, se firent autoriser par l'auto-
rité ecclésiastique, et, munis d'une permission du
patriarche, commencèrent des perquisitions pour
découvrir la sépulture de Camoëns. Grâce à eux,
on a trouvé dans le chœur réservé aux reli-
gieuses une tombe sans épitaphe, que l'on croit
être celle qui fut posée en 1579, sans que l'on
puisse toutefois rien affirmer de positif sur ce
point.
Depuis Voltaire jusqu'à notre époque, les lon-
gues dissertations sur les Lusiades n'ont pas
manqué. Ce poëme a été exalté et déprécié outre
mesure ; et, si l'on a épuisé à son égard les for-
mules de l'admiration, on a dit bien sévèrement
tout ce qu'il y avait à dire sur quelques tache
faciles à remarquer dans l'ensemble de cett
vaste composition, et surtout sur le genre d
merveilleux dont le poëte a fait usage. Rappe
1er ici ce qui a été répété tant de fois sur l'em
ploi des divinités de l'Olympe dans un sujt
essentiellement chrétien, ce serait tomber dan
un lieu commun que nous voulons éviter. Pou
juger le poëte portugais, la critique du demie
siècle ne s'est enquise chez nous ni des temp
ni des lieux : elle a oublié qu'il y avait, dar
la poésie comme dans la peinture, une époqu
de renaissance qui, pour avoir convié tous k
dieux aux triomphes de la foi chrétienne, n'c
était pas moins une grande époque. Le pei
pie intelligent pour lequel les Lusiades avaiei
été composées ne s'est pas préoccupé un se:
instant de cette étrange alliance; il n'a pas hési
dans son admiration : avec les nobles réci
qu'on lui adressait, il a accepté le langage d
faux dieux que l'on faisait parler. Les hommi
lettrés de tous les pays ont pu balancer daj
le jugement qu'ils avaient à prononcer sur l
Lusiades ; lui, il ne s'est pas mépris un momen
il a reconnu Camoëns à sa voix divine; il a i
qu'un grand poëte lui était né, et durant sa v
il l'a salué avec amour.
Mais pour exciter cette ardente syrapathi»
voyez ce qu'avait fait Camoëns; consultez su
tout un vieil écrivain qui lui a consacré vin^
cinq ans d'étude. Il n'y avait pas plus ( |
soixante-douze ans que Vasco de Gama avf
accompli son étonnante entreprise, nous dit F |
ria y Souza ; la tradition n'avait pour ainsi di j
rien conservé chez le peuple de ce qui avait c j
accompli si miraculeusement ; ni Jean de Barr
avec le prestige de son style, ni Fernand Lopj
avec son enthousiasme, n'avaient suffi pour p |
pulariser le souvenir de ces victoires. « Les Z ',
« siades parurent, et le bruit de ces actions pril
« digieuses remplit le monde ; ces palmes pre'j
« que desséchées reverdirent. »
Quatre-vingts ans plus tard, au dernier siégei'
Colombo, au temps où les Portugais ne vivaieul
déjà plus dans l'Inde que par ces grands souvj
nirs, les soldats chantaient, dit-on, sur labrècM]
les belles octaves des Lusiades. Selon nous,
sont de tels faits qui disent ce que vaut 1 1
poëme.
La bibliographie des X«5mc/e.s et des œuvres»!
Camoëns nécessiterait pour ainsi dire un Vif
lume à part : nous citerons ici les éditions les pliij
importantes; Os Lusiadas de Luis de CanùH
com privilegio real, 4", impressos em Lisii^
com licença da saneta inquisiçûo do ordinà
rio, emcasa de Antonio Goçaluez, impressmk
1572, réimprimé dans la même année. Ce so<|
ces deux éditions qui, ayant été soumises àBJ
examen plein de sagacité, ont donné lieu il
beau travail de M. Mablin sur le texte des Ll
stades, en 1 82G. Ce poëme a été réimprimé «j
seizième siècle en 1584, et eu 1597. Les poésiif
357
CAMOENS — CAMOSIO
358
diverses paraissent dans l'intervalle, sous le titre
suivant : Rythmas de Luis de Camûes, divi-
didas em cinco partes, dirigidas ao muito il-
lustre senhor D. Gonçalo Coutinho, impres-
sas com licença do suprcmo conselko da gé-
rai inqtiistçâo eordinaria, im Lisboa,par Ma-
noel de Lyra, anno 1595. Dans cette édition
priuceps des rimes, sont de nombreuses interpola-
tions contre lesquelles la critique doit se tenir en
garde. L'édition si précieuse donnée par Faria
y Souza a été publiée sous ce titre : Rimas
varias de Luis de Camoens, principe de los
poêlas heroycos y lyrlcos de Espana, etc.;
Lisbonne, 1685 et 1689, 4 vol. en 2 tom. in-fol.
M. John Adanson fait observer que le privi-
lège avait été accordé pour 8 vol. Les Lusia-
des avec les fameux commentaires de Faria
y Souza paraissent dès 1639, en 2 vol. in-fol.,
après trente-cinq ans de travail. La première
édit. réellement complète du poète est celle qui
est intitulée Obras do Grande Luis de Ca-
moes, principe dos poetas heroycos e lyricos
de Hespanha, novamente dada a Luz com os-
seîcs Lusiadas, commentadas pelo licenciado
Manoel Correa; Lisboa occidental, in-fol. Non-
seulement on tronve dans cette édition les pièces
dramatiques, mais on y a introduit le poème
de la Création de l'homme, qu'il faut écarter
définitivement des œuvres du poète, et que Faria
y Souza rejetait avec la plus grande énergie dès
le dix-septième siècle. Selon un Portugais ins-
truit, la collection la plus complète des œuvres
de Camoèns, et sous bien des rapports la plus
correcte, serait celle du P. Thomas Jozé de
Aquino, publiée en 1779 et 1780, en 4 vol. in-8°,
et réimprimée de 1782 à 1783 en 5 vol. in-8°.
L'édition la plus magnifique sans contredit des
Lusiades, celle que l'on refgarde avec juste rai-
son comme un des plus beaux monuments de
la typographie moderne, est sortie des presses
de Firmin Didot; elle a pour titre : Os Lusia-
das, poema epico de Luiz de Camôes , ediçâo
dada a luz por dom Jozé- Maria de Souza
Botelho, morgado de Matteus; Paris, 1817,
grand in-4<'. Les nombreuses gravures qui or-
nent ce splendide volume ont été dessinées par
Gérard, y compris le portrait, dont l'ornementa-
tion est due à Percier; les planches ont été
exécutées par les plus habiles graveurs du temps,
Richomme, Forster, Toscîhi. Ce livre, réservé
pour faire des présents, n'a été tiré, selonM. Beu-
chot, qu'à deux cents exemplaires; on pense
qu'il en existe un sur peau de vélin. L'édition de
1819, publiée également chez F. Didot, et à la-
quelle Lecussan-Verdier a donné ses soins , est
fort recherchée de nos jours; et, en adoptant
fréquemment les corrections admises par Ma-
blin, M. Francisco Freyre de Carvalho a fait
imprimer à Lisbonne, en 1843, une édition que
l'on peut prendre désormais pour modèle.
M. John Adanson a donné une bibliographie fort
judicieuse et fort complète du poète et de ses tra-
/
ducteurs , à laquelle il faut ajouter les deux ver-
sions que Ton recherche aujourd'hui en France:
celle de M. Millié, revue par M. Dubeux, en tête
de laquelle se trouve un remarquable travail dû
à M. Ch. Magnin ; et la plus littérale de toutes,
celle de MM-. Dessaules et 0. Fournier.
FcRDiNAND Denis.
Pedro de Mariz, Dialoçox de varia historia, 1618. —
Manoel Severlm de Faria, Piscursos varias e politicos
em Evora , 1624, in-4" ( le 4" paraRraplie renferme la vie
de CaiiioL'ns ). — Manoel de Faria y Sou/.a , hnHadas de
Luis de Camoens commentadas, contienen lo mas de lo
principal de laliistoria i georjrapliia del mondo, y sin-
gulamente de Espatia, etc.; Madrid, 1639, 2 vol In-fol.
— Souza Botelho, f^ida de Luiz Camoens, en lête de la
grande édition imprimée en 1817 chez Flrmln Didot. —John
Adanson, Memoirs of the U/e and writings of Luis de
Camoens; London, 1820,2 vol. in-R°, fig -- Charles Ma-
gnin, Luiz de Camoens, article insère dans la lievue des
Deux mondes, et réimprimé avec des additions en tête
de la 2« édit. de la Irad. de Millié. — J.-V. Barreto Feio,
rida de C'imoens dana l'édit publiée à Hambourg, 3 voL
in-8°. — Memorias de Academia real dus Sciencias
de f.isboa Voy. I). Franc. -Alexandre Lobo, êvêquc da
Viseu, Memoria sobre Luiz de Camoens, t. VI (1821)»
— Le comte de (Jrcouit, P'ie de Camoens, Insérée dans
la Revue de f^ersailles. — Ferdinand Denis, Camoens et
ses contemporains, notice insérée en tête de la trad. de
Camoë ns par Ortaire Fournier et Dessaules, petit
in-80.
*CAMOR (Pierre), troubadour français, vi-
vait dans le treizième siècle. On ignore les par-
ticularités de sa vie , et on a de lui une seule pièce
de vers en sept strophes, contenant chacune l'in-
terrogation : Eh ! pourquoi ? Cette pièce com-
mence ainsi :
Iratz chant chantar mi rais.
Le poète s'y plaint des rigueurs de sa dame, qui,
après deux ans de servage, ne lui a pas encore
accordé le don d'amoureux merci. « Eh ! pour-
quoi, s'écrie-t-il, ai-je attendu sijongtemps .' Dieu
ne donne-t-il pas en un clin d'œil de grands
biens ? »
Moût si attendut e per que?
Dieus dona en pauc dora gran be.
Bibliothèque impériale, nianuBcrits, n" 722S et "22S,fùl.
111 et 370. — Bastero , Crusca provenzule. — Crescem-
b-ini, fstoria délia volçiar poesia, t. H, p. 204. — MH-
lot. Histoire littéraire des Troubadours, t. Ill, p. 425. —
Raynouard, Choix des Poésies orf^inates des Trouba-
dours—Histoire littéraire de la France, t. XX, p. 89S.
*CAMOS {Marc-Antoine), archevêque et
théologien espagnol , né à Barcelone en 1553,
moi't à Naples en 1606. Il prit d'abord la car-
rière des armes et la suivit avec éclat jusqu'en
1591, où la douleur d'avoir perdu sa femme le
décida à se faire augustin, quoique dans un âge
assez avancé ; il étudia la théologie et la philo-
sophie, et y fit de grands progrès. 11 fut nommé eu
1605 archevêque de Trani (terre de Bari) ; mais
il mourut avant d'avoir reçu les bulles de sanc-
tion. On a de lui : Microscomo y Gobicino
universal del hombre christiano.
N. Antonio, Bibliotheca Hispana nova.
CAMOSIO ou CAMOTi ( Jean-Baptiste de),
helléniste italien, né à Afolo (Trévisan) en
1515, mort à Rome en 1591. Il était très-vers(i
dans les langues grecque et orientale, ainsi que
dans les sciences naturelles. 11 enseigna d'à-
12.
359
CAMOSIO — CAMPAIGNAG
360
bord la philosophie à Bologne dans le collège
d'Espagne (1550) , puis à Macerata ( 1555). Ap-
pelé à Rome par Pie IV en 1558, il y fut oc-
cupé à la traduction et à l'interprétation des
Pères grecs. On a de lui : In primum Meta-
physices Theophrasti, etc.; Venise, 1551,in-fol.;
— une version latine sur la Physique d'Aristote,
d'après Michel Psellus; Venise, 1554, in-fol.;
et quelques manuscrits.
De Thou, Mémoires historiques. — Joslas Simler,
tlist.
CAMOUX (Annibal), guerrier cité comme
un exemple de longévité, naquit à Nice le 20 mai
1638, et mourut à Marseille le 18 août 1759, âgé
de cent vingt et un an et trois mois. Il avait servi
sur les galères comme simple soldat ; il dut à la
sobriété et à la frugalité l'inaltérable santé dont
il jouit jusqu'à cent ans. Louis XV lui accorda,
vers cette époque, une pension de trois cents
francs. Visité, sur son lit de mort par le cardi-
nal de Belloy, évêque de Marseille , Annibal lui
dit : <c Monseigneur, je vous lègue mon grand
âge. « L'évêque, mort presque centenaire, disait
en riant, à la fin de sa carrière, qu'il avait ac-
cepté le legs d'Annibal. Le portrait de ce dernier
a été peint par Vernet dans une vue du port de
Marseille, puis par Viali, et gravé par Lucas. On
a publié la vie de Camoux en 1760, in-12.
Le Bas , Dictionnaire encyclopédique de la France.
*CAMP (^Abraham), prédicateur allemand,
de l'ordre des Jésuites, natif de Cologne, mort à
Dusseldorfle 26 février 1696. Étant entré dans
la congrégation des Jésuites en 1688, il étudia
les belles-lettres à Aix-la-Chapelle, et la théo-
logie à Trêves. Après avoir px'êché pendant
quelque temps à Dusseldorf avec beaucoup de
succès, il fut mis à la tête des missions nouvel-
lement établies dans les duchés de Juliers et de
Berg, qu'il dirigea jusqu'à sa mort. On a de lui :
Aqulla grandis magnarum alarum ; Ezech.
xvu, 3, hoc est : Lessus oratorhis et poeticus
funebris serenissimse Marias- Annx-J osephœ
Austriacse, cor^igis serenissimi Johannis-
Wilhelmi, electoris Palatini; Dusseldorf,
1689, in-fol.
Harzheitu, Bibl. Colon.
CAMP D'AVENWE {Hugues) , comïQ de Saint-
Paul. Voy. Saint-Paol.
*CAMPAGNA (Girolamo), sculpteur, né à
Vérone en 1552, vivait encore en 1623. Élève de
Danese Cattaneo, il l'aida dans beaucoup de ses
travaux; dans le cours de sa longue et labo-
rieuse carrière, il orna de beaux et nombreux
ouvrages Venise, Padoue, Vérone, et quelques
autres villes. Les principaux à Venise sont les
superbes autels de Saint-Jean et Paul, de Saint-
Laurent, et de Saint-George-Majeur; saint
François et saint Marc , à la façade de l'église
du Rédempteur; saint Pierre et saint Thomas,
au maître-autel de Saint-Thomas ; la statue en
bronze de saint Antoine, abbé, à Saint-Jacques
deRialto; un Hercule, klà Zecca, et une sai7ite
Justine, sur la porte de l'arsenal ; à Padoue ,
dans la chapelle Saint-Antoine, un bas-relief du
saint ressuscitant un enfant à Lisbonne ; kYé-
Tone,ane Annonciation, sur la façade du palais
del Consiglio ; enfin à Urbin, la belle statue du
duc Frédéric, sur l'escalier du palais des ducs.
E. B— N.
Cicognara, Storia délia scoltura. — Ticozii, Diziona-
rio. — Quadri, Otto giorni in f^enezia.
CAMPAtiNOLA (Domenico), peintre et graveur
vénitien, né vers 1482. H reçut les leçons de son
père Giulio Campagnola, mais devint élève ou
au moins imitateur du Titien. Il a laissé à Venise
et à Padoue un grand nombre d'ouvrages tant à
l'huile qu'à fresque , remarquables surtout par
la beauté et la vigueur du coloris. Campagnola
tient aussi une place distinguée parmi les gra-
veurs italiens du seizième siècle. Ses principales
eaux-fortes sont Y Adoration des Mages, la Ma-
deleine aux pieds du Saiiveur, une Sainte Fa-
mille et une Vénus. Il a gravé sur bois la Vierge
allaitant l'Enfant, le Massacre des Inno-
cents, et quelques autres pièces. E. B — n.
Lanzi, Storia pit.torica. — Ticozzi, Dizionario. —
Quadri, Otto giorni in Fenezia.
* CAMPAGNOLA (fiirolamo), peintre de l'é-
cole vénitienne, né selon les uns à Padoue, selon
d'autres dans le territoire de Trévise, vivait vers
1490. Vasari dit qu'il fut élève du Squarcione.
Son fils Giulio fut également peintre, ainsi que
son petit-fils Domenico. E. B — n.
Vasari, Fite. — Lanzi, Storia pittorica.
* CAMPAGNOLA ( Barthélemij), jurisconsulte
italien, vivait dans la première moitié du dix-
huilième siècle. Il était chancelier du chapitre
diocésain de Vérone. On a de lui : Liber civilis
urbis Veronse, ex bibliothecse capitularis
ejusdem civitatis autographo codice, quem
Willelmiis Calvus notarius anno Domini
MCCXXl'III scripsit , nunc primum editus, ,
eut nonnulla vetera documenta eidem argu-
menta lumen afferentiapreemittuntur, addito
inftneopuscido deVitaet Translationesancti
Metronis et duabus Epistolis Ratherii, epis-
copi Veî'onensis ; Yérone, 1728, in-4°.
Adelung, supplément à Jôclier, AUgemeines Gelehrten-
Lexicon.
* CAMPAiGJîAC (AntoiKe-jBer/?ard),ingénieur
français, né le 9 novembre 1792 à Montgeara
(Haute-Garonne), après avoir servi pendant
près de trente-deux ans dans la marine , a été
admis à la retraite, et nommé, le 30 juin 1843,
directeur de l'École des arts et métiers d'Aix.
On a de lui : Notice à joindre au rapport de
M. Hubert sur les détails de construction des
machines du Sphinx, et Instruction sur la
conduite, la manœuvre et l'entretien des ma-
chines à bord des bâtiments à vapeur, an-
nexé au Rapport, eic, de M. Hubert; Toulon,
1836, in-fol.; de 93 p. ; — Atlas du Génie ma-
ritime, rédigé par les officiers de ce corps et
mis en ordre par M. Campaignac, etc. ; Toulon,
2 1. en un vol. in-foL ; — De l'état actuel de Içi
361 CAMPAIGNAC
navigation par la vapeur, et des améliora-
tions dont les navires et appareils à vapeur
marins sont susceptibles ; suivi de notes expli-
catives, projets , tableaux, etc. ; Paris, L. Ma-
thias, 1842, in-4°.
Qiiéranl , la France littéraire.
*CAMPAILLA ( r/jomfls), philosophe, natu-
raliste et prêtre italien", né à Modica, dans l'île
de Sicile, le 7 avril 1668, mort probablement à
Palerme le 7 février 1740. Issu d'une famille
noble, il étudia pendant quelque temps à Catane
le droit, pour lequel il avait peu de goût. Il
l'abandonna après la mort de son père pour des
études variées et même oiseuses, telles que l'as-
trologie , jusqu'à ce qu'enfin la poésie l'attira
tout entier pendant quelque temps. Après avoir
adopté le système cartésien , il se voua à l'étude
des sciences naturelles et de la médecine, dans la-
quelle il acquit de grandes connaissances. Mais
sa manière de vivre fut le contrepied des règles
(ie l'hygiène; car il portait dans la saison la plus
chaude des vêtements doublés de soie, tandis
(ju'en hiver il ne sortait jamais de chez lui, et
tâchait de garantir son appartement contre tout
accès de l'air extérieur. On raconte aussi qu'il
a^ ait l'habitude , chaque matin , quand il se sen-
tait quelques crudités dans l'estomac, de les
rendre en provoquant le vomissement. — On
a de lui : l'Adamo, ovvero il mondo creato,
poema filosofico, parte I ; Catane, 1709, in-8°;
Messine, 1728, in-fol. ; Rome (ou plutôt Pa-
lerme), 1737, in-fol. ; Milan, 1750, in-8°, et 1757,
"}. vol. in-8° : c'est son principal ouvrage, dont
la 3^ édit. contient en outre les objections du
directeur don Antoine Grana, avec la réponse de
Campailla ; — Discorso in cîii risponde alV op-
\postzionefattagUdal sig.dott. Giust. Monca-
\ dasopra la suasentenza délia fermentazione ;
Palerme, 1709, in-8° ; Milan, 1750, in-8" ; —
i Discorso del moto degli animait, parte T,
î def movimenti ïnterni; Palerme, 1710, in-12;
Milan, 1 750, in-8° ; — Problemi naturali ; Pa-
lerme, 1727, in-4° ; Milan, 1750, in-8''; — Cor-
nelio Nipote, tradotto, etc.; Vérone, 1732,
in-4° — Opuscoli filosofici, che contengono
due discorsi, uno delV incendio del monte
Etna, e l'altro corne la mente umana é de-
lusa a sentire, discorrere e giudicare pari-
\ mente, e le Considerazioni sopra la Fisica
\del sig. J. Newton; Palerme, 1738, in-4°; Mi-
i lan, 1750, in-8°; — Apocalisse del apostolo
San Giovanni, poema sacro in ottava rima;
Rome (Palerme), 1738, in-8° (poëme mystique,
mais incomplet, sur la Grâce) ; — quelques dra-
mes et -opéras ( essais de jeunesse).
Mongitore, Bibl. Sic. — Nuova Raccolta d' Opuscoli
scientif. fllolog , X, p. 52 et suiv. — Tipaldo , Biografla
degli Italiani illustri, t. X.
CA.MPAN ( Jeanyie-Louise-flenrietteGETHEs-i,
madame), célèbre institutrice, néeà Paris en 1752,
morte à Mantes en 1822. Son père était premier
commis aux affaires étrangères; il cultivait les
lettres et recevait chez lui les littérateurs distingués
— CAMPAN
362
del'époque, tels que Dnclos, Marmontel, Thomas.
Cette société contribua à développer l'esprit d'Hen-
riette Genest, dont l'éducation fut d'ailleurs très-
soignée. Dès l'âge de quinze, ans elle entra à Ver-
sailles avec le titre de lectrice de Mesdames. Ce
fut d'abord une vive joie pour elle : il faut Hre
dans ses Mémoires l'effet magique de ce palais
et de cette cour sur ces regards naïfs ; mais le
désenchantement suivit de près, quoiqu'elle fût
dans une heureuse position. Mesdames la ma-
rièrent à M. Campan, dont le père était secré-
taire du cabinet de la reine : Louis XV la dota
de 5,000 hvres de rente ; elle fut attachée à la
dauphine Marie-Antoinette en qualité de première
femme de chambre. On sait qu'elle continua ses
fonctions auprès de l'auguste princesse jusqu'au
moment où l'horrible catastrophe du 10 août les
sépara pour jamais : elle vit le fer des Marseillais
levé sur sa tête quand les Tuileries, après le
départ de Louis XVI et de sa famille, furent li-
vrées au pillage. Lorsque la reine fut transférée
au Temple, M"^ Campan fit de vaines tentatives
auprès de Pétion pour obtenir de l'y suivre ; bien-
tôt même il lui fallut quitter Paris, où elle deve-
nait l'objet des soupçons et des poursuites spé-
ciales de Robespierre. Combertin, dans la vallée
de Chevreuse, fut son asile. Là, elle ne tarda pas
à apprendre que sa sœur, M"^ Auguié, s'était
donné la mort au moment même de son arres-
tation. Les malheurs et les chagrins se succédè-
rent rapidement. Son mari tomba malade; il avait
auparavant contracté pour 30,000 francs de det-
tes ; son fils, âgé de neuf ans, loin de pouvoir
lui être d'aucun secours, réclamait ses soins ; en-
fin, elle se trouva réduite à un assignat de 500
francs. Dans cet état de dénûment, l'idée lui
vint de fonder un pensionnat. Le goût de l'ensei-
gnement était inné chez elle, et il s'était surtout
développé depuis qu'elle élevait les filles de sa
sœur, retirées avec elle à Combertin. Elle s'as-
socia une rehgieuse, et s'établit à Saint-Germain ;
elle écrivit de sa main 100 prospectus, parce
que l'argent lui manquait pour les faire impri-
mer: au bout d'un an, elle avait soixante élèves.
Napoléon, six mois avant son mariage avec
M""' de Beauharnais, vint lui confier sa fille Hor-
tense ; et après la guerre d'Italie, le héros de
cette guerre vint assister chez M""^ Campan à
deux représentations d'Esther. L'ordre et l'élé-
gance qui régnaient dans cette maison lui firent
une impression qui ne s'effaça pas ; et après la
bataille d'Austerlitz, M""^ Campan fut nommée
surintendante de la maison impériale d'Écouen.
Elle remplissait dignement cette charge, lors-
que arrivèrent les événements qui mirent fin à
l'empire et à ses gloires. Le retour des Bourbons
ne fut pas favorable à l'ancienne femme de cham-
bre de Marie- Ant oinette ; des voix accusatrices
s'élevèrent contre elle, et la chargèrent d'impu-
tations que l'opinion jugea Ccilomniduses. Le plus
grand de ses torts fut sûrement de n'avoir pas
hésité à se dévouer à une nouvelle famille ré-
863 CAMPAN —
gnante, après avoir été attachée de si près à
l'ancienne. Elle n'essaya pas longtemps de lutter
contre le torrent, et se retira à Mantes. Là, le
dernier et le plus poignant de ses chagrins vint
l'atteindre : elle perdit son fils, et, malgré les
consolations qui lui furent prodiguées par f'ami-
îié, par la reconnaissance de ses élèves, entre
lesquelles se distingua M""^ la maréchale Ney ,
elle ne se releva point de ce coup. Bientôt atta-
quée d'un cancer au sein et contrainte de subir
nae opération cruelle, dévorée d'une maladie de
poitrine, elle offrit à ses amis le triste spectacle
d'un dépérissement sans remède, et mourut après
avoir montré jusqu'à la fin beaucoup de patience
et de courage.
Outre les Mémoires sur la vie privée de
Marie-Antoinette, sîiivis de souvenirs et anec-
todes historiques sur les règnes de Louis XIV
et de Louis XV , première édition, Paris, 1823,
3 vol. in-8°. M""® Campan a laissé : les Lettres
de deuxjexmes amies, les Conversations d'une
mère avec ses filles, des nouvelles et des comé-
dies à l'usage de la jeunesse, et im ouvrage in-
titulé De l'Éducation des femmes. Tout le
monde a lu ses Mémoires : outre le vif intérêt
qu'inspirent les événements et les personnages
dont ils parlent, ils ont le mérite d'être écrits
d'un style clair, naturel et élégant. Quant aux
autres ouvrages, ils ne s'élèvent pas au-dessus
du médiocre. M. Maigne a publié en 1824 un
Journal anecdotique de ^i'"* Campan, ou Sou-
venirs recueillis dans ses entretiens, etc. On
a aussi publié la Correspondance inédite de
M^^ Campan avec la reine Hortense, 2^ édit. ;
Paris, 1835, 2 vol. in-8°.
Le véritable nom des Campan était Berthol-
let; l'autre leur venait de la vallée dont ils étaient
originaires. Le célèbre cliimiste était leur parent.
[Enc. des g. du m.}
Galerie historique des Contemporains. — ArnauU,
Jouy, etc.. Biographie nouvelle des Contemporains.
CAMPANA (Albert), dominicain et théologien
florentin, mort à Padoue le 24 septembre 1630.
Il professa d'abord la philosophie à Pise, puis la
théologie à Padoue, où il mourut d'apoplexie.
On a de lui une traduction de la Pliarsale en
vers libres italiens, Venise, 1640, in-12 ; et quel-
ques manuscrits.
Thomasini, ntse lUustrorum Virorum.
*CAîttPANA(yln^ome-/'rançoJs), médecin ita-
lien, né à Ferrare le 3 avril 1751, mort le 2 mai
1832. Après avoir étudié chez les jésuites de
Ferrare, il se mit à étudier la médecine, et
se livra ensuite à la pratique dans l'hôpital
de Sainte-Marie, à Florence. Puis il s'appliqua
à la physique, et profita de sa liaison avec lord
Cooper, amateur lui-même des sciences natu-
relles, et dont le cabinet lui était ouvert, pour
se livrer à de nombreuses expériences. Ap-
pelé à remplir une chaire de physique à Fer-
rare, il s'acquitta de ces fonctions avec éclat.
Sa carrière, d'abord interrompue par les évé-
GAMPANA 364
nements de la révolution, reprit son activité
lorsque les orages politiques se furent calmés.
Il recommença ses cours de physique, et pro-
fessa la botanique, la chimie et l'agriculture.
Ses principaux ouvrages sont : Farmacopea
Ferrarese; Ferrare, 1799; — Catalogus Plau-
tarum horti botanici Ferrariensis; Farrare,
1812 et 1824; — Suite cause délie febbri in-
termittenti che si attribuiscono alV aria cat-
tiva; 1824; — Sulla insalubrità dèl barbio
ne' mesi in cui ha leova, dans le Giornale Fer-
rarese, février 1811 ; — plusieurs ouvrages ma-
nuscrits.
Tipaldo, Biograf. degli Ital. illustr., I, 50.
CAMPA!<iA (César de), historien napolitain,
né à Aquila vers 1540, mort en 1606. Sa vie
a été remplie par ses travaux. Il a laissé les
ouvrages suivants : Alberi dette Jamiglie
che hanno signoreggiato in Manlova ; Man-
toue, 1590, in-4°; — Istoria del mondo,
dal 1570 al 1596; Venise, 1591 et 1607,
2 vol. in-4''; — Délie f ami g lie di Baviera, e
dette reali di Spagna; Vérone, 1592, in-4'';
— Assedio e ricaquisto di AnversanelV anno
1584; Vicence, 1595; — Compendïo istorico
dette guerre succès se tra christiani e Turchi
e Persiani, sin'' ail' annq 1597; Venise, 1597,
in-4° ; — Storia délie guerre di Flandria, dal
1559 al 1600; Vicence, 1602 et 1622, in-4%
3 parties ; — Vita del re Filippo II, avec sîip-
plémcnt d'Auguste deCampana, fils de l'auteur;
Vicence, 1608, 1609, in-4'', 5 parties.
Toppi, Bibliotà. JVapolet,
*CAMPANA OU CAMPANUS ( i^'ranf 0(5 ), hu-
maniste italien, né à Colle en toscane, vivail
dans la première moitié du seizième siècle, l.
fut premier secrétaire des ducs Alexandre el
Cosme de Médicis, et connaissait surtout l'an-
cienne littérature classique. On a de lui : Ào
AdhanumVr,pont. max., oratio panegijrtca
Pavie, 1523, in-4° ; —Quxstïo Virgiliana, pei
quam absolvitur Virgilius negligentlx quov
Yarus ( Varro) et Tiicca ac cœteri hactenu:
objecerunt; Bologne, 1526, in-4°; Milan, 1540
in-4° ; Paris, 1541, in-8°, et 1573, in-8", et à 1;
suite de Janus Parrhasius; — Liber de rébus pe\
epistolam quxsitis ,- Paris, 1567, in-S", et dan:
l'édit. de Virgile; Venise, 1544, in-fol. Campan;
y reproche à Vams et à Tucca d'avoir supprinn
vingt -deux vers du IF livre de V Enéide, de sorti
que le contexte devient plus ou moins inin j
telligihie.
Clément, etôî. curieuse, VI, 176. — Negri, Scritt. Fier
- CiriL-lli, Btbt.
''CAMPAJJA (François-Frédéric) , généra
fran(ais, né à Turin le 5 février 1771, tué à 1
bataille d'Ostrolenka le 16 février 1807. Sorti d
l'école militaire de Turin, il entra lieutenant ad
joint à l'état-major de l'armée d'Italie le 30 mar
1794. Capitaine au corps franc étranger ( 2 ne
vembre 1795), il devint aide de camp du génc
rai Victor le 23 du même mois, et fut blessé d'u
(55 CAMPANA —
>ii|i (\e feu à la bataille de Loano. Employé plus
il il à la grande-armée (2'' division, 5'' corps), il
i les campagnes d'Allemagne, de Prusse et de
.'\n'^ne, où il fut tué à l'âge de trente-six ans.
(• nom de ce général est inscrit sur les tables
(' bronze du palais de Versailles. A. S.
■irchives de la guerre. — Vict. et Conq., t. XVII.
^CAMPANA (Pierre), graveur italien, né à
oria ou à Rome en 1727, mort en 1765. Il était
è\e de Rocco Pozzi, et vécut tantôt à Rome,
intôt à Naples. Il grava plusieurs portraits
3ur le Musée florentin, travailla à l'ouvrage
ûihûé Série de' ritratti de' celebri pittori;
loreiice, 1764-1766, dans e Recueil d'estampes
'après les plus célèbres tableaux de la gale-
'(' de Dresde, 1753-1757, et dans la Raccolta
die pitture d'Ercolano, 1767-1762. On cite
irini ses gravures les plus estimées : la Déli-
'■(luce de saint Pierre, d'après Préti (galerie
K Dresde); — Pierre de Cortone (musée de
lorence); — Saint François de Paule, à' après
. Conca.
Ticozzi, Diiionario.',— Nagler, Neiies Mlgem, Kûnst-
r-Lexicon.
cAMPANAio (Lorenzo di Lodovico), sur-
ommé Lorenzetto, sculpteur et architecte flo-
fentin, né en 1494, mort en 1541. Le premier
[uvrage sérieux de Campanaio fut l'achèvement
u tombeau du cardinal Porto Guerri dans l'é-
lise de Saint-Jacques , à Pistoie : la mort était
enue surprendre Andréas del Verrochio avant
l'avoir eu le temps de terminer ce monument.
Oampanaio réussit parfaitement à compléter l'œu-
rre du maître, et se distingua surtout dans une
Hatue de la Charité, qu'on y admire encore.
lome apfielait le jeune artiste ; il eut le bonheur
l'y gagner l'amitié de Raphaël, qui lui fit donner
les travaux dignes de son talent. Il construisit
je palais Caffarelli, ainsi que plusieurs magnifi-
joes villas. H travaillait en même temps au
! orabeau du cardinal Chigi, dans l'église Santa-
Maria del Popolo, et sculpta les deux beaux
finorceaux représentant les prophètes Élie et
\Jonas. Plus tard, il érigea le palais du cardinal
'iélla Yalle, en dessina les vastes jardins, les orna
lie nombreuses statues , et de deux admirables
'^as- reliefs d'après l'antique. Le pape Clément
lui fit exécuter, en 1530, un saint Pierre, deé-
îiné au pont Saint- Ange; et San-Gallo, archi-
l'tecte de Paul III, le prit en 1536 pour le se-
kconder dans les travaux nécessaires à l'achève-
[ment de Saint-Pierre de Rome.
j Cicognara, Storia délia scultura. — Nagler, Nettes
\, Mlg. Kûnstler-Lex.
j GAMPANELLA (Thomas), naquit en 1568 à
il Stilo, petit village de Calabre, et mourut à Paris
!' en 1639. Dès l'âge de quatorze ans il prit l'ha-
( Wt de Saint-Dominique. Dévoré d'un immense
[ désir de savoir, il eut bientôt lu les livres de
■ saint Thomas et d'Albert le Grand, et épuisé tout
f ce qu'on enseignait dans les écoles. Dans des
controverses publiques qui eurent lieu à Co-
CAMPANELLA
366
senza , il fit voir qu'il était rompu à toutes les
subtilités de la 8Colasli(jue. Mais la science
de l'école n'était pas faite pour plaire à une
imagination aussi exaltée, à un esprit aussi
hardi et aussi indépendant. Il lut les livres de
Télésio, et y trouva cet esprit de liberté et de
hardiesse qu'il sentait fermenter en lui , et en
même temps cette tendance alors nouvelle à
chercher la vérité dans l'observation de la na-
ture plus que dans les livres des savants, ten-
dance féconde que Bacon devait régler. Deux
ans après la mort de Télésio, Campanella
défendait publiquement ses doctrines à Naples.
Les nouveautés qu'il enseignait, et les vives at-
taques qu'il dirigeait contre la phi!o.sophie d'A-
ristote, lui firent des ennemis jusque parmi les
moines de son ordre, jaloux de ses succès. L'en-
vie s'accrut, les calomnies s'en mêlèrent, et Cam-
panella fut obligé de quitter Naples. Pendant dix
ans environ nous le voyons courir l'Italie, bat-
tant partout en brèche l'autorité d'Aristote, en
appelant de la parole des maîtres à la raison et
à l'expérience, « et reformant, comme il dit,
« toutes les sciences suivant la nature et les
« livres de Dieu (1). » Après avoir promené
par toutes les villes d'Italie son activité inquiète ;
après avoir conversé avec Sarpi à Venise, avec
Galilée à Florence; après avoir refusé de se fixer
à Pise, où l'appelait le duc de Toscane Ferdi-
nand I*"", il rentra à Stilo.
C'est à cette époque qu'éclata en Calabre une
conspiration de moines et de gentilshommes. Il
ne s'agissait de rien moins que de chasser les
Espagnols du royaume de Naples. Quelle part
Campanella eut-il dans cette conspiration ? Vou-
lait-il, comme on l'a cru , établir dans sa patrie
une nouvelle organisation politique et religieuse.?
pensait-il déjà à sa Cité du soleil, et aspirait-il à
la gloire de législateur? C'est un point qui n'est
pas encore éclairci. Toujours est-il qu'il semble
avoir été l'âme de cette entreprise. Trahi, livré,
Campanella fut conduit à Naples, et, malgré l'in-
tervention du nonce du pape, qui réclamait les
droits de juridiction du saint-siége , il fut incar-
céré. Aux griefs politiques se mêlèrent des haines
et des vengeances religieuses. On lui reprocha
des livres qu'il n'avait pas écrits, et des opinions
qui n'étaient pas les siennes ; sept fois il fut ap-
pliqué à la question, et subit les plus atroces tor-
tures avec une fermeté d'àme inébranlable. En
vain le pape Paul V sollicita sa grâce auprès de
la courd'Espagne : Campenella ne sortit de prison
qu'à la mort de Philippe III , après y avoir passé
vingt-sept ans. Dans cet intervalle il composa la
plus grande partie de ses ouvrages : VAtheismus
triumphatus, le De Monarchia Hispanica, les
Eealis phi losophiss partes quatuor (dont la Cité
du soleil est une partie), YApologiapro Galilxo.
Chose digne de remarque! pendant que Descar-
tes, libre, en France jetait au feu son livre Du
(1) Lettre de Campanella au grana-dac Ferdinand IIJ
L. Colet, p. 879.
367
CAMPANELLA
361
monde en apprenant que Galilée était inquiété
pour sa démonstration du mouvement de la terre,
Cainpanella en prison écrivait et publiait un livre
pour la défendre. En même temps il composait
des poésies pleines de larmes et d'une sombre
tristesse; il recevait les visites de ses amis, qui
répandaient ses ouvrages en France et en Alle-
magne. Enfin, après de longues négociations dans
lesquelles il ne paraît pas que le père général de
l'ordre de Campanella mit beaucoup de zèle à
lui venir en aide, il sortit de prison. Le pape
Urbain VIII l'accueillit à Rome avec affection.
Bientôt Campanella eut à subir de nouvelles at-
taques, à répondre à de nouvelles accusations :
il rentra dans l'arène, réfuta ses adversaires, et
fut couvert de l'autorité du pape. Dès ce mo-
ment il put jouir d'une liberté complète ; mais sa
tranquillité dura peu. Ses ennemis en appelèrent
de la décision du pape aux violences populaires,
et Campanella se vit obligé de fuir de Rome
sous un déguisement, pour échapper aux furieux
ameutés contre lui. Le comte de Noailles, am-
bassadeur de Louis XIII près du saint-siége, fa-
cilita son passage en France. Campanella vit à
Aix Gassendi, avec lequel il avait déjà entretenu
des relations à Paris ; Richelieu le prit sous sa
protection, et le présenta au roi, qui l'accueillit
avec une faveur singulière et lui fit une pension
de trois mille livres. Campanella soumit ses œu-
vres à la censure de la Sorbonne, qui les approuva.
En 1639, de retour à Paris après un court voyage
en Hollande, où il vit Descartes, Campanella
mourut au couvent des dominicains à l'âge de
soixante et onze ans.
Campanella a^composé un fort grand nombre
d'ouvrages. Il avait embrassé le domaine entier
des connaissances humaines. II était même sin-
gulièrement épris des sciences occultes, et croyait
à l'astrologie. Il serait beaucoup trop long de
donner ici une analyse de ses ouvrages, et d'ail-
leurs on n'y trouve pas cette unité de vue et cet
esprit de suite qui permettent de rendre facile-
ment compte des idées d'un écrivain. Campa-
nella a donné une classification des sciences, et
tracé des règles pour pénétrer dans la connais-
sance de la nature ; mais il est loin d'avoir tou-
jours été fidèle à ces règles, et s'est plus d'une
fois laissé entraîner par son imagination à des
hypothèses qui n'ont nul fondement dans l'ex-
périence. Il a passé sa vie à combattre Aristote,
et pourtant il incline comme Aristote vers l'em-
pirisme; seulement cet empirisme est tempéré
par un mélange de mysticisme, fruit d'une ima-
gination exaltée jusqu'à l'enthousiasme. On
trouve dans plusieurs de ses ouvrages, et no-
tamment dans son De sensu rerum, plus d'une
analogie secrète avec quelques théories de Pla-
ton. Comme Platon, Campanella a composé une
république idéale , et il y a entre la Cité du so-
leil et la Métaphysique de Campanella ce rap-
port étroit qui existe aussi entre la Politiqice et
]& Métaphysique de Platon. Cette Cité du soleil
est la description d'une société prétendue par
faite, organisée à la manière d'un couvent, e
établie sur un communisme théocratique. Carn
panella a tous les défauts de son siècle : c'es
incontestablement le premier de ces génies ar
dents et audacieux de la renaissance qui lutten
à force ouverte contre la routine et l'esprit tra
ditionnel des écoles ; génies pleins de fougue
plus exaltés que maîtres d'eux-mêmes, plus in
génieux que solides, véritables agitateurs d'es
prits, merveilleusement propres à la lutte, mai
incapables de rien fonder.
Trois ans avant la mort de Campanella, Des
cartes donnait son Discours de la méthode, e
consommait par là cette émancipation des intel
ligences pour laquelle Giordano Bruno et Vanin
avaient donné leur sang et à laquelle Campanelli
avait dévoué toute sa vie. C'est là l'œuvre di
Campanella, et il ne faut pas en aller cherche
d'autre. Ses ouvrages sont morts, et ne peuven
témoigner que des écarts où une imaginatioi
mal réglée et le défaut de méthode entraînen
quelquefois un esprit doué d'ailleurs des plui
éminentes facultés.
Ouvrages de Campanella : Philosophia sen
sibus demonstrata, et in octo disputatione:
distincta...i. cum vera defensione Bernardin
TeZe^ii ; Naples, 1591, in-4"; — De rerum na-
tura juxta propria principia libri IX; Na
pies, 1587, in-folio,; — Prodromus philoso-
phiee instaurandas ; Francfort, 1617 , avec unf
préface de Tobie Adami ; — De sensu rerum. et
magia mirabili occulta philosophise libri IV ,
Francfort, 1620, in-4°; •=■ Apologia pro Ga-
lilseo, viathematico Florentino ; Francfort ,
1622, in-4°; — Bealis philosophise epilogis-
ticee partes quatuor , hoc est de rerum nattira,
hominummoi'ibus, politica, cui Ctvitas solh
adjuncta est, et Œconomicc; Francfort, 1623,
in-4°; — Atheismus trlumphatus ; Rome.
1631, in-fol. ; — De Gentilismo non retinendc
quscstio tirrica; Paris, 1636, in-4"; — Depra:-
destinatione, electione, reprobatione et auxï-
lUs divinse gratise contra thomisticos ; Paris,
1636,in-4°; — Astrologicorum libri VI ; Lyon,
1629, in 4°; — Medicinalicum juxta j)ro-
pria principia libri VII ; Lyon, 1636, in-4°;
— Philosophix rationalis partes quinque
juxta propria principia ; Paris, 1638, in-4°; —
Disputationum in quatuor partes philoso-
phie realis libri IV ; Paris, 1637, in-fol. ; —
Universalis philosophise seu metaphysica-
rum rertim juxta propria dogmata, partes
très, libri XVIII ; Paris, 1637, in-fol. ; — De
monarchia hispanica discursus ; Amsterdam ,
1640, in-24; — Ecloga in portent osa nati-
vitate Delphini GaÛise; Paris, 1679, in-4",
poème de 249 vers; — De libris propriis et
recta ratione studendi Syntagma ; Paris, 1688,
in-8". B. AuBÉ.
Descartes, Correspondance, éd. Cou.sin, t. VII, p. 417
t, VUI, p. 18. — Cyriani vita et philosophia Thow.
^69
CAMPANELLA — CAMPANl
370
iampanella; Amsterdam, 170S,'1d-8«. — Recueil de Fûl-
['horu, 6« cahier, p. U*. — Tenneman, Histoire de la
hilosophie. - Schroeckh, Notices biographiques, t. I,
281. — t'ita e fllosofta di Tommaso Cmnpanella, da
Mcliaele Baldacchini, 2 v. In 8° ; Naplcs, l84o. — Tho-
\as Itlorus et Campanella, thèse prOsenlée à la Faculté
1- Paris par M.C. Dareste, 1843. — Adeliins, Histoire de
Il Folie humaine (en allemand), t. IV, p. 181. — LibrI,
iistoire des sciences mathématiques en Italie, t. IV,
1 149, 4S6. — Carrière, Die philosophische ff^eltans-
[tauung der Reformationizeit; .Stuttgart, 1847, in-S",
' 642-608 — l'ierre Leroux, article dans V Encyclopédie
\iuvelle. — Dictionnaire des sciences philosophiques,
I, p. 421-424. — Biihie, Histoire de la Philosophie mo-
Vme, traduit par Jourdan, t. Il, p. 749. — M™« Louise
jillet. TVoeice insérée dans la Revue de Paris, 4« série,
II, p. 124 et 184, et reproduite en tète des OEuvres
oisies de Campanella; Paris, 1844, in 18. — M. Marsa-
1, i Manoscritti italiani délia reqia biblioteca puri-
fia, 1 , 892 ( l'auteur décrit trois volumes d'ouvrages
louscrlts de Campanella sur divers sujets ).
iCAMPANi { Jean- Antoine) , évêque italien,
!• à Carelli (Terre de Labour) en 1427, mort
Sienne le 15 juillet 1477. Il était fils d'un pau-
, .e paysan, et sa mère le mit au monde sous un
1 .irier,près du château deGaluzzo. Dès sonjeune
e il fut employé à la garde des troupeaux;
lis bientôt le curé d'un village voisin le prit
5on service, et lui enseigna le latin. Ses pa-
its ne lui avaient pas même laissé un nom ;
r celui de Campani lui fut donné à cause de
province dans laquelle il était né. Son bien-
Jeur, satisfait de ses progrès, lui procura les
; lyens de visiter Naples, Sienne et Pérouse,
les dans lesquelles il perfectionna ses connais-
Jiices dans les sciences exactes et les belles-let-
{m%. S'étant lié avec JacopoPiccolomini, celui-ci
jfnprésenta à Calixte ni, qui le prit pour secré-
f ire (1558). Après la mort de cepape, Campani
!. i ttacha à Pie II, qui le plaça chez son premier
jnistre, le cardinsd de Sassoferrato , en qualité
1 I majordome. Quelque temps après , Campani
t nomnié évêque de Crotone, et ensuite de
ramo (Abruzze ultérieure) ; Paul EL lui donna en
fre l'archiprètré de Saint-Eustache, qui était un
:)s bénéfiee. En 1471, ce pape l'envoya à Ratis-
nne avec François Picolomini , alors légat et
; iidinal de Sienne, pour y décider la guerre
I . Intre les Turcs. Campani fit de son mieux pour
(icquitter de la mission dont le saint-père l'avait
large ; mais, ne sachant pas la langue allemande,
' ichoua dans ses négociations. Ne pouvant vivre
jiilleurs dans les mêmes conditions de luxe et de
' jîn-être qu'en Italie, il conçut un profond dégoût
ur l'Allemagne et les Allemands, dégoût qu'il
noigna à son retour en Italie. Parvenu au haut
^ Alpes, il abaissa ses chausses, et, tournant le
s vers le nord, il s'écria :
Aspice nudatas, barbara terra, nates.
I Paul n mourut avant l'arrivée de Campani, et
|t pour successeur Sixte IV. Ce nouveau pon-
■ \i avait étudié la philosophie avec Campani au
^^ jUége de Pérouse ; il accueillit très-bien son an-
"^ pn condisciple, et lui donna le gouvernement de
!>di(on Taderti), qui clans ce moment était enré-
Ite. Campani fit tous ses efforts pour y ramener
calme, mais ilne put réussir. Envoyé siiccessi-
vent à Foligno et à Città di Castello avec la même
mission, il ne fut pas plus heureux. Le pape,
voyant que la persuasion et la douceur ne pro-
duisaient aucun résultat, se décida à employer la
force : mais les troupes qu'il envoya pour arrêter
le désordre commirent de tels excès dans Todi
et dans Spolette, que les habitants de Città di
Castello leur fermèrent leurs portes, déclarant
qu'ils étaient prêts à faire tout ce que le pape
commanderait, pourvu qu'on ne les obligeât pas
à recevoir des soldats. Sixte IV donna l'ordre de
forcer la ville, qui se prépara à soutenir im siège.
Campani en était alors gouverneur : il prit la dé-
fense de ses administrés, et, renouvelant les offres
de soumission des habitants, il ajoutait dans sa
lettre à Sixte IV : « Si votre sainteté n'y met
« point d'autre ordre, qu'est-ce que tout ceci, si-
te non une cruauté digne des Turcs, et non pas une
« conduite chrétienne, sacerdotale, ou qui res-
« semble à celle du Sauveur ? » Sixte IV n'eut pas
plutôt lu cette missive, que, cédant à la colère, il
dépouilla Campani de son gouvernement, et le
bannit de ses États. Celui-ci employa en vain
ses amis pour supplier le pape de lui pardonner;
ils le trouvèrent inflexible. Le prélat exilé se re-
tira à Naples, d'où, ayant eu à souffrir de la ja-
lousie des courtisans, il se rendit à Teramo et de
là à Sienne, où il mourut. Campani aimait le faste
et la dépense ; il était laid et contrefait , mais son
esprit faisait aisément oublier ses défauts physi-
ques. Ses ouvrages sont écrits avec une certaine
liberté, mais qui n'exclut pas la politesse. Le style
n'en estpas égal,ilest vrai ; mais le lecteurpeutse
l'expliquer par la rapidité du travail. Campani a
suivi très-heureusement, quand il semble l'avoir
voulu, les traces des maîtres antiques, et cela
sans qu'il y ait rien dans ses compositions qui
paraisse forcé ou cherché.
« L'évêque de Teramo , le savant Campanus,
dit M. A.-F. Didot, se dévoua à l'imprimerie
d'Ulrich Gallus avec non moins de zèle qu'en ap-
portait l'évêque d'Aléria (André) aux impres-
sions de Sweynheira et Pannartz. L'ardeur de
Campanus à remplir les fonctions de correcteur
était telle, dit Zetner cité par Maittaire, qu'il
ne consentait à prendre, la nuit, que trois heu-
res de sommeil. On trouve, à la fin de plusieurs
livres imprimés par Ulrich Gallus, ces vers com-
posés par Campanus :
AnserTarpeii eustos Jovls, unde quodalis
Obstrcperes , Gallus decidit. Ultor adest
TJIrichiis gallus; o€ tjûeni poscautur in usum,
. Edocuit potrals nU opus esse tuis. »
Ses écrits ont été réunis en un volume in-fol.,
publié par Femoà Rome, 1495, in-fol., Venise,
1502, in-fol. On a publié séparément : Episfolx
et Poemata, una cum vita auctoris; Leipzig,
Monckenius, 1707, in-8° ; — Titi Livii Décades
ex editione Campani; Rome, 1471 et 1472,
in-fol; — Andrese Bracchi Vita; Bâle, 1545,
in-S", éloge traduit en itahen par Pompée Pellini ;
Venise, 1572, in-4°.
371 CAMPANI —
I Toppi et Nicodemo, Biblioteca Napoletana. — Nicé-
ron, Mémoires, t. III, et X. — Bayle, Dict. — A. Flrmia
Dldot, Essai sur la Typographie, col. 6S2.
CAMPANi {Joseph), astronome italien, vi-
vait à Rome dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. Il se rendit célèbre par quatre inven-
tions, et la confection de longs télescopes à l'aide
desquels il découviit les taches de Jupiter. Cette
dernière observation l'engagea dans une polémi-
que avec Divini, qui réclama pour lui-même le
bénéfice de la découverte. On a de Campani :
Ragguaglio di due nuove osservazioni , una
céleste in ordine alla Stella di Saturno, e
terrestre Valtra in ordine agliinstramenti;
Rome, t654 , in-8" ( Voij. à ce sujet une lettre
d'Auzout à l'abbé Charles, Paris, l665,in-4°, et
une autre de Hook à Auzout, trad. de i'angl. ;
Paris, in-4°, p. 3G); — Lettera di Giuseppe
Campani al sig. Giov.-Domen. Cassini,intorno
aile ombre délie stelle Medicee nel volto di
Giove, ed altri nuovl fenomeni celesti, sco-
perti cd' suoi occhiali ; Rome, 1666, in-fol.
Adelung, siippl. à Jôcher, Allgem. Gelefirten-Lexicon.
campAjVI (Nicolas), surnommé il Strascino,
auteur comique italien, mort vers le milieu du
dix-septième siècle. Il n'est guère connu quepar ses
oeuvres ; on sait seulement qu'il était d'un carac-
tère porté à la gaieté et même à la licence. Il fut
membre de l'Académie des Rozzi ( Rustiques ),
fondée vers la fin du quinzième siècle par des
jeunes gens de Sienne. On a de lui les comédies
suivantes : il Coltellino ; — il Magrino; — il
Berna; — il Strascino ; Sienne, 1519; Venise,
1592, in-8°; le titre de cet ouvrage est devenu
le surnom de l'auteur : la comédie du Stras-
cino, ainsi que les deux premières pièces, sont
mentionnées dans la Di-ammaturgiaCi AWsicd ; la
quatrième ne se trouve citée que dans Pinelli ;
— Lamento di quel tribulato di Strascino
sopra il maie incognito, che traita délia pa-
zienza ed impazienza ; Venise, 1523, in- 8°; —
des CapitoU, dans les Rime de Berai et dans
d'autres recueils.
Riccoboni, Histoire du théâtre italien. — Pinelli, Ca-
talogue.
CAaiPANï-ALïMENSS ( Matthieu ) , physi-
cien italien , né près de Spolette , vivait dans
le dix-septième siècle. Il était curé à Rome en
1661 ; mais on ignore les particularités de sa vie,
qui paraît avoir été complètement partagée enti-e
les devoirs de son ministère et l'amour de la
science. Il aida beaucoup à la confection d'une
horloge destinée à marquer les heures de nuit
au moyen d'un cadran transparent éclairé par
derrière. C'était une invention curieuse pour l'é-
poque ; on l'a appliquée depuis dans la lanterne
magique. Canq)ani exécuta, en 1 668, un autre ap-
paieil horaire dont les mouvements sont produits
par trois poids; deux d'entre eux forment leviers
peq>étuels, et impriment un balancement au tioi-
sième. Les deux leviers sont appuyés sur la roue
de l'axe, et cet axe, par une seule aiguille, mar-
que les secondes, les minutes, et l'heure entière.
CAMPANILE
37
Le temps marqué par cette horloge n'est pas 1
résultat d'un mouvement i)endulaire, mais il e;
fourni par un système particulier qui peut s
mouvoir dans toutes les situations perpendicc
laires , horizontales ou obliques , bien que sf
mouvements soient égaux et réglés. Ces hoi
loges étaient nommées muettes, parce que lei
mouvement ne faisait aucun bruit. Campani pn
posait , en outre , un moyen qu'il croyait s(
de remédier à l'irrégularité provenant des alt(
rations de l'air dans lequel s'opèrent les vibr,
tions du pendule , vibrations qui empêchent
précision des horloges ; il obviait aussi à Fin
galité de ces vibrations plus ou moins courte
produites par les impulsions inégales qu'elles r
çoivent de diverses causes, surtout du ressort.
Campani se fit connaître encore par sa m
nière de tailler les verres lenticulaires pour 1
lunettes astronomiques. C'est avec un télesco
construit par ce savant que Cassini put déco
vi'ir les deux satellites les plus proches de S
turne. Campani a donné la théorie de ses divers
découvertes dans un ouvrage intitulé Horol
gium solo natures motu atque ingenio din
tiens et numerans momenta temporis cor
tantissime œqualia ; accedit circinus sphcCi
eus pro lentibus telescopiorum tornandis
poliendis; Rome, 1678, 10-4".
C. Huyghens , Horologium oscillatorium. — Le
Poisson , Relations des savants d'Italie. — Bibllothi
italiana, t. Vlll, p. 83. — Libri, Hist. des sciences '
Italie.
* CAMPANILE (.... ), missionnaire aposloliqi
né à Saint- Antoine , près de Naples, en 17£
mort à Naples le 2 mars 1835. L'ordre de Sai
Dominique le reçut dans son sein. Tout jei
encore il y prit l'habit, et, après avoir étécon;
cré prêtre, on le chargea des fonctions de \\
seignement, dont il s'acquitta à la satisfaction
ses chefs. Sentant en lui la passion de l'apostol
il s'attacha au collège de la Propagande, à Ron
Sa connaissance de la langue arabe le fit envo;
en 1802 dans l'Orient en qualité de préfet (
missions de la Mésopotamie et du Kurdistan,
zèle dont il était animé lui fit rendre à l'Égl
des services importants. Dix villages de ceso
trées furent acquis à la catholicité; et les é
ques chaldéens résidant à Alkuse , à la sollici
tion du P. Campanile , renoncèrent à 1 usi
qu'ils avaient de nommer leurs successeurs
dehors du saint-siége. Revenu à Naples ap
treize années de travaux apostoliques couronj i
de succès, Campanile devint d'abord prédi; j
leur ; mais bientôt on le nomma professeur si
pléant d'arabe à l'université de Naples. On a
lui une Histoire du Kurdistan et des sec ,
religieuses qui s'tj trouvent. A. R.i
VJmi de la Religion.
* CAMPANILE {Giuseppe), satirique
lien, né à Naples en 1630, mort le 24 a^
1674. Incarcéré parce qu'il avait nui par
écrits à des familles considérées, il mourut J
prison. On a de lui : Prose varie; — Letti
j CAMPANILE
irlcciose; — Dïaloghi morali; — le No-
e di nobiltà.
jppl, Bibliot. Napolet.
CAMPANILE (Philibert), écr'wdxa héraldique,
^)olitain, né vers la fin du seizième siècle. On
sait aucun détail sur sa vie, mais on a de lui :
te e vere forme cl'eloquenza, seconda la
trina di Ermogene e di altri retori an-
tii/NapIes, 1606, in-4''; — Istoria délia fa-
illiadi Sangro; Naples, 1615, in-iol.; — Armi
ero insegni de' nobili ; Naples, 1615 et
1 , in-fol.
Ippi, Biblioteca Napoletana.
lAMPANiLE ( Jean-Jérôme) , évêque napo-
n , mort à Iscenia en 1626. Il était de la
ille du précédent. D'abord docteur en droit, il
lût l'évéché de Lacerdone, puis celui d'Iscenia
1625. On a de lui : Diversorium Juris ca-
ici , Naples, 1620, in-foL, et quelques autres
ts.
ippi, Bibliot. Napolet. — Dictionnaire universel.
lAMPANlUS ( Thomas ) , géographe suédois,
|ùt dans la première moitié du dix-huitième
(e. On a de lui une Description de la Nou-
\e-Suède, ou de la Pensylvanie actuelle
suédois); Stockholm, 1702, in-4''.
iclung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
JAMPANDS (François). Voy. GimpiUA
\ançois).
lAMVANVS ou CAMPAU {Jean), de No-
|8, mathématicien italien, mort vers 1300. Il
lonna avec ardeur à l'étude des sciences au
eu d'une époque, d'ignorance et il fut re-
ié comme une autorité du premier ordie. Il
pposa dix ou douze ouvrages d'astronomie et -
géomëlric; il en est qui , de 1495 à 1540 ,
obtenu plus de dix éditions. Aujourd'hui
sonne ne les lit ; les progrès de la science les
itdeiit complètement inutiles, et ils ne peu-
Tfit intéresser que l'histoire des mathématiques.
luteur cependant est digne d'éloges; il fut
d petit nombre des honmies studieux qui se
■fièrent avec zèle aux sciences positives , et
i;r;ontribna de son mieux à les propager. Il
t'.luisit Euclide, et y joignit un commentaire qui
il longtemps regardé comme ce qu'il y avait de
»iux en ce genre.
frosper Marchand, Dictionnaire hislorigtte. — La-
iMe, Biographie astronomique. — Histoire littéraire
cta France, XXI, 248-231. — Libri, Hist. des sciences
it/iematiqucs en Italie, II, 48. — Chasles, Histoire de
iiieometrie.
pAMPANUS (Jean), théologien allemand,
l'dans le duché de Juliers, vivait dans la pré-
fère partie du seizième siècle. Il suivit Luther
j; qu'en 1530. Mais à cette époque il se sépara
i nplétement de ce réformateur, et s'établit à
liltemberg pour y créer une secte à part, dite
«b Campaniles. Il enseignait une opinion sur la
«jie non-seulement contraire à Luther, mais tout
«Tait différente de celle des autres sacramen-
jres. H professait aussi que le Fils et le Saint-
3 prit n'étaient' pas deux personnes différentes
- CAMPBELL 374
de celle du Père. Ses hérésies lui attirèrent
l'animadversion des catholiques et des protes-
tants. On a de lui une dissertation de Antitri-
nitario , dans les Amœnitates litterarix de
Schelhorn, t. XI, p. 1.
Prateolc , f'ita Campani. — Florimond de 'Rcmond,
Origine des Hérésies. — Sponde, ^innal. ecclesiastici.
CAMPASPE ou PANCASTE, courtisane asia-
tique , vivait environ 330 ans avant J.-C. Elle
était une des plus belles femmes de son temps,
et maîtresse d'Alexandre le Grand. Ce monarque,
qui l'aimait beaucoup, voulant avoir constam-
ment son images ous les yeux, la fit peindre nue
par Apelle. L'artiste ne put résister aux charmes
de son modèle , et tomba malade d'amour. In-
formé de cela, Alexandre n'hésita pas à faire
le sacrifice de ses affections pour sauver les
jours de son peintre favori. Il céda Campaspe à
Apelle, qui l'épousa. Ce trait a fait le sujet d'un
opéra.
Pline, I. XXXV, c. 10. - Élien, I. XXX. - Lucien.
* CAMPBELL (Archibald) , évêque écos-
sais, mort à Londres en 1744 (?).I1 descendait de
la famille des Argyles. Il fut nommé évêque en
1711, et en 1721 il fut appelé à remplir les
fonctions épiscopaies à Aberdeen; mais des dis-
sentiments assez sérieux sur des points de
doctrine lui firent bientôt abandonner ce siège.
n retourna alors à Londres, et se trouva mêlé
aux controverses animées qui marquèrent cette
période. Il prit part aussi aux négociations en-
tamées alors entre les évêques non conformistes
d'Angleterre et d'Ecosse et la Russie, pour réunir
les églises grecques et les dissidents de la Grande-
Bretagne. Archibald Campbell écrivit un Traité
sur l'état des âmes après la mort.
Keith, Catalogue of Scottish bishops.
CAMPBELL ( clan et famille des ). La tribu
gaélique des Campbell appartient aux montagnes
de l'Ecosse, où elle fut nombreuse et joua un
grand rôle à diverses époques de l'histoire de ce
royaume. Ses traditions la font remonter aux
temps les plus anciens , mais elle ne commença
à se distinguer que vers la fin du treizième siècle.
Elle se nommait primitivement O'Dubin. Diar-
mid O'Dubin, vaillant guerrier, eut pour fils
Paul O'Dubin, laird de Lochow, dont la fille Eve
épousa Gilespick ; celui-ci prit le premier le nom
de Campbell, pour immortaliser un service qu'il
avait rendu à la France sous le règne de Mal-
colm-Can-More, dans le neuvième siècle. Cepen-
dant le clan Campbell se quahfiait toujours, dans
ses chants, d'enfants de Diarmid. Un de ses
chefs, appelé Callum , fut surnommé More ou
le Grand, nom qui sei-vit dans la suite à désigner
le chef du clan. Le clan était établi dans l'Argylls-
hire, et les comtes d'Argyll ou Argyle en étaient
les chefs ; ils s'attachèrent à la fortune de Wil-
liam Wallace et de Robert Bruce, et furent en-
richis des dépouilles du clan de Dougals ; aussi
purent-ils rivaliser avec les Mac-Donald des
îles. Mais, sous les Stuarts, la famille Camp-
375
CAMPBELL
bell , qui avait combattu Montrose et amené sa
perte, eut beaucoup à souffrir. Deux marquis
d'Argyle eurent la tête tranchée après la restau-
ration de cette dynastie. Le clan fut décimé et
en partie détruit; mais Use releva après la révo-
lution de 1688, et John Campbell fut créé duc
d'Argyle en 1701. Depuis que les clans ont été
détruits en Ecosse, surtout à la suite de la ba-
taille de Culloden, où cependant celui des Camp-
bell figurait dans les rangs opposés aux Stuarts,
beaucoup de Campbell ont quitté les montagnes
de l'Argyllshire pour chercher fortune ailleurs.
On en trouve dans toutes les parties du monde,
et il est peu de noms aussi répandus dans tous
les pays que celui des Campbell. Le clan de
Campbell joue un rôle important dans plusieurs
romans de Walter Scott. [£nc. des g. du m.]
Voici les principaux membres de cette illustre
famille :
Colin-More I"' Campbell Mac-Calltjm-More
avait pris parti pour Robert Bruce contre Jean
Bailleul. H accompagna Robert à Berwick, lors-
que Edouard F', roi d'Angleterre, s'y transporta
pour terminer le différend entre les deux pré-
tendants à la couronne d'Ecosse. Colin-More
épousa une demoiselle de la maison Sainclair; il
en eut deux fils : Niel, qui lui succéda, et Duncan,
laird de Red-Castle , chef des comtes de Lou-
don.
Niel , mort en 1316, assista en 1306 au cou-
ronnement de Robert I^"", et il fut uu des barons
qui adjugèrent, l'an 1315, la couronne à ce mo-
narque et à ses descendants d'une manière héré-
ditaire. Il avait épousé Marguerite , fille du roi
Bruce. On peut juger par cette alliance de l'im-
portance qu'avaient déjà les Campbell. Niel laissa
deux fils, Colin et Jean.
Colin II, mort en 1340, succéda à son père,
et rendit de grands services à Edouard Bruce,
roi d'Irlande, ainsi qu'à Daniel Bruce, roi d'Ecosse.
Il reprit aux Anglais la forteresse de Duncan ,
devint gouverneur héréditaire de cette place,
et transmit le titre de Duncan à ses descendants.
Il avait épousé une Lennox , dont il eut un fils.
Archibald P"" demeura toujours fidèle à David
Bruce, même après que ce prince eut été fait pri-
sonnier par les Anglais (1346); il l'aida énergi-
quement à reprendre sa couronne, et fut géné-
reusementrécompensé de son dévouement(1358).
Colin III repoussa les Écossais septentrio-
naux en 1398, et fit cesser leurs déprédations.
CoLiH IV épousa Marguerite , fille du duc
d'Albany, régent du royaume : Jacques l" le fit
grand justicier , conseiller intime, et lieutenant
gouverneur de l'Argyllshire. Jacques II l'éleva à
la dignité de lord grand chancelier, et en 1445 il
entra au parlement comme seigneur d'Argyle. Son
second fils. Colin , comte de Breadalbane, est le
chef de cette troisième branche des Campbell.
Colin V, mort en 1557, est le premier qui
prit le titre de comte d'Argyle. Il fut aussi lord
^and chancelier, et gouverna réellement l'Ecosse.
Il avait épousé Isabelle Stuart , princesse
sang royal, dont il eut deux fils et cinq fille
Archibald II, tué le 9 septembre 1513, f
créé par Jacques IV grand chancelier d'Eco
chambellan et maitre d'hôtel du roi. 11 p
ainsi que Jacques IV et la plus grande p;
de la noblesse écossaise, à la désastreuse ■
tailledeFlodden-Field, livrée contre lesAnglai | i
avait épousé Elisabeth de Lennox, dont il a f
huit enfants.
Colin VI était conseiller intimé de Jacque
qui le fit son maître d'hôtel héréditaire, e ;
nomma shérif du comté d'Argyle. Il avait éjn
Jeanne Gordon, dont il eut un fils et une li
Archibald III moui'ut en 1558. Il embr ^
la religion protestante , ce qui ne l'empi
pas d'être grand chancelier. Il avait épousé
lène Hamilton, dont il eut deux fils, Archibal
Colin.
Archibald IV, mort en 1575, était aussi gi
chancelier d'Ecosse. Étant mort sans enfant,
frère lui succéda.
Colin VII, mort en 1584, fut grand cha
lier intime de Jacques VI. Il avait épousé Aj
Keith, comtesse de Marishall, dont il r
qu'un fils.
Archibald V. Les services qu'il rendit lui
lurent en 1617 la baronnie de Kyntire. Il a
épousé d'abord Marguerite de Douglas , c(
tesse de Morton, dont il eut Archibald, qui
succéda, et quatre filles; de sa seconde femr
eut Jacques, comte d'Iroine et baron de E
tire.
Archibald VI, marquis d'Argyle, né en li
décapité en 1661. 11 reçut une éducation coi
nable à sa naissance et au rang qu'il devait
cuper. Charles P'' le créa marquis eu 1(
bien qu'il eût montré beaucoup d'oppositior
désir qu'avait ce monarque de réunir les égL
d'Angleterre et d'Ecosse. Ce fut Archibald
détermina Charles II à passer en Ecosse, et ;
faire couronner à Stone en 1651. Campbell
fait prisonnier à la défaite décisive de "Wori
ter (13 septembre 1651), et envoyé à Édimboi
Voyant le parti royal anéanti, il fit sa soumisi
à Crom-well, et revint dans son marquisat, i
restauration, Cliarles H, oubliant les prem
services d'Archibald, lui fit un crime d'a^
reconnu le gouvernement républicain , et
retint prisonnier durant cinq mois à la Toui
Londres ; on le transféra ensuite en Ecosse ,
bien que son changement de parti eût été
conséquence forcée du désastre de Worces
on l'accusa de trahison. Il fut condamné à nt
et exécuté.
Archibald VII , comte d'Argyle , fils du j
cèdent, décapité aussi à Edimbourg le 30 j
1685, avait suivi son père dans toutes les gi
res contre les puritains. Il s'était surtout disi
gué à Dunbar (13 septembre 1650). AW
Cromwell, bien qu'il eût accepté un arrangem
avec le père, excepta .formellement le fils
CAMPBELL
378
liile amnistie. Archil)ald dut donc rester fugitif
((u'au retour de Ctiarles II; son attachement
ariable à la cause royaliste, ses exploits et les
sécutions qu'il avait éprouvées étaient au-
t de titres à la reconnaissance royale ; il n'en
rien. Les ennemis des Campbell, qui avaient
duit son père à l'ochafaud, n'avaient pas
is6 leur haine : tout- puissants auprès de
Trat et faible Charles II, ils résolurent d'ar-
ler à ce monarque la condamnation d'un
ses plus loyaux serviteurs. A cet effet, ils
rceptèrent une lettre dans laquelle il expri-
t son juste mécontentement de la conduite
a cour à son égard. Sur cette seule pièce,
li procès fut instruit devant le parlement d'É-
e comme criminel de lèse-majesté, ayant
iché à soulever des dissensions entre le roi
;s sujets. Quelque fausse que fût cette in-
ation, le comte n'en fut pas moins condamné
)ir la tête tranchée. Parmi les conseillers du
1 se trouva pourtant un homme de cœur:
rd comte de Clarendon déclara fermement
arles que, s'il ratifiait un aussi injuste arrêt ,
tBxpatriait aussitôt et renonçait à son titre
glais, ne voulant plus être citoyen d'un pays
aonneur, la fidélité, la bravoure étaient au-
de titres de proscription. Le roi, sensible à
éhémentes remontrances, différa l'exécution
iigement. Campbell fut mis en liberté quel-
jîmps après, et, rentré en grâce, il devint con-
fc privé et lord de la trésorerie. Lorsque le
S'York passa en Hollande, Archibald refusa
irêter des serments contradictoires. Ses en-
s l'accusèrent de nouveau de ti'ahison , et
sentence plus odieuse que la première vint
fe frapper le comte. Il s'échappa et se
;ia en Hollande. Lors de la prise d'armes
lue de Montmouth, Archibald revint en
(Se avec plusieurs seigneurs mécontents,
kercha à faire révolter les montagnards ;
, avant d'avoir pu réunir des forces assez
preuses pour joindre Montmouth, il fut arrêté,
uità Edimbourg, et décapité. Il avait épousé
e Stuart, fille du comte de Murray, dont il
(uatre fils et deux filles.
iiCraBA.LU Vm, mort en 1703, duc d'Arg^yle,
livesti des titres et biens de son père, même
itsa condamnation. Il fut un des pairs d'É-
p qui passèrent en 1688 avec le prince d'O-
b de Hollande en Angleterre, en compagnie
1( icques de Montgomery et de Jean Dalrymphe.
JE 689, il offrit, au nom des états d'Ecosse, la
t oi)nne de ce royaume à Guillaume de Hano-
, Ti;t à son épouse. Le nouveau roi le fit con-
ei r intime et colonel de la garde écossaise à
;h al. Ses titres, qui appartiennent encore au-
oiil'hui à ses descendants, sont ceux-ci : duc
l'j|;jyle, marquis de Kinstyre et de Lorn , comte
l^jletampbell et de Cowal, vicomte de Lochow
[*|i Glenyla, lord de Mull , d'Ynnerara, de
IJ<i'en, etc. Il avait épousé Elisabeth Tahnash
fejlelmingham,- dont il eut trois enfants.
Archibald IX, mort en 1723, fut fait lord
grand trésorier d'Ecosse à vingt et un ans. Aux
nombreux titres et domaines dont il hérita de sou
père, la reine Anne ajouta encore , fe 29 octobre
1706, ceux de comte d'Ylay , vicomte d'Orsay,
lord de Duncan et d'Arosse. Elle le fit , de plus,
conseiller intime en 1711. George le confirma
dans son immense fortune , et même le créa, de
plus grand garde des sceaux d'Ecosse.
John, ducd'Argyle, etc.,etc., néen 1678, mort
en 1743, succéda à son frère, mort sans enfants. Il
fut nommé commissaire de la reine Anne près le
parlement d'Ecosse, et contribua beaucoup à
faire conclure l'acte d'union (1705). Pourvu en-
suite d'un régiment d'infanterie, il se distingua
dans la guerre de la succession d'abord à Rami-
lles (1706) comme colonel, ensuite à Oudenarde
comme général , puis aux sièges de Lille , de
Gand; enfin à Malplaquet en 1710. En 1711, il
fut envoyé eu Espagne comme ambassadeur
extraordinaire ; mais une sérieuse maladie le
força à revenir en Angleterre, où il fut élevé au
commandement générai de l'armée d'Ecosse
(1712). Son opposition contre le ministère ne
tarda pas à lui faire retirer ses fonctions. Ce-
pendant, en 1715, il fut chargé de repousser les
tentatives du prétendant. Dans une première ba-
taille à Dumblain, il arrêta la marche du comte
de Marr; puis, ayant reçu quelques renforts,
bien qu'inférieur en nombre , il battit définitive-
ment ce général, et obligea le prétendant à se
rembarquer. Ses services lui valurent l'ordre de
la Jarretière , les titres de pair d'Angleterre et
duc de Greenwich, les charges d'amiral hérédi-
taire des îles d'Ecosse, de conseiller général
d'artillerie, etc., etc. 11 contribua puissamment à
la chute de lord Robert. Walpole; mais il fut
frappé de paralysie peu de temps après. Il est
enterré dans l'abbaye royale de Westminster.
Il avait épousé Jeanne de Warburton, dame
d'honneur de la reine, qui lui donna quatre filles.
En lui s'éteignit la branche aînée masculine des
Campbell. [Enc. des g. du m.]
Macpherson , History of England.\ — Walter Seolt,
Rob Roy, passim.
C.4.MPBELL (Colin), architecte anglais, né
dans le nord de l'Angleterre, mort en 1734, Tl
fut inspecteur des bâtiments de l'hôpital de Green-
wich, et construisit dans le comté de Kent des
édifices remarquables, parmi lesquels une mai-
son à Mereworth sur le plan de la villa Capri ,
dans le voisinage de Vicence. On a de lui : Vitru-
vius britannicus , 1715-1725, 3 vol., ouvrage
continué par Woolfe et Gandon, 1767 et 1771.
Crésy, Milizia. — Lempriere, Univ. Biog. — Dallaway,
Observations on English architecture.
CAMPBELL ( George ) , théologien écossais,
né à Aberdeen en 1696, mort en 1757. Après
avoir été élevé à l' université de Saint- André, il
devint en 1728 professeur d'histoire ecclésiasti-
que. On a de lui : A Discourse on the Miracles ;
traduit en français par J. de Castillan , Utrecht,
379
CAMPBELL
1765, in-12; — Vindicatio chrlstianse reli-
gionis; 1736, in-S"; — un Traité sur lavertu
morale.
Lempriere, Univ. biog, — Walkins, New historic.
Dictionary.
* CAMPBELL (George), théologien écossais,
né en 1719 à Aberdeen, mort dans la même ville
le 6 avril 1796. Il étudia la théologie au Mares-
chal-coUege, et fut pasteur à Banchory-Ternan.
Il obtint en 1759 la place de principal de Ma-
reschal-college, et en 1771 il y occupa la chaire
de théologie. Son savoir, sa tolérance, le nouvel
ordre qu'il mit dans ses leçons, lui attirèrent un
grand nombre d'auditeurs. Quoique très-modéré
dans ses principes , il professait une manière
de penser très-libre pour son temps. Oa a de
lui : Dissertation on Miracles, 1763, ouvrage
qui fit beaucoup de bruit lors de sa publication ;
c'était une réponse à VEssais on Miracles de
Hume; — Philosophy o/Rhetoric; — Tr-mis-
leiion ofthe Gospel wilh preliminary Dis-
sertations and notes, 2 vol, ax-fi" ; — Lectures
on ecclesiastical àlstûry, œuvre posthume,
2 vol. in-S».
Keith, Life of Campbell. — Gorton, General biog.
dictionary.
CAMPBELL (John), historien écossais, né à
Edimbourg en 1708, mort le 29 décembre 1775.
Amené jeune en Angleterre par sa mère et des-
tiné au barreau, il préféra la culture des lettres.
Il écrivit alors sur diverses matières d'intérêt gé-
néral, et travailla à plusieurs recueils, tels que la
Grande histoire universelle, la Biographia
Britannica (1745 ). Il avait peu dégoût pour le
monde, et, tuât entier à l'étude, il ne se prome-
nait guère que dans sa chambre ou son jar(î1n..
Ea 1765,11 fut appelé à l'emploi d'agent royal
pour l'Amérique septentrionale , emploi qu'il
garda jusqu'à sa mort. Ses principaux, ouvrages
sont : t/ie Lives of ihe Admirais and other
^ritish seamens ( les Vies des Amiraux et au-
tres gens de guerre anglais); 1742-1744, 4 vol.
ïn-8» , ouvrage devenu populaire en Angle-
terre; — Hermïppus redivivus, or the sage''s
triumph over old Age and the Grave ( Her-
mippe rajeuni, ou le Triomphe du Sage sur la
vieillesse et la mort) ; 1743, in-8°: l'auteur indi-
que dans ce li^Te les moyens de prolonger la
vie; — Voijages and Travels ; 1744, in-8° ; —
Présent State of Europe; 1750, in-8"; — A po-
litical surveîj of Britannia ; \llii,1 vol. in-4°.
Cet ouvrage est le titre le plus sérieux de Camp-
bell à l'estime publique.
Aikin, General biog. — Lempriere, Universal biogra-
phy. — Rose, New biog dict.
CAMPBELL (sir Nicl), officier anglais, né
vers 1770, mort le 14 août 1827. Après avoir servi
de 1797 à 1800 dans les Indes occidentales, il
revint en Angleterre, où il parcourut tous les gra-
des jusqu'à celui de major dans le 54^ régiment,
avec lequel il alla en Jamaïque. 11 resta deux
ans dans cetteconlrée. A son retour dans la mère-
patrie, en 1808, il fut chargé de commander les
forces anglaises placées sur les îles du Yen t
sous le Vent. Devenu lieutenant-colonel le , '
août de la même année, il se distingua dani \
campagne de janvier 1809, dont l'issue fui n
prise de la Martinique. Au mois d'avril suivi ,
il accompagna le major général Maitland d ;
l'expédition contre les Saintes , près de la G
deloupe, et contribua à leur conquête. Au n ;
de janvier 1810, il prit part à celle de la G ■
deloupe elle-même. Les Français ayant été •
finitivement obligés d'abandonner ces paraç ,
il revint en Angleterre à la fin de la même
née, et se rendit bientôt après en Espagne e i
Portugal. En avril 1811 il fut nommé colone i
16*" régiment d'infanterie portugais, avec lei 1
il prit part au blocus d'Alméida, puis aux si( i
deCiudad-Rodrigo, de Badajoz. de Burgos, et i
bataille de Salamanque. Deux de ces affaires lu -
lurent les éloges du duc de Wellington. En jan f
1813, l'armée s'étant retirée de Burgos et de ■
drid pour aller hiverner vers la frontière du 1 -
tugal, le colonel CanipIîeU, alors malade, rc t
en Angleterre. Au mois de février iJ alla en Su ,
peut-être pour s'entendre avec Bernadotte au i l
de la Pologne ; puis il se rendit au quartiei ^
néral de l'empereur Alexandre. Il y trouva il
Cathcart, qui le chargea , ainsi que sir R( t
Wilson et le colonel Lowe, d'étudier les fc s
et les opérations des corps d'armée russes «
colonel Campbell fit même partie alors du ( fS
d'armée de Wittgenstein. Il assista au siéj &
Dantzig aux mois d'août, septembre et ocl t
1813. Le 24 mars 1814, il fut grièvement b itl
en chargeant les Français à la Fère-Champen k
Un corps de Cosaques, venu peur l'appi ',
avait pris pour des Français les troupes |il
commandait, et l'un d'eus l'avait atteint u
mois d'avril 1814, il fut chargé d'accomp; n
Napoléon de Fontainebleau à l'île d'Elbe.
Après avoir rempli sa mission, le colonel C >
bell vint résider dans l'île, comme pour e c
cher toute attaque venant du dehors. En r le
temps on répandit le bruit que Campbell o>
longeait ainsi son séjour, parce que Napi tn
lui-même le désirait. Campbell était abseï ie
l'île d'Elbe lorsque la fuite de l'ex-empercu ut
lieu le 26 février 1815. Le 27, il put apcrc lir
les bâtiments qui se rendaient à Cannes. Il o-
rait ou était censé ignorer tout, et il fut ji '"S
parsongouvernement lui-même. Au mois de fs
1815 il négocia avec le prince Cariati, en ?"!
par la reine de Naples, femme de Murât, a-
pitulation en vertu de laquelle les troupe n-
glo-siciliennes occupèrent Naples. On remi "'
tre ses mains l'arsenal et les bâtiments ( se
trouvaient dans le port ; et à la fin du même "'
il conclut la convention aux term.es de la( l'^
la princesse devait rentrer en France. Mais iJ*
Exmoutli considéra cet arrangement comni ^lit
en dehors des pouvoirs déférés au colonel C ip-
bell ; et la reine dut se placer sous l'égid d6
l'Autriche. Sir Campbell se rendit alors er J'"
U CAMPBELL
que, où il prit d'assaut la porte de Valencicnnes,
c ambray. Il fut chargé ensuite par le duc de
riliii;ji;ton de commander les troupes auxiliaires
liMaiiques. A la fm de l'année 1825, il reçut la
w-ion d'explorer les sources duNil, et de conti-
i< 1 les découvertes de Mungo Park ; et en 1820,
la mort du major général sir Charles Turner, il
t envoyé à Sierra-Leone, dont le climat causa
mort.
i'.iise, Netp biog. dict.
t.AMPBELL {Thomas), un des poètes anglais
Is plus distingués du dix-neu\ième siècle, né à
lascow le 27 juillet 1777, mort à Boulogne le
I juin 1844, descendait des anciens chefs du
1 111 (les Campbell. 11 fit d'excellentes études, et
ianifesta un goût précoce pour la poésie, en
! ôme temps qu'il se liait avec le représentant
plus élevé de la philosophie écossaise, Reid,
■lit la sagesse tempéra ce qu'il y avait d'exces-
(lans les opinions républicaines du poète de
v-sept ans. Il fut précepteur dans une des
brides, à l'île de Mull, après avoir songé tour
tour à être médecin, commerçant, homrne de
■ , chimiste. Tout en faisant quelques travaux
téraires et en donnant des leçons pour vivre,
;oniposales Plaisirs de V Espérance {the Pleu-
res qf Hope), qui, publiés en 1779, lui furent
yés 50 1. (1,250 f.), et obtinrent un immensesuc-
. C'était un de ces poèmes descriptifs comme
,'en faisait tant alors en France et en Angie-
e; mais Campbell avait rajeuni ce genre usé
it l'élégance souvent très-poétique du style et
la délicatesse des sentiments ; il marquait la
sition entre l'école descriptive de Thomson
U'école des lakistes. Avec le produit de son
^me il visita l'Allemagne, où le général Moreau
lisait son immortelle campagne de 1800. Son
\iesur la bataille de Hohenlinden est un sou-
fenir de ce voyage. A son retour, il s'établit à
pndres, et épousa sa cousine Matlùlde Saint-
lair. Son mariage et la nécessité d'entretenir sa
[mille lui causèrent d'assez graves embarras
ficumaires, dont il sortit par une édition nou-
■Uc de son poème, laquelle lui rapporta 1,000 1.
13,000 f. ), par une pension de 200 1. ( 5,000 f.)
le ses amis wighs lui firent obtenir, et par unhé-
^a!;edel25,000f.Son second poème, Gertruda
■' Wijoming, 1809, roman gracieux et pathétique,
;'.it avec une élégance admirable, obtint encore
i^aucoup de succès, bien qu'on y sentît un peu
I op d'art et d'apprêt. « Le métal, disait le grand
jitique Thomas Jeffreys, a été battu par endroits
isqu'à perdre sa ductilité. » Il aurait pu ajouter
ue ce métal, à force d'être poli, était devenu assez
liince. Théodoric (1824), conte domestiquQ à la
lanière de Wordsworth, etlePè^erm de Glencoe
'ihe Pilgrim of Glencoe, 1842) n'ajoutèrent
en à la gloire de Campbell, qui reste pour la
ostérité l'auteur des Plaisirs del' Espérance et
e Gertrude de Wyoming. Ses écrits en prose,
fuoique moins connus que ses poésies, doivent
'tie mentionnés j ce sont : Annales de la Grande-
CAMPE
382
Bretagne depuis l'avènement de George III
jusqu'à la paix d'Amiens ; 1808, 3 vol. in-8";
— Beautés des poètes anglais, avec des notices
biographiques et un essai étendu sur la poésie
{Spécimens of the british poets); 1818, 7 vol.
in-8° ; — des leçons sur la littérature, insérées
dans le New Monthly Magazine.
Campbell garda toujours ses opinions libéra-
les, et se fit remarquer par sou zèle pour les op-
primés. Après avoir été un philhellène ardent,
il se passionna pour les Polonais lors de leur in-
surrection, et après leur désastre il fonda une as-
sociation {polish- literary-association ) pour
soulager la misère des émigrés. Son poème des
Plaisirs de V Espérance a été traduit en vers
français par M. Albert de Montémont; Paris,
1824, in-8°. LÉO Joubert.
Life and letters of Thomas Campbell, edited by Wm
Beattie, 2^ édit. ; 1830, 3 vol. in-8°. — Milsanct, dans la
Revue des Deux Mondes, 1^'' septembre ISoO.
* CAMPBELL, capitaine de marine anglais. Il
était mouillé, en octobre 1809, avec la baleinière
la Favorite, dans la baie du Bois de Sandal
(Vouia), de l'île Vaoua-Lerou, dans l'archipel
Viti(Océanie), lorsque plusieurs discussions, qui
dégénérèrent en rixes, s'élevèrent entre quel-
ques hommes de son équigage et les naturels.
Campbell, après avoir mis à la voile, vit son bâ-
timent tout à coup investi par le chef Boul-
landam , commandant une flottille de 140 piro-
gues. Les Anglais se préparèrent à une éner-
gique résistance ; mais Boullandam, lançant sur
la baleinière la plus forte de ses pirogues, la
coupa en deux. L'équipagi fut fait prisonnier;
mais il fut rendu plus tard à la liberté, sans qu'on
lui eût infligé d'autre punition qu'un jeûne de
neuf jours.
Turnbuli, P'oyage autour du monde. — Rienzi, Ocea-
nie, dans l'Univers pitt.
CAMPE {Joachim-Henri ), écrivain pédagogi-
que allemand, naquit en 1746 à Deensen (Bruns-
wick), et mourut en 1818. Il reçut sa première
éducation à Holzminden, et étudia ensuite la théo-
logie à Helmstaedt et à Halle. En 1773, il fut
nommé aumônier dans le régiment du prince
Frédéric-Guillaume de Prusse; mais son cœur,
vivement ému de la misère humaine, le porta
à s'occuper d'éducation, avec l'espoir de soula-
ger cette misère dans sa source par l'amélioration
de la jeunesse. Après la mort de Basedow, il fut
quelque temps directeur de l'établissement de
Dessau, ait Philaiithropimcm ; mais il résigna
bientôt ces fonctions, et établit une institution
privée à Hambourg. L'affaiblissement de sa
santé le força à l'abandonner en 1783 au profes-
seur Tropp, et il vécut alors retiré à Hambourg. En
1787 il tut nommé conseiller des écoles du du-
ché de Brunswick, et devint propriétaire d'une
librairie qui jusque-là avait dépendu de l'hospice
des orphelins de la ville de Brunswick, librairie
qui, soaslenomde Schulbuchhàndlung, devint
l'une des plus considérables de l'Allemagne^
âSâ CAMPE —
Campe abandonna plus tard cet établissement
à son gendre Vieweg, qui joignit à l'imprimerie
une fonderie et une fabrique de papier. En 1805,
Campe devint doyen de l'ordre de Saint-Cyriaci ;
en 1809, la faculté de théologie de Helmstœdtlui
accorda le diplôme de docteur en théologie. Les
chagrins profonds que lui donnèrent les maux
de sa patrie, et une vieillesse anticipée par suite
de ses travaux-^ avaient affaibli son esprit ; il
passa dans le repos ses dernières années.
Une philanthropie sincère et le patriotisme le
plus noble sont le caractère empreint dans tous
les ouvrages philosophiques et pédagogiques de
Campe. L'amélioration des mœurs, la réforme
totale de l'éducation de la jeunesse, tel fut le
but constant de ses efforts actifs et éclairés. Ses
écrits trouvent toujours des lecteurs, et jouissent
d'une estime méritée. Son style est pur et cou-
lant, à la fois vif et doux, simple et dégagé.
Dans le genre familier, là où la sensibilité se fait
jour, il peut même servir de modèle. Campe a
su surtout se mettre à la portée de la jeunesse,
et choisir les formes les plus propres à l'inté-
resser. Comme philosophe , il passe facilement
des spéculations les plus abstraites à une morale
douce, et du sérieux le plus grave à l'enjouement
le plus aimable. On a 37 petits volumes, ornés
de gravures , de ses Œuvres complètes à l'u-
sage des enfants et de la jeunesse (4^édit.,
Brunsvf., 1829-1832)'; son Robinson le Jeune
a été traduit dans toutes les langues de l'Europe,
et même en grec moderne. Son Théophron, ou
le Sage conseiller de la jeunesse inexpéri-
mentée, a eu le même honneur. Son Diction-
naire de la langue allemande ( Brunswick,
1807-1811 ), 5 vol. in-4° , est également très-es-
timé; toutefois on y trouve quelquefois un pu-
risme un peu bizarre. Il faut y joindre le Diction-
naire des mots étrangers qui se sont impo-
sés à la langue allemande ( Brunswick, 1801 ;
2^ éd., 1813, in-4''). S^étant trouvé à Paris en
1789, il laissa un libre cours à son enthousiasme
pour la révolution française, dans les lettres qu'il
lit d'abord paraître dans les journaux de Bruns-
wick, et qui furent réunies en 1 vol., 1790. Ces
lettres ont excité la plus grande sensation, et ont
attiré des attaques nombreuses à leur auteur. Le
style en est animé, mais on lui a reproché quel-
que affectation; toutefois ce défaut, qui n'est pas
ordinaire chez Campe, est racheté par un mérite
incontestable qui se retrouve dans tous ses ou-
vrages. [Enc. des g. du m.}
Ersch et Gruber, Allgem. Encyclopsedie. — Conver-
sations-J^exicon.
CAMPEGGi ou CAMPÈGE, famille très-an-
cienne et fort considérée d'Italie. Elle était ori-
ginaire du Dauphiné par Chrétien Campège, qui
eut douze enfants, dont deux suivirent Charles,
duc d'Anjou, frère de Louis IX, lorsque ce prince
fit en 1264 la conquête du royaume de Naples.
Barthélémy , l'aîné des deux irères Campège,
s'établit à Tortose, et forma la branche des Cam-
CAMPEGGI 3
peggi de Pavie ; et son frère Jean, qui mouru
Bologne, fit donner le nom de cette ville à s
descendants.
CAAi PEGGI (Vgolin) fut élu pour capital
général par les Pisans en 1284, pendant
guerres des intronisations. Sa famille continu
être la plus influente dans Pise, et se montra <
vouée en toutes circonstances au parti gibel
L'arrivée en Italie des Campège à la suite
Charles de France , appelé par le pape, eût
les retenir dans le parti guelfe. L'histoire n'(
plique pas les motifs qui ont pu déterminer li
changement de drapeaux, non plus que leur é
blissement dans l'Italie septentrionale.
Syraphorien Clmmpier, Monarchia Gallorum. —
mondi, Histoire des Républiques italiennes.
CAMPEGGI {Barthélémy), jurisconsulte i
lien, descendant d'Ugolin, né à Bologne, vi^
dans le quinzième siècle. Il était connu pour i
gibelin attaché au parti des Canetuli , qui al
faisait la guerre à la famille des Bentivo|
combattant pour le pape. Les empereurs et
souverains pontifes perpétuaient ces sanglar.
dissensions en excitant de part et d'autre l'amo
propre et l'intérêt , les deux seuls mobiles
hommes. Campeggi prenait peu de part à
luttes ; aussi était-il estimé des deux partis, (
sous un prétexte de religion, se disputaient
pouvoir. Annibal Bentivoglio ayant été tué :
les Canetuli, les Bentivogli vengèrent la mort j
leur chef en massacrant Baptiste Canetulo, el j
brûlant plus de soixante maisons appartenai
sa faction. Amvé à celle de Barthélémy C;
peggi, qui était alors absent, celui qui condui :
la bande la désignait pour le pillage ; mais
troupe s'arrêta , et ceux qui la composaient
crièrent d'une commune voix : «■ Tout beau i
maître de cette maison est un homme de bi
il n'a jamais offensé personne : laissons celii
là; passons à d'autres. » Cette exception, f :
dans un pareil moment, suffit pour faire coni
tre le respect qu'inspirait le mérite particu ■
de Barthélémy. Cependant, ne voulant pas tr •
siger avec sa foi politique, il refusa toutes .
offres des chefs du parti triomphant qui le pi •
salent de se joindre à eux, et il s'exila volontai ■■
ment. Retiré à Padoue, il s'y livra à l'étude i
droit civil et canonique , et y fit de rapides p
grès. Louis, marquis de Mantoue, l'appela près
lui, le fit membre de son conseil secret. Philip
Marie, duc de Milan, appréciant aussi le mé i
de Campeggi, lui fit une pension de trois ce >
écus d'or.
Taisand, Fies des Jurisconsultes, p. 103,
CAMPEGGI (Jean), jurisconsulte italien, fils
Barthélémy, né en 1438, mort à Mautoueeu 15
Il eut son père pour premier maître dans
droit civil et canonique ; il devint bientôt p
versé que lui dans cette science, qu'il enseii
avec beaucoup de réputation à Padoue et d
d'autres villes. Il a laissé plusieurs ouvrag
entie autres : Concilia; — Tractatus deS
385
CAMPEGGI
386
tuHs; — Le Immunitate; — De Dote, etc.
Pangirnii, De Claris Icgum intcrprelibus. — Forstcr,
tlistoria jwis civilis, I. III, c. 36, n° S. — Talsand, f te
eteê jurisconsultes, p. io3.
> CAMPEGGI (Laurent), cardinal italien, fils
aîné du précédent, né à Bologne en 1474, mort
; à Rome le 19 juillet 1539. Élevé par son père,
il fut bientôt en état de professer lui-môme le
> droit avec distinction. Il épousa fort jeune Fran-
î çoise Guastavilain, dont il eut trois fils et deux
; filles. Sa femme étant morte, il se fit ordonner
I prêtre, et parvint aux plus hautes dignités. Il
f contribua beaucoup à la réduction de Bologne,
j qui expulsa Giovanni Bentivoglio et ouvrit ses
portes au pape Jules II le 10 novembre 1506.
1 Celui-ci, reconnaissant de ses services, le fit au-
j diteur de rote , le nomma évêque de Feitre , puis
' l'envoya nonce en Allemagne et à Milan. Léon X
[ lui confia le gouvernement de Parme, et le ren-
i voya en Allemagne pour combattre les progrès
f de Luther. A son retour , Campeggi reçut la
' pourpre le l*"" juillet 1517, sous le titre de car-
\ dinal de Saint-Thomas, titre qu'il échangea en-
! suite contre celui de Sainte-Marie {extra urbem).
I En 1519, Léon X le chargea, en qualité de légat,
de lever en Angleterre le décime contre les infi-
' dèles. Cette mission ne réussit pas ; mais Cam-
I peggi obtint de Henri VIII, en 1624, l'évêchéde
'Salisbury, qu'il conserva jusqu'en 1528. Plus
Itard, le nouveau pontife Clément VII le fit
( évêque de Bologne , et l'accrédita comme légat
! plénipotentiaire auprès de la diète convoquée
fà Nuremberg. Campeggi échoua encore devant
(cette assemblée, et ne put faire condamner Lu-
l^ther ; il se borna à publier plusieurs ordonnan-
I ces concernant les mœurs du bas clergé. En 1528
! il retourna en Angleterre, comme adjoint au car-
[dinal de Wolsey dans le procès en divorce inten-
jté par Henri VUI contre Catherine d'Aragon.
^N'ayant pu rien obtenir de Henri, U essaya de
îpersuader à la reine de se laisser séparer d'un
jépoux dont elle n'avait plus le cœur, et de sa-
crifier son amour-propre au repos de l'Europe.
rRepoussé des deux côtés, et voyant tout moyen
ide conciliation impossible, il recula devant une
'sentence de divorce, et remit ses pouvoirs entre
les mains de Clément Vil. Campeggi assista en-
jSCHte à Bologne au couronnement de Charles-
I Quint, puis vint siéger à la diète d'Augsbourg. Clé-
Iraent étant mort en 1554, Campeggi accoumt au
Sconclave, et réussità faire élire AlexandreFarnèse,
|qui prit le nom de Paul UI. H termina enfin une
■rie si active au moment où il partait encore
comme légat pour le concile de Vicence. —
I Campeggi a composé plusieurs ouvrages de droit
|qui n'ont pas été publiés. On a plusieurs lettres
Ide lui qui renferment des documents fort inté-
iressants sur l'histoire de son temps. Elles ss
îtronvent dans le recueil intitulé Epistolarum
iniscclianeamm singularium personarum;
Râle, 1550,in-fol.
Machiavel^ OorrespoYtdance. — Sigonias, D* Episeo-
oisBononiensibus. — Onuphre, Chronicon ecclesiasti-
NOUV, B40GR. UMVBRS, — T. VIII.
oum. — Sander, .De Origine et Progressa sehitmatis
anglicani. — Surlus, Commentarlus brevis rerum in
orbe gestarum ab anno IKOO. — U^hcllÉ, Italia sacra. —
Sponde, Jnnales ecclesiast. — Aubcrl, Histoire des Car-
divuux. — numaldi, Viblintheca Uonon.— Arlaai de
Monter, Histoire des souveraitis pontifes romains.
CAMPEGGI {Alexandre), cardinal italien, fils
dn cardinal Laurent, né à Bologne le 2 avril 1504,
mort le 22 septembre 1554. Il eut pour maîtres
les hommes les plus savants de l'Italie, tels que
Lazare Bonamici, Pierre Borrhano, Antoine Ber-
nard!. Le pape Paul III l'éleva au siège épiscopal
âe Bologne en 1541 . Le concile de Trente, pour se
soustraire à une maladie pestilentielle, s'était
transféré à Bologne le 1 1 mars 1546. On remarqua
dans l'assemblée cinq prélats de la famille des
Campeggi : Thomas, évêque de Feitre, et Marc-
Antoine, évêque de Grossetto, l'un et l'autre frères
du cardinal Laurent ; Jean, évêque de Parento ,
son neveu ; Jean-Baptiste, évêque de Majorque, et
Alexandre Campeggi, alors évoque de Bologne.
Ce dernier fut, quelque temps après, nommé vice-
légat à Avignon. U défendit cette ville et son terri-
tOjire contre la propagande et les armes des hu-
guenots.
Labbe, Concilia. — Art de vérifier les dates — Sponde
Annal, eccles.
CAMPEGGI {Jean- Baptiste), évêque italien,,
frère du précédent. Il dut à ses talents, plus
qu'à la protection des divers membres de sa fa-
mille, l'épiscopat de Majorque ; ce fut lui qui ou-
vrit le concile de Trente, le 13 décembre 1545,
par une harangue : De tuenda Religione, im-
primée à Venise, 1561, in-4°.
Labbe, Concilia. — Jrt de vérifier les dates.
CAMPEGGI {Thomas), évoque italien, né en
1500,^ mort à Rome le 11 janvier 1564. Il était
neveu du cardinal Laurent, et accompagna ce
prélat dans la plupart de ses missions. Il lui suc-
céda dans le siège épiscopal de Feitre, et fut en-
voyé par Paul IH, en qualité de nonce, à la con-
férence de Worms (1540). H fut un des trois
évêques qui se trouvèrent à l'ouverture du con-
cile de Trente en 1545, et y assista aux sessions
tenues sous le pontificat de Paul DI. On a de
lui plusieurs traités sur divers points de la disci-
pline ecclésiastique ; ses plus considérables sont :
De Auctoritate sanctorum Con<:iUorum, dédié
au pape Pie IV, Venise, 1561 : dans ce traité
Campeggi reconnaît la supériorité des papes sur
les conciles , mais n'admet l'infaillibilité absolue
ni des uns ni des auti'es; — Sur le Célibat des
Prêtres; Venise, 1554; — De Auctoritate Pon-
tifiais romani , etc.; 1555. Ses autres ^rits, tels
que Devoirs des Princes chrétiens , des Biens
temporels ecclésiastiques, de la Pluralité des
Bénéfices, de la Simonie, des Annotes, des Ré-
serves, des Pensions sur les bénéfices, d*s Cas
réservés, des Exemptions, de P Observation
des fêtes , de la Consécration des évêques par
les schismatiques, du Mariage, ont été impri-
més à Venise de 1550 à 1555. L'auteur ymontre
un jugement assez sain, et moins de prévention
que la plupart des canonistes ultramontains.
13
M
S87
CAMPEGGI
Dupia, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, sei-
zième siècle.
CAMPEGGI (Benoît), poëte italien, né à Bo-
logne, mort le 13 janvier 1566. Il était de la
même famille que les précédents. Il se fit rece-
voir docteur en philosophie et en médecine dans
sa ville natale, et y professa les sciences pendant
plus de quarante années. On a de lui : Italidis
libri X, laiino carminé conscripti ; Bologne,
1553, in-fol. Dans ce poëme, Campeggi raconte
les principaux événements de son temps avec
beaucoup d'exactitude.
Tirabosctii, Storia delta lett. ital.
CAMPELLO ( Beryiardino de' Conti), littéra-
teur italien, né à Spolète le 28 mars 1595,
mort dans la même ville le 24 mars 1676. Sa fa-
mille était originaire de Bourgogne, mais s'était
fixée à Spolète depuis le dixième siècle. Bemai--
dino fit ses études dans sa ville natale, puis se
rendit à Rome en 1 623. Ses succès dans les belles-
lettres lui attirèrent une grande considération, et
le firent nommer par les papes Grégoire XV et
Urbain VÎII auditeur du saint-siége à Turin,
Madrid, Florence et Urbin. Campello se mit en
relation avec les hommes les plus remarquables
do son siècle, et ses diverses missions ne l'em-
pêchèrent pas de cultiver la poésie, et de s'oppo-
ser de toutes ses forces au fanatisme littéraire de
certains novateurs, qui, par leur style affecté,
amenèrent la décadence du goût et des lettres
en Italie. Il les attaqua surtout dans son Esame
deir apere del cavalière Marini, qui le pre-
mier avait mis à la mode ce genre outré. On
doit encore à Campello beaucoup d'ouvrages
écrits soit ea latin, soit en italien, en prose et en
vers. Parmi ceux qui furent livrés à la publicité
on distingue ; délia Storia di Spoleti e suo dtc-
cato, en deux voluînes, dont un seul a été im-
primé; Spolète, 1672, in-4'' : cet ouvrage est
divisé en vingt livres, et s'arrête à 910; — la
Teodora, leScozzesi, la Gerusalemme cattiva,
VAlbeslnda, et quelques autres tragédies ; — Dis-
corsi sacri.
Macerata, 1680 — Jacobilii, Bibl. Umbriae. — La Ci-oix
dn Maine, Ëliil. franc.
CA.WPELL® ( Paul be' Conti ), savant italien,
fils du précédent, né à Spolète le 19 août 1643,
mort dans la même ville le 14 janvier 1713. Son
père l'envoya à Florence, où il étudia la philoso-
phie, les mathématiques et les belles-lettres;
mais il s'adonna particulièrement à la poésie,
dans laquelle il fit de rapides progrès sous les
meilleurs maîtres. En 1663 il entra, à Pise, dans
l'ordre religieux et militaire de Saint-Étiemie ,
et se fit si bien remarquer qu'il fut nommé com-
mandant des troupes de son ordre dans la ligue
de l'empereur d'Allemagne, du roi de Pologne et
des Vénitiens contre les Turcs en 1684. Sous les
ordres de François Morosini, amiral vénitien,
Campello concourut à la prise de Sainte-Maure
(6 août 1684) et à la conquête de la province
de Carnia et du château de Prévésa, sur la
côte d'Albanie. Eu 1685, il prit part à la ba-
— CAMPEN 388
taille gagnée sur les Turcs, et à la suite de la-
quelle Modon, la plus forte des places de la
Morée, fut enlevée d'assaut. La bravoure et les
talents militaires qu'il déploya dans ces deux cam-
pagnes le firent élever au rang de grand prieur
et de chevalier du conseil de l'ordre. 11 jouissait
de la faveur des grands-ducs de Toscane Fer-
dinand II, Cosme U et Cosme m, qui le chargè-
rent de missions importantes auprès de diffé-
rents souverains. Il savait l'espagnol, le français,
le grec, l'italien et le latin, et avait voyagé en
Espagne, en France, en Grèce, en Italie, e»
Afrique et en Asie. Il se retira dans sa patrie, ci
il poursuivit avec ardeur ses travaux littéraires.
Tous ses ouvrages sont restés en mamisciit;
les plus remarquables sont : Trattato sopra il
corso del lever e; — Drammi diversi; — Coni-
medie in prosa; — Sonnetti e Canzone; —
Discorst academici.
CAMPELLO ( François-Marie ), littérateur ita
lien , de la famille des précédents , né à Spolèt.
en 1665, mort en 1759. U se destina au barreau
et s'y distingua par ses vastes comiaissances
son éloquence, et surtout sa loyauté. Le temp:
qu'exigeait sa profession ne l'empêchait pas d
cultiver la littérature. L'Académie Arcadienn
le compta au nombre de ses membres, sous I
nom de Legisto Nemeo.
Mémoires hisloriques de l'àcad, Arcad., £/oge dtfF.'ii.
Campello. — f^ite degll Arcadi Ulustri.
CAMPELLO ou CASiPELLUS (Jean), poët
vénitien, vivait vers la fin du dix-septième sièclt
Il a composé un certain nombre de poésies Is
tines assez estimées. Le principal de ses poème
est : Ibex, seu de capra montana, cannen vt
naticum; Venise, 1697 et 1736, in-8".
Adelung, suppl. à Jôchcr, Allgem. Gelehrten-UxUo)
CAMPEK ou KAMPEN {Jean de), plus coon
sous lenomde Van den Campew, philologue ho!
landais, né à Campen (Over-Yssel) en 1490, moi
à Fribourg (Brisgau) le 7 septembre 1538. Ilétu^
dia, et fit de grands progrès dûns les langues gre( :
que, latine et hébraïque. Il se perfectionna tUui |
cette dernière en suivant les leçons de Rcuchlii j
et fut bientôt en état de la professer lui-même
Louvain. En 1531, il quitta sa chaire pour voya
ger en Allemagne, en Pologne et en Italie. 11 r
négligeait aucune occasion d'étendre ses connai;:
sances, en cultivant de préférence les savau! ^
versés dans les langues orientales. Il s'arrêta |
Venise pour y conférer avec quelques rabbir
érudits ; puis alla à Rome, oîi le pape Léon X li
donna un canonicat. Il revenait dans sa patri
lorsqu'il fut atteint de la peste à Fribourg e
Brisgau, et y mourut. On a de Campen : de Ni
tura litterarum et punctorum hebraicorun
ex variis Elix Levitx opuscuUs libellui
Paris , 1520 , in-12, et Louvain, 1528 : c'est un
grammaire hébraïque assez bien faite; elle n'ei
point surchargée de ces minuties oiseuses qi)
l'on rencontre dans la plupart de celles qi
ont été publiées depuis; — Psalmorum om
389
CAMPEN - CAMPENOIN
390
niumjuxtn hebraicam veritatem parapfiras-
tica interpretatio ; 1532, in-16 : elle a eu plu-
sieurs traductions sous divers titres en allemand,
en anfçlais, en flamand et en français; cette der-
nière est d'Etienne Dolet, sous le titre : Para-
phrase, c'est-à-dire claire translatixm faicte
jouxte la sentencfi, non pas jouxte la lettre,
s«r tous les Psaumes; Paris, 1534 et 1542,
in-16; Anvers, 1544. Dans cette paraphrase,
I Carapcn a bien saisi le sens littéral de la plus
i ^ande partie des Psaumes, et résout assez heu-
I "euseraent les difficultés qui s'y trouvent ; — Pa-
I -aphrasis in Salomonis Ecclesiasten, que l'on
t Touve réunie à la précédente, Paris, 1532 ; sépa-
j -ée, Lyon, 1546 ; — CommentarioH in Epistolas
\pauli ad Romanos et Galatas; Venise, 1534.
1 Chalmot, Biograph. Jf^oodenb.
CAMPEN {Jean ), théolc^en hollandais, vivait
m 1404. Il entra dans l'ordre des Carmes, et
|»mposa quelques commentaires sur les Sen-
ti ences -, Qtiodlibetorum opus ; summuUe ar-
ium , etc., ^.
Trltheim , De scriptoribus ectlesiastieis. — Valère
imdré, Bibliotheca Belgica.
CAMPEN (Jacques Van), sire de Rambrock,
ifchitecte hollandais, né à Harlem, mort à Ams-
l«rdam en 1638. Il fit un voyage en Italie, afin
l'étudier l'art à sa source mêîne. De retour dans
i\ patrie, il bâtit le palais du prince Maurice, à
T 1 Haye. L'hôtel de ville d'Amsterdam ayant été
i jnsumé par un incendie, les magistrats de cette
ille en confièrent la reconstruction à Van Cam-
jn. Cet édifice, un des plus beaux de l'Europe
, 1 ce genre, coûta, dit-on, 39 millions de florins.
I an Campen a fait élever sur ses dessins plu-
i eurs autres monuments publics et palais par-
• culiers. Sa fortune lui permettait d'exécuter
i-atuitement de magnifiques travaux, et jamais
n'a tiré parti d'un seul de ses tableaux.
Nagler, Nettes Allgem. Kûnstler-Lexicon.
: CAMPEN (Heimeric de), théologien hollan-
iis, plus connu sous le nom d'' Heimerictis de
lampo, né à Campen (Over-Yssel), mort à
louvain en 1460. Il enseigna d'abord la philo-
' iphie à Cologne. S'étant rendu à Bâle lors du
)ncile général de 1431, il fut pris en affection
jjrle cardinal Nicolas de Cusa, dont il ne quitta
' service que pour passer à celui d'Eugène IV en
ji38, c'est-à-dire au moment où ce pontife avait
■lutter contre ses ennemis. En 1445, Campen l'é-
tat dans sa patrie professer la théologie à Lou-
i i'iin. On a de lui : <^ Auctontate concilii, traité
fit à l'instigation du cardinal de Cusa ; c'est une
liiologie de son attachement pour Eugène rV; —
\ompendium quéestionum ; — Super senten-
as, libri IV;— De Esse; — De Essentia; —
ompendium Divinorum; — Queestiones va-
cT, etc.
Valère André, Bibliotheca Belgica. — Art de vérifier
•dates. — Artaad de Monter, .Histoire des souverains
ntifes romains.
CAMPEN OU KAMPEN {Ja£ob DE), chef ana-
aptiste. Voy. Kampkn.
*CAMPENHAUSEN {Jean-Michel de), his-
torien et écrivain militaire livonien, mort à Per-
nau vers 1747. Issu d'une famille noble, et frère
du lieutenant général Balthasar de Campenhau-
sen, il alla en Pologne; et y ayant embrassé la
religion catholique, il fut nommé général de Per-
nau, oui il resta jusqu'à la fin de sa vie. On a de
lui : De l'utilité et des qualités distinctivea
de la nourriture (en polonais); Kalisch,
1737, in-8°; — Vie d'Auguste II, roi de Po-
logne et électeur de Sa,xe. Il a laissé en manus-
crit : De Vart militaire de notre époque; —
De la discipline militaire. Ces deux ouvrages
se trouvaient dans la bibliothèque de Zaluski ,
mais sans qu'on eût su s'ils étaient écrits en al-
lemand ou en polonais.
Gadebusch, Bibliothèque livonienne (en allemand).
CAMPENON (Vincent), poète français, né à
la Guadeloupe le 29 mars 1772 (1), mort à Ville-
neuve-sur-Corbeil, près de Paris, lé 24 novembre
1843. Amené de tonne heure en France, il y fit,
à Sens et à Paris, de brillantes études, qui furent
terminées dès l'âge dfe quinze ans. Les succès
que son oncle Léonard avait eus comme poëte
lui firent de bonne heure cultiver la poésie. Mais
son début faillit lui être fatal. Il existait une
feuille satirique qui essayait d'arrêter la marche
révolutionnaire par des cliansons et des épigram-
mes : Campenon y fit insérer une romance en fa-
veur de Marie- Antoinette, et bientôt il ftit obligé
d'aller chercher un asile en Suisse. H y écrivit,
en vers et en prose , la relation d'une partie de
son voyage, qu'û publia en 1 795 sous le titre de
Voyage de Grenoble à Chambéry. De retour
en France , il exerça sa plume dans un journal ,
et donna des vers à VAlmanach des Muses. Ceux
qu'il fit sur Paul et Virginie lui attirèrent l'ami-
tié de Bernardin de Saint-Pierre. En 1802, il fit
connaissance avec Diicis chez madame Paillière,
et mérita l'affection intime de ce poëte tragique.
Campenon tra\^llait à un poëme didactique in-
titulé la Maison des Champs, lorsque parut ce-
lui des Trois règnes de la Nature, par Delille :
il ne voulut point se mettre en concurrence avec
ce poëte, et se décida à retrancher une grande par-
tie de son travail. La facilité, Télégance des vers,
l'heureuse expression des pensées et des senti-
ments, firent regretter que son poëme n'eût point
été publié entièrement. Deux ans après, un autre
poëme, VErifant prodigue, parut avec le môme
succès. A la mort de Delille, on jeta les yeux
sur son imitateur pour le remplacer à l'Institut.
U y fut nommé en 1813 ; mais sa r^ption n'eut
lieu qu'en novembre 1814, sous Louis XVllI.
Campenon n'avait pas cru devoir, comme De-
lille, refus€r ses hommages poétiques au héros
qui régnait sur la France; il avait été un des
nombreux poètes qui célébrèrent le mariage de
Tempereur, et la Requête des Rosières de Sa-
leney se trouve dans le recueil de 1811 (l'Hy'
(1) C'est par erreur que qaelqaes biograpties le (ont
oattre à Sens ou à Grenoble en ITTS oa ITTS.
13,
Mi ' CAMPENON
men et la Naissmice). Néanmoins, dans son dis-
cours de réception, il n'hésita point à représen-
ter Delille résistant à toutes les séductions, et
restant ^è^ à Vinjlexibilité de Vhonneur,
sans que rien pût interrompre son silence cou-
ra^ux ; « silence, ajouta-t-il, que les plus beaux
vers n'eussent pu égaler. » Si Campenon n'imita
point Delille dans ce silence courageux, il ne
suivit pas davantage l'exemple de son maître
Dncis , qui refusa obstinément toutes les faveurs
de l'empereur. Campenon cumulait les emplois de
chef-adjoînt de la 1"^^ division de l'université et
de commissaire impérial près l'Opéra-Comique.
Sons la restauration, ce dernier emploi fut rem-
placé par celui de censeur, avec la décoration
de la Légion d'honneur. En 1815, la protection
du duc de Duras l'avait fait nommer secrétaire
au cabinet du roi et aux Menus-Plaisirs. Il ne
conserva pas cet emploi. Il fut compris dans la
nouvelle organisation de l'Académie française et
nommé oflicier de la Légion d'honneur en 1816.
En 1 823, sa santé s'étant affaiblie, il quitta ses fonc-
tions administratives, et vécut dans la retraite. Ce
poète aimable, et dont les vers ont du charme,
est mort dans sa quatre-vingt-unième année. Voici
les titres de ses ouvrages : Voyage de Grenoble
à Chambéry; 1795; une 3" éd. parut en 1798;
— Œuvrer de Léonard; 1798, 3 vol. in-4°; —
Épître aux Femmes; 1800 ; —la Maison des
Champs ; 3^ éd. enl816 ; — Œuvres choisies de
Cl.Marot; 1809, in-8°;— l' EnJ an t prodigue;
1811, in-18; 1812, in-8°; — Requête des Rosiè-
res de Salency à S. M. l'Impératrice; 1811;
— Histoire d'Ecosse depuis Marie Stuart, etc.,
trad. de l'anglais de W. Robertson; 1820, 3 vol.
in-S"; — Essai sur la Vie et les Écnts de
David Hume (dans l'édition de son Histoire
d'Angleterre) ; — Œuvres d'Horace , trad. en
prose (avec J.-D. Després); 1821, 2 vol. in-S";
— Essai de Mémoires, ou Lettres sur la vie ,
le caractère et les écHts de J.-F. Ducis; 1824,
in-8°. — Sous le titre de Poésies et Opuscules,
1823, 2 vol. in-18, il a réuni ses divers morceaux
de prose et de poésie. Il a donné aussi des notices
sur Gresset, sur Ducis, sur Tressan, dans les édi-
tions de leurs œuvres. Guyot de Fère.
Salnt-fttarc Glrard'n, rtiscours de réception à l'Acad.
fr.— Guyot de Fère, StMlstiqtmdes gens d^ lettres.
CAMPER ( Pierre ), célèbre médecin et ana-
tomiste hollandais, né à Leyde le 11 mai 1722,
mort à la Haye le 7 avril 1789. Il appartenait
à une famille qui avait acquis dans le commerce
une fortune considérable. Son père, Florens Cam-
per, ancien ministre à Batavia, avait un esprit
distingué, et sa maison servait de rendez-vous
aux savants les plus distingués de son époque,
tels que Boerhaave, s'Gravesande , Muschem-
broeck, et Moor. Le jeune Camper, dont l'intelli-
gence profitait de la fréquentation journalière de
ces savants, montra de bonne heure cette curio-
sité ardente qui l'entraînait vers tous les genres
d'études, littéraires et scientifiques. En même
CAMPER
392
temps il se livrait avec succès à l'étude des arts ,
et avant d'avoir atteint sa vingtième année il était
devenu d'une grande habileté dans le dessin à la
plume, le modelage, la gravure à la manière noire,
et la peinture à l'huile. A vingt-quatre ans, il se
fit recevoir docteur en médecine; et les disser-
tations qu'il composa pour obtenir ses grades
eurent l'honneur d'être reproduites par Haller,
Deux ans plus tard , ayant perdu ses parents, i
parcourut l'Angleterre, la France et la Suisse,
visitant partout les établissements scientifiques
et les collections d'objets d'art, se hant ave<
tous les hommes notables, et disputant les pri?
proposés par les académies. Pendant son voyage
il fut nommé professeur de philosophie, de mé
decine et de chirurgie à Franeker en 1749. Qua
tre ans après, en 1753, on le nomma professeu
de chirurgie et d'anatomie à l'Athénée d'Amster
dam. En 1758, il devint professeur de médecin
dans le même établissement. Il se démit de ce
fonctions en 1761 pour habiter la maison d
Klein-Lankum, près de Franeker, et il fut noram
député aux états de Frise. Deux ans après,
rentra dans le professorat, et fut chargé d'enseï
gner la médecine, la chirurgie, l'anatomie et I
botanique à l'imiversité de Groningue, qu'il quitt
en 1773. Plus tard, il devint conseiller d'État
et il remplissait ces fonctions à l'époque des év^
nements de 1786. Il resta attaché au parti A
stathouder ; mais les mesures politiques qui fi
rent prises alors par le parti victorieux n'ayar
point son assentiment, lui inspirèrent une tris
tesse profonde qui exerça une funeste iniluenc
sur sa santé. Il mourut d'une pleurésie en 178!
Malgré les occupations nombreuses qui résu
tèrentpour Camper de ses fonctions comme pn
fesseur, comme député et comme conseiller d'J
tat, il est ti-ès-remarquable qu'il ait pu trouvi
le temps nécessaire pour écrire avec une supéri
rite incontestable de nombreux mémoires sur L
sujets les plus variés, la philosophie, les arts,
toutes les branches de la médecine et de l'an;
tomie. Ses travaux en anatomie comparée, éta;
les plus importants de tous ceux qu'il a publié
méritent une attention toute spéciale.
C'est Camper qui a découvert en 1761 leso
ganes auditifs des poissons , déjà indiqués, ma
d'une manière très-inexacte et seulement ch'
quelques espèces, par Geoffroy. Gabbé avait dd
obsei-vé que les os des oiseaux ne contienne
point de moelle ; et il avait fait remarquer qi
cette disposition est pour ces organes une co
ditiondestabihté. Camper reconnut, en 1771, q
cette particularité était en rapport avec l'appar
respiratoù'e des oiseaux, et que l'air introdi
dans le poumon pénèti'e dans les cavités q
présentent les os des oiseaux. Cette observât)
fut répétée en 1774 par John Hunter, qui s'
attribua l'honneur, et qui est encore aujoi
d'hui considéré, par beaucoup d'anatomistc
comme l'auteur de cette découverte : elle app;
tient incontestablement à Camper. :
393
CAMPER
394
Les relations des Hollandais avec différentes
parties du globe, en Asie, en Afrique et en Amé-
rique, permirent à Camper d'observer et de
disséquer un certain nombrtî d'animaux fort
rares, et dont l'histoire étiit alors à peine con-
nue. Il est le premier anatomiste qui ait disséqué
l'orang-outang. Le mémoire qu'il consacre à cet
animal est important sous plusieurs rapports.
On se demandait alors sérieusement si l'orang-
outang ne serait point un homme dégénéré , et
si la race nègre ne proviendrait point d'un mé-
lange de l'espèce humaine avec les grandes es-
pèces de singes. Camper démontra qu'entre
l'homme et l'orang-outang il y a des différences
organiques très-marquées ; que , par exemple ,
dans cet animal la colonne vertébrale est droite ;
q !i oUe ne présente point les diverses courbures qui
la caractérisent chez l'homme, et qui jouent un si
fiiand rôle dans le mécanisme de la station bipède.
Le larynx de l'orang-outang a présenté à Cam-
per une disposition toute spéciale, et qui, chose
remarquable, se trouve dans la description ana-
tomique que Galien a donnée du larynx. Comme
cette disposition ne se retrouve point chez les
autres singes. Camper en conclut que la descrip-
tion du larynx, dans Galien , a été faite d'après
l'orang-outang, ou quelque autre espèce de singe
encore inconnue de l'intérieur de l'Afrique. Les
anciens , dit-il , ont bien pu connaître l'orang-
outang, puisqu'ils connaissaient incontestable-
ment des animaux qui habitent les mêmes con-
trées. Ainsi Plutarque a parlé d'une espèce de
dideiphe. Du reste. Camper n'a point dit, comme
on le répète partout , que Galien ait fait toutes
ses descriptions anatomiques d'après l'orang-ou-
tang; ce qui le prouve, c'est qu'il fait remar-
quer que Galien ne connaissait point l'appendice
verniiculaire du caecum, organe qui existe chez
l'orang-outang.
C'est encore à Camper que l'on doit les pre-
mières notions précises sur l'ostéologie du rhi-
nocéros à deux cornes , sur la distinction du
dugong, qui était alors confondu avec le morse ;
sur l'oryctérope, qu'il désigne sous le nom de
fourmilier d'Afrique ; sur le mode de gésier du
pipa; sur le larynx du renne. Il a fait paie-
ment avec soin l'anatomie de l'éléphant ; mais
ici il avait été précédé par des anatomiste fran-
çais, Claude Perrault et Duverney.
L'histoire naturelle de l'homme, qui venait
d'être créée par Buffon, a fourni à Camper le
sujet de deux mémoires, tous deux d'une très-
grande importance, bien qu'ils n'aient pas eu la
même fortune. Dans le premier, qui est presque
entièrement oublié , Camper recherche la cause
de la couleur des nègres ; il montre que la couche
' de la peau qui est chez le nègre le siège de la
couleur noire existe aussi dans la race blanche ;
et que cette couche, ordinairement incolore,
peut quelquefois acquérir, sur certains points
du corps, une coloration noire très -intense.
Le second mémoire est intitulé Dissertation
physique sur les différences réelles que pré-
sentent les traits du visage chez les hommes
de différents pays et de différents âges ; sur le
beau qui caractérise les statues antiques et les
pièces gravées ; suivie de la proposition d'une
nouvelle méthode pour dessiner toutes sortes
de têtes humaines avec la plus grande sûreté.
Dans son Histoire naturelle de l'homme, Buf-
fon s'était borné à décrire les caractères exté-
rieurs des diverses races d'lH>mn)es. Campei
essaye d'aller plus loin, en trouvant dans l'orga-
nisation intérieure la raison des caractères exté-
rieurs. Le mémoire de Camper a pour but d'expli-
quer anatomiquement les variétés caractéristiques
du visage dans l'espèce humaine. Ces variétés
tiennent à l'allongement plus ou moins grand des
mâchoires , ce que les anthropologistes actuels
appellent le prognathisme de la face. Camper
fait connaître d'une manière très-exacte les dif-
férentes modifications que les os des mâchoires
éprouvent dans les divei*S€s races et aux dif-
férents âges de la vie, et il montre comment ces
modifications sont en rapport avec les variétés
de la face. La distinction des trois races, toutes
caractérisées par la forme du visage , se trouve
très-explicitement indiquée dans ce travail.
Camper, aussi habile dessinateur qu'exact
anatoDoiste , reconnut que plusieurs de ces diffé-
férences pouvaient s'exprimer par l'intersection
de deux lignes : l'une horizontale, allant de la
mâchoire supérieure au trou de l'oreille ; l'autre
plus ou moins rapprochée de la verticale , et se
dirigeant depuis la saillie du front jusqu'à la mâ-
choire supérieure. L'angle que forment ces Jeux
lignes est célèbre dans la science sous lenorad'an-
gle facial. On a souvent parlé de l'angle facial, et
on a presque toujours attribué à Camper ies idées
qu'il n'avait point. L'angle facial n'était point
pour Camper une mesure de l'intelligence j ce
n'était qu'un moyen d'exprimer les différences
caractéristiques des races humaines ; et le plus
grand degré d'ouverture de cet angle était seule-
ment pour lui l'expression d'une beauté physi-
que supérieure , beauté qu'il voyait réalisée dans
les chefs-d'œuvre de la statuaire antique.
Il faut encore mentionner ici un mémoire fort
curieux d'anatomie comparée , et qui s'adresse
également aux savants et aux artistes. Ce mé-
moire , dans lequel Camper développe les idées
déjà émises par Buffon et par Belon, a un dou-
ble objet : de montrer aux anatomistes l'éton-
nante analogie qui existe entre la structure
du corps humain et celle des quadrupèdes,
des oiseaux et des poissons ; et aux dessina-
teurs, le moyen de représenter facilement toutes
les espèces animales à l'aide d'un dessin pri-
mitif, de métamorphoser, comme il le dit lui-
même , une vache en oiseau, un quadrupède
e« homme.
Camper s'est occupé également de l'étude des
ossements fossiles. Il a reconnu, l'un des premiers,
dans ceâ débris des traces de l'existenœ d'es-
S95
pèces détruites , et il a prédit les grands résultats
que la science obtiendrait de ces sortes de recher-
dies. En médecine, les travaux de Camper
sont très-variés; ils concernent toutes les bran-
ches des sciences médicales : médecine, hygiène
publique et privée, ànatomie des peintres, mé-
decine légale, artvétérinaire, mais surtout la chi-
3urgie. Ces travaux, quelle que soit leur valeur,
îi'ont point cependant l'importance des travaux
d'anatomie comparée ; aussi me bornerai-je à men-
tionner que Camper est le premier qui ait pra-
tiqué sur un animal vivant la section de la sym-
physe du pubis, opération que Sigaud avait pro-
posée dans certains accouchements laborieux. Je
citerai encore un grand mémoire qu'il adressa
• à l'Académie de Rotterdam, en réponse à cette
question : «Exposer les raisons physiques qui ren-
flent l'homme sujet à plus de maladies que les
antres animaux, et les moyens de rétablir la
santé, qu'on peut tirer des observations formées
{>ar l'anatomie comparée. » C« mémoire, quoique
imparfait à beaucoup d'égards, est intéressant en
ce qu'on y trouve, comme un programme d'une
science encore presque entièrement à faire , la
patfjologie comparée.
L'épizootie qui fit de si grandsravagesen France
<!e 1774 à 1778, donna à Camper l'occasion de
constater un fait d'une grande importance, et qui
a t'Sé presque entièresnent oublié depuis. Dès le
début de l'épidémie, Camper, qui avait été l'un
des promoteurs de l'inoculation de la petite vé-
role dans la Frise, s'unit avec un de ses collègues,
le pmfesseur Van Dœveren, pour essayer sur
le bétai! malade des expériences d'inoculation.
Ils éprouvèrent d'abord de très-grandes difficul-
tés, car leurs expériences furent souvent inter-
ixjmpues par le mauvais vouloir des paysans;
■ enfin, après beaucoup d'essais infructueux. Cam-
per reconnut, d'après une indication qui lui fut
donnée par un cultivateur nommé Painders, que
l'inoculation pouvait être prorogée sans danger
sur les veaux nés de vaches guéries de l'épizootie.
Par ce procédé. Camper arriva à n'avoir qu'une
mortalité de 3 pour 100 , tandis qu'auparavant la
mortalité était des dieux tiers.
Camper a laissé également divers travaux pu-
i-ement philosophiques ou artistiques. On y
remarque , entre autres , un mémoire sur le
beau physique. Lorsqu'il était député aux états
de Frise , il s'occupa de l'étude des meilleurs
procédés de construction des digues, qui étaient
alors menacées de ruptures. Enfin Camper porta
pour ainsi dire le coup d'oeil du génie sur une
foule d'objets intéressants ; mais presque tous
ses travaux ne furent que des ébauches.
Yoici la liste des principaux écrits de Cam-
per : Dissertatio de visu; Leyde, 1746, in-4'';
_ Dissertatio de quiJrusdam oculi partibus;
ibid., et Amsterdam, 1759, in-4°; — Oratio de
anatomes in omnibus scientiis usu ; Amster-
dam, 1755, 10-4° ; — Oratio de certo in medir
cina:'û»d., 1758, in-4''; — Demonstrationes
CAMPER - CAMPESTER 396
anatomico-patkx)loqu^x ; la Haye, part, r^,
1760; part. 11% 1762, in-fol.; — Oratio de ad-
mirabili analogia inter stïrpes et anlmalia;
Groningue, 1764, in-4''; — Dissertatio de clau-
dicatione; Groningue, 1763, in-4"; — Oratio
de pulchro physico ; ibid. ; — Dissertatio de
callo ossium; ibid., 1765, 10-4"; — Epistola
ad anatomicorum principem magnum Albi-
num; Groningue, 1767, in-4''; — Dissertatio
de fractura patellse et olecrani; la Haye,
1789, ïQ-i° ; — Dissertationes X, quibus ab il-
lustrissimis Europx, prsecipue Gallue, acade-
mi'is palma adjudicata fuit; Lingen, 1798-
1800,2 vol. in-S". Quelques-uns de ces mémoires
ont été traduits en français et publiés sous le titre :
Œuvres qui ont pour objet Vhistoire natu-
relle, la physiologie et l'anatomie comparée ;
Paris, 1803, in-S". Dakeste.
Biographie médicale — Vioti-d' Azyr, Éloge de Camper
— Condorcet. Éloge de Camper. — Cuvier, Diacotirs fur
les prmrès des scieiices, etc. — Adrien-Gilles Camper,
Notice s«r jP. Camper,- Louvain, 1791, ln-8°.— J. iMul-
der, Éloge de P. Camper; Aasierard, 1809.
CAsiPHSAKJ {Benvenuto de), poète italien
né à Vicence en 1260, mort en 1324. 11 avait df
telles dispositions pom- la poésie, qu'à peine àg(
de vingt ans, sa réputation était déjà établie. 1
est regrettable qu'aucun de ses ouvrages ne soi
arrivé complet jusqu'à nous. Campesani aval
composé en l'honneur de l'empereur Henri VU
un poème héroïque en vers pentamètres, an su- ^
jet de l'affranchissement de Vicence de la domi- ]
nation de Padoue; mais le manuscrit de cetti
pièce est i>erdu : on n'en a que quelques frag
ments, rapportés par Pagliarini dans sa Chroni
que de Vicence.
Ferreto, In excessum Eénveimti de Campesanis. -
Murnlorl, Scriptores rerum Ualicarum. — Pagliarini
JJistoria yicentise.
CAMPESANO {Alexandre), poète latin e
italien, né à Bassano le 9 avril 1521, mort dan
la môme ville le 12 juin 1572. Après avoir étu :
dié le droit à Padoue sous Lazare Buonamico
et à Bologne sous André Alciat , il fut norami ;
eu 1542, âgé de vingt et un ans, professeur sup
pléant de droit à Padoue ; mais cette chair
ayant été bientôt après supprimée par le séna
de Venise , Campesano retourna dans sa vill j
natale, où il occupa depuis des places dans l'ad i
ministration, tout en se vouant au culte des let !
très. On a de lui : Rime, insérées dans les Rim
scelle de' poeti Bassanesi; Venise, 1576, iu^"
et 1769, in-S"; — Carmina latina, dont quel
ques-uns dans Ruscelli, Recueil de vers latin
faits à la louange de Jeanne d'Aragon ; -
Lcttere diverse, insérées dans différents re
cueils ; — Testament de Campesano , dan
OpuscoU scientif. et filolog., t. XXII, p. 267
RaccoUa d' Opuscoli scient., t. XVIII. - Jfuova rail
colta d Opusc, etc., t. XX 111, p. U et suiv.; et t. XXX
* CAMPESTEB ( Lambert), dominicain saxon j
vivait dans la première partie du seizième sièck'
Ses contemporains lui reprochèrent les mœur
!39T CAMPESTER -
i lesplus déréglées, et le traitèrent d'impudent pla-
! giaire. Ayant été témoin de l'immense succès qu'eut
ien 1522 la première édition des Cofloquia d'É-
'rasme, il en fit imprimer une contrefaçon, sous le
inom de cet érudit célèbre, mais après avoir eu
^ 5oin d'en retrancher tout ce qui avait déplu à ses
«nfrères, c'est-à-dire ce qui concernait les cou-
*ents, les vœux, les pèlerinages, les indulgen-
ts, etc. Son plagiat fut dévoilé ; Campester chan-
;ra alors de religion, et, de moine fanatique, il
ii'vint ministre protestant. On ignore l'époque de
u mort de Campester.
Bnrlgny, f <e d'Érasme, t.I, p. 68*.
*CAMPETTi { Pierre-Calixte) , théologien
lançais, de l'ordre des Capucins, mort à Bor-
!eaux en 1670. Il appartenait à une noble fa-
1 mille de Saint-Sever, en Guyenne. On a de lui :
j Pastor catholicus , de Theologia pastoraUs
l 'ti très partes dïstributa : scilicet in cate-
j histicam, moralem et sacramentalem , in
) uilnis rudimenta Jidei et ea quse ad bonos
[ nores pertinent plenius explicantur ; Lyon ,
; 668, in-fol. ; — De Prœceptis Decalogi et Ec-
I teia'; Lyon, 1669, in-8°; — De peccatis sep-
emmortalibus et censuris ecclesiasticis ; Lyon,
M 669, in-S".
Bernard de Bologne, Bibl. Oapucein-
CAiHPHARi {Jacques }, théologien génois, né
Gênes en 1440. Il se fit recevoir dans l'ordre
e Saint-Dominique, et alla en Angleterre terrai-
er ses études au collège d'Oxford, où il se fit
revoir licencié en philosophie. De retour en
;alie, il publia : De immortalUate animae, opus-
ulum in modum dialogi (ce traité est en ita-
:en, quoique le titre soit en latin) ; Rorue, J.-P. Li-
namine, 1472, in-f ; Milan, 1475 ; Vienne, 1477 ;
osenza, 1478. Ces quatre dernières éditions sont
11-4°.
! Échard, Script, ord. Prœdicat.
\ *CAMPHAUSEiv {MatMas), théologien ca-
tholique, de l'ordre des Jésuites, né à Dusseldorf
îe 16 aoOt 1636, mort dans la même ville le
\.% septembre 1703. Il entra dans la congréga-
lion à Cologne en 1655, et se fit remarquer
.'omme prédicateur dans plusieurs endroits de
KVestphalie, notamment dans sa ville natale, où
[ ! était retourné vers la fin de sa vie. On a de
'-'ui : Passio Dom. Nostri J.-C. adumbrata in
^^guris et Prophetis antiquse legis, etc. ; Co-
logne, 1704, 2 vol. in-4°.
j Har^eim, Bibl. Colon.
\ ^CAMPHAUSBN {Ludol/J, homme d'État
iiimssien, né à Hiinshoven le 3 janvier 1803.
j'!".n 1825, il fonda à Cologne, en société avec son
l'irère aîné, une maison de banque. 11 devint alors
«membre ''e la plupart des réunions d intérêt gé-
jiiéral, et fut un des premiers qui entreprirent de
hJoter l'Allemagne d'un réseau de chemins de
fer. Il publia à cet effet plusieurs écrits qui té-
jtnoignent beaucoup de connaissances pratiques.
jEn même temps il défendit la liberté a>mmer-
leiale contre l'exagération du système protecteur.
CAMPHAUSEN 398
De 1839 à 1848, il ftit président de la chambre
de commerce de Cologne. En 1841, il fonda la
société des remorqueurs à vapeur du Rhin, et
en 1842 il entra dans la carrière politi({ue par
son élection de représentantde Cologne à la diète
provinciale rhénane. Jl se lit remarquer dans
cette assemblée par l'importance des motions
qu'il y faisait adopter. En février 1848, il siégea
au comité des états à Berlin ; le 29 mars, il fut
nommé président du conseil des ministres. Placé
entre les exigences de la démocratie, qu'il vou-
lait maintenir dans les limites de la mcdération,
et celles de la cour, qui lui demandait de revenir
sur les progrès accomplis, il ne put rien réalisef
d'important. U voulut alors convoquer la diète
réunie, et il soumit à l'assemblée nationale, con-
voquée à la suite des anciens états, le projetée
constitution préparé par M. Hansernann. Calqué
sur la constitution belge, ce projet maintenait le
cens électoral, et omettait certaines dispositions
libérales consacrées par la constitution pnse
pour modèle. En présence d'un tel résultat,
M. Camphausen donna sa démission le 30 juin.
Au mois de juillet, il refUsa le portefeuille des
affaires étrangères, que lui offrait le vicaire de
l'Empire , de même qu'il avait refusé la prési-
dence de l'assemblée nationale. Déjà opposé aux
prétentions de souveraineté élevées par le par-
lement de Francfort, il se montra aussi l'adver-
saire de toutes les mesures de nature à amoin-
drir l'inlluence de la Prusse. Vers la fin de
juillet, il fut nommé ministre d'État et ministre
plénipotentiaire auprès du pouvoir central. Dans
cette position, il se montra opposé en même
temps au rétablissement de l'Empire et à la
constitution proposée, comme étant trop démo-
cratique. Il provoqua une déclaration analogue
de la part de trente et un gouvernements. C'eit
encore lui qui fut l'inspirateur de la circulaire en
date du 23 janvier 1849, dans laquelle, pour la
première fois, apparaissait l'idée d'une confédé-
ration allemande, sous la direction de la Prusse.
Depuis, M. Camphausen fit partie des diverses
assemblées prussiennes qui se succédèrent, de
même qu'il siégea au parlement d'union à Er-
furt. Durant la session de 1849 à 1830, il mit de
nouveau en avant sa politique de conciliation.
En 1850, il défendit la constitution qui fut le ré-
sultât des délibérations entamées sur cette ma-
tièreà l'hôtel de ville d'Erfurt. Il rentra dans l'op-
position lorsqu'il vit la politique se jeter dans la
voie ouverte par les conférences d'Olmiitz et de
Varsovie , et à partir de ce moment il reprit sa
position d'associé gérant de la maison de ban-
que de son nom.
Convers.-Lexik. — Gazette d' Âiigsbourg. — Gazette
de Leipzig.
*CAMPHArsEiv {Otto), frère du précédent,
économiste allemand, né à Hiinshoven le 21 oc-
tobre 1812. Il étudia à Bonn, à Heidelberg, à
Munich et à Berlin ; puis il vint participer aux
entreprises commerciales etindustrielles de son
399
CAMPHAUSEN — CAMPI
40(
frère Ludolf, tout en remplissant, de 1 834 à 1 844,
des fonctions administratives. En 1847, il rédigea
le projet d'impôt sur le revenu présenté à cette
époque aux états. Il fit ensuite partie des diver-
ses assemblées qui siégèrent de 1849 à 1850.
Gomme son frère Ludolf, il se fit constamment
remarquer par un libéralisme modéré.
Cojwersations-Lexihon.
CAMPHUTS {Jean), en latin Cam/phlus,
homme d'État hollandais, né à Harlem en 1634,
mort à Batavia en 1695. Il était compagnon or-
fèvre lorsqu'à vingt ans il s'engagea au service
■de la compagnie hollandaise des Indes. Il par-
courut tous les établissements néerlandais de
l'Asie et de rOcéanie , et de grade en grade ar-
riva, en 1684, au poste suprême de gouverneur
général. Cette éminente position ne l'enfla pas
d'orgueil ; et , se souvenant toujours de son
extraction, il prit un marteau pour armoiries.
Son administration fut aussi brillante qu'ho-
norable. En 1691, Camphuys donna sa démis-
sion, et se retira dans une superbe habitation
qu'il s'était fait construire près de Batavia. Il
s'était plu à l'enrichir d'un jardin botanique,
où se trouvait une collection aussi riche que va-
riée des plantes australes. Rumphius en a fait la
description sous le litre de Herbarium Amboi-
nense. On a de Camphuys une Histoire de la
fondation de Batama, ouvrage très-estimé des
géographes et des savants. Il avait en outi-e ras-
semblé tous les matériaux propres à une his-
toire du Japon, et il les donna au célèbre Ksemp-
fer. Ce dernier les a employés dans la relation
de ses voyages , mais il a omis le nom de celui
dont il les tenait.
Cbalraot, Biogr. TFoodenb.
CAMPHITYSEN OU RAMPHOTZEIii ( Tîhéo-
dore-Raphaël) , peintre, théologien et poète
hollandais, né àGorcum en 1580, mort àEtokkum
(Frise) en 1626. A huit ans, il eut le malheur
de perdre sa mère ; et son père, qui passait pour
un des meilleurs chirurgiens de l'époque, mourut
peu de temps après. Le sort de Raphaël Cam-
phuysen, resté orphelin, dépendit alors de son
frère aîné, aussi chirurgien. Celui-ci, ayant re-
marqué dans Raphaël quelques dispositions pour
la peinture, le fit entrer dans les ateliers de
Thiery Goretz, bon peintre, que l'élève égala
et surpassa en peu de temps. Le talent de Cam-
phuysen consistait dans la composition de pe-
tits paysages, qu'il animait de masures, d'écu-
ries, de bestiaux, de personnages exécutés avec
une intelligence et un fini d'exécution dont au-
cun peintre hollandais ne s'était encore douté. II
excellait surtout à représenter les soleils cou-
chants et les effets de neige. On peut dire qu'il
fut le premier de sa nation qui sut employer la
lumière et éclairer une toile. Ses tableaux sont
très-recherchés et très-rares ; car à dix-huit ans
Camphuysen, mal conseillé, abandonna tout à
coup la peinture pour se livrer à la théologie
Emporté par la passion dominante de l'époque,
il suivit les conférences de l'Académie de Leyde
et embrassa les doetiines d'Arminius avec tout
la ferveur que peuvent donner la conviction e
la véritable piété dans une âme honnête. Ce zèl
sincère fit le tounnent de ses jours, en l'expo
sant à des persécutions sans cesse renaissante
de la part des partisans des autres sectes. L
patience et la charité caractérisèrent éminem
ment Camphuysen ; mais ses qualités ne l'eni
péchèrent pas d'être expulsé de la cure de Vieu
ten, qu'il avait précédemment obtenue. Réduit
errer en fugitif de bourgade en bourgade, ei
proie à toutes les souffrances, à toutes les pri
vations de la misère, Camphuysen dut souver
regretter sa palette et ses pinceaux, qui luiavaien
ouvert une si belle carrière ; la poésie, il est vra
lui servit de soulagement et de consolation. Il
laissé les ouvrages suivants : Valemundo; 165(
in-4° ; — Theologische Werclte (Œuvres théc
logiques); Amsterdam, 1657, in-8% 1672, in-4'
— Paraphrase des Psaumes, en rimes flamai
des; in-12; — Deauctoritate sanctee Scriptur
et Lectiones sacrée, version flamande d'apr*
Fauste Socin, avec notes ; 1666, in-4°; — Car
tilenee sacrœ; Amsterdam, 1680, in-12, musiqi
de Bathlerus ; — De statu Animarum, précéc
d'un Compendium doctrinœ Socinianorim
Ces écrits témoignent de convictions honnêtes
mais on peut reprocher à Camphuysen de s'éti
ti-op abandonné à sa facilité.
Descamps, Fies des peintres flamands'. — Nagle
Neues Allgemeines Eûnstler-Lexicon.
* CAMPI ( Galeazzo ) , peintre , né à Crémoi
en 1475, mort en 1536. On croit qu'il fut élè'
de Boccaccino l'ancien. Bien que tous les bii
graphes s'accordent à dire qu'il exécuta un grai
nombre d'ouvrages, on n'en connaît que tic
dans les églises de Crémone, et aucun ailleur
Le premier est une Vierge avec saint Séba
tien et saint Rock, à l'église Saint-Fabien
Saint-Sébastien, portant l'épigraphe : Galeatit
de Campofaciebaf MDXVIII; le second, qui
trouve dans l'église Saint-Luc, est une Madm
avec saint Joseph et la Madeleine; le tn
sième enfin, et le mieux conservé, est enco
uue Vierge avec saint Jean-Baptiste , saii
Christophe et sainte Catherine de Sienne, pla
au-dessus de la porte de la sacristie de Sair
Dominique. Quelques tableaux de chevalet so
conservés dans des galeries particulières de Cr
mone; l'un d'eux est signé : Galeaz de Cami
pinxit MDXIX, die 14 augusto (sic). Dans c
tableaux Galeazzo ne paraît qu'un faible imit
leur du style du Pérugin la couleur est franc:
et naturelle, mais le clair-obscur est sans ^
gueur, le dessin maigre, et l'expression null
En somme, ce peint'e est surtout connu poi
avoir été le chef de cette famille d'artistes q
illustra l'école de Crémone. 11 laissa trois fils
un frère nommé Sébastien, qui l'avait aidé da
ses travaux, et dont on ne connaît pas de pei
tures qui lui soient propres. ,,. , E. B — k.
101
CAMPI
402
I zalst, ffotisie storichndef pittoriXremoneii. " Lanzi,
[toria pittorica.— TIcoïzt, Dizionario.
I * CAMPI ( Giulio ), peintre, né à Crémone vers
l 502, mort en 1572. Il est, comme Louis Car-
i ache, (le l'école de Crémone. Fils aîné de Ga-
! eaizo, il forma le dessein de se composer un'
; tyle propre, réunissant les perfections des pein-
t -es les plus célèbres. Son père, qui fut son pre-
lier maître, l'envoya à l'école de Jules Romain,
1 ui alors était à Mantoue ; et, sous la direction de
> grand maître, Giulio étudia à la fois la pein-
irn et les principes de l'architecture et de la
orspective. Le plus ancien ouvrage connu de
Miilio porte la date de 1530; le dernier, celle
' 1366. Pendant cette période, il ne cessa de
raJiiire, L'église Sainte Marguerite de Crémone
it entièrement ornée par lui seul, et dans celle
• Saint- Sigismond on voit des chapeUes qui
I ent son ouvrage et celui de ses élèves ; enfin,
a laissé deux Vierges à Saint Na/aire, où est
Lsevelie la famille des Campi. A Milan , nous
)uvons de lui, à Saint-Paul, plusieurs fresques
une Sainte Famille ; à Santa- Maria délia
issione, une Flagellation ; à Brescia, au palais
; la Loggia, huit fresques représentant toutes
s exemples de bonne et sévère justice. On
lit aussi quelques tableaux de ce maître dans
5 galeries. D'après les principes puisés à l'école
Jules Romain, Giulio fixa pour l'école de Cré-
une les bases du bon goût ; il emprunta à son
aître le haut style du dessin, l'intelligence du
1, la richesse et la variété des idées, la magni-
ence de l'architecture, enfin une habileté uni-
rselle à traiter tous les sujets. Ayant fait aussi
le étude particulière des ouvrages du Titien, du
jrrége et de Raphaël, il acquit une couleur et
le grâce qu'on chercherait en vain chez le chef
', l'école de Mantoue. Giulio surpassa ses frères
11' l'élévation du style et la science anatomi-
16, et ne le céda qu'à Bemardino pour la pu-
rté du dessin. E. Breton.
ZaUt, Notiiie storiche d^ pittori Cremonesi. — Lanzi,
oria pittorica — Baldinucci, Hotizie. — Pîravano,
; uida di Milano,
CAMPI {Antonio, le chevalier) , peintre, ar-
litecte et historien, né avant 1536 , vivait en-
ne en 1591. Il était second fils de Galeazzo, et
1ère cadet de Giulio, qui lui apprit la peinture et
- architecture ; il s'exerça beaucoup plus que lui
ms la dernière de ces professions : ses connais-
'inces en cet art lui permirent d'embellir ses
impositions d'architectures très-remarquables,
î abile perspecteur, il déploya une grande science
'S effets d'optique de bas en haut, du sotto in sit,
imrae disent les Italiens. Son modèle favori fut
Corrége, dont il réussit parfois à imiter la grâce;
ais souvent aussi il tomba dans le maniéré,
1 voulant faire briller mal à propos la science
^ raccourcis. Souvent il règne dans ses compo-
tions une certaine confusion. Si Antonio eût su
t'ttre on frein à son imagination vive, brillante,
ais emportée, il eût acquis une sagesse et une
ireté de dessin qui lui manquent trop souvent.
Ses principaux ouvrages sont la Décollation de
saint Jean, à Saint-Sigismond de Crémone ; et à
Saint-Paul de Milan, le Martyre de saint Lau-
rent, la Décollation de saint Jean, la Conver-
sion, le Baptême et la Mort de saint Paul,
un MirQcle et une Nativité. Campi a laissé dans
la même ville, à Santa-Maria délia Passione,
les Saintes femmes au tombeau ; à Saint-Bar-
nabe, Sainte Catherine et Sainte Agnès; à
Santa-Maria di S. Celso, une Résurrection
de J.-C. ; enfin à Saint-Maurice, une Adoration
des Mages.
Antonio modelait avec talent ; il a gravé sur
cuivre plusieurs planches justement estimées ;
enfin, il fut l'historien de sa patrie, dont il publia
en 1585 la chronique, enrichie de nombreuses^
planches. Cet ouvrage a pour titre : Cremona,
Hdelissima città e nobilissima colonia de'
Romani, rappresentata in disegno col suo
contado, e illustrata d' una brève istoria délie
case più notabili appartenenti ad essa , e di
ritratti naiurali de' duchi e duchesse di Mi-
lano, e compendio délie loro vite, in-fol.
Antonio Campi avait reçu de Grégoire XIII la
décoration de l'ordre du Christ.
E. Breton.
Zaist, Notizie de'pittori Cremonesi. — LoDoazzo, Idea
del tempio dellapiûura. — Lanzi, Storia pittorica. —
Pirovano, Guida di Milano. — Valéry, Fogages en
Italie.
* CAMPI ( Vincenzo), peintre, né à Crémone
avant 1532, mort en 1591. Il était le plus jeune
des fils de Galeazzo, et fut élève de son frère
Giulio. Il se montra digne de sa famille : s'il fut
inférieur pour le dessin à ses frères, fl les égala
par le coloris. D excella dans les portraits et les
tableaux de fruits. Quant aux sujets religieux,
il n'en traita qu'un petit nombre. On trouve ce-
pendant de lui quatre Descentes de croix dans
les églises de Crémone : celle de la cathédrale
est la plus estimée. A Milan , U a travaillé avec
ses frères à la décoration de l'église Saint-Paul;
on y remarque Saint Pierre recevant les clefs
des mains du Rédempteur. E. B — n.
Zaist, Notizie dé" pittori Cremonesi. — Laazi, Storkl,
pittorica, — 'Winckelinatm, tieues Mailler- Lexicon,
CAMPI {Bemardino), peintre, né à Crémone
en 1525, vivait encore en 1590. On ne sait pas
quelle était sa parenté avec les fils de Galeazzo,
ni même s'il ap[iartenait à la même famille. Il
avait d'abord embrassé la profession d'orfèvre,
qu'exerçait son père Pietro Campi ; mais la vue
de deux tapisseries de Raphaël lui révéla sa vé-
ritable vocation. II entra d'abord dans l'atelier
de Giulio Campi, puis il alla travailler à Mantoue
sous Ippolito Costa ; toutefois l'exemple de Ra-
phaël fut toujours présent à sa pensée , et ne
cessa d'exercer sur son style la plus heureuse in-
fluence, n étudia aussi à Mantoue les onze Cé-
sars du Titien, et, après les avoir copiés, en
ajouta un douzième, qu'il était impossible de dis-
tinguer des autres. Enfin, il mit aussi à profit
les chefs-d'œuvre du Con-ége à Modène à Reg-
I
408
CAMPI — CAMPIAN
4(
gio et à Parme. Ce fut de ces éléments divers
qu'il se foraia une manière propre et originale,
et qui ne permet jamais d'apercevoir l'imitation.
Bernardino est plus timide, mais plus correct
que les autres Campi : il n'est point aussi gran-
diose que Giulio , mais il comprend mieux le
beau idéal; il parle davantage au cœur. Ses
principaux ouvrages dans sa patrie sont la
Sainte Cécile jouant de l'orgue, la Sainte Ca-
therine, le Chœur d? Anges, et les Prophètes de
Saint-Sigismond, et surtout V Ascension qu'il pei-
gnit en 1568 à Saint-Dominique, laquelle est re-
gardée comme la plus parfaite de ses peintures.
A Milan, nous citerons, à Saint- Paul, le Sauveur
donnant les clefs à saint Pierre; à Saint-Antoine
abbé, la Vierge, l' Enfant, sainte Catherine et
saint Paul; à Saint-Fidèle, une Transfigura-
tion. A Pavie, on conserve dans la Chartreuse
une Assomption dont la partie supérieure est du
Gobbo,et un Saint Matthieu dans l'église Saint-
François. Le musée du Louvre possède de ce
maître une Vierge pleurant sur le corps du
Sauveur.
Bernardino a laissé aussi quelques bonnes gra-
vures, parmi lesquelles la Résurrection de La-
zare, d'après un tableau de la cathédrale de
Crémone ; cette estampe est signée BerHar-
dinus Campus Crenwuensis. Jl publia en 1584
un livre intitulé Parer sulla pittura.
Ses principaux élèves furent : Coriolano Mal-
gavazzo, Cristoforo Magnani, le Chiaveghino, et
surtout Sofonisba Anguissola et Giovanni-Bat-
tista Anguissola, dit le Malosso.
E. Breton.
Zaist, Notizie de' pittori Cremonesi. — Lanzi, Storia
pittorica. — Orlandi, Jbbecedario. — Tlco7.zi, IHzio-
nario.
* CAMPI ( Bartolommeo) , architecte et ingé-
nieur militaire crémonais, vivait en 1560. Il ser-
vit longtemps en cette qualité dans les armées
de Charles IX, roi de France, et jouit de la plus
grande faveur à la cour de ce monarque.
E. B-n.
Tlcozzi, Dizionario.
*CAMPï {François), médecin italien, natif de
Lucques,vivaitdans la seconde moitié du seizième
siècle. On a de lui : De morbo ariefis libellus,
Lucques, 1586, in-8" : c'est la description d'une
épizootie qui régnait vers cette éiwque en Italie
et en Espagne, et que Gaspard Fiorella a décrite
BOUS le nom de JEgritudo ovina ; — De morbo
gallico , etc.
Carrière, Bibl.de la Méd. — Cinelli, Biblioth.
CAMPI {Michel et Balthazar), frères, tous
deux botanistes, natifs de Lucques, vivaient dans
la première moitié du dix-septième siècle. Après
avoir étudié les écrits des Arabes et ceux des
anciens , surtout Dioscoride , qu'il est si dif-
ficile de débrouiller sous le rapport botanique ,
ils eurent recours au grand livre de la nature, et
firent en commun des voyages tant aux Apennins
qu'aux Alpes, pour recueillir des plantes incon-
nues. Les résultats de leur travail commun sont
les ouvrages suivants ; Nuovo discorso, n
quale si dimostra quai sia il vero mittrida
contra Vopinione di tutti gli scrittori ed ar
matarj, con un brève capitolo del vero asp
lati; Lucques, 1623, in-4°; — Parère sopra
balsamo; Lucques, 1639, in-4°; — Rispos>
ad alcune oggezioni fatte al libro suo d
balsamo; Lucques, 1639, in-4% et 1649, in-4
— Dllucidazione e confirmazione maggiore
alcune cose state da noi rlsposte al sign
Gaspari, 1641, in-4''. On a de Michel se
(après la mort de Balthasar) : Spicilegio bot
nico sopra il cinnamono degli antichi , do
si mette in chiaro altri simplici di oscura n
tizia ; Lucques, 1 654, in-4*', et 1 669, in-4° : l'aute
cherche à prouver que la cannelle des modère
est différente du cinnamomum des anciens.
Biographie Médicale. — Éloy, Dict. de la Méd.
CAMPI ou CAMPO {Pierre- Marie), pré
et historien italien, vivait vers le milieu du d
septième siècle. 11 fut nommé chanoine dans
ville natale, et y a laissé une réputation d'exc
lent liistorien. On a de lui : Dell' historia ecc
sïastica di Piacenza; Plaisance, 1661-1662,
vol. in-fol.; ouvrage estimé; — Vie du po
Grégoire X (en latin) ; Rome, 1655, in-4°.
Jôcher, Allyemeines Gelehrten-Lexicon.
CAMPS {Paul-Émlle de), auteur dramati(
italien, néàModène en 1740, mort en 1796. Il
se livra que tard à la poésie dramatique ; mais
succès furent brillants, bien que sa versification
soit pas exempte de reproche. 11 était en corr
pondance très-suivie avec Voltaire, qui faisait
de lui et qui le cite plusieurs fois dans ses lettr
On a de Campi : Biblis, tragédie représentée ;
les premières scènes d'Italie , 1 774 ; — Pégase
le Vieillard, dialogue dédié à Voltaire, 17^
— Wladlmir, ou la Conversion de la Rus.î
tragédie, 1777.
Tiraboschi, Biblioteca Modenese. — Voltaire, d
respondance, 1771.
CAMP!Aiv ( Edmond) , jésuite et savant ,
glais, né à Londres en 1540, mort dans cf
ville le 28 novembre 1581. Il commença ses é
des à Oxford, où il fit de grands progrès d;
les belles-lettres , et fut reçu diacre dans 1
glise anglicane. Quelque temps après, il fit a!:
ration, et vint à Douai dans un séminaire angla
de là il passa à Rome, et y prononça ses va
dans la compagnie de Jésus en 1573. Il s'yi
bientôt remarquer par sa piété et son sav( '
Après son noviciat, il se rendit à Vienne e
Prague. De retour à Rome, Grégoire XIII l'i
voya en Angleterre, afin d'y propager la foi
tholique romaine. Campian y débarqua en 1 6
et commença aussitôt ses prédications. Elles
rent suivies d'un si grand nombre de conversi<
que le gouvernement d'Elisabeth s'en inquiéta
que sur l'ordre de cette reine, excitée par j
ministre lord Walsingham, Campian fut arrA!
Lyford (Bercksliire), ainsi que son collègue F
sons et deux autres missionnaires. Ils fur
106
CAMPL\]N — CAMPIGÎSEULLES
406
i;j menés à Lonitres au milieu des insultes des
opulations fanatisées, et leur procès s'instruisit
la Tour. On les accusait d'avoir comploté con-
;« re la reine, excité le peuple à la rébellion ; enfin
I le correspondre avec le pape et le roi d'Espa-
^j> jit), alors en guerre avec l'Angleterre. La torture
'i\ \e leur arracha aucun aveu ; ils protestèrent au
:\ ontraire sans cesse de leur respect pour la reine.
De quelle reine entendez-vous parler.' » leur
emanda lord Howard. — « D'Elisabeth, votre
reine et la mienne, » réjrfiqua Campian. Néan-
loins ils furent condamnés à mort, comme es-
ions et agents secrets des puissances catholi-
ues. On leur offrit plusieurs fois leur grâce, s'ils
i onlaient reconnaître la suprématie de la religion
ifiglicane ; ils préférèrent la mort, et furent pendus
Tyburn. Après leur exécution, on leur coupa
I tète et les membres ; puis on envoya un de ces
»gments humains dans chacune des principales
h», pour y demeurer exposé. Campian a lais-
: : Nectar et Ambroisie, pièce représentée à
Ijienne en 1575 avec beaucoup de succès; —
)absaceo Roinamis, seu decem rationes oblati
fftaminisin causa ficlei redditse Acp.detnicis
\ 'iglise ; écrit publié aussitôt après l'arrivée de
Étiapian en Angleterre, afin d'engager une polé-
fque avec les théologiens anglais sur les dix
(tetipaux points qui forment la différence des
lox croyances : cet ouvrage a été traduit en
jlnçais par le P. Brignon, jésuite, sous ce ti-
;: Dix preuves de la vérité de la religion
^retienne pivposées aux universités d'Angle-
fre; Paris, J. Boudot, 1701, in-12; — Neuf
iticles adressés aux lords du conseil privé ;
Mres, 1581 ; — Conférences à la Tour, en
Igîais , publiées par les adversaires mêmes de
Iwnpian; Londres, 1583, in-4°; — Narratio de
f.vortio Henrici VlIIab uxore Catharlna, édi-
îpar Richard Gibbons, jésuite; Douai, 1622,in-
i., et Anvers, 1631 ; — Epïstolœ variée ad Mer-
rianum, generalem Societatis Jesu ; Anvers,
131; — Orationes latinee; Anvers, 1631 ; —
\i Imitatione rhetorica; Anvers, 1631; —
istoire d' Irlande, ea anglais; Dublin, Jacques
l'are, 1633, in-fol. ; — Chronologia universa-
•. Les Orationes, Epistolse, et de Imita-
t>n6, ont été réunies en 1 vol. in-S", et publiées
ilngolstadt, 1602.
SA p. Paul Boœhino, FUa et mttrtgriwn Edmundi
VMfiiani, martyris Angli, é Societate Jestt. — Hume,
itory of England. — Camden, Jnnales rerum An-
"S'I canarum et Hibernicarum, régnante Elizabetha. —
ï Hnûf, Annales ecclesiastici. — Pitseus, Relationes
pi {■■toricœ. — Riccioll, Chronologia reformata. — Riba-
r \eira, Catalogus Scriptorum Societatis Jesu.
1 i*CAMPiANi (Augustin), caiiouiste italien,
iif de Privemo, vivait dans la première moi-
du dix-huitième siècle. Il fut professeur du
oit canon à Turin. On a de lui : Libri II de
I ' licio et potestate magistratuum romano-
in et jurisdictione ; Genève, 1725, in-4°; —
irmularwm et Orationum liber singularis;
rin, 1728, in-8°.
Adelung, supplément à Jdcher, AUg. G«lehrten-Uxi-
eon.
CAMPiGLiA (Alexandre), historien italien,
vivait à la fin du seizième et au commencement
du dix-septième siècle. Ou a de lui : Délie tur-
bulenze délia Francia in vUa del re Henrico
il Grande, llb. X, ne' quali non sol si narra
la nascita, V edu^azione, luragglone di succe-
dere alla corona, i travagli, le grandi im-
prese di quel re, le guerre, le leghe, le divi-
sioni del regno, la pace e /-a libertà donata,
ma si trattano politicamente gl' interessi ed
i fini particolari ch' ebbero a quel tempo i
principi delV Europa, dalV anno 1553 alV
anno 1594; Venise, 1614 et 1617, in-4°; Augs-
bourg, 1616, in-4''. C'est l'histoire de la vie et
d'une partie du règne de Henri IV, avec une ép!-
tre dédicatoire adressée à Louis XTTT , où il
peint l'impression douloureuse produite en ItaUe
par la nouvelle de l'assassinat de Henri IV.
Sauf son point de vue exclusivement italien, qui
place le princi|:>al mérite de Henri IV dans sa
réconciliation avec le saint-siége en 1595, et qui
l'cuipêche de blâmer la Saint-Barthélémy, cet
ouvrage est un beau panégyrique de ce roi.
Lcloiig et Pontette, Bihliotli. hist. de la France.
CAMPIGLIA ( Giovanni- Domenico), peintre
et graveur de l'école florentine, né à Lucques en
1692, mort après 1762. Il apprit les principes du
dessin et de la peinture à l'école de Tommaso
Rodi et de Lorenzo del Moro ; il passa ensuite à
Bologne dans l'atelier de Giuseppe del Sole. Il
habita longtemps Rome, où il acquit plus de ré-
putation comme dessinateur que comme peintre.
Il exécuta les dessins de l'ouvrage intitulé Scol-
tura del Campidoglio, dont la publication com-
mença en 1741. Il dessina aussi la plupart des
statues et des bustes de la Galerie de Florence,
et grava à l'eau-forte un grand nombre de plan-
ches. Son portrait, peint par lui-même en 1742,
fait partie de la collection iconographique de
Florence. On voif aussi de lui, dans cette ville,
quelques tableaux, dont le meilleur est un Saint
Nicolas de Bari, à l'église de San-Giovan-
nino. E. B— s.
Ticozzi, Dizionario. — LanA, Storia pittorica. — Fan-
tozzi, Nuova Guida di Firenze.
CAMPiGNEULLES ( Char les -Claude- Flo-
rent Thobel de ) , financier et littérateur fran-
çais, né à Moiitreiiil-sur-Mer le 3 octobre 1737,
mort en 1809. Il se livra aux belles-lettres dès
l'âge de dix-neuf ans, et les cultiva jusqu'à sa
mort, mais sans grand succès. Il était membre
des Académies d'Angers , de Caen , de Lyon ,
de Villefranche, et des Arcadiens de Rome.
Ses travaux littéraires ne l'empêchèrent pas
de remplir exactement ses fonctions de tréso-
rier de France à la généralité de Lyon. On a
de CampigneuUes : le Temps perdu, ou his-
toire de M. de C***; 1756, in-12 : on a dit de
ce roman que sa lecture légitimait son titre; —
Cléon, ou le Petit-Maître esprit fort ; 1757,
in-12 ; — Anecdotes morales de la fatuité.
M
407 CAMPIGNEULLES
suivies de recherches et de réflexions sur les
petits-maîtres; 1760, in-12 ; — le Nouvel Abah-
lard , ou Lettres d'un singe au doetewr Aba-
dolf; 1763, in-8°; — Nouveaux Essais sur
différents sujets de littérature ; 1765, in-12;
— Dialogues moraux, 1768, in-12; — Suite
de Candide; 1769, in-12.
Campigneulles a fait paraître aussi xmJorwmal
des Dames, de janvier 1759 jusqu'en avril 1761.
Siècles lut. — Quérard, la France littéraire.
cAMPiGNY ( Charles-Benoit de ), religieux
célestin, puis bénédictin, né à Orléans, obtint en
1588 un canonicat à la cathédrale de Bourges, et
abandonna bientôt ce bénéfice pour faire profes-
sion dans l'ordre des Célestins. Il devint supé-
rieur de là maison de Lyon, puis fut envoyé à
Rome en qualité de provincial pour s'opposer
aux célestins d'Italie, qui voulaient soumettre les
célestins de France à leur Juridiction. Il réussit
d'abord ; mais la lutte ayant continué au sujet
de cette double obédience , Benoît de Campi-
gny fut déposé juridiquement en 1618, et enfermé
dans un couvent de chartreux. D n'en sortit
qu'à la condition d'entrer dans la congrégation
des Bénédictins de Saint-Maur : il mourut à Pa-
ris en 1634, au monastère des Blancs-Manteaux.
On a de lui : le Guidon de la vie spirituelle,
qu'il eut la modestie de ne pas signer ; et l'Ana-
tophile bénédictin aux pieds du roi, pour la
réforme de l'ordre de Saint-Benoît ; Paris,
1613.
D. Seroa, Bibiioth. du diocèse ff Orléans, ras.
CAïupiLLO (don Joseph del), ministre es-
pagnol, né vers le commencement du dix-hui-
tième siècle. Il était ministre de Philippe V, et a
composé en 1742 deux ouvrages politiques re-
marquables : Ce qu'il y a de trop et de trop
peu en Espagne, etc.; — r Espagne réveillée.
San Felipe, Comentarios de la guerra de Espafia e
historia de su rey Felipe V, etc.
CAMPION {Alexandre vi^), littérateur fran-
çais , l'aîné de trois frères distingués dans les
lettres, né en 1610, mort en 1670. On a de lui :
Vie de plusieurs hommes illustres, tant fran-
çais qu'étrangers ; Paris, 1637, in-8*; — Re-
cueil de lettres qui pourront servir à Vhis-
toire des années 1631-1636; Paris, 1647, in-8°;
— Diverses poésies ; Rouen, 1657, in-S" (dé-
diées à une dame de ses amies , mais aujour-
d'hui assez rares ).
^ Lelong et Fontette, Bibliot. historique de la France.
CAMPioN {Henri de ), frère du précédent,
né le 9 février 1613, mort le 11 mai 1663. Il
avait embrassé d'abord la carrière militaire;
mais il fut obligé de l'abandonner, ayant été at-
taqué d'une maladie de langueur qui le condui-
sit au tombeau. Il a laissé des Mémoires, anno-
tés par le général de Grimoard ; Paris, 1806,
in-8°. Cet ouvrage, écrit très-purement, renferme
des faits importants et ignora.
Quérard, la France littéraire.
CAiviPiON ( Nicolas de), frère des deux pré-
cédents, né le 6 mars 1616, mort vers 1703. H
CAMPIONE 40
embrassa l'état ecclésiastique, et a laissé : Entrt
tiens sur divers sujets d'histoire, de politiqi
et de morale, dédiés au cardinal de Polignac, i
publiés par Garambourg, chanoine d'Évreux
Paris, 1704, in-12. L'épître dédicatoire renfera
quelques détails intéressants sur les personnag*
qui figurent dans les entretiens ; quant à ses ai
très ouvrages, la rareté en fait seule le mérite.
Quérard, la France littéraire.
*CAMPiON {François) , théorbiste françai
vivait en 1738. D entra à l'orchestre de l'Opéi
de Paris en 1703, et prit sa retraite en 171
On a de lui : Nouvelles découvertes sur la gv
tare, contenant plusieurs suites de pièces si
huit manières différentes d'accorder; Pari
1705 : cet ouvrage curieux enseigne l'art de tir
de la guitare des effets qu'on a présentés comr
des découvertes modernes ; — Traité d'accoi
pagnement pour le théorbe; Paris et Amst<
dam, 1710, in-8°; — Traité de compositi*
selon les règles des octaves de musique; I
ris, 1716.
Fétis, Bibliographie universelle des Musiciens.
* CAMPiON ( Hyacinthe), philosophe et th(
logien hongrois, de l'ordre des Franciscains ,
à Bude en 1725, mort le 7 août 1767 à Eszek
Esclavonie. Il fut d'abord professeur de phi
Sophie et de théologie, et ensuite commissa
provincial de l'Esclavonie. On a de lui : A
madversiones physico-historico - morales
Baptismo non natis, abortivis et projec
conferendo; Bude, 1761, in-8''; — Vindii
pro suo ordine adversus quosdam scriptor
novissime opellam posthumam Guilieh
Friderici Damiani, sacerdotis Petrini, e1
ibid., 1766, in-8"'; — Vindiciae denuo vin
catse adversus Apologiam Josephi-Anto
Transylvani, etc. ; ibid., 1766.
Horannyl , Memor. Hungar.
CAMPSON {Thomas), médecin, poète eti
sicographe anglais, vivait dans la première n
tié du dix-septième siècle. Dans un de ses éc:
( le Traité du contre-point ) , il s'appuie
l'exemple de Galien pour s'excuser d'avoir éi
un traité de musique. H composa aussi
vers; ou en trouve de sa façon dans l'édii
des airs de Ferabosco; Londres, 1609. On a
lui : A new way of makirig four parts
contrepoint, by a most familiar and infui
ble rule (Nouveau moyen pour composer à q
tre parties en contre-point, par une règle très
cile et sûre); Londres, in-8", sans date; etL
dres, 1660 et 1672. Cette dernière édition a p
titre : the Art of discant with annotation
par Sympsons, petit in-8°. On trouve encore
ouvrage dans Playfort.
Playf'ort , Introd. à la connaissance de la musiç
Londres, 1CT4, in-8°. — Wood, Athenœ Oxon.
CAMPION DE TERSAN. Voy. TeRSAN.
* CAMPIONE ( Marco da ), architecte du q
torziènie siècle. Quelques auteurs lui attribu
le dessin primitif de la cathédrale de Milan.
E. B— N.
09
CAMPIONE — GAMPISTRON
410
ctcognara , Storia délia Seoltura. — Ticoz/,!, Dizio-
ario. — IMrovano, Guida di Milano.
{ * CAMPIONE { François-Marie }, théolo^ea
[ alien, de l'ordre des Trinitaircs, vivait au com-
[ lencement du dix-huitième siècle. On a de lui :
>istruzione per gli ordinandi; Rome, 1702,
1-8"; Venise, 1703, in-12; — Instruzione
el clero per ogni esame da subire delV ordi-
ario; Rome, 1710, in-8°; — Instructio pro
■ comparantibiis ad audiendas confessiones,
édit.; Rome, 1711, 2 vol. in-8".
Adelung, suppl. à Jôcher, AUgem. Celehrten-Lexieon.
CAMPiONi { Char les- Antoine ) , compositeur
\ musique toscan, né à Livourne en 1720. Il se
ra de bonne heure à l'étude du violon et de
composition, et ses ouvrages furent bien ac-
eillis en Allemagne, en Angleterre et en Hol-
nde. En 1764, il fut appelé à Florence en qua-
é de maître de chapelle de François n de Lor-
ine, grand duc de Toscane ; il se livra alors à
composition pour l'Église, et fit exécuter en
67 un Te Deum par deux cents musiciens,
impioni possédait la collection la plus com-
pte des madrigaux des compositeurs des sei-
;me et dix-septième siècles ; il a laissé sept
ivres de trios pour violon, et trois œuvres de
ws pour violon et violoncelle.
'é'.is, Biographie universelle des Mitsiciens.
* CAMPisi ( Dominique ) , dominicain, prédi-
teiir, théologien et musicien sicilien, né à
iialbuto, vivait en 1630. II était de l'ordre
s Prédicateurs, et fut nommé professeur de
éologie en 1629. Campisi était en même temps
1 savant compositeur de musique. On a de
i : Motetti a due, tre et quattro voà, con
ta compie^o, -Palerme, 1615-1618, 2 vol.in-4°;
Floritus concentus binis, ternis , quaier-
s et quinis vocibus modulandus ; Rome,
i22, in-4''; — Lilia campi, binis, ternis,
j laternis et quintis vocibus, modulanda cum
I mpletorio et Litaniis beatas Virginis Mariée;
'3me, 1623, in-4°; — Lilia campi, 1-6 voci-
is modulanda; Rome, 1627, in-4<'.
Mongitore, Bibl. Sicala.
CAMPissANO {Frédéric), jurisconsulte si-
lien, né à Catane, mort en 1583. Il possédait
i le grande réputation de science et de sagesse,
a laissé : Consilia tria, insérés dans le Re-
leil de Pierre de Lune, ad hullam apostoli-
\iTa Nicolai V et regix pragmaticae Alph. de
I ewsi&Ms,* — Sermones et JHssertationes.
l'Mongltor, Bibl. Sicula.
j, CAMPisTRON ( Jean Galbbrt de ), auteur
[ramatique, né à Toulouse en 1656, mort le 11
>ai 1713. Un duel dans lequel il fut blessé l'ayant
j ircé de quitter sa ville natale, il vint fort jeune
' Paris; il cultiva la poésie, fit la connaissance
I u comédien Raisin, reçut des conseils de Ra-
■ine, et commença, en 1683, à travailler pour
I j! théâtre. Virginie fut sa première pièce. Son
ipéra A'Acis et Galatée, représenté dans une
îrande fête que le duc de Vendôme donnait au
Dauphin dans son château d'Anet, (ht la source
de sa fortune. Le duc fut si content de cet ou-
vrage, qu'il prit Campistron pour secrétaire de
ses commandements. 11 le fit, de plus, nommer
secrétaire général des galères , et l'honora d'une
constante amitié. Campistron l'accompagna dans
ses campagnes, jusque sur les champs de ba-
taille. A Steinkerque, le duc, le voyant s'exposer
à ses côtes, lui dit : « Que faites- vous ici , Cam-
pistron? — Monseigneur, répondit le poète,
voulex-vous vous en aller? » H montra le même
courage à Lnzzara, et obtint à cette occasion,
de Philippe V, l'ordre de Saint-Jacques de l'Épée
et la commanderie de Ximenès. Enfin, il fut
créé, par le duc de Mantoue, marquis de Pe-
nango, dans le Montferrat. Eln 1701, Campistron
ftit reçu à l'Académie française. D était aussi
membre de celle des Jeux Floraux de Toulouse.
Il s'était retiré dans cette ville, où il épousa
M"* de Maniban de Cazaubon, sœur de l'archevê-
que de Bordeaux, dont il eut six enfants. — Cîun-
pistron a donné au Théâtre-Français les tragédies
suivantes : Virginie, 1683; — Arminius, 1684;
— Andronic, 1685; — Alcibiade, 1685; —
Phraarte, 1686; —- Phocion, 1688 ; — Adrien,
1690; — Tiridate, i&^i; — Aétius, 1693. A ces
pièces il faut ajouter une autre tragédie, Pom^-
péia, non représentee, et imprimée en 1750 dans
les œuvres de l'auteur. En outre, Campistron a
fait jouer deux comédies , l'Amante amant, en
cinq actes et en prose, 1684, et le Jaloux de-
satmsé, en cinq actes et en vers, 1709. A l'O-
péra, il a donné Acis et Galatée, 1686;
Achille et Polixène, 1687; et Alcide, 1693.
Campistron fut l'auteur le plus heureux de son
temps, par sa position dans le monde. Quel-
ques-uns de ses ouvrages obtinrent une bril-
lante fortune, notamment Andronie et Tiridate.
Dans Andronic, Campistron a traité le beau su-
jet de don Ceurlos et de Philippe H, qu'il a bien
décoloré. Timide imitateur de Racine, il ne con-
çoit pas mal son plan; mais l'exécution et la
couleur lui font défaut. Le talent de Baron ser-
vit puissamment ces faibles tragédies. La co-
médie du Jaloux désabusé leur est fort supé-
rieure; elle s'est maintenue longtemps an théâ-
tre, et passera toujours pour un ouvrage esti-
mable. Les œuvres de Campistron ont été pu-
bliées en 1715, en 2 vol. in-12; Paris, chez Ri-
bou, 1732; en 1739, aussi 2 vol. in-12; en 1750,
par la compagnie des libraires associés , 3 vol.
in-12; édition revue et augmentée, publiée par
Gourdon de Bacq, parent de l'auteur, et de Bonne -
val; — Chefs-d'œuvre dramatiques de Cam-
pistron; Paris, 1791, 2 vol. in-18, portrait; —
Œuvres choisies, avec notice par Auger, 1810,
in-18; — Chefs-d'œuvre dramatiqîies de Cam-
pistron, avec remarques par Lepan, 1819,
in-12 et in-8°. On trouve quelques pièces de
vers de Campistron dans le recueil de l'Acadé-
mie des Jeux Floraux. Th. Muret.
Diet. des théâtres.— QixérsiTà. la Fraiwe littéraire, etc.
411 CAMPISTRON -
- Des Essarts. les Siècles lUt. - Chaufepié, Suppl. au
Dict. de Bayle.
CAMPisTROK {Louis), frère du précédent,
prédicateur et poète français, de l'ordre des Jé-
suites, né en 1660 à Toulouse (ou, selon Quérard,
en 1666), mort dans la même ville en mars
1737 (ou 1733, selon Quérard). Après avoir suivi
comme aumônier l'armée du duc de Vendôme
en Italie, il devint professeur de rhétorique. Plus
tard, il se rendit célèbre à la cour par les sermons
funèbres qu'il prononça successivement en l'hon-
neur des deux dauphins, fils et petit-fils de
Louis Xrv, et finalement de Louis XIV lui-même.
Vers la fin de ses Jours, il se retira dans la maison
professe de son ordre à Toulouse, où il mourut.
Quant à la tournure de son esprit et se.s qualités
poétiques, il rappelle bien son frère, l'auteur dra-
matique. On a de lui : Quatre stances sur la Symr
pathie; — Ode sur le Jugement dernier (faus-
sement attribuée à Mi'e Chéron ) ; — Idylle sur
la mer; — l'Éloge de V amitié; — Portrait du
Sage (toutes ces poésies se trouvent dans le
Recueil de V Académie des Jeux Floraux, et
dans la Biblioth. poétique, t. IV, p. 342); — [
Oraisons funèbres des deux Dauphins et de
Ixmis XIV; Toulouse, 1711, 1712 et 1715,
in-4°. — Une tragédie intitulée Absalon, et des
Pensées de Sénèque mises en vers par lui, sont
perdues.
Bibl. poét. — Nonv. Dict. hist. — Quérard, la France
littéraire.
CAMPO (flennericush^).Voy. Campen.
cxyiPO (Antonio). Voy. Campi {Antonio).
CA»iPO {Benoit de), médecin espagnol, vivait
en 1.544. n pratiquait avec réputation lamédecine
à Alcala-la-Reale (Andalousie). On a de lui :
Commentariolus de lumine et specie ex phi-
losophiae adytis excerptus, nec non sttper
Adiante observatio grœca pariter et latina,
pharmacopolis etmedicis admodumproficua;
Grenade, 1544, in-8°.
Nicolas Antonio, Bibl. hisp. nova. - Éloy, Diction-
naire historique de la Médecine.
CAMPO-BASSO {Nicolas, comte de), fameux
condottiere napolitain, vivait en 1477. 11 avait
d'abord soutenu les intéiêts de la maison d'Anjou
dans le royaume de Naples; mais le sort des
armes ayant été contraiie au roi René et â ses
héritiers , il suivit leur fortune et se retira en
France, où Charles le Téméraire, duc de Bour-
gogne, compétiteur de la maison d'Anjou, l'attira
à son service, et le chargea de lever pour son
compte des troupes mercenaires italiennes. Campo-
Basso s'en acquitta, en lui amenant la soldatesque
de l'Italie et de la Dalmatie. Il réussit si bien par
ses flatteries à s'emparer de l'esprit de Charles,
que ce prince n'agissait que par ses conseils. Le
comte de Campo-Basso se servait de c^tte con-
fiance aveugle pour le vendre à ses ennemis, et de
trahison entraliisonil conduisit le duc à sa ruine.
Il ne fut même pas étranger à la mort de son bien-
faiteur ; car on trouva autour du corps de ce mal-
heureux prince plusieurs cadavres des soldats
CAMPO-BASSO 4î
stradiotes de Campo-Basso, qui avait déser
l'armée bourguignonne quelques jours avan
Voici ce que Comines rapporte au sujet (
Campo-Basso : « Ledictduc de Bourgongne auo
la plus belle armée qu'il eut iamais, et spécial!.
met pour gens de cheual : car pour aucunes fii
qu'il prét«ndoit es Italies, il auoit retiré quelqi
mille hommes d'armes italiens , que bons qi
mauuais. Il auoit pour chef d'entre eutx vn aj
pelé leconteiCampobache, duroyaulmede Naple
partisan de la maison d'Auiou , homme de tre
mauuaise foy et très périlleux. Le conte allegi
de Campobache estoit sans terre ; car à cause d
guerres que la maison d'Aniou avoit mené en
royaulrae de Naples, de laquelle il estoit servi teti
il en estoit bany et avoit perdu sa terre,
tousiours s'estoittenuenProuence ou enLorrai
anec le roy René de Cecille, avei-, le duc Nicol;;
filz du duc Jehan de Calabre, et après la hk
duquel le duc de Bourgongne avoit recueilly pi
sieurs de ses serviteurs, et par especial tous 1
Italiens. Ce dict conte de Campobache, de k
qu'il alla faire ses guerres en Italie , receut i
dict duc quarante mille ducatz d'impretance po
mettre sus sa compagnie. En passant par Lyo
s'accointa d'un médecin appelé maistre Sim
de Pauye, par lequel il feist sçavoir au r
(Louis XI de France) que s'il lui vouloit fai
certaines choses qu'il demandoit, il offroit à s
retour luy bailler le duc de Bourgongne entre s
mains. Autant en dist à monseigneur de Saii
Pray , estant lors en Piedmont ambassadeur poui
roy. Après qu'il fiit retourné, et ses gens d'ara
logez en la comté de Marie , il offroit encore
roy que, des ce qu'il seroit en champ ave« s
maistre, qu'il ne fauldroit point de le tuer ou
mener prisonnier; et disoit la manière : c'est
que le dict duc alloit souvent à l'entour de s
ost sur vn petit cheual avec peu de gens (et (
soit vi-ay), et que là ne fauldroit point de le U
ou prendre. Ou si le roy et le dict duc se i
noient à trouver au champ de bataille l'un devt
l'autre, qu'il se tourneroit de son party avec j
gens d'armes ; et demandoit, pour ce faire le pa;
met de ces quatre cens lances, vingt mille esc
content, et vne bonne conté. Le roy eut la mauu
seté de cest homme en grand mespris, et voui
monstrer au dict duc de Bourgongne de grand
franchises, et luy faLst sçauoir tout cecy par
seigneur de Contay. Mais ledict duc n'y adiou.
point de foy, mais estimoit que le roy le fai&
à autres fins, et en ayma beaucoup mieux le d
cxtnte. Vous voyez que Dieu lui troubla le se
en cet endroict, aux clers enseignements que
roy lui mandoit. Et de nouveau voyant s
maistre bas, Campobache commença à practiqu
tant auec monseigneur de Lorraine qu'auec cei
de Nancy, et promettoit tenir la main que
siège ne s'avanceroit point, et qu'il feroit trouv
des deffaulx es choses plus nécessaires pour
siège et pour la baterie. Il le ponuoit bien faii
car il estoit pour lorsle^plus grand de l'année,
CAMPO-BASSO — CAMPOLA
414
uioit la principalle charge et l'autorité auec
(lictilucde Bourgogne. Durant qu'il conduisoit
, marchez, vindrêtaucunsgentilzliomniesdu du-
■ (le Lorraine, pour entrer en la place. Aucuns
I entrcrêt, autres furent prins : dont l'un fut un
( itilhomrae de Provence appelé Cifron , lequel
i iuisoit tous les marchez dudict conte avec
iit duc de Lorraine. Le duc de Bourgongne
[ iida que le dict Cifron fust incontinent pendu;
} uel, quand il veit qu'en son faict n'y avoit nul
' aède, il mahda au duc de Bourgongne qu'il
[ilcust l'ouïr, et qu'il luy diroit chose qui
( hoit à sa personne. Aucuns geutiizhommes,
jiii il dist ses parolles, le vindrent dire au
. Et d'adventure le conte de Campobache se
ii\ a deuant, ou que, sachant la prinse dudict
I ou, il si vouloit bien trouuer, doubtant qu'il ne
I (le luy ce qu'il sçauoit touchant le demeslé du
( (ôte, tant d'vn costé que d'aultre : car tout
! toit communiqué et estoit ce qu'il vouloit dire.
] ict duc respondit qu'il ne le faisoit que pour
i > T sa vie; le dict conte conforta parolle, et de
li ut commanda le dict duc qu'on le menast pen-
c E l en le menant ledict Cifron requist à plusieurs
( i/ priassent à leur maistre pour luy, qu'il luy
c it chose qu'il ne vouldroit pour une duché
i I ne le sceust. Plusieurs vindrêt faire à leur
1 1 itre cette requette ; mais ce mauvais conte
e if à l'huys de la châbre de bois, en quoi lo-
^ t ledict duc, et gardoit que nul n'enstrast, et ref-
■$t l'huys à ceulx-là, disant : Monseigneur veult
Sa s'auance de le pendre; et par messagiers
oit le prevost. Et finablemet le dict Cifron
t| jendu, qui fut au grand preiudice du duc de
rgongne. Le premier de janvier quatre cens
V.YI, le duc de Lorraine, et les AUemans
i estoient dans sa compagnie, deslogerent de
ict Nicolas pour aller combattre le dict duc de
rgongne; et ce propre jour vint au devant
Ix le conte de Campobache achever son entre-
se, et se rendit des leurs, avec huict vingtz
imes d'armes, et luy desplaisoit bien que pis
B'oit peu faire à son maistre. Ceulx de àe-
Pis Nancy estoient bien advertis des traictez
A ict conte, qui leur aidoit bien à donner cueur
«lenir; car autremet estoient sur le poinct de
s( endre ; et si n'eust esté la dissimulation dudict
c e, ilz n'eussent poinct tenu jusques lors. A
1' i\ 6e du conte de Campobache vers le dnc
dijorraine, les Allemans lui feirent dire qu'ilz
sietirast, et qu'ilz ne vouloiet nulz traictre
à ; eulx : et ainsi se retira à Condé, un chasteau
Cl a passage près de là, qu'il repara de char-
ries et aultres choses le mieulx qu'il peut, es-
Pjint que, fuyant le duc de Bourgongne et ses
g i, il en tomberoit en sa part, comme il feit
" "ï. Il asseuroit bien que si le duc de Bour-
gs ^ne fuyoit, qu'il n'en eschapperoit jamais vif,
*( u'il l'asseuroit treize ou quatorze personnes
<l| lui seroient seurs, les uns pour commencer
l8 lyte dès ce qu'ilz verroient marcher les AUe-
Bj is, les autres qui auroient l'œil sur le dict duc
s'il fuyoit, pour le tuer en fuyant; et en cela n'y
avoit point de doubte et faulte. Et en ay congneu
deux ou trois de ceulx qui demeurèrent pour
tuer le dict duc. » Voilà ce que raconte Comines.
Après l'accomplissement de ce grand drame,
les chroniqueurs ne parlent plusdeCampo-Basso.
l'bilippe de Cornlncs, Chroniqun du rey Loys unzie-
me. — Mézeray, Histoire de France, rérjne U^eLouii XI.
— Baraate, Histoire des ducs de Bourgogne. — Wallcr
ScoilfAnne de Geierstein.
CAAipo-BASSO (Alexandre-Vincent), com-
positeur napolitain, né à Naples en 1760. Il a
donné à Milan, en 1789, un opéra séria intitulé
Antigona.
Fétis, Biographie universelle des musiciens.
*CAMPO-BELLO (Louis de), capitaine de
vaisseau espagnol, vivait dans la première moitié
du dix-huitième siècle. Il découvrit une île voi-
sine des Caraïbes, dont il donna une description.
On n'a de cet ouvrage que la traduction italienne,
sous le titre : Retazione di una nuova isola,
scoperta net nitovo mundo, sopra le coste delV
isole Caribdi in Amei-ica, tradotta dallo spa-
gnuolo; Venise, 1739 ou 1740.
Journal des Savants, année 1740.
;^CAMPO-CHiARO (le duc de), homme d'État
napolitain, issu d'une ancienne famille espagnole
qui s'établit dans le royaume de Naples au der-
nier siècle. Il était attaché en 1805 à la garde du
roi Ferdinand Y% en qualité de capitaine des Li-
pariotes (cavalerie des chasses). Lorsque le roi
se vit forcé par l'invasion française de se retirer
en Sicile, le duc de Campo-Chiaro resta à Naples,
et se soumit au nouvel ordre de choses. Appelé,
en 1806, par le roi Joseph au conseil d'État, il
ne tarda pas à devenir ministre de la maison
royale. Joachim Murât, à son avènement au
trône, le fit grand dignitaire de l'ordre des Deux-
Siciles, et lui donna le ministère de la police, oiï
il sut se maintenir pendant quelque temps, en y
faisant preuve d'habileté et de douceur. Plusieurs
missions diplomatiques lui furent ensuite con-
fiées : il fut envoyé en qualité d'ambassadeur
auprès de Napoléon ; et en 1815 il assista au con-
grès de Vienne, comme ministre du roi Murât.
Mais, grâce aux imprudences de ce malheureux
prince, qui alla plus tard chercher une fin si
déplorable sur les côtes de la Calabre, ses dé-
marches n'obtinrent aucun succès. La révolution
de 1820 le rappela aux honneurs : nommé mi-
nistre des affaires étrangères, U ne conserva pas
longtemps ce poste, et fut destitué pour avoir
contresigné une circulaire adressée aux pro-
vinces par le ministre de l'intérieur, à l'occasion
du départ de Ferdinand pour le congrès de Lay-
bach; il fut même cité devant le parlement na-
politain; mais cette affaire n'eut pas de suites.
Depuis cette époque, le duc de Campo-Chiaro a
tout à fait disparu de la scène politique. [Enc,
des g. du m.}
*camp6la (César), poète italien, vivait
dans la seconde moite du seizième siècle Ou n
.115 CAMPOLA —
de lai : Rime di M. Cesare Campda, detto il
O^intpico ; Viceuce, 1577, in-4°.
Catalogue de la Bibliothèque impériale de Paris.
*CAMPOLiNi {Jacques), mathématicien ita-
lien, vivait au commencement du dix-huitième
siècle. On a de lui : Proposizioni aritmetice ,
Venise, 1703, m-4°.
Adelung , suppl. à JOcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
*c\MPO-L,ONGO (Antonio), peintre napoli-
tain, vivait vers 1480. Ou a de lui : la Con-
ception, qu'il fit avec Jean-Bernard de Lama,
son maître. Ce tableau se voit encore dans le cou-
vent de San-Diego, detto l' Ospidal etto ; un autre
tableau existe dans l'église de Sainte-Catherine.
Cbaadon et Delandine, Nouv. DicL univ.
GAMPOLO OU CAMPCLO. Voy. LÉON III.
CAMPOLONGO (Emmanuel ) (1 ), poète italien,
né à Naples le 30 décembre 1732, mort en mars
1801. Après de bonnes études, il suivit des cours
de droit et de médecine. Plus tard, il ne s'oc-
cupa que de la culture des lettres, et de la poésie
en particulier. En 1765 il fut chargé de professer
les humanités à Naples , et entretenait des cor-
respondances avec les principaux littérateurs de
sou temps. On a de lui : la Polifemeide , so-
netti ; Naples, 1759, in-8°, et 1763 ; — la Mer-
gellina, opéra pescatoria;Md., 1761, in-8°; —
la Galleide; ibid., 1766, in-8"; — il Proteo ;
ibid., 1768, in-S", et 1819, in-8'', avec la biogra-
phie latine de l'auteur par Roberti ; — la Volca-
neide; ibid., 1776, in-8°; — le Smanie di
Pluto ; ibid . , 1776, in-S" ; — PoUfemo ubbriaca,
dittirambo ;MA., 1778, în-4''; — il Peccatore
convinto:, quaresïmule ; ibid., 1778, 3 vol.
in-12; — Cursus philologicus ; ibid., 1778,
4 vol. in-12 ; — Sepulcretum amicabile ; 1781,
2 vol. in-4"'; — Litholexicon intentaium;
ibid., 1782, in-4°; — Sereno serenato, osiaidea
scoperta di Quinto Samx)nico; ibid., 1786.
Michel Robert!, Biog. de Campolongo. — Tipaldo,
Biog. degV ital. iUvstr., III. — Lalande, f^oyage en Ita-
lie, 1790.
CAMPO-LONGO (Emilio), médecin italien,
né à Padoue en 1550, mort dans la même ville
en octobre 1604. Il cultivait avec un égal succès
la médecine, la philosophie et la littérature. Ses
talents le firent nommer en 1578 professeur de
médecine dans sa vDle natale, place qu'il conserva
jusqu'à sa mort. On a de lui : Theoremata de
humana perfectione; Padoue, 1573, in-4°; —
De Arthridide; Venise, 1586, in-4°, et Spire,
1592, in-8"; — Methodi Médicinales duee, in
quibus légitima medendi ratio traditur, pro-
positx in Academia Patavina; Francfort,
1595, in-8°; — De vanolis; Venise, 1596,
in-4°; — Nova cognoscendi mx>rbos metho-
dus; "Wittemberg, 1601, in-8°; — De Lue
venerea libellus , avec un discours de Paul
B«niu8; Venise, 1625, in-fol.; — De vermib'as,
de uteri affectibus, deque morbis cutaneis
tractaius prsestantissimi , avec la Medicina
(1) Et non ÉmUe, coimae on l'a écrit alHeurs,
CAMPOMANÈS
41
practica de Fabrice d'Aquapendente ; Pari
1634, in-4°.
Marget, Bibliotheca scriptorum medicorum. — Tt
luaslni, Prodromus Athenarum Patavinarum. — Éli
Dictionnaire Mstoriqtie de la médecine.
cAMPOitiANÈs (don Pedro Rodriguez,cow
DE ) , diplomate , littérateur et économiste esj
gnol, né dans les Asturies en 1723, et mort
1802. Il a été sans contredit l'un des homm
les plus remarquables de son époque en Es{
gne, tant par son instruction variée que par
haute portée de son esprit. L'amour du trav
et une application constante à l'étude dévelopj
rent en lui , dès ses jeunes années , des taki
supérieurs qui relevèrent aux plus hautes digi
tés du royaume, et an premier rang panni
écrivains espagnols. 11 devint successivement i
cal du conseil royal et suprême de CastiUe, p
sident des cortès, directeur de l'Académie roy
d'histoire, grand-croix de l'ordre de Chi
les in, et ministre d'État. Ses connaissani
httéraires étaient très - variées ; il savait 1
rabe et la plupart des langues de l'Euro]
mais il se distingua surtout par ses ouvrai
d'économie politique, dans lesquels on troi
toujours les pensées les plus larges, alliées s
vues les plus utiles.
Tjmdis qu'Adam Smith en Angleterre, Quesi
et Turgot en France, consacraient toutes
ressources de leur esprit à rechercher quel
sont les véritables causes de la richesse et
la puissance des nations modernes, Campoma!
se livrait en Espagne à la même étude avec i
moins d'ardeur. Placé au-dessus des préju
si communs alors et si profondément enracin
en Espagne surtout, il condamna les abus, cl
cha à instruire le peuple, et à l'éclairer sur
puissance productive ; mais il était trop en av
de son époque : ses ouvrages ne furent pas ce
pris. Déjà, malgré la sage administration
Charles m, il pressentit le funeste résultat qu'
rait la confiance trop aveugle de l'Espagne d.
ses mines du Mexique et du Pérou. Aussi, d,
son Discurso sobre el fomento de la iné
tria popular, et dans cehii qui a pour titi'
Discurso sobre la educacion de los artisani
su fomento , qui sont sans contredit les ouvra
les plus remarquables de Campomanès, s'attac
t-ii à démontrer que ce n'était pas en Amérii
que résidait la véritable puissance de l'Espag
mais bien en Europe, au sein même de la
ninsule. Lever les enb-aves qui pesaient sur 1
dustrie, assemr le commerce intérieur et ex
rieur sur des bases larges et libérales , affr
chir l'agriculture des impôts odieux auxqu
elle était soumise, telles étaient les vues
Campomanès. Enlisant ses ouvrages, ons'étoi
de voir que cet homme, entouré d'une soci
peu éclairée , ait si bien compris les questi'
d'économie politique les plus ardues, et qu'il
su en prévoir les conséquences avec justesse.
n'est pas toujours une rédaction lucide qui c
417 CAMPOMANÈS
tingue ses écrits ; l'erreur s'y trouve souvent à
crtté de la vérité , mais on ne peut s'empêcher
,iie reconnaître que l'auteur était ])arvenu déjà à
soulever un coin du voile qui enveloppait encore
les divers phénomènes de l'économie sociale.
[Il écrivit avec chaleur et conviction contre les
f ibus de la mcsta , et démontra comhien était
[ jréjudiciable à l'État, ei à chaque propriétaire en
I larticulier, cet antique usage de faire voyager
[ leux fois par an les bêtes à laine. 11 ne craignit
■ las d'attaquer le clergé, si puissant en Espagne;
i s'olcva avec force contre les aliénations illi-
! nitëes faites en faveur des établissements reli-
;ieu\, et mit à nu les dangers et les pertes qui
\ ésultaient pour l'État de cette accumulation
; uccessive d'immeubles dans des mains-mortes,
I ccumulation dont la masse représente encore
ujourd'hui une. valeur de près de six milliards
^ e francs. Il s'occupa de faire établir la liberté
u commerce des grains, et il eut même le projet
3 détruire la mendicité en employant utilement
s vagabonds et les gens sans aveu dans les
iTérentes branches de l'industrie. On le voit :
f jeune des grandes questions qui préoccupent
\ icore notre époque n'avait échappé aux inves-
' cations de cette intelligence supérieure.
11 nous serait impossible de faire connaître
i tous les ouvrages utiles sortis de la plume
> Campomanès ; nous nous contenterons d'in-
f quer les plus importants. U commença par un
j ssai historique sur l'ordre des chevaliers du
'' vnple; il publia ensuite xme Notice géographi-
le du royaume et des routes du Portugal, un
Inéraire des routes de l'Espagne et de plu-
! 3urs autres contrées de l'Europe. D fit un ouvrage
i timé sur le mécanisme des langues ; dans un
lire, il revendiqua les droits de l'infante Marie
de Charles III à la couronne de Portugal ; il pu-
ia un Discours sur la chronologie des Goths,
îie Dissertation sur rétablissement des lois,
bsieurs traductions d'ouvrages arabes, grecs
■J latins, et termina sa carrière par une His-
ire générale de lu marine espagnole, que la
oit ne lui permit pas de livrer à l'impression.
jrès avoir passé par toutes les phases des
' andeurs et du pouvoir, Campomanès fut disgra-
\i lorsque le comte de Florida-Blanca devint le
. wori du roi. Telle a été la vie, telles ont été les
iincipales productions de cet homme d'État,
[li, comme Turgot en France, consacra toute sa
je à éclairer la marche des administrations pu-
iques, et qui, comme lui, dota son pays d'une
[oie d'économistes pratiques, dont Jovellanos
[' le comte de Cabarrus ont été la plus éloquente
l'pression. [L. Galibert, dans YEnc. des g.
% m. ]
Cavanilles, Observatiom sur VartMe Espagne de
► încyc/opédie; Paris, 1783. — Robcrtson, History of
imerica. — Dictionnaire de l'Économie politique. —
f sch el Gniber, Allgemeines, Encycl.—Conversations-
\xicon.
• jcAMPRA (André), musicien, né à Aix en
ovence, le 4 décembre 1660, et mort à Ver-
NOCV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII,
— CAMPREDON
418
sailles le 29 juillet 1744. Après avoir été maître
de chapelle à Toulon, à Arles et à Toulouse,
Campra vint en 1694 à Paris, où il obtint la place
de maître de musique à l'église collégiale des
Jésuites; il passa ensuite en la môme qualité à
Notre-Dame. La position qu'il occupait à la mé-
tropole le contraignit d'écrire , sous le nom de
son frère , les deux premiers opéras qu'il fit re-
présenter; mais il donna bientôt sa démission,
afin de pouvoir travailler hbrement pour le théâ-
tre. De tous les successeurs de Lulli jusqu'à
Rameau, Campra est le seul compositeur dra-
matique dont les ouvrages se soient soutenus à
côté de ceux de Lulli ; il entendait bien la scène,
et l'on remarque dans sa musique une certaine
vivacité de rhythme , peu commune alors chez
les compositeurs français. Il a joui de son temps
d'une grande réputation, qui lui valut en 1722 la
place de maître de chapelle du roi , et celle de
directeur de la musique du prince de Conti. Il a
donné, l'Ettrope galante {iù97); — le Carnaval
de Venise (1699); — Hésione (1700); — Are
thuse (1701); — des fragments de Lulli (1702);
— Taïicrède (1702); — les Muses (1783); —
Iphigénie en Tauride, avec Desmarets (1704);
Télémaque (1704) ;— Aline (\1 Oh) ; —le Triom-
phe de l'Amour (1705) ; — Hippodamie (1708) ;
— plusieurs airs dans les opéras de TMtis c4
Pelée (1708) et A' Hésione (1709); — les Fêtes
vénitiennes (1710); — l'acte de Laure et Pé-
trarque (1711); — Idoménée (1712); — les
Amours de Mars et Vénus (1712); — Télèphe
(1713);— Camille (1717) ; — les Ages, ballet-
opéra (1718); — Achille et Déidamie (1735);
— l'acte de Silène et Bacchus (1722). Ce com-
positeur a écrit en outre pour la cour : Vénus
(1698) ; — le Destin du nouveau siècle (1700);
— les Fêtes de Corinthe (1717); — la Fête
de ri le- A dam (1722); — les Muses rassem-
blées par l'Amour (1723) ; — le Génie de la
£ou7'gogne (1732) ; — les Noces de Vénus{i7^0).
On a de lui trois livres de cantates et cinq livi'es
de motets, publiés par Ballard. Campra est l'au-
teur de l'air de la Fivrstemberg , dont la vogue
fut longtemps populaire.
DlEUDONNÉ DENNE-BARON.
Fétis, Biographie universelle des musiciens. — l.a
Borde, Essai sur la musique.
*CAMPREDON (Jacques-David, baron de),
général français, né à Montpellier le 13 janvier
1761, mort le 11 avril 1837. Commandant du
génie à l'armée d'Italie, il se distingua au siège
de Gaëte(1806), et eut une large part dans les
succès que Masséna remporta pendant cette cam-
pagne. Étant passé au service de Joseph, devenu
roi de Naples, il fut nommé (1809) ministre de
la guerre, et ne quitta ce poste que pour prendre
le commandement de l'armée napolitaine pen-
dant la campagne de Russie, où il fut fait prison-
nier. Rendu à la liberté, après avoir fait (4 juin
1814) adhésion à l'acte par lequel le sénat pro-
nonçait (2 avril) la déchéance de Napoléon, il
U
419 CAMPREDOIV — CAMUCCINI
reçut la confirmation ( 24 septembre ) de son titre
de baron, que lui avait donné Bonaparte, et fut
ai>pelé à faire partie de la chambre des pairs.
Son nom est gravé sur l'arc de triomphe de l'É-
toile, côté sud. A. S.
420
P'ict. et Conquêtes, t. V!II, XII, XVI.— Victoires des
FrançaiSy t. V. — Archives delà guerre.
*CAMPRONT {Jacques de), curé d'Avran-
ches, vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle. 11 est auteur d'un ouvrage singulier, in-
titulé Psalterium justo litigantium; Paris,
1597. Ce volume, dédié au parlement de Rouen
et devenu rare, contient pour chaque jour de la
semaine un cantique de la façon de l'auteur, et
quatre psaumes arrangés par lui : « l'honnête
plaideur doit réciter le tout fort exactement, et
il est alors certain de gagner sa cause. » Deux
gravures assez jolies accompagnent ce bizarre
recueil, formé de tous les passages de l'Écriture
qui ont paru susceptibles d'entrer dans un psau-
tier semblable.
Dnpin, additions à la Bibliothèque choisie des livres de
droit, par Camus, t. II, p. ^91. — Revue française, t. XI,
(1839) p. 264.
CAMPS (François de), prêtre et antiquaire,
né à Amiens en 1643, s'appliqua aux études
historiques sous la direction de Bouteroue, de
Du Cange, du P. .e Cointe et de dora Mabillon ,
et se Hvra ensuite à l'étude des médailles ; il en
forma une très-belle collection, qui est passée
depuis au cabinet des antiques de la bibliothèque
impériale. On a de lui , dans le Mercure du
temps , un grand nombre de dissertations sur
l'histoire de France. Le P. Daire en a donné la
liste complète dans son Histoire littéraire d'A-
miens. De Camps mourut en 1723.
Le Bas, Diction . encycl. de la France,
litt. d'Amiens.
Daire, Hist.
CAMPS (des). Voy. Descamps.
CA.MtrccîNi {Vincenzo) , peintre d'histoire,
né à Rome vers 1775, mort dans la même ville
le 2 septembre 1844. Son père, qui exerçait dans
cette ville la profession de batteur d'or, le laissa
très-jeune orphelin et sans fortune. Vincenzo
avait un frère aîné, Pietro Camuccini, restau-
rateur de tableaux, qui, avec Pietro Bombelli,
graveur romain assez médiocre, se chargea de
l'éducation du jeune homme. Sous la direction
de Bombelli, Vincenzo reçut les premiers élé-
ments du dessin , et, sous le patronage de son
frère, il se livra à l'étude des grands maîtres de
l'Italie. Jusqu'à l'âge de trente ans, sa vie labo-
rieuse se passa à copier leurs ouvrages. Il étudia
surtout Raphaël , le Dominiquin et André del
Sarto, peintre salarié, attaché à l'église Saint-
Pierre <le Rome; et ce fut alors seulement que
Pietro Camuccini le laissa voler de ses propres
ailes, et l'encouragea à produire les compositions
qu'il avait essayées. David était à Rome : l'Italie
attentive le suivait de ses applaudissements dans
la voie des réformes que sa forte imagination
venait d'ouvrir à la peinture. Les succès de ce
grand ai-tiste ne furent pas sans influence sur la
direction du talent de Camuccini, qui chercha
dès lors les siens dans le genre antique.
Ce fut à cette époque qu'il peignit une suite dt
tableaux dont les sujets sont empruntés à l'his
toire de l'ancienne Rome : Horatius Codés
un de ses chefs-d'œuvre, et Romulus et Rémw.
enfants (aujourd'hui dans la collection du comti
de Sehonborn, à Reicharthausen ; ) — le Dépar
de Régulus pour Carthage ; — la Mort de Vir
ginie; — le Dévouement des dames romaines
— la Continence de Scipion ; — la Mort d
César, et nombre d'autres compositions qui jouis
sent en Italie d'une grande célébrité. La Mort d
César et la Mort de Virginie se trouvent dans I
collection du château royal de Naples. Camuccit
peignit également quelques portraits , dont nou
indiquerons plus bas les principaux. Outre k
tableaux que nous avons nommés , Camuccini
laissé : l'incrédule Thomas, très-beau tableai
admirablement exécuté en mosaïque peinte poii
l'église Saint-Pierre à Rome; — la Présentatio
de Jésus-Christ au temple, dans l'église Sai
Giovanni à Plaisance (c'est l'ouvrage dont s(
compatriotes font le plus de cas); — Mort a
Marie -Madeleine; — la Mise au tombeau ù
Jésus-Christ , pour le roi Charles IV d'Espi
gne; — V Apparition de Jésus-Christ dai
les limbes de V enfer, commandé en 1829 p;
l'association des Amis patriotiques de l'art
Prague; — l'Envoi des Bénédictins en Angl
terre , pour annoncer la foi véritable], 1832
— la Conversion de Saul , peinture colossa
exécutée en 1834 pour l'église des Apôtres
Rome; — les Fiançailles de Psyché; — I
fresques du plafond du palais Torlonia, exée
tées avec Landi.
Pour les cartons et pour les petites scènes, (
l'a comparé aux grands maîtres de l'art; ma
on regrette que l'exécution, quant à la couleu
laisse tant à désirer. Parmi ses meilleurs po
traits on cite celui du pape Pie VII (aujou
d'hui dans la galerie de Vienne), et celui <
duc de Blacas, ambassadeur de France à Rom^
les portraits du 7-oi et de la reine de Ni
pies , Je portrait en pied de la comtesse Choi
valoff, et enfin celui de la comtesse de Di
trichstein, en 1829. On lui doit encore la co
tinuationj du Museo Capitolino , et la resta
ration de beaucoup d'anciens tableaux. Beaucoi
de ses ouvrages ont été gravés par Betellii
Un certain nombre ont été lithographies p
Scudellari, sous le titre : i Fasti principe
délia vita di Gesù-Cristo ;Y^wa&, 1829, av
le texte en français et en italien; 2 vol. in-fol.
On ne peut refuser à tous ces ouvrages i
certain mérite ; mais, dépourvus de nature
de vérité, ils attestent plutôt l'adresse et l'indi
trie. d'un arrangeur habile, que l'inspiration d'i
véritable artiste. Si le noble caractère des gran
maîtres italiens et des monuments plastiques
l'antiquité semble se manifester au premier co
431
CAMUCCINI — CAMUS
422
[l'œil dans les compositions de Camuccini, l'exa-
[Tien en a bientôt détruit l'effet factice et em-
iirunté. Tl n'était pas pourvu d'un génie assez
j énergique pour ravir leurs secrets aux grands
' naltres , s'approprier leurs beautés , et rester
I )riginal tout en se portant leur imitateur : aussi
[ este-t-il toujours conventionnel dans sa compo-
fiitîon, dans ses lignes, dans sa couleur; toujours
I voit l'art à travers le prisme des bas-reliefs
le l'antiquité; toujours un perfide souvenir de la
f tatiiaire vient s'interposer entre ses yeux et la
' lature. En un mot, tous les ouvrages de Camuc-
' ini prouvent la justesse de ce jugement pro-
loncé sur lui par notre célèbre Pierre Guérin :
11 s'est nourri des anciens et de Raphaël, mais
n'a pu les digérer. »
11 fut nommé inspecteur général des musées
u pape et de la fabrique de mosaïqijes à Rome,
t directeur de l'Académie napolitaine dans la
lème ville. Il fut en outre membre de l'Ins-
tut de France, et pendant quelque temps prési-
' ent de l'Académie de San-Luca. Pie VII le créa
: iron au titre héréditaire, et l'empereur d'Au-
iche François ï" lui conféra l'ordre de la Cou-
' inne de fer.
L'un des plus beaux hommes de son temps,
filein d'élégance dans les manières, Camuccini
otiiit dans le monde d'éclatants succès, tlat-
urs pour son amour-propre et profitables à sa
irtune. Il possédait un riche cabinet de tableaux
! nciens, de dessins remarquables et de gravures
'récieuses. Pendant longtemps il a rempli les
mettions de directeur de l'Académie de Saint-
lic et celles de conservateur des collections du
atican. [Feuillet de Conches, dans l'Enc. des
. du m.]
Nasler, Neues Mlgemeines Kûnstler-Lexicon. — Gô-
le, IFincHelmann, p. 325. — Aug.-Guill. Schlegel , Lel-
yes à Cot/ie. — Nagler, Neues Allgemeines Kûnstler-
exic07i.
j * CAMUEL , patriarche hébreu, vivait en 1605
vant J.-C. ; il était fils de Seppthan de la tribu
i'Éphraim, et fut le représentant de cette tribu
iarmi les chefs chargés de faire au peuple is-
lélile le partage de la terre promise.
Nombres, ch. XXXVI, 24.
CAMVLOGÈNE, chef gaulois, dont César parle
ans ses Commentaires. Il commandait les
'arisii et les confédérés des cités voisines, lors-
: ue Labienus marcha sur Lutèce. Camulogène,
'lors chargé d'années, mais doué d'une grande
xpérience de l'art militaire, disputa au général
'omain l'approche de la Seine en se couvrant
f 'un grand marais que formait sur la rive gauche
! u',fleuvela rivière deBièvre. Labienus, contramt
' e se retirer, alla surprendre Melodunum (Me-
:Jn),ypassa la Seine, et remonta vers Lutèce. Ca-
|nulogène, craignant que l'ennemi ne s'en rendît
fiaître et ne s'y fortifiât, mit le feu à Lutèce, coupa
j îs ponts, et, protégé par le marais, revint camper
tir la rive gauche. Cependant Labienus opéra
ou passage à quati'e milles plus bas, et les deux
I inées en vinrent aux mains dans une plaine
qui, selon quelques archéologues, serait celle
d'Issy et de Vaugirard. L'action fut longue et
opiniâtre; enfin les Gaulois furent enveloppés
et taillés en pièces. Camulogène, qui avait tou-
jours animé les siens par son exemple, ne sur-
vécut pas à sa défaite, et se fit tuer les armes à
la main.
César, de Bell. GalL, lib. VII, cap. 87.
*CAMUS (....) , compositeur de musique,
né à Paris en 1731, mort en 1777. II fut d'abord
page de Louis XV. Étant entré dans la musi-
que du roi, il eut l'abbé Madin pour maître. En
1746, il fit exécuter devant la cour le psaume Qui
confidunt in Domino, qui fut très-applaudi ;
Camus n'avait alors que quinze ans. Depuis lors
il écrivit plusieurs morceaux de musique d'église.
La beauté de sa voix le fit admettre comme ténor
à la chapelle royale.
Féiis, Bjop. universelle des Musiciens.
CAMUS (Armand-Gaston), député aox états
généraux et à la convention nationale , membre
du conseil des cinq-cents et de l'Institut, né à
Paris le 2 avril 1740, mort le 2 novembre 1804.
n étudia le droit,et acquit surtout une connaissance
parfaite du droit canonique, ce qui lui valut la place
d'avocat du clergé de France. Il accueillit avec
transport les premiers événements de 1 789, et ne
dissimula point la part qu'il se proposait de pren-
dre à la révolution. Nommé député du tiers état
de Paris aux états généraux , il de\int l'un des
secrétaires provisoires de la chambre des com-
munes, combattit Mirabeau, qui voulait qu'on
obtînt la sanction du roi pour se réunir en sec-
tions, et déclara s'opposer à tout projet d'em-
prunt jusqu'à ce que l'assemblée fût légalement
reconnue. Il joua un rôle important à la journée
du jeu de paume, et ce fut lui qui alla chercher
les papiers de l'assemblée dans la salle fermée
pour les préparatifs de la séance royale. Quand
la résistance de la cour eut été vaincue, et que
les députés purent accomplir leur importante
mission, il obtint la suppression des annates
payées jusqu'alors à la cour de Rome, et fut
nommé arcliiviste de l'assemblée. Depuis cette
époque, il s'occupa presque exclusivement de
matières de finances et des biens nationaux.
Dans la séance du 4 août, pendant qu'on discu-
tait des droits de l'homme , Camus demanda
qu'on fit aussi mention des devoirs. L'ordre de
Malte ayant, le 30 novembre, fait des réclama-
tions contre la suppression de la dîme, il s'écria :
« Je demande, pour répondre aux pétitionnaires,
« que les établissements de l'ordre de Malte
« soient supprimés. » Il fit tous ses efforts pour
que le livre rouge, qui contenait l'état des dé-
penses royales et des pensions secrètes du gou-
vernement, fût donné en communication à l'as-
semblée, et il le fit imprimer, stigmatisant ainsi la
cupidité des courtisans. En juin, il attaqua les
fermiers généraux , et obtint la suppression de
toutes les croupes. Dans la discussion sur les det-
tes du comte d'Artois, il demanda à l'assemblée
14.
m
49.B
CAMUS
42'
« poin'quoi l'on voudi^it faire payer à la France les
dettes (l'un particulier,» et fut vivement applaudi.
Il fit, dans la séance du 13 août, réduire à un
million le traitement des princes français, et fit
supprimer leur maison militaire. La constitution
civile du clergé fut presque exclusivement son
ouvrage. Ce fut lui également qui provoqua le
serment civique de la part de tous les ministres
du culte. Après la fuite de Louis XVT, il accusa
Montmorin, la Fayette , Bailly et Louis XVI lui-
même, les qualifiant de conspirateurs et de traî-
tres ; il demanda, le 3 juillet, la suppression de
tous les ordres de chevalerie et de toutes les
corporations fondées sur des distinctions de nais-
sance. Nommé conservateur des archives natio-
nales, il rendit un immense service en prévenant
la destruction des titres et papiers des diverses
corporations supprimées. Camus prit part aux
discussions relatives aux attributions des minis-
tres et à leur présence à l'assemblée législative ,
et provoqua le décret qui convoquait la conven-
tion nationale, à laquelle il fut envoyé par le dé-
partement de la Haute-Loire. Devenu secrétaire
de la convention dès sa première séance , il y
demanda, le 22 octobre, la vente immédiate du
mobilier des émigrés et des maisons religieuses.
Au mois de décembre 1792, il fut chargé par la
convention d'aller vérifier, en Belgique, les dé-
nonciations qui étaient adr&ssécs par le général
Dumouriez contre le ministre de la guerre; et,
après avoir rempli sa mission, il revint à Paris,
rendit compte à l'assemblée de la situation de
l'armée française en Belgique, et insista sur le
danger de ne pas laisser aux généraux les moyens
de mettre à exécution leurs plans de campagne.
Envoyé de nouveau dans ce pays en qualité de
convmissaire de la convention pour surveiller
les opérations de l'armée, il se trouvait absent
de Paris lorsque l'on condamna Louis XVI ; il
envoya cependant son vote pour la mort sans
appel et sans sursis, dans une lettre du 23 jan-
vier. A son retour, il fut nommé membre du co-
mité de salut public. Le 30 mars, il fut chargé
de demander, au nom du comité, que le général
Dumouriez fût mandé à la barre, et que quatre
commissaires pris dans le sein de la convention,
accompagnés du ministre de la guerre Beurnon-
ville, partissent sur-le-champ pour la Belgique,
avec pouvoir de faire arrêter tous les généraux
et officiers de l'armée qui leur paraîtraient sus-
pects. Camus fit partie de cette commission. Ce
fut lui qui signifia à Dumouriez le décret de la
convention. On sait comment Dumouriez répon-
<^lit à cet ordre : il fit airêter par des hussards
les commissaires et le ministre de la guerre, et
les livra aux Autrichiens le 3 avril 1793. Suc-
cessivement détenu à Maestricht, à Coblentz, à
Kœnigingratz et à Olmutz, Camus, après trente-
trois mois de captivité, fut enfin échangé à Bâle
contre la fille de Louis XVI. Bevenu en France,
il siéga au conseil des cinq-cents, dont un dé-
cret de la convention l'avait déclaré membre de
droit, ainsi que ses compagnons de captivité. 1
y fit le récit de leur longue et douloureuse dé
tention, et obtint la présidence du conseil li
23 janvier 1796. Peu de jours après, il fut nomnn
par le Directoire ministre des finances ; mais i
refusa cette place, et resta attaché au conseil
Ses travaux furent tous consacrés à l'adm-inis
tration et aux finances. En 1795 , il présenta ui
projet d'amnistie qui fut adopté peu après. ]
sortit du conseil le 20 mai 1797.
Camus, qui déjà avait été nommé membre d
l'Institut, reprit alors ses travaux littéraires, e
s'y livra sans interruption. Fidèle à la cause di
la révolution, Camus osa, au 10 juillet 1802,s'ins
crire pour la négative sur le registre des vote
pour le consulat à vie. Napoléon , devenu empe
reur, lui conserva sa place aux archives et à l'Ins
titut. Camus préparait des matériaux précieu
pour l'histoire des départements réunis à 1
France , lorsqu'il mourut à l'âge de soixante
quatre ans. Ses principaux ouvrages sont
Lettre sur la profession d'avocat, et Biblic
thèque choisie des livres de droit, \111 i
1777, 2 vol. in-12 ;— Histoire des Animaux d'à
ristote, avec le texte en regard, 2 vol. in-4";-
Code judiciaire, ou Recueil des décrets a
V Assemblée nationale et constituante su
l'ordre judiciaire, 1792; — Manuel d'Épic
tète, et Tableau de Cébès, 1796 et 1803 ; — Mi
moire sur la collection des grands et pi
tits voyages, 1802, in-4°; — Histoire et pn
cédés du polytypage et du stéréotypage, 1803
— Notice sur un livre imprimé à Bamberg i
1462 : il y traite l'une des questions les ph
intéressantes : de l'origine de l'imprimerie ; -
Voyage dans les départements nouvelleme) ,
réunis. Camus a fourni aussi un grand nombi
d'articles au Journal des Savants , à la Biblii
thèque historique de France, et à d'autres r
cueils.
Tonlongeon, Élo'je historique de A,-G. Camus. — M
niteur universel, années 1790 et suiv. — Thiers, ftl
gnct , etc. Hist. de la révolution. — Le Bas, Dict. e
cycl. de la France. — Biographie des Contemporaini
* CAMUS (Bonaventure ) , théologien lorraii
vivait vers le milieu du dix-septième siècle,
était gardien des franciscains à Toul. On a (
lui : EucJim'istix sacramentitm explicatm
Toul, 1656.
Calmet, Bibliothèque de Lorr.
*CAMiTS {Charles), jurisconsulte françai:
natif de Dijon , vivait vers le milieu du seizièn
siècle. Il passe pour avoir écrit un grand nor
bre de commentaires sur le droit civil. Mais (
n'a plus de lui que : Caroli Camusii Divinijur
studiosi, de his quse ad tutorum excusatiori'
pertinent, ad Herennium Modestinum libt
lus ex suo centonum juris libro; Paris, 155
in-4° ( publié par son ami Jacques Bionaeus ).
Pap\\\oa,Bibl. des auteurs de Bourg.
CAMUS ( Charles-Étienne-Louis) , math'
maticien et astronome français, né à Cressy <
Brie le 25 août 1699 , mort à Paris le 2 févrie
42S
ou, selon d'autres, le 4 mai 1768. Après avoir
, étudié le» mathématiques à Paris, il se signala
pour la première fois en 1777 dans le concours
pour un prix proposé par l'Académie des scien-
ces; il ne gagna pas, il est vrai, le prix; mais son
mémoire fut trouvé si remarquable, qu'il lui fit
{ouvrir les portes de l'Académie. En 1736 il fut
t envoyé, avec Maupertuis , Clairaut , Monnier et
! iiutres, enNorwége, pour déterminer l'aplatisse-
ment des pôles. Quelque temps après il reçut ,
1 ivec Bouguer, Cassini et Pingre, une autre mis-
i iion semblable, savoir : de déterminer la différence
1 lu méridien entre Paris et Amiens. Après de nom-
[ )reux travaux U reçut enfin la place d'examina-
; eur des écoles du génie et de l'artillerie, et plus
ard celle de professeur de géométrie. Il était
Il même temps depuis 1760 secrétaire perpé-
uel de l'Académie d'architecture, et depuis 1765
aerabre de la Société royale de Londres. On a
c lui : Mémoire sur lamanière la plus avan-
ageuse de mater les vaisseaux (pour le con-
< ours de 1727 ; Paris, 1727, in-4°); — Sur les
l'oixes vives des corps en mouvement ; Pasis ,
|728,in-4°; — Solution d'un problème de
éométrie, proposée par M. Cramer; Paris ,
173i, in-4°; — Sur la figure des dents des
oues et les ailes des pignons, pour rendre les
orloges plus parfaites ; Paris, 1733, in^";
I - Sur V action d'une balle de mousquet; —
'roblème de statique qui a rapport au mou-
ement perpétuel ; — Sur la meilleure mat-
ière de se servir des seaux pour élever Veau;
: - Sur la meilleure manière des pompes : ces
rois mémoires sont insérés dans le Recueil
'c l'Académie des sciences ; — Figure de la
erre déterminée par les observations de
IM. de Maupertuis, Clairaut, Camus, etc.;
msterdam, 1738, in-12; Paris, 1739,in-8°;
- Traité sur l'hydraulique; Paris, 1739,
1-8° ; — Cours de mathématiques à l'usage
l'es écoles du génie et de l'artillerie ; Paris ,
749, 4, vol. in-S" ; la meilleure édit., Paris,
|766 , 4 vol. in-8" ; — Éléments de mécanique
•tatique ; Paris, 1751,in-8° (n'est qu'un tirage
: part d'une partie de l'ouvrage précédent ) ;
- Opérations faites pour mesurer le degré
e méridienne entre Paris et Amiens ; Paris ,
|757, in-8''.
■ I Grandjean de Fouchy, Éloge de Ch.-E.-L. Camus,
lans les Mémoires de l'Àcad. des tciences, an. 1768.
: 1 CAMUS ( François-Joseph de ou des ) , mé-
,anicien lorrain, né le 14 septembre 1672 à
I lichôme près de Saint-Mihiel, mort en Angleterre
iprès 1732. C'est encore un des martyrs de la
.cience à ajouter à la liste à laquelle chaque
liècle fournit son contingent. Issu d'une famille
[oble, qui possédait elle-même le fief de Ri-
hôme, U reçut une éducation soignée, d'abord
in Lorraine, dans les institutions de plusieurs
iongrégations , et ensuite à Paris au collège
e la Marche. De retour dans sa patrie, il fut
lis au séminaire de Verdun, où il étudia la
CAMUS 426
théologie pendant un an. Dans ses moraeuts de
loisir il s'occupait de mécanique , et il inventa
même un carrosse automate, qui ne réussit pas,
parce que des ouvriers inhabiles avaient été
chargés de sa construction. Dans le même temps
il fit une pendule que l'on [conserva longtemps
dans sa famille. En 1710 il construisit un pont
flottant, composé de plusieurs pièces ; ce pont se
plaçait de lui-même de l'autre côté d'une rivière,
quelque large qu'elle fût, sans que l'on fût obligé
d'y employer personne. Il avait aussi entrepris,
par ordre de Louis XIV, une compagnie de sol-
dats de joujoux, qui devaient, par le moyen de
certains ressorts, se mouvoir et défiler devant le
Dauphin. Mais cet ouvrage ne fut pas achevé, à
cause de la mort de Louis XIV.
Le 3 janvier 1716, Camus fut admis dans l'A-
cadémie des sciences comme membre adjoint. La
même année, il montra à l'Académie un carrosse
d'une suspension nouvelle , plus aisé à mouvoir
parce que les trains étaient parallèles au terrain,
et qu'ils ne faisaient que tirer un poids sans l'é-
lever; les cahots s'y faisaient moins sentir, parce
que les roues de devant étaient aussi gi-andes que
celles de derrière; enfin il devait être moins sujet
à verser. L'Académie, devant laquelle il fit ma-
nœuvrer ce carrosse, en fut satisfaite. En 1722, il
publia son principal ouvrage, le Traité des forces
mouvantes , avec la description de 23 machi-
nes nouvelles de son invention. L'auteur y
donne beaucoup d'indications sur les moyens de
perfectionner les cabestans , ainsi que sur une
meilleure trempe des métaux ; et il tire de ses
théories plusieurs conséquences utiles pour la
construction des mousquets, des gros canons, des
machines de toute sorte. On trouve dans le même
traité les descriptions de plusieurs mécanismes
ingénieux. Le premier est une espèce de tamis;
le deuxième, une grue basse à bec, pour creuser
uncanalou élever une chaussée; le troisième, une
machine à battre les gros pilots par un treuil
en forme de cabestan : ces trois appareils sont
construits dans le but d'économiser le temps et
les bras. Le quatrième est un genouil , ou ma-
chine parallactique mouvant, à vis, avec deux
portions de cercle, propre à observer les astres,
particulièrement dans les éclipses , en ce qu'on
peut toujours tenir l'objet au centre de la lu-
nette, quand même il disi)araîtrdit par intervalles.
On y remarque aussi la description d'une pendule
à poids et à secondes , de sept pieds et demi de
haut, qui allait un an sans être remontée, et
qui sonnait pendant ce temps les quarts et les
heures avec la répétition. Quelques améliora-
tions utiles, surtout une notable économie de
temps et de main-d'œuvre, avaient été apportées
à différentes sortes de brouettes , de brancards,
de chars, etc. Parmi les autres constructions
imaginées par Camus , on remarquait un petit
carrosse automate, occupé par des personnes
avec leurs laquais, mis en mouvement à l'aide
de certains ressorts , et une échelle qui se
m
427
CAMUS
428
pliait et se rangeait d'elle-même par un méca-
nisme particulier, et qui était facilement appli-
cable partout. Sans une querelle littéraire sou-
levée par le marquis de Serbois dans le Journal
des savants, cette invention aurait passé ina-
perçue.
L'Académie des sciences exclut de son sein
Camus le 4 décembre 1723, pour cause d'ab-
sence. Cette décision sévère décida du sort de
l'habile ingénieur. Camus avait dessiné et dé-
crit une machine pour le soulagement des ra-
meurs : c'était une rame composée de deux
pièces mobiles , que l'on pouvait poser perpen-
diculairement au dehors de la sainte-barbe,
pour faire voguer les plus gros vaisseaux en
temps de calme ; deux de ces rames y suffi-
saient. Il en fit l'épreuve à Toulon, sur un vais-
seau de 60 pièces de canon. D essaya de tirer
parti de son invention, pour se créer des res-
sources. A cet effet il se rendit d'abord en Hol-
lande, puis en Angleterre, où il mourut dans la
misère.
Outre le Traité des forces mouvantes pour
la pratique des arts et métiers, avec une ex-
plication de vingt-trois machines nouvelles
et utiles , Paris, 1722, in-S», on a de Camus :
Lettre écrite aux auteurs du Journal des sa-
vants ; Paris, juillet 1724 {en réponse à la
lettre écrite par M. le marquis de Serbois aux
mêmes, le 1 février 1723) ; — Mécanique de
Varignon, nouvelle édition; Paris, 1725, 2 vol.
m-4°; — Traité du moitvement accéléré par
des ressorts et des forces qui résident dans les
corps en mouvement , à&as, les Mémoires de
l'Académie des sciences , 1728.
Calmet, Bibl. de Lorraine.
CAMUS {Jean- Pierre) , surnommé Pont-
Carré, évêque de Belley, né à Paris en 1582,
mort le 26 avril 1653. Il se rendit célèbre par
la guerre acharnée qu'il fit durant toute sa vie
aux moines mendiants , dont la fainéantise et
les mauvaises mœurs avaient excité son indigna-
tion, et vivement contrarié son zèle pour le bien
de ia religion. Dans ses écrits , dans îa société,
du haut de la chaire , partout il les poursuivait
impitoyablement. Il les comparait à des cruches
qui se baissent pour mieux se remplir. «. Jésus-
« Christ, » ajoutait-ii , « avec cinq pains et trois
« poissons, ne nourrit que trois mille personnes,
« et qu'une fois en sa vie ; saint François, avec
" quelques aunes de bure , nourrit tous les
« jours, par un miracle perpétuel, quarante mille
« fainéants. » On autre fois, prêchant sur la pi'ise
d'habit d'une jeune novice, il commença ainsi
son sermon : « Messieurs , on recommande à
« vos charités une jeune demoiselle qui n'a pas
<( assez de bien pour faire vœu de pauvreté. »
A ces sarcasmes les moines répondaient par des
injures; si bien que, pour faire cesser la lutte,
il fallut recourir à l'intervention du cardinal de
Richelieu. >< Je ne vous connais , lui dit le pre-
« mier ministre , d'autre défaut que cet achar-
« nemeni contre les moines ; et sans cela je vous
« canoniserais. — Plût à Dieu ! lui répondil
« avec vivacité Camus; nous aurions l'un et
« l'autre ce que nous soutiaitons ; vous série?
« pape, et moi saint. » Cette réponse suffit poui
faire connaître le caractère du pieux évêque
qu'on peut juger encore par les titres de quel-
ques-uns de ses écrits polémiques : c'étaient U
Directeur désintéressé; — la Désappropria
tion claustrale ; — le Rabat-Joie du triom
phe monacal ; — les deux Ermites ; — le Re
dus et l'Instable; — l'Antimoine bien pré
paré, 1632, in-S" rare, etc. Cet infatigable pré
lat a laissé deux cents volumes écrits avec un
singulière facilité, mais d'un style moitié moral
moitié bouffon, semé de métaphores et d'ima
ges bizarres. N'oublions pas de dire que Carnu
fut surnommé le Lucien de l'épiscopat pou
les romans pieux qu'il avait imaginé de compo
ser comme contre-poison des romans profanes
Quelques-uns d'entre eux, sans doute pou
mieux soutenir la concurrence avec YAstrée
la délie , le Cyrus, de volumineuse mémoire
forment six gros in-8° ; ils sont intitulés : Dort
tkée, Alcime, Spiridion , Daphnide, Alexis, et
On avait proposé à Camus plusieurs évêclu
considérables, qu'il refusa constamment. Apri
vingt ans de travaux , il se démit de son év
ché , et se retira à l'hôtel des Incurables à Pari
pour y consaci'er le reste de sa vie au servi(
des pauvres, et y mourut à l'âge de soixan
et dix ans. A la longue liste de ses ouvrages
faut ajouter encore : les Moyen?, de réunir h
protestants avec l'Église romaine; Pari;
1703 : c'est ce que Camus a écrit de mieux; -
l'Esprit de saint François de Sales { ami <
l'auteur ); Paris , 1641; —Discours pronoi
ces devant les états généraux de 1614; Pari
1515, in-S».
Nicéron, Mémoires, t. XXXVI, p. 92.— Perrnult, Hoi
mes illustres de France, t. I, p. 9. — Bibliothèque c
romans, janvier et mars 1766.
CAMUS ( Nicolas ), humaniste et jurisconsul
français, natif de Troyes, vivait dans la secon^
moitié du dix-septième siècle. Il était professe
de droit à l'université de Paris. Ou a de lu
Academiae Parisiensis pro assertione jw
sui adversus quamdam mancipum factione
postulatio , ad Pompon. Bellevreeum eju.
dem res gestas carminé panegijri exponen.
1658, in-4°; — Terentii comœdice VI intt
pretatione et notis illustratse, in usum Ser
niss. Delphini; Paris, 1675,in-4°; Londre:
1688 , 1709 , in-S" ; — ad Jos.-Bapt. Colbe .
Elegia ; Paris, in-fol.
Adelung, suppl. k 3ôcYier. Allegem. Gelehrten-LexiCiÀ
* CAMUS {Paul-Hippolyte) , compositelj
français, né à Paris le 6 pluviôse an iv (ja|
vier 1796). Il fut admis au Conservatoire
mois de juillet 1806, comme élève de WavJ
derlich. En 1819, il entra à la Porte Saint-Mal
tin en qualité de première flrtte , emploi quj
remplit ensuite au Gymnase , d'où il passa»
|t29 CAMUS — CAMUT
j 'Odéon lorsque ce théâtre représenta des opéras
} taliens et allemands. Camus était en 1835 à l'O-
) >éra italien. On a de lui 1 1 duos pour flûtes ; —
l> fantaisies sur des motifs de la Neige y llùte
I it piano , — 24 sérénades composées sur des
lira nationaux; — 6 airs variés sur divers
! hèmes , etc.
Fttls, Biographie universelle des Mtisiciens.
CAMUS D'HOCLOUVE ( Bertrand-Louis ) ,
! iirisconsulte français, vivait dans le dix-huitième
! iècle. On a de lui : Traité des intérêts des
réances, 1774 , in-4°; — Coutumes du Bou-
mais conférées avec les coutumes de Paris,
Artois, de Ponthieu, d'Amiens et de Mon-
'■eitil, lin, 2 vol. in-4"*.
Feller, Biographie universelle.
CAMUS (Philippe).
CAMUS (le). Voy. LE Camus.
CAMUSAT ( Denis -François ), historien IVan-
lis, né à Besançon en 1695, mort à Amster-
am le 28 octobre 1732. Il se fit connaître de
; jnne heure par une Histoire des journaux
Inprimés en France, publiée en 1716. Retiré
us tard en Hollande , U y passa le reste de sa
e à écrire des ouvrages qui se ressentent, il
>t vrai, de l'inconstance et de la précipitation
iturelles à l'auteur, mais qui décèlent toujours
lorame^d'esprit, et renferment une foule de re-
lerches curieuses. Sans compter ses éditions
;is Mémoires pour servir à l'histoire de
I ouis XIV par l'abbé de Choisy, des Mémoires
l istoriques de Mézeray (qui furent proscrits en
ràiice), et des Poésies de Chaulieu et de la Fare,
ditions publiées en Hollande de 1726 à 1731, on
li doit encore une Bibliothèque française, ou
fistoire littéraire de la France; Amsterdam,
723 et suiv., 3 vol. in-12; — des Mémoires
istoriques et critiques; Amsterdam, 1722,
vol. in-12; — des Mélanges de littérature,
irés des lettres manuscrites de Chapelain;
'ans, 1726, in-12; — la Bibliothèque de Ciac-
'onius, avec des noto; Paris, 1731, in-fol.; —
\ Histoire critique des journaux, 1734, 2 vol.
|ii-12, publiés par Bernard.
^ Le Bas, Dict. encyc. de la France.
j CAMUSAT {Jean ), imprimeur-libraire à Pa-
lis, mort en 1639. Il se fit, au commencement
jlu dix-septième siècle , une réputation par son
; avoir et le choix des ouvrages sortis de ses
Ivresses. L'Académie française , à sa création, le
l hoisit pour son imprimeur, et le chargea plu-
ieurs fois de répondre pour elle aux lettres qui
: ui étaient adressées. Il assistait aux séances de
;ette assemblée , et y remplissait les fonctions
il'huissier. Souvent même les académiciens se
séunirent chez lui avant leur installation au
-■ouvre. A la mort de Camusat , l'Académie lui
[Ht^ébrer un service funèbre, et lui donna pour
S successeur sa veuve, malgré la demande faite
'r)ar RicheUeu en faveur de l'imprimeur Cramoisy.
tlîette dame fut représentée par son parent, le
430
médecin Duchesne, qui prêta serment pour elle,
« et fut exhorté, dit Pellisson, d'imiter la dis-
« crétion, les soins et la diligence du défunt. »
Le recueil intitulé Négociations et traités de
paix de Cateau-Cambresis a été publié par
Camusat.
Morérl, Dictionnaire historique.
CAMUSAT ( Nicolas ) , chanoine et historien
français, né à Troyes en 1575 , mort en 1655. Il
était chanoine de la cathédrale de sa ville na-
tale, et a laissé les ouvrages suivants : Promp-
tuarium sacrarum antiquitatum Tricassinx
diœcesis ; Troyes, 1610, in-S"; — une édition
de VHistoria Albigensium de P. des Vaux de
Cernay, 1615, in-8°; — Mélanges historiques,
ou Recueil de plusieurs actes, traités, let-
tres, etc., depuis i 390 jusqu'en 1580; Troyes,
1619, in-S" ; — une édition des Mémoires divers
touchant les différends entre les maisons de
Montmorency et de Châtillon , écrits par Chr.
Richer, ambassadeur de François I" et de
Henri H en Suède et en Danemark; Troyes,
1625, in-8°. Tous les ouvrages de Camusat, ces
deux derniers surtout, sont extrêmement cu-
rieux et recherchés.
Richard et Giraud , Bibliothèque sacrée.
CAMUSET ou CAMUZET ( l'abbé ) , théologien
français, né à Châlons-sur-Marne en 1746. U fut
d'abord sous-maître au collège Mazarin, puis pro-
fesseur. Ses ouvrages ont été estimés même par
ses adversaires. Ou a de lui : Pensées anti-phi-
losophiques ; Paris, 1770, in-12 : c'est une ré-
futation des pensées philosophiques de Dide-
rot; — Saint Augustin vengé des Jansénis-
tes; Paris, 1771, in-12; — Principes contre
l'incrédulité ; Paris, 1771, in-12; — de l'Ar-
chitecture des corps humains; Paris, 1782,
in-12; — une traduction de V Esprit de la con-
grégation de Notre-Dame, d'après Tournier de
Mataincourt; — Pensées sur le théisme; Pa-
ris, 1785, în-12. C'est une défense ironique des
principes émis par Anacliarsis Cloots.
Quérard , la France littéraire.
* CAMUT, noble vandale, mort à la fin du
cinquième siècle de notre ère. Frère du chance-
lier du royaume des Vandales, il avait contri-
bué avec celui-ci à la fortune de Genséric ;
mais il vit son frère et sa belle-sœur mis à mort
lâchement par le féroce successeur de Genséric,
Hunéric, qui, voulant changer la loi de succes-
sion établie par son frère, se fit le persécuteur
de tous les autres membres de sa famille et des
amis de son père. Camut lui-même parvint à se
soustraire au dernier supplice en se réfugiant
dans un temple. Il fut arrêté néanmoins , et il ne
put échapper à la torture : on le jeta d'abord
dans une fosse immonde, d'où il ne fut tiré que
pour travailler la terre comme esclave. La co-
lère du roi ne fut pas encore apaisée par tant
de rigoureuses persécutions ; chaque mois , Ca-
mut était frappé de verges : on mesurait l'eau
qu'il buvait , et le pain qu'on lui donnait était à
43i
CAMUT — CANACHUS
43:
peine suffisant pour prolonger son existence ; il
dut succomber sous tant de maux.
L. Marcus, Hist. des /Vandales. — Yanoski, Hist. de
l'jfrique sous les Fandales {iiXisV Univers pittores-
que).
CAMUZ ou CAMUS (Philippe), romancier,
vivait en Espagne dans le seizième siècle. Il est
connu par ses traductions françaises d'anciens
romans, dont les principaux sont : le Roman
de Clamades et de la belle Claremonde, li-
vre excellent et piteux, translaté de rijme du
roi Àdenez ; Lyon ( Jean de la Fontaine ) ,
1488, in-4° gothique, réimprimé avec quelques
changements à Paris et à Troyes , in-4° ( sans
date), et à Lyon, 1620, in-8° ; il en existe une
autre traduction par le Gendre de Richebourg,
sous le titre A' Aventures de Clamades et de
Claremonde, tirées de l'espagnol; Paris, 1533,
in-12 (rare), et 1587, in-4"; —V Histoire d'O-
livier de Castille et Artus d'Algarbe, son
loyal compagnon, et de Héleine, fille du roi
d'Angleterre, et de Henri, fils dudit Olimer,
qui grands faits d'armes firent en leurs temps,
translaté du latin, in-fol. gothique; — la His-
toria de la linda Magalona, y el esforzado
cavallero; Pierro Baëca, 1628, in-fol. ; — Libro
del esforzado cavallero don Tristan de Leo-
nesy, de su grandes hechos in armas; Sevilla,
1528, in-fol.; — la Coronica de los notables ca-
valleros tablante de Ricamonte y Jojce hijo
del conde de Nazon, sacadas de las coronicas
francesas; Séville, 1629, in-fol. ; — la Vida de
Jioberto el Diablo, despues de su conversion ,
clamado hombre de Bios ; Séville, 1629, in-fol.,
imprimé en lettres gothiques ; Paris (sans date);
Lyon, 1496, in-4° : ce roman fait maintenant
partie de la Bibliothèque bleue.
On mentionne aussi parmi les œuvres de Ca-
ïiiuz une Histoire de Marie, reine d'Ecosse,
traduite deBuchanan, Edimbourg, 1572, in-12,
par Philippe Camiîz , Poitevin. Mais il n'est pas
certain que ce soit le même auteur.
Antonio , liibliotheca liispanica nova.
CAM0ZIO ou CAMUTïUS {André), méde-
cin italien, né entre 1510 et 1520 à Lugaro (can-
ton du Tésin ), mort à Vienne en Autriche en
1578. Il fit ses études à Pavie, professa pen-
dant quelque temps la médecine et la physique
<ians cette université, et pratiqua l'art de gué-
rir à Milan. En 1564, il fut appelé à Vienne
liour remplir les fonctions de médecin ordinaire
de l'empereur Maxirnilien II ; il resta dans cette
ville jusqu'à la fin de sa vie. On a de lui : Dis-
jmtationes quibus Hieromjmi Cardani con-
clusiones infirmantur, Galenus ab ejusdem
injuriis vindicatur, Hippocratis prxterea
aliquot loca diligentius multo qiiam nun-
quam alias explicantur ; Pavie, 1563, in-8" ;
— De humano intellectu libri IV; Pavie,
1664, in-S" ; — De amore et felicitate; Vienne,
1574, in-fol.; — Excussio brevis prxcipui
morbi, nempe cordis palpitationis Maximi-
liani II Civsaris invictissimi simul ac aliç-
rum virorum illustrium praster naturan
affectuum ;¥\orenc&, 1578 et 1580, in-8° ; -
De nobilitate libri VII hactenus in lucen
nusquam editi; Milan, 1640, in-8°.
Éloy, Dict. de la Méd. — Adelung, suppl. à Jôclicr
AUgeni. Geleherten-Lexicon. .
* CANAAN ( de y23, être bas), patriarche hé
breu, deuxième fils de Cham. Il était né avant l'en
tréede Noé dans l'arche; maisl'époque de sa moi
n'est pas indiquée dans l'Écriture. Selon quelque
interprètes, ce fut lui qui vit un jour son grand
père Noé couché sous sa tente, dans un état coni
plet d'ivresse et de nudité , et courut en averti '
son père Cham , qui tourna en dérision l'état d
Noé. Celui-ci, revenu à la raison, fut informé d
la conduite de ses enfants : il blâma sévèremei
Cham, et, considérant que l'indiscrétion de son pi
tit-fils était la cause première de ce scandale,
dit : (c Que Canaan soit maudit ; qu'il soit à l'égar
« de ses frères l'esclave des esclaves ! » Canaa
donna son nom au pays que les Hébreux désigm
rent sous le nom de Terre promise , et dont i
s'emparèrent sous la conduite de Josué, quaran
ans après leur sortie d'Egypte. Dans les langiK
sémétiques, le root ca«aan signifiait pays bas, i
s'accordait bien avec la topographie de cette coi
trée. Les Grecs la connaissaient, et en appelaiei
les habitants Phéniciens, de çoîvil, dattier, doi
les fruits formaient une des principales branclu
du commerce du pays. Peu à peu ce mot d
vint synonyme de marchand, à cause de l'ir
mense trafic qui se faisait par l'intermédiai
des Phéniciens. Le pays de Canaan (aujou
d'hui Palestine ) était borné au nord par le L
ban , à l'ouest par la Méditerranée, à l'est p.
l'Euphrate, au sud par la mer Morte , l'IduuK
et l'Arabie Pétrée , jusqu'au torrent d'Égyp
(Wadi-el-Arioch).
Canaan fut père de onze fils, qui s'appelaiei
Sidon, Heth, Yebousi , Esnori , Hiwi , Guirgaz
Arki, Smi, Arwadi , Semari , Hamathi ; chaci
d'eux devint chef d'un peuple qui prit son nor
Ces premières souches se divisèrent en de nor
breuses peuplades, puisque le nombre seul d'
rois vaincus par Josué s'éleva à trente et u
sans compter quelques républiques, telles qi
Sichem, Gabaon, etc. La plupart des Cananéei
périrent dans les guerres contre les Juifs;
reste s'expatria et se répandit sur tout le littor
de l'Afrique, où on en rencontre encore des ve
tiges. Il ne faut pas confondre la terre de Cana;
avec la Phénicie proprement dite, qui, située pli
au nord, ne subit jamais le joug des Hébreux.
La Cenèse. — Joséphe, De bello judaico. — Tliéod
rPt, Quœsliones in Gènes. — Gèagraptiic (J'Kdrisi.
Bohien , Die Genesis. — S. MunU , Palestine (dans l'ih
vers). — V. Hœfer, Phénicie ( dans l'Univers ).
CANACHCS, sculpteur grec, natif de Sicyon
vivait au cinquième siècle avant l'ère chrétieun
Il était frère d'Aristoclès , artiste renommé,
élève de Polyclète d'Argos. Outre plusieurs o'i
vres remarquables, il fit pour la ville de Mil
un Apollon Philesius, transporté à Ecbatanc p ,
33
CANACHUS — CANALE
4U
:er\ès, de retour de l'expédition en Grèce. Il
ota la ville de Thèbcs d'un Apollon Isménien,
t sa ville natale d'une Vénus assise, en or et
Il ivoire, couronnée d'un diadème terminé en
ointe, pour figurer le pôle. Cicéron parle de
aiiachus, dont il compare les œuvres avec celles
(' Calamis.
Un autre Canachus, probablement le petit-
es du précédent, fit, avec Patrocle, les statues
' deux Spartiates qui combattirent à ^Egos-
Dtamos en 405 avant J.-C.
Pausanias, VII et X. — Cicéron, Brutus. — Millier,
iinstblatt, 1821, n° 16.
* CANADA , philosophe indien, chef de la secte
li porte le nom de Vêséchice. Sa doctrine
.lit , dit-on, la même que celle des atomes de
vthagore ; il s'occupa principalement des objets
lisibles. Cette philosophie semble être le sup-
ément de celle de Gotama, ou du Nyâya, qui
' lite des objets métaphysiques et de la logique,
ouvrage de Canada se compose de 550 soûtées
dix lectures. L.
• lolebrook. Transactions de la Société royale asiati-
', t. I. — Ward, Aviewofttte history, Uterature and
thology of the Indus.
*CANADELLE (Moïse), chirurgien alkniand,
rait dans la première moitié du dix-septième
cle. Il exerçait son art à Hanau et à Nurim-
ig. On a de lui : Petit traité familier de la
ste; Genève, 1615, in-8°.
:arrére, Bibliothèque de la Médecine.
CANAL (Antonio ), dit Canaletto, peintre, né
Venise le 18 octobre 1697, mort dans cette
le le 20 août 1768. Fils et élève de Bernardo
mal, peintre de décorations théâtrales, il suivit
ibord la carrière de son père ; mais, s'étant
adu à Rome en 1719, il se mit à peindre d'a-
ès nature, et acquit la réputation d'habile
ysagiste. De retour dans sa patrie, il prit
lur modèles les palais , les églises, les canaux
f pittoresques de Venise, et les reproduisit sous
I utes les faces avec une inimitable perfection. Il
-ssa ponr a^oir le premier employé la chambre
iscure, pour obtenir rapidement une perspec-
e exacte. Souvent le Tiepolo enrichit ses ta-
eaux de figures spirituellement touchées, qui
1 augmentent encore le prix. Les ouvrages de
'analetto sont presque innombrables , on en voit
lins toutes les galeries de l'Europe; mais le plus
jécieux de tous est la Vue du grand canal,
fie possède le musée du Louvre. Parmi les élè-
H d'Antonio Canal, le plus habile fut Ber-
^irdo Bellûtto, surnommé, comme lui, Cana-
tto. E. B— N.
i'i-auzl, Storia pittorica. — Ticozzi , Dizionario.— VU-
\t, Musée du Louvre. — Catalogues des galeries de
f aise , Rome, Florence, Londres, Dresde, Munich, etc.
! *CANAL OU CANALETTO (Bemardo Bel-
fJTro, dit ), peintre vénitien, neveu d'Antonio Ca-
[ il, né à Venise en 1724, mort à Varsovie en 1780.
î fut élève de son oncle, et excella comme lui
iins la peinture et la gravure; mais, différent
I Antonio , après avoir fait quelques tableaux
1 )iir sa ville natale, il s'en éloigna, et voyagea à ,
' Rome, à Vérone, à Brescia, à Milan, cnlin à
Dresde, où il fut reçu en 1764 membre de l'A-
cadémie. Il représenta les environs si remar-
quables de cette capitale, et surtout la jolie
ville de Pirna. De là, Canaletto se rendit à Lon-
dres, où sa réputation l'avait précédé ; il y ga-
gna des sommes considérables. Horace Wal-
pole possédait de lui une vue admirable (|e
Vintérieur de King's collège Chapel. On volt
encore d'autres grandes toiles de cet artiste à
Queen's House. Le musée du Louvre possède du
Canaletto deux vues de Venise faites lors de ses
débuts en peinture. Ses eaux -fortes sont deve-
nues d'une rareté extrême ; on cite surtout ;
quinze vues de Dresde, des vues de Kœnigsteîn,
de Pirna et de Varsovie, œuvres pleines d'effet,
traitées avec un goût extrême. Bernardo se rap-
prochait tellement du style de son oncle, que les
ouvrages de l'un se distinguent à peine de ceux
de l'autre. Les principales qualités de Bernardo
sont une grande justesse de perspective, et une
remarquable vigueur dans la manière de rendre
les effets de lumière. On lui reproche quelquefois
des lourdeurs dans les parties ombrées ; mais
il faut attribuer ce défaut à l'emploi que cet ar-
tiste faisait de la chambre obscui'fi, emploi qu'il
tenait de son oncle.
Laiizi, Storia pittorica.
* CANAL (Pierre), grammairien genevois,
exécuté en 1609. Il était maître de langues et
sautier du petit-conseil. Ayant été convaincu
d'instruire Charles-Emmanuel I^"", dit le Grand,
duc de Savoie, des mesures de défense prises
par les conseils de Genève contre les surprises
à main armée tentées par ce prince , Canal fut
arrêté, et condamné à la potence. On a de lui un
Dictionnaire français et italien; Genève,
1598.
Spon, Histoire de Genève. — Sénebier, Hist. litt. de
Genève.
* CANALE (Annibal), Iiistovien italien, né dans
la Pouille vers le milieu du quinzième siècle. 11
entra de bonne heure chez les jésuites, et y ac-
quit bientôt une telle réputation, qu'il fut nommé
recteur du collège des Maronites à Rome, et en-
suite de celai d'Aquilée. On a de lui ; le Vite
de' Patriarchi, ovvero degli institutori degli
ordini; Rome (sans date), 1 vol. in-fol.
Alegambe, Bibl. script, societ. Jesu. — Toppi, Bibl.
Napolet.
CANALE (Nicolas), amiral vénitien, vivait
vers la fin du quinzième siècle. Il succéda, en
1469, à Jacques Loredano dans le commandement
des troupes Vénitieimes en Grèce ; rassembla une
flotte de vingt-six galères à Négrepont, avec la-
quelle il menaça plusieurs îles delà mer Egée;
et finit par s'emparer d'Éno, sur le golfe Sa-
ronique. C'était une ville commerçante, assez
riche, habitée uniquement par des Grecs : les
Turcs n'y avaient pas même de garnison ; néan-
moins , elle fut réduite en cendres, après avoir
éprouvé toutes les horreurs du pillage. Les lieux
saints ne furent pas même épargnés ; les religieu-
435
CANALE
4S
ses, dont les Turcs avaient respecté les couvents,
en furent arrachées et abandonnées à la bruta-
lité des soldats, qui s'enrichirent d'un butin
considérable , et emmenèrent à Négrepont deuv
mille captifs. Cet affreux et facile triomphe avait
anéanti une ville chrétienne : cependant, la nou-
velle du sac d'Éno étant arrivée à Rome en
même temps que celle d'un avantage remporté
sur les hérétiques de Bohême , le pape Paul U
ordonna des actions de grâces pour ces heureux
succès. Quoique les pirateries des Vénitiens ne por-
tassent surtout préj udice qu'aux sujets chrétiens de
Mahomet U, ce monarque résolut de ne pas souf-
frir davantage de pareilles attaques. Il fit prêcher
la guerre sainte, et réunit à Constantinople une ar-
mée et une flotte formidables. Ces forces se mi-
rent en mouvement le 31 mai 1470. Canale était
à Négrepont avec trente-cinq galères, quand on
l'informa que la flotte turque avait paru près
de Ténédos. Il s'avança par le canal qui sépare
Lemnos et Imbros, et bientôt aperçut la flotte
ennemie couvrant la mer de ses navires. Les Vé-
nitiens prirent la fuite, et, profilant de lanuit, se
mirent à couvert derrière Scyros, que les Turcs
ravagèrent et brûlèrent sous leurs yeux. Canale
se pressa de ravitailler Chalcis, et attendit des ren-
forts, qui ne tardèrent pas à lui arriver, avec ordre
de tout hasarder pour débloquer Négrepont, ville
que Mahomet assiégeait avec cent vingt mille hom-
mes, et à laquelle il avait déjà livré trois assauts
très-meurtriers. L'amiral vénitien, profitant des
courants et d'un vent favorable, laissa arriver
sur les chaînes tendues par les Turcs pour lui
fermer l'Euripe, les rompit, et parut, le 1 1 juillet
1470, en vue de la ville, qui se crut délivrée. Ma-
homet, craignant d'être coupé du reste de son ar-
mée, allait se rembarquer; mais Canale s'aper-
çut qu'il n'avait été suivi que par douze galères
et deux vaisseaux : la peur ou un malentendu
avait retenu les autres en dehors de l'Euripe.
Cependant Candiano, son pilote, les frères
Pizzamani, capitaines des vaisseaux, l'exhortaient
à venu- donner sur le pont de bateaux que les
Turcs avaient construit pour unir l'Eubéeavec la
Béotie, et couper ainsi leurs communications avec
la terre ferme. En vain lui démontraient-ils
qu'aidés par lèvent et les courants, ils redoutaient
peu la flotte ottomane, entassée derrière le pont
dans un espace où elle ne pouvait manœuvrer, et
où le grand nombre de ses bâtiments devenait plus
nuisible qu'utile ; Canale manqua de résolution :
il défendit à son pilote de passer outre jusqu'à l'ar-
rivée du reste de la flotte, dont il pressait lamarche
messager par messager. Pendant qu'il attendait,
les assiégés, toujours les yeux fixés sur les vais-
seaux vénitiens, dont l'immobilité les désespérait,
eurent un quatrième assaut à repousser sur mer
et sur terre. Leur faible garnison, commandée
par Luigi Calvo, fit des prodiges de valeur, et,
quoique accablée de fatigue, tint ferme toute la
journée et toute la nuit du 11 juillet; mais le
12 au matin, le combat ayant recommencé plus
furieux que jamais, ils furent enfin précipités di
murailles, et se firent tuer dans les rues jusqu'j
dernier. Leurs cadavres, entassés sur la plai
Saint-François, furent ensuite jetés à la mer. Pa
Erizzo , provéditeur, s'était enfermé dans la c
tadelle ; hors d'état de la défendre, il la rendit
Mahomet, sous condition d'avoir la tête sauv
Celui-ci ordonna qu'il fût scié en deux, déclara
qu'il n'avait garanti que sa tète, et qu'il la I
laissait. Cette boucherie durait encore quand
reste des navires vénitiens rallia Canale ; il et
trop tard pour sauver Chalcis ; mais on pouva
en attaquant les musulmans dans le désordre
leur triomphe, leur faire subir un grave éch«
Canale, résistant encore à ses soldats, qui d
mandaient le combat les larmes aux yeux, pi
fera se retirer en hâte de l'Euripe. La doule
que causa la perte de Négrepont à Venise 1
accompagnée de la plus violente indignation ce
tre Canale. Son courage n'avait jusqu'alors jara;
paru douteux ; mais on prétendit que, dans ce
occasion, la présence de son fils sur sa flotte
avait inspiré UHe crainte inaccoutumée. Ou d
attribuer sa mollesse à une autre cause , c
après la chute de Chalcis il ne fit rien pour re
ver l'affront que l'étendard de Saint-Marc ven
de recevoir : pourtant Girolamo Molini , duc
Candie, et Giacomo Veniero, lui avaient âme
de puissants renforts qui mirent sous ses
dres cent galères, armement plus que suffis;
pour détruire la marine turque, mal aguerrie (
core. Aussi Mahomet , sentant son inférioii
fit-il retirer sa flotte dans les Dardanelles. Nico
Canale la suivit jusqu'à Scio : là il assembla
conseil de guerre, et, sur l'avis de ses capitain
il s'abstint d'attaquer les musulmans, qui
croyaient perdus. Il revint à Négrepont, qi
tenta de reprendre; mais, ayant mal combiné t
attaque, il fut repoussé avec perte. Durant \
tiou, Pietro Mocenigo arriva, avec ordre
remplacer l'inhabile Canale : cependant il décl.
que, pour ne pas déranger des plans combii
d'avance, il était prêt à combattre sous lesord
de Canale, si celui-ci voulait renouveler l'attaq
Canale refusa. Tous deux semblaient i-edou
la fortune et décliner toute responsabilité. B
cenigo, ayant vamemeut offert à sou prédécessi
une occasion de se réhabiliter, prit le commani
ment de la flotte, montra l'ordre dont il et
chargé par le conseil des Dix, fit arrêter Canak
l'envoya chargé de fers à Venise, où il fut i
en jugement (1470).
Le pape Paul II intervint vivement en faveur
l'amiral vénitien. François Philelphe, Httérati
et jurisconsulte distingué, écrivit une apologie (
eut pour résultat que Canale ne fut pas condan
à mort; mais le sénat le rélégua à Porto-Grue
où il finit ses jours.
Raynaldl, ^nftaZes ecclesiastici. -Jacob, cardinal
plens, Commentarii. — M. -A. Sabellico, Historia I
netee. — And. Navagiero, Storia Feneziana. — Kr;
clscoPbilelphi, Epistolse ad Bernardum Justinianun
odFredericum Vrbaniticomitem.— Antonio de Ripa
«7
CANALE
4nnal0t ftacentiae. ~<^orlolanus Ccpio, De rébus f^ene-
is, — Marlno Sanulo, fite de' duchi di yenezia. —
[)eiuetrlus Canteoilr, Histoire de l'Empire ottoman. —
Leunclarius, y/nnales Turcici.— SisiuonUI, Histoire des
l iépubtiques italiennes, — Uaru, Histoire de la repu-
' 'ligue de Denise
* CANALE (Barthélémy). Voy. Caxalis.
* CANALE DELLA GAVA (Gtovanni ), juriscou-
j ulte et poëte italien, vivait dans le dix-septième
liècle. Il avait une grande connaissance du
[iroit, et était très-estiraé dans le barreau. Il cul-
ivait aussi avec succès la poésie, dont il a laissé
ilusieurs fragments. Ou a aussi de lui : l' An7io
! 'î'estivo, ou i Fasti sacri.
Toppi, Bibl. JVapolet.
1 * CANALES (Jean ) , théobgien italien, né à
I orrare, vivait vers la fin du quinzième siècle. 11
I (lira dans l'ordre des Cordeliers, et composa
i lusicurs traités concernant les matières religieu-
,'s ; les principaux ont pour titre : de la Vie
I ileste; — de la Nature de l'âme et de son
I timortalité ; — du Paradis et de la Félicité
i e Vâme ; — de V Enfer et de ses tourments ;
)us imprimés à Venise en 1494.
, riupln, Bibliothèqtie des auteurs ecclésiastiques du
; iinzième siècle. — Wadding, Annales Minorum. — Jo-
' iiT, Ji/gi^meiTieiCeicArfen-iesicoR, avec le supplément
' Adeiuiig.
\ CANALETTO. Foy, CanAL.
*CANALi (Luigi), savant italien, né en 1759
i Pérouse, mort le 8 décembre 1841. II s'appliqua
'abord aux mathématiques et à l'astronomie. En
781, il fut agrégé au collège des Philosophes, et
onsacra toute sa vie aux sciences naturelles. On a
e lui : l'Amer chimico (poëme ) ; Pérouse, 1797 ;
- Analisi ed osservazioni in materiefisiche,
, grarie, miner alogiche, litologiche e filolngi-
. lie, dans des recueils publiés à Milan et à Turin ;
- Intorno aile Plante fossili; Rome, 1828;
- Suite Originalità di Dante, dans l'Accad.
ialiana, 1810; — Orazioni funebri ;^éTo\xs,t,
i 81 1-1822. — Ouvrages inédits : Lezioni di Me-
\afisica; — Cosmologia; — LezionisullaStoria
îella terra.
DiAMILLA M.
Muzzarclli, Recueil f m«<litl de biographies des plus
'.êlèbres Italiens contemporains,
) *CANALis ou CANALE (Barthélémy), théo-
jogien italien, néàMonza (MUanais) en 1605,
lûort dans la même ville le 23 janvier 1G84. Il
I ntra en 1627 dans la congrégation des Clercs
I éguliers bamabites, et s'y distingua par sa piété
itson amour pour l'étude. Il a laissé deux ou-
|,'rages imprimés après sa mort : la Verità sco-
\-jerta al Cristiano; Milan, 1694, et Venise,
1 745, 3 vol. in-8°; — Diario spiritnale, ovvero
meditazioni per tutti i giomi delV anno ; Mi-
(■an, 1714, 3 vol. iu- 12.
; Argelati, Bibliotheca scriptorum Mediolanensium. —
''ocher, Mlgemeines Gelehrten-Lexicon, avec le supplé-
! lient d'Adelung.
f *CAMALis (Florent), compositeur belge,
[ivait sur la fin du seizième siècle. Il est connu
— CANAJNi 438
par un recueil de Messes, Introït et Motets à
quatre parties ; Brescia, 1588.
Fétis, Biotjraphic universelle des Musiciens.
CANALS Y lUAaTi (/«aw-PaôZo), écouomiste
espagnol, né à Barcelone, vivait à la fin du dix-
huitième siècle. Il fut élevé pour le commerce
par son père, manufacturier en tissus de coton ;
mais il comprit que la science commerciale ne
consistait pas simplement dans la bonne gestion
et la surveillance d'une usine. Aussi, jaloux
d'étendre la sphère de ses connaissances indus-
trielles, Canals parcourut les divers pays com-
merçants du globe, afin de bien en apprécier les
produits. De retour dans sa patrie, U appliqua
ses études à ressusciter ou à impijrter la culture
de plusieurs plantes usuelles, principalement
celle de la garance. Il fit adopter ses idées par
Chaiies III, qui le nomma directeur général des
teintureries royales, et lui accorda tous les moyens
nécessaires pour encourager la production et la
consommation de la garance. Canals a publié
sur ce sujet : Coleccion de lo perteneciente al
Ramo de la rubia e granza en Espana; Ma-
drid, in-4°.
Dict. du Commerce et des Manwfactares.
* CANANI, famille de Ferrare. Elle a produit
plusieurs médecins célèbres , parmi lesquels on
remarque les suivants :
Canani (Antoine- Marie ) , a écrit des Com-
mentaires sur les Aphorismes d'Hippocrate et
sur quelques livres de Galien.
Canani (Jean-Baptiste) , vivait en 1498, et
fut médecin de Matliias Corvin et du pape
Alexandre VI.
Canani (François-Marie), anatomiste dis-
tingué, qui donna les premiers enseignements à
Jean -Baptiste Canani, dont la biograpiiie suit.
Éloi, Dict. de la Médecine. — Kestner, Mcdiciniscfies
Gelelirten-Lexicon.
Canani (Jean-Baptiste ), dit le Jeune, anato-
miste italien, né à Ferrare en 1515, mort dans
la même ville le 29 janvier 1579. Il étudia avec
beaucoup de succès toutes les parties de la mé-
decine; mais il se distingua [)ius particulièrement
dans l'anatomie. Il eut pour maître en cette
science Giraldi Cinthio, AntdneMusaBrassavola,
Marie Canani, son parent ; François Vesale, Jean
Rodi'iguez, dit Amatus Lusitanus; Archangelo
Piccolomini, Hippolyte Boschi, Jacob-iUitoine
Boni, etc. Canani découvrit dans la palme de
la main le muscle nommé cotirt palmaire , et
le premier il signala le rôle que jouent les val-
vules des veines dans la circulation du sang. La
démonstration qu'il en fit devant Amatus sur la
veine azygos, en 1547, émerveilla tellement ce
dernier, qu'il ne balança pas à comparer Canani
à Vesale. Canani inventa aussi plusieurs instru-
ments chirurgicaux pour faciliter les opérations
déUcates. Il avait imaginé un instrument appelé
rochetta (petite quenouille), pour débarrasser
l'estomac des crudités qui s'y rencontrent quel-
quefois. Jules m s'attacha Canani en quaUté de
439
CANANI — CANARD
premier médecin, et le nomma en 1559 archiprê-
tre de Ficarolo; mais ce pontife étant mort, Ca-
nani revint finir ses jours dans sa patrie, dont ii
était proto-médecin. Il fit lui-même son épitaphe,
ainsi conçue :
JO. BiTISTA CANNANUS,
jnLII III, rONT MAX.
MEDICUS OLIM ACCEPTISSIMUS,
NHNC AUTEM TOTIUS DITIONIS
ALPHONSI II, FERRARLE DUCIS SERENIS,
SUIS MERITIS PROTO-MEDICDS.
HOC SIBI MONUMENTUM VIVENS P. C.
ANN. M. D. LXXIX, KAL. JAN.
^TATIS VERO SVM LXIII.
On a de ce médecin : Disse ctio picturata
musculorumcorporis Awmani; Ferrare, 1572,
in-4'' avec 27 planches. Les muscles des extré-
mités supérieures y sont représentés avec beau-
coup d'exactitude ; — Anatomia; Turin , 1574 ,
2 vol. in-8".
Kestner, Medicinisches Gelehrten-Lexicon.
CANAPE (Jean), médecin français, vivait
vers le milieu du seizième siècle. Il fut d'abord
lecteur public de chirurgie à Lyon, et, à par-
tir de 1542, médecin ordinaire de François I".
Son seul mérite est d'avoir, le premier , fait des
cours en langue française sur la chirurgie , et
d'avoir traduit dans le même idiome plusieurs
ouvrages que les élèves n'avaient pu jusqu'a-
lors lire qu'en latin. On lui attribue aussi des
ouvrages latins, mais les bibliographes n'en ci-
tent que de français ; tels sont : le Guidon pour
les Barbiers et les Chirurgiens ; Lyon, 1538,
in-12;Paris, 1563, in-8% et 1571, in-12;— 1'^-
natomie des os du corps humain, et les deux
livres du Mouvement et des Muscles de Ga-
lien; Lyon, 1541, in -4° et 1583,in-8'';— Com-
mentaires et Annotations sur le prologue et
chapitre singulier de Guidon de Chanliac;
Lyon, 1542, in-12; — Opuscules de divers au-
teurs médecins; Lyon, 1552, in-12;— Deux
livres des Simples de Galïen , savoir, le cin-
quième et le neuvième ; Paris, 1555, in-16.
La Croix du Maine, Bibliothèque française. — Bio-
graphie médicale.
CANAPLEs (sire de), capitaine français , se
distingua d'abord sous les ordres de Louis II,
prince .de la Trémouille, qui défendait la Picar-
die, en 1522 et 1523, contre les armées com-
binées de Henri Vm, roi d'Angleterre, et de
l'empereur Charles-Quint. Dans cette campa-
gne, Canaples se dévoua pour sauver son oncle
le sire de Créqui, surpris par les ennemis près
de Corbie. Après l'avoir dégagé, et pour lui don-
ner le temps de gagner Amiens, il arrêta long-
temps , dans un défilé , deux mille cinq cents
hommes avec vingt cavaliers seulement. Lors-
que, accablé par le nombre, il fut enfin forcé de se
rendre, il ne lui restait plus que sept soldats.
En 1526, au siège de Hesdin, il fut grièvement
blessé à la figure par une fusée, qui tua le sire de
Créqui à son côté. La défense de Montreuil fut
confiée à Canaples en 1535 : cette ville venait
d'être dégarnie de toutes ses provisions de guerre,
et la garnison n'était que de douze cents ir
liciens du ban de Normandie, lorsqu'elle f
assaillie par Floris d'Egmond, comte de Bure;
général anglais, qui venait de prendre Saint-P(
dont il avait fait massacrer les défenseurs. M
nacé d'un semblable destin, Canaples refuse <
capituler, jusqu'à ce que, les murs de la ville aya
été abattus par l'artillerie ennemie, il consea
à évacuer les décombres qu'il avait si vaillai
ment défendus, mais moyennant des conditioi
honorables, qui lui furent accordées. Ce bra-
capitaine se distingua encore en 1552, sous 1
ordres de François, duc de Guise, lors de l'h
roïque défense de Metz contre Charles-Quin
qui y perdit son armée.
Martin du Bellay, Mémoires. \— De Thou, Mémoir.
- Rabutin, Mémoires— Sleidan, Commentarii de Sta
religionis et reipublicse Carolo, guiiUo reg. — Bertra
de Salignac, Relation du siégé de Metz. - VieUeville, lU
moires. — Sismondi, Histoire de France.
CANAPLES (....), général français. Il était col
nel du régiment des Gardes au siège de la Rochel
en 1627. Le duc de Buckingham, généralissir
des Anglais, ayant débarqué dans l'île de Ré av
3,500 hommes, Canaples, qui n'avait que 1,2^
soldats d'élite, n'hésita pas à l'attaquer le 30oct
bre. Il le fit avec tant de vigueur que l'ennemi i
obligé de se rembarquer, laissant le rivage jo
ché de morts; et 5 canons, 34 drapeaux, i
nombie considérable de prisonniers, furent 1
fruits de ce combat. Le cardinal de Richelie
appréciant ce hardi fait d'armes, nomma aussil
Canaples mestrede camp.
Bassomplerre, Mémoires. — Capefigue, Lettres de 1
chelieu. — Rohan, Mémoires. — Le Vassor, Histoire,
Louis XI II. — Sismondi. Histoire de France.
CANARD (Nicolas-François ), mathématici
et publiciste français , naquit à Moulins vers
milieu du dix-huitième siècle, et mourut dans
même ville en 1833. Doué d'un esprit dont
rectitude était le caractère dominant, il s'attacl
de préférence à l'étude des sciences exactes,
s'y rendit tellement habile que , lors de la fc ■
mation des écoles centrales créées par la loi < |
7 ventôse an m (25 mars 1795 ), il fut nomri
professeur de mathématiques à l'école du d
parlement de l'Allier; il remplit ces fonctio
avec beaucoup de zèle, jusqu'à la suppressù
d'un système d'enseignement qui, pendant to
le temps qu'il fut en vigueur, produisit les pi
heureux résultats. Le mérite et les services i
Canard le désignaient naturellement au choix (
gouvernement pour occuper la chaire de ni
thématiques transcendantes et des sciences ph;
siques au lycée de Moulins. Les loisirs que l
laissait cet enseignement furent employés à |
composition de plusieurs ouvrages importanti,
parmi lesquels il faut compter, en premier ordr j
quelques mémoires sur des questions proposé |
par la classe des sciences morales et politique
de l'Institut national. La première question qu ,
traita était relative à la circulation de l'impôi
c'est-à-dire, d'après les termes posés par l'inj
titut, S'il était vrai qtie,_dans xm pays agr
jl41 CANARD
■oie, toute espèce de contHbutionretombât sxir
> s propriétaires fonciers? Ce mémoire, accru
1' plus du double, fut publié sous le titre de
'iincipcs d'Économie politique, ouvrage cou-
onné par l'Institut national dans la séance
.'u 1,'i nivôsean ix; Paris, Buisson, an x, in-8°.
anard obtint une nouvelle palme , l'année sui-
aiile, par son Mémoire sur le perfectionnement
a Junj. Il partagea ce prix avec M . Bou rguignon ;
, uiis s'il n'avait pas, comme son concurrent, le
iiids d'instruction judiciaire qui paraissait indis-
iMisable pour traiter e.« /J7'o/e.MO un pareil sujet,
y suppléa par la force de son esprit, qui lui
Diina les moyens d'arriver au but, sans la con-
acssance pratique de son sujet. Il y considère
iistitution du jury dans ses rapports avec une
icoiie lumineuse de la certitude morale et des
obabilités ; toutefois on peut lui reprocher d'a-
lir trop cédé au penchant du mathématicien,
li le porta à chercher la solution de toutes les
riicultés dans des formules algébriques. Il re-
j 'vient plus positif lorsque , dans une seconde
; irtie, il traite des défauts du jury, tel qu'il est
•ganisé; il s'élève surtout contre le jury d'ac-
; isation , qui a été justement supprimé par le
ide de 1810. C'est surtout dans la troisième
. irtie, contenant unprojet d'organisation de la
•océdure criminelle , que se trahit le défaut
• connaissances pratiques qui étaient nécessai-
I s pour la bien traiter. Cette partie a été publiée à
lit ( 1 803, in- 1 2 ) ; mais les vues de l'auteur eu-
; nt peu de succès. Les autres ouvrages publiés
11' Canard dans sa longue carrière sont : Traité
cmentaire des Équations ; Paris, 1808, in-12 ;
Éléments de Météorologie, on Explication
'S cours et des effets de la gelée, de la neige,
; lapluie, des vents, des trombes, etc.; Paris,
124, in-12 ; — Mémoire sur les causes guipre-
■ lisent la stagnation et le décroissement du
mmerce en France; 1826, in-8°. — Madame
j isabeth Celnart, fille de l'auteur, connue par
(1 grand nombre d'ouvrages utiles ou agréables,
hvait publier divers écrits posthumes de son
re; mais ce projet paraît avoir été abandonné.
J. Lamoureux.
nuérard, la Vrance littcraire. — Décade de Philoso-
l'ic, an X. et an xi.
CANARIS. Voy. Kanaris.
'*CANAVAs ou cANAVAsso {Alexandre et
o&eph), compositeurs italiens, vivaient en 1753 ;
i étaient frères, et vinrent se fixer à Paris en
56. L'aîné, Alexandre, était excellent professeur
; violoncelle, et a publié un recueil de sonates
')ur cet instrument; le plus jeune avait du ta-
nt sur le violon. On a de lui deux volumes
;; sonates pour violon, et le Songe, cantatille.
jFétis, Biographie universelle des musiciens.
[ CASAVERi (Jean-Baptiste), évoque et théo-
! gien piémontais, né à Borgomaro le 25 sep-
imbre 1753, mort à Verceil le 13 janvier 1811.
I était fils d'un magistrat très-distingué, et fut
fj^çu docteur en droit à Turin en 1721, c'est-à-
— CAIVAYE
442
dire à peine âgé de dix-huit ans. Il entra alors
chez les oratoriens de cette ville, et s'y fit remar-
quer bientôt par son talent pour la prédication.
Son éloquence, son zèle et sa piété lui acquirent
une considération universelle. Il se servit de l'as-
cendant que lui donnaient ses vertus, pour fon-
der à Turin une maison de retraite pour les
dames nobles, sous le patronage de la princesse
Victoire, sœur du roi. U en fit lui-même les
règlements, et s'occupa ensuite de plusieurs au-
tres établissements aussi utiles. Le 15juilletl797,
il fut sacré évêque de Bielle ; il occupa ce siège
jusqu'en 1804, époque à laquelle il donna sa dé-
mission, qui ne fut acceptée que pour le renommer
le l^"" février 1808 à Verceil, avec adjonction de
l'épiscopat de Bielle. Il fut choisi quelque temps
après pour premier aumônier de M"""^ Letitia,
mère de l'empereur Napoléon, et devint membre
de la grande aumônerie. On a de lui : plusieurs
panégyriques, entre autres ceux de saint Joseph
et de saint Eusèbe; — Lettres pastorales en
latin et en italien ; une d'entre elles a pour titre :
De l'Obéissance due au souverain; — Notizia
compendioza dei monasterii délia Trappa ,
fondait dopo la rivoluzione di Francia ; Turin,
1794, in-S". Toutes ces productions sont recom-
mandables sous le rapport du style et des idées.
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée. — Biographie
nouvelle des Contemporains.
CANAYE ( Philippe DE la), sieur de Fresne ,
jurisconsulte et homme d'État français, né à Pa-
ris en 1551, mort le 27 février 1610. Il était fils
de Jacques Canaye, avocat distingué , qui le fit
élever avec beaucoup de soin, et le laissa choisir
la religion réformée. A quinze ans Philippe voya-
gea en Allemagne, en Italie, et visita Constanti-
nople. A son retour, il prit la carrière de son
père, et se distingua dans le barreau du parle-
ment de Paris. Il acheta une charge de conseiller
d'État sous Henri III. Henri IV l'envoya comme
ambassadeur en Angleterre, puis en Allemagne ;
enfin il le fit, en 1 594, président de la chambre mi-
partie de Castres. Canaye exerça cette fonction
avec beaucoup d'intégrité, de sagesse et de désin-
téressement. En 1 600, il fut désigné comme arbitre
par Henri TV dans les conférences de Fontaine-
bleau entre les catholiques , représentés par le
cardinal du Perron, évêque d'Évreux, et les pro-
lestants, qui avaient choisi du Plessis-Mornay
pour avocat. Il sentit peu à peu sa conviction tel-
lement ébranlée, qu'il abjura le calvinisme pour
rentrer dans le giron de l'Église. Le pape Clé-
ment Vni lui en témoigna sa joie par une
lettre bienveillante. L'année suivante (1601),
il fut envoyé en ambassade à Venise, et eut
l'adresse de terminer les différends de cette l'é-
publique avec le pape Paul V, qui lui en marqua
sa reconnaissance. Canaye termina sa vie en
France, laissant la répiitation d'un homme de
bien. On a de lui : ses Ambassades ; Paris, 1635,
3 vol. in-fol., avec sa vie en tête par le P. Ro-
bert (Regnault) : le premier volume contient les
443
CANAYE — CANCELLIERÏ
44
pièces relatives au procès du maréchal de Birou,
et le troisième est l'histoire du pape Paul V et
des Vénitiens ; — Éphémérides, relation.de son
séjour à Constantinople, imprimées avec les pré-
cédentes ; — Traduction française de la Logi-
que d'Aristote (sans date).
Moréri, Dict. kist. — Leiong, BibUotk. hist. de la
France, édit. Fontette.
GANATE {Jean de), jésuite et littérateur fran-
çais, né à Paris en 1594, mort à Rouen le 26 fé-
vrier 1670. n acheva ses études au collège de
Clermont (Paris), entra dans la compagnie de Jé-
sus en 1611, et y fit, dans la suite, la profession
des quatre vœux. Envoyé comme auteur au col-
lège de Moulins, puis de Blois, il parvint à se
faire nommer missionnaire supérieur des hôpi-
taux de l'ai-mée de Flandre. On a de lui : Ludo-
vici XIII triumphus de Rupella capta ; Pa-
ris, 1628, in-fol. ; — Recueil de lettres des plus
saints et meilleurs esprits de l'antiquité, tou-
chant la vanité du monde ;Vains, 1629, in-8°;
— quelques autres poésies françaises et latines sur
le même sujet. Ce qui a contribué surtout à la
réputation de Canaye, c'est un opuscule intitulé
Conversation du maréchal d'Hocquincourt
et du P. Canaye ; petit chef-d'œuvre d'esprit
et de style, qui met en opposition la bonne foi
un peu soldatesque du vieux gouverneur de Pé-
ronne av€c la subtile doctrine du missionnaire
général des armées. On attribue ce dialogue cu-
rieux à Charleval. Il est à remarquer que Saint-
Évremond , qui l'a publié dans ses œuvres , avait
liij même étudié sous le P. de Canaye.
Richard et Glraud, Bibliothèque sacrée. — Chaudon et
Delandinc, Dict. hist.
CANAYE (\Étienne, abhé de), oratorien et
historien français, de la famille des précédents,
né à Paris le 7 septembre 1694, mort dans la
même ville le 12 mars 1782. Il entra à l'Oratoire
en 171G, et se fit remarquer au collège de Juilly
par son cours de philosophie. Cédant aux vœux
de sa famille, il entra dans le monde en 1728;
mais il refusa de suivre la carrière de la magis-
trature, que ses parents lui destinaient. Reçu â
l'Académie des inscriptions, il se lia d'affection
avec d'Alembert et Foncemagne, qui lui repro-
chaient souvent de ne pas écrire davantage : « En
littérature comme au théâtre, répondait Canaye,
le plaisir est rarement pour les auteurs. » Aussi
n'a-t-il laissé après sa longue vie que trois mé-
moires : sur V Aréopage, sur Thaïes, sur Anajci-
mandre , publiés dans le recueil de l'Académie
des belles lettres. Les deux derniers traitent prin-
cipalement de la naissance et des progrès de la
philosophie ancienne; il faut y joindre quelques
Dissertations sur plusieurs livres anciens et
modernes. Les hvres de sa bibliothèque étaient
surchargés de notes.
Cliaudon et Delandlne, Dictionnaire hist.
CANCELLIERÏ {François-Jérôme), archéolo-
gue italien, né à Rome le lOoctobre 1751, mort le
29 décembre 1826. Après de bonnes études, il de-
vint secrétaire du P. Cordara. En 1770, il fut in-
troduit dans la famille des Albani de Sienne. Di
venu prêtre, il obtint des bénéfices et fut nomme b
bliothécairedu cardinal Léon Antonelli. Dans l'ir
tervalle , il publia, à la prière de Giovenazzi , qi
l'avait découvertdans la bibliothèque du Vatic;
et annoté, un fragment du 41*^ livre de Tite-Liv
avec une préface; 1773 , in-4°. Après s'être rcti
quelque temps dans la vie privée, lors des év
nements de 1798 et de l'entrée des Français
Rome, il ne rentra dans la vie active qu'en 180
pour prendre la direction de l'imprimerie (
la Propagande. En 1804 il suivit le cardinal A
tonelli à Paris, et assista au sacre de Napoléoi
il entra en relations avec les savants frança
de l'époque. A son retour en Italie, il reprit s
nombreux travaux d'érudition. Par une exce
tion qui prouve la considération dont il jouissa
il fut enterré dans l'église Saint-Jean-de-Latra
lieu de sépulture réservé aux cardinaux. Ses coi
patriotes le surnommèrent le Nouveau Varro
Ses principaux ouvrages sont : De Stanislao
Polonix rege, Elegia; Rome, 1770 ; — Desa
zione délia sagristia Vaticanaerettada Pic \
Rome, 1784, in-8°; — Supplica presentata
Pio VI a nome degli obelischi Compense, A
gusteo , Sallustiano e Barberino, etc. ; — -
Seci'etariis basilicse Vaticanx; Rome, 178
4 vol. ; — Descrizione délia basilica Vai
cana; Rome, 1788, in-12 ; — Descrizione
pontïficali che si celebrano nella basilica p
lefeste di Natale, di Pasqua e di San Pietr
Rome, 1788, in-12; — Notizie délie due J
mose statue dette di Pasquino e di Marfori
1789, in-8°; — Storia de' solenni possessi (
sommi Pontefici, da Leone III a Pio VI
Rome, 1802, in-4°; — Descrizione délie fu\
zioni che si celebrano nella cappella pont[
cia per la settimana santa ; Rome, 1789, in-S
1818 ; — RaggionamentodelCan.\Filippo Wc
quier de la Barthe, sopra le cagioni délia- i
feriorità del teatro latino del qreco; Ron"
1809, in-8° ; — le Due miove Campanedel Cm
pidoglio descritic ;Viome, 1806, in-8"; — IJ^
sertazioniepislolari diC-B. ViscontieFilip
Wacquier de la Barthe, sopra la statua del D
cobolo; Rome, 1806, in-8°; — Lettcra al si g
Girolamo Barufaldi, sopra la vita di Lod
vico Ariosto, da lui publicata in Ferrara n
1807, dans le tome III des Memorie del Guc
tani ; — Lettera sopra la origine délie parc
Domimis e Domnus e del titolo diDon; Ron
1808, in-8"; — Dissertazioni epistolari sop
Cristoforo Colombo e Giovanni Gersen ; Roir
1809, in-8° ; — il Mercato, il lago del V Acqi
Vergine, il palazzo Panfiliano nel circo Ag
nale; Rome, 1811 ; — Memorie di S. Medk
martire, con le notizie de'' Medici e délie il
dichesse illustri per santità; Rome, 181
in-8°; — Lettera sopra la voce sparsa de
improvvisa sua morte agli 11 gennajo 181
in-12, et 1812, publiéeaus.çi dans Millin(jlffl|7ff''
encyclopédique); — Biblioteca Fompejon
CANCELLIERI — CANCLAUX
me, 1813, in-S"; — le Sette cosefatali di
446
maantica; Rome, 1812, in-S"; — Descri-
Die dellelcarte Cinesi che adornano il pa-
:.-() délia villa Valenti, poi Sciarra; Rome,
13, in-S"; — Osservazioni intorno alla
rsfione promossa intorno la origlnalità
'la Divina Commedia di Dante; Rome,
l'i, in-8°; — Dissertazione intorno agit
mini dotati di gran memoria e a quelli
"cnuti memorati; Rome, 1815, in-S"; —
'tera al professore Sttpi, sulla sua ver-
ncdellibro délia Consolazione délia fi lo-
'(i del Boezio; Pérouse, 1816; — Disscrta-
iic di D. Benedetto Rocco, Napolitano, sul
tdco degliScacchi; Pérouse, 1817; — Elen-
I ts librorum qui omnigenis formis impressi
; dierunt e Propaganda; ibid., 1817, m-12;
Dissertazione sopra due iscrizioni, etc.;
1 ne, 1819, in-12 ; — Nolizie délia venuta
t Roma di Canuto II, di Cristino I, re
( Danimarca; ibid., 1820, in-8''; — Notizie
i triche délie stagioni e de' siti diversi in
( sono stati tenuti i conclavi nella città di
1 au; ibid., 1823 ; — Notizia sopra V origine
t uso delV anello piscatoris ; ibid., 1823,
i '; — Notizie istoriche délie chiese di Santa
! ''ia in Jîilia, diSan Giovanni Calibita e di
.' Tommaso degli Spanuoli; Bologne, 1823,
i " ; — Lettera sopra la statua di Mose del
i marotti, con la biblioteca Mosaica ;'Rome ,
1 j ; — Memorie délia vit a ed opère delpit-
; errante; Rome, 1824 , in-8° ; — Lettera al
te Morosini, sulla cifra delV Accademia
lincei ; Venise, 1829, in-8°.
ipaido, Biog. degli Ital. illustri, VI, 409.
lANCER (Jarae), jurisconsulte espagnol, né
"bastro (Aragon) vers I520, mort vers 1592.
'était fixé à Barcelone , et y exerçait avanta-
sement la profession d'avocat. On a de lui :
«a? Eesohitiones juris Csesarei Pontifiais
ninicipalis principatus Catalaunix; 1590,
ol. in-fol. Cet ouvrage est encore très-estimé
•«Espagne.
I A ntonio, Bibliotheca hispana nova. — Fontanella ,
lisions de Mantoue.— &A\\{et, Jugements des savants.
ANCER ( Geronimo ), poète espagnol, vivait
slix-septièrae siècle. H occupa une place dis-
I ^iiée à la cour de Philippe IV, et il ne saurait
( ' oublié dans une histoire de la littérature cas-
t ne, bien qu'il faille ranger, dans la catégorie
< livres presque oubliés, ses Obros, publiés à
Mrid en 1651, réimprimés à Lisbonne en 1657.
(| écrivain donna au théâtre espagnol une direc-
^i nouvelle, et se fit un genre à part, dans le-
<)!l il trouva peu d'imitateurs. Les poètes s'é-
tj nt attaché s à mettre sur la scène d es faits héroï-
<^'S, qu'ils traitaient avec la pompe du génie cas-
tjin en même temps qu'avec une exagération
^'phatique, excusable chez les professeurs du
■yte empire de Charles-Quint. Cancer voulut
^yer cet imposant répertoire. Les JV/ocerfaa'es
(i Cid et la Muerte de Baldovinos montrent
sous un aspect comique les héros les plus illustres
de l'histoire castillane et de la chevalerie errante.
Des incidents burlesques, des expressions emprun-
tées au bas langage montrent sous un jour étrange
des personnages et des événements qu'on avait
jusqu'alors entourés de respect et de toute la re-
dondance du langage. Ce sont des parodies, mais
elles sont amusantes et écrites avec verve. Cancer
s'essaya aussi dans le genre sérieux ; une de ses
coniedias, intitulée Dineros son calidad (l'Ar-
gent fait la noblesse), est loin de manquer de
mérite; elle a eu l'honneur d'être attribuée à
Lopès de Vega. 11 prit part au système de colla-
boration, déjà en pleine vigueur au delà des Py-
rénées il y a deux siècles et demi ; il s'associa
avec deux auteurs en renom, Moreto et Matas
Fragoso, pour la confection de deux pièces promp-
tement oubliées : l'une d'elles, El Bruto de Ba-
bilonia, roule sur la métamorphose du roi Nabu-
chodonosor ; il était difficile de faire un chef-
d'œuvre avec pareille donnée. C. Brunet.
Autonio, Bibl. hisp. nova.
CANCiANi {Paul), savant italien, né à Udine en
1725, mort en 1810.11 appartenait à l'ordre des
Servîtes, et se fit surtoutconnaître par son ouvrage
intitulé Barbarorum leges antiques, cum no-
tis et glossariis ; Venise, 1781-1782, 5 vol. in-
fol. C'est un recueil qui ne se fait remarquer ni
par l'ordre ni par le plan ; mais on y trouve de
précieux documents historiques.
Tipaldo, Biog. degli Italiani illustri, I, 300.
CANCï.AUX {Jean-Baptiste-Camille, comte),
général français, né à Paris le 2 août 1740, mort
le 30 décembre 1817. Ses parents appartenaient
à la magistrature; mais ses gortts militaires le
déterminèrent à entrer à l'école d'équitation de
Besançon, d'où il sortit à seize ans pour faire la
guerre de Hanovre. H était major aux dragons de
Conti en 1789. L'émigration d'un grand nombre
d'officiers fut favorable à son avancement, et
il devint successivement colonel, maréchal de
camp en 1791, et lieutenant général le 7 septem-
bre 1792. En avril 1793, il fut chargé du com-
mandement en chef de l'armée républicaine, dont
le quartier général était à Nantes. Il y fut bientôt
assiégé par 70,000 Vendéens, qu'il repoussa le 29
juin, après dix-huit heures de combat. Après avoir
discipliné des troupes, et reçu quelques renforts
de la garnison de Mayence, qui durant une an-
née, aux termes de sa capitulation, ne pouvait
servir que dans l'intérieur de la France , Can-
claux reprit l'offensive, et battit sérieusement
les Vendéens à Saint-Symphorien le 6 octobre
1793. Sur la dénonciation de Ronsin, général de
l'armée révolutionnaire, Bouchotte, alors minis-
tre de la guerre, destitua Canclaux, et le fit rem-
placer par Léchelle (30 septembre 1793) et par
Rossignol, généraux dont l'incapacité fut depuis
notoire. Après la chute de Robespierre, Can-
claux fut nommé de nouveau général en chef de
l'armée de l'Ouest. Il organisa la légion nantaise,
rpii hâta , par sa bravoiu-e et ses services, U
447
CANCLAUX — CANCRIN
pacification de là Vendée. Canclaux eut la gloire
d'enposerles préliminaires avec Charette en 1795.
En 1796, il fut chargé de se rendre dans le Midi,
pour y réunir les premiers éléments de cette in-
vincible armée d'Italie, à laquelle Bonaparte doit
en grande partie sa haute fortune. Nommé en 1797
à l'ambassade d'Espagne, il occupa ce poste jus-
qu'en 1798, époque où ilfutenvoyé àNaples rem-
plir les mêmes fonctions. A son retour en Franc*,
Canclaux lit partie do bureau militaire institué
par le Directoire. Après le 18 brumaire, Bona-
parte le nomma inspecteur général de cavale-
rie et commandant de la 14'^ division militaire,
dont le siège était à Caen. Il fut ensuite admis
au sénat en 1804, et nommé grand aigle de la
Légion d'honneur. En 1813, chargé de prendre
les mesures nécessaires pour la défense des fron-
tières, il s'acquitta de cette mission avec autant
de zèle que d'intelligence. Le 4 juin 1814,
Louis XVIII le nomma pair de France, et Napo-
léon, à son retour de l'île d'Elbe, le maintint sur
cette liste. Il en fut rayé par l'ordonnance royale
du 24 juillet 1815; mais, comme il n'avait pas
siégé pendant les Cent-Jours , il fut peu après
réintégré dans ses fonctions.
Comte de Muy, Éloge du comte Canclaux. — Biogra-
phie (tes Contemporains.
CANCRiN ou cANCRiNus {Fi'ançots-Louis
DE), minéralogiste allemand, né le 21 février
Î738 à Breitenbach (Hesse-Darmstadt), mort
en 1796. Il fut successivement contrôleur de
la monnaie et des bâtiments civils à Hanau,
professeur à l'École militaire de Hesse, et con-
seiller principal de la chambre de la même ville.
Il quitta ces fonctions en 1782 pour celles de
commissaire du gouvernement à Altenkirchen
(comté de Sayn). En 1783, l'impératrice Cathe-
rine II le nomma directeur des mines de sel de
Stararia-Roussa, et conseiller du collège impé-
rial. En 1786, il se retira àGiessen (Hesse), où
il resta occupé de travaux scientifiques jusqu'en
1793, époque à laquelle il retourna en Russie
comme conseiller d'État. Il apublié en allemand,
sur l'administration publique, la minéralogie, la
métallurgie, des ouvrages dont les titres suiventj:
Praktische Ahhandlung iiber die Ausbeutung
nnd Verarbeitung des Kup/ers (Dissertation
pratique sui l'exploitation et la préparation du
cuivre); Francfort, 1766, in-8°; — Beschrei-
bung der hauptsàchlichsten in IJessen, in
Waldeckischen , im Harzgebirge, in den
Sistricten von Mansfeld, und in Saclfeld
und in Sachsen befindlichen Bergwerke {Des-
cription des principales mines situées dans la
Hesse, dans le pays de Waldeck, dans le Harz,
dans les districts de Mansfeld et de Saaifeld ,
et en Saxe) ; Francfort , 1767, in-4°; —Grund-
ziige der Berg-und Salzwerkskunde (Prin-
cipes élémentaires de la science des mines et
des salines); Francfort, 1773-1791, 13 vol.
in-8°, avec beaucoup de planches : cet ouvrage,
le meilleur de Cancrin et le plus complet sur
cette matière, a été traduit en extrait parBlav
sous le titre : Jurisprudence générale des min
en Allemagne, traduite avec des avnotatio
relatives à la même matière dans les pri
cipaux États de l'Europe, et notamment
France; Paris, 1825, 3 vol. in-8°; — Einl
tung in die Probirkunst und Hûttenkun
( Introduction à la docimasie et à la métalii
gie); Francfort, 1784, in-8'' , avec figures;
Vermisckte Schri/ten uber Land-und Staa
wirthschajt (Divers écrits sur l'économie) ; Ri
178C-1787 , in-4°, avec planches; — Geschiscl
und systematische Bcschreibung der in i
Grafschaft Hanau - Mûnzenberg gelegen
Bergwerke { Histoire et description système
que des mines situées dans le comté de Han
Munzemberg) ; Leipzig, 1787, in-S"; — Kle
technologische Schri/ten ( Opuscules teclmc
giques) ; Giessen, 1788-1790, 6 vol. in-8°, a
planches; — Abhandlurgen ûber das VFi
serbau-und Seerecht ( Dissertations sur le di
hydraulique et maritime) ; Halle , 1789-1800
vol. in-8", avec planches; — Abhandlung û
die Landbauten (Dissertations sur les constr
lions rurales) ; Francfort, 1791- 1792, in-S", a
gravures; — Grundsàtze der burgerlicl
Baukunde, in Uebereinstimmung mit <
Théorie und Praxis (Principes de l'architect
civile, conformément à la théorie et à la pr
que); Gotha, 1792, 01-4°, avec 30 planches;
Vollstàndige Abhandlung ûber die im R
sischen Reiche gebràuchliche Oe/en and .
mine, und iibereine bessere Einrichtung c ■
selben (Dissertation complète sur les poêle
cheminées en usage dans l'empire russe, et
l'amélioration de leur construction) ; Marboii
1807, 8 vol. in-8°, avec 10 planches.
Meuseï, Lexicon der jetztlebenden deutschen Sch t
flsteller (Dictionnaire des auteurs allemands vivaotslj
Strieder, Hessische gelehrten Gesc/iischte, tom. II.
* CANCRIN (George, comte), fils du préeéd
célèbre financier et homme d'État au service
la Russie, né à Hanau en 1773, mort à Sainte
tersbourg le 22 septembre 1845. Il fit ses prer
res études au gymnase de sa ville natale, et I
quent^ ensuite (1790) l'université de Giessen, o
se livra à l'étude du droit et de l'économie p
tique, qu'il continua plus tard à runiversitéi
Marbourg. En 1794, il obtint le grade de licei
en droit; mais son esprit vaste et avide dec
naissances l'entraîna vers d'autres études,
tamment vers la science administrative et la
térature.
On lui attribue un roman allemand qui pa
en 1797 à Altona, sous ce titre : Dagobe
histoire relative à la giierre actuelle de
liberté. Dans cet ouvrage, Cancrin plaidait a
chaleur pour les idées nouvelles, et se mont
très-favorable à la révolution française. Bel
coup d'esprits supérieurs, qui depuis ont al
donné cette cause, partageaient alors l'opini
de Cancrin.
449 CANCRIN —
Mais dès l'année 1796, trompé dans son espé-
rance d'obtenir une place du gouvernement
hessois, il était parti pour la Russie, où il devait
rejoindre son père. Là, s'ouvrit pour lui une car-
rière des plus brillantes et des plus utiles à sa
nouvelle patrie. 11 entra dans l'administration mi-
litaire, et obtint un avancement rapide ; en 1812
il devint intendant général de l'armée, qu'il
suivit dans sa marche à travers l'Allemagne. Il
!-evit alors Hanau et ses amis d'enfance, et peu
iprès il fut nommé lieutenant général. Ses vastes
talents, sa probité, son amour du travail lui
valurent la confiance de l'empereur Alexandre ,
\m le nomma en 1823 ministre des finances. Le
iremier il reconnut et utilisa le génie industriel de
anation russe ; il donna à ses subordonnés l'exem-
ile d'une infatigable application aux affaires et
'un rare désintéressement. Des économies con-
idérables, introduites dans toutes les branches
e l'administration, lui ont fourni les moyens de
onder un grand nombre d'établissements utiles,
coles de commerce et de navigation, instituts
)restiers, teclmologiques et autres. Il a suivi
p?ec une vive sollicitude les progrès des sciences
idustrielles et économiques dans tous les pays,
*% il entretenait à Paris, à Londres et en Allema-
le des agents spéciaux, chargés de lui rendre
)mpte de tous les procédés nouveaux et de tous
ffS perfectionnements. Il a augmenté le revenu
b l'État par une administration habile du mo-
ppole de l'eau-de-vie et des douanes, et par la
érection qu'il a imprimée à l'exploitation des
ines. Enfin sa gestion sage et éclairée du tré-
W de l'empire, dont il faisait connaître la situa-
on chaque année par un rapport public, a élevé
(crédit de la Russie, et rétabli l'ordre le plus
goureux dans le département des finances. Peu
hommes ont pu rendre à un pays des services
lasi éclatants et aussi durables. Il n'a eu pour
ipui dans sa carrière que son mérite, et par de
ids talents a su honorer la position éminente à
[uelle il s'est élevé. Outre le roman dont nous
ons fait mention, Cancrin a publié plusieurs
ivrages sur l'économie politique et l'administra-
on estime son traité Sur la Richesse du
e ( Weltreichthum ) , et il a donné le ré-
d'une longue expérience dans son Écono-
\e militaire pendant la paix et pendant la
erre, et de son influence sur les opérations
~ \rmées , 3 vol. in-8'' , ouvrage écrit en alle-
(Saint-Pétersb., 1822 et 1823). [Eue. des
m.]
ionnuire de la Conversation.
NDA {Charles du ), historien ecclésiasti-
ançais, né à Saint-Omer, vivait en 1615.
a dans l'ordre des Prémontrés, et fut d'a-
chanoine, puis prieur de l'abbaye de Dam-
II a laissé : la Vie , la Sainteté, les
IrcKles et les Actes de la Canonisation de
nt Charles BoiTomée , archevêque de Mi-
; Saint'Omer, 1614, in-8° ; traduit del'italien ;
'o Vie de saint Thomas, archevêque de Can
NOUV. BIOGR. CNIVERS. — T. VIII.
CANDACE
450
torbéry, avec les constitutions royales qui ont
causé son exil et son martyre, et les miracles
advenus par son intercession dans l'abbaye
de Dammartin; Saint-Omer, 1615, in-4"; —
la Vie de sainte Françoise, veuve romaine,
traduite de l'italien (sans date).
Valère André, liibliotheca llelçiica.
CANDACE, nom qui paraît avoir appartenu à
toutes les reines d'Ethiopie. Au rapport de divers
écrivains anciens, c'était la coutume des Ethio-
piens d'être gouvernés pardes femmes.Ce fait sem-
ble vraisemblable, si l'on considère que les rois de
ce pays étant toujours enfermés dans leur palais,
où ils étaient révérés comme des dieux , lais-
saient la plus grande partie de l'administration
publique à leurs femmes, qui commandaient même
les armées. Aussi parle-t-on plutôt des reines
d'Ethiopie que des rois, dont la vie se passait dans
une fastueuse indolence.
L'histoire nous a transmis le souvenir de trois
femmes qui portèrent ce nom. La première,
appelée aussi McauUs ou Makeda, fit en grande
pompe le voyage de Jérusalem pour y contem-
pler Salomon dans sa gloire et puiser la sagesse
à sa véritable source. Elle en rapporta un fils,
Menihelech, qu'elle envoya passer sa jeunesse
à la cour de Salomon, son père , afin d'y ap-
prendre la loi de Moïse. Ce fils, qui lui succéda,
répandit, dit-on, le judaïsme dans son royaume,
et fut le chef de cette longue dynastie qui se
faisait gloire de sortir du sang de David.
Quant aux deux autres, l'une d'elles s'est il-
lustrée par son courage et son opiniâtre résis-
tance aux Romains. Pétronius, qui commandait
en Egypte pour Auguste, voulant venger les
Romains d'une défaite que Candace leur avait
fait éprouver sur un autre po"nt et s'emparer
de ses États, s'avança en Ethiopie à la tête
d'une forte armée, et pénétra jusqu'à Napata,
la capitale , qu'il fit saccager, ainsi que plusieurs
autres villes; mais il ne put se rendre maître de
la reine, dont l'habileté déjoua toutes ses pour-
suites. Bientôt les déserts, la chaleur et les ma-
ladies le forcèrent de ramener ses troupes en
Egypte. Fatigué d'une guerre infructueuse, et dé-
sespérant de soumettre jamais, d'une manière
durable, l'Ethiopie au joug des Romains, Pétro-
nius suggéra lui-même à Candace la résolution
de demander la paix, qu'Auguste lui accorda
plus tard.
L'autre Candace eut la gloire d'introduire le
christianisme dans ses États , et voici à quelle
occasion. Quelque temps après la mort du
Christ, l'eunuque Juda, grand trésorier de la
reine d'Ethiopie, s'était rendu, dans un appa-
reil somptueux, au temple de Jérusalem pour y
faire des offrandes ; à son retour, comme il lisait
sur son char un passage prophétique d'isaïe,
qu'il ne pouvait comprendre, il rencontre l'a-
pôtre Philippe, poussé près de lui , dit l'Écriture,
par l'esprit de Dieu. Il l'engage à monter à ses
côtés, et lui demande l'explication des paroles
15
451
CANDACE — CANDAMO
45i
du prophète. Philippe lui fait entendre que la
prophétie s'applique au Christ, et qu'elle a été
accomplie dans sa personne ; puis il prêche avec
tant de chaleur et de persuasion la religion nou-
velle , que l'eunuque croit, reçoit le baptême sur
le chemin même , et arrive en Ethiopie plein
d'un ardent désir de prosélytisme. Candace fut
la première à embrasser la foi prêchée par son
ministre, et bientôt l'exemple de la reine en-
traîna plusieurs grands de la cour et une partie
du peuple. C'est donc à deux femmes que l'E-
thiopie paraît être redevable d'avoir changé ses
vieilles croyances contre une religion nouvelle et
plus parfaite : Nicaulis, qui visita Salomon, au-
rait jeté les premiers fondements du judaïsme
dans ses États, et Candace ceux du christianisme.
Pourtant cette dernière religion ne fut univer-
sellement admise en Ethiopie que deux siècles
plus tard, lorsque Frumentius, envoyé par Atha-
nase d'Alexandrie , alla l'y répandre par la pré-
dication. Elle ne put s'y conserver longtemps
pure ; grossiers, superstitieux , éloignés du cen-
tre des lumières chrétiennes, les Éthiopiens de-
vinrent bientôt la proie des imposteurs qui ont
défiguré et morcelé leur foi primitive. [Enc.
des g. du m.]
Jetés des Apôtres. — Dorothée , Synopsis de vita et
morte apostolorum. — Saint Irénée, De Hseresibus. —
Saint Jérôme, m Isaïam.— Saint Cyrille, Cathes). — %u-
sèbe. — Strabon. — Pline, Hist. nat.
*CANDALE OU CANDELLA {François Hus-
SATES ou DE Foix, comtc de), prélat et mathé-
maticien français, né en 1 502, mort le 5 février
1594. H fut évêque d'Aire en Gascogne, et com-
mandeur des ordres royaux. Amateur passionné
des sciences mathématiques, il en créa une chaire
à l'université de Bordeaux. On a de lui : Tra-
duction du Poëmandre d'Hermès Trismégiste
en français; — Traduction des œuvres d'JSu-
clide en français.
La Croix du Maine, Bibl. franc — Sainte-Marthe,
Gallia christiana. — Tetssier, Éloges des savants. —
Verriier, Bibl. française.
CANDALLEOUCA]VS>ALE(FeHn DE NOGARET
d'Épernon, duc de), général français,né en 1591,
mort le 11 féviMer 1639. D'abord comte de Can-
dalle, il obtint le 17 septembre 1596, en survi-
vance de son père, les charges de gouverneur et de
lieutenant général en Angoumois, Saintonge et
Aunis. Séduit par de mauvais conseils, il s'éloigna
du duc d'Épernon (Jean-Louis de Nogaret), son
père, et passa au service du grand-duc de Tos-
cane, qui armait contre les Turcs. S'étant em-
barqué sur la flotte année à Civita-Vecchia, il
s'empara d'Agliment, où il entra le premier. De
retour en France (1614), il fut nommé preiïiier
gentilhomme de la chambre du roi Louis XIII;
mais s'étant, quelqiies mois après, brouillé avec
la cour, il suivit le parti des mécontents, pa-
rut embrasser le calvinisme, et fut déclaré
généra! des Cévennes dans l'assemblée que
les calvinistes tinrent à Nîmes en 1615. Rendu
bientôt après à lui-même , à sa religion, à son
père et à son roi, il obtint (1621) des lettres
patentes qui le créèrent tout à la fois duc dt
Candalle et pair de France. Ayant pris du servie*
sous le prince d'Orange , comme colonel d'ui
régiment d'infanterie , il se jeta dans la ville d(
Bergues, qu'assiégeait le marquis de Spinola. S'é
tant démis de son gouvernement d'Angoumois
de Saintonge et d'Aunis, il prit (1624) le com
mandement des troupes de la république d
Venise dans la ValteUne , et fut nommé ( 1630
général de l'infanterie vénitienne. Chevalier de
ordres du roi ( 14 mai 1633), et aigri contre 1
cardinal de Richelieu, auquel il attribuait de n'a
voir pas obtenu le bâton de maréchal de France
il quitta de nouveau la France, et se rendit
Venise, qui l'élut généralissime de ses armées
Le cardinal Louis de Lavalette, son frère, ayar
ménagé son raccommodement avec le cardin;
de Richelieu, le duc de Candalle revint à la cou
de Louis XFII, qui le nomma snccessivemer
général commandant des armées de Guyenii
(1636), de Picardie(1637)et d'Italie, sous le cai
dinal son frère. Il mourut à Casai à l'âge è
quarante-huit ans. A. S
Pinard, Chronol. milit., t. I, p. 476.
CAMDALLE {Louis-Charles-GastoH de N^
CAR ET de Forx, duc de), général français
né à Metz le 14 avril 1627, mort le 28 janvit
1658. Marquis de Lavalette jusqu'en 1639, épi
que où mourut son oncle Henri, duc de Caii
dalle, il prit alors le titre de duc; et, aprt
avoir levé deux régiments d'infanterie de s(
nom, il reçut le commandement des troupes <
Guyenne , sous le duc d'Épernon son père _.
contribua à la défense de cette province. Devei
colonel du régiment des Yaisseaux-Mazarin
sur la démission du cardinal Mazarin (1650),
conserva jusqu'à sa mort ce régiment, qui p\
le nom de Candalle. Ayant été désigné (165!
pour succéder au maréchal d'Harcourt dans
commandement de l'armée de Guyenne, il pas
(1654) en qualité de lieutenant général de l'a]
mée de Catalogne, sous le prince de Conti et
maréchal d'Hocquincourt, et se trouva à la prî
de Villefranche , au ravitaillement de Roses,
contribua, l'année suivante, à la prise du cap
Quiers, et au siège et à la reddition de Castillii
et de Cadagues. Ayant commandé en chef apti
le départ du prince de Conti , il s'empara
bourg de Lingoustre. Étant tombé malade
Lyon en janvier, il y mourut à l'âge de trente
un ans. A. Sauzay,
Pinard, Chron. milit., 1. 1, p. 528.
CANDAïuo {Francisco Bances), "po'éie esp
gnol, né à Sabugo dans les Asturies en 1662, m»
en 1 709, termine non sans quelque éclat la pério
brillante du théâtre espagnol. Imitateur de Cal(
ron, il n'en possède pas le génie ; mais il choi
des sujets heureux, et il les traite d'une façon l
bile et originale. Ses Poesias comicas , publia
à Madrid après sa mort ( 2 vol. in-4'', 1722), r(
ferment seize pièces diverses; il n'en estaucui
*î
458 CANDAMO -
qui n'offre quelque mérite. On doit distinguer
surtout Par sti rey y por su dama, dont le
sujet est emprunté à i'Iiistoire contemporaine :
ii s'agit de la prise d'Amiens; l'auteur suppose
que le brave Porto-Carrero, épris de la tille du
■ maire de cette ville, et voulant montrer que rien
n'est impossible à l'amour, se jette dans les en-
treprises les plus désespérées, et met aux pieds
le son monarque et de sa maîtresse les plus
glorieux tropliées. Dans El dueio contra su
iamq, nous trouvons une inti'igue romaiiesque
t assez bien ourdie, qui aboutit à une lutte en
■hamp clos entre un chevalier et sa belle dégiii-
ée en guerrier; ce combat se termine par un
iiariage. El Esclavo en grillos de oro est re-
;aiYlé comme le chef-d'œuvre de Candamo; in-
iiquons en quelques mots le sujet de cette pièce,
ont personne en France n'a sans doute entendu
aller. Un Romain, nommé Camille, a conspiré
outre Trajan. 11 est arrêté, traduit devant le sé-
at et condamné à mort, comme bien l'on peut
roire. L'empereur, au lieu de ratifier la sen-
i<oce, la commue d'une manière qu'on ne pré-
oyait pas : il donne au conspirateur une part au
ouvoir suprême; il le met à la tête du gouver-
i«ment. Camille, livré jusqu'alors aux. charmes
'une vie indépendante et douce, mêlant l'étude
iax plaisirs, se trouve accablé de soucis ; pas
'41 instant de repos, pas un moment de sommeil ;
les préoccupations dévorantes et continuelles. Il
ttpplie l'empereur de le délivrer d'un pareil es-
iiavage; et Trajan, le jugeant assez puni, lui
tend la liberté- Remarquons d'ailleurs que, selon
«sage de ses contemporains, Candamo trans-
bi1« dans la Rome des empereurs les mœurs
bpagnoles du dix-septième siècle. Adrien va sou-
llrer la nuit sous le balcon de sa maîtresse; il
i rencontre un rival ; on met l'épée à la main, et
Ifeut que Trajan vienne séparer les deux adver-
idres. C. Brunet.
fr Ticknor,! /fiiC of Span. lit— A.-F. Von Schack, His-
I "ire de l'art et de la littérature dramatique en Es-
igne; Berlin, 1846, t. III, p. 482.
CANDEiLLE ( Amélie - Julie) , comédienne
ançaise, née à Paris le 31 juillet 1767, morte le
'<• février 1834. Elle débuta, en 1782, à l'Opéra,
ms le rôle d'Iphigénie en Aulide de Gliick, et
t immédiatement reçue; mais bientôt elle
litta le théâtre, et ne reparut qu'en 1785 à la
3médie française, où elle n'obtint que des suc-
•s médiocres. Aussi, en 1790, Monvel n'eut-il
is de peine à la déterminer à le suivre aux Va-
étés du Palais-Royal; là elle se trouva avec
. Iiilma, Dugazon, etc. En 1792, elle fit représen-
• '^r, sous le voile de l'anonyme, Catherine, oa
"-' ■'■ Belle Fermière, comédie en trois actes et en
*"ose, qui eut une vogue prodigieuse, malgré les
i- '^tracteurs de mademoiselle Candeille. En 1794,
I le épousa civilement un jeune médecin, avec
quel elle divorça en 1797. Elle fit représenter,
1 1794, le Commissionnaire , comédie en deux
'tes, et, l'année suivante, la Bayadère, comé-
CANDEILLE
454
die en cinq actes et en vers; mais la première
de ces pièces obtint seule quelque succès. Ce
dernier échec la fit renoncer au théâtre; (et en
1798 elle épousa le chef d'une célèbre fabrique
de voitures à Bruxelles, Jean Simons, dont elle
se sépara eu 1802. Elle fit encore représenter
deux pièces de théâtre ; la dernière échoua dès
la première représentation. — Madame Can-
deille se remaria en 1821 à H. Périé. Elle avait
publié , depuis 1 809 , différents morceaux de
musique et plusieurs romans oubliés aujour-
d'hui, entre autres : Lydie; Paris, 1809, 2 vol.
in-12; Geneviève, ou le Hameau; Paris, 1822,
in-12. Elle avait, par une Réponse à un article
de biographie, Paris, 1817, in-4% vivement
réclamé contre l'imputation d'avoir figuré les
déesses de la Raison et de la Liberté dans les
fêtes républicaines.
Biographie des Contemporains.— h'élis, Biographie
universelle des Musiciens.
c\yDEiL,i.K( Pierre-Joseph), compositeur de
musique français, né à Estaire (Flandre) le 8 dé-
cembre 1744, mort à Chantilly le 24 mai 1827.
Il vint jeune à Paris, et fut engagé à l'Académie
royale de musique en 1767, pour chanter la
basse-taille dans les chœurs et dans les cory-
phées. Il se retira en 1784, pour s'occuper uni-
quement de la composition, et commença à se
faire connaître en composant des motets exécutés
au Concert spirituel. 11 fit ensuite la musique de
plusieurs divertissements pour les fêtes du roi
( 1778). En 1785, il donna Pizarre, ou la Con-
quête du Pérou, opéra en cinq actes (paroles de
Duplessis), qui n'eut que neuf représentations.
Cette pièce, bien que réduite en quatre actes,
fut mise au répertoire en 1791; mais elle n'a
plus reparu sur la scène. Candeille fat plus heu-
reux dans le choix qu'il fit de l'opéra de Castor
et Pollux, dont les paroles étaient de Gentil
Bernard. Il y adapta une musique nouvelle, et
ne conserva que trois morceaux de Rameau,
l'air Tristes apprêts, le chœur du second acte
et celui des démons, au quatrième acte. Cet
opéra, joué le 14 juin 1791, eut un grand succès,
et fut joué cent trente fois jusqu'en 1799 : il ob-
tint encore vingt représentations depuis sa re-
prise, le 28 décembre 1814, jusqu'en 1817. Can-
deille a donné aussi un opéra de circonstance ;
la Mort de Beaurepaire , ou la Patrie recon~
naissante, qui ne fut joué que trois fois en 1793.
Il a composé quatorze opéras qui n'ont pas été
représentés. Candeille fut l'un des professeurs da
l'école de chant jusqu'au 15 mai 1805. Dans tous
ses ouvrages, Candeille ne se montre pas un
compositeur de génie; il n'y a pas de création
véritable dans sa musique; mais on y trouve un
sentiment juste de la scène, de la force drama-
tique et, de beaux effets de masses. Ces qualités
suffisent pour lui assurer un rang honorable
parmi les musiciens français du dix-huitième
siècle.
Fétis, Biographie universelle des tnusiciens.
15.
ii!
Ï55
CANDELAÏRE — CANDIANO
456
*canoejl,aire (Jean-Baptiste), juriscon-
sulte français^ vivait dans la première moitié du
seizième siècle. H était conseiller du roi. On a de
lui : De vetusta Northmanniee urbisque Ro-
thomaffensis nuncupatione ; 1528 (en manus-
crit dans la bibliothèque du cardinal Ottoboni ) ;
— Virorum omnium consularium ab instituto
Rothomagensi senatu hactenus ordine pro-
motorum libri IV (en manuscrit dans la bi-
bliothèque de M. de Pontcarré).
Lelong et Fontette, BiM. histor. de la France
* CANDËLARius ( Godefroy ), carme et théolo-
gien allemand, mort en 1499. Il était prieur du
couvent des Carmes à Aix-la-Chapelle. Il a
laissé : Sermones de tempore et sanctis; —
Orationes ad clerum ; — Oratio pro Corona-
tione régime; — de Conceptione beatissimx
Virginis; — kpistolx variée ad Trithemium et
alios.
Trithème, De scriptoribus ecclesiasticis. — Va 1ère An-
dré, Bibliotheca betgica. — Sweert, Athense belgicœ.
*CA!SDEi.is ou CANDEL {Jean de), théolo-
gien français, mort vers 1 220. Il remplit en 1 209
les fonctions de chanceher de l'Église de Paris.
Le chancelier de la cathédrale exerçait depuis
longtemps sur les écoles une juridiction qui s'éten-
dait de plein droit sur les étudiants et les pro-
fesseurs de l'université parisienne. C'était ce di-
gnitaire qui accordait la licence d'enseigner dans
l'étendue du diocèse. Jean de Candelis porta ses
prétentions beaucoup plus loin ; il se fit payer ces
licences, malgré les décrets des papes et des con-
ciles. Il voulut forcer les professeurs à hii obéir,
s'arrogeant même le droit de lancer sur eux des
sentences d'excommunication ; il exigeait de ceux
qui voulaient en être relevés des amendes à son
profit. Enfui il résolut d'interdire à l'université
l'enseignement de la théologie et du droit cano-
nique, et de le renfermer dans les écoles épisco-
pales et claustrales, placées dans l'île Notre-
Dame sous sa surveillance directe. L'université
eut recours au saint-siége, alors très-enclin à la
protéger. Le pape Innocent IQ nomma l'évêque
et le doyen de Troyes pour examiner les préten-
tions des deux parties. Le rapport qu'ils rédigè-
rent se retrouve dans le statut que le prélat Ro-
bert de Courçon publia en 1215. L'évêque de
Paris, Pierre de Nemours et Pierre de Candelis,
son chancelier, s'y soumirent. L'université fut
maintenue en pleine possession de ses immunités,
sauf l'obligation d'obtenir une licence, mais gra-
tuitement.
Histoire littéraire de la France. — Crévier, Histoire
de l'univemité de Paris.
. GANDiAC (Jean-Louis- Philippe-Elisabeth
MoNTCALM de), eufant-piodige, né au château
de Candiac (Gard) le 7 novembre 1719, mort à
Paris le 8 octobre 1726. Il était frère du marquis
de Montcalm. On a parlé avec quelque exagé-
ration des connaissances précoces de cet enfant,
dont le talent consistait principalement dans une
mémoire extraordinaire et dans une certaine
classification méthodique. Dès que l'interlocu-
teur s'écartait de cet ordre, Candiac cessait de
répondre d'une manière satisfaisante. On assure
qu'il lisait parfaitement le français et le latin à
trois ans, le grec et l'hébreu à six ans. Il faisait
des versions latines, possédait l'arithmétique, le
blason, la géograpliie, et avait acquis des notions
très-étendues sur l'histoire ancienne et moderne,
lorsqu'il mourut d'une hydropisie du cen'eau à
l'âge de sept ans.
Feller, Biograp/iAe universelle.
cANDiAi^'o i*"" (Pierre), doge de Venise, mort
en septembre 887. Il fut élu, le 17 avril de cette
même année, en remplacement de Jean Parti-
ciaco II. C'était un homme d'un grand sens et
d'une valeur remarquable. Il fut tué dans un
combat naval livré contre les Esclavons.
Art de vérifier les dates. — Sisraondl, Hist. des Rep.
ital. — Daru, Hist. de f^enise.
CANDTANO II (Pierre), doge de Venise, fils
du précédent, mort en 939. Il fut élu en 932, et
envoya aussitôt son fils Pierre à la cour de
Constantinople, où l'empei-eur Romain Lécapène
lui conléra le titre de protospathaire. L'Etat de
Venise s'étendit beaucoup par les conquêtes que
ce doge fit sur les Esclavons, les Dalmates et les
Narentins. Caudiano contracta aussi des alliances
fort avantageuses pour la république. L'an 935,
les habitants de Comacchio ayant mis en prison
quelques Vénitiens, le doge envoya contre eux une
armée qui prit leur ville, l'incendia, massacra
plusieurs citoyens et emmena prisonnieis les
autres, qui n'obtinrent leur liberté qu'en pro-
mettant d'être désormais soumis à la seigneurie
de Venise.
Art de vérifter les dates. — Chronologie historique
des doges de fenise. — Daru. Hist. de f^enise.
CAKDIANO III (Pierre), fils du précédent,
doge de Venise. Il fut élu en 942 par les suffra-
ges du peuple. En 955, il se fit associer son
fils Pierre, qui, peu reconnaissant de cette dis-
tinction , intrigua sourdement contre son père,
et, se croyant assez puissant, osa se révolter
contre lui. Les deux factions se livrèrent un com-
bat sur la place du Rialto ; Candiano III, vain-
queur, eut beaucoup de peine à obtenir la grâce
de son fils, qu'il dut néanmoins, pour satisfaire
au vopu public, envoyer en exil. Tous les ordres
de l'État firent alors un décret par lequel ils s'en-
gagèrent avec serment à ne jamais l'admettre
pour doge.
C'est sous le gouvemement de Candiano III
que les pirates osèrent, par une enti-eprise aussi
hardie qu'odieuse, provoquer le courroux de la
république vénitienne, qui avait trop longtemps
abandonné ses propres intérêts pour s'occuper
des brigues des diverses familles patriciennes.
D'après un usage antique, les mariages des prin-
cipaux citoyens se célébraient à Venise le môme
jour et dans la même église. C'était le 1*"" février de
chaque année, et dans l'ile de Castello. Les pa-
rents, les amis les suivaient en habits de fête et
sans armes. Les pirates de l'Istrie, instruits de
j 457 CANDI ANO
i cette coutume, eurent l'audace de dresser aux
I époux des embûches dans la ville même : ils
s'embusquèrent de nuit dans le quartier de
j l'Arsenal, traversèrent au matin le canal d'O-
1 livolo, envaiiirent l'église de jCastello, entraî-
i nèrent les fiancées, enlevèrent tout ce qu'ils pu-
I rent piller, et forcèrent de rames pour atteindre
la terre ferme. Candiano III était présent à la cé-
rémonie : profitant de l'émotion des fiancés,
il fait succéder la fureur aux pleurs ; il les en-
traîne au rivage de Santa -Maria Formosa. On
j saute dans les vaisseaux que l'on y rencontre,
et on fait une arme de tout ce qui tombe sous la
nain. Les voiles font plier les mâts sous un
rent favorable, les pirates sont découverts, et
oints dans les lagunes de Caorlo. Le combat fut
ouït, mais pas un des ravisseurs n'échappa à la
engeance des époux et des frères irrités. Les
aptives furent reconduites en triomphe aux au-
els (i'où elles avaient été arrachées. Depuis cette
•poque, une procession déjeunes filles et le doge
liaient faire une ^^site, la veille de la Chandeleur
leglise Santa-Maria Formosa, pour y solenniser
et événement.
Marin Sanuto, Storia de' Duchi di f^enezia. — Art de
-rirter les dates. — Sismondi. Histoire des républiques
tatiennes. — Daru, Hist. de la rép. de f^enise.
CANDIANO IV {Pierre), fils du précédent,
oge de Venise, massacré en 976. Après son ex-
lusion du gouvernement vénitien et la grâce
lue son père avait obtenue pour lui, il s'était re-
I ré à Ravenne, d'où, aussi mauvais citoyen que
lauvais fils , il n'avait cessé de faire la course
:»ntre les vaisseaux de ses compatriotes. Les
>r^ices de ses aïeux effacèrent ses crimes ; et le
?iiple, le clergé, la noblesse vénitienne lui dé-
1 Relièrent en 959 trois cents barques, pour le ra-
mener en pompe et le réintégrer dans la dignité
' iloge, qu'il avait partagée déjà avec son père,
urant quelques années, il remplit cette charçe
lyec honneur, et força les pirates de Capo d'Is-
iia et de Narenta à payer un tribut à la répu-
1 ique. S'étant dégoûté de sa femme, il la fit
(Oîtrer, et épousa Qualdrade, fille de Hu-
jjes, marquis de Toscane. Celle-ci lui apporta
sîs biens considérables, situés en dehors de l'É-
jt vénitien. Candiano IV se fit alors une garde
sioisie parmi ses nouveaux sujets, et, son au-
|ice croissant avec son opulence, il traita les
^énitiens avec une rigueur tyrannique. Les sen-
,nents changèrent à son égard, et, malgré tou-
j> les précautions que la défiance inspire aux
ioliateurs des libertés publiques, une insurrec-
im éclata en 976. Les Vénitiens assiégèrent le
liais ducal, mais ils ne purent le forcer, à cause
la vigoureuse résistance des troupes étrangè-
3 ou mercenaires que Candiano tenait à sa
;lde. Désespérant de briser par le fer une aussi
jCrgique défense, sur le conseil de Pierre Or-
plo, ils eurent recours au feu. Les flammes con-
itnèrent le palais ducal , l'église de Saint-Marc,
isi que deux autres édifices religieux et plus de
— CANDIDE 4Ô8
trois cents maisons. Candiano fut pris en fuyant,
et mis à mort avec son fils du second lit, encore
enfant. Il avait eu un fils de sa première femme,
mais il l'avait forcé à embrasser les ordres ; ce fils
se nommait Vital, et était patriarche de Grado.
Art de rertfier les dates. — Laurier, Histoire def^e-
nise. — Sismondi, //<5(. des rép ital. — Daru, //lit. de la
rep. de Denise.
CANDIANO V ( Vital), doge de Venise et frère?
du précédent, mort en 979. Il ne gouverna que
quatorze mois, durant lesquels ilfut constamment
valétudinaire. Il fit la paix avec l'empereur
Othon n. Se sentant près de mourir, il se retira
dans le monastère de Saint-Hilaire, où il expira
quatre jours après.
^rt de vérifier les dates. — Chronologie des doges de
fenise. — l)aru, Hist. de la rép. de Denise.
* CANDIANO (^njre), médecin italien, né à
Milan en 1484, mort en 1560 dans la même ville.
Après avoir pris ses grades en médecine dans
l'université de sa ville natale en 1512, le duc
François Sforce II l'attacha à sa personne , et
lui donna le titre de conseiller. Ayant été ap-
pelé auprès de Marie , reine de Hongrie et gou-
vernante des Pays-Bas, il guérit cette princesse
d'une maladie dangereuse. Il en fut largement
récompensé et comblé d'honneurs tant par la
reine que par son frère, l'empereur Charles-
Quint, qui, par un diplôme délivré à Nice le 21
mai 1528, le créa comte-palatin, et lui assigna
une magnifique rente sur les revenus de son
duché de Milan. Il retourna enfin dans sa pa-
trie, où il resta jusqu'à sa mort. Il y fut en-
terré dans l'église Sainte-Marie , où son fils lui
fit ériger un magnifique mausolée avec une ins-
cription élogieuse. On a de lui : Opéra medici-
nalia ; — De Astrologia ( on ne sait pas s'ils
sont restés manuscrits).
Corte, Uledic Milan , p. 63. — ArgellaU, Bibl. Milan.
— Carrère, Bibl. de la Médec. — Adelung, suppi,, à Jô-
cher, Allgem. Gele/irten-Lexiron.
*CANDiUE (sflîH^) , soldat romain, martyr
de la légion Thébéenne. Il est honoré surtout â
l'abbaye des bénédictins de Wazor (Liège), où
son corps a été transporté avec celui de saint
Victor, de la même légion. On le fête le 16 jan-
vier.
Baillet, f^ies des Saints. — Girand, Bibl. sacrée.
* CANDIDE, écrivain ecclésiastique du second
ou du troisième siècle. Saint Jérôme et Eusèbe
nous apprennent qu'il avait composé un Traité
sur la création, loué aussi par Nicéphore; mais
cet écrit est perdu.
Dom Ceillier, Hist. gén. des aut. sacrés, t. II, p. S06.
CANDIDE, prêtre romain en 595. Il fut en-
voyé dans la Gaule par Grégoire le Grand, pour
y administrer le patrimoine de Saint-Pierre.
Candide était chargé de remettre au roi Childe-
bert des lettres du pape, avec de la limaiUe des
chaînes de saint Pierre, qu'on recommandait au
prince de porter à son cou comme une précieuse
relique. Candide employa les revenus du patri-
moine de Saint-Pierre en œuvres de charité, e^
459 CANDIDE —
spécialement à instruire des Bretons idolâtres ,
qui devaient ensuite aller prêcher le christia-
nisme en Angleten-e.
Saint Grégoire, Opéra.
CANDIDE DE FULDE, vivait au neuvième
siècle. Il fut surnommé Wizon ou Witzon, et
suivit en Angleterre et en France son maître
Alcuin, dans les écrits duquel il est mentionné. Il
fut fréquemment employé par Charlemagne , et
n'a point laissé d'écrits ; ce qui le distingue de
Candide , surnommé Bruun, avec lequel il a été
confondu. On a conjecturé aussi qu'il avait été
archevêque de Trêves sous le nom de Vason. Ce
qui rend cette conjecture improbable, c'est que
Candide se retira en Angleterre, et l'on ignore s'il
abandonna ce pays.
Hist. litt. de la France, V. - D. Calmet, Hist. de
Lorraine.
CANDIDE, surnommé brcïTN. Voy. Bruun.
CANDIDE CHAMPPE (le P.), récollet et
écrivain ecclésiastique français. Voy. Chalippe.
*CANDiDo (Zowis), compositeur vénitien, vi-
vait au commencement du dix-huitième siècle.
Il excellait sur le violon, et a laissé : Sonate per
caméra, a violino solo con violoncello ; Ve-
nise, 1712.
Fétis, Biographie vnivertelle des musiciens.
CANDiDO, et non CANDITO (Pierre), peintre,
statuaire et architecte belge. Son nom flamand
était Pierre de Wîtte. Il naquit vers l'an 1541 à
Bruges, et mourut à Munich en 1628. Dans cette
dernière ville on ne le connaisait que sous le nom
de Pœter Weisse. Candido visita l'Italie de bonne
heure, et fit un long séjour à Florence. Il y tra-
vailla à la décoration de la coupole de Santa-
Maria del Fiore. Il fit ensuite plusieurs cartons
de tapisseries pour le grand-duc de Toscane.
C'est à cette époque qu'il prit ce nom italien de
Candido, dont presque toutes ses œuvres sont
signées ; son but en cela était sans doute de s'at-
tirer les bonnes grâces des princes italiens, dont
il pensait ainsi flatter le sentiment national.
Candido laissa encore de ses œuvres à Rome.
Il peignait mieux à la fresque qu'à l'huile; ce-
pendant on connaît de lui des paysages agréa-
blement composés, bien coloriés, et touchés avec
goût. Pendant ses voyages en Italie il fit rencon-
tre de Maximilien, qui, à la mort de son père ,
devint électeur de Bavière. Ce prince, qui aimait
les beaux-arts et avait pu apprécier le mérite de
Candido, se souvint de lui après être parvenu à
l'électoral, et l'appela à Munich. C'est dans cette
ville que, sous la protection toute bienveillante
de Maximilien, Candido accomplit ses plus nom-
breux et plus importants travaux. Le palais cons-
truit à cette époque, et qu'on appelle encore au-
jourd'hui palais de l'électeur Maximilien, a été
élevé, dit-on, sur les plans de Candido : ce qu'il
y a de certain, c'est qu'il en peignit les décora-
tions, et l'escalier, chef-d'œuvre d'architecture
et de sculpture, porte son nom. Une fontaine
monumentale élevée dans une cour du palais, et
CANDIDUS ^CO
supportant la statue du chef de la maison ac-
tuelle de Bavière, Othon de Wittelsbach, est en-
core de lui. La cathédrale de Munich renferme
un magnifique tombeau en marbre noir de l'em-
pereur Louis rv, et qui est également dû à la con-
ception et au ciseau de Candido. Cet artiste dis-
tingué, très-populaire en Bavière, est à peine
connu dans sa véritable patrie.
Biographie de la Flandre occidentale. — MilliD, Dic-
tionnaire des Beaux-Arts
* CANDIDO ( Vincent- Mar ius ) , théologien
sicihen, né à Syracuse le 2 février 1573, mort à
Rome le 6 novembre 1&54. Il prit l'habit de do-
minicain au couvent de la Minerve à Rome, el
fut reçu docteur en théologie à dix-neuf ans. Il se
distingua par sa science et sa piété ; aussi devint-il
pénitentier de Sainte-Marie Mineure dès 1507; il
exerça cet emploi quatorze ans, fut ensuite prieui
de la Minerve, enfin provincial et vicaire généra
des dominicains. Innocent X, avec lequel il avai
été élevé, le nomma maître du sacré palais ei
1645, et l'employa dans des négociations impor
tantes. On lui reprochait d'être relâché dans se:
opinions, et Thomas.Turcus, général des domini
cains , ne voulait pas qu'on lût les ouvrages di
Candido dans le réfectoire. On a de Candido
Illustriores Disquisitiones morales, quibu
omnes conscientiee casiis maxime practicabile
explicantur ; Rome, 1637, 2 vol. in-fol. Il alaiss
en manuscrit : de Primatu Pétri;— Sermon
pour le Carême; et des panégyriques.
Vincenl Baron, Apoloaet. - Fontana. Theat. Dominii
— ,Le P. Ectiard, 5cHp(ores ordirîîs PrsediUitonm
— le P Touron , Hommes illustres de l'ordre de Sain\
Dominique.
CANDIDO DECEMBRIO. Voy. DeCEMBRIO.
* CANDI DUS, historien grec, néen Isaurie, vi
vait vers l'an 490. Il était chrétien, et compos
une histoire de l'empire d'Orient qui commença
au règne de liéon et s'arrêtait à celui de Zénoi
c'est-à-dire de l'an 457 à l'an 491. L'auteur y d«
fendait le concile de Chalcédoine comme orthd
doxe. Photius, qui rapporte quelques passages r
Candidus, blâme sou style comme trop poétiqu
On trouve aussi quelques extraits de Candidt
dans les Excerptu de Legationibus; Paris, 164
in-fol.
Photius, BibHotJiec, LXXIX. - Vossius, deU%!\
— Paiily, Enctjcl. der Alterthumsroissenschaft.
CANDIDUS {Gerhard), historien belge. H {
laissé: De Rébus belgicis ;Vvsadori, 1680. Cetj
histoire a été réimprimée en 1 583, par Arnold Fre
tag, dans ses Scriptores très de Rébus belgici
Valcre André, BibL Be.lg.
* CANDIDUS {Mathieu), historien sicilieij
né à Léontini, vivait dans la seconde moitié (
quinzième siècle. Il était de noble famille, et f
estimé de tous les savants de son temps pour s
connaissances historiques. Il a laissé : Histor
de Rehus Siculis ; 1435-1445.
Mongilor, Bibliotheca Sicida. - Fabriclus, B%hl%o\
med. et inf. œtat.
CANDIDUS ( Jean ), Jurisconsulte italien, ■<
vait au commencement du seizième siècle. B
461
CANDIDUS '— CANDOLLE
462
aissé, sous le titre de Origine regum Gallix,
me histoire des rois de France jusqu'en 1461;
. e manuscrit en était déposé dans la bibliothèque
! ; les Minimes de Paris. On a en outre de Can-
iidus : Commentariomm Aquiteiensium li-
'';>ri VIII; Venise, 1521, in-foi.; cet ouvrage
1 1 été inséré par Grœvius dans le t. IV de son
r^résor des Antiquités, et traduit en italien;
I 'enise, 1544, in-8".
I ' Bnrmann, Prsefat. ad thesauri Italise. tom. VI. — I).
I i léinent, Bibl. curieuse. — Sax, Onomast. liter., III.
i\ CANDIDCS (Pantaléon),\ùstoT\en allemand,
■ jiéen Autriche le 7 octobre 1540, mort le 3 fé-
n rier 1608. Son nom de famille était Weiss, qu'U
- I hangea, à l'exemple de Mélanchthon, en celui de
'andidus. D fut pasteur protestant à Deux.-
'onts, et publia : Bohemiades, sivede Ducibus
I I lohemias libri III, et de Regibus libri V, car-
; 1 i»iec(w?i/?/ea;i; Strasbourg, 1590, in-4''; — Goti-
, ' eris, hoc est de GotfiicisperHispaniam regibus
1 teutoniea gente oriundis , libri VI; Deux-
onts, 1597, in-4''; — Epigrammata et ora-
•ones funèbres ; 1600, in-8°; — Annales seu
obulse chronologicas ad annum 1602; Stras-
ourg, 1602, in-8o; — Belgicarum Rerum Epi-
nne db anno 1^1 ad annum 1605; Francfort ,
ti06, in-4° ; — Or ationes funèbres, ex Mose con-
hinatee ; Deux-Ponts, 1606 , in-8° ; — Or ationes
, unebres, ex libris Samuelis , Regum, etc.,
oncinnatx; Bàle, 1608, in-8°.
Melcliior Adam, f^itae Theologorum germanorum. —
ai, OnoirmsX. liter., Ili.
*CAxniDrs BLANCRART (Alexandre),
arme et théologien belge , né à Gand, vivait en
551. Il entra de bonne heure dans les ordres,
t se fit recevoir licencié en théologie à Cologne.
1 devint ensuite aumônier de George d'Egraont,
; vêqued'Utrecht, auquel il dédia une version fla-
^uandedela Bible ; Cologne, 1547. Cette version
; ; st très-estimée pour sa correction. On a encore
[le Candidus : Judicium Joannis Calvini de
V>anctorum Reliquiis, collatum cum ortho-
^ loxorum Ecclesiee catholicse Patrum senten-
\ia; — Oratio de Retributione justorum sta-
"im amorte; 1551, in-8°.
■ Valère André, Bibliotkeca Belgica.
CANDiSH (Thomas), marin anglais. Voy. Ca-
I ENDISH.
CANDITO. Voy. CANDIDO.
! CANDOLLE (Augustin Pyramus de ), célèbre
i)otaniste, né à Genève le 4 février 1778, mort
:ians la même ville le 9 septembre 1-841. Il était
>riginaire d'une des plus anciennes maisons
lobles de Provence, qui s'expatria pendant les
lîuerres de religion, pour fuir les persécutions
auxquelles les protestants étaient en butte. Dès
(C seizième siècle, cette famille comptait déjà
I >armi ses membres plusieurs hommes illustres.
[Bertrand de CandoUe, de Marseille, se distingua
j'n 1524, pendant le siège de cette ville par
j 'armée impériale, sous les ordres du connétable
j le Bourbon et du marquis de Pescaire. L'JEilné des
île CandoUe de Provence qui allèrent s'établir à
Genève, Pyramus,est cité parmi les savants ty-
pographes de son temps. Il fut le fondateur de
l'imprimerie Caldorienne ; on lui doit la pre-
mière impression des traductions françaises de
Tacite, de Théophraste et deXénophon, ainsi que
celle de plusieurs autres ouvrages utiles. A l'épo-
que de la réformation , il se rangea sous les ban-
nières de la république, où dominait l'esprit de
Calvin, et combattit, pour l'indépendance et la
lii)erté d'opinion, contre les troupes du duc de
Savoie. Sa patrie adoptive lui accorda le droit
de bourgeoisie, et le nomma membre du grand
conseil. Cependant Pyranius quitta Genève en
1617, et établit son imprimerie à Yverdun, où il
créa aussi un collège et une forge: l'orthographe
de son nom était alors de Candaule ( Senebier,
t. II, p. 229). — De CandoUe, le père du botaniste,
s'était acquis par le commerce une fortune indé-
pendante; il remplit pendant vingt ans les fonc-
tions de membre du gouvernement genevois, et
fut promu deux fois au rang de syndic de la ré-
publique. Augustin Pyramus, son fils (celui qui
fait l'objet de cet article), développa de bonne
heure un goût passionné pour la littérature;
sa disposition précoce pour la versification attira
l'attention de Florian, qui fréquentait la mai-
son de son père, et piédisait pour le jeune poète
une carrière d'autenr dramatique. A l'âge de sept
ans, une hydrocéphalite failUt l'enlever à sa fa-
mille éplorée. Après une guérison peut-êti'e sans
exemple, puisque aucune de ses facultés intellec-
tuelles n'en resta affectée , il fit ses premières
classes au collège de Genève, et s'y fit remarquer
par une mémoire étonnante, qui a singulièrement
favorisé ses travauxscientifiques. A l'âge de seize
ans il abandonna la poésie, et suivit, à la faculté
de philosophie, les cours du célèbre de Saus-
sure. Plusieurs hommes recommandables dans
l'histoire des sciences, Charles Bonnet, Sene-
bier, Sage, etc., encouragèrent cette ardeur qui
portait le jeune de CandoUe vers l'étude de l'his-
toire naturelle ; Vaucher lui donna les premières
leçons de botanique, et détermina son penchant
pour la science à laquelle il a consacré depuis sa
vie entière.
De CandoUe vint à Paris en 1796 ; accueiUi avec
bonté par le savant Doloniieu , il fréquenta as-
sidûment les cours des sciences physiques et
médicales, et se perfectionna promptement dans
l'étude de la botanique. Le botaniste Desfontaines,
dont il se glorifiait d'avoir été l'élève et qu'il aima
toujours comme un second père, le distingua
parmi la foule des étudiants qu'on voyait alors
au Jardin des Plantes ; il lui témoigna une bien-
veillance particulière, et l'encouragea dans ses
débuts. Cette distinction flatteuse redoubla son
application, et ses premiei-s essais le signalèrent
aux yeuxdu monde savant comme un boîaniste
distingué. Nous citerons particulièrement son
Histoire des plantes grasses, 4 vol. in-4°,
qu'il fit paraître de 1799 à 1803 ; son Astragalo-
gie (iSOl), et divers mémoires sur la physique
463
CANDOLLE
46";
végétale, que l'Institut fit insérer dans le Recueil
des savants étrangers. Déjà, à cette époque, de
Candolle était lié avec des hommes quf se sont
rendus célèbres, Cuvier, A. de Hunioldt, La-
marck, Biot, Brongniart, Duméril, etc. Devenu
membre de la Société philomathique et de cette
savante société d'Arcueil que BerthoUet réunis-
sait chez lui, et dont les mémoires sont si recher-
chés, il publia plusieurs écrits importants sur la
physiologie et la géographie botaniques. Ces
premiers succès fixèrent l'attention de ses com-
patriotes, qui lui déférèrent le titre de professeur
honoraired'histoire naturelle à l'académie de Ge-
nève, tandis qu'il suppléait à cette époque (1802)
la chaire de Cuvier au collège de France. En
1804 il reçut le grade de docteur à la faculté de
médecine de Paris, et présenta pour thèse son
£ssai sur les pTûpriétésmédicmales des plan-
tes, qu'Haran a traduit en allemand.
En 1803, dans un voyage qu'il fit en Belgique
et en Hollande, il parcourut les bords de la mer
depuis Dunkerque jusqu'à l'île du Texel ; et, fixant
ses observations sur les envahissements des sa-
bles, il publia peu après un mémoire intéressant
sur la Fertilisation des Dunes, dans les Anna-
les de V agriculture française, t. XIII.
Ce fut à peu près à la même époque que, des
études spéciales sur les animaux invertébrés
ayant détourné Lamarck de la phytographie , ce
savant célèbre sut apprécier toute la portée du
savoir de Candolle, en lui confiant la rédaction
de l'édition nouvelle de la Flore française.
Le jeune botaniste réalisa les espérances de
succès qu'on avait conçues pour cette utile
entreprise : la Flore franmise, reformée en
grande partie, apparut considérablement aug-
mentée, enrichie de 6,000 espèces , de descrip-
tions neuves , d'une exacte synonymie, d'une
carte botanique ingénieusement conçue, et de
toutes les additions que réclamaient les change-
ments qu'avaient subis l'anatomie et la physiolo-
gie végétales. Cet ouvrage ne fut achevé qu'en
1815(1); mais dès les premiers volumes son au-
teur s'était acquis une réputation européenne et
de justes droits à la reconnaissance nationale.
Chargé en 1806, parle duc de Cadore, minis-
tie de l'intérieur, de parcourir tout le territoire
de l'empire français, accru de la Belgique, de l'I-
talie septentrionale et des pays des bords du
Rhin, pour y observer l'état de l'agriculture,
Candolle consacra six années à rempUr cette i
portante mission, et répondit par sou zèle à la
confiance du gouvernement. Les six rapports sur
ses Voyages agronomiques et botaniques ont
été consignés dans les Mémoires de la Société
d'agriculture du département de la Seine, et
réunissent une masse d'observations qu'on lit
avec le plus gi-and intérêt. Les vues d'amélioration
qu'il a développées dans ces écrits s'y montrent
dégagées de ces théories hasardées et de cette
(1) Quatre mille exemplaires de cette 3» édition, en 6 vol.
1(1-*°, furent épuisés en peu d'années.
manie d'innovation qui ont si souvent entraînt
les agriculteurs dans des expériences ruineuses
En 1808, s'étant présenté au concours pour l;
chaire de botanique à la faculté de médecine di
Montpellier, il éloigna tous ses compétiteurs, e
remporta cette place , avec la direction du jar
din botanique, en remplacement de Brousso
net, dont il fit VÉloge historique. Il joigni
bientôt à cet emploi celui de professeur à la Fa
culte des sciences de la même académie. Sou
son administration, l'ancien jardin de Richer d
Belleval s'éleva à un haut degré de prospérité
le catalogue des végétaux cultivés en 1813, et le
beaux dessins de plantes rares qu'il fit exécute
par M. Node Véran , pour être publiés plus tard
sont une preuve de sa constante sollicitude pou
l'établissement qu'il diiigea.
C'est aussi en 1813 qu'il fit paraître la prc
mière édition de sa Théorie élémentaire de l
botanique, ouvrage de haute portée, et no
moins recommandable par la profondeur de
vues que par son esprit de méthode. Nous n
discuterons pas ici les objections des phytolo
gués qui se sont montrés contraires à quelques
unes des opinions émises dans cette théorie, ca
elles influent peu sur les principes généraux
mais nous dirons, sans crainte d'être démenti;
que, par une marche régulière et soutenue, d
Candolle a réalisé le but qu'il s'était propos '
lui-même, celui de conduire à la connaissant !
des rapports naturels et à l'analyse de Un
valeur. La Théorie élémentaire de la hotmii
que, quelques progrès que fasse la science, re;
tera longtemps le meilleur des livres classique
et sera toujours considérée comme le chef-d'œi
vre de son auteur. Il existe plusieurs traductioi
de cet ouvrage : d'abord une en allemand, p;
Brenner (1814-1815), une autre en anglais, -
une troisième en espagnol, par don Mariano L;
gasca. Après la deuxième édition de la Théor
élémentaire, on publia en Allemagne les Bc
ses de la botanique scientifique (Leipzig
1820), par de Candolle et Sprengel, ouvrage ai
quel le professeur de Genève ne prit ancui
part, et qu'il a désapprouvé comme eouteoanî di
princi[>es qui n'étaient pas les siens.
En 1815, pendant les Cent-Jours, de Candol
fut nommé recteur de l'université de Montpeliiei
les élus de la restauration lui firent un crime d';
voiraccepté cette charge ; on le signalaitaux roy;
listes exaltés comme le partisan du gouvernemei
impérial, sous lequel il avait obtenu ses emplois ; :
qualité de protestant était aussi un tort aux yen
des fanatiques. Ainsi, le professeur qui ense
gnait la plus pacifique des sciences et que la eu
ture des fleurs rendait étranger à toute querei
politique, le philosophe qui déplorait la violeui
des partis et se croyait à l'abri de leur malvei
lance, se vit tout à coup en butte à leurs intr
gués. Ami de l'ordre et d'une liberté content
dans de justes bornes, de Candolle ne put su|
porter longtemps sa situation dans un pa;
CANDOLLE
466
l'agitaient les passions les plus outrées. Dé-
lité des tracasseries auxquelles il était en
tte, il implorait de tous ses vœux celte tran-
illité inséparable de l'étude ; et, tournant ses
;ards vers sa ville natale , il se décida à don-
r sa démission. Cette résolution le ramenait
rs son premier penchant : la petite république
Genève venait d'être rétablie, et agrégée à
Suisse comme canton : tant qu'elle avait fait
-tie de la France, de Candolle s'était regardé
nme Français; mais son pays recouvrant son
làenne indépendance, l'amour de la patrie re-
t tous ses droits, et le professeur redevint
oyen , pour consacrer ses talents et son zèle
ir le bien public. Ses compatriotes le reçu-
t avec empressement, et créèrent en sa fa-
ir, en 1817, une chaire d'histoire naturelle et
ijardin botanique, qu'il dirigea conjointement
BC son fils.
ii)ans sa nouvelle position, son ardeur scien-
l'^ue ne se ralentit pas : dès l'année t818, il
limença son Système ( Regni vegetabilis sys-
kanaturale, in-8'', t. I, 1818; t. H, 1821;
fis), ouvrage conçu sur le plan le plus vaste,
ue lui seul pouvait oser entreprendre. Il s'a-
it de réunir sous un même système de no-
dature la description de toutes les plantes
nues , avec leurs variétés , la synonymie des
s , les citations iconographiques , l'indica-
des localités , etc. ; mais le chiffre auquel
découvertes de ces derniers temps ont porté
plantes connues dépasse 70,000, et cenom-
, que de Candolle ne croit être que la moi-
ides espèces existantes sur la surface du globe,
8 igmente avec rapidité par les récoltes jour-
:<ières des botanistes voyageurs. Or, la vie
I l'homme le plus actif, quelle que puisse être
i durée, ne saurait suffire pour achever une
! iblahie entreprise : aussi de Candolle s'est-il .
i' forcé d'y renoncer, après la publication du
fixième volume. Cependant il n'avait pas en-
vement abandonné cette grande pensée, et sou
, idrome {Prodromus systematis regni vege-
lilis, seu enumeratio methodica ordinum,
•:>enan, specierumque , etc. ; Paris 1824 et
lées suivantes , in-8° ) n'est qu'une modifica-
a de son premier plan. Ce dernier ouvrage ,
iiense répertoire du règne végétal, a été con-
ué , après la mort de l'auteur, par son fils ,
c le concours des botanistes les plus mar-
mts de notre époque.
)e Candolle ne s'en est pas tenu à ces seules
; ïlications : des ouvrages de divers genres sont
[lus successivement accroître ses titres à la
: onnaissance du monde savant. Forcés de nous
itreindre, nous citerons, parmi les plus im-
l'iants, sa Collection de mémoires pour ser-
y à l'histoire du règne végétal (182S), sou
'^janographie végétale, IvoX. in-8°, 1827, et
'i Physiologie, 3 vol. in-8°, 1832. Ces deux
y niers ouvrages font partie du cours complet
i Ixttanique qu'il s'était proposé de publier par
traités séparés. Dans l'organographie , qu'il con-
sidère avec raison comme la base de la science,
il fait connaître d'abord les parties élémentaires
qui composent les tissus intimes des végétaux,
et décrit ensuite les organes fondamentaux avec
tous leurs détails anatomiques et leurs rapports.
Dans la physiologie , la plupart des faits , des
observations et des expériences relatives à la vie
des plantes, sont coordonnés avec cette préci-
sion méthodique qui l'a guidé dans tous ses écrits.
Membre du conseil représentatif du canton de
Genève, de Candolle fut député à la diète helvé-
tique, et s'acquitta avec honneur des commissions
délicates dont il avait été chargé. Son Rapport
sur les magasins de subsistances contient des
idées lumineuses sur l'économie politique. Cor-
respondant de l'Académie des sciences de Paris,
il fut élu en 1828 un des huit associés étrangers,
titre qui n'avait été déféré à aucun botaniste
depuis Linné.
Par ses travaux scientifiques, de Candolle doit
être mis au rang des naturalistes les plus distin-
gués de son siècle. Dans le nombre des bota-
nistes qui ont su faire adopter leurs théories
nouvelles, il n'en est aucun dont les ouvrages
aient influé autant que les siens sur la marche
de la science, en déterminant cette tendance
philosophique vers laquelle tous les esprits ont
été entraînés. Les leçons du professeur de Ge-
nève ont pénétré dans toutes les écoles; elles
ont guidé les maîtres et formé les élèves. En pré-
sentant en corps de doctrine et sous une forme
claire et concise la méthode naturelle fondée par
Bernard de Jussieu, il l'a fait triompher des faus-
ses préventions de ses détracteurs, et les plus
zélés partisans du système sexuel sont rentrés
dans les vrais principes. On lui reproche pour-
tant de n'avoir pas rendu assez de justice aux
travaux de Linné ; mais, si l'on parcourt ses écrits,
il est facile de se convaincre qu'il a su apprécier
toute la profondeur du jugement du célèbre natu-
raliste suédois ; ce sont ses disciples qu'il a atta-
qués, c'est le système dont le professeur d'Upsal
avait lui-même senti l'insaffisance qu'il a com-
battu. Ainsi, à la renaissance des lettres , on
n'attaquait pas Aristote et les grandes vérités
qu'il avait proclamées, mais les sophistes qui
abusaient de ses principes et de son nom. L'A-
cadémie des curieux de la nature, la plus an-
cienne société savante de l'Europe, et qui est
dans l'usage de donner à ses membres des noms
en rapport avec leur réputation, a rendu justice
aux travaux de de Candolle en le surnommant
Linnxus. La liste de tous les ouvrages publiés par
cet écrivain est insérée dans une brochure intitulée
Histoire de la botanique genevoise, D. C; Ge-
nève 1833. On y trouvera l'indication de tous les
mémoires omis dans cet article ; ceux que nous
avons cités suffisent sans doute pour le recom-
mander à la gratitude de ses contemporains, et pour
lui assurer un nom dans la postérité. [M. Bois-
sAiu), dansl'jB'wc. d. g, du m.]
I
467
CANDOLLE
Bibl. universelle de Genève : Notice sur de CandoUe,
t. LIV. — Journal des Savants , février 1829. — Biot ,
ibid., avril 1833. — Flourens, Élo^e historique de Pyra-
mus de CandoUe , dans les Mémoires de l'Acad. des
sciences , 19 déc. 1842.
CANDORiER OU CAïJDOURiER (/ean), maire
de la Rochelle, lequel chassa les Anglais de la
citadelle , sous Charles V. Voici la relation de
Froissart : « A ce temps avoit, en la ville de la
« Rochelle, un maieur durement aigu et soubtil
« en toutes ses choses , et bon François de cou-
« rage, si comme il le montra Bien savoit le
« dit maieur, qui s'appelloit sire Jean Caudou-
« rier, que cil Philippot , qui estoit gardien du
« chastel,n'estoitmi& soucieux ni percevant, sans
« nulle mauvaise malice. Si le pria un jour au
'( disner de-lez lui, et aucuns bourgeois de la
« ville. Cil Philippot, qui n'y pensoit que tout
« bien, lui accorda et y vint. Ainçois que on s'as-
« sit au disner, sire Jean Caudourier, qui estoit
« tout pourvu de son faict, et qui informé en
« avoit les compagnons, dit à Philippot : J'ai
« reçu depuis hier, de par nostre cher seigneur
« le roi d'Angleterre, des nouvelles qui bon
« vous touchent. — Et quelles sont-elles? res-
« pondit Philippot. — Dit le maieur : Je les vous
« montrerai, et ferai lire en votre présence ; car
« c'est bien raison. Adonc alla-t-il en un coffre,
« et prit une lettre toute ouverte, anciennement
« faite et scellée du grand scel du roi Edouard
« d'Angleterre, qui de rien ne touchoità son faict;
« mais il l'y fit toucher par grand sens , et dit à
« Philippot : Veles-ci. Lors lui montra, auquel il
« s'apaisa assez ; car moult bien le reconnut ;
« mais il ne savoit lire : pourtant fut-il déçu.
« Sire Jean Caudourier appella un clerc que il
« avoit tout po>arvu et avisé de son fait, et lui
« dit : Lisez- nous cette lettre. — Le clerc la
« prit, et lisit ce que point n'estoit en la lettre :
« et parloit, en lisant que le roi d'Angleterre
« commandoit au maieur de la Rochelle que U
« fesist faire leur montre de tous hommes d'ar-
« mes demeurant en la Rochelle ; et l'en rescrip-
« sit le nombre par le porteur de ces lettres , car
« il le vouloit savoir; et aussi de ceux du chas-
fr-tel. »
Philippot fut dupe de ce stratagème : il fut
convenu que le lendemain il amènerait les gens
sur la place, devant le château, pour que le
maieur pût les passer en revue. Mais Candou-
rier fit le soir même placer dans de vieilles mai-
sons inhabitées , situées auprès du château , qua-
tre cents hommes d'armes d'élite, et il leur com-
manda que, <c quand cils du chastel seroient hors
« issus, ils se mettroient entre le chastel et eux,
« et les encloroient. » Ce qui fut exécuté le len-
demain, 8 septembre 1372. « Quand les soudoyers
« virent ce, si connurent bien que ils estoient
« trahis et desçus. Si furent bien ébahis età bonne
« cause. Les Rocheilois les firent là un et un ds-
« sarmer sur la place, et les menèrent en prison
« en la ville en divers lieux , où plus n'estoient
" que eux deux ensemble. Assez tost après ce,
- CANEWSIUS 4
« vint le maieur tout armé sur la place, et pi
« de mille hommes en sa compagnie. Si se tr
« incontinent devers le chastel, qui eu l'heure
« fut rendu. « Ensuite les Rochelois firent à
au duc de Berry de venir prendre possessi
de la ville au nom du roi de France. Le prii
y envoya Bertrand du Guesclin. <c Lors chev;
« cha tant le dit connestatle , qu'il vint en
« ville de la Rochelle, où il fut reçu à grande je
« et si prit la foi et l'hommage des hommes
« la ville, et y séjourna trois jours. »
Froissart, Chronique.
CANE {Jean-Jacques). Voy. Cani {Gian
copo degli).
CANE FACINO. Voy. FaCINO CaNE.
CANE DELLA SCALA. Voy. SCALA (délia)
* CANELLA {Joseph-Marie ), médecin itali
né dans la province de Trente le 5 août 1 7
mort le 29 décembre 1829. 11 fit ses premiè
études à Inspruck , les compléta à l'univer
de Landshut depuis 1806, et fut reçu médeci
Padoue le 16 juin 1811. Il se livra ensuite i
pratique, et s'y acquit une grande réputation.
1816àl818, il entreprit, dans l'intérêt de la scie i
médicale, plusieurs voyages, et en 1824 il
nommé chirurgien opérateur à l'hôpital de S
Chiara de Trente. Ce fut pour lui une occaf i
de déployer tous ses talents. De 1826 à 182! I
fit de nouveaux voyages en Italie, en Allema^ ,
en France, en Angleterre, en Hollande. Ses p
cipaux ouvrages sont : Storia d' una Jratti ;
del collo delfemore, erroneamente dichiar '
lussazione; Brescia, 1815; — Appendice o-
logetica alla storia délia frattura del ci >
difemore di Marianna Dallago, erroneame '■
dicMarata lussa:>ione ; Vérone, 1816 ; — h-
ria e rijlessioni stilla febbre che domina >
commune di Riva e sue adiacente; Véic,
1817; — Rijlessioni critiche ed esperic}
sul modo di operare la cateratta col me)
délia cheratonissi ; Milàâ, 1819; — Ce i
sulla estirpazione délia bocca edel callo d '
utero, nei casi di scirro o cancro, o altre •
crescen^e morbose di queste parti , e dem ■
zione del metrotome ; Milan , 1721 ; — la ■
taie estirpazione d^ll' utero carcinomato ,
recata dalV idioma tedesco nelV italianc '
corredata di giunte e varie annotattom;
lan, 1823; — Giornale di Chirurgia pratif
Trente, 1825-1829, 5 vol. ; — Nuova e sM
maniera di ciirare la Sijilide in tutte le '
forme, del dottore Carlo-Enrico Dzondi, t ■
dotta dal tedesco neW idioma italiano, e c ■
redata di un appendice; Naples, 1827 ; — l-
corso suit' attuale colturamedlco-chirurgi ,
e siigli ostacoli che si frappongono alla P
pagazione délie scoperte; inscrito nel Mer
giere tirolese del giorno b febbraio 1828. j
Tipaldo, Biogr.deyli liai, illustri, t. V, p. 103-301 1
*CANENSiiTS {Michel), théologien et huij-
niste italien, vivait dans le quinzième siècle J
porta d'abord le titre àeprior gradiilarum jt
0 CA.NENSIUS
vint évêque de Castro. On a de lui : Ora-
1 de Lmidibns Grammaticx, Poesis, Rheto-
,(■ et Dialecticx artis ( en manuscrit ) ; —
la Pauli Veneti Pontificis II, dans Mura-
•i Script. Italix, t. II, et publié à part d'a-
^s un excellent manuscrit par le cardinal Que-
i;Rome, 1740, in-4°.
dcinng, suppl. àJôcher, Allgem. Celehrten-Lexicon.
GANEPARi (jPJen'e-^/ar-/e), médecin italien,
à Crémone, vivait en 1619. Il vint exercer
/^enise, où il se fit une grande réputation par
; connaissances en chimie. On a de lui : De
'■miientis cvjuscumque yeneris in sex des-
ptiones divisum; Venise, 1619, in-S", et
iidres, 1660, in-4''.
IX, Onomast. liter., IV. — ATh\,Cremona literata.—
Inci-, Medicinisches Gelehrten-Lexicon.
;aïves ou cannes ( Francisco), cordelier et
iitaliste espagnol, né à Valence en 1730, mort
fadrid en 1795. Il se fit recevoir missionnaire
l'ordre des Franciscains, et fut envoyé à Da-
> , où il s'appliqua pendant seize années à
ide des langues orientales. De retour dans
patrie, il fut admis à l'Académie royale d'his-
e. Il a laissé : Grammatica arabigo-espa-
a, etc.; Madrid, 1774, in-4°; — Diccionario
a7/ol-latino-arabigo ;Maàrid, 1787, 3 vol.
ol.
itnnio , Bibliotlieca kispana Nova.
;anetta ( don André Hcrtado de Men-
A, marquis de), homme d'État espagnol, mort
.ima en 1560. Il était gouverneur de Cuença
1555. Charles-Quint, en juillet 1557, l'en-
a au Pérou en qualité de vice-roi. Canetfa y
ihlit, par sa fermeté, le calme qu'avaient trou-
Ics factions des Pizarre et des Almagros;
■prima les révoltes de Sébastien de Castille,
Godinez et de Giron. Il sut ensuite détruire
s'attacher les débris des incas, et attira à
?co le dernier de ces princes, Saïri-Tiipac,
il lit baptiser sous le nom de Diego. Voyant
Pérou à peu près tranquille, Canetta reprit
Tojet de faire explorer les immenses régions
versées par le fleuve des Amazones, et char-
en 1560 Pedro de Ursoa, gentilhomme d'un
rite reconnu, de cette mission, déjà tentée vai-
llent par Orellana en 1541. Ursoa partit à la
'. de 500 hommes, avec la mission de chercher
lac d'or de Parime et la ville d'El-Dorado.
\pédition s'embarqua sur le Guallago, et
cendit dans le Maragnon; mais Ursoa étant
ibé sous le poignard de Fernand de Guzman et
Lope d'Aguine, ses lieutenants, l'expédition
loua malheureusement. L'excessive sévérité
i Canetta avait déployée contre ses compatrio-
insoumis lui avait suscité beaucoup d'enne-
> à la cour d'Espagne. Philippe II, sans égard
ir des services réels, lui retira son gouverne-
nt : Canetta en mourut de chagrin.
rfidéric Lacroix , Péro m et Bolivie, dans lUniv. pitt.
'CANETTI (François), compositeur italien,
à Crème, vivait en 1812. Il a été maître de
jpelle de la cathédrale de Brescia, et membre
— CANFELD 47e
de la section de musique de llnstitut du royaume
d'Italie. On a de lui : V Imaginario, opéra bufTa;
Brescia, 1784 ; et une messe à huit parties, dans
le style du contre-point fugué. Cette production
passe pour un chef-d'œuvre.
Fétis, Biographie vniverselle des Musiciens.
CANETARi ( Demetrio), médecin génois, né
à Gênes en 1559, mort à Rome en 1625. Il fit
ses études à Rome, et s'y distingua dans les lan-
gues, les belles-leltres et la médecine. Sa répu-
tation de littérateur égalait celle de savant. Le
pape Urbain VII le prit pour son médecin, et en
peu de temps Canevari réalisa une fortune con-
sidérable, que son avarice augmentait sans cesse.
Ou fait beaucoup de cas de ses ouvrages, dont voici
les titres : de Ligno sancto Commentarins ;
Rome , 1602, in-S" ; — Morborum omnium qui
corpus humanum afjligunt ut decet et ex
arte curandorum accurata et plenissima me-
thodus ; Yenise, 1605, in-S"; — Ars medica;
Gênes, 1626, in-fol. ; — de Primis naturafac-
torum Principiis Commentarius, m quo quee-
cumque ad corporum naturam, ortus et in-
teritus cognitionem desiderari possunt, accu-
rate, sed breviter explicantur ; ibid. , 1626,
in-8°; — Commentarius de Hominis Procrea-
tione , cité par Haller.
Éloi, Dict. hist. de Médecine. — Nici.ns Erythrajus,
De Script, medicis. — Soprani et Juniani , Scrittori
délia Liguria. — Manget, Bibliotheca scriptomm medi-
corum.
* CANEVESi ( Timothée ), prédicateur et écri-
vain ascétique italien, de l'ordre des Frères Mi-
neurs , natif de Milan , vivait dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. II était issu d'une
ancienne famille, et se distingua pendant quelque
temps comme prédicateur dans plusieurs viLes
de l'Italie, surtout dans sa ville natale. Apres
avoir séjourné quelques années à Constantinople
comme missionnaire , il retourna à Milan, où
il passa le reste de sa vie. On a de lui : Due
Sermoni del sagro Chiodo ;M\]àn, 1652, in-4°;
— Lezioni scritturali spiegate nel duomo di
Milano, soprai Viaggide' patriarchi Abramo,
Isacca e Giacobbe; Milan, 1654, in-4°; — Des-
crizionï del S. Monte délia Vernia; Milan,
1672, in-fol. avec gravures; — Expositio ré-
gula: S. Franciscï; Milan, in-4''; — Compen-
dium Turani de Privilegiis Regularium ; in-4'' ;
— quelques livres de dévotion, et des sermons
détachés.
Argellati, Bibl. Mediol.
* CANFELD (^enoî^ de), capucin et théologien
anglais , né à Canfeld (Essex) en 1564, mort
en 1610. Il était de famille noble; et son véritable
nom était Guillaume de Filoh. Jusqu'à l'âge de
vingt-quatre ans, il suivit la secte des puritains.
A cette époque, il abjura tout à coup, vendit ses
biens, en distribua le prix aux pauvres, et passa
en France, où il entra aux Capucins de Meudon.
C'est alors qu'il changea de nom, et étudia la
philosophie et la théologie avec succès. Lors-
qu'il se sentit assez instruit , il partit pour l'An-
471 CANFELD —
gleterre avec le P. Jean-Chrysostome d'Ecosse.
Arrêtés quelque temps après leur arrivée en
1599, ils demeurèrent en prison jusqu'en 1602,
où la reine Elisabeth consentit à les rendre à
la liberté, sur la prière de Henri IV. Revenu en
France , Canfeld gouverna avez zèle et sagesse
plusieurs couvents de son ordre. On a de lui :
Soliloque; Paris, 1608, inl2; — Exercices
spirituels, 1608; — le Chevalier chrétien;
Paris, 1609, in- 12; — Règle de perfection,
composée en anglais, traduite en flamand, puis en
français, sous le titre de Abrégé de toute la vie
spirittielle, réduite à ce seul point de la vo-
lonté de Diew, -Paris, 1696, in-12, avec la Vie de
l'auteur.
Witte, Diarium biographie. — Richard et Giraud, Bi-
bliothèque sacrée.
CANGA-ARGUELLES (don Jose), homme d'É-
tat espagnol, né dans les Asturies en 1770,
mort en 1843. Il cultiva la poésie dans sa jeu-
nesse, et fit une traduction versifiée des Odes
de Sapho. Plus tard , il prit une part active à
l'insurrection espagnole comme publiciste et ad-
ministrateur, et se distingua comme député de
Valence, parmi les cortès de 1812, par son talent
et par un zèle ardent pour les principes consti-
tutionnels. Lorsque Ferdinand Vil remonta sur
son trône en 1814, Canga-Arguelles fut exilé dans
la province de Valence; mais le roi, en 1816, le
rappela, et lui donna un emploi à Valence. Après
la restauration delà constitution de 1812, en
1820, Canga fut nommé ministre des finances.
En cette qualité il présenta aux cortès un état de
toutes les propriétés publiques et ecclésiastiques,
d'où il résultait que ces dernières surpassaient
les autres d'un tiers. Il publia à cette occasion
son fameux mémoire sur l'état des finances de
l'Espagne , intitulé Memoria sobre el crédita
publieo, Madrid, 1820, dans lequel il fit connaî-
ti'e quelle était la situation du Trésor public au
moment où le roi jura de maintenir la constitu-
tion. Canga-Arguelles y rend en même temps
compte des mesures employées depuis le 9 mars
1802, par son département, pour relever les
finances. Il en résultait que les recettes de l'Es-
pagne n'étaient alors que de 320,066,000 réaux
( 80,016,500 fr.), tandis que les dépenses se mon-
taient à 660,116,231 réaux (165,029,057 fr.), et
que le déficit annuel était conséquemment plus
considérable que le total des recettes. Le mi-
nistre proposa aux cortès , entre autres remè-
des, de voter un impôt direct de 140 millions,
d'aliéner la septième partie des biens de l'Église
et des couvents, de vendre les petites posses-
sions sur la côte septentrionale d'Afrique, et
d'ouvrir un emprunt de 200 millions. Il démon-
tra en outre comment il serait possible de dimi-
nuer le grand nombre d'employés et de privilè-
ges ; mais ses propositions ne purent être exé-
cutées qu'en partie.
Lorsqu'en mars 1821 tous les ministres don-
nèrent leur démission , à l'occasion du discours
CAWGIAMILA 4
prononcé à l'ouverture des cortès le 1*' mai
discours dans lequel Ferdinand \TÏ se pi;
gnait de la faiblesse du pouvoir exécutif, Can^
Arguelles suivit ses collègues. Comme meml
des cortès qui ouvrirent leurs séances le l^'"nu
1822, il fit partie des libéraux modérés, et pi
posa plusieurs mesures pour affermir la consi
tution et améliorer l'état des finances. Après '
renversement de la constitution en 1823 , il se
forcéd'émigrer en Angleterre, d'où il lut rappelé
1829. C'est à Londres qu'il avait publié : Dicc
nario de Hacienda, para el ùsu de la suprei
direccion de ella ( Dictionnaire des finances,
l'usagedeceux qui sontchai'gés deleurdirectio
ouvrage très-volumineux , à la fois théorique
pratique. Les critiques auxquelles il a donné 11
portent particulièrement sur les détails stati;
ques relatifs aux Étals étrangers, détails pris df
des matériaux trop anciens. Même relativeim
à l'Espagne, l'auteur ne poursuit presque jam
ses recherches au delà de la fin du dix-li
tième siècle ; et ce n'est plus par le témoigni -
irrécusable des faits et des chiflres, mais | •
des mémoires et des plans de réforme, qu'il I
connaître l'Espagne moderne. Cet ouvrage, j
blié en 1827 et 1828, forme 5 vol. in-8°. Can
Arguelles donna encore, dans l'exil, ses Eleni
tos de la ciencia de Hacienda (Éléments ■
la science des finances) ; Londres, 1825, 402
in-8° . Sous le modeste titre de Observacioi
sobre la guerra de la Peninsula, il réfuta at
les assertions absurdes et mensongères des li
toires de la guerre de l'indépendance espagnc
des Southey, Napier et Londonderry, qui
attribuaient tout le succès aux armes anglaisi
et ne laissaient aucun mérite aux Espagnols. (
ouvrage, où se trouvent des faits peu conn
révèle tous les sacrifices que s'imposa l'Espa;
à cette époque mémorable. Il a été traduit
anglais. Canga, de retour dans sa patrie,
nommé archiviste de Simancas, et prépara t
Histoire générale de l'Espagne dej)uis
temps les plus reculés jusqu'à nos jours. [E)
des g. du m.}
Conversations Lexicon.
CANGE (du). Voy. DCCANCE.
CANGiAGE. Voy. Cambiaso.
CANGIAA1ILA (François-EmmanAiel), c(
troversiste italien, né à Palerme le 1'^'" jan\
1702, mort le 7 janvier 1763 dans la même vi
Il devint successivement docteur en théoloj:
chanoine de la métropole de Palerme, et inq
siteur provincial du royaume de Sicile. On a
lui : Embriologia sagra, ovvero trattato dt
ufficj, etc. ; Milan, 1751, in-4°; Palerme, 17;
in-fol. , traduite plusieurs fois en latin sous
titre : Embryologia sacra, sive de officiis
cerdotum, medicorum et aliorzim circa xt
nam parvulorum in îitero existentium sa
tem; Palerme, 1761,in-fol.; Vienne, 1765, in-
Venise, 1769, in-fol.: l'abbé Dinouart et le 1
decin Roux l'ont traduite en français, en y aj
rs
CANGIAMTLA — CANINI
474
int les décrets des assemblées du clergé , des
,nodes et des conciles; Paris, 17G2 et 1766,
-12. Cet ouvrage, qui a été traduit encore dans
autres langues , notamment en grec moderne,
ir le jésuite Vélastie, esta la fois un traité de
lafession, d'hygiène privée et de médecine lé-
if le relativement aux femmes enceintes.
Biographie médicale. — Adeluiig, supplein. à JOcher,
Igemeines-Gelehrten- Lexicoii.
i|*CANi ouCAMS ( Gian-Jacobo DEGLi),juris-
Insulte italien, né à Padoueen 1450, mort en
93. n professa avec distinction les droits cano-
jue et civil dans sa patrie. U jouissait aussi
me grande réputation comme orateur et comme
L^te ; il a laissé : Carmen heroicum de Ludis
uustribus ; Venise, 1474, in-4°, rare; — de
)do Studendi in jure; 1476, in-S" ; — de Lau-
nis Pétri Bqrocii, antistitis Patavini,jus
lonicum et civile carminibus comprehen-
n; Padoue, 1485, in-4o. L'archiprêtre Baruf-
li cite encore deux dialogues manuscrits de
•à : de Constantini Donatione et de Ar-
\ rio.
;ardeon, De Claris Patavinis.
CANICHCA, roi de Cachemire, d'origine tar-
i, vécut trois cents ou quatre cents ans après
iiort de Bouddha ; il fut le chef du troi-
ï\e et dernier concile, qui s'occupa de régler
écritures bouddhiques. On rapporte à ce
ice les médailles qui portent le nom de Ca-
1 kès , et on le fait vivre un siècle ou deux
nt notre ère. L.
I Idjatariaginî, traduction de M. Troyes , t. II. — Bur-
\. f, Introduction à l'histoire du Buddhisme.
:anier (Pierre). Voy. Camor [Pierre).
CANIGIÂNI (Bernard), littérateur italien,
ait en 1582. Il fut un des cinq premiers fon-
i eurs de l'Académie délia Crusca, conjointe-
\ at avec Jean-Baptiste Dati, Antoine-François
If izzini, Bernard Zanchi et Bastien de Rossi ;
^;lque temps après, Salviati, qui y fut reçu en
i ème, donna à cette société son organisation et
I règlements.
nguené, Uist. litt. de Vit., VU.
CANiLLAC (Raimond de), cardinal fran-
I i, né à Canillac (Gévaudan), mort à Av^non
1 !0 juin 1373. Il était chanoine régulier de
1 Qt- Augustin à Maguelonne, et devint prévôt de
•| te église. Il se fit remarquer par une grande
(uiaissance du droit civil et ecclésiastique; le
l »e Clément VI , appréciant les talents de Ca-
{ ac, le nomma archevêque d e Toulouse en 1 345,
1 s cardinal du titre de Sainte-Croix de Jéru-
\ixa en 1350. Innocent VI lui donna l'évèché
* Palestrine. A la mort de ce pontife, Canillac
< int onze voix pour le remplacer. On a de lui :
\:ollectorum. liber.
j uehène, Histoire des cardinaux français. — Fri-
s, Callia purpurata. — Auberi, Histoire des cardi-
' T. —Sainte-Marthe, Gallia christiana. — Baluze,
■, ;^" Paparum.
^ANiNi (Ange), grammairien italien, né à
>,hiari (Toscane) en 1521, mort à Paris en
7. Il était très-versé en philologie, et donna
successivement des leçons à Venise, à Padoue,
à Bologne et à Rome. Il fut appelé eu France par
François !*■", qui le nomma professeur au collège
d'Italie à Paris. Il s'attacha ensuite à Guillaume
Duprat, évoque de Clermont. On a de Canini :
Grammatica grxca ; Paris , in-4" ; — Version
latine du Commentaire de Simplicius sur
Éplctète; Venise, 1546 et 1569, in-fol. ; — Ins-
tituliones linguarum syriacas, assyriacx et
thnlmudicœ, una cum xthiopicœ et arabicx
collatione, quibus addita est ad calcem N. T.
multorum locorum historica enarratio ; Paris,
Charles Estienne, 1554, in^"; — de Helle-
nismo; Paris, 1555, in-4", réimprimé à Amster-
dam en 1700, in-8° , avec un index très-com-
mode; — de Locis S. Scripturœ hebraicis
Commentaria, imprimé avec les Quinquagenx
d'Antoine de Lebrija; Anvers, leOO, in-8°.
Bayle, Dict. — Teissier, Éloges des savants.
CANINI (Giovanni-Angelo) , peintre, né à
Rome en 1621, mort en 1666. Il fut élève, dans
cette ville, du Dominiquin et de Barbalanga.
Nommé peintre de Christine, reine de Suède, il
n'exécuta pour cette princesse qu'un petit nom-
bre de travaux , employant presque tout son
temps à dessiner des monuments antiques et des
médailles. Quand il se décidait à prendre le pin-
ceau, il cherchait les procédés les plus expédi-
tifs, négligeant les détails, et se contentant de
l'unité et de l'harmonie de l'ensemble. Quoi qu'il
en soit, il plaît par sa force et par son énergie
dans les sujets qui exigent la réunion de ces
qualités, comme son Martyre de saint Etienne,
à Santo-Martino ai Monti. Étant allé en Franec
à la suite du cardinal Chigi , il présenta à
Louis XIV un volume dans lequel il avait réuni
des têtes d'hommes illustres et de divinités
païennes, dessinées d'après des pierres gravées
et des marbres : le prince le récompensa par le
don d'im collier d'or. De retour dans sa patrie,
Canini avait entrepris d'écrire en vers les louan-
ges de sa protectrice la reine Christine . et en
prose la continuation d'un recueil de vies des
peintres, lorsque la mort le surprit à l'âge de
quarante-cinq ans. Bellori et Passeri, loBS deux
ses amis, paraissent avoir rais à profit ses notices
historiques. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario.
CANINI (Jérôme), littérateur italien, neveu
du précédent, né à Anghiari (Toscane), mort en
1626. On a de lui : I storia délia elezione e
coronazione del rede' Romani; Venise, 1612,
in-4°; — Aphorismes politiques sur Tacite,
traduit de l'espagnol d'Alamo Varienti ; Venise,
1618 , in-4°, réimprimé avec les œuvres de Ta-
cite, par Adrien Politi; Venise, 1620, in-4''; — *
de la Cour, traduit de Denis du Refuge ; Venise,
1621, in-12, avec notes; — A/orismi politici ca-
vati dalV Istoria di Fr. Guicciardino ; Ve-
nise, 1625, in-12; — Histoire de Louis XI,
traduite du P. Matthieu, avec Giudizio politico
sopra la Vita di esso; Venise, 1628, in-4''; — •
475 CANINI -
Lettres du cardinal d'Ossat (trad.); Venise,
1629, in-4''; — Généalogie de la maison de
Bourbon (trad.); Venise, 1638, in-4».
Jocher, Allgem. Gelehrt.-Lexicon.
CANINI { Marc- Antoine) , sculpteur italien,
frère du précédent, né à Rome, vivait en 1669.
Il avait beaucoup de talent, et acheva le grand
ouvrage que Jean- Ange laissait imparfait, et le
publia sous le titre d'Iconographia; Rome, 1666,
in-fol., avec 116 planches gravées par Etienne Pi-
card le Romain et Guillaume Valet. Ces figures sont
accompagnées d'explications curieuses, qui prou-
vent que les frères Canini connaissaient parfai-
tement l'histoire et la mythologie. M. de Che-
vrières a fait la traduction française de ce re-
cueil sous le titre : Images des héros et des
grands hommes de V Antiquité, dessinées sur
les médailles, les pierres antiques, et les au-
tres anciens mowwmew^s; Amsterdam, 1741,
io-4°, avec 117 planches représentant 500 figures,
accompagnées de remarques et du texte italien.
Le Nouvelliste du Parnasse. — Abbecedario pittorico.
— L'abbé Titi, Tabula.
* CAMiNius ( Rebelius), consul romain, vivait
en 709 de Rome, 45 ans avant J.-C. Il succéda
à Trebonius, et ne fut en charge que sept heures.
Cicéron a dit de lui « que la ville devait être
« obligée envers ce vigilant magistrat, qui n'avait
« pas dormi tant qu'il avait été consul. »
Salluste, Cat.
CANINO (princes de). Voy. Napoléon (fa-
mille).
* CAMs ( Corneille), compositeur belge, mort
vers 1556. Les compositions de Canis sont ré-
pandues dans les collections publiées à Louvain
et à Anvers dans le cours du seizième siècle.
On trouve de lui des canons très-bien faits
dans un livre de chansons de divers auteurs ;
Louvain, 1544. On a aussi de ce compositeur :
Boe chanson française commençant par ces mots :
La bonne grâce et maintien gracieux; elle se
trouve dans le 3" vol. de Burney, Histoire de
la Musique; — Cantiones sacrée, seu mottetti
quinque vociim ; Louvain, 1544, in-4°.
Fétis, Biographie nouvelle des musiciens.
*CANisio (Egidio), poète itahen, né à Vi-
terbe, vivait dans le quinzième siècle. Il a tra-
duit en vers latins la chanson de Pétrarque,
Vergine bella. On le croit aussi auteur de 52 stan-
ces intitulées Faccia d'Amore, et insérées par
homsDolcedaQsson Recueil des Poètes illustres
et réimprimées séparément à Venise, 1572, in-1 2.
Crasto, Eloçij d'Uomini letter.
CANisivs [Jacques), jésuite et théologien
hollandais, neveu de Henri , né à Calcar (duché
de Clèves) , mort à Ingolstadt le 27 mai 1647.
Il prit les ordres de bonne heure dans la com-
pagnie de Jésus, et y enseigna la philosophie et
les langues modernes. On a de lui : Fons salutis,
seu primum omnium sacramentorum Baptis-
mus ; Cologne, 1626, in-8° ; — Meditationes sa-
crx de Christo et beatissima Virgine; Munster,
CANISIUS r,
1628, in-8">; — Ars Artium, seu de bono mi
tis, sous le pseudonyme de Christianus Tanas
phistus; 1630, in-12; — Vitœ Sanctorum, tr
duit de l'espagnol du P. Ribadeneira, avec a(
jonction des Vies de quelques jésuites, et celli
de saint Charles Borromée, de saint Ph
lippe de Neri; 1630, in-fol. ; — Sermons dupé)
Mastrille, traduits de l'italien en latin; 163'
in-fol.; — Hyperdulia Mariana, a Joant
Berchmanno exercita; Munster, 1636, in-16
Valère André, Bibliotheca belgica. — Alegambe, BU
script, societ. Jesu.
c&wssïus (Pierre), jésuite et théologien hc
landais, né à Nimègue en 1520, mort à Fi
bourg le 21 décembre 1597. Son vi'ai nom et;
deEondt (le Chien), qu'il latinisa, suivant l'usa
de l'époque. Il se fit remarquer par son savoi
son zèle et sa piété : aussi fut-il le premier pr
vincial de la compagnie de Jésus en AUemagc
Il fonda le collège de Fribourg (Suisse), et bri
au concile de Trente en 1545. L'empereur F(
dtaand F'' le choisit pour son prédicateur, et i
haut de la chaire Canisius ne cessa de foudro)
les hérétiques, qui l'appelaient, à cause de s
nom, le Chien d'Autriche. On a de lui
Summa Doctrinx christianx ; Paris (par \
soins du P. Busée), 1485, in-fol.; il en exi
un abrégé par le P. Windehofer; Augsboui
1762 : l'ouvrage a été traduit en illyrien, 14f
en grec, par le P. Mayr; Prague, 1612, in-i
en grec et latin , Augsbourg , 1612, in-8°;
Instit'Utiones Christianse pietatis (sans dati
— De Beatissima Virgine Maria ( sans dat(
— Sermons et homélies de saint Léon ; L(
vain, 1566, in-12; — Commentaria de Ve
divini Corruptelis ; Ingolstadt, 1583, 2 ^
in-fol. La liste complète de ses écrits se troi
dans Paquot. La vie de Canisius a été publiée
latin par les pères Mathieu Raderus et Fi
çois Sachini; Munich, 1623, in-8°; en franc;
par le P. Dorigny ; Paris, 1708, in-12 ; en itali
par le P. Langore et le P. Foligatti : cette f
nière est la plus estimée.
Lemire, Élog. Belg.— Guillaume Eisengrein, Catak •
test, veritatis. — Alegambe et Ribadeneira, Biblioth ;
scriptorum societatis Jesu. — André Valère, Bibliotl i
belgica.
CAHisiîJS {Henri), théologien hollauda
neveu du P. Pierre, né à Nimègue, moi
Ingolstadt en 1610. Il fit ses études à Louv; •
et son mérite lui valut d'être appelé à Ingi
t,adt en qualité de professeur de droit canon.»
vaste érudition était accompagnée de beauop
de modestie et de piété véritable. On a de 1 )
Chronica Victoris Tununensis ; Ingolstai
1600, in-4°; — Antiquse Lectiones; Ingolsti»
1601-1608 , 7 vol. in-4°, réimprimées et m
en ordre par Jacques Basnage , sous le titre
Thésaurus monumentorum ecclesiasticoru
Amsterdam (Anvers), 1725, 7vol. in-fol., a
notes et préfaces de l'éditeur; — Histc
miscella, d'après Paul Diacre; Ingolstadt, 1<
in-12. On trouve le catalogue complet de ses
CANISIUS —
^8 dans les Mémoires pour servir à l'His-
re littéraire des Pays-Bas , de Paquot , et
is Moréri , grand Dictionnaire historique^
4i(m de 1759.
odré, Bibl. belg. — Swcrt, Âthenœ belg.
CANisivs (Henri), théologien hollandais, né
lois-le-Duc en 1594, mort le 4 mars 1689. Il
; l'habit religieux dans l'ordre des Ermites de
*it Augustin, et fut successivement prieur des
".▼ents de Tenremonde, de Tirlemont, puis de
'estrlcht. Il a laissé : Carminum fascicxi-
; — Manipulus sacrarum ordinationum ;
ivain, 1661 , in-I2; — Pax et una Chari-
, per easque chara imitas ; Anvers, 1685,
<A.
idré, Bihl. Belg. — Swert, Annal. Belg.
> CANISIUS OU CANNius (Nicolas), philolo-
hoilandais , né à Amsterdam , mort à Spar-
|(de en 1555. II était secrétaire d'Érasme, qui
iployait principalement dans ses traductions
■ec, langue dans laquelle Canisius était très-
ilé. Érasme l'aimait beaucoup, et lui écrivait
de Bàle en 1527 : « Semper enim, ut nosti,
loco te magis habut quamfamuli. » Ca-
is retouchait les Colloques d'Érasme à la
de celui-ci, en 1536. II entra au couvent de
it-Visule à Amsterdam , et fut ensuite curé
tamonde. On a de lui : Vie de Cornélius Gro-
; — quelques Colloques et des poésies grec-
>s et latines.
'agenaar. Histoire d'Amsterdam — Valère André,
\toth. Belgica.
JUNITZ {Frédéric-Rodolphe- Louis, baron
poète allemand , né à Berlin en 1 654 ,
H dans la même ville le 11 août 1699. Il
{pt dans la maison paternelle une éducation
inguée, étudia ensuite le droit à Leyde et
ipzig, et fit plus tard un voyage en Italie et
'rance. De retour dans son pays, il devint,
1677, gentilhomme de la chambre de Frédé-
■Guillaume l" et conseiller de légation. C'est
' cette qualité qu'il fut chargé de plusieurs
lisions. Après la mort du grand électeur, le
ï Frédéric F"", qui lui succéda, nomma d'abord
' litz conseiller d'État titulaire, et , après quel-
' 'S missions diplomatiques , conseiller d'État.
mpereur Léopold l'éleva alors à la dignité de
oa de l'empire. En qualité de ministre plé-
' \ otentiaire de Prusse , il prit part aux négo-
ftious ouvertes à la Haye au sujet de la suc-
, fsion d'Espagne; mais, en 1699, le mauvais
H de sa santé lui fit abandonner ce poste. De
il à 1695, il avait vécu dans la plus heureuse
, on avec M"" Dorothée ( Doris ) d'Arnimb ,
fit les qualités et les vertus ont été célébrées
jbord par son mari, ensuite par François
frn et Varnhagen d'Ense.
;Les poésies de Canitz n'ont paru qu'après sa
i'rt, sous le titre de Nebenstunden unter-
\iiedener Gedichte (Berlin, 1700, 14^ édit.,
1 55). Canitz n'y apparaît pas, à la vérité, comme
F génie poétique du premier ordre , mais la
CANIZARÈS 478
pureté , la clarté et la facilité de ses vers forment
un agréable contraste avec l'enflure et la préten-
tion de l'école de Lohenstein, qui dominait alors.
[Enc. des g. du m.]
Conversatious-Lexicon. — Ersch et Gruber', Allgem.
Encyc. — Jôclier, Allgem. Geleh.-Lexicon.
*CANiTZ-DALLWiTZ (baron de), homme
d'État prussien , neveu du précédent, mort à
Berlin le 25 avril 1850. Entré au service en
1806, il fit toutes les campagnes de la Prusse
contre la France, et fut nommé professeur à
l'école militaire de Berlin. De 1827 à 1829', il
fut ministre plénipotentiaire près la Porte.
Nommé colonel en 1829, il fut chargé en 1831 de
suivre les opérations de l'armée russe comman-
dée par Diebitsch , et assista aux campagnes de
Pologne. A son retour à Berlin , il fut nommé
général, et envoyé en mission extraordinaire à la
cour de Hanovre, puis à celle de Vienne , d'où il
fut rappelé pour prendre le portefeuille des af-
faires étrangères. Il s'est toujours montré très-
partisan du piétisme. On a de lui un ouvrage stir
la cavalerie (Berlin, 1823), justement estimé
des officiers supérieurs.
Conversations-Lexicon.
*CANics (Ru/us), poète latin, né à Cadix,
vivait en 88. Il était ami de Martial, qui dit de
lui :
Vis scire quid agatCanius tiius? ridet.
Die, Musa, quid agatCanius meus Rufus?
Utrumne chartis tradit ille vlcturis
Legenda lemporum acta Claudianorum?
An quae Neroni falsus adstruit scriptor ?
An semulatur improlji jocos Phajdri ?
Canins épousa deux femmes, qu'il répudia :
Théophila, savante, mais trop libre; Sapho,
moins éclairée , mais trop retenue. II a composé
en vers une Histoire des Daces, dont Pline le
Jeune fait mention, Epist., lib. I et VHI).
Martial, Epigrammata, III. — Vossius, De poetis lati-
nis.
CANIZARÈS ou CAANIZARES (Joseph), au-
teur dramatique espagnol , né à Madrid en 1676 ,
mort en 1750. Il écrivit pour le théâtre dès l'âge
de quatorze ans, et fut en possession de la faveur
du public pendant plus de quarante ans. Ses piè-
ces sont conçues dans l'ancienne forme. Celles qui
portent sur des sujets historiques ne sont pas dé-
pourvues d'intérêt ; telles sont notamment : les
Récits du grand Capitaine; — Charles-Quint
à Tunis ; — el Picarillo en Espana. Il s'agit
dans cette dernière pièce d'un aventurier qui ,
sous le règne de Jean H, découvrit les Canaries
et s'y établit avec toute l'autorité d'un roi. Cani-
zarès réussit mieux encore dans les pièces à
caractère, que Moreto et Roxas avaient déjà mises
à la mode et que l'on appelait comedias de
flguron. Les meilleures dans ce genre, et dues
à sa plume, sont : les Jeunes cuisinières , em-
pruntées à Cervantes; les Montagnards à la
cour, et Domine Lucas. Cette dernière pièce
s'attaquait particulièrement à cette noblesse in-
digente, présomptueuse et dégénérée, qui des-
479 CANïZARÈS -
honorait alors la. cour de Madrid. Les situations
et les ressorts dramatiques de Canizarès rap-
pellent Lope, Caldérou, Moreto, et Matos Fra-
goso. Il composa aussi un Sacrifice d'Iphigé-
nie à la manière de Racine, comme il le dit lui-
même. Ses œuvres ont été publiées en trois
volumes.
Huerta, Teatro. K« partie, t. II, p. 847. — Tlcknor ,
Hlst. of Spanish literat, II et III.
CÂ31LASSI. Voy. Cagnacci.
*CANN {Jean ). Voy. Canne.
*CANNABicH {Chrétien), compositeur bava-
rois, né à Manheim en 1731, mort à Francfort en
1798. II reçut les premiers éléments de musique
de Mathias , son père , flûtiste de la cour de
l'électeur de Bavière, qui le mit ensuite sous la
direction de Jean Stamitz. Lorsqu'il eut acquis
un certain talent sur le violon, le prince Charles-
Théodore de Bavière l'envoya en 1760, à ses
frais, en Italie, pour y apprendre la composition
sous JomeUi. En 1763, Cannabich revint à Man-
heim ; en 1773, il fut nommé chef d'orchestre
de l'Opéra, italien à Munich, et fit représenter un
grand nombre de ballets qui eurent du succès.
Mozart faisait beaucoup de cas des ouvrages de ce
compositeur, qui nous a laissé : Six Quatuors
pour violon, Jlûte, alto et basse; la Haye,
in-fol.; — Trois Symphonies à grand orches-
tre;— Six Trios pour violon et violoncelle;
Manheim ; — Six Duos pour flûte et violon ;
Manheim , 1767 ; — Six Quatuors pour violon,
alto et ôasse; Manheim; — Trois Concerti
pour trois violons, alto et basse; — Six Sym-
phonies pour deux flûtes , deux violons, alto
et basse ;FsiTis, 1769 ; — Recueil d'airs pour
deux violons et clavecin; Manheim, 1775; —
Azacaja, opéra; Manheim; 1778; — la Des-
cente d'Hercule aux enfers , ballet représenté
avec succès à Cassel.
Fétis, Biographie nouvelle des Musiciens.
* CANNABICH (C/iorZes ) , compositeur bava-
rois, fils du précédent, né à Manheim en 1764,
mort dans la même ville le 1'='^ mars 1806. Il
commença l'étude du violon et du clavecin dès
quatre ans ; à neuf ans , il prit des leçons de Eck ,
premier violon de la cour, et apprit la composi-
tion sous Graitz. Il voyagea ensuite en Alle-
magne avec Auguste Lebreun , excellent haut-
bois, et ils donnèrent ensemble des concerts très-
fructueux. En 1784, Camiabich revint à Munich,
et entra dans l'orchestre de l'électeur Charles-
Théodore. En 1785, il fit un voyage en Italie
pour y compléter ses connaissances, et prit en-
core à Munich des leçons de composition de
P. Winter. En 1796, il fut appelé comme direc-
teur de musique à Francfort-sur-le-Mein, et y
épousa en 1 798 Joséphine Woraleck, cantatrice
distinguée. En 1800 , le roi Maximilien- Joseph le
rappela pour lui donner la place de directeur des
concerts de la cour, laissée vacante par la mort
de Christian Cannabich. Charles fit représenter
alors plusieurs opéras ou ballets avec succès.
CANNAMARÈS ^ \
En 1805, il fut envoyé à Paris pour y étuc ^
au Conservatoire impérial. Sa santé l'obligea \
retourner dans sa patrie , où il mourut biei ■
après. On a de lui plusieurs Variations pom ;
clavecin; Munich, 1798 ; — Six Trios pour t ■
Ions et violoncelle; — Six Duos pour flût( ;
violon ; — Canzonnette a 3 et i voci , ( (
cembalo; Munich, 1801; — Orphée, opéra;-
Palmer et Amalie, opéra; — Axur, bail;
Munich , 1802 ; — Grande Symphonie; L(
zig, 1803 ; — Concert pour violon; — Six Ci
zonette à 3 voix ; Munich, 1803.
Fétis, Bioqraphie universelle d€s Musiciens.
CANNABICH { Jean-Godejroi-Frédéri \
géographe .illernand, né à Sondershausen en 17 ^
Son père, Gottfried-Christian , né en 1745 1
mort en 1830, exerçait les fonctions de surini ■
dant ecclésiastique et de conseiller de con •
toire. Destiné à l'état ecclésiastique, le je ;
Cannabich étudia la théologie , et fut non i
recteur du collège de Greussen (pays de Schw; -
bourg-Sondershausen ). Il fut ensuite ministi !i
Niederbœsa (même principauté), et composa a ;
C.-G.-D. Stein un Manuel de géographie se j
les nouveaux traités de paix; 1816, in-8", -
vrage qui eut en peu de temps douze éditi( j.
Ce livre mit Cannabich en rapport avec s
géographes les plus instruits de l'époque, et b
concert avec Gaspari , Gutsmuths , liasse ï
Ukert , il publia le grand Manuel complet ï
Géographie, ouvrage fondamental, encore c -
suite par les géographes modernes. Afin de i -
tre ses recherches à la portée de toutes les [-
telligences , Cannabich écrivit sa Géograi le
portative à l'usage des écoles ; Sonderst |'
sen, 1818, 10*" édit., 1831. Ses autres ouvra |,
en allemand, sont: Description stat. et gé(
du royaume de Prusse; Dresde, 1827, 6
in-8° ; — Description stat. du royaume
Wurtemberg; Dresde, 1828, 2 vol. in-8° ; —
bleaude la France ; 1831, 2 vol.; — Tabl
delà Russie d'Europe et dit royaume de
locjne , 1. 1, 1833, etc. Depuis 1821, il a puH,
conjointement avec le major Streit, l'écrit pé
dique sur la géographie, intitulé le Globe ,
raissant à Erfurt. [Enc. des g. du m.]
Conversations-Lexicon.
*CANNAERT { Joscph- Bernard), jurisi -
suite belge, né à Gand en 1 768. Il fut conseillei
cour supérieure de Bruxelles, et a publié : Rec.
ches sur l'ancien droit j)énal en France, i
dant les quatorzième , quinzième et seizi 'e
siècles; Gand, 1835, in-8°.
Biographie générale des Belges. ;
cANNAMARÈs {Giovanni) , régicide cata
étranglé en 1492. Il était d'une pauvre famill
laboureurs des environs de Barcelone. F(
nand V le Catholique venait d'enlever Grei
aux Maures. Après avoir fait une entrée tri
phale dans Barcelone , il se rendait à la ca
drale, suivi d'un nombreux cortège, lorsque <
narnarès, s'élançant de derrière une porte, bo
481
CAWNAMARÈS — CANINEGIETKR
482
jusqu'à lui, et le frappa d'un poignard au bas du
cou. Le coup était terrible ; il eût été mortel, si
le roi n'eût porté une forte chaîne d'or dont les
anneaux arrêtèrent le fer. Ferdinand défendit de
tuer l'assassin : il ordonna seulement de l'inter-
roger, pour connaître les motifs qui l'avaient
poussé à ce crime et savoir s'il n'avait pas de
complices. On reconnut aisément que Cannama-
' es était privé de raison. Il prétendît être le vrai
ci d'Aragon, et n'avoir frappé Ferdinand que
! )arce que celui-ci détenait la couronne à son
i )réjudice. Le roi , dont la blessure était légère ,
j oulait faire grâce à ce fou ; mais le cardinal Xi-
I nénès fit appliquer la loi dans toute sa rigueur ; et
; îannamarès fut condamné à avoir la main droite
j ûupée , à être tenaillé avec des pinces ardentes,
\ iris écartelé par quatre chevaux ; seulement ,
ar une faveur particulière, le cardinal consen-
t à ce que le malheureux insensé fût étranglé
; vant de subir le supplice public.
Chaudon et Delandine, Nouveau Dictionnaire histo-
' qtm.
*CAN3VART(/ean), philologue français, vi-
I lit dans la seconde moitié du seizième siècle.
n a de lui : Elementa grammaticee grxcee;
f uis, 1570, m-k"; — Compendium rhetoricœ;
iris, 1783, in-4°.
; Cat. Bibl. delDouay. — Cat. Bibl. imper, de Paris.
* CANNE OU CANN ( John), théologien anglais,
vait dans la seconde moitié du dix-septième
icle. On a peu de détails sur lui; seulement on
it qu'il devint le chef de la secte des Brow-
istes ou Indépendants d'Amsterdam, lorsqu'il
i réfugia dans cette ville par suite de la restaii-
! f tion de Charles H. Pendant qu'il habitait en-
t \ re l'Angleterre, il était occupé de la publication
ï \-s, Nouvelles hebdomadaires. On a de lui une
i iitiondela Bible, accompagnée de notes ;Ams-
i (rdam, 1664,in-8°, et Edimbourg, 1727, in-S".
-, } iose, Neio Biographical Dictionary. — Gorton, Biog.
,1 [Ct. — Lemprière, Vniv. Biog.
, !*CANNEGIESSER OU CANUIESSER (Léo-
'rd-Henri-Louis-George de ), homme d'État et
risconsulte allemand, né le 22 mai 1716 àKitz-
', mort le 29 mai 1772 à Cassel. Après avoir
idié à Marbourg et à Halle, où il avait été
mmensal du célèbre philosophe Wolf , il fut
|mmé, en 1738, assesseur, puis conseiller de
[^ence du cercle de Giessen. Il se distingua
les litiges survenus à cette époque entre
ax lignes de Darmstadt et de Cassel , et le
jave Guillaume VIII l'attira auprès de Ini,
BO, comme conseiller de sa haute cour d'ap-
Nommé, en 1753, assesseur au conseil privé,
iievint en 1760 conseiller intime, et en 1761
; nistre d'État et président de la haute cour d'ap-
; enfin en 1770, chancelier et chevalier de l'or-
' ' ( récemment créé) du Lion d'or. On a de lui :
'i/uhrliche Erôrterung der dem Hause
ssen-Darmstadt'jilberden Flecken Freyens-
•'« zustehende Erbschuzrechte , wider
<[ms-Lanbach (Recherches détaillées sur le
fit de pati'onage héréditaire du bourg de
PIOUY. BIOGR. UNIVERS. — T. VUI.
Freyenschen, appartenant ci la maison.de Hesse-
Darmstadt, contre les princes de Salms-Lan-
bach); Giessen, 1750, in-fol. ; — Historische
Nachricht von dem IJrsprunge und Wachs-
thum des Teutschen Ordens, etc. ( Notice his-
torique sur l'origine et le développement de la
commanderie de l'ordre Teutoniqùe, etc. ; Cas-
sel, 1751, in-fol.; — Collectio notabiliorum de-
cisionum supremis tribunaUs appellationum
Hasso-Casselani , inde ab ejus consfitutione
ernanatarum ; Cassel, 1768 et 1771,2 vol.^ in-fol.
Strieder , Hessische Gelehrten-Geschichte ( Histoire
des Savants Hessols ).
* CANNEGIESSER OU CANGIESSER ( Théo-
phile), ^\x\\Q\o%\xe allemand et poète grée, natif
de Halle en Saxe, vivait vers la fin dn seizième
siècle. On a de lui : Joh. Posseli Evangelia
et Epistolse graecis versibus reddita, oum in-
terpret. latina, etc.; Leipzig, 1585, in-8°, et
1591, in-8''; — Ejusdem CXXX Reç^dm vitss
grœcis versibus expositse, cuni interprefa-
ifiowe to^.; Leipzig, 1599, in-8°; léna, 1649,
in-8°; — Scolia ad primos X libros Historia-
rum Justini; Strasb., 1637, in-S".
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelekrien-Lexieon.
CANNEGiETER ( Henri), antiquaire et histo-
rien, né en 1691 à Steinfurt en Westphalie, mort
en 1770, fut recteur du gymnase d'Arnheim et
historiographe des États de Gueldre. On a de
lui divers ouvrages sur les antiquités romaines
et hollandaises, dont les principaux sont : Dis-
sertatio de Brittenburgo , matribus brittis ,
britannica herba, brittia Procopio memorata
Britannorumque antiquissimis per Galliam
et Germaniam sedibus ; — Nota et observa-
tiones ad ,Abrahami Muntingii dissertatio-
nem historico-medicam de vera antiquorum
Herba britannica ; — Ad Gerardum Van Loon
historicum : ces trois écrits sont réunis en un
vol. in-4°; la Haye, 1734; — JDe mutata Ro-
manorum nominum sub principibus ratione
liber singularis ; — Posthumus Batavia ad-
sertor. Hercules Magusanus, et Deusoniensls
aggerum Batavia auctores, ex nummis atque
et inscriptionibus démonstratif — Trebel^ini
Pollionis negligentia castigata; — Monumen-
tum Dodenwerdense expositum : ces quatre
dissertations ont été réunies et imprimées à
Utrecht, 1758, in-4°; — De Gemma Bentinc-
Ttiana, item de Iside ad Turnacum inventa,
nec non de dea Burorina aliisque numinibus
ignotis inscriptionibusque ; Utrecht, 1764,
in-S"; — E'pistola de ara ad Nomomagum re-
perta, etc.; Arnheim, 1766, in-8°. Cannegietera
publié aussi une édition des FI. Aviani Fabulse;
Amsterdam, 1731, in-S"; et une édition des Tristes
de Henri Harius ; Arnheim, 1766, in-4°. Enfin, il
a laissé en manuscrit les Monuments de la Ba-
tavie romaine , les Antiquités de Dombourg^
et wie édition de Festus. E. Regnard.
Brun et, Manuel dti libraire. — Catalogue de la Bi-
bliothèque impériale.
CANNEGIETER {Hcrmann), filsdupi-écédentj
16
'482.
CANNEGÏETER ~ CANNîNG
48'
jurisconsulte, né à Arnheim en 1725, mort le 8
septembre 1804. Après avoir étudié le droit à
l'université de Leyde, il obtint en 1744 le grade
de docteur, exerça la profession d'avocat près
la cour supérieure de la Gueldre, et fut ap-
pelé, en 1750, à la chaire de droit vacante à
Franeker par la mort de Dominique Balck.
Outre diverses dissertations, il a laissé deux
ouvrages justement estimés : Observationes ad
collationem legum Mosaïcarum et Romana-
rem;Franeker, 1760, in-4''; 2^ édit., ibid., 1765,
in-4° ; — Observationes jiiris romani ; Franeker,
1768, in-4°; 2*^ éd. , Leyde, 1772, in-4°. On le
croit auteur des notes de l'édition des Antiquités
d'Heineccius, donnée àLeuwarden et à Franeker;
1777, in-S". E. Regnard.
Brunet, Manuel du Libraire.
CANMEGïETER (Jean) , frère de Hermann ,
jurisconsulte, mort à Groningue vers 1815, était
depuis 1770 professeur à l'Académie de cette
ville. On distingue parmi ses ouvrages : Ad dif-
ficiliora queedam juris capita Animadversio-
nes; Franeker, 1754, in-4°; — Bomitii VI-
pianifragmenta libri singularis Regularum,
et incerti auctoris collatio legxim mosaïca-
rum et romanarum, cum notis ; Utrecht, 1768,
in-4° ; 2'' éd., Leyde, 1774, in-4<'. E. Regnard.
Bibliographie universelle.
CANNERS (Anselmo), peintre italien, natif
de Vérone, vivait en 1576. Il fut un des meil-
leurs élèves de Paul Véronèse, et travailla sou-
vent aux œuvres de ce maître.
Lanzi, Storia pittorica.
CÂWNES. Voy. Canes.
*CANMETï (François), médecin et poète
italien, vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle. On a de lui : la Machina umana;
Vérone, 1737, in-S". C'est une physiologie en
vers, assez estimée dans son temps.
Carrère, Bibliothèque de la Médecine.
*CANNETTi (dom Pierre), camaldule et poète
italien, né à Crémone en 1660, mort en 1730.
Il passa par les divers grades de son ordre, et
en devint général. Il se faisait remarquer par
ses connaissances en littérature, et a laissé une
Dissertation sur les quatre Règnes, poème
de Frédéric Frezzi , évêque de Foligno.
Giornale de Letterati d'Italia.— Jôcher, Allgemeines
Celehrten-Lexicon.
*CAI«N1CCIARI ou CANNICCIAKS (D.-Pom-
peo), compositeur italien, mort le 29 décembre
1744. n fut nommé maître de chapelle de l'église
Sainte-Marie-Majeure en mars 1709, et a com-
posé : une Messe à seize voix en quatre chœurs
(1697) ; — deux Messes à quatre voix; — Ave,
Regina cœli, à quatre voiix ; — deux Messes à
cinq voix ; — Beus firmavit, à trois voix ; —
Salva nos, àtrois voix ; — Intonuit, à cinq voix ;
— cinq Messes à huit voix; — une Messe pas-
torale à huit voix ; — une Messe à neuf voix ;
— Terra tremuit ; — Benedictm Dominm, à
huit voix.
Gerber, Neues Lexiconder Tonkûnstler.— Fétis, Die
graphie universelle des Musiciens.
CANNING ( George ), homme d'État anglais
né à Londres le 11 avril 1770, mort à Chiswi
le 8 août 1827. Le père de Canning s'étant brouill
avec ses parents à la suite d'un mariage impru
dent qu'il avait contracté , fut obligé de quitt(
l'Irlande, sa patrie, et de chercher fortune à Loi
dres : il y mourut de chagrin, un an après
naissance de son fils. Sa veuve, privée de toi
moyen de subsistance , se voua au théâtre
convola en secondes et en troisièmes noces,
vécut assez longtemps pour jouir de l'illustr;
tion de son fils, qui ne cessa de lui prodigU'
les témoignages de la plus tendre affection. 1
jeune Canning, grâce à la libéralité d'un (
ses oncles, fut élevé à Eton. Dès l'âge de sei
ans il se fit l'éditeur d'un journal littéraire,
Microcosme , soutenu par ses camarades de ce
lége. Les morceaux dont il enrichit ce recui
se distinguent par le bon goût, l'élégance, et u
fine raillerie qui plus tard est devenue une d
armes les plus formidables de l'orateur; Ca
ning les publia sous le monogramme B, et '.
dédia au docteur Dario, son ancien maître,
cette époque de sa vie appartient aussi un poei
intitulé l'Esclavage de la Grèce, où se rem;
q uent une imagination brillante et un ardent amc
de la liberté.
En 1787, George Canning passa à l'univerj
d'Oxford, où il se lia d'amitié avec Charles J(
kinson; puis il se voua à l'étude du droit. Éi
nemment sociable et spirituel , il se vit bien
entouré de nombreux amis. Dans les clubs pi
tiques, qu'il commençait à fréquenter, il )
souvent la parole, se préparant ainsi à parai ;
sur un théâtre plus vaste , à lutter avec des
versaires plus puissants. Entretenant des r
ports presque journaliers avec Sheridan , Fi ,
Burke, Grey, il professait à cette époque ;
opinions libérales: ses amis whigs comptait
ti-ouver en lui un excellent champion de 1 f
cause ; ils le décidèrent à abandonner le barrt .
Mais à peine Canning fut-il entré au parlerai ,,
qu'il s'opéra dans sa foi politique une met
phose complète : après une explication fra
et amicale avec Sheridan, il entra en pourpard
avec Pitt, et prit rang dans la phalange mina
rielle; c'était en 1793. Il est difficile de dev:i
les motifs qui amenèrent ce changement : pil
êti'e le jeune député sentait-il que son talent ni
riverait point à se développer aussi largenij
sur les bancs de l'opposition ; peut-être espéij
il mieux servir les intérêts de son pays en faii
adopter aux tories, ses nouveaux associés , [
partie des convictions libérales qu'il avait
fessées jusqu'à ce jour. Ce fut à l'occasion j
subsides que le ministère voulait accorder av j
de Sardaigne que Canning prit la parole pou
première fois. S'il déploya beaucoup de fa*
d'adresse dans son argumentation , il fut bl
du ton léger et railleur avec lequel il traita l
485
la partie sage du public en voulut même à Pitt,
de ce qu'il avait laissé son illustre rival en butte
aux attaques d'un jeune homme arrogant.
Peu d'années suffirent à Canning pour s'élever
au premier rang parmi ses nouveaux alliés. En
1796 on le voit déjà sous-secrétaire d'État, et il
s'acquitte de ses fonctions avec un zèle et un ta-
lent remarquables. Les annales parlementaires
ont gardé le souvenir de son éloquent discours sur
la motion de Tiemey, concernant la paix avec la
république française en 1798: le jeune orateur
éleclrisa l'assemblée tout entière, et sut pleine-
ment justifier les prévisions et la partialité de
son protecteur ministériel. Dans la même session
il avait fait une profession de foi généreuse pour
l'abolition de l'esclavage. Son influence parle-
mentaire et son indépendance civile se consoli-
dèrent et s'étendirent cette même année, par son
mariage avec la fille du général Scott. En 1800
, 1 discute, toujours comme partisan zélé du
, iremier ministre, les propositions de paix faites
I Mir le gouvernement consulaire, les subsides à
: oumir à l'empereur d'Allemagne, la suppression
i le Yhabeas corpus. En dehors du parlement, il
! léfend sa thèse et son parti dans Y Antijacobin
i ixaminer, feuille périodique qu'il publie avec
I es amis. MM. Frère et Êllis, et qu'il assaisonne
!e son esprit mordant et satirique. Bon nombre
le ses poésies fugitives ont été pubhées dans ce
i ecueil. Lorsqu'on 1801 Pitt quitta le ministère,
"auning se trouva jeté dans l'opposition jusqu'en
804, où il rentra au pouvoir, avec son patron ,
i onime trésorier de la marine. A la mort de
'lit (1806), il sortit de nouveau du ministère,
I I se montra plus indifférent pour la question
!c la traite des noirs, contre laquelle il s'é-
lit élevé autrefois avec tant de chaleur et de
éhémence. L'abolition de cet odieux commerce
tait enfin proposée, mais par les whigs ; et Can-
ing ne put s'empêcher de mêler à une question
toute morale des expressions hostiles contre le
larti dominant. Celui-ci ayant été expulsé par
PS tories, l'élève de Pitt reçut le portefeuille des
i lïaires étrangères (1807). Ce poste, au début du
'ministère Portland, n'était rien moins que dési-
rable. Qu'on se rappelle un moment l'état de
1 Angleterre, engagée depuis quinze ans, si l'on
In excepte le court intervalle après la paix d'A-
I liens, dans une guerre ruineuse : la plupart
es puissances continentales , tout à l'heure en-
ore alliées de la Grande-Bretagne , étaient ou
iguées contre elle, ou condamnées à une hon-
lîuse neutralité. La nation, qui partageait na-
luère ses affections politiques entre deux grands
Ihefs, cherchait en vain une tête assez haute et
issez forte pour lui imposer le respect et la con-
kance: Pitt et Fox, en mourant, semblaient avoir
S mporté chacun le manteau du prophète. Can-
! ing était loin d'avoir atteint au faite de sa re-
ommée : le pays le traitait plutôt d'escarmou-
lieur habile que de guerrier cuirassé à toute
preuve. Le cabinet whig congédié formait une
I
CANNING 486
opposition formidable, et bon nombre de ses
membres étaient les ennemis personnels de Can-
ning, qui les avait irrités par ses railleries dans
le parlementet bafoués dans ses journaux. Telles
étaient les difficultés nombreuses qui allaient
assaillir le nouveau cabinet. Sa force fut pour la
première fois mise à l'épreuve lorsque le duc de
Portland interpella les ministres au sujet de
l'expédition contre Copenhague , qui ne pouvait
en éJTet se justifier. Canning descenditbardiment
dans l'arène, et défendit avec une rare habileté la
conduite du cabinet dont il faisait partie. Amis
et ennemis l'admirèrent également : les uns se
félicitèrent de compter dans leurs rangs un si
vigoureux athlète; les autres mesuraient avec
étonnement l'immense talent qu'Us allaient avoir
à combattre. A partir de là, l'importance parle-
mentaire et la renommée politique de Canning
allaient toujours croissant, lorsqu'on 1809 un
démêlé avec son collègue lord Castlereagh amena
entre eux un duel, à la suite duquel les deux
secrétaires d^at donnèrent leur démission. Cet
incident imprévu fut cause de la dis.solution du
cabinet tout entier : Canning en avait été le dé-
fenseur le plus capable et le plus énergique.
Pendant les deux années suivantes, il se mêla
rarement aux débats. Au commencement de 1812,
il se fit dans le parlement l'avocat des catholi-
ques, qui réclamaient la participation aux fono-
tions civiles. En toute occasion il défendit cette
thèse, non pas comme une question abstraite de
droit, mais comme une mesure d'utilité. Après
l'assassinat de Perceval, on lui proposa de ren-
trer aux affaires ; mais, ne pouvant s'entendre
avec les ministres sur l'émancipation catholique,
il dut refiiser. Depuis 1814 jusqu'en 1816 il rem-
plit les hautes fonctions d'ambassadeur à Lis-
bonne. De grands événements, on le sait, ve-
naient de s'accomplir dans la Péuinsule, et Can-
ning, pour sa part, y avait puissamment contri-
bué. « n y a dans ma carrière politique, a-t-il
« dit lui-même, un point dont je puis me vanter ;
« c'est d'avoir maintenu l'alliance de l'Angle-
« terre avec l'Espagne en dépit de toutes les dif-
« ficultés, du découragement général, et des pré-
« dictions de mauvais augure. » Dans une autre
occasion, il s'écria : « Ne retirons jamais notre
« main protectrice à la Péninsule 1 Le souve-
« rain de la France ne vise qu'à un seul but, à
« un but avec lequel son existence même est
« liée : c'est d'établir sa domination en Espagne.
« Qu'il ne réussisse point, et sa chute est cer-
« taine. » L'événement proclama la justesse de
cette prédiction. Comme membre du cabinet
depuis 1816 jusqu'en 1820, Canning défendit vi-
goureusement les mesures politiques qui n'étaient
pas toujours accueillies avec faveur par le par-
lement.
Nous n'essayerons point de justifier la légèreté
avec laquelle il traita l'affaire d'Ogden, em-
prisonné, pour cause de sédition, sous le règnô
de la loi exceptionnelle qui suspendait Yhabeas
16.
487
CANNING
488
corpus; quelques membres de l'opposition
taxèrent même de crime la froide insouciance
que le ministre afficha dans cette occasion.
A la mort de George ni, en 1820, le parle-
ment fut dissous ; dans les nouvelles élections ,
Canning fut nommé pour la quatrième fois par
Liverpool. Il avait adressé aux électeurs un dis-
cours remarquable par ses arguments en fa-
veur du ministère, et par sa profession de foi
sur la réforme parlementaire , dont il se décla-
rait l'ennemi irréconciliable. Plus tard, en 1822,
il répéta cette déclaration de principes au sein
du parlement, dans un de ses discours les plus
saillants.
Lorsque la reine Caroline aborda en Angle-
terre pour réclamer sa place sur le trône de son
royal époux , Canning , auti'efois intimement lié
avec elle, jugea convenable de voyager sur le
continent aussi longtemps que dura ce scanda-
leux procès. De retour dans sa patrie , il se dé-
mit de la place qu'il occupait dans le cabinet.
Les regrets les plus flatteurs^ exprimés par les
directeurs de la compagnie des Indes, accom-
pagnèrent sa retraite : et telle était la haute opi-
nion que les membres de cette puissante corpo-
ration avaient conçue du caractère et des talents
de Canning, qu'ils n'hésitèrent point à lui offrii-
le poste le plus éminent dont ils pouvaient dis-
poser, celui de gouverneur général des Indes.
Le ministre démissionnaire avait accepté cette
nouvelle charge et allait s'embarquer (1822),
lorsque le marquis de Londonderry mourut
subitement. Alors le roi invita Canning à re-
prendre le portefeuille des affaires étrangères.
La tentation était forte des deux côtés ; mais le
sol natal l'emporta. Canning ne partit point ; et
quoiqu'il n'occupât officiellement que le second
rang dans le conseil, de fait, et dans l'opinion
publique , il en était le président.
Le reste de la carrière de Canning se trouve
étroitement lié à l'idstoif e générale de son pays.
Des mesures libérales , telles que depuis long-
temps aucun ministère n'avait eu ni la volonté
ni le courage d'en proposer, signalèrent sa nou-
velle administration. Tous les efforts de Can-
ning tendaient à rompre le charme de la sainte-
alliance, sans détruire l'accord de l'Angle-
terre avec les puissances du continent. Il visait
à placer son pays dans une position neutre, où
il pût avoir ses coudées franches, et procla-
mer librement sa volonté; il voulait que la
Grande-Bretagne jouât le beau rôle de média-
teur soit entre des États ennemis, soit entre
les factions en lutte sur le sol d'une seule et
même patrie. Il soutenait avec énergie toutes
les améliorations que la force des choses et les
progrès de la science commandaient d'intro-
duire dans le commerce, les manufactures, la
marine. Au mois de juin 1824, le cabinet réso-
lut de reconnaître l'indépendance du Mexique,
de la Colombie et de Buenos-Ayrcs ; cette me-
sure fut due à Canning, qui en revendiqua lui-
même formellement le mérite et l'honneur. Au
reproche qu'on adressait à son ministère d'a-
voir permis l'occupation de l'Espagne par la
France, et d'avoir sanctionné , par cette condes-
cendance, l'attaque de l'Espagne contre le Por-
tugal, il répondit : « Y avait-il nécessité pour
« nous de bloquer Cadix .? Non ! J'avisai à une
« autre mesure : je résolus de faire en sorte que
« la France, si elle devait avoir l'Espagne , eûl
« l'Espagne moins les Indes. J'appelai le nou-
« veau monde à la vie, pour maintenir l'équi-
« libre dans l'ancien continent. » Pendant l'au-
tomne de 1826 il vint à Paris, où il fut reçu ave(
la plus grande distinction. Le ti'aité de l'Angle
terre avec la France et la Russie, et la batàîllf
de Navarin qui s'ensuivit , jettent quelque lu
mière sur l'objet et le but de son voyage. Lor
de l'agression de l'Espagne contre le Portugal
il mit en jeu toute son habileté et son énergi
pour soutenir la nécessité de l'intervention an
glaise; une démonstration vigoureuse suffit pou
amener le résultat voulu. I»a reconnaissance de
républiques américaines, la bataille navale d
Navarin, le Portugal arraché à l'intervention d
l'Espagne, tels sont les faits sur lesquels s'a[:
puie la gloire du ministère libéral de Canning.
Au commencement de 1j827, il fut saisi par )
froid pendant les funérailles du duc d'York, (
dès lors il ne recouvra jamais complètement s
santé. Peu de temps après, le comte de Livei ,
pool , qui se trouvait à la tête du cabinet , fi
frappé d'un coup d'apoplexie; et, quoiqu'il se n
mît plus tard, il demeura politiquement mor
Canning fut bientôt nommé au poste de prerai*
lord de la trésorerie , nomination qui provoqn
la reti'aite de six ministres. Le nouveau prés
dent du conseil ne se laissa point abattre p;
cette opposition inattendue, et remplit sans ta
der les places vacantes dans le cabinet; mais
lutte acharnée qu'il lui fallut soutenir affecta
visiblement sa santé, déjà chancelante. A la i
de juillet 1827, le duc de Devonshire l'engagea
se retirer chez lui, à Chiswik, dans l'espéran
que le changement d'air produirait un effet s
lutaire sur sa constitution affaiblie : il reprit a
sez de lorce pour se hvrer un moment enco
aux travaux de son ministère ; mais le mal r
vint plus intense. Il mourut âgé de cinquant(
sept ans. Ses restes furent dé^josés à Westmin
ter, auprès de son illusti'e protecteur et deva
cier Pitt.
La mort de Canning dut avoir, pour foui
les nations civilisées, un immense retentis;
ment. L'homme d'État anglais ne s'était-il p
identifié avec les progrès de leur indépendanc
Les deux mondes avaient ressenti les bienf
sants effets de sa généreuse parole ; et lorsqi
succomba sous le poids de sa tâche, la doule
des esprits libéraux dans sa patrie trouva
l'écho en Grèce et en Amérique. Malheureu;
ment il fut enlevé à son pays et à la poiitiq
avant que ses vastes entreprises fussent ré?
489 CANNING
sées , avant que ses nobles plans eussent été ac-
complis. Son système et par conséquent une
bonne part de sa renommée restèrent à la merci
de ses successeurs, et sa popularité a même été
momentanément éclipsée par les événements
qui depuis sa mort ont changé la face politique
de l'Europe.
Canning était beau de figure ; ses traits étaient
expressifs , sa taille majestueuse. Sa voix avait
des intonations riches et sonores; ses gestes
étaient à la fois énergiques et élégants. Il y avait
quelque chose de viril dans son attitude ; il se
possédait toujours parfaitement. Ces rares qua-
lités mettaient d'autant plus en relief les dons de
l'intelligence et de l'esprit, dont il était si riche-
ment pourvu. Sa diction était brillante, son ar-
gumentation d'une finesse remarquable. Il com-
mandait à sa langue en souverain ; des flots purs
d'une éloquence classique échappaient sans ef-
fort à ses lèvres. Son style , à vrai dire, n'avait '
point d'éclat ; mais il assaisonnait ses discours j
d'un genre d'esprit piquant, animé, qui semblait j
lui appartenir en propre. Il maniait avec grâce i
les armes du ridicule; il effleurait ses adver- \
saires plutôt qu'il ne les déchirait. En un mot,
Canning possédait au suprême degré toutes les
qualités de l'orateur. Sans lui refuser le talent poé-
tique , on ne peut nier cependant que ses vers ne
soient bien au-dessous des discours de l'homme
d'État; l'invective et la plaisanterie triviale défi-
gurent, en général, les œuvres du littérateur. Sir
James Mac-Intosh a laissé un portrait brillant de
Canning : « C'était, dit-il, un homme de génie,
« un homme d'esprit et de cœur ; il était capa-
1 « ble à la fois de pensées hautes et généreuses ,
« d'affection et de dévouement; unbomme d'État
« qui dans sa patrie sut transformer beaucoup
« de ses adversaires en partisans dévoués, et
1 qui était devenu à l'étranger le point de ral-
« liement, la seule espérance de tous les nobles
< esprits, avides d'ordre et de Uberté légale.
1 Arrêté au milieu de sa carrière, il laissa à moi-
,< tié achevés des plans d'une étonnante har-
' diesse , qui promettaient de placer son nom au
< premier rang des bienfaiteurs du genre hu-
• main, enti'e ces nobles génies qui ont poussé
< leurs contemporains dans la route du progrès,
' ou qui ont su les doter de longues années de
< paix et de prospérité. »
3 . Quincy- Adams a proclamé Caiming « l'homme
i d'État le plus complètement anglais et le plus
patriote qu'ait produit l'Angleterre. « [Enc.
tes g. du m.]
Jnnuai Register. — Rose, New Biogr. Dict. — Mar-
Mlus, Mémoires. — Penny- Cyclop.\
* CANNING (S^rait/ortZ, sir), diplomate an-
,lais contemporain , parent de George Canning,
jiuilui facilita l'accès de la diplomatie. En 1824,
il fut envoyé en qualité d'ambassadeur extraoi'-
' inaire à Saint-Pétersbourg; puis il fut chargé
e négociations relatives à la question grecque.
^^sita à cet effet Vienne et Berlin en mai 1825;
— CANO
490
il révint à Londres, et remplaça ensuite lord
Strangford à l'ambassade de Constantinople, où
il arriva au mois de février. Il s'employa avec
activité à amener les conférences d'Akerman ;
puis, à partir de février 1827, il continua, avec
MM. de Ribeaupierrc et Guillerninot, les pourpar-
lers au sujet des affaires de la Grèce. La résis-
tance que la Porte mit à faire la paix après
la bataille de Navarin le détermina à se retirer
à'Corfou en décembre 1827. Quelque temps après
il vint à Ancône et à Paris, et de là à Londres.
Lorsque les relations diplomatiques avec Cons-
tantinople eurent repris leur cours, il eut pour
successeur dans l'ambassade de Turquie sir
Robert Gordon , frère de lord Aberdecn. Remis
en activité sous le ministère de lord Grey, il
fut chargé alors de régler la question de la déli-
mitation du royaume de Grèce. Il prit encore
part à la conclusion du traité du 21 juillet 1832,
qui réglait définitivement les intérêts grecs. Au
mois d'août de la même année, il revint à Lon-
dres, où il fut désigné pour l'ambassade de Saint-
Pétersbourg en remplacement de lord Heytes-
bury. Mais n'ayant pas été agréé par l'empereur
Nicolas, il résigna ses fonctions, et vint siéger à
la chambre des communes, où en 1836 il se pro-
nonça contre l'occupation de Cracovie par les
Autrichiens. Il appuya de même en 1837 la mo-
tion de lord Hardinge contre l'intervention en
Espagne. En 1842, sous le ministère Peel, il fut
chargé de nouveau de l'ambassade de Constan-
tinople. Lors de l'arrivée de lord Russell aux af-
faires, sir Stratford-Canning revint en congé en
Angleterre, et fut envoyé à Paris en 1847, pour
s'y entendre avec M. Guizot et les représentants
des autres puissances sur les affaires de la Suisse.
En 1848, il retourna à Constantinople, et appuya
la Porte dans son refus de livrer les réfugiés hon-
grois ; il fit entrer dans les Dardanelles, pour la
protéger, les vaisseaux commandés par l'amiral
Parker. On sait que l'incident fut terminé par
l'embarquement de Kossuth et des autres réfu-
giés à bord du Mississipi, en septembre 1851,
Conversations-Lexicon.
CANNIZARES. Voy. CaNIZARES.
* CANNiZARio (Pietro), historien sicilien,
né à Palerme, mort en 1640. 11 était ecclé-
siastique, et avait des connaissances très-éten-
dues en droit civil et canon, en philosophie et en
théologie. Il a laissé : Religionis christianx Pa-
normi, scilicet omnium ecclesiarum funda-
tiones et eoriim origines, sanctorum, beato-
rum ac virorum/ama sanctitatis illustrium
Panormitanorum, ac qui laudis nomine ab
hac vita discesserunt , et urbis ejusdem ar-
chiepiscoporum vitœ (sans date).
JVIongitore, Biblioth. Sicula.
CANO {Jacques ou Biogo ). Voy. Cam
(Diogo).
CANO {Juan-Sébastian del), navigateur es-
pagnol, né à Guetaria dans la deuxième moitié
du quinzième siècle, mort le 4 aortt 1526. Issu
I
491
CANO
492
d'une faraOledu Guipuscoa, il embrassa de bonne
heure l'état de marin, et commença sa carrière
en commandant un navire de deux cents ton-
neaux, sur lequel il alla au Levant et en Afrique.
Bientôt il fut nommé capitaine du navire la Con-
ception, l'un des cinq bâtiments destinés à faire
le tour du monde sous le commandement de
Magellan ( voir ce mot)j à partir du 27 avi-il 1521.
Le jour où périt Magellan, l'équipage du vaisseau
amiral élut pour chef Juan-Lopez de Carabello ;
mais bientôt son incapacité le fit déposer par ceux
mêmes qui lui avaient offert le commandement,
et Cano fut choisi pour occuper sa place. Investi
du commandement, il se dirigea vers les Molu-
ques, et se rendit à Tidore, où il sut se concilier
l'affection du souverain. Après avoir chargé d'é-
pices les deux seuls bâtiments qui lui restaient ,
et dont l'un {la Trinidad) se trouva dans l'impos-
sibilité de le suivre, il partit pour l'Europe le 21
avril 1522. Ayant doublé heureusement le cap de
Bonne-Espérance, il parvint au port de San-Lu-
car le 8 septembre; il ne lui restait plus que
dix-sept hommes d'équipage. Ainsi s'accomplit
au bout de trois ans moins dix -huit jours le mé-
morable voyage auquel se rattache désormais
le nom de Magellan, celui de Cano ayant été
omis par Pigafetta lui-même. Arrivé à Séville,
l'heureux navigateur se rendit immédiatement
à Valladolid, où était alors la cour. Charles-
Quint l'accueillit avec une haute distinction,
lui accorda une pension de cinq cents ducats,
combla ses compagnons de récompenses, et lui
concéda des armoiries où figurait le globe de la
terre avec cette glorieuse devise : Primuscïrcum-
dedisti me. Les Indiens que Cano avait présen-
tés à l'empereur, et les objets précieux qu'il lui
avait offerts, donnèrent une si haute idée des avan-
tages commerciaux que l'on pouvait obtenir de
relations continues avec les Moluques, qu'une nou-
velle expédition vers ces contrées lointaines fut
bientôt résolue. Le compagnon de Magellan en
eut le commandement en second, sous la direc-
tion immédiate du commandeur F.-D. Garcia de
Loaisa. Après avoir revu le lieu de sa naissance,
il se rendit à la Corogne, emmenant avec lui ses
deux frères et un grand nombre de marins bas-
ques, qui devaient entreprendre de nouveau le
voyage autour du monde. L'expédition, pour la-
quelle on avait fait de si grands préparatifs, prit
la mer le 25 juillet 1525. Elle se composait de
cinq navires ; mais les tempêtes horribles qui
l'accueillirent sur les côtes du Brésil la dimi-
nuèrent bientôt de deux bâtiments, qui se sépa-
rèrent de l'escadre. Ce n'était que le début de
nouveaux désastres : le navire que montait Gano
périt au milieu des tourmentes, non loin du cap
des Vierges ; et ce fut sur un autre bâtiment que
Cano, après d'innombrables vicissitudes, fran-
chit, le 26 mai 1526, le détroit qui portait déjà le
nom de Magellan. La mer Pacifique préparaitde
nouveaux malheurs à l'escadre : les tempêtes, les
maladies firent périr une partie des équipages, et
le commandeur Loaisa lui-même mourut le 30
juillet 1526. Cano prit alors le commandement
en chef ; mais il succomba cinq jours après, et
l'expédition fut contrainte de poursuivre son
voyage au milieu de la désolation que causait la
perte de ce chef expérhnenté, regardé avec juste
raison comme l'un des premiers navigateurs de
son époque. Quelques jours avant qu'il prît le
commandement de la flotte, et du vivant même
de Loaisa, Cano, se sentant atteint par la cruelle
maladie qui décimait ses compagnons, fit un tes-
tament qu'il dicta au tabelUon royal, embarqué
avec l'expédition. Ce document nous est par-
venu, et répand plus de jour sur la vie du cé-
lèbre navigateur, récompensé largement par Char-
les-Quint. Cano possédait une fortune assez con-
sidérable, qu'il laissa à son fils naturel Domingos ;
Cano, réversible sur la tête de sa propre mère, •
sainte femme dont il ne prononce le nom qu'avec \
respect. Ce testament offre la preuve des agita- ;
tions qui troublèrent la vie du compagnon de '
Magellan; aussi, pour tranquilliser sa conscience, j
dote-t-il largement une jeune fille qu'il eut aussi \
hors du mariage, et qu'il veut faire élever dans sa j
propre famille et sous les yeux de ses parents. |i
En lisant les noms des deuxjeunes femmes dont ;:
il reconnaît publiquement la conduite vertueuse, j;
malgi'é leur liaison illégitime, on devine pourquoi
une cédule royale lui concéda le droit de marcher
toujours armé et même de se faire accompagner
par quelques soldats pour se défendre contre ses
ennemis.
Vers la fin du dix-septième siècle, un compa-
triote de Cano , D. Pedro de Echave y Asu, fit
élever un tombeau magnifique à ce grand na-
vigateur, si peu connu hors de son pays ; et en
l'année 1800, D. Manuel de Agote, né lui-même
à Guetaria, lui a fait dresser une statue qui s'é-
lève sur la place de la bourgade où il naquit. Ce
beau monument est dû à D. Alfonso Bergaz.i
sculpteur du roi d'Espagne. A sa base , on li
en latin, en basque et en castillan, plusieurs ins-
criptions en l'honneur de Cano. j
P «DiNAND Denis.
Ramusio, Colezione, etc., t. 12 de la quatrième édition ii
— Fernandez de Navarrete, Relaciones de nages, etc..
t. IV et V. — Colieccion de documentas ineditos para \ \
la historia de Espana, t. 1.
CAMO (Alonzo), surnommé el Racionero
peintre, sculj^eur et architecte espagnol, né i
Grenade le 19 mars 1601, mort le 5 octobn
1665. Ses compatriotes l'ont comparé à Michel
Ange, avec le génie et le caractère duquel il eu
plus d'un point de ressemblance. Cano appartien
à cette époque fameuse pour les arts , où brillé
rent Velasquez , Zurbaran , Moyna , Espinosa
Murillo, et autres peintres qui illustrèrent le rè
gne de Philippe IV. L'architectm-e lui fut ensei
gnée par son père, qui exerçait cet art avec dis j
tinction ; la sculpture, par Jean-Martinez Montai
gnoz, chez lequel il puisa ce style élevé, cett
simplicité antique, cette grâce, ce bon goût d
draperie qui distinguent ses statues de Vierges
498
CANO
494
mais, entraîné par son goût dominant pour la
peinture, il se mit sous la direction de Fr. Pa-
checo, et alla se perfectionner dans cet art à l'é-
cole de Jean del Castillo, d'autres disent de Her-
I rera le Vieux. Au sortir de la tutelle de ces
' maîtres célèbres, le coup d'essai de Cano fut un
I chef-d'œuvre. En 1630, son père étant mort
! sans avoir pn tenniner le retable de l'autel
: principal de l'église de Lebrija, il l'acheva, et
I l'orna de peintures et de sculptures qiji excitè-
I rent une telle admiration, que de toutes parts les
1 artistes affluaient pour les contempler. Palomino
j Velasco et les autres historiens de l'art en Es-
j pagne font un éloge pompeux du groiipe de la
j Vierge et de l'enfant Jésus, sculpté de gran-
{ leur naturelle , ainsi que des statues de saint
! 'ierre et de saint Paul, qui accompagnent la
t nère du Christ. La réputation de Cano s'étant
1 tendue dans toute la Péninsule, il n'est pas une
j glise , un monastère de Madrid , de Grenade ,
1 ie Séville, qui ne possède plusieurs chefs-d'œu-
i re de lui. Son tableau capital est celui de la
I Conception, dans l'église de ce nom, à Grenade.
! In admire de lui à Madrid , dans l'église de
ainte-Marie , un Miracle del Poso de san Isi-
orc ; et dans l'église Saint-Gilles, un Christ sur
^ Calvaire , qui est dans le goût du Corrége.
Séville, on cite cinq maître-autels dont l'ar-
; hitecture, la sculpture et la peinture sont de
!ano.
Alonzo Cano a mérité sa grande renommée par
étendue de son génie et de son érudition , par
i i pureté et la noblesse de son dessin, la richesse
i e ses compositions, la beauté de son coloris,
1 )ujours franc et bien fondu. Ses dessins, géné-
iilement estimés, sont fort nombreux. Ce qui
tonne chez lui, c'est qu'ayant atteint souvent
ans ses sculptures la vigueur de Michel-Ange,
ait pu donner à quelques-uns de ses tableaux
1 douceur de l'Albane et la grâce du Corrége.
1 Cano se créa plus d'un embarras par la pé-
lilance de son caractère. Un duel où il blessa
rièvement son adversaire l'obligea, en 1637, de
; Jrtir de Grenade et de se réfugier à Madrid. Là
! obtint la protection du comte d'Olivarès, qui le
t nommer grand maître des œuvres royales et
eintre de la chambre. Six ans plus tard, il fut
liupçonné d'avoir assassiné sa femme; mais il
|)rlit absous du tribunal, devant lequel il pro-
listade son innocence. Nommé, en 1747, ma-
jirdome de la confrérie de Notre-Dame des
fept-Douleurs, il fut ordonné, en 1653, sous-
acre au chapitre de Grenade. H a laissé une
tule d'élèves. [Snc. des g. du m.]
QoUllet, Diet. âes Peintres espagnols.
[ *CANo DE ARETA1.0 (Jean), peintre es-
lignol, né à Valdemoro en 1656, assassiné à
jladrid en 1696. Il était élève de François Ca-
iiilo. Il s'adonna entièrement à la miniature et à
I décoration des éventails ;ce genre lui procura
'aelque fortune, et la reine le uorama son
! iintre. Une autre passion le dominait : c'était
celle des armes; elle lui attira plusieurs duels.
Dans un voyage qu'il fit en Andalousie, il reçut
un cartel dans un combat de taureaux : arrivé
sur le terrain, Arevalo se battit en brave ; mais
deux assassins, témoins de son adversaire, se
jetèrent sur lui et le blessèrent si grièvement
qu'il mourut peu après. On n'a de ce peintre
qu'un seul ouvrage important ; c'est la décoration
de la chapelle du Rosaire, à Valdemoro.
Qiitlliet, ûict. des Peintres espagnols.
*CANO ( Joachim- Joseph ), peintre espagnol,
né à Séville, mort dans la même ville en 178'i.
Il était élève de Dominique Martinez, et fut
nommé secrétaire de l'école de dessin de Séville.
Il excellait dans l'art de copier les maîtres ; il a
si adroitement imité les Vierges de Murillo,
qu'elles peuvent être confondues avec les origi-
naux.
QuUIiet, Dict. des Peintres espagnols.
CANO OU CANCS (MelcMor), évêque et
théologien espagnol, né en 1523 à Tarançon
( Nouvelle-Castille ), mort à Tolède le 30 sep-
tembre 1560. Il prit très-jeune l'habit de l'ordre
de Saint-Dominique à Salamanque, et étudia la
théologie sous Francisco da Victoria. Il s'ap-
pliqua paiement à la philosoptiie, à l'histoire et
aux lettres, et fut envoyé pour perfectionner son
éducation à Saint-Grégoire de Valladolid, où pro-
fessait Diego d'Astudilla et Bartolomeo de Car-
ranza. Cano y fut nommié professeur en second ;
et la première chaire d'Alcala étant devenue
vacante par la mort d'André de Tudèle, Cano y
fut nommé, après un brillant concours, en 1542.
Il eut le même avantage en 1546 à Salamanque,
où il remplaça son ancien maître Victoria. Sa
réputation s'étendit alors dans toute l'Espagne.
Cependant il avait un rival redoutable dans Bar-
tolomeo de Carranza , également dominicain, et
nom moins remarquable par son érudition ; mais
leurs caractères différaient : Can-anza était doux,
modeste, poli ; Cano, au contraire, était fier, vé-
hément et ambitieux. L'université espagnole se
divisa en carranziotes et en canistes. Les deux
émules furent envoyés en décembre 1545, par
Charles-Quint, au concile de Trente ; ils y brillè-
rent tous deux. A son retour en Espagne, Cano
s'éleva énergiquement contre les jésuites, qu'il
appelait les précurseurs de V Antéchrist ; il
réussit à les faire bannir de l'université de Sa-
lamanque. Cano fut nommé évéque des Cana-
ries, et sut se concilier l'esprit de Philippe n,
dont il flatta toutes les passions , jjisqu'à lui af-
firmer qu'il pouvait faire la guerre à quelque
prince que ce fftt, lorsque son peuple y devait
trouver avantage. La cour de Rome désap-
prouva une semblable maxime, et l'université de
Salamanque la condamna sévèrement. Cano,
voyant son crédit ébranlé, donna sa démissioa
pour rentrer à la cour, et en 1 554 se fit nommer
provincial delaCastille. H fit, dans un but ignoré,
un voyage en Italie auprès du pape Paul TV,
et mourut à son retour. Ce prélat a laissé i
495 CANO -*
— ^Prselectiones de Pœnitentia ; — De Scucror
men tis ; — Locorum theologicorum libri XII ;
Salanianque, 1562, in-fol., et Vienne, 1754, 2
vol. in-4''. C'est l'indication des sources où les
théologiens doivent puiserpour établir leurs sen-
timents et réfuter ceux des autres. Les règles qu'il
y donne sont excellentes; mais l'application qu'il
en fait n'est pas toujours juste ni vraie. Il fatigue
le lecteur par de longues digressions, et par Ile
grand nombre de questions étrangères qu'il fait
entrer dans son sujet. L'art, dans ce livre, rem-
place trop la conviction. Les œuvres complètes
de Cano ont été imprimées à Cologne, 1605-1678,
in-S"; et à Lyon, 1704, in-4''.
sixte de Sienne, Bibliotheca sacra. — Jacques Gakli,
De Scriptoribus non ecclesiasticis. — Possevin , Jppa-
ratus sacer. — Nlcolas^Antonio, Bibliotheca hisp. nova.
— Razzl, Illustres scriptores Dominici.— Gabriel Naudé,
Bibliotheca politica. — Andréas Scbot , Hispania
illustrata. — Échard, Scriptores ordinis Prœdicato-
rum. — Duptn, Biblioth. des auteurs ecclésiastiques du
seizième siècle.
*CANOBio OU CANOBius ( Alexandre ),
historien italien, natif probablement de Vérone,
vivait dans la seconde moitié du seizième siècle.
On a de lui : Tavola di quanto è stato roc-
colto intorno la nobiltà, antichità e fatti di
Verona; Vérone, 1587, in-4°; — Brève com-
pendio cavato dalla sua storia di Verona;
Vérone, 1598, in-4°.
Adelungi supplément à Jôcher, Allgemeines Gelekr
ten-Lexicon.
*CANOBio ( Évangéliste) , théologien italien,
né à Milan, mort à Pérouse en 1595. Il prit de
bonne heure l'habit de capucin , et, s'étant appli-
qué à l'étude du droit, il devint un des plus ha-
biles canonistes de son temps. Son mérite et ses
talents le firent élever en 1564 à la charge de
général de son ordre. Il assista avec distinction
au concile de Trente de 1542. On a de lui : Con-
sulta varia in jure canonico; Milan, 1591 ;
— Annotationes in libros decretalium, etc., etc.
Argelati, Bibliotheca Scriptorum Mediolanensium.
*CAKOFiLO ou CANOPHYLïTS {Antoine),
•théologien italien, né à Sulmone, vivait vers
1650, U était de l'ordre des Frères Mineurs, et a
laissé : Discorsi paradossici per tutti i giorni
di quaresima, et T^Xxiûdnv?, panégyriques .
Toppi, Bibl. Napolet.
*cArïOFïi.o ou CANOPHYLUS {Benoît),
théologien et jurisconsulte italien, natif de Ve-
nise, vivait vers 1587. Il a écrit sur plusieurs
questions de droit civil et canonique, applicables
aux moines et à leurs règles. En voici les titres
principaux : Commentarium juris civilis et
canonici; — Commentarium in cap. : Omni
eremitse, deflde instrumentorum, etin cap. :
Sicautio, etc.
JOcher, Ailgem. Gelehrten-Lexicon.
*CAivoLLÉ {André-Joseph), écrivain fran-
çais, vivait en 1798. II était membre du Lycée
des arts et sciences de Poitiers. Il a laissé : Dé-
lices de la solitude, puisées dans l'étude et la
contemplation de la naticre ; Foitievs , 1795,
CANONIERt
496
in-12; et Paris, 1799, 2 vol. in-1 2;— Des Scien-
ces positives, et de leur application à Vindus-
trie ; 1798, in-8°; — Vues générales sur les
moyens d'utiliser les défenseurs de la patrie
invalides; 1798, in-8°.
Desessarts, . les Siècles littér. — Quérard, la France
littéraire.
CANON ( Pierre ), jurisconsulte français, vi-
vait en 1634. Il avait été anobli en 1626 par
Charles IV, duc de Lorraine. Il a publié : Com-
mentaire sur les coustumes de Lorraine, au-
quel sont rapportées plusieurs ordonnances
de Son Altesse et des ducs ses devanciers;
Épinal, 1634, in-4°.
D. Calmet, Bibl. Lorraine. '
CANON ( Claude-François), diplomate fran-
çais, fils du précédent, né à Mirecourt en 1638,
mort en 1698. H fut envoyé par le duc de Lor-
raine, Léopold, comme ministre plénipoten-
tiaire au congrès de Ryswick, où il déploya une
grande habileté. On lui attribue : la Médaille,
ou Expression de la vie de Charles IV, duc
de Lorraine, par un de ses principaux offi-
ciers; ouvrage manuscrit, conservé dans la bi-
bliothèque de Nancy.
D. Calmet, Bibl. Lorraine.
CANONERics. Voy. Canonieri
CANONiCA {Luigi della), architecte italien
né à Milan en 1742, mort en février 1834. Il fil
construire à Milan le théâtre Carcano et l'am
phithéâtre della porta Vercellïna. L'exécutioi
de ces deux magnifiques monuments le fit nom-
mer président du conseil des bâtiments de Lom
hardie. En mourant , il laissa une fortune di
3,500,000 francs, sur laquelle il fit les dons sui
vants : 17,000 fr. à l'Académie de Milan, à 1;
charge par elle d'en consacrer les intérêts ai
secours d'un jeune artiste pauvre, etc.; e
174,000 fr. à l'extension et à l'entretien des éco
les primaires lombardes.
Nagler, JVeues AUgem. KUnstler-Lexicon.
*CANONicïis {Joachim), philosophe scolas
tique italien , vivait dans la première moitié di
seizième siècle. On a de lui : Commentariu.
super libi-os VIII Aristotelis Physïcorum
Venise, 1516, in-fol.
Catal. de la Bibl. Donay. — Atlelung, suppl. à Jocher
AUgem. Gelehrten-Lexicon.
CANOKIERI , CANONERIïIS OU CAMOKHE
KJiTs {Pierre-André), médecin, jurisconsulte e
militaire génois, né à Gènes, vivait en 1614. 1
s'appliqua d'abord à l'étude de la médecine sou
la direction de son père, qui pratiquait cette scienc
avec réputation; mais, entraîné par son caractèr
versatile, il se rendit à Parme, où il suivit les cour
de droit. Puis il cpiitta le droit pour prendre di
service dans les troupes espagnoles, mais ne fu
pas plus constant dans cette carrière que dans le
autres. Quoique son avancement eût été rapide (i
mérité, il posa l'épée , et alla à Anvers revôti
la robe d'avocat, qu'il abandonna de nouveai
pour exercer enfin sa première professiou
celle de médecin. On a de Canonieri : Episto
107 CANONIERI
;i m Laconicafum libri IV; Tlorcnce, 1607,
; ; — le Lodi e i Biasimi del vino; Viterbe,
[ t)08,in-12 ; — délie Cause deW infelicità e dis-
\irazie degli tiomini letterati e gtierricri;
Unvers, 1612, in-8"; — In Aphorismorum
1 lippocratis libros medicx politlcx morales
\ <c theolotjicoi Interpi-etationes ; Anvers, 1618,
} vol. in-4'' ; — de Admiratidis Vint Virtutibus;
\ ,nvers, 1627, in-S" ; — Flores illustrmm epi-
laphiorum; Anvers, 1627, in-8°.
I itloy, Dict. Mst.: de la Médecine.
* CANOT (Pierre-Charles), graveurfrançais,
atifde Paris, mort à Kentishtown, enAngle-
•ne, en 1777. Il résida presque continuellement
1 Angleterre , où il a gravé beaucoup de Fay-
( iges, Vues et Marines , d'après difîérents maî-
1 es. Parmi ses œuvres lesplus remarquables, on
I te : un Coïicker de Soleil, d'après Claude
[orrain; — la Tempête, sujet emprunté à
int Luc, ch. 8, verset 24, d'après Vlieger; —
'jrame et Thisbé; — le Retour de la Foire,
après Bergheim ; — l'Amoureux buveur, et
s Fumeurs hollandais , d'après Teniers ; —
i Paysage, d'après Poussin ; — la Chasse ati
nard, d'après Vooton; — quatre gravures,
après Pillement : la Chaumière hollandaise;
Petite Famille; les Douceurs de l'Au-
\ mne ; les Plaisirs de V Hiver.
Sa{;\eT,Mlgem. Kûnstler-Lexicon.
*CANOTIO OU CANOZIO DE LENDINARA
Cojcnso), peintre italien, né à Padoue, mort
ns la même ville le 28 mars 1470. Il était con-
rrent d'Andréa Montegna, et a travaillé à la
coration de divers monuments de Padoue ; il
na de marqueteries le chœur de la basilique
Saint- Antoine ; il y avait représenté des figures ;
ais ce chœur ayant été incendié, il n'en reste
ijourd'hui que l'épitaphe de l'artiste.
^'asari, yite. — Lanzi , Storia pittorica.
CANOVA {Antoine), célèbre statuaire italien,
\ '- le 1*'' novembre 1757 à Possagno (province de
î'évise), mort à Venise le 12 octobre 1822. Sa
' mille, ancienne dans la contrée, se livrait à l'ex-
oitation d'une espèce de pierre qui y abonde, et
' int l'application à divers genres de travaux en-
hit les habitants. Son père étant mort jeune,
première éducation de Canova fut confiée à son
êu!, qui lui mit entre les mains le marteau et
ciseau pour travailler la pierre du pays. Son
ititude à ces pratiques manuelles , son assiduité
i travail, une intelligence précoce et une sa-
sse soutenue, intéressèrent en sa faveur le sé-
iteur vénitien Jean Falieri, propriétaire d'une
:rre dans le voisinage de Possagno. Celui-ci
I aça son protégé, âgé de quatorze ans, chez un
ulpteur de Bassano, nommé Torretti, qui, deux
ris après, transporta son atelier à Venise. Cette
j rconstance fut pour Canova une bonne fortune :
de lui permit d'étudier quelquefois d'après la
liitare vivante, et il remporta plusieurs prix à
|icadémie. En même temps la vue des monu-
•ents lui procurait, dans un âge encore tendre,
— CANOVA
498
ces inspirations qui font souvent éclore le goût
des arts et qui le développent toujours. Après
deux ans passés à Venise, Torretti mourut ; un
certain Ferrari, son neveu, continua pendant une
année les leçons de l'oncle ; mais à l'école de ces
deux praticiens Canova n'avait guère appris qu'à
travailler le marbre; dans l'art proprement dit,
il ne fut élève que de lui-même.
La reconnaissance lui fit entreprendre son
premier ouvrage de sculpture. A 17 ans, il fit les
statues d'Orphée et d'Furydice, pour les offrir à
son protecteur. I! était si dépounu de ressources
pour l'étude (tant Venise était elle-même dé-
chue de son ancienne splendeur), qu'afln d'avoir
sous les yeux la nature vivante, il se plaçait de-
vant un miroir, et se servait à lui-même de mo-
dèle. Ce groupe obtint l'approbation du sénateur
Falieri, qui le lui fit exécuter dans la belle p^er^e
de Possagno. Ce résultat, tout imparfait qu'il
était, produisit ime vive sensation : plusieurs
commandes en furent la suite; les groupes d'A-
pollon et Daphné, de Céphale et Procris, de Dé-
dale et Icare furent demandés à l'auteur. Le der-
nier groupe, esquisse de grandeur naturelle , peut
être regardé comme le point de départ du talent
de Canova. Le procédé de mettre au point étant
inconnu dans la ville qu'il habitait, l'artiste ne
parvint qu'à force de tâtonnements à traduire
son plâtre en marbre. Il fit encore à Venise la
statue dePoleni, destinéepour Padoue, distinc-
tion que les Padouans avaient décernée au sa-
vant qui répandit tant d'éclat sur leur ville, et
qui rendit tant de services à toute la contrée.
Ces travaux ayant fourni quelques ressources
d'argent au jeune statuaire, il partit pour Rome
au mois d'octobre 1779. Falieri lui fit obtenir du
gouvernement vénitien une pension annuelle de
cent ducats pour trois années, et une recomman-
dation officielle au chevalier Zulian, alors am-
bassadeur de la république de Venise auprès du
saint-siége. Peu de temps après son arrivée, il
fit le voyage de Naples, et visita Herculanuin
et Pompéi. L'étude de la peinture et delà sculp-
ture grecques, et la conversation des gens ins-
truits, l'initièrent dans la connaissance de l'an-
tiquité.
Le premier ouvrage qu'il exécuta en marbre
fut une statue d'Apollon posant une couronne
sur sa tête; il en fit don au sénateur vénitien
Rezzonico, qui avait été aussi un de ses premiers
protecteurs. Cette figure a peu de caractère;
mais elle est remarquable comme transition entre
l'imitation de la natui-e commune et ce qu'on ap-
pelé le beau idéal. Le groupe de Thésée vain-
queur du Minotaure annonça une marche bien
prise dans cette dernière voie, et obtint la faveur
publique. Cette vogue s'accrut par le portrait du
jerme prince Czartoryski sous les traits de l'A-
mour, par une Psyché saisissant de la main
droite un papillon posé sur la gauche, et par le
groupe de V Amour et Psyché couchés. Quoique
l'œil rencontre trop de vides dans ce dernier
499
CAJ^OVA
500
morceau, et qu'il soit difficile de trouver un point
de vue qui permette d'en saisir la masse, ou
plutôt quoiqu'il manque de masse, les différen-
tes parties ont du charme. Il ne faut pas oublier
à quel point la pureté du contour statuaire s'é-
tait jusqu'alors altérée sous l'influence du Bernin
et de ses imitateurs ; le retour à une forme élé-
gante et correcte était le premier besoin de l'é-
poque : Canova y satisfit, et sous ce rapport on
peut dire qu'il régénéra la sculpture. Des com-
mandes plus considérables furent l'effet de la ré-
compense de cette heureuse révolution. Canova
fut chargé du mausolée de Clément XIV , que
Carlo Giorgi reconnaissant faisait élever à ses
frais dans l'église des Saints-Apôtres. L'artiste
mit à cet ouvrage tant de zèle et de persévérance,
qu'il contracta, par le maniement prolongé du
trépan, le principe de la maladie dont il mourut.
Le succès de ce monument valut à son auteur
l'exécution du mausolée de Clément XIII , des-
tiné à l'église de Saint-Pierre ; commande plus
importante, et pour laquelle il fut utilement servi
par l'amitié du sénateur Rezzonico, neveu de ce
pape. Plus tard, il exécuta pour le tombeau de
Pie VI, dans la même église, la statue de ce pon-
tife. Il attacha ainsi son nom aux monuments de
trois papes qui occupèrent successivement le
trône pontifical. Un prélat amateur des arts et
qui faisait cas du jeune artiste, voyant avec plai-
sir que le talent de Canova n'était pas restreint
dans le cercle de la mythologie, M demanda un
ouvrage de son choix, pourvu que le sujet en fût
religieux; l'artiste fit la Madeleine pénitente. Il
n'avait guère plus de vingt-cinq ans , et déjà il
s'était exercé dans tous les styles qu'il traita
depuis; mais son instinct le portait de préférence
vers le genre gracieux.
Pour se reposer des fatigues qui furent la suite
de tant de travaux, il fit avec Rezzonico un
voyage en Allemagne : il visita Munich, Vienne,
Dresde et Berlin ; il fiit reçu partout avec la dis-
tinction due à une célébrité qui s'étendait déjà
dans toute l'Europe, Le duc Albert de Saxe-
Teschen le chargea d'élever un tombeau somp-
tueux à l'archiduchesse Marie-Christine d'Au-
triche, son épouse, dans l'église des Augustins, à
Vienne. A son retour en Italie, les commandes
lui arrivant de toutes parts exigèrent à la fois
un développement d'ateliers qui s'étendait sur
toute la surface d'un îlot (1), et une distribution
de temps qui ne lui laissait pas un seul moment
inoccupé. Pendant son travail même, quand ce
travail n'exigeait pas une extrême contention,
Canova se faisait lire à haute voix les ouvrages
des anciens, poésie ou histoire; il fixait par
des notes rapides les passages qui le frappaient ,
et leur donnait ensuite une existence plastique
dans des bas-reliefs improvisés en terre, qu'il U-
(1) Toutes les rues avolslnant cet Slot de maisons
étalent barriies, pour empfeher les voitures d'ébranler
le sol, et de déranger la mise au point des nombreuses
statues que les praticiens y exécutaient.
vrait au moulage. Parmi ces bas-reliefs, aux-
quels il recourait comme à des extraits de ses
lectures, on distingue quelques morceaux pluf
étudiés , notamment plusieurs scènes de la vi<
de Socrate.
Les productions de Canova sont nombreuses
et la France en possède peu : nous en avons vi
quelques-unes dans nos expositions publiques
mais elles ne reparaissent aujourd'hui sous nos
yeux qu'à l'aide de la gravure, et nous ne con
naissons les autres que par cet art, qui ne donn
qu'une idée très-imparfaite de la sculpture. San
vouloir porter un jugement précis sur chaqu
ouvrage de ce grand statuaiî-e, nous nous boi
nerons à retracer sommairement , et sans non
astreindre à l'ordre chronologique, la nomei
clature de ses œuvres, en les rapportant à cin
classes : sujets mythologiques dans le genre gr;
cieux, mêmes sujets dansie genre héroïque, si ^
jets allégoriques, mausolées, "sujets religieux,
statues-portraits.
Sujets mythologigues , dans le genre griA
cieux. Une charmante statue à'Hébé, qui tietij
d'une main une coupe, et de l'autre un vase d'c j
elle verse le nectar; le groupe de l'Âmmir •
Psyché debout ; un autre groupe de VAmouj'
Psyché; celui de Vénus et Adonis, exécuté poi'j
le "marquis Salsa deBerio, et dont l'arrivée à MJ
pies fut l'objet d'une fête; la muse Terpsichori
deux Nymphes couchées , et deux Danseusii
variées dépose et de caractère; une iVmatJ
s' éveillant au son de la lyre de V Amour ; 1
trois Grâces; une Vénus sortant du haii\
Endymion endormi.
Tous ces morceaux se font remarquer pj
l'élégance et la grâce; le charme de la morl'j
desse y captive les sens , mais la forme y e I
indécise et vaporeuse, comme dans la peintwl
de Prud'hon, avec qui il était lié. On dirait qf
Canova cherche à peindre avec le marbre; caiij
était aussi peintre, et, cîwse extraordinaire , pW
coloriste que dessinateur. Un portrait de Giorgici|
peint par lui, fut pris pour celui que l'histoire *
tribue à Giorgion lui-même. De là probableme
la recherche de certains effets pittoresques, l'ei]
ploi des dorures et des mordants colorés, pra j
que dont les anciens avaient aussi fait usag
mais dans un système plus étendu, et qui,
pliquée chez eux à un modelé plus sévèiJ
devenait un complément réel pour la sciij
ture.
Sujets mythologiques, dans le genre hér\
que. Canova mettait beaucoup d'importance
succès de ce genre de compositions : il voulait '
pondre ainsi à ses adversaires, qui lui reconnâj
saient bien le talent de traiter la grâce, la jeunes!
et la beauté féminine, mais qui lui contestaienif
puissance de s'élever au style héroïque. Il n
treprit la composition colossale A' Hercule p\
cipitant Lycas, groupe où la figure très-orij
nale du jeune homme est un modèle d'énerg I
de mouvement et d'expression. Ce morces]
CANOVA
502
( tiné à un seigneur napolitain, fut acquis par
1 iiarquis Torlonia, avec promesse qu'il n'en
j erait jamais la ville de Rome. Dans les sta-
î' i en regard des deux pugilateurs Creugas et
j moxène, Canova se proposa dé mettre en
( traste une nature athlétique avec une nature
f I', mais svelte. Une métope du Parthénon lui
j lira vraisemblablement le Thésée vainqueur
i Centaure, un de ses meilleurs ouvrages en
( tyle ; il est à Vienne, dans un édifice construit
( lès pour le recevoir, et qui orne une pro-
I lade publique. Ces diverses œuvres, une statue
( Palnmède qui fut, comme le persennage
I ne, victime d'accidents graves; »me figure de
j 7s' destinée à la Malmaison, chef-d'œuvre de
1 isle en ce genre; un Ajax et un Hector s'ap-
I ant à en venir aux mains, montrèrent de plus
( iliis dans leur auteur, mais non pas toujours
8 le même succès, le désir de reproduire les
f s tarées, et lui firent donner par ses admi-
r urs le surnom de Contimiateur de Vanti-
ç . Un certain nombre de ses ouvrages étaient
1< de justifier cet éloge. Une statue de Persée,
à ]uelle il avait donné les proportions de l'A-
f )!i du Belvédère et quelque chose de son
r \ ernent, occupa la place du marbre antique
c ; la niche laissée vide par la spoliation de
1 lie, et parut consoler les Romains. Pareil
b leur fut décerné, dans la ville de Florence, à
8 'énus, qui, sous le nom de Venere italiana,
s 'va sur le piédestal de la Vénus de Médicis
a ute. C'est à l'occasion du Persée que le pape
r blit en faveur de Canova la charge d'inspec-
ti général des arts et de conservateur des an-
ti ites dans les États romains, créée par Léon X
p Raphaël. Tout en rendant justice au soin
p évérant que l'artiste mit à la recherche du
b 1 antique , nous devons ajouter que dans
8' i?ii\Tes le beau n'est pas toujours fondé sur
I( rai comme dans celles des anciens, et répé-
ti ^ue la forme y est plus ondoyante que sou-
p le principe de la souplesse véritable étant
d ; la force intéTieore. Son imitation des Grecs
s* «me en général à des parties isolées, et s'é-
t(! rarement à l'ensemble. Aussi, quoiqu'on
a lit de lui qu'il faisait vivre le marbre, ce fut
p ot d'une apparence de vie que d'une ^^e réelle ;
il y a pas toujours unité individuelle, unité vi-
V e, et si l'imitateur n'eût pas trouvé dans les
ft rages des anciens une si grande variété, il
a lit pu tomber dans le maniérisme. La nou-
T s direction qu'il voulut prendre dans ses der-
W s travaux prouve qu'il avait reconnu ce qui
W manquait à cet égard.
'iijets allégoriques. L'allégorie est souvent
ebloyée par Canova dans ses compositions et
<îs ses statues-portraits ; mais la seule statue
aj gorique qu'il ait faite spécialement est celle
<fla Paix, dans des proportions colossales;
Ifiiles qu'il a données à cette divinité semblent
^ une allusion à l'état politique de l'Europe
s 5 l'empire. Il a aussi symbolisé la paix et la
guerre dans un groupe de Vénus et Mars, qui
appartient au roi d'Angleterre.
Mausolées. Nous avons \)&\\é de ceux des trois
papes, immenses et magnifiques travaux exécutés
avec une faciliUi prodigieuse, et dont nous ne cite-
rons ici, comme nw)dèle de vérité imitative, que les
deux lions couchés qui représentent la ville de Ve-
nise, où Rezzonico avait pris naissance. L'ouvrage
le plus vaste que Canova ait exécuté en ce genre
est le tombeau de l'archiduchesse Christine
d'AVttriche : c'est une réminisceùce de celui qu'il
avait conçu pour le Titien ; il est onié d'un grand
nombre de figures, enti'e lesquelles se fait remar-
quer celle du vieillard dans le groupe de la Bien-
faisance. Le mausolée de l'amiral Nelson devait
avoir un développement encore plus étendu;
mais le projet en est resté sans exécution. En
somme, ces masses pyramidales ou circulaires,
plus gigantesques que grandes, et où le recueil-
lement est en partie sacrifié à l'effet, font regret-
ter la forme plus sévère et mieux appropriée
des tombeaux en usage aux quinzième et sei-
zième siècles. Les monuments de l'amiral Emo,
de Gavino Hamilton, le plus intime ami de l'ar-
tiste, du poëte Alfieri, où l'on admire la figure
de l'Italie qui pleure, du graveur Volpato, des
Stuarts, etc., composés plus simplement, ont dû
faire couler plus de larmes.
Sujets religieux. Nous avons mentionné la
Madeleine pénitente, ainsi que les emblèmes
des monuments funèbres. Les autres composi-
tions dont l'artiste a puisé directement les raO'
tifs dans les sources saintes, sont une statué co-
lossale de la Religion victorieuse, qui devait
être élevée à Rome en mémoire des événements
de 1814 ; une petite figure de saint Jean-Bap-
tiste enfant et une Descente de croix.
Statues-portraits. C'est ici surtout que les
idées de l'époque favorisèrent, au profit de l'art,
l'application du système grec relativement au
costume des personnages, et que Canova put
mériter le titre de continuateur de l'antique. La
statue colossale du roi de Naples Ferdinand IV,
heureusement composée dans le style des an-
ciens, avait réuni tous les suffrages; le plâtre
fut menacé de destruction dans l'atelier par le
vandalisme révolutionnaire, mais lei autres fi-
gures qui peuplaient l'enceinte obtinrent grâce
pour l'effigie royale. L'artiste fut appelé par Na-
poléon pour faire son portrait eu pied. Il se
rendit à Paris, et fut sur le point d'être arrêté
par la gendarmerie, parce que son passeport
n'était pas en règle : le Bernin, mandé par
Louis XIV, était arrivé à Versailles dans les voi-
tures de la cour. Canova mit tous ses soins à
modeler cette tête héroïque, où, de son aveu, il
trouvâtes formes les plus avantageuses à la sculp-
ture. On remarqua dans les traits quelque res-
semblance avec le sculpteur. Le corps du héros
est représenté avec une simple draperie descen-
dant du bras gauche , la main gauche tenant un
long sceptre, et l'autre main suppoitaut une
503
CANOVA
petite figure de Victoire : cette partie de la statue
est restée loin de la perfection de la tête. L'A-
grippine du Capitole fournit à l'artiste le motif
de la statue assise de Mme Letitia Bonaparte,
mère de Napoléon. La princesse Pauline , sœur
de l'empereur, parut sous l'emblème de Vénus
victorieuse. Quand la statue fut placée dans le
palais Borghèse à Rome, le jour ne suffisant pas
à l'empressement des spectateurs, le public fut
admis à la contempler au\ flambeaux. La prin-
cesse Élisa, autre sœur de l'empereur, mais dont
la tête seule fut; achevée, devait figurer dans le
costume et avec les attributs de la muse Polym-
nie. Déjà Canova s'était applaudi d'avoir repré-
senté en muse la princesse Léopoldine Esterhazy,
qui excellait dans tous les arts; et les Américains
lui avaient su gré d'avoir vêtu en général ro-
main leur Washington, pour exprimer à la fois
le guerrier et le législateur.
Pendant son premier séjour à Paris, Canova
reçut des artistes l'accueil le plus distingué. Le
peintre Gérard fit son portrait. L'Académie des
beaux-arts se l'associa, et il assista à plusieurs
séances de l'Institut comme un de ses membres.
Rappelé en France, quelques années après, pour
faire la statue-portrait de l'impératrice Marie-
Louise, il en plaça la tête sur une figure de la
Concorde. Dans les séances qu'il obtint pour les
portraits de l'empereur et de l'impératrice , il ne
dissimula aucune des vérités qu'il lui apparte-
nait de faire entendre. Il protesta contre la spo-
liation de l'Italie et le déplacement des chefs-
d'œuvre ; il s'éleva aussi contre la représentation
si stérile et si prodiguée alors de l'uniforme mi-
litaire moderne. Ces observations ne déplai-
saient pas à l'empereur, qui voulait au contraire
le retenir en France, et le charger de présider à
toutes les entreprises relatives aux arts. Ca-
nova refusa; mais il accepta la direction des
musées à Rome, où il remplissait depuis long-
temps des fonctions semblables. Quelquefois,
dans ces entretiens. Napoléon se laissait aller
aune sorte d'épanchement. Unjour il lui échappa
de dire : « A la bataille de Wagram , j'ai tiré
cent mille coups de canon ; et cette dame que vous
voyez là (en montrant Marie-Louise) souhai-
tait ma mort. — C'est bien vrai, » répondit-elle
a\ec une franchise qui fit beaucoup rire l'empe-
reur.
La statue de Napoléon ne fut pas vue du pu-
blic. C'était en 1812; l'étoile du guerrier com-
mençant à pâlir, l'image fut soustraite aux re-
gards derrière une cloison en planches, dans une
salle basse du Louvre : par un jeu bizarre de la
fortune, elle passa dans les mains du, duc de
Wellmgton, qui la fit transporter à Londres.
L'énumération des statues-portraits et des
bustes-portraits exécutés par Canova serait trop
longue. Citons seulement la statue équestre de
Napoléon pour la ville de Naples, dont le cheval
fut seul exécuté en bronze pour recevoir un au-
tre cavalier; le buste de l'empereur François II,
pour la bibliothèque oe Venise; le buste i,
Pie VII, dont l'artiste fit présent à ce pont ;
son propre buste, de proportion colossale.
Après le désastre de Waterloo, les diffén ;
États de l'Em'ope, spoliés de leurs richesses •
tistiques par l'abus de la conquête , les revei -
quèrent. Canova fit le voyage de Paris unel ^
sième fois , muni des pouvoirs du pape i [
reprendre les dépouilles de Rome. Quoique i
réclamation fût juste et que le commissaire t
rempli sa tâche avec modération, laissant i
France, entre autres morceaux capitaux, la st 5
colossale du Tibre, la superbe Pallas de ' -
letri, et les Noces de Cana, une des merve $
de la peinture, il fut mal accueilli ; et, comn 1
présida lui-même à l'encaissement des ol g
repris, il ne] put échapper au surnom d'emi -
letir du Musée. L quitta Paris dès qu'il le ,
et se rendit à Londres. Les artistes anglais e
célèbre Flaxman à leur tête , lui firent la s
brillante réception , et l'invitèrent à un banq ,
qui eut lieu dans la salle même du conseil ac >■
mique. Il avait été appelé dans la capitale de 1 -
gleterre pour prononcer sur le mérite des 1 '-
bres du Parthénon, que lord Elgin avait appo s
d'Athènes, Il déclara que c'était la plus e> -
lente sculpture existante, puisqu'à la beaut e
la forme elle réunissait la souplesse de la c Jr
et l'apparence animée de la vie. Il en cor It
que la plupart des antiques connus n'ét; ^t
que des copies. Ce qui prouve au surplus la i-
nitude de sa conviction à cet égard, c'est > |1
essaya d'achever le groupe de Mars et Vénv ît
d'exécuter la statue d'Endyniion, sous l'ert ^e
de cette donnée ; mais il n'était plus assez ji e
pour y réussir.
Lorsque Canova rentra dans Rome, rame it
avec lui les chefs-d'œuvre, son arrivée fu jn
véritable triomphe. Le pape, satisfait de la -
nière dont l'artiste avait accompli sa missio le
nomma marquis d'Ischia par lettre autogra fe,
« comme ayant bien mérité de la vil le de Ron !»
et par l'inscription de son nom dans le livre \v.
au Capitole. Lui-même traça le dessin de b
armoiries : c'étaient une lyre et un serpent, )•
nogramme d'Orphée et Eurydice, son pre ir
ouvrage.
Les travaux immenses et continuels de Cai [a
furent pour lui très-lucratifs. L'argent qu'il J-
gnait lui permit , dès le principe , de forme e
nouvelles entreprises, et dans la suite de fo ir
d'utiles établissements. La bienfaisance fut iz
lui une vertu pratique. Quand l'Italie fut 1
vahie par l'armée française, la capitale du m(
chrétien étant menacée , les cardinaux, le cl
et tous les grands propriétaires de Rome (
tèrent cette ville ; la détresse y fut extrême,
nova employa toutes ses ressources à secc
les indigents. Ses libéralités, dans une seul
ces années calaraiteuses , s'élevèrent à 140
francs. Un sculptem- espagnol pauvre, mais
bile, ayant besoin de sa recommandation |
'i
CAWOVA
Ô06
odre quelques morceaux de sculpture : « Les
I vrages d'Alvarès, dit Canava , restent inven-
s dans son atelier, parce qu'ils ne sont pas dans
. [mien. >' Aimable, doux, complaisant, modeste,
îie connut ni morgue ni jalousie. Son carac-
(> (^tait si parfait , que , môme parmi les en-
u\ de sa renommée comme artiste , il n'y
jamais qu'une voix sur ses qualités comme
lime.
,a réputation de Canova était tellement ré-
nliie en Europe, que tous les gouvernements
liaient avoir quelque production de son ci-
; u. D'abord il refusa plusieurs commandes ,
j ce qu'il n'y pouvait pas suffire ; mais lorsqu'il
I, lit engagé dans la construction d'une église,
1 aiment dont il ne pouvait prévoir la dépense,
) s accepta toutes, faisant même', pour y sa-
1 lire, des répétitions de ses propres ouvrages,
i (|uels son extrême facilité lui permettait d'in-
1 luire certains changements qui donnaient à
( copies le mérite et l'atti'ait d'un original.
aiiova avait conçu le projet d'édifier à Pos-
< 10, sa patrie, un temple dont il voulut être
1 uème l'architecte ; mais, dans son architec-
t comme dans sa sculptui*e, plus imitateur
( larties isolées que créateur d'un tout , il en
I les principaux motifs dans deux monuments
d, antiquité, le Parthénon d'Athènes et lePan-
ti n (le Rome. Un portique à deux rangs de
h colonnes chacun , d'ordre dorique , donne
i ée à une rotonde. L'artiste se proposant
d ei' finir ses jours au village où il était né, la
d iration de son édifice lui préparait des occu-
p ons selon son goût, pour le temps d'ime re-
fce après laquelle il soupirait. La première
pie fut posée le 11 juillet 1819. Cette inau-
jition fut une fête; et il venait lui-même cha-
lannée en célébrer l'anniversaire. Déjà il avait
iposé les bas-reliefs des métopes ; il ternii-
PQur l'intérieui un grand tableau d'autel, le
ist déposé de la croix, qu'il avait com-
|icé vingt ans auparavant ; mais la maladie
f avait contractée dans son assiduité au tra-
)du trépan faisait des progrès. La pression
'. et continue exercée par l'outii sur la poi-
|J ayant affaissé la cavité thoracique et dé-
aé les côtes, les organes digestifs furent al-
3. On crut que le voyage de Naples serait
laelque efficacité, et le malade se rendit
l> cette ville. Il avait aussi l'intention d'y sur-
fer la fonte du cavalier pour le cheval du mo-
ieat équestre primitivement destiné à Napo-
I. Le changement de lieu fut sans résultat.
pva revint à Rome, et de Rome alla à Pos-
iio, espérant de l'air natal quelque améliora-
(;P|. Ces lueurs s'étant bientôt évanouies, il se
;: fit ouduire à Venise pour y avoir les secours
,;<i'' biles médecins; mais l'affection était arrivée
: àiu dernier période.
j I ; ie magnifique cérémonie funèbre eut lieu en
j s<l honneur : le corps fut transporté dans la
i, & de salle de l'Académie des beaux-arts. Le
I comte Cicognara, qui en était président, impro-
visa un éloge de l'artiste dont il avait été l'ami,
et proposa de lui élever un tombeau par une
souscription européenne. L'Europe et l'Amérique
y concoururent. Le monument a été érigé dans
l'église de' Frati, à Venise.
Le cercueil fut accompagné processionnel le-
mentl jusqu'au bord de la mer, où il fut remis à
l'archiprêtre de Possagno. Toute la population
se porta au-devant du cortège avec les démons-
trations de la plus profonde douleur ; et l'enceinte
de l'église où il s'arrêta ne pouvant contenir la
foule, l'oraison funèbre fut prononcée sur la
place publique. Rome participa à cette douleur
et à ces hommages. La métropole des arts fit
célébrer des pompes funéraires pour honorer
l'artiste dont elle était en deuil. Les diverses
académies romaines lui décernèrent des éloges
solennels, et deux statues lui furent élevées, l'une
dans la salle des séances de l'Académie de Saint-
Luc, dont il avait obtenu le rétablissement; l'au-
tre dans le musée du Capitole.
En résumant cette brillante carrière d'artiste,
on y observe trois phases distinctes. Canova
commença par copier ime nature sans choix, et
ses premières imitations furent communes, n
voulut ensuite les ennoblir par une prétendue
généraUsation de la forme individuelle; et il se
jeta dans l'idéal, théorie qui, reposant sur un
mensonge, conduit involontairement à chercher
le beau hors du vrai. Aussi a-t-on dit que beau-
coup de ses figures avaient l'apparence d'être
nées plutôt que faites ; expression dont le vague
ou même le vide semble indiquer une tendance
fausse ou affectée.
Enfin , la vue des marbres du Parthénon lui
fit reconnaître une autre voie, et prononcer que
le beau n'est que dans le vrai , c'est-à-dire dans
la reproduction exacte de la nature choisie. Ce
jugement, qu'il prononça M-même, et qui don-
nait une sorte de démenti à la plus grande partie
de sa propre sculpture, caractériserait seul un
génie supérieur. Personne, au reste, n'était plus
capable que Canova de se mettre ea présence
de la nature; malheureusement, il ne s'y mit pas
assez : aussi plusieurs de ses ouvrages, privés de
la magie du marbre par le moulage en plâtre,
perdent beaucoup de leur effet. Il n'en a pas
moins illusti-é son art non-seulement par le nom-
bre, la grandeur et la variété de ses productions,
mais aussi comme chef d'école. Moins sévère que
David son contemporam , qui régénéra la pein-
ture, Canova peut néanmoins êtie regardé comme
le régénérateur de l'art statuaire ; il fut un des
artistes les plus féconds qui aient existé, et le
plus grand statuaire de son époque.
L'Œuvre de Canerva, précédé d'un essai
sur sa vie et ses ouvrages , a été publié par
MM. Réveil et H. deLatouche (Paris, 1825, gr.
in-8°). Le texte est de ce dernier : nous en don-
nerons un échantillon, pour monti'er ce que les
. beaux-arts gagnent à faire alliance avec le jour-
I
507
nalisme, et à lui emprunter sa politique. Tout le
monde connaît le nom de l'un des plus géné-
reux protecteurs des arts et des sciences en
Russie, le comte Romantzof, chancelier de
l'empire. Or, voici en quels termes M. H. de
Latouche en parle à l'occasion de la statue de
la Paix: « C'est un courtisan tartare, dit-il,
un chancelier du nom de Romantzof, qui com-
manda au simulacre de cette divinité de naître,
parce qu'il avait, vers l'an de grâce 1808, arra-
ché la Finlande suédoise à ses lois naturelles ,
et réuni violemment les hommes qui la culti-
vaient aux innombrables troupeaux de son
timitre. ■» C'est en général dans le même goût
que le texte est rédigé. On consultera avec plus
de profit l'ouvrage savant et remarquable, quoi-
qu'un peu louangeur, de M. Quatremère de
Quincy : Canova et ses ouvrages, ou Mémoi-
res historiques sur la vie et les travaux de
ce célèbre artiste (Paris, 1834, gr. in-8°);
Memorie per servire alla vita del march.
Canova (Venise, 1823); la biographie alle-
mande de M. Hase, dans les Zeitgenossen;
la Vie de Canova, parMissirini (Prato, 1824) ;
et the Works of Canova (son œuvre gravée au
trait), par Moses (Londres, 1828, 3 vol.) et Ci-
cognara. Dans la plupart de ces livres, on trouve
la liste chronologique des ouvrages de Canova, et
l'indication des lieux où on les conserve. Parmi
ceux qui sont à Paris, nous citerons la Made-
leine, qui fut achetée, sous l'empire, par le mar-
quis de Sommariva. Nous avons vu en Russie
le groupe de YAmotir et Psyché couchés, acheté
en 1796 par le prince loussoupof; le groupe des
mêmes personnages mythologiques, mais debout,
et dans lequel Psyché pose sur la main de l'A-
mour un papillon (fait pour la Malœaison, 1800,
et transporté de là à l'Ermitage de Saint-Péters-
bourg) ; une Eébé de la Malmaison; la statue de
la Paix, etc. L'œuvre de Canova a été gravée
avec soin à la Chalcographie romaine. [M. Miel,
dans VEnc. des g. du m. ]
Cicognara, f^ita di Canova. — Edinburgh-Review,
février 1826. — Missirini, Fita di Canova. — Quatre-
mère de Quincy. — archives littéraires, 1804. — Artaud,
Italie, âans l'Univers pittoresque. — TipaWo, Biografta
degli Italiani illustri. — Henri de Latouche, OEuvre de
Canova.
CANOVAÏ (Stanislas), historiographe floren-
tin, né à Florence le 27 mars 1740, mort dans
la même ville le 17 novembre 1811. H prit l'ha-
bit ecclésiastique de bonne heure , et fit ses étu-
des à l'université de Pise; il s'adonna surtout
aux mathématiques , dont il devint professeur à
Cortone en môme temps que membre de l'A-
cadémie des antiquités étrusques. Il fut appelé
ensuite à remplir la chaire de mathématiques du
collège de Parme. Le comte de Durfort, ambas-
sadeirr de France en Toscane, avait fondé un
prix pour l'éloge d'Améric Vespuce : Canovaï
concourut pour ce prix , et , s'appuyant sur de
certaines preuves, osa s'élever contre l'opinion
générale qui proclame Christophe Colomb comme
CANOVA — CANPENDU ]
ayant abordé le premier en Amérique. Acct ^
pagnant son assertion de différentes pièces, i.
novaï affirmait qu'Améric Vespuce avait fait i
fois la découverte du continent auquel on a c -
né son nom et celle du Brésil , Christophe -
lomb n'ayant abordé en Amérique qu'une ai e
après. Le P. Canovaï trouva un contra -
teur dans le comte Jean Galeani Napione, li
publia à ce sujet une dissertation sous le e
à' Examen critique du premier voyage d'A l'
rie Vespuce au nouveau monde : Canov y
répondit, et remporta le prix proposé. Cel i-
rateur distingué était en même temps un e \,
siastique d'une piété et d'une vertu exemple ;
ce fut lui qui assista Alfieri mourant. Il a lai :
Componimento drammatico da cantarsi n a
nobile Accademia Etrusca; Florence, 177f i-
8° ; — Riflessioni intorno aile publichescu ■;
Florence, 1775, in-8°; — Orazionefunebrt H
marchese cavalière Giuseppe Benvemitc '•
neti di Cortona; Florence, 1780, in-4° -
Concetto in cui tennero gli anticM il teo i,
imprimé dans les Libri poetici délia Bii i,
tradottida Saverio Mattei; Naples, 1781 , i '••
— Leçons élémentaires de Mathématiq ;
traduites, avec le P. Gaétan del Ricco, du i-
çais de la Caille; Pavie et Modène, 1781 ; - s-
bles logarithmiques , traduites, avec le m e,
de Gardiner; Florence, 1782 ; — Dissertai je
sîiW anno magno, secondo Plutarco e Si p,
appresso gli antichi Toscani , imprimée psi
le recueil de l'Académie étruscpie de ^-
tone; Florence, 1783; — Monumenti rel 1À
al giudizio pronunziato dalV Accadi fff
Etrusca di Cortona di un elogio d'Am bo
FespMm ; Florence, 1787, in-8°; — Eleinti
di Fisica matematica; Florence, 1788 lu-
bliés en collaboration du P. Ricco ; — E fio
d'Amerigo Vespucci, che ha riportato il
mio dalla nobile Accademia Etrusca di i-
tona, con una dissertazione giustificaih di
guesto célèbre navigatore; Florence, 17 et
1798, avec porti-ait; — Riflessioni sulmMi
di risolvere Vequazioni numeriche pro \ie
dal signore de Lagrange , imprimées dar es
Atti de' Fïsiocritici di Siena; Sienne, m;
— Dissertazione sop-a il primo viaggic U-
merigo Vespucci aile Indie occidentali ;ïo'
rence, 1809, in-8°; — Esame critico delp no
viaggio d'Amerigo Vespucci al nuovo mu o;
Florence, 1811. j
Biographie des Contemporains. — Pozzetti, Elo m
Stanislao Canovaï; Bologne, 1812. — Erscli et G «^
Allgem. Encyclop.
*CAisozio (Lorenzo). Voy. Canotio.
*CANPENDtr (Bernard n^) (de Cane
penso), évêque français , mort en janvier '^
Il fut élu évêque de Carcassonne en 12fi,fi
s'occupa durant son épiscopat à léglernente pn
diocèse, et séparer les intérêts ecclésiastique ks
intérêts temporels. Il n'a laissé que des sti its
synodaux. |
Sainte-Marthe, Gallia Ckristiana nova, t. VI, ^
509
— Histoire du Languedoc,{l. III, p. «88. — Histoire lit-
téraire de la France, t. XIX, p. *8«.
«CAMSON (Barthélémy de), célèbre fabri-
cant de papier, né en 1773 à Davezieu, près An-
nonay. Fils d'un officier aux années du roi, il fut
;^levé chez les oratoriens , fit les campagnes de
a république en qualité d'ingénieur, et épousa
me des filles d'Etienne Montgolfier,', inventeur
les aérostats et fabricant de papier à Annonay.
Vprès la mort de son beau-père, il devint pro-
jriétaire de l'usine déjà célèbre par les perfec-
ionnements que les deux frères Joseph et
Etienne Montgolfier avaient apportés à l'industrie
tu papier. On doit à sa fermeté la destruction
u compagnonnage, qui était un obstacle aux
rogrès de cette industrie, à laquelle il a ajouté
e nouveaux perfectionnements. Ses produits lui
nt mérité les distinctions les plus honorables à
)Utes les expositions. On lui doit la mise en acti-
ité en France des premières machines à fabri-
quer le papier, d'après le système de Didot Saint-
éger; le collage à la cuve, mis en pratique d'une
anière efficace et complète; l'emploi des pompes
leumatiques appliquées à la fabrication du pa-
ir, etc. 11 fut nommé pair de France en 1831.
Ses fils, qui sont aujourd'hui à la tête de ses
aux établissements, soutiennent une réputa-
y, )}i justement acquise.
il(G4NS0UH-GAVRT. Voy. CAMPSON-GàURY.
' * CANSTATT ( CharUs-Fi'édéric), médecin al-
tnand, né à Ratisbonne le U juillet 1807, mort
10 mars 1850. Fils d'un médecin qui se livrait
Ida pratique, il embrassa la profession pater-
après avoir fait ses premières études à
;h , et ses études médicales à Vienne et à
bourg; puis il vint s'établir en 1831 dans
natale. En 1832 il fit un voyage à Paris,
y étudier le choléra ; de là il se rendit en
et à Bruxelles, où il fut chargé par le
nement belge,inl'ormé de ses connaissances
les en cette matière , de diriger un hôpital
lériques. Après avoir pratiqué à Bruxelles
if cinq ans, et séjourné de nouveau à Pa-
1837, il revint à Wiirzbourg, où il fut
médecin expert; et en 1843 il succéda
ike dans la chaire de clinique et dans la
ion de l'hôpital d'Erlangen. 11 mourut dans
ville , après un voyage en Italie. On a de
arstellung und Kritische Beleuchtung
esens und der bis jezt aufgefundenen
ndlungs- Weise der Ostindischen Brech-
(Exposé et explication critique de la na-
'e du choléra asiatique, et du traitement adopté
qu'à ce jour pour cette maladie) ; Ratisbonne,
"1 ; — Die Krankheiten des hoehern Alters
Jffire Heilung (Des maladies de la vieillesse,
leur traitement); Erlangen, 1839, 2 vol.;
specielle Pathologie und Thérapie vom
isehem Standpunkte aus bearbeitet (la
ilogie spéciale et la thérapeutique démon-
[BS du point de vue de la clinique) ; Erlangen,
1-1842, 4 vol. ; — de Morbo Brightii; Er-
CANPENDU — CANT
510
langen, 1844; — KUnische Rûckblicke (Études
rétrospectives de clinique); Tnbingue, 1850-
1851, 2 volumes.
Conversations- l^xicon.
CANSTBIN (C harles-IJildebrand, baron de),
philanthrope allemand, né à Lindenberg le 1 5 août
1667, mort à Halle le 19 août 1719. II fit ses
études à Francfort-sur-l'Oder, devint page de
l'électeur de Brandebourg et servit plus tard
comme volontaire dans les Pays-Bas, où une
grave et dangereuse maladie le contraignit à
quitter le service militaire. Retiré, par suite de
cette maladie, à Halle, il se lia d'amitié avec le
célèbre prédicateur Spener, et se voua à des œu-
vres de piété. Le désir de répandre les senti-
ments religieux dont il était animé lui-même
parmi ses contemporains, et surtout parmi les
classes peu aisées, lui inspira l'idée de faire im-
primer la Bible en caractères stables. Il ouvrit
à cet effet une souscription , et y consacra une
grande partie de ses propres fonds. Son entre-
prise (1712), connue sous le nom d'Institution
biblique de Canstein, eut un succès prodigieux.
Des millions de Bibles et de Nouveaux Testa-
ments furent successivement imprimés dans di-
vers formats, et vendus à des prix très-modé-
rés; le produit des ventes était exclusivement
employé à la réimpression de l'Écriture , ce qui
assura la durée de l'institution, qui s'est con-
servée jusqu'à ce jour. Canstein a écrit une
Harmonie des quatre évangélistes ; Halle,
1718, in-fol.; et la Vie de Spener, Halle, 1729.
Il légua à la maison des orphelins de Halle sa
bibliothèque et une partie de sa fortune.
Conversations-Lexicon.
CANSTEIN (Raban de), administrateur et
homme d'État prussien, né le 19 août 1617,
mort le 22 mars 1680 à Lindenberg. Après avoir
étudié à Wittenberg, il s'éleva successivement
jusqu'à là charge de grand maréchal de cour
et président de chambre. Il devint l'ami in-
time du grand électeur Frédéric-Guillaume, qu'il
accompagna dans tous ses voyages , et qui le
chargea des négociations les plus difficiles. Étant
rentié plus tard dans la vie privée, il passa le
reste de sa vie à son château de Lindenberg,
où il mourut.
Ersch et Gruber, Allgemeine Encyclopàdie,
CANT. Voy. Kant.
* CANT (Arend), anatomiste et médecin hol-
landais, mort très-jeune à Dordrecht en 1723.
Il fit de rapides progrès à l'école de Ruysch,
qui se servit de lui dans sa vieillesse pour se
faire aider dans les dissections. En outre, il des-
sinait et gravait lui-même habilement les figures
anatomiques , et il augmenta la valeur de ses
ouvrages en y joignant des planches dessinées
à la façon d'Eustachi. On a de lui : Disputatio
inauguralis de receptaculo et duc tu chyli;
Leyde, 1721, in-4"*; — Impetus primi anato-
mici, ex lustratis cadaveribus nati, quos pro-
pria manu consignavit auctor; Leyde, 1721,
511
CAWT — CANTACUZÈNE
grand in-f., avec planches gravées par lui-même.
Éloy, Dict. de la médecine- — Carrère, Bibliothèque
de la Médec. — Mohsen, Bildnisse berûhtnter Aertzte,
p. 121.
CAMTACITZÈKE {Jean V, 'IwàvvYjç 6 Kavra-
otouî^ifivoç ), empereur de Constantinople, né vers
1292, mort vers la fin du quatorzième siècle. Il
appartenait à une famille qui marque dans l'his-
toire byzantine à partir du douzième siècle. Le
premier Cantacuzène connu commandait la flotte
grecque sous Alexis Comnène, et fut vainqueur
en Dalmatie dans la guerre contre Bohémond,
en 1107. Jean Cantacuzène, fils ou petit-fils du
précédent, épousa Marie Comnène, nièce de l'em-
pereur Manuel, et fut tué dans la guerre contre
les Turks Sedjoukides vers 1174. Deux membres
de la même famille, Manuel et Jean, furent aveu-
glés par l'ordre des empereurs Manuel et Andro-
nic Comnène. Jean, quoique aveugle, fut nommé
César par Isaac l'Ange, dont il avait épousé la
sœur Irène , et périt dans la guerre eonti'e les
Bulgares après 1193. Un autre Manuel Canta-
cuzène , général de Jean Vatace , empereur de
Nice , mourut dans la seconde moitié du trei-
zième siècle. Le fils de Manuel, Jean, préfet du
Péloponèse, mort dans son gouvernement à l'âge
de trente ans, laissa de sa femme ïhéodora Pa-
léologine deux fiJs et une fille ; l'aîné de ces en-
fants, Jean- Ange Comnène Paléologue Canta-
cuzène, parvint à l'empire sous le nom de
Jean V ou Jean VI. Porté par sa naissance aux
plus hautes dignités, et paracémomène au com-
mencement de la lutte entre Andronic le Vieux
et son petit-fils, il se déclara pour Andronic le
Jeune, qui lui donna, avec le titre de grand do-
mestique, l'autorité deipremier ministre. Ce fut
aux talents militaires et politiques de son habile
conseiller que le jeune prince dut, en 1328, après
sept ans de guerre civile , la possession incon-
testée de la couronne impériale. Brave, spirituel
et aimable , mais insouciant et adonné aux plai-
sirs, il laissa le pouvoir au grand domestique,
qui en usa avec modération et fermeté, ramena
à l'obéissance l'Étolie et Lesbos, qui s'étaient sé-
parées de l'empire, et resta pur de malversations
et de violences dans un siècle de crimes et de
corruption. Andronic, trop faible pour gouverner
par lui-même et trop intelligent pour ne pas
apprécier son ministre,«voulut l'associer à l'em-
pire dès 1329. Cantacuzène refusa un titre qui
n'aurait rien ajouté à sa puissance. En 1341, il
reçut de l'empereur mourant la garde de son fils
encore enfant, et la mission de gouverner l'em-
pire sous la régence de l'impératrice mère Anne
de Savoie. Il se trouva en butte, presque aussitôt
après la mort d' Andronic, aux attaques d'abord
cachées, puis manifestes, de l'amiral Apocauque
et de Jean d'Apri, patriarche de Constantinople.
Ces deux ambitieux, qui lui devaient tout, s'em-
paièrent de l'esprit de l'impératrice , ruinèrent
le crédit du grand domestique, et trouvèrent de
nombreux adhérents dans cette foule d'envieux
51
qu'excite toujours une grande fortune, mêmejui
tifiée par des services éclatants. Cantacuzènt
absent de Constantinople, fut accusé de haul
trahison, jugé par ses ennemis, déclaré coupabl
condamné à la peine capitale, et se trouva plac
entre la mort ou la révolte. Poussé par ses pa
tisans encore nombreux , et les soldats qui 1
restaient fidèles, il se décida à défendre sa vi
et prit les armes non contre Jean Paléologu
mais contre ses perfides conseillers. Il se fit coi ]
ronner empereur à Didymotique le 21 octob
1341. Quelques bons motifs que donne Cantac
zène pour justifier sa conduite, fort simple clii
un homme d'État ambitieux , elle ne s'accor
guère avec les principes de loyauté qu'il affich;
sans cesse. Son couroimement était une usur[
lion, que le succès seul pouvait absoudre.
Les premiers événements ne répondirent pa
l'attente du nouvel empereur. Apocauque, qui i
nait de se faire nommer grand duc, était un scé
rat qui n'avait pas les mêmes scrupules que Ca
tacuzène, et disposé à employer tous lesmoyei
Il souleva la populace par l'appât du pillaj
contint les grands par la terreur, jeta dans
cachot, où elle mourut bientôt, la vieille mère
Cantacuzène, livra au pillage les biens du
belle et de ses amis, lui enleva à prix d'argi
ses principaux partisans, Monomaque, Synadè
Gui d'Arménie, une partie de ses soldats, ba
le reste à Gynecocastre, et le força lui-mêm
se sauver auprès de Douchan,' kral de Ser^
au mois de juillet 1342. Il ne restait plus à I
surpateur que Didymotique, défendue par
femme Irène. Pour se rouvrir le chemin de et
ville, il essaya dès le mois de septembre d'^
lever^Phères avec quelques troupes serves.
poussé avec perte , et averti que Douchan 6 .
prêt à traiter avec Apocauque, il s'adressa
prince turc d'Aïdin, c'est-à-dire de la Lydie etd i
Carie. Oumour-Bey accourut avec vingt-huit re i
hommes. Quoique forcé à une prompte refr !
par un hiver précoce, il eut le temps de dél •
quer Didymotique, et fomnit à Irène les moy ;
de prolonger son opiniâtre résistance. De souci ,
Cantacuzène s'empara de Berrée, et ne se tro %
plus à la merci de Douchan. Au mois de septem pi
1343, Oumour revint d'Asie, et réjoignit son ail ^
Berrée. Tous deux, après une tentative ini ;
contre Thessalonique, où dominaient les zé ,
démagogues sanguinaires, mais énergiques, n •
chèrent sur la Thrace, et arrivèrent enfin à -
dymotique. Au commencement de 1344, Oum i
fut rappelé en Asie par la nécessité de défer
Smyrne contre les Génois et les chevaliers
Rhodes; mais Cantacuzène trouva un allié a fi'
puissant , quoique moins dévoué, dans Orkl ,
sultan des Turks Osmanlis, et il fut délivré ( -
pocauque par un hasard heureux. Le grand '^
fut tué en visitant les prisons de Constantic ;,
le 11 juillet 1345. Dès lors la victoire de l'u;
pateur fut assurée. Il se fit sacrer une sect
fois à Didymotique parle palriarchede Jérusal i
513
CANÏACUZEINE
il4
i et refusa, pour ne pas fermer la porte aux né-
gociations, de désigner son fils MaHhicu pour
son successeur, au détriment de Jean Paléologue.
En même temps il s'unit plus étroitement avec
lOrkhan, en lui donnant en mariage sa fille
! riiéodora. Le parti des Paléologue s'alïaiblissait
•liaque jour. Les passions populaires, si habile-
nent dirigées par Apocauque, s'épuisaient main-
enant dans une agitation sans but. Jean d'Apri
e rapprochait sensiblement de son ancien bien-
'iiteur. Aune de Savoie, qui, elle aussi, sentait
i nécessité de traiter, commença par punir l'am-
itieux patriarche ; elle le fit déposer par un con-
ile où dominaient les palamites, partisans de
usurpateur, longtemps persécutés par Jean
Apri. La séance du concile n'était pas encore
rniinée lorsque, dans la nuit du 11 février
347, Cantacuzène s'empara de Constantinople,
!i' personne ne défendait, et dont l'officier génois
Acciolati lui livra les portes.
Le vainqueur résista loyalement à Orkhan, qui
i conseillait de se défaire du fils d'Andronic,
à ses soldats, qui le pressaient de régner seul ;
partagea le trône avec le vaincu. Les deux
iipereurs furent coirromiésle 13 mai par Isidore,
ccesseur de Jean d'Apri ; et le mariage de Jean
liéologue et d'Héléna Cantacuzène sembla con-
ndre les intérêts des deux familles. Ces deux
rémonies furent attristées par les troubles
s provinces, la misère publique et la pénurie
1 trésor, qui, selon la singulière expression de
céphore Grégoras, ne contenait que les atomes
Épicure. L'usurpateur triomphant eut à lutter
' ntre des difficultés que tout le génie d'un grand
mme n'aurait pu surmonter. En 1347, la peste
ire, qui enleva le plus jeune fils de Cantacu-
ne; deux guerres malheureuses contre les Ge-
ls en 1348 et en 1350 ; des négociations inutiles
ec le saint-siége pour la réunion des deux
lises; la place de patriarche de Constantinople
innée en 1350 à Calliste, palamite féroce , qui
iileva le clergé ; le triomphe odieux et ridicule
s ompkalopsiques obtenant la proscription de
rlaam, et l'emprisonnement de Nie. Grégoras :
s sont les principaux événements qui séparent
victoire de Cantacuzène du renouvellement
la guerre civile. Jean Paléologue, retiré à
•"ssalonique , et impatient de ressaisir tout
tritage de son père, s'allia avec Douchan en
i 1351. Cette velléité de révolte fut apaisée
riiiterveiition d'Anne de Savoie ; mais la paix
iclue entre les deux empereurs ne fut qu'un
' lit répit. Le jeune prince se mit en guerre
Mt>rteavec son collègue en septembre 1352.
tu par les forces réunies de son beau-père
' rOrkhan, il se réfugia à Ténédos. Cantacu-
■ ie se décida alors, non sans de longues
(citations, à l'exclure du trône pour y faire
ifnter son propre fils Matthieu. Cette nou-
''le usurpation dura peu; Matthieu fut cou-
' né au printemps de 1354; et, moins d'un
• après, Jean Paléologue, aidé du noble gé-
NOUV. EIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
nois Gastcluzzi , se présenta devant le port de
Constantinople. Cantacuzène n'osa pas leur en
interdire l'entrée, et le jeune Paléologue se
trouva ainsi placé à la tête de tous les mécon-
tents de la capitale. Cantacuzène n'était plus
maître des événements. Bien qu'il eflt entre les
mains les plus fortes positions de Constantino-
ple, qu'il fût défendu par les Catalans, aventu-
riers braves et dévoués , il ne voulut pas con-
server au prix d'une effusion de sang une sou-
veraineté précaire , ill(5gitime; et, cédant plus
encore à ses scrupules qu'au soulèvement po-
pulaire, il abdiqua vers la (in de décembre i'-KA,
et se retira dans le monastère de Mangane, sous
le nom de Joasaph( Joseph), pendant que sa femme
prenait le voile et le nom d'Eugénie dans le cou-
vent de Sainte-Marthe. En abandonnant la
partie lorsqu'elle était encore loin d'être perdue,
Cantacuzène se fit accuser de faiblesse par ses
contemporains et même par sa famille ; et Irène,
en partant pour le cloître, put dire à l' ex-empe-
reur : «Si j'avais gardé Didymotique comme vous
Constantinople, il y a douze ans que nous fe-
rions notre salut. »
Le monarque déchu vécut dè.s lors dans la
retraite, et remplit ses loisirs par «les exercices
de piété et des compositions littéraires. L'époque
de sa mort est douteuse; il vivait encore en
1375, puisque le pape Grégoire XI lui écrivit à
cette date ; mais il est peu croyable qu'il ait ,
comme le prétendent Lambèce et Ducange, pro-
longé sa vie jusqu'en 1411, c'est-à-dire jusqu'à
plus de cent dix ans.
On a de Cantacuzène Quatre livres de Mé-
moires ( 'I(TTopiwv fiiêXia ô' ) , qui contiennent
l'histoire de l'empire grec depuis 1320 jusqu'en
1360. Cet ouvrage, qui n'est pas la confession
sincère d'un pénitent, mais l'apologie d'un homniB
d'État ambitieux, présente, si on le contrôle par
les récits passionnés, dans un autre sens, de
Nicéphore Grégoras , un tableau exact et inté-
ressant d'une longue période de la décadence
byzantine. Au point de vue littéraire , ces mé-
moires, écrits d'un style correct et même élé-
gant, quoiqu'un peu terne et languissant, offrent
une imitation habile de Thucydide. On regrette
qu'ils soient surchargés de discours souvent plus
dignes d'un ihéteur que d'un homme d'État.
Jacob Ponlanus traduisit , d'après un manus-
crit de la bibliothèque de Munich, les Mémoires
de Cantacuzène, et ajouta des notes et la vie de
l'auteur à cette traduction, éditée par Gretser,
Ingolstadt, 1603, in-fol., et réimprimée avec lo
texte grec, publié pour la première fois d'après
un manuscrit du chancelier Séguier; Paris,
1645, 3 vol. in-fol. La magnifique édition prin-
ceps de Paris, réimprimée assez médiocrement
dans la collection des auteurs byzantins de Ve-
nise en 1729, a été reproduite avec beaucoup de
soins par M. Louis Schopen, pour la collection
byzantine de Bonn, 1828-1832, 3 vol. in-8°. Les
Mémoires de Cantacuzène ont été traduits €f\
17
515 CANÏACUZÈNE
français par le président Cousin dans scm Jïis-
toire de Constantinople depuis le règne de
l'ancien Justin jusqu'à la fin de Vempire;
Paris, 1672-1674, 8 vol. in-4''; — KaTà i:yi^ twv
Zapotxrjvwv àtpéaewç àTto).OYÎai A ; Katà tôv
Mtôajj.eô Xôyoi A. Ces apologies du christianisme
contre la religion de Mahomet prouvent que Can-
tacuzène connaissait bien les croyances qu'il at-
taquait, quoiqu'il mêle trop de fables et de lé-
gendes à ses arguments ; elles furent traduites et
publiées par RudolpheGualter;Bàle, 1543, in-fol.;
la traduction seule fut réimprimée dans la même
ville en 1550, sous le titre de Asserilo contra
fidem mohammeiicam ; — une paraphrase
inédite des Btltiques d'Aristote; — six EpUres
existant à Oxford.
Cantacuzène ( Matthieu MaTÔaîoç ô Kavra-
xoyî^TTvoç ), fiJs auié du précédent, né vers 1325,
mort vers la fin du quatorzième siècle. Associé à
l'empire en 1353, il continua la guerre civile
même après l'abdication de son père. Fait pri-
sonnier par les Serves, livré à Jean Paléologue,
placé par celui-ci dans l'alternative d'une renon-
ciation au trône ou d'une prison perpétuelle,
il consentit à quitter le titre d'empereur, et se
retira dans un cloître. Dans sa retraite forcée, il
composa plusieurs commentaires sur les saintes
Écritures. Un seula été publiéavec une traduction
par Vincent Richard : Commentarii in Cantica
Canticorum ; Rome, 1624, in-fol. Un des fils de
Matthieu, George Suchelai, fut grand général et
amiral. Manuel, fils do Suchetai, devint prince
de Messène, se soumit au sultan Mahomet II en
1460, et alla mourir en Hoiigric. C'est le der-
nier membre connu de la famille das Cantacu-
zène. LÉO Jolbert.
Cantacuzène, Mémoires. -— Nicéphore Grégoras, His-
toire Byzantine. — Ducas. — Phranza, I,, 1-14. — .lac.
Pontanus, f^itu Joannis Cantacnzeni. — Fabricius, Bi-
bliotkeca Grœca, vol. VII, p. 787. — Hankins, De By-
zant. reTiim script, grwc, p. 602.— Ducanfjc, Familles
byiantiiLes.— Val. Parisot, Cantacuzène, homme d'État
et historien.
5!(
CANTACUZÈNE (Ser&an//),vayvodevaîaque,
né vers 1640, mort en 1688. Il appartenait à une
famille grecque établie en Moldavie et en Vala-
chie depuis le quinzième siècle, et prétendait des-
cendre de la famille impériale des Cantacuzène
par Manuel, petit-fils de Jean Cantacuzène. Son
père Constantin avait épousé la fille de SerbanF"",
et, après avoir occupé de hautes dignités, il
avait été assassiné par l'ordre du vay vode Gré-
goire Ghica. La mort de Constantin n'amena
pas la ruine de sa famille; car Grégoire, pour-
suivi par l'indignation publique et les menaces
des Turcs, s'enfuit en Allemagne; et le vayvode
Antoine, qui lui succéda, éleva Serban à la dignité
de spatar en 1669. La déposition d'Antoine et le
retour de Grégoire forcèrent Serban à s'enfuir à
Andrinople, pendant que ses frères étaient ar-
rêtés, envoyés aux mines de sel, et torturés hor-
riblement. Au bout de quelques années, Ghica
fut déposé pour s'être uni aux Polonais; et sous
son successeur Ducas les Cantacuzène euren
des alternatives de faveur et de disgrâce, au mi
lieu desquelles Serban obtint la place de gram
logothète ou premier ministre, et fut appel
par le divan à remplacer le vayvode Ducas a
moment où celui-ci, dit-on, allait le faire périr
Serban II prit possession de la principauté 1
6 janvier 1679. Il était animé d'excellentes in
tentions, rendues inutiles par les Turcs, qui épii
saient le pays d'argent et de provisions, et foi
çaient les habitants à les suivre dans leurs e^
péditions contre les chrétiens. Ce fut ainsi qi;
Serban II dut marcher contre Vienne à la suil
de Kara-Mustapha. La tranchée fut ouverte
14 juillet 1683. Les Moldo-Valaques chargés c
la construction et de la garde des ponts li
laissèrent détruire deux fois ( 15 juillet et 6 août
et Serban informait les assiégés de tout ce qui :
passait au camp. Un petit bois situé près daSchœ
brun porte encore aujourd'hui le nom de Mo
davar Holzel, bois Moldave. Vienne ayant é
délivrée par Sobieski le 12 septembre, le d
sastre des Turcs excita Serban II à se déclar
indépendant. Il entretint des relations avec Tet
pereur d'Allemagne et les czars de Russie Je;
et Pierre, et forma en secret une armée de pr
de 30,000 hommes. Léopold lui donna le titre
comte de l'Empire, et lui fit entrevoir le trô
de Constantinople ; mais les boyards, décourag
par tant d'insurrections malheureuses, refusère
de suivre Serban dans cette entreprise , et li
même mourut au moment d'exécuter ses proji
(19 octobre 1688). On prétend qu'il fut emp.
sonné par son frère Constantin et par son nev
Constantin lîrancovaa Bessaraba (voy. cenoBj
qui lui succéda.
CAWTAC5TZÈKE {Démétrius), frère du pré
dent, fut deux fois vayvode de Moldavie. Il
fit détester de ses sujets, sans pouvoir gagnai
faveur des Turcs. Forcé de se réfugier en Pi
gne en 1679, il ne fut replacé à la tête d^
principauté que pour être bientôt destitué pai
grand vizir Ibrahim-Pacha, en 1685. Il fut réi
placé par Constantin Cantemir.
* cANTACïizÈiVE [Etienne III), fils de Ce
tantin Cantacuzène, succéda à son cousin Co
tantin Brancovan en 1714; mais les Turcs;
l'avaient nommé que pour renverser plus f^çi
ment Brancovan : aussitôt qu'ils se furent il
barrasses de celui-ci , ils songèrent à se défsj
d'Etienne, qui ne put prévenir sa chute pan
soumission envers le divan, et qui la hâta
ses intrigues avec la cour de Vienne. Il fut i
posé(janviei" 1716), arrêté, et conduit avec
père à Consttuitinople, où ils furent exécuté
7 juin 1716. « Avec Cantacuzène, dit un histor<
moldave contemporain, mourut le dernier pri
indigène ; avec lui s'éteignit la dernière étinc
de la liberté et de l'indépendance valaque. w 1
successeur Nicolas Maurocordato fut le pren
prince fanariote, c'est-à-dire pris parmi les
milles princières des Grecs établis dans unqi
turj
r,(7 CANTACUZÈNE
tier <le Constantinople désigné sous le nom de
fanar. Léo Joubert.
Kojfatuitcha», Hist. de laFaluchie.— CanieraXr, Hist.
(le l'Empire ottoman.
cANTACUZÈNE (Constantin). Voy. Bessa-
li.VIîA.
CANTA-GALLINA {Rcmi), graveur italien,
mort à Florence vers 1 630. Il apprit le dessin à
l'école des Carrache, mais se fit peu remarquer
laus la peinture. Il exécuta un grand nombre de
vues et principalement des décorations de fêtes,
I après ses propres dessins ou ceux du Parigi. 11
i peignait en outre très-bien, et dessinait correcte-
iient à la plume. Au rapport de Gori, Canta-Gal-
iiia fut le maître du célèbre Callot.
Xagler, Neiies JUgemeines Kiiustler-Lexicon. — Gori,
)Euvres.
* CAJitAi.vvo ( Angelo di Costanzo). Voy.
! JosT\Nzo (Angelodi).
CANTALVCICS OU CANTALICIO, dit ValeN-
iMO (Jean-Baptiste), cardinal et poëte ita-
ieii, né à Cantalice (Abruzzes), mort en 1514,
, 1 prit son nom de sa ville natale, et son surnom
e celui de César Borgia, évêque de Valence,
ont Cantalycius éleva le parent, Louis Borgia.
'ar la protection de cette puissante famille, Can-
ilycius obtint en 1503 l'évéché de Penna et
Altri , et assista au concile général de Latran
;i 1512. On a de ce prélat : Epigrammata ;
enlse, 1493, in-4° : cet ouvrage contient douze
vres d'épigrammes et deux de distiques ; à la
II du volume on trouve quelques pièces des
isciples de l'auteur; — De Parthcnope bis
' 'ipta, Gonsalvia duce, en quatre livres ; Na-
les, 1506, in-fol., et Strasbourg, 1513, in-4''; —
onones grammatices et metrices; Rome,
509, in-4''.
la Monnoye, Remarques sur les jugements des su-
vth. — Toppi, Bibl. Napolet.
\ CANTANius. Voy. Odon DE Kent.
*CANTARINI ( Ange), chirurgien italien, vi-
ait dans la seconde moitié du dix-huitième
ècle. On a de lui : Chirurgia prattica, ac-
^mimodata al uso scolaresco; Padoue, 1715,
1-4°.
Carrère. Bibl. de la Médecine.
* CANTARiNi ( Fr. ), poëte italien, vivait àla
\'.i du seizième siècle. On a de lui : la Fida
"m/a, favola pastorale ; Y enise, 1598, in-8°.
; Catal. Bibl. Doiiay. —Adelung, supplément à Jôcher,
' H'jemeines Gelehrten-Lexicon.
' * cantarini (Simone ), dit Simone da Pe-
>R0, peintre de l'école bolonaise, né à Oropezza
es de Pesaro en 1612, mort à Vérone en 1648.
lut successivement élève de Giacomo Pandol-
li et de Claudio Ridolfi; mais il devint sur-
' ut habile dessinateur en étudiant les estampes
Augustin Carrache, et coloriste en copiant les
eilleurs ouvrages du Baroccio et des maîtres
' l'école vénitienne. Il avait déjà commencé à
j oduire en public quelques ouvrages, quand on
bporta à Pesaro , et dans la ville voisine de
}ano, trois excellents tableaux du Guide. Leur
— CANÏARINI
518
I
vue enflamma Cantarini d'une vive émulation,
et de ce jour il n'eut plus qu'un but, d'imiter le
style du Guide, et s'eflbrça de l'égaler. Le suc-
cès couronna son audace, et bientôt un de ses
tableaux, placé auprès d'un saint Thomas du
Guide, ne parat pas indigne de ce grand maître
par la beauté et la variété des tètes, l'iiatjile
distribution de la lumière et des ombres. Non
content de ce premier essai , Cantarini partit
pour Bologne, et, dissimulant le talent qu'il avait
déjà acquis, entra dans l'atelier du Guide lui-
même, qui ne pouvait assez s'étonner de la rapi-
dité de ses progrès. Malheureusement pour lui,
Cantarini n'avait pas un caractère à se plier
longtemps à cet état de dépendance ; il commença
à se permettre de critiquer l'Albane, le Domi-
niquin, et son maître lui-même. Tant de pré-
somption, jointe à la négligence qu'il apportait à
l'exécution des travaux qui lui étaient confiés,
lui fit perdre la faveur du public. Il fut obligé de
quitter Bologne, et se rendit à Rome, où l'étude
de l'antique et des chefs-d'œuvre de Raphaël
changea presque entièrement sa manière. Lors-
qu'il se vit appelé au service du duc de Man-
toue, son orgueil naturel ne connut plus de bor-
nes; il ne cessait de se louer lui-même outre
mesure, dépréciant tous les autres artistes, et
Jules Romain lui-même. Ayant eu le malheur
de manquer un portrait du duc de Mantoue, et
ayant encouru la disgrâce de ce prince par ses
manières désagréables et la causticité de son es-
prit, il se retira à Vérone, où il mourut à l'âge
de trente-six ans. On soupçonna quelqu'un des
nombreux ennemis qu'il s'était faits de lui avoir
versé du poison.
Cantarini, fut sous beaucoup de rapports, un
peintre habile, et digne d'entrer en parallèle
avec le Guide. Sans avoir autant d'élévation ni
de science, il eut quelquefois plus de grâce , mais
un peu plus recherchée ; il excella surtout dans
l'exécution des pieds et des mains, qu'il étudiait
sans cesse dans les ouvrages de Louis Carrache.
Il imita aussi ce maître pour les draperies; mais
il ne parvint jamais à égaler en ce genre ni le
Guide ni le Tiarini. Son coloris est vrai, mais
toujours un peu gris ; ce qui lui avait fait donner
par l'Albane le surnom de peintre cendré.
On cite, parmi ses meilleurs ouvrages, \& Saint
Jacques de l'église de ce saint , à Rimini ; le
Miracle de saint Pierre, à Fano ; la Madeleine,
à Saint-Philippe de Pesaro; la Transfiguration,
du musée de Milan; et le Saint Romuald qui
se trouve dans cette ville au palais Paolucci. On
voit de ce maître, à la Pinacothèque de Munich,
le Christ apparaissant à la Madeleine, Vin-
crédulité de saint Thomas, et une Sainte Cé-
cile; au musée de Dresde, la Chasteté de Jo-
seph; au Louvre, trois Saintes Familles; enfin
au musée de Nantes, un Fcce homo.
Cantarini a gravé aussi un assez grand nom-
bre d'eaux-fortes , parmi lesquelles : Adam et.
Eve mangeant le fruit défendu; — deux Re
17.
519 CANTARINI
pos en Egypte; — ànq Saintes Familles; —
Saint Jean dans le désert; ~ l' Enlèvement
d'Europe; Mercure et Argus; — Vénus et Ado-
nis; — la Fortune, etc. E. Breton.
Lanzi, Storia pittorica. — Orlandi, Abbecedario. —
Ticozzi, Dizionario. — Baldinucci, Notizie.— Winckel-
mam, JVeues 31a/iler-LexiKon.—yii\ot, Musée du Louvre.
* CANTE DEL GABRIELLI D'AGOBBIO ,
podestat de Florence, vivait en 1302. Il était chef
de condottieri en Roraagne, et vint en 1301 se
joindre à Charles de Valois. Il aida à faire triom-
pher dans Florence le parti guelfe, dit des Noirs.
et pendant six jours prit une part active an mas-
sacre des Blancs, ainsi qu'au pillage et à l'incen-
die de leurs palais. Un tiers de la ville fut brûlé
dans cette sédition, à laquelle Charles assista
de sang-froid. Après le rétablissement de l'ordre,
Cante d'Agobbio fut noimné podestat le 1 1 no-
vembre 1301. « Ce nouveau juge fut encouragé
à la cruauté non-seulement par la violence du
parti de qui il tenait sa charge, mais plus en-
core par l'avarice de Charles de Valois, qui par-
tageait avec lui le produit des amendes. Pen-
dant cinq mois que Charles passa à Florence,
Cante condamna six cents citoyens à l'exil;
il les soumit en même temps à des amendes
de six et huit mille florins, avec menace de
couliscation des biens s'ils ne payaient pas. Plu-
sieurs héritières furent enlevées des mains de
leur famille , et mariées par force. Dante Ali-
ghieri„ et Petraccio, père du poète Pétrarque,
furent compris dans cette proscription. » (Sis-
mondi.) En 1306, Cante d'Agobbio fut nommé
capitaine des Florentins noirs faisant le siège de
Pistoie, et se souilla encore par les atrocités qu'il
laissa exercer sur les assiégés après et malgré
leur capitulation. En 1313, les Florentins ayant
donné à Robert, roi de Naples , la seigneurie de
leur ville, Cante fut déchu de sa charge.
Sismondi, Histoire des Républiques iialennes.
CANTECLAIR ( Charles ). Voy. Menandre-
Protector.
CANTEL ( Pierre-Josepk ), jésuite fran-
çais, né aux Ils (Normandie) le 16 novembre
1645 , mort à Paris le 6 décembre 1684. Il a
écrit un abrégé des Antiquités romaines,
sous ce titre : De romana Republica, sive de
Re milit. et civil, roman. ; Paris, 1684, in-12.
On lui doit \q Justin . Paris, 1677, et le Va-
lère-Maxime, ibid., 1679, de la collection des
classiques ad usum Belphini. 11 avait com-
mencé un grand ouvrage sur l'Histoire civile
et ecclésiastique des villes métropolitaines
( en latin), dont il parut un premier volume en
1684, in-4°, et que sa mort prématurée l'empê-
cha de continuer.
Guilbert, Mémoires biographiques de la Seine-Infé-
rieure. — Lenglct , Méthode pour étudier l'histoire,
III, 174.— Des Essarts, Siècles litt.
* CANTELEC (dom Nicolas) , liagiographe
français, de l'ordre des Bénédictins, né à Saint-
Valery-sur-Sommc (Picardie), mort le 29 juin
1662, dans l'abbaye deSaint-Germaiu-des-Prés à
^ GANTEMIR 520
Paris. Étant entré dans l'ordre des Bénédictins à
Vendôme en 1649, il fut envoyé plus tard à l'ab-
baye de Saint-Germain-des-Prés, où il devint
sacristain. Il s'y distingua par sa piété, et mou-
rut après avoir indiqué d'avance la semaine de
sa mort. On a de lui : Insinuationes divinx
pietatis, seu vita et revelationes S. Gertrudis,
vïrginis et abbatissse ord. S.-Bened.; Paris,
1662, in-S" (ouvrage posthume).
lîouillart, Hist. de l'Abbaye 4^ Saini'G frmain-dcs-
Prés, p. 238.
CANTELLi (Jacques ), géographe italien, mort
en 1695. En 1663, il alla faire ses études à Bo-
logne, et y demeura jusqu'en 1669, époque à la-
quelle François II, duc de Modène, le nomma
son bibliothécaire. Cantelli construisit pour ce
prince deux magnifiques globes qui sont encore
admirés dans la bibliothèque ducale , et dressait
une carte particulière des États de Modène
lorsque la mort vint le frapper. On doit à ce sa-
vant la publication de trois dialogues latins de
l'abbé Bacchini , enrichis d'une ^^re/ace; Modène.
1692, et Parme, 1740, in-12.
Lelong,5i6L hist. de/a/ï'rance(éd.Fonteltc), letiv.
* c&NTELLOPS {José), peintre espagnol, ne
à Palma ( Majorque ), mort en 1785. Il était mem-
bre de l'Académie de dom Fernand, et a laissé
dans sa patrie un grand nombre de tableaux assez
estimés.
Quilliet, Dictionnaire des Peintres espagnols.
* CAKTEL9II, maison illustre du royaume <!(
Naples. Charles II, roi d'Angleterre, reconnul
en 1683, par acte solennel, que cette maison des
cendait des rois d'Ecosse, et avouait pour ses pa
rents ceux qui en portaient le nom. Voici com
ment s'explique cette origine :
Éverard, surnommé Cantdm ou Kanclam (i
cause de son esprit), dernier lils de Duncan F"'
roi d'Ecosse , fut obligé, après la mort de son père
assassiné en 1040 par Macbeth, de se retirer er
Angleterre auprès du roi saint Edouard, et de 1;
s'établit en Normandie, où il avait des parents. Soi
fils, Alphonse d'Ecosse, devint seigneur de Lui
et de Trilli ; et son petit-fils Rostaing, possesseu '
de grands biens en Provence, prit le surnom di
Cantebn (en italien Cantelmi).Les enfants d<
Rostaing suivirent Charles, duc d'Anjou , lors di
la conquête de Naples en 1265, et eurent en fie
la terre de Popoli ; Jacques F'' en fut le premie
seigneur.
Rostaing F"", seigneur de Popoli , mort en 1310
succéda à son père. Il se signala contre les Sar
rasins, fut nommé sénateur romain, capitaine de
Naples, et régent de la cour vicariale.
Lellis , Famiglie di Napoli.
CANTEMiR {Constantin), yaiyxoA& de Mol-
davie vers la fin du dix-septième siècle, mort li
23 mars 1693. Il appartenait à une famille lartar
d'origine, etqui parait remonter jusqu'à Temoui
ienk (Tamerlan) ; du moins c'est ce que préten<
If^ prince Démétiius CaïUerair (dans son His
taire de l'empire ottoman), mais sans appor
521
CANTEMIR
522
ter d'autre preuve à l'appui de cette généalogie
que la ressemblance des noms Khan-Temour et
Temour. Selon lui, un des descendants du con-
quérant tartare parvint à se soustraire à l'auto-
rité des Tartares et des Turcs, et fonda à Bender
une principauté qui n'eut qu'une courte durée ;
car il fut mis à mort par les Turcs, et sa famille
dispersée. Un des membres de cette famille se
réfugia vers 1540 en Moldavie, où il embrassa
la religion chrétienne. C'est de lui que descendait
Constantin, qui, après la mort de son père Théo-
dore, tué par des Tartares, passa en Pologne, où
il servit pendant dix-sept ans dans les armées des
roisLadislas et Casimir: ce dernier le fit colonel.
Puis il entra successivement au service de George
Ghica, vayvode de Valachie, etde Dabiza, vay vode
de Moldavie, et fut nommé commandant des
forces de cette principauté. En cette qualité, il
rendit des services signalés aux Turcs dans leur
lutte contre les Polonais. IJ futfait vayvode de Mol-
davie en 1684. Les Turcs étaient alors en guerre
avec les Polonais, commandés par Sobieski.
Constantin Cantemir, placé entre ses affections
de chrétien et ses devoirs de vassal, se tira avec
habileté de cette position dangereuse. Pressé par
Sobieski, qui envahit la Moldavie en 1685 et 1686,
de se déclarer pour lui , il s'y refusa ; mais quand
ce prince fut forcé à la retraite , il le secouiut en
secret , et empêcha les Turcs de l'accabler. Cette
I politique habile, que Constantin renouvela plu-
sieurs fois sans que le divan pût l'accuser ou
même le soupçonner de trahison, lui valut l'hon-
. neur peu commun dans ce pays de mourir sur
le trône. Près de sa fin , il exprima le vœu que
son fils Démétrius fût élu vayvode à sa place ; et
les boyards moldaves se hâtèrent de satisfaire ce
désir du mourant.
CANTEMIR ( Démétrius), vayvode de Molda-
vie , ne le 26 octobre 1673, mort le 23 août 1723.
Son père l'envoya en otage à Constantinople en
!l687, à la place de son frère Antiochus. 11 pro-
fita de son séjour à Constantinople pour apprendre
i très-bien le turc, le persan, l'arabe, en même
^temps qu'il sut habilement résister aux intrigues
3c Constantin Brancovan Bessaraba {votj. ce
lom), ennemi déclaré de sa famille. Une fois
rnènie il fut sérieusement menacé; mais il se ré-
'ugia à l'hôtel du comte de Ferriol, ambassadeur
|lu roi de France, et ne tarda pas à rentrer en
hrâce auprès du divan. En 1691, son père le rap-
pela; et deux ans plus tard, à son lit de mort, il
-ibtintdes boyards qu'ils l'élussent pour vayvode.
;Vlais la Porte, très-opposée à la transmission hé-
! éditaire du pouvoir en Moldavie, ne confirma pas
l'élection, et Démétrius retourna encore à Cons-
{antinople. Il y étendit son instruction, déjà fort
aste , ajouta à la connaissance des langues orien-
ales celle de la plupart des langues européennes,
i , par ses recherches sur les annales des Otto-
mans , se prépara à écrire l'histoire de ce peuple.
I suivit les Turcs dans plusieurs de leurs expé-
itions, et assista aux désastreuses campagnes
de Hongrie, qui , dans les dernières années du
dix-septième siècle, amenèrent la décadence de
l'empire ottoman. Son savoir et l'attachement
(ju'il montrait pour la cause des Turcs lui valu-
rent l'amitié du divan, qui lui offrit plusieurs fois
le trône de Moldavie; mais il visait plus haut, et
ne voulait pas moins que renverser Constantin
Brancovan , et réunir sur sa tête les deux prin-
cipautés : en attendant il fit donner celle de Mol-
davie à son frère Antiochus (1695-1701). En 1700
il épousa Cassandra, fille de Serban II Canta-
cuzène. C'était un acheminement à ses projets
ambitieux; car Serban II avait laisse un nom
cher aux Valaques. La dernière année du règne'
d'Antiochus Cantemir fut marquée par un évé-
nement insignifiant en lui-même, mais mena-
çant pour l'avenir de l'empire turc. Yoici com-
ment le raconte un chroniqueur moldave : « En
1701, dans la dernière année du règne d'Antio-
chus Cantemir en Moldavie, un envoyé de Russie
vint d'Azoff à Constantinople sur une galère por-
tant le pavillon russe. Les Turcs virent avec in-
quiétude les Russes construire des vaisseaux, et
ouvrir par mer de nouvelles communications.
Toute la population de la capitale s'était réunie
pour admirer ce bâtiment , car personne n'avait
jamais pensé voir un vaisseau russe dans le port
de Constantinople. Les Turcs avaient bien entendu
dire que les Mouscals (Moscovites) avaient com-
mencé à se civiliser et à construire des vais-
seaux; mais ce n'est qu'alors qu'ils purent se
convaincre par leurs propres yeux de toute la
vérité de la chose. Constantinople était cons-
terné. » Les Russes, menés violemment à la ci-
vilisation par un homme de génie, devaient faire
des progrès rapides; et Pierre le Grand, après
la bataille de Pultawa , se crut assez fort pour
chasser les Ottomans d'Europe. Sûr de l'alliance
des Polonais , et comptant sur la défection de
Constantin Brancovan , il ne s'attendait pas à de
grands obstacles; et il promettait aux dames
polonaises, en 1710, de leur donner, l'année sui-
vante, un bal dans le sérail. Le divan, averti
des relations de Brancovan avec le tzar, renj-
plaça Nicolas Maurocordato, récemment nommé
vayvode de Moldavie, par Démétiius Cantemir,
qui lui parut plus énergique ( novembre 1710) , et
chargea ce dernier d'arrêter Brancovan et de le
livrer aux Turcs, en lui promettant les deux
principautés. Démétrius partit de Constanti-
nople , tout dévoué aux Turcs du moins en ap-
parence ; mais, à peine arrivé en Moldavie, il son-
gea à se séparer d'une cause qu'il regardait sans
doute comme perdue. Les premiers revers des
Turcs, l'entrée du premier corps d'armée russe
en Moldavie, le décidèrent ; et il conclut avec le
tzar, à Jaroslavsr, le 13 avril 1711, un traité par
lequel la Moldavie était constituée en principauté
indépendante, sous la protection de la Russie, et
sous le gouvernement héréditaire de Cantemir
et de ses descendants. Dans le cas où l'entreprise
ne réussirait pas , il devait recevoir de riches dé-
523
CAN
domraagements en Russie. Le prince, à ces con-
ditions, s'engageait à fournir des vivres et 10,000
hommes de troupes à l'année russe. Cette expé-
dition ne fut pas iieureuse. La duplicité de Bran-
covan, qui abandonna les Russes au moment dé-
cisif; les retards et les irrésolutions du tzar, qui
n'arrivaà Jassi que le 11 juin 1711, et ne montra
dans cette campagne ni le talent d'un général
ni l'énergie d'un soldat ; la faute du général Janus,
qui laissa les Turcs passer le Prutli à Falci ; enfin
les manœuvres habiles du grand vizir Mehemed-
Baltaji-Paclia, guidé par des officiers suédois,
forcèrent l'armée russe au traité désastreux ou
plutôt à la capitulation de Hussi. Quoique con-
traint d'abandonner plusieurs provinces, le tzar
se refusa noblement à livrer Cantemir; et il par-
vint à le faire évader, en le cachant dans la voi-
ture de la tzarine. Déniétrius se retira d'abord à
Charcow en Ukrahie, avec toute sa famille et une
foule de Moldaves , dans les riches domaines que
lui assigna le tzar. Ce prince lui donna en même
temps le titre d'altesse sérénissime, et le droit
de vie et de mort sur les Moldaves qui l'avaient
suivi. Démétrius Cantemir, très en faveur auprès
de Pierre le Grand , passa le reste de sa vie entre
l'étude et les devoirs de sa haute position. Cette
vie studieuse ne fut troublée que par son second
jnariage avec la princesse Troubeskoy, et par
l'expédition de Derbent, dans laquelle il suivit le
tzar. Les fatigues de cette longue campagne (1721,
1722 ), développèrent chez lui une maladie ( dia-
bète) qui l'emporta au mois d'aoïlt 1723, au mo-
ment où il venait d'être nommé prince du saint-
empire. Bien que le prince Démétrius Cantemir
ait joué un assez grand rôle politique, il est sur-
tout connu par ses ouvrages littéraires. 11 parlait
le turc, le persan, l'arabe, le grec moderne, le
latin, l'italien, le russe, le moldave, et compre-
nait fort bien le grec ancien, l'esclavon et le
français. Il était membre de l'Académie de Berlin.
II a laissé les ouvrages suivants :
Bîstolre de V agrandissement et de la déca-
dence de l'empire Othoman, en latin, traduit en
anglais par Tindal, 1734, en français par Jonc-
quières, 1743, 4 vol. in- 12 ou 2 in-4'', et en al-
lemand par Schmidt; Hambourg, 1745, in-4''; —
Système de la reli'jion mahométane , en russe,
manuscrit; — Histoire ancienne et moderne
de la Dacie, en moldave, manuscrit: le même
ouvrage en latin se perdit dans un naufrage sur
la mer Caspienne, pendant l'expédition de Der-
bent; — État présent de la Moldavie, en latin,
imprimé en Hollande, avec une carte du pays,
traduit en allemand par J.-L. Redslab, et inséré
dans le Mâg-asin d'histoire moderne et de géo-
graphiede Bûsching; — Histoire des deux mai-
sons de Brancovan et de Cantacuzène, en mol-
dave, traduite depuis en russe, allemand, grec.
Le prince Démétrius avait encore composé une
Histoire des Mahométans, depuis le faux pro-
phète Mahomet jusqu^au premier empereur
turc, perdue dans le naufrage dont nous avons
TEMIR 524
parlé plus haut; et une Notice sur les portes
Caspiennes et autres antiquités du Caucase,
que Bayer mit à profit dans sa dissertation De
muro Caucaseo , inséré, dans les Mémoires de
l'Académie de Saint-Pétersbourg.
CANTEMIR (ylH^ioc/îMs), homme d'État et
poète russe, né à Constantinople en 1709, mort
à Paris en 1744. Il était le quatrième fils de Dé-
métrius Cantemir et de Cassandra Cantacuzène.
Son père lui fit donner une éducation soignée,
et, charmé de ses progrès, le désigna au tzar
comme celui de ses enfants qui était le plus propre
à le remplacer auprès de ce prince. Le jeune An-
tiochus se montra digne de la prédilection de son
père : presque encore enfant , il fut nommé mem-
bre de l'Académie de Saint-Pétersbourg et lieu-
tenant des gardes. Avant l'âge de vingt ans, il
publia une première satire, bientôt suivie de trois
autres. Ces ouvrages, imités d'Horace et de Boi-
leau, sont plus remarquables par le grand sens
de l'auteur que par la gaieté ; mais ils servirent
la cause de la civilisation en livrant au ridicule
les ennemis des réformes de Pierre le Grand, et
créèrent la versification et la poésie russe. Avec ,
les talents d'un littérateur de premier ordre , An-
tiochiis montra ceux d'un homme d'État. Lors-
qu'à l'avènement d'Anne de Courlande (1730)
les Dolgorouki lui arrachèrent l'abandon d'une
partie de son autorité en faveur de l'aristocratie,
Cantemir sut décider la nouvelle tzarine à revenir '
sur ses concessions et à garder le pouvoir absolu, ^
non qu'il regardât ce gouvernement comme le
meilleur ; ses préférences, au contraire, étaieni
pour le gouvernement anglais ; mais il croyait l'au-
tocratie plus convenable à l'état de la Russie. Ce
service éclatant fut récompensé par de magnifi-
ques donations, parla place de ministre en Angle-
terre (1730), et plus tard d'ambassadeur er
France, où sa santé l'appela en 1736 et où sesgoùti
le fixèrent. Sans négliger ses devoirs politiques, i
contjjiua à cultiver les lettres avec ardeur, et si
lia avec les hommes les plus distingués de Franci
et d'Angleterre. La mort delà tzarine Anne (1740)
la révolution qui renversa Bicen, celle qui mi
Elisabeth sur le trône en 1741; la mort mêm'
du grand chancelier prince Tzerkaskoy, qui lu
destinait sa fille, ne nuisirent point à son crédit
mais , dégoûté de la politique et de plus en plu
porté à l'étude, il songeait à échanger sa plac
d'ambassadeur contre la présidence de l'Acadt
mie de Saint-Pétersbourg, lorsqu'il mourut
Paris d'une hydropisie de poitrine. Pendant s
maladie il avait traduit en russe le Manuel d'à
pictète et le Tableau de Cébès. Outre cet oi
vrage et ses satires, au nombre de huit ( traduitt
en français par l'abbé Guasco; Londres, 1750
on doit au prince Antiochus Cantemir des tn
ductions en russe de l'Histoire de Justin, de
Épîtres d'Horace, des Odes d'Anacréon, d(
Lettres persanes, des Dialogues d'Algarol
sur la Lumière. Léo Joubekt.
Démétrius Cantemir, Histoire de l'empire Ottoman.
3S5
ioKatnItchan, Chroniques moldaves. — Gnasco, Notice
iir le prince Antiochus Cantemir, en tCte de sa traduc-
mil (les satires.
CANTENAC {N. de), poëtc du dix-scptième
,\k-\c, est auteur d'un recueil de Poésies nou-
'clles et Œuvres galantes, imprimé à Paris
Il IC61 et 1665, in-12. On trouve, dansqnelques
xcinplaires de la première édition de ce livre,
Il petit poëme de quarante stances, intitulé
Occasion perclne et retrouvée, attribué à tort
Pierre Corneille, et qui, supprimé (par or-
ir) dans l'édition de 16G5, a été inséré dans
autres recueils du temps. Cette pièce de mau-
lis soût est cependant la meilleure du recueil
il sieur de Cantenac.
Le Bas, Dict. enci/clop. de la France. — Freifag,
piwrtitus litterarius. — INiciTon, Mémoires. — Mé-
nires de Trévoux.
* CANTER (André), savant hollandais, vivait
rs 1440. 11 est cité au nombre des enfants cé-
lires par leur précocité. A dix ans, il avait déjà
' telles connaissances en théologie et en juris-
udence, qu'il répondait sur-le-champ à toutes
s questions qu'on lui adressait sur le droit civil
canonique. L'empereur Frédéric JIl, par une
ttre autographe, le fit venir à sa cour, et lui
signa un rang honorable.
îaillet. Enfants célèbres, p. 60. — La Monnoye, Adores
r Baillet. — Paul Scalichiiis, Epitimon catholiciis. —
Klefeker, Bibliotkeca Eruditorum prascocium.
CAîVTER(tam6er;), jurisconsulte hollandais,
à Groningue en 1513, mort dans la même
Ile le 27 juin 1553. Il fut reçu docteur en droit
Jrléans, etdevint conseillera lacour d'Utrecht.
science le faisait considérer comme une des
Qiières du barreau de son siècle,
î. Rurmann, Trajectum eniditum. — Guillaume Can-
, f'ita Lamberti Canteri, dans lesNovse Lectioiies.
f.ANTER , en latin Canterus (Guillaume),
vant hollandais, fils de Lambert Ganter, né à
rechtle 24 juillet 1542, mort à Louvain le 18
1675. Sa famille confia sa première éduca-
m à George Langeveldt, puis à Cornélius Va-
lus ; il vint ensuite apprendre le grec à Paris
Iprès de Jean Dorât, et, au bout de deux années,
larcourut l'Allemagne et l'Italie. De retour
sa patrie, il se consacra tout à la science,
mourut à la fleur de l'âge , après avoir refusé
feiucoup d'emplois honorables et plusieurs ma-
nges avantageux. Juste-Lipse dit de lui : « Je
I n'ai jamais vu un esprit si infatigable, si amou-
; reux des travaux littéraires, si propre à les
i supporter. Il est au milieu des livres et des
I oapiers le jour, la nuit , sans cesse ; il n'en
loouge pas. Tous les jours de la vie sont con-
[sacrés à ses études savantes; que dis-je?
j toutes les heures : il les partage, la clepsydre
iîOÙs les yeux ; et chacune est consacrée à telle
3u telle lecture, à telle ou telle composition. «
1 a de Ganter : Novas lectlones, en quatre li-
es, contenant des fragments de divers auteurs
ins avec explications et corrections, Bâle,
r4, in-8°; augmentées de deux livres, Bâle,
66, in-8° ; enfin portées à huit livies , Anvers,
CANTÈMIR — CANTERÈL 626
1571, in-8"; réimprimées par Jean Gruter dans
^owThesaurus criticus, Francfort, 1604, in-S";
— une traduction du grec en lalin de la Cassandre
de Lycophron, Bâle, 1500, in-4"; réimprimée
dans le Corpus poetar um ,Gené\'ii, 1614, in-f" ;
— Fragmenta quxdamethica Pylhagoreorum
quorunidam ex Stobeo desumpta , avec les
Morales d'Aristote, traduits du grec en latin;
Bâle, 1 506, in-4° ; — Arislidis oraliones, avec la
traduction de divers autres discours des anciens;
Bâle, 1506, in-fol. ; — Pepli Frag inentiim ;
Bâle, 1566, in-4° , et Anvers, 1571, in-8" : cet
ouvrage contient les épitaphes présumées d'Aris-
tote sur les héros d'Homère, avec des remar-
ques; — traduction de plusieurs Discours de
Synesius du grec en latin; Bâle, 1507, in-S»; —
Notes et corrections latines sur les Épllres
familières de Cicéron ; Anvers, 1568, in-8"; —
Scholies sur Properce; Anvers, 1569, in-8''; —
Progenies illustrium virorum ex commenla-
riis gnecorum ; Anvers, 1571, in-8°; — Syn-
taijma de Ralioneemendandi grxcos auclores,
joints à la 3'^ édition des Novas lectiones ; An-
vers, 1571, in-8°;— Euripide, avec un choix
de ses Maximes ; Anvers, 1571,in-12; — So-
phocle, grec et latin; Anvers, 1579, et Leyde,
1593, in-8°; — Eschyle, avec des notes très-sa-
vantes; Anvers, 1580, in-8°; — Orationes funè-
bres in obitus aliquot animalium, imprimées
avec les Poésies de Jean Douza; Leyde, 1590,
in-8°. Outre ces ouvrages, Ganter en a laissé
plusieurs autres, dont la nomenclature se trouve
dans le Trajectum eruditum de Gaspard Bur-
mann.
p. Suffride, De Scriptoribus Frisiin. — Melchior
Adam, f'itse Pkilosop/iorum germanorum. — Valfirir.s
André, Bibliotlieca Belyica. — F. Sweert, Athenœ Bel-
gicœ. — De Tliou , Éloges. — Teissier, Additions aux
Èloues. — Nicéron, mémoires, XXXIV, 354. — Burmann,
Trajectum eruditum.
CANTER ou CANTERUS (Théodore), ma-
gistrat et savant hollandais, deuxième fils de
Lambert et frère de Guillaume, né à Utrecht en
1545, mort à Leuwarden ea 1617. Il fit ses pre-
mières études dans sa patrie, vint ensuite à Pa-
ris suivre les leçons de Denis Lambin , qui ex-
pliquait alors Aristote. De retour dans sa ville
natale, il y fut nommé juge en 1575, consul
en 1588, et gouverneur en 1594. Exilé en 1610
à cause de son attachement à la maison d'Au-
triche, il se retira à Anvers, puis à Leuwarden,
où il se livi-a jusqu'à sa mort à l'étude des
auteurs grecs. On a de Théodore Ganter :
Varias lectiones; Anvers, 1574, réimprimées
par Jean Gruter dans son Thésaurus criti-
cus; Francfort, 1604, in-8°; — Notes sur l'ou-
vrage d'Arnobe contre les Gentils; Anvers,
1582. — II a laissé aussi plusieurs manuscrits,
dont la liste se trouve dans le Trajectum eru-
ditum de Gaspard Bui'mann.
Scalit-'cr, Scaligeriana. — Pierre Burmann, Trajec-
tum eruditum,
CANTEREL ( Robert ), poète français, vivait
dans la première moitié du dix-septième siècle.
527
On a de lui : l'Esculape finançais, hymne ;
Paris, 1614, in-8°; — les Cinq pieux Élance-
menis de saint Bernard sur la mort et pas-
sion de J.-C, stances; Paris, 1619, in-8°.
Adelung, Suppl. àPôchcsr ^llgem. Gelehrten'Lexicon.
CAMTERZANï {Sébastien), mathématicien
italien, né le 25 août 1734 à Bologne, mort le
19 mars 1819. ïl reçut de son père, calculateur
habile, sa première instruction ; puis, après avoir
continué ses études chez les jésuites, il fut ap-
pelé à la chaire de mathématiques à Bologne
en 1760, et en 1761 il observa, avec d'autres
astronomes bolonais, le passage de Vénus sur le
disque du soleil. Devenu secrétaire de l'Institut
de Bologne en 1766, il enrichit cette compagnie,
comme la plupart des sociétés savantes au sein
desquelles il fut admis, de nombreux mémoires,
notamment sur l'analyse. Il cessa ses cours de
mathématiques à l'époque de l'entrée des Fran-
çais dans Bologne, et les reprit quatre ans plus
tard. A la mort de Gaëtani Monti, il devint pré-
sident de rinstitut de Bologne. On a de Canter-
zani : de Problemate ad conicas sectiones per-
tinente; Bologne, 1762, in-4°; — de Âttrac-
tione sphera^; 1767, in-fol.; — Epistola ad
Hieronymum Saladinum, qua Eustachii Za-
notti observatio Veneris solem trajicientls ab
omni erroris suspicione liberatur, dans les
^ctes de l'Académie de Bologne, 1767, in-fol.;
— Prima Geometriee elementa cum addita-
mento; Bologne, 1776, et Bologne, 1804; —
Arithmeticse rudimenta; Bolognej, 1777, in-S";
— Piani délie classi matematica e fisica
délia nuova enciclopedia italiana ; Sienne ,
1779, in-4°; — Dimostrazione délia ridu-
oibilità rf' ogni quantité immaginaria alge-
brica alla forma A -Y B V ( — i), adat-
tata ad un trattato elementare délia na-
tura délie equazioni ; Yérone , 1784, in-4";
— Rijlessioni sopra Vintegrazione délie
equazioni lineari a due variabili ; Modène,
1799, in-4°; — Istruzione intorno al cal-
colo délie frazioni decimali; Bologne, 1803,
in-8°, sans nom d'auteur ; — de' Reciproci délie
formule iiTazionali ; Bologne, 1806, in-4°; —
Délia risoluzione de' problemi di massimo o
minimo, quando la quantità, che vuolsi
massima o minima, è data; Vérone, 1809; —
Discorso sopra l' eliminazione d'una inco-
gnita da due equazioni ; ibid., 1817, in-4°; —
de nombreux mémoires , en partie inédits, sur
divers problèmes de mathématiques.
Landi, Meinorie délia Societd fisica, IX, 141-171. —
Schiazzi, De làudtbus Seb. Canterzani; Bologne, 1819.
*CANTHARUS, poète dramatique athénien.
On ignore en quel temps il vivait; on sait seu-
lement qu'il a composé plusieurs pièces, telles
que Thésée, Médée : Symmachie, etc. Il reste
des fragments des deux dernières pièces.
Suidas, au mot Cantharus. — Athénée, 111, 8|. — Mi-
chel Apostol., ;iu mol 'A6r|Vaîa.
CAsTiiAiius, statuaire grec, né à Sicyone,
yivait vers l'an 268 avant J.-C. 11 était élève
CANTEREL — CANTILLON 52g
d'Eutychide , et laissa des œuvres nombreuses
Il réussissait surtout à reproduire les athlètes
On remarquait de lui une statue à'Alexinicui
d'Élée, vainqueur de la lutte des adolescents au:
jeux de cette ville.
Pline, Hist. nat., XXXV, s. — Pausanias, V, s, § 3 ;V1
17, § 5.
* CANTI (Giovanni), peintre italien, né ;
Parme, mort en 1716. Il vint fort jeune à Man
toue, et s'y établit. Il faisait principalement con
sister son talent dans la rapidité d'exécution
aussi ses grands tableaux d'égUse s'en resser
tent-ils trop, et sont généralement médiocres. 1
a mieux réussi dans ses batailles et paysages.
eut pour élèves deux bons paysagistes, le Schi
venoglia et Giovanni Cadioli.
Volta, Diario Mantevano. — Lanzi, Storia pitti
CANTIANILLE OU CANTIENNE (sainte). Voi
Cantien (saint).
* CANTiEN (saint), prince et martyr ri
main, né à Rome, décapité à Aquilée. Il subit se
sort avec Cant, son frère aîné, Cantienne ou Cai
tianille, leur sœur, et Prote, leur gouveineii
Quoique de l'illustre famille des Aniciens et p;
rents de l'empereur Carin, ces trois jeum
princes avaient été élevés dans la religion cbr
tienne. Pour fuir les persécutions de Diocl
tion et de Maximien, ils vendirent ce qu'ils po
sédaient à Rome, en distribuèrent le produit ai
pauvres, et se retirèrent à Aquilée. Ils continu
rent à y pratiquer leur foi, encoui'ageant I
chrétiens emprisonnés à souffrir pour lei
croyance. Dénoncés à l'empereur, ils furent a ;
rétés comme ils allaient se cacher à cinq kilt
mètres d' Aquilée, dans le tombeau de saint Chr
sogone, leur ami, martyrisé peu avant; ils fure
décollés sur le lieu même. Un prêtre Zoïle , e
terra leiu's corps près de celui de saint Chrys
gone. Plus tard ils furent ti'ansportés à Aquilé
mais Milan, Bergame et d'autres villes de Loi
hardie, d'Allemagne et de France, prétende
également posséder les corps de ces saints. L'
glise célèbre leur fête sous le nom de SS. Ca
tiens le 31 mai, jour de leur mort.
s. Anabroise, Sermo 49. — Appendice aux Bollanà
tes, II. — Dom MabiUon , Traité de la Liturgie gat\
cane, p. 467. — Baillet, f^itœSanctorum, II. |
CANTiLLON (Philippe), économiste fra
çais, d'origine irlandaise , mort à Londres
1733. D'abord négociant en Irlande, il vint él
blir une maison de banque à Paris. Il s'asso(
ensuite aux idées de Law, auquel il avait d'abc
inspiré ejuelque ombrage, et qui avait mena
de le faire sortir du royaume. Il gagna alors
quelques jours plusieurs millions. Puis, api
avoir été en Hollande, il se retira à Londres,
il fut assassiné par un de ses valets. Il avait i
l'ami de Bolingbroke, et l'amant de la prince;
d'Auvergne. On a de lui: Essai sur la natit
du commerce en généra ; supposé traduit
l'anglais, Londres (Paris), 1752, in-12, entr
parties, et dans le t. III de la traduction desl
|i29 CANTILLON
[ ours politiques de Hume, par Mauvillon ; 1 7G 1 ;
!- t/ie Analijsis of trade, etc.; Londres, 1759,
1-8°, faisant suite au précédent, et que Griinm
jroyait perdu; — tes Délices du Brabant et
j'e ses campagnes, Amsterdam, 1757, 4 vol.
'a-S", avec 200 planches.
! Grimm, Corresp. litt. , 1 — Fréron, ^nnée littéraire,
s.i. — QUL'i;iril,./(î Fr. litt. — Dict. de l'économie poli-
CANTIMPRÉ ( Thomas de). Voy. Thomas de
\M'1MPRE.
CAXTIUNCULA OU plutôt CHANSONNETTE
"tiiude), jurisconsulte lorrain, né à Metz, mort
Ijisisheim en 1560. Il commença ses études à
■ipzig, et vint les terminer à Bâle, où il fut
(■u docteur en 1517. Nommé professeur de droit
lîàle en 1519, il devint recteur de l'université
• cette ville, qu'il quitta pour servir d'intermé-
laire dans plusieurs négociations entre la Suisse
i l'empereur Charles-Quint. Ferdinand F"^, roi
' s Romains, le i\omma chancelier des posses-
ins autrichiennes en Alsace. Cantiuncula mou-
\ t dans cette charge. On voit le médaillon de ce
; risconsulte, sculpté par Leroux, dans l'hôtel de
■ Ile de Metz. On a de lui : Topica exemplis le-
inillust7-ata ;Bà.le, 1520,in-fol. •,—Paraphra-
iInstitutionumJustiniani,trois,\iyres ; Bâle,
22, in-4° ; — de Officio judicis , deux livres;
le, 1543, in-4°, inséré dans les Tractatus
ictatuumjurïs; — Paraphrases Institutio-
nn Justiniani ; Louvain, 1549, in-fol., réim-
imé avec additions en 1602.
\ri!.me,De Cicérone.— Pantaléon, Prosopographia
\ roiun Germanix. — Melchior Adam, f'itse juriscon-
lorum ,• elc. Germanise. — Dora Calmet, Bibliothèque
■ruine.
* CANTics (B.-J.), théologien polonais, mort
1473. Il professait, dit Staravolcius, une si
iaude aversion pour le mensonge, qu'ayant été
'i jour dépouillé par des voleurs , et s'aperce-
nt qu'il lui restait quelque argent, il les rappela,
s'excusa vivement de ce que la surprise lui
ait fait affirmer qu'il n'en avait plus. On a
ce singulier philosophe un Commentaire sur
int Matthieu.
irenig, Bibliotheca Agendorum. — Staravolcius,
[riptor. Polonise Centuria.
:'CANTOCLARCS (Charles). Voy. Chante-
Am.
I CANTON (Jean), astronome et physicien
1 glais, né à Stroud dans le Gloucestcrshire en
1 18, mort le 22 mars 1772. Après avoir fait de
t'Hues études sous la direction du mathémati
j'n Davis, il apprit la profession de son père,
i était drapier. Dans ses loisirs, il s'apphquait
l'astronomie; et bien souvent , à l'insu de son
re, il employait les nuits à faire des observa-
is, ou à confectionner des machines astrono-
liques. C'est ainsi qu'il construisit avec un cou-
i^u un cadran solaire eu pierre, indicateur de
[eure du jour, du lever du soleil, etc. Fier de
f te œu\Te, qu'il montrait aux passants, le père
porta plus aucun obstacle au goût de son fds
hurles études astronomiques. Plusieurs savants
— CANTON A.
530
avec lesquels te jeune Canton fit alors connais-
sance lui ouvrirent leurs bibliothèques. En 1737,
il vint à Londres avec le docteur Henri Miles ; et
en 1738 il fut attaché en qualité de professeur à
l'Académie de Spital-Square dirigée par Samuel
Watkins, auquel il succéda. Vers la fin de 1745,
il s'occupa avec ardeur des expériences électri-
ques, mises à la mode par l'invention de la bou-
teille de Leyde, ou plus exactement de Kleist,
et il imagina une nouvelle méthode pour déter-
miner la quantité d'électricité contenue dans la
bouteille. Le co^ïipte rendu de cette méthode a
été adressé à l'Académie royale par Guillaume
Watson. Le 20 juillet 1752, pendant im orage,
Canton vérifia, le premier en Angleterre, la dé-
couverte de Franklin, en attirant lui-même du
sein des nuages l'électricité. Déjà en 1751 sa mé-
thode pour arriver à faire de l'aimant artificiel
lui avait valu une médaille d'or de la part de la
Société royale, au sein de laquelle il fut ensuite
admis. Plus tard il communiqua à la même so-
ciété sur plusieurs questions importantes de nom-
breux et remarquables mémoires, parmi lesquels
les suivants : Electrical experiment, with an
attempt to account for their several pheno-
mena, lu à la Société royale de Londres en 1753.
L'auteur démontre dans ce mémoire que certains
nuages contiennent l'électricité positive,etd'autre3
l'électricité négative ; — An attempt to account
for the regular diurnal variation ofthe hori-
zontal magnetic needle; and alsojor ils irre-
gular variation at the time of an aurora bo-
realis; lu à la Société royale de Londres le 13
décembre 1759 ; — Experiments toprove that
water is not incompressible ; lu le 16 décembre
1762 ; — Experiments and observations on the
compressibiUty of water, and some other
fluids; lu le 8 novembre 1763 ; — An easy me-
thod ofmaking a phosphorus thatwill imbibe
and émit lightlike the bolognian stone, vnth
experiments and observations; communiqué à
la Société royale de Londres le 22 décembre
1768; — Experiments to prove that the lu-
>minousness of sea riaes from the putréfac-
tion of ils animal substances ; laie 2i décembre
1769.
f^ié de Canton par son fils, dans la Biog. Britann, —
Hutlon, Mathematical and philosophical Dictionarg.
— Rces, Cyclopadia. —Philosophical Transactions. —
l'riestley, History of Electrical and optieal discove-
ries.
GASTON (Jean-Gabriel), peintre allemand,
né à Vienne le 24 mai 1710 , mort dans la
même ville le 10 mai 1753. Il peignit avec suc-
cès les hommes et les chevaux. Les paysages
d'Orient et les batailles de quelques-uns des ta-
bleaux de Metteus sont l'œuvre de Canton. La
main de cet artiste a de l'assurance et de l'ha-
bileté.
Naglcr, Nettes Allgemeines KUnstler-I.exicon.
*CANTONA (Catherine Barbara), dame
italienne, née à Milan, morte en 1595. Elle se
distingua par un talent remarquable our la
531 CANTONA —
broderie et la tapisserie. Elle poussa son art
jusqu'à faire des portraits d'une ressemblance
parfaite. Le roi d'Espagne Philippe II, l'archidu-
chesse d'Autriche , les ducs de Brunswick et de
Toscane, lui tirent des commandes. Elle mourut
à vingt ans.
Lomazzo, TrattatodeW Artè délia Pittura. — Mori-
gio, délia Nobiltà Milanese. — Lanzi, Storiapittorica.
* CANTONE (Jérôme ), compositeur et théo-
logien piémontais, vivait en 1678. Il appartenait à
l'ordre des Cordeliers, et devint maître des novi-
ces, et vicaire de l'église de son ordre à Turin.
On a de lui : Armonia gregoriana, traité de
plain-chant; Turin, 1678, in-4°.
Fétis, Bibliothèque universelle des Musiciens.
CANTONE OU CANTONi (Séraphin), moine
et compositeur italien, né dans le Milanais,
vivait en 1627. Il enti-a au monastère de
Saint-Simplicien, et devint organiste de la ca-
thédrale de Milan. Cantone introduisit un des
premiers dans la musique religieuse le style con-
certé, remph de traits de vocalisation, plus con-
venable pour le théâtre que pour l'église. Il a
publié les ouvrages suivants : Canz,onette à trois
voix; Milan, 1588; — Canzonette à quatre
voix ; 1599 ; — Sacrœ cantïones à huit voix, avec
partition ; ibid., 1599 -^—Vespri e versetti à cinq
voix en faux bourdon ; ibid. , 1 602 ; — i Passi, le
Lamentazione, pour la semaine sainte, à cinq
voix ; Milan, 1603 ; — Mottettï à cinq voix, avec
partition; Milan, 1605; — Messa,salmi e Ictanie
à cinq voix; Venise, 1621 ; — Mottetti à deux,
trois ,- quatre et cinq voix, avec basse continue;
Venise, 1625,4 hvres ;— Academiefestevole can-
cer tate a sel voci col basso continuo, opéra di
spiritualerecreazione,ornata de' migliori ri-
trattl de' piùfamosi musici di tutta l'Europa,
con VAndanteair Inferno edalParadi^o; Mi-
lan, 1627. « Ouvrage singulier, où il y a, dit Fétis,
plus de mauvais goût que d'originalité réelle. »
Fétis, Biographie universelle des Musiciens.
*CANTORouLECHANTRE(GiZ;es),chefd'hé-
rétiques, vivait en 1411. Il réussit à faire quel-
ques prosélytes à Bruxelles et dans les Flandres.
Guillaume de Hildenissem, reUgieux carme, em-
brassa sa doctrine, et contribua beaucoup à l'é-
tendre. Les sectaires de ces prétendus réforma-
teurs prenaient le titre de homines intelli/jen-
tise ; ils étaient accusés « de soutenir que Gilles le
Chantre ou Cantor était le Sauveur des hommes,
et que par lui on verrait Jésus-Christ comme
par .Jésus-Christ on voyait le Père ; de croire que
le diable et les damnés seraient enfin délivrés de
leurs peines et jouiraient de la béatitude éter-
nelle; de nier que le diable eût tt-ansporté Jésus-
Christ sur le haut du temple; de négliger toute
cérémonie extérieure, particulièrement la prière,
le culte des images, prétendant que Dieu fait lui-
môme ce qu'il a ordonné, et que les prières ne
servent de rien; de regarder et de souffrir la
luxure comme chose indifférente; d'injurier les
CANTRAINE 53
femmes lorsqu'elles refusaient de se prostituer, i
de commettre des abominations impossibles à d(
crire ; de s'être formé à ce sujet un langage partiel
lier qui n'était entendu que de ceux avec qui i
étaient affiliés, et de se servir de ce langage pou
parler entre euxdecequ'ilya de plus obscène ;(i
regarder comme une inspiration tout ce qui leur v
nait dans l'esprit; de dire que le Père et le Fi
avaient fait leur temps, et que le temps du Saini
Esprit était venu; de ne reconnaître qu'une Viergi
qu'ils nommaient la Sérapfiïne; de nier le puig;
toire et l'éternité des peines de l'enfer ; decroii
que lorsqu'ils étaient interrogés sur leur foi, i
pouvaient la nier sans scrupule. " Pierred'Ailly,a
chevêquede Cambray, informé des progrès de cet
secte, déploya son zèle pour la combattre. Il ci
Guillaume de Hildenissem, lui fit son procès, et
condamna à se rétracter publiquement. Ontrouv
les aveux et la rétractation de cet hérétique dai
les Miscellanea de Baluze, t. U, p. 277 à 29
Richard cl Giraud, Bibliothèque sacrée.
*CA]VTOHAi< { Jérôme-Valentin de), pseï
donyme qui cache probablement un controve
siste et écrivain militaire allemand, vivait au cor
mencement du dix-septième siècle. On a de lu
Qiixstio an in bene constïtuta republica d
versitas religionum sit toleranda; Witten
berg, 1598, in-4''; — Practica milttaris art
ad Tiircos vincendos; Francfort, 1600, in-S".
Adclung, suppl. à Jocher, Jllgem. Celehrt.-Lerico
*CANTORBÉR¥ (Gerwais de). Voy. Grrva
DE CaNTORBÉRY.
*CANTOVA (Jean- Antoine), missionnaire-
théologien italien, de l'ordre des Jésuites , na
de Milan, vivait dans la première moitié du di
huitième siècle. Il se rendit en 1717 comme mi
sionnaire d'abord en Mexique, ensuite aux PIî
lippines et aux Carolines. C'est dans une des il
de ce dernier groupe qu'il fut assassiné. On a <
lui : Vita et mors Aloisii Cantovx cano
S. Stephanimajoris ; Milan, 1717.
Argelati, Bibl. mediolan.
^CAWTRAiNE { François-Joscph) , natuv
liste belge, né à Ellezelle le 1^'' décembre 180
Docteur en d roit et professeur de zoologi c et d'an
tomie comparée à l'université de Gand, corre;
pondant de l'Académie de Bruxelles , il a pi
blié : Lettre à Sari sur quelques poissons no
veaux trouvés dans le détroit de Messim
insérée dans le Giornale délie scienze diPisi
Fenio, 1833; — Mémoire sur le Rovetto rf
Siciliens {Acanthoderma Temminckii), lu
l'Académie de Bruxelles, décembre 1834; -
Mémoire sur une espèce nouvelle de Serro
( Serranus tinea ), avec des observations si
une espèce de Pilaire qu'on trouve dans
tissu cellulaire sous-cutané du serram
gigas ; — Diagnoscs sur quelques espèc
nouvelles de mollusques, dans le Bulletin i
l'Académie de Bruxelles; décembre 1835;-
Noticesur le genre Trovcatelle deRisso , dai
]e Bulletin de l'Académie de Bruxelles ; m\
CANTRAINE
I , ; _ Notice sur les grands limaçons- d' II-
I I' ; ibid., avril 1830.
ctionnaire des savants de la Belgique. — liiogra-
p générale des Belges.
j CAMTU ( Giovanni) , chanteur italien, né à
^m en 1799, mort à Dresde le 9 mal 1822. Il
^(fils d'Antonio, ténor médiocre de Milan, qui
1( lonna pour maître Gentili. Giovanni fit sous
c liabile piofesseur de rapides progrès, et dé-
I brillamment à Florence. Il fut engagé aus-
>. pour ropéra-ltalien de Dresde, où il excita
I luuiiiasme du public. Doué d'une voix étcn-
( ci pénétrante, d'une taille avantageuse, d'une
t ; v expressive, d'un goiH et d'une prononciation
i p] ochables, rien neraanquait à ses moyens de
s I siorsqueia niorUcfrappaàvingt-quatreans.
lis, Bibliothèque universelle des Musiciens,
i:\NTU (Cesare), historien italien, né àBri-
s If f) septembre 1805. Élevé avec soin à Son-
( <ldns la Valteline, il y obtint dès l'âge de
( hait ans une chaire de belles-lettres. Il résida
6 liteà Côme, puis à Milan, jusqu'en 1848. Un
(I 'S premiers ouvrages, les Bagionamentisidla
S la Lombarda net secolo XVII, Milan, 1842-
I 1,2^ édition, où il émit des idées libérales, le
II (indamner à une année d'emprisonnement.
I mploya sa captivité à composer un roman
II irique, intitulé Margherita Pusterla; Flo-
r e, 1845. On a en outre de lui : Storia uni-
Kole; 1837-1 842, Turin, Palerme; Naples, 35
1 unes in-8° ; traduit en anglais, en allemand et
e Vançais par Aroux et Léopardi , Paris, 1843,
I t, in-8°. Ce grand ouvrage, dont sept édi-
t s imprimées à très-grand nombre en Italie
p le libraire Pomba attestent le mérite et le
s es, est le résultat d'immenses lectures et
(i 1 travail infatigable, auquel M. Cantu a consa-
c sa vie.L'auteur a su mettre à profit et ranger
à 3 un ordre simple et méthodique tout ce qui
a f.' publié de plus remarquable dans tous les
\ s par les écrivains les plus accrédités ; il
f sente avec clarté et avec art le résultat des
rierches les plus érudites. Son style à la fois
é;ant et précis est regardé comme un modèle.
S. appréciations critiques, ses descriptions ani-
■r;s, ses portraits politiques et littéraires,
liment de la vie à cette immense histoire, dont
1 pcture attache et instruit.
inii de la liberté, qu'il allie à im profond res-
! t pour la religion catholique, il a su, dans
ï écrits, répondre au sentiment général qui do-
I If notre époque, et devancer en quelque sorte
< Miouvement spontané des esprits qui s'est ma-
• 'sté à la suite des dernières révolutions. Voilà
<j îui caractérise particulièrement l'Jïw^oJre uni-
t selle de M. Cantu.
'-■es hymnes et les chants religieux que
} Cantu a composés sont devenus populaires,
(and l'insurrection de Milan éclata, M. Cantu,
{ venu qu'il allait être arrêté, put s'échapper en
ÎTOont, où il se dévoua, avec un zèle peut-être
I onsidéré, à la révolution qui ne tarda pas à s'y
— CANTWEL 534
opérer. De retour à Milan, c'est dans le calme, et
en méditant profondément sur tant d'événements
contemporains, que M. Cantu, à la fois histo-
rien et philosophe, consacre tous ses loisirs au
perfectionnement du grand ouvrage qu'il a entre-
pris, et auquel la durée d'une vie tout entière
suffit à peine. Outre les travaux cités, on a de
lui : Parnasso italiano, Poeti ilaliani con-
temporanei maggiori e minori, etc.; Paris,
1843; —Storia di Coino ; Milan, 1847 : elle
contient les annales de la Lombardie tout entière ;
— Algiso, 0 la Légua Lombarda ; Milan, 184G;
— Letture giovanile : cet ouvrage, publié vers
la même époque, 4 vol., est consacré à l'éduca-
tion du peuple; traduit dans presque toutes les
langues, il a eu plus de trente éditions ; — His-
toire de la liltératîire italienne; — Histoire
des cent dernières années; Florence, 1851 ; tra-
duit en français par M. Amédée Renée; Paris,
Didot, 1853. On trouve à la fin de cet ouvrage
l'Histoire de la révolution et de la restauration
en Italie ; ses jugements sur la France et ses écri-
vains sont souvent dictés par la passion. Le ca-
dre de cet ouvrage offre néanmoins un vif in-
térêt.
Quérard, la France littéraire. — Dict. de la Conver-
sation.
CANTWEL (Jean), archevêque irlandais, né
dans le comté de Tipperary, mort en 1482. Il
fit ses études avec succès à Oxford, où il fut
reçu bachelier es lois. Promu au siège métropo-
litain de Cashell le 27 octobre 1452, ce prélat
se fit remarquer par la pureté de ses mœurs et
par son zèle pour la discipline ecclésiastique. A
cet effet , il tint plusieurs synodes , entre autres
à Limericken 1453, et à Featherd en juillet 1480.
Avant de mourir, Cantwel distribua tous ses biens
en dons pieux. Il légua les dîmes de la paroisse de
Bathkellan au monastère de Sainte-Croix, et ses
revenus sur la ville de Clonmell au elergé de sa
cathédrale.
Moréri , Grand Dictionnaire historique.
CANTWEL (André), médecin irlandais, né
dans le comté de Tipperary (province de Muns-
ter), mort à Paris le il juillet 1764. Il étudia
la médecine à Montpellier, où il prit ses grades
en 1729. Lorsqu'en 1732, au départ d'Astruc
pour le collège de France à Paris, une chaire de
médecine devint vacante à Montpellier, Cantweîl
se mit sur les rangs des concurrents, et soutint
ses thèses. En 1733 il vint à Paris, et se fit rece-
voir parmi les médecins de cette ville. Il était d(:jà
alors membre delà Société royale de Londres. En
1750 il obtint la chaire de chirurgie latine, en
1760 celle de chirurgie française, et en 1762 celle
de pharmacie, qu'il occupa jusqu'à sa mort. Ce
médecin a écrit sur différentes questions de son
art ; mais il s'est fait spécialement connaître par
l'opiniâtreté avec laquelle il a combattu l'inocula-
tion , invention alors nouvelle. Il fit tous ses ef-
forts pour prouver l'inutilité et le danger de cette
méthode ; il séjourna même longtemps en Angle»
Ô35 CANTWEL
terre, pour y suivre toutes les expériences sur
les inoculations et les inoculés. On a de lui :
Dissertationes de eo quod deest in medi-
cina; Paris, 1729, in-12; — Dissertation sur
les fièvres en général; Paris, 1730, in-4°; —
Conspectus secretionum ; Paris, 1731, in-12; et
en français : Dissertation sur les sécrétions en
général ; Paris, 1731, in-12 ; — Qusestiones nie-
dicinœ (/Modecm ; Montpellier,, 1 732, in-4''; —
Sur une tumeur glanduleuse considérable si-
tuée dans le bassin, dans les Philosophical
Transactions, an. 1733, n° 446 ; — Sur une Pa-
ralysie extraordinaire des paupières ; ibid.,
1738, n° 449 ; — Description d''un enfant mons-
trueux; ibid., 1739, n'*453; — Ah aerabinun-
datione salubris; Paris, 1741, in-4°; — An
ptyalismus frictionibus mercurialibus pro-
vocatus perfectœ luis venerex sanationi ad-
versetur; Paris, 1741, in-4°; — A7i calculo
vesicee scalpellum semper necessarium ; Pa-
ris, 1742, in-8°; — An in calculi œtate et tem-
peramento œgrotantis remedium alcalino so-
poraceum anglicum; Paris, 1743, in-4'' (ces
quatre thèses , dont les conclusions sont toutes
négatives, furent soutenues par lui pour le doc-
torat en médecine); — Nouvelles expériences
sur les remèdes de mademoiselle Stephens,
trad. de l'anglais de Halles, à la suite de VÉtat
de la médecine ancienne et moderne, trad. de
l'anglais de Clifton par l'abbé Desfontaines ; Pa-
ris, 1742, in-12 ; — Histoire dhin remède très-
efficace pour la faiblesse et la rougeur des
yeux; et attires maladies du même genre, avec
tm remède infaillible contre la morsure du
chien enragé , trad. de l'anglais de Hans Sloane,
avec des notes du traducteur; Paris, 1746,
in-S" ; et dans Saint- Yves, Sur les Maladies des
î/ezia:, Amsterdam, 1769, in-12; — Lettre an-
glaise, où le mercure est indiqué comme spé-
cifique de te ^'a^/e; Londres, 1748, in-12; —
Lettres sur le Traité des maladies de l'urè-
tre, de Daren; Paris, 1749, in-12; — Ergo
microcosmi vita motus mère mechanicus ; Pa-
ris, 1740, in-4°; — Analyse des nouvelles eaux
de Passy; Paris, 1755, in-12; — Dissertation
sur V inoculation, en réponse à celle de M. de
la Condamine ; Vâris , 1755, in-12; — Réponse
à la lettre de M. Mina au sujet de Vinocu-
lation; Paris, 1755, in-12 ; — Deux autres let-
tres sur le même sujet à Fréron et Ratilin;
Paris, 1755, in-12 ; — Dissertatio de Dignitate
et Di^cultate medicinœ ; Paris, 1755, in-4°; —
Tableau de lapetite vérole; Paris, 1758, in-12 ;
— Ergo sanitas a débita partium tono; Pa-
ris, 1763, in-4''.
Eloy, Dictionnaire de la médecine. — Bioçiraphie
médicale. — Rose, New Biographical Bictionarij.
CANTWEL {André-Samuel-Michel), tra-
ducteur français, fils d'André, naquit en 1744,
et mourut à Paris le 9 juillet 1802. Admis en
1792 à l'hôtel des Invalides comme ancien
lieutenant des maréchaux de France, il fut
— CANUEL t
nommé plus tard bibliothécaire de cet é
blissement. Traduttore traditore , disent
Italiens : M. Quérard, appliquant cet adagi
Cantwel, accuse ce traducteur aussi laborii
qu'inexact des trahisons suivantes de l'angla
Isabelle et Henry, trad. de Hughes ; Paris, 17
4 vol. in-12; — Histoire des Femmes; 17
4 vol. in-12 ; — de la Naissance et de la Ch
des anciennes Républiques; trad. de Mor
gne avec adjonctions ; Paris, 1793, in-S" ; — 1
cours sur l'Histoire et la Politique en gé
rai , trad. de Priestley avec notes ; 1795, 2 i
in-8°; — Voyage en Hollande et sur les fi-
lières occidentales de V Allemagne en 17
Paris, 1796, 2 vol. in-8'' ; —Zeluco, ou le \
trouve en lui-même son châtiment, trad.
Moore; 1796,4vol. in-12; — ifMÔer^ deSevi
ou Histoire d'un Émigré, trad. de Marie Ro
son ; 1797, 3 vol. in-18 ; — Louise Béverley.
le Père égoïste; 1798, 3 vol. in-12 ; — Lan
ou la Grotte du père Philippe, roman ti
de Burton ; 1798, 2 vol. in-12 ; — les Aventi
de Hugues Treror, trad. de Halcroft; — ■
Châteaud' Albert ;i799, 2 vol.iri-18;— Voy
en Hongrie fait en 1797, trad. de R. Towns
1799, 2 vol. in-8°; — Voyage de Btjron o
mer du Sud, avec Ja Relation du voyage d'
son, et un extrait du second voyage de Bij
autour du monde. Cantwel a travaillé en
laboration avec Marinié à la traduction de l'J
toire de la décadence et de la chute de VI
pire romain, de Gibbon ; les trois premiers ■
lûmes parurent sous le pseudonyme de Lee
de Sept-Chênes, et furent attribués à Louis ^ .
La publication en dix-huit volumes n'a été ac
vée qu'en 1795. Cet ouvrage fut réimprimé, r; ,
corrigé et accompagné de notes par M. Gui; ;
Paris, 1812-1813, 13 vol. in-8°.
Quérard , la France littéraire.
cANiJEL (Simon, baron), général français '
dans le Poitou en 1767, mort en 1841. Il < t
fils d'un marchand de bois, et s'engagea en 1 '
dans la 71^ demi- brigade, employée alors en ^ •
dée. Devenu aide de camp de Rossignol, il
signalé dans le rapport de ce général (12 ; '
1793) parmi les officiers généraux qui s'éta l
particulièrement distingués à la prise de D(
Canuel se faisait alors remarquer entre tous
son exaltation révolutionnaire. Membre duclu ;
Lorient, il provoqua plusieurs fois des mesi '
ayant pour but de surveiller le civisme des f( •
tionnaires de l'aiTondissement, et d'obtenir
épuration. Sous le Directoire, il fut nommé c
mandant de place à Lyon, et autorisé à me '
cette ville en état de si^e. Napoléon lui co i
le commandement de la 2^ division militai! '
Mézières, puis en 1806 celui de la 25" à Lii ;
mais bientôt après il le mit en traitement de ;
forme. En 1814, Canuel fut un des premiers è -
luer l'avènement des Bourbons. Il fut replacé
le cadre d'activité , créé baron, et chevalier '
Saint-Louis. Pendant les Cent-Jours il se réfi >
CANUEL — CANUT
538
iliis rangs des Vendéens insurgés. L'on ne vit
sans surprise l'ancien aide de camp de Ros-
ol devenu le chef d'état-major du marquis de
ochejaqnelein. En septembre 1815, ledépar-
mt de la Vienne le nomma député à la chambre
é introuvable, où il siégea au milieu des plus
fc lieux royalistes. Dans le mouvement insur-
k| onnel du Rhône, il déploya un zèle excessif,
q^ aillit devenir un embarras pour le gouver-
ni ni lui-même.
I septembre 1819, Canuel se représenta aux
il iirs de la Vienne ; mais il échoua complè-
te lit. Jusqu'en 1822, il resta sans emploi : le
m 1ère Villèle le fit alors inspecteur général
d' iiiterie et officier de la Légion d'honneur.
Kl iT3, il eut le commandement d'une division
lai 1 partie de l'armée d'Espagne; à son retour,
■n ■'.:■>, il fut nommé grand officier de la Légion
Il iieur et commandant delà 21** division mi-
iti à Bourges. La révolution de 1830 le trouva
h ( ofte position , et il fut mis à la retraite
» motif d'âge. Canuel a publié : Mémoires
m'a guerre de Vendée en 1815; Paris,
8 in-S", avec carte et portrait; — Réponse
m olonel Fabvier sur les événements de
ly.; Paris,, 1818, in-8''.
M I', Biographie des célébrités militaires. — Gale-
k , orique des contemporains. — Revue chronolo-
ini e l'histoire de France, p. 749. — Biographie nou-
■lit es contemporains. — Dictionnaire de la Con-
,fr, on.
* .NCLEius (Gneus), tribun romain, vivait
er 45 avant J.-C. H se fit aimer du peuple
inv pposition constante qu'il fit aux patriciens.
l 'a 09 de Rome, il souleva une sédition, et en-
ai les plébéiens à se retirer sur le mont Ja-
ici II obtint de la sorte une loi autorisant à
iT r le mariage entre les familles du peuple
'. c es des patriciens.
Ti ,ive. — Florus, 1. I, c. IB. — Denys d'Halicar-
iss; ;[, 57, 38.
NULEius ((7.), Romain, tribun du peuple ,
Ipnl'an 100 avant l'ère chrétienne. Ilfutl'ac-
ir de Furius, homme tellement odieux au
qu'il fut mis à mort avant le jugement.
n. Guerre civ., l, 33. — Clcéron, Pro Rabiru, 9.
Cassius, Fragments, 105, p. 43, édition Reinnar.
<^j US (Melchior). Voy. Cano.
\,^:'^^ (Julius), patricien romain, mis à
01 vers l'an 41. L'empereur Caligula, irrité
' "1 lui, l'ayant averti qu'il lui donnait dix jours
l'Ue préparer à la mort, Canus lui répliqua
M^ illement : « Je t'en rends grâces , César,
Si^ plein de bonté ! » Lorsqu'on vint le prendre
[! mener au supplice, on le trouva jouant aux
Il fit constater par le centurion que sa
'était la meilleure, et, se levant ensuite
I illement, il s'adressa à ses amis éplorés :
Pfrquoi ces gémissements? Vous êtes en
3e de savoir si l'âme est immortelle : je vais
éclairé à ce sujet dans un moment. Je
0 à bien examiner si mon âme se sentira
H r ; et, si j'apprends quelque chose sur l'état
« des âmes après le trépas , je reviendrai, si je
« puis, vous en faire part. » On dit qu'il appa-
rut en effet à l'un de ses amis, appelé Antiochus.
Sénèque, de Tranquillitate animi, c. 14.
CANUT i""^, surnommé Dana-ast (joie des Da-
nois),prince danoisdu dixième siècle, que les his-
toriens regardent comme le premier de ce nom,
cpioiqu'il n'ait pas régné. Il était le fils aîné du
roi Gorm le Vieux , qui , ardent adveisaire du
christianisme, défit l'œuvre de saint Anchaire,
et réunit les divers États danois eui une seule
monarchie. La mère de Canut était la leine
Thyra Danebod, dont la mémoire s'est perpé-
tuée jusqu'à nos jours. Canut paraît s'être dis-
tingué par de rares qualités : et telle était l'af-
fection dont il était l'objet de la part de son
père, que celui-ci menaça de la peine capitale
quiconque lui viendrait annoncer la mort de
ce fils. Canut ayant péri dans une expédition
de Viking en Angleterre , et personne n'osant
en avertir le roi , la reine Thyra fit draper la
salle royale de bleu ( c'était alors la couleur en
usage pour le deuil ) et recommanda aux cour-
tisans le plus absolu silence au moment oii le
roi entrerait. Gorm surpris interroge la reine,
et celle-ci répond en termes paraboliques. Pres-
sentant alors la vérité, le roi s'écria : « Si le Da-
nemark est en deuil , c'est que mon fils Canut
est mort! — C'est vous qui l'avez dit, « répliqua
alors la reine avec sa douceur habituelle. Cette
nouvelle fit sur le roi une telle impression, qu'il
tomba malade et mourut le lendemain , laissant
la couronne à son fils cadet Harald, dit Dent-
bleue.
CANtJT II, le Grand , roi de Danemark et
d'Angleterre, le plus puissant monarque du
Nord, né vers 995, mort en 1035. Jeune en-
core , il avait suivi son père Suèn , à la barbe
fourchue, à la conquête d'Angleterre, où^ à la
mort de Suèn, il fut élu roi en 1014. Chassé
par une révolte qui avait éclaté sous la con-
duit^^du roi vaincu Éthelred, revenu de Nor-
mandie, Cauut se vit obligé de se rendre chez
son frère Harald, roi de Danemark, qui parta-
gea avec lui ce royaume ; il contribua à l'équi-
pement d'une flotte de cent vaisseaux, et d'une
armée, dont les principaux chefs du nord firent
partie, pour reconquérir l'Angleterre (1015).
Edmond Ironside, qui avait succédé dans ce
pays à son père Éthelred, opposa une si vigou-
reuse résistance, qu'en 1017 Canut consentit à
un traité de partage qui lui assignait le nord de
l'Angleterre. Un mois plus tard , Canut resta
seul maître du pays , Edmond ayant été assas-
siné par Édric Stréon , qui d'abord, comme les
autres amis de Canut, avait reçu en récompense
des fiefs importants. Devenu trop ambitieux,
Stréon fut châtié à son tour, et fut mis à mort
par ordre de Canut, qui punit aussi les Anglais,
traîtres envers Edmond. Dès lors Canut ne tra-
vailla plus qu'à se concilier par de sages règle-
ments les sympathies du peuple anglais. 11 ré-
539
CANUT
0
pudia sa femme Alfifa , qui était une princesse
anglo-saxonne, pour épouser Emma, veuve
d'Edmond, dont les deux fils furent envoyés en
Hongrie auprès d'un de leurs parents. Il sup-
prima toute distinction entre les Anglo-Saxons
et les Danois, remit en vigueur les anciennes
lois, rétablit la sûreté publique non-seulement
dans l'intérieur du pays, mais encore sur les
côtes, qui depuis des siècles avaient été expo-
sées aux ravages des pirates, et renvoya l'ar-
mée danoise. En même temps il éleva aux plus
hautes fonctions plusieurs Anglais ; et, pour opé-
rer plus sûrement la fusion des deux races en-
nemies, il eut recours au christianisme et au
clergé. Il obtint le concours de celui-ci par de
riches dotations, et en faisant construire des
églises et des couvents dans les localités où les
Anglais et les Danois s'étaient livré bataille. Son
frère Harald étant mort en 1018, Canut monta
sur le trône de Danemark, où il introduisit défi-
nitivement le christianisme, que son père Suèn
avait violemment combattu. Il réprima les guer-
res privées, et assura la tranquillité des côtes
par une expédition contre les pirates vendes
(ou vandales). Il appela d'Angleterre des évê-
ques et des prêtres instruits , pour leur confier
l'organisation de la hiérarchie ecclésiastique et
l'éducation du clergé danois; puis il fit venir
des artisans et des architectes anglais pour la
construction des églises.Grâceà son gouvernement
ferme et prudent, la civilisation anglo-saxonne
et chrétienne transforma le caractère sauvage
des Danois, en leur enseignant de nouveaux
procédés d'agriculture, une industrie, des métiers
et des arts. A partir de ce règne , le Danemark
devint une nation. Le premier aussi. Canut ins-
titua un état ecclésiastique ; il établit la première
noblesse , en appelant autour de lui une garde
royale de trois mille hommes ( Thinglith).
Comme il fallait, pour aspirer à cet honneur,
être fibre et riche, les membres de la garde
étant obligés de s'équiper à leurs frais , le Thin-
glith devint ainsi le germe d'une aristocratie
qui obtint de nombreux privilèges. C'est ainsi
que, contrairement aux anciennes coutumes, sui-
vant lesquelles le peuple assemblé jugeait toutes
les causes sans acception de personnes, les
membres du Thinglith ne furent jugés que par
leurs pairs, et d'après un code particuUer.
Canut se soumit le premier à l'institution
nouvelle : ayant tué dans un accès de colère
un de ses gardes , il offrit humblement de se
laisser juger par le Thinglith. Touchée à la
vue du repentir du roi , l'assemblée le pria de
se fixer à lui-même une peine ; ce qu'fi fit en
s'infligeant une composition équivalente pour
meurtre. Non content de ses grandes posses-
sions, auxquelles il ajouta une partie du pays
des Vendes et de l'Ecosse , après une expé-
dition heureuse contre le roi Malcolm, il mé-
dita la conquête de la Norwége, dont le roi Olaûs
( le Saint ) avait combattu contre les Danois en ,
Angleterre ; mais en attendant le moment f h
rable il se rendit en 1026 d'Angleterre en [ ;-
rinage à Rome, « pour obtenir la rémissioi e
ses péchés, et pour le salut de ses royaum( »
Cependant il ne perdit pas de vue ses des; is
politiques. En traversant l'Allemagne, la Fia -e
et la France , il se fit remarquer par sa œi î-
cence. Il fut accueilli avec distinction par le je
Jean et par plusieurs princes présents à Rc •,
et s'acquit l'amitié de l'empereur Conrad n jj
demanda la sœur de Canut en mariage ir
son fils, lui abandonna le margraviat de Sle 5,
et lui promit libre passage, sans taxes ni im 5,
pour les voyageurs ou commerçants da s.
Sur la demande de Canut, le pape diminua i-
sidérablement le tribut que devaient paye u
saint-siége les clergés danois et anglais, ef r-
mit la fondation d'un asile à Rome pour al
voyageur venant des États de Canut. En vis at
les tombeaux des apôtres. Canut fit vœ te
prendre pour unique règle de conduite le s-
tice et la piété. 11 fit part de ce fait à ses
dans une lettre curieuse qui existe encore,
termine par les paroles suivantes : « J'ori ut
à tous administrateurs de l'État , s'ils ve nt
conserver mon amitié et sauver leur âme, ne
commettre d'injustice ni envers les riches i n-
vers les pauvres. Que tous, nobles et mat •,
obtiennent ce qui est leur droit suivant 1 f.
On ne devra jamais s'écarter de cette règh :'
par crainte de moi, soit pour favoriser le
voir ou pour rempfir mon trésor; je ne il\
pas de l'argent produit de l'iniquité, etc. .'e-
pendant, à son retour. Canut trouva le ] ■'
mark mécontent de cette longue absence,
guerre avec la Norwége et la Suède. Pou
mer le peuple, la reine Emma, d'accord a
gouverneur Ulf-Jarl , avait fait proclamei"
prince Canut ; mais le père, blessé par cett
sure, reprit la couronne , et, en 1027, batti
l'assistance d'Ulf-Jai'I les flottes norvégiei'i
suédoise; puis, emporté par la colère ((
Uif, il le fit tuer dans l'église de Roskilde
capitale de Danemark), que par expiathl
son crime il enrichit ensuite de dons et de T
énormes. L'année suivante, il envahit la|
wége, dont le roi Olaùs (le Saint) s'ét;
haïr par son trop grand zèle pour le ch p8'
nisme. Olaùs fut tué en 1030 par ses suje"
surgés, et Canut donna la couronne de No
à son fils Suèn. Mais déjà de son vivant
put prévoir la chute prochaine de son
empire, soutenu seulement par sa force
sagesse. Il mourut à Shaftesbury : peu de
après, son fils Suèn fut chassé de Norwé
Magnus, qui fit avec Canut Hl de Danem;
traité de paix portant la clause remarquât j
le survivant hériterait des deux royaume |
fils Harald, dM Pied-de-lièvre , succéda 1
gleterre à Canut le Grand ; à sa mort, en Pi
l'Angleterre resta réunie au Danemark, so f^
frère Canut III, jusqu'à l'an 1042 , qui v ^
,41 CANUT
1 domination danoise en Angleterre, où alors
ilward, (ils d'ÉtheIred, monta sur le trône.
P.-L. MÔLLER.
cANrx III, appelé Harde-CamU, fils de Ca-
iil le Grand, mort en 1042. Il fut élu roi de
liiiemark après l'avènement de son frère Ha-
ilil au trône d'Angleterre. A la mort de ce der-
iii, Canut réunit les deux couronnes ; son rè-
if fut sans gloire et de courte durée. En lui
l'teignit la dynastie danoise d'Angleterre.
Abkahams.
CANCT IV, le Saint, fils de Suèu, roi de Da-
mark, mourut en 1086. Successeur de son
ère Harald en 1080, il fit tous ses efforts pour
\ iliser les Danois. Mais sa prédilection pour le
M f;é lui créa parmi les nobles et dans le peu-
f de nombreux et puissants ennemis. Aussi
I rrier que pieux, il poursuivit et vainquit les
ites de la Baltique, les Prussiens et les
iirlandais, puis il résolut de reconquérir l'An-
lerre. A cet effet, il rassembla contre Guil-
\me le Conquérant une flotte considérable. Mais
iiit tardé d'aller joindre ses troupes, elles se
persèrent. Pour punir ses sujets de cette dé-
tion, il leur imposa une dîme qu'il exigea ri-
uieusement. Les paysans jutlandais s'insur-
it'Cnt. lie roi se réfugia en Fionie ; mais, pour-
'ivi par les insurgés, il s'enferma dans l'église
Saint- Alban à Odense; les insurgés forcèrent
i portes, et le roi fut assassiné en 1086.
CANCT V , fils de Magnus et petit-fils du roi
colas, mort en 1157. Après la mort d'Éric, roi
Danemark, en 1147, les trois princes Canut,
lénonetWaldemar se disputèrent pendant dix
i la couronne. Canut fut obligé de s'enfuir;
lis, protégé de l'empereur Frédéric Barbe-
iisse, il obtint la souveraineté d'une partie du
oemark. Quelque temps après cet accommo-
inent, Suénon invita ses compétiteurs à un fes-
', où il les fit attaquer à l'improviste par ses
lellites. Waldemar fut assez heureux pour s'é-
jipper ; mais Canut mourut assassiné.
1 ABRAHA.MS.
CANOT VI, roi de Danemark, fils de Walde-
r le Grand, né en 1162, mort en 1202. Il
lusa la fille du duc saxon Henri le Lion,
monta sur le trône en 1182, après son père,
rt il continua le glorieux règne. L'empereur
kdéric Barberousse, irrité de ce que le roi
koîs refusait de se reconnaître pour son vas-
renvoya la sœur de Canut, qui devait épou-
ile fils de l'empereur, et excita contre le
aemark Bugislaw, duc des Slaves- Vendes
I Vénèdes ) de la Poméranie, déjà vaincus et
Ivertis par Waldemar. L'archevêque Absalon,
i de Canut, grand guerrier et homme d'État,
^qna l'île de Rugen avec une flotte de cinq
(ts voiles, et remporta en 1184 une grande
toire, à la suite de laquelle la Poméranie de
I "'lest tomba au pouvoir des Danois. En 1189,
à envoyés du pape Clément UI vinrent à Ros-
, ^ le pour exhorter les Danois à la croisade. Les
542
Scandinaves prirent en général peu de part aux
expéditions en terre sainte; cirrq seulement des
principaux membresde la noblesse suivirent alors
l'exhortation du pape; la plupart préférèrent
s'acquitter de la dette des fidèles, en se croisant
sous la conduite de Canut contre les pirates
païens de la Livonie et de l'Esthonie. Secondé
par son ministre et général Absalon, Canut réus-
sit, en effet, à établir le christianisme dans ces
provinces en 1196. Mais le paganisme reparais-
sait toutes les fois que l'armée danoise abandon-
nait le pays ; alors on démolissait les églises et
l'on tuait les prêtres. Vers la même époque,
l'empereur Barberousse excitait contre Canut
une ligue composée du Holstein, du Meklen-
bourg, et des villes de Brème, Hambourg et
Lubeck, et à laquelle s'associèrent le roi de Nor-
wége, Sverre, et Waldemar, évêque de Sleswig.
Canut triompha de ces nouveaux ennemis : il
étouffa l'insurrection de Waldemar, qu'il fit pri-
sonnier, et soumit le Meklenbourg, le Holstein, et
les villes de Lubeck et de Hambourg. Devenu
maître du littoral de la Baltique presque en en-
tier, il prit le titre de roi des Slaves et des
Vandales, titre que les rois de Danemark por-
tent encore. Canut mourut au milieu de ses
triomphes, laissant à son frère et successeur
Waldemar H ( le Victorieux) ses conquêtes,
auxquelles celui-ci avait vaillanmient contribué.
Dans ses dernières années il eut un différend
avec Philippe-Auguste, roi de France, qui venait
de répudier la reine Indeburg , sœur de Canut.
Le règne si guerrier de Canut VI fut cependant
utile aux progrès de la civilisation et des lettres.
Ce prince fit reviser et améliorer le code de Ca-
nut le Grand ( Vitherlagsret ) ; sous son règne,
le clergé, placé par Canut IV à la tête des autres
classes de la nation, exerça aussi une influence
salutaire sur le développement de la société. Plu-
sieurs jeunes Danois visitèrent les universités
étrangères, notamment ceUe de Paris. Ils en rap-
portèrent le goût des lettres et des arts. Le mi-
nistre de Canut, Absalon, protégea les lettres, et
ce fut sous ses auspices que s'exécutèrent les
travaux historiques de Saxo Qrammaticus et
de Siieno Aagcsen sur le Nord.
P.-L. MÔLLER.
CANUT, appelé Lavard (saint) , duc de Sles-
wig et roi des Slaves-Obotiites, second fils d'É-
ric le Bon, roi de Danemark, mort le 7 janvier
1131. En 1116 il déhvra le Sleswig et le Hols-
tein d'une invasion des Obotrites, et succéda à
Henri, leur roi , après avoir été couronné par
l'empereur Lothaire, à la cour duquel U avait
séjourné pendant six ans. Il propagea avec pru-
dence le christianisme, attira dans son royaume
des artisans allemands, et poursuivit avec vi-
gueur les pirates. Aimé et respecté dans tout le
Nord pour ses rares qualités, et placé dans l'es-
time des Danois bien au-dessus du prince Ma-
gnus, fils du roi Nicolas, il fut traduit par ce
dernier devant les états, sous l'accusation d'in-
543
trîguer pour s'emparer de la couronne de Da-
nemark. Déclaré innocent , il accepta de bonne
foi les protestations du prince Magnus, qui l'in-
vita à venir^à Roskilde, et qui, le quatrième jour
des fêtes données à cette occasion , l'assassina
lâchement dans une forêt voisine. Ce meurtre
irrita si vivement le peuple, que le roi Nicolas
faillit être tué dans une assemblée populaire.
Quant à Magnus, il fut tué en 1134 dans une
bataille contre le frère de Canut, Erik Emun, qui
y gagna la couronne de Danemark. Canut fut
canonisé en 1171. P.-L. Moller.
Allen, Danmarks Historié. — ^Inotz, f^ie et mar-
tyre de Canut 11^. — Holbcrg, Danmarks Kiyes His-
torié. — Math, de Westminster, Flores kistoriarum. —
Saxo Gramntsticus, Danorum regum heroumque histo-
ria. — Pontanus, Renan danicarum libri.
* CANUTi ( Domenico-Maria ) , peintre et
graveur, né à Bologne en 1620, mort en 1684. Il
fut un des bons élèves du Guide, et se fit sur-
tout admirer par son habileté dans l'art des
raccourcis; il fut regardé comme un des meil-
leurs peintres à fresque de son temps, mais on
estime la richesse et le feu de ses compositions
plutôt que la vigueur et la vérité de son coloris.
Il fut souvent employé par les Pères Olivetains ,
et travailla dans leurs monastères de Rome, de
Padoue et de Bologne. Dans cette dernière ville,
il a orné leur bibliothèque et leur église d'un
grand nombre de peintures, parmi lesquelles on
vante principalement une Déposition de Croix
aux flambeaux , dite la Nuit du Canuti, et un
Saint Michel qui, peint en partie dans le cintre
de l'église, en partie dehors, passe pour un chef-
d'œuvre de perspective. Canuti ne fut pas )noins
habile comme graveur à l'eau^ forte; ses planches
les pins estimées sont les portraits de Louis ,
d'Augustin et d'Annibal Carrache, d'après le
Gaiide, et une Vierge avec le Rédempteur, assis
sur des nuages. E. B — n.
Lanzi, i'foria pittorica. — Malvasina, Felsina pittriee.
— Ticozzi, Dizionario.
*CANWA,sage et poète indien, sous le nom de
qui sont inscrits beaucoup d'hymnes du Rig-
Véda.
M. Langlois, Traduction du Rig-Véda.
*CANz (Éverard-Christophe ) , jurisconsulte
wurtembergeois, né à Bebenhausen en 1720,
mort à Tubingue le 16 novembre 1773. Il pro-
fessa le droit dans cette université. On a de lui :
Tract, synopticus de Probabilitate juridica,
seude Preesumptione ,-Tubingen, 1751 •,—Diss.
de Adjunctis Commissariorum; Tubingen, 1755,
in-4''; — Diss. de uno ex pluribus litis consor-
tibus , sux) non simul alieno nomine agente ;
Tubingen, 1766, in-4''; — Diss. de Gonditione
facti indebite prsestiti; Tubingen, 1759, in-4'';
— Diss. de Gontradictore in concursu credi-
torum ; Tubingen, 1769, in-4'*.
Adelung, suppl. à Jôcher, JUgem. Gelehrten-Lexicon.
CANZ {Israël-Théophile), théologien pro-
testant et philosophe allemand , né à Heims-
heim, dans le Wurtemberg, le 26 février 1690,
CANUT — CANZ 54,
mort à Tubingue le 28 janvier 1753. Il étndi
à Tubingue, où il occupa depuis 1734 successi
vement les chaires d'éloquence et de poésie , d
logique et de théologie morale. D'abord advei
saire décidé de la philosophie de Wolf , il ava
déjà rédigé pour la réfuter un gros volume qi
allait être mis sous presse, lorsqu'il s'aperçut qu'
n'avait pas jugé cette philosophie d'après son v(
ritable sens ; il fit donc assez brusquement volt(
face, et le nouveau livre qui parut alors était ç
effet un commentaire éloquent de ce système
dont il développa, d'accord avec son collègi
Billinger, quelques parties dans un sens très
libre. Puis il appliqua cette philosophie à la théoli
gie révélée dans toute l'étendue que celle-ci cor
portait, et même au delà, au détriment de l'exégès
Quant à la théologie morale, qu'il enseignait
professait, il y introduisitun meilleur choix de m
tériaux et beaucoup de nouveaux points de vu
Ses principaux ouvrages sont , dans l'ordre chn
nologique, les suivants : Philosophias Leibnï
zianœ et Wolfianx tisus in theologia, p
praecipua fidei capita; Francfort et Leipzi
4 vol. lin-4°, 1728-1739, ou 3 vol. in-8°,
1769, in-4''; — De Regimine Dei universat
sive \ Jurisprudentia civitatis Dei publiée
Tubingen, 1731 et 1737, in-8'';— Eloquenti
et prœsertim oralorise, lineœ paucœ, etc
Tubingen, 1734, in-4''; — Oratoria scientiaru
familiae toti cognata, seu rationis et orati
nis arctissimum vinculum. Accedit laudam
hypocrisis, seu eloquentia corporis , secu
dum prxcepta , fundamenta , adjumen
quibus formatur, etc.; Tubingen, 1735, ia-i
— Grcnnmaticx vmiversalis tenuia rudiment
Agitur insimul de variis modis quibus sj
ritus secum invicem suas ideas possint cm
municar e ;T\ih\ngen, 1737, in-4°; — Disp.i
Origine et Propagatione anJman<m;Tubinge
1739, in-4'', et 1741, in-4''; — Disciplina m
raies omnes, etiam ex quse forma artis m
dum hue usque comparuerunt , perpet
nexu traditœ ; Leipzig, 1739, in-S", 3^ édi
Francfort et Leipzig, 1762, in-8''; — Disput
tiones IV de Immortalitate animse. ; Tubingi
1740, in-4° ; — Ueberz-eiigender Beweïs a
der Vernunft, betreffend die Unsterblichk ,
der Menschen-Seeleninsgemein,als besondi\
der Kinder seelen , sammt einem Anham
wie es der Seele nach dem Tode zu Muii
sein werde? (Preuve convaincante et l'aticij
nelle de l'immortalité de l'âme des hommes
général, et surtout des âmes des enfants, ail
un corollaire sur l'état de l'âme après la mor>|
Tubingen, 1741, in-8% 3"= édit. ; 1746, in-S";
Ontologia polemica; Leipzig, 1741, in-S";
Theologia thetico-polemica ; Draiide , 174j
in-S" ;— Theologia naturalis thetico-polemvA
Dresde, 1742 , in-S" ; — Fortzetzung der R&\
beckschen Betrachiungen ûber die Augshê
gische Confession (Idées sur la Confcssr
d'Augsbourg, pour servir de suite à celles'
545 CANZ —
Reinbeck); Berlin, 1743-1747, in-4°; — Disp.
de Resurreclîone corporis cjvsdem qxiodjam
(jestamus , licet novis quali/arihns vestiti ;
Tubingen, 1747, in-4° ; — Unterriclit von den
PJlichten der Christen , oder theologlsche
Moral, zum akademischen %ind allgememen
Gebrauch ausgeferligt (Trailé des devoirs des
chrétiens, ou Morale tiiéologique rédigée pour
des leçons académiques et pour l'usage des fa-
milles); Berlin, 1749, in-4°; — Meditationes
philosophiez, quibus variœ scientiarum dif-
ficultates expenduntur, et veritates opposifas
covfirmantur ; Tubingen, 1750, in-4°; — Disp.
■le hiimana; intse termino, neque casui, neque
fato obnoxio; Tubingen, 1751, in-4"; — An-
f Inopomorphismus in permultis theologias
irt'iculïs delectus ; Tubingen, 1752, in-4°; —
'oinpendium Theologisc purioris, in quo jus-
"is dcfinitionibus veritates theologicx dcter-
ninantur, determinatœ ex oraculis demons-
ranlicr, oruoula vindicantur, etc.; Tubingen,
!752, )n-8°; Leipzig, 1756, in-8°; Heilbronn,
'761, in-8°; — Annotationes ad Compend.
! heolog. pur.; Tubingen, 1755, in-S" ( ouvrage
osthume , publié par son fils George Bernhard
1 îanz ) . — On lui attribue encore, mais sans preuve
; ertaine , un ouvrage anonyme , sous le titre :
\ leditationes de Origine, Indole, Effectibus
\ ique Historiajuris re/ormandi Regum atque
\ rincipum, nec non statuum Imperii Romani
lennanici; 1728, in-8°.
Adelung, supplément à iôchtTyJlliiemeines Gelehrten-
exicon. — Ersch et Gruber, Allgem. Encyc.
*CANZiANi (Giovan-Battista) , peintre ita-
eu, né à Vérone vers 1650, mort après 1712. Il
• it banni de sa patrie pour le fait d'un homicide,
t se réfugia à Bologne. Il déploya beaucoup
I e talent, et obtint des succès coname peijitre de
. ortraits.
! Oihndi, Abbecedario pittorico. — Lanzi, J'toria pii-
'>rica.
*CAiszLER {Jean-É tienne), médecin alle-
mand, vivait dans la première moitié du dix-hui-
ème siècle. On a de lui : Unvorgreijliche In-
.vnation. Die won den loûthenden Hunden
ebissene Personen zu heilen (Nouveau remède
ûur guérir les personnes mordues par les chiens
jaragés); Landshut, 1733, in-8°.
1 Carrére, Bibliothèque de la médecine.
1 CANZLER ou CANZLAR (Jean-George),
omme d'État et historien allemand, né à Bur-
liardsdorf (Hartz) le 19 janvier 1740. 11 fit par-
ede l'ambassade saxoiinede Stock)iolm en qua-
té de sécrétait e, et remplit les fonctions de con-
nller des comptes à Dresde. On a de lui :
Umoires pour servir à la connaissance des
ff aires politiques et économiques d^i royaume
eS«èf/e,- Dresde, 1776,2 vol. in-4°; traduit en
lemand, Dresde, 1778, 2 vol. in-8°.
Galerie hist. des Contemporains. — Biographie nou-
Ite des Contemporains.
CAONABO ( de l'indien caum, or, et bou,
laison), cacique haïtien, mort en 1494. Lors-
NODV. BIOGR. UNIVEKS. — T. VUt,
CAOULT 546
que Ciirisloplie Colomb eut découvert en 1492
l'île d'Haïti, qu'il nomma Hispaniola, il (it, pour
assurer sa con(iuéle, construire un petit fort
avec les débris (le son vaisseau amiral In Gal-
lega , échoué à rentrée de la baie de Caracole
{ Puerto- Real). Cc: fortin fulnoininé Natimdad
(Nativité), parce qu'il lut occupé le jour de
Noël. Colomb y laissa quelques canons et trente-
huit soldats, sous les ordres de don Diego de
Arana. A son deuxième voyage, Colomb vint, le
27 novembre 1493, reconnaître le fort de Nativi-
dad, et n'y trouva qu'un monceau de ruines in-
cendiées. Un cacique voisin, Gnacanagari, roi de
Marien, lui fit savoir que les Kspagnols qui en
composaient la garnison avaient tous été mas-
sacrés par les habitants, irrités de ce qu'ils leur
enlevaient leurs femmes, leurs filles et leurs pro-
visions. Il ajouta que cet événement avait eu lieu
malgré lui, par l'aide et les conseils de Caonabo,
roi de Maguano et de Cibao, un des plus puis-
sants chefs de l'île, dans le pays duquel on ra-
massait le plus d'or. Christophe Colomb fit en
mars 1494 une expédition dans le Cibao, y re-
cueillit d'immenses richesses et y bâtit la forte-
resse de Saint-Thomas, que don Alonzo de Ojeda
fut chargé de défendre avec cent vingt-six hom-
mes. Caonabo, redoutant le voisinage des Espa-
gnols, vint assiéger Saint-Thomas avec cinq à six
mille Indiens. Après avoir résisté trente jours,
Ojeda dut évacuer ses retranchements : pendant
sa retraite, il tua un grand nombre de naturels,
et dans un combat désespéré, livré sur les rives
du Nicayagua (Rio-del-Oro), fit prisonniers
Caonabo et plusieurs autres chefs de sa famille.
Le frère de ce cacique , guerrier courageux et
chéri de ses compatriotes, appela à son aide les
Ciguayos {Indiens archers), et, à la tête d'envi-
ron sept mille combattants armés de lances , de
massues et de llèciies, vint se ruer sur Ojeda.
Celui-ci, ayant reçu un renfort qui portait à trois
cents le nombre de ses soldats, fit charger l'en-
nemi par sa cavalerie, et remjjorta une victoire
qui rendit les Espagnols mii^r^s du Maguana. Il
envoya Caonabo, son frère et son neveu, char-
gés de fers, à Christophe CoIot»)-', qui les fit em-
barquer pour l'Espagne; mais ils moururent dans
la traversée. Herrera et après lui quelques bio-
graphes modernes ont rapporté la vie, la prise et
la mort de ce cacique, avec des détails romanes-
ques que les auteurs espagnols et la conquête des
Indes ne confirment pas. A. de L.
Ovltdo, Hislorin gênerai y nat. de las fndia^, lib,
lil, c. 1. — Feniand Columb, f^^ida del Amirante,
ï'^ partie, c. 32 — P.t. Martyr, Océan, dec., 11, lU, IV.
— Art (le veii/ler les da>rs ( Amérique ).
*CAorLT ( Walcrand), théologien ethagio-
graphe flamand , vivait au commencement du
dix-septième siècle. Il était prêtre et sacristain
de l'église Saint-Amant, à Douay. On a de lui :
Miracula Virginis Deipnrx apud Tungros in
Hannonia; Douay, 1600, in-12; — Bulles
pontificales tirées du Bullaire romain, tou~.
chant la closturedes religieuses, tournées dii.
18
547 CÂOULT -
latin en français ;'Doxi«^,UQ^^m-\l; — Orai-
sonde Jean Trithème, des doiize renards cau-
sant larnyne de la religion, traduite; Douay,
j604, in-12; — MiraculaDominx Gandiorum
in Picardia, apud Tiingros , Camberoiies et
Servies, ab lOBl-ICOô ; Douay, ICOC, iii-l2.
Foppens, liiblintlieca fielriica.— Adcliing, supplément
à Jôrher, ^llijeiiii'Aues Celelirtcn-Leruon
V CAOURSiN ( Guillaume), liospitalier franç^iis,
né à Douay en 1430, niorl en lôOl. Il était
Tice-cliancclier (le Tordre de Saint-Jean de Jéru-
salem. Il méritxi, par ses talents, la confiance
du grand maître et du clia[)itre, et la dispense
des vœux d'usage, et remplit [)lusieurs missions
importantes en Italie. On a de lui (juclqucs ou-
vrages écrits en latin, qui ont cié recueillis et
imprimés à Ulm en loOO, in-fot., avec ligures en
bois. Le principal est une description de la ville
de Rho<les, et du siège qu'elle soutint en 1480.
Cette relation , qui a pour titre Obsidionis iir-
bis Rhodix descriptio, a été imprimée une pre-
mière fois à Rome, sans date, in-4°, et réimpri-
mée dans la même ville, 1584, in-foi.,avec des
augmentations.
T)il)din, Bibl. Spenseriana, t. IV (sur la traduction de
Caxton, voy. nibdin. Typographiral antlquities, I, 850.—
Mbl. GrerivUlcma, p. 114. — Valerins André. Itibl. Bel-
gica. î, 395, 3. — Nioéron, Mémoires, XV el XX.
*CAP (Paid- Antoine), savant français, né à
Mâcon le 2 avril 1788. 11 étudia de bonne heure
les sciences naturelles, et se livra avec succès à
l'exercice de la pharmacie. Depuis qu'il a quitté
sa profession, il consacre tous ses moments de
loisir à des recherches, justement appréciées, sur
l'histoire des sciences qui se rattaclient à la phar-
macologie. Parmi ses travaux on remarque : Mé-
moire sur cette question : Déterminer si, dans
Vétnt actuel de nos connaissaines , on peut
établir une clossijicntion régulière des médi-
caments, fondée sirr leurs propriétés médi-
cales ; Lyon, 1823, in-8"; — Rapport fait à la
Société de plrarmacie de Paris et à la Société
de prévoyance des pliarmacicns du départe-
ment de la Seine, sur la réorganisation d'une
pharmacie au nom d'une commission ; Paris,
1834, in-8° ; — Principes élémentaires de pliar-
maceutique ; Paris, 1837, vol. m-^" ; — Recher-
ches sur les lactates, et S2ir l'état de Ihirée
dans furine de l'homme et de quelques ani-
maux, en collaboration avec M. Henry; Paris,
1838, in-8"; — Éloge de Nicolas Lemerij, c fu-
miste, etc.; Paris, 1838, in-8°; — Biogrnpfiie
de Moise Charas ; Paris, 1840, in-8"; — Traité
de Pharmacie; Paris, 18'!7, in-8"; — Traité
de Botanique; Paris, 1847, in 8° (dans la col-
lection Aes Cent Traités); — Histoire de la
Pharmacie ; Anvers, 1851, in-8" ; — le Muséum
d'Histoire naturelle (Histoire et 15iogra|ihie);
Paris (Curmer), I8.j3, gr. in-S" ; — une édition
des Œuvres de Bernard de Palissy ; Paris, 1844,
in-12; — ime traduction des Apliorismes de
physiologie végétale de Lindley; Paris, 1838,
vol. iU'S"; — un grand nombre d'articles scien-
CAPATXI 548
tifiques et biographiques dans divers recueils pé-
riodiques , et notamment dans le Journal de
Pharmacie et r Illustration. M. Cap est membre
d'un grand nombre de sociétés savantes et che-
valier de la Légion d'honneur.
Qiiérard , la France lUt., et suppl. — Bcuchot, Journa,
de la Librairie.
CAPACcio (Jules-César), littérateur napoli
fain, né à Campagna en 1560, mort en 1631 I
étudia à Naples, y devint secrétaire de la muni
cipalilé ( secrelario delta città ), fut attaché à la
maison du duc François délia Rovere à Urbin.
et cWrgé de l'éducation du fils de ce prince
C'est alors qu'il écrivit la plupart de ses ou-
vrages. L'Académie degli oziosi de Naples 1(
compte parmi ses fondateurs. On a de lui : Mer
gellina, egloghe pescatorie; Venise, 1598
in-12; — Apologhi e favot.e in versi volgari
Naples, 1602, in-8"; — lllustrium mulierun
et itlustrhun literis virorum Elogia; Naples
1608, in-4°; — Declamazioni in difesa delh
Poesia, recilate nell' Accademia degli oziosi
Naples, 1612, in-4"; — Annotazioni alla Ge
rusalemme Uherata, pour l'édition de Naples
1582, in-12; — Neapolitanse historix; Naples
1607,in-4°; et dans le tome IX du Thesauru.
antiquitatum italicarum; — Puteolana his
toria, cui accessit de Balneis Ubellus ; Naples
1604, in-4", et dans le recueil cité; — la Ven
Antiquité di Pozzuolo; Naples, 1607, in-8"
Rome, 1652; — i Forestierl; Naples, 1620
in-4"; — Trattato delV imprese ; Naples, 1592
— il Secretario; Venise, 1599, in-4".
Soria , Storici Napolelani, 1, 128. — Crcscimbeni, SU
ria delta volgar poesia, v, lee. — Tiraboschi, Stori
délia leUeriit. ital., VU, 1209, VIU, 378, 424. — Toppi
Vibl. Napolet.
CAPACti'S ( Priam), littérateur sicilien, né
Ma/.ara, massacre dans la môme ville en 151"
11 (it ses éludes en Allemagne, et fut reçu docteu
à Leij)/.ig. Il s'y fit remarquer par son gofit pou
la poésie. De retour dans sa patrie, il oblir
l'emploi de trésorier royal à" Mazara. En 1517
celle ville étant le théâtre d'une sédition. Caps
cius se jeta au milieu des révoltés, afin de les en
gager à rentrer dans le devoir; mais il fut lâche
ment frappé à mort. On a de Capacius un \kiW)
à la louange de Frédéric F", publié sous le noi
de Fridericeis ; Leipzig, 1488, in-4°.
Mongitor, Bibl Sicula.
CAPALLA (Jean-Marie), dominicain italien
né à Saluées, mort le 2 novembre 1596. Il prc
fessa la théologie à Faénza et à Bologne, et fi
nommé inquisiteur général à Crémone. On a d
lui : Scintilla délia fiamma innossïa; — d
Cœna; Venise, 1604; — Arca salutis humana
sive Commentaria tocupletissima in Testamei
tum et Passionem J.-C; Venise, 1606, in-fol.
Posscvin, Bibliolhe.ca selecta. — Échard, Scripton
ordinis Prxdicalorxim.
* c A p A 1X1 ( Jean-Baptiste ), théologien itf
lien, vivait dans la seconde moitié du dix-sep
tiéme siècle. Il fut doyen à Arezzo. On a de lui ,
549 CAPALLI -
Eicnmo delV ahito monacale, discorsl sagrl ;
Venise, 1C80, in-4".
fatal, delà bibl. imp. de Paris. — Adelung, suppl. à
liichcr, /illiiem. CcU'hricn-l.erlcon.
*CAPALt1 ( Franccsco), compositeur italien,
lé à Fossotnbrone ( États romains), vivait en
1788. M était maître de chapelle de la cathédrale
lo Narni, et a publié : il Confrappunlïsla pra-
tco, osslano dimostrazioni Jatte sopra l' espe-
ienza; Terni, 1788, in-S".
Fétls, Biographie imioerselle des Musiciens.
câPANA, général français, d'origine piémon-
aisc, né à Turin vers 1770, mort en 1812. Après
voir pris part avec les Français aux campagnes
l'Italie, il devint préfet d'Alexandrie; et (juelque
enips après il rentra dans la carrière militaire,
l'otint le grade dégénérai de brigade, et combattit
Durtern et à Austerlitz. Devenu aide de camp
lu grand-duc de Berg, il trouva la mort en dé-
: ndant Ostrolenka.
r'ict et conq. des Fr. — Monit. vniv.
CAPANNA (Puccio ), peintre florentin du qua-
orzième siècle. 11 fut l'élève et l'heureux imita-
eiir du Glotte : on reconnaît l'effet des leçons
u'il avait reçues à la justesse de l'expression,
la simplicité du mouvement; maison voit aussi
;u'il avait plus de peine encore que son maître à
e dégager des traditions routinières des Grecs.
on coloris est plus brillant et plus moelleux
lans les draperies que celui duGiotto, mais les
; liairs sont trop étudiées, et ce fini qui fut une
'les qualités et un des défauts des peintres de cet
ije sent trop le travail, et pas assez l'inspiration
ie lu nature. Après la mort du Giotto, Capanna
otitinna à Assisi, dans l'église inférieure de
<aint-François, les fresques commencées par son
naître; il y représenta divers sujets de la Pa.s-
• ton, qiii exisleut encore aujourd'hui. Ses autres
limages à Rimini, à Florence, à Assisi même,
int disparu; mais nous sommes plus heureux
■ \ l'isloja, où nous trouvons dans l'ancienne
. îhapelle de Saint-Louis, aujourd'hui sacristie de
ii'église Saint- François, des fresques de Capunna
jtl'une étonnante conservation; les figures de
■^aint Pierre, saint Paul, saint Louis et saint
f Mirent ont encore fout leur éclat. Ici se pré-
^ente une singulière difficulté : suivant Vasari,
iiui attribue formellement à Capanna les pein-
tures de la chapelle Saint-Louis, cet artiste serait
'mort jeune, épuisé par l'ex-cès du travail; et d'un
autre coté, suivant des mémoires du couvent de
■^aint-François cités par Tolomei ( Guida di Pis-
'lya), la ciiapelle mt>me n'aurait été construite
qu'en 1386 : en supposant donc que Capanna
n'ait eu que vingt ans à la mort du Giotto, il eût
l'té àué de soixante-dix ans lorsqu'il peignit la
rhapelle de Pistoja. Il serait assez difficile de ré-
soudre ce problème : ce qui est pins important,
c'est la certitude que les peintures que nous |)os-
sédons sont l'œuvre du Capanna. Cet artiste
avait à la même époque , disent encore les mé-
ïnoires du couvent, commencé dans le cloître
CAPASSO 550
|)liisieurs peintures qu turent terminées par An-
tonio Vite, Capanna n'ayant pu les aciiever.
Cette circonstance pourrait peut-être nous four-
nir une donnée approximative sur l'époque de
sa mort, d'autant [ilus (jue Vasari ne parle de sa
fin prématurée que comme d'un on dit; mais il
est plus explicite quant au lieu de sa naissance :
il dit positivement (lue Capanna était Florentin, et
je ne sais [tourcpioi Lan/.i et après lui Valéry ont
rangé ce maître dans l'école romaine, h laipielle
il n'appartient ni par sa patrie ni |iar le maître
sous lequel il étudia. E. Uui:to>.
I.anzi, Stiiria piftoriros. — VasnrI, f i^e. — Tolomcl,
Guida di l'iitoja. — Valéry, ynyiigea en Italie.
*CAPANXA {Giovanni- Ihittista i»ki.), peintre
siennois, llorissait en 1499, et mourut en li40.
il a laissé cjuclques fresques dans sa patrie, en-
tre autres une Madone sur la porte de l'ancien
monastère de Santa-Margnrita in Castel-Vec-
chio, et les Travaux d' Hercule sur la façade
du palais Nastasi. E. B — n.
Rom.ijïnnli , Cenni storico-artistici di Siena.
CAPAKAJVii-:, vestale romaine, morte en 265
avant J.-C. Sous le consulat de Fabius Gurgès
et de Manilius Vitulus, une épidémie faisait dans
Rome de si grands ravages, que Ton consulta les
livres sibyllins. Ils répondirent que le fléau ces-
serait lorsque la colère des dieux serait apaisée
par la punition d'im grand crime. On découvrit
que Caparanie avait violé son vœu de chasteté,
et les Romains crurent voir dans cette faute le
motif de la colère céleste. Caparanie fut condam-
née, suivant la loi, à être enterrée vivante. Elle
s'étrangla pour échapper à ce supi)lice; mais son
corps fut mis en terre connue s'il eût été animé.
Malgré cette cérémonie expiatoire, l'épidémie ne
cessa point.
Zoiijiras, VIU. — nior/. in\iv. des Femmes célèbres.
*CAPASSi ( Dominique ), astronome italien,
de l'ordre des Jésuites, natif de Naples, vivait
dans la première moitié du dix-huitième siècle.
En 1722 il vint à Lisbonne, où il se lit remaniuer,
ainsi que Jean-Ba|)liste Carbone , par ses obser-
vations astronomiques. On a de lui : Observatio
lunaris eclipsis habita Uli/ssipone in pa-
latio rcgio die 1 novembre 1724, a Joh.-Dapt,
Carbone et Domin. Capasso; Lisbonne, 1724,
et dans les Àcta Entditorum, 1725.
Raililcf, Gcsrhicidejelztlcbendcr Gelehrten (Histoire
des savants contemporains), t. VIII, p. 329
CAPAssi ou CAPASSO { J mn - Baptiste),
médecin et [ihilosophe italien, né à Grumo, mort
à Naples en 1735. Il professa à l'université de
Naples. On a délai : Historiœ pliilosophix Sij-
nopsis, sive de origine et progressa p/iitoso-
phi,T, de vitis et sijstematibns omnium pliilo-
sopfiorum, etc., divisée en quatre livres; Na-
ples, 1728, in-4".
Journal des iaviints , an. 1729— Aileliing, supplément
à .lôclier, ^llçeinenii'S (ielehrleii-l.exicon.
CAPASSO ( Mcolas ) , jurisconsulte et poète
italien, né k Grumo, village de la province d'A-
versa, le 13 septembre 1671, mort le i*' juin
18.
551 CAPASSO
1745(1). Il professa les droits civil et canon, et
écrivit sur les mêmes matières. Il se fit connaître
par ses poésies, et notamment par sa traduction
ou plutôt sa parodie des sept premiers chants de
VHiade, en (iiaiecte napolitain.
Villarosa, Ritratti poetici; Naples, 1725, p. B7. — Ti-
paldo, liing. deyli Ital. iiliistri.
CAPUCEiL OU CâPDUELH (Po«5 de), trouba-
dour français du douzième siècle. C'était un noble
baron du diocèse du Fuy -Sainte-Marie : il faisait
des vers, jouait de la viole, et chantait bien. Il
fut bon chevalier d'armes, parlant agréablement,
gentil, courtois, grand, beau, riche, fort éco-
nome, mais se faisant honneur de sa fortune
autant que de ses manières et des grâces de sa
personne. Capdueil aima d'amour une dame de
Mercœur, nommée Azalaïs, femme du grand
comte d'Auvergne, et fille de Bernard d'Anduse,
baron de la Marche de Provence. Il l'aimait
moult, disent les contemporains, et la louait, et
faisait sur elle de jolies chansons. Il fut égale-
ment aimé d'Azalaïs, et leur amour était ap-
prouvé de tous les honnêtes gens. Capdueil lui
donnait maintes belles fêtes, et faisait pour elle
maintes belles chansons. Pendant qu'il était avec
elle dans cette joie et dans ces plaisirs, il lui
prit fantaisie d'éprouver si elle l'aimait bien. Il
résolut, dans sa folie , de faire semblant Je s'en-
tendre avec une autre dame, pensant que, si son
éloignement d'Azalaïs était pénible à cette dame,
il pourrait savoir alors qu'elle l'aimait bien ; et
que Si, au contraire, son éloignement ne lui dé-
plaisait pas , il serait sûr qu'elle ne l'aimait point.
Quand Azalaïs vit que Pons de Capdueil ,
qu'elle avait tant aimé et honoré, s'était éloigné
d'elle et s'éta t porté vers une autre, elle montra
pour lui un fort grand dédain, et pas un seul jour
ne parla de lui à personne et ne s'informa de
lui. Elle ne répondait rien à qui lui en parlait,
et elle vivait avec grande cour et grande galan-
terie.
Pons de Capdueil s'en allait dans la Provence,
faisant le courtois et fuyant les assemblées d'A-
zalaïs ; mais quand il vit et sut qu'elle ne mon-
trait nul courroux de son éloignement, quand il
vit qu'elle ne lui envoyait ni lettres ni messages,
il pensa qu'il avait mal fait : il se rapprocha de
sa dame, et renonça à la folle épreuve qu'il avait
tentée. Mais Azalaïs ne voulut écouter merci ni
raison. Il fit pour elle une chanson, et cett«i chan-
son ne lui servit à rien ; il en fit une autre qui
ne produisit pas plus d'effet. Azalaïs ne voulait
pas le recevoir en grâce. Alors Capdueil vint
implorer l'intercession de plusieurs grandes da-
rnes qui exerçaient le l'influence sur la comtesse,
et par les prières de ces dames Azalaïs lui rendit
ses bonnes grâces. Alors Pons de Capdueil fut
plus content qu'homme du monde, et dit que ja-
mais il ne feindrait plus pour éprouver sa dame.
Tant qu'elle vécut, il n'en aima d'autre ; quand
(1) Et non 1746, codiine le dit la Biographie univer-
selle (les (rércs Michaud,
— CAPÈCE ô^
elle fut morte, il tomba dans une tristesse prc
fonde, et tourna ses sentiments vers la religion
il se croisa, et prêcha la croisade. Il compos
sur ce sujet deux poèmes, où il exhorte les roi
de France et d'Angleterre à faire la paix, et le n
de la Pouillb et l'empereur à vivre en bon a<
cord jusqu'à ce que le saint-sépulcre soit délivn
Capdueil passa outre -mer avec PhilippoAi
guste et Richard, et mourut dans la troisièir
croisade, qui eut lieu l'an 1190. [Enc. des (^
du m. ]
Bavnoiiard, Choix de poésies des Troubadours.
Hist. littéraire de la France, XX, 22.
CAPÈCE (Conrad, Manno et Jacopo), fri
res et nobles napolitains, exécutés en 1268. I
étaient très-attachés à la maison de Souabe (
au parti gibelin. Lorsque Mainfroy, prince d
Tarente, fils de l'empereur Frédéric II, vouli
prendre possession du royaume de Naples, k
Capèce se firent ses guides pour traverser 1
Capitanate, et lui donnèrent asile dans leur cli.
teau d'Atripalda, d'où, avec leur aide et malgi
les embûches du marquis Berthold de Ilohen
burg, Mainfroy put atteindre Luceria et se faii
reconnaître des Sarrasins, habitant cette ville sou
la protection de l'Allemagne. Après la mort o
Mainfroy ou Manfred , tué à la bataille de Grai
délia le 20 février 1204, Coni'ad et Marino Capèci
députés de la noblesse gibeline de Sicile, vinrei
trouver Conradin, neveu de Manfred, réfugié
la cour de Bavière, et l'engagèrent à relever e
Italie l'étendard de Souabe, dont il était le dernit
prince. L'y ayant déterminé, Conrad Capèce coi
rut à Pise raffermir le courage des gibelins pc
la promesse de prompts secours. Il s'embarqn
ensuite pour Tunis, dans le but d'y prendre Fri
déric, frère de Henri, prince de Castilie, scn;
teur de Rome, qui s'était déclaré pour le jeuc
Conradin. Conrad Capèce débarqua Frédéric
Scialta avec huit cents chevaliers, et en peu d
temps il ne resta de la Sicile que Palerme au
F'rançais. Ce succès ne fut pas de longue dui-é(
Après la perte de la bataille de Tagliacoz/
( 23 août 1268 ) , suivie de la prise et de la mis
à mort de Conradin, les gibelins dispersés tou
bèrent successivement entre les mains de Charlt
d'Anjou, qui les égorgea sans merci. Tel fut I
sort de Marino et de Jacobo Capèce ; plus tare
les habitants de Conturbia livrèrent Conrad
Guillaume l'Étendard, lieutenant de Charles
qui le fit pendre après lui avoir fait arrache
les yeux,
Nicolas de Jamsilla, Historia, p. S23.— Malasplna, Ht:
toria Sicvlx, IV, 387.— Sisinoridi, Histoire des Républi
gués italiennes, iV. ch. XVlli et XX.
* CAPÈCE ( Alexandre ), compositeur italien
né à Rome, vivait en 1024. On a de lui : Sacr
concerti d'un vago et nuovo stile; reçue
conservé dans là bibliothèque l'oyale de Lisbonne
Mo/elti, de deux à huit voix ; Venise, 1613; -
Magnificat; Venise, 1610; — Madrigali, A
quatre à huit voix; Venise, 1617; — Matutin
l del Natale, de quatre à huit voix; Venise, 1623
553 CAPÈCE
— Motetti concertati, de deux à cinq voix ; Ve-
nise, 1624. ,
Félls. Biopraphie universelle des Musiciens.
* cxvkcv. { Ange) , théologien italien, de
l'ordre des Tiiéatins , vivait au commencement
du dix-huitième siècle. On a de lui : Dïscorsi
xagris recitati in diverse cAJe4e;Rome, 1711,
in-4°.
Adelung, supp!. .à Jôoher, Àllgem. Gelehrt.- Lexicon.
CAPKCE {Antoine ), jurisconsulte napolitain,
mort en 1545. II était d'ancienne et noble fa-
mille. Après s'être rendu célèbre par son élo-
quence dans l'exercice de sa profession d'avo-
cat, il fut chargé de professer le droit à Naples.
Dans l'intervalle, en 1517, il avait été envoyé en
Sicile par le vice-roi, pour y apaiser les troubles
qui s'étaient élevés. Il laissa : Recueil de déci-
sions, imprimé en Sicile; — Institutiones/eu-
dales.
Krsch et Gruber, AUgemeine Ëncyclopsedie.
CAPÈCE OU CAPTCius {Scipiou ), fils d'An-
iitoine Capèce, poète italien, mort vers 1562. 11
(écrivit sur le droit, qu'il professait à Naples, et se
|fit surtout connaître par ses poésies latines. Sa
Ifcibliothèque, riche et bien composée, était fré-
tajentée par les savants et les littérateurs. 11 fut
lié avec l'élite de ses contemporains , notamment
iGarcilasso de la Véga, et fut l'objet d'une considé-
l'ation particulière de la part d'Isabelle Villamarini,
■qu'il loua dans ses ouvrages. Chargé de gérer les
t biens du prince de Palerme, il tomba dans la gène
par suite de la confiscation encourue par ce prince,
qui avait abandonné le parti de Charles-Quint
pour celui du roi de France. On a de Capèce : une
léàitmidesCommentah-esdeDonat sur Virgile,
d'après un manuscrit de la bibliothèque de Ponta-
iius;Naples, 1535; — dedivo Joanne-Baptista,
vatc maxime, libri III; Bâie, 1542, in-8°,
lans les Poemata sacra prxstantium poeta-
rum d'Oporinus; Venise, 1546, avec le poème
de Principiis rerum. Gesner fait l'éloge de
ce poëme, qu'il compare aux œuvres de l'an-
tiquité : Quod cuni veterum etiam mujestate
"onferri queat; — de Principiis rerum li-
'>ri II; — de Vate maximo libri III; Venise,
t es Aide, 1546 : ce poëme, réimprimé plusieurs
' jois et dans plusieurs villes, telles que Paris,
: Saples, etc., a été traduit en vers libres par le
I '^. Ricci, traducteur de l'ylnii-Z/iicrèce du cardinal
le Polignac; Venise, 1754, iii-8° ; Capèce y éta-
)lit, d'après l'école ionienne, que l'air est le
irincipedes clioses; — des Élégies, au nombre
le quatre; Naples, 1594 et 1754 : la dernière
le ces élégies parle des misères de l'auteur et de
('elle de son siècle; — des Épigrammes , au
[lombre de six , imprimées avec les élégies et les
■ , autres poésies; Naples, 1594 et 1754 : quelques-
|ines de ces épigrammes sont de l'invention du
! loëte ; les autres sont empruntées à l'Anthologie;
-Magistrahmmregni JSeapolis quaiiter cum
mtiquis Romanorum conveniant compendio-
"w; nunc denmm recognitum et instaura-
554
tum; Naples, 1594 et 1754, en prose; — su-
per tu. de acquir. Possess. ubi multa in prac-
tica et in maleria fcudorum et constitutione
regni conlinentur ; Naples, sans date, in-4\
Tnppi, Uiblint. Napolet.— dcsner. In llibliol.— Dayle»
Dictionnaire critique. — Biog, degli Uomini illustri
del reg. di Napoli.
* CAPËCK ( Charles-Sigismond ), né en 1652,
mort en mars 1719. Après avoir reçu dans la
maison paternelle sa première instruction, il sui-
vit son père en Espagne, et compléta ses études
aux universités de Valence et de Compos-
telle. A son retour en Italie, il s'appliqua d'abord
à la jurisprudence, puis il cultiva de préférence
l'art dramatique. Lorsque. Marie-Casimir, veuve
de Jean Sobieski, roi de Pologne, vint à Rome
au mois de mars 1699, Capèce remplit auprès
de cette princesse les fonctions de secrétaire
pour la langue italienne, if alla avec elle en
France, y resta jusqu'au mois de janvier 1716,
et revint à Rome, où il demeura jusqu'à sa mort.
Ou a de lui : Vienna Uberata, orazione;
1683; — il Trionfo del S. elettore Massimi-
liano Emanuele, ducadiBaviera, orazionepa-
negirica; 1684; — il Visir discacciato, opéra
scenica; — V Amore vince/ortuna ; — la Cle-
menzia d' Augusto; — V Orlando ovvero la
Gelosia Pazzia; — Ifigenia in Aulide; — I/i-
geniain Tauri; — Tito e Bérénice; — il Te-
lemaco ; — Tolomeo ed Alessandro; — la
Conversione di Clodovio, re di Francia, ora-
torio.
Tipaldo, Biog.degli Ital. illustri, IV,37S.
CAPÈCE ( Galeotta-Fabio ), homme d'État et
publiciste napolitain, mort à Naples en 1645. Il
fut président de cour à Madrid, et régent du grand
conseil italien. On a de lui : de 0/Jlcioruin ac
Reguliïim prohibitu sine principis autoritate
commentatio ; — Responsum pro duce Gra-
vina ; — Super successiotie principatus Bisi-
niani; — Controversie regali; — i Risponsi
/iscali i più scelti.
Ersch el Oruber, .JUg. Encycl.
CAPÈCE ou cAPicius { Marc- Antoine) ,
théologien italien, né à Naples en 1569, mort
dans la même ville le 18 novembre 1640. Issu
d'une famille honorable, il entra dans la compagnie
de Jésus, se livra à la prédication, puis à l'en-
seignement, et ne voulut pas accepter l'évêché
de Nicotero, qu'on lui offrait. On a de lui : une
Oraison funèbre de La reine Marguerite d'Au-
triche.
Aleyambe, Script. Soc. Jesu.
CAPÈCB-LATRO (François), historien napo-
litain, vivait dans la première moitié du dix-
septième siècle. On a de lui : l' Istoria délia
città e regno di Napoli.
Toppi. Bibliolheca N apotetann.
CAPÈCB-LATRO { Hector), jurisconsulte na-
politain, né à Naples, mort le 10 août 1564. Il
jouissait d'une grande réputation, et Philippe IV,
roi d'Espagne, l'employa avec succès dans plu-
sieurs missions importantes. On a de Capèce;
555
Declsiones NeapoUtanœ ; ^a]>\es, 1652,^-8";
— Résolut iones et selectiones ; Genèse, 1664.
Lorenzo Ciasso, Elo(i. d'Lomini lellerali.
. tAPÉCE-LATRO {Joscp/i), archevêque et
publicisle napolitain, né à iNaples le 23 septem-
bre 1744, mort le 2 novembre 1836. 11 était issu
de l'une des plus anciennes familles napolitaines,
et obtint, très-jeune encore, l'arciievêclié de Ta-
rente, qui donne au titulaire le rang et les privi-
lèges de primat du royaume de Naples. Ces dis-
tinctions ne l'empêchèrent cependant pas de dé-
fendre les principes d'une philosophie éclairée,
et de combattre les idées surannées , la su-
perstition et les prétentions hiérarcliiques du
siège papal, tout en remplissant exactement et
consciencieusement ses devoirs comme prêtre
de l'Église catholique romaine. Un écrit de sa
première jeunesse, sur le tribut illégitime que le
royaume de Naples avait à payer à la cour ro-
maine, excita à un haut point l'attention; mais
un autre ouvrage qui fit encore plus de bruit fut
celui sur le célibat des prêtres, institution que le
prélat regardait comme la source de l'antipathie
que nourrissaient intérieurement contre l'Église
romaine un grand nombre d'hommes d'aiileiu's
religieux, et comme ayant été la principale occa-
sion de la réforme de l'Église par Luther. C'est
avec une noble franchise qu'à l'époque où l'es-
prit révolutionnaire paraissait aussi pénétrer en
Italie, Capèce-Latro dirigea la sollicitude de la
reine Caroline sur les abus qui régnaient dans
l'administration de ses ministres : il ne fut point
écouté. Quanil la révolution eut éclaté, le vœu
du peuple lui fit confier un emploi public, qu'il
accepta, convaincu que, dans un temps ci'itique,
il n'est pas permis d'abandonner la patiie. Ce fut
le motif qui, après la restaurationdes Bourbons,
engagea le cardinal Rul'fo à le faire mettre en
prison, et à le désigner comme une des premières
victimes de la vengeance qu'il avait à satisfaire.
Cependant tous les partis étaient décidés à sau-
ver Capècc-Latro, ce qui déterminale gouver-
nement à Uiirendrela liberté commeun effet de
la clémence royale ; mais Capèce-Latro ne vou-
lut pas sortir de prison : refusant la grâce, il de-
manda justice, et le roi se vit enfin forcé de lui
faire des excuses. Pendant la domination de Jo-
seph->'apoléon à Naples, en 1808, Capèce-Latro
était ministre de l'intérieur, et continua de diri-
ger ce département de la manière la plus distin-
guée sous Joachim Murât. Après la chute de ce
roi, le prélat perdit son archevêché; il se retira
entièrement des affaires publiques, et fit de sa
maison un lieu de réunion pour toutes les per-
sonnes distinguées par leur rang et leur savoir.
Son dernier écrit, remarquable par l'éclat du
style, est son ELorjïo dï Frederiyo II, re di
Prwssia (Berlin, 1832). [Encycl. des g. du
m.].
Conversations- Lexicon. — Ersch et Gruber, JUgcm.
Encycl. — S'„'iir;i, Hclazionn délia condotta deW arci-
vescovo Capece Lutro nelle /iimose vicende del reyno
Ui NapoU ml n99j Genève, 1826.
CAPÈCE — CAPEFIGUE
i5(
*CAPEFiGCE {Baptiste- Honoré- Raymond)
historien français, né à Marseille en 1801. Issi
d'une famille originaire de Gênes, exilée de cett
ville sous Louis XU, il reçut sa première ins
truction dans sa ville natale. En 1821, il vint
Paris pour y étudier le droit, puis il entra
l'École des chartes, devint rédacteur de la Qicc
tidienne, et obtint des prix aux concours aca i
démiques. En 1827, lors de l'arrivée de M. d
Martignac aux affaires, il défendit, dans le iVes
sager des Chambres, journal récemment fondt
les principes conciliants du nouveau cabinel !
Plus tard, il concourut à la rédaction d'autre
feuilles quotidiennes et recueils périodiques, tel
que le Temps , le Moniteur du Commerce , l
Courrier Français , la Chronique de Paris
l'Europe monarchique , la Gazette de Franci
la Révolution de {8ii&,V Assemblée ISationak
et la Revue des Deux Mondes. Cette participa
tion de M. Capefigue à la polémique quoti
dienne n'est pas le seul titre littéraire de ci
écrivain; il s'est surtout fait connaître par se
nombreux travaux historiques. Ses j)rincipau
ouvrages sont: Essai sur les invasio)is di
Normands dans les Gaules; Paris, 1823, 2 vo
in 8" ; — Récit des opérations de l'armée J'rar.
çaiseen Espagne; 1823, in-S" ;— la Vie de sain
Vincent de Paul; 1827, in-8°; — Histoire d
Philippe-Auguste ; 1827-1829, 4 vol. in-S" : c es
un de ses ouvrages les plus estimés; — //;.!
taire constitutionnelle et administrative d
la France depuis la mort de Philippe- Au
guste; première époque, de Louis VIII Ju;
qu'à la fin du règne de Louis XI; 1831-1S33
4 vol. in-8°; — Histoire philosophique dt
Juifs, depuis la décadence des Machabées jiu
qu'à nos jours ;??kï'\i, 1833, in-8" ; — Histoir
de la Réforme, de la Ligue, et du règne d
Henri IV; Paris, 1833-1834, 8 vol. in-8"; -
Richelieu, Mazarin, la Fronde, et le règne d
Louis XIV ; Paris, 1835-1836, 8 vol. in-S" ; -
Louis XIV, son gouvernement, et ses relation
diplomatiques avec l'Europe; Paris, 1837
1838 , 6 vol. in-8° ; — Philippe d'Orléans, n
gent de France; Paris, 1838, 2 vol. in-8°;-
Hugues Capet et la troisième race, jusqii
Philippe-Auguste; Paris, 1839-1841, 10 vo
in-8°; — Louis XV et la société du dlx-hui\
tième siècle; Paris, 1842, 4 vol. in-S"; — Hif\
toire de la Restauration, et des causes qui on
amené la chute de la branche ainée des Roui
&o)?s; 1842, 3* édition, 4 vol. in-12 ; — le
Diplomates européens ; Paris, 1843, in-8"; -
l'Europe pendant le Consulat et l'Empire
1839-1841, 12 volumes; — Louis XVI, ses relu
lions diplomatiques avec l'Europe; 1844
4 vol.; — la Diplomatie de la France et d
l'Espagne depuis l'avènement delà maison d
Bourbon; 1846, in-8"; — l'Europe depuis Va
vénement de Louis-Philippe ; 1849, 10 vol. in-8'
— les quatre premiers Siècles de l'Églisechn
tienne; 1860-1851, 4 vol. in-8".
557
CAPEFIGUE
Beuchot,
Dict. de la Conv. — Qnérard, la Fr. litt.
Journal de la Librairie.
CAPFX (.4r</n<r), général et homme politi-
[ que anglais, mort le 9 mars 1649. Nommé en
I 1640 représentant du comté de Hertl'ord , il
; siégea d'abord au lony parlement, qui com-
', mença le 3 novembre 1G40. L'année suivante,
il fut appelé à la pairie par Charles l^' , avec
K» litre de lord Capel de Hadham. Lorsque la
!t\olution éclata, il équipa, à ses frais, un
roips de cavalerie, à la tête duquel il com-
battit pour la cause royale, bien que précé-
demment il eût pris parti pour le parlement,
et \oté la mort du comte de Straflord. Il paya
(le sa personne dans plusieurs rencontres, et per-
sista dans ce dévouement jusqu'à ce que la cause
Ju roi fût absolument perdue. Il composa alors
avec le parlement, et se retira à son manoir
Tlladham. Quelque temps après, il tenta de
iioiiveau de soustraire Charles à ses ennemis,
rassembla tout ce qu'il put trouver de troupes,
t opéra sa jonction avec lord Goring et sir
Cliarles Lucas ; puis, enfermé dans Colchester,
1 s y défendit héroïquement, et ne se rendit à
i aiii'a\ qu'après avoir obtenu des conditions
iuv,itôt violées que consenties par ce général.
1 il bill di'attainder ayant été lancé contre Ca-
>el , il fut condamné avec quelques autres au
jaunissement, par un acte des communes en
late du 10 novembre 1648. Cette peine ayant
ite jugée trop modérée, il fut envoyé à la ïoui-.
Au rapport de lord Clarendon, quelques paroles
\ ives et une correspondance assez amère, éclian-
i:res entre Ireton et Capel, coûtèrent la vie à
(eJLii-ci, qui d'abord parvint à s'échapper; mais
replis à Lambeth le 10 février 1G49, il fut
îrailuit, sous la prévention du crime de haute
fra'uison, devant une prétendue cour de justice
'ie reant à Westminster. En vain opposa-t-il la
ijininesse de Fairfax qu'il aurait la vie sauve,
<e iiiotif ne fut pas admis, et il fut condamné à
èiie pendu, et à avoir le corps coupé en quatre.
On commua cette peine en celle de la décapita-
ti' n [,ure et simple, et la sentence fut exécutée
!^' 0 mars 1649. Capel monta sur l'échafaud avec
1 ' ralme et la dignité d'une bonne coascience,
'!'( iord Oxford : He trod tlie fatal stage loith ail
l/'r iiif/nilij oj valour and consciotis integritij.
Un incident curieux se produisit dans le cours
( lUi procès. La femme de lord Capel ayant pré-
I sente aux communes une pétition en faveur de
■son mari, quelques membres osèrent plaider la
cause de l'accusé, et faire ressortir son mérite :
}« C'est précisément ce mérite qui le rend dange-
reux,.. ditCromvvell. Lord Capel laissa : Daily ob-
servalions or 3Je.di talions, Dicine, Moral and
Political, avec des lettres adressées à diverses
personnes; 1654, in-4", et plus tard, in-12, sous
cet autre titre : Excellent contemplnlions ; —
des Stances poétiques, écrites pendant qu'il
était à la Tour, et insérées dans le Gentleman^ s
Magazine de 1757.
— CAPFXLA 658
I.lnRarrt, Uislory of England. — Hume, History of
Emiluud.
CAPFX (Arthur), (ils du précédent, di-
plomate anglais, mourut le 13 juillet 1683. Il
fut créé comte d'Kssex lors de la restauration,
puis chargé de l'ambassade de Danemark et
nommé lord lieutenant d'Irlande. En 1679 il fut,
pendant quelques mois seulement, premier lord
de la trésorerie. Impliqué dans l'accusation diri-
gée contre lord Willam Russell dans l'affaire
dite de Rye-IIouse, il fut envoyé à la Tour en
juillet 1683. Quelques jours après, il fut trouvé
mort : il s'était coupé la gorge. Au rapport de
l'évéque Burnet,on lui avait offert de le faire
évader.
liiog. Brit. — ITump, }fist. of Ennland,
* CAPEL ( Daniel), théologien et médecin an-
glais , mort e/i 1679. Il ne s'en tint pas à la
théologie ; il pratiqua aussi la médecine à Strond.
On a de lui : TenCamen medicum de VarioUs
et quelques autres traités.
liosc, JVeiv liiograplncal Dictionary.
CAPEL. VoiJ. CaI'PF.L.
CAPELL (Edouard), critique anglais, né à
Troston, dans le Suffolk, en 1713 ; mort le 24 fé-
vrier 1781. Protégé par le duc de Grafton, il
obtint l'emploi d'inspecteur des théâtres, aux
appointements de 200 liv. st. par an. En 1745,
ciioqué des erreurs d'Hammer, il entreprit une
édition de Shakspeare, à laquelle il travailla
trente-trois ans. Pour accomplir cette œuvre, il
ne négligea aucun document , aucune source.
Il publia son édition du grand poète anglais en
1768, 10 volumes petit in-S", avec une in-
troduction. L'ouvrage fut publié aux frais des
principaux hbraires de Londres, qui lui payè-
rent pour ses travaux 300 livr. st. L'introduc-
tion est écrite dans la langue qui se parlait au
temps de Shakspeare. Trois autres volumes
contenant des notes et commentaires, annoncés
dans l'édition principale, sous le titre de School
of Sliakspeare, furent publiés en 1783, après sa
mort, sous le titre de : Notes and Varions
Readings of Sliakspeare, 3 vol. in-4''. Ou lui
doit aussi un volume d'anciennes poésies, sous
le nom de Prolusions.
liiog. (Irrimat. — Rose, Aew liiog. Dict. — Ersch et
Gruber, ^llgein. Encycl. — Gorton, Ccwral Biogr. dict.
CAPELLA ( Martianus Minens Fel'x), célè-
bre encyclopédiste, vivait probablement vers la
fin du cinquième siècle de J.-C. On ne sait pres-
que rien de sa vie. A juger d'après ses propres pa-
roles : Beat a alumnum nrbs FJissœ quem vl-
del (1), il était originaire de la ville d'Elissa ( Dî-
don), c'est-à-dire de Carthage, et les manuscrits
le désignent souvent sous les noms li'.l/er Car-
tliaginicnsis (2). 11 parvint, dit-on, à la dignité
de proconsul, et rédigea son ouvrage à Rome,
dans un âge fort avancé. IMais ces assertions
ne reposent sur aucune autorité. C'est donc seu-
a)Mb. vin.
12) Quelques auteurs ont pris à tort ^puleiiis Wa-i
daurensis, cité par CassiDdore, pour Capella.
559
CÂPELLA
leraent d'après ce qu'il a écrit lui-même que nous
pouvons apprécier Capella (1). L'ouvrage qu'il
nous a laissé est une sorte d'encyclopédie, quicom
prend à peu près tout l'enseignement des écoles
au moyen âge • c'est pourquoi il mérite une analyse
détaillée. Cet ouvrage, mélange bizarre de vers
et de poésie, est divisé en neuf livres, dont les
deux premiers ont pour titre : De nuptiis Phi-
lologie et Mercuru. Ce titre spécial a été quel-
quefois appliqué aussi au\ autres livres qui
traitent des sept arts libéraux , savoir, le 3*, de
Arte grammaiica ; le 4% de Dialectica; le 5^, de
Rhetorica ; le C^, de Geometria ; le 7«, de Arith-
meticn; le 8"=, de Astronomia ; le 9^, de Mu-
sica. Bocce adopta le plan de cet ouvrage pour
sa Consolatio Philosophiae, également mêlée de
prose et de vers, dans le genre de la satire Mé-
nippée de Varron, et ilu Satyricon de Pétrone.
Capella était en grand lionneur auprès des
maîtres de la scolastique, et leurs élèves en de-
vaient apprendre tous les vers par cœur (2). Les
Noces de Mercure et de la Philologie sont une
allégorie ingénieuse, à laquelle on a supposé
un sens mystique. Mercure, las du célibat, veut
se marier. Son choix tombe d'abord sur la Sa-
gesse (Sophia), la plus belle et la plus sainte de
toutes les filles célestes. Mais celle-ci, comme
Minerve sa sœur, a juré de rester vierge. Ledieu
s'adresse alors à VAme (Psyclia ), fille de l'En-
téléchie et du Soleil; mais la Vertu lui apprend
que l'Ame est tombée au pouvoir de Y Amour et
a été enchaînée par les liens indissolubles {ada-
mantinis nexibus) de Cupidon. Ainsi désap-
pointé, Mercure consulte Apollon, qui lui pro-
pose de s'unir à la Philologie, fille d'une grande
érudition. Celle-ci en fut si contente qu'elle fré-
missait de joie {ut etiam corpore moveretur).
Mais il fallait auparavant obtenir le consentement
de Jupiter; car la Philologie était d'origine ter-
restre, et le dieu allait contracter une mésalliance.
Les dieux se rassemblent en conseil , d'où sont
exclues la Discorde et la Sédition ; et l'époux de
Junon prononce la validité du mariage. Tel est le
sujet du premier livre. — Dans le second, les
Muses et les Grâces célèbrent l'union de Mercure
avec la Philologie. L'Immortalité descend du ciel
pour enlever la fiancée dans une litière parsemée
d'étoiles. Mais auparavant elle lui ordonne de
se débarrasser de tout ce que son corps con-
tient de terrestre. La Philologie rend alors une
multitude de livres qui, à mesure qu'ils échap-
pent de sa bouche, sont ramassés par les assis-
tants, les Arts elles Sciences. Son élève Labor,
et ses servantes Epimeliaet Agrypnia, l'accom-
pagnent dans son ascension céleste. Elle est d'abord
accueillie par Junon, surnommée l'Aérienne; puis,
après une course de 126 000 stades , elle arrive
(1) Gasp. Barlh p;irle, dans ses Arlversuria inédits (ci-
tés par KabriciiiR, ISU>t. Lut , vol. III, p. 215, éd. ErnesU),
d'une /'ie de Maittanus Capella, d'après un ancien ma-
nuscrit.
(SI Foy. C,ri-fio\re de Tours, Nicolas de Clamengcs,
Jean de Salisbury.
au cercle de Mercure; enfin, poursuivant se
ascension, elle atteint la voie lactée ; c'est là qu
Jupiter, assis sur un trône élevé, attend la venu
du couple, et le mariage se célèbre avec la plu
grande pompe.
Dans les sept livres suivants, l'auteur j)ass
en revue les sept artj; libéraux, en commençai!
par la Grammaire, fille de Mercure. Son pèr
i'éleva en Egypte, sous le règne d'Osiris. Eli
apparaît avec ses outils : la férule, une lime pou
nettoyer les dents et la langue, et un insti-umen
en peau de bouc pour guérir la raucité de la voix
Son enseignement sur la formation des lettre
rappelle la scène comique du Bourgeois gentil
homme :
INnmque A sub hiatu oris congruo solo spirltii memora
B Labris per spirilus impetum rcclusiscdicimus.
C Molaribus super linguiE extrema appulsis exprimitiii
D Appulsu llngua; circa snperiores.dcntes innascitur.
O rotondi oris spirilu comparatur.
La Dialectique compose le quatrième livre
c'est une femme d'origine égyptienne, aux ye'j:
étincelants; elle est ainsi mise en scène :
Haecquoque contortis stringens cffctnina nodis,
Qua sine nil sequitur, nilque répugnât itein ,
In cœtum superum venions priinordia f.mdi
Advehit et scolicum praestruxit axioma.
La Dialectique fut amenée par Parménidc e
Grèce, où elle se mit au service de Socrate et d
Platon. Sa maigreur et sa sobriété excitent 1
verve de Bacchus. Elle se dispose à discuter,
l'aide du syllogisme, sur les matières les plu
abstruses, lorsque, sur un signe de Minei-ve,ell
cède la place à sa sœur la Rhétorique {h' livre)
Interea sonnere tiibac, raucusqnc per xthram
Cantiis, et ignoto oœlum cljnsore reinugil;
Turbati expavere dei, vulgusqiic ininorum
Cœlicoluin trépidât, causaruin et nescia corda
Hscrent, et veteris renovanlur crimina Phlcgrae.
Par ses gestes et sa parole, la Rhétorique imit
Jupiter lançant la foudre. Corax et Tisias son
ses licteurs, et elle compte dans son cortég
Démosthène et Ciccron. Elle a les allures d"ii!i<
convive des dieux, et ne se décide qu'avec peiii
à exposer avec simplicité les éléments de soi
art. Sa leçon terminée, elle dépose un baise
bruyant sur le front de l'épouse de Mercure; ca
la Riiétorique est une fille naturelle) ncnt bruyante
ISihil enimsilens, ac sicuperet,faciebal.
La Géométrie (e^ livre) fait son entrée sou
la conduite de Minerve :
Virgo armata, reruin Sapicntia, Pallas.
jEtliiTiiis tomes, mens et sollertia fati,
Ingenium mundl
Un cercle dans la main droite, une splière dans 1;
gauche, et revêtue du peplon, la Géométrie es
représentée debout sur le zodiaque. Elle expliqu(
d'abord aux dieux attentifs la forme, la situatior
et la division de la terre, en s'aidant de quel-
ques extraits de Pline et de Solin. Elle veut en-
suite leur montrer les éléments des mathémati
ques pures; mais, voyant que les dieux s'en-
nuyaient, elle leur offre l'ouvrage d'Euclide. Après
!,ei
ine courte pause, pendant laquelle la Volupté
kilte Mercure de ce qu'il permet à Minerve d'em-
liéter sur le domaine de Vénus, VArit/imélique
' livre) est introduite :
Postquam cotilicuit prudens permenslo terrx,
llonuba, soUcrtes curam qiix instigatin artes, etc.
est une femme de belle prestance , la tête en-
urée de rayons symboliques, et comptant sur
s doigts toujours mobiles. Elle parcourt ainsi
las les nombres avec leurs fractions, depuis
mité jusqu'à la décade. Pendant cet exercice ,
lèneboit, s'endort, et égayé un instant les dieux
r ses prodigienx ronflements. Tout à coup, sur
1 ordre d'Apollon, apparaît un globe creux,
^plendissantjd'où sort V Astronomie (8® livre),
'crge à chevelure étincelante, aux membres
■uverts d'yeux, et aux épaules ailées.
C'est dans un chapitre de ce Hvre, intitulé Qiiod
Uns non sit centrum omnibus planetis, que
trouve le fameux passage qui paraît avoir
jggéréàCopernicl'idéede son système du monde.
yirtianus Capella y dit en effet « que Vénus et
ircure ne tournent pas autour de la terre, mais
^our du soleil, considéré comme centre. » Voici,
reste, ses propres paroles : Venns Mercurius-
e, licet ortus occasusque qiiotidianos os-
ndant, tamen eorum circuit terras omnino
|»n ambiunt, sed cirea solem laxiore ambitu
\eulantur; denique circuloncm suonim cen-
Ion in sole constituunt, ita ut supra ipsum
^iqtiando, infra plerumque propinquiores
Wis ferantur , a quo quidem signo uno et
irtedimidia Venus disparatîir ; sed qimm
■pra solem sunt, propinquior est terris Mer-
'.rivs, quum infra solem. Venus, utpote qux
)be castiore diffusioreque curvetur.
n II n'y a, dit Delambre ( Histoire de VAstro-
Dmie ancienne, t. I, p. 312), de vraiment re-
jarquable dans ce passage que ce qui concerne
lercure et Vénus, dont les orbites ont le soleil
)»ur centre commun, et se trouvent dans la
bsition que nous leur assignons aujourd'hui.
!b dit que c'est ce peu de lignes qui a été pris
|ir Copernic pour le sujet de ses méditations ,
qui l'a conduit à son système du monde : en
s cas, Martianus aurait rendu à l'astronomie
lus de services que des astronomes bien plus
ibiles, et nous devons lui pardonner son ver-
age, ses bévues et son galimatias (i). »
Quoi qii'il en soit, Copernic ne saurait être
xé de plagiaire ; car il cite lui-môme ( de Re-
^hitionibus orbium cœlestium,l, 10) Mar-
anus Capella ; et il ajoute que l'idée de cet au-
ur et de quelques autres écrivains anciens (2)
lérite d'être prise en considération (3).
CAPELLA 562
V Astronomie, après avoir expliqué aux dieux
le cours des astres, est avertie par Vénus que le
jour est à son déclin, et qu'il faut songer à
l'hyménée. La Musique (9* livre) clôt la fête.
Elle s'annonce par une suave harmonie; Eratine,
Himeros, Terpsis, Pitho, Voluptas et les Grâces
l'accompagnent de chants et de jeux d'instru-
ments à cordes. Après cet exovAe. {egersimon
ine/fabile), elle expose la théorie de son art, et
termine par l'hymne à coucher (y.ot(xr,aic).
Telle est l'œuvre de Martianus Capella. Son
style, qui a quelque analogie avec celui d'Apulée,
trahit la décadence ; il est rude-, quelquefois
obscur et maniéré. On y remarque aussi un
certain nombre de termes et de locutions inso-
lites. Mais la plupart de ces défauts proviennent
des copistes et de l'incorrection des manus-
crits, dont se plaignait déjà Bapt. Guarinus dans
sa lettre à Pic de la Mirandole (1). Les manus-
crits de Capella ne sont pas rares. On en trouve
dans les bibliothèques d'Oxford, de Cambridge,
de Londres , de Leyde , de Paris , de Chartres ,
d'Orléans, de Bâle, etc. (2), et cependant les
éditions n'en sont pas aussi communes. L'édition
princeps parut à Vicenze en 1499, in-fol., par
les soins de Fr. Vitalis Bodianus, qui se vante,
dans la préface , d'avoir purgé le texte de plus
de 2,000 fautes ; elle fut réimprhnée à Modèae ,
1500; à Bàle, 1532; à Lyon, 1539, in-8° {cum
annotationibus Jo. Dubravïi); à Vienne, 1516,
in-fol., et à Bâle {cum, scholîis et vai'iis lec-
tionibus Bonav. Vulcanii), 1577, in-fol. Ca-
pella exerça de bonne heure le talent critique de
Hugo Grotius, qui, encore écolier de quinze ans,
le dédia au prince de Condé et le publia avec des
notes ; Leyde, 1599, in-S". La meilleure édition,
avec un commentaire perpétuel, a été donnée par
Fréd. Kopp; Francfort, 1836, in-4°; le texte,
rectifié d'après un grand nombre de manuscrits,
est accompagné d'annotations judicieuses, Leib-
niz avait promis une édition de Capella in usum
Delphini. Le dernier livre, de Musica, a été
inséré par Meibome dans Aiictores vet. musicse;
Amsterdam, 1632,in-4°. — L'ouvrage de Capella
eut de nombreux commentateurs au moyen âge.
Un de ses commentaires, composé 'par Jean
Scot, mort en 875, est cité par Labbe {Bibl.
nova Manmrcr., p. 45) ; et Bâle {Script. Brit.,
cent. III) en mentionne un autre, écrit vers 888
par Remigius Antisiodorensis. 11 est surprenant
que Martianus Capella , cet oracle des écoles
d'autrefois, n'ait encore été, que je sache, traduit
dans aucune langue moderne. F. H.
(1) f^oy. Benzenberg, Ver&vch ûber die Umdrehting
'■ P'-dp, p, 461.
(!) Probiibleinent VilTuve [deArchit.^ I, 9) et Macrobe
' 'o'mnium Scipiouis, c. 4).
51 \ oici les paroles nièmps de Copernic : Minime con-
l'nendiim arbilror qnod Martianus Capetla scripsit,
■ ftimons qiwd yemis et JHercurius circumerrant
— Fabricius, Blbliotheca medix et infl-mae setatis. —
Ersch et Griiber, Allgem. Encycl.
CAPELLA, poëte élégiaque romain, connu
solem in medio existentem. Comp. Hunaboldt, Cosmos,
t. III, p. 679 de la trad. franc.
(i) Si modo emaculatus sit codex; nam qui apud
nos, opéra sibi/llae indigent.
(2) f^oij. Haene!, Catalog.lit>r.manuscript.,elc.; Leip.,
1850.
563 GAPELLA — CA.PELLE
seulement par la mention suivante de ses poé-
sies, que l'on trouve dans ce vers d'Ovide :
Clauderet imparibus verba Capella mndis.
Ovide, de Ponto, 1. IV, 16, 36.
Smilh, Dict. of Romain and Greek Biogr.
* CAPELLA {André), évêque espagnol. Voy.
Capilla (de).
"* CAPELLA ou CAPELLUS ( Gucirinus ) , Tpoète
macaronique italien, dont la vie est demeurée
ignorée. U vivait au seizième siècle, et a laissé
un petit poëme : Macharonea in Cubrinum
Gogamagog regem composUa; c'est un livret
de 28 feuillets, imprimé à Rimini en 1526, d'un
grand prix pour les bibliophiles. Il paraît d'ail-
leurs offrir quelque mérite sous le rapport de
l'invention. G. B.
Genthe, Geschic/ite der macaronischen Poésie, 1829,
p. 58. — Dcleplerrc, Macaroniensa, 1852, p. 110.
CAPELLA ou CAPRA { Galéas - Flavio ) ,
homme d'État et historien italien , né à Milan
le 7 mars 1487, mort le 23 février 1537. Après
avoir été secrétaire de Jérôme Morone, le célè-
bre historien de la Lombardie, puis de François
Sforze II, duc de Milan , il devint ambassadeur de
ce prince auprès de l'empereur Maximilien, qui
fit de lui son orateur, de même qu'il fut main-
tenu dans la dignité de secrétaire d'État par
Cl'.arles-Quint , maître de Milan. Capella mou-
rut prématurément, par suite d'un accident
singulier : un jour qu'il passait à cheval dans
les rues de Milan, il fut heurté si violemment
par un autre cavalier qu'il tomba, et fut trans-
porté chez lui sans connaissance. 11 mourut après
deux ans de maladie. On a de lui : de Bello
Mediolanen H, seu de Rébus in Italia gestis
pro 7-estUutione Francisai Sfortix II ab anno
1521 usque ad annum 1530; Nuremberg, 1532,
in-4°; Anvers, 1533, in-8", édition rare; réim-
primé dans le Thésaurus Rerum Ilalicarum de
Graevius, tome II, ainsi que dans les Scriptores
Reriiin Germanicarum de Simon Echard ; —
Historia BelU Mussiani, Strasbourg, 1538,
in-S",dansrfii5ioria Cisalpina ,hom'a.m, 1614,
et dans le Thésaurus de Graevius : c'est l'histoire
des guerres entreprises par Jacques de Médicis
pour s'emparer de la forteresse de Musso, près
du lac de Côme; — Viennœ Austriee a sultano
Solimanno obsessse Historia; 1530, in-4°; —
Antropologïa , ovvero ragionamenlo délia
natura umana, la quale conliene le lodi e
eccellenza degli uomini, la dignità délie
donne, la miseria d' amendue, e la vanità
degli studj loro ; Venise, 1533.
Ginsucne, HLit. titt. de Cltatie, VIII. - Argelati, Bi-
blioteca Srript. 3fediol.
*CAPELL.4Bii (Jérôme-Alexandre), savant
italien, né à Vicence en 16G6, mort dans la même
ville le 13 avril 1748. Il étudia le droit et la phi-
losophie. Mais les lettres avaient toutes ses pré-
férences; et tel était son amour de l'étude, qu'il
vivait presque toujours dans la solitude. On a
de lui en manuscrit : il Campidogiio Veneto,
k vol, in-fol ; — Emporta universale délie
famiglie piii distinte dilîitta VEuropa, ;
condo la série e Vordine délie medesime,
vol. in-fol. ; — Istoria cronologica dei pon,
fici, imperalori, cardinali, vescovi, etc.
Tipaldo, Diog. degl, liai, illuslri, I.
CAPELLE ( Guillaume-Anloine-Benoît, \
ron), homme d'État Irançais, né, le 9 seplembi
1775, à Sales-Curan ( Roucrgue ), mort à Moi;
pellier en octobre 1843. U était d'une farnii
honorablement connue dans la magistratu
Malgré son extrême jeunesse, il assista, comii
garde national, à la fédération de 1790. Api
son retour, nommé lieutenant de grenadic
dans le deuxième bataillon des Pyrénées-Orit.
taies, il y resta jusqu'en 1794. A cette Cpqq
ayant été accusé de fédéralisme, Capelle fut d
titué; il revint à Milhaud, se maria, et co
manda la garde nationale de ce pays jusqu'
18 brumaire. C'est alors qu'il vint à Paris, co
plimenter le nouveau gouvernement. Chapt
ministre de l'intérieur, l'admit dans ses bureau
et, à la fin de l'an xi , le nomma secrétaire j
néraldu département des AliJCS-Maritimes; f ,
de temps après, il le fit passer en cette mêi
qualité dans le département de la Stura.
Se jugeant sans doute en état de remplir (
fonctions plus importantes, Capelle vint
nouveau à Paris pour solliciter de l'avancemer.
ce ne fut qu'après deux ans de démarches <
tives qu'il parvint à se faire nommer jiréfet
la Méditerranée (Livourne). Ce département
trouvait voisin des États de la princesse de Li
ques et Piombhio, excessivement jalouse de s
autorité. Capelle se tira habilement de ce
position difficile, et parvint à se concilier la bic
veillance de cette piincesse, sans toutefois ma
quer aux devoirs que lui imposait l'adminish
tion confiée à ses soins. Cependant l'cmperç
jugea à propos de changer la résidence de C
pelle, et le nomma, le 30 novembre 1810, à.
préfecture du Léman ( Genève). Sonadministi
tion dans ce pays ne fut pas exempte de qun
ques tracasseries. Les Genevois, souffrant il
patiemment le joug despotique que lempero
faisait peser partout où s'étendait sa puissanc
avaient formé plusieurs sociétés ; l'une d'ell
avait pris le titre de Société d''ÉgaUté. Une d
nomination aussi démocratique ne pouvait co
venir au délégué d'un pouvoir despotique; c
pendant il faut rendre cette justice à Capel
qu'avant d'appeler la loi à son aide, il épui;i
tous les moyens de persuasion. Les Genevoii
forcés d'obéir aux termes de la loi, en éïudèrç.
l'esprit autant qu'il fut en eux ; ils prirent
nom de Société des Mêmes. En 1813, Gonè'
se rendit aux alliés ; accusé de ne l'avoir p
bien approvisionnée, Cai)elle fut susiicmlii _(
ses fonctions, et traduit devant une commissiez
composée des conseillers d'État Lacuée, Real
Fanre : ce dernier, chargé du rapport, ne pi
que rendre justice à la bonne adininislration i
Capelle. Néanmoins celui-ci ne fut mis en liberj
l
CAPELLE — CAPELLEN
566
à la restauration. Ce fut sans cloute ce déni
justice qui irrita Capelle contre l'empereur,
(uel il devait cependant son titre de baron
ja haute position administrative. Dès lors son
ouement fut sans bornes à la branche aînée
Bourbons.
iOuis XVIII le nomma, le 10 juin 1814, pré-
ie l'Ain ; au mois d'octobre suivant, Monsieur,
nte d'Artois, passant à Bourg, i'éleva au
!(de d'officier de la Légion d'honneur,
i l'époque des Cent-Jours , Capelle quitta
département, et se rendit à Lons-le-Saulnier,
se trouvait Ney avec son état-major. Ayant
isé d'obéir aux ordres du maréchal, il quitta
'France, passa par la Suisse, et rejoignit
lis XVIII à Gand ; là il fut admis au conseil
roi. Après les désastres de Waterloo, les
wbons, voulant récompenser son zèle, le
nmèrent à la préfecture du Doubs, avec le
e de conseiller d'État honoraire. Le procès du
réchal Ney le ramena bientôt à Paris; appelé
nme témoin, il déposa contre lui. Nommé con-
iler d'État en service ordinaire, il fut, en 1822,
elé aux fonctions de secrétaire général du
«listère de la justice; peu après, il devint se-
iaire général de M. de Corbière, ministre de
térieur en 1828; mais les élections ayant
versé M. de Villèle, Capelle quitta le mi-
nière de l'intérieur, et fut nommé préfet de
oje-el-Oise.
Oans les premiers jours de 1830, Capelle fut
;Oelé à faire partie du ministère Polignac
jmme ministre des travaux publics, ministère
fi tout exprès pour lui. Il fut au nombre des
mataires de ces ordonnances qui firent éclater
révolution de Juillet. Pendant le combat des
fis jours, il resta caché dans Paris, et ensuite
quitta la France. Gracié quelques années
es, il rentra dans sa patrie, où il est mortdans
^vie privée. [M. Ozenne, dans V£nc. des g.
iict. de lu Convers. -^ Moniteur universel. — Lesur,
n. Hist. univ. — Vaulabelle, Hist. des deux Restaur.
^CAPELLE (£oMJs),théologienfrançais. Voyez,
PPÇL.
CIPELLE OU CAPPELLE (Marie). Voyez
.FABGE (M">e).
"CAPELLE (Pierre), littérateur français, né
Montauban le 4 novembre 1772. 11 fut au
mbre des chansonniers qui, à la fin du siècle
rnier, créèrent les Dîners du Vaudeville, de-
nus le Caveau moderne. En 1800, après avoir
IMié, avec Bahié de Barcenay, une Vie de Ma-
f-Antoinctle, qui lui valut deux mois de pri-
n au Temple, il se hâta de revenir à ses chan-
ins, et, en 1801, il commença, sous le titre de
'lansonnïer des Muses, une collection qui eut
>TOÎ. in-18. 11 publiait en même temps le Por-
^euille français, ou Choix d'épigrammes, de
Wdrigaux, de chansons, pensées, bons
k)te,etc. Ses autres productions sont : Aneries
\volutionnaires, ou Balourdisiana, Bêtisia-
I
I
na, etc.; 1802, in-18; — Dictionnaire d'édu-
cation morale, de science et de littérature,
1810, in-8"; 2'^ édit., 1824; —la Clef du Ca^
veau, 1814, 1 vol. oblong : c'est un recueil des
airs employés par les chansonniers; ces airs y
sont classés méthodiquement, avec un couplet-
type pour chacun ; l'ouvrage a eu trois édifions ;
— Hommage au duc de Bordeaux, ou Re-
cueil des pièces de vers composées par la
garde nationale de Paris; 1821, in-S" ; —Mon
hommage au ducd'AngouUme, généralissime
de l'armée d'Espagne; 1824, br. 1^8°; —Ma-
nuel de la Typographie française, etc. ; 1826,
in-4° (la première livraison seulement). — En-
fin on a encore de lui un Abrégé de l'Histoire
de Paris, un recueil de Poésies légères, quel-
ques vaudevilles, et la Journée aux aventures,
opéra-comique qu'il donna en 1816 avec M. Ma-
zères. Sous la restauration, M. Capelle a long-
temps rempli les fonctions d'inspecteur de la li-
brairie. GlTYOT DE FÈRE.
Quérard, la France littéraire — Beuchot, Journal
de la librairie. — Statistique des gens de lettres.
* CAPELLEN ( Godard-Géranl-Alexandre-
Philippe, baron Van), homme d'État hollan-
dais, né en 1778, mort à Vollenhoven le 10
avril 1848. Son père, un des plus zélés anti-
orangistes, et qui s'est rendu célèbre par Ja dé-
fense de la forteresse de Gorcum contre les
Prussiens en 1787, lui fit faire d'excdlentes
études,, après lesquelles il débuta dans la carrière
politique comme secrétaire de préfecture à
Utrecht. Le roi Louis-Napoléon le nomma en
1808 préfet de la province d'Ost- Frise, dont la
Hollande venait de faire l'acquisition ; et, malgré
tout l'attachement des habitants pour le gouver-
nement prussien, il sut se concilier leur estime
dans ce poste difficile. Peu de temps après, le
baron Van Capellen devint ministre de l'inté-
rieur, et plus tard conseiller d'État. Possesseur
d'une brillante fortune, il resta éloigné des af-
faires pendant tout le règne de Napoléon ; mais
le roi Guillaume P'", voulant attacher à son
gouvernement un homme qui jouissait dans le
pays d'une si grande considération, le nomma
ministre des colonies, poste qui exigeait un ad-
mini5trateur habile, et affranchi de tout préjugé.
Le congrès de Vienne ayant réuni la Belgique à
la Hollande, le baron Van Capellen fut chargé,
en qualité de secrétaire d'État extraordinaire, de
disposer les esprits en faveur du nouveau gou-
vernement. Pendant la bataille de Waterloo, il
contribua beaucoup à la conservation de la
tranquillité à Bruxelles. Il travailla dès lors à
une nouvelle et meilleure organisation dans l'ad-
ministration des colonies, qui ne devaient plus,
comme auparavant, coûter des sommes exorbi-
tantes à l'État, et se trouver sans défense au
moment du danger. Son intention était de les
étendre de plus en plus dans l'archipel asiatique,
et de les rendre plus avantageuses au commerce
de la mère-patrie qu'elles ne l'avaient été jus-
567 CAPELLEN
qu'alors. En 18i5, il fut chargé par le roi, con- |
jointement avec le conseiller d'Etat Clout et le
contre-amiral Buysker, de recevoir des mains
des Anglais les colonies des Indes orientales,
que ceux-ci avaient occupées depuis plusieurs
années, et de leur donner une nouvelle organi-
sation.. Il partit à cet effet, dans le courant du
mois d'octobre de la même année, pour Batavia,
et fut nommé en 1819, après le départ de ses
deux collègues, gouverneur général des Indes, et
en même temps commandant des forces de terre
et de mer. Il y resta jusqu'en 1825, et fit cons-
tamment tous ses efforts pour rendre quelque
élan au commerce des Pays-Bas, et pour y fonder
des établissements utiles. De retour en Europe,
il refusa plusieurs missions diplomatiques et
même le ministère, sous les règnes de Guil-
laume 1" et de Guillaume IL Eu 1828, il ac-
cepta les fonctions de curateur de l'université
d'Utrecht. En 1838, il assista, comme ambassa-
deur extraordinaire, au couronnement de la reine
d'Angleterre Victoria, et en 1840 il devint grand
chambellan de Guillaume H. [£nc. des g. du m.}
. Conversations-Lexikon.
CAPELLEN (Théodore-Frédéric, baron Van),
amiral hollandais, né à Nimègue le 6 septem-
bre 1762, rnort à Bruxelles le 15 avril 1824. Aspi-
rant de marine en 1772, il fit alors, et les deux
années suivantes, un voyage dans la Méditerranée,
et occupa, en croisière, la Manche et la mer du
Nord. Plus tard il croisa sur les côtes d'Afrique.
En même temps qu'il montait en grade, il trouva
l'occasion de se distinguer dans le combat
naval livré, le 20 juin 1781, à la frégate anglaise
le Crescent par la frégate le Briel. Capitaine
en 1782, et chargé du commandement de la Gé-
rés, il croisa de nouveau dans la mer du Nord
et sur les côtes de Flandre. Dans les années
1792 et 1793, lorsque Duraouriez menaçait d'en-
vahir la Hollande, Capellen fut placé à la tête de
plusieurs chaloupes canonnières sur Ze Hollands-
Biep. En 1799, lorsque les Anglais débarquèrent
sur les côtes de Hollande, et pendant qu'il
commandait un vaisseau faisant partie de l'es-
cadre du vice-amiial Story, à la rade du ïexel
ci au Vheter, les équipages s'étant déclarés pour
le prince d'Orange, et s'étant rendus le 30 août
à la sommation faite, au nom de ce prince, par
l'amiral anglais Mitchell, Capellen fut condamné
à mort par contumace. Il se réfugia en Angle-
terre, et publia un Mémoire justificatif. En 1813
il revint en Hollande, et fut nommé vice-amiral.
En 1815 il reçut le commandement de l'escadre
de la Méditerranée, et en 1816 il se distingua à
l'attaque d'Alger, dirigée par lord Exmouth. Il
reçut à cette occasion les remercîments de la
chambre des communes d'Angleterre.
Galerie hist. des Contemporains.
CAPELLEN itE AiARSEH { Robert -Gttspard-
Jlurne de ), homme politique hollandais, né à
Zutphen le 30 avril 1743, mort aux environs de
Paris en 1798. Descendant d'une famille qui
— CAPELLÎ i
s'était toujours fait remarquer par son pati
tisme, il eut à cœur de maintenir un si no
héritage. Au sortir de ses études, il fut placi
la tête d'une compagnie de dragons ; mais il
démit de son grade en 1769. En 1771, il siéj
aux états de Gueldre. Opposé aux projets a
bilieux du prince d'Orange, il contribua à
conclusion du traité d'alliance de la HoUari
avec la France en 1783.
Le 8 août 1788, à la suite des guerres civi
entre les orangistes et les patriotes, Capellç
déclaré coupable par la cour de GueMi'e i
crimes de rébellion et de lèse-majesté, fut c(
damné à la peine capitale. Il chercha un refi
en France, où il ntrourut aux environs de Pai
On a de lui : les Mémoires d'Alexandre Cap
len, son trisaïeul; 1778; — des Mémoires]}
sonnels, écrits en hollandais'et traduits par 1
même; Paris, 1791, in -8".
Quérard, ta France littéraire. — Bioçi. mod. — Er;
et Gruber, Allgem. Encijcl.
* CAPELLETi (Nicolas), médecin ou cliin
gien italien, natif de Lucques, vivait vers le r
lieu du dix-huitième siècle. On a de lui : de
Ferite dellacute del capo, dissertazione in c
si mostra Vinsufficienza del di loro prèle
pericolo , ed il metodo di curarle; Venis
1755, in-4''.
Gottinger Jnzeigen (Notices de Gotlinsiie), an. 17
— Adelung, suppl. à Jôcher, yillg. Gelehr.-Lex.
* CAPELLI (Jean-Marie), compositeur it
lien, natif de Parme, vivait vers 1790. Il s'est f;
connaître par quelques opéras, parmi lesquels i
remarque : Achille in Sciro, opéra; — le 11
Psaume à quatre voix, etc.; quelques arieti
et cantates.
Félis, Biographie universelle des Musiciens.
*CAPELL! (Carlo) , médecin et savant pi
montais, né à Scarnafiggi en 1763, mort à Tui
en octobre 1831. Il fit ses études à Turin, prit
Nice, en 1792, du service comme médecin da
les armées françaises, et suivit plus tard en cet
qualité les princes de la famille des Bourbons
réfugiant à Mittau. De retour en Italie en 181;
il occupa d'abord une chaire d'anatomie cor
parée, puis en 1815 il fut nommé professeur (
botanique médicale. On doit à ce savant l'intn
duction en Sardaigne d'une machine pour filer
lin ; il fut aussi un des principaux collaborateu
de Moris, auteur de la Flore sarde.
Hcnrion, Annuaire biographique.
* CAPELLI (Gm«-J/a?'ia, abbé), chanoine'
compositeur italien, né à Parme, mort en 172.
En 1 690 il fut nommé chanoine delà calhé<irale c
sa ville natale, et ensuite choisi pour compositeii
de la cour du grand-duc Ranuce II. Il a heai
coup écrit pour le théâtre, et a laissé : Rose
linda, opéra; Venise, 1602, et Rovigo, 171'.
sous le titre de Ergonia Mascherata; — Giv
lio Flavio Crispo; Venise, 1722; — Mitn
date,re di Ponlo; Venise, 1723. On lui attribii
Guiselda et Climène.
Fétls, Biographie universelle des Musiciens.
Il)
CAPELLO
570
I i:APEL,L.o (Ange), astronome italien, vivait
lis la première moitié du dix-huitième siècle.
ji'tait clianoine et professeur d'astronomie à
(me. On a de lui : Aslrosophia nume-
'it%, sive astronomica supputundi ratio;
liise, tom. F% 1733, et t. H'', 174G, in-4";
rage suivi, selon quelques-uns, de deu\ autres
imes ; mais Weidler ne parle que de deux volu-
;en tout, qu'il recommande tiès-iostammcnt.
;[ eidier, Historla Astroiwmix.
[cAPELLO (Antouie), archéologue italien,
i lit au commencement du dix-huitième siècle.
H a de lui : Prodromus iconicus sculptarum
viaruni basllidiani , aviuletki atque ta-
lanici generis, de museo Anton. Capelli;
ise, 1702, in-fol.
elung, supplément à Jôcher, Jllgemeines Gelehr-
Lexicon.
IPELLO. Voij. Cappello.
IPGLLO (Bianca), grande-duchesse deTos-
, née à Venise, morte au Poggio le 20 octo-
1588. Cette femme, l'un des exemples les
frappants de ce que peuvent les charmes
ieurs joints à un esprit intrigant, était sor-
'une des plus nobles familles de Venise. Un
entin, nommé Pierre Buonaventuri, employé
la maison de banque des Salviati, l'enleva
»63 : il lui avait persuadé qu'il était le parent
(associé de ses patrons; et Bianca s'était
tant plus facilement laissé séduire, qu'ellegé-
liait sous la tyrannie d'une belle-mère. La
ile Capello fit éclater l'indignation la plus
iicontre les amants, qui, pour aggraver leur
i, avaient emporté les plus riches joyaux de
Ifkison paternelle. Jean-Baptiste Buonaventuri,
de Pierre, fut jeté dans une prison où il
rut, et des assassins poursuivirent Pierre
l'à Florence. Lorsqu'il arriva dans cette
, Cosme V, las d'un pouvoir acquis jadis
la cruauté et par la perfidie, en avait remis
rcice à son fils aîné François II, déjà fiancé
Jeanne, arcîiiduchesse d'Autriche. Une liai-
imystérieuse se forma entre l'héritier de
ne et la fugitive vénitienne ; Buonaventuri,
bment avide ou ambitieux , ne rougit pas
livoriser cette intrigue. Aussitôt après le ma-
de François avec l'archiduchesse , Bianca
[i dans le palais, ainsi que son mari, qui
it le titre d'intendant. Mais celui-ci ne jouit
longtemps de la faveur du prince : des as-
Hi, ns, apostés par François lui -même, en dé-
iK>li'entles courtisans, qui détestaieut son ar-
iWt ice. François succéda à son père en 1574 ;
tt est alors que Bianca, qui le savait tour-
. m :é de se voir sans héritier, osa lui présenter,
le I août 1576, un fils supposé, mis au monde
(lalille par une femme du peuple. L'affection
duand-duc redoubla comme elle l'avail espéré,
-fitfle ne trouva pas cet avantage trop chèrement
\';*È;[é par la mort de la plupart de ses compli-
(i cejqu'elle fit assassiner, de peur d'être trahie.
Cindant Jeanne d'Autriche donna aussi un fils
au grand -duc, et mourut peu après en couche
d'un second enfant. François, saisi de remords,
touché des représentations de ses frères, ordonna
à Bianca de quitter la Toscane; mais celle-ci mil
en œuvre tant de séductions, tant d'intrigues,
appelant le confesseur môme du prince à son
secours, que, moins de deux mois après sa dis-
grâce, elle était la femme de François. Un bon-
heur si inespéré n'était encore rien pour elle
tant qu'il restait secret. François venait de per-
dre son fils, et souhaitait un autre rejeton légi-
time. Bianca saisit ce moment pour le presser
de déclarer leur mariage. Le grand-duc se décida
enfin à envoyer au doge de Venifie une ambas-
sade pour demander à s'allier étroitement à la
république en épousantunede ses filles ; et Bianca
fut reconnue fille particulière de Saint-Marc,
dans une déclaration émanée de ces mômes ma-
gistrats par lesquels jadis son nom avait été cou-
vert d'infamie, et la tête de son amant mise à
prix. Deux ambassadeurs et 90 nobles vinrent
à Florence célébrer l'adoption de Saint-Marc,
et le mariage de la nouvelle grande duchesse.
Ces cérémonies ne coûtèrent pas moins de 300,000
ducats, à une époque où la Toscane était désolée
par la disette. Bianca fit de son frère Vittorio
Capello le ministre du grand-duc; mais on lui
montra tant de haine, qu'il fallut l'éloigner. Le
fils tant désiré ne naissait point. Deux fois Bianca
feignit d'être grosse, et deux fois elle avoua
s'être trompée. Quant à son fils supposé, don
Antoine de Médicis, elle ne put jamais parvenir
à le faire déclarer héritier. Les princes ses beaux-
frères lui avaient toujours été opposés : elle
chercha à cette époque à se réconcilier avec eux,
et le cardinal Ferdinand vint à Poggio , maison
de plaisance du grand-duc. Les démonstrations
d'affection furent vives de part et d'autre;
mais, le 8 octobre 1587, le grand-duc tomba ma-
lade; le 10, Bianca fut saisie du même mal,
qu'on nomma fièvre intermittente ; et tous deux
moururent à un jour de distance. Ferdinand, qui
succéda à son frère, n'a point été à l'abri du
soupçon d'empoisonnement; et quelques actes où
il appelle sa belle-sœur « la détestable Bianca »
sembleraient le confiimer. [Enc. des g. du m.]
Artaud deMontor, Italie nvoiLe,me, 11, 264,, dans VUni-
vers put. — Sismondi./itsi. des Rep. ital., XVI, ?05,
* CAPELLO {Charles) , philosophe et poète
italien, natif de Venise, florissait vers l'an 1521.
Il était issu d'une noble famille, et sénateur dans
sa ville natale. On a de lui : de Vanitate scien-
tiarum; — de Vera et perfecta Philosophia
christiano homlne digna; — Orazione reci-
tata nelfunerale di Giorgio Cornaro, fra-
tello délia reglna di Gipro. Tous ces hvres sont
sans date, ni lieu d'impression.
Adclung, suppl. à Jôcher, AUgem. Gele/irlen-Lexicon:
* CAPELLO (Jean-Baptiste), pharmacogra-
phe italien, vivait probablement dans la pre-
mière moitié du dix-huitième siècle. On a de
lui : Lessico farmaceutico-chimico , dont
571 CAPELLO
Spielmann, dans ses Principes de la Chimie,
cite la sixième édition, publiée à Venise, in-4°,
sans date; — Courte histoire des aromates (en
italien), dans Donzelli, Lessico farmaceutico ;
Venise, 1742, et 1745, ln-8°.
Carrère, Bibl. de la Méd.
* CAPELLO (Jean- Marie), compositeur ita-
lien, né à Venise, vivait en 1616. 11 était orga-
niste de l'église délie Grazie à Brescia, et a laissé
treizelivres de Messes &i Psaumes; Venise, 1516.
Fctis, Biographie universelle des Musiciens.
CAPELLO. Voy. Cappelli.
CAPELLO. Voij. Cappello.
CAPEL-LOFFT, savant poète anglais, né à
Londres le 14 novembre 1751 , mort à Mont-
Calix le 2G mai 1824. Il fit ses études à Éton,
à Cambridge et à Lincoln's-inn ; puis, tout en
s'appliquant à la jurisprudence, il se livrait à la
culture des lettres , de la poésie en particulier.
1! débuta comme avocat en 1775, et se fit re-
marquer comme légiste. Après avoir pris une
certaine part aux débats soulevés en Angleterre
par la cause de l'indépendance américaine, dont
il embrassa la défense, il se retira à Tros-
ton , y reprit ses travaux littéraires, en même
temps qu'il exerçait les fonctions de juge de
paix. Il cessa ces fonctions en 1800 : il avait
déplu au gouvernement par ses principes d'op-
position, philanthropique d'ailleurs, et par le
zèle jugé excessif avec lequel il avait demandé
le sursis à l'exécution d'une jeune femme con-
damnée à la peine capitale. A partir de cette
époque, sa vie se partagea de nouveau entre la
plaidoirie, la publication de nombreux articles
dans les levues et autres recueils, et la protec-
tion qu'il témoigna aux gens de lettres. Dans un
moment de misanthropie, Byron appelle Capel-
Lofl't « le Mécène des cordonniers , le grand fai-
seur de préfaces pour tous les faiseurs de vers
dans le malheur; une sorte d'accoucheur gra-
tuit pour tous ceux qui désirent se délivrer d'une
quantité quelconque de poésies, mais qui ne sa-
vent comment les mettre au jour. » En 1814 il vi-
sita le continent, et parcourut la France, la Belgi-
que, la Suisse et le Piémont. On ade Capel-Lofft :
Principia cum jiiris universalis tum prxci-
pue anglicani, 1779, 2 vol. ; — Èudosie, poème
en vers blancs, 1780; — Laxire, ou Anthologie
de sonnets sur le modèle de Pétrarque, en an-
glais, italien, espagnol, porttigais, français
et allemand; — la Loi de l' évidence, tinAuc-
tion de l'ouvrage qui précède ; — la Loi de l'é-
vidence, de Gilbert, avec additions; — Cas ju-
diciaires ; \112-\llk; — Essai sur la loi des
pamphlets; — Trois lettres au peuple d'An-
gleterre sur la question de la régence; 1789;
— des brochures sur la question d'Amérique ,
intitulées : Tableau des plans principaux à
l'égard de l'Amérique; — Dialogue sur les
Principes de la constitution; — Observations
sur l'adresse de M. Wesley; — Remarqiies
sur les lettres de M. Burke touchant la ré-
— CAPER
volution française, 1790; — Observations ,
rappel de M. Burke; — Aphorismes tirés
Shahspeare; 1812, 1 vol.; — traduction de 1
thalie de Racine; — traduction des liv. 1 ç
des Géorgiques de Virgile; 1784; — la De
déide, poème épique, dont quelques chf
seulement ont été composés; — les deux |
miers livres du Paradis perdu, annotés avec
ponctuation particulière, imaginée par l'auli
Annnal Register. — Monthly Magazine. — Lord
ron, OEuvres.
CAPELUCHE, bourreau de Paris, décapiti
1419. Après la conjuration de Périnet-Leclerc, ,
Bourgijignons étaient redevenus maîtres de P
(1418). On sait que leur triomphe fut souillé ■
le massacre des Armagnacs. Le bourreau do
ris , Capeluche, se signala parmi les assas? .
Il était secondé par les Legoix , les Saint-Y ,
les Caboche, chefs de la faction des boucli ,
La foule, ameutée par eux, se porta au gi
Châtelet; les prisonniers y furent égorgés, i
gré l'opposition des gens de justice. Le du(
Bourgogne essaya en vain de fléchir par
prières ces hommes altérés de sang : il prit m
parla main le bourreau Capeluche, que peut-
il ne connaissait pas; mais tout fut en vain. J
sans Peur proposa ensuite aux massacreurs (
1er combattre les Armagnacs , qui , maîtres
Montlhéry et de Marcoussis, affamaient la v
H leur donna des chefs et leur fit ouvrir
portes , qu'il rcfei'ma dès qu'ils furent sortis
plus de six mille des plus turbulents se troi
rent ainsi exclus de la ville. « C'est alors, dit
mondi, qu'il (it arrêter Capeluche , dont il
reprochait d'avoir serré la main, et lui fit ti
cher la tète par son valet, auquel Capeli
montra comment il devait s'y prendre, pr
rant pour lui-même tous les instruments
supplice. »
Jiivénai dps Ursins, Hist. de Charles f^I. — Mich
Hist. de France, t. VI. — Sismonrti, Hist. des Fraiiça;
Le Bas, Dictionnaire enci/clopédiqite de la France.
* CAPELLUTUis ( Roland), médecin ital
vivait en 1468. Il pratiqua la chiiurgie à Pa
avec une grande réputation, et laissa, d'après
médecins arabes, plusieurs ouvrages dans
style assez imparfait. Voici les principaux : (
n<r(7ia; Venise, 1490 et 154C, in-lbl. ;la dei'D
édition comprend les chirurgies de BrunnuS;
Lanfranc et de quelques autres ; — de Cu
tione pestiferorum apostematum ; Francfi
1642 et 1685, in-8°; Brunswick, 1648, in-4°/
Éloy, Dict. de la M éd. — Van der Linden, Dese\
medicis.
* CAPER ( Flavius), grammairien romain,
vait probablement vers la fin du quatrième siè
Ses ouvrages rfe Latinitate sont souvent cité
avec éloge par Priscien, Charisius, Ruiinus, 1
vins et d'autres. On lui attribue encore d
petits traités, intitulés, le premier : Flavii
pri grammatici vetustissimi de Orthog<
phia libellus; l'autre : Caper de Verbis i
diis. Cependant on conjecture que ce ne «
'S CAPER
ic, les abrégés des ouvrages originaux , dus h
lutres, Servius dit, en parlant de ce grammai-
•n : Cnper in libris dubiï generis. Le livre
Caper ayant pour titre Commentaire, est
;ntionné par saint JérOme comme un livre
été, et les Annotalionx ?,\xr Cicéron sont re-
rdées par Agroetus , l'auteur du Libellus de
tliographia et Proprietate ac Differentia
rmonum, comme l'œuvre la plus remarqua-
! de Caper. On le range encore, mais sans fon-
nent peut-être, parmi les scoliastes de Té-
ice.
aint Jérôme, ^dw. Suftn., II. — Servius, Ad f^irgilii
t., X, 344 cl S77. — Schopfen, de Terentio ; Bonn,
I. — Fabriciiis, Dibllotheca lut. — l'utschius, Collect.
grammairiens latins.
CAPERAN (Arnaud -Thomas), orienta-
e français, né le 6 avril 1754 à Dol (llle-et-
iune),mort le 26 novembre 1826 au Tronchet,
is le même département. Il était lils de l'irn-
nneur oulibraire deTévôché. Il embrassa l'état
lésiastique, et devint le précepteur de M. de
iteaubriand. Forcé de s'expatrier pendant
évolution, il voyagea en Hollande, en Allema-
, en Italie, en Espagne, en Angleterre, et fit
tout apprécier son érudition. Doué d'un cœur
ellent, il rendit souvent à ses compagnons
ifortune des services importants. Accueilli
lOme avec distinction par le souverain pon-
, il résida pendant trois ans dans la capitale
'monde chrétien , et fut chargé en 1806, au
'.ége Mariano, d'une chaire de langues syria-
!, persane et illyrique anciennes, chaire qu'il
upait encore en 1807. Revenu dans sa patrie
es dix-sept ans d'absence, il ne dédaigna pas,
ilglré sa science, de se fixer au Tronchet, qu'it
la satisfaction de faire ériger en paroisse, et
lit il fut le premier c. ré. Là, retiré du monde,
recevant aucun traitement , et vivant pour
tîi dire d'aumônes, il se tenait enfermé dans sa
felribre pendant tout le jour, et se livrait cons-
hiïient à l'étude. Pendant les dernières années
j«a vie, il fut atteint d'aliénation mentale; et
[S la dernière attaque de cette maladie il
«upait beaucoup du mystère de l'Incarnation,
^tant sans cesse qu'il était le Messie. Par une
iÛe digne de figurer dans le Chef-d'œuvre
ninconnu, sonépitaphe française a été écrite
•ettres grecques. L'abbé Caperan est auteur du
Isprophétiqîie duGle psaume de David : Ex-
gat Deus, et di.mpenh.ir inimiciejus, etc.,
■irimé à Londres en 1800, et formant un ou
X volumes in-8". On lui doit aussi une tra-
itiian inédite de l'ouvrage intitulé Veterum
:'<arum et Mafjorum religionis I/istoria;
brd, 1700, in-4" ; la bibliothèque de Rennes en
sède le manuscrit autographe. Le catalogue
cette bibliothèque, auquel nous empruntons
^'> les détails qui précèdent, indique, parmi
1< ouvrages manuscrits laissés par l'abbé Cape-
r et dispersés après sa mort, des fragments
e vers du Cantique des Cantiques, et un ou-
•^ ^e intitulé Hiéroglyphes naturels et mys-
- CAPET 574
térieux de l'alphabet samaritain. Indépen-
damment des écrits mentionnés^on a de Cape-
ran : plusieurs mémoires publiés dans VOrien-
tal Collection de sir William Onseley, vol. 3,
n" 2, p. 150 et suiv. ; Londres, 1800; — une
copiede plusieurs morceaxix du Zend-Avesta,
traduits par Anquetil-Duperron, un gros vol.
in-4"; — Alphabet hiéroglyphique dît Sama-
ritain expliqué, qui renferme tous les mys-
tères de la création et de la rédemption du
genre humain, révélés sous les emblèmes des
lettres, ou éléments de la parole tant énoyicée
que tracée ; — Recherches sur les vrais
principes de Vétymologie, ou le 7nécanisme
des langues d'après l'hébreu qu'on démontre
hiéroglyphique, et la plus ancienne de toutes
les langues \ms.) , un cahier cartonné infol., en
trois chapitres; — Plusieurs longs fragments,
en arabe, stjriaque et persan, des Machabées
et du Nouveau Testament, pris dans la Po-
lyglotte de Wallon, et quelques-uns rappro-
chés de la version latine, an vol. (ms- ),in-fol.
de 453 pages chiffrées, outre les sept pages
finales, écrites en slavon ou russe ; — le Sens
historique et prophétique des Lamentations
de Jérémie, Vulgate, avec la traduction fran-
çaise, notes et commentaire , texte original
avec traduction latine, par l'abbé Caperan
( ms.) p. Levot.
Catalogue de la Bibliothèque publique de Rennes, —
Noies de feu M. le baron du Taya.
*CAPEROLE {Pierre), de l'ordre des Obser-
vantins, théologien vénitien, prieur à Vellétri en
1481. Il était entré dans l'ordre de Saint-Fran-
çois à Brescia , et s'acquit une grande réputa-
tion par ses prédications. A la suite de quelques
dissidences avec ses supérieurs, il entraîna, en
1472, plusieurs couvents à se séparer du gcné-
ralat, et à former une congrégation sous le nom
de Caperolans. Cette séparation causa plusieurs
procès : le pape Sixte IV crut devoir intervenir
en 1475, et blâma Caperole, auquel néanmoins
il accorda en 1480 le couvent de Vellétri. De-
puis cette époque, l'observance de Venise fut sé-
parée de celle de Milan.
\VzuA\na,. Annales or dinis Minorum. — Hé\yo\., His-
toire des ordres monastiques, VII, c. 15.
CAPET {Hugues). Voy. Hugues.
* CAPET (;Jean), chanoine théologien fran-
çais, né à Lille, mort dans la même ville le 12
mai 1599. 11 fut reçu docteur à Louvain, où il
professa la philosophie. On a de lui les ouvra-
ges suivants : de Vera Christi Ecclesia, deque
Ecclesiœ et Scriptural Autorllatc ;Doaày ,\b8i,
in-8"; — de Hceresi et modo coercendi Hxre-
ticos ; Anvers, 1591, in-8°; — de Origine Ca-
noïncorum et eorum Officio ; id., 1592, in-8°-
— de Indulgentiis ; Lille, 1597, iu-S".
Valère André, Bibl. Belijicu, I, 600. — Du Pin, Table
■universelle des Auteurs ecclésiastiques.
* CAPET {Marie-Gabrielle), peintre française
de portraits à l'huile, en miniature et au pastel,
née à Lyon, morte en 1827. M"* Capet est élève de
573
CAPET — CAPILA
Mme Vincent. Parmi ses portraits on remarque :
ceu\ de M"' Mars et de Houdon, miniatures,
exposés en l'an viii ; — M'^'Saint-Fal, PaUïère,
pastels, en l'an x ; — l/^e Vincent et ses princi-
paux élèves, tableau à l'huile, en 1 8 1 8 ; — Hygie,
tableau à l'huile, en 1814. Elle a en outre exposé
divers autres portraits aux salons de l'an ix , de
l'an xn, 1812 et 1813. P. Cn.
Gabet, Dictionnaire des artistes. — Livrets des sa-
lons.
f CAPETAL OU CAPEREL (Henri), magistrat
français, mort en 1326. Prévôt du Châteiet, il
fut convaincu de s"ètre laissé gagner par un
riche meurtrier condamné à mort, et d'avoir
fait revêtir les habits de ce coupable à un détenu
innocent qu'il fit supplicier à la place du meur-
trier. Informé de ce fait, Philippe fit pendre le
prévôt, à son tour.
Continuateur de iVangis, p. 76. — Sismondi, Hist. des
Français, IX, 588.
*CAPE2ZALS (Buonavita), poète italien,
natif de Pise, vivait dans la première moitié du
dix-septième siècle. On a de lui : Ditirambi ed
altre Poésie; Pise, 1627, in-4"; — la Difesa
delta Poesia, canzone; Pise, 1628, in-4'>; — la
Difesa céleste, poemetto sacro ; Pise, 1635,
in-4°.
Cinelli, Bibl. vol. — Adelung, supplément à Jôcher,
Allyeni. Celekrten-Lexit;on.
*CAPGRAVE OU CATGRAVE ( JoJin), théo-
logien anglais, mort le 12 août 1474 ou 1484.
U était de l'ordre des Augustins, et a laissé :
Catalogus sanctorum Angltx, seu Legenda;
Londres, 1516, in-fol.; — des Commentaires
sur Y Écriture; sur le Maître des sentences;
— Manipulum doctrinx Christianœ ; —
Chronicon ab Orbe condito ad Eduardum ; —
de Fidei christianee Symbolis libri HI.
Elsius, Encomiasticon augustinnm. — l'its, de Script.
Analix. — Fabricius, Bibl. tned. et inf. setat. — Richard
et Giraud, Bibliothèque sacrée. — Dupin, Table des Au-
teurs ecclésiastiques du onzième siècle.
* CAPHIS (KdcîJiç)? Phocéen, vivait en l'an 84
avant J.-C. Il s'était attaché à Sylla. Ce général,
faisant le siège d'Athènes, eut besoin d'argent pour
soutenir la guerre ; il ne craignit pas d'enlever
les trésors des temples d'Épidaure et d'Olym-
pie, et envoya Caphis se saisir de ceux de Del-
phes. Sylla écrivait en même temps aux amphic-
tyons que « ces trésors seraient plus sûrement
« enti'e ses mains qu'entre les leurs, et que d'ail-
« leurs il les rendrait après la guerre. » Caphis,
affligé de sa mission, se mit à pleurer devant
les amphictyons, regrettant la nécessité qui le
forçait à emporter ces dons sacrés. Un des ma-
gistrats s'écria alors qu'il entendait au fond du
sanctuaire le son de la lyre d'Apollon. Caphis,
saisi d'une terreur religieuse, écrivit à Sylla le
miracle dont il avait été l'auditeur. Le consul
romain lui répondit aussitôt : « Comment n'avez-
« vous pas compris que cette musique était un
« signe d'adhésion et de satisfaction? Faites-
« vous donc remettre hardiment ces trésors :
<i c'est le dieu lui-même qui nous les donne. >•
Caphis, voyant que tout retard devenait impos
ble, envoya à son général le dépôt sacré. Qu
que temps après, Caphis eut l'occasion de it
dre à son maître un autre service. Le corps d'
mée d'Hortensius, le heutenant de Sjlla,
trouvait gravement compromis en Béotie et i
touré par les Grecs, qui espéraient le détruire de
certains défilés. Caphis le lira de ce mauv
pas en le conduisant par des chemins détounis
et lui fit opérer sa jonction avec son générai
• Plutarque, Sylla.
*CAPiDUKO {Jérôme), philologue italit
vivait probablement vers le milieu du sei/.iè
siècle. On a de lui • Ciceronis Rhetoricon
ad Herennium libri IV, et de Inventit
libri II, cum Hier. Capiduri et aliorumco
mentariis; Venise, 1557, in-fol., et 16
in-fol.
Catal. Bibl. impér. de Paris. — Dunkel, Nachri
ten. — Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Getehrten-l
CAPILA ou RAPiLA, philosophe indien, f(
dateur de la secte nommée Sânkhya. On le
garde comme un avatare de Siva ; et d'un au
côté, dans la Bhagavat-Gîtâ, Crichnadillui-mê
qu'il est Capila, ce qui ne peut prouver quel'
tiquité de sa doctrine et la haute estime quel
en faisait. De cette doctrine est sortie le boi
dhisme; c'est un motif pour la faire remon
plus de sept siècles avant notre ère. On a
que Capila était athée; il n'était que ratioi
liste. Il proclame l'indépendance de la rais(
et découvre l'âme par les moyens d'un ju
discernement; de là est venu le nom de So
khya domié à son système, et non de la ress(
blance qu'il aurait avec les nombres de Pyt
gore. Le premier but de Capila, comme c(
de Bouddha , est de guérir les hommes
maux de la vie, c'est-à-dire de la loi de la
naissance. Les Soùtras ou aphorismes de Ca|
sont consignés dans un ouvrage appelé St
khya pravatchana, et imprimé à Serampo
1821. Ces Soùtras, au nombre de 499, sont
prose axiomatique : ils sont divisés en six. 1
tures , et accompagnés d'un commentaire
Vidjnâna Bhikchou. Cequ'on appelle la Sdnkh
câricâ n'est pas l'œuvre de Capila, mais d
Avara Crichna; c'est un recueil de 72 vers,
résument la doctrine de Capila. Il en existe qi
tre traductions : de M. Lassen, en latin;
M. Pauthier, en français ; de M. Windischm;
en allemand ;etdeColebrooke,enanglais. Le te
en a été publié par M. Lassen à Bonn, 1832, et
Wilson à Londres, 1837. L'édition de M. "V\
son, outre le texte et la traduction des v
d'Iswara Crichna, contient le commentaire
Gôrapada , texte et traduction. Ce Gôrapî
passe pour avoir été le maître de Sancara i
chai7a, qui devait vivre au huitième siècle
notre ère. L— s.
Th. wnsim, Sânkhya càricd. — Colcbiookc, CollecV
de Mémoires, t. I. — M. Bartliélcray Saint-llilaji
Mémoires de l' Académie des Sciences morales et p
tiques, t. Vill
^
677
CAPILTSTI — CAPILUPI
578
*CAPiL,isTi (Jean-François, comte), ju-
risconsulte italien, né à Padoue , mort dans la
môme ville en 14.")9. Il était d'une très-ancienne
famille, dont le premier nom, Trausagaldï, fut
changé en celui de Capilisti à cause d'une écharpe
dorée , appelée lista , que tous les membres de
cette famille poitaient en souvenir d'un de leurs
ancôtres, Carrotus , tribun sous Charlemague.
Jean-François Capilisti se fit remarquer par son
esprit, et enseigna avec beaucoup de succès le
droit dans sa patrie. En 1431, il représenta les
Vénitiens et le pape Eugène IV au concile de
Bâle. L'empereur Sigismond lui accorda plu-
sieurs privilèges en cette circonstance, entre
mtres le pouvoir de créer des docteurs. Quel-
jue temps après, les Vénitiens employèrent
■ncore Capilisti à régler les limites de leur
itat et de celui de Louis, duc du Milan. Capi-
isti mourut d'apoplexie dans sa chaire, au mo-
ûent où , discutant un textt; de loi , il pronon-
ait ces paroles : At qmim humana fragilitas,
lortis prsecipue cogitatione perturbata, mi-
, us memoria possit res plures consequi.
Capilisti laissa trois fils :
Raphaël , chanoine à Padoue ;
Gabriel, jurisconsulte distingué, d'abord sé-
iteur à Rome , ensuite préteuj' de Bologne : il
J écrit un livre sur les hommes illustres qui
«nt inhumés dans cette dernière ville ;
François, poète et jurisconsulte, qui pro-
«ssa dans sa patrie, durant quarante ans, le
|folt et les belles-lettres,
ji Cette famille a produit d'autres hommes re-
marquables, entre autres Jean-Frédéric , sur-
(tcûmé le Docteur de la vérité, et Barthé-
ony, jurisconsulte éminent, mort en 1505, après
jfoir professe le droit pendant vingt-trois années.
!?anciroIe; de Claris legum Interpret., II, ch. 84. — La-
tc. Index, 937. — Taisand, f^ies des plus célèbres ju-
\c(msiiltes.
CAPiLl/A (^ndreoE), évêqueet théologien
lOl, né à Valence, mort le 22 septembre
_ Reçu fort jeune encore dans la compa-
ie de Jésus, il y devint maître des novices,
profita de cette position pour étendre ses
issances dans les langues latine , grecque
raïque. En 1569, l'amour de l'étude le
à s'éloigner du monde et à se faire char-
II n'en fut pas moins forcé d'accepter la
ion de diverses maisons de son ordre, et
roi d'Espagne Philippe II le nomma inspec-
r des bénédictins de Catalogne. En 1587, il
promu à l'évêché d'Urgel, qu'il gouverna
eux ans. On a de ce prélat des Commen-
latins sur Jérémie ; — des Considéra-
? sur les Dimanches, le Carême, et les
I de Vallès, Historia Hispanix.— Le Mire, de Scrip-
^bu$, ssec. xyil. — N. Antonio, Bibliotheca hispana
ppiLCPi [Camillo), écrivain italien , né à
Moue, et mort vers la fin du seizième siècle.
consacre au massacre de la Saint-Barthé-
NOUY. BIOGR. DISIVERS. — T. VIII.
lemy un livre très-célèbre : lo Stratagema
di Carolo IX , re di Francia , contro gli
Ugonotti, rebelli di Dio, etc. Cet ouvrage vit le
jour à Rome en 1572, et il en parut en 1574
une autre édition, dans laquelle le texte italien
était accompagné d'une version française. Quel-
ques bibliographes se sont mépris en croyant
que l'auteur du Stratagème résidait à Paris; il
y avait un de ses frères, nommé Alphonse ; mais
Camille habitait Rome, où , d'après des corres-
pondances officielles qui avaient peu de se-
crets pour lui, il écrivit son livre immédiate-
ment après l'arrivée de la nouvelle du massa-
cre des réformés. L'impression du livre fut
aussitôt commencée; mais elle fut suspendue à
la demande du cardinal de Lorraine, alors re-
tiré près du pape, « parce qu'il avait eu avertisse-
« ment que tout n'estoit achevé en France
« comme on avoit présumé, et qu'on avoit usé
« d'autre langage envers plusieurs princes es-
« trangers, qu'en Espagne et Italie, joinct que
« cela eust pu rompre l'élection de Pologne
« (du duc d'Anjou, depuis Henri III). » Capilupi
rapporte avec complaisance tout ce qu'il sait au
snjet de la Saint-Barthélémy ; il ne trouve rien
que de louable dans cette action, et ne cherche
pas à le dissimuler sous des réticences. « Pour
« ce qu'il estoit feste, le peuple de Paris eut
« meilleure commodité de vaguer à tuer telles
« gens et à piller leurs biens. La furie de tuer
« fut fort impétueuse et violente jusqu'au soir.
« Le roy avoit délibéré d'arracher entièrement
« de son royaume la semence pernicieuse de
« l'hérésie. ■» Qu'une simple observation nous
soit permise ici : la Saint-Barthélémy inspire,
à juste titre, de l'horreur; mais, sans affaiblir
ce sentiment, on doit remarquer que sous la
plume de nombreux écrivains, et surtout depuis
l'apparition de la Henriade, ces sinistres événe-
ments ont été défigurés maintes fois dans des
déclamations dénuées d'exactitude historique.
C'est sur Catherine deMédicis que doit retomber
la responsabilité de la Saint Barthélémy, qui ne
fut point préméditée de longue main, ainsi que l'ont
avancé bien des auteurs superficiels, qui ne se
sont point donné la peine de recueillir et de pe-
ser les témoignages contemporains. Nous aurons
d'ailleurs l'occasion de revenir sur ce problème
redoutable. L'édition originale du Stratagème
de Charles IX contre les Huguenots est in-
trouvable ; mais l'ouvrage a été réimprimé dans
le t. I*' de la Bibliothèque étrangère, publiée
par M. Aignan , et dans le t. VU ( 1'^ série) des
Archives curieuses de l'Histoire de France.
G. Brunet.
De Thou, Histoire, LXXII et XXIII.— Lemire, de
Scriptoribus sacris.
CAPILUPI (Lelio), littérateur italien, frère
du précédent, né à Mantoue le 19 décembre
1498, mort dans cette même ville le 3 janvier
1560. Il eut l'idée d'appliquer les vers de Virgile
à des objets auxquels l'auteur de VÉnéide ne
19
679 CAPILUPl —
songeait nullement; ses centons bizarres, qui
sont d'aiJleurs composés avec art, eurent d'au-
tant plus de succès qu'ils flattaient les goûts peu
délicats d'une certaine classe de lecteurs. On vit
successivement paraître : Cento Virgilianus de
Vita monachorum quos vulgo fratres appel-
lant; Venise, 1543, 1550, in-8° ; Rome, 1573;
— Cento Virgilianus in fœminas, imprimé
dans God. Wagner, Schedtasmata de eniditis
Cselibibus, 1717, in-8°; — Cento Virgilianus
in Siphillim, dans Capiluporum Carmina et
Centones, édit. de Castallion; Rome, 1590,
in-4°. La décence est souvent très-peu respectée
dans ces écrits ; les moines y sont fort maltrai-
tés, et ce n'est pas sans motif que Capilupi
figure sur la très-longue liste des auteurs mis à
l'index. On a depuis continué à mettie en œuvre
l'idée de chercher dans les vers de Virgile , et
les brisant à plaisir, des allusions à des évéoe-
mets modernes. En 1723, un nommé Daudé
s'imposa la tâche assez bizarre de composer ainsi
le récit des querelles soulevées par la bulle
Unigenitus. Un neveudeLelio, /«/es Capilupi,
s'exerça dans le même genre; il adressa, entre
autres écrits , un centon virgilien à Philippe n.
Tous ces écrits, imprimés plusieurs fois à Venise
à partir de 1550, reparurent à Rome avec d'au-
tres poésies latines de divers Capilupi, en
1590; mais on y supprima ce qui était, avec
raison, malséant aux yeux de la cour papale.
Quelques-uns de ces centons ont reparu à la
suite de diverses éditions de Virgile ( notamment
dans celle de Cologne, 1601 ) et dans certains
recueils, tels que Baudii Amores, 1599, les Mé-
moires de littérature de Sallengre , etc. G. B.
Ghilini , Teafro d'Vomini letter. — Bayle, Dici. —
Teissier, Éloges.
CAPiLVPi { ffippohjte), évêque et poète ita-
lien, deuxième frère de Lelio, né à Mantoue en
1512 , mort en 1580. Il fut nommé en 1560 évê-
que de Fano, puis légat à Venise. Il s'est exercé
à plusieurs genres de poésie, sans s'élever au-
dessus du vulgaire. Quelques-unes de ses élégies
se trouvent dans les Délices des poètes ita-
liens , t. I^'".
Olalis Borrichius, De Poetis Latinis, n° 96, p. 96.— De
TXwa , Historia. — H. Gtiilini, Teatro d'Vomini let-
teriiti, p. 145. — Baillet, Jugement des Savants, t. JT,
n° 1300.
*CAPis (Jean), jurisconsulte et littérateur
italien, né à Domo d'Ossola , dans le Milanais, à
u) lit! du seizième siècle, mort dans la même
ville avant 1670. Il étudia vers 1606 à Pavie, où
il prit ses grades, et mérita plus tard la recon-
naissance de sa ville natale. On a de lui :
Varon Milanes, de la lengua da Milan (en
dialecte milanais); Milan, 1606 : l'auteur y dé-
montre l'origine latine et grecque de la langue
italienne, et surtout du dialecte milanais ; — Me-
moi'ie délia Corte di Mattarella ; Milan, 1673,
ouvrage posthume.
Argelali, Bibl. M<:diol.
CAPISTRANO ou CAPISTRAN (SAINT-JeAN
CAPISÏRANO 580
DE ) , prédicateur napolitain , né à Capistranc
(Abruzze) en 1385, mort à Willach (Carinthie
le 23 octobre 145fi. Il était fils d'un gentilhomrn»
angevin, venu en Italie à la suite de Louis d'An
jou. Il commença ses études dans son pays, e
vint faire son droit à Pérouse, où il se maria p
entra dans la magistrature. Soupçonné de ti alii
les intérêts des habitants de Pérouse en faveu
de Ladislas, roi de Naples, il fut incarcéré
Bruffa, et perdii; sa jeune épouse durant sa dctei
tion. Accablé de douleur, il résolut de se retiie
du monde. Ayant, pour une grosse somme, ol
tenu sa liberté, il vendit et donna ses biens
puis prononça ses vœux dans le couvent d
Saint-François-du-Mont, à Pérouse. Capistrano
mena une vie très-austère, qui le fit |)arven
bientôt aux premiers offices de son ordre. 11 fi
délégué en qualité d'inquisiteur contre les Fr;
ticelli ou Frérots d'Italie, s«cte formée princip;
iement de quelques moines libertins sortis di
ordres mineurs, et qui disaient « que l'Église ri
it maine était la Babylone ; que la règle de Sain
« François était la règle évangélique observée [y,
•<■ Jésus-Christ et par ses apôtres; que lessacr
« ments de l'Égliseétaientinuliles, parce quccei i
« qui les donnaient n'avaient plus ni pouvc |
« ni juridiction ; que la perfection consistait da:
« la pauvreté, etc. » Les papes Boniface VIU
Jean XXII les excommunièrent, et Capistrai 1
les poursuivit si vigoureusement qu'il les for [
à se retirer en Bavière. En 1439, Eugène
l'envoya comme nonce en Sicile, et l'einplo
ensuite au concile de Florence à opérer la ri |
nion des Églises latine et grecque : ce pontife
servit encore de lui pour ramener les ducs
Bourgogne et de Milan, qui avaient pris pal
pour l'antipape Félix V et le concile de Hâ [
Élu vicaire général des observantins , Capistral
travailla à la réforme de son ordre avec saint Bol
nard de Sienne,et à la conversion des hussitesa\i|
saint Laurent Justinien, patriarche de Venise.
1443, Nicolas V lui fit parcourir l'Allemagne, I
Bohême et la Hongrie pour combattre les hrj
sites, dont il convertit un grand nombre. Il
montra pas moins de zèle et d'activité contre
Juifs, et réussit à organiser une croisade con 1
les Turcs: Calixte III l'en nomma chef et pj
dicateur; sons ses ordres étaient Ladislas,
de Hongrie; Huniade, vayvodede Ti'ansylvanij
et George, despote de Rascie. Le 6 août 14.
Capistrano, assisté du cardinal Carvajal, vint
secours de Belgrade avec quarante mille cli
tiens rassemblés par ses prédications : condt|
par Huniade , ils se trouvèrent en présence
Mahomet II , dont l'armée s'élevait à cent c 1
quante mille hommes. Sans s'arrêter au nomt
les croisés, excités par Capistrano, se précip'f
rent sur les Turcs avec tant d'impétuosité, qu
les mirent en fuite et leur firent éprouver 1 1
perte énorme. Capistrano mourut peu après
son corps fut porté à Elloc près de Vienne (j
triche ). Il fut béatifié par Léon X, qui permitil
,S{ CAPISTRANO
lionorpr «lans le seul diocèse de Sulmone. Gré-
oirc XV étendit cette permission à tous les reli
ieux de l'ordre de Saint-François, entin Alexan-
re VIII le canonisa solennellement le 1"^ no-
embrc 1C90. Saint Jean de Capistrano a laissé
lusieurs ouvrages, entre autres : de Papx
\ concilii sive Ecclcsix mitoritate ;Yemse,
}80, in-4°; — Spéculum clericonim ; id. ; —
i? Oanone pœnitentiali ;id., 1584 ; — aliquot
epeMiones in jure civili; id., 1587; — de
ksnis Inferni et Purgatorti ; id.
làpondc, Annalium Baronii Cotitinuatio. — Hermant,
st. des Hérésies. — WaJding, Annales ordinis Mino-
m. — Biiillet', fie des Saints. — Richard et Giraud,
tliothèqtio sacrée. — Artaud de Monter, Hist. des
werains Pontifes.
ICAPisvccHi, famille italienne, dont lesprinci-
ux membres sont, dansl'ordre chronologique:
iCAWSUCCHi {Giovanni- Antonio) , cardinal
Kien, né à Rome le 21 octobre 1515, mort
insla môme ville le 29 janvier 1569, Le pape
iul m le nomma chanoine du Vatican et audi-
r de rote. En 1555, Paul IV l'éleva au cardi-
at sous le titre de Saint-Pancrace, et le fit en-
te inquisiteur et évêque de Lando. Sous Pie V,
îisucchi devint préfet de la signature de
ce, gouverneur de Gnaldo, et légat apostoli-
!. On a de lui des Constitutions qu'il publia
is un synode tenu à Lodi.
I Mandosio, Bibliotheca Romana. — Ughelli, Genea-
Cupisucchiorum. — \. Armanniis, Historia Ca-
iorum. — Dupin, Table universelle des Ailleurs
\itiques. — Êchard, Scriptores ordinis Prœdica-
— CAPISUCCHI
i82
IsuccHi ( Camille), marquis de Puy-Ca-
^néral italien, né à Rome en 1537, mort
grie en novembre 1597. En 1571, à la
le de Lépante , il donna de telles preuves
teur, que don Juan d'Autriche lui confia le
landement de quatre cents gentilshommes
& l'expédition chrétienne contre Tunis. En
le duc de Parme nomma Capisucchi mestre
p d'un régiment d'infanterie, et se servit
en cette qualité dans les guerres de Flan-
de France , lorsqu'il conduisit une armée
lOle au secours du duc de Mayenne,
je la Ligue. En 1595,1e pape Grégoire XIIT
Capisucchi le commandement des trou-
il leva pour aider Rodolphe II dans la
que cet empereur soutenait contre les
■; Capisucchi mourut des fatigues qu'il es-
durant cette campagne. On voit son tom-
dans l'église Sainte-Croix, à Vienne.
ler Mandosio, Bibliotheca Romana. — Ughelli,
ica Capisueotiiorum. — Annannus , Historia
■ch.
ISUCCHI ( Biaise ), marquis de Monterio,
italien, frère de Camille, natif de Rome,
à Florence en 1613. Dès son adolescence,
St remarquer par ses goûts militaires, et
du service dans la compagnie des arquebu-
I» de Paul Sforcc, marquis de Santa-Fiore, qui
iimena en France combattre les protestants. En
*, ces derniers, assiégeant Poitiers, avaientjeté
mt volant sur le Clain, au moyen duquel ils
allaient donner avantageusement un assaut géné-
ral. Capisucchi et deux de ses camarades se je-
tèrent dans la rivière, et allèrent, malgré les pro-
jectiles des calvinistes, couper les câbles qui te-
naient le pont, en sorte que le courant l'entraîna
facilemenï. Le pape Pie V fit mention de cette
action dans une de ses bulles. En 1584, Capi-
succhi servait dans les Pays-Bas sous le duc de
Parme, et fut envoyé en qualité de général de
cavalerie au secours des habitants de Cologne,
alors en guerre avec leur archevêque-électeur
Gebhard II (Truschès), qui avait embrassé le
protestantisme. Ferdinand i*"' ( de Médicis ), duc
de Toscane, prit ensuite Capisucchi pour lieute-
nant général de ses troupes ; enfin le pape Clé-
ment VIII lui donna en 1594 le commandement
du comtat Venaissin. Capisucchi a laissé un vo-
lume de lettres adressées au cardinal Aldobran-
dini : on trouve ce livre (ms.) dans la bibliothè-
que du Vatican.
Prosper Mamlosio , Bibliotheca Romana. — Ughelli,
Genealogia Capisuce. — Arinannus, Historia Capisucc.
— Annibal Adam, Elog. stor. d» B. Capisucchi; Rome,
1685,10-4°.
CAPISUCCHI ( Paolo ), prélat romain , né à
Rome en 1579, mort dans la même ville le 5
août 1639. Le pape Clément VII le nomma d'a-
bord chanoine du Vatican, puis successivement
référendaire de l'une et l'autre signature, audi-
teur de rote, évêque de Neocastro, et vicaire gé-
néral. En 1528, Henri VIII, roi d'Angleterre,
amoureux d'Anne de Boulen, voulant répudier
Catherine d'Aragon, sa femme légitime, s'a-
dressa à la cour de Rome pour obtenir l'auto-
risation de rompre son mariage. Clément VII
confia la solution de cette affaire aux cardi-
naux Campeggi et Wolsey, qui crurent devoir
autoriser le divorce. Catherine en ayant appelé
de leur jugement. Clément VIÏ remit la cause
entre les mains de Paolo Capisucchi , alors doyen
de la rote : celui-ci la retint trois ans, espérant
que Henri VIII abandonnerait sa demande.
Obligé de faire son rapport, il ne fut pas favo-
rable au roi d'Angleterre, et jugea que ce prince
avait encouru les censures ecclésiastiques pour s'ê-
tre remarié sans avoir attendu la décision du saint-
siége, et que, d'après l'examen des faits, Catherine
d'Aragon devait être rétablie et maintenue dans
sa dignité. (On peut voir, à l'article Henri VIIT,
le cas que le monarque anglais fit de cette déci-
sion. ) Le pape Paul III employa utilement Capi-
succhi en plusieurs négociations importantes,
principalement lors des troubles de Pérouse et
d'Avignon. Capisucchi réussit à rétablir le calme
et l'autorité papale. Paul UI, reconnaissant, le
nomma préfet de la signature de grâce et vice-
légat de l'Ombrie. Capisucchi a publié plusieurs
constitutions très-prudentes concernant Pérouse,
Avignon, l'Ombrie, et quelques réformes cléri-
cales.
Ughelli, Genealogia CapisMCC. — Vincent Armannus.
Historia Capisuce. - Du pin. Table des Auteurs ecclé-
siastiques. — Prosper Mandosio , Bibliot/^ca Romana,
19.
Ôg3 C4PÏSUCCH1
—Artaud de Monter, Histoire des Souverains Pontifes, i
IV, 107. I
CAPiscccHi (Raimondo Camillo ), cardinal
et théologien italien, né à Rome en 1616, mort
dans la même ville le 22 avril 1691. 11 était fils
de Paolo Capisucchi, marquis de Puy-Catin. A
peine âgé de quatorze ans, il entra, le 8 juin
1630, dans l'ordre de Saint-Dominique, et y pro-
fessa la philosophie et la théologie. Clément X
le fit secrétaire de l'Index, congréganiste de l'exa-
men des évêques, et en 1654 maître du pa-
lais sacré. Le 1" septembre 1681, Innocent XI
l'appela au cardinalat du titre de Sainte-Marie-
des-Anges. Raimondo Capisucchi a laissé : Gon-
troversixtheologicse, scholasticx, morales, ad
menUm divi Thomas resolutee; Rome, 1670 et
1677, in-fol. ; — Censura, seu votum de Cultu
sanctorum Veteris Testamenti ; — de Gradu
virtutiim m sanctis canonisandis requisito;
— Vita J. Chist'ï.
p. Mandoslo, Bibltotheca Komana. — Ughelli, Genea-
logla Capisuc. - Armannus, Historia Capisuc. - Du-
pin, Table universelle des auteurs ecclésiastiques. —
Échard, Scriptores ordinis Prxdicatorum, II, 729.—
Touron, Hommes illustres de l'ordre de Saint-Domini-
que, V, 649. — Richard et Glraud, Bibl. sacrée.
* CAPITANI ( Daniel de' ) , jurisconsulte et
littérateur italien , natif de Milan, mort dans
cette ville en 1661. Il eut plusieurs emplois
de magistrature dans sa patrie. On a de lui :
Processo in causa delV allogiamento , etc. ;
Milan, 1656, in-fol.; — i Pareri e le Con-
sulte faite degli architetti in ordine a cos-
truire la facciata del Buomo; — Milano
grande a' tempi délia repubblica romana
(dont le vol. l*" imprimé in-fol. à Milan, les
vol. 2^, 3* et 4'' en manuscrit).
Argelati, Bibl. Mediol.
CA.PITEIK {Jacques -Elisée- Jean), nègre
converti, missionnaire et théologien protestant,
né sur la côte de Guinée, mort à Saint-George
d'Elmina après 1742. Agé de sept ou huit ans, il
fut acheté sur les bords de la rivière Saint-An-
dré par le capitaine de vaisseau hollandais Ar-
nold Steenhard, qui le céda à son tour à un
commerçant d'Elmina, Jacques Van Goeh. Ce-
lui-ci lui donna le nom de Capitein, et l'amena
à la Haye, où U le fit baptiser et instruire dans les
éléments des langues anciennes et sémitiques par
mademoiseUe Roscam. A partir de 1738, Capi-
tein fréquenta l'université de Leyde, où il étu-
dia la théologie, en même temps qu'il cultivait
la poésie hollandaise. Après y avoir pris ses
grades, il fut institué, en 1742, pasteur de Saint-
George d'Elmina. Depuis son départ pour la côte
de Guinée, qu'il eiïectua dans la même année,
on n'a plus entendu parler de lui. Quelques-uns
ont soutenu qu'il avait repris la religion des idolâ-
tres. Les ouvrages qu'on a de lui datent tous de
son séjour en Hollande ; en voici les titres : Élé-
gie en vers latins sûr la mort de Manger, son
maître et son ami, trad. en français par Gré-
goire, dans la Littérature des nègres; -- de
Vocatione Ethnicorum; Leyde, 1738 (disser-
— CAPITO 5
tation composée par l'auteur pour son entré
l'université de Leyde ) ; — J)issertatio poUtu
theologica de Servitute libertati christia
non contraria, quam sub prœside J. Van (
Honert publicse disquisitione siibjecit /.-.
/. Cap. Afer.; Leyde, 1742, in-4'' : cet ouvr
d'un nègre , qui forma la remarquable con
partie des écrits des négrophiles blancs, fut
duit en hollandais par Jérôme de Brilheli'i, a
le portrait de l'auteur; Leyde, 1742, in-4°;
mtgewrocJite Predikatien ( Sermons choisi
Amsterdam, 1742, in-4°. — On trouve le port
de Capitein par Reynolds dans le Manuel d',
toire naturelle de Blumenbach, traduit en fi
çais.
Strodtmann, Neues Gelehrtes Europa; livrais,
p. 152. — Grégoire, Littérature des Nègres.
CAPiTEIN ou CAPITEITN ou CAPITANl
{Pierre), médecin hollandais, né en 151
Middelbourg ( enZéelande ), mort à Copenhj
le 6 janvier 1557. Ayant fait ses études à]
vain et à Paris, il obtint le grade de doctei
Valence dans le Dauphiné, et alla ensuite c
cher fortune dans les pays étrangers. A
avoir enseigné la médecine à l'universit
Rostock pendant quelque temps , il passa (
à celle de Copenhague , dont il fut deux
nommé recteur. Enfin il parvint à l'emplo
premier médecin du roi Christian IH et de
decin salarié de la ville. Il fut un de ces n
cins, infatués de l'astrologie judiciaire , quij
saient des almanachs dans le quinzième et-
zième siècle, et dont les singulières ins
lions, presque traditionnelles, font ress
l'influence qu'ont les signes du zodiaque
les différentes parties du corps, sur les \
où il convient de purger, etc. On a de
de Potentiis animée; 1550; — Calendi
dédiés à Christian IH ; — Prophylacticum
silium antipestilentiale ad cives Ha/nie
anno 1553, dans Thomas Barthohn; — i
r,iedica; Copenhague, 1662, in-8»; —Eph
rides ( en manuscrit).
Éloy , Dict. de la médecine.
*CAPiTELLi { Bernardino) , peintre
nois, né en 1589, mort en 1639. Il fut élèv<
lessandro Casolani et de Rutilio Manetti'
laissé quelques fresques dans sa patrie, à I
Antoine abbé , dans l'égUse inférieure de
toire de Saint-Joseph, dans la chapelle de I
Bernardin, à l'antique porte de Saint-Mai
enfin dans l'oratoire de la villa Sergardi <
teccio , hors la porte Saint-Marc. La peinti jt
lui rapportant pas de grands profits, il 1 '"•
donna pour le burin et l'eau-forte. Ses p
pales estampes sont : le portrait de son i '
Casolani; le Repos en Egypte; et une s(
douze sujets de la vie de saint Bernard
Sienne. ^- ^~"
Roinagnoli, Cenni storicoartistici dt Siena
cozzi, Dizionario. 1 ».
* CAPITO {C.-Ateius), tribun du peu ^
55 avant J.-C. Il s'opposa avec son c( m
585 CAPITO -
Vquillius Gallus aux entreprises de Pompée et
le Crassus, alors consuls, et de César, qui for-
oait avec les deux consuls le premier triuravi-
at. Capito tâcha de mettre obstacle à l'expédi-
on que Crassus préparait contre les Parthes ,
'abord en interdisant la levée des troupes, puis
n annonçant d'effrayants présages que le consul
édaigna. Ces présages ne se réalisèrent que
op. Capito fut cependant noté par le censeur
ppius comme ayant forgé lui-même les pro-
iges par lesquels il avait cherché à arrêter
irassus.
OlonCassius, XXXI, 42; XXXIX, 83-39. — Plutarque,
I '«MSws. — Cicéron , de Divinat-, I, 76.
CAPITO ( G.-Ateius), jurisconsulte romain,
; du précédent, vivait sous le règne d'Auguste.
«ciple d'Ofilius, il fut le contemporain et le ri-
l d'Antistiu? Labeo. Tous deux passèrent pour
premiers légistes de leur temps, et fondèrent
\\ écoles , appelées l'une les Proculéiens , du
1 n de Semprouius Proculus , élève de Labeo ;
tt( I lire, les Sabiniens et les Cassiniens, des noms
!Masurius Sabinus et de Cassius Longinus,
ciples de Capito. Il serait impossible d'indi-
!r avec précision les traits caractéristiques de
deux écoles, qui se prolongèrent en se modi-
it jusqu'au siècle des Antonins ; mais la dif-
;nce des caractères des deux jurisconsultes a
signalée par Tacite avec sa concision et sa
Ktlieurjiabituelles. « Capito, dit-il , parvint au
!if|mier rang dans Rome par ses vastes con-
isances en législation ; du reste, il avait pour
d un centurion de Sylla , et pour père un
;ur. Auguste l'avait élevé rapidement au
iat, afin que, par l'éclat de cette dignité,
sàt Labeo, son rival de gloire; car le
siècle vit fleurir ces deux ornements de
IX. Labeo, républicain incorruptible, a
plus de réputation; Capito, plus courtisan,
plus de faveur. L'un, borné à la préture,
l'injustice un nouveau lustre ; le consulat
à l'autre la haine et l'envie. « Capito
ça Messala dans l'emploi important de
icwr des eaux publiques , et jouit de la
faveur sous Tibère que sous Auguste. Le
le l'on sait de sa vie atteste beaucoup de
Hé. Un jour, Tibère consultait ses courti-
sur la légitimité d'un mot employé par lui ;
Pomponius Marcellus, puriste rigide, con-
la le mot : « Que le mot soit bon ou non, dit
ito, il le deviendra, puisque César le veut. «
Non, répliqua Marcellus ; César peut don-
« droit de cité aux hommes, et non aux
i. » Dans une autre cb-constance rappelée
[iTacite, Capito montra un curieux mélange
ssesse et d'hypocrisie. Un chevalier ro-
ji, Lucius Ennins, avait été dénoncé comme
iael de lèse-majesté, pour avoir converti à
ents usages une statue d'argent de Tibère.
i-ci défendit d'admettre l'accusation; sur
Capito se récria hautement, comme avec
jir de liberté, qu'on ne devait point enlever
CAPITOLIN
586
)at«,
)tte.q
au sénat le droit déjuger ni laisser un tel crime
impuni ; qu'indifférent, s'il le voulait, pour ses
propres injures, le prince ne devait point sacri-
fier ainsi les ressentiments de l'État. Tibère, in-
terprétant le sens plutôt que la lettre de ces re-
proches, persista dans son opposition ; mais la
voix publique n'en signala que mieux la bas-
sesse de Capito, qui, par une action honteuse,
avait déshonoré ses vertus domestiques, ses ta-
lents d'homme d'État, et ses connaissances pro-
fondes dans le droit civil et religieux.
Le Digeste ne cite aucun fragment des ouvra-
ges de Capito, bien que son nom soit souvent
mentionné. Cependant Aulu-Gelle et Macrobe
nous ont conservé les titres de plusieurs de ses
traités, tels que : Conjectanea; — de Pontificio
Jure, ou de Jure sacrificiorum ; — de (tfficio
senatorio. L. J.
Tacite, annales, I, 76, 79 ; III, 70, 75. — Suétone, de II-
lustr. Gram., 22.— Dion Casslns, LVII, 17.— Aulus-Gelliusj
IV, 6 ; V, 14 ; X, 6 ; XIV, 8. — Macrobius , Saturnales,
m, 10. — Ant. Augustinus, de Nominibus propriis Pan-
dectarum, dans le Thésaurus de Otto.
capitoLlIN ou CAPiTOMNrs ( Jules), Yun
des auteurs de l'Histoire Auguste, vivait vers la
fin du troisième et au commencement du qua-
trième siècle de J.-C. On ne sait absolument rien
de sa vie, si ce n'est qu'il était d'origine patricienne
et de mœurs assez- pures. L'Histoire Auguste
(Historia Augusta) est un recueil de trente-
quatre biographies (viiae) d'empereurs romains,
comprenant, de 119 à 284 de J.-C, un espace
de cent soixante-sept ans. Les neuf biographies
suivantes sont attribuées à Capitolin : Antonin
le Pieux; — Marc-Aurèle ;— Lucius Verus;—
Pertinax; — Clodius Albinus ; — Opilius Ma-
crinus ; — les deux Maximin réunis ; — les trois
Gordiens réunis; — Maxime et Balbin réu-
nis (1). Quant aux autres écrivains de ce recueil,
Voy. Spartien , VuLCATius Gallicanus, Lampri-
Dius, Trebellics Pollio, et Flavius Vopiscus.
L'Histoire Auguste pourrait êti-e considérée
comme la continuation de l'ouvrage de Suétone,
qui finit avec Domitien , si , outi'e les vies de
Nerva et de Trajan qui manquent , il n'y avait
pas, depuis Gordien ni jusqu'à Valérien, une la-
cune de neuf ans (de 244 à 253 de J.-C. ), com-
prenant les règnes de Philippe, de Décius, de
Gallus et d'Émilien. Peut-être les vies de ces
empereurs existaient-elles réellement dans les
manuscrits primitifs , si mutilés depuis par les
copistes.
Toutes les notices biographiques de l'Histoire
Auguste se ressemblent par la négligence du
style, par la sécheresse du récit, et par le man-
que de méthode dans la disposition des faits.
Aussi leur répartitionne repose-t-elle sur aucune
autorité ; et c'est avec raison qu'on les cite pres-
que toujours sous le titre général de Vifas, etc.,
(t) Saiimaise, sur l'autorité de quelques manuscrits, rc-
gsrde les cinq premières vies comme l'œuvre de Spar-
tien , et n'attribue à Capitolin que les sixième, septièmç
et huitième.
5S7
CAPITOLIN — CAPIÏOLÏNUS
apud Scriptores Historiée Augustse. C'est moins
par la forme que par le fond qu'il faut juger les
éci'ivains de l'Histoire Auguste; car on y trouve
des détails qu'on chercherait vainement ailleurs,
et que Plutarque lui-même n'aurait pas dédai-
gnés. Parmi ces détails , extrêmement curieux,
il y en a qui caractérisent à la fois les hom-
mes et leur temps. Ainsi, Capitolin nous raconte
tlu'Aatonin le Pieux, qui mourut d'une indiges-
tion de fromage des Alpes, en donnant à son suc-
cesseur pour mot d'ordre jEquanimitas, était
d'une belle stature; qu'en vieillissant sa longue
taille se voûtait , et que , pour se tenir droit en
marchant , il se garnissait la poitrine d'un corset
en petites tablettes de tilleul (tiliaceis tabulis
in pectore positis fasciabatar , ut reclus ince-
deret ). Qui se serait jamais douté que le corset
eût pour inventeur un des plus graves empereurs
romains ? — Marc-Aurèle le philosophe, d'après ce
que nous apprend le même historien, faisait, par
ses prières, tomber la foudre du ciel sur les tra-
vaux de l'ennemi , et obtenait la pluie pour ses
soldats souffrant de la soif. — Son frère Verus,
rivalisant de corruption avec les Caligula, se cou-
vrait la tête d'un capuchon, pour se mêler, la
nuit, aux batailleurs des rues, et se servait, dans
les cabarets , des plus grosses pièces d'or, poiu-
jouer à casser des bouteilles. Le premier il
donna des banquets à douze convives, dont le
nombre, chez les Romains, paraît n'avoir jamais
dépassé sept, car on disait, comme en proverbe :
Septem convivium, nnve.m vero convicium.
Le premier aussi il se poudra de limaille d'or,
pour rendre sa chevelure plus blonde {quo ma-
gis coma illuminata flavesceret ). — Pertinax
avait reçu le surnom de Chrestologue , parce
qu'il parlait bien et agissait mal ( qui bene lo-
queretur etmalefaceret). — ClocOus Albinus,
plus glouton que brave, mangeait pour son dé-
jeuner cent pêches de Campanie (persica cam-
pana), dix melons d'Ostie, vingt livres de rai-
sin de Lavican, cent becfigues {ficedulas),
quatre cents huîtres, sans compter cinq cents
grosses figues. — Macrin fit enfermer des
hommes tout vivants dans des murs, et ma-
çonner par-dessus. Il renouvela aussi le sup-
plice inventé par Mézence, d'accoupler un vivant
à un mort, et de le faire mourir lentement des
exhalaisons du cadavre. — Maximin avait plusde
huit piedsde haut; et son pouce était si gros qu'il
se faisait une bague du bracelet de sa femme.
Sa force le fit surnommer Milon de Crotone :
il arrêtait un char avec sa main ; d'un coup de
poing il fracassait la mâchoire d'un cheval, et
lui cassait la jambe d'un coup de pied. Il man-
geait de quarante à soixante livres de viande par
Jour, et transpirait tellement qu'il recueillait
dans une coupe jusqu'à trois setiers de sueur
par jour, qu'il montrait à ses amis.
L'Histoire Auguste abonde en détails de ce
genre, qui font naître bien des réflexions, et
qu'un historien ne doit pas tout à fait mépriser.
Capitolin a adressé les Vies de ses cmpereuis, ic
premières à Dioctétien, et les dernières à Conf
tantin, ce qui permet de fixer l'époque où il éci'
vait. Ses principales autorités sont Cordus, dot
les œuvres sont perdues, et Hérodien ; il cite aus:
beaucoup de lettres et documents oflicieU, qu'
avait sans doute puisés dans les archives inipi
riales. Malheureusement tout cela est expo;
sans ordre ni plan arrêté; et Capitolin ne sen
ble avoir eu d'autre prétention que de réunir li
détails les plus saillants sur les m(i'urs et le c
ractère des empereurs dont il a tracé les portrait
L'édition princeps des Scriptores Hisloi;
Augustx fut imprimée à Milan, en 1475, par Pi
lippe de Lavagna, en un volume in-fol. , divi
en trois parties, dont la première contient Su
tone; la seconde, rnnïnorctWide- Exordio Nerv.
suivi de l'Histoire Auguste; et la troisième, C
trope et Paul Diacre. Cette édition, extrêmemt
rare, fut réimprimée à Venise, en 1489, par Ii(
nardin, et en 1490, in-fol., par Rubeus. L'H
toire Auguste, qui se trouve dans beaucoup
recueils d'histoire romaine, a été publiée sé{
rément par les soins d'isaac Casaubon , Par
1603, in-4°, et par Saumaise, ibid., 1520, in-ft
avec un texte plus correct et des notes nombru
ses. On donne jusqu'à présent la préférencu
l'édition de Schrevelius; Leyde, 1671. Capitci
a été traduit en français par M. Vallon, di
la Bibliothèque latine-française de Pai
koucke; Paris, 1844, in-8°. F. H.
Vossius, De Historicis latinis. — Dodwell, l'riel
Àcad. ; Oxford, 1692, in-8». — J.-G. Mollei-, Di.isert'
J. Capitolino ; Altorf, 1689, in-4°. — G. Heync, Op
acad., VI, p. 52. — G.-D. Moulines, dans les Mem.
VAcad. de Uerlin, année 1750.— E. Dirkscn, Script, l
Juq. ; leipz., 1842, in 8°.
*CAPiTOLiwus (P.-Sextius), surnonii
Vaficamis, consul romain vers l'an 452 avi
l'ère chrétienne. 11 eut alors pour collègue
nenius Agrippa. Dans la même année, des citoy
envoyés à Athènes pour en éiaidier les inst
lions revinrent à Rome , et Sextius Capitol!
fut un des décemvirs chargés de rédiger le r;
veau code. Au rapport de Festus, il propi
pendant qu'il était consul, une loi Multattci
Tite-Live, III, 32. — Denys d'Haiicarnasse, X, 8
Festus, au mot l'eculatiis.
CAPSTOLiivtrs ( T.-Quinctius-Barbatiâ\
patricien romain, vivait au cinquième s;
avant J.-C. Il fut consul pour la première
en 471 avecAppius Claudius Sabinus. Dansi
disputes excitées par la proposition du trilj
Publilius Volero, il se prononça pour les
béiens contre son collègue, et fit passer Is
Publilia, qui ordonnait que les tribuns fus
nommés dans les comices par tribus. Kn m
temps, pour se concilier la faveur des soldi
il leur distribua le butin qu'ils venaient de i
quérir sur les Èques. Nommé consul pou
seconde fois en 468, il remporta sur les A
ques et les Èques une éclatante victoire, il
les honneurs du triomphe, et obtint probi
ment à cette occasion le surnom de Capitoli
l'UflTO
Î
i89
CAPITOLINUS — CAPITON
590
ion troisième coDSulat, en 465, fut signalé par une
louvelle défaite des Èques. Ceux-ci, se jetant
vcc impétuosité sur le territoire de Rome, ré-
andirent la terreur jusque dans la ville. Capi-
iliims,qui campait sur le mont Algide, accourut,
t fit cesser l'effroi par sa seule présence. Après
voir convoqué le sénat, proclamé la suspension
is affaires (justitium) et confié à Quintus
iiviiius le commandement de Rome, il pour-
iii\ it les ennemis qui venaient d'être surpris et
lilaits par son collègue Q. Fabius. Dans sou
iiatrième consulat, Capitolinus eut à lutter con-
e la guerre étrangère et les dissensions civiles.
i s Volsques et les Èques, profitant des troubles
iii agitaient la cité, recommencèrent h ravager
Latium, et s'avancèrent jusqu'aux portes de
orne. Le peuple refusait de prendre les armes.
laliut, pour le décider à combattre et à vaincre,
Life la popularité de Quinctius. Celui-ci, élu coa-
1 [lour la cinquième fois en 443, établit la cen-
re, et servit de médiateur entre les plébéiens
les patriciens , tandis que son collègue M. Ge-
nius Maserinus soutenait la guerre contre Ar-
e. Pendant son sixième consulat, en 439, Ca-
tolinus refusa la dictature, et fit donner cette
gnité à son frère L. Quinctius Cincinnatus.
partir de cette époque, on ne connaît plus que
wix circonstances de la vie de l'illustre consu-
me : en 437, il suivit comme lieutenant le dic-
jlwirMam.-ÎEmilius Mamertinus dans son ex-
ùdition contre Fidèncs; un peu plus tard, il dé-
ladit le fils de Cincinnatus, T. Quinctius, tra-
lit devant les comices, et le fit absoudre.
rUe-Live, II, S6-60, 64; Ht, 2, etc., 66, etc.; IV, 8, 10, 13,
41. — Uionys., IX, 43, etc., S7. 61; XI, 63, — Zonaras,
I, 19.
(fCAPiTOLiNCS {Cornélius), historien latin,
fvait vers 250. Il était auteur d'un ouvrage
li est perdu , mais que Trébellius Pollion cite
ns sa vie des trente tyrans, en parlant de Zé-
>bie, qu'il représente, sur l'autorité de Corne-
ts Capitolinus, comme ayant été aussi remar-
lable par sa beauté que par sa naissance.
Voss, de Historicis latinis.
^CAPITOLINUS. Voyez Manlius.
* CAPITON (KaTiÎTwv), poète alexandrin,
ihénée cite deux ouvrages de cet auteur : 'Epw-
^ , et ripôç <!i/0<.6na.TZTiov àTroixvyijjiove'jfjiaTa. On
buve dans V Anthologie grecque (v, 67) une
i^igramme d'un certain Capiton qu'on croît être
même que Capiton d'Alexandrie.
MhénL'e, VIII; X.
* CAPITON de Lycie, historien grec, auteur de
les sur risaurie ('laaupixà), sur la Lycie et
Pamphylie, et d'une traduction d'Eutrope.
ms ces ouvrages sont perdus.
•iuidas, au mot KaTTixwv. — Tschucke, Pré/ace de son
ition d'Eutrope.
* CAPITON, gouverneur de Judée sous Cali-
ila, vivait dans la première moitié du premier
icle. Craignant d'être accusé pour ses exac-
ius , il prit l'initiative en cherchant à rendre
feux les Juifs. A cet effet, il fit élever dans la
ville de Jamnia, parled païens qui s'y trouvaient,
et au juste scandale des Juifs, un autel en l'hon-
neur de Caligula. Les adorateurs du vrai Dieu
se révoltèrent alors, et détruisirent l'autel. Capi-
ton rendit compte du fait à Caligula, qui, déjà
indisposé contre les habitants de la Judée, or-
donna qu'une statue ornée des attributs de Ju-
piter Olympien fût placée dans le sanctuaire
même du temple de Jérusalem. Mais la mort de
l'empereur prévint ce sacrilège.
Crevlcr, Hist. des empereurs, II.
* CAPITON, général romain, vivait vers l'an 66
de l'ère chrétienne. Sa cruauté l'a rendu célèbre.
Attaché à l'armée de Florus en Judée, il fit mas-
sacrer les Juifs qui venaient rendre hommage à
ce gouverneur.
Josèphe, Bellum Jud.
* CAPITON, archevêque et géographe italien,
né à Narnr, mort en 1576. Il entra dans l'ordre
des Servîtes, et devint archevêque d'Avignon. Il
a laissé : Explications catholiques sur les
lieux de l'Ancien et du Nouveau Testament ;
Venise, 1579, et Cologne, 1581. Les hérétiques
se sont souvent emparés de ce livre pour ap-
puyer leurs conclusions antiorthodoxes.
Dupia, Table des Auteurs ecclésiastiques, seizième
siècle. — Richard et Giraud. Bibliothèque sacrée.
CAPITON OU KOEPSTEiN ( Wolffgang Fa-
bricius ), hébraïsant et théologien allemand, né
à Haguenau en 1478, mort au mois de décem-
bre 1542. Il étudia à Bàle, y devint médecin en
1495, après avoir approfondi en même temps la
théologie et le droit canon. Un juif converti lui
donna des leçons d'hébreu. Capiton remplit en-
suite diverses fonctions ecclésiastiques, entre
autres celles de ministre à Strasbourg. En 1523
il fut anobli par Charles-Quint. Cette même
année, dans la seconde conférence de Zurich, il
proposa de procéder à la réforme par l'instruc-
tion. En 1529, il assista au colloque de Mar-
bourg;-eu 1530, à la diète d'Augsbourg; et d'ac-
cord avec Bucer, son ami, il présenta à l'empe-
reur la Confession de foi dressée par les sacra-
mentaires, et approuvée par le sénat de Stras-
bourg. Cinq ans plus tard , il s'entendit à Bâle
avec Calvin, amena les ministres à une modifi-
cation de leurs expressions sur la cène et sur
l'efficacité des sacrements, et prépara la concilia-
tion avec les ministres de la confession d'Augs-
bourg. Ami de Martin Cellarius, et d'ailleurs
peu absolu, il fut accusé de pencher vers l'aria-
nisme.
Sa mort fut causée par la peste. Il avait épousé
en premières noces la veuve d'Œcolampade.
Agnès , sa seconde femme, était assez savante
pour suppléer parfois son mari dans les cours
de théologie. D laissa : Inatitutiones hebraicm,
libri duo; — Enarrationes in Habacuch;
Strasbourg, 1526 et 1528, in-S"; -' Responsio
de Mîssa, Matrimonio et Jure magistratus
in religionem ; ibid. , 1539 et 1540, in-8°; —
Vita Œcolampadii, en collaboration avec Simon
591
Grynœus, 1537; — H examer on Bei opus ex-
plicatum ;ihid., 1539, in-8".
Seckendorf, Bist. lutfierianismi. — David Clément,,
Bibl. curieuse, VI. — Sax, Onomast., III, 104. — Sleiden,
Comment, de statu Imperii, elc
CAPiVACCio OU CAPO Di VACCA {Jérôme ),
inédecia italien, né à Padoue , mort dans la
même ville en 1589. Il occupait un rang distin-
gué parmi les érudits de son époque, et professa
durant trente-sept ans la médecine pratique à
l'université de Padoue. En 1576, Capivaccio et
son collègue Mercuriali furent appelés à Venise
pour donner leur avis sur une maladie épidémi-
que qui enleva environ cent mille personnes.
Ces deux médecins déclarèrent que cette mala-
die n'était point pestilentielle , et encore moins
contagieuse. Leur opinion n'eut pas de succès ; et
les Vénitiens, qui les avaient reçus comme des
sauveurs, les expulsèrent honteusement. La
réputation de Capivaccio ne fut pas diminuée
par cet incident; car, en 1587, Ferdinand F'',
grand-duc de Toscane, lui fit de brillantes offres
pour l'attirer à Pise. Capivaccio, content de sa
fortune, préféra rester dans sa patrie, où il avait
gagné dix-huit mille écus à traiter seulement les
maladies vénériennes. Il est vrai qu'il passait
pour avoir un secret qui le faisait triompher
des cas les plus compliqués. Pressé vivement
par un de ses disciples de s'expliquer à ce sujet,
Capivaccio répondit : Lege methodum meam,
et habebis mea sécréta. On a de ce médecin
plusieurs ouvrages , recueillis sous le titre de :
Opéra omnia quinque sectionibus compre-
hensa, etc.; Francfort, 1603, in-fol.
Craton, Methodus ex Galeno. — Eloi, Dictionnaire
historique de lu Médecine.
CAPIZUCCHI. Voy. CAPISUCCHI.
CAPMANY (don Antonio de Montpalau y),
historien et philologue espagnol, né à Barcelone
le 24 novembre 1742, mort à Cadix le 14 no-
vembre 1813. Il embrassa d'abord la carrière mili-
taire, et fit en 1762 la campagne de Portugal. En
1770, il quitta le service pour fonder une colonie
catalane danslaSierra-Morena. L'Académie royale
d'histoire espagnole le choisit pour son secrétaire
en 1790. Lors de l'invasion française, il sefitremar-
quer par son patriotisme et sa résistance à la nou-
velle domination, surtout comme député aux cor-
tèsde 1812. Capmany a laissé : Arte de traducir
del idioma frances al castellano; Madrid,
1776, in-4" ; — Filosofia de la Elocuencia;
Madrid, 1776, in-8° ; —Memorias historicas
sobre la Marina, Comercio y Artes de la an-
iiguaciudad de'Barcelona ; Madrid, 1779-1792,
4 vol. in-4° ! on trouve dans cet ouvrage d'ex-
cellentes observations sur les rapports du midi
de la France avec le midi de l'Espagne ; le se-
cond et le quatrième volume renferment de cu-
rieux documents sur la langue catalane ; — Anti-
guos tratados de paces y alïanzas entre algu-
nos reges de Aragon, 1780; — Teatro Msto-
rico-critico de la Elocuencia castellana; Ma-
drid, 1786, 5 vol. in-4°: Ticknor fait l'éloge de
CàPlTON — CAPO DE FEUILLIDE 59;
cet ouvrage ; — ^Ordonanzas de las amanda:
navales de la corona de Aragon , 1787 ; — Co
digo de las costumbres maritimas de Barcc
lona; Madrid, 1791, 2 vol. in-4'' : ouvrage pré-
cieux pour le commerce, l'industrie elle droit ma
ritime ; — Dictionario Frances-Espanol ; Ma
drid, 1805, in-4° ; — Cuestiones criticas sobn
varias puntos de historia economica , polïtiu
ymilitar, 1807, in-8°.
Ticknor, Hist. of Spanisk literature, l, 29S;III, lis
— Meuçel, Bibl. hist. — Ebert, Bibliog. Lexikon,
CAPNION (Kàirviov) (Jean). Fo?/. Reijchmn
*CAPO-BïANCo (Joseph), jurisconsullc ita
lien, natif de Monte-Leone, vivait dans la secondi
moitié du dix-septième siècle. On a de lui : ui
ouvrage historique et géographique sur soi
pays natal.
Toppi, Bibl. Napolet
* CAPOCASALE (Joseph), savant italien, n
le 1*" mars 1754, mort le 21 octobre 1828. Quoi
que pauvres, ses parents lui firent donner un
solide instruction. A vingt ans, il fut appelé à ad
ministrer la commune de Sarconi. Puis il alla
Naples en 1800, se voua au sacerdoce, et se livr
à l'enseignement. De 1804 à 1818, il profess
successivement la logique, la métaphysique, I
droit naturel et le droit des gens. Il avait él
nommé évêque de Cassano en 1817, et en 182
on lui confia la direction des études du duc d
Noto, héritier présomptif de la couronne de Na
pies. On a de lui : Catechismo del uomo e di
cittadino ; 3 vol. in-8° ; — Cursus pfiilosophi
eus, sive universœ phûosophix institutiona
3 vol. in-S" ; — il Codice eterno ridotto in si:
tema, seconda i veri principii délia ragione
del buon senso , 3 vol. in-8° ; — Saggio di pi
litica per usa de" privati ; — Saggio di fisic
per giovanetti; ■ — Istituzioni elementari (
matematica, ridotta a brève e facile metoa
per usa de' principïanti.
Tipaldo, Bio(i. degV Ital. illustri, t. VIII.
* CAPOCCHi OU CAPOCcius (Reinier
théologien et poète italien, natif de Viterbe, mo
en mai 1 258. Il appartenait à l'ordre de Cîteau'
Le pape Innocent III l'avait nommé cardinal 2
titre de Sainte-Marie de Cosmedin. On a de li
quelques hymnes latins, dont nous citerons : Ce
lorum candor, et Plange turba paupercuU
Ughelii, Italia sacra, I, 313. — Leyser, Histor. pœta
medii œvi, p. 999.
* CAPOCCHI (Alexandre), àomimccàn. et s;
vaut orientaliste italien, de la famille du préc^
dent, né à Florence le 14 octobre 1515, mo:
dans la même ville le 8 octobre 1581. Il entra
douze ans dans l'ordre de Saint-Dominique,
fit des progrès si grands dans les langues oriei
taies , surtout en hébreu , que les Juifs le pr^
naient pour un de leurs coreligionnaires. Se
savoir lui procura l'occasion de rendre de grans
services à la religion.
H. de Costp, Histoire catholique des hommes illustri
— lichard, Script, ordin. l'rœdic.
1 CAPO DE FEDïLLiDE, publiciste et littci
;93
CAPO DE FEUILLIDE — CAPO D'ISTRIA
594
iiir français, né vers 1800. Après avoir composé
lis poèmes et des œuvres diverses, il écrivit, en
S'it, des satires contre le ministère Poli-
ri;\c, quoiqu'il fût attaché à la maison du roi.
la même époque, il ti'availla au journal le Fi-
iiro, devint sous-préfet après la révolution de
lillot 1830, et rentra bientôt après dans la vie
ttrraire. 11 écrivit alors successivement dans le
Diislitutionnel, la Tribune, VEurope litté-
'irc, qui passa de la direction de M. Bohain à
I sienne, et dans lejournal le .Bon sens. Quel-
uo temps après, il concourut à la rédaction de
i Presse, journal de M. de Girardin; remplit une
lission littéraire qui lui fut confiée par M. de Sal-
inily, ministre de l'instruction publique, et,à son
tour, il fit de l'opposition dans le Jotirnal de
a ris, feuille ministérielle. Il en résulta pour lui
te mission nouvelle en Amérique, obtenue du
inistère Thiers ( 1 mars 1840 ). A la Guadeloupe
rejoignit M. Granier de Cassagnac, et ren-
t service à ce publiciste, dont les articles sur
raancipation avaient irrité les noirs. En der-
er lieu , M. Capo de Feuillide se trouva mêlé
i\ événements politiques qui suivirent la ré-
ilution de 1848. On a de lui : le Temps, médi-
•f ion poétique; Paris, 1824; — les Vendéen-
'i.et Chants hellènes ; Paris, 1825; — le
ibilé, ode; Paris, 1826; — la Mort du duc
iiitthieu de Montmorenctj , chant élégiaque;
aris, 1826, in-8° ; — Quiberon, cinq Ven-
-ennes; Paris, 1826; — la Vendée en 1815;
aris, 1827, in-S"; — Première épitre à Paul-
ouis Courier, vigneron ; Paris, 1830; — Épi-
eau vicomte d" Haubersaert ; Paris, 1831;
- Deux ans de règne, troisième épître à
aul-Louis Courier; Paris, 1832; — Aux
ocfrinaires, pamphlet; Paris, 1832, in-8"; —
Midi en 1815; Paris, 2 vol. in-8°; — l'Ir-
nide; Paris, 2 vol. in-8" ; — le Château de
him, son histoire, ses seigneurs et ses pri-
Mniers; Paris, 1842; — Histoire du peuple
e Paris; 1844.
QutTard,;a Fr. ML et supplément an même ouvrage.
Beuchot, Journal de la Librairie.
* CAPO Di PERRO (Gian Francesco), mar-
ueteur itafien, né à Bergame, mort dans la
léme ville en 1533. Il était l'élève et le rival
le Fra Damiano pour la marqueterie, et orna
)'.à stalles de Santa-Maria-Maggiore de Bergame
Ivec un goût remarquable, quoique non exempt
je sécheresse. Il exécuta ces travaux sur les
fessins de Lotto. Francesco Capo di Ferro fut le
riaître de Pietro son frère, et de Zinino son ne-
jeii. Les élèves que cette famille forma main-
j nrent pendant longtemps l'art de la marquete-
jie dans Bergame.
' Tassi, le r-'ite de' Artifici Bergamaschi. — Lanzi, Sto-
lid'Pittorica.
CAPO D'ISTRIA ou CAPODISTRIAS (*) ( Ka-
') Oepuis son élection à la présidence de la Grèce, le
pnitc cessa de prendre son titre nobiliaire, etsigna J.Ca-
i'(fi.«!)-ias ou on grec 'I. A. KaTTOOtTTp'.a: ( c'est-à-
' re Jean, fils d'Antoine ).
TtoStdTpiaç ) (Jean, comte de), président de
la Grèce, né à Corfou en 1776, assassiné à Nau-
plie le 27 septembre (9 octobre) 1831. La
famille des Capo d'Istria est originaire de la
ville illyrienne de ce nom|, l'ancienne Justino-
polis , près de Trieste, et avait été décorée du
titre de comte par les ducs de Savoie. Il en
est fait plusieurs fois mention dans les an-
nales de Corfou , où elle paraît établie depuis le
quatorzième siècle, et figurait sur le livre d'or
que les îles vénitiennes s'étaient donné , à
l'exemple de leur métropole. En 1678, Nicolas
Capodistrias se rendit à Constant! nople pour ra-
cheter un grand nombre de captifs grecs. En
1690, George-Aloys et Stavro, h la tête de sol-
dats chimariotes levés à leurs propres frais, firent
une descente à la Vallone, et forcèrent à la re-
traite les Turcs qui allaient attaquer le général
Cornaro. Enfin, François et Victor Capodistrias
se signalèrent par leur valeur contre les Otho-
raans pendant le siège de Corfou, en 1716.
Le comte Antoine- Marie, père du président,
était connu dans les îles Ioniennes comme juris-
consulte, et passait pour un des chefs de l'aristo-
cratie. Il fut im des deux députés envoyés en
1790 à Constantinople lorsque les îles vénitien-
nes, enlevées à la France, allaient être érigées
en république sous la suzeraineté de la Porte et
la protection de la Russie. Il fut décoré par l'em-
pereur Paul I"'' de l'ordre de Malte, auquel plus
tard Alexandre joignit la croix de Sainte-Anne.
Jean, son 3* fils, qui devait illustrer le nom de
Capodistrias et auquel nous consacrons cette no-
tice, se faisait remarquer à Corfou par son es-
prit distingué et sa philanthropie. Il se livra aux
études médicales, d'abord à Padoue, puis à
Venise. En 1803, le comte Mocenigo , commis-
saire impérial chargé de donnerauxSept-Ilesune
constitution et de raetti'e un terme aux factions
qui les déchiraient, choisit le jeune docteur, âgé de
vingt-sept ans, pour secrétaire d'État de la ré-
publique septiusulaire. L'organisation de ce petit
État, par laquelle Capodistrias préludait à des
missions plus importantes, offrait encore d'as-
sez grandes difficultés, à cause de l'animositédes
partis, reste de divers régimes qu'on avait tra-
versés, de l'ambition des grandes puissances, et
du voisinage d'Ali,pacha de Janina. Capodistrias
connut alors personnellement ces capitanis de la
Grèce continentale qui, forcés de chercher un
refuge dans les îles Ioniennes, y furent organi-
sés en une milice d'où sont sortis quelques-uns
des libérateurs de la Grèce. Le traité de Tilsitt
(1807) ayant replacé les Sept-lles sous la domi-
nation de la France, César Berthier, qui en prit
le gouvernement, offrit au jeune seorétaire d'État
la perspective d'une nouvelle carrière; mais il
préféra ne pas se séparer de ses premiers protec-
teurs, attachés au service de la Russie, sur qui
les Grecs alors fondaient surtout l'espoir de leur
délivrance. Il se rendit donc à Saint-Pétersbourg,
et fut admis dans la diplomatie russe, avec le
I
595
CAPO D'ISTRIA
simple titre d'attaché au collège des affaires
étrangères (1809). Pour sortir d'une inaction qui
lui pesait, malgré les études sérieuses auxquelles
il se livrait, Capodistrias était près de passer
en Amérique, quand il fut attaché comme sur-
numéraire à l'ambassade russe à Vienne. Reçu
d'abord avec quelque prévention par l'ambassa-
deur comte de Stackelberg, il ne tarda pas à
mériter sa confiance; et des mémoires remar-
quables sur le système continental et les relations
avec la Turquie le firent avantageusement con-
naître en haut lieu. Aussi fut-il demandé par l'a-
miral Tchitchagof, commandant l'armée du Da-
nube, pour l'aider dans l'organisation des pays
situés entre le Dniester et le Danube, qui ve-
naient d'être cédés à la Russie par le traité de
Boukarest. A la suite de la désastreuse campa-
gne de Napoléon en Russie, l'armée du Danube,
à l'état-major de laquelle Capodistrias était atta-
ché, opéra sa jonction avec les autres corps qui
pressaient la retraite des débris de l'armée fran-
çaise. L'empereur Alexandre, l'ayant distingué au
quartier-général, le chargea, quelque temps après
la bataille de Leipzig, d'une mission confiden-
tielle en Suisse, pays où les esprits étaient divisés,
et sur lequel les coalisés avaient besoin de pou-
voir compter avant d'envahir la France. L'en-
voyé russe travailla à faire revivre l'ancien esprit
des cantons, et à faire déclarer la neutralité de la
Suisse. Mais cette neutralité d'un petit État au
milieu du conflit des grandes puissances pouvait
difficilement se maintenir. Le plénipotentiaire
autrichien ne tarda pas à demander le passage
pour l'armée de son maître ; et Capodistrias, n'é-
coutant que l'intérêt de la cause qu'il servait,
appuya lui-même cette demande, au risque de
compromettre sa réputation en Suisse, et de
déplaire à l'empereur en outre-passant ses pou-
voirs. Alexandre, auquel il vint soumettre sa
conduite, l'accrédita de nouveau près la confé-
dération, poste dans lequel son esprit conciliant
et l'expérience qu'il avait acquise dans sa patrie,
au milieu des luttes des partis, lui donnèrent
beaucoup d'influence sur l'organisation intérieure
des cantons. Ceux de Genève, de Vaud et de
Lausanne lui décernèrent le droit de bourgeoisie,
titre qu'il aimait à joindre aux nombreuses dis-
tinctions dont l'honorèrent presque tous les sou-
verains de l'Europe.
Capodistrias, qui avait assisté au traité de
Paris du 30 mars 1814, et dont l'avis commen-
çait à peser dans les grandes questions euro-
péennes, fut désigné pour se rendre au congrès
de Vienne, où ces questions devaient être réso-
lues. Les bornes de cet article ne permettent
pas d'entrer dans le détail de la part qu'il y prit,
ainsi qu'aux traités subséquents. Nous devons
dire seulement que si Capodistrias travailla très-
activement au renversement de Napoléon, et s'il
fut le rédacteur du manifeste qui rappelait la
Russie aux armes après le retour de l'île d'Elbe,
le reste de sa conduite, exempt de l'animosité
que d'autres témoignaient contre la France,
empreint de l'esprit Ubéral et modéré qui
honneur alors à la politique d'Alexandre. (
podistrias accompagna de nouveau ce sou
rain à Paris ; il passa pour avoir fait suggère:
Louis XVIII, par le duc de Richelieu, l'idée d
crire à l'empereur une lettre dans laquelle
menaçait de renoncer à la couronne, si l'on p
sistait à imposer des sacrifices trop durs ii
France. Cette démarche fit prévaloir dans
conseils des alliés les conditions plus éqiiital
que le diplomate nisse appuyait. Pressé par
ministre de Louis XVIII d'accepter un tcir
gnage de sa reconnaissance, Capodistrias
manda pour Corfou les livres doubles de la
bliothèque du roi. Mais un changement do mii
tère empêcha de donner suite à la promesse <
le duc de Richelieu lui en avait faite.
Dans le grand remaniement de l'Europe,
podistrias s'était trouvé en position d'exer
une influence prépondérante sur le sort de ;
pays natal, les îles Ioniennes. On a dit qu'il ai
espéré d'abord en former nn royaume indép
daut, à la tête duquel on aurait appelé le pri
Eugène de Beauharnais, à qui des ouvertu
furent faites à ce sujet. Mais, par un noble s
timent, ce prince refusa tout avantage person
dans le démembrement de l'empire françi
Cette combinaison écartée , il fallut opter en
le protectorat de l'Autriche ou celui des Angl;
que les septmsulaires avaient déjà spontaném
appelés, et qui semblaient, comme puissa
maritime et comme champions des idées Hbt
les , devoir offrir les plus grands avantages ;
Grecs ioniens. Si le résultat n'a pas répondu
tout point à cette attente, c'est que les puissa
protecteurs se sont bientôt écartés des sfipi
tiens insérées dans le traité de Paris, sur j
quelles on doit juger cet acte de Capodistri,
ainsi que sur le mémoire qu'il remit au minist
anglais pour l'administration des îles lonienn
et dans lequel il recommandait fortement l'éi
cation nationale hellénique, longtemps négligée,'
Grecs ioniens. Outre la part que Capodistrias j
au traité de Paris, ce fut aussi lui qui dre
l'acte de la Sainte- Alliance; mais la pensée
appartenant tout entière à l'empereur, nous i
vous pas à l'apprécier ici. Capodistrias doul
que l'application d'un tel acte fût possible, q>i
que ses idées religieuses s'accordassent en géi
rai avec la direction que l'esprit d'AJexam
avait prise dans les dernières années de son i
gne. En rentrant dans ses États, le tzar, <
avait conçu pour le comte Capodistrias une .
fection toute particulière, voulut qu'il conser
les fonctions de secrétaire d'État, auxquelles
l'avait nommé en novembre 1815, et qu'il par
geât le travail de son cabinet avec le comte
Nesseirode. L'harmonie ne cessa de régner onl
les deux collègues pendant les six années q
dura cette position délicate, dans laquelle le '
plomate grec, tout en évitant une ostentati
.,f)7 CAPO D'ISTRIA
([iii aurait pu blesser l'esprit national moscovite,
so réservait la partie la plus laborieuse de la tâ-
( !u\ L'organisation de la Bessarabie, qui bientôt
devint Horissante, est son ouvrage; et, dans les
nombreuses concessions de terres qui ont enri-
, lii fant de familles , il ne pensa point à la sienne;
ii poussa même la réserve jusqu'à détourner son
ircrc Viaro d'accepter les faveurs que l'empereur
lui oIlTrait pour le retenir en Russie.
Capodistrias avait continué à soutenir les in-
iciiHs de la France, en remettant à la décision
lies arbitres les plus désintéressés l'examen des
(normes réclamations pécuniaires dont notre
pays était assailli, et en faisant réduire l'occupa-
tion étrangère, dont le terme fut fixé en 1818, à
Ai\-la-Cbapelle. A l'issue de ce congrès, où Ca-
i (iiistrias, pour répondre aux milliers de requé-
i. s adressées à l'empereur, avait dû travailler la
liuijeurc partie des nuits. Il obtint un congé pour
ixtablir sa santé et aller voir son vieux père. 11
!i;i remit une lettre autographe d'Alexandre, ex-
iiiement flatteuse, dont 1l*s copies serépandi-
lî Cii Grè^c. La présence du ministre du tzar,
malgré sa réseiTC, ne laissa pas de remuer les
esprits des Grecs, qui avaient les yeux fixés sur
Un comme sur l'instrument futur de leur affran-
chissement : aussi porta-t-elle ombrage à l'ad-
ministration anglaise, alors fort oppressive, et
contre laquelle un soulèvement éclata quelques
mois après à Sainte-Maure. On croit qu'à son
retour, en passant à Paris et à Londres, Capo-
(iistrias essaya de faire modifier le régime de
ces îles. Du reste, il ne transpira rien des divers
objets de ce voyage, qui préoccupa vivement la
curiosité des nouvellistes , d'autant plus que le
comte Capodistrias était regardé comme un des
défenseurs des idées libérales dans les conseils
(les souverains. 11 rejoignit l'empereur à Varso-
vie, au mois d'août 1819. La fin de cette année
et la suivante, marquées dans plusieurs contrées
. par des soulèvements politiques, donnèrent beau-
coup d'occupation au secrétaire d'État, qui fut en
outre chargé de justifier près du saint-siége l'ex-
pulsion des jésuites de Russie. A la suite du
congrès de Troppau, motivé par les révolutions
(l'Espagne et de Naples, les souvcraieiïs s'étaieut
oonné rendez-vous à Laybach. Le mouvement
<1u Piémont, qui eut lieu sur ces entrefaites, fut
; presque immédiatement comprimé, en partie par
les efforts du comte Moccnigo, ministre de Rus-
sie, dirigé par Capodistrias ; et l'on s'occupait de
prévenir le retour de semblables mouvements ,
lorsqu'on annonça la levée de boucliers d'Hyp-
silantis.
Des tentatives furent renouvelées, à diver-
ses époques , par les chefs de l'Hétérie (société
secrète ), pour engager Capodistrias à prendre
la direction d'une entreprise qu'ils avaient pré-
parée en se servant , à son insu, de son nom.
Aux premières ouvertures qui lui furent faites,
il répondit qu'avant do songer à refaire une
Orèce, il fallait refaire des Grecs; et, en effet,
598
tous ses efforts tendaient à la régénération intel-
lectuelle des Hellènes. Il avait fondé , en 181.5,
la société des Pliilomuses d'Athènes; il favori-
sait la création d'écoles helléniques et la publi-
cation de livres utiles; mais il repoussait toute
tentative violente, comme téméraire et prématu-
rée. C'est dans ce sens qu'il répondit, en 1820,
à un message de Petrobey Mavromikhalis, qui
avait voulu s'assurer si un soulèvement du Pé-
loponèse aurait l'appui de la Russie. Mais le
porteur de la réponse de Capodistrias fut assas-
siné par des agents des hétéristes, qui s'étaient
déjà tro|) avancés pour reculer, et qui, dans la
crainte d'être entravés, précipitèrent le mouve-
ment. Le tzar, vivement irrité contre son aide
de camp Hypsilantis, fit immédiatement désa-
vouer cette entreprise par Ca|)odistrias. Ce der-
nier, qui n'était pas moins affligé de voir l'avenir
de la Grèce ainsi compromis , s'aperçut bientôt
que sa nationalité le rendait un objet de suspi-
cion. Il réussit cependant à démontrer aux di-
plomates réunis à Laybach que le soulèvement
des chrétiens contre les Ottomans ne pouvait
être assimilé aux révoltes qu'on venait de répri-
mer, et il obtint du moins qu'aucune mesure
coercitivene fût arrêtée contre eux. Mais, ne pou-
vant rester spectateur impassible de la lutte dé-
sespérée de ses coreligionnaires, ni parvenir à
changer, à l'égard de la Turquie, la politique
d'Alexandre, devenu partisan exclusif de la paix,
il offrit sa démission à son souverain, qui, tou-
jours plein d'estime pour lui, ne voulut lui accore
der qu'un congé illimité, pour motif de santé.
Le comte Capodistrias alla se fixer à Genève,
dont il était citoyen et où il vécut très-retiré,
s^poaant la plus stricte économie pour consa-
crer sa fortune à secourii" ses malheureux coni-
patriotes. Par l'entremise et le concours de son
ami M. Eynard, il contribua à l'organisation des
comités grpxîR , qui , pendant cinq ans , vinrent
seuls en aide à la Grèce abandonnée des cabinets.
Elle était près de succomber sous les efforts des
Arabes, et par suite de l'anarchie; quelques-uns
des gouvernants de la Grèce songeaient à la
placer sous la protection exclusive de la Graade-
IJretagne : leur démarche d'une part, et de l'au-
tre le changement opéré dans la politique du
cabinet de Pétersbourg à la mort d'Alexandre,
amenèrent les puissances à se concerter pour
mettre un terme à la guerre d'extermination
dont l'humanité s'affligeait, et à la piraterie qui
ruinait le commerce du Levant. Lord Welling-
ton, dans son ambassade à Saiut-Pétersbourg,
signa, le2avTil 1826,1e premier protocole rela-
tif à la Grèce , qui prépara le fameux traité du
6 juillet 1827, par lequel l'Angleterre, la France
et la Russie s'engagèrent à travailler de concert
à la pacification de l'Oiient. Vers cette même
époque , les capitaines grecs qui n'avaient pas
désespéré du salut de leur pays, les Karaïskakis,
les Kolettis, les Kolokotronis, et les philhellènes
Church et Cochrane, voyant leurs efforts para-
599
CAPO D'ISTRIA
60C
lysés par les factions, décidèrent les deux assem-
blées rivales qui s'étaient formées à se réunir à
Trézène, où Capodistrias,dont lenom était d'a-
vance dans toutes les bouches, fut élu, le 2
(14) avril 1827, président pour sept ans, par l'u-
nain'tïiité des députés présents (ceux d'Hydra
s'étaient retirés).
La nouvelle de cette élection parvint à Capo-
distrias en Russie, où il était ailé saluer le nou-
vel empereur Nicolas. Avant d'accepter l'hono-
rable et difficile mission à laquelle son pays
l'appelait, il voulut établir son indépendance,
non-seulement en faisant agréer à l'empereur sa
démission définitive , mais en refusant toute ré-
munération de ses anciens services. Il se rendit
ensuite à Londres et à Paris, afin de s'assurer de
la protection de ces deux cabinets, auxquels il
exposa la nécessité, pour fonder en Grèce un
gouvernement régulier, de lui garantir un em-
prunt. En même temps il sollicitait, de tous les
Grecs établis à l'étranger et des philliellènes, des
secours pour les victimes de la guerre et pour
l'éducation de la jeunesse, en qui reposait surtout
son espoir. Par ses efforts, une caisse fut fondée
à Genève pour fournir à l'entretien des jeunes
Grecs dispersés en Europe, dans un établisse-
ment où on leur donnerait une éducation plus
nationale. Ces soins l'occupèrent pendant les
deux mois qu'il lui fallut attendre, à Ancône, le
bâtiment promis par les Anglais, qui n'avaient
pas voulu le laisser aborder à Corfou. Le pré-
sident n'insista pas , car il n'y aurait pas retrouvé
son père , mort peu de temps après sa dernière
visite ; mais il s'affligeait vivement d'un retard
qui l'empêchait de profiter de l'impression favo-
rable produite par la bataille de Navarin. Enfin
le vaisseau désiré arriva, et, le 18 janvier 1828,
Capodistrias aborda en Grèce à bord du Wars-
pite, qui avait arboré le pavillon grec, et ac-
compagné de deux bâtiments, l'un russe et l'autre
français.
Le président fut accueilli par les Grecs avec
les témoignages de la plus vive allégresse. Sa
présence arrêta laguerre civile, prête à éclater de
nouveau. Le Palamède et les autres forts de
Nauplie, remis sur sa demande par les chefs qui
s'en étaient emparés, montrèrent son influence
morale. La commission nommée par le congrès
de Trézène pour gouverner jusqu'à son arrivée
résigna ses fonctions. Pour lui, avant de prendre
en main le timon de l'État, il déclara qu'il ne
pouvait prêter le serment dans la forme où il
avait été rédigé, et d'après laquelle il s'engageait
à maintenir l'indépendance de la Grèce, puis-
que cette indépendance n'existait pas encore par
le fait, et que les limites de ce que l'on devait
entendre par la Grèce n'avaient pas été définies.
Se confiant entier einent en son patriotisme et en
.ses talents, le conseil législatif, compose de qua-
tre-vingt-quatre membres, lui remit à l'uaanimité
les pleins pouvoirs pour organiser un gouverne-
ment provisoire, en attendant que le sort de la
Grèce fût fixé par les grandes puissances pro-
tectrices. Ce gouvernement, dont les actes de-
vaient être prochainement soumis à un congrès
ne se composait que du président on gouvernew
( xuêepvyJTviç ), d'un secrétaire d'État chargé di
contre-seing, et d'un conseil de vingt-sept mem-
bres, nommé pan hellenium, dans lequel Capo
distrias réunit les premières notabilités de h
Grèce.
Les rapports des divers ministres constaten
l'état déplorable des affaires au moment où leu
direction fut remise à Capodistrias. Presque tou
le territoire était occupé par les Égyptiens ; le
terres étaient en friche ; les faibles revenus don
le gouvernement disposait avaient été aliéné
d'avance. Les troupes , qui n'étaient pas payée
par le gouvernement, ne lui obéissaient pas, noi
plus que la marine, qui appartenait à des parti
culiers, sauf quelques bâtiments achetés sur l'em
prunt anglais, mais désarmés. Plus d'écoles
presque plus d'églises! Quant aux tribunaux,)
n'en avait jamais existé. La confusion était ;
son comble. A ces difficultés intérieures la di
plomatie même des puissances protectrices ci
ajoutait de nouvelles, en s'opposant aux secour
que sollicitaient les Grecs de Samos, ceux d
Crète, de Chios, où le colonel Fabvier, à la de
mande des réfugiés de cette île, avait entrepri
une expédition avec les troupes régulières.
Sans se laisser déconcerter par tant d'obsta
clés , ni effrayer par les jalousies qui commen
çaient à surgir, Capodistrias appela à lui qui
conque voulut l'aider franchement. Il achet
quelques bâtiments, et réarma ceux du gouver
nement. Ses mesures énergiques, concertées ave
les amiraux de l'alliance, eurent bientôt purg
l'Archipel de la piraterie. Les secours qu'il avai
recueillis en Europe donnèrent du pain au:
malhem'euses familles entassées à Égine et .
Nauplie. Il rendit ce bienfait plus fructueux ej
exigeant de tous les individus valides qu'ils 1
gagnassent par leur travail. Des terres luren
ensemencées de pommes de terre envoyées d'Eu
rope, ou plantées d'arbres. Les masures qui obs
truaient les glacis de Nauplie furent démolies, e
des demeures plus saines furent assignées au:
malheureux qui les habitaient, dans le fauboui'j
de Pronia (Providence). Les soldats rouméliote
qui achevaient de ruiner l'Argolide furent ren
voyés au delà de l'isthme. Divisés en deux corp:
d'armée, l'un dans la Grèce orientale sous le;
ordres du stratarque Dém. Hypsilantis, l'autn
dans la Grèce occidentale sous le général Church
ils furent répartis en cMUarchies, pour facilite:
la surveillance; et le président poursuivit san:
relâche la tâche difficile d'introduire parmi eu:
un peu d'ordre et de discipline. Ne trouvant pai
toujours dans les deux généraux en chef le con
cours qu'il aurait désiré , il nomma son jeum
frère Augustin, qui était venu le rejoindre ei
Grèce, son lieutenant plénipotentiaire près di
ces corps d'armée; mais cette nomination d'ui
601
CAPO D'ISTRIA
602
lutmtnc sans expérience militaire blessa d'an-
I ii'us officiers placés sous ses ordres. Les trou-
|hs régulières venues de Chios, après le mauvais
,iicrès de cette expédition, t'oi-mèrent les garni-
ons de Nauplie, de Monembasie, d'Argos, et de
uniques autres places. Leur réorganisation,
il)rès le départ du colonel Fabvicr, l'ut confiée
m colonel Heidegger. En même temps, un vaste
j.ltiment s'élevait à Égine sous le nom A'Orpha-
totrophe , et devenait l'asile de six cents en-
ants arrachés à la misère ou à la démoralisa-
ion des camps. Une école normale, fondée dans
a même île, devait fournir des maîtres pour
is écoles mutuelles, dont le président encoura-
;t'ait de tous côtés l'établissement. Il créa aussi
iliis tard, sous le nom à' Evelpides , une école
iiilitaire. Pour subvenir à ces dépenses, Capo-
listrias créa mie banque nationale qui offrit aux
irètcurs 8 pour cent d'intérêt, et la garantie de
liens nationaux. Lui-même y plaça les débris
le sa fortune. M. Eynard et quelques capitalis-
es grecs ou amis de la Grèce y versèrent aussi
eur oiïrande. L'empereur de Russie souscrivit
)our une somme de deux millions. Grâce à ces
ecours et à l'activité du président, qui se trans-
portait de sa personne partout où les besoins du
ervice réclamaient son utile impulsion , la Grèce
ubit en quelques mois une heureuse métamor-
phose.
Cependant les Égyptiens occupaient toujours
me grande partie de la péninsule, et menaçaient
l'enlever ou de brûler les moissons qu'on s'é-
iait enhardi à semer dans quelques provinces.
Pour comble de maux , un échange de prison-
niers, négocié avec eux par l'entremise d'un
navire autrichien , apporta la peste à Hydra ,
Spezzia, et dans quelques parties du Pélopo-
nèse. A ce nouveau malheur, le président n'hé-
sita pas à se rendre sur les lieux atteints par la
contagion, et fit étabhr des quarantaines, des
cordons sanitaires, et employer d'autres précau-
tions hygiéniques encore inusitées en Grèce. Par
ces mesures, la maladie fut concentrée et bien-
tôt éteinte ; mais elle avait anéanti les ressour-
ces c[ue les îles auraient pu trouver dans le com-
merce, et, en augmentant le nombre des hom-
mes à nounir, absorbé les derniers fonds que le
président avait recueillis. Heureusement, il n'a-
vait pas cessé de frapper à toutes les portes
liour obtenir un emprunt qui lui permît de lever
en Suisse un corps auxihaire pour expulser Ibra-
liim, à moins que les puissances ne se char-
geassent elles-mêmes de ce soin. Au mois de
juin 1828 , un chargé d'affaires français, accré-
ilité auprès du gouvernement grec, lui apporta
'in secours de 500,000 fr., avec la promesse de
renouveler ce subside les mois suivants, et l'an-
nonce inespérée de l'arrivée prochaine d'une ex-
pédition française. Des résidents russes et an-
glais ne tardèrent pas à être accrédités en Grèce;
en même temps les ambassadeurs des trois puis-
sances, qui avaient quitté Constantinople sans
rien obtenir du sultan, vinrent conférer avec Ca-
podistrias sur l'armistice et sur la délimitation du.
nouvel État. L'Angleterre avait négocié séparé-
ment à Alexandrie le rappel d'Ibrahim : la pré-
sence des troupes françaises hâta son départ,
et, par les travaux du génie militaire, les villes
de Navarin, de Coron, de Modon sortirent de
leurs ruines. D'un autre côté, les succès de l'ar-
mée que la Russie dirigeait sur Constantinople
pour venger ses propres griefs, faisaient espérer
que la Porte serait bientôt forcée de reconnaître
l'indépendance de la Grèce.
Ce fut sous ces auspices favorables que s'ou-
vrit à Argos, au mois de juillet 1829, le congrès
national, dont la peste et le séjour prolongé des
Arabes avaient fait différer jusqu'alors la con-
vocation. En dépit de l'opposition, le président
y obtint l'approbation de toutes ses mesures. Des
pouvoirs presque illimités lui furent de nouveau
conférés pour modifier le gouvernement pro-
visoire qui devait encore régir la Grèce jusqu'à
la solution des grandes questions soumises à la
conférence de Londres. Capodistrias remplaça
le panhellenium par un sénat qui n'avait égale-
ment que voix consultative, et il s'occupa de l'or-
ganisation administrative et judiciaire. Mais, à
partir de la réunion du congrès d'Argos, l'ap-
probation qu'il avait su se concilier en Grèce et
à l'étranger fit place à une opposition croissante,
sous laquelle son gouvernement finit par suc-
comber.
Cette opposition se composait principalement
des anciens primats, qui se voyaient enlever, par
l'organisation nouvelle, l'autorité sur les provin-
ces qu'ils avaient administrées à leur profit
sous les Turcs, et même depuis. Ils avaient pour
chefs des hommes distingués par leurs talents,
qui, à diverses époques, avaient été placés à la
tête du gouvernement, et qui supportaient diffi-
cilement l'inaction ou les rôles subalternes aux-
quels le président, cédant peut-être à des pré-
ventions injustes, les avait successivement ré-
duits. La nomination aux premières fonctions
de l'État de ses deux frères, MM. Yiaro et Au-
gustin, et de M. Gennatas de Corfou , augmenta
leur irritation. Enfin, quelques Européens et la
plupart des jeunes Grecs élevés à l'étranger au-
raient voulu voir le nouvel État en possession des
institutions dont jouissaient les pays les plus
avancés, et que le président repoussait comme
prématurées. Ses adversaires l'accusaient de des-
potisme, d'ambition, et de connivence avec les
vues secrètes de la Russie.
Investi , avec le coâsentement du congrès ,
d'une véritable dictature, Capodistrias l'exerça
sans partage, mais dans l'intérêt du plus grand
nombre. Son administration était modérée, popu-
laire, et préparait les éléments d'un gouverne-
ment vraiment représentatif par la constitution
de la propriété , tandis qu'avant lui les assem-
blées , composées en grande partie de primats
élus par les prolétaires à leur merci, et de capi-
603
CAPO D'ISTRIA
604
tâines délégués par leurs propres soldats, n'of-
fraient guère qu'un simulacre de représenta-
tion. Le président essaya de remédier à cet in-
convénient par le secret des votes. Fort de la
droiture de ses intentions, de son désintéresse-
ment (1), et de sa supériorité sur la plupart de
ses rivaux , il poursuivit ses plans de réforme
sans s'inquiéter des haines qu'ils soulevaient
contre lui. Mais il aurait dû montrer plus d'é-
gards pour des hommes qui avaient soutenu le
poids des affaires avant son arrivée, dans des jours
difficiles. Il ne ménageait même pas toujours l'a-
mour-propre national, et s'appuyait principale-
ment sur les trois cours alliées. Or, cet appui
vint à lui manquer en partie. L'Angleterre n'a-
vait peut-être pas vu sans déplaisir s'élever une
Grèce indépendante près de ses possessions de
la mer Ionienne. Un instant, cependant, elle s'é-
tait prise d'un grand zèle pour la cause grecque,
au moment où l'on invoquait son protectorat
exclusif. Mais depuis que les Grecs avaient ap-
pelé à la tête des affaires l'ancien ministre de
Russie, ses premières méfiances s'étaient réveil-
lée; et le jour où M. de Polignac quitta l'am-
bassade de Londres pour prendre la présidence
du conseil en France, la protection généreuse
que la Grèce avait trouvée dans le cabinet des
Tuileries fut à peu près paralysée. Les subsides
furent suspendus et les troupes françaises rap-
pelées, avant d'avoir couronné leur noble mis-
sion par la délivrance d'Athènes. La conférence
de Londres avait même intimé l'ordre au prési-
dent de retirer en deçà de l'isthme de Cofinthe
les troupes rouméliotes, qui étaient sur le point
de reconquérir leur terre natale. Le président
sut résister à cette bourrasque politique. Par
des mémoires pleins de force, et par les relations
intimes qu'il conservait près du cabinet des
Tuileries , il obtint qu'une partie des troupes
françaises ne fût pas encore retirée. Les avan-
ces de M. Eynard et ses démarches soutinrent
le crédit du gouvernement grec, toujours à la
veille d'une Jianqueroute; car les ressources na-
tionales, bien que doublées depuis ia seconde
année de l'administration du président, ne men-
taient encore qu'à cinq millions, somme insuffi-
sante dans un pays tellement épuisé qu'il fallait
fournir aux laboureurs le grain pour ensemen-
cer leurs terres, aux marins de quoi radouber
leurs vaisseaux , et qu'on ne trouvait pas une
maison convenable pour le moindre établisse-
ment public. Il fallait aussi entretenir huit à dix
mille palikares, toujours prêts à se débander
ou à se mutiner quand les rations manquaient.
Malgré cet état précaire, Capodistrias tint tête
à la conférence, jusqu'à ce qu'elle admît des ré-
solutions plus favorables à la Grèce, à laquelle
il conserva, par cette conduite , une partie de
son territoire continental. Vint ensuite le proto-
(1) Lp présldenl n'avait pas accepté la liste civile que
le congrès lui avait volée, l^entlant tout son séjour en
Grèce, il vécut de ses propres dealers.
coledu 3 février 1830, qui fixait les limites du
nouvel État grec , et en donnait la couronne au
prince Léopold de Saxe-Cobourg. L'abdication
de ce piince a été attribuée, par les ennemis du
président, aux manœuvres qu'auraient suggérée?
à celui-ci son ambition, et l'espoir de seménagei
la couronne à lui-même. Cette dernière préten-
tion est peu probable de la part d'un homme
d'aussi grand sens, et qui n'ignorait pas l'oppo-
sition qu'il eût rencontrée dans les cabinets ; tan
dis qu'il pouvait se llatter de continuer la tàclu
qui lui était à cœur, en qualité de prem.ier mi-
nistre d'un souverain dont l'estime lui était de
puis longtemps acquise. La correspondance offi
cielle et privée du président et du prince a ét(
publiée en Angleterre : on y voit que Capodis
trias pressait son nouveau souverain de veni)
le relever au plus tôt d'un poste qui n'était plm
tenable, et qu'il lui exposait en même temps
avec une entière liberté , les mesures qu'il re
gardait comme indispensables pour assurer h
prospérité de son règne. Ces mesures étaient
l'adhésion de la Grèce au choix des puissances
un pacte constitutionnel entre le souverain et li
pays; l'adoption, par le pi-ince, de la religioi
gi'ecque ; l'assurance d'un emprunt de soixanti
millions , et surtout l'extension des frontièn>
nécessaires à la sécurité de l'État.
Le roi Léopold, n'ayant pas obtenu de la cou
férence les deux dernières conditions, crut de
voir refuser cette coui'onne ; et son abdicatioi
jeta le président dans de grands embarras, aug
mentes bientôt par le contre-coup de la révolu
tion de Juillet. Lesconféreaces de Londres furen
suspendues ; une rupture semblait imminenti
entre la France, alliée de l'Angleterre, et la Rus
sie. Les adversaires du président ne manquèrcn
pas, à cette occasion, de le représenter comni:
un proconsul russe. Sans doute Capodistria:
conservait toujours de l'attachement pour u)
pays qu'il avait servi longtemps, et il montrai
trop de prédilection pour les formes absolues d'
son gouvernement dans son système adminis
tratif ; mais rien dans ses actes n'autorise l'ini
putation d'avoir subordonné les intérêts de si
patrie à ceux de la Russie. Cependant, cetti
opinion devint celle d'une partie des agents an
glais et français dans le Levant ; et dès lors If
président ne trouva plus que dans l'escadre russ(
le concours efficace qu'il ne cessait de réclamai
des agents des deux autres puissances. Ceux-c
se bornaient aux déclarations officielles près
crites par la conférence, en même temps qu'il'
laissaient voir des préférences pour l'opposition
qui, de son côté, manifestait le plus grand en-
thousiasme pour la révolution de Juillet, ai
point d'en arborer les couleurs. Excitée par uni
brochure venue de Paris, et par le journal VA-
pollon, dont le président avait voulu empêcliei
la publication, l'opposition provoqua le refu;
des impôts, et demanda à grands cris la con-
vocation du congrès. L'île d'Hydia, dont les ré
CAPO D'ISTRIA
GOO
; :iniationsd'indemnif(^s, montant à dix-huit mil-
iiis, n'avaient pas été admises, se sépara du
luvprnenient, et devint le foyer de l'insurrec-
iiii. Klle éclata dans le Magne. Le sénateur
i('ir<! Mavromikhalis , qui se rendait secrètc-
l'iit dans son ancien beyiik, fut arrêté par or-
i> du président , et retenu prisonnier à Nau-
ic , où son frère Constantin et son fils George
lient aussi gardés à vue. Au mois de juillet
11, des Hydriotes, ayant à leur tête l'amiral
iaoïilis , s'étaient emparés des vaisseaux de
iat, dans la rade de Poros. Sommés par le
nlre-amiral russe de les rendre, ils essayèrent
Mif^ager une lutte, et, plutôt que de lâcher prise
k's incendièrent. La belle frégate la Hellas
ilageà le sort des autres bâtiments. Cet acte
frénésie excita des deux côtés une grande
aspération. Le président bannit de Nauplie
isieurs individus qui entretenaient des rela-
ns avec les insurgés , et destitua plusieurs
Il f ionnaires. D'autres se séparèrent de son ad-
iiistration, que la pénurie des finances rendait
plus en plus difficile. Cependant Capodistrias
I sait tête à l'orage, se roidissant de toute l'é-
rgie de son caractère, dans l'attente d'une dé-
.ion des puissances et de l'arrivée d'un nou-
lau souverain, dont il espérait pouvoir annon-
r l'élection au congrès, convoqué pour le mois
octobre. « Je ne dévierai pas de ma marche,
rivait-il à la fin de septembre ; je ne trahirai
icun de mes devoirs : je les remplirai tous
Ssqu'au dernier moment. Lorsque j'aurai la
Jnviction de ne pouvoir plus rien faire pour
juver ce malheureux pays des horreurs de la
ierre civile, Av. l'anarchie, ou bien d'une oc-
Ipation militaire, je mettrai sous les yeux de
nation grecque et du monde l'historique vrai
sincère des choses et des hommes, et je me
ftirerai en emportant avec moi le plus grand
fs biens, la pureté et le repos de ma cons-
pnce. « Il écrivait encore à M. Eynard : « On
ta, on écrira ce qu'on voudra; à la longue, les
mmes ne sont pas jugés d'après ce qu'on dit ou
^t de leurs actions, mais d'après le témoi-
jkagcdeces mêmes actions. Fortde cette maxime,
iii vécu dans le monde avec ces principes
isqu'au déclin de ma vie, et m'en suis bien
louve. 11 m'est impossible à cette heure d'en
lianger. Je ferai ce que je dois; advienne ce
^pourra! »
Quelques jours plus tard, le dimanche 27 sep-
Imbre (9 octobre) 1831, à six heures duma-
1, quittant le travail auquel, selon son habi-
ide, il se livrait depuis le lever du soleil, Ca-
)^strias se rendait à l'église, lorsqu'il est
pordé par les deux Mavromikhalis, accompa-
[lég de leurs gardiens ; et au moment où il ôte
i»n chapeau pour leur rendre leur salut, Cons-
fntin lui tire à bout portant un coup de pisto-
It à la tête|, et George le frappe d'un coup de
iignard dans le côté. Les deux blessures étaient
ortelles -, le président tombe sans vie sur le
seuil de l'église; un vétéran et un autre soldat
qui l'accompagnaient se mettent à la poursuite
des assassins. Constantin , atteint d'une balle ,
est massacré par le peuple. L'autre trouve un
asile de quelques heures dans la maison du ré-
sident de France. A la nouvelle de cet attentat,
le peuple de Nauplie , passant de la stupeur à
l'indignation, était prêt à se porter à des excès
contre les personnes qui passaient pour ennemies
du président ; mais son frère Augustin , qui dans
cette circonstance montra beaucoup de fermeté,
aida les magistrats à calmer cette effervescence.
Le sénat, prenant, par la force des choses, le
pouvoir constituant, créa une commission de
trois membres, Kolettis, Kolokotronis et Augus-
tin Capodistrias, sous la présidence de ce der-
nier, pour gouverner, en attendant , un congrès.
George Mavromikhalis fut jugé i>ubliquement
par le conseil de guerre alors en fonction, et
condamné à mort, ainsi que les deux gardes de
police qui avaient été ses complices et ceux de
son frère. La peine des derniers fut commuée ;
George Mavromikhalis fut seul fusillé. L'exalta-
tion politique, et la vengeance personnelle pour
la détention du chef de leur famille, armèrent-
elles seules le bras des Mavromikhalis , ou ces
derniers furent-ils les instruments d'une société
secrète dont l'existence et les projets avaient été
dénoncés à Capodistrias? L'histoire pourra
peut-être plus tard éclaircir ces points.
Si la politique de Capodistrias comprimait,
comme on le dit, l'essor de la Grèce, elle n'avait
pas compromis son avenir ; encore quelques
jours, et le congrès allait se rassembler, et les
décisions des trois grandes puissances auraient
établi un nouvel ordre de choses qui permettait
au président de résigner avec honneur une au-
torité que les obstacles de tout genre avaient
usée dans ses mains, mais qu'il ne pouvait livrer
lui-même à ses adversaires politiques. Les pas-
sions une fois calmées, ses concitoyens auraient
été plus unanimes à reconnaître en lui les émi-
nentes qualités qui lui avaient concilié, dans tous
les pays de l'Europe, tant d'illustres amis, et
qu'un des plus dévoués d'entre eux, M. Eynard,
a retracées dans ce peu de mots : « Le président
delà Grèce était moulé sur l'antique, austère,
sévère, d'une probité sans égale , «e cherchait
jamais à se faire valoir , méprisant la critique
lorsqu'elle était injuste, employant toute sa for-
tune pour la Grèce, et poursuivant avec persé-
vérance ses projets pour civiliser sa patrie. Ja-
mais homme ne posséda plus de qualités pré-
cieuses, beaucoup d'esprit , très-instruit , grand
travailleur, d'une loyauté rare, de mœurs sim-
ples , sans morgue et sans étiquette. Il joignait
à toutes ces vertus une confiance entière dans
la Providence. » [M. W. Brunet, dans VEnc. des
g. du m. ]
Lettres et documents officiels sur les derniers évé-
nements de la Grèce gui ont précédé ta mort du
comte Capodistrias; Paris, 1831, ins°. — Mélanges
historiques (£u(X(Ai>iTà l(JTOpixà), imprimés à Paris,
1
eo7
CAPO D'ISTRIA — CAPONE
60
— Thiers , Étal actuel de la Grèce; Leipzig, 1833,
2 vol. in-8°, n° 24. — Portefolio Papers relative to the
affairs ofGreecc. Protocols of conférences held in Lon-
don presented te both hmises of Parliament, by com-
mand of his Majesty ; Londres, 1830-1832, In-foi. — No-
tice sur le comte J. Capodistrias, par M. Stannati Bul-
gari; Paris, 1832. — Détails de la Correspondance de
M. Dutrône avec le président Capodistrias; Paris,
1831. — Mémoires biographiques, historiques sur le
président de lu Grèce, accompagnés de pièces justi-
ficatives et authentiques, par M. A. Papadopoulos Vré-
tos; Paris, 1837-1838, 2 voL — Correspondance du comte
Capodistrias, président de la Grèce; comprenant les
lettres diplomatiques, administratives et particulières,
écrites par lui depuis le 20 avril 1827 jusqu'au 9 octobre
1831, recueillies et mises en ordre par les soins de ses
frères, et publiées par A. Bétant, un de ses secrétaires ;
Genève , 1839, 4 vol. in-8°. — Capeflgue, Diplomates et
hommes d'État européens, t. II.
*CAPO D'ISTRIA ( Viaro, comte de), minis-
tre grec, frère aîné du précédent, né à Gorfou, et
mort en 1842. II se voua d'abord à l'étude de la
jurisprudence. En 1816, dans un voyage qu'il fit
à Saint-Pétersbourg, l'empereur Alexandre vou-
lut l'attacher au service de Russie ; mais, sur les
conseils de son frère, il refusa les offres les plus
llatteuses, et retourna à Corfou. Pendant la
guerre de l'indépendancedes Grecs, il futplusieurs
fois chargé par son frère de leur transmettre les
secours des comités grecs ; mais, quoique invité
à se rendre en 1825 au chef-lieu du gouverne-
ment , il n'y vint que sur les instances de son
frère , en avril 1828. 11 fut membre du Panhel-
lenium, et chargé du portefeuille de la marine.
Après les événements dePoros, en janvier 1831,
il obtint la permission de retourner à Corfou.
[ Enc. des g. du m. ]
Dictionnaire de la Conversation.
*CAPO D'iSTKiA {Jean-Marie- Augustin,
comte DE ), homme d'État grec, né à Corfou, mort
en 1842. Il est le quatrième fils d'Antoine-Marie
Capodistrias, et accompagna son père à Constan-
tiiiople en 1800, lors de la reconnaissance de la
république septinsulaire. Dans cette occasion, il
porta le premier drapeau d'un État grec indépen-
dant. En 1829, appelé en Grèce par son frère, il
remplit les fonctions de lieutenant plénipotentiaire
près de l'armée, fonctions auxquelles ses études
ne l'avaient pas préparé, et dans lesquelles il in-
disposa plusieurs des officiers sous ses ordres
par sa hauteur et sa ténacité. Cependant, après la
mort de son frère, il fut élu président le 20 dé-
cembre 1831; mais les difficultés contre lesquel-
les le génie de Jean Capodistrias avait lutté vai-
nement n'avaient fait que s'accroître. Le comte
Augustin dut cédera l'opposition armée, et il
abandonna Nauplie le 13 avril 1832, emportant
les restes mortels de son malheureux frère, pour
les déposer dans le caveau de leur famille à Cor-
fou. Le comte Augustin se rendit ensuite à Na-
ples et à Saint-Pétersbourg. Son nom, ainsi que
celui du comte Georges Capodistrias , autre
frère, s'est trouvé mêlé depuis aux intrigues
d'une société philorthodoxe, contre laquelle le
gouvernement grec a dirigé des poursuites judi-
ciaires. [Enc. des g. du m. ].
I Dictionnaire de la Conversation.
*CAPON, publiciste et industriel français, r
à Cabrières en 1757, mort à Paris en novembi
1838. Il était avocat, et prit en 1789 une part a
tive aux événements qui détachèrent Avignon
le Comtat du saint-siége. Élu président de l'a;
semblée du Venaissin, qui vota la réunion de i
pays à la France , il fut ensuite procureur synd
de Vaucluse et député à l'assemblée constituant
En 1792, il réussit à sauver dans le port de To
Ion une riche flotte marchande, que la trahis»
voulait hvrer aux Anglais. Chargé ensuite d'c
ganiser et de protéger les fonderies d'Indret, q
les Vendéens menaçaient d'envahir, Capon réi
sit dans sa mission, et fut l'un des trois comin
saires des poudres et armes qui exécutèrent
décret d'armer en quelques mois un miUion
soldats citoyens , divisés en quatorze armé(
Rentré dans la vie privée, il exploita les fond
ries de Vaucluse, et créa onze usines différent
pour la fonte des canons, le laminage de cuivi
le doublage des vaisseaux, la confection des ir
truments aratoires, etc. En 1815, Capon leva
corps franc pour repousser l'invasion étrangèi
Spohé dans l'exploitation de ses fabriques, il <
mort dans un état médiocre de fortune, sans av(
reçu de secours de l'État. Capon a publié
Courrier du Pont-du-Gard, journal philo:
phique de PaHs ; Avignon, du 1" janvier au
septembre 1790; — le Courrier du Midi ; k'
gnon, du 15 janvier au 30 décembre 1792, réi
au Courrier il' Avignon.
Millin, Voxjage dans le Midi de la France , II, 1
— Barjavel, Dictionnaire historique de yaucluse.
CAPON { Gtdllaume) , architecte anglais,
à Norwich le 6 octobre 1757, mort le 26 se
tembre 1827. 11 étudia d'abord la peinture
portrait, sous la direction de son frère ; et, qii
qu'il eût assez de succès en ce genre, il s'appliq
de préférence à l'architecture, et alla se forme
l'école de Michel Novosielski. Il dessina, sous i
habile maître, plusieurs monuments, entre auti
la salle de spectacle et plusieurs bâtiments
Ranelagh, et concourut avec lui à l'érection
l'Opéra de Londres. Les décors qu'il fit po
Drury-Lane etCovent-Garden fondèrent sa réf
tation. En même temps il seconda le célèbre Ke
ble dans les projets d'amélioration scénique co
eus par cet artiste. Le croquis de quelques riiir
suffisait à Capon pour reconstruire les mon
ments du temps passé , comme Cuvier reprodi
sait avec quelques os le squelette d'un anin
antédiluvien. Avant l'incendie qui consui
Drury-Lane, on admirait, parmi les décors e>
cutés par Capon : la salle du conseil dupaU
de Cresby, dans Jaiie Shore; — l'hôtel TmU
sous Henri vn ; — V Ancien palais de Wc
minster, et l'abbaije de ce nom.
Rose, TÇeiu Biog. Dict.
*CAPONE (/'«Zes), jurisconsulte italien, viv
à Naples dans la seconde moitié du dix-septièi
siècle. On a de lui : Disceptationes foreur
eccles., civil, et moral.; Lyon, 1677, 6 v
609
CAPONE — CAPOUE
610
in-fol.; Genève, 1731, in-fol.; — de Pactis et
Stipulaiionibus , 2* édit.; Genève, 1732, in-fol.;
-- Tractat-us de Dote, 2*^ édit.; ibid., 1733,
iii-fol.; — TractatusinJuscanonicum, 2" édit ;
ibid., 1733, 2 vol. in-fol.
Adelung, suppliiment à Jôcher, ytllg. Gelehrt.-I.exicon.
CAPONi {Augustin). Voy. Capponi.
CAPOivsACCHi-PANTAiVETi (^Pierre), théo-
ogien et polygraphe italien, natif d'Arezzo, vi-
.ait en 1575. Ses écrits sont plus reraarqua-
i )les par leur singularité que par leur orthodoxie ;
els sont : Discorso intorno alla canzone di
I '^etrarca cheincomincia, etc.; Florence, 1567,
a-'i"; — In Johannis apostoli Apocalypsim
bservatio; Florence, 1572 et 1586, in-4": cet
iivrage est dédié à Sélim n, empereur des
urcs ; — de Justitia et juris Auditione; Flo-
ence, 1575, in-4''; — Discorso intorno alla
vizone del Petrarca : Vergine bella, che di
)l vestita; Florence, 1590, in-4''.
Climent, Bibl. curieuse, VI. — Richard et Giraud,
'bliotnégite sacrée.
CAPORALi (César), poète italien, né à Pé-
mse le 20 juin 1531, mort à Castiglione en
iOl. Sa famille était ancienne, et originaire de
iceuce. Il fit de solides études, et de bonne
iuie témoigna un goût prononcé pour la poésie
Horace. Il cultiva égalementles autres branches
;s connaissances humaines. Une longue maladie
terrompit ses études. Lorsqu'il fut rétabli, il
sita Rome, où i! s'attacha au cardinal Fulvio
îlla Cornia, neveu du pape Jules ni; ensuite
(^cardinal Ferdinand de Médicis, depuis grand-
ie de Toscane ; enfin au cardinal Ottavio Ac-
laviva. Il devint l'objet des faveurs de ce pré-
t, dans l'intimité duquel il vécut, et qui lui
infia le gouvernement d'Atri et de Giulia Nova.
!;pendant,en dernier lieu, il alla se fixer auprès
Ascanio délia Cornia, nereu du cardinal, dont il
; ivint le pensionnaire, et chez qui s'écoulèrent
j Jsiblement ses derniers jours. Il mourut à la
ite d'une maladie dont l'ouverture de son corps
pliqua la cause : on y ti-ouva un calcul vésical
i'ia grosseur d'un œuf. Caporali réussit dans la
•ésie burlesque, et se fraya dans ce genre des
utes nouvelles, tout en respectant la décence
les mœurs. A l'exception de deux capitoli sur
I cour, et de deux autreSîdirigés contre un pé-
iint, ses satires sont des poèmes en action. Au
i^ement de Ginguené, les capitoli sur la cour
fut peut-être ce qu'il a fait de mieux. Son
aggio di Parnasso offre un cadre ingénieux,
ité depuis, et, selon l'historien déjà cité, par
i chel Cervantes, dans un ouvrage intitulé delà
,^me manière. Ce poème, de Caporali fut suivi
\'Avvisi di Parnasso. La satire y prenait la
me de nouvelles. En voici un échantillon :
^es derniers bulletins des gazetiers qui écri-
- |at tous les mois, à qui veut les payer, les nou-
'les du Parnasse, nous en ont donné d'assez im-
rtantes. On dit qu'un vaisseau sur lequel était
Reconnaissance, ambassadeur des Muses,
NOUV. BIOGR, UNIVERS, — T. VHI
et qui faisait route vers l'Italie, a été obligé de
rebrousser chemin. L'ambassadrice allait rendre
grâces à un grand seigneur qui avait comblé
de riches présents le poète qui a chanté les
dames et les chevaliers. Mais, au sortir du golfe
de Corinthe , son vaisseau fut attaqué par des
corsaires, et sur le point d'être pris. C'étaient
des brigantins armés par les seigneurs avares
de notre siècle, ennemis de la Reconnaissance
et incapable de bienfaits. » Un autre poème , les
Usequie di Mecenate (Obsèques de Mécène),
est conçu dans la même pensée satirique. La
Vita di Mecenate est une œuvre pleine de
variété et de rapprochements piquants. Enfin,
le poème intitulé i Giardini di Mecenate ne
présente pas moins d'originalité. C'est à tort
qu'on a attribué au Caporali : il Pazzo, ou
plutôt lo Sciocco, et la Ninetta, comédies.
1 une et l'autre sont l'œuvre de Pierre Arétin.
La première édition des poésies de Caporali,
publiée sous ce titre , Raccolta di alcune rime
piacevoli , Parme, 1582, ne contient cepen-
dant que le Viaggio di Parnasso, les Esequie
di Mecenate, et les due Capitoli delta Cor te; le
l'esté du volume renferme des poésies du même
genre et d'autres auteui's. L'édition la plus com-
plète est intitulée Rime ; Pérouse, 1770.
Tiraboschl , Storia délia letter. ital., t. VII. — Cres-
cXmbtai, Istor. delta volg. poésie. — Ginguené, Hist.
Uttér. d'Italie, IX.
* CA.PORALI ( Gian-Battista- Benedetto-Ber-
to), architecte et peintre, né à Pérouse, mort en
1562. Il était peintre assez médiocre, mais bon
architecte; ses ouvrages sont assez nombreux.
Giulio Caporali, fils légitimé de Gian-Battista,
suivit les traces du père , mais avec plus de
succès.
Marlotti, Lettere Pittoriche Perugine. — Vasari, f^ite
de' più eccellenti Pittori e Architetti. — Baldinucci, No-
tizie de' pro/essori. — Pascoli, f^ite de' Pittori eU Ar-
chitetti Perugini.
*;CAPORELLA (Pierre- Paul), évêque et
théologien italien, mort en 155G. 11 entra dans
les ordres mineurs conventuels en 1530, et pro-
fessa la morale à Naples. En 1552, il fut nommé
évêque de Cortone. n a laissé • de Operibus
Misericordix,et de Pur^atorio ; — Quxstiones
de Matrimonio regni Anglias, etc.
Uglielli, Italia sacra. — Wadding, Bibliotfieca serip-
torum minorum.
* CAPORIPA (Michel-Ange), médecin italien,
vivait à Rome dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. On a de lui : Tractatus de Morbo
laterali, sive de Pleuritide, in partes quinque
divisus; Rome, 1664, in-8°.
Carrère, Bibl. de la Méd.
* CAPOUE (Pierre de), prélat italien, natif
d'Amalfi, mort à Rome en 1209. Il fut créé car-
dinal-diacre en 1192 par le pape CélestinUI, qui
l'employa en trois légations consécutives à Na-
ples, en Lombardie et en Pologne, où il réforma
quelques abus. A son retour en Italie, des ma-
raudeurs l'arrêtèrent près de Plaisance, et l'obli-
gèrent de payer rançon. Célestin III, indigné du
20
I
611
CAPOUE — CAPPEL
61
peu d'aide que les Plaisantins avaient donnée à
son légat, mit leur ville en interdit. Innocent ni
se servit de Pierre de Capoue pour amener une
trêve entre la France et l'Angleterre. Il le chargea,
en 1200, de prononcer à Dijon la mise en inter-
dit du royaume de France, à cause du divorce de
Pliilippe-Auguste avec Jngeburge, princesse da-
noise. Le pape avait écrit à cette occasion aux
prélats des églises de France, pour les exhorter
à exécuter sans hésitation la sentence quel-
conque qui serait prononcée, sans se laisser dé-
concerter par un appel du roi en cour de Rome.
Pierre de Capoue fut aussi légat de la croisade
de 1203, dans laquelle les Latins s'emparèrent de
Constantinople. Après un court séjour en Orient,
ce prélat revint mourir à Rome.
Cramer, de Situ, PopiiHs, Moribiis Polonise. — Au-
beri , Histoire des Cardinaux. — Innocenta III Epis-
tolas, liber II, ep. 189.— Sismondi, Hist. des Français.
YI, 191.
CAPPE (Charles-Joseph), officier français,
né à Chambéry, tué en Belgique. 11 s'établit en
France en 1769, et vint à' Paris, vers 1792, don-
ner au comité diplomatique de l'assemblée na-
tionale des renseignements importants sur les
intentions du roi de Sardaigne. Ayant cherché à
révolutionner la Savoie, il fut condamné par le
sénat de Chambéry, et pendu en effigie. Le 2^ ba-
taillon de Rhône-et-Loire, dans lequel Cappe était
capitaine, instruit de ce jugement, le destitua le
12 janvier 1792. Cappe protesta contre cet acte
arbitraire, et fut réintégré par décision de l'as-
semblée. Cet officier fut tué en Belgique quelque
temps après.
Biographie moderne.
* CAPPE (iVewcome), ministre et prédicateur
anglais, né à Leeds le 21 février 1732, mort à
York le 24 décembre 1800. Élevé d'abord par
son père, ministre lui-même, il alla ensuite étu-
dier sous la direction du docteur Tikin de Kil-
worth, puis sous celle du docteur Doddridge de
Northampton. En 1752, il vint compléter ses
études à l'université de Glasgow, où il fit con-
naissance avec plusieurs hommes remarquables,
tels que Adam Smith , Moore , Cullen , Black,
et Leechman. A son retour à Leeds en 1755, il
remplit des fonctions pastorales, et pendant qua-
rante ans il se fit remarquer par son talent pour
la prédication. On a de lui, entre autres ou-
vrages : Critical Remarks ori many impor-
tant passage ofScrïpture, together with dis-
sertation upon several subjects tending io il-
lustrate the phraseology and doctrine of the
New Testament; 1802 (posthume).
Rose, Neiv bioçi. Dict.
CAPPEL (les), famille de jurisconsultes et de
théologiens protestants, dont voici les principaux ;
I. Cai'pel ( Guillaume ) , ami de saint Côme ,
professeur et doyen de la faculté de théologie
de Paris. Il était recteur de l'université quand,
en 1491, Innocent VllI frappa ce corps d'une
imposition d'un décime. Guillaume Cappel fit op-
position à ce décret, contre lequel il composa un
volumineux in-folio , et il défendit à tous le
membres et suppôts de l'université d'obéir au
ordres du pape. N.
n. Cappel {Jacques), neveu du précéden
jurisconsulte, conseiller d'État sous François r
procureur du roi au parlement de Paris, moi
en 1542. Il est connu par un plaidoyer qu'il prc
nonça en 1537, en présence du roi de France
des princes et de la noblesse du royaume, conti
Charles-Quint, qu'il proposait de dépouille
comme vassal rebelle , de ses comtés de Flandr
d'Artois et de Charolais. On a, en outre, de lui
Fragmenta ex variis autoribus hiimanaru,
litterarum candidatis ediscenda; Paris
1517, in-4° ; — In Parisiensium laudemoratk
Paris, 1520, in-4°; — un mémoire contre lalevi
des deniers en France pour la cour de Romi
inséré dans le Traité des Libertés gallicane
parDupuy, 1651, t. I, p. 27-58. De ses neuf e
fants, les quatre suivants méritent d'êti-e co
nus. N.
III. * Cappel {Jacques), fils du précédent,
en octobre 1525, suivit la même carrière q
son père. Après avoir terminé ses études , il ^
sita l'Italie et l'Allemagne, et, pendant le séjo
qu'il fit dans ce dernier pays, il embrassa
religion réformée. En 1565, il succéda à Nicol
Duval , son beau-père , dans la charge de ce
seiller au parlement de Rennes. Cinq ans apn
il fut obligé de donner sa démission , à cause
ses opinions religieuses. Il se retira alors dans
terre de Tilloy, dans la Brie ; la Saint-Barthélél |
l'en chassa, et il trouva un refuge à Sedan. Ri
tré en France à la conclusion de la paix, il fuldéJ
gné en 1 576 pour occuper une charge de conseilf
à la chambre mi-partie qui, d'après le traité
Chastenay, devait être établie auprès du paéj
ment de Paris ; mais cette clause du traité
fut jamais exécutée , et Jacques Cappel contilij
d'habiter sa terre de Tilloy, d'où en 1585 ill
chassé de nouveau par les ligueurs, qui se il
rent à sa poursuite. Il chercha de nouveau i
refuge à Sedan; mais, avant d'atteindre cil
ville, sa femme fut prise des douleurs de ri|
fantement, et mit au monde, dans le village
Saiut-Élien, un enfant qui devint plus tardi
savant théologien, et qui dès sa naissance 1 1
lit périr, avec toute sa famille, sous les coups
hommes égarés qui les poursuivaient. Ce fa]
seigneur du Grand-Pré qui les sauva, elles fitcj
duire à Sedan sous bonne escorte. Jacques C(|
pel mourut dans cette ville le 21 mai de l'aflif
suivante. On a de lui : Veterum JuiHsconsuik
rumadversus Laurentii Vallée reprehensioX
De/ettsio; Paris, 1583, in-8°; — de VerbisA
satis probatœ latinitatis; — de EtymoloA
juris civilis ( ces deux traités , ainsi que le ] 1
cèdent, se (trouvent dans les Opuscula de h [
nitate jurisconsultorum de Ducker ; Ley|
1721); — quelques lettres latines, en tête
Commentarii et notas criticx in Vêtus
iamentum de son fils Louis Cappel. lï.i
613
CAPPEL
G14
IV. CAPPEi ( Guillaume ), sieur de Pugny,
frère du précédent, docteur en médecine, né en
janvier 1530. Bien différent du reste de sa fa-
mille , il fut un ligueur déclaré. A la mort de son
frère Jacques, il s'empara de ses biens, sous pré-
texte qu'il était le tuteur de ses enfants ; mais,
surpris par un parti de royalistes, il trouva la
mort', quelques jours après , dans les fossés du
cliâteau de Tilloy , soit qu'il y fût tombé en
chercliant à s'écliappei", soit qu'il y eût été pré-
cipité par les soldats, mécontents de ne pouvoir
lui arracher une forte rançon. Il a publié les
Mémoires de Guillaume du Bellay, et il est au-
teur d'une traduction française de Machiavel. N.
V. Cappel {Louis), sieur de Moniambert ,
frère des deux précédents, né à Paris le 15 jan-
vier 1534, et mort à Sedan le 6 janvier 1586.
Après avoir été régent , pendant cinq ans , au
collège du cardinal Lemoine , il alla à Bordeaux
dans le dessein d'y étudier le droit ; mais il
ii'exécuta pas ce projet, et accepta une chaire
de langue grecque au collège de cette ville. Quel-
ques protestants avec lesquels il eiit occasion de
faire connaissance lui ayant inspiré du goût
pour leurs doctrines , il se rendit bientôt à Genève
pour les étudier plus à fond. Il re^^nt ensuite à
PariSj partisan décidé de la réforme. Quand en
i560 les états de lIle-de-France furent convo-
iqués pour élire leurs députés aux états géné-
raux, il ne craignit pas de parler en faveur de la
religion réformée dans l'assemblée réunie à
fhôtel de ville, et de demander que la confession
3e foi des églises réformées de France fût insérée
Hans le cahier de Paris. Sa requête fut repous-
sée tout d'une voix , et peu s'en fallut que sa
témérité ne lui coûtât la vie. Les protestants
ie Paris résolurent alors de faire présenter leur
confession de foi au roi lui-même; et Louis Cap-
iel se chargea, avec quelques autres de ses co-
eligionnaires, de cette dangereuse mission. On
gnore comment ils furent reçus ; mais on peut
iffirmer, quoi qu'en dise Meursius, suivi ici par
presque tous les biographes , que l'édit de jan-
vier 1561 ne fut pas la conséquence de cette
lémarche. Louis Cappel, regardé dès lors comme
m des hommes les plus dévoués à la cause
protestante, fut engagé à entrer dans les
onctions du ministère éTangélique. Il se rendit
i la cour, et il fut nommé pasteur à Meaux.
Chassé de c-ette ville par la guerre civile, il se
"éfugia à Genève. Pasteur à Anvers en 1569, et
|)eu de temps après à Clermont, il fut , après la
[iaint-Barthélemy, chargé par ses coreligionnaires
! l'aller implorer pour eux la protection des prin-
|:es protestants de l'Allemagne. En 1575, il fut
[ippelé par Guillaume de Nassau pour professer
i a théologie à l'université qui venait d'être fon-
;lée à Leyde. Il n'y resta que peu de temps ; et,
i près avoir suivi en qualité d'aumônier les trou-
'ps protestantes pendant quelques mois , il fut
01 limé pastem' et professeur à Sedan, où il resta
Jsqu'à la fui de ses jours. On n'a de lui qu'un
discours qu'il prononça pour l'inauguration de
l'université de Leyde, et que Meur.sius a inséré
dans ses Atlienee Batavx, Leyde, 1625, in-4",
sous le titre : Oratio inauguralis academix
Lugduno-Batavse. Meursius cite de lui cinq au-
tres ouvrages inédits. N.
VI. Cappel (Ange), seigneur du Luat, secré-
taire du roi , frère du précédent, né le 20 octo-
bre 1537, mort en 1623. Jl avait embrassé, à
vingt ans, la religion réformée, qu'il abjura en
1617, à l'âge de quatre-vingts ans. Il jouissait de
la confiance de Sully, qui se servait de lui pour
faire remettre à Henri IV les lettres les plus îrn-
portantes qu'il adressait à ce monarque. On a de
lui un livre intitulé Avis donné au roy sur
l'abréviation des procès ; Paris, 1562, in-fol.,
publié de nouveau sous le titre de l'Abus des
plaideurs; Paris, 1604, in-fol. (dédié au roi
Henri IV). L'auteur propose de prononcer des
amendes contre les plaideurs téméraires qui per-
draient leurs procès. Son portrait gi'avë , qui le
représente sous la forme d'un auge, orrio le
frontispice de cet ouvrage , avec ces vers :
Cet ange est terrestre, et du ciel :
Comme tel, des ailes il porte.
Et est b.irbu Comme un mortel.
Divins trésors il vous apporte.
On répondit à Cappel par ce quatrain, attribué
au satirique Rapin :
De peur que cet ange s'élève
Comme Lucifer autrefois,
Il le faut faire ange de Grève,
Et charger son dos de gros bois.
Ange Cappel aencore laissé : Za Vie de Jules
Agricola, descripte à la vérité par Coi^nélius
Tacitus , son gendre; Paris, 1574, in-4" (dé-
dié à Elisabeth, reine d'Angleterre ) ; — Discours
sur la comparaison et élection des deux par-
tis qui sont pour le jourd'huij en ce royaume ;
Montauban^ 1586, petit in-4'' de 70 pages; —
Discours touchant les quatre vertus, ou bien
un Formulaire de Vhonnestevie; — Recueil
des bonnes mœurs, extrait de divers passages
de Senecque; — des Sciences libérales; — des
Remèdes des choses fortuites. Ces quatre
opuscules ont été réunis ; Paris, 1582, petit in-8°
de 111 pages ( avec une dédicace au duc de
Joyeuse). Suivant Tallemant desRéaux, Ange
Cappel , qu'il appelle une espèce de fou de bel-
les-lettres, aurait publié en faveur de Sully,
à l'époque de la disgrâce de ce ministre, un petit
livre intitulé le Confident; mais M. Monmcr-
que, le savant éditeur de Tallemant , n'a pu dé-
couvrir cet ouvrage dans aucune bibliotJièque de
Paris, ni dans aucun catalogue.
E. Regnakd.
Remarques sur le chap. 9 de la Confession de Sancy,
dans le Recueil de diverses pièces servant à l'hist. de
Henri III; Cologne, 1699, 1. 11, p. S55. — Tallemant des
Rcaux, Historiettes, î« édit., t. II, p. ii2. — Sully, Mé
moires, t. I, chap. 4S. — Catalogue de la Bibliothèque
impériale, — Draudius, Bibliotheca classica. .
VU. Cappel ( Jacques ) , théologien prote
tant, philologue, antiquaire, historien, neveu
20.
615
CAPPEL
Rlfî
des trois précédents personnages et fils de Jac-
ques Cappel, sieur de ïilloy, né à Rennes en mars
1570, et mort àSedanle 7 septembre 1624. Après
avoir étudié la théologie à Sedan , il fut nommé
pasteur et professeur de langue hébraïque à l'Aca-
démie protestante de cette ville. De ses nombreux
ouvrages, dont plusieurs appartiennent à la con-
troverse, on peut regarder les suivants comme les
principaux: de Ponderibus etnummis librill;
Francfort, 1606, Jn-4°; — de Mensuris U-
brilll ; Francfort, 1607, in-4°; — les Livres
de Babel, ou l'Histoire du siège romain ; Se-
dan, 1616, in-S"; — IUsto7^i2e ecclesiasticsc
centurix quinque, ab Augusti nativitate ud
Valentinianum III; Sedan, 1622, in^" ■,—Ob-
servationes in Epistolamad Hebrœos ; Sedan,
i&2^,\a.-?,°;—ObservationesinNov. Test., dans
le Lud. Cappelli Spicilegium; Amsterd., 1657,
în-4° ; _ Observationesin libros Vet. Test., dans
les Commentarii et Notx criticae de L. Cappel;
Amsterdam , 1689 , in-fol. ; — diverses thèses
de théologie, dans le Thésaurus disputationum
in Sedanensi Academia habitarum; Genève,
1661, in-S". N.
Vm. Cappel ( Loxiis ), théologien protestant,
fils, comme le précédent, de Jacques Cappel de
Tilloy, et le plus célèbre des membres de cette
famille, né le 15 octobre 1585 à Saint-Élien,
village à cinq lieues de Sedan, et mort à Sau-
mur le 18 juin 1658. Après avoir étudié la théo-
logie à Sedan, à Oxford et à Saumur, il fut
nommé en 1613 professeur d'hébreu à l'acadé-
mie de cette dernière ville. En 1633 il passa
dans la chaire de théologie, et laissa celle d'hé-
breu à un de ses fds. Louis Cappel a contribué,
avec ses deux collègues Moïse Amyraut et Jo-
sué de la Place, à faire entrer les sciences
théologiques dans la voie nouvelle qu'elles sui-
vent encore aujourd'hui. Tandis qu'Amyraut es-
sayait de remplacer l'explication augustinienne
du dogme de la prédestination par une explica-
tion plus satisfaisante , et de fonder, dans la
morale, les enseignements de la révélation sur
les données de la conscience, et que J. de la
Place cherchait à faire prévaloir des théories
plus conformes à la raison sur la doctrine de
l'imputation du péché d'Adam , L. Cappel , par
des travaux critiques sur le texte hébreu de
l'Ancien Testament, entreprit de modifier l'i-
dée que l'on se faisait généralement, parmi les
protestants, des livres bibliques, et de renver-
ser la doctrine de l'inspiration littérale. Se met-
tant en dehors de toute préoccupation dogma-
tique , il examina l'état critique dans lequel ils
se trouvent aujourd'hui, et il les suivit dans les
diverses phases qu'ils ont dû traverser avant
d'arriver jusqu'à nous. \)3in?,?,o\\Arcanumpunc-
tationis revelatum , sive de punctorum vo-
calium et accentuum apud Hebrxox vera et
genuina anticjuitate (Leyde, 1624, in-4°),
il prouva, contre Buxtorf le père, que les points-
voyelles et les accents ne sont pas une partie
intégrante de la langue hébraïque, et qu'ils ont
été ajoutés au texte des livres de l'Ancien Testa-
ment par des grammairiens juifs, à une époque
où cette langue avait cessé depuis longtemps
d'être parlée. Buxtorf le fils ayant voulu faire
remonter au moins à Esdras l'invention de ces
divers signes, L. Cappel repoussa cette hypo-
thèse, et établit encore plus solidement l'âge com-
parativement moderne des points-voyelles et des
accents dans ses Arcanipunctationh vindiciœ,
ouvrage qui fut imprimé, avec une nouvelle édi-
tion de VArcanum punctationis revelatum ,
dans ses Commentarii et Notse criticx in Vêtus
Testamentum; Amsterdam, 1689, in-fol. Dans
sa Diatriba de veris et antiquis Hebrœorum
litteris, Amsterdam, 1645, in- 12, il montra que
l'écriture hébraïque primitive était celle qui esl
connue sous le nom d'écriture samaritaine, ei
que les caractères carrés avec lesquels l'hébrei
s'écrit aujourd'hui sont des caractères chai-
déens , substitués, vers le retour de la captivité
aux caractères employés auparavant. Apre:
avoir établi dans les trois ouvrages que les livre
de l'Ancien Testament ont subi, dans leur fornu
extérieure, les changements considérables don
nous venons de parler, et après avoir par là mi
hors de doute qu'ils ont été exposés aux même
accidents que tous les autres ouvrages de l'an
tiquité, il consacra un écrit intitulé Critici
sacra, sive de variis quœ in sacris Veteri
Testamenti libris occurrunt lectionlbus, Pa
ris, 1650, in-fol., à constater l'existence de va
riantes dans l'Ancien Testament, à en cherche
les causes, et à donner les règles d'après les
quelles on peut rétablir le texte dans sa purel
primitive. Les théologiens protestants trouvèrer
le moyen d'empêcher pendant dix ans l'impres
sion de cet ouvrage, qui mettait en lumière ai
faits et des idées opposées à leur système dof
matique. II ne fut publié que par suite des di
marches d'un de ses fils qui s'était fait catln
lique, et par les soins du P. Marenne , du P. Pi
tau, et du P. J. Morin. Les théologiens de
Suisse allèrent même plus loin : en 1675 ils coi
damnèrent les théories contenues dans ces d
vers écrits de L. Cappel, en même temps qi
les systèmes d'Amyraut el de J. de la Plac
dans la Formula consensus ecclesiarum lie
veticarum ; formulaire que tous les pastem-;
professeurs , régents et maîtres d'école furei
tenus de signer.
Les idées qui forment le fond des travail
du professeur de Saumur ont vaincu toutes l
oppositions , parce qu'elles sont fondées sur
vérité historique, et elles sont admises aujou
d'hui par tous les hommes qui'ont étudié ces m
tières. En outre de quelques écrits destinés
défendre les théories soutenues dans les ouvrage
précédents, de plusieurs traités sur des poin
d'antiquité judaïque , reproduits pour la plupa
dans les Critici sacri, et de quarante-trois di
sertations contenues dans ]eSyntagma tliesiit
6t7 CAPPEL —
theologicammSalmuriensium, Saumur, 1665,
in-4",on aencoredeL. Cappel : Spicilegniin,seu
Fiotsein Novum Testamentum ; Genè\e, 1632,
in-4°; — le Pivot de la foi et religion, ou
Preuve de la divinité contre les athées et les
profanes ;Saavaar, 1643,in-8'', traduit en anglais;
Londres, 1660, in-S"; — Animadversiones ad
novam Davidis lyram; Saumur, 1643, in-S",
contre Gomas, qui croyait avoir retrouvé la rhytli-
mique hébraïque, et qui la fondait sur la distinc-
tion des syllabes en longues et en brèves; —
Chronologia sacra ; Paris, 1655, in-4°; — An-
notationes et Commentarii in Vêtus Testa-
mentum; Amsterdam, 1689, in-fol.
M. Nicolas.
De Capellorum Gente, dans les Commentarii in foetus
Testamentum. — Nlcéron, Mémoires, t. XXII.
jK CAPPEL (Ysouard), célèbre ligueur, vivait
dans la seconde moitié du seizième siècle. « C'é-
tait, dit l'Estoile, un grand ligueur et un vrai Es-
pagnol. » Il fut l'un des seize, et comme tel il mit
sa signature au bas de la lettre envoyée à Phi-
lippe U parle conseil des seize quartiers, pour l'in-
viter à prendre la couronne de France, ou à dési-
gner un roi. « Nous pouvons, portait cette lettre
peu patriotique, assurer Votre Majesté que les
vœux et souhaits de tous les catholiques sont de
vous voir, sire , tenir le sceptre et cette cou-
ronne de France, et régner sur nous, comme
nous nous jetons très-volontiers entre vos bras;
ou bien qu'elle étabUsse ici quelqu'un de sa pos-
térité, etc. » Cappel fut chassé de Paris lorsque
cette ville eut fait sa soumission.
L'Estoile, Mémoires. — Sismondi, Jiist. des Français,
XXI. — Palma Cayet, Mém.
CAPPEL. {Guillaume- Frédéric), médecin
allemand, né à Aix-la-Chapelle en 1754, mort
en 1800. n professa la médecine à Helmstaedt,
et fut conseiller aulique du duc de Brunswick. On
a de lui : Programma de chirurgiœ Usu in
medicina; Helmstœdt, 1763; in-4''; — Pro-
gramma deHypocausto anatomico cum Fur no;
ibid., 1770, in-4°; — Medica Responsa; Alten-
Ibourg, 1783, in-4°; — Observationes anato-
micse; Helmstaedt, 1783, in-4°; — Dissertatio
de Spinabifida; ibid., 1793, in-4°; — une tra-
duction en allemand des Institutions de méde-
cine de Boerhaave, avec des commentaires;
Hehnstœdt, 1785-1794, 3 vol. in-8°.
CalUsen, Medicinisches Schri/tsteller-Lexicon.
CAPPEL (Jean-Frédéric-Louis), médecin alle-
mand, né en 1759, mort en 1799. On a de lui :
Essai sur le Rachitisme (en allemand); Berlin,
1787, in-8° ; — une traduction des Recherches
sur les moyens de prévenir la petite vérole
(traduit en anglais par Haygarth) ; Berlin, 1786,
li-8».
Callisen, Medic. Schriftsteller-Lexicon.
f^ppEL {Louis- Christophe-Guillaume ),
médecin allemand, né en 1772 et mort en 1804.
lï professa la médecine à Goettingue. On a de
jlui : de Pneumonia thyphoide, seu nervosa;
'Goettingue, 1798, in-S"; — Programma dis-
CAPPELER
618
quisitionis de viribus corporis humani qu;a
medicatrices dicuntur; ibid., 1800, in-4''; —
Fssai pour servir à juger le système de Brown ;
ibid., 1800, in-8''; — Observations de Méde-
cine ; ibid., 1801, in-8°, 1*"' volume; — Traité
théorique et pratique sur la scarlatine iMA. ,
1803, in-8°.
Callisen , Medic. Schrift. Lex.
CAPPELER {Maurice- Antoine), médecin et
naturaliste suisse, né à Lucerne en 1685, mort
dans les environs de cette ville le 16 septembre
1769. Après avoir étudié à Milan et à Pont-à-
Mousson, il suivit comme médecin eu 1707 l'ar-
mée impériale qui allait conquérir le royaume
de Naples. Dans le cours de cette guerre, il fut
en outre nommé capitaine du génie militaire de
la province des Abruzzes. De retour dans sa pa-
trie , il servit encore comme officier de génie
dans la guerre dite de Toggenbourg, en 1712.
Son père étant mort bientôt après, il le remplaça
dans l'emploi de premier médecin salarié de la
ville de Lucerne. En 1739, il passa comme pre-
mier médecin à Fribourg, et de là en 1744, avec
la même qualité, à Soleure. Mais en 1747 il re-
vint dans sa patrie, où il pratiqua la médecine,
en même temps qu'il donnait des leçons de géo-
métrie et de mathématiques appliquées à l'arme
du génie. Depuis 1754 il demeura auprès de son
fils, pasteur d'un village des environs de Lucerne,
tout en continuant jusqu'à sa mort sa pratique
médicale et ses travaux scientifiques, surtout de
cristallographie. En 1730 il fut élu membre de
la Société royale de Londres ; et plus tard il en-
tra, sous le nom d'Archytas, dans la Société im-
périale des curieux de la nature. On a de lui :
Analyse des eaux minérales de Russhyl ,près
de Lucerne ; Lucarne, il il; — Prodromus cris-
tallographids, seu de improprie sic dictisCom-
mentarius ; Lucerne, 1723, in-4° (il en parut
un extrait dans les Philosophical Transac-
tions) ; — Beschreibung der Gletscher auf dem
Grimselberge (Description des glaciers du Grim-
sel), dans J. G. Altraann,Z)escrip^«on des glaciers
suisses,^. 129-136; — Epistola de Entrochis
etBelemnitis, dans Klein, Nomenclator dcLa-
pidibus figtiraiis ; Dantiig, 1740, in-4°; — Pi-
lati montis historia ab amico in Liicerna
protracta atque A cademiss Helveticœ sodali-
bus sacra; Bâle, 1767, in-4°, avec 7 planches:
cet ouvrage posthume, publié par son ami
Félix Balthazar, est un abrégé de l'histoire na-
turelle du canton de Lucerne; — beaucoup de
dissertations dans les Acta physic. medic.
Nat. Gurios., vol. JV ; dans les Breslauer
Sammlungen; et dans les Mémoires de la
Société des Naturalistes de Zurich { en alle-
mand). — Cappeler a laissé en outre en ma-
nuscrit un Traité complet de Cristallogra-
phie {en allemand); quelques planches, qui de-
vaient orner cet ouvrage, parurent en 1788,.
Mais la publication de ce traité posthunie a ét^
interrompue.
619
C APPELER — CAPPELLI
620
Adelung, supplément à Jôcher, Allgem. Gelehrten-
Lexicon. — Ersch et Gruber, AUgemeine Bncyclop. —
Nouveau Journal helvétique, novembre 1769.
* CAPPELLANUS OU CAPELAiN (Claude),
théologien français , né dans le Maine, vivait
en 1667. 11 était membre de la Sorbonne etdoc-
deur en théologie. Très-versé dans la langue
liébraïque, il prétendait que le texte grec avait
été souvent corrompu par la mauvaise foi ou
l'ignorance des rabbins. Il citait à l'appui de son
accusation de nombreux passages des anciens
livres rabbiniques, rapportés différemment dans
les Bibles hébraïques modernes. Cappellanus a
publié sur ce sujet: Marerabblnicum infiduni;
Paris, 1607, in-8°, et 1693, in-12.
Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques, dix-septième
siècle.— Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.— M.
Ilaureau, Histoire littéraire du Maine.
CAPPELLARi (/anwier-in^oràe), littérateur
italien, né à Naples le 10 avril 1655, exécuté à
Palerme le 26 avril 1702. Entré chez les jésui-
tes dès l'âge de quinze ans , il se distingua par
un savoir étendu, une grande connaissance de
1^ langue latine, et des poésies italiennes élé-
gantes. Comme échantillon du talent de Cappel-
îari en ce genre, Crescimbeni cite un sonnet un
peu maniéré, mais gracieux, qui commence
ainsi :
L 'aura, chespira grazia edamore,
Il patrio fiume va cercando intorno.
Cet aÎRiable poète vécut longtemps à la cour de
Rome, et fut reçu membre de l'Académie des
Arcades. Ayant eu le malheur de se trouver à
Palerme en 1702, lors des troubles qui, à l'avé-
nement des Bourbons, agitèrent la capitale de la
Sicile, il fut accusé du crime de lèse-majesté et!coa-
daiioné à mort. Son innocence fut reconnue dans la
suite. On a de lui : de Laudibus philosophise ,
dialogue sur les systèmes des philosophes anciens
et modernes; — de Fortunée progressu, dis-
sertation sur le sens du mot Fortune chez les
anciens; — Academias Arcadiorum Historia,
conservée dans les archives de cette société lit-
téraire; — un poème latin sur les comètes de
1664 et de 1665 ; Venise, 1665. On a aussi at-
tribué à Gennaro Cappeliari les satires publiées
contre Gravinapar monsignor Lodovico Sergardi
de Sienne, sous le nom de Q. Settano.
Tlrabosclii, ..Sioria délia Jetter attira ital., t. VIII,
p. 406. — Crescimbeni, Istoria délia ivolg. Poes., p. 201.
CAPPËLI.ARI (Michel), poète italien, né à
Bellune le 28 janvier 1630, mort le 19 février
1717. Après avoiriétudié la philosophieet la théo-
logie à Rome, il s'adonna uniquement à la culture
de la poésie. A Rome, où il se fixa à l'âge de trente-
huit ans, il remplit diverses fonctions publiques.
La reine Christine fit de lui son secrétaire; il
fut créé baron du saint-empire par Léopold, et
Louis XrV le nomma chevalier. On a de lui :
Christina lustrata^; Venise, 1700, in-4° ; — In
nuptiai principum Stanislai Hubomoiski,
Tenise, 1667, in-4''; — Declamationes duse :
An Venetis béllum in Turcas suscipere expe-
diret; Rome, 1684; — Naufragium felix;
Venise, 1668; — Suorum Garminum Vindica-
#io; Venise, 1671; — Poematum, t. I, in quo
Epigrammata , pars prior; 1697, in-8°; —
Poematum pars poster ior ; 1702.
Jôcher, Allgemeines Gelehrten-Lexicon.
CAPPELLE(/ea/i-Pier?-e Van), savant néer-
landais, né à Flessingue en 1783, mort à Ams-
terdam le 26 août 1829. Il fut d'abord attaché à
l'Académie de Groningue comme lecteur des scien-
ces mathématiques , agricoles et maritimes. En
1804,1a Société scientifique de Harlem lui accorda
une médaille d'or pour un Mémoire sur les mi-
roirs d'Archimède, inséré dans le recueil de
cette société (vn, 70). En 1815, Van Cappelle
fut nommé professeur de littérature à l'Athénée
illustre d'Amsterdam; en 1819 il fut appelé à la
chaire d'histoire néerlandaise , et quelque temps
après l'Institut de Hollande lui ouvrit ses por-
tes. On a de ce savant : Questions mécaniques
sur Aristote, dédiées à Van Swinden, texte grec
avec traduction latine ; Ainsterdam, 1812, in-8°,
avec 4 planches ; — Recherches pour l'histoire
des sciences et des lettres aux Pays-Bas;
Amsterdam, 1821, in-8" ; — Recherches sur
l'histoire des Pays-Ras; EaLrlem, 1827, in-8°;
— Philippe-Guillaume , prince d'Orange ;
Amsterdam, 1828, in-S".
Letterboode, 1839, n° 37, page 149.
*CAPPEi,Lï (Francesco) , peintre italien, né
à Sassuolo, vivait en 1568. Il était un des meil- '
leurs élèves du Corrége, et vint s'établir à Bologne.
Ses ouvrages ont tous été exécutés pour des
particuliers. On montre pourtant un tableau de
ce maître à San Sebastiano de Sassuolo. La
Vierge y est représentée au milieu de plusieui's
saints, et parmi ceux-ci saint Sébastien. Cette
figure est la plus éclairée du tableau et celle
qu'on estime le plus; on la croirait du Corrége,
tant l'empâtement et le relief y sont parfaits.
Tiraboschi, Notize degli artefici Modenesi. — Lanzi,
Storia pittorica it.aliana.
* CAPPELLI { Horace- Antoine, marquis de),
homme d'État et écrivain italien, né à Sandeme-
trio, dans les Abruz/es, le 1'"' mars 1742 ; mort c
Naples le l^"" août 1826. H embrassa la professior
d'avocat, remplit des fonctions administratives, el
s'honora par sa fidélité à son souverain, qui m
possédait plus que le royaume de Sicile. Récom-
pensé d'abord par le titre de marquis et la plac(
de secrétaire d'État, il fut nommé, après la restau
ration des Bourbons à Naples, ministre de la mai-
son du roi, et grand'croix de l'ordre de Saint-
Ferdinand. Ses infirmités l'ayant forcé de renon
cer à la vie active, il fut appelé au conseil d'Éta
en mars 1820. On a de lui : la Legge di Natura
poëme en vers sciolti; — Caserta, petit poënn
annoté par Francesco Daniele; — Varie Poesu
liriche; — Jnscrizioni latine. Ces ouvi'ages on
été réunis et publiés sous le titre de Opère dei
marchese Orazio Cop^eWi; Naples, 1832, 2 vol
in-8°.
Tipaldo, Biogr. degli Itâliani illustri, vol. VI, 877.
cAPPELLi OU CAPELLi (Marco-Antomo),
aiuiscain et théologien italien, né à Este (Pa-
ouan), mort à Rome en scplcnibrc 1025. Il était
ts-vcrsé dans les belles- lettres lorsqu'il pro-
imça ses vœux dans l'ordre des Frères Mineurs
mventuels de Saint-François. Après s'être per-
•ctionné en philosophie et en théologie, il lut
ivoyé comme professeur successivement à
(iinc,Anania et Venise. La connaissance in-
me qu'il fit du P. Possevin l'acquit à la so-
été de Jésus, dont il soutint souvent les opi-
ons. Cependant en 1606, dans l'affaire de l'in-
rdit de Venise , Cappelli prit l'intérêt de cette
publique contre le pape Paul V, En vain Pos-
vin et Benjamin Justiniani , général des con-
ntuels, employèrent-ils tous les moyens pour
ramener à l'obéissance que le saint-père exi-
ait : Cappelli répondit, le 3 novembre 1606,
ril était dans la disposition de soutenir ce
l'il avait écrit, et publia leurs lettres et sa
ponse. Cependant quelque temps après il fit
soumission : il se rendit à Bologne, et dé-
ara au cardinal Justiniani qu'il rétractait
■ut ce qu'il avait écrit, et qu'il était disposé à
mposer un livre où il développerait des pro-
sitions contraires à celles qu'il avait avancées.
1 lui fit aussitôt exécuter sa promesse dans un
vrage resté manuscrit dans la bibliotlrèque
utérine, sous le titre de : Tractatus de ab-
luta omnium rerum sacrarum immunitate
estate principum laicorum, ex lege na-
li, Mosis et Christi. Depuis ce temps, Cap-
employa sa plume à combattre ceux qui
itaient l'autorité des papes. On a de lui :
'«re delleControversiefraPaolo Velare-
blica di Venesia; Venise, 1606, in-4°; — de
kterdicto Pauli V ; Francfort, 1607, in-4°; —
etfera del padre Antonio Possevino, gesuita,
l P. Marc- Antonio Capello, minor conventua-
■•; con la risposta di dette ; Venise, 1607, iii-4°;
Adversus prsetensum Primatum Régis An-
^œ; Bologne, 1610, in-4"' ; — de Summo Pon-
ificatu B. Pétri , et de successione episcopi
y.omani in eumdem pontificatum , contra
inomj7nos,duos de Papatu Romano et de Su-
urbicariis Regionibus ac Ecclesiis; Cologne,
G21,in-4°; — de Appellationibus Ecclesise
frïcanx ad Romanam sedem; Paris, 1622,
1-8° ; — de Cœna Christi suprema , deque
I rœcipuis ejus vitœ capitibus, adversus Mgyp-
\u,m Autorem anni primitivi; Paris, 1625,
■\-i°.
J. Bontoni, F'ita M.-A. CappelUi. — Wadding, Scrip-
^resordinis Minorum. — Uupln, Bibliothèque des Au-
j'Mrs ecclésiastiques, dix-septième siècle. — Nlcéron,
llémoires des hommes illustres, XXIII, 1.
! *CAPPELHNO {Jean-Dominique) , peintre
'énois, né à Gênes en 1580, mort en 1651. Il
[tait élève de Paggi, et suivit d'abord de fort
rès la manière de son maître ; peu à peu il
■'en écarta, chercha l'originalité, la trouva, et
aima sans partage. On ctte de lui : la Mort de
aint François , tableau conservé dans l'église
CAPPELLI — CAPPELLO
C22
Saint-Nicolas, à Gênes, et une Sainte Françoise
de Rome rendant la parole à une jeune fille
muette, dans l'église Saint-Étienne delà même
ville. Ces deux ouvrages offrent dans les figures
un choix de traits , une vérité de sentiments , un
charme de coloris, qui enchantent les yeux. Deux
tableaux de la Passion , à San Siro , sont aussi
très-remarquables, quoique d'une exécution dif-
férente. Pellegro Piola avait suivi les leçons de
Cappellino.
Raffaello SopranI, yite de' Pittori Genovesi. — Lanzi,
Storia pittorica, V, IM.
CAPPELLO (Bernardo), poète italien, né à
Venise au commencement du seizième siècle,
mort à Rome le 18 mars 1565. Il appartenait à
une famille patricienne, et eut le bonheur de se
lier dès sa jeunesse avec Bembo, qui vivait alors
à Padoue. Cet éminent poète doima des leçons
de poésie au jeune Vénitien ; et il fut si content
de son élève, qu'il le prit pour conseiller et juge
de ses propres ouvrages. Tout en cultivant les
letti'es, Cappello remplissait des fonctions publi-
ques. Quelques excès de paroles peut-être ( im-
mensain concionibus dicacitas, dit P. Justinien)
un complot contre la sûreté de l'État, le firent
condamner en 1540 à un bannissement perpé-
tuel à Arbe, île de l'Esclavonie. Deux ans plus
tard, ayant été cité au tribunal des dix pour y
rendre compte de sa conduite , il jugea pru-
dent de se réfugier avec sa femme et ses fils
dans les États de l'Église , où il fut parfaite-
ment accueilli par le cardinal Alexandre Far-
nèse, et nommé gouverneur d'Orvieto et de Ti-
voli. II passa quelque temps à la cour du duc
d'Urbin, qui réunissait j)rès de lui les plus beaux
génies de l'Italie. Des raisons de santé le décidè-
rent à revenir à Rome. « Le Canzonier de Cap-
pello, dit Tiraboschi, est, au goût d es connaisseurs,
un des ouvrages les plus gracieux, les plus no-
bles et les plus polis qui aient paru au seizième
siècle. » Le recueil des poésies ( Rime ou Can-
zonier) de Cappello a paru à Venise, 1560,
in-4'' ; la meilleure édition est celle de Bergame,
1748 et 1753, 2 vol. in-S", publiée par Serrassi.
Serrassl, Fita di Bernardo Cappello, premessa aile
sue rime. — Tiraboschi, Storia délia Lett. ital., vol. VIIj
par. III, p. 23. — P. Justinien, fenet. Hist., lib. XIH,
p. 376. — Daru, Hist. de Denise.
CAPPELLO {Marc), poète italien, né à Bres-
cia le 22 mars 1706, mort le 21 juillet 1728.
Après avoù- cultivé avec succès la poésie légère, il
entra dans les ordres, sans cesser de faire des vers
et même des poèmes erotiques. Improvisateur
brillant, il joignit à cette facilité, fort goûtée de
son temps , le génie satirique, et des recherches
étendues sur le langage des paysans florentins. On
a de lui quatre poèmes dans la manière du Bemi :
la Morte del Barbetta, célèbre ludi-magistro
Bresciano del secolo passato, compianta in
Brescia in una privata litteraria accademia
V anno 1739; Brescia, 1740 et 1759; — laBe-
fana; — la Frittata; — i Gatti : ces trois ou-
vrages n'ont paru qu'après la mort de l'auteur;
623
CAPPELLO — CAPPERONNIER
— six sonnets à Menichina, écrits dans la lan-
gue contadinesca, c'est-à-dire des paysans.
Tipaido, Biografta degli Ital.
• *CAPPELLrs (Jean), théologien calviniste
dont on ne connaît pas au juste la nationalité ,
vivait dans le milieu du dix-septième siècle. On
a de lui : 'ETiîxptctç de ultimo Christi Pas-
chate, etc. ; Amsterdam, 1644, in-12.
Adelung, supplém. à Jôcher, Allgemeines Gelehrten-
Ijixicon.
CAPPER (Jacques), voyageur anglais, mort
à Ditchingham-Lodge le 6 septembre 1825. Il
devint colonel au service de la compagnie des
Tndes, puis contrôleur général de l'armée et de
la comptabilité des fortifications de la côte de
Coromandel. D'Angleterre, où il avait été envoyé
en 1777, il reçut ordre de se rendre aux Indes
en 1778. Embarqué àLivournele 29 septembre,
il débarqua le 29 octobre à Latakié, en Syrie.
D'Alep, où il était dès le 4 novembre, il se fit con-
duire à Basia par un cheik arabe. Il traversa le
désert, longea la droite de l'Euphrate, entra dans
Basra le 18 décembre, en repartit le 31, et se
trouvait le 8 février à Bombay. A son retour en
Angleterre, il vécut retiré. On a de lui : Obser-
vations sur le trajet d'Angleterre aux Indes
•par l'Egypte, et aussi par Vienne à Constan-
tinople, à Alep, et de là à Bagdad, et directe-
ment à travers le grand désert à Basra,
avec des remarques sur les pays voisins et
une notice des différentes stations; Londres,
1782, in-4°; 1785, in-S", avec cartes et planches.
On trouve dans ce volume un voyage de Cons-
tantinople à Vienne, et un autre de Constanti-
nople à Alep, par George Baldwin.
Makintosh, f^oyages, II.
*CAPPEROi<i, antiquaire français , vivait dans
la première moitié du dix-huitième siècle. Il fut
curé à Saint-Maixent et doyen à Mons-en-Vimeu.
On a de lui : Essai historique sur l'antiquité
du comté d'Eu, dans les Mémoires de Trévoux,
1716, mai; — Lettre à monsieur l'abbé du
Moulinet des Thuilleries, sur l'origine du nom
d'Eu, dans le Mercure de France, 1722, mai;
réponse à un article inséré par cet abbé dans
les, Mémoires de Trévoux, 1716, septembre:
cette querelle littéraire sur l'origine du nom
d'Eu, dont le nom viendrait du culte d'Ésus , le
Mars des Gaulois , continua pendant longtemps ;
— Lettres au sujet de deux anciens tableaux
découverts en la ville d'Eu, dans le Mercure
de France, 1722, mai; — Mémoires histori-
ques sur les personnes originaires du comté
d'Eu qui se sont distinguées par leur vertu,
par leur science et par leur valeur, dans le
Mercure de France, 1730, avril, et 1731, mai;
— Remarques sur l'histoire naturelle du
comté d'Eu, dans \e Mercure de France, 1730,
juillet ; — Réflexions sur une lettre de M. l'abbé
Lebeuf sur les anciens tombeaux, dans le-
Mercure, 1731, octobre; — Réflexions sur la
bi:::arrerie de différents usages qui ont paru
et qui paraissent encore dans le monde, da
le Mercure, 1732 et 1733.
^eIong et Fontette, Biblioth. histor. de la France.
CAPPERONNIER (Claude), philologue fra
çais, né à Montdidier le 1'^'' mai 1671, mort
Paris le 24 juillet 1744. Fils d'un tanneur,
était destiné au même état ; mais, ayant appi
dans ses heures de loisir lé latin sans maîti
il obtint par l'intervention de Charles de Sait
Léger, bénédictin de Corbie, son oncle, qu'
l'envoyât aux collèges de Montdidier et d'Amiei
Plus tard, en 1688, ce même oncle le plaça au ;
minaire des Trente-Trois, à Paris, pour lui fa
continuer sa philosophie et sa théologie. Ayant (
seigné le grec pendant quelques années dans c
férentes villes de la Picardie, notamment à A
beville, et reçu les ordres à Amiens en lOi
Capperonnier revint à Paris , où sa destinée c
vait le fixer pour le reste de sa vie. Api
avoir joui pendant quelque temps du revenu ti^
modique d'une chapelle de l'église Saint-And
des-Arcs, il commença sa carrière philologiq
par le modeste emploi de répétiteur de grec,
c'est comme tel qu'il comptait parmi ses élè^
le célèbre Bossuet, l'année même de la mort
ce prélat, 1704. Un autre de ses élèves, le pi
fesseurde droit Collepon, lui donna, pour sala
de ses leçons de grec, le logement et la nour
ture pendant plusieurs années. En 1706, il obt
en outre de la Faculté de Paris , comme récoi
pense d'un travail sur l'ancienne prononciation
grec , une pension annuelle de 400 francs, à
charge seulement de com'ger les livres grecs
l'usage des collégiens. Vers cette époque , l'ui
versité de Bâle lui olîrit la chaire de langue et
littérature grecque, qu'il refusa. Après avoir (
en 1711, pendant six mois précepteur des tr
enfants de la famille Crozat, qui, au bout de
temps, lui ht une pension viagère de 1000 fraiw
il devint enfin, en 1722, successeur de l'abbé M;
sieu dans la chaire de grec au collège de Fram
qu'il conserva jusqu'à sa mort. Il fut un c
meilleurs humanistes de son temps , le collai
rateur de ses confrères dans presque toutes 1
entreprises d'éditions classiques, et leur a.i
bienveillant dans leurs recherches philologiqui
Capperonnier était en outre licencié en théol
gie, et il avait aussi étudié les langues oriental
dans le collège de l'Ave-Maria à Paris. Ces ce
naissances le mirent en rapport avec de savai
auteurs ecclésiastiques, tels que le P. Touri
mine, Montfaucon, Ellies Dupin, qui recherchait
sa collaboration. On a de lui : Traduction de
dispute théologique de Nicéphore" Grégor
avec Cabasilas , deux livres', avec des note
insérés dans l'édition de Nicéph. Grégoro
Historia Byzantina; Paris, 1702; — Éd
tion des Œuvres complètes de Photius , p
Capperonnier ( qui faisait la traduction ) ,
P. Tournemine ( qui rédigeait les notes), et Elli
Dupin (qui coordonnait le tout); Paris, 1702
1703 (cette publication, après avoir atteint
yi'y
CAPPERONNIER
626
ininbre de 50 feuilles, contenant une partie de
.1 Bibliothèque de Photius, fut interrompue par
exil de Dup'in); — Traité de l'ancienne pro-
lonciation de la langue grecque; Paris, 1703 :
c traité, grand in-f" , dédié à la faculté de Pa-
is, qui le récompensa comme nous avons dit, est
esté en manuscrit; — Illustrissimes Acade-
lix Parisiensi, Francorum regum primoge-
itx filiae et Utterarum matri atque nutrici,
tque amplissimo ejusdemrectori, Petro Viel,
rafiarum actio; Paris, 1706, in-4° : petit
oënie en grec , fait pour remercier Viel de la
pnsion de la faculté ; la version latine en vers
Il cette pièce est du P. Billet; — Observationes
hllologicœ, dans le Journal des Savants de
?08 , où il traite du plan d'une nouvelle édi-
on d'Eustathe, dont la fticuUé de Paris l'avait
laigé, mais dont la publication fut empêchée
ir l'apparition de l'édition de Politi) ; — Apo-
gic de Sophocle contre la lettre de Vol-
ire, 1719, in-S" : cette lettre de Voltaire est
troisième de celles qui sont à la tête d' Œdipe;
Marcl Fabii Quintiliani de oratorîa Insti-
tione libri XII. Totum textum recognovit,
icndavit , selectas variorum interpretum
ita^ recensuit, exploravit, castigavit, raras
'jecit , etc.; Paris, 1725, in-fol. : cette édi-
m lui attira une querelle avec P. Burmann,
i lui reprochait très-justement de n'avoir pas
ûfité des manuscrits de Paris , quoiqu'ils fus-
nt si bien à sa portée ; à cette Epistola Pe-
ï Burmanni ad Cl. Capperonnerium , Leyde,
26, in-4°, contenant encore l'accusation d'un
agiat commis à son égard par Capperonnier
ns ses Notas variorum , ce dernier répondit
ns une brochure, mais qu'il n'a pas fait im-
imer : quoique inférieure à celle de Burmann
<m la partie critique, l'édition de Capperon-
?r sera toujours recherchée pour ses annota-
ms touchant l'ancienne rhétorique ; — Obser-
Uwns et corrections sur la version latine
•sfragvients d' Hippolyte par Anastase, sur
i passage des fragments de Clément d'A-
xandrie, mal traduit par D. Nourry, et sur
version de l'Apologie d'Eunomïus, insérées
ins l'édition des Antiquœ lectiones de Cani-
ns par Basnage, sous le titre de Thésaurus mo-
imentorum ecclesiasticorum ; Angers, 1725,
vol. in-fol. ; — Observations et annotations,
ms l'édition du Thésaurus linguee latinm de
îbert Estienne, publiée à Bâle, en 1740-1743,
ro]. in-fol.; — Explication et justification du
ntïment de Longin touchant le sublime d'un
[issage de Moïse, dans l'édition des Œuvres
! Boileau, par Lefèvi-e de Saint-Marc; Paris,
'07, 5 vol. in-8° : on y trouve l'éloge de Cap-
'ïronnier par M. de Saint-Marc; — Antiqui
[hetores latini et francisci Pithoei Biblio-
'■eca, olim recognovit, emendavit , notis
fixit, etc.; ouvrage posthume , publié, d'après
i manuscrit de C, par Range, professeur à
[rasbôurg; Strasbourg, 1756, jn-4";— Remar-
ques sur la traduction de Quintilien par Gé-
doyn , publiées par son parent Jean-Augustin
Capperonnier, dans l'édition de cette traduc-
tion; Paris, 1803, 4 vol. in-12. Vllistoire lit-
téraire de Montdidier, du P. Daire, parle en-
core de beaucoup d'ouvrages de Capperonnier
laissés en manuscrit. [ Enc. des g. ,du m., avec
addit.]
Éloge de Capperonnier par Lefèvre de St.-Marc, dans
l'édition des OEuvrcs de Boileau. — Ersch et Gruber,
Allgem. Encyclop. — Éloge de M. Capperonnier par
Dupuy, dans les Mémoire de l'Acad. des Inscript., vol. 40,
p. 243. — Sax, Onomasticon, VII, 134.
CAPPERONNIER (Jean), neveu du précé-
dent, philologue français, né à Montdidier le 9
mars 1716, mort à Paris le 30 mai 1775. Ce fut
un proche parent, le curé de la Hérolle, qui
l'instruisit d'abord chez lui, et qui le fit ensuite
envoyer à Amiens. Appelé en 1732 à Paris par son
oncle Claude, il obtint bientôt, en 1733, une place
d'aide à la Bibliothèque royale. En 1744, il suc-
céda à son oncle dans la chaire de grec au collège
de France; et, en 1749, il fut élu membre de l'Aca-
démie des inscriptions. En 1759, il devint premier
garde des manuscrits de la Bibliothèque royale,
et remplaça enfin, en 1760, l'abbé Sallier comme
premier garde des imprimés. Il continua l'œuvre
de son oncle, et s'est distingué également comme
auteur de nouvelles éditions des classiques an-
ciens. On a de lui : Julii Caesaris Commenta-
riî; Paris, 1754, 2 vol. in-12; — Poésies d'A-
nacréon, en grec , texte revu par J, Capperon-
nier et Meusnier-Querlon, avec latrad. de Gacon ;
Paris, Grange, 1754, in-16 ;— Xe.:(;«con Platoni-
cum Timgei Sophistes, copié d'après un manus-
crit de la Bibliothèque de Paris par Capponnier
et édité d'après cette copie, avec des notes, par
Dav. Ruhnken; Leyde, 1754, in-4°; — Plauti
Comœdise; Paris, 1769,3 vol. in-12; — His-
toire de saint Louis par Jean , sire de Join-
ville, etc., éditée en société avec Melot et Sallier ;
Paris, 1761, in-fol.; — Mémoires, insérés dans
le Recueil de l'Académie des inscriptions, et
intitulés Sur la différence entre les escla-
ves domestiques des Spartiates et les ilotes;
Observations sur l'ouvrage de Denys d'Ha-
licarnasse, intitulé Sur l'Excellence de rélo-
cution de Bémosthène, tom. XXR'', année
1756; Sur Pérégrin le Cynique {tom. XXVIII,
1761); — Notes aux Histoires d'' Hérodote,
incorporées à l'édition de Wesseling ; Ams-
terdam, 1765, in-8°; — Justini Historiés ; Pa-
ris, 1770, in-12; — Sophoclis Tragœdiœ sep-
tem,cum interpretatione latina et schoHis ve-
teribus et noris; Paris, 1781, 2 vol. in-4° : cet
ouvrage posthume, publié par J.-F. VanVilliers,
qui y a ajouté les notes, est le plus faiblede tous.
cÀ PPERONNIER (Claude-Marie), fils de Jean,
naquit en 1758, et mourut en 1780. Il était déjà
employé à la bibhothèque du Roi lorsqu'il se
noya par accident, au retour d'une promenade à
Saint-Cloud.
Chaudon et Delandine, JYouv. Dici. hist.
627
CAPPERONNIER — CAPPONI
6i
CAPPERONNIER (Jean- Augustin ) , philo-
logue français, neveu de Jean Capperonnier ,
né à Montdidier, en Picardie, le 2 mars 1745;
mort à Paris en 1820. Appelé par son oncle à
le seconder à la Bibliothèque royale, il se livra
avec ardeuràla science bibliographique. En 1780,
bibliothécaire du marquis de Paulmy, il aug-
menta sa collection, qui devint une des plus riches
pour les romans et la littérature italienne. Quoi-
qu'il ne s'occupât que de ses livres, une dénon-
ciation le fit jeter en prison pendant la terreur ;
il n'en sortit qu'à la chute de Robespierre.
Réintégré dans son emploi à la Bibliothèque na-
tionale, il y fut nommé consers'ateur des livres,
avec Van Praët, lors de la réorganisation de
ce dépôt en 1796. Il reçut en 1806 la décora-
tion de la Légion d'honneur, distinction dont
ses travaux et son savoir le rendaient digne. On
a de lui : Académiques de Gicéron, avec le
texte latin de Cambridge et des remar-
ques nouvelles, outre les conjectures de
Davies et de Bentley; suivies du commen-
taire latin de P. Valence, etc. ; nouvelle édi-
tion, revue, corrigée , augmentée de la tra-
duction française du commentaire de Va-
lence, par deCastillon; 1796,2 vol. in-12 ; —
Quiniilien, de l'Institution de l'orateur,
trad. par Vabbé Gédoyn; 4° édit., revue, cor-
rigée, augmentée des passages omis par le
traducteur, d'après le mémoire manuscrit de
Claude Capperonnier ; 1803, 4 vol. in-12. —Il
a donné, pour la collection Barbou, des éditions
de Justin, Eutrope, Aurélius Victor, Virgile, Ho-
race, Martial, Catulle, Tibulle, Properce, et du
Prsedïum rusticum du P. Vannières.
GUYOT DE FÈRE.
Kabbe, Biog. des Contemp.— Quérard, la France lit-
téraire.
* CAPPIDUS , généalogiste et théologien fri-
son, surnommé Staiiriensis (du lieu de sa nais-
sance ), né à Stavoren, vivait vers 920. Il avait
écrit les vies des saints Lebuin , Otger, Plechelm
et Odulphe, ainsi que la généalogie des souve-
rains de la Frise ; ses manuscrits furent détruits
dans l'incendie de la bibliothèque de Stavoren.
Les fragments qui ont échappé à ce sinistre font
dire à Suffrid que nul écrivain n'eût mieux re-
produit que Cappidus les antiquités de la Frise.
tfbbo Emmius, Rerum Frisicar. Historia. — J. Pier-
son, Suf/ridi de Frisionum yintiquitate et Origine, III.
— idem , de Scriptoribus Frisiœ , décade XVI. — Fa-
bricius, Biblioth. med, et inf. setatis.
* CAPPOCHi ( Pietro ), prélat itaUen, mort à
Rome le 18 mai 1259. 11 fut élevé au cardinalat
en 1244 par le pape Innocent IV, qu'il accompa-
gna , l'année suivante , au concile de Lyon. En
1247, il assista à la diète de Francfort, dans
laquelle Guillaume de Hollande fut nommé em-
pereur. Après cette élection, Cappochi fut chargé
de soutenir par les armes les prétentions de
Guillaume et les intérêts de la cour de Rome
en Italie ; il s'acquitta avec zèle de cette tâche
difficile. De retour à Rome, il fit élever l'église
Notre-Dame de la Place, donnée'depuis aux se
vites.
Ciaconius, f^itœ Ponti/icum. — Aubéri, Histoire o
Cardinaux. — Oudin, De Script, ecclesiast.
* CAPPOCHI ou CAPOCiENUS (Nicolo), pr
iat italien, mort à Montefiascone le 26 juill
1368. Il fit ses études à Pérouse , et devint trè
habile dans le droit canonique. Il se rendit e
suite à Avignon, où le pape Clément VI, apprécia
son mérite, le nomma cardinal en 1350. Envo
en 1356, comme légat, en France, avec le can
nal Talleyrand de Périgord, Cappochi et s
collègue ne purent réconcilier le roi Jean
France avec Edouard HI d'Angleterre. Capp
chi se trouvait en 1362 à Avignon lors de
consécration d'Urbain V, et suivit ce pape
Rome. Il fonda vers cette époque un collège
Pérouse, un monastère à Monte-Murcino po
les congréganistes du mont des Oliviers, et qu(
ques autres édifices sacrés.
Onuphre Panvini , Epitome Pontificum romanorn
— Aubéri, Histoire des Cardinaux. — Bosquet, /
des Papes d' Avignon. — Oldoin, Mhenœum. — Eg
Purpura docta.
*CAPPONE(jPmncesco-j4nionio), poète naj
litain, néàConza (Calabre ultérieure), vivait v(
1650. II était prêtre, et fit partie de l'Acadén
degli oziosi à Naples. Il a laissé un volume
poésies intitulé Clio, publié à Naples, 1663 ; réi
primé à Venise en 1775. Lestiti-es de ces poés
sont : Liriche para/rase sopra tutte le G
d'Anacreonte ; — Poésie liriche, etc.
Crescimbeni, Storia délia Folg. Poes., p. 469.— Toj
Bibl. Napolet.
CAPPOXI, famille de la haute bourgeoisie
Florence , et qui a fourni plusieurs personnaj
dont le souvenir mérite d'être conservé.
Capponi (Gino ), mort en 1420. On luidoil
récit de la révolte des cardeurs de laine ( ciomj
contre le parti aristocratique qui dominait à F
rence (1378). Il avait été exilé à la suite de ce
insurrection. Rentré en 1382 avec les guelfes
s'occupa surtout de l'état militaire. Décem
de la guerre en 1405 et 1406, lorsque les F
rentins firentlaconquêtedePise, il eutunegrar
part à ce succès, et fut le premier goij.vern*
donné à cette ville. Il écrivit l'histoire de ce
guerre, et déploya une grande prudence dans £
gouvernement.
Son fils Neri, mort en 1457, suivit l'état nu
taire, et balança par sa réputation et son
fluence le crédit de Côme de Médicis ; mais il
lutta pas contre lui. Pendant quarante anii
remplit de hautes fonctions, sans avoir eu ni e
vieux ni ennemis. Il a laissé des mémoires s
son administration.
Capponi (Pierre), petit-fils de Neri, occupa ai
si les premiers emplois de la république, et
chargé de plusieurs ambassades, Lorsqu'en 14
le roi de France Charles VIII, à qui Florei
avait ouvert ses portes comme à un hôte et ^
allié, prétendit que cette ville eût à le reconni
tre pour son vainqueur et son souverain, Cappu
10 CAPPONI
l avec lui plusieurs conférences. Le roi ayant
[ lire devant lui un impérieux ultimatum,
•tic Capponi arracha des mains du secrétaire
papier, qu'il mit en pièces : « Vous pouvez ,
-il au roi, faire sonner vos trompettes ; nous
meions nos cloches ! » Puis il sortit avec
collègues. Sa fermeté étonn^ Charles, qui
(appela, et conclut un traité modéré avec les
ircntins. En 1496, Pierre Capponi fut tué au
^e d'un petit château. [£nc. des g. du m.]
sraondi, Hist. des rép . ital.
'APPQNi {Alexandre- Grégoire , marquis
!, archéologue et bibliophile italien, né à
ne en 1683, mort dans la même ville en
tembre 1746. Issu d'une famille de patri-
vomains, il fut nommé de bonne heure
ordome du pape. Homme distingué par
630
Urt
oût éclairé pour les arts et les antiquités,
econda puissamment le pape Clément xn
que celui-ci conçut, après 1730, l'idée de
1er le musée Capitolin ; car c'est Capponi
disposa ces immenses trésors de toutes
es, statues, bas-reliefs, bustes, etc., dans
e ingénieux et symétrique qui caracté-
cette magnifique collection. Comme direc-
', il rédigea en outre le premier volume du
logue raisonné de ce musée. Mais il posséda
\4 lui-même en pjopre une excellente bi-
lihèque, remplie des plus rares éditions,
1 laissa par son testament à la bibliothèque
iVatican , et un musée de médailles pré-
«ses, etc., qu'il légua en mourant au savant
jquaire le jésuite P. Contuccio Contucci. Ce
*ée, qui fut ensuite considérablement en-
i, forma longtemps une section à part du
ée Kircher. On a de lui : Achates Isiacus
ularis, prodit ex museo march. Alex.-Gre-
Capponi; Rome, 1727, in-4°; — Museo
Htolino , contenente immagini di uomini
stri; Rome, tom. 1\, 1741, in-fol.; — Cata-
I délia libreria Capponi, ossia de" libri
iani del marchese Alex.-Greg. Capponi,
rizio romano, con annotazioni in diversi
flhi; Rome, 1747 in-4° : ce catalogue , com-
ice par Capponi lui-même et achevé par
iSign. Giorgi, qui le fit imprimer séparément,
!un des livres les plus importants pour la lit-
itiire italienne, et contient en outre une notice
(366 manuscrits.
felung, supplément à Jôcher, Allgemeines Gelehr-
'exicon. — Sax. Onomasticon, VII, 2S5.
^PONi (Augustin), citoyen de Florence,
(ipité en mars 1513. Lorsque, le 16 septembre
iî, les Médicis eurent, à l'aide des Espagnols,
Iplacé en Toscane le gouvernement démocra-
iC par l'oligarchie , Capponi se fit remarquer
tsotn opposition au nouveau pouvoir. Dans
premiers jours de mars 1513, on trouva une
m contenant les noms de dix-huit ou vingt jeu-
Dj gens connus pour leur patriotisme et leur
a uv de la liberté : cette Uste était tombée de la
P le de l'un d'eux, Pietro-Paolo Boscoli, et fut
portée au tribunal criminel nommé magistra-
ture des huit. Entièrement composé de créatures
des Médicis, ce tribunal crut voir sur ee papier
l'indice d'une conjuration ayant pour but d'assas-
siner Julien et Laurent de Médicis, d'autant plus
que Boscoli avait déjà été noté pour quelques pro-
pos imprudents. H fut mis à la torture, ainsi que
Capponi, Nicolas Machiavel, et plusieurs autres.
La violence des tourments infligés aux prévenus
ne leur arracha aucun aveu de conspiration; mais
la plupart ne cachèrent pas leur haine pour le
■gouvernement. C'en fut assez pour faire condam-
ner à mprt Boscoli et Capponi, qui furent exécutés
le lendemain. Leurs prétendus complices furent
relégués en divers lieux. Léon X (Jean de Mé-
dicis) les gracia peu de temps après.
Cambi, Istoria.XXn. — FiUppo de Ncril, Commen-
tari, VI, 123. - Scip. Ammirato , XXIX , 813. — Paul
Jove, f^ita di Leone X. — Guichardin ,
talie. — f^ita di M acchiavelli.-
Histoire de l'I-
lacopo Nardi, Ist. Fier.,
VI, 268. — Sismondi, Histoire d,es républiques italiennes,
t. XIV, 296.
CAPPONI {Dominique-Joseph),\iiiéTSiteaT et
théologien italien, de l'ordre des Dominicains, vi-
vait à Bologne dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle. On a de lui : Johannis-AntoniiFla-
minii Epistolxfamiliares nuncprimum editae,
etargumentis, notis, autoris viùa,aliisqueac-
cessîonibus illustratas; Bologne, 1744, in-8° :
Flaminio d'Imola, un des meilleurs écrivains
du quinzième siècle, avait écrit en latin et en ita-
lien, en vers et en prose, sur les sujets les plus
différents, hagiographie, grammaire, philosophie,
littérature, etc. Capponi a encore ajouté la Uste
complète de tous les ouvrages de Flaminio.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
* CAPPONI (Gino-Angelo de), compositeur
italien, vivait à Rome en 1654. On a de lui un
recueil de Messes et de Psaumes à huit voix ,
avec un Mserere à neuf ; Rome, 1650;— P^aw-
mes et litanies à cinq voix; Rome, 1654. — La
chapelle Sixtine possède eu manuscrit une messe
et un Cantabo Domino à quatre soprani.
Bailli, Mémoires sur Palestrina, 315. — Kircher, Mu-
surgia universalis, I, 611. - Fétis, liiographie univer-
selle des Musiciens.
* CAPPONI (Horace), évêque de Carpentras,
né à Florence, mort à Rome le 29 mars J622. Il
fut nommé à l'évêché de Carpentras en juillet
1 596, et fit restaurer et embellir à ses frais les prin-
cipaux édifices de cette ville ; il y créa un mont-
de-piété en 1622, et fit plusieurs donations aux
hospices et à la commune. Le 17 décembre 1597,
le pape Clément vni le nomma :recteur du Com-
tat. Capponi a publié un Kecueil des ordon^
nances, statuts et règlements concernant
l'administration de la justice dans le comtat
Venaissin; Avignon, 1661, in-8°.
Ch. Cottier, Notice sur les recteurs du comtat Venais-
sin. — Barjavel, Dictionnaire de Faucluse.
CAPPONI OU CAPPONio (Jean-Baptistc) ,
médecin et philosophe italien, né à Bologne, mort
dans cette ville le 16 novembre 1676. Outre la
médecine et la philosophie, qu'il professait à
631
CAPPONI — CAPPUS
l'université de sa ville natale, il s'est encore oc-
cupé d'autres branches de la science, telles qu'ar-
chéologie, critique httéraire, histoire, astrologie,
en même temps qu'il cultivait la poésie. On a de
lui : de Othone suo xreo Commentarius ; Bo-
logne, 1669, in-4'' (sur une médaille en bronze
de l'empereur Othon , qu'il avait envoyée au roi
de France); — Animadversiones in Joannis
Caroli Porcii opusculum defebribus (sous le
nom de Charisius Thermarius Spado,) ; il y re-
commande les bains et la gymnastique comme de
bons préservatifs ou remèdes contre les fièvres ;
Bologne, 1 670 : ce même travail se trouve aussi
dans les Prose de'Academici Gelati diBologna;
Bologne, 1671, in-4°; —Memorie, imprese e ri-
tratti de' sign. Academici Gelati di Bologna;
Bologne, 1672, in-4° (avec des planches). Les
ouvrages qui suivent sont tous posthumes :
Lectiones physicse morales; — de Morbis par-
ticularibus; — de Humano Semine nequa-
quam animato; — de Erroribus clarorum
virorum, Latinorum; — Paradoxon philoso-
pMx democriticse, etc.
Éloy, Dict. de la médec. — S<iLK,Onomasticon, litterar.,
V, 151.
* CAPPONI {Laurent) , philanthrope français
d'origine toscane, vivait en 1573. Il était allié
aux premières familles de Florence. Forcé de s'exi-
ler à la suite d'une guerre civile, il vint s'établir
à Lyon, oîi il fit une fortune immense. L'emploi
qu'il sut en faire lui valut, de la part des Lyon-
nais, le surnom de Père du Peuple. Durant la fa-
mine de 1573 , il donna la subsistance à quatre
mille pauvres. Lyon lui doit aussi la reconstruc-
tion de l'église des Jacobins.
Pernelti, les Lyonnais dignes de mémoire, I, 176.
* CAPPONI {Philippe deNicolo), médecin ita-
lien, natif de Florence, vivait vers le milieu du
seizième siècle. On a de lui : Libro délia tem-
peratura del corpo «mano; Venise, 1556, in-8°.
Carrère, Bibl. de la Médecine.
*CAPPONi {Vincent), poète italien, natif de
Florence, où il mourut en 1688. Il fit ses pre-
mières études sous le célèbre GaUlée, et voya-
gea ensuite dans les principaux pays de l'Eu-
rope. De retour en Italie , il fut nommé par le
pape Urbain VITI camérier d'honneur, avec
l'espoir d'avancement successif à la cour pa-
pale ; mais son père le rappela à Florence, et le
fit nommer sénateur. On a de Capponi, sous
le voile de l'anonyme : Parafrasi poetiche de'
Salmi di David; Florence, 1682, in-8" ;— Trat-
tati academici: di Dïo, delV anima, delmondo
e degli spiriti,e parafrasi poetiche de' canti-
leni délia S. Scrittîira; Florence, 1684, in-4°.
Megri, Scrittori Fiorent. — Paitoni, Bibl. degli Fol-
garizz, V, 83, «19.
* CAPPONI DELLA PORRETA {Serafino-An-
wiôaie), dominicain et théologien bolonais, né
en J536, mort à Bologne le 2 janvier 1614. 11
prit l'habit religieux à seize ans', le 25 octobre
1552, et professa d'abord la métaphysique dans sa
ville natale, puis la théologie morale et l'Écriture
sainte à Rieti et à Aquila. Nommé inspecteui e
son ordre à Ferrare, il quitta en 1581 cette ' e
pour Venise. En 1606, rappelé à Bologne, v
demeura jusqu'à sa mort. On a de lui : Sch i
super Compendium theologicx veritatts -
berti Magni; Venise, 1588 et 1590, in-S" .
Elucidationes formules in Summam sa, i,
Thomœ; Venise, 1588, 5 vol. in-4"; — j >
theologia sancti Thomee Aquinatis in conij -
dium redacta ;Yem&e, 1597, in-12 ; — Verit s
aureae super totam legem veterem , tum ~
terales, tum mysticx, per modum conch ■
num e sacro textu mirabiliter exculptx ; ■
nise, 1590, in-fol. ; — Prœclarissima sacroi \
Evangeliorum Commentaria, veriîates ca. -
licas super totam legem novam conclusioi %
instar continentia, cum annotationibus , -
iualibus ; Venise, 1601 ; — Summa totius t -
logix D. Thomx, cum elucidationibus for -
libus; Venise, 1612, 6 vol. in-fol. — Le P. , n
Michel apubliéla Fie de Serajftno Capponi, 1 ,
in-4°.
Échard, Script, ord. Preedicat., 392. — Richard ( <■
raud, Bibliothèque sacrée.
* CAPPONI {Gino, marquis de), homme ( -
tat toscan, né à Florence le 14 septembre 1
Une cécité, fruit de longues études, l'avait ^ -
damné à la retraite, lorsque les événement e
1848 vinrent le ramener à la vie active. Prod
chef du parti constitutionnel en Toscane, il i.
malgré ses infirmités, placé par le gouvernei li
à la tête d'un ministère de transition. Cette I-
ministration , appelée trop tardivement am •
faires, pressée par deux partis également '■
lents, accusée à la fois de réaction et de i-
blesse , tomba devant l'insurrection d'oct [« I
1848. Le 11 octobre 1849, M. le marqui le
Capponi fut choisi pour faire partie de la < i-
mission gouvernementale provisoire, inst Jû^
par le gonfalonier, et que vint dissoudre le < a- '
missaire extrordmaire Serristori, envoyé p^ |éi
grand-duc. Depuis lors M. de Capponi a nls
sa retraite studieuse, et achève une flisifiX
des papes, conçue sur un nouveau plan. Oi li:
doit, entre autres, la création du journal l'A 3-
logia, remarquable par ses articles ; — un Ti
d'Éducation.
Dictionnaire de la Conversation.
CAPPUCCINO. Voy. Strozzi.
*CAPPUS (JeaH-jBo!p^i5^e), compositeur i i-
çais, né à Dijon, mort vers 1770. Il était i
sionnéde sa ville natale, et maître de l'Acad' io
royale. On a de lui : les Plaisirs de l'Hi V
divertissement en un acte , représenté poi ls
reine, au château de Versailles, le 13 nover "«
1730; — deux livres de Pièces de viole < îe
basse continue; Paris, 1730-1793, in-4° obi -
deux Recueils d'airs sérieux et à boire, i''
ris, 1732, in-4° ; — Sémélé, cantate avec i i-
phonie; Paris, 1732, in-fol.; — Petite métifO
de musique; Paris, 1747, in-4''.
Papillon, Bibl. des auteurs de Bourfjogne. —1
Biographie universelle des Blusicims.
:apra (Alexandre), architecte italien, né à
>mone au commencement du dix-lmitième
;le, mort à la lin du mûme siècle. Il inventa
sieurs machines utiles, et se fit connaître
divers ouvrages sur l'arcliitecture civile et
iitaire. On cite surtout de lui : Trattato
la Geometria e délie Architettura civil'
ilitare; 1672-1683, 3 vol. ia-4";les planches
sont ajoutées à cet ouvrage lui donnent une
Aine valeur encore aujoui'd'hui.
ielung. suppl. à JOcher, Allgem. Gelehrten-Lexic—
1er, JVeues AUgemeines Kilnstler-I.exicon.
CAPRA {Fra Ginsto), fils du précédent, hy-
ilicien italien, natif de Crémone, vivait dans
remière moitié du dix-huitième siècle. On a
ui un ouvrage très-utile : suite Arginatîire
iPo.
gler, Neues AUgemeines Kûnstler-Lexicon.
CAPRA (Barthélémy), jurisconsulte ethu-
Jste italien, mort à Milan en 1589. On a de
de Origine Romanorum, commencé par Ca-
et achevé par Octavien Ferrari ; Milan, 1607,
°; Padoue, 1676, in-fol., et dans Grœvius,
$es, vol. 1 ; — de Legibus Romanorum et
ilo Manutio; — de Tibiis Romanorum;
Inscriptiones II ad statuas summorum
Hficum Mediolanensium, quee in collegio
isperitorum hujus urbis visuntur ; — Ex-
alio Physicœ Arisiotelis.
^elati, Bibl. medic.
APRA (Balthazar) , astronome et philosophe
en, né à Milan d'une famille noble, mort le
lai 1626 dans cette ville. Quoique exerçant
•lédecine dans sa ville natale, il semble s'être
iôt occupé de philosophie et d'astronomie que
'art de guérir. Il figure même dans l'histoire
l'astronomie ; car il voulait usurper sur Ga-
: le titre d'inventeur du compas de propor-
, et il attaqua ce savant dans un autre écrit
une nouvelle étoile qui avait paru en
i. Il fut plus tard créé comte palatin. On
le lui : Considerazione astronomica so-
lanuova Stella del 1604; Padoue, 1605 ,
° ; — de Usu et fabrica Circini ciçjusdam
portionis ; Padoue, 1606, in-4°; et Bologne,
5, in-4° (inséré aussi dans le tom. I**^ des
tvresde Galilée, Padoue, 1744, in-4°, avec
réplique de Galilée, intitulée Difesa contra
calunnie ed imposture di Raid. Capra,
publiée pour la première fois par lui, Venise,
7, in-4°); — Tyrocinia astronomica , in
^pas non solum calculus eclypsis solaris,
fistronomo magno Tychone Brahe restitu-
' clarissime explicatur, sed etiamfacillima
"*j thodus erigendi et dirigendi cœleste thema
(-. ipsius Ptolemeei mentem traditur ; Padoue,
in-4"; — Disputationes duae, una de
l 'ca et ejus partibus , altéra de enthyme-
'/e; Padoue, 1606, in-4°.
"Sel.iti, Bibl. medion. — Corte,dei Medici Milanesi.
-' lurnal des Savants, année 1721.
CAPRA DE PÉRocsE (Bcnoît), juriscousulte
> len, né et mort àPérouse, vivait on 1400. }\
CAPRA 634
était très-versé dans le droit civil et canonique ,
et ses décisions étaient si respectées, qu'on l'avait
surnommé VAmate^ir de la vérité. Entre autres
ouvrages, il a fait des Commentaires sur les Dé-
crétâtes et les Clémentines.
Talsand, Fies des plus célèbres Jurisconsultes. — Trl-
thôme. De Scriptoribus ecclesiasticis. — Possevin, Bi-
bliotheca selecta. — Denis Simon , Bibliothèque histo-
rique des principaux auteurs en droit.
CAPRA (Dominique), hydraulicien italien,
natif de Crémone, vivait dans la seconde moitié
du dix-septième siècle. On a de lui : il Vero Ri-
paro, il facile, il naturaleper ovviare e rime-
diare ogni corrosione o rovine difiume ben-
che giudicata irremediabile ; Bologne, 1685,
in-4" : c'est un traité sur l'art de construire les
digues. Nagler donne à cet ouvrage la date de
1590, et place ainsi l'auteur dans le seizième
siècle.
Cinelli, Biblioth, — Nagler, Neues AUgemeines KUns-
tler-Lexicon.
CAPRA (Galeazzo-Flavio). Voy. Capella.
CAPRA ( il/arcei ou Michel), médecin et phi-
losophe italien, né au milieu du seizième siècle
à Nicosie, dans l'île de Chypre; mort à Mes-
sine dans les dernières années du même siècle.
Il fut contraint, par des circonstances sur les-
quelles Mongitore ne s'explique pas bien claire-
ment, de quitter sa patrie, où il exerçait sa pro-
fession déjà depuis quelque temps, et de passer
en Sicile. Son premier lieu de séjour dans cette
île fut Palerme, qu'il échangea bientôt contre
Messine, où le magistrat lui conféra, en récom-
pense de ses services, le droit de bourgeoisie.
Ayant assisté, en 1571, au combat du golfe de
Lépante avec Jean d'Autriche, qui l'avait pris
pour médecin, il revint, à l'issue de cette expé-
dition, terminer sa carrière dans sa patrie adop-
tive. On a de lui : de Sede animse et mentis
ad Aristotelis praecepta, adversus Galenum;
Palerme, 1589, in-4°: — de Immortalitate
animse rationalis juxta principia Aristotelis,
adversus Epicurum, Lucretium et Pythageri-
C05 ; Palerme, 1589, in-4''; — de Morbi epide-
mici qui miserrime Siciliam depopulabatur
anno ià9l , itidem^ue i592 , causis , sympto-
matibus et euratîone; Messine, 1594, in-4''.
Mongitore, Bibliotheca Sicula,-t. III, p, 28. — Manget,
Biblint/tcca Scriptorum medicorum. — Éloy, Dict. de
Med. -■ Biographie médicale.
* CAPRA (Mariano- Antonio ), poëtc italien, né
à Savignagno, dans les États de l'Église, en 1739;
mort à Rome le 22 octobre 1793. Il embrassa
les principes des philosophes français du dix-
huitième siècle, fut accusé d'impiété à l'inquisi-
tion , et détenu quelque temps en prison. H par-
vint à s'en échapper, et se réfugia près du grand-
duc de Toscane Léopold. Ayant fait sa paix avec
l'inquisition, il revint dans sa patrie sans pou-
voir se soustraire à la misère, et alla mourir
dans l'hôpital du Saint-Esprit, à Rome. On a de
lui : Nottepoetica; Faënza, 1775; — la Rocca
di Lugo incendiata; Faënza, 1776 ; — dei Notti
poetiche; Césène, 1777 : c'est une imitation
635
CAPRA
des Nuits d'Young ; —Pio VI aile paludi Pon-
tine; Rome, 1780; — des satires et un sonnet
sur la mort de Voltaire.
Tipaldo, Biografla degli Ital, III, i67,
CAPRAïs (saint), martyr, né à Agen, dé-
- capité dans la même ville le 6 octobre 287. 11
passait sa vie dans une caverne voisine de la
ville, lorsqu'un jour il aperçut, dit la légende,
le supplice de sainte Foy. 11 courut aussitôt se
déclarer chrétien à Dacien, gouverneur de l'Es-
pagne tarragonaise, qui alors se trouvait à Agen;
celui-ci lui fit trancher la tête. Vers le milieu du
cinquième siècle, Dulcideou Dulcice, évêqued'A-
gen, fit bâtir une église sous l'invocation de saint
Caprais. La vie de ce martyr a été écrite par Ber-
nard Labenazie ; Agen , 1714, in-12.
Histoire littéraire de France, III, 273. — Baillet, Fie
des Saints. — AndréàeBellecomhe, Essais historiques sur
l'Agenais, t. III, p. 233.
CAPRAIS {saint), ou Capraise, vami le
l^'^ juin 430. Après s'être livré à l'étude de l'é-
loquence et de la philosophie, il renonça au
monde, et se retira dans une solitude des Vos-
ges. Là un jeune seigneur. Honorât, qui de-
puis fut évêque d'Arles, vint le trouver. Ils
firent ensemble divers pèlerinages. Arrivés dans
l'île de Lérins (Var), Honorât fonda le célèbre
monastère de ce nom, dont il ne consentit à être
le chef que sous la direction de Caprais.
Baillet, Fies des Saints. — Histoire littéraire delà
France, t. III, 373.
CAPRALis. Voy. Cabral.
CAPRANICA ( Dominique), cardinal italien, né
à Capranica, près de Palestrine , le 31 mai 1400 ,
mort le 1'^'' septembre 1458. Il fit ses études à
Padoue et à Bologne, et devint l'un des hommes
les plus savants de son temps. Le pape Martin V
le pourvut de divers emplois importants, lui
donna le gouvernement d'Imola, et le fit cardinal
en 1426 ;maisce pontife étant mort en 1431 sans
avoir remis à Capranica la barrette et l'anneau,
marques de la dignité de prince de l'Église, les
autres cardinaux refusèrent de l'admettre au
conclave. Capranica adressa au nouveau pape,
Eugène IV, une protestation solennelle; mais,
au lieu d'en obtenir justice, le pape fit ins-'
truire contre lui, le dépouilla de ses titres, et fit
saisir ses revenus, rnême particuliers. Capranica
s'adressa alors au concile de Bâle, qui le rétablit
dans sa dignité. Eugène, mieux éclairé,. fit à son
tour des démarches pour apaiser le cardinal,
justement irrité. Non-seulement il le confirma
dans ses anciennes charges , mais il l'envoya en
1443, comme légat, pourchasser François Sforce,
qui s'était emparé de la Marche d'Ancône. Ca-
pranica ne réussit pas : il fut vaincu, blessé, et
obligé de prendre un déguisement pour échap-
per à l'ennemi. En 1445, nommé au gouverne-
ment de Pérouse , il y rétablit l'ordre et la sûreté.
Nicolas V le prit en affection ; et, s'en étant servi
utilement auprès d'Alfonse V, roi d'Aragon, il le
récompensa par la charge de grand pénitencier.
Capranica a laissé : Italica constituenda, ad
CAPRARA i
Alfonsum regem, dans l'Hispania illustr
d'André Schott, t. 1*''; — de Eatione ponti/i
tus maximi administrandi ; — de Actl
belli contra Turcos gerendi; — de Conteni] .
mundi; Florence, 1477, in-4''; traduit en ital:
Florence, 1477, in-4°, et Venise, 1478, in-4°.
ouvrage a eu de nombreuses éditions dan: i
plupart des langues d'Europe.
Claconius, Epitomc Pontificum Romanorum. —
tina, de Fitis Pontificum. — Spunde, Continuatio Ai
lium. — Dupin, Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiq ,
quinzième siècle. — B. Pogge, Fie de Capranica, ■:
Baluze, MiscelU, III, 363. — .Michel Catalani, Fie de
pranica; Fermo, 1793, in-4°.
*CAPRA]VO (Pietro), prélat et savant ital ,
né à Rome en 1739, mort dans la même vill >
24 février 1834. 11 fut reçu docteur en tliéol ;
à l'université Grégorienne, nommé profes; r
d'histoire ecclésiastique et bibliothécaire di t
même université. Pie VII le nomma prélal o
la chambre, et secrétaire de la commission c
gée de la correction des livres liturgiques i
l'Église orientale. Léon XH promut Capi j
à l'archevêché d'Iconium, le nomma secret f.
de la Propagande, et cardinal en 1828. E n
Pie Vm le fit préfet de la congrégation de 1 -
dex, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort.
Henrion , Annuaire biographique.
CAPRARA {Albert, comte de), général e1 -
plomate autrichien, né à Bologne en 1630, r ;
après 1686. Neveu du célèbre général Pice •
mini, il entra, comme son frère aîné, au ser e
de l'Autriche. Il combattit surtout en Honj ,
mais ne commanda jamais en chef des arin :
sa gloire a été effacée dans cette carrière
celle de son frère aîné. On connaît Albert
tout comme littérateur et comme diplomate ; < .
en cette qualité qu'en 1682,,il fut envoyé ^
de la Porte Ottomane pour obtenir la proloi -
tion de la ti'êve; mais la Porte, excitée par s
révoltés hongrois et transylvains , persista ( i
ses prétentions exorbitantes, entre autres (
d'un tiibut annuel d'un million de francs,
tentions exprimées avec les formes les plus -
sultantes. Le comte Caprararevintdonc sansr( I-
tat dans la ville de Vienne, qui, l'année suivs ',
vit les Turcs sous ses murs. Mais la fortune r
ayant été défavorable, ils se virent, quelques i-
nées plus tard, forcés de traiter avec le cabine e
Vienne, qui, en 1685, envoya Caprarapour 1; ;-
conde fois à Constantinople. Après cette époi '.
il semble s'être retiré du service actif; car il l 't
plus question de lui. Ses ouvrages sont sur t
des traductions; en voici les titres : l'Uso d '
Passioni, traduit du français du P. Senault; <-
logne, 1662, in-8°; — Seneoa, délia Glemen ;
Lyon, 1664,in-4°; — Seneca, délia Brevitàd 'i
Vita, parafrasi; Bologne, 1664, in-12;— -
neca, délia Collera, parafrasi; Bologne, 1
in-12; — il Disinganno , ovvero il pas
délia nottefelice, tradotto dallo spagnid >
Venise, 1681, in-12; — Relazione del via; "
fatto a Constantinopoli, e ritorno in Ger ''
37
CAPRARA — CAPREOLUS
638
ta, dell. illustr. conte Alberto Caprara, per
^attare la contimiazione délia tregua; Bo-
^ne, 1684, in-12 ; relation rédigée, sur l'ordre de
aprara, par son secrétaire et compagnon Gio-
mni Benaglia ; elle lut traduite en allemand ,
lancfort, 1687, in-8°; — quelques pièces de
rconstance.
Adeliing, suppl. ù Joclier, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
Hammer, Histoire des Ottomans. - Ersch et Grii-
r, ÀUg, Encyclop.
CAPRARA ( JEnéas-Sylvius, comte de), frère
I précédent, général allemand, d'origine ita-
flne, né à Bologne en 1631, mort le 3 février
01. Il était d'une noble famille de Bologne, où
n|)ère, le comte Nicolas Caprara, était séna-
ir; le célèbre Piccolomini était son oncle, et
)ntecuculli son parent. A la fin de la guerre de
inte ans, il suivit ce dernier en Suède, en Alle-
igne, en Italie. Il fit quarante-quatre campagnes
service de l'empereur. Battu en Allemagne en
74 par Turenne , il fut plus heureux en Hon-
e en 1683, et en 1685 il enleva Neuhausel
X Turcs. La mésintelligence qui régna souvent
*re lui et les officiers placés sous ses ordres
isit à ses succès : on lui reproche aussi de
tre prononcé dans le conseil inférieur contre
pfince Eugène, dont il enviait la gloire. Ce
i lui fait plus d'honneur, c'est le talent diplo-
itique dont il fit preuve dans plusieurs oeca-
■ns.
."rsch et Griiber, Allgem. Eneycl.
«APRAbA (Jean-Baptiste), prélat et homme
(état italien, mortà Paris en 1810. Il étaitnéà Bo-
kne en 1733, fils de François, comte de Monte-
fcuHi ; mais il porta toujours le nom des Ca-
ara, l'une des maisons les plus célèbres d'I-
ie, dont sa mère était le dernier rejeton. Jeune
core, il entra dans l'Église. Son mérite et la
nnaiâsance toute spéciale qu'il avait du droit
litique fixèrent sur lui l'attention dn pape Be-
'îtXIV, qui le nomma vice-légat à Ravenne,
l-Oiqu'il ne fût pas encore âgé de vingt-cinq ans.
us le pape Clément XllI, Caprara fut, en 1767,
Toyé à Cologne avec le titre de nonce ; en 1775,
leVI le fit passer à Lu cerne en la même quafifé.
1 1785 il eut la nonciature de "Vienne, où il se fit
mer par sa bienfaisance. Nommé cardinal en
'92, il revint l'année suivante à Rome, et passa,
1 1800, à l'évêché d'Iesi. Dans un moment de
isette, au milieu d'un froid cruel, il fit les plus
méreux sacrifices pour secourir le troupeau
knt la direction lui était confiée. En 1801, il
i nommé légat auprès de la république fran-
cise, dirigée par Napoléon Bonaparte, premier
>nàtil. 11 s'acquitta d'une manière remarquable
sa mission, qui avait pour but l'adoption du
kncordat et le rétabfissement du culte catho-
i|ue en France ; il constata solennellement ce
itablissement, en célébrant, le jour de Pâques
Kii, la messe dans l'église Notre-Dame de Pa-
ii, en présence des principales autorités. C'est
fi qui sacra Napoléon roi d'Italie, à Milan, en
f05. Pendant neuf ans il eut des relations très-
fréquentes avec le gouvernement français, et
mourut à Paris, aveugle et infirme, mais entouré
d'une grande considération. Il fut inhumé dans
l'église Sainte-Geneviève, en vertu d'un décret
impérial. On a de ce prélat : Concordat et re-
cueil des bulles et brefs de N. S. P. le pape
Pie Vif sur les affaires de l'Église de France;
Paris, an x (1802), in-8°, avec tableau. [Enc.
des g. du m. ]
Bourgoing, Mémoires de Pie f^l. — Moniteur, 1
brumaire an viii et 19 germinal an ix.
CAPRE (jPra«fo«5), jurisconsulte et histo-
rien savoisien, mort en 1705. Il était président
de la chambre des comptes de Savoie. On a
de lui : Catalogue des chevaliers de VAnnon-
ciade de Savoie, depuis sou institution par
Amédée VI jusqu'à Charles-Emmanuel, suivi
d'un T7'aité du Saint-Suaire de Turin; Tu-
rin, 1654, in-fol. ; — Traité historique de la
chambre des comptes de Savoie; Lyon, 1662,
in-4'' , avec 142 gravures.
Fellcr, Dictionnaire historique.
CAPREOLE OU CAPREOLUS (Jean), théolo-
gien et dominicain français , né dans les environs
de Rodez , mort dans cette ville en 1444. U entra
dans l'ordre de Saint-Dominique à Rodez , vint
enseigner à Paris en 1409, et y prit ses licences en
1411. Il soutenait si heureusement la doctrine de
saint Thomas , qu'il fut surnommé le prince des
Thomistes. Ses supérieurs l'envoyèrent à Tou-
louse présider aux études de son ordre. On a
de Capreole : quatre hvres de Commentaires
sur le Maître des sentences, et une Défense de
la doctrine de saint Thomas ; Venise, 1483,
in-fol.
ÉcJiard, Scriptores ordinis Prsedicatorutn . — Richard
et Giraud, Bibl. sacrée.
CAPREOLE OU CAPREOLUS ( Andréa), i\iéo-
logien et canoniste itafien, né à Brescia en
1571. On a de lui un Traité des cas ecclésias-
tiques; Brescia, 1571.
Dupin, TaUe des Auteurs ecclésiastiques, seizième
siècle, p. 933. — Richard et Giraud, Bibl. sacrée.
CAPREOLE, CAPREOLUS OU CAVRIOLO
(Élie), jurisconsulte italien, natif de Brescia,
mort en 1519. On a de lui : Chronica de Ré-
bus Brixianorum ad smatum populumque
Brixianum opus, oirvrage imprimé dans le The-
saurus Antiquitatum Italise de Bui-mann, et
traduit en italien par Spini; Brescia, 1585, in-4°;
— de Confirmatione christianse fldei ; Bres-
cia, 1499, in-4" ; — Defensio statuti Brixien-
sium; — de Ambitione et Sumptibus /une-
rum minuendis.
Leandro Albertl, Descriptio Italix. — Le Mire, Scrip"
tores XF'III sœculi.
CAPREOLUS, évêque de Carthage, vivait
dans la première moitié du cinquième siècle (1).
II prit une part active aux disputes qui agitèrent
l'Église à cette époque , et il combattit les opi-
nionsdes hérétiques dans divers écrits, dont deux
seulement sont venus jusqu'à nous: une lettre
(1) Du septième siècle, d'après la Biogr. univers.
639 CAPREOLUS
en grec, adressée au synode d'Éphèse, et une épî-
tre aux Espagnols Vital et Constance contre la
doctrine de Nestorius. On les trouve dans les
recueils de Conciles publiés par Labbe et Har-
douin, et dans la Bïblioth. des Pères. G. B.
fjve , Scriptorum ecclesiasticorum Historia , t. I,
p. 420.— Dupin, Bibl. des Auteurs ecclésiastiques, t. IV,
p. 49. — D. Ceillier, Hist. des, auteurs sacrés et ecclésias-
tiques, t. XIII, p. 496.
* CAPREOLUS (Jacques ), philosophe et ma-
thématicien français, vivait dans la première
moitié du dix-septième siècle. On a de lui :
Arithvietica ; Paris, 1622, in-4° ;— de Sphasra ;
Paris, 1623, 1629 et 1640, in-8°; — Omtio
cardinali Lugdunensi Alphonso Richelio, ha-
bita an. 1647 in auditorio regio Cameracensi;
1647, in-S" ; — Disputatio de libero Arbitrio ;
Paris, 1649, in-4°.
Lelong, Bibliothèque historique de la France.
CAPRETA ou CAPRETTA {Gaudenzio-Erich),
canoniste italien, né à Venise le 22 novembre
1730, mort à Parme le 11 novembre 1806. II
enseigna la théologie à Florence, à Pavie, et enfin
à Parme. On a de lui : Gustavus III, Sueciee
rex, regiae potestatis restitutor ac publicx
tranquillitatis assertor; Parme, i784 : cet
ouvrage fut présenté par l'auteur à Gustave III,
roi de Suède, lors de son passage à Parme.
Bellomo, Oraison funèbre de Caprerta ,• Venise, 1806.
*CAPRiANO ( /ean-jPierre ), littérateur ita-
lien, natif de Brescia, vivait vers le milieu du
seizième siècle. On a de lui : délia vera Poe-
tica libro uno; Venise, 1555, in-4°.
Cinelli, Bibl.
CAPRiATA ( Pietro-Giovanni ) , juriscon-
sulte et historien, natif de Gênes, mort vers
1660. Outre son talent d'avocat, il réussissait sur-
tout, suivant Paulus Amantius, à terminer les
procès par la voie de conciliation. Comme his-
torien, ses travaux sont estimables par leur net-
teté et leur exactitude. On cite de lui ; : Istoria
sopra i movimenti d' arme successi in Italia
delV anno 1613^no al 1646 ; 2 parties, Gênes,
1644-1648, in-8".
Eayle, Dictionnaire critique. — Soprani, Scrit. Li-
guri. — Oldoin, Athenxum liguric.
*CAPRicoRNus ou STEiNBOCR {Samuel),
musicien allemand, vivait dans la seconde moi-
tié du dix-septième siècle. On a de lui : Raptus
Proserpinee ; Stuttgard, 1662, in-4°; — Opus
aureum Missarum ad 6, 10 et 12 ; — Sonus
redactus cum Basso ad Or^anwm; Francfort,
1670, in-fol. ; — Neu-angestimmte und erfreu-
liche Tafel-Musick mit 2, 3, 4 and 5 Vo-
kalstimmen und Basso continuo ( Nouvelles
chansons bachiques, mises en musique à 2, 3, 4
et 5 voix, et à basse continue ) ; Francfort, 1670,
in-fol.; — Theatri musici pars prima auctior
et correctior; Wurzbourg, 1670, in-fol.; —
Continuirte neu - angestimmte und erfreu-
liche Tafel-Musik ( Suite des chansons à boire
mises en musique) ; Dillingen, 1671, in-fol.
. Gerbcr, Kitnstler- Lexicon.
*cAPRiNi ou cwRiTSvs (Gian- Antonio),
— GAPUA 6<(
théologien et philosophe napolitain, né à ÀquiJ;
en 1614. 11 appartenait à la compagnie deJésus,e
fut professeur de belles-lettres et de philosophi)
dans plusieurs maisons de son ord re, et recteur di
divers collèges. Il a publié, sous le pseudonymi
de Siderius Léo : Apes Barberinx universi
philosophia ; — de Motu Trepidationis terrœ
— Lux philosophica.
Bayle, Dict. histor. — Alegambe, Bibl. Script, socici
Jestt. — Toppi, Bibl. Napolet.
CAPRONA ( Arcangelo de ) , franciscain e
prédicateur sicilien, né à Palerme, mort à Tra
pani en 1577. Il entra à dix-huit ans dans u
couvent de capucins, malgré l'opposition de s
famille. Il prêcha avec talent dans les principale
villes de Sicile, et fonda à Trapani trois confré
ries de son ordre et un hôpital public. On a d
lui : Statuta et Documenta pro confraterm
tatîbus domus hospitalis Montis Pietatis t
MisericordicC in civitate Drepanensi.
Mongitore, Bibliotheca Sicula. — Richard et Girau
Bibl. sacrée.
* CAPSics ( Henri ) , théologien luthérit
allemand, né à Gorden, près de Ritzebuttel, dai
le duché de Holstein; mort, le 9 mai 170f
à Burg (dans la même contrée). Après avo
étudié à Wittemberg, il fut élu en 1670 pa
teur à Burg, où il resta jusqu'à sa mort. C
a de lui : Disputatio de lonse diaplo tkala
sio; "Wittenberg, 1659 et 1667, in-4°; — Dis
de MysterioVerbi; Wittenb., 1659, in-4°;-
Disp. de Papistarum Consensu ; Wittenber
1660, in-4°.
Adelung, supplément à Jochcr, AUgem. Celehrle
Lexicon.
CAPTAL. DE BUCH. Voy. Grailly.
CAPCA {Andréa da), jurisconsulte napolitai
vivait en 1282. U était avocat fiscal à Naples,
a écrit sur le Digeste , le Code et les Constit
tions de Naples.
Moréri , Dict. hist.
CAPUA ( Bartolomeo da ) , jurisconsulte r;
politain, mort en 1300. Il occupa longtemps i
emplois les plus élevés du royaume de Napli
On a de lui : Glossse ad Constitutiones rey
Neapolitani ; Venise, 1594, in-fol. ; — Sing
laria juris; Francfort, 1596, 2 vol.
Denis Simon, Bibl. hist. des Auteurs de Droit.— ^
rérl, Dict. hist.
CAPCA ou Di CAPOA {Leonai'do ), médei
napolitain, né à Bagnolo en 1617, mort le
janvier 1695. Il étudia d'abord la philosophie
la théologie chez les jésuites , et s'appUqua (
suite à la jurisprudence, qu'il abandonna à s
tour pour la médecine. Ce fut alors qu'il appril
grec, afin de pouvoir lire dans leur langue Hipi
crate, Galien, etc. En 1630, il revint à Bagno
mais ayant été impliqué dans un assassinat, il s'
fuit à Naples, oii, quelques années après, il foi
l'Académie des Investigati, destinée particulic'
ment aux progrès de la médecine. Capua ins[i
à cette académie son goût pour la chimie, et
môme temps son aversion pour la médecine
6Jt CAPUA
I Ionique. Imbu d'ailleurs d'un pyrrnonismc outié,
I il fit consister ses recherches à prouver com-
I l)ien il y avait d'incertitude dans la médecine et
> lans l'efficacité des remèdes. Cette opinion lui
ittira la haine de ses confrères et en partie celle
lu [lublic, qu'il privait d'une ressource précieuse,
'cs|i(uance. Capua se mitau-dessus des reproches
tout on l'assaillit, et se crut amplement dédom-
iiat;c par l'estime de la reine Christine de Suède,
t par la place que l'Académie des Arcades de
loine lui accorda dans son sein, sous le nom
Wlccslus Cillenhis. Capua a laissé : Lezioni
ii/Di-no alla natura délie Mofette; Naples,
(■.«o, in-4°, et 1714, in-S"; — Raggïonamenti
■\torno alla Incertezza de' Medicamenti ; Na-
les, 1689 et 1695, in-4'';— Del parère del
'gnor Lionardo di Capua, divisato in otto
iggionamenti, ne'quali narrandosiV origine
il jirogresso délia medicina , V incertezza
Ma, medesima si fa manifesta; Venise,
381, 10-4°; Naples, 1689 et 1695, in-4°; 1714,
vol. in-8° ; en anglais, Londres, 1684, in-8°;
- Vita Anclrese Cantelmi cardinalis; Naples,
)93, in-4°. La vie dé Capua a été écrite par
. Amenta, et son éloge par Hyacinthe Girama
Nicolas Crescenzio.
Éloy, Dictionnaire historique de la médecine.
*CAPUGNANO {Jérôme - Jean de), théo-
logien italien, natif de Venise, vivait en 1646. Il
ilaissé, entre autres ouvrages : Offic'mm hebdo-
adae sanctœ, per magistrum Hieromjmum-
mnninum a Capugnano, instituti prœdica-
n{m;Venise,1636,in-16. Cetopuscule confirme
i fait rapporté par Maximilien Misson dans son
miveau Voyage d' Italie {Isl Haye, 1702, 3 vol.
12) , et révoqué en doute par le P. Labat , sa-
ftir, qu'à l'époque où vivait Capugnano on offrait
tcore à Gênes, à la vénération des fidèles , la
aeue de l'âne sur lequel Jésus-Christ avait fait
n entrée triomphante à Jérusalem , relicpie
pnservée sans art humain, fraîche et incorrup-
^le : Degno è ancora di sapere , corne la
(do d' une di quel animali , in questo atto
ioperati del Signore, senza arte humana,
icorriittibile si conserva oggidi in Genoa,
fessa i miei padri di San DoinenicOjfaeiendo
W remtmbranza délia umilità cK' ebbe il
kliuol d'Iddioper noi in questa entrata, etc.
phaudon et Delandinn , Dictionnaire universel.
'*CAPURO {Francesco), peintre génois, vivait
^rs 1634. Il passa une grande partie de sa vie
iModène, où il travailla presque constamment
iur la cour : aussi ses productions publiques
Welles rares. Il alla ensuite à Naples , où il
lécuta divers ti-avaux sous la direction de l'Es-
Ignolet. Capuro emprunta beaucoup au coloris
ce maître, sans pourtant négliger la correction
I dessin et l'heureuse composition de Fiasella,
1 premier maître. Il composa, en suivant cette
jurière, des tableaux en demi-figures qui ont con-
Ibué, plus que tous ses autres ouvrages, à éta-
■r sa réputation.
KOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
— GARA
642
Raffacllo SopranI, file de' Pittori Genovesi. -«■ Lanzi,
Storia pittorica.
* cximnoji {Joseph), médecin français, né à
la Roque Saint-Scrvien en 1767, mort vers 1849.
11 fit ses études à la facilité de Montpellier, où il
devint ensuite professeur. Il se fit recevoir en 1 801
à la faculté de Paris, dont il fut agrégé libre. On
a de lui : JSova médicinal Elcmenta; 1804 et
1812, in-8"; — Aphrodisiographie, ou Tableau
de la maladie vénérienne; 1807, in-8''; —
Nouveau Dictionnaire de Médecine., Chirur-
gie, Chimie, Botanique et Art vétérinaire,
en collaboration avec Nysten; 1810, iu-8''; —
Cours théorique et pratique d' Accouchements;
181 1 et 1816, in-8° ; — Traité des Maladies des
Femmes; 1812, in-8°; — Traité des Maladies
des Enfants; 1812, in-8° ; — Manueldes Dames
de Charité; 1816, in-12. Ces ouvrages ont tous
été pubhés à Paris.
Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France, —
Les Médecins de Paris jugés par leurs œuvres. —
Bioçiraphie des Contemporains.
*CAPUTï {Octave), littérateur italien, natif
de Cosenza, vivait à la fin du seizième siècle. On
a de lui : la Pompa funerale fatta in Napoli,
neir esequie del catolico re Filippo II di
Austria; Naples, 1599, in-4°.
Gotz, Merkwiirdigkeiten der Dresdner Bibliothek
(Curiosités delà Biblioth. de Dresde), III, 244. —Clément,
Bibl. cur., VF, 241 .
*CAPUTi {Antoine), biographe italien, de
l'ordre des Capucins, natif de la Fouille, vivait
dans le milieu du dix-septième siècle. On a de
lui : la Vita del P. Archangelo Scoto , capuc-
ci«o ; Naples, 1050, in-12; Bologne, 1656, iii-12;
— la Vita délia S. Febronia vergine; Ve-
nise, 1660, in-12.
Bcrnardo a Bononia, Bibliotheca Capuccin.
*CAPïJZZi {Antonio), compositeur italien,
né à Brescia en 1740. Il était im des meilleurs
élèves de Tartini, et reçut des leçons de composi-
tion de Bertoni. En 1796, il fit un voyage à Lon-
dres, où il composa plusieurs ouvrages. A son
retour, il devint professeur de violon de l'Institut
musical de Bergame, et directeur de l'cychestre
de Sainte-Marie-Majeure. On a de lui : la Villa-
geoise enlevée , haMet ; Londres, 1796; trois
recueils de Quintetti (Venise); deux de Qiia-
tuor (Vienne), et deux concertos pour 'violon;
Bologne, 1812.
Dictionnaire des musiciens ( 1810), — Fétis, Biogra-
phie universelle des Musiciens.
CARA {Pierre, comte de), littérateur et juiis-
consulte italien , né à Saint-Germain , près de
Vereeil, en Piémont, vivait dans la seconde moi-
tié du quinzième siècle. On a de lui : Pétri Cane,
jurisconsulti clarissimi et in Pedemonte se-
natoris et illustrissimi duci Sabaudix consi-
larii, Orationes etEpistolse; Lyon, 1497, in-4°.
Adelung cite une seconde édition de cet ouvrage,
sous le titre de : Orationes, accedunt eplstolse
ab ipso et ad ipsum scriptœ, castigatse ab
Joh. Bremia; Turin, 1520, in-4o.
i Catal. de l a Bibl. imp. de Paris. — Adelung, supplé-
ment à Jucher, Allgemeines Gelehrten-Lexicon.
21
643
CARA-YOUSOUF — CARA-MOUSTAPHA
d'U.
CARA-YocrsoïJF, premier prince de la dynas-
tie turcomane du Mouton-Noir, vivait au com-
mencement du quinzième siècle. Fils de Cara-
Mohammed, commandant d'une horde de Tur-
comans au service d'Aveis, sultan de Bagdad, il
fat d'abord un chef de brigands plutôt qu'un
souverain. Placé dans le Diarbekir, au pied des
montagnes de l'Arménie, toujours prêt à dévas-
ter les plaines de l'Irak, il se rendit redoutable
aux habitants des bords de l'Euphrate, et surtout
aux caravanes de la Mecque. L'approche de Ti-
mour-Leng, déjà maître de Bagdad, le força, en
1394, à quitter Alandschik, sa résidence , et à
s'enfuir dans les montagnes. Dès que Timour se
fut éloigné pour de nouvelles expéditions, Cara-
Yousouf s'unit à Ahmed-Dschelair, sultan de l'I-
rak, qui avait trouvé un refuge auprès de Ber-
kuk, sultan d'Egypte, et venait de rentrer à Bag-
dad. Le retour du conquérant tartare força le
prince turcoman et son allié à s'enfuir encore
une fois. Ils se sauvèrent d'abord en Syrie ; et
comme Timourtasch, commandant militaire d'A-
lep pour Berkuk, s'opposait, les armes à lamain,
à la continuation de leur fuite vers l'Egypte,
ils se rendirent tous deux à la cour du sultan
Bajazeth-llderrim en 1400. L'asile accordé à ces
princes fugitifs fut une des causes de la guerre
entre Timour et Bajazeth. Les Osmanlis furent
complètement battus à la bataille d'Angora ( An-
cyre), le 19 de zulcada de l'an 804 de l'hégire
( 18 juin 1402 ) ; mais Timour survécut moins de
trois ans à sa victoire. Cara-Yousouf reprit sur
les fils du conquérant le Diarbekir , le Kurdis-
tan , l'Aderbidjan et une partie de l'Arménie et
de la Géorgie, et enleva l'Irak à Ahmed-Dsche-
lair, qui fut tué dans la lutte en 1410. Là s'ar-
rêtèrent les succès de Cara-Yousouf; il rencon-
tra dans Schah-Rokh, fils de Timour, un redou-
table adversaire, et mourut dans son camp
d'Aougian, près de Tauris, l'an 823 de l'hégire
(1520), laissant deux fils, Iskander et Djehan-
Schah, qui se disputèrent ses États ; le dernier
l'emporta, grâce à l'appui de Schah-Rokh, mais il
fut vaincu à son tour vers 1466 par Ouzouz-
Hassan, chef de la tribu turcomane du Mouton-
Blanc.
De Hammer, Histoire de l'Empire Ottoman.— CheriJ-
Eâà]n-Al\, Histoire de Timoiir-lieg, traduite en fran-
çais par Petit de la Croix. — Raschld-Eddin, Histoire
des Mongols de la Perse, traduite eu français par
M. (Juatremère. — IVHerbelot, Bibliothèque orientale.
CâRA-YAZiDJi-ABDUL,-HAi.ïM, chef de re-
belles sous Mahomet III, mort en 1602. Les
troupes soldées qui, à Keresztes, n'avaient pas
répondu à l'appel du grand vizir Djighala, et que
celui-ci avait flétries du nom deflrari (fuyards),
s'étaient réfugiées dans l'Asie Mineure. Cara-
Yazîdji, alors buluk-baclii (colonel) des Seg-
bans, se mit à leur tête. Il se faisait passer pour
un prince de l'antique maison des Benou-Ched-
dad, etprétendaitqueleprophètelui avait promis
en songe l'empire de l'Anatolie. Suivi d'une foule
d'aventuriers et de brigands, il s'empara deRoha
( Édesse), et parvint à gagner à sa cause Hussein
Pacha, que le sultan envoyait contre lui. Forc(
de capituler dans Roha faute de vivres, il fit se;
conditions, s'assura le gouvernement d'Amassia
et livra à ce prixHussein-Pacha,fqui fut condui
à Constantinople et périt dans les tortures. Cara
Yazidji, au lieu de se rendre à Amassia, per
sista dans la révolte, se réunit à son frère Deli
Hussein , gouverneur de Bagdad , et battit corn
plétement l'armée ottomane, commandée par le
vizirs Haçan et Hadji-Ibrahim. Enorgueilli pa
sa victoire, il s'arrogea tous les droits de la sou
veraineté, se forma une cour, et se donna le titr
de Halim-Châh ( toujours victorieux ) : ceper
dant il fut battu à son tour par Sokolli-Haçac
Pacha à SepetU, près d'Elbistan, et se réfugi
dans les montagnes de Djamik, sur les bords c
la mer Noire. Il mourut bientôt (1601), et fut ren
placé par son frère Deli-Hussein : celui-ci fit t
soumission en 1603, et reçut en récompense
gouvernement de Bosnie. Il marcha de conce
avec le séraskier Mohammed-Pacha contre Pes
et eut avec les Impériaux des engagements dai
lesquels il perdit six mille hommes. A la fin (
la campagne il fut chargé de la défense d'Essel
puis transféré au gouvernement de Temeswa
Il s'y rendit odieux par ses extorsions et s
violences. Le grand vizir, qui désirait se débarra
ser de lui, provoqua un mouvement des hal
tants, qui tombèrent sur le gouverneur un jo
qu'il se rendait à la chasse, et massacrère
presque tous les hommes de sa suite. Deli-Hu
sein se sauva à Belgrade, et fut condamné à
peine capitale en 1605, comme coupable d'av(
offert au pape de; lui livrer une ville daims
moyennant 100,000 ducats. Malgré la mort
ses deux principaux chefs, l'insurrection des 1
rari, une des plus graves qui eussent éclaté i
puis la fondation de l'empire ottoman, devh
pendant trente ans, une source de divisions i
testines, et fut sur le point de soustraire l'A;
à la domination des Osmanlis.
ne Hammer, Histoire de Vempire Ottoman, 1. XLJ
XLII. — Jouannin et J. Van Graver, Turquie, dans V
Hivers pittoresque.
CAKA-MOUSTAPHA, grand vizir de Mal
met rv, né à Merzisour en 1634 (1044 de l'hé
re), mis à mort à Belgrade le 26 déc. 1683 (6mi
harrem 1095). Fils de Ouredj-Bey, capitaine
spahis tué devant Bagdad , il dut un avaui
ment rapide à l'amitié du grand vizir Kupn
Mohammed, qui le fit élever avec son proj
fils Ahmed , et le désigna à la place de gra
écuyer en 1661. Cara-Monstapha était caima(i
lorsqu'il fut nommé grand vizir en 1676 (108
après la mort de son beau-frère Ahmed-Pacl
mais il ne fit preuve que d'orgueil, d'avarice et
cruauté dans ce poste, où les deux Kupruli aval
déployé tant de talent et de vertu. Il eut pi
que dès le début de son ministère une vive
tercation avec l'ambassadeur français, M.'
Nointel, qui refusa de s'asseoir au-dessous»
i-
(iJ;5
CARA-MOUSTAPHA — CARACALLA
046
sopha sur lequel était placé le grand vizir, et
iiioiiaça de quitter Constantinople. Cara-Mous-
lapha, en rendant compte au sultan de la con-
iuite de M. de Noiutel, prétendit qu'elle n'avait
ien d'étonnant chez des Français , qui , dit-il ,
}nt toujoxcrs fait des folies. Un autre ambas-
;adeur de France, le comte Joseph de Guillera-
;ues, n'eut pas moins à se plaindre de l'orgueil
lespotique du grand vizir, qui semblait avoir
uis à tâche de mécontenter les représentants
le toutes les puissances chrétiennes : M. de
iuilleragues fut enfermé aux Sept-Tours, et n'ob-
iiit sa liberté qu'à prix d'argent. Le ministre,
ussi avide qu'orgueilleux, extorquait à sonpro-
t des sommes énormes aux provinces iribu-
lires de la Turquie. L'insurrection de la Hon-
rio vint lui offrir l'occasion dejustitier sa faveur
iès du sultan par des succès éclatants. Les
ongrois, exaspérés par l'oppression que Léo-
)ld faisait peser sur eux, se révoltèrent en 1677,
ius la conduite du comte Éméric de Tekeli.
elui-ci inscrivit sur ses drapeaux la noble
îvise : Pro Deo et patria, et battit plusieurs
is les oppresseurs de son pays ; mais, se voyant
oandonné par la plupart des magnats, il de-
manda secours au sultan en 1682, et offrit de
connaître la suzeraineté de la Porte. Le sul-
\n Mohammed, sans tenir compte de la trêve
ièuclue en 1665 avec l'Autriche par Kupruli-
itoied-Pacha, nomma Tekeli roi des Kruczes
iourous-Krali), et ordonna à Ibrahim-Pacha,
•uverneur de Bude, et à Michel-Apafy , vay-
«de de Transylvanie, de le soutenir contre l'em-
«reur , en attendant l'arrivée du grand vizir
^i-même. Le 18 mars 1683, Kupruli reçut du
Ulan l'étendard de Mahomet, et marcha sur
fci.utriche, guidé par Tekeli. Il résolut, malgré
^vis d'Ibrahim-Pacha et du prince hongrois, de
loter le siège de Vienne. Léopold quitta cette
Ile, que le comte de Wurtemberg fut chaîné de
tfendre avec dix mille hommes environ. L'ar-
!ée ottomane, forte de deux cent mille hom-
es, arriva devant Vienne le 14 juillet 1683
iOredjeb 1094). Les Turks livrèrent inutile-
lent dix-huit assauts partiels. Une attaque gé-
irale eût probablement réussi ; mais l'avarice du
land vizir l'empêcha de profiter de l'ardeur de
in armée. Dans la persuasion que Vienne de-
Ut renfermer d'immenses trésors, il ne put se
cider à les abandonner au pillage, et refusa obs-
lémentde donner l'ordre de l'assaut. Sobieski,
courant au secours devienne, se joignit au duc
Lorraine, et mit l'armée ottomane en pleine
route le 12 septembre. Cara-Moustapha, aban-
nnant à la hâte le champ de bataille, seréfiigia
Raab, où il rallia les débris de son armée. 11 re-
A sur un autre la responsabilité de sa défaite,
fit trancher la tête à Ibrahim-Pacha, beïlerbeï
Bude. Ce crime ne lui rendit pas la victoire.
le nouvelle défaite à Parkang, et la prise de
an par les Polonais, décidèrent le Grand Sci-
eur à signer l'arrêt de mort de son ministre.
Uemctrlus Cantcm\r , Histoire de l'agrandissement et
dé la décadence de l'Empire Ottoman. — Salvandy, //is-
toire de J. Sobieski. — Joannls et J. Van Graver, Tur-
quie, dans ['Univers pittoresque. — Uanamer, Hist. do
l'Empire Ottoman.
CARARANTES (JosephoE), théologicu espa-
gnol, né en 1628, mort en 1694. 11 était de l'or-
dre des Capucins, et il travailla avec ardeur à la
préparation du christianisme parmi les peupla-
des sauvages de l'Amérique. On a de lui : Ars
addicendi atque docendi idiomata pro mis-
sionnariis ad conversionem Indorum abeun-
tifnis ; — Lexicon, seu vocabularium verbo-
rum, adverbiorum, conjunctionum et inter-
jectionum ad meliorem intelligentiam signi-
fi€ationemqueverborumIndorum;—Practica
de missiones, remédia de peccadores sacado
délia divina Escritura y délia ensennanza
apostoUca, 2 vol. in-4° publiés, le premier à
Léon,-1674, le second à Madrid, 1678; —Prac-
ticas dominiciales , y lectiones, doctrinales
de las cosas mas essenciales sobre los evan-
gelicos; Madrid, 1686, 1687, 2 vol. in-8°.
Diego Gonzalès de Quiroga, da yida, Virtutes, Pré-
dication y Prodigios del P. Carabantes ; Madrid, 1705,
ln-40.
CARACALLA (Anfonius-Bassianus) , em-
pereur romain, fils de Septime-Sévère, né à Lyon
le 4 avril 188, mort à Édesse le 8 avril 217.
Les médailles le nomment Antoninus, nom qu'il
avait pris en commémoration des vertus d'An-
tonin le Pieux ; mais la postérité le lui a retiré,
pour ne lui laisser que celui d'un vêtement gau-
lois qu'il affectionnait, Caracalla. Dans son en-
fance il annonçait un heureux naturel : Élien Spar-
tien nous le dépeint d'un caractère doux, spirituel,
aimant, ingénieux; il ne pouvait supporter la
vue des supplices. Sévère ne tarda point à faire
déclarer César l'enfant qui plaisait tant au peupb
et à l'armée. Le lieu où Caracalla fut proclamé
est près de Viminatium , dans la Mœsie , sur le
Danube; à cette occasion il fut appelé Marc-
Aurèle, et cet honneur n'était pas aussi exagéré
qu'on le pourrait croire , si l'on considère d'une
part la manie des Romains de convertir en titres
d'honneur les noms des grands hommes , et de
l'autre la bonté, la sagesse de caractère que
taisaient présager les premières armées de Cara-
calla. Mais ses cruelles dispositions se déclarè-
l'ent au sortir de l'enfance : sa figure prit une
expression sévère et chagrine; il eut le regaid
menaçant , au point que beaucoup de personnes
doutaient que ce fût le même homme. Ses héros
étaient Alexandre, et plus tard Achille ; mais ses
modèles furent Tibère et Sylla , dont il prononça
publiquement l'éloge.
Cependant le sénat avait, dès l'an 197, con-
firméletiti-ede César àCaracalla, âgé de neuf ans;
il n'en avait pas onze quand, à l'occasion de la
prise de Ctésiphon par son père , les soldats le
proclamèrent Auguste. Géta,f son jeune frère,
contre lequel il nourrissait une haine implacable
et dont il devait un jour devenir l'assassin, fut
alors décoré du titre de César. Quand Sévère
21.
647
CARACALLA — CARACCIO
G4
mourut, tous deux arrivèrent conjointement à
l'empire (en 211). Caracalla fit bientôt tuer
Géta dans la cliambre même de sa mère, où il
l'avait fait venir, sous prétexte de se réconcilier
avec lui. De là il courut au camp des préto-
riens, leur déclara qu'il venait d'échapper à un
grand péril , et fit approuver son crime par les
soldats en leur distribuant les trésors de Sévère.
Le célèbre jurisconsulte Papinien ne fut pas si
traitable; ce fut à l'occasion de ce meurtre quii
répondit : Il est phis facile de commettre un
parricide que de Vexcuser. On rapporte que
Caracalla , irrité des larmes de sa mère et des
femmes qui l'entouraient, voulait les faire périr
toutes , mais qu'il fut retenu par la crainte de
soulever trop d'indignation contre lui. Cepen-
dant il ne craignit pas de faire tuer en sa pré-
sence le vertueux Papinien; il commanda la
mort de quiconque avait eu des relations avec
Géta, et immola surtout les affranchis qui gé-
raient ses affaires. Petronius, Helvius Pertinax ,
Sammonicus, Serenus, Laetus Afer, Pompeia-
nus et une multitude d'autres furent tués par
ses ordres. Puis il alla dans la Gaule, comme
pour préparer une expédition contre les Ger-
mains : là il commença par mettre à mort le
gouverneur de la Narbonnaise, et fit si bien qu'il
s'attira la haijie de toute la contrée, pour avoir
blessé tous les intérêts et heurté tous les droits.
Dans une longue maladie qu'il fit pendant ce
voyage , il se montra très-cruel envers tous ceux
qui le soignaient. Quant à son expédition , elle
lui valut le titre d' Alemannicus pour le haut
fait suivant : Il avait fait convoquer toute la jeu-
nesse de la nation gauloise, dont il se disait désor-
mais l'ami ; puis, subitement et pour se venger
d'un revers qu'il avait essuyé , il fit impitoya-
blement massacrer tous ceux qui étaient venus à
son appel.
Des bords du Rhin Caracalla se rendit sur le
bas Danube, où il rencontra les Goths, sur
lesquels il remporta quelques avantages ; il tra-
versa ensuite l'Hellespont, et visita les restes
d'Ilion, en rendant de grands honneurs à Achille,
auquel il fit élever une statue de bronze. Pour
avoir, comme lui , un Patrocle à pleurer, il em-
poisonna son affranchi Festus , et n'épargna rien
pour ses obsèques. Après avoir passé l'hiver à
Wicon^édie , il vint à Antioche , où il traita avec
Artabanc , roi des Parthes : il fit avec perfidie
saisir et charger de chaînes Abgar, roi d'É-
desse , ami des Romains , et le dépouilla de ses
États. 11 imagina aussi de mander Vologèse, roi
d'Arménie , et de l'arrêter avec sa suite ; mais
ses troupes furent battues. Caracalla se dédom-
magea du mauvais succès de cette entreprise eu
livrant Alexandrie à toutes les horreurs du pil-
lage : il voulait se venger des sarcasmes de ses
habitants; le sang coula à grands Ilots pendant
plusieurs jours. Pour lui , il consacrait dans le
temi)le de Sérapis le glaive avec lequel Géta
avait été tué. L'hommage qu'il rendait à ce dieu
et la vénération qu'il vouait au tombeau &A
lexandre avaient été le prétexte de ce voyage
le massacre des habitants en était le but cacli^
Le carnage dura plusieurs jours , et le nornbr
des morts fut si grand que l'empereur n'osa l'é
noncer dans sa lettre au sénat , se bornant à dir
que tous avaient également mérité leur sort. D
haut du temple de Sérapis, il animait la rage de
assassins. Il est singulier que ce soit ce mêrr
empereur qui accorda l'entrée dans le sénat
des Égyptiens. Rêvant toujours la conquête c
l'Orient, il demanda en mariage la fille d'Art;
bane , pour avoir un prétexte de rupture avec
roi des Parthes. Il reçut un refus : aussitôt
ravagea les terres de ce peuple , prit Arbcles
menaça la Médie; enfin, sur la nouvelle que I
Parthes formaient une armée dans les mont
gnes , il s'enfuit en Mésopotamie, et écrivit ;
sénat qu'il avait asservi tout l'Orient. Caracal
revint à Édesse; au mois d'avril il partit po
Carres afin d'y sacrifier au dieu Lunus. Cheni
faisant, il descendit de cheval; aussitôt un ce
turion nommé Martialis , depuis longtemps (
voué à Macrin, préfet du prétoire, le frap
d'un coup de poignard , dont il mourut sur
place. Il était âgé de vingt-neuf ans , et avait i
gné six ans deux mois et deux jours.
Caracalla offre le résumé de tous ces moi
très et de tous ces fous furieux qui avaient pe
sur Rome. Il y avait dans son caractère aut; i
d'inconséquence que de cruauté : tantôt il ( j
sait fondre les statues de Géta, dont il n'était pij
mis ni de prononcer ni d'écrire le nom (on l'i
façait de toutes les inscriptions ) ; tantôt il le plil
rait amèrement, et les remords de son parriciif
le poursuivaient. Une autre fois, ayant conse-j
à l'apothéose de son frère, il dit : Qii'il soit dl'i
pourvu qu'il ne soit ])lus vivant! Ilambiti«i|
nait les titres militaires et triomphaux, et 3^1
pris les surnoms de Germanicus, Alemannicii
Parthicus, ce qui fit dire plaisamment à Hehij
Pertinax qu'il avait droit aussi à se faire apj
1er Geticus Maximus , jeu de mots relatif i j
mort de Géta. Spanheim, Burmann, Gibbonij
d'autres ont attribué à Caracalla l'édit qui ci
fera à tous les habitants fibres de l'empirt'
nom et les privilèges de citoyens romains. Q.\\
ques historiens revendiquent pour Marc-Auii
l'honneur de cet édit. Ce prince semble av'j
en effet, étendu le droit de cité à toutes les |
vinces, mais avec des restrictions que Caraci]
abrogea, dans un intérêt fiscal, il est vrai, et
par humanité. Les inscriptions de CaracalK'l
de Géta sont fort communes on Alsace;
cemment on en a découvert une à Oberbroj
[P. Grecory, dansl'Jï'nc. des g. du m., si
additions. ]
Dion Cassius, LXXVIl, LXXVIII. - Hérodien , I'
Spartian., P'ita Caracallx. — Aurcl. VxcX.., Epit.;
Cœs , XXI.— Eutrope, XXI. — Le Nain de Tillemont,
toire des Empereurs, tom. III.— Gibbon, cli. VI.
CARACCIO ( Antoine ), poète italien, ni
Nardo, dans la province de Leccc, en 1630; n
649 CARACCIO —
à Rome le 14 février 17G2. Il vécut longtemps à
la cour du pape, et au service de la princesse
Olimpia Aldobrandini et du cardinal J.-B. Spi-
nola. Ses ouvrages lui valurent, de son vivant,
une réputation qui ne s'est pas soutenue. On a
de lui: Fosforo , canine epitalamica ; Lac-
ques, 1650, in-^"; — Poésie lii'iche ; Rome ,
1689, in-4°; — l' Imperio vindicato , poema
eroico, cogli argomenti e chiave delV allego-
ria; Rome, 1690, in-4'' : c'est un poëme en qua-
rante chants, sur la conquête de Constantinople
par les Latins; — Il Corradino, tragedia;
^Rome , 1694.
Cresclmbeni, Storia délia volgar poesia , p. 198 , 257,
11, _ Tiraboschi , Storia delta letteratura Italiana.
— Biografia degli Uomini illustri del regno di Na-
ooli, vol. I.
CARACCIOLI, nom d'une célèbre famille na-
ipolitaine d'origine grecque. Elle a compté parmi
(«es metnbres des hommes d'État, des savants, etc. ,
fiont voici les principaux :
CARACCIOLI (ser Gianni), gentilhomme na-
lolitain, assassiné en 1432. Il devint, en 1416,
lecrétaire de la reine Jeanne II , de Naples. La
iveur de cette princesse lui valut bientôt la di-
inité de connétable et de grand sénéchal , avec
i titre de duc de Vicence , comte d'Avellino et
rSigneur de Capoue. Pendant seize ans il exerça,
ous le nom de Jeanne II, une autorité presque ;
lèsolue. Mais son ambition et son arrogance le
Hendirent enfin suspect à la reine. Un complot se
Ibrma contre le grand sénéchal, du consentement
le Jeanne. Celui-ci mariait son fils à la fille de
pacques Caldora ; les fêtes devaient se prolon-
ger pendant huit jours dans le château même de
\i reine. Mais, dans la nuit qui précéda le der-
fier de ces jours, Gianni fut tué sur son lit, à
joaps d'épée et de hache. La reine témoigna
fabord une vive douleur de la mort de son fa-
lori; cependant elle confisqua tous ses biens, et
ionna des lettres de grâce aux meurtriers.
jGiannone, Istoria civile del regno di Napoli, 1. XXV,
I V. — sisraondi, Histoire des républiques italiennes,
bl. IX.
|i CARACCIOLI {scr Gianni), prince de Melfi,
[C de Venouse , d'Ascoli et de Sora , grand sé-
ihal du royaume de Naples , né en 1480, mort
Suse en 1550. Après la conquête de Naples
r Charles VllI, roi de France, Caraccioli s'at-
aux Français , et ne les abandonna que
'ils eurent entièrement perdu leur conquête .
int dès lors un des plus vaillants partisans
8 la cause espagnole. Chargé en 1528, par le
nce d'Orange, de défendre Melfi contrel'armée
teLautrec,il résista avec courage aux bandes
ipires et à l'infanterie gasconne de PictroNavaro.
irès deux assauts meurtriers, la ville fut enle-
jSele 23 mars, et tous les soldats assiégés fiu'ent
lassacrés, à la réserve du prince de Melfi et
m petit nombre de ses officiers. Caraccioli ,
induit en France, fut rendu à la liberté ; nommé
sutenant général par François V, il reçut les
de Romorantin , Nogent-le-Rotrou et Brie-
CAKACCIOLI
OôO
Comte-Robert, en dédommagement de celles
qu'il perdait en Italie. 11 se distingua dans la
campagne de Provence en 1530, moins, il est
vrai, par ses actions contre les ennemis que par
son activité à ravager les pays par où ils de-
vaient passer. Ses services , couronnés par la
belle défense de Luxembourg en 1543, lui valu-
rent le bâton de maréchal en 1544, et, l'année
suivante , le gouvernement du Piémont.
Du Bellay, Mémoires. — Paul Jove, Histor., 1. XXV. —
Shmondi, Histoire des Itépubliques italiennes, t. XV. —
Histoire des Français, t. XVI 1.
CARACCIOLI (Jean-Antoine) ; abbé de Saint-
Victor, fils de ser Gianni, né à Melfi au commence-
ment du seizième siècle, mort en 1 569. 11 entra dans
les ordres , et fut pourvu en 1543 de l'abbaye de
Saint-Victor, qu'il permuta en 155l,avecLouis de
Lorraine, pour l'évêché de Troyes. 11 se montra
favorable à la réforme, au grand scandale de ses
diocésains, qui le forcèrent à une rétractation pu-
blique. La déception qu'il éprouva de la part
de Sixte IV, qui lui refusa le chapeau de cardinal,
le rejeta dans le parti du protestantisme. Il prê-
cha ouvertement la réforme, et poussa , dit-on ,
le scandale jusqu'à se marier. Ce fait n'est pas
certain ; mais le reste de sa conduite suffisait
pour lui attirer le mépris des catholiques, sans
lui gagner l'estime du parti contraire. Caraccioli
fut forcé de se démettre de son évêché, et alla
mourir à Châteauneuf-sur-Loire. On a de lui :
Miroir de la vraie religion ;'Pa.ns, 1544, in-16;
— une Lettre à Corneille Mais, évêque de Bi-
tonte, pour justifier Montgommery de la mort de
Henri II : cette lettre , datée de Paris le 14 juillet
1559, se trouve dans les Epistolee Principum
de Ruscelli ; — une Épître, publiée en 1 561 , in-8°,
sans indication de lieu, et commençant par ces
mots : « Antoine, évêque et ministre du saint
Évangile, à l'Église de Dieu qui est à Troyes, et
aux fidèles en Jésus Christ. » Elle a été insérée
dans les Mémoires de Condé; — une traduction
italienne de V Éloge latin de Henri, par Pierre
Paschalius.
Lelong, Bibl. hist. de la F/., éd. Fontette. —La Croix
du Maine, Bibliothèque française.— De Thou, Histoire,
1. XXVIII. - Sainte-Marthe, Gallia Christiana. — Ca-
musat , Antiquit. — Th. de Beze , Histoire ecclésiasti-
que, 1. 1.
CARACCIOLI ( Robert ) , théologien italien, né
à Lecce, dans le royaume de Naples, en 1425;
mort dans la même ville en 1475. Entré dans
l'ordre des Frères Mineurs de Saint-François, il
se distingua par son éloquence populaire. Cal-
liste III le chargea, en 1 457, d'aller recueillir dans
le Milanais et le Montferrat le décime destiné à
la guerre sainte contre les Turcs ; Paul H le
nomma en 1465 prédicateur apostolique à Fer-
rare, et Sixte IV lui donna en 1471 l'évêché
d'Aquino. Caraccioli fut transféré en 1484 au
siège épiscopal de Lecce. On a de lui : De ho-
minis jFormfli!io?îe; Nuremberg, 1470, in-S"; —
de Morte; Venise, 1475, in-4"; — Speciilum
fidei christianee ; Venise, 1555 , in-S" ; — et uw
651
CARACCIOLI
652
grand nombre de sermons. Les œuvres complè-
tes de Caraccioli ont été publiées à Yenis'e, 1490,
3 vol. in fol.
Angelis, ^ite de' Letterati Salentini. — Biograf. de-
gli Uomini illust. del regno di Napoli.
CARACCIOLI {Tristan), littérateur italien,
né vers 1436, mort après 1517. On a de lui
beaucoup d'opuscules historiques, entre autres :
la Vie de la reine Jeanne ; — la Vie de ser
Gianni Caraccioli ; — la Vie de Jean-Baptiste
Spinelli; — une Lettre sur V inquisition, que
les Espagnols voulaient établir dans le royaume
de Naples, etc. Ces ouvrages, écrits en latin, ont
été insérés dans le t. XXII des Rerum Italica-
rum Scriptores de Muratori.
Toppi, Bibl. Napolet. —Fa.hT'\cias, Bibliotheca médise
et inflmse œtatis. — Biograf. degli Uomini illustri del
regno di Napoli.
*CARACCiOLi (Marino), homme d'État ita-
lien, né en 1469, mort le 28 janvier 1538. Il fit
en 1515, au concile de Milan, connaissance avec
le pape Léon X, qui le nomma sonprotonotairc, et
l'envoya en 1518 en Allemagne, pour y détermi-
ner l'électeur de Saxe à lui livrer Luther. Les
talents de Marino Caraccioli engagèrent Charles-
Quint à le prendre à son service. En qualité
d'ambassadeur de l'empereur, il négocia, en
1529, une paix entre ce dernier et la ville de
Milan, et fut nommé comte de Galera par le duc
de Milan. Charles-Quint lui avait déjà fait avoir,
en 1524, révêchéde Catane, quand il reçut du
pape Paul V le chapeau de cardinal. Après la
mort du dernier duc de Milan, l'empereur le
nomma gouverneur de cette ville , où il mounit.
Guichardin, /ïisfotre, 1. XV, XVI, XVII. — Paul-, rove.
Éloges.
CARACCIOLI {Antoine), théologien italien
du dix-septième siècle. Il entra dans l'ordre des
Théatins, et se distingua par de nombreux ou-
vrages sur l'histoire ecclésiastique, entre autres :
Synopsis veterum religiosorum rituum, cum
notis ad constitutiones clericorum regula-
rmm comprehensa ; Rome, 1610, in-4°; Paris,
1628, in-4''; — Collectanea viiee Pauli, B. Car
jetant et sociorum vit m; Cologne, 1662, in-4'';
— Biga illustrium controversiarum ; — de
S. Jacobi assessuad Hispaniam, etde Funere
S. Martini S. Ambrosio procurato; Naples,
1618, in-8°; — Nomenclator et Propylea in
quatuor antiquos chronologos ; Naples, 1626,
in-4''.
Dupln, Biblioth. des auteurs ecelésiast. du Xf^II"
siècle.
CARACCIOLI (DominJ^Me, marquis), homme
d'État et économiste, né à Naples en 1715, mort
en 1789. Il débuta dans la carrière diplomatique
à Turin en qualité d'ambassadeur, et fut envoyé
avec le même titre en Angleterre, puis en France.
En 1771 , il se lia d'amitié avec d'Alembert,
Diderot, Condorcet. Appelé en 1781 au gouver-
nement de la Sicile, ii se distingua par une ad-
ministration ferme et intègre , et fut nommé en
1786 ministre des affaires étrangères. « Carac-
cioli, dit Marmontel, avait, au premier coup
d'œil, l'air épais et massif qui annonce la b6-
tise ; mais sitôt qu'il parlait, ses yeux s'animaient,
ses traits se débrouillaient, son imagination vivo,
perçante et lumineuse se réveillait, et l'on en
voyait comme jaillir des étincelles. Il avait étu(li(5
les hommes, maisen politiqueet enhomme d'Étal
plutôt qu'en moraliste satirique : avec un grand
fonds de savoir et une manière aimable et pi-
quante de le produire, il avait de plus le méritt
d'être un excellent homme, et tout le monde arn
bitionnait son amitié. » On a de Caraccioli : Bi
flessioni sull' economiae Vestrazione de' fru
menti délia Sicilia, fatte in occasione delh
carestia delV indizione III; 1784 et 1785
Dans ces Réflexions, Caraccioli soutient quo 1;
circulation intérieure des grains doit toujoui-
être libre: quant à l'exportation, il voudrait qu
l'on considérât la liberté comme l'état normal i
habituel, tout en réservant à l'administration I
droit de suspendre cette liberté dans certain
lieux et dans certaines circonstances.
Tipaido, Biografia degl. Ital. illmst., t. IV. — BiOfira
degli Uomini illust. del regno di Napoli, t. XIII. — Ma
montel, Mémoires. —Dictiorm. de l'Economie politiqu
CARACCIOLI {François), amiral napolitaii j
mort en 1799. Il entra de bonne heure dar|
la marine, passa au service de l'Angleterre ,
commanda en 1793, pendant quelque temp
l'escadre napolitaine devant Toulon. Froidemei
accueilli par la cour à son retour, il revint
Naples, et y entra au service de la républiqi
parthénopéenne. Avec un petit nombre
vaisseaux il s'opposa au débarquement que pi-i
jetait la flotte sicilienne-anglaise. En 1799, apr
la prise de Naples par Ruffo, Caraccioli fut a
rêté, au mépris de la capitulation. La junte, pr
sîdée par le fameux Speziale, le condamna à et
pendu au mât de sa frégate, et jeté à la mer. 1
mort est une tache ineffaçable pour la gloire i
Nelson. [Enc. des g. du m.]
Couver sat.-Lex. — Biographie étrangère:
* CARACCIOLI (/eaw), physicien italien ■
l'ordre des Jésuites, vivait au milieu du dix-hii
tième siècle. Il enseigna les mathématiques et
physique. On a de lui : de Tubis Capillarib''
dissertatio, eut adnectuntur de Hydrostatv
positiones; Naples, 1758, in-4<'.
Adelung, suppl. à Jôcher, Jllgem. Gelehrt.-Ixxic.
* CARACCIOLI (/eaw), poète latin et jur»
consulte italien, issu d'une famille noble de IN
pies, vivait au commencement du dix-huitièn
siècle. On a de lui : Carmina de Philippo
rege Hispaniarum ; Naples, 1704, in-4°-.
Adelung, supplément à JOcber, Allgemein, Gelehrtv
Lexicon.
* CARACCIOLI {Jean-Baptiste), mathémai
cien italien, vivait au milieu du dix-huitièji
siècle. On a de lui : de Lineis curvis; Pise, 17^
in-4°.
Adelung, supp!. à J6cher, jillgem. Gclchrt.-Lexic.
CARACCIOLI {Jeanne), princesse napolitaii
née en 1651, morte à la fin du dix-septième s
CARACCIOLl — CARADOC
r,5i
' !'"llc cultiva les lettres avec succès, et un de
soiHiets est cit(^ par Cresciinbeni.
uiofiriif. (legli Uomini illustri del regno di JNapoli,
(il. VIII. ~ Cresciinbeni, Ittoria délia volgar Poesia.
CAKACCIOLI (Metello), théologien italien, de
iiidre des Jésuites, vivait au seizième si^le.
)ii a de lui un commentaire sur Isaïe, et quel-
iics autres ouvrages.
S.iiisovin, Fam»//. Ital.— LeyiiTe,de Scriptor. sectiU
ru. — Aiegambe, Script, soc. Jesu.
* CARACCIOLl (Loiiis), philosophe ethuma-
iste italien, vivait dans la première moitié du
ix-septième siècle. On a de lui : Princeps, in
v(i a primis anms ad ultimam usque senec-
itcm instituitur princeps, etc., ubi instituun-
:ir etiam consiliarii, judices, aulici, etc. ;
Inisance, 1634, in-fol.
Cafiil. Bibl. impér. Paris.— Adelung, suppl. à Jôcher,
ilijrm. Gelehrt.-Lexic.
CARACCIOLl {Louis- Antoine), littérateur, né
Paris en 1721, mort dans la même ville le
) mai 1803. Après avoir fait ses études au Mans,
entra en 1739 dans la congrégation de l'Ora-
ire. Quelcpies années plus tard, il visita l'Italie.
y c charme de sa conversation lui valut l'accueil
* : plus brillant de la part de Benoît XIV et de
lément XII. II visita ensuite l'Allemagne et la
ologne , et revint à Paris , où il se fit aimer et
Imirer de la bonne société. L'ouvrage qu'il pu-
sous le titre de Lettres intéressantes du
e Clément XIV (4 vol., Paris, 1777, in-12),
t qui fut longtemps une mystification non-seu-
'«meut pour la France , mais pour l'Europe en-
ère, respire une douce philosophie et enseigne
ne morale pure : ces lettres, dont il fut l'auteur,
tont écrites avec beaucoup de goût. La révolu-
lion française le priva de toutes ses ressources ;
jiependant, en 1795, la convention lui accorda
(ne pension de 2,000 francs. Il mourut à Paris,
llans un état voisin de l'indigence. La liste des
Nombreux, ouvrages de cet auteur trop fécond
lemplit plusieurs pages de la France litté-
\aire. Ils sont presque tous oubliés aujourd'hui.
I)b cite encore quelquefois, outre les Lettres de
Olément XIV, le Livi'e à la mode, Paris, 1759,
n-12, qui fut d'abord imprimé avec des lettres
eouges, ensuite en caractères verts ; — leDiction-
\iaire pittoresque et sentencieux {3 vol. ; Pa-
is, 1768, in-12; — la Vie de Clément XIV;
'ans, 1775, in-12. [Enc. des g. du m.]
! GriiDiD, Correspondance' littéraire. — Quérard, la
[''rance littéraire. — Barbier, Dictionnaire des ouvrages
monymes et pseudonymes.
: CARACCiOLO ( François ) , religieux, fondateur
le l'ordre des Clercs réguliers mineurs, vivait au
! seizième siècle. Il fut canonisé en 1807 par
pie VU.
Fcller, Dict. hist.
*UiRXCCiox.o{Giovanni-Battisfa, dit Bat-
l'istello) , peintre, né à Naples après la moitié
jlu seizième siècle, mort en 1641. Après avoir
puisé les premiers prmcipes de l'art à l'école de
j Francesco Imperato, il avait étudié les ouvrages de
I Michel- Ange de Caravage, mais sans faire de grand
progrès , et était parvenu à l'âge mûr sans avoir
produit aucun ouvrage qui pût lui faire un nom,
quand par bonheur il lui tomba sous les yeux
un tableau d'Annibal Carrache. A cette vue, U
fut saisi d'une telle admiration qu'il partit aus-
sitôt pour Rome, afin de voir les chefa-d'œuvre
de ce maître : là, à force de copier les fresques
de la galerie Farnèse, il devint habile dessina-
teur, et bon imitateur des Carrachp. De retour
à Naples, il décora les églises et les [lalais de cette
ville d'un grand nombre de peintures dignes de
rivaliser avec les meilleurs ouvrages de ses com-
patriotes. Cependant, malgré tous ses efforts pour
imiter exclusivement le style d'Annibal Carrache,
on reconnaît encore dans l'exagération de ses
lumières et de ses ombres quelques souvenirs
de l'école de Caravage. On estime surtout, parmi
les ouvrages de Caracciolo une Madone à. Santa-
Anna dei Lombardi; un Saint Ciiarles à l'é-
glise de Sant'-Agnello ; et un Christ sur la
croix aux Incurables. E. B — n.
Dominici, Fite de' pittori Napoletam. — Lanzi, Sto-
ria pittorica. — Tlcozzi, Dizionario.
CARACTAcns (ou, selou Dion Cassins, Kapà-
ravoc ou KaxapàxaTo;), roi de la tribu des Sélu-
res (Angleterre), vivait dans le premier siècle
après J.-C. Il s'éleva par ses exploits au-dessus des
auti'es chefs bretons, et se rendit redoutable aux
Romains. Après des alternatives de succès et de
revers, il transporta la guerre dans le pays des
Ordovices, et s'y retrancha dans une si forte
position, que le préteur romain Ostorius hésitait
à engager la bataille. L'ardeur des soldats l'em-
porta sur la prudence du général, et la savante
tactique romaine triompha du courage indisci-
pliné des barbares. Caractacus s'enfuit, laissant
sa femme et ses filles aux mains des vainqueurs,
et se réfugia auprès de Cartimandua, reine des
Brigantes, qui le livra aux Romains. Claude, vou-
lant donner au peuple le spectacle de cet ennemi
vaincu, ordonna d'amener à Rome Caractacus et
sa famille. Le chef silure supporta avee fermeté
cette exposition publique , et toucha l'empereur
par des paroles empreintes d'une noble résigna-
tion. Claude lui laissa la vie , mais ne lui rendit
pas son royaume ; et Caractacus finit ses jours en
Italie.
Tacite , Annales, XII , 33, 38. Hist., III, 4S. — Dion.
Cassius, IX, 20.
CARADECC DE LACHALOTAIS. Voy. LachA-
LOTAIS.
CARADOC {de Lancarvan), historien gal-
lois, né vers la fin du onzième siècle, mort vers
l'an 1154. Geoffroy de Monmouth, contemporain
de Caradoc, nous apprend que celui-ci avait écrit
une histoire des rois de Galles depuis la mort
de CadwaJlader jusqu'au milieu du douzième
siècle. Cette histoire, écrite primitivement en la-
tin, a été, dit-on, longtemps conservée dans la
bibliotljèque du collège du Christ, à Cambridge;
elle est perdue aujourd'hui. Il ne reste de l'ou-
vrage de Caradoc qu'une traduction galloise, pro-
bablement très-infidèle, et des traxluctions an-
655
CARADOG
glaises faites sur le texte gallois. Caradoc écri-
vit encore une vie ou plutôt une légende de
saint Gildas, des commentaires sur. Merlin, et
un livre de Situ or bis.
Wright, Biographia britannica Uteraria.
*CAKADirc ou GARADUC, auteuT du plus
ancien'lai breton connu ; le lieu et l'époque de sa
naissance et de sa mort sont ignorés, n n'a pu
naître que du temps du roi Arthur ou après sa
mort, puisque c'est à la cour de ce prince qu'il
a placé la scène du lai qu'il a composé. On ne
peut donc admettre, avec M. Miorcec de Kerda-
net (Notices chronologiques, p. 3 ), que Caraduc,
s'il a existé , ait vécu dans le deuxième siècle.
Robert Disiez , trouvère anglo-normand , a fait
de ce lai une traduction en vers français, dont il
existe une copie manuscrite à la bibliothèque
Bodléienne, sous le n° 1687 ; Tyrwhitt et War-
ton en ont publié quelques extraits. L'auteur de
ce lai, dont M. l'abbé de la Rue a donné l'ana-
lyse dans ses Essais historiques sur les Bar-
des, etc., t. III, p. 216-217, en est lui-même le
héros souslenom de Caraduc ( en breton,'aînoM-
reux), à moins, ce qui ne serait pas impossible,
que le nom symbolique de ce héros n'ait lui-
racme été donné à l'auteur du poëme original.
Ce lai a fourni à l'Avioste sa Coupe enchantée,
que la Fontaine a si bien imitée ; mais cette imi-
tation a pu aussi être calquée sur le fabliau du
Court mantel, fiction du même genre, mise en
vers par plusieurs trouvères, et dont le fond avait
été tiré des romans de la Table Ronde.
P. Levot.
De la Rue, Essais hist. sur les Bardes. lil. — Biblioth.
Bodléienne, n° 1687.
CARAFFA, nom d'une famille napolitaine très-
répandue, qu'on regarde comme issue de celle des
Sismondi de Pise, et qui compte parmi ses mem-
bres plusieurs hommes d'État, des prélats, etc.,
dont voici les principaux :
CARAFFA ( Antoine''), de la maison des ducs
de Forli, feld-maréchal au service de FAutriche,
né dans la première moitié du dix-septième siè-
cle, mort à Vienne en 1693. Il entra en 1665 àii
service de la maison d'Autriche, fit avec distinc-
tion en Hongi-ie la campagne contre les Turcs ;
et, pendant le siège de Vienne par ce peuple , il
fut envoyé par l'empereur Léopold F'' vers le roi
de Pologne Jean Sobieski, pour lui demander
son assistance. Après la délivrance de Vienne,
il combattit de nouveau en Hongrie contre les
Turcs, fit en 1685 la conquête d'Éperies, en
1687 celle d'Erlau, de Lippa, de Munkacz, et de
Belgrade. Comme président de la. cour martiale
à Éperies , il se rendit odieux dans toute la Hon-
grie par sa trop grande sévérité.
iJe Ilammcr, Hist, des Osmanlis. — Erscli et Gnibcr,
ylUfiem. Encycl.
CARAPFA {Antoine), théologien napolitain,
né dans la première partie du seizième siècle,
mort en 1591. Il fut créé cardinal par Pie V en
1586. On a de lui : une édition et traduction
du Commentaire de Tliéodoret sur les Psau- *
— CARAFFA 65
mes; — une édition de quelques discours d
saint Grégoire de Nazianze, du Commeniair
d'ÉIie de Crète, de Cassien et de saint Grégoire
— Catena veterum Patrum in omnia sacr.
Scripturœ cantica; Padoue, 1565, in-4°; C(
logne, 1572, in-S"; — les Décrétâtes des pape:
en trois volumes ; — une édition de la Bible ck
Septante, avec une traduction latine conforme a
texte grec; Rome, 1587, in-fol. ; — une c(Jitic
de la Vulgate; Rome, 1588, in-fol.
Dupin, Bibl. des acteurs ecclésiast. — Clément, liil
curieuse.
CARAFFA (Antoine, Charles, Jean), m
veux du pape Paul TV. Voy. Vkul IV.
CARAFFA {Charles), théologien italien, i
à Naples en 1561, mort le 8 septembre 103.
Après s'être signalé dans la carrière militaiii
il rentra dans les ordres, et fonda l'institut (h
PU Operari, religieux destinés au soulagemei
des misères humaines. L'ordre des pieux, oi
vriers fut approuvé en 1621 par le pape Gk
goire XV.
Biogr. degli Vomini illust. del regno di Napoli.— ka
mari, Genealog. délia famigt. Carafja.
CARAFFA {Vincent), frère du précédent,
septième général de la société de Jésus , ni ;
mois de mai 1585, mort en 1649, a laissé qut
ques ouvi'ages de piété.
Dan. Bartoli, f^ie de Vincent Cara/fa; Rome, IGi
in-4°. — Alegambe, Script, soc. Jesu. — Toppi, Bû
Napolet.
CARAFFA {Charles ) , prince de la Roccell;
théologien italien, vivait au commencement (
dix-septième siècle. Évoque d'Aversa, nom
apostolique , puis légat en Allemagne sous U
bain Vin, il a laissé un livre intitulé Comme,
taiia de Germania sacra restaurata ; Cologn
1639, in-8°; Francfort, 1641, in-12.
Mor«;ri , Dictionnaire historique. — Ersch et Gfubc
JUgemeine Encyclopsedie.
CARAFFA ( Charles-Marie ) , pi'ince de
Roccella et de Butero, diplomate italien, né (
1646, mort en 1695. Premier baron du royaiur
de Naples et gi-and d'Espagne , il fut nommé an
Ijassadeur extraordinaire de cette puissance
Rome en 1684. On a de lui : Exemplar Hor
logiorum solarium ; MRggavà, 1686, in-fol.;
sont les tables les plus complètes que nous poi
sédions pour les cadrans solaires , — Opère pi
litiche christiane, 1692, in-fol. Ce traité pol
tique se divise en trois parties : 1° il Principi
2° VAmbasciadore politico cristiano, 3" Scn
tinio poUtico contra lafalsa ragion de Stal
di Nicolo Macchiavelli.
Journal des Savants, 1693. —Acta Eruditorum.—M
clier, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
* CARAFFA ( Diomede ) , moraliste italien d
quinzième siècle. On a de lui : Ammaestrameiii
militari, imprimés à Naples en 1608; — de B<
gentis et boni Principis Officiis : cet ouvrag(
composé en italien sur la demande d'Éléonor
d'Aragon, duchesse de Ferrare, traduit en lati
par Baptiste Guarino , fut imprimé à Naples e
1668; —de Institutione Vivendi conservi
CARAFFA
658
lans la bibliothèque de Parme sur un parche-
irin bleu et vert, écrit en lettres d'or. C'est
irobablement ce manuscrit que Garaiîa pré-
ciifa à Béatrice, femme de Mathias Corvin, roi
k- Hongrie.
l'iraboschl, Storia delta letteratura italiana , t. VI,
art. 1". - ToppI, Bibl. Napolet.
CARAFFA {Hector), comte de Ruvo, de l'illus-
c famille des ducs d'Andria, né à Naples en
7(i7, misàmorten 1799. Son enthousiasme pour
1 révolution française le fit enfermer au château
;iint-Elme. En 1796 il parvint à s'échapper de
i prison, et ne revint dans le royaume de Na-
los qu'avec l'armée de Championnet. Général
^ la légion napolitaine , il fut un des plus vail-
nts défenseurs de la république parthéno-
'cnne. Mais les Français, forcés de se replier
ir la haute Italie, abandonnèrent les Napoli-
iiis à eux-mêmes'; et les insurgés royalistes,
nimandés par le cardinal Ruffo, marchèrent
r Naples. Caraffa, chargé de défendre Pes-
ra, se maintint dans cette place , même après
^ capitulations du fort Saint-Elme, de Capoue
lie Gaëte. A la fin il fut forcé de se rendre, et
mba entre les mams des royalistes, qui le li-
èrent à une commission militaire présidée par
teziale. Condamné à mort, il subit sa peine
ec intrépidité.
tiographio nouvelle des Contemporains.
■* CARAFFA ( Jean ), duc de Noja, savant ita-
01, né à Naples en 1715, mort le 8 juillet 1768.
[loique colonel d'infanterie, il cultiva les lettres
Iles sciences, et rassembla une riche collection
tatiques et d'objets d'art de tout genre. Ca-
ITa visita la France, la Hollande, l'Angleterre.
Paris ;il trouva que la tourmaline avait cer-
«nes propriétés électriques, et exposa sa décou-
rte dans un mémoire inséré dans le recueil
l'Académie des sciences, dont il était corres-
indant.
iripaWo, Biog, degli Ital. illvstri, vol. l«'.
CARAFFA ( Jean-Baptiste ) , littérateur na-
fHtain du seizième siècle. On a de lui : de Si-
bniis; Naples, 1566, ia-8°; — Istorie del ve-
to di Napoli; Naples, 1572, in-4".
^aboschi, Jtoria délia letteratura italiana, vol. III,
|rt. S. -Toppi, Bibl. Napolet.
CARAFFA (Jean-Pierre) , pape sous le nom
} Paul IV. Voy. Paul IV.
CARAFFA {Jérôme), général napolitain, né
\ 1564 dans le Monténégro , fief de sa famille,
prt à Genève en 1633. Il servit en Flandre sous
5 ordres d'Alexandre Farnèse , s'empara d'A-
jiens , défendit vaillamment cette place contre
Enri IV, et obtint une capitulation honorable.
^ services qu'il rendit aux Espagnols lui va-
rent la dignité de >1ce-roi d'Aragon en 1630.
f<ris ans plus tard, il fut rappelé en Flandre;
jais il mourut dans le voyage.
i'Jojr. degli Uomini ilhtst. del regno di Napoli.
* CARAFFA {Joseph), philologue et archéo-
iue italien, vivait vers le milieu du dix-hui-
me siècle. On a de lui plusieurs ouvrages es-
timés, tels que : de Capella régis uirimque
Siciliee et aliorum principum liber unus;
Rome, 1749, in-4''; — de Gymnasio romano
et de ejus professoribus, ab urbe condita us-
que ad haec tempora; Rome, 1751, 2 vol. in-4°.
Adelung, suppl. à JOcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
CARAFFA ( Placide ), historien sicilien, né à
Modica, vivait au dix-septième siècle. On a de lui :
Sicanias Bescriptio et Delineatio; Palerme,
1653, in-4°; — Motucee (Modica) illustrata
Bescriptio; Palerme, 1655, in-4° : ces deux ou-
vrages ont été insérés dans le Thésaurus Anti-
quitatum SiciZicB de Bunnann; — Compendio
istorico dellà cita di Messina dal V anno del
mondo 1974 aW anno di Christo 1670; Ve-
nise, 1670, fort rare.
Toppl, Bibl. Napolet.
CARAFFA ou CARAFA DE COLOBRANO {Mi'
chel- Henri), musicien-compositeur, naquit le 17
novembre 1787 (1) à Naples, et fut élevé, dans
cette ville, au collège de la Nunziatella. Dès son
enfance , il annonça les plus heureuses disposi-
tions pour la musique, qu'il étudia d'abord sous
un habile organiste nommé Fazzi ; il reçut en-
suite des leçons d'harmonie et d'accompagnement
de Francisco Ruggi, et passa plus tard sous la
direction de Fenaroli, professeur|de contrepoint
au conservatoire de Loreto. Malgré ces débuts
heureux, il embrassa la carrière militaire. En
1806, lors de l'entrée des Français à Naples,
M. Caraffa se trouvait en Calabre, et fut fait pri-
sonnier à la bataille de Campo-Tenese. Adimis
comme lieutenant dans les hussards de la garde
de Joachim Murât et nommé écuyer du roi, sa
conduite dans l'expédition contre la Sicile lui
valut la décoration de l'ordre des Deux-Siciles
et le grade de capitaine. Pendant la campagne
de Russie en 1812, il remplit auprès de Joa-
chim les fonctions d'officier d'ordonnance, fut
nommé chevaher de la Légion d'honneur, et
promu chef d'escadron. De 1813 à 1815, il resta
constamment attaché à la personne de Murât;
mais, après la chute de ce souverain, il déposa
l'épée, pour se livrer exclusivement à la culture
d'un art qui jusque-là n'avait été qu'un délasse-
ment pour lui.
M. Caraffa s'était déjà fait connaître par plu-
sieurs productions musicales. Dans sa jeunesse,
il avait écrit pour des amateurs un opéra inti-
tulé il Fantasma, et quelques cantates qui
annonçaient du talent; en 1814, il avait donné
au théâtre del Fonde, à Naples, il Vascello f Oc-
cidente, ouvrage que le public avait accueilli
avec faveur. La Gelosia corretta, jouée l'année
suivante au théâtre des Florentins , et d'autres
opéras successivement représentés à Naples, à
Milan et à Venise, justifièrent promptement les
espérances que l'on avait conçues sur l'avenir
(1; La Biographie universelle des Musiciens, de M. Fé-
tis, indique le 28 novembre 1785. Nous avons rectifié cette
date d'après les Indications données par M. Caraffa lui-»
même,
059
CARAFFA — GARAGLIO
6f
du nouvel artiste. Au milieu des applaudisse-
ments qu'il recueillait sur les théâtres de ces di-
verses villes, M. Caraffa vint à Paris, et débuta,
en 1821, à rOpéra-Comique par Jeanne d'Arc,
qui fut bientôt suivie du Solitaire. Le succès
populaire qu'obtint ce dernier ouvrage, repré-
senté au mois d'août 1822, acquit à M. Caraffa
le droit de cité. Cependant ce compositeur n'en
continua pas moins à travailler pour les théâ-
tres étrangers en même temps que pour la scène
française; mais, à partir de 1827, il adopta dé-
finitivement la France pour seconde patrie, et se
fixa à Paris. Depuis lors il y a donné plusieurs
ouvrages, parmi lesquels Masaniello , opéra
rempli de situations dramatiques rendues de la
manière la plus heureuse , peut être considéré
comme son chef-d'œuvre. La musique de M. Ca-
raffa se distingue par le naturel des mélodies et
l'élégance de l'instrumentation ; son stylo facile
appartient à l'école italienne moderne. Ce com-
positeui- a quelquefois emprunté à Rossini les
formes qui lui paraissaient convenir le mieux à
l'expression de ses propres idées.
\(HCi la liste complète des opéras qu'il a écrits :
il Vascello V Occidente, 2 actes, à Naples
(1814); — la Gelosla corretta, 2 actes, id.
\i%\é}; — Gàbnelladi Vergi, 2 actes, id. (1826) ;
— Ifigenia in Tauride, 2 actes, id. (1817) ;
— Adeli di Lusignano , 1 actes, à Milan
(1817); — Bérénice in Siria, 2 actes, à Na-
ples (1818); — Elisabetta in Berbishire, 2 ac-
tes, à Venise (1818); — il Sacrifizio d' Epito,
3 actes, id. (1819); — gli VueFigari, 2 actes,
à Milan (1820);— Jeanne d'Arc, opéra-co-
mique en 3 actes, à Paris (1821); — Tanier-
lano, ouvrage en 3 actes, reçu au théâtre Saint-
Charles à Naples, mais qui n'a pas été représenté
(1822) ; — la Capriciosa ed il Soldato, 2 actes,
à Rome (1822); — le Solitaire, opéra-comique
en 3 actes, à I>aris (1822); — Eufemio di Mes-
sina, 2 actes, à Rome (1823); — Abufar, 2 ac-
tes, à Vienne (1823); — le Valet de Chambre,
1 acte, à rOpéra-Comique (1823), et au même
théâtre V Auberge supposée (1824) ; — au graad
Opéra, la Belle au bois dormant (1825); —
il Sonnanbulo, 1 actes, à Milan (1825); — il
Paria, 2 actes, à Venise (1826); — à l'Opéra-
Comique, Sangarido, 1 acte (1827) ; — la Vio-
lette, 3 actes, avec M. Leborne (1827) ; — Ma-
saniello, 3 actes (1828), et Jenny, 3 actes
(1828); — le Nozze di Lammermoor, au
Théâtre-Italien (1829) ; — le Livre de l'Ermite,
au théâtre Ventadour (1830); — V Auberge
cl'Auray, à l'Opéra-Comique , en collaboration
avec Hérold (1830) ; — l'Orgie, ballet en 3 actes,
à l'Opéra (1831); — la Prison d'Edimbourg,
3 actes, à l'Opéra-Comique (1833); et au même
théâtre la Maison du Rempart (1833) et la
Grande-Duchesse , 4 actes (1834). A l'ouverture
de rOpéra-National, en 1847, sous la direction de
M. Adam, il a écrit quelques airs pour le prologue
intitulé les Premiers pas, ou les Deux Genres.
Naturalisé français en 1834, et élu membre <
l'Académie des beaux-arts de l'Institut en 183
M. Caraffa est professeur de comijù^ition au Coi
servatoire, et directeur du Gymnase musical m
litaire. Dieudonné Deisne-B(^ron.
Germain Sarrut et Saint-Edme, Biogr. des Hommes i
jour. — Fétis, Biogr. universelle des Musiciens. —DU
de la Conversation.
* CARAFFE {Armand-Charles), peintre fra
çais d'histoire, élève de Lagrenée, mort
1812 (1). Caraffe étudiait à Rome lorsque 1
événements de la révolution l'obUgèrent de r
venir à Paris, où il exposa, en l'an vu, vingt-s
dessins représentant des scènes et des costum
orientaux; en l'an viii, l'Amour abandonné (
la Jeunesse, tableau allégorique ; — la Blort i
Philopœmen, esquisse; — l'Espérance so.
tient le malheureux jusqu'au tombeau , i
hleau placé à la Charité ; plusieurs portraits,
se rendit en Russie en 1801, et revint à Paris ■
1812. P. Cn.
lAvretsdes Salons. — Le Has, IHctionnaii'e cncyclo]
dique de la France. — Dussieux,. les Artistes irançai.
Vctranger.
CAtlAGLÎO OU CARALîO OU CARALHî
( Jean-Jacques ), graveur italien, né à Véro
ou à Parme vers 1500, et 1512 d'après Ticozz
mort à Parme en 1571 (2). Cette incertitude s
le lieu de sa naissance vient de ce qu'il sign;
tantôt Parmensis, tantôt Veronensis. Il est hc
de doute qu'il travailla à Vérone, et qu'à Ror
ses études se firent sous la direction de Mai
Antoine Raimondi, dont il devint bientôt un d
meilleurs élèves. Après s'être placé au premi
rang parmi les graveurs, il s'adonna à la tai
et à la gravure des pierres fines et des raédaillf
et se fit dans cette profession nouvelle une r
putation qui s'étendit à l'étranger. Appelé en P
logne par le roi Sigismond I^'^, il obtint de
souverain plusieurs commandes, dont il s'a
quitta en maître habile, et qui lui furent roy.
lement payées. A son retour en Italie, il se reti
et mourut dans une terre qu'il possédait aux e
virons de Parme. Il apposait son nom à ses gr
vures ; quelquefois aussi il y mettait un simf
monogramme. Bartsch décrit 64 estampes du
à cet artiste. On cite particulièrement les estai
pes suivantes: la Grande Bataille, d'après R
phaël; — Diogène et son tonneau, d'après
Parmesan; — l'Annonciation, d'après Titic:
— les Martyres de saint Pierre et de sai
Paul, d'après le Parmesan; — le Procès d
Muses et des Piérides devant Apollon, d'apr
Rosso : cette gravure est rare et fort recherché
— les Fiançailles de Marie , d'après le Pa
mesan ; — les Amours des Dieux ; — les L
vinités delà Fable avec leurs attributs, d'
près Rosso : c'est une suite d'estampes do
Vasari fait im grand éloge; — l'Annonciatio
d'après Raphaël ; — les Travaux d'Hercw
(1) En 1814 , d'après M. Dussieux ( les Artistes françt
a l'étranger).
(2) Et non iSSl.comme le prétendent quelques blographi
•Ci
CARAGLIO
après Rosso; — l'Adoration des Bergers, d'a-
r('s le Parmesan ; — la Sainte Famille, d'après
aphaël; — la Pentecôte, d'après le même : on
Itiibue aussi cette œuvre à Marc- Antoine Rai-
londi ; — les Amo^irs de Mars et de Vénus,
après les dessins de Rosso ; — Mars et Véjius
ir pris par Vîclcain ; — l' Assemblée des Dieux,
après Raphaël ; attribuée par Vasari, contredit
1 cela par Bartsch, à Augustin de Venise; —
École des philosophes de l'antiquité, d'a-
I es le Parmesan ou Raphaël ; — Alexandre et
oxane, d'après le peintre d'Urbin, et également
j tribué par Vasari à Augustin de Venise; —
If éerre Arétin, d'après Titien.
Vasari, Fite. — Ticozzi, Dizionario. — Bartsch, le
'intre graveur.
'CARAGUEL {Clément), journaliste fran-
is, né à Mazamet (Tarn) en 1819. Venu à
ïris en 1840, il entra dès lors dans la carrière
! la publicité, et travailla successivement dans
«sieurs recueils et Journaux, tels que le Vert-
vrt, ÏEntfacte, le National, la Revue de
aris, le Crédit, et la Politique nouvelle.
, Caraguel est, depuis le mois de février 1848,
m des plus actifs rédacteurs du Cha.rivari.
1 a de lui -.Quatre mois en mer, en collabora-
5n avec M. Ch. Marchai; Paris, 1840, in-8<';
le Bougeoir , comédie en un acte , repré-
nntée au théâtre de l'Odéon au mois de mai
Qnérard, la France littéraire. — Beucliot, Journal de
Librairie.
iCARAMAN {Pierre-Paul Riquet de Bonre-
18, comte de), général français, né en 1646 ,
ort le 25 mars 1730. Enseigne aux gardes
ançaises (6 juillet 1666) , il se trouva aux
féges de Tournay , de Douay , de Lille , et fut
■omu au grade de lieutenant le 20 janvier 1668.
yant obtenu une compagnie (février 1675), il
(Tvit à sa tête aux sièges de Condé (1676), de
ftlenciennes, de Cambray (1677), de Gand,
lYpres (1678), et combattit dans la même an-
jse à Saint-Denis, près de Mons. Brigadier par
Wet du 25 avril, il se distingua au siège de
ajnur ( 1692), où il emporta , à la tête du règl-
ent Dauphin-infanterie , le fort Guillaume. Ma-
'Charde camp (3 janvier 1696), il passa à l'ar-
' ée de Flandre, où avec quelques compagnies
} grenadiers et deux mille chevaux il s'em-
ira de Denain, fit la garnison prisonnière, et
i)ntribua à la défaite des Hollandais sous Ni-
I ègue. Lieutenant général des armées du roi
3 décembre 1702), 11 servit à l'armée de Flan-
lesous les maréchaux de Villeroy et deBouf-
ars (1703), combattit à Eckeren, et fut promu
, 1 grade de lieutenant-colonel des régiments de
; garde le 1" juin 1705. Le 17 juillet suivant,
l's lignes de la Gette, entre Nodouë et Diest,
[yant été rompues par les troupes du duc de
larlborough et du maréchal d'Owerkerque,
[électeur de Bavière, qui commandait en chef
j armée française, et dont les forces étaient loii
(e pouvoir contre-balancer celles de l'ennemi.
— CARAMAN Cf52
n'avait plus d'autre esiwir que d'assurer sa
retraite en conservant Ijouvain, Malines et An-
vers; malgré les plus grands elforts do courage,
la déroute la plus complète se mit dans nos
rangs. C'en était fait de l'armée française, lors-
que le comte de Caraman abandonna une posi-
tion qui assuraitj sa retraite, pour voler au secours
de ses frères d'armes. Subitement entouré de
quatre-vingts escadrons ennemis, il forme en ba-
taillon carré les deux brigades à la tête desquel-
les il combat. Dès lors l'affaire change de face.
Pendant que l'ennemi vient se briser sur les
lignes de ce bataillon, l'armée française se rallie;
et bientôt elle doit au comte de Caraman de
pouvoir gagner le défilé de Nodouë. Ce service
éminent lui valut la grande croix de l'ordre
militaire de Saint-Louis, dont le brevet fut signé
du jour même de la bataille. Après la bataille de
Ramillies , où il se distingua (1706) , il prit le
commandement de Menin , qu'il ne rendit qu'a-
près trente-neuf jours de siège , dix-huit jours
de tranchée ouverte. Oudenarde (1708) et Mal-
plaquet (1709) furent ses derniers services mili-
taires. S'étant démis de sa lieutenance-colonelle
du régiment des gardes le 18 février 1710, il se
retira, et mourut à l'âge de quatre-vingt-quatre
ans. A. Sauzay.
Pinard , Chron. milit., t. IV, p. 492. — Quincy, Hist.
milit. de Louis XI r, t. IV, p. 506.
* CARAMAN {Pierre-Paul de Riquet, comte
de), neveu du précédent, lieutenant général, né
en 1698, mort le 22 avril 1760. Colonel du ré-
giment de Berry, il fut envoyé à l'armée d'Italie,
se distingua à Parme et à Guastalla, et fut promu
au grade de maréchal de camp le 1°'' mars 1738.
Employé à l'armée de Bavière, il se trouva à la
levée du siège de Braunau par les ennemis en
1743, et rentra en France avec la deuxième
division de cette armée au mois de juillet. Il
finit la campagne en haute Alsace , sous les or-
dres du maréchal de Coigny, battit les ennemis
à Rhinvillers, à la tête des brigades de Cham-
pagne et de la Sarre. Les trois mille ennemis
qui avaient passé le Rhin furent tués, noyés ou
pris. Ce beau fait d'armes valut au marquis de
Caraman le grade de lieutenant général.
Chronologie militaire, t. V. — .Dictionnaire histori-
que des généraux français.
CARAMAN {Victor-MauriceDE Riquet, comte
DE ) , fils du précédent , lieutenant général , né
le 16 juin 1727, mort le 24 janvier 1807. Il en-
tra aux mousquetaires en 1740, obtint en 1743
une compagnie du régiment de Berry, et seti'ou-
va aux sièges de Menin , d'Ypres , de Furnes , à
l'affaire d'Haguenau et %u siège de Fribourg, en
1744; à la bataille de Fontenoy , au siège de
Tournay, à l'affaire de Mesle et à la prise de
Gand, en 1745. Nommé colonel du régiment de
dragons qui portait son nom, il le commanda au
siège de la citadelle d'Anvers et à la bataille de
Raucoux, en 1746; aux sièges de Berg-op-Zoora
en 1747, et de Maestricht en 1748 ; à la bataille
d'Hastembeck en juillet 1757 ; à la prise de
663
CARAMAN
Minden et de Hanovre, au mois d'août ; au camp
de Closterseven et à la marche sur Zell. Attaqué
à Embeck par trois mille Hanovriens comman-
dés par le général-major comte de Schulenbourg,
ii les mit en déroute avec son régiment et cent
quatre-vingts chasseurs de Fischer. Cette action lui
mérita le grade de brigadier, )1 se distingua en-
core à la bataille de Minden en 1759 , aux af-
faires de Corbach et de Warbourg en 1760 ; fut
nommé maréchal de camp en 1761, commandant
en second à Metz , lieutenant-général en 1780,
puis commandant pour le roi en Provence avec
pouvoir extraordinaire en 1788 et 1789. Il émi-
gra pendant la révolution , et ne rentra en France
qu'en 1801.
Chronologie militaire, t. Vil. — Dictionnaire histo-
rique des généraux./rançais. '
CARAMAN ( Victor-Louis-Charles de Riquet ,
vicomte, comte, marquis, puis duc de), fils
aîné du précédent, né en 1762 , mort lieutenant
général en 1839. Destiné à la carrière diplomati-
que, il visita la Prusse, l'Autriche , la Turquie ,
la Russie et la Suède. Il émigra pendant la ré-
volution, et prit du service en Prusse. Il rentra
en France sous le consulat ; mais il fut arrêté et
détenu jusqu'à la chute de l'empire. Louis XVIII
le nomma ministre à Berlin en 1814, puis ambas-
sadeur à Vienne en 1815. M. de Caraman as-
sista au congrès d'Aix-la-Chapelle, de Troppau,
de Laybach et de Vérone, et fut créé duc en 1828.
Après la révolution de Juillet, il ne crut pas de-
voir se démettre de sa dignité de pair ; mais , à
l'exception d'une',excursion en Algérie, et la part
qu'il prit comme volontaire à la première et
malheureuse expédition de Constantinc , où , à
l'âge de soixante-quatorze ans, il donna l'exemple
du plus grand courage et du plus noble dévoue-
ment, il ne s'occupa plus que de questions in-
dustrielles. 11 a laissé des Mémoires (Revue Con-
temporaine, 1852 et 1853), dont une partie pa-
hïiée<\Sins\e Journal des Débats, 12 juin 1841.
Biographie des hommes vivants. — Biographie des cé-
lébrités militaires. — Azaïs , Eloge funèbre du duc
de Caraman ; Bézlers, 1840.
CARAMAN ( le comte Maurice Riquet de ) ,
second fils du comte Maurice-Victor de Cara-
man, né le 7 octobre 1765, mort en 1837. Lors-
que la révolution éclata, il était major en second
du 1'='' régiment des carabiniers de Monsieur.
Il émigra , servit dans l'armée des princes, et
rentra en France en 1800. Élu membre du corps
législatif en 1811, il fut élevé en 1814 au gradede
maréchal de camp , et fit partie de la chambre
des députés depuis 1824 jusqu'en 1828. En 1829,
il eut l'honneur de présider à la pose de la pre-
mière pierre du monument érigé dans le dépar-
tement de la Haute-Garonne à Pierre-Paul Ri-
quet.
De Colircellcs, Hist. des généraux français. ' " "
CARAMAN ( Victor-Marie- Joseph-Louis de
Riquet, marquis de), fils de Victor-Louis-Char-
les, né à Paris le 6 octobre 1786, mort en 1837.
Rentré en France, après avoir servi en Prusse et
en Hollande, il devint officier d'ordonnance
Napoléon en 1813, prit part avec distinction
combat de Craonne, et devint, sous la resta
ration, colonel de l'artillerie de la garde roya
11 mourut du choléra après la seconde expéditi
de la prise de Constantine, où il commandait 1'
tillerie qui ouvi'it la brèche le 26 octobre 18:
On a de lui : Essai sur l'organisation milita
de la Prusse; Paris, 1831, in-8°; — Réflexï
sur l'emploi de lacavalerie dans les batailU
Paris, 1835, in-8".
Biographie des hommes vivants. — Moniteur. — Ji
nal des Débats.
* CARAMAN (le comte George-Joseph-V
ter), frère du précédent, a été ministre plé
potentiaire en "Wurtemberg et en Saxe sous
restauration.
* CARAMAN (le comte Frédéric-Adolphi
né à Berlin en 1 800. Officier d'état-major, il a {
blié quelques écrits relatifs à ses voyages
Orient ; ami des arts , on lui doit d'avoir sai
de la destruction les restes du château d'Ane
CARAMAN-OGLOr-ALI-BEY OU CARAMJ»
ALA-EDDYN, prlncc de Caramanie (Cilicie ),
vaitau quatorzième siècle. Il descendait de ;Ni
Isofi, Arménien de naissance, qui, sous le rèj
d'Ala-Eddyn, l'"' sultan des Seldjoukides , é1
venu s'établir à Konia. Caraman, fils de Ni
Isofi, parvint à une si haute faveur près d'A
Eddyn, que ce prince lui conféra la charge
grand écuyer, lui donna la main de sa sœur,
l'investit de la principauté de Séleucie. Caran
s'empara bientôt après d'Ermenak. Son
Mohammed se saisit de Konia, capitale des Se
joukides; mais il périt dans son usurpatio
laissant un fils, Mahmoud-Bedreddin, qui possf
toute la Caramanie après la ruine de l'emp
des Seldjoukides. Le petit-fils de Mahmoud-B(
reddin, Caraman, se trouva dès son avénem(
en hostilité avec ses puissants voisins les C
manlis. Il déclara la guerre à Amurad I^'', et s(
leva contre lui les Akis ou grands propriétaii
terriens de la Galatie, devenus, par une rév
lution , maîtres de la ville d'Ancyre. Des boi
de l'HelIespont, le sultan accourut rapidemc
sur les frontières de l'Anatolie , et enleva ai
rebelles leur conquête, en 1360. Caraman
la paix, et épousa Nefise, fille d'Amurat. Ce m
riage ne l'empêcha pas de recommencer la guei
après la mort du grand vizir Khaïr-Uddin-Pacl
en 1386. Il fut complètement battu , dans la plai
d'Iconium , par le beïlerbeï Timourtach. C'(
dans cette journée que le prince Bajuzeth, fils
successeur d'Amurat, commença à montrer cel
impétuosité brillante qui lui mérita plus tard
surnom d'Ildirim (le Foudre). Caraman se rél
giadans Konia, et put conserver cette place, grà
à l'intervention de sa femme, fille d'Amurat ; m;
il fut forcé de rendre hommage au vainqaeu
Le prince de Caramanie n'observa pas miei
cette seconde paix que la première , et leva (
nouveau l'étendard de la révolte en 1392 , pe
CARAMAN — CARANDIINOS
68G
iil ([lie liajazeth était occupé en Europe à com-
illie ses nombreux ennemis. Caraman s'était
jii avancé jusqu'aux environs de Brousse et
vncyre, et avait fait prisonnier le beïlerbeï
iiioiirtach, lorsque Bajazeth, traversant rapi-
iiicnt l'Hellespont, se présenta devant son vas-
I rebelle. Celui-ci, efl'rayé de ce retour inat-
iiilu , envoya une ambassade au sultan pour
1 i demander la paix; Bajazeth fut inflexible :
; U'cstàTépée seule, répondit-il à l'envoyé, de
oiioncer entre nous. » La bataille s'engagea
! IIS la plaine d'Ak-Tchaï (rivière Blanche). Ca-
luan'fut vaincu et fait prisonnier avec ses deux
^, Ali et Mouhammed. Les deux jeunes princes,
I iidamnés à une détention perpétuelle, allèrent
bir leur peine à Brousse. Caraman, confié à la
nlo de Timourtach, fut tué par lui, sans l'au-
risation, du moins apparente, du sultan. Les
les d'Ak-Seraï, de Lerenda, de Konia, ainsi que
ite !a Caramanie furent réunies à l'empire Ot-
nan.
le Haramer, Histoire de l'Empire Ottoman, V et VI.
loiiannia, Turquie ( dans l'Univers pittoresque).
CARKVixsico (François D'AQvmo, princenE),
nime d'État napolitain, né en 1736, mort à
Icinie en 1795. Ambassadeur à Londres et à
i lis comme l'avait été Caraccioli, il lui succéda
ns la dignité de vice-roi de Sicile. H tenta
ulilement quelques réformes utiles.
, ysoniteur universel.— ..4nnual register. ^
I CARAMVEL (Jean DE LoBKowiTz), théolo-
t en espagnol, né à Madrid le 23 mai 1606, mort
1 8 septembre 1682. Après avoir fait de fortes
! ades, il entra dans l'ordre de Cîteaux, et pro-
ssa quelque temps la théologie à l'université
Alcala. Appelé ensuite dans les Pays-Bas, il
y lit une grande réputation par ses sermons,
fut reçu docteur en théologie à Louvain en
i,)38. Son mérite l'éleva aux premières dignités
[; son ordre. Il reçut l'abbaye de Melrosa en
[cosse , et fut nommé vicaire général de l'abbé
; Cîteaux, dans les îles Britanniques. Mais il
Tnble n'avoir jamais visité aucun de ses pays,
rt'ïsidait dans son abljaye de Dissembourg;
l'cé d'en sortir à cause des troubles du Pa-
tinât ,)1 se rendit, en qualité de ministre du
, )i d'Espagne , à la cour de l'empereur Ferdi-
■ and rn, qui lui donna deux abbayes , une à
irague, l'autre à Vienne, et une pension consi-
dérable. Au siège de Prague par les Suédois en
j648, Caramuel se mita la tête d'une troupe
1 ecclésiastiques, et repoussa vaillamment les at-
|iques des ennemis. Alexandre VII l'appela à
! orne en 1655, et lui donna les évêchés réunis
e Campagna et de Satriano, dans le royaume de
aples. Mécontent du revenu assez mince de
es deux évêchés, Caramuel s'en démit en 1673,
t fut nommé par le roi d'Espagne à celui de
■igevano, où il mourut. Il lut enseveli dans
|i cathédrale de Vigevano. Une énumération
ssez courte, mais pompeuse, des qualités et des
elles actions du défunt, est inscrite sur un pilier
placé en face de son tombeau. « Caramuel , dit
Nicéron , était un homme d'une érudition pro-
fonde , mais peu solide, d'une imagition extrê-
mement vive , grand parleur^ et grand raison-
neur, mais à qui le jugement manquait. On a de
lui : Steganographix Trithemii et Claviculx
Salomonis Germani Declaratio et Vindicatio;
Cologne, 1634, in-4''; — PsaUerio de I). An-
tonio, rey de Portugal, et que conftesa à Bios
sus culpas ; traduzido per Juan de Cara-
muel ; Bruxelles , 1635 , in-16; — Thanatoso-
phia, seii Musseum mortis ; Bruxelles , 1637,
in-4" ; — Theologia regularis , sanctorum
Benedictîni , Augustini , Francisci régulas
commentariis dilucidans; Bruges, 1 638, in-fol.;
Francfort, 1664, in-4°; Venise, 1651. in-4'';
Lyon , 1665 , in-fol. ; — Philippus Prudens ,
Lusitaniee, Algarbiœ, Indise, Brasilise,etc.,
legitimus rex demonstratus ; Anvers, 1638,
in-fol. — Motivum Juris, quod in Curia Ro-
mana disceptatur de cardinalis Richelii Cis-
tercensis abbatis generalis erga universum
ordinem autoritate et potestate; Anvers, 1638,
in-4° ; — Declaracion Mystica de las Armas
de Espana; Bmxelles,' 1639, in-fol.; — Cœ-
lestes Métamorphoses, sive circulares. plane-
tarum Theoricee in alias formas transfigu-
ratx; Bruxelles, 1639; — Bernardus Petrum
Abailardum et Gilbertum Porrctanum trium-
pAffWS; Louvain, 1639 et 1644,in-4°;— Sc/ioZion
elimatum ad regulam sancti Benedicti, li-
bellum sancti Bernardi de preecepto et dis-
pensatione dilucidans, in quo demonsiratur
sanctum hune doctorem opiniones benignas
semper fovisse ; Louvain, 1641 , in-4° ; — Ma-
thesis audax, rationalem, naturalem, super-
naturalem , divinamque sapientiam Arith-
m,eticis, Catoptricis, Staticis, Dioptricis, As-
tronomicis , Musicis , Chronicis et ArchiteC'
tonicis fundamentis substruens exponens-
que ; Louvain, 1642 et 1644, in-4° ; — Cabalse
Grammaticse Specmew; Bruxelles, 1632, in-12;
— Sublimium ingeniorum Grux jam tandem
deposita , sive de Lapsu gravium ; Louvain,
1642 et 1644, in-4°; — Repuesta al Manifesta
del reino de Portugal ; Anvers, 1642, in-4''|;
Saint-Angelo, 1664, in-4°; — Severa argumen-
tandi Methodus ; Louvain, 1644, in-fol.; —
De novem Sideribus circa Jovem visis ; Lou-
vain , 1643, in-12 ; — Theologia moralis ad
prima eaque clarissima principia reducta;
Louvaiu, 1643, in-fol: c'est un traité de casuis-
tique; la morale en est fort relâchée; — Hpis-
tola ad Gassendum de Germanorum protes-
tantium Conversione ; 1644 , in-4° ; — un
grand nombre d'autres ouvrages théologiques,
scientifiques et poUtiques, dont on peut voir la
liste complète dans Nicéron.
Nicolas Antonio , Bibl. hispana nova. — Nicéron ;
Mémoires des hommes illustres. — Paquot , Mémoires
pour servir à l'histoire littéraire des Pays-Bas. —
Fétis, Biographie universelle des Itîusiciens.
*CAUANDiNos (Jean), mathématicien grec,
667
CARANDINOS — CARATE
6(
né à Céphalonie en 1784, mort à Naples en 1833.
]1 professa avec succès à l'université de Corfou,
et traduisit en grec plusieurs ouvrages de mathé-
matiques. Entre autres mémoires, on a de lui un
jEssai sur la nature du calcul différentiel ,
publié dans le Journal des Savants ( sept.
1828).
Mazarakis, Biographies grecques. '
y CARANI (Lélius), traducteur italien, natif de
Reggio, vivait vers le milieu du seizième siècle.
11 semble avoir passé la plus grande partie de sa
vie à Florence , où il publia la plupart de ses
traductions : quoique assez médiocres, elles ont
cependant servi de modèle à des traducteurs en
autres langues. On a de lui les traductions sui-
vantes : les Proverbes d'Érasme; Florence,
1559, in.-8°; — Salluste; Florence, 1550, in-S";
Venise, 1556, in-8°; — les Amours d'Isménie;
Florence, 1550, in-8°; Venise, 1560,in-8°, et
1 566 , in-8° , et insérés aussi dans !e tom. IV
des Erotica grœca, 1816 (cette traduction ita-
lienne a servi de patron à une traduction fran-
çaise de cet ouvrage par Jérôme d'Avoste ; Pa-
ris, 1582, in-16, et à une version allemande
par Jean- Christophe Workenstern, dit Arto-
vseus; Strasbourg, in-8°); — Bérodien ; Ye-
nise, 1 551,in-8° ; — Polyen; Venise, 1552, in-8°;
— Élien, la Tactique, et des fragments de la
Tactique de V Empereur ; Florence, 1552,'in-8°;
— Léon; Florence, 1552, in-8° (fait suite à la
traduction précédente).
Patloni, Biblioth . degli ,.4utori volgâtrizz.— Adelung,
suppl.ù }ôcheT,^Ugem. Gelehrten-Lexicon.
CASiANUS, prince argien du huitième siècle
avant J.-C. Il appartenait à la famille des Héra-
ciides, et descendait de Téniénus. Il passe pour
avoir fondé en Macédoine la dynastie argienne.
Selon unelégende qui n'a été adoptée ni par Héro-
dote ni par Thucydide, il se laissa guider avec ses
compagnons par un troupeau de chèvres, et péné-
tra ainsi dans la ville d'Édesse dont il s'empara,
et qu'il appela Aiguës (chèvres). SiCaranus n'est
pas un personnage fabuleux, il vécut vers 850,
puisque les historiens le donnent pour le frère
de Phidon, tyran d'Argos.
Diodore, Fragments. — Plutarque, Alexandre. —Jus-
tin, VII, XXXIU. - Clinton, Fasti Hellenici. - Ott.
Muller, Dorier. —Hérodote, VIli, 137-139. — Thucydide, II.
CARANUS, un des généraux d'Alexandre, mort
en 329 avant J.-C. 11 fut envoyé contre Satibar-
zane, qui venait de soulever l'Asie. Le satrape
rebelle fut défait et tué dans l'hiver de 330. L'an-
née suivante, Caranus obtint avec Andromache,
Ménédèmeet Pharnyches, le commandement de
l'expédition contre Spitamène, satrape de Sog-
diane. Celui-ci fut d'abord forcé de lever le siège
de Maracande ; mais il revint avec une nombreuse
cavalerie scythe, et détruisit l'armée macédo-
nienne.
Arrlen, Anabase, III, 2ii, 28; IV, 3, u. — Quinte-Curce ,
Vil.
CARANZA (Alphonse) , jurisconsulte espa-
gnol, vivait au commencement du dix-septième
j siècle. On a de lui : de Partu naturali et leg
timo; 1628, in-fol., — el Ajustamento y Pr
porcionde las monedas de oro, plata y cobr
y la reduccion de estas metales a su debic
estimacion; 1628, in-fol. ; — Rogacion al r.
D. Felipe IV, en detestacion de los grand
abusas, etc., nouovamente ïntroducidos en L
pana; 1636, in-4°.
Mie. Antonio, Bibliothecu hispana nova.
CARASCOSA (Michel, baron de), naquit
Sicile, et ne dut son élévation qu'à lui-môn
Lorsqu'à l'approche de l'armée française le i
Ferdinand se fut retiré dans l'Ile, Carascosa e
tra dans le parti républicain qui, après la défa
du général Mack en 1798, proclama la répub
que parthénopéenne. Mais les royalistes reiiti
rent bientôt à Naples; Carascosa réussit à
soustraire à la proscription presque générale
tous les partisans et fonctionnaires de la répuc
que, compris dans la capitulation de Caste
d'Uovo. En 1806, après la reprise de Naples p
les Français, Carascosa fut nommé chef de h
taillon dans le premier régiment d'infanterie
ligne créé par Joseph -Napoléon régiment so
les drapeaux duquel il s'était déjà distingué
Espagne. Après son retour, Joachim Murât le
bientôt passer partons les grades. En 1814,
commandait une division qui combattit avec 1
Autrichiens contre les Français. En 1815 il
trouva en face des Autrichiens, à la tête d'u
division de l'armée napolitaine, et signa av
d'autres généraux napolitains la convention h
litaire de Casalanza, d'après laquelle l'armée »
politaine mettait bas les armes. Lors de l'insi
rection qui éclata au mois de juillet 1820 da
une partie de l'armée, Carascosa, alors minisi
de la guerre, se mit à la tête des troupes des
nées à étouffer l'insurrection, ets'avança jusqu'à
confins de la Terre de Labour ; mais ayant tri
tardé à attaquer les insurgés, la révolte écU
parmi ses propres troupes. Plus tard il prit li
même part à la révolution, et fut investi, lors
l'invasion de l'armée autrichienne, du commai
dément d'un corps considérable, avec lequel
devait défendre la route de Terracine à Naple
mais les Autrichiens, qui s'étaient avancés p
Sulmone, l'ayant tourné, son corps fut enixh
ment dispersé; et il allait être arrêté comme
des coryphées de la révolution, lorsqu'il se réli
gia à Barcelone. Condamné à mort par cont
mace, il vit maintenant en Angleterre. Ses M
moires hist., polit, et milit. sur la révoluti
du royaume de Naples en 1820, et sur i
causes qui l'ont amenée (Lond., 1823), ne se
pas sans mérite sous le rapport historique et n
litaire.
Biographie nouvelle des Contemporains. — Quérar
la France littéraire. — Conversations-Lexicon.
CARATE. Voy. Zarate.
* CARATE {Jérôme de), canoniste italien, d
clercs réguliers de l'ordre des Oblats de Saiii
Ambroise et de Saint-Borromée, vivait prot
,'.)
CARATE — CARAVAGE
070
'iniMit ;\ Milan dans la première moitié du dix-
ptiônic siècle. Professeur de théologie et de
i| canon, il fut plus tard protonotaire apos-
ic. On a de lui : Tavole, dclle opère cste-
!, colle qunle devc procurare ogni curato
rsodisfazioneal suopopolo; Milan, 1C07,
; — de Jurïbus parochiallbus ; Milan,
•'.), in-S"; lîreslau, 1G20, in-8°. Tous ses au-
s ouvriiges, très-nombreux d'ailleurs, n'exis-
iil qu'en niamiscrit.
\rïfl;ill, lUbl. Mediolan.
*(;aratinus (Jacques), philologue italîen,
i;iit dans la première moitié du seizième siè-
•• On a de lui : Erasml Roterodamii de recta
iiiii (jrœcique sermonis pronuntiatione ; ac-
i!U Jacobi Caratini de lïterarum sono Hbel-
s , etc. ; Cologne, 1529, in-8°.
: limg, siippl. à ]ôcheT,Jlloom. Gelehrten-Lexicon.
. .îi.insius {M.-Axirél'vus-VaUrius), empe-
u- (le la Grande-Bretagne, né vers 250 àMe-
pia, district situé entre l'Escaut et la Meuse,
bassiné en 293. II appartenait à une famille
scurt; ; mais il se distingua dans la guerre con-
: les Bagaudes, et parvint aux premiers grades
iitaires. Maximien Hercule lui confia une flotte
stiiiée à réprimer les invasions des Francs qui,
r leurs légers vaisseaux, dévastaient les côtes
la Hollande, de la Gaule et de l'Espagne. Ca-
isius s'acquitta assez mal de cette mission ,
amassa une immense fortune; ce qui le fit
upçonner de favoriser les pirates pour s'appro-
ier une partie de leur butin. Maximien ordonna
mettre à mort le général suspect; mais celui-
'i soulevant la flotte qu'il commandait et les lé-
li)ns campées dans la Grande-Bretagne, se ren-
it maître de cette île et prit le titre d'Auguste.
^)rès de vains efforts pour renverser cet habile
' courageux usurpateur, Dioclétien et Maximien
reconnurent pour collègue à l'empire vers 287.
Si événement fut célébré par une médaille qui
^rtait sur la face trois bustes, avec cette légende :
Irausius et fratres svi, et sur le revers ces
bts : VAX. AVGG. Sur une seconde médaille on
ouve une tête ornée de lauriers, avec cette lé-
nde : iMP. c. cARAUSius.'p. f. avg. Constance,
iiarrivant à l'empire, résolut de reconquérir la
rande-Bretagne ; mais pendant qu'il faisait ses
■éparatifs, Carausius fut assassiné par Allectus,
'i des principaux officiei's.
Eutrope, IX, 21. — Aurcl. Vict., Cxsar, XXXIX ; Epit.
iXIX. — Oros., yil, ^i.. — Paneg. vet., li, 12; IV, 6-8;
4, 11; VI, 5, 8 ; VII, 9 ; VIII, 25. — Senebrier, l'Histoire.
j: Carausius prouvée par les médailles; Taris, 1740,
1-4''. — Slukely, MedalUc history of Carausius; Lon-
■es, 1757-l-o9,"in-4°.
CARAVAGE {Michel- Ange Americhi ou Mo-
ci), célèbre peintre italien, né en 1569 à Cara-
Hggio, dans le Milanais, mort en 1609. De même
le son compatriote Polidoro Caldara, il prit goût
(la peinture en préparant pour les fresquistes la
laux et le mortier dont ils se servent pour enduire
imuvsur lequel ils doivent travailler. Sansmaî-
e, sans avoir étudié les ouvrages des grands
peintres et encore moins les statues antiques, pour
lesquelles il avait une espèce d'aversion, il de-
vint habile dans son art. La nature fut son seul
guide, et seule elle lui ofl'rit des modèles ; mais
cette nature, si belle dans sa variété, si riche
en nobles inspirations pour quiconque sait la voir
et l'interpréter, il la copia sans choix et sans
goût ; de là les beautés et les défauts qui distin-
guent ou déparent ses ouvrages. Né à une épo-
que où l'on ne peignait guère que de pratique ,
son imitation servilc de la nature dut le mettre
en opposition avec tous les artistes de son temps :
aussi répétaient-ils à l'envi l'un de l'autre que
ses ligures étaient ignobles, qu'elles n'avaient ni
beauté, ni formes choisies; que son coloris était
cru dans les ombres comme dans les lumières ;
qu'une cave paraissait être son atelier; que ses
compositions manquaient de l'intelligence, des rè-
gles de l'art. Ces reproches furent en partie fon-
dés ; mais les tableaux du Caravage n'en firent
pas moins fureur en Italie, et cet engouement
dura jusqu'à ce que le Guide, par une manière
diamétralement opposée à la sienne, mais plus
savante, fût parvenu à contre-balancer sa répu-
tation. Toutefois on ne saurait trop faire l'éloge
de la force du coloris du Caravage, de la vérité
de son clair-obscur, de la saillie qu'il a donnée
à tous les objets qu'il a peints , et de l'exacti-
tude de ses imitations de la nature. Pour arriver
à cet effet fier et prononcé qui lui acquit tant
d'admirateurs, il ne peignait jamais que dans
un atelier dont il avait noirci les murs, et dans
le(|uel il ne laissait arriver qu'un filet de lumière
tiré d'en haut. Exposées sous un tel jour et pri-
vées ainsi de tout reflet, ses figures ne pouvaient
manquer d'offrir ce contraste frappant d'ombres
fortes, larges et opaques , et de lumières vives ,
étroites et crues, se détachant sur un fond com-
plètement obscur, qui est son cachet distinctif.
Si , dans le portrait comme dans les sujets
d'une ou deux demi-figures, la manière du Cara-
vage produisait beaucoup d'effet, elle convenait
fort peu aux compositions nombreuses : aussi
trouve-t-on dans la plupart de ses grands tableaux
des plans trop rapprochés, mal en perspective,
un passage trop subit de la lumière à l'ombre,
et une uniformité dans ce que les peintres nom-
mentle parti jiris , qui leur nuit beaucoup. Avant
d'adopter cette manière forte qui caractérise ses
plus nombreux ouvrages, le Caravage en eut une
plus tendre, qu'il dut à la vue des tableaux du
Giorgion, à Venise.
Vain, jaloux, querelleur, insociable, il eut une
vie agitée, et dut plus d'une fois se mettre à l'abri
des poursuites de la justice. Ayant appelé en duel
le Josppin, chef de la secte des peintres idéalis-
tes , celui-ci refusa le cartel, alléguant sa qualité
de chevalier. Aussitôt le Caravage part pour
Malte, y mérite par ses ouvrages le titre qu'il
ambitionnait; et se dispose à rejoindre son anta-
goniste; mais, au moment de quitter cette iie, il
se fait emprisonner. Au xisque de sa vie, il parvient
671
CARAVAGE — CARAVAGGIO
6
à s'évader. Ë erré quelque temps en Sicile, passe
à Naples, où il est attaqué et tailladé au visage;
s'embarque sur une felouque pour se rendre à
Rome ; est arrêté, au moment de son débarque-
ment, par des soldats espagnols qui le prennent
pour un autre. On le relâcha peu après; mais
la felouque qui l'avait amené étant retournée sans
qu'il eût eu le temps d'en retirer ses effets, il se
trouva dépourvu de tout. Accablé de tant d'a-
ventures fâcheuses, et plus que jamais déterminé
à se mesurer avec celui qu'il accusait d'être l'au-
teur de ses malheurs , il se mit en route à pied
par une excessive chaleur , et fut saisi d'une fiè-
vre maligne qui le tua non loin de Porto-Er-
cole, en 1609.
Parmi les nombreux ouvrages du Caravage ré-
pandus dans toute l'Europe , les plus célèbres
sont : le Christ porté au tombeau, chef-d'œu-
vre estimé à 150,000 francs, que la France res-
titua aux États romains ; la Mort de la Vierge
(au musée de France), tableau qui fut retiré de
l'église délia Scala, à Rome , sous prétexte que
la Vierge présentait l'image d'une femme noyée ;
la Distribuiton 'du Rosaire (au Belvédère, à
Vienne ) ; le Cupidon de la galerie Giustiniani
(aujourd'hui à Berlin); la Bohémienne (musée
de France), que le Caravage avait la vanité d'op-
poser aux chefs-d'œuvre de Raphaël et des sta-
tuaires antiques. Parmi les beaux et nombreux
portraits du Caravage, on met en première ligne
celui di Adolphe de Vignancour, grand maître
de Malte (musée de France). [Enc. des g. du m.]
CAR4YAGE {Polidoro Caldara), peintre, né
en 1495 à Caravaggio, mort en 1543. Il se rendit
célèbre avant Michel- Ange Amerighi, surnommé
comme lui Caravage, et commença par être ma-
nœuvre. Employé au service des élèves de Raphaël ,
la vue de leurs ouvrages au Vatican échauffa son
génie. Il fit part à Jean d'Udine de son projet de
se faire peintre : celui-ci dirigea ses premières
études. Les progrès de Polidore étonnèrent bien-
tôt Raphaël lui-même, qui ne tarda pas à lui
confier des travaux importants. La nature l'avait
doué du génie le plus heureux; et, quoique sans
éducation , il est, de tous les élèves du chef de
l'école romaine, celui dont le goût a le plus de
noblesse , de pureté et d'élégance. C'est princi-
palement dans des compositions imitant les bas-
reliefs antiques et peintsien camaïeu, qu'il s'est
distingué. Personne ne l'a surpassé dans ce genre,
pas même Jules Romain. Comme il était habitué
à peindre en clair-obscur, ses tableaux sont d'un
coloris pâle; on cite cependant avec éloge un
Christ conduit au Calvaire, qu'il fit à Messine
peu avant que le crime d'un domestique, qui l'as-
sassina pour avoir sa fortune, l'eût conduit au
tombeau. Polidore mourut dans la quarante-hui-
tième année de son âge. [Soyer, dans Y Enc. des
g. du m.]
Vasarl, nie de' più eccellenti piltori, etc. — Bal-
dlnucci, Notizie de' pro/essori dél disegno, etc., 11,174,
J95, 387 — Lanzl, Storia pittorica.
CARAVAGGINO. Voy. SaCCHI.
, *CABAVAGGio (Pievre-Paul), mathéma
cien et poëte italien, né à Milan en 1617, mi
près de Milan en 1688. Après avoir étudié
philologie et les belles-lettres sous Gaspc
Scioppio, et les sciences mathématiques sous s
oncle paternel Jean-Baptiste Caravaggio, qui pi
en 1635, pendant la défense d'un château de
il était le commandant, Pierre-Paul reçut en le
un emploi dans la magistrature de sa pair
mais bientôt il échangea cette carrière con
celle de la vie militaire, et se distingua en 1(
comme défenseur de la ville de Tortone. Et;
revenu aux arts de la paix, il professa la litté
ture gi'ecque et les mathématiques au gymn;
palatin. A la fin il fut chargé, en 1676, de rint(
dance dej,tousles châteaux domaniaux du du(
de Milan, emploi qu'il conserva jusqu'à sa me
Il a laissé un gi'and nom comme architecte r
litaire. On a de lui : In Geometria maie reste
rata, ab auctore A. S. L. Bornai detectx ; i
cessit judex errorum Ant. Santini in oppi
dice inclinatioïium ; Milan, 1650, in-4";
Copia di una risposta data ad un qiies
d' Aritmetica; Milan, 1654, in-4° ; — Geomet.
applicationum deficientium, figura data si
de; Milan, 1659, in-4''; — Carmi cd" quali,i.
dttando la morte con gli occhi rivoltiadti
imagine d' un carname umano, prosequist
suoi lai unvecchio olfre asettanf anni, et
.Milan, 1687, in-fol. ; publiée sous l'anagram
de Pietro-Lticio Avarapagio. Aux autres
vrages de Caravaggio, il manque l'indication d
date; ce sont les suivants : Methodus résolve,
omnes œquationes cubicas et quadrato q
draticas; Milan, in-fol.; — Fragmentum p
lusionis geometricx, carminé; Milan, in-fi
— Prolusione o sia Metodo di leggere a' s
lari le 3Iatematiche; Milan, in-fol.; — Par
sulla Facciatadel I)uomo,con dimostrazi
geometriche, inséré dans le traité délia f
data del Duomo ; Milan, in-fol.; —Inno,poe
morale; Milan, in-fol.; — Ode morall; Mil
in-fol.; — Sestina, Sonetto e Madrigale; Mil
in-fol.; — Esposizione morale sopra il s
mo LIVdiDavide, sous l'anagramme de Piet
Luccio Avarapagio ; Milan, in-fol. — Enfin
a de Caravaggio beaucoup d'autres traités t
thématiques et des poésies italiennes eu man
crit.
Argelati, Bibl. Mediol. — Cinclli, Biblioth. vol.
* CARAVAGGIO ( Pierre-Paul), fils du f
cèdent, mathématicien italien, né à Milan
1658, mort en 1723. Il fut en 1679 adjc
comme professeur de mathématiques à :
père, auquel il succéda en 1688 comme p
fesseur titulaire. En 1697, il reçut en oi
une place importante dans l'armée, qu'il c
serva jusqu'à sa mort. Une monnaie frap
en son honneur est reproduite dans le 3
seo Mazzuchelli, tom. I, p. 257. — Il a lai
un fils du même nom, qui lui succéda d;
î;;3
I |iliice <le [irofesseur, et entre les mains duquel
trouvait encore en 1745 un grand nombre de
1 1 "litcs de mathématiques, laissés en manuscrit
|i;ii' son [lère. On no sait pas si ce fils les a plus
liid fait imprimer. Quant à celui dont il s'agit
i( i, on n'a de lui que le traité suivant : li Primi
:•} iibri degli Elementi d' Euclide, ad uso de'
rolari; Milan, 1671, in-12, et 1679, in-8°.
Aif,'elaU,itt6L i>/edioi.
* CARAVANE {Pierre de la) {Pietro délia
naravana), poète italien ou provençal, vivait au
nmmiencement du treizième siècle. Il était
' 4uelf'e passionné, comme on le voit par la seule
lièce de vers qui nous reste de lui : c'est uu
<irvente composé en 1236 ou 1237, dans lequel
e poëte invite les Lombards à bien défendre
cur liberté contre l'empereur d'Allemagne.
Crescimbeiii, Istoria délia volfjar Poesia. — Ray-
iiniard, CAoix des poésies des troubadours, t. IV. —
; listoire littéraire dé la France, t. XVIII.
*CARAVIA (Alexandre) , poëte vénitien, vi-
. ait au seizième siècle. On a de lui un ouvrage
ci'it dansle dialecte des lagunes, et dont de nom-
)ieuses éditions (la première vit le jour en 1565)
il testent le succès. C'est une très-longue la-
neiitation de Nuspo Bizarro , ouvrier de l'arse-
;nl, divisée en cinq chants : l'auteur y reti'ace
a passion, sa jalousie pour une jeune Véni-
; ifune ; il l'épouse, et ne tarde pas à se repentir
le son mariage ; il est taquiné par sa femme, tra-
, assé par ses créanciers, etc. — Caravia est éga-
f ment l'auteur d'un petit poëiue en octaves, inti-
n!é ilSogno;Yenise, 1541 : cette production
st fort peu connue ; regardée comme hostile à
j a religion, elle fut sévèrement défendue.
Ferrari, de la Littérature populaire en Italie. — Re-
mit des Deux-Mondes, juin 1839. — Camba, Série degli
^eritti in dialetto veneziano.
I CARAViTA (Grégoire), chirurgien , natif de
jBologne, vivait au commencement du seizième
Mècle. Il se fit connaître par un contre-poison qui
fut expérimenté d'abord à Rome en présence du
,"pape Clément Vil, puis en 1522, à Prague, de-
îvaut l'empereur, et reconnu efficace.
* CARAViTA (Nicolo), littérateur italien, né
■ 1 Naples le 25 mai 1647, mort à Portici le 2
.novembre 1717. Professeur de droit, il se fit
jKounaître par quelques traités contre les préten-
itions du saint-siége sur le royaume de Naples.
[On a de lui : l'Introduzione alla lettura di
(rregorio Calàbrese sopra la concïone di Mar-
T'sa a Carlo Magno ; Naples, 1691, in-4°; —
V Introdtizione al libro intitolato Componi-
,menti per la ricuperata sainte di Carlo II;
i tapies, 1697, in-4'' ; — Nullum jus Romani
pontifias in regmim Neapolitanum, disserta-
it io Mstorico-juridica ; Alethopohs (Naples),
^111-4°, anonyme et sans date. Cet ouvrage, attri-
bué aussi à Matteo Egizio, fut proscrit à la
tour de Rome par un décret du 15 janvier
il 714; — Ragioni delta città di Napoli
.conti-o il procedimento straordinario nette
<cause del'sanf Uficio ; Naples, 1709, in-8°.
ïipaldo, Biografia degli ItalianiUlustri.
NOCV, BIOGR. UNIVERS. — T. Tlir.
CARAVAGGIO — CARBO 674
*CARBACH ( George- Wolf gang), théologien
et érudit allemand, né à Nuremberg le 23 août
1658, mort dans la même ville le 7 mars 1725.
Il fit, depuis 1679, ses études littéraires et théo-
logiques dans l'université d'Altdorf, et devint
pasteur à Nuremberg. On a de lui : Disputatio de
Palmariisiisquehodieflorentibuseruditorum
societatibus, adjectis annotationibus et pro-
grammate Omeisii; Altdorf, 1680, in-4''; —
Disput. de invocationis Cultu; AlWorf, 1685,
in-4° , et dans Joannis Fabricii majoris Prx-
lectiones theologicœ, p. 627-646; etc.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgemeines Gelehrten-
Lexicon. — Will, IViirnberger Gelehrten-Lexicon ( Dic-
tionnaire des Savants de Nuremberg).
CARREiv ( Victor DE ), rabbin allemand, né en
1423, mort à Cologne le 2 février 1515. D'abord
rabbin de la communauté juive de Cologne, il
se convertit au christianisme en 1472, à l'âge de
cinquante-neuf ans, tandis que sa femme refusait
d'abandonner la religion de ses ancêtres. L'ar-
chevêque de Cologne Hermann contribua et
donna de l'éclat à cette conversion, constatée
sur la porte extérieure de Cologne par cette ins-
cription : Victor olim Judœus. Quelque temps
après, Caiben se fit prêtre, et combattit dans
divers écrits les croyances de ses premières
années. On a de lui: Judœorum errores et
mores, opus aureum ac novum etadoctis viris
exspectatum ; Cologne, 1509, in-4'', et 1550,
in-S", en allemand ; — Propugnaculum fidei
Christian^ instar dialogi, christianum etju-
dxum disputatores introducens ; sans date,
in-4°, et en allemand, à Strasbourg, 1519, in-4".
Hartzheira; Blbl. Coloniens. — Wolf, Bibl. Hebr.
CARBO famille plébéienne appartenant à la
g'ewsPapiria, commença àmarquer dans l'histoire
romaine vers 168 avant J.-C. Elle fournit à la
république plusieurs consuls, orateurs et géné-
raux, dont nous allons mentionner les plus re-
marquables :
CARBO, ( Caius-Papirius) , orateur romain,
né vers 164 avant J.-C, mort vers 119. Contem-
porain et ami des Gracques , qu'il égalait en élo-
quence et dont il partageait les idées démocrati-
ques , il remplaça Tibérius Gracchus dans l'em-
ploi de triumvir pour le partage des champs
( triumvir agrorum dividendorum ), et bientôt
après, en 131, il fut élu tribun du peuple.
Pendant son tribunat il s'unit à C. Gracchus
contre P. Cornélius Scipion l'Africain, et fut
soupçonné de n'avoir pas été étranger à la mort
subite du vainqueur de Carthageet de Numance.
Cependant lorsque Opimius fut mis en accusation
pour avoir fait tuer, en 121, C. Gracchus et
ses partisans, Carbon, qui venait d'être élevé au
consulat en 120, prit la défense d'Opimius, et dé-
clara que le meurtre de C. Gracchus était légi-
time. Cette indigne versatiUté attira sur l'ancien
tribun la haine populaire, sans lui concilier la fa-
veur de l'aristocratie. En butte à l'inimitié de
tous les partis, il fut accusé par le jeune orateur
L. Licinius Crassus ; et, prévoyant une condam-
22
67£
CARBO — CARBONE
nation, il s'empoisonna. Cicéron loue beaucoup
le génie de cet orateur, qui offrait l'union trop
cortininne d'un beau talent et d'un caractère
versatile.
Tite- Live, Epitome, 83, 61. — Applen, B. C, I, 18, 20.
— Vellélus Paterculus, II, 4. — Cicét-on, de Amicitia, 23;
de LegibuSfM, 16; ad Familiares, ÏX., 21; de Orat., i,
a, 25, 89, 40 ; II, 10 ; 111, 7, 20; Brutus, 27, 43, 62; TuscuL,
i. 3. — Tacite, Orat., 34.
CARBO (C.-Papirius), surnommé Arvina,
orateur romain, fils du précédent. Tribun en 90,
il proposa, avec son collègue Plautius, une loi
(lex Plautia et Papiria) par laquelle le droit
de cité était accordé à tous les habitants des
Tilles restées fidèles ([ui viendraient à Rome,
dans le délai de soixante jours, déclarer devant
le préteur qu'ils acceptaient les droits et les
charges Aajus eivitatis. Cependant on voit, par
un fragment d'un de ses discours, qu'il approuvait
le meurtre du grand piotecteur des Italiotes,
M. L. Drusus, assassiné en 91. Défenseur de
l'aristocratie, il fut massacré en 82, dans la curie
Hostilia, par le préteur Brutus Damasippe, un
des chefs du parti de Marius. Carbo Arvina fut,
suivant Cicéron, le seul bon citoyen de sa famille.
Cicéron, pro Archia, 4 ; Brutus, 62, 90; ad Familiares,
IX, 21; de Orat, III, 3. — Velléius Paterculus, II, 26. — Ap-
pien, B. C, I, 88.
CARBO {Cnéus-Papirius) , général romain,
cousin du précédent, né vers 130 avant J.-C,
mort en 82. Son nom paraît pour la première
fois dans l'histoire en 92. A cette époque, il fut
dénoncé au sénat comme séditieux par le consul
Appius Claudius Pulcher. Cinq ans plus tard, on
le trouve parmi les chefs du parti de Marius, et
commandant une des quatre armées qui assié-
geaient Rome. Lorsque ValériusFlaccus fut tué en
Asie, Carbo le remplaça comme consul en 85.
Lui et son collègue Cinna, craignant le retour de
Sylla, se déclarèrent consuls pour l'année sui-
vante, et parcoururent l'Italie, soulevant toutes
les villes , demandant aux Samnites et aux Luca-
niens l'appui de leurs armes. Mais la victoire
resta fidèle à Sylla, qui arriva en Italie en 83.
Avant même le commencement des hostilités,
Cinna fut massacré par ses propres soldats ; et
Carbo , qui se donna pour collègue Marius le
jeune en 82, ne put, malgré son audace et son ac-
tivité , résister au vainqueur de Mithridate. Battu
par Sylla dans toutes les rencontres, il s'embarqua
pour l'Afrique au moment même où la tentative
désespérée du Samnite Pontius Télésinus rame-
nait pour un moment la victoire au parti démo-
cratique. Carbo fut arrêté dans l'île de Corcyra,
et conduit à Lilybée devant Pompée, qui lui fit
couper la tête.
Appien, B. C, 1, 69,96. — Tite-Llve, Epitome, 79, 83,
88, 89. — Plutarque, Sulla,i2; Pomp., 10. — Cicéron, in
Fer.; ad\Familiares, IX, 21. — Eutrope, V, 8, 9.,—
Oroae, V. îO. — Zonar., X.
CARBON. Voy. FUNS.
CARBONARA (le comte Louis)', juriscon-
sulte italien, né à Gènes le 11 mars 1755, mort
dans la môme ville le 25 janvier 1826, Sénateur
de sa petite république et l'un des huit régen
de la banque de Saint-George, il devint, (
1797, sénateur de la nouvelle république ligi
rienne organisée par le général Bonaparte, et f
élu en 1803 juge au tribunal suprême. Après 1'
tablissement de l'empire, Carbonara fut nomii
par Napoléon président de la cour impériale (
Gênes , et bientôt après appelé au sénat-conse
valeur. En 1814, il donna son adhésion à la d
chéance de l'empereur et à la restauration d
Bourbons. Rentré dans sa patrie, Carbonara f
créé, par ordonnance du roi de Sardaigne du '
mars 1816, présideot d'une commission charg
de recevoir les réclamations de tous lescréancie
des établissements pieux, lesquelles n'auraie
pas été précédemment admises par l'admiiiistr
tion française. Il fit encore partie de plusieu
commissions, et fut un des trois délégués envoy
en 1821, par la ville de Gênes, près du nouve;
roi Charles-Félix.
Biographie nouvelle des Contemporains.
CARBONDALA {Jean de), chirurgien et m
decin italien, natif deSantluo dans le Piémont, i
vait vers la fin du treizième siècle. Il pratiqua
chirurgie à Crémone, Pavie, Plaisance et Véron
et enseigna en 1293, dans cette dernière vil!
les éléments de son art. Il a laissé : de Oper<
tionemanuali, manuscrit in-fol., avec un su
plément contenant deux mémoires intitulés, ,
premier : Effectus Aquse Vitse mirabiles
corpore et extra corpus humanum ; le seconc
Ad Inflammationem carbimculi. On prétei
qu'il y est, pour la première fois, question (
la syphilis ; mais les termes que l'auteur emplt
peuvent se rapporter à toute autre maladie i
flammatoire des parties génitales.
Malacarne , dellc opère de' Medici e de' Gerusici c
nacguero o fiorironoiprima del secolo 16 iiegli dlo
délia real casa di Savoja.
CARBONE {Louis ), oratcur et poëte latin, i
à Ferrare en 1436, mort dans la même ville i
1482. Élève de Théodore Gaza, et professeur
l'université de Ferrare en 1456, il fit à Bol
gne un séjour d'une année, de 1465 à la fin i
1466, comme on le voit par un décret du d
Borso, qui accorda certaines exemptions en fave
de Carbone {clarissimi oratoris et eximii a
tium doctoris, magistri Ludovici Carboni, r
deuntis ex Bononia ad studium Fei'rarïx.
On lui a attribué un traité de Elocutione on
toria, qui semble appartenir à un autre Lodovii
Carbone de Costocciaro, plus ancien d'un si
cle. Il prononça aussi l'oraison funèbre du di
Borso. Ses discours , conservés à Rome dans
bibliothèque de Sainte-Marie del Popolo, et s
vers, que Guasco vit dans la bibliothèque d
frères mineurs de Reggio, sont restés inédit
Guasco a donné des extraits des poésies de Ca
bone : on y trouve quelques détails curietn
entre autres sur une harangue adressée au paj
Pie 11, qui avait donné au poëte le titre de comt(
PoiUiCci sumrno plaçait facunclia nostra, j
Qui comltis titulum jussit incsse mibl.
677
CARBONE
CARBONE (/(^rdme), poëte napolitain , mort
en 1527. Il est mentionné par Giraldi et Ponta-
\ nus. Ses poésies ont été imprimées en 1506,
\ iu-fol.
TiraboschI, Storia delta letteî-aturalitaliana, t. VI,
part. II.— ToppI, Bibl. Nirpolet.
♦carbone (François), controversiste ita-
lien, vivait dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. Il publia la Dispulatio cura Ju-
\dxis de Contardiis Ignetus (résumé d'une
j discussion religieuse tenue en 11 86, dans l'île de
j Majorque, entre le commerçant génois Contardus
. i [gnetus et les députés de la communauté juive),
I sous le titre : Flagellum Jîidœonim stiper
\mdaicam perfidiam, prophetarum jaculis
ilabefactntum; Venise, 1672, in-12, et 1677,
'[iii-8°. On lui attribue aussi les Piaghe del
F.hraismo ( sans date ni lieu d'impression).
Adolimg, supplément à Jocher, Atlgeme'nu Celehrten-
' Leric.
* CARBONE ( Jean ) , valet d'auberge, un des
■hefs de l'insurrection génoise en 1746. Le 5dé-
ernbre, les Autrichiens, qui occupaient Gènes
lepuis quelque temps et traitaient les habitants
'n peuple conquis, voulurent enlever un mor-
ier d'un poids considérable , et forcer quelques
lommes du peuple à les assister dans cette spo-
iaîion. Ceux-ci refusèrent, et reçurent des coups
' le bâton. Un enfant à peine âgé de huit ans,
oyant qu'on frappait son père, ramassa une
)ierre, et la lança à la tête d'un des caporaux
lutrichiens, en criant : « Oh! je la casse »
Oh! la rompo). Ce fut le signal de l'insurrec-
ion. Carbone fut un des premiers à y prendre
lart. Après un combat qui dura plusieurs jours,
es Impériaux furent forcés d'abandonner la porte
; iaint-Thomas , dernière position qui leur res-
ijàt. Carbone, saisissant les clefs de la porte,
iccourut au palais, où le doge et les collèges
i itaient obligés de laisser tout faire sans donner
I les ordres ; et, présentant les clefs au prince,
i |1 lui dit : « Voilà des clefs qu'avec tant de faci-
lité vos seigneuries ont remises à nos ennemis ;
! àchez à l'avenir de mieux garder ces clefs, que
îious avons recouvrées au prix de notre sang. ■»
^arbone conserva quelque temps une autorité
i)resque dictatoriale; mais son pouvoir cessa avec
e danger, et le nom de l'héroïque valet d'au-
perge ne brilla un moment que pour rentrer
pientôt dans l'obscurité.
; Artaud, Italie, dans l' Univers pittoresque.
CARBONE ( Jean-Bernard), peintre italien,
lé à Gênes en 1614, mort dans cette ville en
1683. Élève de Giovanni- Andréa de' Ferrari, U
'ut le premier peintre de portraits de l'école gé-
lioise. « Les connaisseurs les plus intelligents,
litLanzi, ont quelquefois pris ses portraits pour
^tre de la main de Van-Dyck, ou les ont achetés
ides prix peu au-dessous de celui qu'on met
lux véritables portraits du peintre flamand. Il
|;omposa aussi fort bien , et rien ne le proxrve
jnieux que son tableau du roi saint Louis, placé
lu Guastata. Cet ouvrage ne plut point cependant
— CARBONI 678
à ceux qui l'avaient commandé, et ils en firent
faire un autre à Paris, puis un troisième. Ces ta-
bleaux furent successivement |)Iacés sur l'autel ;
mais celui du Carbone fut définitivement préféré,
et les deux autres furent placés sur les deux pa-
rois latérales, comme pour lui servir d'orne-
ment. »
Lanzl, Storia pittorica.
"^CARBONEL (Bertrand), troubadour fran-
çais , florissait vers la moitié du treizième siècle ;
c'était un gentilhomme de Marseille, issu d'uhe
famille noble, mais pauvre ; il célébra dans déô
vers assez froids ses amours avec une dame dont
il ne dit pas le nom. 11 réussit mieux ddns la
satire, oîi il déploie un talent hardi et incisif; le
clergé est surtout l'objet de ses attaques. Il restfe
de lui dix-sept pièces en tout. Carbonel avait
une instruction supérieure à celle de la plupart
de ses contemporains ; il cite Ovide et Térencé,
et il avait lu Horace et Juvénal.
Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV,
p. 282; t. V, p. .99. — Millot, Hist. des Troubadours, 1. 1,
p. 382.— Parnasse occitanien, p. 240. — Diez, Leben der
Troubadours, p. S87. — L'histoire littéraire de la
France, t. XX, p. 539.
CARBONEL (Hugues), théologien français, de
l'ordre des Frères Mineurs de l'étroite observance,
vivait dans la première moitié du dix-septième
siècle. On a de lui : Discours sur le viauvais
Riche et le Lazare ressuscité; Paris, 1616; —
Sermons sur les Évangiles et le Carême;
Paris, 1620.
Dupin, Table des Auteurs ecclésiast. du dix-septième
siècle.
CARBONEL (JosepJi-fi^oël), musicieii français,
né à Salon, en Provence, le 12 août 1751, mort
en 1804. 11 perdit de bonne heure son père, qui
était berger, et vint à Paris pour y étudier la clii-
rurgie ; mais son goût pour la musique lui fit aban-
donner cette carrière, et il entra à l'Opéra pour
y jouer du galoubet ; depuis , il s'adonna tout
entier au pt-rfectionuement de cet instrument.
On a de lui : Méthode pour apprendre à jouer
du tambourin ou du galoubet, sans aucun
changement de corps, dans tous les tons; Pa-
ris, 1766. Son fils, Joseph-François , s'est distin-
gué comme compositeur. Tous les accompagne-
ments des romances de la reine Hortense ont
été retouchés et arrangés par lui.
Fétis, Biog. universelle des Musiciens.
CARBONNEL (Antoine-Jacqucs), littérateur
français, mort à Perpignan en 1834. On a de
lui : Essais et Opuscules divers; Perpignan,
1817, in-8°; —• Mailly , ou Traité de la Re-
connaissance, ode; Perpignan, 1820, in-8°;
— quelques poésies dans le volume intitulé
Hommages à LL. AA. RR. Mgr. le duc et ma
dame la duchesse d'Angouléme; Perpignan,
1821, in-8°.
Quérard, la France Uttér.
*CARBONi (François), poëte latin moderne,
né en Sardaigne en 1744, mort en 1817. Pro-
fesseur d'éloquence latine à Cagliari, il fut en
22.
CARBONÎ — CAB.BURIS
relation avec plusieurs littérateurs italiens de
son temps, entre autres avec Angelo Fabroni. On
a de lui les petits poèmes latins suivants : de
Sardoa intempérie ;— de Corallis lib. Il; —
de Extrema Christi Cœna; — de Corde Jesu;
— ad SS. Eiicharistiam carmina; — S. doc-
toris Thomae Aquinatis Rhythmus in SS. Eu-
charistiam XII endecassyllabo carminé ex-
pressus.
Tipaldo, Biograf. degli Ital. illustri, t. 1.
CAEEONNET OE LA MOTHE ( Jeanne H^),
religieuse de Bourg - en - Bresse , a, sous le
nom de mère Jeanne de Sainte- Ursule, pu-
blié l'ouvrage suivant •- Journal des illustres
religieuses de l'ordre de Sainte-Ursule, avec
leurs maximes et pratiques spirituelles,
tiré des chroniques de l'ordre et autres mé-
moires de leurs vies; Bourg, 1684-1690, 4 vol.
in-i".
Le Bas, Dict. encyclopédique de la France. — Univers
put.
CAUBUEis (Marin, comte), ingénieur grec, né
au commencement du dix-huitième siècle à Argos-
toli, chef-lieu de Céphalonie, mort en 1782. En-
voyé par son père , Jean Carburi , à Bologne en
Italie pour y faire son droit, il préféra y étudier
les sciences physiques et mathématiques. Il re-
tourna ensuite à Céphalonie ; mais, à cause d'un
égarement de jeunesse, il dut bientôt s'éloigner
de la famille qu'il avait offensée. Comme il l'a
avoué dans ses ouvrages, il s'imposa cet exil
volontaire par le remords pour une action vio-
lente « que sa jeunesse pouvait excuser , mais
que son cœur devra toujours détester, et que la
loi n'aurait pu pardonner. » Réfugié en Russie, il
fut présenté par son compatriote le général Mé-
lissinos à l'impératrice Catherine, qui le nomma
lieutenant- colonel du génie. Avant été banni par
les Vénitiens, possesseurs des îles Ioniennes, il
crut nécessaire de changer de nom et de pren-
dre celui de Lascaris, auquel sa famille était al-
liée. Cependant il n'avait pas caché son véritable
Tiom à ses amis et au gouvernement qu'il servait.
!1 construisit le bâtiment où fut fondue la statue
de Pierre le Grand à Pétersbourg. Falconet, ne
voulant pas élever la statue sur un piédestal or-
dinaire, eut l'idée de former un rocher artificiel
de plusieurs pierres réunies par des attaches en
fer et en bronze. Mais Carburis fit remarquer
avec raison que cet assemblage de plusieurs
pièces ne pourrait résister au climat de la Russie,
et qu'il fallait un monolithe. Tout l'été s'écoula en
recherches inutiles : on n'avait trouvé qu'un seul
bloc à une lieue de Saint-Pétersbourg; mais Ta-
miral et plusieurs ingénieurs en regardaient le
transport comme impossible. Cependant ce bloc
n'avait pas même la moitié de la grandeur du
monolithe qu'un paysan venait d'indiquer à Car-
buris, dans le golfe de Finlande : c'étaitunbloc de
granit de vingt-un pieds de hauteur, de quarante
de longueur, et de vingt-sept de largeur. Ce mo-
nolithe était enfoncé à quinze pieds de profon-
deur dans un terrain marécageux. Catherine pro-
posa un prix de 7,000 roubles pour en opérer le
ti-ansport. Le ministre Betzky proposait de le
couper en quatre ou ea six pièces ; mais Car-
buris s'engagea de le transporter tout entier par
un mécanisme de son invention. Il fit d'abord
im modèle de la machine qu'il avait projetée
sur la proportion du dixième ; et en y apposant
3,000 livres , il vit qu'il pouvait avec un seul
doigt le mettre en mouvement. Carburis, ayan1
achevé sa machine et aplani le chemin poui
le transport, parvint à dégager le monolithe d(
l'endroit marécageux où il était enfoncé. Carburis.
quoique atteint de la fièvre , en dirigea le tians-
port. A son ordre, deux tambours donnaient, dt
haut du monolithe, aux nombreux, ouvriers, le
signal pour commencer simultanément le mou-
vement. Un four de forgerons était toujours al
lumé au milieu du monolithe, pour réparer le;
ustensiles. Toute la cour avec le prince Henr
de Prusse alla à la rencontre du rocher, qui, ayan
parcouru dans six semaines l'espace de quatrt
milles et demi , arriva aux bords de la Neva,
d'où l'amirauté dut effectuer le transport jus-
qu'au rivage de la capitale. Un navire de cen
quatre-vingts pieds de long, soixante-six de lar
geur et dix-septde hauteur fut prépai'é pour pou
voir recevoir la masse qu'il devait porter. Mais
quand le monolithe y fut placé, et qu'on eut en-
levé l'eau qu'on avait fait entrer dans le navir<
pour que le pont fût au niveau de la terre, oi
s'aperçut que le navire s'était fendu en plusieur:
endroits, et, se courbant comme un arc, se sou-
levait à ses deux extrémités. Après deux sfr
maines employées en vains efforts, Carburis
auquel on recourut, fit placer et attacher à cha-
que côté du navire une frégate; puis, ayantcharg(
de pierres la proue et la poupe du navire, il ;
rétablit l'équilibre, et lui fit reprendre sa pre i
mière forme. Ainsi le rocher voyagea sur lei'
eaux jusqu'à Saint-Pétersbourg, au grand étoni
nement des habitants de cette ville, accourus ei
foule sur le rivage. Le 30 septembre 1769, li
monolithe fut posé dans la place de Saint-PéteriS'
bourg. L'impératrice nonmia Carburis aide di
camp de Betzky, et lui confia la direction d|i
corps noble des cadets de terre. Mais, maigre cei
honneurs, Carburis voulut revenir dans sa patri*'
poar y introduire de grandes améliorations. I
passa par Paris, où il publia en français la des-
cription de ses travaux et des machines doni
il s'était servi pour transporter le monolithe, eii
y ajoutant une analyse chimique de ce môrad
monolithe, faite par son frère Jean-Baptiste Car
buris : Monument élevé à la gloire de Piern
le Grand, ou Relation des travaux et de.'
moijens mécaniques, etc., par le comte Marir
Carburis, ci-devant lieutenant de police et cen
seur ayant la direction du corps noble dei^
cadets de terre de Saint-Pétersbourg ; Paris
1777. Dans cet ouvrage Carburis reprit publi-i
qu«ment son nom, et dans la préface il expliqmi
«81 CARBURIS
les motifs qui lui avaient fait adopter le nom
de Lascaris.
Par ordre du gouvernement français , un mo-
dèle du mécanisme de Carburis fut déposé au
Conservatoire des arts et métiers. Carburis de-'
meura quelque temps en France, où il épousa
une|Française, et retourna à Saint-Pétersbourg
I avec sa famille. L'impératrice lui accorda de
l larges récompenses , et il obtint du gouverne-
1 ment, de Venise la révocation de son bannisse-
iment et même le don en toute propriété d'une
plaine marécageuse dans l'île de Céphalonie, pour
y[mettre à exécution ses projets d'amélioration.
n s'établit dans cette île; et depuis quatre ans
ises essais de culture de l'indigo, de la canne à
sucre et du coton d'Amérique prospéraient, lors-
qu'une nuit quelques laboureurs de la Laconie,
qu'il avait pris à son service, attaquèrent et pillè-
|i rent sa maison, croyant y trouver de grandes ri-
chesses. Les assassins regorgèrent, ainsi que l'a-
igriculteur américain qui le secondait dans ses
travaux. Sa femme, couverte de blessures , lui
survécut. T.
Mazarakis, yies des Hommes illustres de Céphalonie;
Marin Carburis ; 'Venise, 1843. — Francesco Miligia, Di-
\iionario délie belle arte del disegno ; Bassano, 179T.
— Ohsson, Tableau hist. et moderne de l'Empire Ot-
toman.
*CARBCRis (Jean-Baptiste, comte), médecin,
jtfrère du précédent , né à Céphalonie, mort en
|1801. n fit ses études à Bologne avec son frère Ma-
prin. En 1750, le roi de Sardaigne Charles-Emraa-
puel, désirant réformer les études de médecine,
jldésigna Jean-Baptiste Carburis pour professeur
jà la faculté de médecine à Turin. En 1762, vou-
lant reconnaître l'état de la science dans les
(différents pays de l'Europe , et se lier avec les
hommes célèbres de son époque, il visita l'Italie,
la France , la Hollande , l'Angleterre et la Fin-
lande. Il fut nommé membre de la Société royale
de Londres et de celle d'Edimbourg. De retour
là Turin, il lit au musée de cette ville une riche
(Collection de coquillages et autres objets rares dans
|SOn voyage. Il professa à Turin pendant vingt ans .
ISa renommée comme médecin ne se bornait pas
(à l'Italie. Le fermier général de France, attaqué
fparun mal que les médecins deParis regardaient
(Comme incurable, écrivit au roi de Sardaigne, le
Ï (riant de lui envoyer Carburis. Celui-ci se ren-
iit en Provence, où il opéra la guérison du ma-
ade, qui se rendit à Turin pour remercier le roi.
fte 30 août 1770, Jean-Baptiste Carburis, pour
*■ raison de santé, se disposait à retourner à Cé-
phalonie, lorsque la fille du roi de Sardaigne,
(qui avait épousé le comte d'Artois, voulut que
iCarburis restât son médecin. H dut donc suivi-e
la comtesse d'Ai'tois en France, où Louis XVÎ
Ije nomma médecin de toute la famille royale.
C'est alors qu'il publia l'analyse du granit du
'monolithe de Saint-Pétersbourg. En 1795, il se
[rendit à Padoue, où il mourut professeur de phy-
jsiologie. T.
' Mazarakis, p^ies des hommes illustres d« Céphalonie ,•
— CARCADO
G82
Jean-Baptiste Carburis ; Venise, 1843. — Z.innlni, yie
de Monte-Santo. — Tlpaldo, degli illustri Italiani del
secolo Xf^IIf. — Bcnl, biorjra/la medica Piemonlesc. —
Antonio MencR-nelll, Notizie biografiche degli ylcado-
mici di Padova.
* CARRCKis (Marc, comte), le plus jeune frère
des précédents, né à Céphalonie en 1731, mort
à Padoue en décembre 1808. Élevé à Venise, il
fut reçu docteur en médecine à Bologne. Lors-
que la république de Venise voulut créer une
chaire des sciences chimiques à l'université de
Padoue, elle en confia l'enseignement à J.-B. Car-
buris, et l'envoya visiter les mines du Dane-
mark, de la Hongrie, de l'Allemagne et de la
Suède. Carburis eut des relations intimes avec
les savants les plus distingués de son époque, tels
que Margraff, Cronstedt, Wallerius, Pott et Lin-
né ; il fut nommé membre de l'Académie que le
sénat de Venise fonda alors à Padoue. Les actes
de cette académie contiennent plusieurs de ses
mémoires sur la métallurgie. Il trouva le premier
la méthode de fondre les minerais de fer sans
l'emploi ni du charbon ni d'autres fondants , et
il essaya d'appliquer sa méthode en grand. Car-
buris a inventé aussi une espèce de papier incom-
bustible, très-utile pour l'artillerie. La république
de Venise, qui fit frapper une médaille en hon-
neur de l'inventeur, ne voulut pas divulguer ce
secret, et le procédé de Carburis resta inconnu.
II fut un des premiers qui obtint des jristaux
purs d'acide sulfurique. On sait que Léraery,
seulement une fois, par hasard, en avait pu
obtenir, et que Millot en avait aussi obtenu une
seule fois, mais dans un état d'impureté. On
voit encore au musée de Padoue un flacon con-
tenant les cristaux d'acide sulfurique obtenus
par Carburis. Il démontra que le nickel avait
une grande affinité poui l'argent , opinion con-
traire à celle qu'avait soutenue Cronstedt, qui l'a-
vait découvert. T.
MazaraJkis, P'ics des hommes illustres de Céphalonie;
Marc Carburis. — Tipaldo, Biografla degli illustri Ita-
kani. — Fasti gymnasii Patavini ab anno MDCCtyil
usque ad MDCCLXkXFII, a Francisco-Maria, comita
Belunensi.
* CARCADO ( René- Alexis , le sénéchal de
Carcado-Molac , comte de) , général français,
né en 1059, mort le 29 août 1743. Mousquetaire
en 1681, il passa lieutenant au régiment du Roi
le 19 octobre 1682, et servit au siège de Cour-
tray, à la prise ^e Dix.jude, et au bombarde-
ment d'Oudenarde en 1683. Capitaine (10 mars
1684), il se trouva au siège de Luxembourg, fît
la campagne d'Allemagne (l&9i), passa en juin
1695 àl'arméedeRoussillon,et marcha au secours
de Palamos, sous le duc de Vendôme. Brigadier
(3 janvier 1676), il servit au siège de Valence
et l'année suivante à l'armée de Flandre, sous
le maréchal de Villeroi. Employé à l'armée d'Ita-
lie (26 décembre 1700), il combattit à Carpi
et à Chiari , commanda (1702) les grenadiers
au combat de San-Vittoria, et contribua à la
prise de Borgo-Forte, de Nago, d'Arço, et d'AstS.
Étant passé à l'armée d'Espagne ( 4 avril 1707),
G83 CAPvCADO
il combattit à Almanza, et inarclia ensuite au
siège cte Lérida, dont il emporta la première en-
ceinte. Lieutenant général des armées du roi
(19 juin 1708), il continua de servir en Espagne
iusqu'en 1710. A. Sauzay.
Pinard, Chronol. milit., t. IV, p. 630.
CA.'R.c Ajao (Archélails ou Aî'cA^^as), médecin
italien, né à Milan en 1556, mort dans la môme
ville en 1588. Il professa quel(|ue temps à l'U-
niversité de Pavie. On a de lui : In Aphorismos
Hippocratis lucubrationes ; — de Methodo
medendi; — de Modo colligandi libri duo ;
Pavie, 1581, in-8°.
Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.— Bio-
graphie médicale.
CARCAXO (Jean-Baptiste), médecin italien
du seizième siècle. Disciple du célèbre Fallope,
qui lui destinait sa chaire d'anatomie et de chi-
rurgie, il fut forcé par la mort de son maître de
quitter Padoue. Il professa longtemps à l'univei'-
sité de Pavie, et se rendit célèbre par d'impor-
tantes découvertes anatomiques. On a de lui :
Libri duo anatomici ; in altero de Cordis vas-
sorum infœtu unione pertractatur ; in altero
de Musculis palpebrarum atque oculorum
motibus deservientibus accurate disseritur;
Pavie, 1574, iu-8°; — de Vulneribus capitis;
Milan, 1584, in-4''; — Exenteratio cadaveris
illustrissimi cardmalis Borromsei; Milan,
1584, in-4°.
Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.
*CARCANO (Ignace) , médecin italien, fils de
Jean-Baptiste, né à Milan le 4 octobre 1682,
mort dans la même ville le 3 novembre 1 730.
Il fit ses études à Pavie, où il obtint le bonnet
de docteur en 1704 ; mais ce fut seulement en
1707 qu'on l'admit dans le collège des médecins
de Milan. On a de lui : Considerazioni alcune
sopra P ultima epidemia bovina; Milan, 1714,
in-8°; — Considerazioni suite ragioni, spe-
rienze ed autorità ch' approvano V uso inno-
cente délie carni pelli e sero; Milan, 1714,
in-8''; — Rijlessioni sopra la naturalezza del
lucimento veduto in un pezzo di carne Icssata
il giorno 22 di maggio, etc. ; Milan, 1716, in-4° :
c'est l'histoire d'un cas de phosphorescence
d'un morceau de chair.
Corte, dei Mediei Milan. — Argetati, Bibl. Mediol.
CARCANO (François), théreulicographe ita-
lien, né à Vicence d'une famille noble en 1500,
mort en 1580. 11 était le meilleur chasseur de
son temps, et l'historien de Vicence, Jacques
Marzari, Je''nomme (p. 199) «il principe dei
« cacciatori e struccieri délie contrade nostre. »
Il fut très-habile surtout dans l'art de dresser
des oiseaux de proie; et le seul ouvrage qui nous
reste de lui, et qui traite de cette matière,
est intitulé : Tre libri degli uccelli da preda,
ne'' quali si conliene la vera cognizione dell'
artedé' struccieri, ed il modo di conoscere,
ammaestrare, regere e medicare tulti gli uc-
celli di rapina, con un trattato de' cani;Ye-
— CARCAVI
684
nise, 1568, 1587, in-S" ; Vicence, 1622, ia-8'^ ;
ouvrage très-complet, mais aussi très-rare au-
jourd'hui, qui a été oublié dans la bibiiograpliie
mise à la suite de VÉcole de la chasse aux
chiens courants, par MM. Lallemand.
Jacopo Mazzari, I.ttoria di Ficenza.
CARCANO ( jFranf 025 ), littérateur italien, né
à Milan en 1733, mort dans la même ville le
1^'' mars 1794. Élevé au collège Tolomei de
Sienne, et ami de Joseph Parini, de Charles Passe-
roni et de Joseph Baretti, il se fit connaître par des
productions estimées en prose et en vers. On a de
lui: Capitoli di autore occulto ; Utrechi , 1785,
in-4° ; — gli Occhiali magici, sogno del Pre-
muroso Fuggi Fatica; Selenopolis, 1789, in-4^;
— Sermone intorno ad alcune false opinioni
tenute davaril nello scriver poeticamente , e
sopra gli studii d' oggidi; Alethopolis, 1790,^
in-4°.
Tipaldo. Biographia degli Italiani illustri , vol. IV.
* CARCASSES (Arnaud de), troubadour du
treizième siècle. Il est auteur d'un conte ou nou-
velle en vers intitulée le Perroquet; il y a de»
l'esprit et de la grâce dans ce récit, qui paraîl
avoir été fort goûté dans le temps : il s'agit d'un
tour joué à un mari; et c'est un des premiers
essais dans un genre que les auteurs de fabliaux
et de contes ont épuisé à satiété; l'auteur dii
avoir écrit « per los maritz castiar que volo los
molhers garar » (garder, séquestrer). 'L'esY^nX
brillant de la chevalerie se confond, dans ce petit
récit, avec la galanterie des fictions orientales ; et,
sous le rapport littéraire, il a reçu les éloges des
critiques les plus judicieux.
Millot, Histoire des Troubadours, t. Il, p. 2:90.— Ray.
nouard, Choix de poésies, II, 275. — Histoire littéraire
de la France, t. XiX, p. 550.
*CAncAT (Augustin l'aîné), généalogiste
français, vivait dans la première moitié du sei-
zième siècle. On a de lui : les Gestes et la Vie
du preulx et vaillant chevalier Bayard, avec
sa généalogie mise en lumière; Lyon, 1525,.
in-24; 1558, in-S"; 1602, in-4°, et Auxerre, 1634,i
in-8° : c'est la biographie de Bayard par Sym-i
phorien Champier, augmentée de sa génèalogiei
par Carcat.
Lelong et Fontette, Bibliothèque hist. de la France.
*CAUCAT (Augustin le jeune), écrivain as-
cétique et hagiographe français, natif du Berry,
mort en 1655. 11 était provincial de l'ordre des
Augustijis réformés. On a de lui : Vie de sainte
Fare, avec une suite des.abbesses de cette ab-
baye ; Paris, 1629, in-8°; — l'Excellence de'
l'Oraison dominicale ; Poitiers, IGjl, in-S°.
LeloDg et Fontette, Bibliothèque hist de la France.
CARCAVi ( Pierre de ) , né à Lyon , mort on,
1684, fut d'abord conseiller au grand conseil à
Paris, ensuite bibliothécaire du roi sous le mi-
nistère de Colbert, qui le chargea de mettre en
ordre et de faire copier l'immense recueil deS'
Mémoires du cardinal Mazarin en 536 vol.i
Ses connaissances en mathématiques le firent
admettre au nombre des premiers membres de
85 CARCÀVl
Académie des sciences lors de la création de
'\U\ compagnie. Il fut ami de Pascal, de Fer-
lat, de Roberval, et de Descartes.
M(ir6rl. — Baillet, fie de Descartes. — Le Prince, Es-
li historique sur la bibliothèque du Roi.
cAiicAvi {Charles-Alexandre) , littérateur
ançais, lils du précédent, né vers 1665, mort
1 1723. Il composa sur la fin de sa vie deux
miédies intitulées : l'une, le Parnasse bouf-
01, qui ne fut pas représentée ; l'autre, la Corn-
asse de Follenville, en un acte et en prose ,
présentée le 11 octobre 1720, non imprimée.
l,cs frères Parfaict, Histoire du théâtre français ,
XV.
* c\RCV.vs (Martin) , médecin hongrois, né
Kartzag-Ujssalasch, dans la grande Coumanie,
1 s le milieu du dix-septième siècle ; mort très-
une à Leyde en Hollande après 1671. Les bio-
a|)lies hongrois donnent comme date de sa
issaiice tantôt 1660, tantôt 1666; mais ces deux
ilïres sont inexacts, à juger d'après les dates
l>ublication de ses ouvrages. Il étudia la mé-
ciiie à Leyde, où il prit ses derniers grades en
7J ; et il mourut bientôt après. On a de lui :
■ Acido preecipue microcosmi ; Leyde , 1670,
-4°; — de Hxmoptysi; Leyde, 1671, in-4'';
I Carmen honoribus Georgil Kovats-Tatai :
erculem vere cognitum , Ltigduni Batavo-
im, anno 1571 edenUs,dicatum;heyAe,i.&li,
-Praxis medica; Leyde, 1671, in-12.
pifem, Biographia Medicorum Hungarise. — Ho-
Memoria Hungara. — Carrère, Bibl. de la,
„ I, 33o et 340.
RCINUS (Kapxtvo; ). Suidas cite trois poë-
i'cle ce nom : le premier, né à Agrigente; les
'ix autres, dans l'Attique. Comme Carcinus d'A-
jente n'est mentionné par aucun auteur an-
», son existence a été révoquée en doute.
BARCiNçs le Vieux, poète comique, né à
lènes, vivait vers 450 avant J.-C. Il est connu
» quelques allusions malignes d'Aristophane;
^s il ne nous reste aucun fragment de ses ou-
^es, qui semblent s'être perdus de bonne
f ÀRCiNus le Jeune , poëte tragique, fils de
idecte et de Xénoclès , probablement petit-
u précédent, vivait vers 380 avant J.-C. Il
Wsa une partie de sa vie à la cour de Denys
Jeune. Les tragédies citées par les critiques
liciens sous le nom de Carcinus doivent ap-
iirtenir au fils de Xénoclès; Suidas lui en at-
jibue cent soixante. Outre quelques fragments
! certains, nous possédons les titres et les frag-
jents des tragédies suivantes -.Alope, Achille,
'hyeste, Sémélé, Anphiaraus, Médée, Œdipe,
(érée, Oreste. On a conclu de ces mots : poèmes
\e Carcinus (Kapxtvoy Ttoii^jxaTa), employés
jour désigner des poésies obscures, et d'un pas-
ige d'Athénée , que le style de Carcinus était
,ès-obscur. Ce défaut cependant ne se fait pas
îinarquer dans les fragments qui nous restent
e ce poëte. Son style ressemble beaucoup à
(felui d'Euripide.
— CARDAN
68G
Sulilas, au mot KapxCvoç. — Aristophane, le» Nuées,
1Ï6S ; la l'aix, 79t. - Diogène di' UBrce, H, 7. —
Arlstote, Morale, à Nicotnaque, Vil, 7; Poétique, i6
il ; Ithetorique, 11, «3; III, 18. — Allicnôe, I, VII. ; '
CARDAiLLAc (Jean), théologien français,
né dans la première partie du quatorzième siè-
cle, mort en 1390. Il appartenait à une grande
famille du Quercy, laquelle avait déjà fourni à
l'Église des prélats illustres, entre autres Guil-
laume de Cardaillac, évêque de Cahors en 1209.
Après avoir professé le droit à Toulouse, Jean
Cardaillac devint évêque d'Orense en 1351, et
deBrogaen 1360; il fut retenu en prison par
Pierre le Cruel depuis 1367 jusqu'en 1369. Dé-
livré à la mort de ce prince, et nommé par le
pape Grégoire XI patriarche d'Alexandrie et
administrateur de l'église de Rodez en 1371, il
devint, en 1378, administrateur perpéluerde
l'archevêché de Toulouse. Il composa plusieurs
livres conservés dans la bibliothèque des domi-
nicains de Toulouse, entre autres des sermons
pour les dimanches et fêtes de l'année, des con-
férences synodales, divers traités des ordres sa-
crées, enfin l'oraison funèbre du pape Clé-
ment VI, celle d' Urbain V, etc.
Froissart, I. I. - Sainte-Marthe, Gallia christiana. —
Baluze, fitœ papar. Avenion. — Tricaud, Essais de lit-
térature.
^CARDAN (Facto), médecin et jurisconsulte ita-
lien, né à Milan en 1444, mort le 29 août 1 524, fut
le père du célèbre Cardan. I] cultiva avec succès
les lettres et les sciences mathématiques, et laissa
un ouvrage publié sous le titi'e de Prospectiva
communis D. Johannis, archiepiscopi Cantua-
riensis, F. ordinis Minoriim, ad unguem cas-
tigata per eximium artium et medicinœ et
jurls utriusque doctorem ac mathematicum
peritissimum D. Facium Cardanum, Medio-
lanensem, in venerabili coUegio Jurisperito-
rum Mediolani residentem. Barthelemi Corte
qui dit que l'ouvrage fut imprimé, ne marque ni
l'année ni la forme de l'édition.
Jérôme Cardan, de Fita prnpria. — Nicéron; Mem.
t. XIV. — B. Corte, Notisie istoriche intomo a' medici
scrittori lUilanesi ; Milan, 1718, in-4».
CARDAN (Jérôme), célèbre médecin et phi-
losophe italien, né à Pavie le 24 septembre 1501,
mort à Rome le 21 septembre 1576. Il était fils
naturel de Facio Cardan et de sa concubine
Claire Micheria. Il nous apprend que celle-ci,
pendant sa grossesse, essaya de se faire avorter*
que l'enfantement fut pénible, et qu'il naquit sous
une mauvaise constellation : ainsi commençait
une existence qu'il a proclamée lui-même très-
infortunée. A sept ans, il reçut de son père les
premières notions des sciences, et profita si bien
de ses leçons, qu'à vingt-deux ans, venant à
peine de terminer ses études à l'université de
Pavie, il y expfiqua publiquement Euclide, et
donna des leçons de dialectique et de métaphy-
sique. En 1524, il prit à Venise le grade de
maître es arts ; deux ans après, il était recteur
de l'université de Padoue; et c'est dans cette ville
qu'il reçut, âgé de vingt-quatre ans, le bonnet
687
GARD AIN
68
di» docteur en médecine. Son nom était déjà
connu lorsqu'il revint à Milan en 1529 : il y sol-
licita son agrégation au collège des médecins;
mais on repoussa sa demande , sur le soupçon
que sa naissance n'était pas légitime. En 1531,
il épousa Luce Bandareni, aussi pauvre que lui.
Pendant dix ans, il avait été incapable de tout
commerce avec les femmes ; et il compte ce fâ-
cheux empêchement parmi les quatre plus grands
malheurs de sa vie. Les administrateurs de l'hô-
pital lui firent obtenir la chaire de mathémati-
ques , et il se crut alors en assez bonne position
pour renouveler sa demande au collège des mé-
decins ; il éprouva un second échec, et ne fut ad-
mis qu'en 1539, par le crédit de François Croce.
Séduit par les promesses magnifiques des hal)i-
tants d« Pavie, il alla professer dans cette ville ;
mais il y séjourna peu de temps; et à la fin de
l'année, ne pouvant se faire payer son salaire, il
revint encore une fois à Milan. Ce fut la plus
belle époque de sa vie. La publication de son
traité de mathématiques, Ars magna, le fit l'égal
des plus savants mathématiciens* Un moment il
parut diriger le mouvement scientifique , et il est
à regretter qu'il n'ait pas persisté dans une voie
de découvertes qui lui font le plus d'honneur.
B laissa échapper, vers la même époque, une
belle occasion de fortune : le roi de Danemark,
par l'entremise d'Andi'é Vésale , essaya de l'at-
tirer à sa cour; mais Cardan résista à l'offre
de 800 écus qui lui était faite : il redoutait le
climat du Danemark, et les embarras aux-
quels sa religion l'exposerait dans un pays tout
protestant. Il continua donc d'exercer la méde-
cine à Milan, et fit paraître en 1550 son traité
de Subtilitate, que l'on s'accorde à regarder
comme le meilleur de ses ouvrages. En 1552 il
fit un voyage en Ecosse : Jean Hamilton, arche-
vêque de Saint-André et primat du royaume, af-
fligé d'une grande difficulté de respiration que
n'avaient pu guérir les plus célèbres médecins
de France et d'Allemagne, fit à Cardan des con-
ditions si avantageuses, que celui-ci n'hésita pas
à se rendre près de lui. Il avoue qu'il dut cette
bonne fortune à un mensonge. Dans le premier
livre du de Sapientia, publié en 1544, il préten-
dait avoir guéri plusieurs phthisiques : Hamil-
ton fut trompé par cette assurance , et Cardan,
qui n'avait jamais guéri de phthisique, se réjouit
naïvement d'avoir menti si à propos. Il paraît
cependant que l'archevêque fut soulagé après
un traitement de quelques semaines; deux ans
après, si l'on en croit Cardan, il était radicalement
guéri.
Cardan, magnifiquementrécompensé,revintpai'
l'Angleterre , et vit à Londres le roi Edouard VI,
dont il fit l'horoscope, et à qui il prédit une longue
vie. Malheureusement le roi mourut l'année sui-
vante; maisCardan,habituéà dételles mésaventu-
res, revit ses calculs, rectifia quelques chiffres, et
il se trouva que le roi était mort d'après tontes les
règles de l'astrologie. Après avoir visité la France,
l'Angleterre, l'Ecosse, les Pays-Bas et l'Ailem;
gne dans un voyage de dix mois , Cardan r
tourna à Milan, où il vécut encore quelques ai
nées, partageant son temps entre le travail,
débauche et le jeu. Il poussait si loin cette de
nière passion, que, de son propre aveu, il venda
pour jouer, ses meubles et les bijoux de sa femm
Celle-ci lui avait donné deux fils et une fille. L
fils, élevés dans un logis qui n'était guère qu'i
tripot ouvert à tous gens tarés, imitèrent et d
passèrent les vices du père. L'aîné, médec
comme lui, empoisonna sa femme, et mour
décapité; l'autre tomba dans de si grands désc
dres que Cardan, après l'avoir fait souvent incB
cérer et lui avoir coupé une oreille, fut obli.
de lui fermer sa porte et de le déshériter. Ce n'
tait pas une grande punition; car il était li
même si pauvre qu'il faisait des almanachs po
vivre , et qu'il montra , dit-il, bien du coura
en ne demandant pas l'aumône. Charles Borr
mée et François Alciat voulurent l'arracher
cette fâcheuse condition ; ils l'appelèrent à Bol
gne, où 0 professa de 1562 à 1570. Unepromes
de 1,800 écus à laquelle il ne put faire bonne
lui valut quelques semaines de prison. C'est I
après son impuissance, l'inconduite de ses fils
la mort de l'aîné, ce qu'il appelle la quatrièr
grande infortune de sa vie. Mis en hberté, il
dégoûta de Bologne parce qu'U s'y sentait su
veillé, et s'enfuit à Rome, où il vécut quelqi
temps sans emploi public. Enfin, agrégé au c(
lége des médecins romains, et pensionnaire <
pape Grégoire Xm, il mourut dans cette ville
l'âge de soixante-quinze ans. Joseph Scaliger
de Thou prétendent qu'ayant fixé , d'après d
calculs astrologiques , l'année et le jour de
mort, il se laissa mourir de faim, pour que 1'
vénement justifiât sa prédiction. C'est un f;
que rien n'atteste, mais qui n'étonnerait pas i
la part de Cardan , puisqu'il assure qu'il essa;
plusieurs fois de se tuer ; c'est ce qu'il appel
amour héroïque.
Ce n'était là qu'une des moindres bizarreri
de cet homme extraordinaire. II ne faut, poi
l'appi'écier, que parcourir ce livre étrange cfu
écrivit sur lui-même, et qu'il intitula de Vita pr
pria. C'est un ouvrage unique en son genre, et q
pour l'ingénuité et la franchise des aveux lais,
bienloin lesconfessionsdeRousseau. Il avoue qn
est « emporté, entêté, brutal, et difficile à viviv
imprudent , rancunier , curieux , traître , enner
des siens, fourbe, impie, bavard, médisant, d(
bauché, obscène, lascif; qu'il est naturellemei
porté à tous les vices ; qu'il a le cœur froid i
la tête chaude ; qu'il médite souvent sur les clu
ses impossibles, ou sur des niaiseries ; qu'il chanj
d'opinion à toute heure, etc. « Jamais on n
dit plus de mal de soi-même ; mais l'énumératioi
de ses vices s'efface devant les qualités qu'
s'attribue : « Il méprise l'argent, il n'a pas d'an'
bition, et la plus grande de ses vertus est 1
constance avec laquelle il a supporté tous se»
89
CARDAIS
690
aux, sans une plainte, sans un mouvement
impatience. Il n'a jamais menti. « Mais en
(i même il ment impudemment. Il est curieux,
lès cela, de l'entendre affirmer que la nature
peut rien former de plus parfait que sa pér-
ime : et cette vanité l'emporte si loin, qu'il pré-
k1 connaître les langues giecque, espagnole,
iiK aise, sans les avoir jamais apprises. Un soir
icliota un Apulée, et il se trouva, le lendemain,
il le lisait couramment, sans qu'il eût aupa-
\ ant ouvert un livre latin.
■^011 costume, sa démarche, ses discours, toutes
habitudes se ressentent de cette faiblesse d'es-
t. Il se promène tantôt en haUlons, tantôt splen-
ernent vêtu ; il court les rues pendant la nuit; il
fait traîner dans un carrosse à trois roues , etc.
core n'est-ce là que de l'originalité ; mais de
4 nom appeler ce qui suit.? — « Je reconnais,
il, comme l'un de mes défauts, que je me plais
lire précisément ce qui peut être désagréable
eux qui m'entourent, et je persiste dans cette
)itiide sciemment et volontairement. ■» — Et
;ore : « Je ne garde , parmi mes valets , que
X qui me font honte'et qui me sont inutiles. «
Alors qu'il se trouvait en parfaite santé et
is souffrance aucune , il se mordait les lèvres
qu'au sang, et se tirait les doigts à en pleurer :
)arce que, disait-il, la volupté n'est autre
ise que cet état de bien-être qui succède à une
ileuT apaisée; et celle-ei sera facilement apaisée,
squ'elle est volontaire. » — Ses moyens de
^isolation n'étaient pas moins étranges. Lorsque
i fils fut condamné à mort, il ne put résister à
coup si cruel qu'en se donnant des coups de
let sur la cuisse droite. C'était sa cou-
oe •• il se mordait aussi le bras gauche, buvait
vin mêlé de safran ; et, après avoir jeûné ,
squ'il s'était mordu et fustigé -. « Alors,
-il, je cherchais des consolations -dans la rai-
Un esprit si bizarre devait avoir des visions,
reconnaît en lui quatre facultés qu'il trouve
mirables, et dont il ne parle qu'avec un air de
^stère ; 1° Il tombe en extase toutes les fois
fil le veut ; 2° il voit ce qu'il veut non par les
«X de l'esprit, mais par ceux du corps, et les
lages évoquées s'agitent continuellement de-
nt lui; 3° il est averti en songe de tout ce
i lui doit arriver : c'est ainsi que la plupart de
15 ouvrages lui sont inspirés par le ciel ; 4° il
unaît aussi l'avenir par des marques qui se
rment sur ses ongles. Une tache rouge lui ap-
it l'arrestation de son fils ; elle disparut après
ixécution. Il s'étend assez longuement sur les
irerses significations de ces marques dans son
m de Rerum Varietate, livre VDI, ch. xlui,
iquel nous empruntons ce qui précède, et sm'tout
ins le de SubtUUate, livre XVni.
"^Enfin, pour achever ce portrait, il nous reste à
' I rler de ce génie qu'il s'attribua, à l'imitation de
crate et d'autres hommes illustres. C'était une
"lyance héréditaire; car Facio Cardan avait
aussi son démon familier ; mais nous ne voyons
pas ici que la foi de Cardan soit bien robuste.
Il affirme positivement, dans son dialogue nommé
Tetim, qu'il possède « un génie Vénérien, mèl6
de Saturne et de Mercure. » — Dans le de
Libris proprUs, il avance que ce même génie so
met en rapport avec lui au moyen des songes j
puis il doute qu'il y ait véritablement des génies ,
et il attribue à l'excellence de sa nature ce mys-^-
térieux commerce avec un autre monde. Enfin,
dans son livre de Rerum Varietate, il annonça
qu'il n'a pas de démon familier. Cette fluctua-
tion d'idées est tout à fait dans ses habitudes :
il n'est pas d'homme qui se contredise plu^
souvent, par légèreté d'esprit et par défaut de
mémoire. C'en est assez pour faire apprécier le
caractère de Cardan. Il faut bien reconnaître avec
Naigeon que sa vie est un tissu d'extravagances,
d'actions incohérentes, viles et parfois crimi^-
nelles, puisqu'il en vint à assassiner un homme
qui l'avait volé au jeu. Mais que ceci n'étonne
pas chez un homme du seizième siècle. Scaliger
le jugeait bien : « Parfois, dit-il, il est supérieur
à tous les hommes ; mais souvent aussi il descend
plus bas que les petits enfants. » Enfin, Leibniz et
Naudé l'ont déclaré fou. Mais la folie n'exclut
pas toujours le génie ; et Leibniz lui-même , qui
l'a traité si sévèrement, n'en admirait pas moins
la supériorité de son esprit. Peut-êti'e lui savait-
il gi'é d'avoir proclamé, avant lui, que tout est
pour le mieux ici-bas.
Ceci nous amène naturellement à parler des
opinions philosophiques de Cardan. On l'a pré-
senté souvent comme un athée : c'était la grande
injure du temps passé. Malgré l'aveu d'une irré-
ligion qu'il dément d'ailleurs en mainte occasion,
et bien qu'il certifie qu'il ne va guère à la messe,
il ressort de ses propres mémoires qu'il était
pieux jusqu'à la superstition , et non pas athée
ni fanatique, comme le prétend le docteur
Parker. L'insuccès de ses horoscopes ne l'empê-
cha pas de faire celui de Jésus-Christ, et cela n'a
pas peu contribué à sa renommée d'impiété. Il ne
fit en cela qu'imiter Albumazar, Albert le Grand,
Pierre d'Ailly et T. Aussilianus ; mais il se garda
bien de les nommer, pour se donner le mérite de
l'invention; et le scandale en fut plus gi'aniî.
Aussi dit-il quelque part que l'astrologie a fait
le malheur de sa vie. Il est certain que ses livres
renferment bien des propositions hétérodoxes, et
que dans sou traité de Immortalitate animarum
il semble tirer des conclusions directement con-
traires au but de l'ouvrage. Par exemple, dans
le chapitre II, il prétend que le dogme de l'inîmor-
talité est préjudiciable à la société humain^ ; et les
raisons qu'il en donne sont assez singulières. Il
dit encore que ceux qui nient l'immortalité sont
plus honnêtes gens que les autres ; car la profes-
sion d'une telle croyance les rend odieux aux
autres hommes, et, partant, les oblige à plus de
scrupules et de vertus. Enfin ses opinions sur
l'âme rappellent la doctrine d'Averrhoës, et méri-
691
CARDAN
f
tent d'être rapportées : « Il n'y a, sub luna,
qu'un seul entendement, et cet entendement n'est
humain qu'en tant que la matière de l'homme le
peut admettre : il pénètre dans l'homme, et pro-
duit en lui les actes d'intelligence. Ce même
entendement s'approche des bêtes, et les entoure ;
mais la disproportion des matières s'oppose à son
entrée : ainsi il illumine l'intérieur des hommes,
et ne fait que rayonner autour des bêtes. Il n'y
a pas d'autre différence que celle-là entre l'en-
tendement des hommes et celui des bêtes, et de
là vient que ce qui est parfait chez nous est con-
fus chez elles. »
Jules Scaliger, qui rapporte ce passage du de
Immortalitate dans ses Exercitationes in Car-
danum, ajoute qu'il ne faut pas s'étonner si l'ou-
vrage de Cardan contient d'autres doctrines ; car
ce ne sont que lambeaux pillés chez tous les au-
teurs. Aussi n'est-ce pas la philosophie qui l'a
fait célèbre ; et cependant on trouve çà et là dans
ses ouvrages des pensées d'une grande élévation,
des observations fines ou profondes; Naigeon
n'a pas dédaigné d'en faire un recueil, et nous ai-
mons à citer après lui, pour exemple, celle-ci,
qui n'est certes pas de son siècle : « Dans les
pays où les peines sont légères, il est rare que
les crimes soient atroces; mais là où la justice
est barbare, les crimes le sont aussi. »
De tous les livres de Cardan, le plus connu est
letraitérfe SMÔiiZi^a^e.Ilnemitquehuitmoisà le
faire ; mais il le corrigea pendant trois ans entiers.
Sept ans après la première publication de ce
traité, Jules Scaliger, à l'affût de tous les talents
nouveaux pour se déchaîner contre eux, l'attaqua
vigoureusement, et y releva un grand nombre
d'erreurs ; mais sa critique fut si bien faite, que
Naudé se fait fort de prouver qu'elle contient plus
de fautes que le livre de Cardan. Ce dernier se
justifia de manière à réduire son adversaire au
silence; toutefois Scaliger ne se tint pas pour
battu , et, par un tour de charlatan qui peint
l'homme, il feignit de croire que sa critique avait
tué Cardan , et fit à ce sujet une préface hypo-
critement louangeuse, dans laquelle il déplorait
un triomphe qui coûtait si cher à la république
des lettres. Cardan se portait si bien, qu'il sur-
vécut dix-huit ans à Scaliger.
Le de Subtilitate, ainsi que le de Rerum Va-
rietate, renferme toutes les connaissances de
Cardan en physique, en métaphysique et en his-
toire naturelle; la plupart de ses observations
sur les animaux , les plantes et les métaux ne
sont que la reproduction des idées d'Aristote et
de Pline. Nous aurions voulu donner une ana-
lyse de ce traité, si le peu de méthode et l'in-
cohérence des parties n'avaient rendu cette tâche
presque impossible. Il y a de tout dans ce livre :
ignorance et savoir, bon sens et superstition;
l'auteur traite tous les sujets, et fait de son ou-
vrage une sorte d'encyclopédie de la science et
de l'industrie au seizième siècle ; encyclopédie qui
peut offrir de curieux renseignements à celui que
ne rebuteront ni l'obscurité, ni les contradictio
ni les digressions les moins justifiées.
Le traité de la Subtilité est divisé en 21 livi
Le i" parle des principes des choses, de la r
tière, de la forme, de la vacuité, du mouvem
naturel , et de l'espace ou du lieu ; le 2", '
Éléments : Cardan n'en admet que trois, la tei
l'air et l'eau; le 3^, du ciel; le 4% de la
mière ; le 5^, des mixtes; le 6", des métaux,
7^, A&s pierres; le 8% A&%plantes; le 9'' des a
maux engendrés par la putréfaction : Carc
croit à la génération spontanée ; 'il assure quf
terre est au centre du monde, et que le moi
est un grand animal. Le 10^ livre est intitulé
Animaux parfaits : « Toute modification,
l'auteur, que l'on fait subir à la forme extérie
des êtres a une action continue sur les êtres
gendres par ceux-ci ; on peut donc modifier à
gré la forme humaine, et la varier à l'infini
l'art et par la continuité d'une même cause ai
santé. » Dans le 11^ livre, il examine l'/zomme.
nécessité et sa forme ; dans le 12', sa naturi
son tempérament. « Le cœur, y est-il dit,
principe de vie, comme le cerveau. » Le
livre est consacré aux sens, aux sentiments i
la volupté; le 14', à l'âme, à Vintelligence,
jugement , aux passions, et à leurs effets p
siques;le 15^, âuxinutiles subtilités ;le 16% ;
sciences en général. C'est la partie la plus i
sonnable de l'ouvrage. Cardan veut que la g
métrie soit la première science qu'on ensei
aux enfants ; il se proclame inventeur de l'ai
bre, qu'il appelle le grand art, « inventé, dit-il
mis en lumière par nous. » — Le 17^ livre tr;
des ar^s et inventions : il met au premier ranj
navigation, puis l'artiUerie, et en dernier lieu 1'
primerie : il est étrange qu'il n'ait pas fait pas
celle-ci avant l'artillerie, qu'il déclare pernicie
au genre humain. Il veut qu'on n'estime dans
sciences que ceux qui ont beaucoup écrit :
pensait à lui-même. Le 18' livre, des cho
merveilleuses, est un singulier mélange de cou
bleus, de recettes d'empiriques, de secrets, <
Au milieu de ce fatras on trouve une indicat
de calcul pour chercher le rapport de la cire
férence au diamètre. Le 19' livre traite des ^
mons ou génies; le 20', des premières substt
ces des anges, archanges, etc.; et le 21', de Z)i
et de Vunivers; l'auteur n'y fait aucunement c<
naître ses idées sur Dieu et sur l'univers.
Le livre de Rerum Varietate est le pend;
du traité de Subtilitate. Mécanique , inventioi
spectres, divination et démonologie, secrets mi
veilleux , etc. , tout y est entassé pêle-mêle
sans ordre. L'auteur termine en expliquant poi
quoi il a écrit ce traité : « L'honneur, dit-
en revient à Dieu. Je n'aurais pas tant écrit sa
l'aide et le conseil de la Divinité : le conseil j
venait de la misère, qui me contraignit à faire ^^
mes libraires des marchés à tant par feuille;
sorte que j'écris ce qui me vient à l'esprit , ai
de remplir plus tôt la feuille. »
CARDAN
694
Ses écrits sur la médecine sont, à beaucoup
s , moins intéressants. On y trouve plus d'o-
iiialité que de profondeur. Ainsi , dans VOpus
ni ni, il cherche si les effets produits par les
ilicaments sont en proportion arithmétique ou
; luu'trique avec la dose prise par le malade. Le
I s i^rand éloge qu'on puisse lui faire, c'est d'a-
.1 r contribué à ce mouvement de réaction qui
dait à renverser la tradition transportée dans
lomaine de la science. Il a rassemblé ce qu'il
leile ses découvertes médicales dans le cha-
e XIV du rfe Vita propria, où sont réunies
autres inventions.
lais c'est dans les sciences mathématiques
tout que Cardan a acquis des droits à la re-
naissance de la postérité. Les faits qui se
achent à la découverte de la démonstration
la formule générale des équations cubiqu«s
t assez intéressants dans l'histoire de la
nce [)our qu'on nous permette d'y insister un
lient. Cette découverte appartient réellement
ïipion Ferrei ou Ferro, professeur de ma-
oatiques à Bologne ; mais il mourut sans la
; connaître au public. Antoine-Marie Fiore,
itien et disciple de Ferrei, qui lui avait en-
ûé son procédé, proposa, suivant l'usage du
ps, des discussions publiques aux géomètres,
s mit au défi de résoudre les problèmes dont
maître lui avait donné la clef. Tartaglia étudia
questions, et, après avoir essayé tous les pro-
;s connus, trouva enfin une solution. C'étaitla
8use formule des équations cubiques, il en ren-
ia l'énoncé dans trois tercets italiens, et à son
défiales savants. Ces joutes mat hématiqices,
cartels proclamés parles hérauts et les trom-
€s, à grand renfort de paroles pompeuses
'éloges ampoulés, semblent convenir plutôt à
charlatans qu'à de véritables savants; mais ce
iatanisme était alors de mode: une découverte
t le secret de l'inventeur, et l'on exploitait
méthode de calcul comme une recette nou-
e de poudre médicinale. Cardan supplia Tar-
ia de lui enseigner sa formule ; il le trouva in-
ible, et eut recours à la ruse : il l'attira dans
laison du marquis del Vasto par une lettre
te au nom de ce seigneur ; puis , s'enfermant
î lui dans une chambre écartée, il le conjura
louveau de lui commimiquer son secret , s'a-
p.sa aux plus humbles prières, s'engagea par
ijjnent à ne rien révéler, et fit si bien qu'il em-
p[tâ les tercets. Alors il s'appliqua à trouver
émonstration , ce que Tartaglia avait négligé
aire : il réussit, aidé dans ce travail par Fer-
, son élève, et publia dans Y/U's magna la
nule et la démonstration. Tartaglia cria au
lure, et revendiqua ses droits : Cardan main-
iles siens, et se crut assez riche de sa démons-
lion pour restituer à Ferrei llionneur de la
ouverte. C'est dans cette discussion qu'il fit
erver à son rival que l'extraction de la racine
He qui entre dans la formule n'est pas tou-
rs possible : cette première observation du
j cas irréductible fut traitée de chicane par Tar-
taglia ; mais Cardan la jugea plus sérieuse, et l'on
voit qu'il ne renonça à vaincre cette difficulté
qu'après de longues et vaines recherches. Ce n'est
point le seul pas qu'il fit faire à l'algèbre. Il re-
marqua aussi la relation qui existe entre les ra-
cines d'une équation et le coefficient du second .
terme de l'équation ; la multiplicité des valeurs de
l'inconnue, et leur distinction en positives et né-
gatives. Mais il ne connut pas l'usage des racines
négatives, et les regarda sans doute comme inu-
tiles. L'algèbre ne servait alors qu'à résoudre des
problèmes numériques ; on conçoit qu'il n'ait pas
senti toute l'importance de sa découverte ; on lui
a donc attribué à tort ce qui n'appartient réel-
lement qu'à Viete et à Descartes. Notons encore
que l'on trouve dans VArs magna quelques ves-
tiges de la méthode des ultimatum du signe dans
l'équation; et peut-être Descartes y a-t-il puisé la
première idée de la méthode qui porte son nom.
Cardan connaissait aussi les racines imaginaires,
et dans le même livre il remarque que ces ra-
cines , dans les équations , vont toujours par
couple. Enfin il eut quelque part à la résolution des
équations du quatrième degré. Car c'est en étu-
diant un problème proposé par Cardan comme
insoluble, que son disciple Ferrari trouva la for-
mule générale de ces équations.
Il nous reste peu de cbosas à dire sur les tra-
vaux astronomiques de Cardan. Malgré son at-
tachement aux doctrines péripatéticiennes et sa
crédulité aux chimères de l'astrologie judiciaire,
il émit parfois des idées qui, sans être con-
formes à la vérité, ont du moins le mérite de l'o-
riginalité et de la hardiesse. Nous citerons, entre
autres, sa théorie de la scintillation des étoiles,'
qu'il attribue à l'agitation de l'air, et qu'il com-
pare au mouvement apparent des cailloux au fond
d'une eau courante. Cardan prit part à la discus-
sion qui s'éleva entre les savants européens, vers
l'an 1572, à propos d'une nouvelle étoile qui
avait paru tout à coup dans la constellation de
Cassiopée. Tycho la considérait comme une créa-
tion nouvelle ; Cardan défendit vivement la doc-
trine de l'incorruptibilité des cieux , et professa
puhliquianent que cette étoile avait' toujours
existé, et, bien pins, que c'était elle-même qui
avait conduit les Mages à Bethléem.
Il serait trop long d'énumérer tous les ouvra-
ges de Cardan. Nicéron en a donné une liste
complète, que l'on pourra consulter au besoin.
Des 222 traités qui ont été imprimés, en voici
les principaux : Artis magnx sive de regulis
algebraicis liber U7ius; Nuremberg, 1545, in-
fol. ; Bâle, 1570, in-fol. ; — de Propria Vita
liber : la première édition a été publiée par
Naudé; Paris, 1643, in-12; 2^ édition, Amster-
dam, 1054, in-12 ;— de Subtilitate libri XXI;
Nuremberg, 1550, in-fol.; Paris, 1551, in-8°;
Bâle, 1554, in-fol.; iôic?., 1560, in-fol., avec
réponse à Scaliger ; Lyon, 1580, in-fol., etc; il en
existe une traduction fiançaise sous ce titre : les
(595 CARDAN —
Livres d'Hier. Cardanus , de la Subtilité et |
subtiles Inventions , ensemble les causes oc-
cultes et raisons d'icelles, trad. en français
par Rich. Leblanc; Paris, 1556,in-4°; — de Re-
rum Varietate libri XVII , cum appendice;
Bâle, 1557 et 1581, in-fol., et plusieurs fois ail-
leurs, in-8" ; — Opus novum de Proportionibus
numerorum, motuum, ponderum , sonorum,
aliarumque rerum mensurandancm , non
soluni geometrico more stabilitum, sed etiam
variis experimentis et observationîbus rerum
in natura solerti demonstratione illustra-
«wm; Bâle, ■ibl(i,\n-îo\.;— Proxeneta, seu
de Prudentia civili liber; Leyde (Elzevir'),
1627 et 1635, in-12; Genève, 1630, in-12; —
Ars magna Arithmeticae ; Lyon, édition de
Ch. Spon. ;— Claudii Ptolemsei Pelusiani libri
quatuor de astroriim jtidiciis , cum exposi-
tione Hier. Cardant; Bâle, 1554, in-fol.; Lyon,
1555, in-8°; Bâle, 1578, in-fol. : l'horoscope de
Jésus-Christ ne se trouve que dans les éditions de
1554 et de 1555; — Synesiorum somniorum
omni generis insomniu explicantes libri IV;
Bâle, 1583, in-4°; trad. en allemand, Bâle, 1583,
jn-4" ; — de Temporum et Motuum erratico-
rumrestitutione;^memheTg, 1547,in-4°; avec
Aphorismorum astronomicorum segmenta,
septem libri de jtidiciis geniturarum; —
de Revolutione annorum, mensium et dierum
addies criticos et ad electiones liber, et antres
ouvrages astronomiques ; — de Vtilitate ex
adversis capienda libri quatuor; Bâle, 1561 ,
in-8° : ce traité fut composé en 1 560, à l'occasion de
la mort de J. Bapt. Cardan ; — Dïalogus qui di-
cetur Tetim, seu de humanis Consiliis ; Bâle,
1583, in-4°, avec les Somniorum sijnesiorum,
etc., et de Summo Bono liber;— de Sapien-
tia libri V, quibus omnis humanss vitse cur-
sus vivendique ratio explicatur; Nuremberg,
1544, in-4°, avec le de Consolations ; Genève,
1624, in-8°, traduit en français; Paris, 1661,
in-12; — Opuscula medica et philosophica;
Bâle, 1566, in-4°: c'est une collection d'ouvra-
ges assez singuliers', tels que Podagrae Enco-
mium; — Nesonis Encomium; — de Socra-
tis Studio, mauvaise satire contre Socrate; —
Libellus de propriis libris, cui tituhis est
^'p^emerw.s; Nuremberg, 1544,in-4°; à la suite
du de Sapientia; —de Libris propriis eorum-
que ordine et usu ac de mirabilibus operibus
in arte medica factïs ; Lyon, 1557, in-8°; —
deimmortalitate animarum liber; Lyon, 1545,
in-8°; — de Sanitate tuenda libri IV; Rome,
1780, in-fol. ; ibid., 1717, in-4° ; Bâle, 1582, in-
fol.; _ Opuscula medica senilia; Lyon, 1638,
in-s"; — Contradicentiummedicorum libriX;
Paris, 1546, in-8" ; Lyon, 1548, in-4'' ; Marbourg,
1607, in-3°. A cette liste d'écrits il faut ajouter
des commentaires sur Hippocrate, 17 livres des
Paralipomènes,et une quantité considérable de
traités, de Usu ciborum; de Urinis; de Sar-
zaparilla; deVenenis;deEpilepsia; de Apo-
CARDELINl 6
plexia, etc. Toutes les oeuvres de Cardan or é
réunies dans la grande édition de 1663, pu e
sous ce titre : Hieronymi Cardani Med i-
nepsis philosophi ac medici celeberrimi o a
omnia, cura Car. Sponii ;Ljon, 1663, 10 |.
-in-fol. Il manque à cette collection : Apologi d
Andream Camutium,dsLns let. I; Opuscula ;.
dica; et un ouvrage publié pour la prer e
fois à Paris, la Métoposcopie de Cardan ( I.
du latin), comprise en 13 livres, avec
figures de la face humaine, ensembi ,-
Traité des signes ou marques naturelles u
corps, trad. du grec de Melampus,p. CL- A
de Laurendière; Paris, Th. Joly, 1658, in-
le texte grec est joint à la traduction franc,
il y a aussi une édition latine du même livr li
parut en même temps que la précédente.
Victorien Sardou
Cardan, de Fita propria. — Naudé, Judicimn de r.
dano. — Nicéron, Mémoires pour servir à l'fii, •,;
des Hommes illustres, t. XIV. - De Thou, ch. LX ^
Scaliger, Exercitationes CCCFII. — Teissier, El .
t. I. — Dictionnaire de philosophie de VEncyclo k
méthodique, 2 vol., art. Cardan, par le citoyen :
geon. — Bayle , Dict. philosophique. — Montucla,
des mathématiques, 1. 1. - Nolizie istoriehe iiUo. u
Mediciscrittori Milanesi da Bartholomeo Corte ; 5 j,
1718, in-40. — Jac. Phil. Tomasini, Eloyia, t. I. — S; cl
Var\ieT, Disputât, de Deo et Providentia divina, t.
XXX . — Brucker, Histoire critigue, t. IV. — Tari 1.
Çuesiti 6 invenzioni diverse, IX livr. — Cnrsali, .5 ;
delV AlQebra, t. II. — David Clément, Bibliothèqt '
rieuse, VI, 256. — Libri, Histoire des Sciences mat/', :
tiquesen Italie, III, 167.— Mercey, dans la Revue d
ris, juin 1841. — Dictionnaire des sciences philox
qu'es, t. Il, p. 873-940. — Franck, Notice lue à l'-^ch >
des sciences morales et politiques, insérée au Non
7 octobre 1844. — J. Crossley, the Life and titnes 0/
dan; Londres, 1836, 2 vol. in-S". - Tenneraann, IJ
la philosophie.
CAKDAW {Jean- Baptiste), fils du précc \i
et médecin comme lui, né le 14 mai 1534. C i'
un homme vicieux, débauché. Il épousa une j
fille pauvre, s'en dégoûta bientôt, et l'empois.
Il fut arrêté pour ce crime , condamné, et -
cuté dans sa prison le 13 avril 1560. C'< à
l'occasion de cette mort que Jérôme Card; i
son livre de Vtilitate ex adversis capienu i>
prétendit justifier son fils en pubhant qu à
femme l'avait trompé. A l'en croire, cerl S'
juges n'auraient condamné Jean- Baptiste 'fi
dans l'espoir que son supplice ferait mour ■
père de douleur. Jean-Baptiste a laissé < v
ouvrages : de Abstinentia ab tisu fxl
rum ciborum, publié à la suite du de TJl'ih ■
ex adversis, etc.; Bâle, 1581, in-8";— f/e
gure , imprimé avec quelques ouvrages du j -,
à Bâle, en 1570, in-fol. On trouvera ces ( *
ouvrages dans l'édition complète des œuvre |e
Jérôme Cardan, publiée à Lyon par Ch. Spo
V. S.
J. Cardan, rfe Fita propria; de Utilitate ex ai ■
sis capienda. - Nicéron, Mémoires, t. XIV.
*CABiOEMlVl {Victor), médecin italien i'
à Bassano, dans le Vicentin, vivait dans la -
mière moitié du dix-septième siècle. Quo '
professant la ])hilosophie et le droit dans sa -
trie, il n'a pourtant écrit qu'un traité de m
t CARDELINI -
(- , rempli d'assertions hardies et singulières,
e ilitulé de Origine fœtus libri //;Vicence,
1 s, in-4°.
) riVi-, Bibliothèque de la médecine.
\KDE!VAS {Barthélemtj de ), peintre espa-
pl, d'origine portugaise, né en 1547, mort en
1 ;. Il eut pour maître le peintre espagnol
S Iit's Coello, etbientôt il se fit remarquer par
6, [iroductions, dont les principales sont : 1° à
]\ I id , la partie principale du cloître de Notre-
j ic d'Atocha, dans l'église des Dominicains ;
0 ^■ailadolid, les peintures du cloître du cou-
V lie Saint-Paul ; le retable du maître-autel ,
0 st peinte la vie de Jésus-Christ ; — une
C re de quarante pieds carrés, qui occupe tout
]( >iid du chœur; — une Cètie, et plusieurs
n oaux estimés, dans le réfectoire du même
C' ™t.
,lcr, Neues AUgemeines Kûnstler-Lexicon.
aiDENAS {Jua7i de), fils de Barthélémy,
p (re espagnol, vivait dans la première moitié
di ix-septième siècle. Il fut élève de son père,
■ îilla à Valladolid, et se distingua dans le
âge. Il reproduisait surtout avec talent les
. s et les fleurs.
Jlllet, Dictionnaire des peintres espagnols.
tRDENAS {Bernardm) , historien espagnol
x-septième siècle, né à Chuqûizaca, dans la
ince de las Charcas, au Pérou. Nommé en
1 à l'évêché de l'Assomption , il ne put s'en-
^•6 avec les jésuites qui gouvernaient le Pa-
lay. Cette lutte, dans laquelle il eut pour
ien le célèbre Palafox, se prolongea plus de
t ans , et se termina par l'éloignement de
(lenas, qui fut transféré en 1666 à Santa-Crux
a Sierra. On a de lui plusieurs ouvrages de
mique et d'iiistoire; le plus important est :
mal y relacion de las cosas del Reyno
ii>en<; Madrid, 1634, in-4''.
;:oI. Antonio, BiûiioiA. hisp. nova. — Charlevoix,
laire du Paraguay .
jcARDENAS Y CANA (Ga&rie^ i>e), historien
ignol, vivait dans la première moitié du dix-
jième siècle. On a de lui : Ensayo cr&iioio-
para la Historia gênerai de la Florida;
îrid, 1733, in-fol.
elung-, suppl. à Jôcher, Jllgem. Gelehrlen-Lexicon.
lARDENEAV ( Bernard- Augustin, baron de),
^ral français, né en 1766, mort en 1841.
bméen 1791 lieutenant dans le régiment d' An-
mois, qui forma la 148^ demi-bçigade, il servit
tord à l'armée des Pyrénées orientales. AMa-
^ il commandait le 101^ régiment de ligne, et
i)ussa victorieusement plusieurs charges de la
«i'ilerie autrichienne. Général de brigade et baron
di 'empire en 1807, il fut fait chevalier de Saint-
^ is en 1814. Pendant les Cent-Jours, il com-
n ida une brigade d'infanterie au blocus de Stras-
li ig. Renvoyé à la chambre des députés parle
d internent des Landes, il vota ordinairement
^^ le centre ; mais, en 1819, il se prononça con-
ti les lois restrictives de la liberté individuelle et
d a liberté de la presse. Il ne fut pas réélu en
CARDILUCIUS 69S
1823, et ne rentra à la chambre qu'an mois de
juin 1830. Il en sortit de nouveau en 1831, et
passa ses dernières années dans une commune
du département des Landes.
C. Mullié, Biographie des célébrités militaires.
CARDER (Pe^ers), marin anglais, vivait'en
1586. Il commandait une pinque faisant partie
de la flottille de Drake, lorsque ce navigateur se
rendit dans la mer du Sud par le détroit de Ma-
gellan, dans le but d'inquiéter le commerce espa-
gnol. Drake, ayant réussi à franchir le détroit,
détacha, le 6 septembre 158G, le capitaine Carder,
afin de donner en Angleterre des nouvelles de
l'expédition. Carder traversa heureusement le
détroit; mais larsq.u'il relâcha surJa côte améri-
caine au nord du Rio de la Plata , il eut à y sou-
tenir un combat contre les Indiens, qui tuèrent
ime partie de son équipage. Surpris par un gros
temps, il toucha contre un îlot, et le bâtiment fut
mis en pièces. Carder et un matelot échappèrent
seuls à ce désastre. Contraints de se nourrir
de coquillages crus et de fruits sauvages, n'ayant
pour boisson que leur urine , ils formèrent des
débris du navire un radeau sur lequel Ds mon-
tèrent et se confièrent aux flots. Après trois jours
et deux nuits des plus pénibles , ils furent jetés
sur le continent , près d'un cours d'eau douce.
Le compagnon de Carder mourut à cet endroit
pour avoir voulu satisfau'e sa soif d'une manière
immodérée : quant à lui même, il fut pris par
des sauvages qui , quoique aulhiopophages^ eu-
rent pitié de son sort, et le laissèrent aller aa
bout de quelques mois. Caider gagna les posses-
sions portugaises, et revint en Angleterre en
1586.
W. Smith, Hist. des Voyages.
CARDi ( Lodovico). Voy. Cigou.
* CARDIL.E ( Vincenzo ) , poète sicilien, né à
Savoca, dans le diocèse de Messine, le 16 avrU
1761 ; mort du choléra le 23 juillet 1837. Il en-
tra dans les ordres, et devint chanoine de la ca-
thédrale de Palerme. Jusqu'à l'âge de cinquante-
cinq ans, il ne s'occupa guère que de travaux
scientifiques et de recherches d'érudition; mais
ayant été attemt de la goutte , il essaya de se
distraire des cruelles douleurs qui le clouaient
sur son lit, en composant les petits poèmes
suivants en dialecte sicilien : lu Spitali di li
Pazz/l ;— l'Organu; — lu Viaggiu a H Campi
Elisi ; — l'Autumnu ; — li Mali morali au-
mentanu li malifisici; — le Passioni o lu pa-
pule meus ; — lu Triumfu di la paci.
TipaFdo, Biografta degli Ital. illust., VIH, 77
CARUiLtrcius (Jean-BisMas), médecin al-
lemand, vivait dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, n étudia à Leyde, et pratiqua
son art quelque temps à Francfort-sur-le-Mein, à
Darmstadt et à Nuremberg. Il se qualifiait de
docteur en philosophie, en médecine, comte pala-
tin et premier médecin du duc de Wirtemberg;
il n'était au fond qu'un médecin assez médiocre,
gi'and partisan de l'alchimie et des doctrines de
699 CARDILUCIUS
Van Helmont. On a de lui : Officina sanitatis,
sive Praxis Chymiatrica Joannis Hartmann'),
Cîii annexxis est Zodiacus medicus; Nurem-
berg, 1677, in-4°; — Traitât von der Pestilentz,
1684, in-4''. Il exprime dans cet ouvrage l'opi-
nion que souvent les phénomènes d'une maladie
sont le résultat de l'imagination.
Éloy, Dictionnaire historique de la médecine. —
Kestner, Mediciniaches Gelehrt- Lexicon.
cARDini {Antonio-Francisco), jésuite por-
tugais, né dans le dix-septième siècle, mort dans
la seconde moitié : il avait pour lieu de naissance
la bourgade de Vianna, dans l'Alemtejo. Il alla
de bonne heure dans les missions de l'extrême
Orient. On a de lui : Relaçào da Viagem do
GaleàoSan-Lonrenço,esuaperdiçâonosiaixos
de Moxincale em 3 de setembeo de 1649; Lis-
bonne, 1651, in-4° , réimp. dans la coUect. des
naufrages. On a aussi publié sous son nom : Re-
laçào da glorïosa morte de quatro embaixa-
dores po7'tïcguezes da cidade de Macau, com
cincoenta esetes christào dasxia companehia
degolados todos pela,fede Christo emNanga-
saqui ; Lisbonne, 1643, in-4''. F. D.
liarbosa Machado, Bibliotkeca Lusitafna. — César de
Figanière, Bibliografta historica.
*CARDIM (le P. Fernam) , iésuite portu-
gais, né dans le seizième siècle, mort après l'année
1618. 11 ^^nt de bonne heure à Bahia prendre
part aux premières missions du Brésil, mais ne
put résister aux fatigues qu'il fallait endurer dans
les forêts, et, devenu le compagnon du père visi-
teur Christovam de Gouvea, il fut sur le point de
succomber en 1583. C'était un homme d'un
esprit fort cultivé ; aussi, après avoir occupé le
poste de recteur du collégede Rio-de-Janeiro, fut-
il appelé à devenir provincial de son ordre. Il
occupait ces fonctions en 1609 , lors de l'exhu-
mation d'Anchieta. De nouveaux documents
nous le montrent, neuf ans plus tard, se mêlant
dans Bahia aux affaires politiques et religieuses
jusqu'en 1618. M. Adolfo de Varnhagen a pu-
blié dans ces derniers temps un précieux opus-
cule de ce missionnaire voyageur : Narrativa
epistolar de una viagem e missao jesuitica
pela Bahia, Ilhlos , Porto-Seguro, Penmm-
buco, Espirito-Santo, Rio-de-Janeiro, San-Vi-
cente (SaJi-Pflîi^o ); etc. ; Lisbonne, 1847, in-12.
Ce livre est écrit d'un style charmant, et donne
des détails d'une grâce parfaite. F. D.
Documents inédits.
* CAKDiiN'AL ( Pierre ) , troubadour fi-ançais,
naquit près de la ville de Guy au commence-
ment du treizième siècle. Sa carrière se prolon-
gea d'une façon remarquable; il mourut cente-
naire vers 1305. Dans un âge avancé, et tombé
dans la détresse, il fut choisi, par les magistrats
de Tarascon, pour être le maître de la nombreuse
jeunesse qui était réunie dans les murs de cette
ville. Il nous est parvenu soixante-dix pièces
enviion de ce troubadour. Sa versification, dont
il varie les formes et la cadence, n'est pas sans
mérite. Ses satires ont presque toujours un sens
— CARDOINO
général et rarement individuel. Rien ne
échappe; les faussaires, les parvenus, les h)
criteSjles femmes galantes, les prêtres com
pus , sont criblés de ses traits.
Renouard, Clioix de poésies des Trotibad., t. II
et V.— Millot, Hist. des Troubadours, t. III, p. 23'
Parnasse occitanien, p. 806. — Dick, f.eben dcr 7
budovrs, p. 464. — Hist. littéraire de la France, t.
p. S69-577. — Nostradamus, f^ie des anciens poêles
vençaux. — D. Valssettc, IHst. wiiv. du Lanyuedo
*CARD1NALI {Clément), archéologue itai
né à Velletri au mois de mars 1789, mort (
la môme ville le 22 novembre 1839. Après a
rempli jusqu'en 1823 des fonctions adminis
tives à Bologne et à Ferrare , il se retira t
sa ville natale, y fonda une bibliothèque pi
que, dont il fut le premier conservateur, (
livra tout entier à des travaux archéologiques
a de lui : Lettera in tome a due marnii scr
dans le Journal encyclopédiqxie de Nap
1818; — Silloge di hOO inscrizioni; BoIo|
1819 : cette collection a été réimprimée avec
additions considérables dans le troisième vol
des Memorie romane di antichità e belle a
Rome, 1827; — Elenco délie coorti a
liari e sociali degli antichi Romani, trattx
marmi scritti ; Rome, 1827; — Diplomi
periali de' privilegi accordati a' militari
colti e comment ati ; Rome, 1835. Cai'dinali
blia aussi, en collaboration avec son frère Le
Antiche inscrizioni Veliterne ; Rome , 1
in-4°.
Tipaido , Biografia degli Italiani iilustri. — Mi
relu. Biog. autogr. inéd.
CARDijVi (Ignace), médecin et natura
corse, né en 1562 à Mariana (Corse), m(
Lucquesvers la fin du siècle. Cardini pratio
la médecine dans sa ville natale; c'était
homme d'un esprit vaste, et qui avait acquis
connaissances presque universelles; mais a
sur la religion des opinions hétérodoxes ,
esprit satirique le porta à attaquer les prO
et les moines de son pays à tout propos. 11 i
publié en latin un ouvrage en deux parties, ■
la première traitait des minéraux de la Cors(
la seconde, des plantes qui y croissent. Cai
ti'ouva l'occasion d'ajouter à la fin de la seci
partie des lettres satiriques contre le de
qui devinrent la cause de sa perte. Le peu
ameuté contre lui , le força à se réfngiei
toute hâte à Lucques , où il mourut d'une
senferie trois mois après son arrivée. Les me
corses rassemblèrent, autant qu'ils lauréat,
les brûler, les exemplaires de son ouvrage ,
est devenu d'une extrême rareté. Aucune bi
graphie n'en sait indiquer ni le titre exact, n
détails particuliers de l'édition. Quant à
style, on dit qu'il ressemble assez à celui de I
l'Ancien.
Éloy, Dictionnaire de la médecine.
* CARDOINO (André), controversiste ital
vivait dans la première moitié du di.v-septi
siècle. On a de lui un ouvrage (inédit), doi
manuscrit est conservé dans la Bibliothèque
31 CARDOINO
Wale de Paris. En voici le tiffé : Relazione di
inevra, nella quale compendiosamente si
"jijiona dello stalo di quella città, partico-
nnente d&ll' anno 1535 fino al giorno pre-
nledi 1621.
'histoire littéraire de Genève.
CAiiDON (Antoine- Alexandre-Joseph), pein-
' belge, né à Bruxelles le 7 décembre 1739,
lit vers 1822. il s'appliqua au dessin dès sa
iiiière jeunesse, et eut pour maître M. de la
;iia , peintre de l'impératrice Marie-Thérèse,
c lequel il fit le voyage de Vienne, oh il sé-
! lia un an. Devenu pensionnaire de l'impéra-
;e, il passa plusieurs années en Italie, d'abord
lome, puis à Naples, où il abandonna la pein-
e, pour s'adonner à la gravure. Il fut chargé
graver, sous la direction de d'Ancarville, le
s grand nombre des planches des Aritiqui-
étiusques , grecques et romaines du che-
ier Hamilton. Rappelé par M. de Cobeatzel,
avait formé le projet de publier l'histoire de
Toison d'or, il grava diflérents tableaux de
honune d'État et du duc d'Aremberg. En
5 , il fut nommé membre de ITnstitut royal
sciences et des arts des Pays-Bas.
LàRDON {Antoine), graveur belge, fils du
îédent, né à Bruxelles le 15 mai 1772, mort
16 avril 1813. Élève de son père pour le des-
, la peinture, la gravure à l'eau-forte et au
in, il alla en 1792 se perfectionner à Londres,
emporta un prix à l'Académie royale de dessin,
belles gravures : le Mariage de Catherine de
mce avecEenri V, roi d' Angleterre ; la Ba-
lle d'Alexandrie; la Joiirnée de Maida, le
nt choisir de préférence aux artistes anglais
ir graver les tableaux du musée de Londres,
oiniiicuça par la Femme adultère de Ru-
s, ouvrage immense qui lui valut les ré-
ipenses les plus flatteuses de la part de l'em-
eur d'Autriche et du roi des Deux-Siciles.
s les travaux excessifs auxquels se livra Car-
i détruisirent sa santé, et il succomba à une
adie de langueur.
ilerie historique des Contemporains. — Bioç. uni-
elle des Belges. — Nagler, A'eae* AUgem. Kûnstler-
icon.
:ardona (Jean-Baptiste), antiquaire et
idogien espagnol, né à Valence, mort en 1589.
moine de la cathédrale de Valence, il fut
omé par Grégoire XIII membre de la com-
sion chargée de rétablir dans toute leur inté-
é le texte des Pères. Il avait déjà restitué,
3rès les manuscrits, plus de huit cents leçons
saint Léon le Grand et de saint Hilaire, lors-
une mort prématurée l'enleva à la culture des
res et aux dignités ecclésiastiques. Il avait été
■que de Perpignan, de Vie, de Tortose, et,
dant deux ans, commissaire de l'inquisition.
a de lui : Oratïo de sancto Stephano , dis-
rs prononcé devant le pape l'an du jubilé
— de Expungendis hœreticorum pro-
is nominibus, etiam cum nihil maUs doc-
- GARDONE 702
trinae, aut nihil propritim, editis libris con-
signant, dédié à Grégoire XIII; Rome, 1576,
in-S"; — de Begia Sancti Laurent U Biblio-
theca libellum, sive consilium cogendi om-
nis generis utiles libros, et peridoneos minis-
tros fructuose , callideque custodiendi : ce li-
vre, qui contient encore de Bibliothecis, extrait
de Fulvius Ursinus , de Vaticana, tiré des pa-
piers d'Onuphrius Pavinius, et de Dipthycis
commentariolum, fut publié àTarragone, 1587,
in-4°.
Nie. Antonio, Bibliotheca hispana nova. — André
Schott. Hispania illustrata. — Gaspard Escobn, Hi$-
toria yalentina, 1. v.
CARDONE (Raimond de), général espagnol du
quatorzième siècle. U appartenait à une ancienne
famille aragonaise ; et, après s'être distingué au
siège de Gênes, il fut choisi en 1320 par Robert,
roi de Naples, et par le pape Jean XXII, pour
commander les Guelfes en Italie après la retraite
de Ptiilippe de Valois. Battu le 6 juillet 1322 par
Marco Visconti au pont de Basignano, il parvint
à rétablir son armée, conquit Cortone, Alexan-
drie, et vint assiéger Milan. Il fut forcé à la re-
traite, vaincu et fait prisonnier par Galéas Vis-
conti en 1324. Ce seigneur, qui voulait se servir
de lui pour négocier la paix avec le pape, relâ-
cha son prisonnier, après lui avoir fait prêter ser-
ment de ne plus porter les armes contre les Gi-
beUns. Jean XXII rejeta toutes les propositions
que lui apportait Cardone, le releva de son ser-
ment et le renvoya aux Florentins, attaques par
le vaillant Castruccio Castracani, de Lucques.
Cardone se mit en campagne, au mois de juin
1325, avec quinze mille hommes d'infanterie, et
une cavalerie qui s'éleva au bout de deu.\ mois
à quatre mille hommes. Après avoir campé quel-
que temps devant Pistoja, il se dirigea sur Cap-
piano, et s'empaia du passage de la Guisciana.
Castruccio demanda des secours à ses alliés ; mais
il ne parvint à réunir que quinze cents cavaliers,
et ne put empêcher la prise d'Altoposcio. L'armée
florentine ne tarda pas à se désorganiser, et
Cardone donna pour de l'argent des cpngés aux
bourgeois fatigués de la guerre. Le général guelfe
n'avait plus que huit mille fantassins et deux
mille cavaliers, lorsque, le 23 septembre, il fift
attaqué, défait et pris par Castruccio, qui le mena
en triomphe à Lucques. A partir de cette époque,
le nom du premier Raimond de Cardone ne re-
paraît plus dans l'histoire.
CARDONE (Raimond 7/ de), généraL espa-
gnol du seizième siècle. Nommé vice-roi de Na-
ples par Ferdinand le Catholique en 1509, il prit,
deux ans plus tard, le commandement de l'armée
espagnole destinée à défendre^e pape et les Vé-
nitiens contre les Français. Après avoir réuni
toutes ses forces à Imola, U marcha sur Bologne
au mois de janvier 1512. Gaston de Poix accou-
rut au secours de cette place, s'y introduisit dans
la Huit du 4 au 5 février, à la faveur de la neige
qui tombait en tourbillons, et força Cardone à
703
CARBONE — CARDONNEL
70
se retirer sur ïmoîa. Le 26 mars, Gaston envahit
la Romagne, pour forcer le général espagnol à
livrer bataille; mais celui-ci, voulant attendre
l'arrivée des six mille Suisses que lui amenait le
cardinal de Sion, chercha à éviter tout engage-
ment, et retint ses troupes sous les murs d'Imola.
Il fut cependant obligé de quitter cette position,
par la marche du général français sur Ravenne.
La bataille s'engagea le 10 avril. Les Espagnols
furent battus ; mais Gaston périt en poursuivant
les vaincus, et Cardone, qui s'était enfui avant la
fin du combat, reprit bientôt l'avantage. Dans
les deux campagnes de 1512 et 1513, les Fran-
çais, unis aux Vénitiens, furent rejetés au delà
des Alpes. Cardone déshonora par des cruautés
inutiles la victoire qu'il devait à ses lieutenants.
Il pilla Crémone, leva des contributions énor-
mes sur Brescia, Bergame et les autres villes ,
s'avança jusqu'aux lagunes , après avoir ravagé
les alentours. Le général vénitien Barthélémy
d'Alviano essaya de mettre fin à ces dévasta-
tions; mais il fut vaincu près de Vicence le
7 octobre 1513. Les Espagnols prirent leurs
quartiers d'hiver dans les monts Euganéens, et
pendant toute l'année 1514 ils se tinrent sur la
défensive. En 1515, lors de l'invasion de Fran-
çois V dans le Milanais, Cardone, surveillé par
l'Alviano, ne put secourir les Suisses, et fut forcé
d'évacuer la Lombardie à la suite de la bataille
de Marignan. Il conserva la vice-royauté de iN'a-
ples sous Charles-Quint.
Sismondi, Histoire des Républiques italiennes, tom. V,
XIV. — Léo et bntta , Histoire de Vltalie. — Gerhard
Ernest, Bibliotheca Hispanica.
CARDONE {Vincent), poète italien, né à
Atessa, dans l'Abruzze citérieure, à la fin du sei-
zième siècle; mort vers 1620. Il entra dans l'or-
dre des Dominicains, et composa quelques ou-
vrages poétiques, qui n'offrent d'autre mérite que
celui de la difficulté vaincue. Dans un recueil
de vers imprimé en 1614, et intitulé la R sban-
dita, il parvint à ne pas introduire une seule
fois la lettre R. Quelques années après, il fit réim-
primer ce travail puéril, et le publia avec un au-
tre poème intitulé VAlJabeto distrutto, dédié
au duc de Savoie, auquel il allait le présenter à
Turin , lorsqu'il mourut en route.
Chaudon et Delandine, Dict. liist.
CARDONNE {Denis-Dominique), orientaliste
français, né à Paris en 1720, mort le 25 décem-
bre 1783. Conduit dès l'âge de neuf ans àCons-
tantinople, il ne revint en France qu'à vingt-
neuf ans, après avoir fait une profonde étude des
langues et de la Uttérature orientales. Il fut
nommé successivement professeur des langues
turque et persane au collège de France, inter-
prète du roi, censeur royal, et garde de la biblio-
thèque du Roi. En 1763, il fit paraître une /iïs-
ioli-e de r Afrique et de l'Espagne sous la do-
mination des Arabes, 3 vol. in- 1 2 ; ouvrage
estimé, pour lequel il avait consulté les historiens
arabes, et qui a été traduit en allemand par Moor ,
Nuremberg, 1768-1770, 3 vol. in-8°, et par Faes
Zurich, 1770, in-8°. En 1770, il pubha des Mêla)
ges de littérature orientale, traduits de difft
rents manuscrits arabes, turcs et persans, 2 vo
in- 12 : une édition contrefaite en parut en 177
Il a en outre terminé la traduction des conti
et fables indiennes de Galland, 1777, in-8°,
donné à la Bibliothèque des romans, du marqu
de Paulrny, des extraits des principaux romai
de l'Orient. Govot iie Fère.
Kahbe, Biog. des Contemp. — Quérard, la France U
— Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.
CARDONNEL (Pierre-Salvi-Félix) , magi
trat et membre des assemblées politiques i
France, né à Monestier (Tarn) le 29 mai 177
mort le U juillet 1829. Fils d'un notaire op
lentj'U se hvra à la profession du barreau à Alh
Le 12 octobre 1795, à vingt-cinq ans, il fut é
membre du conseil des cinq-cents, et vint
siéger jusqu'au 20 mai 1798; après quoi il d
rester dans ses foyers. On l'a dépeint comme
homme prononcé dès lors contre les opinio
républicaines, voulant le rétablissement de
royauté de droit divin. Rien de plus contrain
ses votes publics et à ses discours imprimé
son opinion contre l'aliénation des presbytèi
fut motivée non sur les besoins de la religio
mais sur la nécessité de les employer comi
maisons d'écoles; et, dans ce même discours
célébra l'unanimité avec laquelle la conventi
avait proclamé la république, et supprimé
royauté en 1792. Sous le gouvernement con;
laire (le 2 juillet 1802), il fut nommé juge
Alby, et devint ensuite président de ce tril
nal. On a voulu le représenter comme un i
versaire du gouvernement impérial ; mais c'
après la suppression du tribunat, de la libe
de la presse et des autres institutions, qu'il
vint son candidat : il fut élu en 1811 membre
corps législatif, et en 1812, membre de la c(
impériale de Toulouse. Il ne figure pas parmi
membres du corps législatif qui ont signé la
chéance de l'empereur. Mais quand la cha
de Louis XVIII eut transformé le corps lé^
latif de l'empire en chambre des députés, C
donnel se rallia au parti qui voulait rétablir 1'
cien régime , et il s'unit à la noblesse émigr
quoiqu'il n'eût pas figuré dans ses rangs.
C'est, dit-on , dans sa résidence d'Alby qm
minorité de la cour de Toulouse adhéra à la ^
chéance et au rappel de la maison de Bourb
Dans la session de 1814, il se prononça coi ■
la Hberté de la presse, et prononça un disco ;
contre la cour de cassation. Il fut anobli par '
ordonnance royale de février 1815, publié< '
2mars,aumomentdudébarquementde Napolc ■
Il fut naturellement exclu de la chambre ;
1815. Mais, après les cent- Jours,, nommé pr
dent du collège électoral d'Alby, il fut élu iw •
bre de cette chambre réactionnaire qu'une h ■
che royale a qualifiée de chambre introuvw ■
11 se prononça, le 30 novembre 1815, contre -
ro6
CARDONNEL — CARDOSO
700
} iiainovil)ilit(3 des juges, ce pour une institution
\ provisoire. Quoique ce projet ait été repoussé
! ainsi que celui de 1814, relatif à la réorganisa-
l tion de la cour supiême, on arriva à peu près au
1 môme but en éliminant ceux qui déplaisaient.
' C'ardonnel se prononça aussi pour la création
(l'une dotation du clergé en biens fonds et en
IbiiHs, en se plaignant de la spoliation com-
mise par l'assemblée constituante, et de l'insuf-
tisimcedes réparations qui lui avaient été accor-
Ilcs en 1802 par Napoléon, qu'il appelait un
impie audacieux.
Eu 181G, Cardonnel fut nommé président de
hambre à la cour de Toulouse, et on y entérina
i«'c une solennité inaccoutumée ses lettres de
iol)lcsse. Le 18 avi'ili818, il attaqua l'université.
ji 1819, il fut nommé chevalier de Saint- Jean
le Jérusalem; en 1821, Louis XVIII le nonuna
onselller à la cour de cassation ; et Charles X,
■11 1825, commandeur delà Légion d'honneur.
ion admission dansles rangs de la cour suprême,
t les progrès de l'opinion libérale, l'avertirent
ans doute de l'exagération qu'il avait mise dans
1 défense des principes monarchiques. Sans être
rateur, il savait se faire écouter. Il fut atteint
e bonne heure de cécité ; mais il continua de
emplir les fonctions de magistrat jusqu'à sa
lort. Il avait cultivé les lettres, et il était mem-
re de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse ;
liais il n'a rien publié. Au reste, il a été plutôt un
omme politique qu'un jurisconsulte.
A..., avocat.
Arch. du Corps législatif, tom. S, an V, et tom. 6, an
I ; procès-verbaux, 18U, p. 18-1814, p. 46-47, 259.384- 1315,
. 124-200-1816, p. 27, 3o3; etc. — Moniteitr et Gaz. des
"ribunaux.
CAROOSO {Fernando), médecin portugais ,
lé vers le commencement du dix-septième siècle,
aovt dans la seconde moitié. Celorico est la
orilable patrie de cet étrange personnage, qui
était acquis une gi-ande renommée dans sa pro-
|3ssion, et qui s'y distinguait dès l'année 1630. Il
lia en Espagne, et obtint à Madrid le titre de
'hijsico matjor; il quitta la Péninsule en 1640,
oiir aller se fixer à Venise. Ce qu'il y eut de
raiment particulier dans la vie de ce savant ,
'est qu'il abandonna la religion chrétienne, dans
i.qiielle il avait été élevé, pour entrer dans le
eiii du judaïsme, dont il devint un fervent
pùtre. Il ne fut plus connu dès lors que sous
' p.om d'Isaac. Son ouvrage le plus recherché a
té publié en espagnol sous ce titre : X>e las uti-
idades del agua,y de la nieve; del beverfrio
calïente ; Madrid, 1637, in-4°. Son traité de Fe-
li sijncopali (Madrid, 1634, in-4°) était estimé
II dix-septième siècle. Il a publié également une
iiologie poétique de Lope de Vega.
Ferdinand Denis.
B^rbosa Machado, Bibliotheca Lusitana. — Joao-Bap-
^ta de Castro, jVapade Portugal, t. II.
CARDOSO ( Fernand- Rodrigue ) , médecin
orfugais, vivait au seizième siècle. On a de lui :
'fi sex rébus non naiuralibus ; Lisbonne,
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
1602, in-4"; — Melhodus mc.dendi summa f(u
cilitale ac diligentia ; \en\se, 1618, in-4''.
Antonio, Uiblioth. Iiisp. nova.
CARDOSO (George), célèbre hagiograplie
portugais, né le 31 décembre 1606, mort le 3 oc-
tobre 1669. Il étudia d'abord sous le P. Fran-
cisco de Macedo , dont l'enseignement jouissait
d'une haute célébrité ; voue par choix à la vie
ecclésiastique , il fut ordonné prêtre le 4 juillet
1632. Quelque temps après, il obtint un bé-
néfice simple, et put se livrer à ses vastes tra-
vaux , qui ont obtenu l'assentiment des Bollan-
distes eux-mêmes. Avant de publier sa vie des
saints portugais, il voyagea dans la Péninsule,
toujours en quête des traditions ecclésiastiques et
des légendes locales ; c'est ce qui donne h son li-
vre un caractère si particulier d'originalité. Ce
grand recueil n'est pas seulement une hagiogi'a-
phie; mais, grâce aux notes bien distinctes
du texte dont l'auteur a enrichi chaque biogra-
phie, c'est une description géographique et histo-
rique du Portugal et de ses colonies; le Brésil
lui-même put y trouver de curieuses origines.
Cardoso a puisé aux sources connues de tous
les érudits, et il a recueilli la tradition orale;
il donne jusqu'à des fragments de chansons
populaires d'une haute antiquité.
La cour de Madrid reconnut le mérite de cet
écrivain, et lui fit offrir durant son séjour en Es-
pagne un traitement considérable , et un cano-
nicat qui devait le fixer à Tolède ; mais n'ayant
pas voulu accepter ces avantages sans l'agrément
du roi de Portugal, Cardoso dut retourner à Lis-
bonne : il fut attaqué en route de la maladie dont
il devait mourir, et, arrivé au but de son voyage,
il y expira doucement. Baibosa nous le repré-
sente comme un homme d'une sagesse élevée ,
posé dans ses habitudes , singulièrement recher-
ché sur sa personne, sans que cela nuisît à la gra-
vité de sou caractère ; il le présente, en un mot,
comme le modèle de ces érudits de la Péninsule
qui savaient allier les devoirs de l'état ecclésias-
tique aux agréments du monde. Son livre est
intitulé Agiologio Lusitano dos Santos e va-
roes illustres em virtude do reino de Portu-
gal e suas conquistas ; Lisbonne, 1651 à 1657,
3 vol. petit in-fol. Ce livre, qui a été réimprimé,
a eu le sort commun à la plupart des hagiogra-
phies; il n'a pu être terminé et il s'arrête au
mois de juin. Entre autres ouvrages demeurés
inédits, Cardoso a laissé un manuscrit connu sous
le nom de Santuarios de Portugal. Cet auteur
est mis au rang des classiques.
Ferdinand Denis.
Barbosa Machado , Bibïiotficca Ltisitana. — César de
Figanière,, Bibliographia Portugueza. — Catalogo dos
Aiitores.
* CARDOSO ( ZMis ) , géographe portugais, né
dans la deuxième moitié du dix-septième siècle,
mort après l'année 1747. Ce fut dans une bour-
gade nommée Pernes, à peu de distance de
Lisbonne, que Cardoso prit naissance. Il entra
à dix-sept ans chez les oratoricns, et sa car-
23
I
707
CARDOSO — CAREL
70i
rière fut consacrée complètement à des études
utiles. On lui doit un grand dictionnaire géo-
graphique dont mallieureu sèment nous ne pos-
s'ëdons qu'un volume; il est intitulé Diccionario
geografico , ou noticia historica de todas as
cidades , villas , lugares , e aldeas , rïos, ri-
beiras e serras dos reynos de Portugal e Al-
garve, com todas as cotisas raras que nelles
se encontrâo assim antigas coma modernas ;
Lisbonne, 1747, in-foi.
Ferdinand Denis.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
CARDUCCi ou CARDUCHO {Bartolommco),
peintre, sculpteur et architecte, né à Florence
vers 1560, mort à Madrid en 1610. H fut élève,
pour la peinture, de Federico Zuccari, qui était
venu à Florence achever la coupole de la cathé-
drale, restée imparfaite par la mort de Vasari.
Carducci étudia l'architecture et la statuaire
sous l'Ammanati. Zuccaro ayant été appelé par
le roi d'Espagne Philippe II, Carducci l'accom-
pagna, et l'aida dans ses travaux. C'est dans ce
pays, où il est connu sous le nom de Carducho,
que se trouvent presque tous ses ouvrages ; les
plus remarquables sont : le plafond de la biblio-
thèque de l'Escurial et diverses fresques dans
les cloîtres , une Cène et une Circoncision au
palais de Madrid ; et surtout la fameuse Descente
de croix placée dans une petite chapelle de l'é-
glise de San-Felipe et Real, à Madrid.
E. B— N.
Lanzi, Storia pittorica. — Baldinucci, Notizie. — Ti-
cozzi, Dizionario.
CARDUCcï ou CARDUCHO (Vincenzo), pein-
tre, né à Florence en 1568, mort à Madrid en
1638. Il fut frère et élève de Domenico Car-
ducci, et passa comme lui en Espagne, où, sous
le nom de Carducho , il travailla pour Phi-
lippe 151 et Philippe IV, principalement au palais
du Pardo, où sont ses meilleurs ouvi-ages. On
trouve également des peintures de ce maître à
Tolède, à Valladolid, à Ségovie, à Salamanque,
et dans d'autres villes d'Espagne. En 1633, il
publia en espagnol un traité intitulé De las
excelencias de la pintura, o dlalogo de la
pintura, sa difensa, origen, essencia, de/mi-
eion, modos y diferencias, m-i". Il tint long-
temps à Madrid une florissante école de pem-
ture, d'où sortirent Ricci et la plupart des bons
peintres que posséda l'Espagne au dix-septième
siècle. E. B— n.
Baldinucci, Notizie. — Lanzi, Storia pittorica. — Ti-
cozzi, Dizionario.
*CAREGNA (Gabriel), médecin dont la na-
tionalité n'est pas bien connue , vivait dans la
première moitié du seizième siècle. On a de lui :
Summa diversarum quœstionum medicina-
lium; Bordeaux, 1520, in-fol.
Carrère, Bibl. de la Médecine.
CAREL, DE SAINTE -GARDE (JacqUCS),
poëte et littérateur français , naquit à Rouen
dans les premières années du dix-septième siè-
cle, et mourut , à ce qu'on croit, en 1684, à un
âge avancé. Il embrassa l'état ecclésiastique, e
obtint les titres d'aumônier et de conseiller di
roi. Après s'être livré à la prédication , il ac
compagna en 1661, à Madrid, George d'Aubussoi
de la Feuillade, archevêque d'Embrun, envoyi
comme ambassadeur extraordinaire à la cou
d'Espagne. « Sa mauvaise fortune, dit Chapelain i
« qui fut son ami , le réduit à dépendre d'au I
« trui. Il est en Espagne, où il s'ennuie faut
« d'occupation. » Il chercha à dissiper cet en
nui en travaillant à un poëme épique doi
le héros était Childebrand, et qui avait poi
sujet les Sarrasins chassés de France. A so
retour à Paris, il en lit impruner les quati
premiers chants, 1666, in-12. Le nom seul d
héros, malheureusement choisi, éleva conti
l'ouvrage un préjugé que l'exécution de Tœuvn
fut loin de détruire. Le grand justicier du Pai
nasse acheva de ridiculiser l'auteur et le poërni
d'abord dans sa neuvième épître au marquis f
Seignelay , ensuite dans son Art poétique, p;
ces deux vers, souvent cités :
Oh le plaisant projet d'un poëte ignorant ,
Qui de tant de héros va choisir Childebrand !
En vain le sieur de Sainte-Garde substitu
dans une nouvelle édition le nom de Cliarli
Martel à celui de Childebrand , le public coi
tinua de dédaigner un poëme dont le pian,
contexture et le style étaient également vicieu
« Il semblait , dit l'auteur lui-même , dans ui '
lettre à Chapelain, qu'on eût défendu aux libraii
de l'exposer en vente. » Il se console en se coi
parant à Ménandre, dont les ouvrages ne fuie
goûtés qu'après sa mort. Chapelain fut presqi
le seul qui eut le courage de louer ses vei
Peut-être était-il charmé de trouver en lui i
personnage qui avait eu l'art d'en faire de pi
mauvais que les siens? Il n'est guère d'a-uî
pitoyable dénoûment que celui des Sarrasi,
chassés de France. A la suite d'un coml]
singulier de Childebrand contre le sultan Athi
celui-ci a le dessous; le généreux vainqueur I
accorde la vie, à condition qu'il abjurera la f
mahométane , ce que le sultan promet ; m;
n'ayant pas tenu sa parole, il est massacré p
les siens dans la ville de Tortose :
L'Èbre à peine à Tortose avait reçQ sa barque,
Que ses propres soldats avancèrent sa Purquc.
Carel voulut se venger de Boileau, en p
bliant, sous le pseudonyme de Let'ac (an
gramme de son nom), la Défense des Beau.
Esprits de ce temps contre un satirique; V
ris, 1671, in-12. Il acheva de se couvrir de
dicule en essayant de justifier le choix <
héros Childebrand par la ressemblance de
nom avec celui A' Achille. — On lui doit enco
à^i, Réflexions académiques sur les orateurs
sur les poètes; Paris, 1676, in-12; et un aut
mauvais poëme, sous le titre hyperbolique '
Louis XIV, le plus noble de tous les rois pi
ses ancêtres, le jolus sage de tous les pote
tatspar sa conduite, le plus admirable de tm
709
CAREL — CARÊME
I les conquérants par ses victoires ; Paris, 1 675,
in-4°. Et voilà l'homme que Chapelain recom-
, mandait aux bontés de Colbert, en le repré-
sentant « comme un bel esprit et un savant
« homme, poète, philosophe et orateur, qui a de
I « l'élévation en ces trois genres , et qu'on ne
« blûme que pour le trop grand amour qu'il a
« pour la liberté, et de quelque inconstance dans
« ses travaux. » Le titre d'orateur ne lui est
dans doute donné ici que pour quelques sermons,
qui ne paraissent pas avoir été imprimés. Quant
à celui de philosophe, il lui est attribué pour
avoir combattu le système de Descartes , que ,
d'accord avec son protecteur, il trouvait plus
luisant que solide. Ses lettres contre la philo-
sophie cartésienne ont été publiées à Paris en
1663, par les soins de l'abbé de la Chambre. Il
avait aussi conçu le projet de réformer l'ortho-
graphe ; mais de plus habiles que lui ont échoué
dans le même dessein. J. Lamoureux.
Goujet, Bibliothèque française , tom. XVIII. — Guil-
ihert, Mémoires biographiques de la Seine-Inférieure,
M*'. — Carpenteriana, p. 460. — Mélanges de littcra-
Hre tirés des manuscrits de M. Chapelain, p. 206. —
IMflong, Bibliotfi. hist. de la France, éd. Fontette.
* CARELLi {François), antiquaire italien, né
1758, mort en 1832. Après avoir reçu une
cation distinguée, il fut attaché en qualité de
étaire auprès du prince Caramanico, vice-roi
Sicile, et devint inspecteur général des postes,
mort de Caramanico laissa Carelli sans errt-
loi jusqu'en 1802, et il se consola de sa dis-
îâce en cultivant les beaux-arts. Chargé d'ac-
impagner les statues et les tableaux qui , d'a-
'ès le traité de Florence, devaient être remis
à la France, il passa trois années à Paris , et fut
(reçu associé de l'Institut national. Il revint dans
isa patrie en passant par Milan, Venise et Rome,
où il se lia avec les premiers archéologues du
(temps. A son retour à Naples , il fut chargé de
('administration de l'instruction pubhque et des
travaux publics. Les affaires ne le détournèrent
ipas des beaux-arts, mais l'empêchèrent de pu-
blier aucun ouvi'age sur l'archéologie, excepté
ime Dissertation sur l'Origine de Varchitec-
ture sacrée; Naples, 1831.
Tipaldo, Biografia degli Italiani illustri.
* CARELLI ( Jean-Baptiste) , astronome ita-
ii*B, natif de Plaisance, vivait vers le milieu du
seizième siècle. On a de lui : Tabula juxta
notum horarium Pianetarum, dans Nicolas
■}\vm, Ephemerides ; Venise, 1555, in-4°; —
^Tabulée cœlestium motuum; Venise, 1556,
i n-4° ; — Ephemerides ad annos novendecim
\ibanno 1558 ad 1577, ad meridianum Vene-
\'um, cum introductione et tractatu Astro-
\'ogias; Venise, 1558, in-4°.
Weidier, Historia Astronomie, p. 368. — Adelung,
upplément à Jôcher, Allg. Gelehrten- Leœicon.
*CARELLO {Jérôme), théologien italien de
l 'ordre des Fransciscains, natif de Schio dans le
1 ^'icentin , vivait dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. Il était lecteur de théologie et
710
définiteur de son ordre. On a de lui : Doltrina
de' sacri riti ovvero esposizione dialogica so-
pra le rubriche del Jireviario romano per le
monacfie ed anco per altri; Venise, 1668,
in-4".
l'altoni, Bibl. degli f^olgarizz.
CARÊME (Marie- Anloine),VaQ des princesde
l'art culinaire, naquit à Paris le 8 juin 1784, dans
un chantier de la rue du Bac, et mourut dans sa
ville natale le 12 janvier 1833. Sa famille, chargée
de quinze enfants, était si pauvre, que son père
l'abandonna dès qu'il put le faire recevoir pour sa
nourriture chez un pâtissier. On raconte même
que sa famille le laissa dans la rue , et qu'il dut
à sa propre énergie, et à la pitié qu'il inspira, son
entrée chez un gargotier. Vers 1804, il entra dans
la maison princière de Talleyrand , où il déploya
les connaissances qu'il avait acquises. II devint
l'élève de la Guipière, cuisinier de Napoléon. Le
luxe de table devint considérable lors de la for-
mation de l'empire, et Carême dirigea pendant dix
ans la cuisine de celui qu'il a qualifié le plus spiri-
tuel et le plus friand des princes de l'époque. En
1814, il exécuta l'immense dîner qui futdonné,
dans la plaine des Vertus, aux rois coalisés contre
la France. En 1815, il fut appelé à être le chef des
cuisines du prince-régent de la Grande-Bretagne,
et le quitta au bout de deux ans, parce qu'il ne
pouvait supporter le climat. En 1821, il était rap-
pelé par le prince, devenuroi ; mais Carême refusa.
Lady Morgan, dans ses Lettres sur la France,
a consacré un chapitre de son ouvrage à l'éloge
de ce cuisinier, qu'elle considérait avec raison
comme un maître en son art , et comme un ar-
tiste désintéressé. Il a résidé quelque teijnps à
Saint-Pétersbourg, comme chef de cuisine de
l'empereur Alexandre. Fatigué par la rigueur
du climat, il se retira , et sa grande réputation
le fit appeler à Vienne , où il exécuta plusieurs
grands dîners dans la maison de l'empereur
d'Autriche. Il a exercé son art aux congrès
d'Aix-la-Chapelle, de Laybach et de Vérone,
au service du prince de Wurtemberg, de la
princesse Bagration; enfin, au service du prince
de la finance, M. de Rothschild. Il aurait pu
laisser à sa fille une grande fortune , au lieu d'un
très-mince patrimoine, s'il n'avait vécu en ar-
tiste, et consacré de fortes sommes à l'illustra-
tion des ouvrages qu'il a publiée. Il passa des
années à étudier l'ancienne cuisine romaine,
à la Bibliothèque impériale, et il en conclot
que les mets servis sur les tables si renommées
de Lucullus, de Pompée, de César, etc., étaient
foncièrement mauvais et atrocement lourds.
Mais il en a loué la décoration extérieure , les
coupes , les vases d'or, les amphores , la vais-
selle d'argent ciselée, les bougies blanches et
pures de l'Espagne, les tapis de soie , les tissus
d'Afrique, imitant la neige ; il admirait surtout
les fleurs et la musique. Il étudia le sujet pen-
dant dix ans, et consulta les ouvrages d'Api-
cius , de Palladius, Vignole, etc.
23-
7il ■
îl publia les résultats de ses études et de sa pro-
pre expérience dans un ouvrage intitulé le Pâ-
tissier pittoresque, grand in-8°; Paris (Di-
dot), 1815; 2" éd., 1825, 128 gravures.
On doit encore à Carême : le Maître d'hôtel
français, ou Parallèle de la cuisine ancienne
et moderne, 2 vol. in-8", avec 10 planches ; — le
Cuisinier Parisien, ou l'Art de la cuisine au
dix-neuvième siècle, avec 21 planches, 1 vol.
in-8°, 2* éd., 1828; — le Pâtissier royal Part sien,
avec41 planches; 1"= éd., 1825; 2* éd., 1828,2 vol.
Paris ( Didot). Vers la fin de sa vie, il inséra dans
la Revue de Paris une notice sur la manière
dont Napoléon se nourrissait à Sainte-Hélène.
Enfin il est auteur de projets d'architecture pour
les embellissements de Paris et de Saint-Péters-
bourg, Paris, 1821 , 2 vol. in-fol. avec planches ;
et il a laissé des mémoires inédits.
Qui pourrait nier que ce ne fût un artiste pas-
sionné pour son art, quand on lit l'espèce de di-
thyrambe qu'il a publié , en tête d'un- de ses
ouvrages, en mémoire de son maître la Gui-
pière ?
« Lève-toi, ombre illustre ! entends la voix de
« l'homme qui fut ton admirateur et ton élève.
« Tes talents extraordinaires te valurent la
« haine et la persécution. Par la cabale, tu te vis
« forcé de quitter ta belle patrie , pour aller en
« Italie servir un homme puissant dont tu avais
« fait naguère les délices à l'Elysée-Bourboa
« (Murât ). Tu suivis ton roi en Russie. Mais, hé-
<c las ! par une fatalité déplorable , tu as péri
<c misérablement, les pieds et le corps gelés par
(( l'affreux climat du Nord. Arrivé à Vilna, ton
« prince généreux prodigua l'or pour te sauver,
« mais en vain. 0 grand la Guipière, reçois
« l'hommage public d'un disciple fidèle ! En dépit
« de tes envieux, je veux associer ton nom à mes
« travaux. Je lègue à ta mémoire mon plus bel
« ouvi'age. Il attestera dans l'avenir l'élégance et
« la somptuosité de l'art culinaire au dix-neu-
« vième siècle ; et si Vatel s'est illustré par un
« point d'honneur cher à tout homme de mé-
« rite, ta fin malheureuse, ô la Guipière , te rend
« bien digne d'illustration ! C'est par ce point
« d'honneur que tu voulus suivre ton prince en
<c Russie , quand tes cheveux blancs semblaient
<c t'assurer un plus beau destin à Paris : tu
<i partageas le triste sort de nos vieux vétérans,
« l'honneur de nos phalanges guerrières , péris-
« sant de faim et de soif..... »
Carême a, dans une note, fait connaître com-
bien les princes , maréchaux, etc., ont perdu de
cuisiniers en 1812, dans la retraite de Russie,
en même temps que La Guipière. Em. Is.
Notice de M. Frédéric Fayot, Livre des Cent-un, 1833,
XII, 291-313. - Notes mss. de la famille.
CARENA ( Paul-Émile ), jurisconsulte italien,
né à Carmagnola en 1737, mort à Turm en 1823.
H fut longtemps professeur de droit à l'univer-
aité de Turin, et devint sénateur en 1814. On
a de lui : De adquirendo rerum dominio; de
CARÊME — CAREW
Testamentis; de Legatis et Fidei Commissis
de Criminibus, et de Feudis.
Tipaldo, Biografta degli Ital. illustri.
CARENCY {Paul-Maximilien-Casimir dj
QcÉLEN DE Stuer DE Cadssade, princc de)
fils aîné du duc de la Vauguyon. ( Voy. Vao
GUYON. )
CARENO {Aloys de), médecin italien, né ;
Pavie en 1766, mort en 1810. Il embrassa la pro
fession de son père, et fut reçu docteur en 1787 '
En 1738, il vint à Vienne, où pendant quatr
ans il étudia la médecine et la chirurgie ; puis
se livi'a dans cette ville à la pratique, et s'aj
pliqua surtout à propager la vaccine. On a d
lui : Observationes de epidemlca constituzion
anni 1789 in civico nosocomio Viennensi
Vienne, 1790, in-8°, et 1794, in-8°. — Bisser
tazioni medïco-chirurrjiche pratiche, estratt
dagli atti délia Accademia Giuseppina, e trc
dotte colV aggiunta di alcune note; Vienni
1790, in-8°; — Voce al popolo per guardar:
dell' attaco del vajuolo; Vienne, 1791 ; — Ter
tamen de morbo pellagra Vindobonas obseï
m^a; Vienne, 1794, in-8'', et à la fin de la 2" éd
tion des Observationes , etc.; — Saggio sulL
maniera di allevare i bambini a mano; Pavit
1794, in-8°; — Ueber die Kuhpocken (sur ]
vaccine); Vienne, 1801,in-8°. — une traductio
latine de l'ouvrage de Jenner sur la vaccine
Vienne, 1799, in-4'', et du Discours sur h^
Systèmes de Mascati, Leip/ig, 1801, in-8°;-
une édition de VApparatus medicaminum , c
Mirabelh; Vienne, 1801, in-8''.
Callisen, Medicinisches Gelehrt. Lexic.
* CARERA ( Antoine - Raphaël ) , médeci
italien, natif d'Arona dans le Milanais, vivait
Milan vers le milieu du dix-septième siècl
Il a publié une satire conti'e les médecins , doi
voici le titre : le Con/usioni de' medici, in ci
si scuoprono gli errori e gV inganni di ess
Milan, 1613, in-8°. Un médecin de Vercelli, t;
ché sous le nom de Régnier Perruclia , répond
à cette diatribe dans Y Apologia de' medici ; M
lan, l665,in-8°.
Corte, dei Medici Milanesi, p. 187. — Biograph
médicale.
CAREW (Richard), littérateur anglais, i
en 1555 dans le comté de Cornouailles, mort (
1620, publia, en 1594, une traduction des cir
premiers chants de la Gierusalemme du Tass
Carew suit exactement l'auteur sur lequel
s'exerce, et il est parfois aussi heureux que fidè
dans la manière dont il rend les idées et les im
ges de l'original. Cette traduction ne fut p;
achevée; et celle de Fairfax, qui parut dès 160^
et qui jouit d'une haute estime en Angleterre
fit oublier le travail de Carew. On a encore (
Carew une Description de Cornouailles',
Londres, 1602, in-4°, et quelques auti'es ouvn
ges qui n'offrent plus aucun intérêt.
lietrospective Review, 1821, t. 111, p. 33, KO. — Woo(m|
y/thenie Oxonienses.
CAREW {George), comte nr. Totjnijss, baroJ
713 CARE\V
C.vuEW DE Clopton, dcUis le comté de War-
wick, homme d'État anglais, né en 1557, mort
le 27 mars 1629. Il appartenait à une famille
dont l'illustration historique remonte au règne
, de Henri l". Au sortir de l'université il embrassa
là carrière militaire , et servit en Irlande contre
. le comte de Desmond et d'autres rebelles. En
1680 il fut nommé gouverneur de la forteresse
d'Askeaton,etdix ans plus tard lieutenant général
d'artillerie. Après avoir été un des chefs de
l'expédition contre Cadix, il devint en 1599 lord
président du Munster, trésorier de l'armée, et un
des lords juges d'Irlande. En prenant possession
de son gouvernement, il trouva les affaires dans
l'état le plus déplorable , et n'eut à opposer à
l'insurrection que 3,000 hommes d'infanterie
ît 250 cavaliers. Cependant, à force de pru-
lence et de vigueur, il triompha des rebelles ,
Mttit un corps d'Espagnols qui venaient à leur
lecours , fit prisonniers Desmond et O'Connor ,
(t s'empara du château de Dunboy en 1602. 11
iit récompensé par le gouvernement de Guern-
ey, par la pairie sous le titre de baron Carew de
]!lopton,parla place degrand maître de l'artillerie
t celle de conseiller privé. A l'avènement de
Charles I*', il fut créé comte de Totness. Après
a mort, son fils naturel Thomas Stafford publia
Tiberna pacata; Londres, 1633, in-fol. Cet
uvrage, rédigé sous la direction de George Ca-
ew, était une liistoire de ses campagnes en Ir-
ande. Il avait laissé encore un grand nombre de
ocuments sur l'histoire de ce pays ; ils sont res-'
es manuscrits à la bibliothèque Bodléenne , et
jrment quatre volumes.
Woodj Jtfien. Oxon. — Biographia Britannica.
"A CAREW {George), diplomate anglais, frère de
ichard Carew, né dans la seconde moitié du
ji pizièrae siècle, mort vers 1613. Il voyagea au
„, prtir de l'université d'Oxford, où il avait été
levé. A son retour il s'adonna au barreau, et de-
* it secrétaire du lord cliancelier Christophe
aiton. En 1597, il fut envoyé en ambassade
iiprès du roi de Pologne, et deux ans plus tard
j,i jla cour de France. Pendant son séjour à Pa-
s, Carew se lia intimement avec deThou, qui,
, ans le 121* livre de son Histoire, profita des
irt! enseignements de l'ambassadeur anglais. Celui-
;fl i, revenu en Angleten'e en 1609, adressa à Jac-
" sFjes I"'' une Relation de l'état de la France.
iii. et ouvrage, qui atteste à la fois la perspicacité
lii ? le talent d'écrivain de Carew, resta longtemps
ii; 'anuscrit;il tomba entre les mains du comte
il| lardwicke, et fut communiqué par lui au docr
i( lUr Birch, qui le publia en 1749, à la fm de son
li; listorical view ofthe negotiations between
[■ ^c courts qf England, France andBrussels,
' om the Year 1592 to 1617.
iii ^Vood, Athcnse Oxonienscs. — Rose, BioprapJiieai die~
•nary.
' CAREW (Nicolas), gentilhomme anglais, né
l's la fin du quinzième siècle, exécuté le 3 mars
39. Parent d'Anne de Bolleyn , il fut quelque
CAIŒY
T14
temps favori de Henri VIII. Mais il ne tarda pas
à s'attirer la disgrâce de ce prince capricieux et
cruel. En 1539, il s'engagea avec le marquis
d'Exeter, lord Montagu et sir Edward Nevillc,
dans une conspiration qui avait pour but de pla-
cer le cardinal Polus sur le trône. Le complot
fut dénoncé par Geffroy Poole, fi'ère de lord
Montagu, et tous les conjurés eurent la tCte
tranchée.
Lirigard, Hist. of Enrjland, — Rose, Biori. dict.
CAREW ( Thomas ), poète anglais, né dans
le Devoushire en 1589, mort en 1639. 11 était
un des chambellans (gentleman ofthe Privy-
Chamber) de Charles F'. Cité pour la grâce de
ses manières et son goût pour les lettres, il
brilla parmi les plus beaux esprits de la cour.
La poésie amoureuse était alors fort en vogue;
chaque rimeur célébrait, à grand renfort de con-
cetti empruntés à l'ItaUe, des maîtresses plus ou
moins imaginaires. Carew écrivit des chansons,
des sonnets, des élégies, des pastorales, des épi-
taphes. Il n'est pas exempt des défauts qu'on
regardait alors comme des beautés ; il a de la
grâce, de l'esprit, de la facilité; mais il blesse
parfois les lois de la décence, et il est plus ingé-
nieux que sensible. Ses Poems ont été imprimés
à Londres en 1640.
Rétrospective Review, t. VI, p. 224-237. — Biog. Britan.
— Cibber, Lives of the English Poets. — Biographia
dramatica.
CARET (Henri), musicien et poète anglais,
fils naturel de George Saville, marquis d'Hali-
fax, né à la fin du dix-septième siècle , mort en
1743. Il eut pour maîtres de musique Linnant,
Rosengi'ave, Geminiani. Malgré de si habiles
professeurs, Carey ne s'éleva pas au-dessus de la
médiocrité. Homme de plaisir et dissipateur, il
finit par se trouver dans une position si déplo-
rable, qu'il se tua de désespoir. Son meilleur mor
ceau est le fameux chant national God save the
King! qu'on a, sans aucun fondement attribué à
Haendel, ainsi que la charmante ballade Sally in
our Alleij, autre ou'sTage de Carey. Ce musicien
publia, en 1732, six cantates dont il avait fait les
paroles et la musique ; il composa aussi les airs
de plusieurs comédies (Provoked hnsband; the
Contrivances , etc.) et de quelques farces repré-
sentées au théâtre de Goodman fields. Il publia
toutes ces ballades et chansons sous ce titre :
the Musical centurij, in onehundred english
ballads on various subjets and occasions;
Londres, 1740, in-4°.
Biog. drain, — Fétis, Biographie universelle des Mu-
siciens.
CAREY ( George Savile ), musicien et poète
anglais, fils de Henri Carey , naquit vers 1740,
et mourut en 1807. Héritier de l'esprit et des
infortunes de son père , il fit comme lui, pour vi-
vre, un grand nombre de chansons populaires.
Il composa aussi des comédies bouffonnes. Ses
autres ouvrages sont : Analects in prose and
verse; 1771, 2 vol.; — Lecture on Mimckry^;,
715
CAREY
'!(
1776 ; — A Rural Ramblé; 1777 ; — ' Balnea,
or shetches of the différent waterlng - pla-
ces in England; 1799.
Bose, New Biographical Dictionary.
* CARET ( Henri ), comte de Monmouth , lit-
térateur anglais, né en 1596 , mort en 1661. Il
fut élevé à Oxford. Forcé, par les troubles de la
révolution anglaise, de vivre dans la retraite, il
se consola par la culture des lettres. Ses ouvra-
ges, qui consistent surtout en traductions, sont
très-nombreux. Les principaux sont : Romulus
and Tarquin, or de principe et tyranno,
traduit de Malvezzi; Londres, 1637, in-12; —
Historical relations of the united provinces,
andof Flanders, traduit de Bentivoglio; Lon-
dres, 1652, in-fol.; — History of the wars in
Flanders, traduit du même ; Londres, 1654, in-
fol. ; — Advertissement from Parnassus, in
two centuries, with the Politic touchstone,
traduit de Boccalini; Londres, 1656, in-fol.; —
Politic discourses, in six boolts, traduit de Pa-
ruta; Londres, 1657, in-fol; — History of Ve-
nise, traduit du même ; Londres, 1658, in-fol.;
— the Use of passions, traduit de Senault;
Londres, 1649 et 1671, in-8°; — Man become
guilty, or the corrtiption of his nature by
sin, traduit du même; — Capriata's History
of Italy; 1663, in-fol.
Kose, New Biographical Dictionary .
* CAREY (Jean), pédagogue anglais, né en
Irlande en 1756, mort à Londres en 1829.
Après avoir achevé ses études en France, il
revint en Angleterre, et s'y 4ivra à l'enseigne-
ment du français, du grec et du latin. Il dé-
buta en 1800 par une prosodie latine , qui fut
suivie de plusieurs ouvrages élémentaires du
même genre : Skeleton of the latin accklence ;
1803 ; — Alphabetic Key to Propru qu^ ma-
RiBUS ; 1805 ; — Prac^iraZ Englishprosody and
versification; 1809 ; — Clavis Metrico-Virgi-
liana ; — the Eton prosody illustrated; —
Introduction te english composition and elo-
cution, etc. Les travaux de Carey comme édi-
teur furent considérables. Il publia : le Virgile
de Dryden, 1803 et 1819, 2 vol. in-8° ; — cin-
quante volumes de la collection connue sous le
nom de Regent's classics; — le Dictionnaire
de Ainswortb ; — un Abrégé du même ouvrage;
— Gradus ad Parnassum ; 1824 ; — le texte la-
tin des Gommons prayers, dans l'édition poly-
glotte de Bagster ; — un Abrégé du lexique grec
de Schleusner ; — ■ Ruperti Commentarius in
Livium , etc. Carey a traduit du français les
Bataves de Bitaubé, les Petits Émigrés de ma-
dame de Genlis ; de l'allemand, les Lettres sur la
Suisse de Lehman. Il a fourni im assez grand
nombre d'articles au School Magazine de Phil-
lips, et au Gentleman's Magazine.
Rose, New Biog. Dictionary.
ch.KE\ {William), orientaliste et mission-
aaire anglais , né à Paulerspury, dans le Noi*-
thamptonshire, en 1761 ; mort d'apoplexie à Se-
rampour en 1834. Élevé par son père , maîtrr
d'école de village, il exerça jusqu'à vingt-quatn :
ans la profession de cordonnier, tout en appre '
nant, à ses moments de loisir, le latin, le grec
l'hébreu , et en s'occupant de prédication reli
gieuse. En 1785, il se fit agréger à la secte de;
baptistes, fut choisi pour pasteur en 1787, e
partit six ans plus tard, avec sa famille, pou
le Bengale , dans l'intention de prêcher l'Évan
gile aux Indiens. Le manque d'argent le forç;
d'accepter la direction d'une fabrique d'indigi
près de Malda. En 1799, il quitta cette rési
dence pour Sérampour, siège principal de
missions protestantes dans l'Inde. Il établit dan
cette dernière ville une école, des prédication
régulières, et une imprimerie pour la publicatio
de la Bible dans les divers dialectes indien'
Nommé en 1801, lors de la fondation du colléa
du fort William par le marquis de Welleslc)
professeur de sanscrit , de bengali et de mal
ratta, il fut reçu, en 1805, docteur en thcolo
gie et membre de la Société asiatique de Ca
cutta. Dès lors, sans négliger ses devoirs i!
missionnaire, il se livra plus que jamais aux ti ;
vaux philologiques. Ses ouvrages, tous imprimt
à Sérampour, "sont : Grammaire mahratL
1805; — Grammaire sanscrite, 1806, in-4°; -
Dictionnaire mahratte, 1810, in-S" ; — Gran
maire pundjabi, 1812, in-8°; — Granunai/
telinga, 1814, in-8''; — Dictionnaire bei
gali, 1818, 3 voL in-4°; réimprimé en 182,
même format, et en 1827-1830, 3 vol. in-8° ; -
Dictionnaire bhotanta , 1826, in-4''; — ui:
Grammaire du même dialecte, publiée par
docteur Marsham. Carey avait préparé im Dt
tionnaire sanscrit, qui périt dans l'incendie i
l'imprimerie de Sérampour. Les versions de
Bible qui sortirent de cette imprimerie célèbi
et auxquelles Carey prit une grande part, so
nombreuses et dans les dialectes suivants : sar
crit, hindou, bris-bhassa, mahratte , benga
orisse ou origa, telinga, kurnate, maldivien, g
zaratte, buloshe, pushtoo, punjabi ou shels
cashmir, assam , birman, pâli ou mahudha, 1
mul, cingalais, arménien, malais, hindoustani
persan. Le missionnaire anglais, qui eut ainsi
mérite de contribuer à i-endre les saintes Ëa
tures accessibles à près de deux cent millio
d'hommes, ne négligea pas la littérature inrlieni
etpublia, entre 1806 et 1807, \&Ramayana,te^
original, soigneusement collationné sur les ir
nuscrits les plus authentiques.
Rose, New Biographical Dict.
CAREY ( Félix), fils aîné de William, né
1786, mort le 10 novembre 1822. Comme s
père, il se rendit dans l'Inde, et se fixa à Sera
pour, où il mourut. H laissa: Grammaire de
langue birmane; Sérampour, 1814, im-S";— u|
traduction du Pilgrin Progress, en bengali;
le Vidyahara-vouli, ouvrage d'anatomie,
bengali, formant le tomel" d'aneEndjclopéù
7(7
CAREY
718
bengalie, et d'autres ouvrages (la plupart iné-
lils) traduits du birman.
(iorton, Diogr. dict.
*CAREY (H.-C), célèbre économiste améri-
ain, né ^ers la fin du dix-huitième siècle à
•liiladelpliie , où il a exercé longtemps la pro-
! ession de libraire. On lui doit les ouvrages
iiivant? : Essay on the rate of wages, with
m cxamination of the causes ofthe différence
Il the condition of the labouring population
hroiighout the world ( Essai sur le taux
les salaires, suivi de recherches sur les causes
les différences que présente la condition des po-
lulations ouvrières dans les diverses contrées) ;
'liiladelphie, 1835; — Principles of political
conomy (Principes d'économie politique ) ; Phi-
i(k-lphie, 1837-1840, 3 vol. in-S" ; — the Cre-
'}( System of France, Great-Britain and the
iiited-States (da Crédit en France , dans la
.raiide-Bretagne et aux États-Unis); Phila-
elpliie et Paris, 1838, in-S"; — Ansiver to
he questions : What constitutes currency?
Vhat are the causes of the unsteadiness
f the currency? and what is the remedy
Réponse aux questions : Qu'est-ce que la cir-
ulation? Quelles sont les causes de son instabi-
té, et quel en est leremède.^); Philadelphie, 1 840,
1-8» ; — the Past, the Présent and the Future
le Passé, le Présent et l'Avenir ) ; Philadelphie,
S48, 1 vol. gr.-in-8''; — the Harmony ofin-
erests agricultural , manufacturing and
ommercial ( l'Harmonie des intérêts agricoles,
Manufacturiers et commerciaux); Pliiladelphie,
831. 1 vol. in-8° ; — the Prospect agri-
ultural, manufacturing, commercial and
'mandai, at the opening of the year 1851
Perspective agricole, manufacturière, commer-
iale et financière, au commencement de l'année
851) ; Philadelphie, 1851 , in-8°.
Voici le jugement qu'a porté Mac-CuUoch, dans
■s. Littérature de Véconomie politique, sur les
Principes d'économie politique, l'ouvrage fon-
lamental de Carey : « Cet ouvrage, fruit de nom-
)reuses recherches, est écrit dans un bon esprit;
nais il est indigeste, manque de critique, et ne
jrilie ni par la clarté ni par la netteté des princi-
pes. La plupart des conclusions de l'auteur sont
iéduites de renseignements statistiques d'une au-
torité très-douteuse, ou susceptibles d'interpréta-
ions diverses. « M. Ch. Coquelin pense que ce
ngement ne doit pas être accepté sans examen....
' Que l'on adopte ou que l'on repousse, dit-il, la
nanière de voir de M. Carey, il faut reconnaî-
re ([u'il se rencontre dans ses ouvrages un
ITAnd nombre d'idées neuves, originales, di-
gnes de l'examen le plus sérieux. » A l'appui
le cette opinion, nous ferons remarquer que
M. Carey est le premier qui ait établi, dans ses
Principes d'' économie politique, l'existence de
;ette belle loi de l'harmonie des intérêts dans la
I production agricole et industrielle, si ingénieu-
sement développée et complétée depuis par
M. Bastiat dans son livre des Harmonies écono'
miques.
L'ouvrage intitulé le Passé, le Présent et
V Avenir est l'un des plus substantiels de l'au-
teur. M. Carey y étudie, appuyé sur les faits, la
marche de l'humanité, depuis l'origine des so-
ciétés jusqu'à nos jours. Il nous la montre es-
clave d'abord des forces de la nature, mais par-
venant par degrés à les dominer, et à en faire les
instruments dociles de sa volonté. Combattant
la théorie de la rente de RicarcTo , il s'attache à
démontrer i" que, dans tout pays, on a cominencé
l'œuvre de la culture sur les sols infertiles,
comme les plus faciles à travailler ; 2° que ce
n'est qu'à la suite de l'accroissement de la popu-
lation et de la richesse que l'on a passé aux sols
plus fertiles ; 3° qu'avec l'accroissement de la
population et de la richesse, et avec l'extension
de la culture, le travail de l'agriculteur est de-
venu plus productif; 4° qu'à cette augmentation
correspond celle de la part du travailleur dans
la production, et une diminution de la part du
propriétaire ; 5° que l'accroissement de la po-
pulation et de la richesse, ainsi que l'extension
de la culture, sont accompagnés d'une améliora-
tion graduelle de la condition physique , morale,
intellectuelle et politique du travailleur, avec une
tendance constante vers l'égalité.
Dans son ouvrage sur le Crédit en France,
en Angleterre et aux États-Unis, M. Carey
défend , avec d'excellentes raisons, le principe
de la liberté des banques. 11 soutient la même
thèse , avec de nouveaux arguments et de nou-
veaux faits, dans son travail sur la Circula-
tion.
Partisan de la liberté des échanges en prin-
cipe, M. Carey, par une inconséquence assez
étrange , est l'ennemi de cette liberté en ce qui
concerne son pays , surtout au point de vue de
ses relations couunerciales avec l'Angleterre,
dont l'immense prépondérance iudustrielle lui
paraît un obstacle permanent au développe-
ment manufacturier des autres pays. La haine
pour l'Angleterre et , nous avons regret d'ajou-
ter, pour la France, ainsi qu'une admiration ex-
clusive de sou pays, se manifestent trop fré-
quemment dans les travaux économiques de
M. Carey, et leur donnent quelquefois le ca-
ractère du pamphlet.
M. Càrey a publié un grand nombre d'articles
d'économie politique dans les revues américai-
nes. Il s'est fait connaître en France par une po-
lémique très-vive , dans le Journal des Écono-
mistes, contre M. Bastiat et ses amis, au sujet
de la priorité de l'idée de l'harmonie des intérêts
entre le capital et le travail, ainsi que surjes
questions relatives à la théorie de la rente.
Retiré depuis quelques années des affaires,
M. Carey vit dans sa maison de campagne aux
environs de Philadelphie , s'occupant de ses
études de prédilection, et publiant, sur les faits
économiques de quelque importance qui se pro-
719
GAREY — CARIBERT
72
duisent aux États-Unis, des brochures toujours
lues avec empressement. A. Legoyt.
Documents inédits.
CAREZ (Joseph), habile imprimeur français,
naquit à Toul en 1753, et mourut dans la même
ville en 1801. Il prit d'abord peu de goût pour
la profession à laquelle il était destiné, et qui
était exercée par son père, imprimeur de l'évé-
ché. Quelques dispositions pour l'art musical
lui firent d'abord préférer l'état de chanteur. Il
fut, dit-on , reçu à l'Opéra en cette qualité ;
mais il eut le bon esprit de revenir dans son
pays natal, où l'attendaient des succès plus
réels dans l'art typographique. Un des premiers,
il se hvra à des essais et à des expériences qui
avaient pour but de substituer des planches de
métal fondues aux caractères mobiles employés
communément, et de les faire servir à l'impression
au moyen d'un mécanisme assez simple. La réus-
site de ces premiers essais lui assure, incontes-
tablement, le mérite d'avoh-, par d'heureuses
applications du cUchage, fait faire un grand
pas à la stéréotypie. C'est, au surplus, le témoi-
gnage que lui rend Camus, dans son Histoire
du Polytypage et de la Stéréotypie; Paris,
Renouard, 1803, in-8° (p. 58 à 65). Le savant
bibliographe expose en détail les procédés à
l'aide desquels Carez parvint à imprimer, en
1786, un livre d'église noté, en deiix volumes
grand in-8°, de plus de 1,000 pages cha-
cun, et successivement, de la même manière,
vingt volumes de liturgie ou d'instruction à
l'usage du diocèse de Toul. Carez fut surtout
encouragé dans ses essais par deux hommes
distingués qui habitaient alors la ville de Toul :
M. de Caffarelli, devenu depuis préfet de l'Ardè-
che, etM. de Curd, directeur des fortifications. Il
appela d'abord ses éditions omo types , pour
exprimer la réunion de plusieurs types en
un seul. Ses travaux dans ce genre furent in-
teiTompus par la révolution. Carez en embrassa
la cause avec enthousiasme ; dès lors les préoc-
cupations de la politique parurent l'absorber, et
lui firent négliger les intérêts de l'art et de son
établissement. Lors des élections qui eurent lieu
pour le choix des députés à l'assemblée légis-
lative, Carez obtint un grand nombre de suffrages,
et fut élu le troisième sur huit qui devaient com-
poser la députation du département de la Meur-
tlie (1). Ses connaissances l'appelaient naturelle-
ment à faire partie du comité des assignats ; il y
rendit de grands services, par les lumières qu'il
répandit sur la fabrication et l'impression du
papier-monnaie. Il vota constamment avec la
majorité ; et lorsque le terme de son mandat fut
expiré, il revint à Toul, pour reprendre ses tra-
vaux accoutumés. Il écrivait à un de ses amis ,
le 20 octobre 1792: <^ Me voilà, de législateur
« que j'étais, redevenu compositeur. Tous mes
(1) La JJiograi)hie des Contemporains, d'Arnaiilt, de
Joiiy, elo., lui donne, par erreur, le titre de ddputc'do
la iMoselle,
« ouvriers m'ont quitté pour prendre mieu>
« je les remplace comme je puis ; et quoique j'ai '
« les doigts engourdis, j'espère remplir ma nou '
« velle tâche avec succès. » Il y parvint en effe
en imprimant, suivant les procèdes inventa
par lui, un dictionnaire de la Fable et une Bibl
latine en caractère nonpareille. Camus, dan
l'ouvrage cité ci-dessus, a donné une page/a(
simile de cette Bible. Dans cet intervalle, les ai
mées de la coalition avaient menacé nos fronliè
res de l'est ; Carez n'hésita pas à se ranger a
nombre de ceux qui voulaient défendre le terr
toire. Comme ses sentiments patriotiques étaiei
connus, il fut choisi pour commander le bâtai
Ion de garde nationale auxiliaire que la ville d
Toul fit marcher vers les bords du Rhin. Cetl
petite campagne fort glorieuse, autant qu'ell
put l'être, eut pour résultat le dégagemei
des lignes de Wissembourg, la reprise de cetl
ville, et la levée du blocus de Landau. Après 1
licenciement des gardes nationales, Carez revir
encore à son imprimerie , et fit paraître, so
comme éditeur, soit comme auteur, différente
publications patriotiques. Son premier ouvras
ixA\m Alphabet républicain (1793),in-16, de
tiné à inculquer aux enfants les premiers él(
ments de la lecture. Il composa ensuite pour 1
jeunesse un livre intitulé l'Ami des jeunes rt
publicains ;To\x\ (1793), pet.in-12de 180p., qi
porte l'empreinte de l'effervescence de répoqu( ,
Il est probable que Carez ne conservait plus U
mêmes sentiments exaltés de républicanisn
lorsqu'il fut appelé, en 1801, à la sous-préfectiu
de Toul. Mais il ne jouit pas longtemps de C(
emploi, la mort l'ayant enlevé dans l'année mêii
de sa nomination. Il était d'un caractère enjon
et quelquefois même facétieux, au point que si
amis l'avaient surnommé le frère Lazzi. Non
trouvons un exemple de cette disposition dai:
sa correspondance, lorsqu'il traite de citoyen
nissime un de ses amis, aussi patriote que lu
J. L.
Documents manuscrits inédits. — Correspondaih
autographe de Joseph Carez. — Camus, Histoire u
Polyttjpaqeet de la Stéréotypie.
*CAREZANO {Albert), historien itahen, (i
clergé régulier, vivait vers le milieu du dix-scj
tième siècle. Il publia l'ouvrage de LucAssarin
délie Revoluzioni di Catalogna, con annott
zionisoprai luoghi principali ; Gênes, 164;
in-4°.
Adeiiing, suppl. àlôcher, JUrjein. Oclekrten-Lexici
CARIBERT OUHARIBERT, l'aiué deS filS à
Clotaire I*^*, eut le royaume de Paris pour so
lot ; et dans le partage qui suivit la mort de (
prince en 562, Caribert obtint en outre un cei
tain nombre d'autres villes, entre autres Avrai ,
ches et Marseille. Pendant son règne, qui ne dui j
guère plus de cinq ans, il se montra ami de !
paix et de la justice. Doué d'une éloquence n;
turelle, il protégeait la culture des lettres ; et 1.
sagesse des instructions qu'il donnait à ses an
bassadeurs lui attirait le respect des autre
121
CAlllBERT
722
lances. « Au lieu d'avoir l'air rude et guerrier
i; ses ancêtres; dit M. Augustin Thierry dans ses
iécits mérovingiens, le roi Haribert affectait
! prendre la contenance calme et un peu
iurde des magistrats qui, dans les villes gau-
iises, rendaient la justice d'après les lois ro-
maines. Il avait même la prétention d'être sa-
xnt en jurisprudence, et aucun genre de flatte-
$ ne lui était plus agréable que l'éloge de son
ibileté comme juge dans les causes embrouil-
38, et de la facilité avec laquelle, quoique Ger-
ain d'origine et de langage, il s'exprimait et
«courait en latin. « Le P. Daniel fait observer
qu'un roi de ce caractère était en ce temps-là
e chose plus rare qu'un roi guerrier, les vertus
litaires étant beaucoup moins en opposition
ec quelque barbarie qui restait encore dansl'es-
I it des Français, que toutes ces qualités et toutes
5 vertus civiles et politiques. » Ce qu'il y a de
I f, c'est que des dispositions moins pacifiques
raient valu à Caribert une plus grande popula-
é. Sous son règne commença la puissance des
IMresdu palais, qui devaient bientôt devenir les
litres de l'État, pour avoir su d'abord se faire
H chefs de l'armée.
HJne autre particularité remarquable, c'est que
i ribert est le premier roi de France qui ait été
communié, non par le pape ( sa puissance ne
Rendait pas encore aussi loin ) , mais par l'é-
ique de Paris. L'incontinence du roi, inconti-
nce d'ailleui's commune à tous les princes
»ncs de l'époque, fut la cause de cette excom-
nnication, qui, du reste, n'eut pas de suites fort
aves. Mais laissons encore parler ici le savant
wateur des temps mérovingiens :
IX Le roi Haribert prit en même temps pour
ftîtresses deux sœurs d'une grande beauté, qui
iiient au nombre des suivantes de sa femme
Sjoberghe. L'une s'appelait Markowèfe, et por-
t l'habit de religieuse ; l'autre avait nom Méro-
âe ; elles étaient filles d'un ouvrier en laine,
trbare d'origine, et leutes du domaine royal.
« Ingoberghe, jalouse de l'amour que son
ari avait pour ces deux femmes, fit tout ce
".'elle put pour l'en détourner, et n'y réussit
jS. N'osant cependant maltraiter ses rivales ,
Iles chasser, elle imagina une sorte de strata-
Jn me qu'elle croyait propre à dégoûter le roi
; -une liaison indigne de lui ; elle fit venir le père
;s deux jeunes filles, et lui donna des laines à
' rder dans la cour du palais. Pendant que cet
nrame était à l'ouvrage, travaillant de son
lieux pour montrer du zèle, la reine, qui se tc-
iiit à une fenêtre, appela son mari : « Venez,
i flit-elle, venez ici voir quelque chose de nou-
au. » Le roi vint, regarda de tous ses yeux ; et,
■ ^ oyant rien qu'un cardeur de laine, il se mit
1 colère, trouvant la plaisanterie fort mauvaise,
explication qui suivit entre les deux époux fut
olente, et produisit un effet tout contraire à
'Ini qu'en attendait Ingoberghe ; ce fut elle que
loi répudia, pour épouser MéroUède.
« Bientôt, trouvant qu'une seule femme légi-
time ne lui suffisait pas, Haribert donna solen-
nellement le titre d'épouse et de reine {i une (ille
nommée Théodehilde, dont le pèreétait gardeur
de troupeaux. Quelques années après, Méroflède
mourut, et le roi se hâta d'épouser sa sœur
Markowèfe. Il se trouva ainsi, d'après les lois
de l'Église, coupable d'un double sacrilège,
comme bigame et comme mari d'une femme
qui avait reçu le voile de religieuse. Sommé de
rompre son second mariage par saint Germain,
évêque de Paris , il refusa obstinément, et fut
excommunié. Mais le temps n'était pas venu où
l'Église devait faire plier sous sa discipline l'or-
gueil brutal des héritiers de la conquête ; Hari-
bert ne s'émut point d'une pareille sentence, et
garda près de lui ses deux femmes. «
Caribert mourut subitement peu de temps
après, l'année 567, dans un de ses domaines
situé non loin de Bordeaux.
Grégoire de Tours, Chroniques, IV. —'Augustin Tliler-
ry, Récits des temps mérovingiens. — Le P. Daniel, His-
toirede France. — Sismondi, Histoire des Français.
ClRIBKRT OU CHARIBERT, qu'il ne faut pas
confondre avec le précédent, était fils de Clo-
thaire II, et par conséquent frère de Dagobert,
qui avait quelques années de plus que lui. Sans
doute pour assurer la bonne intelligence entre
ses deux fils, Clothaire fit épouser à Dagobert
une tante encore assez jeune de Caribert. Mais
à sa mort, conrunne il n'avait pris aucune mesure
pour assurer le partage de son héritage entre
ses deux fils, Dagobert se hâta de s'emparer de
tout le royaume. Cependant il se forma un
parti autour de Caribert dans une portion de
la Neustrie ; et Dagobert, voulant éviter la guerre
civile, consentit à traiter avec lui, et lui aban-
donna le royaume d'Aquitaine l'année 628. Ca-
ribert II fit de Toulouse sa capitale; il y habita
les palais des anciens rois visigoths, et étendit
sa domination de la Loire aux Pyrénées, au pied
desquelles il remporta quelques victoires sur les
Gascons. Caribert étant mort peu de temps
après , en 631 , Dagobert fit aussitôt saisir son
trésor et égorger son fils Chilpéric, encore en bas
âge, et incorpora l'Aquitaine à sa vaste mo
narchie.
Frcdéjjaire, cli. S6. 57. — Cesla Dagoberti régis. —
Sismondi , Bist. des Français. — Fauriel, Hist. de la
Gaule méridionale sous les conquérants germains. —
Michelet, Hist. de France, I.
CARIBERT OU CHARIBEBT I et II, rOlS deS
Francs. Voy. Mérovingiens.
CARIBERT ou CHAROBERT, abréviation de
Charles-Robert , fils de Charles Martel, roi de
Naples et de Hongrie, naquit à Naples vers 1292,
et mourut en 1342. Après la mort de son père, Ca-
ribert, bien jeune encore, fut conduit en Hongrie
pour revendiquer le trône que lui disputait Ven-
ceslas rv, roi de Bohême. Chacun des deux pré-
tendants s'appuyait sur un parti ; mais le pape
Boniface VHI les somma de comparaître à son tri-
bunal pour y plaider leur cause, et, par une bulle
723
CARIBERT — CARILLO
du 30 mai 1303, adjugea la couronne à Caribert,
ot déclara le trône de Hongrie héréditaire. Cette
décision, favorable au jeune prétendant, ne fit
qu'empirer ses affaires : la plupart des seigneurs
hongrois , en haine de la décision papale, lui
opposèrent une résistance obstinée. Enfin l'ha-
bileté d'un légat conduisit à bien l'enti-eprise , et
les États de Hongrie, assemblés en 1310, confir-
mèrent le choix du pontife. Ce prince déploya
sur le trône de grandes qualités. Sa valeur éten-
dit son royaume ; son règne fut long et florissant.
Enl'an 1326, le roi Caribert et sa famille faillirent
périr sous les coups d'un forcené qui se préci-
pita dans la salle où ils se trouvaient réunis, at-
teignit d'un coup de sabre l'épaule du roi, abat-
tit quatre doigts de la main de la veine, et se je-
tait déjà sur leurs enfants, quand un officier,
accouru aux cris de ses maîtres , mit en pièces
le meurtrier. Les entreprises militaires du mo-
narque hongrois, qui tournèrent presque toutes
à l'agrandissement de ses États, furent cependant
traversées par quelques revers. 11 se laissa sur-
prendre un jour par le vayvode de Valacliie
dans les gorges de ses montagnes , et n'échappa
qu'à grand'peine au milieu de la destruction de
son armée ; mais il répara ses pertes par sa po-
litique autant que par ses armes , et finit par se
rendre tributaires la plupart des petits États qui
bordaient ses frontières, tels que la Dalmatie, la
Croatie, la Servie, la Lodomérie, la Cumanie,
la Boulgavie et la Bosnie. Il fit valoir ses pré-
tentions au trône de Naples, où son grand-père,
Charles H d'Anjou , s'était assis. Le pape Clé-
ment V, à l'exemple de son prédécesseur, s'é-
tablit juge des droits et mérites des candidats.
Mais le roi de Hongrie fut moins heureux au
tribunal de Clément qu'à celui de Boniface. Un
de ses fils cependant reprit cette couronne. Ca-
ribert mourut à l'âge de cinquante ans; il en avait
régné quarante. Une de ses sœurs avait épousé
Louis le Hutin , roi de France. Il avait eu trois
épouses, et laissa en mourant trois fils, Louis I^'',
surnommé Le Grand, roi de Hongrie ; André, qui
fut roi de Naples, et Etienne, duc d'Esclavonie.
[M. Am. Renée , dans VEnc. des g. du m.]
Ersch et Gruber, Allgemeine Encycl. — Sismondi,
Histoire des Français.
CARICNAN ( maison de ) , l'une des branches
de la maison royale de Savoie, et celle qui oc-
cupe actuellement le trône de Sardaigne, Elle tire
son nom de Carignano , petite ville de la pro-
vince de Turin, sur la rive gauche du Pô.
Le premier prince de Carignan fut Thomas-
François, l'un des neuf enfants de Cliarles-Em-
:manuel le Graud. Il naquit en 1596. Son ambi-
tion suscita des troubles en Savoie pendant la
minorité de Charles-Emmanuel II. Après un
bombardement inutile, il se rendit maître de Tu-
rin par surprise ; il avait envoyé aux portes de la
ville quelques centaines de soldats se disant
venus renforcer la garnison, et que l'on eut l'im-
prudence d'admettre sur parole. Pendant la
nuit, l'explosion d'un pétard servit de signa
toutes les portes s'ouvrirent à la fois, et le jtrin
de Carignan se précipita dans la ville à la t(
de ses troupes. Il finit pourtant par se récon
lier avec sa belle-sœur Christine, régente
Savoie ; et dans le même temps il se rapprocha
la cour de France, où le grade de lieutem
général lui fut offert : il fit la guerre en Italie
la tête des armées françaises, et Turenne ser
sous son commandement. La faveur de Mazai
lui valut ensuite la charge de grand maître
France, après la disgrâce du prince de Con(
Thomas de Carignan mourut à Turin en 16j(
L'aîné de ses fils , Emmanuel-Philibert, i
quit sourd-muet, mais posséda, malgré cev
d'organisation, de l'instruction et des talents,
jésuite, à qui son éducation fut confiée, réus
même , si l'on en croit certains témoignages
lui donner quelques moyens de s'énoncer,
suivit son père en Italie, et fit preuve de valt
au siège de Pavie, en 1655. Il épousa Angélic
d'Esté , de la maison de Modène, dont il (
plusieurs enfants.
L'aîné, Victoi-Amédée, qui devint lieuten;
général des armées de France et de Savo
épousa une fille naturelle du roi Amédée II,
mourut à Paris en 1741, laissant un fils u
que, Louis-Victor-Joseph, qui épousa Chv
tine de Hesse-Rlieinfeld , et mourut en 1778
Victor-Amédée, fils du précédent, lieuten;
général au service de France, mort en 17:
eut ix>ur fils Charles-Emmanuel, né en 17'
Élevé au collège de Sorrcze, en Languedoc,
devint dans la suite lieutenant général des
mées de Sardaigne. 11 épousa Marie de Saxe
Courlande, fille du prince Charles de Pologne
de Saxe, et mourut en 1800, laissant un fils :
Charles-Emmanuel- Albert, né en 1798,
prince de Carignan jusqu'en 1831. La bram
aînée de la maison de Savoie s'étant étein
cette année-là dans la personne du roi CharL
Félix, la tige de Carignan a été appelée au trôi
Voy. l'art. Charles-Albert. [A. R., dans YEi
des g. du m. ]
Ersch et Gruber, Allgem. Encyc.
* CARILLO (Alphonse), prélat espagnol,
à Cuença dans la seconde moitié d\i quatorzièi
siècle, mort à Bàle le l4 mars 1434. Fils de C
mez Carillo, gouverneur de Jean H, i-oi de C;
tille, il fut créé cardinal en 1409 par l'antipa
Benoît XHI, confirmé dans cette dignité par
pape Martin V en 1418, et envoyé par lui à Bc
logne en qualité de légat. Le concile de Bàlc
nomma ensuite légat d'Avignon; mais le pai
Eugène IV y avait déjà envoyé le cardinal
Foix,qui s'introduisit dans la ville à main arm(i
et Carillo fut forcé de retourner à Bàle.
Sponde, Annales. — Auberi, Histoire des Cardinal
CARILLO «'ACUNHA ( dou Alphonse), a
chevêque de Tolède, neveu du précédent, :
vers 1410, mort le 1"'' juillet 1482. Il accor
pagna son oncle à Bâle , et au retour il t
25 CARILLO — CARION
miné évêque de Siguenza, puis en 1440 ar-
726
levôque de Tolède. Cette difçnité lui donnait
le influence politique dont il se servit contre
roi de Castille Henri IV. Jl se mit à la tôte
■s mécontents qui, sous prétexte que la fille
Henri IV, Juana, qu'ils flétrissaient du sobri-
let de Beltraneja, était illégitime, voulaient
ettre sur le trône l'inlant don Alphonse, frère
idet du roi de Castille. Les rebelles réunis à
Vila déposèrent solennellement Henri IV avec
s cérémonies les plus insultantes pour la ma-
«té royale, puis ils allèrent mettre le siège de-
«tit la ville de Penaflor; mais les habitants se
^fendirent avec courage , et, par représailles de
qui s'était fait à Avila , ils traînèrent dans la
me l'effigie de l'archevêque de Tolède, et la
^rèreat aux flammes. Les factieux, forcés de
ver le siège, combattirent contre l'armée royale
iprès d'Olmedo. La victoire resta indécise. La
ort de l'infant, arrivée en 1468, trois ans après
proclamation d' Avila , facilita une transaction
itre les factieux et Henri IV, qui consentit à re-
*nnaître comme devant lui succéder sa sœur
'«belle. Plusieurs partis se formèrent pour
'inner un mari a cette priuce^sse, Cai-illo pro-
»sa et fit prévaloir don Fernand d'Aragon. Il
it ainsi une grande part à l'acte décisif qui
nda l'unité et la grandeur de l'Espagne ; mais
le fit plus par ambition que par amour pour
patrie, comme il le prouva après la mort
iHenri IV, en 1474. En aplanissant pour Isa-
iblle les voies du trône, en facilitant le mariage
i cette princesse avec l'infant d'Aragon, il avait
■însé travailler en même temps pour lui-même,
voulait une grande partdu pouvoir; etcettepart
i lui étant pas donnée , il s'unit, dans son mé-
mtentement, au marquis de Villena,pour soute-
irlesdroitsdedona Juana la Beltraneja. Le roi de
ortugal, tenté par leurs offres, entra en Estra-
'ladure, et commença la guerre contre la Cas-
We. Ferdinand et Isabelle repoussèrent avec
ligueur cette prise d 'armes , et battirent com-
ifétement les Portugais à la bataille de Toro, le
" mars 1476 Carillo, forcé de se soumettre,
ait ses jours dans un monastère qu'il avait
i)ndé à Alcala de Henarès.
I Mariana, Histoire d'Espagne, 1. XX.I. — Lavallée et
tueroult, Espagne, dans l' Univers pittoresque.
I t&RiN OU CABINCS {Marcus-Aurelius) ,
inopereur romain, fils aîné de Carus, régna de
(83 à 285. Paresseux, fier et cruel, il ne man-
luait ni de courage ni de talents militaires, et
larvint, du vivant de son père, à repousser les
barbares qui avaient envahi les Gaules. Lors-
lue Carus partit pour la guerre de Perse, il
"aena avec lui son second fils Numérien, et
i lissa à Carin, qui reçut le titre de César, le
!;ouvernement de l'Italie, de l'Jllyrie, de l'A-
I rique et de tout le reste de l'Occident. Le jeune
liriuce ne se signala que par ses crimes et ses
j léréglements. Il donna les plus hautes dig;iité.s de
l'État à des hommes de la plus basse condition
exila ou fit mettre à mort les premiers person-
nages de la cour, dissipa en folles prodigalités
les trésors de l'empire, épousa et répudia neuf
femmes en quelques mois, ouvrit son palais
aux plus vils débauchés, et unit la dépravation
effrénée d'Élagabal à la cruauté froide do Dorni-
tien. Après la mort de son père, il fut reconnu
empereur avec Numérien vers la fin de 283, ou
au plus tard au mois de janvier 284. Les deux
princes donnèrent des jeux magnifiques qui ont
été décrits par le poète Caipumius et l'historien
Vopiscus. Carin, apprenant la mort de son frère
assassiné par Aper, et l'avènement de Dioclétien
proclamé par les soldats, marcha contre le nou-
vel empereur. En route, il rencontra le gouver-
neur de la Vénétie, Julianus, qui lui aussi pré-
tendait à l'empire, le vainquit, et le fit mettre à
mort. Il ne fut pas moins heureux dans ses pre-
mières rencontres avec Dioclétien, et le battit
même complètement à Margum, sur le Danube,
dans la haute Mœsie, entre Viminica et le mont
d'Or; mais tandis qu'il poursuivait les ennemis, il
fut tué par ses propres soldats. Panni les prin-
cipaux auteurs de sa mort, était un tribun dont
il avait déshonoré la femme. Selon Eckh«l, Ca-
rin fut tué à la fin de 284 ; mais la plupart des
historiens placent l'assassinat de ce prince dans
le mois de mai de l'année suivante.
Vopisciis, Carin. — Aurélius Victor, Cwsar., XXXVIII ,
Epitome, XXXVIII. - Zonaras, XII, 30. — Eutrope, IX,
12. — Eckhel, Doctrina num.
*c.4RiOLA {Antoine), historien italien, vi-
vait vers le milieu du dix-septième siècle. On a
de lui : Rittratti de' principi d'Esté , slgnoH
di Ferrara, con V aggiunta de' lorofatil, etc.;
Ferrare, 1641, in-4°, avec 13 planches gravées
en taille-douce.
Clément, Bibl. curieuse, VI, 28e.
CARI ON ( Jean), savant allemand, né à Ben-
tickheim en 1499, mort à Berlin en 1538. Il pu-
blia des éphémérides qui s'étendent de 1536 à
1550, et un livre d'astrolQgie intitulé Practicx
astrologicse. « Ces deux ouvrages , dit Bayle,
ne lui ont pas procuré beaucoup de réputation;
mais il est devenu célèbre par une chronique
qu'il ne fit point : elle a été imprimée une infi-
nité de fois , et traduite en plusieurs langiies.
En voici l'histoire. Carion ayant fait une Chro-
nique, la voulut faire imprimer à Wittemberg ;
mais il souhaita que Mélanchthon la corrigeât.
Mélanchthon, au lieu de la corriger, en fit une au-
tre, et la publia à Wittemberg sous le nom de
Carion. Il la fit en allemand. Elle fut traduite
en latin, l'an 1538, par Herman Bonnus, ministre
à Lubeck. Mélanchthon, ayant eu le grand débit de
ce livre, en fit une nouvelle version latine, qu'il
publia l'an 1 558 , après avoir retouché l'ouvrage
et y avoir inséré quelques additions. Il le publia
deux ans après, augmenté d'une seconde partie.
Peucer, après la mort de Mélanchthon, y ajouta
ce travail, et publia en 1 562 le quatrième livi-e,
qui s'étend depuis Charlemagne jusqu'à Fré-
121
CARION — CARISSIMI
fléricll. Il publiaau bout de trois ans lecinquième
livre, qui finit à la mort de l'empereur Maximilien
en 1519. II lit, en 1572, une édition de tout l'ou-
vrage. » — Malgré le livre deMélanchthon, Carion
publia sa propre Chronique avec une dédicace à
Joachim, marquis de Brandebourg, datée de
Berlin 1531. Bayle cite une édition de Paris,
1563, in-16. La Chronique de Mélanchthon'Ct de
Peucer fut traduite en français par Simon Gou-
lard en 1579.
Melchior Adam, Vitœ philosophorum germanorum.
— Gessner, Bibliotheca. — Bayle , Dictionnaire. — Pan-
taléon, Prosopographia. — Fabricius, Bibl. med. et inf.
eetat. — Sax, Onomast. literar.
*CARisio {Antoine), hagiographe et écrivain
asiatique italien, fondateur d'ordre, natif de Cug-
gione, dans le Milanais, vivait dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il fut curé dans
le Milanais , où il a fondé la congrégation des
Clercs réguliers pour le service des malades. On
a de lui : i Capelli délia bella Pénitente rive-
riti; Milan, 1649, in-S" ; — Slogio ciel P. Pie-
tro-Francesco Pellicioni; Milan , in-fol. sans
date ; — Ritratto di Gesii nella tela deW Os-
tia sagramentale ; Milan, 1671, in-12 ; — Eser-
cizj sopra i dolori di Gesù Cristo; Milan,
1672.
Argelati, Bibl. Mediol.
* CARisius ( Jonas ), voyageur et diplomate
danois , né dans la seconde moitié du seizième
siècle, mort à Roeskild en décembre 1619. Il fut
d'abord secrétaire de Christian IV, et accompa-
gna comme tel le roi en 1599, pendant un voyage
maritime sur les côtes de Norwége. Plus tard,
il fut employé par son souverain pour des af-
faires diplomatiques en Hollande, où il se trou-
vait encore à la fin de l'année 1618. On a de lui :
Description du voyage de Christian IV sur
les côtes de Norvège ( en danois), qui fut tra-
duit en allemand sur 1© manuscrit danois, et pu-
blié par Schlegel dans ses Sammlungen zur
Bànischen Geschichte (Mémoires pour servir
à l'histoire du Danemark ), vol. I, chap. 4, et
dans son Recueil de Voyages.
Slangen, Geschichte Christians,\\ , II, 130. — Hofmann,
Portraits historiques, V. — Adelung, suppl. à Jôcher,
Allgem. Gelehrten-Lexicon.
CARISSIMI (Jean-Jacques), célèbre compo-
siteur du dix-septième siècle, naquit à Venise
vers 1582, et mourut très-âgé : il vivait encore
en 1672. Malgré la haute réputation dont il a joui
de son temps et qu'il a conservée de nos jours,
les biographes donnent peu de renseignements
sur la vie de ce grand artiste. Gerber et plusieurs
autres rapportent que son mérite reconnu le fit
appeler à la direction de la chapelle pontificale
et de la chapelle de l'église Saint-Apollinaire du
collège allemand, à Rome. On doit à Carissimi
l'introduction des accompagnements d'orchestre
dans la musique d'église. Il perfectionna le réci-
tatif, inventé depuis peu par Caccini,Peri et Mon-
teverde, et donna à la partie de basse un mou-
vement et «ne élégance qu'elle n'avait point en-
core; enfin il est un des premiers 'coinpositeu
qui aient écrit des cantates et qui les firent sut
tituer aux madrigaux, dont le genre n'était pi
en rapport avec le style dramatique que la i
cente invention de l'opéra avait mis en favei
Ses mélodies gracieuses billlent par une expr(
sien vraie et spirituelle, soutenue par une harrn
nie qui, sans être peut-être aussi savante q
celle de l'ancienne école romaine, n'en est p
moins d'une grande pureté. La manière de
maître, perfectionnée par ses élèves Bassai
Cesti, Buononcini, et surtout par Alexandre Se;
lati, conduisit peu à peu au style de la musiq
du dix-huitième siècle, dont elle est évidemme
le type originaire. Carissimi a écrit une foule
messes, de motets, de cantates et d'oratorio
mais il n'a été publié qu'une faible partie de c
ouvrages, qui sont aujourd'hui très-rares. Vo
les principaux renseignements' qui ont été i
cueillis sur les productions de ce compositeui
Deux i-ecueils de motets à 2, 3 et 4 voix ; Rom
i 664 et 1 667 ; — Missas 5 et 9 vocum, cum selecv
quibusdam cantionibus ; Bologae, 1663 et l&i
( Messes en partition, manuscrit portant le n° T
du catalogue de la musique du docteur Birniey);
Lauda Sion, à 8 voix, et Nisi Dominus, à 8 voi
manuscrits de la bibliothèque de l'abbé Santii
à Rome ; — Messe à 12 voix, sur la chanson (
Y Homme armé, manuscrit des archives de
chapelle pontificale, à Rome. La Bibliothèqi
impériale de Paris possède plusieurs oratori'
manuscrits, savoir : Histoire de Job, à 3 vo
et basse continue; — la Plainte des damnés,
3 voix, 2 violons et orgue, morceau qui eut uj
grande célébrité ; — Ézéchias, à 3 voix, 2 violoi
et orgue ; — Balthazar, à 5 voix, 2 violons
orgue ; — David et Jonathas, à 5 voix, 2 violons
orgue ; — Abraham et Isaac, à 5 voix et orgu(
— Jepthé, à 6 et 7 voix : cet ouvrage est considé
comme le chef-d'œuvi-e de Carissimi ; — le Jugi
ment dernier, à 3 chœurs, 2 violons et orgu<
— le Mauvais riche, à 2 chœurs, 2 violons; ■
basse; — Jonas, à 2 chœurs, 2 violons et bass
L'oratorio de Salomon, attribué pai' divers ai
teurs à Carissimi, serait, d'après M. Fétis, c
Cesti. Il existe à la bibliothèque du Conservatoii
de musique de Paris deux volumes manuscri
contenant un grand nombre de motets et de cai
tates de Carissimi; on y trouve plusieurs pièc(
comiques, telles que celles qui ont pour titre : l(
Cyclopes, à 3 voix; — le Testament d'tm âne,
2 voix ; — Plaisanterie szir l'introït de la Mesi
des morts, canon à 2 voix; — Plaisanterie su
la barbe, à 3 voix ; — la déclinaison du pronoi
latin hic, hase, hoc, à 4 voix ; mais ce demie
morceau, que Choron a fait graver comme état
de Carissimi, est de Dominique Mazzocchi, sous 1
nom duquel il a été imprimé en 1643. Vingt-deu
cantates de Carissimi pour voix seule et bass
continue ont été gravées à Londres au commenHl
cément du dix-huitième siècle. Le recueil publi i i
à Baraberg, en 1665, par le P. Spiridione, soui ,
0 CARISSIMI
i\Uv (le Miisica Romana, remerme des rno-
I lie Carissimi. La collection des aii's sérieux
( Il boire, publiée par Ballard, contient des
I I ( l'iiiix de ce compositeur sur lesquels on a
) ii(li(! des paroles françaises. On trouve aussi
( pièces du même auteur dans l'ouvrage de
f MHS intitulé Sacred music, et dans les Selec-
t is of mnsic du docteur Crotch. La biblio-
I jue du collège du Christ, à Oxford, renferme
collection presque complète des œuvres de
issimi; le Musée britannique possède aussi
grand nombre de pièces de ce compositeur,
a publié à Augsbourg, en 1696, la traduction
mande d'un petit Traité de l'art du chant,
ibué à Carissimi.
DiEUDONNÉ DeNNE-BARON.
rber, Historicli-Biographisches-Lexicon der Ton-
tler. — Choron et Fayolle, Dictionnaire des Musi-
;."— Félis. Biographie universelle des Musiciens. —
resneuse. Comparaison de la musique italienne et
: musique française.
k4RiTEO, poète italien, vivait dans la seconde
ié du quinzième siècle. Né à Barcelone, se-
Crescimbeni et Quadrio, il vécut habituelle-
t à Naples, et fît partie de la célèbre acadé-
CARL
730
de Pontanus. Il fut encore intimement lié
; Sannazar, qui dans ses poésies cite souvent
teo ainsi que sa femme Pétronille, à laquelle il
le le nom poétique de Nisea. On voit, par une
e de Pietro Surmonte à Angiolo Calocci, que
iteo était mort en 1515. Ce poète consacra
is sa verve à exalter la maison d'Aragon. Il
t beaucoup étudié la poésie .provençale ( la
sia limosina), et on trouve dans ses vers,
lleurspeu élégants et empreints de bizarrerie,
certaine vigueur et comme un dernier reflet
'troubadours. h%s, poésies {rime) de Cariteo,
tiées pour la première fois à Naples, 1506, fu-
réiraprimées en 1509, sous le titre de : Opère
Cariteo.
laboschi, Storia délia letteratura italiana, t. VI,
II. — Crescimbeni, Istoria délia volgar poesia. —
rio, délia Storia e delta ragione d' ogni poesia.
IRL {Antoine- Joseph), médecin et bota-
; allemand, né à Édenhof, près de Benedikt-
•en (dans la Souabe bavaroise), le 3 août
j, mort à Ingolstadt le 21 mars 1799. Il étudia
'eysing et à Ingolstadt, où il prit ses derniers
les en 1749. Après avoir passé ensuite quelques
^es à Strasbourg et à Paris, il fut, en 1754,
Imé professeur de chimie, de matière médi-
et debotanique àingolstadt. Il enseigna le pre-
" dans cette université la physique expérimen-
11 fut élu en 1759 membre de l'Académie
dimich, et en 1763 de l'Académie des cu-
's de la nature. Comme médecin et chimiste,
lait sectateur de Stahl, tandis qu'il suivait
)A comme botaniste. On a de lui : Disserta-
de ignis gravitate ;lago\s,tA([i, 1749, in-4";
'Dissertât io de antispasi; Ingolstadt, 1756,
Bissertatio sistens zymotechniam
iicafam et applicatam; Ingolstadt, 1759,
c'est un traité selon les idées de Stahl sur
— Bissertatio de palingenesia ; ibid., 1759,
in-4"; — Bissertatio de deis ; ibid., 1760, in-4";
— Botanisch - medicinischer Garten, worin
die Kraeuter in nahrhafte, heilsame et gif-
tige eingetheilt sind (Jardin de botanique médi-
cale, où les plantes sont divisées en nutritives,
médicinales et vénéneuses), ibid., 1770, in-8°; —
Bissertatio physico-chymica de igné et gravi-
tatecalcismetallic3e;Md., 1772, in-4°; — Ca-
talogus plantarum secundum systema Lin-
nsaanum editionis quatuor decimx, in usum
horti botanici ; ibid., 1788, in-8°.
Biographie médicale.
CARL (Jean-Samuel), médecin et naturaliste
allemand, né en 1676 à Oehringen( principauté
de Hohenlohe, appartenant aujourd'hui a« Wur-
temberg), mort le 13 juin 1727 à Melldorf dans
le Holstein. Il étudia à Halle en Saxe, où il eut
pour maîtres Hoffmann et Stahl. Après avoir
pri,s ses grades en 1699, il devint médecin ordi-
naire d'abord du prince d'Yselbourg-Stolberg,
ensuite du comte de Wittgenstein-Berlebourg.
Enfin, en 1736, le roi de Danemark Christian VI
l'appela auprès de lui comme premier médecin.
Cari était membre de l'Académie des curieux de la
nature ; ses ouvrages se ressentaient des théories
de Stahl. On a de lui : Bisputatio de analysi-
chymico-medica reguli antimonii medici-
nalis ; Halle, 1698, in-4°; et insérée dans Fré-
déric Hoffmann, Trias disputationum chimica'
rum; Halle, 1729, in-4° ; — Lapis lydius philo-
sophico-pyrotechnicus ad ossium fossatilium
Bocimasiam analytice demonstrandam adhi-
bitus ; Francfort, 1704, in-4° : le premier il re-
marque que les os des animaux actuels diffèrent
des ossements fossiles, en ce que ces derniers ne
donnent pas d'alcali volatil par la distillation ; —
Grundliche Anweisung von der Biàt fur Ge-
sunde imd Kranke ( Règles précises sur le ré-
gime tant pour les gens bien portants que pour
les malades ) ; Francfort, 1713, în-8° ; Budingen,
1719 et 1728, in-8»; — Summarische Pestta-
belle, etc. (Tableau sommaire de pays ravagés
par la peste), etc.; Thurnau, 1714, in-fol., et
dans la Medicina paupei'iim, édition de 1719
et 1721 ; — Haus-Arzney fiir die Armen,nebst
einem Unterrichte zur Reiseapotheke (Méde-
cine des pauvi'es, avec des conseils pour former
une pharmacie portative), Budingen, 1717,
in-8" ; et sous le titre : Medicina pauperum
oder Armen-Apotheke; ibid., 1719, 1721,
1726, in-8° ; — Praxeos medicae therapia gê-
ner alis etspecialispi'o hodego tum dogmatico,
tumclinieo, in usum privatum auditorum
ichnographice delineata; Halle, 1718 et 1720,
in-4''; — Spécimen historiée medicae et solidee
experientise documentis, maxime vero moni-
mentis Stahlianis in syllabum aphoristicum
redactum;Hà\\e, 1719, in-4''; — Biastetica sacra,
oder die Zucht des Leibes zur Heiligung der
Seelenbefôrderlich (de l'Utilité de la Diète du
trmentation, considérée par rapport aux arts ; I corps pour le salut de l'àme ) , sans lieu ni date
^31
CARL — CARLÉN
d'impression; — Ichnographiapraxeos clinicœ :
accedit ichnographia Anatomiee et Chymix;
Budingen, 1722, in-8"; — Synopsis medicinae
Stahlianœ; Budingen, 1724, in-S" ; — Otia me-
dica; dicata eontemplationïbus philosophi-
cis; Budingen, 1725, in-4"; — Von den gefàhrli-
chen Dienst der Saugammen, sowohl an den
Kindern, als der Mutter (sur les Dangers de
l'emploi des nourrices, tant pour les enfants que
pour la mère) ; Budingen, 1726, in-S"; - - Ele-
menta Chirurgise medicée ex mente et a me-
thodo Stahliana projlua; Budingen, 1727,
in-8° ; — Medicinische Rathschlàge ( Conseils
médicaux); Bud., 1732, in-8°; — Dixtetica
sacra, h. e. disciplina corporis ad sanetimo-
niam animée accommodo^a ; Copenhague, 1737,
in-S"; — Historia medico-pathologico-thera-
peutica, in qua moriorum circumstantias
perpétuée essentiales et extraessentiales apho-
ristice expenduntur ; Copenhague, 1737, 2 wl.
in-8°; — Mysterium magnum, etc. (le Grand
Mystère de la parole, de la vie, ou la régénéra-
tion morale de l'homme d'après l'Évangile de saint
Jean, etc.); Copenhague, 1738, in-S"; — Erfah-
rungsgriinde von der Blutlassung wahren
Gebrauch und Missbrauch ( sur le bon Usage
et l'Abus de la Saignée, avec des preuves tirées
de l'expérience) , précédé d'une introduction de
G.-C. Maternus de Cisano ; Flensbourg et Altona,
1739 et 1742, in-8°; — Medicina universulîs
(Médecine universelle, ou Moyen de conserver
et de recouvi-er la santé par l'usage de l'eau,
par la tempérance, ete.); Copenh., 1740, in-8";
— Medicinische und Moralische Unterwei-
sung vor, der Diàt der Gelehrten ( le Ré-
gime à l'usage des savants), Budingen, 1744,
in-S"; — Décorum eruditi, cum Medicina
mentis, theùlogia mentis, et theocratia Novi
Testamenti ; Francfort, 1745, in-S"; — Medi-
cinische Bedenken (Conseils et observations
médicales) ; Halle, 1747, in-8°; — Neueste Bes-
chreibung des Schlangenbades, etc. (Nouvelle
description des eaux du Schlangenbad); Franc-
fort, 1747, in-8''. — Medicinische und Mora-
lische Einleitung in die Naturgeschichte des
Menschen, etc. (Introduction médicale et morale
à l'histoire naturelle de l'homme). Halle, 1747,
{0.8° ; — un grand nombre de mémoires dans les
Acta Acad. JSatur. Gurios., vol. IV-VH, et
dans le vol. I-VI du Commercium litterarium
Norimbergx.
Borner, Jetzlebende Aerzte ( Médecins contempo-
rains, c'esl-à-dire du dlx-haitième siècle ), II, 323; —
Adeliing, supplément à Jôcher, AUqemeines Gelehrten-
Lexicon. — Eloi, Dict. de la méd. — Biog. médic.
* CARL ( Joseph ), annaliste et poëte alle-
mand,, de l'ordre des Jésuites, vivait à Vienne
en Autriche au milieu du dix-huitième siècle. On
a de lui : Continuatioscriptorum Universitatis
Viennensis ( Annales littéraires de l'Université
de's'icnnc, commencées par le P. Ernest Apfatte-
ver, et continuées avant Cari par Gaétan Rech-
pach et Charles Dellery ) ; Vienne, 1742 ; —
Somnium super Viennamunita, carmen h
num ; Vienne, 1743, in-8°.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexi
CARLE (Pierre), ingénieur français, né à '
leranque dans les Cévennes en 1666, moi
Londres le 7 octobre 1730. Forcé, par la rév(
tion de l'édit de Nantes, de quitter la Franct
1685, il entra au service du prince d'Orai
le suivit dans son expédition d'Angleterre, et
une part active à la guerre qui se termina [i.
paix de Riswick en 1697. Dès 1693, il v
une pension de 100 livres sterling, fut élc
rang de quatrième ingénieur du royaume i
capitaine d'infanterie. Guillaume UI témo
souvent une considération particulière au r
gié français. Dans un conseil de guerre où le
ficiers généraux étaient divisés d'opinion , le
après avoir entendu celle de Carie, dit en
vant la séance : « Nous suivrons l'avis du
teux. » Carie était en effet boite'jx. La gu
de la succession d'Espagne lui fournit une :
velle occasion de montrer ses talents ; mai
fut malheureusement contre sa patrie. C
nel dans l'armée anglaise et ingénieur en
du roi de Portugal, il dirigea les sièges d'Ali
tara, de Salamanque, et entra dans Madrid
le marquis das Minas et le comte de Gallo\
Là s'arrêtèrent les succès des alliés. Lord
loway fut battu à Almariza, en 1707, par le
de Berwick, et les troupes portugaises péri
presque entièrement. Carie contribua à sauve
débris de l'armée vaincue. Malgré les ré(
penses qu'il obtint de la cour de Portugal,
droit qui lui fut accordé d'exercer libremei
religion, il se retira à Londres vers 1720, et
sacra les dernières années de sa vie aux p
blés travaux de l'agriculture.
Ctiaudon et Delandine, Dictionnaire historiqi
Berwick, Mémoires.
CARLEMiCELLi (Aspasie),, révolution)
française, née en 1772, exécutée en 1795. E^
mée comme folle presque dès l'enfance, elles
de l'hôpital pendant la révolution française,
fit remarquer par l'exaltation désordonnée d
paroles et de ses actes. Le 1'^'' prairial 1795
pénétra dans la salle de la convention av
peuple des faubourgs, frappa de ses galocli
député Féraud, et se jeta, le couteau à la
sur un autre député nommé Camboulas. Mi:
jugement le 19 mars 1796, elle ne nia poi
part qu'elle avait prise à l'assassinat de Fci
et fut condamnée à mort.
Monit. univ. — Petite Biog. Conv., art. Féraud
* CARiiÉN (Emilie-Schimide), femme roi
cière suédoise, née à Stockholm en 1810.
témoigna de bonne heure de ses dispositions
tiques ; mais ce ne fut qu'après un premier
riage, assez malheureux, avec le musicien
garé, qu'elle livra au public ses composil
littéraires. En 1 84 l,^I!e épousa un fonction!
appelé Carlén, littérateur hii-mOmc, et auteii
Stycken pu Vers, Stockholm, 1838, et des
IBS CARLEN
\\anserur Svenska FotkUfvet, 1846. Les sujets
l'elle traite sont engénéral empruntés aux mœurs
iiS paysans et des prolétaires, et se font remar-
ier par un grand cachetde vérité. Les principales
impositions d'Emilie Carlén sont: Waldemar
iein; Stockholm ,1838; — Represenfanten ;
\d., 1839 ; — GustofLindorm; ibid., 1839, 3
iilumes ; — Professoren och hans fikyddslin-
r; ibid., 1840, 2 vol. ; — Fosterbrxderna ;
id., \MQ ; — Enslingen pa Johannis-skœret ;
mkœping, 1846, 3yol. ; — Jungfnitornet ;
)ckholm, 1848, 2 vol. ; — Ronianheltinnen ;
ockholm , 1849 ; — Familier i Dalen ; Sto-
tholm, 1850 ; — Formyndaren ; ibid., 1851, 2
I. La plupart de ces romans ont été traduits
allemand.
onversat, Lexic.
CARLENCAS (Félix DE Juvenelde), érudit
açais, né en septembre 1679 à Pézénas, mort
is la même ville le 12 avril 1760. Après avoir
dié chez les oratoriens de sa patrie, et passé
! année à Paris, il revint à Pézénas, où il se
ria bientôt. Le reste de sa vie fut consacré à
. travaux littéraires. L'Académie des belles-
res de Marseille l'avait reçu dans son sein,
a de lui : Principes de l'Histoire; Paris,
iW, in-12 (rédigés pour l'instruction de son
); — Trois mémoires sur Vorigine des
'.démies, des manufactures et des arts mé-
xiques, dans le Mercure de France de 1738;
Essai sur V Histoire des sciences, des belles-
tres et des arts; Lyon, 1740, 1 vol. in-12;
i., 1744, 2 vol. in-12; ibid., 1749, 4 vol.
12, et ibid., 1757, 4 vol. in-8°. Cet ouvrage
larquable a été traduit en allemand, avec une
face et des notes de J.-E. Kappen; Leipzig,
9 et 1752, 2 vol. in-S".
delung, siippl. à Jôcher, Allgem. Gelekrten-Lexicon.
:arles (Lancelot de), prélat français, né à
•deaux au commencement du seizième siècle ,
rt à Paris vers l'armée 1570. Nommé évêque
I Riez à son retour de Rome, où Henri n l'a-
it envoyé, il fut intimement lié avec le chan-
ier de l'Hôpital, Ronsard et Joachim de Bel-
I, qui l'ont tous célébré dans leurs vers. On a
lloi : Épître contenant le procès criminel
i à rencontre de la retjne Boullan (Anne
iBouUeyu) d' Angleterre ; h^aa, 1545, in-8°;
'Exhortation oit Parénèse en vers héroïques
tins et français) à son neveu; Paris, 1560,
it" ; — Éloge ou Témoignage d'itonneur de
Wi II, roi de France; traduit du latin de
îrre Pascal, 1560, in-fol. ; — Paraphrase en
^s français de VEcclésiaste de Salomon,
'1; — Paraphrase du Cantique des canti-
fs, 1562; — Lettres au roi de France Char-
IX, contenant les actions et propos de M. de
yse, depuis sa blessure jusqu'à son trépas;
Iris, 1563, in-8°. La Croix du Maine attribue
farles' une traduction de V Odyssée d'Homère.
S> Croix du Maine et Duverdier, Bibliothèques fran-
«e».— De Thou, Histoire, 1. III. — Michel de l'HApitai,
— CARLESON 734
Ëpltres, I. I. — Salnle-Marlhe, Callia christiana. — Le
long, /Hbl. hlstor. do la France, M. Kontcttc.
CARLESON (Charles), économiste, juriscon-
sulte et littérateur suédois, né en 1 703 à Stockholm,
d'une famille bourgeoise; mort le 22 mars 1761
dans la môme ville. A()rès avoir fait ses études à
Upsal, il entra en 1725 dans la chancellerie royale
dont il devint le secrétaire en 1746. En 1757 il
fut nommé secrétaire d'État, et en 1758 chevalier
de l'Étoile polaire. Il fut un des premiers écono-
mistes sérieux de la Suède. Étant versé en outre
dans les langues anciennes et modernes, il a at-
taché avec Dalin son nom à une publication pé-
riodique, le Svenska Argus, qui, semblable au
Spectator, en combattant la manie de traduc-
tion, donna un grand essor à la littérature na-
tionale. On a de lui : Forktaring ofvér den be-
kante Domare-Reglar : Summum jus, summa
injuria (Méditations sur la célèbre règle de
droit : Summum jus, etc.) ; Upsal (sans date) ; —
Sudolàrande Mercurius (le Mercure de la Su-
derinanie), dont il fut un des rédacteurs; Upsal,
1730;— Svenska Argus, fondé en 1733 par
Dalin, dont il fut le collaborateur depuis 1734;
— Hushàlls Rad (Conseils d'économie) ; 1734;
— Hushàlls- Lexicon ( Dictionnaire d'écono-
mie); Stockholm, 1757; — Foersoek at visa
Fritaenkarcs foervaenda Slutkonst ( Essai
tendant à prouver la, manière de conclure illo-
gique des libres penseurs); Stockholm, 1760,
in-8°; — Cicero, de Senectute, traduit en sué-
dois; — quelques traductions de l'allemand et
de l'anglais.
Adelung, suppl. à Jôidier, Allgem. Celeàrt.-Lexik. —
Gezelius, niugraph.-Lex. — Gôttinger Gelehrte Anzei-
gen, 17S9 ( Notices savantes de Gœttingue ).
CARLESON (Edouard), frère de Charles
Carleson, diplomate et économiste suédois, né en
1704 à Stockholm, mort dans la môme ville le
26 février 1767. Après avoir étudié à Upsal et
voyagé dans les principaux pays de l'Europe, il
fut nommé en 1730 notaire du conseil de com-
merce à Stockholm. En 1732 il accompagna le
baron Ch.-Fr. de Hopken dans un voyage en
Orient, qu'il a décrit plus tard. De retour de
cette excursion, il fut en 1735 nommé ministre
de Suède à Constantinople , poste qu'il occupa
jusqu'en 1745. Pendant ce temps il conclut en
1738, au nom de sa cour, un traité de commerce
assez avantageux avec la Porte. Dès lors il
avança assez rapidement, et fut nommé en 1757
secrétaire d'État pour les affaires étrangères,
en 1758 chancelier aulique, enfin en 1762
président du conseil de commerce. L'Acadé-
mie des sciences de Stockholm l'avait depuis
longtemps reçu dans son sein , et le roi l'avait
nommé en 1757 commandeur de l'ordre de l'É-
toile polaire. On a de Carleson : Moejeligheten at
iSverigeinraelta Fabriquetoch Manufacttirer
( sur la Possibilité d'établir en Suède des fabri-
ques et des manufactures ) ; Stockholm, 1731;
— Tal om Fiskeri inraettringar i Sverige
(sur l'État des pêcheries en Suède); Stockholm,
735
CÂRLESON — CÀRLETON
J749 . — Tusenne store sveerake herrars rese-
beslirinfing, ifraen Cypern til Asien, foerlaf-
vade Landel, Jérusalem och Christ graj (Re-
lation du voyage de deux seigneurs suédois de
Chypre en Asie , dans la terre promise , à Jéru-
salem jusqu'au Saint-Sépulcre ) ; Stockholm ,
1768 ; — et plusieurs Mémoires dans le Recueil
de l'Académie des sciences de Stockholm.
Gezelius, Biograph.-Lexicon.
CARLET {Joseph- Antoine) , écrivain fran-
çais, né à Rives (Isère) le 18 juin 1741, mort
en 1825. Il fut député aux états généraux et au
conseil des cinq-cents. On a de lui : Recueil
de maximes et de réflexions qui peuvent con-
tribuer à la rectitude de nos actions ; Paris,
1823, in-12.
Quérard, la France littéraire. — Beachot, Journal de
la librairie.
CARLET. Voy. ROZIÈRE (lA.).
CARLETON {sir Dudley)', vicomte de Dor-
chester, homme d'État anglais, né en 1573 à
Baldwin-Broght\vell,dans le comté d'Oxford; mort
en 1632. Élevé au collège du Christ à Oxford,
il voyagea sur le continent, devint secrétaire de
l'ambassadeur d'Angleterre en France, sir Tho-
mas Parry, en 1600 ; et en 1603,du comte deNor-
thumberland. Dans le premier parlement de Jac-
ques I", il représenta le bourg de Saint-Mawes
en Cornouailles. Au retour d'une excursion en
Espagne où il avait accompagné lord Norris , il
se trouva compromis dans la conspiration des
poudres ; son innocence ne tarda pas à être re-
connue, et il fut dédommagé d'un court emprison-
nement par l'ambassade de Venise. Il revint en
Angleterre en 1615, trouva tout le pouvoir aux
mains de George Villiers, duc de Buckingham, et
fut nommé à la place importante d'ambassadeur
auprès des Provinces-Unies. La Hollande était
alors déchirée par les querelles des arminiens
et des Calvinistes. La France soutenait Barne-
veldt, défenseur des arminiens; ce fut assez
pour que Carleton se prononçât pour Maurice,
chef du parti contraire. En 1625, l'habile diplo-
mate anglais fut envoyé en France avec lord
HoUand. Au retour de cette mission il fut ap-
pelé par Buckingham à la chambre des pairs ,
sous le titre de baron Carleton d'Imbercourt, et
nommé, ti'ois ans plus tard, vicomte de Dorches-
ter. Après la mort de Buckingham , il devint se-
crétaire d'État, et dirigea les négociations im-
portantes de l'Angleterre avec la France, l'Espa-
gne , la Hollande et la Pologne. Il entretint une
correspondance particulière avec la reine de
Bohême ; mais il ne vécut pas assez pour voir
la restitution du Palatinat. La correspondance
diplomatique de sir Dudley -Carleton pendant
son ambassade de Hollande a été publiée par
le comte de Hardwick, sous le titre suivant :
the Lettersfrom and to sir Dudley, Carleton,
during his embassy in Holland , from ja-
nuary 1615-1616 to december 1620; Londres,
J757, in-4''. Cet ouvrage a été traduit en fran-
çais sous ce titre : Lettres, Mémoires et Néf,
dations du chevalier Carleton, ambassade
ordinaire de Jacques r'^, roi d'Angleten
traduits de l'anglais' par Gaspard-Joel A
nod; la Haye, 1759, 3 vol. in-12.
Biographia britannica. — Rose, New Biographi
dictionanj.
CARLETON ( Geor^'e), théologien anglais,
en 1559 à Norham dans le Northumberlar
mort en 1628. Il dut sa première éducation f
soins de Bernard Gilpin, et acheva ses étude
l'université d'Oxford. Son savoir et son ï
pour l'Église anglicane le firent nommer, en l G
évêque de Landaff. La même année, il fut
voyé avec trois autres théologiens anglais
synode de Dordrecht, où il défendit avec foret
habileté la cause de l'épiscopat. A son reto
Carleton fut élevé à l'évêché de Chichester. .
versaire déclaré de la papauté , et grand parti
de Calvin sur la prédestination, il a publié : Tit
examined and proved to be due to the de
by a divine right; Londres, 1606 et 1611^ in-
— Jurisdiction régal, episcopal, papal, w
rein is declared liow the pope hath intrm
upon the jurisdiction of temporal Princ
and of the church ; Londres, 1610, in-4°;
Consensus Ecclesiee catholicse contra Trid
tinos, de Scripturis, Ecclesia, Fide et Grai
Londres, 1613, in-S"; — A thankful rem>
brance of God's mercies, in an historical i
lection of the deliverance of Church <
State ; Londres, 1614; — Astrologimania ,
the madness of Astrology; Londres, 16
in-40; — vita Bemardi Gilpini, viri sanc
simi,J arnaque apud Anglos Aquilonares
leberrimi; Londres, 1626, in-4".
Biographia britannica. — Rose, New Biograpl
dictionanj.
CARLETON {George), guerrier et diplon^
anglais, mort vers 1740. Il fut employé à dr
ses négociations par Jacques II. Plus tard,
rant la guerre de la succession d'Espagne, il
part à plusieurs campagnes dans la Péninsul
dans les Pays-Bas, et resta trois ans prisonii
à Santa-Clemenza, dans la Manche. On a de
Mémoires contenant, entre autres, plusit
notices et anecdotes sur la guerre d'Espai
sous le commandement de lord Peterborou
en anglais; Londres, 1783, in-S".
Quérard , la France litterairp..
CARLETON {sir Gmj/ ), général anglais,!
Strabanedans le comté de Tyrone en 1724, n
en 1808. Nommé en 1772 gouverneur de Que
il eut à repousser en 1775 l'attaque du gén
Montgomery, qui, à la tête d'une armée des É1
Unis,essaya de faire insurger le Canada. Carie
évacuant Montréal, se renferma dans Québe
repoussa les Américains, qui perdirent leur g(
rai. En 1776, blessé de voir accorder au gén
Burgoyne le commandement de l'armée dir
contre les États-Unis, il donna sa démission
fut remplacé par le général Haldimand. Cette
grûce ne fut pas de longue durée : Carleton, n
37 CARLETON
v\c on 1781 au commandement en chef de l'ar-
II (• anglaise en Amérique, ne put réprimer la
voliition américaine, appuyée par la France, et
a forcé d'évacuer New-York. En avril 1786, il
it rappelé au gouvernement de Québec, delà
ouvi'lle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, et,
i mois d'août suivant, élevé à la dignité de pair
ms le titre de lord Dorchester.
\\oM\Neio Biographical Dictionary.
;; CARLETON (William), nouvelliste irlan-
lis, né à Prillisk en 1798. Son enfance et son
Idk'scence s'écoulèrent parmi les misères qui
câblent la classe agricole de ce pays. A dix-
pt ans il entra dans une maison d'éducation te-
le à Glasslough par un prêtre, son parent. Un
lerinage qu'il fit ensuite à un endroit appelé le
in/ntoire de Saint- Patrick, à Lough-Deri,
oiiuisit sur son imagination une impression
profonde, qu'il résolut de s'essayer dans les
très. Muni seulement de quelques shillings, il
it à Dublin, où son ouvrage intitulé Traits
.'d stories of the Irish peasantry (Traits et
purs empruntés à la vie des paysaas irlandais),
iblin, 1830, 2 vol., eut le plus grand succès.
en fut de même de la suite à cet ouvrage, pu-
ée en 1832. Ses autres écrits sont : Fardo-
ugha the miser; Dublin, 1839; — des iVoM-
lles ; Dublin, 1841, 3 vol. : on y remarque celles
i ont pour titre : the Misfortunes of Barney
•anagon; Valentine Macclutchy, i8i5,3\ol. :
lUteur s'y déclare partisan du rappel de l'u-
m , et défend le clergé catholique des accusa-
ns dont il était l'objet; — the Black prophet a
le of Irish famine, 1847; — Rody the rover,
48; — Tithe proctor, 1849. Le public ac-
3illit avec la même faveur tous ces ouvrages,
l'auteur s'est montré peintre fidèle des mœurs
des malheurs de ses compatriotes.
onversatinns-Lexicon.
CARLETTi ( François ), voyageur florentin,
vers 1574, mort vers 1617. Élevé par son père
ps les connaissances géographiques, il se rendit
Béville à l'âge de dix-huit ans. Deux ans après,
Wssa aux Indes orientales avec son père, qu'il
It le malheur de perdre à Macao. Après avoir
îyagé pendant plusieurs années et sans trop de
:cès dans plusieurs parties de l'Asie, de l'A-
frique et de l'Europe, Carletti revint à Florence
s 1606. Nommé maître de la maison du grand-
c Ferdinand, il fut enlevé par une mort pré-
iturée, qui ne lui permit pas de publier ses
|yages. Ils furent mis en ordre par Magalotti,
parurent sous le titi-e de Ragionamenti di
ancesco Cœrletti, Fiorentino, sopra le cose
^ hii vednte ne' suoi viaggi, si deW Indie oc-
^entali ed orientait corne à' altri paesi ; Flo-
ice, 1671, 2 vol. in-8°. Carletti fut un des
smiers à donner des détails exacts sur la co-
lînille, le coco des Maldives , et le cacao.
lalogcro, Recueil, t. I, p. 237. — Tiraboschi, Sloria
j!a letteratura italiana,
pARLETTi {François-Xavier, comte de),
imbellan du grand-duc de Toscane Ferdinand-
KOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIH.
CARLETn
1ZA
et son ministre plénipotentiaire près de la répu-
blique française, naquit à Montepulciano dans
la première moitié du dix-huitième siècle, et
mourut le 11 août 1803. il suivit d'aboid la
carrière militaire. L'esprit philosophique du dix-
luiitième siècle, importé d'Angleterre en France
et en Italie, avait gagné jusqu'aux courtisans; le
comte Carletti se fit remarquer au milieu d'eux
par l'indépendance de ses opinions aussi la ré-
volution française trouva-t-elle en lui un chaud
partisan. Lorsque les Anglais eurent menacé le
grand-duc de bombarder Livourne et d'envahii"
ses États, s'il ne se joignait à la coalition contre
la France, le ministre Windham ne craignit pas
d'apostropher pubUquement le comte Carletti,
le traitant de sacré jacobin, et accompagnant,
dit-on, de voies de fait cette ignoble injure. Un
duel eut lieu entre eux dans la ville de Lucques,
et Carletti le termina avec autant d'honneur
que de courage. « Sa maison fut toujours l'a-
<( sile des patriotes français ; et lorsqu'ils furent
« obligés de quitter Florence, il s'empressa de
« venir à leur secours de la manière la plus fran-
« che et la plus délicate. » (I) De pareilles dis-
positions devaient naturellement faire jeter les
yeux sur un personnage aussi dévoué, pour repré-
senter près du gouvernement français un souve-
rain qui avait été entraîné malgré lui dans la
ligue des rois contre la France. Le comte Carletti
conclut, le 21 pluviôse an m (9 février 1795),
avec le comité de salut-public, un traité de paix,
d'amitié et de bonne intelligence entre les deux
États. Le 28 ventôse suivant, il fut reçu dans le
sein de la convention nationale , et prononça, au
milieu des plus vifs applaudissements, im discours
qui excita à plusieurs reprises les transports de
l'assemblée. Dans la réponse que Thibaudeau,
président, fit à cette allocution, on trouve l'éloge
du ministre plénipotentiaire, qui reçut aussi l'ac-
colade fraternelle. Un décret rendu presque d'en-
thousiasme, le reconnut en sa qualité, et ordonna
l'impression, dans les deux langues française et
italienne de ses letti'es de créance, des discours
prononcés, et du procès-verbal de la séance.
Ses lettres de créance portaient : « Considérant
« que, par la scrupuleuse probité dont il est
« doué, par ses talents et son expérience peu
« commune , il est celui de nos sujets qui peut
n le mieux conduire le tout à une heureuse
« fin , nous l'avons choisi , etc. » Ces circons-
tances sont assez inrportantes , en ce qu'elles
peirvent être considérées comme un premfer
essai de réconcifiation de l'Europe monarchi-
que avec la république. Dans les cercles politi-
ques, le comte Carletti professait une sympa-
thie marquée pour les principes républicains;
mais il redevenait homme de cour dans ses re-
lations avec quelques dames de l'ancienne no-
blesse, et il en faisait sa société intime. Le 27 no-
vembre 1795, il écrivit au ministre de l'intérieur
(1) Moniteur, 13 pluviôse an m.
24
739 CARLETTl
pour demander l'autorisation de faire une visite
de compliment à la prisonnière illustre (fille
de Louis XVI ), dont on avait annoncé le départ
prochain pour l'Autriclie. Le directoire exécutif
prit feu à ce sujet, et rompit non-seulement
toute communication avec l'envoyé du grand-
duc , mais ordonna qu'il serait contraint de se
retirer sans délai du territoire de la république
française, tout en protestant de son désir de con-
tinuer à vivre en bonne intelligence avec Son
Altesse Royale. Cette mesure, prise ab irato ,
n'obtint pas même l'approbation des républi-
cains modérés malgré une longue note apolo-
gétique insérée au Moniteur, et portant la si-
gnature de Lenoir- Laroche. Le comte Car-
letti, vivement blessé comme homme et comme
ambassadeur, déclara noblement au directoire
qu'ayant été accrédité par son souverain il ne
pouvait être rappelé que par lui, et quHl ne cé-
derait qu'à la violence. Cependant Carletti crut
devoir quitter le territoire français pour se rendre
en Suisse, afin d'y attendre les ordres de son
maître. Le grand-duc ne put se dissimuler que
l'affront fait à son ministre plénipotentiaire rejail-
lissait jusqu'à lui ; mais, voulant ménager encore
un gouvernement qui gardait si peu de mesure, il
se contenta de désavouer son envoyé, et le rem-
plaça immédiatement par le prince Nori-Corsini.
Nous avons sous les yeux plusieurs lettres écrites
par le comte Carletti à un conseiller de la légation
de Toscane, où il exprime la peine et l'indignation
que son expulsion lui a fait éprouver : « J'ai
« bravé la mort, j'ai été même au-devant d'elle
« sans la moiadre inquiétude; mais l'aventure
« dernière'm'a véritablement chagriné et abattu. »
(Lettre du 6 janvier 1796.) «J'emporte avec
V. pioi, dit-il ailleurs, les mêmes sentiments d'es-
« lime pour la nation française qui m'ont ac-
te compagne à mon arrivée ; la pureté de mes in-
« tentions et ma philosophie me servent de cou-
rt solation. » De retour en Toscane, il était sur
le point de faire paraître un mémoire justificatif
de sa conduite, quand le grand-duc ne voulut
pas permettre cette publication. Disgracié en
apparence par la cour, mais pensionné, il vécut
dans la retraite, sans que la philosophie dont il -
faisait profession le garantit de l'impression dou-
loureuse que ces événements lui avaient causée,
et qui altérèrent sa santé de manière à avancer
le terme de ses jours. J. Lamoureux.
JHo'iiieiir, an ii, an m, an iv. — Documents manus-
crits inédits.
CARLETTO. Voy. CaLîARI.
*CAULEVARiS { Luca) , peintre et graveur
de l'école vénitienne, né àUdine en 1665, mort
à Venise en 1731. Sans s'attacher à aucune école,
il devint seul habile paysagiste, et bon peintre
de marines et de perspectives. Une famille noble
qui le protégeait lui (it donner le surnom de
Luca di ca Zenobrio, et par contraction La-
canobrio, .sous lequel il est souvent désigné. On
voit de lui un assez grand nombre de tableaux
— CARLl 740
dans le palais de cette famille et dans d'auti-es
galeries de Venise; et au musée de Dresde, le
Débarquement de V empereur Charles IV à
Venise. Carlevaris grava à l'eau-forte avec beau-
coup d'esprit, et en 1705 il publia une suite de
cent vues de Venise, parmi lesquelles on ad-
mire surtout les vues de Santo-Nicola di Cas-
tello, et de Santa-Maria Formosa.
E. B— N.
Lanzi, Storia pittorica. — Ov\a,nA\, Abbecedario. ~
Ticozzi, Dizionario. — A. Quadri, Otto giorni in f^enezia
CARLi (Denis), missionnaire capucin, natif d(
Plaisance, mort après 1680. Il fut envoyé er
1067, par la Propagande, au Congo, avec Michel
Ange Guattini de Reggio et quatorze autres ca-
pucins. A leur arrivée en Guinée, le vicaire apos
tolique leur désigna comme sphère d'activité le;
provinces de Bamba, de Congo, et de Danda. Il;
y avaient été précédés depuis 1645 par d'autre;
missionnaires capucins qui, à leur tour, avaicii
déjà trouvé une église à Pinda (dans le Congo)
dont la fondation remontait, dit-on, jusqu'à I;
conquête du pays par les Portugais. Quant à Cail
et Guattini, ils baptisèrent jusqu'à 3,000 enfants
et firent en outre de nombreuses conversion
parmi les adultes ; mais ils n'enseignaient guèi'
aux nègres, à ce qu'il semble, que les cérémonie
extérieures de la religion, que les nouveaux cor
vertis prirent pour des pratiques de sorcellerie
Guattini succomba aux fatigues et aux atteintes d
climat delà Guinée, tandis que Carli, relevé d'un
longue maladie, put retourner en Europe, accon
pagné d'un nègre qu'il avait converti. Après ii
voyage assez long et assez détourné par le Brési
dont le Congo était alors une dépendance , (
après s'être battu en route avec les corsaire
d'Alger, il se rendit à Bologne, où il rédigea I
relation de ses voyages et de ceux de son infoi
tuné compagnon Guattini. Ce récit, empreint d
zèle religieux, mais n'offrant que peu de donnét
pour les sciences exactes, est intitulé il Moi
transportato in Venezia, ovvero raccolti d
costumi e reiujioni de' popoli delV Africo
America, Asia ed Europa; Reggio, 1672, in-13
Bologne, 1074, in-8° etin-12 ; et Bassauo, 168:
in-4". 11 parut une nouvelle édition sous le titre
Viaggio di D. Michel- Angiolo di Caltiniedi
P. Dionigi Carli nel regno del Congo, de:
critto per lettere, con unafedele narrazioi
del paese; Bologne, 1678, in-12. Cet ouvrage
été traduit en français sous le titre : Relatïo
curieuse et nouvelle d'un voyagede Congo, etc
Lyon, 1689, in-12, réimprimée dans le P. Laba
Relation historique deV Ethiopie occidcntaU
Paris, 1742, tom. V, p. 91-208. La traductic
anglaise a paru dans Cliurchi, Collections
Voyages and Travels, 1732, in-fol. (tom. I, 55
650), et dans Pinkerton, Collection of Voyage
and Travels, 1814, in-4° (tom. XVI, p. 148
suiv.), et une traduction allemande sous le titre
Dcr nach Venedig ûberbrachte Mohr ; Aug
bourg, 1693, in-4°. On a enfin un extrait de cel
7-11
CARLI
742
relation en anglais dans le tom. lll, p. 143-166,
d'AslIey, New gênerai Collection of Voyages
and Travels, 1746, in^", extrait reproduit en
français dans le livre Xll, ch. 12, de Prévost, His-
toire générale des Vo!/ages;cl en allemand dans
Bertucli, Allgemeine Historié derReisen, t. IV,
p. 531.
p. Labat, Relation historique de l'Éthinpie occiden-
(/«/('. — K. Hœkr, Afrique ( dans VUnie. pilt. )
*c\RLi (Ferdinand), littérateur italien, na-
tif de Parme, vivait dans la première moitié du
dix-septième siècle. On a de lui : Esaine in-
lorno aile ragioni del conte Lod. Tesauro in
d.fesa d'un sonnetto del cav. Marino; Bolo-
'^'jie, 1614, in-4'' (sous le pseudonyme du comte
André deir Arca) ; — Sermo latinus de Christo
[incendente, in templo Vatica7io dictus, in-4°,
Adelun?, suppl. à Jôcher, AUgem. Gelehrten-Lexicon.
CARLI {Jean-Jérôme), littérateur et anti-
liiaire italien, néà Ancajano, village du Siennois,
n 1719; mort, le 29 septembre 1786, àlMantoue.
1 était lils d'un pauvre cultivateur qui, espérant
rouver un jour dans son fils un puissant sou-
ion, lui fit prendre les ordres ecclésiastiques.
?arli étudia la théologie à Sienne, où il obtint le
aade de bachelier; mais, s'étant adonné de pré-
éience à la littérature et aux sciences exactes, il
lit nommé xjrofesseur d'éloquence à Colle, en
Toscane, et plus tard à Gubbio, dans les États
lu pape. Quoique chéri par toutes les classes de
a société à Gubbio, il quitta cette position après
in séjour de dix-huit ans , à cause des difficultés
urvenues entre lui et l'évêque de cette ville. De
etour à Sienne, il fut bientôt après, en 1773,
lommé par l'inûpératrice Marie-Thérèse secré-
;\ire perpétuel de l'Académie des lettres, des
ciences et des beaux-arts de Mantoue. Cette
ille lui doit sa bibliothèque et son musée. Pen-
ant ses nombreux voyages scientifiques il avait
lit d'excellentes collections de livres et de ma-
uscrits rares, de médailles, d'objets d'art et d'é-
hantillons d'histoire naturelle. On a de lui ;
Annotazioni al discorso di Celso Cittadini
i'eir antichità delV armi gentilizie ;'L\xcqa&s,
741, in-8°; — Scritture intorno a varie tos-
cane e latine opérette del dottor Giov.-Paolo-
i'imone Bianchi di Bimtni, contenente la re-
azione di due opérette composte dal sign.
Hanco in Iode di se medesimo, con moite no-
izie ed osservazioni, etc.; Florence (Giano
'lance), 1749, \n-8° ;— Annotazioni alla scella
i elegie di Tibullo, di Properzio e di Albino-
ano, tradotte in terza rima da Francesco
orsetti, Senese; Venise, 1751, in-S"; — Disser-
izione due : la prima delV imrtresa degli Ar-
onatiti e i posteriori fatti di Giasoneedi Me-
ca; la seconda, sopra un antico bassorilievo
''ppresentante la Medea di Eitripide, con-
^rvato net museo delV Accademia di Man-
'irt; Mantoue, 1785, in-S". Le comte Carli-
ubbi fit sur cet ouvrage des observations que
on trouve dans le vol. X des Opère del sign.
Ginn-ninaldo, conte Carli; Milan, 1784-1794,
15 vol. gr. in-8'*. On conserve en outre dan»
la biblii)tliè(|ue de Sienne beaucoup d'ouvrages
de Carli en manuscrit; tels sont : Varie poésie f
— Memoriesui suoi viaggi ; — Memorie per la
storia di Colle ; — Memorie per servire alla
vita di Antonio Paleario; — Trattalo suUa
chronologia ; — Trait, sulla comosgraphia ; —
Tatl. sulla geometria ; — Memorie per latto-
ria di Gxibbio ; — Memorie contro Giano
Planco da Rimini.
Tipaido, Biogra/ia degli Italiani iltvstri, VI, 8»1. —
Matteo liorsa. Eloge de J. G. Curli; Maoloiie, 1787, ln*«.
CARLI (Jean), théologien italien, né à Flo-
rence en 1425, mort ïo l" février 1505. Il était
de l'ordre de Saint-Dominique. On a de lui beau-
coup d'ouvrages restés en grande partie inédits ;
les plus importants sont : Vita B. F. Joannis
Dominici Florentini, S. R. E. cardinalls, pu-
bliée dans les Acta Sanctorum,l. II, 10 juin; —
Vita F. SimonisSaltarelli, Florentini, archie'
piscopi Pisani; — Vita F. Aldobrandini Ca~
valcantis, Florentini, episcopi Urbevetani; —
Vita F. Angeli Acciaioli, Florentini, patrise
sux episcopi.
Échard, Scriptores ordinis Prœdicatorum. — Tira-
bosclii, Storia délia letteratura ilaliana, t. VI. — Gbl-
lini, Teatro d'Uomini lelter.
CARLI ou cARLï-RUBBi(/ertw-/fenaMrf, comte
de), humaniste, archéologue et économiste italien,
né à Capodistria en anil 1720, mort à Milan le 22
février 1795. Doué d'un talent très-précoce, il
composa à l'âge de douze ans une espèce de dra-
me, et à dix-huit ans une dissertation sur l'aurore
boréale et quelques poésies. Il étudia à l'univer-
sité de Padoue les mathématiques, ainsi que les
langues anciennes et sémitiques. Il n'avait que
vingt ans quand il fat reçu à l'Académie des Rico-
V7-ati. Ou a de cette époque de sa vie des traduc-
tions d'Hésiode et d'Euripide, une tragédie et beau-
coup de mémoires sur les antiquités grecques.
En 1744, à peine âgé de vingt-quatre ans, il fut,
par le sénat de Venise, nommé à la chaire, créée
pour lui, de science nautique et d'astronomie, et
il écrivit une foule de mémoires sur les cartes
géographiques et nautiques des ancîens, sur
leurs vaisseaux armés de tours, sur l\isage de
l'argent dans l'antiquité, etc. Mais il était égale-
ment homme de pratique. Il fit adopter de nou-
veaux modèles pour la construction des vaj^eaux
de guerre, et exécuter de nombreux travaux dans
l'arsenal. En dehors de ses fouctions obligatoi-
res, il entretenait un commerce littéraire avec les
premiers savants italiens de l'époque, tels que
Fontanini, Muratori, Maffei, Gori, etc.; il écrivit un
poëme didactique, et prit part à une querelle lit-
téraire engag'ée avec l'abbé Tartarotti, qui niait
l'existence des sorcières et admettait celle des
magiciens dans son Congresso notturno délie
Lamie. Il se maria en 1747, et ajouta dès lors
à son nom celui de sa femme Rubbi. La mort
prématurée de celle-ci, qui lui laissa un fils et
une grande fortune à administrer, le força en 1749
24.
?43
à quitter sa chaire d'astronomie à Venise, et à
se retirer en Istrie avec le naturaliste Vitalien
Donati. C'est de son séjour dans cette province
que datent les magnifiques découvertes, surtout
de l'amphithéâtre de Pola, avec lesquelles Carli a
créé l'archéologie de l'Istrie. Il composa en même
temps plusieurs ouvrages d'économie politique.
En 1758, il transporta de Venise àCapodistria un
grand étahlissement de commerce et de manu-
facture de laine, qu'il avait hérité de sa femme,
et fut ruiné peu de temps après. En compen-
sation de ce malheur, il fut en 1771 nommé par
le gouvernement impérial de l'Autriche président
du conseil des finances établi dans cette année
même à Milan. Il employa ses loisirs à la refonte
et à la publication de son magnifique ouvrage
t)Ur les Antiquités de V Italie, qui parut en
1788 , ainsi que de ses Œuvres complètes.
Voici toute la Uste de ses écrits dans l'or-
dre chronologique : Dissertazione sulla au-
rora boréale, 1738 ; — Lettera intorno ad al-
cune monete che nelle provincie del Friuli e
deW Istria correvano ne' tempi del Dominio
dé' patriarchl Aquilejesi, dans la Raccolta Ca-
logeriana, vol. 25; Venise, 1741,in-12; — rfe/Ze
Antichità di Capodistria, ragionamento in
oui si rappresenta lo stato suo a' tempi de'
Romani, e si rende ragione délia diversità
de' suoi nomi, dans la Raccolta Calogeriana,
vol., 28; Venise, 1743, in-12; ^ deW Indole
e deir Istoria del teatro tragico, dans le vol.
34 de la Raccolta Calogeriana; Venise, 1744,
in-12; — Osservazione sulla musica antica
e moderna; ibid., Venise, 1744, et inséré, avec
l'ouvrage précédent, dans Opère di Carli
Rubbi, XI V; — la Teogonia ovvero la gene-
raztone degli Dei d'Esiodo , tradotta per la
pririM voila in verso italiano, con annota-
zioni, tre lettere critiche, e il testo greco ;
Venise, 1744, in-8'', et dans Opère di G. B., XV:
ce ne fut pas la première traduction d'Hésiode,
comme le titre le prétend, car elle fut précédée
de celle d'Antoine-Marie Salvinio , qui avait le
premier traduit Hésiode en vers italiens, mais
qui ne publia son travail à Padoue qu'en 1747,
in-8*, — Ifigenia in Tauride , tragedia
■imitata di Euripide; Venise, 1744, in-12, et
dans Opère di Carli Btibbi, XVII; — deW
Indole del teatro antico, e moderno dans le
vol. 35 de la Raccolta Cologeriana ; Venise,
1745, in-12, et dans Ojoer^î di C. R., XVII; —
délia Spedizione degli Argonauti in Colco ,
in cui dilucidano vari punti intorno alla
navigazione, astronomia, cronologia e geo-
grafia degli antichi ; Venise, 1745, in-4''; —
Dissertazione suite streghe et sulli stregoni ;
Venise, 1746, in-4° (Carli n'admet ni les serciërs
ni les sorcières, contrai rement à Tartarotli, qui ne
rejetait pas les sorciers; cette dissertation, que
Tartarotti eut l'indiscrétion de faire imprimer avec
la sienne, attirai Carli le reprociie d'hérésie);
— Lettera sulV uso del argento, al sign. Maf-
GARLÎ 74^
fei; Venise, 1747, in-4°; — Lettera al sign
Gori, interna aile costruzione délie antich
triremi armate di ^orri; Venise, 1748, in-4''
— Dissertazione in cui si traita delta geo
grafia primitiva, e délie carte gc.ografich
degli antichi; Venise, 1748, in-8° ; — V An
dropologia, o sia délia società e délia feli
cita, poema filosofico in tre canti; Venisf
1748, in-8°, et dans Opère di Carli-Rubbi, vo
16 : l'auteur y cherche à montrer que l'homm
est heureux encore dans une société corrompui
parce que la société telle qu'elle est dérive de f
nature elle-même; — Relazione délie scopen
fatte nel Anfiteatro di Pola nelV anno 175C
Venise, 1750, in-4<'; — Saggio délia storï
naturale marina dell' Adriatico,da Vitaliah
Donati , publié après la mort de l'auteur p;
Carli-Rubbi; Venise, 1750, \Vi-ii° ;— Disse
tazioni due suit' origine e sut commerc
délie monete ;l3i Haye (Venise), 1751, in-4'
— Délie monete e delV istituzione délie ze
che d' Italia, dell' antico e présente sisten
di esse , e del loro intrinseco valore e ra\
porto alla présente moneta, dalla decaden:
dell' imperio fino al secolo XVII , per uti
délie pubbliche e délie private ragioni ;
Haye (Venise) ; Pise et Lucques, 1754, 176
3 vol. in-8" ; — Elementi di morale perc
che risguarda V esercizio di essa nel ademj
mento de' doveri dell' uomo estesi per islr'
zione delta nobilo gioventù ; Venise et FI
renée, 1756, in-S", et Lucques, 1775, in-12;
Saggio politico ed economico sulla Toscan
intitolatodal prof essore Stellini ; Venise, 17f
in-8''; — Ragionamento sopra iBilancict
nomici délie nazioni , 1759, in-8" ; — Ret
zione sul concimento dello Stato di 3Hho.
1760, in-8°; — Nuovo metodo per le scm
pubbliche d'Italia; Lyon (Florence), 17'
in-S" ; — Sul libero commercio dei grai
lettera al Pompeo Nero, 1771, in-8°, où il s(
tient un système modéré de protection;
l' Uomo libero , ossia ragionamento sut
libertà naturale e civile dell' uomo , traite
jilosofico, illl-illZ; — Lettere American
Cosmopoli (Florence) et Crémone, 1780-178
2 vol. in-8" : c'est la correspondance familii
de Carli avec son cousin le marquis de Gravi
de 1777 à 1779. La seconde édition fut publ
en 1783 et 1784 par Joseph Blanchi, qui ;
ajouté une préface étendue, avec le 3* volume
l'original, contenant la réfutation de l'Allant
de Bailly. C'est sur cette dernière édition q
été faite la traduction allemande par C.-G. H(
rig; Géra, 1785, 3 vol. in-8»; tandis que la t
duction française l'a été sur la première, par J
febvre de Villebrune, avec des additions et (
notes; Boston et Paris, 1788, 2 vol. in-8°; et
édit. , Paris, 1792, 2 vol. in-8°. On peutreg;
der, comme un supplément aux Lettere ame
cane de Carli, les Osservazioni critiche e c
mologiche sulV inondazione dell' Atlantii
.
45
CARLI — CARLIN
r46
»« risfioafa al supplemenfo délie Leltere ame-
ricave; Tortona, 1787, iii-8";— liagionamenlo
sopra alciine curlosilàJhiologiche,in risposta
aile lettere di cavalière Michèle Rosa : on y
trouve des expériences sur la circulation du sang,
sa coloration, etc.; Venise, 1782 et suiv.j in-8°.
Ses ouvrages réunis ont été publiés sous le
titre : Opère del signor commendatore D.
Gian-Rinaldo, conte Carli, présidente eme-
rito del supremo consiglio di pubblïca econo-
mia, etc. ; Milan, 1764-1794, 15 vol. grand in-S" :
on y ti'ouve tous les travaux qui avaient été
déjà publiés séparément, excepté les suivants :
délie Antichità italiche, tomi IV, con appen-
dice edocumenti, etc.; Milan, 1788-1791, 5 vol.
in-4'', avec 26 planches et avec des tables d'ins-
criptions inédites ; 2" édit.. Milan, 1793-1795; cet
, ouvrage magnifique traite des antiquités de l'ita-
ilie dès la plus haute antiquité, jusqu'au quator-
zième siècle de notre ère ; — Dissertazione siclla
^memoria artijiziale ;Yemse,î782, in-4° (lue
dans la séance publique de l'Académie de Man-
toue le 21 mars 1793, par Bettinelli , à la place
Je l'auteur, alors malade ) ; — Storia di Verona
iino al 1517; Vérone, 1796, 7 vol. in-S"; ou-
vrage posthume. Ce dernier ouvrage, ainsi que
ia Correspondance, entretenue pendant plu s de
cinquante ans avec toutes les notabilités du siècle,
levait former une édition des Œuvres posthu-
ms de Carli-Rubbi, en 10 vol. in-8°, qu'un li-
waire de Trieste avait annoncée , mais dont on
l'a plus entendu parler.
Rossi, Elngio storico di Gian-Hinaldo Carli. — Ti-
laldo, Biografia degli Italiani illitslri. — Dict. de l'Ê-
^onomie politique. — Adelung, siippl. à Jôcher, Allgem.
"elehrten-Lexicon. — Sax, Onomasticon, VII.
CARLIEK. Voy. Bertholet-Flemael.
■ *CAB1JJE1B [Henri), médecin français, vivait
là Arras vers 1616. On a de lui : Castigationes
medicinas practicee ; — Tractatus depromis-
mis erroribus. Ces deux ouvrages sont cités
sans indication de date ni de lieu d'impression.
Ferreolus Locrius, Catalogue des écrivains de la pro-
nnce d'Artois. — Éloy, Dict. de la Méd.
*C4RLiER [Léonard), jurisconsulte alle-
mand, vivait dans la première moitié du dix-hui-
lième siècle. Il était professeur des Institutes à l'u-
Hiversité de \N'urzbourg, et conseiller aulique de
cette ville. On a de lui : Dissertatio de Jure
flaturas, Gentium et Imperio; W^urzbourg,
'725, in-4°; — Dissertatio de Jurisdictione
ferrîtoriali ; ibid., 1728, in-4°; — de Jure
Academico; ibid., 1732, in-4''; — de Execu-
'ione et legitimo modo exsequendi , tam in
upremis imperii dicasteriis quam subordi-
latis judicii; ibid., 1834, in-4° ; — de Spon-
alibus et mati'im.onio; ibid., 1735, in-4°; —
le Privilegiis in génère ac in specie;ih.,\'jyi,
1-4° ; — de Jure vectigalitim ac pontium;
bid., 1737, in-4°; — de Statu ecclesiastico
mintuplici immunitatis prxrogativa suf-
ulto; ibid., 1737, in-4° ; — Dissertatio Rosen-
halii ac aliorum scriptorum feiidaliuni
praxim auream exhibens ; ibid., 1738, în-4«';—
de Injuriis et damno dato, ac inde oriente
restilutlone ; ibid., 1739, in^"; — Petri-Ro-
derici Demeradt dif/crentias juris communis
et franconici notis et additionibus illustra-
vit; ibid., 1742, in-fol.; — Caesiiis redivivus,
sive Institutionum Jiistinianarum libri IV,
cum notis et additionibus ; ibid., 1742, in-4°;
— de yEquilate; ibid., 1843, in-4°; —de Im-
perio atque inde descendcnte jure, obliga-
tione ac potestale; ibid., 1743, in-4°; — Oror
tio utrum majestatem magis armis decora-
tam aut legibus armalam esse oporteat, et
quxnam sit orlgo legum ac juris; ibid., 1746,
in-4°.
t Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelehrt.Lexicon.
CARLIER {Claude), né à Verberieen 1725,
archéologue français, mort prieur d'Andresy le
23 avril 1787, a laissé, outre un grand nombre
d'articles insérés dans le Journal des Savants,
\e Journal de Physique elle Journal de Verdun :
Dissertation sur l'étendue du Belgium et de
l'ancienne Picardie; Amiens, 1753;— Mé-
moire sur les laines , in-12, 1755 ; — Considé-
rations sur les moyens de rétablir en France
les bonnes espèces de bêtes à laine, 1762; —
Histoire du duché de Valois, contenant ce qui
est arrivé dans ce pays depuis le temps des
Gaulois jusqu'en 1703; Paris, 1764, 3 vol. in-4°;
— Traité sur les manujactures de laineries,
2 vol. in-12; — Dissertation sur Vétat du
commerce en France sous les rois de la pre-
mière et de la deuxième race ; Amiens, 1753,
in-12. On lui doit encore quelques ouvrages sur
les bêtes à laine ; — les Observations pour ser-
vir de conclusion à l'histoire du diocèse de
Paris, qui se trouvent dans le tome XV de l'ou-
vrage de l'abbé Lebeuf et dans le Journal histo-
rique du Voyage fait au cap de Bonne-Espé-
rance, par de rMcaille ; i7 63 , in-12. Carlier a
remporté dans sa vie neuf prix académiques, dont
quatre à l'Académie des inscriptions.
Dcsessarls, les Siècles litt. —Dict. de l'Écon. polit,
— Qaérard , la France littéraire. — Le Bas, Dict. enc.
de la France.
CARLIER [Nicolas- Joseph ),m(icm\cim, né
à Busigny, près de Cambrai, le 20 juillet 1749,
mort à Valencienîies en 1804. Il se consacra en-
tièrement à l'horlogerie, à la menuiserie et à la
mécanique. En 1793, lors du siège de Valencien-
nes, ce fut à son courage que la ville dut d'être
préservée d'une inondation. Une bombe venait
de briser une écluse dans le faubourg de Marly ;
Carlier, malgré la force du courant, se fait des-
cendre dans la rivière, attaché avec des corda-
ges, et ne sort de l'eau qu'après avoir bouché
l'ouverture au moyen de sacs de terre et de pail-
lasses. Il travaillait depuis cinq ans à la confec-
tion d'une machine en cuivre propre à filer la
laine lorsqu'il mourut à l'âge de cinquante-cinq
ans.
Le Bas, Dict. cncycl. de la France.
CARLIN [Char les- Antoine Bertînazzi, dit
747
CARLIN — CARLISLE
748
Carlino) , artiste dramatique français , né à
Turin en 1713, mort à Paris en 1783. Fils d'u0
oflicicr des troupes du roi de Sardaigne, il entra
d'abord dans la carrière de son père , et la quitta
après la mort de celui-ci, |)our donner des leçons
de danse et d'escrime ; mais la principale et
surtout la plus agréable occupation du jeune pro-
fesseur était de jouer la comédie avec ses éco-
liers. Bientôt ses succès dans cet art lui inspi-
rèrent l'idée de se faire de cet amusement un
état plus conforme à ses goûts. L'Arlequin du
théâtre de Bologne, s'évadant pour échapper à
ses créanciers, avait laissé le directeur dans
l'embarras : Bertina/.zi le remplaça à l'impro-
viste, sans que le public, abusé par le masque et
par le jeu du débutant, se doutât de la substitu-
tion ; ce n'est qu'après quelques représentations
qu'elle lui fut connue. Les succès non interrom-
pus du nouvel Arlequin le firent appeler à Paris
en 1741 , pour remplir cet emploi à la Comédie
italienne; il venait y remplacer ïhomassin, ac-
teur chéri des habitués de ce théâtre, et dont ils
regrettaient vivement la perte. Malgré le danger
de la comparaison provoqiiée par leurs souve-
nirs récents, et celui d'aborder une langue nou-
velle, puisque la Comédie dite italienne représen-
tait des pièces françaises , Carlin ( car ce fut le
nom qu'il adopta dès ce moment ) obtint dès les
premiers jours tous les suffrages. Son succès
ne tarda pas à devenir de la vogue ; il captiva
longtemps l'inconstance de la faveur publique, qui
ne cessa de l'accompagner pendant une carrière
dramatique de près d'un demi-siècle. A la fois
l'acteur à la mode et l'acteur de la nature,
Carlin mérita cette longue faveur par la vérité
de sa pantomime, la gaieté de ses lazzis,
la fécondité de ses improvisations. Quoiqu'on
l'applaudît avec justice dans la comédie écrite,
c'est surtout dans ces canevas où il créait son
dialogue qu'il se montrait supérieur. Les spec-
tateurs actuels, qui voient si souvent les acteurs
hésiter, se troubler, s'ils ont à adresser au pu-
blic quelques mots qui ne font jwiut partie de
leur rôle, peuvent apprécier le talent d'un
homme qui , dans les Vingt-six infortunes
d'Arlequin , par exemple, improvisait pendant
cinq actes sans éprouver un moment d'em-
barras, sans cesser d'exciter le rire ou du moins
l'attention.
Presque septuagénaire , Carlin conservait en-
core la plus grande partie de ses avantages ; et,
dans ses dernières années, il jouait avec toute la
gentillesse, toute la vivacité du jeune Age, les Ar-
lequins de Florian. On cite de remarquables
exemples de l'impression que produisait son
jeu : « Voyez comme le dos de Carlin a de la
physionomie ! » disait un jour Garrick , frappé
de la vérité de la pantomime de l'artiste pen-
dant que d'ime main celui-ci menaçait son maî-
tre qui venait de lui Infliger une correction, et
que de l'autre il se frottait la partie atteinte. Lui-
même avait donné au théâtre, en 1763, une
pièce en cinq actes , les Nouvelles métamor-
phoses d'Arlequin , oii l'on trouva de l'imagi-
nation et du comique, et qui ne dut pas tout son
succès au mérite du comédien. Carlin avait aussi
un degré d'instruction plus rare même que le ta-
lent d'écrivain chez les artistes dramatiques.
Lorsque la mort vint le frappei-, on regretta
en lui non-seulement l'acteur célèbre, mais
l'homme considéré.
Bien que, comme on l'a dit , les qualités de
l'âme ne se mettent pas sur l'affiche, le \)\\\)Vk
sait en tenir compte à ceux qui les joigneaf aux
perfections de leur art. Aussi doruia4-il une ad-
liésion unanime à son épitaphe :
De Carlin pour poindre le sort,
Très-peu de mots doivent suffire :
Toute sa vie il a fait rire ;
Il a fait pleurer à sa mort. »
Peut-être n'est-il pas inutile de consigner ic
que la Correspondance de Carlin avec Gan-
ganelli, fruit d'une prétendue liaison d'enfanci
entre ces deux enfants de l'Italie, et publiée il ]
a quelques années, n'est que le roman d'un écii
vain ingénieux, M. de Latouclie. Carlin n'eu
aucun rapport avec l'illustre pontife romain, don
sans doute il eût mérité l'estime. [ Enc. des g
du m. ]
Le Bas, Dict. encyc. de la Fr. — Hist. du théûirc />
* CAÏ5LIN1 ( Raphaël ), poète italien, natif di
Pistoie, vivait à la fin du dix-septième siècle. Oi
a de lui : Betulla liberata, poema eroico ; Pis
toie, 1694,in-4°.
Zacraria, ISiblinth. Pisfoian. — Adclung, suppl. à .U
cher, Allgem. Gelehrten-lxxicon.
CARLISLE {Frédéric Howard, comte m;)
né le 28 mai 1748 , mort en 182C. Fie])rc
sentant d'une des familles les plus arisîociati
ques de l'Angleterre, il entra en 1709 dans 1;
chambre des lords, et fut, dans sa jeunesse, ui
des chefs de la mode et du monde cl(''g;inl
Appelé par sa naissance sur la scène politifiue
il fut, en 1777 , nommé trésorier de la maiso
royale et membre du conseil privé. Kn 1778,
était au nombre des commissaii'es envoyés au
États-Unis pour négocier un arrangement ainia
ble : cette mission n'eut pas de succès. En 17S(
il obtint la charge élevée de vice-roi d'Irlande
mais , deux ans plus tard , un changement d
ministère le fit remplacer par le duc de l^ri
land. Le comte de Carlisle prit une part activ
aux débats parlementaires de 1787 à 1792 ; il n
çut en 1793 l'ordre de la Jari'etière; miiis
parut alors se dégoûter de la politicjuc, et resta
l'écart jusqu'à la fin de sa vie. Il avait toi
jours eu du goût pour la littéi-ature. Il a m
de nombreuses pensées fugitives et deux \\\
gédies, la Vengeance d'un père, et la lielk
mère. Ces écrits, dont il donna des éditions (i
luxe, tirées à petit nombre et ornées de bdlt
.gravures, sont d'un style élégant; mais il r
faut pas leur demander des beautés d'un o
dre supérieur. Parent et tuteur de lord Byroi
Carlisle se brouilla avec son pupille, qui a hm(
7!0
CARLISLE
( (nilro lui plusieurs sarcasmes amers dans sa
i.iiiieuse satire intitulée English Bards and
scoich reviewers.
iskxiruphia Uritannica. — Gentleman's magazine,
I82f>. — Concersatioiis- 1 .exlcon. — Jnnnal register.
* c.KRLiSLE {George Howard, comte de),
liomnie (l'État anglais, fils de Frédéric, comte
le Carliste, naquit le 17 septembre 1773, et
iioiirutle 7 décembre 1848. Après avoir étudié
I Kton et à Oxford , il fut attaché à la mission
le lord Maimesbury sur le continent en 1795 et
l7i)6. Revenu en Angleterre, il entra au parle-
nent , et plus tard il fut chargé d'une mission
u'ciète près la cour de Berlin. Il entra en 1827
lans le cabinet formé par Canning, et il y rem-
ilil, jusqu'en 1828, les fonctions de chancelier.
Jevcnu valétudinaire dans les dernières années
le S3 vie, il renonça à la politique, après s'y être
iiit remarquer par sa modération.
Conversations- Lexicon. — Annual re.gister.
;^ CARLISLE ( Geo7-ges- William-Frédéric,
omte DE ), fils du précédent, homme d'État an-
Jais, naquit le 18 août 1802. Il porta d'abord
e nom d'Howard, qu'il échangea ensuite con-
te celui de lord Morpeth. Il fut attaché à l'am-
lassade de Pétersbourg, devint membre des
omraunes;eten 1841, sous le ministère Mel-
10 urne, il fut appelé à la secrétairerie d'État pour
Irlande. En 1846, il fut nommé haut commis-
aire des forêts, et, en 1850, chancelier du duché
le Lancastre. Le comte de Carlisle aime et pro-
ége les arts et les lettres. Il a écrit en 1852 une
nlroduction à l'Uncle Tom's Cabin, de mis-
ress Beecher Stowe, ouvrage qui a produit une
grande sensation.
Conversations- I.exicon. — Ânnual register.
CARLOix. Voy. Griffet et la Vieilleville.
' CARLOMAN. L'iiistoire connaît trois princes
Be ce nom :
t CARLOSSAN i^'^, fils aîné de Charles Martel
fit frère de Pépin le Bref, gouverna pendant plu-
Meurs années l'Austrasie, et les provinces de
.'Allemagne qui étaient alors annexées à ce
wyaume. Sa réputation de guerrier ne suffisant
iplus à son âme, portée vers la contemplation, il
jquitta ses États pour embrasser la vie reli-
gieuse, donnant ainsi le premier un exemple qui
îfut imité si souvent au moyen âge par les plus
vgrands souverains. Après avoir vécu comme
I moine dans un couvent du mont Cassin, il alla
I inourir à Vienne enDaupliiné. Son corps futtrans-
porté au mont Cassin , où il a été retrouvé en
;1628.
' Script, rer. Francic., IV. — Sismondi, Histoire des
^fronçais.
CARLOMAN, second fils de Pépin le Bref,
[frère puîné de Charlemagne, roi d'Austrasie, né
vers 751, mort le 4 décembre 771. IJ fut cou-
:oané, ainsi que son frère aîné, du vivant de
Pépin, par le pape Etienne II, qui leur conféra
en même temps le titre de patrices de Rome.
Pépin mourut en 768, après avoir réglé le par-
tage de ses États entre ses fils. Ce partage est
CARLOMAN 750
fort diversement rapporté par les historiens :
il ne subsista point, au témoignage de quelques-
uns, tel que Pe|)in l'avait réglé, et fut remis en
question, peu de tem|)s après dans une assem-
blée générale des grands fcudataires. A Charles
fut assignée l'ancienne part de Pej)in, son père :
la Neustrie , la Bourgogne et l'Aquitaine ; à
Carloman, celle de l'oncle dont il portait le
nom, le royaume d'Austrasie et toute la France
germanique. Malgré cet arrangement si solennel,
l'accord des deux frères ne parait jias avoir été
de longue durée. Éginhard et la plupart des au-
tres annalistes trouvent la cause de leur rupture
dans les insinuations des conseillersde Carloman:
ne pourrait-on pas la voir aussi dans l'impa-
tiente ambition de Charles , que nous trouvons
dès la môme année en possession d'une partie de
l'Austrasie ?
La division de l'empire avait réveillé l'ambi-
tion des chefs voisins : ils songeaient à demander
compte, à deux jeunes princes encore sans re-
nommée, des longues ])rospérités du règne de leur
père. Un ancien duc d'Aquitaine, Hunold, en-
seveli depuis vingt-quatre ans dans un monas-
tère et que le monde avait oublié , fut ressaisi
subitement d'uu souvenir d'ambition : le vieux
moine, séduit par l'occasion, jeta son (roc, et re-
parut dans son ancien duché. Charles, pour
tenir tête à cette première attaque , s'adressa à
son frère, qui accourut à la tête des forces d'Aus-
trasie ; mais, bientôt dégoûté après une entrevue
avec lui, il regagna ses États sans avoir com-
battu.
Carloman mourut peu de temps près , sans
avoir rien fait qui recommande sa mémoire. Sa
veuve , à la nouvelle de sa mort , prit la fuite
avec ses jeunes enfants , craignant sans doute
pour eux la tutelle de leur oncle. Elle se ré-
fugia à la cour du vieux Didier, roi de Lombar-
die, dont Muratori et d'autres écrivains disent
qu'elle était ia fille. Nous ignorons sur quelle
autorité cette opinion se fonde : le roi des Lom-
bards avait deux filles; l'une fut mariée au duc
de Bavière et l'autre à Charlemagne, qui la ré-
pudia.
Carioman mourut à Samonci, près de Laon,
après un règne de quatre années ; il était âgé de
vingt ans. On lit sur une des tombes royales de
Saint-Denis, qui paraît être la sienne, cette ins-
cription : Karlomannus rex, filiiis Pippini.
[ Amédée Renée, Enc. des g. du monde. ]
Eginhard, ^«nates.— Sismondi, Histoiredes Français.
— Miclielet, IJisioire de France. — Henri Martin, his-
toire de France.
CARLOMAN, iiiedunom, morten 884, fils de
Louis le Bègue. II reçut en jjartage l'Aquitaine
et la Bourgogne en 879. L'année précédente, il
vécut avec son frère Louis III dans une par-
faite union, et tous deux, plus d'une fois, re-
poussèrent ensemble les Normands. Mais leur
concorde ne put empêcher Boson de se faire
élire roi de Bourgogne à Mantaille. Louis UI
751 CARLOMAN
étant mort en 882, Carloman devint seul roi de
France, et mourut atteint par une flèche mala-
droitement tirée contre un sanglier.
jnnoles de SairiteBertin. — Sismondi , Histoire des
Français. — Le Bas, Dictionn. encyc. de la France.
CARLOMAN, quatrième fils de Charles le
Chauve, vivait à la fin du neuvième siècle. Son
père le consacra à Dieu en 854 dans le couvent
de Saint-Médard, et en 868 il reçut le comman-
dement, tout abbé qu'il était, d'une troupe de
gens de guerre envoyés contre les Normands,
de concert avec Salomon, roi de Bretagne.
Il ne fut pas heureux dans cette campagne,
mais il y contracta le goût de la vie mondaine.
Accusé, en 870, d'avoir conspiré contre son
père, il fut arrêté, dépouillé de ses bénéfices, re-
tenu prisonnier à Senlis, puis relâché quelques
mois plus tard. Il se réfugia alors en Belgique,
et dévasta ce pays à la tête d'une bande de
brigands qu'il y avait rassemblée. Son père de-
manda justice contre lui à l'autorité ecclésiasti-
tpie, qui excommunia ses complices et les con-
damna à perdre la tète. Quant à lui , il ravagea
la province de Toul en Lorraine, comme il avait
fait en Belgique; et, passant le Jura, il pilla la
Bourgogne. En 871 il consentit à revenir auprès
de son père, qui, de nouveau, le fit incarcérer à
Senlis ; et en 875 il fut déchu de la prêtrise par
un synode assemblé dans cette ville. Loin de se
soumettre, Carloman ne vit dans cette sentence
qu'un plus sûr accès au trône. Les évêques n'en
devinrent que plus rigoureux à son égard. « Ils
le rappelèrent au milieu d'eux, dit Hincmar, et,
déclarant que selon les lois divines il était digne
demort, ils prononcèrent cependant sur lui une
sentence plus douce , pour lui donner le temps
et-le lieu de se repentir; et par une acclamation
iraiverselle ils le condamnèrent à perdre les
yeux. »
Carloman , dans l'intervalle, et lorsqu'il était
encore en Belgique, avait porté sa cause devant
le pape Adrien, dont il obtint la protection, et qui,
le 13 juillet 871 , écrivit à Charles le Chauve
une lettre où il reproche à ce prince d'imiter
l'autruche, et de sévir contre ses propres en-
trailles. Il l'engage en conséquence à rendre à Car-
loman les biens et honneurs dont il a été dé-
pouillé. « Garde-toi, ajoute le pontife, d'ajouter
péché sur péché ; amende-toi de tes précédentes
usurpations et de ton avarice. Alors le ternie
de tes forfaits sera aussi le terme de mes re-
proches, et, avec l'aide de Dieu, tu atteindras
en même temps la fin de la coulpe et celle de
la peine. « — En même temps le pape avait
défendu aux comtes de France et de Lorraine
de marcher contre Carloman, et aux évêques
d'excommunier ce prince. De là une correspon-
dance violente entre Adrien et le savant Hinc-
mar, au nom de Charles le Chauve. « Vous
nous forcez, dit Hincmar pariant au nom du
roi, vous nous forcez, par des lettres inconve-
nantes pour la puissance royale, inconvenantes
— CARLONE
75;
de la part de la modestie apostolique, de vou
répondre avec un esprit moins pacifique qu'
nous ne voudrions. Il est temps que vous fassie
attention que, quoique nous soyons sujet au:
passions humaines, nous sommes cependant ui
houime créé à l'imtige de Dieu ; qu'avec la grâc
de Dieu, nous tenons de l'héritage de notre pèr
et de notre aïeul le sentiment du nom royal c
de notre dignité; que, ce qui est plus encore
nous sommes chrétien, attaché à la foi orthc
doxe et catholique, instruit dès notre enfanc
dans les saintes lettres, et dans les lois tant ec
clésiastiques que séculières; que nous n'avon
été accusé légalement et régulièrement d'aucu
crime public dans l'audience des évêques, (
moins encore convaincu : et cependant vou
nous avez , dans vos dernières lettres , qualifi
de parjure , de tyran , de perfide , de spoliaten.
des biens ecclésiastiques. » Ce langage, ou a<!
intérêt mieux entendu, ramena le pape Adrien
Carloman fut sacrifié; on lui arrachâtes yeux
par ordre des évêques. Enlevé par ses partisan
et conduit auprès de Louis le Germanique, il ob
tint l'abbaye d'Esternach; mais il survécut pc
au supplice qu'on lui avait infligé.
Srript. rer. Franciœ, \'\\.— Annales de Saijit-Iierlin
868-877. — Labbe, Acta Concilioruin, VIII. — llincin.ii
Opéra, Epist. II. — Sismondi, Histoire des Français
III. — Michelet, Hist. de France.
CARLOJJ ou CARLONî , noni d'une familk d
peintres génois.
CARLONB { Giovanni- Andréa) , l' Ancien
peintre, né à Gênes à la fin du seizième siède
mort à Milan vers 1632. Fils du sculpteur Ta'l
deo Carlone, il fut dans sa patrie élève du Siei;
nois Pietro Sorri ; mais après la mort de ce pehi
tre il se rendit à Rome, pour continuer ses élu
des d'après les ouvrages des grands maîtres t
les monuments de l'antiquité. Il passa ensuit
quelque temps à Florence à l'école du Passi
gnano, où il surpassa rapidement tous ses cama
rades. A son retour, Bernardo Castello, qui étai
à cette époque considéré comme le premier de
peintres génois, appréciant ses qualités et soi
talent, lui donna sa fille en mariage. De ce jour
la réputation de Carlone ne cessa de grandir, e
les commandes lui arrivèrent de toutes parts
En 1630, il fut appelé à Milan pour décorer l'é
glise de Saint-Antoine des Théatins; à peini
était-il parvenu à la moitié de son travail, qu'i
fut enlevé par une cruelle maladie à l'âge di
trente-neuf ans. Ce fut son jeune frère Giovami
Battista qui fut chargé de terminer ses peintures
restées inachevées. E. B — n.
Tiroizi, Dizionario. — Orlandi, Jbbecedario.
*CARLOiVE {Giovanni- Andréa), le .Jeune
peintre, né à Gênes en 1639, mort en 1697. T
était fils de Giovani- Battista et neveu il(
Giovanni-Andrea , l'Ancien. Du style de soi.
père, et de ceux des écoles romaine et vénitienne,
il se composa une manière plus agréable dansi
la peinture à l'huile que dans la fresque. S'il n'é-
gala pas son père pour la grâce et la finesse, ii
752
CARLONE — CARLOS
7.',4
l'einporta sur lui par la haioicsse et le coloris.
[1 travailla beaucoup à Foligrio et à Pérou se;
tuais ses ouvrages dans ces villes sont à peine
lU-dessus du médiocre. Son talent n'acquit son
intier développement que lorsque, étant allé à
Rome vers l'âge de quarante ans, il agrandit
son style par l'élude des chefs-d'œuvre des maî-
TCS. Ces progrès notables sont attestés par les
ceintures qu'il exécuta à Rome à l'église du Jé-
sus, à Gênes dans les palais Arignole, Saluzzo
ît Durazzo : ces dernières peuvent soutenir la
•comparaison avec les meilleurs ouvrages que
renferme cette -ville. E. B — n.
TIcozzi, Dizionario. — Lanzi, Storia pittorica.
CARLONE {Giovanni-Battista), peintre, né
t Gônes vers 1598, mort en 1680. Il fut frère
le Giovanni-Andrea l'Ancien, et reçut comme
ui, à Florence, les leçons du Passignano. 11 ne
(uitta jamais son frère, et l'aida dans tous ses
ravaux à Rome , à Florence et à Gènes ; c'est
ui qui fut chargé de terminer à Milan les pein-
ures de Saint-Antoine des Théatins, restées ina-
hevées à sa mort. Il se montra, sous tous les
apports, égal et souvent supérieur à Giovanni-
indrea. Dans le cours de sa longue carrière, il
xécuta à Gênes des travaux considérables, dont
8 principal est la décoration de V Annunziata
lel Guastafo, où il peignit la Prédication de
aint Paul; saint Jacques baptisant des néo-
phytes; saint Simon et saint Jude; Moïse
'aisant jaillir l'eau du rocher; le Passage du
Jourdain; V Entrevue de Joseph et de ses
fères. Ces compositions sont riches et neuves;
es contours sont pleins de pureté et de relief;
•es couleurs sont aussi vives , aussi fraîches ,
^ussi brillantes qu'à l'époque où elles furent
smployées. Carlone laissa deux fils, Giovanni- An-
Irea le Jeune, et Niccolo, héritier de son talent et
He la fortune qu'il avait acquise par ses travaux.
E. B— N.
Ratli. f^ite de' Pittori, Architetti e ScuUori Genovesi.
— TIcozzi, Dizionario. — Ldinzi, Storia pittorica.
CARLONE (Taddeo), peintre, sculpteur et
; architecte , né à Rono, près du lac de Lugano ;
mort en 1613. Il eut pour premier maître son
l)ère, nommé Giovanni; mais ce fut à Rome
qii il perfectionna son talent. Doué de l'amour
le son art, il mettait son bonheur à en ensei-
gner les difficultés aux jeunes artistes, et sur-
tout à ses fils Giovanni-Andrea et Giovanni-
Battista. Il a beaucoup travaillé à Gênes, où il
était venu se fixer ; et on cite parmi ses meil-
leurs ouvrages les statues et les peintures de
l'antique église de iSaint-Siro , première cathé-
drale de Gênes. E. B— n.
Orlandi, Abbecedario.
CARLOS ( don ), infant de Navarre, prince de
Viane, né en 1420, mort le 23 septembre 1401.
I Fils de Jean W d'Aragon et de la reine Blanche
jde Navarre, désigné par cette princesse mou-
'jrante comme devant lui succéder, reconnu par
i les cortès de Navarre, il fut dépouillé de son hé-
ritage par son i)ère, voulut soutenir son droit
à main armée, fut battu àTafalla, et fait pri-
sonnier en 1452. Le roi de Castilic et les cortès
d'Aragon adressèrent des représentations à Jean,
et lui demandèrent que don Carlos fût mis en
liberté , que la principauté de Viane lui fût ren-
due, et que les revenus de l'État fussent j)ar-
tagés par moitié entre le père et le fils. Jean
refusa d'abord de consentir à cet arrangement;
mais, craignant de mécontenter les Arago-
nais, il promit tout ce qu'on demandait. Il mit
son fils en liberté: ce fut le seul point de la
convention qu'il exécuta, en sorte que la guerre
civile recommença bientôt. Alors le roi d'Aragon
appela à son secours le comte de Foix, son gen-
dre. Don Carlos ne put résister à leurs forces
réunies ; il fut forcé de quitter la Navarre, et il
se retira en Italie auprès d'Alfonse V, son
oncle. Celui-ci voulut s'entremettre pour ter-
miner le différend entre le père et le lils ; mais
il en fut empêché par la mort. Don Carlos vint
se mettre à la merci de son père. Juan pro-
mit d'oublier tout le passé; mais il ne rendit
pas la Navarre, et de graves dissentiments vin-
rent rompre cette réconciliation peu sincère.
Jean voulait marier son fils à l'infante de Poitu-
gal ; don Carlos préférait l'alliance de la Castille,
et recherchait la main de dona Isabelle, sœur
de Henri rv. Le roi d'Aragon, irrité de ne pas
trouver dans son fils une aveugle obéissance à
toutes ses volontés, le fit arrêter en 1460. Cette
conduite injuste et violente révolta tous les es-
prits. Les Catalans réclamèrent aussitôt, en di-
sant que c'était une violation manifeste de leurs
privilèges. Les cortès d'Aragon joignirent leurs
plaintes à celles des Catalans. Les députés en-
voyés pour réclamer la mise en liberté de don
Carlos ne furent pas reçus par le roi. Alors le
peuple de Barcelone prit les armes, et s'empara
de Fraga. Un parti nombreux dans les royau-
mes d'Aragon et de Valence se déclara pour
le prince de Viane; en sorte que le roi, craignant
une révolte générale, consentit à délivrer son fils.
La reine dona Juana Enriquez fut chargée d'al-
ler à Morella tirer le prince de sa prison, et de le
remettre entre les mains des Barcelonais ; mais
ceux-ci ne se contentèrent pas de cette conces-
sion : ils exigèrent que don Carlos fût reconnu
héritier de la couronne ; qu'on lui remît immé-
diatement le gouvernement de la Catalogne, et
qu'il fût nommé lieutenant général des autres
parties du royaume. Jean consentit à tout ce qu'on
demandait; mais trois mois ne s'étaient pas
écoulés, que, le 23 septembre 1461, Carlos, at-
teint d'une violente maladie, mourait à Barcelone.
L'opinion générale fut que le prince de Viane
avait été victime d'un horrible forfait, et que
Jean l'avait fait empoisonner à la sollicitation de
Juana Enriquez, pour assurer le trône au fils qu'il
avait eu de son second mariage. Don Carlos de
Viane aimait et cultivait les lettres. Il traduisit
en castillan la Morale d'Aristote, et composa
755
une Cnromque de la Navarre depuis Vorigine
de la monarchie jusqu'au règne de Carlos le
Noble, son aïeul; cet ouvrage, resté inédit, a été
conservé dans les arciiives de Parapelune.
Mariana, Hist. d'Espagne. — J. Lavallée et Ad. Gue-
roult Espagne, dans l'Univers pittoresque.
CARLOS ( don ) d'Autriche, infant d'Espagne,
fils de Philippe II et de sa première femme Ma-
rie de Portugal, naquit à Valiadolid en 1545. En
raison de sa faible coinplexion, il fut élevé avec
beaucoup de soin par Jeanne, sœur du roi ; car
la mère de don Carlos était morte quatre jours
après l'avoir mis au monde. C'est cette faiblesse
qui, fut cause de l'indulgence excessive qu'on eut
pour lui, et qui nourrit et augmenta sa violence
et son opiniâtreté naturelles. Présenté par son
père en 15G0 aux états réunis à Tolède, il fut re-
connu comme son héritier, et envoyé ensuite, en
1562, à l'université d'Alcala de Henarez. Là, don
Carlos tomba daugeieusement malade ; son père
accourut près de lui, et fit porter en procession
le corps de Didacius, que le prince avait en grande
vénération. Ce dernier recouvra presque aussi-
tôt la santé, comme par un miracle. Philippe in-
sista alors pour obtenir de la cour de Rome la
canonisation de Didacius. Les écrivains contem-
porains du prince ne sont pas d'accerd sur son
caractère : selon les uns , il allia à l'amour de la
gloire l'orgueil et un penchant pour la domina-
tion ; selon les autres , il n'aima que l'extraordi-
naire; toute résistance le mettait en fureur, mais
la soumission le radoucissait. Il n'est pas pro-
bable qu'il fut, comme on l'a prétendu et comme
Schiller nous le présente dans sa célèbre tragé-
die de Don Carlos, partisan de l'insurrection
des Pays-Bas et ennemi de l'inquisition : il n'a-
vait pour cela ni assez de connaissances , ni des
principes assez fixes , ni un esprit assez élevé ;
on assure même qu'il manquait d'es[)rit naturel,
et n'avait de vues arrêtées siu" quoi que ce soit,
l'out fut passion chez lui ; il était hautain , bru-
tal, ignorant, et mal élevé: c'est au moins ainsi
que nous le décrit Llorente dans son Histoire
de l'Inquisition. Ce qui est certain, c'est que
don Carlos voulait épouser Elisabeth de France,
fille de Henri II, mais que son père, alors veuf de
Marie d'Angleterre, s'étant, dans cette circons-
tance (1559), substitué à son fils, celui-ci ne par-
donna jamais à son père un procédé si peu dé-
licat. Philippe, voyant don Carlos, son fils uni-
que, incapable de régner, et nourrissant contre
lui des sentiments hostiles, fit venir en Espagne,
en 1563, ses neveux les archiducs Rodolphe et
Ernest , pour leur assurer sa succession. Don
Carlos, las des persécutions qu'il essuyait , vou-
lut quitter sa patrie (1565) ; mais il fut détourné
de son projet par Ruy Gomez de Silva, confident
de Philippe, et qui était aussi devenu celui du
prince. En 1567, époque de l'insurrection des
Provinces-Unies, don Carlos annonça l'intention
fl'aller en Allemagne, et il en parla à son oncle
don Juan d'Autriche : ce dernier lui fit avec dou-
CARLOS
73
ceur des remontrances, lui conseilla la prudenci
et ne lui cacha pas que son père allait être iii:
truit de son projet; don Juan lui-même en i
part au roi. Philippe parut croire que la véritabi
intention de son fils était de se rendre dans k
Pays-Bas ; car il avait souvent remarqué en li
le désirardent de prendre part au gouvernemeni
il n'eut pour lui que de la froideur, et don Cark
se vit de plus en plus repoussé.
Philippe ayant donné toute sa confiance au di
d'Albeet à quelques autres seigneurs, donCarit
conçut une forte antipathie contre eux. Son lii
meur chagrine fut portée à son comble parla ni
mination du ducd'AlbeaugouverncmcntdeFlai
dre, emploi qu'il avait lui-même sollicité. Scie
les uns, don Carlos était favorable à la religic
réformée; d'autres prétendent qu'il avait jii;
que sous son oreiller une épée nue, des pist<
lets chargés, etc. Il ne cachait pas sa doulem- (
ce que son père lui avait enlevé Elisabeth c
France; et, dans une confession qu'il fit à u
prêtre à la fête de Noël 1567, il annonça se
intention de commettre un meurtre, demandai
d'avance l'ab-solotion de ce crime : elle lui fi
refusée; mais on supposa que ces paroles tn
hissaient le dessein de tuer le roi. Celui-ci, qui f
fut instruit, les interpréta lui-même dans t
sens, et annonça, dit-on, la résolution de prévon
sou fils. Don Carlos , se croyant trahi par du
Juan, voulut le poignarder, et n'y réussit poin
Philippe se décida alors à se défaire d'un ii
criminel et indigne de la couronne, quoiciu'il fi
son unique héritier. Dans la nuit du 18 janvi(
1568, pendant que don Carlos était profonde
ment endormi, le comte de Lerma entra dan
sa chambre et en retira tout ce qu'il y ava
d'armes; ensuite le roi entra, suivi de Ruy G(
mez de Silva et de plusieurs autres seigneurs
entre autres du grand prieur de l'ordre de Sain
Jean de Jérusalem, qui était frère du duc d'Albt
Don Carlos, qu'on avait éveillé, ayant aperçu I
roi , s'écria : « Je suis perdu ! » Se tournant ec
suite vers Philippe, il lui dit : « Votre majest
veut-elle me faire mourir? Je n'ai pas perd
l'esprit; mais j'ai le désespoir dans le co'Ui
voyant tout ce qu'on entreprend contre moi.
conjura ensuite tous les assistants de lui donnai
la mort. « Je ne suis pas venu, dit le roi, pou
vous donner la mort, mais pour vous corrige
comme c'est mon devoir de père, et vous ra
mener à la raison. » Il lui ordonna de se lever
on congédia ses domestiques , et l'on confisquj
une petite caisse placée sous le lit, et qui rcn
fermait des papiers; puis on remit le prince ai
duc de Feria et à six nobles, avec ordre de li
surveiller de près et de l'empêcher d'écrire oi
de parler à qui que ce fût. On habilla le prince
en habits de deuil, et on lui retira même soii
lit. Don Carlos, en fureur et au désespoir, si
précipita dans le feu qu'il avait fait allumer, et c(
n'est qu'avec peine qu'on parvint à l'empêclieiF
de s'étouffer. 11 essaya de diverses manières d<
\m
CARLOS
758
j (! donner la mort. Philippe, après avoir publié
j ont ce qui venait Je se passer, et après s'être
ustifié auprès des plus puissants souverains de
l 'Europe, auprès du pape et du haut clergé, pro-
' )osa au conseil d'I'Ltat , présidé par le cardinal
lispinosa, grand inquisiteur et président du con-
■eil de Castille, de prononcer l'arrêt touciiant
e prince. Il fut condamné à mort , et cet arrêt,
lit-on, fut exécuté au moyen du poison. Cepen-
dant on n'est pas d'accord sur le genre de mort
; uquel don Carlos succomba; seulement il est
ertain qu'il mourut le 24 juillet i:)68, et, sui-
ant quelques auteurs, de mort naturelle. Il fut
I nterré, avec les honneurs dus à sa naissance, au
ouvent des religieuses de Saint-Dominique
'El-Real, à Madrid. La reine Elisabeth mourut,
i même année, d'un accouchement anticipé, et
on [ms pour avoir reçu du-poison, comme l'ont
•rétendu les ennemis de Philippe II. [Eue. des
. du m. ]
Lloreiite, Histoire de l' Inquisition. -RarAe, Matériaux
I our scrivr à l'histoire (le don Carlos, dans les Annales
l« tienne, l. XLVJ.
CARLOS (don Carlos- Maria- Isidor de
liouRBON ) , deuxième fils du roi Charles IV et
"ère du roi Ferdinand VII, naquit le 29 mars
788. Il vécut ti-anquillement à la cour, s'occu-
»ant d'études littéraires et religieuses, jus-
u'en 1808, où la maison de Bourbon dut s'éclip-
er devant le génie de Napoléon. Charles IV, qui
l-ie régnait plus depuis longtemps, en avait laissé
omber le pouvoir aux mains de Manoel Godoy
t'oy. ce nom). Il abdiqua à Bayonne, et força
'"erdinand et Carlos, ses fils, à renoncer également
lu trône; mais ce ne fut pas sans une grande op-
wsition de leur part. Don Carlos dut se résigner
i l'exil , et se retira à Valençay avec son frère et
hon oncle don Antonio, compris aussi dans l'acte
8'abdication. Cet acte, déchiré en 1814 parles
oaïonnettes du Nord , rappela les Bourbons d'Es-
jagne dans leur patrie ; et don Carlos épousa en
1816 la fille de Jean IV, roi de Portugal, dont il
;«ut trois enfants. CependantFerdinand VII n'avait
jas d'enfants des trois femmeffqu'il avait succes-
sivement épousées, de sorte que la couronne pa-
raissait, selon toute probabilité, devoii- revenir à
infant don Carlos, autour duquel se groupaient
ifcous les membres du clergé, dits partisans du
retour de l'inquisition , contre lequel Ferdi-
nand se prononçait souvent. L'o[)position des
■certes, en 1823, apparut aux conseillers du
fprince comme une occasion de saisir peut-être
«e pouvoir tiraillé en tous sens ; mais l'interven-
Ition de la France rétablissant le calme dans la
•Péninsule, l'infant se résigna à rentrer dans
'l'ombre, où il Ait le pivot autour duquel gravi-
rtaient de nombreuses conspirations.
Un quatrième mariage du roi vint ruiner tout
aà coup les espérances de don Carlos : Marie-
Christine, fille du roi des Deux-Siciles Fran-
çois 1", accoucha, le 10 octobre 1830, d'une fille
iqui fut depuis la reine Isabelle II. La \o\ saliquè
avait été abolie, en prévision de la naissance
d'une fille; mais le parti clérical, qui avait réussi
d'abord à faire annuler la pragmatique sanction,
fut frappé de confusion lorstjue cette mesure fut
retirée par Ferdinand VII moribond , et que
don Carlos fut mis en demeure de prêter ser-
ment d'obéissance à l'héritière présomptive du
trône. L'infant résista; et de l'exil où il fut envoyé
il publiauneprotestationcontrel'annulation réelle
de ses droits , invoquant le bénéfice de la loi sa-
liquè, qui avait présidé de tout temps à l'ordre
de succession dans la maison de Bourbon. Ferdi-
nand VII mort, don Carlos renouvela sa manifes-
tation, et fut reconnu roi par son parti et par le
Portugal; maiscettedéclaration d'hostilités motiva
un décretqui le déclarait rebelle, et le bannissait
du sol de l'Espagne et môme du Portugal, que
don Miguel était contraint , lui aussi , d'aban-
donner. Le traité de la quadruple alliance mit
les droits de don Carlos à néant , mais le posa
en prétendant. Une guerre terrible divisa alors
ce malheureux pays en deux partis bien distincts ;
les carlistes et les christinos ; et, dans les ren-
contres qu'ils eurent, il est juste de dire que
des prodiges de valeur furent accomplis des deux
côtés : mais en même temps des généraux dignes
de circonstances meilleures se rendirent célèbres
par des actes d'atrocité dont les provinces qui
en ont été le théâtre garderont longtemps la
mémoire. La guerre civile dura jusqu'en 1839.
A cette époque , don Carlos , vaincu sur tous
les points, et contraint d'implorer l'hospitalité de
la France^ se vit assigner pour séjour la ville de
Bourges, où ses partisans allèrent le saluer,
lui et sa femme l'infante Maria-Teresa de Bour-
bon et de Bragance, princesse de Beira , des ti-
tres de roi et de reine.
Pendant que la petite cour de Bourges se com-
plaisait dans les minutieuses observations de l'an-
tique étiquette de la monarchie espagnole, le parti
légitimiste n'abandomiait pas ses espérances, et,
désireux de recommencer les hostilités, travail-
lait à rendre possible une nouvelle levée de bou-
cliers. Mais l'énergie manquait à Charles V , et
sa cause avait besoin d'être désormais soutenue
par une main plus capable de réchauffer le
zèle des fidèles : c'est pourquoi don Carlos se
décida, non sans peine, et malgré les vives re-
montrances de la princesse de Beira, à abdi-
quer en faveur du plus âgé des fils que lui avait
donnés sa première femme, don Carlos-Luis-
Maria-Fernando, cornte de Monfemolin.
Cette abdication fut accueillie très-froidement
en Espagne, et ne porta aucune atteinte à l'ordre
qui y règne actuellement; elle ne causa que
quelques échauffourées sans importance, qui fu-
rent promptement comprimées. Don Carlos ,
aujourd'hui le comte de Molina, après avoir
tenté inutilement de s'enfuir de Bourges, réside
en Autriche depuis 1847, époque à laquelle le
roi Louis-Philippe lui rendit la liberté.
T.-Albert Blanquet.
759
Josepli Lavallée, Hist. d'Espagne. — Le Moniteur
universel. — Lesur, Ann. hist.
* CARLOS {Carlos- Luis-Maria-Fernando de
Bourbon ) , infant d'Espagne , fils aîné de don
Carlos de Bourbon, frère de Ferdinand Vil et
de Maria-Francisca d'Assise, fille cadette de
Jean VI, roi de Portugal, naquit le 21 octobre
1818. Il porte aujourd'hui le nom de comte de
Montemolin. Son père ayant abdiqué en 1844
sa prétendue royauté, le comte de Montemolin
est considéré aujourd'hui, par les carlistes espa-
gnols, comme le représentant delà légitimité, et
salué par ses fidèles du titre de roi Charles VI.
De concert avec Cabrera, il prépara en 1845 une
invasion de la Péninsule, et parvint à soulever
une certaine partie des provinces de Catalogne
et d'Aragon; mais cette tentative échoua, ainsi
que celle qui eut lieuaprès la révolution de Fé-
vrier. Au mois d'avril 1849, le comte parvint
à traverser la France, afin de se rendre à la fron-
tière espagnole , où l'attendait une troupe assez
nombreuse de partisans ; il échoua Je nouveau ,
et, après avoir été détenu pendant quelques jours
dans la citadelle de Perpignan , il fut rendu à la
liberté. Une mésintelligence survenue en 1850
entre les cabinets de Naples et de Madrid ranima
un instant ses espérances ; mais l'expulsion im-
médiate du territoire napolitain de ses négocia-
teurs le força au repos. Le comte de Montemolin
habite actuellement l'Angleterre.
T.-Albert Bla\quet.
Le Moniteur universel. — Convers.-Lex.
*CAULOTA DE BOURBON (Liiisa) , infante
d'Espagne, fille de François l'^'^, roi des Deux-
Siciles, et de Maria-Isabelle d'Espagne , née le
24 octobre 1804 , morte le 29 janvier 1844. Am-
bitieuse et active, elle épousa, le 12 juin 1819,
don Francisco de Paul , frère de don Carlos ,
et donna à son premier né le titre de duc de
Cadiz, contre tous les usages de l'étiquette de la
monarchie espagnole.. Le mariage du roi Fer-
dinand VII avec Marie-Christine fit évanouir
ses projets d'ambition; car elle avait rêvé le
trône pour sa descendance. Cependant Marie-
Christine accoucha successivement de deux
filles. Les partisans de don Carlos et le clergé
avaient obtenu, comme on sait, du monarque
moribond le rétablissement de la loi salique;
et déjà Marie-Christine elle-même se résignait
à vou- ses filles déchues de leur magnifique hé-
ritage, lorsque l'infante Carlota, qu'on avait éloi-
gnée de Madrid , revint tout à coup, et changea
la face des choses. Elle commença d'abord par
ranimer le courage de sa sœur, et tontes deux
obtinrent de Ferdinand VII l'annulation de cet
acte, que la peur des tourments de l'enfer lui
avait arraché. Mais l'emportement de son ca-
ractère ne lui permit pas de demeurer l'amie
de sa sœur; et tout porte à croire qu'elle la des-
servit en la décriant gravement, et de manière à
rendre nécessaire son éloignement du royaume.
Dona Carlota vint à Paris, et y prépai-a , selon
CARLOS — CARLYLE 70
toute probabilité, la vengeance. Un libelle fore
Marie-Christine à résigner les fonctions de n
gente; et la reine-mère n'hésita point, dit-or
à accuser sa sœur d'avoir, sinon favorisé la pi
blication de ce libelle, du moins d'en avo
fourni les détails. De retour à Madrid , et sai
avoir obtenu les résultats espérés , Carlota fa
nommer son époux député aux Cortès et se
fils , le duc de Cadix , officier d'un régiment c
hussards, afin de lui ménager des rapproch
ments fréquents avec la jeune reine. Fatigui
de l'insuccès de ses intrigues, dona Carlota ;
retira à l'Escurial, où elle mourut le 29jam'ii
1844. Son fils , l'infant don Francisco, a époii:
la reine Isabelle n le 19 octobre 1846.
T.-Albert Blanquet.
Xavier Durrieii, articles sur l'Espagne, dans la Revi
des Deux Mondes. — Convers.-Lexic.
*CABLowiTZ ( Aloïse-Christine, baroni
de), femme auteur française, d'origineallemandi
née à Fiume le 15 février 1797. Elle a écrit dac
plusieurs recueils et journaux , et a publié de
traductions de l'allemand, parmi lesquelles 0
remarque la Messiade de Klopstock, 1841 ; (
V Histoire de la guerre de trente ans de Schi
1er; 1842. Ces deux traductions ont été couror
nées par l'Académie française. On a en outre d
M™^ de Carlowitz : V Absolution ; Paris , 183.-
in-8°, et 1834, nouvelle édition, sous le titre
Jean le Parricide, ou V Absolution, roman M;
torique; — Caroline, ou le Confesseur; Pa
ris, 1833 et 1834; — le Pair de France, 0
le Divorce; Paris, 1835, 2 vol. in-8"; — /
Femme du progrès, ou l'Émancipateur; Pa
ris, 1838, 2 vol. in-S";— Schobri, chef d
brigands, d'après les mémoires hongrois d
son compatriote Ladislas Holics Szerkhely
Paris, 1839, 2 voL in-S°.
Quérard , Suppl. à la Fr. litt. — Moutferrand . Ukii
des femmes auteurs, I, 89.
CARLSBERG (Gcorges-CaroUdes de), juris
consulte allemand et poète latin, né à Pragm
en 1579, mort en 1612 dans la même ville. I
fut juge suprême de Prague (ville-nouvelle), e
en même temps poète pensionné de Rodolphe B
empereur d'Allemagne et roi de Bohême. On ,•
de lui : Farrago sijmbolica perpetuis disti
chis explicata, et in V centurias distributa
Accedit ejusdem liber epigrammatum ; Prague
1597, in-4° , et dans les Deliciœ poetarum ger
mmncomm, partie II; — Sophonias Propheta ei
Secretarius Dei paraphrasi heroica expositiix
ciii subjtmcta sunt varii generis carmina
Prague, 1612, in-8°; — d'autres poèmes latins,
soit imprimés à part , soit éparpillés dans les
recueils d'autres écrivains.
Balbinus, Bohemia docta. II, 261. — Adelung , suppl
à Jôcher, AUgem. Gelehrt.-Lexicon.
CARLSTADT. VoiJ. KARLSTADT.
CARLYiiE ( Joseph- Dacre), orientaliste an-
glais, né à Carlisie en 1759, mort le 12 avril 1804.
Après avoir étudié à Cambridge, où il devinl
professeur de langue arabe, il s'exerça pendant
'61
CARLÏLE
762
{uelquc temps à la prédication dans sa ville
natale. En 1799, il se rendit en Orient avec
ord Elgin, devenu ambassadeur d'Angle-
f erre près la Porte Ottomane, et visita l'Asie in-
érieure, l'Egypte, la Syrie, la Palestine et la
Irèce. An mois de septembre 1801, il revint en
vngleterre, après avoir parcouru les villes les
mlus remarquables d'Italie. Quelque temps après,
I obtint l'emploi de ministre à Newcastle. On a
ie lui : Mourad Allatophat Jemaleddini fUii
"ogri Barda historia ^gyptiaca; seu re-
wn xgyptiacarum Annales, ab anno Christi
71 usque adannum 1453; Cambridge, 1792 ,
ki-4° : c'est la traduction latine d'une chronique
égyptienne jusqu'alors manuscrite ; — Speci-
>ien qf Arabin poetry,from the earliest Urne
0 the extinction of the Khalifat , with some
ccount qf the authors ( en anglais et en
rabe); Cambridge, 1796, in- 4"; édition de luxe,
«ubliée aux frais de l'universilé. C'est une his-
oire de la poésie et de la littérature arabe dans
eur plus brillante période; les notices biogra-
|tbiques dont elle est enrichie sont très-remar-
uables.
Huttner, Miscellany.
*CARLYLE (Thomas), publiciste anglais, né
;«ans le comté de Durafries (Ecosse) en 1795.
Comme Robert Burns, son compatriote, il appar-
ient à une famille de cultivateurs. Son père, ri-
ihe fermier, était fort respecté dans l'endroit, et
ia mère ne jouissait pas d'une moindre considé-
ration. Destiné d'abord à entrer dans les ordres,
rt envoyé à cet effet à Edimbourg, il étudia à
'université de cette ville, outre la théologie, les
Mathématiques , la jurisprudence et les langues,
ïarmi lesquelles l'allemandj, qui devait marquer
Hans sa vie littéraire et imprimer à son style et à
5a pensée une empreinte particulière. Imbu des
systèmes philosophiques de Schelling et de He-
gel, il s'éprit de la métaphysique et du mysti-
cisme allemands, et débuta par des traductions
d'ouvrages écrits dans cette langue. En 1825, il
■publia Life of Schiller (U Vie de Schiller), et,
[dans la même année, à Edimbourg : William
Meister's apprenticeship (l'Apprentissage de
Wilhem Meister). Ces deux ouvrages furent sui-
vis d'un recueil de nouvelles tirées de Goethe,
Tieck,JeanPaul,Fouqué,Mus8eus,Hoffmann,etc.,
et sous ce titre: German Ro?nances ; Edimbourg,
1827, 4 volumes. Ce fut aussi Carlyle qui con-
seilla l'envoi à Goethe d'un poëme adressé à ce
patriarche de la littérature allemande par les
Goëthophiles, comme on les appelait, et parmi
lesquels se faisaient remarquer Scott et lord
, Leveson Gower. Le moment vint où Carlyle
i songea à se faire connaître par des œuvres qui
; fussent le produit de sa seule inspiration. Devenu
i successivement rédacteur de la Revue d' Édim-
I bourg et du Fraser' s i>/a(7«s/He, il écrivit, dans
f ces recueils, des articles qui attirèrent l'attention
j par le germanisme calculé de la pensée et la cons-
I truction. Carlyle avait compris que souvent le
plus sûr moyen de se faire connaître, c'est de se
singulariser. C'est pour le Fraser qu'il écrivit
l'ouvrage intitulé Sartor resar tus , Londve&,
1836; et qu'il disait avoir traduit d'un autre ou-
vrage écrit en allemand, sous ce titre : Les vête-
ments, leur origine et leur enfance, par le
docteur Biogène Teufclsdreck ( crotte du Dia-
ble), édité dans la ville de Weissnichttvo (on
ne sait où) pa MM. Slillschweigen (mutisme) et
compagnie. Malgré ses obscurités burlesques,
l'œuvre témoignait d'un talent remarquable.
C'est surtout dans ce livre que Carlyle a répandu,
et souvent avec grâce et fraîcheur, les impres-
sions qui le font connaître personnellement. Voici,
par exemple, comment il raconte, sous le nom du
docteur Teufclsdreck, et à la manière de Jean-
Paul Richter, les étonnements de son enfance.
La scène est à Entepfûhl (nom de fantaisie
donné à un village). «Alors, dit-il, je commençai
à découvrir avec surprise qu'Entepfùhl était
placé au milieu d'une contrée, d'un monde;
qu'il y avait telles choses qui se nommaient his-
toire , biographie , etc. , auxquelles je pourrais
contribuer un jour par la main et par la parole.
La diligence qui, roulant lentement sous la masse
des voyageurs et des bagages , traversait notre
village, apparaissant vers le nord au point du
jour, vers le sud à la tombée de la nuit, me fit
faire des réflexions analogues jusqu'à ma hui-
tième année: j'avais toujours pensé que cette
diligence était quelque lune terrestre dont le le-
ver et le coucher étaient , ainsi que ceux de la
lune céleste, réglés par une loi de la nature ; que,
venue de cités lointaines, elle se dirigeait à tra-
vers les grands chemins vers des cités lointaines,
les réunissant, et, comme une grande navette,
les resserrant entre elles. Alors je fis cette ré^
flexion ( si vraie aussi dans les choses spiritueU
les ) : Quelque route que tu prennes, fût-ce cette
simple ronted'F.ntepfùhl, elle te conduira jusqu'à
l'extrémité du monde. » A propos du système
d'éducation pratiqué en Angleterre comme ail-
leurSjCarlyle ,avec un humour qui cache un grand
fonds de vérité, s'exprime ainsi : « Nos précep-
teurs étaient d'insupportables pédants sans aucune
connaissance de la nature de l'homme ou de celle
de l'enfant, sans connaissance d'aucune chose
en un mot, excepté de celle de leurs lexiques et
de leurs livi-es de compte trimestriels. Us nous
accablaient sous le poids d'innombrables paroles
mortes, et ils appelaient cela développer l'esprit
de la jeunesse. Comment nn moulin à gérondifs,
inanimé, mécanique, dont le paieil pourra, dans
le siècle prochain, être fabriqué à Nurembei^
avec du bois et du cuir, pourrait-il aider au dé-
veloppement de quelque chose, encore moins de
l'esprit, qui ne croît pas comme un végétal, mais
qui croît par le mystérieux contact de l'esprit ?
Comment donnera-t-il la lumière et la flamme,
celui dont l'âme est un foyer éteint, rempli de
cendres froides? Les professeurs à''Hinter-
Schlug (frappe-derrière) connaissaient assez
763
CARLYLE — CARMAGNOLa
76
bien leur syntaxe ; et quant à l'âme humaine, ils
savaient ime seule chose : c'est qu'en elle était
une faculté nommée mémoire que l'on pouvait
développer en fustigeant de verges les tissus
musculaires et l'épiderme. »
Ces citations mettent sur la voie du travail in-
térieur qui a présidé à la naissance et à la pro-
gression des idées de Carlyle. 11 importe main-
tenant de le faire connaître comme publiciste.
C'est par son Histoire de la Révolution française
{French Révolution history) qu'il est entré en
quelque sorte dans ce domaine si agité des par-
tis ; et il y a marqué sa place par la hardiesse de
l'alhire et de l'expression, bien plus que par la
nouveauté des idées. Quelques extraits prouve-
ront la vérité de ce jugement. Rien de plus véhé-
ment et de plus original par l'expression que sa
manière de caractériser la révolution française :
« Cette révolution française, dit- il, signifie la ré-
bellion violente et ouverte , et la victoire de l'a-
narchie déchaînée contre une autorité corrompue
et rusée. Comment l'anarchie brise sa prison,
se précipite dans le gouffre, infini, éclate et fait
rage, enveloppe le monde de son pouvoir sans
contrôle et sans mesure , et comment , phase
après phasede délire, cette frénésie se consume;
comment les éléments d'ordre qu'elle contenait
(|car toute force contient ses éléments d'ordre)
se développent, et dirigent les folles forces de
cette anarchie fatiguée, sinon enchaînée, vers
son but véritable, comme de sages pouvoirs
bien réglés : voilà ce que cette histoire nous ap-
prendra. »
Le French Révolution n'est, au jugement d'un
critique ( M. Ph. Chasles), ni un livre bien écrit,
ni une histoire exacte de la révolution française ;
ce n'est pas une dissertation éloquente, encore
moins une transformation des événements et
des hommes en narration romanesque : c'est
une étude philosophique, mêlée d'ironie et de
drame ; rien de plus.
A la suite de ce livre, Carlyle lit paraître une
brochure intitulée le Chartisme (1839), où il
remonte, pour combattre l'émeute, jusqu'au ber-
ceau de la race saxonne ; puis. On Hero's Wor-
ship (sur le Culte des Héros), ouvrage publié en
1841. C'est l'individualisme élevé à l'état de
doctrine, et développé ou plutôt exagéré dans les
i«;^er-Z)a?/ Pa??î/>/2/e^s, 1850. Ces deux ouvrages
produisirent une égale sensation en Angleterre.
The postand the présent time, publié en 1844,
et les Letters and speeches of Oliver Crom-
well, publiés en 1846, avaient précédé les Lat-
ter- Day pamphlets, que l'analogie des matières
a dfi faire citer d'abord. L'ouvrage sur Cromwrell
envisage le fameux protecteur sous un point de
vue absolument différent des historiens et des
biographes antérieurs. Il a servi de hase à la
notice publiée sur CromwelIparM. de Lamartine,
aux yeux duquel Carlyle est « un de ces hom-
mes de recherches qui sont à l'histoire ce que
les faiseurs de fouilles sont aux monuments. »
M. de Lamartine anopte le point de départ et 1
co.nclusiou du publiciste anglais, et voit dar
Cromwell moins un homme politique' qu'ii
fanatique. Le plus récent ouvrage de Carlyle e;
une biographie de John Stirling ( Life of Joh
Stirling), son ami d'enfance; Londres, 18")l.
V. R.
yinnual Reqister.— Conversations- f^cricon. — Kcvu
des Deux Mondes, septembre 1S44, 13 avril 1849, cl ;
juin 1830,— Frasefs Magazine. — Edinbiirçih-Rewiin.
— Marrast, dans la Revue du Progrès, 18il. — Laui ;;
Une, le Civilisateur novembre, 1833.
CARMAGNOLA ou CAIlMAGNOLE(F;'a)7C(?,';f
Busone), célèbre général italien, né à Cai
magnola (Piémont) , décapité à Venise le 3 rn;
1432. Il gardait d'abord les troupeaux , et éla
fds d'un paysan nommé Busone ; mais il change
ce nom contre celui de sa ville natale lorscju'
prit du service dans l'armée de Philippe-Mari
Visconti, duc de Milan. Plusieurs actions d'écla
valurent bientôt un commandement à Carma
gnola, qui donna dès lors des preuves d'une habi
leté supérieure à sa bravoure. Philippe VisconI
ne tarda pas à le mettre à la tête de son armée, t
de nombreux succès justifièrent ce choix. Ei
1416, Carmagnola conquit le pays situé entr
l'Adda, le Tésin et les Alpes. En 1417, il s'om
para de Plaisance; l'année suivante, il occup
les vallées de Polsevera et de Bisannio, prit 1
forteresse de Gavi, réputée jusqu'alors inexpug
nable, et enleva aux Génois tout ce qu'ils posse
daient sur le revers septentrional des montagnes
En 1421, Gênes elle-même s'humilia devant !e
ai'mes de Carmagnola , et l'accepta poui' gouver
neur et substitut du doge. Ce fut avec le menu
bonheur que Visconti opposa ensuite Carmagno!;
aux Suisses, qui revendiquaient Bellinzona e
Domo d'Ossola. Défaits à Arbedo le 30 juii
1422 , après un combat de huit heures, ces belli
gueux montagnards laissèrent les Milanais mai
très de la vallée Levantine. Ces victoires ren
dirent Philippe Visconti le plus puissant princi
d'Italie. En récompense, Carmagnola fut c!é(
comte : il entra même dans la famille du duc
qui l'adopta , et dont il épousa une des fille;
naturelles. Tant de gloire et d'honneurs accumu-
lés sur le fils d'un paysan devaient éveiller la ja-
lousie des courtisans du duc de Milan. Les im-
menses richesses de Carmagnola, son crédit dans
l'armée, le souvenir même de ses services, trop
éclatants pour n'être pas importuns , devinrent j
des armes auprès d'un maître disposé à l'ingra-'
titude. Visconti , voulant renverser son ancien
favori, nomma Guido Torello amiral de la flotte
génoise, et enleva à Carmagnola le commande-
ment d'un coi-ps de trois cents cavaliers d'élite.
Vainement Carmagnola supplia le duc de m
point le séparer de ses compagnons de jeu-
nesse, an dévouement desquels il devait une
partie de ses victoii-es : il ne reçut aucune ré-
ponse; et ayant hisisté viveti.ent pour être en-
tendu, l'entrée du palais lui fut refusée. Car-
magnole comprit que sa perte était décidée.
!'65 CARMAGNOLA
I Uors, protestant de son innocence, il jura de se
aire regretter: aussitôt, suivi de ses partisans,
I I c()urt à Ivrée, où résidait Amédée, duc de Sa-
i , oie , dont il était né sujet ; lui révèle les projets
i lostiles de Visconti, et l'engage à en prévenir
i| explosion par une rapide attaque. Traversant
nsuite la Suisse, Carmagnola arrive le 25 février
425 à Venise, où il provoque avec ardeur une
I gue destinée à l'abaissement du prince dont il
vait lui-même créé la puissance. Informé de ces
i éniarclies , Visconti confisqua les biens de son
endre, qui produisaient le revenu, alors énorme,
e quarante mille florins : il ne s'en tint pas là,
t tenta de le faire empoisonner à Trévise. Cette
Mitative n'eut d'autre résultat cpie de lever les
outes des Vénitiens sur la réalité de la haine
u duc et de son ex-général. Le 14 décembre
425 , Carmagnola , admis devant le sénat de
enise , découvrit les machinations et les intri-
ues de Visconti, peignit le caractère perfide,
ambition insatiable de ce prince. « Quant à
loi, s'écria- t-il , il retient dans ses prisons et
la femme et mes filles , et croit ainsi être maître
e moi; mais partout où je me sentirai libre, je
roirai avoir trouvé une patrie ! Cette cité, qui
uvre un asile aux marchands de toutes les na-
ons et de toutes les religions, n'en refusera
îns doute pas un à Carmagnola ! J'ai aussi mon
létier, que j'apporte dans vos murs : c'est la
uerre. Donnez-moi des armes, donnez-les-moi
ontre celui qui m'a réduit à cette dure nécessité,
t vous verrez alors si je sais vous défendre et me
fenger ! » La guerre contre Visconti fut immé-
Uatement résolue : Carmagnola, nommé généra-
issime des forces vénitiennes et florentines, ou-
rit la campagne par le siège de Brescia, qu'il
•rit le 20 novembre 1426. Après des succès va-
Sés, il défit à Macalo, le U octobre 1427, l'ar-
mée milanaise commandée par Carlo Malatesta,
[ui fut fait prisonnier avec huit mille gendarmes.
jE plus grande partie des prisonniers avaient
iervi sous Carmagnola; ils trouvèrent d'anciens
rères d'armes parmi les vainqueurs : aussi, dans
^a nuit, fnrent-ils presque tous mis en liberté
«ans rançon. Les commissaires vénitiens se plai-
gnirent aigrement à Carmagnola de ce qu'il lais-
sait ainsi échapper, par une humanité impru-
jclente, tous les fruits de sa victoire. Celui-ci or-
clonna qu'on rassemblât les prisonniers qui
étaient dans son camp: il ne s'en trouva que
quatre cents : « Puisque mes soldats , leur dit-
il, ont rendu la liberté à vos compagnons, je ne
veux pas leur céder en générosité; allez, vous
êtes libres aussi. » Cette condm'te indépendante
blessa vivement le conseil des dix , qui com-
mença à préparer la perte de Carmagnola. Celui-
ci poursui\nt le cours de ses victoires, prit Mon-
techiaro, Orci, Pontoglio, et battit NiccoloPic-
cinono, le meilleur des généraux milanais. Ac-
1 câblé par des pertes aussi réitérées, Visconti
sollicita et obtint la paix. Il rendit à Carmagnola
i sa famille et ses biens. En 1431 , les Vénitiens
— CARMATH
7CG
ayant refnis les armes contre Visconti, Carma-
gnola fut de nouveau placé à la tête d'une armée.
Mais cette campagne lui fut défavorable : mal-
traité à Soncinole 17 mai, il fut, le 20 du même
mois, spectateur impuissant de la destruction de
la flotte vénitienne, et laissa s'écouler l'année
sans faire aucune action d'éclat. Un tel capi-
taine ne pouvait cesser de vaincre sans être soup-
çonné de trahison. Vainement expliquait-il son
repos forcé par une épizootie qui avait démonté
la plus grande partie de sa cavalerie, et réduit
ses ennemis à une inaction semblable : le sénat
voulut se venger de l'inconstance de la fortune.
En avril 1432 , il invita Carmagnola à se rendre
à Venise pour y conférer des affaires de l'État :
les patriciens les plus distingués allèrent au-de-
vant de lui et lui firent cortège jusqu'au palais
du doge, où des marques de respect et d'estime
lui furent prodiguées. On simula une discussion,
et on la prolongea bien avant dans la nuit :
Carmagnola fut alors invité à envoyer sa suite
prendre quelque repos. Aussitôt qu'il fut seul, les
sénateurs le (irent garrotter et livrer à la torture,
quoique encore souffrant de ses récentes bles-
sures. On ne put lui arracher aucun aveu, et nulle
preuve ne vint l'accabler. Cependant, le 3 mai
1432, après une procédure restée mystérieuse,
Carmagnola fut conduit sur la place de Saint-
Marc, un bâillon sur la bouche, et sa tête tomba
entre les deux colonnes qui sont devant le palais
ducal.
Les infortunes de ce général ont souvent été
prises pour sujet par des auteurs dramatiques ,
entre autres par Manzoni, dans une tragédie inti-
tulée il Conte di Carmagnola; Milan, 1820,
traduite en français parFauriel, 1823, in-ô°.
A. DE L.
Andréa Belli, Bibliot. Mediolan. — Sanulo, I^ite de'
duchi di T'enezia. — Navagero, Storia f^eneziana. -~
Platin:i , iJistoria Mantuana. — Simoneto , f^ita Fran-
cisci S/orliw. — Sisinondi, Hist. des rép. ital., VIII. —
Léo et Botta, Hist. de l'Italie. — Uaru, hist. de la rép.
de y enise.
*CARM4GNOLE {André), oratorien français,
né à Cotignac le 9 mars 1619, mort le 5 décembre
1G88. Le 27 janvier 1637, il entra dans l'ordre de
l'Oratoire à Aix, puis il enseigna les belles-lettres
à Marseille et à Beaune. Ordonné prêtre le 19
mars 1643, il s'adonna à la prédication, devint
supérieur de l'Oratoire de Beaune en 1649, et fut,
peu après, élu théologal de chapitre et supérieur
de l'hôpital. Il exerça ces fonctions pendant vingt
ans avec zèle et piété, et son mérite le fit choisir
en 1669 pour gouverner l'Oratoire de Rouen avec
le titre de procureur général, visiteur et assistant;
enfin il fut nommé supérieur général de la mai-
son Saint-IIonoré, à Paris. Le P. Carmagnole
a laissé le Recueil des slatzits constitutifs de
l'ordre de V Oratoire; Paris, 1684.
Moréri, Grand Dictionnaire historique.
CARMATH, fondateur d'une secte musulmane,
vivait au troisième siècle de l'hégire. Il était né à
Hamdan-Carmath, village près de CouTah, ce
TG7 CARMÂTH
qui a fait donner quelquefois à ce sectaire le nom
fie Hamdan; quant au nom de Carmath, sous
lequel il est plus connu, il lui fut donné, selon les
uns, parce qu'il avait les yeux rouges ; selon
d'autres, parce qu'il avait les pieds courts et ne
pouvait faire que de petits pas. Quoi qu'il en soit,
Hamdan, fils d'un homme de condition obscure
nommé El-Aschath, contracta des liaisons avec
un missionnaire de la spcte des Ismaéliens, em-
brassa leurs doctrines , et les répandit dans les
environs de Coufah. Bientôt il obtint un tel as-
cendant sur ses adhérents qu'il entreprit d'éta-
blir parmi eux la communauté des biens, et
jusqu'à celle des femmes. Il ne s'en tint pas là,
et enseigna le mépris pour toute révélation , ne
craignant pas de publier hautement que, par la
connaissance de la doctrine qu'il prêchait, les
fidèles étaient dispensés du jeûne, de la prière,
de l'aumône ; qu'ils pouvaient égorger leseauemis
de leurs croyances, piller leurs biens, en un mot,
fouler aux pieds toutes les lois. — Les Carma-
tlies commencèrent à se montrer sous le khalife
Aboul-Abbas-Ahmed-el-Motadhed-Biilah, qui fit
pour arrêter leurs progrès des efforts toujours
constants, sinon toujours heureux. Cette secte de
fanatiques ensanglanta prèsd'un siècle l'Arabie, la
Syrie et l'Egypte,
B'Herbelot, Bibliothèque orientale. — NoBl des Vergers,
Arabie, dans l'Univers pittoresque.
*CARMEJANE (Joseph-Charlcs, baron de),
général français, né à Menerbes en juillet 1772,
mort à Avignon le 14 décembre 1830. Il entra
comme élève du roi au collège de Beaumont-en-
Auge, et en sortit pour faire partie de l'École
militaire de Paris. En 1789, admis comme lieute-
nant au régiment de la Fèie (artillerie), il était ca-
pitaine le 20 septembre 1792, à Valmy, comman-
dant à l'armée de la Moselle, puis à celle du Da-
nube. Il fit en cette qualité toutes les campagnes
de 1793 à 1801, et se distingua ensuite à bord de
la flottille réunie à Boulogne pour porter nos sol-
dats en Angleterre. En 1807, Carmejane organisa
le service des forges en Piémont, puis la défense
des côtes de l'Adrialitiue. Il fut chef de l'état-
major d'artillerie de l'armée d'Italie, assista en
1 809 à la bataille de Wagram, et, enfermé dans
Gênes, il conserva en 1814 le drapeau français,
même après l'abdication de Napoléon. Il prit sa
retraite en 1816, comptant dix-sept campagnes
et plusieurs blessures.
Burjavel, Dictionnaire historique de Vaucluse. —
Vict. et Conq. des Français. — Monit. univ.
CARMELï (Michel-Ange), helléniste et hé-
braïsant italien, de l'ordre des Frères Mineurs de
Saint-François, né à Citadella, dans le Vicentin, le
27 septembrel706;mortàPadoue le 15 décembre
1766. 11 fut baptisé sous le nom de Zenon, et fit
ses premières études sous la direction de prêtres
séculiers. Mais plus tard il entra dans l'ordre mi-
neur de Saint-François, où il adopta les prénoms
de Michel-Ange. 11 étudia la philosophie, la théo-
logie et les belles-lettres successivement à Vé-
rone, Padoue, ,Rome et Udine. En 1739 il fut
— CARMELï ?(
r nommé définiteur de son ordre, et en 1744 pr
j fesseur des langues orientales à l'université (
Padoue, et membre del'Académierfei Ricovrai
j II passa le reste de sa vie à Padoue, où il dota
couvent de Saint-François-Majeur d'une bibii
thèque. Dans les dernières années de sa vie,
avait encore été nommé commissaire visite
de son ordre pour la province de Rome. On a i
lui : Ragionamento sopra il fenomeno appar
la nottedel i& dicembre delV anno \.1J1. da
la Raccolta Calogeriana , tom. XVIIÏ, p. 40
— Panegirici de S.-Pietro d'Alcantara e d
B. Giuseppe da Lionesse, capuccino; Venis
1738, in-8°; — il Filolipo ; Venise, 1702, in-
(recueil de poésies diverses) ; — Lacen
(anagramme de Carmeli) in Mllilein Glori
sum Plauti commentarius, et ejusdemfabui
interpretutio ilalicis versibus concinnat<
Venise, 1742, in-4°; — Tragédie di Eiiripid
coW aggiunta dei frammenti ed episto
greco-italiane in versi illustrati di amv
tazioni al testo greco ed alla traduzion
Padoue, 1743-1754, 20 vol. in-S" ( ouvra
recommandé parPaitoni); — Pro Euripide
novo ejus italico interprète dissertatio (cont
la critique de Reiske de Leipzig) ; Padoue, 175
in-8°; — Oratio opologetica ad prœclariss
muni et rectorem Cotuniani Patav. Colley
Antonium strategum (en grec); Padoue, 176
in-8° ( pour la défense de son Euripide, comr \
le précédent) : — Storia di varli costumi .sac
e pi-ofani degli antichi sino a noi pervcnul
con due dissertazioni sopra la venutu d
Messia; Padoue, 1750, et 1" édit., 1761, 2 v(
in-8°; — il Pluto di Aristofane, tradotto
versi italiani, col testo greco a fronte ; V
nise, 1752, in-S"; — Dissertazioni ire, nel
quall si spiega un luogo di Erodiano, la vo
'Evoaix.ôûv, scuotitore delta terra, epiteto da ;
a Nettuno in Omero , e trattasi delta poes, \
lirica; Padoue, 1756, in-8°, et plus tard inco '
porées à l'Histoire des costumes variés; éd. <
1761; — il Concilio degli Dei, 0£oO àyop
poema in versi greci ed italiani, in Iode i
S. E. Lorenzo Morosini, detto procuratore i
S.-Marco; Padoue, 1757, in-4''; — Spiegamen.
delV Ecclesiaste sul testo ebreo, o sia la nu
raie dei uman vivere insegnata da Salomoni
Venise^ 1765, \ii-8° ; — Spiegamento délia Ca),
tica sul testo ebreo , opéra postiima ; Venis j
1767, in-8"; — Dissertazioni varie filolog\^
che, edizione postuma; Rome, 1768, in-4
— On a encore de lui les ouvrages suivant
dont le manuscrit est conservé dans la biblii
thèque de Padoue : Quattro libri degli Stri
tagemini di Polieno, tradotti dal greco in itc
liano, col testo a fronte; — Elogio d'Omeri
dal greco tradotto in latine; — Spiegazion
di vocaboli ebraici e greci; — Glossariodi rot
greche, epiteti degli Dei, illustrati in lingu
latina; — Origine dei nomi délie divinit
paganc} — Commodo, fujliuolodi Marco, ot
7(;9 CARMELI
lima imper atore de' Romani, tragedia traita
du lia storia che si legge in Erodiano ; — JDis-
scrfazionesuli' abuso delmetodo matematico
iie/la teologia morale; — Risposta ad una
Ici leva sopra una dissertazione stampata in-
'oiito il passagio del mar Rosso.
, Tlpaldo, Biografia deyli Italiani illustri.
*CARMENi (François), nouvelliste italien,
avait dans la première moitié du dix-septième
liècle. Il fut secrétaire de l'Académie des Incogniti,
I Venise. On a de lui : JSovelle amorose de' si-
•nori academici incogniti ; Crémone, 1642,
a-8°; Venise, 1651,10-4°.
Adelung, suppl. à Jôcher, Jllg. Gelehrten-Lexicon.
*CARMICHAEL (Frédéric), théologien an-
lais, né à Mommail en 1708, mort en 1751., Il
it élevé au collège Maréchal à Aberdeen, et
ommé ministre de la paroisse de Mommail en
737. En 1743 il passa à la paroisse d'inverness,
. en 1747 il vint exercer le sacerdoce à Édim-
)urg, où il resta jusqu'en 1751. Il a laissé un
)lume de sermons estimés.
Rose, New biog. IHct.
* CAR91ICHAE1L ( Gcrrhon ), théologien anglais,
'i à Glasgow en 1682, mort dans la même ville
' 1738. Il fut élevé à l'université de Glasgow, et
taché à la paroisse de Mommail en qualité de
inistre. En 1772, il fut nommé professeur de
' lilosophie morale à l'université. On a de lui :
i commentaire sur le de Officio hominis de Puf-
idorf.
^ose, New biog. Dict.
■*CARMiGNA]Vi (Jean- Alexandre, chevalier
), jurisconsulte italien, né près de Pise en
68, mort dans cette ville le 29 avril 1847. Il
d'excellentes études à Arezzo, et se fit recevoir
-cteur en droit à Pise. De là il se rendit à Flo-
ace, où il pratiqua le barreau avec distinction,
i 1799, il fut nommé juge de paix à San-Mi-
ito, et, malgré les difficultés de l'époque, il sut
concilier l'estime générale. Le gouvernement
désigna pour être professeur de droit criminel
*ise. Avant d'accepter, Carmignani déclara qu'il
ait enseigner des doctrines entièrement oppo-
;s à la peine de mort. Quelque temps après,
mmé juge d'une cour criminelle, il refusa cette
arge, parce que les lois continuaient à pronon-
r la peine de mort. « Je ne puis me placer,
iait-il , entre mes devoirs comme magistrat et
i conscience comme homme ; je ne puis aller ap-
;quer à des malheureux une punition de sang
e, du haut de la chaire, j'ai qualifiée d'inutile,
MJHste et d'atroce. » — 11 se consacra alors
80 une nouvelle ferveur à sa profession, pour
ther d'arracher autant que possible des vic-
ies au bourreau. Ses succès furent éclatants, et
plaidoyers, encore admirés aujourd'hui, lui
ipiirent la réputation d'un des plus grands ora-
(irs du barreau florentin. Un talent particulier
:Ur la déclamation contribuait beaucoup à don-
de la puissance à ses discours, toujours ac-
jpapagnés d'un langage d'action très-éloquent.
KOUV. BIOGB. UNIVERS. — T. Vlil.
-- CARMOIS 770
Carmignani a publié : Théorie des lois civiles;
Florence, 1797; — la Jurisprudence crimi-
nelle; Florence, 1798; — Juris criminalis ele-
menta; Pise, 1803 ; — sur le Théâtre d'Alfieri;
Florence, 1 807 ; — Observations sur un projet
de code rural; et plusieurs excellents morceaux
sur la poésie et la lilléralure.
Rabbe, Biographie des Contemporains.
CARMiNATi (Bassiano), médecin italien, né
à Lodi, d'une famille noble, en 1750 ; mort à Milan
le 8 janvier 1830. Élève de l'université de Pavie,
il pratiqua quelque temps la médecine à Lodi, et
publia dans cette ville son premier ouvrage. Le
succès qu'obtint ce livre valut à Carminati, alors
âgé de vingt-huit ans, la place de professeur de
thérapeutique générale, de matière médicale et
de pharmacologie à l'université de Pavie. Il ne
quitta l'enseignement qu'en 1810, et fut nommé,
deux ans après, membre pensionné de l'Institut
des sciences, lettres et arts d'Italie. On a de lui :
de Animalium exmephitidibus et noxïishali-
tibus Interitu ejusque proprioribus causis;
Lodi, 1777, iu-4°; — Ricerche sulla natura e
sugli îisi del succo gastrico in medicina ed in
chirurgia; Milan, 1785, in-4'' ; — Opuscula
therapeutica ; Pavie, 1788, 4 vol. in-8° ; — Hy-
giène, Therapeutica et Materia medica; Pa-
vie : 1791, 4 A'ol. in-8''; il parut une traduction
allemande de cet ouvrage, Leipzig, 1792-1796,
et une traduction italienne sous le titre suivant :
Igiene, Terapeutica e Materia medica del
prof. Carminati, tradotte e compendiate dal
doit. Fr. Acerbi; Milan, 1813, 2 vol. in-8°; —
Saggio di alcune ricerche sui principii e
sulla virtîi délia radice di Calagula; Pavie,
1791, in-8°; — Jacobi Sacchi, phil. medic. et
chirurg. doctoris in principia théorise Bru-
nionanœ, Animadversiones ; Pavie, 1793 : cet
ouvrage, publié sous le nom de Jacques Sacchi,
est une réfutation de la doctrine de Browne ; —
Elogio funèbre di Lazzara Spallanzani'; Pa-
vie, 1799; — Prolusione agli studi delV uni-
versità di Pavia per l'anno scolastico 1809-
1810, detta in Iode di Gio-Battista Borsieri ;
Milan, 1823, in-4°; — Memoria sulV induri-
mento cellulare nei neonati; Milan, 1S23,
in-4°; — Rapporto fatto ail' InsUtuto siclla
corteccia americana délia china bicolorata a
pitaja; Milan, 1825, in-8°; — Relazione de'
mtovi chimici alcali e solfate di chinina e di
cinconina, e dei loro nuovi usi medicinali ;
Milan, 1829, in-8"; — délie Acque minerali
artefatte e native del regno Lomhardo-Ve-
neto; Milan, 1829, in-8°; — Sopra nuovi me-
dici Usi del Colchico autunnale ; — Sulla Virtù
e sugli Usi medicinali del tasso baccato; —
Sulla Glossitide, dans les Mémoires de l'Institut
des sciences et des arts.
Tipaldo, Diograf. degli Ital. iUustr., t. IX.
CARMINE. Vmj. LlPI.
*CARMOis ( Charles ) , peintre d'histoire ,
vivait du temps de François I"'. Il peignit la
25
?71 CARMOIS —
voûte de la Saiate-Chapelle de Vincermes. Fran-
çois l", ayant appelé de Bruges un certain Jans,
tapissier de cette ville, fit exécuter les premières
grandes tapisseries de haute-lisse qu'on ait fa-
briquées, dit-on, en France. Charles Carmois fit
un certain nombre de cartons pour ces tapis-
series.
Le' Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.
— Naglcr, Neues AUgemeines Kùnstler-J ,exicon.
*CARMOLY {Éllacin), rabbin et orientaliste
français, né en 1805. Il fut rabbin en Belgique,
et la Société "asiatique de Paris l'a compté parmi
ses membres. On a de lui : Ode hébraïque et
française en l'honneur de S. M. Philippe I^r,
rm des Français, à son avènement au trône ;
Metz, 1830, in-12; — Biographie des Israé-
lites anciens et modernes; — Histoire litté-
raire des Hébreux au moyen âge; — Contes
chaldéens.
Quérard, la France littéraire. — Beuchot, Journal
de la librairie.
*CARMON (D. /«cgfries), jurisconsulte et ca-
noniste allemand, né à Rostock le 2 mars 1677,
mort le 25 juillet 1743 dans la même ville. Issu
d'une famille noble qui s'était rendue célèbre en
Angleterre sous Henri Vin, il étudia dans sa viUp
natale la théologie ; mais plus tard il fit ses étu-
' des de droit aux universités de Wittemberg et de
léna. De retour à Rostock, il fut nommé en 1709
archiviste et secrétaire d'Académie, et en 1706
procureur du consistoire protestant. En 1712 il
occupa la chaire d'éloquence et de belles-lettres,
et en 1718 il devint professeur des Pandectes.
On a de lui : Disp. de prœludiis naturalibus
torturcv; Rostock, 1707. in-4"; — Disput. de
remuneratlonibus principum erga ministros,
prasprimis ob bene me7Hta;ih\d., 1712, in-4°;
■ — hisp. de eloquentia extraordinaria ; ibid.,
1712, in-4° ; — Oratio de nomine divorum non
sine nomine; ibid., 1714; — de Palladiis ci-
vltatum; 1715; — Rede von den Vorechten
der Lutherischen Reichsstânde ( Discours sur
les prérogatives des États luthériens del'Empire),
1717 ; — de Triborianismo suspecto et non
suspecta; 1718 ; — de Sponsalibus illustrium
incunabulis ; 1718; — de Scientiis quœ ju-
risprudentix studium potissimum adjuvant
et exornant ; 1720; — de Retentione Mercedis
famuli, domino permissa ; 1723 ; — de Ortho-
doxia Ictorum; 1729; — de Intimatione per
tabellionemprivata ; 1729 ; — de Régula .-Frus-
tra leges invocat, qui contra leges committit;
1731 ; — de Pactis inter creditorem et debi-
toremin validio ; 1731; — de Abdicatione li-
berorum secundum principia juris civilis,
morum Germanorum, et juris Lubecensis;
1733 ; — de Repudio propter errorem bonorum
fortunœ occasione statuti Hamburgensis ;
1733 ; — de Diverso Hypothecarum jure oc-
casione constitutionis Megapol. de Q. 1644
enucleatse; 1733 ; — de Remediis suspensivis
ordinariis in Megapoli consuetis; 1733; —
dePrsesumto Ordine Mortalitatis commorien-
CARMONTELLE 772
tiumin linea recta; 1734; — de Inter cessione
feminarum pro capite damnatis; 1734;— de
Separatione Bonorum in creditorum concursu,
ad quinquennium non restricta; 1734; —
Principia quœdamdoctrinsededominio, 1734;
— de Jurisdictione in legatos, eorumque co-
mités , prassertim statuum S. R. J. German.
in comitiis; 1736;
Moser, Jetztlebende Rechtsgelehrle ( Jurisconsultes
conteoiporains, c'est-à-dire du dix-huitième sièciei. —
Gelehrtes Europa ( l'Europe savante), 1, 236.
ÇARMONA {Alphonse), historien espagnol
natif de Prieso, vivait au seizième siècle. On a df
lui : Relacion del descubrimiento y conquistc
de la Florida, en collaboration avec Jean Cotes
Antonio, Bibl. hisp. nova.
CAIS.9IONA {Jean de), médecin espagnol, na
tif de Séville, vivait dans la seconde moitié di
dix-septième siècle. Il fut médecio de l'inqui
sition à EUerena, dans l'Estramadure. On a di
lui : Tractatus, An astrologia utilis sit medl
cis? Séville, 1582, in-8° ; — Praxis utHissima
ac ad curandam cognoscendamque pestilen
tiam appiHme necessaria, sive de peste etfebri
bus cum puncticulis vulgo Tabardillo, adver
sus Joannem Fragosum, qui negaverat pes
tilentes esse hujusmodi febres ; Séville, 1590
in-8°.
Antonio, Bibl. hisp. nova. — Éloy , Dict. — Biogrc
phie médicale.
CARMONA (don Francisco-Ximenès de), m(
decin espagnol, né à Cordoue, vivait ea 1616.
fut professeur d'anatomie à l'université de Sal;
manque, puis il vint exercer la médecine à S(
ville. On a de lui : Tratado de la grande exe
lencia de la agua y de sus maravillas virtt
des, calidades y eleccion y del buen uso t
enfi'iar con nieve ( Traité de l'excellence et d
vertus de l'eau ; ainsi que de l'emploi et du pai
qu'on peut tirer de la neige) ; Séville, 1616, in-4
Antonio, Bibl. hisp. nova.
CARSîONA {don Salvador), graveur esp
gnol, né à Madrid en 1730, mort dans la rnên
ville en 1807. Ses dispositions pour la gravure 1
valurent la protection du gouvernement espagn*
qui l'envoya se perfectionner à Paris, sous 1
leçons de Charles Dupuis. Il fit de tels progrt
que l'Académie de peinture fiançaise l'accueil
dans son sein. De retour dans sa patrie en 17€
il se maria avec la fille du peintre Raphaël Menji
Les gravures de Carmona se distinguent par
fermeté du trait et le moelleux des chairs. 1
principales sont: l'Histoire écrivant les Fasi
de Charles III, roi d'Espagne, d'après S(
mène; — la Résurrection, d'après Carie Va
loo ; — l'Adoration des Bergers, d'après Pieri
— la Vierge et V Enfant Jésus, d'après V
Dyck ; — les Portraits de Boucher et de Coi
de Vermont, gravés pour sa réception à l'Ai
demie.
Arnault, Jouy, etc., Biog. nouvelle des Contemp.
Chaudon et Deiandine, Nouveau Dictionnaire kist,
Nagicr, Neues AUgemeines Kilnstler-Lexicon.
CARAiONTELLE, littérateur français, né à|i
773
CARMONTELLE — CARMOY
774
ris le 25 août 1717, mort dans la même ville le 26
décembre 1806. Ce créateur d'un genre léger,
mais ingénieux, est un de ces hommes de lettres
qui ont eu le grand avantage de venir à propos, et
dans le siècle où ils pouvaient le mieux réussir.
il Carmontelle fut bientôt recherché dans les so-
I ciétés de la capitale pour deux talents de diffé-
rente nature : peintre amateur, il composait très-
rapidement des portraits et des tableaux trans-
parents d'un effet piquant et varié ; auteur sans
ipirétention, il écrivait avec la même facilité de
otites pièces offrant le développement d'un pro-
verbe , et auxquelles on en donna le nom. Ces
ipirituelles esquisses furent bientôt représentées
(ans tous les salons ; elles formaient surtout le
épertoire de ceux qui voulaient, sans théâtre ,
I )uer la comédie à la campagne. Ces jolies baga-
ellesne firent pas seulement la réputation de l'é-
rivain , elles lui procurèrent une place agréable
t 'avantageuse chez le duc d'Orléans. Ce prince ,
ni s'était déjà attaché Collé en qualité de lec-
iur, conféra le même titre à Carmontelle, et en
t, de plus, l'ordonnateur de ses fêtes.
Après la mort de son protecteur, Carmontelle
uissait encore d'une honnête aisance , rehaus-
e par l'empressement qu'on mettait dans le
and monde à le posséder ; mais la révolution,
ai fit succéder des scènes si graves à ces di-
rtissements frivoles, influa d'une manière fâ-
leuse sur sa position. L'homme aimable , qui
ait vécu dans toutes les jouissances du luxe,
trouva en proie à la gêne sur la fin de sa
rrière. Nos théâtres, où l'on avait souvent
lis à profit les idées et les situations drama-
!(ues de ses Proverbes , auraient dû s'acquitter
me dette en venant à son aide ; ce fut un éta-
ssement d'une espèce bien différente qui lui
ocura des ressources inespérées : le rnont-de-
Hé , auquel on n'eût soupçonné aucun rapport
ce la littérature, lui avança une somme assez
sxir le dépét de ses manuscrits ; et, il faut
dire , un tel prêt sur un tel gage n'était pas
ins un hommage rendu à la probité qu'au ta-
de l'auteur.
Proverbes de Carmontelle ( Paris , 1768-
', 8 vol. in-8°), qui ont eu plusieurs éditions et
on a publié deux nouveaux volumes depuis
jWaort, sont encore représentés et même lus avec
.11 est tel de ses successeurs dans ce genre
mis peut-être plus de traits dans sou dia-
te, mais aucun ne l'a surpassé dans la vérité
caractères et le naturel du langage. Son
re de campagne ( Paris, 1775, 4 vol. in-8° )
àucoup moins estimé, quoiqu'il ne soit
Us quelque mérite. Le talent de Carmon-
si original et si vrai dans la comédie des
se trouvait , à ce qu'il paraît , moins à
sur la scène pubhque. Pendant sa longue
|lrière, il n'y fit jouer qu'une seule pièce en un
is, l'Abbé de j)lâtre , qui n'eut pas , à beau-
i'ip près, le succès de ses Proverbes. II se
a dès lors à cultiver le genre où il excellait.
Que d'écrivains n'ont pas eu tant de sagesse l
{Enc. des g. du m.].
Clément et Uclaporlc, Anecdotes dramatiques, t. III,
p. 91. — Jullien, Histoire de la poésie française a l'é-
poque impériale, t. II, p. *ï4. — Desessarts , les Siéclei
lut. — Quéraid, la France littéraire. — Le ha.i, Diction'
naire encyclopédique de la France.
;jCARMOUGHE ( Pierre- Frédéric- Adolphe),
auteur dramatique, né à Lyon le 9 avril 1797.
Ses premiers pas au théâtre furent très-heureux,
et il devint bientôt, avec ses nombreux collabo-
rateurs, le fournisseur obligé des scènes secon-
daires. Ses ouvrages se-recommandent par l'es-
prit d'à-propos et la finesse des détails. H
épousa, en 1824, M"® Jenny Vertpré, charmante
actrice du théâtre des Variétés , celle à qui
l'on reconnaissait le plus petit pied de France
et de Navarre, et qui avait eu de si brillants
débuts à la Porte-Saint-Martin dans la Pie vo-
leuse. Sans vouloir donner ici la trop nombreuse
liste des ouvrages de Carmouche, nous mention-
nerons parmi ceux qui ont eu le plus de succès :
le Précepteur dans l'embarras ;, le Vampire],
d'après lord Byron, avec Ch. Nodier etJouffroy:
ce mélodrame fit la réputation de l'acteur Philippe^
et valut au pauvre comédien un refus de sépultiire
religieuse lorsqu'il mourut ; — la Lune de miel
et l'Espionne russe, avecMélesvjlle. L'Espionne
russe fut jouée en 1829 : cette pièce, épisode de
la campagne de Russie, offrit le singulier spectacle
des soldats de l'empire portant la cocarde blan-
che ; cette concession et le tableau des misères de
la retraite rendirent indulgente la censure si
soupçonneuse de la restauration. Puis vinrent le
Petit homme rouge, qui eut un très grand succès ;
les Duels, ou la Famille Darcourt ; les Deux
Forçats ; et surtout la Permission de dix heu-
res, vaudeville inspiré par deux tableaux célèbres;
il le composa avec Mélesville , son associé fidèle
dans presque toutes ses œuvres dramatiques.
T.-Albert B.
Quérard, la France littéraire. — Beuchot, Journal
de la libr. — Journauis de théâtre.
CARMOY ( Gilbert ) , médecin et physicien
français, né à Paray-le-Monial le 6 décembre
1731, mort le 21 février 1816. 11 fit ses premières
études chez les jésuites de Paray, sa philosophie
à Lyon, et se fit recevoir docteur en médecine
à MontpeUier. Arrêté en 1793, il fut élargi par
le comité de surveillance, à la condition dé sor-
tir pour visiter seulement les malades patriotes.
Carmoy répondit noblement que, coiïime méde-
cin, il ne connaissait pas d'opinion. Le comité
dut céder devant cette généreuse fermeté. On a
de Carmoy : Topographie de Paray , mémoire
qui valut une médaille d'or à l'auteur en 1789;
— Sur la Catalepsie et l' Hydrophobie (dans le
Journal de physique), germinal anviii; — Sur
l' Écoulement électrique des fluides dans les
vaisseaux capillaires, observations adressées à
la Mettrie (dans le Journal de Physique,
an VIII ) ; — l'Influence des astres est-elle aussi
nulle surla santé qu'on le croit communément?
25.
775
CARMOY — CARNÉ
776
mémoire présenté à l'Académie de Mâcon ; —
Observations d'une goutte sereine guérie par
le galvanisme ; 1810 ; — Considérations sur Ce-
Tuption cutanée connue en Bourgogne sous
le nom de puce maligne ( ou plutôt pustule
maligne), une affection gangreneuse de la
peau, gui diffère peu de l'anthrax (dans les
Annales de la Société de médecine de Mont-
pellier, tom. XXI, p. 379).
La Mettrie, Journal de Physique. — Nouveaux Mé-
moires de l'académie de Dijon. — Collisen, Medici-
tiischés Schriftsteller-Lexicon.
*CARNAGO (Ignazio de), théologien ita-
lien, de l'ordre des Franciscains, né à Carnago
(Milanais), vivait en 1666. Il fut l'un des plus
zélés prédicateurs de l'ordre des Capucins, et a
laissé : de Excellentiis B. Virginis Marix ; Mi-
lan, 1616, in-4° ; — Citià di rifugio a' mortali;
ibid., 1655, in-4°; — Manuale servorum beatx
Maria; Virginis , ibid., 1656, in-4°, et Crémone,
1658, in-8°; — Paradisus spiritualis, in quo
agitur de perfectione christiana, de vanitate
et infelicitate hujus sssculi, de felicitate re-
Ugionis et simiUMis ; Milan, 1663, in-4°; —
Turris sacra , erecta supra firmam petram
auctoritatum divinx sapientiae ad gloriam
magnae matris Dei, omnium infirmitatum et
malorum medicss cœlestis ac supremse cura-
tricis; Milan, 1666.
Denis de Gênes , Bibliotheca Scriptorum ordinis Ca-
puccinorum. — Argelati, Bibliotheca Scriptorum Medio-
lanensium. — Richard et Glraud , Bibliothèque sacrée.
* CARNARïCS ( /eaw ), chanoine et médecin
belge. Voîj. Vleeschouwer.
* CARNAVALET OU plutôt KERNOVENOY
(François de), financier et magistrat français,
né en Bretagne vers 1520, mort à Paris en 1571.
Il avait obtenu par ses qualités îa charge de pre-
mier écuyer du roi Henri H, lorsque ce prince,
qui avait eu maintes occasions d'apprécier sa
prudence et son rare mérite, le choisit pour
gouverneur de son fils le duc d'Anjou, depuis
Henri HI. La bonne éducation que Carnavalet
donna à son élève fit concevoir des espéran-
ces qui s'évanouirent lorsque, monté sur le
trône, il subit le funeste ascendant de Catlierine
de Médicis, sa mère. A l'époque où Carnavalet
cessa ses fonctions de gouverneur du duc d'An-
jou , il était chef de son conseil , surintendant
de sa maison , lieutenant de sa compagnie de
cent hommes d'armes , et gouverneur de l'An-
jou, du Bourbonnais et du Forez. Sa répu-
tation méritée de sagesse, d'expérience et de
probité , l'avait rendu l'objet d'un respect si gé-
néral, que le gouvernement de cette époque,
tout perfide et violent qu'il était, ne crut pas pou-
voir se dispenser parfois de recourir à ses con-
seils, malheureusement trop peu suivis. A sa
mort, il fut inhumé dans l'église de Saint-Germain
l'Auxerrois, où le chancelier de Chiverny, son in-
time ami, lui fit ériger un tombeau avec une ins-
cription éiogieuse. On a attribué à Carnavalet la
construction de l'hôtel qui porte son nom, dans
la rue culture Sainte-Catherine, à Paris; monu-
ment tel que l'entendaient les maîtres dans le
seizième et le dix-septième siècle. Ce n'est point
lui qui le fit bâtir, mais bien le président de
Ligneris, vers 1550; et ce fut le fils de ce der-
nier qui le vendit, après la mort de Carnavalet,
à sa veuve Françoise de la Baume , mariée en
premières noces au comtedeMontrevel. Androuet
du Cerceau en donna les plans, et Jean Gou-
jon l'orna de statues ; on lui attribue celles de
la Force et de la Vigilance. La construction, in-
terrompue pendant plus d'un demi-siècle, fut
terminée en 1634 par Mansart, qui respecta
l'œuvre de ses devanciers , et sut accorder avec
beau(;oup d'art les constructions nouvelles avec
les anciennes. Ce curieux monument est menacé
d"être vendu et démoli , comme celui de la Tré-
moniile, lorsqu'on mettra à exécution, dans
quelques années, l'alignement projeté de ce
quartier. P. Levot.
Le p. Anselme, Histoire des grands officiers de la
couronne. — Dulaure, Histoire de Paris. — Sisinondi.
Histoire des Français.
CARNÉ (.... de), romancier français, vivail
en 1758. Il a laissé : Histoire de la comtesse
de Montglas, ou Consolations pour les reli-
gieuses qui le sont malgré elles; Paris, 1756,
2 vol. in-12; — l'Univers perdu et recouvré
par l'Amour, suivi à'Iphis et Amaranthe, ci
l'Amour vengé; Amsterdam, 1758, in-8".
Quérard, la France littéraire.
* CARNÉ (Louis MARCEm, comte de), pu-
bliciste français , né à Quimper en 1804. Issi
d'une famille qui occupe une place distingué
dans l'histoire de la province, il entra au mi
nistère des affaires étrangères en 1825, puis danij
la diplomatie, où il obtint les titres d'attacln
et de secrétaire d'ambassade. Il se retira de cetti j
carrière en 1831, fut nommé membre du consei
général du Finistère en 1833, et député en 1839 j
Il se mêla alors activement aux débats poiiti
ques, extérieurs ou intérieurs. La question d'O
rient attira d'abord son attention; il la plaça su
son véritable terrain, lors de la discussion ai
sujet de l'augmentation des forces navales. C
fut lui qui, au commencement d^ la session d
1845, proposa de blâmer la conduite du cabine
au dehors, et qui remplaça au ministère dej
affaires étrangères M. Drouyn-de-Lhuys, desti
tué pour avoir voté en faveur de cette propo
sition. M. de Carné s'occupa aussi de la libert
d'enseignement au point de vue catholique; et
dans ce but sans doute, il proposa d'affranchi
du certificat d'études les aspirants au bacca
lauréat es lettres. Après la révolution de Février
il reprit ses travaux de publiciste pendant qu
M. Drouyn-de-Lhuys devint ministre des a
faires étrangères. Outre de nombreux article
publiés dans les recueils périodiques et surtout I
Revue des Deux Mondes, on a de M. de Carné
du Système de l'Équilibre, à l'occasion de l
nationalité polonaise; Paris, 1831 ; — Vues su
r77
CARNÉ — CARNÉADE
778
l'histoire contemporaine ; Paris, 1833; — des
Intérêts nouveaux en Europe depuis la révo-
lution de 1830; 1838, 2 vol. in-S" ; — du Gou-
vernement représentatif en France et en An-
(j-Ze^en-e; Paris, 1841. V. R.
Quérard , la France littéraire. ■— Beuchot, Journal de
la Librairie. — Lesur, annuaire hist. — Dict. de la
' conversation.
CARNÉADE, célèbre philosophe grec, né à
\ Cyrène, ville de Libye, vers la troisième année de
la 110" olympiade (213 ans av. J.-C), etmortla
[ 3" année de la 161" olympiade ( 126 av. J.-C. ),
I après avoir longtemps gouverné avec éclat l'A-
! cadémie. Cette école, fondée par Platon, avait subi
! entre les mains de ses successeurs de profondes
1 altérations. Déjà Speusippe et Xénocrate avaient
f laissé dériver la doctrine de leur maître vers le
I pythagorisme. Arcésilas, prétendant ramener l'A-
! cadémie à sa pureté primitive , et la retremper
i aux sources mêmes de la méthode de Socrate,
; l'avait égarée plus gravement encore en la jetant
i dans un scepticisme qui était bien loin de la
! pensée de celui qui avait combattu toute sa vie,
i au profit de la vérité et de la vertu, le dogma-
[ tisme ambitieux des physiciens et les vaines
■ subtilités de la sophistique. Le goût ou plus
exactement la manie des controverses, une ten-
dance prononcée vers les jeuxd'esprit et les luttes
de parole, la négation de tout critérium à l'aide
; duquel on peut distinguer le vrai du faux, et par
suite la négation de toute science ; d'autre part,
la vraisemblance accordée comme règle de la
! conduite ; un compromis entre le doute absolu
de Pyrrhon et les exigences du sens commun :
tel est l'héritage que Carnéade reçut des mains
d'FIégésinus, troisième successeur d' Arcésilas.
Carnéade passe pour le fondateur de l'Acadé-
mie nouvelle. Bien queDiogène deLaërte donne
ce titre à Lacyde, successeur immédiat d'Arcé-
siias, le témoignage de Cicéron nous permet d'af-
itirmer que la doctrine d' Arcésilas se maintint
dans son intégrité Jusqu'à Carnéade.
Quelles sont maintenant les innovations intro-
Iduites par ce dernier dans l'Académie moyenne?
! Arcésilas avait suspendu toute spéculation entre
le oui et le non, la thèse et l'antithèse ; mais il
' j avait fixé la pratique à l'un des deux contraires.
i Carnéade, tout en niant comme Arcésilas la pos-
isibilitéde connaitrela vérité avec certitude, n'alla
pas comme lui jusqu'à nier l'existence même de
la vérité. L'évidence nous fait défaut; mais nous
avons la vraisemblance, dont le sage peut se con-
tenter dans la pratique de la vie, et qui est aussi
jsa seule règle pour la spéculation. Aux yeux
d'Arcésilas, il n'y a pas de vérité; et l'on peut
'soutenir avec une égale autorité le pour et le
'contre en toutes choses. Il y a de la vérité, dit
iCarnéade, mais aux dieux seuls il est donné de
fia comprendre pleinement et sans voile : votre
'intelligence ne perçoit que des apparences plus
ou moins confuses , non ce qui est vrai , mais
seulement ce qui est vraisemblable ; et cette lu-
mière, si incertaine, si faible qu'elle soit, nous per-
met encore lYopiner. Carnéade reconnaissait que
la suspension absolue du jugement est un état
impossible, et qu'on ne peut accorder à l'homme
d'agir après lui avoir défendu de juger. 11 était
en cela fidèle à la pensée de Socrate, qui n'avait
jamais séparé la science de la vertu.
La doctrine de Carnéade sur la vraisemblance
tient étroitement à la polémique qu'il engagea
contre les stoïciens sur la question du critérium
de la vérité. Les stoïciens, les plus fermes repré-
sentants de l'opinion dogmatique à cette époque,
avaient placé le critérium de la vérité dans la
sensation, qui , en même temps qu'elle modifie
notre nature? représente un certain objet. Car-
néade accordait que toute sensation se manifeste
elle-même, et manifeste son objet; mais il niait
qu'elle le manifestât tel qu'il est. La sensation
est, selon lui, comme un témoin infidèle qui rap-
porte indistinctement le vrai et le faux ; et par
conséquent on ne peut lui accorder aucune
créance. La sensation ne saurait être un crité-
rium sûr qu'à la condition de représenter inva-
riablement les choses telles qu'elles sont dans
la réalité. Or, il n'y a pas de sensation qui ne
représente en même temps le vrai et le faux.
Rien n'est moins juste que de la comparer à
l'empreinte que marque un cachet sur la cire.
Car si la représentation sensible était l'empreinte
de l'objet extérieur dans l'âme, un même objet
ne saurait produire dans le même individu plu-
sieurs empreintes , c'est-à-dire plusieurs repré-
sentations différentes. On ne peut donc pas dire
que la sensation soit un critérium du vrai. Car-
néade ne s'arrêtait pas là : il dirigeait contre la
raison les mêmes attaques , pour aboutir à cette
conclusion, qu'il n'existe pas de moyen de dis-
tinguer le faux du vrai. Et, pour assurer et con-
firmer cette conclusion, il citait les illusions des
sens, les erreurs de la raison , armes étemelles
du scepticisme. C'est alors que, reconnaissant
qu'il est impossible au sage de retenir toujours
son jugement, il proposait sa doctrine de la vrai-
semblance. Nul moyen de reconnaître que nos
sensations nous représentent exactement leurs
objets ; mais par rapport à l'esprit la représenta-
tion paraît vraie ou fausse ; et, dans le premier
cas , elle est vraisemblable , dans le second in-
vraisemblable. Qu'est-ce qu'une représentation
'VTaisemblable en elle-même? C'est celle qui ré-
sulte d'une perception déterminée ayant en elle-
même une force persuasive qui varie, suivant l'é-
loignement ou la proximité de l'objet, sa grandeur
ou sa petitesse, la force ou la faiblesse de nos
sens. De là différents degrés entre la vraisem-
blance. En outre, foute représentation est associée
à d'autres représentations qui la contredisent ou
la confirment. Si elle n'est contredite par aucime,
elle a un degré de plus de vraisemblance. Si de
plus une représentation a été soumise à un. exa-
men minutieux, si on a contrôlé avec soin toutes
i les circonstances particulières d'où on l'a tirée, et
779
que rien n'ait pu l'affaiblir, elle atteint le plus
haut degré de la vraisemblance. Ainsi Carnéarde,
tout en proclamant après Arcésilas que la certi-
tude échappe aux prises de la raison, établissait
une véritable échelle de probabilités, dont le de-
gré le plus élevé permet au sage d'opiner aussi
bien que d'agir.
Telle est l'œuvre de Carnéade, et la di fférence qui
sépare la nouvelle Académie de la moyenne. Éten-
dante la spéculation la vraisemblance, qu'Arcésilas
avait circonscrite dans le domaine de la pratique,
Carnéade exagérait encore son inconséquence,
énervait son scepticisme, et ouvrait la porte à la
doctrine plus hardie et plus logique d'^Enésidème.
Carnéade ne borna pas sa polémique à la
question du critérium de la vérité : avide de
luttes , plus curieux de critiquer que de fonder,
il passa toute sa vie disputant contre toutes les
écoles, attaquant toutes les opinions, les plus
raisonnables et les mieux établies comme les
plus superstitieuses et les plus fausses, ne re-
culant pas même devant l'absurde, et recueillant
partout les applaudissements d'une jeunesse
amoureuse des beaux discours, et de laquelle il
ne demandait aucun effort d'esprit. Il prit sur-
tout à parti les stoïciens. Il avait étudié avec
soin les ouvrages de Chrysippe , et s'était fait
initier à leur dialectique par Diogène de Ba-
bylone. H se servit contre eux de leurs propres
armes, les poursuivit sur le terrain de la logique,
de la physique et de la morale ; combattit leur
théologie et leur interprétation du polythéisme
païen; opposa à leur doctrine de la nécessité de
tout ce qui arrive dans la nature, les détermina-
tions libres de la volonté humaine ; et à leur
opinion que tout ce qui existe dans le monde a
été établi en vue de l'homme , l'ignorance où
nous sommes de la fin des choses. En même
temps il attaquait la divination et la croyance
aux oracles; et Cicéron exprime plaisamment sa
pensée, quand il dit que deux augures ne peuvent
se regarder sans rire. Quant à la morale, il
frappait d'une main sur les dogmes du Portique,
de l'autie sur ceux des sectateurs d'Aristippe ,
essayant de garder un certain milieu entre la
sévérité des uns et la facilité des autres.
Au reste, conforme en cela à l'esprit de son
école, il prenait moins souci d'établir ses opinions
f{ue de ruiner celles des autres écoles. La con-
tradiction donnait du ressort à toutes ses facul-
tés ; et Valère Maxime nous raconte qu'il se pré-
parait à la lutte en prenant une dose d'ellébore
pour se tenir l'esprit plus libre, et pour exciter
avec plus de force le feu de son imagination. Il
disait souvent lui-même : Sans Chrysippe, iln'y
eût pas eu de Carnéade; non pas qu'il ait eu
réellement ce philosophe pour antagoniste , mais
il se plaisait surtout à combattre ses opinions, et
tous ceux qui se portaient pour les soutenir.
La vie de Carnéade n'offre rien de remarqua-
ble. Son ardeur pour le travail était si grande
qu'elle lui faisait négliger le soin de sa personne,
CARNÉADE 780
et oublier souvent de prendre de la nourriture.
L'éclat extraordinaire de sa voix , la souplesse
merveilleuse de son esprit, la richesse inépuisa-
ble et l'impétuosité de son éloquence, qu'on a com-
parée à un fleuve rapide qui entraîne tout ce qu'il
trouve sur son passage , la subtilité de ses rai-
sonnements, la vivacité de ses attaques et de ses
répliques, attiraient] autour de lui une foule de
jeunes gens avides de l'entendre, et charmés d'as-
sister à ces controverses qui ressemblaient à de
véritables combats, dont il sortait toujours vain-
queur. Il excellait, en effet, à embarrasser ses
adversaires dans les plis de leurs propres raison-
nements, à les étourdir par des objections inat-
tendues, et à les confondre par une argumenta-
tion vive et serrée. Le bruit de son nom et la
renommée de son éloquence le firent choisir par
les Athéniens pour être envoyé à Rome comme
ambassadeur. On choisit avec lui Diogène de
Babylone, stoïcien, et le péripatéticien Critolaiis.
Ces trois philosophes étaient envoyés comme
avocats pour faire obtenir aux Athéniens la ré-
duction d'un tribut de cinq cents talents , que
Rome leur avait imposé pour avoir pillé la viUt
d'Orope. Pendant la durée de leur ambassade, ils
ouvrirentdes conférences oùlajeunesse de Rome,
oubliant ses plaisirs, se rendait en foule. Déjà le
mot d'Horace était vrai. L'invasion de la littéra-
ture, de la philosophie et des mœurs de lî
Grèce avait commencé à Rome ; et les vainqueurs
s'amollissaient au contact de la civilisation dei
vaincus. Caton lui-même avait appris la langui
grecque, et s'était fait le disciple d'un philosophf
pythagoricien. Carnéade tint école d'éloquence
On raconte qu'un jour il prononça une harangu»
pour louer la justice , et emporta tous les suf
frages : le lendemain , il combattit cette verti
avec autant de force et de succès, et réfuta abon
damment son discours de la veille. Le vieu>
Caton, qui était alors censeur, fut effrayé de voii
les fondements de tout droit et de toute législa
tion établis et ruinés tour à tour : « Donnons:
leur réponse au plus tôt , dit-il au sénat, et lei
renvoyons chez eux. Ce sont des gens qui persua-
dent tout ce qu'ils veulent. » 11 jugeait que riei
n'était plus propre à corrompre les esprits qu
ces discours où l'on ne peut distinguer le vrai
du faux, et qu'en attaquant la justice et la vertui
on attaquait la république elle-même. Six an;
avant cette ambassade ( 1 54 av. J.-C. ), les philo-
sophes avaient été déjà chassés de Rome.
Carnéade semble s'être peu inquiété de mettr
entre sa vie et ses principes cette harmonie s
rare chez les hommes les plus éminents. Tandi;
qu'il faisait gloire de renverser tout l'édifice de li
logique stoïcienne, on dit qu'en secret avec sfti
amis il conservait les vieilles traditions du pla»
tonisme; et, tout en déclamant publiquement
contre la justice, il donnait des maximes de iJ
plus pure morale (1), et vivait selon les réglai
(1) Cette maxime nous a été conservée par Cicéron au I. J
oh. xvni, du de Finibus. « Si l'on savait en secret qu'un
781
CARNÉ ADE
de la justice. Il manquait de fermeté en face de
la mort, et répétait souvent : « La nature saura
bien désunir ce qu'elle a composé. » Ayant appris
que le stoïcien Antipater, un de ses antagonistes,
avait pris du poison, il lui prit une saillie de
courage : « Donnez-m'en donc aussi. » — Quoi ?
lui dit-on. — Du viu miellé, » répondit-il.
Carnéade mourut sans laisser d'ouvrage (I).
; Après lui l'Académie nouvelle s'éteignit, ou plutôt
se traîna sur ses traces entre les mains de rhé-
j teurs sans originalité et de philosophes sans ca-
ractère. B. AuBÉ.
Diog. de La6rt., liv.IV, ch. 9.- Ciccron, Jcadém.,pas-
sini ; de Oratore, 111, 18; de Nat. Deor., III, 12, 14, 17 ;
deFato, il, 14; deDivin.,l, 4,7, IS; de Fin. bon.,Ul, n ;
V, S. — Sexlus Empiricus, 4dt). Matth.,c. 166 et sect. 9. —
Kiiscbe, Prxp. Ev., liv. IV, 8; liv. Xiv, g. -Aulu-Gelle,
XVII, 16. — Elien, Uv. lU, 17. — Pline, VII, 31. — Dict.
de Bayle, art. Carnéade. — J. Brucker, Histuria phi-
losophise, I,7S9; VI, 237.— Corsini . de Carneadis
vita, dans ses Fasti Jttici, IV, 112. — Tiedmaiin, Ges-
o/iic/ite der spechulativen Philosophie, II, S72. — J. Bou-
lez, de Carnéade philosopha ; Gandavi, 1845. — Verburg,
ie Carnéade Romam legato,- VllTaj.,iS^'i.
CXRSEA.V (Etienne), poète français, né à
Chartres au commencement du dix-septième
(Siècle, mort à Paris le 17 septembre 167t. Il
étudia d'abord la jurisprudence sous la direc-
titindeson père, avocat distingué; puis cultiva
1 es lettres, et s'adonna aux langues grecque, la-
[iae, italienne et espagnole. Renonçant jeune
iïiicoreau monde, ainsi qu'à une charge d'avocat
lu parlement de Paris, il entra dans la con-
i^régation des Célestins en 1630, et mourut dans
i-eur monastère de Paris. Dans sa solitude, il cul-
wva la poésie, et fut en correspondance avec les
(plus célèbres littérateurs de son temps. On rap-
porte même que, pendant une séance de l'Acadé-
ûaie française, un membre s'écria en entendant
lire quelques-unes de ses poésies ^
.... Graiif dédit ore rutondo
-Musa loqni ;
lit que cet éloge fut approuvé par tous ceux qui
étaient présents
Le P. Carneau a composé un grand nombre
0'ouvrages dont rénumération seule remplit deux
p&^6sde\&£ibliothèque ChartrainedeB. Liron.
(éd. ms. ). En voici les plus intéressants: l'Éco-
nomie du petit monde, ou les Merveilles de
\Dieii dans le corps humain : ce poëme a été
^onprimé plssieurs fois à Paris ; — la Stimmi-
machie (in -8°, Paris, 1658) : c'est une satire en
ivers contre l'usage de l'antimoine ou émétique;
l'auteur la dédia à la faculté de Paris; — le
\Psautier du courtisan converti, composé de
Urente-quatre psaumes , conservé en manuscrit
!
FTpersonne à la mort de laquelle on aurait Intérêt doit
iirtiiir s'asseoir sur de l'herbe où serait caché un aspic, il
Ifauilrait l'en aTertir, quand bien luème personne ne
tiuwrait savoir que vous avez gardé le silence. »
0 i U ne faut pas le confondre avec ce Carnéade, poëte
Liegiaque, cité par Diogéne Laërce. Théoplirasle, dans
jàas Fies des Sophistes, parle aussi d'un Carnéade, so-
(phiste athénien du même nom, dont l'éloquence était cé-
jlèbre. Enfin Eunape cite un Carnéade appartenant à la
I secte des cyniques, et^vivant à l'époque de Déœélrius et
Ue Mdnippe,
— CARNEIRO 782
dans la bibliothèque des Célestins de Paris ; —
Poëme Ihéologique de la correction et de lu
grâce. Le P. Carneau a suivi fidèlement ou même
traduit le livre que saint Augustin a composé
sur cette matière. Ce poëme contient 300 vers
français. L'auteur l'ayant envoyé à M. Amauld
d'Andilly, celui-ci le renvoya à Carneau avec
une lettre remplie de louanges.
Carneau a composé en outre une grande quan-
tité de sonnets, de paraphrases, d'hymnes, de
cantiques et d'épitaphes en vers et en prose. Il
avait composé lui-même son épitaphe en latin
et en français, où il s'est peint en ces vers :
Qui Jacet hic multum scrlpsit prosnque raetroqiie,
Atque latens sparsit nomen in crbe suura.
Praîclaras artes colult, sed fîrmius unam,
lllam prseclpue quae bene obire docet.
(Ci git qui, s'occupant et de vers et de prose,
A pu quelque renorei dans le monde acquérir.
UainiH les beaux-arts; mais, sur toute autre chose.
Il médita le plus celui de bien mourir. )
D. Llron, Bibliothèque Chartraine, ras.
CARiVEiRo (Antonio), historien portugais,
né à Fronteira, vivait en 1625. Il était procureur
de l'ordre de Calatrava et trésorier de l'armée
espagnole envoyée dans les Flandres, en 1585,
par Philippe II. Il a laissé la relation de cette
guerre sous le titre de : Historia de lasguerras
civiles qite ha hacido en los Estados de Flan-
dres, desde el aùo de MDLIX hasta el de
MDCIX; Madrid, 1612, in-4° ; Bruxelles 1625,
in-fol.
Nie. Antonio, Bibl. hispan. nov.
CARNEiRO { Antonio- Mariz), mathémati-
cien portugais, né vers la fin du seizième siè-
cle, mort en 1642. Il étudia d'abord le droit civil
à l'université de Coïmbre, puis s'occupa avec
passion des mathématiques, dans lesquelles il fit
de grands progrès. Bientôt il s'embarqua pour
les Indes orientales ; et ce fut durant ce long
voyage qu'il se désabusa touchant une préten-
due déco'ivertfi qu'il croyait avoir faite : il acquit
la certitude qu'il ne possédait pas le moyen de
préserver de toute variation l'aiguille aimantée.
Il succéda à Manuel de Menezès dans l'emploi
de cosmographe en chef. Il mourut à Lisbonne,
et est enterré dans l'église de Saint-£loi. On a de
lui : Regimento de Pilotos e Roteiro das nave-
gaçôes da India oriental, novamente emen-
dado e acrescentado com o Roteiro de Sofala a
Mozambique, e com os portos e barras de Fi-
nisterre até o estreito de Gibraltar com suas
altural sondas e démens traçôes ; Lisbonne,
1642, iB-4°. Le licencié Andres Poza publia,
longtemps après la mort de Carneiro, un traité
écrit en espagnol, et que l'on recherche encore
aujourd'hui : ffldi'ographia la mas curiosa
que hasta hoy a la lus, ha salido, recopilada
de varias y escogidos autores de la navegacion .
Impresoen San- Sébastian; 1675, in-4".
Ferbunand Denis.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana. — Fernaiidei;
de Nav.nrrette, Disertacion sobre la historia de la Nau- ■
tiea; Madrid, 1S46.
I
783
CARWEIRO —
CARNËiRO (Biogo-Gomez), historien et
littérateur portugais, né à Rio de Janeiro au Bré-
sil, mort à Lisbonne le 26 février 1676. Après
avoir été secrétaire du roi Alfonse , qui le créa
marquis d'Aguiar, il fut nommé historiographe
du Brésil. On a de lui : Araçao apodixica aos
scismaticos da Patria; Lisbonne, 1641, in-4° :
cest une apologie de la révolte du Portugal,
qui venait de secouer le joug de l'Espagne ; —
Historia da guerra dos Tartaros em China ;
Lisbonne, 1657, in-l6 : cette histoire de la con-
quête de laChine par le Mandchou est traduite
du latin du P. Martini ; — Jnstniçao para bem
crer, bem ohvar, bem pedir em cinco trata-
dos; tradoizos do latim do P. Joao-Eusebio
Nier embr ey ; Lisbonne, 1680; — Epigrammata
latina, dans les Mémoires funèbres de D. Ma-
ria de Ataide. Le traité intitulé Mémorial de
praciica do Montante, etc., se trouve en ma-
nuscrit dans un des couvents d'Evora.
Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana.
*CARNEiRO {Fra Manoël), carme et com-
positeur portugais, né à Lisbonne vers 1650, et
mort en 1695. Il était excellent organiste, et a
laissé les ouvrages suivants : Responsorios e
liçoens das matinas de Sabbado santo, à deux
chœurs ; — Idem, de Paschoa , id. ; — Missa
de defuntos, id. ; — Psalmos, motetes e vil-
hancicos, à diverses voix.
B. yiachadOjBibliot/ieca Lusitana, III, 214. — Fétis,
Biographie universelle des musiciens.
CàRNËiRO ( Melchior ) , missionnaire portu-
gais , issu d'une famille noble de Coïmbre, mort
à Macao le 19 août 1583. Il s'était déjà fait
une certaine réputation comme savant dans sa
ville natale, lorsque les jésuites l'attirèrent dans
leur communauté en 1543. Il fut bientôt le pre-
mier recteur du collège établi par la congréga-
tion à Coïmbre. Ignace de Loyola, l'ayant ap-
pelé à Rome , le fît ensuite nommer par le pape
Jules III évêque de Nicée et coadj uteur du patriar-
che d'ÉUiiopie. En 1555 il alla à Goa; mais ses
efforts tendant à convertir les Juifs de Cochin
à l'aide de l'inquisition, qu'il introduisit aux
Indes, n'aboutirent qu'à l'extinction partielle
des Juifs. Il ne semble pas avoir réussi davan-
tage dans la conversion des chrétiens de Saint-
Thomas, sur la côte de Malabar. En 1567 il
fut nommé évêque de la Chine et du Japon , et
il exerça ces fonctions jusqu'à sa mort. On a de
lui : Duas Carias sopre a Missào{den\ Let-
tres sur les Missions. )
Barbosa Macbado, Bibliotheca Lusitana.
*CARNEiRO DA SYLVA (Joaquim) , gra-
veur et écrivain portugais, né à Porto en 1727,
mort en 1818. Cet artiste remarquable passa au
Brésil dès l'âge de douze ans. A Rio de Janeiro,
il devint l'élève de Jean Gomez, qui était gra-
veur de la monnaie. Non-seulement il étudia son j
art, mais il devint musicien habile, et ne de- (
metira point étranger à la littérature. U ne resta !
pas néanmoins dans l'Amérique portugaise, et !
revint à Lisbonne en 1756. L'année suivante, 1
GARNEVALE 784
Rome le voyait arriver avec l'intention d'étudier
ses chefs-d'œuvre. Un ordre émané de D. Fran-
cisco d'Almeida ayant rappelé tous les Portu-
gais qui faisaient leur résidence dans cette ville,
il passa à Florence pour se perfectionner dans
son art. En 1769, nous le trouvons à la tête d'une
école de gravure attachée à l'imprunerie royale
de Lisbonne ; il y jouit d'un traitement honora-
ble, et il y forma un grand nombre d'élèves.
Plus tard il devint maître de dessin du collège
des nobles. J. Carneiro, revêtu de tous les em-
plois qu'il pouvait ambitionner, ne négligeait rien
pour se perfectionner dans im art qu'il aimait
avec passion, et il vint à ses frais à Paris pour y
étudier. Il s'éteignit à Lisbonne à quatre-vingt-
onze ans.
On a de cet artiste laborieux un grand nom-
bre de gravures, parmi lesquelles on cite : la
Statue équestre de Joseph ; — un Enfant Jésus
porté par saint Joseph; — les planches nombreu-
ses du livre de Gai-valho sur l'Équitation ;
— l'Acclamation de dona Maria, etc. Il a
aussi traduit plusieurs ouvrages utiles du fran-
çais en portugais, tels que les Éléments de
Géométrie de Clairaut, Lisbonne, 1772, et le
Traité théorique des caractères typographi-
ques, pubUé en 1802, etc. Ferd. Denis.
Cte. Raczynskl , Dictionnaire liistorico-artistique du
Portugal; Paris, i847. — Le cardinal Saralva, Lista dos
Artistas, etc., pub, en 1849.— Cyrillo Voitmar Machado,
Collecçao de.Memorias, etc.
*CARWEVALE {Antoine), astronome et as-
trologue italien, vivait à Ravenne dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. On a de lui : Os-
servazioni sopra la prossima ecclisse del sole
al 12 agosto 1654 ; — gli Arcani délie Stelle
intorno a' piii notabili eventi nelle cose del
modo per l'anno 1660 (Annuaire astrologique);
— gli Arcani, etc., per V anno 1662; — gli
Arcani per gli anni 1668, 1671, 1672 et 1675.
Cinelli, Bibliotheca volante. — Adelung, suppl. à Jô—
clier^ Allgem. Gelehrt.-Lexic.
*CAR1VEVALE {Bartolommeo-Cornidino
peintre de l'école romaine , né à Urbin au com-
mencement du quinzième siècle, mort vers 1478.
Il avait à peine appris les premiers prin(;ipes de
l'art lorsqu'il entra dans l'ordre des Dominicains ;
aussi le désigne-t-on ordinairement sous le
nom de Fra Carnevale. Ses nouveaux devoirs nei
lui firent pas abandonner la culture des arts , et
il devint un des plus grands artistes qu'Urbin ait
possédés au quinzième siècle ; on dit (et cela suffi- 1
raitpour sa gloire) que ses ouvrages furentétudiés
par le Bramante et par Raphaël. Une belle 3fa-
done entourée deplusieurs saints, peinte par ce
maître, était restée à Urbin dans l'église des Ré-
formés ; elle est aujourd'hui au musée de Milan.
Dans la perspective et les draperies on retrouve
les défauts et la sécheresse propres à son siècle ;
mais ces imperfections sont largement compen-
sées par la vivacité du coloris , la noblesse, l'ani-
mation et la vérité des têtes. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Ticozzi, Dizionario,
f85 CARNEY
CARNET (Jean-Aiexandre de) , physicien
ft-ançais, né à Montpellier en 1741, mort dans la
l^mëine ville en 1819. Il était membre tie l'Acadé-
mie de Béziers. On a de lui : Mémoire sur les
poids et mesures, présenté, le 12 avril 1791, au
•directoire de l'Hérault; Montpellier, 1792, in-8";
— de la Géographie physique, considérée
comme devant frayer la voie tant à la géogra-
phie astronomique ou mathématique qu'à la
géographie politique ou civile ; Montpellier,
1803, in-8°; — Mémoire lu en 1803 à la Société
libre des sciences et belles-lettres de Mont-
pellier; — de la Correspondance entre les
couleurs et les lettres ou chiffres , et de la
•double télégraphie qui emi-ésulte; Montpellier,
1806, in-8°; — Règle nouvelle de Prosodie la-
Hned'un usage très-éte7idu;Montpe]lier, 1808,
m-8° ; — Eloge de M. de Senès, ingénieur du
•"o*, imprimé dans les Éloges des Académiciens
tîe Montpellier.
Quérard , la France littéraire.
*CARNiN {Claude de), chanoine et théolo-
gien français , vivait en 1621. H était curé de
saint-Pierre de Douay, et a laissé : Traité de la
force et de la Puissance des lois humaines;
Douay, 1608; — Attaque de la tour de Ba-
lel, ou Défense de la police ecclésiastique et
nvile; Anvers, 1620, et Douay, 1621 ; — te Ré-
publique naturelle et intérieure des âmes
dans l'esprit de chacun de nous, etc.
Uupin, Table des Aut. ecclés. (dix-septième siècle). —
Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.
CARNio {Antonio), peintre italien, né et
.mort'près de Porto-Gruaro (Frioul ) , vivait en
1680. Il eut d'abord son père pour maître, puis
5e forma en copiant Tintoret et Paul Véronèse.
D vint ensuite s'établir à Udine. Ingénieux
dans les détails des grands sujets d'histoire ,
hardi dans son dessin , heureux dans le coloris,
expressif dans ses figures et leurs mouvements ,
iil effaça tous les peintres de sa patrie depuis le
Pordenone. Cependant, par une raison inconnue,
iil mourut dans une excessive pauvreté. Udine
«t ses environs abondent de ses toiles, mais peu
sont finies ; et ses meilleures ont été gâtées par
ceux qui ont voulu les retoucher. On voit encore,
dans l'église de Santa-Lucia à Udine, un Sairit
\Thomas de Villcmuova ; et dans quelques mai-
Sons particulières de la même ville, des demi-
figures et des portraits de Carnio qui révèlent un
talent de premier ordre. A Porto-Gruaro, on fait
voir aussi quelques-unes de ses peintures. Mais
celles de l'église de Saint-François , le Rédemp-
j teiir lavant les pieds des Apôtres, et la der-
! nière Cène, datées de 1604, appartiennent à son
! père. Il ne faut pas confondre non plus Antonio
i Carnio avec un autre peintre du même pays
i nommé, Girolamo Carnio, qui vint après lui et
: lui fut très-inférieur.
i MarieUe, Abecodario. — Laiizi, Storia pittorica.
*CARXOLi (iîn(7?),connuaussisouslespseudo-
nymesde VirgiliQ NOLiRCi et Giîilio LORANCi,
— CARNOT
786
biographe italien, né à Bologne en 1618, mort
dans la même ville en 1693. Il entra dans la com-
pagnie de Jésus, où il professa pendant six ans la
grammaire et la rhétorique , et pendant huit la
philosophie et la théologie. Carnoli a laissé : Vita
venerabilis Ilieronymi Taurellii, nobilis Fo-
roliviensis ;FoT\\g,no, 1652, sous le pseudonyme
de Giulio Loranci ; — Oratio in erectione Acade-
mix Accensorum Mantuee ; Bologne, 1655; —
Hypotyposis Philosophix , seu summa ejus-
rfem; Bologne, 1657; — délia Virtù del S. pa-
dre Ignazio di Loyola; Bologne, 1658 ; — Vita
di S. Ignazio di Loyola, sous le pseudonyme de
Virgilio Nolarci; Venise, 1680.
Alegarabe, Bibl. Script, societ. Jesu.
CARNOT {Joseph-François-Claude), publi-
ciste et magistrat français , l'aîné de quatre frè-
res qui ont illustré leur nom , naquit à Nolay
(Côte-d'Or) le 22 mai 1752 , et mourut le 31 juil-
let 1835. Avocat au parlement de Dijon en 1772,
il avait été plusieurs fois nommé syndic ( bâton-
nier ) de son ordre , lorsqu'il entra dans la ma-
gistrature et y exerça les fonctions du ministère
public. La France était alors , comme la Grande-
Bretagne aujourd'hui, sous l'empire dn droit cou-
tumier, mais écrit depuis plusieurs siècles, et du
droit romain, si favorables aux procès, en pré-
sence des privilèges de toute nature, des grandes
corporations et des juridictions d'exception. La
procédure civile était hérissée de formes barba-
res, et bien plus coûteuses qu'aujourd'hui; et la
procédure criminelle avait cessé depuis longtemps
d'être publique. On jugeait les accusés sur des
preuves écrites et secrètes ; et , pour obtenir la
vérité, on pratiquait la question ordinaire et extra-
ordinaire. Louis XVI n'abolit la question prépa-
ratoire que le 24 août 1780, et la question préa-
lable que le 1^"^ mai 1788 , par une ordonnance
d'ailleurs très-libérale , qui s'allie avec la loi du
mois d'octobre 1789. Carnot éprouva, pendant
près de vingt années , tout ce que ce régime
avait de dangereux pour les accusés : aussi
embrassa-t-il avec zèle les réformes de 1789
et les principes politiques de cette révolution,
et il y est resté fidèle pendant le cours de
sa laborieuse vie. Premier suppléant du tribu-
nal d'Autun en 1790, il fut nommé commissaire
au tribunal de Dijon en 1792, et commissaire
près le tribunal civil et criminel ( c'est-à-dire
procureur général) du département en 1796. Lors
de l'établissement du gouvernement consulaire
en 1799-1800, il fut investi du titre deprocureur
général près le tribunal d'appel de Dijon ; et en-
fin il fut nommé, par le sénat, juge au tribunal
de cassation le 24 ventôse an ix (15 mars
1801.) Il a exercé ces dernières fonctions pen-
dant trente-quatre années , jusqu'à sa mort. Il
a rendu des services considérables à la juris-
prudence criminelle en publiant des commen-
taires étendus sur les deux codes d'instruc-
tion et pénal, le premier en 1812 , refondu en
1829, avec un supplément en 1835 (4 vol. in-4") ;
787
CARNOT
le second en 1823, Tiédit., et 1836, 2"^ édit. pos-
thume (2 vol. in-4''). Ce sont des ouvrages prati-
ques, mais éclairés par la jurisprudence de la
chambre criminelle de la com- de cassation , où
il demeura longtemps, et par les lumières d'un
esprit humain et expérimenté. II était du nom-
bre de ces magistrats qui ne torturent pas le
sens des lois pénales pour augmenter la répres-
sion, et qui attendent, pour frapper, que le légis-
lateur se soit expliqué clairement. Il y voyait
plus volontiers des garanties pour les accusés,
etion lui reconnaît le mérite d'avoir résisté à
l'esprit étroit et matérialiste qui tendait à faire
des codes de 1808 et de 1810 une lettre rigou-
reuse, et contraire aux principes philosophiques
du droit, tels qu'ils ont été pratiqués par
M. Portalis quand il présidait cette chambre , et
sous la présidence de MM. de Bastard et Lapla-
gne-Barris. Ces ouvrages ont perdu de leur auto-
rité. Quoique le laborieux magistrat ait consacré
sa vie à les tenir au courant des progrès que
cette jurisprudence a faits depuis 1824, on leur
reproche de l'inexactitude dans les citations,
provenant d'un défaut de vérification des arrêts
dont il s'appuie; mais on les cite encore, et l'on
devi'a les consulter toujours comme le fruit
d'une longue expérience , et d'un esprit aussi
jaloux des intérêts des accusés que de ceux de la
société. Jamais on n'y trouve rien de subtil ; tout
est franc et droit. Carnot a publié encore en 1819
un écrit intitulé les Codes d'instruction cri-
minelle et pénal , mis en harmonie avec la
charte , la morale publiq^ie, les principes de
la raison, de la justice et de Vhumanité. «Ces
savants écrits , a dit un savant pubUciste qui
lui-même avait, l'année précédente (M. Béreo-
ger en 1818 ), pubhé un ouvrage dans lequel il
avait signalé de grands abus et les proscrip-
tions de 1815 et de 1816, sont une protestation
contmuelle , quelquefois éloquente , et toujours
logique et mesurée, contre l'esprit tyrannique et
oppresseur qui présida à un grand nombre des
dispositions de nos codes criminels. » On con-
naît aussi les jugements qu'en ont portés, dans
leurs ouvrages, M. Dupin aîné en 1820, Legra-
verend, émule de M. Carnot par son grand ou-
vrage sur l'instruction criminelle en 1825,
M. le président Mesnard en 1830, et M. Odi-
lon Barrot , président du conseil des ministres,
par l'institution d'une commission de révision
en 1849. Malgré les réformes de 1832, le gou-
vernement d'alors pensait que le code entier
(celui de 1808) était à reviser; mais il n'a été
donné suite à cette déclaration de principe que
pour en étendre les dispositions répressives, ou
pour revenir à ses dispositions rigoureuses.
Carnot a complété ses travaux sur la législa-
tion, en 1819, par son traité surlei Responsabilité
(si nécessaire) des ministres ; en 1820, par son
Commentaire sur les lois (libérales) de la
presse; et en 1821 , par son traité sur la dis-
cipline judiciaire et celle des officiers publics.
Il n'a publié qu'une brochure politique, sous
titre : les Proscrits reproscrits, ou l'Ordre
jour du il mai 1819 ; mais c'était pour la c
fense du vote de son frère dans le malheure
procès de Louis XVI ; et, comme ce genre d'écr
répugnait à ses habitudes , il garda l'anonyn
Il fut appelé en 1832 à l'Académie des scienc
morales et politiques, formée au sein de l'institi
et son éloge académique y fut prononcé, le
août 1835, par son collègue M. le président I
renger. Comme magisti-at , Carnot avait u
grande aménité en même temps qu'une grau
fermeté de caractère, et a joui de la considéi
tion la mieux méritée. Isambert.
Notice par M. Garbé, Gazette des Tribunaux,'! a(
1835.— Éloge par M. Béreuger, Revue de Législ, lu-ie-
CARNOT {Lazare-Nicolas-Marguerite), c
lèbre homme d'État et général français, frère (
précédent, naquit à Nolay, petite ville de Bourg,
gne, le 13 mai 1753, et mourut le 2 août 1823. 1
famille, depuis longtemps connue dans la pn
vince, avait déjà produit un grand nombre d'hoi
mes démérite. Son père était lui-même un avec;
très-distingué, qui avait dix-huit enfants, et q
sut leur donner à tous une éducation excellenl
Dès son enfance, Lazare Carnot donna d
signes non équivoques d'une intelligence activ
étendue , vigom'euse, et d'une aptitude spécia
pour les sciences mathématiques et l'art mil
taire. Il fit ses premières études dans la maisc
paternelle, et n'entra qu'à douze ans au colley
d'Autun. A quinze ans, il y fit sa rhétoriqu
Puis on le mit au petit séminaire de la mêrr
ville, pour qu'il y fît sa philosophie. Son séjoi
dans cet établissement développa tellement i
lui le sentiment religieux , qu'il fut un momei
question, dans sa famille, de le faire entrer dan
les ordres. Mais l'avis contraire prévalut, <
Carnot fut envoyé à Paris dans une école spe
ciale, où les jeunes gens qui aspiraient à la cai
rière du génie militaire se préparaient aux exa
mens. Les railleries dont ses camarades y asi
saillirent son extrême dévotion le portèrent à ré
viser alors ses études philosophiques, et il ei
résulta de grands changements dans ses opi
nions religieuses ; mais cela ne lui fit point né
gliger la géométrie et l'algèbre, où il fit de tel
progrès que d'Alerabert, qui^ionnaissait le di
recteur de Técole, remarqua le jeune Carnot, e
lui adressa des paroles llatteuses, que celui-c
n'oublia de sa vie, et ne répéta jamais sans émo
tion. Carnot comparut enfin devant l'abbé Bos-
sut ; et, ce sévère ex^aminateur ne l'ayant pi
prendre en défaut, il fut admis au grade de lieU'
tenant en second du génie, et alla recevoir les W
çons de l'illustre Monge à l'école de Mézières,
H en sortit lieutenant en premier en 1773, el
fut envoyé à Calais. Là il mena , malgré sa jeu-'
nesse , une vie sérieuse et retirée , et consacra
invariablement à l'étude tout le temps que ses
fonctions lui laissaient. Pour se délasser , il cul-
tivait la poésie, et composa vers cette époque un
11)1
^7«9 CARNOT
certain nombre de pièces de vers qui ne sont pas
sans mérite. En 1783 , la découverte de la navi-
gation aérienne frappa vivement son imagination.
iMais, comprenant que cette découverte resterait
*" i l'état de curiosité scientifique tant qu'on n'au-
rait pas trouvé le moyen de diriger les ballons ,
ij chercha immédiatement la solution de ce diffi-
;ile problème. Bientôt après il adressa à l'Acadé-
mie des sciences un mémoire « où, dit M. Arago,
1 soumettait à ses maîtres un dispositif de rames
égères qui, suivant lui, devaient conduire au
^1' but. » Il est fâcheux que ce mémoire n'ait pu
éifAtre retrouvé.
Carnot venait d'être nommé capitaine. L'Aca-
iémie de Dijon ayant mis au concours, en cette
même année 1783, l'éloge de Vauban, Carnot en-
« I reprit cette tâche , et fut couronné. Officier du
«I i jénie lui-même, il était, en effet, plus propre que
"J < personne à comprendre, à exposer, à juger les
.Tavaux du grand ingénieur. Mais ce qui donnait
i son ouvrage un caractère et une valeur inat-
;endus , c'est qu'à travers l'homme de guerre il
xl ivait aperçu et étudié le publiciste , et avait su
f l'endre à la Dîme royale la justice que pres-
que tout le monde lui avait jusqu'alors déniée.
Les hardiesses que contenait cette seconde partie
le l'œuvre de Carnot n'empêchèrent ni l'Acadé-
mie de lui décerner le prix , ni Buffon , qui la
présidait, d'en faire l'éloge. Le célèbre prince
Henri, frère du grand Frédéric, qui assistait à
la séance , appréciant tout ce qu'il y avait de
mérite dans V Eloge de Vauban, s'efforça d'at-
tacher l'auteur au service de la Prusse , et lui
fit les offres les plus brillantes. Mais Carnot ai-
mait trop sa patrie pour être séduit. Une phrase
de cet^^op'e de Vauban, mal comprise, lui sus-
icita une querelle littéraire avec le marquis de
IMontalembert, qui , bien que général dinfante-
iirie, venait d'écrire sur l'art des fortifications.
iCamot, grossièrement attaqué, se défendit avec
(une modération, une convenance, une politesse
telles, que son adversaire vaincu répara ses excès
de plume par une rétractation spontanée. Mais
Carnot, dans sa réponse, avait eu l'imprudente
franchise de proclamer bonnes certaines innova-
tions proposées par le marquis, et que les chefs
supérieurs du corps du génie avaient repous-
8ées. Cela fit scandale ; et Carnot, frappé d'une
lettre de cachet, alla expier à la Bastille le tort
d'avoir été d'un autre avis que ses anciens.
Cela se passait en 1784. Il avait publié , l'an-
née précédente, un autre ouvrage d'une extrême
importance , intitulé Essai sur les machines ,
où se trouve un théorème nouveau sur la perte
des forces, qui est rangé au nombre des plus
belles découvertes de la science mécanique.
I « Ce beau, ce précieux théorème, dit M. Ara-
go (1), est aujourd'hui connu de tous les ingé-
nieurs ; il les guide dans la pratique ; il les garan-
tit des fautes grossières que commettaient leurs
790
{i) Biographie de Lazare- Nicolas-Marguerite Carnot,
page 16,
, devanciers. » £t l'illustre astronorae ajoute un
peu plus loin, après avoir cité Huyghens , Gali-
lée , Newton , Euler, Pascal , Laplace , etc. :
« Voilà les illustres personnages à côté desquels
Carnot est allé se placer par la découverte de
son beau théorème ! »
Pendant qu'il se livrait à ces sévères études,
Je grand mouvement d'idées qui agitait la France
depuis un demi-siècle arrivait enfin à son terme,
et la révolution éclata. Carnot n'y prit pas d'a-
bord une part active. Il n'émigra point, comme
l'ont imaginé certams biographes : il resta tout
simplement ce qu'il était, officier du génie. Mais
un homme d'une intelligence aussi étendue et
d'un patriotisme aussi ardent ne pouvait rester
étranger à l'immense mouvement d'idées qui se
produisait alors, ni voir avec indifférence les
grands travaux par lesquels l'assemblée consti-
tuante posait les bases du droit politique mo-
derne, et renouvelait la face de la France. Il
adressa plusieurs mémoires à l'assemblée ; l'un
de ces mémoires avait pour objet le rétablisse-
ment des finances. Il y proposait de payer les
dettes de l'État avec les biens du clergé, évalués
à dire d'experts, et livrés aux créanciers en na-
ture. Ce mode de libération aurait prévenu la
dépréciation profonde où tombèrent si rapide-
ment les biens nationaux; il aurait dispensé
l'assemblée d'avoir recours aux assignats , ou ,
tout au moins, lui aurait permis d'en restrein-
dre considérablement l'émission. — Carnot se
maria, en 1791 , avec la fiUed'un administrateur
militaire de Saint-Omer, où il était alors en
garnison ; et peu après s'ouvrirent les élections
qui devaient produire l'assemblée législative :
Carnot fut nommé représentant du départe-
ment du Pas-de-Calais. Il y fit partie successi-
vement du comité diplomatique , du comité de
l'instruction publique, et enfin du comité mi-
litaire. Il se fit remarquer dans tous les trois ,
et surtout dans le dernier, où ses connaissances
spéciales le mettaient à même de rendre les
plus utiles services. Il y acquit bientôt une
grande autorité, bien qu'il y eût d'abord essuyé
un échec assez grave. C'était au commencement
de la session, le 2 janvier 1792, et on ne le con-
naissait pas encore. Il s'agissait de réparations à
faire à la citadelle de Pei-pignan. Carnot, montant
à la tribune, proposa de détruire non-seulement
la citadelle de Perpignan, mais toutes les citadel-
les de France. L'assemblée se récria si fort et si
obstinément, que l'orateur ne put se faire en-
tendre, et fut obligé d'expliquer par la voie des
journaux que les citadelles sont construites pour
dominer les viUes et les asservir, beaucoup plus
que pour les défendre. Et cela était vrai ; mais
c'est le sort de la vérité d'être toujours repous-
sée, la première fois qu'elle se montre. Au mois
du juin suivant , le général Dillon et le colonel de
Berthois ayant été massacrés par leurs soldats,
ce fut Carnot qui rendit compte à l'assemblée
de ce funeste événement, dans ua rapport où il
791
CARNOT
79:
demanda un décret qui flétrît les assassins, et
qui honorât la mémoire des Tictimes. Il pro-
posa, au nom du comité militaire, l'élimination
des officiers dévoués à l'ancien régime, et leur
remplacement par des sous-officiers : mesure
intelligente , et sans laquelle la révolution n'au-
rait pu être sauvée. Il s'opposa énergiquement
aux tentatives du ministre de la guerre, M. de
Narbonne, pour ramener les troupes sous le
joug de l'obéissance passive. Il prit part à tou-
tes les résolutions de l'assemblée, qui se voyait
sur le point d'être attaquée par le pouvoir exé-
cutif. Tels furent le décret qui licencia la garde
du roi, celui qui créa deux nouvelles divisions de
gendarmerie, celui qui accrut la garde nationale
d'un grand nombre de citoyens armés de'piques,
à défaut de fusils, que l'on n'avait pas. Ce fut
sur son rapport que les piques furent adoptées,
et il eut besoin d'y revenir à deux fois. Ce vote
important n'eut lieujque le 1*"^ août, et l'on com-
prend sans peine quelle influence il dut avoir
sur les événements du 10. Mais Carnot ne le pré-
senta pas lui-même, chargé qu'il était d'aller ins-
pecter le camp de Soissons, afin d'éclairer l'as-
semblée sur un bruit absurde qui venait de se
répandre. On disait que la cour avait tenté d'em-
poisonner les volontaires fédérés rassemblés en
Champagne par du verre pilé, pétri avec leur
pain; et les jacobins exploitaient cette rumeur
avec leur ardeur et leur violence habituelles.
Carnot, étranger à toutes les coteries et supé-
l'ieur à l'esprit de parti , établit qu'il ne s'était
réellement ti'ouvé de verre que dans un seul pain ;
que ce verre n'était point pilé, et venait d'un car-
reau cassé par accident au magasin des farines.
Après le 10 aoilt, Carnot fut chargé d'aller re-
cevoir, au nom de la nation, le serment civique
de l'armée du Rhin. Il revmt de là au camp de
Chàlons, et ne se trouva point à Paris aux af-
freuses journées du 2 et du 3 septembre. Il fut
élu membre de la convention, et y continua le
rôle qu'il avait joué à la législative, étranger aux
quereUes des partis, dédaignant l'intrigue, et ne
songeant qu'au bien du pays. Il fut chargé, le
jour même où fut décrétée la mise en jugement
de Louis XVI, d'aller dans le département des
Basses-Pyrénées présider à l'organisation d'un
corps d'armée destiné à protéger cette frontière.
Il revint à Paris an commencement de janvier,
et siégea dans ces séances orageuses où le sort
du roi fut décidé. Voici le texte même de son
vote : « Dans mon opinion, la justice veut que
Louis meure, et la politique le veut également.
Jamais, je l'avoue, devoir ne pesa davantage sur
mon cœur que celui qui m'est imposé. » Peu
après, Carnot fut chargé d'aller, au nom de là
convention, surveiller les opérations de l'aile
gauche de l'armée du Nord, où sa présence fut
très-utile. Puis il reçut l'ordre de se joindre
au ministre de la guerre Beurnonville , que la
convention envoyait avec d'autres commissaires
à l'armée de Dumoudez. Il eut le bonheur de
n'y arriver qu'après la trahison et la fuite de o
général ; autrement il aurait partagé le sort di
ministre et des commissaires.
Pendant ce temps les girondins et les monta
gnards, dans le sein de l'assemblée souveraine
se préparaient au combat. Carnot, comme nou:
Tavons dit, n'appartenait ni à l'une ni à l'autri
faction. Il voulait purement et simplement 1;
liberté, la répubhque, et déplorait les divi
sions qui compromettaient cette cause. Les ma
nœuvres de parti lui inspiraient un tel éloigne
ment qu'il ne mit, de sa vie, le pied dans aucui
club. Il blâma ouvertement et avec une grandi
énergie les journées insurrectionnelles du 3
mai et du 2 juin. Enfin, au mois d'août 1793, \i
convention le mit à la place qui lui convenait
et où ra|)pelaient impérieusement les reven
qui depuis quelques mois se succédaient sans
relâche : il entra au comité de salut public, et ;
fut immédiatement chargé de l'administratioi
de la guerre et de la direction supérieure de;
opérations militaires.
Les circonstances étaient pressantes. L'agita
tion, le désordre, la disette de vivres, la disetti
d'argent , étaient partout. Au nord, à l'est , au>
Alpes, aux Pyrénées, l'ennemi avait entamé nos
frontières. Cent mille Vendéens insurgés étaieni
maîtres du cours de la Loire. Lyon révolté e
assiégé se défendait avec un courage opiniâtre
Toulon venait de se livrer aux Anglais, avec 1;
flotte qui se trouvait dans sa rade. Malcommaa
dées, mal organisées, mal pourvues, nos armée?
étaient tombées dans le découragement. Il fallaii
relever, leur moral, les approvisionner d'ha
bits, d'armes, de munitions de toute espèce ; les
réorganiser, les multiplier. Carnot se dévoua à
cette grande tâche ; il y mit tant de zèle, tani
d'intelligence, un travail si assidu et une si
grande habileté, que ces contemporains ont dii
de lui, d'un commun accord, qu'il avait orga-
nisé la victoire , et que la postérité a pleine-
ment confirmé ce jugement. Il ne déploya pas
seulement, dans ce haut poste où l'avait placé
la confiance de ses collègues , les talents d'un
grand administrateur ; il y montra aussi la science I
et les conceptions hardies d'un militaire du pre-
mier ordre. Par lui les quatorze armées qui dé-
fendaient la république , reliées entre elles par
une direction commune , au lieu d'agir isolément j
(ce qui avait eu heu jusqu'alors), ne firent plus
que concoui'ir à l'exécution d'un plan général,]
savamment conçu; par lui, la guerre changea de
caractère, et les opérations timidement métho-
diques de nos généraux prirent un essor plus
hardi et plus brillant. Ce fut lui qui sut décou-
vrir dans la foule tous ces jeunes héros qui, sor-
tis des derniers rangs, firent une si rapide for-
tune, et portèrent si haut la gloire et la puissance
de la France.
Nous n'en citerons qu'un exemple. Hoche,
qui n'était encore que sergent, avait adressé au
comité de salut public un mémoire sur les moyens
f)3 CARNOT
c iiéiiétrcv en Belgique. Cainot ne méprisait
icii, et tenait compte de tout. Il lut le mémoire
, ce attention, l'apporta à une séance du comité,
I dit à ses collègues ; .c Voilà un sergent d'in-
iiiferiequiferadu chemin. « On lui demanda de
ai il parlait! « Amusez-vous, répondit-il, à
arcourir ce mémoire. Bien que vous ne soyez
as militaires, il vous intéressera. « Robespierre
'. prit ; et après l'avoir achevé : « Voilà, dit-il,
II homme très-dangereux ! » Carnot, sans s'arré-
r à l'observation malveillante de Robespierre,
oussa Hoche si rapidement, qu'en quelques mois
■ sergent devint coup sur coup capitaine, co-
m )nel, général de brigade, général de division, et
«fin général en chef.
Au mois d'octobre 1793, le prince de Cobourg,
iiui avait franchi notre frontière du nord à la tête
^e soixante mille hommes, après avoir aidé le
lUC d'York à prendre Condé et Valenciennes ,
<enait d'investir Maubeuge. Carnot jugea Mau-
•euge assez importante pour qu'on risquât une
<ataille, afin de délivrer cette place. Mais l'emiemi
'vait pris des positions très-fortes : il s'y était re-
ranché ; l'armée française était très-inférieure
n nombre, et Jourdan, qui la commandait, hésita
i*.evant la responsabilité qu'on lui voulait impo-
ser. Carnot se rendit aussitôt à l'armée, obligea
ourdan à prendre l'offensive, désigna le point
«ur lequel devait se concentrer l'attaque ; — c'é-
iait le plateau de Watignies ; — vit nos pre-
fliiières colonnes repoussées, destitua sur le
^hamp de bataille le général qui les commandait,
le mit, un fusil à la main, à la tête d'une de ces
jolonnes, et emporta le village. Le prince de
jobourg fut forcé à la retraite, et Maubeuge fut
flébloquée. Après cette victoire , Carcot revint à
Paris, et y reprit ses importantes fonctions ad-
tïiinistratives. En deux mois Toulon fut repris,
jies Vendéens furent défaits et presque détruits ;
jieux armées, l'une autrichienne, l'autre prus-
sienne, furent rejetées au delà du Rhin, et presque
toutes nos frontières furent délivrées. Les six
jpremiers mois de 1794 virent la bataille de Fleu-
ras et la conquête de la Belgique.
Absorbé par ses immenses travaux, étranger
laux luttes et aux fureurs des partis, Carnot ne
iprit aucune part aux proscriptions qui ensan-
glantèrent cette époque, et ne dissimula point
! l'horreur que les excès démagogiques lui inspi-
! raient. 11 détestait Robespierre, qui le lui rendait
bien. Il osa lui résister, ainsi qu'à Saint-Just,
à l'époque de leur plus grande puissance. Les
services qu'il rendait, l'impossibilité de le rem-
i placer , purent seuls sauver sa tête. — « Nous
i avons encore besoin de Carnot pour la guerre, dit
un jour Robespierre; mais dès que nous pour-
rons nous passer de lui, sa tête tombera. » —
Ce fut au contraire Robespierre qui périt. Après
le 9 thermidor, Carnot demeura au comité de sa-
lut public, et ce fut sous son administration que
794
qui lui reprochait sa signature mise au bas de
tous les arrêtés du coihité de salut public. La
mise en accusation de ses anciens collègues Bil-
laudrVarennes, CoUot d'Herbois et Barrère lui en
offrit une excellente occasion, qu'il n'eut garde
de laisser échapper. Il monta à la tribune.'.pour
les défendre, soutint que les excès de la terreur
ne devaient pas leur être imputés plus qu'à lui-
môme. Et alors il expliqua comment lui et se-s
collègues du comité , pressés par le temps et
par la quantité innombrable dès affaires, s'é-
taient vus dans la nécessité absolue de se parta-
ger la besogne, de se renfermer chacun dans la
partie de l'administration qui lui était échue , et
de signer le travail des autres sans le connaître.
« Ces signatures , dit-il , étaient une formalité
prescrite par la loi, mais absolument insignifiante
par rapport à celui qui était tenu delà remplir.
Elles n'étaient pas seulement des certifié con-
forme ; car cela supposerait que le signataire
avait lu et coUationné, ce qui n'est pas vrai. Voilà
comment U est arrivé qu'on a présenté différen-
tes pièces signées de moi, dont je n'avais jamais
eu connaissance, et même rédigées contre mon
gré... On me demande pourquoi l'on signait ainsi
ces pièces sans les connaître? je réponds : Par
la nécessité absolue, par l'impossibilité physique
de faire autrement. L'affluence des affaires était
ti'op considérable pour qu'elles pussent être dé-
libérées en comité : elles se montaient à quatre
ou cinq cents par jour. » La calomnie fut réduite
au silence. Après les scènes sanglantes du 4
prairial, qui firent monter la réaction à son plus
violent paroxysme, quelques voix demandèrent
encore la mise en accusation de Carnot. Mais
de tous les côtés on cria : C'est lui qui a or-
ganisé la victoire! et les accusations tombè-
rent. Seulement il sortit du comité de salut pu-
blic, et l'on s'en aperçut bientôt, à l'incertitude et
au décousu des opérations militaires.
L'opinion publique ne tarda pas à le dédom-
mager. Aux élections qui suivirent la retraite de
la convention, quatorze départements à la fois le
choisirent pour représentant. 11 siégea au conseil
des anciens ; et, sur le refus de Sieyes, il fut
nommé directeur, après avoir combattu de tou-
tes ses forces l'institution du Directoire. Il se
trouva donc de nouveau chargé d'imprimer le
mouvement aux opérations militait es. En 1793,
il avait su discerner le mérite encore inconnu
de Hoche, et l'avait fait, à vingt-cinq ans, général
en chef. En 1796, il mit à la tête de l'armée d'I-
talie un général de vingt-six ans , dont il avait
compris le génie. Sa correspondance avec Bo-
naparte est un monument précieux de l'histoire
militaire de ce temps-là. On ne peut dire assu-
rément que Bonaparte eût besoin de ses con-
seils : cependant ils ne lui ont pas toujours été
inutiles.
Pendant que la France s'étendait au dehors ,
Pichegru conquit la Hollande. Mais il futvio- j délivrait l'Italie du joug autrichien, et ïlictait la
iemment attaqué par la réaction thermidorienne, ' paix à l'Europe, les factions la déchiraient au
795
CARNOT
79(
dedans. La majorité du corps législatif faisait au
Directoire une guerre passionnée et peu loyale,
et s'efforçait de lui rendre le gouvernement im-
possible. Les royalistes étaient à la tête de ce
mouvement, et ne se proposaient rien moins
que le renversement de la république. Trois des
directeurs, Barras, Rewbell et Larevellière-Lé-
peaux, crurent ne pouvoir sauver la révolution
que par un coup d'État. Carnot comprit qu'une
constitution violée, dans quelque but, sous quel-
que prétexte que ce soit , est une constitution
morte : il pensa que les moyens légaux devaient
suffire à tous les besoins du moment. Il s'opposa
donc tant qu'il le put, de concert avec le cin-
quième directeur, Barthélémy, aux résolutions
de ses collègues. Il paraît d'ailleurs que de pro-
fonds dissentiments et de vives antipathies les
divisaient. Soit conviction, soit passion, soit i'un
et l'autre à la fois, ce qui est plus probable.
Barras, Rewbell, Larevellière-Lépeaux passèrent
outre, et enveloppèrent Carnot et Barthélémy
dans leur guet-apens contre la majorité des
conseils. Barthélémy fut pris et déporté. Carnot,
plus heureux , échappa comme par miracle aux
sbires chargés de l'arrêter dans le palais même
du Luxembourg, où siégeait le Directoire. Il se
réfugia d'abord chez des artisans, qui lui gardè-
rent fidèlement le secret. Un représentant nommé
Oudot, grand partisan du coup d'État pourtant,
mais honnête homme , le recueillit ensuite chez
lui , et trouva le moyen de le faire passer en
Suisse. Les décrets directoriaux mirent ses biens
sous le séquestre. Il fut dépouillé de sa charge
de directeur et de son caractère de représen-
tant ; on alla même jusqu'à lui ôter son siège à
l'Institut, que Bonaparte eut, peu après, le tort
peut-être d'accepter. Carnot était l'un des con-
ventionnels qui avaient le plus contribué à la
formation de l'Institut. Cette persécution achar-
née, qui frappait le savant en même temps que
l'homme politique, jette un triste jour sur les
haines personnelles qui se couvrirent alors du
voile de l'intérêt public. Une fois entré dans la
voie des moyens illégaux , le gouvernement ne
put plus en sortir, et chaque excès de ce genre
augmenta le profond discrédit auquel il finit par
succomber. Le 18 fructidor eut pour conséquence
inévitable, comme pour châtiment, le 18 bru-
maire; et lorsque, dans ce jour suprême de la li-
berté, le député Linglet tenta d'opposer la cons-
titution aux entreprises de Bonaparte, celui-ci
put lui répondre : « La constitution ! vous n'en
avez plus ! C'est vous qui l'avez détruite en at-
tentant, le 18 fructidor, à la représentation na-
tionale; en annulant, le 22 floréal, les élections
populaires; en attaquant, le 30 prairial, l'indé-
pendauce du gouvernement. » On peut juger, par
ces paroles du vainqueur d'Italie, si Carnot avait
eu raison.
L'illustre proscrit s'était réfugié à Genève, et
avait trouvé asile chez un hlancîùsseur. H fut
bientôt reconnu parles espions du Directoire,
et les agents français demandèrent son extradi-
tion. Le magistrat auquel ils s'adressèrent étai
un homme de cœur : avant de répondre, il fi
évader Carnot, qui, déguisé par les soins d(
son hôte, put, sous le costume et l'attirail d'ui
blanchisseur, gagner une barque qui l'attendai
au bord du lac, et le transporta sur l'autre bord
dans la petite ville de Nyon. Quelque temp
après , Bonaparte, se rendant à Rastadt , passi
par Genève, et y fit aiTêter un banquier nomrnt
Boutein, qu'on soupçonnait fort mal à propo
d'avoir emmené Carnot de France :en Suisse
dans sa voiture. Puis Bonaparte traversa Nyon
Les habitants illuminèrent, et Carnot, malgré di
trop justes griefs , alluma comme eux des lain
pions en l'honneur du vainqueur de l'Autriche
Il se retira bientôt en Allemagne, à Augsbourg
où le rapport de Bailleul sur les événements di
18 fructidor lui tomba entre les mains. Sa con
duite politique et ses intentions y étaient indigne
ment travesties et calomniées. Il y répondit avei
une vivacité que l'on peut trouver excessive
mais aussi avec une précision et une netteté qu
mirent à néant toutes les accusations portée!
contre lui. A la vérité, toutes étaient absurdes .
et rien ne fait voir mieux que ce factum i
quel point les trois directeurs qui l'avaient pros-
crit étaient dans leur tort.
Après le 18 brumaire, Carnot fut rappelé. Bo-
naparte le nomma d'abord inspecteur généra
aux revues, puis ministre de la guerre. Ce fu1
lui qui proposa de décerner à la Tour-d'Auvcr-
gne le titre de premier grenadier de la répu-
blique, et de transférer les cendres de Turenat
aux Invalides. Mais il ne resta pas longtemps
ministre; et il donna sa démission en des termes
d'une telle sécheresse, quon ne peut douter qi;(
de graves dissentiments n'eussent éclaté entre le
premier consul et lui. Les dissentiments, on en
devine facilement la cause.
En 1802, il fut nommé tribun. En cette qualité
il s'opposa vivement à la création de la Légion
d'honneur, au consulat à vie, et surtout à l'em-
pire. Les paroles qu'il osa prononcer à cette o:
casion eurent du retentissement, et mérite ni
d'être rapportées, au moins en partie : « Quel-
rt ques services qu'un citoyen ait pu rendre à
<c sa patrie, il est des bornes que l'honneur au-
n tant que la raison imposent à la reconnaissaucc
« nationale. Si ce citoyen a restauré la lib( îiij
n publique, sera-ce une récompense à lui ofirir
« que le sacrifice de cette même liberté?.... l)o-
'<■ puis le 18 brumaire, il s'est trouvé une épo-
« que, unique peut-être dans les annales du
« monde, pour méditer à l'abri des orages, pour
« fonder la liberté sur des bases solides, avoucey
« par l'expérience et la raison.... Bonaparte a
« pu choisir entre le système républicain et le
« système monarchique. Le dépôt de la liberté
« lui était confié; il avait juré de la défendre.
« En tenant sa promesse, il eût rempli l'attente
« de la nation, qui l'avait jugé seul capable de
'97
CARNOT
798
résoudre le grand problème de la liberté pu-
blique flans les vastes États ; il se fût couvert
d'une fjloire incomparable. » Mais ce n'est
as de la gloire de Wasbington que Bona-
aite était jaloux. Le tribunat fut bientôt sup-
rimé, et, de 1807 à 1814, Carnot, rentré dans
i vie privée, remplit ses loisirs par la cul-
iire des sciences et les soins qu'exigeait l'é-
iication de ses enfants. Après le 18 brumaire,
était rentré à l'Institut. Pendant son passage
Il Directoire , il avait publié un ouvrage remar-
iiable et très-remarque par les géomètres, inti-
lûé Réflexions sur la métaphysique du cal-
iil infinitésimal. De 1801 à 1806, il avait fait
aiaître successivement cinq brochures sur dl-
ti ses questions de géométrie. En 1809 il redi-
ra, sur l'invitation de Napoléon, un traité de
ï iléfense des places fortes. Ce fut aussi proba-
lement vers cette époque qu'il imagina un nou-
ea\i système de fortifications, auquel on a rendu
lus de justice à l'étranger que dans sa patrie.
Les désastres de 1813 le firent sortir de sa
paisible et savante retraite. Quand le territoire
ut menacé, il ne vit plus dans Napoléon que le
penseur du pays. Le 24 janvier , il lui écrivit
» lettre suivante : <( Sire , aussi longtemps que
le succès a couronné vos entreprises, je me
suis abstenu d'offrir à Votre Majesté des ser-
. vices que je n'ai pas cru lui être agréables :
i aujourd'hui , sire , que la mauvaise fortune
1 met votre constance à une grande épreuve,
< je ne balance plus à vous faire l'offre des fai-
t blés moyens qui me restent. C'est peu, sans
t doute, que l'offre d'un bras sexagénaire : mais
j'ai pensé que l'exemple d'un soldat dont les
sentiments patriotiques sont connus pourrait
t rallier à vos aigles beaucoup de gens incertains
1 sur le parti qu'ils doivent prendre, et qui peu-
i< vent se laisser persuader que ce serait servir
K leur pays que de les abandonner. Il est en-
« core temps pour vous, sire, do conquérh" une
« paix glorieuse, et de faire que l'amour du
H grand peuple vous soit rendu. » Napoléon le
nomma gouverneur d'Anvers. Il s'y rendit aus-
sitôt, et s'y défendit avec tant de courage, de
constance et d'habileté, que cette place importante
resta à la France jusqu'après le traité qui ter-
mina la guerre.
Un fait singulier eut lien lors de sa nomina-
tion. Carnot ne s'était jamais occupé ni de son
avancement ni de sa fortune. Il était sorti de
la vie publique plus pauvre qu'il n'y était entré.
Quand il avait pris en main, en 1793, l'admi-
nistration des armées, il était simple capitaine
du génie. Quand il fut élu directeur, il venait
de passer chef de bataillon, à l'ancienneté. Il
ét^it resté chef de bataillon. Quand il avait quitté
le ministère en 1802, on lui avait retiré le trai-
tement afférent à son grade; et Napoléon n'avait
réparé cette injustice qu'en 1807, par une pension
de 10,000 francs qu'il lui avait assignée. « En
R 1814, dit M. Arago, quand il fallut expédier
« les lettres de commandement du gouverneur
« d'Anvers, les commis de la guerre, pour écrire
« l'adresse , cherchèrent dans les contrôles les
« titres officiels de Carnot, et restèrent stupé-
« faits en voyant que l'empereur venait, sans
« s'en douter, de placer un simple chef de Iki-
« taillon à la tête d'une foule de vieux généraux.
« Le service aurait évidemment souffert d'ua
« pareil état de choses. On sentit le besoin d'y
« remédier, et, à l'imitation de certain person-
« nage ecclésiastique qui, dans la même journée,
« reçut les ordres mineurs, les ordres majeurs,
« la prêtrise et l'épiscopat, notre confrère, en
« quelques minutes , passa par les grades de
« lieutenant-colonel, de colonel, de général de
« brigade et de général de division. »
Carnot en quittant Anvers emporta l'estime
et les regrets des habitants, dont il avait ménagé
les propriétés, et auxquels il avait épargné, au-
tant qu'il l'avait pu, les inconvénients et les
dommages du siège. Le faubourg de Wilebrord,
qu'il avait préservé de la démolition, voulut
prendre le nom de son libérateur. De retour à
Paris, Carnot trouva l'opinion inquiète et agitée.
Le parti royaliste embarrassait le gouvernement
par ses prétentions , troublait la France par ses
exigences et ses ressentiments, insultait la révo-
lution, menaçait les intérêts qu'elle avait créés
et les institutions qu'elle avait fondées. Il inter-
vint dans ces querelles par une brochure véhé-
mente , intitulée Mémoire au roi. 11 y relevait
fièrement le drapeau de la révolution , signalait
hardiment les fautes du pouvoir royal, et ren-
voyait à l'émigration toutes les accusations dont
elle avait voulu flétrir les hommes qui, pendant
dix ans, avaient défendu le pays contre l'Europe
coalisée. Cette brochure fit un effet immense, et
fit à sou auteur, dans l'opinion , une posi-
tion si haute, que, l'année suivante, quand Napo-
léon, rcTenu dp. l'île d'Elbe , sentit le besoin de
donner des gages aux amis de la hberté , ce fut
Carnot qu'il choisit comme celui qui les représen-
tait le mieux. Carnot fut ministre de l'intérieur,
et jamais la liberté de la presse et la liberté indivi-
duelle ne furent plus respectées que sous son admi-
nistration. On s'étonna pourtantque le vieux répu-
blicain acceptàtde Napoléon letiti'e decomte. Il en
fut gratifié sans le savoir. M. Arago a expliqué pour
la première fois ce fait anormal : « Ma mémoire,
« dit-il, peut reproduire fidèlement quelques
". paroles de notre confrère qui éclairent ce point
<c de sa vie, et qui me furent transmises, le jour
« même, par un officier qui les avait entendues.
« On était à table, au ministère de l'intérieur.
« Une lettre arrive. Le ministre brise le cachet,
« et s'écrie presque aussitôt : Eh bien, mes-
« sieurs, me voilà comte de l'empire ! Je devine
« d'où le coup part. C'est ma démission qu'on
n désire, qu'on demande. Je ne lui donnerai pas
« cette satisfaction. Je resterai, puisq\ie je pense
« pouvoir être utile au pays. Le jour viendra,
« j'espère, où il me sera permis de m'expliquer
799
CARNOT
800
« nettement sur cette perfidie. A présent, je me
n contenterai de dédaigner ce vain titre , de ne
« jamais l'accoler à mon nom, et surtout de ne
« pas en prendre le diplôme, quelques instances
« que l'on me fasse. De ce moment, vous pouvez
« tenir pour certain, messieurs, que Carnot ne
<c restera pas longtemps ministre après que les
« ennemis auront été repoussés. » Carnot con-
signa les motifs de son acceptation dans une let-
tre qu'il rendit publique, et dans laquelle il di-
sait à l'empereur que « son consentement n'était
qu'un acte de résignation. »
Pendant ce ministère de trois mois, et au mi-
lieu de toutes les préoccupations politiques qui
l'assiégeaient, Carnot trouva encore le temps
d'introduire en France l'enseignement mutuel.
Un décret rendu sur son rapport, le 27 avrill815,
autorisa la formation, à Paris, d'une école nor-
male élémentaire destinée à préparer la mise
en pratique de cette nouvelle méthode.
Après Waterloo , Carnot , presque seul , con-
serva son sang-froid , et eut le sentiment des
périls et des nécessités de la situation. Il proposa
dans le conseil qu'on déclarât la patrie en dan-
ger, que l'on conférât à Napoléon des pouvoirs
extraordinaires, et qu'on se défendît à outrance.
Mais on était bien loin alors des héroïques élans
de 1793. Napoléon abdiqua, et Carnot, pour son
malheur, fut nommé membre du gouvernement
provisoire. Il n'y put ni faire le bien, niempé-
cJier le mal. Son âme simple et droite était ab-
solument inhabile à lutter contre le génie de l'in-
trigue, incarné dans Fouché. Après la rentrée des
Bourbons il fut de nouveau proscrit, comme
après le 18 fructidor. L'empereur Alexandre
s'empressa de lui offrir un passeport avec lequel
il se retira à Varsovie. Il reçut des Polonais les
plus illustres des témoignages d'estime et de
dévouement aussi touchants qu'inattendus. Mais
le climat de la Pologne ayant compromis sa
santé , fatiguée par tant de travaux et d'épreu-
ves, il s'établit en Prusse, à Magdebourg, où il
fut, jusqu'au dernier moment de sa vie, l'objet
de la considération générale. Il mourut à l'âge
de soixante-dix ans et deux mois , laissant une
mémoire chère à sa patrie et pure de tout re-
proche.
Voici la liste des ouvrages de Carnot : Éloge
de Vauban; Dijon, 1784; — Observations sur
la lettre de M. Choderlos de Laclos , contre
l'Éloge de Vauban ; 1785 ; — Essai sur les ma-
chines en général ; 1784, V édit. en 1786; —
Mémoire présenté au conseil de la guerre au
sujet des places fortes qui doivent être démo-
lies ou abandonnées; 1789; — Réclamation
adressée à V Assemblée nationale, contre le ré-
gime oppressif sous lequel est gouverné le
corps royal du génie; 1789 ; — Exploits des
Français depuis le 22 fructidor an i"'' jus-
qu'au 1.5 pluviôse an m de la république;
179C, plusieurs fois réimprimé et traduit en al-
lemand; — Réflexions sur la métaphysique
du calcul infinitésimal ; 1797, 2" édit.;enl8i:
traduit en allemand par Hauff, en anglais pai
Dickson; — Œuvres mathématiques ; Bâle
1797; — Réponse de Carnot, citoyen français
l'un des fondateurs de la république, au rap
port de Bailleul sur la conspiration di
18 fructidor; 1798, réimprimé plusieurs fois
trad. en allemand et en anglais ; — Lettre du ci-
toyen Carnot au citoyen Bossut sur la trigo
nométrie; 1801 ; — de la Corrélation des figu
res de géométrie; 1801; trad. en allemand pa
Schellig ; — Principes fondamentaux de l'é
quilibre et du mouvement; 1803 ; trad. en aile
mand par Weiss; — Géométrie de position
1803; traduit en allemand par Heiligenstein ei
1804, par Schumacher en 1810 ; — Discours con
tre l'hérédité de la souveraineté en France
1804; — Mémoire sur la relation qui exist
entre les distances respectives de cinq point
pris dans V espace; 1806; — de la Défense de
places fortes ; 1812; 2^ et 3^ édit., 1813; —M-
moire adressé atc roi; 1814; — Exposé de h
situation de l'empire; juin 1815; — Exposi
de la condtiite politique du général Carno
depuis le V juillet 1814; 1815; 3 édit. ; -
Opuscules poétiques du général Carnot; Paris
1820; — Mémoire sur la fortification primi
tive, pour servir de suite à la défense des pla
ces; 1823. G. Héquet.
Mollit, univ. — Thiers, Hist. de la Rév. franc. — Mi
gnet, Hnt. de la Rev. — Thibaudeau, Hist. du Consula
el de l'Emvire. — Bûchez et Roux , Hist. parlem. de ï
Rév. — Les Mémoires sur la Révol. — Galerie hisi
des Contemp. — Arnault, Jouy, etc., Biogr. nouv. dt
Contemp. — Arago, Biographie de Carnot.
CARNOT ( Claude-Marguerite ) , frère di
précédent, né àNolay en 1754, mort le 15 mar
1808. Il se livra à l'étude de la jurisprudence, j
remplit divers emplois civils et judiciaires à Dijon
et mourut prématurément dans l'exercice de
fonctions de procureur général près la cour d^
justice criminelle de la Côte-d'Or. Il prononça ei
mourant ces paroles : Vous allez voir comm>
on passe de la vie à la mort.
ISA.MBERT.
CARNOT-FEULiNS ( Claude-Marie ) , frèn^
du précédent, né à Nolay le 15 juillet 1755
mort en 1836. Il suivit la carrière militaire, en
tra dans le génie, et se trouvait capitaine quam
vint la révolution. En i 790 ; il fut nommé admi
nistrateur du Pas-de-Calais; il présida l'assem
blée électorale en 1791, et fut élu membre d
l'assemblée [législative. Il s'y rendit utile dan»
sa spécialité, et même hors de sa spécialité
Après le 10 aoîlt, il fut nommé directeur du dé
parlement général des fortifications. Il fut charg
successivement de plusieurs missions militaires
importantes. On voulut le nommer général ei
chef d'une armée de réserve , mais il refusa. I
fit d'importantes additions aux fortifications d(
Dunkerque et des autres places de cette partie di
la frontière. Il rendit des services signalés ai^
siège de Fumes et à la bataille de Watignies,
ifi
^801
CARNOT — CARM
802
H fut nommé ensuite membre du comité des for-
tifications , où il s'est distingué par des travaux
de la plus grande utilité. Au 18 fructidor, il fut
frappé comme sou frère Lazare, destitué, obligé
de quitter Paris. Il se retira en Bourgogne, et ne
fut rappelé qu'après le 18 brumaire. Il vint alors
lider son frère au ministère de la guerre. Quand
>on frère eut donné sa démission , Bonaparte
roulut l'envoyer à Saint-Domingue. Il avait alors
e grade de général de brigade, et il aurait com-
nandé l'arme du génie dans l'armée expédi-
ionnaire du général Leclerc. Une violente attaque
le goutte l'empêcha de partir ; et Bonaparte lui
'n ayant témoigné son mécontentement d'une
açon peu courtoise , il donna sa démission. Il
le rentra au service qu'après la restauration.
)n le remit au comité des fortifications. Pendant
is Cent-Jours il fut élu représentant du dépar-
ement de Saône-et-Loire. Il fut l'un des secré-
iires de cette assemblée ; et lorsque son frère
it appelé au gouvernement provisoire, il lerem-
laça, par intérim , au ministère de l'intérieiu-.
, près la seconde restauration il quitta définitive-
ment le service , avec le grade et la retraite de
eutenant général. L'année suivante, il fut ar-
ête et mis au secret pendant quelques jours ,
lour le crime d'avoir correspondu avec son frère
ui était en Pologne. Il est mort à Autun , âgé de
uatre-vingt et un ans. Il a publié, sans y met-
're son nom, quelques ouvrages politiques qui
'6 sont pas sans mérite. Il s'était distingué dans
;s assemblées par une élocution facile et élé-
,ante , que servaient une belle figure et un bel
•rgane. G. Héquet.
CARNOT (Sady), officier français, fils aîné
e Lazare-INicolas-Mar^uerite, mort en 1832. Il
tait ancien élève de l'École polytechnique et ca-
itaine du génie, lorsqu'il mourut du choléra. On
de lui : Réflexions sur la puissance motrice
Il feu, et sur les machines propres à déve-
ipper cette puissance ; Paris, 1824, in-8".
Quérard, la France littéraire.
*CAHisOT {Lazare- Hippolyte) , second fils
lu célèbre conventionnel, est né à Saint-Omer le
avril 1801. Il accompagna son père dans l'exil
n Pologne et en Allemagne, et ne revint en France
lu'après lui avoir fermé les yeux. Il prit part
,ux luttes poUtiques de la restauration , et fut ,
n 1830, l'un des champions de la Uberté : il
'était enrôlé sous les drapeaux du saint-simo-
isme, et l'ouvrage publié et signé par Bazard,
3US ce titre : Exposition générale de la doc-
tine saint-simonienne , avait été rédigé par
iii. Mais quand l'association saint-simonieune
e dépouilla du caractère philosophique qu'elle
^vait eu d'abord, et devint secte religieuse,
il. Carnot s'en sépara immédiatement. Il se livra
es lors exclusivement à l'étude et aux travaux
ittéraires. Il écrivit dans plusieurs journaux , et
jit rédacteur en chef de la Revue encyclopédi-
lue. Deux anciens collègues de son père , Bar-
ière et Grégoire, l'ayant chargé de publier leurs
HOVV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIU.
mémoires après leur mort , il s'acquitta de ce
devoir, et fit aussi imprimer, sur les manuscrits
laissés par Grégoire, le sixième volume de l'His-
toire des sectes religieuses. Il fut nommé dé-
puté en 1839, réélu en 1842 et en 1846.11 siégea
toujours à l'extrême gauche, et se fit remarquer
par l'indépendance , la modération et la fermeté
de ses opinions. En 1848, après la révolution de
février, le gouvernement provisoire l'appela au
ministère de l'instruction publique. Son passage
au pouvoir eut des résultats utiles : il améliora
la position des instituteurs primaires, fit décréter
la gratuité de l'École normale, fonda une école
d'administration, que l'un de ses successeurs a de-
puis abolie ; il institua des lectures publiques pour
le peuple, et présenta à l'assemblée constituante
un projet de loi organique d'instruction primaire,
qui ne fut pas adopté. Il quitta volontairemen
le ministère le 5 juillet 1848. Il était membre de
l'assemblée constituante ; mais il échoua aux élec-
tions générales de 1849, et ne fut réélu qu'en 1850
par la ville de Paris et le département de la
Seine, dans des circonstances qui firent de cette
élection un événement important. Après le coup
d'État de 1851 , il quitta volontairement la France.
Pendant son absence, en 1852, les électeurs de
Paris le nommèrent député au corps législatif. Il
revint alors à Paris , refusa de prêter serment
au pouvoir nouveau, et fut déclaré démission-
naire. Depuis ce temps il vit dans une retraite
studieuse, comme il convient au fils de Carnot.
G. HÉQUET.
Monit. univ. — Lesur, Annuaire hist. — Lamartine,
Hist. de la Révol. de 1848. — Elias Begnault, Hist. de
huit ans.
*CARNCLI ou CABNCLO (Simone DE).
franciscain et peintre italien , né dans l'État de
Gênes , vivait en 1519. On cite de ce peintre
deux sujets sacrés dans l'église de Saint-Fran-
çois à Voltri : l'Institution de VEucharistîe
et la Prédication de saint Antoine. L!exécu-
tion de la partie architecturale et de la perspective
est si parfaite, qu'André Doria voulait acheter ces
chefs-d'œuvre aux habitants de Voltri à quelque
prix que ce fût, pour en faire don à l'Espagne;
mais ceux-ci refusèrent toute proposition.
Soprani , yite de' Pittori Genovesi. — Lanzi , Storia
pittorica. — Nagler , Neues Allgemeines Kûnstler-
Lexicon.
*CARNY ( ... de), ctùmiste français, né dans
le Dauphiné vers 1750, mort à Nancy en avril
1830. Il entra fort jeune dans l'administration
des poudres et salpêtres, et y devint bientôt le
collaborateur et l'ami de Monge, de Vauquelin,
de BerthoUet, de Guyton-Morveau, de Lavoi-
sier ; et quand la France eut à lutter contre
l'Europe, et que ^a poudre manquait au courage
de ses défenseurs , Carny trouva des procédés
plus expéditifs pour former le salpêtre et le
mettre en usage. Nommé commissaire de raffi-
nage du salpêtre et de la fabrication de la pou-
dre dans toute la France, il monta la poudrière
de Grenelle, et bientôt vingt-quatre milliers de
26
803
GARNY — CARO
804
poudre sortirent chaque jour de ses ateliers. La
soude, que la guerre empêchait de tirer d'Europe,
manquait aux fabriques françaises tCarny, guidé
par les conseils de Guyton-Morveau , soumit au
gouvernement huit procédés nouveaux pour ex-
traire cet alcali du sel marin. Il créa ensuite
pour son compte plusieurs manufactures de
produits chimiques : la première, érigée à Lyon,
fut détruite lors du siège de 1793; et jamais son
propriétaire ne put obtenir d'indemnité. Il éta-
blit en dernier lieu la fabrique de soude de
Dieuze, où il parvint à utiliser les dépôts de
sulfate de chaux et de soude, qu'on jetait aupa-
ravant comme inutiles. Cette usine, dirigée main-
tenant par M. de Carny fils, est une des plus belles
de France, et des plus renommées pour la supé-
riorité de ses produits.
Kabbes,etc., Biographie des Contemporains. — Le Bas,
Dict. enc de la France.
CARO (Annibal), poète italien , né à Città
Nuova (Marche d'Ancône) en 1507, mort à
Rome en 1566. Ce poète, l'im des beaux génies
du seizième siècle et le plus parfait des traduc-
teurs en vers de Virgile, commença par exercer
les fonctions de précepteur chez un riche Flo-
rentin , après la mort duquel il fut attaché en
qualité de secrétaire à Pierre-Louis Farnèse, pre-
mier duc de Parme et de Plaisance. C'est alors
que , durant de nombreux loisirs , il se hvra à
l'étude de la langue toscane, et que la pureté,
l'élégance de son style attirèrent l'attention de ses
compatriotes. Ces travaux ne lui firent pas né-
gliger les devoirs de sa charge : plus d'une fois
Pierre-Louis lui confia des missions importantes
auprès de Charles-Quint ; mais le duc lui était
devenu si odieux par ses vices et par sa violence,
qu'il songeait à le quitter lorsqu'un assassinat
en délivra l'Italie. Les trois fils qu'il laissait fu-
rent de nouveaux protecteurs pour Caro. Le
cardinal Ranuccio ajouta de nouveaux bénéfices
à ceux qu'il possédait déjà, le fit entrer dans l'or-
dre de Saint-Jean-de-Jérusalem, et lui obtint deux
riches commanderies.
Caro était engagé dans une querelle littéraire
contre Castelvetro : cette querelle, dont ie bruit
remplissait l'Italie, avait commencé par la criti-
que que Castelvetro avait faite de la belle can-
zone d'Annibal à la louange de la maison de
France : Venite ail' ombra de' gran gigli cl' oro
■( Venez à l'ombre des grands lis d'or ). On pré-
tend que Caro poussa le ressentiment jusqu'à
dénoncer Castelvetro au saint-office : c'est une
imputation si odieuse qu'on hésite à l'admettre,
malgré le témoignage affirmatif de Muratori.
Dans sa vieillesse Caro fixa son séjour à Rome;
pendant l'été il habitait une maison de campagne
à Frascati : là, ayant conçu l'idée de composer
une épopée , il essaya , pour s'exercer, de tra-
duire V Enéide en vers libres. Ce travail eut
bientôt pour lui tant de cliarmes qu'il ne songea
plus qu'à le continuer, et à le rendre aussi parfait
que possible. C'est, en effet, son plus beau titre
de gloire ; la langue toscane ne fut jamais mieux
maniée, plus riche, plus abondante et plus pure :
ce n'est peut-être pas un modèle d'exactitude
pour ceux qui tiennent à la traduction servile
des mots, mais le sens poétique de Virgile y est
toujours parfaitement compris et admirable-
ment exprimé. Caro avait à peine achevé cet
ouvrage lorsqu'il mourut. Outre la traduction
de V Enéide , imprimée pour la première fois à
Venise chez les Juntes, 1581, in-4o, il a laissé :
la Fichéide, ou Comento di ser Agresto (la
Ficaruolo sopra la prima ficata del Padre
Siceo, imprimée à Rome, 1539,in-4° : c'est une
plaisanterie sur un capitolo du Molza, dans le
goût italien du seizième siècle ; — due Orazioni
di Gregorio Nazianzeno , teologo , etc. ; —
Rettorica d'Aristotele; Venise, 1570; — le
Rime ; Venise, Aide Manuce, 1569, in-4° ; — la
Lettere; ibid., 1572-1574 ; — gli Straccioni ,
commedia; ibid., 1582; —le Cose pastorali di
Longo, il quale scrisse degli amori di Dafnl
e Cloe; Paris, 1786, in-4°. [L. Ozenne, daiiS
VJb'nc. des g. du m. ]
A.-F. Seghezzi, f^ita del comm. Caro ; Paione, m^,
ioS", — tk)mba, alcune (.tperette , p. S74. — Girartlini,
Italia lett., p. 336. — Baillet, JTttpemertts des Savants,
n° 981 et 1308. ~ Moréri, Dictionnaire universel. — Ghi-
lini, Teat. A' Uomini letter. — Crasso, Elogi d' Uomini
letter.
*CARO (Francisco), peinti'e espagnol, n<j
à Séville en 1627, mort en 1667. Il reçut les
premiers principes de son art de son père Fran-
cisco Lopez, puis il vint à Madrid étudier à l'é-
cole d'Alfonse Cano. En peu de temps il fit de
rapides progrès, et fut chargé en 1658 de la dé-
coration complète de la chapelle de Saint-Isi
dore, dans l'église de Saint-André. Son tableau |(
plus remarquable est celui du JuJMé^ pour k
couvent de Saint-François à Ségovie.
Quilliet, Dictionnaire des Peintres espagnols.
*CARO {Fi'ançois}, poète latin et orateui
sacré italien, des clercs réguliers de l'ordre des
Soraasques , vivait dans la seconde moitié dr
dix-septième siècle. On a de lui : Lusus car-
minum pro genialibus gymnasii sui diebus
nunc tertio tijpis dati auctique numéro ; Ve
nise, 1692, in- 12; — un grand «ombre de pa-
7iégyriques et d'oraisojis funèbres , imprimés
dans divers recueils.
Cinelli, Bibliotheca.
* CARO (Joseph), prêtre et canoniste italien
vivait en 1686. On a de lui : Psautier; Rome
1683 ; — Répons et Antiennes de l'Églist
romaine, dressés par saint Grégoire le Grand
Rome, 1686; — Titres, capitules, sections cj
stimocétries de la Bible , d'après l'édition dei
Septante; ibid., 1686.
Dupin , Tableau des airteurs ecclésiastiques { ài%-
septième siècle ). — Richard et Giraud , Bibliothégui
sacrée.
CARO ( don Juan ), général espagnol, mort i
Alcala de Henarès en 1829. En 1807, il servit ei
Poméranie, puis en Danemark , sous les ordrei
du marquis de la Romana, son frère. Il revifl'
806 CARO -
en Espagne en' novembre 1 808, et suivit le parti
descortès «le 1810 à 1814. Ayant fait sa soumis-
sion à Ferdinand VII , il fut nommé capitaine
général de la Nouvelle-Castille.
Son frère, don José Caro, défendit Valence
contre le maréchal Suchet, et se signala en di-
verses occasions , entre autres dans un combat
sous les murs de celte ville, où, à la tète d'unedi-
vision de cavalerie, il enleva plusieurs canons.
Suchet rendit justice à son intrépidité.
Galerie historique des Contemporains.
CARO (don Ventura), général espagnol,
frère du précédent, né à Valence en 1742 , mort
en 1808. Il fit ses premières armes sous les or-
dres du duc de Grillon contre l'Angleterre. Ca-
pitaine général en 1793, il défendit avec succès la
frontière espagnole contre les Français ; rappelé
à Madrid en 1794 , il fut fait gentilhomme de la
chambre du roi Charles IV. En 1801 il fut ap-
pelé au gouvernement de Valence, et sut y réta-
blir l'ordre par son intelligente fermeté. Nommé
capitaine général des armées espagnoles en 1802 ,
il protégea en 1808 les Français établis à Va-
lence, contre le peuple exaspéré par les événe-
ments de Bayonne. Quelque temps après, Caro
repoussa Moncey dans la tentative que celui-ci
avait faite pour s'emparer de Valence ; sa mort
suivit ce fait d'armes.
Galerie historique des Contemporains.
CARO DE TORRES (don Francisco), prêtre
et voyageur espagnol, né à Séville, vivait en
1629. Il appartenait à l'ordre régulier de Sant-
Yago, et parcourut les Pays-Bas, puis les Indes
occidentales. Il a laissé : Relacion de las servi-
dos qiiehizo a su magesiad del rey Felipe IT
y ni , don Alonso do Soiomayor, de Vhabito
deSant-Yago, en los Estades de Flandre, pro-
vinciasde Chiley Tierra firme ; — Historia de
las ordones miUtares de Sant-Yago , Cala-
trava y Alcantara, desde stt fondacion ; Ma-
drid, 1629, in-fol.
W. Antonio, Biblioth. hisp. nova.
CXRO (Rodriguez), ecclésiastique et histo-
rien espagnol, né à Utrera, vivait en 1625. H était
grand vicaire de don Gaspar de Borgia, cardinal-
archevêque de Séville. On a de lui : Flavii Lu-
cii Dextri omnimodœ Historise qux ex-
stant fragmenta, cum chronico M. Maximi ,
Helecx et S. Brantionis, notis illustrata ; Sé-
ville, 1627, in-4"; — Antiguedades y princi-
pado de la illustrissima ciudad de Sevilla, y
chorographia de su convcnto jiiridico , o an-
tigua chancilleria; Séville, 1634, in-fol.; —
I Relacion de las inscripciones y antiguedad
de Utrera , in-4°. On cite dans ses manuscrits :
Veterum Hispaniœ deorum Mânes ; — de
! Ludis puerorum ; — de los Nombres y sitios
! de los vientos ; — de los Santés de Sevilla ; —
del Principado de Cordova; — de la Anti-
guedad del appellido Caro ; — Citpido pen-
j dulus, et quelques poésies latines et espagnoles.
n. Antonio, Bibliotheca hispana nova.
CAROLl 806
* CAROC ( George- Adolphe), historien alle-
mand, vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Il fut syndic des États suédois
de la Poméranie antérieure. On a de lui : Spe-
cimen iniroditctionis in notitiam Pomeranix
Sueciœ, hujits fines, stalum publicum et ec-
clesiastictnn et politicum reprœsenlans ;
Greifswald, 1710, in-4° (sans nom d'auteur);
— Nachricht wie es in Pommern zur Zeit der
Reformation mit der allgemeinen %md pu-
bliken Abschaffung des pâbstlïchen Kirchen-
wesens eigentlick beioandt gewesen (Notice
sur la manière dont fut aboli en Poméranie, du
temps de la réforme, le culte romain, etc. ), sans
nom d'auteur ni date , ni lieu d'impression.
Son projet de rédiger sous une forme nouvelle,
avec ses notes, et de continuer Micreli us. Chro-
nique de Poméranie ( en allemand), ne se réa-
lisa pas, comme on voit par la réimpression
que le libraire Kunkel de Stettin fit faire de cet
ouvrage en 1723.
Adeliing, suppl. à Jocher, AUgem. Celehrt.-Lexicon.
CAROLET, littérateur français, mort en juil-
let 1739. Il était fils d'un procureur à la cham-
bre des comptes, et auteur médiocre, mais
très-a'ûondant ; la plus grande partie de ses piè-
ces sont oubliées aujourd'hui ; beaucoup n'ont
même pas été imprimées. On cite de lui : les
Aventures de la rue Quincampoix , comédie
en un acte, représentée au Théâtre-Italien en
1719; — Médée et /a5on,parodieenun acte, mê-
lée de couplets; 1736. On trouve plusieurs de
ces pièces dans le 9^ volume du Théâtre de la
Foire , Paris, 1737, in-12, et leur liste complète
dans les Mémoires pour servir àVhistoire des
spectacles de la Foire, U, 296.
Histoire du théâtre de l'Opéra' Comique, II, 238.
* CAROLl ( Angelo ), compositeur italien, né
à Bologne, vivait en 1745. On connaît de lui :
Amor vnfo fra l' Ombre, opéra , représenté en
1728; — Messa, à quatre voix avec instruments;
Bologne, 1766; — une Sérénade et un Credo, à.
quatre voix, en manuscrit.
Fêtis, Biogr. des Musiciens.
CAROLl (Francesco-Pietro), peintre piémon-
tais, né à Turin en 1638, mort à Rome en 1716. H
s'appliqua à l'architecture, à la géométrie, et sur-
tout à la perspective. Après avoir 'sisité Venise et
Florence, il vint à Rome, où il fut nommé pro-
fesseur perpétuel de l'Académie de peinture. 11
a laissé un grand nombre de compositions très-
recherchées, à cause de leur fini et du brillant de
leur coloris. Les sujets qu'il s'est plu principa-
lement à traiter sont des intérieurs d'églises ani-
més de personnages.
N;igler, Neues Allgemeines Kûnstler-Lexicon.
* CAROLl ( Philippe ), latiniste allemand, né
àNeubonrg, mort en 1639. Il était d'une famille
luthérienne; mais il abjura, et devintprofesseur de
rhétorique à l'université d'Altorf. U a laissé : Va-
rix Lectiones ; — Novarum lectionum Prodro-
mus; — Animadversiones in Aulum Gellium
26.
SÔ7 CAROLÏ —
^tQiiinttuinCurtium;—OratiodeCnticis; —
•Antiquitates Romanse ecclesiast ., civil., milit-
et œconom.; — Triga solœcïsmorum politico-
rum.
Witte, Diarium biographie. — Kœnig, Bibliotheca vê-
tus et nova.
CAROLINE-LOUISE, margrave de Bade. Voy.
Charlotte-Louise .
* CAROLINE ( Charlotte-Auguste de Gal-
les), princesse de Saxe-Cobourg, née le 7 janvier
1796, morte à Claremont le 6 novembre 1816. La
désunion de ses parents fit qu'à dix ans on con-
fia son éducation à l'évêque d'Exeter, assisté de
la duchesse douairière de Leeds et de lady Clif-
fort, qui ne négligèrent rien pour former, loin de la
cour, le cœur et l'esprit de leur élève. Tout en elle
annonçait un caractère fortement trempé. Son
père George rv, alors prince deGalles, avaitpro-
jeté l'union de Caroline avec Guillaume d'Orange,
prince royal des Pays-Bas : quoique son cœur
éprouvât une autre affection, elle céda à la vo-
lonté paternelle. Son père lui demanda la liste
des personnes qu'elle désirait voir assister à son
mariage ; elle mit en tCte le nom de sa mère. Le
prince renvoya la liste, avec le nom de sa femme
biffé. Caroline le retourna aussitôt, après avoir
effacé à son tour celui du futur. Elle épousa en
181.5 celui qu'elle avait choisi, Léopold de Saxe-
Cobourg (devenu en 1830 roi des Belges), et se re-
tira avec lui à Claremont. Au mois de novem-
bre 1816, la princesse mit au monde un fils. En
apprenant sa naissance, elle s'écria : « Je suis la
plus heureuse des femmes ! » Cinq heures après le
tombeau se refermait sur l'un et l'autre. Sa mort
produisit une impression douloureuse dans toute
l'Angleterre, où elle n'était connue que sous le
nom A& princesse Charlotte.
Prudhomrac, Biographie des femmes célèbres.
CAROLINE {Marie) , reine de Naples, née
le 13 août 1752, morte à Schœnbrunn le 8 sep-
tembre 1814. Elle était archiduchesse d'Autri-
che, et, comme Marie-Antoinette, reine de France,
fille de l'empereur François T"" et de Marie-Thé-
rèse. Elle devint en 1768 l'épouse de Ferdinand IV,
qui, roi de Naples et de Sicile depuis 1759,
avait seulement pris les rênes du gouvernement
en 1767. Cette reine ne manquait pas de grâce
et d'esprit; mais son caractère vif, emporté,
était malheureusement dépourvu de fermeté,
et son cœur avait peu de qualités aimables. Son
ambition était extrême ; elle voulait à tout prix
s'occuper des intérêts de l'État, quoiqu'elle n'eût
point les talents nécessaires pour gouverner :
aussi l'influence qu'elle exerça, presque aussitôt
après son mariage, sur Ferdinand et sur ses
conseils ne tarda-t-elle pas à devenir funeste
au roi, à elle-même et au royaume. 11 avait été
.stipulé dans son contrat de mariage qu'elle aurait
place au conseil d'État aussitôt qu'elle aurait donné
un fils à Ferdinand. Son impatience ne pouvait
s'accommoder d'un tel retard; elle devint bientôt
inaUresse. Le vieux Tannucci, le ministre alors
CAROLINE 808
' influent, était généralement aimé; le roi lui-même
paraissait tenir à lui; mais il gênait Caroline, (jai
déjà s'était donné un favori. Tannucci fut exclu du
ministère ; il fit place au fameux Acton, intrigant
irlandais, né en France , détestant le pays qui l'a-
vait vu naître, habile à deviner les caprices de la
reine de Naples, et à seconder son goût pour les
voluptés. Dès lors les Napolitains sont exclus des
emplois, dont s'emparent des étrangers ; les fi-
nances sont au piflage ; les fautes, les maladres-
ses se succèdent ; la nation est profondément
blessée, et la noblesse ressent vivement son hu-
miliation. La haine qu'on vouait au ministre ne
tarda pas à s'étendre jusqu'à la reine, qui s'in-
quiétait fort peu de l'opinion publique ; le minis-
tre Acton était pour elle un oracle. Celui-ci n'é-
tait pas tout à fait aussi insouciant : il entrete-
nait de nombreux espions, et persécutait avec
ténacité et hardiesse ceux qui osaient parler ou
agir contre lui. Lorsque la révolution française
eut éclaté, il accusa de jacobinisme, ou tout au
moins de volonté hostile au gouvernement, ceux
dont tout le ciime consistait à désirer son ren-
voi, le terme de mesures vexatoires, et une di-
minution des impôts, dont le poids était devenu
intolérable. La reine protégeait l'insolent favori ;
elle paraissait n'exister que par lui : aussi les
a-t-on accusés d'une coupable intimité. Caro-
line partageait la haine que son ministre portait
à la France; elle déclara la guerre à la répu-
blique en 1798. On sait quel fut le résultai îe
cette imprudence, et comment, après la dé-
faite de l'Autrichien Mack, la reine et la famille
royale furent forcées de fuir en Sicile, et de
s'envii'onner de la protection de l'Angleterre.
L'année suivante, grâce au prince Ruffo, Ferdi-
nand IV rentra en possession de sa capitale et
de son ti'ône. Cet étrange souverain laissa le
soin du gouvernement à sa femme : alors régna
réellement cette lady Hamilton, dont l'influence
fut bien plus funeste encore que celle d'Actori.
Animée par celte amie, la reine ne fut pas étrangère
à la violation delà capitulation de Naples, et aux
cruautés exercées contre les partisans de la répur
blique Parthénopéenne, dont l'existence avait
été si éphémère. En 1805, Marie-Caroline entra
dans la coalition formée à Vienne contre Napo-
léon. Malgré l'appui des Russes, Caroline et son
mari furent encore une fols expulsés de leur
capitale et de la meilleure partie de leurs États.
Les Anglais devaient leur donner des secours
contre Murât; mais Caroline se brouilla avec
lord Bentinck, et, à la suite de ses discussions
avec lui, elle se rendit à Vienne en 1811, en
passant par Conslantinople. EUe mourut au châ-
teau de Schœnbrunn, sans avoir vu la restaura-
tion de son mari sur le trône des Deux-Siciles.
[ JSnc. des g, du m.] .
Conversations-Lexicon. ii
CAROLINE ( Amélie- Elisabeth ), femme de
George IV , née le 17 mai 1 768 , morte le 7 août
1821. Elle était seconde fille du duc Charles-Guil-
809 CAROLINE
),>ui ne-Ferdinand de lîriinswick et de la princesse
Auguste d'Angleterre, sœur de George III. Cette
[trincesse avait passé à la cour de son père une vie
<]o gêne et d'ennui lorsqu'elle épousa ( 1795) le
prince de Galles, depuis roi de la Grande-Breta-
gne sous le nom de George IV. Dès l'année
suivante elle répandit la joie dans le palais du roi
et dans la nation anglaise, en donnant le jour à
une fille, Charlotte-Auguste ( Voy. Caroline,
c/inrlotte-Auguste). Cependant à peine fut-elle
ri'levée découches, que le prince de Galles se sc-
I lara d'elle, déclarant que l'inclination était un sen-
timent indépendant de la volonté, et qu'il lui était
impossible de faire violence à la sienne. Ce fut le
commencement de la fatale scission entre les
deux époux, qui continua jusqu'à la mort de
Caroline , et qui, par des accusations réitérées
de la part du mari, compromit au plus haut de-
gré l'honneur de la princesse. Toutefois le roi
George UI et la nation anglaise prirent sous
leur protection l'épouse répudiée. Depuis ce
temps la princesse de Galles vécut éloignée de la
cour, dans sa maison de campagne à Blakheath,
et dans une solitude qui convenait à son mal-
heur, cultivant et protégeant les arts et les
sciences, et exerçant la charité. Mais en 1808
les bruits les plus injurieux se répandirent sur
son compte : elle avait eu, disait-on, des relations
d'intimité avec le capitaine Manby, avec sir Sid-
ney-Smith, et d'autres liaisons qui l'auraient
rendue mère. Ces circonstances engagèrent le
roi à ordonner une enquiéte sur sa conduite : *
il nomma une commission ministérielle, à la
tête de laquelle fut placé le lord-chancelier
Grenville. La commission interrogea un grand
nombre de témoins, et prononça l'acquittement
de la princesse quant à l'accusation de gros-
sesse, mais en déclarant que sa conduite n'é-
tait pas exempte d'inconséquences telles, qu'el-
les pouvaient donner naissance à des soupçons
à la vérité mal fondés. Le roi voulut donner plus
d'éclat à ce j ugement qui proclamait l'innocence
de la princesse, et rendit à sa bru ime visite de
cérémonie. De semblables témoignages d'inté-
rêt lui furent donnés parles princes ses beaux-
frères ; le duc de Cumberland accompagna même
la princesse à la cour et à l'Opéra. Les bruits qui
avaient été répandus contre elle ne pouvaient
venir que des personnes qui entouraient le
prince de Galles et de la cour de la reine ré-
gnante, qui de tout temps se montra peu favo-
rable à sa bru. La nation manifesta, en cette oc-
casion comme dans beaucoup d'autres, son at-
tachement pour la princesse.
Cependant en 1813 la discorde éclata de
nouveau entre les deux époux, quand la prin-
cesse se plaignit des difficultés qu'elle rencon-
trait pour voir sa fille aussi souvent que le sen-
timent maternel lui en faisait un besoin. Le
prince de Galles,- alors régent du royaume, fit
droit à cette plainte ; et la princesse obtint , au
mois de juillet 1814, la permission de se rendre
810
à Brunswick , de parcourir l'Italie et la Grèce.
Dans le voyage aventureux que Caroline faisait
alors à travers l'Allemagne , l'Italie , la Grèce ,
l'Archipel et la Syrie jusqu'à Jérusalem, elle
avait pour compagnon uu Italien appelé Ber-
gami. Les récits les plus scandaleux furent mis
en circulation sur les relations qui se seraient
établies entre elle et Bergami; mais la prin-
cesse ne reçut pendant tout son pèlerinage
que des témoignages de respect et de recon-
naissance, car elle faisait du bien avec libé-
rante. A son retour, elle séjourna en. Italie,
principalement dans les environs du lac de
Côme.
Quand le prince de Galles monta sur le trône
le 29janvier 1820 , une proposition fut faite de
sa part par lord Hutchinson à la princesse, pour
l'engager, moyennant une pension de 50,000 lîv.
sterl., à renoncer au titre de reine, ainsi qu'à
tout autre qui pouvait l'appeler les liens qui
l'unissaient à la famille royale d'Angleterre, et
à ne plus revenir dans les îles Britanniques.
Elle refusa hautement et avec dignité ces offres
outrageantes; elle voulut au contraire, dès ce
moment, faire reconnaître ses droits comme
reine d'Angleterre, et elle dévoila les intrigues
qu'un agent secret , le baron d'Ompteda, avait
tramées contre elle. Toutes les tentatives que le
roi fit pour obtenir qu'elle se désistât de ses
prétentions n'eurent aucun résultat. Malgré lui
et à l'insu du ministère , Caroline prit terre le
5 juin, au miUeu des cris de joie du peuple an-
glais ; et le lendemain elle fut conduite en triom-
phe à Londres. Alors lord Liverpool, ministre
du roi, porta contre la reine une accusation for-
melle, dans le but de la livrer au mépris public,
de la faire déclarer coupable d'adultère, et par
conséquent indigne de la couronne royale. Mal-
gré les soupçons que faisaient planer sur elle les
débats et les enquêtes pailementaires, la voix pu-
blique se prononça en faveur de la reine pendant
toute la durée de ce scandaleux procès ; de sorte
qu'après avoir épuisé tout l'arsenal delà chicane,
et après avoir obtenu pour sa condamnation,
dans la chambre des lords, la majorité de 123
voix contre 95, les ministres ne jugèrent pas à
propos de donner suite à cet arrêt; mais ils de-
mandèrent l'ajournement à six mois, et laissèrent
tomber entièrement la poursuite du bili qu'ils
avaient sollicité.
Ainsi finit un procès qui blessait profondément
le sentiment moral par son origine, par la nature
des poursuites, et par ses résultats. La reine,
quoique éloignée de la cour, vivait dans Bran-
debourg-house conformément à son rang et au
titre royal qu'on ne lui contestait plus, sous la
protection du peuple, qui souvent manifestait
avec énergie de quelle manière il jugeait la reine.
Au mois de juillet 1821, à l'occasion du couron-
nement solennel de George IV, elle demanda à
participer à cette solennité, ou au moins à assis-
ter à la cérémonie; mais l'une et l'autre demande
811
CAROLINE — CARON
lui furent refusées par un arrêté du conseil
privé. Malgré le soutien qu'elle trouvait dans
l'opposition , elle essuya l'humiliation d'être re-
fusée à la porte de l'abbaye de Westminster le
jour du couronnement , lorsqu'elle se présenta
pour entrer. Elle se hâta de rédiger une protes-
tation contre cet attentat à ses droits, et les
journaux donnèrent à cet acte la plus grande
publicité. Peu après le départ du roi pour l'Ir-
lande , Caroline tomba malade ( 30 juillet ) au
théâtre de Drury-Lane, par suite d'une violente
agitation morale, et d'un refroidissement qui
vint s'y joindre. L'inflammation dans ses entrail-
les fit des progrès si rapides que, contre l'opi-
nion des médecins , elle annonça sa mort pro-
chaine. Elle mourut en effet le 7 août 1821,
et, d'après sa dernière volonté, sa dépouille fut
transférée à Brunswick, où elle repose dans la
sépulture de ses aïeux. Ses funérailles donnèrent
lieu, à Londres et à Brunswick, à des troubles
sérieux ; et le public se livi-a contre George IV
et sa cour à des soupçons sans doute injustes
et mal fondés. [ Enc. des g. du m.]
Zeitgenossen,^'^ seMoUjO" III. — John "Wilke, Memoirs
of lier late Itlajesty, etc.; Londres, 1822,2 vol. in-8°.
CAROLINE ( CaroUne-Ferdinande-Louise),
duchesse de Berry Voy. Berry,
CAROLiNÊ-BiATHiLDE, reine de Danemark,
née en 1751, morte en 1775. Elle était fille de
Frédéric-Louis, prince de Galles. C'est en 1769,
à l'âge de quinze ans, qu'elle épousa Christian VIT,
roi de Danemark; elle lai donna deux enfants ;
un fils, Frédéric VI, et une fille. L'histoire de
cette jeune reine est intimement liée à celle de
Struensée. Traitée avec froideur par la belle-
lïière et par la grand'mère du roi, Caroline-Ma-
thildefut bientôt négligée par Christian \1I lui-
même, et dans son isolement elle donna sa con-
fiance au favori Struensée, qui développa en elle
des projets ambitieux, et résolut de faire passer
entre ses mains tout le pouvoir de son époux.
Nous renvoyons les détails de cette conspiration
aux articles Struensée et Christian Vn, et nous
nous bornerons à dire ici que Caroline-Mathilde
fut enveloppée dans le malheur du ministre; que,
menacée d'être traitée avec la dernière sévérité,
elle dut à l'Angleterre d'être rendue à la liberté,
et simplement renvoyée de la cour. Elle se ren-
dit à Celle, dans le Lunebourg, où le chagrin ne
tarda pas à mettre fin à sa vie. Elle avait à peine
vingt-quatre ans lorsqu'elle mourut, après avoir
écrit à son frère, le roi d'Angleterre George III,
une lettre remarquable qu'on peut lire dans l'ou-
vrage allemand intitulé : les Derniers moments
de la reine de Danemarlt. {Enc. des g. du m.]
Falkenskiold , Mémoires.
CAROLINE ( Marie- Annonciade Bona-
parte). Voy. Napoléon (sœur de).
*CAROLL (Charles), général américain, né
en Amérique en 1737, mort à Baltimore en no-
vembre 1832. 11 fit ses études en France au col-
lège de Reims, et prit une part très-active à la
1 guerre de l'indépendance américaine, dontil sigu <
l'acte de déclaration.
Henrion, Annuaire biographique, 1834.
*CAROLUS (Jean), moine et historien belg»:',
né à Anvers en 1526, mort à Malines en 1597. Il
était membre du grand conseil de Malines , juris-
consulte éminent, littérateur et historien. Il prit
l'habit monastique vers ses derniers jours. Il a
laissé des Mémoires historiques publiés long-
temps après sa mort.
Biographie générale des Belges.
CARON dit CHARONDAS, jurisconsulte fran-
çais. Voy. Charondas.
CARON, ou CARRON (François), armateur
hollandais d'origine française, né en Hollande ,
naufragé devant Lisbonne en 1674. Il était d'un€
famille protestante réfugiée dans les Pays-Bas, à
la suite des guerres de religion. Dénué de tout
moyen d'existence et pourvu d'une éducation in-
complète, il s'engagea très-jeune comme aide-cui-
sinier à bord d'un vaisseau hollandais en par-
tance pour le Japon. Durant la traversée, sor
intelligence le fit choisir pour commis aux vivi-es.
Cet emploi lui permit de faire quelques études ;
il s'appliqua surtout aux calculs, et dès son ar-
rivée au Japon il approfondit la langue indigène.
Cette connaissance le rendit précieux aux agents
de la compagnie hollandaise des Indes, et il m
tarda pas à occuper parmi eux un rang distingue
et utile à ses intérêts. Il devint membre du con-
seil général d'administration et directeur du com
merce du Japon. Il brigua ensuite im poste en-
core plus élevé à Batavia ; mais, ne l'ayant poini
obtenu, il n'écouta alors que son mécontentement
quitta brusquement le service de la Hollande , ci
en 1644 il ^Int offrir ses services à Colbert, qu
s'efforçait de donner à la France une certain*
importance dans le commerce des Indes. En 1666.
Caron reçut des lettres patentes qui le norai
maient directeur général du commerce fran-<i
çais dans l'Inde; mais en même temps on lui
adjoignit quatre autres commerçants hollandaii.
et autant de français avec le même titre. Commd
les derniers avaient une prépondérance marqué(
sur leurs collègues étrangers, la jalousie éclate
parmi les directeurs, que des attributions ma
définies mettaient sans cesse en conflit. Débar^
que à Madagascar en 1667, Caron trouva les
comptoirs français dans un état déplorable : dé
sespérant de triompher des obstacles qui l'en-
touraient, il partit pour Surate, qui lui parut w
centre plus favorable. Peu après son arrivée, i
expédia à Madagascar une riche cargaison. Ceî
heureux commencement d'opération fut encou-
ragé parle gouvernement français, qui adressa à
l'armateur hollandais le cordon de Saint-Michelj
Caron regardait la domination de l'île de Cey-
lan comme de la plus grande importance pour la
France. Une flotte , commandée par l'amiral dC'
Lahaye , fut mise à la disposition de Caron, qui|
essaya vainement d'asseoir un établissement à
Trinquemale; une autre tentative sur Malia-i
«18
pour n'amena également qu'une conquête sté-
rile. Cette coûteuse et mutile expédition fut
exploitée par les nombreux ennemis que son
caractère impérieux et son avarice sordide lui
suscitaient chaque jour. Ils obtinrent du minis-
tère qu'il fût forcé de rendre des comptes;
et, pour ne pas laisser soupçonner les conséquen-
ces de ce rappel, on motiva l'ordre de retour sur
un prétendu besoin de le consulter au sujet de
nouvelles entreprises. Caron embarqua aussitôt
ses immenses richesses, et fit voile pour Mar-
seille. Déjà il avait dépassé Gibraltar lorsqu'un
navire, commandé par un de ses amis, l'accosta
et l'instruisit de la véritable disposition de la cour
à son égard. Caron fit aussitôt virer, et mettre le
cap sur Lisbonne; mais à peine eut-il mouillé
en rade de ce port, qu'un coup de mer fit toucher
son navire, qui sombra, ocj-ps et biens. Un des fils
de Caron parvint seul à s'échapper.
On a de Caron : Description du Japon, eu
hollandais; la Haye, 1636, in-4''; traduite en
français par Thévenot, dans le 4* vol. du Recueil
des Voyages au Nord; — Journal du Voyage
des grandes Indes, contenant tout ce qui s'est
•fait et passé à bord de Vescadre de Sa Ma-
jesté sous le commandement de M, de Lahaye
depuis son départ de la Rochelle en mars
U70 jusqu'à septembre 1674; Paris, 1698,
in-12. — Chardin, dans le tome P' de ses Voya-
ges, rapporte quelques écrits de Caron concer-
'nant l'établissement de la compagnie des Indes
orientales de France. A. de L.
Langlès, Voyages de Chardin, IV, 310. — Smith, Jïw-
toire des Voyages. — ht Japon, dans V Univers pitto-
resque.
c&.KOTi {Augustin- Joseph), colonel français,
né en 1774, fusillé à Strasbourg en septernbre
1822, n'avait que seize ans quand il entra au ser-
vice en 1789. Après un lent et pénible avance-
ment, il fut nommé heutenant-colonel à la suite
d'une brillante action à Bar-sur-Oruain (1814).
Retiré après 1815 en Alsace avec une mince
demi-solde, Caron conserva dans son cœur le
culte de l'empereur, et l'espoir de faire encore
triompher sa cause. Amsi il se trouva impliqué,
en 1820, dans la conspiration d'août qui fut dé-
férée à la chambre des pairs. Défendu par M. Bai--
the, alors carbonaro, il fut acquitté, et se retira
à Colmar. Quand plus tard là conspiration de
Béfort eut échoué, il forma le projet de déhvrer
les prévenus qu'on allait juger à Colmar. 11 fit
à ce sujet d'imprudentes propositions à quatre
sous-officiers, qui le dénoncèrent, et qui reçurent
l'ordre de leurs chefs de se prêter à ces tenta-
tives, pour arrêter l'entreprise quand il en se-
rait temps. Le 2 juillet 1822, les sous-officiers
Gérard, Thiers, Magnien, Delzaive lui amènent
deux escadrons, dans lesquels se trouvaient des
officiers déguisés en simples chasseurs. Caron
ayant revêtu son uniforme à l'approche du pre-
mier escadron, Magnien, qiù avait reçu ses ha-
bits bourgeois avec ordre de les jeter dans les
CARON 814
vignes, se hâte de les porter au préfet. Pendant
ce temps, la petite troupe, qui avait répondu à
sa harangue par le cri de vive l'empereur ! con-
tinue sa marche. Arrivée devant Ensisheim, elle
refuse d'y entrer. Alors le colonel conçoit de
nouveaux soupçons; et lorsqu'on est i)arvenu au
village de Battenheim il se rend inunédiatement
chez le maire pour préparer des logements à ses
compagnons, avec la ferme intention de les dis-
séminer. Le flagrant délit allait échapper aux
délateurs... L'heure était venue... A l'instant on
l'entoure, on lui enlève ses papiers et ses armes.
Un autre ancien militaire, nommé Roger, son
complice, subit le même sort, et tous deux sont
ramenés à Colmar garrottés sur une charrette.
Il fallait à tout prix une condamnation. Une
décision ministérielle, soutenue par .leux arrêts
de la cour de cassation, enleva les deux coac-
cusés aux tribunaux ordinaires, qui, en vertu
du principe d'adjonction, persistaient à les rete-
nir ; et ils parurent à Strasbourg devant le con-
seil de guerre. En vain Caron déclina la compé-
tence de ce tribunal d'exception ; il fut condamné
à mort , comme coupable à' embauchage pour
les rebelles. Le conseil de révision confirma cette
sentence. L'exécution en fut prompte : le jour
même où devant la cour de cassation M. Isambert
se présentait au nom de cet officier, le Moniteur
annonçait sa mort. Il avait été fusillé à Stras-
bourg (sept. 1822), après avoir lui-même com-
mandé le feu.
Le Moniteur et les journaux politiques du temps. —
Procès d' A. Caron, lieutenant-colonel en retraite, et de
F.-D. Roger.
CARON (Nicolas), graveur français, né à
Amiens en 1700, mort à Paris en 1768. Il était
élève de Michel Papillon, et fit des progrès ra-
pides non-seulement dans la gravure, mais encore
dans la géométrie et la mécanique. Il fut reçu mem-
bre de la Société militaire de Besançon en 1759.
Quelque temps après, étant dans une auberge, il
eut le malheur de tuer un homme en jouant avee
le fusil d'un chasseur. Trop pauvre pour payer
à la famille du défunt les dommages-intérêts
auxquels il fut condamné, Caron fut emprisonné
à la Conciergerie, et y mourutd'ennui et de cha-
grin, après quelques années de détention, il a
laissé une Méthode géométrique pour diviser
le cercle , et une Table pour faciliter l'extrac-
tion des racines. 11 a gravé aussi les planches
d'un Dictionnaire héraldique, et le portrait
de Michel Papillon, en tête du Traité de la
gravure sur bois. On trouve des estampes de
cet artiste sous le n° 1028 du cabinet impérial.
Nagler, Neues ÂUgemeines Kûnstler-Lexicon.
* CARON (Pierre), imprimeur français, vivait
en 1474. 11 fut le premier éditeur d'un ouvrage
imprimé en français. Cet ouvrage est intitulé
l'Aiguillon de l'Amour divin, traduit de saint
Bonaventure par Jean Gerson ; Paris 1474.
Caron demeurait rue Quincampoix, et avait poiu*
enseigne, suivant la mode d'alors, un petit bois»
815
CARON
81 1
avec cette devise : Au Franc Bois. Le second j bernorumcontraLovaniensesultramontanat
ouvrage qu'il a imprimé date de 1489, et porte
l'indication suivante : « Imprimé par Pierre le
Caron, demeurant au coin de la rue du Temple
et la rue Geoffroi-l'Angevain. » Ce sont les Faits
et Bits de maistre Alain Char lier, m-k" (carac-
tères gothiques).
Feller, Biographie universelle, édit. dé M. Welss.
* CARON (Firmin), compositeur et conti-a-
puntiste, né vers 1420. Il était élève d'Égide
Binchois et de Guillaume Dufay. On doit mettre
cet-artiste au nombre de ceux qui ont le plus
contribué aux progrès de la musique. Il reste de
ce vieux et célèbre maestro un volume manuscrit
qui se trouve dans les archives de la chapelle
pontificale, sous le n" 14. Plusieurs chansons et
motets de Caron ont été traduits en notation et
mis en partition par Fétis.
Hermanri Finck, Practica Mnsica. — L'abbé Baini,
Fie de Palestrina.
CARON (Julie), sœur de Beaumarchais. On
lui atti'ibue un ouvrage intitulé l'Existence ré-
fléchie, ou Coup d'œil moral sur le prix de la
we; Berlin, 1784, petitin-12. — Voy. Beaumar-
chais.
Quérard, la France littéraire.
* CARON (Antoine), peintre français, né à Beau-
vais vers 1520, mort à Paris vers 1598. Tout ce
qu'on sait de positif sur Caron, c'est qu'il fut
peintre de Catherine de Médicis, et qu'une de ses
filles épousa le graveur Thomas de Leu. Lemu-
séeduLouvrepossèdedelui quelques dessins, par-
rai lesquels on remarque : le Sacre dhm jeune
prince , et une Flagellation. Il avait peint dans
l'église Saint-Laurent de Beauvais, détruite en
1798, plusieurs tableaux, et fourni des cartons
pour les verrières exécutées par Angrand le Prince.
11 existe quelques pièces gravées d'après lui par
G. Vaenius, Gauthier et Th. de Leu. P. Ch.
A. de Montaiglon, Antoine Caron; Paris, 1830, in-8°.
CARON (Raymond), théologien irlandais, né
en 1605, mort en 1666 à Dublin. Il entra dans
l'ordre des Récollets, passa quelques années en
Allemagne et en Flandre, et fut renvoyé dans sa
patrie avec les fonctions de commissaire général
de son ordre. De vives controverses sur le pou-
voir des rois, sur l'infaillibilité du pape, agitaient
alors les catholiques d'Irlande ; la question de la
soumission due à un souverain hérétique était
chaudement discutée, et il est facile de compren-
dre quels périls entouraient alors une discussion
semblable. Caron,très-zélé défenseur desdoctrines
de Rome, recommanda cependant la modération
et la couduitela plus sage; il eut pour adversaires
de tougueux écrivains qui recommandaient ( en
théorie du moins) la révolte contre l'autorité de
la pi-otestante Angleterre ; mais l'Angleterre était
forte, et Caron jugea prudent de se retirera
Louvain, d'où il ne retourna qu'après la restau-
ration de Charles IL Les écrits de ce religieux
sont importants pour l'histoire de l'Irlande, et ils
sont devenus fort rares. Sa Remonstratio fli-
que censuras, Londres, 1665, in-folio, fit gran
bruit lors de son apparition. Ce livre , dédié
Charles H, défend avec énergie les principes d
l'Église gallicane. Voici les titres des autres oi
vrages de Caron : Roma triumphans ; Anvers
1635 (c'est-à-dire 1653), livre dans lequel l'auteu
s'est proposé de discuter le catholicisme par un
méthode nova hactenus et insolita; — Apos
tolatus evangelium missionariorum , 1653
— Controversiee generalis fidei, 1660 j —
Loyalty asserted and the late remonstranc
or allegiance of the Irish clergy and layty coh
firmed; Londres, 1662, in-4° ; — A vindicatioi
of the Roman cathoUcks ofthe English nation
Londres, 1660, m-4''; Caron a laissé en manus
crrt quelques ouvrages qui, sans doute, ne seron
jamais imprimés.
Bibliot/ieca Grenviliana, 1842, p. 316.
*cA2ioN (roM5sm?i^), graveur français, mort
Paris le 25 août 1832. Enlevé par le choléra dan
la force de son talent, il avait pu assurer sa ré
putation par la Famille indigente, d'après Pru
dhon, le Lévite d' Éphraïm, d'après Couder, e
par un grand nombre d'autres belles planche
fort recherchées des connaisseurs.
Henrion, Annuaire biographique.
* CARON (Augustin- Pierre-Paul), canonisti
français, né à Marseille-le-Petit (Oise) en 1776
mort à Paris en 1851. Il entra de bonne heur(
dans la congrégation de Saint-Sulpice, où il fu
chargé de l'enseignement liturgique et des céré
monies. De concert avec l'abbé Gosselin, il édite
plusieurs ouvrages importants, entre autres les
Œuvres complètes de Bossuet et de Fénelon
accompagnées de notes précieuses. Outre un grand
nombre d'articles dans l'Ami de la Religion .
on a de lui : Manuel des cérémonies à l'u-
sage de Paris, 1847, in-8°; — Notice sur lei
anciens Rites de l'Église de Paris, ibid. Cette
dissertation est pleine de recherches intéressantes.
.^mi de la Religion (juillet 1851).
CARON (Jean-Charles-Félix) , chirurgien:
français, né en 1745 dans les environs d'Amiens,
mort le 19 août 1824. Il vint faire ses études à
Paris, et entra comme aide-major aux Invalides.
Le 13 février 1773 , il fut reçu docteur, et tnem-
bre adjoint à l'Académie royale de chirurgie. En
1782, Caron fut nommé chirurgien en chef de
l'hôpital Cochin. Il s'occupa avec ardeur des
moyens de guérir le croup, et en 1812 il déposa
chez un notaire une somme de mille francs pour
être donnée en prix à l'auteur du ineilîeur mé-
moire sur cette maladie. 11 a laissé : Compen-
dium Institulionum Philosophias , in quo de
Rethorica et Philosophia tractatur, ad usum
candidatorum baccalaureatus artiutnque ma-
gisterii; Paris, 1770, 2 vol. in-8°; —de Popli-
tis Anevrismate ; Paris, 1 772, in-8° ; — Disser-
tation sur l'effet mécanique de l'air dans les
poumons pendant la respiration , avec des
Réflexions sur un nouveau mo'"en de rappeler
Ni
SI m
CARON — CAKONDKLKT
818
Wl
'* es noyés à la vie, proposé par le flocteur Men-
5J* l^es; Paris, 1798, in-S"; — Recherches a-itiques
ur la connexion de la vie avec la respiration ;
*' ibid., 1800, in-S"; — la Chirurgie peut-elle re-
'* irer quelques avantages de sa réunion à la
nédecine ? P&ris, 1802, in-8°; — Réflexions
ur l'exercice de la Médecine; Paris, 1804,
n-%°; — Remarques sur un fait d'insensibi-
ité qui quelquefois doit avoir lieu dans les
mputations des grandes extrémités ; Paris,
804, in-8°; — Examen du recueil de tous
es faits et observations relatifs au croup ;
Md., 1808, in-8° ; — Traitédu croup aigu; 1808,
a-8°; — Remarques et observations récentes
ur le croup ;\h\A., 1810,in-8° ; — Programme
l'un prix relatif à la trachéotomie dans le
raitement du croup ; ibid., 1812, in-S" ; — Ré-
utation d'un mémoire de M. Pelletan sur la
'ronchotomie;\h\à.; — Démonstration rigou-
euse du peu d'utilité de l'École de Médecine
t du grand avantage du Collège de Chirur-
4e; ibid., 1818, in-8°.
Galerie historique des Contemporains. — Quérard, la
'rance littéraire. — Le Bas, Dict, encycl. de la France.
* CARON (Jean-Marie), jurisconsulte français,
'é en 1798 à Pornic (Loire-Inférieure), mort à
Jantes le 20 juin 1841. Reçu avoué à la cour
isll ovale de Rennes, il montra dans cette modeste
(osition de vrais talents comme jurisconsulte,
mine probité sévère et des qualités solides, qui
fo ui concilièrent promptement l'estime et l'affec-
ré ion de tous ceux qui le connaissaient. Irrésis-
Ibieraent porté, malgré son état de continuelle
iouffrance, vers les fonctions de magistrat, il
iccepta successivement celles de procureur du
•01 à Pontivy et de juge aux tribunaux de Mon-
'élimart et de Saint - Brieuc. Pénétré de l'im-
nense importance des justices de paix, il pu-
olia sur les matières soumises à ces tribunaux
le famille deux ouvrages recommandables. Ré-
solu à poursuivre pratiquement l'accocaplisse-
ment de l'œuvre dont il avait exposé la théo-
rie avec une sagacité parfaite, il abandonna
5on siège de juge à Saint-Brieuc, et ne crut
point déroger en sollicitant une place de juge de
paix à Nantes. D'une bonté sans bomes, que la
douleur ne pouvait altérer, il joignait à une ca-
pacité réelle un amour du devoir, un désinté-
ressement, une simplicité et une droiture de cœur
au-dessus de tout éloge. Ce respectable magis-
itrait a laissé les ouvrages suivants : Essai sur
la Révolution de 1830; Paris, Delaunay, 1830,
in-8° ; — observations sur la saisie immobi-
lière,ou vente par expropriation forcée, ainsi
\que sur les autres ventes d'immeubles qui
ne peuvent se faire qu'avec le concours de la
justice; Montélimart, Bourron, 1834, in-8' de
i 104 p. ; — Principes, ou Traité théorique et
ipratique des actions possessoires ; Saint-Brieuc,
1838, in-8°; — de la Juridiction civile desju-
\ges de paix ; Paris, Thorel, 1839-1840, 2 vol.
I »n-8° ; 2^ édit., 2 vol. in-8° ; 3^ édit., annotée et
augmentée de formules, par M. Biochc; Paris,
1844, Thorel, Guilbert, 2 vol. in-8°.
P. Levot.
Mellinet, Annales de la Société académique de Nantes
et de la Loire- Inférieure, t. 13, p. 369-372. — M. Chcga-
ray, Di.icours de rentrée de la cour royale de Hennés, le
8 octobre 1841.
* CARON (Pierre-Simon), écrivain facétieux
et bibliophile, né en 1763, mort en 1806. 11 faut
bien lui donner ici une place, afin de réparer
l'oubli que signale Charles Nodier, lorsqu'il se
plaint que « ce nom, si connu des bibliographes,
« n'est pas parvenu aux biographes qui ont enre-
« gistré tant de renommées ridicules ; c'est jouer
« de malheur. » Caron était un pauvre figurant
du théâtre des Variétés : tout ce qu'on sait sur
son compte, c'est qu'ami de la littérature rabelai-
sienne, il se plut à faire réimprimer des livrets
de haulte graisse, devenus extrêmement rares,
et qu'il composa, dans le même genre, quelques
opuscules de bien mauvais goût. Son esprit, altéré
par des excès ou par des malheurs, finit par
céder à des impressions bien éloignées des idées
burlesques dont il s'était si longtemps occupé. A
l'âge de quarante-trois ans, il mit, en se précipi-
tant par une croisée, une fin volontaire à une
vie qui s'était écoulée dans la misère. De 1798 à
1806, il donna des éditions nouvelles de onze
ouvrages différents, joyeux témoignages de la
gaieté de nos pères ; nous citerons seulement les
Chansons folastres descomédiens ; — \QJeudu
Prince des Sots, joué aux halles de Paris le
mardi gras l'an 1511; — les Nouvelles (en latin)
de Morhno ; — unetraductionfrançaise des Noëls
bourguignons de laMonnoye. Cette collection ne
fut tirée qu'à cinquante- six exemplaires en tout :
elle est donc des moins communes, surtout com-
plète, et elle mérite l'empressement avec lequel les
amateurs des livres curieux la recherchent. Pour
qu'il n'y manque rien, il est nécessaire d'y join-
dre quelques facéties composées par Caron lui-
même : le Noruc-Oniana, contenant les douze
mouchoirs ; — Lettre déCarali de Cappadoce à
son camarade Caralo, adressée à Cassel ; —
jEniqma, etc. Ces divers opuscules, qui ne se
composent que de quelques pages, sont à peu près
introuvables. Malgré la pauvreté qui fut la triste
compagne de son existence, Caron avait réuni
une bibliothèque composée d'ouvrages singuliers ;
il écrivait sur le frontispice de chacun d'eux une
devise, où il plaçait un jeu de mots : « M'acheter
pour me lire, car on s'instruit ainsi. »
G. Brunet.
Ch. tioA'ier, Mélanges tirés d'une petite bibliothégue,
p. 64.— Brunet, Manuel du Libraire, I, 558. — Peignot,
Répertoire de bibliographies spéciales., — Du Roure,
Analecta, etc., 1,427.
* CARONDELET, famille flamande ou bour-
guignonne, qui, selon quelques biographes, tire
son origine de "■ Jean de Charonde , chancelier
de Bourgogne, que la petitesse de sa stature fit
appeler Carondelet. » Rien ne semble confirmer
cette étymologie. Quoi qu'il en soit, plusieurs
membres de cette famille se sont distingués sous
r
819
CARONDELET — CAROSO
les ducs de Bourgogne et les archiducs, leurs suc-
cesseurs. On cite surtout :
*cARONDEi,ET (Jean de), sire de Cham-
prans, Solres et Poutelles, magistrat bourgui-
gnon, né à Dôle, mort dans la même ville en
1501. Licencié es lois, il devint conseiller et maî-
tre des requêtes au parlement du duché de Bour-
gogne, sous Philippe le Bon. Charles le Téméraire
le désigna comme commissaire à la rédaction de
la coutume de Bourgogne, et l'employa à plu-
sieurs missions politiques près Louis XI et à la
cour d'Autriche. En 1478, il présida le parlement
dft Dôle convoqué par Marie de Bourgogne et
l'archiduc Maximilien, et y soutint les prétentions
de l'archiduc à la tutelle du prince Philippe. Maxi-
rnilien le fit alors grand chancelier. En 1496,
l'archiduc Philippe destitua Carondelet de toutes
ses charges, ce qui fit dire au docte Pontus Heu-
ierus, alors prévôt d'Arnheim : Dïgnitate exui-
tur non merito, sed inimicorum calumnia cir-
cumventus. Carondelet revint dans sa ville na-
tale, et s'occupa activement de la fondation d'éta-
blissements scolastiques. -
Dunod de Charnage, Mémoires pour servir à l'histoire
du comté de Bourgogne, p. 159.
CARONDELET (/mn de), prélat et magistrat
bourguignon, né à Dôle en 1469, mort à Malines
le 8 février 1544. Il fut successivement doyen de
l'église métropolitaine de Besançon, abbé de
Mont-Benoit , prévôt de Saint-Donatien de Bru-
ges, et en 1 503 membre ecclésiastique du conseil
souverain de Malines^ En 1522, Érasme lui dédia
son Saint- Milaire. Carondelet était également
Irès-estimé par. Charles-Quint : ce monarque le
nomma en 1527 président perpétuel du conseil
de Bruxelles, et en 1531 l'appela en cette qualité
au conseil privé des Pays-Bas. Quelque temps
après, Carondelet fut nommé archevêque de Pa-
îerme et primat de Sicile. L'âge et les infirmi-
tés le forcèrent, en 1540, à rentrer dans la vie
privée. On a de lui : de Orbis Situ; Anvers, 1565,
iu-S", et plusieurs manuscrits sur diverses ques-
tions de droit.
Bunod de Charnage, Mémoires pour servir à l'his-
toire du comte de Bourgogne. — Foppens, Bibliotheca
Belgica.
* CARONDELET (i?'rawçois de), diplomate fla-
mand, mort à Anvers en 1635. Il était doyen
de l'église de Cambrai, et fut envoyé comme
diplomate en Angleterre en 1626, par l'infante
Isabelle. En 1631, il vint en France au sujet de
la reine , mère de Louis XIH, retirée dans les
Pays-Bas. H y fut très-bien accueilli, et reçut
de riches présents. Montrésor et quelques au-
tres historiens ont prétendu que le cardinal de
RicheUeu avait entraîné François de Carondelet
et [son frère George, baron de Noyelle, alors
gouverneur de Boucliain, dans une conspiration
ayant pour but de faire révolter les Pays-Bas ;
mais ces faits sont démentis par des lettres au-
tographes du roi Philippe IV, lettres conservées
par la famille Carondelet.
Carpentier, Histoire de Cambray. — Lavocat, Dictit'
naire historique.
* CARONDELET-POTTELLES {Albert-Cha>
les-Dominique ), ecclésiastique et antiquai
français, né le 16 octobre 1761, mort au Qu(
noy le 20 janvier 1838. Il embrassa de bon
heure l'état ecclésiastique, et fut élu. le 11 ju
1784, juriste du chapitre de Cambrai. 11 crutd
voir émigrer, et consacra le temps de son exil
des recherches historiques sur la Flandre, le Hj
naut et le Cambrésis. Il a laissé sur ces piovi
ces des documents très-intéressants.
* CARONDELET-POTTELLES {F.), écriva
français, frère du précédent, mort en 1836. (
a de lui : une Table des réductions pour ,
comparaison des poids et mesures ancienn
et nouvelles ; Paris, 1802, in-8''; — une tradu
tion en vers français des Élégies de Tibull
Paris, 1807, in-8", avec portrait.
FeUer, Biographie universelle. — Quérard, laFruK'
littéraire.
* CAROPRÈSE ( Gregorio ), critique napolitai
né en 1620 près de Cosenza, mort dans cette viii
en 1715. Il passa la plus grande partie de sa v^
à Rome et à Naples, où son esprit et ses coi
naissances en littérature lui attirèrent une hau
considération. Il est auteur d'une réfutation c
livre de Machiavel intitulé le Prince ; — d'ui
lettre sur YOrlando furioso ; — d'une traductic
annotée de la Logique de Sïlvano Régis ; — (
Commentaires sur les poésies de délia Cast
Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel.
*CAROSELLi (Angiolo), peintre italien, né
Rome en 1585, mort en 1653. Cet artiste ne fa
sait aucun dessin préparatoire ni sur papier i
sur toile, pour ses tableaux ; et pourtant il e.
plein de vivacité dans ses mouvements, de goi
dans le coloris, et d'un fini parfait. Il avait un t
lent merveilleux pour contrefaire les manière
des différents maîtres. Les plus habiles connaJsi
seurs se trompaient devant ses imitations du Ca
ravage. Une sainte Hélène que Caroselli ava
faite fut attribuée au Titien par de nombreu
peintres, jusqu'à ce que l'auteur eût montré se
initiales A. C, cachées dans le bas du tableau. L
Poussin affirmeavoir vu deCaroselHdeux copie
de Raphaël qu'il aurait prises pour les originaux
s'il ne les avait su être ailleurs. Presque tous le
ouvrages de Caroselli sont des portraits ou de pe
tits sujets exécutés avec grâce et délicatesse. Oi
excepte seulement son saint Venceslas, grandi
toile faite pour le palais Quirinal.
Passer!, Vitede' Pittori che hanno lavoruto inRoma
— Lanzi, Storia pittorica.
* CAROSO DA SERMONETA (MorC0-i?'ff&n-
zio), compositeur et écrivain itaUen, natif d<
Mantoue; il vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle. On possède fort peu de détails
sur sa vie|; mais il est l'auteur d'un ouvrage
curieux, MxixùéilBallarino, diviso in due trat-
tati; Venise, 1581, in-4°. On trouve dans ce
volume, fort recherché aujourd'hui, les précep-
îîl CAROSO -»^
tes de l'art de la danse, avec un grand nombre
le figures gravées sur bois , et représentant les
clalises à la mode au seizième siècle en France et
n Espagne. La musique notée de chaque air
lonne à ce travail un intérêt tout particulier, et
haque danse est dédiée, à l'aide d'un sonnet, à
'une des dames les plus illustres de l'époque.
Les figures représentent les costumes des fem-
nes et des hommes des premières classes de la
iocjété; les dames sont toutes vêtues d'amples
-obes de riches étoffes qui remontent jusqu'au
laut du cou, et tombent de manière à caclier
complètement les pieds. Peu de bibliographes
connaissent le Ballarmo, qui a échappé aux in-
fatigables recherches du savant Douce, l'auteur
Jes Illustrations of Shakespeare, qui donne
comme le premier ouvrage relatif à la danse l'Or-
?hésographie de Thoinot Arbeau, publiée en
1588.
Fétis, Biographie universelle des Musiciens.
.CAKOTTO ouCAROTO {Giovamii-Fraïicesco),
peintre italien, né à Vérone en 1470, mort en 1 546.
11 était élève de Libérale Véronèse et d'Andréa
Mantèque. Il peignit beaucoup à Casai, tant pour
le palais du marquis Guillaume de Montferrat
que pour l'église de Saint-Dominique. Les Tis-
conti de Milan l'employaient aussi très-souvent.
Soa principal genre était la miniature, et il ex-
cellait dans le portrait. Cependant, aussi habile
compositeur qu'Andréa, il le surpassait en ma-
jesté et en harmonie ; il en a donné les preuves
dans son grand tableau d'autel de San-Fermo, à
Vérone, et dans celui de l'autel des Anges à
Sainte-Euphémie, dans lequel on retrouve le faire
de Raphaël.
Vasari, Fite de' più eccellenti Pittori. — Pozzo, le
File de' Pittori e degli Architetti feronesi. — Lanzi,
Storia pittorica.
CAROTTO (frioi'anwi), peintre et architecte
italien, frère et élève du précédent, né à Vérone.
Il était peintre assez médiocre ; mais dans l'arcni-
tecture il se montra hors ligne.
Vasari, Fite de' più eccellenti Pittori e Architetti. —
Pozzo, le yite de' Pittori e degli Architetti Feronesi.
— Lanzi, Storia pittorica.
* CAROVAGivs {Bernardiii ), horloger fran-
çais, vivait en 1 530. Il avait appris son métier à
Paris, et était devenu d'une rare habileté. Il m-
venta pour le célèbre jurisconsulte Alciat une
\ horloge dont le marteau, en frappant l'heure sur
la cloche , faisait sortir d'une pierre des étin-
celles qui allumaient de l'amadou soufrée, et
communiquaient le feu à une lampe ou à une
bougie.
.Moréri , Dictionnaire historique.
CAROCGE {Bertrand- Augiistin), astronome
français, né le 8 octobre 1741 à Dol (Ille-et-Vi-
lajne), mort à Paris le 29 mars 1798. Il était lié
avec l'astronome Lalande, pour lequel il fit di-
vers calculs que ce dernier a insérés dans sa
seconde édition de son Astronomie ; il avait ré-
duit en décimales toutes les tables astronomi-
ques. On a de lui , dans la Connaissance des
CARPACCIO
822
temps de 1781 , 1789 et 1798, des formules de
parallaxes vX divers mémoires, il était très-pau-
vre, et obligé pour vivre de faire des éduca-
tions particulières, lorsqu'cn 1795 Larevellière-
Lépeaux, en considération de sa situation et de
son mérite personnel, lui fit obtenir une place
d'administrateur général des postes, place qui
lui procura quelque aisance et les moyens de
continuer ses travaux astronomiques. Quelques
jours avant sa mort, il les remit à Lalande, qui
les publia dans la Connaissance des temps
poitr 1801 : ce sont des tables pour calculer, à
un quart d'heure près, les phases de la lune pen-
dant soixante ans : elles sont meilleures, dit La-
lande, que celles qui sont dans les Éléments de
navigation de Bouguer et de la Caille. Il avait
aussi calculé raille étoiles pour le GloOe céleste
publié chez Delamarche, successeur de Forton.
P. Levoï.
Lalande, Bibliographie astronomique.
*CARPACCio (Vittore), peintre vénitien,
né vers 1450, moi't vers 1522. Vasari le nomme
Scarpaccia, et Sansovino Scarpazza ; mais ses
ouvrages sont ordinairement signés : Victoris
Carpathii Veneti opus. Cet artiste peignit dans
le palais des doges et dans plusieurs des <;on-
fréries de Venise, en concurrence avec les Bel-
lini et le dernier des Vivarini , et nulle part il
ne se montra inférieur à ses rivaux. Sans
compter les beaux ouvrages qui existent encore
à Venise et dans les autres villes de son terri-
toire, les quatre tableaux que possède la galerie
de Milan suffiraient pour prouver que la pein-
ture vénitienne avait été portée par lui, sous plu-
sieurs rapports, plus près encore de la perfec-
tion que par Giovanni Bellini , qui ne l'égala
pas pour la douceur du coloris, la beauté des
tètes et l'entente du clair-obscur. Les peintures
de Carpaccio au palais des doges ont péri dans
l'incendie de 1576; mais il est resté dans le
musée de Venise plusieurs tableaux qui le pla-
cent au premier rang parmi les peintres de son
temps ; ce sont neuf sujets tirés de la légende
de sainte Ursule, la Présentation de Ven-
tant Jésus au temple, et le Martyre des dix
mille crucifiés du mont Ararat. Il a laissé
encore à Venise, à Saint-George des Esclavons,
quelques traits de la vie de Jésus-Christ, de
saint George et de saint Jacques, exécutés
de 1502 à 1511 ; et à Saint- Vital, le saint à che-
val. Le musée du Louvre possède de ce maître
une Prédication de saint Etienne à Jérusa-
lem.
Carpaccio eut pour élève Lazzaro Sebastiani.
E. B— N.
Ridolfi, Fite de' Pittori feneti. — Lanzi, Storia pit-
torica. — Ticozzi, Dizionario. — Quadri, Otto Giorniin
yenezia.
*CARPAccio (Benedetto) , peintre vénitien,
florissait dans la première moitié du seizième
siècle. Il peignit dans la Rotonde de Capo
d'istria un Couronnement de la Vierge, au
bas duquel on lit : Benedetto Carpathio Veneto
S23
CARPACCIO — CARPANI
pingeva MDXXXVII. On ne connaît à Venise
aucun ouvrage de cet artiste, qui vivait encore
en 1541. E. B— N.
Ticozil, Dizionario. — Lanzi, Storia pittoriea.
*CAiu»AGiVA (Gaspard), cardinal, théolo-
gien et numismate italien, vivait dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. On n'a de lui
qu'une Epistola pastoralis , à la suite de Caro-
lus Borroinœus, Instructiones Pastorum; Lou-
vain, 1702, in-12; et Rouen, 1707, in-12. Mais
Carpagna est plus connu par l'établissement d'un
cabinet de monnaies et de médailles assez consi-
dérable , dont il existe une description et un ca-
talogue attribués à Jean-Pierre Bellori , et ayant
pour titre : Scelta de' medaglioni più rari
nella biblioteca delP eminentissim. signor
cardinale Gasparo Carpagna; Rome, 1679,
in-4°. On a donné des extraits étendus de ce
livre dans le Giornale de' Letterati in Roma,
1674. Une autre description du cabinet de mé-
dailles de Carpagna est intitulée Rariora maximi
moduli numismata selecta ex bibliotheca
eminent. card. Gasp. Carpagnse, Josephi Mon-
terchii commentariis illustrata; Amsterdam,
1685, in-12.
D. Clément, Bibl. curieuse, VI, 302. — Adelung, suppl.
à Jôcher, AUgem. Celehrten-Lexicon.
CARPANi (Joseph ), poète dramatique et mu-
sicographe italien, né le 28 janvier 1752 à Vil-
lalbese, district de la Briansa, dans le Milanais;
mort à Vienne en Autriche le 22 janvier 1825.
Après avoir fait ses classes sous les jésuites à
Milan , il fut envoyé à Pavie pour y étudier le
droit. Il y passa quelques années, sans ja-
mais ouvrir un livre de droit; il obtint ce-
pendant le grade de docteur, « parce que, se-
« Ion l'expression de son biographe, tout le
"■ monde l'obtient ; et il fut applaudi en soute-
<( nant sa thèse, parce que chacun trouve quel-
« ques badauds qui l'applaudissent. « Il entra
ensuite chez un avocat renommé à Milan, pour
y faire son stage ; mais il en sortit bientôt, pour
s'occuper de poésie et de musique. C'est de cette
époque que datent ses premiers essais poétiques
en dialecte milanais, dont plusieurs, notamment
ses élégies sur la mort de Marie-Thérèse, furent
trouvés assez remarquables par le poète Parini
pour que celui-ci lui adressât, afin de l'encou-
rager, des stances écrites dans le même dialecte.
Bientôt après, il fit son entrée dans le monde
dramatique par une comédie intitulée i Conti
di Agliate , et attribuée longtemps au P. Mo-
lina, l'auteur en vogue à Milan. Cette comédie
et ses autres drames furent joués au théâtre de
Monza devant l'archiduc Ferdinand et sa femme,
Marie-Béatrice d'Esté. En 1792, lors de la ré-
volution française, il devint rédacteur de la
gazette de Milan sous le nom d'il Veladino, et
il rédigea de violents articles contre la révolu-
tion. En 1796, lors de l'invasion française, il
suivit son gouvernement à Vienne. Nommé cen-
seui" et directeur des théâtres de Venise, il de-
vait, après la paix de Campo-Formio, retourii
en Italie ; mais une ophthalmie dont il était :
fligé réclamant les soins de médecins expé
mentes, il resta à Vienne, où il fut attaché comi
poète au théâtre impérial. C'est dans ce tem
qu'il se lia d'amitié avec le célèbre Haydn, don
a fait connaître la sublime musique à ses comi
triotes en traduisant le iibretto allemand de s
oratorios en italien , de manière à faire cadi
entièrement le nouveau texte avec la musiq
composée pour les originaux. Il a d'ailleurs f
la rïïême chose pour quelques autres opéi
français et allemands, et en général avec bea
coup d'habileté. En 1809, lors de la nouve
guerre de l'Autriche contre la France, il accoi
pagna l'archiduc Jean pendant toute la camp
gne , dont il rédigea le compte-rendu exac
jour par jour. Mais, pour une raison inconnu
Carpani en détruisit lui-même le manusci
après 1812. C'est dans cette même année qui
voulant honorer la mémoire de son ami et pr ■
tecteur Haydn, il pubUa les Haydines, lettr
intéressantes, écrites d'un style pittoresque
élégant , touchant la vie et les œuvres de >
compositeur. Cet ouvrage fut la cause d'i
scandale littéraire où Beyle ( connu sous le pseï
donyme de Stendhal) a joué un rôle assez équ
voque. Un, certain Alexander-César Bomb
avait copié , pendant un voyage en Italie , l'oi
vrage de Carpani, et l'avait traduit en frauçai
Beyle publia à sa place cette traduction, intitule
Lettres écrites de Vienne en Autriche su
Haydn , suivies de notes sur Mozart et Mi
tastase; Paris, 1814. Carpani cria au plagiai
alors Beyle fit, en 1817, paraître le même ou
vrage sous le nouveau titre : Vies de Haydn
Mozart et Métastase, avec une préface, o
il prétend avoir modifié les emprunts faits .
Carpani par ses notices , tirées de sources aile
mandes.
Carpani, qui depuis 1810 s'était définitive
ment fixé à Vienne, reprit sa place de poëti
dramatique du Théâtre-Impérial, et concouru
plus tard à la rédaction du Journal littéraire di
Milan, qui compta parmi ses collaborateurs lei
plus grandes notabilités littéraires. Mais ave(
son caractère d'enthousiaste exclusif, propre au>
Italiens, il se trouva engagé dans quelques auti^et
querelles littéraires. Ce fut d'abord en 1818, J
propos d'un livre du Vénitien André Majer, qui,
entraîné hors des bornes par sa défense de l'é'
cole vénitienne de Tiziano, avait battu en brèche
l'idéalisme dans l'art, et en général toute l'écolei
allemande de Sulzer, Mengs, etc. Carpani ri-
posta, dans ses Mariages, ou Lettres sur l'Imi
talion. dans la peinture, à Majer, et renouvela
cette polémique, quelques années plus tard, dans
une discussion sur la musique de Rossini. Majer
avait des préjugés aussi peu raisonnables contre
cet illustre maestro que l'étaient ceux de Car-
pani en sa faveur, résumés dans les Rossinia)ie.
Le public se dégoûta à la fois de cette querelle,
}5 CARPANI -
ins laquelle les doux adversaires firent trop
>ir l'absence de notions positives sur l'art mu-
j_îal. Carpani avait d'ailleurs le caractère bon;
'r, après toutes les paroles acerbes éciiangées
ec Majer, il lui légua en mourant son buste,
ivragc de Canova. Ses opéras furent en grande
rtie mis en musique par les maîtres de cha-
lle les plus renommés du temps, tels que Paër,
eigl, Pavesi, etc. Voici la liste de ses ouvra-
s : Sonnetti, canzoni, apologhi , si in ita-
ino corne in dlaletto milanese , stampati a
ilano, a Venezia, a Vienna; — i Conti d'A-
iate, commedia; — Dio, salvi Francesco!
rafrasi italiana del cantico nazionale te-
sco in onore delV imperatore Francesco I,
sta in muslca daW Haydn ; — Amore
îce pregiiidizio , commedia , qui fut aussi
iduite en allemand ; — la Camilla, dramma,
s en musique par Paër; — l'Uniforme,
amma , mis en musique par Weigl ; — il
■gliorDono, cantate pour l'empereur d'Autri-
e, avec la musique de "Weigl ; — la Crea-
me, volgarizzamento dal tedesco, con le
rôle accomodate alla célèbre musica deW
lydn; — V Amore alla persiana, drame en
ax actes; — la Vita del cane del Pepoli ;
' la Passione di N. S. G. C, avec la musique
"Weigl ; — Lettera sul un quadro di ma-
■ma Lebrun; — Descrizione délie pilttire
lia cupola di S.-Celso in Mllano ; — la
uola. délia maldicenza, traduction libre
jne comédie anglaise de Sheridan ; — il Giu-
zio di Febo, cantate pour l'empereur d'Autri-
e, avec la musique de Pavesi; — Vlncontro,
ntate, avec la musique de Gerace ; — Lettere
U7i Forestière; — l'Allievo delV orsa,
ame ; — Spiegazione drammatica del mau-
leo del Canova, per Varciduchessa Cris-
na; — Pilade e Ores te, drame; — l'Inclo-
nel, poëme en dialecte milanais ; — Riccardo
'lor di leone, drame, traduit du français ; —
■ Bote, id. ; — Rinuldo d'Asti , id.; — la
■idowlska, id.; — Raollodi Crequi, id.; —
Effetto delV amore e del caso, id.; — la
2ravana del Cairo, id. ; — i Due Ragazzi
ivojardi, id. ; — la Lezion d' on di, co-
:édie en dialecte milanais; — gli Antiquari
i Palmira, drame bouffe; — Dissertazione
[forno la maniera e lo stile manierato ;
la Goncia desturbada , poëme en trois
liants, en dialecte milanais ; — Octaves mila-
aises pour honorer le retour de leurs ma-
fstés impériales à Milan ; — la Bellezza,
oëmé; — il Giuoco délie reti, poëme; —
Hano générale di tutte le pitture del pa-
%zzo Serbelloni; — Sonettimilanesi in morte
i Maria-Teresa , impératrice ; — la Figlia
el Sole, drame imité de l'allemand, avec ad-
ition d'un acte nouveau ; — l'Alcade di Zala-
lea, comédie traduite de Calderon ; — Didone
n America , drame bouffe ; — Formosa,
irame ; — il Principe invisibile, comédie en
CARPANO 82G
quatre actes ; — le Haydine, ovvero lettere in-
torno alla vita e le opère del célèbre maestro
Gitiseppe Haydn; Milan, 1812, in-8"; 2^ édit.,
augmentée et revue; Padoue, 182.'}, in-S" ; —
le Majeriane, ovvero lettere in confutazione
délie opinioni del cav. Majer, intorno alla
imitazione pittorica e le opère di Tiziano;
Milan, 1819, in-8''; — Lettere su i giardini di
Monza; — i Bagni di Baden, sestines; —
Sestine per le nozze di S. E. il principe
Auersperg con S. A. la principessa Lobko-
witz ; — le Rossiniane, ossia lettere musico-
teatrali, principalemente sulla mtisica del
iRossini; Padoue , 1824,in-8°. L'opuscule inti-
tulé Lettera del prof essore Giuseppe Carpani
sulla musica di Gioacchino Rossini , Rome,
1826, in-8°, n'est qu'un extrait, fait par un ano-
nyme, de quelques articles des Rosslniennes.
Tipaldo, Blog. degli Ital. illustri. — Fétis, Biographie
générale des Musiciens.
CARPANI (Joseph), théologien et poète ita-
lien, de l'ordre des Jésuites, né à Rome le 2
mai 1683, mort dans la même ville vers 1765.
Il professa la rhétorique, la philosophie et la
théologie au collège germanique de Rome. Ou-
tre quelques ouvrages de tiiéologie oubliés au-
jourd'hui , on a de lui : sept tragédies en vers
latins ; Vienne , 1746; Rome, 1750; — de Jesu
infante; Rome, 1747 : ce sont deux pièces la-
tines publiées sous son nom académique, Ti7To
Ercopolita ; — quelques poésies latines, insérées
dans la première partie A&V Arcadum carmina;
Ma., 1757.
Annali letterarj d'Ualia.— Mandose, Bibl. rvman.
CARPANI ( Gfléïano ), compositeur italien,
frère du précédent, mort à Rome en 1780. 11 fut
maître de chapelle, et forma de nombreux élè-
ves, dont plusieurs ont acquis une grande répu-
tation en Italie. Il a laissé en manuscrit beau-
coup de compositions.
Fétis, Biographie univzrselle des Musiciens.
CARPANI ( //oroce ), jurisconsulte italicu,natlf
de Milan, vivait à Milan dans la première moitié
du dix-septième siècle. Ses piincipaux ouvrages
sont : Lucubrationes in statuta Mediolanen-
sia; Francfort, 1600; — Leges et statuta du-
catus Mediolanensis, cum commentariis ; Mi-
lan, 1616 et 1646, in-fol.
Jôcher, Jllgem. Gelehrt. Lexic.
CARPANI (/o5epft), jurisconsulte italien, vi-
vait dans la première moitié du dix-septième
siècle. Pendant quarante ans, il professa la légis-
lation au collège de la Sapience , à Rome. Outre
quelques ouvrages latins peu remarquables, on
a de lui : Fasti delV Academia degV Intrec-
ciati; 'Rome, 1673.
Mandose, Bibliotfi. Romana.
* CARPANO {Jacques- André), jurisconsulte
italien, né à Milan vers le milieu du seizième
siècle, mort en 1612, dans la même ville. Après
avoir été, en 1575, admis dans le collège des ju-
risconsultes de sa patrie, il remplit plusieurs em-
827
CARPANO — CARPENTIER
8Î
plois dans la magistraaire. Enfin, il fut nommé
sénateur, dignité qu'il consei-va jusqu'à sa mort.
On a de lui : Responsa ; — Allegationes fis-
cales, insérées dans les recueils de jurisprudence
publiés à Milan et à Pavie.
Argelati, Bibl. Mediol.
*CARPANO {Pierre-Vincent), humaniste et
orateur sacré italien, natif de Milan, vivait dans
la première moitié du dix-septième siècle. Il fut
prêtre séculier et directeur du grand séminaire
de Brescia, où il enseigna l'éloquence sacrée et
profane. On a de lui : de Ratione scribendi
epistolas scholae priores ; Brescia, 1613, in-8°;
— Oratio de publicis gymnasiis Brixiee res-
tituas; ibid., 1615, io-4°; — Chrisf.us nas-
c^ns, Christus circumcisus, poemata; Gênes,
1625, 10-4°; — délia Forma che deve tenersi
nelle Crie ( sans date ni lieu d'impression ) ; —
Elogia sacra; — Lacrymse de Christi Do-
mini cruciatibus etnece, poema; — beaucoup
de lettres latines dans les Epistolee Sanazarii,
Sacci et Farnesli; Milan, 1621, in-4°.
Argelati, Bibl. Mediol.
CARPENTER {Jean), théologien anglican, né
dans le Cornouailles, mort en 1621. On a de lui :
Sermons, Méditations, etc.; Londres, 1588,
1599 et 1606, in-4° et in-S".
Wood, Athense Oxonienses.
CARPENTER {Nathanaèl), ministre et théo-
logien anglican, né dans le Devonshire, mort à
Dublin en 1635. II fut doyen de l'église d'Ir-
lande. On a de lui : Philosophia libéra triplici
exercitationum décade proposita ; Francfort,
1621, in-8° ; Oxford, 1622, in-8" : il attaqua dans
cet ouvrage la doctrine d'Aristote; — Geographij
dclineated forth in two books, containïng the
sphserical and topical parts thereof; Oxford,
1625, in-4°; — Architophel, or the pictwe of
a vncked politician; Dublin, 1627, in-8°; Ox-
ford, 1628, iu-4".
Rose, New biographical Dictionary. — Wittc, Dia-
rium hiographicnm. — Wood, Atherise Oxonienses.
CARPENTER {Richard), ministre et théolo-
gien anglican, vivait dans la première moitié du
dix- septième siècle. De Cambridge, où il avait
fait ses études, il passa sur le continent, reçut
les ordres selon le rit romain, et fut, dit-on, reli-
gieux bénédictin en Italie. Etant retourné en An-
gleterre en qualité de missionnaire, il abjura le
catholicisme, obtint une cure qu'il quitta bientôt
pour se faire prédicateur forain, et abusa de ce
ministère pour entretenir la scission entre le roi
Charles P"^ et le parlement. Sur la fin de sa vie,
il rentra dans le sein de l'Église romaine. On a de
Carpenter : plusieurs sermons; Londres, 1612,
1616 et 1623, in-4° etin-8°; — Expérience, his-
tory and divinity ; ibid., 1642, in-8" ; réimprimé
sous le titre : the Downfal of Antichrist ; ibid.,
1648 ; — the perfect law of God, being a ser-
mon and no sermon, preached and yet not
preached; 1652, in-8°; — Astrology proved
harmless, useful, pious ; Londres, 1653, ia-4°.
Wood, yithenx Oxonienses. — Rose, TVew biograpi.
cal Dictionary.
CARPENtlER OU LECARPENTIER ( In^oiw
Michel), architecte français, né à Rouen en 170
mort en 1772. Il étudia la sculpture, puis l'arcl
tecture; il vint à Paris en 1728, et, son talent s'
tant développé, il devint, en 1755, membre de 1',
cadémie royale d'architecture, architecte de l'A
senal, des domaines et des fermes générales <
roi. On peut citer, parmi les édifices élevés par
architecte, les châteaux de Courteilles, de la Fer
dans le Perche, de Ballainvilliers ; les bâtimen
de l'Arsenal, les intérieurs de l'hôtel de Beuvro
Il fut chargé par le prince de Condé de continu
le Palais-Bourbon, devenu aujourd'hui, apr
bien des changements politiques et architecton
ques, le palais du corps législatif. Carpentier et;
recpmmandable non-seulement par son taler
mais encore par une probité, une droiture à tou
épreuve, une âme forte, un grand désintéress
ment, et une bienfaisance inépuisable.
Le Bas, Dict. encyclopédique de la France. " Fo
tenay, Dictionnaire des Artistes. — Nagler, Neues A
çemeines Kûnstler-Lexicon.
CARPENTIER OU CHARPENTIER {Jean
historiographe et généalogiste, natif d'Absco
près de Douay; mort à Leyde en 1670. Il et;
religieux à l'abbaye Saint-Aubert de Cambrî
lorsqu'il < s'enfuit en Hollande avec une femn
qu'il épousa peu de temps après. Il fut nomn
historiographe de Leyde. On lui doit : Histoi;
de Cambrai et du Cambrésis ; Leyde, 166
1668, in-4°, 4 parties, ouvrage rare et reche
ché; — les Généalogies des familles nobl
de Flandre, in-folio, ouvrage peu estimé,- — ui
traduction des voyages du Hollandais Nieuho
Le Bas, Dict. encycl. de la France. — De Bore, bihlï
(iraphie instructiw, n° 33X3. — Lelong, Biblioth. histc
de la France, édit. Fontette. — Foppens, Biblioth. Bi
gica. — Leglay, Notice sur Carpentier, historiorjrnp
du Cambrésis ; Va\enciennes, 1833, ia-8°.
* CARPENTIER OU CHARPENTIER. {IrénéC
pseudonyme d'un savant suisse du seizième siècl
de Godefried ou Fried (Irénée), et Wagm
(Charpentier). Voy. Wagnkr {Godefroid).
CARPENTIER {Pierre), gouverneur hollai
dais, mort en 1659. Il devint gouverneur de B
tavia en 1623, fit échouer une conspiration qi
des commis anglais etdes soldats japonai&avaiei
formée contre les Hollandais, et rendit de gram
services au commerce de sa patrie. A son retoi
en Hollande, il fut nommé ^hef de la eompagn
des Indes par la chambre d'Amsterdam.
Biog. univ. (éd. belge).
CARPENTIER {Pierre), célèbre antiquaire i
paléographe français, de l'ordre des Bénédictit
de Saint- Maur, né à Charleville le 2 février 169;
mort à Paris le 19 décembre 1767. Étant cnti
dans la congrégation de Saint-Maur, à Reims, e
1720, il s'occupait depuis cinq ans d'une noi
velle édition de Tertullien , lorsque dom Mau.
d'Antine, que les bénédictins de l'abbaye d
Saint-Germain des Prés avaient chargé d'un»
m
aj,
%i,
!39
ouvclle édition du Glossaire de du Cânge, s'ad-
oignit Carpentier pour ce travail. Après un s6-
|)ur de plusieurs années, il quitta l'abbaye de
aint-Germain des Prés à Paris, où il avait tra-
aillc avec d'Antine, dont on le soupçonne d'a-
oir emporté les manuscrits, pour les mettre à
rofit plus tard. Carpentier fut pourvu, en 1737,
ft la prévôté de Saint-Onésimc de Doncbery
Ardennes), dépendante de la môme congréga-
on, riche sinécure qu'il avait obtenue par l'en-
emise de l'abbé de Pomponne; mais il ne tarda
is à passer dans l'ordre de Cluny, à la faveur
un induit de translation fondé sur des motifs
infirmité, induit pour lequel il eut un long pro-
!S à soutenir. Après avoir fait son noviciat au
^euré de Saint-Pierre et de Saint-Paul d'Abbe-
ille, et prononcé des vœux nouveaux en 1741,
fut nommé aumônier de l'abbaye de Saint-
ambert en Bugey. Ses travaux littéraires exi-
lant sa présence à Paris, il obtint de l'abbé de
alorl un bénévole pour être agrégé à l'abbaye
i Saint-Pierre de Sauves, diocèse d'Alais.
ar ce moyen il devint religieux de cette mai-
)n sans y résider; et il vécut depuis à Paris,
jltivant les lettres, fouillant dans les archives
les bibliothèques, et cultivant l'amitié de
ibbé de Valori. En 1760, il accompagna à la
)ur de Vienne l'ambassadeur de France, de
uerches. De retour à Paris après 1751, il con-
flua sa vie d'érudit Jusqu'à sa mort, qui le
jrprit très-inopinément dans le collège de
ourgogne , où il s'était retiré. On a de lui :
lossarium ad Scriptores médise et infimse
itinitatis, auctwe Carolo Dufresne, domino
fU Gange; editio nova, et locupletior et auc-
ior, opéra et studio monachorum ordinis
.-Benedicti et congregatione S.-Mauri ; Pa-
lis, 1733-1736, 6 vol. in-fol. (les lettres ABC
ont de Nicolas Toustain et de le Pelletier ; les
ittres DEGJLNOQRT, de Maur d'Antine;
)utes les autres, de Carpentier ) ; il en parut une
ouvelle édition, sous le titre : Glossarium ad
criptores , etc., cum additionibus Iselini ;
ccedit Dissertatio de impp. Gonstantin.
timismatibus ; Bâle, 1762, 6 vol. in-fol.; les
ix planches de médailles manquent dans beau-
oup d'exemplaires; elles doivent se trouver
lans le t. IV, à l'article Moneta, p. 912, 924,
132, 940, 960, 965, 972, 981, 994 et 1020 ; —
\vis aux gens de lettres qui voudront con-
ribuer à la perfection du supplément au
Uossaire de la moyenne et basse latinité, in-
iéré dans le Journal des Savants; avril 1737,
). 253 et 254 ; — Réponse à une lettre écrite
mr M..... à M. Garpentier, sur un endroit
lui demande d'être expliqué et rectifié, dans
e Mercure de France, 1741, p. 1567-1571;
— Alphabetum tironianum, compluribus Lu-
'iovici PU chartis , qiœ notis iisdem exaratse
sunt et hactenus ineditee, ad Mstoriam etju-
risdictionem cum ecclesiasticam , tum civi-
iem pertinentibus ; Paris, 1747, in-fol.; et in-
CARPENTIER 830
séré aussi dans le Recueil des Historiens de
France , t. VI : cet ouyrage est cité avec éloge
dans les Mémoires de Trévoux, février 1747,
page 1423 ; — Lettres aux auteurs du Journal
des Savants, etc., octobre 1751, p. 678-681, et
mars 1756, p. 139-149 : ce sont des répliques
dirigées contre dom Clémencet, /'/•^/ace de l'Art
de vérifier les dates, Paris, 1750, qui avait
revendiqué d'avance pour d'Antine la paternité du
supplément au Glossaire, et aussi contre Charles-
François Toustain et Tassin, qui, dans le 2" vol.,
p. 205, 244 et 281 de leur Nouveau traité de
diplomatique, Paris, 1755-1765, avaient des-
siné un alphabet tironien, que Tassin même avait
passé sous silence dans son Histoire littéraire
de la congrégation de Saint-Maur ; 1750; —
Glossarium novum ad Scriptores medii sévi
cum latinos, tam galUcos, seu supplementum
ad auctiorem Glossarii Gangiani editionem.
SubditcB sunt, ordine alphabetico, voces gal-
licx usu aut significatu absoletee , quse in
Glossario et in supplemento explicantur.
Accedunt varii indices, prsecipue rerum extra
ordinem alphabeticum positarum, vel quas
ibi delitescere non autumaret lector, atque
aiictorum operumve emendatorum. His de-
miim adjecta est Gangii dissertatio de in/e-
rioris eevi aut imperii numismatibus , quam
excipiunt emendationes typographicae ad pos-
tremam Glossarii editionem; Paris, 1766,
4 vol. in-fol. : le quatrième volume, qui mérite
une attention particulière comme entièrement
neuf, contient un Glossaire français qui a 673
colonnes d'étendue, ensuite 13 tables : r table des
auteurs de là moyenne et basse latinité, com-
posée par du Caiigc, corrigée et augmentée par
Carpentier; 2° table des auteurs grecs cités dans
le Glossaire; 3" et 4" des auteurs imprimés qui
ont écrit en langue vulgaire, français, italiens,
anglais, etc.; b° des manuscrits latins consul-
tés ; 6° des Actes et des Vies des Saints qui sont
manuscrites; 7° des auteurs français, manus-
crits, en prose ; 8° des anciens poètes français et
provençaux, manuscrits; 9° et 10° deux tables
des registres , des cartulaires et des dépôts pu-
blics et particuliers dont on a fait le dépouille-
ment; 11° et 12" des auteurs et des ouvrages
dont on corrige le texte dans le Glossaire et le
supplément; 13° une table de tout ce qui y est
traité hors de l'ordre alphabétique. Enfin on y
trouve un errata des barbarismes de la dernière
édition du Glossaire de du Cange. Adelung a
donné de cet ouvrage un abrégé, sous ce titi-e :
Glossarium manuale ad Scriptores média; et
infimse latinitatis, ex magnis Glossariis Caroli
Dufresne, domini du Cange, et Carpentarii,
in compendium redactum , multisque verbis
et dicendisformulis auctum; Halle, 1772-1783,
6 vol. grand in-8° ; — Préface à Védition des
Sentences morales de Publius Syrus et des
Fables de Phèdre, par Vabbé le Mascrier ;
Paris, 1742, in-12. Carpentief avait lui-même
831 CARPENTIER — CARPIN
fourni plusieurs sentences morales, extraites
soit de Publius Syriis, soit d'un manuscrit iné-
dit de Cambrai du quatorzième siècle. L'édition
de Tertullien, que Carpentier avait commencée,
n'a jamais paru.
Abbé Boulliot, Biographie Ardennaise. — Tassin, Hist.
liit. de la congrégation de Saint-Maur.
CARPENTIER (....), économiste français, né
à Beauvais vers 1739, mort en 1778. On a de
lui : Avantages des inventaires des titres et
papiers tant anciens que nouveaux; Paris,
1760; in-8°; — Observations particulières
sur les noms anciens et modernes d'extrac-
tion ou de grâce, avec un traité sur l'expli-
cation du blason; ibid., 1768, in-8°; — Avis
et mémoire instructif sur les avantages des
inventaires généraux des titres et papiers,
etc.; ibid., 1768, in-12; — l'Art de l'archiviste
français, etc.; ibid., 1769, in-12; — l'Inspec-
teur des fonds de terre, ou Remarques histo-
riques et chronologiques sur la matière de
leur administration; ibid., 1771, in-12; —
Ébauche des principes sûrs poîir estimer exac-
tement le revenu net dupropriétaire des biens-
fonds , et fixer ce que le cultivateur peut et
doit en donner de ferme; Amsterdam et Paris,
1775, in-8"; — la Clef de la Circulation , ou
Mouvement universel en faveur de la circu-
lation entre la liberté des possessions et celle
du commerce; ibid., 1775, in-12.
Quérard, la France littéraire.
CARPENTIER (....), grammairien français,
vivait dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. On a de lui : Banise et Balacin , ou la
Constancerécompensée, histoire indienne ; Lon-
dres et Paris, 1773, in-12; — Leçons de gram-
maire, contenant les principes raisonnes de la
langue et de l'orthographe, et une introduc-
tion à l'étude de la langue latine; Paris, 1774,
in-8° ; — Plan nouveau d'éducation pour for-
mer des hommes instruits et des citoyens uti-
les, etc.; ibid., 1775, in-8° ; — l'Art de parler
et d'écrire correctement, etc.; ibid., 1777,
in-24; ibid., 1798, in-8°.
Quérard, la France littéraire.
CARPESANE (François), historien italien,
né vers 1451, vivait encore en 1526. Il fut prêtre
de Parme, et secrétaire de l'évêque de cette ville.
On a de lui : Commentaria suorum temporum
libris X comprehensa, ab anno circiter 1470
ad annum 1526, en manuscrit. Le P. Mabiilon
l'a fait copier, et insérer dans D. Martenne et Du-
rand : Amplissima collectio veterum scripto-
rum et monumentorum , t. V, depuis la page
11 86 j usqu'à la page 1 246.
Adclung, suppléra.à Jôcher, AUgem.Gelehrt.-Lexicon.
CARPi {Hugues de), dessinateur et gi-aveur
italien, né à Rome vers 1486, mort vers 1530. Il
fut un des premiers qui exécutèrent, en Italie,
des gravures sur trois planches. Plusieurs artis-
tes adoptèrent cette manière. Carpi imagina aussi
d'imprimer quelques-unes de ses estampes sur
83
du papier gris, à l'effet de rendre les clairs pli
marqués et plus brillants. Les Allemands ont n
vendiqué, non sans fondement, l'invention de (
procédé, appelé par les Italiens gravure au claii
obscur. Les principaux ouvrages de Carpi sont
David tranchant la tête à Goliath; — le Ma.
sacre des Innocents; — Ananias puni a
mort; — Diogène assis devant son tonnem
Tiraboschi, Bibl. Moden.
CARPI {Jérôme), peintre et architecte, né
Ferrare en 1501, înort vers 1569. Après avo
étudié dans sa patrie sous le Garofalo, dont
avait commencé par être le valet, il alla à Bologt
à l'âge de vingt ans, et ne tarda pas à s'y faii
connaître comme peintre de portraits. Un pel
tableau du Corrége lui étant tombé sous les yeu:
il se passionna pour la manière de ce maître,
s'empressa de copier toutes les peintures qu'il
laissées à Parme et à Modène. il fit de mèrr
pour les ouvrages du Parmigianino , auquel
emprunta ses airs de tête , tout en leur donnai
moins de grâce, mais plus de noblesse. De n
tour à Bologne, il exécuta quelques travaux, so
seul, soit en compagnie du Pupini. Il revint ei
suite dans sa pati'ie après une absence de nei
années, et y peignit quelques fresques, avec 1
Garofalo, aux Olivetains et à la Palazzina é
duc Hercule II. Ce prince, qui à cette époqi
s'occupait des embellissements du palais de C(
pario, demanda au Titien de lui indiquer quelqi
peintre capable de peindre dans une loge k
principaux traits de l'histoire de la maison d'Esté
le Titien, qui avait vu quelques peintures d
Carpi, désigna ce jeune artiste, qui dans la seu
année 1534, et sans aide, mena à fin cet1
grande entreprise. De ce jour, les commandes li
arrivèrent en foule de toutes les parties de l'It;
lie ; mais il ne put satisfaire qu'à un petit non
bre, ayant été occupé par le duc de Ferrare <
par le pape Jules III à d'importants travau
d'architecture, art qu'il avait étudié sous Ga
lasso de Ferrare; aussi ses tableaux d'autf
sont-ils fort rares : les plus célèbres sont la Des
cente du Saint-Esprit, à Saint-François de Rc
vigo; et un saint Antoine, à Santa-Maria dt
Vado de Ferrare. On trouve aussi de lui un pe
tit nombre de tableaux de chevalet répartis dan
les diverses galeries de l'Europe; le musée d
Dresde possède : Vénus et V Amour sur une con
que traînée par deux cygnes.
La manière du Carpi participe du style de
quatre grands maîtres qu'il s'était proposés pou
modèles, le Titien, Raphaël, le Corrége, et l
Parmigianino. Ses compositions sont enrichie
d'architectures et de bas-reliefs peints avec i
plus gi'and soin. E. B — n.
Barrufaldi, J^ite de' pittori Ferraresi. — Vasari, P^ité'
— Ticozïi, Dizionario.
CARPIN ou CARPiNi {Jean du Plan), voyai
geur italien, de l'ordre des Franciscains , né ei'
Italie vers 1220. Innocent IV l'envoya en 124t
vers les princes mongols du nord-est, afin d
'I»
w
fjf
,833
CARPIN — CARPOCRATE
834
tâcher d'arrêter les progrès en Europe de ces
redoutables conquérants. Carpin se dirigea par
la Bohême, par la Silésie et la Pologne, vers Kiow,
alors capitale de la Russie ; puis, gagnant les
boi'ds du Dnieper, où il rencontra les Mogols ,
iil traversa la Kumanie ( partie sud-est de la Rus-
sie), et suivit les bords de la mer Noire jusqu'au
pays des Kaptschacs, occupé alors par Batou-
Khan. Ce chef accueillit favorablement l'ambas-
sade chrétienne, ainsi que plusieurs marchands
d'Autriche, de Silésie et de Pologne, qui n'avaient
pas craint de s'y joindre. Il les fit conduire à
Karakherin, dans le pays des Khalkhos ( Mon-
jols jaunes ) , capitale des successeurs de Gen-
jl i^is-Khan. Carpin assista au kouriltaï ou élection
l'un nouvel empereur, et à l'investiture de ce
jrincedans la horde (tente) dorée. Le nouveau
nonarque, Coyouc-Khan, qui avait l'intention de
)orter la guerre en Europe, voulant cacher ses
lesseins à l'ambassadeur du pape, le renvoya vers
;a mère Tourakina. Carpin séjourna un mois à
a cour mongole, sans pouvoir obtenir une au-
lience particulière, et privé des choses les plus
lécessaires à la vie. On lui ordonna de mettre
)ar écrit le sujet pour lequel le pape l'envoyait,
•t, après lui avoir rerais une réponse rédigée en
nongol et en arabe, il obtint son congé. Coyouc-
<han se disposait à faire partir avec ce religieux
les ambassadeurs pour le pape; mais Carpin
'en détourna, parce qu'alors ces sortes d'ambas-
ladeurs n'étaient que des espions. Après avoir
;alué la princesse Tourakina, qui lui donna quel-
j ^ues habits en peau de renard, Carpin se mit
m route pour revenir en Europe, accompagné
jette fois de négociants génois , pisans et véni-
tiens, qu'il trouva, à son grand étonnement, tra-
fiquant déjà dans ces contrées éloignées. Ce
Foyage s'effectua au milieu de toutes les rigueurs
l'un hiver en Sibérie. Carpini eut donc beaucoup
À souffrir, ainsi que ses compagnons. Enfin il ar-
riva sain et sauf à Kiow, « où le peuple se porta
\ï sa rencontre, en le félicitant comme un mort
■appelé à la vie. « Carpin eut le mérite d'être le
Dremier qui publia une relation vraisemblable sur
es peuples mongols et leur pays; seulement ce qu'il
l'a pas vu lui-même demande à être contrôlé. Il
îaraît croire que les Chinois pratiquaient le chris-
àanisme ; il parle aussi du célèbre prince chré-
ien si connu dans le moyen âge sous le nom de
orêtre Jean; et il raconte à ce sujet une histoire
singulière ; te Lorsque Djingiz-Khan, dit-il , eut
prminé la conquête du Cathay (Chine), il en-
voya un de ses fils avec une armée dans l'Inde ;
pe prince subjugua les peuples de la. petite Inde,
fini sont les noirs Sarrasins et portent aussi le
aom d'Éthiopiens. Il marcha ensuite contre les
jîhrétiens qui habitent la grande Inde ; et le roi
ie cette contrée, connu sous le nom de prêtre
Jean , vint à leur rencontre à la tête de ses trou-
^oes. Ce prêtre Jean avait fait faire un certain
lombre de statues creuses en cuivre, toutes
remplies de matières inflammables , et les avait
NOCV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIU.
placées sur des chevaux, devant des hommes ar-
més de soufflets pour attiser le feu; quand le
combat s'engagea , ces statues , montées sur les
chevaux , s'avancèrent au pas de charge contre
les ennemis; les hommes qui se trouvaient der-
rière mirent le feu aux combustibles, et soufflè-
rent avec leurs soufflets ; les Mongols et leurs
chevaux furent aussitôt brûlés , et une éipaisse
fumée obscurcit l'atmosphère. Alors les Indiens
tombèrent sur les Mongols , mis en déroute par
cette guerre d'une nouvelle espèce, et ils en firent
un grand carnage. » — Carpin , à son retour,
se consacra à la prédication de l'Évangile en Bo-
hême, en Hongrie, en Danemark et en Norwége.
Son voyage, dont on trouve un abrégé latin dans
le Spéculum historicum de Vincent de Beau-
vais, a été traduit en anglais par Hakluyt et
Purchas, et inséré dans le recueil de Bergeron,
intitulé Voyages faits principalement en Asie
dans les douzième, treizième, quatorzième et
quinzième siècles, par Benjamin de Tudèle,
Carpin , Rubriquis , etc.; la Haye, 1729 ou
1735, 2 vol. in-4°. A. de L.
De Guignes, Bist. générale des Huns, III, 113 et sui-
vantes. — Fabricius, Bibl. med. et inf. xt. — Abel Ré-
rausat, Mémoires sur les relations politiques des princes
chrétiens avec les empereurs mongols (1822). — William
Smith, Collection choisie des voyages ( Introduction ),
I, 53. — Louis Dubeux, Tartarie, dans l'Univers pitto-
resque, p. 328. — D'Avezac, Notice sur Carpin, etc.
CARPiOM (Giulio), peinti-e et graveury né à
Venise, mort en 1611. Il fut un des meifleurs
élèves d'Alessandro Varotari, dit le Padouan.
Il s'établit à Vicence, où il peignit surtout une
foule de petits tableaux représentant des sujets
fantastiques ou mythologiques , des sacrifices,
des bacdianales, des danses d'enfants, etc. Dans
ses compositions il déployait tant de douceur
et de grâce, qu'il ne pouvait suffire aux com-
mandes qui lui venaient de toutes parts. II excel-
lait aussi dans les portraits. La salle du conseil
public de Vicence, et l'église des servîtes de
Monte Berico, conservent de ses ouvrages ; il y
a représenté plusieurs podestats avec leur suite,
et il a joint à la vérité des portraits la beauté
idéale d'une figure de la Vertu. Carpioni a gravé
au burin et à l'eau-forte un grand nombre de
planches, dont les principales sont plusieurs Ma-
dones, Jésus au mont des Oliviers, la Ma-
deleine pénitente, deux bacchantes, et les
quatre éléments.
Vers la fin de sa carrière, il alla habiter Vé-
rone, où il mourut, laissant un fils nommé Carlo,
qui se fit connaître comme peintre de portraits,
mais qui fut très-inférieur à son père. E. B — n.
Lanzi, Storia pittorica. — Orlandl, Abbecedario. —
Ticozzi, Dizionario.
CARPOCRATE , chef d'une société chrétienne
gnostique, vivait au deuxième siècle, si fécond
en théories de toute espèce sur la Divinité et
ses attributs, sur l'homme et sa destinée : c'est
qu'alors Marc-Aurèle se mêlait aux débats des
philosophes , et la religion chrétienne , au mi-
lieu des controverses de tout genre qui en-
27
CARPOCRATE
83G
tourèrent son berceau , parvint, à l'aide de la li-
berté de discussion, à précipiter le polythéisme
dans une décadence rapide. Carpocrate naquit
à Alexandrie, d'une famille juive convertie au
christianisme, à l'époque oîi Trajan défendait
de poursuivre les chrétiens, qui ne se livraient
pas à des attaques violentes contre la religion
nationale. On oublie trop que les apôtres ont
proclamé par la bouche, du plus grand d'entre
eux, saintPaul (1), qu'il faut qu'il y ait des héré-
sies , et que les autres ont reconnu la hberté de
discussion religieuse ; si bien que le 4*^ évangile,
rédigé par les disciples de Jean, a été publié
contre les gnostiques. Tous ces écrits ont dû être
faits ou remaniés longtemps après la prise de
Jérusalem. Il ne faut donc pas juger les hérésiar-
ques avec l'intolérance juive (2), ou avec celle
des Épiphane et des Théodoret, écrivant après
les édits de Théodose , mais avec la mansuétude
de Clément d'Alexandrie , ne craignant pas de
faire un grand éloge des gnostiques. Nous ne les
connaissons que par la bouche de leurs adver-
saires ; il est rare, dans les matières religieuses
surtout, qu'on n'exagère pas beaucoup les consé-
quences des doctrines que l'on combat, et qu'on
ne calomnie pas les intentions de ses antago-
nistes. Qui ne sait combien on a noirci les ariens,
qui pourtant ont été presque les maîtres du monde
chrétien, les albigeois, et surtout les protestants
du seizième siècle? Ce qu'il faut flétrir toujours et
partout, c'est l'immoralité, mais en reconnais-
sant que souvent les réformateurs ont ignoré ou
même détesté l'abus qu'ont fait leurs disciples de
doctrines qu'ils croyaient utiles à l'humanité. Iré-
née, le premier père latin, qui écrivait sous Éleu-
thèrevers l'an 180 de notre ère, reproche à Car-
pocrate (3) d'avoir professé que « Jésus était un
homme véritable, né de Joseph et de Marie, mais
doué d'une âme ferme et pure, qui, après avoir
été élevé dans les croyances juives, les avait dé-
daignées et même rejetées avec mépris , et qui
s'était par ses vertus élevé jusqu'à la Divinité,
avec laquelle il était en communication. » Irénée
ajoute, dans son latin barbare, mais souvent mu-
tilé, des détails peu intelligibles sur la nature de
ces communications (4). Puis il l'accuse (5), lui
et ses disciples, « de se livrer aux arts magiques,
et de pratiquer les philtres , incantations, etc.,
pour dominer les princes et autres hommes
puissants, et de blasphémer en fils de Satan con-
tre l'Église et les vrais chrétiens. Autre immora-
lité : ils mènent une vie de luxe; ils pratiquent
toutes sortes d'actions impies et irreligieuses,
disant qu'elles ne sont bonnes ou mauvaises que
selon l'opinion humaine ; ils admettent la trans-
migration des âmes (6), et ils appliquent une pa-
(1) I Corinth., 2, 19. — II Pierre, 2, 1, 8, 3. — Jean, 2,
lO-S-43. — Matt., 24, B, 24. — Jude, 3-1, 18.
&jDeutéron., 13, S; 18, 20.— III Rois, 18-40.— IV Rois, 10, 23.
(3) l, 2S, p. 247 à 2B3, éd. SUerCll, 18B3, § 1 .
(4) Ibid., § 2.
(5) § 3.
(6) § 4.
rabole de Jésus-Christ, relative à la rencontre
d'un adversaire dont il faut se défier sur la route,
et l'assimilent à Satan, l'ange déchu. » Cependant
Irénée ne croit nullement à ces accusations
d'impiété (1) et d'injustice qu'il répète; il pense
seulement que Carpocrate et son école prêtaient
à Jésus une doctrine secrète qu'il ne révélait
qu'à ses apôtres et à ses disciples, et qu'eux-mê-
mes ne devaient communiquer qu'aux personnes
discrètes et dignes de confiance. Le fond de
cette doctrine était qu'on est sauvé par la foi et
la charité , tandis que les hommes attachent l'o-
pinion du bien et du mal à des actions indiffé-
rentes par elles-mêmes. Enfin Irénée nous ap-
prend (2) que « les disciples de Carpocrate, pour
se reconnaître , se faisaient une marque , au fer
chaud , à l'oreille droite. Sous Anicet, pontife de
Rome (de 157 à 168), une femme nommée Marcel-
lina vint dans cette capitale, et fit périr, par
cette doctrine, beaucoup d'âmes. Ils s'appelaient
gnostiques, et portaient des images, peintes ou
faites avec d'autres matériaux, de Jésus-Christ,
selon le type dressé par ordre de Pilate. Mais
ils y mêlaient celles de Pythagore , de Platon et
d'Aristote. »
Clément d'Alexandrie, qui écrivait peu de
temps après, vers l'an 200, mais qui devait
mieux connaître Carpocrate, son compatriote,
nous en parle avec plus de précision (3). Il n'ac-
cordait pas à Carpocrate l'honneur d'être un
vrai gnostique , ou adepte de la Traie science ; car
il lui reproche, ainsi qu'à son fils Épiphane, sur
la foi d'un livre sur la Justice , publié par ce
dernier et circulant de son temps, d'avoir prê-
ché la communauté des femmes et des biens, ce
qui avait jeté sur le nom chrétien un grand su-
jet de calomnie. Clément convient que Platon ,
dans sa République , semble établir le même
principe ; mais il restreint l'opinion du philoso-
phe athénien à cette seule pensée que les femmes
non encore mariées peuvent êti'e demandées par
tous, ce qui ne veut pas dire qu'elles puissent
être infidèles à leurs maris. Carpocrate est as-
socié à la doctrine du livre d'Épiphane, parce
qu'il fut l'instituteur de son fils , que le livre fut
aussi son ouvrage ( ayjyypàixiLa-zix. ), et que la
secte prit Ile nom de carpocratienne. Elle eut un
tel succès, que les Saméens de Céphallénie éle-
vèrent un temple et entretinrent un culte en
l'honneur d'Épiphane, leur compatriote par sa
mère {voy. l'article Épiphane); et leur gnosti-
cisme fut appelé monastique ( [Aovaôixi^ ). Dans
ce Uvre de la Jtistice, on partait du principe que
Dieu avait établi entre les hommes une certaine
communauté fondée sur l'égalité, comme il avait
établi au haut des cieux le soleil , auteur du
jour et père de la lumière, pour que tous en
jouissent. Les hommes sont égaux, disaient-ils;
Dieu ne sépare pas le pauvre du riche ni da
(1) §s.
(2) § 6.
(3) Strom,, m, 2, § B.
837
CARPOCRATE — CARPOV
838
priiice , les sages et les non sages, les mâles et
les i'emelles, les libres et les esclaves. Mais, ob-
jecte le sage Clément, cette égalité absolue abais-
serait l'homme à l'état des brutes. Les carpo-
cratiens en concluaient qae la justice, égale pour
tous, était la même pour les mauvais que pour
les bons ; que les hommes et les femmes étaient
communs, parce que Dieu a créé aux mâles
un besoin de se reproduire, que la loi ou la
coutume ne peuvent abolir : à quoi Clément ré-
pond que c'est le renversement de l'Évangile et
même de la loi des Juifs, qui défendent de dési-
rer la femme d'autrui, et qu'ainsi ces illustres
carpocratiens déclaraient la guerre à Dieu.
Il va jusqu'à leur imputer de se livrer dans
leurs réunions, auxquelles il refuse le beau titre
d'agapes, à des accouplements semblables à
celui des bêtes et des chiens. Cette accusation
est celle qu'on a portée contre les chrétiens de-
vant les empereurs, et qu'on a renouvelée dans le
moyen âge, même de nos jours, contre les Juifs.
Si elle avait été vraie à l'égard de Carpocrate et
d'Épiphane , comment les magistrats et les prin-
cipaux citoyens de Samé en Céphalléuie au-
raient-ils fait la dépense d'un temple, et consa-
cré un culte à la mémoire d'hommes aussi cor-
rompus ? Il est bien fâcheux que le livi-e de la
Justice ait péri sous les lois de Théodose et de
ses successeurs, et que l'on ne puisse plus s'as-
surer du genre d'immoralité qu'il a pu renfer-
mer. Nous n'avons pas d'autres témoignages ori-
ginaux sur Carpocrate ; l'auteur des Philoso-
phumena, récemment publiés (1), qu'il soit Caïus
ou Hippolyte, évêquede Portas, en Italie, ne fait
qu'abréger (2) le récit d'Irénée.
L'historien Eusèbe, au quatrième siècle, dit (3)
que Carpocrate a été contemporain de Basilide,
originaire comme lui d'Alexandrie, et auteiu- de
24 livres sur l'Évangile {voy. Basilide); qu'il a
été le chef et le fondateur de la secte des gnos-
tiques, et qu'il a pratiqué les arts magiques
de Simon (premier des hérétiques), non pas
seulement en secret, mais en public. L'anti-
quité tout entière a cru à leur efficacité ; l'em-
pereur Justinien, malgré son zèle pour le ca-
thoUcisme, en a été accusé, et il n'y a guère
que deux siècles qu'on est désabusé de cette
erreur. Eusèbe prétend ensuite que les carpo-
cratiens enseignaient les choses les plus hon-
teuses et pratiquaient le libertinage le plus obs-
cène, ce qui avait conduit les païens à en accuser
tous les chrétiens. Il félicite l'Église d'avoir
• triomphé de ces accusations, et en général de
t toutes les erreurs des hérésiarques. L'évêque
de Salamine en Chypre , Épiphane, qui a publié,
deux siècles plus tard , un traité détaillé des
hérésies, au nombre desquelles il commence par
placer celles des stoïciens , des platoniciens , des
pythagoriciens et même des esséniens , précur-
(1) Miller, 18S1.
(2) Liv. \nr, § 6, n° 32, fol. 232.
;-' (8) IV. 7, Hist. eçcl.
seurs des chrétiens , attribue à Nicolas la fon-
dation du gnosticisme; il n'assigne que le sep-
tième rang à Carpocrate , et fait passer Cérin-
the, Ébion et Valentin après lui, quoiqu'ils lui
soient antérieurs. Du reste, il ne fait que copier
Irénée, en ajoutant que Carpocrate était Cé-
phallénien , et que son fils était Alexandrin par
sa mère; ce qui est précisément le contiaire,
ainsi que l'a remarqué ïhéodoret (1). On ne
sait pas quand est mort Carpocrate; mais il est
probable que c'est sous Marc-Aurèle , de 161 à
180, puisque son fils, encore très-jeune, était
presque contemporain de Clément d'Alexandrie.
ISAHreERT.
Eusèbe. —Saint Épiphane. — TertuUien. — EU. Dupin,
Bibl. des auteurs ecclésiast. — Matter, du Gnosticisme,
2» éd., 1838.
CARPOV (Jacques), théologien luthérien al-
lemand, né à Goslarle29 septembre 1699, mort
à "Weimar le 9 juin 1768. Il étudia à Halle et à
léna, oîi il fit, dès 1725, des cours publics de phi-
losophie et de théologie. Il y professa le système
de Canz, qui consistait à appliquer les démons-
trations mathématiques et philosophiques de
Wolf aux dogmes chrétiens. Cette nouveauté
introduite dans l'enseignement de la théologie
souleva contre lui tout le corps académique, qui
fit confisquer ses ouvrages. Carpov fut, en
1736, forcé de quitter léna, et s'établit à Wei-
mar, où il continua ses cours de théologie, car
beaucoup d'étudiants d'Iéna l'avaient suivi. En
1737, il fut nommé sous-dh-ecteur du gym-
nase de Weimar ; en 1742, professeur de mathé-
matiques ; et enfin en 1745, directeur du même
gymnase. Il fut aussi élu membre de l'Académie
de Berhn. Ses principaux ouvrages sont : Disp.
de rationis sufficientis principio ; léna, 1725,
in-4°; — Disp. de qusestione, utrum tellus
sit machina, an animal? léna, 1725, in-4''j
— Disput. theol. S. S. T)'initatis mysieiHuni
methodo demonstrativa sistens; léna, 1730,
in-4° ; écrit dirigé contre Polycarpe Leyser, qui
avait déclaré la Trinité contraire au bon sens.
Les preuves mathématiques données par Carpov
à l'appui delà Trinité furent examinées par Jean-
Thomas Haupt : Griinde der Vernunjt zur
Erlâuterung und zum Berweise des Geheim-
nisses der heiligen Dreieinigkeit (Preuves ti-
rées de la raison à l'appui de la Trinité) ; Ros-
tock, 1752, in-4°. — Les trois ouvrages sui-
vants se rattachent à la même controverse :
Revelatïim S. S. Trinitatis mysterium me-
thodo demonstrativa propositum et ab ob-
jectionibus variis vindicatum; léna, 1735,
in-8° ; — Animadversiones succinctœ in Trac-
tatum philosophicum de pluralitate perso-
narum in Deitate, ex solis rationis principiis
demonstrata; léna, 1735 et 1737, in-8°; —
Fortsetzung der Kurzen Anmerkungen iiber
den Trahtat : de pluralitate person., etc. (Suite
des courtes notes sur le traité de Plnr., etc.,
(1) Hœres., is*.
27,
^3& CARPOV —
contre Lange : î)er philosopMsche Religions-
Spëtter ) ; — Meditatio philosopkico-critica
de perfectione linguae , methodo scientifica
adornata ; léna, 1735, in-8° ; et édit. augmen-
tée, 1743, m-4°; — Commentatio de imputa-
tlone facti proprii et alieni , speciatim vero
peccati Adami in posteras , adversus Ban.
Whitby, Anglum ;léD.ai ,\1Z&, in-S"; — Œco-
nomia salutis N. T., seu theologia dogmatica
revelata, methodo scientifica adornata; léna,
1737-65, 4 vol. in-4° ; Francfort et Leipzig, 1737-
1749, et Rudolstadt et Leipzig, 1761 ; — Bisp.
de anima Christi hominis in se spectata ; léna,
1737, in-4'', et 2^ édit. augmentée, sous le titre :
Psychologiasacratïssima, seu de anima Chris-
ti, etc.; léna, 1740, in-4°; — Comm. de neganda
animas Ghristiprseexistentia, vel secundapars
Psychologie sacratissimae ;léQa, 1740,in-4°; —
Bisp. de staminé humanitatis Christi adillus-
trandam doctrinam de conceptione Christi ;
léna, 1741-1743, in-4°; ~ Elementa theolo-
gise naturalis a priori ; léna, 1742, in-4° ; —
Pensées sur Vavantage de la grammaire uni-
verselle; Weiraar, 1744, in-4° ; — Pr. de jure
Fidejussionis quam Galli appellant garan-
tie; Weimar, 1745, in-8°; — Illustratïo apo-
logeticapeccati in Sanctum Spiritum atque'm-
credulitatis finalis ;Weimair, 1746-1750, in-4°;
— de Notione et ItTemissibilitate peccati in
Spiritum Sanctum ;ïénsL^ 1750, in-4° ;—de Ortu
cmimas humanx et Christi; léna, 1751, in-8°.
A-delung, supplément à Jocher, Allgemeines Gelehrten-
Lexicon. — Erschet Gruber, Allgem. Encyclopxdie.
* CARPOV (Paul-Théodore) , orientaliste et
tliéologien luthérien allemand, né en 1714 à Bols-
chow, dans la Prusse polonaise ; mort le 27 mai
1765 à Bûtzow, en Mecklembourg. Il étudia à
Rostock, où il prit ses grades, et où il devint
professeur d'hébreu et de théologie catéchétique
en 1738. Il passa avec la même qualité, en 1760,
à l'université nouvellement fondée de Bùtzow,
où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui :
Ars ideam distinctam de voce Hebreeafor-
mandi , sive de criteriis nominum et verbo-
rum linguse hebrseee Commentatio; Rostock,
1738, in-8° ; — Cinerum apud Hebrœos tisus
miptialis, mœroris atque luctus Tex[j,9iptôv ;
Rostock, 1739, in-4°; — Chrlstus Ecclesiee
sponsus et maritus , sive meditatio qua em-
blema illud in sacris frequentissimum ex
jure canonico Hebrxorum , speciatim officiis
conjugum mutuis illustratur; Rostock , 1740,
in-4°; — Biss. de jejuniis sabbaticis et an-
tiquitate hebreea; Rostock, 1741, in-4''; —
Averroes cum Arreis Avicenna'temeremon con-
fundendiis, dans les Nov. Miscellan. Lips.,
V, 456 et suiv.
Adeliiiig, supplément à .lô«hcr, AUçiemeines. CeWirten-
Lexicon. — Krsch et Gruber, Allgem. Encyclop.
CARi'Zov (^enoïif), jurisconsulte allemand,
né dans la Marche de Brandebourg le 22 oc-
tobre 1565,mortàWittembergenl624. Devenu
CARPZOV
SU
chancelier du comte de Blackembourg à Wittemu
berg, il fut appelé en 1599 à une chaire drl
droit dans la même ville , puis honoré du tîtr ■
de chancelier et de conseiûer de l'électeur d I
Saxe. On a de lui plusieurs ouvrages, sous le tii
tre général de Bisputationes juridicx. Carpoz/
laissa cinq fils, tous jurisconsultes ou théologienn
estimés.
Witten, Mémorise theologorum, jurisconsultorum,eUi
— Fréter, Tkeatrum Eruditorum.
CARPZOV (Benoît), jurisconsulte allemand
fils du précédent , né à Wittemberg le 27 mî
1595, mort le 30 août 1666. Il fut successivemer
professeur à Leipzig, conseiller au tribunal d'a{
pel de Dresde, puis conseiller privé dans 1
même ville, et peut être regardé comme le pn
mier praticien de son époque. Il était religieux, (
avait lu cinquante-trois fois la Bible dans sa vi(
Imbu des préjugés de son temps, il fut partisa
trop déclaré de la torture et de la peine à
mort; mais il eût été plus juste de diriger conti
l'époque où il a vécu les accusations que sf
successeurs ont portées contre lui . Ses princ
paux ouvrages sont : de Capitulatione Csesi
rea, sive de lege regia Germanorum; Erfur
1623, in-4°; Leipzig, 1640; — Practicarerw
criminalium ; Wittemberg , 1635, in-fol. ;-
Befiniiiones forenses ad constitut. Saxon.
Francfort, 1638; Leipzig, 1668, 1721 , in-fo
Ces deux derniers ouvrages sont classiques, (
ont eu la plus grande influence sur l'administri
tion de la justice dans toute l'Allemagne.
Freher, Theatrum Eruditorum. — Witte, Memorx
theolog., jurisconsult., etc. — Kroraayer, Programrr,
academicumin Bened. Carpzovii funere; Leipzig, 166
CARPZOV (Auguste) , diplomate allemand
frère du précédent, né à Colditz en 1612 , mo
à Cobourg en 1683. Il fut chancelier et présida
du consistoire à Cobourg en 1651, conseill*
privé à Gotha en 1675, et assista aux négoci?
lions du congrès de Westphalie. Son principi
ouvrage est : Meditationes passionales,
Sturz, Commentatio de vita. et meritis Aug. Carpz
vit ; Gotha, 1730. — SpiUer Von Mitterberg, supplénie
ù l'Histoire des grands hommes d'État, ou lielation i
la vie et de la mort d' Aug, Carpzov ( en allemand
Cobourg, 1796.
CARPZOV (Conrad), jurisconsulte allemam
fière du précédent, né à Wittemberg en 1593
mort le 12 février 1658. Il fut professeur de dra
dans sa ville natale , chancelier et conseiller in
time de l'archevêque de Magdebourg. Ses pri»
cipaux ouvrages sont : de Regalibus ; — ù
Pace religiosa; — de Inofficioso TestamentO'
— de Interdiciis; — de Exhœredationibu&
— de Goncubinatu; — de Injuriis etfamosn
Libellis.
Witte, Diarum biographicum.
CARPZOV (Christian), jurisconsulte alki
mand, frère du précédent, natif de Colditz, moi
le 27 décembre 1642. Il fut professeur de droit.!
Francfort-sur-l'Oder. On a de lui : BisputatiC
nés de jure consuetudinario ; — de Servitu
I tibus realibus; — de Mora; — de Bonatio .
su
CARPZOV
842
vibux;—d6 Principiis, auctoribns ee auctori-
fiifibus legum humananim.
WItte, Diaruvi bioqrapliicum.l — Lochner. Collec-
i tion de médailles remarquables (en allemand).
CARPZOV (Jean-Benoit), l'ancien, théologien
protestant, frère du précédent, né à Rochiltz
le 27 juin 1607, mort le 27 novembre 1657. Il
professa la théologie à Leipzig. Ses principaux
ouvrages sont : de Ninivitarum Pœnitentia ;
Leipzig , 1640, in-4°; — Introdicctio in theo-
logiam judaicam. 11 eut trois fils, qui se distin-
guèrent comme lui.
Frehcr, Theatrum Eruditorum. — Witte, Memorias
theologorum, etc. — Kromayer, Programma infunere
Joann.-Bened. t'arpsortt ,- Leipzig, 1657.
CARPZOV (Jean-Benoit ), orientaliste et théo-
logien allemand, fils du précédent, né à Leipzig
le 24 avril 1639, mort dans la même ville le 23
mars 1699. Il professa la théologie et la; langue
hébraïque dans sa ville natale. Ses principaux
ouvrages sont : Dissertatio de nunimis Mosen
Cornutum exhibentibus ; Leipzig, 1659 , in-4° ;
— une traduction latine du traité de Maïraonides
sîir les Jeûnes des Hébreux, avec le texte ; ibid. ,
1662, in-4'' ; — Animadversiones adSchickardi
jus regium Hebrxorum ; ibid., 1674, in-4°; —
plusieurs traités sur des questions de philologie
sacrée, dont on a publié une collection ; ibid.,
1699,in-4°.
Jeta Eruditorum latina. — joclier, Allgem. Gelehr-
ten-Lexicoti. — Cyprian, Programma infunere Joann.-
Bened. Carpzovii ; Leipzig, 1699.
CARPZOV (Frédéric-Benoît) , littérateur et
philologue allemand, frère du précédent, né à
Leipzig le 1*"^ janvier 1649, mort le 20 mars
1699. Ses principaux ouvrages sont : une dis-
sertation sur la prétendue prédiction de la nais-
sance de J.-C. dans la 4^ églogue de Virgile ;
Leipzig, 1669 et 1700 ; — une édition des A7nœ-
nitates Juris de Ménage; ibid., 1680; — une
édition des Lettres politiques de Hubert Lan-
guet; ibid., 1685. Carpzov concourut à la rédac-
tion des Acta Eruditorum.
Christ Juncker, Epistola de obitu Frid. Bened. Carp-
zovii.— Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.— Cyprian,
Programma acadernicum in Frid. Carpzovii funere ,•
Leipzig, 1699.
CARPZOX (Samuel-Benoît) , littérateur et
théologien allemand , frère du précédent , né à
Leipzig le 17 juin 1647, mort le 31 août 1707.
Il fut professeur de belles-lettres. Son principal
ouvrage e&t-.Anti-Masenius, seu Examen novse
pi'axeos orthodoxam fidem discernendi et
amplecfendi, a Jaeobo Masenio proposita.
Cet ouNTage est dirigé contre le jésuite Mase-
nius.
Ranft, f^ies des Théologiens de Vélectorat de Saxe. —
Acta Eruditorum latina. — Cyprian, Programma aca-
dernicum in Sam. -Bened. Carpzovii funere; Dresde,
1708.
CARPZOV (/ean-jBenofO, 'le jeune, fils de Sa-
wwe^^enoî^, jurisconsulte et historien allemand,
né àDresde en 1675, mort à Wittemberg en 1739.
II fut d'abord, en 1701, syndic à Zittau, ensuite
conseiller de cour en commission extraordinaire;
eten(in,depuisl731,bailliducerclede"Wittenberg.
On a (le lui : Analecta fastorum Zittavien-
sium, oder historischer Schauplatzder Sladt
Zittau ( Théâtre historique de la ville deZittau );
Zittau, 1716, in-fol.; — Neuerôffneter Ehren-^
tempel merkwûrdiger Antiquitaten des Mark-
graflhums Oberlausitz (Antiquités remarqua-
bles du margraviat de la haute Lusace) ; Leipzig,
1719, in-fol.; — Memorialleidenreichiana , etc.
Ersch et Gruber, Allgemcine Encyclopœdie.
CARPZOV (/ean-Go^<^6), orientaliste et théo-
logien luthérien allemand, frère du précédent, né à
Dresde le 26 septembre 1679, mort à Lubeck le
7 avril 1767 Après avoir étudié successivement
à Wittenberg, Leipzig et Altdorf , il fut, en 1702,
nommé aumônier de l'ambassadeur de Saxe et de
Pologne, qu'il devait accompagner dans ses voya-
ges en Angleterre et en Hollande, où il perfec-
tionna ses connaissances dans les langues orien-
tales. A son retour, en 1704, il fut nommé diacre
à Altdresde, d'où il passa, en 1706, à l'église de
Sainte-Croix à Neu-Dresde. En 1708, il fut ap-
pelé à Leipzig comme diacre de l'église-, Saint-
Thomas. Il y fit, en 1713, des cours publics sur
les dogmes , l'homilétique, la théologie pastorale,
les langues orientales, et les îuitiquités hébraï-
ques. En 1719 enfin, il devint professeur titu-
laire des langues orientales , place qu'il ne quitta
qu'en 1730, pour accepter l'emploi de surinten-
dant général et de premier pasteur de la cathé-
drale de Lubeck. C'est là qu'il resta jusqu'à
sa mort. Carpzov fut l'adversaire déclaré des
frères moraves. Ses principaux ouvrages sont :
Disputationes duœ de veterum philosopho-
rum circa naturam Dei sententiis; Leipzig,
1692, in^"; — Disputationes de pluralitate
personarum in una Dei essentia; Leipzig,
1720, in-4°; — Introductio ad libros cano-
nicos bibliorum Veteris Testamenti, etc. ; Leip-
zig, 172t. 1731 et 1757, in-4°, ouvrage dans
lequel ont été incorporées les dissertations : Con-
tra Joh. Tolandi Adeisidaemonem, et de eccle-
siae Judaicœ prophetis in génère; — Oritica
sacra Veteris Testamenti , pars I, circa tex-
tum originalem, II circa Versiones , III circa
pseudocriticam Guil. Whistoni sollicita ;Leiii-
zig, 1728, in-4°. Il en a paru une traduction an-
glaise sous le titre : A défense of the hebrew
Bible, with some remarks of Moses Mar-
cus ; London , 1729 , in-8° ; — Prxfatio de va-
riis lectionibus in codicibus biblicis Novi Tes-
tamenti, prasmissa Justi Wesseli Rumpsei
commentatione critica ad libros Novi Testa-
menti in génère; Leipzig, 1730, in-4°; —
Religions- Untersuchung der Bohmisch-und
Meehrischen Brûder, von Anbeginn ihrer Ge-
meine bis auf die gegenwàrtige Zeit. (Re-
cherches théologiques et historiques sur les frères
bohèmes et moraves, depuis leur origine jusqu'à
ce jour); Leipzig, 1742,in-8'>; eten extrait, 1744,
in-8°; — Apparatîis historico-criticus antiqui-
tatumet codicis saçri et gentïshebrs:ee, uber-
843 CARPZOV
riniis annotationibus in Thomas Goodwini Mo-
sen et Aaronem; Leipzig, 1748, grand in-4°; ou-
vrage dans lequel ont été incorporées les disser-
iations : de Synagoga cum honore sepulta;
Hlaeemosinae Judeeorum ex antiquitate ju-
dalca delineafcB , et Deus caliginis incola, ex
philologiaet antiquitatesacra propositus, etc.;
— Lûbeckisches Kirchen handbuch, in sich hat-
tend ein Evangelienbuch, Passionsbuch, etc.
(Manuel de liturgie de l'église protestante de Lu-
beck, contenant les Évangiles, la passion de J.-C,
le catéchisme , le cérémonial et les prières de bap-
tême, d'ordination, de confession, etc. ) ; Lubeck,
1754, grand in-4°; — Der Eingang glailbigar
Christen durch den Tod in das Leben, etc.
( le Passage des vrais chrétiens de la mort à la
vie); Leipzig et Quedlinburg, 1761, 'n-4°.
Adelung, supplément à Jôcher, Allgem. Gelehrten-
Lexicon. — Ersch et Gruber, Allgem. Encyclopédie.
CARPZOV ( Auguste-Benoît ) , jurisconsulte
allemand, fils de Jean-Benoît l'ancien, né à
Leipzig le 2 novembre 1644, mort le 4 mars
1708. Il professa le droit dans sa ville natale,
et fut assesseur du consistoire et chanoine de
Mersebourg. Il a écrit un grand nombre de dis-
sertations sur le droit civil.
Jeta Èruditorumlatina, — Giinther, Concio funebris
Sermanica, etc.; Leipzig, J708.
CAUPZOV (Jean-Benoit), hébraïsant alle-
mand, fils de Jean-Benoît le jeune, né à Leipzig
le 21 novembre 1670, mort le 14 août 1733. Il pro-
fessa la langue hébraïque, et fut ministre luthé-
rien. Il publia un ouvrage |de son père, intitulé
Collegium rabbinico-biblicum ; LeJiixig , 1703,
in-4'*. On a encore de lui : Ghristianœ de Vrim
et Thumim Conjecturx ; — Diss. de sepuUura
Josephi patriarchse ; — de Academia civitatis
Abele.
Jôclier, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
CARPZOV {Christian-Benoit) , médecin al-
lemand , frère du précédent , vivait à Leipzig au
commencement du dix-huitième siècle. On a de
lui : Dissertatio de medicis ab Ecclesia pro
sanctis habitis; Leipzig, 1709, in-4°; — Dis-
sertatio de fluoré albo ; Wittemberg, 1711,
in-4°; — Cattologia, das ist, Kiirze Kat-
zenhistorie, darin insgemein von den Ka-
tzen, auch insonderheit von einer ungewôhn-
lichen Kafzengeburt , so zu Leipzig 1713
geschehen, gehandelt wïrd (Cattologia, ou
courte Histoire des Chats , avec des détails sur
une monstruosité de cette espèce née à Leipzig
en 1713); Leipzig, 1716, in-8''.
Biograph. médicale.
CARPZOV {Jean-Benoit) , littérateur et phi-
lologue allemand, parent des précédents , né en
1720 à Leipzig, mort le 28 avril 1803. Il professa
la philosophie dans sa ville natale , et occupa
une chaire de littérature ancienne à Helmstœdt.
On a de lui un grand nombre d'ouvrages en la-
,tin , dont les principaux sont : Philosophorum
de quiète Deiplacita;L'i\j)-àg, 1740,in-4°; —
CARR
844
Observations sur un paradoxe d'Ariston de
Chio,dans Diogène Laërce; Ma., 1742, in-8°'
— Memcius sive Mestius, Sinensium post Con-
fucium philosophus opt. max.; Ma., 1743,
in-8° ; — Observationes philologicee in Palae-
phatum. Muséum, Achillem Tatium; ibid.,
1743, in-8"; — Dissertation sur Antolycus de
Pitane; ibid., 1744, in-8° ; — Lectionum Fia-
vianarum stricturœ ; etc. ; ibid., 1748, in-8°- —
Spécimen d'une nouvelle édition d'Eunape-
ibid., 1748, in-4°; — Exercitationes sacrse in
S. Pauli epistolam ad Hebrœos; Helmstœdt,
1750, in-S"; — de Vita et scriptis Saxonis
Grammatici; ibid., 1762, in-4°; — Dialogues
des morts de Lucien, avec notes; Helmstœdt,
1775, in-8°; -— une édition de Musée; Magdc-
bourg, 1775, in-8°.
Ersch et Gruber, Allgem. Encyclopœdie. — Moscr,
les Théologiens contempor. (en allemand).
CARPZOV {Benoît- David), fils du précédent,
théologien luthérien allemand, vivait à léna
vers le milieu du dix-septième siècle. On a de
lui : Dissertatio de poniificum Eebneorum
vestitu sacro ; lena, 1655, in-4'' , insérée aussi
dans Jean-Benoît Carpzov, Dissertationes Aca-
rfeMiiCcT? ; Leipzig, 1699, in-4°; et dans Ugolini
Thèses , tom. XL Quant aux lettres de Carpzov
conservées en manuscrit dans la bibliothèque
de Raimond Kraff , on en a inséré quelques-unes
dans ^fh%\h.Qxn,Amœnitates literariœ, III,
281 et suiv.
Adelung, suppl. à Jôcher, Allgem. Gelefirt. -Lexicon.
CARR {John ) , poëte et voyageur anglais, né
en 1772 dans le comté de Devon, mort à Lon-
dres le 17 juillet 1832. Il se voua d'abord à l'é-
tude des lois ; mais sa faible santé l'obligea de
voyager. On a de lui : the Furij of Discord ,
poème ; 1803, in-4° ; — the Stranger in France,
a tour from Devonshire io Paris; ' 1803 ,
in-4°; — the Sea-Side Hero , drame; 1804; —
A northern summer ; 1805; — the Stranget
in Ireland; Londres, 1806, in-4°; — Caledo-
nian sketches, or a tour through Scotland in
1807 ; — Descriptive Travels in the southern
and easfern parts ofSpain and the Balearic
isles ; 1811. Quelques-uns des voyages de Cari
eurent un grand succès , grâce aux circonstan-
ces. Il a aussi publié des articles dans ÏAnnual
Eeview, et un recueil de poésies en 1809, in-4-
et in-8°.
Rose, Neio biog. Dict.
CARR ( Thomas), écrivain ascétique et prêtre
catholique anglais, né en 1599, mort le 31
octobre 1674. Son véritable nom était Miles
Pinckney. Après avoir été procureur du collège
anglais à Douay, où il avait fait ses études, il
vint à Paris , et y établit le monastère des Au-
gustines anglaises. On a de lui plusieurs ouvrages
en anglais et en latin , dont les princiiiaux sont :
Douces pensées de Jésus et de Mairie, 1665,
in-8° ;—Pietes Parisiensis ; Paris, 1666, in-S".
Il a traduit en anglais : le Traité de Vamour \
de Bleu, de saint François de Sales; Paris,
845
CARR — CARRA-SAINT-CYR
846
1630, 2 vol. in-S"; — le Gage de l'éternité,
de Camus , évêquede Belley ; ibid., 1632, in-8°;
— les Soliloques de Thomas à Kempis; ibid.,
1653, in-12; et quelques autres ouvrages du
même genre,
t Fellcr, Dict. hist.
CAKtiA (Jean-Louis), savant et homme poli-
tique français, né en 1743 à Pont-dc-Veyle en
Bresse, mortle 31 octobre 1793. Ses parents, mal-
gré leur peu de fortune, faisaient tous leurs efforts
pour lui procurer une éducation honnête, lors-
qu'un incident imprévu vint décider de son sort :
il fut vaguement accusé d'un vol, et prit la fuite,
moins, dit-on, pour se soustraire aux recherches
de la justice que pour échapper à la honte des
soupçons qui planaient sur lui. Il se rendit d'a-
bord en Allemagne, puis en Moldavie, où il en-
l tra au service de l'hospodar. Après la mort de
ce souverain. Carra revint en France; et, par
lua singulier hasard , il trouva à se placer cliez
(Un prince de l'Église, le cardinal de Rohan. Plus
itard, le cardinal de Brienne, qui l'avait connu chez
l'archevêque de Strasbourg , lui accorda sa pro-
tection , et lui procura un emploi à la biblio-
; thèqiie du Roi; c'est, dit-on, à ce dernier pré-
lat qu'il dut l'idée de son Petit mot de réponse
à la requête de M. de Galonné. Quoi qu'il en
soir, Carra vit avec enthousiasme les premiers
S} mptômes de la révolution, où il ne tarda pas
à jouer un rôle. Nommé 'électeur du district des
Fiiles-Saint-Thomas, il provoqua l'établissement
de la commune, celui de la garde bourgeoise, et,
de concert avec Mercier, l'auteur du Tableau
de Paris, il fit paraître un journal sous le titre
(V Annales patriotiques. A la tribune des Jaco-
hU:s, il fut un des plus énergiques orateurs, et
contribua à rendre populaire l'idée d'une décla-
raiiou de guerre à l'empereur Léopold. Il fonda
aussi le Journal de VÉtat et dti Citoyen ,
dans lequel il développa les principes les plus
démocratiques. Il fit partie du comité central
des fédérés, et fut l'un des chefs de l'msur-
rection du 10 août, dont il avait tracé le
plan. Nommé par deux départements à la con-
vention nationale, il opta pour le département
de Saône-et-Loire, et siégea d'abord au côté gau-
che ; il dénonça les opérations du général Montes-
quiou , qui, chargé d'occuper la Savoie, ne ter-
minait pas la campagne aussi proraptement qu'on
le désirait. Peu de temps après, il fut envoyé au
camp de Châlons pour surveiller Dumouiiez, et
rendit compte à la convention des succès de Kel-
lermann. A son retour, en novembre, il fut élu
secrétaire, et proposa un projet de propagande
révolutionnaire. Dans le procès de Louis XVI,
il opina pour la mort, sans appel ni sursis. Mais
il abandonna bientôt la Montagne pour s'unir aux
girondins, et ne tarda pas à devenir suspect par
ses liaisons avec Roland, qui l'avait établi gar-
dien de la Bibliothèque nationale, et par ses
relations avec le prince de Brunswick et avec
Dumouriez. Dénoncé successivement par Marat,
Robespierre et Bentabolle, il fut rappelé de
Blois, où il était en mission, et compris au nom-
bre des quarante-six députés accusés par Amar.
Condamné à mort le 31 octobre 1793, il fut
exécuté le lendemain. Ou a de lui : Odaùer,
roman philosophique; la Haye (Bouillon),
1772, in-8°; — Système de la Raison, ou le
prophète philosophe ; Londres, 1773; Bouillon,
1782, in-12 ; Paris, 1781, in-S"; — Esprit de la
morale et de la philosophie ; la Haye (Paris),
1777, in-12; — Essai particulier de politi-
que, dans lequel on propose un partage de
la Turquie européenne; Constantinople (Pa-
ris), 1777, in-S"; — Histoire de la Moldavie
et de la Valachie, avec une dissertation sur
l'état acttiel de ces deux provinces ; Paris,
1778, in-12 ; nouvelle édition par de Baur, Neuf-
châtel, 1781, in-12 : cet ouvrage peu étendu est
en grande partie extrait de V Histoire de l'Em-
pire ottoman du prince Cantemir ; les détails
originaux foiirnis par Carra sont incomplets et
peu exacts; — Nouveaux Principes de Physi-
que; Paris, 1782-1783, 4 vol. in-8°; — Essai
sur la nautique aérienne, contenant l'art de
diriger les ballons aérostatiques à volonté,
et d'accélérer leur course dans les plaines de
l'air; ibid., 1784, in-S"; — Examen physique
du magnétisme animal ;LonâTese;tPavis, 1785,
in-8°; — Histoire de l'ancienne Grèce, de ses
colonies et de ses conquêtes , traduit de l'an-
glais; Paris, 1787-1788, 6 vol. in-8°; — Dis-
sertation élémentaire sur la nature de la
lumière, de la chaleur, du feu et de l'électri-
cité ; Amsterdam et Paris, 1787, in-8°; — l'An
1787 : Précis de l'administration de la biblio-
thèque du Roi sous M. Lenoir; Paris, 1787,
in-8<*; Liège, 1788, in-8°; — 31. de Galonné
tout entier, tel qu'il s'est comporté dans l'ad-
ministration des finances, dans son commis-
sariat dp. Brfitagne; Bruxelles, 1788, in-8°; —
Cahier de la déclaration des droits du peu-
ple, et contrat de la constitution de VÉtat;
Paris, 1789, in-8°; — Projet de cahier pour
le tiers état de la ville de Paris ; ibid., 1689,
in-S"; — Considérations, recherches etobserr
valions sur les états généraux; ibid., 1789,
1790,in-8°; — Mémoires historiques et authen-
tiques sur la Bastille; Londres et Paris, 1790,
3 vol. m-&°;—^\nmmspami}hlels littéraires
et politiques.
Moniteur'univ. — Lamartine, Hist. des Girondins. —
Desessarls, Siècles littéraires. — Quérard, la France
littéraire.— Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de
la France. — Petite Biographie conventionnelte.
CARRA-SAijST-CYR (Jean-François, comte),
général français, né en 1756, mort à Wailly-sur-
Aisne (Aisne) le 5 janvier 1834. Il fit d'abord
là guerre d'Amérique, comme officier dans le
régiment d'infanterie du Bourbonnais; puis,
revenu en France, il trouva un puissant protec-
teur dans le général Aubert du Bayet, qui avait
autrefois servi dans le même régiment que lui.
Élevé au grade de général de brigade (1794), il
847 CARRA-SAINT-CYR — CARRACHE
84
alla rejoindre l'armée des Côtes-du-Nord , que
commandait Aubert du Bayet, et y resta jusqu'à
l'époque où ce dernier, nommé ambassadeur à
Constantinople, l'emmena avec le titre de secré-
taire d'ambassade. Plus tard, après son mariage
avec madame veuve Aubert du Bayet, Carra-Saint-
Cyr rentra dans la carrière militaire. Il prit (novem-
bre 1795 ) la ville de Deux-Ponts, que le général
Clairfait venait d'occuper ; s'empara d'Ettinghen ;
battit les Autrichiens (1800) sur les bords de la
Magra ; concourut puissamment à la victoire de
Marengo par la prise de Castel-Ceriolo ; fit rentrer
sous l'obéissance des Français la ville d'Arezzo,
qui était devenue le centre de l'insurrection que
l'Autriche fomentait en Toscane contre les Fran-
çais; s'empara de Fri bourg (1801), et contribua
au gain de la bataille de Hohenlinden. Général
de division (27 août 1801), il fut investi (1805) du
commandement de l'armée d'occupation du
royaume de Naples, oîi il fit 6,000 prisonniers
lors de la retraite de l'archiduc Charles, et se
distingua à la bataille d'Eylau. Créé baron de
l'empire en 1808, il fut tour à tour gouverneur
de Dresde et des provinces illyi'iennes. Rappelé
en 1813, il vint prendre le commandement de la
32* division militaire, établie à Hambourg. Forcé,
malgré plusieurs avantages remportés sur les
Anglais, d'abandonner une position que menaçait
un corps considérable de troupes russes, cette
retraite, que Carra-Saint-Cyr regardait comme
opportune, ne fut pas approuvée par Napoléon ,
et le général tomba momentanément en disgrâce.
Mais les services éclatants qu'il avait rendus, son
courage, et plus encore l'estime toute particu-
lière que l'empereur faisait de ses talents mili-
taires, lui firent confier (mars 1814) la défense des
places de Bouchain, de Valenciennes et de Condé.
Nommé par Louis XVIII comte, et chevaher de
Saint-Louis, il fut admis à laretraitele4 septem-
bre 1815. Gouverneur de la Guyane française, il
remplit cette fonction de 1817 à 1819, et fut défi-
nitivement admis à la retraite par ordonnance
royale de 1824. Le nom de ce général est gravé
sur l'arc de triomphe de l'Étoile. A. Sauzay.
Moniteur univ. — net. des Français, t. V. — Ar-
chives de la Guerre.— f^ict. et conquêtes, 1. 13, 19, 22. 23.
CARRÂCH (Jean-Tobie) , jurisconsulte alle-
mand, né àMagdebourgle 1*'' janvier 1702, mort,
le 21 octobre 1775, à Halle. Il fit ses études à
Halle, où il devint en 1738 professeur titulaire de
droit, et fut en 1753 nommé conseiller d'État prus-
sien. En 1759, pendant la guerre de sept ans, il
fut amené captif à Nuremberg, et on lui fit les
plus magnifiques offres pour l'engager à quitter
le service de Prusse. En 1762 , il fut délivré par
l'incursion des corps de Kleist en Franconie. En
récompense de son attachement à la Prusse, il fut
en 1763 nommé recteur de l'université de Halle,
dignité qu'il conserva jusqu'à sa mort. On a de
lui un grand nombre de dissertations, dont un
certain nombre ont été réunies pour former di-
vers recueils, Voici les principaux de ses écrits :
Disp. inaug. qua examinatur Brocardicw
vulgare : statuta ex jure c.omn).uni es.se intei
pretanda; Halle, 1731, in-4o; seconde éditior
1768, in-4''; — Pr. de quadriennali vita rei
titutionis in integrum reipublicse et'Ecclesix
Halle, 1733, in-4°; — de Imaginaria Mquitat
probationis pro evitandope7-jurio;l{&\\e, nS'l
in-4'', et 1749, in-4°; — de Conflictu theoru
efpraxeis Juris ; Halle, 1736, in-4° ; — de D'ifft
rentiis juris romani et germanici in mortï
causa donatione ; Halle, 1739, in-4°; — d
Prœcipuis differentiis juris romani et gei
manici in compensatione ; Halle, 1739, in-4";-
de Differentiis juris romani et germanici i
beneficio separationis ;'R?A\q, 1740,in-4°; — d
Differentiis juris romani et germanici inpech
lio imprimis filiorum familias; Halle, 174f
in-4° ; — de Differentiis juris romani et germa
nici in heredis institutionevoluntaria ; Halle
1746, in-4''; — Disp. an alter conjugum testa
mentorenuntiarepossitunioniprolium;\Mn
1750, in-4'*; — de Difjerentiis juris roman
et germanici heredis institutione necessaria
Halle, 1751, in-4''; — Disp.de anatocismo liciU
et illicito ; HdiWe, 1755,in-4''; — Disp.demutr'i
monio ad benedictionem sacerdotis incompe.
tentis contracta; Halle, 1759, in-4''; — Disp
quapacta non stricti juris, sed bonx fidei ess
evincitur; Halle, 1765, in-4'' ; — Betrachtun^
der Kraft der gemeinen Meinung in de
Rechtsgelahrtheit (Réflexions sur la force d
l'opinion publique en fait de droit), dans les Hal
lische Anzeigem; 1766. — L'auteur a enfin réun
un certain nombre de programmes dans les Pro
grammata juridica ; Halle, 1767, in-4°.
Les autres ouvrages de Carrach ont été publié: ■
par ses fils, soit du vivant de l'auteur, soit aprc \
sa mort; tels sont : Fasciculus opusculorum e
controversiarum de non usu juramenti per
horrescentise adversus judicem; Halle, 1759
in-4'' ; — Rechtliche Urtheile und Gutachte)
in peinlichen Sachen (Avis et consultations ju
ridiques dans des causes criminelles), publiés j)a
son beau-fils H.-J.-O. Kônig;Halle, 1775, in-fo!.
— Kurze Anweisung zum Process in Civil une
Criminalsachen ( Abrégé de la procédure ci
vile et criminelle), publié par le même; Halle
1776, in-4''.
Adelung, suppl. à Jdcher, Allgem. GeleUrten-Lexicon.
— Ersch etGrubcr, Allgem. Encyclopœdie. — Konig, f^ii
et écrits de Jean-Tob. Carrach,- Halle, 1776.
CARRACHE OU CARRAcci (Âugustin) , célè-
bre;peintre et graveur italien, né à Bologne le le
août 1557, mort àParme en 1601 ou 1605. 11 était
fils d'un tailleur d'habits. Dès son jeune âge il se
fit remarquer par la finesse, la mobilité., la pé-
nétration de son esprit, et son aptitude aux let-
tres , aux sciences et aux arts. Il entra d'abord
en apprentissage chez un orfèvre; mais un pen-
chant déterminé pour les arts du dessin l'eu-
traîna vers la gravure et la peinture. Prosper Foii-
tana et Bartolomeo Passerotti développèrent ses
149
ifédeuses facultés. Malheureuseiïient l'incons-
imce de son caractère ne lui permit pas de se
Ivrer exclusivement ou à la peinture ou à la
iravure, et d'arriver dans l'un ou dans l'autre
î ces arts au degré de perfection que lui pro-
ettait son heureuse organisation. Jaloux des
i 'Ogres extraordinaires de son frère Annibal , las
■îs reproches de son père et des remontrances
; Louis, il se mit à peindre de caprice, d'après
s ouvrages des anciens maîtres, dont il n'ap-
"éhendait pas le blâme, et dont il espérait s'ap-
oprier les beautés. Puis, abandonnant la pein-
re , il ne s'occupa plus que de gravure à l'eau-
rte et au burin. Après avoir séjourné quelque
raps à Parme , il alla à Venise , où il reçut des
çons de Corneille Cort , célèbre graveur hol-
ndais, qui, jaloux d'un élève infiniment supé-
«ur à lui sous le rapport du dessin, et qui me-
içait de le surpasser dans le maniement du
«rin , lui ferma bientôt son atelier. Mais il était
K>p tard : déjà Augustin passait pour le Marc-
^toine de l'époque. Rentré dans sa patrie, il re-
it le goût de la peinture , et l'émulation que
i donna la grande réputation d'Annibal lui fut
tte fois profitable; son ardeur pour l'étude
t telle qu'il égala son frère , s'il ne lui devint
is supérieur. Dans l'académie de peinture ou-
;rte par les trois Carrache, Augustin était
largé des soins les plus laborieux de l'instruc-
)n; pour chaque branche des études il avait
digé des traités succints qui servaient de base
IX démonstrations et aux conférences. Entre
s deux frères , dont les caractères étaient dia-
étralement opposés , il régnait une telle mésin-
Uigence qu'on aurait pu les croire ennemis,
éanmoins ils ne pouvaient vivre l'un sans l'au-
e : aussi , brouillé avec Annibal et cessant de
aider de ses conseils et de ses pinceaux dans
s travaux de la galerie Farnèse , Augustin se
vra au plus vif chagrin, et alla près du duc de
tarme terminer une existence qui lui paraissait
»supportable. Il mourut dans un couvent de
apucins , où il s'était retiré. Annibal, vivement
ffecté de la mort de son frère , voulut lui éle-
ver un monument somptueux. Ses amis le pré-
inrent; mais il paya sa dette à la mémoire de
on frère en se chargeant de l'éducation et de la
Drtune d'un enfant naturel qu'il laissait.
Parmi les tableaux qui ont illustré le nom
'Augustin Carrache, on signale la Commu-
ion de saint Jérôme, que possède le Louvre,
t dont le Dominiquin s'appropria plus tard la
•ensée dans le tableau qui passe pour l'une des
M lerveilles de l'art ; — une Assomption de la
"lerge pour l'éghse San-Salvator , à Bologne.
)ans la galerie Farnèse , peinte par Annibal , les
ibles de Céphale et de Galatée sont , dit-on ,
ouvrage d'Augustin. [M. Soïer, dans VEnc.
les g. du m. ]
Lanzi , Storia pittor. — De Piles, Abrège de la vie des
"^intres. — iJ'Argenville, f^ies des Peintres. — Bryan,
)jet. 0/ l'ainters and Engravers.
CARRACHE 850
CARRACHE OU CARRACCi {Annibal), pein-
tre italien , frère du précédent, né à Bologne en
1560, mort à Rome en 1609. Il est le plus
jeune, le plus célèbre des trois chefs de l'Aca-
démie de Bologne , celui dont le nom a retenti
dans toute l'Europe, et qui, comme Raphaël,
semble refléter à lui seul toutes les perfections
de la peinture. Il commença par aider son père
dans la profession de tailleur d'habits. Son aver-
sion pour l'étude (il apprit seulement) à lire et à
écrire) ne permettait pas de concevoir sur son
compte de hautes espérances, et cependant un
sentiment intérieur l'appelait hors de la sphère
dans laquelle il était né. Son père, qui s'en aper-
çut, le plaça chez un orfèvre, et chargea Louis
Carrache de lui enseigner le dessin. Cette cir-
constance décida du sort d'Annibal. A peine eut-
il manié le crayon, qu'il donna des preuves d'ap-
titude si sui*prenantes pour les arts que Louis le
prit chez lui, pourvut à tous ses besoins, et, par
ses conseils et ses exemples , le mit en peu de
temps en état de l'aider dans ses travaux. Il fit
plus, il lui procura des moyens de voyager. A
Parme , les tableaux du Corrége lui révélèrent
des secrets que Louis n'avait pu pénétrer; à Ve-
nise, il se lia avec le Tintoret et Paul Véronèse,
étudia les ouvrages des coloristes de cette bril-
lante école, et ne laissa échapper aucune occa-
sion de s'instruire. Revenu dans sa patrie riche
d'études et l'esprit fortifié par les plus mûres mé-
ditations, il excita l'admiration de Louis, qui ne
dédaigna pas de devenir le disciple de son ancien
élève. Augustin en agit autrement : honteux,
humilié de se voir surpassé par son frère, il jeta
ses pinceaux et reprit son burin. Dans leur nou-
velle manière, Annibal et Louis exécutèrent des
ouvrages du goût le plus riche et de la plus belle
exécution, où brillaient un dessin aussi mâle que
correct, une composition aussi riche que bien or-
donnée, et non moins admirables par la noblesse
et la vérité de l'expression que par l'entente des
couleurs. Ces chefs-d'œuvre furent dénigrés im-
pitoyablement par les peintres de Bologne, et
les clameurs furent telles, que Louis crut s'être
égaré. Annibal, sûr de lui-même , ne se laissa
pas intimider, rassura son cousin, et finit par
triompher de ses détracteurs.
Louis ayant chargé Annibal de peindre à sa
place la galerie Farnèse, il partit accompagné
de plusieurs de ses élèves , et, sans s'inquiéter
du prix qu'on mettrait à ses travaux, se mit à
l'œuvre. Il consacra huit années à cette immense
entreprise, que le Poussin considérait comme une
des merveilles de l'art. Il faut convenii" toutefois
que ce qui tient à la poétique de l'art n'est pas
du fait d'Annibal, mais du prélat Agucchi et d'Au-
gustin Carrache, qui tous deux l'aidèrent de
leurs conseUs. Une gratification de 500 écus d'or
(envu-on 5,000 fr.) fut tout ce que le cardinal
crut devoir offrir au peintre, pour lui témoigner
sa satisfaction d'un travail qui excitait l'admira-
tion générale, et pendant le cours duquel il n'a-
851
CARRACHE
8
vait touché qu'un traitement de 10 écus par mois.
Humilié dans son art (car Annibal, comme Au-
gustin et Louis, était fort désintéressé) , cet ar-
tiste ne toucha plus ses pinceaux qu'avec répu-
gnance, et plus d'une fois il lui arriva de les bri-
ser de dépit. Une noire mélancolie s'empara de
son esprit; vainement il fit le voyage de Naples
pour se distraire : il revint à Rome tout aussi
chagrin qu'il en était parti. Il mourut peu après,
comme Raphaël, à la suite d'excès dont les mé-
decins ne surent pas prévenir les effets fâcheux.
Son corps fut porté dans la Rotonde, à côté de
celui du peintre d'Urbin, près duquel il avait dé-
siré être inhumé. On lui fit des obsèques magni-
fiques, auxquelles assistèrent les plus grands
seigneurs de Rome, et cette foule d'élèves qui
devaient tant à sa libéralité.
Simple dans ses mœurs et dans ses vêtements,
ennemi du faste et fuyant la société, dont les con-
venances le gênaient, il s'adonna tout à son art,
dont le positif l'occupa plus que la poétique. Si
l'on analyse ses productions, on est Irappé de
la grandeur du style et de la correction du des-
sin, de la vigueur et de la facilité du pinceau,
souvent même de la vérité du coloris qui les dis-
tinguem ^ mais on est forcé de reconnaître que
la nature ne s'y montre pas sous un aspect assez
naïf, assez, varié, et que,pom' s'être trop occupé
du soin de l'ennoblir, il a fini par rester froid de-
vant elle; de là vient sans doute que ses ou-
vrages causent plus d'admiration et de surprise
qu'ils ne touchent l'esprit et le cœur. L'œuvre
d'Annibal est considérable ; il n'est pas une ga-
lerie en Europe qui ne possède un grand nombre
de ses productions. Les plus célèbres sont : à
Paris, une Nativité , un Christ mort stir les
genoux de la Vierge, l'un de ses derniers ou-
vrages; une Résurrection, qu'il a signée de son
nom avec l'année 1593; un Martyre de saint
Etienne, et plusieurs paysages admirables; à
l'Krmitage de Saint-Pétersbourg, le Christ en
jardinier, après sa résurrection ; au Belvédère
de Vienne, le Christ et la Samaritaine, le
Christ mort sur les genoux de la Vierge, sou-
tenue par deux anges; à Dresde, une Assomp-
tion de la Vierge, un saint Matthieu, l'Au-
mône de saint Roch; à Munich, le Massacre
des Innocents; à Florence, une Bacchante et
un Satyi-e; à Naples, une Piété. [M. Soyer, dans
Y£nc. des g. du m. ]
Lanzi, Stor. pittor. — D'Argenville, Fies des Peintres.
— Bryan, Dict.of Paint. and Engrav ■ — Pi\kiQton, Dict.
of Painters. — De Piles, Abrégé de la vie des Peintres.
— Nagler, Neucs AUgem. Kûnstler-Lexicon. — Malva-
sia, Fite de' Pitt. Bolognesi, etc.
CARRACHE ( François ) , peintre italien ,
frère d'Augustin et d'Annibal, né en 1595, mort
à Rome en 1622. Il est plus coimu par son in-
gratitude envers ses parents que par son mérite
comme peintre. Il eut la présomption et la bas-
sesse d'élever une école auprès de celle de Louis,
son cousin et son maître , et de placer au-dessus
de la porte cette inscription : C'est ici la vraie
académie des Carrache. Cette rodomonta
n'ayant pas réussi, il alla à Rome, où il fi
ses jours à l'hôpital [Enc. des g. du m.].
Malvasia, F ite de' Pittor. Bolognesi. - Fiorillo , Il
de la Peint.
CARRACHE (Antoine), peintre italien, :
naturel d'Augustin, né à Venise en 1583, mor
Rome en 1618. Grâce aux soins de son on
Annibal, il acquit un talent qui lui promettait, :
eût vécu , la supériorité sur tous les membres
sa famille; son tableau du Déluge, au musée
Louvre , en fait foi.
D'Argenville , Fies des Peintres. — Brian , Dict.
Painters and Engr.
CARRACHE (Louis) , peintre italien , c(
sin germain d'Augustin et d'Annibal , et
quelques années leur aîné, né à Bologne en 15;
mort dans la même ville en 1619. Son pi
était boucher; son premier maître, le Fontac
ne lui reconnaissant point les dispositions (
font un peintre, lui conseilla de choisir une ;
tre profession. A Venise, le Tintoret lui tint
même langage ; mais , loin de se décourag
Louis n'en fut que plus déterminé à suivie s
penchant; il ne demanda plus d'avis qu'à s
génie et aux rouvrages des grands maîtres,
étudia à Venise le Titien et Paul Véronèse;
Florence, André del Sarto et le Passignano ;
Mantoue, Jules Romain; à Parme, le Mazzuoli
surtout le Corrége, pour lequel il eut une pré
îection qui a influé sur les ouvrages de toute
vie. De retour à Bologne , ses tableaux exci
rent l'admiration des mis, l'envie des autre
mais bientôt son mérite fut assez généralemt
reconnu pour qu'il pût tenter avec succès de p(
ter aux maniéristes le dernier, coup en ouvra
à Bologne une académie de peinture. Loi
Carrache n'était point assez présomptueux po
croire qu'à lui seul il pourrait accomplir le gra
œuvre quil méditait ; il sentit qu'il avait besc
de se créer un parti puissant dans la jeunes
de Bologne. Il tourna d'abord les yeux vers
famille : Paul , son frère , cultivait la peintur
mais il était dépourvu de génie, et n'était prop
qu'à faire un copiste; il trouva ce qu'il cherch;
dans Augustin et Annibal : tous deux avaient d
dispositions prodigieuses ; mais le caractère d
deux frères était si différent , si difficile à accc
der, que Louis ne put conserver ensemble s
cousins dans son atelier. Il confia Augustin
Fontana , dont l'assurance et la facilité pouvaie
vaincre la modeste timidité du jeune homme,
garda près de lui Annibal, qu'il astreignit à m
diter profondément ses ouvrages, et à leur cons.
crer plus de temps qu'il ne convenait à son in
patiente vivacité de leur en donner. Les soins c
Louis eurent tout le succès qu'il s'en était prc
mis : ses deux cousins parvinrent en peu d
temps à produire des ouvrages remarquable!'
Un voyage qu'ils firent à Parme , à Venise (
dans d'autres, parties de l'Italie acheva de l6l
rendre aptesàl'exécutiondugrandprojetdeLouisf
.3
CARRACHE — CARRANZA
854
("('?t alors qwe s'ouvrit, aans la maison môme
s Carrache, cette académie de peinture, la
lircde Bologne, qu'ils appelèrent degVlncom-
ninti (des Acheminés), où ces trois artistes,
(■( un zèle sans bornes , enseignèrent tout ce
!■ (le longues études et une grande pratique
ir avaient appris. L'envie et la médiocrité ne
ir ménagèrent pas les sarcasmes ; mais ils fini-
il par réduire leurs ennemis au silence.
Louis ne cessa d'être le chef, l'âme de l'école;
11 ne s'y faisait que de son avis, et ses juge-
!nts étaient considérés comme des oi'acles. Ap-
é à Florence pour peindre la galerie Farnèse,
iréféra rester au milieu de ses élèves, et en-
yer Annibal à sa place. Éloigné de ses deux
isins, Louis montra qu'il savait se suffire à
-même ; eux , au contraire , eurent constam-
nt besoin de ses conseils. Annibal , craignant
s'être trompé dans le parti pris pour la déco-
ton de la galerie Farnèse, ne voulut pas pour-
vre ses travaux sans connaître l'opinion de
uis , et celui-ci fit exprès le voyage de Rome
ir l'applaudir et l'engager à persévérer. Après
3 absence de quelques semaines , Louis revint
is sa patrie , où il ne cessa d'être chéri et ad-
ré. Il mourut, laissant peu de fortune. Louis
rrache joignait au caractère le plus doux , le
is obligeant , beaucoup d'esprit et d'instruc-
W. Extrêmement attaché à ses disciples, il les
iiait volontiers dans leurs travaux. Il produisit
très-grand nombre d'ouvrages , dont les der-
>.rs ne sont pas moins estimés que ceux de sa
nesse. Reynolds recommande pailiculière-
!nt à l'étude des élèves un saint François au
lieic de ses moines, la Transfiguration, la
lissance de saint Jean-Baptiste, la Voca-
m de saint Matthieu , les fresques du palais
mpieri ; ajoutons-y la Translation du corps
la Vierge, l'une des dernières et des meil-
'ires productions de son pinceau. [ £nc. des
du m.]
'lalvasia , f^ite de' Pittori Bolognesi.
CAURADORi [Joachim), médecin italien,
à Prato le 7 juin 1758, mort en novembre
18. Il professa d'abord la philosophie au sé-
inaire de Pistoie. Des discussions s'étant éle-
es eiiti-e l'évêque de Pistoie et son clergé , il
vint dans sa ville natale , où il s'occupa d'a-
iculture et de physique , sans négliger la pra-
jue de la médecine. Carradori fut un partisan
hclaré de la vaccine,i;et la propagea dans sa pa-
e. On a de lui : la Teoria del Caloi-e; Flo-
bce, 1789, 2 vol. in-12; — Lettera sopra
Hettricità animale; MA., 1793; — Lettera
fpra la virtii antiodontalgica di piii in-
\ili; Prato, 1793; — Memoria sidla trasfor-
iûzione del nostoc in tremella verrucosa,
lichen fascicularis , e in lichen rupestris ;
M., 1797, in-8°; —Lettera su varie trasfor-
azioni délia tremella in nostoc, e di alcune
Itrc crittogamc , e sulla loro riproduzione ;
^oronce, 1798, in-8"; — Istoria delV epizootia
bovina che regnd nel 1800 nella campagna
del vicariato di Prato ; ibid., 1801 , in-8°; —
délia Fertilità délia ^erro; ibid., 1803, in-8°;
— Istoria del galvanismoin Jtalia, ossia delta
contesafra Volta e Galvani ricovata da fatti
esposti dori duc partiti; ibid., 1817, in-8"; —
Lettera al sig. dott. Giacomo Tommasini,
professer di clinica nelV università di Bo-
logna , sulla febre contagiosa di quest' anno
1817; Prato, 1817, in-S". Carradori est encore
auteur d'un grand nombre d'articles insérés dans
les journaux de Milan et de Pavie, et dans là
Bibliothèque Britannique.
ïipaido , Biographia degli Italiani illustri, t. VI.
CARRANZA. ( Barthélémy de ) , prélat et
théologien espagnol, né en 1503 à Miranda, dans
la Navarre; mort le 2 mai 1576. Sa réputation
comme professeur de théologie devmt si bril-
lante, qu'on venait de toutes les parties de l'Es-
pagne à Valladolid pour l'entendre; en 1546,
Charles-Quint l'envoya au concile de Trente, et
la conduite qu'il y tint ne démentit point- ses
premiers succès. Quand le mariage du fijs dp
Charles-Quint avec Marie Tudor fut conclu, Car-
ranza suivit le jeune prince en Angleterre : il
devint le confesseur de la reine, et travailla avec
ardeur au rétablissement de la religion catho-
lique. Revenu près de Philippe après l'abdi-
cation de Charles-Quint, il reçut du nouveau
roi l'archevêché de Tolède. L'évêque de Lérida ,
jaloux des distinctions dont Carranza était l'ob-
jet, dénonça à l'inquisition un catéchisme que
venait de faire publier l'archevêque de Tolède.
Ce livre , condamné en Espagne , fut approuvé
par une commission du concile de Trente. Char-
les-Quint mourant fit appeler Carranza près de
lui; le bruit se répandit bientôt que ce prince
n'était pas mort avec les sentiments d'un bon ca-
tholique : les ennemis de Carranza, qui en étaient
peut-être îcc auteurs, en profitèrent pour le pré-
senter de nouveau. Il fut emprisonné par ordre de
l'inquisition; son procès fut instruit : mais le
pape Pie V ayant évoqué l'affaire à Rome , Car-
ranza y fut conduit, et eut pour prison le château
Saint-Ange. Il y subit des traitements moins im-
pitoyables qu'en Espagne, et au bout de dix ans il
fut absous. Seulement , pour satisfaire l'inquisi-
tion, on exigea de lui l'abjuration de quelques
propositions qu'il n'avait jamais soutenues; de
plus, il devait] être suspendu pendant cinq ans de
ses fonctions épiscopales. Carranza mourut dix-
sept jours après sa sortie de prison. On a de lui :
Summa Conciliorum i^enise, 1546, in-8°, sou-
vent réimprimée ; — de Necessaria Residentia
episcoporum et aliorum pasto7'um;\bid., 1547
et 1562, in-8°; — Commentarios sobre el ,ca-
techismo christiano; Anvers, 1558, in- fol.; —
Divers écrits traitant des sacrerrients , de la
prière , du jeûne , de l'aumône , des instruc-
tions pour la messe. [E7ic. des g. du m. avec
addit. ]
Herrera, Hist. de Philippe II. — Lecorate de Roca,
855
Hist. de Charles y. — Didier de Castejon, Vie de Car-
ranza, dans la Primacia de la santa iglesia de Toledo.
— Salazar de Mendoza , Vie de Carranza. — Antonio ,
Jlibliotheca hispana nova. — Nicéron , Mémoires. ■—
Eciiard, Script, ord. Prsedicat. — Bayle , Dict. ?iist.
■ CARRANZA (Didier), traducteur et mission-
naire espagnol, de l'ordre des Dominicains, vi-
vait dans le milieu du seizième" siècle. On a de
lui : JDoctrina christiana en lengua chontal,
langue usitée dans la province de Tabasco, au
Mexique.
Anlonio , Biblioth. hispana nova.— Échard,' de Script,
ordinis Prœdicatorum. — Davila, Hist, provinciae
Mexici ordinis Prasdicat. -Léon, Bibl. .Indica.
CARRANZA (Jérôme'), tacticien espagnol,
natif de Séville, vivait dans la seconde moitié
du seizième siècle. Après avoir été gouverneur
de la province de Honduras, en Amérique, il
revint finir ses jours dans sa patrie. On a de lui :
De la filosofia de las Armas, de su destreza,
y de la agresion y defension christiana ; San-
Lucar, 1569 et 1582, in-4''; ouvrage devenu
rare.
Antonio , Bibliotheca hispana nova.
CARRANZA {Michel- Alfonse de), biogra-
phe et théologien ascétique espagnol, de l'ordre
des Carmes, né à Valence vers 1527, mort dans
la même ville en 1607. Ses principaux ouvrages
sont : Vita S. Ildephonsi; Valence, 1556, in-8°;
réimprimée par Bollandus, avec notes, dans les
Acta Sanctorum ( 3 janvier ) ; — Camino del
Cielo; ibid., 1601, in-8°; — Catecismo y doc-
trina de religiosos novicios, professas y mon-
jas; Valence, 1605.
Antonio, Biblioth. hispana nova. — Gaspar Escolanus,
Falentina historia.
CARRARA (Jean-Michel-Albert), médecin,
nistorien et littérateur italien, natif de Bergame,
mort dans cette ville le 26 octobre 1490. Il fut
l'un des hommes les plus instruits de son temps.
Après avoir servi dans sa jeunesse sous les or-
dres de Ph. Visconti contre Fr. Sforce , il revint
dans sa ville natale, et ne la quitta plus que pour
porter les secours de l'art médical à ceux qui les
réclamaient , consacrant ses loisirs à la culture
des lettres. Carrara fut souvent consulté par les
princes d'Italie, de France et d'Allemagne. On
a de lui : de Omnibus Ingeniis augendee me-
morix ; Bologne, 1491 ; — Oratio in funere
Barthol. CoZeoMis ; Bergame, 1732 ; — un grand
nombre d'ouvrages latins et italiens encore iné-
dits, parmi lesquels on cite : Historiarum Ita-
licarum libri LX ; un poëme en vers héroïques,
de Bello Veneto per Jac. Mercellum in Italia
gesto liber unus.
Antoine Snardi, Vie de J.-M.-j4. Carrara; Bergame,
178i. — Amelot de la Houssaye, Hist. du gouvernement
de Venise. — Fabricius, Biblioth. latina médise sstatis.
— Vossius, de Historic. latin.
CARRARA (Hubertiïi ), poète italien, de l'or-
dre des Jésuites, né en 1640 à Sora (royaume
de Naples), mort à Rome en 1717. Il fut profes-
seur de belles-lettres au collège Romain, et l'un
des restaurateurs de la poésie latine au dix-lmi-
CAKRANZA — CARRARE {
tième siècle. On a de lui : m Victoriam de S
this et Cosacis relatam, sub auspiciis D.
Joannis in Zolkucia et Zloczon Sobjeski, c
carmew; Rome, 1668; — Columbus , sive
itinere Christopkori Columbi , carmen (■
cum; Rome, 1715; Augsbourg, 1730. Carr
travailla quarante ans à ce poëme.
Adelung. suppl. à Jôcher, Mlgem. Geleherten-Lexu
CARRARA (Pierre-Antoine), poète itali
natif de Bergame, vivait dans la seconde mo
du dix-septième siècle. On a de lui : VEne
di Virgilio tradotta in ottava rima, cogli
gomenti del medesimo; Venise, 1681 et 17
Paitoni, Biblioth. degli Jutori antichi volgarizz
— Erscli et Gruber;, Allgem. Encyc.
CARRARE, nom d'une illustre maison de ]
I doue, qui se rendit célèbre dans l'ItaUe septi
trionale au quatorzième siècle.
CARRARE ( Jacques I^" DE ) , seigneur
Padoue, mort le 23 novembre 1324. En 13
il fit mourir ou chassa les anciens magistrats
Padoue, et se fit proclamer, en 1318, seigm
de la république ; mais de puissants ennemis
disputèrent le pouvoir, et, pour ne pas le per
entièrement, il fut obligé de partager la sou
raineté avec Frédéric, duc d'Autriche, qui
donna des secours. Plusieurs princes de sa
mille régnèrent à Padoue après lui.
CARRARE (Marsilio de), seigneur de 1
doue, neveu du précédent, mort le 21 mars 13
i II succéda à son oncle, qui ne laissait que (
j filles et des bâtards. Attaqué par un autre de ;
oncles, Nicolas de Carrare, qui, après avoir p;
tagé avec lui les soins du gouvernement, é1
devenu son ennemi, puis fatigué des ve
tions qu'exerçaient dans la ville les AUeman
ses auxiliaires, Marsilio se réconcilia avec Ci
de la Scala, ancien ennemi de sa famille,
mit sous sa protection, et lui transféra la s;
gneurie de Padoue et de son territoire, en co
servant toutefois l'autorité administrative,
la fin de sa vie, il se brouilla avec Albert de
Scala, fils aîné de Cane. Protégé par les troup
des républiques de Florence et de Venise , (
voulaient hiunilier l'orgueil et l'ambition (
seigneurs de la Scala, il recouvra son anci
pouvoir le 7 août 1337. Il mourut sans enfam
BiancW, Difesa di Marsiglio da Carrara,- Padon
1835. — Sisraondi, Hist. des Républiques italiennes.
CARRARE ( Ubertino de ) , seigneur de ï
doue, neveu du précédent, mort le 25 mars 134
Ce fut lui qui, pour se venger de l'outra
qu'Albert de la Scala avait fait à sa femme, c
termina son oncle Marsilio à ouvrir les porli
de Padoue aux armées de Florence et de Venis
En 1338, il succéda à cet oncle avec l'approb'
tion de la république de Venise, et fut ensuii
reconnu par Marsilio de la Scala, qui renon»
franchement à la suzeraineté de Padoue. L
Vénitiens ne virent pas avec plaisir la paix s'
tablir entre les deux maisons de Carrare et (
la Scala; ils espéraient qu'Ubertino et Marsil'
HT CARRARE
feraient la guerre, et leur politique devait ti-
ir profit de l'affaiblissement des deux partis,
loertino Carrare se rendit odieux aux Padouans
1 r son caractère violent et par l'excès de ses
ibauches.
CARnxRR (Marsilietto Pappafava de), sei-
;eur de Padoue , parent du précédent, mort le
mai 1348. Il venait de succéder à Ubertino
Irsqu'il fut assassiné par Jacques Carrare , fils
Nicolas et neveu de Jacques l^'. Il ne régna
pie deux mois. Ses sujets le regrettèrent.
PCARRARE ( Jacques Hue ), seigneur de Pa-
ue, mort le 21 décembre 1351. Après avoir
taa quelque temps secret l'assassinat de Mar-
iette, et s'être servi du sceau de ce prince pour
mettre en possession des forteresses de la
ijgneurie, il fit connaître la mort de son pa-
flt', réclama la souveraineté de Padoue comme
héritage auquel il avait les droits les plus in-
ntestables, et fut proclamé seigneur par le
uple. Il gouverna avec plus de sagesse et de
odération qu'on ne devait s'y attendre. Il fut
sassiné par un bâtard d'un de ses oncles, dont
cherchait à réprimer les excès.
CARRARE ( Giacomino de ) , seigneur de Pa-
tue, frère du précédent, mort en 1372. Il suc-
da à Jacques II avec François, fils de ce der-
er. Après cinq ans d'une parfaite harmonie
itre ces deux princes , François , informé que
m oncle avait projeté de le faire périr, le pré-
nt, l'arrêta lui-même, et le fit renfermer dans
ae forteresse.
CARRARE ( François P^ ) , seigneur de Pa-
oue, fils de Jacques II, mort dans le château
e Como le 6 octobre 1393. Il régna seul de-
ûis 1355. Comme tous les petits princes de la
lombardie, il s'allia aux Vénitiens contre la
liaison de Visconti, qui les menaçait tous éga-
ement. A la tête de l'armée de la ligue, il fit la
tuerre avec des succès variés , et la termina, en
1358, par une paix honorable. Lorsque Louis ,
o\ de Hongrie, envahit les États de Venise,
tonçois de Carrare s'unit avec lui d'une amitié
ftroite, et lui fournit des vivres. Dès lors la ré-
publique lui voua une haine acharnée. Carrare
it enlever les sénateurs vénitiens qui lui étaient
plus hostiles, et les fit amener à Padoue, dans
son palais. Là ses menaces leur arrachèrent le
serment de conserver la paix avec lui. Mais , en
1360, la jalousie des Vénitiens fut portée au
Iwmble par le don que Louis de Hongrie fit à
parrare des villes de Feltre et de Bellune. Mal-
ré la médiation des Florentins , des Pisans et
du pape, les hostilités éclatèrent en 1372. Les
ducs d'Autriche et le roi de Hongrie secouru-
tent Carrare; cependant il fut contraint à une
paix honteuse en 1373. Il la rompit dès qu'il
le put, ,et contracta avec les Génois et le roi de
Hongrie une ligue qui amena la guerre de Chiozza,
qui faillit perdre Venise (1378-1384). En 1384
Carrare acquit les villes de Trévise, Céneda,
Feltre et Bellune. Les Vénitiens suscitèrent con-
— CARRÉ
858
tre lui Antonio de la Scala, seigneur de Vérone,
qui fut deux fois battu, se vit enlever par Car-
rare l'alliance de Jean Galéas Visconti, souve-
rain de Milan, et fut par celui-ci dépouillé de
ses États en 1387. Mais Jean Galéas, sans avoir
été provoqué, tourna ensuite ses armes contre
François de Carrare. Ce dernier fut contraint
de livrer Padoue et Trévise à Visconti (1388), et
fut enfermé, au mépris des traités, dans le châ-
tea>i de Como.
CARRARE ( François II ou Novollo de ),
seigneur de Padoue, fils du précédent, mort le
17 février 1406. Dépouillé comme son père de
la souveraineté de Padoue, il montra une cons-
tance réellement héroïque. Au milieu des plus
grands dangers il parcourut l'Italie et l'Europe,
pour susciter des ennemis à Jean Galéas Vis-
conti. Enfin, après des efforts inouïs, il parvint
à former une ligue et à réunir des secours suf-
fisants. Les Florentins commencèrent les hosti-
lités ; les Vénitiens favorisèrent secrètement Car-
rare, qui lui-même fut reçu dans Padoue parles
anciens sujets de sa famille en 1390. Après deux
ans de guerre, le souverain de Milan fut contraint
de le reconnaître comme chef indépendant de
Padoue. Il soutint les Florentins dans leurs
guerres contre Visconti, rétablit d'abord, en
1404, la famille de la Scala dans Vérone, mais
bientôt s'empara lui-même de cet État. 11 allait
étendre ses conquêtes d'une manière réellement
redoutable, lorsque les Vénitiens et Gonzague,
seigneur de Mantoue, se déclarèrent contre lui.
Il se défendit avec un admirable courage contre
des forces bien supérieures aux siennes. En
1405 il fut obUgé de capituler, conduit à Venise,
enfermé dans un cachot avec deux de ses fils, et,
comme eux, étranglé par ordre dû conseil des
Dix. Il laissait encore deux fils, dont le dernier
périt sur l'échafand en 1435, après une tenta-
tive pour rentrer en possession de Padoue. En
lui finit la maison de Carrare. [Enc. des g. du
monde].
Sismondi , Hist. des Républiques ital. — Daru, Hist.
de la rép. de Fenise.
CARRÉ (....), voyageur français, \ivait dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. II fut
d'abord chargé de visiter la côte de Barbarie et
divers ports de l'Océan. Les mémoires adressés
par lui à Colbert fixèrent l'attention de ce mi-
nistre, qui projetait de grands établissements
dans les Indes orientales. Bientôt Carré fut dé-
signé pour faire partie de l'expédition dont Ca-
ron était le chef. La flotte partit le 10 juillet 1666.
Après avoir touché à Madagascar et à l'île Bour-
bon, Caron se persuada que Surate serait un
chef-lieu préférable pour les établissements de
la compagnie , et mit à la voile pour cette ville.
Carré, dans la relation de son voyage, donne
une description de Surate et des pays environ-
nants. En 1668, lorsque les Turcs prirent Bassora
sur les Arabes, il s'y trouvait pour les affaires
de la compagnie, et fut obligé de se réfugier avec
859 CARRÉ
son navire à l'ile de Karreck, dans le golfe Persi-
que. De retour à Surate, il fut envoyé en France
par Caron, qu'il n'aimait pas, et qui voulait se dé-
barrasser de sa surveillance. Carré s'embarqua,
en 1671, pour Bender-Abassi ; de là il se rendit
à Bagdad, et traversa le désert. Durant ce trajet
il eut beaucoup à souffrir. Enfin il arriva à Alep,
se rendit h Tripoli de Syrie, parcourut le Liban,
s'embarqua à Seïde, et arriva à Marseille. Peu
de temps après , il fut renvoyé aux Indes par la
route de terre, et on n'entendit plus parler de lui.
On sait seulement qu'en 1673 il était à Visa-
pour. lia publié une relation sous ce titre : Voyage
des Bides orientales , mêlé de plusieurs his-
toires curieuses ; Paris, 1699, 2 vol. in- 12. Le
premier volume, qui contient le récit de son pre-
mier voyage, est beaucoup plus intéressant que
le second, qui parle peu de sa dernière tournée,
et n'est guère rempli que d'histoires galantes.
Le &SLS,Dict. encycî. de la France.
CAREÉ ou CAREÉE {François),]iéïAv& hol-
landais, né en Frise en 1636, mort à Amster-
dam en 1669. Il s'établit à Amsterdam, et fut
le premier peintre de Guillaume-Frédéric, sta-
thouder de la Frise. Il adopta principalement le
genre de Téniers. On voit encore de lui quel-
ques tableaux représentant des fêtes de village.
Descamps. Vies des peintres flamands et hollandais.
CARRÉ ( Henri ) , peintre hollandais , fils du
précédent, né vers 1657, mort le 7 juillet 1721.
Il apprit le dessin malgré son père, qui le desti-
nait à l'état ecclésiastique , et finit par enti'er
dans l'atelier du célèbre Jordaens. Il commençait
à se faire connaître comme peintre lorsque la
princesse Albertine, qui avait été la protectrice
du père, offrit au fils une place d'enseigne dans
un régiment. Après avoir servi quelque temps
avec distinction, Henri reprit la palette et s'éta-
blit à Amsterdam, où il exécuta de nombreux
tableaux, parmi lesquels on distingue de grands
paysages.
Descamps, Fiés des peintres flamands et hollandais.
CABRÉ {Michel), peintre hollandais, frère
du précédent, né vers 1658 , mort à Alkmaër en
1728. 11 fut élève de Berghem. Après avoir sé-
journé quelques années à Londres sans profit
pour sa fortune, il passa en Prusse sur l'invita-
tion de Frédéric I'^'', qui paya bien ses ouvrages
et lui donna en même temps une pension. A la
mort de ce prince, Michel revint à Amsterdam.
Parmi ses compositions , on cite avec éloge la
Rencontre de Jacob et d'Esaû.
Descamps, Vies des peintres flamands et hollandais.
CARRÉ {Guillaume-Louis- Julien), juriscon-
sulte français, né à Rennes le 21 octobre 1777,
moi*tle 12 mai's 1832. Il se distingua d'abord au
barreau, et ensuite dans l'enseignement du droit ;
nommé en 1806 professeur à la faculté de cette
ville, il expliqua avec un grand succès la procé-
dure, qui venait de s'enrichir d'un code bien in-
férieur au code civil, mais qui réalisait de grandes
réformes. Après avoir publié en 1808 une/M«?
duction générale à l'étude du droit (Pari
in-8°), il donna au pubhc um analyse des coi
mentateurs et des arrêts des cours sui- le co
dont l'enseignement lui était confié (Rennes, 181
1812, 2 vol. in-4°); ouvrage qu'il a complété,
1819, par 2 vol. in-4° de questions sur la pro(
dure , et refondu dans une troisième pubiicati.
intitulée Lois de la procédure civile; 182
3 vol. in-4». Ces ouvrages ont été si utiles da
la pratique, qu'il en a été donné après sa me
une troisième édition par le professeur Chauve;
(Ad.) en 1841.
Il est fâcheux que ce savant professeur n'ait p
rédigé, au moins en projet, les articles nécesst
res pour combler les lacunes du code, et pour
purger entièrement de la procédure écrite, res
de l'ancienne barbarie, qui, sans être grandeme
profitable au fisc et sans servir à l'éclairciss
ment des affaires, fait peser sur les justiciabl
une charge énorme. Carré était timide, quoiqu
appartînt à l'école de Lanjuinais, son compatric
et son maître; il n'avait pas la hauteur de pe:
sée de Touiller. Cependant il a professé les pi
saines doctrines dans ses Lois de Vorganisatii
et de la compétence des juridictions civile
qu'il dédia à M. Dupin aîné. Rennes, 1825-182
2 vol. Jn-4°, et dont M. V. Foucher a donné u;
nouvelle édition, Paris, 1834, 8 vol. in-8''; mt
il n'a pas tout dit, ainsi que Lanjuinais le loi
repi-oché, en avouant toutefois la difficulté ^
l'entreprise, dans la dépendance où le profess
rat était alors placé.
Carré avait donné des preuves de son co
rage, comme citoyen et comme avocat, dans
défense du général ïravot, de Coutpont, et aiiti
victimes des réactions politiques de 1815. Mi
ce courage était accompagné de mesure et de rc
pect pour l'autorité légitime, ce qui lui donn;
une grande autorité sur la jeunesse des écoles i
droit; sa science était d'ailleurs un palladin
contre les dangers qu'il avait affrontés. 11 selivra
dans le silence du cabinet, à la composition d'o
vrages d'une grande utifité pratique, tels qi
son traité des Domaines congéables, genre ( \
propriété parti^ierà l'ancienne Bretagne, 1 vol
1822, et surtout du Gouvernement des paroisse
que le clergé attaqua comme trop favorable ai
exigences du gouvernement civil, parce que l'a
teur appuie ses prétentions au temporel sur I
conciles et les décrétales des papes, 1 vol. in-S
1822, avec suppl. de 1824, en réponse aux cril
ques qui lui venaient de ce côté. En 1829, il publ
4 vol. de commentaires sur la Juridiction lU
Justices de paix, que M. V, Foucher a égal
ment complétés ou refondus en 1838.
Carré a laissé 14 volumes in-4" de consul!;
lions qui prouvent la confiance qu'on avait (
son jugement et en sa science, et des notes étei
dues, pour continuer le traité de son illusti
collègue et ami Touliier sur le droit civil. M.Di
vergier, quia publié cette continuation en 18:
Ci
CARRÉ
862
, ( années suivantes , a déclaré l'usage qu'il avait
^ |iit de ces notes.
' ' Après la révolution de 1830, on fit officielle-
nent rofiie au savant professeur d'une place
I. I minente dans la haute magistrature de Paris ; il
t. jefusa, pour consacrer le reste de sa vie à l'en-
eignenient et à l'amélioration de ses écrits. Il
tait d'ailleurs dans les liens d'une honorable
auvreté , par l'engagement qu'il avait pris de
ayer les dettes d'un père mort insolvable.
Dès 1 832 , à l'âge de cinquante-cinq ans , il
entit ses forces défaillir ; mais il voulut mourir
u milieu de ses élèves , et c'est en effet dans sa
|iiaire qu'il éprouva les dernières défaillances de
1 mort. Sa tombe fut environnée des témoi-
junages du plus vif intérêt et du plus grand res-
pect., ISAMBERT.
Notices sur Carré, par M. Leroux, conseiller à la cour
3 Rennes, en lôte du tom. "X.VI de la Continuation de
^OUllier; 1835.— Éloge par M. Waldeck-Rousseau, avo-
Qt à Nantes et représentant ; 1834. — Notice sur Carré ,
IbrM. Ad. Chauveau;i84l , etc.
CARRÉ { Jean- Baptiste- Louis ) , tacticien
ançais, né à Varennes le 12 avril 1749, mort
ians la même ville le 16 février 1835. Élève
iistingué de l'École du génie de Mézières, il pos-
pdait des connaissances profondes en physique.
Kl chimie et en mécanique. Successivement avo-
t, juge de paix, inspecteur des forêts, il mou-
ut dans \m âge avancé. Carré mérite surtout
)ne place dans nos colonnes comme auteur de
à Panoplie, ou Réunion de tout ce qui a trait
lî la guerre, depuis l'origine de la nation
mnçaise jusqu'à nos jours; Chàlons-sur-
Harne, 1795, in-4°, avec atlas. L'auteur nous
ipprend lui-même que cet ouvrage, fruit de Ion-
çues recherches, était achevé dès 1783; mais
pi'il avait gardé son manuscrit, parce que la
sensure avait exigé qu'il retranchât ses réflexions
(uv l'oppression et l'avilissement du peuple,
il l'époque des querelles des parlements. Carré
kvait publié, sous le voile de l'anonyme, un pam-
i)blet très-mordant contre la nouvelle magistra-
ture, et intitulé Trigaudin le Renard, ou le
Procès des bêtes, in-8° (sans date). Ses maté-
riaux pour la publication d'une Flore du Cler-
montais ont été perdus.
ELe Bas, Dict. encijc. de la France. — Quérard, laFr.
tttéraire.
CARRÉ (Pierre), théologien français, né à
,teims en 1749, mort dans la môme ville le
13 janvier 1823. Après avoir professé la rhétori-
ique à Charleville, il devint curé de Saint-Hilaire-
jle-Grand, village de Champagne, prêta le serment
'civique au moment de la révolution, et le rétracta
^ensuite. On a,de lui : la Constitution et la -fie-
ligion parfaitement d'accord, par un curé de
campagne, in-8"; — Réponse des catholiques à
lia lettre prétendue pastoi-ale du citoyen Nico-
das Dïot, in-4°.
[ Biog. univ.
CARRÉ ( Louis), mathématicien français, né à
iClOfontaine, près de Nangis, en Brie, le 26 juil-
let 1663; mort à Paris le 11 avril 1711 Son père,
simple laboureur, l'envoya à Paris étudier pour
être prêtre; mais, après trois ans de théologie,
le jeune Carré refusa d'entrer dans les ordres, et
s'attacha à Malebranche en qualité de secrétaire.
Sous ce maître excellent, il étudia pendant sept
ans la philosophie et les mathématiques, et se
trouva, en le quittant, capable de professer avec
éclat les doctrines du savant oratorien. Choisi
en 1697 par Varignon pour son élève à l'Acadé-
mie des sciences, il devint bientôt associé et enfin
pensionnaire de cette compagnie. D'un esprit peu
inventif, mais s'entendant très-bien à expliquer les
découvertes des autres. Carré s'occupa particuliè-
rement de la musique, de la théorie des sons, de
la description des instruments. On a de lui : Mé-
thode pour la mesure des surfaces, la dimen-
sion des solides, leurs centres de pesanteur,
de percussion, d'oscillation, par l'application
du calcul intégral; Paris, 1700, in-4°: c'est
une application simple et aisée du calcul inté-
gral. Dans le Supplément dît Journal des
Savants, nùars 1707, on trouve de Carré l'abrégé
d'un Traité sur la théorie générale du son, sur
les différents accords de la musique, et sxir le
monochorde; — dans les Mémoires de l'Acadé-
mie des sciences : Méthode pour la rectifica-
tion des lignes courbes par les tangentes;
1701 ; — Rectification de la Crjcloïde; ibid. ; —
Solution du problème proposé aux géomètres
dans les Mémoires de Trévoux des mois de
septembre et octobre; 1702, ibid.; — Rectifi-
cation des caustiques par réflexion, formées
par le cercle, la cijcloide ordinaire, et la pa-
rabole, 1703; — Méthode pour la rectifica-
tion des courbes; 1704; — Examen d'une
courbe formée par le moyen d'un cercle;
1705; — Expériences physiques sur la ré-
flexion des balles de mousquet dans l'eau, et
sur la résistance de ce fluide; ibid. ; — Ex-
périences sur les tuyaux capillaires; ibid. ; —
Problème d'Hydrostatique; ibid.; — des Lois
du moîivement; 1706; — Démonstrations
simples et faciles de quelques propriétés qui
regardent les pendules, avec quelques nou-
velles propriétés de la parabole; 1707; — Ex-
périences sur le ressort de l'air, 1710; —
Abrégé de Catoptrique.
ç. Fontenclle, Éloge de Carré, dans l'Histoire de l'Aca-
démie des sciences, année 1711. — Nicéron , Mémoires
des hommes illustres, t. XIV.
CARRÉ iPiei-re-Laurent), professeur de lit-
térature et poète français, né à Paris le 7 no-
vembre 1758, mort le 23 févi-ier 1825. Après
avoir fait de bonnes éluder au collège de la Marche
et au séminaire des Trois-Mois, protégé par Dé-
bile, il obtint la chaire de rhétorique du collège
de Toulouse, où ses leçons eurent un grand suc-
cès. En suivant la carrière du professorat, il cul-
tivait la poésie, et reçut plusieurs prix aux aca-
démies de province, entie autres à celle des Jeux;
Floraux de Toulouse, dont il devint un des
863 CARRÉ -
mainteneurs. la révolution ayant supprimé le
collège de Toulouse, Carré fut choisi pour diriger
la maison d'éducation de M. Albert. Plus tard il
fut nommé professeur de belles-lettres à l'Aca-
démie de Toulouse. Ses œuvres, composées de
poèmes, d'odes, d'hymnes, d'épîtres, d'idylles,
de discours en vers et en prose, et de quelques
traductions, ont été recueillies par M. du Mège,
de Toulouse; 1826, un vol. in-8°.
GUYOT DE FÈRE.
Du Mège, Notice en tête des œuvres de L. Carré. —
Quérard,! la France litt. — Le Bas. ûict. encycl. de lu,
France. — Desessarts. les Siècles litt.
CARRÉ (Remy), théologien et musicographe
français, de l'ordre des Bénédictins, né à Saint-
Fal, diocèse de Troyes, le 20 février 1706 ; mort
à la fin du dix-huitième siècle. Il fut prieur de
Beceleuf, et sacristain du couvent de la Celle. On
a de lui : le Maître des novices dans Vart de
chanter; Paris, 1744, in-4° : on y trouve un
pompeux éloge du vin ; l'auteur, après l'avoir
conseillé pour toutes les maladies, ajoute : <( Le
vin fait presque autant que tous les autres re-
mèdes ensemble ; » la Clef des Psaumes ; ibid.,
1755, in-12; — Recueil curieux et édifiant
sur les cloches; Cologne (Paris), 1757, in-8°;
— Plan de la Bible latine distribuée en forme
de bréviaire; ibid., 1780.
Jean Cabré, frère du précédent, également de
l'ordre des Bénédictins, a coopéré à l'édition de
saint Ambroise; Paris, 1686-1690, in-fol.
Félis, Biographie des Musiciens. — Quérard, la Fr.
litt. — Barbier, Dict. des ouvr- anonymes.
* CARREAU {Pien-e, sire de la Pérée),
historien français, mort à Tours en 1708. Il fut
procureur royal de l'élection de Tours et histo-
riographe de la Touraine. On ne connaît de lui
qu'un ouvrage posthume, que l'auteur avait voulu
publier de son vivant en 2 volumes in-folio, après
en avob" fait dresser un prospectus, mais qui est
resté en manuscrit : c'est V Histoire du pays et
duché de >Touraine, ouvrage très-estimé pour
son exactitude et son universalité.
Lelong et Fontette, Bibl. hist. de la France.
CARREL ( Louis-Joseph ), théologien français,
natif de Seyssel en Bugey, vivait à la fin du dix-
septième siècle. On a de lui : la Pratique des
Billets ;Loa\3iiQ, 1690; Bruxelles, 1698, in-12;
— Lettre à M. Amelot de la Eoussaye ; Paris,
1691, in-16; — la Science ecclésiastique suf-
fisante à elle-même sans le secours des scien-
ces profanes; Lyon, 1700, in-12 ; — Avis à l'au-
teur de la vie de M. d'Aranthon d'Alex, évé-
que d'Annecy ; Bruxelles et Lyon, 1700, in-12;
— un Avis et trois lettres sur les propositions
concernant la révélation et la certitude du texte
sacré, insérés dans l'Histoire des ouvrages des
savants de 1708.
Quérard, lu Fr.litt. — Richard et Giraud, Bibl. sacrée.
— Journal de Trévoux, 1701, t. IV.
CARREL (^Nicolas-Armand), célèbre publi-
ciste français, né à Rouen le 8 mai 1800, mort le
24 juillet 1836. Fils de commerçants honorables,
CARREL se
il fit ses premières études au collège de sa vil
natale, et entra à l'école militaire de Saint-Cy
où il ne tarda pas à mécontenter ses supérieui
par l'indépendance de ses principes. « Un jou
dit M. E. Littré, le général d'Albignac, qui cor
mandait l'école, lui ayant dit qu'avec des opinioi
comme les siennes il ferait mieux de tenir l'aui
dans le comptoir de son père : « Mon générai, r
pondit Carrd avec un accent énergique, si jama
je reprends l'aune de mon père, ce ne sera p
pour mesurer de la toile. « Cette réponse aud
cieuse fit mettre l'élève aux arrêts, et il fut que
tion de l'expulser. Mais Carrel écrivit direct
ment au ministre delà guerre, lui exposa les fail
et gagna complètement sa cause. »
Admis dans les rangs de l'armée avec le gra^
de sous-lieutenant, Carrel ne cessa pas d'êf
animé de sentiments hostiles aux princes r
venus à la euite de l'étranger; mais il affec
des allures insouciantes, pour ne pas attirer 1
soupçons sur lui, et rester plus libre d'ai
lorsque l'occasion lui paraîtrait opportune,
fit une première tentative en 1821, et trem
dans la conspiration de Béfort, qui éclioua. ]
Neuf-Brisach, où il était en garnison avec le 2
de ligne, il se rendit secrètement à Béfort. :
complot venait d'y être découvert, et il n'eut q
le temps de retourner en toute hâte à Neuf-B
sach, pour ne pas être pris en flagrant délit p
son colonel. Cependant ses principes politiqu
se prononçaient de jour en jour davantage. '.
succès de la révolution d'Espagne, qui venait d
dater, lui paraissait d'autant plus désirable qi
ne pouvait, selon lui, manquer de servir d'exenij
à la France. De Marseille, où était venu son ré
ment, il écrivit une lettre d'assentiment auxcori
espagnoles, lettre qui fut saisie et portée à M.
baron de Damas, commandant de la dixième c
vision militaire. Celui-ci fit de vains efforts po
obtenir du sous-lieutenant un désaveu de ce qi
avait écrit, et la promesse de renoncer à s
liaisons ijoiitiques : Carrel resta inébranlabl
quoique touché des procédés bienveillants
M. de Damas à son égard. — Lorsque le gouven
ment français, cédant aux injonctions de la saini
alliance, se prépara à envoyer des troupes en 1
pagne pour y étouffer la liberté naissante. Cari
résolut de donner sa démission, et d'aller c
fendre en Espagne la cause de la révolution.
cet effet, il s'embarqua, dans le courant de l'a
née 1823, sur un bateau pêcheur espagnol, (
le conduisit à Barcelone. On connaît l'issue
cetteguerre. A la suite de privations infmies,
d'une foule d'actes de bravoure et de dévoV)l
ment, la légion étrangère, dans les rangs de I
quelle servait Carrel ' en qualité de sous-liealJ
nant, fut obligée de déposer les armes en ra j
campagne, sous le fort de Figuières. Devenu, pi
un singulier hasard, prisonnier du général M
mas, Armand Carrel fut traduit devant un co
seil de guerre, qui reconnut lui-même son incoi
pétence; mais, à la demande du procureur g|
i «r>5
CARREL
860
ncial, la cour de cassation cassa l'arrêt d'incom-
lu'teiicc, et, assimilant le prévenu et ses compa-
i;iions à des militaires, les renvoya devant le pre-
mier conseil de guerre des Pyrénées-Orientales.
t'cifc fois, il fut condamne'; h mort. L'omission
(!;' quelques formalités lép;ales empêcha seule que
la sentence fût mise à exécution. Renvoyé devant
h' conseil de guerre de la dixième division mili-
iaiic, siégeant à Toulouse, il fut acquitté, aux
i|iplaudissements de l'auditoire.
Au sortir de la prison de Toulouse, Carrel,
(our qui la carrière militaire était complètement
(crniée, se trouva dénué de toute ressource.
liicntôt son talent d'écrivain allait le tirer d'em-
larras. Il commença par être le secrétaire de
î\l. Augustin Thierry, qu'il appelait son premier
maître, et qui l'occupa à ses travaux historiques.
« Il ne resta qu'un temps ti"ès-court auprès de
Ihistorien de la conquête de l'Angleterre par les
"Normands. Sa position était extrêmement gênée;
mais la campagne de Catalogne et la prison du
Castiilet l'avaient accoutumé à de rudes épreuves,
( t ni son courage, ni même son insouciance, n'é-
I nient altérés par la vie qu'il menait. Il composa
alors deux Résumés, Van sur V Histoire d'É-
I cosse, l'autre sur V Histoire de la Grèce mo-
derne, et il écrivit la vie de Paul-Louis Courier,
le célèbre pamphlétaire. Il rédigea la Revue Amé-
ricaine, recueil qui contient de bons matériaux,
et où on retrouve l'esprit politique qui présida plus
tard à la rédaction du National, et il cormnença
à écrire dans les journaux , dans le Constitu-
tionnel, dans le Globe, dans l& Revue française,
dans le Producteur, li publia son Histoire de la
contre-révolution en Angleterre , début très-
I remarquable, où il avait évité à dessein de faire
des rapprochements entre les Stuarts et les Bour-
i bons, mais où ces rapprochements éclatent mal-
i gré lui, et où ses tendances politiques sont déjà
I toutes manifestes. C'est des travaux entrepris
par lui à cette époque que date sa prédilection
pour l'histoire constitutionnelle de l'Angleterre ;
ce fut un sujet qu'il roula souvent dans sa tête,
et qu'il n'avait jamais abandonné. »
« Mais, ajoute M. E. Littré, la grande œuvre
d'Armand Carrel, c'est le National. Fatigué,
comme tant d'autres, des feintes dont l'opposition
des quinze ans se couvrait, il conçut le projet de
fonder un nouveau journal qui eût une allure
plus hardie, un langage plus franc. Ce fut lui qui
eut la première idée du National; le titre fut
donné par lui ;'il faisait, dès ce moment, un pas
en avant de la presse de la restauration. La ré-
daction du National fut remise à MM. Thiers,
Mignet et Armand Carrel, avec cet arrangement
que chacun, à son tour, aurait pendant un an la
direction suprême de la feuille. M. Thiers,
comme le plus âgé, commença ; et, à vrai dire, il
n'y avait pas accord entre ses opinions et celles
d'Armand Carrel. Le National était évidemment
fondé dans un but d'hostilité à la branche aînée
des Bourbons; mais cette hostilité était à'ifïé-
NOnV. BtOGR. UNIVERS. — T. VIII.
remment conçue par les deux rédacteurs en chef
du National; je dis les deux, car M. Mignet n'é-
tait qu'un représentant de M. Thiers. Celui-ci
pensait qu'il fallait une révolution semblable à
la révolution anglaise de 1688 : un prince du
sang et une chambre des pairs pour sanctionner
le mouvement. Cette politique est indiquée par
les démarches de M. Tliiers auprès du duc d'Or-
léans, et par un singulier article de cet écrivain,
où, au milieu même de la révolution flagrante, il
engageait la chambre des pairs à prendre l'ini-
tiative de l'insurrection contre la royauté.
« Dès cette époque, les pensées de Carrel al-
laient plus loin ; aussi sa collaboration au Natio-
nal fut-elle rare, et il se borna presque à y insé-
rer quelques articles de critique littéraire. Il at-
tendait le moment où il pourrait donner au Na-
tional une physionomie plus démocratique,
lorsque la révolution de Juillet éclatant, amena
son tour plus tôt qu on ne l'avait prévu. MM. Thiers
et Mignet entrèrent dans l'administration, et
abandonnèrent le National. Carrel était alors
absent. L'existence du National, en conséquence,
fut remise en question. M. Thiers songea à en
faire un journal ministériel; mais les actionnaires
s'y refusèrent, et, dans l'intérim, M. Passy, l'ex-
ministre du commerce, fut chargé de le rédiger.
Cependant Carrel revint de sa mission en Vendée,
décidé à faire valoir les droits qu'il avait à deve-
nir le rédacteur en chef du National. Il éprouva
quelques difficultés, qui lui furent suscitées, di-
sait-il, par M. Tliiers; mais il en triompha, et il
entra en possession du poste qui lui appartenait.
La pensée révolutionnaire que l'on savait avoir
présidé à la création du journal, le rôle honorable
qu'il avait joué dans la révolution de Juillet, l'ar-
rivée de l'ancien rédacteur en chef à des fonctions
importantes dans l'administration, tout cela avait
rapidement accru le nombre des abonnés ; mais
c'étaient des abonnés qui tous ne devaient pas
être acquis aux opinions qu'Armand Carrel allait
incessamment développer. 11 fallut ménager les
transitions; mais, de quelque prudence que le
rédacteur en chef eût soin de se couvrir, il ne put
empêcher une grande portion du public qui était
accourue au National de l'abandonner. Armand
Carrel eut donc un nouveau public à se créer, et
c'est là que brilla son talent. »
On saiûju'il futun des principaux promoteursde
la révolution de Juillet. Le lendemain des ordon-
nances qui parurent le 26, il signa la protestation
des journalistes. Mais il ne s'en tint pas là, et, joi-
gnant l'exemple au précepte, il prit une part très-
active au combat. La révolution avait à peine
triomphé dans la capitale, qu'il partit pour Rouen,
allant chercher des auxiliaires qu'il devait rame-
ner sur Rambouillet. Revenu aussitôt après, il
reçut dans les premiers jours d'août une mission
pour les départements de l'Ouest. Il les visita,
changea ou conserva les maires et les sous-pré-
fets, et adressa au gouvernement un mémoire qui
fixa l'attention. De retour de cette mission, il
28
867
CARREL —
refusa la préfecture du Cantal, à laquelle il avait
été nommé pendant son absence ; et, bien qu'on
eût inséré sa nomination dans le Moniteur, il
alla reprendre son poste au National, où il com-
battit jusqu'à la fin de ses jours pour la liberté
de la presse.
Dans une circonstance mémorable, Carrel dé-
ploya beaucoup de courage devant la chambre
des pairs. Le National avait été cité à la barre
de ce tribunal exceptionnel pour un article qui
était qualifié d'injurieux; M. Rouen, gérant, était
en cause, et Carrel plaidait pour lui. Ayantnommé
le maréclial Ncy, il ajouta : « A ce nom je m'ar-
« rête, par respect pour une glorieuse et lamen-
te table mémoire. Je n'ai pas mission de dire s'il
« était plus facile de légaliser la sentence de mort
« que la révision d'une procédure inique : les
« temps ont prononcé. Aujourd'hui, le juge a plus
« besoin de réhabilitation que la victime. »
M. le président se lève, et dit : « Défenseur,
« vous parlez devant la chambre des pairs. Il y
« a ici des juges du maréchal Ney : dire que ces
« juges ont plus besoin de réhabilitation que la
« victime, c'est une expression, prenez-y garde,
« qui pourrait être considérée comme une of-
« fense. Je vous rappellerai que le texte de la loi
« dont j'ai eu l'honneur de vous donner lecture,
« serait aussi bien applicable à vos paroles qu'à
« l'article dont M. Rouen est ici responsable. »
Carrel, avec un geste et un accent inexprima-
bles, répondit : « Si parmi les membres qui ont voté
« la mort du maréchal Ney, et qui siègent dans
« cette -enceinte, il en est un qui se trouve blessé
« de mes paroles, qu'il fasse une proposition
« contre moi, qu'il me dénonce à cette barre, j'y
<c comparaîtrai ; je serai fier d'être le premier
<c homme de la génération de 1830 qui viendra
« protester ici, au nom de la France indignée,
« contre cet abominable assassinat. »
M. le général Exelmans se lève, et, emporté
par une conviction profonde, s'écrie : « Je par-
te tage l'opinion du défenseur. Oui, la condamna-
« tion du maréchal Ney a été un assassinat juri-
« dique; je le dis, moi! « Cette noble sortie du
général Exelmans sauva seule Carrel du péril
imminent auquel l'avait exposé le besoin de ré-
habiliter une des plus illustres victimes de la Res-
tauration.
C'était de la prison de Sainte-Pélagie que Car-
rel était allé défendre M. Rouen à la barre de la
chambre des pairs. Pour avoir sa part des em-
prisonnements que subissait M. Paulin en sa
qualité de gérant du National, il avait voulu si-
gner le journal comme gérant et courir la même
chance. MM. Scheffer et Conseil ayant suivi son
exemple, ils furent condamnés tous les trois
non pas par le jury, mais par la cour jugeant
sans jurés, pour un article que l'on assimila à un
compte-rendu d'audiences. MM. Carrel et Schef-
fer subirent seuls leur emprisonnement, Conseil
ayant péri do la mort des naufragés, dans un
voyage qu'il fit sur la Seine.
CARRELET 86
Le caractère entier de Carrel et son r<)le (i
défenseur du parti démocratique l'exposaient
des dangers incessants, et plus qu'à tout autre
lui était difficile d'éviter les coin bats singulier
11 a eu dans sa carrière de journaliste trois due
politiques. Dès les premiers jours de l'existem
du National, M. Thiers eut, avec le Drapea
blanc, une discussion qui amena une expficatic
et un duel. Ce fut Carrel qui se battit contre i
des rédacteurs du Drapeau blanc. Celui-ci ti
légèrement blessé à la main d'un coup de piste
let. En 1833, la duchesse de fierry ayant été er
fermée au château de Rlaye, des journaux, /
Corsaire entre autres, lancèrent quelques pla
sauteries à ce sujet; les légitimistes s'en offenst
rent; un rédacteur du Corsaire fut blessé dar
une rencontre. Les légitimistes ayant, après ceti
affaire, renouvelé leurs menaces, Carrel annonç
que « ces messieurs trouveraient au Nationc
tout autant d'adversaires qu'ils en pourraient di
sirer. « Ils envoyèrent aussitôt une liste de di
noms, parmi lesquels Carrel choisit celui d;
M. Roux-Laborie, dont !a personne lui était corr
plétement inconnue. Dans le duel à l'épée qi
s'ensuivit, les deux adversaires furent blessés
M. Roux-Laborie de deux coups dans le bras (
dans la main; Carrel, d'un coup dans le ventr
qui mit sa vie en péril.
La blessure de Carrel montra que , dès cett
époque, un grand intérêt s'attachait à lui. Ce n
fut pas seulement de son parti qu'il en reçut de
témoignages ; mais les hommes les plus éloigné
de lui par leurs opinions politiques saisirent cett
occasion de lui prouver qu'ils ne mécoimaissaien
ni son talent ni son caractère, et que son aveni
leur importait. Cependant, malgré les remon
trances de ses amis et de tant de persoime
étrangères, malgré la promesse qu'il fit de ni
plus compromettre une existence dont cliacui
l'econnaissait le prix, Armand Carrel eut unn
rencontre au pistolet avec M. Emile deGirardim
au bois de Vincennes, dans la matinée du 22 juil I
let 1836. M. Émiie de Girardin essuya le pre-
mier le feu, et fut atteint à la cuisse droite
Carrel fut frappé au bas-ventre, et expira, aprè;
deux jours de souffrances, à Saint-Mandé, où i
avait été transporté.
Littré, Notice sur Carrel (National, 19 octobre 1836)
Nisard, Revue des deux Mondes, 1" octobre 1337.
CABiRELET ( Louis ) , théologien français , né i
à Dijon le 8 septembre 1698, mort dans cette
ville le 16 mars 1781. Après avoir été vicaire de
Saint-Sulpice à Paris , puis chanoine de la cathé-
drale de Dijon, il devint curé de Notre-Dame dans
cette dernière ville. On a de lui : le Prince des
pasteurs couronné ; idylle mêlée de chants
et de récits; Dijon, in-4°; — Œuvres spiri-
tuelles et pastorales; Dijon, 1767, 7 vol. in-
12 ; Paris, 1805, 7 vol. in-12.
fie de Carrelet, dans le V"^ vol de ses OEuvres. — Pa-"
pillon. Bibliothèque des auteurs de JJourgor/ne.
CARRELET {Barthélémy ou Pierre), prédi-
cateur et poète français, né à Dijon le 21 février i
969 CARRFXET
i(;0;>,niort à Soissons le 14 juin 1770. Il fut
iiDininé en 1723 théologal de l'évêché de Soissons,
loiit Languèt, frère du curé de Saint-Sulpice,
m iipait le siège. En 1727, il fut reçu membre de
'Académie de Soissons , et comme tel , chargé
»8se7. souvent de complimenter en vers, au nom
le cette compagnie, l'Académie française. 11 prê-
•ha par la suite, soit à la cour de France, soit à
*lle de Lorraine , aux principales fêtes de i'É-
;lisc. En 1733, il prononça devant l'Académie
rançaise son Panégyrique de saint Louis. Il
levlut à la fois doyen du chapitre et vicaire gé-
léral de Soissons. On a de lui : Vers français
urle rétablissement de la santé du roi; Di-
jn, 1721, in-4'' ; — Prière à Dieu, faite à la
m du dernier sermon de VAvent en 1727, dans
iMercure de France , juin 1728 ; — Sentiments
''une âme pénitente, pièce en vers, dans les
•fémoires de l'Académie française, 1729; —
extrait du sermon qiCil prêcha devan t la reine
'.jeudi saint 6 avril 1730, dans leSîercure de
^ance, 1730 ; — les Conseils de Minerve à la
^^lnesse soissonnaise , au sujet du prix pro-
osé pour l'année 1736 dans la séance pu-
ligîie de l'Académie de Soissons , pièce en
ers; Paris, 1735, in-4°; — Panégyrique de
uint Louis, prononcé à V Académie française
■s 25 août 1735; Paris, 1735, in-4°; — Ode à
ieuis le Grand sur la gloire de Louis XV dans
)agveri'e et dans la paix; Soissons, 1736, în-4%
H dans le Mercure de France, juillet 1736. —
»ion Éloge historique se trouve dans les Mé-
noires de l'Académie de Soissons, 1771,in-8°.
Papillon , Bibliothèque des auteurs de Bourgorjne. ~>
^<iije historique de Carrelet, 1771.
CARRELET {Gilbert- Alexandre), sénateur,
*;énéraldedivision, né à Saint-Pourçain (Allier),
e 14 septembre 1789. Élève de l'école spéciale
nflitaire le 17 septembre 1807, il en sortit le 23
oin 1808 avec le grade de sous-lieutenant dans
*e 76* de ligne, et fit les guerres de 1808 à 1811
tux armées d'Allemagne , d'Espagne et de Por-
ugal. Il se signala à l'affaire de Tamamès (Es-
pagne) le 18 octobre 1809, oîi il fut blessé d'un
:oup de feu. Passé dans le corps de la gendar-
nerie le 11 octobre 1812, il lit les campagnes de
■<>ance de 1814 et de 1815, et devint lieutenant
în 1816, capitaine en 1822, et chef d'escadron en
'.830. Envoyé à l'armée d'Afrique en 1834, il y
'eçut, l'année suivante , le brevet de lieutenant-
îolonel. Nommé colonel le 20 février 1837, il
urit en cette qualité, le 11 août 1839, le com-
mandement de la garde municipale de Paris.
1 répondit dans ce poste important à l'attente
Ja gouvernement, qui récompensa ses nouveaux
services, le 28 avril 1841, par la croix de com-
mandeur de la Légion d'honneur. Maréchal de
camp le 9 avril 1843, il fut chargé par le mi-
histre de la guerre de plusieurs inspections de
ta gendarmerie, et appelé au comité de cette arme
■el6 novembre 1847. Nojïimé général de divi-
sion le 10 juUlet 1848, il continua d'être employé
- CARRÈRE 870
en qualité d'inspecteur général. En 1849, le prince
Louis-Na[)oléon lui coulia le c^mrnanderaejit de
la 7" division militaire, et celui de la 1" le 29
octobre 1850. Le général Carrelet se fit particu-
lièrement remarquer dans ce commandement,
pendant les troubles qui .igitèrent la capilale
après le coup d'État du 2 décembre. — Son dé-
vouement éprouvé ne pouvait pas être oublié de
l'empereur, qui vient de l'élever à la dignité de
sénateur. Sicaru.
Moniteur universel. — ..archives de la Guerre.
CARREifO DE MiRANDA (don Jîian), peintre
espagnol, né en 1614 à Avilcs, ville des Astu-
ries, mort en 1685. H fut élève de Las Cuevas,
et se distingua dans le portrait et l'histoire. Les
Espagnols le placent, comme coloriste, entre le
Titien et Van-Dyck. Philippe LV le nomma son
premier peintre. Les principales oîiivres de Car-
reno sont : une Madeleine dans le désert, à
Madrid ; — une Sainte- Famille, à Tolède; — un
Jésus et un Baptême de Notre-Seigneur, à Al-
cala de Hénarès; — V Instilution de l'ordre des
Trinitaires , à Pampelune.
Qnillict, Dictionnaire des peintres espagnols. — Na-
gler, Neues Allgcmeines Kûnstler-Lexicon.
CARRERA {Antoine-Princival). Voy. Ca.-
UERA.
CARRERA (Fronçons ), littérateur italien, de
l'ordre des Jésuites, né en Sicile en 1629, mort
le 27 février 1679. On a de lui : Panthéon Si-
culum , sive Sanctorum Siculorum Elogia;
Gênes, 1679, in-4"; — des poésies latines.
Alegambe, Bibliotk. Script, Societat. Jesu.
CARRERA (Pierre), historien et antiquaire
italien, né en 1571 à Militello en Sicile, mort à
Messine le 8 septembre 1647. Il embrassa l'état
ecclésiastique, consacra ses loisirs à la culture
des lettres , de l'histoire et des antiquités, et fut
nommé à différents emplois. Ses principaux
ouvrages sont : Variorum ej)i^rammatitni
Uhri III; Palerme, 1610, in-8"; — il Giuoco
cZe'Scacc/2i; Militello, 1617, in-4° : l'auteur ex-
cellait au jeu d'échecs, et l'enrichit de nouvelles
combinaisons; — i Tre Uhri deW e]?i.stole di
Gio.-Tommaso Moncada, conte d'Atterno, tra~
dotti dalla lingua latinaneW italiana;an~
notazioni e dichiarazioni sopra le dette épis-
tôle; ibid., 1620, in-16; — il Mongibello des-
critto in tre lièri : poésie pertinenti aile ma-
terie di Mongibello , inséré dans le Thesawus
antiquitatum Sicilias ; — Délie memorie isto-
riche délia città di Catania, 1639 et 1641, 2
vol. in-fol. ; — Délia familia Tedeschi, lib. III;
Catane, 1642, in-4°; — Antica Syracusa illus-
trata ; — it Bonanni, dialogo.
Mongitore, Bibliolk. Sicula.
CARRÈRE, nom d'une famille de médecins
originaires du midi de la France.
CARRÈRE (jPm??fo«), médecin français, né
à Perpignan le 11 mars 1622, mort à Barcelone
le 14 mai 1695. H commença l'illustration d'une
famille qui a donné à la société plusieurs méde-,
28.
871
CARRÈRE
cias d'un mérite distingué. Après avoir étudié
depuis 1641 à Barcelone, où il prit ses grades en
1654, il exerça la médecine dans la même ville
avec beaucoup de succès. En 1667 il fut appelé
à la cour de Madrid, où il fut nommé à la place
de second médecin des armées. En 1617 il fut
promu à l'emploi de médecin en chef des armées,
qu'il occupa avec honneur pendant quatorze an-
nées. L'amour de la patrie, et le désir de finir ses
jours au sein de sa famille , l'engagèrent à de-
mander sa retraite. Il l'obtint, avec une pension
de 200 ducats, et retourna à Perpignan en 1690.
Mais cette ville appartenant alors à la France, on
cessa bientôt de lui payer sa pension. Cette dis-
grâce l'engagea de passer à Barcelone en 1695 ,
pour solliciter ses arrérages; mais avant d'a-
voir pu faire les démarches nécessaires, il tomba
malade et mourut. On a de lui : De vario om-
nique falso astrologige conceptu ; Barcelone ,
1 657, in-4° ; — De salute militum tuenda; Ma-
drid, 1679, in'8°.
Éloy, Dictionnaire de médecine. — Biographie médi-
cale.
CARRÈRE (Joseph), médecin français, neveu
du précédent, né à Perpignan le 8 décembre de
l'an 1680 selon les uns , de l'an 1682 selon d'au-
tres, mort, le 11 avril 1737, dans la même ville.
71 étudia la médecine à Montpellier et à Perpi-
gnan , où il prit ses grades en 1704. 11 exerça en-
suite son art dans sa ville natale jusqu'à sa mort,
qui survint pendant qu'il occupait pour la troi-
sième fois la charge de recteur de l'Académie.
11 eut trois fils, dont l'un sera l'objet d'un ar-
ticle spécial; ses deux autres, l'aîné, Joseph,
après avoir étudié la médecine et pris ses grades,
embrassa l'état ecclésiastique , et mourut prêtre
en 1739 à Savone; tandis qu'au contraire le ca-
det, Jean, quitta l'habit ecclésiastique pour se
vouer à la médecine , qu'il exerça dans sa pa-
trie, à Elne, jusqu'à sa mort, survenue en 1767.
Quant au père , objet de cet article , il a, comme
l'un des médecins dnMalade imaginaire,souiemi
une thèse contre la circulation du sang. On dit
qu'il l'écrivit par complaisance pour son beau-
père ; mais c'est , comme dit Éloy , en avoir eu
beaucoup que d'avoir fermé les yeux à la lu-
mière qui éclairait la médecine depuis près d'un
siècle. Cette thèse est intitulée Animadversiones
in circulatores ; Perpignan, 1714, in-4''. On a
encore de lui : De febribus; Perpignan, 1718,
in-4° ; — Essai sur les effets de la méthode
du bas peuple pour guérir les fièvres; Perpi-
gnan, 1721,in-12.
Éloy, Dictionnaire de médecine.
CARRÈRE ( Thomas ), médecin français,
fils de Joseph, né le 11 février 1714 à Perpi-
gnan, mort le 26 juin 1764 dans la même ville,
il s'occupa, dans ses premières années , d'études
théologiques , qu'il aloandonna pour celles de la
médecine. Après avoir pris ses grades en 1737,
il fut chargé, dans la même année, d'une chaire
de médecine à l'université de sa ville natale.
Élevé en 1752 à la dignité de "recteur de ce cor
académique, il lui rendit son ancienne illusti
tion par de sages règlements. En 1753, il i
nommé médecin de l'hôpital militaire de Peri
gnan, et membre de la Société royale des scienc
de MontpeUier. En 1757, le ministère le charg
en outre de différentes missions dont il s'acquit
avec honneur. En 1759 , le roi le nomma s^
délégué près du conseU suprême de Roussillo
et en 1761, doyen de la faculté de médecir
On a de lui : Thèses de universa medicm
Perpignan, 1746, in-4°; — Réponse à u.
question de médecine dans laquelle on ex
mine si la théorie de la botanique , ou
connaissance des plantes, est nécessaire à i
médecin; par J.B., garçon apothicaire; sans h
d'impression, 1740, in-4" (adressée à Pier
Barrère); — Lettre d'un médecin de provin
à M. Louis XX ( Adrien de la Croix ) , m
decin de la faculté de Perpignan ; Perpignai
1743, in-4°; — Réponse à la lettre raisonn
de Louis XX, médecin de la faculté de Pe
pignan; ibid., 1743, in-4° ; — Lettreà M. Gou
raigne, médecin de la faculté de Montpelliei
ibid., 1743, in-4'', — Réflexions sur les éclat
cissements que MM. F. S. et S. {Fr. Simon
Sébastien) ont donnés au sujet de la malad
d'un officier d artillerie ; ibid., 1 744 , in-4°
une péripneumonie catarrhale, dont cet offici
était affecté, est le sujet de ces quatre opuscules
— Dissertatio medica de hominis generi
^ione ; Perpignan, 1744, in-4°; — Dissertat'u
an verx phthisi pulmonarl, ultimum gradu
nondum assecutee aqux Prestensis , vulgo c
la Preste, etc.; Perpignan, 1748, in-4°; — Essi
sur les eaux minérales de Nossa en Conflan
sur leur nature, sur leurs vertus; sur h
maladies auxquelles elles peuvent convenu
et sur la manière de s'en servir; Perpignai
1754, in-12 ; — Réponse à l'auteur d'une Ze
tre sur l'impossibilité de reconnaître , pc
l'ouverture des cadavres, les causses éloigné i
et immédiates des maladies ; sans lieu d'impre
sion, 1755, in-12 : Carrère s'y prononce conti
Barrôre pour l'utilité des ouvertures des cad;
vres, par lesquelles on parvenait à découvrir cei
laines causes de maladies, en ajoutant toutefoi j
qu'il faut se gaider de confondre ces causes avt j
leurs effets ; — Traité des eaux minérales d
Roussillon; Perpignan, 1756, in-8° : c'est 1
premier ouvrage qui ait paru sur les eaux m
nérales de cette province ; — De sanguini
putredine; Perpignan, 1759, in-4" : cette dis
sertation, quoique rédigée par Carrère, a toute
fois été pubhée sous le nom de Simon-Philïpp
Bieysse; — De heematoscopia ; Montpellier
1759, in-8°.
t.\oy,Dict. delà Médecine. — Adelung, supplém.
JOchor, AUgem,eines Gelehrt.-Lexic.
CARRÈRE ( Joseph-Barthélemy-François)
médecin et littérateur français, fils de Thomas
né à Perpignan le 24 août 1740, mort, le 2(
»73 - CARRÈRE
décembre 1802, à Barcelone. Après avoir étudié à
intpellier, et pris ses grades en 1759, il re-
ima dans sa patrie , où il fut agrégé à la fa-
ite de médecine en 1760, et chargé d'une chaire
atomie en 1761. L'université de Perpignan
fant formé en 1770 un cabinet d'histoire natu-
lle, Carrère en futnommédirecteur. Louis XV
accorda en 1772, en propriété, les eaux mi-
■ales d'Escaldas en Cerdagne, et en 1773 la
e d'inspecteur général des eaux minérales du
_Mssillon et du comté de Foix. Des affaires par-
HJ ïticulières ayant appelé Carrère à Paris en mai
1773 , il prit la résolution de se fixer dans cette
ville. La faculté de Paris se l'associa, en même
temps que le roi le nomma censeur royal pour la
partie de la médecine en juin 1775. Enfin, en
1776 , il fut nomjMé à la place de médecin du
garde-meuble de la couronne. Plus tard, il passa
eu Espagne , y séjourna quelques années , et
mourut enfin à Barcelone. On a de lui : Dis-
sertatio de vitali corporis et animse fœdere ;
Paris, 1758, in-8>'; — Dissertatio physiologica
de sanguinis circulatione ; ibid., 1764, in-4°;
* — Dedigestionis mechanismo;\hii.,i7&b,ia-8'';
•* — JDerevulsioneçibidi., 1770, in-8"; — Réponse
^ à un ouvrage qui a pour titre : Recherches
" anatomiques, par Louis-Michel Coste, dans le-
^ ' qiiel l'auteur établit avec évidence la com-
', pression que les artères iliaques reçoivent
" de l'intestin rectum trop distendu; Perpi-
^ gnan, 1771, in-4° ; — De rétrograda sanguinis
' 7no^M;ibid., 1772, in-S"; — Traité théorique
' et pratique des maladies inflammatoires;
' Paris, 1774, in-4''; — le Médecin ministre de
' la nature, ou Recherches et observations sur
le pépasme ou coction pathologique ; Paris ,
1776, in-12 : c'est un excellent commentaire
de l'aphorisme d'Hippocrate : Concordia me-
dicari oportet non cruda ; — Bibliothèque
littéraire, historique et critique de la méde-
cine ancienne et moderne; Paris, 1776, 2 vol.
in-4'' : cet ouvrage devait avoir huit volumes , il
s'arrête au mot Coivart; Éloy lui reproche un
grand nombre de fautes, de répétitions et d'er-
reurs : cependant les articles de Carrère sont
en général plus exacts et plus complets que ceux
d'Éloy, au jugement d'un savant bibliographe,
M. Beuchot; on ignore pourquoi Carrère ne con-
tinua pas son travail ; peut-être fut-il découragé
par les critiques dont il avait été l'objet dans le
Journal de Médecine, no^ de mars, avril, mai,
juin, juillet et août 1777 ; — Lettre à M. Bâ-
cher; Paris, 1777, in-8°, en réponse à une critique
faite de la Bibliothèque littéraire, etc. ; dans le
Journal de Médecine de KÎéc. 1776; — Disser-
tation médico-pratique sur Vusage des rafraî-
chissants et des échauffants dans les fièvres
exanthématiques ; Amsterdam et Paris,1778, in-
8°; — Mémoire sur la douce-amèreou solanum
scandens, dans le traitement de plusieurs
maladies, et surtout des maladies d<irtremes ;
Paris, 1781, in-8°. — Catalogue raisonné des
— CARRERO
874
ouvrages qui ont été publiés sur les eaux mi-
nérales en général, et sur celles de la France
en particulier ; Paris, 1785, in-4'' ( son ou-
vrage le plus estimé après la Bibliothèque ) ;
Manuclpour le service des malades; Paris,178G
et 1787, in-12; trad. en allemand; Strasbourg,
1787, in-8°; — Précis de la matière médicale
par Venel, avec des notes; Paris, 1786, in-s";
1802, 2 vol. in-8'' ; — Recherches sur les ma-
ladies vénériennes chroniques ; Pirh , 1788,
in-12; — Tableau de Lisbonne en 1796, suivi
de lettres écrites en Portugal sur l'état an-
cien et actuel de ce royaume, par miss. Ph.
Stephens, le tout publié par Janson ; Paris,
1797, in-8°. Ces lettres représentent le Portu-
gal comme le pays le plus mal gouverné au
monde ; la nation elle-même, comme la plus avi-
lie qui fut jamais ; et la capitale, comme la ville la
plus détestable. On attribue aussi à Carrère des
romans, des pièces de théâtre, des poésies, etc.
M.- Alexandre de Laborde a enrichi son Itiné-
raire descriptif de l'Espagne (Paris, 1808) d'un
grand nombre de notes sur ce royaume, recueillies
par Carrère.
Éloy, Dictionnaire de la Médecine. — Biographie mé-
dicale. — Oesessarts, supplément au Siècle littéraire de
la France.
* CARRERi (Jean-François Gemelli ), voya-
geur italien, natif de Naples, vivait dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle. Après
avoir étudié le droit et pris ses grades, il fit, en
1686, un tour d'Europe, d'où il revint bientôt à
Naples, et publia le l*"^ volume de son voyage (la
suite n'a jamais paru). Des difficultés qu'il eut
avec sa famille l'engagèrent à faire un nouveau
voyage, et à visiter les autres parties du monde. Il
s'embarqua en 1693, traversa l'Egypte et la Pales-
tine , et revint à Constantinople ; de là il alla en
Perse, aux Indes et en Chine. Il visita enfin les
Philippines, et arriva au Mexique. Après avoir
traversé ce vaste pays, il revint enfin en 1699 en
Europe. Il a donné la relation de ce voyage , mais
il est sûr qu'il n'a pas vu tout ce qu'il a décrit :
les jésuites lui reprochent entre autres de n'a-
voir doimé qu'une description fabuleuse de la
Chine. Cette relation est intitulée Giro del
Mondo; Naples, 1699, in-8°; 2^ édit., augmen-
tée; Naples, 1708, et Venise, 1719, 9 vol. in-8°;
traduit en français ; Paris, 1719 et 1727, 6 vol.
in-12.
Adelung, suppl. à Jôcher,' Al gem. Gelehrt-Lexic.
CARRERO ( Pierre-Garcias ), médecin espa-
gnol, natif de Calahorra, vivait dans la première
moitié du 17* siècle. Il professa la médecine
à Alcala de Hénarès, et devint médecin de Phi-
lippe III. On a de lui : Disputationes medicx,
et commentarii in omnes libros Galeni de
locis affectis; Alcala de Hénarès, 1005-1612,
in-fol. ; — Disputationes medicœ, et commen-
tarii in primam Feu libri quarti Avicennœ,
in quibus nonsolum quse' pertinent ad theori-
çam, sed etiam ad praxim locupletissime re.'
87s
pe7-iuntîir ; Bordeaux, 1628, in-fol.; — Dispu-
tationes medicœ, et commentarii ad Fen pri-
mam Mriprimi Avicennx, hoc est defebribus ;
Alcalade Hénarès, 1612; Bordeaux, 1628, in-fol.
Antonio, Biblioth. hispana nova. — Biographie mé-
dicale.
JCARRETTO ( Francesco-Xavter , marquis
i>el), homme d'Étal italien, contemporain, natif de
Salerne. Il embrassa fort jeune la profession des
armes, et fut nommé, peu après l'avènement de
François I", roi des Deux-Siciles, inspecteur gé-
néral de la gendarmerie. En 1831, Ferdinand II
le nomma ministre de la police; et sous son ad-
ministration ce département fut réorganisé.
Envoyé en Sicile pour comprimer le mouve-
ment de 1837 avec pleins pouvoirs, il s'acquitta
de sa mission avec la plus grande rigueur. Plus
tard, à l'exaltation de Pie IX, il se déclara d'a-
tord contre toute tentative de réforme ; mais,
l'année suivante, il pactisa avec les libéraux de
la Calabre révoltée, ce qui ne % sauva point de la
proscription lorsqu'en 1848 les succès obtenus à
Palerme contraignirent le roi à accorder des
concessions aux idées nouvelles. Le marquis fut
arrêté, et conduit hors du royaume. Il y est rentré
quelques mois plus tard, à la faveur de la contre-
révolution. T. Albert Bl.
Convers.-Lexic. — Monit. univ. — Lesur, Ann. hist.
CARREY ( Jacques ), peintre français, né à
ïroyes en janvier 1646, mort le 18 février 1726.
Entré dans l'atelier de Lebrun , Carrey fut dé-
signé par son maître pour accompagner comme
dessinateur Ollier de Nointel, ambassadeur à
Constantinople. Il profita de son voyage pour
étudier les antiquités de la Grèce et de l'Orient.
A son retour en France, Lebrun lui fit donner
le logement à Versailles et aux Gobelins, avec
une pension ; et il travailla sous sa direction à la
galerie de Versailles ; et à des dessins d'ornements
et de pièces d'orfèvrerie. Après la mort deLebrun,
il revint en 1690 à Troyes, où il a laissé un grand
nombre d'ouvrages, entre autres une Vie de saint
Pantaléon, à l'église de ce nom.
Fontenay, Dictionnaire des Artistes. — Grosley,
Ephémérides, tome II.
CARRiARic, roi des Suèves, mort en 559,
régna sur le Portugal , la Galice et les Astu-
ries. Croyant avoir obtenu, par l'intercession de
saint Martin , évêque de Tours, la guérison de
son fils Théodomir, qui était tombé dangereu-
sement malade , il quitta l'arianisme pour em-
brasser la religion cathoh'que , et fit élever en
l'honneux du saint la cathédrale d'Orense , en
Galice.
Grégoire de Tours, Chron,
CARRICHTE55, DE RECKiNGEN {Barthé-
lémy ), médecin allemand, vivait dans le milieu
du seizième siècle. Il crut de bonne foi à l'as-
trologie judiciaire. Ses ouvrages sont un mo-
nument des faiblesses et des folies humaines ;
les principaux sont : Kràuterbuch, in wel-
chem Zeichen Zodiaci, auch in loelchem
Grad ein jedes Kraut stehe, wie sie in Leib
CARRERO — CARRIER
87
und zu allen Schdden zu bereiten ( Herbiei
où l'on indique dans quel signe du zodiaque (
à quel degré chaque plante doit être, pour qu'o
l'emploie en médecine); Strasbourg, 1573 (
1575, in-S"; avec des additions par Cardiluc
cius, sous le titre de Krauter und Arznei
ÔMcA; Nuremberg, 1686, in-8° ; Tubingen, 1731
in-8°; — Kràuterbuch, darin di Pflanze.
des deutschen Landes aus dem Lichte ce
Natur nach den Mmmlischen EinfAessunoe,
beschrieben (Traité des plantes de l'AUemagiie
décrites d'après les influences qu'elles reçoiven
des corps célestes); Strasbourg, 1576, in-fo!.
sous le titre de Horn des Heiles menschll
cher Blôdigkeit;. ibid., 1619, m-foi., et 1673
in-8°; —Die Deutsche Speiskammer (diété
tique allemande); Nuremberg et Amberg, 16 IC
in-8"; — Buch von der Harmonie, Sympa
thie und Antipathie der Krauter (Traité d^
l'harmonie, de la sympathie et de l'antipathi
des plantes ) ; Nuremberg, 1686, in-8". Les ou
vrages de Carrichter parurent sous le nom d*
Philomusus.
Kestner, Medicinisches Gelehrten-Lexicon. — Bio
graphie médicale.
CARRIER {Jean-Baptiste), conventionnel
né en 1756 à Yolai, près d'Aurillac ; mort 1(
16 novembre 179i. C'est l'un des hommes qui
par leurs crimes, ont fait le plus de tort à 1;
cause de la révolution. Il entra en 1792 i
la convention nationale; contribua, le 10 mars
1793, à la formation du tribunal révolution-
naire; vota la moi-t de Louis XVI, demanda
l'arrestation du duc d'Orléans , et prit une part
très-active à la journée du 31 mai. Envoya
d'abord en Normandie , il s'y signala par son
exaltation. Il parut ensuite à Nantes le 8 octo-
bre 1793. La guerre civile embrasait les dépar-
tements de l'ouest : il avait ordre de réprimer
la révolte par les mesures les plus sévères;;
mais il dépassa bientôt tout ce que ses instruc-
tions renfermaient de rigoureux. Il s'entoura i
d'hommes féroces, encombra les prisons, et en-
voya impitoyablement à la guillotine ceux qui \
lui étaient signalés comme suspects. La déroute
des Vendéens, battus à Savenay, donna un nou-
vel essor à sa rage. Les cachots regorgeaient
de détenus, les juges ne pacrvnient suffire aux
condamnations : il suspendit les procédures, et
envoya indistinctement à la mort les malheu-
reux qu'il avait privés de la liberté. Ce moyen
même liù parut trop lent; il voulut que les pri-
sonniers fussent exécutés en masse, sans foi'me
ni procès : quatre-vingt-quatorze prêti'es furent,
par ses ordres, jetés sur un bateau à soupape,
et coulés à fond , dans la nuit du 15 au 16 no-
vembre 1793. Peu de jours après, une seconde
exécution pareille de cinquante- huit prêtres eut
encore lieu, et elle fut suivie de plusieurs autres.
Mais Carrier ne rendit compte à la convention
que de la première ; et , dans son rapport , il
raconta la mort de ses victimes comme un naur
(377
CARRIER
-f\ rage hcuietix et fortuit. Bientôt cet indigne pro-
'ifîonsul ne connut plus de frein : une compagnie
l'^l'orraée de tout ce que Nantes et la Bretagne
; tleiifermaient d'hommes flétris par les lois, fut
"Il -liargée, sous les ordres de deux scélérats
H lommés Fouquet et Lambertye, d'exterminer
* ji >ans jugement tous les malheureux que l'on fai-
sait incarcérer. Un vaste édifice , nommé l'En-
trepôt, servait à entasser les victimes dévouées
'^f i la mort. On y jetait pêle-mêle des hommes ,
:lcs femmes, des enfants et des vieillards. Cha-
que soir, on venait les prendj-e pour les mettre
sur les bateaux ; là, on les liait deux à deux, et
OD les précipitait dans l'eau en les poussant à
coups de sabre et de baïonnette ; cai* on ne se
donnait plus le temps de préparer des bateaux à
soupapes. Ces moyens ne suffisaient point à la
fureur de Carrier : chaque jour, des centaines
3e prisonniers étaient encore fusillés dans les
carrières du Gigan. Toutes ces expéditions
étaient faites par ses ordres ; les débats de son
procès l'ont prouvé jusqu'à l'évidence; mais,
pour en dérober la connaissance à la conven-
tion, il avait soin de les déguiser, dans ses or-
dres écrits, par l'expression de trcmslation de
détenus, expression qui, dans le Icuigage de ses
complices, était devenue synonyme de noyade
et de fusillade ; enfin, le tribunal révolution-
naire de Nantes faisait également le procès aux
morts et aux vivants. La terreur qu'inspiraient
toutes ces horreurs , et la croyance où
l'eu était, à Nantes qu'elles éfarent approuvées
par la convention, empêchèrent longtemps
toutes les dénonciations. Cependant les mem-
bres du comité de salut poblic finirent par en
être informés, et ils se hâtèrent de rappeler C^jr-
rier. Déjà ils se préparaient à sévir contre lui,
lorsque la révolution du 9 thermidor vint le
sauver pour quelques jours du moins , en le dé-
livrant de ses juges. Mais la clameur publique
s'élevait contre lui avec trop d'énergie ; les au-
teurs de cette révolution , malgré leur sympa-
thie pour un homme qcti venait de courir les
mûmes dangers qu'eux, furent forcés de l'aban-
donner à la rigueur des lois. Décrété d'accusa-
tion le 23 novembre 1794, Carrier fut traduit au
tribunal révolutionnaire le 25 novembre, et con-
damné à mort le 16 décembre.
Moniteur univers. — De Barante, Mélanges, t. I,
p. 197. — Petite Biog. Conv. — Le Bas, Dictionnaire en-
cyc. de la France. — Biichez et Roux, Hist- parlement.
Ue la Hèvol.
CARRIERA ROSALBA. Foî/.RoSALBA.
* CARRIÈRE {Denis- Désiré ), poète et écri-
vain religieux, né à Nancy le 12 février 1813,
mort en juin 1853. Élève du petit séminaire de
Pont-à-Mousson, puis de celui de Nancy où il vou-
lait étudier sa vocation, il en sortit, sans donner
suite à son projet d'entrer dans les ordres. Les
vers qui coulaient de sa plume, abondants et mé-
lodieux, lui ouvrirent les portes de l'Académie
de Stanislas. Le 11 mai 1837, il fit son entrée
dans cette compagnie par un discours en vers
CARRIERE 878
renfermant sa profession de foi catholique. La
société Foi et Lumières, qui a produit un des
plus beaux livres qui aient été écrits sur les
rapports de la foi avec la raison, le compta au
nombre de ses fondateurs. Cette même année, il
publia sa première épltre à La Mennais sur les
Paroles d'un Croyant^ qu'il fit suivre d'une se-
conde sur les Affaires de Rome, et d'une troi-
sième sur ses Évangiles.
Le Jocelyn de Lamartine lui avait donné l'i-
dée de faire un poème sur le prêtre catholique.
Mais il changea de projet, et il essaya (tentative
malheui'euse ) de laver, comme il «lisait, le Jo-
celyn de sa tache originelle. En 1846, l'Âca-
démie de Metz le reçut dans son sein. Carrière
fut un des membres les plus actifs et les plus
influents de l'association des conférences de
Saint-Vincent de Paul à Nancy , dont il fut
nommé président. Collaborateur iu Courrier
Lorrain et de l'Espérance de Nancy , il a
donné aussi plusieurs travaux à divers jour-
naux de Paris, entre autres à \ Univers, àl'lT-
rùon catholique , à M Ère nouvelle , au Moni-
teur catholique. A. R.
VEsperanee de Nancy.
CARRIÈRE (Pierre-Louis de), administra-
teur français, né en 1751 à Saint- Quintin, près
d'Uzès, mort dans le même lieu le 13 février
1815. Il fut secrétaire des états de Languedoc.
Il prit part aux deux publications suivantes i
Procès-verbaux des séances des états de
Languedoc; MontpeUier, 1777-1789, 13 vol.
in-fol. ; — Compte rendu des impositions et
des dépenses générales de la province de Lan-
guedoc; Paris, 1789, 1 vol. in-4°.
* CARRIÈRE (Joseph), théologien, né le 19
février 1795. Élève du séminaire de Saint-Sul-
pice, puis professeur de théologie dans cette
maison, dont il devint plus tard le directeur ;
enfin, nommé supérieur en remplacement de
M. de Courson , mort il y a quelque temps,
M. Carrière a publié un ouvrage de théologie
qui jouit d'une grande estime dans le clergé. II
porte le titre de Prœlectioncs theologiae ma-
jores in seminario Sancti-Sulpicii habitce ; —
De mairimonio ; PdiTis, 2 vol. in 8°; — Dejus-
titia et jure ; Paris , 1839, 3 vol. in-8°; — De
contractibus ; Psnh , 1844-1847, 3 vol. in-8°.
Le traité du Mariage offre la discussion la
plus complète de toutes les impcfrtantes ques-
tions qui peuvent se présenter à notre époque
sur une matière qui intéresse tout à la fois la so
ciélé religieuse et la société civile. Le traité de la
Justice renferme l'exposition de tout ce qui'ap-
partient au for intérieur. Le traité des Contrats
n'est en quelque sorte qu'une suite du traité de
la Justice. L'étude des lois civiles occupe une
place importante dans ce dernier traité. M. Car-
rière a toujours exposé avec une complète im-
partialité toutes les raisons alléguées de part et
d'autre dans les questions controversées, respec-
tant làUberté laissée par l'Éghse d'adopter, dans
879
les cas douteux, les sentiments qui paraissent le
mieux fondés : In necessariis unitas, in dubiis
liber tas. A. R.
Bibliographie catholique.
;^ CARRIÈRE (Mawnce), philosophe et litté-
rateur allemand , né à Griedel , dans le grand-
duché de Hesse, le 5 mars 1817. Il .étudia à
Giessen , Gœttmgue] et Berlin. Reçu docteur en
philosophie dans cette dernière ville , il se li-
vra pendant quelque temps à l'étude des beaux-
arts, puis il alla visiter l'Italie. A son retour il
professa la pliilosophie à Giessen. Ses princi-
paux ouvrages sont : De Aristotele Platonis
amico ; Gœttingue, 1837; — Die Religion in
ihrem Begri/f ihrer weltgeschichtlichen
Entwickelung und Vollendung (la Religion
considérée dans son esprit, son développement
et ses résultats dans l'histoire du monde), 1841 ;
— Der Kôlner Dom als freie deutsche Kir-
cAe (la Cathédrale de Cologne considérée comme
église libre allemande); Stuttgard, 1843; on
trouve, dans cette brochure de circonstance, de
nombreuses appréciations d'art , de religion et
de nationalité ; — Abselard und Heloïse ; Gies-
sen, 1844 : c'est une traduction de la corres-
pondance des deux amants, précédée d'une appré-
ciation des doctrines d'Abélard et de ses lettres
avec l'Église ; — Die philosophische Weltans-
chauung der Reformationszeit ( la Contempla-
tion philosophique du monde au temps de la ré-
formation) ; Stuttgard, 1847 ; — Religlôse Re-
den und Betrachtungen fur das deutsche
Volk von einem deutschen Philosophen ( Pa-
roles de religion et observations à l'adresse du
peuple allemand, par un philosophe également
allemand ), sous le voile de l'anonyme ; Leipzig,
1850; — Die letzte Naeht der Glrondisten
(la Dernière nuit des Girondins) ; Giessen, 1849 :
C'est un poëme qui fournit à Carrière l'occa-
sion d'envisager la question de l'immortalité
de l'âme ; — Das Charakterbild CromwelVs
( le Portrait de Cromwell), dans V Historisches
Taschenbuch (Manuel historique,), 1851.
Conversations- Lexicon.
CARRIÈRES {François de), chronologiste
et commentateur français , de l'ordre des Cor-
deliers , natif d'Apt en Provence , vivait dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. Ses
principaux ouvrages sont : un commentaire latin
de la Bible ; Lyon, 1662 ; — Historia chrono-
logica pontificum romanorum , cum prœsi-
gnatione futur orum a Sancto Malachia ; ibid.,
1694, in-12. ',
Lelong, Bibliotheca sacra.
CARRIÈRES {Louis DE ), théologien français,
né en 1662 à Cluvilé près d'Angers, mort à Paris
en 1717. Sa vie s'écoula dans les modestes et uti-
les fonctions de professeur d'un collège des Pères
de l'Oratoire. L'Écriture sainte et la théologie fu-
rent sa principale étude. Nous avons de lui un
ouvrage qui a eu beaucoup de succès, et qui a un
mérite particulier : c'est un Commentaire litté-
CARRIÈRE — CARRILLO 88 ^
rai inséré dans la Traduction française «
l'Écriture , 24 vol. in-12 , Paris, 1701, 171(
6 vol. in-4°, 1750 ; 1788, 10 vol. in-12. Il a él
depuis réimprimé souvent, et presque toujoui
associé à la traduction de Sacy. Ce commentaii
ne consiste que dans plusieurs mots adaptés a
texte pour le rendre plus clair et plus intellig
ble, et ces mots sont distingués du texte par 1
caractère italique.
Quérard, la France littéraire.— Bibliothèque sacrée
""CARRi'LLO (don Fernando-Alfonso), l'u
des auteurs du mémoire sur la ville de Mexic
qui fut publié et augmenté , d'après l'ordre di
vice-roi de la Nouvelle-Espagne, par don Juai
de Albares-Serrano, sous ce titre : Relaciot
universal, légitima y verdadera, del sitio ei
que estafundada la ciudad de Mexico ; Mexi
co. Franc. Salbago, 1637, in-fol.
Catal. Bibl. impèr. Paris.
CARRILLO {Prançois-Perez), théologiei
ascétique espagnol, vivait dans la première moi
tié du dix-septième siècle. On a de lui : Vit
sacra, exercicios espirituales, y arte de bieh
morir; Saragosse, 1619, in-S".
Antonio, Biblioth. hispana nova.
* CARRILLO ( Francesco de Cordoba ), his-
torien espagnol , natif de Cordoue , vivait dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. Ou
a de lui : Certamen historico por la Patfia
del esclareeido martyr san Laurenclo aronde
responde Cordova a dlferentes escritos de
hijos célèbres de las insignes coronas de Ara-
gon y Valencia; Cordoue, 1673, in-fol.
Antonio, Biblioth. hispana nova.
CARRILLO {Martin) , canoniste et historien
espagnol, natif de Sarragosse, mort vers 1630 :
il fut pendant dix ans professeur de droit canon
dans sa ville natale. Ses principaux ouvrages
sont : Gatalogus archiepiscoporum Csesar-
Augustanee ecclesim; Cagliari, 1611; — Rela-
cion del nombre, sitio, plantas , conquistas,
christiandad, Jertilitad , ciudades, lugares,y
gobierno del reyno de Sardena; Barcelone,
1612, in-4° ; — Historia del g lorioso S. Valero,
obispo de Zaragoza; Saragosse, 1615, in-4°;
— Annales , memorias , cronologicas , que
contienen las cosas sucedidas en el mundo ,
senaladamente en Espana, desde su princi-
pio y poblacion hasta el ano M.DCXX ;
Huesca, 1622, in-fol.; Saragosse, 1634, in-fol.;
— Elogios de Mugeres insignes del Viejo
Testamento ; Huesca, 1636.
Antonio, Biblioth. hispana nova.
CARRILLO LASSO DE LA VEGA {Alfonse) ,
littérateur espagnol , natif de Cordoue, vivait,
dans la première moitié du dix-septième siècle.
11 fut élevé à diverses fonctions , et consacra
ses loisirs à l'étude. Ses principaux ouvrages
sont : De las antiguas Minas de Espana;
Cordoue, 1624, in-4° ; — Virtudes reaies; ibid.,
1626; — Soberania del reyno de Espana;
ibid., 1626, in-4°; — Importancia de las
i
î
!dl
a CARRILLO —
i< pyes ; ibid., 1626, in-4°^ — Sagrada Ei-ntn ,
meclitaciones Davidicas sobre los 50 psal-
os, œuvre posthume ; Naples, 1657.
\ Antonio, Uiblioth. hispana nova.
CARILLO Y SOTOMAYOa (Louts) , poëte
ipagnol, frère du précédent, né vers 1584,
lort Je 22 janvier 1610. Ses œuvres ont été
f aprimées sous ce titre : Obras de dom Louis
arrillo; Madrid, 1613, in-4°. Elles contiennent
ne traduction en vers de l'Art d'aimer d'O-
"I ide, et une traduction en prose du traité de Sé-
* ! èque , de Brevitate Vitse.
Antoaio, Biblioth. hispana nova.
CAKRiNGTOiV (Noël-T/iomas ) , poëte an-
tais, né en 1777 à Plymouth, mort à Bath le
fi septembre 1830. Pour obéir à son père , il
îsta ti'ois ans apprenti chez un des principaux
nployés de Dock -Yard. Mais ne pouvant vain-
re l'aversion qu'il avait pour cette profession, il
rit du service sur un des bâtiments de l'État,
fne pièce de vers qu'il adressa à son capitaine
li ayant fait obtenir son congé , il retourna à
lymouth, et y ouvrit une école qui eut un
rand succès jusqu'en 1827. On a de lui : the
ianks of Tamar, 1820; — Dartmoor, poème
escriptif; 1826; — My native village, 1830.
Rose, New Biogr. Dictionary.
CARRiON ( Antoine ), poëte espagnol , vivait
, Séville au commencement du seizième siècle.
On a de lui des odes que l'on ti'ouve dans le
recueil intitulé Odse in dicx Dei genitricis
laudes , elegunti forma carminis redditee;
séville, 1504, in-4°.
AntoDio, Biblioth. hispana nova.
CARRION (Louis), savant flamand, né à
Bruges en 1547, mort le 23 juin 1595. Son père
^tait Espagnol , et sa mère Allemande. Il étudia
àLouvain, où il eut pour condisciple Juste Lipse;
puis, après avoir été reçu licencié en droit, il vint
compléter ses études scientifiques et littéraires
à Cologne et à Paris, où il se lia avec les person-
nages célèbres de l'époque. Après son retour
en Flandre , il alla professer la jurisprudence
à Bourges ; de là il passa à Orléans , et revint
occuper une chaire de droit civil à Louvain.
Le 1*"' décembre 1586, il fut chargé d'expliquer
les /«s^i^tt^esde Justinien; et, le 10 juinl589,on
lui confia l'enseignement du droit canon. Il obtint
aussi plusieurs canonicats. On a de lui : Valerii
Flacci Argonauticon librï VIII, cum castiga-
tionibîis ; Asxvers, Plantin, 1566, in-8'' et in-12;
réimprimé dans Burmann; — une jédition de
Salluste , du traité de Orthograhia de Cassio-
dore ; — ime édition du traité de Die natali
de Censorinus ; — Antiquarum Lectionum
Co7nmentarii ; Anvers, 1576, in-8°; — Emen-
dationum et observationum libri II; Paris,
1583, in-4° , et , de même que l'ouvrage précé-
dent, dans le tome 111 du Thésaurus criticus de
Gruter ; — une édition des Nuits Attiques d'Aulu-
Gelle; Paris, Henri Estienne, 1585, in-8°, avec
4es notes qui ne vont pas au delà du I*^ livre,
OARRION-NISAS
882
et que l'on ne rencontre môme pas dans tous les
exemplaires de cette édition, par suite sans doute
de certaines difficultés qui s'élevèrent entre Car-
rion et l'éditeur.
Sax , Onomasticon Utterat., III, 427.— Swert, Jthcnx
Belgicae. — Koppcns, Biblioth. Helgica. — Baquet, Mem,
pour servir à l'IUst. des Pays-Bas. — «alUct, Jugements
des Savants, II; i82.
cxKKiOTi {Emmanuel Ramerez de), savant
philanthrope espagnol , vivait dans la première
moitié du dix-septième siècle. Il enseigna les
lettres aux sourds-muets , il entreprit même de
leur donner quelque usage de la parole. On a de
lui : Maravillas de naturalezza en que se
contienen dos mil secretos de cosas natura-
les, etc.; Madrid, 1622, 1«29, in-4°.
Antonio, Biblioth. hispana nova.
CARRION -NiSAS ( Marie-Henri- François
Elisabeth, marquis de), homme politique et lit-
térateur français, né à Montpellier le 17 mars
1777, mort dans la même ville en 1841. Officier de
cavalerie au moment de la révolution, il mani-
festa d'abord des opinions hbérales qui le firent
appeler à la mairie de la localité dont il avait
eu la seigneurie. En 1793, il fut arrêté comme
suspect de fédéralisme, et recouvra sa liberté
après le 9 thermidor. Venu à Paris après le coup
d'état du 18 brumaire, il devint membre du tri-
bunal, grâce à son mariage avec mademoiselle
de Vassa, parente de Cambacérès; et, le 23 décem-
bre suivant, il fut nommé président de cette as-
semblée. Il s'était déjà fait remarquer par des
discours qui témoignaient d'un grand désir de
profiter des circonstances pour s'élever. C'est
ainsi qu'il s'était prononcé en faveur du concor-
dat; et, à propos du projet de loi sur l'ins-
truction publique, il avait vivement attaqué les
principes de J.-J. Rousseau. Le l*"" mai 1804, il
appuya la motion du tribun Cuiés pour le réta-
blissement de l'empire en faveur de Bonaparte,
et répara ainsi sa précédente opposition au di-
vorce, dont sonambitionn'avait pasdeviné l'ùp-
portimité. Aux objections faites à l'empire parle
dernier défenseur de la répubhque, Caruot, il ré-
pondit par les raisons que voici : <c Le citoyen
Carnot , dit - il , croit voir revenir l'ancienne
royauté de France , la royauté féodale proprié-
taire : avec un peu de rétlexion, il est cependant
facile d'apercevoir qu'entre cette espèce de
royauté et la forme d'empire que nous propo-
sons, il y a autant de différence qu'entre la lu-
mière même et les ténèbres. » — « La royauté
féodale, ajoute-t-il, procéda par l'envahissement
du territoire et celui du corps même des hom-
mes qui le cultivaient : Homines potestatis
addicti glebse. C'était sur cette monstrueuse
fiction qu'elle établissait les droits, les titres et
le jeu de son gouvernement. Le roi des Fran-
çais tel que voulut le faire l'assemblée consti-
tuante, l'empereur de la république française tel
que nous voulons l'établir, n'est le proprié-
taire ni du sol ni de ceux qui l'habitent ; il est
le chef des Français par leur ■volonté ; son domaine
ite
«83
CARRION-NISAS
est moral, et aucune servitude ne peut découler
de ce système. « — Carrion-Msas fut récompensé
par le grade d'officier de la Légion d'honneur et
le titre de chancelier de la 9" cohorte, dont le
chef-lieu , Montpellier, était placé au milieu de
ses propriétés. Mais il compromit encore la pro-
gression de sa fortune en improuvant le décret
qui, en promulguant l'hérédité du nouvel em-
pire , excluait de la succession au trône Jérôme
et Lucien, frères de Napoléon. Un autre genre
d'échec le vint également troubler vers la même
époque : sa tragédie de Pierre le Grand, repré-
sentée en 1804, ne fut pas plus heureuse que
son aînée la tragédie de Montmorency, jouée en
1803, et tomba sous les sifflets du parterre. Il
est probable que le public s'attaquait à la con-
duite politique de l'auteur beaucoup plus qu'à
la pièce , qui dut être défendue par la police.
Carrion-Nisas se retira alors pour quelque temps
des deux scènes politique et dramatique. En
1806, il entra dans les gendarmes d'ordonnance,
se distingua dans l'affaire de Zurmin, près de Coll-
berg, et fut chargé par l'empereur de porter à l'im-
pératrice le traité de Tilsit. Lors de l'audience
de congé qu'il obtint de Napoléon , il osa avan-
cer devant ce souverain le conseil de revenir à
des pensées de paix et de stabilité. Il appuya
ce conseil sur les deux vers suivants du Tasse :
Giunta ètua gloria al summo; e per Tinnanzi
Fuggir le dubbie guerre a te coaviene.
Revenu à Paris , il voulut sans doute réparer
sa hardiesse en approuvant hautement la sup-
pression du tribunat , dont il faisait partie :
« Cette suppression, dit-il à ses collègues pour
les consoler, est accompagnée de tant de té-
moignages d'estime de la part du souverain;
ces témoignages sont d'un si grand prix; ils ont
une solennité si éclatante, que je suis certain
d'èti-e l'interprète fidèle du cœur de mes collè-
gues, en leur proposant de porter au pied du trône
une adresse qui exprime nos sentiments d'amour
et dedévouement aumonarque qui l'a ordonnée. «
Nommé chef d'escadron, Carrion-Nisas se
rendit à l'état-major de Junot , en Portugal, et
fut chargé par ce général de diverses parties du
service administratif du pays. A la bataille de
Vimeiro, il empêcha Junot de tomber au pou-
voir d'un détachement de cavalerie anglaise.
Devenu adjudant commandant, il fut envoyé au
siège de Saragosse, et s'y distingua en contri-
buant à dégager les derrières de l'armée obsi-
dionale par la prise d'assaut de la ville d'Al-
caniz. Le lendemain de la bataille de Talaveyra,
il fut chargé par le roi Joseph de porter à
l'empereur les détails de cette bataille. A la
suite d'une audience de trois heures qu'il obtint à
Schœnbrunn , il fut nommé baron de l'empire ;
à son retour à Paris, il fut renvoyé en Espagne
pour y faire opérer la jonction des armées de
Macdonald et de Sucliet sous les murs de Lérida,
et pour ravitailler Barcelone. Surpris dans une
rencontre et par suite destitué , il se fit de nou-
veau simple soldat, et remonta jusqu'au gr
de colonel. En 1813,11 assista en Allemagne .
batailles de Lùtzen et de Bautzen, et tint le je
nal de ces journées mémorables. 1.1 fit la ca
pagne de France en 1814, s'y distingua, et fut
nombre des officiers qui présentèrent le
hommages au roi, en même temps qu'il repri
qualification de marquis. Nommé secrétaire
néral au ministère de la guerre en mars 18
il mit en avant divers moyens pour arrêtei
marche de Napoléon ; puis il embrassa la ca
de l'empereur lorsque celui-ci fut établi de m
veau aux Tuileries. Carrion-Nisas fut cha
alors de défendre les ponts de Sèvres et de Sai
Cloud, et s'acquitta valeureusement de sa missi(ii
Au pont de Saint-Cloud, il repoussa, avec 3,C
hommes, 15,000 Autrichiens, et mérita le grade
maréchal de camp, qui ne fut pas confirmé par
gouvernement royal. Il suivit à Bourges l'arn:!
de la Loire. De retour après deux années de si
veillance de la haute pohce , il ne s'occupa pi
que de la culture des lettres. Outre les œuvr
mentionnées ( Mon toore?îcz/, tragédie en 5 acte
Paris, 1803, et Pierre le Grand, tragédie en
actes, ibid. , 1804), on a de Carrion-Nisas
Discours sur le Concordat ; Paris, 1802, in-8
Discours sur V hérédité de la souveraineté i
France ; Paris, 1804, in-8° ; — Essai sur Vhi
toire générale de l'art militaire, de son origin
de ses progrès et de ses révolutions, etc. ; Pari
1823, 2 vol. in-8°, avec 14 planches; — Letti
à un électeur sttr les prochaines élections, (
sur la situation actuelle des esprits et d(
choses ; Paris, 1820, in-8° ; — de l'Organisatio
de la force armée en France, considérée part 1
culièrement dans ses rapports avec les autn
instittitions sociales , les finances de l'État
le crédit public, etc. ; — Songe du professeu
Monti , traduit de l'italien en vers français.
V. R.
Moniteur universel. — Galerie historique des Con
temporains. — Jouy, Jay, etc.. Biographie nouvell
des Contemporains.— Quérard, la France littéraire. -
Dictionnaire de l'économie politique. — Biographi
moderne.
* CARRION-NISAS (Antoine-Henri-François
Victor ), publiciste français, fils du membre di
tribunat, né à Lusignan le 24 janvier 1794. 11 ;
écrit dans divers recueils, notamment les Victoi-
res et Conquêtes ; et on a de lui : Histoire ro
maine depuis lafondation de Rome'' jusqu'au
règne de Constantin; Paris, 1815, 2 vol. in-12 ;
— de la Jeunesse française ^Vâns, 1820,in-l8;
— de la Loi Salique , traduite en français ei
accompagnée d'observations et de notes expli-
catives, principalement sur le titre LXII ; Paris,
1820, in-8° ; — des Idées républicaines ; Paris,
1821,in-8°; — Valérien, ou le jeune Aveugle ,
drame en 2 actes, imité de l'allemand de Kotze-
bue; Paris, 1823, en collaboration avec T. Sau-
vage ; — la France au dix-neuvième siècle, ou
coup d'œil sur Vétat présent des lumièi'es, des
richesses, de la morale et de la liberté; Paris,
j^:.,
pi
85
CARRION-NISAS — CARRON
88(>
jf 821, m-8°; — Coup d'Œil sur V Europe à
, repos du- congrès; Paris, 1822, in-8° ; —
Ymcipes d'économie politique; Paris, 1824;
1- le Forgeron , drame en 3 actes, môIé de
liant; Paris, 1824, in-8''; — Résumé de Vhis-
oire de la république de Venise; Paris, 1826,
1-8°.
Quérard, la Fr. Utt. — Dict. de l'Écon. polit.
*CARROCA (Joseph), jurisconsulte espa-
nol, vivait dans la première moitié du dix-sep-
ème siècle. On a de lui : Politica del comte de
Hivarez contra politica de Catalunnay Bar-
elona, etc., contra des del primer di gêner
6i0,fins a 18 de maig. 1641; Barcelone, 1041,
1-4°.
Lelong et; Fontette, Bibliothèque historique de la
'rance.
CARRON ( Guy-Toussaint- Julien , l'abbé ) ,
loraliste français, né à Rennes le 23 février 1760,
aort à Paris le 15 mars 1821. Son père, avocat au
n||i arlement de Bretagne, descendait de Pierre
ff îarron, sieur de la Carrière, venu en Bretagne
l( omrae gendarme de la compagnie d'ordonnance
ommandée par le maréchal de Brissac, lorsque
lenri IV y envoya ce lieutenant général en 1 596,
i tour soumettre la province. Dès l'enfance le jeune
;!arron s'était voué à l'instruction et au soulage-
nent des pauvres. Tonsuré à treize ans, il caté-
•hisait les enfants delà classe souffi-ante, et leur
listribuait des secours. Son ardente charité, qui
ae nuisait point à son zèle pour l'étude, le fit bien-
;ôt distinguer par ses supérieurs ; et, avant qu'il
M atteint l'âge tixé par les lois de l'Éghse,
Mo"" de Girac, son évêque, lui avait accordé les dis-
penses nécessaires pour être ordonné prêtre. Dès
lors il ne voulut plus avoir d'autre pensée que
les œuvres de son saint ministère ; et à peine
eut-fl atteint sa majorité, qu'il renonça par un
acte authentique à toutes les successions aux-
quelles il avait droit, déclarant ne vouloir rien
posséder. En 1785, profondément touché des
[graves désordres causés dans sa province par la
mendicité, et désireux d'étendre un atelier de
charité élevé par ses soins, il sut intéresser à son
œuvre un grand nombre de nobles familles , à
la tête desquelles on vit se placer le roi Louis XVI,
toujours bienfaisant, et la reine Maiie- Antoinette,
chacun pour une somme de 6,000 livres; de
telle sorte que Rennes possédait, en 1791, des
filatures de coton, des tissages d'indiennes, de
siamoises, de toiles à voiles, etc., qui occupaient
plus de deux mille ouvriers des deux sexes, et
dont la fondation ainsi que la prospérité crois-
sante étaient entièrement dues au zèle si éclairé
de l'abbé Carron, ainsi qu'à la confiance qu'ins-
piraient la candeur de son âme et l'élévation de
ses vues. Des sœurs de charité surveillaient les
jeunes filles employées dans ces établissements,
et soignaient les malades. Déporté en 1792 à
l'île de Jersey, l'abbé Carron trouva, dans la
persécution qui l'atteignait avec tant de Français,
établit deux écoles pour l'instruction de la jeu-
nesse française émigrée, une chapelle pour
l'exercice du culte catholique, des associations
pieuses, et une bibliotliè(ine pour les ecclésiasti-
ques: il avait su trouver les ressources néces-
saires à son œuvre dans son esprit d'ordre, et dans
les modestes secours que lui confiaient les exi-
lés qui n'étaient pas entièrement dépourvus de
moyens d'existence. En 1796, il se rendit à
Londres, où , aidé de l'évêque de Saint-Pol de
Léon, et soutenu parles libéralités tant du gou-
vernement que d'honorables familles anglaises,
il put donner une grande extension à ses œuvres
de charité. A Somer'stown, faubourg de Lon-
dres, un collège fut ouvert aux fils des émigrés,
une école à leurs filles : les soins et l'instruction
y étaient donnés par des Français ecclésiastiques
et laïques, et par des dames émigrées. Deux hos-
pices pour les malades infirmes avaient été
créés par lui, ainsi que des pharmacies où les
médicaments étaient distribués gratuitement.
Il fit aussi élever des chapelles dans plusieurs
quartiers de la ville, et on en compte encore une
où le culte catholique est exercé (1852) sous la
direction du même ecclésiastique qu'il y avait
placé lorsqu'il quitta l'Angleterre en 1814. Il en
est de même del'écolede charité annexée à cette
chapelle, et qui continue à prospérer. Un monu-
ment élevé dans cette enceinte au vénérable
fondateur témoigne de la reconnaissance publi-
que. Delille, M. de Chateaubriand, et quelques au-
tres littérateurs, ont célébré l'importance de tous
ces pieux établissements, que les princes fran-
çais visitèrent souvent, heureux qu'ils étaient
d'être les témoins et les protecteurs de cette iné-
puisable bienfaisance qui soulageait tant de mal-
hem-s. Lors de la réorganisation de l'Église en
France MS'' de Girac, évêque de Rennes, ayant,
à la demande du pape résigné son siège, supplia
le cardinal Caprara, par une lettre en date du
mois de février 1802, de proposer pour son suc-
cesseur M. l'abbé Carron. Au moment de son
retour en France, en 1814, ce vénérable abbé
écrivait à l'un de ses neveux : «. Je n'ai rien,
« ayant la consolation, après vingt-trois ans
« d'exil, de rentrer sur la terre natale plus pau-
« vre que je n'étais quand j'en fus banni. Chargé
". des intérêts de mes pauvres compatriotes, je
« rougirais de ne pas partager leur malaise;
« mais mon cœur est déchiré de ne plus pouvoir
« rien pour eux. « Il rentrait, en effet, chargé du
sort de plusieurs orphelins sans asile : c'est alors
qu'il obtint du roi Louis XVTQ la fondation de
l'institut royal de Marie-Thérèse, dans lequel de-
vait se terminer l'éducation de ces eufants dont
les parents avaient succombé dans l'exil.
Cette active charité , occupation constante de
l'abbé Carron, ne l'empêcha pas de se livrer aux
exercices de son ministère, ainsi qu'à la composi-
tion d'un grand nombre de pieux ouvrages destinés
à l'instruction ou à l'édification des fidèles ; tels
un nouvel alùnent pour son ardente charité. II sont : les Modèles du clergé, ou Vies édifiantes
887
CARRON — CARROUGES
de MM. de Sarra, Boursoul, Beurrier et Mo-
re^; Paris, 1787,2 vol. in-12; — les Trois Hé-
roïnes chrétiennes ; Rennes, 1790, in-12 : la
quatrième édition parut à Paris en 1801, et fut tra-
duite en anglais par M. Edouard Beach ; — Ré-
flexions chrétiennes pour les jours de Van-
née ; Winchester , 1796, in-12 ; — Pensées ec-
clésiastiques; Londres, 1800, 4 vol. in-12; —
Pensées chrétiennes ;Loii(iies, 1801,6vol. in-12;
— le Modèle des Prêtres, ou Vie de Bridayne;
Londres, 1803 , in-12 ; — VAmi des Mœurs, ou
Lettres sur l éducation ;Londi(iS, 1805,4 vol.
m-12 ; — V Heureux Matin de la vie et le beau
Soir de Zawie; Londres, 1807, 2 vol. in-16 , réimpri-
més à Paris en 1817; — les Attraits de la Mo-
rale, ou la vertuparée de tous ses charmes, et
l'art de rendre heureux tout ce qui nous en-
toure ; Londres, 1810, 2 vol. in-16, réimprimés
à Paris en 1 8 1 7 ; — le Trésor de la jeunesse chré-
tienne , 1 vol.; — la Vraieparure d'une femme
chrétienne , 1 vol.; — les Écoliers vertueux;
Londres, 1811, 2 vol. m-16, réimprimés à Paris
en 1815; — Vies des Justes dans les plus
humbles conditions de la société ; Versailles ,
1816, in-12: — Vies des Justes dans la profes-
sion des armes; Versailles^ 1815, in-12; —
Vies des Justes dans les conditions ordinai-
res de la société; Versailles, 18.16, in-12; —
Vies des Justes parmi les filles chrétiennes ;
Versailles, 1816, in-12 ; — Vies des Justes dans
la magistrature ;Vairis, 1816, in-12; — Modè-
les de dévotion à la mère de Dieu dans le pre-
mier âge de la vie; Paris, 1816, in-12 , réim-
primé plusieurs fois; — Vies des Justes dans
l'état de mariage; Paris, 1816, 2 vol. in-12;
— Vies des Justes dans les plus hauts -rangs
delà société; Paris, 1817, 4 vol. in-12; ~
Cantiques anciens et nouveaux ,m-i6 ; — la
Boute du bonheur, in-18; — de VÉducation,
ou Tableau des plus doux sentiments de la
nature ; 2 vol. in-16; — les Confesseurs de la
foi dans l'Église gallicane, à la fin du dix-
huitième siècle; Paris, 1820, 4 vol. in-8''. Outre
ces ouvrages, l'abbé Carron a laissé plusieurs
manuscrits, entre autres les Vies des Justes
dans Vépiscopat et dans le sacerdoce ; — la
Vie de l'abbé de la Salle; — ua Nécrologe
des Confesseurs de la foi, etc.
L'Ami de la Religion, t, XXVII. — MahuI, Jnnuaire,
1822. — Notice sur l'abbé Carron, en tête de ses œu-
vres.
caruox ( Philippe-Marie-Thérèse-Gui ) ,
prélat français, neveu du précédent, né à Ren-
nes le 13 décembre 1788, mort le 27 août 1833.
Après avoir été vicaire, puis curé de Saint-Ger-
main à Rennes, il devint grand vicaire de l'évê-
que de Nevers, et fut nommé, en 1829, évêque
du Mans. Cette dernière ville lui doit l'établisse-
ment des Dames Carmélites et du Bon-Pasteur.
Biographie universelle ( éii. belge).
*CAK BONUS {Jacques), naturaliste alle-
mand, vivait dans la seconde moitié du seizième
eiècle. On ne le connaît que pour avoir mis en
i
ï
ordre et augmenté les collections et les mal
riaux de Conrad Gessner touchant l'histoire c
turelle des serpents, et de les avoir publiés so
le titre: de Serpentibus, oder Schlangenbuc
erstlich durch-Conrad Gessnern zusamme
getragen und beschrieben, und herna
durch den wohlgelehtten Herrn Jacobi Ce
ronum gemehrt und in Ordung gebracl
anjetzt aber mit sonderem Fleiss verteutsch
Heidelberg, 1613, in-fol.
Baumgarten , Merkwûrdige Bûcher ( Curiosités
bliographiques), tom. II, p. 178.
CARROUGES (Jean ue), gentilhomme fra
çais, vivait en 1387. Il faisait partie de la maiS'
de Pierre H, comte d'Alençon, et était uni par
plus étroite amitié à Jacques le Gris, écuyer
favori du comte. A son départ pour la ter
sainte, il laissa sa femme dans son châte.
d'ArgenteuU, sur les frontières du Perche. Le Gi
rendait souvent visite à cette jeune dame, qui
recevait avec confiance comme ami de son mai
lorsqu'une nuit elle fut violée dans sa chamb
par un individu qu'elle ne put reconnaître. 1
lieu où se consomma le crime fit supposeï- à
dame de Carrouges que le Gris, qui seul pouva
s'y introduire, était le coupable. EUe l'accusa doi
près de son mari, au retour de celui-ci. Ca
rouges reprocha à son ami l'attentat dont il
croyait coupable, et, malgré les protestations t
le Gris, il porta plainte au comte d'Alençon. N'(
ayant point obtenu satisfaction, il cita le Gr
au parlement de Paris, qui, faute de preuve
suffisantes, ordonna, selon la justice du terap;
que les deux parties videraient leur querelle pc
une ordalie ou jugement de Dieu , c'est-à-dir
dans un combat à outrance. Le lendemain d
cet arrêt, les deux gentilshommes entrèrent dan
une lice préparée place Sainte-Catherine, dei
rière le Temple, où l'on avait dressé de riche
échafauds pour le roi Charles VI et sa cour
une foule nombreuse se pressait alentour. Le
champions, après avoir fait serment, l'un de 1
vérité de son accusation, l'autre de sou iuno
cence, commencèrent le combat. Carrouge
reçut d'abord dans la cuisse un coup qui lui fi
perdre beaucoup de sang : cette blessure doubl
sa fureur. Étant parvenu à étreindre son enne
mi, il le terrassa, et le somma, l'éijée sur la gorge
d'avouer son crime. Le Gris persista à se déclare
innocent; mais, comme le vaincu était réputi
coupable, il fut traîné hors de la lice, et sur-le
champ attaché au gibet. Quelque temps après
un malfaiteur, condamné à mort pour plusieur;
crimes, s'avoua l'auteur du fait reproché à Jac
ques le Gris. Cet aveu réhabilita la mémoire de c(
gentilhomme, et fit reconnaître l'absurdité de.-
duels comme preuves judiciaires. Après la mori
de son mari, la dame de Carrouges se retira
dans un couvent, pour y pleurer l'innocent doni
elle avait causé la mort malhem"euse.
A. DE L.
Félibien, Histoire de la ville de Paris. — Froissard,
III, c. 4S. — Braiitôinc, Mémoires sur les Duels, p, I?. ,
firiïi
?9
CARROZA — CARSTENS
890
CARROZA {Jean)f médecin italien, né à Mes-
iic le 8 juin 1678, mort dans la même ville
»rès 1730. Il étudia la médecine dans sa ville
itale, où il eut pour maître, entre autres, le cé-
bre Dominique Scala. Étant encore tout jeune,
futappelé à Sainte-Lucie en qualité de médecin
•■ cette ville. 11 fut si heureux dans sa pratique,
l'il ne perdit, assure Mongitore, qu'un seul
alade, et encore fut-ce une femme sexagénaire,
ins l'espace de trois ans. Puis il revint en 1702
Messine, où il soutint avec éclat la thèse De
injii re scibili. Il a probablement terminé sa
arrière à Messine, quoiqu'on ne connaisse pas la
ate précise de sa mort. On a de lui : Conclusio
niver salis, id est, deomni re scibili; Messine,
02, in-4''; — Contra viilgo scientias acqui-
. Itas per disciplinam ; Messine, 1 702, in-4 ° ; —
X.nthropologix primus tomus, in quofacilior
it utilior medendi theoria et praxis palam
tabsqueelectuariis, confectionibus, looch, ta-
"' ellis ,syrupis,julep, rob , apozematis , sac-
^ haris, catharticis, sternutatoriis, masticato-
iis , epithematibus , succulis, vesicantibus ,
)hlebotomias, tandem sine quibusdam decoc-
is, viris medicatis, emplastris, etc. ; Messine,
704, in-4'': c'est un opuscule peu remarquable
1 îontre la médecine galénique. Mongitore lui at-
ribue encore les ouvrages suivants , mais sans
Il donner d'autres indications que les titres :
de Vita; — de rerum Initiis; — Galeni Que-
rela, contra Galenistas ; — Prsecepta mo-
ralia.
Mongitore, Bibliotheea Sicula. — Éloy, Dictionn. de
Médecine.
CARRUCCI. Voy. PoNTO^alo. 7^>ry
CARS {Laurent), peintre et gi'aveur fran-
çais, né à Paris en mai 1699, mort le 14 avril
1771, fils du précédent. Son père, le destinant
à la peinture, le plaça dans l'atelier de Christo-
phe, peintî'e dn roi, où il fit de rapides progrès.
Mais , entraîné par son goût pour la gravure , il
s'y livra exclusivement sous la direction de Le-
moine, qui lui fit reproduire une grande partie
de ses tableaux. Il fut reçu à l'Académie le 31 dé-
cembre 1733, et nommé conseiller en 1757. Il
avait gravé pour son morceau de réception le
portrait de Michel Anguier, sculpteur, d'après
G. Revel. On remarque dans son œuvre, indé-
pendamment de ce qu'il a gravé d'après Le-
moine, des pièces d'après Lebrun, Rigaud, Bou-
cher, Chardin , Greuze , Watteau , etc. Ce qui
distingue surtout le talent de Cars, c'est une
connaissance du dessin trop rare chez les gra-
veurs, et qu'il devait à ses premières études.
P. Cn.
Fontenay, Dictionnaire des artistes. — Huber, Manuel
des amateurs de l'art. — Heinecken, Dictionnaire des
artistes. — archives de l'ait français, t. I.
*CARS (Jean-François) , graveur français,
né à Lyon, mort à Paris en 1763. Il a gravé
quelques portraits et un très-grand nombre de
thèses. P. Ch.
Heineclcen, DicUoTUU des artistes.
CARSTARËS {Guillaume), théologien pres-
bytérien écossais, né en 1G49 à Cathcart,mort
en 1715. Il fit ses études à Utrecht, où son père
s'était réfugié pendant la révolution de 1641, de-
vint ministre de la congrégation anglaise à Leyde
et secrétaire intime du prince d'Orange, et revint
dans sa patrie, où il fut arrêté comme conspira-
teur. Relâché après des aveux que lui arracha
la torture , il retourna en Hollande auprès de
Guillaume d'Orange, dont il était le chapelain
particulier. Lorsque le prince monta sur le trône
d'Angleterre, il nomma Carstares son chapelain
pour l'Ecosse, et celui-ci eut une influence po-
litique qui ne finit qu'avec la vie de son protec-
teur. Mac-Cormick a publié les papiers d'État et
les lettres de Carstares, avec une notice sur sa
vie; Edimbourg, 1774, in-4''.
Rose, New Biographical Dictionary. — Cormick, Vie
de G. Carstares. — Biographia Britannica.
* CARSTENS {Adolphe-Gotthard) , littéra-
teur etcritiquedanois,néàCopenhague le 31 mars
1713, mort en 1795. Depuis 1738 jusqu'en 1780,
il fut successivement secrétaire et directeur de
la chancellerie allemande à Copenhague, et con-
seiller intime du roi. Outre plusieurs travaux his-
toriques insérés dans les Mémoires de la So-
ciété danoise des sciences, il se distingua comme
amateur et protecteur des belles-lettres. Il eut le
mérite, en rendant justice à l'esprit et au carac-
tère poétiques des Allemands, de faire apprécier,
malgré une vive opposition , M. Ewald, le plus
grand poète danois du dix-huitième siècle.
P.-L. M.
Lahdes Mindesmorker, K^ livraison. — J. Baden,
Éloge de Carstens, dans le Journal de l'Université de
Copenhague, 1795. — Hrafl und Nyerap, Litteratur-
Lexicon. — Ersch et Gruber, Jllgem. encyclop.
CARSTENS {Asmus-Jacob) , peintre danois ,
né à Sankt-Jurgen , près de Schleswig, le 10 mai
1754; mort à Rome le 25 mai 1798. Il était fils
d'un meunier, et reçut de sa mère, fille d'un
avocat, les premiers principes du dessin, pour
lequel il montra dès l'âge de neuf ans une voca-
tion décidée. Conduit à Copenhague par le désir
de voir les ouvi-ages des grands maîtres, il fut
vivement impressionné , et composa bientôt un
tableau représentant [la Mort d'Eschyle. Mais
n'ayant eu que de faibles encouragements, il se
trouva réduit à faire des portraits pour gagner
sa vie. Quelques tracasseries qu'il essuya à l'A-
cadémie de peinture de Copenhague, où il avait
été admis comme élève, le décidèrent à entre-
prendre le voyage de Rome. Sans protection et
sans ressources dans un pays dont il ignorait la
langue, il n'alla que jusqu'à Milan, et revint en
Allemagne en traversant la Suisse, où la vente
de quelques dessins lui fournit les moyens de
se rendre à Berlin. S'étant fait connaître dans
cette ville par plusieurs compositions remarqua-
bles , il fut nommé professeur à l'Académie de
peinture, obtint une pension de 450 rixdales, et
put aller se perfectionner à Rome, où il arriva
en 1792. Dès l'année suivante, il exposa ses ou-
891
CARSTENS — CARTAUD DE LA VILATE
vrages. Le jugement des amateurs lui fut très-
favorable. De nouvelles études lui présageaient
de nouveaux succès, quand il mourut dans la
maturité de son talent. Les principales compo-
sitions de Carstens sont : la Chute des Anges;
— la Visite dès Argonautes au centaure Chi-
ron; — la Blégaponie ; — Œdipe roi.
Nagler, Neues Âllgem. Kûnstler-Lexicon. — Magasin
encijclop., année 1808, t. IV. — Fernow, Fie d'As. Jac.
Carstens ; Leipzig, 1806.
*CARSCGH! {Christophe), bibliographe ita-
lien, vivait dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle. On a de lui la description de la
bibliothèque Lancisi à Rome , sous le titre : la
Biblioteca JMncisiana, ovvero distinto rag-
guaglio délia pubblica libreria eretta 1714 da
Giov.-Maria Lancisi; Rome, 1718, in-4".
Adelung, supp!. kiôcXiet:, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
*CARSîJGHï (Reinier), poëte latin et huma-
niste italien, de l'ordre des Jésuites, né en 1647
à Citerna en Toscane, mort à Rome en 1709. H
fut, dans les dernières années de sa vie, provin-
cial de son ordre dans les États romains. On a
de lui : Epigrammata ; — Poema latimtm de
arte recte scribendi; Rome, 1709, in-8° : c'est
une espèce de rhétorique en vers.
Adelnng, suppl. à Jdcher, Allgem, Gelehrten-Lexicon.
*CAiii'AJO [Antonio- Maria), poëte italien
de la première moitié du seizième siècle. Il ap-
partenait à cette spirituelle Académie des Rozzi
(Rustres), établie à Sienne, et dont les mem-
bres composèrent un grand nombre de petites
pièces pleines de vivacité et de gaieté. La dé-
cence n'y est pas toujours respectée; mais en
fait de bienséances dramatiques on était alors
bien peu sévère, et on passait tout aux Rozzi
pourvu qu'Us lissent rire, et pourvu qu'ils offris-
sent des traits d'habitudes locales, revêtus avec
grâce des idiotismes les plus agréables de la
langue toscane et des locutions proverbiales qui
lui sont propres. Cartajo apporta pour sa con-
tribution aux travaux de sa compagnie une Com-
media ridiculosa, intitolata el Farfalla; le
sujet est assez singulier : il s'agit d'un paysan
des environs de Sienne qui mène sa femme voir
les curiosités de Rome, et qui la perd en arrivant;
elle donne rendez-vous à un galant;' le mari la
retrouve enfin, et la vend pour un manteau qu'il
reçoit en échange. De 1&49 à 1580, cette pièce
eut au moins quatre éditions. G. B.
Storia deW Academia de' Rozzi; Sienne, 1778, in-S".
— Catalogue delà Bibliothèque dramatigue de M. de
Solcinne, n° 4186.
CARTARi(C/mries), compilateur italien, né
à Bologne en 1614, mort en 1697. Il fut avocat
au consistoire de Rome, et inspecteur des archi-
ves du saint-siége. Ses principaux ouvrages sont:
la Rosa d' oro pontificia, racconto istorico;
Rome, 1681, in-4° ; — Pallade Bambina, ovvero
biblioteca degli opuscoli volanti che si con-
servano nel palazzo degli signori Altieri ; ibid.,
1 694, in-4°. Cartari édita aussi plusieurs ouvrages
à Orviéto en 1558 , et mort en 1633 à Rome,
il était sénateur.
Crescimbeni, f'ite degli Arcadi. — Acta Eruditon
de 1713, p. 503.
CARTARI OU CHARTARî (Vincent), po«
et httérateur itahen, natif de Reggio, viv.
dans la première moitié du seizième siècle. S
principaux ouvi-ages sont : Fasti d'Ovidio trai
alla lingua volgare; Venise, 1551, in-8°;
il Flavio intorno a'fastivolgari;\biA., 155
in-8°; — il Compendïo dell' istoriadi mon
Paolo Giovo, con lepostille; Venise, 156
in-8° ; — le Immagini degli Dei antichi, nel
quali si contengono gli idoli, riti,ceremt
nie, etc. ; ibid., 1556 , 1571 , 1580, 1592, 160
1647 et 1674; Lyon, 1581, in-8° ; Padoue , 160.
1615 et 1626, in-8". La plupart de ces édi|B!
tions ont été revues et augmentées par l'auteu:
et après sa mort par Laurent Pignoria ; les dei
nières sont les plus estimées. Duverdier a donn
une traduction latine et française de ce traité
Lyon, 1581, in-4''.
Ginguené, Hist. litt. de l'Italie, VII. — Jôcher, Allgen
Gelehrt-Lexic. — Tiraboschi, Storia délia Letter. — Sa;
Onomastic. literar.
CARTAUD DE LA TILATE ( François ), lit
térateur français, naquit à Aubusson dans le
premières années du dix-huitième siècle, et mou
rut, jeune encore, à Paris en 1737. Il embrass;
l'état ecclésiastique, et devint chanoine del'égiist
collégiale d' Aubusson, sa patrie. Un critique dis
tingué (M. Palissot) s'est plaint du sitence que
tous les dictionnaires historiques ont gardé sui
l'auteur ingénieux à qui l'on doit des Essais liis-
toriqxies et philosophiques sur le goût ; Paris,
1736, in-12 : «Uvre original etprécieux, plein de
« morceaux de verve, qui prouvent que cet éci'i-
« vain savait sentir et s'exprimer avec enthou-
« siasme. " Cet ouvrage produisit en effet une
vive sensation lorsqu'il parut. A la suite de con-
sidérations élevées sur l'origine et les progrès
des connaissances humaines, Cartaud de la Vilate
cherche à faire prévaloir ses opinions contre les
anciens, déjà soutenues par Perrault et la Motte.
Mais, quoique évidemment supérieur à ses devan-
ciers par la nouveauté des idées et la chaleur
du style, il ne parvint pas plus qu'eux à affai-
blir l'admiration des siècles pour les noms immor-
tels d'Homère, de Virgile, d'Horace, etc. ; car un
ouvi'age aussi remarquable par sa singularité et
son mérite d'exécution ne pouvait manquer de
rencontrer des adversaires. Un anonyme le ré-
futa dans une Lettre de monsieur *** à ma-
dame la princesse de **, au sujet des Essais
historiques et critiques sur le goût; Paris,
Perrault, 1737, in-12. MM. Barbier et Quérard
n'en ont pas connu l'auteur; on a lieu de croire
qu'elle est l'œuvre du P. Castel, connu lui-
même par ses singularités. Les journalistes de
Trévoux, au nombre desquels il était compté,
se contentèrent de la désavouer en son nom;
mais ce désaveu restrictif ne fait que confirmer
de jurisprudence de son père Jules Cartari, né notre conjecture. Il est à regretter que le ceu'
i)3
CARTAUD DE LA VILATE — CARTEAUX 89<
ur, qui affecte le plus souvent un ton badin,
soit 4)ermis la mauvaise plaisanterie de dénon-
i'4r l'abbé auteur du livre à son évéque, aux
uissances, et à toutes les personnes qui ont
j la pudeur et de la religion. 11 est vrai que
superstition et le despotisme sont l'objet de
•ades aussi vigoureuses qu'éloquentes (l);mais
les ne paraissent tomber que sur les prêtres et
s monarques absolus des nations païennes. Les
ssais eurent plusieurs éditions imprimées, tant
France qu'à l'étranger, de 1736 à 1751. L'abbé
irtaud de la Vilate avait déjà manifesté son
'f'i inchant pour les opinions paradoxales, en met-
• nt au jour des Pensées critiques sur les ma-
'i*j lématiques; Paris, 1733, in-12. «Dans ce livre
'"'i non moins curieux, très-peu connu et très-
^ rare, dit Palissot, on propose divers préjugés
'■ contre cette science, à dessein d'en ébranler la
•ffl certitude, et de prouver qu'elle a peu contribué
""i à la perfection des arts. » J. Lamoureux.
1I( Palissot, Mémoires pour servir à l'histoire de notre
ttérature, 1809, tom. I, p. 127. — Mémoires de Tré-
,ni aux, 1787. — HelTétius, de l'Esprit, discours III, chap.
CARTE (Thomas), historien anglais, né à
lit •♦usmoon, près de Clifton, dans le War wicksbire,
if :n avril 1686 ; mort près d'Abingdon, dans le
'A ierkshire, le 1**^ avril 1754. Après avoir étudié à
s )xford et à Cambridge et fait le tour d'Europe,
is entra dans les ordres en 1713. Son attache-
ii aent aux Stuarts, la part qu'il avait eue dans la
ij ébellion de 1715, et sa qualité d'ancien secré-
irjaire de l'évéque Atterbury, ainsi que son refus
le reconnaître George I^'', le forcèrent de quit-
ter l'Angleterre en 1722 ; car sa tête avait été
mise au prix de 1,000 livi'es sterling. En France
1 s'occupa, sous le nom de Philips, de la réédition
les œuvres de de Thou et de Rigalt. Plus tard
1 obtint, vers 1732, par l'entremise de la reine
Caroline, la permission de renti'er en Angleterre.
En 1744 il fut soumis à de nouvelles enquêtes,
propos de l'entreprise de Charles-Edouard;
mais il fut relâché. VHistoire d'Angleterre,
qu'il élabora dans les derniers quinze ans de sa
vie, est son chef-d'œuvre , malgré quelques sin-
gularités qui s'y sont glissées : c'est ainsi qu'il
dit dans une note qu'en 1716 le prétendant gué-
rissait des écrouelles. Cependant il avait gagné
tous les souscripteurs qui n'étaient pas contents
des succès de V Histoire de Rapin Thoyras, trop
favorable à la maison de Hanovre. Il mourut sans
avoir achevé son travail. On a de lui : the Irish
Massacre set in clear liht, 1714, inséré dans
Lord Somers tracts , avec la réplique du D""
Chandler; — Jacobi-Augusti Tfiuani Histo-
riarum libri cxxxviii et Nicolai Bigaltii de
Rébus gallicis libri très, translated in en-
glish b]i Thom. Carte, Wead, et Buckley; Lon-
dres, 1733, 7 vol. gr. ia-M. ;— the History of
' (1) Helvétius a rapporté, dans son livre de l'Esprit, un
long passage des Essais, « plein, dit-il, de cette force
« d'expression dont on ne croyait-pas notre langue sus-
« ceptible. »
the iife of James Duke of Ormond, from his
birth, 1610, to his death, in 1688; Londres,
1735-173C, 3 vol. in-fol.; il en parut un abrégé
en français, sous le titre : Mémoires de\la vie de
milord duc d'Ormond, traduits de l'anglais;
la Haye, 1732, 2 vol. in-12; — A gênerai account
of the necessary matcrials for a history of
England; Londres, 1738, in-8° : c'est le plan
d'une grande histoire d'Angleterre; — A col-
lection of original letters and papers, con-
cerning the affairs of England, from 1641
to 1660; Londres, 1739, 2 vol. in-S"; — An
account of the court of Portugal of the
reign of Peter II, or lettres of Robert Sou-
thwells, ambassador at Lisbon in 1667, with
an History gênerai of the révolutions of Por-
tugal; Londres, 1740, in-8°: cette édition des
lettres de Southwell, un des prédécesseurs de
Methuen, a été traduite et augmentée par l'abbé
Desfontaines sous le titre : Relation de la cour de
Portugal sotis don Pèdre II, à présent ré-
gnant; Paris, 1742, 2 vol. in-12; — Catalogue
des nobles gascons, normands et français,
conservé dans les archives de la Tour de
Londres, tiré d'après celui du garde desdites
archives; publié par de Palmeuse, avec la pré-
face de Bougainvillel; Londres (Paris), 1743, 2
vol. in-fol.:; — History of England ; Londres,
in-fol., en 4 vol., dont le 1^"^ parut en 1747, le
2^ en 1750, le 3® en 1752, et le 4*= après la mort
de l'auteur, 1755. Les matériaux qui devaient
servir à la continuation de cet ouvrage, de 1 654
jusqu'en 1688, se trouvent depuis 1778 dans la
bibliothèque Bodiéienne d'Oxford. Un peu avant
cette année, Macpherson s'en était sei*vi pour sa
grande Histoire de l'Angleterre et Xç; Recueil de
papiers d'États qui lui font suite.
Rose, Neio Biographical Dictionary.
CARTEAUX {Jean- François) , général fran-
çais, né en 1751 à Allevan, dans le Forez; mort
en 1813. H était fils d'im dragon du régiment
de Thianges. Il fut élevé dans les garnisons , et
suivit aux Invalides son père, blessé dans les
guerres de Hanovre. Après avoir voyagé dans
les diverses contrées de l'Europe pour se perfec-
tionner dans l'étude de la peinture, qui occupa
sa jeunesse, il revint à Paris à l'époque de la
révolution, et se distingua à l'affaire du 10 août,
comme officier de la cavaleiie de la garde na-
tionale parisienne. Nommé adjudant commandant
à la suite de cette journée, il fut envoyé à l'armée
des Alpes ; puis promu au grade de général , et
chargé de dissipai- les Marseillais révoltés qui
marchaient au secours des Lyonnais. Il s'avança
contre eux, les battit, et entra dans leurs murs
au mois d'août 1793. De là il s'avança sur Tou-
lon, dont il commença le siège. Mais une pareille
tâche était au-dessus de ses forces. Carteaux,
révoqué, remit ses troupes à Dugommier, parut
un moment aux armées d'Italie et des Alpes, fut
ensuite arrêté par ordre du comité de salut pu-
blic, et enfermé à la Conciergerie le 2 janvier
895
CARTEAUX — CARTERET
1794. Rendu à la liberté après le 9 thermidor,
il fut «lis, l'année suivante, à la tête de l'un des
corps de l'arraée de l'Ouest. Destitué de nouveau
au bout de quelques mois, il se plaignit vivement
à la convention, lui rappela ses services, et la
défendit en effet, avec intrépidité, au 13 vendé-
miaire, n fut réintégré à la suite de cette journée,
et employé jusqu'en 1801, où il devint l'un des
administrateurs de la loterie. Après trois ans
d'exercice, il fut nommé, en 1804, au commande-
ment de la principauté de Piombino, revint en
France en 1805, et reçut une pension de l'empe-
reur, qui, encore officier d'artillerie, avait servi
sous Carteaux à l'armée de Toulon.
Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. —
Monit. univer. — Galerie hist. des Contemporains. —
Thiers, Hist. de la Rév. française.
CARTELETTi (François-Sébastien), poète
italien, vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle. Il est auteur d'un poëme sur le martyre
de sainte Cécile, dont les nombreuses éditions
sont moins dues au talent de l'auteur qu'au su-
jet qu'il avait choisi. La meilleure est celle de
Rome, 1598, in-12.
Feiler, Dictionnaire historique.
CARTELLiER {Pierre), sculpteur français, né
à Paris le 2 décembre 1757, mort le 12 juin 1831.
Il fut de bonne heure inspiré par le génie des
arts ; mais il eut à lutter une grande partie de sa
vie contre les embarras d'une position sociale con-
traire à ce que réclame l'étude longue et difficile
du dessin. Pendant longtemps il n'eut d'autres
leçons que ceUes données, à l'école gratuite de
dessin, aux enfants destinés à des professions
industrielles. Ses parents, ayant fini par reconnaî-
tre en lui une vocation décidée pour la sculpture,
firent abnégation de leur propre intérêt, et pla-
cèrent le jeune Cartellier chez Ch. Bridan, sta-
tuaire, et membre distingué de l'ancienne Acadé-
mie. Cependant la mort prématui'ée de son père
l'obligea de nouveau de se livrer à des travaux
subalternes et obscurs, pour subvenir aux besoins
de sa mère et aux siens. Ses études furent ra-
lenties, et, dans trois concours pour le prix de
Rome, il eut la douleur d'échouer.
Pendant la tourmente révolutionnaire qui
bouleversa la France et fit suspendre tous les
travaux d'arts, le ciseau de Cartellier obtint quel-
ques encouragements : dans l'église de Sainte-
Geneviève, transformée en Panthéon français, il
décora deux des pendentifs de la coupole des
figures de la Force et de la Victoire, qui dis-
parurent plus tard, ainsi qu'un bas-relief repré-
sentant la Nature appuyée sur la Liberté et
l'Égalité. On cite aussi avec éloge les deux
figures en arrière-corps de la façade du midi du
Luxembourg, représentant la Vigilance et la
Guerre ; la statue de Vergniaiid , qui décorait
le grand escalier de ce palais ; celle d'Aristide,
placée dans la salle des séances de la chambre
des pairs. Aux ouvrages d'une époque plus heu-
reuse pour Cartellier appartiennent sa charmante
figure de la Pudeur, exécutée en marbre en
Sfli
1808 pour la Malmaison, sur le modèle qu'il ei
avait exposé au salon de 1800; les statues d
Bonaparte consul, de Napoléon empereur
de Louis Bonaparte en costume de grand con
nétable, de Walhubert, de Montebello à cheval
Son bas-relief de la Gloire distribuant ses cou
ronnes, placé au-dessus de la principale port
du Louvre, cité avec tant de distinction dans 1
rapport sur les prix décennaux, mit le sceau à s
réputation. Parmi les auti-es ouvrages de Cartel
lier, nous ne pouvons passer sous silence le bas
relief de la Capitulation d' Vlm, à l'arc de triom
phe du Carrousel ; Louis XIV, statue équestn
du frontispicede l'hôtel des Invalides ; le Louis X\
en bronze, sur la place de Reims, et sa Minervt
faisant naître l'olivier, au château de Ver-
sailles.
Pour avoir été exécutés loin de l'Italie, les ou
vrages de Cartellier n'en sont pas moins em
preints du vrai sentiment de l'antique; et si quel
ques -uns n'ont pas toute la sévérité de styli
des chefs-d'œuvre grecs, ils ne le cèdent point i
la plupart de ceux sortis du ciseau d'artistes
qui, plus heureux que lui, ont pu recevoir, dani
le pays des arts, toutes les inspirations qu'il faii
naître. Cartellier était membre de l'Académi*
depuis 1810, et professeur à l'École royale des
beaux-arts depuis 1816. [Enc. des g. dtt m.]
Nagler, Neues AUgemeines Kunstler-Lexicon. — Ga
bet, Dict. des Artistes. — Quatremèrede Quincy, Notia
historique sur la vie et les ouvrages de Cartellier. —
Éméric David, Discours prononcé aux funérailles de
Cartellier. — Livrets des Salone.
CARTER (Elisabeth), (emme poète anglaise,
née en 1717, morte à Londres, le 19 février
1806. Elle était versée dans la connaissance des
langues anciennes et modernes. Ses premiers !
essais poétiques parurent dans le Gentleman'^
Magazine. L'ouvrage qui lui fit le plus d'honneui
est la traduction de tous les écrits d'Épictète,
avec des notes; Londres, 1758, in-4°. Elle tia-
duisit aussi les Dialogues sur la Lurnière, par
Algarotti, et fit paraître en 1662 un vol. in-8° de
poésies sur différents sujets. On doit encore
à Elisabeth Carter les numéros 64 et 100.;du
Rambler. Ses Mémoires ont été,'' publiés à Lon-
dres en 1807.
Rose, New Biographical Dictionary. — Pennington,
Memoirs 0/ the life of E. Carter ; Londres, 1807.
CARTERET (PAi/?j9), navigateur anglais, vi-
vait en 1769. Dès le retour en Angleterre du
Commodore Byron {voy. ce nom), George III
ordoima une nouvelle expédition dans le but de
continuer l'exploration de l'hémisphère méridio-
nal. Le commandement en fut confié au capitaine
Samuel Wallis, qui monta le Delphin (1) ; on lut
adjoignit le Swallow, corvette de quatorze ca-
nons, et le Prince-Frédéric, flûte destinée à l'ap-
provisionnement , sous les ordres du capitaine
Philip Carteret. La flottille appareilla de Ply-
mouthle 22août 1766, relâcha à Madère, aux îles
(1) C'était le vaisseau qui venait de faire le tour fin
inonde sous le commodore Byron.
807
(!ii cap Voit, et entra dans le détroit de Magellan
le 17 décembre. Arrivé au port de la Ilambrc,
/(■ Prince- Frédéric fut envoyé au port Egmont,
dans les Malouines. Le Delphin et le Sumllow
liiront retenus dans le détroit jusqu'au 11 avril
1707. Pendant ces quatre mois les Anf;;lais, sans
cesse menacés de naufrage, obligés à des nia-
iKi'uvres très-pénibles, de lutter contre les vents
(onfraires, manquant souvent de bois et de vi-
A res, souffrirent beaucoup. Lorsqu'on déboucha
(lu détroit, un coup de vent sépara les deux bûti-
iiionts. Le Swallow, fort mauvais voilier, ne put
aller de conserve avec le Delphin, qui s'éloigna
dans le nord-ouest. Carteret, abandonné sur un na-
vire délabré, manquant de tout, porta d'abord au
nord etalla faire aiguadeà l'île de Massa-Fuero(l);
(le là cinglant à l'ouest nord-ouest, à la suite d'une
idngue navigation, il découvrit, par IS.S" 41' lon-
i^itude ouest sur 25° 2' latitude sud, une île en-
tièrement isolée, qu'il appela île Pitcairn, du
nom d'un de ses officiers. Deux autres îles, qu'il
trouva le lendemain, reçurent le nom iHles Glo-
cester. Faisant ensuite route au nord-ouest, après
une traversée que la disette et l'épuisement de
son équipage rendaient chaque jour plus péni-
ble, il relâcha aux îles Santa-Cruz, archipel que
l'Espagnol don Alvarez de Mendana avait dé-
couvert en 1595. Dans l'ignorance de cette pre-
mière découverte, Carteret signala ce groupe
comme nouveau, sous le nom A' lies de la reine
Charlotte (2). Attaqué plusieurs fois par les fé-
roces habitants de ces parages, ce fut en com-
battant que Carteret put seulement se procurer
un peu d'eau ; encore en coûta-t-il la vie à plusieurs
Anglais. Espérant trouver une relâche plus fa-
vorable, il continua à marcher au nord-ouest; le
20 août 1764, il découvrit, par 158" 28' longitude
est et 8° 50 latitude sud, deux îles faisant partie
de l'archipel de Salomon , dont l'existence était
alors problématique. Il appela ces îles Gower et
Carteret. Elles sont tellement rapprochées des
grandes Ârsacides, que Carteret eût sans doute
reconnu ces dernières si , moins pressé par les
besoins de son équipage et le mauvais état de
sa corvette, il eiit pu se Uvrer à une navigation
plus minutieuse. Il passa outre , laissant à un
marin français, M. de Surville, l'honneur d'ex-
plorer ce vaste archipel, et de fixer la position à
l'est de la Nouvelle-Guinée.
Poursuivant sa route vers le nord-ouest, Cai'-
teret, après avoir rencontré quelques îlots peu
remarquables, arriva sur les côtes de la Nouvelle-
Bretagne. On avait cru jusqu'alors, d'après Dam-
pier , que la terre qui se prolonge au nord de la
(1) Une (Jes deux îles Juan-Fernandez, sur la côte du
Chili, rendue célèbre par le séjour d'Alexandre Seikirck,
marin écossais, dont Daniel de Koë a retracé les aventu-
res dans son Hobtnson Crusoé.
(2) Cet archipel est situé entre 8° 3o' latitude sud et
167° 40' longitude est. Carteret changea leurs noms es-
pagnols en noms anglais; les principales sont : Sanla-
Cruz ou Egmont, Vanikoro (lieu du naufrage de la Pc-
rouse), Swallow, Duif, Ourry, Cherry, Mytre et Brawell.
NOCV. BIOGR. UNIVERS. — T. V)U.
CARTERET 89«
Nouvelle-Bretagne faisait partie de cette môme
ile ; mais Carteret, pénétrant dans la prétendue
baie signalée par Dampier, s'aperçut qu'il était
dans un vaste détroit séparant la Nouvelle-Breta
gno en deux grandes îles. 11 lit une reconnaissance
exacte de ce détroit, qu'il nomma canal de Saint-
George. Le nom de Nouvelle Bretagne fut con-
servé à la terre du sud ; celle au nord fut appelée
Nouvelle-Irlande. Carteret mouilla prèsdecette
dernière dans un port auquel on donna à juste
titre le nom de ce navigateur. Les Anglais eurent
encore là plusieurs combats à soutenir contre les
naturels ; le lieutenant du Swallow et plusieurs
marins y furent blessés. Carteret, suivant sa route
par l'ouest de la Nouvelle-Irlande, découvrit suc-
cessivement le Nouvel-Hanovre, les îles Porl-
land et celles de V Amirauté, dont il prit pos-
session au nom de l'Angleterre, bien qu'elles
eussent été déjà reconnues par les Hollandais
en 1656. Se dirigeant ensuite vers les Philippi-
nes, il signala encore au nord de la Nouvelle-
Guinée plusieurs îlots et bas-fonds dangereux,
dont il détermina la position ; il entra ensuite
dans les Moluques , dressa la carte de toute la
côte occidentale de l'île de Célèbes, et prit terre
à Macassar vers la fin de mars 1768, après
avoir perdu presque tout son équipage, et lorsque
son vaisseau ne pouvait plus tenir à la mer. Les
Hollandais ne voulurent pas le recevoir à Jom-
pandam, et le renvoyèrent à Bontain, consentant
avec peine à ce qu'il prît des Maures pour rem-
placer les hommes qu'il avait perdus. Après deux
mois de séjour à Célèbes, Carteret arriva le 3 juin
à Batavia, et il caréna le navire ; il en repartit le 1 5
septembre, relâcha au cap de Bonne-Espérance,
d'où il appareilla le 6 janvier 1769, toucha le
31 janvier à l'Ascension, et reprit sa route le len-
demain. Il fut accosté en mer, le 26 février, par
M. de Bougainville, qui depuis plusieurs mois le
suivait , en se rapprochant de lui chaque jour.
— .< J'offris, rapporte le célèbre navigateur fran-
çais, à M. Carteret tous les services qu'on peut
se rendre à la mer : il n'avait besoin de rien ;
mais sur ce qu'il me dit qu'on lui avait remis au
Cap des lettres pour la France, j'envoyai les cher-
cher à son bord. Il me fit présent d'une flèche
qu'il avait eue dans une des îles rencontrées dans
son voyage autour du monde , voyage qu'il fut
bien loin de nous soupçonner d'avoir fait. Son
navire était fort petit, marchait très-mal; et
quand nous eûmes pris congé de lui, nous le
laissâmes comme à l'ancre. « — Carteret arriva
enfin à Spithead le 20 septembre 1790, après
une traversée de trois ans moins deux jours. Ja-
mais, avec si peu de moyens de réussite, aucun
navigateur n'avait déployé tant de talent et de
persévérance. Les résultats du voyage de Car-
teret furent très-importants surtout pour la géo-
graphie. Alfred de Lacaze.
Hawkesworth, An Account of t/ie P'oyafjes underta-
kin bij the order of his présent majesty for making-
discoveries on the Souther Hémisphère, etc. ; Londres,
177S, traduit en français par Suard. —Relation du
29
899
CARTERET
royaçe de Carteret, Jointe au !«■■ volume de celle de
Cook, traduite de l'anglais; Paris, 1774,3 V' grand in-4°.
— William Smith, l^'oyages autour du monde, 1,310. —
Vantenac, Histoire générale de la marine, III, 330.
CARTHAEPSER {Jean-Frédéric), médecin
allemand, né, le 29 septembre 1704, à Hayn
( comté de Stolberg en Prusse ); mort, le 22 juin
1777, à Francfort-sur-l'Oder. Il fit ses études d'a-
bord à léna, ensuite à Halle, où il prit ses gra-
des en 1731. En 1740, il fut nommé professeur
de chimie, de pharmacie et de matière médi-
cale à l'irniversité de Francfort-sur-l'Oder,
chaire à laquelle il vint ajouter bientôt celle d'a-
natomie et de botanique. Plus tard il devint pro-
fesseur de pathologie et de thérapeutique, et il
conserva ces chaires jusqu'à sa mort, avec le
rectorat de la faculté. En 1755, il avait été élu
membre de l'Académie de Mayence; et en 1758,
de l'Académie de Berlin. Son principal mé-
rite est d'avoir opéré une réforme salutaire
dans la matière médicale, en soumettant les
médicaments à de nouvelles expériences. On
lui doit surtout un grand nombre d'analyses de
plantes, et une connaissance plus exacte des
matériaux qui entrent dans leur composition.
C'est ainsi qu'il a examiné , à la fois en chimiste
et en médecin, les baumes, les sels volatils na-
turels des plantes , les cristaux salins que four-
nit le suc des ijeranïum pellatumet acetosum,
celui que laissent déposer un grand nombre
d'huiles volatiles, et qui est, la plupart du temps,
du camphre; l'huile de cajeput, l'enduit mielleux
dont les plantes se couvrent quelquefois, la li-
queur sucrée des fleurs, le sucre, le camphre,
la cire, le savon, l'amidon, les huiles inflamma-
bles, la graisse animale, les sels neutres, en par-
ticulier celui de Glauber, le pétrole, les oxydes
de fer, etc. On a de lui : Dïssert. de asthmate
sanguïneo spasmodico; Halle, 1731, in-4°; —
Diss. de reciproco atque mechanico sanguinis
etfliddi nei'veiad7notumimpidsîi;ïlaWe, 1731,
in-4° ; — Spécimen amœnUatum naturea et ar-
tis ; Hafle, 1 733, in-4° ; — AmœnUatum naturse,
sive historiée naturalis pars prima gêner alior,
oder der curiosen und nùtslichen sowohl his-
torisch als physikalischen Abhandlung aller
Merkwûrdigkeiten der Natur ;erster Tlieil;
Halle, 1735, in-4° ; — Elemenla chymiœ me-
dicœ dogmatico-experimenlalis, iina cum sy-
nopsi matcrim medicas selectionis ; Halle, 1 736,
in-8° ; Francfort-sur-l'Oder, 1753, in-8% et 1766,
in-8°; — Tabulée formularum prxscriptioni
inservientes, in usum tyronum ; W&We. , 1740,
1748,^-8°; Francfort sur l'Oder, 1752 et 1766,
in-S"; — Programma de materia medico-ra-
tionali per expérimenta spagirica promo-
venda; Francfort-sur-l'Oder, 1740, in-4''; —
Programma de prima ac vera morbi littera-
torum origine; Francfort-sur-l'Oder, 1740,
in-4° ; — Diss. de noxa et utilitate ebrietatis;
Francfort-sur-l'Oder, 1 740, in-8" ; — Dissertatio
de refrigerantium dijferenti indole ac modo
operandi; Francfort-sur-l'Oder, 1740, in-4''; —
CARTHAEUSER 900
Diss.devenenis ;ibid., 1741,in-4°;— Z)enece.s.
saria consensus partium attentione practica ;
ibid., 1741, in-4°; — Rudimenta materise'me-
dicse rationalis, experimentis , et observatio-
nibus physicis, chymicis atque medicis selec-
tioribus superstructa , et Célebrium medico-
rum ac chymicorum testimoniis hinc inde
corroborata ; ibid., 1741, in-4°; — Diss. de ca-
tharticis quibusdam selectioribus ;Md., 1742,
in-4° ; — De necessitate transpirationis cuta-
nege; 1742, in-4°; — De errôribus practicis,
ex falsa setiologia promanantibus ;iîiid., 1742,
in-4'' ; — De aère , aquis et locis Trajectinis
ad Viadrum; ibid., 1742, in-4°; — Decinna-
baris inertia medica; ibid., 1743, in-4°; —
De perenni aeris subtilioris per corpus huma-
num circulo; ibid., 1743, in-4°; -^ De dulci-
ficatione spirituum acidorum mineralium;
ibid., 1743, in-4° ; — Diss. qua probJema, an
bonus theoreticus bonus quoque sitpractictis,
in partem affirmativam resolvitur ; 1743,
.in-4°; — Diss. de aquse calcis vivse usu in-
terno; 1743, in-4°; — De mammuth Russo-
rum; 1744, in-4°; — De pravo carnium mu-
riaticarum nutrimento; 1744, in-4°; — De
cataracta crystallinavera ; 1744, in-4°; — De
oleis empyreumaticis ; 1744, in-4°; — De dys-
crasia humorum scorbutico-purpurata Fran-
cofurii ad Wadram et in tractibus vicinis en-
demia; 1744, in-4°; — De siiperstitione circa
curationes morboriim magneticas et sympa-
theticas ;i7ii, in-4°; — Pharmacologia theo-
retico-practica rationi et experientiee supers-
tructa; Berlin, 1745 et 1770, in-8°; Venise,
1756, in-4°, et Cologne, 1763, in-8°; — Diss. de
calore corporis naturali et prœternaturali
febrili; Francfort-sur-l'Oder, 1745, in-4° ; —
De cassia aromatica; ibid., 1745, in-4°; — De
insigni camphorx activitate medica; ibid.,
1745, in-4°; — De cardialgia spuria; ibid.,,
1745, in-4°; — De eximia myrrhse genuinx
virtute medica ; ibid., 1746, in-4°; — Deple-
thorse imminutione critica per varias excre-
tiones mucosas; ibid., 1746, in-4''; — Defe-
bre biliosa; ibid., 1746, in-4°; — De amplis-
simo nitri depurati usu medico; ibid., 1747,
in-4°; — De salibus plantarum nativis, prse-
sertim volatilibus; ibid., 1747, in-4°; — De
subitanea habitus cutanei inflatione; ibid.
1747, 111-4° ; — De esculentis in génère; ibid.,
1747, in-4°; — De recta motuum œstimatione
in morbi s ; ibid., 1747, in-4''; — De phlebo-
tomia apud plefhoricos catharsi prsemit-
tenda; ibid., 1747, in-4°; — De ignobili no-
bilium quorumdam medicaminum indole
atque virtute ; Ma., 1747, in-4"; — De cibo-
rum neglecta manducatione ; ibid., 1747,.
in-4° ; — Fundamenta materise medicœ ra-
tionalis tam gêner alis quam specialis ; Franc-
fort-sur-l'Oder, 1749 et 1750, 2 vol. in-8°, et 2"
édition, 1767, 2 vol. in-8"; Paris, 1752, 2 vol.
in-12; 1769,4 vol. in-12: cet ouvrage, qui est une-
901 CARTHAEUSER
refonte des Rtidimenta mat. med. de 1741, et
(jui a été traduit en français par Jean- Charles
des Essars, Paris, 1755 et 1769,4 vol. in- 12, a
fondé la réputation de Carthaeuser;— Z)c/e6ri-
bus intermittentibus epidemicis; Francfort-
sur-l'Oder, 1749, in-4°; —De ligno nephri-
tico, colubrino et semine santomco; ibid.,
1749, in-4°; — Dediversis obstructionum eau-
sis et remediis; ibid., 17.^0, in-4''; — De ischu-
ria et dysuria; ibid., 1750, in-4''; — De sali-
bus mediis; ibid., 1751, in-4°; — De acrimo-
nia humorum; ibid., 1752, in-4°; — De mar-
rubio albo et alchymia; ibid., 1753, in-4°; —
De variis spasmorum causis et remediis;
ibid., 1753, in-4''; — De passione nephritica;
ibid., 1753, in-4''; — De diversissima dysp-
nœx origine et curatione; ibid., 1753, in-4°;
— De cortice caryopliilloide Amboinensi ;
ibid., 1753, in-4°; — De lœsa chyiificatione;
ibid., 1753, in-4° ; — De Ixsa chyinificatione ;
ibid., 1753, in-4''; — De carminantïbus ; ibid.,
1753, in-4''; — De singultii; ibid., 1754,^10-4°;
— De oleo cajeput ; ibid., 1754, \n-i°; — De
genericis quibusdam plantarum principiis
hactenus neglectis;Md., 1754, iu-4° et in-8°,
et 17G5, in-4°: ce travail remarquable fait suite
à la Matière médicale de l'auteur, qui s'attache
à faire connaître les principes qu'on peut retirer
des plantes tels qu'ils y existent, et sans les
décomposer ni dénaturer; — De sale sodée;
ibid., 1755, in-4''; — De cardamindo; ibid,,
1755, in-4°; — De prœclpiiis balsaminativis ;
ibid., 1755, in-4°; — De horripilatione idiopa-
thica; ibid., 1755, in-4''; — De morbis capitis
externi; ibid., 1756, 10-4"; — De scorbuto;
ibid., 1756, in-4''; — De chenopodio ambro-
sioide; ibid., 1757, 10-4"; — De lumbaglne
pneumatica; ibid., 1757, \n-k°; — Funda-
menta pathologix et therapiae; ibid., 1758 et
17C2, 2 vol. in-8° : c'est encore un des princi-
paux ouvrages de Carthaeuser; — De crocis
martialibus; ibid., 1759, 10-4"; — De radiée
saponaria; ibid., 1760, in-4°; — De saccfiaro;
ibid., 1761, m-i°;— De brancaursïna germa-
nicfl; ibid., 1761, in-4''; — De lichene cinereo
terrestri ;ih\à., 1762, in-4°; — De hydroph-
tJialmia; ibid., 1762, in-4° ; — De vitiosisfor-
miilarum medicarum preescriptionibus , ex
ignorantia chymica oriundis;Md., 1762, in-4°;
— De pinguedinibus animalium subdulcibus
ac temperatis; ibid., 1762, in-4° ;—De potiori-
bus atoniœ causis et remediis; ibid., 1762,
in-4° ; — De morbis morborum remediis; ibid.,
1763,in-4°; — De memorandis inebrlantium
et narcoticorum quorundam effectibus; ibid.,
1763, in-4''; — Thèses diaetetice ad esculenta
et potulenta spectantes; ibid., 1763, in-4'';
— Thèses ad physiologiam et partes reliquas
1 spectantes; ibid , 1763, in-4°; — Dechocotata,
analepticorum principe ; \hid., 1763, in-4°; —
De naphta seu petroleo ; ibid., 1763, in-4''; —
De virulentîs aeris putridi in corpus huma-
— CARTHAG 902
num effectibus ; ibid., 1763, in-4°; - Deyiri-
bus aquae marinx medicis ; ibid., 1763, in-4 ;
— De suie mirabili glauberiano native ; ibid.,
1764, in-4''; — De morbis potioribus ex prx-
ternaturali constitulione glandularum capi-
tis, colli et thoracis nascentibus;Md., 1764,
in.4»; — De spasmis in génère; ibid., 1764,
in-4»; — De simplicibus balsamicis et arO'
maticis; ibid., 1764, in-4o; —de morbis po-
tioribus exprxternaturali constitulione glan-
dularum abdominis oriundis; ibid,, 1764,
in-4''; — De incitamentis motuum natura-
lium internis; ibid., 1764, in-4''; — De inci-
tamentis motuum naturalium externis ; ibid,,
1764, in-4°; — De radicibus esculentis in gé-
nère; ibid., 1765, in-4''; — De amylo ; ibid.,
1767, in-4''; — De morbis a scia interdum
muci naturalis penuria oriundis ;ihid., 1767,
in-4°; — - Dixtheses de morbis endemiis ;
ibid., 1768, m-i° ; — De fungo articulorum;
ibid., 1769, 'm-i°; — De radiée mungo;Md.,
1769, in-4°; — Libellus De morbis endemiis;
ibid., 1771, in-S";— De respiratione ; ibid,,
1772; in-4''; — Dissertationes physico-che-
mico-medicx; ibid., 1774, in-4°; — De sale
volatili oleoso solido in oleis xtheriis non-
nunquam i-eperto; ibid,, 1774, 10-4"; — Dis-
sertationes nonnullx selectiores physico-
chemlcx ac medicx varii argumenti; ibid.,
1775 , in-8°,
Éloy, Dict. de la Méd. — Kiographie médicale.
CARTHAECSER OU CARTIIEUSER ( Frédé-
ric-Auguste ),médec\o allemand, fils du précé-
dent, né à Halle en 1734, mort à Schierstein le
12 décembre 1796, Après avoir professé la miné-
ralogie, la chiaue et la botanique à Francfort-
sur-I'Oder, il accepta une chaire d'histoire natu-
relle et de médecine à Giessen, et devint, en 1772,
directeur du jardin botanique de cette ville. Ses
principaux ouvrages sont : Elementa minera-
logix systematice disposita; Francfort-sur-
roder, 1755, in-S»; — Rtidimenta oryctogra-
phix Yiadrino-Francofurtanx ; ibid., 1755,
in-S" ; — Riidimenta hydrologix stjstematicx ;
ibid., 1758, 10-8°; — Vermischte Schriflen ans
der Naturunssenschaft, Chymie tind Arzney
lahrtheit (Mélanges d'histoire naturelle, de
chimie et de médecine ) ; Leipzig et Magdebourg,
1759, in-S"; — Mineralogische Abhandlun-
gen ( Mémoires minéralogiques ); Giessen, 1771-
1773, in-8°. Carthaeuser est encore auteur de
quelques pièces de poésie allemande , de quel-
ques opuscules sur différents sujets d'histoire
naturelle, et d'un grand nombre de mémoires in-
sérés dans des recueils périodiques.
Charles-Guillaume Carthaeuser, son frère,
et médecin comme lui, a laissé des Réflexions
sur la diète, en allemand.
Biographie médicale.
CARTHAG (saint), dit le Jeune, et surnommé
Mochuda ou le Matinal, mort le 14 mai 657.
H fonda en Irlande l'école la plus célèbre de
29.
903 CARTHAG —
l'Europe au septième siècle, le monastère de Ra-
thenin, où étaient réunîsplusdehuit cents moines.
Obligé de fuir pour se soustraire aux persécu-
tions d'un petit roi du pays, il se retira dans le
Munster ou Mémonie. On regarde saint Carthag
comme le premier évêque de Lismore, où il
fonda encore un monastère, une cathédrale et
une école.
Botiaventure Moron, Vie de saint Carthag en vers
latins.
CARTHAGENA (Jean DE ), théologien espa-
gnol, mort à Naples en 1617. Il quitta l'ordre
des Jésuites pour entrer dans celui des Mineurs
Observantins , et fut professeur de théologie à
Salamanque, puis à Rome. « Jamais homme,
dit Bayle , ne fut plus dévoué que lui aux inté-
rêts de la cour de Rome, et n'outra davantage
les droits des papes. C'est ce qui paraît par les
ouvrages qu'il publia sur les démêlés de Paul V
avec la république de Venise. « Au rapport du
même critique, Carthagena faisait aussi des sup-
positions excessives touchant les grâces de Dieu
sur quelques saints. C'est ainsi qu'il a prétendu
que saint Joseph et plusieurs autres ont été
sanctifiés avant de naître. On a de lui : Pro
ecclesiaslica libertate et potestate tuenda
adversus injustas Venetorum leges ; Rome,
1607, in-4°; — Propugnaculum catholicum
de jure belli romani pontijicis adversus Ec-
clesisejura violantes; MA., 1609, in-8°;— //o-
milise catholicse in universa christianae reli-
gionis arcana ;\h\A., 1609; Paris, 1616, in-fol.;
— Homiliee catholicse de sacris arcanis Dei-
parx Marise et Josephi; Cologne, 1613-1618,
2 vol. in-fol. ; Paris, 1614 et 1615, 4 vol. in-fol. ;
— Praxis oratïonis mentalis ; Yeniaet et Colo-
gne, 1618, in-12.
Alegambe, Biblioth. Scriptor. Societatis Jesu. — An-
tonio, Bibl. /lisp. nova. — Bayle, Dict. hist. — Wadding,
Scriptores ordinis Minorum.
*CARTHALON, magistrat carthaginois, vivait
dans la seconde moitié du troisième siècle avant
J.-C. Il fut un des chefs du parti populaire à la
fin de la seconde guerre punique. Selon Appien,
il était boétarque quand il battit dans une es-
carmouche les soldats de Masinissa, qui avaient
fait une incursion sur le territoire carthaginois.
Ce commencement d'hostilités et d'autres actes qui
suivirent motivèrent l'intervention des Romains.
Naturellement ceux-ci poussèrent à la guerre,
qui éclata bientôt. Lorsque ensuite les Romains
firent des préparatifs pour la troisième gueri-e
punique, les Carthaginois essayèrent d'abord de
la prévenir en sacrifiant les auteurs de la rupture
avec Masinissa, et Carthalon fut mis à mort.
Appien, de Bello Punico, 63, 74.
CARTHALON, général carthaginois durant la
première guerre punique, vivait en l'an 249 avant
J.-C. Il fut chargé à cette époque par son col-
lègue Adherbal de brûler la flotte romaine, à l'an-
cre à Lilybée. Pendant qu'il était occupé à s'ac-
quitter de cette mission, Himilcon, qui s'aperçut
des efforts de \ armée de terre des Romains pour
CARTHENY
904
dégager la flotte, envoya ses mercenaires contre
la première de ces deux armées, pendant que
Carthalon tâchait d'amener l'ennemi à une ba-
taille. Cette tentative fut repoussée avec perte,
et Carthalon dut se borner à surveiller la flotte,
qui s'éloignait de la côte. Vers la même époque,
le consul L. Junius PuUus, revenant de Syra-
cuse et ignorant tout ce qui venait de se passer,
ordonna à sa flotte de faire voile vers Lilybée.
Aussitôt Carthalon s'avança pour empêcher Pul-
lus d'opérer sa jonction avec la première flotte.
L. Junius PuUus jeta alors l'ancre à un endroit
escarpé et presque inabordable, où Carthalon
se garda bien de tenter une attaque; seulement
il se plaça de manière à empêcher le rapproche-
ment des deux flottes ennemies. Une tempête
amena un résultat imprévu : elle détruisit la
flotte romaine, pendant que les Carthaginois,
meilleurs voiliers , avaient réussi à se mettre à
l'abri de tout sinistre.
Polybe, 1, 53, 54.
CARTHALON, général carthaginois, vivait en
l'an 208 avant J.-C. Il commandait la cavalerie
dans l'armée d'Annibàl. En 2 17, il combattit contre
L. Hostilius Mancinus, dans le voismage de Ca-
silinum, et le mit en fuite. Ce Carthalon est le
même sans doute qui fiit envoyé à Rome pai'
Annibal après la bataille de Cannes, en 216
avant l'ère chrétienne, pour traiter de la paix et
du rachat de dix prisonniers romains. Comme il
approchait de Rome , il fut prié par un licteur
de ne pas passer outre, et de vider le territoire de
la république avant le coucher du soleil. Cartha-
lon commandait la garnison carthaginoise de
Tarente lorsque les Romains reprirent cette
place en l'an 208. Il mit alors bas les armes, et
fut tué par un soldat romain au moment où
il allait demander la vie au consul.
T.-Live, XXII, 15, 58; XXVII, 16.- Appien, de fie»o
Annib.— Dion Cassius, Frag. (Éd. Reimar ).
*CARTHENY {Jean de), religieux de l'ordre
des Carmes, vivait au treizième siècle; il a
échappé à l'oubli , grâce à la peine qu'il prit de
composer un roman de spiritualité, intitulé le
Voyage du chevalier errant, imprimé à Anvers
en 1557, etplusieursfois réimprimé. Cet ouvrage,
traduit en anglais (Londres, 1581) et en d'au-
tres langues , paraît avoir été fort goûté d'un
public nombreux. Les bibliographes en ont à
peine parlé ; il présente un curieux échantillon
du genre des idées qui avaient alors le jiliis de
vogue. Le chevalier errant veut aller courir les
aventures; dame Folie, sa gouvernante, Tac-
compagne; il rencontre dame Volupté, qui le
mène au palais de Félicité mondaine ;\\ y mène
d'abord joyeuse vie, mais soudain le palais dis-
paraît, et le chevalier se trouve plongé dans la
boue ; Grâce-de-Dieu l'en retire, et lui montre
l'enfer. Un vénérable ermite, Jugement, lui
fait entendre un sermon; il se rend au palais de
Vertu; Foi, du haut d'une tour, lui montre le
palais du ciel, et il revient chez lui accompagné
l! f»05 CARTHENY
, \ (le dame Persévérance, qui ne doit plus le quit*
^j ter. Ces pieuses allégories , dont le Roman de
la Rose offre un modèle célèbre, et qui parais-
sent aujourd'hui bien insipides, ne rencontraient
alors que des admirateurs. G. B.
Rétrospective Revieio, 1820, t. I, p. IB0-SB8.
CARTIER (Jacques), célèbre navigateur fran-
çais, naquit à Saint-Malo le 31 décembre 1494,
l'année même où Christoplie Colomb* découvrit
la Jamaïque. Ses premières années, comme celles
des enfants de Saint-Malo , se passèrent sur la
mer; et déjà il avait fait quelques voyages à Terre-
Neuve lorsque animé du désir de marcher sur
les traces de Vasco de Gama, Améric Vespuce,
Cabrai , Fernand Cortez, Magellan, il se présenta
à Philippe de Chabot , amiral de France , et lui
proposa d'aller explorer les terres de l'Amérique
septentrionale , désignées alors sous le nom de
Terres Neuves, nom qui n'était pas encore donné
exclusivement à la grande île située à l'embou-
chure du fleuve Saint-Laurent. François P'", ac-
cueillant avec empressement les projets de Car-
tier, le chargea de les exécuter. Muni de ses ins-
tructions, l'intrépide marin partit de Saint-Malo
le 20 avril 1534, avec deux bâtiments de soixante
tonneaux et soixante et un hommes d'équipage
chacun, « faisant route à l'ouest, en tirant un peu
vers le nord. » L'expédition fut si favorisée parles
vents, que, le 10 mai, elle atterrit sur la côte
orientale de Terre-Neuve, à peu près à l'endroit
où le Florentin Verazzani en avait abandonné, dix
ans auparavant, la reconnaissance tentée pour
le compte de la France. Remontant au nord, Car-
tier entra dans le détroit de Belle-Isie, qu'il appela
'jolfe des Châteaux. Il en longea la côte nord,
ou celle de Labrador ; y trouva plusieurs beaux
ports , relâcha dans quelques-ims , et prit même
possession , en y plantant une croix , de l'un
d'eux, auquel il donna le nom de port Saint-
Servain, aujourd'hui Rock-Bay. Dès qu'il s'a-
perçut que ce prétendu golfe s'élargissait à me-
sure que ses bâtiments s'avançaient à l'ouest, et
qu'il allait bientôt perdre de vue les côtes méri-
dionales , il s'éloigna des terres de Labrador, fit
route au sud, et vint atterrir sur le cap Double,
aujourd'hui pointe Riche. Sa route lui fit ensuite
prolonger la côte occidentale de Terre-Neuve, et
le conduisit tout près de l'extrémilé sud-ouest
de cette île, presque à l'ouverturedu large passage
([ui donne accès dans le golfe Saint-Laurent,
entre le cap Ray et le cap Breton. Le mauvais
temps, qui l'obligea de s'écarter de la côte avant
d'y arriver, ^e porta en vue de queloues îles peu
éloignées de ce passage , dont il ne fit alors que
soupçonner l'existence , mais qu'il devait décou-
vrir à la fin de sa seconde campagne. Il fit en-
suite route à l'ouest, et vit le groupe des îles de
la Madeleine; il se détourna pour les visiter;
mais, croyant qu'elles tenaient au continent, il
continua de se diriger à l'ouest , et rencontra la
côte occidentale du golfe Saint-Laurent, qu'il \\-
6ita soigneusement, dans l'espoir d'y tiouver un
— CARTIER
906
passage. Ayant mouillé, le 30 juin, dans le fleuve
des Barques, aujourd'hui la rivière de Mirami-
chi, il se rendit dans un petit port qu'il nomma
Saint-Martin; et ce fut pendant le séjour qu'il
y fit du 4 au 12 juillet, qu'il alla explorer la baie
des Chaleurs. Lorsqu'il se fut assuré qu'il n'y
avait pas d'ouverture, il remit à la voile. Il vint
ensuite mouiller dans la baie de Gaspé, située
très-près de l'embouchure du fleuve Saint-Lau-
rent, et il la prit pour l'entrée d'une rivière. Dans
les fréquents rapports qu'il eut avec les naturels
du pays, il sut leur inspirer une telle confiance,
qu'un de leurs chefs consentit à lui laisser emme-
ner deux de ses fils, à la condition qu'il les lui
ramènerait l'année suivante.
Cette analyse du Journal de Cmtier permet
de suivre facilement ce navigateur dans cette
première partie de son voyage : le Pilote de
Terre-Neuve, publié par le dépôt général de la
marine, a consacré l'authenticité des découver-
tes du célèbre Malouin en inscrivant les noms
qu'il leur avait donnés au-dessous de ceux qui
sont actuellement en usage. Cartier n'a pas été
aussi clair dans sa description de la route qu'il
suivit en revenant de la baie de Gaspé , où , en
signe de prise de possession des vastes contrées
qu'il avait explorées, il planta dans le lieu le plus
apparent, et en présence des sauvages, une croix
de bois, au milieu de laquelle il plaça un écus-
son fleurdelisé, et surmonté de cette inscription :
Vive le roi de Finance! On tient néanmoins pour
certain que , prenant pour un golfe le canal du
fleuve Saint-Laurent, situé entre la rive droite
du fleuve et l'île d'Anticosti , il en traversa l'ou-
verture, et chercha ensuite à pénétrer par le ca-
nal qui passe au nord de la même île. On est
fondé à croire qu'il s'avança jusqu'à la pointe oc-
cidentale, où il vit le canal s'élargir, et où il
éprouva des courants violents qui durent Uù in-
diquer quecétait l'embouchure d'une très-grande
rivière. Voyant la mauvaise saison s'approcher,
et craignant d'être retenu tout l'hiver dans ces
contrées, il revint sur ses pas, franchit ime se-
conde fois le détroit de Belle-Isie, et fit route
pour Saint-Malo, où il arriva le 5 septembre 1 534.
Sur le récit que Cartier fit de son voyage, le roi
ordonna d'armer et d'équiper pour quinze mois
trois navires, dont il lui conféra le commandement
par une commission datée du 15 octobre 1534.
Cette fois, il joignit au titre de capitaine celui
de pilote du roi. Son armement étant entière-
ment terminé à la mi-mai 1535, il réunit ses
équipages le 16 mai, jour de la Pentecôte, dans
la cathédrale de Saint-Malo; et à l'issue de la
messe, l'évêque François Bohier, revêtu de ses
ornements pontificaux, leur donna sa bénédiction.
On mit à la voile le 19, par un beau temps.
Cartier montait la Grande-Hermine, navire de
cent vingt tonneaux, qui. avait pour maistre
Thomas Fromont; à son bord étaient plusieurs
jeunes gens de distinction qui avaient voulu s'as-
socier, comme volontaires , à ses aventures. La
907 CARTIER
VetUe-IIermîne , de soixante tonneaux, qui
était commandée par Marc ou Macé Jallobert,
et qui avait pour malstre Guillaume le Marié ,
était son second navire ; le troisième , le galion
VÉmérillon, était destiné â l'exploration des
endroits où il n'y aurait pas assez d'eau pour les
deux autres. Les veuts, devenus contraires dès
le moment du départ, les séparèrent, et ils ne
purent se rejoindre que le 26 juillet au havre
de Blanc-Sablon , dans le détroit de Belle-Isle,
indiqué comme lieu de rendez-vous en cas de
séparation, et où la Grande- Hermine était
arrivée le 15 du même mois. Le 31 juillet, les
navires donnèrent dans le fleuve Saint-Laurent,
et eurent connaissance du cap Triennol, au-
jourd'hui Mont-Joli. Le lendemain, Cartier,
contraint par un gros temps de se réfugier dans
le port Saint-Nicolas , y planta une croix de
bois pour merche (marque) , en sortit le 7; et
entré le 10 août, jour de la Saint-Laurent, dans
«ne fort belle et grande baie pleine d'îles , il la
nomma Saint-Laurent, aujourd'hui Saint-Jean,
sur la côte sud de Labrador. Après s'être appro-
ché, le 15, de l'île d'Anticosti, qu'il nomma île
de r Assomption, il remonta le fleuve, entra,
îe 1" septembre, dans la rivière de Saguenay,
dont il ne fit que reconnaître l'embouchure; et,
continuant ses explorations, il mouilla le 14,
par deux à trois brasses de fond , dans une ri-
Tière située à douze lieues de Québec, b laquelle
il donna non pas le nom de Jacques Cartier,
comme l'ont dit quelques écrivains, mais celui
de Sainte-Croix , parce qu'il y arriva le jour de
cette fête. Le lendemain , il reçut la visite d'un
chef du pays, nommé Donnacona, avec lequel il
put s'aboucher par l'intermédiaire des deux sau-
vages embarqués l'année précédente dans la baie
de Gaspé , et qui , en France comme dans les
deux traversées , avaient appris un peu de fi-an-
çais ; puis il fit entrer ses deux grands navires
dans la rivière, après avoir faitjplanter des balises
pour les mettre en sûreté. Parti le 19 de la baie
avec VÉmérillon , pour aller-à la découverte du
village d'Hochelaga, sur les ruines duquel a été
bAtie depuis îa ville de Montréal , à plus de cent
Cinquante lieues marines de l'embouchure du
ilcave, il arriva, le 29, à l'extrémité du lac Saint-
Pierre , où il fut arrêté par une barre qui traver-
sait le canal dans lequel il devait passer. Il arma
alors ses chaloupes, sur lesquelles s'embarquèrent
trois de ses volontaires ; et, arrivé le 2 ctobre à
Hochelaga, il visita,le même jour, la montagne
au pied de laquelle était placé le village qu'il
nommd^ Mont- Eo^ al (Montréal). Convaincu que
ce lieu était plus propice que tout autre à îa fon-
dation d'un établissement , il qijitta Hochelaga le
5 octobre; et il était de retour le 11 à Sainte-
Croix, que les équipages de la Grande et de la
Petite-Hermine avaient bien fortilié pendant son
absence, et où il liivcrna. La rigueur et la pro-
longation de l'hiver, le manque de vivres frais ,
bien que les naturels lui en apportassent quel-
908
quefois, lui firent perdre en peu de temps vingt-
cinq hommes de ses équipages. Le scorbut sévit
avec une telle force sur les autres, que , des cent
dix hommes qui lui restaient au mois de février
1536, il n'y en avait pas dix qui ne fussent at-
teints de ce redoutable fléau. Tous y auraient
vraisemblablement succombé, si un moyen ines-
péré de guérison ne leur avait été fourni par un
sauvage qui, les ayant quittés quelque temps
auparavant les jambes enflées et dans un éfeit
effrayant, revint se {>résenter à eux très-bien
portant. Il attribuait sa guérison à l'usage qu'il
avait fait en infusion des feuilles et de l'écorce
d'un arbre que les naturels appelaient Anneda,
et qui n'était autre que l'épinette blanche. Cartier
en fit abattre un qu'il employa au traitement de
ses équipages. Dès qu'ils furent suffisamment ré-
tablis, il fit ses dispositions de départ. Les pertes
qu'il avait faites en hommes l'ayant déterminé à
abandonner la Petite-Hermine, il en retira, le
21 avril, tout ce qui pouvait lui servir à bord
de la Grande- Hermine et de l'Émérillon, et ne
laissa que la carcasse du navire abandonné, car-
casse qui a été retrouvée en 1848, ensevelie dans
un lit de vase {Annales de lu Société historique
de Québec, 1848).
Le 3 mai, autre jour de fête de la Sainte-
Croix, le capitaine fit planter une croix avec
les armes de France et ces mots : Franciscus
prîmus , Dei gratta Francorum rex , régnât.
Enfin, il partit le 6 mai avec ses deux bâti-
ments, emmenant Donnacona et neuf autres
chefs, dont il s'était emparé à l'aide d'un stra-
tagème; parmi eux se trouvaient deux chefs
nommés Taiguragny et Domagaya. C'était, il faut
en convenir, mal payer l'hospitalité qu'il avait
reçue dans le pays. Cette ingratitude ne peut
s'expliquer que par la nécessité de renforcer les
équipages affaiblis de la Grande-Hermine et de
l'Émérillon, ou par le désir qu'aurait eu Cartier
d'enlever aux naturels des chefs capables de con-
trarier ultérieurement les projets des Français,
à moins qu'on admette avec M. Cunat que le na-
vigateur malouin eut pour but, en enlevant les
chefs sauvages , de les habituer à nos usages et
de les amener à embrasser le christianisme, afin
d'introduire, avec leur secours, la civilisation
dans ces vastes contrées. Quelques historiens ,
ont essayé de contester ce fait ; mais il est par-
faitement prouvé par le baptême de trois de
ces chefs, qui eut lieu à Saint-Malo ic 25
mars 1538, et à l'un desquels Cartier servit de
parrain.
Cartier fit route , à son retour, par le canal
qui est au sud de l'île d'Anticosti, et qu'il avait
pris en 1534 pour un golfe. Il vint ensuite cher-
cher le passage qu'il avait supposé , à la même
é[toque, devoir exister au sud de Terre-Neuve;
il le trouva, et compléta , par cette dernière dé-
couverte, celle du fleuve Saint-Laurent. Ses
bâtiments arrivèrent à Saint-Malo le 16 juillet
1536. Les rapports de Cartier, confirmés par le
009
CARTIER
910
témoignage de Donnacona, décidèrent Fran-
çois r' à fonder un établissement dans les pays
qu'il venait de découvrir, et auxquels il avait
donné ou du moins étendu le nom de ISou-
velle-France. Celui qui contribua le plus à
vaincre les longues résistances que ce projet
rencontra à la cour fut François de la Roque ,
seigneur de Roberval , gentilhomme picard , que
le roi, par ses lettres patentes du 15 janvier 1540,
nomma vice-roi et lieutenant général en Cana la,
Hochelaga , Terre-Neuve , Bclle-lsle, Saguenay,
Carpunt, Labrador, etc. Cartier fut chargé, avec
le titre de capitaine général et maître pilote des
vaisseaux du roi , du commandement des cinq
navires destinés h l'expédition projetée; mais
comme on ne put rassembler assez promptement
à Saint-Malo l'artillerie et les munitions néces-
saires, Roberval, en attendant leur embarque-
ment sur deux autres navires qu'il équipa lui-
même , pressa Cartier de partir. Ce dernier mit
à la voile le 23 mai 1541 {Archives de Saïnl-
Malo ) ; et, après avoir essuyé plusieurs tempêtes
qui l'obligèrent à relâcher dans le havre de Car-
punt , les deux navires sous ses ordres y furent
rejoints par les trois {jue Roberval avait armés,
mais qu'il n'accompagnait pas. Enfin , après trois
mois d'une traversée pénible , Cartier arriva , le
23 août, au havre de Sainte-Croix. Étant allé
visiter un havre et une petite rivière à quatre
lieues plus oultre, aujourd'hui la. Rivière Rouge,
et l'ayant trouvée plus commode , il y conduisit
trois de ses na%:res. Les deux autres demeurè-
rent au milieu du fleuve, et débaixpièrent leur
cargaison depuis le 27 août jusqu'au 2 septembre,
qu'ils firent voile pour retourner à Saint-Malo.
Cartier, après avoir renvoyé ces deux navires ,
ainsi qu'il en avait eu l'ordre du roi , et avoir
commencé la consti'uction d'un fort dans le lieu
qu'il nomma Charles-Bourg-Royal, se détermina,
après délibération avec le vicomte de Beaupré et
d'autres gentilshommes, maîtres et pilotes, à
faire un voyage avec deux barques à Hochelaga,
« pour y voir et comprendi'e la façon des saults
« d'eau ( courants ) qu'il y a à passer pour aller
« au Saguenay, afin de se disposer pour le prin-
« temps à passer outre. » En effet, Cartier et
ses gens arrivèrent au premier sault ( courant de
Samte-Marie ), mirent à terre, et se rendirent au
second sault (rapides de Lachine). Mais ayant
appris que le troisième sault (Saint- Louis) était
éloigné de plus de deux lieues , il revint à Ho-
chelaga. A la fin du mois de mai 1542 , Roberval
n'ayant ni paru ni donné de ses nouvelles , et les
vivres commençant à manquer, les hommes mui--
muraient. Cartier, craignant en outre de ne pou-
voir résister aux sauvages , qui se montraient
plus exigeants, mit à la voile pour laFrance, et se
croisadansle havre Saint- Jean avecRoberval, qui
le sollicita, lui ordonna même de revenir avec lui
au Canada. Cartier ne tint aucun compte de ces in-
jonctions, et, poursuivant sa route, il arriva heu-
reusement à Saint-Malo, où, le 21 octobre lo42, il
tenait sur les fonts baptismaux la fille du lieute-
nant gouverneur de la ville.
Quoiqu'on ait écrit que Cartier fit au Canada
un nouveau voyage qui dura huit mois, et qu'il|fut
ramené en France par Roterval , il semble plus
certain qu'il ne reprit plus la mer, et qu'il n'eut
avec le vice-roi d'autres rapports que ceux sus-
cités par le procès auquel donna lieu l'accusation
portée par ce dernier au sujet de l'emploi des
sommes données sur l'épargne royale pour les
frais de l'expédition de 154t. Les commissaires
de l'amirauté, qui, à la demande de l'accusé,
examinèrent sa gestion, déclarèrent, le 21 juin
1544, que, loin d'avoir malversé, il avait consa-
cré à l'armement une partie de ses ressources per-
sonnelles, et ils lui donnèrent gain de cause sur
tous les points du débat. Depuis son retour à
Saint-Malo jusqu'à l'année 1552, où l'on perd
sa trace, Cartier vécut, soit à Saint-Malo, soit
au village de Limoilon , dont il prenait le titre
de seigneur en vertu des lettres de noblesse
que lui avait conférées François 1", et où il
avait fait bâtir une jolie maison de campagne
qu'on désigne encore sous le nom de Les Por-
tes-Cartier.
Le récit des découvertes de Jacques Cartier
est spécialement consigné dans les ouvrages sui-
vants : Brief récit et succincte narration de la
navigation faicte, es îles de Canada, Uoche-
lage et Saguenay et aultres , et particulière-
ment des mœurs, langages et cérémonies d'hor
bilans d'icelle ( anon yme ) ; Paris, Ponce Raffet,
1545, petit in-8"; édition originale et très-rare
de cette relation ; — Discours du voyage de Jac-
ques Cartier aux terres neufves de Canada,
Norimbergue, Hochelage, Labrador et pays
adjacens, dites Nouvelle-France, en 1534;
Rouen, Raph. du Petit-Val, 1598, petit in-8°.
L'éditeur de ce discours n'ayant pu se procurer
le texte original français publié en 1.545, l'a tra-
duit, dit-il, d'une langue étrangère, probable-
ment de la version italienne qui fait partie de la
collection Ramusio. M. Ternaux donne à ce vo-
lume la date de 1595. Le journal des deux pre-
miers voyages de Cartier se trouve encore dans
le tome in de la collection italienne de Ramusio ,
Venise, 1565, in-foL, et àiLns V Histoire de la
Nouvelle-France de Marc Lescarbot. Le soin
qu'a pris ce dernier éditeur de toujours faire par-
ler Cartier à la troisième personne a donné lieu
de douter que ce navigateur ait lui-même écrit
son journal. On trouve dans sa relation quelques
endroits obscurs. Toutefois elle renferme des
observations utiles , et, bien que l'auteur ait usé
du droit que se sont arrogé les voyageurs d'as-
socier le merveilleux à la vérité , elie conserve
toujours de l'iutérêt aux yeux des marins, soit à
cause de la gloire qu'a eue Cartier de faire les
découvertes qui y sont mentionnées , soit parce
que sa navigation, conçue sur un très-beau plan,
a été exécutée avec courage , persévérance , ha-
bileté et' succès. On peut voir le précis dé son
9ii
troisième voyage dans le 3« volume de la collec-
tion de Hackluyt; 1600, in-fol. P. Levot.
Archives de la marine et de la ville de Saint-Malo.
~ M. Cunat, Histoire inédite de Saint-Malo et ses
annotations à l'article Cartier de la Bioyraphie bre-
tonne. — yoyages de découvertes au Canada, entre
lès armées 1534 et 1S42, par Jacques Cartier, le sieur de
Roberval, Jean-Alphonse de Xainlonge, etc., réimprimés
sur d'anciennes relations, et publiés sous la direction de
la Société historique et littéraire de Québec ; Québec
(William Cowan), 1843. — M. Lescarhot. Histoire de la
Non velle-trance.
CAKTSEa ( GaZ^, théologien et canoniste alle-
mand, de l'ordre des Bénédictins, qui vivait en-
core en 1754. Il fut sous-prieur d'Ettenheim dans
le Brisgau, ensuite professeur de théologie et
consulteur de la congrégation de l'index. On a
de lui : Tractatus de auctoritate et infallibi-
litate summorum pontificum, auctore Matth.
Petit-Didier, latinitate donatus, etc.; Augs-
bourg, 1727, in-8° ; — Tractatus théologiens
de S. Scriptura; ibid., 1736, in-8"; — Aiictoi
ritas et irifallibilitas summorum pontificum
in fidei et morum quasstionibus defi,niendis
stabilita ; Augshourg, 1738, in-4", contre Bén.
Bossuet et Henr. Tournely. Il a aussi composé
une Theologia universalis , in-4°, gros vol.,
mais qui n'était pas encore imprimé en 1754.
Ziegelbauer, Historia litteraria ordtnis S. Benedicti.
CA.RTÎE.R (Louis-Vincent), médecin français,
né en 1768 à Saint-Laurent-de-iMûre, enDauphiné;
mort à Lyon le 13 janvier 1839. Il était interne
à l'hôtel- Dieu de Lyon, lorsque cette ville fut
prise par les armées de la république. Obligé de
fuir pour se soustraire à l'échafaud, il fut atta-
ché comme chirurgien à un régiment de l'armée
des Alpes. De retour à Lyon, il fut nommé chi-
rurgien aide-majoi-, puis chirurgien de l'hôpital,
où il fit des cours d'anatomie, que suivit l'illus-
tre Bichat. La vie de Cartier fut entièrement
consacrée à la pratique de la médecine. On a de
lui : Précis d'observations de chirurgie faites
à V hôtel-Dieu de Lyon ; Lyon, 1802, in-8°; —
Discours sur Vesprit qui doit diriger le ma-
nuel des opérations de chirurgie; MA., 1804,
in-8''; — Médecine interne appliquée aux opé-
rations chirurgicales; ibid., 1807, in-8°; —
Éloge de Marc-Antoine Petit; ibid., 1811,
tn-S"; — Remarques sur le traitement des
fièvres muqueuses à caractères ataxiques;
ibid., 1822, iu-8''.
IJe Monlherot, Éloge de Cartier; Lyon, 1839, in-S". —
Quérard. France littéraire.
CiRïiGNY {Jean), théologien llamand, de
l'ordre des Carmes, né vers 1520, mort à Cam-
bra', en 1580. 11 fut professeur de théologie à
Bruxelles dans le couvent de son ordre, dont il
devint prieur. En 1564 , il était à Rome délégué
de sa province au chapitre général. Il est auteur
d'nn roman intitulé le Voyage du chevalier
errant; Anvers, 1557, in-8°: c'est le même ou-
vrage que le Chevalier errant égaré dans la
forêt des vanités mondaines, dont si noble-
ment il fut remis et redressé au droit chemin
cjui mène au salut éteriiel; Anvers, 1595, in-12.
CARTIER — CARTOUCHE 912.
On a encore de lui des Commentaires sur l'É-
criture sainte, et un Traité des quatre fin.-; de
rhom?ne; Amers, 1558, 1573, in-16.
Lenglet-Diifresnoy, Biblloth. des Romans. — Sainle-
Palaye, Mémoires de l'ancienne chevalerie. — L'Esprit
des journaux, juin 1781, p. 236. — i,a Croix du Maine-,
Biblioth. française. - De Villiers, Biblioth. Carmelita-
rum, t. I, p. 809,
*CARïiLius, jurisconsulte romain, vivait
dans la première moitié du premier siècle. 11 est
fait mention de lui dans le Digeste, où son avis sur
une question controversée est cité par Proculus.
C'est encore sur lui que s'appuie Ulpien dans un
autre passage. On ne doit pas le confondre avec
un autre jurisconsulte appelé Catilius, et con-
temporain de Trajan.
Digeste, XXVIII, tit. V; ibid., XIII.
CARTISMANDUA OU CARTIMANOUA, rcinc
des Brigantes, dans la Grande-Bretagne , vivait
sous l'empire de Claude, vers l'an 50 de J.-C.
Elle embrassa le parti des Romains, leur livra
son propre gendre le brave Caractacns, quitta
Vénusius, son mari , contre lequel elle appela les
armées romaines, et s'abandonna à de criminelles
amours. Vénusius, ayant levé des troupes, força
l'infidèle princesse à chercher un asile dans le
camp des Romains. Ceux-ci mirent fin à la que-
relle en prenant possession du territoire des Bri-
gantes.
Tacite, Ann., XII, 36, <,Q;Hist., III, 4S.
*CARTOLi (Eîistache), poète italien, vivait
dans la première moitié du dix-huitième siècle.
On a de lui : Sonetti diversi ; Vlormcc , 1730,
in-8°.
Adelung, suppl. à Jôclicr, Jllgem. Gelehrten-Lexicon.
CARTOUCHE ( Louis-Dominique ), né à Paris
vers 1693, mort le 28 novembre 1721, a eu le
triste avantage de léguer son nom à la postérité
comme celui du voleur le plus habile des temps
modernes. Né d'une famille parisienne d'artisans
qui jouissaient d'une honnête aisance, il fut dès
son enfance chassé pour des larcins reconnus,
d'abord du collège où on l'avait placé, puis de
la maison paternelle, où l'on avait espéré en vain
réformer ses penchants vicieux. Livré alors à
lui-même, ce jeune homme alla trouver une
bande de voleurs qui exploitait la Normandie.
Son audace, ses ruses, sa force prodigieuse et
son adresse le firent bientôt admirer de ses com-
plices, qui le choisirent pour leur chef. Mais déjà
Cartouche ne trouvait plus la province digne de
ses talents , et ce fut dans la capitale qu'il vint
les exercer. Il y forma une troupe de bandits
très-nombreuse, et qui fut sous peu de temps très-
redoutée. Il lui avait donné des règlements qui
assuraient au chef un pouvoir despotique, et lui
conféraient sur chacun de ses subordonnés le
droit de vie et de mort. Toutefois Cartouche,
dont l'âme n'était point naturellement féroce, ré-
pandait rarement le sang, soit des siens, soit de
ceux qu'il dévalisait. Ses vols midtipliés n'en
inspirèrent pas moins une terreur profonde aux
bourgeois de Paris, assez mal protégés parla
mz
CARTOUCHE — CARTWRIGHT
914
police de ce temps. Quoiqu'une forte récompense
eût été promise à celui qui le livrerait à la jus-
tice, il sut se dérober longtemps à toutes les
irecherches. Arrêté enfin dans un cabaret de la
Courtille, il parvint à s'évader des prisons du
Dhâtelet en perçant un mur qui communiquait
\ la cave d'une maison voisine ; mais, aperçu
oar un des habitants qui donna l'alarme, il y fut
épris sur-le-champ, et placé dans un cachot
mieux surveillé. Le procès de ce bandit fameux
lura plusieurs mois, et excita vivement la cu-
riosité publique. Condamné à être rompu vif,
1 subit le supplice préparatoire de la question
ians rien avouer; mais cette force morale l'aban-
lonna aux derniers moments, et, quelques ins-
tants avant son exécution en place de Grève , il
it l'aveu de tous ses crimes.
Une circonstance singulière, et même unique
Ians les annales de la justice criminelle, signala
m jour de sa mort. Le poëte-comédien Legrand,
|ui, comme beaucoup d'auteurs de notre temps,
;tait à l'affût de toutes les circonstances qui
louvaient offrir le prétexte d'un ouvrage dra-
natique, avait composé pendant la durée du pro-
ès une comédie en 3 actes, intitulée Cartouche.
j'autorité la laissa représenter, pour la première
«is, le jour même où ce malheureux expirait
Éans les tortures ; inconvenance bien digne du
i|ouvernement de la régence. Quatre ans après,
un autre comédien-auteur, Grandval, publia un
Boëme ayant pour titre : Cartouche, ou le Vice
mini, espèce de parodie des plus beaux pas-
sages de la Henriade , auquel le souvenir en-
Bore récent du héros procura lui certain succès.
ucs ouvrages sont oubliés aujourd'hui; mais
e nom de l'homme qui les inspira est resté po-
julaire. « Cartouche commença par voler des
épingles ! » dit-on à un enfant chez lequel on
peut craindre des dispositions au larcin; et la
mention faite encore de ce brigand fameux s'as-
socie ici à une leçon morale des plus expressi-
ves. [Enc. des g. du m.]
Uesessarts, Procès famexix jugés avant et depuis la
révolution, 2^ vol. — Histoire de la vie et du procès du
fameux Louis- Dominique Cartouche et de plusieurs de
ses complices.
CARTWRIGHT (Edmond), frère de Jean
Cartwright , poète et inventeur anglais , mort en
1824. Destiné à l'état ecclésiastique, il s'y fit d'a-
bord remarquer par son talent dans la prédica-
tion. Plus tard, il se distingua par ses poésies et
son esprit inventif. Parmi ses compositions poé-
tiques, publiées en un petit volume, on remarque
«ne ballade intitulée Armyne and Elvïra.
'En 1807, parurent ses Letters and sonnets on
interesting subjects, adressées à lord John
iRussell. Il écrivit aussi des Nouvelles, et pen-
Idant plusieurs années il travailla au Monthlij-
\Revietu. Dès l'année 1785, Cartwright, que l'An-
gleterre pon-vait compter parmi les esprits les
plus cultivés, avait acquis un autre titre à l'es-
time de ses concitoyens par ses inventions en
mécanique, particulièrement en ce qui concer-
nait l'art de peigner et tisser la laine. Ces inven-
tions furent jugées si utiles que le parlement ac-
corda à leur auteur une gratification de 10,000 li-
vres sterling.
Annual Hegister. — Gorton, Cener. bioij. dict.— Rose,
New biogr. Dict. — Conversutions-Lexibon.
CARTWRIGHT {George), voyageur anglais,
né en 1739 à Marsham, dans le comté de Not-
tingham, mort en 1819. De 1766 à 1782, il fit
plusieurs voyages au Labrador, et st^journa seize
ans parmi les Esquimaux; il amena même à Lon-
dres six de ces sauvages, dont cinq moururent
de la petite vérole au moment ofi Cartwright
allait les reconduire dans leur patrie. On a de
lui : Journal of transactions and events du-
ring a résidence of nearly sïxteen years on
the coast of Labrador, etc.; Newarl», 1792,
3 vol. in-4°. On y trouve des observations cu-
rieuses sur les habitants et sur l'histoire naturelle
du Labrador.
Galerie hist. des Contemp.
CARTWRIGHT (Jean), écrivain politique an-
glais, frère du précédent, né à Marsham en 1740,
mort le 25 septembre 1825. Il servit d'abord
dans la marine anglaise, fit plusieurs campagnes,
et devint lieutenant de vaisseau. Partisan déclaré
des colons révoltés d'Amérique, et ne voulant
pas soutenir contre eux les intérêts de la métro-
pole , il entra dans la milice du comté de Not-
tingham, et obtint le grade de major ; mais ses
liaisons avec les hommes les plus influents de
l'opposition lui firent donner son congé. Dès lors
il se retira dans le comté de Lincoln, où il avait
acquis des propriétés, se fivra avec ardeur à la
pratique et à la théorie de l'agriculture, et enri-
chit les recueils périodiques de nombreuses
communications. Arrêté à Hudersfield , en jan-
vier 1813, sous la prévention d'avoir excité du
tumulte, il ne tarda pas à être relâché. Les écrits
de Cartwright, dont on peut voir l'énumération
dans les Mémoires de sa vie , publiés par sa
nièce , sont très-nombreux. En voici les princi-
paux : l'Indépendance de l'Amérique consi-
dérée comme utile et glorieuse à la Grande-
Bretagne; 1774, in-4'' ;— Lettre à Ed. Burke,
sur les principes de gouvernement qu'il a for-
mulés dans la séance du 9 avril 1774; 1775,
in-8°; — Lettre au comte d' Arlinghton ; 1777,
in-8°; — Évidence pour la conscience ; 1784,
in-8''; — Lettre au duc de Newcastle; 1792,
in-8°; — Lettre à un ami de Boston et aux
autres membres des communes qwi s^sent as-
sociés pour la défense de la constitution;
1793, in-8° ; — la Communauté en péril, 1795,
in-8'' ; — Lettre au grand Shérif du comté de
Lincoln ; 1795, in-8° ; — le Moyen de défendre
constitutionnellement V Angleterre au dehors
et au dedans; 1796, in-8°; — Appel à propos
de la constitution anglaise; 1797, in-8°; —
l'Égide de l'Angleterre, ou Force militaire de
Vetnpire britannique ; 1803-1806, 2 vol. in-12;
— l'État actuel de la nation anglaise ; 1805,
915 CARTWRIGH
in-8"; — Arguments en faveur de la réforme ;
1 809, in-S" ; — Comparaison des trois réformes,
la réforme pour rire, la demi-réforme, la ré-
forme constitutionnelle; 1810, in-8°; la
Constitution anglaise retrouvée et mise en lu-
mière; 1823, in-8°.
Miss CartwTight, P^ie et Correspondance du major
Gartwright. — Gorton, Biographical dictionary. —
Rose, New bioq. Rict.. — Annual register.
CARTWRiGHT ( Jean), voyageur anglais, vi-
vait au commencement du dix-septième siècle.
Il fit en 1610 un voyage en Asie, et visita surtout
la Perse. On a de lui une relation sous le titre :
(Sartwright or the Preachers travels, dans le
tom. II de Purchas, Pilgrimages. Un court ex-
trait s'en ti-ouve à la page 232 et suiv. de la Persia,
sive Reyni Persici status variaque itinera in
atque per Persiam, cum aliquot iconibus in-
cotorMîïi, édition des Elzevirs ; Leyde , 1633 et
1647. Il existe une traduction hollandaise de l'o-
riginal.
Adelung, suppléra. à Jôclier, Allgem. Gelehrten-Lexic.
CARTWRIGHT {Thomas), théologien puritain
anglais, né vers 1535, dans le comté de Hertfort ;
înort en 1603. Il enseigna la théologie à l'uni-
versité de Cambridge; mais comme il professait
des principes contraires à la hiérarchie sacerdo-
tale, les évéques réussirent à le faire expulser.
11 passa sur le continent, revint en Angleterre ,
eut la hardiesse de publier quelques écrits qui
alarmèrent le gouvernement, quitta de nouveau
le royaume, y rentra au bout de cinq ans , fut
arrêté, et mis en prison comme séditieux. Déli-
vré par le crédit de quelques-uns de ses protec-
teurs, il fut encore emprisonné à diverses repri-
ses. Ses principaux ouvrages sont : Ansioer con-
cerning churcWs discipline; 1575, in-4°; —
Metaphrasis et homilise in librum Salomonis
qui inscribitur Ecclesiastes ; Londres, 1604',
in -4" ; Amsterdam, 1647, in-4°; — A bodtj of
divinittj ; MA., 1616, in-4°; — Commentarii
succincti et delucidi in proverbia Salomonis ;
Amsterdam, 1617 et 1638, ïn-4°; — Commen-
taria practica in totam historiam evangeli-
cam, ex quatuor evangelistis harmonice con-
cinnatam; 1630, in-4". Le même ouvrage, sous
le titre : Harmonia evangelica commentario
anahjtico, metaphrastico , practico illus-
trata, etc.; Amsterdam, 1647, in-4''.
Moqrapkia Britannica. — Gorlnn, Biographical Dic-
tionary.
CARTWRIGHT ( William), poète anglais, né
vers 1611, mort le 22 décembre 1643. Il entra au
collège du Christ, à Oxford, en 1628, et en 1638
il fut reçu dans les ordres. Nommé professeur de
métaphysique, il succomba, jeune encore, à une
fièvre épidémique qui fit de grands ravages à Ox-
ford, n avait composé des tragi-comédies et des
pièces de vers, que ses amis recueillirent et pu-
blièrent en 1651 (Londres, in-8°), huit ans après
sa mort. Cartwright est un écrivain sensible et
pur : il laisse à désirer poar la mélodie, il man-
que de force; mais 0 a plus de goût que la pres-
T — CARUS
91i
que totalité de ses contemporains. On remarqu
parmi ses œuvres les pièces intitulées Ordinary
a comedij ; Ladij errant, a tragy-comedy ; Roya
slave, a tragy-comedy ; Siège or Love' s con
vent, a tragy-comedy.
Rétrospective Review , IX, 160. — Rose, iV^eiy Biogra
phical Diction. — Baker, Biog. dramat. - Campbell
Spécimens.
CARUS (Marcws-lMreWîw), empereur romain
surnommé Persicus, natif de Narbonne, selon Au
relius Victor, Eutrope, et d'autres; de Milan, se
Ion Vopiscus ; mort vers la fin de l'année 283
Il fut proconsul de Cilicie, puis préfet du pré
toire sous Probus, qui lui confia plusieurs expédi
lions, et demanda même au sénat, en récompens
des services de son heutenant, l'érection d'uni
statue et la construction d'une maison aux frais
du trésor public. Lors du meurtre de Probus i
Sirmium, en 282, Carus fut élu à sa place pa
les soldats, et cette élection fut confirmée par h
sénat. On éleva, il est vrai, contre le nouve
empereur des soupçons à l'occasion de cette
mort violente de Probus; mais Vopiscus soutient
avec beaucoup d'apparence, que le caractèn
rnême de Carus répugnait à une si noire ingra
titude. Après avoir écrit au sénat qu'il tâcherait
en raison de sa qualité de Romain, de faire rnieuî
que les empereurs originaires des provinces, 1(
nouvel empereur créa Césars, vers l'an 283, set
deux fils Carin et Nuraérien. Il envoya le pre-
mier contre les barbares, qui jugeaient le mo-
ment favorable pour piller les provinces placées
dans leur voisinage; et Carin fit du côté du Rhin
quelques campagnes heureuses. Carus lui-même
combattit et vainquit les Sarmates qui avaieni
envaiii l'Illyrie, menacé la Thrace et l'Italie. Il
leur tua seize mille hommes, lit vingt mille pri-
sonniers, et allait pousser plus loin peut-être ses
succès, lorsque les mouvements des Perses lo-
bligèrent de tourner d'un autre côté ses armes.
11 se fit accompagner dans cette expédition par
son fils Nmnérien, pendant que Carin restait
chargé du gouvernement de l'Italie, de l'Illyrie,
de l'Afi'ique, et des autres provinces d'occident.
L'administration de ce prince fut marquée par de
tels actes de tyrannie, que Carus, en les appre-
nant, s'écria que « ce n'était pas là son fils. »
La campagne de l'empereur contre les Perses
fut glorieuse. Ils avaient alors pour roi Bahram
ou Vararane H, et l'on raconte que les ambassa-
deurs de ce prince trouvèrent un jour Carus
dans sa tente, sous le grossier manteau du sol-
dat, se nourrissant d'un peu de lard rance et de
quelques mauvais pois. On ajoute que, jetant
en leur présence le bonnet qui couvi-ait sa tête
chauve, il jura qu'il laisserait sur le sol de la
Perse moins d'arbres encore qu'il ne lui restait '
de cheveux. C'est là ce qui donne à la fois une
idée de son caractère énergique et de la sim-
plicité de ses habitudes, qui rappelaient la vieille
frugalité romaine. Des dissensions intestines mi-
rent les Perses dans l'impossibilité de résister,
!)17
CARUS
918
;t Carus conquit la Mésopotamie , prit Séleucie
iît Ctésiplion ; et déjà il méditait de porter bien
ju delà ses conquêtes, lorsque la mort le vint
5Ui'prendre. On n'est pas bien fi\é sur la cause
le ce trépas soudain; la plus probable est la
trahison. D'après le rapport adressé au préfet do
dôme par son secrétaire Junius Calpurnius, il
nourut d'une maladie ordinaire, mais pendant
jne tempête; c'est-à-dire qu'on le fit sans doute
lisparaître à la manière de Romulus, sans ajou-
;er qu'il passa au rang des dieux. On soup-
;onna du meurtre de Carus Arrius Aper, mis
» mort lui-même sous Dioclétien, pour avoir fait
)érir Numérien. Carus peut être compté parmi
es bons empereurs.
Vopiscus, Ca7'ii!<. — Aurelius Victor, XXXVIll, — Zo-
tiare, XU, 30. — Hiitrope, IX, 12. —Le Nain de Tillemoiit,
Hist. des empereurs, UI, 440 et suiv. — Chateaubriand,
Études /iistoriq7ies.
CARUS {Frédéric- Auguste), théologien pro-
testant allemand, né à Bautzen le 27 avril 1770,
mort à Leipzig le 6 février 1807. Il avait fait de
bonnes études de philosophie et de tliéologie,
lorsqu'il fut appelé à une place de prédicateur,
et plus tard à une chaire de philosophie à Leip-
zig. A partii' de cette dernière nomination, il se
voua presque exclusivement à la philosophie, et
se restreignit, pour mieux en embrasser la par-
tie qu'il affectionnait le plus, à l'histoire de la
philosophie et à la psychologie. Mais la mort l'en-
leva dès l'an 1807, à la force de l'âge, et au mo-
ment où ses vues, plus fortes et plus originales,
-. allaient se séparer plus nettement des doctrines
de Kant, qui l'avaient d'abord fasciné, comme
la plupart de ses compatriotes. Ses ouvrages de
philosophie, pubUés après sa mort, forment G vo-
lumes in-8°; ce sont : 1° Éléments de psycho-
logie, 1 vol. ; — Histoire de la psychologie ,
1 vol.; — Histoire de la psychologie des Hé-
breux, 1 vol. in-4° ; — Idées sur Vhistoire de
la philosophie, 1 vol.; — Idées sur l'histoire
de l'humanité, 1 vol. Carus avait publié, soit
dans le Magasin de FuUeborn, soit à part, des
mémoires sur les sources de la cosmologie, sur
Anaxagore,surles doctrines d'Hermotime de Cla-
zoraène, etc. Le plus remarquable de tous les
ouvrages de ce philosophe est sa Psychologie
des Hébreux. Ce n'est pas un travail complet,
ce n'est même qu'une esquisse ; mais le sujet est
si important, si bien saisi, et traité avec une in-
teUigence si profonde du génie de ce peuple, l'un
des plus célèbres dans l'histoire des doctrines
morales, qu'il restera comme un monument. Ca-
rus, en suivant les progrès de la psychologie d'une
nation peu philosophique, nous fait assister, pour
ainsi dire, au berceau et aux développements
les plus populaires de la science. Un collègue
de Carus, Schott, a fait son éloge sous ce titre :
Recitatio de Cari virtutibus atque meritis.
[ M. Matter, dans YEnc. des g. du m.}
Schott, Recitatio de Fred.-Aug. Cari virtutibus atque
meritis; Leipzig, 1808.
^ CARUS {Charles-Gustave) , médecin et na-
turaliste allemand, naquit en 1780 à Leipzig, où
son père avait un atelier de teinture. 11 fit ses
études au gymnase et à l'université de sa ville
natale. Suivant les intentions de ses parents, il
devait surtout se livrer à l'étude de la chimie, afin
de pouvoir exploiter un jour avec plus d'avantage
la profession de teinturier. Mais Carus prit tant
de goût à l'anatomie, qu'il fit bientôt de la mé-
decine sa principale occupation. II devint en 1811
professeur suppléant à l'université de Leipzig, et
débuta dans sa nouvelle carrière par un cours
sur l'anatomie comparée, qui jusqu'alors n'avait
pas encore de chaire spéciale. Malgré tout l'in-
térêt avec lequel il se livra à cette étude, à celle
des accouchements, ainsi qu'à l'histoire des ma-
ladies des femmes et à leur traitement, il cultiva
encore avec succès la peinture, à laquelle il s'é-
tait adonné depuis l'année 1811.
Le dévouement avec lequel il soigna les ma-
lades de l'hôpital français établi en 1813 à Pfaf-
fendorf, près de Leipzig, lui attira une maladie
très-grave, qui le rendit pour longtemps incapa-
ble de tout travail scientifique. En 1815, lors
de l'organisation de l'Académie chirurgico-mé-
dicale à Dresde , il y fut appelé comme profes-
seur et directeur de la clinique d'accouchement ;
en 1827, il fut nommé médecin du roi de Saxe,
avec le titre de conseiller intime et médicinal,
charge qu'il remplit encore aujom'd'hui avec
distinction. Il accompagna, en 1829, le prince
Frédéric-Auguste, aujourd'hui roi, dans ses voya-
ges en Suisse et en Italie. Les cours qu'il fit, en
1827, sur l'anthropologie, et, en 1829, sur la
psychologie, ajoutèrent considérablement à sa
réputation. M. Carus s'est aussi fait connaître
(chose si rare pour un savant) par un talent réel ■
pour la peinture. Plusieurs de ses tableaux, et
notamment ses paysages, sont recherchés des
amateurs.
Les principaux ouvrages de M. Carus sont :
Versuch einer Darstellung des N ervensystems
und insbesondere des Gehirns (Essai sur le
système nerveux, et particulièrement le cerveau) ;
Leipzig, 1814, in-4°; — Lehrbuch der Zooto-
mie { Manuel de zootomie ), avec vingt planches
gravées par lui-même; Leipzig, 1818; — Lehi--
buchder Gynxkologie (Manuel de gynécologie),
2 vol.; Leipzig, 1820; 2^ éd., 1828; —Erlàu-
terungstafeln zur vergleichenden Anatomie
{ Tables explicatives pour l'anatomie comparée),
3 vol. ; Leipzig, 1826-1831, in-4°;— Veber den
Blutkreislauf der Insecten (sur la Circulation
du sang chez les insectes); Leipzig, 1827; —
Grundzilge der vergleichenden Anatomieund
Physiologie { Précis de l'anatomie comparée et
de la physiologie), 3 vol.; Dresde, 1828 ; — Ve-
ber die Urtheile des Knochen und Schahje-
riister (des Opinions émises sur la charpente
osseuse, etc.); Leipzig, 1828, in-fol.; — Vor-
lesungen ueber Psychologie (Leçons de psy-
chologie); Leipzig, 1831; — Briefe ueber
Landschaftsmalerei (Lettres sur la peinture
919 CARUS —
en paysages; Leipzig, 1831;— Symbolik der
menschlichen Gestalt, 1853 (Symbolique du
visage de l'homme); livre dans lequel, résumant
les travaux faits à cet égard depuis les Grecs et
depuis Porta jusqu'à Lavater et Gall, l'auteur
montre que les formes de chaque partie du
corps, dans chaque individu, fournissent pour
l'hygiène , et pour la connaissance de l'état phy-
sique et moral, des données souvent précieuses.
[Enc. des g. du m., avecaddit.]
Conversations- Lexicon. — Callisen, Medicinisches
Scàrifleller-Lexicon.
CA.RUSO {Charles), jorisconsulte italien, na-
tif de Girgenti, mort le 25 novembre 1690. Ses
principaux ouvrages sont : Praxis circa mo-
dum procedendi in criminalibus , etc.; Pa-
lerme, 1655, in-fol.; souvent réimprimé avec
des additions du fils de l'auteur; — Praxis
circa modum procedendi in civilibus super
rituregni Siciliw ; ibid., 1705, in-fol.
Mongitore, Bibtioth. Sicula.
CARuso {Jean-Baptiste), historien itaUen,
né à Polizzi, près de Palerme, le 27 décembre
1673; mort le 13 octobre 1724. Il se livra d'a-
bord à l'étude de la philosophie, qui le conduisit
au scepticisme. Mais d'après les conseils du
P. Mabillon, qu'il vit dans un voyage à Paris, il
abandonna cette direction pour ne plus s'occuper
que d'études historiques ; il fouilla les archives
et les bibliothèques de la Sicile , et en tira des
monuments précieux. On a de lui : Memorie
istoriche délia Sicilia, dal tempo de' suoi pri-
mieri abitatori sino alla coronazione del re
Vittorio-Amedeo ; Paieriae , 1716-1745, 3 vol.
in-fol. ; — Historiœ Saraceno-Siculsc varia Mo-
numentu, insérés dans le t. I" des Reruni Ita-
licarum Scriptores de Muratori ; — Biblio-
theca historica Sicilise, seu historicorum de
rébus Siculis a Saracenorum invasione ad
Aragonensium principatum coUecfio; Pa-
lerme, 1720-1723, 2 vol. in-fol.
Fabricius, Conspectus thesauri litter. Italiœ. — Gior-
nale de' Letterati d'italia.
CARUSO {Jérôme), historien et poète italien,
natif de Vitulano , vivait dans la première moitié
du dix-septième siècle. On a de lui : V Istoria
in ottava rima, nella quale si racconta il
verissimo successo del miserabile assedio e
arresa délia città di Vercelli.
Toppi, Bibliotheca Napoletana.
*CAR€so {Joseph), poète italien, natif de
Palerme, vivait au milieu du dix-septième siècle.
On a de lui : la Misa d' Oreto, ovvero F Odio
placuto, egloga; Palerme, 1651, in-8°.
Mongitore, Bibliotheca Sicula.
CARVAJAL ou CARAVAJAL {JeanoE), cardi-
nal espagnol, évêque de Placentia, né vers 1399 à
ïruxillo, dans l'Estramadure; mort à Rome le
6 décembre 1469. Il fut successivement auditeur
de rote, gouverneur de Rome, légat, et, en récom-
pense du zèle qu'il déploya au concile de Bàle
dans la défense des intérêts de l'Église, il reçut
la pourpre des mains d'Eugène IV, on 1446.
CARVAJAL 99
Nommé légat à diverses reprises en Allemagn.
et en Bohême par les successeurs de ce pontife
il fit preuve d'une grande habileté, combattit le
erreurs des hussites , fut exposé à leur ressenti
ment, et contribua au succès mémorable que l'ar
mée chrétienne obtint en 1456 sur les troupe,
de Mahomet l".
Ersch et Graber, ^llgem. Encyel.
CARVAJAL {Bernardin de), prélat espa^
gnol, né à Palencia vers 1456, mort le 13 dé
cembre 1523. Il fut successivement évêque d'As
torga, de Badajoz, de Siguença, de Placentia ei
de Carthagène, et reçut, en 1493, le chapeau d(
cardinal des mains d'Alexandre VI. Nommé eu
1411 ambassadeur à Rome par le roi Ferdinand V.
il se prononça pour le roi Louis XII et l'empe-
reur Maximilien contre le pape Jules II, et pro-
voqua la réunion du concile de Pise. Jules II
s'en vengea en le traduisant devant le concile de
Latran. Carvajal, excommunié et rayé du nombre
des cardinaux, se retira à Lyon, revint en Italie
après la mort de Jules II, fut arrêté et conduil
à Civita-Vecchia par ordre de Léon X, et n'ob-
tint sa liberté qu'après avoir sollicité à genoux
la rémission de sa faute dans un consistoire tenu
en 1513. Il rentra même dans toutes ses digni-
tés, et obtint l'évêché d'Ostie. On a de lui des ser-
mons et des discours, dont nous ne citerons que
les suivants : Oratio ad Sixtum IV, et cardi-
nalium elogium; — Oratio habita nomine
catholicorum reguni ad Alexandrum VI ; ~
Oratio de eligendo Summo Pontijice; Rome,
1492.
Antonio, Biblioth. kispananova. — PaulJove, E!o-
gia. — Oldouin, Atkenaeum Romanum. — Bembo, Epist
Pontif., m, ep. 22. — Fabroni, P^ita Leonis X. —
Guichardin; vol. XI, 38.
CARVAJAL. {François de), capitaine espa-
gnol, né vers 1464, mort en 1548. Il se fit remar-
quer à la bataille de Pavie et au sac de Rome en
1527, servit depuis en Amérique, où l'avait con-
duit l'amour des richesses, et contribua à la vic-
toire de Chupas, que Vaca de Castro, gouverneur
du Pérou, remporta sur le jeune Almagro. S'é-
tant rangé du côté de Gonzalès Pizarre, il devint
l'âme de son parti. Fait prisonnier avec lui en
1548, il fut condamné à être pendu. Il avait alors
quatre-vingt-quatre ans. « On ne meurt qu'une
fois,» s'écria- t-il à son dernier moment. Carvajal
ressemblait bien à ces premiers conquérants du
nouveau monde ; vaillant et rusé, mais cruel
à l'excès. Plus de 20,000 Indiens, devenus ses
esclaves, succombèrent, dit-on, sous le poids des
travaux dont il les avait accablés.
Robertson, Hist. 0/ America. — Fritsch, Allgem. his-
torisclies Lexicon.
CARVAJAL {Laurent-Galindez de), juris-
consulte espagnol, né en 1472 à Placentia, en
Estramadure; mort à Burgos le 27 novembre
1527. Il fut professeur de jurisprudence k Sala-
manque, et conseiller du roi Ferdinand V et de
la reine Isabelle; prit part à la régence du royau-
me, du temps de Ximeuès, et fit révoquer le
,21 CARVA.TAL -
ilîstanient de Ferdinand le Catholique. On a de
li : AddUiones a los vaiwies illustres de Fer-
an-Perez de Gîizman; 1517, in-fol. Les au-
Ires ouvrages de Carvajal sont restés nianus-
rits.
Antonio, BibUoth. Mspana nova. — Ersch et Orubcr,
'Ugem. Encyclop.
CARVAJAL (/eflw), officier espagnol , mort
a 1546. Comme son parent, il suivit la carrière
es armes, et servit en Amérique. Officier dans
i province de Venezuela lorsque l'empereur
Charles-Quint céda ou plutôt vendit ce terri-
Wireà la famille Welser d'Augsbourg, il fit as-
■îssiner le second gouverneur envoyé par cette
imille, et fabriqua de fausses lettres patentes
ui le nommaient lui-même à cette place. Cliar-
îs-Quint, informé de cette usurpation , envoya
n nouveau gouverneur, qui fit pendre Carvajal.
Robertson, Hist. de Charles-Quint. — Idem, JJist.
'Amérique.
* CARVAJAL {Tomas-José-Gonzalen), homme
'État et littérateur espagnol, né à Séville le 21
écembre 1753, mort le 9 novembre 1834. En
785, et après avoir été reçu docteur en droit, il
B rendit à Madrid, où il se Hvra à des travaux
ttéraires; en 1790, il fut employé dans le secré-
iriat des finances pour les Indes, et plus tard
ommé officiai dans la même administration
onr l'Espagne. Chargé en 1795 de l'intendance
es nouvelles colonies fondées dans la Sierra-Mo-
ena et en Andalousie, il s'acquitta avec sagesse
le cette mission. En 1807 il revint à Séville, et
n 1809 il entra dans l'armée espagnole avec le
itie d'intendant. Son activité dans ces fonctions,
fuil remplit dans divers corps jusqu'en 1811, le
irent nommer en 1812 président de la junte des
Inances, et en 1813 secrétaire d'État au même
lépartement. Son amour des lettres et des scien-
ces le porta ensuite à solliciter la direction, qu'il
)btint , des études de San-lsidoro. Il fut persé-
iuté à la restauration , arrêté et destitué , puis
©terne à Séville, où il profita des loisirs forcés
'on lui faisait, pour se livrer uniquement aux
lettres. Les événements de 1820 lui rendirent la
lirection des études de San-lsidoro ; il fit partie
in même temps de la junte de censure, et en
1821 du conseil d'État. En 1829, il fut chargé de
Iresser les règlements relatifs à l'administration
militaire ; il devint ensuite successivement mem-
bre du conseil supérieur de guerre en 1833, du
conseil des Espagnes'^t des Indes en 1834, enfin
pair du royaume. Outre plusieurs écrits sur l'ad-
ministration miUtaire, on a de lui : los Salmos ;
Valence, 1819, 5 vol., souvent réimprimé depuis :
les Espagnols regardent cet ouvrage comme un
de leurs chefs-d'œuvre ; — los Libros poeticos
de la Santa Biblïa; Valence, 1827, 6 vol. ; —
Opuscules inédites en prosa y verso; Madrid,
1847, 13 volumes.
Conversations- Lexicon.
CARVALHO {A7itoitie), théologien portu-
igais , de l'ordre des Jésuites, né à Lisbonne en
!J590, mort en 1650. Il fut professeur de théolo-
CARVALHO 922
gieetde philosopliie àÉvora, puis à Coïmbro. On
lui attribue : Si conviene que los predicadores
reprehendan principes y ministros ; Lisbonne,
1627; — des Commentaires sur Xa Somme de
saint Thomas.
Alcfranibo, Ilibliotit. srriptorum Societ. Jesu.— An-
tonio, liiblioth. Iiispana nona.
CARVALHO ( Antoinc-Monis de), piibliciste
portugais, vivait dans la première moitié du
dix-septième siècle. On a de lui : Francia inte-
ressada cen Portugal en a separacion de
Castilla ; Barcelone, 1644, in-8°.
Anlonio, /iibliot, hispana nova.
CARVALHO ( DomJHîçî^c), général portugais,
mort en 1604. Il servit avec distinction dans les
Indes orientales. Employé par le vice-roi de Goa
dans diverses expéditions sur les côtes du golfe
de Bengale, il avait remporté des succès sur les
Indiens Mogores et les troupes du roi d'Aracan,
lorsque le roi de Chaudecan, alUé des Portugais,
dont il réclamait les secours, le livra à ce même
roi d'Ai-acan, quile fit mourir.
Mnlte-Brun, Traité de géogr. ; Introduction ).
CARVALHO {Jean ), canoniste portugais,
vivait dans la première moitié du dix-septième
siècle. Il fut professeur de droit canonique à
Coïmbre. On a de lui : De quarta falcidia et
légitima, et in Cap. Reynaldi de Testamen-
tis; Coïmbre, 1631.
Antonio, Bibliolh. hispana nova.
* CARVALHO {Jese da Silva), homme d'État
portugais, né, le 19 décembre 1782, à Castel-
branco, province de Siéra; mort le 3 février
1845. Avocat poursuivi pour ses principes libé-
raux, il fut nommé en 1810 juge de première ins-
tance, puis juiz des orfaos (juge chargé de
veiller sur les orphelins) et rapporteur au con-
seil de guerre de Coimbi-e en 1814. Il prit une
part active à la révolution de Porto, et fut nommé
membre de la régence provisoire ; puis main-
tenu jusqu'à l'arrivée du roi Jean VI, qui le
nomma ensuite ministre de la justice. La réac-
tion absolutiste le renversa en 1823, et il se ré-
fugia en Angleterre, où il resta jusqu'à l'avènement
de dom Pedro; mais dom Miguel l'exila une se*
conde fois, quand il parvint à s'emparer de la cou-
ronne. Carvalho profita de son séjour à Londres
pour y préparer l'expédition de l'empereur, qui
l'avait nommé du conseil de régence institué pour
gouverner jusqu'à la majorité de sa fille dona Ma-
ria. Il parvint par ses négociations à faire interve-
nir l'Angleterre dans la question, et, combinant
avec le capitaine anglais Napier le système d'atta-
que par mer, réussit à amener le triomphe de
son souverain. Après avoir rempli les fonctions de
président du tribunal de justice et de la guerre,
il devint ministre des finances, et conserva son
portefeuille jusqu'en 1836, époque à laquelle ime
révolution le renversa , au nom de la constitu-
tion de 1820. L'Angleterre le reçut une troisième
fois en proscrit; et ce n'est qu'à la suite de la ré-
volte de Porto en 1842, qu'il rentra en grâce et
fut nommé conseiller d'État : il remplit ces fonc-
923
CÂRVALHO
9Î
tions avec éloge, et contribua puissamment à ré-
gulariser le système financier de son pays, jusqu'à
ce qu'une maladie l'enleva au milieu de ses tra-
vaux. T. Albert. B.
Ferdinand Denis, Hist. du Portugal, dins i'Cnivers
pittoresque. — Concersations-Lexicon.
CARVALHO <^Laitrent-Perès) , canoniste por-
tugais, vivait à Lisbonne à la fin du dix-septième
siècle. On a de lui ; Enucleatïones ordinum
vùiitarium thpartitee, pênes triplicem quses-
tionem ventilatam corani senatu reyio Liisi-
taniée, pro cansis eoriimdiim. ordinum de-
lecto, etc. ; Lisbonne, 1693, in-fol.
Adelung, supplément à Jocher,^??aeme»nes Gelehrten-
Lexicon.
CARVALHO {Luiz Alonzo de), littérateur
espagnol, de Tordre des Jésuites, mort en 1630.
On a de lui : Cisno de Apollo de Varie poetica;
Medina-del-Campo, 1602, in-8'; — Antigue-
dades y cosas mémorables del principado de
Asiurias ; Madrid, 1695, in-foL
Antonio, Bibloth. hispana nova.
* CABVALHO (Miguel de), missionnaire por-
tugais, né en 1580, mort après 1624. Carvallio fit
ses études théologiques à Coîmbre, puis il passa
en Orient, et se trouvait déjà aux Indes orienta-
les dès 1602. Il appartenait à l'ordre des Jésuites,
et prit la résolution de se rendre au Japon au
moment où commençaient les persécutions con-
tre les chrétiens. Aforc« de persévérance, il par-
vint à pénétrer jusqu'à Nangasaki; il y prêcha,
et, selon les biographes, sa moisson fut trop abon-
dante pour qu'il n'excitât pas l'inquiétude des
autorités : il fut jeté dans un cachot, et il mou-
rut bientôt sur un bûcher. Ce sont les lettres du
martyr qui ont été publiées en 1624, et dont la
plus importante a pour titre : Carta ao padre
provincial de carcerede Omura, escrita a do
feverciro 1624. F, D.
Barbosa Macbado, Bibliotheca Lusitana. — Jorge Car-
doso, .4giologio Lusitano, 3 toI. pet. in-foL
CARVALHO Y MELLO. Toy. POîlEAL.
CARVALHO {Tristan- Barbosa de), écri-
vain ascétique , vivait au comm.encercent dn dix-
septième siècle. Son principal ouvrage est : Ra-
millete del Aima y jardin del Cielo.
Antonio, Eiblioth. hispana nova,
CARVALHO (Yalentin) , missionnaire portu-
gais, de l'ordre des Jésuites, né en 1560, mort en
1631. On a de lui : Supplementum annuarum
epistolarum ex Japonia, anno 1600 ; — Annuas
litterœ ex Sinis, anno 1601 etc. ; Rome , 1603 ,
ln-8°.
Âlegambe , Bibliath. Seriptorum societatis Jesu. —
Antonio, Biblioth. hispana nova.
CARVALHO DA COSTA (Antonio) , géo-
graphe et mathématicien portugais , né à Lis-
bonne en 1650, mort le 15 décembre 1715. Cet
écrivain laborieux avait la plus chétive appa-
rence et naquit même contrefait , ce qui donna
lieu à plus d'un jeu de mots comme on en faisait
tant jadis dans la Péninsule, sur la faiblesse
apparente du nouvel Atlas qui s'était donné pour
mis.sion de porter le monde, ou plutôt de le d
crire. Carvallio da Costa embrassa la vie eccl
siastique ; et il fit de bonne heure sa principa
étude des mathématiques et de la cosmographi
sans toutefois négUger les autres branches (
savoir humain. Le vaste travail qu'il entrepi
parait avoir absorbé la plus grande partie de :
longue carrière; et de nos jours encore, lorsqi
l'on veut se faire une idée exacte de la topogr
phie ancienne du Portugal , c'est à son li\Te q\
l'on a recours; il est intitulé Chorograph
Portugueza e descripçao topographica do/t
nioso reyno de Portugal, etc.; Lisbonne, t.
1706; t. U, 1708; t. m, 1712, in-4<'.
Carvalho da Costa parait avoir lutté toute :
vie contre la misère : il se trouvait dans un t
dénùment lorsqu'il mourut, que le tiers ordi
se vit contraint de le faire enterrer par cliarit
Cet écrivain ne s'en est pas tenu à la chorogr;
phie portugaise; Barbosa Machado donne
titres de plusieurs autres ouvrages. F. D.
Barbosa Machado , Bib. Lus. — César do Figaniér
Bib'.iogr. hist.
CARVALHO DA PERADA ( Antoine ), thé<
logien et controversiste portugais, né en 1595
Sordoal, dans le diocèse de Guarda; mort à Li
bonne le 12 décembre 1615. Api'ès avoir étud
la théologie à Coimbre, il remplit successivemer
les charges d'archiprêtre de la cathédrale d
Lisbonne , de procureur ou délégué du cleig
portugais près de la cour de >Iadrid, et de gare'
des archives royales du Portugal, dites Torre a
tomba. Il fut aussi protonotaire apostolique. O
a de lui : Bialogos sobre a vida e morte (
Bartholomen da Costa, etc.; Lisbonne, 1611
in-4'; — Discurso politico. Si conoiene al gc
vierno espiritual de las aimas , o al tempe
rai de la republica, aprovarse el modo depre
dicar do repi'ehender allas principes y su
7nin?sfros; Lisbonne,1627,in-8°: cet ouvragea et
faussement attribué au jésuite Antoine de Car
valho par Antonio dans sa Bibliotheca hispan>
nova; — Justificào dos Portuguezes sobre .
accùo de libertarem seu reyno da obediencii
de Castella ;Lisbonne, 1643, in-4°; — Arte d^
regnar; Bucellas, 1644, in-fol. On a encore d(
lui en manuscrit, dans la bibliothèque royale d
Lisbonne : Discurso sobre o officio deprovedor
Rarbosa Machado, Bibliotheca lusitana.
CARVALHO-viLLASCOAS {Martin), écrivaii
politique portugais, vivait dans le seizième siècle
il exerça la profession d'avocat à Milan. On i
de lui': Espejos de principes y minisfro'i
adressés ad Ranucciiim Farnesium, Panna
diicem ; Milan, in-4°.
Anto.-iio, Biblioth. hispana no va.
^CARVALHO {Antonio- Sunez), bibliographe
portugais, né vers la fin du dix-huitième siècle.
Après avoir fait de brillantes études, il devini
l'un des plus savants professeurs de l'université
de Coîmbre : il a occupé dans cette ville une-
chaire de philosophie rationnelle et morale, eu;
)25
CARVALHO
oignant à cet enseignement un cours de juris-
irudence civile. M. Carvalho a visité la France
t l'Angleterre, et ses investigations lui ont acquis
le rares connaissances en bibliographie. Lors de
'abolition des ordres monastiques en Portugal ,
. a été chargé de recueillir les livres que ren-
erniaient les divers monastères que l'on venait
e supprimer, et il en forma le vaste dépôt du
^mvent de San-Francisco. Pendant son séjour
Paris, il a pubhé un livre précieux pour l'étude
es sciences géographiques au seizième siècle ; il
st intitulé : Roteiro de dom Joam de Castro
'a viagemque fizeram os Portuguezes ao Ma-
0X0 no anno de 1541, commandados pela go-
ernador da India D. Estevam da Gama;
'aris, 1833 , in-8°, avec un atlas composé de
li\-sept cartes et fig. M. Carvalho occupe au-
ourd'hui la chaire de droit romain à l'université
,e Coïmbre.
On doit à M. J.-A. de Carvvlho e Menezes,
uteur encore vivant, une brochure intitulée
4emoria geographica e politicadas possessoes
lortugiiesas na Africa occidental que diz
espeto aos reinos de Angola, Benguela e suas
lependencias, etc.; Lisbonne, 1834, in-8°.
i F. D.
CARTALHO. Voy. FrEIRE DE CaRTALHO
Liberato).
* CARVAM ( Christophe ) , prédicateur por-
icugais, de l'ordre des Dominicains, vivait dans la
jremière oioitié du dix-septième siècle. Il fut
qualificateur de l'inquisition. On a de lui : Ser-
moens t'Oîios; Florence, 1629.
Barbosa Machado, Biblioth. Lusitana.
CARVE ( Thomas ), écrivain irlandais, né en
1590 ou plutôt en 1589 dans le comté de Tip-
perary, mort en 1664 (1). Prêtre catholique, il
accompagne, en qualité d'aumônier, un régiment
formé d'Irlandais et d'Anglais expatiiés que l'Em-
pereur avait pris à son service ; il fit plusieurs des
campagnes de la guerre de trente ans. Il em-
ploya les loisirs que lui fit la paix à la rédaction
de divers ouvrages historiques. Vers la fin de
sa vie, nous le trouvons établi à Tienne, et revêtu
du titre At protonotaire apostolique. Ses écrits,
dénués de critique, renferment des faits curieux ;
et comme ils intéressent l'histoire des trois
royaumes, et que leur rareté est extrême, les bi-
bliophiles d'outre- Manche se trouvent heureux de
les acquérir à des paix excessifs. Voici leurs
tihes : Itinerariiim , divisé en trois parties;
Mayence, 1639 et 1641; Spire, 1646 : la première
partie fut réimprimée en 1640; l'ouvrage complet
s'est payé jusqu'à 21 livres sterUng ; il contient
le récit des allées et venues de Carve à la suite du
régiment que commandait Walter Devereux. Une
traduction allemande, publiée à Mayence en 1640,
est précieuse en ce qu'elle renferme vme conti-
nuation en neuf chapitres ; — Lyra, seu Anace-
phalœosis Hibernica; Vienne, 1651, in-4°; Sulz-
(0 Dans un livre imprimé en 1671; Carve dit avoir
qnatre-Tingt-denx ans.
— CAR VER 926
bach, 1666 : la seconde édition diffère beaucoup
de la première. Ce livre est un tableau des
mœurs des Iriandais, et de leur histoire depuis
1148 jusqu'à 1650; — Responsio veridica ad
illotum libellum , Sahbach; 1672; écrit à.peine
connu, et dirigé contre un livre pseudonyme
composé par un moine irlandais , Antoine Bruo-
dine. G. 13.
Ware, de Scriptoribtts Hibernix , 1730. - David Clé-
ment, Bibliothèque curieuse , t. VI, p. 323-326. — Uibdin,
Librury companion , 1824, p. 244. — BibliQflteca Cren-
viliana, p. 118.
CARVER (John), colonisateur anglais, mort à
New-Plymouth (État des Massachusets ) en avril
1621 (1). Il était de la secte des brownistes, qui
avait formé une association fraternelle à Yar-
mouth. Persécutés par Elisabeth, les brownistes
se retirèrent à Leyde. La crainte que leurs en-
fants n'adoptassent les idées hollandaises , les
décida ensuite à émigrer en Amérique. Car-
ver fut délégué à cet effet auprès de la compa-
gnie de la Virginie (2), et obtint la cession d'un
vaste territoire dans la Nouvelle- Angleterre ; puis
il sollicita une promesse royale assurant aux
brovNTiistes le libre exercice de leur croyance; ce
qu'il obtint par la protection du chevaher Ro-
bert Hanton, qui fit comprendre à Jacques 1"^ que
les persécutions religieuses n'avaient d'autres ré-
sultats que de dépeupler et d'affaibUr les royau-
mes. Carverarma ensuite deux navires : le Maij-
Floiver, de 180 tonneaux, et leSpeedivell, de 60,
à bord desquels il embarqua cent deux colons ; il
mit à la voile de Southampton le 5 août 1620.
Le mauvais état du Speedwell le força d'aban-
doimer ce navire ; et, après un pénible voyage, il
aborda, le 9 décembre, sur une plage déserte près
du cap Cod, par 41° 59' de lat. N. et 72° 54' de
long. O. Bien qu'ils fussent au nord de leur des-
tination et hors des limites de la compagnie, les
brownistes résolurent de rester en ce lieu, qu'ils
nommèrent New-Plymouth (3) ; ils élurent Car-
ver gouverneur pour une année. Celui-ci traça le
plan de la nouvelle ville, fit ensemencer les champs
voisins , forma une mihce, et fit une alliance avec
Massasoit, le chef indien le plus puissant de la con-
trée. Il mourut de fatigue et de maladie, au milieu
de ses travaux de colonisation. A. de L.
Purchas, Pilarimages, IV, ch. 4. — Hubbard, New-
Enaland, ch. 9. — Mizards, Hist. collections. 1, 110 ( Agré-
ment bcticeen the setlers and New-Plymonth). — Smith^
General History of A'eir-England, t. VI. — Princes,
JVew England chronology, part. I,an 1620. — Vantcnac,
Histoire de la Marine, II, 297.
CARVER {Jonathan), voyageur anglais, né
en 1732 à Stillwater, dans le Coimecticut ; mort
le 31 janvier 1780. Il abandonna l'étude de la
médecine pour entrer comme enseigne dans un
régiment d'infanterie, et fit toutes les campagnes
(1) Et non en 1623, comme le dit la Biographie universelle.
(2) Elle avait été modifiée, le 3 novembre 1630, par une
charte de Jacques l^f, et portant le nom de conseil de
Plymouth.
(3 Cet endroit était nommé Patuxet par les Indiens,
New-Plymoulh est la plus ancienne ville de la Nouvelle
Angleterre. C'est maintenant le cbef-liea da comté.
927 CARVER —
à la suite desquelles les Anglais restèrent maîtres
du Canada. A la paix, il forma le projet de visiter
l'intérieur de l'Amérique jusqu'à l'océan Paci-
fique. Parti de Boston en juin 1766, il y revint en
octobre 1768, après avoir fait plus de deux mille
lieues, et mit en ordre sa relation. De retour en
Angleterre, il ne fut pas accueilli comme il le
méritait. Faiblement indemnisé des dépenses qu'il
avait faites dans l'intérêt du commerce, il accepta
le chétif emploi de commis dans un bureau de
loteiie, pour faire vivre sa famille. Les priva-
tions qu'il fut obligé de s'imposer hâtèrent le mo-
ment de sa mort. On a de lui : Travels throwjk
the interior parts of North America in the
rjears 1766, 1767 and 1768; Londres, 1774,
1778, 1780 ; — A treatise on the culture of the
tabacco plant; ibid., 1779, in-8".
Lettsom, Account \preflxed to Carver's Travels. —
Gentleman's Magazine.
*CARViNO ( Vitus ou Guy), historien italien,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. On a de lui : De origine, antiquitate et
statu civitatis Erycis; Palerme, 1687, in-4''.
Âdciiing, suppl. à Jôcher, Allgem. GelehrU-Lexic, —
Bader, Bibliotkeca historica.
CABY (Félix), antiquaire français, né à Mar-
seille le 24 décembre 1699, mort le 15 décembre
1754. « Il avait, dit l'abbé Barthélémy, un beau
« cabinet de médailles, et une précieuse collection
« de livres assortis à son goût. « En 1752, il fut
nommé correspondant de l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres. On a de lui : Disser-
tation sur la fondation de Marseille, sur
Vhistoire des rois du Bosphore cimmérien, et
sur Lesbonax, philosophe de Mitylène; Pa-
ris, 1744, in-12 ; — Histoire des rois de Thrace
et de ceux du Bosphore cimmérien, éclaircie
par les médailles ; Paris, 1752, in-4°. C'est son
ouvrage le plus important. Il avait laissé manus-
crit un dictionnaire provençal avec les étymolo-
gies; malheureusement ce travail est perdu. Les
médailles du cabinet de Cary ont été achetées
pour le cabinet des médailles et antiques de la
Bibliothèque impériale.
Dictionnaire de la Provence et du Comt.at-f^enaissin.
— Le Bas, Dict. encyc. de la France.
CARY ( Henri), traducteur anglais, comte de
Monmouth, mort le 13 juin 1661 ; il traduisit en
anglais quelques ouvrages français et italiens.
Wood, Athense Oxonienscs.
*CAUY (Henri-François), traducteur et bio-
graphe anglais, mort en septembre 1844. Sa pre-
mière production littéraire fut une ode composée
à quinze ans, et qui avait pour sujet les malheurs
de la Pologne. A Oxford, où il fit ses études, il
s'appliqua surtout aux langues modernes, publia
des traductions estimées, et s'exerça avec succès
dans le genre biographique. Il a été enterré à West-
minster, dans l'enceinte réservée aux poètes.
On a de lui : l'Enfer de Dante, traduit en vers
blancs, 1805 ; — une traduction de la Divine Co-
médie, avec des notes historiques et bibliographi-
ques ; — une traduction des Oiseaux d'Aristo-
CARYOPHILE
m
phane ; — une traduction des Odes de Pindar(
— Vie des poètes anglais, pour faire suite à ce
les de Johnson; — Vies des anciens poètes fra,
çais, dans le London Magazine; — des éditioi
de Pope, Cowper, Milton, Thompson, Young.
London Magazine. — Annual Register and Obituar
— Dict. de la Conversation.
CAUY (Robert), chronologiste anglais, né (
1615 dans le Devonshire, mort en 1688 à Port:
mouth; il fut curé de cette dernière ville, et ei
suite archidiacre d'E^eier. On a de lui : Pal3e<
logia Chronica; Londres, 1677, in-fol.
Rose, Tiaw biographical Dictionary. — Wooi, Alhen
Uxonienses. — Biographia Britannica.
CARYL (Jean), poète anglais, né dans le coml
de Sussex, mort après 1715 en France. Ferver
catholique, il fut secrétaire de la reine Marit
Béatrix, femmedu roi Jacques II, et resta touj oui
fidèle à la famille Stuart, qu'il suivit en 1688 dan
son exil en France. Le roi l'avait créé chevalier, (
lui avait conféré les titres de baron de Dartfor
et comte de Caryl. Il fut l'ami intime de Pop(
auquel il donna l'idée de son petit poëme th
Râpe of the Loek, qui eut pour sujet la querel!
entre miss Femor et lord Pedres, qui avait coup
à cette dame une boucle de ses cheveux. On
de lui : the Englîsh Princess, or the Death q
Richard III, tragédie; 1667, in-4°; — Si
Salomon Single, or the Cautions coxcomb, co
médie; 1671, in-4°, — the Psalms oj David
translated from the Vulgate ; 1700, in-12. On .
encore de lui différentes traductions, par exempl
celle des Épltres d'Ovide, celle de la Lettre dt
Briséis à Achille ; — la version de la premièn
Églogue de Virgile, daiis Nicho, Select collectioi
of Miscellans Poems, vol. II, p. 1, et d'autre.'
traductions dece genre, dans John Dryden, Setcd
Works.
Adelung, supplément à Jôchêr, Allgem. Gelefirten
Lexicon. — Rose, New Biographical Dictionary.
CARYL, (Joseph), théologien anglais non con-i
formiste, né à Londres en 1602, mort en 1672.
Il eut quelque célébrité comme prédicateur.
Cromwell l'employa à diverses négociations pen-
dant les guerres civiles. Obligé de se cacher après
la restauration de 1660, Caryl passa dans l'obs-
curité les dernières années de sa vie. Son prin-
cipal ouvrage est : un Commentaire âur Job, 2
vol. in-fol. et 13 vol. in-4°, plusieurs fois réim-
primé.
Wood, Athenx Oxonienscs. — Neal, Puritans.
CARYOPHBLE OU CARiOPHYLE (Jean-Mat-
thieu), prélat et humaniste grec, né dans i'ile
de Corfou, mort à Rome vers 1639. Après avoir
étudié à Rome dans le collège des Grecs, il ren-
tra dans son pays ; mais il revint bientôt à Rome,
où il enseigna dans le même collège. )1 entra en-
suite successivement au service des cardinaux
Pierre Aldobrandini, Louis Ludovisio et François
Barberini, tous trois neveux de papes. Le second
de ces cardinaux procura le titre d'archevêque
d'Icône ou Cogni dans l'île de Candie, à Caryo-
phile, qui leconservajusqu'àsa mort. On ade lui :
)29 CARTOPHILE — CASA
>. Nili junioris vita , grance et latine; Rome,
1624, 111-4" ; — Noctes Tusculanx et Raven-
iates,grsece et latine, variocarminum génère;
lome, 1625, in-S"; — Confutatio Nili Thes-
alonicensis De primatic papx, graece et la-
ine; Paris, 1626, in-S"; — Epistolx Themis-
oclis, en grec, publiées pour la première fois sur
111 manuscrit de la bibiiotlièque du Vatican, avec
es variantes et une traduction latine ; Rome,
626, in-4», reproduites dans l'édition de Franc-
jrt, 1629, et dans celle de Leipzig, 1710, in-8°,
ar les soins de Schottgen, qui s'est appliqué à
rouver l'authenticité de ces lettres ; — Chaldseœ
3U ethiopicx linguse Institutiones ; Rome,
S30, in-8° ; — Refutatio pseiido-christiame
itechesis édita; a Zachario Gergano Grxco,
'•œce et latine; Rome, 1631, in-4°; — Cen-
tra confessionis fidei, seii potius perfidiae
ilvinianse qiise siib nomine Cyrilli patriar-
ïse Constantinopolitani édita circumfei-tur,
lime et grsece; Rome, 1631, in-8°; — Dot-
■ina cristiana del cardinale Bellarmini , en
alien et syriaque; Rome, 1633, in-8°. — Tous
s autres ouvrages de Caryophile sont sans date,
'Js sont : Notas ad exercitationes Casauboni
i Baronium cum Eudaemonis Johannis
zripto , grœce et latine; — le Concile de
rente, traduit en grec; — Georgii Scholarii
rationes III de pace ad Grœcos , dans l'é-
ition du Concile de Florence; — Josephi
Jiscopi Methonensis responsio ad Ubellum
^arci Ephesini; en grec et en latin; Rome,
1-4° ; — Gregorii Protosyncelli Apologia ad-
rsus Marci Ephesii epistolam, en grec et en
tin, dans l'édition du Concile de Florence;
ome, in-4° ; — Catena grœca Procopi in Can-
cum Canticorum , en gi-ec ancien et en grec
loderne;— Cencilium Florentinum, en grec
en latin; Rome, in-4''; — Pro defensione
mcilii Florentini, attribué longtemps à Gen-
îdius ; Rome, in-4°.
Léo Allatius, Jpes urbanse. — Richard et Giraud, Bi-
iothèque sacrée. — Jôcher, ^llg. Gelehrten-Lexicon-
*CARiOPHYLLUS {Pascal), médecin alle-
land, vivait dans la première moitié du dix-
ailième siècle. On a de lui : de Usu et Praes-
mtia Thermarum Herculanarum, qux nuper
Dacia Trnjani détectée sunt àissertatio
mstolaris; Vienne, 1737, in-4''; Mantoue,
739, in-4°, et Utrecht, 1743, in-4°. L'auteur
ante ces eaux comme efficaces contre les mala-
ies syphilitiques.
Adeliing, suppl. à Jôcher, Allgem. Celeh.-Lexicon.
CARTOPHIL.US. Voy. Garofalo.
*CARTSTIIIS (KapuCTTioç), grammairien grec
e Pergame, vivait dans la seconde moitié du se-
3nd siècle. On lui attribue les ouvrages sui-
ants : IiTopixà vno\i.yri[ioiTa. Athénée a souvent
uisé dans ce livre ; — Ilepl StôaaxaXiwv : c'est
compte-rendu des drames grecs; — Jlept
930
wxàSoy : c'est un commentaire sur le poète
otades.
Athénée, V, IX, XII, XIII et XIV.
NOUV. BIOGR. UNIVERS. — T. VIII.
CAS\ {Jean della) , célèbre poëte italien , né
dans le pays de Mughello, aux environs de Flo-
rence, le 28 juin 1503 ; mort à Rome le 14 no-
vembre 1556. Il appartenait à une famille illus-
tre de Florence. Conduit dans son enfance à Bo-
logne, il y commença ses études, les continua à
Padoue,et revint à Florence en 1524. Il eut alors
pour maître dans l'art poétique Ubaldino Ban-
dinelli. A Rome, où il se rendit ensuite, il se livra
quelque temps aux plaisirs, eut un fils qu'il nomma
classiquement Quirino; puis, en 1538, il prit l'ha-
bit ecclésiastique. Cependant il n'avait pas né-
gligé les affaires et les études sérieuses. En 1540,
il fut envoyé à Florence en qualité de commis-
saire apostolique pour y lever les dîmes pontifica-
les, et fut admis en même temps parmi les mem-
bres de YAcademia Fiorentina, nouvellement
fondée. En 1542, il reçut du pape Paul m le titre
de clerc de la chambre, et en 1544 il fut ap-
pelé à l'archevêché de Bénévent; plus tard, il fut
chargé de la nonciature de Venise et de la négo-
ciation d'une alliance entre cette république, le
pape , les Suisses et le roi Henri II de France,
contre Fempereur Charles-Quint. Della Casa se
fit remarquer alors par son talent oratoire, quoi-
que sa mission n'aboutît point. Il réussit mieux
dans le zèle qu'il déploya contre Paul Vergerio,
évêquede Capo-d'Istria, accusé de luthéranisme,
et qu'il obUgea de se réfugier en Allemagne. -
Après la mort de Paul m en 1549, della Casa
fut rappelé de Venise; peu en faveur sous lenou-
veau pape Jules in, il vendit sa charge de clerc
de la chambre pour dix-neuf raille écus d'or ^à
Christophe Cencio,et seretira à Venise,qu'i] appe-
lait ville bienheureuse; c'est là qu'il composa la
plupart de ses ouvrages. L'avènement de Paul IV
motiva le retour de della Casa à Rome. On pen-
sait qu'il y obtiendrait la pourpre ; mais la re-
coimnaTidation de la France nuisit à sa candi-
dature ; peut-être aussi le souvenir des poésies
licencieuses composées par della Casa dans sa
jeunesse ne fut-il pas étranger à son échec,
d'ailleurs trop mérité. Sauf ce dernier reproche,
il avait de l'originalité dans son style, en même
temps qu'il y savait allier la gravité et le na-
turel. Il s'exerça dans la prose aussi bien que
dans la poésie latine et italienne. Ses ouvrages
sont : des CapitoU, imprimés pour la première
fois avec quelques pièces licencieuses de Bernî,
de Mauro et d'autres ; Venise, 1 638, 1545, 1 564 :
c'est dans ce recueil que se trouvait le fameux
Capitolo del Fo7-no, dont Bayle, d'après VAnti-
Baillet de Ménage, a osé reproduire quelques
vers, et qui a été justement reproché à della Casa,
quoiqu'il s'en fût justifié comme d'un simple
jeu d'esprit; — Galateo, trattato de' Costumi;
Florence, 1560, in-8°, d'abord imprimé en 1558,
avec le discours à Charles-Quint, dans un vo-
lume (intitulé le Rime, très-souvent réimprimé
depuis et traduit en diverses langues ( c'est un
cours de politesse plutôt que de morale, dit
M. Ginguené); — dej'Zi U/ftzi comrmmi tra gli
30
931
CASA — GASABIANCA
932
amici superiori e inferiori : c'est la traduction
italienne de son traité latin de Officiis inter po-
tentiores et tenuiores amicos, ouvrage complé-
mentaire du précédent ; Florence, 1561 ; Naples,
1560, avec les autres ouviages de Casa : « ces
ouvrages se recommandent par l'élégance de
la diction, et par un choix d'expressions qui pa-
rut presque aussi heureux que dans Boccace,
malgré tout ce qu'on reprochait au Casa de
maximes froides , de proverbes vulgaires, d'in-
terrogations coupées et fatigantes. » ( Ginguené ,
Histoire littéraire de l'Italie); — Orazione
per miiovere i Veneziani a collegarsi con il
papa, col re di Fraiwia e con gli Svizzeri, con-
tro Viinperador Carlo V ; Paris, 1667, in-S",
édité par Ménage avec les autres écrits en prose
de Casa; — Latina monumenta, recueil où
l'on remarque les Vies de Bembo et de Can-
tarini, et des morceaux traduits de Thucidide
et de Platon ; Florence, 1564, in-4°. — Les œu-
vres complètes de Jean délia Casa ont été pu-
bliées par l'abbé Casotti sous ce titre : Opère
di mons. Giovanni délia Casa, con una co-
piosa giuntadi scrïttxire non piii stampate;
Florence, 1707, 3 vol. in-4'', et plus tard à Ve-
nise, 1728 et 1729, 5 vol. in-4'', et 1752, 3 vol.
in-4°. Cette dernière édition, la plus complète
de toutes, est distribuée en trois parties : la pre-
mière contient les Rime ou poésies, avec les notes
de l'abbé Forettini , tirées de Quattro-Manni , de
Severino, de Calopiese, de Ménage, de Salvini;
la deuxième, les lettres, et la troisième; les ou-
vrages latins.
Casotti, P^ie de délia Casa, en tête de l'édition de
Florence, 1707. — Tiraboschi, Storia délia Letteratura.
— Nicéron, Mémoires, XII. — Ginguené, Histoire litt.
de l'Italie, VII, S33, et IX, 199,326, 329.— Ménage, ^nti-
Baillet. — Bayle, Dict. (art. la Mothe-U-Fayer). —
Ghilini, Teat. d'Vomini letterat. — Erscti et Gruber,
AUgemeine Encyclop. — D. Cléracnt, Bibliot. curieuse,
VI, 326. — Negri, Scritt. Florent. — Gundling, Disqiiisitio
an J. Casa crimen psederastix defenderit, dans les Ob-
servationes selectœ ; Francfort, 1797, in-8», I, p. 120. —
Sax, Onomast. literar.
CASA.BÎANCA ( Louis), marin et homme po-
litique français, né à Bastia vers 1755, mort le
l"^"" août 179S. Il entra jeune au service de la ma-
rine. Il s'y était fait remarquer par sa bravoure
lorsqu'il fut nommé par son département député
à la convention nationale, où il vota la détention
de Louis XVI. Passé au conseil des cinq-cents,
il y appuya en différentes circonstances les me-
sures proposées par le Directoire pour l'organi-
sation de la marine. A l'expiration de son man-
dat, il reprit son service militaire, et fit partie de
l'expédition d'Egypte comme capitaine de pavil-
lon de l'amiral Brueys, qui montait le vaisseau
t Orient. Appelé pendantquelques instants à rem-
placer son général, coupé par un boulet à la
funeste journée d'Aliouldr, il venait, à son tour,
d'être mortellement blessé à la tête par un éclat
de bois, quand le feu prit à VOrient. Tous les ef-
forts qu'on fit pour l'éteindre ayant été inutiles,
le fils de Casablanca, enfant de dix ans, qui don-
nait les plus grandes espérances, et qui, depuis
le commencement du combat, faisait des prodi-
ges de valeur, refusa de se sauver dans une clia-
loupe, pour ne pas abandonner son père. Cepen-
dant il était parvenu à se placer sur un mât jeté
à la mer; il s'y trouvait, ainsi que l'intendant de
l'escadre, lorsque VOrient sauta en l'air avecnn
fracas horrible, et engloutit les trois malheureux,
F, Levot.
jVonit. univ. — Biog. moderne.
CASABiAWCA ( Raphaël , comte de ), général
français, frère du précédent, né àVescovato, en
Corse, le 27 novembre 1738, mort à Bastia 1(
28 novembre 1825. Il était d'une noble et an-
cienne famille. Jeune encore, il fit ses premières
armes contre les Génois, « prit parti dans les
troupes que Louis XV envoya pour achever df
soumettre l'île, et devint colonel du régimeni
Provincial-Corse, qu'il commandait en 1789
L'année suivante, il fut envoyé par ses concitoyens
comme député suppléant à l'assemblée consti
tuante. Peu de temps après , il passa à l'armé
du Nord, et y combattit avec la plus grande bra
voure. Nommé maréchal de camp, il fut emp!oy(
à l'armée des Alpes, puis envoyé à Ajaccio, et reçu
bientôt après l'ordre de se tenir prêt à s'emibarqua
avec l'amiral Truguet pour la Sardaigne, que l'or
voulait prendre. Cette expédition ayant échoué
Casablanca fut chargé du commandement de Cal
vi, et presque aussitôt assiégé par les Anglais. ]
n'avait avec lui que six cents hommes ; la plac
était mal fortifiée, et presque sans munitions e
sans vivres : néanmoins il y soutint trente-neu
jours de siège, et un bombardement qui réduis!
en cendres la plus grande partie de la ville
Resté avec quatre-vingts hommes exténués d
faim et de fatigues, il capitula, mais à des con
ditions honorables. Sa glorieuse défense lui avai
valu, pendant le siège, le brevet de général d
division. Il joignit l'armée d'Italie , commanda
Gênes, où il calma les esprits ; puis fut envoyé
par le Directoire exécutif, en Bretagne. Il qjuitt
le service en 1799, époque où Bonaparte, deven
premier consul, le nomma membre du séna
conservateur , et successivement comte de l'eir
pire et grand officier de la Légion d'honneur
Appelé à la paille parle roi en 1814 et par l'em
pereur en 1815, i5 fut exclu à la seconde restau
ration, iiuis réiiitégré en 1819; ce qui lui valut
comme à tant d'autres, une place dans le Die
tionnaire des Girouettes.
De ComccWas, Diction, des généraux français.— M\
nault, Jouy, etc., Biog. nouvelle des Contemporains. ■
Montholon, Mémoires.
GASABiANCA (Pierre- François ), officia
supérieur français, fils du précédent, naquit
Vescovato en 1784,et mourut en Russie en 1812
Élève de l'École polytechnique et de l'École d'ai.
tillerie de Metz, il obtint en 1811 , par son act
vite, ses talents et sa valeur, le grade de coloiie'
et fit constamment partie de l'armée dans le
campagnes d'Allemagne et de Prusse depuis 180t
Il mourut couvert de blessures.
933
Le Bas, Dictionnaire encyc. de la Franc». — ArnauU,
Jouy, etc., biog. nouvelle des Contemporaine.
*CASARiANCA (Fratiçois-Xavier , comte),
sénateur, né le 27 juia 1797, à Nice, où sa fa-
mille s'était réfugiée pendant l'occupation de la
Corse par les Anglais. Élevé au lycée Napoléon,
il y obtint en 1812 le premier prix depliiloso-
phii'. Après avoir étudié le droit, il fut reçu avo-
cat à la cour d'appel de Bastia, s'y plaça au
premier rang dès son début , et se fit particu-
lièrement remarquer par ses talents et son amé-
nité. La révolution de Février lui ouvrit les portes
des assemblées législatives. Le département de
la Corse l'élut à la constituante, où il fit partie du
comité de la marine. Il a voté contre le droit au
travail, contre les doux chambres, contre le vote
à la commune, contre la proposition Ratoau, enfin
contre la mise en accusation du ministère. Réélu
à l'assemblée législative, sa conduite politique ne
se démentit pas pendant toute la durée de cette
chambre. M, Casablanca îi'avait exercé aucune
fonction publique sous la restauration, ni sous le
gouvernement de Louis-Pliilippe. La confiance de
l'empereur, alors président de la république, l'ap-
pela successivement au ministère de l'agriculture
et du commerce le 26 octobre 1851 , et à celui
des finances le 23 novembre suivant. Après les
événements du 2 décembre, le prince Louis-Napo-
léon le nomma ministre d'Etat (22 janvier 1852),
portefeuille de nouvelle création. Il a été appelé
depuis à siéger au sénat. Sicard.
Moniteur universel.
CASABONA OU BENiNCASA (Joseph), bo-
taniste flamand, né en Flandre vers le commen-
cement du seizième siècle , mort à Florence en
1595. Nommé garde du jardin de botanique de
Florence, il eut en même temps le titre de bo-
taniste de François de Médicis, grand-duc de
Toscane. H observa et recueillit beaucoup de
plantes dans un voyage qu'il fit dans l'île de
.Crète; mais la mort ne lui permit pas de publier
ses observations. On doit à Casabona la connais-
sance d'une espèce du genre des chardons, dé-
signée par quelques botanistes sous le nom de
carduus Casabonœ.
Tiirgioni-Tozzeti , Corografia di Toscana. — Le
œfrtne, préfuce à l'Bortus plantarum florentin, de
Mieheli ; Florence, 1748, ln-4°.
CASA-iRCJO (don Charles-Marie Marti-
NEz de), homme d'État espagnol, né à Cartha-
gène le 4 novembre (765, mort le 17 janvier
1824. Jeune encore, il entra dans la diplomatie.
A vingt ans il alla en Hollande en qualité de se-
crétaire de légation ; un an plus tard , il fut attaché
à l'ambassade de Londres, et fut employé ensuite
au ministère des affaires étrangères. Il revint à
Londres en 1793, avec le titre de premier se-
crétaire ; puis il séjourna douze ans aux États-
Unis, près desquels il avait mission de repré-
senter l'Espagne. Il y découvrit et fit échouer le
projet concerté entre le sénateur Blount et l'An-
gleterre , en vue d'attaquer la Louisiane et les
CASABIÂNCA — CASAL 934
l'avènement de Ferdinand VD ; et, dan&ia même
année, il fut envoyé àRio-Janirropar la junte de
Séville, avec le titre de ministre plénipotentiaire
auprès du prince régent de Portugal, qui s'était
réfugié au Brésil. Il combattit dans ce poste l'in-
fluence de l'Angleterre, qui favorisait la révolte
des colonies espagnoles. Le 28 août 1718, il fut
chargé d'assister avec le duc de San-Carlos au
congrès d'Aix-la-Chapelle, et, le 14 septembre
suivant, il succéda, comme ministre des affaires
étrangères, à Joseph-Garcia de Léon et Pizarro.
Accusé en juin 1819 d'avoir ratifié la cession des
Fiorides, il fut proclamé innocent par le conseil
d'État, et recouvra la faveur du roi. Le 10 mai
1821 , il fut envoyé à Paris comme ministre
plénipotentiaire, et remplacé dans ce poste, en
1822, par le duc de San-Lorenzo. A son retour à
Madrid, il fut nommé ministre des affaires étran-
gères, avec la présidence du conseil.
Monit. univ. — Lesur, Annuaire hist. — Lavallée et
Guéroult, r^spagne, dans l'Univers pittoresque.
CASAL (Gaspard) , prélat portugais, né à
Santarera en 1510, mort en 1585. En 1524, il
entra dans l'ordre des Augustins, et professa la
philosophie à Lisbonne et à l'université de Coïm-
bre. Reçu docteur en théologie en 1542, il fut
choisi par Jean III en 1551 pour confesseur de
l'infant Jean , et peu après il fut appelé à être
directeur et conseiller du roi lui-même. Successi-
vement évêque de Funchal et de Leiria, il assista
au concile de Trente , et y brilla par ses connais-
sances et son érudition. Il écrivit, touchant les af-
faires du concile , le livre de Cœna et Galici
Domini, qu'il dédia à Pie FV ; et fit bâtir à ses
trais la cathédrale de Leiria , dont il posa la
première pierre le 11 août 1559. Il laissa divers
ouvi'ages de théologie et d'érudition ; parmi ces
derniers , un commentaire des Topiques d'Aris-
tote, et Carta a Rainha D. Catliarinu, es-
cripto deLfiria a 23 de Janeiro de lb6i, para
que nao deixe a regeneia do reino, na tne-
moridade del rei D. Sebastiao, document im-
primé dans les Mémoires de Barbosa.
Antonio, Bibliotheca hispana nova.
CASAL ( Gaspard ) , médecin espagnol, né à
Oviédo en 1691, mort à Madrid en 1759. On a
de lui : Historia natural y medica de el prin-
cipado do Asturias; Madrid, 1762, in-4''. Cet
ouvrage, que J.-J. Garcia pubUa après la mort
de l'auteur, traite plutôt de la médecine que de
l'histoire naturelle des Asturies.
Biographie médicale.
CASAL ou CAZAL { Manuel- Ayres de), géo-
graphe portugais, né dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle , mort à Lisbonne dans ces
dernières années. Casai, que l'on appelle à bon
droit le père de la géographie brésilienne, est
né en Portugal : nous tenons ce fait, sujet à con-
troverse, d'un Brésilien (M. le commandeur Odo-
rico) dont on apprécie les rares connaissances
littéraires. Entré dans les ordres après avoir fait
Florides. Revenu en Europe en 1808, il adhéra à ! d'excellentes études. Casai vint fort jeime en-»
30.
935
core au Brésil, et alla se fixer pendant assez
longtemps dans la province intérieure de Goyaz.
Ainsi disparait également l'assertion émise par
lin savant qui fait autorité, et qui retirerait au
géographe l'avantage d'avoir visité les provin-
ces qu'il décrit. Il parcourut nécessairement la
partie sud de l'empire, et dut se contenter de
renseignements exacts sur les régions qui se
rapprochent du fleuve des Amazones. Ce qu'il
y a de bien constaté, c'est son séjour dans la ca-
pitale du Brésil à l'époque où régnait Jean VI ;
il passa alors plusieurs mois à compulser les
archives de Rio de Janeiro, et l'on a la certitude
que son zèle infatigable y découvrit alors les
plus précieux documents. Il était également dans
l'habitude de s'enquérir de l'arrivée des voya-
geurs dont les explorations étaient récentes,
afin de comparer leurs renseignements aux do-
cuments écrits que l'on s'empressait de lui of-
frir : c'est ainsi qu'il est parvenu à la rare exac-
titude qui le distingue en général, et qui con-
serve encore tant de crédit à son œuvre. L'ex-
cellent livre qu'il nous a laissé a été publié sans
nom d'auteur, sous ce titre : Corografia Bra-
silica, ou Relaçao historico geografica do
reino do Brazil, composta e dedicada a Sua
Magestade Fidelissima por hum presbitero
secîilar do Gram, priorado do Crato; Rio de
Janeiro, na impressao regia ; 1817, 2 vol. pe-
tit in-4''. La dédicace à Jean VI est signée : elle
est vraiment touchante par la simplicité de son
style, et prouve toute l'importance que l'auteur
attachait au traité fondamental qu'il léguait au
Brésil , et qui avait pris, disait-il, les meilleures
années de sa vie. M. de Humboldt cite l'œuvre
du P. Ayrès de Casai avec estime ; et tous les
voyageurs qui ont écrit dans ces derniers temps
sur TAmérique méridionale se sont servis utile-
ment de ses recherches. Le vaste et indigeste
ouvrage de M. Pizarro n'a pu le faire oublier.
Nous savons qu'il existe une traduction fran-
çaise inédite de la Corografia Brasilica, et l'au-
te'or de cette notice fut prié, il y a une trentaine
d'années, par le savant Malte-Brun, d'entrepren-
dre la version des chapitres relatifs au Mato
Grosso et au Para; ces deux articles étendus
ont paru dans les Annales des Voijages. On igno-
rait pour ainsi dire à cette époque jusqu'au nom
de la vaste province intérieure que M. de Cas-
telnau vient de traverser, et qu'a visitée M. Al-
cide d'Orbigny. Malte-Brun fut frappé lui-même
de la lumière inattendue qije le géographe bré-
silien venait de jeter sur les portions les moins
connues de l'Amérique centrale. On nous a af-
firmé qu'une édition plus correcte que celle de
1817 avait dû être imprimée chez le libraire
Plancher: ceci pourrait donnei" l'espérance d'ob-
tenir quelque jour un meilleur texte.
Ferdinand Denis.
Notes particulières. — César de FIganière, Ribliogra-
phia historica. — Percira da Sylva, o Plutarco Brasi-
leiro, 2 vol. in-8°. i
CASAL — CASALI 93G
C4SALANZIO (Josepk DE.), prêtre espagnol ,
fondateur des écoles pies, né en 1556 à Peralta,
dans l'Aragon; mort à Rome le 25 août 1648.
[ssu d'une famille noble, et devenu fils unique
par la mort de son frère aîné, il eut quelques
contradictions à essuyer de la part de son père
avant de pouvoir embrasser l'état ecclésiastique.
Après s'être montré le modèle du clergé dans
plusieurs diocèses, il se rendit à Rome, où la
vue d'une foule d'enfants livrés aux vices lui
inspira l'idée d'établir pour leur instruction im
institut auquel Paul V, en 1617, donna le titre
de Congrégation Pauline, et dont les membres
sont connus, depuis 1621, sous le nom de clercs
réguliers des écoles pies. Cet ordre religieux,
supprimé par Innocent X et rétabli par Clé-
ment EK, eut bientôt un grand nombre de col-
lèges en Espagne, en Italie, en Hongrie et en
Pologne. Casalanzio, qui avait pris, en renon-
çant au monde, le nom de frère Joseph de la
Mère de Dieu, fut béatifié par Benoît XIV et
canonisé par Clément Xin.
Le P. Alexis, ^ie de Joseph de Casalanzio ; Rome,
1693, ln-8". — Feller, Dict. hist. — Héliot, Hist. des or-
dres religieux.
*CASALENO ou CASALiNi (Jean- Antoine),
médecin itaUen, natif de^Villafranca , dans le
royaume de Naples, vivait au commencement
du dix-huitième siècle. On a de lui : Disputatio
de secanda vena in pleuritide, revulsionis
gratia, adversus medicos Francavillanos ;
Venise, 1605, in-i".
Carrère, Bibl. de la Médecine.
CASALI (libertin de), écrivain ascétique
italien, de l'ordre des Frères Mineurs , né à Ca-
sai, vivait dans le quatorzième siècle. On a de
lui : Arbor vitée crucifixi Jesu; Venise, 1485,
in-fol. Cet ouvrage est aussi rare que singulier.
Pour relever l'éclat de son ordre, l'auteur cher-
che à prouver que Jésus-Christ en fut le pre-
mier fondateur; — de Septem Ecclesise Stati-
ÔMS;ibid., 1516, in-fol.
CaiVe,Historia literaria Scripiorum ecclesiasticorum.
— Trithèmc, de Scriptoribus ecclesiasticis. — Wadding,
Bibliotheca Scriptorum minorum.
CASALI (Grégoire), littérateur italien, frère
du précédent, vivait au commencement du sei-
zième siècle. Il accompagna son frère en Angle-
terre. Henri m:II le créa chevalier, et le nomma
son ambassadeur à Rome. Casali retourna en
Angleterre ; mais , au moment de la réforme , il
revint dans sa patrie. On trouve de lui des Let-
tere et des Mime dans différents recueils.
Carmina illustrium poetarum Italorum. — Lingard,
Hist. of Enç/l.
CASALI (Jean-Baptiste) , antiquaire italien ,
vivait à Rome dans le dix-septième siècle. On a
de lui : Veprofanis et sacris veterum Riti-
bus; Rome, 1644, 1645,2 vol. in-4'' ; Francfort,
1681; — de Ritibus veterum jEgyptiorum;
Rome, 1644, in-4"; Francfort, 1681; in-4°; —
De veteribus sacris christianorum Ritibus
explanatïo; Rome, 1647, in-fol.; — De urbis
9S7
CASALI — CASANOVA
938
ac romani olim imperii Splendore ; ibid., 1650,
in-fol. ; — plusieurs dissertatiens insérées dans
le Thésaurus Antiquitatum de Gronovius.
Mandosius, Bibliotheca Romana. — Lillo Glraldl, De
poetis sui temporis. — Gronovius, Thesaur. Antiquit.
*CASALi {Jean-Baptiste), musicien italien,
mort en juillet '1792. Il fut maître de chapelle
de Saint-Jean de Latran à Rome depuis le mois
de septembre 1759. Dépourvu d'invention, il
composait cependant avec pureté. Il eut pour
élève Grétry, qui reçut ses leçons pendant deux
ans; il le recommanda dans ces termes, adressés
à un ami demeurant à Genève : Caro amico ,
vi mando un mio scolaro, vero asino in mu-
sica, che non sa niente, ma giovane gentil
assai e di buon costume. (Cher ami, je vous
recommande un mien élève qui est un âne en
fait de musique, et ne sait absolument rien; mais
c'est un jeune homme très-aimable et de bonne
façon ). Ce rigoureux jugement du maître à l'é-
gard de l'élève tenait sans doute à ce que celui-
ci n'avait qu'à un faible degré le sentiment de
l'harmonie. Outre un grand nombre d'oratorios
et de messes , on a de Casali un opéra intitulé
Campaspe, et représenté à Venise en 1740.
Fétis, Biographie universelle des musiciens.
* CASALI (Giovanni-Vincenzo), sculpteur et
architecte, né à Florence vers 1540, mort en
1 593. Il fut élève du célèbre sculpteur G. -A. Mon-
torsoli. En sortant de son atelier, Casali entra
dans l'ordre des Servîtes, mais sans pour cela
abandonner ses ciseaux, qu'il reprit avec ardeur
dès que son temps de noviciat fut expiré. Il
sculpta en marbre l'autel de l'église des Servîtes
de Lucques, et les statues qui le décorent. De là
il se rendit à Naples , où l'appelait le vice-roi
duc d'Ossuna , qui le chargea de dessécher et
d'assainir la campagne autour de Capoue. Ca-
sali ayant réussi dans cette opération , le vice-
roi lui conféra le titre d'architecte royal. Ce fut
alors qu'il construisit la darse de Naples , et
hors de la porte de Tolède une enceinte pour
les exercices de cavalerie. Le duc d'Ossuna en
quittant Naples l'emmena à Madrid, où il fut
honorablement accaeilli par Philippe II. Ce
monarque, qui avait réuni à la couronne d'Es-
pagne le Portugal , y envoya Casali , le char-
geant (commission singulière pour un religieux)
de réparer les fortifications de ce royaume. La
mort surprit Casali au moment où il commen-
çait ces travaux. E. B — n.
Cicognara , Storia délia scoltura. — Ticozzi, Diziona-
rio. — Orlandi, Abbecedario,
CASALI (Joseph), numismate et archéologue
italien, né à Rome en 1744, mort dans la même
ville le 4 mai 1797. Quand il eut terminé ses
études , il entra dans l'état ecclésiastique. Maître
d'une grande fortune, il forma de riches collec-
tions , et favorisa les artistes, les antiquaires, et
les jeunes gens studieux. On a de lui : De duobus
lMcedxmoniorumNummis,ad Henr.San. Cle-
menium Epistola; Rome, 1793, \a-k°; — Let-
tera su una antlqua terra cotta trovaia in
Palcstina nelV anno 1793; ibid.; 1794, in-4'';
— Conjectura de nummiculis, etc., et des
criptio nummi Pescennii ineditl, ad cardinal.
Stephnn. Borgia; ibid., 1797, in-4°.
Notice sur Joseph Casali, dans le Magas. encyclop.,
8« année, t. V, p, 43,48.
CASANATB (Jérôme), prélat italien, né à
Naples le 3 juin 1620, mort à Rome le 3 mars
1700. Il quitta le barreau pour embrasser l'état
ecclésiastique. Innocent X le nomma son camé-
rier, et le fit gouverneur de quelques villes. En
1658, Alexandre VU l'envoya à Malte comme in-
quisiteur. En 1673, Clément X le créa cardinal;
enfin, Innocent XII le nomma, en 1C93, bibliothé-
caire du Vatican. Casanate aimait les lettres, et
encourageait ceux qui les cultivaient ; il laissa sa
riche bibUothèque aux dominicains du couvent
de la Minerve, avec un revenu de 4,000 écus ro-
mains. On lui attribue : Dlscorso istorico sopra
l'origine e progresso délia regalia.
Leiong et Fontette , Biblioth. hist. de la France, édlt.
Fontette. — Moréri, Dict. hist.
*CASANDER (Frédéric), naturaliste alle-
mand, vivait dans la première moitié du dix-
septième siècle. On a de lui : Natura loquens,
qua miracula totius universi ex prascipuis
mundi partibus sive regnis, eethereo, vegeta-
bili et minerali, silvarum nempe, hortorum,
pratorum, plantarum, etc., proprietatibus,
effectis et virtutibus de prompta proponun-
tur; Francfort, 1630, in-8*. On a de cet ouvrage
assez rare des extraits et des critiques dans les
Eamburgische nachrichten ; 1737, in-4"', et
dans Gesammelter Briefwechsel der Gelehrten
(Recueil de correspondances des savants) ; Ham>
bourg, 1751, iii-4°.
Clément, Bibliothèque curieuse, VI, 340. — Adelung,
suppl. à Jocher, Jllgetn. Gelehrten-Lexicon.
CASANOVA ( Marc-Antoine ), poète italien, né
à Rome en 1476, mort dans la même ville vers
1526. Partisan déclaré des Colonne, il fit contre
Jules de Médicis une satire qui l'obligea de quit-
ter Rome. Il se retira à Côme, où il se maria.
Jules de Médicis, devenu pape sous le nom de
Clément XII, lui fit grâce, et le fit revenir à
Rome. Casanova, étant tombé dans une extrême
pauvreté, fut réduit à mendier son pain, et mou-
rut de la peste qui désola Rome après le sac de
1526. Il réussissait particulièrement dans l'épi-
gramme: ses poésies, disséminées dans différents
recueils, ont été réunies en grande partie dans
le t. m des Deliciœ poelarum Italorum.
Mandosius, Biblioth. Homana. — Gaddius, de ScriptrM
ribvs ecclesiasticis. — Paul Jove, Elogia, — Konig, Bi-
bliotheca vet. et nov. — Balllet, Jugement des Sa-
vants.
CASANOVA (Jacques DE Seingalt), aventu-
rier fameux, né à Venise le 2 avril 1725, mort à
Vienne en juin 1803. La famille de Casanova était
d'origine espagnole; un don Jacob Casanova, en
1428, secrétaire du roi d'Aragon, dut abandon-
ner sa patrie pour avoir enlevé une religieuse,
qu'il épousa après une année de captivité à Rome;,
939
CASANOVA
940
après que ie pape Martin rn l'eut relevée de ses
vœux. En 1481, son fils don Juan, à la suite
d'un duel, se vit contraint de quitter Rome, et
devint un des compagnons de Christophe Co-
lomb. Marc-Antoine, le fils de ce dernier, ayant
fait des vers contre Jules de Médicis, se sauva de
Kome, lui aussi, et n'y revint qu'après l'introni-
sation de Médicis sous le nom de Clément Vil,
pour y mourir de la peste en 1326. Son fils prit
du service en France contre Henri de Navarre ,
qui fut depuis Henri IV. Son petit-fils Gaëtan-
Joseph-Jacques, après une vie passablement agi-
tée, se fit comédien, et épousa la fille d'un cor-
doRiiier, Zanitta Farusi, qui fut la mère du Casa-
nova dont nous nous occupons. Comme on le voit,
les Casanova étaient nés aventuriers de père en
fils, et Jacques Casanova ne pouvait faire mieux
que de marche)* sur leurs traces. Mais il devait
les laisser bien loin derrière lui ; et l'histoire de
sa vie est la démonstration de ce que peut l'au-
dace quand elle est servie par une intelligence
Ken douée, par des connaissances presque uni-
verselles, par le génie de l'intrigue, et la science
approfondie des hommes et des choses. Durant
celte carrière si diversement remplie, nous le
voyons aborder tous les métiers , endosser tous
les habits, imposant aux uns par son impudence
extrême, dominant les autres par la séduction
d'un esprit vraiment supérieur, et capable de
prendre tous les tons comme toutes les formes.
On le destinait à l'Église. Le patriarche de Ye-
ïiise lui donne les ordres mineurs ; mais le jeune
Casanova est bientôt chassé du séminaire et en-
fermé dans le fort Saint-André, dont il ne tarde
pas à sortir. 11 quitte Venise, part pour Rome,
entre au service du cardinal Acquaviva, voit Be-
noît xrv ; mais, par une fatalité qu'il partage avec
la plupart de ceux de sa race, il est forcé presque
ai5ssit<^t de fuir de la ville éternelle. C'est alors
qu'il met de côté la soutane et endosse l'habit
militaire. H entre au service de Venise en qua-
lité d'enseigne dans !e régiment de Bala qui était
à Corfon, et séjourne quelque temps à Cuustan-
tinople, où il rencontre le fameux comte de Bon-
îîcvaîjpour lequel le cardinal Acquaviva lui avait
doiuvé des lettres d'introduction. Après être de-
meuré quelque temps à Corfou, il revient à Ye-
r.i:>3 en octobre 1745, et, s'étant vu préférer le
Liîard d'un patricien, il laisse là l'uniforme avec
la Kûiv.e facilité qu'il s'était débarrassé de l'habit
ecclésiastique. Il se livre au jeu ; en huit jours, il
ëiait complètement ruiné. Ne sachant à quel saint
se vouer, il accepte une plaCe de violon au théâtre
de Saint-Samuel : un liasard heureux le fait sortir
dio la pctsition précaire où il se trouvait ; il devient
l'intime d'un riche Vénitien auquel il persuade
qu'il est versé dans les secrets les plus profonds
de la cabale, et mène ime vie de folies et de dé-
sordres, à laquelle il est bientôt forcé de renon-
cer. Cité pour ses imprudences à deux tribunaux
à la fois, il comprit qu'il n'y avait plus de sûreté
pour lui dans Venise : il fuit à Vérone, alla suc-
cessivement à Milan, Mantoue, Ferrare, Bologne,
Césène, Parme, et reparut, après une aimée d'ab-
sence et d'aventures, dans sa patrie, qu'il quittait
pour laFrance le l'^'^juin 1750. Il arrive à Paris, où
il est mis en rapport avec tout ce qu'il renfermait
d'illustres poètes, le vieux CrébUlon, le maréchal
de Richelieu, lord Keith, Voisenon, Fontenelle,
d'Alembert. Il est introduit près de la duchesse
de Chartres, pour laquelle il fait de la cabale,
charlatanisme qui sera un de ses moyens les
plus effectifs d'intrigue. Après deux ans de séjour,
il reprend sa vie vagabonde, arrive à Dresde et
y retrouve sa mère, qui y était actrice; il est fort
bien accueilli du roi. De là il passe à Vienne, va
voir le poëte Métastase, et reprend, après une
absence de trois années, le chemin de Venise, où
l'attendait une captivité qui est l'événement cé-
lèbre de sa vie : c'est le 25 juillet 1775 qu'il
fut conduit sous les plombs. Il faut lire le récit
de ce qu'il déploya de constance , d'efforts , de
dissimulation, de résolution et de génie pour
échapper de cette prison d'État d'un renom si
lugubre. La relation de la fuite de Benvenuto Cel-
lini du château Saint-Ange, et le long séjour de
Latude à la Bastille, n'ont rien de plus mtéressant
ni de plus énaouvaut que l'histoire de ces deux
années de lutte entre des obstacles presque in-
surmontables et la volonté d'un homme éner-
gique et déterminé.
Il arrive à Munich pour y attendre les secours
que devait lui envoyer M. de Bragadin, son pro-
tecteur, et repart pour Paris, où nous le voyons
accourir en janvier 1757, au moment où Damiens
venait de frapper Louis XV. Il se présents à
M. de Beruis, qu'il avait connu ambassadeur à
Venise dans d'étranges circonstances, s'il faut
l'en croire. L'histoire de son évasion avait fait du
bruit, même en France; et sa fuite des plombs, en
le rendant un personnage extraordinaire, était de
nature à le servir plus que des titres autrement
sérieux. M. deBernis parle de lui au ducde Choi-
seul comme d'un esprit délié, et particulièrement
exercé en matière de finances. En réalité, Casa-
nova n'en savait pas le premier mot; mais, au-
dacieux comme il était, il se dit qu'il serait tou-
jours temps de désabuser son monde; et, dans
nne réunion où il est présenté à Pâris-Duverney,
il s'y prend si bien par ses réticences, ses demi-
mots, son silence même, qu'il donne de ses vues
la plus haute idée. Tl réussit à faire croire à Du-
verney qu'il avait trouvé un plan de loterie tout
semblable à un projet de Calsabigi, alors eiUre ses
mains. C'était un premier pas ; mais il fallait que
cette loterie se créât, et il y avait plus d'un obs-
tacle à vaincre. Une conférence a lieu à l'École
militaire, séance à laquelle d'Alembert fut convié
en sa qualilé de mathématicien. Casanova eut
l'art de persuader les plus réfractaires, et le décret
parut huit jours après cette conférence (1). I!
obtint pour sa part six bureaux de recette, et
(1) Cette loterie, créée au profit de l'École militaire
devint, après ;la mort de Pâris-Duvcrney, loterie royale.
94 (
quatre luille francs de pension en plus sur le
produit (le la loterie : c'était le revenu d'un ca-
pital de cent mille francs, qu'il lui était loisible
de retirer en renonçant à ses bureaux : il eu ven-
dit cinq sur-le-champ, n'en gardant qu'un, qu'il
ouvrit rue Saint-Denis, et où la foule , alléchée
par de petits avantages qu'il lui faisait, afflua.
Mais Casanova était trop remuant pour s'empri-
sonner dans une position toute faite : il lui fallait
le mouvement, l'imprévu, l'aventure; aussi ac-
cepta-t-il avec empressement une mission seciète
ayant pour but de visiter huit à dix vaisseaux de
guerre en rade à Dunkerque : il serait en mesure
de rapporter un relevé circonstancié de tout
ce qui regardait l'approvisionnement, le person-
nel des équipages, les munitions, l'administra-
tion, la police. Cela ressemblait fort à de l'es-
pionnage ; mais Casanova ne se laissait pas aisé-
ment arrêter par des considérations de cet ordre ;
cela souriait, d'ailleurs, à son esprit lin, rusé,
fertile en ressources ; la nécessité d'être habile,
à ses yeux, ôtait à sa mission ce qu'elle pouvait
avoir d'équivoque. Il revint avec un travail qui
lui valut force éloges et cinq cents louis de ré-
munération. Il menait alors une vie fort dissipée,
allant un peu partout, et presque toujours rem-
portant de ces succès dus autant à son esprit,
à son intrigue, à son inconcevable audace, qu'aux
séiluctions de sa personne; Ce fiit dans ce temps
qu'il rencontra le fameux comte de Saint-Ger-
main chez une marquise d'Urfé, espèce de folle
dont il avait fait sa dupe, et qu'il exploitait comme
il avait jadis exploité la crédulité de M. de Bra-
gadin. Il nous donne sur cet aventurier célèbre
des détails fort curieux; ce n'est pas, du reste,
l'unique fois qu'ils se rencontrèrent.
Quelque temps après, Casanova était dépêché
par M. de Choiseul en Hollande pour négocier au-
près d'une compagnie de marchands d'Amster-
dam, à un prix honnête, l'échange d'effets royaux
contre des papiers moins dépréciés que ne l'é-
taient alors les nôtres ; il revient ensuite à Pa-
ris, loue, à cent pas de la barrière de la Made-
leine, une maison de campagne meublée magni-
fiquement, se pourvoit de chevaux, de voitures,
de palefreniers, de laquais, et se met sur le pied
d'un homme qui a le droit de ne pas compter avec
lui-même : toutefois ses protecteurs avaient dis-
paru.
M. de Bernis avait été exilé à Soissons. Le
contrôleur général avait dû se retirer ; et Ca-
sanova ne rencontra pas dans le successeur de ce
ministre, M. de Silhouette, les mêmes encourage-
ments et la même bienveillance. Son esprit inven-
tif se retourne alors vers l'industrie; il s'agissait
de produire sur les étoffes de soie, au moyen de
l'impression , les mômes dessins que l'on exécu-
tait à Lyon par les procédés lents du tissage,
et d'arriver à un débit aussi grand à des prix
bien inférieurs. Le prince de Conti , auquel Ca-
sanova avait communiqué son projet , l'avait en-
couragé à tenter la spéculation , et il s'était mis
CASANOVA 942
tout aussitôt à l'œuvre : il loue dans l'enceinte du
Temple une vaste maison, et s'y installe lui et
ses employés. Mais l'instant était mal choisi. La
guerre avait plongé le pays dans une détresse
dont le commerce devait forcément se ressentir.
Il ne tarda pas à se voir menacé d'une ruine
imminente. A ces difficultés se joignirent des
vols énormes dont il fut victime, des rembourse-
ments immédiats, des chicanes, des procès, un
emprisonnement à For-l'Évèque, d'où l'arracha
l'affection de la marquise d'Urfé. Ces dégoûts
lui rendirent Paris odieux. Il arrange ses affaires,
et prend congé en décembre 1 759 de M. de Choi-
seul, qui l'autorise à négocier un emprunt eu
Hollande, emportant cent mille francs de lettres
de change et pour autant de bijoux. Il arrive à la
Haye : le comte de Saint-Germain y était installé,
se disant chargé par Louis XV d'un emprunt
de cent millions. « J'imagine, lui dit-il, mon cher
monsieur Casanova, que vous êtes venu ici pour
tâcher de faire quelque chose en faveur de notre
cour ; mais cela vous sera difficile , car la bourse
est scancalisée de l'opération que ce fou de M. de
Silhouette vient de faire : j'espère cependant
que ce contre-temps ne m'empêchera pas de
trouver cent millions. J'en ai donné ma parole à
Louis XV, que je puis appeler mon ami , et je
ne le tromperai pas : dans trois ou quatre semai-
nes mon affaire sera faite. » Son affaire eût été
faite sans doute, mais d'une tout autre façon,
si, averti secrètement, le comte de Saint-Germain
n'eût pas prévenu l'ordre arraché par le minis-
tère aux états de s'emparer de lui. Quant aux dé-
marches de Casanova, elles n'aboutirent point.
Il part pour l'Allemagne, arrive à Cologne, eu
l'électeur lui fait bon accueil ; passe à Stuttgard,
dont une mauvaise affaire le chasse , et s'arrête
à Zurich, où lui vient Tassez étrange idée \de
se faire moine. Il va sans dire que cette résolu-
tion, qu'un dégoût momentané avait inspirée,
ne tint pas au delà de quelques jours : une aven-
ture d'amour devait lui faire oublier tout aussitôt
ces mystiques aspirations. Il quitte Zurich, s'é-
tablit quelque temps à Soleure, où il se lie avec
M. de Chavigny , notre ambassadeur ; de là il
traverse Bâle, Berne, Morat, et va visiter à Roche
le célèbre Haller, avec lequel il devait échanger
une correspondance. Il fait une halte à Lausanne,
et arrive à Genève au mois d'août 1760. Il
était à trop peu de distance de Voltaire pour
ne pas l'aller voir; mais, loin de s'incliner devant
l'autorité de l'écrivain , U émet ses propres opi-
nions avec une indépendance, un aplomb, une
fatuité qui ne déplurent pas trop d'abord. Il est
vrai que son ton cassant et peu mesuré devait
finir par indisposer le vieillard irritable, et peu
habitué à se voir rompre en visière avec ce sans-
gêne. Casanova se fit le champion de l'arbitraire,
pour le plaisir de le contredire. Voltaire lui
demande s'il avait ces idées-là sous les plombs :
« Ma détention fut un grand acte de despo-
tisme; mais, persuadé que j'avais abusé sciem-
943 CASANOVA
ment de ma liberté, je trouvais parfois que le
gouvernement avait eu raison de me faire enfer-
mer sans les formalités ordinaires. » — « Cepen-
dant vous vous êtes échappé? » — « J'usai de mon
droit comme ils avaient usé du leur. » Ils se quit-
tèrent fort mécontents l'un de l'autre. De Genève,
Casanova va à Aix en Savoie, où l'arrêtèrent des
intrigues d'amour; enfin, il arrive à Gênes, où
l'on joue la traduction en italien qu'il avait faite
de l'Écossaise. « Nous donnerons, portait l'affi-
che du théâtre , l'Écossaise de M. de Voltaire ,
ti'aduite par une plume inconnue, et nous la joue-
rons sans souffleur. « La pièce obtint le plus
grand succès ; mais Voltaire, auquel il fit parve-
nir sa traduction , la trouva mauvaise , ce qui
blessa tellement l'amour-propre de Casanova ,
qu'il ne perdit pas une occasion , dans la suite,
de le décrier.
Un ordre du grand-duc le chasse de Florence,
où il s'était installé. Il se dirige alors vers Rome,
qu'il quitte bientôt pour reprendre sa vie de pé-
régrinations. A Modène, il reçoit la même invita-
tion qu'à Florence ; il poursuit sa route, et triom-
phe à Turin des mauvais vouloirs du vicaire
directeur de la police. Il revient à Paris; mais un
duel malheureux le force bientôt d'abandonner
cette ville. Il se rend à Augsbourg. Interrogé par
le bourgmestre pourquoi il avait pris le nom de
Seingalt, qui n'était pas le sien, il répond, avec
cette suprême impudence qui était une de ses
grandes forces , que ce nom lui appartenait de
par l'alphabet; et que, comme il était de sa créa-
tion , il pensait que , personne ne l'ayant pris
avant lui, personne n'avait le droit de le lui con-
tester, et bien moins encore de le porter sans son
consentement. Il était de l'etour à Paris le dernier
jour del'an 1761 . Puis onle retrouve à Metz, pour
une jonglerie dont madame d'Urfé était encore
l'objet et la dupe. Deux ans après, nous voyons
celle-ci l'attendre à Marseille : il lui avait promis
de la régénérer sous la forme d'un jeune homme;
mais cette régénération ne devait, en tous cas,
avoir son plein effet que le premier jour de la
première lune du mois de janvier de l'année
suivante. D'ici là, Casanova avait encore le temps
de tirer de l'argent à la confiante marquise. Il
part aussitôt après pour Avignon, puis pour Lyon,
arrive à Paris, où il ne fait que passer, et s'em-
barque pour l'Angleterre. Il rencontre à Londres
la chevalière d'Éon ; M. de Guerchy, si célèbre
depuis par ses démêlés avec la chevalière, le
présente à George III. Il mène ensuite une vie de
dissipations et d'aventures, qu'il dut clore par une
fuite précipitée : il s'agissait d'une lettre de change
fausse, gagnée au jeu, et qu'il avait fait escompter
chez un banquier sans soupçonner la moindre
fraude; le véritable coupable avait disparu, et
Casanova se hâta d'en faire autant.
Il débarque à Calais, où il ne s'arrête pas, et
retrouve à Tournay le comte de Saint-Germain
en robe d'Arménien, en bonnet pointu, en barbe
épaisse, dirigeant, par l'ordre du comte de Co-
944
bentzel, premier ministre d'Autriche, une manu
facture de cliapeaux. Leur entrevue est piquante
le thaumaturge lui demande une pièce de mor;
naie quelconque; celui-ci tire une pièce de douz
sous de sa poche, et la lui remet; elle est passé:.
sur un charbon ardent, et recouverte d'une fève
noire ; elle rougit, s'enflamme , entre en fusion;
puis, quand elle fut refroidie , le comte dit en
riant à Casanova : « Voici votre pièce ; la recon-
naissez-vous ? j) — « Comment ! c'est de l'or ! »
s'écria celui-ci. — « La pièce au type de douze
sous était d'or en effet , raconte Casanova ; j'en
fis présent à lord Keith, gouverneur de Neufchâ-
tel, qui la conserva comme une curiosité. » A
Brunswick, il rencontre le prince royal de Prusse,
qui intervient dans un démêlé d'argent; il y de-
meure le temps nécessaire pour finir cette affaire,
et arrive à Berlin : il savait le faible de Frédé-
ric pour les aventuriers. Sur le conseil de lord
Maréchal, il demande une audience au roi , qui
par un billet lui répond qu'il serait à quatre heu-
res dans les jardins de Sans-Souci ; mais cett^
fois Casanova, malgré son aplomb, se sent un
peu intimidé. Le récit de cette entrevue est inté-
ressant. Frédéric lui offrit une place d'instituteur
dans le corps des cadets de Poméranie; mais n;
le poste ni les appointements ne pouvaient con-
venir à Casanova, qui refuse, et se décide à allar
chercher fortune ailleurs.
Il se dirige vers la Russie. A Mittau, il est tvb^^
bien accueilli par le célèbre Biren, l'ancien fa '
vori de l'impératrice Anne, qui lui donne de^'
lettres pour le prince Charles de Biren, résidant à
Riga, et dont il n'est pas moins bien reçu. Il arrive
à Saint-Pétersbourg, fait une excursion rapide à
Moscou, revient à Pétersbourg, et aune première
entrevue, dans le jardin d'été, avec Catherine II,
entrevue qui lui est ménagée par le comte Pa-
nin, gouverneur du prince Paul. Cette première
en amène plusieurs autres , mais sans qu'il en
résulte rien pour la fortune de Casanova, qui se
détermine à partir pour Varsovie. Le prince Adam
Czartoriski le présente au roi de Pologne, qui lui
témoigne une bienveillance toute particulière ,
et, à quelque temps de là, lui glisse dans la main
deux cents ducats, dont Casanova se sert pour
payer ses dettes. Il plaisait au roi ; et peut-être
allait-il se fixer en Pologne, quand sa mauvaise
étoile le rejette de nouveau sur les grands che-
mins. Insulté sans raison par le comte do Bra-
nicki , grand chambellan de la couronne, il n'hé-
site pas à demander réparation à son agresseur,
sans se faire iUusion sur les conséquences que
devait forcément avoir une rencontre avec l'uii
des chefs de l'aristocratie polonaise. Ils se battent
au pistolet ; Branicki est blessé dangereusement;
Casanova l'était lui-même, d'une façon moins
grave que son adversaire, mais assez pour qu'il
fût un instant question de lui couper le bras. Le
roi, qui savait bien à quoi s'en tenir sur tout cela,
lui dit : « Pourquoi avez-vous le bras en écliar-
pe? »— « Sire, j'ai un rhumatisme, m — « Je vous
945
recommanrie, monsieur , d'éviter ù l'avenii' de
pareils accidents. ■» Quant à Branicki, il eut la
générosité de prendre la défense de son adver-
saire contre ses propres amis, qui ne parlaient
de rien moins que de le massacrer. Un instant,
Casanova fut à la mode, et il n'était question que
de lui ; mais tout cet engouement se changea
presque aussitôt en une hostilité que l'incons-
tance naturelle aux Sarmates ne suffit pas à
expliquer. Il reçut l'ordre de quitter Varsovie ,
et, comme il s'en défendait sous le prétexte qu'il
ne pouvait en sortir sans payer ses dettes, le roi
lui fit passer mille ducats.
Comme rien ne le retenait plus, il part pour
Dresde, y demeure quelque temps, et se dirige
ensuite survienne, où il se lie avec l'ahbé Métas-
tase et l'infortuné Lapeyrouse. La police lui en-
joint de quitter la ville dans le plus bref délai.
Au lieu d'obéir, il implore la protection du prince
de Kaunitz, qui lui dit d'adresser un placet à
Marie-Thérèse. Sa requête ne fut pas sans effet;
mais l'accueil glacial ou impertinent qu'il ob-
tint partout, joint à des avis indirects, le dé-
cida à fuir de cette ville rigoriste , où l'avait
précédé une réputation fort peu édifiante , il est
vrai. Il revint à Paris. « Je ne sais quelle fata-
lité, s'écrie-t-il , me poursuivait dans les capi-
tales de l'Europe ; mais il était écrit que je sor-
tirais de Paris à peu près comme j'avais quitté
Vienne et Varsovie. » Cette fatalité n'était au-
tre que son mauvais renom et cet esprit ba-
tailleur qui ne l'abandonnait pas dans les situa-
tions où il eût dû le moins attirer l'attention sur
lui. Une querelle lui valut l'ordre de quitter
Paiis dans les vingt quatre heures. Il en par-
tit sans regret : il était en bonne sanlé, il avait,
comme il le dit , du foin dans ses bottes , et
les voyages ne l'effrayaient point. Il se décida
pour l'Espagne, et arriva à Madrid muni de let-
tres pour le comte d'Aranda, qui ne put rien
pour lui , faute de recommandation de l'ambas-
sadeur vénitien. Le séjour de Casanova en Es-
pagne est un long roman où les intrigues ga-
lantes et les aventures tragiques se croisent;
il est jeté en prison sur des soupçons vagues,
mais il en sort bientôt triomphant. A Barce-
lonne , nouvelle aventure : il est mis à la cita-
delle, et y reste quarante-trois jours, durant
lesquels il écrit une réfutation de Y Histoire de
Venise d'Amelot de La Houssaye. Il s'éloigne le
«ternier jour de l'an 1768, et arrive à Aix, où il
fait connaissance avec le marquis d'Argens et
Cagliostro. 11 va offrir ses services, à Livourne,
au comte Orloff, qui commandait l'escadre russe
destinée pour Constantinople ; mais il est écon-
duit. Il retrouve à Rome le cardinal de Bernis,
ambassadeur de notre cour. Un ordre du grand
duc l'expulse de Florence; il se dirige alors vers
Bologne , s'arrête deux mois à Ancône et s'éta-
blit à Trieste, où il parvient à rendre un léger
service au gouvernement vénitien, qui lui envoie
quatre cents ducats. Il rentre enfin dans sa pa-
CASANOVA 940
trie ; mais y séjourne peu, et reparait une der-
nière fois à Paris en 1782.
Nous l'avons suivi pas à pas dans ses mé-
moires ; ce qui nous en est resté s'arrête là, et
nous perdrions jusqu'à sa trace si le prince de
Ligne ne nous donnait pas sur la fin de sa vie
de curieux détails. A un dîner chez, l'ambassa-
deur de Venise , durant son dernier séjour en
France , il avait fait la connaissance du comte
de Waldstein, qui , séduit par sa conversation
et son érudition, lui propose de venir habiter
son château en Bohême, avec la qualité de
bibliothécaire. Déjà vieux, sans ressources et
fatigué de toujours se mouvoir, Casanova ac-
cepte, et il passe à Dux les quatorze dernières
années de sa vie dans une inquiétude d'esprit,
un désordre d'idées qui tiennent fort de l'illumi-
nisme et de la folie. Difficile à vivre, colère,
susceptible, intraitable, accablant son bienfai-
teur de reproches et, l'instant d'après, lui adres-
sant les discours les plus touchants , il exerce,
sans la lasser, la longanimité du comte de Walds-
tein. Ui^jour, on le voit partir pour Weimar, où le
duc le reçoit à merveille ; mais il y devient jaloux
de Goethe et de Wieland. Il passe à Berlin, où il ne
fait qu'une courte apparition, et revient, après six
semaines, à Dux. C'est dans ce château qu'il
écrivit ses mémoires. Il eut une fin édifiante.
«' J'ai vécu en philosophe, dit-il à ceux qui l'en-
touraient; mais je meurs en chrétien. » On ne
sait au juste où et en quelle année il expira ; si
c'est à Dux en 1799, ou en 1803 à Vienne.
Plusieurs éditions ont successivement paru de
ses Mémoires; mais ce ne fut qu'en 1830 que
l'on publia l'édition en huit volumes in-8°, faite
sur le texte même du manuscrit. Casanova,
très-laborieux, quoique très-dissipé, a laissé
d'autres ouvrages, dmit voici la liste : Confuta-
zione délia Storia del Governo Veneto, d'A-
melot de La Houssatje; Amsteidam, 1769,
in-S"; — Istoria délie turbulenze délia Polo-
nia, délia morte di Elisabetta Tetrowna^fino
alla pace fra la Russiae la Porta Ottomana,
in cui si trovano tutti gli avvennimenti ca-
gione délia revoluz-ione di quel regno ; Go-
ritz, 1774, in-8°; — V Iliade d'Homère, tra-
duite en octaves; Venise, 1778, 4 vol. in-4'';
Histoire de ma fuite des prisons de la Répu-
blique de Venise, appelées les Plombs; Prague
1788, iu-8°, (' les détails de cette fuite se trou-
vent dans les Mémoires ) ; — Icosameron ou
Histoire d'Edouard et d'Elisabeth, qui passè-
rent quatre-vingts ans chez les Megameichs,
habitants aborigènes du Protocosme dans l'in-
térieiir de notre globe; Prague, 1788-1800, 5
vol. in-S"; — ■ Solution du problème héliaque
démontrée; Dresde, 1790, in-4°; —Corollaire
à la duplication de l'hexaèdre donnée à Dux
en Bohême ;Md., 1790, une demi-feuille iu-4'>.
Gustave DESNomEsxERREs.
Casanova, MéMoires. — Le prince de Li^iie, auvres
mêlées, en prose et en vers,— Jules Janiu, Revue de Paris,
947
CASANOVA — CASAREGI
9j
t, XMII, 1833. — La Démocratie littéraire, 1829, p. 195.
CASANOVA {François), peintre et graveur,
frère du précédent, né à Londres en 1727, de
parents vénitiens, mort à Brùhl en 1805. Il vint
fort jeune à Venise, et y reçut une belle éduca-
tion, qu'il sut mettre à profit. L'étude des lan-
gues anciennes et modernes, celle du dessin
occupèrent ses premières années. Casanova vint
plus tard à Paris, apportant avec lui quelques
essais de ses talents, et y fut reçu avec bien-
veillance; ayant eu occasion de présenter quel-
ques-uns de ses ouvi'ages à Parocel, cet habile
peintre s'empressa de lui donner des conseils,
qui lui furent d'une grande utilité , surtout pour
le dessin des chevaux. L'étude des tableaux fla-
mands, qu'il vit dans un voyage en Allemagne,
contribua beaucoup à lui faire mettre dans ses
tableaux la correction et l'harmonie qui y man-
quaient encore. De retour à Paris, l'Académie
de peinture s'empressa de l'agréer, et peu après,
en 1763, elleradinit au nombre de ses membres,
sur un tableau représentant un combat de ca-
valerie. Depuis il exposa, en 1765, une Marche
d'armée, deux batailles, un Espagnol à cheval;
en 1767, sept tableaux de genre; en 1769, deux
sujets de chasse, trois paysages; en 1771, les
Batailles de Lens et de Fribourg , et deux
paysages; en 1775, treize tableaux de genre,
paysage, animaux, chasse, sujets militaires; en
1779, quatre paysages et deux cavaliers; et en
1781 sept paysages et deux sujets militaires.
L'effet que produisirent ces tableaux augmenta
la réputation de cet artiste, et plusieurs princes
s'empressèrent à l'envi de mettre ses talents à
contribution. Le prince de Condé lui fit faire,
en 1771, pour la galerie du palais Bourbon, les
Batailles de Fribourg et de Lens. L'impéra-
trice Catherine le chargea d'immortaliser ses vic-
toires sur les Ottomans. Favorisé par la fortune,
accueilli dans les meilleures sociétés pour son
esprit et son éducation, Casanova aurait pu
vivre à Paris heureux et tranquille; mais son
goût pour le luKe lui ayant fait contracter des
dettes , il prit le parti, pour se soustraire à ses
créanciers, d'aller à Vienne finir les divers ou-
vrages dont il était chargé. Ce peintre , toujours
jaloux de faire respecter les artistes , se trouvait
un jour à dîner chez le comte de Kaunitz avec
des ambassadeurs de divers princes d'Allema-
gne : la conversation étant tombée sur Rubens
et sur son ambassade, une des excellences se
mit à dire : « C'était vraisemblablement un am-
« bassadeur qui s'amusait à peindre. » — « Non,
« repartit Casanova , c'était un peintre qui s'a-
« musait à être ambassadeur. » — Parmi les
élèves de Casanova on peut citer Loutherbourg,
Mayer, Norblin, etc. Le Louvre possède de cet
artiste deux tableaux représentant une bataille
et un choc de cavalerie; et trois dessins : une
marche d'animaux et deux cavaliers.
Nnglcr, Neues AlUjeiit. Kiiast.-Lexic. — Hcinecken;
Dict. des Artistes — Ch. Blanc, Hist. des Peintres. —
Le Bas , Dict. encycl. de la France.
CASANOVA (Jean-Baptiste), peintre, freit
du précédent, né à Venise en 1729, mort à
Dresde en 1798. Il eut, comme peintre et comme
historien de son art, une certaine célébrité en
Allemagne. Élève de R. Mengs, il fut comme lui
lié avec Winckelmann ; mais il ne partagea pas
toujours l'enthousiasme , parfois aveugle, de ce
savant pour tout ce qui portait le cachet de l'an-
tiquité. On sait que, pour mettre à l'épreuve la
sagacité du célèbre antiquaire, Casanova lui en-
voya deux tableaux qu'il avait peints dans le
genre de ceux ti'ouvés à Herculanum , en les lui
annonçant comme récemment découverts, et que
Winckelmann y fut tellement trompé qu'il en
inséra la gravure dans la première édition alle-
mande de son histoire de l'art chez les anciens,
et les accompagna d'une description pompeuse ,
J. B. Casanova, comme professeur et directeur
de l'académie de Dresde , n'a pas été moins utile
à l'art que par ses écrits sur les monuments an-
ciens. En Allemagne, ses écrits font autorité, prin-
cipalement ses dissertations sur d'anciens monu-
ments des arts. Plusieurs de ses ouvrages , rédi-
gés d'abord en italien, ont été publiés ensuite en
allemand (Leipz., 1771). [Enc. des g. du m.].
Heinecken, Dict. des Artistes.
*CASANOVA (Jean), peintre, né à Venise
vers 1728, mort à Dresde le 9 décembre 1795.11
étudia la peinture à Rome sous R. Mengs et de-
vint professeur à l'Académie des Beaux-Arts de
Dresde et directeur par semestre de cette aca-
démie. Il a surtout laissé des portraits , parmi
lesquels nous citerons celui de Winckelmanti,
gravé pai" FoUia, On a de lui : Discorso sopra
gli antichi, e varj mmnimenfi loro, per uso
degV alunni deW elettoral academia délie
belV arti di Dresda ; Lips., 1770, in-4° ; traduc-
tiorijallemande; ibid., 1771,|in-8°. P. Ch.
Heinecken, Dict. des Artistes. — Nagler, Neues All-
gem. KUnstler-Lexicon.
'cAsAMOVA ( Francesco Saverio dell4
Valle, marquis de ), poète italien, né le 13 mars
1798. Issu d'une ancienne famille de Naples, et
fils d'un homme connu lui-même comme écri-
vain, il se voua de bonne heure aux travaux de
la pensée et de l'ima^nation : ses œuvres eu-
rent du succès en Italie. Il fut lié avec le com-
positeur Donizetti. On a de lui : Claudina,
|M)ëme en quatre chants ; — Ste/ano, duca di
Napoli, tragédie; Naples, 183i; — Giovanna
Prima, tragédie ; — Carlo di Durazzo, tragédie.
Tipaido, Biografia degli Italiani illustri, III, 489.
CASAREGïs (Jean-Barthélemy-Stanislas ) ,
poète et traducteur italien, né à Gênes en 1676,
mort à Florence le 23 mars 1755. Il fit ses étu-
des à Rome et fut admis à l'académie arcadienne,
dont il établit depuis une colonie à Gênes. Il fut
successivement ministre de la république à Pa-
vie, envoyé près du saint-siége et du grand-duc
de Toscane. Cosme III le nomma professeur de
philosophie morale à Florence. On a de lui : une
traduction italienne en vers sciolti du poëme de
Sannazar, de Par tu Virginis; — Sonnetti e
949 CASAREGIS
CuH:>oni; 1741, 10-8"; — ^ Proverbi del re Sa-
lomone, tradolti in ver si ioscani; Florence,
1741; Verceil, 1774.
Paltoiil, Biblioth,. degli Uomini aniichi volgarizzati.
* CASAREGIS (Jean-Baptiste de), traducteur
italien, natif de Florence, vivait vers le milieu
au dix-huitième siècle. On a de lui : Avveni-
menti tra Erone e Leandro, poema greco di
Mîiseo,rec.atoin versi italianisciolti, contesta
jreco; Florence, 1750, in-4°. L'auteur ne se dé-
signe sur le titre que par les initiales G. B. C.
AUcliiiig, suppl. à JOclicr, Altyem. GelehHen-Lex.
- Pailoni, Sibliotheca degli volgarizzatori, II, 2i)3.
' C A sAREGis ( Joseph-Laurent-Marie ) , j u-
risconsulte célèbre de l'Italie , né à Gênes le 8
îoût 1G70, mort à Florence le 9 août 1737; il
appartenait à la classe de la noblesse, et avait
>tudié le droit à Pise sous un juiisconsulte dis-
finjAué nommé Brandius ; il l'enseigna lui-même
lans sa patrie dès l'âge de vingt ans ; puis il de-
vint successivement auditeur de la rote de Sienne
3t de celle de Florence; il s'occupa particulière-
lucnt du droit commercial, dont il est devenu
.'une des principales autorités. Casaregis était
bourgeois de Paris , où il n'est pas probable
cju'il ait jamais mis les pieds; il tenait ce titre
U son père, à qui Louis XJV avait uon-seule-
inoiit accordé le droit de cité dans sa capitale,
a-.ais encore conféré , par lettres-patentes du 1 1
mai 1G61, l'intendance de la ville d'Arras. Valin,
dans la préface de son Commentaire sur l'Or-
donnance de la marine de 1681, après avoir cité
plusieurs jurisconsultes célèbres, dit, en parlant
de Casaregis : « Cet auteur est, sans contredit,
le meilleur de tous; » et M. Dupln, dans sa Bl-
bliGthbque choisie des livres de droit, s'ex-
prime ainsi : « Casaregis est l'écrivain le plus
distingué de ceux qui ont traité les matières
commerciales. « Il existe deux éditions des œu-
vres de Casaregis intitulées Discursus légales
de commercio; l'une, en 3 vol. in-fol., a paru à
Florence, de 1719 à 1729, du vivant de l'auteur,
l'autre à Venise, en 1740 (4 vol. in-fol. ) , sous
les auspices de son frère, l'abbé Jean-Barthé-
lemy Casaregis , poète distingué.
A. Taillandier.
Dupin, Bibliothèque choisie des livres de droit. — Va-
lin, Pn^ace de VOrdonn. de la Marine.
^ *CASAROTTi ( Flavio ), littérateur italien, né
à Vérone en 1772, mort vers 1850. A seize ans
il entra dans la congrégation des Chierici So-
maschi, et, après la suppression des ordres re-
ligieux, il fut nommé professeur à la Faculté des
lettres du Lycée de Vérone, puis de Milan. Ses
a-avres antérieures à 1810 n'ont guère d'impor-
tance, sauf son poème sur la Culture du riz-, dont
Gamba et Pindemonte ont fait un grand éloge.
Ses autres ouvi-àgcs sont : Trattato sopra la
natura e l'uso dei ditlonghi italiani; Padoue,
1813, et Milan, 1824; — Poésie Bihliche , re-
cule in versi iteZiani; Vérone, 1817; — Ora-
zione; Côme, 1820 et 1826; — Orazione suir
— CASAÏI
950
esequie del vescovo Revelli; Côrae, 1820; Mi-
lan, 1824; — Orazione per la Visitazione ;
Côme, 1825; — Lode di san Calimene, vescovo
di Milano; Milan, 1823; Côme, 1827; — Lode
di santo Abbondio; Côme, 1827.
Muzzarelll, liioijraphies autographes {inédites).
CASAS ( Las ). Voy. Las-Casas.
* CASAÏI (Chérubin), théologien et prédica-
teur italien, de l'ordre des clercs réguliers de
Saint-Paul , natif de Milan, mort en janvier 1618.
11 entra en 1565 dans cet ordre, dont il gouverna
différents collèges, et prêcha avec succès dans di-
verses villes de l'Italie. On a de lui : il Sim-
bolo apostolico dichiarato in cento discorsi ;
Milan, 1615, 3 vol. iu-4°.
Arfjelati, Bibliotheca Ulediolan. — Adelung, Suppl. à
Jôcber, Allgein. Gelekrten-Lexicoii.
CASATi ( Christophe ) , historien et juriscon-
sulte italien, né à Milan en 1722, mort dans la
même ville en 1804. Il s'appliqua dès sa jeunesse
à l'étude de la jurisprudence, et surtout à celle
de l'histoire et des vieilles chartes. Il a com-
posé en ce genre quelques ouvrages restés ma-
nuscrits. Le seul qu'il ait fait imprimer est une
dissertation intitulée : dell' Oi'igine dette au-
guste case d'A'Ustria e di Lorena; Milan, 1792,
in-8°. L'auteur y cherche à démontrer qu'Éticon,
premier duc de l'Allemagne inférieure, fut la
véritable souche des maisons d'Autriche et de
Lorraine, et que cette origine est commune aux
familles des princes français carlovingiens et
capétiens.
Ersch et Gruber, Allgeni. Encyclopœdie.
CASATI ( Jérôme ) , compositeur italien, vi-
vait dans la seconde moitié du seizième siècle.
Il fut maître de chapelle à Mantoue, et publia
plusieurs œuvres de musique religieuse. On a de
lui : Harmonie cantiones, 1, 2, 3, 4 e^ 5 vo-
cibus, cum missa, magnificat, litaniis, op. 3,
mentioimés, sans date -ni lieu de publication, par
Walther ; — un recueil de psaumes et de vêpres,
à 2, 3 et 4 voix
Walther, Mtisikal. BiMiath.
CASATI (Paul), théologien et mathématicien
italien , de l'ordre des jésuites , né à Plaisance
en 1617, mort à Parme le 22 décembre 1707.
Il professa , h Rome et dans les collèges de son
ordre, les mathématiques et la théologie, puis il
fut envoyé par le général de la compagnie en
Suède, où il décida la reine Christine à embras-
ser la religion catholique. A son l'etour, il gou-
verna plusieurs maisons de l'ordre, et fut pendant
trente ans à la tète de l'université de Parme. Ses
principaux ouvrages sont : Vacuumproscriptum;
Gênes, 1649; — de Terra machinis mota;
Rome, 1068, in-4°; — la Tromba parlante;
Parme, 1673; — Mechanicorum libri octo;
Lyon, 1 684, in-4° ; — Fabbrica ed uso del com-
passo di proporzione; Bologne, 1664 et 1668;
— de Igné dissertationes ; Venise et Parme ,
1686, 1695, 2 vcl. in-4'>; — Hydrostaticas Dis-
sertationes ; Parme, 1695; — de Angelis Dis-
putaiio theologica ; Plaisance, 1703 ; — Opticas
951
CASATI — CASAUBON
9.5:
disputationes -yVàrme, 1705. L'auteur était aveu-
gle au moment où il écrivit cet ouvrage, et avait
déjà quatre-vingt-huit ans.
Nicéron, Mémoires I. — Mémoires de Trévoux.
* CASATI (Gabrio comte), homme d'Etat ita-
hen, né à Milan le 2 août 1798. Issu d'une an-
cienne famille noble de la Lombardie, docteur en
droit et en mathématiques, il fut nommé podestat
de Milan en 1837, fonctions dont il s'acquitta à
la complète satisfaction de ses concitoyens, qui
l'y maintinrentconstamment jusqu'en 1848. Cefut
par ses soins et par sa ténacité patriotique que
le gouverneur autrichien se décida à donner pour
successeur à l'archevêque allemand de Milan
l'Italien Romilli; mais depuis le 8 septembre 1847,
la mésintelligence étant survenue entre la popu-
lation et la garnison, il n'y eut plus un seul de ses
instants qui ne fût employé à intercéder en fa-
veur de ses malheureux compatriotes placés sous
le coup des représailles de la police autrichienne.
En 1848, il intervint puissamment auprès du
maréchal Radetzky pour faire cesser des colli-
sions devenues trop fréquentes dans les rues de
Milan et qui prenaient tout le caractère de vé-
ritables massacres.
La révolution de février eut son contre-coup
terrible en Italie, et fut le signal de luttes sans
fin. Casati obtint la création d'une garde natio-
nale , et fut nommé membre du gouvernement
provisoire. Il appelait de tous ses vœux la réunion
de la Lombardie au Piémont et soutenait la cause
patriotique de Charles-Albert, malgré une oppo-
sition très-vive de la part des républicains ; il fit
partie d'un ministère créé par le chevaleresque
roi de Sardaigne. La bataifie de Novarre, ce Wa-
terloo de l'idée qui passionne l'Italie depuis des
siècles , ruina ses espérances et lui fit abandon-
ner les affaires pour vivre dans la retraite, où il
prépare, dit-on , de grands travaux sur la révo-
lution lombarde. T.Albert B.
Moniteur nniv. — Conversations-Lexicon.
CASAUBON (/saac), théologien calviniste et
savant critique, né à Genève le 8 février 1559,
mort à Londres le 1er juillet 1614. La famille
de Casaubon était française et s'était réfu-
giée à Genève pour échapper aux persécutions
dont les protestants du Dauphiné étaient alors
l'objet. Cependant son père rentra dans sa pa-
trie, et devint ministre de la religion réformée
à Crest, petite ville du Dauphiné. Il se chargea
lui-même de l'éducation du jeune Isaac, qui, sous
un tel maître, fit de rapides progrès. A neuf ans
il parlait le latin avec une pureté étonnante ; il
en avait dix-neuf lorsqu'il fut envoyé à Genève,
pour y suivre les cours de l'université. Il y étudia
la jurisprudence, la théologie et les langues orien-
tales, fut chargé, en 1582, de remplacer son
maître, F. Portus, dans la chaire de grec, et de-
vint quelque temps après le gendre de Henri
Eslienne en épousantFlorencc, sa fille aînée, aussi
érudite que bonne ménagère. Il s'en était épris à
l'occasion de la dédicace qu'il avait faite à II. Es-
tienne d'une édition de Théocri te accompagnée d
commentaires. Des relations d'amitié s'étabhren
dès lors entre eux, et Casaubon vint mêmedemi^u
rer chez H. Estienne, où probablement il prit par
aux travaux de l'imprimerie ; ce qui fit dire qui
avait été prote chez H. Estienne, quoiqu'il s'en fié
fende dans la première exercitation contre les an
nales deBaronius. Mais le caractère inquiet de Ca
saubon et la bizarrerie de son beau-père lui ayan;
rendu le séjour de (îenève désagréable, il accepta,
à Montpellier, une chaire de grec et de belles-let-
tres, qu'il quitta deux ans après, pour en occupei
une semblable au collège de France, oii Henri I\
venait de l'appeler par cette lettre :
« Monsieur de Casaubon, ayant délibéré de
« remettre sus l'Université de Paris et d'y attirei
« pour cet effet le plus de savants personnages
« qu'il me sera possible ; sachant le bruit que vous
« avez d'êtreaujourd'hui despremiers decenom-
« bre, je me suis résolu de me servir de vous pour
« la profession des bonnes lettres en ladite uni-
« versité et vous ai à cette fin ordonné tel appoin-
« tement que je m'assure que vous vous en con-
« tenterez. « En même temps le roi lui mande
« qu'il a écrit aux conseils de Montpellier pour lui
rendre sa liberté, et qu'à son arrivée à Paris, il lui
en dira davantage. » Mais la bonne volonté du roi
fut entravée par la jalousie d'un professeur et le
mauvais vouloir des jésuites, qui firent écrire au
roi par le pape des représentations pour avoir in-
vesti de si hautes fonctions un hérétique obstiné.
Quelques années après, Henri IV lui donna la
charge de garde de la librairie , avec quatre cents
livres d'appointements, somme considérable pour
cette époque, et le nomma l'un des commissaires
à la conférence de Fontainebleau entre le cardinal
Duperron et Duplessis Mornai. Casaubon y opina
contre le champion du protestantisme, et cette ma-
nifestation d'une opinion contraire à sa religion
le rendit suspect à son parti sans lui concilier la
bienveillance des catholiques, dont la jalousie
avait toujours cherché à lui nuire. Aussi, malgré
l'insistance de la régente à le retenu:, s'empressa-
t-il, à la mort de Henri FV, d'accepter l'offre que
le chevalier Wotton, ambassadeur extraordinaire
de Jacques P"", lui fit de l'accompagner en An-
gleterre. Il fut accueilli avec une distinction toute
particulière par Jacques T'', prince aussi instruit
qu'affable , avec lequel il était depuis longtemps
en correspondance lorsque Jacques n'était que
roi d'Ecosse. Almeloveen rapporte une con-
versation qui eut lieu lors de la présentation
de Casaubon; elle est extraite du journal de
Casaubon. « Le roi dit que ceux-là se trora-
« peut qui font de Tacite le maître de la sagesse
« politique; et comme je lui disais que j'a-
« vais exprimé la même pensée un an aupara-
« vaut, dans ma préface de Polybe, il me ré-
« pondit qu'il ne se réjouissait pas médiocrement
« de voir que je pensais comme lui. Dans Plu-
« tarque, il critiqua l'injustice de cet historien
» envers Jules César; dans Commines, lalégè-
953
CASAUBON
954
« rcté de sCs jugements et la malignité qui perce
« dans ses éloges des Anglais. Que dirai-je de
« plus ? Trois jours après , mandé par le roi , je
« passai encore plusieurs heures avec lui. C'est
« merveille que la bonté , la science et la piété do
« ce prince! Il veut que je sois à lui, attachée
« sa propre personne. Mais, moi qui me reconnais
« indigne d'un si grand honneur, je m'en repose
« à cet égard sur la Providence , ô mon Dieu ! et
« te supplie d'arranger cette affaire entre ce divin
« roi et la reine de France, envers laquelle je suis
« lié (1). » Jacques négocia diplomatiquement
auprès de Marie de Médicis le congé absolu de
Casaubon; il l'obtint; mais dans l'espoir de con-
server Gasaubon à la France, Marie de Médicis ne
voulut point consentir à ce qu'il fît venir en An-
gleterre les livres déposés chez de Thou. Tout ce
qu'elle accorda à la demande de de Thou, ce fut
de lever la défense pour quelques-uns de ceux qui
étaient le plus utiles à Casaubon. Jacques fit de Ca-
saubon son alter ego dans ses disputes théologi-
ques, où il flottait entre le catholicisme et le protes-
tantisme. Le premier appel qu'il fit à la plume de
Casaubon fut pour répondre à l'Apologétique de
la compagnie de Jésus , écrite en français par le
P. Cotton. Casaubon adressa cette réponse à
Fronton du Duc ; en voici le titre : [s. Casauboni
epistola ad Frontonem Ducaeum, de Apologia
qusc, communi jesuitarum nomine, ante ali-
quot menses Parisiis édita est. « L'auteur y
« entre dans les plus grands détails sur les re-
« proches qu'on adressait alors aux jésuites , sur
« leurs intrigues , leurs libelles , leurs attentats
« à la morale, à la religion, aux individus, enfin
« sur tout ce qui faisait des jésuites , à la veille
« des guerres civiles alors près de se rallumer,
« un objet à la fois de crainte et d'horreur. Il
« touche en passant, et pour la justifier, l'exé-
« cution des jésuites Garnett et Oldcorn, pendus
« à Londres en 1606 pour avoir, ayant connu la
« conspiration des poudres , négligé de la révé-
« 1er. . . Quelque modéré que soit le ton général
« de cette lettre , elle ne laisse pas d'être très-
« forte, très-piquante. Cette modération était de
« bon goût, puisque Casaubon écrivait à un jé-
« suite qui était son ami (2). » Jacques, ravi de
cette lettre, récompensa royalement Casaubon, et
la relisait souvent. Elle fut imprimée par ordre
du roi en 1611. Casaubon, qui avait encore à Pa-
ris sa femme et ses enfants, eût désiré qu'elle
restât manuscrite. Fronton du Duc se contenta
de dire que Casaubon l'avait écrite malgré lu i et
en cédant aux obsessions du roi ; mais à Londres
les puritains se déchaînèrent contre lui : Eude-
non-Jean et Scioppius se répandirent en injures
et en calomnies.il fut gratifié de deux prébendes,
l'une à Cantorbéry, l'auti-e à Westminster, avec
une pension de six cents livres sterling. Son corps
repose sous les voûtes de Westminster.
(1) f-^ie de Casaubon, p. 63, trad. par M. Ch. Nisard.
(S) Charles Nisard, Le triumvirat littéraire au sei-
rlèrae siècle, p. 430.
Casaubon fut un théologien tolérant et paci-
fique, un savant du premier ordre, un traduc-
teur habile et un savant critique. Les érudits
les plus distingués de son temps, Pierre Pithou,
de Thou, Heinsius, Grœvius, Gronovius, lui ont
rendu ce témoignage , et la postérité n'en a point
appelé de ce jugement. Dans sa correspondance ,
Scaliger, pour lequel Casaubon professait une sorte
de culte, loue son profond savoir, et, chose rare à
cette époque, jamais l'envie ne troubla la sérénité
de son âme. Nous mentionnerons ici brièvement
les plus importants de ses travaux : il publia suc-
cessivement : inDiogenem Laertium notce;i583,
in-8°; ces notes, sur le frontispice desquelles,
ainsi que sur celui de son commentaire surThéo-
crite, Casaubon avait pris le nom d!Hortibonus,
ont été réimprimées depuis dans le Diogène de
Henri Etienne, de 1594; — Polyxni stratage-
mata, gr. et lut., cum nofis; Lyon, 1589,in-12 ;
édition princeps de cet auteur ; — Aristotelis ope-
ra,gr. etlat. ;Lyon, 1590, in-fol., avec notes mar-
ginales; édition plusieurs fois réimprimée; — Théo-
phrasti caractères, gr. et lat. ; l'une des meil-
leures éditions publiées par Casaubon; — Sueto-
nii opéra cum animadversionibus ; Paris, 1606,
in-4° : le commentaire dont cette édition de Sué-
tone est accompagnée, eut le plus grand succès,
et fut plusieurs fois réimprimé ; — Persii satyres
cum comment., Paris, 1605, in-S". Scaliger a
dit de ce livre que <c la sauce y valait mieux
que le poisson ; » et en effet le commentaire ,
qui en forme la partie la plus considérable, est
une mine inépuisable d'érudition. M. Diibner a
donné, en 1833, une nouvelle édition de cet ex-
cellent livre, avec d'importantes additions (Leip-
zig, in-8°). On fait également cas des travaux
de Casaubon sur Théocrite, Strabon, Denys
d' Halicarnasse , Dicéarque, Pline le Jeune,
Apulée, Historia Augusta, Athénée, Dion
Chrysosfome, saint Grégoire de Nysse, Syné-
sius , Etienne de Byzance et Polybe , que
malheureusement il laissa inachevés. On peut ju-
ger par le premier livre que nous en avons de ce
qu'eût été ce travail. Il avait aussi commencé un
commentaire sur Eschyle. Son commentaire sur
Athénée et son édition de Strabon sont particu-
lièrement estimés comme des chefs-d'œuvre d'é-
rudition. Parmi ses autres ouvi-ages, nous devons
encore mentionner ses dissertations sur la poésie
satirique chez les Grecs et chez les Romains ; ses
Exercitationes in Baronium, où il relève les
erreurs commises par ce savant cardinal; son
traité de Libertate ecclesiastica , commencé
et interrompu par ordre de Henri IV et publié
seulement en partie, qui avait pour objet, ainsi que
sa Lettre à Fronton du Duc , de combattre les
doctrines des jésuites sur l'autorité des rois, et
enfin le Recueil de ses lettres, dont la meilleure
édition a été publiée à Rotterdam, en 1709, in-fol,
par Jansson d'Almeloveen. Wolf a donné à Ham-
bom'g, en 1710, un Casauboniana, in-4°.
Almeloveen, F'ie de Casaubon. — Senebier, Histoire
995
CASAUBON - CASCELLIUS
littéraire de Genève, t. II, — Ch. Nisard, le Triumvirat
littéraire, Juste-Lipse, Scaliger et Casaubon; 1851, ln-8°.
— Nicéron, Mémoires. — Pope B\oant, Censura cele-
brium auctorum. — Acta eruditorum latina. — Sainte-
Marthe, Gallia, christiana. — Sax, Onomast. lilerar.,
IV, 65. — Le Clerc, Bibl, choisie, t. XIX.
CASAUBON (Méric), théologien calviniste et
critique suisse, fils du précédent , né à Genève
le 14 août 1599, mort le 14 juillet 1671. Il com-
mença ses études à l'Académie protestante de
Sedan , puis se rendit avec son père en Angle-
terre, où il se fixa, se fit remarquer, sous le
protectorat de Cromwel, par son attachement aux
Stuarts, et mourut, curé deBledon, dans le
comté de Sommerset, prébendier de Cantorbéry
et recteur d'Icitam.
Méric Casaubon suivit , comme son père , la
carrière de l'érudition, et il fut également l'un
des critiques les plus distingués de son époque.
Ses notes sur Térence, Épictète, Hiéroclès ,
Florus, Diogène Laërce et surtout son com-
mentaire sur les Réflexions morales de Marc-
Aurèle sont estimés des savants. Ses autres
ouvrages ont eu aussi beaucoup de succès; nous
n'en citerons que les deux suivants, qu'il publia
par un motif de piété filiale : Pietas contramale-
dicospatrii nominis efreligionis hostes; Lon-
dres, 1651, in-S"; — Yindicatio patris adversus
impostores; 1624, in-S". On trouve dans le pre-
mier la liste de tous les ouvrages imprimés ou
manuscrits d'Isaac Casaubon.
Senebier, fiist. Htt. de Genève. - Nicéron, Mémoires.
— Acta eruditorum latina. — Wood, Athenœ oxo-
nienses. — I,e Bas, Dict. encyclop. de la France.
*CASAUXou CALSAULX (^Charles), consul
de Marseille, mort en 1596. Il acquit une triste
célébrité par sa conduite lors de l'avènement de
Henri IV. Il offrit alors à Philippe II de livrer
Marseille en faisant remarquer à ce prince l'im-
portance de la possession de cette place et en
demandant l'assistance de douze galères, sous le
commandement de Doria, en même temps qu'un
subside. Philippe n'eut garde de refuser, et Ca-
saux obtint l'envoi des galères et de la somme
demandée; mais un habitant nommé Libertat,
Corse d'origine, introduisit le duc de Guise par
une porte confiée à sa garde, et tua de sa propre
main le traître Casaux.
Sismontli, Histoire des Français, XXI. — Pli.SLe Bas,
JJict. encyclop. de la France. {—Univers pittoresqice.
CASAUX (Charles, marquis de), agronome et
publiciste français, mort à Londres en 1796.
Propriétaire à l'île de Grenade , il devint sujet
des Anglais par la cession qui leur fut faite de
cette colonie en 1763, et s'occupa beaucoup de
a culture de la canne à sucre et d'autres détails
agricoles. De retour en France, il habita Paris
de 1788 à 1791, et passa à Londres après la jour-
née du 10 août 1792. On a de lui : Système de
la petite culture des cannes à .'sucre; Lon-
dres, 1779, in-4°. On trouve cet ouvrage dans le
t. LXIX des Irons, philos, et à la suite du Traité
du .SMcre, par Lcbrcton; Paris, 1789, in- 12.
L'auteur en publia une nouvelle édit. très-aug-
9.3
mentée, sous le titre A' Essai sur l'art de c
tiver la canne et d'en extraire le sucre il
ris, 1781, in-8° ; — Considérations .sur qa
ques parties du mécanisme des Sociétés; Le
dres, 1785, 1788, in-8°. Outre quelques opuFf
les publiés pendant la révolution, Casaux a enc
enrichi de notes la traduction française du Voyi^j
d'Arthur Young en France ; Paris, 1793, 3 , i
in-8".
Quérard, la France littéraire. — Feller , Dict. his.
— Dict. de l'Ècon. polit.
CASBOis (dom Nicolas ), mathématicien t
physicien français, né dans le département de 1.
Meuse, vivait dans la seconde moitié du dix-hui
tième siècle. Il fut successivement prieur de l'ab
baye de Beaulieu, de celle de Saint-Symphoriei
de Metz, président de la congrégation de Sa'^nt
Vanne, enseigna longtemps à Metz les bêles
lettres, les mathématiques et la physique- e
mourut pendant l'émigi-ation. Outre plu si' -,
mémoires sui' les hygromètres et les aéromètre;
de sa composition, sur les principes physiqne.
des affinités chimiques, mémoires insérés dan;
le Dictionnaire encyclopédique, t. XVU, A^i
\e. Journal encyclopédique (1765, 1777) et df-
les Affiches des évêchés de Lorraine (178i
1784), on a de lui: Opuscula elementaria <
probatissimis Scriptoribus latinis excerpla.
Metz, 1779, 2 vol. in-8°; — Cours de mxithé-
matiques à l'usage du collège de Metz; Ma..
1774, 2 vol. in-8°. Casbois est le véritable in-
venteur de la méthode dite de mademoiselk
Gervais pour la fabrication du vin. La preuve
en existe dans le Journal de la Province, im-
primé à Metz en 1782, n° 32.
Tessier, Essai sur la typographie, p. 161-163.— Qué-
rard, France littéraire.
CASCAi,ÈS (François), historien espagnol
natif de Murcie, vivait dans la première moitié
du dix-septième siècle. Il professa dans sa ville
natale la grammaire et la rhétorique. On a de lui :
Discurso historico de la ciudad de Carta-
gena ;\Silence, 1598,in-8°; — Tablas poetica s ;
Murcie, 1617, in-8°; Madrid, 1779, 2 vol. in-8°;
— Ars Horatii in methodumreducta /Valence,
1659 ; — Diseur SOS historicos de la muy noble
y muy real ciudad de Murcia y su reyno ; Mur-
cie, 1624, in-fol. ; ouvrage imprimé avec le Dis-
curso de Cartagena; ibid,, 1775, in-fol. ; —
Carias philologicas es a saber de tétras hu-
manas y varia erudicion; ibid., 1634, in-4°; —
Nouvelles observations grammaticales.
Antonio, Bibliotheca Hispana nova.
*CASCELLîUS {Aulus), célèbre jurisconsulte
romain, vivait au commencement du premier
siècle avant l'ère chrétienne. Contemporain de
Trebutius, il surpassa celui-ci en éloquence, si-
non dans la science des lois. Selon Pline l'Ancien,
il fut disciple de Volcatius. On trouve dans le Di-
geste, d'après le manuscrit florentin, cette men-
tion de Pomponius : Fuit Cascellius , Mucius
Volusri auditor : deniqiie in illius honorem
testamento P. Muciîcm nepotem ejus reliquit
957 CASCELLIUS
hcredetn. Cascellius fut un républicain sin-
cère : il manifesta avec une extrême liberté son
opposilion à l'avènement de César. Ni la crainte
ni l'ambition ne purent le déterminer à donner
une fornie légale à ces donations au moyen des-
quelles les triumvirs pensaient régulariser les
spoliations dont ils se rendaient coupables. Sous
Auguste, il refusa le consulat qui lui était offert.
Il est souvent cité au Digeste, smtout par Gavo-
lenus. Sa conversation était pleine de sel et de
finesse. Quelques-unes de ses réparties nous ont
été transmises. Telle est la réponse qu'il fit sur le
sens qu'il convenait d'appliquer à la défense de
jeter dans le cirque autre chose que des fruits ,
défense amenée à la suite de l'insulte dont avait
été l'objet un certain Vatinius fort peu aimé à
r )me et qui avait été reçu à coup de pierres à un
s'-ectacle de gladiateurs. Les termes de l'écrit
rtaient : Ne quis in arenam nisi poimcm
't.itteret. Or, on demandait à Cascellius si une
ftux pinea enti'ait dans la prescription de l'édit.
Si in Vatinium missîtnis es, répondit-il, po-
iniin est. Les vers suivants d'Horace rendent
stice au mérite de Cascellius :
. . . Nec scit quantum Cascellius Aulus
Et tamen in pretio est. ( Art poétique. )
Ce jurisconsulte a sans doute donné son nom
au Cascellianum ou secutorium judiclum.
Au rapport de Cicéron et de Valère-Ma\ime,
c'est à Cascellius que l'augure et jurisconsulte
Q. Mucius Scœvola renvoyait lorsqu'il était
consulté sur le Jiis prœcUatorium. Mais comme
les passages du Digeste oiî il est question de
Cascellius ne font pas mention de lui à l'occasion
de la loi Prœdiatoria, il est probable que c'était
de son père qu'il s'agissait. On connaissait de
Cascellius, au temps de Pomponius, un ouvrage
intitulé : Benedictorum liber.
Âmraien Marcellin, XXXVl. — Rutilus, Vitœ juriscon-
stiltoritm, 36. — Heineccius, Hist. juris romani. — Ho-
race, y<^>'s poet., 371-372. - Caius,Mst.,ilV, i66, 169. — Ci-
céron, Pro Balbo, 20. — Valère-Maxlme, VIII, 12, § i. —
Quintilien, VI, 3. — Grotius, Vitse jurisc. — Bynkcrsœk,
Prxtermissa ad Pomponium — Edelmann; de Eencdi-
clis A. CasceUii; Leipzig, 1803, in-4°. — Lagemens, Dis-
sertatio historico-juridica de J. Cascellio; Leyde,
1823, in-S".
CASE {Pierre de), théologien français, de
l'ordre des carmes , né à Limoges au commen-
cement du quatorzième siècle, mort en 1348.
Pierre de Case, dont le véritabte nom était Des-
muisons, remplit successivement les principa-
les charges de son ordre, et en fut élu général
en 1330. Après avoir été l'un des commissaires
assemblés à Vincennes en 1338 pour examiner
l'opinion du pape Jean XXn sur la Vision héa-
tifique, il fut d'abord nommé par Clément VI
patriarche titulaire de Jérusalem, puis adminis-
trateur du diocèse de Vaison. Il composa quatre
livres sur le Maître des sentences, Aes, Sermons
et desCojnme'ntaires sur la Politique d'Aris-
tote.
Trithèrae, de Firis ithistr. — D'Achery, Spicilègc. —
EUies-Dupln. Biblioth. des Auteurs ecclésiastiques. —
Vilrac, Feuille Jiebdomad.
— CASELIUS
958
CASE (Jean), dialecticien anglais, natif do
Woodstock, vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle. Il fut d'abord professeur à l'u-
niversité d'Oxford ; mais, soupçonné de conser-
ver de l'attachement à la foi catholique, il per-
dit tous ses emplois. Comme il avait la réputa-
tion d'un maître habile, on lui permit cependant
d'ouvi'ir une école de philosophie, que fréquen-
tèrent surtout les catholiques. Case mourutdans
la foi catholique. Outre des Commentaires sur
divers traités d'Aristote, souvent réimprimés, on
a de lui : Apologia musices, etc.; Oxford, 1588,
in-8"; — Rejlexus speculi moraiis;ibid.,159G,
in-8°; — Thésaurus Œconomix, etc.; ibid.,
1597, in-S".
Wood, Athenœ oxonienses.
CASE ( Jean ), médecin et astrologue anglais,
né à Line Régis dans le Dorsetsbire, vivait 'dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. On le
regarde en astrologie comme le successeur de
Lilly, dont il possédait tous les appareils. D'ailleurs
il fit de bonnes affaires avec ses jongleries astro-
logiques. En fait de médecine, il s'est constitué
le défenseur de l'opinion de Harvey et du
D"" Graaf sur le génération des hommes par les
œufs. On a de lui : Cotnpendium anatomicum
novo methodo institutîcm -yLondres 1694, in-12;
Amsterdam, 1695 et 1696, in-12; — The an-
gelical guide, shewing man and women their
lot and chance in this elementary Life; 1697,
in-8° ; c'est peut-être le livre le plus obscur qui
ait jamais été écrit sur l'astrologie.
Granger, Biographi/, IV, 327;—Adeiung, Supplément à
Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.
CASE LEVACHER. Yoy. LeVACHER.
CASEARius {Jean), botaniste hollandais,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle ; il résida à Cochin en qualité de mission-
naire, et coopéra à l'ouvrage publié par Rheede
VanDrakenstein sous letitre d'Hortus Malaba-
ricus, en 13 vol. in-fol., avec fig. C'est lui qui a
tracé le plan de cet ouvi-age, décrit les plantes
et rédigé le texte des deux premiers volumes.
On a donné le nom de Casearia à un genre de
plantes observé en Amérique.
Jôcher, Allgem. Gelehrten-Lex.
EASEMcs {Jean Chessel, plus connu sous le
naun de), littérateur et philologue allemand, né
en 1533 à Gœttingue, mort à Helmstaedt le
9 avril 1613. H fit en Italie deux voyages, l'un
en 1560 et l'autre en 1566. Après avoir été suc-
cessivement professeur de philosophie et d'élo-
quence à Rostock et précepteur du fils de Jean
Albert, duc de Mecklembourg, il obtint une
chaire de philosophie dans l'université d'Helm-
stsedt. Il combattit vivement Daniel Hoffraan,
dont les doctrines tendaient à mettre la philoso-
pliie en contradiction avec la théologie. Les ou-
vrages de Caselius sont très-nombreux. Nous ne
citerons que les suivants: Opus epistolicum
exhibens J. Caselii epistolas , etc.; Francfort,
1687, in-8°; c'est un recueil d'une partie de ses
959
GASELÎUS
lettres, fait et publié par Just de Draufeld ; —
un [Recueil de poésies grecques et latines;
Hambourg, 1624, in-§° ; — des traductions de
YAgésilas'et de la Cyropédie de Xénophon, du
traité de Maxime de Tyr, de l'Adulation, etc.,
des notes sur le tableau de Cébès et le Manuel
d'Épictète.
Heidmann, Oratio in funere J. Caselii. — Witte, Dia-
rium bioyraphicum. — Heinreich, Pandeeta bran-
dcnburgicœ. — Adam, P^iix Eruditorum. — Acta eru-
ditorum latina.
CASELLA (Pie/Te-Zeon),biàtorien, antiquaire
et poète italien, natif d'Aquila, vivait dans la se-
conde moitié du seizième siècle. Il écrivit en
latin. On a de lui : de primis Italige Colonis ;
Lyon, 1606, in-8" ; inséré dans le F*" vol. du
Recueil des historiens d'Italie par Grœvius et
Burmann. A l'édition de Lyon se trouvent joints
un Traité sur l'origine des Toscans et de la ré-
publique de Florence, des Éloges de quelques
artistes célèbres et un recueil d'épigrammes
et d'inscriptions.
To^^X, Bibliolh. Napoletana. — Tiraboschi, Storia
viispletterutura italiana.
* CASELLi ( Charles-François ), cardinal et
évêque de Parme, né à Alexandrie le 20 octo-
bre 1740, mort le 19 avril 1828. Entré dans l'or-
dre des servîtes , il en devint procureur général,
■ CASELLES mi
puis consulteur delà Congrégation des Rites. ]
fut un des signataires du concordat en 1801
Élevé à la dignité d'évêque de Sicla inpard-
bus par Pie VIT, ce pontife, qui l'avait réservé
in petto dans une promotion de cardinaux qui
eut lieu le 23 février 1801, le déclara dans le
consistoire du 9 août 1802, et le nomma évê-
que de Parme le 28 mai 1804. Mgr. CascUi ac-
compagna Pie VII dans son voyage à Paris. L'é-
tat de Parme ayant été réuni à l'empire français,
on obligea le cardinal Caselii d'assister au ma-
riage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-
Louise. En 1811, il siégea au concile de Paris,
dans lequel il fit partie de la commission de l'a-
dresse ; la chute de Napoléon lui ayant rendu la
liberté, il retourna à son siège, et se trouva sujet
de l'archiduchesse Marie-Louise, qui lui conféra
les fonctions de conseiller intime et le titre de
membre de l'ordre de Saint-Georges. En 1823,
il se rendit à Rome, et entra au conclave qui eut
lieu pour l'élection du nouveau pontife. A. R.
Ami de la Religion.
*CA.SE.i,i.v.s (Etienne), généalogiste espagnol,
vivait dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. On a de lui : Arbor genealogico-lnslc-
rico de la Case y Familia de los Dongues de
Bournonville ; Barcelone, 1680, in-fol.
Antonio, Bibl. Hisp. nova.
FIN DU HUITIEME TOLUME.
ERRATA.
Dans le Tome VI, col. 461, lig. 17, au lieu de Caperonnier, lisez Van Pract ; ibid., lig. 21, au
lieu de du baron Silvestre de Sacy, lisez de l'honorable Daiinoii.
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